samedi 2 mai 2020

Vies des Saintes Femmes.

EXTRAIT DU GRAND SYNAXAIRE


LES SAINTES FEMMES


Extraits choisis par l'Archimandrite Christodoulos N. Koyionis.
Editions de la Fraternité des Théologiens du "Sauveur".
Athènes 2017.
Traduction, sur le grec, de Presbytéra Anna.
Tous droits réservés.




PROLOGUE




" Combien étroite est la porte et combien pleine d'afflictions est la voie qui mène à la vie, et combien peu sont ceux qui les trouvent!" ( Matth. 7, 14). Le chemin qui mène au Royaume des Cieux est rude et monte âprement. La vie de sainteté comporte beaucoup de peine, elle demande un combat de toute la vie, beaucoup de patience et d'humilité. Il y faut une lutte continuelle avec l'ennemi implacable de notre âme, le diable; une résistance stable et insistante à l'esprit du monde, à l'environnement de la société dans lequel on vit et dans laquelle l'on est élevé et qui exerce sur vous une forte influence, bien qu'imperceptible. C'est, pour finir, une dure lutte du fidèle contre la mauvaise partie de soi-même. On doit combattre pour mortifier son moi pécheur, et, dans le même temps, subir toute la difficile violence de cette mortification. C'est pourquoi le Seigneur s'exclame : " Combien étroite est la porte...!" Les saints sont les héros de l'esprit; ils incarnent les figures les plus exceptionnelles de l'histoire humaine.
Celles qui suscitent davantage encore notre admiration sont les femmes qui se sont sanctifiées, elles, les "vases les plus fragiles" ( I Pierre. 3, 7), mais qui montrèrent un courage spirituel viril et admirable; qui aimèrent le Seigneur de toute leur âme et qui lui vouèrent leur vie. Elles supportèrent les peines de l'ascèse ou les souffrances du martyre et leur coeur a été empli de Dieu.
Leur passage sur terre épancha richement le parfum précieux et vivifiant du Saint Esprit. Leur exemple renvoie par delà les siècles une riche lumière à notre société apostate assise "à 'ombre de la mort" ( Matth. 4, 16); une lumière consolatrice, une lumière qui emplit d'espérance et repose les âmes qui ont été éprouvées dans les sentiers ténébreux du péché et qui se sont fatiguées à chercher le vrai bonheur dans des lieux déserts.
Prions que cette lumière illumine aussi les âmes des lecteurs de ce livre et qu'elle fasse brûler en eux le désir de la sainteté.


Achimandrite Christodoulos N. Koyionis.


LES MARTYRES DE LA PIETE


" C'est Toi, mon Epoux, que je désire, et je lutte pour te chercher".


VIE DE SAINTE DROSIS, ou DROSIDA,
la fille de Trajan.
22 mars.
Durant les années de dure persécution de l'empereur romain Trajan (98-117), il y avait à Antioche cinq vertueuses vierges Chrétiennes.
Celles-ci, sans prendre en considération leur vie - comme les autres femmes myrrhophores - allaient en cachette la nuit sur les lieux de martyre et elles rassemblaient les corps des saints martyrs défunts, pour les enterrer en tout honneur et avec vénération.
Drosida, qui était la fille de l'empereur persécuteur Trajan, participait aussi avec ferveur à cette sainte oeuvre.
Bientôt l'empereur fut informé que les corps étaient étrangement dérobés et il ordonna que l'on se saisît des coupables. C'est ainsi qu'une nuit des soldats en armes prirent sur le fait les six jeunes filles et ils les emmenèrent pour être jugées.
Lorsque l'empereur, au nombre des jeunes filles, vit sa propre fille, il en fut fort surpris. Jamais il ne s'était attendu à ce que sa fille lui fît subir une telle "honte". Il essaya de la dissuader de s'adonner à pareille oeuvre. Mais ce fut peine perdue. Drosida avait reçu par la céleste rosée rafraîchissante du Seigneur Jésus-Christ (1).
(1) : ( Il y a ici un jeu de mots entre "drosia" : "rosée" et le nom de Drosida).
Le Christ, tel un aimant puissant, l'avait magnétisée et rendue la servante de son amour qui faisait tout son bonheur et lui donnait l'allégresse.
Le cruel tyran enferma un temps sa fille dans une chambre du palais royal. Les cinq autres jeunes filles, il les jeta dans un chaudron empli de cuivre bouillant. C'est par cet effroyable martyre qu'elles achevèrent leur vie.
La Tradition rapporte que l'empereur ordonna qu'avec ce mélange de cuivre et d'ossements humains, l'on fabriquât des baignoires en bronze destinées à des bains publics. Mais lorsque la fête de l'inauguration de ces bains eut été brillamment célébrée, tous les idolâtres qui osèrent entrer dans ce bâtiment tombèrent morts.
L'empereur indigné se tourna vers les prêtres des idoles pour qu'ils résolvent ce problème. Et ceux-ci lui répondirent :
" Ces morts funestes adviennent, dirent-ils, parce que ce bâtiment est souillé. Car le bronze des baignoires est mêlé à des corps de Chrétiens".
Alors Trajan ordonna que l'on fonde ces baignoires et qu'avec ce métal l'on fabriquât cinq statues à la semblance de ces vierges pures pour outrager leur honneur.
Lorsque les statues eurent été érigées sur la place du marché, Trajan vit en rêve ces cinq vierges consacrées qui le réprimandaient et qui lui annonçaient à l'avance la mort de sa fille.
Tremblant de fureur, Trajan donna un ordre nouveau, qui manifestait plus vivement encore sa colère. Il s'adressait à tous les Chrétiens, disant : " Aux deux coins de la ville, j'ai allumé deux fournaises. Vous tous qui êtes Chrétiens et vénérez le Crucifié, ayez pitié de nous et délivrez-nous de nos peines, en allant seuls, de vous-mêmes, vous jeter dans les fours, afin de vous éviter de plus nombreux tourments."
Lorsqu'elle entendit l'ordre de son père, la princesse Drosida tressaillit de joie. Elle s'enfuit en cachette du palais-royal pour gagner le lieu du martyre. Elle désirait parvenir au plus vite au Paradis, pour s'unir à son Epoux Jésus Christ et revoir ses chères cinq amies Martyres.
Peu de jours après qu'elle eut été baptisée, elle s'endormit en paix du sommeil de la mort. Et son âme libérée s'envola au Ciel, pour y psalmodier éternellement avec les anges une toute harmonieuse doxologie au Très-Saint Dieu-Trine.


Tropaire de Sainte Drosida. Ton 4.


Abandonnant l'impiété d'un père, ô vénérable, tu as couru vers le Seigneur, le Roi de toutes choses, Christ notre Dieu. L'ayant pris pour Epoux, avec une âme pure, tu as été menée, ô Drosis aux pensées divines, vers la céleste chambre nuptiale. Intercède sans cesse pour ceux qui t'honorent.






VIES DES SAINTES AGAPIE (Amour), IRENE (Paix)
ET CHIONIA (Neige) DE THESSALONIQUE.


(16 avril).


Au choeur des glorieuses Saintes Martyres de l'Eglise primitive, - des premiers temps du Christianisme-, appartiennent les trois soeurs Agapie ( Amour), Irène (Paix) et Chionia ( Neige). Elles vecurent à Thessalonique et furent martyrisées au temps du cruel persécuteur Dioclétien (304). Il semble qu'elles aient été des membres actifs d'une Fraternité de jeunes Chrétiens. Elles aimaient Jésus Christ d'un vif amour et elles se plaisaient aussi à l'étude des Saintes Ecritures et des ivres chrétiens.
Lorsque Dioclétien, en février 303, proclama un édit qui interdisait l'usage et la possession des Livres Saints et des textes chrétiens, ces trois jeunes filles en cachèrent un grand nombre. Et pour sauvegarder leur foi et ces écrits, elles se réfugièrent sur une "haute montagne", près de Thessalonique, probablement celle de Chortiati.
Elles avaient achevé de mener là un an d'ascèse, lorsqu'un envoyé de l'empereur découvrit les trois jeunes filles dans leur ermitage au désert. Il se saisit d'elles et les emmena pour qu'elles fussent jugées par Doulkitios, le gouverneur de Macédoine, à Thessalonique. En même temps qu'Agapie, qu'Irène et que Chionia, fut également jugé un groupe de quatre jeunes Chrétiens, Agathon, Cassia, Philippa et Eutychia.
L'officier de police, Cassandre, les conduisit tous à son maître, avec ce chef d'accusation, selon lequel "ils refusaient de manger les viandes sacrifiées aux idoles." A en juger par cette accusation pratique, qui nous a été conservée, nous pouvons admirer la noblesse et la fermeté de ces jeunes gens. Bravant la mort pour l'amour du Seigneur, ils donnèrent au tribunal des réponses qui frappèrent l'auditoire. Le gouverneur Doulkitios, s'adressant à eux tous, leur demanda avec indignation : " Quelle manie vous a -t-elle donc pris de ne pas vouloir obéir à l'ordre de nos empereurs aimés des dieux? Pourquoi ne mangez-vous pas des viandes sacrifiées aux idoles?"
Agathon répondit le premier, laconiquement : " Je suis Chrétien". Agapie poursuivit sans crainte : " Je crois au Dieu vivant et je ne veux pas tourmenter ma conscience." Irène et Chionia, elles aussi, firent à leur tour de nobles réponses :
- Je n'obéis pas à tes ordres, ô empereur. Pour l'amour du Seigneur, je resterai fidèle à mon Dieu.
- Je crois au Dieu vivant et je ne ferai pas cela.
L'éparque peinait en vain. Jamais il n'aurait cru pouvoir être vaincu par de si jeunes gens. Couvert de honte et furieux, il répartit : " Quant à Agapie et à Chionia, pour ce qu'elles sont impies, n'obéissent pas au décret divin, et suivent l'indigne religion, pourrie et haïssable des Chrétiens, j'ordonne qu'elles soient jetées au feu. Que les autres aillent en prison.
Agapie et Chionia, les deux soeurs aînées, gagnèrent les premières la glorieuse couronne de la victoire qu'est le Martyre... Le jour suivant, l'on découvrit dans la maison d'Irène les livres interdits, des manuscrits de la Sainte Ecriture et d'autres. Il y avait là une bibliothèque chrétienne tout entière.
De là s'ensuivit une nouvelle séance de jugement au tribunal. Et une nouvelle défense admirable prononcée par la petite Irène.
- Qui t'a conseillé de garder ces textes et ces divers parchemins?
- Dieu Tout-Puissant, qui a demandé que nous l'aimions jusqu'à la mort.
- Qui savait qu'ils se trouvaient dans la maison que tu habitais?
- Personne d'autre ne voit ce qui est secret que Dieu Tout-Puissant, seul, qui connaît toutes choses.
- L'année passée, où vous êtes-vous cachées?
- Là où Dieu l'a voulu, dans les montagnes, au grand air.
- Chez qui alliez-vous?
- Nous demeurions dehors, en plein air, et nous allions de montagne en montagne.
- Qui vous donnait du pain?
- Dieu, qui en donne à tous.
Seu un coeur épris de Dieu et un esprit illuminé par l'Esprit de sainteté peut parler ainsi. Irène était dotée des deux ensemble. Son caractère ferme comme le diamant et la noblesse de son tempérament exaspérèrent Doulkitios, qui ordonna aussitôt que l'on mît le feu aux saints livres. Quant à elle, sur l'ordre du gouverneur, on l'enferma dans un lieu de débauche. En ce moment difficile, Dieu Tout-Puissant affermit Irène d'une Grâce divine toute spéciale et la protégea de Son invisible Présence. Le rayonnement de la sagesse que renvoyait la vénérable figure de la sainte paralysa aussitôt les hommes pervers aux noirs desseins qui se trouvaient là. Nul d'entre eux n'osa approcher cette sainte jeune fille.¨ Le gouverneur, rendu furieux par cette nouvelle, ordonna qu'on la jetât au feu vivante. Au lieu où, quelques jours auparavant, avaient été martyrisées ses soeurs Agapie et Chionia, là même Irène, au milieu des flammes, rendit paisiblement gloire à Dieu, et remit sa sainte âme à son Divin Epoux et Seigneur. Les germes de l'Evangile, qu'avait proclamé l'Apôtre Paul, deux siècles plus tôt, avaient produit leur fruit.
De pieux fidèles de Thessalonique recueilirent les restes des saintes reliques de ces trois Saintes Vierges Martyres, et les ensevelirent dans la partie occidentale de la ville, près des murailles. A cet endroit, selon des témoignages anciens, s'éleva par la suite une église de style basilical, consacrée à la mémoire de ces Saintes.
A une époque où s'effondrent les valeurs morales, et où la plupart des jeunes vivent sans orientation spirituelle ni exemples de pureté, ces trois jeunes filles du troisième siècle, Agapie, Irène et Chionia de Thessalonique, nous émeuvent, nous transportent d' enthousiasme et nous affirment : " Combien a de force la vie de pureté et de sagesse, nous revêtant de la force du Christ! Et cela vaut pour toute époque. Oui, cette vie, la vie chrétienne est la plus belle, celle qui donne le plus de joie en Christ, et c'est celle qui vaut le plus d'être vécue...
Que se réjouissent donc les jeunes de notre pays. Qu'ils n'aient crainte. Ils ne sont pas seuls. Ils ont Dieu avec eux. Auprès d'eux se trouve aussi un choeur de jeunes Saintes Femmes Martyres, qui prient pour eux, leur portent un vif amour et les affermissent.


TROPAIRE DES SAINTES AGAPIE, IRENE ET
CHIONIA.


Vous qui étiez soeurs, jeunes filles à l'esprit céleste, c'est d'une même pensée que vous avez mené le bon combat de la piété, et que vous avez défait l'ennemi tout Malin, ô toi, vénérable Chionia, avec toi, Agapie, la divine et toi, Irène, la bienheureuse. Et maintenant que vous contemplez le Christ, demandez-lui de prendre nos âmes en pitié.






VIE DE SAINTE POLYCHRONIA
23 avril


Parmi les vénérables femmes se distinguent aussi de saintes mères, qui furent jugées dignes d'élever leurs enfants de l'éducation du Christ et de leur inspirer de devenir Martyrs et Confesseurs de notre Foi.
Le 23 avril, notre Sainte Eglise, en même temps que le glorieux Saint Mégalomartyr Georges le Tropaiophore, fête aussi sa Sainte mère Martyre, Sainte Polychronia. Polychronia! Femme issue d'une célèbre famille d'archontes de Cappadoce, originaire de Lydda (Diospolis) en Palestine, elle ne se laissa pas éblouir par ses richesses terrestres, ni n'aima les vanités de ce monde corruptible. Elle s'unit du lien familial au sénateur Gérondios le Stratilate, qui fut tout d'abord idolâtre.
Leur petit enfant, Polychronia le baptisa en secret dans un monastère d'Arménie et le prénomma Georges, à l'époque où commençait à souffler fortement le vent de la cruelle persécution de Dioclétien.
Ses devoirs chrétiens, cette fidèle épouse et cette pieuse mère s'en acquittait avec exactitude et intelligence. Son âme était emplie d'un profond amour pour Dieu. Elle étudiait les Saintes Ecritures, priait avec une foi puissante, jeûnait... Par sa bonté et sa douceur, elle réussit à faire s'approcher son mari idolâtre de la paix du Christ. Ainsi, lui aussi, au bout de peu de temps, se tourna vers le Christianisme.
Un peu plus tard, le Seigneur rappela Gérondios auprès de lui, laissant aux mains de sa fidèle épouse leur fils Georges, âgé d'à peine dix ans alors.
La douloureuse veuve Polychronia continua désormais, avec plus de soin et d'application encore, à instiller dans l'âme de son fils unique et bien-aimé le céleste enseignement de la foi chrétienne. Elle dessinait en lui, avec le ciseau de sculpteur de l'Esprit de Sainteté, un caractère empreint de sincérité et d'intégrité. Et plus les années passaient, plus elle avait ce désir pour son fils : que ne se corrompe pas la noblesse de son âme, que ne se perde pas sa foi, qu'il ne se laisse pas entraîner par le courant d'apostasie de son époque. Et tandis que, durant les veilles de la nuit, elle lui prodiguait ses conseils spirituels, elle lui présentait parallèlement le fort modèle de vie d'une mère Chrétienne qui aime d'un grand et véritable amour, qui sait chapîtrer tendrement, soutenir en vérité, édifier en être responsable, et se sacrifier pour autrui. Polychronia regardait son fils et elle se réjouissait, glorifiant Dieu, pour ce qu'au printemps de sa vie fleurissaient en lui d'abondance de riches vertus. Il était beau, bon, gentil, noble d'âme, possédant en nombre d'enviables charismes admirables.
Tout cela le fit bientôt remarquer pour son excellence et lui fit s'attirer la bienveillance de Dioclétien. A l'âge de dix-huit ans Georges fut promu au rang non seulement de Tribun mais même de Duc et de capitaine d'infanterie d'un bataillon de la cour impériale. De par son noble et vénérable mode de vie Chrétien, il mena à la foi chrétienne onze officiers supérieurs ainsi que l'impératrice Alexandra, femme de Dioclétien, avec trois de ses serviteurs.
Tout cela bien sûr ne manqua pas d'exciter la colère du cruel tyran. Alors commencèrent les procès et les tourments, qui durèrent plus de deux ans. Durant tout ce temps, sa mère, Polychronia, se tenait secrètement auprès de Georges. Les discours enflammés qu'elle lui tenait l'encourageaient à ne pas flancher. Et sa piété envers Dieu l'émouvait, l'influençait, et l'affermissait dans sa foi. Aussi longtemps qu'il fut dans de sombres prisons et que durèrent les supplices de son martyre, sa fidèle mère Polychronia se souciait qu'il pût communier aux Saints Mystères, qui constituaient la divine nourriture de son fils...
Cependant ses alleées et venues furent remarquées. Le terrible persécuteur Dioclétien la vit de ses yeux et il s'enquit : " Quelle est cette femme audacieuse? Que veut-elle? Quel rôle joue-t-elle?" Polychronia fut livrée aux juges et, sans trembler, rompit l'embarras de l'empereur : " On m'appelle Polychronia", dit-elle, "et je suis Chrétienne, tout comme mon fils Georges. C'est en vain que tu crois le châtier. Car la vérité est qu'il est couronné d'une grande gloire par le Christ, notre Roi."
Cette courte confession de foi suffit à ce que l'on se saisît de la fidèle Polychronia et qu'on lui infligeât de cruels tourments. On la suspendit à un poteau de bois. On lui déchira les chairs avec des lames de fer, au point de faire apparaître ses entrailles. Puis les iniques, avec des lampes allumées mirent le feu à ses plaies ouvertes. Après quoi ils lui mirent aux pieds des semelles de plomb chauffées à blanc. Et elle, noble, héroïque, souffrait le tout sans broncher, supportait, tenait bon, priant et se réjouissant. Jusqu'à l'instant, au grand instant suprême, où son âme s'envola librement vers son unique amour, le Seigneur Jésus-Christ. Elle fut martyrisée le même jour que celui où fut consommé le martyre de son fils.
Georges, avant qu'il ne rende son âme au Seigneur, avait donné ordre à son fidèle serviteur Pasicrate de l'ensevelir avec sa mère à Lydda en Palestine. C'est en ces lieux qu'ils reposèrent avec bonheur côte à côte, mère et fils, jusqu'à l'époque des Croisades, à laquelle les Latins s'emparèrent des vénérables reliques de Sainte Polychronia et les transférèrent en Occident.
Tout pieux pélerin s'en venant vénérer les monuments chrétiens et les églises de cette Cappadoce si féconde en Saints, demeure stupéfait à la vue des fresques et des icônes qui peignent le martyre de Saint Georges le Tropaiophore et de sa mère Polychronia.
Puissent, par les intercessions de Sainte Poychronia, paraître de nos jours des mères qui non seulement enfanteront des enfants, mais qui les feront renaître en Christ, et les entraîneront à devenir Saints.




TROPAIRE DE SAINTE POLYCHRONIA. Ton 4.


Ayant désiré la vie éternelle, ô vénérable, tu as méprisé les choses corruptibles et les plaisirs de ce monde. Tu as aimé d'amour le Christ. De là qu'avec ton fils Georges, le divin tropaiophore, ô Polychronia, tu as pris part au Martyre. C'est pourquoi nous t'honorons pour ta foi bienheureuse.




VIE DE SAINTE GLYKERIA


13 mai




La Sainte Martyre Glykéria appartient au choeur des Martyrs à la belle victoire de notre Sainte Eglise du deuxième siècle. Elle venait de Trajanopolis. L'empereur de cette époque était alors Antonin le Pieux ( 138-161) et l'administrateur de la région, Sabin. Le père de la Sainte avait nom Macaire. Glykéria, depuis son plus jeune âge, aimait le Christ, et elle avait "développé une intense activité chrétienne et missionnaire." Ce fut là un prétexte suffisant pour qu'elle fût conduite au chef idolâtre de la région.
Courageusement et sans crainte la jeune vierge Glykéria se tint devant le cruel éparque, et après s'être signée du signe de la croix, elle confessa fermement : " Je suis Chrétienne et je suis la servante du Christ." Sabin voulut la contraindre à sacrifier aux idoles. Celle-ci approcha les statues sans âme et adressa une fervente prière au Seigneur. Elle acheva cette prière par ces mots : " Jésus Christ, toi l'immaculé et l'innocent Agneau de Dieu, viens à moi, ton humble servante : Foule aux pieds Zeus, ce démon, qui fut fabriqué par les moyens des humains, et disperse au loin leur funeste sacrifice." Aussitôt alors se fit entendre un grondement de tonnerre et la statue de pierre de Zeus, s'écroulant à terre, se brisa dans un grand bruit. Furieux dès lors, l'éparque, accompagné des prêtres des idoles et de la foule des idolâtres qui se trouvaient présents, tous, s'élancèrent sur la Sainte avec des pierres pour la lapider, voulant la mettre à mort pour constituer un exemple, parce qu'elle les couvrait publiquement de honte. Mais les pierres n'atteignirent point ni ne touchèrent son saint corps. La Sainte fut sauvée miraculeusement.
S'ensuivit sa mise en prison. En ces moments difficiles, vint la fortifier la visite du prêtre Philocrate, qui la bénit avec le signe de la Croix.
Le jour suivant, la Sainte fut conduite à l'éparque pour être jugée. Sabin la menaça, affirmant que, si elle ne sacrifiait pas à Zeus, elle serait mise à mort. La Sainte préféra la voie du Martyre.
On la suspendit par les cheveux. On la frappa au visage et on lui écorcha la tête. Cependant l'intervention et la présence miraculeuse d'un ange paralysa l'action furieuse des bourreaux. La Sainte emplie de Grâce et de force divine rendait grâces à Dieu...
Elle fut alors de nouveau emprisonnée, mais dans des conditions plus dures encore, sans nourriture ni boisson, en sorte qu'elle devait mourir ainsi et s'éteindre seule dans sa prison, abandonnée à son triste sort. Le Seigneur cependant n'abandonna pas Sa servante de prédilection. Il la nourrissait chaque jour de pain et de lait. Et il la rafraîchissait d'une eau pure, que venait lui porter un ange. Cette nouvelle ébranla Sabin. Il la fit sortir de sa prison et la contraignit à le suivre en une tournée qu'il faisait à Héraclée. En cette ville la Sainte fut fortifiée par la communion d'âme qu'elle eut avec les Chrétiens et par la bénédiction qu'elle reçut de l'évêque Domitien.
Cependant le Martyre de la Sainte n'était pas encore achevé. Ses bourreaux la jetèrent à présent dans une fournaise incandescente. Mais avec pour seule arme, à nouveau, le signe de la Vénérable Croix, et sa prière fervente, elle fut, là encore, victorieuse. Une rosée descendue du Ciel éteignit les violentes flammes. Ses bourreaux épuisés et l'éparque vaincu par "les grands exploits que réalisait la foi de la Sainte", résolurent une dernière fois de la jeter dans une prison jonchée de pierres hérissées, où ils lui attachèrent les mains et les pieds.
Cependant, une nouvelle fois parut un Ange du Seigneur. Il coupa les liens de la Martyre et guérit totalement ses plaies. Le gardien en charge d'elle, Laodikios, ne la reconnut pas. Il craignit que sa prisonnière ne se fût évadée; c'est pourquoi il s'apprêtait à se suicider. Mais la Sainte lui cria : " C'est moi qui suis celle que tu cherches. Ne te fais pas de mal." Le gardien de prison fut baigné de Grâce divine. Il se mit à lui-même les liens de Sainte Glykéria et il courut confesser sa foi en le Dieu des Chrétiens. Aussitôt alors, il fut ordonné qu'il eût la tête tranchée. (Cet ancien bourreau que fut Saint Laodikios est fêté avec Sainte Glykéria).
S'ensuivit la fin du Martyre de la Sainte. On la conduisit au stade pour que les fauves la déchiquettent. Mais ce fut avec joie et dans la prière d'action de grâces à Dieu que la Sainte entra sur le dernier de ses lieux de sacrifice. Ce fut là qu'elle finit ses jours et qu'elle rendit paisiblement son âme au Seigneur son Epoux.
Les Chrétiens ensevelirent le corps de la Martyre à Héraclée de Thrace aux côtés de l'évêque Domitien. On érigea sur sa tombe "une belle église en son honneur". Il s'y accomplit de nombreux miracles, par lesquels Dieu était magnifié et glorifié.
Sainte Glykéria est la fierté des Femmes Martyres. Elle montra, par sa fermeté toujours continuée dans ses martyres successifs, que la nature féminine, - si faible qu'elle paraisse-, quand elle combat avec le Seigneur Tout-Puissant Ressuscité, outrepasse les habituelles mesures humaines et parvient à des cimes inégalées. La Femme alors devient Sainte. C'est justement que son vénérable hymnographe salue la Sainte, lui clamant :
"Réjouis-toi, femme virile dans le Christ. Réjouis-toi, Sainte, gloire des Martyrs. Réjouis-toi, modèle très aimé des fidèles. Réjouis-toi, toi par qui Bélial a été vaincu. Réjouis-toi, toi par qui la Trinité a été glorifiée."
Etudions donc et méditons les Vies de ces nobles figures que sont les Saintes Femmes de notre Eglise, qui ont donné vie à la parole de l'Apôtre Paul : " Je peux tout dans le Christ qui me fortifie." ( Philip. 4, 13). Tous les exploits, tous les hauts faits sont permis quand nous demandons au Christ de nous donner Sa Force.




TROPAIRE DE SAINTE GLYKERIA, ton 3.


Honorons la belle vierge du Christ, qui excella à supporter les peines de la lutte martyrique, et qui, dans la faiblesse de sa chair, écrasa le serpent Malin. Dans ton désir du Créateur, tu as compté pour rien les tourments qui t'assaillaient, et tu as été glorifiée par Dieu. Tous, nous te crions : " Réjouis-toi, Glykéria aux pensées divines."






VIE DE SAINTE LYDIA LA RUSSE,
NOUVELLE-MARTYRE
20 juillet




La Sainte Nouvelle-Martyre Lydia, fille de prêtre, naquit le 20 mars 1901 dans la ville d'Oufa en Sibérie occidentale. C'était une âme fraîche comme un printemps, ornée du parfum de myrrhe des saintes vertus. En classe, dans son voisinage, à la maison, partout autour d'elle, elle faisait preuve d'une noblesse d'âme toute spontanée et d'une enviable bonté. Elle finit à dix-neuf ans ses études de jeune fille. Elle se maria alors, mais, aussitôt après perdit son mari dans la guerre civile russe, lors du retrait de l'armée tsariste. Après quoi Lydia ne se laissa pas étouffer par la peine. Mais elle laissa le Christ gouverner sa vie. Son âme était emplie de grandeur.
A une époque où le Christ et son Eglise avaient à combattre durement du fait du contexte d'une société athée, elle prit un travail d'employée des Eaux et forêts. Chaque jour elle entrait en contact avec le monde de ceux qui travaillaient dans les bois immenses, les bûcherons et les contremaîtres si injustes, hommes aux mains calleuses, aux mines rendues hâves par un travail harassant, désespérés, et qui peinaient extrêmement durement.
Ces hommes qui, bien souvent, blasphémaient Dieu et qui collaboraient avec le pouvoir établi et le système en place, Lydia s'en approchait. Il n'y avait pas entre eux de malentendus. Elle les calmait par ses paroles. Elle apaisait leurs disputes, chassait leurs haines, adoucissait leurs coeurs. Et eux renonçaient à leurs phrases puantes, à leurs jurons et à leurs querelles. Quelle puissance avait donc cette femme? Qui lui insufflait cet amour, qui s'étendait à tous sans distinction, sans que son caractère y fût intéressé, et qui les changeait d'hommes durs en êtres doux?
Cet état de choses dura jusqu'au 9 juillet 1928, où tout prit fin, pour les 27 ans, à peine, de Lydia. Les services secrets de la police cherchaient depuis un moment maintenant le coupable qui glissait secrètement entre les mains des travailleurs des feuillets traitant de Dieu et des Saints, et où figuraient des prières et des Conseils Spirituels des Pères. Et ils le découvrirent. C'était Lydia. Elle les dactylographiait, puis les faisait circuler. Elle fut trahie par sa machine à écrire, dont le clavier imprimait fautivement le " k".
Lors de l'instruction du procès, Lydia ne put nier ses actes. Mais elle ne révéla rien non plus du travail secret de l'Eglise. Ce fut en vain que, dix jours durant, les enquêteurs la tourmentèrent, la supllicièrent et cherchèrent à l'anéantir. Elle ne disait pas un mot. Cependant elle souffrait beaucoup, et elle pleurait. C'est alors que le soldat qui gardait le souterrain où elle était retenue prisonnière, Cyrille Ataèf, qui avait alors vingt-trois ans, l'entendant pleurer, lui montra un regard de pure compassion et d'estime.
Le dernier jour de l'instruction du procès, Lydia s'avéra incapable de marcher seule jusqu'au Bureau où avait lieu l'interrogatoire. Cyrille la soutint de la force de ses bras vigoureux, et, plein d'une pure noblesse d'âme, l'y conduisit. Alors Lydia se tourna avec reconnaissance vers son noble gardien : " Que Dieu te sauve", lui dit-elle. Quels étaient ces mots? Le coeur de Cyrille s'emplit d'une brise et d'une rosée célestes.
Ce qui suivit lors de ce dernier interrogatoire ne se peut décrire. L'on entendit à l'extérieur du Bureau, durant plus d'une heure et demie, les pleurs d'épuisement de Lydia, que l'on voulait contraindre par de menaçantes pressions à révéler des secrets. Mais elle répondait :
- Je ne peux pas parler. Dieu me donnera la force. Il ne permettra pas que je dise rien à personne.
Et soudain, le scénario changea. Les quatre enquêteurs - ou plutôt les bourreaux - qui la tourmentaient appelèrent Cyrille pour qu'il vînt les aider. Mais celui-ci leur opposa un refus catégorique et une vive résistance. Il tenta de protéger l'honneur de Lydia. Il y eut un affrontement et deux des quatre bourreaux furent blessés à mort. Le trosième alors, rendu furieux, frappa à la tête le gardien de Lydia avec la crosse de son arme et le jeta à terre dans un grand vacarme. Comme Cyrille, couvert de sang, tombait à terre, il vit à côté de lui Lydia attachée par des sangles et des courroies. La regardant alors profondément dans les yeux - et il y avait dans les siens une puissante flamme de foi en Dieu -, d'une voix épuisée il la supplia, disant :
- Ô Sainte, prends-moi avec toi!
- Je te prendrai, lui répondit paisiblement, de son visage brillant, la Martyre.
Aussitôt les deux bourreaux survivants s'acharnèrent avec une rage satanique sur Lydia et sur Cyrille. On était le 20 juillet 1928. Ensemble partirent pour le voyage de l'éternité ces deux figures qu'unissait la foi en Jésus Christ.
Admirable aussi est la suite de l'histoire. La fin des deux bourreaux qui avaient survécu fut douloureuse L'un perdit la raison et l'autre mourut peu après d'un ébranlement nerveux.
L'admirable histoire de Lydie et de Cyrille (Ataèf) nous est parvenue par l'entremise du sergent Aexis Ikonikof, qui l'apprit directement de la bouche de l'un des deux bourreaux survivants qui était son ami. Et il en fut si ému qu'il devint à son tour un fervent Chrétien. Et partout il allait répandant l'histoire de la fin des deux Nouveaux-Martyrs. Cet événement exacerba la rage des ennemis du Christ. C'est ainsi qu'Aexis, à son tour, devait trouver une mort martyrique.
Lydia et les soldats Cyrille et Aexis passèrent dans l'éternité comme des Martyrs Confesseurs de la Foi; et, dans la conscience du peuple russe, comme des Saints, qui sont fêtés le 20 juillet. Que nous inspirent donc ces trois Nouveaux-Martyrs. Dans les jours difficies qui viennent, ne soyons pas lâches. N'ayons crainte. Résistons à la vague de l'Antéchrist avec audace et confessons la Foi. Et si le Seigneur le permet, qu'il nous fortifie tous, petits et grands, pour que nous témoignions de notre amour de par le Martyre même. Les Saints nous secoureront d'En Haut, parce qu'ils sont avec nous, qu'ils nous voient et qu'ils prient pour nous.




TROPAIRE DE SAINTE LYDIE. Ton 4.


L 'agnelle de Jésus crie d'une grande voix : " Je Te désire, mon Epoux, et Te cherchant, je lutte. Je suis crucifiée avec Toi. Ensevelie avec Toi par le baptême, je souffre pour Toi, pour régner avec Toi, et je meurs pour Toi, afin de vivre en Toi. Et Toi, telle un sacrifice immaculé, reçois-moi avec Toi, moi qui me suis sacrifiée avec désir de Toi. Par les intercessions de Ta Sainte, ô Compatissant, sauve nos âmes.






VIE DE SAINTE HERMIONE, femme médecin.


4 septembre.


Sainte Hermione était l'une des quatre filles du Saint Diacre Philippe ( fêté le 11 octobre), qui avait catéchisé l'eunuque Ethiopien de Candacie pendant toute la durée de son voyage. Le livre des Actes des Apôtres nous rapporte que ces quatre filles de Philippe étaient des "vierges prophétesses" ( Actes 10, 9), ce qui est dire qu'elles menaient une vie de pureté virginale et qu'elles prophétisaient.
Il arriva un jour que deux de ces quatre jeunes filles, Hermione et Eutychis, vinrent visiter Ephèse pour y prendre la bénédiction et y recevoir les conseils spirituels de Saint Jean le Théologien. Cependant elles n'en eurent pas le temps. Saint Jean, le disciple de l'Amour, s'en était allé "vers les demeures célestes". Elles rencontrèrent alors Pétronios, le disciple de l'apôtre Paul. Elles reçurent l'enseignement de cet homme pieux et divin et furent par lui profondément initiées aux mystères de la foi chrétienne. Et elles vivaient d'une façon agréable à Dieu, luttant pour imiter les vertus des Saints.
Hermione connaissait très bien la science médicale. Elle l'exerçait avec soin et beaucoup d'art. Elle se souciait en outre, en sus des remèdes matériels, de fournir aussi aux malades les remèdes spirituels que sont les saints préceptes du Christ, le médecin des âmes et des corps. Et en bien des cas, par l'invocation du nom du Tout-Puissant Seigneur Jésus-Christ, elle accomplissait des miracles et guérissait nombre de malades.
La réputation d'Hermione, comme Sainte, prophétesse, et thaumaturge, commença à s'etendre jusqu'aux confins de l'Asie. Un jour que l'empereur Trajan passait par Ephèse, pendant une expédition qu'il faisait contre les Parthes ( en l'an 114), il entendit parler des exploits qu'accomplissait Hermione, cette femme chrétienne. Il fut alors rempli d'étonnement et ordonna qu'on l'amène devant lui. L'empereur commença, par des flatteries et des promesses, à vouloir l'arracher à sa foi chrétienne et à l' amour qu'elle portait à son Fiancé Jéus Christ qu'elle vénérait avec tant d'adoration. La Sainte cependant, demeurant inflexible sur ses positions, il ordonna qu'on se saisît d'elle. Le visage de la Sainte chancelait sous la violence des coups, mais celle-ci gardait son calme et sa paix, pour ce que le Seigneur Jésus-Christ la fortifiait d'une Grâce spéciale. La Sainte regardait le Seigneur avec les yeux de sa foi et elle voyait aussi la silhouette de Pétronius la consoler. A un moment donné, Hermione, inspirée par le Saint Esprit, prédit à Trajan qu'il vaincrait les Perses et que son successeur, après sa mort, serait Adrien, son gendre, le mari de sa fille. A entendre ses dires, Trajan fut réjoui et, en contrepartie, la laissa libre.
Hermione retourna à ses travaux en glorifiant le Dieu Très Haut, qui l'avait jugée digne de le confesser par sa foi... Elle continua humblement de soulager, avec des sentiments de tendresse, la douleur des malades. Elle avait particulièrement souci des pauvres et des étrangers, et leur témoignait toute sa compassion. Elle fonda à leur intention un hospice, dans lequel ils trouvaient des soins empreints de sollicitude. Et son accueil des étrangers était unique. Hermione, offrant son amour désintéressé et sa chaleureuse présence réconfortait non seulement les corps mais aussi les âmes de ses patients.
L'an 117 monta sur le trône l'empereur Adrien, cruel, lui aussi comme ses prédécesseurs. Il fut informé de la conduite d'Hermione et de l'estime infinie qu'avait tout le monde pour elle. Il la fit donc venir au-devant de lui et lui posa des questions : Quel âge avait-elle? D'où était-elle originaire? etc... A quoi la Sainte répondit sans trembler : " Le Seigneur sait quel âge j'ai et d'où je viens." Ces réponses excitèrent la colère d'Adrien qui ordonna qu'on la fouettât sans pitié. Puis on lui planta des clous dans les pieds. Mais Hermione rendaît continûment grâces à Dieu en lui chantant des Psaumes et des hymnes, pour ce qu'elle était jugée digne de souffrir pour Lui, son Epoux bien-aimé.
Ensuite de quoi, l'on jeta la Sainte dans une chaudière emplie d'un mélange bouillant de goudron, d'asphalte, de plomb et de soufre. Mais le Seigneur rafraîchit sa servante d'une céleste rosée, et il la garda vivante. Le tyran s'approcha alors de la fournaise incandescente pour assister, stupéfait, au miracle. Mais il fut châtié. Sa peau s'arracha et les ongles tombèrent des doigts de ses mains. Hermione, dans la chaudière de bronze, s'écria d'une voix forte, qui ne tremblait pas : " Il est grand notre Dieu de gloire, le Dieu de tous les Chrétiens." Adrien, indigné par la puissance de la foi chrétienne ordonna qu'on la jette dans une immense lèche-frites bouillante. Mais il advint que les flammes incandescentes se dispersassent et brûlassent les curieux qui se trouvaient là. Puis, tout-à-coup, le feu s'éteignit. Hermione sortait victorieuse, une fois encore, de ce martyre. Alors on la conduisit au temple des païens pour qu'elle y fût sacrifiée aux dieux. Et là, par la puissance de sa prière, elle brisa les idoles.
Vaincu et tout couvert de honte, Adrien ordonna qu'Hermione fût décapitée. La Tradition rapporte que ses deux bourreaux Théodule et Théotime, se hâtant d'aller la décapiter avant qu'elle ne se fût mise en prières, furent châtiés par Dieu, leurs mains se trouvant soudain paralysées. Mais la Sainte pria pour eux et ils furent totalement guéris. Tous deux, profondément remués par ce miracle, refusèrent de la mettre à mort, renièrent leur impiété et devinrent Chrétiens. Le Seigneur, à cette même heure, les assura d'une mort paisible et les reçut dans son Royaume. Peu après Hermione s'endormit en paix, glorieuse et victorieuse, avant que de nouveaux bourreaux n'eussent le temps de venir la mettre à mort. Sa tombe se situe à Ephèse.
Hermione! Noble et martyrique figure de l'Eglise Primitive ( des Premiers temps du Christianisme). Puissions-nous être inspirés par cet esprit pur et héroïque. Demeurons libres et affranchis dans l'âme, en sorte que nous n'allions pas nous prosterner devant les grands de la terre. " Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul." (Deutéronome 6, 13). ( Matth. 4, 10).




TROPAIRE DE SAINTE HERMIONE. Ton 4.


Vierge intègre menant une vie vénérable, tu as pris pour Epoux le Verbe né de la Vierge Pure, qui a pris chair d'Elle. Par les luttes de ta piété t'a été donnée la Grâce qui divinise. Tu en illumines ceux qui sont dans l'égarement. Voici pourquoi c'est justement, Hermione, que Christ t'a glorifiée.




LES MARTYRES DE LA PURETE


"Comme un lys au milieu des épines,
ainsi est ma fiancée au milieu des jeunes filles".




VIE DE SAINTE MARIE METHYMOPOULA.


1er mai.


A l'époque printannière, lorsque fleurissent les lys et qu'embaume la nature, notre sainte Eglise recèle elle aussi ses parfums. Sa prairie spirituelle nous offre ses fleurs odorantes, ces fleurs que nous sont les Saints. C'est une telle fleur d'une rare beauté et d'une senteur admirable que figure à nos yeux la Nouvelle-Martyre Sainte Marie Méthypoula de Crète, que nous fêtons le premier mai.
Elle naquit au village de Kato Phourni (du Four du Bas) de Merambellou à Hiraklion. Elle vécut durant les dures et amères années de l'asservissement aux Turcs que fut la Turcocratie. Cependant le lourd hiver de la servitude ne l'étouffait pas, parce qu'elle laissait son âme s'adoucir sous l'effet des célestes paroles du Christ qu'instillaient et faisait dégoutter en elle ses pieux parents.
Quelle importance revêtirent pour elle ces premières années! Comme elles furent belles!... Chacune des paroles du Christ Sauveur, pour la petite Marie, se traduisaient en actes.
Avec constance et joie, elle érigea en son coeur un brillant "temple de Dieu", qui brilait de pureté et de sainteté. Et le trésor intérieur de vertu qu'elle y contenait ne pouvait y rester caché. Il transparaissait de toutes parts au dehors. Ses yeux brillants irradiaient une frappante beauté; ils renvoyaient le calme et la paix du Saint Esprit. Son visage, lui aussi, brillait, parce que s'y reflétait l'éclat de son âme. Le mot d'ordre de la petite Marie était : " Ne jamais céder aux volontés du Malin et du monde pervers."
Aux travaux des champs, elle était appliquée et empressée. Elle était toujours la première à servir aux corvées du ménage, dont elle s'acquittait très exactement. Enfin, elle excellait à remplir ses devoirs spirituels...
Elle méditait la Sainte Ecriture, les Vies des Saints, elle allait toujours à l'église, elle priait avec foi, elle obéissait à ses parents. Mais il y en avait un qui la jalousait. C'était l'ennemi du genre humain, le diable, qui tentait de l'emprisonner dans ses filets. En vain pourtant.
Dans la campagne où vivait Marie, était chargé de faire régner l'ordre un Abano-Turc, qui, la voyant, conçut pour elle une funeste passion. Et il commença de l'importuner. D'abord avec des mots prévenants et des flatteries, puis avec des sourires et des promesses. Marie, la fidèle disciple du Christ résista dès le commencement à ces avances, en leur opposant un noble et franc mépris. "Il n'est pas possible", se disait-elle, " que je livre mon corps et mon âme aux mains d'un infidèle. Bien au-dessus de ces plaisirs éphémères, je préfère le plaisir céleste et la joie que prodigue le Christ à ses amis qui, dans la pureté, luttent pour lui et pour atteindre à Son Royaume. " Et elle priait avec ferveur que le Seigneur la sauvegarde.
Le Turc, voyant que ses efforts périclitaient, devint mauvais et se courrouça. Sa sympathie pour la très belle jeune fille se mua en haine. Et, de par cette haine, il se laissa aller à prendre la décision de l'exterminer. C'est ainsi malheureusement que fonctionnent les iniques.
Marie était occupée à la sériculture, ce qui est dire au travail de la soie. Elle nourrissait des vers à soie et filait leur soie pour subvenir aux besoins de la famille. Au printemps et l'été, chaque jour, avec beaucoup de soin, elle cueillait les plus fraîches des feuilles de mûrier qu'elle trouvait, et elle les étendait bien soigneusement sur des claies. Et ces petits vers blancs comme la neige incessamment en mangeaient et grandissaient, jusqu'à donner leur précieux cocon de soie à leurs protecteurs bénis.
Combien pur et tranquille était ce travail! Marie le voyait et songeait : " Combien plus extraordinaire est le travail de la soie des vertus, par lequel l'homme fidèle tisse la robe de son âme, celle qu'il portera pour accueillir son Epoux le Christ. Combien il faut qu'elle soit blanche, pour qu'il puisse "déambuler" ( Apoc. 3, 4) dans les jardins du Paradis avec le Christ et Ses Saints!" C'est avec ces pensées que Marie se souciait d'élever chaque jour son âme vers les hauteurs du Ciel... jusqu'au jour où le Seigneur voulut la prendre auprès de Lui.
C'était à l'une de ces heures où, insouciante, elle avait grimpé sur un mûrier et où, solidement juchée sur une branche, elle coupait une à une, en chantonnant, les pus belles feuilles du mûrier. Un bruit soudain se fit entendre. C'étaient les pas précipités et nerveux d'un homme qui s'avançait , et qui écartait les plus hauts branchages. Et voici que là, devant elle, se tenait l'Albano-Turc, le gendarme, tenant son arme de service, le doigt sur la gâchette. Il était venu tuer cett fleur, ce lys de pureté.
Il visa bien sa victime et fit feu. La balle atteignit la pure jeune fille en plein coeur. - Ce coeur qui n'avait jamais cessé de battre pour le Christ. Tout en sang, la pure jeune Crétoise, Marie, tomba à bas de l'arbre. Le crime avait été consommé. L'Agarénien s'enfuit avec satisfaction et les anges descendirent du Ciel recevoir la si belle âme de la Nouvelle Martyre Marie, pour la remettre avec joie entre les mains de son Epoux! Combein de parfum, d'odeur de sainteté s'épancha alors parmi les tentes du Ciel!
Mais à la Crète, terre des braves et des Saints, quelle bénédiction conféra le corps martyrique de la pure vierge fidèle, Marie Méthymopoula! L'on était en l'année 1826.
Deux siècles ont passé depuis lors... Et cependant la mémoire de sainte Marie ne s'est pas éteinte. Elle est vivace et inspire fortement les jeunes fidèles, non seulement ceux de Crète, mais ceux de la Grèce entière, les incitant à mener une vie consacrée à Dieu et à Sa vérité.




TROPAIRE DE SAINTE MARIE METHYMOPOULA.
Ton 4.
Supplie pour nous avec ferveur, ô toi l'ornement de Phourni, fruit suave des Nouveaux-Martyres, toi, Marie, blanche aubépine. Ayant refusé l'amour d'un infidèle, tu as reçu un coup mortel, et de là, telle un moineau, sur les ailes de ton âme, tu t'es envolée vers ton Créateur.




VIE DE SAINTE XENIE DE KALAMATIA


3 mai


Sainte Xénie de Kalamatia appartient au choeur glorieux des femmes Grandes Martyres ( Mégalomartyres) du IV ème siècle. Elle naquit à Kalamata en 291 de parents fidèles à la Foi Orthodoxe, Nicolas et Déspina, qui étaient originaires d'Italie orientale - ce qui est dire de l'Est.
Les cruelles persécutions romaines les avaient contraints de s'exiler d'Italie en Grèce, et de venir jusqu'à Kalamata. Ils y vivaient un peu en dehors de la ville, dans un petit domaine agricole qu'ils cultivaient pour survivre.
Dans cette famille pauvre régnait la paix, parce que l'on y possédait l'unique trésor qui procure le bonheur, le Seigneur Jésus Christ. Les pieux parents élevaient leur unique petite fille, Xénie, selon les volontés du Seigneur. Et la fillette recevait avec grande joie les divins enseignements de l'Evangile. En raison des persécutions, elle ne pouvait pas fréquenter l'école. Mais elle apprit de ses parents à lire, en sorte de pouvoir déchiffrer la Sainte Ecriture qu'elle aimait énormément. Elle travaillait à la ferme familiale et elle glorifiait Dieu pour ses bienfaits. Tous les Dimanches, elle descendait avec ses parents à la ville, pour qu'ils pussent aller à l'église. Et ils s'en retournaient pleins de divines bénédictions et empreints de la Grâce du Dieu des grandes Miséricordes. Cependant qu'elle grandissait, Xénia se distinguait de ses amies par son innocence et par sa bonté. Bien souvent elle demeurait à jeûn cependant qu'elle donnait son repas à de pauvres gens. Et tous admiraient la beauté de son âme, qui reflétait sur son visage sa rare beauté.
Mais cette beauté, le diable la jalousa, lui l'envieux ennemi plein de haine pour l'homme, et il tendit un piège à la jeune fille. Domitien, le féroce éparque idolâtre de Kalamata, comme il s'en revenait un jour de la chasse, aperçut dans les champs cette très belle jeune fille, et sa beauté suscita en lui le désir d'en faire sa femme. Pour la fléchir, il eut d'abord recours à des pratiques d'envoûtement magiques. Mais Xénie, par la puissance de la Croix Vénérable, réduisait à néant toute influence démoniaque. L'éparque tenta ensuite d'attirer Xénie à lui. Il lui promettait présents, or, argent, gloire, honneurs, et même un mariage heureux, pourvu seulement qu'elle sacrifiât aux idoles. Le moment était difficile pour une faible jeune fille. Cependant son amour du Christ donna à Xénie une audace unique : et de toute la force de son âme elle confessa qu'elle était Chrétienne et qu'elle refusait de sacrifier aux faux dieux. Aussitôt alors commença le martyre de la Sainte. L'éparque, fou de colère, ordonna qu'on la tourmente en la soumettant à de cruelles bastonnades. Ensuite on la suspendit en l'air et, avec des torches allumées, l'on brûla ses chairs mises à nu. Quelle vision effrayante! Mais à cette chaleur se mêlait une fraîcheur céleste. Un Ange du Seigneur - invisible aux bourreaux- rafraîchissait la martyre et adoucissait ses souffrances. Ensuite de quoi, Domitien châtia les bourreaux qui n'avaient pas été capables de brûler Xénie à mort.
Peu après, elle fut jetée en prison. Là, en une vision divine, la Sainte reçut la visitation du Seigneur, qui la fortifia et la guérit totalement de ses plaies. L'éparque fut avisé de tout cela et, dans l'espoir qu'il atteindrait bientôt son but, il rappela Xénie. Il voulut l'amadouer avec des promesses et l'inciter à sacrifier aux idoles. Xénie feignit d'accepter; mais, lorsqu'elle arriva devant la statue du faux dieu, ele pria avec ferveur : il s'ensuivit un grand séisme. La statue tomba à terre avec vacarme et vola en éclats. Quantité de monde crut alors en le Dieu véritable. Domitien était maintenant fou de rage. Il n'aurait jamais cru devoir subir une telle honte. Hors de lui, il ordonna que l'on attachât Xénie à la queue d'un cheval en sorte que celui-ci la traînât à terre tout au long de routes défoncées. Mais le cheval ressentit de la vénération pour la martyre et refusa d'avancer. Tel un animal buté, il se tint immobile. Le nom de Dieu grandit une fois de plus dans la foule, car bien des idolâtres, qui étaient néanmoins gens de bonne foi, voyant ce nouveau miracle, crurent en le Dieu véritable.
Il ne restait plus qu'une issue : telle était la décision de l'éparque éhonté : " Xénie sera châtiée à mort par l'épée. Son coeur sera offert en don aux dieux pour les venger. Et son corps mort, les bourreaux le couperont en morceaux et le brûleront." Tout advint comme l'avait ordonné le tyran sanguinaire. Xénie, peu avant d'être égorgée, rendit grâce à Dieu pour la gloire que lui préparait son martyre, et elle Le supplia qu'Il voulût bien guérir, par les intercessions de Sa Sainte, tous ceux qui souffriraient d'infuences démoniaques et qui l'invoqueraient.
C'était le printemps. On était le 3 mai de l'an 318, lorsque la pure vierge de vingt-sept ans, Xénie, - toute fleurie des divines fleurs des vertus et plus embaumante que toutes les effluves du printemps - rendit son âme à son Christ-Epoux. Son odeur de sainteté se répandit aussitôt dans tout le Péloponnèse et au-delà, ce qui est dire que partout en ces lieux l'on sut que venait de naître au Ciel cette nouvelle Sainte. De nombreux miracles, dûs à ses intercessions, furent rapportés et des églises furent élevées, qui lui étaient consacrées. Et au lieu même où, selon la Tradition, avait été sis le domaine paternel de la Sainte, fut érigée une chapelle, en retrait des bâtiments ouvriers de Kalamata, à la porte ouest de la ville.
Sainte Xénie la Grande Martyre ( la Mégalomartyre) est considérée comme la patronne et la protectrice de ceux qui souffrent d'affections psychiques et de cardiopathies. Puisse-t-elle inspirer aussi les coeurs des jeunes gens et des jeunes filles à demeurer libres et affranchis des passions de l'âme et du coeur, en sorte qu'ils soient emplis pour notre Seigneur Jésus Christ d'une divine flamme d'ardent amour.


TROPAIRE DE SAINTE XENIE DE KALAMATIA.
Ton 4.




Par tes bains de sang, ô Xénie, tu t'es teint une robe éclatante. Tu te tiens près du Christ, comme une fiancée sans tache, resplendissante. Tu as reçu la grâce de délivrer des envoûtements, de chasser les démons, et de guérir les maladies. Intercède avec ferveur pour nos âmes.






LES MARTYRES DU MARIAGE


VIE DE SAINTE THOMAÏS
3 janvier


"Tu l'as couronnée de gloire
et d'honneur".


Sainte Thomaïs naquit au début du Xème siècle ( entre 910 et 913) dans l'île de Lesbos (Mytilène) toute florissante de saints, de parents riches et pieux, Michaïl et Kali, (qui signifie Bonne). Elle était le fruit des ferventes prières de ses parents à la Mère de Dieu Toute Sainte, car ils étaient sans enfant. La Sainte vécut les vingt-cinq premières années de sa vie à Mytilène (Lesbos). Et elle passa le restant de ses jours à Constantinople, dans le quartier de Chalcédoine.
La Sainte n'avait qu'un seul désir : orner son âme de piété envers Dieu et des vertus du Saint Esprit. A l'âge de vingt-quatre ans, contrainte par ses parents - et alors qu'elle-même désirait beaucoup suivre la voie qui consiste à se vouer au Seigneur - elle fut mariée. Par malheur son époux Stéphane était dur. Il était violent envers elle. La plupart du temps, il l'humiliait. Et la Sainte opposait à sa conduite barbare sa patience, sa douceur et sa profonde indulgence. Voyant les plaies provoquées par les coups que lui assénait son mari, elle rendait gloire et grâces au Seigneur qui l'avait jugée digne de porter une si lourde et si dure croix, grâce à laquelle elle apprenait à cultiver une foule de vertus. Elle mettait son amour à tenter d'apaiser les explosions de colère de son mari. Et jamais elle ne se plaignait.
Souvent la Sainte passait la nuit en prières dans la Sainte Eglise de Blachernes. Et dans la communion d'esprit et de coeur qu'elle partageait avec Dieu, elle puisait la force nécessaire à mener son combat journalier. Elle priait non seulement pour ses requêtes propres mais aussi pour le monde entier. Elle étreignait dans sa prière tous ceux qui souffraient et tous ceux qui supportaient des épreuves. Parce que la Sainte savait ce qu'était que souffrir, elle comprenait les malheureux et compatissait à leurs souffrances. Elle ne se contentait cependant pas de compatir en pensée. Elle témoignait aussi de son amour en actes. Sa vie était un sacrifice perpétuel et un service incessant des pauvres, des souffrants et des malades. Elle consolait les endeuillés en leur prodiguant des discours empreints d'espérance et de foi, et peignant la Résurrection. Et elle était particulièrement compatissante envers les hommes entraînés au gouffre par le péché, et plus encore envers les femmes perdues et apostates. Pour celles-ci la Sainte était une planche de salut. Car, avec ses discours emplis de tendresse, elle éveillait leurs consciences, les conduisait au repentir et les menait au port de l'Eglise, jusque dans le Sein paternel de notre Dieu de tendresse.
La Sainte était véritablement un être de Dieu, emplie de piété et de riche vertu. Elle avait tourné ses regards vers le Royaume des cieux et elle s'acquittait avec précision et exactitude des préceptes de l'Evangile sans se plaindre de ses difficultés et de ses problèmes propres.
Pour ses moeurs, sa conduite de vie et sa sainteté, tout le monde la vénérait grandement, la reconnaissait pour ce qu'elle était - une Sainte Femme-, et ce, d'autant que ses prières étaient miraculeuses. Nombre de malades furent guéris par la force de sa prière.
Bientôt Sainte Thomaïs eut accompli en tant que femme le combat de sa vie spirituelle. Le Seigneur de la vie et de la mort jugea qu'il lui fallait laisser les choses de ce monde et les quitter pour rejoindre les tentes du Ciel, en lui octroyant la "couronne d'immortalité." Ainsi, à l'âge relativement jeune de trente-huit ans, pieusement et paisiblement, elle s'endormit dans le Seigneur. Car elle avait rempli le devoir de l'amour de Dieu et du prochain, et elle avait laissé l'exemple d'une patience qui ne soupire point ni ne se plaint, soulevant treize ans durant la lourde croix d'un mari caractériel, et servant le Seigneur sous la figure des pauvres et des souffrants.
Sa tombe devint l'emplacement d'un Saint Monastère de femmes - dont sa mère fut l'Higoumène -, et celui-ci fut appelé "la petite Rome", à Constantinople. Il était situé entre les portes de Polyandrios et de Silyvrie.
Quarante jours après son ensevelissement eut lieu la translation de ses saintes reliques, et elles furent placées dans un reliquaire précieux à l'intérieur du Katholikon du Monastère. Nous avons reçu ce témoignage que ses mains étaient pareilles à celles d'une athlète, gonflées d'oedèmes, à cause des coups qu'elle avait reçus de son mari. Sa mémoire fut célébrée comme un jour de fête, chaque premier janvier, jusqu'au dixième siècle. Plus tard cependant, la célébration de sa mémoire fut déplacée au trois janvier, pour être célébrée avec plus d'éclat, parce qu'elle tombait en même temps que la Fête Christique de la Circoncision du Seigneur et que le jour de la mémoire de Saint Basile le Grand.
La Sainte continua de faire des miracles après sa mort. Sa tombe devint un haut lieu de pélerinage. Là, les fidèles confiaient secrètement leurs luttes, leurs soucis et leurs problèmes. L'on dit qu'y arriva un jour son mari même, possédé par un esprit impur. Et ayant demandé grâce et pitié à sa sainte épouse, il fut délivré de ses démons.
C'est avec justesse que notre Sainte fut appelée "la protectrice de la vie mariée et la réconciliatrice des époux". A une époque où l'institution du mariage est en crise et où les gens, au moindre premier pétexte, rompent le lien sacré du mariage, Sainte Thomaïs vient nous enseigner la grande leçon de la patience et de l'indulgence. La gentillesse, la bonté et la tolérance d'un (d'une) époux (épouse) envers son époux (épouse) deviennent des brise-vagues qui, de fait, brisent les vagues des instants difficiles. Celui qui cède le premier - grâce au Seigneur- est le vainqueur. Et l'amour vainc tout! " Nous supportant donc mutuellement dans l'amour", nous gagnerons toujours les bonnes grâces des autres. Et la paix du Christ règnera dans nos maisons.


Tropaire de Sainte Thomaïs. Ton 4.


Les afflictions de ta vie, comme autant de dons raisonnables, tu les as offertes au Christ, et tu as reçu en échange, ô Sainte, la force et le don de faire des miracles. C'est pourquoi, comme exemple vivant et divin d'épouse, nous te chantons, Thomaïs, et nous te crions avec foi : " Réjouis-toi, ô vénérable ornement de Lesbos! "




VIE DE SAINTE MARIE LA NOUVELLE
DE BIZYIE EN THRACE
16 février


Sainte Marie la Nouvelle vécut sous le règne du roi Basile Ier de Macédoine (875-886) à Constantinople. Elle était originaire d'une famille arménienne de la riche noblesse. Lorsque son père mourut, elle fut mariée à Nicéphore, un homme doué d'une vive intelligence dans l'administration des affaires et noble dans ses pensées. Marie remplissait ses devoirs domestiques et familiaux d'une façon exemplaire et agréable à Dieu. C'était une femme humble, priante, et d'humeur joyeuse. Elle contenait avec douceur les explosions de colère de son mari, et, de son amour, réchauffait les coeurs souffrants de son prochain. Elle épanchait sur les pauvres de riches aumônes et, toujours, les accompagnaient de ses ferventes prières.
Le Seigneur Jésus Christ éprouva ce couple par la mort de leur petit enfant de cinq ans. La fidèle mère buvait ce calice amer sans se plaindre, répétant les paroles éternelles de Job : " Comme il a paru bon au Seigneur, ainsi en est-il advenu. Béni soit le nom du Seigneur" ( Job, 1, 21).
En l'an 894 l'Empire Byzantin se trouva en guerre avec les Bulgares. A Nicéphore, qui était actif et doué, fut confié le soin de diriger Bizyie en Thrace. Sa fidèle épouse Marie le suivit en ces lieux nouveaux pour elle. Là, cette âme pieuse et amie de Dieu continua d'adorer Dieu avec dévotion, de prier avec foi et de faire du bien à tout homme souffrant. Dans le coeur de Marie, il y avait place pour tous : Serviteurs de la maison, pauvres et étrangers, gens connus et inconnus, tous étaient pour elle ses plus chers amis. Il fallait que tous, comme "des frères du Seigneur", fussent honorés et servis par elle dans chacune de leurs nécessités, d'abondance et avec grande générosité.
Bien souvent, elle accueillait du clergé, prêtres et moines, envers lesquels elle nourrissait particulière piété et dévotion. Elle écoutait avec beaucoup d'émotion et de reconnaissance leurs paternels conseils, et suivait leur guidance spirituelle, les appelant des "anges de Dieu."
Ses plus douces heures, Marie les passait dans sa chambre en prière et en communion de coeur et d'âme avec Dieu.
Cependant toute joie et toute douceur spirituelle sont mises à l'épreuve par notre tendre Père, notre Dieu de bonté. Lui-même nous assura que "c'est par beaucoup d'afflictions qu'il nous faut entrer dans le Royaume de Dieu" ( Actes 14, 22). Cette nouvelle épreuve fut encore une épreuve de mort. Le Seigneur voulut prendre auprès de lui leur deuxième fils, pour le mettre à l'abri de la perversité du monde.
En cette nouvelle épreuve, Marie, la mère fidèle, excella une fois encore. Elle gardait le coeur serré, mais elle regardait bien haut vers le Ciel, et, les yeux mouillés de larmes, disait : "Mon Dieu, ce que Tu veux, Toi! Je te rends grâces. Que ce que tu veux, toi, advienne! C'est Toi qui sais ce qu'il me faut".
Le Seigneur bénit et rétribua la fidèle conduite, qui plaisait à Dieu, des époux Nicéphore et Marie. Peu de temps après, en effet, celle-ci mit au monde de beaux jumeaux, dont l'un allait faire carrière dans l'armée, et dont l'autre allait suivre la voie angélique des moines.
Cependant à ce moment heureux que traversa leur couple succéda une nouvelle épreuve, qui infligea une plaie à leur unité conjugale et qui fit resplendir la sainteté de Marie :
Des parents de l'époux de Marie la calomnièrent auprès de son mari, prétendant qu'elle l'avait trompé. Chose que Nicéphore ne put supporter. Rendu fou de colère et transporté de rage, sans examiner plus avant les condamnations et en dépit des larmes de sa femme, qui assurait devant Dieu qu'elle était innocente, il se jeta sur elle, et, l'ayant saisie par les cheveux, il la frappa si violemment qu'il lui porta des coups mortels. Aussitôt accoururent des gens de la maison pour la secourir. Mais il était trop tard. Marie, grièvement blessée, ne put résister aux coups. Deux jours après, succombant à ses blessures, elle mourut.
Durant la préparation de sa dépouille mortelle un ineffable parfum suave - l'odeur de sainteté - emplit tout le lieu. Le Seigneur, qui est le Juste Juge, manifesta de sa manière propre combien lui avait plu et agréé sa fidèle servante Marie, intègre et qu'il s'était choisie - Une âme pure et sainte, une épouse fidèle, qu'il avait fait s'envoler vers les demeures du Ciel avec une grande gloire. Ses riches vêtements et ses bijoux en or, elle les avait tous vendus pour soulager les pauvres, pour racheter des prisonniers et pour embellir des églises, les églises de son Seigneur.
Après la dormition de sainte Marie se produisirent de nombreux miracles. Un démoniaque fut libéré de l'esprit impur qui le tourmentait. Et une foule de malades obtint la guérison par les intercessions de sainte Marie.
Profondément contristé, son époux Nicéphore implora la pitié et la miséricorde de Dieu pour son grand péché et, s'étant repenti, il érigea une très belle église pour abriter la vénérable relique de son épouse.
Syméon, le tsar des Bulgares, lorsqu'il envahit et prit Bizyie, tenta de profaner la tombe de la sainte. Mais alors, une étrange flamme en surgit, qui le terrorisa et l'empêcha de commettre cette profanation. C'est pourquoi il n'osa plus violer la tombe et la laissa intacte.
Sainte Marie la Nouvelle, avec sa vie de patience, nous montre que la voie qui mène à la gloire du Ciel est difficile à parcourir. Elle demande beaucoup de peines et de tribulations. Le Dieu compatissant et miséricordieux, à chacun de nous, à proportion de ce qu'il peut supporter, lui envoie des afflictions "afin de le faire communier à sa sainteté". ( Hébr. 12, 10).
Ne nous lassons pas de nous efforcer vers le Salut! Recevons humblement et avec action de grâces tout ce que nous envoie le Seigneur de bonté. Ainsi nous vaincrons toujours l'adversité, avec la grâce du Seigneur, et par les intercessions de nos Saints.
Sainte Marie, prie pour nous!




Tropaire de Sainte Marie la Nouvelle. Ton 4.


L'agnelle de Jésus crie d'une grande voix : "C'est Toi, mon Epoux, que je désire, et en Te cherchant, je lutte, je suis crucifiée avec Toi, je suis ensevelie dans Ton baptême, je souffre pour Toi, afin de régner avec Toi, et je meurs pour Toi, afin de vivre en Toi. Et Toi, reçois comme un sacrifice immaculé celle qui avec un désir fervent s'est sacrifiée pour Toi." Par ses intercessions, ô Compatissant, sauve nos âmes.






VIE DE SAINTE ARGYRIE
5 avril


La Sainte Nouvelle-Martyre Argyrie naquit à Pruse de Bithynie en 1688 de pieux parents, Georges et Suzanne. Dieu l'avait dotée de la beauté extérieure alliée à une noblesse naturelle, encore agrémentée de bonté. Cette pure jeune fille aimait beaucoup Dieu. Elle le vénérait profondément et cultivait avec une exacte précision les vertus évangéliques. Elle était pour beaucoup un lumineux exemple.
Cependant le diable l'enviait et la jalousait. Le fils d'un notable de ses voisins, musulman, s'éprit d'elle. Et, l'importunant de ses assiduités, il tentait en vain de lui faire des propositions de mariage et tâchait méchamment de l'arracher à la foi et à la vie chrétiennes.
Le désir de ce méchant homme fut à son comble lorsqu'il apprit que la pieuse Argyrie se mariait. Peu de jours, donc, après la célébration du Mystère et tandis que les jeunes époux célébraient - selon leur Tradition - un Office de Supplication à la Toute-Sainte Mère de Dieu, cet ennemi de la foi, escorté d'autres mahométans, surgit dans l'église, et procèda à un enlèvement par la force. Ce jour-là, la jeune épouse portait encore sa robe de mariée. Et ils la conduisirent devant le juge de Pruse. Tous d'une seule voix l'accusèrent et la colomnièrent devant lui, prétendant qu'elle avait dit "vouloir changer de religion et adhérer à la foi d'une Turque".
S'ensuivirent pour la Sainte des bastonnades, des tourments et l'emprisonnement. Voyant l'action injuste qui était intentée à sa pieuse femme, l'époux d'Argyrie tenta de faire réviser le procès à Constantinople, espérant que l'on reconnaîtrait ses droits et qu'elle serait innocentée.
Mais, par malheur, poussé par le Diable, le fils du notable, toujours aussi envieux, arriva lui aussi à Constantinople et il y refit la même déposition mensongère, cependant que la Sainte, sans se troubler, assurait : " Jamais je n'ai pensé ni dit quelque chose de semblable, jamais je n'ai dit que je renierais ma foi. Je suis Chrétienne et je veux mourir Chrétienne.
Sur un nouvel ordre du juge Turc, ils attachèrent Sainte Argyrie et l'enfermèrent dans la sombre et humide prison du quartier de Chaskiï ( à Picridio). S'ensuivirent d'autres enquêtes au tribunal, mais sans aucun résultat. Les parents de la pieuse jeune mariée parvinrent jusqu'au Sultan lui-même, mais tous leurs efforts, malheureusement, demeurèrent vains. La décision du tribunal demeurait toujours la même et il fallait qu'elle soit précisément exécutée : " Ou elle changera de religion et épousera le fils du notable ou bien elle sera emprisonnée à perpétuité." La sainte préféra la deuxième solution. Sa conscience et son amour pour le Christ lui interdisaient d'agir d'autre sorte. Elle demeurerait fidèle au Seigneur "jusqu'à la mort".
Les conditions de vie en prison étaient très dures. Il y avait, enfermées avec elles, des femmes Turquess condamnées pour de lourdes peines. Elles importunaient la Sainte, la tourmentaient, l'injuriaient, la raillaient. La Sainte devait également subir des bastonnades et d'autres supplices. Elle souffrait pour l'amour du Christ. Des femmes Chrétiennes, qui avaient été emprisonnées avec elle et qui maintenant étaient libérées, lesquelles avaient été ses témoins oculaires, à présent témoignaient de sa sainte conduite et de l'exemple qu'elle montrait d'une vie de patience.
Dix-sept années entières Sainte Argyrie demeura en prison, "captive pour le Christ Jésus". Elle supportait tout avec joie et allégresse. Sa prison était pour elle un Ciel et un Paradis! Elle respirait le Christ et elle vivait dans une abondance de Grâce et de paix. Elle gorifiait incessamment le Seigneur.
Lorsqu'un jour on vint l'avertir qu'un pieux homme riche, Emmanuel Kiourtzibassis, avait intercédé pour elle, et offert le prix du rachat de sa liberté, elle refusa d'accéder à sa proposition.
Elle préféra rester en prison, "le palais royal", comme elle l'appelait, du Christ-Roi.
Ce fut dans ce contexte qu'après dix-sept années entières d'enfermement, Argyrie rendit son esprit au Seigneur le 5 avril 1721. Elle avait préalablement communié aux Saints Mystères qu'on lui avait portés, cachés dans des raisins.
Selon son désir, de pieux Chrétiens ensevelirent ses saintes reliques martyriques dans un coin du jardin de l'église de Sainte Parascève à Chaskiï, où il y avait alors un cimetière. Le 30 avril 1725 eut lieu la translation de ses saintes reliques. Saint Nicodème Aghiorite, son biographe, écrit que la vénérable dépouille de la Sainte fut retrouvée intacte et qu'elle embaumait d'un divin parfum. Avec la bénédiction du Patriarche de Constantinople d'alors, Païssios, des prêtres et des fidèles, en proie à l' émotion et emplis de piété, la déposèrent dans un reliquaire en l'église de Sainte Parascève. Dès lors, la Sainte fut honorée et pieusement vénérée le 30 avril de chaque année, jour de la translation de ses saintes reliques.
Durant les dramatiques événements de 1955 qui advinrent à Constantinople, des Turcs fanatiques détruisirent et profanèrent entre autres la sainte église de Sainte Parascève. Ils mirent aussi le feu au saint reliquaire. On ne put sauvegarder que de petites parcelles des saintes reliques de notre glorieuse Néo-Martyre, qu'abrite aujourd'hui un petit reliquaire.
Une église vouée à Sainte Argyrie fut inaugurée par le Métropolite de Mytilène, Iaccovos III, dans le bourg de Panagyouda de Lesbos, où la Sainte est honorée avec éclat.
C'est justement que la Sainte Nouvelle-Martyre Argyrie fut appelée " sainte patronne protectrice du mariage et de la jeunesse pieuse." L'un de ses contemporains hymnographes, le Père Athanase de Simonopétra de la Sainte Montagne de l'Athos, dans le canon de supplication qu'il composa en son honneur, disposa comme acrostiche la supplique si expressive : Fais-nous don, Argyrie, de la sagesse."
Et, dans une belle hymne, il la prie de fortifier par ses prières les fidèles époux pour qu'ils mènent une vie de gens mariés agréable à Dieu :
" Tu as gardé ton mariage immaculé. C'est pourquoi, ô Martyre, garde toujours purs les pieux époux." Puissent, par les intercessions de la glorieuse Sainte Nouvelle-Martyre Argyrie, les jeunes familles de notre patrie vivre dans la paix et dans la joie et demeurer des colonnes inébranlables sur le rocher intangible de notre foi, notre Seigneur Jéus Christ!




Tropaire de Sainte Argyrie. Ton 3.


Ayant soutenu avec une foi divine une lutte de tant d'années, Nouvelle-Martyre Argyrie, tu t'es sanctifiée. Et ayant glorifié le Christ par tes souffrances, tu as fait croître tes charismes divins. C'est pourquoi intercède pour donner à ceux qui t'honorent le pardon des péchés et la grande pitié.