samedi 2 mai 2020
Vies des Saintes Femmes.
EXTRAIT
DU GRAND SYNAXAIRE
LES
SAINTES FEMMES
Extraits
choisis par l'Archimandrite Christodoulos N. Koyionis.
Editions
de la Fraternité des Théologiens du "Sauveur".
Athènes
2017.
Traduction,
sur le grec, de Presbytéra Anna.
Tous
droits réservés.
PROLOGUE
"
Combien étroite est la porte et combien pleine d'afflictions est la
voie qui mène à la vie, et combien peu sont ceux qui les trouvent!"
( Matth. 7, 14). Le chemin qui mène au Royaume des Cieux est rude et
monte âprement. La vie de sainteté comporte beaucoup de peine, elle
demande un combat de toute la vie, beaucoup de patience et
d'humilité. Il y faut une lutte continuelle avec l'ennemi implacable
de notre âme, le diable; une résistance stable et insistante à
l'esprit du monde, à l'environnement de la société dans lequel on
vit et dans laquelle l'on est élevé et qui exerce sur vous une
forte influence, bien qu'imperceptible. C'est, pour finir, une dure
lutte du fidèle contre la mauvaise partie de soi-même. On doit
combattre pour mortifier son moi pécheur, et, dans le même temps,
subir toute la difficile violence de cette mortification. C'est
pourquoi le Seigneur s'exclame : " Combien étroite est la
porte...!" Les saints sont les héros de l'esprit; ils incarnent
les figures les plus exceptionnelles de l'histoire humaine.
Celles qui
suscitent davantage encore notre admiration sont les femmes qui se
sont sanctifiées, elles, les "vases les plus fragiles" ( I
Pierre. 3, 7), mais qui montrèrent un courage spirituel viril et
admirable; qui aimèrent le Seigneur de toute leur âme et qui lui
vouèrent leur vie. Elles supportèrent les peines de l'ascèse ou
les souffrances du martyre et leur coeur a été empli de Dieu.
Leur
passage sur terre épancha richement le parfum précieux et vivifiant
du Saint Esprit. Leur exemple renvoie par delà les siècles une
riche lumière à notre société apostate assise "à 'ombre de
la mort" ( Matth. 4, 16); une lumière consolatrice, une lumière
qui emplit d'espérance et repose les âmes qui ont été éprouvées
dans les sentiers ténébreux du péché et qui se sont fatiguées à
chercher le vrai bonheur dans des lieux déserts.
Prions que
cette lumière illumine aussi les âmes des lecteurs de ce livre et
qu'elle fasse brûler en eux le désir de la sainteté.
Achimandrite
Christodoulos N. Koyionis.
LES
MARTYRES DE LA PIETE
"
C'est Toi, mon Epoux, que je
désire, et je lutte pour te chercher".
VIE
DE SAINTE DROSIS, ou DROSIDA,
la
fille de Trajan.
22
mars.
Durant
les années de dure persécution de l'empereur romain Trajan
(98-117), il y avait à Antioche cinq vertueuses vierges Chrétiennes.
Celles-ci,
sans prendre en considération leur vie - comme les autres femmes
myrrhophores - allaient en cachette la nuit sur les lieux de martyre
et elles rassemblaient les corps des saints martyrs défunts, pour
les enterrer en tout honneur et avec vénération.
Drosida,
qui était la fille de l'empereur persécuteur Trajan, participait
aussi avec ferveur à cette sainte oeuvre.
Bientôt
l'empereur fut informé que les corps étaient étrangement dérobés
et il ordonna que l'on se saisît des coupables. C'est ainsi qu'une
nuit des soldats en armes prirent sur le fait les six jeunes filles
et ils les emmenèrent pour être jugées.
Lorsque
l'empereur, au nombre des jeunes filles, vit sa propre fille, il en
fut fort surpris. Jamais il ne s'était attendu à ce que sa fille
lui fît subir une telle "honte". Il essaya de la dissuader
de s'adonner à pareille oeuvre. Mais ce fut peine perdue. Drosida
avait reçu par la céleste rosée rafraîchissante du Seigneur
Jésus-Christ (1).
(1)
: ( Il y a ici un jeu de mots entre "drosia" : "rosée"
et le nom de Drosida).
Le
Christ, tel un aimant puissant, l'avait magnétisée et rendue la
servante de son amour qui faisait tout son bonheur et lui donnait
l'allégresse.
Le
cruel tyran enferma un temps sa fille dans une chambre du palais
royal. Les cinq autres jeunes filles, il les jeta dans un chaudron
empli de cuivre bouillant. C'est par cet effroyable martyre qu'elles
achevèrent leur vie.
La
Tradition rapporte que l'empereur ordonna qu'avec ce mélange de
cuivre et d'ossements humains, l'on fabriquât des baignoires en
bronze destinées à des bains publics. Mais lorsque la fête de
l'inauguration de ces bains eut été brillamment célébrée, tous
les idolâtres qui osèrent entrer dans ce bâtiment tombèrent
morts.
L'empereur
indigné se tourna vers les prêtres des idoles pour qu'ils résolvent
ce problème. Et ceux-ci lui répondirent :
"
Ces morts funestes adviennent, dirent-ils, parce que ce bâtiment est
souillé. Car le bronze des baignoires est mêlé à des corps de
Chrétiens".
Alors
Trajan ordonna que l'on fonde ces baignoires et qu'avec ce métal
l'on fabriquât cinq statues à la semblance de ces vierges pures
pour outrager leur honneur.
Lorsque les
statues eurent été érigées sur la place du marché, Trajan vit en
rêve ces cinq vierges consacrées qui le réprimandaient et qui lui
annonçaient à l'avance la mort de sa fille.
Tremblant
de fureur, Trajan donna un ordre nouveau, qui manifestait plus
vivement encore sa colère. Il s'adressait à tous les Chrétiens,
disant : " Aux deux coins de la ville, j'ai allumé deux
fournaises. Vous tous qui êtes Chrétiens et vénérez le Crucifié,
ayez pitié de nous et délivrez-nous de nos peines, en allant seuls,
de vous-mêmes, vous jeter dans les fours, afin de vous éviter de
plus nombreux tourments."
Lorsqu'elle
entendit l'ordre de son père, la princesse Drosida tressaillit de
joie. Elle s'enfuit en cachette du palais-royal pour gagner le lieu
du martyre. Elle désirait parvenir au plus vite au Paradis, pour
s'unir à son Epoux Jésus Christ et revoir ses chères cinq amies
Martyres.
Peu de
jours après qu'elle eut été baptisée, elle s'endormit en paix du
sommeil de la mort. Et son âme libérée s'envola au Ciel, pour y
psalmodier éternellement avec les anges une toute harmonieuse
doxologie au Très-Saint Dieu-Trine.
Tropaire
de Sainte Drosida. Ton 4.
Abandonnant
l'impiété d'un père, ô vénérable, tu as couru vers le Seigneur,
le Roi de toutes choses, Christ notre Dieu. L'ayant pris pour Epoux,
avec une âme pure, tu as été menée, ô Drosis aux pensées
divines, vers la céleste chambre nuptiale. Intercède sans cesse
pour ceux qui t'honorent.
VIES DES
SAINTES AGAPIE (Amour), IRENE (Paix)
ET
CHIONIA (Neige) DE THESSALONIQUE.
(16
avril).
Au
choeur des glorieuses Saintes Martyres de l'Eglise primitive, - des
premiers temps du Christianisme-, appartiennent les trois soeurs
Agapie ( Amour), Irène (Paix) et Chionia ( Neige). Elles vecurent à
Thessalonique et furent martyrisées au temps du cruel persécuteur
Dioclétien (304). Il semble qu'elles aient été des membres actifs
d'une Fraternité de jeunes Chrétiens. Elles aimaient Jésus Christ
d'un vif amour et elles se plaisaient aussi à l'étude des Saintes
Ecritures et des ivres chrétiens.
Lorsque
Dioclétien, en février 303, proclama un édit qui interdisait
l'usage et la possession des Livres Saints et des textes chrétiens,
ces trois jeunes filles en cachèrent un grand nombre. Et pour
sauvegarder leur foi et ces écrits, elles se réfugièrent sur une
"haute montagne", près de Thessalonique, probablement
celle de Chortiati.
Elles
avaient achevé de mener là un an d'ascèse, lorsqu'un envoyé de
l'empereur découvrit les trois jeunes filles dans leur ermitage au
désert. Il se saisit d'elles et les emmena pour qu'elles fussent
jugées par Doulkitios, le gouverneur de Macédoine, à
Thessalonique. En même temps qu'Agapie, qu'Irène et que Chionia,
fut également jugé un groupe de quatre jeunes Chrétiens, Agathon,
Cassia, Philippa et Eutychia.
L'officier
de police, Cassandre, les conduisit tous à son maître, avec ce chef
d'accusation, selon lequel "ils refusaient de manger les viandes
sacrifiées aux idoles." A en juger par cette accusation
pratique, qui nous a été conservée, nous pouvons admirer la
noblesse et la fermeté de ces jeunes gens. Bravant la mort pour
l'amour du Seigneur, ils donnèrent au tribunal des réponses qui
frappèrent l'auditoire. Le gouverneur Doulkitios, s'adressant à eux
tous, leur demanda avec indignation : " Quelle manie vous a
-t-elle donc pris de ne pas vouloir obéir à l'ordre de nos
empereurs aimés des dieux? Pourquoi ne mangez-vous pas des viandes
sacrifiées aux idoles?"
Agathon
répondit le premier, laconiquement : " Je suis Chrétien".
Agapie poursuivit sans crainte : " Je crois au Dieu vivant et je
ne veux pas tourmenter ma conscience." Irène et Chionia, elles
aussi, firent à leur tour de nobles réponses :
-
Je n'obéis pas à tes ordres, ô empereur. Pour l'amour du Seigneur,
je resterai fidèle à mon Dieu.
-
Je crois au Dieu vivant et je ne ferai pas cela.
L'éparque
peinait en vain. Jamais il n'aurait cru pouvoir être vaincu par de
si jeunes gens. Couvert de honte et furieux, il répartit : "
Quant à Agapie et à Chionia, pour ce qu'elles sont impies,
n'obéissent pas au décret divin, et suivent l'indigne religion,
pourrie et haïssable des Chrétiens, j'ordonne qu'elles soient
jetées au feu. Que les autres aillent en prison.
Agapie et
Chionia, les deux soeurs aînées, gagnèrent les premières la
glorieuse couronne de la victoire qu'est le Martyre... Le jour
suivant, l'on découvrit dans la maison d'Irène les livres
interdits, des manuscrits de la Sainte Ecriture et d'autres. Il y
avait là une bibliothèque chrétienne tout entière.
De là
s'ensuivit une nouvelle séance de jugement au tribunal. Et une
nouvelle défense admirable prononcée par la petite Irène.
-
Qui t'a conseillé de garder ces textes et ces divers parchemins?
-
Dieu Tout-Puissant, qui a demandé que nous l'aimions jusqu'à la
mort.
-
Qui savait qu'ils se trouvaient dans la maison que tu habitais?
-
Personne d'autre ne voit ce qui est secret que Dieu Tout-Puissant,
seul, qui connaît toutes choses.
-
L'année passée, où vous êtes-vous cachées?
-
Là où Dieu l'a voulu, dans les montagnes, au grand air.
-
Chez qui alliez-vous?
-
Nous demeurions dehors, en plein air, et nous allions de montagne en
montagne.
-
Qui vous donnait du pain?
-
Dieu, qui en donne à tous.
Seu un
coeur épris de Dieu et un esprit illuminé par l'Esprit de sainteté
peut parler ainsi. Irène était dotée des deux ensemble. Son
caractère ferme comme le diamant et la noblesse de son tempérament
exaspérèrent Doulkitios, qui ordonna aussitôt que l'on mît le feu
aux saints livres. Quant à elle, sur l'ordre du gouverneur, on
l'enferma dans un lieu de débauche. En ce moment difficile, Dieu
Tout-Puissant affermit Irène d'une Grâce divine toute spéciale et
la protégea de Son invisible Présence. Le rayonnement de la sagesse
que renvoyait la vénérable figure de la sainte paralysa aussitôt
les hommes pervers aux noirs desseins qui se trouvaient là. Nul
d'entre eux n'osa approcher cette sainte jeune fille.¨ Le
gouverneur, rendu furieux par cette nouvelle, ordonna qu'on la jetât
au feu vivante. Au lieu où, quelques jours auparavant, avaient été
martyrisées ses soeurs Agapie et Chionia, là même Irène, au
milieu des flammes, rendit paisiblement gloire à Dieu, et remit sa
sainte âme à son Divin Epoux et Seigneur. Les germes de l'Evangile,
qu'avait proclamé l'Apôtre Paul, deux siècles plus tôt, avaient
produit leur fruit.
De
pieux fidèles de Thessalonique recueilirent les restes des saintes
reliques de ces trois Saintes Vierges Martyres, et les ensevelirent
dans la partie occidentale de la ville, près des murailles. A cet
endroit, selon des témoignages anciens, s'éleva par la suite une
église de style basilical, consacrée à la mémoire de ces Saintes.
A une
époque où s'effondrent les valeurs morales, et où la plupart des
jeunes vivent sans orientation spirituelle ni exemples de pureté,
ces trois jeunes filles du troisième siècle, Agapie, Irène et
Chionia de Thessalonique, nous émeuvent, nous transportent d'
enthousiasme et nous affirment : " Combien a de force la vie de
pureté et de sagesse, nous revêtant de la force du Christ! Et cela
vaut pour toute époque. Oui, cette vie, la vie chrétienne est la
plus belle, celle qui donne le plus de joie en Christ, et c'est celle
qui vaut le plus d'être vécue...
Que se
réjouissent donc les jeunes de notre pays. Qu'ils n'aient crainte.
Ils ne sont pas seuls. Ils ont Dieu avec eux. Auprès d'eux se trouve
aussi un choeur de jeunes Saintes Femmes Martyres, qui prient pour
eux, leur portent un vif amour et les affermissent.
TROPAIRE
DES SAINTES AGAPIE, IRENE ET
CHIONIA.
Vous
qui étiez soeurs, jeunes filles à l'esprit céleste, c'est d'une
même pensée que vous avez mené le bon combat de la piété, et que
vous avez défait l'ennemi tout Malin, ô toi, vénérable Chionia,
avec toi, Agapie, la divine et toi, Irène, la bienheureuse. Et
maintenant que vous contemplez le Christ, demandez-lui de prendre nos
âmes en pitié.
VIE
DE SAINTE POLYCHRONIA
23
avril
Parmi
les vénérables femmes se distinguent aussi de saintes mères, qui
furent jugées dignes d'élever leurs enfants de l'éducation du
Christ et de leur inspirer de devenir Martyrs et Confesseurs de notre
Foi.
Le
23 avril, notre Sainte Eglise, en même temps que le glorieux Saint
Mégalomartyr Georges le Tropaiophore, fête aussi sa Sainte mère
Martyre, Sainte Polychronia. Polychronia! Femme issue d'une célèbre
famille d'archontes de Cappadoce, originaire de Lydda (Diospolis) en
Palestine, elle ne se laissa pas éblouir par ses richesses
terrestres, ni n'aima les vanités de ce monde corruptible. Elle
s'unit du lien familial au sénateur Gérondios le Stratilate, qui
fut tout d'abord idolâtre.
Leur petit
enfant, Polychronia le baptisa en secret dans un monastère d'Arménie
et le prénomma Georges, à l'époque où commençait à souffler
fortement le vent de la cruelle persécution de Dioclétien.
Ses
devoirs chrétiens, cette fidèle épouse et cette pieuse mère s'en
acquittait avec exactitude et intelligence. Son âme était emplie
d'un profond amour pour Dieu. Elle étudiait les Saintes Ecritures,
priait avec une foi puissante, jeûnait... Par sa bonté et sa
douceur, elle réussit à faire s'approcher son mari idolâtre de la
paix du Christ. Ainsi, lui aussi, au bout de peu de temps, se tourna
vers le Christianisme.
Un peu
plus tard, le Seigneur rappela Gérondios auprès de lui, laissant
aux mains de sa fidèle épouse leur fils Georges, âgé d'à peine
dix ans alors.
La
douloureuse veuve Polychronia continua désormais, avec plus de soin
et d'application encore, à instiller dans l'âme de son fils unique
et bien-aimé le céleste enseignement de la foi chrétienne. Elle
dessinait en lui, avec le ciseau de sculpteur de l'Esprit de
Sainteté, un caractère empreint de sincérité et d'intégrité. Et
plus les années passaient, plus elle avait ce désir pour son fils :
que ne se corrompe pas la noblesse de son âme, que ne se perde pas
sa foi, qu'il ne se laisse pas entraîner par le courant d'apostasie
de son époque. Et tandis que, durant les veilles de la nuit, elle
lui prodiguait ses conseils spirituels, elle lui présentait
parallèlement le fort modèle de vie d'une mère Chrétienne qui
aime d'un grand et véritable amour, qui sait chapîtrer tendrement,
soutenir en vérité, édifier en être responsable, et se sacrifier
pour autrui. Polychronia regardait son fils et elle se réjouissait,
glorifiant Dieu, pour ce qu'au printemps de sa vie fleurissaient en
lui d'abondance de riches vertus. Il était beau, bon, gentil, noble
d'âme, possédant en nombre d'enviables charismes admirables.
Tout cela
le fit bientôt remarquer pour son excellence et lui fit s'attirer la
bienveillance de Dioclétien. A l'âge de dix-huit ans Georges fut
promu au rang non seulement de Tribun mais même de Duc et de
capitaine d'infanterie d'un bataillon de la cour impériale. De par
son noble et vénérable mode de vie Chrétien, il mena à la foi
chrétienne onze officiers supérieurs ainsi que l'impératrice
Alexandra, femme de Dioclétien, avec trois de ses serviteurs.
Tout cela
bien sûr ne manqua pas d'exciter la colère du cruel tyran. Alors
commencèrent les procès et les tourments, qui durèrent plus de
deux ans. Durant tout ce temps, sa mère, Polychronia, se tenait
secrètement auprès de Georges. Les discours enflammés qu'elle lui
tenait l'encourageaient à ne pas flancher. Et sa piété envers Dieu
l'émouvait, l'influençait, et l'affermissait dans sa foi. Aussi
longtemps qu'il fut dans de sombres prisons et que durèrent les
supplices de son martyre, sa fidèle mère Polychronia se souciait
qu'il pût communier aux Saints Mystères, qui constituaient la
divine nourriture de son fils...
Cependant
ses alleées et venues furent remarquées. Le terrible persécuteur
Dioclétien la vit de ses yeux et il s'enquit : " Quelle est
cette femme audacieuse? Que veut-elle? Quel rôle joue-t-elle?"
Polychronia fut livrée aux juges et, sans trembler, rompit
l'embarras de l'empereur : " On m'appelle Polychronia",
dit-elle, "et je suis Chrétienne, tout comme mon fils Georges.
C'est en vain que tu crois le châtier. Car la vérité est qu'il est
couronné d'une grande gloire par le Christ, notre Roi."
Cette
courte confession de foi suffit à ce que l'on se saisît de la
fidèle Polychronia et qu'on lui infligeât de cruels tourments. On
la suspendit à un poteau de bois. On lui déchira les chairs avec
des lames de fer, au point de faire apparaître ses entrailles. Puis
les iniques, avec des lampes allumées mirent le feu à ses plaies
ouvertes. Après quoi ils lui mirent aux pieds des semelles de plomb
chauffées à blanc. Et elle, noble, héroïque, souffrait le tout
sans broncher, supportait, tenait bon, priant et se réjouissant.
Jusqu'à l'instant, au grand instant suprême, où son âme s'envola
librement vers son unique amour, le Seigneur Jésus-Christ. Elle fut
martyrisée le même jour que celui où fut consommé le martyre de
son fils.
Georges,
avant qu'il ne rende son âme au Seigneur, avait donné ordre à son
fidèle serviteur Pasicrate de l'ensevelir avec sa mère à Lydda en
Palestine. C'est en ces lieux qu'ils reposèrent avec bonheur côte à
côte, mère et fils, jusqu'à l'époque des Croisades, à laquelle
les Latins s'emparèrent des vénérables reliques de Sainte
Polychronia et les transférèrent en Occident.
Tout pieux
pélerin s'en venant vénérer les monuments chrétiens et les
églises de cette Cappadoce si féconde en Saints, demeure stupéfait
à la vue des fresques et des icônes qui peignent le martyre de
Saint Georges le Tropaiophore et de sa mère Polychronia.
Puissent,
par les intercessions de Sainte Poychronia, paraître de nos jours
des mères qui non seulement enfanteront des enfants, mais qui les
feront renaître en Christ, et les entraîneront à devenir Saints.
TROPAIRE DE
SAINTE POLYCHRONIA. Ton 4.
Ayant
désiré la vie éternelle, ô vénérable, tu as méprisé les
choses corruptibles et les plaisirs de ce monde. Tu as aimé d'amour
le Christ. De là qu'avec ton fils Georges, le divin tropaiophore, ô
Polychronia, tu as pris part au Martyre. C'est pourquoi nous
t'honorons pour ta foi bienheureuse.
VIE
DE SAINTE GLYKERIA
13
mai
La
Sainte Martyre Glykéria appartient au choeur des Martyrs à la belle
victoire de notre Sainte Eglise du deuxième siècle. Elle venait de
Trajanopolis. L'empereur de cette époque était alors Antonin le
Pieux ( 138-161) et l'administrateur de la région, Sabin. Le père
de la Sainte avait nom Macaire. Glykéria, depuis son plus jeune âge,
aimait le Christ, et elle avait "développé une intense
activité chrétienne et missionnaire." Ce fut là un prétexte
suffisant pour qu'elle fût conduite au chef idolâtre de la région.
Courageusement
et sans crainte la jeune vierge Glykéria se tint devant le cruel
éparque, et après s'être signée du signe de la croix, elle
confessa fermement : " Je suis Chrétienne et je suis la
servante du Christ." Sabin voulut la contraindre à sacrifier
aux idoles. Celle-ci approcha les statues sans âme et adressa une
fervente prière au Seigneur. Elle acheva cette prière par ces mots
: " Jésus Christ, toi l'immaculé et l'innocent Agneau de Dieu,
viens à moi, ton humble servante : Foule aux pieds Zeus, ce démon,
qui fut fabriqué par les moyens des humains, et disperse au loin
leur funeste sacrifice." Aussitôt alors se fit entendre un
grondement de tonnerre et la statue de pierre de Zeus, s'écroulant à
terre, se brisa dans un grand bruit. Furieux dès lors, l'éparque,
accompagné des prêtres des idoles et de la foule des idolâtres qui
se trouvaient présents, tous, s'élancèrent sur la Sainte avec des
pierres pour la lapider, voulant la mettre à mort pour constituer un
exemple, parce qu'elle les couvrait publiquement de honte. Mais les
pierres n'atteignirent point ni ne touchèrent son saint corps. La
Sainte fut sauvée miraculeusement.
S'ensuivit
sa mise en prison. En ces moments difficiles, vint la fortifier la
visite du prêtre Philocrate, qui la bénit avec le signe de la
Croix.
Le
jour suivant, la Sainte fut conduite à l'éparque pour être jugée.
Sabin la menaça, affirmant que, si elle ne sacrifiait pas à Zeus,
elle serait mise à mort. La Sainte préféra la voie du Martyre.
On
la suspendit par les cheveux. On la frappa au visage et on lui
écorcha la tête. Cependant l'intervention et la présence
miraculeuse d'un ange paralysa l'action furieuse des bourreaux. La
Sainte emplie de Grâce et de force divine rendait grâces à Dieu...
Elle fut
alors de nouveau emprisonnée, mais dans des conditions plus dures
encore, sans nourriture ni boisson, en sorte qu'elle devait mourir
ainsi et s'éteindre seule dans sa prison, abandonnée à son triste
sort. Le Seigneur cependant n'abandonna pas Sa servante de
prédilection. Il la nourrissait chaque jour de pain et de lait. Et
il la rafraîchissait d'une eau pure, que venait lui porter un ange.
Cette nouvelle ébranla Sabin. Il la fit sortir de sa prison et la
contraignit à le suivre en une tournée qu'il faisait à Héraclée.
En cette ville la Sainte fut fortifiée par la communion d'âme
qu'elle eut avec les Chrétiens et par la bénédiction qu'elle reçut
de l'évêque Domitien.
Cependant
le Martyre de la Sainte n'était pas encore achevé. Ses bourreaux la
jetèrent à présent dans une fournaise incandescente. Mais avec
pour seule arme, à nouveau, le signe de la Vénérable Croix, et sa
prière fervente, elle fut, là encore, victorieuse. Une rosée
descendue du Ciel éteignit les violentes flammes. Ses bourreaux
épuisés et l'éparque vaincu par "les grands exploits que
réalisait la foi de la Sainte", résolurent une dernière fois
de la jeter dans une prison jonchée de pierres hérissées, où ils
lui attachèrent les mains et les pieds.
Cependant,
une nouvelle fois parut un Ange du Seigneur. Il coupa les liens de la
Martyre et guérit totalement ses plaies. Le gardien en charge
d'elle, Laodikios, ne la reconnut pas. Il craignit que sa prisonnière
ne se fût évadée; c'est pourquoi il s'apprêtait à se suicider.
Mais la Sainte lui cria : " C'est moi qui suis celle que tu
cherches. Ne te fais pas de mal." Le gardien de prison fut
baigné de Grâce divine. Il se mit à lui-même les liens de Sainte
Glykéria et il courut confesser sa foi en le Dieu des Chrétiens.
Aussitôt alors, il fut ordonné qu'il eût la tête tranchée. (Cet
ancien bourreau que fut Saint Laodikios est fêté avec Sainte
Glykéria).
S'ensuivit
la fin du Martyre de la Sainte. On la conduisit au stade pour que les
fauves la déchiquettent. Mais ce fut avec joie et dans la prière
d'action de grâces à Dieu que la Sainte entra sur le dernier de ses
lieux de sacrifice. Ce fut là qu'elle finit ses jours et qu'elle
rendit paisiblement son âme au Seigneur son Epoux.
Les
Chrétiens ensevelirent le corps de la Martyre à Héraclée de
Thrace aux côtés de l'évêque Domitien. On érigea sur sa tombe
"une belle église en son honneur". Il s'y accomplit de
nombreux miracles, par lesquels Dieu était magnifié et glorifié.
Sainte
Glykéria est la fierté des Femmes Martyres. Elle montra, par sa
fermeté toujours continuée dans ses martyres successifs, que la
nature féminine, - si faible qu'elle paraisse-, quand elle combat
avec le Seigneur Tout-Puissant Ressuscité, outrepasse les
habituelles mesures humaines et parvient à des cimes inégalées. La
Femme alors devient Sainte. C'est justement que son vénérable
hymnographe salue la Sainte, lui clamant :
"Réjouis-toi,
femme virile dans le Christ. Réjouis-toi, Sainte, gloire des
Martyrs. Réjouis-toi, modèle très aimé des fidèles. Réjouis-toi,
toi par qui Bélial a été vaincu. Réjouis-toi, toi par qui la
Trinité a été glorifiée."
Etudions
donc et méditons les Vies de ces nobles figures que sont les Saintes
Femmes de notre Eglise, qui ont donné vie à la parole de l'Apôtre
Paul : " Je peux tout dans le Christ qui me fortifie." (
Philip. 4, 13). Tous les exploits, tous les hauts faits sont permis
quand nous demandons au Christ de nous donner Sa Force.
TROPAIRE
DE SAINTE GLYKERIA, ton 3.
Honorons
la belle vierge du Christ, qui excella à supporter les peines de la
lutte martyrique, et qui, dans la faiblesse de sa chair, écrasa le
serpent Malin. Dans ton désir du Créateur, tu as compté pour rien
les tourments qui t'assaillaient, et tu as été glorifiée par Dieu.
Tous, nous te crions : " Réjouis-toi, Glykéria aux pensées
divines."
VIE
DE SAINTE LYDIA LA RUSSE,
NOUVELLE-MARTYRE
20
juillet
La
Sainte Nouvelle-Martyre Lydia, fille de prêtre, naquit le 20 mars
1901 dans la ville d'Oufa en Sibérie occidentale. C'était une âme
fraîche comme un printemps, ornée du parfum de myrrhe des saintes
vertus. En classe, dans son voisinage, à la maison, partout autour
d'elle, elle faisait preuve d'une noblesse d'âme toute spontanée
et d'une enviable bonté. Elle finit à dix-neuf ans ses études de
jeune fille. Elle se maria alors, mais, aussitôt après perdit son
mari dans la guerre civile russe, lors du retrait de l'armée
tsariste. Après quoi Lydia ne se laissa pas étouffer par la peine.
Mais elle laissa le Christ gouverner sa vie. Son âme était emplie
de grandeur.
A une
époque où le Christ et son Eglise avaient à combattre durement du
fait du contexte d'une société athée, elle prit un travail
d'employée des Eaux et forêts. Chaque jour elle entrait en contact
avec le monde de ceux qui travaillaient dans les bois immenses, les
bûcherons et les contremaîtres si injustes, hommes aux mains
calleuses, aux mines rendues hâves par un travail harassant,
désespérés, et qui peinaient extrêmement durement.
Ces hommes
qui, bien souvent, blasphémaient Dieu et qui collaboraient avec le
pouvoir établi et le système en place, Lydia s'en approchait. Il
n'y avait pas entre eux de malentendus. Elle les calmait par ses
paroles. Elle apaisait leurs disputes, chassait leurs haines,
adoucissait leurs coeurs. Et eux renonçaient à leurs phrases
puantes, à leurs jurons et à leurs querelles. Quelle puissance
avait donc cette femme? Qui lui insufflait cet amour, qui s'étendait
à tous sans distinction, sans que son caractère y fût intéressé,
et qui les changeait d'hommes durs en êtres doux?
Cet état
de choses dura jusqu'au 9 juillet 1928, où tout prit fin, pour les
27 ans, à peine, de Lydia. Les services secrets de la police
cherchaient depuis un moment maintenant le coupable qui glissait
secrètement entre les mains des travailleurs des feuillets traitant
de Dieu et des Saints, et où figuraient des prières et des Conseils
Spirituels des Pères. Et ils le découvrirent. C'était Lydia. Elle
les dactylographiait, puis les faisait circuler. Elle fut trahie par
sa machine à écrire, dont le clavier imprimait fautivement le "
k".
Lors de
l'instruction du procès, Lydia ne put nier ses actes. Mais elle ne
révéla rien non plus du travail secret de l'Eglise. Ce fut en vain
que, dix jours durant, les enquêteurs la tourmentèrent, la
supllicièrent et cherchèrent à l'anéantir. Elle ne disait pas un
mot. Cependant elle souffrait beaucoup, et elle pleurait. C'est alors
que le soldat qui gardait le souterrain où elle était retenue
prisonnière, Cyrille Ataèf, qui avait alors vingt-trois ans,
l'entendant pleurer, lui montra un regard de pure compassion et
d'estime.
Le dernier
jour de l'instruction du procès, Lydia s'avéra incapable de marcher
seule jusqu'au Bureau où avait lieu l'interrogatoire. Cyrille la
soutint de la force de ses bras vigoureux, et, plein d'une pure
noblesse d'âme, l'y conduisit. Alors Lydia se tourna avec
reconnaissance vers son noble gardien : " Que Dieu te sauve",
lui dit-elle. Quels étaient ces mots? Le coeur de Cyrille s'emplit
d'une brise et d'une rosée célestes.
Ce qui
suivit lors de ce dernier interrogatoire ne se peut décrire. L'on
entendit à l'extérieur du Bureau, durant plus d'une heure et demie,
les pleurs d'épuisement de Lydia, que l'on voulait contraindre par
de menaçantes pressions à révéler des secrets. Mais elle
répondait :
-
Je ne peux pas parler. Dieu me donnera la force. Il ne permettra pas
que je dise rien à personne.
Et
soudain, le scénario changea. Les quatre enquêteurs - ou plutôt
les bourreaux - qui la tourmentaient appelèrent Cyrille pour qu'il
vînt les aider. Mais celui-ci leur opposa un refus catégorique et
une vive résistance. Il tenta de protéger l'honneur de Lydia. Il y
eut un affrontement et deux des quatre bourreaux furent blessés à
mort. Le trosième alors, rendu furieux, frappa à la tête le
gardien de Lydia avec la crosse de son arme et le jeta à terre dans
un grand vacarme. Comme Cyrille, couvert de sang, tombait à terre,
il vit à côté de lui Lydia attachée par des sangles et des
courroies. La regardant alors profondément dans les yeux - et il y
avait dans les siens une puissante flamme de foi en Dieu -, d'une
voix épuisée il la supplia, disant :
-
Ô Sainte, prends-moi avec toi!
-
Je te prendrai, lui répondit paisiblement, de son visage brillant,
la Martyre.
Aussitôt
les deux bourreaux survivants s'acharnèrent avec une rage satanique
sur Lydia et sur Cyrille. On était le 20 juillet 1928. Ensemble
partirent pour le voyage de l'éternité ces deux figures qu'unissait
la foi en Jésus Christ.
Admirable
aussi est la suite de l'histoire. La fin des deux bourreaux qui
avaient survécu fut douloureuse L'un perdit la raison et l'autre
mourut peu après d'un ébranlement nerveux.
L'admirable
histoire de Lydie et de Cyrille (Ataèf) nous est parvenue par
l'entremise du sergent Aexis Ikonikof, qui l'apprit directement de la
bouche de l'un des deux bourreaux survivants qui était son ami. Et
il en fut si ému qu'il devint à son tour un fervent Chrétien. Et
partout il allait répandant l'histoire de la fin des deux
Nouveaux-Martyrs. Cet événement exacerba la rage des ennemis du
Christ. C'est ainsi qu'Aexis, à son tour, devait trouver une mort
martyrique.
Lydia et
les soldats Cyrille et Aexis passèrent dans l'éternité comme des
Martyrs Confesseurs de la Foi; et, dans la conscience du peuple
russe, comme des Saints, qui sont fêtés le 20 juillet. Que nous
inspirent donc ces trois Nouveaux-Martyrs. Dans les jours difficies
qui viennent, ne soyons pas lâches. N'ayons crainte. Résistons à
la vague de l'Antéchrist avec audace et confessons la Foi. Et si le
Seigneur le permet, qu'il nous fortifie tous, petits et grands, pour
que nous témoignions de notre amour de par le Martyre même. Les
Saints nous secoureront d'En Haut, parce qu'ils sont avec nous,
qu'ils nous voient et qu'ils prient pour nous.
TROPAIRE
DE SAINTE LYDIE. Ton 4.
L
'agnelle de Jésus crie d'une grande voix : " Je Te désire, mon
Epoux, et Te cherchant, je lutte. Je suis crucifiée avec Toi.
Ensevelie avec Toi par le baptême, je souffre pour Toi, pour régner
avec Toi, et je meurs pour Toi, afin de vivre en Toi. Et Toi, telle
un sacrifice immaculé, reçois-moi avec Toi, moi qui me suis
sacrifiée avec désir de Toi. Par les intercessions de Ta Sainte, ô
Compatissant, sauve nos âmes.
VIE
DE SAINTE HERMIONE, femme médecin.
4
septembre.
Sainte
Hermione était l'une des quatre filles du Saint Diacre Philippe (
fêté le 11 octobre), qui avait catéchisé l'eunuque Ethiopien de
Candacie pendant toute la durée de son voyage. Le livre des Actes
des Apôtres nous rapporte que ces quatre filles de Philippe étaient
des "vierges prophétesses" ( Actes 10, 9), ce qui est dire
qu'elles menaient une vie de pureté virginale et qu'elles
prophétisaient.
Il
arriva un jour que deux de ces quatre jeunes filles, Hermione et
Eutychis, vinrent visiter Ephèse pour y prendre la bénédiction et
y recevoir les conseils spirituels de Saint Jean le Théologien.
Cependant elles n'en eurent pas le temps. Saint Jean, le disciple de
l'Amour, s'en était allé "vers les demeures célestes".
Elles rencontrèrent alors Pétronios, le disciple de l'apôtre
Paul. Elles reçurent l'enseignement de cet homme pieux et divin et
furent par lui profondément initiées aux mystères de la foi
chrétienne. Et elles vivaient d'une façon agréable à Dieu,
luttant pour imiter les vertus des Saints.
Hermione
connaissait très bien la science médicale. Elle l'exerçait avec
soin et beaucoup d'art. Elle se souciait en outre, en sus des remèdes
matériels, de fournir aussi aux malades les remèdes spirituels que
sont les saints préceptes du Christ, le médecin des âmes et des
corps. Et en bien des cas, par l'invocation du nom du Tout-Puissant
Seigneur Jésus-Christ, elle accomplissait des miracles et guérissait
nombre de malades.
La
réputation d'Hermione, comme Sainte, prophétesse, et thaumaturge,
commença à s'etendre jusqu'aux confins de l'Asie. Un jour que
l'empereur Trajan passait par Ephèse, pendant une expédition qu'il
faisait contre les Parthes ( en l'an 114), il entendit parler des
exploits qu'accomplissait Hermione, cette femme chrétienne. Il fut
alors rempli d'étonnement et ordonna qu'on l'amène devant lui.
L'empereur commença, par des flatteries et des promesses, à
vouloir l'arracher à sa foi chrétienne et à l' amour qu'elle
portait à son Fiancé Jéus Christ qu'elle vénérait avec tant
d'adoration. La Sainte cependant, demeurant inflexible sur ses
positions, il ordonna qu'on se saisît d'elle. Le visage de la Sainte
chancelait sous la violence des coups, mais celle-ci gardait son
calme et sa paix, pour ce que le Seigneur Jésus-Christ la fortifiait
d'une Grâce spéciale. La Sainte regardait le Seigneur avec les yeux
de sa foi et elle voyait aussi la silhouette de Pétronius la
consoler. A un moment donné, Hermione, inspirée par le Saint
Esprit, prédit à Trajan qu'il vaincrait les Perses et que son
successeur, après sa mort, serait Adrien, son gendre, le mari de sa
fille. A entendre ses dires, Trajan fut réjoui et, en contrepartie,
la laissa libre.
Hermione
retourna à ses travaux en glorifiant le Dieu Très Haut, qui l'avait
jugée digne de le confesser par sa foi... Elle continua humblement
de soulager, avec des sentiments de tendresse, la douleur des
malades. Elle avait particulièrement souci des pauvres et des
étrangers, et leur témoignait toute sa compassion. Elle fonda à
leur intention un hospice, dans lequel ils trouvaient des soins
empreints de sollicitude. Et son accueil des étrangers était
unique. Hermione, offrant son amour désintéressé et sa chaleureuse
présence réconfortait non seulement les corps mais aussi les âmes
de ses patients.
L'an 117
monta sur le trône l'empereur Adrien, cruel, lui aussi comme ses
prédécesseurs. Il fut informé de la conduite d'Hermione et de
l'estime infinie qu'avait tout le monde pour elle. Il la fit donc
venir au-devant de lui et lui posa des questions : Quel âge
avait-elle? D'où était-elle originaire? etc... A quoi la Sainte
répondit sans trembler : " Le Seigneur sait quel âge j'ai et
d'où je viens." Ces réponses excitèrent la colère d'Adrien
qui ordonna qu'on la fouettât sans pitié. Puis on lui planta des
clous dans les pieds. Mais Hermione rendaît continûment grâces à
Dieu en lui chantant des Psaumes et des hymnes, pour ce qu'elle était
jugée digne de souffrir pour Lui, son Epoux bien-aimé.
Ensuite de
quoi, l'on jeta la Sainte dans une chaudière emplie d'un mélange
bouillant de goudron, d'asphalte, de plomb et de soufre. Mais le
Seigneur rafraîchit sa servante d'une céleste rosée, et il la
garda vivante. Le tyran s'approcha alors de la fournaise
incandescente pour assister, stupéfait, au miracle. Mais il fut
châtié. Sa peau s'arracha et les ongles tombèrent des doigts de
ses mains. Hermione, dans la chaudière de bronze, s'écria d'une
voix forte, qui ne tremblait pas : " Il est grand notre Dieu de
gloire, le Dieu de tous les Chrétiens." Adrien, indigné par la
puissance de la foi chrétienne ordonna qu'on la jette dans une
immense lèche-frites bouillante. Mais il advint que les flammes
incandescentes se dispersassent et brûlassent les curieux qui se
trouvaient là. Puis, tout-à-coup, le feu s'éteignit. Hermione
sortait victorieuse, une fois encore, de ce martyre. Alors on la
conduisit au temple des païens pour qu'elle y fût sacrifiée aux
dieux. Et là, par la puissance de sa prière, elle brisa les idoles.
Vaincu et
tout couvert de honte, Adrien ordonna qu'Hermione fût décapitée.
La Tradition rapporte que ses deux bourreaux Théodule et Théotime,
se hâtant d'aller la décapiter avant qu'elle ne se fût mise en
prières, furent châtiés par Dieu, leurs mains se trouvant soudain
paralysées. Mais la Sainte pria pour eux et ils furent totalement
guéris. Tous deux, profondément remués par ce miracle, refusèrent
de la mettre à mort, renièrent leur impiété et devinrent
Chrétiens. Le Seigneur, à cette même heure, les assura d'une mort
paisible et les reçut dans son Royaume. Peu après Hermione
s'endormit en paix, glorieuse et victorieuse, avant que de nouveaux
bourreaux n'eussent le temps de venir la mettre à mort. Sa tombe se
situe à Ephèse.
Hermione!
Noble et martyrique figure de l'Eglise Primitive ( des Premiers temps
du Christianisme). Puissions-nous être inspirés par cet esprit pur
et héroïque. Demeurons libres et affranchis dans l'âme, en sorte
que nous n'allions pas nous prosterner devant les grands de la terre.
" Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui
seul." (Deutéronome 6, 13). ( Matth. 4, 10).
TROPAIRE
DE SAINTE HERMIONE. Ton 4.
Vierge
intègre menant une vie vénérable, tu as pris pour Epoux le Verbe
né de la Vierge Pure, qui a pris chair d'Elle. Par les luttes de ta
piété t'a été donnée la Grâce qui divinise. Tu en illumines
ceux qui sont dans l'égarement. Voici pourquoi c'est justement,
Hermione, que Christ t'a glorifiée.
LES
MARTYRES DE LA PURETE
"Comme
un lys au milieu des épines,
ainsi est
ma fiancée au milieu des jeunes filles".
VIE DE
SAINTE MARIE METHYMOPOULA.
1er
mai.
A
l'époque printannière, lorsque fleurissent les lys et qu'embaume la
nature, notre sainte Eglise recèle elle aussi ses parfums. Sa
prairie spirituelle nous offre ses fleurs odorantes, ces fleurs que
nous sont les Saints. C'est une telle fleur d'une rare beauté et
d'une senteur admirable que figure à nos yeux la Nouvelle-Martyre
Sainte Marie Méthypoula de Crète, que nous fêtons le premier mai.
Elle naquit
au village de Kato Phourni (du Four du Bas) de Merambellou à
Hiraklion. Elle vécut durant les dures et amères années de
l'asservissement aux Turcs que fut la Turcocratie. Cependant le lourd
hiver de la servitude ne l'étouffait pas, parce qu'elle laissait son
âme s'adoucir sous l'effet des célestes paroles du Christ
qu'instillaient et faisait dégoutter en elle ses pieux parents.
Quelle
importance revêtirent pour elle ces premières années! Comme elles
furent belles!... Chacune des paroles du Christ Sauveur, pour la
petite Marie, se traduisaient en actes.
Avec
constance et joie, elle érigea en son coeur un brillant "temple
de Dieu", qui brilait de pureté et de sainteté. Et le trésor
intérieur de vertu qu'elle y contenait ne pouvait y rester caché.
Il transparaissait de toutes parts au dehors. Ses yeux brillants
irradiaient une frappante beauté; ils renvoyaient le calme et la
paix du Saint Esprit. Son visage, lui aussi, brillait, parce que s'y
reflétait l'éclat de son âme. Le mot d'ordre de la petite Marie
était : " Ne jamais céder aux volontés du Malin et du monde
pervers."
Aux travaux
des champs, elle était appliquée et empressée. Elle était
toujours la première à servir aux corvées du ménage, dont elle
s'acquittait très exactement. Enfin, elle excellait à remplir ses
devoirs spirituels...
Elle
méditait la Sainte Ecriture, les Vies des Saints, elle allait
toujours à l'église, elle priait avec foi, elle obéissait à ses
parents. Mais il y en avait un qui la jalousait. C'était l'ennemi du
genre humain, le diable, qui tentait de l'emprisonner dans ses
filets. En vain pourtant.
Dans la
campagne où vivait Marie, était chargé de faire régner l'ordre un
Abano-Turc, qui, la voyant, conçut pour elle une funeste passion. Et
il commença de l'importuner. D'abord avec des mots prévenants et
des flatteries, puis avec des sourires et des promesses. Marie, la
fidèle disciple du Christ résista dès le commencement à ces
avances, en leur opposant un noble et franc mépris. "Il n'est
pas possible", se disait-elle, " que je livre mon corps et
mon âme aux mains d'un infidèle. Bien au-dessus de ces plaisirs
éphémères, je préfère le plaisir céleste et la joie que
prodigue le Christ à ses amis qui, dans la pureté, luttent pour lui
et pour atteindre à Son Royaume. " Et elle priait avec ferveur
que le Seigneur la sauvegarde.
Le Turc,
voyant que ses efforts périclitaient, devint mauvais et se
courrouça. Sa sympathie pour la très belle jeune fille se mua en
haine. Et, de par cette haine, il se laissa aller à prendre la
décision de l'exterminer. C'est ainsi malheureusement que
fonctionnent les iniques.
Marie était
occupée à la sériculture, ce qui est dire au travail de la soie.
Elle nourrissait des vers à soie et filait leur soie pour subvenir
aux besoins de la famille. Au printemps et l'été, chaque jour, avec
beaucoup de soin, elle cueillait les plus fraîches des feuilles de
mûrier qu'elle trouvait, et elle les étendait bien soigneusement
sur des claies. Et ces petits vers blancs comme la neige incessamment
en mangeaient et grandissaient, jusqu'à donner leur précieux cocon
de soie à leurs protecteurs bénis.
Combien pur
et tranquille était ce travail! Marie le voyait et songeait : "
Combien plus extraordinaire est le travail de la soie des vertus, par
lequel l'homme fidèle tisse la robe de son âme, celle qu'il portera
pour accueillir son Epoux le Christ. Combien il faut qu'elle soit
blanche, pour qu'il puisse "déambuler" ( Apoc. 3, 4) dans
les jardins du Paradis avec le Christ et Ses Saints!" C'est avec
ces pensées que Marie se souciait d'élever chaque jour son âme
vers les hauteurs du Ciel... jusqu'au jour où le Seigneur voulut la
prendre auprès de Lui.
C'était à
l'une de ces heures où, insouciante, elle avait grimpé sur un
mûrier et où, solidement juchée sur une branche, elle coupait une
à une, en chantonnant, les pus belles feuilles du mûrier. Un bruit
soudain se fit entendre. C'étaient les pas précipités et nerveux
d'un homme qui s'avançait , et qui écartait les plus hauts
branchages. Et voici que là, devant elle, se tenait l'Albano-Turc,
le gendarme, tenant son arme de service, le doigt sur la gâchette.
Il était venu tuer cett fleur, ce lys de pureté.
Il visa
bien sa victime et fit feu. La balle atteignit la pure jeune fille en
plein coeur. - Ce coeur qui n'avait jamais cessé de battre pour le
Christ. Tout en sang, la pure jeune Crétoise, Marie, tomba à bas de
l'arbre. Le crime avait été consommé. L'Agarénien s'enfuit avec
satisfaction et les anges descendirent du Ciel recevoir la si belle
âme de la Nouvelle Martyre Marie, pour la remettre avec joie entre
les mains de son Epoux! Combein de parfum, d'odeur de sainteté
s'épancha alors parmi les tentes du Ciel!
Mais à la
Crète, terre des braves et des Saints, quelle bénédiction conféra
le corps martyrique de la pure vierge fidèle, Marie Méthymopoula!
L'on était en l'année 1826.
Deux
siècles ont passé depuis lors... Et cependant la mémoire de sainte
Marie ne s'est pas éteinte. Elle est vivace et inspire fortement les
jeunes fidèles, non seulement ceux de Crète, mais ceux de la Grèce
entière, les incitant à mener une vie consacrée à Dieu et à Sa
vérité.
TROPAIRE DE
SAINTE MARIE METHYMOPOULA.
Ton
4.
Supplie
pour nous avec ferveur, ô toi l'ornement de Phourni, fruit suave des
Nouveaux-Martyres, toi, Marie, blanche aubépine. Ayant refusé
l'amour d'un infidèle, tu as reçu un coup mortel, et de là, telle
un moineau, sur les ailes de ton âme, tu t'es envolée vers ton
Créateur.
VIE DE
SAINTE XENIE DE KALAMATIA
3
mai
Sainte
Xénie de Kalamatia appartient au choeur glorieux des femmes Grandes
Martyres ( Mégalomartyres) du IV ème siècle. Elle naquit à
Kalamata en 291 de parents fidèles à la Foi Orthodoxe, Nicolas et
Déspina, qui étaient originaires d'Italie orientale - ce qui est
dire de l'Est.
Les
cruelles persécutions romaines les avaient contraints de s'exiler
d'Italie en Grèce, et de venir jusqu'à Kalamata. Ils y vivaient un
peu en dehors de la ville, dans un petit domaine agricole qu'ils
cultivaient pour survivre.
Dans cette
famille pauvre régnait la paix, parce que l'on y possédait l'unique
trésor qui procure le bonheur, le Seigneur Jésus Christ. Les pieux
parents élevaient leur unique petite fille, Xénie, selon les
volontés du Seigneur. Et la fillette recevait avec grande joie les
divins enseignements de l'Evangile. En raison des persécutions, elle
ne pouvait pas fréquenter l'école. Mais elle apprit de ses parents
à lire, en sorte de pouvoir déchiffrer la Sainte Ecriture qu'elle
aimait énormément. Elle travaillait à la ferme familiale et elle
glorifiait Dieu pour ses bienfaits. Tous les Dimanches, elle
descendait avec ses parents à la ville, pour qu'ils pussent aller à
l'église. Et ils s'en retournaient pleins de divines bénédictions
et empreints de la Grâce du Dieu des grandes Miséricordes.
Cependant qu'elle grandissait, Xénia se distinguait de ses amies par
son innocence et par sa bonté. Bien souvent elle demeurait à jeûn
cependant qu'elle donnait son repas à de pauvres gens. Et tous
admiraient la beauté de son âme, qui reflétait sur son visage sa
rare beauté.
Mais
cette beauté, le diable la jalousa, lui l'envieux ennemi plein de
haine pour l'homme, et il tendit un piège à la jeune fille.
Domitien, le féroce éparque idolâtre de Kalamata, comme il s'en
revenait un jour de la chasse, aperçut dans les champs cette très
belle jeune fille, et sa beauté suscita en lui le désir d'en faire
sa femme. Pour la fléchir, il eut d'abord recours à des pratiques
d'envoûtement magiques. Mais Xénie, par la puissance de la Croix
Vénérable, réduisait à néant toute influence démoniaque.
L'éparque tenta ensuite d'attirer Xénie à lui. Il lui promettait
présents, or, argent, gloire, honneurs, et même un mariage
heureux, pourvu seulement qu'elle sacrifiât aux idoles. Le moment
était difficile pour une faible jeune fille. Cependant son amour du
Christ donna à Xénie une audace unique : et de toute la force de
son âme elle confessa qu'elle était Chrétienne et qu'elle refusait
de sacrifier aux faux dieux. Aussitôt alors commença le martyre de
la Sainte. L'éparque, fou de colère, ordonna qu'on la tourmente en
la soumettant à de cruelles bastonnades. Ensuite on la suspendit en
l'air et, avec des torches allumées, l'on brûla ses chairs mises à
nu. Quelle vision effrayante! Mais à cette chaleur se mêlait une
fraîcheur céleste. Un Ange du Seigneur - invisible aux bourreaux-
rafraîchissait la martyre et adoucissait ses souffrances. Ensuite de
quoi, Domitien châtia les bourreaux qui n'avaient pas été capables
de brûler Xénie à mort.
Peu après,
elle fut jetée en prison. Là, en une vision divine, la Sainte reçut
la visitation du Seigneur, qui la fortifia et la guérit totalement
de ses plaies. L'éparque fut avisé de tout cela et, dans l'espoir
qu'il atteindrait bientôt son but, il rappela Xénie. Il voulut
l'amadouer avec des promesses et l'inciter à sacrifier aux idoles.
Xénie feignit d'accepter; mais, lorsqu'elle arriva devant la statue
du faux dieu, ele pria avec ferveur : il s'ensuivit un grand séisme.
La statue tomba à terre avec vacarme et vola en éclats. Quantité
de monde crut alors en le Dieu véritable. Domitien était maintenant
fou de rage. Il n'aurait jamais cru devoir subir une telle honte.
Hors de lui, il ordonna que l'on attachât Xénie à la queue d'un
cheval en sorte que celui-ci la traînât à terre tout au long de
routes défoncées. Mais le cheval ressentit de la vénération pour
la martyre et refusa d'avancer. Tel un animal buté, il se tint
immobile. Le nom de Dieu grandit une fois de plus dans la foule, car
bien des idolâtres, qui étaient néanmoins gens de bonne foi,
voyant ce nouveau miracle, crurent en le Dieu véritable.
Il
ne restait plus qu'une issue : telle était la décision de l'éparque
éhonté : " Xénie sera châtiée à mort par l'épée. Son
coeur sera offert en don aux dieux pour les venger. Et son corps
mort, les bourreaux le couperont en morceaux et le brûleront."
Tout advint comme l'avait ordonné le tyran sanguinaire. Xénie, peu
avant d'être égorgée, rendit grâce à Dieu pour la gloire que lui
préparait son martyre, et elle Le supplia qu'Il voulût bien guérir,
par les intercessions de Sa Sainte, tous ceux qui souffriraient
d'infuences démoniaques et qui l'invoqueraient.
C'était le
printemps. On était le 3 mai de l'an 318, lorsque la pure vierge de
vingt-sept ans, Xénie, - toute fleurie des divines fleurs des vertus
et plus embaumante que toutes les effluves du printemps - rendit son
âme à son Christ-Epoux. Son odeur de sainteté se répandit
aussitôt dans tout le Péloponnèse et au-delà, ce qui est dire que
partout en ces lieux l'on sut que venait de naître au Ciel cette
nouvelle Sainte. De nombreux miracles, dûs à ses intercessions,
furent rapportés et des églises furent élevées, qui lui étaient
consacrées. Et au lieu même où, selon la Tradition, avait été
sis le domaine paternel de la Sainte, fut érigée une chapelle, en
retrait des bâtiments ouvriers de Kalamata, à la porte ouest de la
ville.
Sainte
Xénie la Grande Martyre ( la Mégalomartyre) est considérée comme
la patronne et la protectrice de ceux qui souffrent d'affections
psychiques et de cardiopathies. Puisse-t-elle inspirer aussi les
coeurs des jeunes gens et des jeunes filles à demeurer libres et
affranchis des passions de l'âme et du coeur, en sorte qu'ils soient
emplis pour notre Seigneur Jésus Christ d'une divine flamme d'ardent
amour.
TROPAIRE DE
SAINTE XENIE DE KALAMATIA.
Ton
4.
Par
tes bains de sang, ô Xénie, tu t'es teint une robe éclatante. Tu
te tiens près du Christ, comme une fiancée sans tache,
resplendissante. Tu as reçu la grâce de délivrer des envoûtements,
de chasser les démons,
et de guérir les maladies. Intercède avec ferveur pour nos âmes.
LES
MARTYRES DU MARIAGE
VIE
DE SAINTE THOMAÏS
3
janvier
"Tu
l'as couronnée de gloire
et
d'honneur".
Sainte Thomaïs
naquit au début du Xème siècle ( entre 910 et 913) dans l'île de
Lesbos (Mytilène) toute florissante de saints, de parents riches et
pieux, Michaïl et Kali, (qui signifie Bonne). Elle était le fruit
des ferventes prières de ses parents à la Mère de Dieu Toute
Sainte, car ils étaient sans enfant. La Sainte vécut les vingt-cinq
premières années de sa vie à Mytilène (Lesbos). Et elle passa le
restant de ses jours à Constantinople, dans le quartier de
Chalcédoine.
La
Sainte n'avait qu'un seul désir : orner son âme de piété envers
Dieu et des vertus du Saint Esprit. A l'âge de vingt-quatre ans,
contrainte par ses parents - et alors qu'elle-même désirait
beaucoup suivre la voie qui consiste à se vouer au Seigneur - elle
fut mariée. Par malheur son époux Stéphane était dur. Il était
violent envers elle. La plupart du temps, il l'humiliait. Et la
Sainte opposait à sa conduite barbare sa patience, sa douceur et sa
profonde indulgence. Voyant les plaies provoquées par les coups que
lui assénait son mari, elle rendait gloire et grâces au Seigneur
qui l'avait jugée digne de porter une si lourde et si dure croix,
grâce à laquelle elle apprenait à cultiver une foule de vertus.
Elle mettait son amour à tenter d'apaiser les explosions de colère
de son mari. Et jamais elle ne se plaignait.
Souvent la Sainte passait la nuit
en prières dans la Sainte Eglise de Blachernes. Et dans la communion
d'esprit et de coeur qu'elle partageait avec Dieu, elle puisait la
force nécessaire à mener son combat journalier. Elle priait non
seulement pour ses requêtes propres mais aussi pour le monde entier.
Elle étreignait dans sa prière tous ceux qui souffraient et tous
ceux qui supportaient des épreuves. Parce que la Sainte savait ce
qu'était que souffrir, elle comprenait les malheureux et
compatissait à leurs souffrances. Elle ne se contentait cependant
pas de compatir en pensée. Elle témoignait aussi de son amour en
actes. Sa vie était un sacrifice perpétuel et un service incessant
des pauvres, des souffrants et des malades. Elle consolait les
endeuillés en leur prodiguant des discours empreints d'espérance et
de foi, et peignant la Résurrection. Et elle était particulièrement
compatissante envers les hommes entraînés au gouffre par le péché,
et plus encore envers les femmes perdues et apostates. Pour celles-ci
la Sainte était une planche de salut. Car, avec ses discours emplis
de tendresse, elle éveillait leurs consciences, les conduisait au
repentir et les menait au port de l'Eglise, jusque dans le Sein
paternel de notre Dieu de tendresse.
La Sainte était véritablement un
être de Dieu, emplie de piété et de riche vertu. Elle avait tourné
ses regards vers le Royaume des cieux et elle s'acquittait avec
précision et exactitude des préceptes de l'Evangile sans se
plaindre de ses difficultés et de ses problèmes propres.
Pour ses moeurs, sa conduite de vie
et sa sainteté, tout le monde la vénérait grandement, la
reconnaissait pour ce qu'elle était - une Sainte Femme-, et ce,
d'autant que ses prières étaient miraculeuses. Nombre de malades
furent guéris par la force de sa prière.
Bientôt Sainte Thomaïs eut
accompli en tant que femme le combat de sa vie spirituelle. Le
Seigneur de la vie et de la mort jugea qu'il lui fallait laisser les
choses de ce monde et les quitter pour rejoindre les tentes du Ciel,
en lui octroyant la "couronne d'immortalité." Ainsi, à
l'âge relativement jeune de trente-huit ans, pieusement et
paisiblement, elle s'endormit dans le Seigneur. Car elle avait rempli
le devoir de l'amour de Dieu et du prochain, et elle avait laissé
l'exemple d'une patience qui ne soupire point ni ne se plaint,
soulevant treize ans durant la lourde croix d'un mari caractériel,
et servant le Seigneur sous la figure des pauvres et des souffrants.
Sa tombe devint l'emplacement d'un
Saint Monastère de femmes - dont sa mère fut l'Higoumène -, et
celui-ci fut appelé "la petite Rome", à Constantinople.
Il était situé entre les portes de Polyandrios et de Silyvrie.
Quarante jours après son
ensevelissement eut lieu la translation de ses saintes reliques, et
elles furent placées dans un reliquaire précieux à l'intérieur du
Katholikon du Monastère. Nous avons reçu ce témoignage que ses
mains étaient pareilles à celles d'une athlète, gonflées
d'oedèmes, à cause des coups qu'elle avait reçus de son mari. Sa
mémoire fut célébrée comme un jour de fête, chaque premier
janvier, jusqu'au dixième siècle. Plus tard cependant, la
célébration de sa mémoire fut déplacée au trois janvier, pour
être célébrée avec plus d'éclat, parce qu'elle tombait en même
temps que la Fête Christique de la Circoncision du Seigneur et que
le jour de la mémoire de Saint Basile le Grand.
La Sainte continua de faire des
miracles après sa mort. Sa tombe devint un haut lieu de pélerinage.
Là, les fidèles confiaient secrètement leurs luttes, leurs soucis
et leurs problèmes. L'on dit qu'y arriva un jour son mari même,
possédé par un esprit impur. Et ayant demandé grâce et pitié à
sa sainte épouse, il fut délivré de ses démons.
C'est avec justesse que notre
Sainte fut appelée "la protectrice de la vie mariée et la
réconciliatrice des époux". A une époque où l'institution
du mariage est en crise et où les gens, au moindre premier pétexte,
rompent le lien sacré du mariage, Sainte Thomaïs vient nous
enseigner la grande leçon de la patience et de l'indulgence. La
gentillesse, la bonté et la tolérance d'un (d'une) époux (épouse)
envers son époux (épouse) deviennent des brise-vagues qui, de fait,
brisent les vagues des instants difficiles. Celui qui cède le
premier - grâce au Seigneur- est le vainqueur. Et l'amour vainc
tout! " Nous supportant donc mutuellement dans l'amour",
nous gagnerons toujours les bonnes grâces des autres. Et la paix du
Christ règnera dans nos maisons.
Tropaire de Sainte
Thomaïs. Ton 4.
Les afflictions de ta vie, comme
autant de dons raisonnables, tu les as offertes au Christ, et tu as
reçu en échange, ô Sainte, la force et le don de faire des
miracles. C'est pourquoi, comme exemple vivant et divin d'épouse,
nous te chantons, Thomaïs, et nous te crions avec foi : "
Réjouis-toi, ô vénérable ornement de Lesbos! "
VIE DE SAINTE MARIE LA
NOUVELLE
DE BIZYIE EN
THRACE
16
février
Sainte Marie la Nouvelle
vécut sous le règne du roi Basile Ier de Macédoine (875-886) à
Constantinople. Elle était originaire d'une famille arménienne de
la riche noblesse. Lorsque son père mourut, elle fut mariée à
Nicéphore, un homme doué d'une vive intelligence dans
l'administration des affaires et noble dans ses pensées. Marie
remplissait ses devoirs domestiques et familiaux d'une façon
exemplaire et agréable à Dieu. C'était une femme humble, priante,
et d'humeur joyeuse. Elle contenait avec douceur les explosions de
colère de son mari, et, de son amour, réchauffait les coeurs
souffrants de son prochain. Elle épanchait sur les pauvres de riches
aumônes et, toujours, les accompagnaient de ses ferventes prières.
Le Seigneur Jésus Christ éprouva
ce couple par la mort de leur petit enfant de cinq ans. La fidèle
mère buvait ce calice amer sans se plaindre, répétant les paroles
éternelles de Job : " Comme il a paru bon au Seigneur, ainsi en
est-il advenu. Béni soit le nom du Seigneur" ( Job, 1, 21).
En l'an 894 l'Empire Byzantin se
trouva en guerre avec les Bulgares. A Nicéphore, qui était actif et
doué, fut confié le soin de diriger Bizyie en Thrace. Sa fidèle
épouse Marie le suivit en ces lieux nouveaux pour elle. Là, cette
âme pieuse et amie de Dieu continua d'adorer Dieu avec dévotion, de
prier avec foi et de faire du bien à tout homme souffrant. Dans le
coeur de Marie, il y avait place pour tous : Serviteurs de la
maison, pauvres et étrangers, gens connus et inconnus, tous étaient
pour elle ses plus chers amis. Il fallait que tous, comme "des
frères du Seigneur", fussent honorés et servis par elle dans
chacune de leurs nécessités, d'abondance et avec grande générosité.
Bien souvent, elle accueillait du
clergé, prêtres et moines, envers lesquels elle nourrissait
particulière piété et dévotion. Elle écoutait avec beaucoup
d'émotion et de reconnaissance leurs paternels conseils, et suivait
leur guidance spirituelle, les appelant des "anges de Dieu."
Ses plus douces heures, Marie les
passait dans sa chambre en prière et en communion de coeur et d'âme
avec Dieu.
Cependant toute joie et toute
douceur spirituelle sont mises à l'épreuve par notre tendre Père,
notre Dieu de bonté. Lui-même nous assura que "c'est par
beaucoup d'afflictions qu'il nous faut entrer dans le Royaume de
Dieu" ( Actes 14, 22). Cette nouvelle épreuve fut encore une
épreuve de mort. Le Seigneur voulut prendre auprès de lui leur
deuxième fils, pour le mettre à l'abri de la perversité du monde.
En
cette nouvelle épreuve, Marie, la mère fidèle, excella une fois
encore. Elle gardait le coeur serré, mais elle regardait bien haut
vers le Ciel, et, les yeux mouillés de larmes, disait : "Mon
Dieu, ce que Tu veux, Toi! Je te rends grâces. Que ce que tu veux,
toi, advienne! C'est Toi qui sais ce qu'il me faut".
Le
Seigneur bénit et rétribua la fidèle conduite, qui plaisait à
Dieu, des époux Nicéphore et Marie. Peu de temps après, en effet,
celle-ci mit au monde de beaux jumeaux, dont l'un allait faire
carrière dans l'armée, et dont l'autre allait suivre la voie
angélique des moines.
Cependant à ce moment heureux que
traversa leur couple succéda une nouvelle épreuve, qui infligea une
plaie à leur unité conjugale et qui fit resplendir la sainteté de
Marie :
Des parents de l'époux de Marie la
calomnièrent auprès de son mari, prétendant qu'elle l'avait
trompé. Chose que Nicéphore ne put supporter. Rendu fou de colère
et transporté de rage, sans examiner plus avant les condamnations et
en dépit des larmes de sa femme, qui assurait devant Dieu qu'elle
était innocente, il se jeta sur elle, et, l'ayant saisie par les
cheveux, il la frappa si violemment qu'il lui porta des coups
mortels. Aussitôt accoururent des gens de la maison pour la
secourir. Mais il était trop tard. Marie, grièvement blessée, ne
put résister aux coups. Deux jours après, succombant à ses
blessures, elle mourut.
Durant la préparation de sa
dépouille mortelle un ineffable parfum suave - l'odeur de sainteté
- emplit tout le lieu. Le Seigneur, qui est le Juste Juge, manifesta
de sa manière propre combien lui avait plu et agréé sa fidèle
servante Marie, intègre et qu'il s'était choisie - Une âme pure
et sainte, une épouse fidèle, qu'il avait fait s'envoler vers les
demeures du Ciel avec une grande gloire. Ses riches vêtements et ses
bijoux en or, elle les avait tous vendus pour soulager les pauvres,
pour racheter des prisonniers et pour embellir des églises, les
églises de son Seigneur.
Après la dormition de sainte Marie
se produisirent de nombreux miracles. Un démoniaque fut libéré de
l'esprit impur qui le tourmentait. Et une foule de malades obtint la
guérison par les intercessions de sainte Marie.
Profondément contristé, son époux
Nicéphore implora la pitié et la miséricorde de Dieu pour son
grand péché et, s'étant repenti, il érigea une très belle église
pour abriter la vénérable relique de son épouse.
Syméon, le tsar des Bulgares,
lorsqu'il envahit et prit Bizyie, tenta de profaner la tombe de la
sainte. Mais alors, une étrange flamme en surgit, qui le terrorisa
et l'empêcha de commettre cette profanation. C'est pourquoi il
n'osa plus violer la tombe et la laissa intacte.
Sainte Marie la Nouvelle, avec sa
vie de patience, nous montre que la voie qui mène à la gloire du
Ciel est difficile à parcourir. Elle demande beaucoup de peines et
de tribulations. Le Dieu compatissant et miséricordieux, à chacun
de nous, à proportion de ce qu'il peut supporter, lui envoie des
afflictions "afin de le faire communier à sa sainteté". (
Hébr. 12, 10).
Ne nous lassons pas de nous
efforcer vers le Salut! Recevons humblement et avec action de grâces
tout ce que nous envoie le Seigneur de bonté. Ainsi nous vaincrons
toujours l'adversité, avec la grâce du Seigneur, et par les
intercessions de nos Saints.
Sainte Marie, prie pour nous!
Tropaire de Sainte Marie la
Nouvelle. Ton 4.
L'agnelle de Jésus crie d'une
grande voix : "C'est Toi, mon Epoux, que je désire, et en Te
cherchant, je lutte, je suis crucifiée avec Toi, je suis ensevelie
dans Ton baptême, je souffre pour Toi, afin de régner avec Toi, et
je meurs pour Toi, afin de vivre en Toi. Et Toi, reçois comme un
sacrifice immaculé celle qui avec un désir fervent s'est sacrifiée
pour Toi." Par ses intercessions, ô Compatissant, sauve nos
âmes.
VIE DE SAINTE
ARGYRIE
5
avril
La Sainte Nouvelle-Martyre
Argyrie naquit à Pruse de Bithynie en 1688 de pieux parents, Georges
et Suzanne. Dieu l'avait dotée de la beauté extérieure alliée à
une noblesse naturelle, encore agrémentée de bonté. Cette pure
jeune fille aimait beaucoup Dieu. Elle le vénérait profondément et
cultivait avec une exacte précision les vertus évangéliques. Elle
était pour beaucoup un lumineux exemple.
Cependant le diable l'enviait
et la jalousait. Le fils d'un notable de ses voisins, musulman,
s'éprit d'elle. Et, l'importunant de ses assiduités, il tentait en
vain de lui faire des propositions de mariage et tâchait méchamment
de l'arracher à la foi et à la vie chrétiennes.
Le désir de ce méchant
homme fut à son comble lorsqu'il apprit que la pieuse Argyrie se
mariait. Peu de jours, donc, après la célébration du Mystère et
tandis que les jeunes époux célébraient - selon leur Tradition -
un Office de Supplication à la Toute-Sainte Mère de Dieu, cet
ennemi de la foi, escorté d'autres mahométans, surgit dans
l'église, et procèda à un enlèvement par la force. Ce jour-là,
la jeune épouse portait encore sa robe de mariée. Et ils la
conduisirent devant le juge de Pruse. Tous d'une seule voix
l'accusèrent et la colomnièrent devant lui, prétendant qu'elle
avait dit "vouloir changer de religion et adhérer à la foi
d'une Turque".
S'ensuivirent pour la Sainte des
bastonnades, des tourments et l'emprisonnement. Voyant l'action
injuste qui était intentée à sa pieuse femme, l'époux d'Argyrie
tenta de faire réviser le procès à Constantinople, espérant que
l'on reconnaîtrait ses droits et qu'elle serait innocentée.
Mais, par malheur, poussé par le
Diable, le fils du notable, toujours aussi envieux, arriva lui aussi
à Constantinople et il y refit la même déposition mensongère,
cependant que la Sainte, sans se troubler, assurait : " Jamais
je n'ai pensé ni dit quelque chose de semblable, jamais je n'ai dit
que je renierais ma foi. Je suis Chrétienne et je veux mourir
Chrétienne.
Sur un nouvel ordre du juge Turc,
ils attachèrent Sainte Argyrie et l'enfermèrent dans la sombre et
humide prison du quartier de Chaskiï ( à Picridio). S'ensuivirent
d'autres enquêtes au tribunal, mais sans aucun résultat. Les
parents de la pieuse jeune mariée parvinrent jusqu'au Sultan
lui-même, mais tous leurs efforts, malheureusement, demeurèrent
vains. La décision du tribunal demeurait toujours la même et il
fallait qu'elle soit précisément exécutée : " Ou elle
changera de religion et épousera le fils du notable ou bien elle
sera emprisonnée à perpétuité." La sainte préféra la
deuxième solution. Sa conscience et son amour pour le Christ lui
interdisaient d'agir d'autre sorte. Elle demeurerait fidèle au
Seigneur "jusqu'à la mort".
Les conditions de vie en prison
étaient très dures. Il y avait, enfermées avec elles, des femmes
Turquess condamnées pour de lourdes peines. Elles importunaient la
Sainte, la tourmentaient, l'injuriaient, la raillaient. La Sainte
devait également subir des bastonnades et d'autres supplices. Elle
souffrait pour l'amour du Christ. Des femmes Chrétiennes, qui
avaient été emprisonnées avec elle et qui maintenant étaient
libérées, lesquelles avaient été ses témoins oculaires, à
présent témoignaient de sa sainte conduite et de l'exemple qu'elle
montrait d'une vie de patience.
Dix-sept années entières Sainte
Argyrie demeura en prison, "captive pour le Christ Jésus".
Elle supportait tout avec joie et allégresse. Sa prison était pour
elle un Ciel et un Paradis! Elle respirait le Christ et elle vivait
dans une abondance de Grâce et de paix. Elle gorifiait incessamment
le Seigneur.
Lorsqu'un jour on vint l'avertir
qu'un pieux homme riche, Emmanuel Kiourtzibassis, avait intercédé
pour elle, et offert le prix du rachat de sa liberté, elle refusa
d'accéder à sa proposition.
Elle préféra rester en prison,
"le palais royal", comme elle l'appelait, du Christ-Roi.
Ce fut dans ce contexte qu'après
dix-sept années entières d'enfermement, Argyrie rendit son esprit
au Seigneur le 5 avril 1721. Elle avait préalablement communié aux
Saints Mystères qu'on lui avait portés, cachés dans des raisins.
Selon son désir, de pieux
Chrétiens ensevelirent ses saintes reliques martyriques dans un coin
du jardin de l'église de Sainte Parascève à Chaskiï, où il y
avait alors un cimetière. Le 30 avril 1725 eut lieu la translation
de ses saintes reliques. Saint Nicodème Aghiorite, son biographe,
écrit que la vénérable dépouille de la Sainte fut retrouvée
intacte et qu'elle embaumait d'un divin parfum. Avec la bénédiction
du Patriarche de Constantinople d'alors, Païssios, des prêtres et
des fidèles, en proie à l' émotion et emplis de piété, la
déposèrent dans un reliquaire en l'église de Sainte Parascève.
Dès lors, la Sainte fut honorée et pieusement vénérée le 30
avril de chaque année, jour de la translation de ses saintes
reliques.
Durant les dramatiques événements
de 1955 qui advinrent à Constantinople, des Turcs fanatiques
détruisirent et profanèrent entre autres la sainte église de
Sainte Parascève. Ils mirent aussi le feu au saint reliquaire. On ne
put sauvegarder que de petites parcelles des saintes reliques de
notre glorieuse Néo-Martyre, qu'abrite aujourd'hui un petit
reliquaire.
Une église vouée à Sainte
Argyrie fut inaugurée par le Métropolite de Mytilène, Iaccovos
III, dans le bourg de Panagyouda de Lesbos, où la Sainte est honorée
avec éclat.
C'est justement que la Sainte
Nouvelle-Martyre Argyrie fut appelée " sainte patronne
protectrice du mariage et de la jeunesse pieuse." L'un de ses
contemporains hymnographes, le Père Athanase de Simonopétra de la
Sainte Montagne de l'Athos, dans le canon de supplication qu'il
composa en son honneur, disposa comme acrostiche la supplique si
expressive : Fais-nous don, Argyrie, de la sagesse."
Et, dans une belle hymne, il la
prie de fortifier par ses prières les fidèles époux pour qu'ils
mènent une vie de gens mariés agréable à Dieu :
"
Tu as gardé ton mariage immaculé. C'est pourquoi, ô Martyre, garde
toujours purs les pieux époux." Puissent, par les intercessions
de la glorieuse Sainte Nouvelle-Martyre Argyrie, les jeunes familles
de notre patrie vivre dans la paix et dans la joie et demeurer des
colonnes inébranlables sur le rocher intangible de notre foi, notre
Seigneur Jéus Christ!
Tropaire de Sainte
Argyrie. Ton 3.
Ayant soutenu avec une foi divine
une lutte de tant d'années, Nouvelle-Martyre Argyrie, tu t'es
sanctifiée. Et ayant glorifié le Christ par tes souffrances, tu as
fait croître tes charismes divins. C'est pourquoi intercède pour
donner à ceux qui t'honorent le pardon des péchés et la grande
pitié.
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