lundi 4 mars 2024

Presbytera Anna, BALLADE DES ÂMES Epopée religieuse CHANT UN L’ENFER

 v



BALLADE DES ÂMES

Epopée religieuse

CHANT UN

L’ENFER

PRELUDE


Las ! Où écrirai-je, ô mon Âme, où écrirai-je ?

Rien pour écritoire ne m’ont ici laissé

Que les murs de ma geôle, où m’ont mise à croupir,


Les mains liées, la bouche muette, les lèvres

Surcousues, la langue, par torture, arrachée,

Presse de maquignons, Censure, m’ont tout pris ;


Son imprimatur, le pape m’a dénié.


Autres, qui ne sont moins du mieux, Loups, sans pécune,

Pour leur désinformer, m’ont monnayé restant.


Ce sont cabbales, torche-nez de Décrétales,

De politiques, de charnels, de temporels,

Esprit désavouant – vils comptes d’escarcelles-,


Pour lavage d’opinion, vous pillent, vous tuent.

Hélas ! Echo même, ma voix plus ne me rend,

Ni poussière, l’enfante, par force ravie ;


C’est Proserpine, à Terre Cérès arrachée.

Mais ce fut pour boire, du calice, la lie,

Qu’à Dieu restituai-je, avec l’époux, l’infante.


A son beau front pâle, du diadème l’ai ceinte ;

Sous le linceul du Christ, sa blanche fiancée,

D’amour de mère, pour l’Eternel, l’ai parée.


Sous terre, un instant à peine, a nuit reposé ;

Au Ciel, son âme ont les Archanges portée.

Las, à seulement oublier, avec mon dol,


La faim si féroce, qui mon ventre tenaille,

Jamais, pourtant, ne puis à satiété dormir :

Les Puissants bombardent ; les Puissants bombardent.


Leurs rafales mitraillent, leurs obus déchiquent ;

Pleuvent leurs bombes, chars, chariots, nous néantissent,

D’enfantelets conduits, qu’au supplice l’on mène.


Ordres monstrueux d’immatures inconscients !

De nielle et rouillure acier, dévorés, leurs cœurs ;

Bêtes inanes, ombilics, dont regards tuent,


Déments aspics, vous, constrictors mythologiques,

Déversant fiel, absinthe, ellébore, asphodèle,

Pantins de robotique, au pouvoir mécanique,


Pour sang verser, fous assoiffés, en cruels ivres,

Nérons, Héliogabales, Stalines, Vampires ;

De vie, rien ne savent, que jouer à tuer,


Sur fond rouge d’Enfer, de feu rouillant, de lyre ;

Les Puissants bombardent ; les Puissants bombardent ;

Jusqu’à la mort traumatisés, les doux enfants,


Qui, ce jour miraculés, en réchapperont,

Demain, vivants, si beaux, sauteront sur les mines ;

Lors, leur sang caillé, noir, au cœur des Pénélopes


Saignera, qui de leur cœur ont tissu ces cœurs ;

Mères inconsolées, d’amour de Mort blessées,

A mort meurtries, de ne pouvoir plus qu’en penser


Adorer enfançons, qu’entre leurs bras bercés,

D’amoureuse passion baisèrent en leurs boucles ;

Anges confiants, lors, aux sourires de ravis !


Sur les mines saute l’enfant à la colombe ;

Bouche de lait n’a sein ni cœur en discrépance,

Où larmes éverser qui son âme secouent ;


Quel Saint eût souffert sans larme ? A voir en leur tombe,

Morts, l’enfant et sa mère, par bombes tués

D’hégémoniste finance, qui la Vie Tue.


Vois la déferlante tuer nos Orthodoxes !

En l’Arche, rouleaux briser, de Tradition Sainte ;

Porte, en rose des vents, des endeuillés Prière !


A grand peine d’ascèse, en Morts, aux mers, ils sèment ;

Du soc, recourbés, de charrue d’amour, écument

De sang leurs pleurs, qu’aux eaux d’enfantement ils mêlent ;


Sont tant de Morts aux brasiers allumés des fleuves !

Tant moribonds, couchés aux rues, leur tour attendent !

Ce semble vus d’Enfer les brasiers éternels.


Que si de trop souffrir l’âme de douleur dure

Eclate, qu’elle se dise que vite passe

Tout d’âpre vie, qu’En Haut, de lutte est la couronne ;


Hélas ! De ce Shéol, sur rien n’ai vue que ruines,

Qu’aperçu de ciel, calcination, lézardes ;

Mise en tourments, suivants, n’ai que rats ; pour brouet,


Cafards pestilents de latrines, cancrelas.

Mais, d’amis, n’ai point. Ceux d’antan nous tuent, proscrites,

Aux déserts murés, de toutes les fins de la terre.


Maints noms et mien relégués, à conque de pourpre,

D’exil ostracisés, nos morts contresignèrent ;

Quels, en morte vivante m’ont aussi muée.


-Ceux qui, aux geôles, l’Enfermement organisent,

Sur le silence comptent d’iceux qui leur sale

Travail cèlent, fient à mort vies déshéritées -.


Ce jour, Evêques aussi, las ! aux camps se meurent,

D’athées sadiques torturés millions d’êtres ;

Du terrorisme d’Etat quand serons-nous libres ?


Ce n’est point là d’amour partager aux plus pauvres,

L’égalité pour tous, d’êtres consubstantiels ;

Du Mal Radical d’Athéïsme n’est que Diable ;


Mais des Tyrans fausse science en fait déniement ;

Sont aux prisons jetés, d’asiles, qui le clament ;

Et morts de Tchernobyl sont plus qu’aux tours gémelles ;


Par centaines de milliers, tristes, vont ces Morts,

Qui eussent survécu si eût aidé le monde,

Quel végéter en Mort suit, d’abandon des siens.


Sur terre, au petit déjeûner, leur poste allument ;

Ouïssent égrener des morts la litanie sans fin,

Et millions mourant. Eux, n’en sont empêchés vivre.


Ah ! Combien ! qui matin alertes au fricot,

Soir, assis, aux donzelles des morts déjeûnèrent !

D’autres, Morts, s’éveillèrent ; sur eux, la Présence !


Mais le chant de ma voix, nul plus ne me veut rendre ;

-Crainte chimérique des sirènes ailées - ;

Et les autres, en foule innombrable, ont péri,


Par les armes passés, pour n’avoir point tiré,

Ni, plus que leur foi, leur vie désiré défendre.

Par mort enrôlé, de mitraillettes armé,


L’enfant regimbe, et se rebiffe ; sur le mont

De Mort ne veut aller ; le Diable y adorer ;

Sous fauconniers de plomb plus ne veut lui Tuer


Sa Vie l’autre laisser. A bas ! « Raison d’Etat » !

-Lui serinât-on- « te commande : A Tuer raison ;

Sans rime ni raison enjoint. » Or, c’est folie


Sociale, à fissure d’atome arraisonnée ;

Cette raison est d’hommes déchus, qui délaissent

Aux bêtes, par déraison, gouverne de rois.


Ce sont Tyrans, Tyrannosaures de nos âmes ;

Ils sont nuls, psycho-rigides, sans affects, morts

En raspoutitsa, boue des cœurs, le monde embourbent.


Qui le monde en Huron regarde, leur orgueil

Paranoïaque voit, de leurs démons la horde,

Qui la coulée des jours glace, et tout bonheur ruine.


Fragile et sans défense, l’enfance ils massacrent,

Tuent son père, en souffrir vie ruinent de mère ;

-Souffrir à mourir, par gâchis de diables mâles-.


Contre la violence des hommes ne font lois,

Ni châtiments respectant au pénal n’infligent.

Des dirigeants politiques la Diabolique


Déchaîne ils laissent impunie, en diamantaires ;

Nulle mesure prise, enfants-soldats, Martyrs,

Maffieux contraignent cannibalisme commettre.


D’existentielle aporie – Dieu ou Diable -, jettent

Dieu – croyant liberté trouver, au pis néant - ;

En latrines se sont nez à nez mis au Diable.


Ne sont au monde que deux sortes d’êtres, disent

Saints : Les Divins et les Diaboliques, quels,

Progressivement, ou régressivement, marchent.


Christ, de leur parcours, toute l’amplitude couvre ;

Ciel, Terre, Enfer, où sauver Saints Il descendit,

De l’antique avant-Lui, par Lui, miroirs de Dieu.


N’est binaire alternative, mais tout ou rien.

Ministresse de sale police, aux couvrantes

Puantes, sans air. Christ, Ses sectateurs, classés « secte ».


A qui prend tout le Diable, reste la Prière

Du Cœur. Nul, jamais, ne vous en peut dépriver.

Ignobles vont aux ignominies ; Saints, à Dieu.


Si Puissants croient, toujours, au seul choix échapper,

De leur tout font dénégation : Bombarde, ignoble…

De là qu’au miroir, schizos, regarder se peuvent.


Dictateurs ! Droit de mort ont pris  sur ce qui fut

De nos enfants la vie, qu’ils ont laissée mourir,

De leur national phylétisme, sous les balles.


Nos enfants ! qui gisent sans souffle, sans un cri,

Aux charniers étendus, glacés, de ceux à vie

D’autrui, qu’ont leur loi préféré, d’idéologues.


Sont fauteurs les tueurs, de Satan succubes,

Avant le Jugement au Divin Tribunal,

Leurs âmes d’iniques d’avoir maudit soi-même.


Des jeunes beaux enfants morts, sanglotantes errent

En nichtiomachie d’aux nuits, fantômes, mères ;

Pour Droits de l’homme à non-mourir luttent ces femmes.


Nous, mères, qui de nos chairs sommes dépouillées,

A qui plus ne reste que nos voix nues plorantes,

Pour de l’Ombre de Dieu sortir, qu’ils ne tueront.


Nous, femmes irrédentes, inobédientes,

Êtres devenues de synthèse, en large empan,

De pleurs de nos enfants perdus, monde couvrîmes.


Pour que des humains se fît le renouement, - Quand ?-.

Dans le sang se dénoua perte, à l’origine,

De Ta Lumière Incréée, qui voit le monde Un.


Nous, d’en lune, à toutes planètes en rencontre,

L’horizon planétaire balayer Christ vîmes ;

Dieu, son soleil sur toutes les nations lève.


Aux politiques de nul bord ne céderons,

Quels d’idéologie tuent, l’ombre déchiquettent,

Vie troquant, sans prix, d’enfants, pour lambeaux de terre.


De l’ombre et la Lumière gigantomachie,

Drame, combat, que sous l’Ombre de Dieu s’apaise,

Quelle en la Nuée la Lumière présage.


Basse « raison » de primates enténébrés !

Lumière d’ombreuse, fausse libératrice,

A libertés mensongères asservissant !


Tutelle mancipatrice, fers d’infantiles,

A vie de mort, par trafic d’armes, les mènent.

Mortes vérités d’un scientisme fait dieu !


Ô Vérité ! Serais-tu donc biologique ?

Politique ? Nucléaire ? – Assurément, chère :

« Hiroshima, je t’aime ! ô Enfer, mon amour ! »


De leurs bouches d’ombres assassines, surgirent,

Ains’ que d’en jarre antan de Pandore, tous vices,

Sur planète exsangue, à feux follets épandus.


Non, ce n’est point là raison d’imagination,

Celle d’un enfant-roi, qui n’a pas bu l’eau folle,

Et qui sait trop, en Sage, que, pour son royaume,


Dans la paix, conquérir, il sied d’épouser seule,

Avec sa princesse, en vérité sa Foi ;

Et qu’à nuls qu’à ce preux soupirant, livrera,


Par temps immémorial, secret de monde d’Un

Recréé. Qu’en place de Croix, pierres tombales,

De pleurs planterait, près cyprès de bienvenue,


Arbres de liberté, parmi senteurs de myrrhe,

Pour qu’aux myrtes ses ailes recousues déploie,

Après Temps, aux entours, de diluvien Déluge ;


« -Je pleus », dit Dieu. « - Je pleure », plaint l’âme en souffrir ;

« Roi du Ciel, Consolateur ! Paraclet ! Esprit

De Vérité ! Viens ! Nous purifie ! Nous demeure ! »


Blanche Colombe, de Paix l’annonciatrice;

Christ Enfant, d’argile, des oiseaux modelait,

Enquels la vie Il insufflait, qu’ils emportassent,


Qui Mortes n’étaient, des trop grands souffrants les âmes ;

De liberté, au berceau balancée, infante,

Le tombeau font vils. Mais Saint sous la lame mettre,


C’est Ciel et Terre ensemble que la mer soulève ;

Car lorsqu’en leur cercueil, pour leur dernier sommeil,

Les Saints de Dieu l’on couche, c’est le Ciel en Terre


A clore en Mer, dont arde au monde en Feu Prière.

Ainsi songe l’enfant. Mais on le tue, de crainte

Qu’il ne parle. D’aucuns croient survivre sans âme.


Morts-vivants, dont fait l’affligeante vue gémir ;

Sans vrai guide, à traverse des passions, mer

Démontée, que ? cette hagarde multitude


Sans périr, les rets passerait-elle du Diable ?

Oh ! Foule océane d’enfants perdus des villes,

Sans père aimant, pour les tôt reprendre à l’errance,


Sur son beau cœur de Saint leur façonner une âme,

Haute raison supérieure leur forger,

Qu’à vue éminente en point haut, tout leur mieux prissent :


Pour ce que Raison du Saint est Raison du Coeur,

Comme il possède l’Intelligence du Cœur ;

Comme touche seule la Vérité du Cœur :


Cœur purifié auquel Dieu donne d’en finis

Equivalents du monde y entrer l’Infini.

Après chemins de Croix pour Silence d’Agneaux,


Injustice plus indigne d’être, à tous, tue ;

Muette iniquité, par lois d’Etats scellée ;

Holocauste sanglant pour immolés sans- Droits,


Au fer rouge marqués, du pape désignés,

A Poutine, à Israël, et co-conquêtants

Adossé, de ses desseins pervers alliés,


Pour Vrais Chrétiens néantir, qui n’en font leur Oint.

-De Dieu se couvrant, pour de leur Diable faire œuvre- ;

Princes-caméléons, unis à salamandres,


Dont scorpions s’engendrent, et fils démoniques,

De mortel Ennemi les agents telluriques,

Par queues de mirages éjaculant venin.


Aux Diables d’Apocalypse ils se sont voués ;

Tous rois de la terre, du Satan rassemblés,

Le Mont Harmagedon sont sommés d’investir,


Et nos coupoles dorées ! Des frimas, dégel,

Et nos lities sous la neige, où point fleur d’hiver ;

Qu’au jour enfin paraisse, qu’au printemps explose,


Comme prime le narcisse, à qui tourne un monde,

Comme matrices, l’Esprit, tout soudain, entrouvre,

Sa consolation de non-séparation.


Ces femmes qu’au pétrin l’on voudrait renvoyer,

Disgraciées, trimer, à leurs campagnes libres ;

Elles seules de la vie savent le non Prix,


Et de chaque être, tout unique, rareté,

Singulière préciosité, aux Temps, au monde,

Et son tribut si lourd, et sa douleur de mort.


Comment sur quiconque pourraient-elles frapper,

La main porter ? A elles seules, Dieu donna

De don faire du jour, par privilège immense.


Car elles ont aussi ce don reçu, inné :

Le Respect de la Vie, inestimable ; quelles,

D’en mourir, la Vie ont transmise ; qui, pour créer,


Ont longtemps souffert, et par trop espéré, fruit

De longue patience, et si lente endurance,

Pour cette Vie tant sacrée laisser détruire,


L’argile, qu’au tour du potier, elles galbèrent,

Ce qu’à leur chair, de cœur, elles entretissèrent.

Quelle mère ? eût un enfant façonné, que, né,


En barquasse on les mît, sommant : «  Jette-le dans

La mer ! » Quelle, pour berceau, cousit un linceul ?

Jusques à quand ? hommes impies, détruirez-vous


Ce qu’à si grand douloir les femmes édifièrent ?

Seule, entre les tombes, j’erre. De nos deux êtres

Unique fut l’âme. Or, à présent que voici


Ta chair sous terre, tu as, au Ciel, avec toi,

La moitié de mon âme. L’autre, à vif, de toi

Tranchée, n’a plus ici, lieu même pour pleurer.


Les larmes de mon âme esseulée, endeuillée,

De deuil les longs habits sont vêture à mon cœur.

Pleure, ô mon âme, pleure, où pleut le sang si noir


D’une âme morte plus que vive. Pluies d’un feu

Qui saigne. Dehors, tout est cendres, cris, et deuil ;

Désolation. Et toi, ma Vie, de ta chair


Dévêtu, te voici, nu, jusqu’aux os transi.

Ma Vie, ils t’ont tuée. Et l’enfante avec toi

Repose. Ils t’ont tué d’aimer je le sais trop,


Pour ce que la Foi Vraie tu prêchais, en Apôtre,

Durant ta mission, à ta Vie ils attentèrent.

Pleutres ! félonnement en trahison te tuèrent !


Mais tu n’as pas tiré pour défendre ta Vie,

Avec ma Vie, nos Vies. Ce fut selon l’Alliance :

Tirer tu n’as point voulu, mais ton vœu tenir.


Qui se dit martyr, et tue, martyr n’est point, las,

Mais menteur ; à Dieu parjure, félon, Démon.

Le fanatique tue. Le Martyr est tué,


Qui, pour sa Foi, aime de se laisser tuer.

Mais qui, pour obéir, tue, aux ordres d’un fou

Sanguinaire, de tous Diables exécutant,


De quelque prétexte qu’on eût orné ce crime,

Omet qu’en naissant, Dieu le fit naître homme libre.

Librement veuille un Martyr se laisse tuer,


D’à la beauté créée n’attenter. Vie durant,

Lui, qu’à l’heure de mourir, de ce siècle partir,

Par Vertu de patience, endura tous les coups,


Crachats, soufflets, clous, allègre, part sans mot dire.

Quand vient son Temps, langui, à Dieu Il s’abandonne.

Et de ce départir, nul ne sera retour.


Ah ! Te voici, Aimé ! Mort, sans souffle, étendu,

Immobile, ô mon gisant ! Froidit tout mon être.

Las ! Quand ? à mon âme rendras-Tu Ta chaleur ?


S’est arrêté Ton cœur de lion. De Ton Esprit

Fulgurant l’aigle s’est tu. Dessous l’envergure

De l’aile d’âme, a Son cou replié. Le sphynx


A repris forme soudain d’Agnel immolé,

Qui fut de l’Ennemi le grand bouc émissaire,

Le rachat de ses crimes de sang la rançon.


Comme si sang, par sang, se pouvait rédimer,

Quand le seul sang de Christ, une fois pour jamais,

Suffit, pour qui se culpe, de par pénitence,


De la Croix renouvelle, âpre, le sacrifice.

Car ne se saurait, à qui veut son âme sauve,

Faire de Croix l’économie. C’est au dit, saint,


Du divin Pascal, « ne Crux evacuetur » ;

A d’âmes la valeur éprouver, Dieu les crible.

D’or, vils cœurs plombés sépare, et le Mal permet.


Un Temps, les Siens Il laisse au Diable éprouvés,

Liberté leur gardant de L’aimer ou renier.

Pour ce qu’en Règne dur de malade nature,


Dès après Chute, plus n’est du tout rien ce monde

Qu’ombre de fleur de mort, d’oublié Paradis.

De la Grâce en absence infinie pauvreté !


Fait Croix fleurir le renoncement à l’égoïste ;

Du Golgotha chaussons les sandales, gardés

De tout sente du Mal, de Croix les Ennemis !


Lors, chemins de délices sont Chemins de Croix,

Et Paix, où fruits fleurissent de Justice, gagnent

D’en maison royale, opulente, où rien n’y manque.


Ô Croix ! Oriflamme ! Trophée de mort vaincue !

Qu’es-tu ? qu’oui d’acquiescent à la grande souffrance,

Qui détache, et profondit, du flanc, flots avive.


Pour ce qu’était Noé, de tous hommes, seul Juste

Resté, ne fallut pas moins à Dieu d’un Déluge

Toutes eaux ensemble, que Mal de Terr’ s’efface,


Jusque se pût salut quitter, d’Eglise l’Arche,

Qu’asséchées toutes eaux, au premier arc-en-Ciel,

Des peaux du péché fit dévêtement vieil homme.


Jusqu’à Nouvelle Terre, après Résurrection,

Plus il n’est qu’un val de larmes : Joie n’est de çà

Bas, et ses faux-semblants, riens sont, que pacotille.


Comme à tâche impossible se condamne l’homme

Qui court après son ombre, et la voudrait saisir,

Tout le jour poursuit matière d’eaux, vains fantômes.


Car n’est de Vie l’abîme, vanité, qu’une ombre,

Théâtre d’ombres, pour affublés de péché.

Mais, dès longtemps, les Saints Source de Vie trouvèrent.


Qui la guerre promeut, si à résipiscence

Il ne vient, par guerre verra périr quasi

Toute l’humanité, hormis les Saints, sauvés.


Lors, Dieu, celui voyant qui veut s’enluminer,

Long aux labeurs, peiner, et, de cœur, s’efforcer,

Pour qu’il atteignît, pur, à la Joie des parfaits,


L’éprouve, et, par ses souffrances, le sanctifie.

Du bon cep, pour que davantage il produisît,

En fruits de Vertus, les sarments coupe et émonde.


Mais lorsqu’il note, à l’impie, sec, l’arbre mauvais,

Agit avec lui selon sa perversité.

Un Temps, Il patiente, tolère qu’il prospère,


Mais en son tréfonds, son Mal lui rend, au centuple,

Comme, au bon, le bien, infiniment infini.

Puis, quand il s’avère que l’autre, au grand jamais,


Nul fruit produire ne saurait de pénitence,

Furieux enfin, d’ire, Son courroux abat.

Du figuier sans fruits, vie, soudainement, dessèche.


L’Immonde, flétri, rien n’a plus à faire au monde.

Les autres, à pierre de touche des épreuves

De la vie Il passe. Or, la pierre qu’Il cisèle,


Qu’ont abjectée les bâtisseurs, jaugée diamant

A Touche Divine, loin qu’elle figurât

Cette pierre de scandale qu’abominaient


Les Impies, est Christ, d’angle la Tête des Saints

Théophores, qui portent Dieu, et Son Eglise.

«  Je mets en Sion d’achoppement une pierre,


Puis après, de scandale un rocher, et, qui croît

En Lui, point ne sera confondu, » est-il dit.

Lors, à ces Saints, qui pour avoir la Mort vaincu,


Sont Saints parfaits, et de Dieu glorifiés, mais fols

Au pervers jugement des hommes, Il dispense

Ci, de Joie parfaite, prémices du Haut Ciel.


Que plus donc l’on ne crie à la « pieuse impiété »

Des Pères ! qui les Hérétiques rejetant,

La Foi affermirent, in aeternum.


Du Vrai, resplendissant flambeau! Bienheureux Pères !

Les Hérésies brisâtes, d’outrageantes langues,

Feux éteignîtes, de confusion, et blasphème.


Ô Saints hérauts, en ordre rangés de combat !

Des armées du Christ Taxiarques angéliques,

Dont marche à Ta Paix la hiérarchie d’ordonnance !


Sans vos sabres de flamm’, et la levée sacrée

En pavesade, à nef, de vos boucliers mis,

D’Eglise, où vous laissant tuer, rempart vous fîtes


Aux fidèles, du létal Ennemi de l’âme,

Qu’en menées invasives, ce Menteur égare,

Nul, sans vous, n’eût, ce jour, l’Orthodoxie goûté !


Ce Temps rejoindre en barque montai pour la mer

Prendre, icônes chercher, en roseaux peu profonds.

Mais là me prit mer, diluvienne, d’Amour !


Aie souvenance, ô Dieu ! de tous nos Saints Martyrs,

Aux mers abîmés, sabotés en terre, où, souffle

D’Esprit inspiré, Sa rosée, sur eux, départs !


Ces jours encor’, d’Alexandrie le Patriarche,

Et ses pensantes têtes, du Ciel en la mer,

En baie d’Athos, d’humanicides mains, Morts, churent.


Réjouissez-vous, tous qui aimâtes d’Aimer !

De l’ordre sacerdotal fûtes les hérauts,

Et des Prophétesses d’Amour la survenance !


Mais, qui le Mal commet, rien ne fait qu’ajouter

Au Mal du monde. Eux, du Mal, le pis réenflamment,

Du Mal d’univers, toujours, accroissant l’abject.


De deux maux de surenchère, un bien ne naît oncques.

Ils soufflettent leur Dieu, mais ce sont eux qu’ils souillent.

Et qui, pour ses souffrances, chancelle et renie,


C’est chose humaine, assurément. Blasphème aussi.

Eaux de Massa et Mériva. Défi. Grief.

Mais, Fort, mon Christ même : «  Lama sabachthani ! ».


Lequel, après un Temps, veut qu’âme se relève,

Devers sa pénitence, a retrouvance en Dieu

De Sa Faveur accrue de prodigue et de prince.


Ô Toi, ma Vie ! Ô Christ ! Infatigable Apôtre,

Des quatre confins des Cieux revinrent les Anges,

Sur les Nuées, jusqu’ici, recueillir mon âme,


Au Ciel, entre leurs bras, porter, devant d’auprès

Que la poser des Défenseurs de la Foi Juste.

Ta Vie, avec ma Vie, s’en est allée, déjà,


Qu’en météore-lumière tu traversas,

Pour t’en aller, sans gloire : Ci-bas le rebut,

Mais, des Divins Mystères de Dieu, l’Allégresse !


De malheur éperdue, aux tombes laissée, j’erre,

Survivant désastre ; au cœur, las, désespérance.

En noir tunnel, sur moi, sans issue, refermé,


Sans horizon, sans guide, où irais-je ? Où mener,

Où conduire mes pas ? Las, mon Starets aussi

S’en est allé – le Saint Ancien qui m’engendre,


Plus qu’un vrai père, de ses entrailles, en Christ.

Et toi, ma Vie, après lui, tu t’en es allé.

Je vacille, je chancelle ; j’allais flancher.


Ta main, Dieu ! par la main prend d’empirement l’être.

Dénudation, Ton Souffle ! aux froides nécropoles,

Qui brûle peine au cœur ! Que tant souffrir d’en jouir ?


Aux portes de la Mort, meurtrie, Il me ranime :

Un Souffle Embaumant me relève. Sur mon cou,

Fleure, douce, parfumée, Sa Brise. «  N’aie crainte »,


Chante-t-Il . « Marche sous le Vent. Où tu iras,

Je Serai ; avec toi, Je fraierai ta route ;

Où la Brise des Anges poussera ta nef,


S’en iront tes pas. Et sur ta gorge colombe

Me poserai, et dans ta voix, J’habiterai. »

Jusqu’à que l’âme, de corps séparée, reprît


Chair au ressusciter, c’est voix d’intérieure

Parole, aux Anges cantilant ouïe, que Dieu chante.

Moi, à cette heure, qui rien ne pouvais comprendre,


Je gémis : «  Hélas, Papouli mou, oh ! mon Père !

Si seule suis-je au lieu, vois-tu, de l’abandon,

Où vous m’avez laissée… J’ai peur ! » Lui, rafraîchit,


Pourtant, ma joue, d’incandescence, ranimant,

Froid, ce cœur : «  Quand ma pénitente, à bout de souffle,

Exténuée tombera, qu’aux ténèbres l’âme,


En son manteau roulée, s’en enveloppera,

Que, bruineuse, ta face encapuchonnée,

En précations épanchée, tout lamentera,


Jusqu’au blasphème, à l’encontre de Dieu répandre,

A tombel ventre de baleine, au loin du monde

Habité, lorsqu’à le fuir voudras échapper,


Christ, pour ce qu’Il t’a choisie, comme de Son Sceau

Marquée, au fonds de l’Enfer te viendra chercher,

Hors d’espoir, de consolante douceur, te comble. »


-Hors la trappe d’impasse existentielle Il tire,

D’où, par les fous tissé, leur Chaos s’outrepasse -,

Lors, à cette heure, de l’Embaumante Nuée


Souviens-toi, dont, longuement, comme d’enivrantes

Suaves roses, t’ai naguère enveloppée.

Va, Je t’ai tout dit. Tant d’années, si tendrement,


Je t’ai cet Art transmis. Suis, pour lors, mes préceptes.

Tant seulement, garde-Moi ta Vraie Foi droite

Des Pères. Ne trahis pas. N’oublie pas non plus


Les Secrets d’Hésychia, selon qu’entre les Saints

Les enseigne, sublime, Isaac le Syrien.

En ton cœur d’Eglise veillera Sa veilleuse.


Et toujours gardes-y, des Zélotes de Dieu,

La Prière hésychaste. Eux, vois, forclos, paisibles,

En douce hésychia tranquille de leur Cœur,


Amoureux, sur le souffle, sentent s’égrener

Seule, en tout Temps, la Prière qui sanctifie :

« Mon Christ ! Aie pitié de moi ! Aie pitié, ô Christ !


Christouli mou ! Aie pitié de moi ! Manoula

Mou ! Ô Très Sainte Mère de Dieu, Sauve-moi ! ».

-Quand plus rien ne reste de Vie que grand despoir,


Qu’aquatiques brumes, traversée solitaire,

Vide d’eksistence, en bord d’abîme de soi,

Blafardes heures perdues que se doit survivre,


Lors, en Prière du Cœur, ces parol’s : « Seigneur

Jésus Christ ! Aie pitié de moi ! » ont merci seules,

Et tout le Temps s’écoulent jusqu’eût Dieu pitié


De Son serviteur, fît cesser le dur souffrir,

Peine, tourment, torture, lui donne oublier

Tout, et dessus l’âme qui saigne, lavée, douce,


Penche à Consolations lever, advenir

Merveilles, voulant l’âme aimée plus ne s’éplore.

« Et cet autre Secret te laisse en sauve et garde :


Tout souci défaire ; souci du Bien, garder ;

S’en remettre à Dieu du Tout, sur Lui déchargé ;

-Hasards, fortune ; Providence tout arrange- ;


Abjure ton vouloir, et, d’abnégation,

Laisse-toi, de par Sa Droite, conduire. Ensuite

D’icelle, et de ton asservissement d’Amour,


Tu verras, par Grâce, conquise, Liberté,

Qu’aux seuls Vrais Chrétiens, Dieu, à leur mérite octroie,

Dont, pour couronne emperlée, du diadème ornée,


D’or nimbera, d’à Sa Foi, ta fidélité.

Quand d’être seule, toujours, encontre univers

Physique, du lourd fardeau de fascine en charge,


Du Saint Dépôt sacré, tu ploieras, mon enfant,

Mes entrailles, souviens-toi de moi. Mort, recorde.

T’aurai pitié, lors, plus qu’à l’accoutumée ‘core ».


Joie d’au-delà des mots, à l’instant, m’envahit,

Pareille à celle de la Visitation,

Jadis, de la Sainte, par l’Ancien conviée,


A la tombée du soir, en la chambre surgie,

Quand vis, tout soudain – Stupeur ! – qu’en sus de guérir,

Pauvre de moi, sans appel condamnée, m’offrit, 

De surcroît, l’impossible, que, folle, ce jour,

Osai lui mander, comme Saint Jean le Roumain,

Pour l’anachorète, fit bouger la montagne.


Sans un mot, sans même un pas, hors les murs entrée,

Subite, noire silhouette, à haute stature

Du Christ, aux entours sise, puis évanouie.


Ses embrasées, delà les espaces sans bornes,

Des parvis fuse au porche, où pampres sont Vertus,

Aux êtres se joint de haute culture en Christ.


D’avec le défunt n’est coupé le fil. Ses os

D’Esprit les effluves gardent. Au bord d’un fleuve

De pleurs n’effuses. A côté, sourient nos Morts.


Tard me fut révélé combien sont meurtriers

Canons faits de mains d’hommes, dont tous canons tuent.

Rigides ! ceux qui, contre les Prophètes, n’osent


Amender, tuer canons périmés de loi.

A nous qui à l’ombre vivions de l’ombreuse

Loi du Vieux Testament – vieil Israël -, étroite,


Du Nouvel Israël l’Adam, du Christ, vint l’Ombre.

Mais eux, d’être Oint sacré ne trouvant digne assez,

Nul prêtre au liturgique service n’ordonnent,


Délaissant, faute de Discernement lucide,

A l’abandon, grand foison de gens, et d’églises.

Or, que n’ont-ils eux-mêmes, ces piètres Docteurs,


Qu’ils ne l’aient, d’exception, de Ta Bonté reçu ?

Toute faveur, dons plus excellents, d’En-Haut viennent,

De Toi, Père des Lumières, Saint Donateur


De Vie, qu’aux Tiens Tu prodigues, Tes commensaux.

Loin d’eux, et des absides, Ta Grâce ils refluent,

Déniant qu’y fût célébrée Ta Miséricorde.


En églises, pour communier, sont tels préceptes,

Et jeûnes si sévères prescrits, qu’approcher

N’osant qu’enfançons et vieillardes, tous désertent.


Mais Saint Nectaire à ses Moines autorisait

De café se refaire. Que ceux donc s’approchent,

Bien préparés, qui l’Orthodoxe Foi confessent.


Prônent les Saints la Communion fort fréquente.

Confession se fait à Dieu, point toujours au prêtre.

Tristes églises, closes dès avant midi !


Sur les Saints – d’Esprit l’Oisel porte ouverte ils laissent -,

Quantes fois se sont portes refermées d’églises !

Pour exclue tenue, se sanctifia Marie.


D’où Marie l’Egyptienne, en quarante ans, une

Seule fois, au Temps de Mourir, communia,

Quelle eut au Désert avec Dieu Communion.


Las ! Ni psalte, ni Papas ! en ces pieux bijoux,

Entre murs blanchis, sous bleues d’or azur coupoles.

Mais, beaux ! les Saints Canons de l’Invisible Eglise !


De la Jérusalem Céleste, où Canonique

Est Divine, ensemblement liés sont murs d’êtres,

Au roseau d’or, d’Amour-Mesure, unis des Anges,


Ains’ qu’à l’empan fut Ciel par Dieu, au Premier Jour.

Et ces coudées, d’En-Haut ont la Beauté – Oh ! Belle

A couper tout souffle, Mystère époustouflant :


Le Christ a le Sceau levé, déchiré Son voile,

-Du chiffre secret du monde l’Esprit délié -,

-Qui, par Grâce admirable, un peu s’entredévoile,


A ceux qui, transis, en Sa Vérité l’adorent,

Dans les plis ondoyants, se mouvant, de la Grâce,

Qui, du Pardon, dénoue le nœud gordien des fautes.


Déliés, ailés, sur l’âpre sentier s’en vont,

Par Vertus au Trépas cheminant, Sainte Echelle

Echellent, plus ardue toujours, qui Gloire exhausse.


D’icelle, degrés sont Vertus ; montants de Ciel,

Tuteurs de Foi Droite des Saints Pères d’Eglise,

Seule Juste. Mais, sans justes montants assurés,


Hors ce fondement, nul, jusqu’au faîte n’atteint.

Lors, l’exaspéré paradoxe ceux dépassent

De la Croix, qui, longtemps, leur chair meurtrit, leur âme


Ecartela, leur cœur poignarda, et leur gorge

Rouge d’amertume perfora ; jusqu’un jour,

Se lève, immuable, Allégresse, oh ! arpégée,


Jamais plus, en Mort, de Trépassance n’en Meurt,

De par Mort, Trépassement Vaincu – ô Victoire !

Ainsi, Photinie, l’Ermite de Lumière,


-Lumineuse -, dit son nom – d’Ineffable Joie

Menée, sa Joie nonpareille, irradia, soir,

Mon cœur, comme sur terre, jamais, n’en goûtai.


Si glorieuse entre les vierges fut la Sainte !

Et des vierges au Ciel, qui, sur terre, portèrent

Croix de virginité, que toutes Croix plus lourde.


Dieu de Lumière d’astres, diamantée plus

Que de soleils diadèmes, supplice couronne

De leurs luttes à Mort, dont Vie la plus Radieuse


Il leur revaut. Gloire éclate en l’Eternité.

Longtemps, par après, j’ai dû mener cette ascèse

De l’amour impossible, d’amour interdit.


A l’intime de l’âme, les seuls vrais, vécus

Les plus beaux, pour ce que les plus hauts dits aussi

Contes d’amour fol. Et de Tristan fus l’Yseult,


De Roméo, Juliette, de Renaud, l’Armide,

« Qui, bellement, et d’amour, et de Mort, vous chantent ».

Cette lutte, de tous miens combats, fut cruelle,


La pis. Plus dure que la Mort, plus que Vie.

De quoi aussi, j’eusse mieux aimé d’en Mourir.

Mais mon Dieu, de ma peine, à la fin, fut vainqueur,


A mon dol mit terme, selon qu’avait promis

La Sainte. Après que mon Seigneur de vrai, à Croix

Lente de Patience, Lui, le Longanime,


M’eut assez éprouvée, tout ce que je voulus,

Par Grâce, Il me dispensa ; selon la Mesure

Comble, au Temps qu’Il jugea bon, me le donna, Lui,


Dont l’Amour n’interdit rien, que d’interdire.

Sacré : N’est l’Interdit, mais seul accès au Libre

D’infini contempler les Mystères. Méandre


De Sien fleuve bleu, en Art Pur, d’éterne trace.

Loi sociale point d’Amour n’est Loi, Loi de Vie.

Qui loi sociale transgresse, s’il Vit d’Esprit,


Contre Moïse pèche , non contre son Dieu.

Qui, lors, contre Christ n’a péché, lapide Hélène !

Hélène, du Ciel est fille, et de l’Ouranide,


Pour Léda prise du dieu, en cygne muable.

Puis Zeus s’astérisa, en sa constellation.

Pâris, d’Hélène aimer ne se peut défendre ;


Hélène, pour Pâris, ne peut défendre guerre.

Ménélas, en palais errant, de son épouse

En fuite étreint, pleurant, les mortes effigies.


Il n’eût dû tant l’enfermer, filant sa quenouille.

Mais l’amant bouvier s’enlaçant même à Elaine,

L’homéride éployant, n’étreignit que du vent,


Des chaînes encagé d’Aphrodite et d’Arès.

Rose autre, renonce, pour soi, qu’on l’entrelace,

Du décèlement s’éprend de ce qui d’En Haut


S’épand, où transparaît marine Anadyomène,

Vaine, et de divinité dévoilement d’autre,

Dont l’eût de la chair la limite, séparée.


Vénus fut Cléopâtre, Athéna, puis Isis,

Qu’aux Initiés, en l’îsle des Roses, rhodique,

De sa couronne en fit goûter, à vivifier.


Plus que tous amants, d’enviable as la semblance.

Mais, au Ciel Unis, de Troie plus ne sera guerre,

Ni, de trembles charnels, lutte contre l’Esprit.


D’où de la passion même, furieuse, aveugle,

Ils se désenlacent, afin, désentravés,

Sans fil d’attache, en tissurer secrets d’Amour.


Corps et âme ne se peuvent qu’à Mort délier.

Il fait son âme spirituelle celui

Qui de son corps se délie en le faisant chair.


Cestuy n’a ni honte, ni de chair du corps haine.

D’usage il n’en fait qu’à son âme rehausser,

Pour qu’au cœur sis qu’une seule chair ne reforment.


Ô Dieu ! Que ce dénudement, d’enfermement

D’âme, et de psychique Enfer obtus, nous échappe !

Et que Rome en paix à Janus ses portes close !


Ceux qui rien n’aimaient que rassembler les nuages,

En chambre des secrets le vertige goûtèrent

Des sublimés à la limite. Nauséeux


Du créaturel, au néant enfouis, touchent

A l’Absolu Divin, ce rien dont tout advient.

De l’irreprésentable, tracements figurent.


Fols advenus, jusqu’à ce dénuement macabre,

Ils y dansent, nus d’Amour, en place publique ;

Du Crucifié les clous, la Chair, participent,


Ains’ qu’à de Christ la danse entour de Cène salle,

D’Orphée sagesse lyre en reprirent, saisons

Invoquent, qu’harpe en l’Autre Monde s’outrepasse.


Se cessera pourtant de délier se vouloir,

Par maîtrise, plus que la Mort, canalisante,

En l’Homme incarné, que, liens dissous de chair fussent.


Par dureté d’ascèse appris, se renoue d’ores

Tendresse de l’union de l’âme et de son corps,

Pour jamais, à Dieu, eau cristalline, lié.


Aux frontières de l’impossible, aux limites

D’amour sacrilège, qui si longtemps s’y blesse,

Sous leurs ailes liées d’albatros entravés,


Déliés soudain, l’entrée du Pays Pur trouvèrent.

Au baldaquin de rose pourpre ont exulté,

A face d’esprits incorporels, noces pures.


Du plus haut Paradis, jusqu’à nous penche-Toi !

Et si nos douleurs n’allèges, les transfigure !

Sous dais de flammes des noces à Toi nous mène !


Et vers Tes Hauteurs, les âmes choisies reporte,

De princière allure, aux cierges de noble cire,

En lune Eglise, Misère pleurant du monde.


Sous tant d’épreuves, s’est de leur cœur amollie

La cire, qu’elle en put du sceau de la Vertu

De Dieu fleurant Grâce l’empreinte recevoir.


C’est sceau de Divine Beauté d’âme ascendante,

De beauté en Beauté par Mystères haussée,

Qu’intense volonté se muât en aisance.


Dès là, sous l’exil, d’accablement s’étaient têtes

Penchées du monde : Apocalypse écologique.

Tant ! Quand nous en délivrera Ta Lumière ?


Avant un long exil, au milieu des flots,

Ou qu’aux pentes des volcans fallut-il écrire,

Ce tout au Sage est même, qui prend Patience.


Le Bien, le Mal, les mauvais, les méchants, les bons,

Tout ce d’à fin lui revient pareil, pour les siens

Qu’il n’eût su tant d’aimer, s’il n’eût tant fort souffert.


Tel Jonas se veut, sous reflets du Soleil, Dieu

Peindre, qui, plus que soleil cacher ne se peut.

Sous ombre à citrouille et peintur’ se dut, las ! mettre.


Que les uns fissent, que les autres point ne fissent

L’amour, que les aucuns n’en eussent besoin même,

Moins importe que ceux qui voient d’Eros statue


D’insatisfaction voler en mille éclats,

Tous les beaux corps, toutes les Belles Âmes même,

Du tout ne se pouvant d’Amour Divin suffire,


De rien ne se satisfaisant, qu’au plus loin file,

D’une mer de vaisseaux noircie, de ponts déserte.

-De souriants gisants des remparts monte au stellaire-.


Ô Dieu ! le pavillon sur eux étends de Paix !

A leurs paupières l’assoupissement dépose !

Mais point, de Souffrance à l’âme, ce lourd nuage !


Plus ne peuvent qu’à ensemble contrement faire

Route, de long languir las, qu’aux cœurs entrelace

L’absence, à ceux en feu, ses feux veillant de nuit.


Des arches du Ciel s’inclinent les âmes saintes,

Doux, desquels, au miroir de soi-même penchées,

Se contemple au tain si quelqu’un péché d’oubli,


De sa tache laissée, n’en ternirait l’éclat.

En ciel de terre, et lune argent, têtes Te posent.

Devers Cieux blotties, d’étoiles, Te célèbrent.


Chasteté en mariage ouvre à noces mystiques.

Sous voile de rosée, entre eux l’épée, ils dorment.

En Ciels de rêve, l’escarpolette, âme y mène.


Jusques sous vents chinois, leur es itinérance,

Christ, murmure et voix, aux jonques lattées des songes.

Oubli de traque, qu’à même saumure ils dorment.


Touchées, s’entend geindre, des faibles chairs l’écho.

Toi, l’âme pourprée, au drap t’éjouis, d’écarlate,

De spirituel mariage, à l’Etreinte Divine.


En qui la Sainteté respire, sa Vie mène

Cachée, le Mystère ; sous le dais nuptial

Entre deux Enfers, fil de lame de Vie passe.


Ascèse, arc tendu sur profond précipice !

Qui, d’un côté partir s’y sent, d’autre se penche,

En ligne de rivage d’abîme univers.


Ah ! l’arc de Ciel, ô Dieu ! dénoue ! de Tes Mystères

A ceux qui, d’une eau profonde – icelle est Prière -,

Sans penser autre, vers Toi Ton Nom crient – Puissance !-.


Ils chantent, nés de la nuit, aux empereurs sis

Aux portes d’airain, en dessein qu’ils désimpliquent

De l’épée de justice, les implications.


Ils dorment ; mais leur cœur veille, d’Amants des Anges.

Fâcheux et Médisants, quittez donc vos aguets !

Des Amants avez pris l’honneur ; de vous, Salut !


Cœurs perfides, aux menteries de scélérats !

Traîtres empuantis ! aux rauques cris d’orfraies.

Ne sied Grâce à pourceaux, romance en perles fines.

En concevriez regrets : Tant pis ! Vous dépite !

Qui pour maîtres queues ne vous preniez de mésanges,

Mais paons royaux, faisans, gélines, gibelotes.


Fausses Circés ! De vos roues rit mon Dieu, se moque.

Vos langues puent, brisent les os ! Dieu vous conspue !

Jalousie vous étouffe ! Honnies ! soient vos pratiques,


Méritant, sur vous brisé, glaive de Justice !

Du Diable avez pris nom : Fourbes de calomnie !

File sur pointes, ô nuit, qui Beauté jalouses !


Jouter à tournoi ce n’est, de joutes petites,

Qu’à Ses lutteurs Dieu mande : Dragons répugner,

Défaire hydres, sangsues, grossièreté du Mal.


Tu soumis dans nous les plus féroces Démons,

En guerre invisible, par cruauté sadique,

A nous moisir, déchus périr, s’ébaudissant,


Tous monstres d’Achéron, fards dont miroir ternit

Du lac de mer de l’âme. Dessous, Glaucos, gît

D’Origine la statue, d’Âme prélapsaire.


Lors, sur les puissances des ténèbres défaites,

En l’obscureux séjour d’inconscient vaincu,

Se lève Aube de Joie de Ta Résurrection.


Et l’Âme, sans Temps attendre éversé sommeil,

Qui toujours corps quittait, errante aux autres mondes,

Des Infernaux au Ciel, au grand centre est de tout.


Une tristesse dès long l’avait saisie vive ;

Plus ne la quitte ; en plume jusqu’au Ciel monte.

C’est de Mort de Christ. En Joie se mue. Nuit éclaire.


Ô tristes enfants de la nuit ! Où gît votre Âme

Prime, de Lumière toute ? Accoutrée, depuis

Son pristin Temps, par sots, d’enveloppes affreuses.


Du torrent aux gouttelettes, faces grimacent ;

Du dieu Pan, Syrinx, - nymphe -, vrille, traîne à l’anche,

-Taon-, courrouce Athéna – jeux d’ombres chasseresses.


Art, aux fontaines, son reflet épuise, étanche.

Littérature, en habit de peintre, musique

Y ouït : Bleu des bois, syrinx, célestin, ses yeux.


Poésie, aquaforte et chant, tâchent à croire

Qu’en contrepoint l’harmonie des célestes porte

Aux ports déserts, à Zénobie, Palmyréenne !


Mélusine y lisse, d’un peigne d’or, ses boucles ;

Sur la lune penchée, à la source s’admire ;

Chevalier y voit, de lumière ; à l’orée,


Méandres à lier, en sombre Brocéliande, arde.

Lui, de fée, fût-elle Mélisande, n’a cure.

D’un dragon cacochyme il sauve la princesse


De Trébizonde, qu’il accourut secourir.

L’ivoirin délivre cette âme azuréenne.

Ces fées eurent bien nom Viviane, Mélusine…


Celle au miroir d’eau en nue fontaine jeunette

Est femme. C’est peinture en la source à nu mise.

C’est de Pénitence l’Origine repeinte.


Car peinture en Pénitence éplore : «  - Comment ?

Las ! », lamente-elle, « rendrai-je, de Beauté telle,

Et noblesse, traits sous quels nous peinturas, d’Ange ? »


Tel vrai Saint, qui, d’égards, regards, ni pensée n’a

Du soi, nu même, au miroir sans tache de vierge,

Où sa face peinte il cache, pour cloître clos.


Il n’a seul pensement que de Nudité Sainte

Et Vacuité Divine, où Divins attributs

Peu prou en plein se peignent, diaprée chamarrure.


Est Saint qui sur Dieu se concentre, incessamment.

A l’état supraconscient concentration touche.

Cessant vagabonder, pensée sur Dieu s’affixe.


Tout ce qui l’âme chagrine n’est qu’un mirage.

Car tout est vain ; comme, pour sa femme, d’un homme

S’effrite l’amour. De là, tout lui échappant,


Et l’amour même, s’appert l’irréalité

Du monde : Toute joie, de souffrir est suivie.

N’a d’assouvissement désir. Sage l’extirpe.


Ni heureuse, ni souffrante n’est l’Âme Pure.

Par reflet le paraît ; semble, près d’une rose

Rouge, un cristal. L’Âme est sans couleurs, cristal pur.


Du lac de son esprit réfrénées toutes vagues,

Colère, méchants, ignorant, le méditant,

Des objets colorés, subtil, devient cristal.


Le corps de son char réfrène en Joie l’Âme Sainte.

Béatitude éterne est nature de l’Âme.

S’y sourit aux Anges, sans trêve, en Paix, et Joie.


Toutes vagues vaincues, apparaît l’Âme Pure :

Ni colère, ni faiblesse, ni passion,

Mais Siège de Dieu, en Sa Gloire, au Cœur trônant.


En clos de lys d’Annonciation il se love.

Que Ciel y descende quand tour aura monté

De Perfection – chacun degré s’y Tue un Diable.


Par sept degrés s’atteint Connaissance Suprême.

Au prime est d’Esprit dévoilé ce qui doit l’être.

L’état cesse de mécontentement d’esprit.


Au second, vient l’absence de toute souffrance.

Nul, ni rien, plus ne nous peut causer de souffrir.

L’Âme en sa vraie nature brille, omnisciente,


Omnipotente, omniprésente – Tiers degré.

Au quatrième, s’éteint tout devoir, pour Libre

Liberté d’Esprit, du Discernement instruit,


De toute sa conduite à tenir, écroulées

Toutes âpretés, luttes, tergiversations, stances.

Appert le Moi Pur, n’ayant besoin de nul autre.


Qu’il fut toujours seul au monde, ce Moi découvre,

Béni, n’ayant vraie aide que de Providence.

Serein, parfait, nulle douleur plus ne l’affecte.


Saint Libre, désenchaîné, delà Bien et Mal,

Ne sent le souffrir. Tout ce qu’il veut, aux fantômes

Même enjoint, venant à l’Âme compatissante.


Sage persévérant tient son Esprit d’aurige.

De la faiblesse touchant à l’infinie Force,

Sa Chair véhicule, céleste, la substance.


Continent est le Saint ; d’où sa prodigieuse

Energie mentale, et de Volonté sa Force.

Ne peut jeûner fort que qui ses humeurs maîtrise.


Signe de grand Saint est Allégresse mentale.

Toute chose, et visage, lui cause Allégresse.

En lui Dieu en Gloire vainc tout Mal et ténèbres.

Quoi qu’en pis Âge des ténèbres fussions,

Sous la Nue du Saint s’atteint l’Un indivisé,

En radeau-Dieu tous courants effroyables passe.


Et la Mort, potière, qui, d’envers, tout défait,

Contre Âme Divine ne peut rien, que par Dieu,

D’appointissement en Unité jointe à Lui.


Monté Saint Georges ! Eût-il laissé ravir du grille,

Vouivre Démon, tant naïves dévorées âmes ?

Dieu lui fait don viatique, pour l’Eternité.


Il eût désir baller, et mal d’ amour connaître

D’autres fées, mais l’en entrave la messagère

Du Graal, du Roi-Pêcheur la vivace Envoyée.


L’attachement attire aux prétendus plaisirs,

Devers ces faux biens nous coulant comme un fleuve.

Le Saint les fuit, ni d’aversion n’éprouve.


Produit du plaisir toute action vertueuse,

Déplaisir et douleur toute action perverse.

Saints détruisent le Mal dès avant son paraître :


« Prends garde aux fausses fées ! Feux errants, sans Saint Elme !

Des vents agitées, girouettes, être Oiseaux feignent,

De l’Amour, Âmes de l’autre monde des elfes !


Si tant sont très en beauté ! Mais vient la main noire,

En mortuaire chapelle, au gisant d’autel,

Chandelle y mouche ; ne sont si claires qu’étoiles !


Gracieuseté change en pitié, piteusement.

De faux souvenirs Ciel est détissu déjà.

D’attente, aux yeux pâlis, déniez les bleuïtés. »


C’est Mélusine, Oiselle ? dont vous m’allez faire

Contes de sirène, Oiseuse, la femme-cygne,

En robe saphir, et turban de Sarrasine,


Du haut du rempart ses cris jetant, larmoyeuse,

Des Temps Originels, de tous amants mythiques,

Qui phosphènes hallucine, loin, dans la nuit. »