jeudi 18 août 2022

Photinie Samos, La véritable histoire de ma vie.

 









Photinie Samos.

La véritable histoire de ma vie.



"Les médecins m'avaient dit que je resterais aveugle,

et j'ai retrouvé la vue.

Les médecins m'avaient dit que je resterais paralysée,

et j'ai remarché.

Les médecins m'avaient donné trois jours à vivre,

cela fait cinquante ans, et je vis toujours.

Les médecins m'avaient dit que je n'aurais pas d'enfants,

et je suis fière de mes petits-enfants."

Photinie Samos



"Dieu est admirable dans ses Saints."



" Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits." ( Mat. 11, 25).



Contact : docorthodoxe@gmail. com



"Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai." (Mat. 11, 28).



Photinie Samos, 2017



Ce livre est distribué gratuitement



Note de l'éditeur grec " Orthodoxos Kypseli":

Au début du mois de novembre 2016, Mme Photinie Samos nous fit parvenir de Sydney, en Australie, le contenu de ce livre extraordinaire, portant le titre "La véritable histoire de ma vie". Lors d'un contact téléphonique, elle nous pria de l'éditer pour la gloire de Dieu et de ses Saints, en vue de la consolation des hommes traversant épreuves et afflictions. Au début de l'année 2017, la première édition fut tirée à 5000 exemplaires, et épuisée à la fin du mois d'avril. Quelaues âmes généreuses, amies de Dieu et des hommes, envoyèrent les fonds suffisants pour que puisse être publiée une seconde édition. Nous prions que Dieu leur rende le salaire de leur amour pour cette aumône spirituelle. Que cela soit agréable au Seigneur et donne de l'espérance à toute personne se trouvant dans l'épreuve.



Note de la traduction française.



Ce texte, à la fois désarmant de simplicité et débordant de sincérité, contient de manière concrète et condensée tous les éléments fondamentaux de la vie chrétienne. C'est avec joie que nous le rendons accessible aux lecteurs francophones, dans l'espoir que soient perçues, de la façon la plus épurée qui soit, la beauté, la profondeur, et la Grâce de l'Orthodoxie, vécue dans l'humilité d'un quotidien parfois tourmenté. Au fil du récit de cette vie jalonnée d'épreuves, nous sommes émerveillés de constater le soutien de la foi, la force de la prière, l'importance des sacrements de l'Eglise, et la présence consolante des Saints, bien vivants à nos côtés. Nous remercions chaleureusement Mme Samos d'avoir permis, et ce avec beaucoup d'amour, la traduction de son histoire.



Le Seigneur nous dit : "Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai." Il ne dit pas : " vous qui êtes en bonne santé, vous qui êtes heureux..." Le Christ ne se rendait pas de fête en fête. Il accourait auprès des malades, des pauvres, des affligés, pour leur apporter soulagement, guérison, espérance et joie.

La seule chose que le Christ attend de nous, c'est que nous ayons la foi et l'amour. Quand il permet que les épreuves nous touchent, c'est toujours en vue de notre bien. Il arrive aussi que nous retrouvions miraculeusement la santé, après avoir connu la peine et la douleur. Alors, la joie que nous ressentons est indescriptible! C'est une joie si grande que tout resplendit, comme le soleil brille après la pluie.

Après la peine, la joie. Après l'orage, le ciel bleu. C'est ainsi que moi aussi, sur le lit de la douleur, j'ai trouvé la joie. La véritable joie. Celle qui prend racine dans une terre de souffrance, celle dont le Christ est la source. A chaque fois que Dieu permet que nous soyons dans l'épreuve, il nous donne aussi la patience correspondante. Il ne nous laisse jamais seuls. Il est à nos côtés et nous aide de multiples manières, visibles et invisibles.

Tout ce que j'écris vient de mon expérience personnelle, car j'ai été, moi aussi, plongée dans l'affliction de nombreuses fois dans ma vie, et j'ai été comblée des bienfaits de Dieu.

Je m'appelle Photinie Samos. Le nom de famille de mon père est Salata. Je suis originaire d'un ravissant village, Souli, en Corinthie, et issue d'une famille chrétienne aux nombreux enfants. Je suis la neuvième de ma fratrie, le "dernier oiseau", comme on dit dans mon village. J'étais une enfant en excellente santé, et j'avais beaucoup de joie à jouer avec mes amies, en particulier ma meilleure amie, Kyriaki Boumi. Nous étions inséparables. Durant toutes les classes du Primaire, nous avions partagé le même pupître. Nous passions toutes les récérations à jouer ensemble, avec les autres enfants aussi, bien entendu. J'étais infatigable quand il s'agissait de danser et de me baigner dans la mer. On aurait dit que j'avais compris que j'allais bientôt être privée de ce que j'aimais tant...

J'ai terminé l'école primaire de mon village en 1962, puis mon père m'a placée comme interne dans une école pour jeunes filles à Klimendi, en Corinthie. Nous étions une quarantaine d'élèves. Les professeurs nous enseignaient entre autres, la broderie, la couture, la cuisine, la pâtisserie. ( La cuisine me plaît beaucoup. Je n'en sors pas facilement! J'aime confectionner des desserts et de splats savoureux. C'est mon passe-temps favori).

Je suis restée environ un an dans cette école; j'ai terminé le cursus, puis ils m'ont proposé de revenir plus tard pour collaborer avec la professeure de "savoirs ménagers", et d'enseigner avec elle. Mais je n'en ai pas eu le temps, car le Seigneur avait d'autres projets pour moi.

C'est ici que commence mon odyssée, et bien que cinquante années se soient écoulées, les événements sont restés profondément gravés dans ma mémoire, à tel point que tout ce que je vais raconter maintenant me donne l'impression de s'être produit hier.

C'était en 1965. J'avais quinze ans; j'étais désormais une jeune fille. Un après-midi, ma grand-mère me demanda d'aller au potager, tout près du village, et de lui rapporter des tomates ainsi que différents légumes pour cuisiner. A cette époque, il n'y avait pas de marchand de légumes dans le village. Tout provenait de notre jardin. Je me rendis donc promptement au potager, mais sur le chemin du retour, j'ai brusquement constaté que je perdais la vue. " Mamie, lui dis-je en arrivant, je n'y vois plus." Mes parents étaient absents du foyer, ils travaillaient aux champs.

Ma grand-mère fit bouillir de la camomille, et m'appliqua des compresses sur les yeux, remède bien connu, mais en vain. Malheureusement, la situation empirait. De l'oeil gauche, je n'y voyais plus rien, et de l'oeil droit, ma vue diminuait progressivement. Mon père me fit consulter les meilleurs médecins. Le verdict tomba : je resterais aveugle.

J'étais une toute jeune fille de quinze ans. L'amertume était grande, les ténèbres plus grandes encore. Quand on est aveugle, l'obscurité est tellement dense que c'en est insupportable. Ce n'est pas comme l'obscurité de la nuit, car la nuit au moins, on peut voir les étoiles, la lune, ou une lueur quelconque qui chasse, ne serait-ce qu'un tout petit peu l'obscurité. C'était la première grande déception de ma vie. J'ai compris qu'auparavant, quand je souhaitais quelque chose, à force de supplications et de pleurs, mes parents finissaient par me l'offrir. Tandis qu'à présent, je pouvais toujours supplier, ils ne pouvaient rien faire pour me rendre la vue. Mes parents essayèrent de garder cette situation secrète au village, mais la maladie peut difficilement rester cachée. Mon père, lui, ne renonçait pas. Il m'emmenait chez divers médecins, encore et encore, espérant qu'ils pourraient m'aider, même si c'était peine perdue. Les médecins lui répétaient qu'il fallait bien qu'on se fasse une raison : je resterais aveugle. Je me souviens de ma pauvre mère, attendant à la porte, s'enquérant de ce qu'avaient dit les médecins...

Je ne me rappelle pas exactement combien de mois a duré ce martyr, parce que c'était il y a cinquante ans. Ce dont je me souviens très bien, c'est qu'un jour, en rentrant au village après une énième consultation, mon père paraissait plongé dans ses pensées. Il cherchait ce qu'il allait bien pouvoir dire à ma mère, car la nouvelle n'était pas bonne. Le médecin avait dit de manière catégorique : " C'est la dernière fois que vous venez : il n'y a aucun espoir."

Sur le chemin de la maison, mon père changea brusquement de direction et me proposa :

- N'allons pas à la maison! Allons chez le Père Dimitri.

C'est ce que nous avons fait.

- Père Dimitri, lui dit-il avec chagrin, je t'en prie, lis une prière à Photinie parce qu'elle a perdu la vue.

Le prêtrefut surpris. Il avait du mal à y croire parce qu'il me connaissait depuis mon enfance, et que mes parents avaient gardé tant bien que mal ma maladie secrète. Il a revêtu son étole et s'est agenouillé devant son iconostase. Nous avons prié tous ensemble. Puis il m'a lu une prière et m'a bénie : " Bon rétablissement, mon enfant, et que Dieu soit avec toi!"

Nous l'avons remercié et avons repris notre route. Naturellement, mon père me tenait par la main, puisque je n'y voyais rien. A ce moment-là, le postier du village, Georges Zafiropoulos, passa devant nous. Comme il ne savait pas que j'avais perdu la vue, il me lança : " Photinie, tu as du courrier!", et il me remit une enveloppe dans la main.

Une fois à la maison, pendant que mon père rapportait à ma mère les propos du médecin, j'ouvris mon courrier, et je commençai machinalement à lire la lettre. Soudain, je me mis à crier : " Papa, Maman, je vois!" Je sautais et dansais de joie.

- Qu'est-ce que tu racontes? dit alors mon père. Ne joue pas avec notre douleur. D'autant plus qu'il y a quelques heures nous étions chez le docteur, qui nous a bien dit que tu resterais aveugle...

- Mais mon petit Papa, j'y vois! J'y vois! répétai-je.

Inutile de vous dire quelle fête fut célébrée chez nous ce jour-là...

Ca, c'est le premier miracle que le Seigneur a fait pour moi. C'est pour cela que j'ai écrit plus haut qu'après la peine vient la joie. Cette joie est incroyable, car elle est céleste. Mon histoire continue.

Comme je l'ai raconté, après notre prière commune et après que le Père Dimitri m'a lu une bénédiction, j'ai retrouvé la vue. Cela m'attriste beaucoup de voir que les gens ne reconnaissent pas la grande force de chaque prière lue sous l'étole du prêtre.

Je suis de nouveau retournée chez les médecins. Cette fois, ce n'était pas pour qu'ils m'auscultent, mais pour qu'ils constatent le miracle. Ils n'y croyaient pas... La seule chose qu'ils pouvaient dire, c'est que j'avais beaucoup de chance. C'est Dieu qui m'avait aidée.

Ce que je viens de décrire constitue le premier miracle de ma vie, mais c'était seulement le début de mon Golgotha. Je n'ai pas vraiment eu le temps de me réjouir et de dire : " Gloire à Dieu", que déjà je me suis remise à implorer : " Ma Toute-Sainte, aide-moi!". En effet, j'ai commencé à ressentir une faiblesse dans les jambes et à me fatiguer facilement. Moi qui étais habituée à arpenter le flanc des montagnes qui entouraient mon village et à me rendre à pied dans le village voisin pour visiter ma soeur mariée, voici que je me fatiguais au moindre escalier. Je me souviens d'un chagrin particulier car, à peine âgée de seize ans, j'avais acheté ma première paire de chaussures à talons. Une jeune demoiselle! Je n'eus pas le temps d'en profiter, car ma situation empirait de jour en jour. J'enviais mes amies qui portaient des talons. Les gens du village me regardaient et me demandaient pourquoi je boitais. Je ne savais pas quoi leur répondre... Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait.

Je suis allée voir le médecin du village, qui était aussi mon oncle. Je voulais qu'il m'examine et qu'il me donne un papier pour l'assurance, afin d'être admise à l'hôpital d'Athènes, et qu'on m'y fasse passer des examens. Or, mon oncle avait eu un différend avec mon père, et il trouva ainsi le moyen de se venger : il refusa de me donner le papier. Comme si la douleur ne suffisait pas, voici que mon oncle me tourmentait. Tous les jours, je traversais péniblement le village de part en part, car nos maisons étaient très éloignées l'une de l'autre. Je le voyais, et je réitérais ma demande... Finalement, après maintes supplications, il me dit : " Je vais te donner le papier pour que tu ailles à l'hôpital de Corinthe voir un autre spécialiste, mais tu n'iras pas à Athènes."

Pendant tout ce temps, mon état s'était malheureusement détérioré. Je me rendis à Corinthe; Mon oncle avait contacté son collègue pour l'informer de mon cas. Dès que le spécialiste me vit, il me demanda quel était mon lien de parenté avec le médecin de Kolia. Quand je lui répondis que c'était mon oncle, il me laissa de côté et me fit passer en dernier. Quand mon tour se présenta enfin, il s'approcha et me dit : " Il est trop tard maintenant. Je ne peux pas t'examiner. Je dois aller manger. Je te verrai cet après-midi." Mes yeux se remplirent de larmes. Je ne répondis rien. J'ai attendu qu'il revienne. Quand il arriva, il vint près de moi et sans m'examiner ni me poser la moindre question sur ce dont je souffrais, il me donna le papier pour l'hôpital d'Athènes. Je l'ai remercié et je suis partie pour l'hôpital d'Athènes. Je l'ai remercié et je suis partie pour poursuivre l'ascension du Golgotha qui m'attendait.

Mon oncle, le médecin, est mort désormais. Je prie Dieu pour qu'Il lui accorde, et j'ai de la peine en pensant que cela devait être une personne très malheureuse. En ce qui me concerne, cette expérience fut le moyen d'apprendre à cultiver la patience, une vertu qui allait m'être très bientôt indispensable. La Providence de Dieu, d'une manière incompréhensible, transforme parfois le mal que nous fait quelqu'un en une chose bonne pour nous. Il faut seulement que nous ayons la sensibilité suffisante pour discerner l'énergie divine à l'oeuvre.

Comme j'avais enfin reçu le fameux papier, je me rendis à l'hôpital Hippocrate d'Athènes. Quelques semaines plus tard, ils m'envoyèrent au service orthopédique de l'hôpital Aignitio. Je me dois de préciser que les médecins d'Athènes ont fait tout ce qui était humainement possible pour m'aider.

J'ai été admise dans les hôpitaux suivants : Hippocrate, Aignitio, Aretaino, Kapapse, Alexandra, et KAT. A partir de mes quinze ans et jusqu'à mes dix-huit ans, je n'ai fait qu'aller d'un hôpital à l'autre. Pour finir, c'est à l'hôpital Aignitio que je suis restée le plus longtemps. J'y ai été admise à l'âge de dix-sept ans, et j'en suis repartie à dix-huit ans. Je me souviens qu'en dépit des nombreuses tentatives des médecins, des examens douloureux et des pénibles traitements, mon état ne faisai qu'empirer. mais comme je l'ai exprimé plus haut, j'ai beaucoup de gratitude pour tous ces médecins, parce qu'ils ont déployé des forces surhumaines pour essayer de m'aider.

Les autres malades payaient un professeur en médecine, le docteur Skarpalezo. Moi, je n'avais pas d'argent pour le rémunérer, mais je n'oublierai jamais le fait que ce professeur, ainsi que tous ses collègues, venaient me voir et m'examinaient gratuitement. Ma maladie les intriguait beaucoup, et ils voulaient absolument m'aider.

Mon dernier séjour à l'hôpital dura une année entière. Ils avaient appelé ma maladie "polynévrite". Tous les muscles de mon corps étaient détruits; j'étais paralysée des bras et des jambes. La seule chose que je pouvais bouger un peu, et non sans peine, c'était ma tête. Je me souviens du jour de mon anniversaire : je venais d'avoir dix-huit ans, et j'étais toujours à l'hôpital. Mon père arriva et me trouva entièrement paralysée. Il ne dit rien. Il me regarda simplement, et se mit à pleurer, inconsolable comme un petit enfant. Comme j'étais peinée d'infliger une telle amertume à mon père! En ce jour inoubliable, les médecins lui avaient annoncé qu'ils ne pouvaient malheureusement plus rien faire pour m'aider. La paralysie avait atteint la tête. De ce fait, ils lui conseillaient de me ramener à la maison, estimant qu'il me restait peu de temps à vivre.

Ce n'est pas de la faute des médecins s'ils n'ont pas pu me guérir. Ils ont fait, je le répète, tout ce qui était huamienement possible. En partant, je les ai salués en leur disant :

- Je pars paralysée, mais je vais guérir, j'en suis sûre! Je vais marcher, et je vais revenir pour que vous me voyiez.

Un médecin me répondit :

- Malheureusement, de nos jours, il n'y a plus de miracles...

- Pourquoi? lui demandai-je. Le Christ aurait-il vieilli? Moi, je vais revenir sur mes deux jambes pour que vous voyiez que les miracles existent toujours!

Maintenant que j'y repense, je ne sais pas comment j'ai pu prononcer ces mots avec une telle certitude...

Mon père m'a donc ramenée à la maison. Ma mère avait du mal à y croire. J'étais partie à l'hôpital en marchant et je revenais, jeune fille de dix-huit ans, entièrement paralysée. A cette époque, les conditions de vie étaient très pénibles pour les personnes paralysées. Le malade passait toute la journée dans son lit. Une famille pauvre ne pouvait pas envisager d'acquérir un fauteuil spécialisé.

Personne ne peut imaginer combien le lit du paralysé est douloureux! Peu importe que le matelas soit moelleux. Je me souviens que c'était comme si j'étais allongée sur des pierres pointues. Le coeur paralysé est tellement lourd et insoulevable qu'il tombe et s'enfonce comme du ciment sur le lit.

Tous les habitants du village se faisaient du souci pour moi. Un autre de mes oncles, Constantin Karvoutsis, avait dit au café, devant tout le monde : " Si je vois Photinie marcher, je deviendrai le meilleur des Chrétiens!"

Un professeur en médecine nommé Diamandopoulos venait parfois au village, et m'auscultait. Un jour, je lui dis :

- Docteur, je vous en prie, ne revenez pas me voir, car mes parents sont pauvres : Ils n'ont pas de quoi vous payer.

- Mais, mon enfant, je ne te demande pas d'argent. Je continuerai à venir parce que je veux t'aider. Et s'il existe quelque part dans le monde un remède pour toi, je le trouverai et je te l'apporterai.

Monsieur Diamandopoulos envoya mes examens médicaux en Amérique; et il était prêt à m'y envoyer moi aussi, à mes propres frais. Mais il reçut une réponse des médecins outre-Atlantique qui certifiaient qu'il n'y avait aucun traitement possible pour moi. Il dit également à mes parents qu'ils n'auraient pas dû me faire sortir de l'hôpital, parce que mon état allait se dégrader au point d'exiger une assistance respiratoire, et qu'il était dommage que je souffre. Le Professeur Diamandopoulos croyait que je n'aurais pas les forces suffisantes pour me rendre à Athènes. Il était persuadé que je ne supporterais pas le voyage, et que ça me serait fatal.

J'ai écrit plus haut que mon oncle, le médecin, m'avait causé beaucoup d'amertume, et voici que maintenant, un médecin inconnu venait généreusement à mon aide. Je médite sur ces évènements très souvent et je rends grâce à Dieu de ce qu'il existe encore de l'amour et de la bonté dans ce monde.

Les jours passaient, et ma mère, bien entendu, se fatiguait beaucoup pour moi. Malgré tout, elle se réveillait chaque soir à minuit, et nous priions ensemble jusqu'à deux heures du matin.

L'autre raison pour laquelle ma mère devait se réveiller, c'était pour me remuer les bras et les jambes, car si elle ne les bougeait pas, ils s'engourdissaient à cause de l'immobilité et j'avais l'impression d'être transpercée par des clous. Pendant le temps de notre prière, il arrivait parfois que des bruits de galop de deux chevaux se fassent entendre autour de notre maison. Ma mère allait regarder dehors, mais elle ne voyait jamais rien.

Les gens du village savaient que j'étais gravement malade, aussi, à chaque fois que la cloche de l'église sonnait le deuil, ils pensaient que c'était pour moi. Ils m'ont ainsi pleurée plusieurs fois... Le dimanche, après la Liturgie, le Père Dimitri venait me donner la communion. Les voisins le voyaient passer et se lamentaient : " Photinie va mourir! Ca y est! On l'a perdue!"

Je suis très reconnaissante à tous ces villageois, surtout au Père Dimitri, qui se tenait à côté de mon lit de souffrance. Sa présence fut une aide si précieuse!

Nous avons supporté cette situation pendant plus d'un an. A cette période, mes soeurs qui étaient parties vivre en Australie ont découvert un livre sur le pèlerinage du Christ de Spata, en Attique. Elles nous écrivirent au sujet des nombreux miracles qui s eproduisaient là-bas, en conseillant à nos parents de m'y emmener. Elles espéraient que le Christ me viendrait en aide.

Mon père hésita dans un premier temps, se souvenant de la mise en garde du Docteur Diamandopoulos au sujet d'un tel voyage. Puis, il reprit courage, car il comprit que c'était notre dernier espoir, notre unique espoir. Il fit venir notre père spirituel, le Père Christos, du village voisin. Nous nous sommes tous confessés, mon père, ma mère et moi. Nous avons jeûné, et nous nous sommes préparés comme il le fallait. Ensuite, mon père a appelé monsieur Tasso, le chauffeur de taxi, pour qu'il nous conduise jusqu'à l'église de la Résurrection du Christ, à Spata, qui se trouve tout près d'Athènes. Un trajet d'environ deux heures. Et, ô merveille! Non seulement cela ne me fut pas fatal, comme le craignait le médecin, mais je me sentais reposée et joyeuse.

Nous arrivâmes le samedi après-midi. Comme je l'ai déjà dit, nous ne pouvions pas nous payer le luxe d'avoir un fauteuil roulant. Mes parents me déplaçaient dans un fauteuil en toile. L'office de demande d'intercession (NdT : paraclisis) débuta peu de temps après que nous fûmes entrés dans l'église. Il y eut ensuite une agrypnie. Beaucoup de fidèles s'étaient rassemblés là, parmi lesquels de nombreux malades. L'agrypnie fut très recueillie. J'étais fascinée par l'atmosphère de prière de la Liturgie, et le plus extraordinaire était que je me sentais reposée.

Pendant toute la vigile, je me tins assise dans mon fauteuil en toile, à côté de la porte du sanctuaire. J'écoutais pieusement la divine psalmodie, tout en observant dans le sanctuaire un certain monsieur qui priait à genoux. Il resta complètement immobile durant toute la divine Liturgie. Cela m'impressionnait beaucoup, au point que je n'arrivais pas à comprendre s'il était bien vivant. Cette agrypnie céleste s'acheva au petit matin. Et je dis "céleste", parce que j'ai vraiment ressenti que le Ciel était descendu sur terre.

Tout de suite après que j'ai communié, le monsieur qui priait à genoux dans le sanctuaire s'approcha de moi et me dit : " Photinie, que la Grâce de Sainte Photinie illumine le monde, et nous aussi!" Puis il continua : " Sais-tu que c'est le Seigneur qui m'a retenu ici ce soir, et que c'est pour toi que je priais?"

Ensuite, le grand-père Anastase, le neveu de Saint Nectaire, vint vers nous. Il fit sur moi le signe de la Croix avec le bonnet de Saint Nectaire. Son oncle le lui avait remis avant de s'endormir dans le Seigneur. A peine m'avait-il bénie qu'un de ses yeux se mit à couler, comme si on avait ouvert un robinet, et il me dit : " Tu vois mon oeil, mon enfant? Ca, c'est le signe que tu vas guérir."

Ce bonnet était souvent pris par les gens, mais c'est Saint Nectaire lui-même qui le lui rapportait en disant : " Tiens, voici ton cadeau, mon cher Anastase."

Par la suite, le monsieur qui était avec le grand-père Anastase, monsieur Stylianos s'adressa à moi : " Fais ton signe de Croix." Mais je répondis : " Ca, c'est impossible. Je ne peux pas bouger mon bras...". Alors, il mit dans ma main une petite croix en bois. " Maintenant, me dit-il, tu peux! Lève ton bras, et fais ton signe de Croix." J'ai alors soulevé mon bras, et je réussis à faire mon signe de Croix en serrant la petite croix en bois dans ma main. Il y avait beaucoup de pèlerins autour de moi, et nous avons tous ensemble glorifié le Seigneur. Moi, je reçus une grande joie, ainsi qu'un courage considérable. Je crus alors que le Christ était mon véritable médecin.

Quelques instants plus tard, le grand-père Anastase et monsieur Stylianos me dirent que le Christ voulait que je vénère son icône. Ils essayèrent tous les deux de m'aider en me soulevant du fauteuil, mais c'était trop difficile pour moi, et bien qu'ils me tinssent fermement, je suis tombée par terre. Nous avons tous vu à ce moment-là que l'icône du Christ commençait à verser des larmes. Ils se mirent à crier : " Miracle! Miracle!". Les larmes sortaient depuis la vitre de l'icône. Il s'agissait de la première icône à droite, en regardant vers le sanctuaire.)

Tous ceux qui étaient présents à ce moment-là dans l'église furent témoins de ce phénomène. Le Père Dimitri qui desservait cette église le raconta dans le journal de la paroisse, dont il me fit parvenir un exemplaire au village. Après avoir vécu tout cela, j'eus une grande foi, et je crus avec toute la force de mon âme. J'ai ressenti combien le Christ est proche de nous, qu'il nous écoute, nous voit, et nous aime.

J'ajoute qu'à un moment, ma mère s'est approchée de moi en tenant mes médicaments.

- Mon enfant, c'est l'heure de prendre tes médicaments.

- Non, Maman, lui ai-je alors répondu, je ne vais pas les prendre. c'est le Christ qui va me guérir.

J'ai arrêté la cortisone. Je prenais huit comprimés par jour, et j'ai tout arrêté d'un coup. J'avoue que cela exige une grande force intérieure. Quelques mois auparavant, j'avais demandé au médecin de ne plus me donner de cortisone. Il m'avait répondu avec beaucoup d'amour : " Mon enfant, ce que tu me demandes est impossible. Pour arrêter la cortisone, il faudrait que tu sois à l'hôpital, et que tu arrêtes petit à petit, car cela peut-être dangereux."

Malgré ce qu'avait dit le médecin, j'ai arrêté toute seule la cortisone, parce que je croyais en notre Grand Guérisseur, le Christ. Et non seulement il ne m'esst rien arrivé, mais j'ai commencé à aller mieux.

Monsieur Stylianos m'avait dit aussi ceci : " Le Christ veut que tu reviennes deux fois ici, et que tu ailles également à Palioura, voir soeur Argyrie. Elle t'attend." Le village de Palioura était situé près de Chalkida, et soeur Argyrie était une moniale très éclairée, remplie de la Grâce de Dieu.

Quand je suis rentrée dans mon village, je n'étais plus la même personne. Tout me semblait beau dans ma pauvre petite chambre. Je vivais dans mon propre monde céleste, j'étais très heureuse. Je n'arrivais pas à expliquer ce que c'était que cette joie divine, mais je me souviens que je me disais : " Mon Dieu, je ne veux pas marcher, je veux garder cette joie pour toujours!"

La seule chose qui avait changé, c'est que je pouvais désormais me servir de mes bras. C'était un grand cadeau pour moi. Je pouvais maintenant manger seule, boire de l'eau, écrire, me coiffer, et même chasser les mouches.

Peu après mon retour, j'écrivis deux lettres. Cela faisait une éternité que je n'avais pas pu tenir un stylo dans ma main. Vous ne pouvez vous imaginer le cadeau que Dieu me faisait, en me permettant de tenir un crayon et d'écrire ce quee je voulais. vous ne pouvez pas non plus comprendre, vous qui lisez mon histoire, ce que signifie avoir soif, regarder le robinet, et ne pas pouvoir l'ouvrir pour boire un peu d'eau. Pouvoir soulever un verre d'eau pour boire, sans que d'autres te portent le verre à la bouche pour te désaltérer. Pouvoir tenir une cuillère et manger ce que tu veux et autant que tu veux. Le Seigneur nous offre tellement de choses! C'est seulement quand nous en sommes privés que nous comprenons leur valeur. Je rencontre parfois des gens qui débordent de santé et qui ne sont pas satisfaits de leur vie... Je ne dis pas ça pour les juger, mais disons que comme j'ai été étendue toute jeune sur le lit de la souffrance, je vois tout ça avec mon propre regard.

J'ai envoyé la première lettre à mes soeurs d'Australie, qui m'expédièrent en retour le livre décrivant tous les miracles qui se produisaient à Spata. Je me souviens de ma lettre :

" Mes petites soeurs chéries, les parents m'ont emmenée à Spata. Nous venons de rentrer, et je vous écris de ma propre main. Comme vous voyez, le Christ m'a aidée, car j'arrive maintenant à tenir un stylo et à écrire. Bien entendu, je ne peux pas encore marcher. Mais le Christ va m'aider, et je vais marcher."

Mes soeurs ont fêté ça! Elles avaient du mal à y croire. Leurs proches, qui connaissaient le souci qu'elles se faisaient à mon sujet, se sont tous réjouis, car ils s'étaient mis à attendre mes lettres. Ils espéraient le grand miracle. Après la peine, vient la joie...

Mes soeurs ont compris car cela faisait plus de vingt mois que je n'avais pas écrit, et elles ont reconnu mon écriture. C'était le plus beau cadeau que je pouvais leur faire, à elles qui supportaient une double peine, celle de l'exil et celle de ma maladie. Elles m'envoyèrent de l'argent pour que je puisse retourner à Spata, et que j'aille rendre visite à soeur Argyrie.

Ma deuxième lettre, je l'ai envoyée à une station de radio. J'écoutais tous les jeudis une émission qui s'appelait " aux côtés des malades". Le but de ce programme était de distraire les malades, et de leur donner de l'espoir. Ils disaient : " Courage, chers malades, la recherche progresse!" Ils ne parlaient que de science, et jamais de Dieu. Et en ce qui me concerne, non seulement ça ne me distrayait pas, mais ça me décevait beaucoup. Et je me disais : " Ah! Si seulement je pouvais tenir un stylo et leur écrire!" Donc, dès que j'ai pu le faire, je leur ai écrit ceci :

" Cela fait plusieurs mois que je suis votre émission. Je fais partie, moi aussi, des personnes malades. Je suis paralysée, mais je vais vous réécrire quand je ferai partie des gens en bonne santé, parce que je vais guérir! Non seulement votre émission ne m'apporte aucune consolation, mais elle me déçoit. Cela fait longtemps que je voulais vous écrire, mais je ne pouvais pas, parce que mes mains étaient paralysées. Maintenant qu'avec l'aide de Dieu je peux tenir un stylo, je vous écris pour transmettre un message d'optimisme à tous les maldes qui vous écoutent. J'ai remarqué que vous répétiez souvent que la science progresse, et personnellement, je suis déçue. Parce que dans mon cas, la science avait rendu les armes, elle m'avait dit que je resterais aveugle. Or, avec l'aide de Dieu, et non celle de la science, j'ai retrouvé la vue. La science m'a dit que je retserais paralysée, mais au-dessus de la science, il y a le Christ, le grand Médecin. Moi, c'est en lui que j'espère, et je suis absolument persuadée que je remarcherai un jour!"

J'évoquais aussi dans cette lettre le cas de mademoiselle Dolfon, qui avait terminé première aux jeux Olympiques dans la discipline de la course à pied :

"Elle était née pour courir", disaient tous ceux qui assistaient aux Jeux Olympiques. Et pourtant, cette grande athlète était née avec un pied paralysé. Sa mère asseyait la petite fille pour qu'elle essaie de se lever, mais elle retombait. Si elle tombait cent fois, sa mère la relevait cent fois. Elle n'a jamais cessé d'essayer. Elle voulait marcher. Elle voyait les autres enfants courir, et voulait en faire autant. Elle pouvait tomber cent ou deux cents fois, elle se relevait cent ou deux cents fois. Et de nouveau la même chose. Jusqu'à ce que son rêve devienne réalité. Finalement, non seulement elle a pu courir, mais elle est devenue coureuse professionnelle et elle a même terminé première. Ce n'est pas la science qui l'a aidée, mais sa foi et sa détermination. Voilà pourquoi, chers malades, ne tombez pas dans le désespoir. Je n'accuse pas la science, loin de là! Mais je vous dis qu'au-dessus de la science, il y a Dieu. C'est Dieu qui éclaire les médecins pour qu'ils délivrent le bon diagnostic, et puissent soigner les malades. Et quand les médecins ne peuvent plus rien faire, ils disent eux-mêmes : " Nous avons fait tout notre possible. Maintenant, il n'y a que Dieu qui puisse intervenir." C'est pour cela que, nous tous qui sommes sur le lit de la souffrance, nous ne devons pas nous laisser gagner par le désespoir. Nous devons placer notre espérance en Dieu. Le Seigneur permet l'épreuve, mais il nous donne aussi la patience correspondante pour que nous puissions soulever notre croix. A ce moment-là, la croix devient plus légère, et nous acceptons la maladie comme une visite de Dieu; nous ne nous plaignons pas. Parce que la maladie est vraiment une visite de Dieu! Pour terminer, je souhaite de tout mon coeur à tous les malades d'avoir de la patience, et que Dieu donne à chacun la santé spirituelle et corporelle. Si quelqu'un souhaite me contacter, il peu obtenir mes coordonnées auprès de l'émission."

Je concluais en remerciant les présentateurs de l'émission pour l'opportunité qu'ils m'offraient de pouvoir exprimer ce que je ressentais. Ce qui se passa ensuite est indescriptible... La totalité de l'émission suivante fut consacrée à mon courrier. Les présentateurs me remercièrent avec beaucoup d'émotion et me demandèrent de garder un contact aussi fréquent que possible aveec eux. Ensuite, les lettres ont commencé à pleuvoir à la maison. Des malades de toute la Grèce m'écrivaient et reprenaient courage suite à mes réponses. J'écrivais toute la journée. Le postier faisait beaucoup d'allers-retours.

Aujourd'hui, en écrivant, je me rends compte que, quel que soit l'état dans lequel on se trouve, on peut toujours aider l'âme de son prochain. Et plus encore les malades. Il n'y a pas d'excuse qui tienne : " Je suis malade, je ne peux rien faire." Une bonne parole ne nécessite aucune force physique particulière. Quand nous avons de l'amour en nous, nous pouvons donner beaucoup. Toutes les lettres que j'ai ainsi reçues de personnes inconnues en provenace de toute la Grèce m'ont aidée à comprendre combien les malades ont besoin de quelques mots d'amour, de mots qui viennent du coeur. Un proverbe chinois dit ceci : " A celui qui a faim, donne un bol de riz. A celui qui a mal, donne un morceau de ton coeur." Et le Christ, dans l'Evangile de Saint Matthieu, dit aussi : " C'est de l'abondance du coeur que la bouche parle." Quoi que nous ayons à l'intérieur de nous, c'est cela que nous pouvons donner.

Je me sens très redevable à Dieu, et toutes les heures du jour ne suffisent pas à ce que je lui rende grâce. Il m'a énormément donné. Le plus grand don bqquelue le Seigneur m'ait fait, ce sont les malades. Je le dis, je le crois, et je le glorifie. Quand nous parvenons à comprendre quel bienfait nous recevons au travers de la maladie, nous sommes heureux et comblés.

Ainsi s'écoula le temps au village, dans ma pauvre petite chambre, toujours allongée sur mon lit, avec beaucoup de livres chrétiens à mes côtés.

A force de lire la paraclisis à la Mère de Dieu plusieurs fois par jour, il me vint un grand désir. " Papa, demandai-je, je voudrais l'icône du Christ qui prie sur le Mont des Oliviers, avec les mains jointes."

Mon père m'acheta cette icône et me la mit à côté de mon lit. Elle me donnait beaucoup de joie. J'étais en contact avec le Christ toute la journée. Toutes mes peines, toutes mes pensées, c'est à cette icône que je les confiais. J'ai toujours cette icône avec moi.

Je suis retournée deux fois à Spata avec mes parents, qui m'emmenèrent aussi à Palioura pour rencontrer Soeur Argyrie. Cette moniale clairvoyante vivait avec une autre soeur. Elles travaillaient durement aux champs pendant la journée, et sur un métier à tisser pendant la nuit. Elles aidaient les pauvres et les jeunes filles orphelines. Elles leur constituaient une dot et les aidaient à se marier. Elles accomplissaient encore beaucoup d'autres bonnes oeuvres. La prière pour le monde entier était le centre de leur vie.

Dès que soeur Argyrie m'aperçut, elle me lança : " Bienvenue, Photinie! Mon enfant, tu vas remarcher..." Ensuite, nous nous installâmes autour de la table pour manger dans la cour, près de sa cellule. Nous étions une trentaine de personnes. Des médecins et des avocats étaient venus d'Athènes pour prier. Cela m'impressionnait que des gens aussi cultivés soient là pour prier. Soeur Argyrie avait fait bouillir un paquet de pâtes. " Mangez, mes enfants, nous dit-elle, elles sont bénies." Nous avons tous beaucoup mangé, et il en est même resté. C'est surtout la Grâce de Dieu qui surabondait... J'y repense encore, à chaque fois que je prépare des pâtes.

Quand soeur Argyrie s'assit près de moi, je saisis l'occasion pour lui demander :

- Ma soeur, comment savez-vous que je m'appelle Photinie, et comment savez-vous que je vais remarcher?

- Ma fille, répondit-elle, je ne te connais pas. Je suis venue près de toi pour te demander comment tu t'appelles.

- Mais, quand vous m'avez vue, vous m'avez dit : " Bienvenue, Photinie! Mon enfant, tu vas remarcher."

- Si je te dis quelque chose, mon enfant, ne pose pas de question, car cela ne vient pas de moi... Moi, je ne me souviens de rien.

Je ne savais pas quoi dire. La seule chose que j'ai pensée, c'est que j'étais face à une sainte personne.

C'était l'été, un soir baigné par la lumière de la lune. Une fois le repas terminé, soeur Argyrie nous annonça que c'était l'heure de la prière. Nous avons commencé une céleste et inoubliable prière. Vers minuit, nous entendîmes des cloches dans le ciel, et une divine psalmodie. " Mes enfants, nous dit soeur Argyrie, les anges chantent avec nous." Je ressentis véritablement que la terre et le ciel n efaisaient plus qu'un. Mon Dieu, quelle force avait cette prière! ( Le plus grand cadeau, c'est que nous pouvons, grâce au téléphone de la prière", entrer en contact avec Dieu à n'importe quelle heure, où et quand nous le voulons.)

Ensuite, soeur Argyrie demanda à tout le monde de sortir, de manière à rester seule avec ma mère et moi. Alors, elle me dit :

- Ma petie Photinie, je sais combien tu as souffert. Ce n'est pas la conséquence de tes péchés, ni de ceux de tes parents; ce n'est pas le Seigneur qui t'a donné cette maladie. Dieu ne veut pas que quiconque souffre. Quand le diable nous envoie la souffrance, le Seigneur la permet si c'est pour notre bien. Grâce à ta maladie, beaucoup de personnes vont avoir la foi. Aucun médecin sur terre ne trouvera le nom de ta maladie, et aucun médicament ne pourra t'aider. Le remède qui va te soigner, c'est l'huile de la veilleuse, l'onction des malades, et la Sainte Communion. Tu vas guérir. Comme le raisin qui mûrit petit à petit, toi aussi, tu vas guérir petit à petit. Tu vas construire une famille, et beaucoup de gens autour de toi vont croire grâce à toi.

Puis, elle se tourna vers ma mère, et lui dit :

- Il faut que tu écrives à ta fille qui vit en Amérique, et à tes filles qui sont en Australie, pour que vous priiez toutes ensemble pour la guérison de Photinie.

Elle nous envoya nous reposer, mais elle demanda à ce qu'on fasse venir mon père. Elle l'avait appelé par son nom. Quand il entra, elle lui donna ce conseil :

- Mon cher, quand tu seras au village, va parler avec ton frère. Cela fait vingt ans que vous ne vous êtes pas parlé!

Soeur Argyrie fit ensuite venir un autre fidèle qui avait un kyste sur la joue, de la taille d'un oeuf. Il avait projeté d'aller le lundi suivant se faire opérer, et voulait au préalable prendre la bénédiction de la moniale. Elle fit sur lui le signe de Croix, et, quand il sortit, il n'avait plus rien... Je fus grandement édifiée par cette visite, et je suis rentrée à la maison en glorifiant Dieu de m'avoir jugée digne de vivre de telles joies célestes.

Un jour, on frappa à la porte de chez nous. C'était le grand-père Anastase, le neveu de Saint Nectaire, accompagné de son frère, Stylianos. Il tenait dans ses bras une icône de Saint Nectaire, aussi grande que la porte. " Ton protecteur est arrivé!" me dit-il. Dans mon village, en ce temps-là, nous ne connaissions pas Saint Nectaire, parce que c'était un saint récent; et dire que c'est son neveu lui-même qui nous l'apporta! Je lui demandai de ne pas garedr l'icône à la maison, mais de la déposer dans l'église du village.

Ainsi, nous avons apporté l'icône à l'église, et comme un des villageois venait de revenir d'Amérique pour passer ses vacances au village, il demanda au Père Dimitri s'il pouvait confectionner une iconostase pour que l'icône y soit placée. Ils se mirent d'accord, et l'iconostase fut disposée au centre de l'église, là où elle se touve encore aujourd'hui. Nous avons commencé à célébrer la paraclisis en l'honneur de Saint Nectaire tous les mercredis.

Mes parents m'emmenèrent aussi à Egine, pour vénérer Saint Nectaire. Après la liturgie, ils me laissèrent sur mon fauteuil, à côté du tombeau du Saint. Je l'ai alors entendu marcher à l'intérieur. Je ne connaissais rien de ce phénomène, parce que c'était la première fois que je me trouvais là. C'est plus tard que j'appris que de nombreux pélerins entendaient les pas du Saint.

A Egine, je fis la connaissance d'un respectable prêtre Crétois, le Père Evanguélios Katzispouro. Il nous expliqua que depuis que Saint Nectaire avait guéri son épouse, il venait chaque année de Crète pour le remercier. Il me donna ses coordonnées en me disant : " Ma fille, étant donné que tu ne peux pas marcher, tu peux te confesser à moi par lettre. Tu m'écriras tes fautes, et moi, je mettrai mon étole et je te lirai la prière du pardon." C'était un grand cadeau pour moi. Il m'a beaucoup aidée. Que le Seigneur lui accorde le repos des Saints.

Deux mois s'étaient écoulés depuis ma première visite à Spata. Les jours passaient paisiblement dans la prière, le jeûne, et la Sainte Communion. Un jour, la veille de la Sainte Barbara, ma cousine vint me rendre visite et me dit :

- Demain, je vais à Kiato, que veux-tu que je te rapporte?

- Je voudrais une paire de pantoufles, lui répondis-je spontanément.

Elle me regarda d'un air étonné, mais ne dit rien.

Je me souviens de ce jour béni. J'avais lu de nombreuses fois la paraclisis. Le soir, quand ma mère vint pour me souhaiter une bonne nuit, je lui dis : " Je voudrais tant connaître Sainte Barbara..."

Le souhait de rencontrer Sainte Barbara m'avait envahie de manière aussi soudaine qu'irréductible. Ma mère m'apporta une petite icône en papier de la Sainte. Je la vénérai, et elle me la glissa sous mon oreiller.

Tandis que chaque soir ma mère venait vers minuit dans ma chambre pour prier avec moi, cette nuit-là, elle ne vient pas. Je me réveillai et j'attendis. Soudain, je vis sortir des icônes une jeune fille avec une robe blanche, comme celle qui était sur la petite icône que ma mère m'avait apportée. J'étais éveillée. Je la voyais bien vivante. Elle s'est approchée de mon lit, m'a prise par la taille et m'a relevée. Mais comme mon corps était paralysé, je ne pouvais pas me maintenir. Elle m'a saisie deux autres fois par la taille. La troisième fois, elle m'a serrée si fort que j'ai eu mal. Elle m'a soulevée, et m'a laissée assise sur mon lit, avant de repartir. Puis elle est entrée de nouveau dans les icônes. Elle donnait l'impression de marcher de manière très légère, comme si elle volait. Moi, j'étais tellement heureuse... Je regardais l'icône du Christ qui me tenait toujours compagnie et je glorifiais Dieu.

Peu après, ma mère entra dans la chambre avec empressement.

- Mon petit enfant, je ne sais pas ce qui m'est arrivé, je n'ai pas pu me réveiller.

- Ne t'inquiète pas, Maman! Toi, tu n'es pas venue, mais Sainte Barbara, si, et elle m'a relevée. Donne-moi ta main, que je puisse marcher.

- Que dis-tu ma chérie... Attends que j'allume le poêle, il neige dehors. Nous essayons tous les jours de te faire marcher, mais tu ne tiens pas sur tes jambes.

- Oui, mais cette nuit, Sainte Barbara est venue, et elle m'a relevée. Donne-moi ta main, je veux marcher!

Elle me prit par la main, je me suis levée, et nous sommes allées jusqu'à l'autre chambre, là où mon père dormait. J'aurais du mal à décrire avec des mots ce qui s'est passé ensuite... Mon père a bondi de son lit. Il pleurait, mais de joie cette fois!

Ma cousine Olga revint de Kiato avec les pantoufles que je lui avais demandées. En les voyant, je lui dis : " Allez, donne-les moi. Je vais les mettre pour que tu voies que je marche." Je les ai enfilées, je me suis levée, et j'ai marché. Alors, ma cousine me dit :

- J'avais compris que tu marchais puisque tu m'as demandé des pantoufles...

- Mais non, répliquai-je. Hier, quand je t'ai demandé ça, je ne marchais pas. C'est cette nuit que Sainte Barbara m'a relevée et que j'ai pu marcher!"

Olga se réjouit beaucoup de l'événement et s'empressa de rentrer chez elle pour l'annoncer à sa mère. Ma tante accourut à son tour pour me voir, et il se mirent tous à pleurer sous le coup de cette grande joie! Après vingt-deux mois de paralysie, je me tenais debout! Après tant de temps passé allongée, ça me paraissait étrange de soudain tout voir de haut. C'est comme si j'étais montée à une échelle.

Mon oncle aussi apprit la nouvelle, lui qui avait dit qu'il deviendrait un bon Chrétien s'il me voyait marcher. Il me vit, se confessa, et alla communier. Mais malheureusement, il eut un accident de tracteur, et mourut quelques jours plus tard.

J'écrivis à mes soeurs en Australie, pour leur annoncer le miracle que Dieu avait fait pour moi, par le biais de Sainte Barbara, et je leur composai ce poème, en joignant une photographie de moi.



Maintenant, mes soeurs chéries,

Quand vous me verrez,

Le miracle, vous croirez,

Et à tous, vous le direz.



C'était samedi dans la nuit,

A Spata on m'avait emmenée,

Assise sous l'icône du Christ,

Tandis que mes yeux pleuraient

Comme rivière, comme fontaine.



Alors que je me trouvais là

Les yeux remplis de larmes,

Vinrent et s'approchèrent de moi

Deux messieurs lumineux

Que je ne connaissais pas.



Ils me dirent : " Chère enfant, Photinie,

Saint Nectaire pour toi a prié.

Tous les Saints rassemblés

Vont rétablir ta santé,

A tes jambes force donner,

Pour qu'elles courent!



J'ai supporté tout ça,

Et j'ai beaucoup patienté,

Jusqu'à ce que pour moi

Le jour important arrivât,

C'était la Sainte Barbara.



Vint la nuit près de moi,

Une jeune fille en robe blanche

Par la taille m'attrapa,

Vers le haut me souleva.



Depuis le soir je l'appelais

Pour qu'elle étende sa main

Et c'est de nuit que vint

La Sainte pour me soigner.



J'étais depuis vingt-deux mois

Sur mon matelas collée,

Mais le Christ a voulu

Que je sois délivrée.



Ô mon Christ très miséricordieux,

Toujours je te glorifierai

Et le miracle que tu as fait pour moi, à tous je le crierai!



Oui! Pour toujours je m'en souviens,

Je l'avais suppliée

D'étendre sur moi sa main...

Mes petits yeux j'ai fermés,

Dans le sommeil je suis tombée.



J'écrivis aussi une lettre à la station de radio, et en particulier ceci:

" Il y a qualque temps, je vous ai écrit d'entre les malades, en vous disant que j'allais remarcher et que je vous écrirais bientôt d'entre les gens en bonne santé. Eh bien oui! C'est avec une grande jois que je vous écris que je ne suis plus paralysée; Maintenant, avec l'aide de de Dieu, je peux marcher. Le Seigneur a fait le miracle que j'attendais, par l'entremise de Sainte Barbara. Sainte Barbara elle-même est sortie des icônes, elle m'a relevée, et j'ai pu marcher. Je vous remercie, vous les malades qui m'avez écrit, et je prie pour que vous aussi, très bientôt, vous soyez guéris. Je vous remercie également, les présentateurs, qui maintenant parlez aussi de Dieu dans l'émission; Vous avez rendu le programme très joyeux, et vous donnez vraiment ce dont a besoin une âme en souffrance : consolation et espérance."

Cette émission était suivie également par les malades de l'hôpital Aniaton de Patra, mais certains se dirent entre eux que je racontais des histoires. Ils n'y croyaient pas. Or, dans cet établissement, il y avait aussi trois soeurs paralysées que j'avais connues à l'hôpital Aiginitio, et avec qui j'avais gardé contact par courrier. Je ler écrivis pour leur annoncer que je remarchais, et je leur certifiai que c'était bien la vérité.

Un jour, je leur fis une surprise : je me rendis à Patra, à l'hôpital. Quand ces trois soeurs (Maria, Matine et Eugénie) me virent, elles interpellèrent les uatres malades : " Vous voyez bien que ce n'était pas un mensonge!", tout en montrant des photographies de moi datant de l'époque où nous étions ensemble à l'hôpital Aiginitio. A cette période, je me trouvais dans un état pire que le leur. Elles venaient près de mon lit en chaise roulante, et me donnaient à boire et à manger.

Mon père me dit : " Il faut que tu ailles souvent à la clinique pour leur tenir compagnie." Or, à cette époque, mon oncle, Jean Kaniaris, travaillait justement à Patra, au ministère de l'agriculture. Il m'y emmenait donc le lundi , et me ramenait au village le samedi. Je restais toute la semaine, et je me rendais chaque jour au " Pantocrator" ( Ce qui est dire au " Christ Tout-Puissant". C'est ainsi que s'appelait l'établissement).

J'avais une amie à Patra, Evanthia, que j'avais rencontrée à l'hôpital d'Athènes. Je l'aimais beaucoup. Elle m'avait beaucoup soutenue. Elle avait été hospitalisée à la suite de maux de tête. Après que les médecins m'aient renvoyée chez moi, Evanthia m'avait souvent écrit, et elle était aussi venue me voir à Souli. Elle s'asseyait près de moi et me tenait compagnie. Nous nous entendions bien parce que c'était une bonne chrétienne. Ses parents, qui étaient aussi de pieux Chrétiens, avaient fait la connaissance des miens. Ils comprenaient ma situation délicate et la laissaient venir me voir. C'est pour cela que quand mon oncle m'emmenait avec lui à Patra, il me déposait chez Evanthia. Elle avait deux soeurs, et toutes ensemble, nous formions un joyeux groupe.

La chose que j'ai gardée en mémoire de mes visites à l'hôpital, c'est que chaque soir, nous entendions la prière lue dans un micro. Une très belle prière, toujours avec la même voix. Un jour, je demandai à rencontrer la personne qui prononçait ces mots si beaux, attentivement écoutés par tous les malades. Ils me conduisirent dans une salle et me présentèrent Tassos, un jeune garçon complètement paralysé, des bras et des jambes. Pour pouvoir tenir le micro, ils lui enfilaient des manches spéciales en fer. Encore une fois, j'admirai et glorifiai Dieu. Je réalisai que, depuis sa place, ce jeune homme réussissait à ce que l'ensemble des patients de l'établissement l'attendent fidèlement, et se demandent : " Quelle heure est-il? Maintenant Tassos va nous parler..."

Je passai un long moment avec lui; je l'entendais parler de Dieu de manière si belle que je ne voulais plus partir. Après cette rencontre, à chaque fois que j'allais à l'hôpital, je rendais aussi visite à Tassos. Je tirais un très grand bénéfice spirituel de la fréquentation de ce garçon. Je le trouvais toujours joyeux, et j'étais fière de lui. Là où est le Christ, tout est tellement beau... Il donne une si grande bénédiction, une si grande patience. Que Son très saint Nom soit glorifié!

Je n'oublierai jamais non plus la première fois que je suis retournée à l'église du village en marchant. Quand j'ouvris la porte et pénétrai à l'intérieur, j'eus l'impression d'entrer dans la maison de la Toute- Sainte. Ce que j'ai ressenti à cet instant, je le porte en moi pour toujours. En me voyant sur mes deux jambes, les villageois se mirent tous à genoux. Ils pleuraient et rendaient grâce à Dieu. Quelle bénédiction, mon Dieu, cette assemblée de fidèles qui glorifiait Dieu! Il n'y a pas de plus grande chose dans cette vie. Finalement, je me suis moi aussi agenouillée devant la Mère de Dieu pour la remercier. Le Père Dimitri et le chantre chantaient des hymnes d'action de grâces. Un des enfants du prêtre sortit de l'église en courant pour aller prévenir sa mère. " Maman, tu as manqué quelque chose! Aujourd'hui, Photinie est venue à l'église en marchant. Miracle!" Même ce petit enfant se réjouissait...

Le père Dimitri me raconta ensuite que le fait que je marche n'était pas le seul miracle qui s'était produit. Le plus grand miracle, c'est que tout le village était ensuite allé se confesser et avait communié. Seules cinq personnes n'étaient pas venues, mais elles s'étaient rendues dans le village voisin pour se confesser. Tous les habitants des villages des alentours crurent aussi, parce qu'ils apprirent soudain le miracle d'une jeune fille paralysée, condamnée à mourir, qui s'était remise à marcher. C'est vraiment incroyable de voir comment le Seigneur agit pour nous aider à croire... De combien de manières il use et de combien de voies il dispose pour nous ramener près de Lui...

Un jour, je reçus une lettre du grand-père Anastase et de quelques amis ( son frère Stylianos, Madame Koula et d'autres). Ils m'écrivaient ceci :

" ... Samedi prochain, nous allons venir, et nous t'apporterons un cadeau dont tu as grand besoin. Nous t'avons acheté un fauteuil roulant pour que tu puisses sortir un peu de ton lit." Je leur répondis sur-le-champ : " Je vous remercie pour votre affection et pour ce cadeau béni. Mais je n'en ai plus besoin, parce que maintenant, avec l'aide de Dieu et de Sainte Barbara, je marche!"

Je leur racontai par la suite le miracle en détail. Le Seigneur m'a jugée digne de connaître ces personnes magnifiques qui m'ont beaucoup apporté. C'était vraiment un don de Dieu. Chaque samdi soir, ils se rendaient tous à l'église du Christ de Spata pour l'agrypnie. La nouvelle de ma guérison avait atteint Spata avant même que j'y aille. " Vous vous souvenez de la jeune fille paralysée qui avait été amenée ici par ses parents? Eh bien, elle marche!!!" Et ils rendaient tous gloire à Dieu.

Nous avions convenu, avec mon amie Evanthia, de célébrer la première fête de Pâque qui suivrait ma guérison à l'église du Christ de Spata, dont c'est aussi la fête annuelle. C'est donc ainsi que se passa cette première Pâque : Mes parents, mon amie avec les siens, et moi, tous ensemble à Spata pour fêter la Résurrection. Les gens me montraient du doigt : " C'est elle la jeune fille!! Elle était paralysée!! Mille fois gloire à Toi Seigneur!"

Je n'oublie pas non plus mon bienfaiteur, le docteur Diamandopoulos, qui venait bénévolement d'Athènes pour suivre mon cas, essayant de m'aider et de me soulager. Je lui rendis visite un jour à son cabinet, sans rendez-vous, pour le remercier. Il fut très surpris de me voir. Il me dit : " Tu étais dans ton lit, inerte comme un morceau de chair, et maintenant, je vois devant moi une belle demoiselle!"

Je lui racontai le miracle que Dieu avait fait pour moi, par l'entremise de Sainte Barbara. Il répondit avec beaucoup d'émotion : " Je crois en effet que c'est un miracle, le fait que tu marches, parce que scientifiquement, nous ne pouvions rien faire pour t'aider. Tu ne peux pas imaginer quelle joie tu me donnes aujourd'hui..."

Après l'avoir remercié une nouvelle fois, je repartis en me promettant d'apporter moi aussi mon aideaux autres autant que possible. Un sourire, un mot de consolation, cela ne coûte rien et ça apporte beaucoup.

En quittant l'hôpital, allongée sur un brancard, j'avais promis aux médecins : " Je pars paralysée, mais je vais remarcher, et je viendrai pour que vous me voyiez." Vous ne pouvez pas savoir à quel point j'attendais le jour de pouvoir retourner à l'hôpital Aiginitio sur mes deux jambes. Ce jour béni arriva enfin. A l'entrée, le portier m'arrêta:

-Eh! Où vas-tu? Ce n'est pas l'heure des visites.

- Comment allez-vous, Monsieur Lambrino? Aujourd'hui, c'est moi qui viens pour vous rendre visite. Vous n'allez pas me laisser passer?

Il me regarda attentivement.

- Ce n'est pas possible que tu sois la personne à laquelle je pense.

- Mais si! C'est bien celle à qui vous apportiez du courrier dans sa chambre, vous vous souvenez?

Il était stupéfait.

- C'est la première fois que je vois une personne paralysée revenir en marchant!

Un peu plus loin, je rencontrai le médecin qui m'avait dit qu'il n'y avait plus de miracles de nos jours. Etonné, il s'arrêta un moment et me regarda minutieusement:

- Tiens, tiens... je me demande quelle est donc cette jolie jeune fille...

- En partant d'ici, je vous avais dit que je remarcherais, et que je viendrais pour que vous me voyiez. Comme vous pouvez constater, j'ai tenu ma promesse. C'est surtout à vous personnellement que je voulais prouver que de tous temps les miracles se produisent!

Je suis ensuite entrée dans la chambre où j'avais passé une année entière. La première chose que j'ai regardée, c'est le lavabo. Je m'en suis approchée, j'ai ouvert le robinet, et je me suis lavé les mains. La nouvelle de ma visite s'était répandue dans tout l'hôpital. La salle s'était remplie de médecins et d'infirmières. Ils se souvenaient tous de moi, car mon dernier séjour avait duré une année entière; Je leur expliquai que pendant tout le temps passé dans cette pièce, sans pouvoir bouger ni les jambes ni les bras, je voyais souvent les infirmières ouvrir ce robinet, se laver les mains, et je les enviais... Je me demandais : " Est-ce qu'au moins elles comprennent que c'est un grand don de Dieu de pouvoir ouvrir seul un robinet, pour s'y laver et s'y rafraîchir?" Ces choses de la vie quotidienne semblent sans importance, et pourtant... Les médecins me demnadèrent ce que j'avais fait pendant tout ce temps, et comment j'avais été guérie. Et ils s'émerveillèrent. Les infirmières firent leur signe de Croix. Cette salle contenait une vingtaine de lits, sur lesquels étaient couchées des jeunes filles paralysées. Je suis allée les voir, je leur ai parlé pour leur donner de l'espoir et de la joie.

J'ai quitté l'hôpital en rendant une fois de plus, et du plus profond de mon coeur, gloire à Dieu. Je me souviens qu'en 1973, alors que j'étais à l'hôpital KAT pour un traitement d'hydrothérapie, on avait amené Alexandre Onassis, très grièvement blessé dans un accident d'avion. Quand son père, le richissime Onassis, avait appris la nouvelle de l'accident, il avait donné l'ordre de faire d'abord venir l'icône de la Mère de Dieu de Tinos, et seulement après, les médecins de l'étranger. Ils avaient donc fait venir l'icône miraculeuse de Tinos.

Vous voyez, l'argent ne peut pas tout nous apporter. Dans les moments difficiles de notre vie, nous tournons nos regards vers le Ciel, et nous implorons l'aide de Dieu. Personne d'autre ne peut nous aider. La tristesse, l'inquiétude et la joie sont partagées par l'ensemble des êtres humains, depuis le roi dans son palais, jusqu'au mendiant dans sa tente. Nous tous, riches ou pauvres, nous sommes mis à l'épreuve. Le Seigneur ne fait acception de personne. A ses yeux, nous sommes tous égaux. Une seule âme.

Les jours s'écoulaient agréablement au village. Tous les mercredis, nous célébrions la paraclisis à la Mère de Dieu et à Saint Nectaire. C'était très émouvant de voir les femmes quitter les champs plus tôt pour arriver à temps à la paraclisis. Moi, j'allais souvent à Spata assister aux homélies pour les jeunes gens données par frère Georges et soeur Calliopie. Madame Koula m'accueillait chez elle, et nous allions ensemble à de nombreuses manifestations chrétiennes.

Malheureusement, tout le temps de ma paralysie, ma mère avait souvent pleuré en disant : " Que je voie seulement Photinie marcher, et ensuite que le cancer m'emporte!" C'est effectivement ce qui s'est passé. Après qu je me suis remise à marcher, ma mère est tombée malade d'un cancer du sein. C'était une épreuve de plus pour ma famille. Mon père était comme un second Job. Il ne se plaignait jamais. Il disait toujours : " Rendons gloire à Dieu que ce ne soit pas pire!" Mes oncles qui l'entendaient ainsi glorifier Dieu me demandaient : " Il a bien toute sa tête, ton père? Peut-être que les soucis lui ont fait perdre la raison?"

Bien sûr qu'il avait toute sa tête, mais la douleur l'avait rendu courageux. Un jour, je lui demandai :

- Papa, pourquoi tu dis toujours : " Rendons gloire à Dieu que ce ne soit pas pire",

Alors, il me raconta cette histoire vraie :

- Mon enfant, il existe des choses bien pires. Deux frères jumeaux étaient nés siamois, collés dos à dos. Pour marcher, l'un devait lever les jambes, et l'autre le portait sur son dos. Ils n'avaient jamais vu leurs visages respectifs. Celui qui était porté ne savait pas à quoi ressemblait le visage de l'autre. En ce temps-là, il n'y avait pas de chirurgie comme aujourd'hui. Les années passèrent. Le Père leur répétait souvent : " Rendons gloire à Dieu que ce ne soit pas pire!". Et les enfants lui demnadaient : " Il existe pire?". " Oui, mes enfants, il existe bien pire." Quelque temps plus tard, un des fils tomba malade et mourut. Or l'autre devait continuer de le porter, mort... "Tu vois, mon enfant, qu'il existe pire?" Bien sûr, l'autre enfant ne survécut pas longtemps.

Je rendais gloire à Dieu d'avoir retrouvé la vue, et de pouvoir me tenir de nouveau sur mes jambes. Suite à la paralysie, j'avais certes gardé une certaine faiblesse dans les jambes. Mais je ne m'en plaignais pas. Je voyais ça comme une sorte de fride, grâce à laquelle le Seigneur me gardait tout près de Lui.

Le 26 décembre 1973, je décidai de partir en voyage pour deux mois en Australie.

- Papa, je vais prendre avec moi l'icône du Christ, qui me tenait compagnie pendant ma maladie. Je ne peux pas m'en séparer.

Ma mère s'interposa.

- Non, ne la prends pas, implora-t-elle, parce que si tu l'emportes, tu ne reviendras pas!

Ma mère ne voulait pas que je quitte le village. Elle avait peur que je reste en Australie pour toujours. Je lui fis la promesse de revenir deux mois plus tard, mais... il n efaut jamais faire de promesses, parce que nous ne savons pas de quoi demain est fait. Mon père, pour ne pas nous chagriner, acheta une deuxième icône identique. Il détacha la mienne du mur, la mit dna sma valise ( en même temps qu'il me donna sa bénédiction), et accrocha la nouvelle icône à sa place.

Dans l'avion qui m'emportait vers l'Australie, je me demandais : " Mais alors, est-ce qu'en Australie je vais trouver une église orthodoxe?" Cela me préoccupait beaucoup. Je ne savais pas à quoi ressemblait l'Australie.. A mon arrivée, ma soeur et ma famille m'embrassèrent et m'accueillirent avec beaucoup d'affection.

Je demandai à consulter un médecin grec, et, ô merveille, ils me présentèrent au docteur Antoniadis.

La première fois que je lui rendis visite, au Prince of Wales Hospital, comme je ne savais pas encore que ce médecin était aussi théologien, et l'un des fondateurs des écoles de catéchèse orthodoxe en Australie, je commençai à lui raconter mon histoire :

- Pour moi, docteur, j'étais aveugle et paralysée; Ce ne sont pas les médcins qui m'ont aidée à guérir. C'est Dieu qui m'a soignée : j'ai retrouvé la vue, et j'ai remarché. Vous, en tant que scientifique, vous ne croyez peut-être pas à tout ce que je vous raconte. Mais moi, j'y crois parce que je l'ai vécu, et je rends gloire à Dieu.

Je n'oublierai jamais sa réponse :

- Moi aussi, je crois en Dieu, et je L'aime, et je me réjouis que le Seigneur t'ait donné, en même temps que ta maladie, autant de courage. J'aimerais que tu fasses la connaissance de mon épouse. C'est une des conférencières du cercle amical Chrétien Orthodoxe, qui se tient tous les samedis à l'Archevêché Orthodoxe. Tu pourras rencontrer d'autres jeunes filles là-bas, et te faire des amies.

Dès le samedi suivant, je me rendis au cercle Chrétien Orthodoxe. Ce soir-là, c'était le Père Stéphane qui prononçait l'homélie. Autour de lui et de Madame Antoniadis, beaucoup de jeunes filles s'étaient rassemblées. Cela me plut tellement que je me promis de ne manquer aucune de ces rencontres. On me présenta à toutes ces jeunes filles, et elles m'accueillirent très chaleureusement.

PLus j'assistais à ces rencontres, plus elles me plaisaient. Je priais pour que le samedi suivant arrive vite. Nous partions parfois en excursion, visiter différents endroits de Sidney. L'été nous organisions un camp pour enfants, à Saint-Georges, dans la montagne. C'étaient des jours inoubliables, remplis de la bénédiction de Dieu. Le docteur Antoniadis m'avait dit que je pouvais, si je le souhaitais, animer la catéchèse orthodoxe à l'Archevêché Orthodoxe. Maintenant, j'avais donc deux joyeuses occupations : le samedi avec le cercle orthodoxe, et le dimanche avec la catéchèse. Je ressentais une telle joie d'être avec les enfants! J'aime beaucoup les enfants. Je les vois tous innocents et doux.

Quelque temps plus tard, mon médecin, le docteur Antoniadis, se rendit en Grèce où il rencontra les médecins qui m'avaient soignée, et les réunit en conseil. Lors de ma consultation suivante, il me dit :

-Il y a eu beaucoup de congrès en Grèce, en Angleterre, et en Australie, mais la science du monde entier est impuissante ne serait-ce qu'à définir le nom de ta maladie. Nous n'arrivons pas à comprendre comment tu es devenue aveugle, comment tu as retrouvé la vue, comment tu as été parlaysée et comment tu as remarché...

A ce moment-là, je me suis souvenue des paroles de soeur Argyrie qui avait prédit qu'aucun médecin ne trouverait le nom de ma maladie.

Un jour, je reçus une lettre de Grèce, écrite par ma mère : " Ma fille, je me prépare pour le grand voyageur. Dans une semaine, je vais partir." Elle me donnait de loin sa bénédiction. De fait, une semaine plus tard, ma mère mourut. Comme les Saints, elle avait eu à l'avance connaissance du temps de son départ. J'eus un vif chagrin; je pleurai beaucoup. Je m'habillai tout en noir, mais je vis ma mère en un rêve où elle me dit : " Nous, ma fille, nous sommes habillés en blanc, et nous sommes dans la joie. C'est pour cela que je veux que tu cesses de porter du noir et que tu sois joyeuse."

C'est alors que je commençai à penser à mon père. Il était resté seul dans la vie, et je me faisais maintenant beaucoup de souci pour lui. J'étais dans le désarroi. Je ne savais pas ce que je devais faire. Mes soeurs me disaient que c'était à moi de m'occuper de lui parce que, n'étant pas mariée, je n'avais pas d'obligations. Elles me faisaient me sentir responsable et cela me rendait amère. Lors d'une visite chez le docteur Antoniadis, je lui annonçai :

- Docteur, je vias partir, je retourne en Grèce pour m'occuper de mon père. Il est tout seul.

Le médecin me dit :

-Mais puisque tu as deux soeurs en Grèce, elles peuvent aussi prendre soin de ton père. Toi, ma fille, tu dois construire ta vie, et ne pas ressentir que tu as la moindre responsabilité.

malgré cela, je ne trouvais pas la paix, parce que j'avais de la peine à la suite de la mort de ma mère, et je pensais à mon père qui était resté seul. Un jour où j'étais seule à la maison, je pris dans mes bras l'icône de la Mère de Dieu, je m'agenouillai avec elle, et je pleurai tellement qu'une petite flaque de larmes se forma sur le tapis. La nuit suivante, je fis un rêve, dans lequel je prenais le train pour aller faire la catéchèse aux enfants, à l'Archevêché Orthodoxe, comme chaque dimanche. Mais ce train-là était vide. Il y avait à l'intérieur seulement ma bienheureuse mère. C'est alors qu'une femme, tout de noir vêtue, se dirigea vers moi. A mesure qu'elle s'approchait, ses vêtements noirs disparaissaient, et, à leur place, je reconnus les vêtements de la Toute Sainte. Elle me demanda avec beaucoup d'amour : "

"Pourquoi pleures-tu autant, Photinie? Moi, ma fille, je suis avec toi, et je vais t'aider. Est-ce que tu vois ce jeune homme?" Elle me montra l'homme que j'épouserais plus tard, et que je voyais pour la première fois. " Alors voilà, continua la Toute Sainte, il s'appelle Panaghiotis et c'est toi, ma fille, qu'il va épouser!" Je me retournai, mais tandis que je le regardais, il devint soudain comme un petit enfant. C'était là le signe que son âme était comme celle d'un petit enfant.

Or, quant à moi, je ne pensais pas du tout au mariage. Je brodais beaucoup, je cousais des tas de choses, mais je les donnais. Je croyais que je n'en aurais pas besoin, puisque je ne comptais pas me marier.

J'avais fait ce rêve le vendredi soir, et comme c'était seulement un rêve, je ne lui accordai aucune importance. Le dimanche matin, je me levai pour aller à l'église. Je pris le train, comme chaque dimanche, en direction de l'Archevêché pour aller faire la catéchèse aux enfants. Une fois la liturgie achevée, j'allai prendre le pain bénit, et c'est alors qu'en sortant, de manière inopinée et inattendue, j'aperçois le jeune homme que la Toute Sainte m'avait montré dans mon sommeil. Je l'entends qui demande aux enfants comment s'appelle leur professeur de catéchèse. Je n'en croyais pas mes oreilles... Tout ce que j'avais vu dans mon rêve m'est revenu à l'esprit. Il s'approche de moi et me dit :

- Je m'appelle Panghiotis, et c'est pour toi que je suis venu dans cette église. Tu me plais, et j'ai envers toi les meilleures intentions du monde.

- Mais, moi, je n'ai rien... J'ai seulement des icônes...

Il se mit à rire.

- Puisque tu as des icônes, elles nous aideront!

Pour moi, je pensai que j'avais commis un grave péché en parlant avec un homme. C'est pourquoi je ressentis le besoin de me confesser au Père Léonide.

En ce temps-là, à l'Archevêché, c'est l'archimandrite Léonide qui célébrait. Il m'aimait beaucoup, et je me confessais très souvent. Je lui téléphonais, je lui disais tout ce qui m'arrivait, et je tirais un grand bénéfice de ses précieux conseils. En me voyant, le Père Léonide prit un air étonné et me demanda :

- Mais, Photinie, tu t'es confessée samedi; pourquoi reviens-tu encore?

- Père, j'ai commis un grand péché.

Le Père Léonide s'inquiéta.

- Qu'est-ce que tu as donc fait, Photinie?

- Père, j'ai parlé avec un homme.

Je lui racontai mon rêve et tout ce que j'avais vu. Le Père Léonide se mit à pleurer.

- Mais ce n'est pas mal, ça, mon enfant! La Toute Sainte elle-même te l'a envoyé, ma fille, et c'est moi qui te marierai. Il faut seulement que nous fassions sa connaissance.

Le Père Léonide se comporta avec moi comme un véritable père. Il se rendit sur le lieu de travail de Panaghiotis et il recueillit des renseignements sur lui. Partout où il allait demander, on lui rapportait les meilleures choses à son sujet.

J'ai alors téléphoné à mon médecin, le professeur Antoniadis, pour lui demander si je pouvais me marier, malgré la maladie dont j'avais été atteinte. Nous avons beaucoup discuté à ce sujet. Le docteur Antoniadis, en bon médecin qu'il était, mais aussi en bon père affectueux, me dit :

- Bien sûr que tu peux te marier. La seule chose, c'est que tu ne pourras pas avoir d'enfant, parce que les médicaments que tu as pris détruisent les fonctions reproductrices. Aucun de ceux qui ont suivi ces traitements n'a réussi à avoir d'enfant. Il faut que tu le dises à ton fiancé. Ne le lui cache pas, car ce serait un péché.

Après avoir raccroché, j'ai imploré :

" Ma Sainte Barbara, toi qui m'as relevée de mon lit pour que je marche, tu ne vas pas me donner d'enfants?"

J'ai alors senti une main, la main de Sainte Barbara dans mon dos, qui me poussait pour que je m'agenouille et que je prie. Quand j'eus terminé cette prière, j'étais persuadée que j'aurais des enfants. Mon fiancé est arrivé. Je lui racontai que j'avais parlé au médecin, et que ce dernier avait affirmé que je n'aurais pas d'enfants. Il répondit :

" Que le médecin dise ce qu'il veut! Nous, nous aurons autant d'enfants que le Seigneur nous en donnera!"

J'ai ensuite téléphoné en Grèce, à mon père. A l'époque, les maisons n'étaient pas équipées du téléphone. Il y avait seulement un téléphone au café du village. Ils appelèrent mon père : " Dépêche-toi, tu as un appel!" Il arriva et je lui annonçai la joyeuse nouvelle : " papa, je vais me marier, et je veux que tu viennes à mon mariage!" Mon père n'arrivait plus à parler tant l'émotion l'avait gagné. Je l'entendais pleurer. Les autres gens dans le café le voyaient pleurer et restaient perplexes. " Une chose grave a dû arriver à Photinie, pour qu'il pleure commeça..." disaient-ils. La seule chose que mon père réussit à répondre fut : " Tu as ma bénédiction, mon enfant!" Il raccrocha, et comme il me l'a raconté ensuite lui-même, il s'assit à une table dans le café et continua de pleurer. Tout le monde le regardait avec inquiétude. Dès que mon père parvint à se remettre un peu, il cria au garçon de café : " J'offre une tournée générale parce que Photinie va se marier!"

Ce qui suivit est indescriptible... Tous les villageois avaient vécu notre drame. Ils m'avaient vue aveugle. Puis ils m'avaient vue guérie de ma cécité. Ils m'avaient vue paralysée; ils savaient que je devais mourir. ILs me virent ensuite guérie, avec l'aide de Dieu et de Sainte Barbara. Alors, en apprenant soudain que j'allais me marier, ils furent soudain très heureux. Il était tout naturel qu'eux aussi se réjouissent beaucoup. Quelques instants plus tard, quand mon père eut repris ses esprits, il se tourna vers eux et leur dit :

- Photinie veut que j'aille en Australie, pour la mener à l'église, au jour de son mariage!

- Evidemment que tu vas y aller! répondirent-ils tous en choeur.

C'est vrai que tous les habitants de mon village avaient vécu mon drame de près; ils avaient eu de la peine et avaient pleuré pour moi. Ils m'aimaient, et je les aimais tous aussi. Mon village est petit; aussi, quand quelqu'un meurt, on sonne le glas en signe de deuil, et tout le monde se rend à l'enterrement, puis à la maison endeuillée, pour prendre un café. La même chose se produit pour les événements joyeux. On sonne la cloche. Quand on célèbre un mariage, tous les villageois vont à l'église, ils participent à la cérémonie, et ensuite, de nouveau, tous se retrouvent ensemble autour de la table de la joie. La peine et la joie sont la part de tous. Tout ceci m'a beaucoup manqué! Je suis partie du village en 1973, et nous sommes aujourd'hui en 2015. Je me souviens des moeurs et des coutumes du village, et je veux croire que cela continue de même de nos jours.

Finalement, mon père est arrivé en Australie quelques jours avant le mariage. Malheureusement, ma mère n'a pas eu le temps de vivre une telle joie, et de me voir en mariée. Elle était déjà morte, mais depuis là-haut, elle me protégeait et elle se réjouissait pour moi, j'en suis sûre. Mon père fut très heureux de rencontrer mon fiancé. " C'est un enfant de Dieu", dit-il.

Le mariage fut célébré le 6 novembre 1977, à l'Archevêché Orthodoxe, dans l'église où je faisais la catéchèse aux enfants. Mon père me mena en mariée jusqu'à l'autel.

Il pleura dans la voiture, pendant tout le temps du trajet, disant : " Est-ce que je m'attendais, moi, à te mener à l'église en mariée? Moi qui te transportais sur un brancard?" Il pleurait et rendait grâce à Dieu.

Les invités étaient les suivants : toutes les jeunes filles du cercle Chrétien Orthodoxe, toutes les dames qui assistaient aux homélies de la mère Callinique, tous les catéchètes, et toute ma famille. C'était un mariage chrétien, sans faste ni prétention. Mon père était très joyeux, mais, durant toute la cérémonie, il ne cessa pas d'essuyer ses larmes. Il resta une vingtaine de jours en Australie, puis il repartit en Grèce, très heureux pour moi, mais aussi très malade. Il souffrait de la prostate. Il avait fait beaucoup d'efforts pour dissimuler ses douleurs.

Moi, j'étais très heureuse avec mon mari, Panaghiotis. Je ne vous cache pas que de mauvaises pensées me tourmentaient quand je repensais aux paroles du professeur Antoniadis, qui avait dit que je n'aurais pas d'enfant; Mais le martyre ne dura pas longtemps. Parce qu'une fois de plus, Dieu me fit miséricorde, et intervint. Deux mois après mon mariage, j'allai voir le docteur Antoniadis qui me suivait constamment. En me voyant, il me demanda :

-Prends-tu tes médicaments?

- Non.

- Pourquoi? demanda-t-il comme pour me gronder.

- Je ne peux pas prendre mes médicaments parce que je suis enceinte. Je vais devenir mère.

Il resta bouche bée; Il prit sa tête entre ses mains et me dit :

- Je veux que tu saches que cet enfant, c'est miraculeusement qu'il vient au monde! Personne sur terre, homme ou femme, ayant pris ce traitement, n'a jamais pu avoir d'enfant.

Ce médicament s'appelle Imuran. Le médecin neurologue Dimitri Kokkino me confirma ces dires et me certifia exactement la même chose.

Ma grossesse se déroula très bien. Les mois passaient et mon mari et moi étions très heureux d'attendre notre premier enfant. C'était pour nous une grande joie, une grande bénédiction. J'échangeais des lettres avec mon père, qui était aussi très heureux pour moi. Malheureusement, son état de santé s'était détérioré, et il me le cachait. Quelques jours avant l'accouchement, il envoya sa dernière lettre à mes soeurs :

" Mes chers enfants, je sens que ma fin approche. Je vais bientôt quitter cette vie, et je vous demande de ne rien dire à Photinie, jusqu'à ce qu'elle ait accouché."

Mon père ne voulait pas que je me fasse de souci pour lui, même au moment où il était en train de mourir. Il s'endormit dans le Seigneur le 20 août 1978, et le 11 septembre, je mis au monde une petite fille en pleine santé, ma petite Hélène.

Une fois les quarante jours passés, je pris la bénédiction du prêtre et je me rendis au Prince of Wales Hospital, pour voir le docteur Antoniadis. Je voulais lui présenter ma fille. Je demandai à la secrétaire de le prévenir, mais la jeune fille me dit que je m'étais déplacée pour rien, car le docteur ne recevait jamais sans rendez-vous. A cet instant, la porte du cabinet s'ouvrit pour laisser sortir un patient. En m'apercevant, le médecin me dit : " Rentre, assieds-toi et attends-moi." Il quitta la pièce, et il revint quelques minutes plus tard, accompagné des professeurs de l'hôpital qui soutenaient qu'à cause de mes traitements pour la polynévrite, je ne pourrais jamais avoir d'enfant. Il prit ma fille dans ses bras et la désignant à ses collègues, il déclara :

- Comme vous le savez, scientifiquement, cette femme n'avait aucun espoir de devenir mère un jour. Mais elle avait la bénédiction de Dieu, et elle se réjouit maintenant de sa petite fille.

Les médecins restèrent sans voix, reconnaissant qu'il s'agissait d'un véritable miracle. D'ailleurs, tous les médecins que j'ai rencontrés dans ma vie, et à qui j'ai dit qu'à la suite de ce traitement j'avais eu des enfants, ont confirmé que c'était un miracle...

Ensuite, nous eûmes deux autres enfants, Théodore, et Blaise. Nous étions et nous sommes toujours une famille heureuse. Nous avons élevé nos enfants de manière chrétienne, et nous avons toujours rendu gloire à Dieu. Quand le docteur Antoniadis me voyait dans l'église avec mes trois enfants, il me disait :

"Tu as vu? On n'osait même pas en espérer un, et on en a trois!"

J'ai oublié de décrire un autre miracle qui m'est arrivé. Tant d'années se sont écoulées depuis...

Les évènements me reviennent en tête à mesure que je les écris. Quand j'étais enceinte de Blaise, mon troisième nefant, mon mari travaillait de longues heures comme chauffeur de taxi. Il rentrait au petit jour. Un soir que j'étais seule à la maison, j'ai couché mes deux enfants, et je fus prise d'une grande angoisse : " Mon Dieu, me disais-je, si les contractions commencent, que vais-je faire?"

J'ai commencé à prier avec une grande ferveur tous les Saints dont j'avais l'icône sur l'iconostase de la maison. C'était une prière si fervente que je sentais que je parlais avec les Saints, et qu'ils m'entendaient. J'étais sûre qu'ils m'entendaient. J'ai surtout prié notre Toute Sainte en disant :

"Ma Toute Sainte, aide-moi quand les douleurs arriveront, pour que j'arrive à temps à l'hôpital."

Quand j'eus terminé cette prière, je ressentis un soulagement. Quel grand cadeau le Seigneur nous fait avec la prière! Que l'on puisse demander à Dieu tout ce que l'on souhaite, dialoguer avec lui. Que son très saint Nom soit béni!

Donc, une fois ma prière achevée, je me suis couchée et me suis endormie. La Toute Sainte est alors venue dans mon rêve, elle m'a caressé le ventre de sa main et elle me dit tendrement :

"Pourquoi es-tu inquiète, Photinie? Tu n'es pas seule. Je suis avec toi, nous sommes tous avec toi." Et elle me désigna le pourtour de mon lit, où se trouvaient rassemblés tous les Saints que j'avais implorés dans ma prière. "Mon Fils aussi est ici, et Il est le plus grand des médecins. Il est aussi gynécologue, et toi, ma fille, c'est mon Fils qui t'aidera à accoucher."

Au matin, je racontai tout ça à mon mari, qui me répondit : " Je crois que c'est vrai, parce que tu me dis toujours la vérité."

Les jours passaient. Mon rêve m'avait donné du courage. Le jour de mettre au monde mon troisième enfant arriva. Avec l'aide de Dieu, je me présentai à l'hôpital, où une autre épreuve m'attendait. A l'heure de la délivrance, les médecins m'annoncèrent que le bébé ne respirait pas, et qu'il fallait malheureusement effectuer une césarienne. Ils m'avaient branché beaucoup de tuyaux, et voulaient nous faire signer un document, à mon mari et à moi, pour faire l'inrevention en engageant notre responsabilité.

- Il faut que nous ayons du courage, dit mon mari; nous ne pouvons rien faire.

A cet instant, tenant toujours à la main le stylo pour signer, je me suis souvenue de mon rêve et j'ai crié :

- Ma Toute Sainte! Tu m'as dit que ton Fils m'aiderait à accoucher, et maintenant les médecins me disent que je vais reparir d'ici sans bébé?

Alors, je vis la silhouette du Christ lui-même, comme une icône, et je lui dis :

"Mon Christ, donne-moi un bébé en bonne santé! Et donnes-en un aussi à notre témoin de mariage, car elle n'en a pas!"

Au coeur de ma souffrance, je me suis souvenue de notre amie, témoin de notre mariage. C'est à cet instant que les médecins, penchés sur moi, s'écrièrent d'une seule voix : " Le bébé va bien maintenant!" C'est ainsi que je donnai le jour à un petit bébé débordant de santé, Blaise.

Cela vaut la peine que je précise ici que le parrain de Blaise avait, lui aussi, vu Sainte Barbara. Il était alors âgé de cinq ans, et souffrait de crises d'épilepsie. Il tombait au sol et tressaillait comme un poisson, en écumant. Un jour qu'il se trouvait chez lui avec son papa, il vit Sainte Barbara sortir de l'icône, comme je l'avais vue moi-même. Il s'écria en la voyant : " Papa, papa! La petite sainte est sortie de l'icône!" Son père aussi pouvait la voir.

Sainte Barbara s'approcha de l'enfant, le bénit d'un signe de Croix et lui dit : " A partir d'aujourd'hui, mon enfant, tu ne seras plus malade. Tu vas aller bien." Ensuite, Sainte Barbara repartit de la même manière qu'elle était venue, par l'icône. Pendant les trois jours qui suivirent cet évènement, l'enfant eut la vision du Baptême du Christ dans le soleil, et vit plusieurs Saints. Il pensait qu'il regardait un écran de cinéma. Maintenant qu'il est adulte, il dit : " Ah! Petits yeux innocents... Quand je pense à ce que Dieu vous a jugés dignes de voir!"



***

Les années passèrent, les enfants grandirent. Nous étions une famille heureuse. Nous étions mariés depuis vingt-deux ans. Ma fille était âgée de vingt ans, mon fils de dix-sept ans et le dernier de treize ans. C'est alors que mon mari tomba malade d'un cancer. Les médecins ne nous donnèrent aucun espoir. Nous eûmes beaucoup de chagrin, mon mari et moi, quand on nous annonça qu'il ne lui restait que quelques mois à vivre. Mon mari se tourna vers moi et me dit : " J'étais tellement heureux avec nos enfants... mais puisque le Seigneur le permet, que sa volonté soit faite."

La difficulté fut de l'annoncer aux enfants. Ils étaient à l'âge où ils avaient encore besoin de leur père. Le Seigneur ne nous abandonna pas. IL nous envoya un prêtre, le père Michael, qui fut et qui est toujours notre consolation. Dès qu'il apprit que Panaghiotis était malade, il commença à venir très souvent. Il le confessait et le préparait pour le grand voyage. Mon mari fit preuve d'un grand courage et de beaucoup de patience. Il se préparait comme il le fallait. Il me répétait de garder les enfants au sein de l'Eglise Orthodoxe, et de prendre conseil auprès du Père Michael. Il souhaitait mourir à la maison; aussi, quand les médecins le permirent, nous le prîmes chez nous. Ses frères et soeurs vinrent de Grèce pour le voir une dernière fois. Il vécut encore six mois, suportant avec patience de terribles douleurs. Le 6 août, grand jour de la Transfiguration, j'étais à la maison seule avec lui. Je voyais qu'il n'allait pas bien. C'était le matin, à l'heure de la divine Liturgie. Je téléphonai à l'église, et je dis à Georges, le marguillier, que mon mari était au plus mal. Je lui demandai d'en informer le Père Michael. Par un effet de la Providence divine, il y avait ce jour-là deux prêtres pour célébrer la liturgie, ce qui permit au Père Michael de quitter l'église et de venir chez nous. Il demanda à Panaghiotis :

-Panaghiotis, on va prier?

- Oui.

- Tu vas communier, mon cher?

- Oui, Père.

Je reçus une grande joie de savoir qu'il était en possession de toutes ses facultés quand il communia pour la dernière fois. C'est un grand don de Dieu que de pouvoir ressentir en soi l'effet de la divine Communion Orthodoxe. Quand on communie sans comprendre ce qui se passe, ce n'est pas la même chose. Le père Michael repartit et je restai seule avec mon mari à l'agonie. C'est alors qu'à l'intérieur de la chambre, je vis les Cieux s'ouvrir, et des gens se préparer à accueillir une âme, comme quand nous attendons de la visite. J'ai vite informé les garçons, qui sont rentrés de l'école, et ma fille, de son travail. Les enfants eurent le temps de le voir une dernière fois en vie avant sa mort.

Il serra la main de ma fille, puis il partit pour le Ciel avec un sourire. Les Chrétiens partent heureux, car ils savent qu'il existe une autre vie. Je suis restée seule avec mes enfants. Savoir qu'il était parti de manière chrétienne était pour moi une grande consolation. Que Dieu nous accorde à tous de vivre ce que le prêtre implore dans les prières de la Liturgie à l'église : " une fin de vie chrétienne".

Après la mort de mon mari, il se passa environ deux ans, après quoi je fus atteinte d'un cancer du sein. Je fus opérée et j'attendis les résultats. J'étais inquiète. Je téléphonai à mon médecin, le docteur Makarounas, pour savoir si l'hôpital qui avait réalisé l'intervention lui avait fait parvenir les résultats.

- Non, me dit-il. Et j'ai peur, parce que la biopsie avait montré un mauvais type de cancer... Je ne sais pas quelle type d'évolution nous allons avoir.

Le docteur Makarounas est un très bon médecin; il m'a beaucoup aidée, et il est toujours là pour moi quand j'en ai besoin. Ce soir-là, je vis Sainte Barbara dans mon sommeil. Elle tenait tous mes examens à la main, et, avec un crayon, elle les cocha un à un, en me disant:

"Ne t'inquiète pas, Photinie, tes examens sont bons!"

Quand je suis allée voir le chirurgien, il tenait lui aussi mes examens à la main, et m'annonça : " Madame Samos, vous avez beaucoup de chance. Vous aviez un cancer, mais vous êtes venue à temps; nous l'avons bien éradiqué; vous n'avez plus rien à présent." Une fois encore, Sainte Barbara m'avait aidée.

Avec l'aide de Dieu, les enfants grandirent, se marièrent, et firent de moi une grand-mère. Maintenant, je rends gloire à Dieu, je suis fière de mes enfants et de mes petits-enfants, et je dis à tout le monde :

"Les médecins m'avaient dit que je retserais aveugle, et j'ai retrouvé la vue.

Les médecins m'avaient dit que je resterais paralysée, et j'ai remarché.

Les médecins m'avaient donné trois jours à vivre; cela fait cinquante ans; et je vis toujours.

Les médecins m'avaient dit que je ne pourrais pas avoir d'enfants, et je suis fière de mes petits-enfants.

La science est bonne, mais au-dessus, il y a le Christ, et les anges qui nous aident!!!"



J'ai raconté tout cela à mes enfants qui me demandèrent de l'écrire dans un livre. J'avais moi aussi l'espoir qu'un jour, Dieu me jugerait digne de le faire. Le moment est venu maintenant, et le Seigneur m'a envoyé des soeurs en Christ, Dimitra et Catherine, pour m'y encourager. Que Dieu les garde. La seule chose que je voudrais ajouter, c'est que tout ce que j'ai écrit est la vérité, et je souhaiterais que cette vérité puisse aider des âmes.



Que le saint Nom de notre Dieu trinitaire soit glorifié!



TROPAIRES



Dormition de la Mère de Dieu



Dans ta maternité tu as gardé la virginité, et dans ta dormition, tu n'as pas quitté le monde, ô Mère de Dieu. Tu fus élevée vers la vie, toi la mère de la Vie, et par tes prières, tu délivres nos âmes de la mort.



Sainte Barbara



Honorons de nos hymnes Sainte Barbara : Elle a rompu les filets de l'Ennemi de nos âmes, et comme un oiseau elle s'en est échappée, par le secours et la protection de la Croix.



Saint Nectaire d'Egine

(Tropaire composé par le Saint Père Ambroise (Fontrier) de Paris, Fondateur de l'Eglise Orthodoxe Française de Paris).



Fidèles, honorons le Fils de la Sélibrie, le Protecteur d'Egine, la Colonne de l'Orthodoxie, l'ami véritable de la vertu, Nectaire, le serviteur inspiré du Christ apparu en nos temps. De lui jaillissent toutes sortes de guérisons pour ceux qui clament avec foi : Gloire au Christ qui t'a glorifié, gloire à Celui qui t'a fait thaumaturge, gloire à Celui qui par toi accorde à tous la guérison.



"Souveraine, Mère du Rédempteur,

Accepte les supplications de tes indignes serviteurs

Et sois notre intermédiaire auprès de Celui qui es né de toi,

Ô Souveraine du monde, sois notre médiatrice."





FIN











Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire