mardi 26 janvier 2021

Starets Thaddée, Paix et Joie dans le Saint Esprit.

 



                                          STARETS THADDEE



PAIX ET JOIE

DANS LE SAINT ESPRIT

Enseignements- Homélies- Entretiens



GRANDS SPIRITUELS ORTHODOXES

DU XX° SIECLE



EDITIONS L'AGE D'HOMME



DANS LA MEME SERIE



Aux éditions du Cerf

Jean-Claude Larchet, Saint Silouane de l'Athos, 2001.

Père Joseph de Vatopaidi, L'Ancien Joseph l'Hésychaste, 2002.

Jean-Claude Larchet, Le Starets Serge, 2004.



Aux éditions L'Age d'Homme

Père Joseph de Katounakia, L'Ancien Ephrem de Katounakia, 2003.

Mgr Nicolas Vélimirovitch, Prières sur le lac, 2004.

Père Ioannichié Balan, Le Père Cléopas, 2004.

Ancien Joseph l'Hésychaste, Lettres spirituelles, 2005.

Bernard Le Caro, aint Jean de Changaï, 2006.

Mgr Nicolas Vélimirovitch, La foi et la vie selon l'Evangile, 2007.

Père Porphyre, Anthologie de conseils, 2007.

Père Isaac, L'Ancien Païssios de la Sainte Montagne, 2009.

Père Porphyre, Vie et Paroles, 2009.

Saint Nicolas Vélimirovic, Le Prologue d'Ochrid, tome 1, 2009.



STARETS THADDEE



PAIX ET JOIE

DANS LE SAINT ESPRIT



ENSEIGNEMENTS - HOMELIES - ENTRETIENS

Documents rassemblés et introduits par Matej Arsenijevic



TRADUIT DU SERBE PAR LIOUBOMIR MIHAILOVITCH

INTRODUCTION DE JEAN-CLAUDE LARCHET



GRANDS SPIRITUELS ORTHODOXES DU XX° SIECLE

L'AGE D'HOMME



Livre édité par Matej Arsenijevic

2° édition corrigée

Belgrade 2004



c 2010 by Editions L'Age d'Homme, Lausanne, Suisse





INTRODUCTION



Le starets Thaddée ( Strbulovic) (1914-2003) mérite une place de choix dans cette collection consacrée aux grands spirituels orthodoxes du XX° siècle, bien qu'il eût été, en dehors de la Serbie, moins connu que d'autres, et que dans son pays même il eût été, à la fin de sa vie, mis à l'écart du grand public par l'injuste exil que son évêque, un homme mondain et ennemi de la spiritualité hésychaste, lui avait fait subir (le plaçant ainsi involontairement dans la lignée d'un saint Syméon le Nouveau Théologien, d'un saint Séraphim de Sarov ou d'un saint Nectaire d'Egine). Ceux qui ont pu contempler son visage lumineux et joyeux et entendre ses paroles empreintes de sagesse, de discernement et de toute la force d'une expérience intérieure profonde et éprouvée, n'ont pas manqué de voir en lui un homme pneumatophore, par la modestie, la fragilité et la douceur duquel le Christ rappelait que Son joug est doux et Son fardeau léger ( Mt 11, 30) et l'Esprit Saint Se manifestait comme une brise légère (1 R 19, 12), consolatrice, inspiratrice, rafraîchissante et vivifiante comme un air pur et nouveau venu des Sommets.

La spiritualité du starets Thaddée n'est sans doute pas - dans ses origines et indépendamment de sa diffusin chez ses enfants spirituels - caractéristique de la spiritualité serbe du XX° siècle. Lorsque le jeune Tomislav décida d'entrer dans la vie monastique, les monastères serbes étaient assez décadents. Condamné par les médecins à n'avoir plus que cinq ans de vie ( un pronostic qui, grâce à Dieu, allait se révéler faux), il décida de se détacher de ce monde et de se consacrer à Dieu d'une manière radicale, cherchant à réaliser de la façon la plus pure et la plus exigeante qui soit l'idéal de la vie monastique. Un moine qu'il rencontra alors providentiellement lui conseilla : "J'ai entendu hier soir ce que tu as dit à l'higoumène en ce qui concerne la façon dont tu conçois le monachisme. Une telle conception de la vie monastique n'existe nulle part dans les monastères qui nous entourent. Ce type d'organisation ne se trouve que chez les Russes du monastère de Milijkovo, où se sont rassemblés des moines venus du monastère de Valaam. Tu dois te rendre là-bas, car c'est seulement là-bas que tu trouveras ce que ton âme recherche." Reçu dans ce monastère où vivaient des moines russes en exil, la plupart originaires du monastère de Valam - et où aussi, à cette époque, séjournait pendant ses vacances le futur saint Jean de Shangaï, alors professeur au séminaire de Bitolj -, le novice Thaddée eut alors le privilège d'être formé à la vie spirituelle par l'archimandrite Ambroise (Kourganov), qui était un fils spirituel de saint Ambroise d'Optino.

La spiritualité du starets Thaddée se situe donc de ce fait, dans une large mesure, dans la lignée de celles des startsi d'Optino et du monatsère de Valaam. Cependant, en vertu de son histoire, de sa personnalité et de son expérience particulière acquise au cours des ans, le starets Thaddée leur donna une marque spéciale.

Le "combat contre les pensées (négatives)" et la vigilance (nepsis) par rapport à toutes les pensées, qui sont des dimensions importantes de la spiritualité hésychaste traditionnelle, occupent dans l'enseignement du starets Thaddée une place centrale, avec l'idée forte que chacune de nos pensées ( pensées au sens propre, mais aussi représentations, imaginations et intentions) a, selon sa qualité spirituelle positive ou négative, une influence directe ( le plus souvent inconsciente) sur notre état intérieur, mais aussi sur celui des personnes de notre entourage ( et même sur celui des animaux et des plantes qui se situent dans notre environnement). Par le contrôle spirituel de nos pensées ( acquis par une conjugaison de notre effort personnel et d ela grâce divine), nous pouvons donc agir positivement sur nous-mêmes, mais aussi sur les êtres qui nous entourent, et aussi nous transformer et transformer notre environnement dans un sens conforme au projet bon de Dieu à l'égard de tous. L'état du monde dans sa totalité dépend au fond de la nature des pensées de tous les hommes qui l'habitent. Cette conception évoque celle du stoïcisme et du bouddhisme. Cependant, elle prend place chez le starets Thaddée dans un contexte chrétien. Les bonnes pensées sont indissociables de la vraie foi et du mode de vie (ethos) chrétien. Les bonnes pensées sont celles qui reflètent nos vertus, et nos vertus se forment - à travers l'ascèse ( entendue au sens large), en synergie avec l'opération de la grâce divine - à la ressemblance du Christ et des saints qui en ont parfaitement réalisé l'image : comme on le verra, le starets ne cesse de référer sa "théorie" sur les pensées à toutes les autres dimensions de la vie spirituelle chrétienne, en particulier à l'amour qui constitue le centre de celle-ci.

On constatera néanmoins que, à travers ce thème maintes fois exposé sous des formes multiples ( ce qui ne lasse jamais le lecteur, mais lui fait percevoir toute la richesse de ce point de vue qui pouvait au départ paraître très limité), le starets Thaddée a constitué une véritable "méthode" ( dans le sens noble du mot tel que l'utilissaient les Pères hésychastes) qui permet d'organiser la vie spirituelle de manière efficace et d'y progresser jusqu'à y trouver "la paix et la joie dans l'Esprit Saint".

Alors que les notions d'énergies positives et négatives, de maîtrise des pensées et de sérénité trouvent, à travers le mouvement New Age et les spiritualités de l'Extrême-Orient ( en particulier le bouddhisme) un écho important dans le monde actuel, cette façon qu'a le starets Thaddée de revisiter la spiritualité hésychaste et de présenter une vision renouvelée de la spiritualité chrétienne tout en en préservant les fondements traditionnels, devrait susciter l'intérêt de nos contemporains.

La voie proposée par le starets est accessible à tous. Le starets Thaddée n'était pas un grand théologien mais, comme la plupart des startsi, un homme d'expérience, offrant aux autres, par ses paroles simples et son exemple, ce qu'il avait lui-même expérimenté et éprouvé, et dont il avait reçu la confirmation par la grâce et les charismes qui l'accompagnent.

On verra que le starets Thaddée n'était pas un surhomme, mais un homme à bien des égards fragile psychologiquement, ayant eu une enfance difficile et par quelques aspects traumatisante, beaucoup de problèmes de santé, une longue dépendance à l'égard du tabac ( inaccoutumée dans le monachisme orthodoxe, mais s'expliquant par le contexte sociologique de l'époque), assumant difficilement la tâche d'higoumène qui lui était confiée quel qu'en fût le lieu et s'en plaignat fréquemment, souvent en proie au doute sur lui-même et au découragement...

Mais il nous touche constamment par ses faiblesses humblement et ingénument confessées, par sa réserve, sa modestie, son humilité, sa délicatesse d'âme, sa patience, son indulgence et sa douceur.

Il est une preuve vivante que Dieu vient au secours de la faiblesse de l'homme qui la reconnaît devant Lui ( cf. Rm 8, 26) et développe Sa puissance à travers elle ( cf. 2 Co 12, 9).

Le starets Thaddée a reçu de la part de Dieu de nombreuses visions qui l'ont orienté dans sa vie spirituelle et lui ont communiqué des certitudes inébranlables; il a fait maintes fois l'expérience de la plénitude de la grâce ( qu'il appelle avec simplicité et humilité "la grâce gratuite", pour exprimer le fait que Dieu la donne aux hommes sans qu'ils l'aient méritée et d'une façon inattendue) que les Pères grecs appellent plérophoria; il a reçu le charisme du discernement spirituel grâce auquel il a pu lire dans les coeurs de ceux qui s'adressaient à lui et les guider d'une manière sûre.

Par la grâce du Saint-Esprit qui l'habitait, le starets était toujours paisible, lumineux et joyeux. Il incarnait l'idéal qu'il proclamait comme un mot d'ordre et qui a donné son titre à ce livre : " Paix et joie dans le Saint-Esprit."



Jean-Claude Larchet



Nous remercions Monsieur Matej Arsenijevic qui nous a généreusement autorisé à publier ce livre en procédant à quelques réaménagements par rapport à l'édition originale (en particulier l'adjonction ou la modification de quelques sous-titres et l'omission de quelques passages spécifiquement adaptés au contexte politique et culturel serbe). Notre gratitude va également à Lioubomir Mahailovitch qui, avec sa parfaite maîtrise du serbe et du français, en a assuré la traduction avec compétence et dévouement.







VIE DU STARETS THADDEE DE VITOVNICA,

DOUX TEMOIN DU DOUX SAUVEUR



Au début de cette brève introduction à l'ouvrage Paix et joie dans l'Esprit Saint, on ne peut pas ne pas se souvenir des paroles de saint Justin (Popovic) de Celije, inscrites dans sa préface des Vies des saints, soulignant que "la vie des saints n'est rien d'autre que la vie de notre Seigneur Jésus-Christ, répétée et poursuivie en chaque saint, dans une mesure plus ou moins grande..." De même que les vies des apôtres du Christ sont en faite la vie de notre Sauveur répétée et poursuivie, continuée et "complétée" de façon synergique, de même les vies des saints de tous les siècles sont la vie du Christ, des Apôtres et de tous les saints... Ce qui s'applique à la vie des saints vaut pour tous les chrétiens qui aspirent, par leur mode de vie, à "mener une vie digne du Seigneur" ( Col 1, 10), "une vie digne de l'Evangile du Christ" ( Ph 1, 27) et qui, en vivant les saints mystères et la sainte ascèse de l'Eglise, cherchent à se purifier et à s'élever, à se sauver et à adorer le Christ "par l'acquisition du Saint-Esprit et le retour dans les bras du Père céleste" selon les merveilleuses paroles de saint Séraphim de Sarov, qui décrivent en termes véritablement saints le but d ela vie chrétienne. telle fut aussi, dans une mesure connue de Dieu, la vie du starets Théddée de Vitovnica de bienheureuse mémoire, qui a illuminé l'histoire très souffrante de l'Eglise et du peuple serbes au XX° siècle par la lumière tranquille de sa quête ascétique du Royaume de Dieu "dans la paix et la joie dans l'Esprit Saint" ( Rm 14, 17).



Le Christ caresse l'âme d'un garçon triste.

Tomislav Strbulovic ( qui deviendra le moine Thaddée) naquit le 6/19 octobre 1914, le jour de la saint Thomas ( dont il portera le nom); prématuré de sept mois, il vit le jour lors d'une foire, de parents agriculteurs originaires du village de Vitovnica près de Petrovac-na-Milavi. Il fut baptisé aussitôt, car ses parents craignaient qu'il ne survécût pas étant donné qu'il donnait à peine des signes de vie : il n'ouvrit les yeux qu'après son baptême. Dès sa naissance, il montra une constitution physique extrêmement faible et une santé fragile; plus tard, devenu moine, il savait souvent plaisanter humblement à propos de lui-même : "Rien de meilleur ne pouvait sortir de moi, qui suis né lors d'une foire!"

L'enfance passée dans une pauvre famille villageoise, pendant les années de guerre et d'après-guerre, n'apporta pas de joies au petit Tomislav. Tôt privé de sa mère, dont la voix douce et tendre fut remplacée successivement au sein du foyer familial par celles de deux marâtres, le chétif Tomislav dont l'âme très sensible évoluait, face à la dureté ambiante, dans un monde imaginaire, fut amené à voir beaucoup de choses tristes et douloureuses. C'est pourquoi, selon ses propres paroles, il apprit à "fuir la maison avec un croûton de pain en poche".

Ni sa stature, ni sa santé ni son caractère ne le faisaient ressembler aux autres enfants du village, ce qui fut pour lui un lourd handicap : il différait même du point de vue de la nourriture car il avait toujours été incapable d'absorber des nourritures grasses, il ne mangeait pas d'oeufs ni ne buvait de lait et n'était pas capable de manger de la viande. A cause de cela il fut grondé, on essaya de le nourrir de force, mais son organisme ne pouvait supporter aucune nourriture d'origine animale. Jusqu'à l'âge de seize ans, il ne mangea essentiellement, comme il le dit lui-même, que "du pain, de l'oignon et des concombres". La Providence divine a fait qu'il est arrivé dans ce monde comme dans un milieu étranger, pour jeûner et vivre vertueusement dès son enfance : enfant, il faisait le carême (1), et c'est dans le jeûne et la chasteté que le starets se transporta dans le Royaume céleste.

Il fut souvent raillé et dénigré, car on le considérait comme incapable de faire le moindre travail et inutile pour les autres, de sorte que son enfance ressemblait beaucoup à la triste enfance de saint Ambroise d'Optino. On le vilipendait en lui disant : " Tu n'es bon à rien. Regarde Miladin ( quié tait un garçon de son âge) : lui aide son père, tandis que toi, tu manges ton pain gratuitement!" Ces paroles faisaient tellement mal petit Tomislav qu'il s'enfuyait alors dans les champs et s eréfugiait au pied d'un arbre, en suppliant le Seigneur de lui apporter du réconfort et en Lui demandant de "faire en sorte que lui aussi soit utile à quelque chose". Il était sans cesse tiraillé par la peur que "les plus grands ne soient pas contents de lui", ce qui l'empêchait de trouver du repos ( cette crainte devait le suivre plus tard, dans ses premières années au monastère). Son âme enfantine était sans nul doute également envahie par la tristesse de voir que son père, au demeurant homme paisible et dénué de méchanceté, ne le prenait pas sous sa protection et ne se comportait pas envers lui comme son âme d'enfant assoiffée d'amour paternel, l'attendait : " J'avais de la peine qu'il se soit remarié après la mort de ma mère et qu'il ait eu deux enfants, puis qu'il se soit marié une troisième fois après le décès de sa seconde épouse. Or, il s'était remarié pour avoir une femme au foyer pour s'occuper des enfants. Mais à cause de ce conflit mental avec mon père, je fus pendant des années incapable de progresser spirirituellement."

Dès son enfance, Dieu se mit à lui révéler le mystère de la pensée et de la vie mentale, la nécessité de concentrer sa pensée et de lutter contre la dispersion de l'esprit, ce qu'il finira par comprendre au bout de plusieurs décennies de vie ascétique : " Dès mon enfance, j'avais commencé à beaucoup réfléchir sur toutes sortes de choses. Enfant, je faisais très attention à la façon de réfléchir et je vois maintenant que j'ai vieilli, que je n'ai pas encore atteint le degré auquel j'étais arrivé comme enfant, car le Seigneur Lui-même prend soin d'instruire les enfants. J'étais encore petit, je n'allais pas à l'école, mais j'avais observé que mes pensées vagabondaient, alors que les autres enfants étaient en train de jouer. Cela n'est pas bien, me disais-je, je dois rester ici, être présent par la pensée et concentré sur ce que je fais; mais tout cela s'avéra vain : mes pensées ne cessaient de s'échapper."

C'est au cours de ces années, dans son coeur d'enfant angoissé, que naquit le sentiment céleste de non-appartenance à ce monde ainsi que le désir mystérieux de se sortir de ce monde de chagrin et de tristesse, de se consacrer entièrement à Dieu et de rechercher la paix et la joie uniquement en Lui, le doux Seigneur qui seul réconforte Ses martyrs. Ainsi le Dieu vivant murmurait doucement à une âme qui n'avait nul endroit en ce monde pour y poser la tête : " Quand j'ai vu que ni mes parents, ni mes amis, ni le reste du monde ne m'apportaient rien d'autre que blessures, insultes et douleurs, j'ai pris la décision de ne plus vivre pour ce monde, mais de consacrer au Seigneur le peu d ejours qui me restaient jusqu'à la mort. Je m'étais rendu compte que je n'avais en ce monde personne de vraiment proche sinon le Seigneur."

Par ailleurs, Dieu a illuminé son esprit d'enfant en lui montrant que toute la vie terrestre n'est que service et qu'il n'existe pas d'autre vie que celle consacrée à servir au milieu de longs malheurs et de souffrances : " J'ai remarqué, dès mon enfance, l'existence de la notion de service. Voyant que les parents servent les enfants et que les enfants servent les parents, il me vint l'idée que puisque chacun servait l'autre, mon désir devait être de servir Dieu car Il est au-dessus de tous. Voilà comment le Seigneur m'appela dès mes jeunes années."

Bien que son enfance et sa prime jeunesse aient été, selon la Providence divine, placées sous le signe de couleurs automnales et non printanières, le starets Thaddée a toujours évoqué avec beaucoup d'amour le souvenir de sa mère (dont il a, selon ses propres dires, hérité la très grande sensibilité spirituelle) et celui de son père, "homme paisible, doux, modeste et d'une bonté incroyable", soulignant que, jusqu'à la fin de sa vie terrestre, "il avait souffert pour avoir offensé son père en pensées, sans avoir jamais réussi à trouver la paix à cause de cela". Tout au long de son service spirituel, il ne cessa jamais de penser au péché commis en pensée dans sa jeunesse à l'égard de son père. Instruit par cette propre expérience si amère, le starets Thaddée enseignera à ses enfants spirituels l'importance centrale pour les enfants d'obéir en pensée et en acte à leurs parents ( car ils sont précisément, "après le Seigneur, notre plus grand bien sur terre!"). Ilaffirmera que tout le sens de la vie chrétienne se reflète dans le retour du fils prodigue d'un pays lointain dans la Terre des Vivants, c'est-à-dire comme le retour plein d erepentir dans les bras du Père céleste : " Toute ma vie, j'ai été torturé par le sens de cette existence, me demandant à quoi menait cette vie : est-ce que les efforts que fait l'homme demandant à quoi menait cette vie : est-ce que les efforts que fait l'homme pour acquérir les richesses matérielles, se nourrir et boire, sont tout? Dieu merci, dans la vie de saint Séraphim de Sarov, on nous explique que le but de notre existence est de revenir dans les bras du Père céleste afin que les hommes que nous sommes sur terre deviennent ce que sont les anges dans le ciel, sous la conduite du Saint-Esprit."

Après avoir terminé l'école primaire ( avec de très bonnes notes!) et compte tenu du fait que sa constitution fragile ne lui permettait pas de se consacrer aux travaux agricoles, on l'envoya apprendre le métier d etailleur dans la localité de Petrovac, où il obtint également le diplôme d'une école commerciale. Mais il ne réussit pas à faire ses preuves dans le métier de tailleur, tout en souffrant beaucoup à nouveau de la brutalité des rapports humains, ce qui affecta sans nul doute son état de santé. Il tomba en effet malade des poumons ( on sait que les âmes très sensibles, qui endurent beaucoup de choses intérieurement, sont souvent exposées aux maladies pulmonaires).



" Renonçant à tout, il suivit le Christ."

A cette époque, en 1932, Tomislav qui était âgé de dix-huit ans, était complètement obsédé par la question du sens de l'existence : dans les profondeurs de son coeur avait éclaté l'idée de partir au monastère. Il écrivit une lettre dans ce but au monastère de Gornjak en demandant d'y être admis comme novice. La Providence divine fit qu'il attendit la réponse durant six mois. Ce qui arriva pendant cette période allait avoir une influence décisive sur sa vie. Dans l'attente de la réponse du monastère, Tomislav tomba gravement malade des poumons et il dut se rendre à Belgrade pour y suivre un traitement à l'hôpital. Il passa quarante-sept jours dans un hôpital de Dedinje ( un quartier de Belgrade). Comme son état ne s'améliorait pas du fait de s afaible constitution, un collège de médecins se réunit et décida d'avoir immédiatement recours à une thérapie complexe et douloureuse, consistant à injecter d el'air comprimé dans les poumons du malade ( conjointement à la prise de certains médicaments). Le verdict médical conclut que sans le recours à cette thérapie, le malade n'aurait que cinq années à vivre au maximum. Accueillant ce diagnostic comme un signe indubitable et un appel de Dieu à renoncer à ce monde et à cette vie, il refusa de continuer son traitement et s'en remit à Dieu. Il quitta alors l'hôpital, sous sa propre responsabilité. Conscient qu'il allait très probablement mourir au plus tard dans les cinq ans à venir, c'est-à-dire en 1937, le jeune Tomislav décida de consacrer entièrement à Dieu les cinq années qu'il lui restait à vivre et de lespasser dans un monastère. " Sans rien dire à mon père, je me rendis au monastère de Gornjak et m'y entretins avec l'higoumène." Il lui expliqua la situation où il se trouvait et lui dit qu'il souhaitait consacrer ces cinq années au Seigneur en humble moine, plein d erepentir et en prière.

La Providence divine fit que l'entretien de Tomislav avec l'higoumène de Gornjak, le père Séraphim ( un Russe qui allait, trois ans plus tard, lui conférer la tonsure monastique) se déroulât en présence d'un "vieux moine russe", venu de très loin et amené là par Dieu ( comme cela était arrivé jadis au jeune Rastko, qui allait devenir saint Sava!). Ce moine expérimenté, originaire du monastère de Valaam, s'approcha le lendemain du jeune Tomislav et lui dit : " J'ai entendu hier soir ce que tu as dit à l'higoumène en ce qui concerne la façon dont tu conçois le monachisme. Une telle conception de la vie monastique n'existe nulle part dans les monatsères qui nous entourent. Ce type d'organisation ne se trouve que chez les Russes du monastère de Miljkovo, où se sont rassemblés des moines venus du monastère de Valaam, sur le golfe de Finlande. Tu dois te rendre là-bas, car c'est seulement là-bas que tu trouveras ce que ton âme recherche." C'est ainsi que le doux Seigneur prit par la main celui qui était à Sa recherche depuis ses jeunes années. Quittant alors Gornjak et "renonçant à tout pour suivre le Christ", Tomislav se rendit au monastère de Miljkovo, près d ela localité de Sviljanac. On était le 24 juillet/ 6 août 1932.



Le monastère de Miljkovo, paradis de la première bénédiction.

A cette époque, le monastère de Milijkovo abritait des moines russes qui s'étaient réfugiés en Serbie après avoir été chassés du célèbre monastère de Valaam. En 1918, les îles de Valaam, "la Sainte Montagne du nord", avaient été rattachées à la Finlande, de sorte que leur monastère s'était retrouvé sous la juridiction de l'Eglise orthodoxe de Finlande, qui avait adopté en 1921 le "nouveau calendrier". Les autorités religieuses finlandaises imposèrent en 1925, après un long conflit, le "nouveau calendrier" au monastère de Valaam, mais la majorité des moines russes, fidèles au calendrier de l'Eglise ortodoxe russe, choisit de ne pas accepter cette décision et fut donc chassée du monastère entre 1925 et 1927. La Providence divine fit que la plupart de ces moines se retrouvèrent en Serbie, où ils furent accueillis dans divers monastères. Certains d'entre eux s'établirent ainsi au monastère de Miljkovo.

Conduits par le merveilleux archimandrite Ambroise (Kourganov), fils spirituel de saint Ambroise d'Optino, ces moines apportaient avec eux l'esprit cénobitique de la communauté monastique de Valaam que cette dernière avait reçu du monastère d'Optino. Consacré à la Présentation de la Très Sainte Mère de Dieu, le monastère d'Optino était issu de la Sainte Montagne : sa vie spirituelle avait été régénérée par des moines venus de la Sainte Montagne et disciples de saint Païssy Velitchkovsky. Le monastère de Miljkovo appliquait donc la règle stricte d'Optino et de Valaam : les servieces liturgiques duraient plusieurs heures et étaient marqués par la tradition russe; on suivait un jeûne très strict, et la sainte liturgie était célébrée quotidiennement ( le starets Thadée s'est efforcé tout au long de sa vie monastique de respecter cette règle, même quand il était très malade, faisant ainsi siennes les paroles de saint Jean de Cronstadt qui disait : " Quand je ne célèbre pas la liturgie, je me sens sur le point de mourir!").

Le monastère de Miljkovo abritait trente moines, principalement russes. L'higoumène était l'archimandrite Ambroise, que Tomislav, en entrant au monastère " avec son paletot et un morceau de pain à la main", avait surpris dans la grange " la soutane retroussée et pieds nus en train de fouler de la boue mélangée à de la paille". L'archimandrite Ambroise était de prier, gardant en permanence la mémoire d ela mort. Il propageait autour de lui la paix et la joie du Royaume céleste. Selon le starets Thaddée qui jusqu'à la fin de sa vie terrestre a nourri un amour ardent envers son maître spirituel, "le Père Ambroise rayonnait un amour ardent envers son maître spirituel, "le Père Ambroise rayonnait d'un amour incroyable et pur. Les Anciens d'Optino lui avaient transmis le meilleur, c'est-à-dire l'amour : jamais il ne se mit en colère contre un moine ou un serviteur, jamais il ne proféra de parole brutale à l'encontre de quiconque. Il endura beaucoup et pardonna tout. Il confiait tous les soucis et les problèmes au Seigneur et ne se plaignait qu'auprès de Lui. Il s'efforça par son exemple de transmettre ces traits de caractère à ses frères et nombreux furent ceux qui apprirent de lui la manière de cultiver un tel amour universel et sans parti pris dans leur vie quotidienne."

C'est dans un tel esprit d'amour de Dieu que le starets Ambroise devait enflammer l'âme pure du novice Tomislav pour qui l'amour de Dieu restera à jamais le critère unique de la vie véritable. Par l'exemple vivant qu'il présentait, le starets Ambroise allait inspirer le starets Thaddée tout au long de sa vie : " Il venait toujours le premier à l'église où il s emettait à la place dévolue à l'higoumène. On voyait qu'il était littéralement écrasé de soucis, mais il n'en faisait part à personne, déposant tout devant le Seigneur. Jamais il n'infligea de sanction à quiconque. Jamais il n'eut de mauvaise pensée à l'égard de quiconque, jamais il n'adressa de signe de reproche, ni quoi que ce soit. Il aimait chacun tel qu'il était et priait Dieu pour qu'Il l'éclaire. Son mode de vie était instructif en soi et son but était d'amener chacun par son propre exemple sur le chemin du salut."

Les premiers jours de sa vie monastique furent des moments de grand bonheur pour le jeune Tomislav à qui les moines russes donnèrent le surnom affectueux de "Tomouchka" : " Peu après mon arrivée comme novice au monastère de Miljkovo, on me donna un chapelet et on m'apprit à prier. Je fis exactement ce qu'on m'avait dit et me consacrai complètement à la prière de Jésus. Je pensais qu'il ne me restait que cinq ans à vivre; il ne fallait pas les gâcher mais essayer de trouver le chemin menant à Dieu!" Sa santé finit par s'améliorer, surtout grâce au jeûne : " Grâce à Dieu, j'étais guéri, mais mes nerfs étaient abîmés"...

Concentré sur ses problèmes intérieurs mais doté d'une constitution physique fragile, il lui arrivait de tomber de sommeil pendant l'exécution de ses tâches... Il fut d'abord affecté au vignoble du monastère mais, pendant son sommeil, des voleurs s'introduisirent et saccagèrent tout le vignoble. Ni l'higoumène ni aucun des autres frères de la communauté ne lui adressèrent le moindre reproche; on se contenta de le transférer dans un autre secteur d'activité : il s'agissait d egarder les moutons et les chèvres. Un jour, alors qu'il gardait les chèvres, il s'endormit de fatigue à nouveau, et les moutons s'égarèrent et firent des dégâts dans le champ voisin. Le même incident se reproduisit quand il devint gardien de vaches. Il finit par être affecté au réfectoire et à l'église. mais personne ne lui fit de reproches ni ne lui adressa de blâme pour les dommages infligés à la communauté à cause de son manque d'attention. telle était la communauté russe du monastère de Miljkovo : au milieu de cet amour universel, on pouvait accéder au ciel.

Tomislav était ainsi devenu le fils spirituel du starets Ambroise auprès duquel, en descendant dans les secrets de la spiritualité traditionnelle, il s'initiait à la sainte et salvatrice obéissance, à la vigilance spirituelle et à la prière de Jésus : " Le Père Ambroise m'avait dit : " Quoi que tu fasses, ne cesse de dire en toi : " Jésus, Fils de Dieu, aie pitié de moi!" Je lui obéis de tout mon coeur. Chaque jour, j'allai confesser à mon père spirituel ce qui s'était passé dans mon âme, et lui me conseillait ce que je devais faire. Au bout d'un certain temps, je sentis que, tout comme l'air que je respire, la prière pénétrait dans mon coeur. Avec le temps, la prière se mit d'elle-même à vivre dans mon coeur."

Dieu accorda à cette âme pure et obéissante le don d ela prière perpétuelle et sans cesse perfectionnée et lui permit d'acquérir "la paix et la joie indicibles", comme le disait le starets Thaddée lui-même : " Seuls ceux qui ont reçu le don gratuit de la grâce sont en mesure de connaître le même état que les anges et les saints. Avant, on s emettait en colère, alors que maintenant la colère a disparu. Il n'existe pas d'homme capable de vous offenser, aucune pensée négative ne peut plus vous atteindre car on se trouve dorénavant sous la conduite de l'Esprit Saint. C'est alors qu'on peut comprendre l'état où se trouvait la Très Sainte Mère de Dieu, qui avait été placée, du sein maternel jusqu'à la fin de sa vie terrestre, sous la bénédiction divine pleine et entière."

En s'adonnant de tout son coeur et de tout son esprit, sans restriction, à la prière de Jésus, Tomislav réussit, sous la conduite expérimentée du starets Ambroise, à progresser très rapidement et se vit bientôt accorder "le don gartuit", le don intérieur de "la paix et de la joie dans l'Esprit Saint"; la grâce de recevoir l'action du Royaume de Dieu et des énergies incréées de Dieu dans l'esprit et le coeur.

Le starets Thaddée évoquait avec humilité cette période : " En peu de temps, précisément du fait d emon attachement total à la volonté divine et d ema quête sincère de Dieu, la grâce de Dieu m'illumina, suscitant dans mon âme une joie et une paix indicibles... Très jeune, j'aimais la musique; en état d egrâce, je m'efforçais de me rappeler une chanson ou une maladie, mais ne pouvais me souvenir de rien : la prière se déroulait, dans le silence et la joie... En écoutant mon coeur, j'entendais : " Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur!" Je tentais de me rappeler certains faits ou évènements du passé, mais en étais incapable car toutes mes pensées étaient au repos dans une paix indescriptible tandis que tout mon âtre était envahi par une joie indicible et la quête de Dieu. Tel est l'état des anges et des saints, l'état correspondant à la grâce totale."

Plus tard, il allait très souvent évoquer devant ses enfants spirituels cette "grâce gratuite" comme un don inestimable de Dieu avec lequel Dieu nous dirige dans la vie spirituelle... Sans expérience spirituelle, le novice Tomislav pensait que tous le smoines possédaient cette "grâce gratuite"; il ne comprendra que plus tard l'ampleur du don immense et immérité que Dieu, dans Son amour, lui avait accordé en le préparant aux décennies terribles qu'il allait vivre comme higoumène et père spirituel : " Je pensais que tous les moines, prêtres et évêques possédaient la grâce gratuite, mais après avoir vécu toutes ces années avec des moines et des prêtres, je n'ai rencontré qu'un seul moine chez qui on pouvait reconnaître la grâce gratuite. Un seul moine! Parmi les laïcs vivant en famille, j'ai rencontré plus d'individus investis par la grâce gratuite."

A partir de cette époque, le novice Tomislav, qui deviendra le moine Thaddée, commença l'ascèse qu'il allait pratiquer toute sa vie à un triple niveau : 1) la quête pleine de repentir de cette grâce du Christ ( qui est la seule véritable vie pour l'homme); 2) la vie toujours en alerte sous le signe de cette grâce ( donnée par Dieu); 3) enfin les larmes et la nostalgie ( comme Adam et saint Silouane) de cette grâce (quand elle se retire) : " Je me suis beaucoup intéressé à savoir ce que les Saints Pères ressentaient tout au long d eleur vie et comment ils parvenaient à préserver cette grâce gratuite jusqu'à la fin." Il comprit ainsi que la grâce de Dieu ne pouvait être conservée que grâce à l'ascèse d'une vigilance spirituelle permanente et à l'apaisement de l'esprit dnas le coeur dans une prière ininterrompue : " Si on veut préserver cette grâce gratuite, il faut prier Dieu sans cesse afin de chasser de son esprit les pensées tourmentées et lugubres, et de conserver ainsi la paix et la joie qu'on éprouve en état de grâce." Le Royaume de Dieu se trouve à l'intérieur de nous mais ne peuvent l'acquérir, vivant et à l'oeuvre, que les ascètes pratiquant la vigilance spirituelle et la prière ininterrompue.

Il est à noter que, à cette époque, Dieu permit au novice Tomislav de rencontrer un hiéromoine qui devait devenir le saint évêque Jean (Maximovitch) d eShangaï et de San Francisco, qui était alors professeur au séminaire de Bitola et qui venait à Milijkovo pendant le congé d'été afin de se régénérer spirituellement et de prendre conseil auprès d emoine spratiquant la prière du coeur. Pendant qu'ils travaillaient tous deux dans le jardin, le hiéromoine Jean aimait parler au jeune novice des Vies de saints ainsi que des Saints Pères dont il connaissait bien les oeuvres. il leur arrivait ainsi de bavarder assez longuement pendant qu'ils étaient censés travailler, ce qui amenait le père économe Pierre à les réprimander.

En plus des activités physiques dont il était chargé au monastère, Tomislav y apprit le russe, ce qui lui permit dès le début de sa vie monastique de lire très attentivement ( et même de traduire en serbe) les oeuvres des Saints Pères traduites en russe (2).

(Note 2. Grâce à la bonté du père Dragoslav Topolac, nous avons pu consulter une photocopie de la traduction par le starets Thaddée des Paroles de saint issac le Syrien faite en soixante-et-une pages écrites de la main du starets, sans mention de date de la traduction. Le starets Thaddée aimait beaucoup lire et traduire saint Isaac le Syrien, "psychologue incomparable" et pneumatologue de la vie chrétienne. L'extrême attention avec laquelle le starets lisait, analysait et vivait les Discours de saint Isaac le Syrien est illustrée par les nombreuses mises en exergue manuscrites faites par le starets en marge du texte, dont on ne citera que quelques exemples : " Important, important, important!!!"; " Savoir spirituel"; " Excellente connaissance de son impuissance"; " fondement de toute bonne oeuvre"; " Combat intérieur!"; " regard spirituel"; " La clé du coeur!"; " Discernement!"; " Attention à l'oisiveté et à la paresse!" On voit ainsi que saint Isaac le Syrien a été, aux côtés de saint Syméon le Nouveau Théologien, l'un des Saints Pères qui, avec leur enseignement théologique expérimenté et leur gnoséologie, a exercé une influence déterminante sur la formation de la personnalité du starets Thaddée comme ascète et spirituel. Par ailleurs, ce précieux manuscrit nous révèle que le starets Thaddée a repris et renouvelé la tradition des moines copistes et traducteurs dans l'esprit de la recommandation ancienne de saint Païssy Velitchkovsky : " Traduire et mettre en oeuvre!").

Cela devait avoir une importance décisive dans la vie du futur moine Thaddée quand il se retrouvera dans la situation qu'avait connue saint païssy Velitchkovsky qui, faute d'un père spirituel contemporain expérimenté, allait trouver une direction spirituelle dans l'esprit et l'expérience des Saints Pères exprimés dans leurs oeuvres, homélies et enseignements inspirés par Dieu.

Quand, à la suite de la mort du starets Ambroise en mai 1933, il se retrouva privé d'un père spirituel expérimenté, Tomislav découvrit dans les oeuvres des Saints Pères, qu'il lisait sans relâche en langue russe, la réponse à la question : quel est le véritable sens de la vie chrétienne. "Je souhaitais, dit le starets Thaddée, connaître le sens de notre vie sur la terre. Je parcourus ainsi les oeuvres des Saints Pères et appris ainsi quel était leur état intérieur car eux-mêmes décrivaient ce qui m'intéressait beaucoup... Je compris alors, comme ils l'expliquaient eux-mêmes, que "la perfection de la vie chrétienne, c'est l'humilité extrême."" Les Saints Pères affirment, ne cessa de répéter le starets Thaddée, que l'idéal de la vie chrétienne n'est pas d'accomplir des miracles, ou guérir des malades ou d eressusciter des morts, mais "l'humilité extrême". La vie toute entière du starets Thaddée, tout comme sa mort ( survenue dans un lieu hors du monastère où il avait accepté de séjourner et dont le mystère a été caché par Dieu), correspond à une ascèse ininterrompue dans la quête de la perfection de la vie chrétienne, de l'humilité extrême en vue de s'approcher le plus parfaitement possible de l'humble et doux Christ-Agneau " qui S'est abaissé, devenant obéissant jusqu'à la mort, à la mort sur une croix" ( Ph 2, 8).

Cependant, cet état paradisiaque ne pouvait durer longtemps car Dieu, comme l'explique le starets Thaddée, ne permet pas à une âme inexpérimentée de jouir trop longtemps de la grâce gratuite, afin que l'homme ne puisse, par inexpérience, en faire un mauvais usage. le starets Ambroise s'était éteint un peu moins d'un an après l'arrivée de Tomislav au monastère. Le jeune novice tomba alors dans une grande tristesse, perdit la pratique de la prière et fit l'expérience du retrait de la grâce : " Mon père spirituel venait de mourir et je passai de nombreuses années au milieu de grandes souffrances spirituelles. La tristesse me déchirait le coeur. La peur qui s'était emparée de moi quand j'étais enfant me faisait souffrir à nouveau." Afin de lutter contre le chagrin et l'angoisse, il prenait son harmonica et partait seul dans la nature pour en jouer : " Depuis toujours j'aimais la musique qui m'apportait du réconfort."

Son âme était triste, il était dorénavant privé de père spirituel; il rechercha du réconfort auprès d'autres pères spirituels mais son âme ne pouvait se consoler. Et alors qu'il avait perdu tout espoir, Dieu l'illumina soudainement en lui mettant dans les mains le livre de saint Théophane le Reclus Le chemin du salut. Une fois de plus, dans la vie du novice Thaddée se vérifiait l'expérience de nombreux Pères : " Quand il n'existe pas d'homme capable de nous réconforter, alors le Seigneur apparaît, même dans un livre, afin de nous réchauffer l'âme", car un livre chrétien écrit par les Saints Pères est une chose transfigurée par la foi et la créativité de l'homme en la forme de temple du Verbe incarné d'où, par l'intermédiaire des pensées et des intentions, à travers les saints dogmes et les enseignements, les énergies divines se déversent dans le coeur des hommes et illuminent les esprits des hommes.

Après la mort du starets Ambroise, le choix de son successeur allait provoquer beaucoup d'agitation au monastère; l'adhésion des moines à la même façon de penser disparut, la communauté se dispersa; certains partirent au monastère de Touman, d'autres à celui de Kalenic; le novice Tomislav se rendit au monastère de Gornjak. C'est là que, le 26 février/ 11 mars, il reçut la tonsure monastique des mains de l'higoumène Séraphim, ainsi que le nom de Thaddée. Le 19 mai/ 1er juin, dans ce même monastère, Thaddée fut ordonné diacre.

Peu après, il reçut le congé canonique de l'évêque de Branicevo, Benjamin, et fut rattaché à l'archevêché de Belgrade-Karlovac; il devint membre de la communauté monastique de Rakovica où, répondant à une invitation du patriarche Barnabé, il suivit les cours d'une école d'iconographie et s'initia à la théologie mystérieuse de l'iconographie. Après avoir terminé les cours d'iconographie, il cessa de s'occuper d'iconographie à cause de problèmes de santé : il ne pouvait en effet pratiquer l'iconographie dans un lieu clos car ses poumons en mauvais état ne pouvaient supporter les émanations des couleurs.

Le moine Thaddée passa la dramatique année 1937, pour laquelle les médecins avaient prédit qu'elle serait celle de sa mort, dans l'atmosphère de la crise du Concordat (3) et du meurtre du patriarche Barnabé (Rosic).

(3) : ( Avec le Vatican).

Thaddée fut ordonné hiéromoine le 21 janvier/ 3 février 1938 au monastère de Rakovica. La même année, le patriarche Gabriel (Dozic) décida de l'envoyer, comme étant "le plus jeune hiéromoine du monastère" au patriarcat de Pec, où il allait se heurter à des difficultés inattendues. En effet, le hiéromoine Jovan ( Zecevic), qui dirigeait le monastère du patriarcat, était avec quelques autres moines, un sympathisant du parti communiste; l'un des principaux responsables communistes de la localité de Pec, un certain Drago Kaludjerovic, venait de temps à autre au monastère et menaçait le Père Thaddée ainsi que quelques autres moines "rétrogrades" en disant qu'il n'y aurait plus de place pour eux dans ce monastère le jour où les communistes viendraient au pouvoir.

En avril 1941, lorsque la guerre éclata, le Père Thaddée se trouvait au monastère du patriarcat de Pec. Fuyant la terreur propagée par des bandes armées d'Albanais (4), il alla se réfugier avec quatre autres moines de Pec, au monastère de Rakovica, près de Belgrade.

(4) : ( Alliés de Hitler) (NdT).



Deux fois condamné à mort.



A Belgrade, les conditions de vie furent extrêmement dures pendant les premières semaines d'occupation, et le hiéromoine Thaddée essaya alors de se réfugier dans le diocèse de Banat chez l'évêque Damascène ( qui deviendra plus tard métropolite de Zagreb) car au Banat "il y avait du pain alors qu'à Belgrade il n'y avait pratiquement rien". Arrêté en gare de Belgrade, il fut considéré comme suspect en tant que membre du clergé de l'Eglise orthodoxe serbe, qui était aux yeux des occupants nazis le pilier principal de l'esprit de résistance serbe qu'il fallait donc anéantir afin de soumettre la population. Conduit dans les locaux de la police spéciale allemande, sous l'accusation insensée qu'il "se rendait dans le Banat afin d'y organiser les cellules communistes", il fut suspecté d'être "l'un des organisateurs de la révolte contre l'occupant, ce qui impliquait une lourde peine". Les Allemands se mirent alors à l'interroger puis le libérèrent "par manque de preuves".

Aussitôt après sa libération, il s erendit au monastère de Vitovnica, son lieu de naissance; Mais, au bout de quelques jours, le commandant allemand de cette localité le convoqua et exigea de lui qu'il se mît "comme membre du clergé", à la disposition du commandement. Le hiéromoine Thaddée s'y refusa courageusement en expliquant qu'il ne pouvait le faire en tant que prêtre, car il ne disposait pas de la bénédiction de son évêque. " C'étaient des temps difficiles", dira le starets Thaddée bien des années plus tard, "où à cause d'un seul mot ou de la non-exécution d'un ordre des autorités, l'ombre de la mort pouvait surgir tout à coup."

En 1943, les Allemands l'arrêtèrent à nouveau, cette fois dans la localité de Petrovac. On l'emprisonna dans une cellule qu'il partagea avec "deux trafiquants de tabac au marché noir"; il est condamné à mort, après avoir déjà été remarqué par les autorités d'occupation lors de sa précédente arrestation à Belgrade. Etendu sur un petit banc en bois dans sa cellule, le hiéromoine Thaddée songeait qu'il ne lui restait plus d'espoir de retrouver la liberté : " Je pensais que je ne sortirais sûrement pas vivant de cette prison. Ma vie allait se terminer. Mon Dieu, mon Dieu!" Et alors qu'il était en proie à ces pensées très sombres, Dieu le sortit soudain du désespoir grâce à une vision miraculeuse : " J'étais couché, je réfléchissais, il ne me restait pas d'espoir! J'étais désespéré! Soudain devant moi apparut un soldat de haute stature portant un cordon doré croisé sur sa poitrine. Sur sa tête il ne portait pas de casque mais quelque chose qui lui couvrait le front. Au-dessus il portait une très belle aigrette. Son uniforme était comme sur une fresque. Il était grand et très beau. Sur terre, il n'en existait pas de semblable! Il tenait un rouleau à la main et me fixait. Aussi clair que le jour, c'était un ange, la consolation du Seigneur! Il déplia le rouleau et dit : " Regarde!" Sur le rouleau, on pouvait voir la carte de la Serbie. Il ajouta : " N'aie pas de crainte, n'aie pas peur, car il te reste encore un grand nombre à consoler et à fortifier. As-tu compris?" Je regardai autour d emoi pour voir si les autres avaient aussi entendu ce qu'il m'avait dit. Je ne savais pas alors que c'est noétiquement que l'on s'entretient avec le monde spirituel. Je me retournai alors mais il avait disparu. Je compris que j'avais eu une vision céleste que le Seigneur m'avait accordée pour me consoler et me faire part de Sa volonté à mon sujet dans ce monde. Cela se passait en 1943, et ce fut la première et la seule fois où il me fut donné de voir en face un messager de Dieu. Plus tard, ce fut seulement en songe..."

Dieu lui était apparu sous les traits d'un ange, au moment le plus difficile, face à la mort, et lui avait montré la voie qu'il devrait suivre, l'obéissance dont il devrait faire preuve et la croix qu'il devrait porter afin de réconforter, fortifier et nourrir le peuple serbe avec l'Evangile du Christ, et cela jusqu'à son dernier souffle.

Après avoir passé par les prisons de Petrovac et de Pozarevac, au bout d'un mois d'emprisonnement, le 5 mars 1943, il fut transféré par les Allemands au monastère de Vojilovica où il allait être confiné aux côtés de l'évêque Nicolas (Velimirovic). Selon le récit du hiéromoine Basile (Kostic), qui se trouvait lui aussi dans ce monastère, le Père Thaddée y arriva épuisé et "le corps couvert de poux". Ayant pris un peu de repos, il put y célébrer le 13 mars 1943 la liturgie avec le saint évêque Nicolas et d'autres prêtres également confinés.



Les souffrances du Père Thaddée.

"Pourquoi luttes-tu si tu n'es pas obéissant?"

A l'issue de la Deuxième guerre mondiale et avec la bénédiction du métropolite de Skoplje, Joseph, qui remplaçait le patriarche Gabriel (5), le hiéromoine Thaddée se vit accorder en 1947 le congé canonique lui permettant d'être transféré du patriarcat de Pec (6) au diocèse de Branicevo, dans le monastère de Gornjak, "afin d'y trouver la paix et la joie spirituelle".

(5) : ( Qui avait été interné par les Allemands puis conduit à Dachau) (NdT).

(6) : ( Rattaché directement à l'archevêché de Belgrade-Karlovac) (NdT).

Puis, en 1949, le hiéromoine Thaddée reçut le congé canonique du diocèse de Branicevo et devint de nouveau membre de l'archevêché de Belgrade-Karlovac, avant d'être élevé au rang d'higoumène dans l'église conciliaire (7) de Belgrade par l'évêque Vissarion, vicaire de Sa Sainteté le patriarche Gabriel.

(7) : ( La cathédrale).

Cette même année, il fut envoyé de nouveau au monastère du patriarcat de Pec pour en devenir l'higoumène. Il y découvrit une situation difficile : l'hôtellerie du monastère avait été détruite et laissée à l'abandon, plusieurs dizaines de familles de réfugiés se trouvaient dans le monastère ainsi qu'un centre de commandement militaire!

" J'ai beaucoup souffert à cette époque, a raconté le starets Thaddée. Les communistes me causaient beaucoup de soucis et de problèmes. Chaque fois qu'ils pouvaient faire empirer la situation, ils s'y employaient jusqu'au bout. Mais grâce à Dieu, je réussis à venir à bout de tout cela." Au cours de ces années difficiles, à la suite de nombreuses épreuves et tourments, extérieurs comme intérieurs, il se remit à fumer ( il avait commencé à le faire quand il se trouvait à Pec, avant la guerre), "bien que la nicotine le gênât énormément à cause de ses nerfs fragiles", avant de parvenir à se libérer du vice du tabac à l'issue d'une lutte opiniâtre.

L'affrontement spirituel, dont il avait approché les abîmes mystérieux quand il était encore enfant et qu'il endurait surtout depuis qu'il était moine, devenait de plus en plus sérieux et difficile : il avait compris qu'être chrétien signifie mener un combat spirituel, incessant et sans concession, contre le mal et la mort en soi-même, un combat où il n'y a pas de ligne de front ni de répit, un combat où l'ennemi ne dort et ne se repose jamais : " Comme tout moine, je ne cessais de faire de mon mieux pour prier Dieu, je faisais beaucoup de prosternations et beaucoup de prières, craignat sans cesse que le diable ne m'apparaisse sous les traits d'un ange ou du Sauveur, que le Seigneur fît que le diable m'apparaisse : je m'apprêtais à prier devant une sainte icône quand il surgit devant moi en exigeant que je m'incline devant lui. Je fis le signe de croix et invoquai le Seigneur, mais il me dit : " Je n'ai pas peur de la croix!" Je me mis à lire des prières mais il dit encore : " Je n'ai pas peur non plus des prières!" Il ne cessait de me gêner. Je me rendis alors auprès de l'higoumène qui me dit que je ne priais probablement pas Dieu de façon fervente. " Je ne cesse pourtant pas de prier, dis-je, mais je ne parviens pas à m'en libérer, même la nuit où il ne me laisse pas en paix, ricanant sans arrêt. Que dois-je faire? Seigneur, je ne sais comment me libérer, je n'ai ni paix ni repos!" Il est important de se repentir, tu dois prier en te repentant : si tu pries de tout ton coeur, il partira", me dit le starets. C'est ainsi que, à l'instar d'ascètes chrétiens de tous les siècles, le hiéromoine Thaddée, en larmes, en sueur et dans le sang de son âme, apprit à mener le plus difficile des combats : un combat salvateur contre "les esprits du mal", les ennemis sans sommeil du salut des hommes, un combat menant à Dieu et dont les armes invincibles sont "le repentir, les longues souffrances et l'humilité".

Comme il devait le confesser bien des années plus tard à l'un de ses enfants spirituels, les circonstances difficiles où il se trouvait et le combat spirituel intensif qu'il avait engagé allaient amener le starets Thaddée à "subir deux chocs nerveux violents où il tremblait de tout son corps, dans un état de faiblesse générale". Il considéra cela comme une mise en garde divine et comprit qu'il devait changer de mode de vie et apprendre à vivre en rejetant tout sujet de préoccupation important : " Je compris que nous prenons tous trop soin de nous; seul l'homme qui se remet entièrement à la volonté de Dieu peut se sentir léger, joyeux et paisible." Ayant appris à remettre tous ses propres soucis ainsi que ceux de ses proches et ceux de ses adversaires entre les mains du Seigneur, "seul Porteur de toutes nos souffrances, soucis et lamentations", il allait porter la croix comme higoumène du monastère de patriarcat de Pec au cours des six années suivantes.

En 1955, avec la bénédiction du patriarche Vikentije et pour des raisons de santé, il revint du patriarcat de Pec dans le diocèse de Branicevo où il assuma durant plusieurs mois la charge de prêtre de paroisse. En 1956, il se retrouve à la tête du monastère du patriarcat de Pec, où il resta un an. Puis, en 1957, après onze années passées au patriarcat de Pec ( trois comme moine et huit comme higoumène), il revient au sein de la métropole de Belgrade-Karlovac avant de revenir, la même année, dans le diocèse de Branicevo où il fut nommé père higoumène du monastère de Gonjak tout en s'occupant de surcroît de deux paroisses desservant six villages. Il restera affecté au diocèse de Branicevo jusqu'à sa bienheureuse dormition en 2003.

Depuis de longues années cependant le hiéromoine Thaddée brûlait du désir de se rendre à la Sainte Montagne ( refuge auquel aspirent toutes les âmes éprises de pureté, humilité et dévotion), où il voulait s'établir au monastère de Chilandar fondé par saint Sava et saint Syméon, afin d'y vivre dans la prière et l'ascèse. C'est pourquoi il demanda à plusieurs reprises à son évêque, au cours des années 1950, de l'autoriser à se rendre sur la Sainte Montagne. Ce n'est qu'en 1959 que sa requête fut acceptée et qu'il eut, muni de tous les documents nécessaires, l'autorisation de se rendre à Chilandar.

Mais l'accueil qu'il reçut à son arrivée à Chilandar ne fut pas très cordial, et cela probablement pour deux raisons : d'abord parce qu'il se présentait à Chilandar en moine déjà instruit ("les moines de Chilandar préfèrent accueillir des novices débutants" plutôt que des moines déjà formés, qui ne sont pas habitués au mode de vie de la Sainte Montagne); en outre, il avait été higoumène dans plusieurs monastères cénobites; or à cette époque il n'y avait rien de tel à Chilandar et on n'était pas prêt à y rétablir des règles semblables.

A Chilandar, où il allait séjourner deux mois, le hiéromoine Thaddée eut une visite prodigieuse de la Très Sainte Mère de Dieu : " Je ne me sentais pas très bien à Chilandar. Je pensais que c'était lié à mes problèmes de coeur. Une nuit, je fis le rêve suivant : je vis que les moines se rendaient en procession afin de recevoir la béndiction de la Très Sainte Mère de Dieu, higoumène de la Sainte Montagne. Les frères s'approchaient d'elle et lui baisaient la main. Lorsque je me retrouvai devant elle, je la priai de demander à son Fils, notre Dieu, de me pardonner les péchés commis au cours de mon existence. J'attendis ce qu'elle allait me dire : " Ce n'est rien, répondit-elle, ce sont tes nerfs qui ont été fortement affaiblis." C'est ce que me dit la Très Sainte Mère... Je fus obligé de repartir."

Comme l'écrit l'archimandrite Jean (Radosavljevic) dans sa biographie du starets Thaddée ( Le mode de vie monastique, Belgrade, 2002), au bout de deux mois de séjour, le hiéromoine Thaddée s'entendit dire par les moines de Chilandar qu'il devait retourner en Serbie car "son visa de séjour à la Sainte Montagne avait expiré". Et c'est ainsi qu'ils raccompagnèrent le Père Thaddée en Serbie. Il expliquait ce qui s'était passé à la Sainte Montagne par le fait qu'il y était venu comme higoumène et non comme novice.

Bien qu'il l'eût souhaité plus que tout au monde, il ne lui fut pas donné de s'établir à la Sainte Montagne, car son déplacement là-bas, comme il le comprit lui-même plus tard, correspondait plus à sa volonté qu'à celle de Dieu qu'il ne cessait d'oublier et qui lui avait clairement été révélée lors d ela visite de l'ange dans sa cellule en prison à Petrovac, en 1943 : " Il te reste encore un grand nombre à consoler et à fortifier." Dieu le ramena dans sa patrie afin qu'il se consacrât au salut des âmes souffrantes et nécessiteuses au sein du petit peuple serbe : "Mais à vrai dire, confessait le Père Thaddée, je dois reconnaître que je souffrais beaucoup. Si le Seigneur ne m'avait pas enlevé ce fardeau, je n'aurais pas pu y arriver seul. On doit faire preuve d'obéissance tant que le Seigneur vous donne vie et santé".

A son retour de Chilandar, il servit temporairement comme prêtre de paroisse, puis comme higoumène de Touman. En 1962, à sa demande, il quitta Touman pour devenir l'higoumène du monastère de Vitovnica, où il resta dix ans tout en assumant la charge de prêtre d'une paroisse voisine. Un événement vint marquer cette période. Un jour où, accablé par d egrandes difficultés intérieures, il fut obligé de revenir au monastère de Vitovnica pour "se confesser à l'un de ses disciples", il fut jugé digne d'une nouvelle visite céleste. En effet, en se réveillant dans sa cellule, complètement apaisé et régénéré, il entendit dans son esprit une voix céleste lui dire : " C'est comme cela que tu dois te reposer. Ne prends pas sur toi trop d epréoccupations terrestres, mais préserve ta paix et vis avec Dieu." Une autre fois, alors qu'il s etrouvait dans une situation difficile à la suite d'un combat spirituel exténuant, il se produisit un événement qu'il rapporte ainsi : " Une vision se présenta à moi où le Sauveur me dit de me mettre sous la protection de Sa très Sainte Mère car elle était la protectrice et la défenseuse des moines."

Le starets Thaddée était un moine qui avait, dès sa jeunesse, aspiré de tout son être à la paix et au silence, cherchant à s'écarter pendant des décennies de la charge d'higoumène qu'il n'avait jamais sollicitée. Assumer la responsabilité d'higoumène dans le respect de l'obéissance à l'évêque a été pour lui une véritable épreuve tout au long de sa vie : " La charge d'higoumène me fut toujours très lourde à porter car j'étais obligé de fixer mes pensées sur des préoccupations matérielles et des problèmes humains concernant les membres de la communauté... Je perdais ainsi sans cesse la grâce gratuite que j'avais reçue comme novice. Cela provoquait de nouveaux problèmes dans ma vie spirituelle tout en détruisant mon état de santé. Une nouvelle maladie était apparue, mes nerfs avaient craqué."

Sur les conseils des médecins, il fut amené à prendre des médicaments destinés à calmer les nerfs, qui ne lui furent d'aucun secours car le mal physico-psychique dont il souffrait était la conséquence d'un douloureux conflit spirituel et mental auquel le starets avait pris part et où l'homme ne lutte pas "contre des adversaires de chair et de sang mais contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes" (Eph 6, 12). C'est pourquoi le starets, tout au long des décennies où il exerça ses responsabilités d'higoumène, demanda à de nombreuses reprises à être déchargé de sa fonction d'higoumène, car il ne pouvait supporter le poids de cette charge, notamment les controverses et conflits de pensée entre les frères; il était de tout son être en quête d'un mode de vie paisible consacré à la vigilance spirituelle et à la pratique de la prière. Mais Dieu ne cessa de le ramener à ses devoirs d'higoumène et au service des fidèles. " J'ai été, raconte le starets Thaddée, higoumène pendant une cinquantaine d'années au cours desquelles j'ai affronté beaucoup de malheurs et de souffrances! J'ai demandé à huit reprises qu'on voulût bien me décharger de cette fonction. Mais j'ai eu des mises engarde du Seigneur pour ne pas le faire. Le plus dur pour moi fut de voir que les frères ne s'entendaient pas entre eux... Mais le Seigneur procède ainsi. Il n'a pas voulu qu'il en soit comme je le souhaitais, que mes frères s'entendent entre eux et que mon rôle d'higoumène soit agréable à tenir... Mon évêque me disait : " Qu'est-ce que tu as? Tu ne souhaites pas être le chef alors que les gens cherchent à occuper cette fonction?"

Ce combat dans l'amour avec Dieu dura des décennies. " Si nous ne nous apaisons pas de nous-mêmes, Dieu ne cessera pas d'agir en vue de nous apaiser", disait le starets dans ses dernières années de vie terrestre, en évoquant sa fuite devant l'obéissance et la croix que le Seigneur lui avait destinées. Ou, comme le dit un très vieux dicton byzantin : " Si l'empereur te pourchasse, fuis, mais si Dieu te pourchasse, assieds-toi!" Celui qui était en quête de Dieu était tendrement pourchassé par le Dieu si désiré sur la mystérieuse carte de la Serbie révélée lors de l'apparition angélique de 1943 afin de le conduire vers Sa perfection : " l'humilité extrême dans le service de tous".



En 1972 l'higoumène Thaddée fut nommé higoumène du monastère de Pokajnica près de Velika Plana. A un moment difficile sur le plan spirituel, le starets Thaddée se vit de nouveau accorder une vision pendant le sommeil, en forme de mise en garde divine : " J'ai accueilli difficilement ma nomination à la tête du monastère de Pokajnica. J'avais peur des épreuves que j'aurais éventuellement à subir du fait des membres de ce monastère. C'est alors que le Seigneur m'apparut dans mon sommeil et me mit en garde. Placé soudain devant Lui, je vis qu'Il portait sur lui un épitrachilion, l'omophore sur les épaules, lui-même recouvert par un autre épitrachilion. Il me dit : " Pourquoi luttes-tu s'il te manque l'obéissance? Chaque fois qu'on t'a placé à la tête d'un monastère, tu as importuné les autres en leur demandant d'être déchargé de cette fonction. Tu ne dois plus agir ainsi. Tu dois savoir que toute tâche qui t'a été iposée doit être réalisée avec beaucoup d'amour, de ferveur et de dévouement, sans faire attention à la jalousie et au mal qui t'entourent et t'agressent." Puis, à trois reprises, il me marqua du signe de la croix de la tête aux pieds, prit l'épitrachilion et le mit sur ma tête en disant : " Voici la croix que tu dois porter.""

Comment un serviteur ne pourrait-il pas porter la croix qui lui est remise personnellement par le Ressuscité?



"Tu es encore capable de consoler et de fortifier un grand nombre."

Jusqu'en 1975 j'ai vécu complètement retiré. Je n'allais nulle part et ne faisais pas attention à la société, à la fois à cause de ma santé et par nature", raconte le starets Thaddée. Mais, en 1975, à la suite de plusieurs demandes en ce sens faites par le frère Dragi, ancien missionnaire du mouvement des Bogomoljci (8) et avec la bénédiction de son évêque, le starets Thaddée, contraint par l'amour de l'Eglise, se mit à participer aux rassemblements de "prière à Dieu" organisés à Krnjevo : " J'y ai fait la connaissance de l'évêque Athanase (Jevtitch), alors hiéromoine et professeur à la faculté de théologie de Belgrade. A cette époque ma t^te était encore pleine de maximes des Saints Pères. L'assistance me posait diverses questions auxquelles je répondais, et je voyais que ce que je leur racontais les intéressait. C'est lors de ces rassemblements que j'ai rencontré beaucoup de croyants qui ont trouvé dans les sentences des Saints Pères les réponses aux questions innombrables qui les assaillaient. C'est à partir de cette époque que les gens ont commencé à venir me voir de plus en plus nombreux et maintenant ils viennent en permanence."

Obéissant au conseil de l'Eglise, le starets Thaddée entreprit alors une nouvelle ascèse de service spirituel sans relâche, qui se prolongera jusqu'à sa mort : " Je devais parler beaucoup, et la gorge commença à me faire mal. Je fus alors atteint d'une inflammation de la gorge dont je ne suis pas encore guéri complètement. Il m'arrive d'avoir très mal à la gorge et j'éprouve alors de grandes difficultés à célébrer la liturgie."

En 1978, le starets Thaddée raconta à sa fille spirituelle G. la vision suivante, qu'il avait eue pendant le sommeil : " A peine endormi, je rêvai que j'étais mort. Deux jeunes gens m'amenèrent dans une pièce où ils m'installèrent sur un tréteau placé entre eux. A ma droite il y avait des juges. Au fond de la pièce et à gauche, quelqu'un était en train dem'accuser : " Voici celui qui ne peut s'entendre avec personne!" Je me taisais, abasourdi. Cette même voix placée dans un coin répéta à deux reprises les mêmes accusations. Le jeune homme à ma droite me dit : " N'aie pas peur! Il n'est pas exact que tu ne peux t'entendre avec personne. Tu n'es seulement pas capable de le faire avec toi-même.""

C'est alors que la maxime de saint Isaac le Syrien, qu'il devait par la suite répéter à ses enfants spirituels comme à lui-même : " Réconcilie-toi avec toi-même, et le ciel et la terre se réconcilieront avec toi!", est devenue sa voie unique vers le salut.

Comment le starets Thaddée faisait-il pour consoler et fortifier les centaines et les milliers de pauvres âmes misérables, abandonnées de tous, accablées de chagrin, incomprises par les autres et ayant soif de Dieu, qui venaient auprès de lui? Il le faisait exactement comme il avait été lui-même consolé et fortifié par le Seigneur : il leur expliquait qu'ils étaient aimés par le Seigneur, qu'ils étaient précisément ceux que le Christ aimailt le plus au monde, que c'est à cause de gens comme eux que le Seigneur a accepté de souffrir sur la Croix, car toute personne qui souffre est celle que le Seigneur aime le plus et pour laquelle Il est prêt à être crucifié à nouveau : " A quoi saurons-nous que nous sommes aimés de Dieu? Voici à quoi : si le Seigneur nous fait traverser de nombreux malheurs, de nombreux tourments, de nombreuses souffrances et de nombreux chagrins du coeur, cela signifie que nous sommes aimés par le Seigneur", disait le starets Thaddée.

Le pèlerin V., qui a eu un entretien spirituel avec le starets Thaddée au monastère de Touman en 1978, a écrit ceci : " Il m'a conquis dès les premiers propos échangés dans le jardin du monastère. De taille modeste, mince, la barbe et les cheveux grisonnants presque blancs, le regard doux, il parle avec sérénité et bonne humeur. On sent qu'il est rempli d'une force intérieure qui irradie et attire les gens désireux de se retrouver près de lui."



" En priant pour quelqu'un nous assumons ses souffrances."

Après le monastère de Pokajnika, il fut nommé père spirituel du monastère de Touman, avant de redevenir, en 1981, l'higoumène du monastère de Vitovnica. A partir du début des années 1980, un nombre sans cesse croissant de pèlerins commença à affluer auprès du starets Thaddée, en provenance de toute la Serbie, notamment de Belgrade. Ils venaient à pied, en voiture, en autocar... Les conversations, recommandations, conseils spirituels et lectures de prières duraient des heures, tard dans la nuit.

A la suite des nombreux entretiens et après avoir pris sur lui les tourments et les fardeaux de beaucoup de personnes ( parfois jusqu'à l'épuisement), la santé du starets commença à se détériorer, et sa sérénité mentale à être perturbée car, selon ses propres termes, "en priant pour quelqu'un nous assumons ses souffrances". Des années de souffrances intérieures lui furent nécessaires pour apprendre à se décharger l'esprit du poids des pensées de gens qui étaient venus se confesser auprès de lui et qu'il prenait sur lui, par amour du Christ, comme un bon pasteur prêt à se sacrifier : " Nous devons apprendre à nous libérer la conscience. Dès que nous sommes accablés, il faut nous adresser au Seigneur et Lui remettre nos préoccupations ainsi que celles de nos proches. Tous mes problèmes et ceux de mes proches venus se lamenter à cause de leurs faiblesses, tout cela je le remets au Seigneur et à Sa Très Sainte Mère afin qu'ils les résolvent. Et Ils les résolvent. Quant à moi, que puis-je faire quand je ne parviens pas moi-même à mettre de l'ordre en moi? Comment alors aider les autres?"

Pendant des années, le starets a souffert de tension nerveuse mais, à l'instar d'autres ascètes ayant connu le même don de Dieu; il a tout supporté comme un remède divin afin de devenir encore plus humble devant Dieu et encore plus respectueux de la volonté divine. Du fait du poids qu'il devait assumer, sa pression artérielle se mit à monter. Son coeur commença à lâcher car un coeur compatissant souffre tout particulièrement en assumant les souffrances d'autrui. " Si tu veux aimer les hommes de Dieu, tu auras à verser ton sang pour eux comme Dieu sur la Croix."

En 1992, il eut un premier infarctus, puis en 1996, un second. " J'ai eu deux crises cardiaques, raconte le starets Thaddée, parce que j'avais dû beaucoup parler avec les gens. il y a cinq ans, j'ai eu une crise cardiaque. Je pensais que c'était terminé, et voilà que j'ai repris mes esprits, mais sans avoir la force de parler; j'ai quand même la force de célébrer la liturgie et de chanter. Il faudrait que je garde le silence, que je passe ma vie dans le silence, en prière, mais comment faire quand les gens viennent avec tous leurs soucis et tous leurs malheurs? Jamais auparavant je n'ai souffert d'une tension élevée mais, après avoir écouté un homme me raconter ses malheurs, ceux-ci m'envahissent et ma tension s'élève. Je n'aime pas prendre de médicaments, mais me voilà en vie!"

Les pèlerins et les pénitents affluent au monastère de Vitovnica comme dans une maison de santé, un lieu de réconfort et d'encouragement de l'Eglise de Dieu, auprès du starets. Il reçoit chacun d'eux avec le même amour infini et la même attention et s'entretient avec lui, soit dans la petite cuisine du monastère ( quand il fait froid), soit devant l'église de la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu sous la tonnelle, "au frais" : " Ils viennent me raconter leurs malheurs et échanger des idées. Beaucoup d'entre eux se sentent mieux après; Quant à moi, je dois parler chaque jour. Même si mes poumons étaient en acier, ils souffriraient. tous ces malheurs finissent par peser. On me demande toutes sortes de choses, et je ne sais pas comment faire. Jusqu'à l'année dernière, je ne ressentais pas la vieillesse. Maintenant j'ai perdu la force et ne suis pas capable de parler longtemps. Quant à savoir pourquoi ils viennent, il semble qu'il doive en être ainsi... Ces deux derniers mois, j'ai eu de grands problèmes spirituels. Même au cours de la guerre, je n'en avais pas connu de pareils. Je dois, semble-t-il traverser aussi cela..."

Le starets instruisait les autres avec des mots simples par sa bonhomie et la joie et la paix intérieure qui émanaient de lui. Il faisait preuve d'un discernement conforme à l'enseignement des Saints Pères dans les questions relatives à la vie quotidienne, à l'Eglise ou à la vie spirituelle : " Attachez-vous aux petites choses, disait-il, et recherchez ce qui est modeste et simple. Quand votre âme aura mûri, Dieu lui accordera la paix intérieure. Le Seigneur vous observe et apprécie que vous soyez en quête de Sa paix. Tant que l'âme ne sera pas mûre pour le Seigneur, Il ne lui accordera que périodiquement la possibilité de voir qu'Il est présent partout et qu'Il emplit tout, le monde entier et toute la création. Alors l'âme connaît une grande joie! Elle est comblée. Mais le Seigneur se dissimule ensuite à nouveau afin que nous aspirions à Lui et Le recherchions de tout notre coeur." Toujours animé d'une spiritualité sobre et paternelle, le starets Thaddée fut indulgent envers les impuissants et les accablés et exigeant envers ceux qui souhaitaient progresser dans l'amour du Christ, tout en étant très sévère avec lui-même.

Il possédait le don céleste d'assumer personnellement les souffrances mentales, la tristesse et les tourments des autres. Quiconque s'approchait sincèrement de lui en tant que père spirituel et médecin de l'âme, repartait l'âme soulagée, l'esprit en paix et rempli de l'action bienfaisante de la grâce divine qui, par l'intervention d'un père spirituel, guérit l'impuissance des hommes.

Le starets considérait que dans la vie spirituelle "tout est important, il n'y a rien d'accessoire". Chaque problème, même le plus anodin en apparence, d el'homme "ordinaire" était très important pour le starets, car il était conscient que c'était dans cette épreuve qu'allait se décider le salut de cette âme si chère pour laquelle le Christ était mort et ressuscité. Un tel homme était très important pour lui car il était très important pour le Dieu vivant.

Sans se lasser, il n'a cessé d'enseigner aux chrétiens et aux chrétiennes venus à Vitovnica, la vérité de l'expérience séculaire de l'Eglise, oubliée et négligée de nos jours, qui est que l'homme est un être pensant doué d'énergies mentales, et que la plupart des pensées - ou plutôt des idées - qui torturent l'homme de l'intérieur ne viennent absolument pas de lui mais du diable, que l'homme possède la liberté et la force divine de repousser chacune de ces idées; c'est donc des pensées qui occupent l'esprit et le coeur de l'homme que dépend en totalité la vie humaine car les pensées sont des énergies que l'esprit diffuse à travers tout l'être humain et qui déterminent son équilibre existentiel : " Tout ce qui existe sur terre, tout ce qui est bon comme tout ce qui est négatif, tout est issu de pensées. Notre vie est à l'image des pensées qui nous occupent. Si nos pensées sont destructrices, nous ne connaîtrons ni paix ni repos. si nos pensées sont paisibles, tranquilles, douces et humbles, notre vie sera douce et cette paix règnera en nous. Cela émanera de nous et influencera alors le système nerveux de tous les êtres autour de nous, qu'ils soient des créatures intelligentes, des animaux ou qu'ils appartiennent au monde végétal. Tous attendent de nous paix, réconfort et amour, attention et respect."



" Pas moi, mais le Seigneur..."

Les gens venaient le voir avec leurs souffrances, douleurs et hésitations, et le starets répondait non par lui-même mais selon ce que Dieu lui disait : " Les gens venaient avec des questions mal formulées mais Dieu savait ce dont ils avaient besoin. Pas moi... Ils pensaient que c'était moi qui répondais à leurs demandes. Mais c'est le Seigneur qui répondait. Pas moi, pas moi..."

"Pas moi, mais le Seigneur...", telle était la méthode authentique, expérimentée à travers les siècles et confirmée par d'innombrables Saints Pères que le starets Thaddée a utilisée pendant des décennies en vue du salut des milliers d'âmes qui affluaient vers lui, dans la soif du Christ et du Royaume céleste, cherchant à travers lui l'aide et le salut de l'Eglise source de vie.

Quand la rumeur se répandit dans l'Eglise que Dieu l'avait doté du don de discernement, le starets, afin de protéger les âmes fragiles de ses enfants spirituels de la tentation d'idolâtrer un homme (fût-il un père spirituel), se mit à plaisanter sur son propre compte en disant en souriant : "Oui, c'est comme cela, je me mets à la fenêtre et je vois tout..."

Parmi les âmes innombrables qui affluaient vers le starets en recherchant auprès de lui aide, réconfort et enseignement, il y en avait aussi qui l'approchaient d'une manière malsaine ( car il est possible de tout aborder de façon idolâtre : l'ascèse, les Saints Mystères, la Bible et la théologie, l'Eglise elle-même et même Dieu!), d'autres l'abordaient par attachement sentimental, d'autres encore par méconnaissance spirituelle, d'autres dans un esprit de ruse. Le starets s'y opposa résolument (il fut très affecté et souffrit spirituellement des agissements de gens qui se présentaient comme ses "disciples") en enseignant aux croyants qu'il ne doit pas être des idoles les uns pour les autres car telle est la volonté du Seigneur." Mais il en est ainsi partout dans l'univers chrétien car les hommes, par ignorance spirituelle, sont toujours prêts à se prosterner d'abord devant les créatures plutôt que devant leur Créateur. Le starets disait : " La paix de l'esprit rend modestes tous les sages Anciens aux cheveux blancs qui ne tolèrent pas que les hommes s'adressent à eux comme à des divinités et des idoles; Telle est la grande différence entre les véritables pères spirituels de jadis et les "visionnaires" apparus de nos jours."

mais il y avait aussi des gens qui venaient à Vitovnica avec de mauvaises intentions; ils en repartaient les mains aussi vides qu'à leur arrivée, comme en témoigne le starets lui-même : " Un jour, un écrivain de belgrade vint me voir parce qu'il avait entendu dire que j'avais un don de clairvoyance. Il était venu me voir pour savoir s'il aurait du succès dans son travail, dans la rédaction de ses livres. Je lui fis remarquer que je n'étais pas une voyante... Cet homme finit par me quitter endisant qu'il avait fait fausse route en venant me voir. mais il était venu dans un but purement matériel, afin de savoir si l'ouvrage qu'il était en train d'écrire serait une réussite matérielle."

Aux gens qui s'attendaient à un miracle instantané le Starets expliquait avec une tendresse paternelle : " Vous venez me voir avec vos problèmes, mais j'ai moi aussi des problèmes, ce qui fait que le Seigneur nous réconforte mutuellement. je me plains auprès de moi, vous en faites de même auprès de moi et après tout est bien. Le Seigneur nous réconforte!"

Un enfant spirituel du starets apporte le témoignage suivant sur la méthode spirituelle que le starets utilisait lors des entretiens avec les fidèles : " Une question posée au Père Thaddée provoquait une réponse brève, puis il disait : " Ce thème a été abordé par tel ou tel Père de l'Eglise. Je vais apporter ce livre." Puis il ouvrait cet ouvrage et lisait les passages correspondants, tout en faisant souvent des commentaires appropriés. je n'ai pas rencontré d'homme qui soit plus familier de ces livres que lui-même." Un autre pèlerin témoigne de la sobriété dont le starets Thaddée faisiat preuve lors de ces entretiens spirituels avec les fidèles : " A mes questions directes, le Père Thaddée ne répondait jamais directement, ce qui est bien entendu la seule attitude juste et possible, mais il répondait à partir d'exemples tirés des vies de saints."

En 1986, un pèlerin nommé M. eut la révélation que le starets, outre ses autres ascèses monastiques habituelles ( offices de nuits, jeûnes, prosternations...), pratiquait aussi une ascèse particulière, bien connue de saint Jean de Shangaï, qui consiste à ne pas s'allonger dans son lit, même pour rêver. Venu dans la cellule du starets Thaddée pour y demander sa bénédiction avant d'entreprendre une tâche dans la forêt du monastère, ce pèlerin vit que le starets était assis dans son lit, la tête appuyée sur la poitrine, le dos contre le mur, n'accordant au corps que le repos le plus indispensable. Respectant scrupuleusement le voeu monastique de non-possession de biens matériels, le starets vivait dnas une cellule dont la porte était vitrée, ce qui permettait à chacun de voir à l'intérieur.

En 1987 le pèlerin V. note, à propos de son séjour au monastère de Votovnica : " Le Père Thaddée est âgé de soixante-treize ans. Je n'observe pas de changement sur lui : il est doux, joyeux, le même avec tous, accessible, hospitalier, réservé, en un mot "le chrétien tel que nous imaginons qu'il doit être.""

En 1998, le starets Thaddée vint à Belgrade pour y faire sa célèbre conférence intitulée Sur la paix et la joie du Royaume de Dieu, la plus grande richesse de l'homme, tenue dans la salle comble du cinéma Shoumadjia, dans le quartier de Banovo Brdo. A propos de cette conférence, retransmise plus tard à plusieurs reprises à la télévision comme un des événements spirituels les plus significatifs de ces années difficiles, un témoin apporte le témoignage suivant : " En vérité une cohue indescriptible régnait ce 31 janvier 1998 dans la petite salle de l'université ouvrière de Banovo Brdo à Belgrade. La foule arrivait par vagues, et il était évident qu'elle ne pourrait pas trouver de place ni dans les couloirs ni s'approcher de la salle. Les journalistes de plusieurs télévisions de Belgrade n'y étaient pas parvenus non plus. Tout le monde espérait qu'un miracle allait survenir et que le Seigneur leur ferait la grâce de voir et d'entendre le starets Thaddée qui avait fini par céder devant l'insistance opiniâtre du prêtre responsable de l'église Saint-Georges à Banovo Brdo et par répondre aux souhaits de tous ceux qui désiraient recevoir ses conseils. Et un miracle eut lieu. Tout à coup le bruit se répandit que le directeur d'une salle de cinéma voisine, le Shoumadija, avait décidé d'annuler la projection prévue ce soir-là et de céder la salle. Le starets Thaddée apparut alors sur l'estrade en compagnie d'un prêtre. Il s'assit, ferma les yeux et se mit à prier, le visage pur et sévère mais doux. L'assistance qui avait occupé non seulement tous les sièges, le balcon et les loges mais aussi les travées et tout l'espace libre de cette grande salle de cinéma, n'avait pas besoin d'être rappelée à l'ordre : tous les sens étaient aiguisés et la respiration suspendue dans l'attente que le vénérable Ancien prenne la parole."

En 2001, l'archimandrite Jean Radosavljevic a écrit à propos du starets Thaddée : " La population de toute cette région ( du monastère de Vitovnica) et des environs le respecte comme un père spirituel exceptionnel, un moine en prière et un ascète. De nombreux Belgradois ont été transportés par les enseignements et les conseils qu'il leur a prodigués, ainsi que par son doux visage marqué par la spiritualité et qui reflète la paix et la joie de l'Esprit. De tels pères spirituels sont un don de Dieu dans les moments que nous vivons."



Le starets et les oiseaux.

"Soyons des fils de Lumière,

afin de glorifier le Seigneur pour l'éternité."

Dans les dernières années de sa vie (" tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudrais pas" (Jn 21, 18), ce qui dans un mystérieux sesn biblique accompagne tout serviteur du Christ), il accepta de bon gré de sortir de son monastère et de son diocèse (9), à l'image de son Seigneur, "qui ne disposait ici ni de ville ni de refuge", en passant quelques mois en 1998 dans les monastères de Duljevo, Prevlaka et Cirilovac dans la métropolie du Monténégro et du Littoral, avant de se fixer finalement à Backa Palanka. C'est là que, durant l'été 2002, alors qu'il était étendu sur son lit, malade, il reçut la visite du métropolite Amphiloque du Monténégro et du Littoral, venu prendre congé du starets et lui exprimer le respect qu'il éprouvait personnellement pour celui qu'il considérait comme l'un des plus humbles moines serbes du XX° siècle. Ce jour-là, le starets Thaddée dont la santé s'était sensiblement détériorée et qui était plein de la sérénité du Royaume de Dieu, prononça d'une voix brisée, quasiment un murmure, des paroles rayonnantes, comme un ultime témoignage précédant la mort : " Tous les Saint Pères qui ont eu une longue vie, une vie paisible et tranquille, tous affirment que la perfection de la vie chrétienne, c'est l'humilité extrême. Cela signifie que la patience est ce qui est le plus utile dans la vie. Endurer et tout pardonner. Si nous avons de bonnes pensées et intentions, ces pensées nous donnent paix et joie dès cette vie terrestre, et encore plus dans l'éternité. Nous voyons alors que la mort n'existe pas, qu'elle a été vaincue. Le Seigneur a vaincu la mort et nous a donné la vie éternelle."

Après une hémorragie cérébrale et une longue maladie, "tout en se perfectionnant jusqu'à la fin, même très affiabli par la maladie, dans l'amour et la paix du Christ", le starets Thaddée s'endormit dans le Christ Sauveur dans la nuit du 31 mars/13 avril au 1er/ 14 avril 2003, dans la localité de Backa Palanka. C'est ainsi que le jour de la fête de sainte Marie l'Egyptienne, cette pénitente d'entre les pénitentes, cette docile d'entre les dociles, le doux Ancien de Vitovnica gravit les derniers échelons de l'obéissance d'une vie vouée au Christ et à l'Eglise, pour atteindre le Royaume céleste en vue duquel il avait vécu tout au long de sa vie.

Ce serviteur du Crucifié fut inhumé paisiblement, la croix dans la main, comme il avait vécu, le 2/15 avril 2003, le jour du vénérable Tite le Thaumaturge, à côté de l'église du monastère de Vitovnica. Il fut enterré accompagné des prières de ses frères moines et de moniales en provenance de nombreux monastères et des larmes silencieuses de ses enfants spirituels accourus de tous les côtés de notre patrie, tristes de rester sans leur père sur cette terre, mais heureux de recevoir un intercesseur infatigable dans les Cieux.

Comme il arrive souvent avec ceux que les siècles à venir respecteront mais que ne respecte pas notre siècle peu croyant, l'un des startsi les plus lumineux de l'Eglise serbe du XX°siècle ne fut pas accompagné à sa dernière demeure par des personnalités éminentes de ce monde mais par les plus modestes et les plus petits, ainsi que par des oiseaux.

Comme ce fut le cas pour d'autres âmes baignées par la grâce ( saint Cuthbert de Lindisfame, saint Gérasime du Jourdain, saint Séraphim de Sarov...) qui, rayonnant d'amour divin pour toute créature vivante ou non, rassemblaient tout ce qui est vivant et inerte autour d'elles, c'est-à-dire autour de la paix de Dieu qui était en elles, les funérailles du starets furent marquées, selon le témoignage de plusieurs personnes de l'assistance, par les chants d'adieu de divers oiseaux venus des forêts et des champs. Ces bien-aimés de Dieu étaient venus accompagner le starets qui les avait tellement aimés, comme en témoignent les lignes suivantes écrites de sa main : " Les oiseaux sont reconnaissants à Dieu, contrairement à nous. Les oiseaux ne cessent de glorifier Dieu : ils commencent à chanter tôt le matin, à trois heures, et ne s'arrêtent pas avant neuf heures. Ils se calment alors un peu et ne se mettent qu'à ce moment-là à rechercher de la nourriture, notamment pour leurs petits... Puis ils chantent à nouveau. Personne ne les force à chanter. Ils chantent, qu'on les écoute ou non, ils chantent... Alors que nous, nous restons renfrognés, l'air vaniteux. Nous n'avons pas envie de chanter, ni de quoi que ce soit, d'ailleurs. Il faudrait prendre exemple sur les oiseaux. Ils sont toujours gais. Et nous? Quelque chose nous dérange toujours. Et de quoi s'agit-il en fait? En fait rien ne nous dérange. N'est-il pas vrai, mes bien-aimés?"



Doux témoin du doux Sauveur.

Le service spirituel du starets Thaddée de Vitovnica pour le salut du peuple fidèle de l'Eglise a d'abord été un témoignage de la spiritualité ascétique et liturgique de l'Eglise qui n'est rien d'autre que le Saint-Esprit qui, dans le Corps du Christ - l'Eglise -, déploie une énergie incréée en vue de la purification, de l'illumination et de l'élévation de quiconque aspire de tout son être à un tel but. Avec la bénédiction de l'Eglise, le père spirituel conduit l'homme vers le Christ, en vue de l'intégrer au Corps du Christ afin que l'homme, en menant une vie ascétique et imprégnée des Saints Mystères, puisse être guéri de la chute, de la mort et de la corruption. Ce n'est donc pas le père spirituel qui guérit, mais le Saint Esprit "grâce à l'énergie divine dont la source incréée a été révélée dans la Personne de Jésus-Christ", le Sauveur incarné. Spirituellement, l'homme ne peut être guéri, purifié, illuminé, sauvé et élevé que par le Dieu Vivant, la Sainte Trinité; Mais Dieu ne peut pas l'accomplir sans la collaboration de l'homme; cette collaboration mystérieuse correspond à la substance de la vie religieuse orthodoxe.

Le starets Thaddée a franchi le" (théologie mystique). Cela est parfaitements étapes correspondant aux trois degrés de perfectionnement ascético-mystique selon l'enseignement du Saint-Esprit dont parle saint Maxime le Confesseur, sur la base de la Tradition de l'Eglise : le degré de "purification des passions" (philosophie pratique), le degré de "l'illumination de l'esprit et du coeur" ( contemplation naturelle) et le degré d'"élévation vers Dieu, c'est-à-dire la communion vivante avec la Sainte Trinité" (théologie mystique). Cela est parfaitement connu de ceux qui ont rencontré le starets Thaddée, se sont entretenus avec lui, se sont confessés auprès de lui et ont reçu la Sainte Communion de sa main. A travers les paroles pleines d'humilité du starets où il évoque à la troisième personne sa relation avec le monde des anges et des saints, nous reconnaissons que le starets a connu "le niveau mystique le plus élevé, celui de la perfection spirituelle de ceux qui sont ainsi des vrais théologiens de l'Eglise", niveau auquel, selon les paroles du métropolite Hiérothée (Vlachos), "l'homme qui s'est élevé spirituellement vers Dieu correspond avec les forces angéliques; il est alors jugé digne de voir la Lumière incréée; le Saint-Esprit lui révèle les profondeurs divines, et il reçoit l'énergie incréée de Dieu. Un tel homme se voit révéler de nombreux mystères de l'Ecriture Sainte qui sont cachés aux autres hommes..."

Ancré totalement dans la matrice philoscalique de la tradition de l'Eglise, le starets Thaddée a porté témoignage, sa vie durant, de l'expérience et de l'enseignement vivant des Saints Pères à propos du salut et de l'élévation spirituelle de l'homme créé "à l'image de Dieu", avec ces mots pleins de grandeur et aux accents paternels : " Nous ne pouvons assurer notre salut qu'en transformant notre esprit et en le rendant différent par l'action particulière de la force divine, afin qu'il s'élève vers Dieu, se libère des passions et devienne saint. Est avec Dieu l'esprit qui possède Dieu en lui et qui garde sans cesse en mémoire le Seigneur. Sachant qu'Il est en nous et nous en Lui, nous nous déplaçons dans le Seigneur comme des poissons dans l'eau. Il est présent partout et c'est ainsi que nous nageons en Lui, mais dès que nous sortons mentalement de Lui, nous mourons spirituellement.

Ayant fait ce parcours traditionnel à trois niveaux vers le salut, ayant été guéri en son esprit et en son coeur, prenant part à la Tradition de l'Eglise, le starets Thaddée a reçu de Dieu le don, pour le bienfait de l'Eglise, d'apporter la guérison spirituelle aux autres à l'image de ces hésychastes véritables qui, comme l'indique le métropolite Hiérothée Vlachos, "à travers la purification de leur propre coeur et la guérison spirituelle de leur personne, deviennent source de grande consolation pour le genre humain, car le renouveau spirituel d'une seule personne revêt une portée capitale pour tout l'univers".

Le starets Thaddée a passé toute sa vie dans le sillage du Christ, en témoin du Doux Sauveur au sein du peuple serbe, dans l'une des périodes les plus difficiles de l'histoire serbe (1914-2003) au cours de laquelle ce peuple a traversé le cataclysme spirituel et historique de deux guerres mondiales et d'une guerre civile, un demi-siècle d'occupation communiste, les guerres de 1991-1995 dans la Krajina et en Bosnie-Herzégovine, la guerre menée par l'Otan contre le peuple serbe en 1999, l'occupation du Kososovo et de la Métochie ainsi que les premières années de "transition" globaliste et anti-chrétienne... En ces heures sombres qui se sont prolongées tout au long d'un siècle de guerres et de tristesse, le starets de Vitovnica a pris part au martyre de l'Eglise serbe et de son peuple au cours des années de guerre (1941-1945), puis dans le Kosovo et en Métochie ( durant les onze années passées au monastère du patriarcat de Pec), enfin dans la période d'après-guerre sous l'occupation communiste; il n'a cessé de rechercher "la paix et la joie du Royaume" tout en portant témoignage de "la paix et de la joie du Royaume". Il a ainsi renouvelé dans sa personne et dans sa vie le choix du martyre en faveur du "règne de Dieu qui est paix et joie dans l'Esprit Saint" ( Rm 14, 17).

Au sein de L'Eglise serbe très-souffrante et de son peuple, le starets Thaddée de Vitovnica a été élevé par le Dieu Vivant au rang d'un des plus grands pères spirituels du XXe siècle. Il avait commencé sa vie monastique au lendemain de la Première guerre mondiale comme fils spirituel du starets Ambroise de Miljkovo, lui-même fils spirituel du bienheureux Ambroise d'Optino, auprès duquel il s'initia au mystère de l'obéissance, à la vigilance de l'esprit, à la prière de Jésus et à l'amour compatissant envers tout et chacun.

Auprès des Saints Pères et grâce à leur expérience authentique du salut et de l'élévation spirituelle vers Dieu, il apprit que le but de la vie humaine consiste à acquérir "l'humilité extrême comme perfection de la vie chrétienne".

Réunissant en lui-même l'esprit de la bienfaisante obéissance au père spirituel des vénérables startsi d'Optino et de Valaam et l'esprit de prière des moines silencieux de Gornjak et Touman, héritiers des vénérables hésychastes du Sinaï que la main de Dieu avait déposés dans la Serbie médiévale, le starets Thaddée a incarné tout au long de son service, qui dura plusieurs dizaines d'années, l'expérience traditionnelle d'une paternité spirituelle baignée par la grâce.

Serviteur infatigable de la Divine Liturgie, pratiquant infatigable de la prière de Jésus, père spirituel et médecin infatigable de milliers d'âmes fidèles fidèles, le starets Thaddée de Vitovnica a vécu au milieu des serviteurs serbes du Christ dans la spiritualité philocalique des Pères perpétuellement vigilants, et a confirmé par sa vie l'expérience de saint Séraphim de Sarov : " Trouve la paix ( acquiers l'Esprit Saint ) et des milliers seront sauvés autour de toi!"

Doux et modeste comme son Seigneur, "l'Agneau qui prend sur Lui le péché du monde", le starets Thaddée de Vitovnica a marché, "doux témoin du doux Sauveur", en quête de la paix et de la joie du Royaume céleste à travers la vallée des souffrances et des larmes du peuple serbe au XX° siècle, tel le bon pasteur qui, prenant sur lui les fardeaux et les faiblesses des affamés et des assoiffés du Dieu Vivant, a assumé les plaies de son peuple comme les siennes, porté par la grâce divine vers le Christ Sauveur, unique et véritable Ami des hommes, unique et véritable Dieu "qui versa des larmes" ( Jn 11, 35).

Matej Arsenijevic





DEUXIEME PARTIE



ENSEIGNEMENTS

DU STARETS THADDEE





I

COMMENT VAINCRE LE MAL?

PAR L'AMOUR*!



(*) : (Enregistrement audio du 1er février 1998).



Jeune moine, une question me taraudait : " Pourquoi celui qui recherche sincèrement le Seigneur souffre tellement? Pourquoi endurer tellement? Je n'en puis plus, Seigneur!"

Une fois, je m'allongeai et, en rêve, me retrouvai sur une hauteur, où je vis qu'une armée se déplaçait de l'est vers l'ouest. Ce n'était pas une armée terrestre, mais une armée céleste. Tous ses memebres étaient égaux. Un seul d'entre eux marchait un pas devant tous les autres. Ils chantaient :



Pour le Roi glorieux,

pour le Roi des cieux,

nous combattons sans merci,

afin que le mal soit asservi.



Je me mis à chanter avec eux :

Pour le Roi glorieux,

pour le Roi des cieux,

nous combattons sans merci,

afin que le mal soit asservi.



Comment vaincrons-nous le mal? Par l'amour!

Pour le Roi glorieux,

pour le Roi des cieux,

nous combattons sans merci,

afin que le mal soit asservi.





II

LE BON CHEMIN DU STARETS THADDEE



Le désir de servir Dieu, dès l'enfance.

Dès l'enfance, j'ai éprouvé le désir de servir Dieu. Enfant, je considérais que tout sur cette terre est une question de service. Les parents servent les enfants, ceux-ci servent les parents, les uns et les autres se rendent service mutuellement. J'éprouvai alors le désir de servir Dieu. Comme Il était le Père de toute l'humanité et du cosmos, c'est Lui qu'il fallait servir, Lui qui était le plus grand. Tel fut mon désir dès mon enfance. Je ne pouvais en faire part à mes parents, car je savais que je n'aurais pas leur bénédiction pour cela; mais, devenu majeur, je me rendis dans un monastère. Ma mère était déjà décédée, mais mon père ne fut pas d'accord avec ma décision. Cependant, quand je lui fis part de mon projet de recevoir la tonsure monastique et que je sollicitai sa bénédiction paternelle à ce sujet, il me l'accorda, et j'en suis reconnaissant à Dieu.



Le but de la vie chrétienne : l'humilité extrême.

J'avais le désir de connaître le but de notre existence, ici sur la terre. La quintessence de notre vie n'a pas été démontrée, pas plus qu'on ne peut savoir ce que cette vie signifie. Mais il m'intéressait de savoir à quoi correspondait la vie des gens qui servaient Dieu de tout leur coeur. Ainsi, dans mes jeunes années, je me mis à feuilleter les oeuvres des Saints Pères, ce qui me permit d'aborder leur vie intérieure telles qu'ils l'ont décrite eux-mêmes.

J'étais particulièrement intéressé par ceux à qui l'existence parfaite qu'ils avaient menée ici-bas avait permis d'être glorifiés par Dieu sur cette terre comme dans l'éternité. C'est ainsi que j'ai appris, à partir de leurs propres explications, que "la perfection de la vie chrétienne c'est l'humilité extrême".



Le monachisme au service du genre humain.

Notre service monastique, c'est d'être un exemple vivant de générosité et de sainteté. Il existe peu de modèles sur cette terre. Il est possible d'entendre de nombreux discours instructifs sur la manière de vivre, mais peu d'exemples existent, et l'on peut se demander s'il sera possible de s'en inspirer dans la vie quotidienne. Cependant, quand on voit un exemple vivant, une personne paisible, calme, douce, humble, incapable de se mettre en colère mais capable de tout pardonner, de tout recouvrir d'amour, alors une telle personne constitue un exemple vivant qui nous donne le désir de nous comporter nous aussi toujours ainsi. Surmonter le mal est impossible à faire par le mal; on ne peut y arriver que par le bien.



Toute personne humble et paisible

peut être un exemple pour les autres.

Ce ne sont pas seulement les moines, mais toutes les âmes humbles et paisibles qui peuvent servir d'exemple vivant pour tous.



Le repentir régénère la vie.

On doit se repentir, vous le savez. Il ne s'agit pas seulement d'aller voir un prêtre et de se confesser, il faut aussi nous libérer de nos pensées et des complexes qui nous assaillent. Il nous arrive souvent de chuter au cours de notre existence, il faut donc tout dire au prêtre, comme témoin de notre repentir devant Dieu.

Le repentir régénère la vie, ce qui signifie que nous devons nous affranchir de tous nos penchants négatifs et nous tourner vers le bien absolu.



Ne pas se repentir, c'est le seul péché impardonnable.

Il n'existe pas de péché impardonnable à l'exception du péché de non-repentir.



Ne pas songer à sa propre vie, mais se sacrifier pour autrui.

Nous devons nous protéger mutuellement, car nous sommes frères, en particulier si nous avons la même foi. Un exemple historique nous le montre. Quand une délégation des autorités de Constantinople fut envoyée auprès des Sarrasins pour négocier un arrêt des hostilités, les Sarrasins mirent aussitôt en exergue le fait que les chrétiens n'obéissaient pas aux commandements du Christ; en effet, dirent-ils, les commandements disent qu'il faut aimer ses adversaires, or vous nous pourchassez et cherchez à nous tuer, ce qui est contraire à ces commandements.

Saint Cyrille, qui faisait partie de la délégation, leur répliqua : " Si une loi édicte que deux commandements doivent être appliqués, qui sera plus juste : celui qui respecte ces deux commandements ou celui qui n'en applique qu'un seul?" Les Sarrasins répondirent : " Bien entendu celui qui respecte les deux commandements". Alors il leur rétorqua : " Individuellemnt nous pardonnons à nos adversaires, mais collectivement nous offrons notre vie l'un pour l'autre. Car le Seigneur a dit : " Il n'existe pas d'amour plus grand que de donner sa vie pour son prochain." Collectivement, nous prenons soin les uns des autres et sommes prêts à y sacrifier notre vie, car votre but n'est pas seulement de nous emprisonner physiquement mais aussi de vous emparer de nous psychiquement et spirituellement et c'est pourquoi nous nous défendons." Une telle position est donc justifiée.

Nous disposons aussi de l'exemple de saint Joannice le Grand. Il a passé vingt ans dans l'armée, où il a accompli nombre de hauts faits; il fut toujours vainqueur en temps de guerre et ne connut jamais la défaite. Il ne songeait jamais à son existence personnelle, mais seulement à donner sa vie pour ses proches. Mais le Seigneur le préserva et, devenu moine, il devint par la suite un phare spirituel et un thaumaturge. Nombre d'exemples de tesl hommes d eguerre existent. Le roi David a dit : " Bienheureux celui dont le Seigneur n'accepte pas le péché." Il affirme ainsi la légitimité d'un acte commis non dans son intérêt personnel mais pour le salut d'un proche.



Notre vie est à l'image des pensées qui nous occupent.

Notre vie est à l'image des pensées qui nous occupent. Si nos pensées sont sereines, douces, désintéressées et paisibles, notre existence sera pareille. Mais si nous accordons de l'importance aux circonstances dans lesquelles nous vivons, alors nous pénétrons dans un cercle de réflexions où nous n'aurons ni paix ni repos.



Toute tâche s'accomplit pour Dieu.

Nous ne sommes pas conscients du sens de notre vie. Toute oeuvre accomplie sur ce globe terrestre et dans le cosmos est l'oeuvre de Dieu. Or, nous travaillons toujours avec réserve, c'est-à-dire de façon non sincère; cela, non seulement Dieu, mais personne ne le supporte. Nous savons que le cosmos appartient à Dieu, que la planète est également à Lui; tout est à Lui, quelle que soit la tâche qui nous a été dévolue.

Qu'une personne soit bonne ou non, pieuse ou non, consciencieuse dans son travail ou non, elle aura à en répondre. Nous ne devons pas faire attention à la question de savoir qui nous donne des ordres, qui nous fournit du travail, nous devons savoir que tout travail effectué sur ce globe terrestre ou dans le cosmos correspond à une oeuvre de Dieu qu'il nous faut accomplir de tout coeur, sans restriction. En agissant ainsi, nous sommes libérés de toute résistance intérieure. Chacune de nos actions représente alors une contribution pour tout un chacun, à commencer par le cercle de famille, et cela où que nous nous trouvions. Il nous faut donc être toujours sincères; c'est ainsi que la paix, le silence et l'amour rayonneront de nous et que nous serons aimés.



Du mystère de la pensée.

Par nos pensées, nous attirons et repoussons nos adversaires et nos amis, dans notre famille ou au-delà. Les gens accordent peu d'attention à cela, et c'est pourquoi il y a tant de souffrances.

La pensée est à l'origine de tout, en bien ou en mal. Nos pensées se réalisent elles aussi. Chaque jour, on voit que tout ce qui a été créé autour du globe terrestre et dans le cosmos correspond à la pensée divine dans le temps et l'espace, alors que nous-mêmes avons été créés à l'image de Dieu. Le genre humain a été récompensé amplement, et nous n'en sommes pas conscients. Nous disposons en nous de l'énergie divine et de la vie divine, et nous n'en sommes pas conscients. Pas plus que nous ne sommes conscients que nos pensées exercent une grande influence sur autrui. Nous pouvons être à l'origine de grands bienfaits ou de grands maux : tout dépend de nos pensées et de nos aspirations.

Animés de pensées généreuses, paisibles et douces, pleines de bonnes intentions, nous exerçons une bonne influence sur nous-mêmes et propageons une telle paix tout autour de nous, dans notre famille, dans notre pays, partout. Cela agit non seulement sur notre globe terrestre, mais aussi dans le cosmos. Nous oeuvrons ainsi sur le terrain du Seigneur et contribuons à réaliser l'harmonie céleste, l'harmonie divine; la paix et le silence se propagent partout. En revanche, en nous attachant à des pensées négatives, un grand mal se profile! Quand le mal est en nous, il irradie de nous, dans notre famille et dnas le milieu que nous fréquentons. Voilà comment nous pouvons être à l'origine de beaucoup de bien ou de beaucoup de mal. S'il en est ainsi, il vaut mieux être un homme bon, pour son propre bien! Car les pensées destructrices détruisent notre sérénité, nous privant ainsi de paix et de repos.

Nous agissons toujours à tort. Au lieu de commencer par nous-mêmes, nous voulons toujours corriger les autres, laissant notre propre cas pour la fin. Si chacun commençait par son propre cas, la paix serait générale! Saint Jean Chrysostome a dit : " Si l'homme ne nuit pas à lui-même, nul ne peut lui nuire, même pas le diable!" Comme on le voit, nous sommes nous-mêmes les bâtisseurs de notre avenir.

Par ses pensées, le genre humain perturbe l'ordre des choses. Le genre humain originel fut ainsi détruit lors du déluge, à cause de pensées et de désirs mauvais. Nous voici aujourd'hui, d ela même façon, habités par de mauvaises pensées et privés de bons fruits. Il nous faut donc nous transfigurer. En fait, tout individu doit se transfigurer, mais la grande difficulté tient au fait que nous ne disposons pas de modèle dans notre vie quotidienne, ni dans notre famille ni dans la société.



Nous devons rechercher Dieu de tout notre coeur.

Dieu est présent partout. Il habite notre coeur et c'est pourquoi Il a dit qu'il nous fallait vivre de tout coeur et travailler avec toute sa volonté. Quand nous recherchons le Seigneur de tout notre coeur, Le voilà, Il est là! Car Il est notre Père.

Nos parents terrestres nous demandent beaucoup d'attention, ils souhaitent que nous leur rendions l'amour qu'ils nous ont donné; or souvent nous causons beaucoup de chagrin à nos parents. Cela signifie qu'il nous faut rechercher le Seigneur de tout notre coeur. En nous exerçant à accomplir toutes nos tâches de tout notre coeur, notre prière devient sincère, tout comme notre amour envers nos parents et nos proches, et le Seigneur est là.



Le travail aussi peut être une prière.

Tout travail est aussi une prière. Nos pensées s'attachent à ce travail; en l'effectuant de tout coeur, nous travaillons pour Dieu. En pensant que nous travaillons pour des hommes, nous faisons fausse route.



Prier le Seigneur de tout coeur.

Prions le Seigneur de tout notre coeur. Le Seigneur ne demande pas des paroles philosophiques. C'est de tout coeur qu'il faut prier le Seigneur : " Viens en aide à toute âme, et ne m'oublie donc pas, Seigneur! Accorde que tous aient la paix, qu'ils T'aiment, comme T'aiment les anges. Et donne-nous la force de T'aimer comme T'aiment Ta Très Sainte Mère et Tes saints anges. Accorde-moi aussi la force de T'aimer aussi intensément!"

Car nul ne possède assez de force pour s'opposer à l'amour. L'amour est une force impénétrable. Car Dieu est Amour.



III

LA CENTURIE DE VITOVNICA*



(*) : (Ce texte correspond à un recueil des enseignements du starets Thaddée de Vitovnica, établi au cours de la dernière décennie du XX° siècle. Les enseignements de l'Ancien ont fait leur apparition comme un samizdat chrétien, sous la forme d'un texte dactylographié de douze pages, précédé d'une courte biographie du satrets Thaddée. Le titre a été choisi par l'éditeur).



1. Dieu est apparu parmi nous afin de nous ramener à l'état initial, celui de notre création. Il a tout fait pour que l'homme puisse comprendre cela. Il aurait pu assurer le salut du genre humain d'une autre manière, mais l'homme, lors de sa chute, a lui-même bouleversé tout son équilibre mental intérieur, se rendant ainsi inapte à faire le bien. Il est tombé sous le pouvoir des esprits du mal, se soumettant de son plein gré à leur autorité.



2. Le mal qui existe n'a pas été créé par Dieu. Le mal est issu des esprits qui se sont détachés de l'amour de Dieu pour se tourner vers eux-mêmes, restant dans l'insoumission et se mettant à ratiociner. Mais quoi que fassent ces puissances intelligibles non unies à la Source de vie, pour faire des bonnes choses et en parler, toutes leurs "bonnes " paroles et toutes leurs actions sont marquées par l'odeur fétide infernale, car Dieu seul est Source de paix et de joie, d'amour, de justice et de bonté.



3. Tous les êtres créés ont leurs limites, et ce qui est limité n'est pas parfait; mais les êtres créés ont la faculté de se perfectionner.



4. Cependant, les créatures ont connu la chute. Tout d'abord, certains anges n'ont pas préservé leur dignité, puis, du fait de la jalousie de ces esprits déchus, nos premiers ancêtres Adam et Eve ont eux aussi connu la déchéance. Et en nous s'est ancrée cette même caractéristique - cette jalousie diabolique.



5. Comment la jalousie agit-elle? L'esprit diabolique de jalousie ne cesse de lutter contre la justice, contre Dieu. Dieu n'est qu'amour, mais la jalousie ne tolère pas qu'on fasse du bien à un proche. Quand le Seigneur Tout-miséricordieux eut guéri une vieille femme qui avait souffert de convulsions pendant dix-huit ans, le mal se manifesta aussitôt et commença à se rebeller, car l'esprit ne tolère pas qu'on fasse du bien à quiconque. La jalousie ne cesse d'envier chacun et à tout propos.



6. L'un des Pères théophores, saint Nil le Myroblite ( il est apparu au moine Théophane qui a vécu au XVIII° siècle dans sa grotte), a expliqué de nombreux mystères du Royaume céleste. Lui aussi affirme que la jalousie est la marque de l'Antéchrist dans le coeur humain. On voit quelle chose horrible cela représente pour nous! Il nous arrive d'envier nos proches, il nous arrive même d'envier ceux qui nous sont le plus proches. Sans faire d'efforts pour nous guérir de la jalousie et reprendre nos esprits.



7. Notre Dieu, Jésus-Christ, est en vérité le Dieu parfait et l'Homme parfait. Dieu parfait, Il embrasse tout de Son amour, Son amour sans limites. Homme parfait, il est aimable envers toute âme qui s'approche de Lui. Nous avons tous l'impression que cet amour divin est lointain, que Dieu est trop loin de nous. Mais en fait c'est nous qui nous éloignons de Dieu. Lui ne peut s'éloigner de nous, car Il est la Vie. Il est tout amour. Ah! si nous aussi nous avions un tel amour envers Lui et nous approchions de Lui comme d'un ami véritable! Or, nous ne nous présentons pas ainsi, mais toujours de manière quelque peu réservée, en quelque sorte informelle; quand nous prions ou quand nous faisons quelque bonne action, c'est toujours de façon quelque peu solennelle. Mais Lui nous demande d'être naturels. Il nous a montré comment Il vivait parmi nous : simplement, paisiblement et doucement. Tesl que le Seigneur nous a créés, voilà comment nous devons nous approcher de Lui. Il nous faut nous présenter à Lui en enfants innocents.



8. Les bonnes oeuvres que nous accomplissons sont agréables au Seigneur. Les actes de charité et tout ce que nous faisons en vue de notre salut, dans l'intérêt de nos proches et de la sainte Eglise, sont agréables au Seigneur. Mais pour le Seigneur, l'amour le plus cher et le plus précieux est l'amour innocent, simple et enfantin, qui vient se blottir près de Son coeur. Voilà ce qui est le plus cher pour le Seigneur et ce qu'Il attend de nous. Or, toute âme est en mesure d'agir ainsi, celle d'un riche ou d'un pauvre, celle d'une personne âgée ou d'une personne jeune...



9. Je reviens sans cesse vers ce même thème, je le répète sans cesse : il faut apprendre comment nous approcher de notre Père céleste, comment nous approcher de Lui de tout coeur et de tout notre être; comment lui être aussi chers que Ses anges et Ses saints. Nous sommes très sales et très impurs. Dieu ne regarde pas notre saleté et notre impureté quand nous nous approchons de Lui de tout notre coeur et Il nous accueille aussitôt. Lorsque nous avons commis un péché envers notre Père et que nous nousprésentons de tout coeur devant Lui, il nous pardonne tout, comme si de rien n'était.



10. Notre Seigneur est infini dans Son amour ineffable. Il faudrait nous présenter à Lui d efaçon sincère et être tout le temps avec Lui, car Lui est sans cesse avec nous. Il actionne notre vie et souhaite que nous le comprenions et en prenions conscience. Toute Sa vie terrestre a été naturelle, telle que l'homme peut la comprendre. Il a dit qu'Il était l'amour, nous expliquant que Dieu avait tellement aimé le monde qu'Il a donné Son Fils unique pour le salut de l'homme. Il nous a révélé un mystère, Il nous a beaucoup révélé; Il nous a élevés au-dessus de toutes les créatures. La nature humaine élevée au-dessus de tous les êtres créés est entrée dans le mystère de la Sainte et Vivante Trinité.



11. En tant qu'hommes, que pouvons-nous souhaiter de plus qu'être avec notre Dieu, notre Père? Aussi devons-nous, durant ce bref moment de la vie, apprendre à nous présenter à Lui. Faute de disposer de nos propres forces, nous devons nous approcher de Lui comme des enfants innocents et naïfs, de tout notre coeur, afin de Le supplier qu'Il nous apprenne à être bons, à L'aimer aussi intensément que Sa Très Sainte Mère, les anges et les saints.



12. Le Seigneur ne nous laissera pas dans la pauvreté si nous L'approchons toujours de tout notre coeur. Il S'attend à ce que notre coeur, notre âme s'enflamment pour Lui d'un désir et d'une aspiration encore plus intenses, que nous ne nous détachions jamais de Lui et de Son amour.



13. Nous sommes souvent, dans notre vie terrestre, confrontés à des difficultés et à des épreuves par ce que nous n'avons pas encore trouvé l'apaisement. Mais dès que l'âme est apaisée et soumise à la volonté divine, nos souffrances et nos tourments cessent, car ils revêtent dès lors une certaine douceur pour notre coeur et notre âme. Une tout autre compréhension de la vie se manifeste alors en nous. Nous ne cogitons plus au sujet de ce monde, à l'instar de ce qui se fait dans ce monde. Nous voyons les choses différemment. Tout ce que nous observons nous semble entouré d'un halo lumineux et tendre. Tout nous paraît bonparce que tout est agréable à Dieu. Nous sommes Ses créatures, et tout ce qui a été créé Lui appartient. Tout a été créé pour Lui, afin de nous permettre de prendre part à Son amour divin, à la paix et à la joie célestes.



14. On voit donc qu'il nous faut nous soigner et ne pas laisser la jalousie envahir notre coeur, car elle détruit la paix intérieure et le repos de l'âme. Imaginons par exemple qu'un ami vienne, un jour où nous sommes tranquilles et détendus, nous raconter que quelqu'un, qui nous a beaucoup offensés jadis, connaît une grande réussite dans son existence; si nous ne lui avons pas pardonné, l'esprit d ejalousie s'emparera aussitôt de nous. Il nous faut donc être sans cesse en prière et refuser d'entendre les suggestions de l'esprit de jalousie.



15. Les Saints Pères disent : rejeter les propositions de l'esprit du mal équivaut à vaincre sans combattre. Ils parlaient ainsi d'expérience! Rejeter ces propositions, c'est obtenir la victoire sans combat!



16. Les esprits à l'oeuvre sous les cieux ne cessent de tendre des pièges à notre esprit. Quand saint Antoine eut observé tous les filets installés par les esprits mauvais sous les cieux, il soupira et dit : " Mon Dieu, qui peut échapper à tout cela? " Alors il entendit une voix dire : " Seulsles humbles et les doux passent au travers. De surcroît, ils ne sont pas effleurés."



17. On voit que quand l'âme est apaisée, quand elle se soumet à la volonté divine, les esprits mauvais n'ont pas de prise sur elle. Car elle se trouve sous la protection de la grâce du Saint-Esprit, elle est abritée par le Feu divin.



18. Aussi nous faut-il appartenir de tout coeur au Seigneur et Le prier de nous enseigner à petre bons à l'instar des anges et des saints. Comme il est bon d'être entouré de bonté, au milieu de ceux qui vivent une vie sainte!



19. Ici, sur cette terre, les hommes doivent s'efforcer à ne pas accepterles propositions des esprits du mal. Les Saints Pères disent qu'il faut faire très attention, rester en alerte et être conscients que toute pensée d enature à troubler notre paix intérieure est d'origine démoniaque! Une telle proposition ( venat des démons) ne doit pas être prise en considération, elle doit être repoussée immédiatement! Si nous commençons à discuter à ce propos, il nous entraînera dans ses mailles sataniques. Une seule pensée d'origine démoniaque suffit à en faire naître nombre d'autres, et ce n'est qu'alors qu'on s'aperçoit où on a été entraîné et tout ce qu'on a été amené à faire. Un mal en entraîne un autre, de sorte qu'en reprenant ses esprits on se dit : " Quel besoin avais-je de faire tout cela? J'étais calme et paisible et, tout à coup, tout s'est trouvé déréglé." Tout a été déréglé parce que nous n'avons pas pris garde.



20. L'amour, la joie et la paix, tels sont les dons de Dieu, des caractéristiques divines. Ils sont en mesure de créer des miracles au niveau de chaque individu. L'amour réunit tout. La paix irradie de l'homme et apporte la paix. La joie permet d'enlever le fardeau pesant sur l'âme humaine. Quand une âme pleine de joie rencontre une âme est pleine de tristesse et lui décrit les pensées douces et paisibles qui l'habitent, alors c'est comme si l'aube venait de poindre.

Ainsi, pris séparément, l'amour, la paix et la joie font des miracles, mais ensemble ils sont en mesure de faire la loi sur toutes choses. Leur réunion et leur enracinement dans le coeur d'un être permettent aux pensées émanant de cette âme d'être porteuses de paix, car la paix irradie de cette personne. Ainsi le Seigneur a révélé comment des guérisons se produisent, nous disant qu'elles interviendront grâce à Sa puissance divine. Des signes apparaîtront : l'imposition des mains permettra de guérir. Telles sont les vraies paroles de Dieu.



21. Mais nous aons perdu la bonté qui nous a été donnée par Dieu, nous nous sommes entremêlés comme des poules dans la basse-cour et ne parvenons pas à nous en sortir, à retrouver la paix dans nos coeurs. Nous devons faire attention à ce que notre coeur ne se laisse pas pénétrer par tout ce qui trouble cette paix.



22. Les Saints Pères nous ont débroussaillé le chemin et montré les efforts qu'on doit accomplir avec l'aide de Dieu. La puissance du Seigneur est capable d enous arracher à tout. Mais nous ne savons pas, du fait de notre inexpérience, préserver cette paix intérieure.



23. Le Seigneur nous demande que, de toute notre intelligence, nous repoussions le mal et L'accueillions Lui et Sa bonté dans notre coeur. Aussi faut-il nous adresser au Seigneur, seule Source de vie. Il faut nous apparenter à Lui, car nous nous en sommes désapparentés. Il nous arrive parfois de nous désapparenter de certains de nos proches. Souvent, il nous arrive de nous entir isolés à côté de ceux qui nous sont très proches, car nous nous sommes consciemment éloignés de notre Père véritable.



24. La vie spirituelle est une vie sensée et réfléchie. Il nous faut prêter attention à ce qui couve en nous, prier nuit et jour le Seigneur pour qu'Il nous libère de tout mal, qu'Il nous purifie et nous donne la force de repousser les propositions des esprits mauvais. Si nous prenons en considération ce type de proposition et commençons à en discuter, aussitôt s'engage un combat: nous avons beau rejeter un aspect, ils reviennent avec une autre idée, puis une autre, et ainsi d esuite... Nous avons perdu la paix et le repos. Alors nous devons nous adresser au Seigneur de tout notre coeur et avec toute notre raison : " Seigneur, je n'ai pas de forces, je n'ai pas appris dans ma jeunesse, j'ai vieilli dans le mal, mon mal a vieilli avec moi, il me faut maintenant faire beaucoup d'efforts pour rejeter cela et le déraciner de moi. Mais Tu es fort et puissant, apprends-moi à être innocent, simple, humble et modeste. Accorde-moi de recevoir en récompense Tes vertus divines, comme Tu récompenses Tes anges et Tes saints."



25. Et c'est ainsi que, toujours dans la simplicité du coeur et avec ses propres mots, toute âme appartiendra au Seigneur, tout en respectant les règles nécessaires de nos prières ( car en l'absence de règles, les esprits impurs nous donnerons d'autres règles, d'autres façons de penser). C'est pourquoi la prière nous est indispensable, aussi brève soit-elle, afin que dès notre lever, dès la sortie de nos rêves, nous exprimions aussitôt notre reconnaissance à Dieu pour nous avoir accordé la grâce d'avoir vécu la nuit écoulée. Le soir venu, il nous faut marquer notre gratitude pour tout, car le Seigneur est la Source de vie qui est à l'origine de tout. Nous exprimons ainsi notre amour envers Lui et c'est comme cela qu'Il nous fera venir auprès de Lui.



26. Quand l'âme se met à aimer de tout coeur la prière, il devient impossible de la séparer de son Père. Elle est toujours avec Lui, toujours en Sa présence, que ce soit lors d'une discussion avec autrui ou au travail. Elle est toujours avec Lui, elle se déplace en Sa présence, comme les anges et les saints se déplacent en Sa présence. C'est le gage du Royaume céleste dès à présent sur cette terre. Une telle âme fait ainsi l'apprentissage de la vie céleste, passant d ecette vie tourmentée et pleine de labeur à la joie éternelle des béatitudes comme si elle avait été déjà purifiée ici-bas.



27. Aussi je vous souhaite tous les bienfaits du Seigneur et de la Très Sainte Mère de Dieu, qui est notre grande protectrice, qui est tout amour. Je vous ai déjà raconté comment Denys l'Aréopagite avait souhaité rencontrer la Très Sainte Mère de Dieu et ce qu'il avait ressenti en Sa présence : il s'était tout-à-coup senti libéré de tout intérêt pour ce monde-ci et avait été illuminé par une joie, une paix et une félicité inexprimables. C'est ce qu'elle ne cesse de souhaiter pour nous, priant nuit et jour pour que nous revenions à elle de tout notre coeur, de tout notre être, car elle est notre protectrice, celle qui nous défend et intercède pour nous auprès de Dieu. Elle prie son Fils de nous donner la force d'être bons et généreux, comme le sont les anges, afin de glorifier Dieu sur cette terre comme à travers toutes les époques de l'éternité.



28. Aucun mouvement de réflexion émanant de l'âme ne doit reposer sur quelque objet que ce soit en provenance de cette terre. Le centre de réflexion de l'amour est le Seigneur et c'est avec Lui que nous avons tout. C'est à travers Lui et en Lui que se trouvent toutes choses. Nous ne devons pas nous attacher à des objets terrestres.



29. Les actes des anges ne se laissent pas enfermer dans la matière. Les anges observent la matière, mais ne se laissent pas capturer par elle. Car leur centre de réflexion ne se laisse enfermer que par la force divine, qui leur permet de tout embrasser. Alors que nous, la vue d'un objet attrayant nous amène à nous attacher aussitôt à lui. Cela est pernicieux et effrayant, car si cela se prolonge ainsi, cet objet devient une idole pour nous. A la place de Dieu, dans notre coeur s'installe alors cette obsession, qui peut d'ailleurs être un être vivant ou une matière inerte.



30. L'amour de Dieu ne tolère pas l'égoïsme. Mais l'homme, après sa chute, s'est retrouvé anéanti et n'a disposé de personne de plus proche que lui-même. Il s'est alors tourné vers sa propre personne et cherche à la préserver : il ne tolère pas que quiconque l'insulte, il souhaite qu'on ne pense que du bien à son propos, mais il n'accorde aucune attention à la manière dont lui-même vit, à la nature de son travail et à sa façon de l'accomplir. Il n'y accorde aucune attention, car il est entièrement concentré sur sa propre personne.



31. Nous devons nous mépriser nous-mêmes par amour du Seigneur et non seulement rejeter ce "monsieur Moi" mais le tuer. Car s'il ne meurt pas, il nous sera impossible de nous unir au Seigneur : notre "Monsieur Moi" continuera à saillir. Car c'est un grand Monsieur, il ne peut pas courber l'échine, il est toujours trop haut. Aussi avons-nous besoin de nous apaiser, de nous apaiser et de nous mortifier.



32. Le Seigneur nous a montré comment il faut que nous soyons : modestes, humbles et soumis à la volonté de Dieu. Or nous voulons que tout s'organise selon notre entendement. Nous nous torturons, nous nous tourmentons et... nous ne réalisons rien! Ce monde ne veut pas se plier à notre entendement; Alors le "Monsieur Moi" se met fort en colère parce que le monde n'est pas tel qu'il le souhaite. Voilà que je me tourmente moi-même et que je me sens coupable vis-à-vis de moi-même. Je n'ai pas trouvé l'apaisement et ne me suis pas uni au Seigneur, mais je regarde au fond de moi-même et j'y vois toujours ce "Monsieur" (Moi). Quand une épreuve survient, c'est comme un couteau qui s'enfonce en nous, et la blessure est profonde... On voit ainsi combien il importe de nous guérir, de trouver l'apaisement, de nous adresser au Seigneur, comme cela, en toute simplicité.



33. Celui qui a trouvé l'apaisement ne s'interroge plus sur lui-même comme s'il était quelque chose, alors qu'il sait qu'il n'est rien, juste de la pourriture. Si le Seigneur ne nous préservait pas, si le Seigneur ne nous retenait pas, il ne resterait rien de nous! Rien, seulement d ela boue.



34. Avez-vous remarqué comme l'Ancien Cléopas est un homme naturel? Car le Seigneur lui a fait ce don. Il ne s'interroge pas sur lui-même comme s'il était quelque chose, car il sait que nous ne sommes rien, simplement de la pourriture. Si le Seigneur ne nous prenait sous Sa garde, il ne subsisterait rien de nous, rien sinon de la boue et de la puanteur!



35. Le coeur est toujours froid quand il est dissipé. Ce n'est que lorsque les pensées, la force et l'amour se trouvent rassemblés, quand ils sont réunis dans le coeur, que le coeur commence à s'enflammer.



36. Le coeur est froid quand il est dissipé, tout comme l'âme quand elle est en état d'errance. Quand l'âme reste à l'intérieur, elle réchauffe le coeur, mais dès qu'elle se retrouve à l'extérieur, elle s'expose aux coups et aux agressions. On accepte de considérer une pensée, on en refuse une autre, une troisième se présente... et bien entendu le coeur se trouve déchiré et s emet à devenir froid... Tout cela entraîne des blessures à l'intérieur et le coeur s eretrouve insatisfait. ce n'est que quand l'âme revient à elle, quand elle se réconcilie avec le Seigneur et que le Seigneur est au centre de la vie que tout devient doux et chaleureux. Si nous nous sommes dispersés en mille morceaux, ce n'est que la grâce du Seigneur qui est capable de nous apporter la guérison.



37. Le Seigneur observe la profondeur intérieure du coeur, afin de savoir ce que le coeur souhaite et à quoi il aspire. Si l'âme n'est pas en mesure de revenir immédiatement à elle, le Seigneur la purifiera à nouveau, en temps utile, et la ramènera au centre, afin que l'âme revienne à elle et l'âme se retrouvera en paix. Mais si au fond du coeur quelque chose d'impur demeure, quelque chose qui aspire à ce monde-ci et aux liens avec cette vie, alors notre errance sera de longue durée et nous aurons nombre de souffrances et de malheurs. Nous les croyants aurons plus de malheurs que ceux qui ne le sont pas, car ces derniers ne possèdent pas cette douleur intérieure, ne songent pas à l'éternité; pour eux le mond eterrestre se réduit à jouir, à manger, à boire... Leur préoccupation ne porte que là-dessus, alors que nous, nous sommes partagés : nous voulons être avec le Seigneur, mais n'avons pas résolu nos problèmes matériels sur cette terre, qui pèsent toujours sur notre coeur et le contraignent. C'est pour cela que nous souffrons autant.



38. Une telle souffrance est plus forte chez les croyants que chez ceux qui ne le sont pas. Le coeur doit se détacher de ses aspirations intérieures. Si nous comprenons qu'il ne s'agit que de desseins terrestres, liés à la vie terrestre, si tous les rapports avec nos proches, nos parents se traduisent pour nous par des liens tels que le coeur s'y retrouve accolé, alors il vaut mieux rejeter père, mère, frère, soeur et époux : que nous importe tout cela si cela détruit la paix de Dieu. S'il en est ainsi, il vaut mieux rejeter cela, s'unir à Dieu, chercher Son aide, trouver l'apaisement, puis établir des rapports corrects avec tous. Il faut d'abord s'unir à Dieu, et Lui nous enseignera comment aimer nos proches, ce que nous ne savons pas puisque notre amour se transforme immédiatement en quelque chose de matériel, parce qu'il n'a pas été purifié de l'intérieur.



39. Il faut rejeter de tout coeur les plans et les ambitions terrestres; ce n'est qu'alors que nous pourrons, avec le Seigneur, aimer sincèrement nos proches. Faute de quoi notre amour terrestre nous amène à être intimes tantôt avec l'un, tantôt avec l'autre; or tout cela n'a pas d'existence réelle et reste sans substance; une telle inconstance nous bouleverse et ne cesse de nous briser. Nous n'accueillons pas la vie avec compréhension, mais de façon superficielle.



40. Tout ce que nous projetons de faire doit être planifié avec une seule pensée et un seul objectif, car le Seigneur le veut ainsi : que nous soyons tous animés des mêmes pensées. Le Seigneur a prié pour que nous soyons un. Or nous ne cessons de nous diviser, y compris au sein de nos propres familles. Il n'est pas bon que l'homme veuille que sa volonté soit mise en oeuvre. On comprend qu'il en soit ainsi dans un ménage où le maître de maison est athée, tandis que le Seigneur attire vers la foi un membre d ela famille. Mais cette âme appelée par le Seigneur doit agir avec sagesse. Cette personne ne doit pas combattre le maître de maison, car il n'en sortira aucun bienfait. Car s'il devait en être ainsi, elle serait elle-même un malfaiteur détruisant ses plus proches par ses pensées et ses désirs. La situation est différente si nous nous remettons au Seigneur et que le maître de maison dit : " Renie-Le!" Nous devons alors lui répondre : " Je ne puis renier le Seigneur, je suis uni par le coeur à Lui, je Lui appartiens et Sa vie divine est en moi. Je ne puis renier le Seigneur, quant à toi, tu es libre." Mais à nouveau, nous ne devons songer à rien d'offensant dans notre coeur, car la plus petite de ces pensées trouble notre paix. Notre équilibre intérieur se détériore, tandis que la situation se tend chez nos proches. C'est pourquoi la plus petite pensée qui ne repose pas sur l'amour détruit la paix. Même la plus infime des pensées détruit tout ce qui est bien, dès lors qu'elle n'est pas fondée sur l'amour.



41. Dans une famille comprenant plusieurs membres, il suffit qu'une seule personne soit insatisfaite - elle n'a pas besoin d ele manifester, il suffit qu'elle laisse entendre qu'on est injuste avec elle et qu'on ne se conduit pas bien avec elle - pour troubler la paix au sein de cette famille; par ses pensées, cette personne a semé le trouble. Tous manifestent alors leur mécontentement, sans savoir précisément pourquoi.



42. Envers ses proches, il faut avoir une attitude uniforme. On ne doit pas faire de distinction entre les gens : celui-ci est sympathique, celui-là antipathique. Car on déclare alors la guerre à ce dernier, qui ne vous tolérera pas. Vous avez eu beau ne fournir aucun prétexte, en paroles ou en actes, vous avez éprouvé certaines pensées, vous avez émis une opinion à l'intérieur de vous-même.



43. Nous, chrétiens, avons, lors de notre baptême, revêtu le Christ, nous avons revêtu Dieu, or Dieu est amour. Comment se fait-il alors que, réunis au Seigneur lors de notre baptême, nous soyons en conflit avec Lui? De quel conflit s'agit-il? D'un conflit en pensées, car nous formons de mauvaises pensées envers des parents, proches ou lointains.



44. Dès que surgit en nous une pensée qui ne repose pas sur l'amour, nous devons savoir que nous sommes tombés sous l'influence des esprits malins. En accueillant une pensée mauvaise, nous recevons le diable lui-même dans notre corps. Les esprits ne sont pas visibles, mais nous leur donnons alors une forme charnelle pour qu'ils deviennent visibles.



45. Les esprits malins, les esprits de méchanceté, ne sont pas visibles. C'est nous qui donnons une enveloppe charnelle aux esprits mauvais de telle sorte qu'ils deviennent visibles dans ce monde et que l'on peut les voir tels qu'ils sont. Dans le mal qui se manifeste à travers l'homme, on voit l'esprit qui a pris possession de l'âme de cet homme et agit à travers lui, vocifère des jurons... Ce n'est pas cette âme qui insulte le Seigneur, car l'âme est née chrétienne; il s'agit en fait de l'esprit malin qui a pris possession de cette âme et la secoue comme il veut. Au lieu de comprendre le sens de la vie, nous nous insurgeons et dirigeons de mauvaises pensées vers les hommes. Ainsi nous nous identifions au mal. Car dès qu'une pensée de ce genre surgit en nous, nous recevons le diable en nous; celui-ci, en effet, est une force agissante et, dès que nous lui avons donné notre accord, tout est pratiquement terminé! Que de fois le diable est entré et s'est installé en nous, qui sommes chrétiens, sans parler de ceux qui ne le sont pas! Que de fois n'avons-nous exprimé notre colère envers ceux dont le comportement à notre égard avait été incorrect ou désobligeant! En proférant une pensée mauvaise, nous cherchons à tuer son âme! Car devant Dieu est pris en considération tout ce qui a été, en bien ou en mal, conçu consciemment en union avec les sentiments du coeur.



46. Aussi faut-il, avec tout son entendement, débusquer le mal, et avec autant d'intelligence accueillir le bien. Etre toujours sur ses gardes et ne pas laisser entrer chez nous ceux qui ne nous veulent pas du bien. Il faut être toujours aux aguets, toujours en alerte.



47. Faire attention ( être sur ses gardes) est tellement plus important qu'accomplir un exploit ascétique, jeûner ou s elivrer à un labeur particulier.



48. " Priez sans cesse", nous commande l'Apôtre. La prière intérieure est l'effort le plus garnd que l'homme puisse accomplir. Nos adversaires, qui sont des puissances mentales ( les anges déchus), savent que c'est par la prière que l'homme se rapproche avec son coeur et ses sentiments du Seigneur; ils s'efforcent donc d'enchaîner l'homme à un projet terrestre, quel qu'il soit.



49. Dans la prière, on doit avant tout faire très attention : l'attention doit l'emporter sur tout le reste. Faute d'attention, la prière n'a aucune valeur. L'effort doit donc être incessant.



50. Cependant, l'homme ne cesse d'avoir son attention attirée ailleurs. Les Saints Pères priaient que le Seigneur les sauve de l'oubli et de l'inattention pendant leurs prières.



51. Nous devons aborder toute tâche nouvelle avec le Seigneur; Car l'ennemi ne cesse de vouloir distraire notre esprit, en nous incitant à nous intéresser aux lieux où nous avons vécu et travaillé, aux événements auxquels nous avons assisté, souvent dans notre enfance; les forces diaboliques parviennent ensuite à mélanger tout cela et il nous arrive de penser que nous sommes à l'origine de tout cela. Elles disposent du registre complet de notre existence : ce que nous avons fait, comment nous nous sommes comportés; elles ont beau ne pas connaître nos pensées intimes, elles peuvent contempler le visage de notre âme. Aussi nous faut-il accomplir un très grand effort afin de nous rapprocher de tout notre coeur du Seigneur et demeurer tout le temps avec Lui. C'est là l'oeuvre de la prière de travail.



52. Il existe également la prière d'action de grâce. Elle se reçoit comme un don du Seigneur. Voyant les efforts que nous faisons afin de nous unir à Lui, en rejetant tous les désirs terrestres, Il nous purifie progressivement des soucis de ce monde, des attachements aux choses terrestres et conduit notre âme vers l'apaisement et la simplicité, de sorte que notre âme ne prend plus à coeur les offenses: elle reste apaisée quelles que soient les circonstances, disant que c'est ainsi que cela doit être. Ainsi l'âme se purifie progressivement afin de pouvoir recevoir le feu divin et adresser sans cesse des prières au Saint-Esprit.



53. Les âmes innocentes, simples et libérées des soucis de ce monde reçoivent rapidement le feu divin qui leur permet de prier sans cesse. En revanche, nous, qui souhaitons savoir ceci ou cela, sommes surchargés de préoccupations et de sujets d'intérêts terrestres. Du temps doit s'écouler afin que nous nous régénérions, rejetions tout cela et naissions à nouveau. Mais nous ne pouvons le faire seuls; il faut que le Saint-Esprit descende dans nos coeurs, que nous rejetions tout cela et que la sagesse de ce monde ne pénètre plus en nous jusqu'à ce que, en toute simplicité, nous nous unissions au Seigneur. Ce n'est qu'à ce moment là qu'on reçoit du Seigneur la sagesse véritable et la connaissance véritable de tout ce qui existe, avec la pleine compréhension de tout ce qui existe. Plus l'âme se trouve apaisée, plus se révèlent à elle les mystères célestes. C'est aux humbles et aux modestes que se révèlent les mystères de tout ce qui nous entoure; leur compréhension de tout cela repose sur leur entendement spirituel. Celui-ci permet une compréhension beaucoup plus profonde que celle acquise par ceux qui ont étudié pendant des années la sagesse de ce monde. C'est en Dieu que réside le mystère, et tant qu'ils ne sont pas libérés des sagesses de ce monde, les hommes ne sauraient accéder à la profondeur de l'entendement. Ces hommes considèrent qu'ils ont beaucoup assimilé, qu'ils connaissent beaucoup de choses; mais tant qu'ils raisonnent ainsi, la sagesse divine véritable ne peut pénétrer en eux, ce qui ne leur donne qu'une possibilité toute superficielle, acquise par leur seul travail, de faire des découvertes en médecine ou en physique par exemple...



54. Dans le monde spirituel, les pensées sont aussi claires que des discours : on les entend. Si l'homme ne parvient pas à se purifier et qu'il entre dans la vie éternelle avec de mauvais traits de caractère, il ne pourra pas se retrouver parmi les anges et les saints.



55. Tant que nous disposons d'un support, aussi petit soit-il, dans ce monde, nous accordons peu de confiance au Seigneur. Les Saints Pères accueillaient tout, le bon ou le moins bon, comme si cela venait du Seigneur, et c'est ainsi qu'ils ont trouvé l'apaisement. Quand Il voit qu'une âme est dûment préparée, le Seigneur l'évalue avec la grâce du Saint-Esprit, et l'âme se voit alors accorder liberté, paix, joie et consolation : la peur n'existe plus. Mais nous, ici, nous ne cessons d'avoir peur de quelque chose.



56. Tant que ne survient pas l'illumination du Saint-Esprit, nous ne cessons d'avoir peur; ce n'est que lorsqu'une telle illumination se produit que disparaît toute peur. Une telle âme se lamente alors sur le sort de chacun. Quelles que soient les choses qu'elle voit, elle est prête à pleurer pour tous et à prier pour tous.



57. Dans ce monde-ci, l'homme peut faire beaucoup d'efforts au service des autres, sans avoir pour autant purifié son âme de ses péchés. Il aura beau avoir franchi beaucoup d'obstacles, son attachement conscient aux choses terrestres pourra le précipiter dans l'abîme car, en dépit de tous ses efforts, il n'aura pas remarqué que l'ardeur de son coeur le lie aux forces démoniaques. Il aura beau avoir fait beaucoup de bonnes oeuvres, avoir sauvé de nombreuses personnes grâce à ses efforts, avoir construit des fondations pieuses, l'attachement conscient aux choses terrestres ne lui permet pas d'accéder au monde des valeurs immuables que seule une âme peut concevoir. Son degré de soumission aux esprits malins est fonction du degré de son manque d'amour. Prisonnier des esprits malins, il exécute leurs ordres tant qu'il se trouve dans son enveloppe charnelle, mais même en dehors de son corps, il devra accomplir leurs commandements.



58. Sans lutter contre le diable, nous ne pouvons pas nous asauver. Car nous sommes tous les enfants de nos parents, avec leurs caractéristiques négatives dont on ne peut se débarrasser facilement. Il faudra surmonter beaucoup de douleurs dans le coeur pour que l'âme soit libérée de ces chaînes mentales. Nos ennemis ne cessent de nous attaquer, directement et par des tiers, et c'est ainsi, en combattant, conformément au dessein divin, que nous revenons progressivement à nous. Sans épreuves, il n'existe pas de grâce divine.



59. C'est ainsi que l'âme se rend compte que chacun de ses appuis terrestres ne représente rien et découvre qu'il n'existe personne qui puisse la comprendre. L'âme est en quête d'un amour immuable. Il n'en existe pas sur terre. Seul le Seigneur peut nous consoler.



60. C'est en fonction de notre degré de libération de nos préoccupations que le Seigneur nous accorde de sentir qu'Il est avec nous : Il est la paix, la joie, notre père, notre mère et notre ami - nous avons tout cela en Lui. Il est Celui qui subvient à tous nos besoins.



61. Quand notre âme s'unit au Seigneur, elle doit sans cesse monter la garde, car notre corps nous rattache en permanence au monde terrestre.



62. Le Seigneur permet souvent qu'un ennemi nous surprenne, et nous nous étonnons alors de ce qui nous est arrivé. Cela correspond à une permission accordée par le Seigneur, destinée à nous faire comprendre que nous ne sommes rien, que tous les espoirs que nous avons placés en nous ne valent rien, et que nous ne devons jamais imputer nos efforts à nous-mêmes.



63. Il faut veiller à ce que nos pensées et nos actions soient agréables au Seigneur. Car toute activité sur cette terre est une activité divine.



64. Si nous aimions le Seigneur de tout notre coeur, nous ne commettrions jamais de péché, car Il serait en nous. La force divine brûle toute impureté, tout péché, de sorte que l'accès à notre coeur serait impossible à ce qui n'est pas sain, à ce qui n'est pas généreux.



65. Mais nous, créatures charnelles et impures, quand nous voulons exprimer notre amour à nos proches, nous nous trouvons en butte aux passions charnelles. Il faut séparer l'amour du désir charnel. Laissons de côté le désir qui est sous influence diabolique! Il faut accorder toute notre attention à l'amour divin, qui ne fait pas de différence. L'amour divin n'est pas un amour égoïste ; il recouvre tout, pardonne tout et s eréjouit de tout.



66. Si, avec l'aide de Dieu, l'âme est entraînée à lutter contre les influences extérieures, elle saura reconnaître ce qui est impur et suppliera : " Seigneur, voici ce qu'on trouve en moi : de la détresse et de mauvais penchants. L'idée m'est venue que quelqu'un m'a insulté et cette pensée me revient. Par ailleurs, j'entends dire qu'un pays lointain est en guerre, que l'injustice règne dans tel autre pays et me voilà en train de conjecturer à ce propos. Tout cela a troublé mon humeur et je me suis mis à condamner les uns et les autres." Nous devons laisser au Seigneur le soin de tout régler dans le monde; il ne faut pas nous mêler de cela. Car, s'il devait en être autrement, nous ne cesserions de nous disputer avec ce monde, d'être en guerre avec lui et il n'y aurait jamais de paix ni de repos éternel pour nous. Souffrant ainsi sur cette terre, nous nous apercevrions à la fin de notre vie que notre âme a appris à se disputer sans cesse en pensée.



67. Les pensées tumultueuses et les débats intérieurs qui se manifesteraient après la confession et les réponses du père spirituel signifient que le fidèle qui s'est confessé a eu une poussée d'orgueil et qu'il lutte de toute son intelligence contre le père spirituel. Le Seigneur a remarqué cela et a permis qu'une tentation puisse se produire.



69. Quand l'homme perd la grâce, il met du temps à s'en rendre compte, continuant à penser qu'il en dispose toujours, car en lui vivent encore les pensées les plus élevées; il ne comprend pas qu'il est devenu froid et perdu pour la vie éternelle.



70. Les humbles et les doux même en enfer se sentiraient bien.



71. Les grandes épreuves surviennent avant ou après les bienfaits que le Seigneur accorde. Il en est ainsi pour que l'âme reste humble.



72. Il nous faut revenir à l'état originel, être pur, doux, humble et bon afin d'être en union, dans l'amour, avec le Seigneur, car Dieu est amour.



73. Ce n'est qu'en communiquant avec les anges et les saints que l'âme comprend le divin, ce que le Seigneur permet parfois à une âme siple. Quand celle-ci ne trouve nul réconfort sur cette terre, alors le Seigneur Lui-même lui apporte une consolation, au moment le plus douloureux, quand elle ne reçoit de réconfort ni auprès des hommes, ni dans les choses, quand elle se sent rejetée et méprisée.



74. Toutes les forces mentales en perdition circulent sur la terre, et tout péché est la marque des esprits déchus. Tout péché correspond à une pensée, une force mentale.



75. Les esprits déchus "se consolent", les uns dans la colère, d'autres dans le désespoir, d'autres dans la débauche; ils se distinguent par l'ampleur de leurs méfaits.



76. Il faut rester naturel et modeste; dès que quelqu'un devient vaniteux, on voit sur sa personne que son comportement est lié aux esprits déchus qui tournent autour de lui.



77. Tant qu'elle reste dans le corps, l'âme se trouve protégée; mais quand elle sort du corps, elle est totalement sans protection, nue et faible, comme l'escargot sorti de sa coquille.



78. Tant que l'âme reste humble, le Seigneur ne cesse de l'éclairer et de l'instruire.



79. Il existe des âmes qui sont tellement unies dans l'amour avec le Seigneur que leur esprit ne peut être effleuré par aucune pensée impure. Elles n'entretiennent aucun contact en pensée avec les esprits déchus.



80. L'exemple de saint Jacques l'Ascète montre que l'objectif des esprits malins est de précipiter un saint homme dans le péché charnel, afin qu'il perde ainsi les dons de guérisseur et de thaumaturge. Mais il faut savoir que certains hommes, qui menaient une vie sainte, ont connu la déchéance parce qu'ils possédaient toujours en eux-mêmes quelque chose dont ils ne s'étaient pas purifiés. Ainsi une jeune vierge était devenue tellement orgueilleuse que tous ceux qui voulaient l'épouser lui paraissaient répugnants et odieux.



81. La pureté philosophique persiste tant que l'homme est touché intellectuellement par la philosophie. Il faut parvenir à la pureté qui se présente comme une conséquence de l'amour que nous avons pour Dieu.



82. En évoquant les "nombreuses demeures du Père", notre Sauveur considère les divers degrés de la raison, les divers dons spirituels dont les hommes tirent vanité selon les capacités de leur esprit. Car le Seigneur n'a pas parlé de "nombreuses demeures" selon les caractéristiques des lieux, mais selon le degré des dons accordés.



83. Nous avons connu beaucoup d efractures et de dispersions, comme un miroir fracassé qui reflète la réalité en petits morceaux, et cela tant que la puissance divine ne nous a pas recueillis et réunis à nouveau, afin que se reflète fidèlement et que se voit en nous le visage de Dieu.



84. Si le Seigneur exauçait toutes nos requêtes conformément à notre foi, nous n'aurions plus besoin de conseils de quiconque, y compris de l'Eglise. Il se pourrait alors que le diable trouble la santé de quelqu'un et qu'on nous demande de prier pour cette personne, à la suite de quoi le diable s'éloignerait (soi-disant) après notre prière, ce qui ferait de nous les victimes d'une tromperie.



85. Quand nous réclamons de la considération et des égards auprès des autres, ceux-ci nous tournent le dos; en revanche, quand nous n'y attachons pas d'importance ou quand nous cherchons à les éviter, les gens se mettent à nous rechercher.



86. Nos mauvaises pensées fabriquent du mal et troublent la paix dans le cosmos.



87. A quelle vitesse se déplacent les anges? Les anges sont des êtres spirituels, et la vitesse de l'esprit est semblable au déplacement de la pensée. La vitesse de la pensée correspond à la vitesse moyenne de l'esprit.



88. Si elle ne se manifeste pas à travers le corps, l'âme se manifeste par la pensée. La nuit, l'âme entre en contact avec le monde de l'intellect et de la pensée. En état de sommeil, elle entre en contact avec les esprits des vivants, des morts et des anges déchus. Quand apparaît une âme lumineuse, une âme pieuse, alors les démons se jettent sur elle pour l'étouffer; car une rebelle s'est manifestée en leur royaume. Par notre orgueil, nous permettons aux esprits malins de s'approcher de nous.



89. Divers états existent pendant le sommeil et après le réveil. Quand l'âme est en paix, quand elle est apaisée, ls capacités intellectuelles se sont reposées. A l'inverse, le potentiel intellectuel est fatigué lorsque, après s'être endormi bien disposé, on se réveille le matin tout courbaturé, comme si on s'était livré toute la nuit à des activités physiques pénibles. Notre subconscient s'est laissé envahir par une sorte de film tiré du passé, alors divers plans concernant l'avenir nous traversent le cerveau. Sur ces bases, l'âme ne cesse d'échafauder des combinaisons. Mais quand l'âme se trouve débarrassée de toutes ces combinaisons intellectuelles et des fardeaux correspondants, alors nos rêves sont calmes et on s eréveille l'esprit reposé, les idées claires et le corps frais et dispos. En rêve, il nous est possible même de lutter avec les esprits d'autrui ayant forme charnelle et de polémiquer avec eux.



90. La littérature est souvent une conséquence de l'action des esprits déchus. tels romans ou ouvrages ne sont pas des oeuvres chrétiennes, et on y trouve même du satanisme et des mensonges, car Satan est le père du mensonge. Dès que l'homme se met à fantasmer, dès qu'il est dissipé, il se trouve dans les filets de Satan. Et voilà que le diable lui dit : " Tu es semblable à moi."



91. Le Seigneur permet que beaucoup de déceptions, malheurs et souffrances se produisent sur cette terre, afin de nous faire renoncer à ce monde ( qui nous inflige déjà tellement de blessures) et nous faire comprendre que seul le Seigneur est la source de toute consolation, sérénité et paix.



92. Quand il ne peut arriver à rien à travers des pensées tumultueuses, alors le diable nous attaque à travers des pensées douces et pacifiques. Et ce n'est qu'après avoir passé beaucoup de temps sur de telles pensées faussement "paisibles" que nous finissons par nous rendre compte que nous sommes allés trop loin; alors nous comprenons enfin qui a été à l'origine de tout cela.



93. Prenons l'exemple d'une personne arrivée dans un monastère sans savoir précisément pourquoi elle y est venue et qui se met à y mener une existence conforme aux principes de sainteté. Cette personne ne pourra jamais considérer quelqu'un d'autre qui progresse dans la vertu et elle quittera la vie terrestre sans avoir corrigé ses traits de caractère. Une telle personne devra toujours prier : " Seigneur, aide-moi à corriger mon caractère."



94. Le Seigneur n'exauce pas toujours nos prières, car si nous obtenions toujours ce que nous recherchons, qui pourrait nous convaincre qu'il existe sur terre des personnes plus sages et plus évoluées que nous auprès desquelles nous pourrions demander conseil, Le Seigneur nous révèle souvent par la pensée des réponses à diverses questions et mystères, mais parfois Il nous les tient cachées afin que nous nous adressions à d'autres hommes pour leur demander conseil et trouver ainsi la paix.



95. Nous nous mettons habituellement en colère devant des insultes ou des railleries, et cela tant que la grâce divine ne descend pas sur nous. Mais quand nous avons reçu la grâce, nous ne nous sentons plus insultés face aux insultes, et restons toujours calmes, pleins de joie, paisibles, comme s'il ne s'agissait plus de nous.



96. Quand un sujet litigieux vient en discussion, nous nous évertuons toujours à convaincre l'autre qu'il est dans son tort. C'est ainsi que le conflit s'aggrave. Notre interlocuteur se raidit et ne reconnaît pas notre point de vue, alors que nous gaspillons notre temps et mettons à mal la paix de notre âme. Si nous sommes perspicaces, nous sentirons qui se tient à l'arrière-plan, que ce n'est pas l'homme qui est devant nous qui nous résiste mais bien l'esprit qui est derrière lui, qui parle à travers lui par son intermédiaire. Cela ne vaut pas la peine de discuter avec ceux qui guerroient depuis des milliers d'années et qui se sont, au cours de ces milliers d'années, aguerris à lutter avec les hommes.



97. Qu'est-ce que le carême? Le carême ne consiste pas tant à s'abstenir de se nourrir qu'à s'abstenir d'avoir des pensées impures, qu'à jeûner en pensées.



98. Quand l'esprit malin voit qu'un homme cherche à être agréable à Dieu, alors il s'infiltre dans le coeur d'autres hommes et se met à envier intérieurement cet homme de Dieu. Ainsi l'esprit déchu suscite en eux d ela mauvaise humeur envers leur voisin. Sous l'influence du démon, ses proches provoquent beaucoup de contrariétés à l'homme de Dieu, colportent des calomnies à son encontre, lui nuisent dans son activité... Ces hommes ont l'impression qu'ils sont eux-mêmes jaloux de leur voisin, sans se rendre compte que c'est l'esprit malin qui a pris position en eux et que c'est de l'intérieur, de leur coeur, que l'esprit maléfique sème la jalousie. De même, il arrive que le coeur humain se réjouisse en apprenant qu'un voisin, avec lequel il a été longtemps en mauvais termes, a connu un échec, subi un dommage ou vient d emourir; cet homme ignore qu'en fait, dans son coeur, c'est l'esprit démoniaque qui se réjouit de tout cela.



99. L'esprit est capable d'occuper un espace beaucoup plus grand que le corps humain, tout comme il peut représenter un espace sensiblement plus petit que le corps humain, aussi petit qu'un centimètre cube. Aussi est-il possible que toute une légion d'esprits déchus s'infiltre dans l'homme.



100. Je vous souhaite de recevoir tous bienfaits du Seigneur et de Sa Très Sainte Mère, qui est notre grande protectrice, celle qui nous défend et intercède pour nous devant Dieu. Elle obtiendra par ses prières que son Fils nous donne la force d'être bons et d erendre gloire à Dieu, ici sur terre et dans l'éternité. Amen.





IV

SEUL DIEU DONNE LA PAIX A CHAQUE CREATURE (*)



(*) : ( Homélie prononcée par le starets Thaddée lors de la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu, le 15/28 août 1984. A cette homélie ont été ajoutés quatre enseignements que le starets Thaddée a prononcés à cette occasion. Le titre ci-dessus est de l'éditeur).



Je rends grâces au Seigneur et à la Très Sainte Mère de Dieu et remercie le Seigneur pour avoir permis que cette célébration de la Très Sainte Mère de Dieu soit magnifiée par les voix angéliques de nos enfants, qui m'ont remis en mémoire mes jeunes années, avant la guerre, quand j'étais membre de la communauté monastique du patriarcat de Pec, ce grand sanctuaire qui est pratiquement notre Sion. Lors de chaque fête, le choeur de Pec chantait la sainte Liturgie. Ce choeur mixte était incroyablement bien organisé et son chef était un homme exceptionnel. J'ai entendu de nombreux cheors, à Belgrade et ailleurs, mais ce choeur de Pec avait quelque chose d'unique. Aujourd'hui, quand j'ai prononcé les mots "Béni soit le règne (2)...", le choeur des enfants a répondu : " Amen", ce qui m'a aussitôt rappelé ces journées de jeunesse et touché au coeur, car en chantant dans une chorale, on se libère de tous ses soucis et de ses préoccupations terrestres et on s'élève vers l'éternité avec le Seigneur, les anges et les saints, là où se trouve notre Patrie et notre Royaume.

(2) : ( Début de la Divine Liturgie). (NdT).

Si notre royaume était sur cette terre, nous vivrions toujours ici dans le bien-être, la paix et la joie. Or, il nous faut dès à présent nous préparer, nous initier à la vie céleste et accéder à la paix divine. Personne ici ne peut nous donner cette paix, seul Dieu est Celui qui donne la paix à chaque créature, y compris à nous, si nous le recherchons et le souhaitons de tout coeur, si nous voulons nous unir à Lui. Il souhaite que notre esprit soit uni avec Lui, notre Dieu. Son intention est que nos souhaits et notre volonté soient unis avec Ses souhaits et Sa volonté divine, que notre être dans son intégralité soit uni à Lui et que nous ressentions la joie de la Vie. Or, nous nous trouvons infiniment enchevêtrés dans les activités matérielles de ce monde. Nous sommes tellement empêtrés dans ce monde-ci qu'il ne nous reste pas assez de temps pour nous interroger sur notre âme, notre paix intérieure que nous ne cessons de détruire.

Or, nous disposons de nombreux exemples. Le Seigneur nous a d'abord donné celui de la Très Sainte Mère de Dieu. Il a bien voulu accorder, après Sa Résurrection et Son Ascension, que Sa Très Sainte Mère demeure auprès des saints Apôtres comme une source de consolation et un stimulant de leur ferveur pour le Seigneur. L'un des Saints Pères, Denys l'Aréopagite, qui était originaire d'Athènes, voulait voir la Très Sainte Mère de Dieu; à son arrivée à Jérusalem, il fut introduit dans la chambre où vivait la Très Sainte Mère de Dieu, dans la demeure de saint Jean le Théologien. Il fut aussitôt libré de tous ses soucis et de toutes ses préoccupations; il fut illuminé par une paix et une joie indicibles. Lui-même a raconté sa rencontre avec la Très Sainte Mère de Dieu. " Si on ne m'avait, dit-il, enseigné dès ma jeunesse l'existence du Dieu véritable, pour moi la Très Sainte Mère de Dieu serait Dieu."

On voit ainsi comment la Mère de Dieu irradie la paix, le silence et la joie. C'est ainsi que Dieu a bien voulu accorder que chaque âme unie à Lui irradie la paix et la joie. La paix de Dieu et la joie se diffusent à partir de telles âmes, et nous nous sentons bien en leur compagnie. On voit ainsi ce que signifie le Royaume céleste : " la justice, la paix et la joie dans l'Esprit Saint!"

La Très Sainte Mère de Dieu ne cesse de prier pour nous et ne cesse de nous rendre visite. Chaque fois que nous cherchons la Très Sainte Mère de Dieu de tout notre coeur, elle est là. Elle seule est, après le Seigneur, le plus grand protecteur du genre humain. Ah! que d'églises dédiées à la Très Sainte Mère de Dieu y a-t-il autour du globe terrestre! Ah!que de sources y a-t-il où les hommes ont pu retrouver la santé, dans des endroits où la Très Sainte Mère est apparue et a donné Sa bénédiction aux sources afin de guérir les malades! La Très Sainte Mère est sans cesse à nos côtés, et nous l'oublions.

On voit que, sur cette terre, nous pouvons nous retrouver abandonnés par tous, y compris par les plus proches. En effet, nous avons tous nos faiblesses, ce qui fait que nous insultons souvent même les plus proches, sans parler des autres. Ceux-ci peuvent, à cause de nos écarts de conduite, se mettre à nous mépriser et nous rejeter; ils peuvent aussi nous pardonner, tout en restant néanmoins attristés. Nos écarts de conduite blessent infiniment le Seigneur et Sa Très Sainte Mère, mais quand nous nous adressons de tout notre coeur à eux, Ils nous pardonnent tout! Ils ne mentionnent aucune des méchancetés ou mauvaises actions commises par nous, et notre vie apparaît alors comme si elle ne se déroulait pas sur cette terre.

On voit que l'existence s'écoule incroyablement vite. Dans les jeunes années, cela ne peut se voir facilement, mais quand on parvient à l'âge mûr, on voit que beaucoup de temps s'est écoulé et qu'il reste peu de choses dans cette vie. Et où irions-nous, quand survient la fin de l'existence? Ici-bas, nous savons où nous allons, mais que faire après? Aller où? Nous sommes-nous préparés pour le Royaume céleste, notre Patrie? N'y entrent que les humbles, les doux et les coeurs purs. Avons-nous suffisamment porté attention à notre coeur qui nous donne tellement de soucis au cours de notre existence? Avons-nous dit à notre coeur : "Tu m'as suffisamment causé de douleurs, calme-toi pour de bon et sois un coeur tolérant!"

Le Seigneur nous a enseigné qu'en souffrant nous sauvons notre âme. Durant la vie terrestre, on voit que nombre de malheurs frappent les âmes, pieuses ou non, qu'elles soient justes ou pécheresses; tous, nous traversons des épreuves, ce qui nous donne l'occasion d'apprendre à tout surmonter en paix. Nous ne possédons pas de force par nous-mêmes, tandis que notre Seigneur en dispose. C'est à Lui que nous devons nous adresser de tout notre coeur, afin qu'Il nous donne la force de tout surmonter en paix, car il importe que, dans cette vie, nous nous léevions au-dessus de toutes les mesquineries qui troublent notre paix intérieure. Or, nous faisons peu attention à cela. Notre paix intérieure est tellement mise à mal par des injustices observées un peu partout et il arrive que dans notre malheur nous-mêmes fassions preuve d'injustice. Nous pensons agir selon la justice, mais il s'avère que ce n'est pas le cas, que nous ne sommes pas sur le droit chemin. Tous les événements de la vie qui portent atteinte à notre paix intérieure, nous devons, en union avec le Seigneur, les surmonter paisiblement, afin que les turbulences extérieures n'entrent plus en nous et que nous conservions toujours notre paix intérieure.

Dieu est au centre de toute existence. Il Se trouve dans notre coeur, que nous Le respections ou non. Il ne Se sépare pas de nous car Il est Source de vie, Celui qui donne la vie à chaque créature. Mais nous L'avons enfoui sous les soucis et les contrariétés de ce monde qui détruisent notre paix intérieure, et c'est pourquoi nous n'avons ni paix ni repos. Sur cette terre, nul ne pourra nous donner la paix intérieure, car ni la richesse, ni la gloire, ni les honneurs, ni les positions éminentes, ni nos parents proches ou lointains ne pourront nous donner cette paix immuable. La seule Source de vie, le seul Donateur de la paix et de la joie, c'est Dieu. Il apporte la paix, le calme et la joie aux anges et aux saints, à nous sur cette terre et à toutes les créatures. Aussi, mes bien-aimés, nous faut-il nous tourner vers le Seigneur et nous repentir.

Le repentir, qu'est-ce que cela signifie? Se repentir, c'est changer de vie, abandonner le vieil homme avec toutes ses mauvaises habitudes et nous tourner vers Dieu, la Vérité. Se repentir, c'est devenir paisible, pacifique, doux et humble. On peut voir combien il est agréable, en société et partout, quand on se trouve en compagnie d'une âme paisible, humble et douce. Alors qu'une âme turbulente se perturbe d'abord elle-même, puis son agitation se propage tout autour d'elle; notre humeur se trouve alors gâtée à cause de cette agitation, car nous ne sommes pas restés en permanence en union avec le Seigneur. Ainsi notre paix intérieure est troublée. Nous demeurons en paix tant que nous sommes en union avec le Seigneur et la Très Sainte Mère de Dieu, car elle nous vient toujours en aide quand nous l'invoquons. Voilà un soutien qui ne change pas, qui est le même pour l'éternité, qui ne s'éloignera pas de nous, qui sera toujours à nos côtés! Bien que nous recherchions sans cesse sur cette terre un soutien ferme et constant, nous sommes incapables de le trouver dans nos parents proches, dans la richesse, dans la gloire, dans les honneurs ou ailleurs. Tout cela pourra s'éloigner de nous, mais le Seigneur et la Très Sainte Mère de Dieu ne nous abandonneront jamais.

Aussi, mes bien-aimés, en célébrant cette fête de la Mère de Dieu, il nous faut nous initier à la vie céleste, apprendre à aspirer à Dieu sans cesse et de tout notre coeur, comme le font les anges. Aspirer à la Très Sainte Mère de Dieu, car elle ne cesse de plaider notre cause et de prier Dieu, son Fils, pour nous, qui sommes impuissants. Chaque fois que nous nous adressons à elle de tout notre coeur, elle est toujours là pour nous venir en aide. En combien de leeiux, tout autour du globe terrestre, combien de coeurs affligés a-t-elle consolés, combien d'âmes a-t-elle sorties de l'enfer pour les amner au paradis, au Royaume céleste! Aussi, bien-aimés, nous faut-il, dès cette brève existence, nous initier à la vie céleste. " La vie céleste, c'est la paix et la joie dans le Saint-Esprit." C'est pourquoi nous devons apprendre à être paisibles et calmes. Il faut calmer notre coeur qui fait l'objet de nombreuses insultes, apaiser notre orgueil, car il est impossible pour les orgueilleux d'entrer au Royaume céleste. Il faut appprendre, dans la vie de tous les jours - car les soucis, les difficultés et les insultes sont quotidiens -, à ne pas prendre en considération les insultes, car nul ne sait ce qui nous attend encore jusqu'à la fin de notre existence. Dieu est miséricordieux à notre égard et nous dissimule notre avenir. Aucun de nous ne pourrait supporetr que nous soit révélée l'évolution à venir de notre existence. Nous traversons divers malheurs et difficultés, et essayons d'apprendre, à cette occasion, à nous élever au-dessus des difficultés et des soubresauts qui troublent notre paix intérieure. Apprenons à acquérir la paix divine, la joie divine que possèdent les anges et les saints. Car le Royaume céleste s'obtient déjà ici, sur terre.

Nous sommes ici tantôt au paradis, tantôt en enfer. Voyez-le vous-mêmes et interrogez-vous à ce sujet. Quand nos pensées sont pacifiques, calmes et douces et que nous pardonnons toutes les insultes qui nous ont été faites, surviennent en nous la paix divine, la joie et le calme! Mais quand nous nous mettons en colère à cause d'une insulte qui nous a été faite, l'enfer s'installe en nous, tout s etrouble à l'intérieur et nous n'avons même pas envie de vivre! Vous voyez comme c'est terrible de vivre en enfer! Or, ici sur terre, nous sommes en mesure de nous interroger à la fois sur la vie au paradis et sur la vie en enfer. Il nous faudrait opter pour ce qui nous apporte la paix et choisir le Royaume céleste. Chacun de nous, sans distinction, y aspire, que notre vie soit bonne ou mauvaise. Nous aspirons tous au bien et à la paix, à l'amour indicible qui ne change pas, c'est-à-dire uniquement à Dieu. Il est le seul qui ne change pas. Il est le même pour l'éternité, Il est le soutien de chaque créature, et donc aussi le nôtre, à nous qui sommes Ses enfants. Il attend en permanence que nous revenions dans Ses bras, mais nous ne cesson de Le fuir. Il souhaite nous apporter la paix, la joie et le réconfort, afin que nous goûtions à la joie de la vie, mais nous ne cessons de nous charger de soucis liés à ce monde.

Nous commettons beaucoup de péchés dans notre vie, dès le début. Le Seigneur nous avait pourtant mis en garde en nous disant que nous n'aurions pas une vie agréable sur cette terre et que nous connaîtrions de nommbreux malheurs et tourments dans le coeur tant que nous ne nous apaiserions pas et ne prendrions pas conscience de nos délits. Le Seigneur a dit : " Tu respecteras ton père et ta mère afin de connaître le bien-être et de vivre longtemps sur terre." Telle est la Loi. Le Seigneur l'a Lui-même mise en pratique quand Il a fini par Se sacrifier pour nous sur la Croix, tout en prenant soin de Sa Mère qui était présente. Il a dit à Sa Mère : " Femme, voici ton fils!"; puis Il S'est tourné vers Son disciple Bien-aimé Jean, lui disant : " Voici ta mère!" En langue araméenne, que le Seigneur parlait à ce moment-là, le terme "femme" revêt une signification plus élevée que le mot "mère". Comme on ne nous l'a pas expliqué, on est amené à se demander pourquoi le Seigneur a pu utiliser le mot de "femme" en s'adressant à Sa Mère. De même, quand le Seigneur assistait aux noces de Cana en Galilée et que Sa Très Sainte Mère Lui dit : "ils n'ont plus de vin", Il répondit : " Qu'as-tu, femme, mon heur n'est pas encore venue!" Dans notre langue, l'emploi du mot "femme" peut revêtir une connotation un peu péjorative, alors que le terme "mère" paraît plus intime, plus chaleureux. En langue araméenne, quand on dit "femme", cela revêt une connotation plus élevée que quand on dit "mèreé. Lorsque Sa dernière heure fut venue, le Seigneur prit soin de Sa Mère. Et nous, que faisons-nous avec nos parents? Fasse le Seigneur que nous ne continuions pas d'agir ainsi avec eux. Dès notre enfance, nous ne respectons pas nos père et mère, tout en voulant mener une existence agréable sur terre. Mais comment pourrions-nous être en bon état si, dès notre enfance, nous avons commis un délit? Si la loi terrestre ( qui est changeante) punit chaque délit, comment la loi céleste, le Verbe divin, la Loi de Dieu ( qui est immuable à travers les siècles) n'infligerait-elle pas des châtiments, car le Verbe divin est Esprit et Vie?

Nous sommes les enfants de parents indisciplinés. Quand l'indiscipline s'est introduite chez nos ancêtres, Adam et Eve, notre nature s'est soudain transformée, elle est devenue corruptible et putride, sujette à la décomposition et mortelle. La mort est entrée en nous, alors que nos ancêtres étaient immortels avant la chute. Seul Dieu, qui nous a créés, était en mesure de nous ramener à l'état originel et à être tels qu'Il nous a créés. C'est pourquoi Lui, qui est tout amour, a bien voulu naître parmi nous du sein de Sa Très Sainte Mère puis vivre durant trente-trois ans parmi nous, afin de nous révéler la Vérité et que Lui seul est amour. Il nous faut prendre exemple sur notre Seigneur, Sa Très Sainte Mère, les apôtres et les saints, afin d erégénérer notre vie, nous repentir, abandonner la vie ancienne avec ses mauvaises habitudes et nous efforcer d'être disciplinés. Si nous avons été offensés par quelqu'un parmi nos parents, frères ou proches, il importe de lui pardonner de tout coeur; quand nous aurons pardonné de tout notre coeur, le Seigneur saura que nous avons pardonné sincèrement. Il ne faut pas seulement pardonner en paroles, car c'est une forme toute en apparences. Le Seigneur demande que nous pardonnions à toutes les âmes de tout coeur; alors cette âme ressent cela, il n'est point besoin de paroles, elle sent que nous avons pardonné en vérité. Pourquoi sent-elle cela, comment le sent-elle? Parce que les hommes sont des forces pensantes, des instruments de réflexion, et parce que nous sommes liés en pensées les uns aux autres. Quand nous songeons à quelqu'un, il reçoit momentanément nos pensées. Mais nous sommes dispersés spirituellement, de sorte que nous ne pouvons voir qui nous adresse des pensées ainsi que le contenu de ces messages. Mais l'âme qui s'est ressaisie en esprit, qui s'est réunie à Dieu et que le Seigneur a libérée de sa dissipation, sait, elle, quelles pensées proviennent d'elle-même et lesquelles émanent de nos adversaires ou de nos amis. C'est pourquoi apparaissent en nous des pensées et des sentiments émanant de nos proches. C'est pourquoi je vous le dis, si nous pardonnons de tout notre coeur, l'âme à qui nous avons pardonné le ressent aussitôt et elle se trouve déchargée du fardeau qui pesait sur elle.

Aussi faut-il de cette façon nous initier à la vie céleste et acquérir la paix intérieure. Ce monde-ci ne peut nous procurer cette paix intérieure. Et c'est pourquoi nous devons demander de tout notre coeur à la Très Sainte Mère de Dieu d'intercéder pour nous, afin que le Seigneur nous accorde la possibilité de prendre place parmi les anges et les saints et glorifier ainsi Dieu pour l'éternité. Amen.



L'accès à la Sainte Communion.

Que celui qui s'est préparé pour la Sainte Communion s'approche avec précaution.

Je vous dirai un mot à propos des règles canoniques des Saints Pères concernant ceux qui sont momentanément éloignés de la Sainte Communion. L'Eglise tient éloignés de la Sainte Communion ceux qui ont intentionnellement commis un meurtre, tant qu'ils ne se sont pas repentis. De même sont écartés de la Sainte Communion tous ceux qui s'occupent de sorcellerie ou fréquentent des cartomanciennes (tant qu'ils ne se sont pas repentis). Le même traitement est réservé aux femmes qui ont procédé à des avortements, car il s'agit d'un péché énorme, criant, envers Dieu. Il en est de même de ceux qui ne se sont pas réconciliés avec leurs proches, qui éprouvent de la haine envers leurs parents et s'avèrent incapables d'accorder leur pardon de tout leur coeur. Le Seigneur les tient éloignés de la Sainte Communion parce que nous sommes tous l'oeuvre du Seigneur, Ses enfants, et Il nous demande, dans la mesure où nous voulons être éternellement avec Lui, de pardonner de tout notre coeur à chaque âme qui nous entoure.

Mes bien-aimés, c'est ainsi, le coeur en paix, les sentiments purs et la conscience tranquille, qu'il vous faut vous approcher afin de recevoir le Corps très pur et le Sang très précieux du Seigneur; Le Seigneur a voulu que nous soyons proches de Lui non seulement par l'âme mais aussi par le corps. Nous faisons, en effet, partie d ela même espèce que Lui à la fois par l'esprit, l'âme et le corps. Il a bien voulu accepter de Se donner à nous et, comme vous le voyez, Il Se donne sans réserve. Il Se donne entièrement. Il nous donne Son Corps très pur et Son Sang très précieux afin que nous ayons la vie éternelle avec Lui; aussi nous demande-t-Il d'avoir un coeur pur et d'être semblables aux anges et aux saints. C'est pourquoi nous devons maintenant pardonner à tous, car tout appartient au Seigneur. Nous ne devons pas recevoir le Seigneur et entretenir de pensée susceptible de chagriner autrui. En accueillant ainsi le Seigneur, avec de la haine envers nos proches, c'est une condamnation que nous méritons, non le salut; Mes bien-aimés, chacun doit faire son examen de conscience et c'est ainsi qu'il doit s'approcher du Saint Calice.



Il faut nous réconcilier avec le Père céleste.

Tout est douleur pour l'esprit, tout est malheur. On voit ainsi que quand on est en paix on se sent bien, mais cette paix ne dure pas longtemps, elle est brève. Cette paix se trouve perturbée, elle est troublée rapidement. Aussi nous faut-il rester sans cesse en contact avec la Vie, avec la Source de vie, avec Dieu. Sans cesse, sans trêve. Dès que notre état d'esprit est perturbé, il faut aussitôt chercher l'aide du Seigneur. Tout comme un petit enfant, dès qu'il est séparé de sa mère, s emet à réclamer sa mère et ne veut à aucun prix rester seul. Il en est de même pour notre âme : si elle s eretrouve seule, éloignée du Seigneur, elle connaît beaucoup de souffrances dans la vie. Mais quand elle est unie au Seigneur, quelles que soient les difficultés, tout lui paraît facile. Elle surmonte tout cela, car elle ressent de la joie, la joie divine et la paix; elle comprend qu'il importe pour elle de franchir le feu et l'eau de ce monde afin de tout surmonter et de s'élever au-dessus de toutes les petites misères qui nous tracassent. Ce sont nos pensées qui nous tourmentent le plus : nous sommes ainsi entraînés à faire n'importe quoi dans notre travail, nous n'avons pas d epaix, et notre conscience est pleine de remords. Or, le remords, c'est le tribunal de Dieu en nous. Aussi faut-il nous réconcilier avec le Père céleste, nous adresser de tout notre coeur à Lui en Lui demandant pardon et en L'implorant de nous accorder Sa grâce, Sa force divine, afin que nous soyons toujours dans la paix et la joie, comme le sont les anges et les saints. Amen.



Quelle est la vitesse des esprits.

Un jour où la Très Sainte Mère de Dieu lui était apparue, un saint voulut connaître quelle était la vitesse des esprits. Il avait remarqué que quand nous implorons de l'aide, nous la recevons souvent aussitôt, notamment quand nous sommes en situation difficile, lorsque c'est une question de vie ou de mort : si on implore de tout son coeur, on reçoit d el'aide dans le moment qui suit. La Très Sainte Mère de Dieu lui dit que l'esprit se déplace comme la pensée (voire plus vite), mais que la pensée correspond à la vitesse moyenne d el'esprit. Par la pensée on se déplace dans l'instant, quelle que soit la distance. L'homme n'a même pas formulé sa pensée que le secours est déjà là, ce qui correspond à une vitesse extraordinaire. L'esprit humain peut traverser l'éternité en un clin d'oeil.



La pensée divine accomplie dans le temps et l'espace.

Tout ce que nous voyons avec nos yeux, dans le lointain ou à proximité, correspond à l'accomplissement de la Parole de Dieu, à la pensée divine réalisée dans le temps et l'espace. Le cours de l'existence humaine est appelé à s'écouler ainsi, depuis la création du monde jusqu'au Jugement Dernier. Le jour du Jugement Dernier, la justice sera rendue de façon que chacun reçoive selon ses oeuvres. Alors le Seigneur dira : " Voilà que tout ce qui était ancien est passé, je vois des choses nouvelles, un ciel nouveau et une terre nouvelle."





V

REPENTONS-NOUS AFIN DE NOUS TRANSFORMER! *



(*) : ( Cette homélie a été prononcée par l'Ancien Thaddée dans la salle Saint-Savva de l'église d'Almach à Novi Sad en 1997, à l'invitation de l'évêque Irénée (Bulovic) du diocèse de Backa. On a également reproduit ici les enseignements que l'Ancien Thaddée a formulés à cette occasion, en réponse aux questions de l'assistance. Chacun de ces enseignements est précédé d'une courte formule (choisie par la rédaction) destinée à exprimer l'essence du message considéré. Ce texte a fait l'objet d'une première publication dans le n°60 de la revue Svetigora (Pentecôte 1997).).



La foi ne cesse de grandir en nous.

Vous voudrez bien me pardonner s'il m'arrive ce soir de m'éloigner du thème principal.

Vous voyez vous-mêmes quelle est la vie que nous menons sur cette terre. Nous chrétiens, souhaitons obtenir le salut non seulement pour nous-mêmes mais aussi pour nos proches; nous aspirons à la perfection. Ceux qui ne sont pas religieux veulent atteindre la perfection dans le domaine matériel de l'existence. Quant à moi, c'est dès ma prime jeunesse que j'ai commencé à servir le Seigneur. Ayant une santé fragile, j'étais désireux de consacrer ma brève existence à obéir au Seigneur. Je suis reconnaissant à Dieu de m'avoir dirigé à mes débuts vesr Ses ouvriers russes, au monastère de Miljkovo.

La plupart des moines de ce monastère étaient des réfugiés russes, parmi lesquels de saints hommes. Encore enfant, j'acceptais tous les conseils qui m'étaient prodigués. Tout au long de ma vie, je me suis interrogé sur le sens de cette vie, me demandant où nous conduisait cette existence; celle-ci se réduit-elle aux efforts que l'homme accomplit pour acquérir des richesses matérielles, à manger et à boire? Dieu merci, en lisant la vie de saint Séraphim de Sarov, j'appris que ce saint explique que le but de notre vie est d erevenir dans les bras de notre Père céleste, afin que nous soyons sur terre semblables aux anges dans les cieux, que dirige le Saint-Esprit.

Nous aspirons tous à la perfection et nosu avons tous le désir de découvrir le sens de notre vie. Nous le découvrons progressivement, comme le disent les Saints Pères : " La foi grandit en nous progressivement." L'un des Saints Pères dit : " La foi que je possède maintenant que je suis devenu mûr, comparée à celle que j'avais quand j'étais jeune, est telle que les sentiments de ma jeunesse me font penser à de l'impiété." Notre foi grandit progressivement et quand elle est consolidée dans le Seigneur, elle est forte et puissante.



Sur le protestantisme.

Toutes sortes d'événements se produisent dans le monde. Beaucoup de choses ont été dites à propos du protestantisme. Les protestants se sont détachés de l'Eglise occidentale et ne se sont jamais unis à l'Eglise orientale. Ils ont introduit beaucoup de nouveautés dans la pratique de la foi. Ils déploient une grande activité et ont développé leurs oeuvres missionnaires très significativement, plus fortement même que l'Eglise catholique romaine; mais ils n'ont pas conscience, ils ne savent pas qu'ils se trouvent sous la direction des esprits qui agissent sous le ciel. Tous ceux que les protestants amènent au christianisme se trouvent automatiquement inclus dans une énergie négative et sous la direction des esprits déchus.



Notre vie est le reflet de nos pensées.

L'Apôtre Paul dit : " Tu dis que tu crois. Montre donc ta foi par tes actes." Nombre de gens se considèrent comme des incroyants, mais quand on réfléchit bien, on s'aperçoit qu'il n'existe pas un seul être de raison sur cette terre qui n'aspire pas de tout son coeur à la vie véritable et à l'amour absolu. L'amour absolu ne change pas, il dure éternellement. Nous aspirons de tout notre coeur au bien absolu, à la paix absolue, en fait nous aspirons de tout notre coeur à Dieu. Dieu est la vie, Dieu est l'amour, Dieu est la paix, Dieu est la joie. Nous aspirons de tout notre coeur à Dieu mais nous nous opposons à Lui en pensées. Un athée n'est pas un être impie, mais il est toujours un adversaire de Dieu.

Nous aspirons de tout notre coeur à Dieu, mais nous nous opposons à Lui. Notre opposition ne saurait nuire à Dieu, car Il est Tout-puissant, mais elle nous nuira à nous. Les pensées, les humeurs, les intentions administrent notre vie. Notre vie est le reflet des pensées qui nous occupent. Si nos pensées sont paisibles, douces, pleines d'amour, de bonté, de générosité et de pureté, alors la paix règne en nous, parce que ces pensées paisibles apportent la paix intérieure que nous ressentons et qui émane de nous. A l'inverse, si nous portons en nous des pensées négatives, infernales, alors notre paix intérieure est détruite.

Les Saints Pères ont écrit à propos des pensées : " Toute pensée capable de détruire la paix a une origine infernale, il ne faut pas l'accepter, il faut la repousser." Notre devoir est d erechercher le bien, afins que se consolident en nous la paix, la joie et l'amour de Dieu. Notre Père céleste souhaite que Ses enfants possèdent Ses caractéristiques divines, que nous soyons pleins d'amour, de paix, de joie, de consolation, d'authenticité et de générosité. Le Seigneur souhaite, comme nous-mêmes, que nous soyons doux et humbles, car une âme dotée de ces vertus rayonne de générosité et de bonté. Une telle âme, même quand elle se tait, continue à émettre des vagues toujours tranquilles et douces pleines d'amour et de bonté. Une telle âme n'est pas offensée quand elle reçoit des insultes et des réprimandes; elle peut même recevoir des coups, et elle aura alors de la compassion pour vous en vous voyant vous donner tant de peine. Peu nombreux sont les gens de cette sorte sur la terre, amis c'est à cause d'eux que le soleil réchauffe et que Dieu nous accorde Sa bénédiction et nous permet d'avoir tout ce qui nous est nécessaire pour vivre. Nous devons nous transformer par la pensée.



La paix en pensée dans la famille.

Vous voyez vous-mêmes comment s'établit en famille l'harmonie ou l'absence d'harmonie, en fonction de nos pensées et de nos souhaits. Si le maître de maison est particulièrement encombré par des soucis et des réflexions concernant une difficulté particulière, il contribue avec ses réflexions à crééer une agitation, non seulement pour lui-même, mais également pour toute la famille. Tous les membres de la famille sont accablés, ils n'ont plus de paix ni de consolation. Le maître de maison, lui, doit irradier de bonté, de façon telle que cette bonté émanant de lui se diffuse auprès de tous les autres habitants de la maison. C'est ainsi que nous devons nous comporter. Jadis, j'ignorais que l'homme ne doit pas insulter ses parents, charnels ou spirituels. Nous n'avons pas le droit de les offenser même par nos pensées.

Jadis, je n'étais pas conscient que le fait d'insulter autrui entraîne de lourdes conséquences pour nous tous. J'ai beaucoup souffert d'avoir offensé mon père en pensées et je ne puis aujourd'hui me consoler de l'avoir fait. Mon père était un homme paisible, doux, humble, d'une bonté extraordinaire. Au cours de son existence, il ne fut jamais malade, car il était toujours dans un état de paix intérieure, et son organisme fonctionnait sans encombre. Il considérait sa vie comme une rerésentation théâtrale; quand on l'insultait, il ne se sentait pas offensé et restait doux et serein. J'aurais été heureux si j'avais possédé de tels traits de caractère. Or, nous, les garçons, ressemblions plutôt à notre mère, alors que nos soeurs étaient du côté de notre père;

Nos pensées sont à l'origine de bonnes ou de mauvaises choses, débouchant sur la paix ou l'absence d'harmonie dans la famille. Ceux qui sont croyants souhaitent toujours être bons et paisibles. Ils s'y efforcent, mais les préoccupations terrestres encombrent souvent l'être humain. Le Seigneur a pris toutes nos préoccupations sur Lui, car nous ne sommes pas en mesure de nous venir en aide, nous ne faisons que compliquer les choses.



Si le peuple se repentait, il ne souffrirait pas ainsi...

Dans notre pays comme dans le reste du monde, on récolte aujourd'hui les fruits semés par nos pensées et nos intentions. Nos intentions n'étaient pas bonnes, nos pensées ne l'étaient pas non plus, notre récolte ne saurait être bonne. Il nous faut nous repentir, changer d evie. Se repentir ne consiste pas seulement à aller voir un prêtre; il est également nécessaire de libérer l'âme des pensées et de la dépression où elle est tombée du fait des lignes tortueuses suivies au cours de l'existence. Se repentir, c'est changer de vie, se tourner vers le Bien absolu, abandonner tout ce qui est négatif. Un tel repentir est peu courant, même chez les croyants, et c'est pourquoi nous souffrons. Si notre peuple se repentait, il ne subirait pas les souffrances actuelles, car nous-mêmes, par nos intentions et nos pensées, nous nous compliquons la vie. je ne savais pas cela auparavant, mais je me rends compte maintenant que je suis moi-même coupable de tout - je suis réellement coupable de tout! Jadis pourtant, je m'étonnais que les Saints Pères aient pu se considérer comme les pires des hommes.



Endurer et ne pas chagriner ses parents.

Un jour, une jeune fille dont les parents étaient médecins, vint me voir. Elle me posa de nombreuses questions. Je me rendis vite compte qu'elle était très affligée par sa mère. Elle aimait beaucoup son père, mais pas sa mère. Lorsque je l'interrogeai à ce propos, elle me dit que sa mère n'avait pas voulu avoir une fille mais un fils. Elle avait d'ailleurs un frère aîné qui était parti vivre ailleurs. Je la suppliai de ne pas s'opposer à sa mère qui l'avait portée en son sein, mise au monde et élevée. Son père était déjà décédé, sa mère était devenue veuve, et elle était pour celle-ci la seule consolation. Cette jeune fille avait déjà tenté, à deux reprises, de se réfugier dans un monastère et son père l'avait ramenée à la maison. Je lui ai dit de ne pas causer du chagrin à sa famille et de tout endurer, car on peut être moniale même en l'absence de tonsure. Le Seigneur ne réclame pas de tonsure de notre part, Il souhaite seulement que notre vie soit bonne et généreuse.



Il est possible d'être moniale dans le siècle.

On peut être moniale dans le siècle. En Russie il y a eu de nombreux moines, moniales et prêtres qui n'avaient pas reçu la tonsure et ne portaient pas la soutane, car cela était interdit. Dans ce pays, l'esprit religieux s'est beaucoup développé. Fasse le Seigneur qu'il en soit ainsi chez nous aussi; il nous faut prier le Seigneur de tout notre coeur pour qu'Il nous aide, car notre foi s'est beaucoup refroidie. Notre foi doit grandir. Elle grandit progressivement et devient sans cesse plus forte.



Le Seigneur vient à notre aide quand nous nous repentons.

Chaque fois que nous prions de tout coeur pour quelque chose, le Seigneur nous l'accorde parce qu'Il est notre Dieu à tous et notre Père; aussi faut-il que nos prières soient plus fortes. Il nous faut être animés des mêmes sentiments dans notre pays; si nous y arrivons, nous n'aurons pas d'adversaires. Quand on considère l'histoire du peuple d'Israël, on voit que l'ennemi l'a toujours assujetti dès qu'il s'éloignait du Seigneur; en revanche, le Seigneur l' toujours aidé quand ce peuple exprimait un repentir sincère. Le Seigneur est toujours avec nous.



Redressons-nous, et un grand nombre autour de nous sera sauvé.

Nous critiquons nos dirigeants politiques, mais ceux-ci sont nos enfants. Nous les anciens, nous sommes coupables, et non eux, car nous ne leur avons pas montré un exemple vivant à prendre en considération. Nous sommes à l'image de nos parents, qui ne nous ont pas montré grand-chose à voir. Nous les anciens, sommes coupables, car nous n'avons pas conduit nos enfants sur le droit chemin. Nous les anciens, devons commencer à nous corriger nous-mêmes et non pas chercher à corriger les autres de l'extérieur. Les Saints Pères disent qu'il faut se redresser soi-même pour assurer son salut, et beaucoup de personnes autour de nous seront sauvées. Il faut nous efforcer d'être bons, toujours paisibles et doux, afin que tous les hommes autour de nous sentent la paix et le calme qui émanent de nous. Nous avons vu que par nos pensées nous pouvons attirer les autres vers nous-mêmes, ou bien les repousser loin de nous. Il faut que nous nous transformions, que notre foi se fortifie et que nous fassions des efforts par la suite.



Quand nous prions, il faut prier de tout notre coeur,

car le Seigneur est le Seigneur du coeur.

Les Saints Pères ont beaucoup analysé la prière intérieure et la manière dont il importe de diriger l'esprit et le coeur. Les Saints Pères disent qu'il faut s'efforcer que toute activité, toute pensée, tout travail viennent du coeur, car c'est par le coeur que l'on sent les choses, non par la tête. On réfléchit avec la tête, mais quand tout provient du coeur, alors cela reflète la consentration de toutes les forces spirituelles dans le coeur. Quand nous prions, il faut que nous le fassions de tout notre coeur, car le Seigneur est le Seigneur du coeur. Il est le centre de la vie de tout être vivant. Il est à l'origine de la vie et il ne faut pas Le chercher ailleurs. Il est là et S'attend à ce que nous L'accueillions et ayons foi en Lui.



Le chaos de la pensée chez nous et dans notre pays

provient de nos pensées.

Nous avons peu de foi dans le Seigneur, peu confiance en Lui. Si nous avions autant confiance dans le Seigneur que nous en avons dans un ami lorsque nous le prions de faire quelque chose pour nous, si nous avions simplement autant confiance, alors ni nous-mêmes ni notre pays ne souffriraient autant. Le chaos de la pensée qui existe chez nous et dans notre pays provient de nos pensées. Nous sommes nous-mêmes à l'origine d el'absence d'harmonie dans nos pensées. En outre, si nos hommes politiques partageaient des valeurs communes, notre situation ne serait pas celle-là. Nous ne sommes pas conscients que l'énergie divine existe en nous, que la vie divine est en nous. Chaque homme, porteur de l'énergie divine, est en mesure, quand il s'unit aux autres, de produire une force énorme, ce qui fait fuir nos ennemis, car l'harmonie ainsi créée contraste avec l'absence d'harmonie existant ailleurs. Si nos hommes politiques s'unissaient en pensées positives, nous n'aurins pas d'adversaires, et les armements et les forces armées de ces derniers ne leur seraient d'aucune utilité.



Pourquoi et comment il faut aimer ses ennemis.

Nous sommes des êtres richement dotés par le Seigneur, mais nous ne savons pas vivre comme il faut; nous fabriquons l'enfer en nous et autour de nous. L'évêque Nicolas (Velimirovic) citait le cas d'un prêtre qui ne cessait de vouloir changer de paroisse. A cette requête, l'évêque Nicolas répondit : " Père, je suis tout prêt à autoriser ta mutation là où tu le souhaites, mais à la condition que tu ne t'y transportes pas toi-même." Et l'évêque Nicolas d'ajouter : " Si l'homme ne porte pas préjudice à lui-même, le diable lui-même ne pourra lui nuire."

Le Seigneur nous a dotés de tout ce qui nous est nécessaire; il nous reste donc à nous conduire bien. Mais si nous prêtons attention aux côtés négatifs des gens qui s'adressent à nous, nous ne serons pas en mesure d'avoir la paix et le repos. Pourquoi le Seigneur nous ordonne-t-Il d'aimer nos ennemis? Ce n'est pas à cause d'eux, mais à cause de nous. Tant que nous conservons en nous le souvenir d'une offense infligée par nos ennemis, amis, parents proches ou éloignés, nous n'avons ni paix ni repos, nous vivons dans un état infernal. Il nous faut nous libérer de ce mal, l'expuslser de nous comme si rien ne s'était passé, il faut tout pardonner.



Beaucoup d'attention et beaucoup d'amour :

il n'y a pas de voie alternative.

C'est précisément pour cela que les parents doivent supporter beaucoup de choses au cours de leur vie et au sein de leur famille avec les enfants. Nous n'avons pas le droit de gronder nos enfants, car nous ne les avons pas amenés sur le bon chemin. Une femme médecin m'a écrit un jour la lettre suivante : " Mon mari, lui aussi médecin, et moi avons un fils unique. Celui-ci a déjà esquinté trois voitures, mais il est resté vivant, Dieu merci! Il nous demande d'acheter une nouvelle voiture, ce que nous ne sommes pas matériellement en mesure de faire. Quand nous rentrons du travail, il nous réclame de l'argent de façon agressive. Que dois-je faire, comment résoudre ce problème?" Je lui ai conseillé de ne s'en prendre à personne à ce propos, car tout était de leur faute. Ayant un fils unique, ils avaient fait dès son plus jeune âge tout ce que cet enfant avait voulu. Quand il était petit, il avait de petits besoins; maintenant qu'il a grandi, ses besoins sont plus importants. Tout ce qui leur restait à faire dans ces circonstances, c'était de faire preuve de beaucoup d'attention et d'amour envers leur fils, afin de lui permettre de reprendre ses esprits et se rendre compte que ses parents avaient les meilleures intentions à son égard. Il n'y avait pas d'alternative. Vous voyez comment, par nos pensées et nos intentions, nous pouvons corriger le cours de notre existence et la vie de nos proches. Je vous souhaite de vous comporter ainsi.



Le moine prie pour tout le monde.

Pardonnez-moi de m'être éloigné de mon thème, mais tout ce que je possède en moi, j'en fais part, car chacun mentionne ce qu'il détient en soi. En outre, je ne souhaite que du bien à mon peuple et au monde entier, car les moines sont précisément là pour cela. Un jour, on m'a demandé ce que signifiait être un moine porteur du Grand Habit. La réponse à cette question est fournie par la Très Sainte Mère de Dieu : un moine porteur du Grand Habit est celui qui prie pour le monde entier, celui qui prie le Seigneur de sauver le monde entier. Notre devoir est de prier ainsi, en toute sincérité et pour tous, pour que le Seigneur accorde la paix et la joie à tous.



A cause des enfants humbles, doux et innocents,

Dieu nous accorde le bien-être.

Merci à Dieu pour les enfants humbles, doux et innocents à cause desquels le Seigneur nous accorde le bien-être. Merci à Dieu d'avoir placé notre pays ( la Serbie) dans une zone de climat tempéré, où on peut tout produire. Des régions situées au Sahara, en Palestine, en Orient, ne reçoivent de la pluie qu'en hiver, et les populations y souffrent beaucoup, alors que le Seigneur nous a donné de tout et en abondance, ce qui nous oblige à bien nous consuire.



La foi grandit progressivement.

Notre foi grandit progressivement au cours de notre existence. Nos premières leçons nous sont enseignées par nos parents dans notre enfance, puis nous sommes amenés à nous convaincre que le Seigneur songe à nous et nous regarde dans le coeur. Le Seigneu nous regarde dans le coeur qui Lui appartient absolument.



De l'autorité des parents sur les enfants.

Quand on observe des couples mariés, on voit que tous ceux qui se sont mariés sans recevoir de bénédiction ou qui ont été contraints de s emarier, ne vivent pas en paix; leur amour est vain. On voit aussi l'importance du pouvoir des parents, charnels ou spirituels. J'ai souvent remarqué que les parents, charnels ou spirituels, ont été en mesure de décrire ce qui allait se passer plus tard avec leurs enfants.

Il m'est arrivé, un jour, d'avoir la surprise de voir comment des parents avaient tué leur fils avec leurs pensées. Ce fils, leur enfant unique, avait reçu une éducation chrétienne dès son plus jeune âge; il avait l'apparence d'un ange et faisait preuve d'une bonté extraordinaire, impossible à imaginer. Un jour, une jeune fille vint le voir en lui demandant de l'aider. Enceinte d'un autre homme, elle suppliait le jeune homme de l'épouser car ses parents et ses frères étaient très sévères; le jour où ils s'apercevraient de sa grossesse, elle craignait de ne pas avoir d'autre solution que de se tuer. Le jeune homme accepta alors de conclure un contrat de mariage avec elle, étant entendu que le jour où l'enfant se mettrait à marcher, chacun d'eux poursuivrait sa route de son côté. Comme les deux jeunes gens vivaient dans une petite localité où tout se savait très vite, la mère du jeune homme fut incapable de supporter une telle situation. De son côté, son père considérait qu'il s'agissait de la vie de son fils et qu'il fallait le laisser libre, mais sa mère ne voulut rien entendre. " je ne veux pas le revoir de son vivant", avait-elle l'habitude de dire. C'est ce qui s epassa. Un jour, alors qu'il circulait à motocyclette avec un ami, leur fils fut tué. Alors sa mère vint me voir, pleine de chagrin et de tristesse. Je lui dis : " Tu as tué ton fils unique. Tu vois combien tes pensées avaient de force. Tu avais dit que tu ne voulais pas le revoir de son vivant, et c'est ce qui t'est arrivé." Souvent, les parents eux-mêmes n'en sont pas conscients, mais nous, qui sommes leurs enfants, sommes tenus de les écouter absolument et c'est ainsi que la bénédiction nous sera accordée. hélas, peu nombreux sont ceux qui respectent leurs parents comme des saints. J'ai beaucoup souffert car j'ai souvent condamné mon père, en pensant qu'il consacrait peu de temps à ses enfants. De telles pensées ont pesé sur mon existence, et j'ai beaucoup souffert à cause d ecela. Pendant l'occupation, j'ai été condamné à mort à deux reprises. Je ne savais pas pourquoi il en avait été ainsi, mais après avoir repris mes esprits, j'ai pu me rendre compte que c'est moi qui avais été à l'origine de tout cela.

Il est tout aussi évident que ceux qui portent en eux un amour indicible se voient ouvrir toutes les portes. même sur les champs de batailles où la vie va disparaître, le Seigneur préserve mystérieusement ceux qui nourrissent de l'amour envers leurs parents, charnels ou spirituels. On voit ainsi que, si nous nous comportions de cette façon, la situation sur cette terre ne serait pas ce qu'elle est. Il nous faut maintenant prier, prier tous, et le Seigneur nous apportera Son aide et nous donnera la force.



Le Seigneur est maître de tous les esprits.

Le Seigneur est maître de tous les esprits. Il a la force et la puissance de transformer chaque individu au point de lui faire reprendre ses esprits; car si le Seigneur ne le réveille pas, qui pourrait le faire, puisque ni son père ni sa mère n'ont été capables de l'amener sur le droit chemin? A l'école, on ne lui a rien appris d'autre que la nécessité de manger et de boire.



Sur les pensées.

Enfant, je réfléchissais beaucoup à propos de tout. je faisais attention à la façon dont les pensées me venaient à l'esprit et aujourd'hui, devenu vieux, je constate que je n'ai pas atteint le niveau de réflexion qui était le mien à l'époue, car c'est le Seigneur Lui-même qui instruit les enfants. Petit, je ne fréquentais pas encore l'école mais j'avais remarqué que mes pensées vagabondaient pendant que les autres enfants étaient en train de jouer. Cela n'était pas une bonne chose, me disais-je, je devais marquer ma présence, être présent par mes pensées, concentré uniquement sur ce que je voyais, mais c'était en vain : mes pensées ne cessaient de s'échapper. Enfant, je réfléchissais à tout cela, mais j'observe maintenant que j'ai vieilli que je n'ai pas atteint mon niveau de l'époque. C'est pourquoi j'ai voulu savoir ce que ressentaient les Saints Pères, qui ont été célébrés par l'Eglise de leur vivant puis après au Ciel.



Réconcilie-toi avec toi-même,

et la terre et le ciel se réconcilieront avec toi.

Je remercie Dieu de m'avoir permis de me retrouver avec des moines russes, ce qui m'a donné l'opportunité de lire les oeuvres des Saints Pères. Saint Isaac le Syrien est un psychologue incomparable parmi les Saints Pères. il a écrit : " Homme, ne renonce pour rien au monde à ta paix intérieure. Préserve cette paix intérieure à tout prix. Réconcilie-toi avec toi-même, et le ciel et la terre se réconcilieront avec toi." Vous voyez la profondeur de cette pensée; je le répète, je n'ai pas été en mesure d'atteindre ce niveau jusqu'à aujourd'hui.



Sans Dieu, même s'aimer soi-même est impossible.

Tous, nous pouvons devenir bons si, de tout notre coeur, nous nous unissons à la Source de vie, à Dieu. Il nous donnera la force de nous aimer et d'aimer nos proches. Sans le Seigneur, nous ne sommes même pas en mesure de nous aimer nous-mêmes. Nombre de personnes tombent souvent dans le désespoir et se révoltent contre leur propre existence, se confisquent leur propre vie, car sans le Seigneur il nous est impossible de nous aimer nous-mêmes, ni a fortiori nos parents ou nos adversaires. Avec le Seigneur, tout devient possible pour nous, car Il est notre force et notre vie. Nous devons faire don de notre coeur à quelqu'un; si nous l'offrons à qui que ce soit sur cette terre, n'importe qui pourra nous blesser. Tous, nous sommes à la recherche de l'amour infini et irremplaçable et d ela paix éternelle, amis qui peut nous offrir cela? Ni le père, ni la mère, ni le frère, ni la soeur ne le peuvent. Tous peuvent nous abandonner, nous mépriser et nous rejeter. Pourquoi? Parce que nous sommes tous limités dans le temps et l'espace et ne cessons de lutter contre des forces existant sous les cieux qui ne cessent de salir nos pensées.



Ne soyons pas des idoles les uns pour les autres.

Chaque fois que nous offrons notre coeur, il est possible que nous connaissions plus tard un sentiment d'abandon, une impression de blessure. Les esprits malins font entrer de mauvaises pensées dans notre amour pur pour Dieu et s'efforcent de nous capturer. Face à l'amour divin qui est infini et englobe tout, nous devenons des êtres partiaux, captifs, attachés non seulement aux êtres vivants mais à une chose inerte qui est sans valeur. Notre coeur est captif de choses terrestres, et si quelqu'un nous le prend, alors notre coeur souffre.

Il faut d'abord aimer Dieu, ensuite ses parents proches et éloignés. Nous ne devons pas être des idoles les uns pour les autres, car telle est la volonté du Seigneur.



L'homme, un microcosme.

Les Saints Pères affirment que notre naissance sur la terre a été autorisée par le Seigneur après la chute, car Dieu a tout créé et Il est le Père de toute la création; Mais, malheureusement, tout a été bouleversé. Notre nature a été bouleversée, car nos ancêtres d'origine étaient immortels. Mais dès que l'homme a connu sa déchéance, la mort est arrivée, le mond ematériel du cosmos a été bouleversé, car Adam avait été créé comme le couronnement d ela création et le maître de l'ensemble de la matière. En tout homme se trouve représenté tout l'ensemble matériel du cosmos ainsi que toutes les forces de nos pensées spirituelles. C'est pourquoi on dit que l'homme est un petit cosmos. Nous devons revenir dans les bras de notre Père et faire en sorte que notre foi grandisse afin que nous y puisions de la force et qu'avec le Seigneur nous voyions Son Royaume.



La perfection de la vie chrétienne, c'est la sérénité absolue.

Les Saints Pères disent : " Tout ce qui est souhaité avec foi, le Seigneur l'accomplit, mais la perfection de la vie chrétienne, c'est la sérénité absolue." Un vieux prohète ajoute : " Qui puis-je regarder sinon les coeurs doux et humbles?" Les humbles et les doux hériteront du Royaume céleste et c'est pourquoi je vous souhaite à tous d'être vous aussi des fils de Lumière pour que nous nous retrouvions tous devant le Seigneur afin de Le célébrer dans les siècles des siècles.



Le paradis et l'enfer correspondent à l'état réel de l'âme.

Voilà que notre planète s'approche d ela fin, tout ce qui s'est passé jusqu'à présent, en particulier en cette brève période, tout s'est écoulé incroyablement vite. Il faut remercier Dieu qu'il en soit ainsi, et que notre vie ne se soit pas passée en vain, que nous n'ayons pas souffert en vain, car le Royaume céleste correspond aussi à un état de notre âme. Nous sommes tantôt au paradis, tantôt en enfer. Quand nous sommes de mauvaise humeur, l'enfer règne en nous et nous ne trouvons ni la paix ni le repos; mais quand la joie envahit notre coeur, alors nous nous sentons comme au paradis. C'est pourquoi il nous faut sans cesse faire des efforts dans nos prières. Peu nombreux sur terre sont ceux qui bénéficient d'un état d egrâce gratuit (3). Je me suis beaucoup intéressé au fait de savoir ce que ressentaient les Saints Pères au cours de leur vie et comment ils réussissaient à préserver jusqu'au bout un tel état d egrâce gratuit.

(3) : ( Cette expression, qui revient souvent dans la bouche du starets, ne désigne pas une grâce obtenue sans effort ( les lignes précédentes contredisent une telle interprétation), mais la plénitude de la grâce donnée par le Saint-Esprit, bien au-delà de la mesure des mérites ou des efforts ou de la dignité de l'homme, non comme une récompense mais comme une effusion de l'amour divin, à certains moments inattendus et pour un temps seulement. ( NdEF).).



Nous sommes tantôt réconfortés, tantôt en conflit et en guerre, mais un tout petit nombre bénéficie d'un état de grâce gratuit.

Les Saints Pères disent qu'un tel état ne s eretrouve que chez ceux qui ont beaucoup péché au cours de leur existence et ont accuulé une grande expérience de la vie; après avoir décidé de se tourner vers le Seigneur, ils n'ont plus regardé ailleurs et se sont dirigés directement vers le Seigneur. Sainte Marie l'Egyptienne et d enombreux autres ( pareils à elle), une fois leur décision prise de se tourner vers le Seigneur, sont resté éternellement à Ses côtés. Nous n'avons pas encore atteint un tel niveau, quelque chose continue de nous attirer sur cette terre. Nous sommes tantôt réconfortés, tantôt en conflit et en guerre, mais un tout petit nombre bénéficie d'un état de grâce gratuit. J'ai été très étonné de voir que peu de moine sbénéficient d'un état d egrâce gratuit, alors qu'un tel état a été accordé à quelques laïcs ordinaires.



L'état de paix et de joie indicibles.

Voilà de nombreuses années que je reçois la visite d'un jeune homme originaire de Banja Luka (4)

(4) : ( En Bosnie-Herzégovine)

qui s'intéresse à la prière mentale de Jésus. Il y a quelque temps, il a enseigné cette prière à l'un de ses amis, marié et père d efamille. J'ai été surpris quand cet ami vint me voir pour me dire que son coeur ne cessait pas de prier et que cette prière se poursuivait ainsi sans interruption en lui. Ce jeune homme était complètement illuminé de joie et tout rempli de grâce indicible. Il s'enétait remis à Dieu en compagnie de sa femme et de ses enfants et bénéficiait d'un état de grâce gratuit. L'ami qui lui avait fait découvrir la prière de Jésus ne bénéficiait pas d'une telle grâce, bien qu'il ait eu une expérience plus longue de la prière que lui-même. Cela signifie que le Seigneur regarde dans nos coeurs et quand nous nous tournons vers Lui de tout notre coeur. Il nous apporte aussitôt Son réconfort. Seuls ceux qui ont bénéficié de l'état de grâce gratuit, sont en mesure de connaître l'état des anges et des saints. Les autres ne peuvent pas le savoir. Nous prions Dieu et cela est bon, nous faisons des efforts, mais les personnes qui n'ont pas bénéficié d'un état de grâce gratuit ne sont pas en mesure de comprendre la situation des anges et des saints, car cela n'est pas explicable avec des mots. Il s'agit d'un état de paix zt de joie indicibles. On sait ce qu'on a été auparavant, quand on se mettait en colère, mais le sentiment de colère s'est maintenant évanoui. Il n'existe plus d'homme en mesure de t'offenser, aucune pensée négative ne saurait plus t'atteindre, car tu es dorénavant entouré, dirigé par le Saint-Esprit. On est alors capable de comprendre la situation où s etrouvait la Très Sainte Mère de Dieu qui, de l'époque de sa grossesse jusqu'à la fin de sa vie terrestre puis dans l'éternité, est restée sous la protection de la grâce divine.

Saint Denys l'Aréopagite, disciple de saint Paul, avait le désir de voir la Sainte Mère. A son arrivée à Jérusalem, on l'introduisit dans la chambre où s etrouvait la Très Sainte Mère; frappé tout à coup par un sentiment de paix et de joie, il s'écria : " Si je ne savais pas en vérité que Dieu existe, la Très Sainte Mère de Dieu serait Dieu pour moi." C'est pourquoi le Seigneur a confié, en signe de réconfort, Sa Très Sainte Mère aux apôtres, qui étaient pourchassés de tous côtés. Elle fut d'un grand réconfort pour eux, car elle répand la paix et la joie divines tout autour d'elle. Aussi devons-nous prier de tout notre coeur et avec ferveur pour que le Seigneur nous accorde Sa grâce, ce qui nous permettra de sentir à quoi ressemble l'état des anges et des saints, et nul ne pourra plus nous offenser. Aimez tout le monde et vous aurez une paix indicible, une joie indicible et impossible à décrire par des mots. Je vous adresse mes meilleurs souhaits à tous ainsi que la paix et la joie du Seigneur.



Nous sommes en éta de guerre spirituelle...

La vie sur cette terre est un combat physique et spirituel incessant. Ce combat se déroule d'abord en pensées puis, quand on est à court d'arguments intellectuels, commence le règlement de comptes physique... Notre devoir est de lutter pour la foi sur cette terre, car nous sommes les nefants de nos parents disparus, et nos adversaires, qui sont des forces agissant sur la pensée, ne cessent de nous détourner du droit chemin. Notre adversaire enseigne aux petits enfants à s'insurger contre leurs parents. Cet adversaire sait bien que, si les enfants prennent l'habitude de se dresser dès leur plus jeune âge contre leurs parents, il lui sera facile de les manipuler plus tard, quand ils seront devenus adultes, et qu'ils lui appartiendront ainsi toute leur vie durant.

Récemment j'ai eu la visite d'un couple de parents venus avec leur fille, âgée de dix ou douze ans. Les parents demandèrent à leur fille de raconter son histoire. Elle me dit : " J'aime mon père et ma mère, car ils m'aiment beaucoup. Je les aime beaucoup mais ne sais pourquoi mon esprit est envahi sans cesse par l'idée de me dresser contre mes parents et de ne pas les écouter, bien que je ne veuille pas le faire. Je souhaite obéir à mon père et à ma mère, mais ne parviens pas à trouver la paix."

Vous voyez ce que les esprits malins sont capables de faire! Aussi nous faut-il sans cesse fortifier notre foi, mais les forces qui tournoient sous le ciel ne cessent de troubler nos pensées. Un ascète fut ainsi torturé pendant douze années par la pensée que Dieu n'existait pas. Cet ermite pratiquait son ascèse dans la solitude, mais cette pensée ne cessait de le torturer; pendant douze ans, il lutta contre les esprits déchus, mais le Seigneur savait pourquoi il était nécessaire que ces pensées l'assaillent nuit et jour et Il lui permit donc de poursuivre cette lutte.

Entre le bien et le mal se déroule une guerre, une lutte. Notre souhait est de devenir bons, mais des esprits en action sous les cieux ne veulent pas que nous puissions avoir une seule caractéristique bonne, mais seulement des particularités négatives. C'est pourquoi nous sommes en conflit permanent. Nous ne pouvons ( avec nos seules forces) mener un tel combat, mais le Seigneur est notre guerrier, notre protecteur; nous ne pouvons que solliciter en toute sincérité l'aide du Seigneur, et le Seigneur viendra à notre secours.

Un jour où je me trouvais dans une situation difficile, j'eus une vision : le Seigneur me dit de me placer sous la protection de Sa Très Sainte Mère, car elle était la patronne des moines. C'est la raison pour laquelle il nous fait combattre, car il s'agit d'un conflit où les pensées s'affrontent. Notre guerre en pensées n'est pas "contra la chair et le sang", mais contre les esprits agissant sous les cieux. L'apôtre Paul a dit : " J'ai mené une guerre juste, j'ai gardé la foi."

Aussi nous faut-il toujours appartenir au Seigneur et à Sa Très Sainte Mère. Il nous faut prier le Seigneur de consentir à ce que nous L'aimions comme L'ont aimé Sa Très Sainte Mère, les anges et les saints. La force et la puissance du Seigneur nous aideront à nous élever à un tel niveau. Son souhait est de nous voir ainsi et de rester dans les siècles des siècles et à travers toutes les phases de l'éternité dans Son amour et dans Ses bras. C'est pourquoi je te souhaite, cher enfant, d eprier ainsi le Seigneur et que le Seigneur consente à ce que tu L'aimes aussi intensément que Sa Très Sainte Mère, les anges et les saints. Alors tu ressentiras la paix et la joie en ton coeur, car tu as offert ton coeur à Celui qui est éternel, qui est en mesure de procurer un amour infini et une paix sans limites.



Il nous reste maintenant à nous efforcer d'être meilleurs.

Il existe beaucoup de choses que nous ne connaissons pas et que le Seigneur nous révèle; il nous reste maintenant à nous efforcer d'être meilleurs.





VI

LA PAIX ET LA JOIE : LES PLUS GRANDES RICHESSES *



(*) : (L'homélie et les enseignements prononcés par l'Ancien Thaddée le 31 janvier 1998 dans la salle du cinéma Shoumadija, à Belgrade, ont été transcrits par Ivan Markovic et publiés sous le titre "Se repentir, c'est changer de vie" dans la revue Svetigora, 75-77, 1998 p. 34-37).



"Le Seigneur nous commande d'aider nos adversaires non à cause d'eux, mais à cause de nous-mêmes. Tant que nous conservons en nous le souvenir des offenses infligées par des adversaires, parents ou proches, nous n'avons pas de paix ni de repos. Il faut nous libérer de cela, ce qui signifie qu'il faut tout pardonner de tout notre coeur. Quand on a pardonné de tout son coeur, c'est comme si rien ne s'était produit. Tout a été pardonné. Ce n'est qu'alors que nous retrouvons la paix. Et cette paix ne suscite pas seulement un sentiment de bien-être, joie et réconfort en nous-mêmes, mais également auprès de tous ceux à qui nous transmettons des pensées pleines de paix, de douceur, d'amour et de bonté", dit le starets Thaddée.

Les paroles de vérité se propagent toujours de façon étonnante. Ceux qui ont eu la chance de voir le starets Thaddée, qui est notre plus grand spirituel vivant, comprendront totalement ce qu'on vient d ementionner. Ce 31 janvier 1998, une cohue indescriptible régnait dans la petite salle de l'université ouvrière de Banovo Brdo ( quartier de Belgrade) où sa conférence devait avoir lieu. La foule arrivait par vagues et il était évident qu'il serait impossible de pénétrer dans le couloir, et encore moins de s'approcher de la salle. Plusieurs journalistes belgradois n'avaient pas réussi à se frayer leur chemin. Tous s'attendaient à vivre un moment extraordinaire et à avoir le privilège de voir et d'entendre le starets Thaddée qui avait accepté de venir s'adresser à tous ceux, très nombreux, qui étaient venus en quête de ses conseils... Et un miracle se produisit : tout à coup, on apprit que le directeur d'une salle de cinéma voisine avait décidé de supprimer la projection de film prévue ce soir-là et de mettre sa salle à la disposition de l'assistance très nombreuse venue écouter le starets Thaddée. Soudain, on vit s'éclairer les visages de ceux qui attendaient dans le couloir et ceux qui étaient arrivés les derniers purent occuper les premières places dans la salle de cinéma.

Le starets Thaddée se présenta alors sur l'estrade, en compagnie d'un prêtre. Il s'assit, ferma les yeux et se mit à prier, le visage pur et grave, mais empreint d'une grande douceur La foule qui avait rempli non seulement tous les sièges, les balcons et les loges, mais aussi toutes les travées ainsi que le moindre recoin de cette grande salle de cinéma, n'avait nul besoin qu'on lui demandât de faire silence, car tous les sens étaient tendus et toutes les respirations étaient suspendues dans l'attente du moment où le saint starets allait se mettre à parler:



Paix et joie à tous de la part du Seigneur! La paix et la joie sont en effet nos plus grandes richesses, dans ce monde et dans l'autre. Nous y aspirons tous. Nous pouvons posséder beaucoup de choses, ici sur cette terre, tout ce que nous souhaitons, mais si nous n'avons pas la paix, tout cela ne nous sert à rien. Or la paix provient de la Source de vie, du Seigneur. Au moment de s'adresser à Ses disciples, qui avaient fermé les portes par peur des Juifs, le Seigneur leur dit avant tout : " Que la paix soit avec vous." Moi aussi, je vous souhaite à tous que la paix et la joie du Seigneur soeint avec vous! Le Seigneur nous accordera Sa paix si nous modifions notre façon de penser et si nous nous tournons vers le Bien absolu. Le Bien absolu, c'est le Seigneur Dieu. Son souhait est que Ses enfants possèdent Sa caractéristique divine. L'humilité, l'humilité extrême, telle est la perfection de la vie chrétienne. L'humilité est une caractéristique divine. Là où règne la sérénité, dans une famille ou dans la société, où que ce soit, elle dégage toujours la paix de Dieu et la joie.

Tout ce qui se manifeste sur cette terre, toutes les bonnes choses comme tout ce qui est négatif, tout provient de la pensée. Il nous faut donc faire beaucoup d'efforts, car nous sommes en fait un appareil à réfléchir qui propage des pensées, des rayons de pensées par lesquels nous exerçons de l'influence sur tous les êtres pensants, sur le monde animal et l'univers des plantes ( celles-ci disposent aussi d'une sorte de système nerveux), et tous attendent que nous leur apportions paix, réconfort et amour.



Qu'est-ce que le repentir?

Se repentir, c'est changer de vie. Il est nécessaire que l'on se rende auprès d'un prêtre afin de se confesser, ou bien que l'on aille voir un proche afin de lui dire qu'une pensée vous tourmente et vous empêche d'avoir la paix. La confession faite, on se sent aussitôt soulagé. Car nous avons été créés par le Seigneur pour avoir de l'influence les uns sur les autres. Aussitôt que des gens proches ont pris part à nos souffrances, nous retrouvons de la force et du réconfort; Se repentir, c'est changer de vie. Il nous faut changer de façon de penser, car la vie nous a beaucoup meurtris. Nous voyons de nos jours que non seulement notre peuple, mais le monde entier souffre à cause de cela. Or, il est possible, à condition que nous nous tournions vers la Source de la vie - Dieu, qu'Il nous donne la force et le pouvoir de conforter en nous des pensées généreuses, paisibles, toutes de bonté et d'amour. Alors se manifestera en vérité la sincérité de notre repentir. Car les bonnes pensées, les bonnes intentions et l'amour apportent la paix et la joie partout.

Se repentir signifie se tourner complètement vers le Bien absolu, de tout son coeur, de tous ses sentiments, de toutes ses pensées, de tout son être; c'est s'unir d'un amour indissoluble à son Père, au Créateur. Aussi nous faut-il être sans cesse en prière et prier sans cesse la Très Sainte Mère de Dieu d'intercéder pour nous, faibles et impuissants, et demander aux anges et aux saints de nous aider afin que le Seigneur nous donne la force et le pouvoir de L'aimer aussi intensément qu'Il est aimé par la Très Sainte Mère de Dieu, les anges et les saints. C'est ainsi que nous accéderons à la béatitude, ici sur terre et dans l'éternité. Car Dieu est amour, paix et joie qui exauce les souhaits de chacune de Ses créatures qui le Lui demande de tout son coeur.



Il faut pardonner de tout son coeur.

Nous devons donc nous transformer, si nous souhaitons faire du bien à nous-mêmes et à nos proches. Nos pensées n'exercent pas seulement une influence sur nous-mêmes, mais aussi sur tout ce qui nous entoure. Aussi faut-il qu'émanent toujours des pensées bonnes, paisibles et douces. Or, le Seigneur nous recommande d'aimer nos adversaires non à cause d'eux, mais à cause de nous-mêmes. Tant que nous conservons en nous le souvenir des offenses infligées par des adversaires, parents ou proches, nous n'avons ni paix ni repos en nous. Il faut nous libérer de cela. Il faut donc tout pardonner, de tout son coeur. Quand on a tout pardonné de tout son coeur, c'est comme si rien ne s'était produit. Cela signifie que tout a été pardonné. Ce n'est qu'à ce moment-là que nous devenons des acteurs de paix. Cette paix non seulement suscite en nous un sentiment de béatitude, de joie et de réconfort, mais elle exerce une influence positive sur tous ceux à qui nous communiquons nos pensées, paisibles, douces et pleines d'amour et de bonté. Tous ressentent cela. Prenons par exemple le cas d'un chef de famille très préoccupé par ses soucis à propos de l'avenir de sa famille : tous les membres de la famille se sentent concernés par ces soucis. Même les enfants en bas âge, qui n'ont pas encore conscience des problèmes de la vie, perdent toute insouciance car le chef de la famille est préoccupé. Aussi faut-il que nous tous, en particulier ceux qui ont charge de famille, se remettent complètement au Seigneur et Le prient de leur donner le réconfort et la force de leur faire comprendre que Dieu est Tout-puissant et que, en implorant Son aide de tout leur coeur, ils seront exaucés. Lorsque nous en aurons totalement acquis la conviction, alors le Seigneur nous apportera Son réconfort. Si nous avons commis un péché envers nos parents terrestres ou si nous avons refusé de les écouter, et que nous implorons leur aide de tout notre coeur, ils le ressentent et sont prêts à dégeler aussitôt leur coeur de parents et à nous faire du bien, conformément à nos prières.

Aussi faut-il que, tous, nous apprenions que notre devoir est de tout pardonner de tout notre coeur.



Afin d'acquérir la paix, il faut apaiser sa conscience.

Nombre de gens s'adressent à moi en me disant qu'ils sont incapables de conserver leur paix intérieure. Or, cette paix intérieure ne peut être conservée tant que notre conscience est torturée par quelque chose. Il nous faut donc apaiser notre conscience. C'est la condition nécessaire pour que le Seigneur S'intéresse à nous et nous accorde Sa clémence, qui est une force divine qui agit partout, notamment auprès des âmes qui recherchent la Source de vie de tout leur coeur, qui sont en quête du Seigneur. Par la voix d'un ancien prophète, le Seigneur a dit : " Fils, donne-moi ton coeur!", car la même paix règne partout, qui corresponde à la paix divine qui est semée dans toutes les âmes et qui apporte le réconfort à toutes les âmes.



Dieu est le seul qui répond à tout ce que l'âme humaine désire.

Notre Seigneur est la seule source de consolation pour les anges, le monde et toute âme qui Le recherche de tout son coeur; Il est le seul dans l'éternité. Nous pouvons chercher à nous consoler sur cette terre, auprès de nos proches, mais tout cela est limité, car nous sommes des êtres créés, limités dans le temps et l'espace, et il nous est impossible de viser à l'éternité. Dieu est le seul qui répond à tout ce que l'âme humaine désire. Quoique nous soyons des êtres créés de façon limitée, nous recherchons l'éternité, et cette éternité - c'est-à-dire la joie éternelle, la vie éternelle, toutes choses disponibles éternellement - nul sur terre, parmi nos proches, les plus intimes et les plus altruistes, n'est en mesure de nous l'offrir. Pourquoi? Parce que nous sommes des êtres limités et que nous sommes tous engagés dans une lutte, un affrontement de pensées. Les esprits déchus, en effet, se trouvent pleins de jalousie et de maléfices et sont en conflit avec tout le monde. Dieu assiste à ce combat dans lequel nous sommes engagés et attend de savoir si nous Lui demanderons de tout notre coeur de venir nous aider. Il est prêt à nous soutenir immédiatement. mais sur cette terre il existe peu d'exemples susceptibles de nous servir de référence. Il nous est possible d'entendre d enombreux discours, d'écouter des récits sur de beaux exemples de vie et de règles à suivre, ainsi que des conseils sur la façon d'aider ses proches à acquérir la paix et la joie. mais la question est de savoir si nous serons capables d'appliquer tout cela dans notre existence. Il en va différemment quand nous avons un exemple réel devant nous, une personne paisible, douce, pleine d'amour, qui ne se sent jamais offensée, qui pardonne tout et se réjouit de tout. Quand nous le rencontrons dans la vie, un tel exemple nous marque à jamais : nous aussi, nous souhaitons alors acquérir une telle paix.



Dieu est paix, Dieu est consolation et joie pour tous.

La vie sur terre se manifeste par des pensées. Notre vie est à l'image de nos pensées. Si nos pensées sont paisibles, douces, pleines d'amour et de bonté, nous serons en paix, mais si nos pensées sont négatives, alors nous n'aurons pas de paix. Comme nous sommes de toutes petites unités, nous devons sans relâche chercher de l'aide auprès de notre Père, afin qu'Il nous donne des forces, qu'Il nous accorde Ses bienfaits et l'énergie divine qui est à l'oeuvre partout, en particulier dans les âmes qui ont choisi, en vérité, de servir le Seigneur de tout leur être dans ce monde et dans les siècles des siècles. Car Dieu est amour, Dieu est consolation et joie pour tous. C'est pourquoi je vous souhaite à tous d'obtenir la paix et la joie du Seigneur.

Dans l'époque schizophrénique où nous vivons, rien ne nous importe plus que d'avoir la paix dans les coeurs et les têtes, la paix du Seigneur. Cette paix qui rendait modestes tous nos Anciens pleins de sagesse et de sainteté qui ne permettaient pas que les gens s'adressent à eux comme à des divinités ou à des idoles. C'est là la grande différence entre ces véritables pères spirituels des temps anciens et les "visionnaires " à la mode de nos jours.

Sans se départir de la douceur et de la tendresse qui s'exprimaient sur son visage, le starets Thaddée attendait patiemment que l'assistance lui transmette ses questions sur de petits bouts de papier.



"Comment ne pas commettre de péché à l'égard de parents qui s'opposent à l'Eglise et blasphèment, allant même jusqu'à renier leurs propres enfants?"

Les parents disposent d'un grand pouvoir sur les enfants. Bonne ou mauvaise, leur attitude envers leurs enfants relève de leur propre responsabilité, et ils en répondront devant Dieu.

De nombreux délits sont commis dans le monde du fait de l'irrespect manifesté vis-à-vis du Père céleste et des parents terrestres. Quand j'étais jeune, je n'avais pas compris cela. Doué d'une nature hypersensible, j'avais l'impression que mon père auarit dû faire davantage pour ses enfants. J'étais son fils aîné ( je suis né en 1914). Ces pensées ont beaucoup pesé dans mon existence; je n'aurais pas dû avoir de tels sentiments à l'égard de mon père.

Nous devons implorer la Très Sainte Mère de Dieu de nous donner la force et la capacité d'aimer nos parents, et toutes nos difficultés dans la vie disparaîtront. le Seigneur nous ouvrira la voie et accordera ce qu'il y a de meilleur pour les enfants. Le Seigneur est grand et bon et Il nous pardonnera tout. Quels que soient nos parents, nous devons les aimer. en effet, si nos pensées sont bonnes, elles influenceront nos parents. Nous devons nourrir de bonnes pensées à l'égard de tout le monde. Si nous nous querellons avec nos parents ou nos professeurs, l'enfer s'installera dans notre esprit. Mais si nous éprouvons de la sympathie envers nos professeurs, ils nous poseront des questions faciles, vous verrez, c'est arrivé à beaucoup. Offenser ses parents est un acte lourd de conséquences : un tel comportement peut avoir des répercussions néfastes sur notre existence.



Comment acquérir la paix intérieure?

Les Saints Pères disent qu'il est impossible d'acquérir la paix tout en étant rempli de jalousie et de méchanceté. Ce sont des caractéristiques démoniaques. Si on réussit à s'en libérer, une vie heureuse devient possible. Il faut prier le Seigneur, car Il est le seul à pouvoir changer l'état de notre âme. Mieux vaut subir une injustice que de l'infliger. En effet, en subissant une injustice nous conservons notre paix intérieure; en revanche, si nous infligeons une injustice, tôt ou tard, notre conscience mettra fin à notre paix intérieure.



Comment faut-il se préparer pour la Sainte Communion?

La Sainte Eglise a prescrit des régles pour se préparer pour la Sainte Communion. L'essentiel est de préparer son coeur, pour que l'homme s'unisse au Seigneur. Le jeûne est nécessaire pour apaiser le corps; quand celui-ci est apaisé, l'âme l'est aussi. Cela signifie qu'il faut préparer, en toute humilité et modestie, son coeur pour le Seigneur, pour qu'il s'unisse au Seigneur. L'Eglise a prescrit les règles à observer pendant le jeûne. Chasue prêtre de paroisse, chaque membre du clergé, doit être en paix avec ses proches. Comment pourrions-nous approcher de la Sainte Communion si nous ne supportons pas quelqu'un, alors que nous sommes tous les enfants de Dieu?

Le jeûne sert à apaiser le coeur. Les Saints Pères disent que celui qui n'est pas discipliné jepune en vain et prie en vain le Seigneur. Faire preuve de discipline est plus important que le jeûne ou la prière. Dans ma jeunesse, je n'avais pas compris cette recommandation des Saints Pères. Plus tard, je compris la pertinence de cette remarque. Bien entendu, celui qui ne parvient pas à trouver la paix et à purifier son coeur de tous ses mauvais penchants jeûne en vain. Il peut ne pas absorber d enourriture, mais à quoi cela lui sert-il s'il n'accueille pas le Seigneur dans son coeur? le Seigneur est tout amour, paix et joie. C'est pourquoi il convient de préparer son coeur. Si nous préparons notre coeur à être humble, modeste et plein d'amour, alors nous aurons l'âme et le corps en bonne santé! Mais si cela nous manque, nous recevrons la Sainte Communion comme une condamnation pour nos actes, et non comme le salut pour notre âme. Aussi convient-il de prier sans cesse : " Que la participation à Tes saints Mystères, Seigneur, ne me soit ni jugement, ni condamnation, mais la guérison de mon âme et d emon corps. Amen (5)."

(5) : ( Extrait des prières avant la Communion).



Que penser des visites touristiques dans les monastères?

Les gens font fausse route quand ils ne s'intéressent aux monastères qu'en tant que monuments architecturaux. En revanche ceux qui cherchent à voir de vieilles fresques pour permettre ainsi à leur esprit d'acquérir la paix et la sérénité reviendront chez eux l'âme pleine de joie. Même ceux qui veulent simplement savoir si telle église date du XI° ou du XII° siècle, repartiront, s'ils sont pieux, l'âme pleine de joie. Mais ceux qui se contentent de passer, reviendront chez eux l'esprit vide.



Que faire pour se protéger des adeptes de la magie noire?

La magie agit là où il n'y a pas de prière et où n'existe pas une foi ferme dans le Seigneur. En revanche, la magie est impuissante à l'encontre des croyants ayant une foi ferme dans le Seigneur. Un jour, je reçus la visite d'une jeune femme qui venait d'achever des études en sciences politiques, tout en étant profondément religieuse. Elle avait épousé un médecin qui avait déjà été marié; son épouse précédente l'avait quitté au bout d'un mois de mariage. Ce médecin avait un frère aîné, lui aussi médecin, qui s'était marié à trois reprises et que ses trois épouses avaient quitté; il avait ensuite renoncé à s emarier. La mère de ces deux hommes était également médecin, professeur à la faculté de médecine; mais elle s'adonnait à la magie noire. Elle vivait avec sa soeur et ne voyait que rarement ses fils. Un jour, cependant, elle vint, d'assez mauvaise humeur, voir son fils cadet et dit à sa belle-fille : " J'ai réussi à chasser l'épouse précédente d emon fils au bout d'un mois, mais je n'arrive pas à faire quoi que ce soit avec toi." Or, cette jeune femme était profondément religieuse et toutes les tentatives de magie noire faites par sa belle-mère retsaient vaines. Elle avit pourtant essayé d'amener des esprits maléfiques à perturber la vie de sa belle-fille et à la pousser à quitter son fils. Cependant, ceux-ci s'avérèrent incapables de s'approcher de sa belle-fille, car cette dernière, profondément soumise au Seigneur, savait que Celui-ci était son protecteur et que les esprits maléfiques ne pouvaient rien contre elle. Et comme le diable ne pouvait rien lui faire, il se replia alors sur sa belle-mère. ayant perdu toute raison, elle en vint à se demander si son fils éprouvait de l'amour pour le petit enfant que son épouse venait de lui donner; elle s'efforça même de faire des manigances pour que son fils se mette à haïr à la fois son épouse et son bébé.

Un jour, ce médecin rentra chez lui en pleurs et dit à s afemme : "Je dois t'avouer que je n'ai pas beaucoup de plaisir à revenir à la maison. Je sais pourtant que c'est ma mère qui manigance tout cela, mais qu'y puis-je?!" Sa mère ne lui avait pas appris à prier Dieu et la magie avait fini par avoir de l'effet sur lui; en revanche, son épouse en était restée immunisée. On voit ainsi tout ce que signifie la prière. Les pratiques magiques ont beau essayer d'agir, elles sont sans effet devant une foi ferme dans le Seigneur. Mais quand ses tours s'avèrent impuissants, le démon essaie de revenir pour se venger de celui qui s'est livré sans succès à la magie noire.



Que penser de la crémation?

Brûler les corps des défunts n'est pas un acte chrétien. C'est pourtant quelque chose qui s epratique de nos jours. Le corps humain, s'il s'agit d'une existence chrétienne, a été baptisé dans le Saint-Esprit et un tel corps ne saurait être brûlé. Le Seigneur n'a pas créé notre corps afin qu'il soit brûlé, mais Il a conçu un dessein, en vigueur depuis notre aïeul Adam jusqu'à nos jours, qui est de règle quand l'âme quitte le corps et qui veut que la terre doit retourner à la terre, que le corps doit être inhumé dans le sol et non être incinéré, car il ne s'agit pas d'un acte chrétien.



Les femmes ayant procédé à plusieurs interruptions de grossesse peuvent-elles, en cas de repentir sincère, obtenir le pardon du Seigneur? Et comment?

Les femmes qui détruisent le fruit de leurs entrailles commettent un grand péché. elles détruisent ainsi une vie, car Dieu est Celui qui donne la vie et qui est à l'origine du fruit semé dans les entrailles. Il donne la vie à l'enfant, et une telle mère la détruit. Celle-ci a besoin de se repentir très sincèrement et du fond de son âme pour que sa personnalité se transforme et qu'elle ne commette plus jamais de tels péchés. Car son acte équivaut à un assassinat. On sait qu'aucun animal existant sur terre ne tue ses petits. Seul un être soi-disant sensé peut tuer son enfant. Il s'agit d'un grand péché, et si une telle femme ne se repent pas du fond de son âme pour un tel acte, elle sera condamnée pour assassinat. Cependant il n'existe pas de péché impardonnable, à l'exception du péché de non-repentir. Mais un repentir très sincère est nécessaire afin qu'un tel acte ne soit plus jamais commis.

L'interruption de grossesse correspond à un grand péché au sein de notre peuple. Des villages entiers ont ainsi disparu.



Que penser des âmes des défunts?

On ne doit pas se lamenter au sujet des morts. Ils sont partis auprès du Seigneur, et les lamentations ne leur seront d'aucune aide...

Il ne faut pas se lamenter, mais il faut lutter pour que ses plus proches se voient accorder par le Seigneur de pénétrer dans les demeures célestes. C'est cela qui est demandé. En revanche, on ne peut rien obtenir par la tristesse. On porte atteinte à sa santé; la tristesse porte atteinte à la paix d el'âme reçue du Seigneur. Aussi faut-il s'adonner à la prière et prier notamment pour ses proches. Mais il ne faut pas se lamenter. En effet, se lamenter au sujet de proches qui ont rejoint le Seigneur n'est pas une attitude chrétienne - c'est un comportement païen. Au cours de notre existence terrestre, nous nous préparons pour la vie éternelle. Il nous faut être reconnaissants à Dieu pour ceux que le Seigneur appelle auprès de Lui.

Si nos chers défunts ne se sont pas repentis à temps, nous devons prier le Seigneur de tout notre coeur afin qu'Il leur pardonne leurs péchés, car il n'existe pas de péché qui ne puisse être pardonné, à l'exception du péché de non-repentir. S'agissant de nos proches qui ne se sont pas repentis, nous devosn accomplir de bonnes actions en leur mémoire et pour le repos de leur âme, car de tels actes sont pris en considération par Dieu.

Seul le Seigneur est en mesure de libérer l'âme des chaînes qui enferment ses pensées, dont elle est devenue prisonnière dans la vie terrestre et avec lesquelles elle s'est transportée dans l'éternité. Seul Dieu peut libérer une telle âme. C'est pourquoi, mes biens-aimés, il vous faut prier pour vos proches. Le plus que nous pouvons faire pour nos chers disparus est de prier Dieu pour le repos de leurs âmes et là où on célèbre chaque jour la sainte Liturgie, donner leurs noms aux prêtres pour qu'ils prient pour le repos de leurs âmes.

Un jour, quelqu'un demanda au saint évêque Nicolas (Velimirovic) "si le salut existait pour ceux qui ne se sont pas repentis au cours de leur existence et qui ont ainsi rejoint l'éternité?" Il répondit : " Oui, s'il existe quelqu'un pour prier pour eux au cours de quarante Liturgies et si (compte tenu des possibilités) il est en mesure de faire des dons afin de continuer à célébrer des Liturgies." Car la Liturgie correspond au sacrifice du Golgotha. Au cours de la Liturgie, le Seigneur s'offre en sacrifice. Après avoir communié, le célébrant dit : " Lave, Seigneur, par Ton sang précieux et les prières de Tes saints, les péchés de ceux dont il a été fait mémoire ici."

On voit ainsi qu'il s'agit d'une prière très élevée, correspondant au plus grand sacrifice qui puisse être fait pour nos chers disparus qui sont allés auprès du Seigneur.





VII

ITINERAIRE MONASTIQUE DU STARETS THADDEE *



Père Archimandrite, pouvez-vous nous dire ce qui vous a poussé à vous diriger vers la vie monastique et comment s'est écoulé le temps passé entre votre entrée au monastère et aujourd'hui?



A l'âge de quinze-seiez ans, j'ai été victime d'un fort refroidissement. J'ai fini par attraper une inflammation de la plèvre, ce qui a nécessité une hospitalisation. Au bout de trois mois et demi de traitement à l'hôpital, mon état ne s'était pas amélioré.

Ayant toujours été végétarien, je n'ai jamais été en mesure d'absorber de la nourriture grasse ou des fritures, y compris du lait ou des oeufs, de sorte que l'inflammation des poumons fut une épreuve difficile pour moi. Un groupe de médecins se réunit pour statuer sur mon sort, qui décida de m'appliquer une thérapie spéciale : le recours à un pneumo-thorax. Il s'agissait de remplir le poumon droit avec de l'oxygène mélangé à divers médicaments. Ceux qui avaient subi ce type de thérapie me dirent que c'était un procédé très difficile, que même des gens plutôt résistants n'avaient pu supporter; je dis alors aux médecins que j'étais d'accord pour subir une autre thérapie, mais que je n'acceptais pas de me voir appliquer cette thérapie spécifique. Ils s emirent en colère en me disant : " Ce n'est pas toi qui va nous apprendre à te soigner. Demain matin, nous t'attendons dans le service antituberculeux afin de commencer à recevoir le traitement prévu!"

Je songeai alors qu'il me serait très difficile de me présenter le lendemain matin à l'hôpital. Je demandai aux médecins : " Combien d etemps pourrais-je vivre sans avoir subi votre thérapie?" Une doctoresse me dit alors : " Si tu te conformes à nos conseils, il est possible que tu guérisses; si tel n'est pas le cas, le plus que tu puisses espérer est de vivre encore cinq ans." Cela signifie, pensais-je, que les médecins ne sont pas sûrs de me voir guérir grâce à cette thérapie. Je me mis en paix avec mon état physique et pris la décision de me mettre au service de Dieu durant ces cinq ans. Cependant un nouveau problème se fit jour. Mes parents en effet n'étaient pas d'accord avec ma décision.

Ma décision intérieure ne me laissa pas en paix et c'est ainsi que, contre la volonté de mes parents, je me rendis au monastère de Gornjak. J'y arrivai en fin d'après-midi, alors que l'higoumène sortait del'église à l'issue du service des vêpres. Il m'accorda un entretien au cours duquel je lui fis part de ma décision de me consacrer au service de Dieu et lui expliquai comment j'imaginais la vie monastique. A nos côtés se trouvait un moine d'origine russe. Je ne me souviens plus exactement de ce que je dis au père supérieur mais le lendemain matin, avant le service liturgique, je vis que ce moine était en train d'apporter à l'église les prosphores, du vin et d el'eau, qu'il alla déposer à l'autel. Quand il en revint, il me dit : " J'ai écouté ce dont tu as parlé avec l'higoumène et la façon dont tu imagines la vie monastique. La façon dont tu envisages les choses, tu ne pourras la trouver dans aucun de nos monastères. Une telle organisation n'existe que chez les Russes, au monastère de Miljkovo. C'est là que se sont rassemblés des Russes réfugiés du monastère de Valaam en Finlande."

Quand en 1924 le monastère de Valaam fut dévolu à la Finlande, dont l'Eglise se trouvait sous la juridiction du patriarcat de Constantinople, il fut forcé d'adopter le nouveau calendrier. Les moines qui refusaient d'adopter le nouveau calendrier furent chassés; ils s'organisèrent ensuite entre eux et s emirent en quête d'un autre patriarcat prêt à les accueillir. Ils firent une requête en ce sens auprès de l'Eglise serbe, qui les accueillit et les répartit entre divers monastères. C'est ainsi que des moines russes arrivèrent au monastère de Miljkovo et y introduisirent les mêmes règles de vie qu'au monastère de Valaam.

" Tu dois partir maintenant, me dit le moine, tu y trouveras ce que ton âme recherche." "Accepteront-ils de me recevoir?", demandai-je à mon interlocuteur. " Oui", me dit-il. Je partis aussitôt au monastère de Miljkovo.

Près du portail de ce monastère, je rencontrai un novice et lui demandai : "Est-ce que l'higoumène est là? - Oui. - Pourrais-tu me conduire auprès de lui? " L'higoumène ( il s'agissait de l'archimandrite Ambroise) se trouvait derrière la grange : ayant retroussé sa soutane, il s'était déchaussé et était en train de fouler avec les pieds de la boue mélangée à de la paille. Il me regarda et me dit : " C'est toi qui veux devenir moine? - Oui", lui dis-je. - Bien, fit-il; je suis en train de préparer une pièce thermale pour notre communauté." Il s'agissait d'un espace clos contenant une chaudière à côté de laquelle se trouvaient des plaques en pierre. Sous la chaudière et les plaques, un feu était allumé. Quand l'eau avait fini de bouillir et que les palques étaient devenues brûlantes, un moine prenait de l'eau dans la chaudière et la versait sur les plaques incandescentes. Ainsi toute la pièce se remplissait de vapeur. Ayat du mal à supporter la vapeur à cause de mes poumons fragiles, j'allais être obligé de m'agenouiller sur le sol, où il n'y avait pas de vapeur.

"Amène notre frère dans une cellule afin qu'il y prenne des forces, car ce soir il y aura la vigile et il n'est pas habitué à des services aussi longs", dit l'archimandrite Ambroise au novice qui me conduisit alors dans une cellule. La vigile, qui commença à dix-huit heures, allait durer jusqu'à vingt-trois heures. Par ailleurs, la Sainte Liturgie était célébrée tous les jours, en respectant intégralement tous les usages en vigueur. Le lundi suivant, l'Archimandrite me fit venir et me demanda : " Est-ce que notre vie te plaît? Veux-tu rester avec nous? - Oui, je le veux!", dis-je. " Je me suis mis d'accord avec le Père Paul", fit l'Archimandrite. le Père Paul, qui était originaire de Bosnie, était âgé de soixante-dix ans environ; dans sa jeunesse, il avait vécu en Amérique, avant de revenir et de s'atablir au monastère de Gornjak, où il avait revêtu l'habit monastique. "Il s'occupe du vignoble, dit l'Archimandrite. Or, près du vignoble, il existe un bâtiment où habite le Père Paul. Dorénavant, c'est toi qui t'occuperas du vignoble, tandis que le Père Paul viendra aider la communauté au monastère, car c'est un moine expérimenté." C'est ainsi que je m'installai au monastère de Miljkovo.

Tant que l'archimandrite Ambroise fut en vie, tout se déroula sans problème. Mais quand il mourut, des troubles éclatèrent au sein de la communauté. Le hiéromoine Luka et le Père Théophane rédigèrent un texte qui fut également signé par quatre autres moines. Ils se rendirent ensuite auprès de l'évêque et lui demandèrent de désigner l'higoumène du monastère. Or, l'évêque jean, qui avait dirigé jusque là le diocèse de Branicevo, venait d'être nommé à la tête du diocèse de Nis; le nouvel évêque, nommé Benjamin, ne possédait pas une connaissance exacte de la situation de la communauté de Miljkovo. Le hiéromoine Antoine me demanda : "A ton avis, qui devrait-on nommer à la tête de la communauté?" Je répondis : " L'archimandrite Ambroise a dit que le Père Isaac devrait devenir l'higoumène de la communauté."

Le Père Isaac avait été avec l'archimandrite Ambroise, novice au monastère d'Optino, auprès du starets Ambroise d'Optino. Le monastère d'Optino avait été une pépinière spirituelle d'où des jeunes pousses avaient été transplantées à travers toute la Russie. Les spirituels qui y avaient été formés étaient célèbres par leur mode de vie et les enseignements qu'ils avaient donnés à leurs disciples. Ce monastère avait vu le jour quand le célèbre spirituel Païssy Vélitchkovsky était venu avec ses disciples de la Sainte Montagne se fixer en Moldavie pour y fonder des monastères destinés à suivre le mode de vie athonite. Or, à cette époque-là, des Allemands partisans de l'Union (1)

(1) : (Avec Rome)

venaient de s'établir en Moldavie. Dans ces conditions et afin de préserver leur vie spirituelle, les disciples du starets Païssy s'établirent dans la solitude d'Optino et continuèrent à y développer leur ascèse spirituelle. Ils transformèrent ainsi le désert d'Optino en une pépinière spirituelle.

Quand le hiéromoine Antoine et moi-même nous aperçûmes que notre communauté monastique était en train de se dissoudre, et que la vie spirituelle risquait de disparaître au monastère de Miljkovo, nous décidâmes de nous rendre au monastère de Gornjak, dont l'higoumène était le Père Séraphim, un Russe venu de Pologne. Il était venu étudier la théologie en Serbie et il y avait revêtu l'habit monastique au monastère de Gornjak. A la fin de ses études de théologie, il en devint l'higoumène.

C'est lui qui me tonsura à Gornjak. Au bout de deux ans, il procéda à mon ordination puis, à la demande du patriarche Barnabé, il m'enoya au monastère de Rakovica suivre des cours d'iconographie. Là-bas, je retrouvai le père Nahum, aux côtés duquel j'avais vécu au monastère de Miljkovo, qui me fit inscrire à l'école d'iconographie. C'est à cette époque que mourut le patriarche Barnabé. Son successeur, le patriarche Gabriel, ne manifesta pas beaucoup d'intérêt pour l'école iconographique de Rakovica, et les activités de celle-ci s'éteignirent rapidement.

Or, à cette époque, le patriarcat de Pec était à la recherche d'un jeune hiéromoine. Comme j'étais le plus jeune hiéromoine de Rakovica, le patriarche Gabriel décida de me transférer à Pec; C'est là que la guerre me surprit. Je fus alors contraint, avec trois autres moines serbes, de revenir à Belgrade, alors que le père supérieur, qui était monténégrin, partit vers le Monténégro, avec le pécule du monastère; mais il fut agressé par des Albanais dans la localité de Rugova, et il fut dépouillé du pécule qu'il transportait avec lui. Il fut ensuite ramené au patriarcat de Pec, puis conduit en Albanie, où il fut tué. Au patriarcat de Pec, il ne resta plus qu'un seul moine, le Père Polychrone, un Russe qui venait du monastère de Valaam. Il fut rejoint quelque temps après, après le démembrement de la Yougoslavie, par un vieux hiéromoine, le Père Elisée, prêtre de paroisse originaire de Pec, qui faisait partie du diocèse de Prizren.

A Belgrade, je fus arrêté par la police qui m'envoya en prison... On m'accusa d'être l'un des organisateurs de l'insurrection contre l'occupant, ce qui impliquait une condamnation lourde. Cependant, je finis par apprendre, grâce à un jeune compatriote serbe qui était employé à la police, que je serais relâché bientôt. C'est ce qui se produisit. On me relâcha en effet, et je réussis à atteindrenle monastère de Vitovnica. Quelques jours après, le commandant militaire de la région me fit venir et me demanda de me mettre à sa disposition en tant que prêtre. Je refusai de le faire, en arguant que je ne pouvais le faire car je n'avais pas reçu d'instruction en ce sens de la part de mon évêque.

On traversait alors des temps difficiles, où il suffisait d'un mot ou du non-respect d'un ordre donné par les militaires pour être condamné à la peine capitale. Je décidai de rechercher un lieu plus tranquille pour y prier et mener une vie spirituelle. Je me rendis ainsi à Petrovac, et c'est là en achetant des timbres fiscaux pour obtenir un sauf-conduit que je fus à nouveau arrêté par les Allemands. On me mit dans une cellule, en compagnie de deux trafiquants de tabac. Il y avait là un banc étroit, long de deux mètres cinquante, où je m'allongeai tout en songeant que je ne sortirais pas vivant de cette prison. J'étais assez désespéré. Mes deux compagnons de cellule évoquaient leurs propres problèmes. Tout à coup, apparut devant moi un soldat de haute taille, qui portait un cordon doré en travers de la poitrine et un casque avec aigrette sur la tête; il tenait un rouleau à la main et me fixait. Puis il déplia le rouleau et me dit : "Regarde la carte!" et il me montra la Serbie. "Tu n'as pas à avoir peur, car il te faudra encore consoler et encourager un grand nombre de gens. As-tu compris?", me demanda-t-il en continuant à me fixer. Moi, je me demandais si mes deux compagnons avaient enetendu ce qu'il m'avait dit. Je ne comprenais pas à cette époque que, dans le monde spirituel, on ne s'exprime pas comme dans ce monde-ci, d'un homme à l'autre, mais que les pensée se font entendre dans l'esprit. On n'y entend pas avec les oreilles charnelles, mais les sons résonnent dans l'esprit. Je vis alors que les deux trafiquants discutaient tranquillement entre eux. Je leur demandai s'ils avaient vu quelque chose ou entendu un bruit. Ils se regardèrent et me dirent qu'ils n'avaient rien remarqué. Je me retournai alors, mais la personne qui m'avait interpellé avait disparu. Je compris alors que j'avais eu une vision céleste que le Seigneur m'avait envoyée afin de me réconforter et me faire comprendre quelle était Sa volonté en ce qui me concerne dans ce monde-ci. Comme mon interlocuteur était bien habillé, comme sur les fresques représentant les archanges! Il n'existe pas sur terre d'homme aussi beau! C'était un ange...

Après la libération, le métropolite Joseph ( qui remplaçait le patriarche Gabriel, qui n'était pas encore revenu de déportation) me fit venir à Belgrade où il me proposa de me rendre au monastère du patriarcat à Pec et d'en assumer la direction. Or, je savais que les communistes avaient pris le pouvoir dans toute cette région et que je n'étais pas à leur goût. Avant la guerre, les communistes m'avaient mis en garde : " Quand notre temps viendra, tu ne seras plus moine, nous te donnerons d'autres tâches à remplir." C'est pourquoi je suggérai au métropolite Joseph d'envoyer au monastère de Pec l'higoumène du monastère Saint-Joannice de Devic. Cet archimandrite avait été le supérieur du monastère de Vujan à l'époque du roi Alexandre Obrenovic; comme le village natal de l'épouse de roi Alexandre était proche de Vujan, le couple royal se rendait souvent dans ce monastère. Peu avant leur assassinat en 1903, ils avaient fait un don important à ce monastère. Je connaissais donc personnellement l'higoumène de ce monastère et savais qu'il souhaitait se rendre au Kossovo : je proposai donc son nom au métropolite Joseph, et celui-ci le nomma à la tête du monastère du patriarcat de Pec.

Lorsque le patriarche Gabriel revint de déportation, il convoqua cet archimandrite qui venait de s'installer à Pec et lui demanda : " Qui t'a nommé à Pec?" Et celui-ci répondit : " Le métropolite Joseph." Le patriarche Gabriel lui dit alors qu'à son avis, un autre titulaire serait plus approprié pour ce poste et mit fin aux fonctions de l'archimandrite. Puis le patriarche demanda aux autres évêques s'ils connaissaient un moine qui avait déjà vécu au monastère de Pec. Alors un évêque avança mon nom ( je crois qu'il s'agissait de Mgr Syméon Zlokovic qui m'avait connu au monastère de Rakovica) en disant : " Le moine Thaddée du monastère de Gornjak a déjà vécu à Pec, il fait aujourd'hui partie du diocèse de Branicevo". Le patriarche Gabriel ordonna aussitôt à l'évêque Benjamin de m'envoyer à Belgrade, car on avait besoin de moi au patriarcat de Pec.

Or, quelque temps auparavant, à l'issue de mon entretien avec le métropolite Joseph, j'avais exprimé à l'évêque Benjamin mon souhait de ne plus jamais quitter le diocèse de Branicevo. Je lui avais demandé de m'envoyer au monastère de Gornjak, où j'avais reçu la tonsure monastique, afin d'y vivre dans la paix et la joie spirituelle. L'évêque avait exaucé mon souhait et je faisais donc partie de la communauté monastique de Gornjak. Mais quand l'évêque Benjamin reçut le message du patriarche Gabriel, il me fit aussitôt convoquer par son vicaire épiscopal.

Quand je me rendis auprès de l'évêque, celui-ci me dit : " Pourquoi arrives-tu si tard? Le patriarche t'a déjà réclamé à deux reprises. Où étais-tu?" Je répondis que je me trouvais dans la paroisse dont j'avais la charge et que je n'avais eu connaissance de sa convocation que la veille. Je lui rappelai aussi que je lui avais demandé de ne plus me faire quitter son diocèse. Alors l'évêque Benjamin me répondit : " Je ne veux pas indisposer le patriarche à cause de toi." Il écrivit alors un texte me donnant congé canonique de son diocèse et m'indiqua qu'il informerait le jour même le patriarche qu'il m'avait donné l'ordre de prendre contact avec le patriarche. " Tu ne fais plus partie du clergé du diocèse de Branicevo; agis comme tu veux."

A Belgrade, le patriarche me dit qu'il avait décidé de m'envoyer au monastère de Pec, dont je devais assumer la direction.

J'ai beaucoup souffert là-bas. Les communistes, qui m'y avaient connu avant la guerre, me causèrent beaucoup de soucis et de tracas. Ils ne se privèrent pas de créer des problèmes chaque fois qu'ils en eurent la possibilité. Mais, Dieu merci, je réussis à surmonter tout cela avec l'aide de Dieu. En 1955, je finis par revenir au diocèse de Branicevo où je me trouve toujours, près de cinquante ans après. Les années ont passé si vite... Et dire que les médecins m'avaient dit que je n'avais plus que cinq ans à vivre : je pensais alors que ma fin serait pour 1937. Mais Dieu a bien voulu prolonger... C'est ainsi que ma vie s'est écoulée.



Père Archimandrite, je vous serais reconnaissant de nous dire quelques mots sur votre vie spirituelle, les tentations que vous avez affrontées et la façon dont vous les avez surmontées.

A mon arrivée comme novice au monastère de Miljkovo, on me remit un chapelet et on m'apprit comment il fallait prier. Je fis ce que l'on m'avait enseigné. Je m'abandonnai complètement à la prière de Jésus. Je songeai que je n'avais plus que cinq années à vivre et qu'il ne fallait donc pas me disperser dans la recherche de mon chemin vers Dieu. Et en peu de temps, précisément grâce à mon abandon total à la volonté de Dieu et à ma quête sincère de Dieu, la grâce de Dieu m'illumina, créant dans mon âme une joie et une paix indescriptibles. En écoutant mon coeur, j'entendais : " Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur!" J'essayai de me souvenir de quelques événements passés, mais cela me fut impossible : toutes mes pensées reposaient dans une paix indescriptible et tout mon être était envahi par une joie indicible et la quête de Dieu. C'est l'état où se trouvent les anges et les saints, un état de grâce complète. Seuls ceux qui ont reçu le don de l'état de grâce sont en mesure de comprendre l'état où se trouvent les anges et les saints sous la conduite du Saint-Esprit.

Je pensais que tous les moines, prêtres et évêques avaient reçu le don d el'état de grâce. Or, après avoir passé tant d'années avec des moines et des prêtres, j'ai rencontré seulement un moine en qui était perceptible le don de l'état de grâce. Un seul moine!

Parmi les laïcs qui vivent avec leurs familles, j'ai rencontré beaucoup plus d'individus en qui réside l'état de grâce. Ainsi je reçus un jour la visite d'un Serbe de Bosnie, originaire de Banja Luka, qui vit à l'étranger et pratique la prière de Jésus. Il avait un ami d'enfance qui était un bon père de famille et menait une belle carrière professionnelle. Cet ami qui n'était pas particulièrement pieux, était un homme d'une grande bonté. Un jour le Serbe de Bosnie demanda à son ami pourquoi il ne pratiquait pas la prière de Jésus. Son ami le regarda étonné et dit : " Je le voudrais bien, mais comment faire?" "Je t'apprendrai...", dit l'autre, qui l'initia effectivement et lui offrit un chapelet. En peu de temps, son ami acquit le don de l'état de grâce, ce qui transfigura sa personnalité ainsi que toute sa famille. Quelque temps après, il vint me voir et me dit : " Père, je ne sais comment c'est arrivé, mais j'ai été illuminé par une sorte de joie et une paix indicible. J'entends en permanence dans mon coeur : " Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur!" Je suis conscient de ce que j'ai été, je sais quelles pensées me traversaient l'esprit; or maintenant, tout cela a disparu de ma tête. Avant, il m'arrivait d'avoir des pensées coupables envers le genre féminin ou de me mettre en colère pour la moindre bêtise; or maintenant, je ne sais pourquoi, je suis incapable de me mettre en colère. Je suis même incapable de songer à des choses qui ne sont pas bonnes. Je ne sais ce qui m'est arrivé. Je ne fais que me réjouir, tout mon être est envahi par une joie et une paix indicibles." "Tu as reçu le don de l'état de grâce, lui dis-je, et tu le garderas tant que tu n'attacheras pas tes pensées à des préoccupations concernant ce monde-ci. S'il t'arrive d'y succomber, tu cesseras d'abord d'entendre la prière dans ton coeur, puis tu perdras progressivement la paix et la joie de l'âme. Alors commenceront à te faire souffrir les idées funestes issues de ce monde où règnent les forces démoniaques. Si tu désires conserver le don de l'état de grâce, alors tu dois sans cesse prier Dieu pour que tes prières repoussent toute pensée pénible et lugubre de ton esprit et te permettent de garder cette paix et cette joie que tu possèdes maintenant."

Quand je fus nommé à la tête du monastère Pokajnica, j'éprouvai de la difficulté à assumer cette responsabilité. Je craignais les dangers et les épreuves auxquelles je serais confronté de la part des habitants des environs de ce monastère. Alors le Seigneur Lui-même m'apparut en songe et me mit en garde. Me retrovant ainsi devant Lui, je vis qu'Il portait un épitrachilion et un omophorion sur l'épaule et par-dessus un autre épitrachilion. Je me tenais devant Lui, et Il me dit : " Pourquoi luttes-tu s'il te manque l'obéissance? Chaque fois que tu as été nommé à la tête d'une communauté monastique, tu as agacé les autres en demandant qu'on te décharge d'une telle responsabilité. Tu ne dois plus agir ainsi. Sache que tout devoir d'obéissance qui t'est confié doit être accompli avec beaucoup d'amour, de ferveur et de dévouement, sans attacher d'importance à la jalousie ou à la malveillance qui pourraient t'entourer ou t'agresser." Alors, à trois reprises, Il fit le signe de croix sur moi, d ela tête aux pieds; puis il prit l'épitrachilion et le mit sur mon épaule en disant : " Voici la croix que tu dois porter."

La responsabilité d'une communauté monastique a toujours été difficile pour moi car je me trouvais dans l'obligation d'attacher mes pensées à des préoccupations matérielles, humaines... Je perdais toujours, dans ces circonstances, le don de l'état de grâce que j'avais reçu quand j'étais novice. Cela provoquait de nouveaux problèmes dans ma vie spirituelle et perturbait mon équilibre physique. J'avais été guéri des poumons, mais une nouvelle maladie étaient apparue : mes nerfs me lâchaient. Il m'a fallu beaucoup de temps pour apprendre à me détendre. Les médecins me donnaient des remèdes antidépresseurs, mais cela ne m'était d'aucun secours. On me conseillait de me détendre, d edevenir mon propre médecin. Le Seigneur voulut bien s'occuper de mon infortune, m'envoya Sa force, et je réussis à me détendre de plus en plus. Mais encore aujourd'hui, quand je me laisse envahir par des soucis matériels, je parviens difficilement à me détendre, à m'abandonner entièrement à la volonté de Dieu, et c'est là que se situe la source de mes problèmes nerveux et de mon état de crispation. Si comme novice je n'avais pas reçu le don de l'état de grâce, mes responsabilité à la tête de communautés monastiques ne m'auraient pas été aussi lourdes. Quand je me laisse enchaîner par des problèmes liés à ce monde, je perds la paix intérieure; la nervosité et l'agitation s'installent alors en moi. Je deviens tendu et nerveux.

Un jour, je demandai à un évêque de m'envoyer dans une paroisse, croyant que cela me serait plus facile et que j'y trouverais la paix. L'évêque me confia alors la paroisse de Vlashki Dol. Mais ma situation y fut encore plus difficile. Je possède en effet une nature trop sensible et les malheurs et les problèmes des paroissiens me touchaient beaucoup ainsi que leurs péchés. En peu de temps, mon état s'aggrava encore, mon coeur commença à battre à la façon d'un lapin. Je ne parvenais pas à me détendre ni le jour ni la nuit et décidai finalement de me rendre dans un monastère, pour ne pas mourir en paroisse. J'arrivai à Vitovnica, où un moine expérimenté me confessa et me donna une cellule pour que j'y prenne du repos. A mon réveil, je voulus entendre si mon coeur battait toujours aussi fort. Mais grâce à Dieu, je n'entendis rien, mon coeur s'était calmé. Alors dans mon esprit j'entendis ces mots : " C'est ainsi que tu dois te détendre. Ne prends pas trop sur toi les soucis de ce monde, mais conserve ta paix intérieure et vis avec Dieu. Que les choses soient comme elles sont."



C'est au monastère de Miljkovo que vous avez connu les plus beaux moments de votre vie spirituelle. Pourriez-vous nous dire quelques mots sur l'higoumène de ce monastère, l'archimandrite Ambroise?



L'archimandrite Ambroise était un homme à la vie sainte. Lors de la révolution soviétique, il reçut une balle dans la poitrine et perdit un poumon. Il n'en guérit jamais, sa blessure provoqua la tuberculose et il mourut jeune. C'était un disciple des célèbres startsi de l'ermitage d'Optino; il avait une vénération particulière pour saint Ambroise d'Optino qui lui avait donné la tonsure monastique. Il irradiait un amour manifeste, incroyable et éloquent. Des startsi d'Optino il avait reçu le meilleur : l'amour. Dans toute son existence, il avait insufflé cet amour qui embrasse tout. Il recouvrait de son amour toute personne avec laquelle il s'entretenait ou était siplement en contact. Il ne s emettait jamais en colère contre un moine ou un serviteur, il n'a jamais dit à quiconque de parole blessante. Il a beaucoup supporté, et tout pardonné. Il ne confiait ses soucis et ses problèmes qu'au seigneur et ne s eplaignait qu'auprès de Lui. Il s'efforçait de transmettre son exemple à se sfrères moines, et nombre d'entre eux ont appris auprès de lui comment entretenir un tel amour qui englobe toute la vie quotidienne. J'ai moi aussi ressenti cet amour indescriptible qui émanait de lui et qu'il communiquait à tous les moines de sa communauté qui le souhaitaient.

A mon arrivée au monastère de Miljkovo, ma première tâche fut de prendre soin du vignoble. Mais un jour, comme il m'arrivait de m'endormir facilement, des voleurs firent irruption pendant mon sommeil et dérobèrent du raisin. Quand je me réveillai, je découvris qu'il n'y avait plus de raisin. Je pris peur et attendis avec crainte l'arrivée de l'économe dans le vignoble. Celui-ci vint, vit ce qui s'était passé et ne me dit rien. Pas un mot! Le raisin du vignoble avait été volé, mais lui ne disait rien. Il revint le lendemain et me dit : " Tomouchka (2), Batiouchka (3) a donné sa bénédiction pour que je te confie un autre service.

(2) : ( Diminutif de Tomislav, nom de baptême de l'Ancien Thaddée).

(3) : ( Littéralement : Petit-Père, dénomination affectueuse donnée à un prêtre ou, ici, à l'higoumène).

Tu garderas les moutons et les chèvres sur la prairie proche de la Morava (4). "

(4) : ( Fleuve de Serbie).

C'est ainsi que je devins gardien de motons. Mais là aussi je fis des bêtises.

On m'avait demandé d'apprendre à lire le bréviaire tout en gardant les moutons et les chèvres, mais je m'endormis pendant ma lecture. Quand je me réveillai, je voulus voir où étaient les moutons mais il ne restait avec moi qu'une seule chèvre : toutes les autres bêtes étaient parties. Je me levai aussitôt et partis à leur recherche. Or, les chèvres avaient pénétré dans un champ en défonçant une clôture et avaient saccagé la culture de haricots du fermier. Puis, quand je voulus rassembler les moutons qui s'étaient ainsi dispersés, les chèvres coururent à mes côtés et faillirent renverser toute la clôture. Par la suite, bien entendu, le fermier vint au monastère se plaindre auprès de l'higoumène. Celui-ci donna l'ordre à l'économe de rembourser au fermier le dommage subi et c'est ainsi que tout se termina. Aucun des frères de la communauté ne me dit un mot au sujet de ce qui s'était passé! Le jour suivant, l'économe vint me voir et me dit : " Batiouchka a donné sa bénédiction pour que je te confie un autre service. Maintenant, tu garderas les vaches sur une autre prairie."

Cependant, l'histoire se répéta. Nous avions six vaches parmi lesquelles il y en avait une, plus âgée, qui aimait se laisser aller à faire des bêtises. En gardant les vaches, je prenais soin de les compter afin de ne pas refaire la même erreur. J'avais emporté le bréviaire et le lisais de temps en temps. Mais pendant ma lecture, la vieille vache réussit à m'échapper et alla dans un potager proche de la prairie. En recomptant les vaches, je m'aperçus qu'elle n'était plus là. Je me mis aussitôt à sa recherche et vis alors qu'elle avait déjà pénétré dans les potagers, arrachant notamment toute la culture de choux. Le fermier se plaignit à nouveau et l'économe revint me voir. Ma nouvelle tâche consistait à servir dans le réfectoire et à l'église.

Voilà le genre de difficultés que le père archimandrite Ambroise recouvrait toujours de son amour sans limites. Il y eut des problèmes beaucoup plus douloureux mais il y fit face toujours avec son seul amour. Il y eut par exemple le cas d 'un moine, jadis préfet d'une région en Russie, qui aimait boire. Il lui arrivait même de quitter le monastère pour se rendre dans un village voisin, et ne pas revenir pendant une semaine. Le père supérieur était obligé de partir à sa recherche, mais sans jamais lui adresser un seul mot de reproche, pas un seul. Il recouvrait tout de son amour, comme si de rien n'était. On voyait qu'il supportait tout et qu'il souffrait, mais jamais il ne dit mot à quiconque. Il venait à l'église pour les services toujours le premier et s'installait à la place prévue pour l'higoumène. On sentait qu'il était littéralement écrasé de soucis, mais il ne disait mot à quiconque, s'en remettant complètement au Seigneur. Il ne condamnait jamais personne. Jamais il n'eut de mauvaise pensée ni n'adressa de regard courroucé à quiconque. Il aimait chacun tel qu'il était, ne cessant de prier que le Seigneur veuille bien l'éclairer. Par son propre mode de vie, il fut un exemple pour les autres qu'il s'efforça de conduire sur la voie du salut. Oui vraiment, l'archimandrite Ambroise fut une âme exceptionnelle, pleine d'amour et de douceur. Héla la maladie l'arracha trop tôt à ce monde.



Père Archimandrite, vous recevez au monastère de Vitovnica de nombreuses personnes en quête de consolation et de réconfort. Comment tout cela a-t-il commencé?



Cela a commencé tout à coup. L'évêque m'avait affecté à une paroisse où je pensais pouvoir aider à la construction d'un monastère. Un jour de 1975, on m'invita à participer au rassemblement d'une association chrétienne (5).

(5) : ( Le mouvement des Bogomoljci. Voir supra, note 7).

L'homme venu m'inviter était un ingénieur qui participait à la construction d'une église dans la loaclité de Krnjevo, où se trouvait l'association chrétienne la plus active du diocèse. Il était venu me chercher avec sa voiture, en me disant de "venir là-bas, afin que nous puissions discuter". Je répondis que je n'avais jamais pris part à de tels rassemblements et que je ne pouvais accepter son invitation. Quelque temps après, il revint avec deux autres hommes. Je refusai à nouveau. Il vint une troisième fois en compagnie de plusieurs autres personnes. Ils me surprirent alors que je faisais ma promenade du soir autour de l'église. " Ah, tu ne peux nous échapper maintenant : tu dois venir avec nous", dirent-ils. Je fis alors remarquer à mon interlocuteur qu'il était membre du conseil épiscopal que l'évêque allait convoquer prochainement. Je lui suggérai d'en parler à l'évêque; si celui-ci l'acceptait, je pourrais venir. Je précisai à nouveau que je n'avais pas l'habitude de ce genre de réunions, que je ne savais m'y prendre avec les gens et que tout cela me serait difficile, très difficile à assumer Cependant, à l'issue du conseil épiscopal, mon interlocuteur souleva la question auprès de l'évêque et celui-ci donna sa bénédiction au projet. Je me dis alors que je n'avais pas le choix. C'est comme cela que tout a commencé...

C'est à cette occasion que je rencontrai pour la première fois l'évêque Athanase (Jevtitch), alors hiéromoine et professeur à la faculté de théologie. A cette époque, ma tête était encore pleine de citations des Saints Pères. Je fis alors la connaissance de nombreux bogomoljci qui avaient trouvé dans les citations des Saints Pères des réponses à nombre de questions qui les tourmentaient. C'est à partir de cette date que les gens se mirent à venir de plus en plus nombreux chez moi, ce qu'ils continuent de faire jusqu'à aujourd'hui.

Ce n'est qu'en 1975 qu'ont été vérifiées les paroles de l'ange entendues au début de la Seconde guerre mondiale dans la cellule de prisonnier à la centrale de Petrovac : " Il te faudra encore consoler et encourager un grand nombre de gens." Je me retrouvai alors dans l'obligation de parler beaucoup, et cela me provoqua une inflammation de la gorge, dont je n'ai jamais réussi à guérir complètement. Il m'arrive encore d'en souffrir et d'avoir beaucoup de mal à finir de célébrer la liturgie.

Voilà comment la vie s'est écoulée...



Aujourd'hui l'accès à l'instruction est ouvert à une multitude de gens. Pourriez-vous expliquer à nos lecteurs l'importance de l'éducation et son utilité pour la vie spirituelle et le salut?



L'homme doit s'instruire et apprendre tout ce dont il est capable, mais l'enseignement assure seulement la formation intellectuelle, et pas l'accès à la vie spirituelle; L'école fournit des outils intellectuels mais n'ouvre pas à la vie spirituelle. Or, nos enfants doivent apprendre des exemples à suivre dans la vie quotidienne, car ceux-ci sont beaucoup plus parlants que les mots. On peut entendre de nombreuses choses instructives sur la vie et la spiritualité, mais le problème est de savoir si nous sommes en mesure de les appliquer dans la vie. Quand on voit l'exemple vivant d'un homme paisible, calme et doux, qui ne s'offense pas quand on l'insulte, alors celui qui s'instruit souhaite être à l'image d'un homme pareil. Les exemples rencontrés dans la vie nous instruisent beaucoup plus que les mots.

L'exemple d'une vie agréable à Dieu consolide l'enseignement théorique et lui confère une confirmation pratique. Ce n'est pas seulement le cas de l'enseignement divin, mais aussi de tous les autres enseignements. Tout enseignement que l'homme découvre par l'intermédiaire de la science correspond à un don de Dieu aux hommes et révèle la présence de Dieu dans ce monde. L'application pratique d'un tel enseignement est une tout autre question. Elle dépend, comme je l'ai déjà dit, de notre mode de vie - conforme à l'enseignement de Dieu ou contraire à lui. C'est pourquoi elle est utilisée à l'avantage ou au désavantage de l'humanité... Seule la déformation du libre arbitre de l'homme qui a perdu le sentiment de crainte à l'égard de Dieu, a transformé les bienfaits donnés par Dieu aux hommes en choses néfastes, à l'origine de nos souffrances et de nos difficultés en ce monde.



Père Thaddée, vous menez une vie spirituelle et c'est pourquoi vous êtes en mesure de considérer notre réalité actuelle dans une perspective spirituelle. Pourriez-vous nous dire quelques mots sur les malheurs qui ont frappé le peuple serbe : pourquoi cela nous est-il arrivé et comment pouvons-nous les surmonter?



Nous souffrons parce que nos pensées sont mauvaises et que nos désirs sont mauvais. Nous sommes à l'origine de tout cela, car il n'y a pas de repentir au sein de notre peuple. Il n'y a pas de repentir chez les croyants, sans même parler de ceux qui ne le sont pas. Cinquante ans de communisme ont créé beaucoup de mal, bien plus de mal que cinq cents ans sous les Turcs. Un tel mal a éloigné de Dieu le peuple! Nos mauvaises pensées et nos mauvaises aspirations ont détruit l'harmonie et la paix et produit de mauvais fruits. Nous sommes nous-mêmes coupables pour tout cela. Nous récoltons le fruit de nos pensées et de nos désirs...

On doit rétablir le repentir. Il ne s'agit pas seulement de se confesser auprès d'un prêtre - bien que ce soit nécessaire pour libérer l'homme de ses mauvaises pensées -, mais de se tourner vers le Bien absolu. Cela signifie se tourner vers Dieu, car le Bien absolu c'est Dieu. Il faut nous tourner de tout notre coeur vers Dieu et chercher la paix avec le Seigneur afin qu'Il nous donne la force d'être bons, de nourrir pour notre bien de bonnes pensées et de bonnes aspirations. Or, nous ne le faisons pas et c'est pourquoi nous souffrons.

Dieu est en nous; Lui qui est amour ne veut pas troubler notre libre arbitre. Comme nous conservons en nous beaucoup de mal, ce dernier se manifeste au sein de notre famille, sur notre lieu de travail et dans la société. Et cela finit par déboucher sur des souffrances terribles. On voit où cela nous a menés...

Certes, le mal ne réside pas seulement en nous, il est aussi présent dans le monde entier. Mais il se trouve en particulier chez nous, car nous avons été choisis par le Seigneur, nous sommes chrétiens. Il y a beaucoup d'âmes issues de notre peuple qui ont souffert pour le Seigneur et qui prient devant Lui et Sa Très Sainte Mère, mais nos pensées et nos désirs ont arrêté tout cela. Cependant, le Seigneur nous protège, Il nous protège beaucoup.

Il faut nous libérer du mal qui est en nous. Nous avons l'exemple des Juifs, car l'Ancien Testament c'est essentiellement de l'histoire. Chaque fois que le peuple élu d'Israël s'est éloigné du Seigneur, le petit peuple des Philistins l'a décimé et asservi, lui infligeant de grandes souffrances. Mais chaque fois que les Israélites se sont repentis et adressés au Seigneur, ils ont soumis leurs ennemis avec de faibles moyens humains.

Dans le livre des Juges, on trouve par exemple le cas de Gédéon qui, avec trois cents Israélites, a vaincu avec l'aide de Dieu les Madians, qui étaient "nombreux comme le sable sur le bord de la mer". Gédéon commença par rassembler un grand nombre de soldats israélites, avec l'intention de s'opposer aux Madians. Mais le Seigneur lui dit : " Il y a beaucoup de monde avec toi." Et Gédéon en laissa un grand nombre regagner leurs foyers. Mais le Seigneur lui apparut à nouveau et lui dit de conduire ceux qui étaient restés avec lui sur l'eau, puis de les observer avec attention; tout soldat qui recueillerait de l'eau avec ses mains et en boirait, devrait être mis de côté, alors que ceux qui s'agenouilleraient pour boire ne devraient pas être pris en considération. Trois cents soldats furent ainsi mis de côté, trois cents seulement au milieu de la multitude des forces armées. Alors le Seigneur Se révéla à nouveau à Gédéon et lui dit : " Pars avec eux à la rencontre des Madians! - Mais comment vais-je faire avec trois cents hommes contre une telle multitude? - Tu vaincras avec trois cents hommes!" Et l'armée des Madians fut démantelée. Voilà ce que signifie la Force du Seigneur.

Nous sommes un petit peuple mais si nous étions animés des mêmes sentiments sur la voie qui mène à Dieu, aucun adversaire ne pourrait nous résister. Car en nous résiderait l'énergie divine, l'énergie divine concentrée. Il s'agit d'une force authentique, capable de faire s'enfuir des nuées d'adversaires. Mais comment le démontrer, comment l'affirmer alors que deux frères ne peuvent se supporter? Voilà ce que signifie l'adage qui veut qu'un petit groupe peut vaincre un adversaire beaucoup plus nombreux et puissant.



Père Thaddée, quand vous étiez à la tête du monastère de Gornjak, vous vaez reçu la visite d'un jeune homme qui avait le don exceptionnel de voir le monde spirituel. Pourriez-vous nous en dire quelques mots?



Ce garçon était originaire du village de Radinac près de Smederevo. Il était quelque peu simple d'esprit. Après la mort de sa mère, il vécut avec sa seour et son père. Un jour, ce dernier fut condamné à une peine de prison et le garçon se retrouva seul avec sa soeur. Mais il lui arrivait souvent de partir jusqu'au village le plus proche, sans savoir ensuite retrouver son chemin pour rentrer à la maison, ce qui obligeait tout le monde à le rechercher partout. Sa soeur vint un jour me voir au monastère et me demanda s'il nous serait possible d'accueillir son frère, âgé de dix-neuf ans et un peu simple d'esprit; il était prêt à faire toutes sortes de travaux. Je lui donnai mon accord, puis confiai son frère au père Nahum, un vieux moine expérimenté. Au bout d'une semaine, le père Nahum me demanda de le transférer aurès d'un autre moine, en disant : " Dès que la nuit tombe, ce garçon commence à voir quelque chose. Il se met alors à parler sans cesse; or, je n etiens pas à écouter ses histoires, car je veux prier." Je décidai alors de le transférer dans une cellule où vivait un novice, qui allait devenir plus tard l'évêque Sava. Quelque temps après, le novice Sava partit effectuer son service militaire, et ce jeune homme se retrouva seul; or il avait peur de dormir seul. Alors je décidai de partager sa cellule. Dès que la lumière était éteinte, il se mettait à parler : " Père, est-ce que tu vois?", me demandait-il. " Je ne vois rien", répondais-je. "Regarde, il y a une célébration à l'église." Je ne voyais rien. Mais comment ne vois-tu pas? - Toi tu vois, mais je ne vois rien." Il parlait beaucoup... Il voyait la Très Sainte Mère de Dieu, il voyait des anges ainsi que des esprits maléfiques qu'il craignait beaucoup, dont il avait très peur. Alors je lui demandai - car j'avais déjà soumis ma requête pour être admis à la Sainte Montagne -, de prier la Très Sainte Mère et de l'interroger sur mon départ pour la Sainte Montagne. " Je vais demander, je vais le faire. Sais-tu ce que la Très Sainte Mère me dit? Mon cher bien-aimé, tu vois tout cela parce que tu es simple d'esprit; il t'a été donné de voir alors que d'autres n'en sont pas capables." Il demanda ainsi à la Très Sainte Mère de Dieu si j'allais me rendre à la Sainte Montagne. Il me dit alors : " Sais-tu ce que dit la Sainte Mère de Dieu? " Tu vas aller sur la Sainte Montagne, tu vas y aller."" Un jour, il me rgerada et dit : " Père, vois-tu que deux anges, un de chaque côté, viennent d'amener un petit diable? Il n'est pas comme les anges, c'est le diable. Voyons ce qu'ils disent, la raison pour laquelle ils l'ont conduit ici... Père, est-ce que tu le vois? - Mais je ne vois rien. - Mais comment ne vois-tu pas? regarde! C'est simple comme bonjour! Tu sais, c'est un diable qui veut se repentir."

Cela signifie que même parmi les esprits mauvais, il en existe qui sont prêts à se repentir. Mais comme l'organisation qui les tient attachés ne tolère pas le repentir, ils ne peuvent même pas y songer tant qu'ils ne rencontrent pas un groupe d'anges où ils puissent se glisser afin d'y être protégés des esprits du mal. Ce n'est qu'ainsi que peut s'effectuer le repentir individuel des esprits mauvais, car parmi eux il en existe de pires que les mauvais. Soudain, le garçon ajouta : " Oui, il désire se repentir. Oui, c'est un diable. Mais voilà que commence à tomber une espèce de rosée, une pluie qui tombe sur lui d'en haut, est-ce que tu la vois? " Je ne voyais rien. " Mais comment ne vois-tu pas, regarde bien!" Je regardai, mais en vain. " Il devient maintenant de plus en plus blanc, il perd la noirceur qui le recouvrait. L'eau le lave, elle le nettoie... Maintenant, le voilà aussi blanc que les anges qui le soutiennent sur le côté. Ils le font entrer maintenant à l'église"... Ce garçon était extrêmement vif, il était alors très jeune. Un jour, quand son père sortit de prison, sa soeur vint le chercher et le ramena à la maison.



Merci Père, et bénissez...





VIII

CONCENTRONS NOS PENSEES

DANS LA PAIX ET LE SILENCE*



(*) : (Résumés d'enseignements reçus du Père Thaddée au cours d'une rencontre avec lui au monastère de Vitovnica).



L'importance des pensées dans notre vie.

"Tout dans cette vie terrestre est lié à nos pensées : toutes nos tâches, tous nos efforts, tous nos mouvements. L'homme s'exprime par des pensées, non par des paroles; nous ne cessons d'être en conflit de pensées", affirme l'higoumène Thaddée, grand spirituel et père supérieur du monastère Vitovnica situé en Serbie orientale. Il ajoute que "notre vie est à l'image des pensées qui nous occupent".



Au pied du massif de Homolj.

Il n'est pas facile de parvenir au monastère Vitovnica, au pied du massif de Homolj. Cela reste une sorte d'exploit même de nos jours. Ce monastère se trouve à une douzaine de kilomètres de Petrovac-sur-Mlava, dans la direction de Koucevo. Un autobus fait, les jours ouvrables, trois navettes pour conduire les enfants à l'école et les ramener au village. Cette région compte un grand nombre de Valaques.

Un séjour dans ce monastère offre une opportunité, rare de nos jours, pour ressentir la paix originelle du monachisme orthodoxe. Cette contrée pittoresque, riche en forêts et en cours d'eau, respire la paix et le silence.

Dans cette fondation pieuse du roi Milutin (1282-1321), la journée débute par la Liturgie célébrée à l'aube par le Père Etienne et le Père Dosithée. Ici, l'encens possède un parfum spécifique car l'higoumène y verse de l'huile essentielle. Le Père Thaddée s'entretient habituellement avec ses hôtes à l'issue du petit déjeuner, qui a été préparé diligemment par le novice S. Pendant le repas, on lit des extraits de livres saints.

Quand il fait beau, le Starets, qui est lui-même originaire du village voisin, aime s'asseoir sous une tonnelle, près de l'église de la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu. Quand la température descend, la discussion se poursuit dans la chaleur du réfectoire de l'hôtellerie du monastère.

Dès la première question concernant son état physique, cet homme âgé de quatre-vingts ans, aux gestes souples et à la pensée tranchante, répond que les vieillards sont toujours fatigués. Chacune de ses paroles est comme une étincelle, chaque idée exprimée impressionne par sa force. En vérité, après un entretien avec lui, l'homme n'est plus le même.



Tout est pensée.

Au cours des soixante années de sa vie monastique, le Père Thaddée se souvient d'avoir été affecté à deux reprises au monastère du patriarcat de Pec. Ce fut d'abord avant la Seconde guerre mondiale, puis en 1949, conformément au souhait du patriarche Gabriel (Dozic); il en assuma la direction jusqu'en 1955.

Tout est pensée et la mémoire est pensée, poursuit l'higoumène. Nous sommes toujours en train de penser. Mais nos pensées ne sont pas secrètes. Elles sont publiques, elles se manifestent au cours de notre existence. Quand quelqu'un pense à nous, nous sentons ce qu'il pense, ce qu'il souhaite, quelles pensées il nous adresse. Nous voyons par nous-mêmes que nous n'avons besoin de personne pour savoir si quelqu'un nous aime et nous respecte ou non. Cela se sent, cela transparaît de la personne en question. Cela signifie que les traits de caractère d'un individu s'édifient par le biais des pensées. Nous sommes à l'image des pensées qui nous occupent.

Nous devons donc nous efforcer, pendant cette brève existence et avec l'aide de Dieu, d ebâtir notre caractère sur le modèle d ela générosité. Le Seigneur a dit que le Royaume céleste ne se montrera pas ici ou là-bas. Il se trouve en nous et au milieu de nous, c'est la justice, la paix et la joie.

Le peuple vétérotestamentaire n'a pas été en mesure d'accueillir l'amour infini de Dieu. Il n'a donc pas été en mesure de recevoir Ses commandements, ce qui a entraîné les méfaits bien connus : oeil pour peil et dent pour dent. Même aujourd'hui au sein du monde chrétien, sans parler des autres religions, on s'en tient toujours à cette règle vétérotestamentaire, ce qui fait que nous continuons à être entourés par le mal. De nombreux désagréments nous entourent dans notre existence, qui détruisent notre paix intérieure. Nous ne sommes même pas capables de pardonner à notre propre frère, sans parler des autres.

Dès que de mauvaises pensées nous occupent, nous devenons mauvais en nous-mêmes. Il ne sert à rien de considérer que nous sommes bons si le mal s'attarde en nous. Comme chrétiens, nous ne devons même pas avoir une pensée mauvaise en nous, encore moins la mettre en oeuvre; cela signifierait que nous n'avons pas la force de nous y opposer.

En nous, cependant, résident la force divine, la vie divine et l'énergie divine. En nous présentant devant Dieu au jour du Jugement dernier, nous devrons rendre compte comment nous avons utilisé la force divine, la vie et l'énergie qui nous ont été données et montrer si nous avons contribué ou non à l'harmonie universelle.

Nos pensées n'agissent pas seulement sur nous et les autres êtres raisonnables ainsi que sur le monde animal et végétal, elles influent aussi sur l'éternité. Avec nos pensées, nous ne troublons pas seulement la paix sur le globe terrestre, nous propageons aussi le mal dans le cosmos. Tout le genre humain récolte le fruit de ses pensées et de ses désirs. Le genre humain originel a dû être noyé sous les eaux à cause de mauvais désirs et de mauvaises pensées. Nous voilà tellement enfoncés dans le mal et incapables de nous en libérer que des temps pareils s'approchent de nouveau de nous.

La seule issue, avec l'aide de Dieu, est une transformation de l'intérieur, de tout notre coeur.

Puisque l'énergie divine est en nous, il importe que tout notre être soit relié à la Centrale de la vie, au Seigneur, afin que cette énergie reçoive la force divine et que nous ne soyons pas enrôlés par le mal. Tournons- nous donc vers le bien afin que le bien soit en nous et autour de nous. En nous concentrant sur le bien et les pensées tournées vers Dieu, nous aurons la paix intérieure. Cette paix rayonnera à travers nous et autour de nous, ce qui contribuera à changer les choses. Tous ceux qui ne sont pas sous l'emprise du mal ou d'ambitions terrestres propres à perturber leur paix intérieure ou à peser sur elle, ressentiront une telle paix.

Une seule âme peut, dans n'importe quel milieu, apporter une forte contribution dans ce sens. C'est notamment le cas d'un maître d emaison. Celui-ci doit s'efforcer d'ordonner ses pensées de façon telle qu'elles soient toujours placées sous le signe de la paix et de la sérénité. Ses soucis et ses malheurs, il doit les remettre au Seigneur.

Le Seigneur a pris sur Lui tous nos soucis et nos malheurs en disant qu'Il prendra soin de ce que nous mangerons, boirons ou nous vêtirons; en nous crispant sur nos soucis et nos malheurs, nous nous tourmentons nous-mêmes ainsi que notre famille et tous ceux qui nous entourent.



Etablir d'abord la paix en nous-mêmes.

Quand je suis accablé de soucis et que je souhaite assumer seul les problèmes domestiques du monastère au lieu de les remettre au Seigneur, les malheurs apparaissent pour moi et les frères de la communauté : la tâche la plus facile se fait mal. Mais quand je remets au Seigneur tous les soucis qui m'incombent, alors l'affaire la plus délicate se dénoue avec facilité. Il n'y a pas d etension, et les rapports au sein de notre communauté sont paisibles et sereins.

On voit ainsi à quel point nos pensées représentent une puissance terrible, une puissance perturbatrice ou apaisante. Il faut alors s'efforcer d'établir la paix au sein de notre foyer, notre famille et notre pays car un pays constitue une famille.

La paix doit d'abord régner en nous-mêmes; alors elle règnera autour de nous. Tant que nous n'avons pas établi la paix en nous, il n'y a pas de paix aux alentours. Si le maître de maison ne possède pas la paix en lui-même, il en sera de même dans sa famille, tout cela à cause de ses pensées. C'est pourquoi il importe de nous remettre nous-mêmes ainsi que nos proches à Dieu et de prier sans cesse. Dieu est énergie, force et puissance, joie et consolation; quand nous Le recherchons, Il nous accorde Sa paix divine. Par la prière, nous aspirons la force divine en nous.

Le Seigneur est présent partout; sans Sa Providence et snas Sa permission, rien ne saurait s eproduire ni sur le globe terrestre ni dans l'éternité. Si nous consolidons cette pensée en nous, les choses nous seront plus faciles. En effet, si Dieu permettait que nous fassions ce qui nous plaît et comme nous le souhaitons, alors une catastrophe se produirait. On ne peut pas imaginer le chaos terrible qui interviendrait dans le cosmos. De diverses manières, Dieu nous rappelle Sa présence. Or nous l'oublions rapidement, notamment quand tout va bien pour nous. Nous oublions que notre présence ici-bas est provisoire et nous imaginons que nous nous y trouvons pour des siècles; mais quand les malheurs surviennent, nous crions : " Seigneur, au secours!" Pourquoi dès lors ne pas essayer de modifier nos traits de caractère en les orientant vers le bien? Dieu nous commande de prier pour nos ennemis, non à cause de Lui mais à cause de nous-mêmes. En effet, tant que nous gardons en nous le souvenir des offenses infligées par des adversaires, amis ou parents, nous n'avons ni paix ni repos. Si les chefs de famille n'en possèdent pas, leurs proches n'en auront pas non plus. En fait, avec de telles pensées, nous nous tyrannisons nous-mêmes. Aussi convient-il d'apprendre à soi-même comme à autrui que la paix divine doit régner partout. Tous ceux qui nous entourent, non seulement les êtres humains mais aussi les bêtes et les plantes, nous réclament de l'attention et de l'amour. Tout est lié dans le monde. Il nous est impossible de vivre sans le monde végétal, comme le monde végétal ne peut vivre sans nous : nous sommes tous membres de la même espèce.

" C'est pourquoi il faut prier le Seigneur afin qu'Il nous donne la puissance et la force de devenir bons, généreux, paisibles, tout amour et toute bonté. Je souhaite que la paix et la joie du Seigneur pénètrent dans votre foyer, dans notre pays et chez tous les hommes à travers le monde", nous transmet le Père Thaddée du monastère Vitovnica.





IX

L'ANCIEN THADDEE : UNE VIE, DE NOMBREUX RECITS *



Autre récit d'une rencontre avec le Père Thaddée



Après avoir suivi l'autoroute depuis Belgrade, on tourne avant Pozarevac sur la droite puis après Petrovac-sur-Mlava commence la montée vers le mont Homolj en direction de Koucevo. On arrive ainsi à Melnice, village situé sur les pentes d'une montagne couverte d'habitations dispersées et de moutons venus du plateau voisin à la recherche d'une herbe meilleure.

Juste avant le pont du village, la mince bande asphaltée tourne à droite, grimpe en lacets et se faufile parmi les maisons et finit par arriver à une petite rivière paisible et douce, perdue au milieu de la verdure. C'est à côté de cette rivière que se trouve le monastère Vitovnica, comme si le Tout-Puissant Lui-même avait, de Sa main puissante et plein de bonne humeur, décidé d'installer ici, au fin fond de la région de Homolj, un monastère de la Sainte Montagne. Sinon, pourquoi aurait-Il déposé aux pieds de ce monastère un chemin en terre tout rouge et à l'apparence très solennelle, juste à côté des champs et d'un verger récent, qui s'arrête précisément devant le portail du monastère?



La fondation pieuse du roi Milutin.

Nous nous rendons auprès du Père Thaddée, archimandrite. Dieu merci, ce n'est pas notre première visite. Certains le considèrent comme le plus grand spirituel de l'Orthodoxie, théologien éminent et moine ayant le don de discernement spirituel. En tout cas, une personnalité telle qu'on n'en rencontre pas souvent.

Après avoir franchi le portail du monastère, nous voilà plongés dans le silence. Nous passons devant les premières habitations du monastère, puis après avoir franchi un passage étroit, nous voici devant l'église dédiée à la Dormition de la Mère de Dieu, entourée d'un bâtiment à gauche et de deux bâtiments à droite. Tout l'espace est dominé par une croix placéesur un rocher voisin, devant laquelle l'homme se sent envahi par le désir de tomber à genoux.

Ici, selon la tradition, il y avait jadis une mine. A proximité, se trouvait une agglomération. Mais l'eau a tout emporté. Puis sont arrivés des moines qui ont vécu dans des grottes que l'eau a laissées derrière elle, telles des blessures. Selon la tradition, l'église a été construite par le roi Milutin. Son existence est signalée pour la première fois en 1552. Ses fresques ont été peintes en 1856. A l'intérieur de l'église, lors des travaux de réfection du mur nord, on a découvert une inscription en arménien et en slavon datant de 1218; on ignore qui l'a apportée et de quelle église elle provient...

Tout à coup le Père Thaddée surgit parmi nous. Il parle selon le rythme de s arespiration, de façon discontinue, tantôt plus vite, tantôt plus lentement, mais toujours paisiblement. parfois il raccourcit une phrase. On voit que, pour lui, parler exige un effort.



Tu ne vivras que cinq ans!

Le Père Thaddée est né à Petrovac le 19 octobre 1914. Dès son enfance, il a eu une sorte d'"appel". L'habit monastique lui était de toute évidence prédestiné. Ainsi, par exemple, il ne voulut jamais goûter à la nourriture d'origine animale. Encore aujourd'hui, l'envie ne lui vient jamais de boire du lait ou de manger des yaourts. Les plats à base d egraisse lui sont désagréables. Il s'est même efforcé d'en absorber, en vain. Son corps s'y refuse. Il vit donc en se passant de viande et de graisse. Des médecins contemporains affirment que le carême prolonge la vie. Or, en 1932, de smédecins avaient prédit au jeune Thaddée qu'il ne verrait pas l'année 1937.

A cette époque, il était gravement malade des poumons. Ses médecins réfléchissaient sur la meilleur manière de l'aider. Or il refusait tout traitement. Comment, avec quelle force, allait-il pouvoir surmonter cette épreuve, alors qu'il ne mangeait pas d eviande? les médecins se fâchèrent : tu ne vas pas nous apprendre notre métier! Une femme médecin lui dit : " Si tu te montres docile, alors peut-être tu guériras! Autrement, il te reste au mieux cinq années de vie. Pas plus." La vie monastique l'attendait : au moins savait-il combien de temps il allait y passer. Au monastère Miljkovo près d ela localité de Svilajnac, sur la Morava, il fut accueilli par une communauté composée de trente moines russes. A l'entrée du monastère, il rencontra un novice : " L'higoumène est-il là? " "Oui", répondit l'autre. " Tu veux devenir moine?", lui demanda l'higoumène. "Oui", dit-il. Alors on l'amena dans une chambre pour qu'il y prenne du repos. C'était un samedi et il n'était pas habitué à la longueur des vigiles. C'est ainsi que tout a commencé. Le troisième jour, il décida de rester pour toujours.

Sa première tâche fut de s'occuper du vignoble. Suivirent d'autres tâches, puis d enombreux services célébrés à la gloire de Dieu. Ce qui l'intéressait le plus dans la vie, c'était d'essayer de répondre aux questions fondamentales : qu'est-ce que la vie, où mène-t-elle, où commence-t-elle et où s'achève-t-elle. Ses frères moines l'aidèrent. Il apprit la langue russe, afin d epouvoir lire les traductions en russe des ouvrages des Saints Pères. Il s'efforça de s'initier à leur façon d epenser, à leurs réflexions et d'apprendre leurs maximes. Et il y parvint. Lorsque l'archimandrite Ambroise (6) rejoignit l'éternité, les moines russes partirent pour Touman, au monastère de Kalénic.

(6) : ( Higoumène de Miljkovo).

Le jeune novice, lui, se retrouva au monastère Gornjak, fondation pieuse du prince Lazare, où il reçut la tonsure monastique en 1935.

Après avoir terminé sa scolarité au monastère de Rakovica, il avait, conformément au désir du patriarche Barnabé, passé vingt années au sein du diocèse de Belgrade. La seconde guerre mondiale le surprit au monastère du patriarcat de Pec (7).

(7) : ( Qui est directement rattaché au patriarcat de Belgrade).

Il fut arrêté une première fois en essayant de passer dans le diocèse de Banat alors dirigé par l'évêque Damascène (8) :

(8) : ( Qui devint plus tard le métropolite de Zagreb).

la situation alimentaire y était meilleure qu'à Belgrade où régnait la disette. Mais à peine eut-il franchi le Danube qu'il fut arrêté et livré à la police spéciale, qui commença à l'interroger sur ses relations.



"Il organise des cellules communistes!"

" Dieu merci, je ne connaissais personne, raconte le Père Thaddée. Ils ne me crurent pas. Dans l'acte d'accusation, il avait été écrit que je me rendais dans le Banat afin d'y organiser des cellules communistes! on énuméra toutes sortes d'autres accusations, plus incroyables les unes que les autres; Mais on finit par me libérer..."

Un sourire éclaira alors le visage de l'Ancien, alors que le soleil, derrière son dos, luttait pour percer les nuages.

La seconde fois, il fut arrêté dans sa ville natale de Petrovac. Emprisonné sans explication, il fut condamné à mort. Enfermé dans une petite cellule en compagnie de deux pauvres paysans condamnés pour avoir fait du marché noir, il ne cessait de s'interroger sur ce qui l'attendait.

" Allongé sur un petit banc, je réfléchissais mais ne voyais pas de salut. Soudain, un jeune homme apparut devant moi. Son uniforme était comme sur une fresque. De haute stature, il était d'une beauté telle qu'il n'en existe pas sur terre. Un cordon doré lui barrait la poitrine. Sur la tête, il ne portait pas de casque mais quelque chose qui lui couvrait le front couronné d'une belle aigrette; Il tenait à la main un rouleau et me fixait. Aussi clair que le jour, c'était un ange envoyé en réconfort par le Seigneur! Il déroula le rouleau et me dit : regarde - sur le rouleau on voyait la carte de la Serbie - n'aie pas d ecrainte, n'aie pas peur, il te faudra encore consoler et encourager un grand nombre de gens. As-tu compris?

Je regardai autour de moi pour voir si les autres avaient entendu ce qu'il me racontait. Je ne savais pas à l'époque que c'est en esprit que l'on converse avec le monde spirituel... Soudain il disparut. Je savais que c'était un réconfort envoyé du Ciel mais pensais qu'il n'y avait plus de vie en moi. Je me trompai. C'était en 1943 et ce fut la première et la seule fois où il me fut donné de voir en direct un messager de Dieu. Plus tard, ce fut uniquement en rêve..."

Le Père Thaddée s'est toujours efforcé de toutes les façons possibles d'éviter d'assumer la direction d'une communauté monastique. Il n'est pas facile de diriger des hommes...



"Cela a commencé en soixante-quinze."

On a essayé à plusieurs reprises de me nommer au monastère de Pokajnica; or je savais que j'allais y rencontrer de grandes difficultés. Je ne suis pas fait pour être higoumène, disais-je, je vis replié sur moi-même. Une nuit, je rêve que je me retrouve devant le Seigneur. " Pourquoi luttes-tu s'il te manque l'obéissance? me demande-t-il, et il poursuit : Sache que tout devoir d'obéissance qui t'est confié doit être accompli avec beaucoup d'amour, de ferveur et de dévouement, sans attacher d'importance à la jalousie ou à la malveillance de ceux qui t'entourent ou t'agressent."

Alors, à trois reprises, Il fit le signe de croix sur moi, de la tête aux pieds; puis il prit l'épitrachilion et le mit sur mon épaule en disant : " Voici la croix que tu dois porter." Cependant, je demandai encore à trois reprises à mon évêque de me décharger de mes fonctions, en lui disant que je n'avais plus de forces et que j'avais besoin de paix.

Mais bientôt la rumeur se propagea que le Père Thaddée avait fait de tels rêves. Ce fut d'abord le cas parmi les moines, tel l'évêque Athanase, qui était alors à la tête du diocèse d'herzégovine et professeur à la faculté de théologie de Belgarde. Il s erenseigna ainsi sur les visions en rêve du Père Thaddée ainsi que sur son don de discernement. Ce qu'il entendit à ce sujet l'impressionna. Il chercha alors à rencontrer le Père Thaddée, à prendre conseil auprès de lui et à échanger des idées; Par la suite, des gens ordianires se mirent à prendre contact avec le Père Thaddée.

" Jusqu'en 1975, je vivais tout à fait replié. Je n'allais nulle part, je ne recherchais pas la compagnie, à la fois à cause de mes problèmes de santé et de mon caractère. A cette époque, à Krnjevo, un village situé près du fleuve Morava, il existait une association chrétienne très active, les Bogomoljci (9).

(9) : ( Voir supra, notes 7 et 15).

Un homme nommé Dragi y était particulièrement actif. Sans être architecte, il s'occupait avec succès de la construction d'une église. De mon côté, j'assumais la charge d'une paroisse, non loin de là. Un jour, Dragi vint me demander de prendre part à une réunion de ce mouvement. A la suite de mon refus, plusieurs membres de cette association vinrent me voir au moanstère. Je leur suggérai d eprendre contact avec l'évêque; si celui-ci donnait son autorisation, pourquoi pas? L'évêque accorda sa bénédiction à ma participation, et c'est ainsi que tout a commencé."

De tous côtés, les gens se mirent à venir. En groupes organisés, en autocars! Le coeur du Père Thaddée se mit alors à donner des signes de faiblesse. Il y a six ans, il eut une première attaque cardiaque, puis une seconde. Quand l'âme commence à porter le fardeau des blessures, même appartenant à autrui, le corps se met à souffrir.

" L'année dernière, probablement à la suite d'une trop forte tension, mes artères furent bouchées. Attaque cérébrale. Je n'eus pas peur. L'homme doit travailler et s'entraîner pour que le coeur reçoive suffisamment de sang."

" Pourquoi en fait les gens viennent-ils? Je ne le sais pas moi-même. Pour faire part de leurs malheurs, échanger des impressions; Nombre d'entre eux se sentent ensuite plus détendus. Moi, je dois parler chaque jour. Même si ma cage thoracique était en acier, elle en pâtirait. Tous ces malheurs finissent par peser. On me pose toutes sortes de questions, mais je ne suis pas capable, je ne sais pas m'en sortir avec les gens."

" Jusqu'à l'année dernière, je ne ressentais pas la vieillesse. Ni en montant, ni en descendant les escaliers. Maintenant, j'ai perdu mes forces, je ne peux pas parler longtemps. Au cours des deux derniers mois, j'ai ressenti des problèmes psychiques. Même au cours de la guerre, je n'avais pas éprouvé cela. Mais je dois passer par là..."



Le Seigneur répond, pas moi.

Deux femmes s'approchent du Père Thaddée et lui baisent la main; Elles voudraient s'entretenir avec lui, mais n'osent le déranger. Un jeune homme accroupi au pied d'un mur de l'église écoute attentivement ce que dit l'Ancien.

" Les souffrances sont d'abord mentales. Les esprits mauvais créent la discorde parmi les membres d'une même famille. C'est ce qui me chagrine le plus..; Regardez ce que les esprits souterrains font avec les hommes, dans le monde entier et pas seulement autour de nous; La concorde n'existe pas dans les foyers..."

Il se tait et respire avec difficulté. Il semble que certaines pensées lui font mal.

"Il y a environ huit ans, un homme vint me voir. Il pleurait. L'un de ses deux fils, jadis brillant étudiant en médecine, n'allait plus aux cours depuis deux ans. La moindre trace de volonté avait disparu en lui; il ne savait plus ce qu'il devait faire. Ne t'inquiète pas, lui dis-je; conseille à tonfils de courir chaque jour jusqu'au mont Avala (10), en particulier les jours ouvrés quand il y a peu de monde sur les sentiers pour piétons.

(10) : ( Colline près de Belgrade).

Ton fils est épuisé, surmené par ses études." Le père du jeune homme proposa alors d'amener son fils auprès de l'Ancien, mais celui-ci dit que c'était inutile. " Nous en discuterons quand je viendrai à Belgrade", ajouta-t-il. Quelque temps après, le Père Thaddée rencontra le jeune homme près d'une église de la banlieue de Belgrade. " Comment ça va?", lui demanda-t-il. Et l'étudiant répondit : " Parfaitement. Tous mes problèmes ont disparu."

"Ce garçon manquait d'oxygène, dit l'Ancien. Son cerveau ne pouvait plus fonctionner, il était épuisé. Dans de telles conditions, on perd même toute envie de vivre; Par la suite, ce jeune homme voulut écrire un livre sur son expérience. Tu peux, lui dis-je, car il n'est pas en mon pouvoir de l'interdire à quiconque, mais j'ai le droit de demander que mon nom et celui du monastère ne soient pas mentionnés dans cet ouvrage. Cependant, ce garçon se procura une photographie de moi et la mit sur la couverture de son livre. Depuis la parution de celui-ci, les gens veulent que je leur prédise l'avenir. Comme chez une cartomancienne!"

" On dit de vous que vous êtes un homme doté d'un don de discernement spirituel.

- Il suffit que je me mette à la fenêtre pour tout deviner..."

Le Père Thaddée se mit alors à rire, comme un enfant. Le soleil était en train de s'éclipser derrière le dos de l'Ancien.

" Les gens viennent me voir avec des questions difficiles à formuler, mais Dieu sait ce dont ils ont besoin. Pas moi. Ils s'imaginent que c'est moi qui réponds aux problèmes posés. Mais c'est le Seigneur qui répond. Pas moi, pas moi..."

" Encore un mot, un mot seulement! ", demandent plusieurs personnes.

" Un jour, dit le Père Thaddée, deux amies m'amenèrent une femme qui traînait sa jambe par terre. Incapable de marcher normalement, elle s'était rendue chez des médecins, et ceux-ci n'avaient rien décelé; Tes nerfs t'ont lâchée, lui dis-je. C'est ce qu'on me dit... Depuis quand? Il y a six ans. Eh bien, fit l'Ancien, je suis plus malade que toi! Moi, cela fait cinquante ans que cela m'est arrivé. Tu n'es pas malade, lui dit-il. Il récita alors une prière et dit à la femme de rentrer seule chez elle ( son mari l'avait quittée, la laissant avec deux enfants). Tu n'es pas malade physiquement, mais mentalement, dit le Père Thaddée. Tu es accablée par tes problèmes; sois donc gaie. Chante! Chante, et ton mari te reviendra. Elle me regarda fixement, puis soudain se sentit libérée et, telle une fusée, prit ses jambes à son coup pour rejoindre sa voiture." "Qu'est-ce qui lui est arrivé?", demandèrent ses deux amies. " Elle est guérie, dit le Père Thaddée, elle n'est plus malade."



Et la Très Sainte Mère de Dieu me dit...

Son visage s'illumina à nouveau et un sourire apparut.

" Nous cueillons les fruits de nos pensées et de nos désirs. On dit que les pensées n'ont aucune valeur. Il s'agit en fait d'une force et d'un pouvoir énormes. Si les pensées et les désirs ne sont pas bons, il ne saurait y avoir de bons fruits, ni de paix ni de repos. Ni dans un monastère, ni dans le monde, ni dans une famille pieuse. Nulle part. Notre vie est à l'image des pensées qui nous occupent."

Le Père Thaddée avait songé à s'établir pour toujours à la Sainte Montagne, au monastère de Chilandar. mais il n'obtint pas la bénédiction de son évêque, ni celle de son père qui était encore vivant en 1959. A l'évidence, tel n'était pas son destin, car le climat du Mont-Athos ne lui avait pas convenu.

" Lors de mon séjour à Chilandar, raconte le Père Thaddée, je ne me sentais pas bien; Je pensais que c'était le coeur. Une nuit, je fis un rêve où les moines venaient recueillir la bénédiction de la Très Sainte Mère de Dieu, higoumène de la Sainte Montagne. Quand vint mon tour de lui baiser la main, je la suppliai de prier son Fils, notre Dieu, de bien vouloir me pardonner les péchés que j'avais commis dans ma vie. J'attendis ce qu'elle allait me dire : " Ce n'est rien, dit-elle, tes nerfs t'ont lâché. Fortement." C'est ce que me dit la Très Sainte Mère de Dieu. Plus tard, des médecins m'en donnèrent la confirmation dans ma paroisse de Bistrica.. En fait, le climat est assez rude sur la Sainte Montagne. Peut-être est-ce pour cette raison que l'autorisation a été donnée de boire un verre de vin ou d'eau-de-vie. Or, ces boissons ne me conviennent pas : mon coeur se met à battre aussitôt. Mes nerfs ne supportent pas l'alcool. Je fus donc contraint de quitter la Sainte Montagne. La pression atmosphérique était très difficile à supporter..."

Toute la vie du bon Père Thaddée est enveloppée dans un rêve plein de sagesse. Nous lui posons alors la question de savoir ce qu'il pense des nouveaux croyants, jadis communistes, dont le nombre est très important aujourd'hui. Pourquoi les considère-t-on avec ironie? Est-il honteux de se repentir? Comme si nous avions oublié le récit concernant le fils perdu et retrouvé.

" Certains disent qu'ils sont restés athées. Mais, vous savez, il n'existe pas d'athée. Cela n'existe pas... Celui qui ne croit pas en Dieu n'existe pas, il n'y a pas d'être raisonnable sur la surface de la terre qui n'aspire pas de tout son coeur à vivre. Nous souhaitons tous vivre éternellement, nous sommes de tout notre coeur en quête de l'amour absolu... Dieu est vie, Dieu est amour, Dieu est paix, Dieu est joie et c'est de tout notre coeur que nous aspirons à Lui. Ses ennemis, il en existe, ne peuvent rien contre Lui. En fin de compte, c'est nous-mêmes, avec nos mauvaises pensées, qui nous compliquons la vie."



Est-ce vrai qu'il y a des satanistes en Serbie?

Soudain, le doux sourire débonnaire cède la place à des paroles dures :

"On approche de la fin, du moment où la planète va achever sa tâche. On s'en approche à une vitesse incroyable, car on ne peut rien attendre de bien de la part de ce monde. Notre jeunesse a été empoisonnée, de façon exhaustive. C'est notamment le cas des enfants de l'intelligentsia; leurs parents n'ont qu'un ou deux enfants, à qui ils accordent tout ce qu'ils veulent, se pliant à leurs caprices. On sait que le caractère d'un enfant se forme jusqu'à l'âge de cinq ans; or, c'est précisément durant cette période que les parents leur permettent de faire ce qu'ils souhaitent. Et que se passe-t-il quand ils ont grandi? Ils ne souhaitent pas se conduire comme leurs parents... Ils deviennent des satanistes! On ne peut donc s'attendre à rien de bon. D'ici à vingt ans, il y en aura dans les gouvernements de tous les pays. Ces enfants ne veulent pas écouter leurs parents. On leur parle en vain, ils pensent que les adultes sont gâteux. Le temps des adultes est passé, celui des jeunes arrive.

- Cela peut paraître effrayant.

- L'homme lui-même en porte la responsabilité. La fin des temps approche. Ce qui a été créé n'a pas été préservé... Suite à la jalousie des esprits mauvais, le genre humain a connu la chute. Seul Celui qui nous a créés peut nous sauver. Il est venu prendre l'homme sur Lui, afin de transfigurer notre nature et de permettre sa résurrection. Seul Lui est en mesure de le faire, et personne d'autre. Mais on ne L'a pas accepté. A la fin, à l'apparition de l'Antéchrist, celui-ci sera président des Nations Unies et maître du monde. De nos jours, on s edépêche d'unifier le monde, en particulier les Américains. Nous, nous avons l'Apocalypse selon saint Jean le Théologien... Un Américain a écrit récemment que les Américains allaient s'effondrer d'eux-mêmes, s'autodétruire..."



Le salut existe!

" Père, donnez-nous des raisons d'espérer...

- Dites à vos lecteurs et à tous les autres d'être bons pour leur propre bien. De se consacrer à des pensées paisibles et sereines. Si le chef de famille est préoccupé par ses pensées, le petit enfant n'éprouvera ni paix ni repos. Le Seigneur fait tous Ses efforts. Il ne nous laissera ni affamés, ni assoiffés, ni nus, ni malades. N'est-ce pas? C'est pourquoi il faut s'efforcer de n'avoir que des pensées paisibles, pleines de bonté et d'amour... Nous disposons d'un appareil mental incroyablement précis. Nos pensées, en conséquence, influent non seulement sur le système nerveux des êtres de raison mais aussi sur le monde animal et végétal. Tous attendent de nous de l'attention et de l'amour. Or, une telle attitude est la moindre des choses: nous ne comprenons pas en effet que nos pensées constituent une force énorme. Il suffit d'un peu de concentration pour s'apercevoir si nos proches nous adressent des pensées pleines de bonté et d'amour ou non. C'est pourquoi il faut être en prière.

- Nous nous protégeons par l'amour!

- En effet, Dieu est Amour. Quand on a recours à l'amour, Dieu accorde à la fois du bonheur et un avantage matériel.

- Le salut existe donc?

- Bien entendu, mais il est nécessaire que nous transformions en profondeur. Du point de vue mental. L'âme doit se transformer, et tout ira bien. Vous le verrez vous-mêmes, Dieu merci.

- Merci, Père..."

En lui baisant la main et en recevant sa bénédiction avant de reprendre la route, nous entrons dans l'église de la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu. Dans la pénombre, les paroles du Père Thaddée continuent à raisonner à nos oreilles.

Olga était au volant et ne disait rien. Je me taisais également. Les fêtes à venir, saint Nicolas, la Nativité du Christ, le Nouvel An, la Théophanie, tout nous paraissait plus proche dans le temps et dans le coeur.





X

L'homme apaisé considère l'autre

comme supérieur à lui (*)



(*) : (Ce texte fut d'abord publié sous le titre "Entretien avec un de nos moines", dans la revue Le Missionnaire orthodoxe, 122, 1978, Belgrade, 1978, p. 150-155. Entretien recueilli par G.Z.).



Je m'étais rendue au monastère Vitovnica dans l'intention de me reposer du tumulte de Belgrade et d'une vie pleine de convulsions. A vrai dire, je n'attendais pas grand-chose de mon séjour.

Mais Dieu voulut que, dans ce petit monastère pauvre et retiré, je rencontrasse un homme de Dieu et que nos conversations me fissent comprendre plus clairement combien il est attirant de vivre selon Dieu. J'ai transcrit plusieurs de ces entretiens qui se sont déroulés sous une véranda à côté de l'église.

Le nom de ce moine, qui fut notre hête, ne sera pas mentionné par crainte que la révélation publique de la vie intérieure du Père T. (11) ne porte atteinte à la paix de son âme si modeste.

(11) : ( Il s'agit bien entendu du starets Thaddée, mais l'auteur de ce texte a respecté le souhait qu'il avait exprimé de ne pas voir son nom mentionné).



De la prière.

Comment faut-il prier Dieu?

Il faut prier comme le père Jean de Cronstadt. Il lisait attentivement les prières, et lorsqu'il sentait que son coeur se réchauffait en prononçant certains mots et que son âme était envahie par la paix et la joie, alors il priait avec un sentiment particulier.

Les mots de prière doivent être prononcés avec la conviction que le Seigneur vous écoute et vous entend. Et quand au cours de la prière quelque chose s'élève dans le coeur, il faut "s'en saisir", le garder et "s'y tenir".



Comment avez-vous appris à prier?

Enfant, j'étais de constitution fragile. A la maison, on me disait souvent : " Tu n'es bon à rien. Regarde Miladin ( un garçon de mon âge), il aide son père alors que toi, tu manges ton pain en te tournant les pouces." Ces mots me faisaient mal. A proximité de notre ferme, il y avait un arbre; je m'y rendais souvent et y priais le Seigneur pour qu'Il me permette d'être moi aussi utile à quelque chose.



En parlant directement avec le Père T. et avec d'autres moines de la communauté, j'ai fini par obtenir quelques renseignements supplémentaires sur sa vie.

Il naquit en 1914, lors d'une foire, comme prématuré de sept mois ( à ce propos, il me dit en souriant : " On ne pouvait rien faire de mieux de moi, qui suis né lors d'une foire.")

Sa mère mourut peu après sa naissance. Il fut élevé par des marâtres. A plusieurs reprises, il reçut tellement de coups de fouet qu'il s'enfuit de la maison en emportant un petit morceau de pain. Quand il eut atteint l'âge mûr, on voulut l'initier au métier de tailleur, mais le résultat ne fut pas très heureux. Puis il tomba malade des poumons. Les médecins lui dirent qu'il ne lui restait que cinq ans à vivre. Alors il décida de consacrer ces cinq années à servir Dieu; il se rendit au monastère de Miljkovo auprès de l'archimandrite Ambroise.



Quand je me suis rendu compte que ni ma famille, ni mes amis, ni quiconque ne m'apportaient rien d'autre que des blessures, j'ai pris la décision de ne plus vivre pour ce monde-là, mais de consacrer à servir Dieu les quelques jours qui me restaient. J'ai compris que je ne disposais en ce monde de personne qui me fût aussi proche que le Seigneur.



De la paix intérieure.

Qu'est-ce qui est le plus important dans la vie spirituelle?

Le plus important, je pense, est de garder son coeur en paix. Ne vous laissez pas troubler, sous quelque prétexte que ce soit. Dans le coeur doivent régner la paix, le calme, le silence.

Le chaos mental, c'est la situation des anges déchus ( les démons, les esprits qui se sont détachés de Dieu). Notre esprit, cependant, doit rester concentré, attentif et non dispersé. Ce n'est que dans un esprit non dispersé que peut s'établir le Dieu unique.



La prière intérieure.

Quand nous sentons que nous sommes favorablement disposés, nous pouvons interrompre le silence du coeur en pratiquant la prière de Jésus. A l'origine, son texte était le suivant : " Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu et Verbe de Dieu, par la Mère de Dieu aie pitié de moi!" Avec le temps, les moines ont simplifié cette prière; aujourd'hui elle s'établit comme suit : " Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi!"

Si cela nous est possible, il convient de dire la prière de Jésus avec sentiment. Si cela n'est pas le cas, il faut essayer d'appartenir de tout notre coeur au Seigneur au mieux de nos possibilités et de nous contenter de garder le silence devant Lui.

Si nous ne disposons pas d'un père spirituel expérimenté pour nous initier, il peut être dangereux de se forcer à pratiquer la prière intérieure.



Comment vous êtes-vous initié à la prière intérieure?

J'étais encore un très jeune novice quand j'ai commencé. Le Père Ambroise m'avait dit : " Quoi que tu fasses, ne cesse pas de dire en toi : Jésus, Fils de Dieu, aie pitié de moi!" Encore adolescent, je lui ai obéi de tout mon coeur. Chaque jour, je confessais à mon père spirituel ce qui se passait dans mon âme, et il me conseillait ce qu'il fallait faire. Au bout d'un certain temps, je sentis que, tout comme l'air que je respirais, la prière était en train de "pénétrer" dans mon coeur. Avec le temps, la prière se mit d'elle-même à s'établir dans mon coeur.

Mais mon père spirituel mourut, et je passai de longues années au milieu d egrandes souffrances. Le chagrin m'avait déchiré le coeur. L'angoisse que j'avais connue dans l'enfance me faisait souffrir de nouveau. J'avais peur que mes aînés ne soient pas satisfaits de mon travail et je ne parvenais jamais à trouver un instant de repos.



Que faisiez-vous alors?

Cela dépendait. Le plus souvent je prenais mon harmonica puis allais m'isoler pour en jouer. J'ai toujoura aimé la musique, elle a toujours été une source de consolation.

De temps en temps, je m'interrogeais : " Qu'est-ce que tu veux? As-tu faim, as-tu soif, es-tu malade? Dieu t'a tout donné, qu'est-ce que tu désires de plus? Mais mon âme était remplie de tristesse et aspirait à trouver du réconfort auprès de quelqu'un, mais il n'y avait personne pour le faire.

Je me rendis auprès de quelques spirituels et leur demandai conseil, mais cela n'aboutit à rien. Il en fut ainsi jusqu'au jour où je lus La voie du salut de Théodore Vichensky et que le Seigneur me vint en aide. Quand il n'existe pas d'être humain pour vous réconforter, alors le Seigneur, même à travers un livre, parvient à vous réchauffer le coeur.



Se tenir devant le Seigneur.

Tout en s'exerçant à préserver la paix intérieure, il convient d eveiller à la façon de se tenir devant le Seigneur. Cela signifie qu'il faut toujours garder à son esprit le fait que le Seigneur nous regarde. En Sa compagnie, nous nous levons, nous nous couchons, nous travaillons, nous mangeons et nous nous déplaçons. Le Seigneur est pleinement présent partout et en tout.



La véranda où nous tenions offrait une très belle vue. Le Père Thaddée leva la main en direction des plaines et des montagnes et dit :

Le Seigneur est la force qui déplace toutes les choses, détermine l'organisation de l'univers, confère la beauté à la création, prémédite tout et demeure dans le coeur de l'homme. Le Roi de gloire réside dans chaque chose comme Il réside dans Ses fils.



Communiquer avec Dieu.

L'homme trouvera en son for intérieur le Royaume de Dieu. " Descends dans ton coeur et tu y trouveras l'échelle pour accéder au Royaume de Dieu", conseille saint Isaac le Syrien.

Les Saintes Ecritures enseignent que le Royaume de Dieu est "justice, paix et joie dans le Saint-Esprit". La première étape sur la voie pour communiquer avec Dieu consiste à se confier à Dieu. Ensuite, Dieu est Celui qui agit, et non plus l'homme.

Communiquer avec Dieu signifie que Dieu S'installe en nous, qu'Il agit en nous; que notre esprit se revêt de Lui, ce qui fait que c'est Lui qui dirige notre raisonnement, notre volonté et nos sentiments. Nous devenons ainsi de notre plein gré des instruments entre Ses mains; c'est Lui qui agit sur nos pensées, nos souhaits, nos sentiments, nos discours et nos actes.



Comment l'homme qui a atteint un certain niveau de spiritualité se protège-t-il de l'orgueil?

Cela n'a rien de particulier. Communiquer avec Dieu correspond à un état spirituel normal. L'homme a été créé pour une telle vie et c'est pourquoi il doit l'acquérir de nouveau. En fait, nous ne faisons que nous efforcer de parvenir à un état normal et sain.



Maturation.

Quand le Royaume de Dieu s'installe dans le coeur de l'homme, alors Dieu lui révèle des mystères. L'homme "pénètre" avec Dieu dans l'essence des choses et comprend leur mystère.

Tout est connaissance en Dieu et, quand le Seigneur le souhaite, Il accorde à l'homme la grâce de lui révéler des mystères. C'est ainsi qu'un simple moine illettré peut, par la grâce de Dieu, accéder à de grands mystères sur la vie, la mort, le paradis, l'enfer ou la façon dont ce monde est organisé.

Quand le Royaume de Dieu s'installe dans le coeur humain, Dieu agit comme pour faire tomber un rideau d'ignorance dans son esprit. Alors l'homme comprendra non seulement le mystère d ela matière mais aussi son propre mystère. Enfin, dans un moment saint, Dieu, dans Sa grâce indicible, Se révélera Lui-même et l'homme regardera le Roi de gloire comme il regarde le soleil dans l'eau claire. Alors l'homme ne fait qu'un avec Dieu et Dieu agit en lui. Un tel homme ne vit que physiquement sur terre; spirituellement, il se trouve dans le Royaume céleste avec les anges et les saints et il regarde le Seigneur.



De la sévérité.

La sévérité envers les proches est dangereuse. Ceux qui font preuve de sévérité ne s'élèvent pas au-delà d'un certain niveau, purement physique. Dans les relations humaines, il faut se montrer indulgent, doux, tolérant.



Il faut s'entendre d'abord avec soi-même.

Je venais à peine de m'endormir que je rêvais que j'étais mort. Deux jeune sgens me conduisirent jusqu'à une pièce où ils me mirent sur un tréteau posé entre eux. A ma droite, il y avait des juges; Au fond à gauche, quelqu'un lançait des accusations contre moi en disant : " C'est un homme qui ne peut s'entendre avec personne!" Je me taisais, abasourdi. Alors cette voix venue du fond répéta deux fois la même accusation. Le jeune homme qui était à ma droite me dit : " N'aie pas peur! Il n'es pas exact que tu ne puisses t'entendre avec personne; C'est avec toi-même que tu ne peux pas t'entendre!"



Atmosphère céleste et atmosphère infernale.

L'homme qui porte en lui le Royaume céleste fait rayonner des pensées saintes, des pensées inspirées par Dieu. La présence du Royaume de Dieu crée en nous l'atmosphère du Royaume céleste, alors que l'homme dont le coeur est soumis aux forces infernales irradie un climat psychique infernal.



Le rôle des chrétiens dans le monde

est de purifier l'atmosphère sur cette terre

et de propager l'atmosphère du Royaume de Dieu.

Nous devons conquérir le monde tout en gardant l'atmosphère céleste en nous, car en perdant le Royaume de Dieu en nous, nous ne sauverions ni les autres ni nous-mêmes. Quiconque porte en soi le Royaume de Dieu, le transmettra imperceptiblement aux autres. Les gens seront attirés par notre paix et notre chaleur, voudront être à nos côtés et seront progressivement conquis par l'atmosphère céleste. Il n'est même pas nécessaire d'en parler aux gens : le ciel rayonnera de nous, que nous nous taisions ou que nous parlions des choses les plus ordinaires; il rayonnera même de nous sans que nous en soyons conscients.

Le Royaume de Dieu ne s'établira pas chez quelqu'un d'insoumis , car ce dernier veut toujours que s'exerce sa propre volonté, non celle de Dieu. Dans le Royaume céleste, la possibilité d'un royaume au sein du Royaume est exclue. C'est cela que voulaient "les esprits déchus" et c'est pourquoi ils se sont détachés du Seigneur, le Roi de gloire.

L'âme qui est tombée dans le cercle du chaos de la pensée, dans l'atmosphère infernale, ou qui s'y est jetée d'elle-même, ressent les tourments de l'enfer. Par exemple, en lisant les journaux ou en nous promenant dans les rues, nous sentons tout à coup que notre âme est bouleversée et que nous sommes envahis par une impression de vide ou de tristesse. Cela résulte du fait que la lecture d'informations diverses nous afait perdre la concentration de notre esprit : nous sommes devenus distraits et l'atmosphère infernale commence à "s'insinuer en nous".



Sur la prédication.

Il ne faut pas prêcher avec son esprit, mais avec son coeur. Seul ce qui vient du coeur touche le coeur d'autrui. Il ne faut jamais attaquer, ni s'opposer à quelqu'un. Si le prédicateur veut détourner les gens d'un mal quelconque, il doit le faire avec douceur, humilité et dans une grande crainte de Dieu.



De l'humilité.

Qu'est- ce qu'un homme humble?

Un homme humble considère tout homme comme supérieur à lui-même, et non seulement tout homme mais aussi toute créature.



Comment considérer une créature comme supérieure à nous, alors que le Seigneur nous a dotés de raison et appelés Ses fils?

Si vous êtes honnêtes avec vous-mêmes, vous vous rendrez compte que vous êtes inférieur à nombre de créatures. Regardez comme l'abeille s'actice en travaillant. Elle se donne sans compter. L'abeille ne vit qu'un mois et demi, elle meurt souvent à la tâche dans les champs, sans revenir à la ruche. Songez à l'inverse combien l'homme pense à lui-même et s'apitoie sur son sort. regardez aussi la fourmi, qui ne se fatigue jamais de tirer quelque chose; si son fardeau glisse, elle le redresse et continue son travail. nous quand quelque chose ne se déroule pas comme prévu, nous abandonnons rapidement la tâche commencée.



J'étais présente quand une vieille grand-mère demanda au père T. ce qu'il fallait faire pour que ses petits-enfants soient croyants.

Il faut que leur grand-mère soit toujours douce, bonne , qu'elle ne se mette jamais en colère, qu'elle soit toujours contente et qu'elle reste à l'écoute de tous ceux qui, eux, ne veulent pas l'écouter. Il se peut que ses petits-enfants ne soient pas croyants aujourd'hui, mais plus tard ils se souviendront de leur grand-mère et ce souvenir les rendra meilleurs...





XI

DIEU VEUT FAIRE DE NOUS, LES HOMMES, DES DIEUX (*)



Dieu est lumière

Père, pourriez-vous nous dire quelques mots sur Syméon le Nouveau Théologien?

Dieu souhaite fortement faire des hommes, des créatures bonnes; c'est à cette seule fin qu'Il est descendu sur terre et a pris chair. Notre bonne volonté suffit pour qu'Il nous élève à ce niveau. Car là où il y a de la bonne volonté, il n'y a plus le moindre obstacle pour y arriver.

Dieu est lumière, une lumière infinie, incompréhensible. En Lui réside la lumière, unique dans l'unité de la nature divine et indivisible dans les Personnes divines. Le Père est lumuère, le Fils est lumière, le Saint-Esprit est lumière, les Trois Personnes sont une lumière, simple, harmonieuse, hors du temps, éternelle et toute glorieuse. Tout ce qui provient de Dieu est lumière, car cela est issu de la lumière. La vie elle-même est lumière, une lumière sans fin. L'amour, la paix, la vérité, le Royaume céleste sont lumière. Le paradis, la grâce, la contrée céleste des doux, les lauriers de la vie sont lumière. Les habits mêmes des saints sont de lumière. Jésus-Christ, Sauveur et Roi du monde est lumière.



L'âme doit rejeter consciemment le mal.

Jadis, je pensais que les Saints Pères, après avoir reçu le don de la grâce, la conservaient tout au long d eleur vie. Cependant, il ne faut pas s'attendre à cela. Le Seigneur accorde à toute âme zélée le don de la grâce, mais Il exige d'elle de rejeter le mal en toute connaissance de cause et de façon absolue et de se tourner entièrement vers le bien : le Seigneur Lui-même. Il s'agit de rejeter consciemment le mal! Nous devons vaincre le mal en paix et en silence, par des pensées paisibles et douces. c'est pourquoi beaucoup de souffrances et de malheurs se produisent dans notre vie... Un malheur qui nous inflige beaucoup de douleurs se reproduira souvent tant que nous n'aurons pas appris à le dominer en paix et en silence et que nous n'aurons pas cessé d'y faire attention. C'est pourquoi ceux qui recherchent le Seigneur traversent de nombreuses difficultés. En outre, il arrive que les êtres les plus proches de nous, nous méprisent et nous rejettent. Nous devons les comprendre de façon paisible et avec beaucoup de compréhension, sans condamner quiconque... Nous devons comprendre que si nous avions été à leur place, nous aurions peut-être été pires dans nos récations, et c'est pourquoi nous devons nous apaiser.



Si des malheurs te frappent,

cela signifie que le Seigneur t'aime.

Nous saurons si nous sommes aimés du Seigneur si le Seigneur nous confie des tâches difficiles et si nous connaissons de nombreux malheurs au cours de notre existence. Les Saints Pères disent : " Si tu vois que tu jouis d'une paix inaltérable, prends garde, tu n'es pas sur le bon chemin." Cela signifie que tu fais quelque chose conforme à la volonté de l'ennemi; il ne te dérange pas car il te tient en son pouvoir. Tu vis bien, sans rencontrer beaucoup de tentations; il te tient sans même que tu remarques que tu es en son pouvoir.



L'ennemi s'approche souvent des croyants par la droite,

puis s'en empare.

L'ennemi s'approche souvent des croyants par le côté droit, car il ne souhaite pas les agresser de prime abord ( par la gauche), sachant qu'il serait alors repoussé; il préfère agir par la droite (12).

(12) : ( Référence à la topologie spirituelle symbolique traditionnelle, qui est ainsi exposée de manière claire par l'Ancien Cléopas : " A gauche, l'homme est tenté par le diable qui l'incite au péché direct, à des actions ou à des agissements que l'homme sait être péchés et mal mais qu'il accomplit malgré tout. C'est la tentation par l'incitation ouverte au péché, l'incitation à pécher directement et intentionnellement. A droite, la tentation du diable se produit de deux façons. Premièrement, lorsque l'homme accomplit de bonnes actions et fait de bonnes choses, mais avec une intention et un but malsains. C'est par exemple lorsque l'homme fait du bien, agit bien, mais par amour de la gloire, pour recevoir des louanges ou quelque situation, pour se glorifier, ou pour en tirer quelque avantage pour lui-même; ou encore lorsqu'il fait du bien par vanité, intérêt, cupidité. Un tel accomplissement de bonnes oeuvres dans un but mauvais est une action pécheresse et nuisible. Pour cette raison, la bonne action avec un but qui n'est pas selon Dieu est en fait une tentation pour l'homme. C'est une tentation qui lui vient du côté droit, c'est-à-dire sous l'apparence du bien. La seconde tentation du côté droit vient du diable par diversesapparitions ou visions, lorsque l'homme accueille l'apparition du diable sous l'aspect de Dieu ou d'un ange de Dieu. Cette confiance dans les apparitions diaboliques ou leur acceptation est appelée par les Pères "tromperie", "illusion." " (NdEF).).



Puis il se met de côté pour voir si ses cibles vont accepter ce qu'il leur propose. Il apparaît sous la forme d'un ange ou sous la forme du Seigneur et Sauveur, puis "révèle" divers mystères et divers événements. Ce sont ses trucs à lui. On sait que des hommes ont recours à des trucs; a fortiori les esprits mauvais utilisent-ils des tours semblables.



Comment les hommes peuvent-ils comprendre que cela n'est pas bon?

Les hommes ne sont pas en mesure de le reconnaître seuls. Cela leur est possible, mais ils doivent au préalable subir beaucoup de souffrances. La grâce particulière de Dieu doit agir en eux, et il faut beaucoup prier pour eux... Si nous prions pour quelqu'un qui est totalement investi par les esprits mauvais, alors c'est nous qui avons à supporter un tel fardeau, car les esprits agissant sous le ciel se retournent alors contre nous, car nous souhaitons et demandons au Seigneur de soustraire ce prisonnier à leur joug.



Est-ce qu'un tel homme a mérité cela par sa vie antérieure?

Tout homme dispose d'une plein eliberté d'orientation. Nous avons été dotés de la faculté de discerner ce qui est bien et ce qui est mal. Mais comme nous ne sommes pas parfaits, le Seigneur est à l'oeuvre par l'intermédiaire de Sa sainte Eglise. Il se peut qu'un prêtre ait un mauvais comportement ou mène une mauvaise vie, mais il ne doit pas prêcher autre chose que ce que la Sainte Eglise enseigne sous la direction du Saint-Esprit.

Nous sommes tous conviés à accomplir de bonnes actions, mais on ne se sauve pas par des actions. En effet, si nos actions suffisaient à assurer notre salut, il ne serait pas nécessaire que le Seigneur vienne pour nous sauver. Nous ne nous sauverons que grâce à la miséricorde du Seigneur. La grâce de Dieu nous sauve. Le Seigneur nous sauve. Nos bonnes actions nous valent des récompenses, mais le salut vient du Seigneur.



Cela signifie-t-il, Père Higoumène, que quand l'homme connaît à peu près la paix, un tel état n'est pas bon?

Quand l'homme est sous l'emprise du démon et qu'i connaît durablement une (trompeuse) paix intérieure, il ne rencontre pas de tentations et le démon ne le dérange pas. Cependant, il arrive que les hommes connaissent périodeiquement la paix et la tranquillité et périodiquement des conflits. Le Seigneur tolère cela afin de nous permettre d'être des combattants aguerris et de savoir comment surmonter ces maux. Car du temps doit s'écouler avant que nous venions à bout d'un mauvais trait de caractère qui s'est installé en nous depuis l'enfance et qui se manifeste fréquemment, et jusqu'à ce que nous puissions acquérir l'expérience spirituelle nécessaire pour nous en débarrasser. Nous avons besoin d'hommes d'expérience, qui ont eux-mêmes traversé de telles phases de la vie spirituelle, pour nous expliquer comment nous pourrons surmonter cela afin de recouvrer notre paix intérieure et la conserver.

Saint Isaac le Syrien nous enseigne : " Préserve à tout prix ta paix intérieure. Ne renonce pour rien au monde à cette paix intérieure. Fais la paix avec toi-même, et le ciel et la terre feront la paix avec toi."



Mais il nous est difficile de faire la paix avec nous-mêmes...

La paix intérieure correspond à un état où ne subsistent plus aucun souci concernant ce monde, plus aucun intérêt pour sa propre personne ( il s'agit d'un état où nous sommes libérés de nous-mêmes comme de ce monde).



Un tel homme a-t-il encore des pensées?

Le silence se fait alors dans l'homme. Il n'y a pas de pensées. Notre vie est à l'image de nos pensées. Si nos pensées sont calmes, tranquilles, douces, notre vie est douce. Si nos pensées sont destructrices, alors il n'y a ni paix ni repos. Dès que quelqu'un nous dit quelque chose qui ne nous plaît pas, aussitôt nous explosons. On voit ainsi précisément où nous en sommes. Il faut donc apprendre à être paisibles. Que nous importe si certains se querellent quelque part. Si quelqu'un insulte son voisin, nous nous révoltons sans être partie prenante de cette dispute, qui est du seul ressort des parties en cause.

On voit ainsi combien nous sommes faibles, comme nous savons mal garder notre paix intérieure.



Que faut-il pour acquérir et garder la paix intérieure?

Nous devons faire attention à tout et exercer notre discernement à propos de tout. Le Seigneur a dit à Jésus Navé : " Quoi que tu entreprennes, réfléchis d'abord profondément à propos de tout."

Si ayant d'abord estimé que notre discours serait utile pour quelqu'un, nous comprenons finalement que ces mots pourraient blesser cette personne et que cela n'apporterait rien d epositif, alors il vaut mieux garder le silence. Il faut tout faire avec discernement. Quand on exerce son discernement, on le fait avec toute l'attention nécessaire. L'attention est aussi nécessaire pour la prière. L'attention doit précéder la prière, afin de déterminer ce que nous recherchons, l'objet de notre prière. Quand on s'adresse à quelqu'un pour une requête, on lui dit souvent : " Je sais, je suis convaincu que vous pourrez m'aider si vous vous engagez dans ce but." Nous sommes concentrés sur les paroles que nous prononçons à ce moment-là.

Si nous nous adressons à autrui avec autant d'attention, ne faut-il pas faire preuve d'une concentration encore plus forte en nous adressant au Seigneur? Mais nous avons surtout appris à "réciter" les prières que nous connaissons par coeur ou que nous lisons dans les livres. En fait, nous ne participons pas ni par le coeur ni par le sentiment, nous contentant de les lire sans savoir vraiment ce que nous avons lu.



Père, je m'intéresse à la façon d'acquérir cette concentration. Doit-on pratiquer le silence avant de prier, se taire devant le Seigneur? Comment l'homme doit-il "se taire devant le Seigneur"?

Les Saints Pères disent : " La prière nécessite une vie pratiquement libre de toute préoccupation." Or nous nous réveillons dans un état de distraction. Au lieu de nous remettre à la volonté du Seigneur, nous pensons que nous devons réfléchir à tout et que le Seigneur a de nombreuses autres préoccupations dans l'ensemble du monde, dans l'univers. Nous nous demandons : " Va-t-Il songer à nous ou non?", ce qui signifie que nous avons peu de foi, que notre confiance est faible. Or, le Seigneur réfléchit à tout... Chaque événement, le fait le plus insignifiant survenu près de nous ou à notre propos, tout correspond à la Providence du Seigneur... Rien ne se produit dans le cosmos sans l'intervention de la Providence. Tout ce qui est noble et sublime relève de la Providence divine. Tout ce qui nous apparaît chaotique, Dieu sait pourquoi et dans quelle mesure Il a permis qu'il en soit ainsi. Nous devons considérer qu'Il est présent partout.

Quand nous vivrons ainsi, c'est-à-dire partout et toujours en présence du Seigneur, alors chacune de nos tâches sera accomplie de tout coeur. Nous ne travaillons pas pour les hommes, nous travaillons pour Dieu! Toute tâche revêt une empreinte divine, elle vient de Dieu. En adoptant une telle perspective, nous ne serons plus sur la réserve. En revanche, tant que nous ferons preuve de réserve, nous ne serons pas prêts pour le Royaume céleste : notre réserve dans l'exécution de nos tâches fait que nous ne nous engageons pas réellement dans notre travail. Le Seigneur Se donne en permanence sans réserve et souhaite que nous nous comportions pareillement. Or, nous sommes toujours réservés, et cette réserve nous éloigne du Seigneur et du Royaume céleste. Aussi convient-il de s'initier ici bas à la vie céleste, afin d'être absolument obéissants et absolument confiants en la volonté de Dieu, quoi qu'il se passe avec nous. Il faut recevoir ce qui vient de la main du Seigneur, sans se poser de questions. Quant aux circonstances dans lesquelles cela se passe, le Seigneur sait ce que nous pouvons et ce que nous ne pouvons pas supporter, ce qu'Il permettra de se produire ou non. Il sait si nous serons capables de surmonter certaines tentations. Il nous laisse être exposés à la tentation afin que nous puissions la surmonter en paix; plus tard, quand une telle tentation se présentera, elle sera appelée à disparaître car nous ne nous y intéresserons plus, nous ne ferons plus participer notre "système de pensée" à de tels événements.

Il nous arrive de nous empêtrer dans des événements en cours, sans garder notre paix intérieure et en nous mêlant d'affaires qui ne nous concernent pas. Si le Seigneur le permet, un événement suit son cours. Si nous avons déjà acquis la paix intérieure, un tel événement aura lieu à côté de nous, sans nous atteindre. Mais si nous y prenons part, alors nous risquons de pâtir.



Comment vit-on avec Dieu? Dieu est apparu à saint Syméon, après une longue période et précisément comme une Personne, alors qu'Il ne se manifeste plus maintenant...

Oui, saint Syméon le Nouveau Théologien a décrit cette époque comme une période où il n'y avait plus d'événements anciens tels que ceux où le Seigneur apparaissait aux hommes et faisait des miracles. Nombreux furent ceux qui se dressèrent contre saint Syméon. Celui-ci a pourtant véritablement décrit les événements de sa vie, et cela précisément à cause de tels personnages, afin qu'eux aussi voient le Seigneur pour toujours et en tout temps. Saint Syméon avait eu d'innombrables malheurs et traversé de nombreuses difficultés dans la vie.

Il a d'ailleurs écrit que, malgré le réconfort reçu, il a connu à nouveau l'ennui et l'indifférence envers toutes choses, y compris son salut. Il se mit à penser : " Le Seigneur m'a complètement oublié, Il m'a abandonné", puis se demanda : " Qu'est-ce que j'ai pu faire pour que le Seigneur me rejette à ce point?" Alors qu'il était ainsi dans la peine, le Seigneur lui permit de voir s'il Le chercahit en vérité, s'il souhaitait se retrouver indissolublement avec Lui. Le Seigneur nous laisse ainsi nous mouvoir "dans les profondeurs". Au moment où nous comprenons qu'il ne nous reste plus de forces pour avancer, nous nous écrions : " Seigneur, au secours!" Et c'est quand notre état est le plus critique que le Seigneur nous sauve, comme Il a sauvé l'apôtre Pierre.



C'est précisément au moment où l'homme reconnaît son impuissance à se battre, quand il sent qu'il est le plus rejeté de tous...

On a demandé à saint Syméon le Nouveau Théologien : " Comment se fait-il que l'homme se considère comme le plus grand pécheur sur terre, comment est-ce possible?" Il a répondu en toute sincérité : " C'est ce que je ressens." C'est ainsi, en fait, que la grâce de Dieu garde l'âme en paix. L'homme ressent en vérité qu'il se situe pour ainsi dire en dessous de toutes les créatures, y compris les esprits déchus. Ainsi, comme on le voit, on doit pratiquer l'obéissance tant que le Seigneur nous donne la vie et la santé. Merci à Dieu, de toute façon, de m'avoir ôté ce fardeau.



Comment se garder de l'ambition?

L'action de la grâce, qui est un don, exerce ses effets tant que l'attention de l'homme est unie au Seigneur. L'homme s'efforce d'oeuvrer entièrement pour le Seigneur. Il regarde partout le Seigneur, dans chaque créature... Tant que l'attention de l'homme est fixée sur le Seigneur et le Royaume céleste, il considère le monde comme appartenant à Dieu.



Dès que notre attention se détourne du Seigneur,

nous persons notre paix intérieure.

Le Seigneur réside secrètement en tout homme, que ce dernier Le respecte ou non. Mais Il est là, au centre de la vie. Il est le moteur de la vie, Il est Celui qui donne la vie. Tant que notre attention reste là; dans le coeur, on conserve vette paix intérieure et cette joie divine qui sont offertes à ceux qui débutent. Mais ensuite, dès que notre attention se détourne légèrement du Seigneur pour se fixer sur des centres d'intérêt terrestres, qu'il s'agisse d'objets inertes ou d'être vivants, nous perdons aussitôt notre paix intérieure car l'homme ne peut être de deux côtés à la fois. L'objet qui a attiré notre attention se glisse aussitôt à l'intérieur, il s'empare du trône du Seigneur, il s'empare de notre coeur. Il peut s'agir de la soif de gloire, d'honneurs, de richesse, de beauté. Dès qu'une chose d'origine terrestre s'élève sur ce trône, alors elle se met à vivre en nous. Les sentiments qui agissent en nous dépendent des centres d'intérêt auxquels nous accordons notre attention.



Combien d'hommes seront sauvés?

Le Seigneur le sait. Le Seigneur souhaite que tous soient sauvés. Chacun de nous y est appelé. Nombreux sont les appelés, peu nombreux sont les élus. Il fat prier le Seigneur pour être admis au nombre de ceux qu'Il aura choisis, qu'Il ne nous abandonne pas car nous sommes si faibles. Nous commes enclins à tomber amoureux des choses de ce monde. A l'inverse des anges qui ne tombent pas amoureux de la matière, nous sommes, dès que nous voyons quelque chose d'agréable et à notre goût, désireux de nous l'approprier. Et dès qu'une telle chose est en notre possession, nous en épuisons rapidement les charmes, puis nous passons à une autre chose. Nous voulons sans cesse autre chose, sans jamais nous rassasier. Si nous sommes aussi inconstants, que pourrions-nous attendre de nos proches et amis, sinon de passer constamment d'une chose à l'autre... Il faut donc nous fixer là où se trouve ce qui est inébranlable. Nous cherchons des appuis sur terre, mais chacun d'eux nous échappe. Il nous manque un appui constant, impossible à changer. Le seul appui existant à ce titre est le Seigneur. Il est inébranlable et inchangeable à travers les siècles. Quiconque espère en Lui ne sera pas humilié.



Pourquoi s'obstiner à chercher des appuis terrstres quand on sait qu'ils ne sont pas consistants?

Parce que nous sommes faibles. Nous sommes des enfants. Enfants du Père céleste, c'est auprès de Lui que nous devons chercher un appui. Mais comme nous sommes nés charnellement de parents terrestres, nous recherchons un appui auprès d'eux. Mais ces derniers ont des soucis, ils ne sont pas immunisés contre les soucis. Ils sont assaillis de malheurs et de difficultés, auxquelles nous prenons part aussi, ce qui fait qu'ils ne font pas attention à nous. Ils nous disent : " Tu es intelligent, réfléchis donc. Tu es mûr maintenant." Le Père céleste, Lui, ne se dérobe jamais. Il ne cesse de nous observer, nous guider, si notre coeur est uni avec Lui...

Dans ma vie, j'ai rencontré deux personnes qui ont vécu leurs meilleurs moments au cours de leur existence de couple marié... Il y a quelques années, j'ai rencontré une autre personne, aujourd'hui décédée. cet homme avait vécu plus de trente ans avec son épouse. Il disait qu'il ne s'était pas disputé une seule fois avec sa femme. Or, il avait un tempérament vif et exerçait un métier difficile ( il travaillait dans la police). Il lui arrivait d'être en contact avec des individus louches et violents, ce qui fait qu'il rentrait de mauvaise humeur chez lui; mais son épouse savait toujours trouver les mots pour l'apaiser et le détendre. Leur foyer était un petit paradis.

Rappelons-nous ce que saint Syméon disait de lui-même : " Je n'ai pas fait de longs jeûnes, ni passé des nuits sans sommeil. Je n'ai pas dormi sur la terre nue, ni exécuté des travaux particuliers. Je n'ai fait que regarder ma propre faiblesse tout en devenant humble, et le Seigneur m'a sauvé."



Cela signifie-t-il que tout cela n'est pas indispensable?

Saint Syméon a dit : " Au moment du grand Jour, on ne cherchera pas si telle âme a prié, a jeûné ou si elle a fait de bonnes oeuvres dans sa vie. Mais toutes les âmes seront minutieusement examinées afin de savoir si elles ont quelque chose de commun avec le Christ Sauveur", si elles possèdent une caractéristique du Christ Sauveur.

Nous sommes appelés à devenir des hommes de prière, de labeur, à faire le bien, mais si nous ne nous efforçons pas d'améliorer notre caractère, alors tout est illusoire...

La vie spirituelle est une vie de l'esprit, au-dessus de tous les sentiments liés à ce monde et de tous les souhaits.

Le monachisme, c'est le renoncement au monde et à tout ce qui en est issu. Le renoncement à sa propre volonté et à ses propres souhaits.

L'âme qui s'est unie à Dieu est modeste et humble. Quand elle prie ou quand elle réfléchit, elle s etient toujours devant la Face divine, sans s'autoriser à errer là ou ailleurs.



Je voudrais vous demander ce que signifie l'expression : " Il n'y a pas de plus grand péché que de prier sans craindre Dieu"? Qu'est-ce que la crainte de Dieu? Je ne parviens pas à l'imaginer : si j'éprouve de la ferveur envers Dieu, de quoi puis-je avoir peur?

La crainte de Dieu ne correspond pas à la crainte animale qu'on rencontre dans ce monde. Nous ne cessons d'être en proie à une peur animale. Il faut parvenir à la maîtriser en nous. C'est une caractéristique infernale. Nous ne cessons d'avoir peur : du lendemain, d el'avenir, de ce qui va arriver... On a la crainte de Dieu quand on aime Dieu de tout son coeur et que l'on s'efforce de tout son être, non seulement par des mots mais aussi par des actes et par son mode de vie, de ne pas Le blesser, ne pas lui causer de chagrin, même en pensées. Il s'agit de tout faire selon Sa volonté afin qu'Il soit satisfait. Telle est la crainte de Dieu : ne chagriner en rien notre Père. Ni par sa vie, ni par ses pensées ( car notre esprit cherche à se mêler de tout, à mettre sa patte partout, là où il faut et là où il ne faut pas). Il nous arrive de décharger notre responsabilité sur autrui, alors que nous sommes coupables de nous être relâchés et de nous être intéressé à des choses auxquelles il ne fallait pas que nous nous mêlions.

Quand nous nous retrouvons en groupe, par exemple sur notre lieu de travail où des gens discutent et se querellent ensemble, le plus sage est de se taire. C'est aux autres d'avancer des propositions, que l'on doit écouter en silence. Si l'ondoit dire quelque chose, alors il vaut mieux prononcer des paroles qui ne blessent personne et ne portent atteinte à la dignité d epersonne. Il vaut mieux ne pas intervenir, s'occuper de ses affaires et garder sa paix intérieure.

Prenons un cas qui m'est familier : je souhaite défendre la justice, mais l'injustice l'emporte en quelque sorte sur moi. C'est ainsi, mais il faut se souvenir de ce que dit le saint apôtre Paul : " Celui qui est capable d'endurer l'injustice est le serviteur du Seigneur."



Supporter l'injustice commise envers soi-même est une chose, mais comment se comporter devant l'injustice commise envers d'autres?

C'est là une question brûlante. Nous pouvons défendre la justice, mais ne savons pas si elle sera appliquée... En paroles nous pouvons blesser la dignité de quelqu'un, l'amener à se comporter de façon encore plus violente envers la personne que nous défendons. En défendant cette personne, nous pouvons en fait compliquer les choses. Si quelqu'un se trouve sous l'emprise d'esprits mauvais, que le mal se propage en lui, quelle influence pourrions-nous avoir avec des mots, nous risquons de voir empirer la situation de cette personne. Non, la seule façon de faire est de s'adresser de tout notre coeur à Celui qui rend la justice, en priant que le Seigneur y mette bon ordre.

Lors d'un rassemblement chrétien auquel assistaient des représentants d'autres religions, on a noté la présence d'un Chinois. Celui-ci restait silencieux alors que chaque participant avait exprimé son opinion de façon détaillée. A l'issue de la réunion, où tout s'était bien passé, on demanda au Chinois poiyrquoi il n'avait fait aucun commentaire ni soumis aucune proposition. Il dit : " Je n'ai cessé de prier Dieu pour qu'Il permette un bon déroulement de notre réunion et qu'une résolution soit adoptée dans l'intérêt général de tous les participants." Voilà comment on doit défendre la justice; à l'inverse, un discours aurait pu non seulement susciter la polémique mais aussi blesser la susceptibilité de quelqu'un. Il faut s'adresser au Très Haut, à Celui qui règne sur tous les esprits, afin que tout puisse s'apaiser.



Je voudrais vous interroger sur la paix intérieure. Vous avez dit qu'il ne doit pas y avoir de pensées concernant les choses de ce monde. Mais doit-on avoir des pensées concernant la vie à venir, ou doit-on en rester à un sentiment, à une impression?

Nous ne savons pas ce qui va advenir de nous dans une ou deux minutes. L'avenir n'est pas en notre pouvoir. Il faut en être libéré. Nous devons laisser tout cela entre les mains du Seigneur. Il est le seul Planificateur à savoir ce qui va se passer dans ce monde. Nous devons être libérés de la pression de telles pensées : ce qui sera, comment cela sera; il faut être libres, libres entre les mains du Seigneur.

Les hommes cherchent la paix, la liberté. Ils ne savent pas, les pauvres, ce qu'est la liberté; ils pensent que tout est liberté; Cependant, il n'en est rien; il s'agit en fait d'un esclavage. Nous sommes toujours esclaves; même si nous disposons de tout, nous sommes les esclaves de cette richesse et n'avons ni paix ni repos.

Nous pouvons aller où nous voulons, faire ce que nous voulons, mais il ne s'agit pas de liberté. La liberté est la liberté du Seigneur, quand l'homme est libéré de la tyrannie de la pensée, quand il ne subit la tyrannie d'aucune pensée, quand il vit en paix. Il se trouve alors tout le temps en prière, il s'en remet toujours au Seigneur, il travaille en conscience, il ne cesse de faire des efforts. Il effectue toutes les tâches de tout son coeur. Tout notre être doit prendre part à la prière, au travail, à tous les aspects de la vie. Nous ne devons pas être en guerre du côté de l'injustice, nous ne devons être en conflit avec personne. Nous ne devons pas être en guerre de façon délibérée. Nous devons être réconciliés avec tout le monde. Nous ne devons pas prendre les offenses à coeur : il faut les négliger, aujourd'hui untel nous insulte, on ne sait pas ce qui se passera demain. Nous ne cessons de prêter de l'attention à de telles insultes, mais il nous faut les surmonter en paix. Si nous ne prenons pas les insultes à coeur, si nous gardons notre paix intérieure, les gens finissent par se lasser. Ils se demandent même comment nous avons pu acquérir cette paix, comme si cette vie ne nous intéressait pas. " Nous ne faisons que nous énerver", disent-ils; " comment faites-vous? Nous n'avons pas une telle force", se plaignent-ils. Nous, c'est le Seigneur qui nous protège.



Puis-je me libérer de toute pensée?

Oui, c'est possible. Voyez ce que les Saints Pères disent : " Quand les sentiments, les pensées et la volonté se trouvent réunis, alors cela représente une force concentrée dans le coeur." La vie spirituelle exige un coeur vigilants. Le coeur est vigilant quand l'homme travaille de tout son coeur; le coeur est alors réchauffé, enflammé. c'est toujours dans cet état que chaque tâche est accomplie, de tout coeur.

Mais quand surviennent les vagues adverses, surgissent des réflexions concernant des préoccupations diverses. Nous devons alors nous réfugier auprès du Seigneur, rentrer en nous-mêmes ( dans le coeur), écouter le Seigneur et nous taire. Si nous ne pouvons pas rejeter aussitôt nos pensées, alors nous devons nous taire. Nous taire. Ce n'est pas à nous de réfléchir. Le Seigneur connaît Son plan, ce qui est possible et ce qui ne l'est pas. En nous taisant, nous trouvons la paix; alors nous devons occuper notre esprit, car il a appris à vagabonder. Donnons-lui une occupation : prier. Qu'il se mette à prier de tout coeur. Ainsi progressivement nous nous habituons à la prière, et la prière entre dans nos habitudes, comme toute occupation : une fois une occupation assimilée, notre corps se met à l'exécuter sans réfléchir et cette occupation est conduite à son terme. Il en est de même de la prière, peu à peu. On se met à prier d el'intérieur, sans dire un mot; quand le Seigneur voit nos efforts, que nous Le recherchons de tout notre coeur et que nous souhaitons être avec Lui pour l'éternité, indissolublement, alors Il nous accorde la force de la grâce, et notre coeur ne cesse ensuite de prier. En travaillant, nous écoutons la prière au fond de nous-mêmes.



Quand je prie, est-ce que j'adresse ma prière à une représentation de Dieu ou à Dieu Lui-même? Car je ne suis pas en mesure d'imaginer Dieu comme une personne.

Vous voyez, on ne doit pas, au moment de prier, imaginer quoi que ce soit : aucune image, aucune représentation.



Je n'imagine pas. J'éprouve plutôt une impression diffuse. Mais dès que je commence à avoir une représentation précise, alors précisément tout disparaît.

Nous savons que le Seigneur a été un homme, le Sauveur. Nous le connaissons comme Homme. Vous voyez comme Il est devenu proche de nous, afin de l'être non seulement par l'esprit mais aussi par la chair; car nous sommes Son fruit. Nous sommes à Lui. Mais comme nous sommes à Lui, nous devons nous approcher de Lui de tout notre coeur. Quand nous pensons souvent à quelqu'un, nous nous mettons à aimer cette personne. Vous comprenez? Il est impossible d'aimer quelqu'un si on ne fait pas durablement attention à cette personne et si on ne pense pas à elle.

C'est ainsi qu'on doit réfléchir au Seigneur : en permanence et en sachant que c'est seulement dans Son pouvoir que se trouvent toute la puissance, toute la force. Lui seul est en mesure de tout faire, Il est Celui qui possède tout. Dès lors, à qui d'autre s'adresser? Qui serait plus puissant que Lui pour nous venir en aide? Vous savez, il faut apprendre à s'approcher de Lui de tout son coeur; Il est là, Il est dans le coeur; Il n'est pas loin. Il est au centre de la vie et Il est le moteur de la vie.

Quand nous nous tournons vers le Seigneur, notre coeur s'enflamme, il commence à brûler. Le coeur se réchauffe, et si la concentration de nos facultés intellectuelles se focalise autour d'un point et que cette concentration devient plus forte, alors l'embrasement spirituel devient plus vif et toute tâche se fait de tout coeur. Vous verrez ensuite comme notre environnement va se transformer; les sentiments de ceux qui sont loin de nous vont aussi se modifier parce que la paix irradie de nous. Ceux qui vivent avec nous se mettent à penser différemment. Ils s etransforment! Auparavant, nous avions l'air préoccupé, maintenant notre présence fait du bien à notre entourage... Nous ne répondons pas aux autres sur le même ton, mais leur adressons des pensées paisibles, pleines d'amour et de bonté. Nous ne sommes plus en conflit avec autrui. Nous voulons la paix. Quand une guerre éclate entre deux parties, l'une des deux doit fléchir afin de conclure la paix. C'est ainsi que nous voulons être. Le Seigneur nous a dit d'aimer nos ennemis, de prier pour eux.



Quand je m'adresse à Dieu, j'éprouve un sentiment diffus. Comme si Dieu était une personne. J'ai le sentiment qu'il s'agit d'un être, mais dépourvu de certaine scaractéristiques particulières, à l'exception de ce que nous savons de Dieu. mais je crains que le démon ne cherche à me tromper, en créant en moi quelque chose qui en fait n'est pas Dieu?

Quand on prie, on doit faire très attention aux mots que l'on prononce, car nous sommes en mesure de nous imaginer n'importe quelle image et lorsque quelque chose apparaît, nous sommes tout à fait convaincus de la réalité d ecette vision. En fait, nous sommes distraits, dispersés. Les Saints Pères précisent qu'il n'existe que quatre choses auxquelles on peut penser pendant la prière, c'est-à-dire dont on peut avoir une représentation dans notre conscience : la mort, le Jugement, le paradis et l'enfer.



La mort.

Chacun doit avoir une représentation de sa propre mort, de la fin de sa vie, c'est-à-dire avoir conscience que cette vie est très brève. La vie passe vite, la vieillesse arrive vite. On a l'impression que la Seconde guerre mondiale vient de se terminer, or quarante années se sont écoulées... Prendre conscience que la vie s'écoule vite, c'est avoir conscience de la mort à venir; Cela signifie qu'il faut réfélchir sur la mort.



Le Jugement.

Nous devons savoir que nous aurons à répondre au sujet de notre vie. Nous devrons répondre, comme êtres doués de raison, sur la façon dont nous aurons utilisé, au cours de notre existence, la force qui réside en nous, qui est une force divine, car nous ne disposons pas de notre propre vie, elle nous a été donnée. Nous devrons dire à quoi nous aurons contribué au cours de notre vie : aurons-nous contribué à la paix et au silence dans le cosmos ou aurons-nous davantage contribué à propager un état chaotique? Aussi devons-nous nous efforcer sans cesse de faire résider en nous des pensées pacifiques, tranquilles, douces, des pensées divines.

Il ne s'agit pas de réfléchir sur la mort, le Jugement, le paradis et l'enfer, mais d'avoir une représentation à ce sujet jusqu'au moment où une telle représentation se sera enracinée en nous. Il s'agit d'avoir cette représentation en soi. Il faut aussi faire attention au sens des mots : que cherchons-nous, pourquoi prions-nous, que prononçons-nous? L'attention doit porter là-dessus!

Le Seigneur ne nous apparaît qu'en toute dernière extrémité, car si nous recevons un message du monde spirituel, nous sommes faibles et ne sommes pas en mesure de reconnaître s'il s'agit d'esprits déchus ou non; nous sommes des têtes brûlées et notre âme est en perdition. Les Saints Pères priaient pour ne pas avoir de visions, pour que rien ne leur apparaisse. Quand l'âme a le plus besoin de réconfort, faute de consolation auprès des proches, alors le Seigneur Lui-même vient en réconfort. Il nous l'accorde en dernier lieu, quand nous ne trouvons de réconfort auprès de personne, même de nos proches.



Quelle représentation peut-on avoir quand on pense au paradis, à l'enfer, au Jugement dernier et à la mort? Est-ce lié au contenu de la prière?

Prenons par exemple le Credo. Il s'agit du Symbole de notre foi qui a été établi lors des saints conciles afin de nous conforter dans notre foi, afin que nous sachions en quoi nous croyons. Une lecture attentive de tout ce qui est écrit dans le Symbole de la foi nous permet de nous représenter ce dont il s'agit. Par exemple, en lisant " Je crois en un seul Dieu", nous avons une représentation qu'il s'agit d'un Dieu unique, engendré par le Père avant tous les siècles", " Lumière de lumière", tout cela correspond à une représentation dans notre esprit; nous ne réfléchissons pas à cela, mais cela nous reste dans l'esprit comme une représentation.

Il s'agit d'une foi sans vérification?

Oui, c'est cela. Cela signifie que l'esprit est occupé par la contemplation spirituelle; comme il aime bouger, il faut l'occuper à faire attention aux mots qui sont prononcés, à l'objet de la prière, à la requête présentée dans la prière.



Mais je suis beaucoup plus conscient de votre présence que de celle de Dieu...

Quand il est en prière, l'homme ne doit pas réfléchir, mais considérer que lui-même n'est rien. Les Saints Pères disent que quand il prie, l'homme doit avoir le sentiment qu'il n'y a personne en ce monde, si ce n'est Dieu et lui-même : il s'adresse alors à Dieu. Il n'y a personne. Dans l'univers, il n'y a personne sauf eux deux, vous comprenez? Mais en priant, l'homme ne doit pas s'occuper de lui-même, car quand il le fait, il réfléchit à ses besoins et porte ainsi tort à lui-même. Ce ne sont pas les autres qui nous gênent, mais nous-mêmes. Nous constituons le plus grand obstacle pour nous-mêmes... Le mal réside en nous-mêmes. Mais ce n'est pas le mal qui est coupable; c'est nous qui sommes coupables de l'avoir accueilli et d'avoir perturbé ainsi notre paix intérieure. Nous n'avons pas préservé cette paix. Quand quelqu'un fait pression sur nous et nous pousse vers le mal, il est libre d'essayer de poursuivre son dessein, mais nous devons nous occuper de nos affaires, c'est-à-dire préserver notre paix intérieure.



Je voudrais vous demander si votre père spirituel, le père Ambroise, pratiquait la prière de Jésus?

Oui, il ne cessait de prier. Il s'attendait sans cesse à ce que sa vie s'achève. Dans une conversation, quand il disait quelque chose, il s'attachait de tout coeur à son interlocuteur. Il apportait un grand réconfort : il témoignait comment l'homme doit se défendre en pensée, comment l'esprit doit prier et s'efforcer à devenir un enfant véritable du Seigneur. Les Saints Pères disent : " Quand une pensée ( mauvaise) est rejetée, alors la victoire est obtenue sans combat." Si l'on s'entraîne en ce sens dès son plus jeune âge, cela s'avère utile pour chacun.

Ainsi l'un de mes enfants spirituels, qui vit dans le siècle, mène une existence plus exemplaire qu'un moine. Je lui avais conseillé de rejeter le monde des idées. Il s'est entraîné en ce sens et connaît aujourd'hui une vie complètement apaisée.

Les parents de ce garçon le poussent à se marier; il vient de terminer son service militaire, disent-ils, il est temps pour lui de se marier. Il leur répond qu'il ne sait pas quoi faire et qu'il a l'impression d'avoir été châtré, mais qu'il doit faire très attention à ne pas commettre l'erreur d'ouvrir la porte à des pensées (mauvaises). En effet, les désirs charnels ne peuvent se ranimer sans qu'un "film" ait été imaginé, sans qu'il ait été projeté, sans qu'une pensée ait été à l'origine de la réflexion. Le corrps est paisible en l'absence de telles pensées charnelles. Je lui ai dit : " Ne commets pas l'erreur d'ouvrir la porte à un projet; quand tu l'auras accueilli, tu t'apercevras que tu n'as pas été châtré."

" Ils me poussent à me marier, je ne veux pas le faire, dit-il, en restant très paisible : les femmes n'ont pas d'influence sur moi." Mais un jour, il finit par prendre en considération une proposition : " Qu'est-ce que je peux faire, Père, je ne peux pas la chasser de ma tête?" " Tu vois maintenant combien c'est dangereux! Tu dois aller prier, user un peu tes genoux et ratatiner un peu tes mains; tu dois prier le Seigneur et après cela ira mieux." Peu après il dit : " Plus jamais cela! Je ne m'amuserai plus à essayer cela, ce n'est pas nécessaire." Il s'est entraîné et il est maintenant apaisé. Il souhaite que ses camarades, qui vivent n'importe comment, soient chastes eux aussi; si cela leur est impossible, alors qu'ils se marient et qu'ils aient une épouse, mais qu'ils ne mènent pas une existence pareille. Il leur tient des sermons en ce sens, ce qui m'amène à lui dire : " Ne te précipite pas trop, car après tu seras incapable de t'en sortir seul. Les démons se mettent alors à attaquer, car tu les fais sortir." Et ils l'attaquèrent réellement. Il eut à affronter de nombreux combats spirituels, les démons lui infligèrent des coups, il revenait tout violet, couvert de contusions, comme s'il avait été frappé avec des matraques! On voit ainsi qu'il n'est pas bon de laisser libre cours aux pensées; on perd la paix et le repos. En s'exerçant à rejeter les pensées, on acquiert la paix. Il s'agit de ne pas fantasmer ni d'accueillir quelque image que ce soit.



Il serait bon, mon père, que vous nous parliez de la chasteté dans le mariage. Que disent les Saints Pères à ce sujet?

Les moines ne sont pas seuls à être conviés à la tempérance. Les moines font un triple voeu : obéissance, chasteté et pauvreté. Il s'agit des trois principaux voeux.

Mais le moine ne doit pas être le seul à pratiquer la tempérance : nous tous devons le faire. Le mariage n'est pas fait pour satisfaire des passions charnelles, mais pour procréer. Mais un bouleversement est survenu chez l'homme. A cause de la chute, tout a été troublé. Dans la nature, tout obéit à un cours et à un ordre, alors qu'il n'y a rien d etel chez l'homme. Tout est tordu chez lui, tout est déformé. Suite à notre indiscipline, nous avons transgressé les commandements de notre Père céleste, et tout s'est trouvé bouleversé en nous. Nous devons rétablir notre équilibre, et c'est pourquoi il faut cultiver la tempérance.

La tempérance s'impose à tous, non seulement au moine mais à chacun de nous. Aucune justification n'existe pour l'époux ou l'épouse qui ne cherchent qu'à satisfaire leurs passions. Le mariage existe, dit-on, pour la procréation, non pour la satisfaction des passions; Ceux qui n'auront pas fait preuve de tempérance auront à répondre devant Dieu! On sait, et l'Apôtre l'explique lui-même, qu'on ne doit pas s'abstenir trop longtemps, afin que le démon ne se mette pas à provoquer des tentations, mais on doit pratiquer l'abstinence par accord mutuel. Quand et comment la pratiquer? On sait qu'il faut s'abstenir de relations conjugales pendant le carême et lors des grandes fêtes.



XII

L'HUMILITE EXTREME, IDEAL DE LA VIE CHRETIENNE*



Les Saints Pères disent que l'idéal de la vie chrétienne n'est pas de faire des miracles, guérir des malades ni ressusciter les morts, mais l'humilité extrême.

Au cours de l'été 1991, l'Ancien Thaddée eut une conversation avec deux étudiants de Belgrade qui enregistèrent ce dialogue. L'un des deux étudiants dit d'abord :

" Pardonnez-moi, Père, seriez-vous d'accord pour donner votre bénédiction pour que j'enregistre vos paroles, afin qu'elles nous réconfortent spirituellement?

- Mais, est-ce que cela importe, mes paroles ne sont pas... (mot inaudible), cela ne compte pas, répondit-il. Vous venez ici avec vos problèmes, mais moi-même j'ai beaucoup de problèmes; le Seigneur nous réconforte ensemble. Je me plains auprès de vous, vous vous plaignez aussi, puis le Seigneur nous réconforte!"

Alors l'Ancien se mit à parler à ces deux étudiants et aux autres personnes présentes, prononçant peut-être les paroles les paroles les plus belles que nous ayons pu entendre sur la situation actuelle de notre pays, la position de l'homme sur la planète, la position de l'homme par rapport au temps et à l'éternité, son rapport avec Dieu.



L'homme, couronne divine de la création.

Les hommes pensent qu'ils sont quelque chose, mais l'homme n'est rien. L'évêque Nicolas (Vélimirovitch) dit : " Qu'est-ce que l'homme? Un sac de viande malodorante et rien de plus." Rien sinon une tête brûlée Il n'a pas conscience qu'il est une "trompette", qu'il est un outil entre les mains immondes des esprits déchus.

Le Seigneur fait de nous ce qu'Il veut, mais Il nous a donné un espace de liberté, afin de nous permettre de réfléchir et de choisir si nous voulons le bien ou non. Les esprits déchus sont tombés avant que l'homme ait été créé, bien avant. Tous les esprits n'ont pas préservé leur position. L'homme est la couronne de la création. Il a été le dernier à être créé. Il a été créé pour être le maître du monde matériel, pour que tout lui soit soumis...

Le monde matériel, le cosmos, ne se trouvait pas dans cet état. Ce n'est qu'après la chute qu'il a revêtu cet aspect de brutalité et d eputréfaction. Mais tout en ayant un aspect de brutalité et de putréfaction, le monde possède également sa beauté...

Nos aïeux originels étaient immortels. Ils n'étaient pas dépendants du temps et de l'espace, comme nous aujourd'hui. Ils se déplaçaient comme les pensées se déplacent... Mais après la chute tout s'est trouvé bouleversé. Dieu, tout empli d'amour et conscient que deux êtres doués de raison ne seraient pas capables de préserver leur position, leur a donné le temps entre la création du monde et le Jugement dernier pour reprendre leurs esprits et revenir dans les bras de leur Père, afin de prendre part au Bien absolu, à l'Amour absolu...

Mais les hommes se sont davantage attachés au mal qu'au bien. Il leur est plus facile de concevoir le mal que le bien. Or, quand l'homme se met à songer au mal, ces pensées lui font perdre la paix et le repos. Comme notre chute est immense! Nous sommes incapables de reprendre nos esprits ou d efaire quoi que ce soit de nous-mêmes. Nous n'avons pas la moindre idée de la tyrannie que les esprits déchus exercent sur nous. Nous croyons qu'il s'agit de nos propres pensées. Nous sommes torturés par la jalousie, la méchanceté, la haine. Il s'agit là de la pire des tyrannies. Notre âme voudrait s'en libérer, mais elle en est incapable. Dès l'enfance, elle s'y ets habituée, de sorte que cela s'est enraciné profondément en nous. Il faut l'extirper de nous. Il faut se convertir à l'amour, devenir absolument doux et pacifique. Ce n'est pas facile, car la chute de l'homme a été immense, terrible!



L'homme ne peut rien sans l'aide de Dieu.

L'homme ne peut rien faire seul, sans l'aide de Dieu. Il croit savoir quelque chose, en tête brûlée. Or, tout lui est révélé à partir d el'éternité. Le mystère de Dieu est partout. Nous sommes entourés de mystères. Pour nous-mêmes, nous sommes un grand mystère. Nous ne savons pas ce que nous sommes. D'où sommes-nous venus? Où allons-nous? Quel est cet être qui réfléchit, se déplace et raconte ce qu'il sait? Il crée quelque chose, sans lui-même savoir comment. Quel est ce mystère qui est en lui? Comment se fait-il que les organes qui sont à l'intérieur de lui fonctionnent à son insu, et à la perfection? Mais lui bouleverse tout cela par ses pensées.



Est-ce que les maladies proviennent du péché?

Cela vient de la chute de nos pensées. D'habitude, tout le monde a des pensées bonnes et mauvaises; Notre vie est à l'instar de nos pensées. L'esprit se nourrit de pensées, le corps de nourriture physique.



Nos pensées existent-elles objectivement et y a-t-il des pensées qu'on nous inflige de l'extérieur?

Nous sommes assaillis de pensées venant de tous côtés. Des faisceaux de pensées agissent de toutes parts. Si nous en avions la possibilité, nous verrions qu'il s'agit d'un réseau terrifiant. Or chacun de nous possède une station émettrice en lui. L'homme lui-même est un appareil plus sophistiqué qu'une station émettrice ou un téléviseur, mais sa fonction intellectuelle a été désorganisée. En fait, nous ne savons pas apprécier cela, nous ne sommes pas en mesure de nous intégrer à la Source de vie et de ressentir la joie de vivre. Nos adversaires réussissent toujours à nous glisser leurs pensées. Le Seigneur a permis à saint Antoine de voir les réseaux de pensées dont nous sommes entourés. En les voyant, ce dernier soupira : " Seigneur, qui peut échapper à cela?" Alors il entendit une voix qui disait : " Seuls les humbles et les doux." Les ondes émettrices de pensées des esprits déchus ne peuvent atteindre ni les humbles ni les doux. En effet, ceux-ci ne connaissent qu'un monde de paix et de silence et ne reçoivent que des ondes divines symbolisant la force absolue de Dieu. Ils ne reçoivent pas d'ondes négatives.



Comment notre environnement pollué agit-il sur nous?

Les gens se disent en bonne santé, mais ils ignorent ce dont ils ont besoin. Ils consomment des médicaments, mais leur état ne fait qu'empirer. Tant qu'il nous reste un peu d'air pur, il faut l'utiliser. mais l'air est pollué également, tout est pollué. Ceux qui se consacrent à des activités intellectuelles doivent respirer profondément et fréquemment car le cerveau et le coeur consomment une quantité considérable d'oxygène. Dès que l'oxygène est en quantité insuffisante dans le cerveau, nous nous trouvons incapables de "fonctionner". Quelque chose ne va plus, on se demande quoi : il n'y a pas assez de carburant, pas assez d'oxygène.



Comment nous nourrir?

Comme vous le voyez, nous consommons aujourd'hui de la nourriture toxique. Nous avons tout pollué. Au marché, il ne reste plus d'aliments sains; Ils ont belle allure, mais on n'ose pas les acheter. A la fin du siècle dernier, un vieil homme avait dit : " Un temps arrivera où les hommes produiront beaucoup de produits agricoles, mais ils n'oseront pas les consommer." Voilà ce qui est arrivé. La nourriture matérielle a été empoisonnée, la nourriture spirituelle l'a été également. Des enfants ont été contaminés, des personnes âgées aussi. Les gens pensaient vivre longtemps, mais leur vie a été courte.

Qu'est-ce que la Vie? Rien, en fait. Elle est si courte qu'on ne peut même pas en avoir une idée. Quand il est jeune, l'homme n'y pense même pas.

Je me suis souvent interrogé : notre existence terrestre est bien pauvre si nous ne sommes même pas capables de vivre plus de quatre milliards de secondes, ce qui correspond à une vie de 120 ans. Cent ans correspondent à trois milliards de secondes. Qu'est-ce que cent ans? - Rien... Un moment bref... Nous vivons dans l'éternité.

En fait, nous mesurons le temps grâce au fait que la terre tourne de son axe et du soleil. Si le soleil était toujours au zénith, il n'y aurait pas d epossibilité de mesurer le temps. Nous vivrions dans l'éternité; Il ferait tout le temps jour. Nous ne saurions pas par où commencer. Quand on ne mesure pas le temps, ne voit-on pas que le temps n'existe pas? Il n'existe que pour nous qui sommes limités.



La vitesse de l'esprit et des pensées.

Dans l'Apocalypse, saint Jean le Théologien évoque un ange complètement dévoué au Très Haut, ayant un pied sur la terre ferme et l'autre sur la mer et qui déclare que "les temps n'existeront plus!" Il y aura l'éternité... Cela signifie que le Seigneur mettra la vitesse en marche et que le monde matériel disparaîtra. Nous savons que la matière, quand elle atteint la vitesse de la lumière, disparaît. Elle se transforme en une énergie invisible. Quand elle atteint la vitesse de la lumière, trois cent mille kilomètres à l'heure.

Comme nous sommes misérables! Jusqu'à une date récente, nous ne connaissons que cette vitesse, sans savoir qu'il existe une vitesse supérieure. Or maintenant que nous disposons des appareils de précision aptes à mesurer les mouvements, le Seigneur nous révèle qu'il existe une vitesse beaucoup lus grande... Elle s emanifeste en un éclair sur un écran, puis disparaît aussitôt. A peone l'a-t-on aperçue sur l'écran qu'elle a parcouru notre galaxie. Or le diamètre de notre galaxie corresponde à 50 millions d'années-lumière. Quelle différence énorme de vitesse! La vitesse de la lumière ne peut se comparer à cette vitesse, pas plus que l'escargot ne peut rivaliser avec un train express. Trois cents d'un côté, 50 millions d'années-lumière de l'autre... Oui, mais l'esprit est plus rapide que les pensées; La pensée est lente. La vitesse moyenne de l'esprit correspond à la vitesse des pensées, or l'esprit est incroyablement rapide... Nous nous transportons dans l'éternité... Oui, merci à Dieu pour tout.



Nous avons empoisonné la terre...

Beaucoup de choses nous ont été révélées, mais nous avons abusé de tout. Nous voyons par nous-mêmes combien la poursuite de la vie sur terre devient problématique à cause des substances toxiques. Un de nos experts, auteur d'un livre intitulé " Planète et civislisation en danger" a écrit que l'eau potable risque quasiment de disparaître de la surface terrestre. En effet l'eau potable ne représente que 2% de l'ensemble d ela masse liquide, ce qui signifie que 98% ne sont pas propres à la consommation... Il affirme qu'il s epourrait que, s'il n'y avait pas de capacités suffisantes pour filtrer l'eau, les surfaces empoisonnées prolifèrent. A quelle vitesse les substances toxiques sont-elles rejetées tout autour du globe! Les principaux ennemis du genre humain sont les gaz à émission des véhicules à moteur. Puis tout le reste. Chaque usine rejette d'énormes quantités de produits toxiques. Il en est de même dans l'agriculture. La ville de Belgrade consomme une eau polluée. Un ingénieur m'a dit : " nous injectons du chlore dans l'eau, ce qui fait que nous la polluons encore davantage. Cela ne sert à rien. On peut éliminer facilement les bactéries et les bacilles, mais on ne peut isoler les substances toxiques." On peut filtrer autant qu'on veut, décanter, faire bouillir, faire tout ce qu'on veut, nous sommes entourés de substances toxiques. S'il n'y a plus d'eau potable, la vie est appelée à s'éteindre. Notre organisme contient 70% d'eau. L'agriculture a fait d'immenses progrès mais une grande quantité d'arbres a disparu. L'orme a disparu depuis longtemps. On rapporte que dans la localité de T. la forêt de conifères a commencé à s'assécher : les cimes sont en train de s'assécher. La radioactivité y est forte et les sources d'eau montagneuses ont été polluées. Le sous-som a été pollué. Nous sommes empoisonnés...



***



L'homme a toujours été en manque. Il lui manque toujours quelque chose. Cela a commencé aussitôt après la chute de nos aïeux originels. Le carnage est intervenu rapidement. Caïn a tué son frèrs cadet Abel par simple jalousie, prce que le sacrifice d'Abel avait été accepté, non le sien. C'est ainsi que tout s'est enclenché. De nos jours encore, il n'y a pas de paix. Chacun cherche quelque chose comme s'il allait vivre éternellement. Il semble que la fin est en train d'arriver. Les usines empoisonnent l'environnement à un tel rythme qu'on ne pourra pas vivre longtemps ainsi.



Nous devons prendre exemple sur le soiseaux.

Dieu merci, il existe encore des oiseaux... Mais beaucoup d'espèces ont disparu... Tout ets en train d'être détruit et la vie s'éteint... Il ne s'agit nullement d'un mystère. Voilà une dizaine d'années, quand la neige tombait en grandes quantités, une multitude de lapins s'assemblaient à la pleine lune. Sur l'immensité enneigée, ils se réunissaient dans une clairière où il n'y avait pas d'arbres et se poursuivaient les uns les autres, se culbutant et jouant dans la neige. Les bêtes connaissent cette joie de vivre et c'est ce que nous avons bouleversé et troublé. Les animaux possèdent cette joie de vivre, alors que nous, qui sommes pourvus en tout, ne sommes jamais contents. Les animaux ne se soucient de rien, n'engrangent pas de blé, ne font rien, mais le Seigneur les nourrit. Ils grignotent des brindilles par-ci, trouvent un abri par-là, dorment. Ils sont reconnaissants à Dieu. Nous, non. Les oiseaux ne cessent de louer Dieu. Ils commencent tôt le matin, à trois heures, à chanter et ne cessent de le faire jusqu'à neuf heures. A neuf heures, ils se calment un peu, puis partent chercher de la nourriture... Puis ils se remettent à chanter. Personne ne les force à chanter. Ils chantent. Qu'on les écoute ou non, ils chantent... Nous, nous restons renfrognés, l'air prétentieux. Nous n'avons pas envie de chanter, ni de quoi que ce soit d'ailleurs. Nous devons prendre exemple sur les oiseaux. Ils sont toujours joyeux. Et nous? Quelque chose nous gêne toujours. Mais en fait rien ne nous gêne vraiment. N'est-ce pas?



Père, nous voudrions savoir comment nous pouvons reconnaître la volonté divine. Comment devons-nous nous orienter, nous consacrer à telle ou telle activité, nous marier ou ne pas nous marier?

Le Seigneur nous trace la voie Lui-même. Il nous révèle Sa sainte volonté.

En ce qui concerne le mariage, le mieux est d'obtenir au préalable l'accord des parents et que la différence d'âge ne soit pas importante... Si les jeunes mariés ont la bénédiction de leurs parents, tout ensuite se déroule mieux...

Il faut être conscient que le mariage ne correspond pas seulement à une vie agréable mais comporte aussi des côtés amers; On s'aperçoit ainsi qu'il comprend des obligations. On doit faire avancer le "véhicule" de la famille, qu'on le veuille ou non. Les enfants l'exigent. Quand on avait sa liberté, on pouvait penser autremet; mais dorénavant il faut penser non seulement à soi mais aussi aux autres.



Deux voies existent dans la vie : le monachisme ou le mariage. Mais y a-t-il une troisième voie, Comment puis-je savoir quelle est la bonne voie pour moi?

N'importe qui ne peut pas assumer le monachisme. Oui, la vie monastique n'est pas facile. De faàon générale, vivre sur cette terre n'est pas facile, même si les conditions sont favorables. Un homme qui a vécu comme il avoulu et selon les désirs de son coeur fut Salomon, le roi Salomon, fils du roi David. Il régna quarante ans, sans combattre quiconque. Le Seigneur lui accorda la sagesse. Il construisit le temple de Jérusalem. On venait de tous côtés de l'univers pour l'écouter... Lui-même a dit : " Tout ce que j'ai voulu avoir de tout coeur, je l'ai obtenu. Je voulais posséder de beaux vignobles, je les ai fait planter. J'ai voulu avoir des palais, je les ai eus. J'ai disposé à Jérusalem d'une armée aguerrie, la meilleure. Mais je n'ai combattu personne." Et il ajoute : " J'ai voulu posséder de l'or et de l'argent en grandes quantités, et le Seigneur me l'a aussi accordé." Un jour, j'ai commencé à mener une vie ordinaire pour voir s'il existait une source de réconfort durable sur cette terre... Et je me suis aperçu que sur la terre tout est vanité des vanités et tourment pour l'âme. Il n'y a pas de consolation durable..." Voilà ce que disait Salomon, un homme sage. Cela signifie qu'on peut posséder ce qu'on veut, être ce qu'on veut, cela ne vous apportera rien de plus; En un mot, c'est comme si on n'avait jamais existé. On croit qu'on a assimilé toute la sagesse de ce monde. Tête brûlée! Ah! si l'on pouvait s'observer, on s everrait en train d efaire l'important tel un dindon, pour rien! Tête vide...

Oui, qui sur le globe terrestre peut prétendre qu'il a été ou sera au courant de toutes les connaissances universelles? Personne; Chacun se perfectionne dans une discipline, rassemble des éléments épars, et c'est comme cela que nous devenons un ensemble. Les gens adorent les philosophes et divers savants internationaux, ne cessant de faire référence à leurs discours; Personne ne prend garde au fait que Dieu avait promis à nos ancêtres qu'Il enverrait le Sauveur du monde pour nous ramener à l'état originel. Personne ne savait qu'il s'agirait de Dieu Lui-même. Car seul Celui qui nous a créés est en mesure de nous ramener à l'état originel; qui d'autre le pourrait? Celui-ci est venu et on ne L'a pas accueilli...

Nous avons été baptisés dans le Christ Seigneur, mais nus ne sommes chrétiens que d'un point de vue formel, et non comme le Seigneur souhaite que nous le soyons. Il n'y a rien d ebien en nous; dès que nous pensons mal et nous mettons en colère en manifestant du mépris vis-à-vis de notre prochain, le néant s'installe... Nous lisons mais ne comprenons pas. Qui parmi les savants et les scientifiques internationaux a pu dire à propos de lui-même : " Je suis le chemin, la vérité et la vie"? Personne n'a pu affirmer de telles choses, ou dire : " Je suis le pain d evie." Ou encore : " Qui croit en Moi aura la vie éternelle." Mais les gens sont étroits d'esprit. Ils comprennent peu de choses, ils ne se rendent pas compte. Le mensonge leur est plus proche que la vérité.



La perfection de la vie chrétienne, c'est l'humilité extrême.

Nous croyons avoir une valeur, mais nous ne valons rien. La perfection de la vie chrétienne, selon les Saints Pères, c'est l'humilité extrême. L'humilité extrême! Les humbles seront récompensés par la grâce divine. Une personne humble et paisible ne se met pas en colère. Si on la réprimande et si on se met en colère contre elle, alors cette personne est sincèrement désolée de voir quelqu'un se tourmenter ainsi.



Y a-t-il un remède pour nous, les pécheurs et les malades?

Et comment! Il faut écouter et obéir. Se calmer, écouter et obéir. Quiconque est humble et paisible est aussi à l'écoute. Comme le dit le dicton : " Celui qui écoute a la gorge pleine." Celui qui écoute et obéit est humble. Dès que nous nous rebellons, nous pouvons remarquer comment notre adversaire nous empoisonne l'existence.



Père, mes parents sont divorcés; ma mère m'a ouvert à la foi... mon père est contre Dieu. A qui obéir?

Eh bien, il ne dépend pas de toi que tes parents s'entendent ou non, se querellent ou soient bons ou non : ils doivent être respectés par toi, afin que tu puisses recevoir la bénédiction divine et connaître le bonheur. La façon dont ils se conduisent à ton égard, c'est leur affaire. Il existe des parents qui ont été trop rigides, qui ont même torturé leurs enfants. Ainsi deux frères avaient une mère très bonne qui leur demanda un jour de respecter leur père afin de mériter la bénédcition de Dieu, en dépit du fait que cet homme ne s'était pas conduit à leur égard comme il fallait. Par la suite, ils ne permirent à personne de dire du mal de leur père; nul n'a le droit de l'insulter. Les deux frères disaient : " Pour nous, notre père est comme une sainte relique." Ils avaient vécu des journées terribles; leur père ne s'était pas montré miséricordieux à leur égard, mais Dieu a fini par leur accorder Sa bénédiction, et ils sont maintenant pleins d evie, reconnaissants à Dieu. Car le Seigneur a bien voulu consentir à notre venue dans le monde par l'intermédiaire de nos parents. Ce que ceux-ci ont été, ils en répondront devant Dieu, mais ils répondent aussi pour nous. Mais nous n'avons pas à répondre pour eux. Nous répondrons sur notre manière d eles respecter et le fait de savoir si nous l'avons fait. Dans notre pays, la situation spirituelle est très mauvaise parce que des petits enfants âgés de cinq ans se dressent contre leurs parents. C'est parce que personne ne respecte plus ses parents que les choses se passent ainsi. Cette situation existe aussi à l'échelle de la planète...





XIII

COMMENT APPRENDRE L'OBEISSANCE



L'obéissance au Père céleste et à ses parents terrestres.

Père Thaddée, comment pouvons-nous apprendre à obéir et comment pouvons-nous, de la façon la plus indolore, éviter les ruses de notre propre esprit afin de parvenir au Christ, si cela est du domaine du possible?

L'obéissance s'apprend dès le cercle familial; c'est là qu'on découvre l'obéissance. Si nous ne nous montrons pas obéissants à l'égard de nos parents, nous aurons beaucoup de mal à consacrer notre existence au Christ. C'est pour indiscipline que nous avons été chassés du paradis. L'obéissance commence à nous imprégner quand nous voyons les conséquences de notre indiscipline... Le monde netier est soumis aujourd'hui à de telles tensions du seul fait de notre indiscipline. Le manque d'obéissance d'un enfant à l'égard de ses parents l'accompagne ensuite tout au long de sa vie. Moi-même, je ne savais pas quand j'étais jeune qu'il ne fallait pas offenser les parents même en pensées, pas plus qu'il ne faut nourrir de ressentiment à leur égard. Il se peut que nos parents soient des pécheurs, méchants, malfaisants ou je ne sais quoi encore, mais pour nous ils doivent garder un caractère sacré; ils auront un jour à répondre devant Dieu pour ce qu'ils ont été, leurs traits de caractère ainsi que pour leurs rapports avec nous, mais il ne nous appartient pas de le faire à Sa place. Ils doivent rester sacrés pour nous, afin de nous permettre d'avoir la bénédiction divine et ne pas commettre de transgression, car le fait de ne plus respecter nos parents nous prive de la possibilité d'avoir la bénédiction divine dans notre vie et de suivre le droit chemin.



Par nos pensées, nous fabriquons ou non

de l'harmonie en nous et autour de nous.

Nous voyons maintenant que nous cueillons les fruits de nos désirs et de nos pensées, à cause de notre indiscipline envers le Père céleste et nos parents terrestres. Nos pensées sont si fortes, si pénétrantes qu'il est même impossible d'en prendre conscience; Par nos pensées, nous fabriquons soit de l'harmonie soit une absence d'harmonie en nous-mêmes, autour de nous, autour du globe terrstre et dans le cosmos. Nous sommes capables de faire un grand bien aussi bien qu'un grand mal. Bien que nous soyons une petite unité, beaucoup de choses dépendent de nos pensées et de nos désirs.

Nos pensées mauvaises et nos désirs mauvais sont tels qu'il n'y a pas d'aide possible, et tout cela à cause de notre indiscipline à l'égard de nos parents et de nos anciens. C'est ainsi que s'écoule notre vie. Nous accusons les autres, nous ne cessons de vouloir rectifier tout autour de nous, sans jamais commencer par nous-mêmes; La grande erreur que nous commettons tous est de vouloir tout changer autour d enous, sans nous occuper d'abord de nous-mêmes. Si chacun commençait par se corriger lui-même, il n'y aurait pas tant de mal en ce monde car il existe peu de cas d'auto-correction dans la vie réelle. On trouve beaucoup de leçons à méditer dans les livres, il y a aussi des exemples individuels, mais la question est de savoir si l'on est capable de les appliquer dans la vie.



La vie est beaucoup plus parlante que les mots.

La vie est beaucoup plus parlante que les mots. En effet, l'exemple d'une personne humble et douce, incapable de se mettre en colère, d'avoir de mauvaises pensées, d eréprimander autrui, de condamner quelqu'un, qui ne s'offense pas quand on l'insulte, constitue un modèle de vie qui nous donne envie de l'imiter, car elle a maîtrisé le mal avec l'aide de Dieu : le mal n'a plus de prise sur elle. A l'extérieur, cette personne reste entourée par le désordre, mais celui-ci n'atteint pas l'intérieur de son coeur et ne trouble pas sa paix.



La vie humaine : un perfectionnement sans fin.

Le sens de l'obéissance s'acquiert au sein du foyer familial, au berceau, et il nous suit jusqu'à la fin de notre vie; tout au long de notre vie nous aurons quelque chose à apprendre pour nous perfectionner, à l'instar des anges et des saints qui ne cessent d'acquérir des connaissances. Nous sommes dans la même situation sur cette terre : soit nous perfectionner dans le bien, soit nous perdre dans des philosophies de bas étage.



Tout bien et tout mal proviennent de la pensée.

La pensée représente une force et une puissance énormes. La pensée exerce une influence non seulement sur les êtres raisonnables et le monde animal, mais aussi sur le monde végétal et tout ce qui existe. Si nos pensées sont paisibles, douces et sereines, elles apportent la paix à nous-mêmes et à tous ceux qui nous entourent, elles irradient autour de nous; mais quand nous sommes accablés de soucis et d epréoccupations, nous nous mettons à envier les autres et nous montrons agressifs envers autrui. Il s'agit d epensées destructrices qui mettent à mal notre paix intérieure et celle régnant autour de nous. Nous ne sommes plus conscients de ce que nous faisons dans notre milieu familial. Avec nos pensées, nous transformons ainsi un paradis en enfer. Très peu nombreux sont ceux qui reprennent leurs esprits et qui se rendent compte que le bien et le mal proviennent de nous-mêmes, c'est-à-dire de nos pensées.



Seul le Seigneur comprend l'homme,

car Il a revêtu la nature humaine.

Nul autre ne pouvait nous sauver sinon Celui qui nous a créés. Le Seigneur aurait pu nous sauver d'une autre manière, grâce à Ses forces et à Ses pouvoirs innombrables. Mais Il a pris sur Lui de revêtir noter nature et de nous montrer Son exemple vivant afin que nous prenions modèle sur Lui. S'Il nous avait sauvés d'une autre manière, nous aurions aussitôt réagi : " Tu es le Dieu Tout-puissant, tout est possible pour Toi. Tu n'es pas un homme comme moi et n'éprouves donc ni faim ni soif, ni douleur ni tristesse." C'est pour cela que le Seigneur a assumé Lui-même l'intégralité de la condition humaine. Les apôtres ont décrit la vie du Christ Sauveur dans les Saintes Ecritures, où ils affirment qu'Il a vécu beaucoup plus de moments tristes que d'événements heureux. Nul ne L'a jamais vu en train de rire, comme il nous arrive de rire quand nous sommes gais; Il était toujours triste à cause du comportement des hommes, qu'Il n'a cessé d'assumer Lui-même. En revêtant la nature humaine, Il a pris sur Lui tout le fardeau de la condition humaine, et aujourd'hui encore Il porte sur Lui le fardeau de l'humanité. Mais, voilà ce que nous avons fait : nous ne L'avons pas accueilli, alors qu'Il était un homme pareil à nous en tous points, à l'exception du péché.



"Fils, donne-moi ton coeur."

Nous pouvons nous purifier dans le Seigneur en nous unissant en pensée avec Lui. Dans l'Ancien Testament déjà, on pouvait lire : " Fils, donne-moi ton coeur!" Il est tout amour et c'est cet amour divin qui nous a fait naître. Comme Père, Il cherche à ce que nous Lui rendions ce qu'Il nous a donné, à l'instar de nos parents terrestres qui nous font beaucoup de bien au cours de notre vie, qui nous ont fait naître, qui ont assuré notre éducation, qui ont tout sacrifié pour nous et qui cherchent à jueste titre à ce que nous leur rendions ce qu'ils nous ont offert et donné; or il nous arrive souvent de les offenser et donc de les peiner, ce qui ne nous empêche pas de nous étonner ensuite à propos des turbulences qui nous frappent dans notre vie.

Les chagrins infligés aux parents provoquent des cassures dans la vie des enfants, car cela ouvre l'accès à notre adversaire, grâce à la transgression que nous avons commise. La loi terrestre de la transgression nous inflige une punition chque fois que nous avons perpétré un acte de ce genre.



Quand le désordre règne dans la famille, comment la prière peut-elle aider à retrouver l'apaisement physique?

Personne ne se fera de tort en faisant le bien. Un jour, une femme vint me voir en se plaignant de son mari qui était devenu ivrogne et fort irritable. Elle me raconta que son époux avait éprouvé un grand chagrin qui l'avait poussé à boire; il en prit l'habitude et ne parvint plus à s'en libérer. Je dis alors à mon interlocutrice qu'elle avait dû faire d ela peine à son mari, par son attitude, ses gestes, son comportement, voire par ses pensées. " Tu as dû être mécontente à cause de quelque chose, ou tu as dû nourrir certaines pensées en te mariant; or le mariage est une chose sainte", lui dis-je. On ne doit pas troubler la paix conjugale; or on ne le maet pas seulement en cause par des gestes et des mots, mais aussi par des pensées, car les mots sont des pensées qu'on prononce.

De nombreux exemples existent à ce sujet. L'homme peut transformer le paradis en enfer. Il y a quelques années, un couple marié vint me voir. L'un et l'autre avaient été particulièrement favorisés physiquement par le Seigneur; leur beauté était indicible. Ce jour-là, il faisait froid, nous avions célébré la liturgie dans la chapelle; après l'office, ils me dirent qu'ils étaient venus pour se plaindre. Ils me racontèrent alors qu'ils s'étaient mariés par amour, puis avaient vécu dans la paix pendant longtemps. Puis, ils devinrent irritables, ne cessant de s'énerver pour la moindre chose. Mais leur problème le plus douloureux concernait leur jeune fils âgé de six ans. Depuis quelque temps, cet enfant était devenu comme un étranger pour eux, s erefusant à leur parler et passant son temps chez ses grands-parents. Ses parents avaient beau lui offrir des cadeaux, jouets, vêtements, confiseries et gâteaux, il déchirait les emballages, et piétinait tout, puis partait chez les grands-parents, laissant ses parents seuls. Ces derniers ne savaient pas quoi faire; leur fils était en bonne santé, et ils ne parvenaient pas à comprendre son attitude. " Que faire?" me demandaient-ils. Je leur disais que cet enfant ne voulait pas avoir un père et une mère comme eux. " Mais pourquoi, pour quelle raison?" " Il recherche un père et une mère, mais il n'a ni l'un ni l'autre; Autrefois, vous étiez heureux. Vous l'étiez car vous aviez, comme je le demande toujours, la bénédiction de vos parents. Vous m'avez dit que vous n'aviez pas eu d eproblème avec vos parents : " Nos parents s'étaient liés d'amitié avant même que nous tombions amoureux l'un de l'autre et ils étaient d'accord au sujet de notre union." Vous aviez donc la bénédiction de vos parents, vous vous êtes mariés par amour et vous viviez en paix, votre maison était comme un paradis. Et voilà ce que vous en avez fait; avec vos pensées vous avez bouleversé tout cela! Jusqu'à une période récente, vous étiez satisfaits de votre mariage, vous n'aviez pas de fantasmes. Aujourd'hui, vous, le mari, quand vous voyez une femme à votre goût, votre coeur s'emballe aussitôt; d emême vous, l'épouse, quand vous remarquez un homme qui vous plaît, votre coeur s'emballe aussitôt. Vous continuez à vous unir charnellement, mais non spirituellement : l'un pratique la luxure de son côté, l'autre du sien. Mais Dieu merci, je vois que vous n'avez pas foulé aux pieds la couronne nuptiale. Votre enfant ressent tout cela; il n'a pas besoin d'avoir un tel père et une telle mère, car vous n'êtes plus unis à lui : vous ne faites qu'errer et d'un paradis vous avez, à cause de vos pensées, fabriqué un enfer au sein de votre foyer. Est-ce que vous vous en rendez compte? Votre enfant a six ans, cela fait longtemps qu'il est à vos côtés. Or vous lui avez infligé une douleur : c'est en effet une grande douleur d'être à côté de son père et de sa mère et d en'avoir ni père ni mère. Revenez à vous-mêmes, redevenez ce que vous avez été jadis, votre enfant reprendra sa place, et tout cela cessera", leur dis-je.



Pourquoi nous ne voyons rien.

Supposons qu'existe un ordinateur central disposant de très nombreuses données et en mesure d'assimiler beaucoup de renseignements. Appelons-le "la bête". Or, l'ordinateur qui se trouve en nous est beaucoup plus précis qu'un tel ordinateur matériel. Mais son écran a été brisé! Nous ne voyons rien, tout nous parâit à l'envers; Si nous étions paisibles, doux, candides, simples et si nous n'étions pas distraits, cet écran qui est en nous serait absolument propre et nous n'aurions besoin ni de liaisons radiophoniques ni d etéléphones ni de quoi que ce soit : nous pourrions voir dans le lointain et même en dehors des galaxies...



Par la prière, on peut vaincre le mal et établir la paix.

Beaucoup de choses sont possibles, mais il existe peu d'âmes humbles et modestes prêtes à tout pardonner du fond du coeur et à prier Dieu afin que le Seigneur empêche le mal. De telles âmes sont peu nombreuses. S'il y avait suffisamment d'âmes humbles et modestes, le mal ne pourrait pas régner.

Si dans chaque quartier urbain, dans chaque famille, il y avait au moins une personne passionnément attachée à servir Dieu, quelle harmonie n'y aurait-il pas dans ce monde? J'évoque souvent à ce sujet l'exemple d'une religieuse nommée J... Un jour, elle émit le désir de changer de monastère à cause des nombreuses querelles personnelles qui agitaient le monastère où elle se trouvait. Je lui déconceillai de partir et lui suggérai de cesser de se disputer avec les autres. " Mais je ne suis en guerre avec personne!", me dit-elle. Je lui dis que même sans conflit physique, on peut s'opposer par la pensée, ce qui est aussi une forme de guerre. " Mais je ne peux pas en supporter davantage", me confia-t-elle. " Seule, tu n'es pas en mesure d ele faire, mais avec l'aide de Dieu tu le pourras!" lui dis-je. " Nul ne sait si tu es en train de prier ou non; c'est une affaire intérieure concernant chacun de nous. Mais si on t'offense, ne leur réponds pas, ne les offense pas, ni par des paroles ni par des pensées; prie plutôt le Seigneur pour que Celui-ci leur envoie un doux ange et qu'Il ne t'oublie pas non plus. Tu n'y parviendraspas rapidement, mais quand tu seras sans cesse ainsi en prière, tu t'apercevras au fil du temps que le cercle de tes pensées est en train d'évoluer, tu t'apercevras que les gens sont en train de changer et toi-même tu vas changer." Cela se passait au monastère Touman, où je me trouvais en 1980.

J'ignorais à l'époque si cette religieuse allait mettre cela en pratique dans sa vie. En 1981, je fus transféré ici, à itovnica. Nous y avions une petite maison, avec une cuisine. Un jour, cette moniale vint nous voir avec un groupe. " Ah! Père, je ne savais pas que tout le monde est bon", me dit-elle. " Dans ton monastère?" lui demandai-je, et elle me répondit : " Oui, elles se sont transformées, c'est prodigieux. Elles ne m'insultent plus et je m'aperçois que j'ai changé, moi aussi. - Est-ce que tu t'es réconciliér avec tout le monde? - Longtemps je n'ai pas réussi à me réconcilier avec une seule personne; elle continuait à m'insulter et j'en faisais de même. - As-tu réussi à établir de bons rapports avec elle?" demandai-je. " Oui", fit-elle. " Et comment y es-tu parvenue? - En lisant l'Ecriture Sainte, j'ai vu que le Seigneur nous commande d'aimer nos ennemis; je fus alors convaincue d'aimer cette personne à tout prix, car tel est le commandement du Seigneur." Elle me dit alors qu'elles étaient devenues les meilleures amies du monde. Jadis pires ennemies, elles sont aujourd'hui les meilleures amies.

Ah, quelle serait l'atmosphère au sein de chaque entreprise si une seule âme était capable de prier ainsi en son sein! Vous voyez comment s'instaure la paix. Il faut qu'il y ait une seule personne qui soit en liaison de prière constante avec le Seigneur, et cette paix irradie d'une telle personne, dans sa famille, son entreprise, au sein de l'Etat et ailleurs. Une âme modeste et humble, prête à tout pardonner et à tout aimer, diffuse une telle paix, et nous-mêmes en sa présence, avec l'aide de Dieu, parvenons à nous libérer de pensées dépressives et lourdes à supporter.



N'offenser personne.

Nous ne devons offenser personne. Nous avons été appelés à être des anges et l'avons été avant la chute; mais nous sommes maintenant les enfants de parents déchus. Nous ne devons offenser personne. Les nages n'offensent personne et nous ne devons offenser personne, ni en pensées, ni par notre comportement ni par notre mode de vie. S'il en était ainsi, l'harmonie régnerait dans le monde...



L'obéissance est l'entrée au paradis.

Nous avons été chassés du paradis à cause de notre désobéissance. Il nous a été donné de nous perfectionner dans l'amour, car le Père nous a dit au paradis : " N'y touchez pas!" Cela signifie qu'il nous faut développer l'amour (dans l'obéissance). L'obéissance correspond à l'entrée au paradis. La parole de nos parents est une chose sainte; quand nous la considérons comme telle, alors nous avons la bénédiction divine. Mais, malheureusement, nous ne cessons de transgresser le principe de l'obéissance.



Père, comment peut-on aider quelqu'un sans l'affaiblir ni le faire dévier du chemin fixé pour lui, du fait de notre intervention auprès de lui, de notre ingétence?

On s'exprime plus par sa vie que par des mots. Quand l'esprit est apaisé, plein d emodestie, d'innocence et de simplicité, alors il rayonne, il n'a pas besoin de paroles pour s'exprimer. Quand nous sommes à côté de lui, il dégage une sorte de chaleur. Par la bonté, l'homme élargit le cercle qui l'entoure, sa bonté se propage : aussi s'exprime-t-on davantage par la vie qu'on mène que par des mots. C'est ce que nous enseigne l'Apôtre : la parole peut tuer si on ne la comprend pas comme il faut.



Apprendre l'humilité.

Il faut nous apaiser et apprendre l'humilité, car l'humilité correspond à la perfection de la vie humaine, mais nous sommes orgueilleux et c'est pourquoi nous souffrons. Je répète sans cesse les mots de Dostoïevski : " Sois humble, homme orgueilleux!"



Chercher d'abord son propre salut.

Si chacun commençait par son propre cas, il n'y aurait pas autant de mal. Nous voulons redresser tous les autres, à commencer par nos parents; or ces derniers sont déjà âgés et nous ne sommes pas en mesure de modifier leur façon de penser.



La source des miracles.

Les miracles ne sont réalisés ni par les anges ni par les saints ni par les hommes, mais par Dieu. Il est présent partout et c'est Lui qui accomplit les miracles à travers nous, à travers Ses saints et à travers Ses anges.



Face au mystère, la connaissance s'acquiert par l'humilité.

Nous sommes un mystère pour nous-mêmes et nous nous étonnons devant la capacité de notre organisme à fonctionner en dehors de notre volonté, car il n'existe aucune organisation dans le monde où chacun accomplit sa tâche aussi consciencieusement que dans notre organisme.

Dieu est un mystère pour toutes les créatures. Dieu est en nous et c'est pourquoi nous sommes un mystère pour nous-mêmes. Dieu se révèle seulement aux âmes modestes et humbles. Il est présent partout et c'est un mystère. Il nous arrive d'apprendre quelque chose sur Lui, certaines choses se révèlent à nous dans la nature, mais nous sommes entourés de mystères.

Tant que l'esprit de l'homme est humble et modeste, il acquiert connaissance sur connaissance.



Le Père Ambroise et son itinéraire spirituel.

En rencontrant l'archimandrite Ambroise, je me suis rendu compte qu'il avait bien compris le message de ses Anciens : le Seigneur nous demande de devenir tout amour. Lui-même était plein d'un tel amour. Jamais il n'adressa la moindre remontrance à un moine ou à quiconque. Jamais il ne fit un reproche à quiconque, jamais il n'infligea la moindre punition. Or bien entendu, il se trouva confronté à des problèmes et connut des déboires. Mais jamais il ne dit à quelqu'un : " Tu n'aurais pas dû agir comme cela, mais comme ceci. Il s'en remettait toujours au Seigneur, pour que le Seigneur y apporte bon ordre... Il agit ainsi avec moi. Ma première tâche de novice au monastère avait été de garder le vignoble, mais la récolte se fit sans moi. Puis on m'affecta à la garde du troupeau de moutons sur un pré non loin de la rivière Morava. A cette occasion, on m'avait remis un livre de à lire; je m'endormis et lorsque je me réveillai, je vis que tous les moutons étaient partis dans un champ voisin, où ils avaient mangé des haricots. Je savais que notre métayer irait s eplaindre auprès de l'higoumène et que je serais réprimandé pour avoir mal gardé le troupeau. Cet homme vint effectivement se lamenter auprès de l'higoumène, mais personne ne me dit rien. Notre économe vint simplement me dire que l'higoumène avait donné sa bénédiction pour que je garde les vaches. Nous avions six vaches. J'emportai mon livre de prières et me mis à le lire tout en comptant les vaches; il me semblait qu'elles étaient toutes là. Cependant, tout-à-coup, je m'aperçus qu'une vieille vache manquait à l'appel! Alors je vis qu'elle avait franchi un potager puis un autre, tout en détruisant tout sur son passage. Je me dis que le fermier allait venir avec un balai et me corriger. Mais il se rendit au monastère où il se plaignit de la destruction des potagers. L'économe vint alors me dire que l'higoumène avait donné sa bénédcition pour que je reçoive une autre affectation : servir dans le réfectoire et prendre soin de l'encensoir pendant les services liturgiques. Personne ne m'adressa de critiques pour ne pas avoir su garder les vaches et avoir mal accompli les tâches qui m'avaient été confiées. C'était incroyable!

De l'archimandrite Ambroise émanait un amour manifeste, impossible à imaginer. C'était visible à l'oeil nu. Cela signifiait qu'il avait bien compris le sens de la vie des startsi du monastère d'Optino : le bien le plus précieux est l'amour.



Sur saint Jean de Shangaï.

Il était professeur au séminaire de Bitolj et, pendant les congés d'été, il venait au monastère de Miljkovo. Je me souviens d'un incident survenu à cette époque. L'économe de ce monastère était le Père Pierre, qui avait été jadis gouverneur d'une région de Russie plus étendue que la Serbie. Il avait donné l'ordre aux membres de la communauté d'aller désherber le jardin. J'avais été assigné à cette tâche aux côtés du hiéromoine Jean, qui allait devenir ultérieurement le saint évêque Jean. Je m'occupais d'une moitié du jardin, lui d el'autre. Je lui posai des questions, lui se mit à me narrer des vies de saints, ce qui nous entraîna dans une discussion prolongée.

Le Père Pierre le remarqua, car il contrôlait tout, et en fit la remarque au Père Jean : " pourquoi bavardes-tu avec lui? Tu n'es pas assez concentré et tu amuses les autres; on doit achever ce travail." Le Père Jean répondit : " Pardonne-moi, Ancien, pardonne-moi, je vais travailler." Il était très pieux, il avait vécu de nombreux événements spirituels dans sa propre existence, il avait beaucoup lu les Pères de l'Eglise, ce qui lui avait permis de savoir beaucoup de choses instructives; quand il se mettait à raconter, je m'arrêtais pour l'écouter. Le Père Pierre le remarqua et nous réprimanda aussitôt.



Père, je voudrais que vous nous parliez de l'alimentation grasse par rapport à la santé humaine.

Voyez-vous, l'organisme humain n'a pas été créé pour consommer de la viande. Après le Déluge, le Seigneur a dit à notre ancêtre Noé qu'il pouvait consommer des animaux comme des végétaux.



Vous dites habituellement qu'il est facile d'être bon dans un monastère; je voudrais savoir s'il en est réellement ainsi ou si la recherche de la pureté n'est pas rencue plus difficile dans le monastère dans la mesure où toutes les faiblesses humaines s'y expriment?

C'est quand même plus facile dans un monastère. Nombre de gens y sont libérés des scandales séculiers, les contacts avec le monde extérieur sont réduits et cela facilite les choses. Mais cela dépend beaucoup de l'homme lui-même et des sentiments qui l'animent en arrivant au monastère. Ce qui est demandé aux moines et aux moniales est en fait ce qui est demandé aux chrétiens. Les Saints Pères disent d'ailleurs qu'entre le moine et le laïc, il n'y a pas de différence en dehors du célibat. En fait, la position du moine est facilitée par le fait qu'il n'a pas de charge de famille : il n'a pas besoin de prendre soin de son épouse et des enfants, il n'a pas à les élever et à les aider à fonder une famille. Le moine n'a qu'à prendre soin de lui-même mais il doit prier pour le monde entier, et cette tâche lui est rendue facile. Le laïc peut accéder à un degré de spiritualité beaucoup plus élevé devant Dieu au point de vue de l'humilité et de la douceur que celui qui a été moine tout au long de sa vie sans essayer d'atteindre le degré de perfection qui lui est demandé. Car pour celui qui ne prie pas, ni le saint lieu où il se trouve ni les reliques qui y reposent ne sauraient être un secours.



Nous savons que l'Orthodoxie ne reconnaît pas la réincarnation. Pourquoi?

L'Orthodoxie reconnaît la vie au-delà de la tombe, mais elle ne reconnaît pas la réincarnation. La vie d'outre-tombe existe, ce qui n'est pas le cas de la réincarnation. La réincarnation est une idée philosophique que le démon a réussi à introduire dans les croyances des peuples d'Orient. Il s'agit d'une philosophie assez médiocre à propos de laquelle il ne convient pas de s'étendre.



Sur la force spirituelle de Dieu.

Tout homme possède en lui-même une particularité divine, qui fait que pendant les temps de repos et de sommeil, son esprit se trouve, en grande partie, libéré du corps; s'il n'en était pas ainsi, le corps ne serait jamais en mesure de se reposer.

Ainsi il nous arrive de bavarder quelque part avec quelqu'un, alors que cette personne sommeille ailleurs et n'est absolument pas présente auprès de nous. Il existe des personnes à qui le Seigneur permet que leur esprit se déplace pendant le sommeil en divers endroits, puis se retrouve au bout de dix, vingt ou trente ans, en un endroit dont ils avaient rêvé et où tout leur semble aussi connu que s'ils y avaient déjà vécu. C'est ce qui est arrivé à saint Jean de Cronstadt.

Enfant, il avait rêvé de Cronstadt, sans savoir que c'était Cronstadt. Plus tard, au cours de ses études à Pétrograd, il fit la connaissance d'une jeune fille originaire de Cronstadt. Tous deux convinrent de vivre ensemble, comme un frère et une soeur; il fut ensuite ordonné et quand il arriva à Cronstadt, il vit que tout lui était connu, en particulier l'église et les rues, alors qu'il n'avait jamais séjourné auparavant dans cette ville. Ce n'est que par la suite qu'il se souvint que dans son enfance, il avait déjà visité Cronstadt, en rêve.

Il existe une autre vertu divine, encore plus belle, qui se manifeste rarement. Comme l'énergie divine, la vie divine se trouve en nous; nous sommes en mesure en nous unissant à Dieu de "vivre" la vie de certaines personnes, du sein maternel jusqu'à la fin de leur existence : la vie entière de cette personne se manifeste en nous, comme dans un film. Il s'agit d'un don divin et c'est pourquoi les esprits malins sont parvenus à instiller dans l'homme l'idée que l'homme peut soi-disant renaître, c'est-à-dire croire à la réincarnation.



Tout homme est irremplaçable.

Tout homme a une mission et il est le seul à pouvoir accomplir cette mission.



Nous ne sommes chrétiens que sur le papier.

Père, pourquoi naissons-nous?

Si, après la chute, le Seigneur n'avait pas autorisé que nous nous reproduisions, le genre humain se serait éteint. Or il faut que le genre humain se repeuple et que soit comblé le nombre des anges déchus, et il s'agit d'un nombre énorme.

Le Seigneur a voulu dès le sixième siècle réduire la vie de ce monde, mais à la suite des prières de la Mère de Dieu et des âmes très pures, Il a prolongé l'existence du monde, non sans nous donner des coups...



XIV

SANS DIEU LA VIE N'EXISTE PAS, CAR DIEU EST AMOUR



Quand nous prions, nous le faisons en respectant les règles mais sans la participation de tout notre être. Il s'agit d'une règle à respecter pour le principe. Cela veut dire que notre attention est distraite par ailleurs : nous ne prions donc pas de tout notre esprit et en vérité, nous ne faisons que prononcer des mots de notre bouche, mais notre être se trouve en fait ailleurs. Notre attention est entièrement occupée par autre chose, et non par les mots de la prière que nous sommes en train de prononcer. C'est pourquoi les Saints Pères disent que l'attention des hommes doit monter la garde devant la prière. Quand nous prions sans faire attention, nous ne prions ni en vérité, ni en esprit ni en pensées. Mais quand notre attention est présente et que nous savons ce que nous cherchons en priant, alors notre attention est concentrée en nous sur les mots que nous prononçons, sur l'objet de notre requête.

Quand nous demandons à quelqu'un de faire pour nous quelque chose dont nous le croyons capable, nous nous adressons à lui quasiment de tout notre être et le prions de faire cette chose que nous le pensons en mesure de faire. Cela signifie que nous sommes fermement persuadés de cela, et nous le prions en conséquence. Or, nous prions souvent le Seigneur sans faire attention, par respect des règles; nous pensons que nous avons prié, alors que nous n'avons participé que physiquement aux prières, car nous avions autre chose dans la tête ( nous réfléchissons à une insulte qu'on nous avait adressée, ou nous pensions à ce que nous allions faire au bureau : nous n'étions simplement pas présents dans la prière). C'est pourquoi le Seigneur a dit que Dieu est Esprit; quand nous prions, nous devons le faire en esprit et en vérité. L'Esprit doit être présent.



De l'amour divin et de l'amour humain.

Dieu est Amour. Si au cours de notre existence, comme le disent les Saints Pères, nous avons recours à Dieu, cela signifie que nous nous servons de l'amour. Si nous savons qu'Il est présent partout et si nous sommes unis à Lui par le coeur, alors Il nous apprendra comment il faut aimer nos proches. Car nous ne savons pas comment il faut aimer le Seigneur et Ses proches. Dans l'amour divin que le Seigneur a semé en nous, il arrive qu'interviennent divesr esprits capables de nous détourner du droit chemin de l'amour véritable et juste. En réalité, une telle démarche est très influencée par les sens charnels et les impressions tirées de ce monde, les plaisirs terrestres, ce qui conduit à l'esclavage.

Il arrive souvent que l'homme, dans ses jeunes années ou plus tard, tombe amoureux d'un être vivant ou d'un objet. Quelqu'un peut s'amouracher de l'or, au point de ne pouvoir s'éloigner de cet or ni de ses richesses, maisons et propriétés, ce qui le transforme en esclave. Si quelqu'un l'arrachait à tout cela, il serait complètement désespéré. Il arrive souvent que des esprits malins poussent l'homme au dernier stade du désespoir allant jusqu'à s'ôter sa propre vie.

Est-ce cela l'amour? On voit que des esprits malins se mêlent parfois à cet amour qui a été semé en nous par le Seigneur. Or l'amour divin est sans limites. Il ne fait pas de différence... L'apôtre Paul dit que l'amour est perfection. Dieu est un être parfait, qui n'a pas de défauts. C'est pourquoi quand l'amour divin se manifeste en nous en abondance, nous embrassons non seulement tout le globe terrestre mais tout l'univers. Cela signifie que le Seigneur est en nous, qu'Il est présent partout, qu'il recouvre tout. Cela signifie qu'en nous se manifeste alors l'amour divin qui embrasse tout. Nous ne faisons pas alors de différence, tous les êtres humains nous sont proches, tous sont bons, alors que nous nous considérons nous-mêmes comme les pires, les serviteurs de toutes les créatures.

On voit que dans un tel amour divin, l'homme se trouve apaisé, son âme parvient alors à un grand degré d'humilité; or l'humilité correspond à la perfection de la vie chrétienne. La perfection de la vie chrétienne ne réside pas dans la résurrection des morts ou dans l'accomplissement de miracles, mais dans l'humilité extrême. Quand la grâce du Saint-Esprit nous illumine de tout Son amour divin, nous avons alors le désir d'être au service de tous, que tous se sentent bien ( nous souhaitons venir en aide à la plus petite des fourmis, en voyant qu'elle souffre). Cela signifie que l'amour est un sacrifice. Aimer c'est se sacrifier pour ceux qui nous sont proches.



De la lecture de l'Ancien Testament.

Les enseignements de la sagesse de Salomon devraient être étudiés à un âge avancé afin d'être compris comme il convient. La sagesse de Salomon contient des leçons qui doivent être analysées de façon approfondie. Le "Cantique des cantiques" est un enseignement de sagesse, mais cette sagesse est exprimée de façon telle que celui qui n'est pas initié peut interpréter cela de manière littérale, c'est-à-dire inconvenante, surtout dans les jeunes années... Il en est ainsi parce que ce texte contient beaucoup de passages que les personnes non initiées peuvent comprendre à tort.



La souffrance survient quand on s'éloigne du Seigneur.

Les souffrances des êtres raisonnables surviennent quand ils se sont éloignés du Seigneur, c'est-à-dire de la Source et du Centre de la vie...



Remettre tous les soucis au Seigneur.

Quand nous bavardons avec nos proches et qu'ils confient leurs difficultés, c'est avec amour et attention que nous écoutons l'exposé de leurs problèmes et participons à leurs peines et souffrances, car nous avons été créés par le Seigneur, donc par amour, et nous sommes issus de l'amour divin. Mais nous nous trouvons alors encore plus accablés, car nous supportons déjà le poids de nos propres soucis, inquiétudes et faiblesses. Or nous devons nous décharger d'un tel fardeau et seul le Seigneur peut nous en décharger. Il est en effet le seul nfirmités. Aussi faut r vers Lui et être toujours en prière avec Lui, ce qui conduira à la délivrance. E, nous libérant de notre fardeau, nous cessons de porter en nous les soucis de nos proches, que nous confions entièrement au Seigneur. Il est en effet Celui qui assume l'intégralité de nos soucis.

En faisant attention aux préoccupations de nos proches, nous commençons à réfléchir en permanence à ces problèmes. Mais dès que nous penchons là-dessus, nous voilà déjà chargés de leur fardeau par la pensée.

Si nous écoutons nos proches sans participer réellement à leurs difficultés, il nous sera bien entendu impossible de leur répondre, de leur adresser des paroles de consolation ou d'encouragement. C'est comme si nous étions absents. Nos proches nous racontent leurs problèmes, mais nous ne participons pas à leur infortune, restant isolés avec nos pensées et nos désirs. En revanche, en prenant part à leurs difficultés, nous assumons le poids de leurs difficultés aussi bien que des nôtres.



Dès que nos pensées nous accablent, il faut se tourner vers Dieu.

Si nous ne pouvons en supporter davantage, il convient de se tourner aussitôt vers le Seigneur : " Seigneur, je ne puis assumer mes propres faiblesses, je suis trop accablé et voilà qu'on m'a chargé de tel ou tel fardeau. J'ignore comment je vais m'en sortir avec mes obligations. Seul, je ne suis pas en mesure d'y arriver mais me sens d'autant plus accablé que je n'avais pas eu l'intention de m'en charger. J'ai pourtant le désir de venir en aide, mais ne suis pas en mesure d'y arriver; en outre, certains pensent que je ne voulais pas aider, ce qui me rend encore plus coupable."

Quand nous prions le Seigneur de tout notre coeur, nous nous remettons à Lui ainsi que tous nos soucis et ceux de nos proches; nous voilà alors pratiquement délivrés de toutes nos contraintes. Auparavant, nous nous sentions attachés par la pensée, nous voilà maintenant déchargés car nous avons tout déposé aux pieds du Seigneur afin qu'il veuille bien dénouer ces problèmes. Si nous n'apprenons pas à nous comporter ainsi, alors nous serons au fil des jours de plus en plus accablés. Et un jour nous serons même incapables de bavarder avec des proches. Pourquoi? Notre état de tension psychologique peut nous fait dire ( à un proche) : " Pars d'ici, s'il-te-plaît, je ne suis pas capable de supporter mes propres problèmes, alors que dire de tes soucis?" Il nous faut apprendre à décharger notre cerveau. Dès que nous sommes accablés, alors il faut nous adresser au Seigneur et Lui remettre nos soucis et ceux de nos proches. Tous mes problèmes et tous ceux de mes proches qui se sont plaints à moi, je dois les confier au Seigneur et à Sa Très Sainte Mère afin qu'ils soient résolus par eux. Et en effet, ils se trouvent résolus par Eux. Quant à moi, comment puis-je y faire face quand je n'arrive même pas à ordonner mes propres pensées? Comment alors puis-je aider les autres?



Quand nos pensées se relâchent, le corps est au repos.

Quand nos proches se plaignent de leurs faiblesses, nous y prenons part, mais si nous ne savons pas nous relâcher ( c'est-à-dire remettre au Seigneur nos propres faiblesses comme celles de nos proches); alors nous assumons ce grand fardeau et notre système nerveux devient avec le temps de plus en plus irritable. Nous devenons nerveux et sommes incapables de nous supporter comme de supporter nos proches; bien entendu, notre existence devient alors très pénible dans la société, sur le lieu de travail et en famille. Nos nerfs se trouvent surchargés, alors que nous ne sommes pas entraînés à nous détendre spirituellement. Cela signifie qu'il convient de se relâcher dans nos pensées. Quand nos pensées se relâchent, le corps est au repos.



Que le coeur soit dans le silence!

Il faut nous abandonner au Seigneur, tout abandonner au Seigneur car Il est présent partout. Le Seigneur nous demande d'être calmes et paisibles, sans pensées particulières. Cela veut dire que le coeur doit être dans le silence. Les Saints Pères nous enseignent de laisser l'esprit pénétrer le coeur. Il convient que l'esprit y demeure, sans aucune pensée ni aucune représentation, et qu'on lui confie alors une occupation, car l'esprit est sans cesse en mouvement, en quête d'une occupation; confions-lui alors la prière faite au Nom du Sauveur, au Nom de Jésus. Confions-lui le soin d'appeler le Seigneur au secours, car Il est là, et d'être toujours en contact avec Lui.



Nous sommes des êtres rationnels créés pour assumer une charge par jour.

Le Seigneur est le Seul à assumer tous les soucis, toutes les difficultés, toutes les préoccupations, toutes les faiblesses et impuissances, physiques et psychiques. Il est Celui qui est en mesure de tout supporter, car Il est fort et tout-puissant. Toutes nos faiblesses et les impuissances de nos proches, il convient de les confier au Seigneur à travers la prière. C'est à cela que sert la prière : nous unir au Seigneur et ne pas nous soucier du lendemain, conformément à Ses paroles : " A chaque jour suffit sa peine", ce qui signifie ne pas nous soucier du lendemain. Or, nous nous soucions beaucoup, non seulement pour le lendemain mais pour un avenir plus lointan, ce qui nous pèse encore plus. Or nous sommes des êtres rationnels créés pour assumer une charge par jour. Mais nous nous chargeons de beaucoup plus de soucis et c'est pourquoi nous souffrons et nous nous tourmentons. Nous ne voulons pas obéir, nous ne sommes pas disciplinés. Pourtant, le Seigneur nous dit de faire très attention à ne pas accabler notre coeur sous la nourriture, la boisson ou les soucis de ce monde. Mais nous ne cessons de nous surcharger non seulement de nourriture et de boisson mais aussi de soucis. Nous accablons ainsi à la fois notre corps physique et notre âme. Cela signifie aussi que la nourriture et la boisson pèsent sur notre corps : quand nous avons mangé et bu plus que nécessaire, notre organisme se trouve encombré et nos nerfs sont tendus du fait des besoins de digestion; le fonctionnement de notre organisme est surchargé. Et quand de surcroît nous nous chargeons en pensées, alors la surcharge est double, notre souffrance est double. Aussi la prière ininterrompue nous est-elle indispensable.

Dieu n'a pas besoin de nos prières; c'est nous qui en avons besoin. En adressant nos prières à Dieu, nous cherchons à nous entretenir avec Lui comme nous bavardons maintenant avec nos proches. Le Seigneur est notre Père. Il n'existe pas sur cette terre de personne proche qui soit en mesure de nous comprendre comme le Seigneur. Comme Son amour est indicible, cela est impossible à décrire et à interpréter! Nous sommes trop petits pour comprendre la profondeur de l'amour divin. La miséricorde dont Il fait preuve avec nous est impossible à saisir! Le Seigneur se donne totalement, sans réserve. Et nous ne parvenons toujours pas à le comprendre.



Sans Dieu la vie n'existe pas, car Dieu est amour.

Le Seigneur ne cesse d'attendre que nous nous unissions pour ainsi dire en totalité dans l'amour avec Lui; or nous ne cessons de nous éloigner de Lui. Pourtant nous voyons que sans amour il n'y a pas de vie, ce qui signifie qu'il n'y a pas de vie sans Dieu. Car Dieu est amour. Mais il ne s'agit pas d'un amour selon la logique de ce monde, d'un amour tel que ce monde peut le comprendre. L'amour dans ce monde est souffrance et asservissement car des esprits malins interfèrent dnas cet amour. On y trouve de l'amour, mais il s'agit surtout d'asservissement. Les esprits malins cherchent à nous asservir et à nous attacher à des objets et des personnes de façon que notre coeur et tout notre être ne soient pas liés à la Source de la vie, à Dieu, à l'Amour véritable. Ils savent en effet que si notre coeur s'unit à Dieu, alors ils ne seront plus en mesure de s'approcher de nous. Celui qui a la grâce d'être uni par l'amour au Seigneur est entouré par cet amour divin, et les esprits malins ne peuvent plus l'approcher. Ils ne peuvent plus parvenir jusqu'à nous car nous sommes protégés par la force divine, la Grâce de Dieu.



L'amour est l'arme la plus puissante qui existe.

L'amour est l'arme la plus puissante qui existe. Il n'existe pas de puissance ni d'arme en mesure de s'opposer à l'amour. Tout s'écroule devant l'amour.

Les anges ne peuvent être asservis par des choses comme nous, créatures déchues. Les créatures déchues comme les esprits déchus se laissent captiver par des choses, des objets, des créatures. Ceux qui sont unis par le coeur et tout leur être au Seigneur ne sauraient être prisonniers de quoi que ce soit sur cette terre... Leur coeur ne peut être asservi. Ils se trouvent placés entièrement sous la bénédiction divine, unis au Seigneur avec Qui ils embrassent tout ce qui les entoure. De manière incroyable, nous ressentons alors que des liens de parenté nous unissent à tous, qu'ils soient bons ou méchants. Tous sont liés à nous, et la seule chose qui nous soit désagréable est que leurs pensées soient dirigées contre l'amour, qu'ils s'opposent au bien, car cela les entrave et les éloigne de nous.



De la souffrance des hommes et des esprits déchus.

Tout ce qui a été créé l'a été de manière sublime. Les esprits déchus ont eux aussi été créés comme des êtres parfaits. Ils ont chuté de la perfection spirituelle à un mode de vie inférieur; dorénavant éloignés de la Source de vie, ils cherchent à se consoler dans une vie artificielle; ils n'ont pas de vie véritable mais la recherchent dans des choses, dans ce qui est limité. Cela leur sert de consolation, de nourriture, en permanence. Eloignés de l'amour, ils savent pourtant ce qu'était leur condition quand ils étaient sous la direction du Saint Esprit, en pleine Grâce; ils souhaitent reconstituer cet état et duper les gens, duper le genre humain en proposant de fausses consolations, dans le seul but d'attirer les gens.

Et c'est ainsi que les gens sont amenés à s'occuper de nombreux sujets : philosohiques, intellectuels, scientifiques; mais tout cela est de portée limitée. De telles consolations sont trop brèves. Les gens retombent alors dans l'apathie, la solitude. Si les gens se sentent en effet isolés sur cette terre, même au milieu de leurs proches, c'est à cause de notre chute, de notre déchéance.

Les esprits déchus ressentent eux aussi un tel isolement et c'est pourquoi ils se retrouvent toujours les uns avec les autres, se livrant à des mauvaises actions tout comme les hommes sur cette terre commettent des péchés. Les esprits déchus ont des idées communes et ne cessent de faire n'importe quoi tous les jours pour trouver des motifs de consolation, mais il n'y a pas de consolation. Il en est de même des hommes qui s elivrent par exemple à des agressions, brisant des verres et des bouteilles, avant d erentrer chez eux la tête ensanglantée et rien ne change. Il n'y a pas de consolation ni de réconfort. On a beau les chercher dans une autre orientation de l'existence, on ne les trouve nulle part. Mais ceux qui sont unis au Seigneur, à la manière des anges, ceux-là sont éternellement en paix, dans une paix et une joie incessantes. En eux règnent la paix immuable et la joie immuable.



Le Seigneur et les anges participent à nos souffrances.

Les Saints Pères disent que les anges participent à nos souffrances. Ils sont tristes que nous ne puissions pas nous ressaisir, nous adresser au Seigneur et nous libérer de tous nos soucis et de nos préoccupations et confier tout cela au Seigneur, puisqu'Il veille sur nous. Depuis qu'Il nous a créés, Il veille sur nous et s'inquiète de ce que nous allons devenir.



Dieu n'est pas eulement le Dieu des grandes choses, mais aussi des plus petites.

Chacun sur terre a une tâche à remplir. Si nous, les petits, savons ce qui est à faire, la place de chacun et la tâche à faire, a fortiori il en est ainsi de Celui qui englobe tout, tout l'univers, et qui réfléchit aux plus petits détails le concernant. Le Seigneur a dit qu'Il n'était pas seulement le Dieu des grandes choses mais aussi des plus petites, plus petites que l'atome. Il est Dieu, Il a créé cela, Il sait comment le diriger. Il faut nous aligner là-dessus, adhérer aux mêmes principes que Lui. Il souhaite en effet que toute créature raisonnable qui s'est éloignée de l'amour divin, de Lui, revienne et retrouve la raison. Mais un tel retour est fort difficile.



La justice de Dieu finira quand même par vaincre!

Les Saints Pères disent que les esprits qui sont tombés du haut de la perfection, se trouvent maintenant sur cette terre et voient que leur temps sera bref. le moment arrive où va s'achever la période temporelle allant de la création du monde au jour du Jugement Dernier. Les esprits déchus sont en difficulté car ils savent que le Jugement aura lieu, que ce Jugement sera juste et qu'ils se retrouveront alors complètement isolés. Ils disposent aujourd'hui d'une certaine liberté : ils se déplacent parmi les hommes, fabriquent toutes ces illusions, asservissent des gens et tiennent nombre d'âmes humaines en esclavage. Ils considèrent qu'ils finiront par triompher, mais la justice divine finira néanmoins par l'emporter!



Efforçons-nous de ne pas nous mettre en colère.

Puisque nous savons que rien n'est immuable et que tout se transforme jusqu'au Jugement Dernier, il faut nous efforcer de ne pas nous mettre en colère et de nous instruire chaque jour, dans l'attente du Seigneur. Celui-ci mettra tout cela en ordre et ce sera encore meilleur que ce que nous pouvons imaginer.



Se perfectionner dans le bien ou se perfectionner dans le mal.

Tout change en permanence. Rien ne reste à sa place, mais tout se transforme : il s'agit soit de se perfectionner dans le bien soit de s eperfectionner dnas le mal.



Tant que nous n'aurons pas enduré de nombreuses peines de coeur, nous ne pourrons pas apprendre à être humbles.

Tant que nous n'aurons pas appris à être humbles, il nous faudra éprouver de nombreuses peines de coeur. Le Seigneur se tient de côté et nous laisse éprouver du chagrin, ce qui nous amène à dire : " J'ai reçu un coup au coeur que je ne pourrai jamais pardonner!" Mais comment ne pardonnerions-nous pas si nous-mêmes sommes pareils et que nous en avons persécuté beaucoup d'autres? Il faut apprendre le calme et la modestie. Tant que nous n'aurons pas enduré de nombreuses peines de coeur, il nous sera impossible d'apprendre l'humilité.

On essaiera de nous mettre en colère, de nous mettre hors de nous, tant que nous ne serons pas en mesure de rester calmes quand on s'efforce de nous provoquer. Alors nous aurons acquis l'expérience nous permettant de conserver notre sérénité quand on nous agresse. On aura beau nous attaquer de tous côtés, nous garderons notre paix intérieure, n'ayant aucun intérêt à abandonner aussi facilement notre sérénité. Ainsi l'âme devenue humble et modeste pourra traverser ce monde avec une compréhension complète de l'existence. Les gens pourront alors nous regarder en disant : " Je sais combien tu étais irritable, te voilà maintenant flegmatique, tout t'est devenu indifférent." Mais il ne s'agit pas d'indifférence, mais de victoire sur le mal.



Le Seigneur nous donne la force de vaincre le mal.

Le Seigneur nous donne la force de vaincre le mal. Tant que nous nous trouvons dans notre enveloppe charnelle, il convient de vaincre tout cela par la force divine. C'est ce que le Seigneur attend de nous : rejeter le mal de manière consciente, et nous tourner absolument de tout notre coeur et tout notre être vers Lui, le Seigneur.



Notre rapport envers Dieu est à l'image de nos rapports avec nos proches.

Nos centres d'intérêt et nos projets nous entravent beaucoup dans notre vie. Les centres d'intérêt et les projets se succèdent les uns aux autres... Nous pensons que nous n'arriverons à rien sans faire de projets, sans réfléchir, sans entreprendre quelque chose. Nous devons en fait nous efforcer de travailler en toute conscience, mais sans nous hâter. Car dans cette hâte notre adversaire nous fait culbuter. Dans une telle précipitation, nous ne faisons pas attention au risque de blesser quelqu'un, de porter atteinte à l'intérêt de nos proches ou de gêner quelqu'un, tout préoccupés que nous sommes par nos plans. C'est ainsi que nous pouvons offenser des personnes proches de nous. En leur faisant du tort, nous ne commettons pas un péché contre une personne humaine mais contre Dieu. En effet, Dieu demeure secrètement dans l'âme de chacun, Il s etrouve donc partout. Notre rapport à Dieu est donc à l'image de nos rapports avec nos proches.

Nous n'avons pas clairement conscience que nous ne sommes pas sur le bon chemin si nous manifestons de l'amour envers ceux qui nous montrent de l'amour tout en nous comportant à l'égard de ceux qui nous haïssent comme eux-mêmes se comportent avec nous. Nous ne nous trouvons pas alors sur le bon chemin car nous devons être des enfants de la lumière, des enfants de l'amour, des enfants de Dieu, des enfants du Seigneur. Oui, il faut être Ses enfants afin d'avoir Son caractère, Son caractère divin de paix, d'amour et de bonté.



" Ne pas s'opposer au mal" signifie préserver sa paix intérieure.

Nous savons que le Seigneur, tant qu'Il était dans Son enveloppe charnelle, était attentif à tous et à chacun, y compris ceux qui le pourchassaient. Lui, le Dieu tout-puissant dont une seule pensée et une seule parole suffisent pour faire tout tomber et tout s'écrouler, nous a montré le chemin qu'il fallait suivre pour nous éloigner du mal. Le Seigneur Lui-même nous dit " de ne pas nous opposer". Il nous dit de ne pas nous opposer au mal, car ne pas s'opposer au mal signifie "garder sa paix intérieure". S'opposer constitue une mauvaise action, cela signifie répliquer de la même manière, ce qui aboutit à un conflit, ce qui revient à alimenter les esprits malins. Quand ces derniers attaquent et qu'ils ne rencontrent aucune opposition, alors leurs armes tombent aussitôt à terre et ils sont défaits. Aussi faut-il nous efforcer à tout prix, avec l'aide de Dieu, de prier sans cesse le Seigneur : " Seigneur, aide-moi à conserver la paix intérieure et apprends-moi à être une âme paisible, tranquille et douce, à l'image de Tes anges et de Tes saints."

C'est pourquoi il faut être tout le temps en pensées avec le Seigneur.



Les Saints Pères priaient : " Seigneur, sauve-moi de l'oubli!"

Les Saints Pères disent que, dès notre réveil, notre attention doit se fixer sur le Seigneur, afin que nos pensées soient unies au Seigneur et que nous puissions ainsi tout au long de la journée nous souvenir du Seigneur. Les Saints Pères priaient : " Seigneur, sauve-moi de l'oubli!" Ils ne cessaient de répéter cette prière car nous avons tendance à nous laisser distraire par des objets, des choses, des tâches diverses, qui nous font oublier que le Seigneur est présent partout et que le travail que nous accomplissons est aussi Son oeuvre. Nous avons toujours l'impression que ce sont des hommes qui nous ont donné tel travail à faire et nous le faisons quasiment à contre-coeur; or en agissant ainsi nous créons en nous un sentiment de dégoût et de répulsion à l'égard de ce travail. Notre vie s'écoule ainsi, d'un jour à l'autre, dans une sorte de répulsion interne; et la vieillesse survient alors que notre existence est restée placée sous le signe de la répulsion.



Faute d'éliminer à temps cette répulsion intérieure, nous ne pourrons entrer dans le Royaume céleste.

Il n'est pas facile de s'initier à la vie céleste si l'on a vécu auparavant de façon partisane sous le signe du refus. Prenons par exemple le cas d'un père de famille qui fait bien son métier, tout en effectuant à contre-coeur divers autres travaux que son propre père veut voir réaliser d'une certaine façon, ce qui l'amène à travailler à contre-coeur et conduit à de mauvais résultats. Dès qu'on agit ainsi, une sorte d'opposition interne se met en place en nous; si nous ne parvenons pas à nous en libérer à temps, nous ne serons pas en mesure d'entrer dans le Royaume céleste au milieu des anges et des saints. En effet, nous avons appris à nous opposer toujours à propos de quelque chose, car il y a toujours un point non conforme à nos souhaits, à notre volonté. Nous n'avons pas appris à faire preuve d'obéissance. Nous n'avons pas appris à nous soumettre à la volonté de Dieu, mais voulons que les choses soient selon notre volonté. Mais on ne peut pas imposer sa volonté. Ceux qui n'en font qu'à leur tête n'ont de place ni au ciel ni sur terre.

Aussi faut-il être reconnaissants à Dieu pour tout et notamment la position où Il nous a placés. Il sait le pourquoi et le comment d'une telle situation; quelque chose finira par sortir de cette situation, qui sera très bon, mais il faut que nous soyons apaisés auparavant.

Il faut savoir que nous contribuons à accomplir Son dessein sur cette terre, quelle que soit la tâche qui nous a été confiée. C'est Lui qui dirige la tâche qui nous a été donnée, que nous soyons croyants ou incroyants; que nous le voulions ou non, nous devons accomplir le plan de Dieu.



La parole des parents est sacrée pour les enfants.

Les esprits malins s'infiltrent aussi dans la tête des enfants, ils s'efforcent de tout bouleverser partout. Il convient que l'enfant soit élevé dans l'esprit d'obéissance, en particulier jusqu'à la cinquième année, car c'est jusqu'à cette date que son caractère se forme. Les caractéristiques acquises à ce moment-là restent valables pour la vie entière. C'est à cette époque-là que les parents devraient apprendre aux enfants à être absolument obéissants et que la parole des parents doit être sacrée pour les enfants : que l'on dise "Amen" à ce que disent les parents. Mais les parents n'ont pas été initiés à cela : dès le plus jeune âge, isl apprennent aux enfants à se rebeller et à ne pas obéir : " Dis à grand-père ou à grand-mère : " Je ne veux pas!" Apprends à ne pas obéir!" Et c'est ainsi que les enfants grandissent.



Les esprits malins agissent parfois sur les animaux afin de perturber les hommes.

Les esprits malins agissent parfois sur le monde animal quand ils veulent troubler la paix intérieure d'une âme paisible. Ainsi quand un homme garde un troupeau, ce dernier peut tout à coup devenir très agité; les bêtes commencent à courir dans tous les sens, et le berger qui peine à les rassembler se met en colère... On voit que les esprits malins exercent une influence sur le monde animal, et a fortiori sur les êtres doués de raison. L'homme accueille de telles pensées en croyant qu'il en est l'auteur. Il en est de même en ce qui concerne les enfants.



Si l'on veut instruire, il faut d'abord s'apaiser.

Les parents ont l'habitude de dire que les choses doivent être d'une certaine façon et que les enfants doivent se tenir de cette façon. Or les enfants sont incapables de rester tranquilles, ils grandissent et ne cessent d'être en mouvement. Quand l'enfant fait une bêtise, les parents lui infligent souvent une correction. Mais cela ne constitue nullement une façon d'apprendre à l'enfant à obéir. Il se peut que cela donne parfois un résultat, mais il importe que l'enfant sente que les parents ont de l'amour pour lui et qu'il n'y a pas de colère dans leur attitude. En effet, une correction infligée dans un accès de colère n'aboutit à aucun résultat : un tel geste blesse aussi bien celui qui le commet que celui qui est visé. Si l'on veut amener quelqu'un sur le droit chemin et que cette personne refuse de recevoir des conseils, il convient d'abord de s'apaiser puis, avec beaucoup d'amour envers l'autre, lui exposer son point de vue : cette personne accueillera alors ce point de vue car il vient d'un coeur s'adressant à un autre coeur. En revanche, quand on veut à tout prix imposer son point de vue, alors on n'obtient aucun résultat. Cela est impossible à réaliser et c'est pourquoi une espèce d'opposition grandit et se développe dans l'enfant. Si l'enfant ne veut pas obéir, il ne faut pas lui infliger des corrections physiques, il faut susciter en lui la volonté d'écouter les conseils.



Pleurer abondamment vaut mieux que d eprendre trente tranquillisants.

J'ai lu récemment dans une revue médicale qu'un psychiatre considère qu'il est plus approprié pour les personnes souffrant de maladies nerveuses de pleurer abondamment que d'absorber une trentaine de tablettes pour tranquilliser les nerfs. Pleurer abondamment peut ainsi s'avérer positif pour une personne d'âge mûr. Les larmes sont a fortiori un bon moyen pour apaiser les enfants : après avoir fini de pleurer, l'enfant retrouve son calme.



Eduquer les enfants afin de les rendre responsables dans la vie.

En 1936-1937, je me trouvais dans une famille de Belgrade. Le mari était d'origine allemande, son épouse était allemande ou slovène. Ils avaient un enfant en bas âge ( de moins de deux ans), qui n'avait pas encore appris à marcher. Ils avaient l'habitude de déposer leur enfant sur le lit à plat ventre, et l'enfant se mettait alors à pleurer sans s'arrêter. Je dis à la mère : " Pourquoi ne le prenez-vous pas un peu pour le réconforter?" " Ah non, répondit-elle, je ne veux pas lui donner pour habitude d'être dans les bras, ce qui m'empêchera alors de faire autre chose. Il va développer ses poumons en pleurant et s'acoutumera ainsi à se consoler lui-même." C'est ce qui se passa. L'enfant pleura beaucoup, puis se calma et joua un peu, avent de se remettre à pleurer; la mère ne faisait rien. En revanche, une autre mère, dès que son enfant commençait à pleurer, le prenait dans les bras, ce qui finit par gâter l'enfant... Je me souvenais de mon propre cas. J'ai eu une santé fragile dès mon plus jeune âge, et mes parents ne savaient pas quoi faire de moi : ils me gardaient tout le temps dans les bras et ne cessaient de me dorloter. Je fus incapable d'absorber de la friture jusqu'à 12-13 ans; je ne mangeais que des plats maigres, et mes parents ne savaient pas comment s'en sortir. Quand elle était en colère, ma grand-mère me grondait et j'étais inacapable d'absorber quoi que ce soit. Ma mère me disait alors : " Fiston, veux-tu que maman te donne à manger?" Cela me gênait aussi. Trop d'attention contrarie les enfants : ils doivent savoir que leurs parents les aiment, mais que ce ne soit pas excessif. L'enfant doit apprendre à devenir obéissant afin de se montrer responsable dans la vie et vivre dans ce monde en vue du Royaume céleste.

L'obéissance est constructrice, l'entêtement est destructeur.

L'obéissance est constructrice, l'entêtement est destructeur. L'enfant doit être obéissant et la parole des parents doit être sacrée pour lui. La parole des parents aura une valeur pour lui tout au long de la vie; il éprouvera toujours du respect pour une personne plus âgée que lui, mais aussi pour les plus jeunes. Il sera toujours attentif à l'égard de chacun. Mais hélas, il existe trop peu de familles où l'on pratique ce genre d'éducation.



Des larmes de joie.

Il y a diverses sortes de larmes. Certains pleurent par entêtement, d'autres pleurent parce que quelqu'un les a attristés. Certains pleurent après avoir perdu les êtres les plus proches... Il existe des larmes de repentir qui expriment la mauvaise conscience à cause des péchés qui ont été commis, de sorte que quand on reprend ses esprits, on se met à pleurer abondamment. Il s'agit alors de l'action de la Grâce divine : l'âme revient à elle afin de pouvoir se purifier à travers les larmes. Quand les larmes surviennent, ce sont des larmes de repentir, accordées par la Grâce du Seigneur. Quand l'homme revient à lui, il se met peu à peu à se libérer des soucis de ce monde ainsi que de son amour-propre, il remet tous ses soucis ainsi que lui-même entre les mains du Seigneur; son âme se trouve ainsi apaisée et, une fois apaisée, elle baigne toujours dans la douceur. Seule une telle âme est en mesure de se trouver en permanence dans l'état de douceur qui libère des soucis de ce monde. La prière nécessite une vie absolument dénuée de soucis, car le plus petit des soucis, disent les Saints Pères, vient bouleverser la prière. A l'instar de l'épine capable de perturber la vue d'un homme, le souci le plus infime peut troubler la concentration et la paix de la prière; Mais quand l'homme est uni au Seigneur, cela signifie qu'il est entièrement réuni à Lui : son âme est alors apaisée et baigne dans la douceur. Une âme en état de douceur est en mesure à tout moment de pleurer sur le sort de quelqu'un... Dès qu'elle voit les souffrances du monde animal et végétal ainsi que celles des hommes, dès qu'elle comprend que tout est en train de souffrir, aussitôt les larmes se mettent à couler. A tout instant une telle âme est capable de pleurer pour nous tous. Cela signifie que dans cette âme se trouve la Grâce de Dieu et qu'il s'agit de larmes de joie accordées par le Seigneur. Il s'agit de larmes salvatrices. Elles conduisent l'âme vers l'apaisement, la perfection, la perfection de la vie chrétienne. On ne peut y accéder à travers les soucis. Vous savez, le Seigneur a pris soin de nous préciser de prendre garde à ne pas nous surcharger de nourriture, de boisson et de soucis de ce monde.

Seules sont salvatrices les larmes douces venant d'un coeur apaisé.

Les larmes se mettent à couler quand les pensées se concentrent en nous, quand nous sommes en prière et quand nous nous concentrons dans la prière, ou quand certains mots nous touchent le coeur, par exemple lors de la Sainte Liturgie ou encore quand nous nous mettons à réfléchir à certains mots contenus dans les prières de la Sainte Liturgie, des Vêpres ou des Matines. Les Saints Pères disent que chacun, au moment de prier Dieu, trouvera quelque part des mots qui toucheront son coeur; il trouvera un mot ou une prière qui atteindra son coeur, et il se mettra à pleurer.

Quand la concentration de toutes les facultés intellectuelles s'accomplit en nous, nous sommes en mesure de comprendre, compte tenu de nos propres faiblesses, que nous avons déjà mal agi envers la justice, la vérité et l'amour; survient alors en nous comme la nécessité d'une pluie qui nous lavera de toute cette saleté : ce sont les larmes qui commencent alors à couler. C'est pourquoi les Saints Pères disent que quand un mot touche le coeur, il faut conserver ce mot le plus longtemps possible et ne pas faire attention à quoi que ce soit d'autre.

Nous ne sommes pas tous, lors de la Sainte Liturgie, assez concentrés spirituellement pour être en état de pleurer. Celui qui est le plus libéré des soucis, qui se trouve dans un état de douceur, celui-là peut se mettre à pleurer en permanence, toujours et partout. Cela n'est pas étonnant car l'état de ses pensées est concentré spirituellement. Il s'agit d'une âme apaisée et douce, toujours prête à verser des larmes. Cela n'est pas le cas avec moi, qui ai besoin de recevoir un bon coup sur la tête pour me mettre à pleurer, soit de douleur à la suite d'un coup physique soit par amour-propre parce qu'on m'a humilié... En fait, seules les larmes douces et venant d'un coeur apaisé sont porteuses de salut. En revanche, le fait de pleurer par entêtement ou parce que quelqu'un nous a humilié, ne représente aucune utilité pour nous. De telles larmes nous sont même nuisibles.



Du conflit de pensée avec nos proches.

Nos pensées peuvent se trouver surchargées parce que nous avons intégré les pensées de nos proches. Il faut prier le Seigneur pour qu'Il nous en délivre : " Seigneur, délivre-moi de ceci et de cela!" Il s'agit des pensées d'autrui, correspondant à leurs projets, alors que nous avons nourri des projets tout autres. Mais comme ces pensées ont fait irruption en nous, nous nous y trouvons inclus et nous finissons par en souffrir. Si on avait été en dehors, on serait en paix. Ces pensées auraient eu beau vous agresser, on serait resté calme. Elles finissent par éclater comme de grosses bulles, puis comme aucune pensée mauvaise n'émane de nous et que seules des pensées paisibles et pleines d'amour viennent de nous, elles se mettent à se dégonfler et, à bout de forces, cessent de se montrer agressives et menaçantes. En revanche, si on leur répond sur le même ton agressif, alors cela se transforme en conflit, en guerre. Or nous sommes semblables à ces mauvaises pensées, nous luttons contre nos proches avec les mêmes armes, tout comme les autres luttent contre nous. Tous ceux qui sont en guerre n'ont ni paix ni repos. Il n'y a pas de paix sur le champ de bataille, on se demande seulement d'où va surgir l'ennemi prêt à tuer; on doit être tout le temps sur le qui-vive, observer sans cesse afin d'apercevoir l'ennemi...



Il n'y a pas de prière pure en état de distraction.

Il est difficile d'être serein.

Nous sommes toujours en état d'agitation, des tentations ne cessent de nous assaillir de tous côtés. Un moine distrait n'est jamais en mesure d'élever son esprit afin de prier Dieu en toute pureté.



Se mettre en marche sans tarder.

Les esprits malins veulent nous induire en erreur sur la voie du salut... De notre côté, nous qui sommes indolents nous disons : " Attendez, je n'ai pas encore terminé tel travail, il faut que je termine telle tâche." Puis nous disons : " Oui, il me reste encore tel projet à réaliser, après quoi j'irai me repentir; ensuite, je cheminerai tout droit et ne m'éloignerai jamais à droite ou à gauche ( du vrai chemin). Or c'est ce que les esprits malins souhaitent a priori : nous voir remettre notre repentir à demain, puis à après-demain... et ainsi de suite jusqu'à la fin de notre vie. Mais les Saints Pères nous disent : " Mets-toi en marche aujourd'hui, avance aujourd'hui à la suite du Seigneur!"

L'homme doit s'efforcer d'avoir l'esprit joyeux.

On dit qu'il faut à tout prix préserver sa paix intérieure et avoir toujours l'esprit joyeux. Toujours. A tout prix il faut être toujours joyeux, toujours de bonne humeur. Voici ce que dit saint Jean de Cronstadt à ce sujet : " Nous sommes semblables au temps : des tempêtes, des vents et des coups de tonnerre surviennent à l'improviste, puis le soleil se met à briller et nous trouvons cela bien. Puis survient de nouveau une tempête, suivie par le soleil, etc." Il précise en outre que puisque nous supportons notre corps, ce même corps subit l'influence des conditions atmosphériques. Quand les conditions sont bonnes, le temps est beau et nous voilà gais et de bonne humeur. Mais quand le temps est sombre, nous voilà amers. C'est pourquoi on doit préserver son équilibre spirituel et, notamment quand le temps est sombre, être paisible spirituellement.

On doit s'efforcer d'être à tout prix de bonne humeur et avoir l'esprit joyeux en toutes circonstances. Parce que les esprits malins veillent à ce que nous soyons tristes en permanence...





XV

LA PUISSANCE DES BONNES PENSEES



Notre vie est à l'instar de nos pensées.

Tout découle des pensées, le bien comme le mal.

Nos pensées se matérialisent.

Nous voyons que tout ce qui a été créé autour du globe terrestre et dans le cosmos a été réalisé par la Providence divine dans le temps et l'espace.

Notre vie est à l'instar de nos pensées. Les hommes y font peu attention, mais Dieu nous révèle qu'il s'agit d'une force énorme. L'esprit se manifeste à travers les corps, des corps doués de pensée. C'est cette force de la pensée qui fait bouger la matière. Le corps en lui-même est inerte, privé de l'esprit.



Les plantes nous rendent l'amour qu'on leur porte.

On peut voir que l'énergie vitale existe aussi dans les plantes. Les plantes pensent elles aussi! Elles lisent dans nos pensées. Elles se comportent avec nous comme nous le faisons avec elles. Elles nous rendent l'amour qu'on leur porte. Le dicton populaire dit : " Ce qu'on sème, on le récolte!"



Les épreuves nous font connaître

que Dieu nous aime et nous protège.

A quoi reconnaîtrons-nous que nous sommes aimés de Dieu? Si le Seigneur nous fait passer à travers de nombreux malheurs, de nombreuses souffrances et de nombreuses douleurs, cela signifie que nous sommes aimés par le Seigneur, et aussi qu'Il nous protège.



La puissance des humbles contre le nouvel ordre mondial.

Bien que notre foi orthodoxe soit devenue plus tiède, il existe parmi les orthodoxes de nombreuses âmes humbles et paisibles qui prient le Seigneur pour qu'Il empêche le mal de se produire. C'est à cause de ces âmes humbles et paisibles que ne peut se réaliser le nouveau plan consistant à instaurer un nouvel ordre mondial, que l'organisation mondiale des forces démoniaques, ils se plaignent de ne pouvoir réaliser leur projet à cause des Orthodoxes. C'est pour cela que les Orthodoxes souffrent. Mais les "mondialistes" ne savent pas pourquoi ils ne peuvent mettre leur plan en oeuvre : or c'est à cause de ces âmes humbles et paisibles qu'ils ne peuvent accomplir leur plan...



Nous sommes nous-mêmes nos pires ennemis

à cause de nos pensées et de nos désirs mauvais.

Dieu est présent partout; bien entendu, Il est présent quand nous Le prions chaque jour de tout notre coeur. Il nous faut multiplier nos prières, prier le Seigneur de tout notre coeur pour que notre peuple se repente et qu'il se tourne vers le bien, pour son propre bien. Alors nous verrons combien la situation a été changée! La situation autour de nous sera complètement transformée : nos adversaires auront tendance à disparaître. Nous sommes en effet nos pires ennemis à cause de nos pensées et de nos désirs mauvais. Cela nous détruit à l'intérieur et à l'extérieur et exerce une mauvaise influence de tous les côtés, sur notre environnement comme sur nos voisins. Les pensées ont le pouvoir de s'insinuer dans l'éternité et non seulement ici, sur cette terre.



A la suite de la déchéance de l'homme, tout se trouve sinistré.

Nous sommes des êtres étonnants. Nous avons été amplement dotés par le Seigneur, mais n'en avons pas conscience. Nous sommes tombés dans la déchéance, à la suite de quoi toute la nature a été sinistrée; l'homme avait, en effet, été conçu en dernier pour devenir le maître de l'ensemble du monde matériel. Nos lointains aïeux se déplaçaient comme des anges, comme des esprits, la matière était spiritualisée et n'était pas aussi grossière que de nos jours.

La transgression des commandements de Dieu a été aussitôt suivie par l'instauration de la brutalité. C'est pourquoi l'apôtre Paul dit : " Voilà que la nature soupire en attendant la libération des enfants de Dieu." La nature attend que nous soyons libérés et qu'elle-même soit libérée de la corruption, car elle est maintenant corruptible et altérable. Or notre organisme contient tous les minéraux qui existent aussi dans le cosmos. Nous étions appelés à être des maîtres, mais tout s'est dressé contre nous car nous sommes responsables de la déchéance générale. Il nous faut maintenant nous redresser afin que tout ce qui se trouve autour de nous soit reconstruit.



Tout se passe soit selon la Providence

soit avec la permission de Dieu.

Rien ne se produit autour du globe terrestre ou dans l'univers en dehors de la Providence et sans la permission de Dieu. Tout ce qui est noble et sublime est l'oeuvre de la Providence divine, alors que tout ce qui est négatif est fait avec la permission du Seigneur, qui sait pourquoi Il a autorisé cela et pour combien de temps. Si les forces mentales incorporelles et les forces mentales corporelles pouvaient agir à leur guise, il y aurait un chaos terrible non seulement autour du globe terrestre mais aussi dans tout l'univers. Dieu est présent partout et il s'agit d'une lumière intangible, d'une énergie qui imprègne tout.

Pour Dieu, il n'y a ni hier, ni demain ni aujourd'hui. Pour Lui, tout est aujourd'hui, pour l'éternité. En Lui tout se perpétue. Il sait pourquoi il a permis que quelque chose se produise. Nous, les humains, nous ne faisons que compliquer les choses avec nos pensées et nos désirs. Nous sommes les seuls à nous opposer à la volonté divine, alors que les anges et les saints se plient entièrement à la volonté de Dieu. En revanche nous, les enfants d'Adam et d'Eve, nous nous y opposons. Le Seigneur a beaucoup plus de problèmes avec nous, les croyants, que nous n'en avons avec ceux qui se sont complètement éloignés de Dieu.



Le Seigneur nous commande d'aimer nos ennemis

non à cause d'eux, mais à cause de nous.

Dieu peut nous libérer de tout mal, mais nous nosu accrochons convulsivement au mal. Pourquoi le Seigneur nous demande-t-Il d'aimer nos ennemis? Ce n'est pas à cause d'eux, mais à cause de nous. Tant que nous garderons en nous le souvenir d'une offense qui nous a été faite par des adversaires, amis ou proches, nous n'aurons ni paix ni repos. Il faut nous en affranchir. Comment? Il faut pardonner de tout notre coeur. En pardonnant de tout son coeur, on fait comme si rien ne s'était passé. Ainsi nous faisons disparaître toutes les pensées qui étaient à l'oeuvre en nous et qui ne nous donnaient ni paix ni repos. Quand on a pardonné, cela veut dire que c'est la paix qui l'a emporté.



Nous ne devons absolument pas avoir de mauvaises pensées.

Un homme noble et bon est incapable de haïr son adversaire; il ne lui souhaite que de bonnes choses. Une telle bonté libère cet homme de tout comportement qui n'est pas harmonieux; elle libère aussi son adversaire, qui n'a plus la force de l'attaquer. En revanche, en nourrissant de mauvaises pensées, nous contribuons énormément à entretenir le mal, nous augmentons son potentiel. Nous ne devons absolument pas avoir de mauvaises pensées.



La bonté, une force énorme.

Si tous les hommes voulaient bien s'unir dans la bonté, on verrait quelle force énorme et incroyable cela représente. L'harmonie règnerait partout et en tout lieu!



Cesser de faire la guerre en pensée.

Dans les années 1980, quand je me trouvais au monastère de Touman, je reçus la visite d'une femme employée à l'usine "Galenica" qui se plaignait qu'elle était obligée de quitter son travail car elle ne pouvait plus supporter les injures qu'elle y subissait. Je lui dis : " Ne quitte pas ton travail, les postes libres sont rares et on a du mal à trouver un emploi; cesse plutôt de faire la guerre en pensée." Mais elle me répondit qu'elle n'était en lutte avec personne. " Physiquement non, lui dis-je, mais tu fais la guerre en pensée." Tu n'es pas satisfaite de la position que tu occupes, de ton poste de travail ainsi que des membres de ton groupe de travail. - Mais je n'y arriverai jamais!- Cela paraît impossible, mais avec l'aide de Dieu cela sera possible. Prie le Seigneur qu'il veuille bien donner un ange à tous, et qu'il ne t'oublie pas à cette occasion. Et tu t'apercevras avec le temps comment le cercle des pensées sur le lieu de travail se trouve modifié."

Puis, vers 1984, cette femme vint nous voir au monastère de Vitovnica et, en se mettant à l'écart du groupe avec lequel elle était venue, elle dit : " Bénissez père. Je ne savais pas que tous les hommes étaient bons. Il en est ainsi sur mon lieu d etravail. Oui, les gens se sont transformés de façon étonnante, ils ne m'insultent plus. Il n'y a qu'une seule personne avec laquelle je n'ai pas pu me réconcilier pendant longtemps, elle m'insultait trop. - Mais as-tu établi des rapports harmonieux avec elle? - Oui. - Comment? - Eh bien, je lis les Saintes Ecritures et vois ainsi que le Seigneur commande d'aimer même nos propres ennemis. Je me dis à moi-même : " Tu dois aimer cette personne comme tu le sais, car c'est cela que le Seigneur demande." Aujourd'hui, cette femme et moi sommes les meilleures amies."

Ah, si nous disposions de gens de cette trempe un peu partout, l'harmonie régnerait dans tout le pays!



Du Seigneur et de nous.

Le Seigneur a dit qu'Il était l'amour, la perfection; Il souhaite que nous, qui sommes Ses enfants, possédions cette vertu divine.

Le Seigneur nous a tout donné, mais nous avons du mal à l'accepter.

Le Seigneur va nous guider, quand Il nous accordera Sa grâce et Sa force. Alors nous pourrons aller partout à Ses côtés.



Le mal n'a pas été créé; c'est un abus du bien

réalisé à leur profit par des êtres doués de raison.

Le sens de notre vie est de revenir dans les bras de Dieu et de recueillir la Grâce du Saint-Esprit, de nous laisser conduire par le Saint-Esprit. Il s'agit de revenir à l'état originel et d'être toujours joyeux, toujours paisibles, tranquilles et qu'il n'y ait nul mal en nous; alors, il n'existe plus de mal autour de nous, car nos pensées sont toujours bonnes. En effet, le mal n'a pas été créé, il correspond à un abus du bien réalisé à leur profit par des êtres doués de raison.

Qu'est-ce qui est mauvais chez les esprits déchus? leurs pensées, car il ne s'agit pas de créatures charnelles en mesure de commettre des péchés : elles pèchent en pensées. Nous aussi, c'est par la pensée que nous créons le mal, avant de le réaliser.



Il faut nous transformer et être bons pour notre bien.

Prions le Seigneur de nous donner la force et le pouvoir de nous transformer spirituellement, qu'il s'agisse de notre peuple et du monde entier. On voit qu'il reste peu de temps et souhaitent qu'aucune personne ne soit libéré de ses pensées démoniaques. On enseigne ainsi aux petits enfants à s'opposer aux parents avant de se moquer d'eux à l'âge adulte. On voit ce que les esprits du mal font avec notre jeunesse : les jeunes insultent leurs parents, ils se moquent de tout, il n'y a plus de paix ni de repos.

Mais il est possible de faire le bien et que chacun commence par lui-même à se transformer et à bien se comporter pour son propre bien. Il s'agit de se consacrer à des pensées bonnes, paisibles et calmes. Une fois en nous, de telles pensées rayonneront autour de nous. Où que nous allions, elles irradieront de nous. Une âme faite d'humilité et de modestie est si agréable que d'elle émane une sorte de chaleur. Il n'est pas besoin que cette personne nous dise quelque chose, il est simplement agréable d'être en sa compagnie. En fait, si chacun voulait bien commencer par son propre cas, quel changement cela serait! Le bien serait restauré en nous, autour de nous et partout!



Nous ne cessons d'être en conflit de pensées.

Nous ne cessons d'être en conflit de pensées. La guerre en pensée est incessante en nous. Ce n'est qu'en priant le Seigneur que nous pouvons lutter contre cela. Le Seigneur est notre guerrier. C'est en nous remettant à Lui que nous trouvons le salut.



Nous sommes un grand mystère pour nous-mêmes.

Nous sommes des êtres étranges. Nous ne cessons de nous étonner qu'il y ait autour de nous autant de mystères insondables. Tout ce que nous avons appris jusqu'à aujourd'hui est en fait peu de chose.

D'abord, nous sommes un grand mystère pour nous-mêmes. Que sommes-nous? nous demandons-nous sans savoir ce que nous sommes. Personnene nous a demandé à quel moment nous devions apparaître et nul ne nous demandera quand nous devrons quitter cette planète. Notre vie est fort brève. Mais même pendant ce court laps de temps, de nombreuses possibilités nous sont offertes pour nous perfectionner dans le bien et nous tourner vers le Bien absolu. Ce n'est qu'alors que notre horizon s'élargira et que la situation s'éclaircira pour nous : pourquoi ce monde existe-t-il et pour quelle raison se présente-t-il sous cette forme? Nous comprendrons que nous avons transgressé, que nous ne cessons de porter atteinte à l'amour, à la paix et à la joie. Mais en nous unissant à la Source de vie, tout se clarifie. Chrétiens, nous sommes appelés à élargir le champ de la paix de Dieu, à élargir l'atmosphère céleste qui est paix et joie. Peu nombreux sont ceux qui sont en état de comprendre que de tels hommes doivent être source de bien, de paix et de silence.

Par les prières de Sa Très Sainte Mère, celle des anges et des saints, Dieu nous sauvera et nous épargnera les grands malheurs. Si nous étions unis par la pensée, cela représenterait une force énorme et nul ne pourrait rien contre une telle force. C'est la force divine de l'union.





XVI

MERCI A DIEU POUR TOUT*



Il ne faut pas cesser de s'entraîner à respirer correctement.

Notre cerveau dépense beaucoup d'oxygène; à lui seul, il consomme 80% de l'oxygène que nous absorbons, qui doit aussi servir à l'ensemble de notre organisme. Si nous n'avons pas assez d'oxygène, nous n'avons pas de volonté pour travailler, pas de vivacité, ni physique ni psychique, ce qui nous amène à nous demander ce qui se passe avec nous. Il nous arrive ainsi de respirer avec un quart seulement des poumons, ce qui est peu, et c'est pourquoi on recommande aux personnes âgées comme aux jeunes de pratiquer la course à pied, car le fait de courir impose, qu'on le veuille ou non, de respirer profondément. Aussi faut-il s'entraîner sans cesse afin de faire bouger toutes nos articulations. L'arthrite commence en effet dès le jeune âge, souvent avant la trentième année. Or, l'homme aime manger jusqu'à satiété, ce qui constitue un grand problème. Notre organisme absorbe ce dont il a besoin, rejette ce qu'il peut et ce qui n'est pas rejeté vient se déposer dans les os et les muscles. Voilà pourquoi l'arthrite est plus dangereuse que les rhumatismes : elle est capable de paralyser l'homme complètement.



Père, pourriez-vous nous dire quelques mots sur la prière; quelle prière recommandez-vous en premier lieu?

Chaque prière est bonne. Prier signifie avoir de bonnes pensées. Quand on se consacre à une tâche, il convient de le faire tranquillement et de concentrer ses pensées afin de les empêcher de vagabonder. On doit s'exercer ici, dans cette vie, afin que notre existence se déroule dans la prière, en partant du centre, du coeur.

Les anges ne prient pas comme nous. Ils aspirent à Dieu de tout leur coeur et savent que l'énergie divine est en eux, que Dieu fait bouger cette énergie divine en eux, tout comme Il le fait en nous. Ils aspirent à Dieu de tout leur être. Comme ils sont liés de tout leur être au Seigneur, ils aspirent de tout leur coeur à Dieu. C'est ainsi que la prière est la plus forte et c'est à ce type de prière qu'on doit s'exercer ici-bas.



Tout ce qui a lieu se produit selon la volonté salvatrice de Dieu.

Ni sur cette terre ni au ciel, rien ne se produit en dehors de la Providence et sans l'autorisation divine. Tout ce qui est noble et sublime, l'est conformément à la Providence divine. Mais tout ce qui est chaotique est également autorisé par le Seigneur. Il sait pourquoi l'autorisation en a été donnée et pour quelle période.

Si nous, êtres raisonnables corporels, et les êtres raisonnables incorporels, les esprits, étions en mesure de faire ce que nous voulons et comme nous le voulons, alors un chaos terrible s'établirait non seulement sur terre mais aussi partout où les esprits se déplacent. La situation serait terrible partout.



Dieu a revêtu notre nature afin d'assurer notre salut.

Nous sommes des êtres limités; or des êtres limités ne peuvent se donner sans limites. Tout en étant limités, nous voulons tout réussir. Or, nous sommes petits et issus de parents qui ont connu la chute, et c'est pourquoi nous souffrons toujours. Car nos ancêtres lointains ont manqué d'obéissance, ce qui a bouleversé tout l'ordre qui nous entoure. Aussi nous faut-il revenir à l'état originel; mais qui est en mesure de nous y aider? Seul Dieu le peut. Dieu aurait pu assurer notre salut d'une autre façon, mais alors comment l'aurions-nous accepté? Il a revêtu notre nature afin de la ramener à l'état originel. Dieu est tout amour. Il est venu parmi nous, a revêtu notre nature, a connu la Transfiguration puis la Résurrection, ramenant notre nature à son état originel, celui de la Création. Mais, voilà, nous ne l'avons pas accueilli de tout notre coeur. Cependant, Il attend toujours que nous revenions à cet état, mais que nous sommes lents à le retrouver!

Nourriture spirituelle et nourriture physique.

Toute la nourriture des anges n'est que reconnaissance, louange, glorification de Dieu. Les anges se nourrissent par la pensée. Nous aussi, nous nous nourrissons par l'esprit et la pensée, alors que le corps physique demande une nourriture physique.



L'homme est un grand mystère!

Oui, l'homme est un grand mystère! Nos ancêtres originels étaient éternels et la matière dans l'ensemble de l'univers était imprégnée de l'Esprit. Nos aïeux possédaient un corps fait d'une matière imprégnée de l'Esprit et se déplaçaient à une vitesse incroyable, plus rapidement que la pensée!

Adam était le maître du monde matériel, du cosmos. Dieu lui avait commandé : " Croissez et multipliez et régnez sur la terre!", ce qui veut dire régner sur la matière. L'évolution en cours sur la terre a été autorisée par le Seigneur à la suite de la chute de nos ancêtres, car si tel n'avait pas été le cas, le genre humain se serait éteint.

Il était prévu que le genre humain remplisse tout le cosmos. Mais de même que toutes les créatures originelles, les esprits célestes, n'ont pas conservé leur place - y compris parmi eux le premier parmi les égaux, Satan, qui est tombé par ignorance de Dieu -, la chute de l'homme a eu lieu à cause de la jalousie des esprits malins et, soudain, tout s'est écroulé et a été changé. Les esprits malins n'ont cessé, depuis lors et jusqu'à nos jours, de veiller à ce qu'aucune âme ne soit à aucun prix libérée de ses chaînes mentales, à ce que tous les hommes deviennent mauvais, car l'enfer correspond à un état mental de l'âme.

Lorsque chutèrent ceux qui devaient régner sur l'ensemble du monde matériel, le cosmos, c'est-à-dire nos ancêtres lointains, tout ce qui leur était subordonné a été détruit et le monde matériel a perdu son état originel. C'est pourquoi l'apôtre Paul a dit : " Toute la nature soupire dans l'attente du salut des fils de Dieu." Ces fils de Dieu, c'est nous-mêmes, et toute la nature attend d'être, par notre intermédiaire, libérée de toute altération et corruption. Aujourd'hui, elle est périssable et sujette aux changements, alors qu'elle a été immuable et éternelle. C'est pourquoi nous attendons la seconde venue du Seigneur. Tout cela doit passer et tout doit être recréé à nouveau, comme le dit le Seigneur : " Voilà que tout est passé, et un renouveau intégral doit se produire, un ciel nouveau et une terre nouvelle."

Nous réfléchissons souvent pour deviner comment cela se présentera, mais voici que le Seigneur nous révèle un mystère : comment cela sera. Le Seigneur nous a révélé il y a longtemps que lorsque la matière atteint la vitesse de la lumière, elle disparaît : elle se transforme en une énergie invisible, comme cela a été confirmé expérimentalement.



Sur Dieu, les énergies divines et le cosmos.

Dieu est présent partout, Son énergie est présente partout. On voit que nos pensées se réalisent et on sit ainsi que les pensées divines, elles aussi, se réalisent dans le temps et l'espace. Nous voyons beaucoup de choses existant sur cette terre et aussi dans le cosmos, tel le système solaire...

Nous ne pouvons pas voir cela de nos yeux, mais grâce aux télescopes. De puissants télescopes ont permis de découvrir beaucoup de galaxies, de dimensions et de formes diverses. Certaines galaxies ont des formes fuselées, d'autres ressemblent à des disques, alors que notre galaxie comporte trois points, en spirale. La voie lactée, là où les étoiles sont les plus denses, est visible à l'oeil nu. Vénus est visible six mois à l'est, et six mois à l'ouest. Quand elle se trouve derrière le soleil, c'est une étoile du soir et quand elle devient le soleil, c'est une étoile du matin...



Le Second Avènement approche,

mais les hommes ne veulent pas se ressaisir.

Le Seigneur nous a révélé beaucoup de choses et Il continue à le faire, mais nous avons fait un mauvais usage de tous les mystères ainsi révélés. Aujourd'hui, Dieu merci, les circonstances où nous vivons nous permettent de voir que notre planète s'approche de la fin de sa mission : nous nous approchons du Second Avènement du Seigneur, où le Seigneur va recréer tout, mais il est très triste que les hommes ne se ressaisissent absolument pas; les esprits déchus ne se ressaisissent pas.



Merci à Dieu pour tout.

Merci à Dieu pour tout! Il faut nous efforcer d'être bons, car notre passage dans l'éternité se fera avec nos propres traits de caractère. Les pensées pleines de bonté et les intentions pleines de bons sentiments nous font du bien dès notre passage sur cette terre; c'est ici qu'on obtient le paradis et c'est ici qu'il convient de maîtriser toute pensée négative, afin que l'esprit puisse régner sur la matière et que l'esprit s'élève au-dessus de toutes les brouilles terrestres.





XVII

AVEC NOS PENSEES NOUS CREONS L'HARMONIE

OU L'ABSENCE D'HARMONIE EN TOUTES CHOSES*



* Enseignements donnés par l'Ancien Thaddée le 18 mai 1997 au monastère de Vitovnica ( enregistrement audio).



Nos mauvaises pensées sont coupables pour tout.

La famille connaît aujourd'hui de nombreux problèmes. Cela se manifeste d'abord par une forme d'insatisfaction intime et d'intolérance. Les gens sont insatisfaits, sans savoir eux-mêmes pourquoi : ils s'adressent aux autres de façon insatisfaite et brutale.

Or, ici sur cette terre et dans l'ensemble du cosmos, on voit se réaliser la conception divine du temps et de l'espace. On voit que nos propres pensées représentent une force et une puissance considérables. Cependant nous ne prêtons pas attention à nos pensées ni à la façon dont nos pensées se réalisent. Nous accordons très peu d'intérêt spirituel à nous-mêmes, à nos pensées et à nos souhaits. Nous pouvons rendre responsables tous et chacun, mais pour notre famille, notre milieu et notre lieu de travail, nous sommes nous-mêmes responsables car nous ne faisons pas attention à nos pensées, à nos souhaits.

La situation est difficile chez nous mais aussi dans le monde. Pourquoi? Nos pensées sont mauvaises, nos souhaits le sont aussi; il n'y a pas de paix ni en nous ni autour de nous, ni chez nos proches. Nos pensées se déplacent tout autour. L'agitation règne dans tout le cosmos. L'homme est petit, mais il peut commettre beaucoup de bonnes actions, comme de mauvaises : cela dépend de ses pensées et de ses souhaits.



De la chute de l'homme.

C'est par amour que Dieu a créé le monde, et Son souhait est que Ses enfants possèdent Ses traits de caractère. Nous sommes le fruit de l'amour divin. Nul ne peut atteindre la profondeur divine : pourquoi tout ce qui existe se présente comme cela. Le monde spirituel, le Ciel, fut créé d'abord, puis le Seigneur créa le monde matériel et l'homme. L'homme fut ainsi créé à la fin, afin d'être le maître du monde matériel. La terre créée par Dieu ainsi que le cosmos, tout est le domaine de l'homme.

Lorsque Satan apprit qu'une nouvelle créature allait se multiplier et peupler la terre, il se rendit compte, comme adversaire du bien, qu'il serait ainsi isolé; il lui fallait donc convaincre cette nouvelle créature de transgresser le commandement de Dieu pour qu'un tel acte entraîne des conséquences catastrophiques pour l'homme et le monde entier. Dieu seul sait pourquoi Il a permis que cela ait lieu. Notre aïeule Eve fut la première à chuter, puis ce fut le tour d'Adam. Ils ont connu la chute car c'était un couple et ils devaient partager des valeurs communes. Je ne le savais pas. Je savais seulement que les parents disposent d'un grand pouvoir sur leurs enfants et que tout ce qu'ils peuvent souhaiter pour leurs enfants finit par se réaliser. C'est pourquoi les parents doivent faire très attention à ce qu'ils pensent à propos de leurs enfants. Les parents doivent endurer beaucoup et pardonner tout.



C'est par la pensée que nous sommes coupables

de la situation dans notre pays.

Nous faisons porter la responsabilité actuelle de notre pays sur ceux qui le dirigent; nous disons qu'ils sont coupables et qu'il faut les changer. Mais qui sont-ils? Ne sont-ils pas nos enfants? Ce sont tous nos enfants. Et nous voulons les changer, afin que d'autres prennent leur place. Mais ces derniers sont également nos enfants, ils sont peut-être pires que les dirigeants actuels. En fait, nous sommes tous coupables. Nous, les plus âgés, sommes les plus coupables car nous n'avons pas montré à nos enfants d'exemple à suivre. Même si nous n'avons pas d'enfants, nous sommes néanmoins responsables, et cela pour toute la situation actuelle dans notre pays, dans notre Eglise, dans l'univers. Par nos pensées nous créons du chaos dans le cosmos aussi. Nos pensées se réalisent en tant que nos propres oeuvres. Les pensées prennent corps, comme la pensée divine prend corps. Nous sommes la lumière de l'amour divin et en nous réside l'énergie de la pensée divine, la vie divine et le projet divin qui se réalisent sans que nous en ayons conscience.



L'homme agit en pensée sur toute chose.

Nos pensées se réalisent; elles représentent une force considérable. Aussi nos pensées doivent-elles être élevées et nobles. Car nous irradions, nous sommes une centrale de pensées incroyablement puissante, réceptrice et émettrice. Nos pensées agissent de façon incroyable. Les savants ont découvert que nos pensées agissent non seulement sur les êtres raisonnables et le monde animal mais aussi sur le monde végétal, qui possède son propre système nerveux.

Notre vie est à l'image de nos pensées. Si nos pensées sont calmes, pacifiques, douces, paisibles, humbles, la paix règne en nous. Cela irradie de nous, ce qui influence le système nerveux de chacun, qu'il appartienne au monde raisonnable, animal ou végétal. Tout le monde attend de nous de l'amour, de l'attention et de la considération. Or c'est ce que nous donnons le moins aux autres, parce que nous ne faisons pas attention à notre appareil de pensée. Seul un petit nombre le fait...



De la lutte intellectuelle pour la paix et la tranquillité d'esprit.

Les Saints Pères, eux aussi, ont eu de grands problèmes avec eux-mêmes. L'un des Saints Pères a dit : " Notre esprit est vagabond. Il ne cesse de vagabonder. Nul ne peut le calmer sans l'arrivée de Celui qui est seul en mesure de l'apaiser." Nous devons tous garder à l'esprit que les Saints Pères ont livré un tel combat et qu'il faut nous efforcer de garder nos pensées tournées vers le bien. L'esprit de l'homme ne peut s'apaiser tant que le Tout-Puissant n'est pas venu et que le Saint-Esprit n'a pas illuminé l'homme. L'homme reprend alors ses esprits, se met à réfléchir de façon sensée et se rend compte que des pensées paisibles et douces, pleines d'amour, de bonté et de pardon correspondent à la paix et à la tranquillité.

Pourquoi le Seigneur nous recommande-t-Il d'aimer nos adversaires et de prier pour eux? Ce n'est pas à cause d'eux, mais à cause de nous. Tant que nous conservons en nous le souvenir d'une offense qui nous a été faite par des adversaires, des amis, des parents, des proches, nous n'avons ni paix ni calme.

Si le maître de maison est trop absorbé par les problèmes matériels concernant l'avenir de la famille et sa subsistance, il n'a plus de paix. Tous les membres de la famille sont inquiets. Ils pressentent les difficultés mais ne savent pas ce qui est en jeu. On voit ainsi la forte influence que nos pensées peuvent exercer. Bien entendu c'est à cause de tels types de pensées que surgissent souvent des malentendus dans les familles.



Conflit de pensée entre belle-mère et belle-fille.

De nombreuses personnes viennent me voir à ce propos. Ce matin, une femme est venue avec son fils. Elle était déjà venue à plusieurs reprises et s'était plainte que sa situation était difficile et qu'elle n'aimait pas sa belle-fille. Je lui ai dit : " Votre belle-fille est plus jeune que vous, elle ne peut pas comprendre qu'elle doit aimer sa belle-mère comme sa propre mère; mais vous êtes plus mûre qu'elle et devez réfléchir à tout cela. Il arrive souvent qu'une mère, une fois son fils marié, ait du mal à supporter sa belle-fille, cette dernière fût-elle un ange. Vu de l'extérieur, tout semble parfait et on ne remarque rien, mais l'insatisfaction de la mère est toute intérieure. La belle-fille ignore cette chose cachée; elle doit prier le Seigneur pour qu'Il envoie un ange auprès de sa belle-mère et qu'il lui donne à elle-même la force d'aimer sa belle-mère comme sa propre mère. Au lieu de cela, elle incorpore en elle-même la lutte intérieure de sa belle-mère. On voit ainsi que tout conflit physique débute d'abord en pensée. Les hommes commencent d'abord à ne pas se supporter en pensée, puis se mettent à se détruire mutuellement. Tout ce qui se produit survient sur la base de pensées..." En fait, la mère qui était venue me voir paraissait incapable de comprendre ce que je lui disais. Je voyais bien combien elle était meurtrie, ce qui m'amena à rester longtemps avec elle. Je lui dis : " Vous devez comprendre que vous devez essayer d'agir autrement. Si votre belle-fille n'agit pas bien, il faut prier le Seigneur pour qu'Il envoie un doux ange auprès d'elle et qu'Il ne vous oublie pas non plus; il faut Le supplier de vous enlever du coeur le poids de vos pensées concernant non seulement votre belle-fille mais aussi tous ceux qui vous ont offensée, et de vous accorder la force de les aimer tous. Quand vous aurez adressé à tous des pensées pacifiques, paisibles, pleines d'amour et de bonté, vous verrez en peu de temps comme votre environnement a été modifié. Votre belle-fille sera elle aussi transformée. Or vous ne pouvez pas la supporter en pensée, de sorte que la paix et la tranquillité n'existent jamais chez vous. Votre fils, son mari, ne connaît pas la paix non plus. Il faut vous efforcer d'aimer votre belle-fille. Oui, je sais que c'est difficile... Savez-vous pourquoi vous n'aimez pas votre belle-fille? - Je ne sais pas. - Mais elle vous a enlevé votre fils. Votre fils ne se trouve plus auprès de ses parents comme quand il était petit. Il est naturel que l'homme se tourne vers son épouse. Une mère souhaite que son fils se marie et se réjouit qu'il se soit marié. Mais par la suite c'est elle qui souffre le plus. Aujourd'hui un fils se tourne de plus en plus vers son épouse, il ne demande plus à sa mère si elle a soif ou si elle a faim; commence alors un conflit (par la pensée) chez la mère. Vous pouvez continuer à agir ainsi mais vous finirez par vous rendre compte que vous n'avez rien accompli. Essayez ce que je viens de vous dire et vous verrez que tout va être transformé en peu de temps."



Il faut être pacifiques et paisibles et tout pardonner.

Dès que nous sommes quelque peu incommodés, de mauvaise humeur, nous ne savons pas répondre calmement mais toujours de façon agressive. Ainsi nous ne faisons qu'aggraver la situation : quand nous ne sommes pas satisfaits en notre for intérieur, tous les autres nous paraissent haïssables. Nous ne faisons que nous insulter mutuellement. Cela signifie qu'il faut rester paisibles et tout pardonner. Quoi que les gens aient fait, on doit tout pardonner, les aimer et ne pas garder en nous de souvenir d'offense.



Conflit de pensée au monastère.

Ceux qui se sont rassemblés au monastère ont des origines diverses et ont été éduqués dans des circonstances différentes. Certains sont trop émotifs; d'autres le sont beaucoup moins, ce qui offense certains d'entre nous. Or nous devons tous supporter notre communauté et faire en sorte d'adhérer progressivement à des principes communs et aller dans la même direction. L'higoumène du monastère est celui qui doit être un exemple concret à suivre dans la vie. Mais si lui-même n'est pas satisfait intérieurement (en pensée), alors personne ne sera satisfait.



En ayant la paix en nous, nous la ferons rayonner sur d'autres.

Il faut vous efforcer de voir la paix régner au sein de votre foyer. La paix provient de chacun de nous. Il nous faut d'abord posséder la paix en nous-mêmes, puis nous la ferons rayonner sur d'autres. On voit qu'il existe très peu d'âmes humbles et paisibles sur cette terre mais elles sont bénies. Elles ne s'offusqueront pas si on les insulte. Quoi qu'on leur fasse, elles sont paisibles et calmes; elles ont seulement pitié de celui qui les insulte et s'impose ainsi de telles souffrances.



L'énergie de la colère est considérable.

Dès que l'on se met à avoir des idées d'insatisfaction, cela agit de façon terriblement destructrice en nous. Je ne me souviens plus si quelqu'un me l'a dit ou si je l'ai lu, mais on affirme qu'un homme en colère dépense une énergie telle qu'elle serait capable de tirer un convoi ferroviaire de je ne sais combien de wagons sur un grand nombre de kilomètres...



Chacun doit commencer par lui-même.

C'est incroyable comme nous nous faisons souffrir nous-mêmes. A l'inverse, un être plein d'humilité, même si on le torture cruellement, ne songera qu'à se désoler que son bourreau se fasse autant souffrir. Peu nombreux sont les êtres de cette sorte sur cette terre, mais c'est grâce à eux que le soleil nous réchauffe. La bénédiction de Dieu sur cette terre est due aussi aux petits enfants. Aussi faut-il s'efforcer de nourrir de bonnes pensées et de bonnes intentions. Nous cueillons aujourd'hui le fruit de nos souhaits et de nos pensées. Nul n'est responsable sinon nous-mêmes. Nous commençons toujours par l'extérieur, nous voulons redresser les autres sans jamais débuter par nous-mêmes. Chacun doit commencer par lui-même car la vie est beaucoup plus parlante que les mots.



Chacun souhaite s'approcher d'une âme humble.

Nous avons beau entendre nombre de choses instructives, la question est de savoir si on va les appliquer ou non dans la vie. Cependant, quand nous voyons une âme humble et paisible qui ne s'offense jamais quand on l'insulte, qui reste toujours tranquille et douce, c'est comme si une bouffée de chaleur venait réchauffer quelqu'un qui a pris froid. Une telle personne est toujours heureuse, et la paix se répand tout autour d'elle. Elle est toujours en paix, elle ne cesse d'avoir des idées pacifiques, la tranquillité et la bénédiction divine sont toujours avec elle. Chacun est désireux de s'approcher d'une telle âme. Pourquoi? Parce qu'elle nourrit des pensées pacifiques, et la paix exerce une influence sur le système nerveux de tous les êtres vivants. Nombre de personnes s'étonnent que des bêtes fauves aient pu approcher des saints, comme si elles étaient des animaux domestiques. Ces fauves ne s'en prenaient pas aux saints : il s'agit en fait d'une chose très simple, sans aucun rapport avec une quelconque sagesse. Les saints n'avaient absolument pas peur de la mort et ils étaient tous aimés non seulement par les hommes mais aussi par le monde animal. Quand un chien se montre agressif, en fait il se défend. Si on a peur d'un animal, ce dernier aboie et se montre agressif. C'est parce que la peur exerce une influence négative sur le système nerveux de l'animal, qui se met à se défendre. Mais si on éprouve de l'affection envers un animal, il ne vous attaquera pas. Il s'approchera de nous en animal domestique. Il en est également ainsi avec le Sauveur.



Avec nos pensées nous créons l'harmonie

ou l'absence d'harmonie en toutes choses.

Jadis dans la localité de Petrovac vivait un archiprêtre qui avait un caractère particulier, un peu brutal; il faisait parfois des réponses assez sèches; il recherchait la discipline mais avait une très grande affection pour les animaux. Il était toujours entouré de beaucoup de chiens, de chats et d'animaux divers. Un jour d'automne, il se rendit chez un paroissien afin de bénir sa maison; cet homme avait un berger allemand aussi grand qu'un veau. Quand le prêtre ouvrit le portail de la maison, le chien échappa soudain à son maître et se rua sur le visiteur. Tout le monde crut que c'était pour se jeter sur lui. Or, quand le prêtre eut étendu les bras, le chien lui mit ses pattes sur les épaules et se mit à le caresser. Tous en furent étonnés, mais le visiteur dit : " Il sait que j'aime les animaux. Il sait que je l'aime." On voit par cet exemple ce que signifient de bonnes pensées pleines d'amour et de bonnes intentions. Si les animaux agissent ainsi avec nous, comment ne pourrait-il pas en être de même avec nos semblables, les êtres doués de raison? Car c'est avec nos pensées que nous créons soit l'harmonie, soit l'absence d'harmonie.



Tout ce que le Seigneur nous a révélé,

nous en avons fait un mauvais usage.

Tout ce que le Seigneur nous a révélé, nous en avons fait un mauvais usage. Un tel mauvais usage général est à l'origine de substances toxiques dans le monde... On continue à faire des expériences avec l'énergie atomique. Or l'énergie atomique diffuse une radiation considérable. L'ensemble du globe terrestre est plein de radiations, mais il est interdit d'en parler sous peine de provoquer la panique dans le monde. On le voit par notre propre exemple : on a beau être en bonne santé, ne pas être malade, ne souffrir de rien, on se sent quelque peu lourd, endolori. On a toujours envie de dormir, on n'a pas d'allant pour aller travailler; tout cela est le fait des radiations.

L'année dernière ( en 1996), j'ai eu un accident cardiaque, ce qui m'a conduit dans une station thermale; or l'eau ne m'y convenait pas, car elle était chaude et c'est l'eau froide qui m'était recommandée. On m'indiqua une autre station, à la frontière bulgare. En m'y rendant, je fis un séjour au monastère Saint-Jean-le-Théologien. J'avais oublié que non loin de là, de l'autre côté de la frontière, le réacteur d'une centrale nucléaire bulgare avait explosé il y a quelques années. Dès mon arrivée dans ce monastère, je ressentis une sensation d'étouffement dans ma gorge. Or, l'air était bon, l'eau était pure et me convenait, mais j'étais incapable d'absorber la nourriture qui avait été préparée, en particulier la viande qu'on avait fait cuire, et que je ne mangeais pas depuis mon enfance. Mais une vieille dame, qui était une bienfaitrice du monastère et vivait non loin de l'hôtel de la station thermale, se proposa de préparer des repas maigres spécialement pour moi. Elle m'apporta chaque jour mon déjeuner. Un jour elle me dit : " Aimez-vous le lait caillé?" "Oui" lui dis-je. Elle me dit alors qu'elle irait en chercher dorénavant chez un paysan des environs. Le lendemain, elle m'en apporta un pot avec le déjeuner; en en prenant une cuillère, je ressentis à nouveau une sensation d'étouffement. C'était en effet des radiations : apportées par le vent, des traces de radiations se retrouvaient dans la poussière accumulée sur les prairies fréquentées par le bétail des environs, dont le lait était ainsi empoisonné; La vieille dame, qui aimait beaucoup le lait caillé, le but et eut aussitôt mal au coeur. Transportée à l'hôpital, elle survécut à l'empoisonnement. Mais le lendemain, elle ne vint pas apporter mon repas. Je me rendis donc chez elle, et elle me dit qu'elle avait failli mourir. " N'avez-vous pas bu trop de lait caillé?" lui demandai-je. A sa réponse positive, je lui dis que j'en avais pris un peu et que cela m'avait dissuadé d'en goûter plus. " Mais je ne savais pas que c'était dangereux", me confia-t-elle. Voilà ce que sont les effets des radiations.

De l'éducation des enfants.

Comme on le voit, la jeunesse, c'est-à-dire la nôtre aussi bien que celle d'autres pays, se trouve dans un état de délabrement. C'est notamment le cas des enfants d'intellectuels. Ceux-ci ont souvent beaucoup de temps à consacrer à leurs enfants et... leurs enfants n'en font qu'à leur tête.

Je sais tout cela par ma propre expérience. J'étais moi-même un petit avorton, très en retard, incapable de me nourrir tout seul : j'ai continué à téter jusqu'à l'âge de trois ans. J'étais incapable d'absorber des oeufs frits. Aujourd'hui encore, je ne suis pas en mesure de boire du lait ou de manger des oeufs. Mais d'un autre côté, on avait beaucoup de mal à me priver de confiseries. J'ai cessé d'en absorber vers 22-23 ans, car j'avais exagéré. Aujourd'hui je peux prendre de la confiture, mais cela ne m'attire plus comme jadis.

Par conséquent, le problème se pose pour les parents quand on laisse l'enfant agir entièrement à sa guise. Or le caractère des enfants se forme jusqu'à l'âge de 5 ans. L'enfant se met à pleurer quand ses parents cessent de s'en occuper; alors, de guerre lasse, les parents lui accordent tout ce qu'il veut. Tant que l'enfant est petit, il s'agit d'un petit problème, mais quand il grandit, le problème est plus important car on ne peut plus le rassasier.

Je me souviens d'une femme médecin originaire de Bitolj. Avec son époux, également médecin, ils avaient un fils unique, inscrit en faculté, qui refusait de suivre ses cours. Il avait détruit trois voitures et miraculeusement survécu aux accidents de circulation correspondants; il exigeait maintenant que ses parents lui offrent une nouvelle voiture. Cette femme venait me confier avec quelle agressivité son fils exigeait que son père lui donne de l'argent pour acheter un nouveau véhicule et me demandait ce qu'il fallait faire.

Je lui dis : " Vous ne pouvez vous en prendre à personne sinon à vous-mêmes. Vous avez un fils unique, vous avez fait tout ce qu'il voulait quand il était petit; maintenant qu'il est grand, vous n'avez plus la possibilité de lui accorder tout ce qu'il veut. Mais il ne veut pas le savoir! Il ne cherche qu'à satisfaire ses caprices car c'est ce que vous lui avez appris. C'est pourquoi nos enfants n'en font qu'à leur tête : ils ne sont pas aptes à vivre leur propre vie, encore moins à tenir compte d'autrui."

Les enfants de parents intellectuels, dans notre pays comme ailleurs, qui ont vu leurs caprices entièrement satisfaits par leurs géniteurs, ne savent plus maintenant ce dont ils ont envie; certains en viennent à devenir membres de mouvements satanistes. Après avoir goûté à tout, ils servent maintenant Satan. D'autres se suicident. C'est terrible, lamentable... Quand ils ne sont pas capables d'affronter leur propre existence, comment pourraient-ils aider les autres? C'est pourquoi il est difficile d'espérer que notre avenir immédiat soit plus brillant.



Il n'y a plus de repentir dans le monde.

Il n'y a plus de repentir dans le monde. C'est le cas non seulement chez ceux qui ne sont pas initiés, qui ne sont pas croyants, mais aussi de ceux qui ont été éduqués dans la foi depuis l'enfance.



Le Seigneur est Celui qui confesse par l'intermédiaire du prêtre.

L'homme dépasse la mesure en beaucoup de domaines; il perd alors sa paix intérieure et éprouve le besoin d'aller se plaindre auprès de quelqu'un. Quand on s'est plaint auprès d'un ami, on se sent mieux aussitôt. Il faut donc aller voir un prêtre car celui-ci est investi de la grâce divine pour vous accorder l'aide nécessaire. En réalité, le Seigneur est Celui qui confesse, le Seigneur est Celui qui célèbre la Liturgie. Le Seigneur est Celui qui ordonne tout; Il célèbre, Il donne la communion; Il le fait par l'intermédiaire des prêtres... Or les gens réfléchissent peu à ce sujet.



Le temps s'accélère

et ceux qui servent Satan se dépêchent d'unifier le monde.

Le Seigneur avait songé au VI° siècle à abréger l'existence de ce monde, lassé qu'Il était par les conflits internes de l'Eglise. Il y avait beaucoup d'hérétiques... Qui étaient alors les principaux hérétiques? C'étaient les êtres les plus cultivés, notamment des chrétiens orthodoxes, voire des prêtres, des serviteurs de la Liturgie, comme jadis Arius. Ce dernier fut le premier à provoquer un schisme, suivi par beaucoup d'autres. Et le Seigneur en fut lassé : Il voulut mettre un terme à tout cela. Mais à la suite des prières de Sa Très Sainte Mère et de trois autres âmes qui le suppliaient de sauver notre terre, le Seigneur prolongea l'existence de ce monde. J'ai lu tout cela dans ma jeunesse dans l'ouvrage intitulé Questions et Réponses du très révérend (Abba) Barsanuphe. Je pensais que je garderais en mémoire les noms de ceux qui avaient supplié le Seigneur : l'un vivait à Corinthe, le deuxième à Rome et le troisième au sein du patriarcat de Jérusalem. Par la suite, je les ai oubliés. Mais quand notre célèbre père Justin ( Popovic) publia les Vies des saints, il traduisit aussi des fragments des Questions et Réponses de saint Barsanuphe, ce qui me permit de découvrir que le très révérend Elie avait vécu à Corinthe, et le très révérend Jean à Rome. C'est grâce aux prières de la Très Sainte Mère, de saint Elie, de saint Jean, ( et d'un troisième Père dans l'éparchie de Jérusalem (1)) que le Seigneur a prolongé l'existence de cette terre.

Mais nous n'avons pas échappé aux punitions, car les chrétiens se sont souvent révélés, dans leur comportement et mode de vie, plus dissolus que les athées eux-mêmes. Le Seigneur a souvent permis que le fils illégitime pourchasse le légitime. Nous chrétiens, sommes le Nouvel Israël, donc des enfants légitimes. Les Arabes sont d'origine sémite. Le Seigneur a permis qu'apparaisse Mahomet...



Pour la jeunesse actuelle,

la nuit correspond au jour et le jour à la nuit :

alors que peut-on attendre de bon?

Les plus âgés d'entre nous savent quel était l'état de notre peuple avant la guerre et sont en mesure de comparer avec la situation actuelle. De très grandes différences existent. Avant-guerre, il existait déjà de nombreuses salles de danse dans toutes les localités : la jeunesse s'y rassemblait, les salles ouvraient aussitôt après le déjeuner et tout le monde se séparait dès le coucher du soleil. Aujourd'hui, les jeunes se mettent à sortir vers 22-23 h, la nuit devient le jour et vice versa. Que doit-on en attendre de bon? On voit ainsi combien les temps sont difficiles.



Je sais combien il est important d'aimer son prochain. Cela m'intéresse toutefois de savoir ce que vous pensez des relations entre l'Eglise orthodoxe et les nouveaux mouvements religieux qui foisonnent.

Le moment approche où notre planète va achever son parcours. Tous ces mouvements sont l'émanation de faux prophètes dont le Seigneur Lui-même a fait mention ainsi que les apôtres, qui ont dit que de faux prophètes feraient leur apparition avant la fin des temps. Certains d'entre eux diront : " Le Christ est parmi nous!", alors que d'autres s'exclameront : " Le voici parmi nous!". Or le Seigneur ainsi que le saint Apôtre nous disent : " Ne sortez pas!", ce qui signifie : ne sortez pas de l'Eglise!

Pour notre part ( en Serbie), nous avons perdu beaucoup de temps au cours de l'entre-deux- guerres. Nous n'avons pas accueilli comme il aurait fallu le mouvement des Bogomoljci. Il avait commencé à se développer au lendemain de la Première guerre mondiale. Auparavant, il y avait eu de tels groupements, mais c'est sur le front de Salonique que nos soldats se sont mis à prier Dieu en masse. Ceux qui avaient vu tellement de souffrances ont fondé le mouvement des Bogomoljci sur le front où ils priaient tous ensemble. Nombre d'entre eux avaient des familles et des enfants en Serbie et ils priaient avec intensité le Seigneur de les garder en vie afin qu'ils puissent revoir leurs proches à leur retour au foyer.

C'est pourquoi, une fois revenus vivants dans leurs foyers, ils se mirent à rendre grâces au Seigneur pour la nouvelle vie qu'ils allaient commencer. Ils commencèrent alors à éduquer leurs enfants comme ils s'y étaient engagés auprès du Seigneur.



Le diable en lutte contre l'évêque et le prêtre.

Le diable s'efforce de mettre à bas l'évêque et les prêtres, après quoi il lui est facile d'abuser les autres.



Souffrance et pureté de la foi.

Peut-on dire que le communisme est apparu dans les pays orthodoxes parce que l'Orthodoxie a le mieux préservé la foi chrétienne?

Oui, mais il a fallu que la Russie endure beaucoup de souffrances.



Mais l'Orthodoxie n'était-elle pas très puissante avant la révolution?

Oui, mais pas comme aujourd'hui.

Le monastère de Saint-Pantéléimon ainsi que ses skites sur la Sainte Montagne ont compté, au moment de la révolution bolchévique, plusieurs milliers de moines originaires de Russie. Un moine se lamentait auprès du Seigneur en se demandant comment Il avait pu tolérer que l'Eglise souffrît autant en Russie et que le peuple comptât tant de victimes. Il ne cessait de pleurer. Un jour, le Seigneur lui apparut et lui dit : " Tu as l'air de plaindre le peuple russe plus que Moi. Mais c'est Moi qui l'ai formé et instruit. Quand ils avaient tout, rares étaient ceux qui allaient à l'église. Aujourd'hui, ils y affluent par milliers..."

Grâce à Dieu, la piété du peuple russe correspond aujourd'hui à une piété authentique.



L'esprit de cupidité l'a emporté dans le monde.

On voit que dans le monde actuel, en particulier en Occident, mais aussi chez nous, l'esprit matérialiste a pris le dessus, c'est-à-dire essentiellement la cupidité. L'homme ne s'intéresse plus à rien, il ne respecte plus ni son père ni sa mère, ni son frère ni sa soeur; ce qu'il veut c'est que sa fortune et ses projets ne soient pas menacés. Il est prêt à tuer père et mère pour cela...



L'homme doit préserver ses pensées en paix.

C'est l'homme lui-même qui provoque l'agitation dans ses pensées. On ne doit pas faire attention au contexte dans lequel on vit. L'homme doit préserver sa paix intérieure. L'un des Saints Pères, saint Isaac le Syrien, qui fut un psychologue incomparable, a dit : " N'abandonnez votre paix intérieure pour rien au monde. Il faut la préserver à tout prix. Faites la paix avec vous-même, et le ciel et la terre feront la paix avec vous."



Toute tâche doit être accomplie de tout coeur.

Toute tâche sur cette terre est une tâche qui vient de Dieu. Toute tâche doit être accomplie de tout coeur, non pour les hommes, mais pour Dieu. Car Dieu est présent partout : cette planète appartient à Dieu, comme l'univers. Sans même se demander qui est à la tête de telle entreprise, si tel directeur est consciencieux dans son travail ou non, s'il respecte le règlement ou non car il devra répondre un jour de tout cela, notre devoir est de travailler non pour les hommes, mais pour Dieu. En effet, en travaillant pour Dieu, nous ne marquons aucune réserve, alors que quand on s'écrie : " Je ne veux pas travailler pour l'autre idiot qui ne fait rien mais gagne plus que moi!", nous ne travaillons plus de tout coeur mais avec des restrictions, c'est-à-dire ni bien ni mal. Or le Seigneur a dit : " Comme tu n'es ni chaud ni froid, je te rejetterai hors de moi." Il s'agit donc d'être soit chaud, soit froid!



Lutte en pensée et maladie physique.

Il ne faut pas prêter attention à ce que les gens racontent, à leurs offenses éventuelles. Il faut prier le Seigneur pour qu'Il envoie un doux ange auprès de chacun afin que tu préserves ta paix intérieure. Une fois réconcilié avec tous et dès lors que tu souhaiteras du bien à tous, plus rien ne sera en mesure de te faire souffrir. En effet, c'est nous-mêmes qui nous faisons souffrir en pensée.

C'est pourquoi le Seigneur a dit qu'il fallait aimer nos ennemis et qu'il fallait nous libérer en pensée. Une fois libérés en toute sincérité, nous nous retrouvons comme si rien ne s'était passé; plus rien ne nous fait souffrir. Nous sommes en paix. A l'inverse, si nous nous détruisons physiquement et psychiquement, il devient ensuite beaucoup plus difficile de reprendre ses esprits, sans compter nombre de maux physiques dont nous sommes seuls responsables parce que nous n'avons pas de bonnes pensées.



J'avais un bon père.

J'ai eu un très bon père. C'était un homme paisible et doux, humble et modeste. Je ne l'ai jamais vu en colère, ni en train de crier. Parfois quelqu'un l'offensait, le rudoyait, mais il faisait comme si rien ne s'était passé. Il disait : " Cela finira par passer; tout passe et cela redeviendra calme." Grâce à la paix qu'il avait en lui, il ne connut jamais de maladie et fut capable jusqu'à la fin de sa vie de distinguer de toutes petites lettres. Cependant, les enfants mâles héritent souvent le caractère de leur mère et les filles celui de leur père. Ma mère avait un caractère sensible et c'est ce qui m'a valu des problèmes. J'aurais bien voulu hériter les traits de caractère de mon père, mais comme vous le voyez cela n'est pas le cas.



Les natures sensibles pâtissent beaucoup.

Comment peut-on venir en aide à une personne atteinte d'une maladie grave qui exprime chaque jour son désir de mourir?

Son conjoint est la personne qui peut le plus l'aider, sinon sa famille proche ou ses intimes.



De quelle façon?

Cette personne est très sensible. Or toutes les personnes sensibles souffrent beaucoup. Moi-même, j'ai beaucoup souffert. Mais j'ai appris à me détendre progressivement en pensée. Cette personne a besoin de beaucoup d'attention, beaucoup d'amour; il importe que ses pensées s'apaisent afin qu'elle puisse se libérer en pensée, s'arracher à la dépression et retrouver le goût de vivre. Elle doit sortir au grand air. le manque d'oxygène nous fait beaucoup de mal. Je l'ignorais moi-même. puis j'appris que notre cerveau consomme 80% de l'oxygène que nous absorbons. Le manque d'oxygène dans le cerveau fait perdre le goût de vivre, de travailler, le goût pour tout.



Le manque d'oxygène est dangereux

pour la santé spirituelle et physique.

X. a écrit un livre sur la couverture duquel il a mis ma photographie alors que je lui avais demandé de ne rien écrire à mon sujet. La publication de cet ouvrage a eu pour effet de me faire passer pour une sorte de mage que les gens viennent voir pour connaître leur avenir. La première fois que cet homme vint me voir était un jour d'hiver : je vis alors un homme très triste et au bord des larmes. Je lui demandai quelle était la raison de son état et il me répondit qu'il avait deux fils, dont l'aîné, étudiant en médecine, ne suivait plus ses cours depuis deux ans; il restait prostré, ne parlait avec personne, ne sortait jamais et ne lisait rien. Ne sachant que faire, le père songeait à le faire venir au monastère afin que je puisse m'entretenir avec lui. Je lui dis alors que mon frère m'avait invité à venir chez lui à Belgrade au cours de cet hiver et je promis de reprendre contact avec lui à cette occasion. Je demandai à mon interlocuteur si son fils avait été un bon élève. " Un excellent élève", me répondit-il. Alors je lui dis que son fils s'était épuisé pendant ses études. " Tout le monde n'est pas fait pour étudier la médecine. Par exemple, lors des séances d'autopsie, il faut avoir des nerfs solides pour supporter. Dites-lui de se rendre tous les jours sur le mont Avala (2).

(2) : ( Colline boisée près de Belgrade).

Il n'a pas besoin de parler avec des gens, il lui suffira de courir un peu. Quand on court, on est obligé, qu'on le veuille ou non, de respirer profondément, ce qui fait que l'on absorbe de l'oxygène. Et qu'il s'exerce à respirer profondément", ajoutai-je.

Fin janvier, je me retrouvai à Belgrade, et je proposai à mon interlocuteur du monastère de faire la connaissance de son fils. Il me dit alors que ce dernier avait complètement retrouvé ses esprits et que tout allait bien, "comme si rien ne s'était passé". Voilà ce que signifie manquer d'oxygène.



Les étudiants doivent prier pour leurs professeurs.

Une étudiante vint me voir un jour en se plaignant d'une de ses professeures, qui s'obstinait, disait-elle, à refuser de lui donner une note satisfaisante dans une matière. Je lui dis : " Pourquoi te braquer contre cette professeure? Il faut la respecter comme si elle était un de tes parents. Elle fait de son mieux dans son enseignement." L'étudiante me dit qu'elle avait beau répondre correctement aux questions posées, sa professeure continuait à lui refuser l'admission. Je lui fis alors remarquer qu'elle s'opposait par la pensée à son enseignante et qu'elle ne la supportait pas. Il lui fallait plutôt prier le Seigneur pour qu'Il envoie un doux ange auprès de cette professeure et aussi que cette jeune fille se mette à aimer son enseignante comme quelqu'un de sa famille. " Elle te posera alors des questions faciles, elle te jugera mieux. Ne crains rien, tu verras", lui dis-je. Une année s'écoula ainsi. Puis la jeune fille se mit à prier Dieu pour le salut de sa professeure et, en fin de compte, quand elle se présenta à l'examen, elle se vit poser des questions faciles et fut reçue à son examen.



Père Thaddée, vous avez reçu la visite de beaucoup de gens ayant des problèmes psychologiques, qui étaient allés voir des psychiatres ou des psychologues. Ces contacts vous ont permis d'avoir un aperçu du travail des psychiatres et des psychologues. A votre avis, en quoi ces spécialistes pèchent-ils?

Les psychiatres sont en permanence en contact avec des gens souffrant de déséquilibres nerveux. Une telle situation ne manque pas d'exercer une influence sur les psychiatres eux-mêmes qui se trouvent ainsi terriblement accablés. S'ils étaient en contact quotidien avec des gens ayant un comportement normal, il en irait diféremment...

Un cas intéressant est celui du Père X. Il était membre d'un monastère dont l'higoumène à la moralité douteuse avait pour habitude d'inviter des chanteuses de Belgrade avec qui il entretenait des rapports proscrits. Le Père X. en était révolté. Un jour, il décida de s'étendre de tout son long devant le réfectoire et tous ceux qui en sortaient furent ainsi obligés de trébucher sur lui; l'higoumène l'expulsa de la communauté et l'envoya dans un asile psychiatrique. Alors le Père X. rendit grâces à Dieu et loua Ses bienfaits. Mais en arrivant à l'asile, il nota que les pensionnaires se comportaient tous de manière extravagante et il se mit aussi à faire de même. Heureusement pour lui, un de ses amis, moine au monastère de Studenica, vint le voir et se porta garant pour lui auprès des médecins. " Si j'étais resté un peu plus longtemps, je serais devenu comme les autres", reconnut-il plus tard.



XVIII

IL FAUT CONSACRER AU SEIGNEUR CHAQUE INSTANT DE NOTRE VIE.



L'humilité : le salut.

Le Seigneur va révéler progressivement de nombreux mystères à l'homme, car tout ce que l'homme cherche avec foi, le Seigneur l'accomplit. Il suffit de faire preuve d'humilité. L'humilité extrême est la perfection, l'aboutissement de la vie chrétienne. L'aboutissement de la vie chrétienne ne se trouve pas dans la résurrection des morts, ni dans l'accomplissement de miracles, ni dans la guérison de malades et d'impotents, toutes choses qui reflètent la puissance de la foi; cet aboutissement réside dans l'humilité extrême. Le Seigneur dit que seuls les humbles et les doux entreront dans le Royaume céleste.

L'humilité et la douceur sont des qualités divines; Dieu souhaite que Ses enfants soient récompensés avec Ses qualités propres.

Aussi est-ce pour notre bien qu'il convient que nous soyons paisibles, tranquilles, doux et qu'il nous faut endurer beaucoup de souffrances du coeur.



Ne pas attendre trop de quiconque.

On ne doit pas attendre de nos proches davantage qu'ils ne peuvent nous donner, faute de quoi nous nous sentons frustrés, nous imaginant des choses et nous empoisonnant nous-mêmes l'existence.



Sans Dieu il est impossible de s'aimer soi-même.

Ce n'est qu'avec Dieu que nous pouvons pardonner, car nous sommes nous-mêmes des êtres aux capacités limitées. Mais l'amour est sans limites et seul le Dieu infini est en mesure de l'accomplir. Nous sommes tous en quête de l'amour infini; or les anges et nous-mêmes, qui sommes des êtres limités, nous nous déplaçons dans le temps et l'espace et ne pouvons y accomplir que des actes de portée limitée. Seul Dieu est infini et Lui seul est en mesure de donner toute leur plénitude aux anges, aux saints et à nous-mêmes. Sans Dieu, nous ne pouvons pas nous aimer, ni aimer nos proches. Quand il tombe en dépression, l'homme finit souvent par se suicider, ce qui signifie que son organisme est en manque de l'amour divin. Sans Dieu il est impossible de s'aimer soi-même.



De la pollution de la matière.

Le temps approche où notre planète va achever sa course. La vie sur la planète est menacée car nous ne cessons de polluer l'atmosphère autour de nous ainsi que notre propre existence.

Les hommes polluent la matière, mais Dieu la fait renaître tout de même. Le Seigneur accorde des pluies fréquentes et du vent qui disperse la pollution...



L'état spirituel du monde contemporain.

La jeunesse est en ruines; or c'est sur ses épaules que le monde va demeurer. Il n'y a pas d'espoir d'amélioration dans l'immédiat. Dans le monde, les événements évoluent de mal en pis. On voit comment nos enfants se disputent avec leurs parents.

Un homme qui vit en Amérique me dit un jour que l'époque actuelle commençait à ressembler à celle qu'évoque saint Nil l'Athonite, à la veille de la fin du monde. A ce moment-là, la situation sera si terrible que les liens conjugaux ne seront plus respectés, on ne saura plus qui vit avec qui, le frère vivra avec la soeur, le fils avec la mère, le fils tuera le père pour vivre avec sa mère, etc. En Occident, ce genre de situations est déjà coutumier, on ne sait pas qui vit avec qui. Les gens ont recours à des règlements de comptes sanglants. On a vu qu'en Bosnie et dans la Krajina on a utilisé des armes horribles ( missiles radioactifs), ce qui a fait des victimes dans la population civile, des enfants, des animaux...



Comment apprendre la discipline aux enfants?

Nous sommes en retard, l'indiscipline a pris d'énormes proportions, les enfants ne veulent plus écouter les parents car ils pensent qu'ils sont trop vieux et démodés.



Que faire de ceux qui refusent de se faire baptiser?

Si quelqu'un refuse, on ne peut le pousser de force à entrer au paradis. On doit faire preuve de bonté si l'on veut connaître le bonheur. Notre vie est à l'image de nos pensées. Celui qui nourrit de bonnes pensées éprouve une sensation intime de paix et de calme; celui qui est agité, on aura beau le placer au paradis, il y trouvera des défauts et voudra y être au premier rang alors que là-bas il n'y a ni premier ni dernier, tous étant égaux.



Père, accède-t-on à l'humilité uniquement grâce à la prière de Jésus?

Oui, il faut prier sans cesse!



L'amour divin embrasse le monde entier.

Celui qui a accédé à l'amour divin prie pour le monde entier, sans faire de distinction entre les hommes. Les Saints Pères se sont élevés à un tel niveau d'amour de Dieu qu'ils prient même pour les esprits déchus.



Expulser le mal de soi.

Nous devons expulser le mal de nous. Tant que nous avons de mauvaises pensées et de mauvaises intentions, le mal continue à avoir le dessus en nous. Il faut nous en débarrasser avant la fin de notre vie, si nous voulons accéder à la cohorte des anges et des saints.



J'ai lu dans une épître de saint Paul : " Prie pour tes ennemis, ce qui équivaut à leur poser des charbons ardents sur la tête."

Il en est ainsi parce que ces gens (nos ennemis) sont accablés par le mal, c'est-à-dire un feu infernal qui brûle en l'homme. Ils se dressent contre nos prières car c'est une sensation terrible pour eux. Les prières pour nos adversaires ont pour effet de les conduire soit à leur perte, soit à leur délivrance. Le Seigneur nous demande de prier pour tous nos adversaires. En priant, nous nous libérons du mal et en souhaitant du bien à nos adversaires, rongés par le mal, nous contribuons soit à leur libération, soit à leur déchéance.



Le sens du repentir.

En dépit de toutes les souffrances subies, les gens ne se repentent pas. Se repentir ne signifie pas seulement se confesser, mais transformer son existence à la base; or on n'observe pas cela chez les croyants, sans parler des autres.



Le bien l'emportera.

Le Seigneur permettra au bien de l'emporter. L'avenir est meilleur que nous l'imaginons. Pour notre bien, il faut nous tourner vers le bien et se nourrir de bonnes pensées.



Les fruits des larmes.

Au fond du coeur se trouve le sceau de l'Esprit Saint d'où sont issus tous les fruits de la vie. A travers les larmes, comme des fruits, on apporte au Christ la douceur, la paix, le coeur miséricordieux, la bonté, la charité, la foi et l'abstinence. C'est grâce aux larmes que des hommes se sont mis à aimer leurs adversaires et à prier Dieu pour eux. C'est grâce aux larmes que l'homme se réjouit de subir des tentations, loue le Seigneur au milieu des souffrances, considère les péchés d'autrui comme les siens propres et est prêt à en payer le prix, et donne bien volontiers sa vie pour ses frères.



L'esprit divinisé est dans le Seigneur comme le poisson dans l'eau.

On ne peut assurer notre salut qu'en transformant notre esprit et en le rendant différent... à la suite d'une action particulière de la puissance divine permettant à l'esprit de se "diviniser", c'est-à-dire de se détacher des passions et de devenir saint. Un esprit divinisé est celui qui contient Dieu en son sein et songe en permanence au Seigneur. Sachant qu'Il est en nous et nous en Lui, nous nous trouvons dans le Seigneur comme un poisson dans l'eau. Il est présent partout et nous ne cessons de nager en Lui; dès que nous sortons de Lui par la pensée, nous mourons spirituellement. Saint Jean de Cronstadt a dit : " Dès que je ne célèbre pas la Liturgie, je meurs!"



L'âme meurt quand le Saint Esprit s'en détache.

Tout comme le corps meurt quand l'âme s'en détache, l'âme meurt quand le Saint Esprit s'en détache. La tristesse devant la mort est un péché parce que la mort, comme la corruption, enfantent le péché dans l'âme, alors que l'âme à travers le péché meurt pour la vie éternelle en se séparant du Saint-Esprit et du Royaume céleste. L'âme unie à Dieu est pleine de douceur et d'humilité quand elle prie et songe qu'elle se tient devant la face du Seigneur, sans tolérer que quoi que ce soit l'amène à errer ici ou là.



Comment vaincre l'injustice.

Souvenez-vous que le saint apôtre Paul a dit : " Est serviteur du Seigneur celui qui peut endurer l'injustice."



Il ne nous appartient pas de juger.

Il ne nous appartient pas de juger pourquoi tel homme agit comme ceci et tel autre comme cela; c'est au Seigneur de le faire. Certains ont besoin d'une secousse forte pour reprendre leurs esprits, alors qu'il en faut nettement moins à d'autres pour arriver au même résultat.



La Très Sainte Mère de Dieu

a sauvé l'homme des griffes du démon.

Un jour, un paysan vint me voir et me fit le récit suivant. Après avoir travaillé dans les champs, il venait de s'asseoir sur les marches de sa maison quand un inconnu se présenta à lui et l'invita à le suivre. Après avoir cheminé quelque temps, ils virent une femme auréolée de lumière qui dit à l'inconnu qui s'était présenté au paysan : " Où le conduis-tu?"

Aussitôt, l'inconnu disparut. Alors la femme demanda au paysan : " Sais-tu où tu te trouves?" " Je ne sais pas", lui répondit celui-ci. Elle lui reposa la même question à deux autres reprises, et le paysan finit par reconnaître ses champs et sa maison. Alors la femme lui dit de rentrer chez lui. Il voulut la remercier, mais elle avait disparu. Le paysan revint alors chez lui, et son épouse fut tout étonnée de voir une corde autour de son cou. " Quelle corde?" fit son mari qui comprit alors que l'inconnu qui était venu le chercher avait voulu le pendre. Plus tard, ce paysan revint me voir et me demanda de lui donner une petite icône de la Très Sainte Mère de Dieu, car il avait compris que c'était elle qui l'avait sauvé.

Ce petit récit comporte une leçon pour nous tous : il faut tout faire pour permettre à la Très Sainte Mère de venir près de nous et de nous sauver.



Je voudrais connaître votre opinion sur la réincarnation. Comment fonctionne la supercherie du démon, qui donne l'impression à certaines personnes de se souvenir d'un événement datant d'une vie antérieure?

L'enseignement de la réincarnation est issu de la sagesse orientale, notamment en Inde et en Chine, mais il s'agit d'un enseignement tout à fait erroné. Toutes les philosophies orientales se trouvent sous l'influence des esprits malins ( sous les cieux) et toutes s'occupent de magie. Les esprits malins ont réussi à convaincre l'homme de l'existence de la réincarnation et que les hommes se réincarnent sous la forme d'animaux. C'est une conception erronée.

Ainsi de faux prophètes, manipulés par le diable, avaient persuadé le roi David qu'il allait régner éternellement et que son règne n'aurait pas de fin. Cependant il est impossible qu'un homme règne éternellement sur cette terre. Le diable a réussi dans sa tentative de convaincre les Israéliens que les descendants de David devaient se préparer à leur règne à venir; cette idée s'est transmise de génération en génération, et ils pensent que le temps de la conquête du monde viendra. Ainsi est apparu un système destiné à préparer la venue d'un faux sauveur du monde.

Le Christ Sauveur est venu mais ils ne L'ont pas reconnu car ils ont cru tout d'abord qu'Il devait les affranchir du joug romain. Ils ont reconnu les miracles du Seigneur comme la résurrection des morts et le fait pour les aveugles de recouvrer la vue, mais ils ne L'ont pas accepté. Ils continuent à attendre la venue de leur messie.

Chacun de nous peut éprouver pendant le sommeil l'impression que son esprit se trouve, dans une certaine mesure, libéré du corps physique. Si on se réveille brutalement, on peut avoir l'impression qu'une sorte de force cherche à sortir de nous. L'esprit est incorporel et il est en mouvement perpétuel, ce qui nous permet d'entrer immédiatement en contact avec le monde de la pensée, avec des hommes ( qu'ils soient dans le monde physique ou spirituel) ou de parcourir diverses contrées... La pensée est la vitesse moyenne de l'esprit. A l'âge adulte, l'arrivée dans une ville dont nous avons rêvé dans l'enfance sans l'avoir jamais visitée nous permet de parcourir des rues que nous connaissons comme si nous y avions vécu depuis toujours. C'est arrivé à quasiment tout le monde mais les Orientaux considèrent qu'il s'agit de réincarnation et que l'homme qui se souvient ainsi a réellement vécu jadis en ces lieux.

Un jour, un écrivain de Belgrade vint me voir parce qu'il avait entendu dire que j'étais visionnaire. Il voulait savoir s'il aurait du succès dans sa profession d'écrivain. Je lui dis que je n'étais pas une cartomancienne; alors il me demanda ce que je pensais de la réincarnation. Je lui dis qu'il s'agissait d'une philosophie trompeuse venue d'Orient.



Le christianisme n'est pas une religion,

mais la révélation de l'éternité et de la vie.

On ne peut pas dire que le christianisme soit une religion. Le christianisme est la révélation de l'éternité et de la vie. C'est une grande joie pour les anges que Dieu se soit mystérieusement révélé à Sa créature humaine. Notre nature humaine est entrée dans le mystère de la Sainte Trinité, ce qui représente un don infini, que nous apprécions très peu en adhérant à cette terre. Or nous avons reçu ici le don de nous préparer à l'éternité et de vaincre le mal, sans jamais perdre l'amour de notre Père céleste.



Si la parole des parents est sacrée pour nous,

nous sommes de bons enfants.

Comment nos parents peuvent-ils reconnaître que nous sommes réellement de bons enfants pour eux et que nous éprouvons de l'amour pour eux? Ils peuvent le savoir dans la mesure où leur parole représente pour nous une chose sacrée.



Ce qu'on doit dire et ce qu'on ne doit pas dire.

Le Seigneur nous a donné l'intelligence pour réfléchir à ce qu'il convient de dire et à ce qu'il ne convient pas de dire.



Les fils de lumière sont invités à ce que leur vie soit lumineuse.

Un être de chair n'est pas en mesure de comprendre un être spirituel. Pour l'homme de chair, les discours spirituels peuvent paraître mensongers, car la logique céleste est tout à fait différente de la logique terrestre. Mais par le dialogue, l'homme charnel peut progressivement arriver à la conclusion que quelque chose fait quand même bouger le monde, qu'une harmonie existe dans le cosmos alors qu'une absence d'harmonie règne sur la terre et que rien, sur cette terre, ne peut s'assembler comme il faudrait.

C'est pourquoi les fils de lumière sont invités à ce que leur vie soit lumineuse et que cette lumière se répande partout, conformément aux paroles du Seigneur : " Je suis descendu du ciel pour envoyer le feu sur la terre; comme je voudrais qu'il soit déjà allumé!" Ce feu, c'est l'amour divin; comme je voudrais que ce feu se propage!

Nous chrétiens sommes appelés à répandre sur terre l'atmosphère céleste d'éternité, d'amour, de justice, de paix, de vérité et de silence. Mais que faire quand on a appris dès l'enfance à se rebeller, se quereller, à ne pas écouter et à se comporter avec incrédulité et suspicion? Beaucoup de ruse s'est insinuée en nous et il convient d'expulser tout cela de nous.

Les parents grondent leurs enfants pour des broutilles. Ils ne savent pas soigner les enfants avec des mots doux et paisibles. Même quand une parole forte s'avère nécessaire, il faut que l'enfant sente qu'elle est le fruit de l'amour. Aussi les parents se trompent-ils en punissant l'enfant quand il fait une faute car ce n'est pas ainsi qu'on obtient un résultat. Une fois le calme revenu, il faut expliquer avec amour à l'enfant qu'il a fait une erreur et qu'il doit recevoir une punition. Si cela se renouvelle, il convient d'infliger une peine plus sévère et c'est ainsi que l'enfant sera guéri.



De l'accès à la sainte communion.

Il faut se préparer à la sainte communion, à l'union par l'esprit et le coeur avec le Seigneur, car nous sommes issus de Lui non seulement par l'esprit mais aussi par le corps. Il a pris sur Lui l'homme tout entier, c'est-à-dire nous tous avec tous nos soucis, nos malheurs, nos souffrances et nos douleurs. Il est le seul capable de porter un tel fardeau. Il souhaite que nous nous approchions de Lui de tout notre coeur, de toute notre sensibilité, de tout notre être et que nous ne soyons jamais exclus de Son amour.



Du jeûne et de la fraternité en esprit.

Les Saints Pères ont prescrit comment il faut jeûner. Pour les personnes faibles physiquement ou malades, le jeûne ne s'applique pas : ces personnes peuvent communier en permanence. Pour ceux qui sont en bonne condition physique, la préparation pour le jeûne correspond à une consommation réduite de nourriture maigre, ce qui permet d'apaiser le corps et les pensées. Quand le corps est apaisé, nos pensées le sont aussi. Le jeûne est recommandé afin de permettre une forte concentration spirituelle à l'intérieur de l'homme. En effet Dieu habite secrètement dans tout être, partout et en particulier dans le centre vital, le coeur. Il est impossible de s'unir à Lui avec le ventre plein, car cet état provoque des soucis alors que nos pensées, nos sentiments et notre volonté doivent être unis. Or tout cela est désuni chez nous et c'est pourquoi nous n'avons ni paix ni repos.



L'école de la vie.

Tout ce qui nous arrive est utile, alors que nous nous chargeons souvent l'esprit avec des questions comme : pourquoi est-ce que c'est comme cela? Est-ce que cela n'aurait pas pu être mieux? Est-ce que cela n'aurait pas pu être plus facile? Or il est indispensable de traverser divers tracas dans l'existence et de réussir à mâitriser des contrariétés par la paix intérieure, ce qui nous amène au silence. Telle est l'école de la vie.



Il faut préserver la paix familiale à tout prix.

Une vieille grand-mère venait me voir dans les années 1980. Elle se plaignait de son fils et de sa belle-fille qui n'appréciaient pas qu'elle aille à l'église. Elle souhaitait faire baptiser son petit-fils et me demandait conseil. " Tu dois préserver la paix familiale à tout prix", lui dis-je. " Personne n'est en mesure d'expulser le Seigneur de ton coeur. Il est là, dans ton coeur." Par l'exemple de sa propre vie l'homme peut exercer une influence beaucoup plus forte que par des mots.



Pourquoi un fils naît-il obéissant et un autre indiscipliné?

Il en est ainsi parce que le Seigneur a accordé à chacun une volonté libre. Tout est connu du Seigneur. Pourquoi en est-il ainsi? Parce que le temps n'existe pas pour Dieu. Il est éternel; pour Lui, toute l'éternité correspond toujours à aujourd'hui. Cela nous paraît incompréhensible, car nous sommes limités. Tout homme qui naît est particulier et la possibilité lui est donnée de revenir à lui. Comme il nous est permis de nous comporter selon notre libre arbitre, nous en faisons souvent un usage excessif. Par exemple, en matière de nourriture, certains hommes sont modérés, d'autres non. Ceux qui sont sobres du point de vue alimentaire sont en meilleure santé et vivent plus longtemps. Il en est de même du point de vue spirituel : certains nourrissent des pensées paisibles, douces et modestes, alors que d'autres, insatisfaits, dépassent la mesure, se fracassent la tête contre les murs et poursuivent dans cette voie.

La loi d'obéissance a été établie pour corriger notre libre arbitre.

Tout est connu du Seigneur, avant même que nous ayons été conçus. C'est pourquoi a été formulée la loi d'obéissance, dès le Sinaï. Elle a été établie pour ceux qui se comportent en voyous, alors que ceux qui sont humbles et modestes n'ont pas besoin de loi. La loi d'obéissance a été établie afin de corriger notre libre volonté, pour qu'elle soit orientée en direction de la justice, de la vérité, de la bonté et de l'amour. L'obéissance est nécessaire à cause de l'harmonie.

Les anges sont absolument obéissants, leur harmonie et leur amour sont parfaits. C'est ainsi que nous devons être : pleins d'obéissance envers nos parents, afin de ne pas les attrister. Les Saints Pères disent : " L'obéissance est supérieure au jeûne et à la prière." Je n'avais pas compris cela quand j'étais jeune.

S'il n'y a pas d'obéissance, notre jeûne est vain.

Nous savons que tous les dons sont des bénédictions de l'Esprit Saint. C'est par le jeûne et la prière que les Saints Pères se sont vu accorder ces dons, mais ils ont fait avant tout preuve d'obéissance.



Comment nous entraîner à faire preuve d'obéissance?

On doit se soumettre à la volonté de Dieu, non à la sienne. La volonté du Seigneur s'exprime à travers les personnes âgées, les parents, les dirigeants, les enseignants, les professeurs... L'obéissance absolue nous met en mesure de comprendre ce qu'on attend de nous. Si nous avons attristé nos parents, les tâches quelles qu'elles soient qui nous ont été confiées ne pourront être menées à bien.



La prière correspond à la respiration de repentir de l'âme.

Dès que nous avons transgressé quelque part, notre conscience ne nous laisse plus en paix. S'il en est ainsi, alors il faut prier le Seigneur afin qu'Il nous enseigne comment nous devons aller nous blottir de tout notre coeur et être aux côtés du Seigneur. Nous oublions que notre existence terrestre est éphémère, qu'il faut sans cesse être en prière et que la prière est une respiration de l'âme. La prière, c'est de l'énergie puisée à la Source de vie, auprès du Seigneur, et le Seigneur est à la fois père et mère. Le Seigneur protège chacun de nous et pourvoit à sa nourriture.



Tout ce que l'homme réalise est insuffisant.

Nous prétendons savoir beaucoup de choses, mais en fait nos connaissances sont très insuffisantes. Même ceux qui se sont efforcés durant toute leur vie d'apporter quelque chose de bien à la communauté des hommes et qui sont des hommes très éduqués, voient que tout ce qu'ils ont appris est peu de chose par rapport à ce qu'ils pourraient découvrir. Tout ce que l'homme réalise est insuffisant.



Ah! que nous sommes ingrats

et comme nous nous sommes attachés à la corruption!

A l'origine le genre humain était une entité unique, mais le péché nous a séparés et détruits : nous n'avons plus d'unité. C'est pourquoi le Seigneur est venu afin de nous réunir. Les anges au Royaume céleste pensent tous la même chose, vivant unis au sein d'une parenté indicible, alors que les hommes qui vivent sur la terre ont tous été brisés.

Nous vivons dans nos familles, avec nos parents, frères et soeurs, mais nous ne sommes pas contents; nous nous sentons seuls car chacun de nous est accablé de soucis. Nous voulons nous détacher de notre famille, nous retrouver avec quelqu'un d'autre et nous consacrer à cette personne, lui offrant notre coeur et tout notre être. C'est ce qu'exige l'âme humaine. C'est pourquoi le Seigneur, après avoir créé Adam, a dit qu'il n'était pas bon que l'homme soit seul et c'est pour cette raison qu'Il lui a donné la possibilité d'avoir une compagne pour la vie. Pour Dieu, Adam et Eve étaient un, il n'y avait pas de sexe masculin ou féminin.

Mais après la chute, tout s'est trouvé bouleversé. Le Seigneur a dit : " Croissez et multipliez et peuplez la terre." Comment cette procréation se faisait avant la chute est incompréhensible pour nous. Il fallait que la terre se peuple, mais non comme un petit point dans l'univers : il fallait que tout l'univers se peuple d'hommes.

Nos ancêtres ne possédaient pas à l'origine de corps corruptible et mortel; ils n'avaient pas besoin de se nourrir afin de conserver leur condition physique car leur corps était fait dans une matière de nature spirituelle.

Après la chute, Dieu lui-même fut obligé d'apparaître dans la nature qui avait chuté et qu'Il avait conçue, afin de la transfigurer, de la faire renaître et de la ramener à son état originel. Lorsque viendra le jour du Jugement Dernier, quand le Seigneur nous convoquera devant le Tribunal, alors nous retrouverons tous le corps de nature spirituelle.

Nos ancêtres, qui étaient le sommet de la création, représentaient l'ensemble du monde matériel et spirituel. Aprsè la chute tout s'est trouvé bouleversé et la matière n'était pas celle que nous connaissons aujourd'hui. Le Seigneur a pour intention de ramener à leur état originel non seulement le genre humain mais aussi l'ensemble du monde matériel dans le cosmos, afin qu'il retrouve la matière de nature spirituelle. L'apôtre Paul a dit un jour que tout ce qui existe dans le cosmos doit être transformé en un état incorruptible et que ce qui se décompose doit accéder à un état impérissable.

Au jour du Jugement Dernier, le Seigneur mettra en mouvement tous les éléments du monde matériel du cosmos et les fera tourner à une vitesse supérieure à la vitesse de la lumière. Il l'ordonnera et il en sera ainsi. Il arrivera ainsi que tout ce qui est ancien passera, qu'un ciel nouveau et une terre nouvelle verront le jour, où il n'y aura plus de temps chronologique, plus de soleil, où tout sera illuminé par Dieu!

Quelle grande joie, quelle grande découverte, en particulier pour les anges! L'Apôtre a dit que les anges eux aussi voulaient jeter un coup d'oeil sur les mystères de la sainte Eglise, en ses profondeurs.

Ah, que nous avons été peu reconnaissants et très ingrats en nous agglutinant à une telle pourriture!

Il faut nous compléter les uns les autres.

Après avoir échangé nos idées avec des gens adhérant aux mêmes valeurs, il nous est aussitôt plus facile de nous déplacer dans le monde qui nous entoure.

Il nous faut être humbles, modestes et nous compléter mutuellement afin d'être un seul ensemble.



Le Seigneur sait ce qu'Il va faire de nous.

Le Seigneur sait ce qu'Il va faire de nous. Nous nous manifestons au sein de notre époque avec une tâche qui nous est impartie. Ah! qu'il est majestueux et doux d'être dans l'esprit de Dieu depuis l'éternité! Nous sommes Ses enfants, nous sommes à Lui non seulement spirituellement mais aussi charnellement et pourtant nous agissons en étrangers vis-à-vis de Lui. Or c'est Lui qui nous conduit mais nous ne sommes pas toujours en mesure de comprendre Ses intentions à notre égard. Nous transgressons souvent Sa loi, ce qui nous conduit à être punis.



Sans paix intérieure, il ne peut y avoir de paix dans le monde.

Nous ne cessons de commettre des infractions dans le domaine spirituel. Les autorités civiles punissent les délits civils alors que les délits spirituels ont des conséquences à la fois dans le domaine de l'esprit et dans celui de la vie quotidienne. C'est pourquoi tout se passe de travers dans le monde. On ne cesse de parler de paix mais on ne peut pas accéder à celle-ci sans paix intérieure.



Le Royaume céleste : paix et joie dans le Saint-Esprit.

Les Saints Apôtres et les Saints Pères ont dit que le Royaume céleste c'est la justice, la paix et la joie dans le Saint-Esprit. C'est pourquoi la paix et la joie constituent la plus grande richesse dans ce monde-ci aussi bien que dans l'autre.



On ne peut être soumis à la fois à la richesse et à Dieu.

En nous impliquant trop dans les affaires terrestres nous nous appauvrissons spirituellement, car il n'est pas possible d'être des deux côtés. Il est dit dans l'Evangile : " On ne peut boire dans le calice du Sauveur et dans celui de l'adversaire." Il faut choisir soit le Seigneur, soit les affaires de ce monde : on ne peut être soumis à la fois à la richesse et à Dieu.



Cette vie nous a été donnée afin de nous préparer à la vie céleste.

Notre existence terrestre se présente ainsi parce que nous nous laissons enfermer dans ce qui est matériel, alors que les anges ne se laissent pas enfermer ainsi. Cette vie nous a été donnée afin de nous préparer à la vie céleste, d'être libres, de nous déplacer librement, en ayant la conscience pure et la pensée pure. Dans la liberté du Seigneur, il n'existe pas de conflit ni de guerre de pensée, la victoire nous est acquise parce que nous nous sommes remis au Seigneur, nous sommes de tout coeur avec Lui, nous nous sommes unis à Lui et ne pensons plus à ce monde. C'est Lui qui décide ce que notre vie doit être et nous recevons tout de Ses mains.



Les tentations : des mises en garde du Seigneur.

Dès que se manifeste un désir, une pensée terrestre, aussitôt surgit une mise en garde et au lieu de nous ressaisir et de chasser de nous de telles pensées, nous nous mettons à en rêver et nous nous étonnons ensuite de ce qui nous est arrivé. Or de telles mises en garde apparaissent sous la forme de tentations : l'âme ne cesse de chuter sans pouvoir retrouver l'équilibre.



L'ange puni.

Père, pourriez-vous nous parler de l'ange que le Seigneur a puni en l'envoyant dans le désert parce que cet ange avait puni le peuple?

Dans une communauté monastique en Egypte il y avait un ascète qui vivait dans le désert, à trois heures environ du monastère. Les moines avaient appris qu'il dialoguait avec un ange; ils prièrent leur higoumène de leur permettre de lui rendre visite et de lui demander de quoi il parlait avec l'ange. Arrivés à proximité de sa cellule, ils virent un moine sur un rocher. Il leur demanda où ils se rendaient. Ils lui dirent qu'ils se rendaient chez un de leurs frères. " Saluez-le de ma part, dit le moine, et dites-lui que je lui demande avec insistance de prier pour ce que je lui ai demandé." A leur arrivée auprès du moine, ils ne lui transmirent pas immédiatement la requête qui venait de leur être faite, mais voulurent savoir s'il y avait dans le voisinage un autre ascète qu'ils auraient bien voulu voir aussi. Il leur répondit qu'il n'y avait aucune âme vivante à proximité. Alors ils lui racontèrent qu'ils venaient de voir un moine sur un grand rocher non loin de là, qui leur avait demandé où ils allaient. Ils ajoutèrent que celui-ci leur avait ensuite dit de demander à leur interlocuteur de beaucoup prier pour ce qu'il lui avait demandé. " Tu vois que quelqu'un d'autre que toi vit à proximité, et toi tu nous caches cela", dirent-ils au moine. Le vieillard se tut. Mais tous se mirent à insister pour connaître la vérité. Le vieux moine leur dit alors que ce qu'ils avaient vu, ce n'était pas un moine, mais un ange. " C'est précisément pour cela que nous sommes venus, lui dirent-ils, nous sommes ici parce que nous avons entendu dire que tu converses avec un ange."

Un jour, alors que je priais dans ma cellule, je vis que quelqu'un à mes côtés était en train de prier; quand je faisais le signe de croix, il en faisait de même et impeccablement. A la fin de la prière, je lui demandai : " Qui es-tu, d'où viens-tu, es-tu un ermite?" " Non, dit-il, je suis venu te voir avec une requête; je ne suis pas un homme, je suis un ange. Le Seigneur m'avait envoyé dans une contrée terrestre afin que j'inflige un châtiment modéré à un peuple à cause de ses péchés. Je me suis rendu sur place et je suis allé partout; après avoir vu comme le Seigneur était insulté, j'ai été saisi d'une ferveur énorme pour le Seigneur et j'ai infligé une peine sévère à ces gens. Mais après que j'eusse agi ainsi, le Seigneur me demanda pourquoi je n'avais pas infligé le châtiment modéré qu'Il m'avait recommandé; à la suite de cet acte d'indiscipline, je fus chassé du service. Et me voilà en train d'errer depuis très, très longtemps ( pour les anges les années n'existent pas); je suis venu chez toi afin de te prier de supplier le Seigneur de me permettre de reprendre la place où je me trouvais avant.". " Mais comment moi, simple mortel, puis-je prier pour toi?", demandai-je. Alors il me dit : " Si je ne savais pas que le Seigneur écoute toute âme qui s'adresse de tout coeur à Lui et Le sert fidèlement, je ne serais pas venu te le demander; or je sais que le Seigneur est à l'écoute." Vous voyez, voilà un ange qui a transgressé le commandement de Dieu, qui s'est vu infliger un châtiment et qui erre maintenant!



Dieu ne nous accorde pas Sa force

tant que nous ne sommes pas débarrassés du mal.

Le Seigneur a beaucoup de soucis avec nous pour nous débarrasser du mal. Son souhait est de nous transmettre la force divine, mais cette force que le Seigneur est prêt à nous donner en totalité est susceptible de se transformer en nous, qui ne sommes pas encore purgés du mal, en une sorte de force magique mauvaise, semblable à celle de certains anges qui sont tombés dans le mal.



Grâce à la force divine les hommes se protègent des esprits déchus.

Comme Dieu est présent partout, les anges déchus ne sont pas en mesure de faire ce qu'ils veulent, mais ils peuvent faire du mal surtout par l'intermédiaire des hommes. Grâce à la force divine, nous nous protégeons d'eux. Les hommes possèdent une force énorme et, s'ils étaient concentrés en pensée, les esprits déchus ne pourraient pas faire de mal ni d'acte qui soit désagréable à Dieu. Là où l'on pratique la prière, les anges déchus qui font le mal n'ont aucune capacité d'action.



Quelle action l'homme a-t-il sur un autre homme?

Nous captons les pensées adressées par autrui plus rapidement que par liaison radio : aussitôt que la pensée est formulée, le contact peut s'établir.

Si nous ne sommes pas en prière, la personne qui nourrit des sentiments à notre égard se met en rapport avec nous par la pensée; si nous-mêmes éprouvons des sentiments à son égard, nous voilà complètement prisonniers de nos pensées, car l'amour charnel fait souffrir les hommes. Mais s'il fait souffrir, de quelle sorte d'amour s'agit-il?



Les démons nous illusionnent.

Les esprits mauvais nous tiennent captifs de diverses manières. Ainsi nous pensons qu'une de nos actions est bonne, mais il peut s'avérer par la suite qu'il aurait miux valu ne pas songer du tout à l'accomplir.



Toutes les religions orientales

sont sous le pouvoir des esprits du mal.

Partout, en Orient comme en Occident, se sont propagées diverses philosophies, telle la philosophie indienne et ses enseignements. Sous prétexte de se décharger du rythme trop rapide de la vie quotidienne, les hommes "exercent" leur système nerveux, mais il s'agit d'un culte purement indien. Toutes les religions orientales se trouvent sous l'emprise des esprits du mal, tout cela est une sorte de magie, et les hommes ne peuvent pas s'en affranchir par la suite.



Pourquoi cette religion est-elle répandue en Orient?

Le genre humain a perdu la véritable notion de Dieu.

L'histoire nous a appris que les esprits du mal se sont infiltrés chez les Assyro-babyloniens, leur conférant leur philosophie de diverses manières, ce qui leur a permis de les tenir sous contrôle. Puis sont arrivés les Egyptiens; les esprits mauvais leur ont également révélé diverses méthodes d'enseignement, ce qui leur a permis de les duper et de les maintenir sous leur pouvoir. Il en fut de même des Grecs, des Romains, etc.

On trompe également les chrétiens, dont seul un petit nombre sert le Seigneur avec piété et dévouement. Saint Isaac le Syrien a dit qu'à l'époque "sur dix mille âmes, il y en avait à peine une à être dévouée à Dieu".

On voit que les temps sont en train de s'accomplir. Les exercices de yoga se sont répandus à travers le monde. On a exclu le catéchisme des programmes d'enseignement alors que les exercices de yoga sont devenus pratique courante.



Les dons de la grâce ne sont accordés

qu'à ceux qui se livrent à un travail intérieur

et qui veillent sur leur âme.

Selon saint Séraphim de Sarov, la préservation de notre âme et de notre paix intérieure implique de se replier le plus souvent possible sur soi en se demandant : " Où suis-je?" Ce faisant, il faut prendre garde à ce que les sens charnels, en particulier la vue, soient au service de notre être intérieur et ne dispersent pas l'âme dans différentes directions et centres d'intérêt. En effet, les dons de la grâce ne sont accordés qu'à ceux qui se livrent à un travail intérieur et qui veillent sur leur âme.



Tout homme a été créé selon un plan spécifique de Dieu.

Le Seigneur a créé tout être et toute chose dans un but et une mission spécifiques, qu'il s'agit de mener à bien. Le moindre brin d'herbe a sa mission propre; il en est a fortiori ainsi des êtres de raison créés conformément au dessein de Dieu. Or notre indiscipline nous amène à bouleverser à de nombreuses reprises le plan divin. Nous avons la liberté de nous opposer à Dieu, mais Dieu est tout amour et tellement sensible qu'Il ne porte pas atteinte à la moindre expression de notre libre arbitre. La liberté nous a été pleinement donnée de choisir, et il nous arrive souvent de souhaiter telle ou telle chose au lieu de faire preuve d'obéissance.



Départ au monastère.

Prenons l'exemple de quelqu'un qui souhaite fortement devenir moine. Si le dessein de Dieu est que cette personne devienne moine, Dieu ouvrira le chemin et trouvera la façon lui permettant de devenir moine sans encombre. Mais si tel n'est pas le dessein de Dieu, cette personne ne voudra pas écouter autrui, elle cherchera à devenir moine et n'accomplira rien de bon.



Les passions chevauchent l'homme tel un cheval.

Les Saints Pères racontent : " Un jour, on demanda à un Ancien comment il vivait. Je me sens comme un cheval, dit-il, un cheval sans maître : qui veut me chevauche, les uns descendent, les autres me montent dessus." Il évoquait ainsi les passions charnelles.



Il faut consacrer au Seigneur chaque instant de sa vie.

Le Seigneur aime tout particulièrement quand nous Lui offrons un amour simple d'enfant et sans aucune restriction. Son désir est de nous voir Lui consacrer chaque instant de notre vie, c'est-à-dire être avec Lui en totalité et de manière inséparable dans les siècles; ce n'est qu'ainsi que nous pourrons participer à la joie et à la paix divines et être partout à Ses côtés. Le Seigneur dit : si vous ne renoncez pas à tout, à vous-même et à votre âme, et si vous ne prenez pas en horreur votre âme, vous ne pourrez pas entrer dans le Royaume céleste.



Comment peut-on avoir en horreur son âme? J'ai du mal à comprendre...

Tout au long de notre vie, toute notre attention doit être tournée vers le Seigneur, Source de vie, qui est notre Père. Nous devons nous attacher à Lui en totalité, et tous nos efforts se font grâce à Lui; nous sommes à Lui et tout est à Lui. Cela signifie que nous avons tellement mûri et oublié à la fois nous-mêmes et le monde qui nous entoure que nous ne pensons plus à nous. Le plus grand obstacle pour nous-mêmes se présente quand nous pensons à nous.



Il faut apprendre dès le plus jeune âge aux enfants à être dociles et obéissants.

Il faut apprendre dès le plus jeune âge aux enfants à être dociles et obéissants. Ils se comporteront ainsi plus tard, devenus grands, et on n'aura pas besoin de leur infliger des corrections. L'enfant qui fait des caprices doit être puni. Il faut le corriger non dans un accès de colère mais par amour, afin qu'il suive le droit chemin. Quand une telle pensée intérieure est perceptible chez le parent, l'enfant le respecte; mais si on corrige l'enfant dans un accès de colère, il n'y a nul profit ni pour lui ni pour soi. C'est par amour qu'il convient de punir ses enfants.



Il faut prier en se repentant de tout coeur.

Comme tout moine, je fais des efforts et adresse des prières à Dieu. J'ai fait beaucoup de prosternations et de prières, sans cesser de craindre que le diable apparaisse devant moi sous l'aspect d'un ange ou d'un saint, mais le Seigneur a permis que le diable se manifeste auprès de moi. Un jour où mon intention était de prier devant une sainte icône, il se dressa devant moi afin que je m'incline devant lui. Je fis le signe de croix et j'invoquai le Seigneur, mais il me dit : " Je n'ai pas peur de la croix." Je lus des prières, mais il dit : " Je n'ai pas peur non plus des prières." Il ne cessait de m'embêter. J'allai voir l'higoumène qui me dit que je ne priais probablement pas Dieu de tout mon coeur. Je lui répondis que je priais mais ne parvenais pas à m'en libérer même la nuit. " Il ne me laisse jamais en paix et ne cesse de me faire des grimaces. Que faire? Il semble cependant que je ne prie pas de tout mon coeur. Seigneur, je n'ai personne à qui m'adresser, je ne sais comment me libérer, je n'ai ni paix ni repos!" " Mais le repentir aussi est important; il faut prier en se repentant; si on ne prie pas de tout son coeur, le diable peut revenir", me dit le starets.

Il nous faut une grande foi. Les Saints Pères disent : " Tout ce que la foi souhaite, le Seigneur l'accomplit. La résurrection des morts et la guérison des malades ne correspondent pas à la plénitude de la vie, c'est la puissance de la foi. Car même les pécheurs sont en mesure d'accomplir des miracles, mais la perfection de la vie chrétienne c'est l'humilité extrême.



Comment prier pour une personne particulière afin que ses problèmes soient résolus?

Nous avons le devoir de prier pour les autres mais si nous voulons prier tout particulièrement pour quelqu'un, alors nous prenons sur nous la responsabilité de porter aussi son fardeau. Ainsi saint Séraphim de Sarov priait-il pour une petite fille qui lui apportait des bougies pour lui permettre de lire. Vivant dans le désert, il eut à affronter de nombreux ennemis et ne cessa de porter dans le dos une plaie ouverte tout au long de sa vie. Seul le Seigneur est Celui qui est capable de tout supporter, Il est le porteur de tout notre fardeau.

A deux reprises dans ma vie, il m'est arrivé de prier pour quelqu'un en devant en subir pas mal de souffrances, mais le Seigneur m'a sauvé.



En quoi consiste l'humilité.

L'humilité est une vertu divine, elle est l'accomplissement de la vie chrétienne auquel on parvient au moyen de l'obéissance. Celui qui n'est pas obéissant ne peut accéder à l'humilité. Il y a très peu de personnes obéissantes sur terre. A notre degré d'obéissance correspond notre état d'humilité.

L'humilité physique extérieure est plus facilement accessible que l'humilité spirituelle, car cette dernière est un don particulier de Dieu. Notre saint Père Syméon dit : " Est sage celui que rien ne peut ébranler sur cette terre." Quoi qu'il se passe, un tel homme reste humble spirituellement, ce qui correspond à la perfection, et correspond à une vertu divine.

L'orgueil possède aussi divers degrés, comme l'humilité. L'orgueil matériel est plus facile à guérir, mais l'orgueil intellectuel pèse plus lourd et s'avère pratiquement impossible à guérir. Il n'existe pas d'être humain capable de démontrer à un tel homme qu'il fait fausse route. L'orgueil matériel peut se guérir car un homme riche peut en un instant devenir pauvre, ce qui le conduit à l'humilité, qu'il le veuille ou non.



En quoi consiste l'amour de la gloire.

L'amour de la gloire correspond à un degré d'orgueil. Un jour un philosophe grec vit un homme qui portait un très bel habit. Il s'approcha de lui et lui dit que ce vêtement avait été porté auparavant par de très nombreuses personnes qu'il énuméra, ce qui eut pour effet de rendre son interlocuteur très modeste, lui qui avait cru jusque-là qu'il était le seul à porter l'habit en question. L'amour de la gloire correspond au plaisir qu'on éprouve lorsque tout le monde pense du bien à votre propos.



En quoi consiste la douceur.

La douceur signifie un coeur paisible et humble. Les enfants sont doux; c'est pourquoi le Seigneur dit : " Si vous n'êtes pas doux comme des enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume céleste." Un homme orgueilleux ne trouve jamais rien à son goût, tout le contrarie, et il décide seul à propos de tout. Nous devons écouter le Seigneur afin de guérir et d'acquérir la douceur et l'humilité, et cela dès notre passage sur terre, pendant que nous avons encore du temps. Un coeur rempli d'amour ne pense pas à lui mais prie seulement pour les êtres vivants mais aussi pour tout ce qui existe.



Que faire quand ma gaieté se transforme parfois en futilité?

Adultes et enfants, il nous arrive souvent d'être insouciants. L'homme a beau penser qu'il est sage et raisonnable, il ne s'est pas beaucoup éloigné de son comportement d'enfant. Il a seulement perdu ce qu'il avait dans son enfance - la pureté -, puis il s'est trouvé encombré par le mal.



La joie est la plus grande marque de reconnaissance envers Dieu.

Nos parents souhaitent que leurs enfants soient toujours contents, joyeux et reconnaissants pour tous leurs efforts et sacrifices. Quand les parents voient que leurs enfants sont tristes, mécontents et de mauvaise humeur, ils ont du mal à le supporter. Notre Père céleste nous a tout donné, et pourtant nous ne cessons d'avoir de la tristesse. Il en est de même quand une mère fait tout pour faire plaisir à son enfant mais que ce dernier est toujours insatisfait et ne cesse de lui faire des reproches.

C'est ainsi que le Seigneur connaît des épreuves avec nous. Au lieu d'être reconnaissants et pleins de gratitude envers Dieu, nous exprimons souvent notre reconnaissance en paroles mais notre coeur est vide. La joie est la plus grande marque de reconnaissance envers Dieu car c'est Lui qui nous arrache à la tristesse et au péché.



L'acte spirituel est au fondement de tout.

C'est dans notre esprit que tout prend forme : chacun de nos gestes, chacun de nos travaux, chacun de nos projets. Sans plan intérieur, il est impossible de réaliser quoi que ce soit de visible. Tout s'élabore d'abord dans l'esprit humain, toute notre énergie se manifeste d'abord dans nos pensées. La pensée est cette force qui élabore tout au centre de l'être humain ( dans le coeur); une fois unis à la Source de vie (le Seigneur) comme à une centrale, nous possédons toutes les connaissances et tout nous est révélé.



En nous règne une absence d'harmonie de pensée

du fait de notre détachement de la Source de vie.

L'homme est la couronne de la création; l'ensemble du monde matériel et spirituel est représenté en nous. Nos ancêtres ne possédaient pas le corps physique corruptible et mortel qui est le nôtre aujourd'hui; cela s'est produit après la chute. En nous règne une absence d'harmonie de pensée, car nous nous sommes détachés de la Source de vie.



L'homme ne peut vivre sans l'amour divin.

L'homme ne peut vivre sans amour et là où il n'y a pas d'amour s'installe la souffrance. Nous sommes ainsi faits qu'il nous faut consacrer notre coeur à quelqu'un : si nous le consacrons à quelqu'un sur cette terre, nous ne cesserons d'être tristes et ne recevrons pas en échange ce que nous lui donnons. Nous avons besoin d'un support qui ne change pas. Si nous consacrons notre coeur à la nature vivante ou non, cela ne nous donne pas ce que nous cherchons car nous voyons partout des insuffisances et une sorte de vide continue à se manifester.

En nous détachant de la Source de vie, du Seigneur, nous nous tournons vers nous-mêmes. Mais en nous unissant à la Source de vie, nous possédons tout : la paix, la joie, la consolation et un amour inexprimable.

Nos parents, qui nous ont donné leur amour, demandent à juste titre que nous le leur rendions. Si nous agissons ainsi, rien ne pourra nous séparer : nous ne formons qu'un et nous partageons la même façon de penser. Ce que nos parents souhaitent, nous le souhaitons aussi et réciproquement. L'harmonie est permanente, la paix et le silence règnent. Mais comme nous nous trouvons sur un terrain d'affrontement intellectuel ( par la pensée), nous ne cessons de vivre dans l'agitation et les conflits.

Notre Père céleste demande la même chose que nos parents terrestres : que Ses enfants soient contents, paisibles, tranquilles et doux. Mais le Père céleste attend en outre que nous participions à la richesse de son amour. C'est ainsi que nous nous élevons au-dessus des offenses qui n'ont plus prise sur nous. Quelles que soient les offenses, nous pardonnons tout.



Dieu a donné à tous la possibilité d'entendre raison.

Adam et Eve, nos ancêtres lointains, ne faisaient qu'un. Mais une fois leur péché commis ( en transgressant le commandement divin), tout s'est trouvé bouleversé, l'équilibre global a été rompu, la corruption et la mort ont fait leur apparition, non seulement en nous mais aussi dans la matière ainsi que dans tout le cosmos. Or le cosmos devait être rempli car le Seigneur savait à l'avance que tous les êtres de raison ne conserveraient pas leur place; c'est pourquoi Il a accordé la période allant du jour de la Création jusqu'au Jugement Dernier pour que la justice soit satisfaite. Dieu a donné à tous la possibilité d'entendre raison ( c'est-à-dire de se repentir), et non de penser qu'ils pourraient l'emporter et s'emparer du pouvoir; ils devraient savoir que cela n'arrivera pas...



Seul le Dieu Incarné pouvait nous sauver.

Nul n'a jamais vu Dieu. C'est un mystère. A la suite de notre chute, Dieu Lui-même a dû venir afin de transfigurer notre nature et ressusciter, car Il avait dit à nos premiers ancêtres qu'Il enverrait un Sauveur. Après la naissance de leur fils Caïn, nos ancêtres crurent qu'ils avaient reçu un sauveur. Mais des siècles et des siècles s'écoulèrent avant l'arrivée du Sauveur. Seul Dieu est en mesure de nous ramener à l'état originel où nous nous trouvions. Celui qui nous a créés a assumé notre nature, l'a transfigurée et est ressuscité.

Le jour du Jugement Dernier, quand il faudra que la justice s'accomplisse, alors l'homme recevra à nouveau un corps fait de matière spirituelle, comme c'était le cas avant la chute. Nous sommes en quête de ce que nous avons perdu, mais ne pouvons y arriver avec ce corps physique car la nourriture et l'eau sont nécessaires pour vivre tandis que l'esprit peut se déplacer. C'est pourquoi il nous faut attendre que s'approche le temps où s'achèvera la vie terrestre ainsi que le cosmos.



Nous ne pouvons vivre sans Dieu.

Très peu d'hommes comprennent ce qu'est la vie. Nous prions Dieu seulement physiquement ( avec nos lèvres), nous le faisons formellement et c'est comme cela que nous perdons l'esprit. Des moyens tels que la prière et le jeûne nous servent à élever l'âme, à ramener l'âme à l'état originel. Nous devons nous efforcer, avec l'aide de Dieu, de créer en nous la vertu caractéristique du Christ Sauveur. Nous savons qu'Il était doux, paisible et clément; aussi faut-il nous efforcer d'être à Son image, mais nous n'avons pas de forces propres pour y parvenir et c'est pourquoi nous devons les demander au Seigneur. Tout comme il est impossible que les ampoules brillent sans alimentation électrique, nous ne pouvons rien faire sans le Seigneur, comme Il l'a dit Lui-même : " Sans moi, vous ne pouvez rien faire."



Nous possédons en nous le tribunal de Dieu : notre conscience.

Nous ne possédons pas notre vie : elle nous a été donnée, nous n'avons pas de pouvoir sur elle. Chacun de nous détient cependant la libre volonté de choisir. Si nous n'avions pas de volonté libre, nous serions pareils à des animaux, nous ne serions pas responsables de nos actes. Nous devons vivre comme Dieu l'a prescrit en nous accordant la libre volonté, puisque nous sommes des créatures vivantes. Nous devons nous-mêmes discerner ce que nous voulons et comment nous le voulons, juger si nous agissons bien ou non... Nous possédons en nous un tribunal, le tribunal de Dieu, qui est notre conscience. Tout tribunal terrestre peut se laisser corrompre, mais notre conscience, le tribunal de Dieu en nous-mêmes, ne peut aucunement se laisser corrompre; il ne peut que se reconstruire par le repentir.



Le repentir, reconstruction de la vie.

Se repentir signifie reconstruire sa vie. En nous confessant, nous nous libérons des pièges intellectuels qui nous torturent; par le repentir nous nous tournons vers le Bien absolu. C'est alors qu'apparaissent en nous des pensées paisibles, calmes et nobles, pleines d'amour et de bonté. De telles pensées nous donnent la paix et la tranquillité. Alors cette paix intérieure rayonne à partir de nous au sein de notre environnement, et notre âme se régénère. Notre vie est beaucoup plus parlante que les mots eux-mêmes.



Doux par la naissance et doux par humilité.

Les Saints Pères disent que celui qui est né paisible, doux et humble a déjà été récompensé; c'est pourquoi il ne reçoit pas une récompense égale à celle dévolue à celui qui, doté d'un caractère emporté, a réussi à se calmer. Ce dernier reçoit une grande récompense.



Du repentir de ceux qui étaient incroyants à l'origine.

Il est souvent possible de rencontrer une foi beaucoup plus forte chez des gens qui n'étaient pas croyants à l'origine que chez ceux qui affirment qu'ils n'ont cessé de croire toute leur vie. Ceux qui n'étaient pas croyants, une fois revenus à eux et devenus croyants, savent bien ce qu'ils ont été; ils savent aussi à qui ils sont redevables de leur progression, eux qui se sont adressés à la Source de vie, seule issue à cette vie déchue.



Nos pensées font des miracles.

Nos pensées font des miracles; des pensées douces et tranquilles peuvent transfigurer d'autres personnes dans notre environnement.



Nous sommes en quête du soutien divin.

Dans notre existence, nous sommes toujours en quête d'un soutien inébranlable et c'est à la fin que nous comprenons où se trouve ce soutien et vers qui nous devons tendre.



Il est difficile de conserver toujours le don de la grâce.

En feuilletant les livres des Saints Pères, j'ai remarqué qu'ils disaient que rares étaient ceux qui ont pu jusqu'à la fin de leur vie conserver le don gratuit de la grâce de Dieu.



Se réconcilier avec soi.

L'âme doit sciemment rejeter le mal, se tourner vers le bien et tout faire pour que les flèches du démon ne se manifestent jamais dans ses pensées. Les Saints Pères expliquent que toute pensée propre à bouleverser la paix intérieure vient du démon et qu'il importe de préserver la paix intérieure à tout prix. Se réconcilier avec soi permettra de se réconcilier avec le ciel et la terre. Il faut être reconnaissant à Dieu pour la place qu'Il t'a donnée.



Chacun a une mission qui lui a été donnée par Dieu.

Tout homme naît avec une mission spécifique sur cette terre. Toute brindille d'herbe a sa mission sur terre. Toute créature raisonnable a un plan qui lui a été donné par Dieu.

Nous sommes tous des travailleurs sur cette terre, et c'est Dieu qui prémédite ce que sera notre vie. Si nous sommes reconnaissants et redevables pour la position que nous occupons, alors les choses iront bien pour nous.



Nous devons faire la paix avec tous.

Nous devons faire la paix avec tous.



Obéissance et repentir.

La bénédiction divine s'obtient d'abord par l'intermédiaire du foyer parental, puis à travers les enseignants : l'homme doit être absolument obéissant à leur égard, savoir ce qui est bien et l'accomplir.

L'obéissance absolue signifie se réconcilier avec tous et avoir la conscience en paix envers chacun. Si nous avons péché envers quelqu'un, il faut se repentir de tout coeur et pardonner de tout coeur à chacun. Nous devons nous réconcilier aussi avec ceux qui sont loin, et cela d'abord à l'intérieur de nous-mêmes. Si nous avons causé du chagrin à quelqu'un au cours de notre vie, si par exemple nous avons offensé quelqu'un, volontairement ou non, il nous faut avant tout nous réconcilier avec lui au fond de nous-mêmes.



Les chrétiens ne doivent souhaiter du mal à quiconque.

On peut tuer non seulement physiquement mais aussi mentalement. On tue souvent mentalement quand on ne partage pas les opinions d'autrui et qu'on souhaite la mort de quelqu'un ( suite à une injustice commise) : une telle attitude équivaut devant Dieu à commettre un méfait. Aussi, nous, chrétiens, ne devons souhaiter de mal à personne.



Parfois l'intention peut suffire.

L'un des Saints Pères a dit : " Si l'on souhaite accomplir une bonne action dans notre vie et que la possibilité ne nous en est pas donnée du fait des circonstances, devant Dieu cela est considéré comme une bonne action accomplie."



Il faut prier pour les vivants et les défunts

afin que le Seigneur leur accorde la paix.

Nous devons prier le Seigneur pour qu'Il accorde à toute âme la paix et la joie, le réconfort et le salut, en particulier à tous ceux à qui nous avons fait du mal; si nous connaissons leurs noms, il convient de les mentionner dans notre prière pour que Dieu leur accorde le Royaume céleste s'ils sont décédés, et qu'Il leur donne la paix, la joie et le salut s'ils ne sont pas décédés. Il faut aussi prier pour ceux qui nous ont persécutés et fait du mal, pour que Dieu leur fasse parvenir son doux ange et que nous nous réconcilions. C'est ainsi que nous serons unis à la Source de vie, à Dieu qui est amour et qui est présent partout.



Dieu ne se révèle qu'aux âmes humbles et douces.

Nous sommes des êtres aux capacités limitées alors que de nombreux mystères existent autour de nous; pour nous-mêmes, nous sommes un mystère énorme, car il ne nous a été révélé qu'une petite partie de ce que nous devrions savoir sur les profondeurs du monde.

Pourquoi est-ce un mystère? Il en est ainsi parce que Dieu est un mystère pour toutes les créatures ainsi que pour les anges. Or Dieu ne se révèle qu'aux âmes humbles et douces. Quand l'âme revient à elle, quand elle se réconcilie avec tous, alors en elle s'établissent la paix et le silence, de sorte que quand quelqu'un souhaite savoir quelque chose, cela lui est expliqué. La profondeur du mystère même de la vie ne peut s'exprimer dans un langage ni par des mots et quand on veut expliquer quelque chose à ce propos, tout cela ressemble à une fantaisie. Aussi l'Apôtre a-t-il dit : " L'être spirituel comprend chacun, mais celui qui n'est pas spirituel ne peut comprendre un être spirituel."



Nature de la vie spirituelle.

La vie spirituelle est une vie de l'esprit, de la pensée; une telle vie est noble, paisible, délicate et douce.



La différence des pensées fait la différence des êtres.

La différence entre les êtres bons et mauvais ne se trouve que dans leurs pensées, c'est-à-dire le fait de savoir s'ils nourrissent de bonnes ou de mauvaises pensées.



La vie est école de l'humilité.

Les hommes bons aussi bien que mauvais subissent des souffrances. Les uns et les autres possèdent la paix apparente. Mais tout cela est instable sur cette terre. Cela doit nous servir de leçon afin de nous entraîner à être en toutes circonstances paisibles et calmes, doux et délicats et à surmonter toutes les épreuves et obstacles grâce à notre paix intérieure et au silence. Seuls, nous n'avons pas de forces pour y arriver; c'est pourquoi il faut sans cesse appeler le Seigneur au secours, Lui qui est là au centre de la vie ( dans le coeur). Lui ne Se sépare jamais de nous; Il est le moteur de notre vie.



En nous unissant à Dieu nous avons la révélation des mystères.

Dieu est un mystère, aussi sommes-nous un mystère pour nous-mêmes. Nous aimerions savoir comment notre coeur fonctionne mais cela nous est impossible. Cela ne devient possible qu'en nous unissant au Seigneur et c'est alors que ce mystère nous est révélé. Nous n'avons étudié ni la médecine ni la physique mais cela nous est révélé, tel est le miracle. Il en est ainsi parce que Dieu est omniscient.



En communiquant avec les anges au Royaume céleste,

l'âme oublie tout ce qui est terrestre.

Au Royaume céleste, en entrant en contact avec les anges, nous ressentons une affinité incroyable, nous voyons que nous vivons l'un dans l'autre et que nous sommes un; il est impossible de ressentir une telle affinité sur terre. Aussi l'âme oublie-t-elle tout quand elle passe dans l'éternité : au contact des anges rayonnants d'amour et de bonté, elle revêt une légèreté céleste.



Le Seigneur nous conduit

à travers les souffrances, les difficultés et les malheurs,

afin que nous puissions acquérir la paix.

Il nous est possible d'être paisibles et calmes dans un environnement paisible et calme, mais une telle paix n'est pas aussi stable et durable que la paix acquise dans un environnement troublé. En passant d'un milieu paisible à un environnement agité, l'humeur se modifie rapidement : on ne supporte pas l'injustice, un désordre infernal s'empare de notre esprit, des pensées destructrices se multiplient, et notre paix intérieure disparaît. C'est pourquoi le Seigneur nous fait passer à travers des souffrances, des difficultés et des malheurs afin que nous puissions acquérir la paix. Nous n'avons pas suffisamment de forces pour surmonter tout cela seuls, sans Lui. C'est ainsi par exemple que la sainte martyre Catherine a été torturée jeune, à l'âge de dix-huit ans. Ses ennemis l'avaient jetée, toute brisée et blessée de toutes parts, dans un cachot où le Seigneur lui est apparu. Elle lui demanda : " Seigneur, où étais-Tu jusqu'à présent? - J'étais là, dans ton coeur. - Comment est-ce possible alors que mon coeur est mauvais, impur et plein d'orgueil? - Oui, mais tu as laissé de la place pour moi, et si je n'avais pas été à tes côtés, tu n'aurais pas supporté ces souffrances. Je te donnerai la force d'endurer juqu'au bout!"

Les Saints Pères disent : " Nous saurons que nous sommes aimés du Seigneur s'Il nous conduit à travers de grands malheurs, tourments et souffrances."

" Je vous laisse ma paix, je ne vous laisse pas la paix que vous donne ce monde, mais une paix telle que votre coeur n'ait pas peur et ne craigne rien", dit le Seigneur, qui est la Vérité, le Chemin et la Vie.



Toutes les créatures aspirent à Dieu.

Tous cherchent l'amour : les êtres humains et le monde animal, tous cherchent Dieu et tous aspirent à Lui, qu'ils soient croyants ou non. Certains se disent athées, sans savoir que leur coeur aspire à Dieu, car quand ils aspirent à la vérité, à la justice et à l'amour fraternel, ils aspirent en fait à Dieu. Tous aspirent à l'amour absolu; s'il s'agit d'amour, on souhaite qu'il ne change jamais, et s'il s'agit de justice on souhaite qu'elle soit accomplie et qu'elle ne change jamais. Toutes les créatures aspirent de tout leur coeur à Dieu. La différence tient seulement au fait que les uns s'insurgent contre Dieu alors que les autres ne s'y opposent pas; ceux-ci aspirent consciemment à Dieu et ceux-là inconsciemment.



Si nous étions conscients, la paix serait pour nous!

Si nous étions nous-mêmes conscients de la force mentale que nous avons reçue afin de la mettre au service du bien, la paix serait pour nous!



De la diversité des dons et de leur rayonnement.

Nous aspirons à ce que nous avons perdu.

Nous naissons sur terre avec des dons divers. Il arrive souvent que des enfants naissent avec des dons exceptionnels accordés par le Seigneur. De tels hommes rayonnent d'énergie et de force. Par exemple, un médecin doté d'une forte concentration peut rayonner de bonté et d'amour qu'il transmet à ses patients. Ces derniers ont confiance en lui, ce qui réussit ainsi à calmer leur système nerveux.



La magie n'agit pas sur l'homme uni par la prière à Dieu.

Nous avons l'exemple d'un homme jeune qui vint un jour nous voir avec un ami dans un état manifeste de désarroi mental. Son ami nous raconta que cet homme s'était marié avec une femme nettement plus âgée, qui avait réussi à le subjuguer par la magie. Il souhaitait qu'on dise des prières de rémission des péchés. Aussitôt après l'absolution de ses péchés, il se sentit mieux, comme si un lourd fardeau lui avait été ôté. On voit ainsi que des intellectuels peuvent succomber à la magie. La magie est en fait une manifestation des esprits malins qui agit là où il n'existe pas d'union ferme avec Dieu, là où il n'y a pas de prière, là où les gens sont dispersés et déstructurés. La magie n'a pas prise sur celui qui est uni à Dieu par la prière.



Si nous nous adressons de tout coeur au Seigneur,

les esprits mauvais s'éloignent aussitôt.

Les esprits malins ne souhaitent jamais du bien à l'homme; s'il leur arrive parfois de faire un bon geste, ils le font à dessein afin d'amener l'homme dans un traquenard, lui apportant brièvement du réconfort et faisant de l'homme leur prisonnier. Si nous nous adressons de tout coeur au Seigneur, les esprits mauvais s'éloignent aussitôt. Il faut se convertir à l'amour et devenir paisibles, doux et bons : ce que nous avons été jusqu'à présent, c'est du passé, suivons dorénavant le droit chemin.



Le péché est un piège mental dans lequel le démon tient l'homme.

Les Saints Pères disent : " Le péché n'est rien; le péché est un piège mental dans lequel le démon tient l'homme dans un état infernal où il n'y a ni paix ni repos."



Il faut avoir de la discipline car sans elle

il n'y a pas de gain matériel ou spirituel.

Il est particulièrement important que dans le milieu familial règnent la paix intérieure et le calme. Il faut avoir de la discipline car sans elle il n'y a pas de gain matériel ou spirituel. L'homme doit savoir ce qu'il veut faire. Mais il importe de ne pas se précipiter, que cette discipline ne soit pas trop sévère, car dès qu'elle l'est, elle devient démoniaque et on n'aboutit à rien. La véritable discipline, c'est quand nous faisons un travail de tout notre coeur, quand nous obéissons par amour. Aujourd'hui à la suite de l'accélération du rythme de vie, les hommes deviennent vifs et nerveux; leur système nerveux est surchargé et c'est pourquoi il y a de plus en plus de malades.



Les enfants aussi tombent malades

à cause de la surcharge de travail à l'école.

Les enfants aussi tombent malades car le programme scolaire est de plus en plus lourd. On a tué la joie chez les enfants... Que font les responsables éducatifs? A l'école tout est devenu source d'ennui pour les enfants et quand ils sont grands, ils ne sont pas prêts à affronter l'existence. Tous les enfants ne possèdent pas les mêmes capacités, ils ne sont donc pas tous capables de surmonter les problèmes posés.



Les temps derniers.

Les temps derniers arrivent! Au cours du XX° siècle, on a enregistré un grand nombre de tremblements de terre. Le Seigneur Lui-même a dit que tout allait trembler à l'approche de la fin et que de nombreux signes allaient apparaître sur terre afin que les hommes puissent voir et comprendre.



Au Jugement Dernier,

tous répondront pour les pensées qui ont occupé leur esprit.

Les scientifiques se livrent à diverses recherches et ne cessent d'y penser pendant des années, mais il arrive aussi que dans leur sommeil ils se mettent à rêver de formules et de solutions aux problèmes étudiés. Nous tous, êtres raisonnables, devrons répondre un jour sur la manière dont nous avons utilisé la force que le Seigneur nous a accordée dans cette vie et quelles pensées ont occupé notre esprit.



Départ au monastère et premiers jours de vie monastique.

J'ai remarqué dès ma petite enfance l'existence de la notion de service. Les parents servaient les enfants, les enfants servaient les parents et c'est ainsi que me vint l'idée suivante : comme tous se servaient mutuellement, j'eus envie de servir Dieu car Il était au-dessus de tous. Voilà comment le Seigneur nous appelle dès le plus jeune âge.

Devenu adolescent, j'écrivis à un monastère afin d'y être admis. J'attendis la réponse durant six mois. Pendant ce temps, je songeai que si je me mariais, j'aurais une famille dont il faudrait que je prenne soin; je finis par décider de ne pas me marier. Au bout de deux mois, je fis une congestion pulmonaire et restai à l'hôpital duarnt quarante-sept jours. Les médecins choisirent de m'insuffler de l'air comprimé, ce que je refusai. Je leur demandai combien de temps je pourrais vivre ainsi et on me dit qu'il me restait cinq ans environ. Je sortis alors de l'hôpital, ne me rendis même pas au dispensaire qui m'avait été indiqué et ne soufflai mot de tout cela à mon père. Je partis alors au monastère de Gornjak où je fus reçu par l'higoumène.

Dans ce monastère vivait à cette époque un vieux moine russe originaire du monastère de Valaam. Il me demanda comment je m'imaginais la vie monastique. Je lui expliquai, et il me dit que je ne pourrais trouver un tel mode de vie qu'au sein du monastère russe de Miljkovo, près de la localité de Svilajnac. Je m'y rendis alors et demandai à voir l'higoumène, le Père Ambroise.

Le Père Ambroise me dit qu'il était en train de construire une salle de bains, puis il demanda à un novice de m'amener dans une chambre afin que j'y prenne du repos car je n'étais pas habitué à des services liturgiques aussi longs.

C'était un samedi. Le surlendemain, le Père Ambroise me demanda si je voulais demeurer chez eux. Je répondis par l'affirmative. Je me rendis alors auprès du Père Paul qui me dit d'aller m'occuper du vignoble. Ce fut là mon premier acte d'obéissance.

On me fit apprendre la prière de Jésus. Priant sans cesse, il m'arrivait, tout en parlant avec quelqu'un, d'entendre en permanence la prière de Jésus qui sortait de mon coeur en dehors même de ma volonté; je ressentais alors une joie indicible, et il n'y avait plus rien qui pût m'offenser. Les préoccupations liées à ce monde n'ont plus de place dans notre coeur quand nous nous trouvons sous l'action de la grâce. Nous songeons alors à l'état où se trouvait la Très Sainte Mère de Dieu, dont toute l'existence était placée sous la bénédiction du Saint-Esprit.

Dès mon enfance, j'ai aimé la musique. Quand je me trouvais en état de grâce, j'avais beau essayer de me souvenir d'une chanson ou d'une mélodie, il m'était impossible de me rappeler quoi que ce soit; la prière suivait son cours, en silence et dans la joie. Mais dès que l'attention se tourne vers des préoccupations terrestres, la ferveur s'atténue.

Je me souviens que lors du décès de l'higoumène, le Père Ambroise, il était prévu que son successeur serait l'Ancien Isaac qui avait été avec lui novice au monastère d'Optino. Or, tous les moines poussaient en avant un autre moine, le Père Antoine. Ce dernier vint un jour me voir et m'interrogea sur le choix du futur higoumène. Je lui dis : " Pourquoi m'interrogez-vous à ce propos? Je ne suis qu'un novice." Il revint me voir à plusieurs reprises et c'est ainsi que je fus amené à réfléchir à ce sujet. Ma concentration dans la prière en fut diminuée.

Je croyais que l'état de grâce se conservait en permanence. Rares sont cependant ceux qui ont réussi à préserver l'état de grâce tout au long de leur vie. Quand on a perdu cet état, il peut arriver que le Seigneur nous rende de temps à autre un tel état de grâce en guise de consolation.



Nous devons tout confier au Seigneur

tout en faisant tous les efforts dictés par notre conscience.

Nous devons tout confier au Seigneur et avoir confiance dans la façon dont Il nous dirige, mais nous devons faire tous nos efforts en conscience car Dieu n'aime pas les paresseux. Il est l'initiateur de toute bonne chose. Il sait pourquoi Il laisse l'injustice apparaître, mais nous devons par notre mode de vie confirmer que nous sommes des enfants de Dieu.



Toute âme qui a vu le jour est chrétienne de naissance.

Toute âme qui a vu le jour est chrétienne de naissance et aspire à la vie véritable; or la vie c'est Dieu, car Il est celui qui donne la vie.



Il est bon de vivre dans un environnement paisible.

Dans la mesure où l'environnement dans lequel nous vivons est paisible et tranquille, nous sommes amenés tout naturellement à adopter des vertus du même ordre; alors l'âme, d'elle-même, se trouve en quête d'éternité.



Toute une vie est nécessaire

pour acquérir l'expérience propre à rejeter le mal.

Quand ils sont petits, les enfants ont l'habitude de prier le Seigneur pour leurs parents, pour que le Seigneur accorde Ses bienfaits aux parents; c'est ainsi que les enfants reçoivent le don gratuit de la grâce, car ils sont en bas âge. Devenus grands ( si Dieu le permet), ils ressentiront cette grâce, cette joie et l'état de béatitude qui fait partie de la vie éternelle où vivent les anges et les saints. Ce premier éveil spirituel, accordé sans effort particulier, est donné par le Seigneur afin que l'âme aspire plus tard à une telle béatitude éternelle, car dans un tel état l'âme, tout en étant dans le monde, ne fait plus partie de ce monde par ce qu'il n'existe plus en elle de pensées, de souhaits ou d'aspirations liées à ce monde. L'âme est paisible et modeste, et elle n'est plus capable de se mettre en colère dans un tel état, car elle est en état de grâce; plus personne n'est en mesure de la mettre en colère. Plus tard, quand l'âme a acquis le don gratuit de la grâce, on s'attend à ce qu'elle rejette toute mauvaise action en connaissance de cause; nous nous devons de dominer tous nos adversaires ( en pensée) sur cette terre. Nos adversaires ne sont pas des êtres de chair et d'os dont il serait possible de se cacher et auxquels on pourrait échapper; ce sont des adversaires en pensée qui se trouvent partout autour de nous. Il s'agit de puisssances mentales, c'est-à-dire de pensées qui ne se fondent pas sur l'amour, la vérité, la pureté, la noblesse de sentiment et la bonté. On ne cesse de nous imposer de façon détournée des idées provenant d'esprits présents en pensée ( qui ont des caractéristiques diverses tout comme nous sommes des êtres aux caractères divers) qui nous incitent à nous vautrer dans les plaisirs charnels, le vol, la colère, la jalousie, la méchanceté. Si nous pratiquons de telles choses pendant des années, alors cela devient une seconde nature pour nous;

Comme le dit le saint apôtre Paul : " Je ne fais pas ce que je veux, mais je fais ce que je ne veux pas; si je fais ce que je ne veux pas, alors c'est le péché qui vit en moi qui le fait." C'est cette mauvaise force mentale qui s'est ancrée en nous et vit avec nous dans notre corps. Une vie entière est nécessaire pour acquérir l'expérience propre à rejeter le mal et à nous orienter absolument vers le bien, de sorte que rien au monde ne peut plus troubler nos pensées.

C'est pourquoi saint Isaac le Syrien a dit : " Gardez à tout prix votre paix intérieure et ne l'abandonnez pour rien au monde." Il a vécu au VI° siècle et a eu une longue existence du fait de ses bonnes actions et de la vie qu'il a menée.



Les chrétiens doivent régler leurs litiges

devant un prêtre ou un évêque.

Jadis, quand les chrétiens avaient un litige, ils se rendaient habituellement auprès d'un prêtre afin qu'il règle ce différend entre eux, car les tribunaux de l'époque étaient des païens. Si le problème n'était pas résolu par les prêtres, alors les chrétiens allaient voir leur évêque.

Prenons l'exemple d'un homme qui avait une dette envers un autre, qu'il n'avait pas acquittée à temps. Incapables de régler ce différend, les prêtres soumirent le problème à l'évêque. Or le créancier ne voulait pas de conseils, mais seulement l'argent qui lui était dû : son débiteur devait se débrouiller comme il pouvait. Le débiteur était d'accord pour rembourser son emprunt, mais de nombreux ennuis l'empêchaient de rendre l'argent tout de suite; il demandait donc un délai. L'évêque dit à l'homme qui réclamait son dû : " Comme tu le vois, il est d'accord pour te le rendre; il te demande seulement d'attendre un peu." Mais le créancier ne voulait rien entendre; il ne voulait que son argent; rien d'autre ne l'intéresssait. " Vous êtes tous deux chrétiens, leur dit l'évêque; or le Seigneur Lui-même dit : " Si tu donnes quelque chose à quelqu'un, ne demande pas qu'il te le rende."" "Mais que m'importe ce que dit l'Evangile, j'ai besoin de mon argent!" Alors l'évêque dit : " Vous vous dites chrétiens, mais si vous ne voulez pas entendre ce que dit le Seigneur, qui suis-je moi pour que vous m'écoutiez?", et l'entretien se termina ainsi.



Préserver son coeur dans le désert.

Un moine avait un camarade d'école qui était devenu ministre des Affaires étrangères de leur pays. Ce ministre lui écrivit un jour : " Tu vis dans le désert alors que je me trouve écartelé, sans cesse en mouvement, en déplacement. Pourtant je souhaiterais tant parler avec toi. Viens me voir, cela sera une joie et un réconfort pour moi."

L'Ancien lui répondit : " Tu n'imagines pas les ravages spirituels que j'endurerais en tant que moine vivant au désert et retranché du monde, si je venais auprès de toi. Avant d'arriver jusqu'à toi j'aurais observé tout un tas de choses, de sorte qu'à mon retour au désert j'aurais besoin de beaucoup, beaucoup de temps pour oublier tout cela." C'est ainsi que les moines préservaient leur coeur dans le désert.



En rencontrant quelqu'un ayant les mêmes valeurs,

on trouve le salut.

Les Saints Pères disent : " Si l'on a rencontré quelqu'un ayant les mêmes valeurs, on a trouvé le salut." Cela concerne la vie monastique mais aussi les acteurs de la vie conjugale. Nous souffrons à cause de nos pensées; tout le mal provient en effet des pensées, car les hommes se disputent entre eux en pensées. Mais quand on rencontre quelqu'un qui a les mêmes valeurs, alors cela aboutit à une entente incroyable, comme le Seigneur Lui-même le dit : " Là où deux ou trois d'entre vous seront réunis en mon nom, je serai au milieu d'eux."



Dans la vie conjugale comme dans la vie monastique

le conflit est partout.

Quand les êtres s'engagent dans la vie conjugale, ils pensent que tout sera bien; mais il n'en est pas toujours ainsi car la vie est un combat. Il en est de même dans les monastères. En entrant au monastère on croit que tout sera paisible et tranquille, mais on se trompe : là-bas aussi il y a des conflits.



Les indociles ne sont les bienvenus ni au ciel ni sur terre.

Nous devons être préparés à accueillir la volonté divine. Le Seigneur accepte que beaucoup de choses nous arrivent indépendamment de notre volonté car s'il en était autrement, nous ne serions pas aptes à entrer dans le Royaume céleste; en effet les êtres indociles ne sont bienvenus ni au ciel ni sur terre. Dieu a conçu un dessein divin pour nous, et nous devons nous conformer à ce plan. Nous devons accueillir la vie telle qu'elle se présente à nous et ne devons pas réfléchir sur le pourquoi et le comment, sachant que rien au ciel ou sur terre ne se produit en dehors de la Providence divine et de Son autorisation. Il ne faut pas prêter attention aux diverses difficultés matérielles, mais préserver notre paix intérieure. Même quand nous adressons nos prières à Dieu afin qu'Il nous accorde quelque chose, nous cherchons à imposer notre volonté et prions le Seigneur qu'il en soit comme nous le souhaitons. Toutes nos épreuves et défaites sont indispensables, ce que nous ne comprenons pas dans nos jeunes années; mais une fois acquise la maturité, nous comprenons que c'est grâce à cela que nous sommaes aimés du Seigneur.



Avant d'avoir trouvé la paix,

l'âme ne peut recevoir la grâce de Dieu.

Tout au long de ma vie, j'ai connu des défaites, des malheurs et des difficultés mais il ne pouvait pas en être autrement. Les Saints Pères disent : " A quoi saurions-nous que nous sommes aimés par le Seigneur, sinon par le fait qu'Il nous guide à travers de nombreuses difficultés, défaites, rejets, marques de dédain et souffrances du coeur?"

Il y a des situations où l'homme peut tomber dans le désesepoir et la tristesse, ce qui reflète une sorte d'orgueil. Si l'homme accepte les plaisirs de ce monde, cela débouche aussi sur le désespoir, car le Seigneur en est absent et l'homme recherche le réconfort dans les choses. Tout homme se sent esseulé, même si ses parents sont à côté, tant qu'il ne s'est pas affranchi de ce monde : ce n'est qu'alors qu'il reçoit du réconfort de Dieu.

L'âme se sent seule car la force bienfaisante ( de la grâce) qui se trouve en elle, est affaiblie du fait de son orientation vers ce monde et vers elle-même. On ne peut être de deux côtés à la fois! Avant de trouver la paix, l'âme ne peut avoir toute la force bienfaisante de la grâce; une âme non apaisée abuserait de la force divine de la grâce et s'approcherait des pratiques de la magie noire, tout comme la force bienfaisante des anges déchus s'est transformée en mal.



La grâce n'est accordée qu'aux âmes qui ont souffert.

Les Saints Pères disent que la force bienfaisante de la grâce ne peut être reçue par des âmes qui n'ont pas traversé de nombreuses souffrances, difficultés et malheurs. Pourquoi? Car s'il en était autrement, l'âme serait inacapable d'apprécier le fait que sous l'effet de la grâce notre pensée possède une force incroyable, du fait que la force divine agit alors en nous. Mais si nous nous sommes éloignés par le coeur et les sentiments du Seigneur, notre pensée est susceptible d'avoir des effets terribles et meurtriers pour nos proches. Si nous sommes unis au Seigneur par le coeur et une foi totale, la force bienfaisante de la grâce agit en nous. En revanche si nous ne sommes pas encore purifiés du mal et que nous nous offensons quand on nous insulte, alors la force divine diminue en nous.

Nous devons nous efforcer de parvenir aux vertus du Christ Sauveur.



Les "sous-locataires" de nos pensées.

Une moniale, qui avait prononcé ses voeux monastiques sous l'égide d'un père spirituel remarquable qui était décédé en 1976, vint me voir et me demanda : " Père, j'ai vu en songe mon père spirituel entouré de paix. Il me demandait de me débarrasser de tous ces enfants." Je lui dis : " Il te demande de prier pour lui, car ces enfants sont des "sous-locataires", des forces impures. Cela correspond aux mauvais côtés de notre caractère auxquels on ne prête pas attention au cours de notre vie."



Grâce à Dieu, nous pouvons nous soutenir mutuellement.

Le Seigneur nous donne la possibilité de nous apporter du réconfort les uns aux autres.



Comment recevoir la forme que le Seigneur nous donne.

Le Seigneur est une force intangible. Il nous transmet des pensées calmes et paisibles mais nous sommes souvent dans l'incapacité de les recevoir, car nous nous trouvons sous l'influence des circonstances dans lesquelles nous vivons.

Nous devons prier le Seigneur qu'Il ne nous oublie pas et que nous soyons toujours unis à Lui par les pensées et par le coeur.



Le salut de la dissipation mentale est dans la prière.

Dès que nous voulons quelque chose, nous cherchons aussitôt à nous l'approprier de tout coeur, avec nos sentiments et tout notre être; nous nous attachons à cette chose qui nous procure rapidement du plaisir, puis nous nous accrochons à autre chose et ainsi de suite. Nous ne sommes jamais constants; c'est pourquoi le Seigneur est venu nous rassembler en un seul ensemble, de façon à être un seul troupeau avec un seul Pasteur. Quand le Seigneur nous accueille autour de Lui, alors tout devient facile pour nous. Aujourd'hui, nos pensées se trouvent dispersées, nous faisons quelque chose et pensons à autre chose. Le salut est dans la prière. De même que toute activité nécessite une concentration mentale, la prière implique attention et concentration.

Nous devons de tout coeur nous efforcer de pratiquer ce que les Saints Pères recommandent à propos de la prière de Jésus. Il existe toute une série de règles concernant la pratique de la prière de Jésus, notamment sur la manière d'amener l'esprit dans le coeur, mais il est nécessaire d'avoir un guide expérimenté dans sa vie spirituelle afin que le coeur soit en mesure d'accueillir tout cela de manière correcte.



Toute tâche qui a été confiée

doit être exécutée avec beaucoup d'amour.

Il faut savoir que toute tâche effectuée sur cette terre est une tâche divine, quelle que soit la personne qui nous a confié cette tâche ou celle qui en assume la direction, que ces personnes soient bonnes ou mauvaises, croyantes ou non. Nous devons mener à bien tout travail comme si c'était pour Dieu. Un jour, j'ai reçu une remontrance à ce sujet de la part du Seigneur.

Après avoir, cinq fois de suite, importuné mon évêque en le priant de ne pas me nommer higoumène d'un monastère et au moment d'être désigné pour la sixième fois à cette fonction, je fis un rêve où je me tenais devant le Seigneur.

Je vis un épitrachilion sur le Seigneur, recouvert d'un large omophorion, au-dessus duquel se trouvait un autre épitrachilion. Le Seigneur me dit alors en quoi consistait mon manque d'obéissance sur cette terre : chaque fois que j'étais nommé à la tête d'une communauté monastique, je n'avais de cesse d'importuner les autres en demandant qu'on me décharge d'une telle responsabilité. La charge d'higoumène me paraisssait toujours trop lourde; les membres de la fraternité ne parvenaient pas à se mettre d'accord entre eux et une telle situation me pesait. Or toute tâche qui vous a été confiée doit être exécutée avec beaucoup d'amour, ferveur et attachement. Il ne faut pas faire attention à la jalousie et à la méchanceté qui vous entourent et vous agressent. Et après m'avoir dit tout cela, le Seigneur fit à trois reprises le signe de croix sur moi, de la tête aux pieds. Il prit l'épitrachilion qui se trouvait sur Lui et me le posa sur la tête.



Il faut accomplir toute tâche comme si c'était pour Dieu

et non pour les hommes.

L'injustice existe partout sur terre, qu'il s'agisse des affaires civiles ou religieuses. Celui qui est au travail doit tout supporter alors que celui qui ne travaille pas s'en sort toujours. On doit travailler même pour les êtres malfaisants qui s'arrangent pour ne rien faire tout en ayant un salaire plus élevé. On ne doit pas prêter attention à cela : quelqu'un peut toucher un salaire plus élevé sans que cela lui rapporte quoi que ce soit. En revanche quand on travaille conformément à l'enseignement divin, on agit en fonction de Dieu et non des hommes. Même si le salaire est modeste, Dieu fera en sorte qu'une partie en soit épargnée; quand on s'est entraîné mentalement et qu'on sait que tout vient du coeur, alors on effectue tout travail avec son coeur. Il faut accomplir toute tâche comme si c'était pour Dieu et non pour les hommes.



Père, comment peut-on travailler de tout coeur?

On ressent les choses avec le coeur, non avec la tête. On n'est pas en mesure de ressentir les choses par la tête : on réfléchit avec la tête et on ressent avec le coeur. Quand on fait quelque chose volontairement, on ne le fait pas avec ses pensées mais avec son coeur. Il faut s'entraîner à faire tout travail avec le coeur.

Quand on prie, il faut prier avec le coeur; quand on parle, il faut parler avec le coeur et tout faire avec le coeur. Il est nécessaire d'avoir des guides spirituels dans ce domaine, car comme disent les Saints Pères il faut réunir le coeur et l'esprit et faire en sorte que les sentiments du coeur et de la volonté ne fassent qu'un dans le coeur. Alors la prière s'implante dans le coeur.

Mais notre esprit est vagabond... Quand on travaille, on remarque que des situations accablantes et injustes existent partout; on y fait attention et on perd la paix intérieure. Mais quand l'homme s'est exercé à tout faire avec son coeur, que tout lui vient du coeur, alors il n'a plus besoin de s'entraîner, il fait tout avec son coeur, et sa volonté et ses sentiments sont réunis dans le coeur.



De la descente de l'esprit dans le coeur;

il ne faut pas s'en occuper sans un guide spirituel expérimenté.

Père, j'essaie de faire descendre mon esprit dans le coeur par la respiration, conformément à l'enseignement des Saints Pères. Mais il semble qu'il n'y a pas de place dans le coeur, je ressens une légère pression, une sorte de malaise dans le corps. Que dois-je faire?

Cela vient du fait que tu n'as pas réussi à amener l'esprit dans le coeur; tu as seulement pensé avec ta tête, ce qui est dangereux, car l'homme peut toujours dévier. Aussi doit-on s'entraîner à tout faire avec son coeur, à prier avec son coeur; il faut avoir un guide spirituel qui sera capable d'expliquer comment l'esprit doit être amené dans le coeur. Or aujourd'hui, il est difficile de trouver un homme d'expérience en mesure de vous guider dans la vie spirituelle.

Il faut s'exercer à apprendre que toute tâche sur terre est une tâche divine qui est faite non pour les hommes mais pour Dieu. Quand on s'est exercé à tout faire de tout coeur, alors il n'est plus nécessaire de s'entraîner à faire descendre l'esprit dans le coeur.

Mais quand on croit que l'esprit est descendu dans le coeur alors qu'il est resté en fait dans la tête, on n'est plus en mesure de brancher sa pensée, on a dévié du droit chemin... Nombreux sont ceux qui ont agi ainsi de façon erronée.



Comment les esprits du mal

trompent les hommes à travers les rêves.

Il m'arrive souvent que ce dont j'ai rêvé se réalise. Avec mon faible esprit je réussis à me rendre compte qu'il ne s'agit pas d'une oeuvre de Dieu, mais d'une action faite par l'adversaire. Cependant il arrive qu'après un certain temps je rêve certaines choses, ce qui me fait craindre que cela se produise, compte tenu du fait que des choses dont j'ai rêvé ont effectivement eu lieu.

Les esprits du mal remarquent d'abord si l'on fait attention aux rêves ou non. Ils savent l'influence que le contenu de ces rêves peut avoir sur l'homme et sont conscients de l'usage qu'ils peuvent en faire : ils peuvent ainsi créer des ennuis à une famille, ce qui peut amener les gens à croire au contenu de leurs rêves. Les esprits du mal peuvent ainsi faire en sorte que des épisodes rêvés se produisent dans la réalité, ce qui pousse l'individu en question à rêvasser sans cesse, devenant inapte à la vie quotidienne et attendant en permanence de rêver ce qui se produira à l'avenir.



Tous sont en attente de notre attention et de notre amour.

Nous devons être sans cesse en prière, car nous sommes un appareil mental. Les appareils metaux s'influencent l'un l'autre; il en est ainsi non seulement des hommes et des êtres vivants, mais aussi du monde végétal. Tous sont en attente de notre attention et de notre amour.



Les esprits du mal gouvernent ceux qui se livrent à eux.

Satan est une force mentale sans corps, alors que nous sommes une force mentale avec un corps. Il ne possède pas de pouvoir surnaturel et n'a pas le droit d'exercer des violences sur l'homme; il ne peut que suggérer. Mais si l'homme s'en remet à lui, alors il tient l'homme en son pouvoir de façon telle qu'il lui accorde certaines faveurs. Il existe ainsi beaucoup d'hommes se livrant à la magie noire. Ils se livrent aux esprits du mal et ces derniers les gouvernent.



La situation familiale dépend de l'existence ou non

d'une harmonie mentale en son sein.

Quand on vit dans une communauté familiale, il faut respecter les règles établies par les parents.

Prenons l'exemple d'une famille villageoise qui se rend régulièrement à l'église et y communie mais sans qu'il y ait de paix ni de progrès spirituel au sein de la famille. A l'inverse, une autre famille dont les membres, moins croyants, ne se rendent qu'épisodiquement à l'église, connaît le progrès : tout ce qu'elle entreprend s'avère positif, ce qui amène à s'interroger sur le pourquoi d'une telle situation. Cela signifie en fait qu'une harmonie mentale règne au sein de la seconde famille.



Faute de repentir de notre part,

il n'y a pas de paix sociale.

Les gens ne réfléchissent pas et ne savent donc pas pourquoi les choses se passent ainsi; or tout ce qui se produit est issu de nos pensées et de nos souhaits. Nous voilà ainsi, au sein de la société où nous vivons, en train de cueillir les fruits de nos pensées et de nos souhaits. Qu'est-ce que la société? C'est une grande famille, avec beaucoup de membres. Au lieu de nous attacher à la préserver, nous ne réfléchissons pas assez à elle, de sorte qu'il est impossible que notre situation soit bonne. Il n'y a pas de repentir en nous, il n'y a pas d'orientation vers le Bien absolu! Si nous nous efforcions de repousser tout ce qu'il y a de négatif en nous et de nous tourner vers le Bien absolu, vers Dieu, alors nous aurions la bénédiction divine, et tous les rouages de la société fonctionneraient correctement.



Ne soyez pas en guerre mentalement avec vos voisins.

Une vieille dame se plaignait auprès de moi au sujet des ennuis que sa vosine lui infligeait. Cette dernière jetait toutes sortes de détritus dans sa cour et dans les couloirs de la maison qu'elle partageait avec elle. Je lui dis : " Pourquoi te disputes-tu tout le temps avec elle? Tu ne cesses de penser qu'elle te fait du mal. Laisse-la faire ses petites affaires; quant à toi, tourne-toi vers le Seigneur, et tu verras que ce qu'elle fait ne lui sera d'aucun secours."



De la prière.

On doit s'entraîner sans cesse à prier afin que chaque geste vienne du coeur et que nous soyons constamment en état de prière. Les Saints Pères disent que tout comme la moindre brindille peut gêner la vue, le moindre souci peut gêner la prière. La pureté de la prière implique qu'on mène une vie absolument dénuée de soucis.



Les enfants sont encombrés par les péchés des parents.

Mon fils souffre d'épilepsie, ce qui me cause beaucoup de soucis. J'ai lu dans la Bible que cela peut se guérir par la prière et le jeûne mais dans l'état où je suis, j'ignore comment mettre cela en pratique?

Il faut t'exercer à ce que chacune de tes prières vienne du coeur. Si la vie des parents a été corrigée, alors les enfants iront mieux car les enfants sont encombrés par les péchés des parents. Quand tu pries, il faut le faire de tout ton coeur et en te concentrant; alors tout se passera dans la prière et tout se passera mieux.



Les autres ne sont pas coupables à notre place:

c'est nous qui le sommes.

Il ne faut jamais rendre autrui responsable des conséquences qui se manifestent dans notre famille : il faut que nous nous corrigions nous-mêmes.



A qui ne se nuit pas à soi-même, nul ne peut nuire.

Un saint a dit : si l'homme ne nuit pas à lui-même, nul ne pourra lui nuire, même le diable.



L'expérience spirituelle.

Quiconque vise le bien souffrira beaucoup dans sa vie avant d'atteindre la précieuse expérience spirituelle.



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Il faut nous transformer mentalement, et tout ce qui est autour de nous se transformera du point de vue mental.



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Nous devons prier le Seigneur afin qu'Il nous accorde une patience extrême et que nous pardonnions tout; aussitôt qu'un tel état régnera en nous, l'harmonie s'installera en nous et autour de nous.



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Notre humeur est parfois assombrie par les gens avec qui nous parlons. Il n'est pas nécessaire qu'ils nous disent qu'ils nous respectent ou non, qu'ils nous aiment ou non; chacun de nous possède des dispositions d'esprit qui sont bien perceptibles par les autres.



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Les pensées représentent une force et une puissance considérables. Voyez l'influence que cela exerce non seulement dans notre pays mais dans le monde entier.



Sois paisible, humble et doux, tu auras la paix dans ta famille.

Dieu a accordé une femme à l'homme, mais les musulmans ont plusieurs femmes...

Si un homme a vécu comme Il l'a voulu, ce fut bien le cas du roi Salomon, fils du roi David. Le Seigneur lui avait donné la sagesse et tous venaient écouter ses sages paroles. Lui-même a dit : " Tout ce que mon coeur a désiré, je l'ai obtenu. J'ai voulu voir si sur cette terre il existait une sorte de consolation ultime. J'ai possédé des vignobles, des palais, de l'or, des femmes et vécu tant bien que mal sur cette terre dans le but de voir s'il y avait une consolation ultime et j'ai vu que sur cette terre tout est vanité des vanités et grande souffrance!".

Voilà, il avait tout possédé, mais tout cela a été furtif et passager. C'est pourquoi il importe d'être paisible, humble et doux afin d'avoir la paix dans la famille. Une âme humble est incapable de penser de façon négative et c'est pourquoi nous nous sentons si bien dans son voisinage.



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Nous devons rechercher le centre de la vie, le Christ.



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Nous devons être un exemple vivant pour nos enfants mais nous ne le faisons pas; nous espérons que nos enfants évolueront bien, mais ils peuvent être pires que nous. Dans le monde entier, la jeunesse est à peu près ruinée; or c'est avec les jeunes que le monde continue son évolution. Issue de parents chrétiens, eux-mêmes croyants, des enfants sont devenus satanistes.



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Se repentir ne consiste pas seulement à se rendre auprès d'un prêtre et à confesser ses péchés. Il est nécessaire de se libérer des mauvaises pensées et de la dépression; le repentir correspond en effet à un renouveau de la vie, à un tournant vers le Bien absolu.



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C'est à cause des âmes paisibles et humbles que Dieu a bien voulu nous donner du pain et nous bénit avec le pain.



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Il n'existe pas d'être doué de raison qui ne croie pas en Dieu et n'aspire pas de tout son coeur à Lui. Il n'existe pas d'être athée, mais seulement des adversaires de Dieu. Le diable croit et tremble tout en s'opposant à Lui; il en est de même de certains hommes.



Notre pays a été fondé par des hommes saints,

mais nous n'avons cessé de dévier du droit chemin.

Notre peuple a assumé un rôle historique crucial mais il a aussi beaucoup enduré. Les Saints Pères disent : " Voici à quoi nous saurons que nous sommes aimés de Dieu : au fait qu'Il nous conduit à travers de nombreuses souffrances, tourments et douleurs infligées au coeur."

Notre pays a été fondé par des hommes saints (3);

(3) : ( L'ancien Thaddée fait ici allusion à la lignée royale des Nemanjides qui ont régné sur les terres serbes entre le XII° et le XIV° siècle et dont tous les membres, à l'exception d'un seul, ont été canonisés par l'Eglise orthodoxe serbe (NdT).).

nous aurions dû, en tant que descendants, prendre exemple sur eux, mais nous n'avons cessé de dévier du droit chemin. Nous aussi, comme prêtres, nous portons notre part de responsabilité car nous n'avons pas accompli assez de choses dans la période de l'Entre-deux-guerres.





XIX

DANS LA VIE SPIRITUELLE, TOUT EST IMPORTANT, RIEN N'EST INSIGNIFIANT *



(*) : ( Enseignements prodigués par l'Ancien Thaddée à ses enfants spirituels au monastère de Vitovnica lors de la fête de la Croix Glorieuse en 1997. Enregistrement audio).



Nous nous efforçons d'agir bien et chacun de nous souhaite que chaque jour soit pour lui paisible, mais il arrive toujours qu'un obstacle apparaisse... Sommes-nous coupables de cela ou quelque chose d'autre entre-t-il en compte?

Nous souhaitons assurer notre salut mais nous avons des adversaires qui ne cessent de nous combattre : ce sont les esprits du mal. Ceux qui s'efforcent d'agir bien éprouvent de nombreuses tentations. Il en est ainsi parce que nous sommes orgueilleux; il faut donc nous affranchir de l'orgueil et nous apaiser... Si nous ne voulons pas nous apaiser, Dieu ne cessera pas de laisser les esprits nous dresser des obstacles et nous barrer la route en permanence. Nous devons passer à travers de nombreuses souffrances et malheurs.



Les tentations ne commencent qu'après le baptême.

Il n'est pas aisé de se trouver dans la situation de celui qui ne pense pas à son salut ( et a fortiori dans celle de quelqu'un qui y pense!). Il est nécessaire de s'apaiser, car une fois que nous sommes apaisés, le diable n'a plus la force de lutter avec nous. Aucun malheur ne voudra plus rien dire pour nous. Comme le disent les Saints Pères : " Voici à quoi nous saurons que nous sommes aimés de Dieu : au fait qu'Il nous conduit à travers de nombreuses souffrances, tourments et douleurs infligées au coeur." Or nous pensons que ceux qui sont croyants mènent une vie facile. Quant aux baptisés, ils pensent que tout ira bien pour eux immédiatement. Mais non, ce n'est qu'alors que commencent les tentations!



Seul le Seigneur est en mesure de nous aider à trouver la paix.

Si nous nous adressons de tout notre coeur au Seigneur, notre prière sera exaucée. Le Père Dorothée disait : " Je ne savais pas quoi faire, je voyais que j'étais très orgueilleux, je priais mais restais orgueilleux. J'ai fini par comprendre que seul le Seigneur est humble; à la fois puissant et humble, Il est seul capable de m'aider à trouver la paix."

Voulez-vous savoir combien vous êtes orgueilleux? Quand quelqu'un vous envoie une pique au plus profond du coeur, songez à la violence qui se réveille en vous, et vous verrez combien vous êtes orgueilleux!

Comment lutter contre l'orgueil?

Nous devons nous apaiser. J'ai été pendant de longues années à la tête de communautés monastiques et j'ai connu divers tourments et souffrances. J'ai sollicité à huit reprises la permission d'être relevé de ces fonctions. J'ai connu des mises en garde du Seigneur pour ne pas demander à être relevé de mes fonctions. Pour moi, le plus dur a été de voir des disputes entre les membres de la communauté; c'était là le motif principal de mes démarches. Mais le Seigneur agit ainsi. Il ne souhaitait pas qu'il en soit comme je l'aurais voulu : que les frères s'entendent entre eux et que la vie soit agréable pour moi, leur higoumène. C'est pourquoi le Seigneur me reconduisait sans cesse dans mes responsabilités. Mon évêque me dit : " Qu'est-ce qui se passe avec toi? Tu ne souhaites pas être l'higoumène alors que tous les hommes cherchent à diriger?" Je lui répétai alors que j'étais arrivé au monastère quand j'étais gravement malade et que les médecins m'avaient dit que je ne vivrais pas plus de cinq ans. Souffrant d'une infection pulmonaire, je ne voulais pas suivre les conseils des médecins. Je pensais qu'il ne me restait pas d'espoir. Je me présentai ainsi au monastère de Miljkovo où vivaient trente moines d'origine russe, réfugiés en Serbie (4).

(4) : ( Au lendemain de la révolution de 1917). (NdT).

Ils étaient tous végétariens et ne mangeaient jamais de viande (5).

(5) : ( En principe les moines ne mangent jamais de viande, mais ce n'était pas le cas à l'époque dans les monastères serbes qui étaient dans une phase de décadence). (NdT).

J'aimais beaucoup leur bortsch (6).

(6) : ( Soupe de légumes à base de choux).

Grâce à Dieu, je finis par guérir, mais mes nerfs étaient en très mauvais état.



Il faut se taire et passer sa vie dans le silence!

Souvent, après avoir surmonté de graves maladies, on éprouve une certaine appréhension vis-à-vis des médecins; est-ce que cela a été le cas pour vous?

Je n'ai pas peur des médecins mais j'observe que des enfants qui étaient physiquement beaucoup plus forts que moi sont tous morts. Moi-même, je pensais que l'année 1937 serait ma dernière année et n'imaginais nullement que je vivrais juqu'à l'âge de quatre-vingt-trois ans (7).

(7) : ( Cet entretien date de 1997).

J'ai eu des crises cardiaques à la suite des efforts déployés durant les longs entretiens que j'ai eus avec divers visiteurs. Il y a cinq ans, j'ai connu une attaque du côté droit. Je pensais que c'était la fin! Mais voilà que je suis revenu à la vie; je n'ai plus assez de forces pour parler, mais suffisamment pour servir la Liturgie et chanter. Il faudrait que je garde le silence, que je passe mon existence dans le silence, dans la prière! Mais que puis-je faire quand des gens viennent me voir avec leurs soucis et malheurs? Jamais auparavant je n'avais souffert de tension artérielle, mais quand j'entends un homme me raconter ses malheurs, cela se répercute sur moi et c'est pourquoi ma tension est élevée. Je n'aime pas prendre des médicaments, mais aujourd'hui je ne peux faire autrement.



Nous sommes des enfants gâtés,

nous nous attendons à ce que tout se passe selon nos caprices

et cela nous rend inaptes pour la vie.

Nous savons qu'il faut s'abandonner à la volonté de Dieu, mais quand une sorte de mal se met à agir en nous et nous trouble malgré nous, nous avons beau souhaiter nous apaiser, nous en sommes incapables.

Nous nous attendons à ce que tout le monde agisse selon notre volonté. Dès notre petite enfance, nos parents nous ont appris à exprimer nos caprices. Moi-même j'ai été incapable, jusqu'à ma seizième année, de manger quoi que ce soit d'autre qu'un peu d'oignon et de concombre. Ma grand-mère paternelle était très en colère et disait que je devrais être jardinier puisque je n'aimais que les concombres. Mes parents avaient d'ailleurs des problèmes pour me nourrir car j'étais incapable d'absorber des oeufs frits et que je ne mangeais que des plats maigres; on me poussait à manger mais sans résultat... Nous sommes des enfants gâtés, nous nous attendons à ce que tout se passe selon nos caprices, et cela nous rend inaptes pour la vie. Les rois et les empereurs ne font pas toujours ce qu'ils veulent et c'est encore plus le cas pour nous. Aussi est-il nécessaire que nous nous apaisions.

Au monastère du patriarcat de Pec, il y avait un novice originaire d'un village voisin. Son père était un paysan pauvre qui avait sept fils. Cela se passait en 1951. Le plus jeune frère de ce novice était âgé de quatre ans : il était indiscipliné et agité alors que sa mère était une femme paisible et tranquille, comme un ange. Son petit garçon la faisait beaucoup souffrir. A côté de leur maison vivaient deux petites jumelles sur lesquelles le garçon ne cessait de lancer des pierres. " Arrête de les lancer, tu vas leur faire mal à la tête", lui dis-je, mais il continuait à le faire exprès. Je décidai alors de le conduire dans un endroit plein d'orties, tout en l'empêchant d'en sortir. " Si tu n'obéis pas à ta mère, voilà où je t'amènerai chaque fois" lui dis-je. Aussitôt l'enfant se mit à obéir à sa mère, faisant tout ce qu'elle lui demandait. Par la suite, il alla à l'école et vint nous voir au monastère; quand je lui demandai s'il se souvenait des orties, il me dit qu'il s'en souvenait fort bien encore aujourd'hui.



***

L'homme est capable de trouver la paix; s'il s'y refuse, il restera orgueilleux. Il faut s'apaiser et respecter tout un chacun, ses propres parents et toute autre personne.



En respectant autrui on évite tout conflit de pensée.

On ne doit pas avoir de conflit de pensée avec quiconque; autrement on ne trouve jamais la paix. En respectant autrui on évite tout conflit de pensée. Ainsi certains professeurs, pleins d'orgueil, abordent leurs cours avec autorité mais leurs élèves qui ne supportent pas l'autorité des parents ont encore plus de mal à supporter celle de leurs enseignants. Un professeur doit aborder les enfants avec tout son coeur et leur tenir des cours dans cet esprit, ce que les enfants acceptent. Dès qu'on essaie d'obtenir par la force quelque chose de quelqu'un, on n'obtient aucun résultat.



La pensée est une force humaine impressionnante.

La Providence divine agit sur nous par l'intermédiaire de nos parents ou de nos supérieurs, sur nos lieux de travail. Si nous voulons gagner la confiance d'un enfant, il faut lui accorder beaucoup d'attention et d'amour. Mais si l'idée nous vient de lui faire des remontrances afin de corriger son comportement, c'est déjà une agression mentale.

Notre pensée a un grand pouvoir de pénétration: sa force et sa puissance sont considérables, en particulier la puissance mentale parentale. Un parent doit endurer beaucoup et tout pardonner. C'est uniquement avec des pensées pleines de bonté, d'amour et de pardon que nous attirerons les autres, alors que nos pensées visant à corriger les traits de caractère d'autrui constituent une attaque mentale contre ces personnes. Quels que soient nos liens de parenté avec certaines personnes, ces dernières peuvent s'éloigner de nous si nous les avons agressées mentalement; et dire que nous croyons que la pensée ne représente rien. La pensée est une force humaine impressionnante!



Nous nous faisons du mal à nous-mêmes.

Nous n'avons pas appris à être paisibles et tranquilles et à endurer les épreuves subies au cours de l'existence. Nous nous sommes fait du mal à nous-mêmes ainsi qu'à nos proches.



La prière est la nourriture de l'âme.

La prière est la nourriture de l'âme. De même que le corps a besoin de nourriture, l'âme a tout aussi besoin d'être nourrie.



Si nous partagions les mêmes valeurs, notre situation serait bonne.

S'il y avait du repentir au sein de notre peuple, notre situation ne serait pas ce qu'elle est et nous n'aurions pas autant d'ennemis.

Nous ne sommes pas conscients de l'énergie divine et de la vie divine qui sont en nous, et nous faisons un mauvais usage de cette énergie.

Si nous partagions les mêmes valeurs, notre situation serait bonne.



Sur le repentir.

Il n'est jamais trop tard pour se repentir.



Comment renoncer à fumer?

Pendant trois jours on doit se nourrir uniquement de pommes et de rien d'autre. Au quatrième jour, l'organisme ne supporte plus la nicotine. La pomme assainit l'organisme. Il faut avoir une volonté ferme et ne pas prendre de cigarette dans les mains, fût-elle en or, et non, comme c'est le cas, faite à partir d'une herbe malodorante.



Comment contrôler les émotions et la nervosité?

Il faut préserver la paix du coeur et prendre soin du coeur. On doit veiller à ce que la paix et le silence y règnent et ne pas prendre garde aux circonstances dans lesquelles on vit, faute de quoi on s'empêtre dans des énergies négatives environnantes. Il en est ainsi parce que nous sommes semblables à un appareil mental, à une station de radio émettrice et réceptrice. Dès que nous nous trouvons empêtrés dans des énergies négatives, notre station de radio est en danger. Nous avons perdu la paix et le repos, et nous nous fabriquons nous-mêmes des ennuis.



Il faut endurer beaucoup et pardonner beaucoup.

Il faut à tout prix sauvegarder la paix du coeur et la paix des esprits au sein de la famille. Aussi est-il nécessaire d'endurer beaucoup et de pardonner beaucoup. Sans cela, il n'y a pas de progrès dans la vie.



Parents, éduquez vos enfants en particulier jusqu'à l'âge de cinq ans.

Les enfants d'aujourd'hui se présentent essentiellement comme des enfants gâtés par les parents, ce qui fait que rien de bon ne peut en sortir. Les parents élèvent aujourd'hui leurs enfants de façon erronée. Les principaux traits de caractère se forment jusqu'à la cinquième année, et c'est là que les parents souffrent le plus parce qu'ils font tout ce que veut l'enfant. Quand l'enfant a grandi, ses caprices deviennent de plus en plus importants et insatiables. C'est alors qu'apparaissent des problèmes avec les enfants, dont les parents sont eux-mêmes responsables. Au-delà de l'âge de cinq ans, les traits de caractère ne peuvent plus se corriger; l'enfant s'est habitué à n'en faire qu'à sa tête. Tant que les enfants sont petits, leurs exigences sont modestes, mais quand ils ont grandi, leurs appétits ont grandi aussi.



Que faire si on ne veut pas satisfaire les désirs des enfants?

Il faut briser la volonté des enfants et leur enseigner que la parole des parents est sacrée. Ce n'est qu'ainsi que l'enfant devient apte à entrer dans l'existence et à respecter autrui.



Cancer et alimentation.

Il faut faire attention à l'alimentation, car la nourriture peut provoquer une tumeur maligne. Les graisses contenues dans les aliments sont susceptibles de faciliter l'apparition de tumeurs malignes. Si l'on absorbe des aliments sains et non toxiques, l'organisme est mieux armé pour lutter contre les tumeurs.



Comment prier la Très Sainte Mère de Dieu?

Il faut nous tourner vers Elle de tout notre coeur et implorer Son aide. Ces temps derniers, Elle est apparue à de nombreuses personnes et leur a parlé. " "Je prie mon Fils pour vous, mais chez vous il n'y a pas de repentir, pas de changement de vie dans le sens du bien. Repentez-vous tant qu'il est encore temps, car le temps approche où des jours difficiles vont venir pour le genre humain, et un grand nombre de personnes devront se repentir pour leurs péchés afin qu'il ne leur arrive pas ce qui se passera au Jugement Dernier avec tous ceux qui se sont écartés du Seigneur!"

Les Saints Pères ont dit : " Cette terre a donné la grotte où le Seigneur et Sauveur est né et le genre humain a donné la Très Sainte Mère du Seigneur." Il en a été ainsi pour que le Seigneur puisse descendre parmi nous car nul n'aurait pu nous sauver sinon Celui qui nous a créés. Il a pris sur Lui notre nature afin de la transfigurer et de la ressusciter. Celui qui dans le Seigneur Jésus-Christ est une créature nouvelle, un homme nouveau.

Ici sur terre, la vie est exceptionnellement brève, si brève que c'est même impossible de le concevoir. Mais beaucoup nous est donné pendant une période aussi brève. Il nous a été donné de nous adresser de tout coeur au Seigneur, qui est Celui qui nous transfigure et ressuscite notre âme. Aussi le peuple chrétien est-il très, très heureux d'avoir la Très Sainte Mère de Dieu sans cesse en prière devant le trône du Seigneur.

Voyez-vous, ici aussi sur terre, si nous nous montrons obéissants à nos parents, ils répondront à nos demandes chaque fois que nous nous adresserons à eux. La Très Sainte Mère de Dieu ne cesse de prier le Seigneur pour nous.



Il faut nous repentir et nous transfigurer spirituellement.

Il faut reprendre ses esprits et constater que, quoi que l'on possède sur cette terre, tout est néant, tout est vanité et souffrance! Quoi que nous possédions, qui que nous soyons et quoi que nous fassions, tout est éphémère et tout est néant. Aussi faut-il reprendre nos esprits, pour notre bien; car que faisons-nous sur cette terre, en particulier dans notre pays? C'est terrible... Nos pensées, nos désirs se concrétisent mais ces pensées et ces désirs sont mauvais et c'est pourquoi nous souffrons autant.

Il faut donc nous transfigurer spirituellement. Une aide nous est nécessaire pour y parvenir; quelqu'un doit nous aider à reprendre nos esprits. De grands intercesseurs existent auprès de Dieu. La Très Sainte Mère de Dieu ne cesse de prier. De même que nos parents répondent à nos demandes quand nous le leur demandons de tout notre coeur, de même la Très Sainte Mère de Dieu nous répondra si nous nous adressons à elle de tout notre coeur.

Si nos pensées sont paisibles, calmes et pleines d'amour, la paix sera en nous et partout sur terre et dans le cosmos, l'harmonie règnera partout. Tout le monde s'attend à ce que nous apportions de l'amour; et, que faisons-nous? Nous nous détruisons les uns les autres, les frères s'entretuent, on veut se faire la guerre sans réfléchir du tout à ce qu'on fait. Aussi faut-il que nous reprenions nos esprits et que nous suppliions le Seigneur de nous aider à nous transfigurer.



Le Seigneur prolonge l'existence à la suite d'un repentir sincère.

Quel mode de vie est abrégé et quel mode de vie est prolongé?

Le Seigneur prolonge l'existence à la suite d'un repentir sincère. Si quelqu'un s'obstine à faire le mal, le Seigneur abrège l'existence de cette personne puissante afin que le mal ne se propage pas et ne prenne pas de grandes proportions. Jadis vivait un empereur nommé Julien l'Apostat qui avait voulu détruire la sainte Eglise et supprimer tout le clergé, ce qui lui valut d'avoir des visions où il subissait des remontrances. Comme il s'obstinait à faire le mal, il fut privé de quatorze années de vie. Quant à nous, nous prions le Seigneur de nous prolonger l'existence. Nous devons être obéissants et c'est comme cela que nous prolongerons notre vie. Des malheurs et des souffrances sont nécessaires pour nous montrer que tout ne va pas de soi dans l'existence; cela nous maintient en état d'humilité et de modestie, faute de quoi nous serions tous des êtres sauvages.



Nous avons plus confiance dans nos amis que dans le Seigneur et c'est pourquoi nous souffrons.

Comment l'homme doit-il se contrôler et s'orienter dans la vie? Comment ne pas avoir peur du lendemain? Comment s'en remettre à Dieu pour tout?

Nous avons peu confiance dans le Seigneur. Nous avons plus confiance dans nos amis que dans le Seigneur. Nous ne nous adressons absolument pas à Lui. Nous pensons que le Seigneur est surchargé et qu'Il n'a pas de temps à nous consacrer, que nous devons résoudre nos problèmes tout seuls. C'est à cause de ce manque de confiance que nous souffrons.

Il faut nous efforcer d'être totalement soumis à la volonté du Seigneur. C'est pourquoi les Saints Pères faisaient tout pour se soumettre à Sa volonté; que le Seigneur exauçât leurs requêtes ou non, ils Lui étaient reconnaissants car ils étaient conscients que le Seigneur savait quand viendrait le temps pour exaucer leurs voeux.



L'expression de la vie coûte cher : elle est donc précieuse.

Que pouvez-vous nous dire au sujet de la musique que les jeunes écoutent ou des films qu'ils vont voir? Que puis-je faire pour dissuader ma fille d'écouter ce genre de musique ou d'aller voir de tels films?

Il faut agir par étapes, afin qu'elle puisse comprendre que c'est nocif. L'expérience de la vie coûte cher : elle est donc précieuse. Celui qui n'a pas d'expérience ne peut pas comprendre cela.



Nous répondrons pour nos pensées.

Il faut tout faire pour acquérir la paix et le silence. En effet, les êtres dotés de raison que nous sommes, devront répondre devant le Seigneur sur la manière dont nous avons utilisé notre force mentale au cours de notre existence; nous devrons aussi nous expliquer sur les pensées qui nous ont occupés dans la vie.



Qu'est-ce qui est nécessaire pour acquérir la paix intérieure?

On doit faire preuve de beaucoup d'attention et de discernement dans tous les domaines. Le Seigneur a dit à Jésus Navé : " Quoi que tu entreprennes, commence d'abord par réfléchir profondément." L'attention est aussi nécessaire lors de la prière : on doit en faire preuve avant de prier, savoir ce que nous recherchons et pourquoi nous prions. Il nous arrive d'escamoter les prières en les récitant par coeur; nous n'y prenons pas part avec notre coeur et nos sentiments.



Quand nous sommes reconnaissants pour la position que nous occupons, tout se passe bien pour nous.

Il faut être reconnaissants et pleins de gratitude pour la position que Dieu nous a donnée, car tout homme sur terre a une tâche à accomplir. Chaque petite feuille, chaque brin d'herbe, chaque petite fleur a une tâche à remplir. Nous sommes des ouvriers, et Dieu planifie ce qu'il en sera de nos vies. Quand nous sommes reconnaissants pour la position que nous occupons, tout se passe bien pour nous.



Tout est important.

Tout est important, il n'existe rien d'anodin.





XX

SEME L' AMOUR ET TU RECOLTERAS L'AMOUR;

SEME LA PAIX ET TU RECOLTERAS LA PAIX!*



(*) : (Enseignements de l'Ancien Thaddée donnés en 1998 au monastère de Vitovnica. Enregistrement audio.)



Ce que nous donnons, nous le recevons en retour.

Nous ne connaissons pas la paix intérieure si nous sommes mentalement en conflit avec nos parents. Les esprits mauvais s'efforcent de nous voir offenser nos parents. Ils acquièrent alors un pouvoir sur nous alors que nous pensons que quelqu'un d'autre est fautif pour la situation ainsi créée. Nombreux sont ceux qui finissent par s'en rendre compte et corrigent en conséquence leur façon de penser. Certains acceptent alors de changer leur comportement tandis que d'autres sont trop orgueilleux pour le faire. Ce que nous donnons, nous le recevons en retour.



Sème l'amour et tu récolteras l'amour; sème la paix et tu récolteras la paix.

Les Saints Pères disent : " Sème l'amour et tu récolteras l'amour; sème la paix et tu récolteras la paix." Il est impossible d'acquérir la paix intérieure si on est plein de jalousie et de méchanceté. Si nous ne nous libérons pas de ces caractéristiques démoniaques comment pourrions-nous prétendre à l'éternité? Le Seigneur est le seul qui soit en mesure de nous transformer. C'est avec les traits de caractère que nous possédons ici-bas que nous passerons dans l'éternité.



Il n'y a pas de péché qui ne puisse être pardonné.

Le Seigneur déplore que Ses créatures souffrent autant, mais c'est en vain tant qu'elles ne voudront pas se repentir.

Un vieil homme vint voir saint Antoine le Grand en lui disant qu'il était un grand pécheur :

- Je voudrais que tu me dises s'il est possible pour moi de me repentir.

- Je vais prier le Seigneur pour qu'Il me le révèle; reviens dans huit jours.

- Et le Seigneur le lui révéla.

- Sais-tu qui est le vieillard qui est venu te voir?

- Je l'ignore.

- C'est Satan.

- Il veut que je lui dise s'il peut se repentir.

- Le repentir est possible. Lui, qui est un esprit toujours en mouvement, devrait se fixer en un point pendant trois ans, en se tournant vers l'Orient et en priant : " Pardonne-moi Seigneur ma méchanceté!"

Le vieillard revint au bout d'une semaine.

- T'es-tu renseigné pour moi?

- Je l'ai fait. Il faudrait que tu te tiennes, trois ans durant, tourné vers l'Orient et que tu pries : " Pardonne-moi Seigneur ma méchanceté!"

A ces mots le vieillard s'enfuit en sautillant sur un pied car il connaissait cette réponse, mais refusait de se repentir.

Il n'y a pas de péché qui ne puisse être pardonné. Il n'y a pas de péché en mesure de détruire la miséricorde du Seigneur.



Si nous surmontons les offenses,

le Seigneur nous accordera la force et la paix.

Nous devons garder notre calme. Il est préférable de supporter les offenses plutôt que d'en infliger. Si nous supportons les offenses, le Seigneur nous accordera la force et la paix. Si nous ne surmontons pas les offenses, notre conscience ne nous donnera pas la paix. Notre conscience est un tribunal divin existant en nous-mêmes.



Si nous sommes paisibles et calmes,

nous nous rangerons dans la cohorte des saints et des anges.

Nous avons le loisir de faire ce qui nous plaît mais nous ne connaîtrons alors ni la paix ni le repos. Les qualités de l'âme conditionnent le passage à l'éternité. Si nous sommes paisibles et calmes, nous nous rangerons dans la cohorte des saints et des anges. Le Seigneur leur a accordé le don de la grâce, et dans ces âmes on ne trouve aucune caractéristique de ce monde. On peut les insulter sans qu'ils se sentent insultés. On peut les frapper sans qu'ils se mettent en colère car leur âme est guidée par le Saint-Esprit.



Le but de notre vie : revenir dans les bras du Père céleste.

On demanda un jour à saint Séraphim de Sarov : " Quel est le but de notre vie?", et il répondit : " Revenir dans les bras du Père céleste."



Quand la grâce du Saint-Esprit illumine l'âme, elle ne ressent plus les souffrances.

C'est nous qui portons atteinte à notre paix intérieure. Le Seigneur nous abandonne alors à nos pensées, et nos souffrances commencent. Mais aucune force n'est en mesure de détruire la miséricorde du Seigneur. C'est pourquoi les martyrs ne ressentaient pas leurs souffrances, et quand ils les ressentaient, le doux Seigneur les réconfortait. Quand la grâce du Saint-Esprit illumine l'âme, elle ne ressent plus les souffrances.



Après le Seigneur,

nous n'avons pas de bonheur plus grand que nos parents.

Après le Seigneur, nous n'avons pas de bonheur plus grand que nos parents. Le Seigneur a dit : " Je suis Celui qui conçoit le fruit dans les entrailles maternelles." Les parents sont un instrument entre les mains du Seigneur. C'est pourquoi le Seigneur accorde Sa bénédiction au mariage.



Blasphémer le Saint-Esprit,

c'est s'obstiner à ne pas se repentir et s'opposer à la vérité.

Les Saints Pères se sont demandés ce que blasphémer le Saint-Esprit signifiait en réalité et ils ont fini par y répondre. Blasphémer le Saint-Esprit c'est s'obstiner à ne pas se repentir et s'opposer à la vérité.



Quand l'homme se refuse à entendre, il est vain de parler.

C'est en vain qu'on explique à quelqu'un que Dieu est présent partout et qu'Il est Celui qui donne la vie, si cette personne ne veut même pas en entendre parler.





XXI

IL IMPORTE DE SE RELEVER TOUJOURS

ET DE POURSUIVRE SON CHEMIN VERS DIEU



Nous sommes sur cette terre comme sur une épitimie.

Nous sommes sur cette terre comme sur une épitimie. Il ne faut donc pas s'étonner si l'on est confronté sans cesse à des épreuves.



Il importe de se relever toujours

et de poursuivre son chemin vers Dieu.

Nous ne cessons de commettre des péchés, de glisser et de chuter. En fait, nous tombons ainsi dans des traquenards tendus par le démon. Les saints soulignent qu'il importe de se relever toujours et de poursuivre son chemin vers Dieu. Peu importe qu'on ait chuté cent fois dans la journée : il faut se relever et continuer d'aller de l'avant , sans regarder en arrière. Ce qui a été et appartient au passé. Il s'agit seulement d'avancer et de prier pour obtenir l'aide du Seigneur.



Le Seigneur aime qu'on L'invoque sans cesse.

Ce n'est pas importuner le Seigneur que de se plaindre sans cesse auprès de Lui à propos de quelque chose. Nous importunons le Seigneur en commettant des péchés, non en nous adressant à Lui comme à notre parent le plus proche. Le Seigneur aime qu'on L'invoque sans cesse et que l'on épanche son coeur auprès de Lui. La prière n'est pas quelque chose qui commence et qui s'achève, et c'est fini. Se tenir devant l'icône, dire ce qu'on a à dire puis poursuivre son chemin, ce n'est pas cela la prière.



Quand l'âme aura mûri, Dieu lui accordera la paix intérieure.

Prenons le cas d'une personne attachée aux petites choses et en quête d'une vie modeste et simple. Quand une telle âme aura mûri, Dieu lui accordera la paix intérieure. Le Seigneur nous observe et aime qu'on soit en quête de Sa paix. Tant que l'âme ne sera pas mûre pour le Seigneur, Il ne lui permettra que périodiquement de voir qu'Il est présent partout et qu'Il imprègne tout, tout l'univers et tout le monde matériel. Alors l'âme connaît une telle joie! Alors elle possède tout. Mais par la suite, le Seigneur se dissimule à nouveau afin que nous aspirions à Lui et Le recherchions de tout coeur.



N'entrez pas en conflit de pensée avec vos proches.

Il est difficile de vivre avec des proches si on se laisse entraîner dans un conflit de pensée avec eux. Il ne suffit pas de s'abstenir d'une guerre ouverte en paroles et en actes. N'entrez pas en conflit de pensée avec eux. On perd ainsi la paix de l'âme et l'amour envers ses proches. Il ne faut pas s'opposer aux proches, ni essayer de les convaincre. Cela n'apporte rien. On peut se livrer à des tas d'acrobaties devant eux, on n'aboutit à rien. Il faut simplement aimer ses proches par amour du Seigneur. Le Seigneur se trouve aussi dans l'âme des incroyants, car s'Il n'y était pas, comment pourraient-ils tout simplement être vivants?



Soyez davantage à l'intérieur, dans le coeur, avec le Seigneur.

N'accordez pas une telle importance aux événements extérieurs. Soyez davantage à l'intérieur, dans le coeur, avec le Seigneur, et laissez les événements extérieurs suivre leur cours. Soyez seulement aimables, calmes et doux à l'égard de tous, sans faire attention à quoi que ce soit d'autre.



La prière attire la bénédiction sur la maison.

Il est très important qu'il y ait dans une maison au moins une personne ayant l'habitude de prier. La prière attire la bénédiction sur la maison. Tous les membres du foyer familial le ressentent. Même ceux dont le coeur s'est refroidi le ressentent. C'est pourquoi il faut prier sans cesse.



La perfection, c'est l'humilité extrême.

Les Saints Pères disent : quelle que soit la chose que tu souhaites avec foi, le Seigneur te l'accorde, mais il ne s'agit pas de perfection. La perfection, c'est l'humilité extrême.





XXII

LE PERFECTIONNEMENT SPIRITUEL

NE CONNAÎT PAS DE FIN *



(*) : (Synthèse, écrite par le Dr. Vladeta Jerotic, des entretiens qu'il a eus avec le starets Thaddée au monastère de Touman entre 1978 et 1981, et publiée dans son livre Entretiens spirituels, 3° éd., Belgrade, Zlatousti, 2001. Les sous-titres ne sont pas de l'auteur).



Le monastère de Touman, qui se trouve à quelques kilomètres de Golubac, est une communauté monastique féminine comprenant cinq moniales dont le père supérieur est l'higoumène Thaddée. Ce dernier m'a conquis dès les premières phrases échangées dans le jardin du konak du monastère où il réside.

Né en 1914, il est devenu moine très jeune. Il a séjourné plusieurs années dans les monastères du patriarcat de Pec, Gornjak et Vitovnica avant de se retrouver ici. De petite taille, plutôt maigre, il a une barbe et des cheveux quasiment blancs et de doux yeux châtains; il s'exprime de façon modeste et sereine. On sent qu'il est imprégné de quelque chose qui irradie de lui et attire vers lui des gens désireux de se retrouver dans son voisinage.



Les maladies, un appel de Dieu au repentir.

Nous avons d'abord parlé assez longuement des maladies, notamment du cancer. Il a séjourné cet été dans la station thermale de Prolom-Banja près de Kursumlija, où on a déjà observé plusieurs cas de guérison du cancer. Evoquant le cas d'un malade atteint d'un cancer du nez, dans une phase assez avancée, le Père Thaddée raconte qu'à l'issue d'un séjour de quelques mois dans cette station, il n'est pratiquement resté qu'une simple cicatrice du cancer de ce malade. " Il convient aussi, bien entendu, dit le Père Thaddée, de croire dans les vertus curatives de la source thermale, dont on n'a pas de raison de mettre en doute la valeur réelle. Mais le plus important concerne la façon dont le malade accepte d'entendre la vérité sur sa maladie. Il importe que le malade prenne connaissance avec calme de l'état exact de sa maladie. Si le malade ne prend pas peur et ne s'affole pas, le cancer ne devrait pas progresser vite; il pourrait même cesser de progresser. A l'inverse, une agitation pleine d'émotions, une préoccupation exagérée et la peur peuvent accélérer la progression du cancer. Si l'on est capable de s'interroger sur le sens profond de l'apparition de cette maladie, on sera sur la voie d'une guérison éventuelle, mais le plus important est d'être sur la voie du redressement du mauvais chemin suivi jusque-là."

Me revint alors en mémoire un rapport fait par des médecins japonais devant le Congrès mondial des praticiens psychosomatiques tenu récemment à Rome. Leur rapport fait l'historique de l'évolution du cancer d'une dizaine de malades en phase avancée de la maladie qui ont vu, à l'exception de deux d'entre eux, leur cancer disparaître plus de dix ans après que la maladie eut été histologiquement diagnostiquée, et cela sans avoir suivi de traitement particulier. La quasi-totalité de ces malades étaient des gens croyants; tous étaient conscients de la gravité de leur maladie et en avaient pris connaissance calmement. La majorité d'entre eux la considérait comme le signe du besoin de changer le sens de leur existence. Le Père Thaddée dit que l'égarement de l'esprit (prelest) est la maladie la plus grave; comme tout homme y est enclin, les maladies physiques sont à la fois des mises en garde et des opportunités offertes pour se corriger. L'homme s'insurge contre la maladie, il est prompt à ronchonner et à refuser de donner un sens aux maladies, mais il n'en demeure pas moins qu'un homme parfaitement et complètement en bonne santé perd plus facilement le contact avec l'Esprit que quand il est malade.

Le perfectionnement spirituel ne connaît pas de fin.

Un autre thème fréquent de nos entretiens portait sur l'aspiration des hommes et leur quête de Dieu et du perfectionnement spirituel. Le Père Thaddée, comme le père Justin Popovitch, estime qu'il n'y a pas lieu d'adhérer à l'idée de la réincarnation car tout homme se perfectionne après sa mort à partir du niveau d'élévation spirituelle qu'il avait atteint sur cette terre.

" Il n'existe pas de mise en sommeil jusqu'au Jugement Dernier, comme le prétendent certains groupes sectaires. Comment l'esprit pourrait-il sommeiller? Il est sans cesse en éveil et en activité. Notre corps n'est pas en état de suivre l'esprit dans son activité et c'est ainsi qu'apparaît le rêve, pendant lequel le corps se détache en quelque sorte de l'esprit et s'abandonne au repos et à la récupération des forces. Pendant ce temps l'esprit évolue dans son monde. Il est en mesure d'entrer en contact avec des esprits défunts ou des univers spirituels en général. Il est rare qu'on se souvienne des rêves en se réveillant le matin. Il existe naturellement des rêves très ordinaires liés à l'évolution naturelle de l'esprit. Les préoccupations normales de la journée se retrouvent la nuit et s'enchaînent comme dans un film.

Il est difficile pour Dieu de communiquer avec nous quand l'homme se présente comme un miroir brisé où les messages spirituels eux-mêmes sont reçus de façon diverse et toujours fragmentaire. Chacun reçoit autant qu'il peut, compte tenu du miroir brisé avec lequel il vient au monde. Christ est venu sur terre afin que notre miroir redevienne entier et soit en mesure, ainsi reconstitué, d'accueillir Dieu. Bien entendu, beaucoup ne sont pas capables de concevoir Dieu et de L'accueillir complètement en eux-mêmes. Notre corps tel qu'il est aujourd'hui n'est pas en mesure de supporter la Lumière. C'est peut-être la raison pour laquelle les saints qui ont lutté leur vie durant contre les tentations, en sont venus à bout et ont reçu l'illumination, ont été transportés assez rapidement dans l'autre monde. Là-bas leur joie est très grande car c'est ensemble et dans l'amour qu'ils exultent avec d'autres âmes semblables qui glorifient Dieu, tout en conservant toujours leur personnalité propre, et cela jamais de façon égoïste comme le font sur terre des hommes spirituels. La raison, la volonté et le coeur sont devenus une seule entité chez ces hommes illuminés; or ils sont le plus souvent séparés chez l'homme ordinaire, ce qui est à l'origine de nombreux malheurs des hommes dans la vie quotidienne. Chez les grands spirituels, il ne s'agit plus seulement d'une lumière extérieure que la grâce leur permet de voir périodiquement, mais d'une lumière intérieure beaucoup plus profonde et durable qui s'élève du coeur pour emplir l'homme dans son intégralité. Cette lumière, c'est l'Amour, et c'est seulement par l'Amour que l'homme est le plus proche de Dieu qui est tout Amour. Le perfectionnement de l'être humain et son rapprochement de Dieu sont éternels car Dieu est non seulement insaisissable et inconcevable mais aussi impénétrable. Dans l'amour cependant nous sommes le plus près de Dieu, et le plus sûrement. Le contact avec l'Esprit est foudroyant, notre notion du temps n'a aucune signification dans les hiérarchies spirituelles. Or ces hiérarchies existent, comme il est dit dans l'Evangile : " Il existe beaucoup de demeures dans la Maison de Mon Père." C'est en fonction du niveau de nos réalisations spirituelles ici-bas que nous nous voyons désigner après notre mort une demeure correspondante ainsi que les âmes avec lesquelles nous serons appelés à vivre là-bas. Les désirs qu'on a eus et les idées pour lesquelles on s'est engagé sur cette terre ne sont pas indifférents. L'homme spirituel lutte pour des idéaux spirituels et la montée au ciel, l'homme physique lutte pour des intérêts terrestres. A première vue, on pourrait penser qu'une différence modeste existe entre celui qui a cru à l'idée de justice ici sur terre et a lutté pour elle, allant jusqu'à donner sa vie pour cette idée et celui qui a cru à la justice céleste qui ne se réalise jamais sur cette terre. La différence est cependant importante et c'est pourquoi, au-delà du respect dû à son égard et du sacrifice consenti par celui qui recherche la justice sur cette terre, celui-là continuera après sa mort à nourrir des désirs erronés et se retrouvera dans le mauvais camp. On est en quête d'âmes aux affinités proches des nôtres, dans ce monde-ci comme dans l'autre. Quand on rencontre ici-bas une âme proche de nous, il faut rester à ses côtés car c'est une grande joie que de fréquenter des êtres partageant nos valeurs."

Quand je lui fis remarquer que les moines vivant dans un grand monastère très peuplé ne s'entendaient pas toujours entre eux, le Père Thaddée sourit et me répliqua que c'était exact, mais qu'il en était ainsi parce qu'il s'agissait d'hommes qui ne partagent les mêmes idées qu'en apparence.

" La majorité des membres du monastère gardent leurs habitudes, leurs objectifs égoïstes et leurs désirs. C'est ce qui explique que de nombreux moines devenus saints ont quitté le monastère pour se retirer dans la solitude d'un ermitage." "S'agit-il d'une mauvaise décision ou est-ce une erreur de rester avec les autres moines au monastère?" demandai-je alors. " C'est ce que voulaient savoir ces spirituels eux-mêmes, et la réponse qu'ils ont obtenue du monde spirituel a été que les deux voies sont correctes quand l'esprit d'Amour est présent."



Qui est à l'origine des tentations de l'homme :

Dieu ou l'homme lui-même?

A mes questions directes, le Père Thaddée ne fournit jamais de réponse directe, ce qui est naturellement la seule attitude correcte et possible; ses réponses s'inspirent des enseignements tirés des Vies des saints. Il en fut ainsi avec ma question "qui est à l'origine des tentations de l'homme, Dieu ou l'homme lui-même?" - question posée en référence à la contradiction apparente contenue dans l'épître de l'apôtre Jacques ( " Que nul, s'il est éprouvé, ne dise : c'est Dieu qui m'éprouve..."), dans le psaume 135 ainsi que dans certains extraits de l'Ancien Testament. Le Père Thaddée, à l'instar de presque tous les spirituels orthodoxes que j'ai connus, attache beaucoup d'importance à l'activité du monde spirituel qui nous entoure, en bien ou en mal. Il considère que l'état intérieur de l'homme, ce que l'on pourrait appeler "son activité spirituelle", attire et rend actives des forces spirituelles correspondantes.



Questions maudites.

Un jour je faisais avec le Père Thaddée le chemin reliant le monastère de Touman à l'ermitage de l'Ancien Zosime le Sinaïte qui selon la tradition avait vécu son ascèse en ce lieu, au XIV° siècle. Chemin faisant, nous parlions de diverses questions "entre ciel et terre". Pressentant que j'étais tourmenté par des "questions maudites" concernant l'origine du mal ou le fait de savoir pourquoi les justes souffraient alors que les pécheurs prenaient du plaisir, le Père Thaddée me dit que l'esprit humain n'est pas en mesure de comprendre ce qui le dépasse. Cependant si on peut comprendre quelque chose venant "de l'autre côté", alors cela ne peut être perçu que par un esprit humble et modeste. Il me cita à ce propos les paroles du Christ à Nicodème, dont le sens était : si l'on ne peut comprendre les choses terrestres, comment pourrait-on comprendre les choses célestes? " L'homme doit s'approcher de la sainteté pour que quelque chose lui soit révélé." Ainsi, par exemple, saint Nil le Myroblite, qui a vécu au XVII° siècle, a-t-il eu la révélation que l'Antéchrist naîtrait au sein du peuple juif et de façon surnaturelle d'une vierge ( nous dirions aujourd'hui qu'il pourrait s'agir d'une forme d'insémination artificielle - remarque de V.J.). Saint Nil a également prédit que l'image de l'Antéchrist serait accessible à tous sous la forme d'une image parlante, ce qui ressemble à ce qu'on voit sur les écrans de télévision. Il serait doux comme un agneau, il attirerait beaucoup de gens jusqu'au moment où il arriverait au pouvoir. Il prédit aussi que les cardinaux se dresseraient contre le pape et que les fraternités monastiques disparaîtraient car les conditions de la vie monastique se dégraderaient. Dès son séjour sur la Sainte Montagne, saint Nil avait perçu des penchants matérialistes chez certains moines, comme la volonté de posséder ou la tendance à se critiquer mutuellement. Or la vieille règle monastique est bien connue : quoi que ton frère moine fasse, n'y accorde pas d'attention car ce n'est pas à toi de lui faire des observations ou de le critiquer.



"Il y a beaucoup de demeures dans la Maison du Père."

Les paroles du Christ : " Il y a beaucoup de demeures dans la Maison du Père" signifient, selon le Père Thaddée, qu'il existe dans l'univers des êtres ayant des degrés divers de maturité spirituelle. " Il ne faut pas penser que certains de ces êtres ne sont pas en mesure de se matérialiser, d'apparaître ainsi devant nous et de nous enseigner des vérités spirituelles. Bien entendu il existe aussi des êtres démoniaques avec des degrés divers de nuisance. C'est à l'homme, en tant qu'être libre, de choisir et de décider. Ce à quoi l'homme réfléchit et la manière dont il le fait, tout cela provoque des vibrations dans l'univers; il attire ou repousse des êtres invisibles par sa manière de réfléchir et l'intensité de ses pensées. Le cosmos est une énorme centrale de pensées. Nous devons être remplis de bonnes pensées afin de ne pas laisser de place aux mauvaises. Après le Christ, les êtres démoniaques ne sont pas en mesure de faire mal au Ciel, il ne leur reste que la terre et l'homme. Ces êtres démoniaques agissent sur l'homme non seulement directement mais aussi indirectement, parfois même par l'intermédiaire d'un défunt qui est prêt à servir de relai en vue d'une action démoniaque sur un homme vivant. J'ai rencontré de tels cas au cours de mon expérience monastique."



La crise du monachisme.

Le Père Thaddée m'a raconté que quand il se préparait à devenir moine, on lui avait dit qu'il avait des dispositions idéales pour cela et qu'on lui conseillait de les mettre en pratique au monastère de moines russes, dont certains directement issus du fameux monastère d'Optino en Russie et cela eut une influence déterminante sur sa décision de devenir moine. Aujourd'hui le monachisme est partout en recul, pense le Père Thaddée, en particulier en Serbie, car on a laissé passer une occasion exceptionnelle dans l'entre-deux-guerres pour augmenter la pratique religieuse dans le pays, à l'inverse de ce qui a été fait en Roumanie où aujourd'hui même les communistes font baptiser leurs enfants. Au lieu de se consacrer à leur sacerdoce, certains prêtres (serbes) s'occupaient de politique, montrant ainsi un mauvais exemple au peuple.



" Une période sombre."

Un jour où je faisais part au Père Thaddée des changements de plus en plus rapides de mes dispositions spirituelles, il fit la comparaison avec l'approche d'une armée ennemie quand les escarmouches deviennent de plus en plus violentes. Mais quand surgit "une période sombre", le plus important est de refuser toute proposition. En effet, si on accepte une seule fois une proposition des forces négatives, s'enclenche une lutte susceptible de se transformer en un long combat à l'issue incertaine. Mais si on rejette la proposition, la lutte n'a pas lieu, les forces négatives se retirent et on a acquis une expérience. " Les périodes sombres" surviennent à cause de nos lacunes ou parce que Dieu a permis que nous puissions acquérir de l'expérience. Comment pourrions-nous comprendre les malheurs des autres si nous-mêmes n'avons pas, à certains moments, subi des épreuves? Plus la détresse est grande, plus nous comprenons que nous ne pouvons rien sans Dieu. En particulier, il est impossible d'obtenir une paix durable de l'âme, d'accéder à la joie et à l'épanouissement intérieur en l'absence de Dieu. L'homme est un être qui a profondément chuté, et aucune loi n'a été en mesure de le sauver; il a fallu que Dieu Lui-même descende sur terre et nous laisse pour toujours le Christ qui nous montre la voie du salut.



La lutte contre la colère.

Comment lutter contre la colère? Le Père Thaddée aborda de lui-même cette question comme s'il avait deviné que c'était là un problème que je voulais aborder avec lui. Il me cita l'exemple de deux moines de la Sainte Montagne qui avaient dû pendant quatorze ans combattre la tentation de la colère. Un jour le Christ apparut à l'un d'eux et lui dit que l'on vient à bout de cette tentation en renonçant à exprimer ses désirs et sa volonté. Le Père Thaddée dit alors que nous nous mettons en colère soit parce que nos désirs ne sont pas exaucés soit parce que nous pensons être au-dessus de celui qui est la cible de notre colère. " En cessant de me présenter devant les autres comme un juge ou comme quelqu'un de supérieur, ma colère n'aura pas de raison d'être. Il en est de même en ce qui concerne nos tourments. Des pensées tourmentées provoquent un état chaotique chez les gens avec qui nous sommes en contact. Nous devons apprendre à maîtriser nos pensées, à y introduire de l'ordre; alors les pensées tourmentées des autres ne seront plus en mesure de nous nuire. Il faut faire l'apprentissage de l'humilité du Christ. Si nous sommes sur le point de rendre visite à quelqu'un tout en songeant que nous allons peut-être déranger cette personne, alors notre visite n'aura pas l'effet positif attendu car nous commençons notre entretien avec des pensées confuses qui exerceront une influence négative sur la personne visitée.

Il n'y a pas d'apaisement intérieur tant que le coeur ne se calme pas et ne commence pas à considérer les impressions extérieures sans parti pris. Un tel état n'est pas facile à acquérir et ne reflète nullement une insensibilité devant les douleurs et les souffrances des autres, mais seulement devant nos propres appétits, toujours de nature à susciter nos souffrances. Comment se priver soi-même tout en restant sensible aux douleurs des autres et du monde? En se consumant de l'intérieur.



L'histoire va à son terme.

L'histoire pourtant va à son terme. L'Apocalypse et le Jugement Dernier auraient déjà eu lieu depuis longtemps si les prières sincères des croyants n'avaient pas fait reculer cette échéance. Une tradition rapporte que le VI° siècle avait déjà été un moment critique, du point de vue de la possibilité de la fin du monde. A cette époque les prières des croyants avaient différé la fin. Plus le temps s'écoulera, moins il y aura de chrétiens véritables, moins il y aura de prières ferventes et moins il y aura de possibilités de différer davantage la fin. La vague d'incroyance contemporaine n'épargnera aucun Etat.

Toute la civilisation actuelle consiste à dissuader les hommes, notamment les plus jeunes, à faire de l'introspection, à se pencher sur leur coeur et ses valeurs véritables. La culture d'inspiration matérielle le détourne d'une telle perspective, en lui proposant sans cesse des distractions et des préoccupations extérieures. Ainsi les valeurs spirituelles finissent-elles par s'affaiblir.



L'état de l'âme au moment de la mort.

L'Ancien Testament enseigne que l'état de l'âme revêt une importance essentielle au moment de la mort. Le repentir de l'âme, tel celui du larron au Golgotha, quels qu'aient été les méfaits commis dans l'existence, trouve directement son chemin dans l'éternité, parmi les esprits dont la perfection spirituelle correspond au niveau de repentir du larron du Golgotha. Le Père Thaddée n'est pas enclin à "mesurer les âmes", fût-ce sur les poids de la balance de l'archange Michel. " L'âme qui, après avoir fait de bonnes actions dans l'existence, s'est détachée du Bien, même peu de temps avant la mort, ne peut "espérer" un état de béatitude de l'autre côté. De même n'est-il pas bon qu'une âme insuffisamment purifiée meure pendant le sommeil, car son "film" se déroulera le plus souvent de façon négative de sorte qu'elle quittera ce monde avec ces images négatives."





XXIII

TOUT REMETTRE ENTRE LES MAINS DE DIEU*



A l'automne 1981, le Père Thaddée s'établit au monastère de Vitovnica, situé à la sortie du village du même nom, qui est d'ailleurs son village natal. Il ne s'est pas étendu sur les raisons de ce changement lors de notre première visite dans ce nouveau monastère. Il paraît content de son sort et en bonne forme physique. Quand je l'interroge sur sa santé, le Père Thaddée répond en utilisant la même expression que feu le starets Théoctiste du monastère de Studenica, qui avait répondu jadis au Père Thaddée : " Dans ma jeunesse, j'ai subi beaucoup d'attaques, aujourd'hui je rumine."



Tout provient de la pensée.

Le Père Thaddée dit que tout provient de la pensée, ses variations et ses instabilités. Les pensées négatives qui apparaissent à tout le monde doivent être écartées sans délai, car si elles s'insinuent dans le coeur, elles se saisissent des sentiments et se mélangent à eux, devenant plus dangereuses et plus difficiles à écarter. Si la volonté finit par s'y joindre, la libre décision de l'homme de maintenir et de cultiver en lui un tel mélange de pensées négatives, voire de le transformer en action, le péché s'avère très fortement ancré et devient d'autant plus difficile à éliminer. Le Père Thaddée se mit ensuite à me parler de lui. Petit garçon, il avait compris que quand il jouait d'une certaine façon et que diverses pensées et préoccupations venaient occuper son esprit, il ne jouait pas bien et le jeu ne lui apportait pas de satisfaction. Dès cette époque, il avait décidé que, plus tard, il orienterait ses pensées dans une seule direction, c'est-à-dire celle qu'il avait choisie. Une telle expérience et une telle décision allaient l'aider de façon inattendue quand il devint novice au monastère de Miljkovo.



Le don de la prière de Jésus.

Peu après son arrivée au monastère, l'un des nombreux moines russes qui setrouvaient là sous la direction du grand père spirituel qu'était l'higoumène Ambroise, homme "plein d'amour", lui expliqua en termes simples ce que signifie "la prière de Jésus". Il commença alors à la pratiquer et, au bout d'une période relativement brève, il vécut en union avec elle; elle ne cessait d'agir en lui, quelles que soient les tâches qu'il effectuait. Il n'eut même pas conscience de la grâce qu'il avait reçue.

Lorsque le père Ambroise mourut encore relativement jeune et que commença la discussion douloureuse sur le choix de son successeur, à laquelle lui-même fut mêlé, il perdit soudain le don de la prière continue, du seul fait que les préoccupations concernant le choix du successeur s'étaient aussi emparées de lui-même.



L'âme quitte le corps.

Un jour il y a de nombreuses années, alors qu'il faisait son ascèse avec le père Romain, spirituel bon et expérimenté, il eut un choc physique extraordinaire, apparemment sans raison : il éprouva alors très fortement l'impression que son âme était en train de quitter son corps. Il parvint très ému à supplier le père Romain de faire des prières pour lui, afin que son âme demeure dans le corps pour qu'il ait le temps de se repentir. En vérité, il fut capable de constater sur lui-même les effets de la prière du père Romain. Dès que l'intensité de la prière de ce dernier faiblissait, le danger que l'âme quitte le corps augmentait, et il ne cessait de le supplier de prier encore plus intensément. C'est ainsi qu'il resta en vie.



Tout remettre entre les mains de Dieu.

A deux reprises encore, il y a de nombreuses années, alors qu'il était le père spirituel du monastère du patriarcat de Pec, il eut à éprouver deux chocs nerveux violents où il tremblait de tout son corps, en proie à une grande peur et à une faiblesse générale. Il prit alors conscience qu'il devait changer son mode de vie et vivre avec le moins de soucis possible, en particulier à propos de lui-même. Il comprit que, tous, nous prenons exagérément soin de nous-mêmes et que seul l'homme entièrement confiant dans la volonté divine est en mesure de se sentir léger, joyeux et paisible. Par la suite il s'efforça toujours de tout remettre entre les mains du Seigneur.

" L'orgueil est un grand vice humain. A quoi peut-on le reconnaître? A la suite des insultes faites par autrui et à nos réactions face à ces insultes. Chaque fois que nous nous sentons offensés par des insultes, quand quelqu'un nous a dit ou fait quelque chose qui ne nous plaît pas, que cette personne ait raison ou non, nous nous trouvons sous l'emprise de l'orgueil."



XXIV

AU MAL ON NE PEUT ET ON NE DOIT PAS

REPONDRE PAR LE MAL *



(*) : ( Synthèse, écrite par le Dr. Vladeta Jerotic, des entretiens qu'il a eus avec le starets Thaddée au monastère de Vitovnica en mars 1987, et publiée dans son livre Entretiens spirituels, 3° éd., Belgrade, Zlatousti, 2001. Les sous-titres ne sont pas de l'auteur.).



Le Père Thaddée a soixante-treize ans. Je ne remarque sur lui aucun changement : il est doux, joyeux, le même avec tous, accessible, accueillant, réservé, en un mot un chrétien tel qu'on imagine qu'il doit être. En présence du père S., un prêtre alerte, originaire de la localité de G., et de son épouse, magnifique chrétienne pleine de sérénité et de compréhension, le Père Thaddée parle de la vivacité des réactions du coeur humain, en fait de l'orgueil des hommes qui peut être atténué alors que l'âme n'apparaît humble devant le Seigneur qu'à travers des malheurs et des souffrances. Il évoque ensuite deux situations où Dieu enlève des enfants aux parents : soit quand l'enfant est sur le point de devenir un grand malfaiteur, soit quand après la perte d'un enfant bon et doux ses parents décident d'emprunter une voie chrétienne, voire un chemin chrétien encore plus juste ( le père S. et son épouse ont perdu un enfant).

Considérant son propre exemple, le Père Thaddée dit qu'il a eu une santé fragile toute sa vie et qu'il n'a commencé à se sentir mieux que récemment, au moment où il s'est sincèrement réconcilié avec la mort. Il a alors senti que l'inquiétude qui tourmentait ses organes internes et qui lui causait beaucoup de douleurs avait cessé et que son organisme commençait à se régénérer. " Ce n'est que maintenant que je m'aperçois que tout ce que j'avais considéré auparavant comme de grands malheurs et tourments était en réalité une manifestation de la grâce"...



C'est l'homme, et non Dieu, qui ne s'accorde pas le pardon.

Garder en mémoire le péché qui a été commis ne signifie pas que ce péché n'est pas pardonné. En garder la mémoire ne correspond qu'à un rappel périodique destiné à ne pas retomber dans l'orgueil. En fait, c'est l'homme, et non Dieu, qui ne s'accorde pas le pardon, toujours du fait de son orgueil. Le signe le plus fiable que le péché a été pardonné se trouve dans le fait qu'il ne se renouvelle pas et que l'homme jouit de la paix de l'âme. La manière dont nous vivons les dernires années de notre vie n'est pas du tout insignifiante. Mener une existence agréable à Dieu dans les années de vieillesse permet d'annuler les péchés de jeunesse.



L'idée de la réincarnation, une illusion démoniaque.

L'idée de la réincarnation a été imposée aux peuples d'Asie de la part des esprits subalternes de la hiérarchie céleste. Ainsi a-t-on empêché l'arrivée du Christ en Asie, car à quoi servirait l'arrivée du Christ comme Sauveur dans le monde si la réincarnation existait! L'illusion de la soi-disant redécouverte de lieux connus et d'hommes rencontrés dans des vies antérieures peut s'expliquer par les "pérégrinations" de notre esprit pendant le sommeil qui est susceptible de laisser en nous des images qui peuvent ou non reprendre vie après de nombreuses années.

***

Des non-chrétiens qui ont mené une existence honnête et pieuse seront accueillis par Dieu après leur mort ( le Père Thaddée cite le cas de l'archange Raphaël dans le livre apocryphe de Tobie).



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" Il existe des hommes qui, dès leur naissance, se montrent humbles, doux et bons. Il s'agit là d'une grâce reçue de Dieu. Mais il y a dans le monde beaucoup plus d'hommes au tempérament vif et entêté, qui sont obligés de passer par de nombreux malheurs, mais qui, après avoir vaincu le mal en eux-mêmes, reçoivent la joie comme une merveilleuse récompense divine."



Rien ne rebute l'homme joyeux car il est plein d'amour.

" Une foi puissante appelle inévitablement et exige la prière, et la prière pratiquée intensément durant des années engendre assurément l'amour. Le but de la vie humaine n'est rien d'autre que de purifier son coeur afin qu'il éclate de joie. La prière du coeur mène ainsi à la joie du coeur. Et rien ne rebute l'homme joyeux car il est plein d'amour.



"N'offensez pas vos parents et ne leur faites pas de chagrin! Vous ne vous sentirez pas bien vous-mêmes si vos parents sont fâchés contre vous et ont du chagrin à cause de vous. Vous serez alors conduits à mener une guerre longue et inutile avec vous-mêmes, en pensant que vous la faites avec eux. Aujourd'hui encore, j'éprouve du chagrin d'avoir pensé pendant des années que mon père ne voulait pas suffisamment faire attention à ses enfants. Je lui ai reproché de s'être remarié après la mort de notre mère et d'avoir eu deux enfants avec son épouse; puis je lui ai aussi reproché de s'être marié une troisième fois après la mort de sa deuxième femme. Or, il s'était marié pour avoir une épouse à la maison, pour prendre soin des enfants. A cause de ce conflit mental avec mon père, je fus pendant des années incapable de progresser spirituellement. De même, si vos parents sont athées alors que vous êtes croyant, ne cherchez pas à les provoquer ou les irriter avec votre foi, mais priez plutôt pour eux et soyez doux avec eux. Ne parlez pas de religion. Il n'y a pas d'athées parmi les hommes. En effet, tout homme n'aime-t-il pas vivre et tout homme ne recherche-t-il pas l'amour et le bien? Or qu'est-ce que la vie, l'amour et le bien sinon Dieu?"



Si nous tenons notre esprit en éveil et notre coeur

fermement ancré dans la foi, le diable n'aura pas accès à nous.

Saint Jean Chrysostome enseigne que tout mal procède de nous-mêmes, avant de provenir du diable. Si nous tenons notre esprit en éveil et notre coeur fermement ancré dans la foi, le diable n'aura pas accès à nous. Le diable ne vient qu'à la rencontre de nos propres mauvaises pensées. C'est quand nous sommes jaloux, en colère ou quand nous haïssons quelqu'un de façon fréquente ou prolongée que nous ouvrons de nous-mêmes l'accès de notre être au diable. Il se met alors à alimenter nos péchés et nous ne sommes plus en mesure de nous en libérer facilement. Il nous arrive de nous abîmer tellement dans le péché qu'il devient notre seconde nature; dans une telle situation, seul Dieu peut nous sauver de nous-mêmes comme du diable.



Toute la nature est mystérieuse car Dieu y est présent en tout.

Toute la nature est mystérieuse, des plantes aux oiseaux et aux hommes car Dieu y est présent en tout. Il ne soulève un peu le rideau des mystères qu'à celui qui L'aime d'un amour véritable, c'est-à-dire d'abord aux coeurs purs. Dieu correspond à une énergie incompréhensible, tout comme l'homme porte en lui une énergie incompréhensible. Quand ces deux énergies se trouvent en harmonie, quel paradis déjà ici sur cette terre, quelle joie et quel amour universel!



Seuls la douceur et l'amour apportent le salut à l'homme et au monde entier.

Seuls la douceur et l'amour apportent le salut à l'homme et au monde entier. Rien n'a jamais pu être obtenu par la violence. La force ne suscite que la résistance et la haine. N'en est-il pas ainsi au sein d'une famille, d'une grande communauté et dans l'Etat lui-même? Le starets Ambroise, auprès de qui j'ai vécu comme jeune moine au monastère de Miljkovo, était un higoumène extraordinairement doux. Il ne punissait jamais personne. Parmi la trentaine de moines, essentiellement russes, il y avait des personnalités très diverses; l'un d'entre nous avait l'habitude de s'éloigner de temps en temps du monastère, passant sept jours à s'enivrer avant de reprendre sa place au sein de la communauté. Même lui ne se voyait jamais puni.



Le peupe russe a sauvegardé sa foi.

L'Orthodoxie russe revêt quelque chose d'un peu trop visible : il peut ainsi arriver que des voix de basse, voire certains choeurs, soient un peu trop démonstratifs. Comme la Russie des tsars se sentait très puissante, l'Orthodoxie revêtait parfois dans les classes supérieures un éclat apparent un peu creux. Aujourd'hui l'Orthodoxie russe est infiniment plus profonde car elle est plus intérieure qu'extérieure. Le peuple russe a sauvegardé sa foi. Aujourd'hui encore, il peut arriver que, lors des Liturgies célébrées en Russie, on accorde trop d'importance au chant, mais le peuple n'y fait pas attention car il est en prière. Il apparaît ainsi que ce ne sont pas les hauts dignitaires de l'Eglise qui ont préservé la foi orthodoxe, mais le simple peuple.



Au mal on ne peut et on ne doit pas répondre par le mal.

Nous avons aussi soulevé la question de la guerre récente entre Serbes et Croates ainsi que l'assassinat de personnes innocentes commis de part et d'autre. Le Père Thaddée commence par dire que l'incitation explicite ou implicite pendant de longues années de la haine d'un peuple contre un autre ressemblait de plus en plus ouvertement à un appel fait aux Serbes de se venger des crimes commis par les Oustachis (1) au cours de la Deuxième guerre mondiale.

(1) : ( Collaborateurs des Nazis. ( NdT).).

Sachant qu'ils étaient coupables, de nombreux Croates craignant des actes de vengeance, s'étaient procuré des armes en se préparant non seulement à se défendre mais aussi à passer à l'attaque. De telles réactions sont habituelles chez ceux qui sont coupables et se sentent effrayés, mais tout se déroule toujours en fait conformément au dessein de la Providence divine. " Les victimes innocentes sont la semence du repentir et d'une vie plus pure de ceux qui restent. La leçon à tirer de ces événements terribles est aussi toujours la même : au mal on ne peut et on ne doit pas répondre par le mal. Leurs conséquences sont toujours impossibles à voir. Une seule mauvaise pensée d'un homme est de nature à nuire à lui-même ainsi qu'à son entourage. Si au mal on ne répond pas par le bien, nous offensons et attristons le Christ Lui-même." A ce propos le Père Thaddée me raconte un rêve qu'il a fait récemment. Il se trouvait dans une grande église où il s'apprêtait à baiser les icônes. Soudain devant une icône du Christ, Jésus Lui-même apparut en pleurs. A la question de savoir pourquoi Il pleurait, Jésus répondit que c'était à cause des hommes qui répondaient au mal par le mal.





XXV

SUR QUELQUES SUJETS DIFFICILES *



(*) : ( Extraits d'un entretien du Dr. Vladeta Jerotic avec le starets Thaddée au monastère de Vitovnica en 1994, publié dans son livre Entretiens spirituels, 3° éd., Belgrade, Zlatousti, 2001).



Le Père Thaddée est âgé de quatre-vingts ans. Il y a dix-sept ans que je viens le voir pour avoir des entretiens avec lui et prier. Quand je vois le Père Thaddée venir à ma rencontre lors de mon arrivée au monastère de Vitovnica, il me semble que rien n'a changé en lui depuis notre première entrevue au monastère de Touman, il y a dix-sept ans. Il m'embrasse sur le front et m'adresse un sourire désarmant et démuni de tout formalisme superficiel ou mesquin. Les questions que je pose à ce merveilleux spirituel orthodoxe, qui sont parfois maladroites et pesantes, ne connaissent pas de fin. Il est vrai que j'ai lu dans les écrits d'un saint chrétien que nos questions sur Dieu, l'immortalité, le perfectionnement continu, ne connaissent pas de fin et qu'elles se poursuivent "de l'autre côté" quand nous franchissons de nouvelles étapes de développement "de gloire en gloire". Sans jamais me faire d'observations au sujet de mes questions, sans aucun commentaire ironique, le Père Thaddée répond ardemment aux questions, sans hésitation ni réflexion supplémentaire, comme s'il s'y attendait. Cela m'insufflait du courage ( ou fortifiait mon insolence?) pour poser des questions de plus en plus "difficiles " auxquelles j'obtenais des réponses qui allaient m'apaiser; certaines réponses étaient confidentielles, d'autres le restaient pour un certain temps. Voici quelques-unes de ces "questions-réponses" qui datent de cette année 1994 si vite passée.



Les paroles du Christ : " Chaque cheveu sur la tête vous est compté" sont-elles adressées aux seuls Apôtres ou à tous les hommes?

Ces paroles s'adressent à tous les hommes. Elles ne sont pas en contradiction avec la libre volonté de l'homme. L'homme se voit donner la possibilité de se perfectionner et c'est de sa décision libre que dépend le fait de savoir s'il assurera son salut ou non. La perfection cachée se trouve dans chaque cheveu dénombré.



Comment interprétez-vous les paroles du Christ : " Je ne prie pas pour le monde mais pour ceux que mon Père m'a envoyés?"

Le Christ a prononcé ces paroles à la veille de subir Sa Passion, quand Sa prière la plus importante est une prière à Dieu pour ceux qui doivent répandre Son enseignement à travers le monde entier : c'étaient les Apôtres, en vérité des hommes que Dieu Lui avait envoyés.



Comment interpréter ces paroles du Christ tirées de l'Evangile de jean (14, 28) : " Car mon Père est plus grand que Moi?"

Bien qu'Il fût parfait et Dieu-homme, le Christ a prononcé ces paroles comme un homme accompli au-dessus duquel se trouve Dieu.



Comment distinguer l'action des démons des "voix" de notre conscience ( bonnes et mauvaises)?

Il faut faire la distinction entre les communications des "voix" transmises par l'intelligence ou par l'ouïe. Le message transmis par l'ouïe vient de nous-mêmes alors que le premier type de message est spirituel mais il peut provenir de bons esprits aussi bien que d'esprits démoniaques.



Comment résoudre le différend sur l'égalité ( Origène) ou l'inégalité (Denys l'Aréopagite) au sein de la hierarchie céleste originelle?

Les esprits ont été à l'origine conçus comme égaux mais avec la possibilité de se perfectionner, un tel perfectionnement dépendant de la liberté de la volonté.



Qu'entend-on par "état intermédiaire" des défunts et quel est son rapport avec l'idée du "purgatoire"?

Les âmes qui se sont endormies dans l'espérance de la résurrection mais ont connu la chute lors de l'épreuve des péages, espèrent que les prières de la Sainte Eglise et de leurs parents proches feront que le Seigneur les libérera des chaînes des caractéristiques infernales dont elles n'avaient pas réussi à s'affranchir au cours de leur existence terrestre.



Peut-on oser parler de la Sainte Mère de Dieu comme de la "Mère de l'Eglise"?

La Très Sainte Mère de Dieu a été élevée au-dessus de toutes les créatures et jugée digne d'être la Mère du Sauveur du monde. Par ailleurs l'Eglise est l'épouse du Christ Sauveur. Cela signifie que la Très Sainte Mère de Dieu est la Mère de l'épouse de Son Fils, la Sainte Eglise.



Qui est Yahvé? Pourquoi, dans l'Ancien Testament, est-il parfois si brutal dans le châtiment?

"Yahvé" est le nom de Dieu que les hommes de l'Ancien Testament utilisent dans leurs prières pour invoquer le Seigneur. Dieu est le bien absolu et il n'y a aucun mal en Lui. Le mal et la souffrance n'existent que chez les créatures raisonnables qui, du fait de leur orgueil, indiscipline, jalousie et méchanceté, se sont elles-mêmes éloignées de la bénédiction divine et de la plénitude absolue de la direction du Saint Esprit pour tomber dans des cogitations de bas niveau où elles s'abîment dans leurs pensées et leurs désirs. Le mal n'a pas été conçu. Le mal est un abus de confiance vis-à-vis du bien commis par des êtres raisonnables tombés dans des cogitations de bas niveau et dont les pensées et les désirs créent le chaos en eux- mêmes et dans leur entourage. Notre sagesse populaire dit : " On peut faire ce qu'on veut et comme on veut, mais pas autant qu'on veut", ou encore : " Une bonne action peut devenir mauvaise entre de mauvaises mains."



Y a-t-il une contradiction entre ce passage du psaume 139 où il est dit : "Seigneur, Tu me sondes et me connais", et cet extrait de l'Epître de Jacques (1, 13) : " Que nul, s'il est éprouvé, ne dise : " C'est Dieu qui m'éprouve...""?

Le saint apôtre Jacques a justement répondu que Dieu ne soumet personne à la tentation mais Il permet que la créature reprenne ses esprits, se libère du mal et revienne dans les bras de son Père pour y éprouver la joie de la vie.



***

J'ai posé cette même question à Enrico Joseph, célèbre compositeur serbe, homme de foi et excellent connaisseur de l'Ancien Testament - ou, comme il aime à le dire ( conjointement avec le Nouveau Testament), de l'Eternel Testament. Enrico Joseph m'a répondu ainsi : " Il faut d'abord analyser soigneusement la signification exacte du mot hébreu qu'on a traduit par "tentation". " Alors le rapport du croyant avec Dieu correspond au rapport de l'enfant avec son bon père. L'enfant, même inconsciemment, "tente " son père, et le père "tente" sciemment l'enfant afin de le rendre de plus en plus proche de lui et de son amour. Dieu, en fait, ne cesse de "craindre" la libre décision de l'homme : viendra-t-l à Lui et L'aimera-t-il ou s'éloignera-t-il de Lui, et même se dressera-t-il contre Lui?

conception vétérotestamentaire : Je vous jugerai dans l'état où je vous trouverai ( à l'heure de la mort) ? Que se passera-t-il si, après avoir été toute ma vie un bon chrétien, j'ai cessé de l'être à l'extrême fin de ma vie ( par exemple à cause de l'intoxiaction générale de l'organisme à la suite de produits en décomposition à l'origine d'une grave maladie)?

Seuls l'orgueil et le blasphème à l'encontre du Saint-Esprit à la veille de la mort sont de nature à conduire en enfer l'âme de celui qui a eu un comportement très juste tout au long de sa vie, tout comme un repentir sincère au moment de la mort et transforme souvent l'homme, le rendant de mauvaise humeur mais sans aller jusqu'à blasphémer ou murmurer contre Dieu, n'entraîne pas de lourdes conséquences sur l'esprit.



Que faut-il faire si, sur son lieu de travail, un chrétien entre souvent en conflit avec son supérieur et que, à son avis, ces conflits sont la conséquence objective du mauvais caractère du supérieur hiérarchique?

Il faut sans cesse garder à l'esprit que cet employé travaille conformément au désir et à la volonté de Dieu et que tout son travail n'est pas destiné au chef mais à Dieu. Quand cela lui sera clair, le travail se déroulera tranquillement et sans révolte car une telle révolte serait dirigée contre Dieu et non contre le chef hiérarchique.



Père Thaddée, vous dites qu'il ne faut pas se rendre dans un monastère sans la permission des parents. Saint Jean Climaque, cependant, écrit dans un passage de son Echelle : " Il vaut mieux infliger de la peine à ses parents qu'au Seigneur. Il nous a créés alors que les parents ont souvent abîmé leurs enfants bien-aimés et leur ont infligé des douleurs très longues?"

Il ne faut pas se rendre au monastère sans la permission des parents, car l'indiscipline constituerait une gêne considérable pour la période de noviciat au monastère du fait du chagrin ou de la colère des parents. Ce principe ne s'appplique pas aux parents athées qui s'opposent à Dieu. La recommandation de saint Jean Climaque concerne de tels parents, à une époque marquée par la progression de l'islam.





XXVI

LA CROIX QUI NOUS A ETE DONNEE,

NOUS DEVONS LA PORTER*



(*) : ( Entretien avec le starets Thaddée au monastère de Kovilj, lors de la fête des saints Cyrille et Méthode, le 11/24 mai 1998. Texte initialement publié dans la revue serbe Istina, 5-6, 2001, p. 189-200).



Après avoir commencé à réfléchir au sujet d ela personne qui allait être chargée de diriger le monastère (1), je fus amené à constater rapidement que mon coeur ne priait plus.

(1) : ( Il s'agit du monastère de Miljkovo où le choix du successeur du starets Ambroise, décédé en 1933, suscita des débats passionnés parmi les moines).

La joie et le silence subsistaient tout autour, mais à l'intérieur il n'y avait plus ni joie ni paix. J'avais conscience d ece que j'avais fait, mais que pouvais-je faire. Je n'étais plus en mesure de revenir en arrière; j'en avais le désir, mais pas la capacité. Alors les soucis commencèrent : qui allait être l'higoumène?



La croix qui nous a été donnée, nous devons la porter.

J'avais pensé que la joie et la paix de la prière du coeur allaient durer jusqu'à la fin de ma vie, mais cela fut bref, peut-être sept à huit mois. Plus tard la joie revint, mais ce réconfort dura à nouveau peu de temps. Le coeur priait mais brièvement car les soucis avaient fait leur apparition. C'est pourquoi la charge de père supérieur m'a toujours paru lourde; cela a toujours été un fardeau pour moi. Si je n'avais pas été aussi vulnérable devant ces préoccupations, la charge d'higoumène ne m'aurait pas paru aussi lourde : il suffit de donner un ordre à tel ou tel moine... mais une telle tâche m'a toujours été difficile.

Je subis alors une mise en garde du Seigneur mais fus à nouveau incapable d'agir comme il fallait. Après avoir à cinq reprises importuné les autres avec ma requête de mettre fin à mes fonctions d'higoumène et avoir été sur le point d'être nommé pour la sixième fois, je rêvai que je me trouvais devant le Seigneur qui me disait : " Pourquoi te rebelles-tu quand tu es dépourvu du sens de la discipline?" Et c'est alors qu'on me montra en rêve en quoi consistait mon indiscipline : chaque fois que j'étais nommé responsable d'un monastère, je ne cessais d'importuner les autres avec des suppliques afin d'être relevé de mes fonctions. Le Seigneur me dit alors : " Tout service qui vous a été donné doit être accompli avec beaucoup d'amour, avec ferveur et dévouement." Alors Il fit à trois reprises le signe de croix sur moi, de la tête aux pieds. Il portait sur Lui un épitrachélion et par-dessus l'omophorion, puis des parements par-dessus l'omophorion, puis encore un autre épitrachélion. Il enleva l'épitrachélion qui était sur Lui et me le donna. Cela signifie que cette croix que nous devons porter, nous devons la porter. Elle nous a été donnée.

Bien entendu, depuis cette époque, je me suis efforcé de trouver agréable ma charge d'higoumène, mais elle continue à être lourde pour moi.

Même après la mise en garde qui m'avait été faite, je fus amené à trois reprises à importuner les autres avec ma requête pour être relevé de mes fonctions; aujourd'hui encore, je ne sais quoi faire, j'ai tout simplement peur. Que Dieu me vienne en aide! Il est bon mais un jour Il finira par me dire : " Tu m'as suffisamment importuné, va maintenant en paix!"

En vérité, il n'est pas facile de vivre sur terre... Ce qui m'est particulièrement difficile, c'est que je ne suis pas en mesure d'assumer ma tâche au monastère avec beaucoup d'amour, beaucoup de joie car je travaille pour Dieu et non pour quelqu'un d'autre; mais voilà, cette tâche est toujours aussi difficile pour moi.



Si tu t'entraînes en permanence, Dieu ne le dédaignera pas.

Il n'est pas facile, pas facile du tout de revenir sur ses pas ( mentalement). Je ne cesse de souhaiter revenir à l'état où je me trouvais quand j'étais novice et je n'y arrive pas du tout. Je m'y efforce de tout coeur et m'y entraîne mais une pensée surgit et voici des préoccupations qui réapparaissent encore et toujours. Je m'entraîne donc en permanence et quand on s'entraîne en permanence, le Seigneur ne le dédaigne pas. Un jour Il te donnera des forces et la puissance de te libérer de tes préoccupations. Remets tes soucis à Dieu et abandonne-toi ainsi que ta famille proche, remets tout à Dieu.



Les chrétiens dans le siècle peuvent aussi pratiquer la prière de Jésus.

Un jeune homme de Banja Luka venait souvent me voir. Il pratiquait la prière de Jésus et ne cessait de prier de cette façon. Il avait un ami marié et père de famille qui n'était pas croyant tout en étant un homme bon. Un jour il lui dit :

" Pourquoi n'essaierais-tu pas d'utiliser la prière de Jésus, une prière mentale?

- Oui, mais comment faire?

- Voici comment : il suffit de prononcer la prière de Jésus, une prière mentale.

- Oui, mais comment?

- Il suffit de dire : " Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi!" Répète cela sans cesse!

- Oui, mais comment?

- De tout ton coeur!"

Il accepta de pratiquer la prière de Jésus de tout son coeur, tout en s'occupant de sa femme et de ses enfants. Il se livra entièrement à Dieu, de même que son épouse, ses enfants et toute son activité professionnelle. Il s'adonnait à son travail avec une énergie incroyable.

Un jour il vint me voir en compagnie de celui qui pratiquait depuis des années la prière de Jésus, mais qui n'avait pas encore eu le désir de recevoir le don gratuit de la grâce; il ne s'en sentait pas capable alors que son ami l'avait déjà accepté. Il me dit : " Père, mon ami m'a montré comment pratiquer la prière de Jésus, je l'ai accepté et remarque maintenant que mon coeur ne cesse de prier; une espèce de joie m'a illuminé; j'aime tous les hommes et nul ne peut m'offenser..."

" C'est bien, lui dis-je, il en sera ainsi aussi longtemps qu'une pensée, une préoccupation ne se sera pas emparée de toi. Tu t'es entièrement donné à Dieu avec toute ta famille, et tu travailles de tout ton coeur. Il en sera ainsi tant que ton attention sera centrée sur le Seigneur, sur la prière de Jésus et aussi longtemps que tu t'y consacreras de tout ton coeur et dans la mesure où tu sera capable, avec l'aide de Dieu, de te garder des préoccupations terrestres. Il en sera ainsi jusqu'à la fin de ta vie; tu vois le bonheur dans lequel tu vis maintenant." Puis il me dit : " Mon père, je me sens extrêmement bien maintenant!"



Nos désirs sont destructeurs; ils nous font vieillir spirituellement.

On vient de voir l'exemple d'un homme vivant dans le monde qui a accepté immédiatement la prière de Jésus de tout son coeur. Il s'est totalement livré au Seigneur, et Dieu lui a accordé le don gratuit de la grâce. A fortiori nous, moines, devons-nous agir ainsi, mais nos soucis et nos désirs viennent nous en empêcher. Comme le dit un dicton populaire : le vieillard ne vieillit pas d'un trop-plein d'années, mais d'un trop-plein de désirs. Nos désirs sont destructeurs. Il faut donc s'efforcer, ce qui n'est pas une grande difficulté, de prier Dieu, mais il faut s'y exercer de tout son coeur. Il faut se consacrer de tout son coeur à chaque tâche car alors Dieu est présent, et un jour, quand vous vous serez livrés entièrement à Dieu, vous verrez comment le Seigneur vous récompensera. Soudain vous entendrez à l'intérieur de vous-même que la prière se déroule seule, à son rythme, entraînant à sa suite une joie et une paix indicibles...

Comme je souhaiterais que le Seigneur me restitue ce qu'Il m'avait donné dans l'enfance, que je me libère de toute préoccupation et de toute difficulté. Mais maintenant que j'ai vieilli avec des préoccupations, il faut faire beaucoup plus d'efforts...



Toute occupation terrestre est affaire de dieu.

Puisque nous parlons de l'effet de la grâce sur la joie, pourriez-vous nous dire si la joie ressentie avant d'entreprendre un travail peut laisser pressentir que ce travail se passera bien? Peut-on ressentir de la joie avant de commencer un travail que nous souhaitons faire, au point que notre coeur tressaille d'allégresse?

Il faut conforter en nous l'idée que toute occupation terrestre est affaire de Dieu. Une telle pensée doit être ancrée en nous car si tel n'était pas le cas, le peu de joie que nous pourrions retirer de notre travail serait de nature purement matérielle ( le gain correspondant servant par exemple à couvrir les besoins quotidiens de la famille); il faut en fait graver dans notre esprit le fait que toute tâche effectuée sur cette terre est affaire de Dieu, quels que soient ceux qui l'ont initiée ou mise en oeuvre. Tout vient de la pensée, le bien comme le mal. Or le travail est aussi affaire de pensée : tout travail se conçoit d'abord mentalement en nous, à la suite de quoi nous fabriquons, avec l'aide de la matière, par exemple un objet ou un mécanisme.

Cela signifie que notre pensée, comme celle de Dieu, se réalise dans le temps et l'espace. Nous voyons tout autour du globe terrestre et dans le cosmos tout ce que Dieu a donné et que nous pouvons voir au télescope à l'infini à partir d'ici. Tout cela correspond à la pensée divine dans le temps et l'espace qui se déplace comme notre propre pensée puisque l'énergie divine et la vie divine se trouvent en nous, ce dont nous ne sommes pas conscients. L'énergie divine qui est en nous est à l'oeuvre et nous voyons comment notre pensée prend forme. Beaucoup de choses nous ont été révélées, mais il nous arrive de mal utiliser ce qui nous a été révélé par le Seigneur. Nous voyons combien la situation est difficile maintenant parce que nous avons fait un mauvais usage de la pensée qui devait nous aider à oeuvrer pour le bien et non pour le mal : les uns ses sont dressés contre les autres. Il faut donc avoir de la joie dans le travail et la conviction que toute occupation est affaire de Dieu et que nous travaillons pour Dieu et non pour les hommes. Tout Lui appartient; nous ne sommes qu'une oeuvre faite de Sa main et en nous réside la force divine dont la puissance est à l'oeuvre. Mais nous abusons de cette énergie divine qui est en nous, comme en abusent les esprits qui ont chuté par jalousie envers Dieu.



Nous sommes petits mais nous pouvons devenir un grand bien ou un grand mal : tout dépend de nos pensées.

L'être limité n'est pas infini; il est limité, nos pensées sont limitées, tout est limité, les anges et les saints sont des êtres limités; seul Dieu est infini. Seul Dieu est tout-puissant, comme la grâce divine qui protège les anges et les saints des actions négatives des esprits mauvais. Voyez-vous, nos pensées sont une force énorme qui influence tout, non seulement autour du globe terrestre mais aussi dans le cosmos. Nous ne sommes qu'une petite unité, mais nous pouvons devenir un grand bien ou un grand mal, tout dépend de nos pensées et de nos désirs. Voyez ce que nos pensées et nos désirs ont provoqué autour du globe terrestre! La situation est si difficile que personne ne se trouve en paix et en repos; même dans la famille proprement dite, il n'y a pas de paix... Cela signifie que par nos pensées et nos mauvais désirs, nous avons fabriqué une atmosphère insupportable autour du globe. Il importe maintenant que nous nous transformions puisque l'énergie divine est en nous; il faut que nous changions, que nous nous affranchissions des pensées négatives et que notre être se mette à émettre le bien. Voilà que tout se transforme autour de nous, la nature se transforme et non seulement les hommes, cela est incroyable...



Celui qui est avec le Seigneur, le Seigneur aussi est avec lui.

L'histoire du peuple hébreu dans l'Ancien Testament montre comment le Seigneur a vaincu une force énorme avec très peu de moyens humains. Il y avait vingt-cinq mille guerriers prêts à attaquer l'Egypte en passant par Israël. Ce dernier peuple se préparait à affronter les agresseurs et avait rassemblé une armée importante. Mais le Seigneur dit à Samuel : " Vous avez rassemblé trop d'hommes. Après le repas, donnez-leur à boire de l'eau, mettez à part ceux qui prendront l'eau à deux mains et ne faites pas attention à ceux qui s'accroupissent pour boire comme des bêtes." Il resta donc seulement trois cents hommes. Le Seigneur dit alors : " C'est avec eux que vous irez au combat!"

" Mais comment pourrons-nous faire avec trois cents contre vingt-cinq mille? - Cela sera facile, mettez-vous seulement en route..."

Et avec trois cents soldats ils furent vainqueurs.

Il en fut de même avec les Hébreux qui partaient faire la guerre; chaque fois qu'ils s'éloignaient du Seigneur, ils étaient décimés par les Philistins. Les Philistins étaient toujours un fléau pour eux. Quand le Seigneur les conduisit d'Egypte en Terre promise, Il leur ordonna d'expulser les autres peuples afin qu'ils ne soient pas unis à ces autres peuples et ne deviennent pas polythéistes à nouveau; mais le Seigneur ne permit pas que les Philistins soient détruits.



...

Nous devons nous efforcer d'être nobles et généreux.

Merci à Dieu parce que notre Seigneur est Amour, tout Amour, un amour infini. Nous tous sur cette terre voyons que sans amour il n'y a pas de vie et nous attendons tous de nos proches qu'ils nous manifestent de l'attention et de l'amour, mais nous nous comportons mal envers ceux qui nous sont le plus proches. Cela signifie qu'il nous faut réfléchir car notre existence est trop courte et il faut donc nous efforcer d'être nobles et généreux.



Nos pensées sont une force énorme.

La perfection de la vie chrétienne, comme l'affirment tous les Saints Pères, est l'humilité extrême. L'humilité extrême signifie la perfection de la vie humaine. Toute âme humble et douce nourrit des pensées paisibles et tranquilles, pleines d'amour et de bonté, qui irradient non seulement les êtres vivants mais aussi les choses. Nos pensées représentent une énergie énorme en nous et c'est pourquoi notre existence est à l'image des pensées qui nous occupent.

Nos pensées exercent une influence non seulement sur nous-mêmes mais aussi sur ce qui nous entoure : si nos pensées sont paisibles et tranquilles, elles ont une influence bénéfique sur le système nerveux de tous les êtres raisonnables vivants, mais aussi sur les animaux et les plantes. Le monde végétal ressent nos pensées. J'ai été impressionné de voir que nombre d'études ont déjà établi que le monde végétal ressent nos pensées et attend que nous fassions preuve à son égard d'attention et d'amour.

Or l'amour, c'est Dieu. En faisant preuve d'amour dans la vie quotidienne, nous faisons appel au Seigneur. Il est la puissance et la force, et Il est le seul en mesure de répondre aux sentiments des anges, des saints et de nous tous qui sur terre Le recherchons de tout notre coeur. Il est le seul à répondre à notre amour. Sans Dieu, qui est amour, il est impossible de vivre.



Si nous ne nous unissons pas à la Source de vie,

il n'y a pas de vie pour nous.

On voit ce qu'est notre vie sur cette terre. Si nous ne nous unissons pas à la Source de vie, il n'y a pas de vie pour nous : quelles que soient nos consolations terrestres, quelles que soient nos bonnes conditions d'existence, tout alors est souffrance pour l'esprit. Seul l'amour est en mesure d'apporter la joie ou la consolation à tous. Nous devons offrir notre coeur à quelqu'un, car sans amour la vie n'est pas possible. Mais quelles que soient les personnes à qui nous offrons notre vie sur cette terre, qu'il s'agisse de nos parents, frère, soeur, épouse ou mari, tous sont susceptibles de nous dédaigner et de nous rejeter. Pourquoi? Parce que tous sont limités dans le temps et l'espace. Ce qui est limité dans le temps et l'espace n'est pas en mesure de nous offrir l'infini, mais seulement le fini; or nous sommes en quête de l'infini. S'agissant de l'amour, nous aspirons à ce qu'il ne change jamais mais dure éternellement, ce qu'on ne peut obtenir des êtres limités, mais seulement de Dieu. Dieu est un être infini, il embrasse tout. Il est le seul dont la puissance et la force sont en mesure de nous donner ce dont notre âme a besoin et exige. Tous, nous recherchons la vie, ce qui signifie que nous recherchons l'amour; or l'amour qui existe sur terre est limité. Tout ce qui est limité ne peut nous contenter; or, bien que nous soyons des êtres petits, nous sommes en quête de l'infini, de l'immuable. Seul Dieu, qui assouvit le coeur des anges et des saints, répond aux attentes de notre coeur. Que nous Le respections ou non, Il ne Se dissocie pas de la vie, Il est Celui qui déclenche la vie et qui vit au centre de tout être vivant, dans son coeur.



Ici sur terre nous pouvons nous transformer

si nous nous repentons de toutes nos mauvaises actions et pensées.

Nous aurons à répondre de notre comportement et de notre façon de penser sur cette terre, car le Seigneur Lui-même a dit que chacun devra rendre compte de ses paroles. Notre parole, c'est notre pensée. La parole, c'est la pensée exprimée en mots. Quand j'étais jeune, je ne savais pas qu'on ne s'entretient pas avec les anges et les saints comme nous parlons les uns avec les autres. Les anges sont des forces spirituelles, et ils nous parlent en pensées. Il nous semble qu'ils s'expriment comme des êtres humains, mais nous ne les entendons pas avec notre ouïe : les pensées des anges et des saints qui s'adressent à nous, résonnent dans notre esprit. Ce qu'ils nous disent nous paraît clair car nous ne sommes pas seulement des êtres de chair mais aussi des êtres de pensée; c'est pourquoi nous devons faire attention aux pensées, à notre appareil mental, et à ce que notre être émette toujours la paix, le silence, l'amour et le bien.



Corrigeons-nous tant qu'il y a du temps pour nous repentir.

Nous recueillons sur cette terre le fruit de nos pensées et de nos désirs. Si nos désirs sont de mauvais désirs et nos pensées de mauvaises pensées, on ne peut en attendre de bons fruits. L'ensemble du genre humain récolte le fruit de ses pensées et de ses désirs. Le Seigneur s'est interrogé à propos de Sa seconde venue : " Trouverai-je de la foi?" Aussi comme notre existence terrestre est courte, il faut nous efforcer de purifier nos traits de caractère car c'est avec ces caractéristiques qu'on se transporte dans l'éternité. Ici, il nous est possible de nous transformer en nous repentant de toutes nos mauvaises actions, et mauvaises pensées, mais après le passage dans l'éternité, notre âme n'est plus autorisée à prier pour elle. Je l'ignorais moi-même, mais il m'est arrivé d'avoir la sensation que le terme de mon existence était arrivé et que je n'avais plus le droit de prier pour moi; les autres avaient la possibilité de prier pour moi, mais je n'en avais plus le droit car le délai fixé pour mon repentir avait expiré.

Vous voyez comme c'est difficile quand on passe dans l'éternité... En passant dans l'éternité, nous ne cesserons pas de prier, mais nous ne pourrons plus le faire pour nous; seuls nos proches seront en mesure de le faire. Quand nous approchons de la fin de notre existence et que nous allons passer dans l'éternité, nos prières, bien que faites sur cette terre, sont prises en considération par le Seigneur. Si nous souhaitons du bien à nos proches dans nos prières, elles se trouvent exaucées, mais nous ne disposons plus de temps pour nous-mêmes; le délai pour nous repentir est révolu. L'état où je me trouve devant le Seigneur sera celui dans lequel je serai jugé.

C'est pourquoi, au moment de passer dans l'éternité, tous ceux qui nous sont chers attendent que nous fassions preuve de miséricorde à leur égard et que nous priions pour eux car le Seigneur entend nos prières quand nous les Lui adressons de tout notre coeur bien que nous soyons des pécheurs, de grands pécheurs. Le Seigneur regarde dans les coeurs, et si nous nous adressons de tout notre coeur à Lui qui est le Dieu du coeur, Il est présent. Bien entendu, Il est prêt à répondre aux prières de toute créature pécheresse, mais Il attend que nous nous corrigions tant que le temps nous est accordé pour le repentir.



Tant que nous sommes ici en vie,

il faut prier le Seigneur afin de nous unir à lui par le coeur.

C'est pourquoi, mes bien-aimés, nous devons éprouver de la joie que notre Dieu soit le Dieu de l'amour. Or, l'amour véritable ne peut être ressenti que par celui qui a reçu le don gratuit de la grâce déjà ici sur la terre. Celui qui a reçu de Dieu le don gratuit de la miséricorde peut comprendre l'état où se trouvent les anges et les saints, car celui qui a reçu du Seigneur le don gratuit de la grâce est conduit par le Saint-Esprit, à l'instar des anges et des saints. Cet homme reçoit ainsi une grâce et une joie indicibles. Quelle grande joie pour l'âme! Il n'existe plus de pensée ni de désir liés à ce monde; on se trouve alors dans un état étrange : une paix incroyable, une joie incroyablement grande, un amour indicible; il n'existe plus rien sur cette terre qui soit en mesure de nous offenser...

Aussi tant que nous sommes encore ici en vie, devons-nous prier sans cesse le Seigneur afin de nous unir à Lui par le coeur, et de Le rechercher sans cesse de tout notre coeur. De nombreux Saints Pères ont expliqué comment il fallait prier, comment il fallait témoigner de notre ferveur, mais nous avons besoin d'un exemple vivant : il nous faut voir comment les autres prient, et recevoir des conseils, car des exemples vivants sont beaucoup plus parlants que les mots.



Tout est à Dieu,

aussi faut-il s'en remettre entièrement à Dieu pour tout.

Toute occupation faite sur cette terre et dans l'éternité est affaire de de Dieu, une tâche divine ; mais nous abordons habituellement tout travail avec réserve. Or si on aborde un travail avec réserve, cela signifie qu'on ne se livre pas de tout son être à Dieu afin de Le servir comme les anges et les saints.

Nos propres limites montrent que nous ne sommes pas unis à l'éternité, qui est sans limites, ce qui bien entendu ne nous place pas dans une position confortable; il importe pourtant que nous fassions des efforts, sachant que toute occupation faite sur cette terre et dans l'éternité est affaire de Dieu.

Celui qui nous confie un travail et en assume la direction répondra lui-même devant Dieu à la question de savoir s'il est consciencieux dans l'exercice de sa charge. Nous devons obéir à ses instructions et effectuer notre travail comme il faut et avec tout notre coeur, comme si nous le faisions pour Dieu. Il faut donc nous entraîner à faire chaque travail de tout notre coeur. Chaque tâche doit être faite avec coeur, chaque pensée doit être conçue avec coeur, chaque parole dite avec coeur. Ainsi le fait de travailler avec coeur signifie qu'on travaille pour Dieu, qu'on n'éprouve pas de réserve vis-à-vis de quoi que ce soit, mais qu'on est conscient que Dieu est présent partout et donc aussi en nous. Tout est à Lui, aussi faut-il s'en remettre entièrement à Lui et de tout coeur.

Si nous nous sommes exercés à travailler avec coeur, alors nous n'avons pas besoin de nous exercer à prier parce que pour nous, le travail se fait avec coeur, la pensée est conçue avec coeur et la prière vient du coeur. On voit ainsi que chacun de nous peut y arriver et donner de lui-même. Il n'est pas nécessaire de faire un effort particulier : il suffit de s'entraîner à penser que le Seigneur est présent partout, y compris dans notre coeur, car Il est le Dieu du coeur. Celui qui est Source de vie se trouve toujours au centre de la vie et il importe de Le rechercher de tout notre coeur.

Quand nous nous serons exercés ainsi, alors nos pensées seront toujours paisibles, douces, humbles et auront une influence bienfaisante sur le système nerveux des êtres raisonnables et du monde animal et végétal. Les pensées paisibles et tranquilles sont toujours pleines d'amour et de bonté.

Nous devons faire de tels efforts parce que notre Dieu est le Dieu de l'amour et qu'il faut nous unir à Lui de tout coeur; alors Il sera Celui qui apporte l'amour à nous-mêmes comme à nos proches. Avec Dieu, nous serons en mesure de faire rayonner la paix, le silence, l'amour et la bonté et nous serons appréciés par tous. Pourquoi? Parce que nos pensées sont pleines d'amour... De tels rayons mentaux exercent une influence agréable sur tout le monde.

Il n'est pas nécessaire de dire des phrases ni de faire des discours quand on se sent bien en présence d'un être raisonnable au comportement modeste, humble, plein d'amour et de bonté. Cette personne n'a pas besoin de dire un mot, elle irradie en permanence; c'est comme si après avoir pris froid on était entré dans un milieu agréable et apaisant dont la chaleur nous réchauffe. On voit ainsi ce que signifie le fait d'avoir de bonnes pensées et des intentions pleines d'amour et de bonté. C'est pourquoi je vous souhaite à tous d'avoir la paix et la joie divines...



Quand l'âme apaisée s'en remet entièrement au Seigneur,

elle se libère des préoccupations terrestres.

Dans ma jeunesse, je pensais que, après avoir reçu le don gratuit de la grâce, les Saints Pères le conservaient tout au long de leur vie. Cependant, en étudiant leurs oeuvres, je me suis rendu compte qu'il ne fallait pas s'y attendre car rares sont ceux qui ont eu cette grâce jusqu'à la fin de leur vie, comme le saint apôtre Paul et sainte Marie l'Egyptienne qui avaient beaucoup péché dans leur existence avant de se repentir.

C'est après avoir compris à quel point ils avaient péché contre le Seigneur, que ces saints ont considéré qu'il n'y avait personne sur terre qui eût péché autant qu'eux. Un tel constat conduit à l'humilité. Souvent les Saints Pères affirment qu'ils se sentent plus pécheurs même que les esprits déchus. Il s'agit d'une humilité extrême, qui correspond à la perfection de la vie chrétienne. Quand l'âme est apaisée, quand elle s'abandonne complètement au Seigneur, elle se libère des préoccupations terrestres car la prière a besoin d'une vie absolument dégagée de tout souci. Quand elle s'est libérée absolument des préoccupations terrestres et qu'elle s'est donnée entièrement à Dieu, alors seulement le Seigneur accorde le don gratuit de la grâce. Il n'est pas possible d'y arriver autrement.



L'état d'esprit de ceux qui reçoivent le don gratuit de la grâce est celui des anges et des saints.

En 1932, je me rendis dans un monastère car je pensais que je ne vivrais pas plus de cinq ans, comme me l'avaient dit les médecins. Dieu merci, on m'envoya au monastère de Miljkovo où vivaient une trentaine de moines russes.

Il y avait beaucoup d'âmes pieuses qui m'enseignèrent la prière de Jésus. On me donna des chapelets à faire en me disant de répéter ces simples mots : " Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur!"

Comme je pensais qu'il ne me restait que cinq années à vivre, je passais mon temps à prier. C'est ainsi que, un jour, j'entendis que la prière de Jésus se poursuivait sans cesse en moi-même. Une espèce de joie m'enveloppait, une joie indicible et une sorte d epaix. C'était incroyable!J'étais étonné d'être devenu un autre homme. Je ne savais pas ce qui se passait en moi. Tout était paisible, tranquille, plein de bonté, et une joie incroyable régnait! Je voyais que personne ne pouvait plus m'amener à lui dire : " Tu m'importunes, je vais te régler ton compte!" Un tel état d'esprit, seul le Seigneur peut l'accorder! Tel est l'état d'esprit des anges et des saints.

L'état d'esprit de ceux qui reçoivent le don gratuit de la grâce est celui des anges et des saints, car l'âme est alors guidée par le Saint-Esprit et ne s etrouve plus sous l'emprise des pensées de ce monde... Cela signifie que le Saint Esprit a alors illuminé l'âme toute entière, et il n'existe plus rien de négatif en elle.



Le merveilleux père Ambroise était tout amour,

comme son Seigneur.

Cette atmosphère paisible se prolongea au monastère jusqu'au lendemain de la mort du bienheureux Père archimandrite Ambroise. Notre communauté monastique, qui comptait trente Russes et six Serbes, commença à chanceler du fait de dissensions au sujet du choix du nouvel higoumène. Le sccesseur naturel était le Père Isaac, qui avait été novice au monastère d'Optino en Russie, aux côtés de l'archimandrite Ambroise. Ce dernier était plein d'amour, de bonté et de sérénité, mais il était souvent confronté à des difficultés : il était souvent, en tant qu'higoumène, confronté à des attaques brutales, voire à des offenses. Je voyais alors qu'il venait à l'église toujours paisible et calme, mais le visage marqué par une tristesse extrême dont il ne parvenait pas à se libérer. Ce n'est qu'au bout d'un certain temps qu'il réussissait à effacer ce chagrin. A l'image du Seigneur, qui est tout amour et bonté, le père archimandrite était d'une bonté incroyable. Je ne l'ai jamais vu châtier quelqu'un, il pardonnait tout. Au monastère, il y avait des frères à qui il aurait fallu dire certaines choses, sinon infliger des punitions; or le Père Ambroise faisait comme si de rien n'était.

Le Père Maxime, qui est endormi dans le Seigneur et qui a vécu au monastère de Ravanica, était également un homme qu avait très bon coeur. Il m'a raconté qu'il avait vu en songe l'archimandrite Ambroise après la mort de ce dernier. Le Père Ambroise se trouvait dans une jolie clairière où il était assis sur un trône. Il dit au Père Maxime : " Comme tu le vois, ceux qui arrivent à cet endroit ont beaucoup enduré au cours de leur vie, ils ont vu beaucoup de malheurs et de souffrances, de tourments et de chagrins. Essaie d'en faire autant de ton côté!", lui dit-il.

Le Père Maxime s'est éteint il y a quelques années. Il avait appartenu au mouvement des Bogomoljci; toujours paisible et doux, on voyait sur lui qu'il avait reçu le don gratuit de la grâce. Il était toujours serein, bien qu'on ait souvent agi durement à son égard, mais il ne se mettait jamais en colère car la grâce divine recouvrait tout cela.

Cela signifie que rares sont les âmes qui reçoivent le don gratuit de la grâce, car il importe au préalable de se libérer de toutes les préoccupations et difficultés que l'on peut avoir, et de s'abandonner complètement à Dieu. Ce n'est que quand on a tout confié à Dieu que l'on peut espérer que le Seigneur aura pitié de nous et nous accordera le don gratuit de la grâce sous la conduite du Saint-Esprit. Alors se manifestent une paix et une joie indicibles...

Il en fut ainsi avec moi jusqu'au moment où je me mis, moi aussi, à penser comme les autres frères ( qui sera le prochain higoumène?).

Au bout d'une brève période, la communauté se disloqua. Sur les trente-six moines qui vivaient à Miljkovo, il n'en resta bientôt que onze...



XXVII

LE SEIGNEUR NOUS SAUVERA*



(*) : ( Texte publié initialement dans le périodique Svetigora, n° 85-86, Pentecôte 1999, p. 54-55. Entretien mené avec Zelijko Simonovic).



Svetigora : Très Révérend Père, bénissez d'abord s'il-vous-plaît cet entretien afin qu'il serve à l'instruction et à l'édification de tous ceux qui en prendront connaissance au cours de ce terrible conflit (2). Quel regard portez-vous sur ce qui se passe dans nos régions depuis deux mois?

(2) : (Les bombardements de l'OTAN sur la Serbie et le Monténégro ont duré 78 jours, du 24 mars au 10 juin 1999 (NdT).).

Que le Seigneur nous bénisse tous! A l'heure actuelle, tout notre peuple récolte le fruit de ses pensées et de ses désirs. Au cours des cinquante dernières années, on nous a infligé davantage de malheurs que durant cinq cents ans sous les Turcs, car nous nous sommes tournés vers le mal. Les mauvaises pensées et les mauvais désirs l'emportent chez tous. Et maintenant arrive le moment de cueillir le fruit du mal que tout le monde doit supporter. Cela signifie qu'on ne peut incriminer personne sinon essentiellement nous-mêmes. Nous n'avons pas réfléchi à ce que nous faisions, ce que nous pensions, à ce qui nous faisait agir, et voilà où nous en sommes!

Nos pensées sont une force et un pouvoir énormes. Mais les gens n'y réfléchissent pas. Or tout provient des pensées, en bien ou en mal. Notre vie est à l'image des pensées qui nous agitent. Le peuple qui s'est dressé contre nous, le Seigneur a permis qu'il en soit ainsi. En effet rien ne se produit ni sur terre ni au ciel ni dans toute l'étendue de l'éternité en dehors de la Providence et sans la permission du Seigneur. Nous sommes nous-mêmes les plus coupables des malheurs subis.

Il faut que nous reprenions nos esprits et revenions à nos anciennes traditions. Ce pays, cet Etat a été fondé par des hommes qui furent des saints. Comme nous sommes leurs descendants, il faut que nous prenions exemple sur eux. Il nous faut revenir sur un chemin de rectitude et de vérité, et le Seigneur nous protègera.



Père archimandrite, pensez-vous que tout ce qui nous assaille actuellement, toute cette misère dans le monde et cette crise économique, puisse être l'expression d'un combat spirituel, car nous savons que l'apôtre Paul a dit que les chrétiens devaient lutter contre les esprits sous les cieux?

L'organisation mondiale souterraine s'efforce d'unifier le monde à l'orée du XXI° siècle. Son but est de placer à la tête de tous les pays du monde un homme à eux. J'ai été surpris d'apprendre que l'Organisation des Nations Unies sert vraiment des visées démoniaques... Or Satan dispose d'une force et s'efforce d'oeuvrer en vue de l'unification du monde. Il se plaint de ne pas pouvoir arriver à ses fins à cause des orthodoxes. D'où la campagne contre les orthodoxes. L'Orthodoxie constitue une gêne, moins au sens physique qu'aux sens mental, intellectuel et spirituel. Bien que les orthodoxes se soient éloignés du bien, il existe toutefois parmi eux des âmes humbles et paisibles qui ne cessent de prier le Seigneur afin de s'opposer au mal. Et c'est pourquoi les esprits malins ne sont pas en mesure de réaliser leur dessein...



Comment voyez-vous le destin des orthodoxes et de l'Orthodoxie en général dans le monde?

Grâce à Dieu, l'Orthodoxie sera préservée jusqu'à la fin des temps. L'Orthodoxie subira beaucoup de persécutions mais le Seigneur nous sauvera. Le Seigneur Lui-même a dit que les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre Sa Sainte Eglise. C'est le Seigneur, le Saint Esprit, qui dirige l'Eglise, alors que nous croyons que ce sont des hommes qui en assument la direction... Si les hommes la dirigeaient, l'Eglise ne pourrait pas survivre, car tous les hommes sont pécheurs et ne cessent d'errer sur des chemins de traverse.





XXVIII

COMMENT LE CHRETIEN DOIT SE SAUVER

AU XXI° SIECLE *



Père, comment un chrétien peut-il se sauver au XXI° siècle?

Pendant qu'il est encore jeune, l'homme poursuit toutes sortes de souhaits; plus âgés, il ne se montre plus aussi intéressé que dans ses jeunes années. Dans ses jeunes années, l'homme vit dans le but d'apprendre sans cesse davantage; plus tard, il s'aperçoit qu'il s'agit d'une sorte de fardeau. Le mieux est de se garder dès sa jeunesse de causer du chagrin à autrui, dans toute la mesure du possible; car dès qu'on a causé du chagrin à autrui, on cesse d'être en paix avec sa conscience. Il vaut mieux vivre en paix que dans le tumulte.

C'est pourquoi tous les Saints Pères qui ont vécu une vie paisible et tranquille affirment que la perfection de la vie chrétienne, c'est l'humilité extrême. Cela signifie que la tolérance est ce qui est le plus nécessaire dans la vie. Endurer tout et pardonner, ne jamais prendre à coeur une insulte... Si on a offensé quelqu'un, si on a eu des mots durs envers quelqu'un, il faut aussitôt se repentir devant le Seigneur et se réconcilier. Quand on s'est réconcilié, des pensées pacifiques s'installent dans le coeur et il n'y a plus de conflit de pensée. Quand l'homme éprouve des pensées paisibles, alors son esprit fait de lui-même l'effort de ne pas avoir de conflit mental avec quiconque et n'adresse à autrui que des pensées paisibles. Quand nul ne se trouve affligé à cause de moi, alors tout est en paix en moi.

Comme le globe terrestre est devenu aujourd'hui petit pour les hommes! Auparavant, quand il n'y avait pas tous ces moyens de transport rapides, la terre était grande; aujourd'hui elle est petite, les nouvelles se propagent immédiatement d'un bout du monde à l'autre. Bientôt le cosmos lui-même deviendra petit pour les hommes. Il en est ainsi parce que l'homme est un être pensant, réfléchi. Lui-même l'ignore, mais pendant le sommeil, nous franchissons des étendues considérables, nous parcourons non seulement le globe terrestre mais aussi l'éternité; mais à notre réveil, faute de recul et de sang-froid, nous ne sommes pas capables de nous rappeler où nous avons été. Cependant, le Seigneur accorde à certaines âmes la force et le pouvoir de voir des choses étranges pendant le sommeil, de sorte que, à leur réveil, elles sont quasiment tristes de se réveiller, car elles ont vu trop de belles choses, ce qui rend leur vie quelque peu étriquée!

Pendant le sommeil, Dieu révèle à l'homme l'éternité, la félicité éternelle; c'est pourquoi nous devons être joyeux car la mort n'existe absolument pas. Le Seigneur a vaincu la mort et nous a donné la vie éternelle! Nous passons de cette existence éphémère à la vie éternelle qui n'a pas de fin. C'est pourquoi il faut passer de cette vie terrestre à l'éternité avec des caractéristiques personnelles nobles et généreuses car c'est avec ces traits de caractère que nous accéderons à l'éternité. Il importe que nous soyons paisibles, tranquilles, doux, modestes, pleins d'amour et de bonté et que ces caractéristiques irradient de nous. Nous savons en effet que le fait de nourrir de telles pensées sur cette terre confère la paix, le silence et la douceur alors que le poids des idées et des soucis supprime tout sentiment de paix dans notre vie.

C'est pourquoi il nous faut nous efforcer, avec l'aide de Dieu, de prier le Seigneur de nous laver de tout mal et de toute mauvaise pensée car notre vie est à l'image de nos pensées. Si les gens sont paisibles, tranquilles, doux et modestes, ils auront toujours en eux de bonnes pensées, de bonnes intentions et ils diffuseront leurs vertus mentales, car l'homme est un être qui possède une énergie mentale. Nous ne sommes pas conscients que nous existons grâce aux énergies divines, que Dieu est présent partout et qu'Il donne la vie à chaque créature. Aussi faut-il nous efforcer, tant que nous vivons cette existence terrestre, d'être paisibles, tranquilles, doux et pleins d'amour et de bonté; il faut tout faire pour garder toujours en nous de bonnes pensées, de bonnes intentions car elles nous donnent la paix et la tranquillité. C'est avec de telles pensées et de telles caractéristiques que nous entrons dans l'éternité et y demeurons ainsi : nous passons d'une puissance à une autre, d'une connaissance à une autre, tout comme les saints et les anges passent tous d'une puissance à une autre et se perfectionnent dans le bien... Mais indépendamment même de leurs caractéristiques personnelles, certains êtres sont malheureusement susceptibles de se perfectionner dans le mal car l'homme ne se fixe jamais en un point donné : nous nous déplaçons toujours vers le bien ou vers le mal, en fonction de notre caractère personnel que nous cherchons à perfectionner.



Père, comment les chrétiens peuvent-ils supporter les tentations de plus en plus fortes auxquelles ils sont confrontés dans la vie contemporaine?

Quels que soient les malheurs qui nous assaillent il ne faut pas désespérer : tout cela va passer, Dieu merci...

Il est vrai que la situation actuelle ets d eplus en plus difficile et que les gens continuent à ne pas s'améliorer et à ne pas se tourner vers le bien; leur condition devient de plus en plus dure car ils ne savent pas que les hommes sont des êtres dotés d'une énergie mentale et que les pensées qui nous agitent sur terre contribuent à créer une absence d'harmonie : ces mauvaises pensées nous empêchent d'avoir la paix, nous comme d'autres. Le monde tel qu'il est permet de faire vivre encore autant d'habitants qu'il y en a aujourd'hui, mais les gens ne trouvent pas la paix car leurs pensées favorisent l'absence d'harmonie, ce qui n'est pas une bonne chose comme nous le ressentons tous.

Si nous nous occupons de bonnes pensées et de bonnes intentions, ces pensées nous apportent la paix et la joie déjà en ce monde-ci, et a fortiori dans l'éternité; nous voyons alors que la mort n'existe pas, que la mort a été vaincue et nous a fait le don de la vie éternelle.





TABLE DES MATIERES



INTRODUCTION DE JEAN-CLAUDE LARCHET.....................

PREMIERE PARTIE : VIE......................................................

DEUXIEME PARTIE : ENSEIGNEMENTS, HOMELIES, ENTRETIENS.......................................................................

1. Comment vaincre le mal? Par l'amour!.........................

2. Le bon chemin du starets Thaddée...............................

3. La Centurie de Vitovnica................................................

4. Seul Dieu donne la paix à chaque créature...................

5. Repentons-nous afin de nous transformer!...................

6. La paix et la joie : les plus grandes richesses.................

7. Itinéraire monastique du starets Thaddée....................

8. Concentrons nos pensées dans la paix et le silence.......

9. Le starets Thaddée - une vie, de nombreux récits.........

10. L'homme apaisé considère l'autre comme supérieur à lui....................................................................................

11. Dieu veut faire de nous, les hommes, des dieux.........

12. L'humilité extrême, idéal de la vie chrétienne.............

13. Comment apprendre l'obéissance...............................

14. Sans Dieu la vie n'existe pas, car Dieu est amour........

15. La puissance des bonnes pensées................................

16 Merci à Dieu pour tout.................................................

17. Avec nos pensées nous créons l'harmonie

ou l'absence d'harmonie en toutes choses........................

18. Il faut consacrer au Seigneur chaque instant de notre vie......................................................................................

19. Dans la vie spirituelle tout est important,

rien n'est insignifiant........................................................

20. Sème l'amour et tu récolteras l'amour;

sème la paix et tu récolteras la paix!.................................

21. Il importe de se relever toujours

et de poursuivre son chemin vers Dieu.............................

22. Le perfectionnement spirituel ne connaît pas de fin...

23. Tout remettre entre les mains de Dieu........................

24. Au mal on ne peut et on ne doit pas répondre par le mal.....................................................................................

25. Sur quelques sujets difficiles........................................

26. La croix qui nous a été donnée, nous devons la porter................................................................................

27. Le Seigneur nous sauvera.

28. Comment le chrétien doit-il se sauver au XXI° siècle...





FIN



         

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