samedi 2 juillet 2022

Saint Innocent d'Alaska











SAINT INNOCENT d'ALASKA,

Evêque du Kamtchaka,

des îles Kouriles et Aléoutiennes



L'ITINERAIRE

DU

ROYAUME CELESTE



Traduit du russe par Pierre B. Krassoulia - Vronsky.



Ed. La Pierre Angulaire.

Cornerstone Editions.

Albany - 2003.



L'ITINERAIRE DU ROYAUME CELESTE



INTRODUCTION



Les hommes n'ont pas été créés pour vivre ici sur terre, exclusivement comme les animaux qui disparaissent après leur mort, mais pour vivre avec Dieu et en Dieu, pour vivre non pas cent ou mille ans, mais éternellement. Or ne peuvent vivre avec Dieu que les Chrétiens, c'est-à-dire ceux qui croient véritablement en Jésus-Christ.

Nous désirons et recherchons tous le bonheur et la prospérité. En effet, désirer son propre bien et rechercher la prospérité ou la béatitude est un sentiment inné, et c'est pourquoi il n'est ni péché ni vice. Mais il faut savoir que la terre n'a pas connu, ne connaît pas et ne connaîtra jamais le bonheur parfait ni la prospérité véritable parce que notre bonheur et notre béatitude ne se trouvent qu'en Dieu : sans Dieu ou en dehors de Lui personne ne trouvera jamais le bonheur véritable ni la prospérité parfaite.

Rien en ce monde, à l'exception de Dieu, ne peut nous emplir le coeur ni satisfaire pleinement notre désir. Ni le bois mort, ni l'huile ne peuvent éteindre l'incendie, car seule l'eau en est capable. De même exactement, on ne rassasie pas les désirs du coeur humain avec les bienfaits de ce monde parce que la Grâce de Dieu est seule à pouvoir étancher la soif de nos désirs.

Chaque objet de notre désir ne nous plaît que tant que nous ne le possédons pas. Mais, lorsque c'est chose faite, il nous ennuie bien vite. Le bien et l'attrait nous semblent uniquement se trouver dans ce que nous ne possédons pas encore. Et toutes les choses que nous possédons, même les meilleures, ne nous suffisent ou ne nous occupent plus. Le meilleur exemple est celui du roi Salion, qui était si riche que toute la vaisselle de ses palais était d'or pur, si sage que les rois de toute la terre venaient l'entendre, si glorieux que ses ennemis tremblaient devant lui. Plus éclairé et plus puissant que tous ses contemporains, il put satisfaire tous ses désirs et tous ses caprices, au point qu'en ce monde il ne restât prsque aucune chose qu'il ne possédât ou ne pût obtenir. Cependant, il ne put rassasier son coeur, dont les aspirations lui infligeaient davantage de souffrance et de torture qu'aux hommes ordinaires. Finalement, après avoir tout goûté en ce monde, il écrivit : Tout en ce monde est vanité, et rien ne peut rassasier nos désirs. (Eccl. § 1-2).

Exactement! Aucun bien terrestre ne peut rassasier notre coeur : nous sommes des étrnagers et des voyageurs sur la terre; notre demeure et notre patrie se trouve là-haut, dans les Cieux, au Royaume céleste, et il n'est de chose en ce monde qui puisse satisfaire nos désirs. Donnez à l'homme le monde, et tout ce qui s'y trouve, cela ne le retiendra qu'un instant, mais en rien ne satisfera son coeur, qui ne peut être pleinement satisfait et rassasié que par l'amour de Dieu, Qui seul remplit l'âme et le coeur de l'homme et étanche la soif de ses désirs.

Ainsi, frères, voulez-vous vivre avec Dieu dans le Royaume Céleste? Vivez en Chrétiens Orthodoxes. Voulez-vous bonheur et prospérité? Recherchez-les en Dieu. Désirez-vous que votre coeur soit pleinement satisfait? Tournez-le vers Dieu, Dont vous vous êtes séparés par vos péchés.

Cependant, personne, par ses propres forces, sans Jésus-Christ, ne peut retourner vers Dieu ni L'approcher, parce que nos péchés nous empêchent de parvenir jusqu'à Lui. Et si Jésus-Christ, dans Sa miséricorde envers nous, n'était pas descendu sur terre, et s'Il n'avait pas assumé la chair des hommes, et n'avait, par Sa mort, détruit le mur de séparation qui nous séparait de Dieu, alors l'humanité entière aurait péri, et aucune âme n'aurait pu s'approcher de Dieu, ni vivre avec Lui. Parce que chaque personne est pécheresse, qu'elle est née des entrailles maternelles, et qu'en chaque enfant, même étranger aux pensées et aux actes du quotidien, le péché est déjà comme en germe.

Jésus-Christ est donc bel et bien notre Rédempteur, notre sauveur, notre Libérateur et notre Bienfaiteur. Et quiconque le désire, peut s'en retourner vers Dieu et entrer au Royaume Céleste.

Mais le chemin vers le Royaume Céleste est unique. Et ce chemin est bien celui que parcourut Jésus-Christ, lors de Sa vie sur terre. Il n'y a pas d'autre chemin, il n'y en a jamais eu, il n'y en aura jamais d'autre, car Jésus-Christ a dit : Je suis la voie (Jean 14.6), et si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même; qu'il porte sa croix et qu'il me suive (Marc 8.34).

En conséquence, chaque Chrétien et même chaque être humain doit absolument connaître ce chemin, doit savoir le trouver et le parcourir. Et je veux vous entretenir ici de ce chemin. Et malgré mon incapacité à vous le montrer comme il le faudrait, j'essaierai néanmoins de le faire dans la mesure de mes forces, avec espoir en Jésus-Christ, Qui peut employer même la boue pour guérir et soigner.

Ainsi, celui qui trouvera mon livre et qui voudra le lire, n'y trouvera rien de plus qu'une faible et pauvre légende de l'itinéraire du Royaume Céleste. Mais si quelqu'un parcourt ces mots en priant Jéus-Christ, alors, Lui Qui peut tout, fera en sorte que le coeur du lecteur puisse en être éclairé et réchauffé.

Mon livre comprend quatre parties :

1) Les bienfaits offerts par Jésus-Christ, par Sa mort.

2) Comment Jésus-Christ vécut-Il sur terre et que souffrit-Il pour nous?

3) L'itinéraire du Royaume Céleste.

4) Comment Jéus nous aide-t-Il le long de ce chemin, et comment pouvons-nous recevoir son aide?

Seigneur Jésus-Christ, je crie vers Toi : écoute-moi, qui ne suis que Ton esclave indigne! Eclaire mon esprit, donne-moi de pouvoir énoncer véritablement et intelligiblement Tes voies vers le Royaume Céleste, que Tu nous as donné dans Ta miséricorde! Donne à ceux qui lisent et entendent mon récit d'être remplis de Ton amour, et réchauffe nos coeurs de Ton Esprit, afin que nous puissions marcher avec joie et zèle le long du chemin que Tu nous as indiqué.



1) Les bienfaits offerts par Jésus-Christ, par Sa Mort.

Avant de considérer cette question, examinons les dons faits à Adam au Paradis avant le péché, et le mal qui s'abattit sur lui après avoir commis le péché, et sur tous les hommes avec lui.

Le premier homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, avant d'enténébrer cette ressemblance divine, était bienheureux, précisément grâce à cette image et cette ressemblance divines. Dieu est infini et éternel, et Adam fut créé immortel. Dieu est très juste et Adam fut créé juste et sans péché. Dieu est très bienheureux et Adam fut aussi créé bienheureux, d'une béatitude qui aurait pu éternellement croître de jour en jour.

Adam vécut dans la toute beauté du Paradis, de ce jardin, planté par Dieu Lui-même, dans la plénitude du contentement et d ela santé, ignorant la maladie et la peur. Tous les animaux et les oiseaux lui étaient soumis comme à leur roi. Il ne ressentait ni le chaud ni le froid. Il travaillait et oeuvrait avec contentement et délectation, ignorant la charge de l'effort et la fatigue du corps.

Son âme et son coeur étaient remplis de connaissance et d'amour envers Dieu. Il était toujours calme et joyeux, et ne connut ni désagrément, ni inquiétude, ni tourment, ni affliction. Tous ses désirs étaient purs, droits et cohérents; sa mémoire, son esprit et toutes les autres facultés de son âme étaient parfaits. Pur et innocent, il se trouvait toujours en présence de Dieu et conversait avec Lui, et Dieu l'aimait comme Son propre fils. Bref, Adam était dans le Paradis et le Paradis était en Adam.

Donc, si Adam n'avait pas transgressé les commandements de son Créateur, il aurait lui-même connu la béatitude, de même que sa descendance, pour toujours. Mais Adam pécha devant Dieu et transgressa Sa loi, une loi très légère, et c'est pourquoi Dieu le chassa du Paradis, car Dieu ne peut demeurer dans la société du péché et du pécheur.

Par cette transgression, Adam perdit dans l'instant la prospérité dont il jouissait au Paradis. Son âme s'enténébra, ses pensées et ses désirs se troublèrent, son imagination et sa mémoire commencèrent à s'obscurcir. Au lieu des joies et des quiétudes de l'âme, il connut le malheur, les afflictions, les vexations, la pauvreté, les labeurs douloureux et toutes sortes de désagréments. Enfin, la vieillesse maladive, puis la mort, le menacèrent. Mais le plus terrible, ce fut le diable, qui se réconforte des souffrances de l'homme, et qui put désormais exercer son empire sur Adam.

Les éléments eux-mêmes, c'est-à-dire le vent, le feu, etc... qui auparavant donnaient toute délectation à Adam, lui devinrent hostiles. Dès cet instant, Adam et toute sa progéniture commencèrent à souffrir du froid et de la canicule ainsi que des variations du vent et du temps. Les animaux, dans leur férocité nouvelle prirent les hommes pour ennemis et victimes. Dès cet instant, les hommes ressentirent l'effet nouveau des maladies externes et internes, qui se développèrent sous des formes toujours plus cruelles et diverses. Les hommes oublièrent qu'ils étaient frères et s'attaquèrent mutuellement. La haine, le mensonge, les tortures et les meurtres apparurent. Enfin, après toutes sortes de peines amères et de soucis, ils durent mourir. Et comme ils étaient pécheurs, ils connurent le tourment permanent et éternel de l'Enfer.

Par lui-même, aucun homme n'a jamais été et n'est capable de restaurer ce qu'Adam perdit. Que serions-nous devenus si, dans sa miséricorde envers nous, Jésus-Christ n'avait accompli notre Rédemption, par Son sacrifice? Que serait-il alors advenu de l'humanité?

Dieu, Qui nous aime bien davantage que nous nous aimons nous-mêmes, dans Son immense miséricorde, nous a envoyé Son Fils Jésus-Christ afin de nous sauver. Jésus-Christ s'est fait homme, notre semblable, hormis le péché.

Par Son enseignement, Jésus-Christ a dissipé les ténèbres de notre cécité ainsi que les égarements de l'esprit humain. Il a éclairé le monde entier grâce à la lumière de Son Evangile. Et maintenant quiconque le veut peut connaître la volonté de Dieu et les moyens d'acquérir la béatitude.

Jésus-Christ, par Sa vie, nous a montré le chemin, perdu par Adam, vers le Royaume Céleste. De même, Il nous a montré comment il nous faut le chercher et y cheminer.

Par Sa Passion et Sa mort, Jésus nous a libérés de notre dette envers Dieu, de cette dette dont nous n'avions jamais pu nous acquitter. De nous, les anciens esclaves du diable et du péché, Il a fait des enfants de Dieu. Et Il a supporté à notre place les tourments que nous aurions dû souffrir pour nos transgressions de la volonté de Dieu. Par Sa mort, Il nous a délivrés des malheurs, des supplices futurs, et de la mort éternelle.

Par Sa Résurrection, Il a détruit les portes de l'enfer et nous a ouvert celles du Paradis qui avaient été fermées à cause de la désobéissance d'Adam. Il a vaincu et détruit le pouvoir du diable et de la mort, nos ennemis. Et c'est pourquoi ceux qui aujourd'hui meurent dans la foi et l'espoir en Jésus-Christ, par la mort, passent d'une vie vaine, corrompue et éphémère à une vie lumineuse, incorruptible et sans fin. Et pour la victoire sur le diable et son bannissement, nous avons la croix et la prière.

Par Son Ascension, Jésus-Christ a glorifié le genre humain, parce qu'Il est monté au Ciel dans Son corps, dont Il sera toujours revêtu.

Et, enfin, par la Grâce et les Mérites de Jéus-Christ, nous pouvons entrer au Royaume Céleste et nous recevons aide et renforcement pour ce faire, c'est-à-dire que, véritablement et librement, nous pouvons tous recevoir le Saint-Esprit et En être remplis. Sans l'Esprit Saint il est impossible de parcourir le chemin que Jésus-Christ a parcouru.

Si Jésus-Christ n'était pas venu sur terre, personne n'aurait pu entrer au Royaume Céleste; Mais maintenant, nous pouvons y entrer facilement, mais pas autrement que par le chemin suivi par Jésus-Christ lors de Sa vie terrestre.

Mais personne ne peut dire ou imaginer ce que, dans les Cieux, le Seigneur a préparé pour nous. Nous pouvons seulement en dire que les croyants en Jésus-Christ et ceux qui observent Ses commandements vivront après leur mort en compagnie des Anges, des Justes et des Saints, là-haut dans les Cieux, et qu'ils verront Dieu face à face. Ils se réjouiront d'une joie pure, permanente et éternelle, sans connaître ni ennui, ni malheur, ni soucis, ni tourment, ni souffrance. Aprsè la fin de ce monde, ils ressusciteront en leur corps et règneront éternellement avec le Christ.

Et tous ces bienfaits que Jésus-Christ nous fait, Il ne les donne pas à un seul peuple uniquement, mais à tous les peuples sans exception. Quiconque les désire peut les obtenir. Le chemin nos est indiqué, il est tracé, et, autant que faire se peut, lissé et nivelé. Qui plus est, Jésus-Christ est prêt à nous aider à progresser le long de ce chemin, et Il désire Lui-même nous guider en nous prenant la main. Il ne nous reste seulement qu'à ne pas Le contrarier avec entêtement, mais à nous en remettre en tout à Sa volonté. Qu'Il nous guide comme il Lui plaît.

Voilà comment Jéus-Christ nous aime, et les dons qu'Il nous prodigue!

Qu'adviendrait-il si maintenant Jéus-Christ nous apparaissait et nous demandait : " Mes enfants! M'aimez-vous, pour tout ce que j'ai fait pour vous? Ressentez-vous dans vos coeurs de la reconnaissance envers Moi?" Qui d'entre nous refuserait de dire : " Ah, Seigneur! Nous t'aimons et te remercions!"

Mais alors, si vous aimez Jésus-Christ et Lui êtes reconnaissants, ferez-vous ce qu'Il vous ordonne? Parce que celui qui aime et qui est reconnaissant fera tout ce qui est agréable à son bienfaiteur. Mais Jésus-Christ ne veut de vous qu'une seule chose et c'est précisément que vous Le suiviez vers le Royaume Céleste.

Jésus-Christ a tout accompli pour nous. Est-il possible que nous refusions de satisfaire Son unique désir? Jéus-Christ, pour nous sauver, est descendu du Ciel sur la terre. Est-il possible que, par amour pour Lui, nous refusions de Le suivre au Ciel? Jésus-Christ a supporté pour nous tous les tourments et toutes les souffrances. Comment pourrions-nous Lui refuser de souffrir et de peiner un peu?

Heureux, bienheureux celui qui suivra le Seigneur toute sa vie, car, sans doute aucun, il dmeuerera avec Jésus-Christ Lui-même!

Heureux celui qui se soucie et s'efforce de ressembler à Jésus-Christ, parce qu'il recevra Son aide.

Mais malheureux est celui qui n'a pas le désir de suivre Jéus-Christ, en objectant, qu'il est pénible de Le suivre, ou que les forces lui manquent pour ce faire, car un tel individu se prive lui-même de la Grâce de Dieu et qu'en quelque sorte, il rejette la main secourable de Jésus-Christ.

Mais malheur à celui qui s'oppose à Jésus-Christ, qui s'entête et s'insurge contre Lui, parce que sa part est un lac de feu brûlant et de soufre.



2. Comment Jésus-Christ vécut-Il sur terre et que souffrit-Il pour nous?



Chaque homme doit observer la loi de Dieu. Cette loi consiste en deux commandements : 1) aime ton Seigneur Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toutes tes forces; et 2) aime ton prochain comme toi-même.

La récompense sera à la mesure de l'accomplissement de ces commandements. Mais personne n'a pu et ne pourra accomplir ces deux commandements avec une parfaite exactitude. Seul Jésus-Christ les a accomplis parfaitement et sans aucun manquement.

A cet égard, tous les Saints, et même les plus grands, ne sont que des luminaires, mais Jésus-Christ est comme le soleil dans toute sa brillance et tout son éclat.

Il est impossible à l'homme de regarder le soleil et de le décrire; de même, on ne peut décrire tous les bienfaits de Jésus-Christ. C'est pourquoi brièvement, je ne vous dirai de Sa vie et de Ses oeuvres que ce que l'on peut en voir dans l'Evangile.

Aucun homme et même aucun Ange n'a jamais tant aimé Dieu comme Jésus-Christ.

Jésus-Christ priait toujours Dieu Son Père, et particulièrement la nuit, lorsqu'Il était seul.

Jésus-Christ se rendait au temple de Jérusalem, proche de Sa demeure, lors de chaque fête, et de la Pâque, en particulier. Chaque jour du Sabbat, il venait là où les gens se rassemblaient pour prier et recevoir l'enseignement.

Jésus-Christ glorifiait le Nom de Dieu dans tous Ses actes. Que ce soit mystérieusement ou devant le peuple, Il rendait gloire à Dieu.

Toute sa vie, Jésus-Christ respecta, obéit, vénéra et aima Sa Mère et Son Père adoptif, Joseph. De même, il respecta les chefs et les Anciens, et paya l'impôt au roi terrestre.

Sans rechigner, avec plénitude d'agrément, exactitude, grand zèle et amour, Jésus-Christ vint dans le monde pour y accomplir Son eouvre et Son ministère.

Jésus-Christ aima chaque homme, souhaita le bien à chacun, couvrit tout de Ses bienfaits et n'épargna pas Sa vie pour la bétitude véritable des hommes.

Avec une douceur et un amour indicibles, Jésus-Christ supporta toutes les insultes et les offenses. Il ne Se plaignit pas de ceux qui L'offensaient et ne manifesta même aucune colère à Ses ennemis avérés, qui Le calomniaient, se moquaient de Lui et voulaient Le tuer. D'un seul mot, Il aurait pu annihiler et détruire tous Ses ennemis, mais Il ne le voulut point. Bien au contraire. Il ne leur souhaita que de bien, les couvrit de bienfaits et pria pour eux, les plaignit et pleura sur leur perdition.

En bref, depuis Sa naissance jusqu'à Sa mort, Jésus-Christ ne commit aucun péché, ni en parole, ni en acte, ni en pensée, mais Il accomplit toutes sortes de bienfaits, en tous temps et pour tous les hommes.

Regardons maintenant comment Jésus-Christ souffrit pour nous, ici sur la terre.

Fils de Dieu et Dieu Lui-même, Jésus-Christ revêtit le corps et l'âme de l"homme et devint un hommes parfait, sans péché. Omnipotent, Il parut en esclave. Roi du Ciel et de la terre, Il naquit misérable, d'une mère indigente dans une grotte, et demeura dans une crèche. Son père adoptif fut un pauvre charpentier.

Législateur Suprême, Jésus-Christ versa Son sang très précieux, le huitième jour après Sa naissance, lors de la Crconcision, afin d'accomplir ce qu'exigeait la loi. Puis ensuite, Sa Mère Toute Pure L'amena au temple, et pour Lui qui était le Rédempteur (1) du monde, elle paya le rachat.

(1) : ( Selon la loi de Moïse, le premier-né devait être "racheté" par le paiement de cinq shekels au trésor des Prêtres ( Nombres 18. 15-17).

Jésus-Christ était encore au berceau lorsqu'Hérode chercha à Le tuer, et c'est pourquoi Il S'éloigna dans la terre étrangère d'Egypte.

Mais ne croyez pas que dans Son enfance Jésus-Christ ne pouvait comprendre ce qui Lui arrivait et ce qui se passait. Non! Homme parfait, et aussi Dieu parfait, Jésus-Christ voyait et connaissait tout ce qui Lui arrivait.

Dieu Omnipotent, Jésus-Christ recevait l'obéissance des Cieux et de la terre, ainsi que celle des anges des ténèbres. Sa vie terrestre durant, Il obéit à Sa Mère, créée par Lui.

Jésus-Christ, qui tenait dans Sa dextre tous les trésors des mondes, n'eut, lors de Sa vie terrestre, aucune place où reposer Sa tête.

Jésus-Christ, Roi de l'univers, paya l'impôt au roi terrestre.

Jésus-Christ, Que servaient tous les Anges et toutes les créatures, fut Lui-même au service des hommes. Il lava les pieds de Ses disciples, choisis parmi des hommes simples et incultes.

Lors de Sa prédication, Jésus-Christ connut de la part de Ses ennemis des offenses innombrables. Ils Le traitèrent de pécheur, de transgresseur de la loi de Moise, d'homme vain et de fils de charpentier, d'ami et de compagnon des bambocheurs, des avinés et des percepteurs d'impôts. La méchanceté et la virulence de Ses ennemis parvint à un tel paroxysme, qu'ils voulurent Le précipiter du haut d'une montagne, voire Le lapider à mort. Mensonge et hypocrisie étaient les noms qu'ils donnaient à Son enseignement. Quand Il ressuscitait les morts et guérissait les malades, Ses ennemis disaient et racontaient qu'Il faisait tout cela grâce à l'aide de Satan, et instillaient l'idée à la foule qu'Il était possédé du démon.

Depuis sa naissance jusqu'à Sa mort, Jésus-Christ souffrit et connut affection et griefs de tous côtés. Il souffrit par les hommes et pour les hommes. Il fut affligé non pas tant de ce que les hommes ne L'écoutaient pas et L'offensaient, mais aussi de ce qu'ils périssaient et ne voulaient pas se détourner de leur perdition. Jésus-Christ souffrit visiblement et invisiblement car Il voyait et supportait non seulement les offenses patentes et les insultes des hommes, mais en même temps, Il connaissait les mauvaises pensées et les desseins secrets de ses ennemis, et savait aussi que ceux-là mêmes, qui en apparence L'aimaient et L'écoutaient avec émotion, soit ne croyaient pas en Lui, soit restaient indifférents à l'égard de leur salut.

De qui Jésus-Christ souffrit-Il le plus? Des grands prêtres hébreux et des scribes, c'est-à-dire des savants et de leurs chefs, qui savaient et attendaient la venue du Sauveur, et qui, non seulement, ne voulurent pas recevoir Jésus-Christ et L'écouter, mais au contraire, Le mirent à mort, comme un vulgaire menteur et transgresseur des lois; Et bien que le peuple hébreu fût prêt à libérer Jésus de la crucifixion, ils lui intimèrent de lui préférer Barabbas, brigand et rebelle, et de quejusqu'où peut aller la méchanceté et l'envie de l'homme? Mais ce qui est encore plus terrible, c'est que celui qui trahit Jésus-Christ fut un de Ses disciples, qui Le connaissait, qui mangea et but avec Lui, qui, de ses propres yeux, vit Sa vie, Ses miracles et la puissance de Son enseignement. Et comment Le trahit-Il? Par la couardise et le baiser. Et à quel prix? Pour trente pièces d'argent.

Pour qui Jésus-Christ souffrit-Il? Pour tous les pécheurs, depuis Adam, jusqu'à la fin du monde. Il souffrit également pour ceux-là mêmes qui Le tourmentaient, pour Ses ennemis qui Le condamnèrent à un tel supplice, et pour tous ceux qui, ayant obtenu de Lui des bienfaits sans nombre, non seulement ne Le remercièrent pas, mais Le haïrent et Le persécutèrent. Il souffrit aussi pour nous tous, qui L'affligeons chaque jour par nos injustices, nos méchancetés et notre indifférence terrible envers Ses souffrances pour nous, qui, par notre ingratitude et nos péchés abominables Le crucifions une seconde fois.

A la fin de Sa vie terrestre, Jésus-Christ accomplit un de Ses plus grands miracles, la résurrection de Lazare, qui depuis quatre jours déjà se trouvait dan sla tombe et s'y décomposait. Une multitude de témoins de ce miracle crut en Jéus-Christ, et qu'Il était l'Envoyé de Dieu. Mais les grands prêtres et les scribes hébreux, au lieu de recevoir Jésus-Christ, de croire en Lui, et de convaincre autrui qu'Il était le Sauveur véritable du monde, se réunirent chez Caïphe et y tinrent conseil afin de savoir que faire de Jésus, et recherchèrent des accusations contre Lui, et enfin décidèrent de condamner à mort Jésus-Christ, Qui ressuscitait les morts.

Mais personne ne peut imaginer les souffrances de Jésus-Christ lors de la dernière nuit, entre la Cène et Sa livraison aux mains des soldats. Seul Jésus-Christ était en mesure de supporter ces souffrances intérieures si terribles et tellement immenses. A Gethsémani, Il transpira des gouttes de sang.

Son âme ressentit alors un tourment cruel, une grande afflcition et une terrible souffrance. Son âme se couvrit alors de honte et d'effroi pour nos péchés, - qu'Il prit sur Lui -, pour tous les péchés perpétrés par les hommes depuis Adam jusqu'à la fin du monde.

Alors Jésus-Christ vit que même parmi les Chrétiens, des disciples hypocrites s'infiltreraient, pareils à Judas, des faces de Judas, et que beaucoup d'entre eux non seulement ne s'efforceraient pas de Lui ressembler, mais s'adonneraient à des vices et à des péchés abjects et abominables, et qu'il s'en trouverait même qui rejetteraient la foi et Son enseignement en les pervertissant par des interpérations mensongères, et qui, au lieu de s'en remettre à la sagesse de Dieu, voudraient guider autrui selon leur propre philosophie.

D'une part, l'amour envers Dieu, son Père, exigeait qu'Il détruise le genre humain, criminel et ingrat, et d'autre part, l'amour envers les hommes déchus et en perdition L'incita à souffrir pour eux, et, par SEs souffrances, à leur épargner une éternelle perdition.

Les souffrances de Jésus-Christ furent si grandes et si intenses qu'Il dit à Ses disciples : Mon âme est triste jusqu'à la mort (Matth. 26, 38). Après cela, comme un malfaiteur, on Le lia et Le livra à ses ennemis, qui Le jugèrent et Le condamnèrent à mort. Les Apôtres, qu'Il chérissait particulièrement, L'abandonnèrent et s'enfuirent. A la question de Pilate : Qui libérez-vous - Barabbas ou Christ? -, Ses ennemis soufflèrent au peuple insensé de gracier Barabbas, le brigand, et de crucifier Jésus, Juste et Saint. C'est pourquoi on Le livra aux païens qui Le tourmentèrent, Le battirent, crachèrent sur Lui, se moquèrent de Lui, Le ceignirent d'une couronne d'épines, Lui enlevèrent Ses vêtements, Le clouèrent à la croix, et Le crucifièrent entre deux brigands en un lieu de honte, comme un dangereux malfaiteur et un criminel. Même sur la Croix, ils donnèrent libre cours à leur envie et à leur cruauté déchaînée; même là, on se moqua de ui comme d'un menteur, et pour étancher Sa soif, on Lui donna du vinaigre et de la bile. Puis enfin, Jéus-Christ mourut sur la Croix, d'une mort de honte et de torture.

N'allez pas penser que Jésus-Christ souffrit sans avoir pu Se libérer ou échapper aux tourments. Non! C'est bien Lui, qui par Sa volonté propre, S'offrit en un tel sacrifice, car personne n'aurait même osé penser Le toucher. En effet, vous n'êtes pas sans savoir que lorsque ceux qui furent envoyés pour L'appréhender viret Le saisir, Il leur demanda : qui cherchez-vous? Ils lui répondirent : Jésus de Nazareth. Il leur dit : Voilà, c'est Moi! Et par ce mot seul, ils tombèrent à terre.

Voilà tout ce que nous pouvions dire des souffrances de Jésus-Christ, qu'Il endura par indicible amour pour nous. Mais pour pouvoir comprendre la grandeur de Son amour envers nous, ainsi que celle de Son sacrifice, il convient de nous rappeler Qui est Jésus-Christ.

Jésus-Christ est vrai Dieu. Il est le Créateur omnipotent de tout l'univers, le grand Roi des Anges et des hommes, le Seigneur puissant de toutes les créatures, le terrible Juge des vivants et des morts. Et c'est bien Lui Qui daigna souffrir pour le genre humain.





3. L'itinéraire du Royaume Céleste.

Jésus-Christ Lui-même est le chemin vers le Royaume Céleste. Seul celui qui suit Jésus-Christ emprunte ce chemin. Mais comment faut-il y cheminer? Ecoutez ce que dit Jésus-Christ Lui-même : Si quelqu'un veut venir après Moi, qu'il renonce à lui-même, et qu'il se charge de sa croix, et Me suive (Mc. 8. 34, Luc 14. 27, Mc. 10. 38). Ce que veut dire : renoncer à soi-même, porter sa croix et suivre Jésus-Christ, est exposé ci-après.

Jésus-Christ a dit : Si quelqu'un veut venir après moi... Ces mots signifient que Jésus-Christ ne force la volonté de personne, ni ne contraint personne à Le suivre. Il ne veut pas d'esclaves privés de désir pour disciples, mais Il veut que l'homme s'en remette entièrement à Lui, avec joie et librement. Et, par conséquent, n'entrent au Royaume Céleste que ceux qui le désirent. Chrétien, ton salut ou ta perdition dépendent de ta volonté propre! Dans Son amour et Sa toute sagesse indicible, le Seigneur t'a donné la liberté de faire ce que tu veux, et Il ne veut pas te retirer ce don très précieux. C'est pourquoi, si tu désires suivre Jésus-Christ, Il te montrera le chemin vers le Royaume Céleste, et sera même disposé à venir t'y aider. Mais si tu refuses de Le suivre, fais selon ta volonté : personne ne t'y force et ne t'y forcera. Mais garde-toi bien de mépriser l'appel de Jésus-Christ et Sa compassion. Jésus-Christ, dans Sa grande bonté, frappe très longtemps à la porte du coeur de l'homme, afin de réveiller son âme et de susciter en lui le désir du salut. Mais malheur à celui que finalement Il abandonne et qu'Il rejette comme un fils de perdition!

Ainsi, désir propre et résolution sont indispensables pour suivre Jésus-Christ. Or pour avoir le désir de marcher sur Ses traces, il faut savoir où aller, reconnaître ce chemin, et ce qui est nécessaire pour le parcourir. Mais comment connaître pleinement ce que l'on refuse de connaître, ou ce dont on n'a entendu parler qu'un instant et superficiellement?

C'est pourquoi avant que de marcher sur les traces de Jésus-Christ, il te faut d'abord accomplir ce qui suit :

1) Etudier attentivement les fondements de la Chrétienté, c'est-à-dire les livres mêmes des Saintes Ecritures, sur lesquels repose notre Foi Orthodoxe : apprendre d'où ils proviennent, qui les écrivit et quand ils furent conservés et parvinrent jusqu'à nous, et pourquoi ils sont appelés Divins et Saints...Mais il te faut étudier les livres Saints avec simplicité de coeur, sans aucun préjugé ni curiosité compulsive, impartialement, et surtout en restant au sein des limites de ton intellect, c'est-à-dire, sans vouloir à tout prix apprendre et pénétrer ce qui nous est caché par la Sagesse de Dieu. Une telle étude de la foi n'est aucunement opposée à la foi, mais constitue, bien au contraire, l'obligation indispensable de chaque Chrétien. Lorsqu'il parvient à l'âge adulte, il doit apprendre sa foi plus en détail, parce que celui qui ne connaît pas fondamentalement sa foi manifeste de l'indifférence et de la froideur, et parce qu'il tombe souvent dans la superstition ou l'impiété. Et combien de Chrétiens, - ou, pour mieux dire, combien de baptisés en Jésus-Christ -, périrent et périssent seulement parce qu'ils ne veulent pas ou ne voulurent pas prêter attention aux fondements de notre Foi Orthodoxe! Celui qui dédaige cette obligation restera sans réponse le jour du Terrible Jugement. L' étude de la foi dépend des capacités, des connaissances et de l'éducation de chacun. Ainsi, par exemple, le savant peut et doit porter son attention sur les évènements historiques qui montrent l'origine et les conséquences de la foi, ainsi que sur l'esprit de l'Ecriture Sainte... Et celui qui n'est pas savant, de même que l'homme simple, doit apprendre en adressant ses questions aux Pasteurs et aux Maîtres de l'Eglise, ainsi qu'à ceux qui ont fait la promesse d'enseigner la foi, qui ont étudié de puis l'enfance et qui consacrent leur vie à l'étude de la foi.

2) Lorsque tu auras appris et que tu seras convaincu de ce que notre Foi Orthodoxe est fondée sur l'Ecriture Sainte, et non pas sur des inventions ou quelque vaine philosophie, et que l'Ecriture Sainte est exactement cette véritable Parole de Dieu, que le Saint-Esprit nous a révélé, par les Prophètes et les Apôtres, alors ne cherche pas à apprendre ce qui ne nous est pas révélé; mais crois inconditionnellement, loin du doute et de toute fausse sagesse, en ce que l'Ecriture Sainte enseigne; n'écoute pas les explications des hommes ni leurs interprétations de ce qui reste inaccessible à l'esprit humain. Et si tu te conduis ainsi, alors ta foi sera véritable et droite, et te sera imputée pour ta justification et ton mérite.

3) Et, enfin, efforce-toi d'acquérir et de susciter en toi-même le désir d'accomplir ce que l'Ecriture Sainte enseigne. Mais si tu n'as pas ce désir, alors jette-toi aux pieds de notre Sauveur Jésus-Christ et, par une fervente prière, implore-Le de te l'accorder. Mais en aucun cas ne résiste à la Grâce qui t'appelle sur le chemin du salut.

Nous allons illustrer tout ce que nous avons dit ici au sujet de la foi par une parabole. Par exemple, tu as pu entendre qu'en un lieu proche se trouve un édifice colossal et merveilleux. Sa hauteur atteint le ciel même. Son entrée est quelque peu dissimulée, et il n'est pas donné à tout le monde de le trouver sans indications. Une multitude de serviteurs s'y trouvent pour te guider dans ta progression ultérieure. Ce sont les médecins des malades et des éclopés, et les dispensateurs de la nourriture nécessaire le long du chemin. Il y a tant d'échelles pour l'ascension que presque chacun a la sienne. Mais toutes les échelles sont raides, étroites et pauvrement éclairées, et il est impossible d'y faire un seul pas, sans guide ni aide, surtout au commencement. Cet édifice a été construit par un Architecte très sage, précisément pour que l'homme puisse entrer au Ciel et au Paradis.

Sans doute, après avoir entendu tout cela, tu aimerais te trouver là où mène cet édifice. Mais alors, comment faudra-t-il que tu t'y prennes? Bien évidemment, tu dois d'abord aller voir cet édifice et t'examiner minutieusement, en posant toute question utile aux serviteurs, au sujet de l'édifice lui-même, de sa fonction, de l'itinéraire qui y mène... Et c'est avec joie que les serviteurs te diront tout ce qui t'est indispensable. Et si tu es une personne cultivée, alors approche-toi de l'édifice et examine-le de tous les côtés; regarde s'ilo est érigé sur une solide fondation capable de supporter son poids , et celui de ceux qui y entrent. Si tu es encore plus savant, alors examine ses matériaux : renseigne-toi, compte et observe tout ce que ton regard peut embrasser, et utilise même tout instrument utile à cette fin. Puis, après t'être aperçu et assuré que cet édificeest solide et qu'il peut parfaitement remplir sa fonction, écarte toute investigation supplémentaire et laisse près des portes les instruments de l'examen, parce qu'ils ne pourront que te gêner sans t'apporter aucune aide. Et sans hésitation entre dans l'édifice et avance sans t'arrêter ni prendre peur des difficultés de cette divine ascension. Car l'asencion du Ciel est véritablement difficile, surtout au début; cependant elle mène directement au lieu que tous doivent désirer et rechercher leur vie durant. Au sein de l'édifice tu rencontreras des compagnons de voyage et vous cheminerez la main dans la main, tu trouveras des médecins si tu viens à tomber et te blesser, tu trouveras des dispensateurs de la nourriture nécessaire en voyage, tu trouveras des guides, des directeurs et des maîtres qui t'indiqueront tout ce dont tu as besoin. Ces découvertes et ces rencontres précéderont celle avec le Maître de Maison et Créateur de l'édifice Lui-même. Mais, afin d'arriver plus sûrement et plus vite, il est mieux et plus sûr de s'en remettre absolument à la volonté du Constructeur et du Maître de Maison.

Mais n'y a-t-il pas un manque de discernement chez celui qui, par orgueil, présomption ou entêtement, au lieu d'explorer l'édifice dans ses fondations et d'examiner ce qui est accessible au regard, s'est mis en tête de contempler la cîme du bâtiment, qui ordinairement se cache dans les nuages et dans l'espace même entre ciel et terre? Et, n'agirait-il pas stupidement celui qui, - apercevant en haut quelques parties de l'édifice, et ne pouvant plus ou ne sachant comment l'examiner proprement -, jugerait présomptueusement à leur propos et émettrait des conclusions au sujet de l'édifice entier, en relevant des manques et des ajouts inutiles, là où, à cause de la hauteur vertigineuse, l'ensemble de l'ouvrage est à peine visible? Et ne serait-il pas stupide et même criminel, si, sans rien avoir regardé ni être entré au sein de l'enceinte de l'édifice, il se mettrait subitement à blâmer inconsidérément et à convaincre autrui de la fragilité et de la superfluité de l'édifice? Ou qu'au lieu de respeceter les instructions et les lois du Maître de Maison Lui-même et de l'Architecte, il en vienne à proposer ses propres instructions et raisonnements captieux? Mais celui qui, juste après être entré dans l'enceinte, abandonnerait tout désir, non seulement d'entrer dans cet édifice, mais aussi même de l'examiner, atteindrait le comble du stupide.

Il suffit à celui qui sincèrement désire aboutir là où mène cet édifice, d'être convaincu de sa solidité et de sa construction sur une fondation inébranlable, et de savoir qu'il n'est pas l'ouvrage de peintres et de maîtres ordinaires, mais l'oeuvre des mains du Grand Architecte, Qui par Son sang y a frayé une voie, qu'Il a parcourue le premier. IL suffit de s'en convaincre. Toutes les autres questions qui concernent par exemple le mode de construction de l'édifice et son emplacement, ne sont pas de ton ressort. Il t'appartient seulement de t'en remettre à la volonté et au désir du Maître de Maison dans l'espoir de recevoir Son aide; et, l'amour envers Lui au coeur, d'aller vers Lui et de marcher après Lui, comme Il le commande.

Appliquons cette parabole au Christianisme. L'édifice, construit sur terre et qui affleure le Ciel, est notre Foi Chrétienne Orthodoxe; l'Architecte et le Maître de Maison est Jésus-Christ; les serviteurs sont les Prêtres et les Maîtres de l'Eglise.

Penchons-nous maintenant sur la voie que nous devons parcourir à la suite de Jésus-Christ.

Jésus-Christ a dit : Si quelqu'un veut venir après moi :

1) qu'il renonce à lui-même,

2) qu'il se charge de sa croix,

3) qu'il Me suive.

Ainsi, la première obligation du Chrétien, c'est-à-dire du disciple et serviteur de Jésus-christ, consiste à renoncer à lui-même.

Renoncer à soi-même, signifie délaisser ses mauvaises habitudes, déraciner de son coeur tout c equi nous attire vers le monde, ne pas nourrir en soi de mauvais désirs ni de mauvaises pensées, s'écarter des occasions de péché, ne rien faire ni rien désirer par amour-propre, mais faire tout par amour envers Dieu. Renconcer à soi-même veut dire, selon les paroles de l'Apôre Paul, être mort au péché et au monde, mais vivant pour Dieu.

La seconde obligation du Chrétien, c'est-à-dire de celui qui va après Jéus-Christ est de se charger de sa croix.

Sous le nom de croix il faut entendre les souffrances, les malheurs et les désagréments. Or, il est des croix externes et des croix intérieures. Se charger de sa croix, signifie accepter et supporter avec résignation tout ce qui peut nous arriver dans notre vie de désagréable, de douloureux, de lamentable, de difficile et de pénible. C'est pourquoi, si quelqu'un t'offense, se moque de toi ou t'ennuie, t'attriste ou te chagrine; ou si, en réponse au bien que tu as fait, on t'attaque et te tend un piège au lieu de te remercier; ou si ta volonté de faire le bien n'est pas couronnée de succès; ou s'il t'arrive quelque malheur, - par exemple si toi, ta femme ou tes enfants sont malades -; ou si malgré tes efforts constants tu es dans le besoin et la nécessité; ou même si la misère et la pauvreté t'écrasent; ou si en outre tu supportes quelque désagrément - supporte tout cela sans méchanceté, mais avec résignation, sans maugréer, sans plainte, c'est-à-dire en ne te sentant pas offensé et en n'attendant pas de récompense en cemonde, mais avec amour, joie et fermeté.

Se charger de sa croix ne se limite pas seulement à porter les croix que les autres nous imposent ou que la Providence envoie, mais consiste aussi à prendre et à porter ses propres croix, et même à s'en imposer et à les porter. Cela veut dire que le Chrétien peut et doit donner et accomplir des voeux et des promesses, affligeantes et pénibles à son coeur, mais des promesses conformes à la Parole du Seigneur et à Sa volonté, et non pas à nos propres raisonnements et à nos interprétations. Ainsi, par exemple, on peut et doit donner et accomplir des promesses utiles à nos proches : servir les maldes, activement venir en aide à ceux qui le demandent, rechercher les occasions de collaborer avec patience et mansuétude au salut et au bien d'autrui,en action, en parole, par le conseil, par la prière, etc...

Lorsque tu te charges de ta croix selon la parole et l'intention du Seigneur, et que, ce faisant, des pensées d'orgueil naissent en toi qui te disent que tu n'es pas un homme comme les autres, mais que tu es ferme, pieux et meilleur que tes frères et soeurs, alors, autant que faire se peut, déracine ces pensées parce qu'elles peuvent annihiler toutes les vertus.

Nous avons mentionné plus tôt qu'il y a des croix externes et des croix intérieures, et jusqu'à présent, nous n'avons évoqué que les croix externes. Et bienheureux celui qui sait les porter sagement car le Seigneur ne permettra pas qu'un tel homme périsse mais Il lui enverra le Saint Esprit, Qui le renforcera, le dirigera et le guidera plus loin. Mais les croix externes seules ne sffident pas pour devenir saint et ressembler à Jéus-Christ, parce que sans celles qui sont intérieures, elles ne sont pas plus utiles que ne l'est la prière extérieure sans la prière intérieure. Les disciples de Jéus-Christ ne sont pas les seuls à supporter des croix et des souffrances extérieures : épreuves et souffrances sont le lot commun sur terre. Personne n'y est, d'une manière ou d'une autre, resté étranger à la souffrance. Mais celui qui veut être le discipleet le serviteur véritable du Christ et marcher après Lui, doit aussi supporter sans faillir les croix intérieures.

Les croix intérieures se trouvent toujours bien plus facilement que celles qui sont extérieures. Il suffit simplement de tourner son attention sur soi-même et de contempler son âme dans un sentiment de repentir, alors se pérsenteront imméditamenet des milliers de croix intérieures. Par exemple, médite sur ta venue en ce monde, sur les causes de ton existece sur terre et de ta vie. Sois bien attentif à cela, et du premier regard, tu verras qu'étant la création et l'oeuvre des mains du Dieu Tout-Puissant, tu existes sur cette terre exclusivement pour glorifier Son Nom très saint et majestueux par tous tes actes, par toute ta vie et de tout ton être. Or non seulement tu ne Le glorifies pas, mais, au contraire, tu L'offenses et Le déshonores par l'iniquité de ta vie. Puis médite sur ce qui t'attend au-delà de la tombe, sur ton sort lors du Terrible Jugement du Christ. Seras-tu à droite ou à gauche? Et si tu médites de la sorte, alors, tu sera sinconsciemment envahi par le trouble et tu commenceras à t'inquiéter. Et cela sera le début de la croix intérieure. Mais si non seulement tu n'écartes pas de telles pensées ou si tu ne cherches pas à te disperser en divertissements et vains amusements, mais que tu te contemples toi-même avec davantage d'attention et d'acuité, alors tu découvriras bien d'autres croix encore. L'enfer, par exemple, auquel à ce jour tu n'avais seulement pensé qu'en passant, ou dont tu ne t'étais souvenu qu'avec indifférence ou aucunement, se présentera à toi dans toute son horreur. Le Paradis, que le Seigneur a préparé pour toi, et auquel à ce jour tu n'avais jamais prêté attention, ou seulement d'une manière fugitive, se présentera à tes yeux de manière vivante dans la plénitude de sa réalité, c'est-à-dire comme un lieu de joies pures et éternelles, et dont tu te prives toi-même par négligence et folie.

Et si, en dépit des afflictions et des souffrances intérieures que tu éprouves lors de ces méditations, tu prends la ferme résolution de les supporter sans rechercher de consolation en ce monde, et que tu renforces ta prière au Seigneur pour l'obtention de ton salut et t'en remets tout entier à Sa volonté, alors le Seigneur commencera à t'ouvrir et à te montrer la condition de ton âme dans son état véritable, afin d'instiller et de nourrir en toi de plus en plus de peur, d'affliction et de lamentation, pour te purifier toujours davantage.

Voir la condition de notre âme dans toute sa nudité et ressentir vivement le danger que l'on court ne peut jamais se faire sans l'aide et la Grâce du Seigneur, parce que le sein de notre âme est toujours voilé à nos yeux par notre amour-propre, notre raisonnement orgueilleux, nos passions, nospréoccupations de de ce monde, nos désillusions, etc... Et si parfois il nous semble que nous voyons nous-mêmes la condition de notre âme, c'est que nous n'en voyons que l'extérieur et rien de plus que ce que notre raison et notre conscience peuvent nous montrer.

L'ennemi de notre âme - le diable - sachant combien il nous est salutaire de contempler et de voir la condition de notre âme, emploie toutes ses ruses et toutes ses couardises à priver l'homme de considérer sa propre condition sous son jour véritable, pour qu'il ne se convertisse pas et ne commence pas à rechercher son propre salut. Mais lorsque le diable se rend compte de ce que sa couardise ne l'aide en rien et que l'homme, avec l'aide et la Grâce de Dieu, commence à se voir, alors le diable emploie un autre moyen, encore plus perfide : il s'efforce de montrer à l'homme sa condition soudainement et autant que faire se peut du côté le plus dangereux, afin de vaincre l'homme par la terreur et de le plonger dans le désespoir. Si Dieu permettait au diable de pouvoir toujours em^ployer ce dernier moyen, c'est-à-dire de nous montrer la condition de notre âme du côté le plus dangereux, alors peu d'entre nous y résisteraient. En effet, la condition de l'âme du pécheur qui ne se repent pas est très dangereuse et terrible, au point que non seulement les pécheurs mais les saints et les justes eux-mêmes, nonobstant leur justice, ne sauraient trouver assez de larmes pour pleurer leur âme.

Lorsque le Seigneur daignera t'ouvrir la condition de ton âme, alors tu commenceras à voir clairement et à ressentir vivement que, malgré toutes vertus, ton coeur est corrompu et perverti, que ton âme est prfanée, et que tu n'es autre que l'esclave du péché et des passions, dont l'empire sur toi est absolu, et qui t'empêchent de t'approcher de Dieu. De même tu commenceras à voir que rien n'est véritablement bon en toi, et que si tu as accompli aussi quelques bonnes actions, elles sont toutes mêlées au péché et ne sont pas le fruit de l'amour véritable, mais l'engeance de passions et de circonstances diverses... Et tu souffriras immanquablement lorsque tu seras envahi par la peur, le chagrin et l'affliction. Par la peur, parce que tu es menacé de péril; par le chagrin et l'affliction, parce que tu as si longtemps et avec un tel entêtement détourné l'oreille de la douce parole du Seigneur Qui t'appelle au Royaume Céleste, et que tu as si durablement et audacieusement irrité par tes iniquités.

Et à mesure que le Seigneur t'ouvrira la condition de ton âme, tes souffrances intérieures grandiront en toi.

Voilà ce qu'on appelle les croix intérieures!

Comme les hommes n'ont pas tous les mêmes vertus et les mêmes péchés, les croix intérieures ne sont pas les mêmes pour tous. Pour les uns, elles sont plus pesantes, et moins pour les autres; pour les uns elles sont plus durables, et moins pour les autres; pour les uns, elles arrivent d'une certaine manière, et d'une autre pour les autres. Et tout cela dépend de la condition de l'âme de chacun, exactement comme la durée et les moyens curatifs d'une maladie dépendent de la condition du malade. Et le médecin n'est pas coupable s'il doit parfois employer des moyens puissants et durables pour obtenir la guérison d'une maladie dangereuse et enracinée, et que le malade a peut-être lui-même envenimée et renforcée. Celui qui veut être en bonne santé accepte de tout supporter.

Les croix intérieures sont si pesantes pour certains que, parfois, ils ne trouvent rien pour s'en consoler.

Tout cela peut t'arriver aussi, mais quelle que puisse être la situation dans laquelle tu te trouves, et quelles que soient tes souffrances de l'âme, ne désespère pas et ne pense pas que le Seigneur t'a abandonné. Non! Il sera toujours avec toi et invisiblement te renforceran et lors même que tu croiras te trouver au bord du gouffre périlleux. Non! Ol ne permettra pas de te mettre à l'épreuve au-delà de ce qu'il Lui plaît. Ne désespère pas et n'aie pas peur, mais supporte et prie en Lui étant pleinement soumis et dévoué. Parce qu' Il est toujours notre Père, Qui aime Ses enfants très tendrement. Et s'Il permet la tentation de celui qui Lui est dévoué, cela n'est que pour lui montrer ainsi, plus clairement et plus raisonnablement son impuissance, son infirmité et son néant, afin qu'il ne place jamais son espoir en lui-même, et qu'il soit assuré de ce qu'il ne peut rien faire de bon sans Dieu. Et si le Seigneur induit les souffrances de l'homme ou lui impose des croix, c'est uniquement afin de pouvoir ainsi guérir son âme, l'amener à la ressemblance de Jésus-Christ et complètement purifier son coeur, au sein duquel I désire habiter avec le Fils et Son Esprit Saint.

Dans ces afflictions pénibles, ne cherche pas la consolation des hommes, surtout si le Seigneur ne t'indique pas et ne t'envoie pas Son élu. Les gens ordinaires, c'est-à-dire sans expérience de la vie spirituelle, sont toujours de piètres consolateurs des chagrins ordinaires, ou, qui plus est, des afflictions et chagrins en notre Seigneur, dont ils n'ont pas la moindre compréhension. Dans ces cas-là, ils feraient plutôt du tort au lieu de consoler et d'alléger tes souffrances. C'est au Seigneur, à ton Seigneur et Coadjuteur Auxiliaire, Consolateur et Précepteur, qu'il te faut recourir et chercher en Lui seul, aide et consolation.

Bienheureux, cent fois bienheureux celui auquel le Seigneur donne de porter des croix intérieures, parce qu'elles sont la médecine spirituelle véritable, le moyen sûr et certain de parvenir à la ressemblance de Jésus-Christ. Elles sont donc une faveur évidente et particulière du Seigneur, et Son visible souci pour le salut des hommes. Bienheureux celui qui parvient à cet état, que non seulement nous ne pouvons atteindre sans la collaboration de la Grâce de Dieu, mais que nous ne considérons pas même nécessaire à notre salut.

Si tu supportes tes souffrances avec soumisssion et dévouement envers la volonté du Seigneur, sans chercher de consolation nulle part ni en personne d'autre qu'en le Seigneur, alors, dans Sa miséricorde, Il ne t'abandonnera pas; Il ne te laissera pas sans consolation, et touchera ton ceour de Sa Grâce et te communiquera les dons du Saint- Esprit. Au sein de tes souffrances, et peut-être même à leur tout début, tu ressentiras en ton coeur une douceur ineffable, une joie et un calme merveilleux que tu n'avais jamais ressenti auparavant. De plus, tu sentiras en toi les forces et la possibilité de prier Dieu d'une prière sincère, et de croire en Lui d'une foi véritable. Ton coeur s'enflammera alors d'un amour pur envers Dieu et envers ton prochain. Et tout cela est un don du Saint-Esprit.

Et si Dieu te rend digne de recevoir un tel don, surtout ne crois pas que c'est en récompense de tes souffrances et de tes labeurs, et ne pense pas que tu as atteint la perfection et la sainteté. Ces pensées ne sont que des suggestions de l'orgueil qui a pénétré notre âme si profondément et y a crû si puissamment, qu'il peut même se manifester chez le thaumaturge.

Cette consolation et cet attouchement du Saint Esprit ne sont pas une récompense, mais seulement la miséricorde du Seigneur, qui te donne de goûter aux bienfaits que Dieu a préparés pour ceux qui L'aiment, afin que, les ayant goûtés, tu les recherches avec davantage de zèle et de ferveur et que tu te prépares et te fortifies pour supporter de nouvelles aflictions et souffrances. Et cet amour que tu sentiras alors n'est pas encore l'état parfait qu'atteignent les Saints sur cette terre, mais il n'en est que l'indication.

La troisième obligation du disciple de Jésus-Christ consiste à aller après Lui. Suivre Jéus-Christ signifie l'imitation de la conduite de Jésus-Christ dans Ses oeuvres et Ses actions, dans toutes tes oeuvres et actions. Nous devons vivre et nous conduire sur terre comme le Christ vécut et se conduisit sur terre. Par exemple : jésus-Christ rendait toujours grâces et gloire à Dieu Son Père et toujours Le priait. C'est exactement ainsi que nous devons aussi, quelle que soit notre condition et la circonstance dans laquelle nous nous trouvons, rendre grâces à Dieu, L'aimer et Le glorifier ouvertement et intérieurement, Le prier et L'Avoir toujours en notre coeur et en notre esprit.

Jésus-Christ respectait Sa Mère Toute Pure, Son père adoptif et ses supérieures, et leur obéissait. De cette même manière, nous devons respecter et obéir à nos parents et à nos maîtres, ne pas les affliger ni les irriter par notre conduite, et nous devons être déférents envers nos supérieurs et toutes les autorités ( appelées par Dieu), leur obéir et accomplir leurs commandements sans récriminer.

Jésus-Christ, le Roi de l'univers, paya tribut au roi terrestre, et le Juge des vivants et des morts ne voulut point accaparer l'autorité civile des juges ou des arbitres (Luc. 12. 14). De cette même manière, nous devons payer l'impôt à notre roi sans réticence aucune et ne pas usurper des pouvoirs étrangers, par exemple celui des juges, ni blâmer ceux qui en sont investis, etc...

Jésus-Christ s'est acquitté de Son devoir et de l'oeuvre pour laquelle il fut envoyé dans le monde, avec bonne volonté, zèle et amour. C'est avec cette même bonne volonté, ce même zèle et ce même amour que nous devons aussi accomplir sans récriminer notre devoir imposé par notre Dieu et notre roi, nonobstant la bassesse ou le caractère pénible de nos responsabilités.

Jésus-Christ aima tous les hommes et les couvrit tous de bienfaits de toutes sortes. De même nous devons aimer nos frères et, autant que faire se peut, leur prodiguer du bien en action, parole ou pensée.

Jésus-Christ S'est livré pour le salut des hommes. De même exactement nous ne devons ménager ni nos peines ni notre santé pour dispenser nos bienfaits. Pour le salut et la défense de la Patrie et de notre roi, le Père de la Patrie, nous ne devons pas même épargner notre vie, et pour Jésus-Christ, notre Rédempteur et Bienfaiteur, nous ne devons regretter ni les consolations de l'âme ni celles du corps, comme les martyrs qui endurèrent toutes sortes de tourments et la mort pour Jésus-Christ.

Jésus-Christ S'est volontairement livré aux souffrances et à la mort. De même exactement, nous ne devons pas fuir les souffrances et les malheurs qui nous sont envoyés par Dieu, mais nous devons les accepter et les supporter avec humilité et dévouement à Dieu. Jésus-Christ pardonna à Ses ennemis tout ce qu'ils Lui firent, et qui plus est, Il leur prodigua toutes sortes de bienfaits et pria pour leur salut. De même exactement nous devons aussi prier pour nos ennemis et leur pardonner, et leur rendre le bien pour le mal qu'ils nous font, bénir ceux qui nous injurient, avec espoir et une foi entière en Dieu, Juge très équitable Qui voit tout, et sns la volonté Duquel un seul cheveu ne saurait tomber de notre tête. En supportant l'offense sans plainte, sans esprit de vengeance et avec amour, tu te conduiras en véritable Chrétien ( Matth. 5. 4 ; Luc 6, 28).

Jésus-Christ, le Roi du Ciel et de la terre, vécut dans la pauvreté et gagna Sa vie par Ses labeurs. De même exactement nous devons aussi être laborieux et rechercher sans paresse ce qui est nécessaire à notre vie, et nous devons nous satisfaire de notre condition, et ne pas désirer la richesse; parce que, selon la Parole du Suveur, il est plus aisé qu'un chameau passe par le trou d'une aiguille, qu'il ne l'est qu'un riche entre au Royaume de Dieu (Marc 10, 25).

Doux et humble de coeur, Jésus-Christ ne chercha et ne désira jamais les louanges d'autrui. De même exactement nous ne devons en rien nous vanter, ni chercher les louanges d'autrui. Par exemple, si tu prodigues du bien à quelqu'un, si tu fais l'aumône, si tu vis pluspieusement que les autres, ou si tu es plus raisonnable que beaucoup d'autres, ou généralement meilleur et plus distingué que tes frères, ne t'en vante pas, ni à tes propres yeux ni à ceux d'autrui, parce que tout ce que tu as en toi de bon et de louable ne t'appartient pas, mais est un don de Dieu; tes péchés et tes faiblesses seuls t'appartiennent, et tout le reste est à Dieu.

Aller après le Christ, veut également dire se soumettre à la parole de Jésus-Christ, et c'est pourquoi nous devons écouter, croire et accomplir tout ce que Jésus-Christ a dit dans Son Evangile et par l'intermédiaire de Ses apôtres, et nous devons l'accomplir en toute simplicité de coeur et sans futiles raiosnnements. Celui seul qui obéit et qui écoute la parole de Jésus-Christ peut s'appeler Son disciple, mais celui seul qui écoute et qui accomplit Sa parole et Sa volonté avec simplicité de coeur et un dévouement parfait, est son véritable et bien-aimé disciple.

Ainsi, voilà ce que renoncer à soi-même, se charger de sa croix, et suivre Jésus-Christ veulent dire. Voilà les qualités et les vertus du disciple de Jésus-Christ, voilà la voie véritable et droite vers le Royaume Céleste et la voie que Jésus-Christ lui-Même a parcourue lors de Sa vie terrestre, et que doivent suivre les Chrétiens. Il n'y a jamais eu, n'y a pas, et n'y aura jamais d'autre voie.

Et assurément cette route n'est pas plane, elle est étroite et épineuse, et paraît plus encore sous ce jour à son commencement, mais ensuite elle mène sûrement et directement au Paradis, au Royaume céleste, à la béatitude éternelle, à Dieu, Source de toute béatitude. Cette voie est pénible mais chaque nouveau pas y annonce des milliers de récompenses. Les souffrances n'y sont pas éternelles, et ne durent même, si l'on peut dire, qu'un moment, tandis que la récompense qui leur succède est éternelle, comme Dieu. De jour en jour, les souffrances s'y font plus légères et moindres, tandis que la récompense grandira d'heure en heure tout au long de l'éternelle vie future.

Ainsi n'ayez pas peur de cette voie parce que la voie plane et facile mène vers l'enfer, et que celle qui est rude et épineuse mène au Ciel.

Bien des gens perplexes demandent : pourquoi la voie vers le Royaume Céleste est-elle si difficile, et pourquoi le Chrétien doit-il porter des croix si pesantes? A ce genre de questions, le Chrétien doit toujours répondre que c'est ainsi qu'il en a plu à Dieu. Notre Dieu est Très Sage et Il est l'Ami des hommes. Il sait ce qu'Il fait et ce qu'il faut faire pour nous. Si nous voulons être de véritables disciples de Jésus-Christ, c'est-à-dire des disciples qui Lui soient soumis et dévoués, nous devons nous en remettre, les uns les autres, et toute notre vie au Christ notre Dieu. Au demeurant, il existe des raisons visibles et accessibles à notre intellect pour lesquelles la voie vers le Royaume céleste est à ce point difficile, et pour lesquelles nous ne pouvons en aucun cas l'éviter si nous voulons atteindre le salut.

1) Le Royaume Céleste est la béatitude ultime, la plus grande gloire et le plus grand honneur, ainsi qu'une inépuisable richesse. C'est pourquoi, si l'obtention des faibles et pauvres richesses de ce monde nécessite de grands labeurs et de grands soucis, comment celle d'un trésor aussi ineffable peut-elle avoir lieu sans labeurs?

2) Le Royaume Céleste est la récompense, la plus grande récompense. Or où donne-t-on une récompense gratuitement et pour rien? C'est pourquoi, si la réception d'une récompense en ce monde éphémère exige de grands efforts et de grandes luttes, combien en faudra-t-il de supérieurs pour recevoir la récompense céleste et éternelle?

3) Nous devons porter des croix, parce que nous nous appelons et désirons être Chrétiens, c'est-à-dire des disciples, des serviteurs et des membres de Jésus-Christ. Or, tel Maître, Guide ou Chef, tel disciple, serviteur ou membre : Jésus-Christ est entré dans Sa gloire par les souffrances, par conséuent, nous ne devons pas y entrer autrement que par cette même voie.

4) Nous portons tous nos croix et nous devons tous souffrir. Porter des croix n'est pas le sort et l'apange des seuls Chrétiens; Non! Le Chrétien et le ,on-Chrétien, le croyant et le non-croyant, les portent également. Mais leur différence consiste en ce que chez l'un les croix sont une médecine et le moyen d'hériter du Royaume Céleste, tandis que chez l'autre elles deviennent des punitions, des châtiments et un supplice. Pour les uns, les croix deviennent de temps en temps plus légères, lus douces et enfin deviennent des couronnes de gloire éternelle, tandis que pour les autres elles deviennent plus lourdes et se fondent en un imense fardeau infernal qui pèsera sur leurs têtes et sous lequel ils souffriront éternellement et dans une profonde affliction. Mais pourquoi cette différence? Parce que l'un les porte avec foi et soumission à Dieu, tandis que l'autre avec murmure et blasphèmes. Ainsi, toi, Chrétien, non seulement tu dois ne pas éviter les croix et ne pas murmurer à leur sujet, mais au contraire, tu dois remercier Jésus-Christ de te les envoyer, et Le remercier nuit et jour de c qu'Il t'a rendu digne d'être compté au nombre de ceux qui portent la croix. Parce que si Jésus-Christ n'avait souffert pour le monde, aucun de nous - malgré toutes nos souffrances, nos tourments, leur quantité et leur nature - n'aurait jamais pu entrer au Royaume Céleste. Parce qu'alors nous aurions dû souffrir comme des condamnés et des transgresseurs exilés de la Volonté de Dieu, et souffrir sans espoir ni consolation. Mais maintenant, bien que nous souffrions, nous souffrons ou pouvons souffrir pour le salut, pour la libération, avec espoir et consolation, afin de recevoir une récompense. Ô Seigneur miséricordieux! Grand est Ton amour pour nous, ô Jésus-Christ! Grands sont Tes bienfaits pour nous! Tu as transformé le mal même du monde pour notre bénédiction, notre profit et notre salut; Chrétien! La reconnaissance et l'amour envers Jésus-Christ, ton Bienfaiteur, suffisent déjà à t'obliger à Le suivre. C'est pour toi que Jésus-Christ est venu sur terre. Lui refuserais-tu quelque chose de terrestre? Jésus-Christ a bu pour toi et pour ton salut le plein calice de souffrances; Lui refuserais-tu d'avaler ne serait-ce qu'une goutte d'amertume?

5) Par Sa Passion et Sa mort, Jéus-Christ nous a rachetés, et c'est pourquoi, selon le droit du rachat, nous Lui appartenons, et par conséquent nous ne sommes pas à nous-mêmes, mais à Lui. Et c'est pourquoi nous devons accomplir et faire tout ce qu'Il nous commande, si nous ne voulons pas être rejetés de devant Sa face. Mais Jésus-Christn'a qu'une seule demande, et, qui plus est, pour notre plus grand bien : que nous allions après Lui au Royaume Céleste.

6) Jéus-Christ n'est pas mort et n'a pas souffert pour que nous n'en fassions qu'à notre tête. Non, Dieu nous préserve de penser ainsi!

7) Nous dirons enfin pourquoi nous ne pouvons éviter la voie étroite qui mène au Royaume Céleste. a) parce que le péché est en chaque homme, et qu'il est une blessure, qui sans médecine, ne guérit pas d'elle-même, et que, chez certains cette blessure est tellement profonde et dangereuse, qu'on ne peut la guérir autrement qu'en la cautérisant et en l'amputant. Et c'est pourquoi personne ne peut se purifier des péchés sans les souffrances spirituelles. b) Le péché est aux yeux de Dieu la plus terrible impureté et abomination qui soit; or rien d'abominable, de souillé et d'impur ne peut entrer au Royaume céleste. Où que l'on mette celui qui souffre d'une maladie interne, ou oppressé par un cruel chagrin, il souffrira, même dans un palais magnifique, parce que sa maladie et son chagrin sont toujours et partout en lui et avec lui. Il en va de même pour le pécheur impénitent et non purifié de ses péchés : même au Paradis il souffrira, car le péché qui cause sa maladie est dans son coeur; L'enfer sera partout pour le pécheur; Au contraire, celui qui éprouve une quelconque joie véritable du coeur se réjouira dans les palais, une chaumière, et même un cachot, parce que sa joie se trouve en son coeur. Il en va de même pour le juste dont le coeur est plein des consolations du Saint Esprit; où qu'il soit, ce sera toujours le Paradis parce que le Royaume Céleste est au-dedans de nous (Luc 17. 21). Un arbre ne mourra pas si on lui coupedes branches, mais en donnera toujours de nouvelles; pour l'exterminer complètement, il faut arracher ses racines mêmes. De même exactement, on n'extermine pas le péché du coeur de l'homme en élaguant pour laisser quelques vices ou habitudes. Celui qui veut exterminer le péché du coeur doit en déterrer la racine même; or la racine du péché se terre profondément au sein du ceour de l'homme et y a crû puissamment. C'est pourquoi il est impossible de l'arracher sans douleur. Et si le Seigneur ne nous avait pas envoyé Son grand Médecin, Jésus-Christ, personne n'aurait pu exterminer la racine du péché même au prix d'efforts immenses, et toute tentative serait restée vaine.

Ainsi, frères, constatez vous-mêmes que nous devons immanquablement aller après Jésus-Christ. Observez également que nous ne pouvons en aucun cas éviter cette voie parcourue par Jésus-Christ; et que personne ne peut entrer au Royaume Céleste sans souffrance, parce que tous les Saints et serviteurs de Dieu ont su parcourir cette même voie. Certains disent : " Comment, faibles et pécheurs, pouvons-nous ressembler aux Saints? Et comment faire pour nous sauver? Nous vivons dans le monde et y avons des obligations." Ah, frères! Cela, non seulement n'est pas la vérité, mais une insulte et un blasphème envers notre Créateur : se trouver des excuses par ces prétextes, c'est en quelque sorte faire à notre Créateur le reproche qu'Il n'a pas su nous créer comme il le fallait. Non! Cette excuse est vaine et blasphématoire, et n'est en aucun cas une cause véritable. Regardez les Saints! Ils n'étaient pas tous ermites, et comme nous, n'étaient pas sans péché au départ et s'occupaient aussi d'affaires en ce monde : ils avaient des soucis et des obligations et certains avaient même une famille. Mais tout en exerçant leurs fonctions et obligations en ce monde, ils n'en oubliaient pas pour autant leurs obligations de Chrétiens, et, tout en vivant dans le monde, ils cheminaient aussi le long de la voie qui mène au Royaume Céleste et souvent y menaient autrui. De même exactement, si nous le voulons, nous pouvons à la fois être de bons citoyens, des époux fidèles, de bons parents, et de bons et fidèles Chrétiens. Le Christianisme véritable ne gêne jamais et nulle part, mais est au contraire partout et toujours utile. Le Chrétien véritable n'est que celui qui croit en Jésus-Christ et qui L'imite en tout. L'esprit du Christianisme est l'amour spirituel pur et désintéressé, l'amour que seul le Saint-Esprit donne. Bien des choses sont appelées amour, mais toutes ne sont pas l'amour Chrétien.

Ainsi, frères, si vous désirez demeurer au Royaume Céleste, vous devez parcourir ce chemin que Jésus-Christ a parcouru, ou alors vous périrez, et périrez irrémédiablement.

Mais il fait ici dire que celui qui chemine le long de la voie Chrétienne et qui ne compte que sur ses propres forces, n'y fera pas même un pas. Et si Jésus-Christ, notre grand Bienfaiteur, ne nous apportait Son aide pour ce faire, aucun homme ne pourrait parcourir cette voie. Et même les Apôtres, lorsqu'ils étaient privés de cette aide, danss la peur et l'effroi, ne pouvaient aller après Jésus-Christ, mais après l'avoir reçue, ils Le suivirent avec joie et allégresse, et aucune peine ni souffrance, pas même la mort, ne les effrayaient plus.

Mais quelle est cette aide que Jésus-Christ apporte à ceux qui Le suivent? Cette aide est celle du Saint-Esprit, Que Jésus-Christ nous donne, et Qui nous est toujours proche et toujours nous entoure, en nous attirant vers Lui. Et tous ceux qui seulement le désirent peuvent Le recevoir et en être remplis. La manière avec laquelle le Saint-Esprit nous aide et celle avec laquelle nous pouvons Le recevoir, seront exposées ci-après.



4). Comment Jésus-Christ nous aide-t-I à parcourir la voie qui mène au Royaume Céleste, et comment pouvons-nous recevoir Son aide?



Le Saint-Esprit est Dieu. Il est la troisième Personne de la Sainte Trinité, et Sa Toute-Puissance égale celle du Père et du Fils. IL vivifie, anime et fortifié les créatures. Il donne la vie aux animaux, l'esprit aux hommes, et une vie spirituelle supérieure aux Chrétiens, c'est-à-dire que le Saint-Esprit éclaire la compréhension de l'homme et l'aide à cheminer vers le Royaume Céleste. Le Saint-Esprit n'est pas donné selon nos mérites, mais est un don gratuit envoyé par la miséricorde de Dieu pour le salut des hommes. Le Saint-Esprit nous assiste de différentes manières :

1) Lorsque le Saint-Esprit vient demeurer en l'homme, Il lui donne foi et lumière. Sans Lui, personne ne peut avoir de foi vivante et véritable. Sans l'illumination du Saint-Esprit, le plus sage et le plus cultivé des hommes est complètement aveugle pour les oeuvres et les voies de Dieu. Par ailleurs, le Saint-Esprit peut Se révéler Lui-même intérieurement au plus simple et au plus analphabète des hommes, et directement lui montrer les oeuvres de Dieu, et lui faire sentir la douceur du Royaume Céleste. Celui qui a en lui le Saint-Esprit sent en son âme une lumière extraordinaire, inconnue auparavant.

2) Lorsque le Saint- Esprit vient demeurer en l'homme, Il produit l'amour véritable en son coeur. L'amour véritable dans le coeur est en quelque sorte un feu pur ou une chaleur qui le réchauffe; elle est la racine de ce qui produit en lui tous les bienfaits. Pour l'homme animé de l'amour véritable, il n'y a rien de difficile, d'effrayant ou d'impossible; aucune loi ni aucun commandement ne lui est pénible, et il les accomplit tous facilement.

La foi et l'amour donnés à l'homme par le Saint-Esprit sont des moyens si grands et si puissants que celui qui en est doté peut légèrement, aisément, avec joie et consolation parcourir le chemin parcouru par Jésus-Christ.

3) Qui plus est, le Saint-Esprit donne à l'homme les forces de résister à la délusion du monde, de sorte qu'il use des bienfaits terrestres come un visiteur temporaire, sans y attacher son coeur. Mais l'homme qui n'a pas le Saint-Esprit en lui, nonobstant toute sa science et sagesse, reste plus ou moins toujours l'esclave et l'adorateur du monde.

4) Le Saint-Esprit donne la sagesse à l'homme. L'exemple des Saints-Apôtres nous le montre : avant la réception du Saint-Esprit ils étaient les plus simples et ignorants des hommes, mais après cela, personne ne pouvait résister à leur sagesse et à leur force de parole. Le Saint-Esprit donne la sagesse des oeuvres et des actes : ainsi, par exemple, celui qui a le Saint-Esprit en lui trouvera toujours le moyen et le temps de son salut. Au milieu du brouhaha et de toutes les occupations du monde, il sait entrer en lui-même, ce qui semble impossible à l'homme ordinaire, même au sein du temple de Dieu.

5) Le Saint-Esprit donne une joie véritable, une allégresse de coeur, ainsi qu'une paix inébranlable. L'homme dénué du Saint-Esprit ne pourra jamais se réjouir d'une joie véritable et pure et ne peut posséder la paix adoucissante de l'âme. Il est vrai qu'il se réjouit parfois, mais quelle est cette joie? Elle est éphémère et impure, et ses divertissements sont toujours vains, pauvres et suivis d'un ennui toujours accru. Il est également vrai qu'un tel homme peut parfois éprouver le calme, qui n'est cependant pas le celme spirituel, mais seulement le songe ou la léthargie de l'âme. Et malheur à celui qui est négligent et ne désire pas sortir d'un tel sommeil. ( Rom. 13. 11; Eph. 5, 14; I Cor. 15. 34)!

6) Le Saint Eprit donne l'humilité véritable. L'homme dénué du Saint-Esprit, même le plus intelligent, ne peut se connaître convenablement lui-même, parce qu'il ne peut voir la condition de son âme sans l'aide de Dieu. S'il fait le bien et se conduit honnêtement, il pense être un homme juste, et même parfait en comparaison des autres hommes, et c'est pourquoi il pense qu'il n'a besoin de rien... Ah, combien souvent les gens périssent à cause de cette assurance mensongère en leur honnêteté et justice! Ils périssent parce qu'ils mettent leur espoir dans leur propre justice, ils ignorent complètement l'esprit du Christianisme et l'aide du Saint- Esprit, qui leur sont alors absolument indispensables.

Ainsi, seuls ceux qui cherchent et demandent reçoivent le Saint-Esprit. Or les autres, non seulement ne Le demandent ni ne Le cherchent, mais ne L'estiment pas même nécessaire, et c'est pourquoi ils ne Le reçoivent pas, restet dans l'erreur et y périssent. Mais le Saint-Esprit qui S'est établi dans le coeur de l'homme, lui montre toute sa pauvreté et sa faiblesse intérieure, ainsi que la corruption de son âme et de son coeur, sa séparation de Dieu. Nonobstant toutes ses vertus et toute sa justice, Il lui montre tous ses péchés, sa paresse, sa négligence du salut et du bien d'autrui, l'intérêt dans ses vertus apparemment les plus désintéressées, son amour-propre vulgaire là où il ne l'aurait pas soupçonné. Bref, le Saint-Esprit lui montre tout sous un jour véritable. Et c'est alors que l'homme commence à devenir humble, d'une humilité véritable, qu'il commence à perdre espoir en ses propres forces et vertus et à se considérer comme le pire des hommes. Et s'humiliant ainsi devant Jésus-Christ, Qui seul est Saint dans la gloire de Dieu le Père, il commence à véritablement se repentir, et dès cet instant décide de ne plus pécher et de vivre plus prudemment. Et s'il est effectivement doté de quelque vertu, il s'aperçoit clairement qu'il n'a oeuvré et qu'il n'oeuvre pas autrement qu'avec l'aide de Dieu, et c'est pourquoi il commence à ne s'en remettre qu'à Dieu.

7) Le Saint-Esprit enseigne la prière véritable. Personne, avant d'avoir reçu le Saint-Esprit, ne peut prier d'une prière vraiment agréable à Dieu. Parce que si celui qui n'a pas le Saint-Esprit en lui commence à prier, son âme se disperse de tous côtés, d'une chose à l'autre, et il ne peut en aucun cas fixer ses pensées sur l'une d'elles. Qui plus est, il ne se connaît pas suffisamment lui-même ni ce dont il a besoin, ni ce qu'il faut demander à deu, ni la manière dont il doit le faire, cera il ne connaît pas Dieu. Mais l'homme en lequel le Saint-Esprit demeure connaît Dieu et voit bien qu'Il est son Père. Il sait L'approcher, ce qu'il doit Lui demander, et comment le faire. Lors de la prière, ses pensées sont bien ordonnées, pures et dirigées exclusivement vers Dieu. Par sa prière il peut tout faire, et même déplacer les montagnes. Voilà ce que le Saint-Esprit donne à celui qui L'a en lui! Et vous vous aprecevez bien, que sans l'aide et la collaboration du Saint-Esprit, il est non seulement impossible d'entrer au Royaume Céleste mais de faire même un seul pas sur le chemin quiy mène. Et c'est pourquoi il est absolument indispensable de chercher et de quérir le Saint-Esprit et de L'avoir en soi comme les Saints Apôtres L'avaient en eux. Nous envisageons ci-après la manière avec laquelle on peut Le recevoir et L'acquérir.

Jésus-Christ a dit : le Saint-Esprit souffle où Il veut, et tu entends Sa voix, mais tu ne sais pas d'où Il vient ni où Il va (Jean 3.8). Ces paroles veulent dire que l'on peut entendre, ressentir et percevoir le toucher ou la présence du Saint-Esprit en notre coeur, mais que l'on ne peut savoir le temps ni la circonstance de Sa visite.

Nous voyons également que les Saints Apôtres recevaient le Saint-Esprit de Jésus-Christ, et qu'ils Le reçurent plusieurs fois et à des moments qu'ils ne pouvaient prédire ni indiquer, mais lorsque cela plaisait à Jésus-Christ. Seule la solennelle descente du Saint-Esprit leur avait été prédite. elle survint au temps et au lieu indiqués. Mais, lors de la Pentecôte, les Apôtres ne Le reçurent pas en récompense de quelque mérite personnel de leur part, mais gratuitement, par foi et espoir. Leur prière d'une seule âme entre l'Ascension du Seigneur et la descente du Saint-Esprit, ne leur octroya pas de recevoir le Saint-Esprit, mais les prépara à cet événement. Par conséquent, personne ne peut affirmer avec précision quand et sous quelle forme tu recevras le Saint-Esprit précisément. Le Saint-Esprit est un don de Dieu, et les dons se distribuent soudainement au gré de leur Donateur, quand et à qui Il le désire. Par conséquent, se trompent fortement ceux qui croient recevoir le Saint-Esprit en un temps et d'une manière précisément déterminés; et ceux qui inventent leurs propres moyens pour ce faire, non seulement ne reçoivent pas le Saint-Esprit, mais commettent un péché terrible.

Mais avant que de parler de la manière dont on peut recevoir le Saint-Esprit, il faut dire que seul le croyant véritable peut recevoir le Saint-Esprit, c'est-à-dire celui qui confesse la Sainte Foi Orthodoxe et Universelle : qui la confesse correctement, sans aucune addition, aucune diminution, ni changement, mais comme nous l'ont transmise les Saints Apôtres, et selon l'exposé et la confirmation des Saints Pères des Conciles Oécuméniques. Tout doute ou invention subtile en matière de foi est une désobéissance; or, l'âme désobéissante ne peut être un temple ni une demeure du Saint-Esprit.

Les moyens véritables et reconnus de recevoir le Saint-Esprit, selon l'enseignement des Saintes Ecritures et l'expérience des grands Saints sont les suivants :

1) la Pureté du coeur et la Chasteté,

2) l'Humilité,

3) l'Ecoute de la parole de Dieu,

4) la Prière,

5) l'Abnégation ou le Renoncement quotidien à soi-même,

6) la lecture ou l'écoute de l'Ecriture Sainte,

7) les Sacrements de l'Eglise, et particulièrement la Sainte Eucharistie.

Toute âme fidèle sera remplie du Saint-Esprit, si elle est purifiée du péché et si elle n'est pas encombrée et fermée par l'amour propre de l'orgueil. Parce que le Saint-Esprit nous entoure en permanence et désire nous remplir, mais nos mauvaises oeuvres nous entourent comme une puissante enceinte de pierre, et comme des gardes maléfiques, ne Lui permettent pas de nous approcher et L'éloignent de nous. Chaque péché peut éloigner le Saint-Esprit de nous, mais Il est pariculièrement repoussé par l'impureté corporelle et l'orgueil spirituel. Le Saint-Esprit, pureté absolue, ne peut résider en l'homme profané par les péchés. En effet, comment peut-Il demeurer en notre coeur, lorsque ce dernier est plein et encombré de toutes sortes de soucis, de désirs et de passions?

1) Si nous voulons que le Saint-Esprit, Que nous recevons lors de notre baptême, ne S'éloigne pas de nous, ou si nous voulons Le recevoir à nouveau, nous devons alors être purs en nos coeurs, et préserver nos corps de la fornication, parce que notre coeur et notre corps doivent être le temple du Saint-Esprit. Et si quelqu'un est pur de coeur et n'est pas profané de corps, alors le Saint-Esprit entrera en lu et s'emparera de son coeur et de son âme, à la seule condition qu'il ne s'en remette pas à ses propres forces et ne s'en vante pas, c'est-à-dire s'il n'estime pas être dans son droit de recevoir les dons du Saint Esprit ou de les recevoir comme une récompense due. Mais si par malheur tu as profané et corrompu ton coeur et ton corps, alors efforce-toi de te purifier par le repentir, c'est-à-dire en cessant de pécher. Dans la contrition du coeur fais repentance de ce que jusqu'alors tu offensais Dieu, ton Père très aimant; repens-toi et commence à vivre avec davantage de circonspection : tu pourras alors toi aussi recevoir le Saint-Esprit.

2) L'un des moyens les plus sûrs de recevoir le Saint-Esprit est l'humilité. Bien que tu sois un homme honnête, bon, juste et miséricordieux, bref, que tu accomplisses les commandements de Dieu, considère-toi toujours comme un esclave inutile et comme rien de plus que l'outil de Dieu, par l'intermédiaire duquel Il agit. Et qui plus est, si l'on y regarde de plus près, combien d'entre nos bonnes oeuvres et même d'entre nos grandes vertus peuvent vraiment recevoir le nom de vertus Chrétiennes? Combien souvent, par exemple, faisons-nous l'aumône ou venons-nous matériellement en aide à nos frères nécessiteux par vaine gloire ou amour propre comme les pharisiens, ou par intérêt comme les usuriers, c'est-à-dire dans l'espoir de recevoir de Dieu des mille et des cents en retour d'une pièce donnée à un pauvre. Bien sûr une bonne oeuvre restera toujours une bonne oeuvre, et c'est la raison pour laquelle il te faut continuer à en faire toujours davantage; chaque bonne oeuvre peut s'appeler de l'or. Or l'or, même celui qui n'est pas purifié, a de la valeur : il suffit seulement de le confier entre les mains d'un artisan pour qu'il reçoive sa valeur véritable. De même exactement tes bonnes oeuvres prendront leur valeur si tu les confies aux mains et à la volonté du Grand Artiste. Continue d'être honnête, bon, juste, miséricordieux et bon observateur de la loi. Mais si tu veux que tes vertus aient leur valeur véritable, ne t'en vante pas et ne les compte pas pour de l'or pur, qui vaudrait des trésors célestes. Tu n'es pas un maître et tu ne peux les évaluer. L'art donne à l'or sa vraie valeur comme l'amour donne sa vraie valeur aux vertus, mais il s'agit de l'amour Chrétien, pur et désintéressé, et que seul le Saint-Esprit donne. Les oeuvres étrangères à l'amour Chrétien, c'est-à-dire qui sont faites sans le Saint-Esprit, ne sont pas des vertus véritables. Et c'est pourquoi celui qui n'a pas le Saint-Esprit en soi reste indigent et pauvre. L'humilité consiste aussi en autre chose. Tu dois supporter toutes les affflictions que tu rencontres, les chagrins et les malheurs, avec patience et résignation, en les considérant comme une punition pour tes péchés, sans dire : Ah, comme je suis malheureux! Mais dis plutôt : C'est encore peu pour mes péchés! Et au lieu de demander à Dieu de te délivrer des calamités, demande-Lui plutôt qu'Il te donne la force de les supporter.

3) Il est possible de recevoir le Saint-Esprit par l'écoute de la parole de Dieu. Elle est claire, ditincte et intelligible, et peut être entendue partout et en tout; il suffit pour cela d' avoir des oreilles pour entendre. Tous les jours depuis ta naissance, Dieu, ton Père, le plus grand Ami des hommes, te parle et t'appelle vers Lui, te prévient, te guide, t'enseigne et t'illumine. Dieu te parle au sein de tes malheurs, des offenses qui te sont faites, de la mort de tes parents, de tes maladies, chagrins et tristesses inexpliquées. Il te dit de recouvrer tes sens, et qu'au lieu d'espérer en les hommes et de rechercher aide et consolation dans les divertissements et amusements, tu devrais te tourner avec repentir vers Lui et chercher en Lui seul aide et consolation. La prospérité, l'abondance et l'aisance, le plein succès de tes affaires, le bien-être de ta situation, l'absence de chagrin et de malheur, la joie fréquente et même la joie spirituelle expriment la parole de Dieu Qui te dit de L'aimer de tout ton coeur car Il t'a tellement couvert de bienfaits, et de Lui rendre grâces autant que possible. Dieu te dit de ne pas oublier de réjouir les plus petits frères de Jésus-Christ, c'est-à-dire les pauvres, de ne pas oublier les joies et bienfaits véritables des Cieux, ni Celui Qui en est la Source, pour les biens de ce monde.

Qui n'a jamais entendu et n'entend pas la parole de Dieu qui nous parle dans les diverses circonstances de notre vie? Oui, nous l'entendons tous clairement et distinctement, mais peu d'entre nous la comprennent et lui obéissent. Nous ressassons ordinairement nos chagrins et nos malheurs; et au lieu de nous concentrer profondément en nous-mêmes, nous nous dispersons en vains divertissements ou amusements. Au lieu de considérer ces visites de Dieu comme une médecine puissante et d'En user pour la guérison de l'âme, nous cherchons à nous En débarrasser et parfois même nous murmurons et nous mettons en colère. Au lieu de rechercher consolation en Dieu, Source de toute consolation, nous la cherchons dans le monde et dans ses délices; Et lorsque nous sommes dans l'aisance et la prospérité, au lieu d'aimer Dieu toujors davantage, nous L'oublions et au lieu d'user de Ses bienfaits pour le bien général ou pour assister nos frères dans le besoin, nous en usons pour satisfaire nos caprices et nos désirs les plus inutiles.

S'il est terrible et criminel d'être négligent et inattentif à la parole du roi de ce monde, cela l'est bien davantage quand on reste sourd à celle du Roi Céleste. Cette négligence et cette inattention peuvent aboutir à ce que Dieu, après de nombreux appels et maintes paroles, finisse par Se détourner de nous comme d'enfants entêtés, et qu'Il nous permette de n'en faire qu'à notre tête. Cela peut nous conduire peu à peu à l'obscurcissement de l'esprit au point de considérer les péchés les plus abominables comme des faiblesses inévitables de la nature humaine. Il est donc salutaire d'être attentif à la parole de Dieu, et pernicieux et terrible de ne pas l'écouter et de s'en écarter ( Héb. 12. 25; 3.7).

4) On peut recevoir le Saint-Esprit par la prière. Ce moyen est le plus simple et le plus sûr. Chacun peut toujours y avoir recours. On sait que la prière peut être extérieure et intérieure : celui qui prie et prosterne son corps, chez lui ou à l'église, prie extérieurement, mais celui qui se tourne vers Dieu par l'âme et le coeur, et qui s'efforce de toujours L'avoir en son esprit, prie intérieurement. Quelle est la meilleure prière et la plus efficace, et laquelle plaît davantage à Dieu? Vous le savez tous. Bien sûr, vous savez également que l'on peut prier Dieu toujours et partout, en tout lieu, et même lorsque le péché nous accable; on peut prier pendant le travail, ou le loisir, lors des fêtes ou des jours ouvriers, debout, assis et couché. mais, bien que la prière intérieure soit le plus puissant de recevoir la grâce de Dieu, la prière extérieure et particulièrement la prière commune ne doit pas être délaissée. Plusieurs disent : " A quoi bon aller à l'église? Je peux aussi bien prier à la maison; tu pécheras plus là-bas que tu n'y prieras." Mais qu'est-ce qui, selon vous, pousse les ens à parler ainsi? Est-ce l'équité et la sagesse? Pas du tout! C'est plutôt la paresse et l'orgueil qui les forcent à parler ainsi. Bien sûr, on peut malheureusement parfois pécher à l'église; mais cela ne provient pas du fait que l'on est venu à l'église, mais que l'on n'y est pas venu avec l'esprit requis, et que l'on ne s'y tient pas pour prier mais pour autre chose. Mais ceux qui ne vont pas à l'église pour ces raisons-là, prient-ils à la maison? Pas du tout, et même si quelques-uns prient, la prière du plus grand nombre est celle des pharisiens. Parce que toutes leurs prières se résument aux paroles du pharisien : Mon Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis point comme le reste des hommes, qui sont voleurs, injustes et adultères (Luc 18, 11). Ainsi rends-toi aux prières communes de l'Eglise et prie chez toi devant les saintes icônes, sans tenir compte des subterfuges des raisonneurs.

L'homme qui n'a pas en lui le Saint-Esprit ne peut prier d'une prière véritable. C'est la pure vérité. Il faut beaucoup de peines et d'efforts pou savoir prier d'une sainte prière; ce n'est pas rapidement et soudainement que l'on peut élever ses pensées et son coeur vers Dieu. Non seulement les gens ordinaires comme nous, mais aussi beaucoup de ceux qui consacrèrent toute leur vie à la prière, n'arrivent pas à tourner leurs pensées vers Dieu et les voient se disperser en tous sens vers diverses préoccupations. Tu veux avoir Dieu dans tes pensées, mais autre chose se présente à toi, et parfois même une chose terrible.

La prière véritable porte en soi la douce consolation du coeur, de sorte que les Saints Pères se tenaient debout en prière des jours entiers et, dans leur extase douce ne remarquaient ni le temps ni la progression de leur prière. Et la prière ne leur était pas un labeur mais un délice. Mais il est difficile d'atteindre cette condition, particulièrement pour celui qui a donné libre cours à ses passions et opprimé sa conscience depuis l'enfance. Du reste, qu'est-ce qui au monde s'obtient facilement, rapidement et sans labeur, quelle science, quel art, quelle consolation? Et c'est pourquoi il te faut prier même lorsque tes efforts ne reçoivent pas la récompense des délices et des consolations. Fais l'apprentissage de la prière et de la conversation avec Dieu; rassemble et retiens autant que possible tes pensées qui se dispersent, et tu éprouveras une aisance croissante et parfois même une douce consolation. Et si tu t'y emploies sincèrement, alors le Saint-Esprit, voyant tes souffrances et la sincérité de ton désir, te viendra vite en aide, et t'enseignera la prière véritable après avoir fait de toi Sa demeure. La prière est aisée surtout lors des malheurs et des chagrins qui nous frappent. C'est pourquoi use de ces occasions et ne les laisse pas passer : déverse alors ton chagrin devant Dieu en prière.

Jésus-Christ nous ordonne de prier en tous temps. Plusieurs disent : "Comment peut-on prier en tous temps, en vivant dans le monde? Si l'on ne fait que prier, alors quand peut-on accomplir ses obligations et s'occuper de ses affaires?" Bien sûr, ce n'est pas de manière extérieure que nous pouvons prier en tous temps, c'est-à-dire toujours se tenir debout en prière, parce que nous devons acccomplir d'autres obligations et travailler. Mais celui qui ressent son indigence intérieure ne s'arrête pas de prier même au sein de ses occupations; celui qui s'efforce avec zèle d'entrer au Royaume Céleste trouvera l'occasion et le temps de prier intérieurement comme extérieurement : même au sein des labeurs les plus pénibles et ininterrompus, il trouvera le temps de dire un mot à Dieu et de se prosterner devant Lui. Seul celui qui ne veut pas prier ne trouve pas le temps de le faire.

Il est dit également que Dieu n'écoutera pas les pécheurs, c'est-à-dire que les pécheurs ne recevront pas ce qu'ils demandent de Dieu. Et c'est vrai. Mais quels sont ces pécheurs que Dieu n'écoutera pas? Ce sont ceux qui prient Dieu mais qui ne Lui demandent ni leur conversion ni de pardonner leurs péchés, alors qu'eux-mêmes ne pardonnent rien aux autres. Bien sûr, Dieu n'écoutera pas ces pécheurs-là ni ne staisfera leurs demandes. Et c'est pourquoi lorsque tu pries Dieu de remettre tes dettes, hé bien, remets aussi les dettes d'autrui envers toi et prends la résolution de te détacher de tes péchés. Lorsque tu pries Dieu de t'e^tre miséricordieux, sois aussi miséricordieux envers autrui, et alors Dieu t'écoutera. On pense que l'on ne peut prier qu'avec les livres. Bien sûr, il est bien que tu saches prier et glorifier Dieu dans les psaumes et les hymnes spirituels. Mais si tu es analphabète, il te suffit de savoir les prières les plus importantes, et particulièrement la prière du Seigneur ( c'est-à-dire le Notre Père), parce que dans cette prière qui nous fut donnée par Jésus-Christ, tous nos besoins sont exposés. Mais lorsque les circonstances ne te permettent pas de prier plus longtemps, alors, dis des prières ordinaires comme, par exemple : " Seigneur, aie pitié", ou : " Dieu, aide-moi!", ou : " Seigneur, purifie mes péchés!", ou : " Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur!"

5) L'un des Saints Pères a dit : si tu veux que ta prière vole jusqu'à Dieu, donne-lui deux ailes, le jeûne et l'aumône. Avant que de parler du jeûne, regardons pourquoi il a été institué. Le but et l'intention du jeûne consistent à humilier, à alléger le corps et à le rendre plus apte à obéir à l'âme, parce que la satiété et l'obésité du corps entraînent la mollesse et le repos qui prédisposent à la paresse et font onstruction à l'élévation de la pensée vers Dieu. Alors, le corps lie et opprime l'âme en quelque sorte et se conduit alors comme une femme insubordonnée, gâtée et capricieuse qui domine son mari.

Qu'est-ce que le jeûne? Il diffère selon que l'éducation de l'homme fut celle de la mollesse ou d'une condition simple et vulgaire, parce qu'il n'importe pas à l'un d'avoir la nourriture la plus vulagaire, d'être en bonne santé ou de ne pas manger pendant plusieurs jours, tandis que l'autre peut être très sensible aux changements de nourriture, parfois nuisibles. Mais le jeûne consiste surtout en une abstinence et en une mesurerigoureuse dans l'usage de la nourriture. Par conséquent, use de la nourriture avec mesure, et surtout efforce-toi de dompter les désirs du corps et ne satisfais aucun de ses désirs inutiles pour retser en bonne santé et pour une longue vie, alors ton jeûne sera véritable.

Mais, en jeûnant corporellement, il faut également jeûner spirituellement, c'est-à-dire retenir les paroles vaines et mauvaises, modérer ses désirs et exterminer ses passions. Par exemple : aujourd'hui, ne fais pas ce qui t'est venu en tête de manière déplacée et inutile; demain, si les circonstances te disposent à te mettre en colère contre quelqu'un, retiens-toi et ne donne pas libre cours à ta langue et à ton coeur; après demain, si l'envie te prend d'assister à quelque divertissement, et surtout quand tu pourrais y entendre ou voir quelque mal, n'y va pas. Continue de cette manière à te dépasser toi-même. Après cela, commence à retenir et à organiser tes pensées dont l'inconvenante dispersion est cause de beaucoup de mal. En vérité, rien n'est plus difficile que d'arrêter ses pensées et de les mettre en ordre; mais il faut savoir qu'il est impossible de le faire immédiatement. De même qu'il est impossible de dompter immédiatement et de faire à sa main des chevaux restés longtemps en liberté et sans bride, il est également impossible de mettre immédiatement ses pensées en ordre pour celui qui, sa vie durant, leur a donné libre cours. Au reste, lorsque tu vis en homme ordinaire, et que tu ne t'occupes que de tes obligations en ce monde, en pensant peu à tes obligations de Chrétien, il te semble que tes pensées sont en ordre et pures; mais dès que tu commences à penser et à t'occuper de ton salut, elles se troublent immédiatement, comme l'eau paisible d'un marais qui semble claire et pure tant qu'on ne la touche pas, mais dont le trouble croît avec les efforts de nettoyer le marais. Il en va de même des pensées. Puis, enfin, le diable lui-même les excitera. Mais malgré tout cela, lutte contre tes pensées, fortifie-toi et prends courage, ne désespère jamais et ne pense pas que tu ne pourras jamais arrêter ni purifier tes pensées, mais, quelles que soient tes forces, combats et demande l'aide de Dieu. Et devant ton désir sincère, le Saint-Esprit entrera en toi et t'aidera.

Qu'est-ce que l'aumône? Nous appelons généralement aumône les dons que nous faisons aux pauvres. Mais sous ce nom nous devons comprendre toutes les oeuvres de bonté et de miséricorde, comme, par exemple : nourrir les affamés, donner à boire aux assoiffés, habiller ceux qui sont nus, rendre visite aux malades et aux prisonniers dans les prisons et leur venir en aide, de même qu'héberger les vagabonds et protéger l'orphelin, etc... Mais pour que ton aumône soit véritable, tu dois accomplir tout cela sans vanterie ni désir de louanges pour tes bienfaits, ni espoir de reconnaissance de la part des pauvres. Mais agis comme Jésus-Christ le recommande Lui-même : que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, alors le Père Céleste Qui voit ce qui se passe dans le secret, t'en rendra la récompense (Matth. 6. 1-4).

6) On peut recevoir le Saint-Esprit par la lecture et l'écoute de l'Ecriture Sainte, véritable Parole de Dieu. L'Ecriture Sainte est le trésor inestimable de l'homme qui peut y puiser la lumière et la vie : la lumière qui l'illumine et le rend sage, et la vie qui le vivifie, console et adoucit. L'Ecriture Sainte est l'une des plus grandes bénédictions faites par Dieu à l'homme, un bienfait dont tous peuvent user. Mais il faut dire que l'Ecriture Sainte est la sagesse divine, une sagesse si merveilleuse que même le plus simple et le moins savant des hommes peut la comprendre; c'est la raison pour laquelle beaucoup de ces hommes simples sont devenus pieux et ont reçu le Saint-Esprit en lisant ou en écoutant l'Ecriture Sainte. Car les uns la lisaient avec simplicité de coeur sans fausse sagesse ou faux raisonnement et n'y cherchaient pas d'artifices intellectuels mais la Grâce, des forces et de l'esprit, tandis que les autres, ni contraire, se croyant sages et omniscients, n'y cherchaient pas les forces et l'esprit de la Parole de Dieu, mais la sagesse de ce monde, et, au lieu d'accepter avec obéissance tout ce qui aurait plu à la Providence de leur révéler, ils s'efforçaient de pénétrer et d'apprendre ce qui leur était caché, et pour cette raison, ils tombèrent soit dans l'impiété, soit dans le schisme. Non! Il est plus facile à l'homme de verser la mer entière dans une petite tasse, que de comprendre toute la sagesse de Dieu. Quand tu lis ou que tu écoutes l'Ecriture Sainte, écarte tout faux raisonnement, et obéis à la parole et à la volonté de Celui Qui te parle par l'Ecriture Sainte, et demande à Jésus-Christ qu'Il te l'explique Lui-même, qu'il illumine ton intellect et qu'Il te donne l'envie de lire l'Ecriture Sainte et d'accomplir ce qui y est dit.

Il existe beaucoup de livres utiles et salvateurs de l'âme en ce monde, mais seuls sont dignes de ce nom ceux qui sont fondés sur l'Ecriture Sainte et qui sont conformes à l'enseignement de notre Eglise Orthodoxe, et c'est pourquoi l'on peut et l'on doit lire de tels livres. Il faut cependant user de discernement dans leur choix, parce que parfois, certains livres paraissent être salvateurs de l'âme alors qu'en fait, ils en sont les destructeurs.

7) Jésus-Christ a dit : Celui qui mange Ma Chair et boit Mon Sang demeure en Moi, et Je demeure en lui; il a la vie éternelle, et Je le ressusciterai au dernier jour (Jn. 6. 57, 55). En effet, celui qui communie dignement aux Saints Mystères s'unit mystiquement à Jésus-Christ. Celui qui reçoit dignement le Corps et le Sang du Christ avec un repentir véritable, avec une âme pure, crainte de Dieu et foi reçoit en même temps le Saint-Esprit, Qui, en entrant au sein de l'homme, y prépare le lieu où Jésus-Christ Lui-même et Dieu le Père seront reçus. Par conséquent l'homme devient le temple et la demeure du Dieu Vivant. Mais celui qui communie indignement au Corps et au Sang du Christ, c'est-à-dire avec une âme impure, avec un coeur plein de méchanceté, de vengeance et de haine, non seulement ne reçoit pas le Saint-Esprit, mais imite Judas le traître et crucifie Jésus-Christ à nouveau. Les Chrétiens des premiers siècles, sentant l'importance et le bénéfice des Saints Mystères, communiaient aux Saints Corps et Sang du Christ lors de chaque Dimanche et fête; et c'est pourquoi, comme le dit le livre des Actes, ils n'avaient qu'un coeur et qu'une âme ( Actes 4. 32). Mais, mon Dieu, quelle différence entre eux et nous! Combien d'entre nous n'ont pas communié depuis des années! Combien n'y pensent absolument pas?

Ainsi, pour l'amour de Dieu, ayez le désir de communier aux Saints Mystères, au moins une fois par an; nous devons tous absolument le faire. Pour ceux qui en sont dignes, le Corps et le Sang du Christ est la véritable médecine des infirmités et des maladies. Le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus-Christ est notre nourriture sur la voie vers le Royaume Céleste. Mais peut-on s'engager dans un long et difficile périple sans nourriture? Le Corps et le Sang de Jésus-Christ sont le Saint des Saints visible, Que Jésus-Christ Lui-même nous a offert et laissé pour notre sanctification. Qui refuserait de participer à une telle sainteté et d'être sanctifié? Ainsi, n'ayez aucune paresse à approcher du calice de vie, d'immortalité, d'amour et de sainteté, mais approchez avec crainte de Dieu et foi. Et celui qui ne le veut ni ne le désire n'aime pas Jésus-Christ, et ne recevra pas le Saint-Esprit, et par conséquent n'entrera pas au Royaume Céleste.

Ainsi, voilà tous les moyens dont nous disposons pour recevoir le Saint-Esprit, c'est-à-dire : la pureté du coeur et la non-corruption de la vie, l'humilité, l'écoute attentive de la parole de Dieu, la prière, l'abnégation, la lecture ou l'écoute de l'Ecriture Sainte, et la communion au Corps et au Sang du Christ. Bien sûr, chacun de ces moyens de recevoir le Saint-Esprit est efficace, mais il est mieux et plus sûr de les utiliser tous ensemble : alors on peut sans doute recevoir le Saint-Esprit et devenir saint. Si l'un d'entre nous est fait digne de recevoir le Saint-Esprit, et s'il lui arrive de tomber, de pécher et d'éloigner ainsi le Saint Esprit, qu'il ne désespère pas et qu'il ne pense pas avoir tout perdu, mais qu'il se jette rapidement aux pieds de Dieu avec repentir et prière, et le Saint-Esprit retournera à nouveau vers lui.



CONCLUSION



Frères! Je vous ai maintenant montré la voie vers le Royaume Céleste, et vous pouvez vous-mêmes voir que :

1) Sans foi en Jésus-Christ, personne ne peut retourner vers Dieu ni entrer au Royaume Céleste.

2) Même avec la foi en Jésus-Christ, personne ne peut s'appeler disciple de Jésus-Christ ni par conséquent vivre avec Lui dans les Cieux, s'il ne se conduit pas et ne vit pas comme vécut et se conduisit Jésus-Christ sur terre.

3) Personne sans le Saint-Esprit ne peut aller après Jésus-Christ.

4) Celui qui désire recevoir le Saint-Esprit doit user des moyens pour ce faire qui nous sont donné par le Seigneur.

La voie vers le Royaume Céleste que Jésus-Christ a ouvert pour nous est l'unique voie. Il n'y en eut, il n'y en a pas et il n'y en aura aucune autre que celle indiquée par Jésus-Christ. Et, bien sûr, cette voie est pénible et difficile, mais cependant, elle mène directement et sûrement à la béatitude éternelle et véritable. Difficile est la voie vers le Royaume Céleste, mais, que ce soit à son tout début ou le long de son parcours, on y peut trouver les consolaions et les délices que la voie de la vie en ce monde n'offre jamais. La voie vers le Royaume Céleste est difficile et pénible, mais notre Seigneur Jésus-Christ est toujours prêt à nous aider à la parcourir : Il nous donne le Saint-Esprit et nous envoie Ses Anges afin de nous y protéger, Il nous donne des pércepteurs et des guides, et Il est même, en quelque sorte, prêt à nous prendre par la main et à nous soutenir. Difficile est la voie vers le Royaume Céleste, et amers en sont les labeurs, mais celui qui n'a pas connu ni éprouvé l'amertume ne saurait connaître le prix de la douceur. Difficile est la voie vers le Royaume Céleste, mais tout en souffrant ici sur terre, nous pouvons toujours prier et trouver consolation et affermissement dans la prière, et Dieu entendra toujours notre prière. Si nous ne mourons pas en Chrétiens, et même si nous pouvons prier dans l'autre monde, Dieu ne nous y écoutera déjà plus. Difficile est la voie vers le Royaume Céleste, mais les souffrances et les tourments éternels sont incomparablement plus nombreux et pénibles que les souffrances terrestres. Les souffrances d'ici-bas, comparées à celles de l'enfer, préparé pour le diable et ses anges, sont comme une goutte dans l'océan. Difficile est la voie vers la béatitude céleste, mais la voie vers le bonheur du monde est-elle plus légère? Regardez comment travaillent et transpirent ceux qui accumulent la richesse et qui cherchent les honneurs et la gloire terrestre, et combien souvent nous entreprenons parfois avez zèle et plaisir de nous adonner aux labeurs et aux tracas afin d'assouvir quelque vain plaisir! Qu'en est-il, au juste? Au lieu d eplaisir, nous perdons notre temps, dépensons de l'argent, perturbons notre santé et ruinons notre âme. Et c'est pourquoi, si nous regardons attentivement en nous-mêmes, nous voyons que nous n'allons pas vers le Royaume Céleste parce que la voie vers le Royaume est difficile, mais parce que nous n'en avons pas le désir zélé, n'y sommes pas disposés, et que nous ne voulons pas nous en occuper; Celui qui désire quelque chose avec zèle s'efforcera toujours d'y parvenir, malgré tous les labeurs et tous les obstacles. Bien sûr, tout le monde désire entrer au Royaume Céleste, mais ce désir est faible et n'est qu'un désir inné pour le bonheur. Et s'il est vrai que parmi nous, certains oeuvrent pour atteindre le Royaume Céleste, combien rares sont ceux qui oeuvrent de toute leur foi, avec obéissance à Dieu et une abnégation véritable? Mais que nous sommes nombreux à penser que la vie menée en ce monde importe peu, et qu'il suffit de se repentir à la fin de ses jours pour entrer au Royaume Céleste! Ah, combien s'égarent ceux qui pensent de la sorte! Bien sûr, les bontés du Seigneur sont grandes et infinies; Jésus-Christ emmena même le larron au Paradis, alors qu'il ne s'était repenti qu'à la mort. Mais regardez donc, le larron y est-il entré sans souffrances et sans afflictions? Non! Il resta pendu en croix, et fut auparavant jugé, emprisonné dans un cachot, et peut-être battu. Il est vrai qu'il souffrit en tant que malfaiteur et criminel. Mais qui d'entre nous n'est pas le transgresseur de la loi de Dieu et des lois humaines? Si nous ne tuons pas comme les criminels, combien de meurtres avons-nous commis en parole, par cruauté de coeur et indifférence envers le salut et le bien d'autrui? Bien sûr, ces grands et indicibles bienfaits du Seigneur peuvent aussi nous être octroyés. Le Seigneur peut faire de nos souffrances qui précèdent la mort une purification et un exploit spirituel sur la voie qui mène au Royaume Céleste. Qui plus est, quand, à l'image du larron, nous apportons en même temps le repentir de nos péchés et lorsque nous recevons les derniers sacrements avec foi. Mais comment pouvons-nous être convaincus de ce que nous souffrirons et que cette souffrance nous laissera le temps du repentir? Combien d'hommes meurent de mort subite et sans aucune souffrance! Combien meurent sans repentir ni derniers sacrements!

Ainsi, frères, si vous ne désirez pas votre éternelle perdition, il vous faut méditer sur votre âme et votre sort futur. Nous savons que là-bas, au-delà de la tombe, notre sort est soit l'un soit l'autre, et qu'il n'existe pas de milieu, c'est-à-dire que soit c'est le Royaume Céleste qui nous attend, soit c'est l'enfer, la béatitude éternelle ou les tourments éternels. Deux états seulement existent au-delà de la tombe, de même aussi que sur la terre où il n'y a que deux voies. L'une est large, l'autre est étroite, épineuse et difficile. Heureux, cent fois heureux est celui qui chemine le long de la voie étroite, parce qu'elle mène au Royaume Céleste. mais combien peu nombreux sont ceux qui y cheminent! Frères, si nous ne choisissons pas la voie difficile et mourons sans repentir ni purification, qu'adviendra-t-il de nous? Quel recours aurons-nous, Celui du Seigneur? Mais si nous ne voulons pas L'entendre ici, pourquoi nous écouterait-Il là-bas? Aujourd'hui, Il est ici notre Père très miséricordieux, mais là-bas, Il sera notre Juge équitable. Et qui nous défendra de Sa juste colère? Ô frères! C'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant (Héb. 10. 31)! Ainsi, frères, ayez soin de votre salut, tant que vous en avez encore le temps; faites l'oeuvre de votre salut tant qu'il est encore jour, mais la nuit viendra, et alors personne ne pourra plus rien entreprendre. Allez, et ne remettez pas au lendemain, pressez-vous vers le Royaume Céleste tant que vous pouvez encore marcher; mais la mort viendra, et alors vous ne pourrez plus marcher. Allez, ne serait-ce qu'un peu, mais allez vers le Royaume Céleste, ne serait-ce que lentement, comme celui qui s'approche de son but à chaque pas.

De plus, celui qui veut suivre Jésus-Christ peut bénéficier des conseils suivants :

1) Ne remarque pas les gens dépravés, ni la manière dont ils vivent, et ne te justifie pas grâce à leur exemple, et ne dis pas comme la multitude : " Que faire? Je ne suis pas seul à vivre ainsi et à ne pas accomplir les commandements du Christ, mais presque tout le monde fait de même". Mais bien que tu saches parfaitement que tous ceux qui vivent avec toi, et ceux-là mêmes qui devraient donner l'exemple des vertus et d ela piété ne vivent pas en Chrétiens, quel bien cela peut-il te faire? Leur perdition ne te sauvera pas. Lors du Redoutable Jugement, le fait que tu n'aies pas été seul à vivre mal en ce monde ne te sera d'aucun secours. Et par conséquent, qu'ils aillent ou non vers le Royaume, cela n'est pas ton affaire. Occupe-toi de toi-même et de ceux dont Dieu t'a confié l'enseignement. Et qui plus est, il nous est possible de voir ceux qui pèchent, mais presque jamais nous ne voyons celui qui se repent et se purifie de ses péchés, et c'est pourquoi nous pouvons souvent nous tromper dans le discernement de ceux qui parmi nos proches vont après le Christ ou qui n'y vont pas.

2) Lorsque tu iras sur cette voie, alors maintes personnes, et peut-être celles qui te sont les plus proches, se moqueront de toi : n'y prête pas attention et ne t'inquiète pas. Souviens-toi que l'on se moquait de Jésus-Christ, et qu'Il ne partait pas en guerre contre les moqueurs, qu'Il se taisait et priait pour eux. Conduis-toi exactement ainsi.

3) Il y a maintes savantes personnes, pour lesquelles la voie vers le Royaume Céleste, indiquée par Jésus-Christ, Fils de Dieu, n'est pas ce qu'elle devrait être. Ils disent qu' il est possible d'arriver au Royaume Céleste sans elle et qu'elle n'est pas faite pour tous, mais seulement pour le petit nombre... Mais si tu rencontres un tel individu et qu'il s'efforce de t'arrêter et d ete dissuader, ne l'écoute pas. Et même si un Ange descendait du Ciel pour te dire qu'il est inutile d'emprunter la voie suivie par Jésus-Christ, ne l'écoute pas non plus. Mais aussi ne polémique pas avec de tels tentateurs et ennemis, mais prie pour eux.

4) Lorsque tu seras fermement engagé sur la voie du Royaume Céleste à la suite de Jésus-Christ, peut-être t'adviendra-t-il de rencontrer des gens qui te couvriront d'injures, te calomnieront, t'insulteront et te mépriseront à cause de la Parole du Seigneur. Patiente et supporte. Réjouis-toi et bondis d'allégresse le jour où tu recevras quelque offense au nom du Christ, parce que grande est ta récompense dans les Cieux.

5) Lorsque tu sera véritablement engagé sur cette voie, alors le diable lui-même se soulèvera contre toi et te tentera de diverses tentations; il instillera en toi des pensées mauvaises ou des doutes à propos de la foi ou des vérités révélées, et même le blasphème. mais n'aie pas peur de lui, parce que le diable ne peut rien te faire sans la permission de Dieu, et tu n'as qu'à prier le Seigneur, et le diable s'envolera de toi comme une flèche.

6) Ce que l'on considère généralement comme utile et juste à juste titre n'est pas au détriment du Chrétien véritable. En premier lieu, par exemple l'assiduité laborieuse, qui non seulement ne s'oppose pas au salut de l'âme, mais qui y contribue. Chacun sait que la paresse est la mère de tous les vices. Ainsi, par exemple, comment les gens deviennent-ils des ivrognes? Par oisiveté. Qui sont les voleurs et les forbans de grand chemin? Ce sont les oisifs... Et l'on peut même affirmer que celui qui ne fait rien et qui ne s'occupe de rien, malgré ses bonnes apparences, est un mauvais Chrétien et un mauvais cotoyen; et s'il n'est pas un grand pécheur, il le doit au soin particulier de dieu. C'est pourquoi, sois industrieux, habitue-toi aux efforts, aux peines, et accomplis l'utile et le nécessaire pour ta maison, et ton devoir pour le souverain et la Patrie. Si la paresse est la mère de tous les vices, nous pouvons dire que l'action et l'industrie est le père de la vertu. En premier lieu parce que l'homme laborieux porte certainement moins de péchés, car il n'a pas le temps de faire le mal, ni même de penser au mal, tout occupé qu'il est par les obligations de son entreprise, par l'oeuvre de son salut et par ses obligations de Chrétien. En second lieu, parce qu'il est habitué à être laborieux et qu'il accpetera donc plus vite de cheminer sur la voie vers le oyaume Céleste que l'oisif. AInsi être laborieux est toujours et partout utile. Mais pour cela, il faut s'entraîner et s'habituer à travailler dès l'enfance.

7) Il existe encore une autre chose aussi utile que l'assiduité laborieuse, une perfection dont l'entraînement et l'habitude doivent être encore plus précoces que l'assiduité laborieuse, c'est la patience. La patience est partout et toujours utile, mais pour celui qui veut aller au Royaume Céleste, la patience est une perfection très indispensable : sans patience, il est même impossible d'y faire un seul pas, parce que chaque pas nous y fait croiser rudesse, rugosité et aspérités acérées. Entraîne-toi et habitue-toi à la patience, d'abord corporelle, puis spirituelle. Il te sera alors plus facile d'être à la fois un industrieux membre de la société et un bon ami, un bon maître de maison, un bon citoyen et un bon Chrétien.