lundi 30 mai 2022

Saint Porphyre, Anthologie de Conseils Spirituels.

 









SAINT PORPHYRE



ANTHOLOGIE DE CONSEILS SPIRITUELS



DANS LA MEME SERIE



Aux éditions du Cerf

JEAN-CLAUDE LARCHET, Saint Silouane de l'Athos, 2001.

PERE JOSEPH DE VATOPAIDI, L'Ancien Joseph

l'Hésychaste, 2002.

JEAN-CLAUDE LARCHET, Le Starets Serge, 2004.



Aux éditions L'Age d'Homme

PERE JOSEPH DE KATOUNAKIA, L'Ancien Ephrem de

Katounakia, 2003.

MGR NICOLAS VELIMIROVITCH, Prières sur le lac, 2004.

PERE IOANNICHIé BALAN, Le Père Cléopas, 2004.

ANCIEN JOSEPH L'HESYCHASTE, Lettres spirituelles,

2005.

BERNARD LE CARO, Saint Jean de Changaï, 2006.





PERE PORPHYRE



ANTHOLOGIE

DE CONSEILS



INTRODUCTION DE JEAN-CLAUDE LARCHET

TRADUIT DU GREC PAR ALEXANDRE TOMADAKIS



Collection

GRANDS SPIRITUELS ORTHODOXES DU XX° SIECLE



Editions

L'AGE D'HOMME



Nos remerciements à Judith et Daniel Boyer

pour le soutien apporté à l'édition de ce livre



Edition originale grecque

4°éd., 2003, Saint hésychastère de femmes, La Tranfiguration du Sauveur, Métochion de Milésios, Néa Platia, Grèce.



Ed. 2007 by Editions L'Age d'Homme, Lausanne, Suisse





INTRODUCTION



L'Ancien (1) Porphyre

(1) : ( En grec Géronda, en russe Starets).

est sans doute, avec l'Ancien Païssios du Mont-Athos, le plus connu des grands spirituels orthodoxes grecs de ces dernières décennies.

Comme l'Ancien Païssios, il a reçu des milliers de visiteurs venus du monde entier, auxquels il a prodigué ses conseils et qu'il a consolés, apaisés, encouragés, et fortifiés par la grâce divine qui rayonnait de sa personne et qui se transmettait par sa prière d'intercession.

Depuis sa dormition en 1991, une douzaine de livres lui ont été consacrés. Le présent ouvrage est d'une qualité exceptionnelle, puisque, sous la forme d'une anthologie thématique, il reprend le meilleur de ce que contiennent dix d'entre eux : les paroles de l'Ancien. C'est à juste titre qu'il a connu en Grèce, depuis sa publication en 2002, cinq éditions et a été traduit en plusieurs langues. Un autre recueil des enseignements du Père Porphyre ( Vie et discours), que nous publierons également dans cette collection, est devenu lui aussi en Grèce un best-seller de ces dernières années.

L'exceptionnelle popularité de l'Ancien Porphyre et la vénération dont il est l'objet dans le monde orthodoxe sont liées à la sainteté de sa personne, et aux exceptionnels charismes qu'il avait reçus de Dieu. La présence de l'Esprit Saint, qui avait fait Sa demeure en cet ascète à l'esprit et au coeur très purs et à l'humilité extrême, qui était libre de toute passion, totalement oublieux de soi et entièrement uni à Dieu, aimant parfaitement Dieu et tous les hommes, se manifestait sensiblement dans sa façon d'être, dans le moindre de ses actes et dans chacune de ses paroles. Elle se manifestait aussi dans un charisme de clairvoyance ( diorasis, en grec) dont on ne connaît, quant à son étendue, pas d'autre exemple à notre époque, même parmi les plus grands spirituels (2).

(2) : (Si la présence de ce charisme peut être un signe de la sainteté, son absence ne signifie cependant pas une sainteté moindre. Comme le dit le Saint Apôtre Paul, les charismes sont divers et inégalement répartis (1 Co 7,7; 12, 1-31). Dieu les attribue selon les circonstances et les besoins des hommes qui en tireront profit, et pas seulement selon les dispositions et le degré de "dignité" spirituelle de ceux qui les possèdent).

Ce charisme permettait à l'Ancien Porphyre de lire dans le coeur de ses interlocuteurs et de connaître leurs pensées, leurs états ou leurs mouvements intérieurs les plus cachés ( y compris à leurs propres yeux), de percevoir immédiatement leurs difficultés, de comprendre quelles tentations ils affrontaient et quels problèmes ils avaient à résoudre, de saisir ce qui les préoccupait ou les tourmentait, ce qui les inhibait dans leur vie spirituelle ou ce qui constituait en eux des potentialités inexploitées. Il était ainsi habituel que Père Porphyre parle à ceux qui se rendaient auprès de lui de ce qu'ils ne lui avaient pas confessé et aborde leurs problèmes avant qu' il ne lui en aient parlé. Ceux qui l'ont rencontré disent que c'est comme s'il avait "radiographié" leur âme, ce qui les surprenait toujours mais ne les blessait jamais, car le Père Porphyre ne jugeait en aucun cas mais apportait sur la base de cette connaissance qu'il avait, le conseil ou le remède qui convenait exactement.

Mais ce charisme lui permettait également ( ce qui est bien plus rare) de percevoir et de révéler des faits se situant au-delà de l'espace perceptible et du temps actuel. Les nombreux livres écrits sur l'Ancien Porphyre sont remplis d'une multitude de témoignages attestant d'une manière convergente qu'il décrivait à ses visiteurs, dès le premier contact avec eux, des scènes, situations ou états de leur passé ou des lieux où ils avaient vécu sans qu'il ait pu lui-même les connaître par quiconque, ou encore leur prédisait des faits à venir concernant leur vie conjugale, familiale, professionnelle, spirituelle, ou leur état de santé.

Ce qui est extraordinaire et vraiment exceptionnel, c'est que cette claivoyance de l'Ancien Porphyre s'étendait aussi à tous les êtres de la nature créée, animaux, plantes mais aussi minéraux. Klitos Ioannidis, l'auteur du premier livre sur l'Ancien ( un recueil de témoignages qui a récemment été traduit en français) décrit ainsi la nature et l'étendue de ce charisme : " En les écoutant, il reconnaissait les voix des oiseaux et des autres animaux, leur provenance et leur signification. Il reconnaissait les herbes à leur utilité. Il reconnaissait à distance les fleurs à leur parfum. Après une humble prière et quand il se trouvait dans les conditions appropriées, il voyait dans les profondeurs de la terre, les eaux, les pétrifications, le pétrole, la radioactivité, les antiquités enfouies, les tombeaux cachés, les cavités dans les entrailles de la terre, les sources souterraines, les icônes perdues (...). Il testait la qualité de l'eau qui se trouvait au fond de la terre. Il mesurait ce qui est inaccessible." De nombreux témoignages attestent aussi que le regard de l'Ancien pénétrait à l'intérieur du corps et y décelait des maladies cachées, si bien que les médecins de la Polyclinique dont il était l'aumônier avaient régulièrement recours à lui lorsqu'ils ne parvenaient pas à établir un diagnostic. K. Ioannidis rapporte aussi que l'Ancien était également capable de pénétrer dans les sphères célestes, et d'y voir, comme sur terre, les bons et les mauvais esprits, et qu'il pouvait aussi percevoir " des scènes qui s'étaient déroulées des siècles auparavant".

Voyant le passé et l'avenir comme s'ils étaient présents, et ce qui était lointain ou enfoui et imperceptible par les sens comme si cela appartenait à son environnement sensible, l'Ancien Porphyre témoignait de la condition de l'homme déifié qui, selon saint Maxime le Confesseur, transcende par l'esprit les conditions d'existence de ce monde que sont le temps et l'espace. Il avait ici-bas la même perception des êtres que celle qu'ont les anges et les saints qui vivent dans le monde céleste.

De ce charisme de clairvoyance, l'Ancien ne tirait aucun orgueil ( il le devait à sa parfaite humilité et à sa totale pureté intérieure) et ne faissait aucun usage qui puisse porter atteinte à la sensibilité ou à la liberté de ses interlocuteurs. Il n'en fit même jamais usage pour lui-même, de même que face à ses nombreuses maladies et souffrances, il ne demanda jamais à Dieu la guérison et le soulagement qu'il obtenait pour d'autres. il le mettait tout entier au service du prochain et de son profit spirituel. A l'un de ses plus proches enfants spirituels qui lui demandait pourquoi il faisait de tellesrévélations à ses visiteurs souvent dès le premier contact avec eux, il répondit que c'était avant tout pour leur inspirer confiance et donner plus de poids aux conseils spirituels qu'il leur donnait ensuite.

On verra cependant à la lecture de ce livre que la charité de l'Ancien ne se manifestait pas seulement à travers ses conseils pour la vie spirituelle proprement dite ou à travers sa prière d'intercession : m^par une vision de l'homme et du monde où tout était spiritualisé et par un amour qui embrassait non seulement tout l'être mais toute l'existence de ceux qui faisaient appel à lui, il leur apportait une aide qui s'étendait jusqu'aux réalités les plus matérielles et les plus ordinaires de la vie quotidienne.

Les thèmes sous lesquels ont été rassemblés les différents extraits figurant dans ce livre n'ont pas été classés. On peut cependant y distinguer trois séries de réflexions et de conseils. Une première porte directement sur la vie spirituelle personnelle ou communautaire du chrétien : le péché et les passions ( orgueil, tristesse, désespoir, jugement du prochain, manque d'amour...), les vertus ( le repentir, le détachement, l'humilité, l'amour de Dieu et du prochain...), la lecture des Saintes Ecritures, la prière, le jeûne, la confession et la communion, la grâce, la joie et la lumière qui viennent de Dieu, mais aussi l'Orthodoxie face aux autres confessions chrétiennes, religions ou sectes, le culte, le chant liturgique, les relations avec le père spirituel, la vocation et la vie monastiques... Une deuxième série de considérations et de conseils concerne des situations ou des états que peuvent vivre ou rencontrer tous les hommes au cours de leur existence : le célibat, le mariage, la vie conjugale et familiale, la sexualité et la procréation, l'éducation des enfants, les relations avec les adolescents, le travail et la vie professionnelle, la fatigue, les contrariétés, la peur, l'angoisse, le désespoir, la tentation du suicide, les maladies corporelles et mentales, la souffrance et la mort... Une troisième série de conseils traite de questions apparemment très matérielles, mais qui ne sont pas sans relation avec la vie spirituelle ou sans incidence sur elle : l'argent et les propriétés, l'habitat, la nourriture, le tabac, la tenue vestimentaire, les loisirs ( théâtre, cinéma, radio, télévision...), la pratique du sport, etc...

Ce livre apparaît ainsi comme un véritable traité de vie chrétienne appliqué à la vie quotidienne et touchant toutes les sphères de celles-ci. Il fourmille de conseils concrets et pratiques, allant de la façon de s'arrêter de fumer à la façon de pratiquer la prière du coeur.

On est particulièrement étonné de la connaissance approfondie qu'a l'Ancien des conditions d'existence, des difficultés particulières et de la psychologie profonde des personnes de tous agês issues des milieux les plus divers et vivant au coeur du monde, lui qui, resté un vrai moine, ayant "amené avec lui", comme le disait l'un de ses enfants spirituels, "le désert dans la ville". La connaissance très fine qu'il a de l'âme féminine ou de la psychologie complexe et souvent déroutante des adolescents est particulièrement remarquable, et les chapitres consacrés aux relations entre les époux et à l'éducation des enfants figurent parmi les plus instructifs de cette anthologie.



VIE DE L'ANCIEN PORPHYRE



Evangélos Baïraktaris ( le futur Père Porphyre), est né le 7 février 1906 dans le village d'Haghios-Ioannis de Karystie, situé près d'Alivéri, dans l'île d'Eubée. Il était le quatrième de cinq enfants.

Ses parents, Léonidas et Hélène, étaient de pauvres agriculteurs. Ils menaient une vie particulièrement pieuse. Léonidas avait eu l'intention de devenir moine, mais n'avait pu mener son projet à bonne fin. Il était profondément engagé dans la vie de l'Eglise, notamment en tant que chantre. C'est à ce titre qu'il avait souvent accompagné saint Nectaire lors de ses tournées pastorales en Eubée.

Evangélos ne fréquenta l'école primaire que jusqu'à la deuxième année. Tandis que son père était allé travailler à la construction du canal de Panama pour subvenir aux besoins de la famille, il commença très tôt à travailler, d'abord aux champs où il faisait paître les quelques brebis que ses parents possédaient, puis dans une mine de charbon de la région, et ensuite dans une épicerie au Pirée. Il fréquentait assidûment l'église, s'habituant peu à peu à chanter les hymnes liturgiques et perfectionnant son apprentissage de la lecture au contact de la Sainte Ecriture et des textes liturgiques.

Il lisait aussi les Vies des Saints. La Vie de Saint Jean le Kavsokalyvite ( le Brûleur de cabane) l'impressionna à tel point qu'il éprouva le désir de l'imiter.

C'est dans le but de réaliser ce projet que, en 1918, âgé de douze ans, il partit pour le Mont-Athos. Sur le bateau la Providence lui fit rencontrer un moine athonite, le Père Pantéléïmon qui, en le présentant comme son neveu, lui permit d'entrer à la Sainte Montagne malgré son jeune âge. C'est à la skite de Kavsokalyvia, dans la calyve de Saint-Georges - qui avait autrefois été sanctifiée par la présence du célèbre Ancien Hadji-Géorgis (3) - qu'il devint novice au service du Père Pantéléïmon et de son demi-frère, le Père Joannice.

(3) : ( L'Ancien Païssios a consacré un livre à cette grande figure du monachisme athonite au XIX° siècle : Le vénérable Georges ( Hadji-Géorgis), moine du Mont-Athos ( 1809- 1896), trad. française, Editions du Monastère Saint Jean le Théologien, Souroti, 1994).

Il demeura cinq ou six ans auprès de ces deux Anciens, très bons mais très sévères, faisant l'apprentissage de la vie monastique. Se livrant à une rude ascèse ( mangeant peu, dormant peu et travaillant intensément), s'adonnant au combat contre les passions et à la prière mentale continuelle, il fit preuve tout au long de cette période à l'égard de ses deux Anciens d'une obéissance absolue, qu'il accomplit cependant toujours "dans la joie", selon ses propres paroles, regrettant même souvent qu'ils n'exigeassent pas davantage de lui. A l'âge de 16-17 ans, ayant acquis une solide connaissance des offices monastiques qu'il avait appris par coeur, et des saints Evangiles qu'il lisait et se récitait continuellement, il reçut la tonsure monastique sous le nom de Nicétas.

Aimant Dieu sans réserve et ayant, en même temps que beaucoup d'humilité, une grande pureté d'esprit et de coeur, il reçut à cette époque, lors d'une visite d ela grâce, un don exceptionnel de clairvoyance, qu'il devait conserver toute sa vie.

Cependant, à la suite d'un accident, il contracta une pleurésie et fut obligé de retourner en Eubée pour recevoir les soins appropriés. Retourné à la Sainte-Montagne, il fit une rechute, et c'est sur l'insistance de ses Anciens qu'il quitta le Mont-Athos pour aller s'établir au monastère de Saint-Charalampos, à Levkos, près d'Avlonari en Eubée, où il trouva quelque temps après la guérison. C'est dans ce monastère, alors qu'il était âgé de vingt-et-un ans, qu'il fit la rencontre de l'archevêque du Mont-Sinaï, Porphyre III, venu là en hôte. Celui-ci fut émerveillé par les dons célestes du jeune moine - il lui avait décrit en détail le monastère Sainte-Catherine sans l'avoir jamais visité ni en avoir eu connaissance par une image ou un récit quelconque -, et il l'ordonna diacre le 27 juillet 1927, et prêtre le lendemain, jour d ela fête de Saint Pantéléïmon, en lui donnant le nom de Porphyre. Peu après, le métropolite Pantéléïmon, évêque ordinaire du lieu, le nomma pneumatikos (confesseur et père spirituel) (4).

(4) : ( En Grèce, cette fonction n'appartient pas à tous les prêtres, mais à ceux que leur évêque a jugés aptes à l'exercer. elle fait l'objet d'une nomination officielle. Un pneumatikos est ainsi souvent le confesseur de plusieurs paroisses).

Un grand nombre de fidèles de la région vinrent bientôt se confesser à lui, et cette activité occupa alors chaque jour la plus garnde partie de son temps.

Le dix février 1938, le Père Porphyre fut nommé archimandrite (5), en raison, disait le décret épiscopal, des services qu'il avait rendus à l'Eglise en tant que confesseur, mais aussi "des bons espoirs que l'Eglise mettait en lui."

(5) : (Dignité qui, comme celle d'higoumène qui la précède par le rang, c'est-à-dire de Père supérieur de monastère, est accordée à certains moines).

A cette époque, le monastère de Saint-Charalampos fut transformé en couvent de moniales. Le Père Porphyre alla alors s'installer au monastère de Saint-Nicolas à Vathia, toujours sur l'île d'Eubée, un monastère abandonné qu'il commença à restaurer.

Au mois d'octobre 1940, il quitta l'île d'Eubée pour se rendre à Athènes, où il avait été nommé recteur de Saint-Gérasime, la chapelle de la Polyclinique, située près de la place Omonia, au coin des rues Socrate et Constantin. Il avait lui-même demandé à occuper cette fonction, pour être plus proche des personnes souffrantes et mourantes, et les aider dans leurs épreuves. Il allait occuper ce poste d'aumônier au service des malades - mais aussi du corps médical - pendant trente-trois ans. Durant cette longue période, il exerça aussi les fonctions de Père spirituel, mais d'une façon plus limitée.

Parce qu'il n'avait pas les diplômes appropriés pour la fonction d'aumônier, son salaire était très maigre; il fut obligé de travailler parallèlement pour subvenir aux besoins de sa mère, de sa soeur et de sa nièce, qu'il avait prise sous sa protection. Il s'occupa d'abord d'un élevage de volailles, puis de tricotage; il travailla aussi à la fabrication d'un composé de charbon et d'encens qu'il avait lui-même mis au point.

Il résidait près d'Athènes, dans une petite maison très pauvres des Tourkouvounia.

Ayant obtenu sa retraite le 16 mars 1970, le Père Porphyre se retira à Kallisia, sur les pentes du Mont Pentélique, où il louait depuis 1955, au monastère de la Dormition de la Mère de Dieu de Pendéli, un petit métochion constitué d'une chapelle dédiée à Saint Nicolas, d'une petite cellule qu'il avait aménagée pour pouvoir y loger, d'une pièce pour recevoir les visiteurs et d'un petit terrain agricole qu'il avait mis en valeur par un système d'irrigation et qu'il cultivait lui-même.

Alors qu'à Athènes il avait exercé sa fonction de Père spirituel d'une manière silencieuse et volontairement discrète ( il n'avait manifesté ses charismes exceptionnels qu'à un nombre restreint de personnes), les fidèles commencèrent à affluer à Kallisia. C'est là qu'il célébrait la liturgie et confessait.

Le Père Porphyre avait l'intention de créer un monastère à cet endroit, plusieurs de ses filles spirituelles souhaitant devenir moniales sous sa direction. Mais Dieu en décida autrement : c'est à Milési de Malakasa, près d'Oropos, en Attique, à une quarantaine de kilomètres d'Athènes en direction de Lamia que, en 1981, après avoir prospecté dans plusieurs régions et après avoir surmonté bien des obstacles posés par la bureaucratie ecclésiastique, il fonda finalement ce monastère de moniales, dédié à la Transfiguration du Sauveur.

Dès 1980, il vint s'établir dans le terrain qu'il avait acquis pour y construire le métochion du monastère, situé à proximité de celui-ci. Il logea pendant un an dans une pauvre caravane, puis pendant trois ans dans une baraque, surveillant les travaux de construction du monastère.

Il habita ensuite dans une humble cellule du métochion. C'est là que dès lors et jusqu'en 1991, il reçut continuellement des milliers de visiteurs venus non seulement de toute la Grèce, mais du monde entier, où sa renommée s'était répandue. Cette activité fut pour lui très éprouvante non seulement en raison de l'implication et des sacrifices qu'elle supposait sur les plans psychique, intellectuel et spirituel, mais également physique. A la fatigue causée par ces visites incessantes et aussi par appels téléphoniques que des enfants spirituels vivant loin de lui adressaient pour recevoir son aide à toute heure du jour et de la nuit, s'ajoutaient les souffrances de multiples maladies qui, au cours des ans, s'étaient accumulées : les séquelles de la pleurésie qu'il avait autrefois contractée au Mont-Athos, une insuffisance néphrétique chronique datant des années soixante, une obstruction du myocarde, une bronchite chronique, un ulcère au duodénum, un herpès affectant son visage, un staphylocoque dermique sur la main, une hernie de l'aine avec un continuel étranglement, des hémorragies de l'estomac consécutives à une injection de cortisone, une affection de l'hypophise, la perte de l'oeil gauche à la suite d'une cataracte mal soignée, et pour finir la perte progressive de la vue jusqu'à la cécité complète en 1987. Les dernières années de sa vie, c'est étendu sur son lit, parlant avec une voix très faible et établissant le contact avec eux en leur prenant la main qu'il recevait ses visiteurs.

Au cours de toute cette période, l'Ancien accomplit de nombreux miracles : des femmes stériles enfantèrent, des malades atteints de maladies incurables ou à l'article de la mort furent guéris, des malades mentaux recouvrèrent leur bon sens, des couples sur le point de divorcer furent réunis et menèrent de nouveau une vie harmonieuse, beaucoup de personnes qui s'étaient éloignées de l'Eglise retrouvèrent la foi et la pratique religieuse...

Sentant approcher la fin de sa vie terrestre, l'Ancien eut à coeur de réaliser deux projets. Le premier était de construire l'église de la Transfiguration au sein du monastère éponyme; la première pierre en fut posée à la fin du mois de février 1990. Le second était de terminer sa vie au Mont-Athos, d'une part afin d'observer les svoeux prononcés dans sa jeunesse, d'autre part afin d'éviter de mourir dans le monde et d'y être honoré. En 1985, il acquit auprès du monastère de la Grande Lavra la calyve de Saint-Georges à Kavsokalyvia dans lequel il avait passé les premières années de sa vie monastique, et que son dernier occupant venait de quitter. Après y avoir fait quelques brefs séjours, il s'y retira définitivement au mois de juin 1991, y retrouvant cinq de ses disciples qu'il y avait progressivement installés. C'est le matin du 2 décembre de la même année qu'il s'endormit dans le Seigneur.

Selon ses instructions, nul ne fut informé de son décès. Ses obsèques furent modestes et sans apprêt, comme celles d'un moine ordinaire, et furent célébrées dans la plus grande discrétion.

Quelque temps après son inhumation, les moines de son ermitage exhumèrent de nuit sa sainte dépouille et la cachèrent, suivant en cela les instructions de l'Ancien qui ne voulait pas qu'elle devînt un objet de vénération. Nul ne sait aujourd'hui où elle se trouve.

Les dernières paroles de l'Ancien exprimaient, en reprenant une parole du Christ, sa volonté à l'égard de ses nombreux enfants spirituels : " Qu'ils soient un!"



PERSONNALITé



L'Ancien Porphyre était de petite taille. Son apparence était modeste et fragile. Elle exprimait son humilité et son abandon à Dieu. Elle contrastait avec sa grande force intérieure, qui lui venait de la grâce qui l'habitait. Elle témoignait de la vérité de ces paroles de Dieu à l'Apôtre : " Ma puissance se déploie dans la faiblesse" (2 Co 12, 9).

Son visage était lumineux. Cette luminosité, semblable à celle que l'on voit dans les icônes sur le visage des Saints, se manifestait en particulier lorsqu'il célébrait la liturgie.

Il parlait avec facilité, sans hésitation, d'une voix régulière, douce, paisible et, dans les dernières années de sa vie, où son corps le faisait beaucoup souffrir, faible, fragile comme celui-ci. Sa parole était simple, sans affectation, presque familière, utilisant des termes accessibles à tous.

Accablé par la fatigue des visites et des appels téléphoniques qu'il recevait presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et par les souffrances de ses multiples maladies, il ne s'en plaignait jamais et n'en parlait même pas, sauf pour remercier Dieu de lui avoir envoyé ces épreuves et de lui avoir donné de les affronter et d eles supporter avec patience.

Ce qui frappait d'emblée les visiteurs de l'Ancien Porphyre, c'était l'amour total qu'il manifestait à chacun.

A l'égard de ses visiteurs et de ses interlocuteurs, il ne se montrait jamais grincheux, jamais impatient, jamais irrité, jamais méprisant; il ne les jugeait pas; il ne leur faisait point d'observations. Il manifestait au contraire à chacun un amour chaleureux, communicatif, qui se percevait d'emblée dans son attitude accueillante à l'égard de tous sans distinction, dans son sourire amical, dans ses paroles affables, dans le contact physique qu'il établissait avec ses visiteurs en tenant leur main comme s'il prenait leur pouls ( ce qu'il faisait surtout quand sa cécité ne lui permettait plus d'établir ce contact avec les yeux), dans la douceur de son attitude et de sa voix, dans l'extrême simplicité de la relation qu'il établissait, dans la grande attention qu'il manifestait à l'égard de chacun, dans l'écoute patiente et attentive dont il faisait preuve, dans sa bienveillance permanente, dans sa générosité sans limite, dans la compassion qu'il éprouvait pour les moindres difficultés et les plus petites souffrances de ses visiteurs, dans la tendresse qu'il leur manifestait en toute circonstance, dans le fait qu'il ne dépréciait jamais rien ni personne, mais voyait au contraire en tout et en tous ce qu'il y avait de positif, dans le fait qu'il considérait chacun de ceux qu'il rencontrait comme une personne unique et irremplaçable dont la valeur était absolue, dans la prière intense dont il accompagnait et nourrissait chaque rencontre, mais par laquelle aussi il soutenait à distance ceux qui avaient fait appel à lui ou dont il voyait les difficultés, dans l'aide qu'il fournissait à chacun par ses conseils judicieux, dans la consolation qu'il apportait à tous ceux qui souffraient ou étaient tourmentés, et dans la paix qu'il répandait autour de lui.

Pour tous il était comme un père, un ami, un ange gardien, un médecin de l'âme et souvent aussi du corps; Tous ceux qui l'avaient rencontré en ressentaient une grande joie et se sentaient transformés, améliorés, purifiés, allégés, consolés, apaisés, éclairés, guéris, aimés. L'amour de l'Ancien leur redonnait confiance en eux-mêmes, accroissait leur foi, leur insufflait la force spirituelle dont ils avaient besoin et développait leur propre capacité à aimer.

Cet amour de l'Ancien Porphyre s'étendait aussi à tous les défunts, car, soulignait-il, nous appartenons tous à l'Eglise qui est un corps unique qui englobe les vivants et les morts.

Cet amour intense et universel à l'égard du prochain s'enracinait dans un amour total et permanent à l'égard de Dieu. L'Ancien Porphyre avait fait de Dieu le centre de son existence, le point de convergence de tous ses désirs. Il Le glorifiait à chaque instant dans une prière du coeur incessante. Il était constamment soucieux d'accomplir en tout Sa volonté. A ses enfants spirituels, il apprenait d'abord à aimer Dieu. " Le fondement de son message, écrit l'un d'entre eux, était l'amour pour Dieu. Il voulait que nous aimions Dieu pour que nous puissions aimer les hommes."

On verra immédiatement dans les textes qui suivent que l'enseignement de l'Ancien Porphyre, bien qu'il porte sur une grande variété de sujets, est tout entier axé sur l'amour de Dieu et du prochain. Evoquant ses souvenirs sur le Père Porphyre, l'un de ses enfants spirituels note : " Il nous parlait continuellement de l'amour."

Un autre trait spirituel de l'Ancien Porphyre qui était très perceptible, et que soulignent tous ceux qui l'ont connu, était sa rès grande humilité. Cette humilité était apparue chez lui dès ses premières années de vie monastique comme un don de Dieu en relation avec l'obéissance totale, inconditionnelle, dont il avait fait preuve à l'égard de ses Anciens. Non seulement le Père Porphyre ne se mettait jamais en valeur, mais il s'abaissait, s'humiliait devant ses visiteurs, se faisait des reproches, confessait des fautes et se blâmait lui-même, se tenant pour pécheur malgré ses grandes vertus et pour indigne de tous les dons dont Dieu l'avait pourvu.

L'Ancien Porphyre, qui s'était livré à un grand combat intérieur pendant de nombreuses années, avait reçu de Dieu la grâce d'être purifié de toute passion. Cet état spirituel, que les Pères appellent impassibilité ( apathéïa, en grec) lui donnait une grande pureté intérieure qui se traduisait par un état d'innocence enfantine. Un tel état, avec toutes les qualités qui s'y rapportent - simplicité, jovialité, naïveté ( dans le sens positif d'une confiance immédiate en autrui), absence de vaine inquiétude (amérimnia) - , le rendait très attachant, suscitant immédiatement en chacun à la fois la confiance et l'amour. On a pu dire à son sujet qu'il était l'une de ces personnes qui avaient pu, par la grâce de Dieu, retourner à l'état paradisiaque d'avant la chute. " A côté de lui, note l'un de ses visiteurs, on ressent quelque chose d'autre, d'étranger, de vécu pour la première fois. On comprend que l'on est avec un homme véritable, libre, toujours jeune même dans sa vieillesse, lumineux et doux. Un homme qui voit le monde dans la lumière et l'amour de Dieu pour problèmes, sans inquiétude ni peur, sans angoisse ni doute. Un homme qui aime et qui est humble. On éprouve de la joie à rester des heures avec lui; c'est comme si l'on était dans l'éternité."

Comme tous les grands Pères spirituels, l'Ancien Porphyre, inspiré par le Saint-Esprit, donnait à chacun les conseils appropriés à son état spirituel, en les adaptant à son degré de réceptivité et en tenant compte de sa personnalité, de son caractère, de sa situation familiale, de son activité professionnelle et en général de toutes ses conditions de vie.

Il respectait profondément la personnalité de chacun. Si parfois il conseillait fortement, il n'imposait jamais rien; il voulait que chacun fasse ce qui était souhaitable pour lui avec sa libre volonté, sans y être aucunement contraint. Dans bon nombre de ses conseils, l'Ancien Porphyre souligne les méfaits de la contrainte. Il invite les Pères spirituels à respecter toujours la liberté de leurs enfants spirituels, soulignant que le christianisme est fondamentalement liberté. Il invite aussi les époux à respecter la liberté l'un de l'autre, voyant dans ce respect une dimension de l'amour et la condition de relations harmonieuses. Il recommande aux parents de ne jamais rien imposer à leurs enfants, mais de toujours respecter leur liberté et de les orienter vers ce qui leur paraît souhaitable en leur montrant l'exemple et en priant pour eux.

L'Ancien Porphyre avait à l'égard de tous une attitude très ouverte; il acceptait chacun comme il était, quels que fussent son état spirituel, ses dispositions morales, son apparence physique, son milieu social, son appartenance religieuse; il n'était choqué par rien. Il recevait d'une manière aussi accueillante et abordait avec la même aisance les professeurs d'université ( beaucoup d'enseignants de l'Université d'Athènes furent ses enfants spirituels) et les hippies, les évêques et les prostituées, les croyants et les anarchistes ou les athées, les fidèles orthodoxes et les catholiques, les protestants, les hindouistes ou les bouddhistes... Ce qui était différentne provoquait pas chez lui de méfiance ni de rejet, mais suscitait son intérêt et attisait son désir de comprendre et d'aider chaque personne à partir du contexte qui était le sien. S'il ne jugeait personne pour sa croyance ou son idéologie et respectait profondément la liberté de chacun, il affirmait néanmoins, sans aucun fanatisme mais avec toute la fermeté de sa foi, sa conviction que la vérité se trouve dans le Christ et dans la foi Orthodoxe.

L'ouverture d'esprit de l'Ancien Porphyre se manifestait aussi dans une insatiable curiosité à l'égard de toutes choses, dans un désir constant d'apprendre dans tous les domaines. Bien qu'ayant eu une formation scolaire très limitée, il disposait d'un grand savoir dans les spères les plus diverses : agriculture, hydrologie, géologie, astronomie, médecine, etc..., et se montrait très intéressé par les progrès techniques, qu'il jugeait favorablement.

Un autre trait frappant qui ressort de beaucoup de chapitres de ce livre est la très grande liberté dont fait preuve l'Ancien Porphyre dans ssa compréhension de la vie spirituelle, son absence de légalisme, de formalisme et de moralisme, sa capacité à aborder chaque situation en allant droit à son essence spirituelle. Cette liberté est une dimension de "la liberté des enfants de Dieu" dont parle Saint Paul (Rm 8, 21), la liberté que l'on a dans le Christ Jésus" (Ga 2, 4), la liberté de l'Esprit qui souffle où il veut et dont on ne sait ni d'où Il vient ni où Il va (Jn 3, 8).

Comme l'a écrit un des disciples, "pourchaque personne qui l'approchait, Géronda Porphyre était une révélation". A sa vue, à son contact, à entendre ses paroles, se révélait la grâce de l'Esprit-Saint qui l'habitait. Si beaucoup de visiteurs du Père Porphyre, après l'avoir rencontré, se sont convertis ou ont retrouvé l'Eglise et ont commencé à mener une vie spirituelle intense, c'est parce qu'ils ont perçu et ressenti qu'en cet homme humble, pauvre, fragile, s'étaient accomplies les promesses du Christ à l'égard de ceux qui Le suivent et pratiquent Ses commandements.

Certains de ceux qui ont rencontré le Père Porphyre disent avoir vu en lui, à cause de ses exceptionnels dons de clairvoyance et de prévoyance l'équivalent d'un Prophète de l'Ancien Testament. D'autres disent avoir vu en lui, à cause de ces mêmes dons, mais aussi à cause de sa pureté ainsi que de la légèreté presque immatérielle et de la luminosité de son apparence, comme un ange vivant parmi les hommes. Tous ceux qui ont été en contact avec lui ont en tout cas ressenti qu'ils se trouvaient en présence d'un Saint.



LES PRINCIPES DE LA PRESENTE EDITION



Cette anthologie a été réalisée par Constantin Karakolis, Docteur en théologie, qui a rassemblé les conseils de l'Ancien Porphyre qui se trouvent disséminés dans dix ouvrages qui lui ont été consacrés, et aussi dans diverses publications ( journaux, revues, mémoires) et enregistrements sonores.

Les dix ouvrages sont les suivants ( classés selon l'ordre alphabétique des abréviations qui les désignent à la fin de chaque extrait cité avec indication de la page de l'édition grecque) :

(A) Moine Agapios, La flamme divine que l'Ancien Porphyre alluma en mon coeur, Athènes, 2000.

(Chr) Hiéromoine Christodoule l'Athonite, Vase d'Election, Mont Athos, 1996.

(D) Hiéromoine Damascène, " Ayant été agréable à Dieu, il fut aimé", Athènes, 1995.

(G) K. Giannitsiotis, Auprès de l'Ancien Porphyre, Athènes, 1995 (336 p.).

(Ger) K. Ioannidis, Gérondikon du XX° siècle, Athènes, 2002.

(I) K. Ioannidis, L'Ancien Porphyre, Athènes, 2000.

(Kr) G. Kroustalakis, L'Ancien Porphyre, Athènes, 2001.

(Por) L'Ancien Porphyre, éditions Apostolos Barnabas, Athènes.

(Tz) A.S. Tzavaras, Souvenirs de l'Ancien Porphyre, Athènes, 2001.



BIBLIOGRAPHIE



Bien que les ouvrages de la liste précédente incluent, disséminés dans le cours du texte, de nombreux épisodes de la vie de l'Ancien Porphyre et différents aspects de sa riche personnalité, trois ouvrages comportent, dans leur première partie, une biographie développée : Klitos Ioannidis, Géron Porphyrios, Témoignages et expériences, trad. française, Milési, 2005; Ancien Porphyre le Kafsokalyvite, Vie et discours, La Canée, 2003 (en grec); Adamantia Piperakis, Vie et Office de notre saint Père Porphyre le kafsokalyvite, Athènes, 2003 (en grec).



REMERCIEMENTS



Nous remercions le Saint Monastère de la Transfiguration du Sauveur de Milesi, près d'Oropos en Attique, détenteur des droits de l'édition grecque, de nous avoir permis d'en publier une traduction française et de nous avoir aussi laissé toute liberté d'aménager cette édition.

Usant de cette liberté, nous avons omis quelques textes ou passages qui : 1) soit étaient liés au contexte spécifique de la Grèce et auraient été incompréhensibles pour un lecteur français; 2) soit relataient de manière indirecte et peu sûre les propos de l'Ancien Porphyre; 3) soit constituaient des gloses personnelles et reflétaient les opinions propres de ceux qui rapportaient les propos de l'Ancien, et comportaient ainsi le risque d'en altérer le sens; 4) soit étaient manifestement des textes mutilés, incompréhensibles en l'état. Nous avons parfois aussi dû corriger l'expression incorrecte de certains récits, et supprimer quelques fioritures ou détails inutiles. Dans tous les cas cependant, les paroles mêmes de l'Ancien ont été fidèlement préservées.

Le traducteur, M. Alexandre Tomadakis, s'est quant à lui parfaitement acquitté de sa tâche, traduisant le texte grec au plus près tout en respectant les exigences de la langue française. Qu'il soit remercié pour ce travail qu'il a entrepris en vertu d'un lien spirituel autrefois établi lors d'une brève rencontre avec l'Ancien, lien qu'il s'est remémoré plusieurs décennies plus tard en le ressentant autant comme un appel que comme un rappel, comme il l'explique dans son avant-propos.

Nous remercions aussi, pour son aide dans la réalisation de cette édition, M. Georges Btias, notre ami depuis plus de trente ans, fidèle disciple de l'Ancien, qui le premier nous le fit connaître. Brillant polyglotte, il fut son infatigable traducteur auprès de nombreux visiteurs venus de l'étranger, et à ce titre entendit plus que tout autre ses paroles de salut.

Jean-Claude Larchet



AVANT-PROPOS

DU TRADUCTEUR



C'était par une journée d'été torride, au milieu des années soixante, à Athènes. Un jeune homme d'un peu plus de vingt ans, tout au bonheur de retrouver la ville de sa naissance, parcourait les rues de l'illustre cité, indifférent à la chaleur, infatigable là où il pouvait rencontrer l'Esprit. Il n'est pas sûr qu'une carrière universitaire de trente-huit ans lui ait, depuis, appris tellement plus. Il savait déjà que l'Esprit de Dieu est partout, présent et opérant, mais que l'homme peut, plus qu'ailleurs, l'entendre, et éventuellement lui parler, entre les murs sanctifiés d'une église. Aussi visitait-il toutes les églises et autres chapelles, appréciait-il leurs offices, humbles ou solennels, leur silence peuplé de petites flammes orantes et parfumé d'encens. Toute porte marquée du signe de la Croix lui disait, comme elle le lui dit toujours : " Entre!"

C'est ainsi qu'il entra, sans savoir où il était, dans ce qu'il découvrit, après coup, comme étant la chapelle de la Polyclinique, rue du Pirée, non loin d ela place Omonia. Sur un banc, juste derrière les cierges de l'entrée, il aperçut celui qu'il appela ausssitôt un Patérouli, un "Petit Père". Sa réaction intérieure ressembla à d'autres, décrites dans ce livre : " J'ai déjà vu bien des prêtres, mais quel "Petit Père" est-ce là!" On a ici - que les raisonneurs me pardonnent et cessent un moment de raisonner - instantanément, inexplicablement, très fortement, ce que l'on peut appeler une véritable "sensation de la sainteté"! Le jeune homme n'avait pas la moindre idée sur l'identité de ce "Petit Père". Pendant plus de vingt ans après cette rencontre rapide - et lumineuse - comme l'éclair, il n'en sut rien de plus... que ce sentiment , très fort, indescriptible... Le Petit Père avait, un instant, rencontré le regard du jeune homme puis, inclinant la tête, était visiblement parti dans une prière qui dura l'éternité de quelques secondes. Tandis que le jeune homme restait là, figé, en attendant d'allumer un cierge, un médecin vint appeler le Petit Père au chevet d'un malade. Ce fut tout.

" C'est tout" appartient au langage des hommes. La langue de Dieu dit tout en un instant mais elle demande parfois des décennies pour être déchiffrée et comprise par nous. L'instant de Dieu n'est-il pas aaussi l'ample mesure des siècles, des millénaires de l'humanité, et bien plus encore? Vers le milieu des années quatre-vingts, à Paris, le jeune homme qui avait, désormais, deux fois vingt ans, entendit parler du Père Porphyre par des amis qui le voyaient régulièrement en Grèce. Plus tard encore, il sut davantage sur lui, en prenant connaissance des livres parus en grec à son sujet. L'implicite de la connaissance sans paroles devenait, petit à petit, sous des aspects divers, l'explicite de la connaissance trduite en paroles humaines. Ces paroles devinrent plus hardies, et plus explicites encore, après que le Petit Père se fut endormi, sur la Sainte Montagne de l'Athos, en 1991. En deux mots comme en mille, et en toute humilité, le jeune homme, qui allait maintenant sur ses trois fois vingt ans, se rendit compte - on finit bien par comprendre un jour - qu'un véritable "dialogue diachronique", d'une quarantaine d'années, d'année en année plus fécond, s'était établi avec le Petit Père depuis la très brève rencontre sans connaissance humaine ni échange verbal.

" Coïncidence"? C'est là encore un de ces mots humains dont il importe de pénétrer, un tant soit peu, le sens dans la langue de Dieu. Dans le cadre de Saint-Stéphane, la cathédrale grecque de Paris, que j'essaie de servir, je suis entré en relation avec nos frères qui s'occupent, avec zèle, compétence et dévouement, de traduire des textes de spiritualité orthodoxe. Le premier prêtre de cette église de saint Stéphane était un Père Porphyre, archevêque du Sinaï en 1906, prédécesseur de l'archevêque Porphyre qui ordonna le Petit Père, de même qu'un autre Père Porphyre, premier prêtre, en 1950, d'une église construite sur une terre lointaine, évoquant les missions citées dans l'un des chapitres de ce livre. A son entrée dans l'église à peine achevée, ce Père Porphyre reçut le premier encensoir des mains d'un petit garçon qui venait de l'y apporter. C'était le futur jeune homme de notre histoire.

Cette traduction vient d'être, avec l'aide de Dieu, achevée le 2 octobre 2003, sur un promontoire de Chalcidique, face au Mont-Athos où repose, sans vouloir être vénéré comme un Saint, le Petit Père. Que le Christ nous aide tous, par les prières de Sa Toute Sainte Mère, de tous Ses Saints et de tous ceux qui, comme le Petit Père, ont su Lui être agréables et dire Son amour aux hommes.

A.T.









SAINT PERE PORPHYRE





ANTHOLOGIE DECONSEILS





L'AMOUR DU CHRIST ET DU PROCHAIN



"Le Christ est tout (1)."



(1) : ( Les paroles de l'Ancien contenues dans cette section ont été transcrites à partir d'une bande magnétique).



"Hé bien, la vie sans le Christ, n'est pas la vie. Ca y est; c'est fini. Si tu ne vois pas le Christ dans toutes tes oeuvres et tes pensées, tu es sans le Christ.

Comment l'as-tu compris?

Je me souviens aussi d'une chanson :

"Avec le Christ en tout lieu

Nulle crainte en aucun lieu."

L'avez-vous entendue? Hein? Les enfants la chantent.

Hé bien, c'est ainsi que nous devons voir le Christ. Il est notre ami. Il est notre frère. Il est tout ce qu'il y a de bon et de beau. Il est tout. Mais c'est un ami et Il le crie : " Je vous considère comme mes amis, vous autres, ne le comprenez-vous pas? Nous sommes frères. Mais dites donc,...je ne tiens pas l'enfer dans ma main. Je ne vous fais pas peur. Je vous aime. Je veux que vous ressentiez, avec moi, la joie de la vie." As-tu compris?

C'est ainsi qu'est le Christ. Il n'y a en Lui ni humeur sombre ni mélancolie ni retournement sur soi, toutes choses propres à l'homme livré à des pensées, à des réflexions et à des pressions diverses qui le torturent , qui l'ont blessé en certaines circonstnaces, dans sa vie.

Le Christ est vie nouvelle. Comment le dire? Le Christ est tout. Il est la joie. Il est la Vie. Il est la lumière, la lumière véritable, celle qui fait que l'homme se réjouisse, qu'il vole, qu'il voie tout, qu'il voie tous, qu'il souffre pour tous, qu'il veuille avoir tous les hommes avec lui, tous près du Christ.

Nous, quand nous découvrons un trésor ou quoi que ce soit d'autre, nous ne voulons le dire nulle part. Le chrétien, en revanche, quand il a connu le Christ, quand le Christ Se manifeste dans sa petite âme et qu'il le sent, il veut le crier et le déclarer en tout lieu; il veut dire des choses sur le Christ, dire ce qu'est le Christ. Aimez le Christ et ne placez nulle chose au-dessus de son amour. Le Christ est tout, Il est la source de la vie, Il est le meilleur recours, Il est tout. C'est dans le Christ que réside tout ce qui est beau.

Tandis que, loin du Christ, se trouvent l'affliction, la mélancolie, les états nerveux, le chagrin, le souvenir des blessures de la vie, des pressions et, par là, des heures d'angoisse. C'est là que nous vivons ainsi toutes ces affaires de notre vie. Et nous allons pas ci, et nous allons par là, et nous ne pouvons demeurer nulle part. Là où nous trouvons le Christ, même si c'est dans uen grotte, nous y demeurons; et nous avons peur d'en partir et de perdre le Christ. Lisez pour voir. Des ascètes qui ont connu le Christ ne voulaient pas partir de la grotte; ils ne sortaient même pas dehors pour faire un pas un peu plus loin : ils voulianet être là où ils sentaient le Christ avec eux.

Le Christ est tout.

Le Christ est la source de la vie, de la joie. Il est tout. Qu'en penses-tu Nikos?

- Ces paroles que vous avez dites, Géronda (2), sont des paroles en or; c'est la réalité. C'est très exactement comme vous le dites.

(2) : ( Géronda : C'est ainsi que l'on s'adresse, en Grèce, aux pères spirituels et aux moines âgés. Le mot, qui signifie "Ancien", est l'équivalent du mot russe Starets. Pour le vocatif, nous avons conservé le mot grec; pour les autres formes, nous l'avons partout traduit par "Ancien").

- Mais oui, c'est ainsi aussi que nous sommes appelés à vivre. Quand nous disons que nous sommes chrétiens, quand nous disons que nous appartenons au Christ. As-tu compris? A n'importe quel sujet. Et aux heures de notre faiblesse, dès que nous voyons le Christ, nous changeons aussitôt d'avis et nous voulons être avec le Christ. Mais le Christ est notre ami. Il est notre frère. Il le crie : " Vous, vous êtes mes amis. Je ne veux pas que vous me voyiez différemment, je ne veux pas que vous me voyiez de cette façon-là, à savoir que moi je suis Dieu, que je suis le Verbe de Dieu, que je suis une hypostase de la Sainte Trinité. Je veux que vous me voyiez comme l'un de vos proches, comme votre ami, que vous m'embrassiez, que vous me ressentiez en votre coeur, ainsi qu'il en est de la vérité."

Et certes, telle est la vérité. Maintenant, il y a Satan, avons-nous dit, il y a l'enfer, il y a la mort. Tout cela existe, existe en réalité. C'est l'autre partie, le mal, ce sont les ténèbres, tout cela appartient aux ténèbres.

L'homme du Christ doit aimer le Christ et, quand Il a aimé le Christ, il est débarrassé du diable, de l'enfer et de la mort. Tu me diras : " et toi, en es-tu arrivé à être ainsi?" Je n'y suis pas arrivé, c'est ce que je recherche, ce que je veux. Et dans mon silence, et partout, je m'efforce de vivre ces choses. Je ne les vis pas. Pourtant, hé oui... j'essaie. C'est-à-dire, coment te dire, comment vous dire? Je ne suis pas allé dans un endroit, ainsi... ou plutôt, j'y suis allé une fois, je l'ai vu, maintenant je n'y suis pas, mais je m'en souviens, j'y aspire, je le veux. Voilà, maintenant, en cet instant, demain, après-demain, à tout instant cet endroit me revient et je le désire, je veux y aller, je le recherche. Je n'y suis pas pourtant. Je ne peux pas vous expliquer ces choses-là. Les comprenez-vous?

- Oui, Géronda." (I 50).



L'amour envers Dieu.

Un autre jour, je demande à l'Ancien comment doit être notre amour envers Dieu, et il me dit :

" Notre amour envers Dieu, mon enfant, doit être très grand et sans qu'il existe quelque distraction en direction d'autres choses.

Je te donne l'exemple suivant : l'homme semble posséder en lui une pile avec une certaine quantité d'énergie. Qund cette énergie il la dépense à tout autre chose qu'à l'amour envers Dieu, l'énergie qui reste en lui-même pour Lui est très petite, et peut-être même, souvent, nulle. Quand, au contraire, nous mettons toute notre énergie à la disposition de Dieu, alors notre amour envers Lui est grand.

Je te dis cette autre chose encore :

Il était une fois une jeune fille qui était tombée très fortement amoureuse d'un jeune homme qui s'appelait Nikos. Ainsi donc, celle-ci se levait chaque nuit et, à l'insu des siens, elle sautait de sa fenêtre et s'en allait pieds nus à travers champs, où il y avait des épines, à la rendontre de son bien-aimé, ensanglantant ses pieds. De même, quand elle revenait chez elle et qu'elle restait à l'intérieur de la maison, son Nikos était toujours là, et elle me montrait son front. C'est ainsi que, toi aussi, mon enfant, tu dois donner toute ta force à Dieu, et ton esprit doit toujours être tourné vers Dieu, car c'est cela qui Lui plaît." (Tz 108).



La voie moyenne et la voie royale de l'amour.

" Il ne faut pas, non plus, mon enfant, a dit l'Ancien, suivre la voie moyenne du christianisme, car elle est trop difficile. Il nous faut dépasser ce stade et nous élever en hauteur avec l'amour pour le Christ. Tout est facile alors. Quand nous avons aimé le Christ, nous ne tombons pas dans les péchés, et alors nous sommes hors de la voie moyenne et nous sommes les vrais chrétiens." (Tz 108).



Comment aimer le Christ.



"Comment pouvons-nous, Petit Père (3), aimer le Christ?

(3) : ( En grec Papouli, diminutif à la fois de papas (prêtre) et de papous (grand-père). C'est, en Grèce, une façon à la fois familière et respectueuse de s'adresser à un prêtre âgé (NdT).).

- Notre amour envers le Christ, mon enfant, se réalise de la manière suivante : nous élevons notre moi intérieur vers le Christ et nous L'invoquons. Ainsi, quand nous voyons la nature, les arbres, les fleurs, les oiseaux, les abeilles, les fleurs, la mer, les poissons, les étoiles, la lune, le soleil et toutes Ses autres créatures exquises, nous tournons notre esprit vers Dieu et, Le glorifiant à travers celles-ci, nous nous efforçons de comprendre combien ces créatures sont belles et de les aimer. Quand nous avons aimé tout cela, alors notre amour s'élève vers notre Créateur et, de cette manière, c'est en réalité et en vérité que nous L'aimons. L'amour des créatures est une condition préalable nécessaire; mais l'amour pour notre frère humain doit être encore plus grand. C'est pourquoi nous devons effectuer des visites aux hôpitaux, aux prisons, aux orphelinats, aux maisons de retraite, etc. C'est la seule raison qui exige que de telles visites soient faites. Alors notre amour sera sincère." (Tz 109).



Enfer et Paradis.



"Viens voir. Et l'Enfer et Satan, et le Paradis et toutes ces choses-là, tout est vrai; mais, moi, je ne veux pas que tu en aies peur ni que tu y penses de la manière dont tu y penses.

Je veux que tu aimes le Christ qui est Tout, et alors, où que tu sois, tu n'auras peur de rien de tout cela. Tu posséderas tous les biens, ici comme là.

Voilà! Le Christ nous attend, et dès que nous, nous Lui avons ouvert une petite fente de notre coeur, Il entre tout de suite en nous, et alors nous possédons tout.

Il est comme le soleil, mon enfant : quand tu tires un peu le rideau à la fenêtre, la lumière entre immédiatement dans la pièce avec ses rayons et nous sommes réchauffés." ( Tz 171).



Amour et simplicité sans crainte.



Le Petit Père me disait bien des fois :

" L'amour, je te recommande de toujours en avoir. En premier l'amour, et tout le reste après.

Nous devons aimer dans la simplicité du coeur; comme nous devons prier de même manière.

Je ne veux pas que tu t'approches de Dieu avec la crainte de la mort. Je veux que tu fasses cela avec le plus grand amour pour Lui. C'est cela qui est supérieur, mon enfant." (Tz 121).



Aimons le Christ autant que nous le pouvons.



"Quelles paroles de l'Ancien Porphyre vous rappelez-vous le plus?

- Il disait que nous devions aimer le Christ le plus que nous pouvions. " Celui qui aime le Christ, disait-il, c'est celui-là qui tue le péché." Il mettait tout particulièrement l'accent sur l'amour de Dieu." ( I 99).



Si nous voyions combien le Christ nous aime.



L'Ancien Porphyre disait que si nous voyions combien le Christ nous aime et tout ce qu'il fait pour nous, nous deviendrions fous de joie. (Archimandrite Ananie Coustenis, Discours).



L'amour de la bergère et l'amour du Christ.



Un après-midi, je me trouvais à Callisia avec l'Ancien, qui avait été informé de la venue à Athènes, où il devait donner une homélie, d'un moine de la Sainte-Montagne, higoumène d'un monastère. Il me déclara son ardent désir de respirer l'air de la Sainte-Montagne, entendant par là une homélie dans le style de la Sainte-Montagne. Dans la voiture d'un ami, nous sommes descendus à Saint-Nicolas, sur la rue Asklépios. La salle était bondée de monde, étudiants et étudiantes principalement. En premier prit la parole un théologien; il développa, assez bien, des positions de Pères sur des problèmes actuels. La parole fut ensuite donnée à l'higoumène de la Sainte-Montagne, lequel éleva d'un coup jusqu'aux sommets l'atmosphère spirituelle.

Quand il eut fini, un étudiant eut l'inspiration de prier le Père Porphyre d'adresser quelques mots à l'assistance; il l'avait remarqué assis tête baissée dans un coin. Le Père Porphyre parut en être troublé; il déclara ne pas prendre la parole dans des rassemblements publics, mais devant "la voix du peuple", il fut obligé de dire, d'une voix faible que l'on entendait à peine : " Moi je ne parle pas, je prie Dieu seulement d'illuminer son moine-servant ( il entendait par là l'higoumène) afin qu'il parle bien." Les jeunes gens ne se contentèrent pas de cette réponse; ils demandaient à en entendre plus long.

Alors, le Père Porphyre leur demanda : " Que voulez-vous que je vous dise?" Les jeunes gens répondirent : " De quelle manière vivre aujourd'hui la vraie vie chrétienne." Et le Père Porphyre commença à parler tout lentement : " Beaucoup disent que la vie chrétienne est désagréable et difficile; moi, je dis qu'elle est agréable et facile, mais elle exige deux préalables : humilité et amour." Les jeunes gens - dont un grand nombre prenaient des notes - demandèrent : " De quelle manière, Géronda, pourrions-nous acquérir humilité et amour?"

Alors, l'Ancien répondit " en paraboles", avec cet inimitable talent de narrateur qui lui était propre :

"Je vais, mes enfants, vous raconter une histoire. Il était une fois une bergère qui vivait dans la montagne et faisait paître des brebis. Toute la journée durant, elle se donnait de la peine pour bien faire paître ses brebis, pour les abreuver, pour les garder des bêtes sauvages, et pour, le soir, les faire rentrer au bercail, les traire et les installer. Et quand la nuit avançait et que ses parents dormaient, bien qu'elle fût harassée de fatigue, elle sautait en cachette par-dessus la clôture et courait dans la nuit noire, parmi les rochers, passant par les épines, et elle parvenait sur la pente opposée pour y rencontrer un jeune berger qu'elle aimait. Et quand elle le rencontrait, elle était toute joyeuse, malgré ses efforts et ses sacrifices, et même, parce que précisément cette rencontre avec son amoureux lui coûtait efforts et sacrifices, elle en était plus réjouie encore. Pardonnez-moi de vous parler ainsi d'amoureux, moi qui suis moine, mais je le fais pour que vous puissiez mieux comprendre ce que je veux dire. C'est de cette manière aussi que l'âme doit considérer son amoureux, le Christ, pour être contente, comme la jeune bergère qui est tombée amoureuse du jeune berger. Or, que sont les amours humaines devant l'amour divin ? Elles sont passagères et trompeuses; alors que l'amour divin est éternel et vrai. L'âme qui est amoureuse du Christ est toujours joyeuse et heureuse quoi qu'il lui arrive, quels que soient les efforts et les sacrifices que lui coûte son divin amour. Et même, plus elle se donne de la peine et se sacrifie pour le Christ, son bien-aimé, plus elle se sent heureuse. L'âme se prend d'amour pour le Christ quand elle connaît et applique ses commandements. Quand l'âme est amoureuse du Christ, elle aime aussi les hommes, elle ne peut les haïr. En l'âme qui est amoureuse du Christ, le diable ne peut s'introduire. Ainsi, dans cette salle où nous nous trouvons maintenant, disons que nous sommes tous bons. Si, à un moment donné, se présentent à la porte certains hommes méchants et qu'ils veulent entrer à l'intérieur, ils ne le pourront pas parce que nous emplissons la salle. Il en va ainsi aussi de l'âme dont tout l'espace est occupé par le Christ; le diable ne peut pas y entrer pour y habiter, en dépit de tous ses efforts, car il ne trouve pas d'espace qui le contienne, car il n'y a pas de place vide pour lui. C'est de cette manière que nous pourrons vivre la vraie vie chrétienne."

Les jeunes gens furent enthousiasmés de cet enseignement, simple mais suggestif, de l'Ancien. Quelques jours plus tard, j'étais à nouveau auprès de l'Ancien, à Callissia. Je lui ai dit, entre autres choses, à quel point les jeunes gens avaient été satisfaits de cet enseignement-là au sujet de la bergère, mais aussi tous ceux qui l'avaient entendu de la bouche de tiers. L'Ancien s'en réjouit et me dit : " Ah, que la bénédiction les emporte, ces enfants, mon brave : moi, je ne parle pas dans les salles, devant du monde. Ce sont eux qui m'y ont obligé. Tu sais que cette bergère venait se confesser à moi. C'est ainsi que cela se passait; comme je l'ai dit." "Géronda, lui ai-je dit, ainsi elle est donc vraie cette histoire avec la bergère?" Et l'Ancien de répondre : " Oui, elle est vraie." J'ai été impressionné par le bonheur avec lequel l'Ancien utilisait des anecdotes de la vie quotidienne, pour rendre compréhensibles, grâce à elles, ses élévations vers la vie de l'éternité. ( G 42 -6).



Le Paradis est l'amour du Christ.



Et le Paradis, qu'est-ce? " Le Christ, disait l'Ancien : quand tu aimes le Christ, alors, malgré le sentiment de ton état d epécheur et de tes faiblesses, tu as l'assurance d'avoir dépassé la mort, parce que tu es dans la communion de l'amour du Christ." (I. 246).



Je les aime tous et je prie.



" Oui, je prie pour tous, pour ceux aussi qui partent sans me voir. Pour tous, d'une manière générale. Pour certains toutefois, je prie en les citant par leur nom.

- N'êtes-vous pas fatigué de tout ce monde? Comment pouvez-vous tenir le coup?

- Je les aime, je veux tous les aider, mais je ne peux pas et cela me fait de la peine. Je parle continuellement, toute la journée; ma langue est asséchée. Dès quatre, cinq heures du matin, je parle. Tiens, aujourd'hui c'est un higoumène de la Sainte-Montagne qui, à cinq heures du matin, m'a appelé au téléphone. Après, c'était un évêque de Crète.

Avant-hier, à minuit, un père m'a appelé au téléphone de puis une île de l'océan Pacifique. Tu comprends? Alors que, moi, je suis ici, avec mon esprit j'étais aussi là-bas. Il m'a parlé de ses filles. Cet homme en a éprouvé de la joie. Je lui ai dit de m'appeler encore.

Quand je suis fatigué, je couvre mon visage et je les laisse me baiser seulement la main. Et ils viennent, tu sais, de loin, d'Alexandrie avant-hier, de Kiato, de tous les endroits de la Grèce et, d'autres fois, d el'étranger.

Des hommes aux prises avec de graves problèmes. Que faire? J'essaie. Pourtant, je ne peux pas parler toujours. Ils en sont affligés; ils partent en disant des paroles.

L'Ancien, depuis le "Paraclet", me dit de tous les recevoir, de dire peu de choses à chacun, de permettre au moins qu'ils reçoivent une bénédiction.

Tu sais, la foule des gens, on ne peut pas la satisfaire. Ainsi, il se peut que certains crient aujourd'hui que je suis un saint, et il se peut que demain les journalistes écrivent que je n'ai pas satisfait les gens et que je suis un suborneur du peuple." (Z 72 p.)



Ne demande pas que l'on t'aime.



"(Tiens-toi) loin de la jalousie. elle dévore l'homme. Par envie à l'égard d'une autre, une moniale s'était imaginé que celle-ci avait une attitude malséante avec le confesseur (4), et elle en faisait état comme d'une réalité.

(4) : ( Nous avons traduit ainsi le mot grec pneumatikos. Ce mot désigne en fait à la fois le confesseur et le père spirituel puisque, dans la pratique orthodoxe de la confession, le confesseur donne toujours des conseils spirituels. Il faut noter que, en Grèce, tous les prêtres ne sont pas habilités à confesser, mais seulement ceux que leur évêque a officiellement établis dans cette fonction de pneumatikos (NdT).).

Tout arrive dans l'homme envieux. Moi, je l'ai vécu. Les hommes me considéraient comme bon et venaient se confesser à moi en grand nombre. Et ils me parlaient avec sincérité.

Loin de ces reproches de bonne femme. C'est le Christ, mon brave, c'est le Christ que nous devons aimer avec passion, aimer d'un divin amour.

Bienheureux le moine qui a appris à aimer tout le monde en cachette. Il ne demande pas leur amour aux autres; et cela ne lui fait rien de savoir s'il en est aimé;

Toi, aime tout le monde, et prie secrètement à l'intérieur de toi-même. Fais déborder ton amour en direction de tous. Et l'heure viendra où tu aimeras sans te forcer. Et tu auras le sentiment que tous t'aiment. Une chanson du monde dit :

Ne me demande pas de t'aimer

L'amour ne peut être quémandé

Entre les mains du coeur

Tout seul il naît.

Prends-le d'une manière spirituelle. Toi, répands tout naturellement du fond de ton coeur l'amour du Christ.

Certains moines, des moniales surtout, disent : " Tu m'aimes? Pourquoi ne m'aimes-tu pas?"

Oh, oh! Comme iles sont loin de l'amour du Christ! Pauvreté, pauvreté spirituelle.

Que jamais ne te préoccupe de savoir si l'on t'aime. Toi, seulement, déborde de l'amour du Christ pour tous. Et alors, d'une manière mystique, vient une transformation, un changement de tout l'ensemble. Ce que je te dis là est la meilleure mission qui soit. Mets-le en application et téléphone-moi le résultat." (A 80-2).



Indulgence.



atténués pour dire quelque chose à quelqu'un, de façon à éliminer l'élément de l'opposition. Et il en donnait l'exemple suivant : " S'il apparaît nécessaire de dire à quelqu'un qu'il ment, ne lui dites pas qu'il dit des mensonges, car il est naturel qu'il en soit blessé et réagisse. Dites- lui qu'il ne parle pas du sujet avec exactitude." ( I 140).



Aumônes.

Dois-je faire des aumônes sans discontinuer, Géronda? Aider sans arrêt financièrement certains de mes frères humains qui sont dans le besoin? Je vous pose la question, car, comme vous le savez, je n'ai pas une grande aisance financière.

les autres autour de toi en leur parlant, en les écoutant quand ils veulent parler de leurs problèmes, dire leur souffrance, et en leur tenant compagnie, afin qu'ils ne se sentent pas seuls." ( I 288).



C'est ainsi seulement que l'âme est remplie.

Un autre jour où j'étais triste parce que je ne rencontrais pas un amour réciproque de la part de certaines personnes, l'Ancien me dit : " Aujourd'hui, les hommes demandent qu'on les aime; c'est pour cela qu'ils échouent. Ce qui est juste, c'est de ne pas t'intéresser à savoir si l'on t'aime, mais de savoir si toi tu aimes le Christ et les hommes. C'est ainsi seulement que l'âme est remplie." ( G. 40).



Aime tout le monde.

L'amour de l'Ancien ne connaissait pas de frontières; il était sans bornes. Il s'étendait sur tous les enfants de Dieu, sur tous les hommes, amis et ennemis. Il me disait : " La couronne de notre amour pour nos amis comporte des corps étrangers ( calcul, réciprocité, vanité, faiblesse des sentiments, sympathie maladive), alors que la couronne de l'amour pour nos ennemis est pure." Il me disait encore : " Notre amour en Christ doit parvenir partout, y compris jusqu'aux hippies qui sont à Matala. Je voudrais beaucoup aller là-bas, non pour leur faire un sermon ou les accuser, mais pour vivre avec eux " sans péché" et laisser l'amour du Christ qui transfigure parler tout seul. J'ai vu les hippies et j'en ai eu pitié. Ils étaient comme "des brebis n'ayant pas de berger.""

Sur le chapitre de mes relations sociales, il me conseillait : " Tu ne dois pas mener la lutte chrétienne avec des sermons et des controverses, mais avec un amour secret réel. Quand nous entrons dans une controverse, les autres réagissent. Quand nous les aimons, ils sont émus et nous les gagnons à nous. Quand nous aimons, nous pensons donner aux autres alors qu'en réalité nous donnons d'abord à nous-mêmes. L'amour nécessite des sacrifices. Que nous sacrifions en toute humilité quelque chose qui est à nous, alors que, dans la réalité, cela appartient à Dieu." ( G 40 - 1).



Quand tu aimes le Christ, tu aimes tout le monde.

L'Ancien Porphyre vivait en communion avec Dieu en la personne du Christ. C'est pour cette raison qu'il était l'homme de l'Eglise par excellence. " Le Christ est l'Eglise et l'Eglise est le Christ, qui nous a tous reçus en Lui-même. Quand tu aimes le Christ, tu aimes tous les hommes en même temps, sans demander si les hommes sont dignes d'amour ou encore s'ils vont accepter cet amour ou le rejeter. Si tu veux rencontrer le Christ tu Le rencontreras dans l'espace de l'Eglise, car en ce lieu est unie à Dieu l'humanité entière en la personne du Christ. Tu ne peux pas être en communion avec le Christ et ne pas avoir de bonnes relations avec les autres hommes." Ce sont des propos de ce genre et d'autres, nombreux, que l'Ancien avait l'habitude de nous tenir. Par son exemple, il nous enseignait que notre amour pour le Christ passait par les autres hommes. L'Ancien disait : " Notre salut, le Royaume de Dieu, le Paradis, c'est le Christ Lui-même, c'est-à-dire l'Eglise." ( Bienheureux Grégoire, n¨17, p. 84).



L'absence de rancune.

" Il y a des moines, disaient l'Ancien, qui demandent pardon, et se confessent, tandis qu'à l'intérieur d'eux-mêmes réside une passion dirigée contre autrui. Ce n'est pas de cette manière que naît la grâce de Dieu.

Moi, j'avais ici un artisan, un voisin; il faisait divers travaux et en était payé. Je ne sais comment cela s'est fait, mais il s'est mis à tenir une nuée de propos injurieux, et ici à l'intérieur, et à l'extérieur. Que faire? me disais-je, et comment l'aider? Un jour, je me rendis chez lui, pour lui rendre visite. Dès qu'il me vit, il en fut troublé, se retira en lui-même et jaunit. Il croyait que j'étais venu lui faire des reproches. Moi, je me mis à lui parler de ses arbres, à louer leurs fruits abondants. Nous avons parlé d'hospitalité... C'est tout. Son coeur avait été réchauffé. Depuis, il ne s'est jamais absenté d'ici et il court faire tous les travaux. Dans des cas semblables, on a besoin d'avoir une bonne attitude." (A 54).



Tu ne gagnes rien à faire le méchant.

Un de mes amis, comme il me l'a avoué, a été l'objet d'une attitude dure de la part de personnes dotées de principes stricts, avec, pour résultat, d'être anéanti et d'être totalement incompris. L'Ancien lui a fait retrouver le repos, car il a mis les choses à leur place, en réalisant une sorte de radiographie de son âme. Il lui a dit : " Tu es bon, sensible, calme; tu es un agneau de Dieu. Mais quand on t'aborde méchamment, tu rentres en toi-même, tu réagis intérieurement, et c'est alors qu'il y a malentendu sur ton compte et que l'on ne te comprend pas. Ces gens qui se sont mépris sur toi et t'ont blessé ne connaissent même pas cette vieille fable sur le soleil et le vent, qui s'étaient pris de querelle pour savoir qui était le plue fort, et ont parié que celui qui arriverait à ôter la cape du berger qui, à ce moment-là, remontait la pente, serait le plus fort. Le vent souffla et souffla de nouveau; le berger eut froid et ne s'en recroquevilla que mieux dans sa cape. Le soleil sortit alors des nuages, il répandit tout alentour bonté et chaleur; le berger eut chaud et enleva sa cape. Alors le soleil cria au vent : " Tu as vu, lequel de nous deux est le plus fort?"" Et le Père Porphyre tira la conséquence : " Ce n'est pas en faisant le méchant que tu gagnes un homme, mais par la bonté." ( G 235 p.).



Des larmes pour un événement à survenir.

Un étudiant était aux prises avec de graves problèmes psychologiques, en raison d'une infirmité de la main dont il était affligé. Cela était dû à l'explosion d'une grenade abandonnée qu'il avait trouvée, quand il était enfant, et qu'il examinait lorsqu'elle avait explosé. L'explosion avait aussi nui à sa vue. Il avait entendu parler de l'Ancien et avait voulu le voir. Une dame, connue de l'Ancien, avait offert de l'accompagner en voiture. En route, pour le réconforter, elle lui disait que Dieu lui avait donné huit enfants, huit mille problèmes relatifs à ses enfants, et huit millions de solutions à ses problèmes. Quand ils arrivèrent à Callissia, l'Ancien reçut le jeune homme avec une grande affection; il le retint longtemps dans ssa cellule et le consola. mais comme il s'en allait et qu'il le raccompagnait, des larmes coulaient des yeux de l'Ancien. De nombreux visiteurs furent étonnés de ce spectacle. En peu d etemps le jeune homme commença à perdre la vue, jusqu'à devenir complètement aveugle. Je lui rendais visite à l'Institution des aveugles et j'étais impressionné par son grand amour pour l'Ancien et par l'évident regain en vigueur de sa foi dans le Christ par-rapport au passé. L'Ancien avait vu à l'avance son calvaire et avait affermi sa foi (G 100 p.).



Il aimait aussi Saddham Hussein.

Hussein d'Irak, l'Ancien Porphyre l'aimait aussi. Un jour, il me dit : " Je l'aime aussi ce pauvre malheureux, et je prie pour le cas où il se repentirait et serait sauvé, lui aussi." (I 134).



La nuit aussi, au téléphone.

Que pouvait-on dire au téléphone, et en quelle quantité, surtout qu'en cet endroit il y avait des limitations de temps et de grandes difficultés pour l'avoir en ligne? Quand je parvenais à l'avoir en ligne, de jour, le Petit Père avait toujours beaucoup de monde et il ne pouvait pas me parler. C'est la raison pour laquelle il me disait de l'appeler au téléphone à deux heures après minuit et à cinq heures du matin.

De fait, j'essayais à deux heures du matin, mais il était impossible de l'avoir en ligne. A cette heure-là, ainsi qu'il me le disait, on l'appelait d'Amérique et d'autres pays où, en raison du décalage horaire, c'était là-bas le matin.

Quand j'essayais à cinq heures du matin, je rencontrais les mêmes difficultés, car on lui téléphonait des Lieux-Saints et de la Sainte-Montagne, et d enombreux membres du clergé l'appelaient aussi.

Tous ces essais infructueux provoquaient en moi une sorte d'exaspération. Et, cela, le Petit Père le voyait, par la grâce qu'il tenait de Dieu. C'est pourquoi quand, finalement, je parvenais à lui parler, il me faisait des observations et me recommandait le calme et le sang-froid. Tandis que moi, je passais à l'attaque et je lui reprochais de m'avoir négligé, maintenant qu'il avait "partie liée" avec le haut clergé. Et commençait alors une joute oratoire entre nous. Le Petit Père s'efforçait de me persuader que rien n'était changé dans nos relations, mais que l'âge, l'excès de fatigue et la maladie l'avaient obligé à changer son comportement envers tous, pour réussir à prolonger sa vie, pour le bien de nous tous.

" Que faire? Puisque je souffre beaucoup et que tout le monde a besoin de moi. Et je ne peux pas faire que tous se méprennent sur mon compte. Et même toi, tu m'as mal compris. Tu te souviens de tous les événements anciens et cela te fait maintenant mauvais eimpression? Mais, crois-tu que moi je ne désire pas ta compagnie. Mais, puisque je ne peux pas, que dois-je faire? Dis-moi! Veux-tu que je meure?

- Non, Petit Père! Loin de moi de telles pensées. Simplement, je fais pression sur vous pour que vous m'aidiez à résoudre mon problème. Puisque, comme vous le savez, il traîne en longueur. Et, plus le temps passe, plus il devient aigu.

- Je prie.

- Vous priez, Petit Père, mais je ne vois pas de résultat.

- Dieu est grand, mon enfant." ( K 200).



Absence de favoritisme.

L'Ancien, imitant Dieu en cela, ne faisait pas de favoritisme. Malgré le fait qu'il y eût des visiteurs qui le fatiguaient et l'affligeaient, et d'autres qui lui apportaient repos et joie, jamais il n'établissait de dostinction entre les uns et les autres, de façon à écarter les premiers et à favoriser les seconds. Il était juste envers tous, il aimait également tout le monde, peut-être un peu plus ceux qui le fatiguaient, car ceux-là avaient un plus grand besoin d'amour. Parfois, en raison de la fatigue et des maladies, il était obligé d'interrompre ses audiences. Quand il voyait, avec son regard spirituel - car il avait le discernement - une âme qui avait un besoin urgent d'assistance, pour un problème qui lui était propre et était d'une réelle importance, il la recevait à titre exceptionnel, fût-ce aux dépens de sa santé. Dans ces cas-là, il y avait aussi certaines récriminations de la part de visiteurs de circonstance qui voyaient les choses d'une manière extérieure et avec susceptibilité. L'Ancien le ressentait et en était peiné; il préférait toutefois devenir la cible de jugements injustes plutôt que de laisser sans secours son prochain qui était blessé. Il se comportait toujours en "bon Samaritain " et jamais en "lévite" sans pitié. (G 420).



Il recevait tout le monde.

L'Ancien recevait aussi la visite d'hommes de diverses convictions religieuses et idéologiques. Des membres d'autres confessions : catholiques ou protestants. D'autres religions: bouddhistes. Des rationalistes, des nietzschéens, des marxistes, des freudiens, des nihilistes, des anarchistes, des francs-maçons, des millénaristes, et beaucoup d'autres. Il les touchait tous dans leur âme et à tous il offrait une parole d'édification qu'ils pouvaient recevoir. Il trouvait une manière bien à lui de poser à chacun une problématique et de le mettre en éveil. ( I 402).



Je vois que tu souffres.

Un enfant spirituel de l'Ancien, qui l'aidait toujours, très volontiers, dans les travaux du monastère, avait une faiblesse qu'il ne parvenait pas à juguler : Il aimait la bonne nourriture et le bon vin. Il m'a raconté l'anecdote suivante : " Un certain soir, je me suis retrouvé dans une maison amie, en compagnie de la famille. Sur la table que l'on nous a servie, il y avait un bon lapin, d'autres bons plats et un très bon vin. Nous avons mangé, nous avons bu plus que de raison, et, tard, un peu avant minuit, nous sommes partis. Nous sommes arrivés à la maison, je m'allongeai pour dormir. Je n'arrivais pas à fermer l'oeil. Je me retournais sur mon matelas de tous côtés. Rien à faire. Mon estomac était lourd; ma tête résonnait. Je souffrais ainsi depuis des heres et j'en étais affecté. Vers trois heures du matin, j'entendis le téléphone sonner. Qui était-ce à pareille heure? On a dû faire une erreur, me disais-je. Je prends le combiné, et qu'entends-je? La voix de l'Ancien : " Et alors, me dit-il, ne t'ai-je pas dit tant de fois, mon brave, de ne pas te laisser entraîner par la bonne chère et par le vin? Voilà ce qui t'arrive maintenant. Et je te vois souffrir et je souffre avec toi. Je fais une prière pour que cela passe. Fais une prière, toi aussi et, une autre fois, fais un peu plus attention." Depuis lors, chaque fois que je me trouve à table, je me rappelle ce coup de téléphone d'après minuit de l'Ancien, et je me retiens pour ne pas succomber de nouveau à la gourmandise et surtout pour ne pas affliger l'Ancien. (G 289).



Trois jours de prière et de jeûne.

L'Ancien ne se contentait pas de donner des conseils d'amour; il se sacrifiait aussi lui-même pour l'amour qu'il enseignait. Une fois, il se chargea personnellement, avec la collaboration d'un excellent ami, de faire face à un problème personnel difficile qui se posait à moi. Dans une phase critique de ce problème, alors que la nécessité se faisait sentir que Dieu parlât clairement à travers des événements, il sonna une alarme de prière et de jeûne. Il prévint cet ami et moi-même que, pendant trois jours fixés précisément, nous allions tous trois prier avec ferveur et observer un jeûne sévère de trois jours - un triméron - sans manger. C'est ce qui fut fait, et Dieu parla par les événements qui suivirent. J'ai admiré l'esprit d'abnégation de l'Ancien et j'ai ressenti une reconnaissance particulière à son égard car, pour moi, il a prié spécialement pendant trois jours et il a observé un jeûne sévère malgré sa santé fragile.



Aime le premier.

Quand je lui disais, car je le lui disais bien des fois : " Petit Père, bénis-moi pour que je puisse te ressembler autant qu'il est possible", il ne s'en formalisait pas. Il faisait, au contraire, le signe de la croix sur moi et me disait :

" Tu dois prier et aimer. Tu dois aimer Dieu et les hommes. Ne vois-tu pas ce que fait l'amour du Christ? Ne dis pas en toi-même : " Est-ce que les autres m'aiment?" Si tu les aimes, toi, en premier, sache qu'ils t'aimeront eux aussi de la même manière."



*

Une femme se plaignait un jour au Petit Père que personne ne l'aimait. Son mari ne l'aimait pas. Les gens n'étaient pas sympathiques avec elle à son travail. Ses amis l'évitaient. Ses enfants ne faisaient pas attention à elle. Elle se plaignait sans arrêt.

Le Petit Père lui conseilla d'ôter tout cela de son cerveau car cela ne venait pas d'elle.

Le jour suivant, le Petit Père fit une promenade à travers les arbres, près de son monastère. Il y rencontra un groupe d'étudiants qui y étaient en excursion. Ils avaient un magnétophone et écoutaient des chansons. La chanson qu'ils écoutaient à ce moment-là disait : " Ne me demande pas...". Ce qui inspira au Petit Père cette réflexion : " Nous ne devons pas demander l'amour des autres. C'est nous qui devons les aimer en premier sans nous inquiéter au sujet de leur amour. Alors, ils nous le rendront un jour."



*

" Pour que les autres t'aiment, tu dois, toi, les aimer en premier." (Tz 121-4).



Petit présent, grand amour.

Nous nous étions rendus, avec le Petit Père, dans un monastère de moniales et, après que les Anciennes nous eurent réservé un excellent accueil, au moment de partir, n'ayant rien à leur donner en retour pour les remercier de leur hospitalité, je sortis discrètement un bonbon que j'avais dans ma veste et je le donnai à la Mère higoumène tandis qu'elle me saluait. Peu après, le Petit Père me dit:

"Sais-tu quelle grande action tu as faite là en donnant cela! Tu ne peux pas l'imaginer."

Je fus saisi d'étonnement devant cette révélation et je me suis dit intérieurement : " Si le Petit Père sait tout, que se passe-t-il, alors, avec Dieu?" (Tz 124).



Des investissements dans le ciel et sur terre.

A un ami qui avait fait, au nom du Christ, un don financier important pour une oeuvre philanthropique, il avait dit avec joie : " Maintenant, ton argent a été bien investi."



*

Concernant une veuve qui avait un peu d'argent de côté, il s'est préoccupé lui-même que l'argent fût investi dans l'achat d'un bon terrain, dans le but de pourvoir matériellement à l'avenir des orphelins. Pours ce qui fut de pourvoir à leur avenir spirituel, il s'en chargea lui-même dès l'instant précis où ils furent orphelins, avec ses prières ferventes. De cette manière s'est réalisée, comme tant de fois, une fois de plus, la parole biblique : " De l'orphelin et de la veuve le Seigneur se chargera." (G 345 p.).



Accepte l'offrande de l'amour.

J'étais toujours d'une grande réserve pour ce qui est d'accepter des dons, même de la part d'amis, ce qui avait pour effet de les blesser. L'Ancien "vit" des yeux spirituels de son âme cette faiblesse que j'avais et il voulu la transfigurer. Alors que je ne lui en avais jamais parlé, dans une de nos conversations, il me dit soudain : " Tu sais, quand on t'offre quelque chose par amour, toi, tu dois l'accepter." ( G 283).



Philanthropie.

Un ami, qui avait de l'inclination pour l'ascétisme, désirait garder une petite somme pour ses besoins personnels, et dostribuer en aumônes le reste de l'argent qu'il gagnait par son travail. Il hésitait toutefois, à l'idée de demeurer avec si peu d'argent. Il dit sa pensée à l'Ancien, et celui-ci lui répondit : " Bénis sois-tu! Pourquoi donc t'arrêter à de tels détails? Garde pour toi-même autant d'argent que tu veux, et fais porter tout ton effort sur la manière d'aimer le Christ le plus possible, et toutes ces questions-là trouveront leur solution toutes seules." ( G 343).



Bonnes pensées.

Un jour, alors que nous étions ensemble dans la voiture d'un ami, nous passions devant un campement de Bohémiens qui écoutaient d ela musique à leur goût. L'Ancien gardait le silence, tandis que moi je pensais pis que pendre de ces hommes, de leur niveau culturel en général, et de leurs goûts musicaux en particulier. J'entendis alors l'Ancien interrompre le cours de mes pensées : " Les pauvres Bohémiens, que peuvent-ils faire? Ils font entendre ces chansons-là pour se consoler de leurs souffrances torturantes." J'en fus ébahi. L'Ancien apprécie donc, me dis-je, ces chansons-là? Et l'Ancien, "connaissant mes pensées", me dit : "Ces chansons-là sont de la bonne musique."



Dieu ne punit pas.

L'Ancien vivait l'amour du Nouveau Testament, et c'est à l'aune de cet amour-là qu'il évaluait tout. Un jour, je lui parlais de la crise morale et spirituelle de notre époque, laquelle a pris, à l'échelle du monde, la forme d'une pandémie d'apostasie diabolique. L'Ancien en était affligé, mais ne parlait pas. Mais, dès que je lui exprimai ma peur que Dieu ne permette des châtiments très durs pour nous faire revenir à la raison, il réagit avec les paroles suivantes : " Non, Dieu ne punit pas. C'est l'homme qui se punit lui-même, en s'éloigant de Dieu. C'est comme si nous disions : Ici est l'eau; là est le feu. Je suis libre de choisir. Je mets ma main dans l'eau, j'en suis rafraîchi. Je la mets au feu, j'en suis brûlé." (G 383 p.).



LIEUX SANCTIFIéS



L'Ancien nous disait que, chaque fois qu'il s'est rendu en des lieux sanctifiés, tels que le Mont Sinaï, la Grotte de l'Apocalypse dans l'île de Patmos, ou Jérusalem, il ressentait des expériences vécues indescriptibles. Il soulignait toujours qu'il y a là une sanctification des lieux, que ces lieux eux-mêmes sanctifient, qu'ils sont tout imprégnés de la grâce de Dieu.

Il nous disait d'une manière significative à cet égard que, quand il se proposait de parvenir à un certain état spirituel grâce à la prière, il avait, par exemple, besoin d'une lutte d'un quart d'heure ou d'une demi-heure mais que, quand cela se produisait en un lieu sanctifié, les choses en allaient différemment. " Lorsque j'entre, par exemple, nous disait-il, dans une grotte sainte, comme la grotte de saint Niphon ou de saint Nil sur la Sainte-Montagne, ou encore dans la grotte de l'Apocalypse, je n'ai même pas commencé à prier que déjà ce lieu sanctifié m'élève vers les hauteurs." (I 194).



INJUSTICE



C'est injustement que tu l'as licencié : il n'était pas voleur.

L'Ancien Porphyre avait dit à l'un de ses visiteurs qu'il voyait que celui-ci avait commis quelque chose de mal dans sa vie. Cet homme lui répondit qu'il ne sentait aucun reproche de sa conscience en quoi que ce fût et que, depuis plus de trente ans qu'il se trouvait à Athènes - il y tenait un magasin - il avait été un commerçant honnête. L'homme ne se rappelait pas avoir commis quoi que ce fût de mal.

" Dans ton village, lui demanda l'Ancien Porphyre, n'as-tu rien fait de mal?

- Non, répondit-il. Nous sommes une famille riche. Mon père est mort et m'a légué toute sa fortune. Et pour que vous compreniez que je suis un homme bon, je vous donnerai un exemple. Une fois, notre régisseur nous a volé une somme, importante pour l'époque considérée. Or, moi, je ne l'ai pas dénoncé à la police. Mais je l'ai, bien entendu, licencié, car je ne pouvais pas laisser un voleur dans nos propriétés."

L'Ancien Porphyre lui demanda alors :

"L'as-tu vu toi-même en train de voler cette somme-là?

- Non, répondit l'autre, mais j'étais sûr que c'était lui qui l'avait volée, puisqu'il était seul à savoir où nous avions mis l'argent."

L'Ancien Porphyre lui dit alors : " Non, ce n'était pas lui qui l'avait volé. Et toi, en le licenciant, tu as terni son propre nom et celui de sa famille tout entière. Et cet acte-là, que tu as commis, t'empêche maintenant de recevoir le corps et le sang de notre Christ."

Le vrai coupable était un autre. L'homme se rendit alors dans son village, et devant ses concitoyens villageois, il réhabilita la régisseur, envers lequel il avait commis une si grande injustice, sans le savoir, bien sûr. Et, aussitôt après, il alla communier. (I 180).



PéCHéS - PéCHEURS



Dans une maison de tolérance.

Je vais vous raconter une histoire qui montre de quelle magnificence pouvait être dotée l'âme du Père Porphyre.

Il y a de cela de nombreuses années, la veille de la Théophanie, il alla, selon la coutume, bénir les maisons. Tout comme il entrait dans les maisons, une par une, il entra dans une demeure qui, sans qu'il le sache, était une maison de tolérance. Au moment où il avait commencé à chanter : "Seigneur, sauve ton peuple..." et à asperger d'eau bénite, la propriétaire lui dit : " Non, non, il ne convient pas que ces femmes baisent la croix." Er l'Ancien Porphyre répondit : " Je ne sais pas si ce sont elles ou toi qui ne devez pas baiser la croix." Ces femmes-là vénérèrent la Croix et, à cette occasion, l'Ancien Porphyre leur adressa quelques paroles. Il leur parla de l'amour envers Dieu, qui était son sujet de prédilection.

En voyant la personnalité sanctifiée de l'Ancien Porphyre, ces femmes subirent un changement intérieur, en particulier quand il leur dit : " C'est le Christ que vous devez aimer, Lui qui vous aime, et vous verrez à quel point vous serez heureuses. Si vous saviez combien le Christ vous aime! Efforcez-vous, vous aussi, de L'aimer."

L'Ancien Porphyre le savait : si ces femmes faisaient la connaissance du Christ et L'aimaient - car la connaissance conduit à l'amour -, elles abandonneraient ce métier misérable qu'elles exerçaient. (I 100).



Le poids du péché de la chair.

A une mère, l'Ancien disait : " Fais attention et prie que tes enfants ne tombent pas dans le péché de la chair. Bien sûr, en pensée aussi l'on peut pécher, mais d'une manière plus légère, alors que, avec le rapprochement charnel, on pèche plus gravement, vu que par lui se produisent des changements profonds et des ravages dans l'âme." (G 364).



Les prostituées et les publicains ont la préséance.

Le Père Porphyre disait que l'homme doit s'efforcer de connaître son état de péché et d'indigence morale, afin de se rendre humble et sympathique aux yeux des autres pécheurs. C'est pour cela que le Christ aussi disait que les prostituées et les publicains avaient, par le repentir et l'humiliation, la préséance sur le chemin du Royaume des cieux. C'est ainsi que l'Ancien ne voulait pas, à son tour, entendre la moindre accusation contre ces pécheurs, car il disait que les prostituées et les publicains, comme nous les nommons, sont pour Dieu des voleurs pris, alors que vous et moi, nous disait-il, sommes des voleurs qui courent toujours. Le voleur qui a été pris et humilié, la prostituée connue qui éprouve la honte, celle qui connaît humilité et repentir, voilà ceux qui sont bien supérieurs à nous qui avons un bon renom mais une vie inconnue et douteuse. (Por 27).



DESINTERESSEMENT



L'exemple de l'Ancien.

L'Ancien ne faisait usage de son don étonnant de diecernement et de clairvoyance ni pour un profit matériel afin d'acquérir des richesses, ni pour impressionner afin de gagner la gloire. Il préférait demeurer un ascète pauvre et inconnu, comme tous les Saints de notre Eglise. La preuve en est que, toute sa vie durant, il est demeuré sans propriété et que, alors que, pendant des décennies, il était recteur d'une église au centre d'Athènes, très peu de gens le connaissaient, principalement parce qu'il évitait de se mettre en avant. Il n'abusait pas de son don. Il en usait plutôt pour le profit spirituel des hommes et "pour la gloire de Dieu". (G 129 p.).



ANTECHRIST

Je ne suis pas inquiet.

Un jour, je l'ai interrogé dans sa cellule : " Géronda, il est beaucoup question ces derniers temps du 666 - le chiffre de la Bête dans l'Apocalypse -, de la venue de l'Antéchrist, qui est proche - certains prétendent même qu'il est déjà venu -, du marquage électronique de la main droite ou du front, du conflit entre Christ et Antéchrist, de l'écrasement de ce dernier, du Second Avènement du Seigneur. Vous, que ditez-vous de ces choses?" L'Ancien répondit : " Que dire? Moi, je ne dis pas que j'ai vu la Toute-Sainte, qu'il y aura une guerre et d'autres choses de ce genre. Je sais que l'Antéchrist viendra, que le Second Avènement de notre Seigneur aura lieu, mais je ne sais pas quand. Demain? Après mille ans? Je ne sais pas. Pourtant, cela ne me rend pas inquiet. Car je sais que l'heure de la mort est, pour chacun d'entre nous, le Second Avènement de notre Seigneur. Et cette heure-là est très proche. (G 290).



Nous devons nous confesser.

Un jour, je lui demandai : " Géronda, si l'Antéchrist venait de nos jours, Dieu nous donnerait-Il la force de supporter le martyre?" Sa réponse fut : " Si nous nous confessons, Il nous donnera cette force-là". Tant il croyait au sacrement de la confession. (I 134).



Nous devons avoir le Christ en nous.

"Que les événements ultimes ne vous torturent pas l'esprit", nous disait-il une fois où je me trouvais auprès de lui avec un frère. " Ni l'Antéchrist ni ses signes. Parce que, vous devez le savoir, si nous-mêmes, nous avons le Christ en nous, l'Antéchrist ne peut nous nuire en rien, même en la plus petite chose." ( Tz 155).



Le 666 et l'Antéchrist.

Il m'a dit : " Père Athanase, moi, je suis aveugle maintenant, les yeux de mon corps ne fonctionnent plus parce que j'ai un cancer à l'hypophyse; mais j'ai les yeux de l'esprit et je vois. Avant de t'en aller, je veux que tu me dises. Qu'a dit l'Ancien Aimilianos au sujet du 666 et de l'Antéchrist?" C'était après Tchernobyl. Les gens étaient dans tous leurs états. Ils allaient, par dizaines chaque jour, en particulier chez le Père Porphyre, qui était près d'Athènes et, dans un grand trouble, ils demandaient : " Que va-t-il se passer? L'Antéchrist viendra-t-il nous imposer le sceau du 666 (5)?"

(5) : ( A cette époque, une rumeur s'était répandue en Grèce selon laquelle tous les ressortissants des pays de la Communauté européenne auraient désormais une carte d'identité dont le numéro commencerait par 666. Selon l'Apocalypse, ce chiffre est celui de l'Antéchrist. (NdE).).

Et il m'a demandé : " Dis-moi donc, mon enfant, l'Ancien Aimilianos que dit-il au sujet du 666 et de l'Antéchrist?" Je lui dis : " Géronda, il nous a dit, avant-hier dans une assemblée, de ne pas nous inquiéter. Que ce qui doit, nous, nous intéresser, c'est d'avoir une relation vivante au Christ et de ne pas attacher une grand eimportance à l'Antéchrist, sinon c'est lui qui deviendra le centre de notre vie et non le Christ." Il battit immédiatement de ses petites mains sur le lit et dit : " Que dis-tu, mon enfant, que dis-tu! Gloire en soit rendue à Dieu! J'ai enfin trouvé un Père spirituel, un confesseur, qui soit d'accord avec moi. Hé bien, mon enfant, ces confesseurs, dans ce monde, que n'ont-ils pas fait! Ils ont semé le trouble dans les âmes. Ils ont créé toutes sortes de problèmes, familiaux et psychologiques, avec le 666. Les gens ne peuvent plus dormir et se sont mis à prendre des psychotropes et des cachets de somnifères pour pouvoir dormir. Qu'est-ce donc là? Le Christ ne veut pas de choses pareilles, mon enfant. Veux-tu encore que je te dise?" Je lui dis : " Quoi donc, Géronda?" Il me dit : " Pour nous chrétiens, pour nous quand nous vivons le Christ, il n'existe pas d'Antéchrist. Dis-moi donc : ici, où je suis assis, sur ce lit, peux-tu t'asseoir toi-même?" Je lui dis : " Non, Géronda." Il me dit : " Pourquoi?" Je lui répondis : " Parce que si je m'assieds sur vous, je vous écraserai." Il me dit : " Quand peux-tu t'y asseoir? " Je lui dis : " Quand vous en partez vous-même, je peux, moi, m'y asseoir." Il me dit : " C'est exactement cela, mon enfant, qui se passe avec notre âme. Quand nous avons le Christ en nous, l'Antéchrist peut-il y venir? Quelque autre existence contraire à Lui peut-elle entrer dans notre âme? Voilà pourquoi, aujourd'hui, mon enfant, nous n'avons pas le Christ en nous; et c'est pour cela que nous sommes inquiets au sujet de l'Antéchrist. Quand nous plaçons le Christ en nous, tout devient Paradis. Le Christ est tout et c'est ainsi, mon enfant, que tu dois toijours parler aux hommes; quant à l'Adversaire, nous n'en avons pas peur. Ecoute encore, que je te dise quelque chose. Si l'Antéchrist en personne venait avec un appareil à rayons laser et me disait : " Je veux t'imposer le sceau du 666", moi, je me laisserais faire. Tu me diras : " Géronda, mais n'est-ce pas là le signe de l'Antéchrist?" Oui, mais même s'il voulait écrire sur moi, d'une manière indélébile, mille 666, avec les rayons laser, moi, je l'accepterais. Pourquoi? Parce que, mon enfant, les premiers martyrs, on les avait jetés aux fauves : ils faisaient leur signe de croix et les fauves devenaient agneaux. On les avait jetés à la mer : ils faisaient leur signe de Croix et la mer devenaient ferme et ils y marchaient. On les avait mis dans le feu : ils faisaient leur signe de Croix et le feu devenait fraîcheur. Mon enfant béni, que sommes-nous, nous-mêmes aujourd'hui? Croyons-nous au Christ? A notre croix? Mais pourquoi donc le Christ est-Il descendu du Ciel sur la terre? N'est-Il pas descendu pour donner force à notre faiblesse? Aussi, mon enfant, dis cela à l'Ancien. Et toi, dis aux gens de ne pas avoir peur de l'Antéchrist. Nous sommes enfants du Christ, nous sommes enfants de l'Eglise." Cette chose-là me fit une grande impression. Et il ajouta : " Veux-tu que je te dise quelque chose?" Je dis : " Je vous en prie, Géronda. - Le Patriarche Dimitrios, comment est-il venu à Athènes?" Je lui dis : " En avion. Hé bien! Je sais qu'il est venu en avion. Serait-il venu à la nage, cet homme? Avec quels documents est-il venu?" Je lui dis : " Avec un passeport, Géronda. - Grec ou turc?" Je lui dis : " Je ne sais pas. - Hé bien! Dire que tu me singes le sage. C'est avec un passeport turc qu'il est venu. Et quel est le symbole national de la Turquie, le sais-tu?" Je lui dis : " Je ne le sais pas, Géronda. - ça alors! tu exagères! Tu ne sais pas quel est le symbole national de la Turquie? C'est le croissant de lune. Et sais-tu comment ce croissant de lune a été appelé par les Pères de notre Eglise après que fut apparu Mahomet?" Je lui dis : " Non, Géronda. - Hé bien! Donne-moi ton diplôme universitaire, que je le mette en pièces! Quel genre de théologien es-tu donc?" dit-il en plaisantant.

Et il continua : " Le croissant d elune est un signe de l'Antéchrist et si notre patriarche a le signe de l'Antéchrist sur son passeport ( et sur leurs cachets. - Combien de cachets mettent-ils à l'extérieur comme à l'intérieur?), cela veut-il dire que notre patrairche est un antéchrist? Mais non, mon pauvre enfant, mais non mon pauvre enfant! N'enfermons donc pas dans des limites aussi étroites le message de l'Evangile! Le Christ n'est pas aussi étroit d'esprit que nous le sommes, nous autres hommes qui voulons défendre nos droits. C'est cela que tu dois dire à l'Ancien, et c'est cela que tu dois dire aux hommes : n'ayons peur ni de l'Antéchrist, ni du 666." ( Ger 118 p.).



DESESPERANCE-MELANCOLIE-TRISTESSE



Ennuis familiaux et sanctification.

Pour amender, chez un frère, ses nombreux défauts, l'Ancien prenait des exemples dans la nature et dans sa propre vie, et lui disait:

"Sache, mon enfant, que rien ne s'est fait simplement et comme par hasard. Tout a son but. Et rien ne se produit sans qu'il en existe une raison. Il n'est pas, ne serait-ce qu'une seule aiguille, qui ne tombe du pin si Dieu ne le veut pas. C'est pour cela que tu ne dois pas être affligé de ce qui t'arrive. C'est de cette manière que nous sommes sanctifiés. Voilà! Toi, tu te trouves affligé du fait des personnes de ta maison. Tu te mets à la torture tantôt du fait de ta femme, tantôt du fait de tes enfants. Ce sont ces choses-là pourtant qui t'élèvent vers les hauteurs d'une manière spirituelle. Si eux n'étaient pas là, toi tu ne progresserais en rien. C'est pour toi que Dieu te les a donnés. Mais tu me diras, continuait l'Ancien : " Est-ce une bonne chose de souffrir du fait de ceux qui nous sont chers?" Hé, c'est ainsi que Dieu le veut. Et toi, tu es trop sensible et, à cause de la contrariété, tu as mal à l'estomac et au ventre, là en bas. N'est-ce pas bien ainsi?

- Oui, mais est-ce un mal, Petit Père, demande le frère, d'être sensible?

- Oui, lui répond l'Ancien, c'est un mal d'être très sensible comme toi, car par la contrariété tu crées toutes sortes de maladies du corps. Ne sais-tu pas encore que toutes ces maladies de l'âme sont des démons?

- Non, lui répond le frère.

- Hé bien, apprends-le de moi maintenant", dit l'Ancien en conclusion. (Tz 159 p.).



Elles en seront affligées si leur amour est humain.

Avec quelle grande joie parlait-il, dans les derniers temps, de la Sainte-Montagne!

"Désormais, je demeure ici ( à Milési) un seul jour par semaine. Les autres jours je suis là-bas, dans le lieu de mon ascèse. Je crois que je me suis habitué au climat. Dans peu de temps je partirai pour le monastère de ma pénitence. D'autres petits moines, bons et spirituels, m'y attendent. Que Dieu m'accorde de fermer les yeux en cet endroit.

- Les soeurs, ici, qui vous aiment tant, Géronda, n'en seront-elles pas affligées?

- Elles seront affligées si leur amour est humain. Quand notre amour est en Christ, nous voulons ce que veut la personne que nous aimons. Et moi j'ai l'information que le Christ veut que je retourne au monastère de ma pénitence." (A 100 p.).



Oisiveté et désespérance.

Au sujet d'un homme qui était loin et qu'il n'avait jamais vu, quand il fut interrogé, l'Ancien déclara : " Je vois que, parce qu'il ne travaille pas, il reste à ne rien faire, se livre à la paresse, et s'ennuie, et c'est la raison pour laquelle il désespère." Son diagnostic correspondait pleinement à la réalité. S'il fallait faire quelque chose pour faire face à la désespérance, il devrait commencer par le travail, ou à s'occuper d'une manière ou d'une autre. (G 280).



Ne désespère pas.

"Quand tu pèches, ne désespère pas. Avec courage et espérance en Dieu, repens-toi et, si je ne peux pas moi-même m'occuper de toi, va vers le père spirituel que je t'ai recommandé et confesse-toi. C'est ainsi seulement que tu seras sauvé." (Tz 142).



Il n'y a pas de désespoir dans l'Eglise.

L'image générale que j'ai gardée de l'Ancien, après vingt ans environ, c'est cette image aimable, sereine. Je ne me souviens pas d'avoir jamais vu l'Ancien être dur ou faire des reproches.

C'était l'Ancien de l'amour.

Ce qu'il voulait dire, il le disait sans sévérité. Son cri, c'était : " Hé bien, que la bénédiction t'emporte..." C'était une phrase dont il usait souvent. Il créait un climat qui te mettait à l'aise.

D'ailleurs, combien de fois n'a-t-il pas dit : " Le Christ est notre ami. Il nous aime. Il ne brandit pas l'enfer dans Sa main pour nous faire peur"?

Ce qu'il disait, principalement, portait sur le sens de la confession. " Il n'existe pas de désespérance quand tu es dans l'Eglise, quoi que tu aies fait, quoi que tu aies subi. Il n'y a pas de désespérance. Il se peut que tu éprouves de la contrariété, mais non de la désespérance. Dieu, à travers la confession, t'aide à dépasser toutes les choses qui sont susceptibles de te conduire jusqu'aux extrêmes limites de la désespérance." Il lui était bien des fois arrivé de passer la nuit entière avec des personnes qui étaient au bord du suicide, ou d'autres situations extrêmes mettant en péril leur santé, ou leur être spirituel et intellectuel. Il y avait passé la nuit et avec l'amour, la grâce, la prière qu'il faisait, il dépassait tout cela d'une manière toute simple. (Ger 112).



Au moins, ne retourne pas en arrière.

"Au moins, si tu peux aller de l'avant, ne retourne pas en arrière" m'a-t-il dit un jour, alors que moi je persistais à demeurer dans un péché que je répétais.



*

A chaque travail que tu accomplis, tu dois savoir que de nombreux obstacles se dresseront devant toi, ainsi que des contrariétés. Ne retourne pas en arrière, mais prie, et Dieu t'enlèvera tout cela et tu iras de l'avant." (Tz 114).



Là où tu désespères...

"Dieu y pourvoira. Là où tu désespères, Il t'envoie quelque chose que tu n'y attendais pas...Il suffit que tu croies en Lui et que tu L'aimes. De la même manière que Lui nous aime et prend soin de nous, comme le fait tout père de ses enfants. Et nous sommes tous les enfants de Dieu. Et, tout bien que nous possédons, nous le tenons de Dieu. C'est un présent qui vient de Lui. N'as-tu pas entendu dans l'Eglise que "tout don de bonté et tout présent accompli se trouve descendre d'En-Haut, de Lui, le Père des lumières?" (K 111).



Difficultés psychologiques.

Pour un ami, l'Ancien avait été révélateur. Il avait vu son âme comme nous voyons le visage d'une personne. Il lui avait dit : " Quand Satan t'enferme dans son étau et le resserre sur toi, ne reste pas immobile comme le font certains qui sombren dans la mélancolie et réfléchissent prendant des heures, comme si des problèmes très importants les tracassaient, alors qu'il ne se passe rien de tout cela : c'est que, tout simplement, Satann les a cloués sur place. Tiens-toi prêt à réagir, résiste, repousse le siège de Satan, comme le fait un homme dont se saisissent des malfaiteurs qui l'immobilisent. Lui, alors, fait un geste brusque et, étendant ses mains, il les rejette d'un côté et de l'autre, échappant à leur emprise, et il se tourne vers une autre direction, vers le Christ, qui le libère." L'Ancien, ensuite, fit silence et pria, puis, lorsque le visiteur se leva pour s'en aller, il lui dit : " J'ai vu clairement ton âme maintenant. Tu as des difficultés d'ordre psychologique qui, souvent, te clouent sur place, mais la grâce du Christ vient et te libère." L'ami en demeura tout surpris. Il me disait que personne ne pourrait décrire avec autant d'exactitude que l'Ancien cette face-là de son âme. (G 117).



Une chose est le complexe d'infériorité, autre chose l'humilité, autre chose encore la mélancolie.

L'Ancien me disait un jour : " Le chrétien doit éviter la religiosité maladive : autant le sentiment de supériorité pour sa vertu, que le sentiment d'infériorité en raison de son état de pécheur. Une chose est le complexe d'infériorité et autre chose l'humilité; une chose la mélancolie et autre chose le repentir. Un jour, un psychiatre du monde me rendit visite et, devant moi, il accusa le christianisme de provoquer des sentiments de culpabilité et de la mélancolie. Je lui répondis : "J'admets que certains chrétiens, par leurs fautes ou celles de certains autres, se laissent prendre au piège des sentiments de culpabilité, mais toi, tu dois admettre que les mondains se laissent prendre à une maladie qui est pire : celle de l'orgueil. Et pour ce qui est des sentiements de culpabilité d'origine religieuse, auprès du Christ ils disparaissent par le repentir et la confession. Mais l'orgueil des mondains, qui vivent loin du Christ, lui, il ne disparaît pas."

L'Ancien s'efforçait de protéger l'authenticité de l'humilité des dangers de son altération. Il me disait : " Soyons humbles, mais ne parlons pas trop d'humilité. Les vaines paroles sur l'humilité sont un piège du diable, lequel apporte la désespérance et l'inaction, alors que l'humilité véritable apporte l'espérance et l'observation des commandements du Christ."

L'Ancien vivait lui-même l'humilité. Il croyait que lui-même était un néant car Dieu est, comme il disait, le tout, et que tout ce que nous voyions nous-mêmes en sa possession n'était pas à lui, mais était un don de Dieu. (G 305-307).



Dieu nous sauvera au milieu du malheur.

Tant dans notre vie personnelle que dans la vie de notre pays et celle de l'humanité, l'Ancien voyait des signes d'espérance. Un soir où nous lui avions confié notre affliction et notre tristesse à propos de tout ce qui se passait autour de nous, il nous dit en confidence : " Notre époque est comme l'époque du Christ. En ce temps-là aussi le monde était parvenu à un état misérable. Or Dieu a pitié de nous. Maintenant non plus nous ne devons pas désespérer. Je vois, au milieu du malheur, apparaître un homme de Dieu très important qui éveillera et unira le monde dans le sens du bien." (I 233).



Garde-toi de l'angoisse.

Une jeune fille invalide demanda la bénédiction de l'Ancien et ses conseils pour les problèmes qui s eposaient à elle dans sa situation. L'Ancien la bénit et lui dit entre autres choses : " Avant tout, garde-toi de l'angoisse. L'angoisse est une maladie de l'âme et elle ne dépend pas de privations matérielles. Un homme en bonne santé peut posséder de nombreux millions sur son compte en banque et vivre dans l'angoisse. L'angoisse ne peut être combattue que par la confiance en la Providence de Dieu et le bon combat." (G 203).



Comment éviter l'affliction.

A une jeune veuve qui se trouvait fort affligée, l'Ancien donna pour instruction de travailler intensément à quelque occupation, pour être en mesure d'éviter l'état d'affliction qui la guettait. Par cette occupation et la prière que l'Ancien lui avait recommandées, elle obtint des résultats surprenants. Son affliction se changea en sérénité intérieure et en joie, jusqu'au point où elle en venait à se demander si elle n'était pas devenue folle. L'Ancien la réconforta et lui assura que sa joie spirituelle provenait de la grâce du Christ, qu'elle avait reçue. (G 202).



... Tous les problèmes disparaissent.

Un médecin aussi me demanda de soumettre de sa part à l'Ancien une question écrite concernant un problème personnel qui s eposait à lui. J'eus alors ce dialogue avec l'Ancien :

"Mon brave, que sont donc ces choses refoulées qu'il écrit là, pour demander si elles ont à voir avec son problème psychique? Qu'est-ce donc ces choses-là qu'il dit héréditaires?

- Est-ce à dire, Géronda, que vous répondez que n'existent ni les premières ni les secondes?

- Il ne se passe rien du tout. Tout ce qu'il écrit provient du vieil homme, celui que nous possédons à l'intérieur de nous-mêmes. Or, quand nous avons aimé le Christ de toute notre âme, alors tous les problèmes disparaissent et nous sommes emplis de joie spirituelle. Toi, mon brave, tu connais tout cela, je te l'ai dit tant de fois. Voilà, c'est comme ça." Et il fit un geste caractéristique de la main : elle rampait au départ, puis, peu à peu, gagnait en hauteur. " Les psychiatres et les psychologues parlent de choses refoulées et héré ditaires parce qu'ils ne connaissent pas l'âme humaine, qui ne peut être guérie que par l'amour divin, et qui vit dans la joie du Christ." (G 200).



MALADIE



Maladies de l'âme et du corps.

L'Ancien accordait toujours la priorité à la maladie de l'âme, indépendamment de la gravité de la maladie du corps. Beaucoup de ses visiteurs malades lui demandaient d'une manière pressante de prier seulement pour la guérison de la maladie de leur corps. Ils pensaient que la persistance de leur maladie corporelle allait ébranler leur foi dans le Christ et les conduire, en fin de compte, à la maladie de l'âme. Selon l'Ancien, c'est le contraire exactement qui se passe : la maladie de leur âme, dont ils n'avaient pas connaissance, le péché, leur fermait les yeux, les empêchant de voir le sens pédagogique élevé de la maladie de leur corps, que permettait l'amour de Dieu. L'Ancien savait que s'il priait pour leur seule guérison corporelle, il ne les aiderait pas, puisqu'ils resteraient en substance sans guérison. Il s'efforçait toujours de relier leur guérison corporelle et la guérison de leur âme.

Dans une réunion religieuse, on entendit dire à un psychiatre chrétien : " En tant que psychiatre, je ne suis pas médecin de l'âme de l'homme, mais de son système nerveux." Et il s'exprimait au sens littéral exact. N'est malade de l'âme que le pécheur non repenti, car l'âme est malade seulement quand elle commet le péché sans se repentir. Seul le Christ est médecin de l'âme, ainsi que, selon la grâce du Christ, le saint qui, connaissant l'âme, a acquis la connaissance de soi et la connaissance de l'autre. Celui qui n'est pas saint, qui est soumis aux passions, qui ignore l'âme, la sienne et celle des autres, comment pourrait-il devenir médecin de l'âme? Le Christ, et selon la grâce du Christ, le saint, puisqu'il peut réaliser ce qui est le plus difficile, la guérison de l'âme, peut aussi réaliser ce qui est "plus facile", la guérison du corps, quand cette seconde guérison aide la première.

Les maladies du corps servent des fins nombreuses et diverses de l'amour de Dieu qui est au-dessus de la raison humaine. La conception simpliste selon laquelle ceux qui souffrent dans leur corps sont punis par Dieu de leurs péchés et ceux qui ont un corps sain sont récompensés de leur vertu rappelle la superstition. En réalité, il peut se passer le contraire exactement comme dans le cas de nombreux Saints qui sont malades en leur corps toute leur vie, et de nombreux pécheurs non repentis qui ont un corps sain toute leur vie. Bien sûr, nul ne conteste qu'une âme troublée de nombreuses passions pécheresses constitue un terrain fertile, propice à l'éclosion et au développement de nombreuses maladies du corps et, réciproquement, une âme sereine, pleine d'une divine méditation, crée les conditions nécessaires à la guérison de ces maladies-là et à la floraison de la santé du corps. Ainsi donc les fluctuations précises de la santé corporelle et de la maladie en tout homme constituent, en dernière analyse, une expression secrète de la pédagogie de Dieu qu'il est seul, avec ses Saints, à connaître. ( G 206-208).



Les médicaments, le Christ, les médecins.

Les médicaments, il ne les rejetait pas, mais il ne leur attribuait pas un pouvoir absolu en ce qui concerne leur fonction thérapeutique. Il me demanda un jour : " Qu'est-ce qu'un médicament?" Je lui répondis : " Une préparation chimique que nous prenons pour être guéris de nos maladies". Il ne fut pas satisfait de ma réponse et il revint à la charge : " Dis-moi ce que signifie le mot médicament. Le mot en lui-même ne te dit-il rien? Je me trouvai dans l'embarras et je gardai le silence en le regardant. Et l'Ancien de continuer : " Pharmakon ( médicament, en grec), mon brave, signifie poison. Ne crois pas que les médicaments ne font que du bien à l'organisme humain. Ils lui font aussi du mal. Pourquoi prenons-nous des médicaments? Parce que nous tombons malades. Et pourquoi tombons-nous malades? Parce que nous éprouvons des contrariétés. Et pourquoi éprouvons-nous des contarriétés? Parce que nous péchons. Or, si nous laissons le Christ habiter toute notre âme, alors le péché s'en va, la contrariété s'en va, la maladie s'en va, et nous jetons aussi les médicaments.



Lors d'une autre de nos rencontres, il me dit : " Quand nous tombons malades, pour ne pas commettre de fautes nous devons suivre les instructions de la médecine et de la raison. Mais par-dessus tout, nous devons suivre la volonté de Dieu et avoir confiance en Son amour." (G 182 p.).



La jalousie et le cancer.

A une soeur le Petit Père disait :

" Les femmes qui sont jalouses de toute femme qui approche leur mari sont souvent victimes d'un cancer. Cela arrive même avec les épouses de prêtres. Toutes les maladies proviennent des contrariétés, y compris le calcul des reins." ( Tz 164).



Le péché trouble le fonctionnement des organes.

"Géronda, je prends souvent des médicaments, et je me sens coupable de voir que vous-même vous ne prenez même pas un café.

- Je te l'ai déjà dit une autre fois aussi : quand le chrétien a livré sa propre personne en confiance au Seigneur, Celui-ci donne la paix à l'intérieur de l'organisme avec, pour résultat, le fonctionnement régulier des organes et des glandes, et nous retrouvons, en conséquence, la santé, exempte d'ennuis.

Car le péché, le trouble, l'égoïsme, apportent tantôt l'augmentation, tantôt la diminution du fonctionnement régulier de l'organisme avec, pour conséquence, la maladie. L'organisme connaît ce qui est régulier, et il sécrète ce qu'il faut dans la sérénité. Par exemple : quand j'avais un ulcère, le médecin m'a donné ce médicament. Il me l'a montré, c'était du Zantac. Dès que je l'ai pris, les douleurs ont disparu. Ah! me suis-je dit, cela n'est pas bon. Ce médicament provoquera quelque autre dégât dans l'organisme. Et j'ai arrêté de le prendre. J'ai préféré endurer la douleur."



*



Il m'interrogeait au sujet d'un frère qu'il connaissait.

"Géronda, lui dis-je, il ne peut pas dormir le soir, et il est obligé de prendre tantôt du Stedon, tantôt du Tranxène.

- Dis-lui qu'il vienne me voir ici ou qu'il m'appelle au téléphone; par les prières, ça va s'arranger."



Notre vie dépend de notre volonté.

"Notre vie dépend de notre volonté. Nous pouvons vivre ce que nous voulons et comme nous le voulons. Il n'y a ni obstacle ni difficulté à ce que nous fassions ce que nous voulons. Mais il n'y a pas, non plus, de prétexte possible. Nous devons vivre selon le Christ, et cela nous pouvons le faire. Le jeûne est une juste manière de vivre. Personne ne risque rien pour sa santé du fait du jeûne... Il n'arrive rien ( à ceux qui jeûnent). Je sais très bien que le jeûne n'a jamais rendu personne malade. (I 194).



Maladies provenant d'une influence démonique.

Je me trouvais dans la cellule de l'Ancien à Calissia. Nous parlions de questions de santé et il tentait de m'expliquer clairement que les maladies sont dues à des actions démoniaques, à des péchés.

Pour m'aider à comprendre, il m'a raconté le fait suivant : " Une dame complètement désespérée m'avait rendu visite dans ma cellule. Elle était en danger de mourir des suites de son chagrin. La cause en était son mari, qui souffrait beaucoup d'asthme. Elle en avait pitié, à ce qu'elle me disait, mais elle ne pouvait pas l'aider et c'était cela qui la contrariait. Mais moi j'ai vu autre chose. " Je vais t'aider, lui ai-je dit, mais toi, acceptes-tu de faire ce que je te dirai de faire? - Je ferai ce que vous me direz de faire, me répndit-elle." Je lui dis : " Tu vas maintenant partir d'ici et tu iras chez toi. Tu entreras par l'entrée principale et tu iras dans la chambre où se trouve ton mari malade. Tu resteras un moment avec lui et tu feras attention à ce qu'il fera. Ensuite, tu te lèveras et tu lui diras : je vais sortir une heure environ, pour aller au marché faire les courses. Mais, en fait, tu n' iras pas au marché : tu feras simplement le tour de la maison et tu rentreras, par la porte de derrière, dans la cuisine qui est mitoyenne de sa chambre. Mais fais attention qu'il ne se rende pas compte de ta présence. Là, dans la cuisine, tu resteras environ une heure et tu tendras l'oreille, pour entendre ce qu'il fera. Quand l'heure sera venue, tu feras de nouveau le tour et tu rentreras, par la porte de devant, dans sa chambre. Fais attention, encore, à ce qu'il fera dès qu'il te verra."

La dame fit comme je le lui avais dit. Le jour suivant, elle revint.

" Que s'est-il passé? lui demandai-je.

- Dès que je suis rentrée, me dit-elle, par la porte de devant, dans la chambre de mon mari, il s'est mis à tousser fortement, à cracher par terre et à se plaindre amèrement en disant que je ne l'aime pas, que je n'ai aucune pitié de lui, que je le laisse souffrir tout seul. Peu après, je lui ai dit que je sortais, pour aller au marché durant une heure environ. Nouvelles quintes de toux et nouveaux reproches. Quand je suis entrée dans la cuisine, je constatai que dans la chambre de mon mari régnait un calme absolu. Une heure passa et je retournai auprès de lui. Dès que j'eus ouvert la porte et qu'il me vit, sa toux reprit, accompagnée de reproches. Il disait que, tout le temps où je m'étais absentée, il avait beaucoup souffert, qu'il toussait, qu'il appelait au secours et qu'il s'en était fallu de peu qu'il ne mourût tout seul.

- As-tu compris, maintenant, ce qui se passe? ai-je demandé.

- Tout est confus dans mon esprit, je ne sais que supposer, me répondit-elle.

- Je vais t'expliquer, moi, lui dis-je. Ton mari a un démon en lui. Je l'ai vu au moment même où tu es venue hier. C'est le démon qui lui a provoqué l'asthme et c'est avec l'asthme de ton mari qu'il veut venir à bout de toi. Toi, comme tu es très sensible et compatissante, en le voyant souffrir et en l'entendant sans cesse te reprocher que tu ne t'intéresses pas à lui, tu fonds de jour en jour de chagrin. Mais ton mari, lui, ne s'en fait pas. Il tousse, crache, et t'adresse des reproches, parce qu'il t'a mise en joue. Dès que tu pars et qu'il ne te voit pas, il reste calme."

La dame me regardait et, peu à peu, elle comprenait ce qui se passsait. Je lui ai dit ce qu'il fallait faire pour combattre le démon et qu'ils puissent y échapper, aussi bien son mari qu'elle-même. Elle m'a écouté et maintenant ils vont mieux."

J'ai été impressionné, d'un côté par la ruse homicide du démon, de l'autre par le discernement particulièrement aigü de l'Ancien et son intervention curative. Une interrogation germa en moi et je lui demandai : " Géronda, cet asthme-là était-il psychologique, c'est-à-dire imaginaire? - Non, me répondit-il, c'était un asthme réel, mais il provenait du démon, lequel en usait comme d'une rage meurtrière contre cette femme." ( G 187-190).



La maladie est une visitation divine.

Pour lui-même, il demandait seulement le salut de son âme. Rien d'autre! Même quand i souffrait terriblement et qu'il était en danger de mourir des maladies de toute nature, incurables, particulièrement pénibles, qui le mettaient au supplice depuis des années, jamais il ne transgressa cette règle. Jamais, pas une seule fois, il ne demanda à Dieu de guérir ses maladies. Car, comme il le soutenait lui-même dans les conversations privées que j'avais eues avec lui, la maladie est une visitation divine! Et gare à celui qui n'aura pas été ainsi visité. Il est d'ores et déjà perdu. Car celui qui est en bonne santé et le riche se trouvent à égale distance de l'entrée du Paradis. Et, tout comme le riche, l'homme en bonne santé a les mêmes chances de se trouver dehors. De se trouver, autrement dit, hors de la maison de l'Epoux!

Cette chose pourtant, qu'il ne faisait pas lui-même pour son propre compte, il nous la demandait et l'attendait de nous, ses enfants spirituels. " Priez pour moi, nous disait-il, parce que je suis trop pécheur et que je ne peux pas porter tout seul toute cette charge de mes iniquités, avec toutes ces maladies, si nombreuses, dont je souffre. Priez Dieu qu'il ait pitié de moi et qu'il me soutienne." Quand un jour je l'ai trouvé en train de souffrir tellement qu'il n'était même pas en état de me saluer ni même d'éponger la sueur qui coulait de son saint front à cause de l'excès de douleur qu'il éprouvait, je me suis trouvé dans la nécessité de lui faire une observation, lui disant : " Vous, Petit Père, vous avez accompli tant et tant de miracles. Vous avez guéri des maladies incurables, y compris des cancers, d'après ce que je puis en savoir. Et, pour finir, vous êtes à ce point en état de grâce auprès de Dieu que je doute que quelqu'un d'autre sur terre puisse l'être autant. Pourquoi ne pas user de cet état de grâce où vous êtes, pour persuader Dieu de vous délivrer des maladies et des douleurs?

- Cela, mon enfant, je ne le ferai jamais!

- Mais pourquoi donc? Vous n'allez pas Lui demander quelque chose de mal.

- Parce que je ne veux pas faire chanter Dieu!"

Sa réponse me surprit et me désarma complètement. Après pareille réponse je gardai le silence. Je restai auprès de lui, je lui prêtai assistance pendant ces heures difficiles, tandis que je suivais, en même temps, ses réactions, qui étaient calmes et silencieuses.

Il vaut la peine de noter que, pendant toute la durée de cette épreuve terrible, je n'ai entendu aucune plainte sortir de ses lèvres. Je n'ai entendu aucune récrimination, ni quoi que ce fût d'autre qui eût une relation avec sa maladie et qui eût exprimé ne fût-ce qu'un malaise en raison d'un traitement aussi dur que lui avait réservé le Christ Jésus Dieu-Homme. Au contraire, j'ai entendu et, qui plus est, d'innombrables fois, prononcées par cette figure sainte de notre Eglise, les deux mots les plus chers au Petit Père : " Mon Jésus! Mon Jésus! Mon Jésus!"

La douceur, la tristesse, et la douleur me fendaient le coeur. Etait plus que manifeste l'effort avec lequel, en ces heures difficiles, le tout petit Père tentait de persuader Jésus, non de le délivrer des maladies et des douleurs, mais de lui prêter force et assistance afin de pouvoir les supporter. Et, en fin de compte, il y a réussi. Et il réussissait chaque fois qu'il était confronté à de telles situations.

D'une manière générale, le Père Porphyre faisait face à tous ses problèmes avec beaucoup d eprière. Et c'est la même chose qu'il nous recommandait à nous aussi, ses enfants spirituels. ( K 174).



La maladie devient un véritable bienfait.

L'Ancien Porphyre considérait les maladies comme une très grande bénédiction de Dieu. Nous savons tous qu'il était d'un naturel fragile. Dieu permit que l'Ancien fût éprouvé par de nombreuses maladies. Par-dessus tout, il souffrait de terribles maux de tête, qui créaient un état insupportable avec des symptômes de syncopes, de sorte qu'il ne pouvait poursuivre ses entretiens avec les fidèles. Bien des fois pourtant, par la grâce de Dieu, il continuait à guider, dans des cas urgents, laissant ainsi de côté son cas personnel et s'intéressant à la conduite spirituelle et au salut des autres. Au travers de la douleur et des maladies, l'Ancien Porphyre voyait la présence de Dieu en l'homme. Quand l'homme souffre, il ressent fortement sa propre faiblesse. Il ne peut pas avoir confiance en lui-même, car il voit que ses forces s'effondrent. Il sut pourtant aussi dépasser ces difficultés-là. C'est pourquoi il se consacra à l'amour et à la philanthropie de Dieu. La communication avec Dieu par la prière incessante, et le fait de confier à la Providence de Dieu la vie de l'homme, font passer dans son existence la puissance réelle, laquelle trouve sa source en Dieu et conduit au salut, c'est-à-dire à l'union avec Dieu et à la participation à la vie de la Divinité Sainte qui est Trinité.

Quand nous interrogions l'Ancien sur sa santé, il nous disait certaines choses. A travers sa propre épreuve, il trouvait l'occasion de nous offrir cette grande vérité : " Dieu nous aime à l'excès et Il veut que nous soyons à Lui jusqu'à Lui livrer complètement notre propre personne." " Toute notre vie, confions-la au Christ, notre Dieu." Cela se passe plus aisément quand la maladie ne nous permet pas de nous confier à nos propres forces. Et c'est alors que la maladie devient un véritable bienfait. C'est pourquoi l'Ancien disait aussi : " Ne priez pas Dieu de vous guérir. Lui, Il sait où est votre bien. Et il agira selon Son amour infini, cet amour qu'il éprouve pour l'homme." (I 224).



Priez pour que je sois bon, non pour que je sois bien.

Quand l'Ancien Porphyre dut se faire opérer un oeil de la cataracte, l'une de ses filles spirituelles prit avec elle d'autres jeunes filles d'ici, et elles allèrent dans le bois et y pleuraient, priant Dieu de guérir l'Ancien.

Un jour l'Ancien l'appela : " Toi, viens ici. Pourquoi emmènes-tu aussi les autres pour aller pleurer dans le bois? " "Parce que, Géronda, lui répondit-elle, nous voulons que vous soyez bien (6)."

(6) : ( Traduction littérale de l'expression grecque signifiant : " pour que vous soyez guéri" (NdT).).

Et savez-vous ce qu'il lui dit alors? Elle me l'a dit elle-même. Il lui a dit, mot pour mot : " priez pour que je sois bon, non pour que je sois bien."

Le Père André, qui s'est maintenant endormi dans le Seigneur, avant de devenir moine à la Sainte-Montagne, était médecin dermatologue. Plus tard, quand il est venu comme prêtre à Néa Palatia d'Oropos, un jour, en dermatologue qu'il était, il demanda à l'Ancien la permission d'examiner sa main, car le Père Porphyre, entre autres maladies, était affligé d'une affection dermatologique à la ain et, à une certaine période, il avait la main droite recouverte de gazez. Cette anecdote que je vous cite, je la tiens du Père André lui-même.

Effectivement, il le laissa lui examiner la main. Le Père André alla alors acheter une pommade qu'il apporta à l'Ancien. " Mettez de cette pommade, Géronda, lui dit-il, et, dans quelques jours, votre main sera complètement guérie."

L'Ancien Porphyre lui dit alors : " Père André, cette maladie sur ma main, c'est Dieu qui me l'a donnée, à moi. Et voici que maintenant, toi, tu viens me la prendre!" Et il n'accepta pas de prendre la pommade. (I 278).



J'ai mal, et pourtant je suis heureux.

"Où avez-vous mal, Petit Père?

- Partout.

- Que dois-je faire, Géronda, pour trouver la joie dans ma vie?

- Lire l'Ecriture Sainte, aller à l'église, avoir un Père spirituel, communier; devenir, en d'autres termes, une bonne chrétienne. C'est alors que tu trouveras la joie que tu recherches. Tu vois que moi maintenant, j'ai mal. Pourtant, je suis heureux. C'est ainsi que, toi aussi, si tu approches un peu le Christ, tu trouveras la joie dans ta vie." ( I 174).



Prière et maladie.

"Ne prie pas, me dit-il une fois, pour que Dieu t'enlève tes diverses maladies, mais tâche de parvenir à la paix par la prière du coeur, en faisant preuve de patience. C'est cela qui te fait beaucoup de bien."



*

" Ne demande pas à Dieu, me dit l'Ancien, de t'enlever tes diverses maladies. Ne cherche pas non plus à exercer une sorte de chantage sur Lui, dans tes prières, à propos de ces maladies. Tâche plutôt de les endurer avec fermeté et avec une grande patience. Tu verras alors que ça te fera du bien." (Tz 131).



Prières en vue d'une opération.

Une dame que nous connaissions très bien était très malade; mais elle était aussi très pieuse. Aussi, quand elle fut sur le point de subir une opération, elle se mit à distribuer des petits papiers avec son prénom aux prêtres, aux moines, aux monastères, afin que l'on prie pour elle. Quand nous avons demandé à l'Ancien de faire, lui aussi, une prière, il nous dit : " Oh, combien de prières n'ai-je pas vu monter vers Dieu pour ce cas-là!" La dame fut guérie, grâce aux prières de l'Eglise. (Por 31).



J'ai fait le signe de la Croix sur elle et elle a été guérie (7).

(7) : ( Dans les deux cas qui suivent, l'Ancien a fait le signe de Croix sur les malades et elles ont été guéries. cela semble être en contradiction avec le conseil qu'il donnait en d'autres cas : Ne priez pas Dieu de vous guérir. Ayez, tout au contraire, de la patience, et votre maladie s'avèrera être un bien pour vous. Que répondre à cela? L'Ancien avait la sagesse de Dieu. Quand une personne était capable de supporter la maladie et la douleur, il lui donnait le conseil de faire preuve de patience, ainsi qu'il le faisait lui-même dans ses nombreuses maladies pénibles. Chaque fois, cependant, qu'il voyait, grâce à l'illumination divine qu'il recevait, que le malade ne pouvait résister, ou bien qu'il serait meilleur pour son salut, ainsi que pour le salut d'autres personnes, qu'il soit guéri, il priait Dieu de lui faire la grâce de la santé du corps. Chaque être humain est un cas absolument à part, et la grâce de Dieu illuminait l'Ancien pour le faire agir de la manière adéquate. (NdEG).).

" Une petite moniale est venue me voir, dit l'Ancien, qui avait ici, sur sa main, une grosseur comme une noix; Quand elle me l'a montrée, je lui ai dit :

" Viens, je te conduirai là-haut, chez le Professeur. (J'étais alors à la Polyclinique).

" Mais je ne suis pas venue pour le Professeur, me dit-elle. Je suis venue pour vous."

J'ai fait le signe de la croix sur son front, j'ai fait le signe de la croix sur sa main, et je l'ai renvoyée dans son monastère.

Une autre femme vint se confesser. Durant sa confession, je discernai avec les yeux de l'âme qu'elle était atteinte d'un cancer du sein.

"Es-tu en bonne santé? lui dis-je. Toi, tu as quelque chose!

- Oui, mon Père, mais j'ai honte de le dire.

- Va maintenant là-haut, de ma part, chez le Docteur Untel. Qu'il t'examine. Reviens ici après, me dire ce qu'il en est."

Quand elle revint, elle dit qu'elle avit réellement un cancer. On l'envoyait faire des analyses, et, trois jours après, elle entrerait en salle d'opération.

Quand donc elle est revenue, je lui ai dit de s'agenouiller avec moi.

" Récite, lui dis-je, de ton côté, intérieurement, la prière." Et moi, je disais aussi intérieurement une prière. J'ai fait ensuite le signe de Croix sur elle et je lui ai insufflé du courage, en lui recommandant de faire ce que les médecins lui avaient dit de faire.

Quand, trois jours plus tard, elle est venue se faire opérer, elle était en bonne santé. Il n'y avait ni tumeur ni rien d'autre.

Le médecin descendit, hors de lui, à la chapelle, et vint me trouver.

" Dis donc, pappas - (prêtre, en grec) - qu'as-tu fait à cette femme, pour l'avoir ainsi guérie? Si je n'avais pas de ma main touché la tumeur, et si je ne l'avais pas vue de mes yeux, il y a trois jours, je ne l'aurais pas cru.""

L'Ancien poursuivit : " Mes yeux voient bien des choses. De très nombreux miracles. La Grâce de Dieu opère en raison de la foi des hommes. Tu dois croire que, de nos jours aussi, des miracles se produisent. Car le Christ est le même, hier et aujourd'hui, et dans les siècles." (A 70-72).



Viens, je vais lire une prière sur toi et tu seras guérie.

"Je t'attendais! Tu n'as cru ni en mes paroles, ni en ce dont je t'assurais, ni même en mes prières. Que la bénédiction t'emporte, bénie sois-tu : tu as interrompu tes vacances, dont tu avais tant besoin, et tu es accourue me trouver. Comme si mes bénédictions ne pouvaient pas arriver jusqu'à toi, là où tu étais, voilà que tu es venue ici en personne."

C'est avec ces paroles que le Petit Père accueillit l'étudiante. Il voulait ainsi montrer, indirectement, son mécontentement pour son peu de foi. Et par la suite il ajouta :

" Viens donc par ici. Dis-moi à présent : que t'ont dit les médecins qui t'ont examinée?

- Ce que vous m'avez dit vous aussi, très exactement, Père Porphyre. C'est mauvais. C'est un cancer." Et elle éclata en sanglots.

"Pourquoi pleures-tu? C'est là ta foi en Dieu! As-tu déjà oublié ce que je t'ai dit au téléphone? Ou bien alors, l'idée a-t-elle pu te traverser la tête, que le cancer était plus fort que Dieu? S'il en est ainsi, tu commets une grande faute. Rien n'est au-dessus de notre Seigneur. C'est Lui, et Lui seul, qui est au-dessus de tout! C'est de Lui que tout dépend. Arrête donc de pleurer. Je ne veux pas voir mes enfants dans le chagrin et l'afflcition. Je veux, tout au contraire, les voir dans la joie et le bonheur. Viens maintenant que je lise sur toi la prière que je t'ai promise. Et tu verras que tu seras guérie, et cela rapidement."

Et il en a été ainsi. Il a lu une prière pour elle. Cette prière a duré longtemps, tandis que, dans le même temps, il imprimait le signe de la Croix sur la tumeur maligne avec une grande force. Et cette force était telle que lorsque la croix touchait la peau, elle y laissait son empreinte. Il avait une foi telle que le résultat ne pouvait être que celui qui était escompté.

Quand la prière prit fin, le Petit Père avait reçu le message d'En-Haut. C'est pour cela que son visage saint resplendissait de joie. Sa sainte demande avait déjà été satisfaite! Dieu, qui est grand, Celui en qui il croyait tant, qu'il adorait, qu'il vénérait, qu'il servait avec un tel dévouement, avait exaucé sa prière fervente et avait accompli le grand miracle. Le cancer avait été vaincu.

Dès cet instnat-là, la malade atteinte du cancer avait été guérie. Le Petit Père la regarda dans les yeux et il constata aussitôt le changement qui s'était opéré : les pleurs avaient cédé la place à la joie, la désespérance à l'espérance, l'abattement au sourire, la maladie à la santé et, en fin de compte, la mort à la vie.

"Et la tumeur maligne, qui était d ela taille d'un oeuf, qu'est-elle devenue, Petit Père? osai-je lui demander dès qu'il eut achevé son récit.

- Toi, qu'en dis-tu?

- C'est moi qui vous l'ai demandé...

- Hé bien, et moi je te le demande à toi!

-Mais...

- Que voulais-tu qu'elle devînt? Elle a disparu, elle a été néantie. Elle s'en est allée comme elle est venue... Quelques jours plus tard, tu ne pouvais pas localiser l'endroit où elle se trouvait. Sais-tu qui est notre Dieu? Qui Il est?

- Celui qui crée tout et transforme tout par Sa seule volonté.

- Bravo! Tel Il est! Reçois ma bénédiction. (K 126 p.).



J'étais très malade. C'était très bien.

Dieu avait permis au diable d'induire l'Ancien en tentation par les maladies du corps. Et l'Ancien avait accepté cette tentation avec le renoncement à soi propre à l'amour. C'est ce renoncement à soi, dont il a fait preuve, qui nous aide à comprendre, ne serait-ce qu'un peu, la manière, étonnante pour nous, dont il se prononce sur son expérience : " J'étais très malade. J'avais de violentes douleurs. C'était très bien."

L'Ancien ne voulait pas souffrir d'une manière passive, pour être par là vaincu par la douleur et plongé dans un maladif apitoiement sur soi, propre à l'échec, mais, tout au contraire, il acceptait d'une manière héroïque toute cause démonique de la douleur, afin de la vaincre, par la puissance du Christ. (G 210 p.).



"Par mes nombreux péchés..."

L'Ancien m'a dit :

" Quand j'étais plus jeune, j'ai prié Dieu de m'envoyer la maladie du cancer, en sorte que je souffre pour son amour.

Une fois, en hiver, mes Anciens de l'Athos m'ont envoyé à la cueillettes aux escargots. Quatre heures durant, je ramassai des escargots par temps neigeux. Je portai sur mon dos un sac humide, froid comme de la glace. Je suis tombé malade, car j'ai été atteint de pleurésie. Nous n'avions ni bonne nourriture, ni médicaments. Je n'eus bientôt plus que la peau sur les os. Je leur dis : " Je vais mourir." Un frère venu de loin a posé sur moi un ekdorion. Tu sais ce que c'est qu'un ekdorion?

- Non, je ne sais pas.

- C'est un moceau de peau en forme d ecarré. On le colle sur le dos, à l'endroit où se trouve le liquide qui cause la pleurésie. Il attire tout le liquide. Sur moi, il s'est gonflé comme une bulle.

Une semaine plus tard, ils l'ont découpé au ciseau, en même temps que ma propre peau; ça a été une douleur terrible... Et moi, sous l'effet de la douleur, je psalmodiais : " Pour mes nombreux péchés..."

Après quoi, on a collé sur la plaie un sparadrap avec de la cire et d'autres substances. Ce sparadrap concentrait le pus et il fallait le changer. A chaque changement de pansement, c'étaient de nouvelles douleurs.

Comme j'avais besoin d'être mieux nourri, on m'envoya pour un mois à Athènes. J'allai mieux et, aussitôt, je retournai à l'Athos. J'y tombai de nouveau malade. Les Anciens m'ont alors renvoyé pour deux mois. Même chose. Je revins à l'Athos, et j'y tombai de nouveau malade. En fin de compte, après en avoir délibéré, ils décidèrent de me renvoyer définitivement. C'est avec bien des larmes que je pris congé d'eux. Celui qui était mon frère spirituel m'accompagna jusqu'au bateau. Nous pleurions tous les deux.

"Mon Père, ne pleure pas, lui disais-je, je reviendrai.

- Mon enfant, ne pleure pas, me disait-il; c'est la Toute-Sainte qui te ramènera." (A 41 p.).



Avec une telle foi, tu n'as pas besoin de médecin.

Nous avons demandé au Père Porphyre comment il se fait que, bien des fois, des personnes atteintes de maladies incurables soient guéries. Et il nous a répondu : " Par la foi." Nous lui avons demandé ce qu'il entendait par là, et il nous a expliqué ceci : si le malade renonce à la science, purement physique, des médecins et s'abandonne, en tout, à Dieu, il obtient alors que la Providence de Dieu se charge d ele guérir (8).

(8) : ( Ce passage peut prêter à malentendu. Car, lorsqu'une personne ne va pas chez le médecin pour "faire que la Providence de Dieu la guérisse", elle agit comme si elle prétendait exercer sur Dieu quelque chantage, attitude qui avait toujours été rejetée par l'Ancien Porphyre. Quant, au contraire, on s'en remet à Dieu en toute simplicité, ainsi que le faisait l'Ancien Porphyre, alors, en de multiples occasions, la grâce de Dieu opère la guérison. Dans ce cas, le malade qui s'en remet à l'amour de Dieu ne désire pas, au fond de lui-même, la guérison, ni ne la demande. Il accepte tout ce que Dieu aura décidé. Le fait de vouloir être guéri sans recourir au médecin, et de demander que Dieu nous guérisse directement est une faute. La dame de l'exemple cité ici a dit : " Que la volonté de Dieu soit faite." Elle n'a pas dit : " Que Dieu me guérisse." C'est ce genre de conduite que l'Ancien cite en exemple. (NdEG).).

Et c'est ainsi qu'il est guéri!

"Voilà, nous dit-il, qu'une dame est venue. Elle était atteinte d'un cancer du sein et elle m'a dit : " Moi, je n'irai nulle part, ni chez les médecins, ni chez quelqu'un d'autre, et que la volonté de Dieu soit faite!" Et moi je lui ai répondu : " Puisque tu as une telle foi en Dieu, les médecins, tu n'en as pas besoin."" (Por 31).



Le cancer de l'Ancien et sa sainte patience.

"Quand les médecins m'ont dit, après les examens qu'ils m'ont fait subir, que j'avais un cancer, j'en ai été réjoui, et j'ai dit : " Gloire à toi, ô Dieu! Au bout de tant d'années, tu n'as pas oublié ma demande. J'ai un cancer ici, à l'hypophyse. Cette dernière a produit une tumeur qui grandit et exerce une pression sur le croisement du nerf optique. C'est pour cela que je commence à ne plus y voir clair. De cet oeil-ci je vois une faible lumière; de l'autre, je vois les gens comme des silhouettes, mais, avec ces yeux que j'ai, je ne distingue pas leurs traits; Ma langue est devenue grosse et longue. Elle me gêne à l'intérieur de ma bouche, et ma voix est altérée. J'ai de terribles douleurs. Quand j'ai mal, je fais preuve de patience et je prie. Quand la douleur est trop forte, je ne peux pas prier. Pourtant, je ne grommelle ni ne râle pas; Je ne me plains pas non plus.

- Géronda, tâchez de prendre un calmant. Tâchez de vous soulager.

- Je n'en prends pas. Je dis ce que je t'ai dit : le Christ ne sait-il pas que je souffre? Il le sait. Alors, je porte la Croix du Christ avec patience. Qu'en penses-tu? Je t'ai dit : il se peut que l'on me traite de fou. Pourtant, cette folie-là, elle me plaît. Je ne t'oblige pas à faire la même chose. Toi, fais comme tu l'entends, autant que tu peux. Moi, c'est ainsi que je l'entends.

Au milieu de mes douleurs, je prie Dieu de me prendre en pitié et de pardonner mes péchés. Quand l'homme finit par atteindre l'état qui a précédé la chute (9), Dieu ne permet pas de maladie.

(9) : ( C'est-à-dire l'état paradisiaque). (NdT).

Et quand Lui le veut, nous sommes en état de retrouver immédiatement la santé.

Ces choses-là sont difficiles. Les comprennent ceux "à qui cela est donné."" (A 67-69).



Je ne demande pas à Dieu de me guérir.

"Maintenant, mes pieds aussi sont engourdis. Mes jambes ne me portent plus pour marcher. Je ne peux faire que quelques pas sur place. Je Lui demande seulement de me pardonner mes péchés.

C'est souvent que je pense à toi et que je prie pour toi en disant à ton intention la prière : " Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de lui (d'untel). Appelle-moi souvent au téléphone." (A 95).



Laisse ta maladie sans arrière-pensée.

Lors d'une autre de nos rencontres, il m'a aidé à le comprendre un peu, par ces paroles qu'il m'a dites :

"Quand tu es malade, sais-tu ce que tu dois faire? Prier Dieu de te pardonner tes péchés. Et Dieu, parce que c'est dans la contrition et l'humilité que tu le supplieras, te pardonnera tes péchés et Il te guérira aussi pour ce qui est des maladies du corps. Mais fais attention : ne prie pas avec des arrière-pensées. Ne dis pas : " Mon Dieu, pardonne-moi mes péchés", tout en ayant ton esprit rivé à la maladie de ton corps. Une telle prière n'aura pas de résultats. Toi, chaque fois que tu pries, oublie la maladie du corps. Accepte-la comme une pénitence, comme une oeuvre d'expiation, pour la rémission de tes péchés. Pour ce qui est au-delà, ne t'en inquiète pas. Laisse-le à Dieu, et Dieu sait ce qu'Il a à faire."

C'est avec des paroles simples de ce genre que l'Ancien m'expliquait que la maladie de mon corps était due à la maladie de mon âme, c'est-à-dire à mes péchés, et que la rémission des péchés par Dieu, au moyen de la prière, dans une attitude d'humilité, est porteuse de la guérison de l'âme et, en temps voulu dont Dieu sera juge, de la guérison du corps également. Il attirait toutefois mon attention sur la pureté de la prière dans laquelle je devais demander la seule rémission de mes péchés.

Car au contraire, dans la prière animée d'arrière-pensées, là où le malade se sert de la demande de rémission de ses péchés comme d'u prétexte pour obtenir la guérison de son corps, les résultats de la prière se trouvent annulés par le fait même du caractère intéressé du malade.

Selon la thèse de l'Ancien, le Christ, en réponse à l'humble supplication du malade pour la rémission de ses péchés et à sa foi exempte d'arrière-pensées, réalise en un premier temps, dans Sa grande miséricorde, ce qui est le plus difficile. Il avance par la suite, au moment que Lui-même chosit, en ce qui est le plus facile. Il guérit d'abord la racine, la maladie de l'âme et, par la suite, les rameaux, la maladie du corps. (G 153-7).



Les maladies nous sont profitables.

L'Ancien m'a dit un jour, d'une manière caractéristique : " Les maladies ont, pour nous, en fin de compte un résultat profitable, quand nous les supportons sans nous plaindre, en implorant Dieu de nous pardonner nos péchés en glorifiant Son nom." (G 204).



En raison de cette maladie, le Paradis a été rempli.

L'Ancien Porphyre, dans une conversation qu'il a eue avec certains frères, a tenu, entre autres, les propos suivants :

" Le médicament qui sert à combattre le cancer est très facile à trouver et les médecins le voient d'une manière quotidienne. Ils l'ont devant leurs yeux. C'est ainsi que moi-même, avec la grâce de Dieu, je le connais. Mais Dieu ne le leur révèle pas parce que, ces dernières années, en raison de cette maladie, le Paradis a été rempli." ( Chr 358).



Ses maladies sont devenues le stade de ses vertus.

Dieu, en Ses desseins impénétrables, a relié le salut de l'Ancien ainsi que celui de milliers de ses enfants spirituels, à ses maladies et à la nécessité de les soigner. Avec le temps, ses maladies se sont multipliées et elle sont devenues le stade où se sont exercées ses vertus. Un jour où je l'avais trouvé en train de souffrir sur son lit, j'en ai eu pitié et compassion.

" Vous avez mal, Géronda?

- J'ai très mal.

- Où avez-vous mal?

- Partout.

- Qu'avez-vous, Géronda?

- Et que n'ai-je donc pas! Je souffre d'affections multiples. Je ne sais pas moi-même ce que j'ai. Ma vie ne tient qu'à un fil."

Et ce fil, Dieu l'a tenu pendant des décennies, et Il n'a pas permis qu'il fût rompu, pas tant pour l'Ancien - qui, lui, était prêt à partir - que pour nous qui, dans notre ignorance et notre négligence, n'étions pas prêts et avions grand besoin de lui.

Cela, l'Ancien le savait : il luttait pour se maintenir en vie, par sa prière et son attention. Celles-ci étaient accompagnées des soins vigilants des soeurs du monastère, ainsi que des prières de centaines de ses enfants spirituels. Un jour, il dit : " Bien des fois, j'ai pris mon envolée pour mon départ au Ciel, mais vos prières m'ont ramené ici." C'est une lutte puissante qui fut livrée, aussi bien dans l'opération du rein qu'il subit que dans son grave infarctus du myocarde, ou encore lors de son opération de la cataracte, qui fut un échec, pour me souvenir de quelques-uns des innobrables aléas de sa santé.

Lors de sa dernière épreuve, concernant son oeil, les médecins l'avaient condamné. Il avait une hémorragie de l'estomac. Il est resté un grand nombre de jours sans se nourrir et son corps torturé s'était transformé en squelette recouvert de peau. Pour lui éviter de faire des esquarres, on le maintenanit debout, comme crucifié, en proie à des douleurs épouvantables. (G 153 p.).



La patience mise à l'épreuve.

Quelques mois plus tard, j'ai pu lui rendre une nouvelle visite, également brève. L'Ancien revenait toujours plus à lui. Entre autres choses, il m'a dit : " Je dois faire très attention, parce que cette mauvaise maladie-là peut, à un certain moment, me terrasser sur place." Et aussitôt après, il a corrigé cette phrase : " Il est vari qu'il n'existe pas de mauvaises maladies, puisque c'est Dieu qui les permet toutes"; et il acheva notre entretien par ces mots: " La maladie m'a fatigué. Je suis resté tant de jours enfermé dans uen chambre. J'ai vraiment regretté la campagne et les arbres. Fais une prière pour moi aussi." Cela me parut comme nefnatin, comme une plainte légère et une nostalgie qui peuvent être justifiées même chez les saints.

Quelque temps après, j'ai été informé que l'Ancien avait dit à l'un de ses enfants spirituels : " Le soir où j'ai fait l'infarctus, je n'ai pu supporter la grande lumière que j'ai vue." - Il avait vu la divine Lumière incréée-. (G 162).



Il sera guéri avec les médicaments.

amélioration à la suite des prières faites par les siens, et qu'elle poursuivait le traitement avec de nombreux médicaments que lui prescrivaient les médecins, car telle est la volonté du Christ." (Tz. 133).



Quand les médicaments n'ont aucun effet...

Voyez-vous comment les médecins commencent? Ils vous donnent le médicament après avoir, préalablement, invoqué l'aide de Dieu!

Sachez aussi cela : quand les médicaments n'ont aucun effet, c'est que ce n'est pas le corps qui est alors malade, mais l'âme! Et la guérison de l'âme, nous ne pourrons la trouver qu'auprès du Christ! As-tu compris? Notre âme, seul le Christ la guérit! Allons maintenant voir les médecins pour qu'ils te cautérisent cela. (K 170).



Remets l'opération à plus tard.

J'avais été voir le médecin en raison d'une maladie que j'avais. Ce médecin m'avait recommandé une opération, un an plus tard, moment où il devait m'examiner de nouveau. Je suis allé voir l'Ancien, et je le lui ai dit, non sans une assez grande inquiétude. Dès qu'il entendit cela, il me dit : " C'était donc cela? Et moi qui me demandais ce qui depuistant de jours pouvait te préoccuper ainsi." L'Ancien avait "saisi", une fois encore, mon problème personnel. Il m'a demandé : " Les médecins ont-ils déjà mis leur bistouri à cet endroit-là?" Je lui répondis négativement. Il me dit alors : " Pourquoi subir une opération? Tu sais, ces choses-là, quand tu les déranges, elles se fâchent parfois. Moi, je te dis de ne pas y toucher. Accepte-le comme un aiguillon de ta chair."

J'ai décidé de faire preuve d'obéissance envers le recommandation de l'Ancien. Un an plus tard, je me rendis chez le médecin, comme je le lui avais promis. Après l'examen, il me dit : " L'état n'a pas empiré; il demeure, au contraire, stationnaire. Je suis d'avis de gagner du temps, en sorte d'opérer beaucou plus tard. Reviens l'année prochaine, que je t'examine de nouveau." A cet instant-là, me suis-je dit, le médecin, d'une manière mystérieuse, s'était, sans le savoir, conformé à l'avis donné par l'Ancien. Je ne lui ai fait aucune révélation à ce sujet, et je suis parti, décidé à ne plus lui rendre visite; Pour cette raison, l'année suivante, je ne suis pas allé faire de nouvel examen. C'est le médecin qui m'a, au contraire, rencontré quelque part : il était venu à un rassemblement religieux. Il m' annoncé, à cette occasion, que j'allais, en fin de compte, échapper à l'opération, car récemment avait été découvert, en Amérique, un médicament, qui allait être prochainement mis en circulation en Grèce, grâce auquel l'on guérissait la maladie en question; Je me suis souvenu de l'Ancien et je l'airemercié en esprit. Je ne pouvais plus lui rendre visite, parce qu'il se trouvait, désormais, dans les demeures célestes. (G 94-96).



Tu t'accroches à l'espérance de Dieu et tu es sauvé.

Quand l'Ancien eut un peu recouvré et qu'il eut commencé à recevoir des visiteurs, je le rencontrai et je fus tout surpris de l'entendre me déclarer de sa voix faible : " Quand j'étais jeune, si tu veux que je te dise, j'ai prié Dieu, s'Il permettait que je tombe malade un jour, de me donner un cancer. Tu sais que le cancer est la meilleur maladie; Car dans le cas des autres maladies, tu espères guérir et, en général, tu ne changes pas. Mais, avec le cancer, tu te dis : " Il en était ainsi jusque-là. Maintenant, finis les mensonges. Cette fois-ci, je pars." Les hommes ne peuvent pas t'aider et tu te retrouves seul devant Dieu. Le seul espoir qui te reste, c'est Dieu. Tu t'accroches à cette espérance-là et tu es sauvé. Avec cette opération d el'oeil que l'on m'a faite et qui n'a pas réussi, avec toute la cortisone qu'ils m'ont donnée, j'avais la sensation qu'une explosion avait eu lieu à l'intérieur de mon crâne et l'avait fait voler en éclats. Tant j'avais mal! J'ai cru que Dieu avait exaucé ma vieille prière et que c'était u cancer, mais ce n'en était pas un. Tu sais, j'avais arrêté cette prière-là pour le cancer, quand, un jour, j'en parlai à un évêque. Celui-ci me gronda car, à ce qu'il me dit, une telle prière cache une part d'égoïsme. Ainsi, pour tout te dire, j'avais de violentes douleurs. C'était très bien."

Si son récit tout entier m'inspirait la vénération, cette dernière phrase - " J'avais de violentes douleurs. C'était très bien."

Si son récit tout entier m'inspirait la vénération, cette dernière phrase - " J'avais de violentes douleurs. C'était très bien" m'a laissé sans voix. Bien des fois j'étais dans l'incapacité de suivre l'Ancien. (G 155 p.).



Qu'il soit béni!

La maladie de mon père spirituel s'était de nouveau aggravée. Une nouvelle opération fut nécessaire, mais son état de santé ne cessait d'empirer. Il avait des douleurs insupportables. Il ne mangeait rien. On le maintenait en vie à l'aide de perfusions et, de jour en jour, il fondait comme neige. Lors d'une de mes dernières vistes, il me dit d'une voix éteinte : " Dis au père Porphyre que j'ai très mal et que je le supplie à genoux de prier pour moi. Si la volonté de Dieu est que je vive, qu'Il fasse de moi un don à mes enfants spirituels. Si Sa volonté est, en revanche, de me prendre, qu'Il me prenne. Béni soit Son nom!"

Quand je transmis ce message au Père Porphyre, il fut ému en l'écoutant et, sur-le-champ, il me demanda de composer le numéro de téléphone de mon père spirituel. Se fit alors entendre un dialogue bouleversant entre mon père spirituel, qui était au bord de la tombe, et le Père Porphyre qui, de par le passé, était arrivé trois fois au même seuil de la mort. Le Père Porphyre lui donnait courage, en lui citant des événements analogues tirés d'expériences semblables qu'il avait lui-même connues, et mon père spirituel pouvait à peine répondre d'un mot, étant sous l'emprise de terribles douleurs. Le "maître" de la vie en l'Esprit Saint, qui avait été crucifié à plusieurs reprises, soutenait le père spirituel aux heures les plus difficiles de sa croix. Le Père Porphyre avait laissé le haut-parleur du téléphone, et j'ai entendu, à genoux et en pleurs, l'ensemble de cette conversation.

Quand la convesration fut achevée, le Père Porphyre se tourna vers moi et dit :

" Quel miracle était-ce là? Ton père spirituel était auprès de moi. L'as-tu vu?

- Non, Géronda, lui répondis-je, je ne l'ai pas vu."

Et le Père Porphyre de continuer : " C'est un grand miracle. Les corps sont éloignés, mais les âmes sont ensemble! Je l'appelle régulièrement au téléphone, de jour comme de nuit, particulièrement quand je vois qu'il souffre beaucoup. Nous nous sommes entendus pour prier ensemble aux mêmes heures. Je veux lui parler quand il a très mal. Cela fait beaucoup de bien. Mais les visiteurs le fatiguent, lui comme moi. Je le comprends vraiment, j'en suis passé par là. Ils ont bien fait de ne pas l'ouvrir. Qu'ils le laissent ainsi, tant que Dieu le maintiendra." Dans un sursaut d'espérance irraisonnée, je lui demandai : " Gréonda, si Dieu le veut, même maintenant un miracle ne peut-il avoir lieu afin qu'il vive ainsi?" L'Ancien répondit : " Si Dieu le veut, tout peut se faire." Mais Dieu n'a pas voulu, ou plutôt Il a voulu qu'il en fût différemment. Quelques jours plus tard, Il le le prit au Ciel. ( G 166-168).



Fais attention à ta santé.

Lors de notre rencontre suivante, le Père Porphyre m'a donné des instructions détaillées, comme le fait un père affectueux pour son enfant : "Fais attention à ton régime; ne mange pas d'aliments qui aggravent le mal dont tu souffres et qui font grossir; Ne reste pas de longues heures au lit, parce que tu vas de nouveau tomber malade. Sois en mouvement, prends de l'exercice, mais avec mesure; Marche, mais ni trop vite ni trop lentement, ni sur des pentes ascendantes, ni sur des pentes descendantes, ni en altitude, ni en trop basse altitude. Marche d'un pas régulier, sur une surface plane, sans te fatiguer. Sors. Je ne te dirai pas où aller : va là où il te plaît, pour vu que ce soit hors d'Athènes, loin des gaz d'échappement, qui nuisent gravement à ta santé. Ne sors pas par grand froid ni par grande chaleur. Quand tu sors dans le froid, maintiens un mouchoir devant ton nez et devant ta bouche pour ne pas respirer l'air froid, et par temps de chaleur, porte un chapeau pour éviter que le soleil ne te fasse mal à la tête. Fais très attention à la pression psychologique et à l'angoisse que tu ressens dans ton travail. je sais que là, on n'exerce pas de pression sur toi et, extérieurement, tu sembles calme; mais, intérieurement, tu t'oppresses toi-même, pour ne pas être en reste par-rapport aux autres et pour faire un travail meilleur et plus important. As-tu vu maintenant comment, après avoir pris un congé de convalescence et être resté quelques jours éloigné de ce travail qui est le tien, tu as retrouvé un calme intérieur? Quand tu feras une autre sorte de travail, tu n'éprouvears pas d'angoisse. Lis les livres des Pères et prie. Surtout, n'aie pas de chagrin. C'est de cette manière que ta santé ira mieux. Plus tu aimeras le Christ, plus tu seras joyeux, et tu auras d'autant moins de chagrin. Agis en tout avec amour et de bon coeur, sans pression ni angoisse. Prends également tes médicaments. Mais il se peut qu'un jour tu les jettes, eux aussi." (G 177 p.).



Il a payé et il est allé chez un meilleur chirurgien.

Un jour, quelqu'un que je connaissais était allé se faire opérer d'un cancer et là, dans la chambre où on l'avait mis, parmi de nombreux malades qui avaient subi de très graves opérations, il a manqué de courage et il est parti sans subir l'opération. Il a fait une dépense supplémentaire et il est allé voir un autre chirurgien, qui était meilleur. A cause de cela, beaucoup se moquaient de lui, considérant cela comme une lâcheté. L'Ancien, tout au contraire, considéra cette attitude comme une preuve de sagesse, car le malade n'avait pas estimé raisonnable de subir, en raison de l'argent dont il pouvait disposer, n'importe quelle opération sans se sentir à l'aise, en ayant le sentiment qu'il faisait ce qu'il avait de mieux à faire. Et l'Ancien disait : "Moi qui fais le sage, j'ai été attrapé comme un paysan." Il disait cela à propos d'une faute des médecins qui avait été à l'origine d'un dommage de son état de santé. Et il ajoutait : " C'est une chose qu'une maladie t'arrive parce que Dieu l'a voulu, et c'en est une autre qu'il t'arrive quelque dommage à cause d'un défaut d'attention. Cela ne doit arriver à personne." (Por 34).



Cholestérol, système nerveux, angoisse, osselets du poignet, prostate, produits pollués.

Quelqu'un avait demandé à l'Ancien d'où provenait le cholestérol dont le biologiste avait relevé un taux accru dans son sang. Et l'Ancien de répondre : " Cela provient de ton chagrin et de ta nourriture."

Un autre l'avait interrogé sur les problèmes du système nerveux et il lui avait répondu : " Cela provient de causes psychologiques."

Un troisième lui dit : " Géronda, ces dernières années, comme je prie davantage et que je participe aux sacrements de l'Eglise, mon angoisse a diminué. Et l'Ancien lui répondit : " C'est ainsi. C'est la grâce de Dieu qui t'a pris en miséricorde."

Un autre souffrait d'une fracture, d'un genre rare, aux osselets du poignet de la main et le médecin lui avait proposé une intervention chirurgicale. Il demanda l'avis de l'Ancien et celui-ci vit tous les nerfs qui passaient et s'entrecroisaient à l'endroit de la fracture. Il attira alors son attention sur le fait que cela lui causerait, en cas d'insuccès de l'opération, une infirmité. Devant ce danger, le patient préféra éviter l'opération. Le résultat en a été qu'il a pu, à la faveur du temps, avoir un usage de la main sans problème grave.

A un autre encore, il a recommandé d'éviter une opération en vue de l'abaltion, par l'urètre, de la prostate, en dépit du danger de la transformation de celle-ci, plus tard, en carcinome.

Un après-midi, l'Ancien s'entretenait, à l'air libre, avec un groupe de fidèles. Le sujet était la pollution de l'environnement. L'Ancien, se tournant vers les femmes, leur dit : " Vous, les femmes, pour éviter les maladies, vous lavez les fruits et les légumes, n'est-ce pas? Et vous allez même, parfois, jusqu'à les passer au savon?" "Bien sûr", répondirent-elles. Et l'Ancien ajouta : " Pourtant, vous ne savez pas que le mal se trouve à l'intérieur!" (G 195 p.).



Que la volonté de Dieu soit faite.

Un malade cancéreux, qui se trouvait dans la phase terminale de sa maladie, demanda à l'Ancien, par l'intermédiaire de l'un de ses amis, de l'informer s'il vivrait. L'Ancien ne répondit pas à cette question. Il dit seulement qu'il prierait Dieu et il lui envoya un chapelet. Quelques jours plus tard, le malade, alors qu'il priait avec ce chapelet dans ses mains, partit pour les Cieux. ( G 197).



La joie du Christ te guérira.

Le médecin m'avait prescrit, par le passé, un médicament relatif à mon état, et m'avait recommandé de le prendre sans arrêt. L'Ancien qui, d'une manière générale, n'aimait guère l'usage excessif des médicaments, respectait pourtant les médecins et acceptait les médicaments comme un mal nécessaire. Quand il entendit parler de ce médicament-là, il garda le silence et parut réfléchir intensément et prier. A un moment donné, il me dit : "Dis-donc, toi, arrête ce médicament-là." J'ai été surpris de sa recommandation inopinée, mais j'ai décidé de faire preuve d'obéissance et je m'y suis conformé.

Du temps a passé. Mes malaises persistaient et il fallait procéder à des examens paracliniques circonstanciés. J'ai demandé la bénédiction de mon père spirituel pour montrer le résultat de ces examens à un autre médecin, qui était son fils spirituel. Après avoir recherché avec attention et en prière, le nouveau médecin déclara que, selon lui, le médicament que je prenais depuis des années et que je venais d'arrêter, était, dans mon cas, superflu. Il m'a prescrit un autre médicament, que j'ai pris. C'est alors que je me suis souvenu de l'Ancien. Quand je me suis retrouvé auprès de lui, et que je lui ai rapporté cet événement, il s'en est encore réjoui et m'a dit : " Que dis-tu? Tu as arrêté ce médicament. Voici que la science est d'accord avec moi. Moi, je ne suis pas médecin, mais je ne sais pas comment, au moment où tu me parlais de ce médicament, j'ai vu que tu devrais l'interrompre et, comme cela m'est venu, c'est ainsi que je te l'ai dit. Tu as bien fait de l'arrêter. Seulement, tu dois maintenant emplir ton âme du Christ, de l'amour divin, de la joie. La joie du Christ te guérira. Quand tu es trop fatigué, tu peux prendre aussi quelque médicament remontant, pour ton état de faiblesse. Nous devons faire une confession générale pour que soient guéries les plaies secrètes de ton âme. Cela nous donnera une grande joie, et à toi et à moi. Maintenant, je suis malade. Dieu fera en sorte, dans Son dessein, que nous nous retrouvions." Ses paroles me firent grande impression, spécialement cette phrase-là : "L'amour du Christ te guérira." C'était la première fois de ma vie que j'entendais parler d'une perspective de guérison aussi réjouissante. Il ne s'agissait pas d'une de ces guérisons connues: il s'agissait d'une guérison du corps et de l'âme. ( G 170-172).



SUICIDE

Entourez-la de prières intenses.

Concernant une jeune fille qui avait fait une tentative de suicide, il avait recommandé à ses parents de l'entourer de la protection de prières intenses d'une nombre aussi grand que possible de personnes. C'est ce qui a été fait, et la jeune fille a été préservée de rechutes éventuelles. (G 202).



Change de fréquentations.

A une jeune fille qui avait fait une tentative de suicide, il avait recommandé de changer, de toute manière, ses fréquentations, lesquelles exerçaient sur elle une influence négative, et d'en rechercher de nouvelles, avec des jeunes filles chrétiennes de son choix, avec lesquelles elle pourrait avoir des conversations agréables, faire des excursions, et visiter des églises où elles assisteraient aux offices sacrés. Il prit même le soin de charger une jeune fille de bonne volonté, qui lui rendait régulièrement visite, de prendre l'initiative de ce rapprochement. (G 295).



Il l'a sauvé du suicide.

"Géronda, je vous en prie, je veux que vous me disiez quelque chose; ce que vous jugez bon", dit le visiteur ( c'était un moine).

Alors l'Ancien l'interrogea:

" Tout à l'heure, quand tu partiras d'ici, où iras-tu?

- Mon Ancien m'a dit de rendre visite aux miens qui se trouvent en Eubée.

- Quels tiens?

- Mes parents, les membres de ma famille selon la chair."

Il commença alors à m'interroger au sujet de mes parents.

" Ton parent Untel, sais-tu quel problème de santé il a?

- Moi, Géronda, je ne sais même pas ce qui m'arrive. Comment saurais-je quels sont les problèmes auxquels est confronté mon parent N.?

- Mais moi, avec l'aide de la grâce de Dieu, je les connais. Il a ceci..., ceci..., et cela.. Et, par dessus tout, le pire est qu'il ait une telle pensée."

Et il fit un geste de la main, comme quand nous semblons signifier que nous allons faire un plongeon. Il m'expliqua que ce parent avait certaines pensées de suicide. Je lui demandai :

" Maintenant, quand j'irai là-bas, dois-je lui parler de ce que vous venez de me dire?

- Mais c'est pour ça que je te l'ai dit, pour que u lui dises d'entrer dans l'Eglise. Tout lui passera alors et il sera sauvé! Et tâche de ne pas rester trop longtemps là-bas, chez les tiens. Dis-leur plutôt que toi, dans ta prière, tu les vois continuellement; que s'ils désirent, à leur tour, que tu sois près d'eux, qu'ils prient eux aussi et que vous soyez ainsi unis par la prière."

Je suis parti d'auprès de l'Ancien Porphyre et je suis allé chez les miens. J'ai alors dit à ce parent ce que l'Ancien m'avait révélé à son sujet. Il en a été étonné. Quelques jours plus tard, il a rendu visite à l'Ancien et il lui a dit :

" Géronda, je suis Untel, au sujet de qui vous avez dit au Père Christodoule ceci... et cela...

- C'est moi qui lui ai dit ces choses? demanda l'Ancien avec étonnement.

- Oui, lui dit-il.

- Mais, mon enfant, moi, je ne me souviens pas d'avoir dit ces choses-là."

Et l'Ancien avait absolument raison, car c'est le Christ qui agissait en lui; lui ne faisait que parler, tout simplement.

A partir de ce moment-là, Untel a commencé à aller à l'église. Il a décidé de se confesser et tous les problèmes qu'il avait l'ont quitté. ( Chr 349 p.).



Il l'a sauvée par une apparition soudaine.

Une jeune fille, encore, dans la région de Sainte-Parascève, à Athènes, avait décidé de se suicider, à cause d'une parole lourde à supporter qu'on lui avait dite chez elle. Elle s'était procuré un produit chimique utilisé dans l'agriculture, et s'apprêtait à l'ingérer. Alors, le Père Porphyre apparut soudain devant elle, lui prit le produit des mains et lui dit : " N'aie pas peur. Tout ira bien. Tu te marieras, tu auras des enfants, et ta situation sera réjouissante." Et il en fut ainsi. (J 88).



Il faut "peu" de paroles et beaucoup de prières.

Aux parents d'un jeune homme qui avait fait une tenative de suicide pour des raisons inconnues d'eux, l'Ancien avait dit, quand ils lui avaient rendu visite dans tous leurs états : " Votre enfant est sensible. Depuis qu'il était tout petit, il fondait de jalousie et, peu à peu, il est devenu à votre égard comme un étranger. Il en est arrivé à faire cette tentative de suicide après une déception amoureuse. Il a besoin que l'on fasse attention à lui. Il s epeut que cette déception le touche de nouveau.. Pour que votre enfant soit guéri de sa blessure, il n'est besoin que de peu d eparoles. Il faut, en revanche, beaucoup de prières. Pas de conseils ni de critiques, ni rien de ce genre. Quelques paroles seulement, dites avec réflexion, capables de fortifier l'espérance et, aussitôt après, la prière. Assiégez-le de vos prières." Les événements justifièrent les propos de l'Ancien. ( G 299-300).



Ne la retenez pas par la crainte. Elle reviendra.

Une dame mondaine avait goûté aux charmes de ce monde et, en fin de compte, revenue de tout, elle se trouvait au seuil du suicide. C'est en cet état de désespoir que la trouva l'une de ses amies, laquelle lui recommanda, pour issue, le Père Porphyre. Cette dame se rendit alors à Callissia, à la rencontre de celui-ci. D'une manière inattendue, elle vit, pour la première fois de sa vie, resplendir une lumière consolatrice dans les ténèbres de son âme. Elle fut saisie d'enthousiasme et devint l'une de ses disciples. Elle lui demanda la bénédiction de demuerre auprès de lui. L'Ancien lui procura un abri auprès des soeurs du monastère. Là, elle coulait des jours heureux dans la sérénité de son âme, en ressentant "qu'elle était morte, puis revenue à la vie, qu'elle était perdue et avait été retrouvée".

Cependant, le diable, ennemi du bien, n'avait pas renoncé à son oeuvre d'envie. Il enrageait d ejalousie de voir que cette âme s'était, au sens littéral du terme, échappée d'entre ses serres. Aussi entreprit-il d ela gagner à nouveau. Il présenta à son imagination des souvenirs embellis de son ancienne vie, parmi le bruit scintillant des amusements mondains, et il la poussa à comparer cela au pauvre désert où elle vivait désormais. Peu à peu l'ennemi commença à l'infecter de son venin. Le démon d el'inquiétude lui rongeait secrètement l'âme. Jusqu'au jour où elle annonça aux soeurs qu'elle désirait retourner à Athènes.

Les soeurs en furent troublées et essayèrent de l'en dissuader en lui disant qu'après la mésaventure terrible qu'elle avait vécue, retourner à cet ancien enfer serait se livrer elle-même à la mort. La dame hésitait à s'en aller, amis, quelques jours plus tard, exprima de nouveau son désir de quitter le monastère. Inquiètes, les soeurs en informèrent l'Ancien, lequel les interrogea :

" Et vous, que lui avez-vous dit?

- De rester ici car, autrement, elle serait en danger.

- C'est mal que vous lui ayez dit de rester, dit l'Ancien. Vous devez la laisser s'en aller, puisqu'elle le veut. Ne la retenez pas par la peur. Vous voulez la rendre folle? N'ayez pas peur. Cette âme-là ne sera pas perdue. Elle reviendra."

A l'allusion suivante faite par cette dame, les soeurs lui répondirent qu'elle était libre de faire ce qu'elle voulait. Cette dernière les calma, demanda la bénédiction de l'Ancien et s'en alla à Athènes. Ses anciennes fréquentations la reçurent en lui faisant fête. L'Ancien priait en secret pour son salut. La dame recommença à vivre une vie de dissipation, mais, très vite, elle fut environnée des serpents du désespoir. Des idées noires la torturaient. Mais maintenant, les ténèbres ne constituaient plus un monologue, comme avant. Il y avait le souvenir de la lumière perçue auprès de l'Ancien. Et l'oiseau s'échappa du piège diabolique et s'envola librement vers le ciel de Callissia. C'est avec joie et affection que l'Ancien l'accueillit, comme le père du fils prodigue. Elle avait changé définitivement et elle vécut une vie nouvelle, celle du repentir et de la paix de l'âme. ( G 249 - 251).



VIOLENCE



Violence de la loi de Moïse ou prière du saint?

De tout temps, le problème épineux de la relation entre amour et violence m'avait préoccupé. D'un côté, l'amour, tel que le Christ l'a vécu et enseigné, ainsi que tout homme sanctifié en Lui, et, de l'autre, la violence multiforme, entre citoyens et entre Etats.

J'ai demandé à l'Ancien quelle était son opinion sur ce sujet. Et lui de me répondre : " Ce sont des affaires emmêlées." Et il a continué par le récit d'une histoire en forme de parabole : " Il y avait, un jour, un monastère sur la montagne. Les moines y vivaient dans la paix. Un jour des brigands l'attaquèrent. Ils entrèrent dans l'église du monastère, l'air farouche, et leur chef demanda l'higoumène. Un moine avertit celui-ci, et lui, à son tour, se trouvant à l'intérieur du sanctuaire, demanda au chef des brigands d'attendre un peu, le temps de finir un travail qu'il faisait. L'higoumène s'agenouilla devant la Sainte Table et se mit à adresser au Christ une prière fervente pour qu'Il les délivrât du danger qu'ils couraient. Cependant, dans l'intervalle, le chef des brigands scrutait avec intérêt les peintures murales de l'église. Farouche comme il était, son attention fut attirée par l'image du terrible dragon qui crachait des flammes de sa gueue ouverte et avalait les damnés. C'est à cet instant que l'higoumène sortit du sanctuaire. Le chef des brigands, dès qu'il le vit, lui dit sans ménagement : "Donne-moi tout de suite tous les trésors du monastère, car, autrement, nous allons tous vous massacrer. Mais, d'abord, je veux que tu m'expliques ce que représente cette image." L'higoumène, qui continuait de prier secrètement, lui expliqua que d'un côté il y avait le Christ, qui prenait les justes avec Lui dans le Paradis, et de l'autre le diable-dragon, qui avalait les pécheurs dans les fournaises de l'enfer.

" Qui sont les pécheurs?" demanda de nouveau le chef des brigands. L'higoumène lui répondit:

" Ce sont ceux qui volent, qui tuent, qui outragent, qui déshonorent, qui commettent toute espèce de mal.

- C'est-à-dire, demanda-t-il inquiet, que moi aussi j'irai en enfer?

- A ce qu'il semble, lui répondit l'higoumène, c'est à ce lieu que tu es destiné.

- Et n'y a-t-il pas un oyen d'échapper à l'enfer? demande-t-il.

- Il y en a un, lui répondit l'higoumène.

- Et quel est ce moyen?

- De te repentir de tous te spéchés, de te confesser, de communier et d et'efforcer d'éviter le mal et d efaire le bien.

- Où puis-je faire cela?

- Ici même, au monastère."

Alors le chef des brigands se tourna tout à coup vers ceux qui l'accompagnaient et leur dit : " Moi, je resterai ici." Les brigands s'en allèrent et le brigand en chef se confessa à l'higoumène, qui fit de lui un moine novice. Il lui imposa également comme pénitence de ne rien faire sans en référer d'abord au moine Ancien auprès duquel il était chargé d'accomplir son service.

Un jour, il avait été envoyé, avec le moine qui l'accompagnait, dans la montagne, abattre du bois pour l'hiver. Ils prirent le départ avec leur bête. Ils arrivèrent à la montagne. Ils abattirent le bois et le chargèrent mais, avant même qu'ils n'aient eu le temps de repartir, des brigands se présentèrent devant eux, leur prirent leur bête avec le bois et les rouèrent de coups. L'ancien brigand en chef devenu moine fut emporté par la colère mais, avant même de faire quelque mouvement que ce soit, il demanda à son compagnon : " Les Livres, que nous disent-ils de faire à présent?" Son compagnon lui dit : " Rien. La loi du Christ dit que, si quelqu'un te donne un soufflet, toi, tu dois tendre l'autre joue." Les brigands s'en allèrent avec leur butin. Les moines s'en allèrent aussi, battus et les mains vides. Quand l'higoumène les vit, il en fut affligé, sans toutefois rien dire. Quelques jours plus tard, il les envoya de nouveau à la montagne chercher du bois, avec une autre bête de somme, mais les mêmes événements, ou à peu près, se répétèrent. L'higoumène était perdu dans ses pensées. Il ne savait pas quoi faire. Toutefois, comme il faisait très froid, c'est avec peine qu'il put trouver une troisième bête de somme et les renvoyer à la montagne. Au moment où ils s'apprêtaient à retourner avec la bête chargée, les mêmes brigands se montrèrent de nouveau, leur prirent leur bête et s emirent de nouveau à les rouer de coups. L'exaspération du brigand en chef devenu moine fut alors à son sommet. Mais il demanda de nouveau à son accompagnateur : " Trouve vite ce que nous devons faire selon les Ecritures." Son accompagnateur lui dit de nouveau : "Rien. La loi du Christ recommande la patience et l'amour envers nos ennemis." Le brigand en chef devenu moine ne fut pas satisfait de cette réponse et il lui dit : " Souviens-toi bien. N'y a-t-il pas d'autres écritures, qui disent quelque chose d'autre?" Son accompagnateur lui répondit : " Hé bien, il y a aussi l'Ancien Testament, avec la loi de Moïse. - Et que dit-elle, cette loi-là?" Elle dit : " Oeil pour oeil, dent pour dent." - celle-ci est une bonne loi", s'exclama le chef des brigands devenu moine. Il asséna aussitôt un coup de poing à un brigand et le fit tomber à terre. Les autres brigands le regardèrent tout surpris. Celui-ci entrouvrit alors sa robe de moine et fit apparaître sa poitrine velue. " Savez-vous, bande de vauriens, qui je suis?" demanda-t-il aux brigands terrifiés. " Je suis Untel le chef des brigands qui est devenu moine. Si vous ne voulez pas que je vous réduise tous en bouillie, laissez-là cette bête chargée et décampez sur le champ pour nous rapporter chargées les deux autres bêtes que vous avez volées." Les brigands se conformèrent à cette injonction. C'est ainsi que les deux moines revinrent en triomphe au monastère, avec trois bêtes de somme chargées. A leur vue, l'higoumène se signa en se demandant ce qui arrivait et rendit gloire au Christ. Alors le brigand en chef devenu moine lui dit : " Ne rends pas gloire au Christ, saint higoumène, mais à Moïse. C'est avec la loi de Moïse que nous avons ramené ce qui avait été volé. Si, en effet, nous nous étions conformés, une fois de plus, à la loi du Christ, nous serions encore revenus et roués de coups et les mains vides.""

Cette histoire, narrée par l'Ancien avec une grâce inimitable, me fit une forte impression. Il tentait de l'interpréter, quand il se mit par m'en raconter une autre :

" Il y avait un monastère où tous les moines avaient vieilli et étaient morts, sauf un, qui vivait là dans la crainte. Ce moine était complètement illettré, mais il avait une foi forte et simple. Tandis qu'il célébrait ses offices et accomplissait ses services, il croyait que le Christ et les saints étaient vivants et l'accompagnaient. C'est la raison pour laquelle il leur parlait souvent, de la manière dont on parle à des personnes vivantes. Un jour où il était absent du monastère, les brigands s'y introduisirent, volèrent tout ce qu'ils trouvèrent, en chargèrent leurs bêtes de somme et s'en allèrent. Quand le moine fut de retour et qu'il vit le monastère dépouillé, il en fut tout troublé. Il accourut immédiatement à l'église, qui était dédiée à saint Nicolas. Il se tint debout devant le saint patron du monastère et il se mit à protester : " Que s'est-il donc passé ici, mon Saint Nicolas, en mon absence? Des hommes méchants sont venus et ont pillé le monastère, et toi, tu les regardais faire sans rien dire? Qu'as-tu donc fait pour empêcher les brigands d'agir? je vois que tu n'as rien fait. Mais, dans ces conditions, tu ne mérites pas cette place que tu occupes, puisque tu n'as pas protégé le monastère. je t'enléverai de cette place." Et, tout aussitôt, il enleva l'icône du saint de l'iconostase, le mit hors du monastère, le posa sur un rocher, s'en retourna et ferma la porte. Une heure n'était pas passée qu'il entendit de forts coups frappés sur la porte d'entrée. Il ouvrit, et que vit-il? Les brigands, avec leurs bêtes de somme, chargées de tout ce qui avait été volé. Ils lui dirent : " C'est nous qui avons dépouillé le monastère. Or, tandis que nous nous en allions, alors que nos bêtes marchaient normalement, à un moment donné, elles se sont arrêtées et n'avançaient plus. Nous les avons frappées, nous les avons tirées. Elles sont restées immobiles. En revanche, dès que nous leur avons fait rebrousser chemin, elles se sont mises à courir. Nous nous sommes dit que Dieu, à ce qu'il semblait, voulait que nous rapportions tout ce que nous avions volé. Aussi t'avons-nous tout rapporté. Le moine prit les objets en question et, tandis que les bandits s'en allaient, il rendit grâces à Dieu. C'est alors qu'il se souvint de l'icône de saint Nicolas. Il se rendit au rocher où il l'avait déposée, la vénéra et dit : " Je te reconnais maintenant, saint Nicolas, tu es le protecteur du monastère." Il prit l'icône du saint et la remit triomphalement à sa place."

C'est en mettant en relation ces deux histoires, dans ma pensée, que j'ai tiré la conclusion suivante : l'Ancien voulait me signifier ainsi que l'application du principe de l'amour et de la non-violence envers nos ennemis présuppose la sainteté, comme dans le cas de l'higoumène de la première histoire et celui du moine à l'esprit simple de la deuxième. En revanche, dans le cas du chef de bande devenu moine de la première histoire, le recours à la loi de Moïse était devenu un mal nécessaire (G 74-80).



MARIAGE



Entre mariage et célibat.

Nous étions un groupe de six ou sept amis. Sous un pin, nous écoutions l'Ancien, par un après-midi d'été. Il nous parlait de ce sujet : " Ne vous laissez pas torturer par la question du choix entre mariage et célibat. Parfois des jours viennent où vous ressentez des désirs psychiques et charnels pour le mariage. D'autres fois encore, ces désirs-là cèdent, parce que vous ressentez des désirs divins, supérieurs au mariage. Quand viennent des tentations de volupté, ne vous efforcez pas de les chasser avec violence, car Satan en profite pour les rendre plus attachantes encore et vous fait ainsi du tort. Il vaut mieux les affronter avec sérénité et convertir ces tendances pécheresses en tendances pures. Dites-vous : " Il se peut que nous nous mariions et que nous goûtions aux plaisirs conjugaux, ainsi que le veut le Christ." Quand, de nouveau, vous viennent des désirs de virginité, recevez-les avec reconnaissance, en cultivant, d'une manière mystique, l'art de la sanctification. Un jour la balance penchera d'un côté. Certains s'efforcent de se sanctifier en combattant leurs passions et leurs péchés; d'autres en aimant le Christ et Sa volonté. Les premiers ne réunissent qu'une part des choses car leur lutte devient trop froide et trop dure. Les seconds réunissent bien plus car, dans l'amour du Christ, les passions pécheresses perdent leur séduction et leur puissance devant cet amour du Christ, précisément, que ces personnes ressentent. Quand il fait jour et que la lumière du soleil est entrée dans notre chambre, les ténèbres ne peuvent qu'être dissipées."

L'Ancien s'arrêta de parler. Il semblait réfléchir à quelque chose. Par la suite, il reprit la parole : " Peut-être ne devrais-je pas vous le dire... Je vous le dirai quand même. Il peut arriver que quelqu'un soit parvenu à un âge avancé tout en balançant encore entre mariage et célibat. C'est alors que Satan mène contre lui son offensive la plus terrible : il lui inculque, en son âme, la panique du célibat. C'est alors qu'il se mettra à rechercher un conjoint, qu'il chargera des gens de lui en trouver un, que ceux-ci riront de lui et que lui-même entrera désormais dans un état de maladie de l'âme. Plutôt que de vous épuiser dans le vain effort d'apporter vous-même une réponse, consacrez donc tous vos efforts à votre tentative d'aimer le Christ de toute votre âme... C'est Lui qui, au moment propice, donnera la réponse qui convient à votre âme. C'est une réponse que vous recevrez sans violence ni chagrin, mais dans la sérénité et la satisfaction. C'est de cette manière que vous serez délivré pour toujours de cette interrogation ( mariage ou célibat) et que vous cheminerez sur une route sûre, en rendant gloire à Dieu." ( G 365-368).



Délais en vue du mariage.

A un ami, qui avait eu beaucoup de difficultés à se marier, l'Ancien avait révélé que la cause profonde des délais qu'il s'imposait quand il envisageait le mariage était refoulée dans son subsconscient : le souvenir d'une aventure sentimentale malheureuse de son adolescence. Il lui dit : "Tu as aimé cette jeune fille de toute la force de ton âme. Tu en as fait l'idéal de ta vie. Tu as été blessé de son indifférence. Ta personnalité s'est dédoublée. tu t'efforçais de retrouver en la personne de chaque jeune fille le visage de celle-là, et comme cela était impossible, ton coeur restait fermé. " Avec l'aide de l'Ancien, il a pris conscience de cet obstacle caché. Il s'en est totalement libéré et, de cette manière, il a pu fonder sa propre famille. (G 368).



On le pressait de fonder une famille.

Ses parents le pressaient de fonder une famille. Cela provoquait chez lui un certain agacement et il eut, de nouveau, recours à l'Ancien. Ce dernier, comme il était naturel et tout comme s'il s'était trouvé chez lui, lui répéta, mot pour mot, ce que ses parents lui disaient à ce sujet : " Maintenant tes parents te disent ; " Jusqu'à quand resteras-tu ainsi? il est temps, pour toi, de devenir père de famille, d'ouvrir ta propre maison, avec ta femme et tes enfants. Si tu restes dans cet état, qui veillera sur toi dans ta vieillesse?" Ne prends pas mal ce qu'ils te disent : ils ont, eux aussi, de leur point de vue, raison. Si tu étais, à ton tour, à leur place, tu tiendrais les mêmes propos. Eux, ils voient les choses du point de vue du monde : ils veulent que tu vives bien et que tu connaisses une bonne vieillesse. On ne compte plus, pourtant, ceux qui, tout en ayant fondé une famille, sont abandonnés de leurs enfants et connaissent une mauvaise vieillesse. Le tout est que l'homme aime le Christ. Tous les autres problèmes se trouvent alors, de ce fait, résolus." Cet homme exprima devant moi son admiration pour l'Ancien : ce dernier avait su, dans la plus grande discrétion, l'orienter vers son intérêt " majeur". Il avait toutefois justifié avec compréhension l'attitude de ses parents aussi bien que la sienne. ( G 369 p.).



Tu auras beaucoup de mal à t'accorder avec elle.

C'était au mois de mars 1972. L'un des enfants spirituels du Père Porphyre lui rendit visite à Callissia, dans l'Attique, pour prendre son conseil sur un sujet personnel.

Le Petit Père l'accueillit avec une joie toute particulière, car il l'aimait beaucoup et le considérait comme un membre de sa famille. La réciproque était tout aussi vraie : le Petit Père au-dessus de tout!

Quand ils se furent, à leur habitude, entretenus, des heures durant, de toutes sortes de sujets, le Petit Père lui dit :

" Parle-moi maintenant de ton affaire aussi, celle qui te préoccupe tant.

- Comment le savez-vous? Moi, je n'en ai parlé à personne.

- Allons, parle..."

Vraiment! En ce temps-là ce jeune homme avait connu une jeune fille et, avant de franchir le pas pour rendre cette liaison officielle, il voulait prendre l'avis du Petit Père. C'est ce qu'il faisait chaque fois qu'il avait un problème. S'il n'avait pas "le feu vert" de l'Ancien, il ne cédait à aucune pression.

Aussi exposa-t-il dans tous les détails son problème au Père Porphyre et lui demanda-t-il son avis.

" As-tu une photographie de cette jeune fille? lui demanda-t-il. Donne-la moi."

Il la lui donna. L'Ancien la regarda longtemps, sans parler.

" La voyez-vous, Petit Père? Pourquoi restez-vous aussi longtemps sans parler? Cette jeune fille est-elle bonne pour moi ou non?

- Elle est très bonne! Sauf qu'elle est très active et toujours en mouvement, et toi, tu auras beaucoup de mal à t'accorder avec elle.

- Hé bien! Je romprai avec elle alors!

- Non, tu voulais une femme-médecin; c'est une femme-médecin que tu as eue. C'est une femme-médecin que tu as demandé à Dieu de te donner. C'est une femme-médecin qu'il t'a donnée. Ce que tu lui as demandé, c'est cela qu'Il t'a donné. De quelle rupture me parles-tu maintenant? Allons, les tiens aussi l'aiment beaucoup. Tes parents, de leur côté, s'en réjouissent grandement. Ils veulent, avant de mourir, te voir heureux et bien installé. Avance! Et moi je prierai beaucoup. D'elle aussi je ferai mon enfant, de la même manière que, toi, je te considère comme mon enfant! Vous viendrez me voir ensemble, et moi je m'en réjouirai. Je vous aimerai et je serai fier de vous voir! Puisque tu sais bien combien je t'aime! Et moi, je sais que, toi aussi, tu m'aimes beaucoup. Soyez bénis! Tout ira bien, avec l'aide de Dieu!"

Et il en fut ainsi. Cette rencontre aboutit à un mariage. La jeune femme devint une fille spirituelle du Petit Père et, qui plus est, d'entre les meilleurs de ses enfants spirituels. C'est la raison pour laquelle il l'aimait aussi beaucoup.

Pourtant, ce couple commença la vie commune dans les chagrins, les contrariétés et les mésaventures. Il connut un grand nombre d'épreuves. La conséquence de toutes ces épreuves a été que la jeune femme soit privée de la maternité, qu'elle désirait pourtant ardemment. Et, malgré les assurances du Petit Père, elle était possédée par une vive angoisse qui la poussait à se soumettre à des examens douloureux et très onéreux. Le Petit Père n'en insisatit pas moins : " Tu auras un enfant! Ne te soumets pas sans raison à toutes ces épreuves et à toutes ces dépenses. Je te le dis encore : tu auras un enfant!"

Et, de fait! Elle eut un beau petit garçon, qui reçut l'illumination de Dieu et fut béni de la main même du Petit-Père.

Il importe de noter que ce couple-là n'eut qu'un seul enfant. C'est la raison pour laquelle le Petit Père disait : " Tu auras un enfant!" Il n'avait pas dit : " Tu auras des enfants!" Si l'on faisait attention à ses paroles, on en tirait très facilement les conséquences qui s'imosaient. C'est ce détail qui constituait le "code" pour décrypter les propos tenus par l'Ancien.

Quand le Père Porphyre avait vu pour la première fois l'enfant nouveau-né, il avait dit à ses parents : " Cet enfant est l'enfant des prières!" (K 134-136).



... et il reconstitua son mariage dissous.

L'Ancien Porphyre, d'après ce que je peux en savoir, s'intéressait beaucoup aux couples. On ne compte plus les couples qu'il avait aidés, grâce aux dons spirituels qui étaient les siens, et qui ont été de nouveau unis alors qu'ils avaient rencontré des problèmes de couple, qui avaient mené leur mariage au bord de la dissolution.

Je me souviens d'un cas émouvant. Une fois, l'Ancien se rendait quelque part en taxi. En route il eut, avec le conducteur, le dialogue suivant :

" Tu as une femme?

- Oui, j'en ai une.

- Depuis combien d'années vivez-vous séparés?

- Cinq."

Le dialogue se poursuivit. Et le résultat en fut heureux. Le conducteur fut tellement impressionné par ce que lui avait dit ce prêtre qu'il ne connaissait pas, qu'il alla aussitôt trouver sa femme et reconstituer leur mariage qui était dissous. (I 89).

GERONTOLATRIE (10).



(10) : (A la lettre : adoration des Anciens. Ce termpe est péjoratif. Son emploi attire l'attention sur le fait que, quelles que soient les qualités de tel Ancien, ou de tout autre, fût-il un très grand saint, l'adoration revient à Dieu seul. (NdT).).



Son art de la pédagogie était sans pareil. Il n'était pas autoritaire ni impérieux, de nature à installer des liens personnels susceptibles de créer dépendance, attachement, tendances à l'idolâtrie. Sa pédagogie n'était pas, non plus, menaçante et débilitante, de nature à provoquer insécurité, phobies et angoisses. L'Ancien ne cultivait pas le culte de la personnalité sous son aspect de "gérontolâtrie". Il ne nourrissait pas l'ambition de tisser des liens entre ses très nombreux visiteurs et sa propre personne. Il n'avait pas le désir de créer une "phratrie spirituelle". Il ne voulait pas posséder des "adeptes". Tout au contraire, grâce à son cheminement centré sur le Dieu-Homme, vivant lui-même "le Christ", il s'efforçait de lier totalement les âmes humaines au Christ, de devenir leur accompagnateur à la rencontre de l'Epoux céleste, tout en restant lui-même en marge et dans l'ombre, car il savait que c'est ainsi seulement que l'on obtient le salut (G 425).



LES REPROCHES



Géronda, je n'en puis plus : il est grincheux!

Je lui ai dit un jour :

" Géronda, je ne peux pas travailler avec ce frère... il est grincheux.

- Dis donc toi, tu ne manques pas d'égoïsme. Le sais-tu? C'est la raison de tout ce qui t'arrive.

- Je le sais, Géronda. J'ai cet égoïsme depuis que je suis tout petit. Priez que Dieu m'accorde l'humilité du coeur.

- Quand le coeur possède la sainte humilité, il voit tout sous un jour favorable et vit dès maintenant sur terre au sein de l'Eglise incréée du Christ.

L'humilité n'est pas celle dont nous parlons en paroles, ni celle que nous croyons avoir acquise. L'humilité sainte est un don de Dieu à l'âme. Dieu la donne quand Il trouve un coeur qui s'est longuement préparer à atteindre la pureté. C'est alors qu'Il pose Son regard sur ce qui Lui agréeet qu'Il attire l'âme vers Lui-même.

Et voilà que toi, tu me dis maintenant : " Celui-là est grincheux, celui-là est jaloux, celui-là se fâche", etc... Ne dis pas : " Je ne peux pas faire cela avec lui. Je ne pourrai jamais faire cela."

Ce n'est pas là une manière d'agir. Cela n'est pas orthodoxe. Cela n'est pas chrétien. De cette manière, tu n'es pas du tout dans l'amour de Dieu. De cette manière, tu te sépares de l'amour de Dieu, parce que tu l'as séparé de tes frères.

Tu dois, au contraire, passer outre leurs faiblesses et, sans les imiter, devenir un seul avec eux dans la coopération. Il doit en être ainsi, sinon il en va autrement. C'est de cette manière que sont abattus les remparts qui nous séparent de nos frères. C'est ainsi que nous nous trouvons réunis au Christ.

Plus, au quotidien, tu es réuni à tes frères, plus tu entres, d'une manière mystique, dans l'amour du Christ." (A 59 p.).



Comment répondre aux grincheux par la prière.

L'Ancien m'a dit : " Même nos ennemis, le Christ nous a dit de les aimer. La comprends-tu, cette chose? C'est une grande chose que d'aimer tout le monde et d eprier pour tous. Le diable s'est attaqué à l'un d'entre nous. Il en fait un être inquiet, grincheux, qui sème le trouble. Si tous les autres ne sont pas prêts par la prière, le trouble est transmis à tous.

Au contraire, si l'un prie pour les autres, le trouble est circonscrit. ( Celui qui prie) rayonne de la grâce de Dieu et, par lui, la grâce se répand sur tout son environnement et le sanctifie." (A 63).



ECRITURE SAINTE ET AUTRES LIVRES



Lis beaucoup l'Ecriture Sainte.

"Quand tu lis l'Ecriture Sainte, me disait l'Ancien - car il faut que tu la lises sans discontinuer pour en être illuminé - ainsi que les Vies des saints ou les autres livres spirituels de l'Eglise, si tu trouves quelque proposition ou quelque mot qui t'a impressionné, tu dois t'y arrêter un temps suffisant, chercher à l'interpréter et tu verras à quel point cela peut être profitable pour toi."

" Lis vraiment beaucoup, me disait-il une autre fois, afin que Dieu illumine ton esprit. Moi, tu sais, je lisais vraiment beaucoup et même, pour éviter d'être dérangé, je montais dans un arbre à l'aide d'une échelle que j'avais fabriquée et que je retirais vers le haut quand j'étais monté, de sorte qu'on ne pouvait ni me voir ni me déranger. C'est là que, des heures durant, je m'adonnais à l'étude." (Tz 137).



Je ne me souviens pas de tout ce que je lis.

Alors que je l'interrogeais sur le fait que je ne me souvenais pas de tout ce que je lisais, le Petit Père me fit la réponse suivante :

"Sache, mon enfant, que tout reste en dépôt dans notre mémoire et, quand le Christ juge l'heure propice, Il nous le révèle."

Lors d'une révélation, au sujet d'un événement qui avait eu lieu cinquante ans auparavant, il me dit : " Dieu ne perd jamais cela de vue, voit tout et suit tout. Aucun négatif de son appareil photographique ne peut être détruit." (Tz 138).



Lis d'une manière juste.

"Quand tu lis, me disait un jour le Père Porphyre, essaie de lire d'une manière claire. Il faut entendre même le dernier "n" ou "s" final de chaque mot.

Tu dois faire la même chose dans ta prière ou quand tu chantes, car c'est de cette manière que tu prends l'habitude de ce qui est juste, et que tu deviens humble en pensées et en paroles, de même qu'en tes mouvements."



*

Un jour, dans son lieu de retraite, il me dit :

" Prends ce livre et lis-le moi."

C'était un des livres qui se trouvaient en cet endroit. C'était un livre qui se référait au jour de Noël.

Je le pris et je me mis à le lire. Dès que j'eus lu quatre ou cinq phrases, il me dit :

"Arrête. Reprends la lecture de cette manière-là, comme je te l'ai appris. recommence donc."

Je recommençai.

" Comment le lis-tu ainsi? me demanda-t-il.

- Comment donc dois-je le lire, Petit Père? lui demandai-je.

- Voilà, me dit-il, regarde. Tu dois colorer ta voix. Il faut que l'on entende clairement toutes les voyelles. Tu ne dois pas omettre les consonnes à la fin des mots, il ne faut pas te presser (11). Recommence donc."

(11) : ( Conseils donnés à partir de la phonétique et de la morphologie du grec. Ils sont valables en toute langue selon le principe général suivant : articuler pleinement et clairement; mettre le ton, non d'une manière théâtrale, mais de façon à souligner le sens et la portée - théologiques essentiellement - des termes et des phrases. (NdT).).

Je recommençai.

" Il ne se passe rien, me dit-il. Ecoute-moi." Et il se mit à me lire quelques phrases. As-tu vu maintenant?

- J'ai vu, lui dis-je.

- Recommence à nouveau, me dit-il.

J'ai recommencé une nouvelle fois à lire, des phrases plus nombreuses cette fois. Un peu mieux.

- Hé bien maintenant tu as réussi à faire quelque chose, me dit-il. Efforce-toi de faire toujours ta lecture de cette manière-là, comme je te l'ai appris. Fais cela également quand tu es chargé des lectures à l'église.

A la fin de cette leçon, il me dit : " Pour ta peine, prends-le ce livre, je t'en fais cadeau.

- Merci, mon Petit-Père, lui dis-je, pour tout." Et je m'en allai content. (Tz 138 p.).



Comment j'ai appris à lire.

" Je lisais beaucoup, m'a dit un jour l'Ancien. J'étais particulièrement studieux. Je lisais secrètement. J'ai appris par coeur l'Evangile de Matthieu, celui de Luc et la moitié de celui de Jean. De même les Psaumes. J'étudiais les Pères. Je lisais beaucoup. J'accomplissais un travail spirituel. Et tu dois savoir que, moi, je n'étais pas lettré. Je n'étais pas allé au-delà de la deuxième année de l'école primaire.

Quand je suis allé pour la première fois au monastère, aux Vêpres l'on me donna à lire le Psautier.

Moi, je commençai à annoner : " Bien-heu-reux l'ho-mme (12)..."

(12) : (Début du Psaume 1. (NdT).).

" C'est bon, me dit-on, cela suffit. Tu prendras le psautier. Tu le liras bien pour l'apprendre. Tu liras aussi les Synaxaires des Saints." Je lisais mais je ne comprenais pas. Je n'avais pas de dictionnaires. Par exemple, je ne savais pas que demeure signifie maison. De cette manière, je trouvais le même mot en d'autres endroits aussi et, par le contexte, je découvrais le sens des mots. Je retenais par coeur des passages entiers et, toute la journée durant, tandis que je courais sur les rochers, je les récitais à pleine voix, en y mettant le ton.

Plus tard je m'emparai du Paraclitique, du Triode, des Ménées (13). Je lisais à la folie. "

(13) : (Paraclitique ou Grand octoèque : livre comprenant tous les offices d'une série de huit semaines correspondant aux huit tons du chant byzantin. Triode : livre comprenant tous les offices des dix semaines précédant Pâques, depuis le dimanche du Publicain et du Pharisien jusqu'au Samedi Saint. Ménées : douze livres comprenant, jour par jour, tous les offices de toutes les fêtes fixes des douze mois de l'année liturgique. (NdT).).

Tandis que l'Ancien Porphyre rappelait tous ces souvenirs de sa vie, je ressentais qu'il les disait pour m'inciter, indirectement, à agir de même, d'autant plus que moi, avec l'aide de Dieu, j'avais étudié un peu, et que je n'étais donc pas illettré.

Tout en faisant cette réflexion, je me rendis compte de son pouvoir de lire dans mon âme et d'en éclairer tous les endroits obscurs, et j'en fus surpris une fois de plus, quand, peu après, il ajouta :

" Ce qui me plaisait par-dessus tout, c'était le Canon en l'honneur de la Sainte Trinité, dans l'Office de minuit de chaque dimanche. Quand le frère le lisait, moi-même j'y concentrais toute mon attention. Et s'il arrivait qu'il le lise tout bas ou trop vite, sans que je le comprenne ou l'entende, j'en étais alors très affligé. A ces moments-là, je me retirais dans la prière."

Quant à moi, à l'écoute de ces propos, je me trouvais vraiment mis à l'épreuve. Car, à chaque fois qu'était lu le Canon en l'honneur de la Sainte Trinité, je me disais intérieurement :

" Ah! Celui-là est trop difficile. Je ne le comprends pas. Et, jusqu'à la fin de sa lecture, je ne prêtais pas attention, d'une manière délibérée." C'est à cet instant-là que je me rendis compte, pauvre que je suis, dans quel gouffre d'ignorance je me trouvais. Je ne l'ai, toutefois, pas interrompu. Je l'ai laissé ajouter ce qu'il voulait.

Mon coeur avait commencé à être illuminé, comme si cet Ancien, doué de clairvoyance, lui avait ouvert une fenêtre. Auprès de lui j'avais le sentiment d'une simplicité et d'une confiance sans borne. C'est sans le moindre doute que j'ai cru que c'était de Dieu qu'il tenait la grâce de lire dans nos coeurs, et qu'il était au courant de toutes nos passions et faiblesses secrètes. ( A 43 p.).



Nous ne pouvons rapporter tous les livres.

En 1971, je lisais un livre du Professeur Trembelas sur le spiritisme. Au fur et à mesure que j'avançais dans cette lecture, le contenu de ce livre provoquait en moi des phobies et des troubles, et il induisait des doutes dans ma foi.

Le Petit Père vit mon problème sans que je le lui dise, et il me dit :

" Laisse immédiatement ce livre que tu es en train de lire car le Malin mène une très méchante guerre contre toi."

C'est alors que je compris que nous ne devons pas nous occuper de choses que nous ne pouvons pas supporter, quand, spirituellement, nous ne sommes pas mûrs. (Tz 140).



Lis le Nouveau Testament et les Vies des saints.

" Vraiment, quels livres lis-tu?

- Je n'ai pas de préférence particulière. Je lis tout.

- Lis-tu des Vies de Saints?

- J'en ai lu un très grand nombre. Et elles me plaisent beaucoup!

- Lis toutes les Vies de saints. Moi, je les ai toutes lues et, un grand nombre d'entre elles, je les ai lues deux et même trois fois. Et, quand j'en ai une sous la main, c'est avec plaisir que je la relis. Depuis ma petite enfance, je lis les Vies de saints, et elles m'ont vraiment beaucoup aidé à connaître Dieu et à m'approcher de Lui. Fais la même chose, toi aussi. Tu en recueilleras un grand bienfait pour ton âme, car, petit à petit, tu commenceras à les imiter. Aux autres, dis-leur aussi de faire la même chose. Et le Nouveau Testament, le lis-tu?

- Je ne l'ai pas simplement lu. Je l'ai étudié avec la plus grande attention. Et je le relis sans arrêt.

- Tu agis justement. Lis-le souvent. C'est une source inépuisable. Et plus tu le lis, plus tu t'introduis dans la sagesse de Dieu. Efforce-toi d'en lire ne serait-ce qu'une page tous les mois.

- C'est la même chose que le Père Untel m'a également recommandé de faire.

- Il t'a guidé justement. Les Actes des Apôtres, les lis-tu?

- Je les lis et ils me plaisent beaucoup. Là où je n'arrive pas du tout à me débrouiller, c'est dans l'Apocalypse de Jean.

- Pourquoi? L'Apocalypse est toute sagesse! Elle est tout!

- Parce qu'elle parle sans arrêt de "sceaux" et de "coups de trompette", et moi, je n'y comprends pas grand-chose. Cela est bien difficile à comprendre!

- Si tu la lis plusieurs fois, et avec foi en Dieu, tu verras comment la grâce divine te révélera tout, et tout cela te paraîtra, par après, bien facile! Tu t'en rendras compte par toi-même très vite. La sagesse de Dieu ne vient pas toute seule. C'est nous qui devons la demander.

Lis donc. Lis tant que tu peux l'Ecriture Sainte et les Vies des saints. Voilà ce que je te recommande." (K 180 p.).



PRET



" Prêtez, sans en rien espérer" ( Lc 6, 35).

Un ami, pour venir en aide à quelqu'un, lui avait remis une somme importante au titre de prêt sans intérêt. Quand il s'entretint de cette affaire avec l'Ancien, celui-ci lui dit : " Ne compte plus sur cette somme; ne l'attend plus. Il est préférable de donner plutôt que de prêter. Quand tu prêtes, la première chose à laquelle tu dois penser, c'est que cet argent, on ne te le rendra pas. De cette manière, tu retrouves ta tranquillité et tu n'éprouves plus d'angoisse à l'idée d ele perdre. S'il te rend cette somme, prends-la. S'il ne te la rend pas, tu dois te dire à toi-même : " Cet argent, j'en ai fait don. Il entre en compte dans mes aumônes." Et alors cet ami dit à l'Ancien : " Ce que vous me dites là est juste, Géronda. Mais il se peut que cet homme n'ait pas de quoi me rendre cet argent maintenant et qu'il ait la possibilité de le faire quelques années plus tard." Et l'Ancien lui répondit : " C'est la même chose. Dans ce cas aussi tu lui en fais cadeau. Si trois ans et demi sont passés, tu lui en fais don, par les intérêts que tu n'as pas touchés." Cet ami fit un calcul et se rendit compte qu'il fallait, pour cela, un temps plus long. L'Ancien l'interrompit : " C'est là le compte que tu fais? Tu retires les intérêts des sommes qui, chaque année, sont productives d'intérêts?" L'Ancien avait raison. Cet ami avait oublié que les intérêts deviennent eux-mêmes productifs d'intérêts. Il l'interrogea à nouveau : " Et comment êtes-vous sûr qu'il faut trois ans et demi?" Et l'Ancien : " Voilà, c'est ainsi que je le dis. Je n'ai fait aucun calcul. Mais il me semble qu'il en est ainsi." Quand cet ami s'est retrouvé dans son bureau, il a fait, avec son ordinateur, le compte précis. Le résultat était de trois ans sept mois (14).

(14) : ( Cela correspond à des années de forte inflation où les taux, en Grèce plus particulièrement, étaient importants (NdT).).

Quand il le rencontra de nouveau, il lui dit : " Géronda, vous avez fait une erreur dans le calcul du temps". L'Ancien en fut surpris et il demanda : " De combien est l'erreur que j'ai faite?" Et l'autre lui répondit : " D'un mois seulement." L'Ancien rit avec satisfaction et il dit : " Dis donc, toi, tu as vu comme j'étais tout près? Voilà, c'est comme ça. C'est venu tout seul et j'ai dit trois ans et demi." Cette anecdote montra, une fois de plus, à quel point l'Ancien était illuminé par la lumière divine, y compris dans des calculs mathématiques, et à quel point ses conseils correspondaient à la parole du Christ : " Prêtez sans en rien espérer." ( G 346 p.).



DIABLE

Le Malin est vraiment très faible.

Un jour, nous allions de la Polyclinique vers la place Omonia. Il se trouvait qu'une manifestation veniat de se terminer, et l'un des nombreux pompiers qui se trouvaient là et nettoyaient l'endroit souleva par erreur son tuyau et en arrosa, sans le faire exprès, un autre pompier qui s etrouvait en face de lui. Alors ce dernier s'empara à son tour de son propre tuyau et le dirigea vers le premier. Tous deux jouaient ainsi avec l'eau pour savoir quel serait le gagnant à ce jeu. Mais l'un des deux tuyaux était de diamètre supérieur et avait une pression plus importante. Aussi l'emportait-il sur l'autre dont la pression était moindre, au point de rencontre des jets qui formaient une courbe en l'air. En les voyant, le Petit Père me dit :

"Tu vois là-bas ce qui se passe? Le jet le plus puissant l'emporte sur l'autre. C'est exactement ce qui se passe dans le cas du chrétien fidèle, qui est vainqueur du méchant démon, car le Christ est tout-puissant en comparaison du Malin, lequel est vraiment très faible." (Tz 109 p.).



Egoïsme, entêtement, Satan.

Ayant été interrogé au sujet d'un chrétien qui avait de gros problèmes - il s'était pris au piège de ses propres passions à cause d'une épreuve qu'il avait subie - l'Ancien fit la réponse suivante : " Je vois qu'il est intelligent et qu'il possède, de plus, en lui-même, le bien. Mais, avec cette épreuve qu'il traverse, il a perdu sa patience, il est arrivé à bout de nerfs et il a laissé la mauvaise part de lui-même étouffer la meilleure. Il a laissé l'égoïsme, l'entêtement, Satan devenir maître de lui." (G 304).



Nous ferons la lumière, et les ténèbres se dissiperont d'elles-mêmes.

A une autre occasion, l'Ancien nous disait : " Pourquoi poursuivre les ténèbres? Voilà, nous allons tout simplement allumer la lumière et les ténèbres se dissiperont d'elles-mêmes. Nous allons laisser le Christ habiter toute notre âme, et les démons s'en iront d'eux-mêmes." ( G 282).



C'est la faute des parents. Il faut beaucoup de prière et d'amour.

Un frère me disait ce qui suit au sujet d'une famille qui avait deux filles dont l'aînée était l'objet d'attaques d'un démon qui la poussait à provoquer des dégâts, dans la maison, en brisant divers objets et, hors de la maison, en jetant des pierres et d'autres objets.

Ce frère se rendit chez cette famille, en compagnie du Père E., enfant spirituel du Petit-Père lui aussi. Mis à part la bénédiction et les conseils qu'il leur prodigua, le Père E. ne parvint à aucun résultat dans ses efforts pour leur venir en aide.

Alors le Petit Père dit au frère :

" Sais-tu, mon enfant, quelle est la force de ce démon qui s'est logé dans cette enfant? Il peut renverser un gros camion chargé de pierres. Et sais-tu à qui, en cette occurrence, en incombe la faute?

- Non, lui dit le frère.

- C'est la faute des parents, parce qu'ils ont fait montre d'un grand amour pour sa petite soeur, et cette enfant a été jalouse. Et dans un moment de faiblesse où Satan l'a trouvée, il l'a vaincue et maintenant elle agit ainsi.

- Et maintenant, que devons-nous faire, Petit Père? lui demanda encore ce frère.

- Hé bien maintenant il est nécessaire de faire très attention. Il faut lui montrer beaucoup d'amour afin qu'elle puisse guérir." ( Tz 150 p.).

...

Signe-toi et méprise le diable.

" laisse-le donc, celui-là", me disait le Père Porphyre à propos du diable. Ne lui accorde pas d'importance. Plus tu lui accordes de l'importance, d'autant plus il t'approche. Si tu veux le chasser, l'éloigner d'auprès de toi, cesse de lui accorder de l'importance. Méprise-le. Le mépris seul lui convient. Dès l'instant qu'il commence à le recevoir, il commence à céder du terrain, jusqu'au moment où, en fin de compte, il prendra la fuite. Le mépris constitue la seconde arme, après la précieuse Croix, contre le diable. Et, pour ce qui est de la précieuse Croix, il en a peur et, à la lettre, il tremble devant elle, et se lance dans une fuite éperdue. Quant au mépris, il ne peut le supporter. Il est orgueilleux, en effet, et il crève de dépit quand il se sent méprisé. C'est cet orgueil, au demeurant, qui a été la cause de sa chute et qui en a fait ce qu'il est devenu. Il a reçu le châtiment qu'il méritait. ( K 124).



Attention : le diable crée des problèmes.

Quelques mois avant son décès, l'Ancien se rendit à la Sainte-Montagne, à un moment où les travaux pour l'édification de l'église battaient leur plein. C'est alors qu'apparurent des problèmes inattendus et des difficultés qui troublaient souvent les ouvriers. A un tel point que, quand l'Ancien "vit", de la Sainte-Montagne, ce qui se passait dans la réalité, il appela au téléphone son enfant spirituel chargé de la surveillance des ouvriers, et lui dit : " Faites attention, car je vois le diable à l'affût. Il crée des problèmes afin d'empêcher l'ouvrage de voir le jour." Quand, parvenu au monastère, j'appris tout ce qui était relatif à cette affaire, j'admirai, encore une fois, le don de clairvoyance de l'Ancien et je me demandai quels pouvaient être les problèmes que le diable créait. Je n'eus même pas le temps d'achever cette pensée que j'entendis de forts éclats de voix et des interpellations entre les ouvriers. Je demandai ce qui se passait et j'appris ainsi que, par manque d'attention de l'un des ouvriers, il s'en était fallu de peu que la grosse machine à couler le béton ne fût détruite. L'agent de maîtrise qui surveillait les ouvriers avait pu éviter la catastrophe au dernier moment. Or, celui qui, d'un niveau supérieur, surveillait l'ouvrage depuis la Sainte-Montagne avec la plus grande vigilance, se tenait prêt à intervenir par sa prière pour empêcher toute tentative de sabotage du diable qui était à l'affût. ( G 116 p.).



Dieu respecte la liberté du diable.

Quand, quelques jours après, je lui rendis visite, l'Ancien alla plus loin sur ce sujet. Il me dit : " Le diable est une personne. C'est la raison pour laquelle Dieu respecte sa liberté." (G 285).



Satan veut du bruit et du désordre dans la maison.

"Pour ce qui est des relations entre époux et de la conduite à tenir, que te disait-il?

- Il me disait que nous devions nous entendre, et prier ensemble. Cela, il l'a souligné à de nombreuses occasions. La prière doit être commune. Quand mes enfants étaient étudiants, je lui disais que je priais pour qu'ils réussissent à leurs examens. Une fois, mon fils, qui était pourtant un bon étudiant, éprouvait des difficultés au passage d'un certain examen. A ce moment-là, l'Ancien m'avait dit : " Il ne réussira pas son examen." Effectivement, il ne fut pas reçu.

Et quand je suis retournée le voir, il m'a dit : " Il ne réussira pas parce que tu cries contre lui, et voilàque Satan veut semer le trouble dans la maison et que toi, tu deviens son instrument. Ne parle pas.

Que je te dise encore quelque chose. Quand la prière se fera en commun, alors tu verras comment le miracle se produira."

Et je lui dis : " Mais dois-je dire à mon mari : viens, mettons-nous à genoux et prions, afin que les problèmes disparaissent?" Il répliqua : " T'ai-je dit une chose pareille? Je t'ai dit : priez. Au-delà, trouvez tout seuls ce que vous devez faire."

- Le conseil de ne pas crier contre les enfants, le donnait-il uniquement pour les périodes d'examen?

- Non, c'était valable tout le temps. Que cela concerne aussi le jeûne, ou la prière, ou encore les sorties.

- Aucune observation?

- Non, aucune.

- Dites-moi, Madame Xénia, au sujet de Satan, quand il vous a dit que vous deveniez parfois son instrument, lui avez-vous demandé quelque chose à ce sujet?

- Il disait que Satan ne pouvait pas voir les familles vivre dans la sérénité et passer des jours heureux dans l'entente mutuelle. Il trouve alors quelqu'un parmi tous leurs membres, un individu susceptible d'être entraîné par lui.

- Quelqu'un qu'il peut piéger facilement, disons.

- Oui. Et, en l'occurrence, c'était moi, m'a-t-il dit. Et au sujet de mon fils, je lui disais que je le voyais délaisser l'étude et s'en aller. Et il me répondit : " Tu vois ce que fait Satan? Il t'entraîne à la querelle pour sa propre satisfaction."

Par la suite, quand mon fils était sur le point de terminer ses études et de recevoir son diplôme universitaire, il me dit : " Maintenant il réussira. Maintenant il réussira. Tu as vu, maintenant que tu ne dis rien? Maintenant il réussira."" ( Ger 99 p.).



Quand le Malin ne peut nous vaincre intérieurement.

Un jour, je revenais joyeux, après une journée très belle et très profitable que j'avais passée avec le Petit Père, quand, sur ma route, avant que je ne sois rentré chez moi, sans que j'y sois pour quelque chose, ma voiture fut percutée par une mobylette avec deux passagers, lesquels disparurent littéralement sous le côté droit de mon véhicule.

Je suis sorti, en proie à la frayeur ensuite d ece qui venait d'arriver. J'ai extrait tour à tour chacun des deux passagers de dessous ma voiture. Ils n'avaient rine ni l'un ni l'autre. Il n'y avait à déplorer que des dégâts matériels sur les deux véhicules.

" Gloire à Dieu, dis-je. Le Christ vous a aidés, ainsi que la Toute Sainte Mère de Dieu, et rien de mal ne vous est arrivé."

Je les ai embrassés tous les deux et, après quelques petites formalités avec la police de la route, je les ai salués. J'ai aussitôt appelé le Petit Père au téléphone, et je lui ai dit ce qui m'était arrivé, l'informant que, mis à part l'émotion et quelques dégâts matériels, pour tout le reste je n'avais aucun problème.

Il me dit alors : " Sache, mon enfant, que le Malin, quand il ne peut nous vaincre de l'intérieur, se livre alors à de telles attaques, de l'extérieur, par le moyen d'incidents divers, pour nous inspirer de la peur. Ta conduite envers ces deux qui sont tombés sous tes roues a été très bonne. Que la bénédiction du Seigneur soit avec toi." (Tz 305 p.).



DISCRETION -LIBERTE

A quel sujet, quand, comment l'Ancien parlait.

Ce qui était vraiment admirable en lui, c'était le discernement qu'il possédait. Il savait à tout moment ce qu'il devait dire à chacun, selon le degré de réceptivité dont chacun d'entre nous était doté à ce moement précis. Quand il voyait que nous n'étions pas prêts à accepter ce qu'il voulait nous dire, il ne disait que très peu de choses en ajoutant : " Bon, nous en reparlerons."

Souvent, plutôt que de nous dire directement ce qu'il avait à nous dire, il nous le faisait comprendre par des exemples : " Une dame, qui avait ce genre de problème avec ses enfants...", ou bien : " Une jeune fille, qui était en proie à ce problème-là...", et ainsi de suite. Une fois qu'il avait, de cette manière, généralisé le problème, chacun de nous acceptait plus facilement ce qu'il voulait nous dire. ( J 167 p.).



Ce que "liberté" voulait dire auprès de l'Ancien.

Chaque fois que je rencontrais l'Ancien Porphyre, j'avais le sentiment que sa conversation était un régal spirituel. Et ce qui me faisait une grande impression, c'est la liberté qu'il laissait à son interlocuteur.

Jamais il n'obligeait quelqu'un à faire quelque chose, et jamais il ne recommandait quoi que ce soit qui abolisse la liberté d'autrui. C'est la raison pour laquelle il ne voulait pas non plus que nous outrepassions la volonté des autres, mais que nous les respections. Possédant en lui-même ce genre de sainteté, c'est avec une infinie miséricorde qu'il voyait le monde.

C'est précisément avec cette liberté qu'il accordait à son interlocuteur, qu'il l'aidait, de la meilleure façon, à comprendre qu'il faisait fausse route. (J 145).



Ne rappelle pas à l'autre ses fautes.

"Voici ce qui est juste, disait-il : ne pas accuser l'autre de ses fautes et ne pas les lui rappeler. Dans ce cas, c'est sa propre conscience qui le met sur le banc des accusés et qui le juge. C'est de cette manière seule que le mal peut être réparé. Autrement, quand c'est toi qui le juges, il se défend, il se justifie lui-même, il te fait porter ses propres responsabilités, il s'endurcit, et le mal, au lieu d'être corrigé, empire." ( G 327 p.).



Si tu ne lui fais pas de reproches, son âme s'adoucit.

L'Ancien Porphyre disait : " Quand tu auras grondé quelqu'un qui est en faute, que fera-t-il alors? Non seulement il ne t'écoutera pas, mais il s'efforcera, par-dessus le marché, de se défendre et de te démontrer le contraire. Et son âme se refermera encore plus. Si, au contraire, tu le laisses sans lui faire de reproches, vous devenez amis et, petit à petit, c'est lui qui vient te dire ce que tu voulais lui dire toi-même." Voilà pourquoi, principalement, nous devons dire à Dieu ce que, bien souvent, nous voulons dire aux hommes. Voulons-nous que notre mari change? Qu'il se transforme? Qu'il se repente? Disons-le donc à Dieu et, quant à nous, aimons-le. (Archives d'Ananias Coustenis, Discours I, p. 131).



Il ne voulait pas nous transformer en copies de lui-même.

L'Ancien respectait la particularité de la personnalité d'autrui, parce qu'autrui est "l'image de la face indicible de Dieu, même s'il porte les taches de ses fautes". Il l'acceptait comme il était, fût-il défiguré par le péché. Il ne tentait pas de le changer par force. Mais il priait secrètement pour qu'il veuille lui-même changer, en aimant le Christ. Il ne voulait pas faire de nous des copies de lui-même. Il respectait notre liberté, y compris dans les mauvais choix de celle-ci, priant pour que ces choix deviennent meilleurs de notre propre fait. Il avait toute latitude de prédire notre avenir, de nous surprendre par ses dons, d'exercer sur nous une influence profonde et de nous faire, très facilement, suivre la voie qu'il avait lui-même choisie. Mais il ne le faisait pas. Il préférait que nous choisissions nous-même notre route, en toute liberté et responsabilité. Il désirait nous voir parvenir à un niveau spirituel élevé, nous approcher de lui afin qu'il puisse partager avec nous les dons abondants que la grâce de Dieu lui offrait. Il voyait que nous aussi nous désirions nous retrouver là-haut, à ses côtés, mais sans nous en donner la peine : simplement, facilement, comme par enchantement. Aussi en était-il très chagriné, même s'il ne nous le disait pas nettement, et nous laissait-il là où nous nous trouvions, jusqu'au moment où nous comprendrions et mettrions un point d'honneur à nous engager dans notre propre sentier ascendant. C'est d'une manière indirecte qu'il nous révélait cette vérité-là. ( G 403 p.).



Ne lui propose plus de venir me voir.

J'ai découvert un jour que quelqu'un, que je connaissais bien, était parent du Père Porphyre. Dès que je l'ai appris, j'ai exprimé ma joie à cet homme et je lui ai proposé que nous rendions ensemble visite à l'Ancien. Lui, qui avait de l'Ancien un lointain souvenir depuis le temps où ils avaient vécu dans leur village, ne répondit pas à ma proposition : il ne dit ni oui en paroles, ni non en actes. Il me demandait sans cesse de remettre à plus tard cette visite. Il avait, à l'évidence, peur des commentaires ironiques de ses amis, étant donné que, en homme du monde, il n'avait pas de relations avec l'Eglise et qu'il avait un parti-pris contre les membres du clergé. Quand j'ai rapporté ce fait à l'Ancien, il m'a conseillé : " Ne lui propose pas une nouvelle fois de venir auprès de moi. Ne le lui rappelle pas. N'exerce pas de pression sur lui. Laisse-le complètement libre, sans l'influencer aucunement. S'il le veut, il viendra de lui-même. Et c'est ainsi que l'on doit toujours agir. Nous devons respecter la liberté de l'autre. En tout cas, moi je l'aime et je prie pour lui." Des années plus tard, j'ai appris qu'il lui avait rendu visite un soir, en secret, tout seul, sans bien entendu qu'il en dise un mot. C'est pourquoi je ne lui ai rien dit non plus à ce sujet, et je l'ai maissé croire que j'ignorais l'événement. L'Ancien avait des visiteurs manifestes, mais il avait aussi des visiteurs secrets qui étaient des "Nicodème". Il les recevait et les respectait tous de la même manière. (G 330 p.).



Catéchèse pesante.

Je me rendais chez l'Ancien, dans la voiture d'un ami, lequel avait pris avec lui sa fiancée. Durant le trajet, je parlai à cette dernière de la vie chrétienne, dont elle ne s'était guère préoccupée jusqu'alors. J'agissais ainsi pour lui venir en aide, afin qu'elle ait une meilleure conscience de l'état d'esprit de l'Ancien, qu'elle allait voir pour la première fois. Quand nous fûmes arrivés, j'entrai le premier dans la cellule de l'Ancien. Entre autres choses je lui rapporter, non sans afficher quelque autosatisfaction, la catéchèse à laquelle je m'étais livré durant le trajet. L'Ancien s'insurgea et me dit: " Ne fais pas des choses pareilles. Voilà maintenant que la fiancée de ton ami est terrifiée et lui dit : " Allons-nous en d'ici. J'ai peur de voir l'Ancien. Il m'imposera peut-être d'observer tout ce que ton ami m'a dit pendant le trajet.""Après moi, c'est la fiancée de l'ami qui est entrée dans la cellule. L'ami m'a confié ce qu'elle lui disait pendant que j'étais à l'intérieur. C'étaient les paroles mêmes de l'Ancien. Quand elle est sortie de la cellule, elle resplendissait de joie. L'Ancien ne commettait pas de fautes comme celles que je commettais moi-même par mon excès de zèle dépourvu de jugement. (G 91).



Je ne parle à personne du Christ s'il n'en fait pas la demande.

Je me rappelle que l'Ancien Porphyre disait : " Moi, sachez-le, je ne parle à personne du Christ s'il ne le désire pas, s'il ne me le demande pas." Et il ne disait pas cela par égoïsme, mais par respect de la liberté des autres. " Je prie pour eux, je peux même faire des miracles pour eux, mais je ne leur parle pas. Je veux que leur âme s'ouvre, et qu'ils me le demandent d'eux-mêmes." ( Archives d'Ananias Coustanis, Discours II, p. 75).



C'est la première fois que nous avons vu un prêtre qui ne nous parle pas de Dieu.

Et les gens disaient, les jeunes particulièrement : " C'est la première fois que nous avons vu un prêtre qui ne nous a pas parlé du tout de Dieu." Quand une jeune fille le lui a dit, en toute naïveté, il lui a répondu de la manière suivante ; " Je t'en prie, Georgia, mon enfant, ne prends pas mal le fait que je ne t'aie pas parlé du Christ. Je n'ai pas fait cela, moi, par impiété, mais par piété. Car, moi, je ne parle de religion à personne si on ne me le demande pas." En conséquence, cette jeune fille formula la demande d'en entendre parler et, puisqu'elle le voulait d'elle-me^me, elle y prêta toute l'attention requise.

L'Ancien, de son côté, imposait aux "commençants" un programme spirituel très léger, dont il était sûr qu'ils l'accepteraient avec joie. (Por 41).



Il s'est approché discrètement du receveur.

Une grande épreuve attendait le Petit Père. Elle l'a grandement affecté. Voici précisément : le receveur d'un autobus dans lequel il voyageait s'était mis à se moquer de l'Ancien et à proférer diverses stupidités qui déclenchaient les rires des voyageurs incroyants et l'exaspération des croyants. Les paassagers se trouvèrent ainsi partagés en deux camps, tandis que le receveur, vociférant à grands cris, continuait à se conduire de manière indécente.

Tout cela affligeait l'Ancien au plus haut point. Il évitait soigneusement de prendre part à la discussion; Pourtant, quand l'autobus fit un arrêt pour observer une pause, et que les passagers furent descendus prendre quelque rafraïchissement, le Petit Père se leva, s'approcha discrètement du receveur et lui dit : " Il se peut que moi, comme tu le dis, je ne sache pas trouver les eaux souterraines. Je sais pourtant que, toi, tu es atteint de syphilis. Aussi, fais attention : ne te marie pas maintenant, car tu transmettrais cette maladie à ta femme et à tes enfants. Continue ton traitement. Sois guéri et, après seulement, marie-toi." Là-dessus, le receveur resta sans voix. La seule chose qu'il dit fut: " Ettoi, comment le sais-tu?" Sur ce, le Petit Père lui demanda : " En est-il bien ainsi, ou non?" L'autre convint que c'était vrai et, dès ce moment-là, il avala sa langue. Il ne dit plus mot jusqu'à notre arrivée à Athènes. Quant aux passagers, ils firent de même. ( K 23 p.).



" Ce qui est juste, c'est qu'elle veuille venir d'elle-même."

Une dame de ma connaissance, dont l'enfant était gravement malade, m'avait prié de la conduire auprès de l'Ancien. Mais, ensuite de cela, elle ne donna plus de nouvelles. Je demandai à l'Ancien si je devais, dans l'intérêt de l'enfant de cette dame, l'appeler au téléphone au sujet d ecette affaire. L'Ancien réagit énergiquement : " Ne lui téléphone aucunement. Cela n'est pas ce qui convient. Ce qui est juste, c'est qu'elle veuille venir d'elle-même. Mais ne t'inquiète pas : elle va te téléphoner bientôt." Trois jours plus tard, elle m'appelait au téléphone. Elle fut tout étonnée quand je lui dis que j'attendais ce coup de téléphone ces jours-là. Quand je lui fis part de ma conversation avec l'Ancien, son étonnement grandit encore. Nous lui avons rendu visite et, à compter de ce jour-là, cette dame devint l'une de ses visiteuses habituelles. (G 86).



Dieu respecte notre volonté.

La discrétion de l'amour de Dieu est émouvante, ainsi que l'Ancien nous l'a révélé. Nous étions un groupe d'amis à Callisia, près des rochers du monastère. L'Ancien était parmi nous. C'était la nuit, la veille de la fête du Saint-Esprit. L'Ancien nous faisait une description des agrypnies (15) à la Sainte-Montagne, à Kafsokalyvia.

(15) : Célébrations liturgiques d'une fête qui durent toute la nuit (NdT).

C'était, disait-il, le temps où " l'Esprit Saint venait et faisait déborder l'âme des moines d'une joie céleste". Et tout en disant cela, il nous délivra un message d'éveil : " Et maintenant l'Esprit Saint veut, comme en ce temps-là, entrer dans nos âmes. Mais il respecte notre liberté. Il ne veut pas lui faire violence. Il attend que de nous-mêmes, nous lui ouvrions la porte. Il entrera alors dans notre âme et la transfigurera."



*

Un jour, l'Ancien m'a dit : " Dieu respecte notre volonté." Et un autre jour : " Ce que tu fais, fais-le parce que tu le veux, en toute liberté, avec responsabilité, et avec plaisir." ( G 386 p.).



Un temps pour blâmer et un temps pour louer.

L'Ancien ne négligeait pas, quand il le jugeiat convenable, de me blâmer ou de me louer, et qui plus est à des moements oùje ne m'y attendais pas. Il me blâmait surtout quand j'étais dans le calme et que mes jours coulaient avec aisance mais sans profit spirituel. C'est alors qu'il découvrait des négligences cachées et des omissions, et il me les faisait remarquer. Il me louait, en revanche, quand je traversais des jours d'épreuves et d'afflictions, et qu'il constatait que j'étais dans l'humiliation et dans la patience. Sa pédagogie rappelait celle de Saint isaac le Syrien qui disait : " Dieu et Ses anges se réjouissent quand nous sommes dans le besoin. Tandis que le diable et ses serviteurs se réjouissent quand nous sommes dans l'aisance." ( G 291).



Il dit qu'il t'estime, mais, dans son inconscient, il te rejette.

Un certain après-midi, je rendis visite à l'Ancien, en compagnie de quelqu'un de ma connaissance. Il nous reçut tous les deux ensemble dans sa cellule. Lors de la conversation qui suivit, cet homme lui parla, entre autres sujets, de la grande estime qu'il avait pour ma propre personne. L'Ancien le regarda, et baissa ensuite la tête sans rien dire. Peu après, nous partîmes. Lors de ma visite suivante, j'étais seul. L'Ancien me dit : " Je pense à cet homme de ta connaissance, que tu as conduit jusqu'à moi, et qui me parlait, avec joie, de l'estime qu'il a pour toi. Pourtant, au moment même où il me disait cela, sais-tu ce que, moi, j'ai vu dans les profondeurs de son âme? J'ai vu qu'il t'a en horreur, et qu'il te rejette." Après cette révélation qu'il me fit, Je suis resté comme frappé par la foudre. C'était quelque chose que je ne pouvais même pas imaginer. L'Ancien continua : " Mais, fais attention : ce que j'ai vu est situé dans son inconscient. As-tu compris? Et sais-tu bien ce qu'est l'inconscient?" Je lui dis que j'en avais quelque notion. Et lui de préciser : " Etant donné que cela est dans son inconscient, il ne le sait pas. Fais très attention à ce que je te dis là." Quand je suis retourné chez moi, j'éprouvais de l'affliction et une certaine amertume énervante, à cause de la conduite de cet homme envers moi. il était un personnage clivé à double visage. Puisqu'il me rejetait au fond de lui-même, qui l'obligeait donc à m'approcher, et, qui plus est, à clamer devant l'Ancien son estime à mon égard? N'aurait-il pas été plus normal qu'il prît ses distances avec moi? De cette manière, il eût du moins été en harmonie avec ses sentiments les plus profonds, quels qu'lls fussent. Plusieurs heures s'écoulèrent durant lesquelles j'étais en proie à un certain énervement, et ce fut seulement à partir d'un instant donné, et par la suite, que je commençai à comprendre le sens le plus profond de l'observation faite par l'Ancien : "Fais attention, cela se situe dans son inconscient, et il ne le sait pas." En réalité, cet homme-là, en conscience, m'estimait grandement. Il le montrait aussi et se sentait à l'aise à mon égard. Le fait problématique de son autocontradiction était caché dans son inconscient, et c'est la raison pour laquelle il l'ignorait. Ce constat que je fis et qui justifiait l'avertissement donné par l'Ancien me rendit mon calme. J'acceptai cet homme clivé tel qu'il était, et lui conservai, comme auparavant, mon attitude favorable à son égard, sans la modifier en rien. Par la suite, quand je revis l'Ancien, il m'apporta, relativement à cette affaire, la précision suivante : " Ce que j'ai vu dans son inconscient est quelque chose d'ancien. C'est une traumatisme, une sorte de névrose traumatique. Cela est démoniaque." Et, comme je le questionnai pour savoir si, en se spiritualisant, il pouvait changer, il me répondit : " C'est avec la sanctification que l'homme change. Les traumatismes de l'âme disparaissent alors. De nos jours, les psychiatres appellent cela une maladie psychique. En réalité, c'est une attitude démoniaque, qui est le fait des péchés". ( G 413-415).



"Prêche" indiscret.

Un dimanche matin, l'Ancien descendait une pente, avec un paysan âgé de sa connaissance, en direction de l'église d'un village. En route, ils croisèrent un groupe de six ou sept jeunes gens qui cheminaient dans la direction contraire. Le paysan demanda aux jeunes gens : " Où allez-vous, les gars?" Ces derniers répondiren : " Au café." Alors le paysan, qui était très sévère, sortit de ses gonds, et leur lança : " N'avez-vous pas honte, aujourd'hui, dimanche matin, au lieu de vous trouver à l'église, d'aller au café? Quel genre de chrétiens êtes-vous donc?" Et il les accabla aussitôt en plein air d'un sermon dicté par un zèle excessif. Les jeunes gens lui répondirent par des injures et continuèrent leur route; L'Ancien gardait le silence. Le paysan, en proie à l'excitation et plein de contentement de soi, dit à l'Ancien : " N'ai-je pas bien parlé à cette bande de vauriens?" L'Ancien lui répondit : " Non, tu ne leur a pas bien parlé." Le paysan, qui s'attendait à des félicitations, devant cette réponse de l'Ancien ressentit de l'amertume. Ils arrivèrent à l'église. L'Ancien entra dans le sanctuaire et le paysan s'installa dans une stalle. UNe demi-heure s'était à peine écoulée que tous les jeunes gens de la bande entrèrent dans l'église. Le paysan se frottait les mains de satisfaction. Dès la fin de la Divine Liturgie, l'Ancien sortit du sanctuaire. Le paysan se précipita à sa rencontre et, lui désignant les jeunes gens, il lui dit : " Tu as vu? Et tu m'as dit que je ne leur avais pas bien parlé! Ils ont réfléchi à mes paroles et ils sont venus à l'église." Et l'Ancien, avec un sourire, de lui expliquer que s'ils étaient venus, c'était parce qu'il avait silencieusement prié pour eux, et non parce qu'ils avaient été influencés par son attitude. ( G 251 p.).



Pesons correctement le bien que nous comptons faire.

Un grand nombre de gens, disait le Père Porphyre, bien souvent veulent faire le bien, mais leur action, au lieu de générer le bien, génère le mal. Nous devons, disait-il, peser les choses, une, deux fois, dix fois même, et nous assurer que notre demande et notre action n'auront pas quelque effet contraire au résultat escompté. Et, dans le cas où nous sommes dans le doute quant au résultat bénéfique de notre action, nous devons prendre le conseil de personnes expérimentées dans le domaine considéré. Nous devons de plus demander la bénédiction à notre père spirituel pour ce faire car, nous aussi, dans le monde, nous vivons comme dans un monastère aveec des Anciens et des pères spirituels. Tel est l'ordre des choses dans l'Eglise. Telle est l'Orthodoxie. ( Por 37).



EGLISE



L'Eglise incréée

Le Père Porphyre disait : " Puissions-nous tous entrer dans l'Eglise incréée sur terre, car si nous n'y entrons pas ici-bas, nous n'entrerons pas non plus dans l'Eglise céleste." (Pr 1. 10).



*

Un de mes frères était très préoccupé, au sujet de l'Eglise du Christ, par cette question : " Depuis quand existe-t-elle?" Il voulait en faire état dans ses sermons, ainsi que dans un livre qu'il était en train d'écrire.

Il était allé, un jour, chez le Petit Père. Puis, il s'apprêtait à s'en aller, à la fin de leur conversation, sans avoir, toutefois, fait état de son problème.

Tandis que celui-ci prenait sa bénédiction, le Petit Père lui dit :

" Allons, va maintenant, et sache que l'Eglise st prééternelle et incréée, et laisse les théologiens dire ce qu'ils veulent." ( Tz 173).



Il avait une conscience ecclésiale et respectait grandement l'évêque.

L'Ancien Porphyre avait une conscience ecclésiale très développée. Il respectait les personnes ayant une charge dans l'Eglise, ainsi que la hiérarchie du clergé. Il disait : " Si je me mets en délicatesse avec l'évêque, et si l'évêque est fâché contre moi, ma prière ne montera pas au Ciel." ( I 183).



*

Puis-je ajouter une chose? L'Ancien considérait l'Eglise comme le centre de tout. L'Eglise était le fondement de toute sa vie, de toute son action. A tel point que je l'ai vu, à plusieurs occasions se répandre en larmes quand il parlait de l'Eglise. IL nourrissait un respect absolu à l'égard de l'Eglise. L'évêque était en place et en figure du Christ. Cela l'affligeait à un point indescriptible quand il entendait dire du mal de certains évêques. Quel que soit l'évêque, il est la tête. Il est en place et en figure du Christ. Cela était , pour l'Ancien, une cause sacrée. ( I 205).



Nous devons participer aux actions de Dieu.

L'Ancien disait d'une manière caractéristique : " L'Eglise est incréée." Pourquoi l'Eglise est-elle-incréée? Parce qu'elle est divino-humanité, elle est Dieu dans l'Histoire. Et nous sommes appelés, nous les fidèles, à devenir à notre tour incréés, à devenir participants des énergies de Dieu, à entrer dans le mystère de la Divinité, à transcender notre caractère mondain, à devenir transcendants. Incréée est l'Eglise. Et ce qui est remarquable, c'est que, cette notion, il la faisait passer d'une manière pratique. Il acceptait tout le monde. Sa porte était ouverte à tous. Il ne faisait acception de personne. Il ne faisait pas de particularisme. Qui allait à lui, il le recevait, quelle que fût son appartenance. Lui-même n'appartenait à rien. Il appartenait à l'Eglise. Et il recevait tout le monde. ( I 205 p.).



ELECTIONS LEGISLATIVES



Pourquoi voter, Géronda?

Quelqu'un demanda comment voter aux élections. Et lui répondit en forme de parabole : " L'Eglise Orthodoxe est comme la mère-poule : sous ses ailes, elle abrite autant les poussins blancs que les poussins noirs."

L'Eglise Orthodoxe ne fait pas de politique. Elle a encore moins une attitude partisane. Elle couvre tous les hommes de son amour, un amour égal, sans jamais s'identifier à des partis. (G 262).



*

Un jour, il me demanda comment allaient les affaires politiques. Je lui répondis que, par manière générale, elles n'allaient pas bien. L'Ancien répondit : " Les hommmes politiques, que peuvent-ils donc t'apporter? Ils sont intriqués dans les passions de leur âme. Quand un homme ne peut pas même venir à son propre secours, comment pourrait-il aider les autres? C'est aussi notre propre faute si la situation est telle. Si nous étions de vrais Chrétiens, nous eussions pu envoyer à l'Assemblée nationale, non pas, bien entendu, un parti Chrétien, mais des hommes politiques Chrétiens, et là, la situation eût été différente." (G 278 p.).



TENUE VESTIMENTAIRE



Ce qui prime, c'est notre remise en ordre intérieure.

L'Ancien Porphyre n'était guère préoccupé de l'apparence extérieure des êtres. Cela, tous ceux qui allaient lui rendre visite le constataient quand ils n'avaient pas, pour ainsi dire, la tenue adéquate. Ce qu'il regardait, c'étaient les motivations plus profondes, dans l'intérieur même de l'âme, car il savait que, si tout ce qui est intérieur à l'homme retrouvait sa bonne place, ce qui était extérieur serait automatiquement tout aussi bien remis en ordre.



Ils s'étaient rendus auprès de l'Ancien dans une tenue indécente.

Un jour, alors que e m'étais rendu auprès de l'Ancien, j'y rencontrai des jeunes filles venues elles aussi le voir. Elles étaient cependant habillées de manière indécente. Toutefois, l'Ancien Porphyre ne s'en entretenanit pas moins avec elles de divers sujets d'ordre spirituel, sans pour autant leur faire la moindre remarque sur leur tenue. Quant à moi, il faut bien l'avouer, j'étais intérieurement choqué de ce que ces jeunes filles aient pu venir voir un si saint vieillard habillées de pareille manière. Mais j'étais également scandalisé du fait que l'Ancien Porphyre ne leur êut pas fait à ce sujet la moindre observation.

Après leur départ, il me dit en souriant : " Monsieur Untel, pour ma part je ne suis pas sévère comme tu l'es, toi." Je compris bien entendu immédiatement qu'il avait saisi ma pensée et que j'étais scandalisé. Je lui demandai pourtant : " Pourquoi dites-vous cela, Géronda?" I me dit alors : " Ces jeunes filles sont venues ici dans cette tenue indécente parce qu'elles n'ont pas la foi dans le Christ, et je ne leur ai pas fait d'observation. Ma tactique à moi est différente, étant donné que, même si je leur parle de leur tenue, elles ne vont pas en tenir compte et moins encore obtempérer. J'essaie donc d'abord de les faire venir à la foi en Christ, et alors, d'elles-mêmes, elles comprendront leur faute et s'amenderont." ( I 129).



Cette jeune fille en très mini-jupe a une âme délicieuse.

C'était il y a des années de cela. L'Ancien était encore affecté à la Polyclinique d'Athènes. Un jour, alors qu'il marchait dans le quartier d'Omonia avec deux jeunes filles qui faisaient partie de ses enfants spirituels, il vit venir en face une jeune fille dans une tenue très provocante. Elle était très court vêtue, d'une mini-jupe, à la mode en cette époque-là. Dès qu'elle fut à leur hauteur, l'Ancien leur demanda : " Qu'en dites-vous? Qu'en pensez-vous? La jugez-vous mal, cette jeune fille?

- Non, Géronda, répondirent-elles, connaissant la position de l'Ancien à cete égard.

- Vous faites bien de ne pas la juger mal, dit alors l'Ancien. Ne jugez pas les hommes à leur apparence extérieure. Cette jeune fille que vous voyez là a une âme admirable. Son âme est empreinte de pneuma spirituel - il voulait dire de souffle spirituel. Ce qu'elle fait maintenant, à savoir qu'elle provoque les autres, est dû à la force de son âme. Imaginez ce qui se passera quand cette jeune fille découvrira puis connaîtra le Christ, quand elle saura tout ce que vous, vous savez. Alors, certainement, elle parviendra à s'élever jusqu'à un haut degré d'élévation spirituelle!" (Kr 133).



CONFESSION-REPENTIR



C'est l'offrande de l'amour de Dieu à l'homme.

Le Père Porphyre dit :

" Notre coeur doit être plein d'amour, plein de l'amour de Dieu. C'est cela qui donne force à l'homme et qui lui attire la grâce divine. La connaissance vient ensuite de l'amour."

" La confession est un moyen pour que l'homme vienne à Dieu. C'est l'offrande de l'amour de Dieu à l'homme. Rien ni personne ne peut priver l'homme de cet amour-là." ( I. 194).



Il n'oppressait personne.

Auprès de l'Ancien Porphyre, je me sentais à l'aise. Il n'exerçait aucune pression sur personne. Il voulait que quiconque se rendît auprès de lui fit ce qu'il avait à faire selon sa volonté libre. Il nous disait toujours, à nous confesseurs, que quand nous guidons la démarche de ceux qui viennent se confesser à nous, nous devons toujours respecter leur liberté. Il soulignait à nos yeux que le christianisme est liberté.

Il nous rappelait souvent cet épisode où le Christ dit quelquechose dont beaucoup se scandalisèrent, avec pour résultat le fait qu'ils prirent la fuite, jusqu'au moment où il ne resta plus que Ses disciples. Alors, le Seigneur leur dit que s'ils voulaient s'en aller, eux aussi, ils étaient libres de le faire. Le Saint Evangile selon Saint Jean stipule littéralement : " Dès lors, nombre de Ses disciples se retirèrent et cessèrent de L'accompagner." Jésus dit donc aux Douze : " Voulez-vous partir, vous aussi?" ( Jn 6, 66-67) ( I 83).



Il vous recevait avec amour.

Il vous recevait et vous aimait, tel que vous étiez, et quoi que vous fassiez. A ses côtés, même le plus grand péché prenait d'autres dimensions. Vous n'étiez pas ébranlé, vous n'étiez pas envahi par la détresse et le désespoir. Vous étiez simplement affligé d'avoir commis telle ou telle faute, de ne pas avoir appliqué la parole de Dieu. Non seulement il ne vous laissait pas dans la déception devant vos chutes, mais, tout au contraire, il vous aidait à en faire comme une base de lancement en vue d'un nouveau départ, en vue d'une nouvelle conquête spirituelle. Alors, il vous témoignait son amour avec plus d'intensité encore. Il vous acceptait encore mieux. Il prenait votre main dans la sienne, et il entreprenait de vous apprendre à marcher dans le chemin de Dieu. ( I 261).



La manière de confesser de l'Ancien.

" Au moment où quelqu'un entre pour se confesser, je le regarde. Quand il part, je l'accompagne de ma prière. Je lui envoie mon amour jusque dehors. Jusqu'à ce que le suivant se présente. Il vaut mieux envoyer son amour en silence plutôt que de proférer des paroles." (Synax, t. 41 (1992)).



Quand il vous confessait, il ne vous regardait pas dans les yeux.

A partir du moment où, à l'âge de vingt et un ans, le Père Porphyre devint prêtre, puis, par la suite, à l'âge de vingt-trois ans, père confesseur, il ne regardait pas dans les yeux ceux qui venaient à lui se confesser, ainsi qu'il me le disait lui-même, en sorte d'éviter qu'ils ne se sentent mal à l'aise. Il leur jetait simplement un coup d'oeil, au moment où ils entraient. Puis, il baissait la tête. De plus, bien des fois, avant même qu'ils ne se mettent à lui parler, il leur disait lui-même : " Regarde, sur le bout de papier où tu as noté tes péchés pour ne pas les oublier, seuls le trois et le cinq sont des péchés, les autres points ne sont pas des péchés. Parle-moi donc du trois et du cinq et, s'il nous reste du temps, tu me parleras aussi du reste." ( Ger 73 p.).



Avec un infatigable amour.

Je vivais de près la présence du Petit Père, et je connaissais la charge de travail qui était son fardeau. C'est très souvent qu'il confessait du matin jusqu'à la nuit, sans aucune interruption, et sans même pouvoir se mettre ne fût-ce qu'une bouchée de pain dans la bouche! ( K 42).



Confessez-vous souvent, communiez et aimez les êtres.

Nous ne vîmes l'Ancien que peu de temps, ou plutôt trop peu de temps. Il avait, en effet, durant la matinée, rencontré un grand nombre de personnes, s'était entretenu avec elles et les avait confessées. Dans ces conditions, par respect pour son état de fatigue, nous nous contentâmes, quant à nous, de le saluer et de prendre sa bénédiction. Pourtant, en même temps qu'il nous donnait sa bénédiction, il nous dit trois choses, trois paroles, qui furent plus que suffisantes pour nous faire comprendre quel genre d'homme il était, et ce que nous pouvions quant à nous devenir. Il nous dit simplement : " Mes enfants, confessez-vous souvent, communiez, et aimez les êtres humains." Rien d'autre. Mais ne croyez-vous pas que cela veuille tout dire? ( I 193).



Confession et inimitié.

Lorsque l'Ancien Porphyre avait été plus jeune et en bonne santé, il avait confessé un grand nombre de fidèles et, tel un père aimant, tout ce qu'ils lui disaient, il le leur pardonnait. Tout. Il se contentait seulement, à la fin, de leur poser la question suivante : " As-tu du ressentiment contre quelqu'un?" Et si quelqu'un lui répondait qu'il n'avait de ressentiment contre personne, il ne l'en aimait que davantage. Si, en revanche, il lui disait qu'il ressentait de l'inimitié envers son frère, sa belle-soeur ou quelque autre personne que ce fût, il s emettait à lui exposer le mystère du pardon et de la miséricorde envers notre frère. Car la faute de notre prochain, si grande qu'elle paraisse, est infime, en réalité, comparée à nos propres fautes devant Dieu. Pourtant, c'est à cette grandeur d'âme dont nous ferons preuve que Dieu recourra pour nous pardonner nos propres péchés, qui sont innombrables. Il serait même affreux et insensé qu'un homme fût perdu au find dond de l'enfer éternel parce qu'il ne veut pas se défaire de sa méchanceté et de l'inimitié qu'il éprouve pour son frère, victime des mêmes faiblesses que lui. ( Por 27 p.).



Climat d'aisance et mise en confiance. A la racine du problème.

Grâce à la simplicité qui le distinguait et à la facilité de son abord, l'Ancien Porphyre suscitait, pour tout homme qui venait à lui, un climat d'aisance qui le mettait en confiance, lequel climat était indispensable, du reste, à la dispensation du sacrement de pénitence lors de la confession.

Beaucoup de personnes qui éprouvaient des difficultés à avouer diverses choses à la face d'autres membres du clergé se sentaient à l'aise devant l'Ancien et se confessaient volontiers à lui.

L'Ancien Porphyre écoutait avec une grande attention ce que chacun lui disait, car il avait le charisme de l'écoute. Il écoutait les fidèles avec attention, après quoi seulement il parlait. Quant à s aparole, elle était toujours simple et toujours adaptée à chacun. Tout être qui venait à lui était, aux yeux de l'Ancien, une personnalité unique et irremplaçable, d'une infinie valeur.

Le problème que nous lui posions, l'Ancien Porphyre l'abordait avec une attention particulière, un sentiment de responsabilité et beaucoup de prière. De manière caractéristique, on le voyait garder le silence durant la confession et l'on comprenait qu'il priait, implorant l'illumination de Dieu.

De manière très caractéristique également, il ne se hâtait pas de fournir des réponses, dans le but de réussir à créer certaines impressions. Parfois, il nous disait : " Je n'ai pas d'information en ce moment précis. Je ne saurais vous dire." Et nous, nous revenions une deuxième et une troisième fois à la charge, à propos du même sujet.

Il priait nuit et jour pour les hommes et pour que Dieu dispense la résolution de leurs problèmes. Et toutes les personnes qui reçurent la grâce de pouvoir communiquer avec lui et de devenir ses enfants spirituels peuvent témoigner des fruits des prières de l'Ancien, par l'intercession desquelles leurs problèmes obtenaient en effet une solution. Ce qui était bouleversant dans le déroulement de la confession avec le bienheureux Ancien, c'était que, très souvent, ce qu'il nous signalait comme étant à la racine du problème que nous lui soumettions nous semblait sans rapport avec ledit problème. Et ce qu'il considérait comme étant à la racine de nos divers problèmes n'était autre que notre égoïsme, qu'il jugeait comme le fondement sous-jacent à tous les autres péchés et aux divers problèmes de l'homme. ( I 78 p.).



Les causes des problèmes.

L'Ancien racontait : " Lorsque j'étais affecté à la Polyclinique, je voyais souvent se produire ce qui suit : le médecin entreprenait d'ausculter le malade, et ce dernier protestait. Il lui déclarait que ce n'était pas à cet endroit-là qu'il avait mal, mais ailleurs. Et le médecin lui disait : " Il se peut que toi, tu aies mal là. Mais le problème est ailleurs."" Et l'Ancien Porphyre poursuivait : " C'est exactement ainsi que cela se passe dans la vie spiriuelle. Nous, nous pensons que les choses sont d'une certaine manière, alors que les véritables causes responsables des événements qui s eproduisent en nous et dans notre vie sont ailleurs." ( Ger 60).



Confession générale.

L'Ancien dit :

" Il faut, mon enfant, qu'à certains intervalles de notre vie ait lieu une confession générale, car les traumatismes psychologiques nous valent des maladies du corps.

Dans la confession, ne disons pas seulement nos péchés, mais aussi nos pensées diverses : évoquons par exemple la peur, la tristesse, la joie, l'affliction que nous causent divers événements ou des circonstances comme les tremblements de terre, les décès, les mariages, les attitudes de peu de foi, etc..." ( Tz 141 p.).



*

L'Ancien avait mené à bien une tâche à Corinthe et, avec celui qui l'accompagnait, il avait pris le chemin du retour. Sur l'isthme du canal de Corinthe, ils s'arrêtèrent pour se sustenter d'un repas.L'officier d'aviation qui était avec lui passa commande d'un plat complet, et l'Ancien d'une simple tomate. Après le dîner, ils poursuivirent leur route et, à un moment donné, l'Ancien demanda à son compagnon de faire une halte. Ils sortirent, s'assirent sur un rocher, tandis qu'à leurs pieds s'étendait la mer. L'Ancien dit alors : " A présent l'heure est venue pour que, comme je te l'ai promis, je t'entende me faire une confession générale de ta vie. Mais mieux vaut que tu ne me dises pas ces choses toi-même. Je te les dirai, moi." Et c'est alors que cet homme entendit, de la bouche de l'Ancien, tous ses péchés, ceux qu'il avait l'intention de lui dire, ceux qu'il avait oubliés et, en plus, ceux qu'il n'avait pas soupçonnés comme étant des péchés qu'i eût commis. L'Ancien avait procédé, pour lui, à une purification générale de son âme. Cette confession-là resta pour lui inoubliable. ( G 110).



Rendons-nous chez le Père confesseur.

Le Petit Père me disait : " Plus l'homme est éoigné de Dieu, plus i éprouve de l'affliction et se voit malmené et ballotté par l'existence pour des causes diverses." Et encore : " Il faut nous rendre chez notre confesseur quand il se trouve que quelque chose nous tourmente."

" Confessez-vous souvent et bien, car, même si tu es Patriarche, si tu ne te confesses pas, tu ne peux être sauvé", m'a-t-il dit une autre fois. (Tz 140).



La grâce s'en est allée avec la désobéissance. Elle est revenue avec la confession.

Il disait que, grâce au sacrement de la confession, ce qui est tombé à terre se trouve relevé. Il nous fit part, un jour, du cas émouvant d'un moine. Celui-ci s'était rendu à la Sainte-Montagne. Il avait de nombreux charismes qui avaient pour effet de lui faire éprouver qu'il vivait dans le Paradis. Un jour, sur un point donné prescrit par son Ancien, il n'observa pas l'obéissance. C'est alors que tout cet état de grâce le quitta. Lorsque son Ancien revint et qu'il se confessa à lui, il se trouva que dès après la prière d'absolution, cet état de grâce qu'il avait perdu lui revint. (I 94).

L'Ancien Porphyre soulignait toujours que, tant que nous sommes dans l'Eglise, et tant que nous avons part aux sacrements, nous sommes au sein du Paradis. Il disait encore que plus notre participation aux sacrements est grande, plus nous sommes dès ici-bas dans la vie spirituelle, surnaturelle et éternelle. C'est la raison pour laquelle il nous arrpelait tout le temps cette parole de notre Seigneur : " Celui qui croit au Fils a la vie éternelle." (I 94).



Notre cagibi encpmbré d'objets inutiles.

Une dame, qui s'en est souvenu, m'a rapporté ce qui suit : " Un jour, l'Ancien m'a dit : " Vous êtes nombreuses, vous, les femmes, à aller entasser au fond de quelque débrras que vous possédez, à l'écart, tout ce que vous avez en fait d'objets abîmés et de vieilleries inutiles : casseroles vieilles et percées, meubles de brocante, chaussures et autres objets détériorés. Vous fermez la porte à clef et vous voilà... tranquilles... Vous ne savez pourtant pas qu'un moment viendra où ce genre de cagibi où vous conserviez ces vieilleries sera découvert, et que vous serez alors compromises.""

Je demeurai tout étonné de propos de l'Ancien. Ces jours-là je lisais des traités de psychologie pastorale : il y était question de la rélégation de traumatismes vécus dans l'espace inconscient de l'âme et de leur remontée à la surface de la conscience à un moment inopiné. La comparaison vivante de l'Ancien, évoquant ce genre de débarras où était entreposé des objets éculés, voire des ordures, m'en diait bien plus long que les manuels scientifiques. Le symbolisme en était clair : il se rapportait à nos péchés; ceux que nous n'avons pas fait disparaître par le repentir; que nous avons, tout au contraire, jetés à la hâte dans le débarras de l'oubli, afin d'être délivrés de leur présence gênante. Ce sont ces objets de péché que Dieu trouvera en nous pour nous les remettre en mémoire "au jour du Jugement." Il les connaît déjà, alors que nous, nous les ignorons. ( G 255 p.).



Une fois que tu as confessé ton péché, n'en parle plus.

" J'ai confessé, Géronda, un nouveau péché à mon confesseur, mais je désire vous le dire aussi.

- Si tu l'as dit à ton confesseur, il n'est pas nécessaire de me le dire aussi en double et une deuxième fois. Puisque tu t'en es confessé et que tu t'es repenti, tu en as reçu l'absolution." (I 299).



Ne désespère pas.

"Géronda, vous rendez-vous compte de la grandeur du péché que j'ai commis?

- Mais toi, tu es bon, et tu dépasseras cela.

- Mais, Géronda, mon péché est trop grand.

- Ne désespère pas. Tu as une âme bonne et Dieu, qui voit cela, te pardonnera et Il te viendra en aide." (I 199).



Tâche dorénavant de changer de vie.

Un jour, l'Ancien Porphyre, accompagné de trois de ses enfnats spirituels, se proposa de se rendre dans un monastère afin d'y célébrer les Vêpres.

Dans un premier temps, ils résolurent d'y aller à pied. Toutefois, lorsqu'ils eurent marché sur une certaine distance, et parce que l'Ancien Porphyre était fatigué, ils envisagèrent, vu que que ce monastère-là était quelque peu éloigné, de trouver quelque moyen de transport.

A ce moment précis, un taxi parut au loin. Ses compagnons demandèrent alors à l'Ancien de héler le taxi pour l'arrêter- tous trois étaient des laïcs et non des clercs - et de s'informer auprès du conducteur pour savoir s'il pouvait les emmener jusqu'au monastère. " n'ayez crainte, leur répondit-il, le conducteur de taxi s'arrêtera de lui-même. Que personne ne parle à ce conducteur. C'est moi seulement qui lui parlerai."

Ce fut ce qui se produisit. Le conducteur de taxi s'arrêta, sans qu'ils eussent eu à lui faire signe. Ils montèrent dans la voiture et le Père Porphyre indiqua au conducteur leur destination.

Dès qu'ils se furent mis en route, le conducteur du taxi commença de se répandre en invectives contre les membres du clergé, les salissant de mille et un griefs. Et, à chaque fois qu'il leur portait un coup aux clercs, il s'adressait aux trois laïcs, qui avaient pris place à l'arrière du taxi, en concluant ses dires par un : " N'en est-il pas ainsi, les gars? Qu'en dites-vous?" Mais ceux-ci ne soufflaient mot. Conformément à ce que leur avait enjoint l'Ancien, ils ne disaient rien.

Voyant que, décidément, les autres ne lui répondaient rien, le conducteur, en désespoir de cause, se tourna vers l'Ancien Porphyre, lui disant : " N'en va-t-il pas ainsi, Petit Père? Qu'en dis-tu quant à toi? Ces choses-là, dont même les journeaux sont pleins, ne sont-elles pas exactes et vraies?"

Le Père Porphyre lui dit alors : " Mon enfant, je vais te raconter une petite histoire. Je ne te la dirai qu'une seeule fois. Te la dire une seconde fois ne sera pas nécessaire."

Et il entreprit sa narration : " Il y avait un homme, de tel endroit - que l'Ancien précisa - qui avait un voisin âgé, lequel avait une propriété d'importance. Une nuit, l'homme le tua et l'enterra. Par la suite, se fabriquant divers faux-papiers, il acquit la propriété du voisin défunt et la vendit. Et sais-tu ce qu'il acheta, avec l'argent de la vente de cette propriété? Il acheta un taxi."

A peine eut-il entendu ce récit, le chauffeur de taxi en fut à ce point bouleversé qu'il arrêta la voiture sur le bord de la route, et qu'il s'écria : " N'en dis rien, Petit Père, je t'en supplie! Seuls toi et moi savons cela!"

" Dieu aussi le sait", lui répondit l'Ancien Porphyre. C'est Lui qui me l'a dit, pour que je te le redise ensuite. Tâche donc, dorénavant, de changer de vie." ( I 142 p.).



Le repentir est comme l'éclair.

Un jour, je me retrouvai à l'Evangélismos ( 1),

(1) : ( " L'Annonciation", grand hôpital historique situé au centre d'Athènes),

pour y être hospitalisé. Lors d'une visite de l'Ancien, je lui dis : " Je prie Dieu de m'accorder quelques années, afin de pouvoir me repentir." Et lui de me répondre : " Des années ne sont pas nécessaires : Le repentir vient comme l'éclair." ( G 175).



Qui ne se repentira pas sera perdu.

" Géronda, dites-moi, s'il vous plaît, quelque chose à propos de la vie spirituelle.

- Quiconque ne se repentira pas sera perdu. Et je te le dis à nouveau : Quiconque ne se repentira pas sera perdu." ( I 300).



QUESTIONS PROFESSIONNELLES



Aide au montage d'une unité agricole d'élevage.

Un membre de ma famille voulait faire procéder à un forage dans sa propriété et s'était rendu chez l'Ancien pour lui demander conseil. Alors, l'Ancien Porphyre, qui n'avait jamais séjourné dans le village de cet homme, se mit à lui faire la description topographique complète de sa propriété, lui désignant un point précis où procéder au forage. Il lui dit même avec exactitude à combien d emètres sous terre il allait trouver l'eau. De fait, quand ce parent prit avec lui des géologues spécialisés et se rendit dans sa propriété, ceux-ci localisèrent la nappe d'eau à l'endroit précis que l'Ancien Porphyre avait indiqué;



Elle n'est pas destinée à une telle science.

Une personne, d'entre celles qui me sont très proches, avait obtenu, à la suite d'un concours, une bourse pour l'Angleterre, où elle devait faire des études de troisième cycle sur des sujets de pédagogie concernant les enfants inadaptés. Jeune fille qui aimait les enfants, cette personne jugeait que ce travail lui convenait bien. Elle jugea toutefois indispensable, avant de quitter la Grèce, d'aller demander pour ce faire la bénédiction de l'Ancien. Nous lui rendîmes visite ensemble. Me précédant, elle entra la première dans sa cellule. Lorsqu'elle en ressortit, elle paraissait visiblement très préoccupée. Elle me découvrit que, dès que l'Ancien avait entendu parler d'Angleterre et d'enfants inadaptés, il lui avait dit : " Tu n'es pas faite, toi, pour un tel travail, car tu es trop sensible et tu ne pourras pas t'y faire. Bien sûr, si tu veux, vas-y. Mais moi, je te dis qu'il y a quelques années une femme médecin, sensible comme toi, m'avait demandé s'il fallait qu'elle aille en Amérique, poursuivre des études sur des malades mentaux, et je lui ai conseillé de ne pas y aller. Elle ne m'a pas écouté. Elle y est allée. Et maintenant, elle est soignée dans une clinique psychiatrique, car cela l'a plongée dans une dépression profonde." ( G 104 p.).



Fais-le signer.

Bien des personnes se rendaient auprès de l'Ancien, accablés d'un grand nombre de problèmes, dont la source était des malentendus dans les échanges avec divers professionnels. Et l'Ancien disait : " Il est bon de signer un contrat avec celui qui réparera votre maison ou entreprendra pour vous quelque travail d'importance, en sorte d'éviter d'essuyer par la suite des déboires qui vous contrarieront et vous pousseront à courir voir votre père confesseur. Et si l'entrepreneur se révèle véreux, vous lui direz : "N'est-ce pas là ta signature? N'es-tu pas tombé d'accord avec moi sur telle somme? Prends donc ce qui te revient." Et si tu as de la philanthropie à son égard , tu lui donneras davantage... Puisque nous vivons dans le monde, et que nous ne sommes pas sans propriété, nous devons nous garder de toute cause de différend en contractant et en signant des accords clairs et nets." (Por 38).



APTITUDE AU TRAVAIL

( FATIGUE - MOUVEMENT)



De la fatigue du corps.

Un jour, je me suis plaint à l'Ancien que je n'en pouvais plus.

" Nous avons fait tant de travaux ces jours-ci que nous voici épuisés. Je n'ai plus la force de traîner les pieds ni même celle de lever les bras. A quoi bon tant de travaux dans le monastère?"

Il prit un air sévère et me répondit sans détours:

- C'est un péché mortel, après nous être fatigués pour Dieu, que de grogner ainsi. Comprends bien cela. Sans fatigue du corps, en restant allongé dans son lit, on ne gagne pas la vertu. La fatigue du corps est le plus grand don de Dieu, qu'Il nous envoie pour notre salut. C'est avec joie que les autres acceptent des humiliations, des efforts... Et toi, tu en souffres? Mais le plus grand péché, c'est après avoir pris d ela peine pour le Christ, de le regretter et d'en souffrir.

Toi, tu es un homme jeune. Tu e sfatigué, dis-tu? A ton âge, moi, je volais. Je voulais tout mener à bien. Ne me regarde pas maintenant que je ne peux plus rien faire. Je te vois rester bien à la traîne. Le vieil homme a gagné du terrain, et te voilà écrasé et soumis à lui. Non! Cela ne peut pas aller comme cela! Réveille-toi! Reprends-toi et ressaisis-toi! Chante avec énergie, avec tonus, avec joie ce tropaire de la Résurrection :

" De la mort nous fêtons la mise à mort,

De l'enfer, les portes brisées,

D'une autre vie, éternelle celle-ci, le commencement,

Et, exultant, nous en célébrons l'auteur,

Le seul béni de nos Pères,

Dieu très glorieux."" (A 90-92).



Ne soyons pas des Chrétiens amateurs et nonchalants.

L'Ancien ne me parlait pas d'un pâle effort à fournir de notre part, mais d'un passage décisif, définitif et sans appel, à opérer, depuis la vieille vie dans le péché jusque dans la vie nouvelle de la sainteté, en laquelle nous vivons dans le Christ, et le Christ en nous. C'est à semblable passage qu'il était nécessaire de consacrer toutes nos forces. Une autre fois, il me demanda : " Dis-moi donc, pour faire des études d'avocat, combien d'années sont-elles nécessaires?" A quoi je lui fournis la réponse. Il me demanda de nouveau : " Pour faire des études d'ingénieur, de chimiste, de médecin, combie d'années sont-elles nécessaires?" Je lui fournie la réponse adéquate à chaque cas. L'Ancien finit alors par dire : " Et nous, combien nous faut-il de temps pour étudier la volonté de Dieu, l'apprendre et l'appliquer?" Je compris ce qu'il entendait par là et j'eus honte de lui répondre. Que pouvais-je lui dire? Que la plupart d'entre nous, les fidèles, nous sommes nonchalants, tièdes, "chrétiens amateurs." Il le savait. Et il me le dit : " On ne devient pas chrétien par la paresse. Il y faut du travail. Beaucoup de travail. Il croyait que l'oisiveté conduisait au manque de sérénité et ce défaut, à son tour, à un grand nombre de maladies de l'âme comme du corps. Il recommandait l'ergothérapie. Tout particulièrement à ceux qui n'avaient plus ni organisation ni espérance. Pour l'Ancien, il n'était jamais trop tard pour prendre un nouveau départ. Il considérait même l'effondrement de l'égoïsme et des espoirs mondains comme le meilleur préalable pour prendre ce genre de départ. (G 399 p.).

Tout change en prenant de la peine, aussi bien l'âme que le corps.

Relativement à mes problèmes, le Petit Père me dit :

"Si nous parlions un tout petit peu au téléphone, tu verrais que tout ce que tu as passerait. Fatigue ton corps, n'aie pas peur de prendre de la peine. Tou change avec la peine, aussi bien l'âme que le corps.

N'abandonne jamais la prière. Simplement, sans forcer, prie avec ferveur pour tous. Tu leur feras du bien avec ta prière, non avec tes paroles.

S'ils te posent des questions, réponds avec humilité : " Je vois les choses ainsi. Mais, c'est comme vous pensez."" (A 80).



Si tu ne peux pas ceci, commence par cela.

Il revendiquait pour nous tous un "alibi." Il entendait par là la découverte d'une autre voie. Si nous ne pouvons pas faire quelque chose ici, commençons donc par ailleurs. L'important est de commencer. De ne pas rester sans rien faire : " Si tu ne peux pas avec cette chose, commence avec cette autre, et l'élan que tu auras acquis te mobilisera dans d'autres domaines également." ( I. 299).



Occupe-toi à des travaux manuels aussi.

Un jour, le Père Porphyre était venu chez moi et avait vu un système d'arrosage que j'avais installé dan smon petit jardin. Il me demanda alors d'apporter mon aide pour installer un système comparable dans l'espace entourant son lieu de retraite.

J'ai trouvé un homme pour effectuer l'installation et lui ai demandé de faire ce travail sans réclamer d'argent à l'Ancien. Quand je l'ai dit à l'Ancien, celui-ci me dit : " Non, Monsieur Dimitriou. Je veux que tu viennes travailler toi-même, car pour te reposer du travail que tu fais, il faut, dans ton temps libre, t'occuper aussi à travailler de tes mains."



Nul ne doit être oisif et paresseux.

Un point sur lequel l'Ancien Porphyre insistait grandement, surtout quand cela concernait les jeûnes, était le travail. Il n'acceptait pas que l'on fût oisif, ou indifférent, ou inattentif. Il attachait une très grande importance à ce sujet. ( I 165).



*

L'Ancien Porphyre voulait que les hommes fussent en mouvement, fissent continuellement usage de tous les membres de leur corps, qu'ils ne fussent pas mous. Il n'acceptait en aucune façon la paresse ni la mollesse. ( I 92).



AMOUR



L'histoire de Marie, Dimitri et Georges.

Nous tenons l'histoire suivante de la bouche du Père Porphyre.

Marie et Dimitri étaient frère et soeur. Dimitri avait un ami, Georges, qui était médecin. Georges rendait visite à Dimitri chez lui.Quelque temps après, Marie révéla son secret à son frère. Elle éprouvait un amour profond pour Georges. Elle en souffrait. Elle avait mal au coeur, agitait fortement bras et jambes et était baignée de sueur, chaque fois qu'elle le voyait. C'est la raison pour laquelle elle pria son frère de ne plus faire venir Georges à la maison, étant donné que la famille de Georges était riche, supérieure socialement, et qu'elle n'accepterait jamais pour bru Marie, qui était pauvre et sans notoriété. A partir de cet instant, Dimitri évita d'inviter Georges chez lui, mettant en avant divers prétextes, et il le rencontrait dehors, dans le jardin. Un jour, Marie vint me rendre visite. Elle m'ouvrit son coeur. Elle me dit sa peine, et moi, je lui conseillai de faire une fervente prière, à l'aube surtout, avant que le jour ne se lève, en élevant les mains vers Dieu en Le suppliant que sa volonté soit faite. Marie suivit fidèlement mon conseil. Peu de temps après, Georges se plaignit à Dimitri du changement de l'attitude de ce dernier à son égard : il semblait l'éviter et ne l'introduisait plus chez lui. Dimitri lui en révéla la raison, lui soumettant le problème de sa soeur. Georges fondit alors en larmes et lui confessa qu'il avait lui-même le même problème, qu'il aimait beaucoup Marie et que, depuis assez longtemps, tous les matins, à la pointe du jour, il se réveillait en ayant devant les yeux l'image de Marie. C'était l'heure où Marie, ainsi que je le lui avais conseillé, était en prières. C'est ainsi que, par une prière fervente, le sentiment secret de ces deux jeunes gens, qui étaient bons tous deux, fut révélé, et qu'en définitive, ils se marièrent, malgré les objections initiales des parents de Georges. ( G 60-62).



Un jeune homme qui fut bouleversé à la vue d'une belle jeune fille provocante.

Un jour l'Ancien me révéla ce qui suit : " Une fois, un jeune homme vint me dire qu'un jour qu'il voyageait, l'été, sur un bateau, il vit une bele jeune fille provocante et en fut bouleversé. Alors, moi, je vis son âme et je lui dit : " Toi, avec la sensibilité dont Dieu t'a fait le don, tu aurais dû de ce fait, à l'heure qu'il est, être devenu un saint martyr.""

Un autre confesseur aurait peut-être vu dans cet événement fortuit l'occasion d'accabler le pécheur de ses foudres. L'Ancien, tout au contraire, y vit l'occasion de lui révéler le don divin de la grande sensibilité qui était sienne, et la possibilité, grâce à cette sensibilité, d'atteindre à la sainteté, "en opposant l'amour à l'amour et en éteignant le feu par le feu immatériel (18)" ( G 363 p.).

(18) : ( Citation de Saint Jean Cliamaque).



L'attirance de l'âme et du corps, un bien ou un mal?

Un jour, je lui ai demandé : " Cette attirance de l'âme et du corps qui se développe entre l'homme et la femme, est-elle de nature démoniaque?" Et il m'a répondu : " Parfois oui, parfois non. Cela dépend."

Lors d'une rencontre ultérieure, je remis cette question sur le tapis, et il me répondit de manière plus précise : " Tu sais, ce que l'on appelle bonheur dans le mariage existe, mais il y faut une condition préalable : que les époux aient acquis des biens spirituels, en aimant le Christ, en accomplissant Ses commandements. C'est ainsi qu'ils parviendront à s'aimer en vérité entre eux et à être heureux. Autrement, ils seront pauvres en leur âme, ils ne pourront donner de l'amour et auront des problèmes de nature démoniaque, qui les rendront malheureux."

Une autre fois, il parlait en images. Je lui avais demandé : " Géronda, j'ai entendu dire que le problème de l'impossibilité de satisfaire le désir des sens et des sentiments, dans les relations entre les deux sexes, demeure insoluble et que seule la tombe le résout." L'Ancien réagit vivement : " Non! Quant à toi, n'appelle pas cela un problème. Voilà, c'est ainsi." Et il faisait, avec ses doigts, un mouvement caracéristique au-dessus de la couverture de son lit : il montrait quelque chose qui se mouvait de l'avant en rampant, puis qui commençait petit à petit à décoller et, en fin de compte, à s'élever dans le ciel. L'image qu'il avait donnée était diamétralement opposée à celle que donnent les inscriptions romantiques d'amours extatiques, lesquelles commencent haut, perdent peu à peu en altitude pour, en fin de compte, atterrir en catastrophe. Cette image donnée par l'Ancien était liée immédiatement avec "les biens spirituels", dont l'existence ou l'absence provoque, selon le cas, la marche ascendante ou descendante. ( G 352 - 254).



SENSIBILITE

Tu es terriblement sensible et tu n'acceptes aucun affront.

" Toi, m'a dit l'Ancien, le seul défaut que tu as, c'est que tu es terriblement sensible et que tu n'acceptes aucun affront. Pour ce qui est de la première chose, ce n'est pas ta faute. Tu as hérité cela de Père Jean. Et il faut dire que la grande sensibilité n'est pas une bonne chose. Elle est bonne pour les autres, lesquels, en temps ordianire, en abusent, et même d'une manière absolument éhontée. Pour qui, au contraire, en est doté, c'est la pire chose que tu puisses imaginer! Sans compter qu'elle est la cause qui produit toutes les maladies. C'est pourquoi tu dois essayer de l'extirper de toi. De la limiter tout au moins. Autrement tu feras du mal, et à toi-même et à ta famille. Et pour tout dire, ta famille ne te doit rien pour que tu la maltraites ainsi et, qui plus est, sans aucune raison. En ce qui concerne le second point, c'est-à-dire les affronts, ceux-là personne ne les supporte volontiers. Et toi moins encore, parce que tu es fier et que tu as la prétention de vouloir que les autres ne te fassent pas d'affront, tout comme toi non plus tu ne leur en fais pas. Seulement, ces choses-là ne se font pas aujourd'hui. Et nous sommes tous victimes des affronts que nous font les autres. Quand nous parlons d'affronts, que voulons-nous dire? Nous entendons par là - tu dois le savoir mieux que moi - cette sorte d'amoindrissement moral, cet outrage moral, ou encore la contestation de notre autorité de la part de tiers. Or, comment les contrôler, mon enfant, ces tiers-là? Peuvent-ils être contrôlés? Assurément non. Ce qui est juste et bon, c'est que nul ne commette d'outrage contre quiconque. Cela est très difficile. Mais cela n'est certainement pas irréalisable. Et c'est cela exactement que l'Eglise du Christ cherche à obtenir aujourd'hui.

Il existe toutefois des cas où Dieu concède certains points, afin que soient éprouvés et notre résistance et notre manière de croire. Et, sais-tu, mon enfant, pourquoi? Parce que, en théorie, nous sommes tous d'accord. Et la note est la même pour tous. C'est la mention : "Excellent". Mais, pour ce qui est de la pratique, c'est le naufrage total... Et très peu sont ceux qui atteignent la moyenne.

Tu me diras, maintenant : " Et toi, Petit-Père, mets-tu cela en pratique?" Que pourrais-je donc te dire, mon brave enfant? J'ai lutté toute une vie durant pour accomplir la volonté de Dieu. Je ne sais pas si j'y suis parvenu. C'est Lui qui le sait. Je te l'ai déjà dit : seule Sa miséricorde nous sauvera." ( K 156 p.).





CALENDRIER



Suis le calendrier du pays où tu es.

Un moine avait demandé au Petit Père de lui indiquer quel calendrier suivre, l'ancien ou le nouveau. L'Ancien lui répondit : " Ecoute. Si tu dois vivre dans le monde, suis le calendrier qui est celui de l'Eglise pour éviter de provoquer des troubles parmi les gens (19). Si tu désires vivre à la Sainte-Montagne, fais autrement". (Tz 172).

(19) : Depuis 1924, le patriarcat de Constantinople, et à sa suite les patriarcats d'Alexandrie, et d'Antioche, ainsi que les Eglises de Roumanie, de Bulgarie, de Chypre et de Grèce, ont adopté pour les fêtes fixes (celles du Ménée) le calendrier grégorien ( ou "nouveau calendrier"), correspondant au calendrier civil universel. cette réforme et son contexte ont provoqué en Grèce le schisme des Anciens-Calendaristes. Le patriarcat de Jérusalem, les Eglises de Russie, Serbie, Géorgie, Pologne, ainsi que le Mont-Athos ont conservé le calendrier julien ( ou ancien calendrier) qui retarde de treize jours par- rapport au nouveau calendrier (NdE).).



...



MORT



" Les âmes des justes sont dans la main de Dieu et la mort ne les touchera pas."

Un jour, l'Ancien me dit : " Tu dois le savoir, mon enfant, je voudrais te parler de la santé de ton père. Sais-tu dans quel état il se trouve? Son état est plus que grave! S'il est en vie, c'est que Dieu le veut. Sa vie ne tient plus qu'à un mince petit fil très ténu, prêt à se rompre. Cela peut se produire à tout moment. Peut-être même aujourd'hui. Et, si cela n'arrive pas aujourd'hui, cela peut survenir dans quelques jours, quand le Seigneur voudra le rappeler auprès de Lui. Parce qu'Il l'aime beaucoup. C'est un saint homme et je ne veux pas le voir souffrir longtemps. Et ton père souffre terriblement. Il ne veut pas vous causer du chagrin. Là est la raison. Tu as eu beaucoup de chagrin. Je le vois. Pourtant, nous qui sommes chrétiens, nous ne devons pas être dans l'affliction. La mort ne doit pas nous terrifier. Quelle est, selon toi, la finalité de la mort? La mort est le moyen par lequel nous passons à l'éternité! C'est cela la mort. Et c'est par cette porte-là que nous passerons tous. C'est là la seule chose certaine. Il suffit que nous y soyons préparés. Alors, au jour du Jugement, nous nous retrouverons à la droite de notre Christ. C'est là que nous nous retrouverons tous et nous jouirons des bienfaits du Paradis. Nous ne sommes pas venus ici-bas pour y demeurer éternellement. Nous sommes venus ici-bas pour y être éprouvés et en partir pour la vie éternelle. Ne sois donc pas affligé en raison d'une chose qui est écrite là-haut et toute tracée d'avance. Cette chose, nous la connaissons tous. Et nous nous y attendons. Indépendamment du fait que certains ne veulent pas en prendre conscience et disent : c'est ici-bas que se trouve l'Enfer, ici aussi le Paradis. Eh bien non! Il n'en est pas ainsi. Et ceux-là même qui le disent le savent. C'est qu'au fond d'eux-mêmes, ils n'y croient pas. Mais, lorsqu'ils se trouveront confrontés à la mort, qui les sauvera? Ne les as-tu pas entendus, au premier danger qu'ils rencontrent, même ceux qui sont ou qui se prétendent infidèles, qui appellent-ils à leur aide? Ne crient-ils pas : " Mon Dieu! Ma Toute-Sainte!" N'invoquent-ils pas quelque autre saint qu'ils considèrent comme leur patron? Maintenant tu me demanderas pourquoi te dire cela. Hé bien voilà, je sais à quel point tu es sensible et j'ai voulu te préparer à l'avance... Va maintenant, va à la bénédiction de Dieu. Quant à moi, je vais faire une prière pour que Dieu te donne une force surnaturelle. Et attention. Ne dis rien, ni à ton père ni à personne d'autre parmi les tiens. Car vous êtes tous - que la bénédiction vous emporte!- hyper-sensibles..." (K 65 p.).



La mort n'existe pas.

"A l'intérieur de l'Eglise : c'est là que se trouve le salut, nous disait tout le temps le Petit Père. Celui qui est membre de l'Eglise n'a pas peur de la seconde mort : il n'existe pas de mort pour qui est à l'intérieur de l'Eglise du Christ. Notre Orthodoxie est parfaite, elle n'a aucune imperfection." ( I 134).



*

" Il n'existe pas de mort, nous dit-il. N'aie pas peur de la mort. Celui qui est mort pour le Christ, il n'existe pas de mort pour lui. Et si tu n'es pas mort, meurs (20)." (A 59).



*

Oui, réellement. Il disait à nos enfants combien était belle l'autre vie et que notre corps, celui qui entre dans le tombeau, nous appartient certes, mais que, "au moment où on l'introduit dans le tombeau, il devient comme le vêtement de l'homme". Et ces paroles qu'il disait m'ont beaucoup aidée en ces moments difficiles où j'eus à enterrer mon mari. (I 171).



Tu dois croire que la mort n'existe pas.

" Nous pouvons vivre dans la joie de Dieu, sans jamais songer à la mort. Même si la fin de ta vie est arrivée, même si tu as un pied dans le tombeau. Toi, tu peux planter des figuiers, des noyers, des cyprès, créer des jardins pour tes frères humains, édifier des églises même si tu as un pied dans le trou.

Pourquoi fais-tu ces choses? Par amour. Tu crois qu'il n'y a pas de mort et tu veux que tes frères humains qui viendront de nouveau ici trouvent quelque chose, deviennent bons, ne deviennent pas des voleurs qui volent l'un ce qui est à l'autre. C'est pour cela que tu sèmes et les fruits et les noix et les figues. C'est pour cette raison que tu édifies aussi une église. ( Extrait du fascicule avec cassette : L'esprit orthodoxe est le vrai, p. 20-21).



Nous n'éprouverons pas le "goût de la mort".

J'étais dans l'affliction, après la mort récente d'une personne qui m'était chère. Des jours durant, se présentait à ma pensée la vision de la mise en terre, le corps recouvert de terre, la décomposition du corps qui s'ensuivrait. Quelle serait la condition de l'homme si la chute de nos premiers ancêtres créés par Dieu n'avait pas eu lieu? Une joie continuelle, sans nul questionnement sur notre félicité éternelle. Mais maintenant : " Proie des vers et puanteur". C'est sur ces réflexions mélancoliques que le Petit Père me surprit par un appel téléphonique.

" Petit Georges, es-tu en consultation actuellement à ton cabinet médical?

- Non, Géronda, j'ai fini.

- Outre l'Evangile selon Jean, au chapitre 5, verset 24 - c'est le passage de l'Evangile que nous lisons lors des obsèques - et lis-le lentement."

J'entrepris la lecture : " En vérité je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit en Celui qui m'a envoyé a la vie éternelle et ne vient pas pour être jugé, mais il est passé de la mort à la vie."Combien Dieu nous a-t-Il aimés! De cela aussi Il a pris soin. C'est ce que dit encore l'épître de l'Office des morts : " Si, en effet, nous croyons que Jésus est mort et ressuscité, c'est ainsi aussi que Dieu, par Jésus, conduira auprès de Lui ceux qui se sont endormis." As-tu jamais réfléchi à cetteexpression ; "conduire auprès de Lui"? Dieu ne va pas regrouper, là-haut, des cadavres. Ce sont des vivants qu'Il rassemblera auprès de Lui. En la personne du Christ, c'est la nature humaine qui a été ressuscitée. C'est bien ce que je t'ai dit : " Nous n'allons pas éprouver le goût de la mort." L'as-tu compris?"

Et il a fait une admirable description de la vie auprès du Christ ressuscité.

"Là, nous célébrons la Sainte Trinité, avec les Séraphins et les Chérubins, pour l'éternité. Oui, nous qui sommes pécheurs et indignes, car Dieu nous a tellement aimés..."

Sa voix s'éteignait petit à petit, sous l'effet de l'émotion :

"C'est de joie que je pleure, mon petit Georges, c'est de joie. Quelles sont donc ces choses célestes-là dont Dieu nous fait don?" (Revue Eglise du Pirée, n° 101, p. 33).



A l'heure des obsèques brillait une lumière puissante.

Quand j'entrai dans la cellule de l'Ancien, j'y trouvai le père de la jeune fille dont on venait juste de célébrer les obsèques. Je lui donnai l'acolade et nous nous mîmes à pleurer tous deux. Alors, dans un élan, l'Ancien nous dit : "Sortez tous les deux. Je ne peux pas vous supporter." Nous sortîmes effectivement. Peu après l'Ancien m'envoya quérir. Je me rendis auprès de lui, et il me dit :

"Excuse-moi de vous avoir dit de sortir, mais sais-tu ce qui m'arrive aujourd'hui?

- Quoi, Géronda?"

Et il commença à me dire, tout en pleurant :

" A l'heure des obsèques je voyais une lumière puissante au-dessus de l'église. Pendant toute la durée de l'Office des morts, je voyais cette étoile lumineuse. Et quand on transportait le cercueil jusque vers le tombeau, je la voyais encore. Quand on descendit le cercueil dans la tombe et que l'on eut rempli la tombe de terre, c'est alors que je cessai de la voir." (Ger 48).



*

Il me dit un jour :

" La mort, on peut la représenter de la manière suivante : Suppose que nous nous trouvions dans une chambre telle qu'en ouvrant la porte nous nous retrouvions immédiatement dans la chambre voisine. Notre situation est la même : si, ici, nous sommes avec le Christ, là-bas aussi nous allons nous retrouver avec Lui." (Tz 120).



Deviens immortel dès maintenant.

Lors d'une autre de mes visites, j'étais très affligé car, en un bref laps de temps, des épreuves successives s'étaient abattues sur moi. Elles menaçaient de faire plier ma résistance. Dans tout ce trouble, une pensée m'apportait une grande consolation et me donnait beaucoup de courage. Je l'ai exprimée devant l'Ancien dès que je suis entré dans sa cellule. " Vous, vous savez, lui dis-je, avant que je ne vous le révèle, que je traverse, une fois de plus, des épreuves. Puissiez-vous toutefois savoir combien me console la pensée que, en ce monde d'argile où nous vivons, tout est vain et transitoire. Nous avons simplement besoin d'un peu plus de patience puisque tant les joies que les peines passeront rapidement et viendra le grand moment où la mort nous conduira à l'immortalité. Puissé-je, indigne que je suis, grâce à vos prières, être jugé digne de vivre cette éternité auprès du Christ." Je m'attendais à son approbation pour ces paroles "pleines de réflexion" que je lui avais dites, mais je fus surpris de l'entendre réagir vivement, en me disant :

" Toi, n'aie pas de pareilles pensées, à savoir que tu mourras et que tu iras, par après, dans l'immortalité céleste. Lutte pour devenir immortel dès à présent, en mourant ici-bas, sur terre, et en éradiquant la mauvaise part de toi-même. De la sorte, tu n'éprouveras plus d'affliction, mais tu te réjouiras grandement, en vivant avec le Christ. De cette manière, tu n'auras plus peur ni des épreuves, ni de Satan, ni d ela mort, car tu auras tout vaincu, dès ici-bas, depuis la terre, de manière à être prêt pour l'immortalité du Ciel." ( G 463 p.).



*

" Ne crois pas que c'est lorsque nous mourrons que nous irons là-haut pour nous réjouir, pour ressentir la félicité en Dieu.

C'est déjà ici-bas que nous devons la ressentir. Si ici-bas nous ne sommes pas unis au Christ et nous ne nous laissons pas crucifier avec Lui, là-haut non plus nous ne serons pas avec Lui.

Le paradis ne consiste pas en beaux arbres, en arbres fruitiers, en fleurs, etc... C'est une félicité mystique que l'âme éprouve en Dieu. ( A 89).



*

Un jour, il me dit : "Quand je partirai, je serai plus près de vous. Après la mort, les distances sont abolies." (I 225).



Comment aider ceux qui se sont endormis.

Il m'a aussi expliqué la manière dont nous pouvons aider les nôtres qui se sont endormis. " Il nous faut," me dit-il, "prier beaucoup, accomplir des oeuvres de charité, des aumônes, participer aux divines Liturgies, en faisant une prosphore (21) et en donnant le nom de celui qui est endormi, et en communiant, nous-mêmes et nos enfants, le plus souvent possible, à chaque Divine Liturgie dans la mesure du possible. ( I 172).



... parce que je suis mort!

Un homme très instruit, ici à Athènes, qui était un fils spirituel de l'Ancien Porphyre depuis de nombreuses années, dès qu'il avait un problème, quelle qu'en fût la nature, se rendait auprès de lui ou l'appelait au téléphone pour prendre conseil de lui. A l'époque où l'Ancien Porphyre s'endormit, il était parti à l'étranger. Aussi n'avait-il pas été informé de sa dormition.

A son retour à Athènes, il fut confronté à un problème familial et il voulut, comme toujours, prendre conseil à ce sujet. Il prit le téléphone, composa le numéro d'appel de la ligne directe de la cellule de l'Ancien. Il entendit alors l'Ancien Porphyre, en personne, lui répondre.

Après l'avoir salué et lui avoir demandé sa bénédiction, il lui parla de son problème et lui demanda conseil. L'Ancien Porphyre lui dit ce qu'il devait faire et ce qu'il devait éviter. Cet enfant spirituel de l'Ancien l'en remercia et lui dit : " Je viendrai vous voir, Géronda, dès que je pourrai." L'Ancien Porphyre lui dit alors : " Ne m'appelle plus au téléphone, parce que je suis mort." (I 137).



THEATRE- CINEMA-TELEVISION



Avec grande attention et responsabilité.

" J'aime aller au théâtre et au cinéma. Mais différents amis me disent que le vrai chrétien n'a pas besoin de ces choses-là et ne doit pas se rendre en de tels lieux. Qu'en dites-vous, Géronda?

- Vas-y, puisque cela te plaît; ce n'est pas un mal. Ce qui compte, c'est que tu n'y ailles pas dans le but de voir un spectacle qui satisferait certains de tes désirs charnels." ( I 237 p.).



*

Avant d'acheter un téléviseur, il y a de cela des années, j'allai prendre conseil auprès du Petit Père, car mes enfants étaient petits et je craignais de perturber leur éducation. Il me dit alors : " Achète ce téléviseur, mais achète aussi, régulièrement, un programme, pour voir quelles sont les émissions qu'ils peuvent suivre sans danger pour eux, ce qui est dire pour voir si elles leur sont adaptées ou inadaptées. C'est à cette condition que tu pourras l'acheter." ( Tz 170).



AFFLICTIONS- CONTRARIéTé - ANGOISSE



" Mettons qu'un jour, commença de me dire le Petit Père, tu marches tranquillement sur la route, et que tu voies ton frère, qui te précède, avancer calmement lui aussi. Si, à un moment donné, tu vois un homme méchant surgir tout à coup d'un chemin d etraverse et, un couteau à la main, se jeter sur ton frère, le frapper, lui tirer les cheveux, devant un tel spectacle éprouveras-tu de la colère contre ton frère ou en auras-tu pitié?"

Je trouvai surprenante la question de l'Ancien et je lui demandai à mon tour :

" Comment est-il possible que je sois en colère contre mon frère blessé qui se trouve être victime du malfaiteur? Une telle pensée ne m'a même pas effleuré l'esprit. Bien sûr que j'en aurai pitié et que je m'efforcerai de l'aider autant que je pourrai.

- Hé bien alors, continua l'Ancien, tout homme qui t'outrage, te cause du tort, te nuit, te calomnie, et commet, de n'importe quelle manière, quelque injustice à ton égard, est l'un de tes frères qui est tombé entre les mains du diable malfaiteur. Toi, quand tu surprends ton frère en train de commettre quelque injustice à ton égard, que dois-tu faire? Tu dois avoir vraiment pitié de lui, être compatissant envers lui, et prier Dieu, avec ferveur et en silence, de te soutenir en cette heure pénible de ta mise à l'épreuve, et de faire aussi miséricorde à ton frère, qui est tombé à la merci du brigand qu'est le diable; et que Dieu vous vienne en aide, et à toi et à ton frère. Car si tu ne fais pas cela, si, au contraire, tu te mets en colère contre ton frère, opposant à son offensive ta contre-offensive, alors le diable, qui se trouve juché sur la nuque de ton frère, sautera sur la tienne aussi et vous fera danser tous les deux. " (G 35 p.).



Tu dois aimer les épreuves.

" Fais toutefois bien attention à une chose, m'a conseillé le Petit Père. Mets de l'ordre dans tes pensées car, en raison de ta grande sensibilité, tu éprouves oppression et affliction. Chasse ces pensées-là. Ne les laisse pas s'installer. Aime les tentations qui viennent sans en éprouver nulle émotion ni affliction. Aime beaucoup tous les frères de la même manière. Aime beaucoup ton Ancien. Un seul Ancien, un seul Christ.

- Comment aimer épreuves et difficultés?

- C'est là une grande histoire. Elle a ses manières de faire.

Quand le Christ entre dans le coeur, Il l'emplit tout entier de Son amour. Alors il n'y a plus de "Ne fais pas ceci, ne fais pas cela, ne fais pas..." Seulement l'amour... L'amour au-dessus de tout." (A 37- 40).



Remercie Dieu de ton épreuve.

Quelqu'un d'autre aussi avait un problème assez grave. Il allait voir l'Ancien, pour s'en plaindre et s'en plaindre encore, alors qu'humainement parlant son problème était insoluble. L'Ancien lui dit alors : " Ecoute, mon enfant, Dieu t'a confié une petite épreuve, une petite difficulté, un petit problème... Et toi, au lieu de te réjouir qu'il t'ait confié cela, tu restes là à t'affliger. Dis : " Mon Christ, que cela soit béni! Puisque c'est toi qui a choisi cette situation pour moi, ou puisque tu la tolères, qu'elle soit bénie... Dis aussi : " Je t'en remercie, mon Dieu!" Nous oublions de dire merci aussi bien dans l'affliction que dans la douleur. Il était une fois un petit enfant qui était le souffre-douleur des autres enfants parce qu'il était un peu faible, un peu timide. Il rentrait chez lui et pleurait. Il se plaignait à sa grand-mère - sa mère était morte. La grand-mère était croyante. " N'aie pas de peine, mon enfant, lui disait-elle. Remercie Dieu pour cela aussi comme pour tout." Après quoi, le temps a passé. L'enfant a compris. Les bonnes petites paroles, quand elles tombent dans l'âme, demeurent, sachez-le. Peu à peu elles sont cultivées, fructifient et apparaissent". ( Archives Ananias Constenis, Discours, II, p. 75).



Je vis dans la crainte des "observations".

J'avais du chagrin, en raison de certaines observations et réprimandes dont j'avais été l'objet alors que, dans mon for intérieur, je comprenais que je n'étais pas fautif. J'interrogeai le Père Porphyre : " Pourquoi donc, Géronda, me gronde-t-on sans arrêt? A la moindre occasion, ces jours-ci, l'Ancien, au Monastère, me fait des observations. J'ai l'impression que celles-ci tombent tout à coup du ciel, alors que moi j'ai le sentiment de bien faire. Je m'en trouve grandement affligé, intérieurement, et je vis dans la crainte qu'à tout moment il me fasse une nouvelle observation.

- Allons, toi, celui-là est en train de te sanctifier, et toi tu lances des coups de pied? Tu aurais dû te trouver à Kafsokalyvia. Ainsi, une fois, j'étais plongé dans mes pensées au sujet de mes parents. J'en ai eu le regret et je l'ai confessé à mes Anciens. C'était la première fois qu'ils me demandaient :

" Comment te sens-tu, mon enfant?

- Eh bien. J'ai un gros chagrin.

- Oui, mais tu ne nous a pas demandé, à nous aussi, si nous étions contents.

- Excusez-moi. En tout cas, moi, je me sens très content. Je prie notre Christ de devenir bon afin que vous puissiez, vous aussi, être contents de moi."

Quand je me déplaçais, je n'avais la bénédiction (22) de parler à personne.

(22) : Ici, " bénédiction" est synonyme d'autorisation. Dans l'échange qui suit, " Bénissez!" - Bénis" est un échange de salutations.

"Bénissez! - Bénis!"" et je continuais mon chemin...

Plus tard, j'ai appris qu'ils étaient trop sévères et que personne ne pouvait rester avec eux. Tous partaient. A moi, ils me semblaient bons. ET j'étais contrarié de ne pas avoir de difficultés." ( A 85).



Mon grand chagrin s'est changé en joie immense.

A l'approche de la fin de notre séjour, l'Ancien mit son étole, nous en couvrit et lut sur nous la prière inspirée de Dieu. Après quoi, il nous souhaita une Résurrection joyeuse et bénie, des années nombreuses et chrétiennes, et il nous donna aussi sa propre bénédiction. Après tout cela, mon épouse et mon enfant allèrent présenter leurs voeux au personnel du lieu de retraite, tandis que moi je demeurai seul avec le Petit Père, lequel, maintenant, s'exprimait plus nettement, mais aussi en disait davantage. Il me dit tant de choses et me fit tant de révélations, relatives au problème, principalement, que j'avais dans mon service, qu'il me laissa, je l'avoue, sans voix. On avait l'impression qu'il lisait sur un manuscrit tout ce qui m'était arrivé... " En ce qui te concerne, me dit-il, plus on te crée des ennuis, plus tu dois bien te dire que tout cela a lieu, par une permission divine, dans l'intérêt de ton âme. Toutes les persécutions à ton encontre n'ont pas d'autre but que l'intérêt de ton âme, qui est tout! Par ailleurs, les persécutions contre les chrétiens sont inscrites au programme. Oublies-tu ce que notre Jésus a dit? Si tu l'oublies, c'est moi qui te le rappelle : " S'ils m'ont persécuté, vous aussi ils vous persécuteront." Si cela te le rappelle une fois par jour, tu cesseras, à l'avenir, de te préoccuper de ton problème. Car tu le considèreras comme quelque chose de naturel, d'escompté. Et maintenant l'heure est venue pour que je te fasse aussi la dernière révélation : Tu as une âme très bonne. C'est pour cela que Dieu t'aime vraiment beaucoup. As-tu entendu? cela dit tout. Vas-y. Va à la bénédiction du Christ. Et bonne résurrection!"

Cette révélation du Petit Père provoqua à l'intérieur de mon âme un séisme considérable. L'état de mon âme en fut modifié radicalement. Mon grand chagrin s'est changé en une joie immense. Mon affliction s'est changée en allégresse. Ma déception en bouclier. ET tout cela était justifié. Est-ce une mince affaire que d'apprendre - et, qui plus est, pour l'avoir appris officiellement des lèvres du père Porphyre - que Dieu vous aime? Et même beaucoup? En temps ordinaire, quand on apprend que l'on est aimé de quelque "puissant" de ce monde, on en éprouve non seulement de la joie mais aussi de "l'assurance", car on espère en son secours. Rendez-vous compte : combien grande est l'assurance que l'on doit ressentir quand celui dont on est aimé est Dieu Lui-même! Dieu dont la seule évocation du nom écrase toutes les nations, comme le dit le verset : " Toutes les nations m'ont encerclé et, par le nom du Seigneur, je me défendais contre elles!" (K 196 p).



L'homme qui s'abandonne au Christ dépasse toutes les difficultés sans en être corrompu.

Le Petit Père me dit encore :

" L'homme qui donne son coeur au Christ, tel le moine, cet homme-là devient un autre homme. Son esprit s'ouvre. Il est empli du Christ. Ecoutes-tu? Me comprends-tu? Et quand l'esprit et le couer sont emplis du Christ, alors cet homme-là est sage, il est intelligent, tout lui est enseigné par l'Esprit de Dieu.

Le sens du mot "intelligent" n'est pas tel que l'entend le monde, à savoir faire des réponses qui laissent les autres cloués sur place, ou faire un travail mieux que d'autres mais, voilà! Comment te le dire?

A chaque difficulté se présentant à lui, il n'est pas troublé, il ne désespère pas mais, tout au contraire, par le recours au Christ, il trouve des manières élégantes et aisées de dépasser ladite difficulté, sans qu'il lui en coûte, sans en être intérieurement corrompu.

M'as-tu compris, Georges? ( Il dit mon nom sans me l'avoir demandé. La veille non plus, quand on m'avait présenté à lui, on ne le lui avait pas dit. Il m'mpressionna).

- J'ai compris, Géronda.

- L'homme qui a donné son coeur au Christ ne souffre pas, quelles que soient les difficultés auxquelles il se trouve en butte. Il se réjouit; il est plein d'une joie intérieure. Il est actif, attentif. Il ne commet pas de fautes, pas d'impairs, ne fait pas de dégâts ni de fausses notes. Son cerveau, ses mains, ses pieds, tout est mû de façon sûre, et par la Grâce de Dieu. Comment se pourrait-il qu'il fût stupide?

Il y a des cas, bien sûr, où il doit faire le stupide, pour l'amour du Christ.

- Qu'est-ce à dire? Comment cela : "faire le stupide?

- Quand il observe le silence en connaissance de cause, dans quelque but intérieur, il fait celui qui n'a pas compris, il fait celui qui ne sait pas, car il a une bonne intention. Ces choses, c'est le Saint-Esprit qui les lui apprendra peu à peu. Car, quand nous avons le Christ en nous, nous ne vivons pas en réglant nous-mêmes notre propre personne. Le Christ vit en nous, et c'est Lui qui règle notre vie." ( A 20-22).



Le grand chagrin est un piège du diable.

L'Ancien me dit : " Les juges, quand ils sont fatigués, interrompent leur travail à midi. Bien sûr, ce qui m'est arrivé est aussi dû à l'excès de fatigue, mais je prenais en pitié les gens qui, tant d'heures durant, attendaient dehors."

Quand l'Ancien fut victime d'un infarctus, c'est au sens littéral de l'expression qu'il tomba en victime du devoir d'amour. Il me vit très affligé et oppressé par des sentiments de culpabilité. Il entreprit aussitôt de me consoler en me disant : " Ne t'en fais pas. cela devait arriver. Fais attention. Le grand chagrin et la contrariété ne viennent pas de Dieu. Il s'agit d'un piège du diable. ( G 151).



N'arrose pas les épines.

L'Ancien nous présentait d'une manière simple, imagée et compréhensible, les secrets de la lutte spirituelle. Il nous disait : " Qu'est-ce que la lutte chrétienne? Voici : l'âme est un jardin partagé en deux parties. Dans une moitié de jardin poussent des épines; dans l'autre moitié des fleurs. Et nous disposons d'une citerne pleine d'eau - ce sont les forces de l'âme - avec deux robinets et deux caniveaux. L'un de ces robinets dirige l'eau vers les épines, et l'autre vers les fleurs. Je ne peux ouvrir qu'un robinet à la fois. Je laisse les épines sans arrosage et elles s efanent; j'arrose les fleurs et elles fleurissent." L'Ancien ne parlait pas d'un caractère démoniaque ou angélique univoque de l'âme. Il la voyait comme elle est en vérité, subissant l'influence et de démons et d'anges. Il ne voulait pas voir le chrétien lutter d'une manière négative, occupé à déraciner les épines. Il voulait le voir lutter d'une manière positive, occupé à l'arrosage des fleurs, puisque c'est cette lutte-là qui a pour résultat que s'épanouissent des fleurs ( qui sont les vertus angéliques) et en même temps que s efanent les épines ( qui sont les passions démoniaques). ( G 261 p.).



L'âme sereine éclaire la raison.

L'Ancien me raconta, lors d'une de mes visites, ce qui suit :

" J'étais dans notre skite, à la Sainte-Montagne. Là, un jour, les moines qui étaient à mon obéissance étaient en proie à l'énervement : un verrou s'était coincé sur la porte et ils n'arrivaient pas à le débloquer. Ils faisaient des efforts, le frapaient, tiraient dessus, s'énervaient. Rien à faire : le verrou était là, coincé. Je me levai alors et leur dis de me laisser faire. Je l'examinai avec attention. Je fis un mouvement simple et le débloquai. Les moine sme regardaient avec admiration. Je leur dis : " Qu'avez-vous donc, vous autres - bénis soyez-vous - à me regarder ainsi? Je n'ai rien fait de remarquable; je n'ai fait qu'un mouvement, mais je l'ai accompli dans la prière et la sérénité. Vous, dans l'énervement où vous étiez, vous n'alliez pas, fût-ce même le lendemain, libérer ce verrou." Quand l'âme est troublée, la raison a une vision trouble et elle n'y voit pas clar. C'est seulement quand l'âme est dans la sérénité qu'elle illumine la raison, afin de voir clairement la raison de toute chose." (G 118).



Quand le Christ habite l'espace tout entier de notre âme, s'en va alors tout ce qui est porteur d'affliction.

L'Ancien me disait un jour : " Quand le Christ vient habiter l'espace tout entier de notre âme, s'en vont alors tous les problèmes, toutes les erreurs, toutes les afflictions. Alors le péché s'en va à son tour." Je lui demandai avec étonnement : " Comment le péché s'en va-t-il, Géronda, quand l'Ecriture dit que, même si nous ne vivons qu'un jour sur terre, nous péchons?" L'Ancien me regarda, attristé, et me dit : " Que veux-tu que je te dise, puisque tu ne me comprends pas?" Je tentai de le comprendre. Quand je suis revenu chez moi, j'étudiai ce qui touchait à ce sujet dans le texte de l'Ecriture. Je trouvai que ma question était justifiée, dans l'Ancien Testament, dans les paroles de Job : " Qui, en effet, sera pur de toute souillure? Personne, si même sa vie sur terre ne dure qu'un jour§" Mais je trouvai également que la réponse de l'Ancien était fondée sur la première épître de Jean, son évangéliste bien-aimé : " Et vous savez que Lui S'est manifesté afin d'enlever nos péchés, et il n'est pas de péché en Lui. Quiconque demeure en Lui ne commet pas de péché. Quiconque commet le péché ne L'a pas vu ni ne L'a connu." L'Evangéliste Jean et le Père Porphyre, avec leur expérience vécue de l'Esprit Saint, parlaient la même langue. ( G 311 p.).



Quand tu vois quelque chose qui te fait réagir intérieurement et que tu te forces pour ne pas parler.

J'étais affligé et il m'a conseillé :

" Ne t'ai-je pas déjà dit une autre fois que, quand tu ouvres tout grand ton coeur au Seigneur, sans te forcer, le Seigneur y entre et il le rend incapable de pécher? As-tu compris? Il nous rend incapables de faire le mal. Le Seigneur, dans nore coeur, nous aime, il apporte de la douceur, de la bonté. Même si nous voulons nous fâcher, faire du mal à l'autre, nous ne le pouvons pas. C'est alors que se trouve vérifié le principe : " Je vis, mais ce n'est plus moi. C'est le Christ qui vit en moi." Tu le vis et tu le cries en toi-même. Paul en était devenu fou de joie et le criait à tout vent. Or le Christ change-t-Il? Comme Il était alors, il est maintenant...Dis-moi, toi : Pourquoi, puisque nous disons ces choses et en décidons, devons-nous, par la suite, y revenir et répéter les mêmes choses? Mets donc un point d'honneur ( à te les rappeler) et ne te laisse pas toi-même aller à donner satisfaction au diable. Donne-toi tout entier au Christ, dans un amour fervent, avec ardeur. Quand tu vois quelque chose qui te fait réagir intérieurement et que tu te forces pour ne pas parler, déjà tu n'es pas à l'aise avec cet effort." ( A 51 p.).



Le Christ est ressuscité pour nous apporter la joie.

L'Ancien soulignait à mon intention : " Ne sois jamais affligé. Le Christ est ressuscité pour nous donner un grand amour et une grande joie dès maintenant. Dès maintenant nous devons commencer à participer, d'une manière toujours plus sensible, au jour lumineux de l'amour du Christ, où la nuit ne tombe jamais." (G 430).



Je suis souvent pris de mélancolie.

"C'est souvent, Géronda, que je suis pris de mélancolie.

- Pourquoi restes-tu tout le temps enfermée chez toi?

- Où aller?

- Fais des excursions, va à la montagne. Ces choses-là font du bien."



Quand tu es prise d'abattement.

" Que vous disait l'Ancien aux heures de votre solitude et de votre peine, du fait que votre mari soit mort si tôt et si jeune?

- L'Ancien m'a très grandement aidée en ces moments-là où il est naturel que l'on soit saisi d'abattement et que l'on commence à être assailli de questions : Pourquoi, mon Dieu, pourquoi si tôt? je ressentais alors un manque de sérénité et c'était comme si j'étais enfoncée dans un siège sans pouvoir me lever.

Il m'a alors conseillée ainsi : " Dès que tu ressens cela, dresse-toi toute droite et va faire un tour dans la montagne." Et, quand je lui ai demandé comment sortir, fais tout le temps venir dans ton esprit de belle simages comme, disons, ce parc que vous aviez visité avec ton mari et tes enfants, ou encore, ce beau coucher de soleil, dont vous vous étiez réjouis au bor de la mer. Tu chasseras les mauvaises pensées et tu diras : " Seigneur Jésus-Christ, prends pitié de mon mari, prends pitié de nous aussi."" ( I 171).



Par ton abattement, tu as suscité des problèmes à tes enfants aussi.

Plongée dans l'abattement en raison de la mort de son mari, une dame pénétra timidement dans la cellule de l'Ancien. Ses premiers mots furent : " Géronda, j'ai perdu mon mari et je suis désespérée." L'Ancien lui répondit : " C'est ta propre âme que tu as perdue, parce que tu as perdu ta foi. Tu n'as pas perdu ton mari. Il appartenait à Dieu et Il l'a pris, de même qu'Il nous prendra, nous aussi. Je vois que, sous l'effet d'un trop grand chagrin, tu es tombée dans la mélancolie et tu as créé des problèmes, non seulement à toi-même mais à tes enfants aussi. A te voir pleurer tous les jours de cette manière inconsolable, ils en ont été blessés."

Il la consola en lui donnant des directives d'ordre pratique et il lui transmit la foi en Dieu et l'espérance de revoir et de retrouver son mari au Ciel.



Il y a du diable en tout cela.

"Attachement. Sais-tu ce que cela veut dire? C'est être cloué sur (23).

(23). Le terme grec de Petit Père, pour "attachement", se traduit littéralement par "le fait d'être cloué sur" (NdT).

Cela veut dire cloué avec des clous sur ce que tu aimes. Tu dois te clouer sur notre Christ. Moi, j'aime beaucoup notre Christ et je crois en Sa force. Les Apôtres passaient et leur ombre guérissait les fidèles. Le Christ n'est-Il pas le même? A-t-il changé? C'est nous qui avons changé! Que signifient angoisse, nerfs, maladies mentales? Moi, je vois qu'il y a du diable en tout cela. Nous ne nous remettons pas au Christ dans l'amour. Le diable s'introduit et nous trouble. Ah! si je pouvais vivre comme toi! Etre serviteur dans un couvent cénobitique (24). Je te jalouse!..." (A 53).



Ton "retard" est dû à l'anxiété.

Un homme allait souvent se confesser à l'Ancien Porphyre. L'une de ses filles, quand elle faisait ses études à l'Université, éprouvait, en raison des examens, une grande anxiété. Aussi, son père l'emmena avec lui à Callissia, sur le mont Pentélique, là où habitait l'Ancien Porphyre avant d'aller à Oropos. Dès que la jeune fille entra, et sans que son père lui eût jamais dit quelque chose sur elle, l'Ancien Porphyre lui dit : " Sois la bienvenue. Ecoute : que le retard que tu as ne te préoccupe pas. Il est dû à l'anxiété que tu éprouves à cause des examens. Cela passera. Dis-moi maintenant si tu as quelque chose d'autre."

Effectivement, cette jeune fille avait un retard qui n'était pas normal et qui la préoccupait. Cependant, il ne lui était même pas venu à l'esprit de parler d'un tel sujet à l'Ancien Porphyre. C'est la raison pour laquelle, dès qu'elle l'entendit lui présenter ce sujet, sans qu'elle-même y ait fait la moindre allusion, elle en fut tellement émue que, sortant après sa confession, elle se jeta dans les bras de son père, en criant devant les autres : " C'est un saint, c'est un prophète." (I 111).



Notre confusion intérieure.

La "confusion", comme l'Ancien Porphyre avait l'habitude de nous le dire, se produit quand nous appliquons non pas les paroles du Christ, mais au contraire ce que nous-mêmes, à cause de notre égoïsme, nous considérons comme juste et convenable dans le cas considéré. ( I 262).



COLERE



Géronda, je me mets en colère.

Un jour, je dis à l'Ancien : " Géronda, ces derniers temps, je cède facilement à la colère.

- C'est une bonne chose que la colère!

- Une bonne chose?

- Assurément. La colère, c'est Dieu qui l'a introduite en nous. Elle est le nerf de l'âme. Elle est une force. Dieu nous l'a donnée pour que nous nous mettions en colère et que nous réprouvions nos passions, le diable. Telle est la place correcte de la colère. De cette manière, cette force-là nous la prenons au diable et nous en faisons don au Christ. Tu te donnes alors au Christ avec force, avec nerf." (A 65 p).



Le frère hors de lui.

Une autre fois, alors que je lui parlais d'un autre sujet, il me dit :

" Je vois un frère très furieux contre toi. Il est comme un fauve, prêt à te mettre en pièces. ( Il en était réellement ainsi, mais je ne voulais pas le dire). Toi, ne parle pas! Nous allons faire une prière et Dieu lui rendra son calme. Y crois-tu, à cela?

- J'y crois.

- Dieu seul change le coeur des hommes. Nous, nous avons beau dire, nous ne pouvons rien faire.

- Mais lui, Géronda, pourquoi est-il dans un tel état? Pourquoi se conduit-il d'une telle manière?

- Chut§ Ne parle pas. IL ne convient pas que je te le dise. Toi, fais seulement ta prière." ( A 77 p.).



MEDECIN



Ils avaient eu recours même à des psychiatres.

Certains, des jeunes surtout, souffrant de "confusion mentale" sous l'influence des religions orientales et de sectes diverses, se réfugiaient auprès de l'Ancien Porphyre et demandaient son ade. Comme ils se confessaient, avec ses conseils et sa bénédiction - il faisait sur eux le signe de la Croix -, ils étaient guéris, outre d eleurs maladies psychiques, de leurs maladies corporelles. Beaucoup d'entre eux avaient auparavant eu recours des psychiatres sans toutefois en tirer aucun profit ni guérison ce qu'ils ont trouvé auprès de l'Ancien Porphyre. (I 124).



Aux médecins, il recommadait...

L'effet miraculeux de sa prière, je l'ai constaté aussi sur des personnes de ma parenté, en ce qui concerne des questions de santé, de santé mentale surtout.

Il insistait beaucoup sur la prière. Aux médecins - il me le disait à moi aussi - il recommandait : " Là-bas, dans ton cabinet, au moment où tu te penches sur le malade, prie pour lui, dis la prière du Christ."

Et, de fait, je pratique cela dans mon cabinet. Dans les cas difficiles, je dis : " Seigneur Jésus-Christ - maintenant, après l'endormissement de l'Ancien Porphyre, j'ajoute ici : " Par les prières de l'Ancien Porphyre" - aide-moi à poser le bon diagnostic et à dépasser la difficulté en question." (I 173).



*

Il disait à un pédiatre :

" De quelle manière auscultes-tu les enfants?

- De cette manière...

- Ecoute ce que je vais te dire. Au moment où tu ausculteras chaque petit enfant, tu feras, en ton for intérieur, une fervente prière, avec amour : " Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de ton serviteur!" ( en disant ces mots, il prenait une inspiration profonde et ouvrait ses mains). Voilà comment, le coeur ouvert, tu supplieras le Seigneur pour chaque petit enfant. C'est une petite âme que Dieu a envoyée entre tes mains. Et, tandis que tu poseras ta main sur sa petite tête, et que tu prieras en toi avec ferveur, la grâce de Dieu sera transfusée dans la petite âme de l'enfant. Fais tout cela d'une manière secrète. Que les autres ne s'aperçoivent de rien. Tu leur prescriras les médicaments que ta science te dit de prescrire, mais, en définitive, c'est le Christ qui soignera l'enfant, pour lequel tu L'imploreras, ainsi que ses parents. Crois-tu cela?"



*

Une autre fois, il lui disait :

" Je ne te vois pas ausculter les enfants comme je te l'ai dit. C'est la routine qui te dévore et tu oublies. Toi, donne-toi au Christ, et offre au Christ ces petites créatures dans ta prière, pour les sanctifier! Tu as vu, le Christ guérissait en usant d'un mode sensible : soit qu'il prît la main, soit qu'il touchât les yeux ou la langue. C'est comme cela aussi que tu feras.

Quand tu prends dans tes bras un petit enfant, ou quand tu saisis la main d'un plus grand, transmets-leur la grâce de Dieu. Le prêtre ne procède-t-il pas ainsi lors de chaque sacrement? Afin que vienne la grâce de l'Esprit Saint, il pose d'une manière sensible sa main sur la tête de celui qui se confesse, ou est ordonné, ou se marie, ou est baptisé, etc... La prière est une puissance mystique, transmise de manière mystique à l'âme de l'autre." (A 109 p.).



PRETRE



Récite les prières des exorcismes avec discrétion.

Le nom des malades lors de la préparation de la Liturgie.

J'avais un jour conduit auprès du Petit Père un prêtre qui, depuis un long moment, était préoccupé par un problème : il ne pouvait discerner si le cas d'une personne donnée était de nature neurologique ou correspondait aux symptômes d'une possession démoniaque. Le Petit Père était très malade ce jour-là. Il comprit toutefois le problème du prêtre et lui dit :

" Te prends-tu pour Saint Antoine, pour prétendre exorciser et chasser les démons?" ( en cette période-là, ce prêtre récitait sans doute, un peu plus qu'il n'eût fallu pour le cas considéré, les prières des exorcismes).

- Non, lui répondit-il.

- Hé bien! Puisque tu n'es pas Saint Antoine, pourquoi excites-tu ces démons avec les exorcismes, pour laisser ensuite leur victime exposée sans défense à leurs tortures?

Ecoute donc. Ce qui se passe aujourd'hui, à savoir que certains s'auto-proclament eux-mêmes exorcistes et procèdent, en public et en présence d'un auditoire, à des exorcismes, est un grand péché et c'est inadmissible. Ne sais-tu pas que les démons s'attaquent aussi aux individus sains qui suivent des séances d'exorcisme et leur font croire qu'ils sont, eux aussi, possédés? Mais, en plus de cela, ils s'attaquent encore aux prêtres, qu'ils mettent en état d'excitation. Ces derniers temps, poursuit le Petit Père, beaucoup de personnes viennent à moi : elles croient qu'elles ont été possédées par le démon pour avoir assisté à une séance publique d'exorcisme.

Mon Père, tu es jeune, et je vais dire quelque chose de mathématique. Quand le prêtre procède à un exorcisme, il s'adresse directement au démon et, en vertu de son pouvoir sacerdotal, il lui ordonne de sortir. S'il n'en a pas la conscience, il en sort lui-même avec dommage. Ce qui est meilleur et plus juste, c'est, au lieu de donner des ordres au démon et de proférer des menaces à son encontre, de prier Dieu, par l'intermédiaire de la Divine Liturgie, des sacrements et d'autres prières afin qu'Il envoie Sa grâce à celui qui souffre. De cette manière, la grâce de Dieu couvre le malade de sa fraîcheur et le prêtre ne court pas le risque de tomber dans le piège de la tentation et de céder à quelque mouvement d'exaltation ou de tomber dans quelque erreur.

Attention : je ne dis pas de ne pas réciter les exorcismes à des hommes qui ne peuvent, en aucune manière, venir en aide à eux-mêmes. Mais il faut le faire avec une grande discrétion et, de préférence, en silence."

Quelque temps après, le même prêtre me dit : " J'ai récemment fait une visite à la Sainte-Montagne. Quelle impression cela m'a fait quand ces mêmes paroles que ton Ancien m'a dites, je les ai entendues de la bouche d'un autre Ancien, doué de discernement et porteur de lumière, le Père Païssius." (Tz 148-150).



L'Allemand a laissé la jeune fille devant le prêtre qui avait les mains levées.

Un jour, à l'époque de l'Occupation, l'Ancien Porphyre marchait dans le quartier du Lycabette. Cependant qu'il poursuivait sa marche, il eut sous les yeux un spectacle désagréable. Un soldat allemand s'était emparé d'une jeune fille, près du préau d'une maison, et s'apprêtait à la déshonorer. Cette jeune fille avait l'air d'un oiseau tombé entre les serres d'un épervier. Sur son visage et dans ses mouvements se lisait la souffrance. Elle laissait échapper de sa bouche quelques faibles cris d'angoisse et de douleur.

Entre-temps le quartier avait eu vent de l'événement et tous, aux portes et aux fenêtres, regardaient pour en connaître l'issue. Cependant, ils virent aussi un prêtre qui marchait vers cet endroit.

Le Père Porphyre, dès qu'il fut en face de cette scène bouleversante, éprouva une grande douleur morale. Il fallait trouver un moyen de sauver la jeune fille. Sans tenir compte du danger qu'il courait de la part de cet Allemand farouche, il dirigea ses pas vers lui. Intérieurement, il priait intensément afin que se manifestât la puissance de Dieu. Dès qu'il fut assez proche de lui, il leva les mains au ciel et semblait à la fois supplier l'Allemand et demander à Dieu de manifester Sa miséricorde.

Et le spectacle de ce prêtre les mains levées, la figure lumineuse de son visage, et plus encore la puissance divine qu'il cachait en lui, tout cela produisit le miracle. L'Allemand se radoucit. Il renonça à son forfait et laissa la jeune fille libre.

Tandis que le Père Porphyre continuait sa route, les gens qui, de chez eux, suivaient les événements, montraient qu'ils voulaient l'acclamer. Et c'est ce qu'ils firent, dans la mesure où cela leur était permis en ces temps difficiles. ( I 84).



La main du prêtre.

Par un après-midi de printemps, nous trouvons le Père Porphyre en train de soigner ses fraises, presque couché sur la terre. Il choisit des fraises et nous les offre afin que nous goûtions aux fruits de la terre. Et c'est là que nous entamons la conversation. Sans trop de conseils ni de leçons de morale, il sait aller au fin fond de l'âme et y instiller le baume de la grâce de Dieu. En des heures pareilles, il rayonne, brille et se réjouit comme un enfant. Il nous parle sans arrêt de la bénédiction, de la prière mentale. D'autres fois, il nous dit, et nous explique, le sens de la bénédiction du prêtre dont nous embrassons la main. " La main du prêtre, dit-il avec admiration et d'un air extatique, quelle chose admirable, n'est-ce pas? Quel mystère!" Il parle simplement et humblement, en soulignant et en répétant qu'il n'a que fort peu d'instruction : celle "de l'Ecole Primaire!" ( I. 237).



De quelle manière un prêtre arrêta de fumer.

Il y avait un prêtre qui menait une lutte difficile pour tenter de vaincre la passion du tabac. Et, juste au moment où il allait réussir à s'en sortir, il était vaincu par sa passion et cédait de nouveau. Il avait tenté souvent, et de diverses manières, de s'arrêter de fumer. Il échouait cependant toujours.

Jusqu'au moment où, un jour, il rendit visite à l'Ancien Porphyre. Ils s'entretinrent de divers sujets. Quand ils se mirent à parler de la situation familiale du prêtre et de certains différends qu'il avait avec sa presbytéra (25),

(25) : ( Presbytéra, nom donné, en Grèce, à l'épouse d'un prêtre). ( NdT)

l'Ancien Porphyre lui dit que la cause réelle de ses conflits était, sans que le prêtre lui-même s'en doutât, le fait que lui-même fumait. " Quand tu arrêteras de fumer, lui dit-il, tu verras que ta Papadia (26)

(26) : ( Appellation populaire pour Presbytéra)

t'en aimera davantage, que vos différends cesseront, et que tout ira d'une manière bénie dans votre maison. Moi je vais prier pour toi et tu ne vas plus fumer. Jette maintenant, tout de suite, par la fenêtre, le paquet de cigarettes que tu as à la main."

Le prêtre fit preuve de patience. Il jeta ses cigarettes et décida dès lors de ne plus fumer, sans plus rencontrer aucune difficulté dans la réalisation de cette résolution, alors que tous les efforts qu'il avait faits des années durant s'étaient toujours soldés par un échec.

Dès qu'il eut achevé ce récit, l'Ancien Porphyre appela une soeur dans sa chambre et la pria d'introduire un prêtre, qui était dehors avec sa Presbytéra. C'était le prêtre dont il nous avait parlé. Et c'est là que nous avons entendu le récit de tous les maux qui s'étaient accumulés dans leurs relations personnelles du fait de cette passion.

Par la suite, l'Ancien Porphyre nous expliqua que, s'agissant d'un autre cas, il avait recommandé à l'un de ses enfants spirituels une autre méthode pour se débarrasser du tabac : ne pas s'arrêter de fumer d'une manière abrupte, d'un instant à l'autre - comme dans le cas du prêtre à qui il avait conseillé de jeter immédiatement son paquet de cigarettes -, mais par étapes. Son conseil précis dans ce cas était de diminuer le nombre de cigarettes fumées à raison d'une tous les trois jours.

Et, quand nous lui avons demandé pour quelle raison il avait indiqué une façon de faire dans un cas et une autre dans l'autre cas, il nous répondit que c'étaient des choses différentes qui étaient valables pour chaque personne et que si l'un pouvait supporter une chose, l'autre ne pouvait en supporter qu'une autre. ( I. 293 p.).



Comment deviendras-tu prêtre si tu n'arrêtes pas de fumer?

Un candidat à la prêtrise lui rendit visite et discuta avec lui de divers sujets le concernant personnellement. A la fin de la conversation, quand il se leva pour lui embrasser la main, une forte odeur désagréable de nicotine sortit de sa bouche. L'Ancien lui dit alors :

" Comment deviendras-tu prêtre de Dieu tant que tu n'as pas la volonté de cesser de fumer?

- Géronda, lui répondit-il, vous avez raison, c'est ma passion, je fume plus de deux paquets de cigarettes par jour, j'ai honte de vous le dire. Ma femme en est elle-même outrée."

L'Ancien lui donna des instructions sur la manière de cesser de fumer. L'homme les suivit et il parvint, avec l'aide de Dieu, à arrêter de fumer. Son épouse fut la première à s'en réjouir. Peu de temps après, il fut ordonné prêtre. ( G 297 p.).





HINDOUISME



Un homme pris dans la "confusion" du fait de l'hindouisme.

En 1982 Th. A. conduisit auprès de l'Ancien un homme de sa connaissance,âgé de quarante ans, parce qu'il avait été "pris dans la confusion", selon l'expression coutumière à l'Ancien, du fait de l'hindouisme et de "gourous" divers, après s'être également rendu en Inde. Après que Th. A. l'eut présenté à l'Ancien Porphyre comme l'un de ses amis - sans citer son nom ni quoi que ce fût d'autre - l'Ancien Porphyre s'adressa à lui en l'appelant par son nom, et il lui demanda comment allaient sa femme et ses deux enfants.

Cette connaissance surnaturelle de l'Ancien qui avait la diorasis et lisait dans les coeurs le bouleversa. Aussi se confessa-t-il avec sincérité et revint-il désormais à une foi orthodoxe ferme. Quand ils se retirèrent d'auprès de l'Ancien, il dit à Th. A. : "C'est vrai. Je suis marié et j'ai deux enfants, mais je ne t'en avais rien dit. J'ai même abandonné ma femme et mes enfants, et toi, l'Ancien, tu savais cela!" (I 124).



Pâques "des catholiques"



S'ils veulent, qu'ils viennent avec nous.

Un congrès allait se tenir, afin d'échanger des vues entre catholiques et orthodoxes, sur le jour de la célébration commune de Pâques. L'un de ses enfants spirituels demanda à l'Ancien sa bénédiction pour savoir quelle position il devait y prendre. Le Petit Père lui dit alors : " Vous, vous allez prendre et sauvegarder la position orthodoxe. Si maintenant eux veulent venir avec nous, nous ne pouvons ni ne devons les en empêcher." (Tz 173).



TABAC



Il s'est immédiatement arrêté de fumer.

A un fumeur, il dit : " Fumer ne fait de bien nulle part. Au contraire, cela provoque des cancers et d'autres maladies. Arrête immédiatement de fumer." (G 302).



Comment m'arrêter de fumer?

" Comment m'arrêter de fumer? J'ai essayé bien des fois, mais je n'y ai pas réussi.

- Chaque fois que l'envie te prend de fumer, dis le Kyrie eleison ( Seigneur, aie pitié). La prière au Christ est la solution à tous nos problèmes. Tu vois que même ce perroquet, ce bel oiseau que j'ai ici, dans ma chambre, a appris à dire le Kyrie eleison." (I 298).



La lutte pour la sanctification doit commencer

par la suppression de la cigarette.

J'étais arrivé, un matin, avec mes compagnons, dans la cour de l'Ancien. J'y aperçus au loin quelqu'un de ma connaissance. C'était un Chrétien plutôt zélé et austère. Je m'approchai de lui. Il fut content d eme voir. Nous échangeâmes divers propos sur l'Ancien, lorsqu'à un moment donné, je l'entendis dire : " Viennent voir aussi l'Ancien des gens qui n'y comprennent rien et qui le fatiguent inutilement. Tiens, regarde par exemple là-bas, cette dame qui fume d'une manière éhontée. Je me demande comment l'Ancien peut la recevoir!" J'en fus peiné. La dame faisait partie de ceux qui étaient venus avec moi et cet homme l'ignorait. Je préférai alors garder le silence, pour ne pas le mettre dans une situation difficile. Mais l'Ancien, lui, rompit le silence. Quand vint le tour de cet homme d'entrer dans la cellule, juste avant le mien, les premiers mots qu'il entendit de la bouche de l'Ancien furent : " Tu sais, moi, je ne suis pas sévère comme toi." La dame, quand elle sortit plus tard de la cellule de l'Ancien, nous révéla qu'il avait dit, au moment d erécapituler ses conseils : " La lutte pour la sanctification doit commencer par la suppression de la cigarette." L'Ancien avait trouvé le remède adéquat pour les deux : celui qui avait jugé et celle qui avait été jugée. ( G 297).



JUGEMENT

L'Ancien ne fabriquait pas des coupables autour de lui.

Le pharisien d'aujourd'hui se complaît dans le fait de fabriquer des coupables tout autour de lui, dans la pensée qu'il sert ainsi la vérité. Orgueilleux et coupable lui-même, il n'accepte pas de reconnaître sa propre culpabilité, mais il la chasse en la projetant d'une manière offensive sur les autres. L'Ancien, par sa vie, a enseigné que c'est dans la direction contraire que le chrétien doit se mouvoir : sans provoquer les jugements contre lui-même, il doit les accepter calmement, ne mettre personne nommément en cause et, par la prière : " Accorde-moi, Seigneur, de voir mes propres fautes et de ne pas juger mon frère (27)",

(27) : ( Extrait de la prière de Saint Ephrem le Syrien, que l'on récite plusieurs fois par jour et aux offices, notamment aux Liturgies Présanctifiées, pendant la période du Grand Carême. (NdT).).

se repentir et être ainsi libéré de toute culpabilité qui serait sienne, en pardonnant sincèrement à ses accusateurs." ( G 440 p.).



Ne juge pas, même si tu vois.

Fais attention au jugement, me dit un autre jour l'Ancien. Et il me raconta le fait suivant pour me pousser à éviter toutes paroles comportant un jugement d'autrui, même dans les cas où je serais très sûr d'avoir raison.

" Un jour, une femme était allée voir un prêtre pour se confesser à lui. Elle était d'un village où l'on porte une deuxième robe sous la première. Tu vois ce que je veux dire?

- Je vois, lui dis-je.

- Ainsi donc, après s'être confessée, elle se leva pour s'en aller. Elle ne voulait toutefois pas partir sans laisser quelque chose au prêtre en guise de remerciement, et cela la rendait également plus à son aise de lui faire un don. Elle voulut donc soulever sa robe de dessus pour tirer de sa robe de dessous l'argent qu'elle y avait dissimulé. Mais, en même temps que de la robe de desus, elle accrocha aussi, par mégarde, la robe de dessous, qui se souleva, et laissa voir ses jambes. Or, à cet instant précis, quelqu'un entra et surprit l'attitude apparemment inconvenante de la femme. Il alla de ce pas pour ce motif dénoncer le prêtre, lequel fut puni et suspendu a divinis (28) pour une durée de trois mois.

(28) : ( C'est-à-dire par une interdiction de célébrer la Divine Liturgie et de dispenser les sacrements (NdT).).

Pendant tout le temps où il fut suspendu, ce prêtre remerciait et glorifiait Dieu pour cette épreuve qu'il lui avait accordée. Il s'en était grandement réjoui.

Cependant, as-tu vu, mon enfant, ce qui est arrivé à notre frère?

Alors qu'il avait vu un spectacle indécent et qu'il avait mal jugé le prêtre pour cela, les choses n'étaient pourtant pas telles que le Malin les lui avait montrées. C'est pour cela que je dis : fais très attention à ne pas juger sur l'apparence." (Tz 110 p.).



Tous ceux qui commettent des crimes

ne sont pas de méchants hommes.

L'Ancien Porphyre disait : " Ce ne sont pas tous des assassins ni de méchants hommes ceux qui commettent des crimes. Ils sont plutôt sans protection. Ils ne luttent pas, ne se confessent pas, ne communient pas, ne prient pas, ne font aucun effort; Ce sont pourtant de bonnes âmes. Mais elles restent ainsi à l'abandon, telles une "vigne sans clôture", comme le dit l'expression populaire. Et le mal s'empare d'eux et les emporte. Et il les pousse à commettre l'assassinat et tant d'autres méfaits. Et par la suite, ils le regrettent, souffrent, sont dans l'affliction, se sentent comme s'ils étaient en enfer. Je ne veux justifier aucun crime, mais le criminel et le pécheur ne cessent pas d'être des hommes; mais ce sont des hommes blessés, de même que les monstres sont souvent plus gravement blessés que les parents des victimes." ( Archimandrite Ananias Cousteris, Discours, I, p. 51).



En le jugeant mal, nous précipitons notre frère plus bas encore.

J'avais des doutes concernant le bien-fondé de ma position lors d'un incident et je le lui rapportai. Je lui dis : " Géronda, un dimanche matin, après la Divine Liturgie, j'ai été invité par un frère spirituel. Il avait monté un barbecue dans la cour de sa maison et faisait rôtir des viandes. A un moment donné, je proposai mon aide et, tandis que j'arrosais les braises allumées, leur fils, lycéen, qui à ce moment-là arrosait les fleurs, retourna le tuyau d'arrosage sur le feu. Je ne sais pas pourquoi il avait fait cela : était-ce par mégarde, par esprit de taquinerie, ou pour faire montre de révolte provocatrice? Ce qui est sûr, c'est que des cendres et de l'eau retombèrent sur mon costume. Le premier effet de surprise passé, je décidai de ne pas laisser l'incident prendre de grandes proportions. Je nettoyai mes vêtements comme je pus et, sans mot dire, comme si de rien n'était, je me remis à m'occuper du fau, tandis que les parents grondaient leur fils. Je ne sais pas si j'ai bien fait en me taisant ou si je devais, moi aussi, gronder cet enfant."

L'Ancien me répondit : " Tu as très bien fait. Quand notre frère est en faute, nous nous devons le soutenir dan sson épreuve. L'amour vrai nous inspire de faire des sacrifices en faveur de notre prochain. C'est ainsi que le Christ, au moment où on Le crucifiait, priait Son Père céleste de pardonner à ceux qui le clouaient sur la Croix, parce qu'ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient. En ne faisant pas de sacrifice, en le jugeant, nous précipitons notre frère qui a commis un péché, et il tombe encore plus bas, alors que, par le secarifice silencieux de l'amour et notre prière secrète pour lui, nous éveillons sa conscience : elle se lève et l'accuse. C'est ainsi qu'il se repent et s'amende. Par ton silence tu as aidé cet enfant." (G 332).



Ne jugeons pas, sinon Dieu permettra

que nous tombions à notre tour dans les mêmes péchés.

L'Ancien conseillait de ne pas juger, car, si nous le faisions, disait-il, Dieu permettrait que nous tombions à notre tour dans ces mêmes péchés. Il me disait : " C'est ainsi qu'une mère de famille, dans un village, au moment d'allumer le feu dans son four pour y faire cuire son pain, eut la pensée qu'elle eût souhaité pouvoir y faire aussi rôtir à la broche et brûler vive une jeune fille d'un viallage voisin, laquelle s'était trouvée enceinte des oeuvres d'un inconnu. Et voici que peu d'années après, alors que son mari s'était expatrié, elle se trouva elle-même enceinte des oeuvres de l'un des habitants de son village." Et il conclut : " Voilà pourquoi Dieu nous conseille d ene maudire personne, pas même notre ennemi, et de bénir tout le monde, y compris nos propres ennemis." (G 288).



L'Ancien ne jugeait personne en fonction de son idéologie propre.

L'une des caractéristiques fondamentales de l'Ancien est qu'il recevait tout le monde. Il recevait même les nihilistes, les athées, et des gourous, sans juger personne en fonction de son idéologie propre. Il soulignait cependant auprès de tous que la vérité est dans le Christ et dans la foi orthodoxe.

Cette disponibilité, cette ouverture d'esprit et cette largeur de vue était, tout simplement, une réplique de l'attitude de Dieu à notre égard, de manière que nous devenions meilleurs, que nous soyons purifiés et que nous avancions vers le salutTelle était la pratique de l'Ancien Porphyre. Il ne jugeait pas. Pourtant il faisait la conquête de tous. Il avait le don de convertir les coeurs.

Je vous citerai le cas caractéristique d'une Française, professeur, qui, ayant été informée du don de clairvoyance de l'Ancien Porphyre, voulut le mettre à l'épreuve. Cette dame venait d'assister à un congrès sur les gourous, qui avait eu lieu au Japon. Elle se rendit donc auprès de l'Ancien, sans lui dire qu'elle avait pris part à ce congrès. L'Ancien Porphyre laissa, comme toujours, le cours de la conversation s'écouler librement. Cette dame dit ce qu'elle avait à dire jusqu'à ce qu'à un momement donné de la conversation, il se trouvât qu'ils se mirent à parler des gourous. Il lui dit alors : " A ce congrès, auquel vous vous êtes rendue il y a quelques jours de cela, il y avait un monsieur près de vous. Ne vous a-t-il pas déjà entretenue sur ce sujet?" Et il lui cita nommément ce monsieur, qui était chrétien.

La Française eut l'impression d'avoir été frappée par la foudre. Car c'était bien avec cet homme, dont le nom venait d'être cité par le père Porphyre, qu'elle avait parlé de ce même sujet sur lequel elle venait de poser une question à l'Ancien. Et c'est alors qu'elle comprit que l'Ancien Porphyre était un homme qui avait le don de la lumière divine. ( I 145 p.).



Ne condamnons pas le mal. Corrigeons-le plutôt.

L'Ancien parvenait à connaître comme l'anatomie tant de l'âme humaine, que des relations entre les âmes, et à opérer la guérison des âmes malades. Il me disait à ce propos : " Notre but n'est pas de condamner le mal, mais de le corriger. Si on le condamne, l'homme, décourager, peut se laisser aller à se perdre. Si on le comprend et qu'on l'aide, il sera sauvé. Le pécheur, c'est avec amour que nous devons le regarder, et en respectant sa liberté. Quand une personne de notre entourage familial jette de la table un vase et le brise, d'ordinaire nous sommes à notre tour en colère. Mais si en ce moment-là, qui est un moment de crise, nous faisons preuve de compréhension et justifions le dégât, nous gagnons et notre âme et celle de notre frère. Et là gît toute notre vie spirituelle : elle est un mouvement pour nous élever d'entre les épreuves et les chagrins, lesquels sont dus à l'exaspération de notre égoïsme, lors de nos efforts pour comprendre l'amour." ( G 37 p.).



SAINTE COMMUNION



Préparation

" Quand tu vas communier aux très Saints Mystères, fais très attention, disait-il à un frère. Tu dois t'y rendre après une grande préparation. Tu dois avoir fait preuve de sagesse, de continence, de foi et de beaucoup d'amour en Christ. Et ne tarde pas plus de quinze jours avant de communier de nouveau." (29)

(29) : ( Un Père du Désert disait à un moine que toutes ses épreuves et tous ses problèmes venaient de ce qu'il était resté plus de cinq semaines sans communier). (NdT).).



Pas par habitude.

" Fais attention. Ne communie pas machinalement par habitude.

Que toute communion soit pour toi comme la première fois où tu as communié, et qu'elle soit aussi comme la dernière, avant ta mort." ( Tz 146).



Fais attention, les conseils spirituels diffèrent selon le cas de chacun.

Lors d'une conversation qu'il avait avec un prêtre qui lui disait diverses choses sur la communion fréquente, il lui dit :

" Fais attention, sur ce sujet, aux conseils spirituels que tu donneras : car une grande attention est requise et nécessaire pour adapter ces conseils spirituels au cas de chacun." ( Tz 146 p.).



La puissance du mystère.

Un frère, un dimanche, alors qu'il avait communié, ressentit très intensément la puissance en lui de la Sainte Communion, et il crut que cela se produisait en raison d'une préparation insuffisante, lors de son repas la veille au soir. Pris de panique, il courut auprès du Petit Père lui demander à quoi cela était dû.

Alors le Petit Père lui dit :

" Ne t'inquiète pas. Tu n'as rien fait de mal; Cela t'est arrivé simplement pour que le Seigneur te fasse connaître la puissance de Son mystère." (Tz 147).



Le parfum de la Sainte Communion.

Les derniers temps de sa vie sur terre, étant donné que le Père Porphyre ne pouvait plus se rendre jusqu'à l'église, il me demandait de lui porter la Sainte Communion après la Divine Liturgie. Au moment où il se préparait à recevoir la Sainte Communion, cependant qu'il paraissait en proie à un état divin, s'exhalait soudain un parfum céleste, si grand étaient son désir et son amour pour les Saints Mystères . Et, une fois, il me parla du parfum embaumant de la Sainte Communion.

Il demandait toujours aux Chrétiens de participer activement aux Mystères de l'Eglise, et il prônait la communion fréquente. ( I 94).



En lien avec notre cheminement spirituel.

En lien avec leur cheminement spirituel, l''Ancien recommandait toujours aux fidèles de participer fréquemment à la Divine Eucharistie. La préparation adéquate ( confession, repentir, jeûne, humilité) était indispensable au préalable. Et il nous aidait à comprendre que plus la préparation de notre âme était complète, plus nous devions ressentir notre état de péché. L'homme doit avoir confiance non en ses propres forces, mais en la miséricorde et en la pitié du Christ. C'est ce cheminement vers la sanctification que l'Ancien inculquait et insufflait à l'âme des fidèles." ( I 246).



CULTE



La prière dans l'église.

Un jour, le Père Porphyre me dit : " L'ascétisme orthodoxe n'est pas fait uniquement pour les monastères, mais il est également destiné au monde. C'est une grande bénédiction pour l'âme que la prière en l'Eglise, les longs offices, la glorification de Dieu dna sun esprit d'amour, les jeûnes et les veilles; Si tu savais à quel point les âmes peuvent être mises au supplice par leurs passions et combien elles peuvent être soulagées en se tenant auprès de l'amour du Christ! En ce qui me concerne, il m'aurait été plus agréable de me retirer sur la Sainte Montagne, dans la skite de mon repentir, et là, dan sla solitude, de glorifier Dieu." ( G 56).



Les prières, les prières à haute voix

et le visage de l'Ancien.

C'était la première fois que je voyais le Père Porphyre, mais aussi que j'avais l'expérience vécue de sa présence durant la Divine Liturgie.

Il me fit grande impression car il avait une face de lumière. Il avait, bien sûr, tout le temps cet aspect-là : il était lumineux, avec un visage lumineux. Et durant la Divine Liturgie il avait, de plus, diso,s-le ainsi, quelque chose de sublime. Comme c'était la première fois que je le voyais, je pensais qu'une telle chose était naturelle. La seconde chose qui m'a impressionné, c'était sa manière de dire les prières, à voix basse et à voix haute. Son attitude dénotait qu'il était en conversation avac Dieu, comme s'il se fût trouvé en face de Lui, comme s'il Le voyait. (I 156).



L'Ancien aimait beaucoup les hymnes de notre église.

L'Ancien Porphyre soulignait que ce qui l'avait très grandement aidé, cela avait été l'étude des textes, hymnographiques principalement, de notre Eglise, ainsi que le fait de passer du temps à cette étude, conformément au verset du psaume : " Prenez le temps et connaissez que je suis le Seigneur Dieu" ( Ps 45, 11). Il aimait beaucoup les hymnes de notre Eglise. Il aimait les lire, les réciter, les chanter.

Les hymnes, ces trésors spirituels de notre Orthodoxie, récapitulent à la mémoire, de la meilleure façon qui se puisse, l'Ecriture Sainte, notre Tradition orthodoxe, les textes des Pères, la dogmatique de l'Eglise, et toute la théologie. ( I. 99).



L'Ancien comme officiant.

La vie du culte connut aussi, à Saint-Gérasime, une belle évolution. En ce temps-là, il y avait, en cette église, un choeur, et il fallait que la voix du prêtre fût à l'unisson du chant du choeur pour éviter les fausses notes. Ce fut la raison pour laquelle l'Ancien alla suivre les classes du conservatoire de musique, où il accomplit de grands progrès. Il y suivit jusqu'à son terme tout un cycle d'études. Il apprit aussi le piano. Toutefois, en tant qu'instrument de musique, sa préférence allait à l'harmonium.

Par la suite, dans l'église, à la place du chieur, il y eut un chantre officiel, expert en musique byzantine, Spyridon Péristéris, qui allait ensuite occuper le premier pupître d'Athènes, puisqu'il devint le premier chantre de la cathédrale d'Athènes. Leur collaboration fut excellente. Si, d'aventure, les chantres au puppitre commettaient quelque faute ou quelque manquement à l'ordre dans le déroulement des offices, l'Ancien ne disait rien. Il n'abîmait pas l'atmosphère sacrée de la Divine Liturgie. Une fois, il avait cédé sa place à un prêtre de passage. Ce fut l'occasion que se produisit une grande confusion. Ce prêtre, en effet, se mit à dire aux chantres : " Non, ne chantez pas cet apolytikion (30), mais cet autre. Cherchez donc l'autre et trouvez-le."

(30) : ( Apolytikion : Forme de tropaire ( strophe poétique résumant l'esprit d'une fête). Il peut s'agir du tropaire principal ou du tropaire que l'on chante lorsque le prêtre donne le congé. (NdT).).

Ces derniers cherchaient. Ils ne trouvaient pas. Il en résulatit de longs silences et un grand désordre. Une situation si fâcheuse eut pour conséquence que le chantre et ses aides n'en apprécièrent que davantage la délicatesse et la politesse du Père Porphyre.

Les Alévizatos étaient professeurs d'université. Dans leur cercle de connaissances se rencontraient beaucoup d'universitaires. Toutes ces personnes allaient à l'église Saint-Gérasime. S'y rendaient également des professeurs de la Faculté de théologie, tel le grand spécialiste des religions Léonidas Philippidis, qui vénérait beaucoup l'Ancien. C' était toute une université qui se rassemblait dans l'église de la Polyclinique. La Liturgie y était véritablement la célébration d'un mystère divin. L'Evangile, l'Ancien le rendait avec une grâce et une vie uniques. Lors de la Semaine Sainte, et le Jeudi Saint en particulier, la lecture des Douze Evangiles (31) avait quelque chose que l'on ne trouvait nulle part ailleurs.

(31) : ( Lors de l'office de la Sainte Passion, c'est-à-dire des Matines du Vendredi Saint, célébrées le Jeudi Saint au soir).

Le Père Porphyre, avec la grâce dont il était porteur, voyait le Christ souffrir et en était bouleversé. Souvent, sous l'excès de l'émotion, sa voix se brisait, et il éprouvait de la difficulté à poursuivre la lecture. Une fois, il n'y tint plus. Il fut contraint d'interrompre la lecture. Il alla se laver le visage, qui était baigné de pleurs. Puis, non sans avoir demandé pardon à l'assemblée, et en accomplissant sur lui-même un grand effort, il poursuivit. Inutile de dire quelle grande émotion il communiquait de cette manière aux fidèles. C'était comme s'ils se fussent trouvés eux-mêmes à Gethsémani, au Prétoire, au Golgotha et que, le souffle coupé, ils eussent assisté au drame divin. Une autre fois l'Ancien avait pris auprès de lui un prêtre ami. Il lui avait demnadé de se tenir prêt à poursuivre la lecture de l'Evangile si lui-même était obligé de l'interrompre.

Lors de la Liturgie de la nuit de Pâques, lorsque venait le moment de donner lecture du célèbre discours catéchétique de Saint Jean Chrysostome, lue chaque année à l'office de Pâques en guise d'homélie pascale, s'installaient un saint enthousiasme et une émotion sans pareille. Ce discours, il le récitait par coeur, lentement, solennellement. C'était très beau. Il aimait toutes les homélies de Saint Jean Chrysostome, mais celle-ci, tout spécialement, il l'aimait excessivement. Il la récitait donc très lentement, d'une manière imposante. Il n'avait pas de livre en mains. Il ne tenait que le cierge pascal. La majesté du ton trouvait son paroxysme dans ces phrases : " T'ayant rencontré en ses régions inférieures, l'enfer a été abreuvé d'amertume. Il a été abreuvé d'amertume, et il a été aboli..." Tandis que le peuple d'en bas répétait la phrase : " Il a été abreuvé d'amertume..." C'étaient des émotions saintes, qui n'avaient pas leurs pareilles.

Il vénérait chacune des prières de l'Eglise, chacune des lectures de l'Evangile. Elles devaient être dites de la meilleure manière possible. Toute sa vie durant, il aida d'innombrables prêtres, moines, chantres, lecteurs, à lire et à chanter de la meilleure manière qui fût, de la manière la plus digne possible de Dieu. (I 92).



Notre attitude durant la Divine Liturgie.

Un jour, le Père Porphyre fit part de la peine qu'il éprouvait en raison de l'attitude de certains fidèles au cours de la Liturgie : " Je les encense, disait-il, et eux ne s'inclinent pas. Je dis : " Tenons-nous bien", et eux sont assis. Je les bénis, et ils bavardent. Et ce qui est le plus dramatique, c'est que je dis : " Buvez-en tous", mais que rares sont ceux qui se présentent à la Sainte Communion. C'est une grande tristesse pour le prêtre."

Je demandai : " Géronda, est-ce que tous doivent communier?"

- Ce n'est pas moi qui le dis. C'est le Seigneur qui le dit : " Tous!" Ce mot aurait-il donc un autre sens que j'ignore? Et, plus bas, la prière dit : " Et par nous à tout le peuple." Bien sûr, il s'agit de ceux qui n'ont pas d'empêchement canonique à communier. Les autres doivent, au préalable, demander l'absolution de la part de leur père confesseur. Mais, sans communion, sans le Christ, comment s'aventurer dans le quotidien? Tu es venu à l'église, et tu es reparti sans la chose la plus importante, le Don mystérique de la communion à Lui, ce qui est tout. Tu t'es contenté du pain béni, de l'antidoron (32).

(32) : ( Nom donné au pain béni distribué par le prêtre à la fin de la Divine Liturgie (NdT).).

Sais-tu donc, petit Georges, ce qu'est le Saint Autel? Ce qu'il y a de plus précieux sur terre. Les trônes royaux, les sièges présidentiels, les chaires académiques n'ont que peu de valeur. La Sainte Table est le Buisson ardent. C'est là que le Christ descend, que l'Esprit Saint est présent. Les anges l'entourent. Spectacle redoutable. Moi, bien des fois, j'avais peur de poser les mains sur la Sainte Table.

Et, devant un tel miracle, il est pénible d'entendre les fidèles chuchoter, s'étendant en bavardages interminables sur des sujets futiles au lieu de vivre l'événement unique.

Qui donc, dis-moi, officie? Le prêtre tout seul ou tous ensemble, clergé et peuple? Pourquoi appelons-nous cela "liturgie (33) "?

(33) : ( Référence directe, expressive et rigoureusement exacte à l'étymologie du terme liturgie : action sacrée, accomplissement, en actions précises et ordonnées, d'un rituel sacré (NdT).).

Hé bien! L'attitude qui est celle du prêtre doit être celle du fidèle aussi. Qu'il soit concentré. Qu'il prie et s'abandonne totalement à Dieu. En cette heure-là, nous ne sommes pas sur terre, " nous qui sommes à l'image des Chérubins". Nous sommes dans le Ciel, en présence de la Sainte Trinité, sans "souci temporel". Nous sommes tous les officiants. Holala! Quelle chose magnifique Dieu nous accorde-t-Il de vivre!

Si nous croyons que s'accomplit devant nous le Grand Sacrifice mystérieux, nous devons nous tenir "dans la crainte de Dieu", pleurer de bonheur puisque Dieu en personne descend et Se sacrifie par amour pour nous. Mais si nous ne croyons pas, pourquoi donc venons-nous à l'église? De qui nous moquons-nous? Ceux qui n'entrent pas dans l'église font la preuve qu'ils sont plus conséquents avec eux-mêmes.

Dis-moi, petit Georges, vas-tu à des concerts de musique?

- Oui, Géronda, ils me délassent.

- Y as-tu entendu quelqu'un parler, bavarder et troubler le concert? Non. Tous observent le plus complet silence, de peur d'interrompre l'oeuvre. Alors? Quelle chose a-t-elle le plus de valeur? Les mélodies de la musique qui délassent réellement ou bien le murmure de l'Esprit Saint qui sauve?

Si le roi ou le président de la République t'invite et t'appelle par ton nom, et te remet un présent, peux-tu lui tourner le dos et dire : " Je n'en veux pas"? Pourquoi donc n'approches-tu pas du Christ qui, en ce moment même, S'offre pour toi en sacrifice, et Lui tournes-tu au contraire le dos, tout en bavardant de choses insignifiantes et d'autres? Et quel présent offre-t-Il? Lui-même!

Dans l'église où nous nous rassemblons, nous gardons le silence, nous nous concentrons et nous parlons à Dieu...

Les as-tu comprises, ces choses que je dis là? Si oui, tu as la responsabilité d'y rendre sensibles nos autres frères aussi qui ignorent les Mystères redoutables qui sont ainsi célébrés en toute sainteté.

C'est ainsi, comme je te le dis. Que Dieu nous donne la force de supporter le "miracle".

Logiquement, autant le prêtre que le fidèle devraient mourir à vivre si près du Mystère qui brûle, si près du soleil. Mais, tout au contraire, Dieu daigne, dans Sa grande miséricorde, Se reposer sur notre néant."

Ici le vénérable Ancien versa des pleurs... Et il ajouta : " C'est ainsi que tu repars de la Divine Liturgie, tout plein de sérénité. celle-ci rayonne même sur l'environnement... Maintenant tu transportes le Christ. Tu es devenu Théophore, c'est-à-dire porteur du Christ.

Une prière résume tout cela en peu de mots, qui dit : " Donne-nous de T'adorer en sainteté."" ( G. Papazachos, revue Tolmi, mars 2001, p. 23).





PENSEES

Le diable arrive et, au moyen des pensées, il vous tire par la manche.

Nous connaissons tous la guerre que nous livrent les pensées. Cette guerre est menée contre nous par le diable. Personnellement, je sais, de par mon expérience aussi de père spirituel - puisque Dieu m'en a jugé digne - combien d'hommes, sur ce point, sombrent dans la confusion et en sont réeellement torturés.

Quand donc nous avons, un jour, interrogé le Père Porphyre sur ce problème, il nous dit : " Vous, vous avancez sur votre chemin. Le diable arrive et, au moyen des pensées, il vous tire par la manche, afin de vous désorienter. Vous, ne vous retournez pas pour engager la conversation avec lui ou pour lui apporter la contradiction. Lui, il vous tirera par la manche mais vous, avancez sur votre chemin et il en aura, quelque part, assez, et vous laissera." ( I 80 p.).



Sors le donc de ta pensée ce sujet-là!

Un ami me téléphona pour me faire savoir que l'Ancien désirait communiquer avec moi, car il "avait vu dans ma pensée" quelque chose qui l'avait inquiété. Je lui rendis visite aussitôt et il me dit : " Hier, j'ai vu dans ta pensée que tu étais grandement préoccupé de ce sujet-là, dont nous avons dit que tu ne devais plus y penser, car il est, pour toi, cause de dommage spirituel. Voilà pourquoi je m'en suis inquiété et j'ai dit à ton ami de te prévenir pour te dire d'y faire attention. Dis-moi, sors-le de ta pensée, ce sujet-là. Ne te torture donc pas sans raison!"

J'en restai étonné une fois de plus, comme tant d'autre fois précédemment. Car telle était réellement la vérité. Je compris ma faute et le remerciai. (G 114 p.).



Devant n'importe quelle accusation injuste contre toi, ne sois pas exaspéré, fût-ce même seulement intérieurement.

Un jour, tandis que m'assaillaient des pensées d'amertume à l'égard de certaines personnes qui me jugeaient mal injustement, l'Ancien fit retentir la sonnette d'alarme, en raison, comme il dit, de mon attitude agressive. Je lui opposai que je n'avais rien dit ni fait contre mes censeurs. je ne faisais seulement que penser d'une manière négative, sans extérioriser lesdites pensées, et, de la sorte, sans léser personne. A ce moment-là, l'Ancien me révéla un secret de plus de la lutte spirituelle, en me disant : " Devant n'importe quelle accusation injuste contre toi, ne sois pas exaspéré, fût-ce même seulement intérieurement. C'est mal. Le mal commence par les mauvaises pensées. Quand tu éprouves amertume et exaspération, ne serait-ce qu'en pensée, tu abîmes l'atmosphère spirituelle. Tu empêches l'Esprit Saint d'opérer et tu permets au diable de faire grandir le mal. Toi, prie toujours. Aime et pardonne, en chassant hors de toi-même toute mauvaise pensée." (G 38 p.).



MAGNETOPHONE



Mais que nous est-il donc arrivé...?

Un autre jour, nous parlions de son magnétophone. Il lui servait à écouter, parfois, de la musique byzantine. Il était en panne et, pour cette raison, j'avais dû le porter chez le représentant de la marque afin de le faire réparer. Il me disait : " C'est une bonne chose que le magnétophone, quand il nous sert à écouter de bonnes choses. Un jour, une dama m'a téléphoné. Elle m'interrogeait sur ses problèmes, et moi je lui répondais. Or, sans rien m'endite, elle avait enregistré la conversation grâce à son téléphone. D'autres dames du quartier ont fait des copies de la cassette et maintenant elles l'écoutent et jasent à ce sujet. Mais que nous est-il donc arrivé?" C'était quelque chose d'inattendu , qui affligeait grandement l'Ancien.

Il semble que Dieu n'ait pas permis, pour des raisons que Lui seul connaît, que l'Ancien " voie" cela à temps et puisse empêcher la chose. La raison évidente du mécontentement de l'Ancien était son humilité. En anachorète (34) orthodoxe authentique, fût-il dans le monde, il aimait à vivre toujours selon la maxime : " Vis caché."

(34) : (Anachorète : Moine qui se retire ( anachorein se retirer au désert), seul, loin, dans quelque endroit inhabité.

Il était grandement contrarié qu'on le mît en avant ou qu'on lui fît de la publicité par quelque moyen que ce soit, audio-visuel, ou autre...( G 318).



FRANC-MAçON



Les maçons mènent une guerre cachée.

C'est ce qui les rend dangereux.



Je m'entretenais un jour, avec l'Ancien, des hérésies, et lui me raconta :

"Un jour est venue me voir une bonne jeune fille, cultivée, de bonne famille, chrétienne. Elle me dit qu'on lui proposait en mariage un monsieur, très bon, sérieux, riche, cultivé. Seulement, il était franc-maçon. Elle m'a demandé ce qu'elle devait faire. Je lui ai dit de ne pas accepter, puisqu'il était maçon. Elle s'est mise à me dire qu'il avait très bon caractère et que, pour cette raison, elle pourrait l'attirer vers le Christianisme et l'amener au Christ. Je lui ai dit qu'elle ne pourrait jamais parvenir à aucun résultat avec lui. elle ne m'a pas écouté. Elle s'est mariée. Elle n'est plus venue pendant de nombreuses années. Puis, un jour, elle est revenue, avec son mari et son enfant. elle est entrée seule dans ma cellule. Je lui demandai :

" Comment est ta vie?

- Cela va bien, m'a-t-elle dit.

- Tous les combien vas-tu te confesser et communier?

- A peu près tous les ans.

- Tous les combien vas-tu à l'église?

- De temps à autre, d'une manière espacée."

Je lui posai quelques autres questions et je reçus des réponses analogues. Je lui dis : " Appelle ton mari." Son mari vint, avec leur enfant. Je dis à son mari : " Tu sais, ta femme, avant votre mariage, m'a assuré qu'elle ferait de toi un chrétien. Mais je vois que c'est toi qui en as fait une franc-maçonne.""

" Géronda, demandai-je, comment cette femme a-t-elle pu croire qu'elle ferait de ce franc-maçn un chrétien, puisque la franc-maçonnerie combat ouvertement le christianisme?" Il m'a répondu : " Non, cette guerre-là, ce sont d'autres qui la font. Les maçons mènent une guerre secrète. C'est ce qui les rend dangereux. Ils ne te disent pas : " Ne fais pas ton signe de croix. Ne va pas prier à l'église. Ne va pas te confesser." Ils te disent : " Vas-y mais viens aussi chez nous." Ils t'influencent petit à petit d'une manière telle que tu ne puisses pas te rendre compte que, à partir d'un certain moment, tu as, en réalité, cessé d'être chrétien et que tu es devenu franc-maçon."

L'Ancien connaissait non seulement le contenu des hérésies mais aussi "les procédés du diable". Aussi attirait-il l'attention des chrétiens, de façon à leur éviter d'être pris au piège et vaincus dans leur lutte contre "les autorités, les pouvoirs, contre les maîtres du monde de l'obscurité du siècle présent, contre les êtres spirituels du mal dans les régions célestes." ( G 272 p.).



VANITE



L'Ancien indiqua à une directrice d'atelier de couture, qui lui rendait régulièrement visite, quelle couleur préférer pour une exposition qu'elle devait organiser. Cette dame, bien qu'elle l'eût interrogé sur la couleur, lorsqu'elle eut sa réponse, hésitait à l'accepter et paraissait préférer une autre couleur. Alors l'Ancien lui dit : " Mais ne vois-tu pas, bénie sois-tu, cette couleur-là ? Elle crie d'elle-même." En fin de compte, elle suivit la directive de l'Ancien et connut le succès. Etonnée de sa connaissance dans ce domaine, elle alla, après son exposition, le remercier. L'Ancien en fut réjoui. Il ajouta toutefois : " Mais avec le travail que tu fais, tu as aussi donné une quantité de nourriture non négligeable à la vanité des femmes!" (G 111).



MEDIUM



A un autre frère, il disait : " Ne vous rendez pas chez les médiums, les magiciens et les magiciennes pour faire résoudre vos problèmes par eux.

Ces gens-là, mon enfant, sont capables de te rendre complètement fou et, par-dessus le marché, de te manger tout ton argent.

Ne vous laissez pas prendre dans leur filet. Tenez-vous loin d'eux. Soyez près du Christ seul, et de l'Eglise." ( K 154).



PROSTERNATIONS



Quand tu fais des prosternations (35),

tu en recueilles un double profit.

(35) : (Prosternation ou grande métanie. De métanoïa, "repentir". Inclination qui consiste à se prosterner jusqu'à terre, en posant le front au sol, pour se relever aussitôt ( grande métanie). Ou bien simple inclination du buste en touchant le sol de la main droite ( petite métanie) ( NdT).).

Ainsi qu'il le faisait lui-même, il demandait aussi à ses enfants spirituels d'accompagner leurs prières du plus grand nombre possible de prosternations et de métanies.

Toutefois, comme il savait, par la grâce qu'il avait reçue de Dieu, que je n'accomplissais pas ces prosternations, selon le désir qui était le sien, il voulut me parler à ce sujet précis. Cependant, prévenant comme il l'était toujours, il ne voulut pas me questionner directement pour savoir si moi-même je faisais des prosternations et des métanies. Il y avait à cela une raison supplémentaire : le fait que j'étais alors très jeune. Aussi commença-t-il par aborder un sujet sans rapport, à mon avis, avec la prière. Il me parla de la gymnastique et des effets bénéfiques de celle-ci sur le corps humain.

Pour chaque sorte d'exercice, il apportait une justification scientifique pour expliquer à quel(s) membre(s) du corps celui-ci était profitable. C'est de cette manière qu'il parvint jusqu'aux muscles ventraux et, sur ce point, il me demanda si je savais de quelle manière nous pouvions les fortifier.

Moi, tout naturellement, j'avouai mon ignorance. " Et pourtant, me dit-il, tu devrais le savoir puisque tu es un scientifique. Mais, puisque tu ne vois pas, je vais te le dire, moi. Mais d'abord, je vais te demander quelque chose : fais-tu des prosternations et des métanies?

- Puisque vous savez, Petit Père, que je n'en fais pas, pourquoi me le demandez-vous?

- Je te le demande afin que tu le certifies toi-même et pour te dire, par la suite, que la meilleure gymnastique pour fortifier les muscles ventraux, ce sont les prosternations et les métanies! Ne ris pas. C'est ainsi. Quand tu fais des métanies, tu en recueilles un double profit. Cela veut dire que les métanies font du bien à l'âme, mais aussi, parallèlement, au corps de celui qui en fait. Il suffit qu'elles ne soient pas faites pour la seconde raison.

Et, pour ce qui est de l'âme, elle en recueille un grand profit car, de cette manière, elle demande le pardon et la miséricorde de Dieu. Le corps en profite aussi car, sans que la plupart des gens le sachent, les muscles ventraux sont ainsi exercés de la meilleure façon qui soit. Je te le dis seulement à toi, qui comprends, et je ne souhaite pas que tu en parles avec les autres.

Je recommande toutefois de faire des prosternations et des métanies, en aussi grand nombre que tu le pourras. Commence, au début, par quelques unes et, chaque jour qui passe, ajoutes-en un nombre fixe, jusqu'à ce que tu parviennes à un point où, selon ta propre estimation, s'arrête ta résistance. Par ailleurs, c'est notre organisme lui-même qui nous prévient en ce qui concerne les limites de sa propre résistance, et c'est en rapport avec cela que nous fixons le nombre de nos prosternations et de nos métanies. Et puis, il n'est pas obligatoire d'arriver tous les jours au même nombre. Cela dépend de nombreux paramètres, tels que notre état d'âme, notre fatigue et, enfin, notre santé. Ce qui a de l'importance c'est, d'une part, de commencer et, d'autre part, que ces prosternations et ces métanies soient accompagnées d'un réel repentir pour tous les péchés que nous avons commis, et que nous demandions de toute la force de notre âme que le Seigneur nous pardonne.

De plus, nous pourrions, tout le temps où nous faisons nos métanies, dire aussi la prière : " Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi!" La combinaison de ces deux choses est ce qui peut se faire de mieux. Quand au Seigneur, non seulement Il nous entendra, mais Il nous pardonnera aussi, surtout si nous ne Lui demandons pas cela seulement du bout des lèvres, mais des profondeurs de notre âme, indépendamment du fait que cette âme soit proche du Christ ou prise dans les filets de Satan car, comme nous le savons tous, Jésus ne s'est pas laissé crucifier pour les fidèles et ceux qui sont exempts de péché, mais pour les infidèles et les pécheurs."

Le Père Porphyre accompagnait toujours ses prières de nombreuses prosternations et métanies. Il faisait cela depuis son enfance. Ces prosternations et ces métanies étaient alors, bien entendu, plus importantes en nombre que celles qu'il faisait quand la vieillesse est venue. A ce moment-là, malheureusement pour lui et pour nous, des maladies innombrables l'affligeaient. (K 77-79).



Par les prosternations et les métanies, le corps aussi prend part à la prière.

Le Père Porphyre offrait la parole du salut et donnait le repos à l'âme de tous, d'une manière simple, sans programme fixé à l'avance, conférences, ni "manifestations", etc... Assis sur les rochers ou à même le sol, il nous révélait les mystères et les vérités de la foi et de la vie spirituelle. En parlant de la grande importance qu'ont les prosternations et les métanies et en nous montrant la manière juste dont on doit faire une prosternation ou une"métanie", il nous expliquait le sens de la participation du corps à la prière et l'unité de l'hypostase (36) de l'homme, faite de l'âme et du corps. (I 239).

(36) : ( Hypostase : synonyme de personne).



La valeur des prosternations et des métanies.

Une jeune fille à la taille élancée se rendait souvent auprès de l'Ancien pour lui demander conseil sur un grand nombre de ses problèmes de jeunesse. A ce qu'elle nous disait, elle aimait les exercices de gymnastique, qui lui apportaient le repos après la lourde charge des cours. L'Ancien Porphyre - il avait le don de pouvoir conseiller les scientifiques eux-mêmes, y compris dans le domaine où ils se spécialisaient - lui indiqua qu'il ne pouvait y avoir de meilleur exercice que les prosternations et les métanies : après avoir fait notre signe de croix, nous devons nous agenouiller et, après avoir touché la terre de notre front, nous nous relevons en nous remettant debout. Nous devons répéter cela encore et encore, tandis que l'âme, intérieurement, soupire vers Dieu en prononçant les paroles du publicain : " Dieu, aie pitié de moi, pécheur!"

De cette manière, elle pourrait, lui disait l'Ancien, gagner une grande partie du temps qu'elle dilapidait en exercices de gymnastique. Après les prosternations et les métanies vient une grande joie, un important soulagement et une grande paix de l'âme. Quant au corps, aucune de ses parties ne reste sans avoir été mise ainsi en activité et entraînée. Le Christ Lui-même - pour souligner l'importance des métanies, selon le récit de l'évangéliste - quand Il Se trouvait dans le jardin de Gethsémani, Se retira d'auprès de Ses disciples, l'espace d'un lancer de pierre, et là, Il se mit à faire des prosternations et des métanies, en Se jetant sur le sol à répétition. Les prosternations et les métanies font au corps un bien analogue à celui qu'elles procurent à l'âme. C'est pour cette raison que les ascètes ne sont pas facilement victimes d'infarctus, de maladies du coeur, d'accidents cérébraux, car leurs artères, et leurs vaisseaux divers, se trouvent excellemment conservés par les prosternations et les métanies; les graisses fondent; l'âme trouve, à son tour, le calme et, de cette manière, l'homme, pourrions-nous dire, n'est guère différent d'une automobile qui serait passée par le garage et aurait bénéficié d'un bon service d'entretien. Les prosternations et les métanies ne sont pas une révélation humaine, mais divine, et malheureux est tout homme qui n'aurait pas découvert le système qui les sous-tend. Quant à ceux qui sont très occupés, quand, le soir, avant de s'endormir, ils auront fait les prosternations et les métanies qui s'imposent, ils échapperont aux soucis du quotidien, ils trouveront la paix, et le sommeil viendra vite. (Por 14 p.).



Les prosternations et les métanies sont un sacrifice volontaire.

Il disait : " Faites autant de prosternations et de métanies que vous pourrez dans la prière, même si cela vous fatigue. Quand la prière est accompagnée de sacrifice volontaire, elle devient plus agréable à Dieu et plus efficace." ( G 64).



En lieu et place de prosternations et de métanies.

L'Ancien dit :

"Il y a quelque temps de cela, on m'a apporté un vélo pour que je fasse du sport en cellule. J'ai interrogé le cardiologue. Il m'a dit que cela était bon pour mon coeur; qu'il fallait m'entraîner systématiquement. Le matin, je me lève dès deux ou trois heures. Mon esprit est clair et je prie. Ensuite, en lieu et place des prosternations et des métanies, je m'entraîne sur la bicyclette, tout en disant la prière sans discontinuer."



MOINE-MONASTERE



Mariage ou virginité?

A un ami, qui se trouvait placé devant le dilemme mariage ou virginité, l'Ancien ouvrait bien des perspectives de salut. Il le délivra de l'anxiété du dilemme avant même qu'il n'eût à choisir quoi que ce fût, en lui disant : " Ne te mets pas au supplice sans raison, en te forçant toi-même à prendre dès maintenant la décision du choix. Libère-toi toi-même de cette pensée insistante et fais porter toute ton attention sur le fait d'aimer le mieux possible le Christ, qui t'aime. Tout appartient au Christ : notre passé, notre présent, notre avenir. En tout se manifeste Sa Providence, jusque dans le détail le plus infime de notre vie. Il se peut que tu fondes une famille. Il se peut que tu ailles où tu désires te consacrer. Mais il se peut que tu ne fasses rien de cela, que tu restes chez toi comme tu le fias actuellement. Tu es, là encore, sauvé, pourvu seulement que tu aimes le Christ. C'est le Christ qui apportera la solution qui te convient le mieux, celle qui parlera clairement à ton âme. N'aie pas de chagrin. Dès maintenant, tu es sur la route du Christ." (G 367 p.).



Elle voulait devenir moniale,

mais elle provoquait sa mère.

Voici un exemple caractéristique de la manière de conseiller de l'Ancien. Il y a quelques années, une jeune fille pieuse, diplômée du Pantéïon (37), lui rendit visite.

(37) : ( Etablissement universitaire réputé, à Athènes).

Elle voulait prendre son conseil et se placer sous sa direction spirituelle, en vue de pouvoir prendre une décision déterminante pour sa vie, qu'elle s'apprêtait à cette époque-là à suivre d'une manière définitive. Cette jeune fille avait décidé de suivre la vie monastique. Cela était désormais devenu l'orientation manifeste de sa vie. Dans ces conditions, l'Ancien, bien qu'il ne fût jamais allé chez elle et qu'il ne connût pas les siens, lui dit pour la conseiller:

" Mon enfant, ne provoque pas ta mère avec les nombreuses icônes que tu as dans ta chambre. Enlèves-en quelques-unes de celles qui sont supsendues au mur. Cela ne fait rien." ( Kr 134 p.).



Conseils au père et au candidat-moine.

Un jeune étudiant d'Athènes avait décidé de suivre la voie de la vie monastique. Son père s'insurgeait contre cette vocation et il ne le laissait pas devenir moine. Après donc y avoir été incités par des tiers, ils décidèrent tous deux de se rendre à Oropos pour recueillir l'avis de l'Ancien Porphyre. Après les avoir écoutés, l'Ancien se tourna vers le père et lui dit :

" Que vous dire? Ce que je peux te dire, à toi, c'est ceci : un père avait un fils qui désirait devenir moine. Cependant, ce père passa outre la vocation du coeur de son enfant, et il le pressa de se marier et de fonder une famille. Le fils, en raison de cette pression importante exercée par son père, céda. Il se maria et eut des enfants. Cependant, le chagrin le minait et, de jour en jour, il fondait à vue d'oeil. Ainsi, sous le poids d'un excès de chagrin, le jeune homme fut atteint d'un cancer et, en peu de temps, il mourut, laissant à la rue une femme et deux enfants. Or le responsable de ce fait était le père, qui n'avait pas respecté la liberté que Dieu a donnée à l'homme et qu'Il respecte Lui-même. Ce père a forcé son enfant à faire non ce qu'aimait son propre coeur, mais ce qu'il lui imposait dans son entêtement et en considération de son intérêt propre. Ayant connaissance de ces événements, j'attire ton attention sur ce fait, de manière qu'il ne t'arrive pas la même chose."

L'Ancien se tourna alors vers le jeune homme, et lui dit : "Quant à toi, j'ai à te dire ceci : un jeune homme, avant même de terminer ses études, sans trop réfléchir, sur des incitations superficielles, décida de se faire moine. Ses parents lui conseillaient de ne pas abandonner ses études et de laisser mûrir en lui ce désir. Mais lui, il n'écouta personne et, sans plus réfléchir, il laissa tout tomber et partit. Il devint moine. Quelques années plus tard, pourtant, force lui fut de constater que son coeur n'aimait pas le monachisme d'une manière pure et profonde, mais seulement superficiellement. Ce qui eut pour résultat qu'il ne supporta plus la vie monastique et qu'il abandonna l'habit monacal. Par la suite, il se maria, et il a honte à présent de se montrer à l'extérieur. Voilà pourquoi tu dois, toi aussi, faire attention de ne rien faire sans réflexion, pour qu'il ne t'arrive pas la même chose qu'au frère que nous venons de citer."

Voilà ce que dit l'Ancien à tous deux. Et, après avoir mis chacun d'eux à la place qui lui revenait à juste titre, e face à ses respnsabilités, il les laissa s'en aller, priant, quantà lui, pour que la volonté de Dieu soit faite. ( Chr 358 p.).



Dans quel monastère serai-je moniale?

Une soeur, qui avait le désir de vivre la vie monastique, rendit visite à l'Ancien Porphyre, afin de prendre sa bénédiction et de recevoir son conseil spirituel. Après que la seour lui eut confessé son désir, le dialogue suivant eut lieu entre eux :

L'Ancien lui demanda :

" Dans quel monastère veux-tu aller?

- Géronda, je n'ai pas en tête d'endroit précis. Ce que je veux, toutefois, c'est voir non l'endroit qui me repose, moi, mais l'endroit où cela repose Dieu que j'aille, c'est-à-dire là où Il veut. Et comme moi-même je suis aveugle et que je ne vois pas la volonté de Dieu, c'est la raison pour laquelle je suis venue à vous, qui voyez ce que Dieu veut, afin que vous me le disiez. Et moi, ensuite - avos vos prières - je m'y conformerai.

- Hé bien! Dieu, que veut-Il? Dieu veut l'endroit que toi tu veux. C'est toi qui dois prendre garde à ce qu'il n'y ait pas d'humidité dans l'endroit où tu iras, de sorte que tu ne sois pas, par la suite, dans l'obligation de t'en aller pour raisons de santé. Tâche aussi d'avoir une bonne Ancienne et, en tout état de cause, c'est toi qui doit faire ce que tu veux. Tu veux apprendre à bien chanter? Tu dois voir dans quel monastère il y a un bon choeur et où l'on chante bien. Tu veux devenir une bonne couturière, coudre de beaux ornements brodès d'or? Vois dans quel monastère il y a de beaux ateliers pour broderie au fil d'or. Tu veux devenir une bonne iconographe? Vois où l'on peint de belles icônes. Il se peut que tu voies que l'usage à table est de servir souvent des féculents et que toi, tu dises : " Cela ne me plaît pas, à moi", ou encore que tu dises : " Ici, celles-là parlent beaucoup, et moi je désire la tranquillité; voilà qui ne me met guère en repos". Ou bien encore, quelque autre peut dire : " Moi, j'irai quelque part où je prendrai soin de moi", et, par son silence, elle rendra service aux autres également. Quand donc tu auras trouvé ce que tu veux, vas-y.

- Géronda, moi je sens que Dieu est loin de moi en raison de mes péchés. Et, ce que je veux, c'est, dans la mesure du possible, parvenir aussi près de Lui qu'il se pourra. Cependant, toute seule, je ne peux pas. Aussi, ce que je désire ardemment, c'est d'avoir quelqu'un auprès de moi qui soit proche de Dieu, afin qu'il puisse me prendre par la main et me conduire auprès de Lui."

Alors, l'Ancien sursauta hors de son lit. La satisfaction se lisait visiblement sur son visage. Avec des signes de mains caractéristiques, il lui dit :

" C'est cela! C'est de cela seul que nous avons besoin! Et c'est cela la volonté de Dieu. Que nous soyons soumis à quelqu'un qui est proche de Dieu, afin que lui nous conduise à Dieu.

- Oui, Géronda, c'est cela que, pour mon compte, je ressens comme un besoin.Mais j'ai un problème.

- Quel problème?

- Un homme qui soit proche de Dieu, qui, à tout moment, connaisse Sa volonté, je n'en connais qu'un. Il se peut qu'il y en ait d'autres, mais moi je n'en connais qu'un : vous."

A ce moment-là l'Ancien n'avait pas encore annoncé publiquement que l'institution qu'il avait fondée à Milési serait un monastère pour femmes. Il lui dit donc :

" Et moi, c'est un monastère pour femmes que je ferai ici!"

La soeur lui dit avec joie :

" Géronda, si vous m'aviez ici , près de vous, je serais très heureuse.

- Bien. Comme cela fait des années que je suis moine, hé bien, j'en connais un petit bout aussi, de la vie de moine! Continue ton travail. Ne l'abandonne pas. Appelle-moi au téléphone. Je t'appellerai aussi. Ici, je ne peux pas te prendre tout de suite car l'église n'est même pas prête, et il y a une trentaine d'autres soeurs qui veulent venir. Si je te prends toi seule, les autres en seront affligées. Quand l'église sera achevée, ainsi que le monastère, alors tu viendras habiter ici. Tu viendras voir par toi-même si le lieu te plaît. Ici, ce sera le paradis sur terre! Nous allons enclore le monastère. Nous planterons des myrets et des rosiers tout autour d ela clôture... Nous aurons aussi un prêtre, qui fera des prières pour les visiteurs." ( Chr 366-8).



Il ne m'a pas écouté...

Il lui a fait prendre l'habit de moniale.

L'Ancien m'a raconté:

" Une jeune fille venait me voir de temps à autre. Dès le premier instant, j'ai vu son âme. Elle avit aussi, une fois, rendu visite à un monastère féminin. Un jour la mère higoumène est aussi venue me voir. Que dois-je faire, Géronda, avec cette jeune fille? Elle éprouve un grand désir de devenir moniale. Je lui ai répondu : " N'en fais pas une moniale." Elle ne m'a pas écouté. L'higoumène est revenue, très ennuyée : " J'ai commis une grande faute, me dit-elle, en ne t'écoutant pas. Cette jeune fille a jeté l'habit monastique et on l'a vue danser. " Et maintenant?" lui dis-je. Des jours passèrent. Par un après-midi, voici qu'à son tour m'arriva la jeune fille. Elle était désespérée : " J'hésite, me dit-elle. Je ne sais si je suis faite pour être moniale ou pour le mariage." Je lui dis : " Toi, tu n'es faite ni pour être moniale, ni pour le mariage. Tu es faite pour Matala (38), tu es faite pour ce qui se présentera à ta vue.

(38) : ( Matala, village crétois, avec des grottes célèbres qui ont été, vers 1970, un lieu de rencontres pour les hippies du monde entier).

- Pourquoi? me demanda-t-elle avec colère.

- Parce que, lui dis-je, tu n'es pas stable : tu es comme un moulin à vent qui tourne dans la direction où souffle le vent. Tu t'es retrouvée avec des Chrétiennes, tu as fait la Chrétienne; avec des mondains, tu as fait la mondaine. Si tu te retrouvais avec les hippies, tu irais avec eux à Matala aussi. Tu vas de-ci, de là, parce que tu n'as pas encore acquis une foi à toi." ( G 362).



Toi, tu n'es pas faite pour un monastère.

Une jeune fille demanda à l'Ancien : " Si je ne vais pas en Angleterre et que je reste ici et suis nommée professeur, que ferai-je après? Je suis placée devant un dilemme : fonder une famille ou me retirer dna sun monastère? Je ne suis attirée ni par le premier état de choses ni par le second". L'Ancien lui dit :

" Toi, tu n'es pas faite pour un monastère. Tu vas fonder une famille.

- Mais pourtant, Géronda, je ne cherche pas un mari."

Et l'Ancien lui dit :

" Tu n'as pas besoin de chercher. C'est lui qui te trouvera, et même bientôt."

Quelques mois plus tard, un professeur la remarqua et la demanda en mariage. Après quoi, ils travaillèrent tous deux dans un collège, eurent des enfants et fondèrent une famille chrétienne. Ils font souvent mémoire, avec reconnaissance et gratitude, du nom de l'Ancien, qu'ils allèrent souvent voir par la suite, et dont ils recueillirent de précieux conseils spirituels pour mener à bien une vie familiale harmonieuse. (G 106).



Ne deviens pas moine par nécessité.

Un jeune homme rendit visite à l'Ancien. Il était porteur du virus du sida. Il était désespéré et il demanda à l'Ancien s'il pouvait se réfugier dans un monastère pour y devenir moine. L'Ancien le consola et lui recommanda de cultiver la foi dans le Christ en tant qu'espérance et refuge uniques en toute circonstance. Pour ce qui est du monastère, il lui dit que la venue en un tel lieu ne devait pas se faire par nécessité et désespoir, mais par espérance et amour en Christ. ( G 197).



Il est préférable que tu échoues comme laïc.

Un jeune homme lui disait qu'il pensait se retirer dans un monastère. L'Ancien "voyait" que la vie monastique ne lui convenait pas et l'exhortait à lutter de manière chrétienne dans le monde. Le jeune homme lui dit alors qu'il craignait d'y échouer. L'Ancien lui répondit : " Il est préférable que tu échoues comme laïc, plutôt que comme moine." (G 295).



Laisse ces choses, ce n'est pas pour toi!

Des pensées m'assaillaient depuis longtemps : " Pourquoi ne pas devenir moine, me consacrer entièrement à Dieu? Je me suis, au contraire, marié, et, avec les enfants que j'ai eus, me voici lié et je ne peux rien faire pour Dieu." C'est avec ces pensées, et bien d'autres encore, que je suis allé, un jour, trouver le Petit Père. Après que je me fus confessé de mes divers péchés, il me dit, sans que je lui eusse rien dit à ce sujet :

" Allons, va-t'en maintenant, et ne pense pas à ces choses-là. Laisse ces choses, ce n'est pas pour toi. Ta maison est aussi un monastère si tu le veux. Tout dépend de la manière dont tu y vis. Va, prie et fais preuve de patience en tout." ( TZ 104 p.).



La prière du moine novice.

Un moine demande à l'Ancien :

" Géronda, un moine débutant, comment doit-il prier?

- Qu'il lise les Vies des Saints et le Nouveau Testament." (Chr 361).



Les prières au monastère.

L'Ancien disait qu'il n'était pas juste que les prières, dans les églises, soient expédiées à toute vitesse; que les moines ne devaient pas, non plus, mâcher les mots de la prière, qu'ils ne devaient pas au lieu de " Kyrie éléïson", regrouper cette prière en un mot pour aller au plus vite et dire à Dieu "Kyrléison, Kyrléison, Kyrléison". Il ne fallait pas que le psaume 50, ou toute autre prière, sorte de notre bouche comme un torrent, sans virgules, sans sentiments, sans aucun sens, sinon c'étaient des mots perdus sans aucun fruit. (Por 31).



Lorsqu'on me fit moine, l'épreuve me quitta.

L'Ancien Porphyre révéla son humilité en faisant acte d'obéissance à la volonté de Dieu depuis qu'il était tout jeune enfant. En faisant paître les bêtes aux environs de son village, et en lisant, en ânonnant, la Vie de Saint Jean le Kalyvite, il apprit à aimer les Saints et, plus que tout, le Christ. Et son amour, il le montra tel que le Christ le prescrit : " Si vous m'aimez, vous observerez mes commandements." C'est pour l'amour du Christ, bien qu'il ne fût qu'un faible petit enfant, qu'il n'hésita pas à faire le sacrifice de quelqe amour que ce soit selon la nature. Il me disait aux premiers jours où nous nous étions connus : " Tu sais, quand je suis allé à la Sainte-Montagne, je n'étais qu'un enfant de treize ans. Pour moi, je n'avais pas d'épreuves telles qu'en ont ceux qui sont plus âgés, et qui se trouvent affligés parce qu'ils ont le souvenir de leurs amoureuses et autres choses de ce genre. Moi, j'avais une autre épreuve. Comme j'aimais beaucoup mes parents, le diable me les représentait bien vivants devant moi, en imagination, et moi, j'en pleurais, j'en pleurais inconsolablement. Mais, lorsqu'on me fit moine, l'épreuve me quitta." (G 320 p.).



Les moines tâchent-ils de sauver seulement... leur âme?

L'Ancien se promenait un jour en forêt, lorsqu'il fit la rencontre d'un évêque. Lorsque cet évêque apprit qu'il était moine, il se plaignit à lui du fait que les moines laissent aux prêtres séculiers l'activité sociale et prennent la fuite vers les montagnes, tâchant de sauver leur seule âme. L'Ancien écouta, tête baissée et, quand l'évêque s'arrêta, il lui dit : " Monseigneur, vous, vous parlez, et vos paroles vont d'abord à l'oreille de Dieu, et après elles arrivent à l'oreille de l'homme." Les paroles de l'Ancien rappelaient la phrase d'un autre moine de la Sainte Montagne : " Le problème n'est pas que le moine soit près de nous, mais près de Dieu. Car, plus il se rapproche de Dieu, plus il est proche de nous." (G 299).



La puissance des Saints est très grande.

" Je vais te donner un exemple afin que tu comprennes. Imagine une ville de cinq cents mille habitants, lesquels commettent des péchés. Dans un monastère qui s'y trouve, un moine vit en ascète. Il lève ses mains pures vers Dieu et Le supplie de ne pas punir le smilliers d'êtres humains qui commettent des péchés. Je t'assure donc que Dieu, rien que pour exaaucer cet ascète-là, ne punira pas les cinq cent mille pécheurs.

- Ce que vous nous dites-là est surprenant.

- Sache que les Saints de Dieu sont capables de tout. Le Saint peut demander à Dieu ce qu'il veut et Dieu le lui donnera. La puissance des Saints est très grande." ( Ger 83).



Obéissance dans la joie et prière incessante.

L'Ancien Porphyre a été un starets (39) contemporain de l'Orthodoxie grecque.

(39) : ( Terme emprunté à la tradition spirituelle de l'Orthodoxie russe où il désigne un père spirituel non seulement expérimenté, mais aussi charismatique. Il correspond au mot grec Géronda, mais est utilisé de manière plus restrictive. ( NdT).).

C'était une figure charismatique : il avait, très tôt, reçu les dons de l'Esprit Saint.

Comme il me le disait lui-même, les deux éléments qui l'ont aidé dans sa vie et qui lui ont donné cette grâce spirituelle étaient tout d'abord, pour reprendre ses propres paroles, "l'obéissance dans la joie dont il faisait preuve à l'égard de ses Anciens.

C'est ainsi qu'il m'expliquait : " Ils me disaient, par exemple : " Nikita - c'était son nom de moine à Kafsokalyvia, à la Sainte-Montagne - cours en bas à l'arsanas (40), prendre ce sac de farine."

(40) : ( Arsanas ou tarsanas : terme générique désignant le petit port dont sont dotés tous les monastères du Mont-Athos lesquels sont situés face à la mer en hauteur (NdE).

Cette obéissance dans la joie était donc le premier élément. Quant à l'autre élément, c'était le caractère incessant de la prière du coeur (41) : " Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi!"

(41) : ( La prière du coeur est une sorte de prière spontanée et permanente que le moine ou le Chrétien adresse à Dieu à tout moment, tout en vaquent, par exemple, à ses occupations habituelles. Que la forme en soit celle citée ici ou - selon les instructions du Petit Père lui-même - une autre, c'est une sorte de référence automatique et continuelle à Dieu (NdT).).



Je ne te vois plus avec le premier amour divin que tu avais.

J'ai parlé calmement avec l'Ancien. Celui-ci avait entièrement lu dans mon coeur.

" C'est ta faute, pour tout. Tu es malade en ton âme, m'a-t-il dit. Tu es tombé de la hauteur spirituelle où tu te trouvais. Le comprends-tu? Et tout cela est ta faute. Il faut seulement que tu en trouves la cause. Négligence? Egoïsme? De tout ce que tu dis là, rien ne se passe. C'est ton imagination qui fait grandir ces choses. Ces choses-là sont des petitesses, des choses bien petites et dignes de petites femmes.

Toi, ne regarde pas ce que font les autres. Regarde-toi toi-même. Vois comment tu aimeras le Christ. Ce n'est pas ton travail de corriger les autres. Que l'Ancien en prenne soin. Mais toi, c'est pour tous que tu dois prier. Et s'ils ont quelque chose qui ne va pas (42), prie afin que Dieu les illumine pour qu'ils se corrigent.

(42) : ( Un défaut. Exemple du style ample et direct du Petit Père). (NdT).

Ces choses-là ne se corrigent pas par des paroles, par la prière seulement. je vois que tu te laisses influencer par les autres. Pardonne à tous avec ferveur. Ne te répands pas en paroles. Ne parle pas. Fie-toi au seul travail intérieur, à l'introspection.

Je ne te vois pas avec le premier amour divin que tu avais, l'amour et le philtre divin envers le Seigneur. ce n'est pas du sommeil ce que tu as, mais de la nonchalance.

Si nous parlions un peu au téléphone, tu verrais, tou cela te passerait. Fatigue ton corps. N'aie pas peur d ela fatigue. Tout change avec la fatigue, aussi bien l'âme que le corps.

Ne délaisse pas la prière. Simplement, soutiens tes forces, prie avec ferveur pour tous. Tu leur feras du bien par la prière, non par des paroles.

Si l'on t'interroge, dis avec humilité : " C'est ce que je pense. C'est, toutefois, comme vous pensez vous-même."

Il faut beaucoup de prière. Tu dois embrasser notre Christ avec amour. Et Lui, Il dissipera tout. Toi, conduis-toi avec simplicité et amour.

Car avec cette manière que tu as de te barricader moralement et de devenir étranger, tu obliges les autres aussi à te considérer comme un étranger et, à la fin, ils vont penser exactement comme tu le dis. Maintenant il ne se passe rien. Tout est le produit de ton imagination. Crois-moi et donne-toi avec amour au Christ. Tu es tombé bien bas et c'est pour cela que toutes ces choses sont entrées en toi." (A 79).



Jeunes moines sans exemple.

Deux moines rendirent un jour visite à l'Ancien. Il leur dit entre autres choses :

" Quand j'étais petit et que je suis allé pour la première fois à Kafsokalyvia, cent vingt-sept moines y menaient la vie monacale et tous, chacun pour son compte, étaient dans un certain état spirituel. Les novices progressaient immédiatement : ils "saisissaient" tout ce qui fait la vie du moine, car ils avaient devant les yeux un grand nombre d'exemples vivants. mais vous, les jeunes, vous n'avez pas d'exemple. Et pour vous faire comprendre ce que j'entends par là, je vais vous décrire un spectacle que j'ai rencontré au temps de l'occupation. cela correspond à ce que je suis en train de vous dire. J'ai vu quelque part un berger qui voulait faire passer son troupeau par un chemin étroit. Or, les brebis avaient peur et ne passaient pas. Alors, le bon berger prit dans ses bras un petit agneau et entreprit de traverser le premier ce pont. La mère de l'agneau le suivit immédiatement et, derrière elle, le troupeau. Mais vous, vous n'avez pas, au monastère, d'exemple vivant pour le suivre!" (Chr 360 p.).



Là où tu es allé, à l'étranger,

tu as sombré dans la confusion.

Un moine, qui venait juste de rentrer après des études de troisième cycle en Amérique, avait rendu visite à l'Ancien. Dès que ce moine s'assit en face de lui, l'Ancien lui dit : " Je vois que, là où tu es allé, tu as sombré dans la confusion." Ce moine me dit plus tard que ces paroles de l'Ancien constituaient une radiographie exacte de son âme, laquelle était dans le trouble et la confusion sous l'influence des courants idéologiques divers qu'elle avait reçue à l'étranger. L'Ancien l'aida à trouver une issue pour sortir de la complexité de ses problèmes. (G 205).



Moines dans le monde ou au Mont-Athos?

Certains frères d'un monastère qui se trouve dans le monde avaient demandé à l'Ancein s'ils pouvaient recueillir un fruit spirituel dans le monde ou s'il était meilleur pour eux, et mieux en lien avec l'intérêt de leur âme, de se retirer au Mont-Athos, lieu du recueillement par excellence. L'Ancien leur répondit :

" Quelqu'un qui se trouve sur la place Omonia, s'il a un esprit concentré, c'est tout comme s'il était au Mont-Athos, et quelqu'un qui se trouve au Mont-Athos, s'il n'a pas un esprit concentré, c'est tout comme s'il était sur la place Omonia." (Chr 361).



Au monastère, mon cerveau s'est fatigué...

"Géronda, lui dis-je, au monastère il ne faut que dire des prières. Ils disent toujours la prière. Et, alors qu'ils se trouvent encore dans les ateliers, ils récitent les prières et les salutations à la Mère de Dieu, des heures durant. Après quoi, ils vont à l'église pour les offices. Mais moi, je n'en puis plus. Mon cerveau s'est fatigué. Je crois que je vais en mourir. Et pourtant, je veux être moine; Que faire? Aidez-moi."

L'Ancien me dit : " Une jeune fille venait ici se confesser. Elle était en avant-dernière année de lycée. De temps à autre, elle me disait : " Père, je suis tombée amoureuse d'un garçon et je n'arrive pas à l'oublier. Mon esprit se trouve là sans arrêt, près de Nikos. On dirait que Nikos est ici ( elle désigna son front du doigt). Je vais lire : Nikos est là. Je vais manger, dormir . Rien à faire : Nikos est là. Que faire, Père?

- Mon enfant, lui dis-je, tu es encore jeune. Prends ton mal en patience, le temps de terminer tes études et Nikos sera là. Maintenant, fais porter ton effort sur tes études."

Une semaine passa, et elle revint. "Père, il m'est impossible de me concentrer sur mes études. Tout au long de la journée, mon esprit et mon coeur se trouvent près de Nikos. Nikos est collé en moi et je n'arrive pas à me décoller de lui.""

L'Ancien me dit alors, en lisant dans ma pensée :

" Et toi, maintenant, tu dois te demander : " Mais pourquoi me dit-il cela?" Et pourtant, dis-moi, je te prie : cette jeune fille a-t-elle fait sur elle-même quelque effort pour que son esprit soit "collé" à Nikos? Non. Cela s'est fait spontanément, sans violence, par un pur effet de l'amour. Il en est de même de l'amour divin. Alors, sans nulle violence, ni effort, ni contrainte, nous crierons avec amour son saint nom : " Seigneur Jésus Christ!"

Et, quand le coeur déborde de cet amour divin, il n'a pas besoin de dire la prière tout entière : " Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi!" Avant même d'achever la prière, le coeur l'arrête là, par amour et allégresse.

D'autres fois encore, il crie seulement : " Seigneur..." et s'arrête. Il crie secrètement, sans proférer de parole."

Et c'est ainsi, en disant ces paroles, qu'il a apporté une réponse à mon premier embarras. Je ne l'avais eu qu'en pensée, sans l'exprimer.

Je suis resté sans voix. Allant de surprise en surprise. En moi, la flamme divine s'est trouvée ranimée. J'ai ressenti le besoin de commencer à crier, dans mon coeur, le nom de notre Seigneur Jésus-Christ avec un amour ineffable. (A 23-25).



Souvenirs riches d'enseignements,

du temps où l'Ancien était à la Sainte-Montagne.

L'Ancien me raconta certains aspects de sa vie à la Sainte-Montagne, qui étaient en lien avec le sujet qui nous occupait à ce moment.

"Moi là-haut, sur la Montagne, j'ai eu une vie digne du Paradis. J'y suis allé petit, dès l'âge de douze ans. J'avais deux petits Anciens et je leur étais obéissant. Ils m'envoyaient chercher de la terre, deux sacs, pour leurs petits jardins, jusqu'à midi. Moi, j'y allais en courant, pieds nus parmi les rochers, les cheveux en bataille et criant parmi les cieux inhabités : " Immaculée, Sans tache, Incorruptible, Toute pure..." Ou encore : " Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi!". Des chants aussi que j'apprenais par coeur dans le Paraclitique, dans les Ménées.

Si quelqu'un m'avait vu, il aurait dit : " ça y est! Ce moinillon est devenu fou."

Et, effectivement, l'amour divin est une sorte de folie. Quand il s'empare de l'âtre humain, il le transforme, corps et âme.

Le crois-tu cela?

- Oui, Géronda, puisque c'est vous qui le dites, je le crois.

- C'est ce que je te dis. Moi, je l'ai vu sur moi-même.

Mon âme s'est transformée par l'amour du Christ. Mon visage aussi en a été changé.

Un jour, en effet, tandis qu'une fois de plus, je courais avec un zèle divin m'acquitter des tâches que l'on me confiait, j'ai vu, sans le faire exprès, mon visage dans une vitre. Et j'ai admiré la manière dont la vie en Christ, que je menais sur la Montagne, avait, extérieurement aussi, embelli mon aspect. Ces choses-là, l'Ecriture Sainte les dit : " Le visage prospère du coeur en joie."

Toi aussi, Georges, aime Dieu et tu verras, en toi, toutes ces transformations. Donne ton coeur au Christ et tout le reste est son oeuvre." (A 25-27).



C'est une chose de vouloir être moine

et une autre d'y être apte.

" Un jour, les deux petits moines (43) étaient absents de la cellule.

(43) : ( C'est ainsi que le Père Porphyre appelle les deux Anciens auprès desquels il vivait au Mont-Athos (NdT).).

J'ai vu, alors, dit le Père Porphyre, un petit oiseau picorer les grains de raisin dans la vigne. J'ai pris immédiatement un morceau de bois et j'ai sculpté ce spectacle. C'était beau. L'oiseau était comme vivant, les ailes déployées. L'oiseau était comme naturel. Dès que l'Ancien est venu, je lui montrai avec joie ce que j'avais fait.

" Qu'est-ce que cela? me dit-il. De qui as-tu pris la bénédiction?"

Et il le brisa immédiatement en deux morceaux.

- Holala! Vous avez dû être contrarié, Géronda?

- Je n'ai pas été contrarié. J'ai compris qu'il fallait demander la bénédiction avant d efaire quoi que ce soit (44).

(44) : (Demander la bénédiction avant d'entreprendre quelque chose. (NdT).).

- Moi, Géronda, j'éprouve une grande difficulté à demander. Quand je vais au monastère, je préfère ne pas faire quelque chose plutôt que de m'humilier à demander.

- Moi, je menais là-haut une vie digne du Paradis. Car je ne faisais rien de moi-même. Je demandais toujours la bénédiction pour tout. La vie monastique, sais-tu, n'est pas la liberté, ni le calme, ni l'absence de soucis. C'est une chose que de vouloir devenir moine et une autre que d'y être apte. Autrement dit, si l'on ne s'y destine pas par un grand amour pour le Christ, et seulement pour cette raison, on peut devenir fou. Les comprends-tu ces choses que je te dis?

- Oui, Géronda, je crois que je vous comprends.

- L'homme, dans l'état primitif et sauvage où il vivait, était seul. Il faisait ce qu'il voulait. Les racines d ela sauvagerie existent en nous. Beaucoup, les femmes surtout, recherchent la solitude pour se libérer de l'obéissance à leurs parents. Pour vivre seuls, comme ils veulent. ce n'est pas cela la vie monastique. D'autres vont au monastère avec ces éléments de la sauvagerie de l'homme primitif. Et dès que commencent les remontrances, les injonctions à l'obéissance et à la dépendance, ils en éprouvent de l'ennui. Ils disent : on ne me comprend pas. Et ils s'en vont. Jusqu'à ce qu'ils en viennent à se retrouver tout seuls, avec leurs volontés. Ces choses-là arrivent plus souvent aux femmes." (A 31-33).



Par l'imposition des mains,

le Christ te prendra dans Ses bras.

Quand je lui ai dit que je partais définitivement pour le monastère et que l'on m'imposerait les mains quelques jours après, l'Ancien tressaillit de joie. Que ne m'a-t-il dit et quels conseils ne m'a-t-il donnés ce jour-là! A la fin, quand nous étions sur le point de nous saluer, il prit ma main, d'un geste naturel, et il l'embrassa. Moi, vivant dans ce mystère qui m'étonnait, je me suis demandé, en mon for intérieur, quel pouvait bien être le sens de ce geste-là. A ce moment-là il me dit :

" Tu vois ce que je viens de faire maintenant?

- Oui. Vous m'avez embrassé la main, misérable et indigne que je suis.

- Alors, tu dois le savoir. Quand tu auras reçu l'imposition des mains, notre Christ te prendra dans Ses bras. Il te couvrira de baisers. Il deviendra tien. Et tu deviendras sien. Notre Christ fait de ton âme Son épouse pour toujours. Pour l'éternité. Sache que moi je prierai pour toi, car je t'aime beaucoup. Ton âme est sensible. Elle offre toutes les conditions préalables pour que tu aimes beaucoup le Christ, comme il se doit. Ce sont de telles âmes que le Christ veut pour épouses." Et il compléta en ajoutant : " Si tu aimes notre Christ de toute la force de ton coeur, tout sera facile. Et l'obéissance, et l'humilité. Alors, tous les frères, tu les aimeras sans y être forcé et spontanément, de cet amour du Christ même qui sera maître de ton coeur." ( A 36 p.).



Que cela soit béni, Géronda.

" Moi, là-haut, sur la Montagne, je te l'ai dit l'autre jour, je vivais comme au Paradis.

- Et pourquoi en êtes-vous parti, Géronda?

- Je ne suis pas parti. On m'a chassé.

- On vous a chassé? Pourquoi?

- C'est une longue histoire. J'étais toujours en mouvement, toujours actif. Je ne m'arrêtais pas une minute. Continuellement, je trouvais des travaux, pour avoir un objet d'exercice. J'étais toujours dans l'obéissance.

L'un des Anciens disait : " Creuse ici!" Je creusais.

L'autre survenait : " Pourquoi creuses-tu ici?

- C'est le Père Ioannikios qui m'a dit d ele faire.

- Non, pas ici. Va-t-en d'ici et va là-bas.

- Que cela soit béni." Et j'y allais.

Venait le Père Ioannikios :

" Dis-donc, toi, qu'est-ce que je t'ai dit? C'est ici que je t'ai envoyé? Ne t'ai-je pas dit là-bas?

- Oui, mais le Père Pantéléïmon a dit ici.

- Bien, continue."

Les autres les considéraient comme sévères.

Très peu restaient durablement auprès d'eux. Je leur obéissais de bon gré. Je les considérais comme bons.

Maintenant, quand j'y pense, j'admets qu'ils étaient sévères.

J'étais sur pied, été comme hiver.

Sans viande, ni oeufs, ni fromage. Un jeûne sévère. J'étais plein de santé. De douze ans à dix-neuf." ( A 40 p.).



Même si tu es victime d'injustice, ne contredis pas.

Un moine entra, qui entendit le Petit Père lui dire :

" Où donc es-tu? Je t'attendais!" Or, ce moine n'avait prévenu personne de cette visite. Et le Petit Père entreprit de le consoler - avant même que le visiteur n'eut dit la moindre chose - et d elui dire ce qui suit ( par la grâce de Dieu, il savait quel était son problème) : " Même si tu es victime d'injustice, ne contredis personne. Ne cède pas à l'énervement. Supporte tout, au contraire, avec patience et garde le silence. Préfère que ce soit Dieu qui informe les autres à ton sujet. Car c'est là qu'est ton intérêt propre, et non dans le fait d'être dans l'auto-justification ton propre avocat et défenseur. " (Chr 365).



Conseils du Père Porphyre à l'usage de tous les moines.

"Toi, tu peux, et tu dois devenir celui qui ouvre la marche dans le monastère, sans t'en rendre compte, sans parler. Rien que par ta prière fervente pour tous.

Ouvre ton coeur à notre Seigneur, d'une manière simple, sans le forcer, spontanément.

N'exerce sur toi-même ni violence, ni pression. Ne tombe pas dans le doute non plus, pour savoir si telle chose ou telle autre se fera. Toi, sur tous les sujets, parle d'abord avec le Seigneur. Et, avant de parler à ton Ancien, fais d'abord une fervente prière...

Un seul homme qui prie, un simple moine avec s aprière, peut mener à bien toutes les affaires du monastère.

Sois agréable aux autres. Aime le silence, car ton coeur y parlera avec notre Christ. Mais quand tu rencontres ton frère, tu dois lui parler agréablement, avec amour, afin que les coeurs soient unis, "afin qu'ils soient un".

Ne te répands pas en paroles, quand on te pose des questions. Dis quelques mots, mais qui "aient d ela saveur". Prenez l'habitude de dire, entre vous, "Merci" et "Je te prie". Le sens doit en être : " Je remercie Dieu qui t'a envoyé comme son ange pour m'aider."

Moi, comme je te l'ai déjà dit, je suis allé sur la Montagne tout jeune encore, âgé de douze à quatorze ans à peine. Je n'étais qu'un enfant, sans expérience ni instruction. Mon coeur regorgeait pourtant de l'amour divin. Je savais m'acquittertrès volontiers de toutes les tâches. J'en faisais plus encore qu'on ne me disait. Jamais on ne m'a donné un conseil. Jamais on ne m'a dit bravo, comme on le fait aujourd'hui pour les petits enfants. On ne fait que leur dire bravo, et les pauvres petits grandissent tout bouffis d'orgueil. cela est un grand mal. Mes Anciens me recommandaient de lire le Psautier et le Synaxaire (45).

(45) : ( Résumé des Vies des Saints de l'Eglise orthodoxe pour chaque jour de l'année, dont on fait un usage liturgique et privé. (NdT).).

Rien d'autre en fait de conseils ou de direction spirituelle. Moi, j'avais des ailes, je vivais au Paradis. Et je ne suis pas tombé malade par fatigue, mais bien plutôt par orgueil. Je voulais cueillir un aussi grand nombre que possible d'escargots sous la pluie. Le sac vois-tu, était resté tout mouillé sur mon dos trois heures durant.

Ainsi donc, toi aussi, tu dois aimer l'effort du corps, la fatigue. Cela fait du bien au corps comme à l'âme.

Je veux que tu me ressembles, parce que je t'aime. Je veux que tu deviennes comme moi.

Fais-tu des prosternations? Combien en fais-tu? Fais-en une, que je te voie."

Je fis une ou deux prosternations.

" Tu ne les fais pas bien", me dit-il alors qu'il était aveugle désormais, et qu'il n'y voyait plus rien. Il appela alors un frère, en faisant tinter sa sonnette. "Montre, je te prie, au frère comment je vous ai appris à faire les prosternations de pénitence." Et le frère se mit tout aussitôt à faire, avec énergie et vivacité, des métanies rapides et déterminées.

"Tu vois, disait l'Ancien, on pose à terre les mains d'abord, non les genoux. Et le corps est comme suspendu en l'air. Il y faut de la force dans les bras.

Après ton signe de Croix, avec force! Il faut que ça frappe sur ton front! sur tes genoux! sur tes épaules!

Nous, là-haut, dans la skite, quand nous faisions la pénitence dans l'église, on entendait le "frst frst" que faisaient nos soutanes, tandis que la main s'abattait avec force sur les genoux.

As-tu vu comment la mère serre son enfant? Il en est ainsi aussi pour le Seigneur. Il faut, à l'heure de la pénitence, que le corps aussi bien que l'âme ressentent Sa présence.

Cet ermite-là, que j'avais vu en prière, faisait beaucoup, beaucoup de prosternations et, à un moment donné, il est demeuré en extase, les mains tendues, grandes ouvertes.

D'autres fois encore, les mains, tendrement, dans un geste de supplication, implorent le Seigneur.

Quand nous nous rencontrons dans la prière, toi là-bas, moi ici, tu dois ressentir en esprit que nous contemplons le Seigneur, la Toute Sainte Mère de Dieu.

Nous devons courir nous réfugier auprès de notre Christ, par ferveur divine et amour. Non par peur de la mort ou des châtiments. (A 55-59).



Que ton silence soit secret, enfoui dans ton coeur.

"Que ton silence soit secret, enfoui dans ton coeur. Extérieurement, tu ne dois pas paraître observer le silence de telle sorte que les autres s'en aperçoivent. Dès que tu as dit deux ou trois mots, tu continues en ton for intérieur, secrètement, à adresser au Seigneur une prière pour tous.

Embrasse secrètement, dans ton coeur, avec amour, toute la communauté, toute l'Eglise. N'aie pas d'anxiété. N'essaie pas non plus de supprimer ou de corriger le défaut d'autrui. Aime-le avec son défaut. C'est le Seigneur qui en prendra soin.

Sanctifie ton silence par la prière, afin qu'il ne soit ni stérile ni infertile." (A 82).



Aime les veilles.

"Aime les veilles, me disait-il.

Les veilles sont une grande chose. Peux-tu comprendre cela? C'est une très grande chose. Le Ciel s'ouvre. Nous parlons avec Dieu.

Dans nos veilles à nous, là-haut, jusqu'à douze heures, à minuit, j'avais un peu sommeil. Mes yeux se fermaient. Après, mon esprit s'ouvrait, et la prière, je la vivais jusqu'au matin. Quand la veille était finie, j'étais si bien dispos que j'aurais souhaité que la veille, si cela était possible, recommence depuis le début. Dans la skite, nous lisions distinctement le canon, en le donnant à comprendre. Quand les veilles avaient lieu dans l'Eglise principale, nous le chantions." (A 65).



Missionnaire sans parler.

" Je suis jaloux de toi, je suis jaloux. Toi, tu peux, dans le monastère, devenir le plus grand missionnaire, sans parler du tout.

C'est en silence que tu dois prier pour tous. Pour toute l'Eglise, le clergé, les moines. Notre Eglise, aujourd'hui, traverse une crise.

Avant tout, prie pour ta famille spirituelle.

Laisse ton coeur ouvert à notre Christ. Qu'il soit tout amour, toute adoration. Sinon, ça y est! L'Esprit de Dieu s'en va dès que l'on commence le "pourquoi ceci. Pourquoi cela?"

Oh! Que n'étais-je du temps de ma jeunesse pour vivre l'obéissance!

Il n'est pas de plus grand bonheur que de faire ce que l'on te dit et que de plonger dans l'amour de Dieu." (A 52 p.).



Là-haut, au monastère.

"Toi, là-haut, au monastère, à l'heure de l'office, concentre-toi. Suis tout, vis tout. Et les Heures, et les offices d'entre les Heures, et les psaumes, et les canons; Ne laisse pas un seul mot t'en échapper. Lis distinctement, en ayant l'intelligence du texte.

Avec amour, dans l' adoration envers notre Seigneur, nous devons crier : " Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi!"

Fais des prosternations en grand nombre. Autant que l'on t'en prescrira. Elles purifient et sanctifient et le corps et l'âme.

Désormais, tu ne pourras plus venir ici. Notre communication sera spirituelle. Quand tu prieras la Toute Sainte Mère de Dieu, quels que soient tes problèmes et tes difficultés, tu lui diras : " Très Sainte Mère de Dieu, par les prières de l'Ancien, aide-moi à résoudre mon problème que voici..." Et moi, je serai informé de ton problème et je prierai secrètement pour toi. Je veux savoir le jour et l'heure de ta cérémonie de tonsure, parce que je serai là, moi, ici, présent mystiquement près de toi." (A 45).



Ne fais pas de remontrances aux moniales.

A la Mère higoumène d'un monastère, à laquelle il donnait des conseils spirituels, il dit entre autres choses :

" Hé bien! E coute. Fais attention aux moniales. Ne leur fais pas de remontrances, pour aller, par après, dans ta cellule en avoir du chagrin et pleurer". (Tz 118).



Une distinction extérieure.

Ne faisons pas de distinction entre une vie de calme, retirée, et une vie d'activité. L'essentiel est, comme me le disait l'Ancien de bienheureuse mémoire, de savoir si nous faisons une vraie obéissance à la volonté de Dieu et de Son Eglise et si nous accomplissons avec amour le service spécifique qui est le nôtre. ( Ger 59).



Vision d'un monastère de garde.

Un soir, à Callisia, l'Ancien me demanda : " Dis-moi, quand quelqu'un tombe malade, regarde-t-il l'heure qu'il est pour aller à l'hôpital?" Je fus surpris de cette question paradoxale et je répondis : " Pourquoi regarderait-il l'heure, Géronda? Il ira à l'hôpital immédiatement, quelle que soit l'heure à laquelle il tombe malade."

L'Ancien demanda :

" Même si c'est la nuit? Même après minuit?

- Assurément", lui répondis-je.

Il poursuivit alors :

" Et, dis-moi un peu, crois-tu peut-être que l'être humain est moins en péril quand c'est de maladies spirituelles, de péchés, qu'il souffre?

- Il est incomparablement plus en danger, lui répondis-je.

- Tu sais, continua-t-il, combien d'hommes risquent, à cause de leurs péchés, de perdre, et cette vie provisoire et leur vie éternelle, combien sont désespérés et en arrivent au seuil du suicide? Si cela leur arrive, mettons à deux heures du matin, et qu'ils veuillent, à cette heure-là, trouver une église ouverte pour y prier et un confesseur pour se confesser, le pourront-ils?

- Non, bien sûr, répondis-je, tandis que ma curiosité arrivait à une sorte d eparoxysme ( je désirais savoir où l'Ancien voulait en venir).

- Hé bien, dit-il finalement, ne serait-ce pas une belle chose s'il y avait un monastère, dans ou hors d'Athènes, et même très loin d'Athènes, dans l'église duquel offices et confessions se succèderaient tout au long de la journée de vingt-quatre heures, les hiéromoines se relayant par périodes de garde, comme celles des médecins dans les hôpitaux de garde? Pourraient ainsi y trouver refuge, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, des êtres humains blessés par le péché."

Je compris alors ce qu'il voulait. " Ce serait une belle chose, répondis-je, si cela existait, mais cela n'existe pas." L'Ancien secoua la tête tristement. Puis il eut un étrange sourire. Ces visées me parurent très audacieuses, presque utopiques. ( G 53).



JEÛNE



Tu n'as pas commis de péché en goûtant à ce plat.

Quant à moi, j'observais toujours le jeûne. Je faisais malheureusement ce que font les mères qui ne veulent pas priver leurs enfants. Je leur faisais observer le jeûne trois jours seulement. De plus, quand je faisais une crème, j'avais l'habitude d'y mettre le doigt pour goûter. L'idée me torturait quelque part de savoir si cela était un péché et j'y réfléchissais. Un jour - c'était précisément durant le jeûne qui précède le 15 août -, j'avais des hôtes et j'avais honte de dire : " Moi, je ne mange pas. Je vais préparer pour vous seulement." J'ai donc apporté des côtelettes et des frites, et je me suis vue dans l'obligation de manger avec eux. Par la suite, je suis allée voir l'Ancien, et je le lui ai dit. Il me dit : " Allons donc, c'est bien la peine de croire que tu as commis un péché pour avoir fait ça. Tu as seulement goûté à quelque chose pour voir si c'était sucré ou salé. Mais, pour le repas, tu n'aurais pas dû le faire. Une autre fois, ne recommence pas." (Ger 98 p.).



Ne croyons pas aux rêves.

" Nous ne devons pas croire aux rêves car, bien des fois, c'est le Malin qui nous tend un piège par le moyen de ceux-ci."



*

" Géronda, je crois beaucoup aux rêves et quand, le soir, j'ai fait quelque rêve dont je pense que c'est un mauvais présage, je me trouve bouleversée toute la journée du lendemain, car j'ai peur que quelque chose de mal ne m'arrive. C'est ainsi, par exemple, qu'hier soir j'ai vu en rêve des poissons (46).

(46) : ( Une croyance populaire grecque assimile la vision du poisson qui se débat hors de l'eau à un présage d'angoisse. (NdT).).

- N'attache aucune importance à tes rêves. Va donc maintenant au marché aux poissons, achète des poissons, fais-les frire et mangez-les. Voilà ce que tu dois faire de tes rêves." ( I 298 p.).





ORTHODOXIE

Pour la première fois,

j'ai compris ce qu'Orthodoxie voulait dire.

Notre Orthodoxie est fondée sur la présence de l'Esprit Saint. Comme le disait le grand Père de notre Eglise, Saint Irénée, originaire d'Asie Mineure et évêque de Lyon, là où la Grâce de l'Esprit Saint est visible et sensible, là est l'Eglise.

C'est cela aussi que l'Ancien Porphyre a démontré, à savoir que l'Eglise Orthodoxe continue. Il a démontré que notre Tradition se perpétue et le fait que les charismes ne sont pas des actions de Dieu limitées aux temps apostoliques, comme le croient divers hérétiques, mais qu'ils sont vivants de tout temps dans la Tradition de l'Orthodoxie.

Je présenterai ici, en témoignage, le cas d'un clerc tchèque.

Quand il est venu en Grèce, il avait deux problèmes fondamentaux : l'un était un problème d'ordre strictement personnel, c'est-à-dire un problème existentiel. L'autre était un problème d'ordre ecclésial. Il ne parlait que l'allemand et il m'a demandé de l'accompagner chez le Père Porphyre. Mais, pour des raisons de discrétion dirais-je, j'ai envoyé, pour l'accompagner, un de mes étudiants qui était allemand.

Après les salutations, l'Ancien Porphyre lui saisit la main, avec son sourire bien connu, tout-à-fait amical et désarmant, et lui dit : " Mon Père, vous avez deux problèmes qui vous mettent au supplice." Puisil lui indiqua de quelle manière il devait procéder relativement au premier problème et de quelle manière il devait traiter l'autre. Quand le clerc tchèque revint à la maison, il me dit : " J'ai senti les articulations de mes jambes se relâcher immédiatement et j'étais prêt à m'agenouiller, car, pour la première fois, j'ai compris ce que signifie l'Orthodoxie."

Ce clerc tchèque était issu d'une famille non orthodoxe et, par la suite, était devenu orthodoxe. Il croyait ainsi que tout ce qu'il lisait dans les livres sacrés de l'Eglise était tout-à-fait théorique et, d'une certaine manière, mythique. " Maintenant, m'a-t-il dit, j'ai constaté la réalité. Dieu accorde la Grâce, et cette Grâce-là se trouve dans l'Orthodoxie." (I 62).



PASSIONS



Le vieil homme ne nous concerne pas.

Afin de couper court à nos passions, le Petit Père m'a, un jour, cité l'exemple suivant :

" Nous avons, mon enfant, un jardin où poussent des fleurs d'un côté, des épines de l'autre. Il y a aussi une fontaine dans cet endroit, pour les arroser. Si nous dirigeons l'eau de la fontaine du côté des fleurs, les fleurs grandiront, et les épines, par manque d'eau, seront desséchées. C'est ce que nous devons faire aussi avec nos actions. Si, sans discontinuer, nous faisons le bien, nos mauvaises habitudes disparaîtront peu à peu. Le vieil homme qui est en nous se terrera dans sa cachette et cessera de nous préoccuper. Mais, pour parvenir à ce résultat, une prière incessante est nécessaire de même qu'une lutte pour la vertu." ( Tz 106 p.).



Quand il fait jour, les ténèbres s'en vont.

L'Ancien se sanctifiait en aimant. Un jour, il nous dit : "Quand nous aimons le Christ, nos passions pécheresses s'en vont toutes seules. Elle perdent leur puissance devant la puissance de l'amour. Quand il fait jour et que le soleil éclaire nos chambres, les ténèbres s'en vont, elles ne peuvent rester." ( G 437).



L'amour du Christ chasse les passions.

" Plus l'amour du Christ croît, plus les passions s'amoindrissent et, plus les passions s'amoindrissent, plus l'amour du Christ croît. C'est comme une balance. As-tu compris? Je ne te dis pas d'aimer simplement le Christ, mais d'en tomber amoureux.

- Géronda, comment aimerai-je le Christ?

- Par l'humilité!

- Et comment m'humilierai-je?

- En faisant acte d'obéissance.

- Et comment faire acte d'obéissance?

- Tu ne sais pas comment faire acte d'obéissance? ( Ici il prit un air quelque peu farouche). Tous les Pères le disent et les Ecritures le mentionnent, et toi tu demandes : " Comment ferai-je acte d'obéissance?" Si tu étais devant moi, je te donnerais trois gifles pour te l'apprendre.

- Envoyez-les par téléphone, Géronda!" (Chr 363 p.).



"Je me suis retenu à temps et je n'ai pas cédé à la colère."

"Que je vous dise une histoire à moi! continua l'Ancien. Un jour, j'avais ici quelqu'un qui ne faisait absolument pas acte d'obéissance à mon égard. Dès lors, je lui dis : " Ecoute, mon enfant, fais cela." Il dit : "Non. Je ne peux pas le faire." Je lui dis : " Fais-le pour moi." ( Il y avait quelque chose que j'avais besoin qu'il fasse, comprenez-vous?") Et tandis que je lui disais cela, il me dit : "Cela, la science ne le permet pas. Ce n'est pas comme tu le dis. Je ne peux pas, moi, te le faire. C'est ce que dit la science." Je lui dis :"Dis-moi, mon enfant, est-ce la science que nous allons considérer maintenant. Fais-moi acte d'obiéssance. - Non, me dit-il, je ne peux pas." Alors, à ce moement-là, c'en était fait, j'ai été vaincu et j'ai senti que j'étais exaspéré. Mais, au moment même où il allait m'exaspérer ainsi, j'ai dit ceci : " Mon Dieu, pardonne-moi, et donne l'illumination à cet homme qui est Tien, à son âme qui est dominée par la tentation." Je me suis mis à prier et à être ému. C'est-à-dire qu'au moment où cela allait éclater, j'ai pris les devants et je n'ai pas cédé à la colère. Voilà mon expérience". ( Extrait du fascicule avec cassette : L'esprit orthodoxe est le vrai, p. 41).



PAPE



N'ayez pas peur du pape.

Je l'ai trouvé à Milési, dans une caravane démontable. Il m'a reçu avec un grand amour et il a écouté avec intérêt tout ce que je lui ai dit. Tel un prophète, il m'a dit : " N'ayez pas peur. L'intention du pape a toujours été de soumettre l'Eglise Orthodoxe, et un jour viendra où le dialogue échouera. Il ne se passera rien. Les Uniates (47) sont un cheval de Troie.

(47) : ( On désigne ainsi les communautés orthodoxes qui, généralement, par le jeu d ela diplomatie vaticane, ont été unies à Rome. (NdE).).

Il est plus clair que le jour que la seule chose qui intéresse le pape est que les Orthodoxes le reconnaissent comme chef, et rien de plus." Je lui ai demandé de prier pour nous, et lui aussi m'a demandé que nous fassions la même chose pour lui. ( Archimandrite Paul Nikétaras, O.T. 26. 03. 1993).



ENFANTS-JEUNES-EDUCATION



Te feras-tu avorter?

"Tous me disent, parce que je me trouve actuellement au début de ma grossesse, de procéder à des examens prénataux, afin d'être sûre de ne pas mettre au monde un enfant mongolien ou atteint de quelque autre invalidité.

- Et après, que feras-tu? demanda le Père Porphyre. Te feras-tu avorter? Si tu fais une telle chose, ne viens pas demander à nouveau conseil, car, moi, je n'aurai rien à te dire." (I 300).



Comme vous ne vous aimez pas, votre enfant...

A un jeune couple qui lui avait rendu visite, l'Ancien avait dit : " Comme vous ne vous aimez pas, votre enfant à naître aura des problèmes."

La prophétie de l'Ancien fut vérifiée par les événements. L'Ancien ne considéra bien entendu pas cela comme une prophétie, mais comme la relation logique nécessaire entre deux facteurs ( manque d'amour entre les époux - enfant au caractère problématique). L'Ancien démontra dans les faits le bien-fondé du principe pédagogique selon lequel l'éducation de l'enfant commence " dès l'instant de sa conception". (G 356).



Ces enfants aussi sont orphelins!

Nous étions un groupe d'amis, et l'Ancien s'entretenait avec nous. Il nous parlait de cette tragédie qu'est le manque d'amour à notre époque. C'est ce manque qui est responsable de la solitude, de la mélancolie, de l'insécurité, de l'anxiété, des phobies. Il nous disait : " Traînez-vous donc un peu, vous autres, jusqu'à un orphelinat. Allez y voir les apuvres petits enfants orphelins, comme ils se conduisent : ils sont comme des agneaux qui ont perdu leur mère et ils cherchent à voir quel visiteur leur apportera un peu d'amour. Ils vont se coller à lui et ne veulent plus en décoller." Et il en arriva à la conclusion suivante : " Pensez-vous que les petits enfants qui ont leurs parents, mais que leurs parents n'aiment pas, diffèrent en rien des orphelins? Eux aussi sont orphelins." (G 256).



Tu blesses autrui même sans rien dire.

A l'un de ses enfants spirituels l'Ancien Porphyre dit les paroles suivantes, qui ont valeur d'explication et d'édification : " Quand deux êtres humains sont exaspérés et cèdent à la colère, une force mauvaise est émise par le mal qui bout en eux-mêmes. Ils influencent ainsi l'autre, même s'ils ne lui disent rien. C'est d'une telle manière que les parents influencent aujourd'hui les enfants : ils les voient causer du désordre, ils en ont le coeur serré, et en sont exaspérés. Ils se disent : " Mieux vaut ne pas lui parler maintenant pour ne pas le traumatiser." Et ils sont loin de savoir qu'avoir ainsi le coeur lourd est une blessure mortelle. Entends-tu cela, mon enfant? Un péché mortel! Tu blesses autrui même sans rien dire. Car notre âme est d'essence spirituelle et c'est d'une manière spécifique qu'opèrent des puissances diverses, tantôt en faisant le bien, tantôt en faisant le mal."

Voici encore une autre merveilleuse explication touchant au sujet précédent, telle qu'en rend compte un autre enfant spirituel de l'Ancien dans un cas analogue de difficultés concernant la collaboration professionnelle :

"Tu dois avoir de bonnes pensées pour l'autre. Par notre prière, par l'intermédiaire du Christ, vous influencez autrui favorablement. N'ayez pas de mauvaises pensées pour qui que ce soit". (Revue Famille nombreuse, n° 57, p.25).



Votre enfant se sent en insécurité et il est plein de phobies.

"Que faire, Géronda, avec notre enfant, qui se sent en insécurité et qui est plein d ephobies?

- C'est vous qui portez entièrement la responsabilité de cet état de choses. Dès le ventre de sa mère, vous lui avez créé, du fait des mauvaises relations entre vous, tous ces traumatismes de l'âme qu'il portera avec lui pour toute sa vie entière." (I 898).



Il est tout petit... mais il comprend bien des choses!

Le sage Ancien Porphyre disait que les parents devaient faire attention à leur conduite, fût-ce même devant les bébés; qu'ils ne devaient ni penser ni dire : " Il est tout petit et il ne comprend pas." "Fais attention, disait-il, à la manière dont un enfant qui marche à quatre pattes regarde de haut en bas quelque nouveau visiteur que ce soit qui entre à la maison. En un laps de temps record, en deux à trois secondes, ce petit enfant, que toi tu ne prends pas en compte, a étudié tous les traits caractéristiques de cet homme et il en a mesuré la psychologie sous tous les angles." (Por 39).



Les phobies de la mère ont influencé le foetus.

Le moine Nicodème raconta un fait surprenant.

" Quand l'Ancien Porphyre était desservant, en tant que recteur, de la Polyclinique d'Athènes, nombre de médecins de cet établissement, qui avaient compris qu'il tenait de Dieu certains charismes d'importance, le respectaient particulièrement et lui demandaient souvent de prier lors d'une opération difficile, ou bien demandaient son avis pour poser un diagnostic délicat.

C'est ainsi qu'un jour, des médecins de la Polyclinique appelèrent l'Ancien, de bienheureuse mémoire, afin qu'il donne son avis sur un cas difficile auquel ils se trouvaient confrontés. Une jeune femme avait accouché à la Polyclinique d'un enfant difforme. Celui-ci était affecté d'un prolongement de la joue en forme d emélanome ressemblant à une aubergine. Les médecins voulaient savoir l'interprétation que l'Ancien donnerait de la naissance d'un tel enfant. L'Ancien Porphyre demanda à voir la jeune femme. En parlant avec elle, il apprit alors que là, dans le quartier, près de la place Omonia, circulait un jeune homme, qui avait le visage déformé de la même manière que le bébé qui était né à la clinique. La jeune fille rencontrait souvent ce jeune homme, puisqu'il était son voisin et, tout naturellement, elle en avait pitié. Mais quand elle s'est mariée et qu'elle a été enceinte, la vue de ce jeune homme a commencé à prendre pour elle des allures de cauchemar. Quand elle le voyait, elle pensait : " Quelle chose terrible, pour s amère, d'avoir un tel enfant! Si moi, je me trouvais à sa place, combien j'en souffrirais! Comment le supporterais-je?"

Et c'est cette vision cauchemardesque et semblable réflexion qui exerça une influence telle, pendant le temps de la grossesse de cette jeune femme, que le foetus a été formé sous cette influence et que, en fin de compte, est né ce petit visage monstrueux, semblable à celui du jeune voisin de sa mère. C'est avec cette explication que donna l'Ancien Porphyre que tombèrent d'accord les médecins de la Polyclinique, mais aussi la mère du bébé elle-même. ( I 109).



Conseils aux futures mères en période de grossesse.

Il disait à un pédiatre :

" Dis aux mères qu'elles doivent ressentir combien Dieu les a honorées en les rendant dignes d'être mères. Dès le moment où elles portent en elles le foetus nouvellement conçu, elles possèdent une seconde vie.

Qu'elles parlent à leur enfant. Qu'elles le caressent par-dessus leur ventre. Le foetus ressent qu'elles prient pour lui avec un grand amour. De même que l'enfant qui vient de naître, le foetus ressent le manque d'amour de sa mère, l'état de ses nerfs, sa colère, sa répulsion, et cela provoque des traumatismes dans sa petite âme, qui l'accompagneront toute sa vie.

En revanche, les sentiments sanctifiés d'une mère en voie de sanctification et la vie de sainteté qu'elle mène, sanctifient l'enfant dès l'instant de sa conception.

Les mêmes principes valent aussi pour le père." (A 109).



Ton enfant est tombé malade à cause de ton orgueil.

Quand une autre dame, instruite et cultivée, lui rendit visite pour lui exposer la tragédie qu'elle vivait du fait de son enfant neurasthénique, l'Ancien la frappa de ses foudres en lui disant que son enfant était tombé malade à cause de son orgueil et qu'il guérirait si elle-même s'humiliait et se purifiait. La dame sortit anéantie d ela cellule de l'Ancien, noyée dans ses pleurs. Toutefois, lors des rencontres qui suivirent, il la consola et l'encouragea. Il lui donna de grands espoirs de guérison pour son enfant, et l'assura de son propre progrès spirituel à venir.

Dans d'autres cas, l'intervention curative de l'Ancien se bornait à ce conseil : " Fais ce que Dieu t'inspirera." Dans d'autres cas encore, il se contentait d'une bénédiction silencieuse. Toutes ces interventions étaient efficaces, selon les nécessités et les besoins de chacun. (G 380).



Ils avaient tant de connaissances en psychologie...

et ils ont perdu leur enfant.

Au sujet d'un enfant qui avait pris le mauvais chemin, il me disait avec tristesse : " Ses parents, dotés d'une telle instruction, et d'une telle formation scientifique, ont perdu leur enfant. Il a fui d'entre leurs mains. Seule la Grâce de Dieu, seul notre amour véridique, l'amour qui se sacrifie secrètement pour les autres, peut sauver les autres et nous sauver nous-mêmes. (G 287).



Il s'est révolté à cause de votre orgueil.

Les parents d'un garçon victime d'une maladie nerveuse rendirent visite à l'Ancien pour lui demander son aide. L'Ancien "vit" l'âme de l'enfant et leur dit : " Votre enfant a une âme très bonne. Une âme meilleure que la mienne. Il n'est pas malade. Il a été blessé et s'est révolté à cause de votre orgueil et il a subi l'influence de mauvais et de méchants amis qu'il fréquentait. Il sera guéri par votre sanctification." La mère, dès qu'elle entendit cela, se mit à pleurer, désespérée, parce qu'elle considérait sa propre sanctification comme impossible. L'Ancien lui dit alors : " La sanctification n'est pas chose impossible. Elle est même facile, pourvu que vous-mêmes vous parveniez à posséder humilité et amour."



L'enfant révolté et le bon père.

Le Père Porphyre disait que l'intérêt du bon père pour son enfant doit demeurer entier, même quand l'enfant grandit, devient dur et se révolte, même s'il ne l'écoute pas, même s'il adopte des positions hostiles et contraires. C'est là où l'on verra l'habileté, mais aussi l'amour du bon père, car les enfants, avant d'entrer dans l'âge d'homme, se livrent à bien des actions dépourvues de sens et dénuées d'expérience, et provoquent leurs parents.

Parfois le père devient dur. Par manque de réflexion, il oublie l'attitude de bon père. Il joue le rôle d'un vengeur dur, et, bien souvent, il provoque à l'encontre de son enfant un mal irréparable.

Si l'enfant, qui manque de maturité, en jeune homme qu'il est, comprend la psychologie de son père, et se rend compte que c'est réellement un bon père, qu'il fait des concessions au-delà du raisonnable, qu'il fait preuve d'une patience paternelle, jusqu'à sa mort il aura le nom de son père sur ses lèvres, et il dira : " Mon père à moi, c'était un Saint. Je l'ai compris au moment de mes folies de jeunesse." Por 18 p.).



Les parents alors s'insurgèrent et lui dirent : " Géronda, nous, ce n'est pas pour nous-mêmes que nous sommes venus ici.

par votre propre purification.

Les parents d'un enfant difficile et révolté se réfugièrent auprès de l'Ancien. Ils lui décrivaient leur situation dramatique et demandaient des instructions sur la manière correcte d'y faire face. L'Ancien leur disiat ce à quoi, dans leur vie, ils devaient eux-mêmes faire attention. Les parents remettaient sur le tapis, à intervalles réguliers, la question de leur enfant, mais l'Ancien leur parlait de nouveau de leurs devoirs de leurs devoirs de Chrétiens. Les parents s'insurgèrent alors et lui dirent : " Géronda, nous, ce n'est pas pour nous-mêmes que nous sommes venus ici. Ces choses que vous nous dites, nous les connaissons depuis notre enfance et nous les enseignons aux autres. C'est pour notre enfant que nous sommes venus." Et l'Ancien leur fit observer : " Mais n'avez-vous pas compris que c'est de votre enfant que je vous parlais tout ce temps? N'avez-vous pas compris que le salut d evotre enfant passe par votre propre purification? J'entends, non la purification en théorie, mais la purification en actes." Et, peu après, il ajouta : " Vous devez entreprendre immédiatement ce travail-là si vous aimez réellement votre enfant. En ce moment même, j'ai vu son âme : c'est un cadavre." (G 202 p.).



Les problèmes des enfants sont dus...

Une mère, qui avait de sérieux problèmes avec ses enfants, lui demanda : " Géronda, mes enfants sont-ils nés ainsi, ou bien leurs problèmes sont-ils dûs à des fautes commises par nous?" Et lui de répondre : " Ils sont dûs à des fautes commises par vous. Leurs amis aussi, qui mènent une vie de péché et calomnient le Christ, les influencent." (G 124).



Pas une seule fois...

" Pas une seule fois nos enfants ne doivent vous entendre vous quereller ni même hausser seulement le ton de votre voix en vous adressant l'un à l'autre.

- Mais, est-ce possible, Géronda?

- Mais bien sûr que c'est possible. Il en est même exactement comme je vous dis : pas une seule fois." ( I 299).



Enfants livrés à la confusion

de parents qui sont dans la confusion.

Il parlait d'enfants "livrés à la confusion". Ce sont les enfants qui ont des problèmes psychologiques pour la raison que leurs parents, à cause des mauvaises relations qui existent entre eux, ne créent pas, dans leur maison, une atmosphère favorable et sereine.

Il parlait d'enfants " livrés à la confusion" de parents eux-mêmes "livrés à la confusion". S'agissant précisément d'enfants à problèmes, dont il m'arrivait, personnellement, de lui adresser les parents, il disait que, dès le ventre de leur mère, ils éprouvaient déjà ce problème, cette "confusion", car, quand leur mère était enceinte, elle ne prenait pas soin d'avoir une vie en ordre, calme, sereine, menée dans la prière, et prenant part aux sacrements de l'Eglise.

Une fois, je me rappelle, il avait conseillé à une mère de cinq enfants de s'éloigner pour un mois de chez elle, car sa conduite était telle qu'elle avait pour résultat des disputes quotidiennes entre ses enfants. Grâce à la grande discrétion qui était la sienne, l'Ancien traitait toujours chaque cas de manière adéquate. La façon qu'avait l'Ancien de s'adresser aux êtres n'était pas uniforme. Il savait quel genre de conseil chacun pouvait supporter. Il se pouvait que dix personnes l'interrogent sur un même sujet et qu'il donne dix réponses différentes. ( I 189 p.).



La caresse spirituelle de la prière.

Chaque fois que l'Ancien parlait de la prière, je me rendais compte qu'il n'entendait pas par là quelque effort superficiel et fragmentaire, mais une prière profonde et continue. Un jour, confronté à un problème posé par un enfant connu de lui comme de moi-même, il me dit : "Cet enfant est en proie à un problème intérieur. C'est la raison pour laquelle il se conduit ainsi. cet enfant est bon. Il ne veut pas ce qu'il fait. Il y est contraint. il est attaché comme par un lien. Cela ne se répare pas en raisonnant. On ne peut pas le persuader par des conseils ni le contraindre par des menaces. Auquel cas, il agirait dans le sens contraire. Il se peut que son état empire. Il se peut que cet état reste stationnaire. Il se peut qu'il soit délivré de cet état. Pour obtenir une telle délivrance, il est nécessaire que sa mère soit sanctifiée. Pour être libéré, cet enfant a besoin de la présence, auprès de lui, d'un être saint, qui fera preuve d'un grand amour, qui ne lui fera pas de sermons, qui ne cherchera pas à lui faire peur, qui vivra en toute sainteté. Alors, l'enfant, qui le verra, en sera jaloux et l'imitera. Avant tout, cet enfant a besoin à ses côtés d'un homme dont la prière soit grande, puissante, et fervente. La prière est une baguette magique. La prière fait des miracles. La mère ne doit pas se contenter de la caresse sensible qu'elle prodigue à son enfant. Elle doit s'exercer à la prière, et ressentir la caresse spirituelle de la prière. Quand elle voudra le caresser sans prière, l'enfant fera ainsi; - ici l'Ancien tend brutalement la main et repousse sa mère). Quand au contraire, sans le caresser, elle fera, secrètement, une fervente prière pour son enfant, ce dernier ressentira alors, en son âme, une caresse spirituelle, qu'il ne pourra expliquer et qui l'attirera vers sa mère. La mère, dans la prière pour son enfant, doit fondre comme un cierge. Elle doit prier en silence, et les mains levées vers le Christ, embrasser secrètement son enfant." ( G 59 p.).



Plus, toi, tu pries, plus ta fille conçoit de bonnes pensées.

Une fois, l'Ancien me dit : " Toi, tu es pieux. Et cette piété qui est tienne, cette foi qui est tienne, tu veux l'imposer à ceux qui t'entourent. Crois-tu que, de cette manière, tu vas arriver à quelque chose? Tu ne fais que du mal. Car les gens réagissent et ont l'esprit de contradiction. Tu dis à l'autre de faire quelque chose et il ne le fait pas. S'il te voit, toi, faire cette chose-là, peut-être la fera-t-il lui aussi, parce qu'il pensera : " Puisque lui le fait, je vais le faire aussi.""

Et il pousuivit : " Si, au contraire, tu veux prier le Christ en lui disant : " Mon Christ, illumine, ou dirige telles personnes" ou encore : " Prends-les en pitié", et si tu fais sans arrêt cette prière, alors le Christ commence à envoyer à cette personne-là de bonnes pensées. Chaque fois que toi, tu dis, par exemple : "Seigneur, prends mon enfant en pitié," ton enfant reçoit une bonne pensée céleste et de la Grâce venue du Christ. Et plus, toi, tu continues à prier, plus ton enfant reçoit de Grâce et de bonnes pensées. Et si, actuellement, ton enfant est comme une orange encore verte, peu à peu il mûrira, et deviendra tel que tu le souhaites. Cette manière de faire est, d'une façon démontrée à mon sens, la meilleur, pour un être, de trouver la solution à ses problèmes, dans quelque domaine que ce soit. Car les autres méthodes, celles que les homme appliquent d'instinct, la plupart du temps échouent."

Je lui demandai de me citer divers exemples à propos de chaque chose qu'il me disait. Dans un cas précis, il me cita l'exemple d'un couple dont la fille s'était détournée du chemin de Dieu. La conduite et la manière de vivre de cette jeune fille avait suscité chez un un tel état de fait que le père en était hors de lui. Il était enflammé de colère contre sa fille, voulait même aller jusqu'à la tuer, et tenait d'autres propos excessifs de ce genre. Cependant, pour finir, il accepta de se rendre, en compagnie de son épouse, chez l'Ancien Porphyre. L'Ancien dit alors à ce père : " Ne comprends-tu pas ce qui se passe ici? Dans le cas présent, ton enfant, c'est le diable qui la possède. Il en fait ce qu'il veut, la conduit où il veut. De la façon dont tu te conduis, tu n'arriveras à rien. Ce problème-là nécessite d'être résolu par la prière. Ta femme et toi, vous allez tous deux vous mettre à prier continûment pour votre fille, et vous ne lui parlerez absolument pas de ce sujet-là."

Et il pousuivit : "Et, quand elle rentreratard le soir à la maison, comme elle a l'habitude de le faire, vous lui direz : "Mon enfant, ton repas est dans le réfrigérateur. Assieds-toi et mange." Votre fille tombera alors des nues. Elle pensera : " Mais mes barbares de parents, où ont-ils trouvé toute cette affabilité?" Vous, vous ne cesserez cependant pas de prier. Et sachez que votre fille se prendra de querelle avec la personne qui est actuellement sa mauvaise fréquentation. Et quand elle viendra vous annoncer qu'elle n'est plus en bons termes avec elle, ne lui dites pas : "Bravo, tu as bien fait", mais jouez les indifférents et dites-lui : " Nous, mon enfant, nous n'en savons rien. C'est toi qui sais.""

Et, de fait, c'est ainsi que les choses se passèrent. Un jour, la jeune fille annonça à ses parents qu'elle n'était plus en bons termes avec la personne qu'elle fréquentait jusque là. Elle rentra alors dans le droit chemin et fut sauvée. (Ger 86 p.).



Il faut prier pour les enfants.

" Que vous a dit l'Ancien au sujet des enfants?

- De nous conduire à l'égard de nos enfants avec amour et de prier Dieu pour eux. Comme c'étaient des garçons et qu'ils étaient seuls à Athènes, nous avions toujours des problèmes avec eux. De petits problèmes, dirais-je.

- Combien d'enfants avez-vous?

- Trois fils.

J'allai lui dire : " Géronda, nous avons des problèmes avec les enfants." " Ils seront résolus, me dit-il. L'heure viendra où ils seront résolus. Toi, fais ta prière, et Dieu parlera à leur âme, et tu verras que, tous, ils deviendront vraiment bons."

- Quel genre de prière l'Ancien te conseilla-t-il de faire?

- Il m'a dit : " Des paroles à toi, ce que tu veux. Tu Lui diras ce que tu penses devoir Lui dire avec tes mots à toi, car Lui, Il sait. Il n'a pas besoin que tu Lui dises de paroles spéciales."

Une autre fois encore, où j'étais allée le voir, il me dit : " Nous allons maintenant faire une prière." J'ai demandé : " Que dois-je dire, Géronda? Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi?" " Oui, cela même, cela. Agenouille-toi par terre maintenant. Moi, je dirai, et toi, tu diras aussi..." Et nous dîmes tous deux la prière intérieurement.

Nous sommes restés là à genouxun assez long temps, et j'attendais qu'il me dise : " C'est bien; ça suffit." Et il me disait : " Une fois encore."

- Quand tu priais avec l'Ancien, Xénia, ressentais-tu quelque chose de différent, ou de spécial?

- Oui : J'y allais toujours dans la tristesse, et je repartais toujours dans la joie. On aurait dit que je n'avais plus de problèmes." ( Ger 90).



Conseils à la mère veuve et aux enfants orphelins.

Quand mon mari est mort, mes enfants, Dimitri et Constantin, qui n'avaient que douze et dix ans, ont été, comme vous pouvez le comprendre, gravement affectés.

L'Ancien, qui voyait dans les profondeurs de leur âme, - Il disait : " Ils sont traumatisés. Ils sont blessés - m'a été d'un grand secours. Tout spécialement en ce qui concerne mon fils aîné, pour qui la disparition de son père fut une blessure grave, et plus importante que pour son frère. Ce fut alors avec une grande douceur et beaucoup d'amour que l'Ancien me guida dans la manière d eme conduire avec lui. Il me dit : " Ne sois pas influencée par l'enfant. Il réagit et parle mal. Il ne le veut pas. Non, ce n'est pas qu'il le veuille, mais c'est qu'à ce moment-là, il ne peut pas faire autrement. Ensuite pourtant, il le regrette. Nous, quand nous nous mettons en colère, nous nous identifions à la volonté du diable et, tous à la suite les uns des autres, nous entrons sous son influence."

Il soulignait toujours, à mon intention : "il n'y a qu'une seule façon de ne pas avoir de problèmes avec les enfants : c'est de progresser vers la sainteté. Devenez Saints, et vous n'aurez aucun problème avec vos enfants. Je lui demandai de quelle manière nous pouvions devenir Saints. Et sa réponse fut : "C'est très simple. Car alors la Grâce de Dieu vient sur vous." Et lorsque je lui demandai comment vient la Grâce de Dieu, il me répondit : " Avec l'humilité et la prière. Mais notre prière doit être forte, vivante. Quand nous prions avec foi, insistance, et ferveur, nous obtenons toujours des réusltats."

" N'exerce aucune pression sur tes enfants, me disait-il toujours. Les choses que tu veux leur dire, dis-les leur dnas ta prière. Les enfants n'écoutent pas par les oreilles, mais obtempèrent seulement quand vient sur eux la Grâce de Dieu. Soudain elle les illumine. Alors, et seulement à ce moment-là, ils se mettent à écouter ce que nous voulons leur dire. Quand tu veux dire quelque chose à tes enfants, dis-le à la Toute SainteMère de Dieu, et Elle, Elle agira. Cette prière-là, que tu feras, deviendra comme une prière spirituelle, qui embrasse les enfants, et c'est cela qui les attirera. Nous, tu vois, nous tentons parfois de leur prodiguer des caresses, et eux, ils réagissent avec l'esprit de contradiction. Alors que, contre cette caresse spirituelle-là, celle d ela prière, ils ne réagissent jamais."

Je dois vous dire que j'ai vu cela réalisé dans les faits. La première fois où, après la mort de mon mari, je suis allée en vacances avec mes enfants, mon fils aîné se fit en ces lieux des camarades.. Je le perdais ainsi tous les après-midis, sans savoir où il allait, ni ce qu'il faisait. Aussi lui dis-je : "Allons, mon enfant, ne t'en va pas une fois de plus." Que fais-tu donc, pour disparaître ainsi?" Je lui disais, autrement dit, toutes choses que nous autres, mères, avons accoutumé de dire à nos enfants. Mais lui ne l'entendait pas de cette oreille.

Ce fut alors qu'un jour, je me souvins des paroles que m'avait dites l'Ancien Porphyre. Et, dès que l'enfant fut parti, je pris le Livre de l'office de prière à la Toute Sainte Mère de Dieu, et je me mis à le lire. Avant même que j'eusse le temps de finir, mon fils revint à la maison et me demanda : " Maman, où as-tu dit que tu voulais que nous allions ensemble cet après-midi?" La réponse de la Toute Sainte Mère de Dieuavait été d'une promptitude, d'une célérité et d'une immédiateté telle que ce fut seulement alors que je pris conscience que ce que m'avait dit l'Ancien Porphyre était la seule attitude juste à adopter à l'égard des enfants.

L'Ancien me conseilla et me guida encore sur d'autres sujets relatifs à mes enfants.

Mes enfants faisaient de l'équitation. Le moment vint pour nous, un jour, d'acheter un cheval. Mais, comme il s'agissait d'une décision d'importance, je m'en fus prendre le conseil de l'Ancien. Il m'encouragea grandement à prendre cette décision. Il fit même venir mes enfants et leur dit que l'équitation était une belle chose. Il leur demanda d'avoir conscience, lorsqu'ils faisaient d el'équitation que c'était une belle chose d'être assis sur un cheval et de faire le cavalier.

Il encourageait aussi mes enfants à faire du ski, leur disant : " Là-haut, sur la montagne, lorsque vous y montez, que vous voyez le beau ciel bleu, la neige magnifique et toute cette vue panoramique extraordinaire, pensez à Dieu, l'auteur de toutes choses, qui a créé tout cela." A travers la création, il les conduisait, toujours sans nulle précipitation, vers le Créateur.

Il leur disait aussi de ne pas négliger leurs études en classe. Mais comme il le disait de belle manière! " Vous n'allez pas négliger vos livres et l'étude. Voici comment vous comporter. Vous avez un peu étudié et vous êtes fatigués? Allez retrouver votre cheval, faites votre équitation et, quand vous serez de retour, vous verrez que vous serez de nouveau tout frais sur vos livres. " (I 168 p.).



Sa femme et ses enfants n'étaient pas venus à l'église...

Un fidèle revint un jour de l'église chez lui. Une fois entré, quand il vit que sa femme et ses enfants n'étaient pas allés à l'église, il se dit en lui-même : " Regardez-moi ça! Aujourd'hui, dimanche, ils ne sont même pas allés à l'église pour y être bénis de Dieu. Que leur dire?" Et il fut très affecté de leur négligence.

Quand, quelques jours plus tard, il rencontra le Petit Père, il n'en dit rien mais parla d'autres péchés qu'il avait commis. L'Ancien lui dit :

" C'est bon en ce qui concerne ce que tu m'as dit. Mais écoute que je te dise : ce que tu as fait dimanche, ne recommence pas à le faire.

- Quoi donc, Petit Père? s'enquit ce frère.

- Rentrer chez toi et, parce que les tiens ne sont pas allés à l'église, en être énervé, attristé et exaspéré.

Voilà! Parce que tu reviendras de l'église porteur de la bénédiction que tu y auras recueillie, dis paisiblement en toi-même : " Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi", et demeure continûment serein et en paix. Autrement, du fait de la tristesse dont tu es affligé, ton intestin se tord et tu as mal là, en bas. N'est-il pas vrai que tu as mal là, en bas?

- Oui, c'est vrai que j'ai mal là", lui répondit le fidèle. Ensuite de quoi il demanda à l'Ancien de lui pardonner. ( Tz 162 p.).



Fais ce que le Christ nous dit de faire

et tes problèmes se résoudront.

Un jour, je me trouvais dans la cellule de l'Ancien et nous parlions. J'entendais le téléphone sonner sans cesse, sans que l'Ancien y réponde. A un moment donné, pourtant, il me dit : " Réponds, je te prie, et demande qui c'est et ce qu'il veut." C'était une dame qui appelait d'une ville de Grèce du Nord, et disait qu'elle devait d'urgence parler à l'Ancien. Ce dernier répondit : " Dis-lui que je ne peux pas maintenant. J'ai trop de monde à voir qui attend déjà. Qu'elle rappelle ce soir." Je transmis le message. La dame me pria de dire à l'Ancien qu'elle lui demandait instamment de prier pour un problème familial grave et urgent qu'elle rencontrait. Quand l'Ancien entendit cela, il me dit de lui donnner l'assurance qu'il priait. Cette dernière insista encore sur le caractère urgent du problème.

L'Ancien me dit alors : " Passe-moi le téléphone." Il mit le haut-parleur, de sorte que je puisse entendre le dialogue. Il lui dit : " Dis-moi, bénie sois-tu, quelle est cette impatience dont tu fais preuve. Puisque je t'ai dit que je prie. Crois-tu qu'il soit nécessaire de t'entendre pour que j'apprenne quel est ton problème? N'est-ce pas ceci et cela? Mais le problème ne te concerne pas uniquement toi. Il concerne également ton mari, à qui arrive telle chose. Et aussi ton premier enfant et ton deuxième enfant, à qui arrivent telles et telles choses. N'est-ce pas ainsi, comme je te le dis?" Et la dame, tout étonnée, de répondre : " C'est ainsi exactement, comme vous me le dites, Géronda." Et l'Ancien de poursuivre : " S'il en est ainsi, prie. Fais ce que le Christ nous dit de faire. De mon côté, je prierai aussi, et, sois sans crainte, les problèmes se résoudront." La dame n'avait plus de mots pour le remercier.

L'Ancien, après lui avoir prodigué d'autres conseils spirituels, la bénit, et raccrocha le téléphone. Il se tourna vers moi qui le regardais comme frappé de la foudre : " Tu as entendu? Quel miracle est-ce là! Combien notre Dieu est bon et grand! Moi, je suis ici. Elle, une inconnue, là, au loin. Et Dieu a montré clairement au pécheur que je suis ses problèmes à elle, ceux de son mari, et ceux de ses enfants. Combien grand est notre Dieu!" ( G 307 p.).



Les enfants ne doivent pas subir de pression.

A une mère, qui l'avait interrogé pour savoir s'il était préférable de prendre ses enfants pour aller s'installer à Londres, il dit : " N'achète pas une maison à Londres. N'y va pas. Ton travail n'est pas là-bas. Le climat y est humide. Les gens y sont étrangers, froids, et d'une autre confession religieuse. Tes enfants seront tristes là-bas. Il est préférable qu'ils restent ici, où les gens sont Chrétiens Orthodoxes, et Grecs. Le climat ici est très favorable, et les enfants en seront heureux. Les enfants ne doivent pas subir de pression. Quand ils font des sottises, prends, en tant que mère, les mesures qui s'imposent, mais n'exerce pas de pression sur eux. Tu fais bien de leur lire tous les jours l'Ecriture Sainte. Mais lorsque tu vas à l'église et que tes enfants ne veulent pas t'y suivre, ne les oblige pas y venir. Cependant, ne t'en désintéresse pas non plus. Voici, dis-leur : " Moi, mes enfants, je pars à l'église. Celui qui veut venir avec moi peut venir aussi, que ce soit maintenant ou une autre fois, plus tard". Parle-leur ainsi et prie beaucoup pour tes enfants. Grâce à ta prière, Dieu leur parlera." ( G 303 p.).



Vous les aimiez et vous les opprimiez.

A d'autres parents, qui avaient de sérieux problèmes avec leurs enfants, il dit : " Avez-vous vu ce qui vous est arrivé avec vos enfants? Avez-vous vu où ils en sont arrivés? Vous les aimiez, mais vous les opprimiez aussi, sans posséder la sainteté nécessaire pour les garder auprès du Christ. Dès lors, tant qu'ils étaient petits, vous les aviez avec vous et vous les gardiez auprès de vous. Mais lorsqu'ils ont grandi, ils vous ont fui, et vous les avez perdus. Vous ne devez pas faire la guerre à vos enfants, mais à Satan qui fait la guerre à vos enfants. Parlez-leur peu et priez beaucoup." ( G 301).



Depuis tant d'années, tu l'opprimais.

Une mère se plaignait que son fils ne l'écoutait pas, qu'il n'allait pas à l'église et d'autres choses de ce genre. Je lui dis :

" Depuis tant d'années tu l'opprimais, lui disant : "Fais ceci, va là". Maintenant il a besoin de liberté.

Ne lui dis pas : " Fais-ci, fais-ça. Prie seulement avec amour, en secret, pour lui.

Si tu voyais quelqu'un, comme s'acharnant sur ton fils, le harcelant, lui disant : " Dis ça à ta mère", est-ce ton fils que tu en accuserais? Est-ce à ton enfant que tu en aurais tenu rigueur?" (A 62).



C'est à cause de vous que votre enfant est parti.

L'Ancien nous dit :

" Une mère est venue me voir en pleurs : " Ma fille de quatorze ans est partie de la maison, il y a de cela trois jours maintenant. Mon mari dit qu'il la tuera quand elle reviendra. Que vais-je donc bien faire?

- C'est à cause de vous, lui dis-je, que votre enfant est partie. Conduisez-vous mieux à son égard. Demain, elle reviendra. Tenez prêt un repas pour elle, et faites-lui couler d el'eau chaude pour son bain. elle est très éprouvée. Ne lui parlez pas. Ne lui demandez pas : " Où étais-tu? Pourquoi es-tu partie? etc..." Parce qu'elle repartirait. Témoignez-lui seulement de l'amour, sans rien lui dire. "" ( Témoignage personnel de l'auteur).



Je veux partir de chez mes parents.

Une jeune fille pratiquante,âgée de vingt ans environ, en était arrivée à avoir des relations extrêmement tendues avec les siens, et voulait partir de la maison. Pour finir, elle était venue prendre le conseil de l'Ancien Porphyre. Elle disait à l'Ancien que les relations avec les siens étaient mauvaises et qu'elle songeait à s'en aller. L'Ancien lui demanda de quelle nature étaient ses problèmes et pour quelle raison elle ne pouvait avoir de bonnes relations avec les siens. Elle lui fit cette réponse que les siens ne l'aimaient pas du tout, car, alors qu'elle-même était pieuse, ils étaient, quant à eux, très mondains. L'Ancien lui dit alors que, puisque c'était elle qui était pieuse, c'était plutôt à elle de les aimer sans exiger qu'ils l'aiment. ( Por 54 p.).



... mais, toi-même, tu n'es qu'un satrape!

Lors de l'une de mes visites à la cellule de l'Ancien, retentit, comme à l'accoutumée, la sonnerie du téléphone. "Décroche le téléphone", me dit-il. C'était un inconnu. Il appelait d'une ville de province, et désirait parler d'urgence à l'Ancien. L'Ancien prit le combiné de l'appareil, en branchant le haut-parleur. Je pus alors entendre le dialogue suivant :

" Allô? Que veux-tu me dire?

- Père Porphyre, j'ai un gros problème avec mon fils. Il n'obéit pas, se rebelle, est insolent, ne travaille pas pour ses études, a de mauvaises fréquentations.

- Je vois, je vois. Cet enfant a des problèmes d'ordre psychologique. Il est révolté, et commet des fautes graves. Mais, quant à toi, aussi, tu m'as l'air d'un satrape!

- Qui? Moi?

- Non, moi. Toi, bien sûr! Tu ne t'en es toujours pas aperçu?

- S'il en est ainsi, Père, l'affaire devient très sérieuse. Il faut que je vienne immédiatement vous voir.

- Il n'est pas nécessaire que tu viennes. Tu es venu.

- Quand suis-je venu, Père? C'est la première fois que je parle avec vous.

- Hé bien voilà, tu es venu maintenant. Actuellement, alors que nous parlons au téléphone, c'est comme si tu étais venu. Tu n'as pas besoinde te déplacer. Fais ce que je te dirai, et ton enfant et toi, vous irez mieux."

Et il lui donna des conseils précieux relativement à l'éducation spirituelle et à la conduite douce et discrète qui devait être la sienne à l'égard de son fils. ( G 339).



Ma fille mène une vie de péché.

" Ma fille, Géronda, mène une vie de péché. Comment la sauverai-je?

- Uniquement par ta propre sainteté. La sainteté des parents sauve leurs enfants." ( I 298).



Nous avons des problèmes terribles.

Un jour, un couple de parents pieux rendit visite à l'Ancien, pour prendre son conseil au sujet de leur enfant qui traversait une adolescence explosive.

" Géronda, lui dirent-ils, notre enfant a grandi désormais. Nous avons des problèmes terribles! Il rentre tard le soir... IL ne nous écoute pas... Il se montre insolent et a de mauvaises fréquentations." Et le sage Père spirituel de leur répondre : " Durant la période présente, gardez le silence. Cachez votre "piété". Ne le provoquez pas. Actuellement, tout se passe comme si vous, vous étiez "bien habillés", comme si vous étiez endimanchés, tandis que lui, il est "couvert de boue", et de "haillons". C'est cette présence "pieuse", qui est la vôtre, qui le révulse et qui l'énerve." ( Kr 133 p.).



Dis-le à la Toute Sainte Mère de Dieu.

Ces choses que vous voulez dire à vos enfants, dites-les avec votre prière. Les enfants n'écoutent pas avec les oreilles : c'est seulement quand la Grâce de Dieu vient les illuminer qu'ils écoutent ce que nous voulons leur dire. Quand vous voulez dire quelque chose à vos enfants, dites-le à la Toute Sainte Mère de Dieu et, elle, elle agira. C'est cette prière que vous ferez qui sera le souffle porteur de vie, la caresse spirituelle, celle qui caresse, embrasse, attire les enfants."



*



A propos de la prière, il conseillait :

" Prie simplement et humblement, avec une foi simple, sans attendre que Dieu réponde. Sans voir ni Sa main, ni Sa Force, ni Sa Lumière. Rien! Crois! Puisque tu parles avec foi, tu parles réellement avec Dieu." ( Kr 155).



Quand tu vois... l'Allemand écraser le cou de ton enfant.

Un soir, je suis allé chez l'Ancien Porphyre avec un Chypriote très connu, installé à Athènes. On était alors sur le point de tourner un film dont le sujet était le passage de l'Evangile sur le fils prodigue. C'est cet ami qui avait financé ce film. Et, tandis que le scénario et tout le nécessaire étaient prêts, mon ami est allé prendre le conseil de l'Ancien.

J'ai, à cette occasion, entendu l'Ancien Porphyre nous parler du père, d ela manière dont il avait pardonné au fils prodigue, et de l'attitude qui devrait être celle du père dans la société actuelle. Il nous a dit : " Quand tu vois le diable écraser le corps de ton enfant, plutôt que de te fâcher avec ton enfant parce qu'il a pris le mauvais chemin, parle à Dieu. Apprenez à parler à Dieu de vos enfants. Plutôt que de gronder vos enfants, parlez d'eux à Dieu." (I 176).



Tu n'aimes pas ton enfant de l'amour du Christ

et tu lui fais du mal.

Un jour l'Ancien me dit :

" Aimons de l'amour du Christ, non de l'amour humain. Il y a deux ans, une mère est venue ici, pour que je lui parle de ses quatre enfants. Elle me dit leurs noms. Je lui dis : " Faites attention à Charalampos, car celui-ci, un jour vous battra." ( Il avait douze ans à l'époque). Cela la mit hors d'elle.

" Que dites-vous là, Père? Charalampos est le meilleur de mes enfants. Je fais bien attention à lui et je l'aime plus que tous, car c'est mon petit dernier.

- Tu ne l'aimes pas de l'amour du Christ et tu lui fais du mal."

Elle ne m'a pas cru. Elle s'en est allée fâchée, en proférant certaines paroles contre moi. Moi, j'ai prié, et je l'ai laissée entre les mains de Dieu.

Elle est donc venue ici avant-hier, repentie. " Pardon, Père. Nous ne t'avions pas compris à l'époque. Nous disions que tu trompais les gens. Maintenant, je crois que c'est Dieu qui t'illumine. Charalampos, Père, est parti d'auprès de moi. C'est devenu un sauvageon. Il nous a même battus. Que faire maintenant? C'est vrai que je ne l'aimais pas de l'amour du Christ. Je lui ai fait du mal..." Et elle pleurait." (A 30).



L'amour humain qui blesse les enfants.

Les jeunes sont, aujourd'hui, victimes d'un écroulement de l'élan vital et veulent se suicider. Les faiblesses des enfants trouvent leur origine chez les parents. Car ces derniers sont des hommes, sans plus, et ils les oppressent avec leur amour, qui n'est qu'un amour humain sans plus. Tu connais Monsieur B.? Il a écrit des livres de pédagogie. Il a cinq enfants et ce sont, tous les cinq, des hooligans et des hippies. L'un d'eux s'est suicidé. A ses obsèques, ses frères se sont rassemblés et disaient : " Ne t'en fais pas, nous, nous allons te venger." ( Deux cents ans après, éd. Akritas, p. 374).



Ne donnez pas de mauvaises habitudes à vos enfants.

L'Ancien nous disait que les parents devraient, petit à petit, combattre les mauvaises habitudes de leurs enfants, qu'ils devraient diriger tout leur intérêt sur ce qui les concerne, leur apprendre aussi à s'habituer, à se soumettre, à s'adapter à tous et à toutes les situations, cela pour éviter qu'ils ne soient en difficulté, une fois entrés dans la vie, du fait de smille et un différents caractères humains. De cette manière, ils ne gâteraient pas leurs relations, ne se feraient pas d'ennemis malgré de petits points d'orgueil et d'une trop grande complaisance envers eux-mêmes. Telle était, disait-il, la pédagogie juste. (Por 54).



Que les parents ne se prennent pas de querelle avec leurs enfants.

L'Ancien dit encore : " Que les parents qui ont des enfants éprouvant des difficultés d'ordre psychologique et coutumiers de manières méchantes ne s'en prennent pas à leurs enfants mais à celui qui se trouve derrière leurs enfants, le diable. Le diable, nous ne pouvons le combattre que dans la mesure où nous devenons saints nous-mêmes." (Por 54).



Ne parlez jamais mal à vos enfants.

Le Père Porphyre disait que les parents doivent faire très attention à tenir leur langue. Ils doivent bénir - et non maudire - leurs enfants, car, disait-il - et, tout en parlant il soulevait légèrement les mains et écratait les doigts - notre coeur est une station qui émet et les doigts sont les antennes. De par tout être humain sont émises des bénédictions ou de smalédictions, d ela bénédiction ou du malheur, du bien ou du mal. Et il narrait, à ce sujet, un fait de sa connaissance. Un enfant, nous disait-il, partit de chez lui et s'en fut jouer, tandis que sa mère voulait qu'il aille au champ avec l'âne. En fin de compte, l'enfant revint à la maison, et sa mère, pleine de colère, le maudit en proférant une malédiction horrible où il était question de brancards en bois ( de telspropos sortent de la bouche de femmes sans instructionde mauvaise volinté, qui vivent loin de l'Eglise). L'enfant prit l'âne et s'en alla. En route, il tomba de l'âne et heurta une pierre. Des passants le trouvèrent et ils le ramenèrent, mort, sur un brancard de bois, comme il en avait été question dans la malédiction d ela mère. Elle s'arrachait les cheveux, mais le mal était fait. C'est la raison pour laquelle l'Evangile nous conseille de bénir et de ne pas maudire. Car la bénédiction apporte le bien, tandis que la malédiction apporte le mal, le désastre et le malheur. (Por 48).



Enfants neurasthéniques.

Toi, tu as vécu en un autre temps.

A une dame, qui avait un enfant neurasthénique, l'Ancien dit que cet enfant avait une belle âme, mais que c'étaient toutes ses mauvaises fréquentations qui l'avaient rendu malade. Il lui dit que son enfant serait guéri subitement, qu'il savait quand cela devait arriver, mais qu'il ne devait pas le lui dire. De plus, il précisa de quelle manière cet enfant serait guéri : par la purification de sa mère, qui commencerait quand elle cesserait de fumer.



*

A un père blessé, qui avait conduit son enfant malade auprès de l'Ancien, celui-ci dit : "Ton enfant est bon, mais comme tu as exercé sur lui une trop grande pression pour qu'il se distingue dans ses études à l'école, il n'a pas résisté. Il a été brisé et est tombé malade des nerfs.

- Et moi, comment ai-je résisté à tant de guerres, tant de privations, quand j'étais enfant? demanda le père.

- Toi, tu as vécu en un autre temps", répondit l'Ancien. ( G 201).



Demain, son fils drogué la battra

et je ne peux pas lui venir en aide...!

Un soir, les moniales interrompirent l'examen cardiologique que subissait l'Ancien, car nombre de personnes s'étaient assemblées dehors et attendaient pour prendre sa bénédiction avant la tombée de la nuit. Moi, je sortis de la cellule avant lui, et les visiteurs lui embrassèrent la main. Il était fatigué, et il ne parla à personne. La dernière dame était sortie en pleurant. Quand je suis rentré, j'ai trouvé l'Ancien en pleurs. " Voilà ce qui m'arrive tout le temps, me dit-il. J'ai vu, maintenant, cette mère battue par son fils drogué qui veut lui extorquer de l'argent. Et la pauvre a dû certainement être scandalisée : avoir un tel problème et être partie sans aucun secours... Que peux-tu faire, toi, pauvre Porphyre§... Seigneur Jésus..." Et, en murmurant, il répéta à de nombreuses reprises le mot "Jésus". 5I 229).



Comment te conduire à l'égard de tes enfants.

L'Ancien s'était mis, d'une manière très naturelle, à se référer aux événements divers de ma vie, à me parler de ma famille et à me suggérer des manières de faire vis-à-vis de mes enfants, dont les deux aînés étaient alors à l'âge de l'adolescence.

Il m'a dit précisément : " Ton premier enfant - ta fille - a besoin d'être abordé de telle manière, alors que ton deuxième enfant a besoin de l'être de telle autre manière. Ton petit enfant, ton jeune fils, est encore petit et n'a pas de problèmes." Il avait, en d'autres termes, devant les yeux, l'image de ma famille tout entière.

Tout cela, l'Ancien Porphyre ne le faisait pas pour se mettre en valeur. Cela lui venait spontanément. Telles sont les actions des Saints dans notre Eglise. Dieu a fait en sorte que moi aussi j'acquière l'expérience de la Grâce qui existe en ces êtres-là.

Ainsi donc, l'Ancien Porphyre, lors de cette rencontre que nous avons eue, me décrivit le caractère de ma fille, ainsi que celui d emon fils aîné. Quant à moi, je tombai des nues : c'était comme s'il avait vécu auprès de mes enfants toutes les années où j'avais moi-même vécu auprès d'eux.

Il me dit, au sujet de l'un de mes enfants, que je devais m'en occuper tout en faisant plus d eprière. Concernant cet enfant, il me dit précisément : " Tout ce que tu voudrais dire à cet enfant, du fait qu'il a certaines réactions dues à son caractère, dis-le à Dieu. Agenouille-toi devant Dieu et, sous l'effet de la Grâce de Dieu, tes paroles parviendront à l'esprit de ton enfant.

Relativement à mon autre enfant, il me dit : " Cet enfant-là accepte d'écouter tes paroles. Mais, fais bien attention : D'un côté, il accepte tes paroles, mais, de l'autre, il les oublie. Par conséquent, là aussi tu t'agenouilleras et tu demanderas la Grâce de Dieu, afin que ta parole paternelle tombe sur une bonne terre et puisse ainsi fructifier." (I 63).



Tu fais montre d'un amour de favoritisme

pour l'un de tes deux enfants.

L'Ancien disait :

" Le but des charismes que Dieu accorde est d'aider l'homme par ce moyen."

" Pour moi aussi, parfois, se manifeste Sa Grâce. Pourtant, cela n'arrive que lorsqu'elle a l'intention de venir en aide à une âme. Voici qu'il y a quelque temps quelqu'un m'a appelé d'Amérique au téléphone, pour m'interroger sur une question grave qui le préoccupait.

Moi, la Grâce m'a cependant informé d'un autre sujet grave qui le concernait, mais que lui-même n'avait pas identifié. Je lui ai donc dit :

" Fais attention, car tu montres un amour très grand et de favoritisme à l'un de tes deux enfants, et tu t'occupes sans arrêt de lui en raison de ta faiblesse à son égard. Or, par cette attitude, tu as provoqué de graves blessures dans l'âme de ton autre petit enfant, ta fille, en sorte que celle-ci est maintenant jalouse. De grands problèmes d'ordre psychologique se sont ainsi fait jour pour cette raison. Et si tu n'y prêtes pas attention dès maintenant - il en est bien comme je te dis - tu lui causeras un grand dommage et tu en seras responsable. Fais donc bien attention à ce que tu fais."" ( Chr 356 -358).



Fais la pauvre.

L'Ancien conseillait à une veuve : " Travaille et prie. Ne gaspille pas ton argent. Fais la pauvre. Prends la monnaie que l'on te rend quand tu vas au marché. Ne dis pas aux enfants : " Nous avons de l'argent". Donne-leur peu, et s'ils s'en plaignent, dis-leur : " Nous devons faire des économies car l'argent va nous manquer." Pour des questions d'argent, n'aie confiance en personne, pas même en ton frère." (G 348).



Une liaison maladive.

L'Ancien apportait son aide à la normalisation de "situations confuses", à la condition préalable et nécessaire, toutefois, que l'intéressé y collabore lui-même. Un jour, un jeune homme voulait fonder une famille digne de ce nom. Aussi avait-il l'intention de s'adresser à une jeune fille et de la demander en mariage. Or, il estima indispensable, avant toute démarche, d'interroger l'Ancien. Il lui rendit donc visite. ce dernier, après l'avoir écouté, lui dit : " Je vois que ton âme est en proie à un état de trouble. Tu demeures dans l'indécision et dans l'incertitude, et tu conserves une vieille liaison maladive avec une jeune fille instable. Lorsque tu te trouves auprès d'elle, elle en a assez de toi, te couvre de mépris et te chasse. Mais lorsque tu t'éloignes d'elle, elle est jalouse, te désire, et t'appelle pour te faire revenir. Si tu ne rompts pas définitivement avec elle, tu ne seras pas libéré, pour fonder la famille que tu désires. Pour l'instant, elle t'a chassé. Si, soi-disant repentie, elle te rappelle pour te donner des explications, ne retourne pas la voir, car alors, tu resterais auprès d'elle pour continuer la même histoire sans fin." Mais le jeune homme n'écouta pas l'Ancien. Au premier appel de cette jeune fille, il se rendit chez elle, tout confiant en lui, afin de tirer personnellement l'affaire au clair. Le résultat fut qu'il resta auprès d'elle et que la prédiction de l'Ancien se vérifia. ( G 360 p.).



Sais-tu quels bons enfants ce sont là?

A Sainte-Rouméli (48), tandis que l'Ancien Porphyre était en conversation avec le Père Georges, il lui demanda de s'éloigner pour le laisser prier.

(48) : ( Sur la côte sud de la Crète).

Le Père Georges s'éloigna, mais, là où il s'était retiré, il eut sommeil et s'endormit. Mais il fut réveillé en sursaut

par le bruit de pas d'une grande bande de scouts européens, venus en touristes, qui passaient à côté de lui. Et il vit alors l'Ancien, debout sur le bord de mer, en train de bénir les jeunes gens qui passaient. Dès qu'ils furent passés, il se tourna vers le Père Georges et lui dit : " Sais-tu quels bons enfants ce sont là, Père Georges? Mais, hélas! ils sont "comme des brebis sans pasteur"." (I 123).



Ils ont commis tous les péchés, mais moi, je les aime!

Il me disait un jour : " Parfois viennent à moi des filles et des garçons. Les apuvres enfants, que n'ont-ils fait! Ils ont commis tous les péchés de la chair, mais, moi, je les aime."

L'Ancien ne justifiait pas leurs actes. Il les caractérisait comme des péchés de la chair, mais, en même temps, il aimait ces jeunes gens comme des âmes précieuses "pour lesquelles le Christ est mort". Grâce à son amour, il les attirait comme un aimant, et, par étapes, il les guérissait de leur passion d ela chair. Cette attitude de l'Ancien, digne des Pères de l'Eglise, a été mal comprise de certains "puritains" et "traditionnalistes", qui en ont été attristés, comme par certains "progressistes" irresponsables, qui ont jubilé, pour la même raison : Ils prétendaient que l'Ancien "tolérait" le péché de la chair. Ils ne comprenaient pas que le péché ne peut être combattu ni par la condamnation haineuse du pécheur ni par la légitimation coupable d ela chute. L'Ancien combattait efficacement le péché en aimant le pécheur et en l'aidant à la prise de conscience de sa responsabilité dans ses chutes, ainsi qu'à trouver la possibilité, en Christ, de se relever de ses chutes et à s edélivrer de la culpabilité, par le moyen du repentir, de la confession et de la vie menée en Christ. Il voulait conduire à la vie nouvelle, et non maltraiter les âmes en les maintenant dans leur ancienne vie passée. ( G 354 p.).



Ne parle pas du Christ à tes étudiants.

J'ai dit à l'Ancien :

" Moi, Géronda, tout naturellement, l'université me paie pour enseigner le cardiogramme. Elle ne me paie pas pour faire des sermons. Et, tout compte fait, il se peut que certains étudiants ne veuillent pas de ces sermons, et que certains autres ne soient même pas croyants. Toutefois, ne serait-il pas bon, Géronda, qu'un jour, après avoir enfin terminé ces cours-là sur le cardiogramme, à la fin desquels les étudiants m'applaudissent tandis que je les applaudis à mon tour, je puisse leur dire enfin : " Mes enfants, faites à votre tour un pas vers le Christ"?"

Ecoutez donc ce que m'a dit l'Ancien Porphyre :

" Pourquoi te mettre devant ce dilemme? Lorsque tu vas faire ce cours, as-tu communié?

- Oui, Géronda, j'ai communié.

- Communies-tu le dimanche?

- Avec votre bénédiction, je communie.

- Alors, Petit-Georges, c'est le Christ qui entre dans l'amphithéâtre. Qu'es-tu besoin de paroles, puisque tu portes le Christ en ces lieux, puisque tu es porteur du Christ à l'heure où tu parles en chaire. Laisse donc les enfants être comme ils sont. Ne leur dis rien." (Ger 77).



Arrive une bande de hippies...

Une fois, un hippie m'a rendu visite. Il était habillé avec des vêtements bizarres et multicolores. Il portait des bijoux et des pendentifs. Il demandait à me voir. Cela inquiétait les moniales. Elles sont venues me demander mon avis et je leur ai dit de le faire entrer. Dès qu'il s'est assis en face de moi, j'ai vu son âme. Il avait une bonne âme. Mais une âme blessée, et donc révoltée. Je lui ai parlé avec amour et il en a été ému. " Géronda, me dit-il, jamais personne, jusqu'à aujourd'hui, ne m'a parlé comme vous faites." Je l'ai appelé par son nom, et lui a trouvé étrange que je le connaisse. " Hé bien, lui dis-je, c'est Dieu qui m'a révélé et ton nom et le fait que tu as voyagé jusqu'en Inde. Tu y a connu des gourous et tu les as suivis." Il fut encore plus surpris. Je lui dis d'autres choses encore sur lui-même, et il s'en alla content. Et voici que, la semaine suivante, il s'en revint avec une bande de hippies. Ils sont tous entrés dans ma cellule et se sont assis en cercle autour de moi. Il y avait aussi une jeune fille avec eux. J'ai éprouvé pour eux une grande sympathie. C'étaient de bonnes âmes. Mais des âmes blessées. Je ne leur ai pas parlé du Christ, parce que j'ai vu qu'ils n'étaient pas prêts à écouter. Je leur ai parlé dans leur langue, de choses qui les intéressaient. Lorsque nous eûmes fini et qu'ils se levèrent pour s'en aller, ils me dirent : " Géronda, nous te demandons une grâce, celle d ete baiser les pieds." Moi, j'en éprouvai de la honte, mais que faire? Je les ai laissés. Après quoi, ils m'ont offert en présent une couverture bien chaude. Je vais appeler une moniale, pour demander qu'on me l'apporte, et que tu puisses la voir. Elle est très belle. Puis, quelque temps après, c'est la jeune fille hippie qui m'a rendu visite, toute seule cette fois. Elle s'appelait Marie. J'ai vu que Marie, en son âme, était plus avancée spirituellement que ses amis, et c'est à elle que, pour la première fois, j'ai parlé du Christ. Elle a accueilli mes paroles. Puis elle est revenue d'autres fois encore. Elle avait pris un bon chemin. Marie dit même à ses amis : " Bande de voyous que vous êtes, je n'aurais jamais imaginé que c'est à partir d'un groupe de hippies que je connaîtrais le Christ.""

Cette histoire fit impression sur moi. Le don de clairvoyance de l'Ancien et son don pastoral se sont ajoutés pour attirer au Christ, de par son amour véritable de Saint Ancien, ces jeunes gens dignes de sympathie, quoi qu'ils fussent sortis du bon chemin. Certains, "piétistes", ne leur auraient probablement opposé que du mépris. Ces jeunes gens avaient demandé à l'Ancien quelque chose qui me fit avoir honte de moi-même : ils lui avaient demandé à baiser ses pieds. Et ce n'était pourtant que leur première visite. Moi qui allais et venais chez lui depuis tant d'années, je n'avais jamais eu l'humilité de concevoi en mon esprit pareille chose. Ces enfants, comme la pécheresse qui lava les pieds du Christ avec le parfum de nard précieux avant de les essuyer de ses cheveux, avaient baisé les pieds de l'Ancien et lui avaient fait don d'une belle couverture. L'Ancien se réjouissait de leur cadeau comme un enfant. Non pas, certes, en raison de la valeur matérielle du cadeau, mais pour tout ce qu'il représentait à ses yeux de spirituel. J'admirais les chemins improbables qu'emprunte la Grâce de Dieu pour sauver des âmes. A dater de ce jour, je baisais à mon tour les pieds de l'Ancien sans même le lui demander, cependant qu'il était allongé sur son lit. ( G 102-104).



Dans la confusion des religions et des sectes.

D'autres encore, principalement des jeunes, "pris dans la confusion " de religions orientales et de sectes diverses, avaient recours à l'Ancien Porphyre et lui demandaient son aide spirituelle par l'entremise de ses prières. Au moment où ils faisaient profession de leur foi, grâce à ses conseils et à sa bénédiction - il faisait sur eux le signe de la Croix -, ils étaient guéris, non seulement des maladies de leur corps, mais aussi des maladies de leur âme. Nombre d'entre eux avaient auparavant eu recours à des psychiatres, sans pour autant en retirer le moindre profit ni la moindre guérison, laquelle ils trouvèrent seulement auprès de l'Ancien Porphyre. ( I 124 p.).



Quand, en opposition avec ta nature,

tu te sens une fille ou un garçon.

Le Père Porphyre disait qu'il connaissait des jeunes qui, par nature, tendaient à se comporter comme le sexe opposé, à savoir que, tout en étant des garçons, ils se sentaient eux-mêmes davantage comme des filles, et inversement. Or, non seulement ces jeunes ne s'étaient pas laissé aller vers le mal en adoptant des comportements contre nature, mais ils avaient maintenu leur nature propre, se tenant rivés à elle par sagesse et gràace à des pensées de sainteté. Ils avaient ainsi parcouru le chemin de leur vie sur terre comme des anges, et avaient arraché à la Grâce du Christ, dispensateur de couronnes, la grande couronne de la virginité. Et, tout naturellement, la splendeur de la couronne que donne le Seigneur est proportionnée à la mesure des épreuves qui sont données à supporter et à souffrir. (Por 17).



Il voyagea debout, pour les enfants.

Un jour, l'Ancien voyagea de Thessalonique à Iérissos, à destination de la Sainte-Montagne. Quand il se présenta à l'agence des autocars, il n'y avait plus de place assise pour lui. Aussi fut-il obligé de rester debout, tandis que près de lui des jeunes gens étaient assis, et plaisantaient entre eux. Un monsieur leur fit des remontrances sévères : ils voyaient un vieux moine debout devant eux, et eux restaient assis dans l'indifférence. Il leur suggéra que l'un d'entre eux cédât sa place à l'Ancien. Mais eux, sans broncher ni s'émouvoir le moins du monde, restèrent tranquillement assis à leur place. Le monsieur se leva alors, avec colère contre les jeunes, et voulut céder sa place à l'Ancien. Ce dernier l'en remercia, mais ne voulut pas accepter sa place. Il voyagea debout jusqu'à Iérissos. A la fin du voyage, le monsieur demanda à l'Ancien pourquoi il n'avait pas accepté la place qu'il lui avait offerte. L'Ancien lui dit : " J'ai fait un sacrifice par amour des enfants." Le monsieur ne comprenant pas, l'Ancien lui expliqua : " Tu n'as pas bien fait de blâmer et de gronder ces enfants. Les enfants ont commis une mauvaise action : ils ont laissé debout un vieux hiéromoine - un vieux prêtre-moine -, sans lui céder leur place comme ils auraient dû le faire. Ensuite de cela, s'ils s'étaient levés après le "savon" que tu leur as passé, et si moi, je m'étais installé à leur place, ou encore si j'avais accepté la place que toi, tu m'offrais, ils n'auraient pas compris qu'ils avaient commis une mauvaise action. Mais maintenant, au contraire, que je suis resté debout et qu'ils m'ont vu des heures entières ainsi planté devant eux, c'est leur conscience elle-même qui se dresse, et qui, en silence les accuse de cette action qu'ils ont commise. C'est de cette manière seulement que l'être humain peut être sauvé : quand il se repent, non pas sous l'accusation extérieure de quelqu'un d'autre, mais sous l'accusation intérieure de sa propre conscience. ( G 263 p.).



Fais une concession, pour sauver ton enfant.

Un jeune homme,âgé de vingt-cinq ans environ, exigeait de son père qu'il achetât le magasin voisin du leur, en vue d'étendre leur entreprise, alors que, selon son père, cette opération n'était guère indiquée, au plan commercial. Aussi le père eut-il recours à l'Ancien Porphyre, et vint-il prendre son conseil spirituel. L'Ancien, de par son don de clairvoyance, vit que l'enfant avait encore besoin de quelques années supplémentaires avant de pouvoir échapper à son orgueil narcissique; mais il vit aussi que le différend qu'il avait avec son père, devenu extrême, en était arrivé jusqu'à un point de rupture, le jeune homme étant dès lors décidé à abandonner son père et à le quitter en s'en allant. Ce que voyant, de par son don de clairvoyance, l'Ancien dit au père : " Je vois qu'il se peut que l'enfant commette une faute, mais ce serait un crime que de perdre ton enfant, et ce, simplement pour éviter un dommage d'ordre financier qui, au demeurant, ne serait pas si énorme pour toi, mais entrerait encore dans les limites de ce que tu peux supporter. Tu réaliseras une opération dommageable, comparativement à toutes celles que tu as déjà menées à bien avec succès, et tu conservera ainsi une bonne relation avec ton enfant, en attendant que passent quelques années de plus et que, dès lors, il ne soit plus tenté par l'orgueil... Qu'en voyant sa propre erreur, il reçoive donc sa première leçon d evie." Le père céda. Il perdit une certaine somme d'argent, mais il conserva son fils et sauvegarda une bonne relation avec lui. ( Por 19 p.).



Un jeune homme indifférent s'attache à l'Eglise.

En 1989- 1990, Th. A. avait visité les Etats de Virginie et de Caroline du Nord d'Amérique, où il avait donné des conférences sur des sujets religieux. Parmi ses auditeurs il y avait une dame grecque qui était sur le point de partir visiter la Grèce, et elle lui demanda de lui recommander un confesseur. Th. A. lui recommanda l'Ancien Porphyre, dont elle fit ainsi la connaissance pour son plus grand bien.

Lorsque cette dame revint en Amérique et rencontra Th. A., elle lui dit tout naturellement qu'elle avait fait la connaissance de l'Ancien Porphyre et elle le remercia de le lui avoir recommandé. Entre autres sujets, elle lui dit avoir été fortement impressionnée par le fait qu'il lui avait décrit sa maison en Amérique dans tous les détails, ainsi que le magasin que sa famille possédait, et que ses enfants. Il lui avait même dit que l'un de ses enfants avait un signe caractéristique sur le corps. Mais elle, sur le moment, n'y avait guère prêté attention. Aussi n'avait-elle rien dit à l'Ancien à ce sujet. Cependant, dans son récit concernant l'Ancien - récit empreint de vénération et d'admiration, du fait de tout ce que l'Ancien lui avait dit et révélé -, elle déclara, devant l'enfant concerné, que l'Ancien ne s'était trompé que sur un seul point, à savoir que l'enfant avait un signe sur le corps. Alors, bouleversé, l'enfant avoua qu'il avait réellement ce signe-là sur le corps, sans en avoir rien dit à sa mère. Celle-ci, en raison de l'âge auquel il était parvenu, ne l'avait plus vu nu après son enfance, et donc après que fut apparu le signe en question. 5 Peut-être s'agissait-il de quelque tâche sur la peau).

Or, cependant que cet enfant était jusque là indifférent en matière de foi, cet évènement constitua la cause et le point de départ du fait que sa foi se réchauffa et qu'il entreprit de s'attacher activement à l'Eglise. (I 125).



Conseils aux parents au sujet des enfants.

En 1977, mon épouse fut enceinte. Notre joie était grande! Notre premier souci fut d'en informer le Père Porphyre, lequel partageait nos joies et nos peines depuis le premier jour où nous avions fait sa connaissance. Il nous soutenait de ses prières, mais aussi de ses conseils spirituels, lesquels étaient pleins de sagesse et d'inspiration divine.

C'est la raison pour laquelle nous lui avons rendu visite et lui avons annoncé l'heureux événement. Il s'en est grandement réjoui. Sa joie se lisait très nettement sur son visage.

" Maintenant, votre bonheur est complet! Notre Dieu de bonté vous a tout donné! Vous êtes bons, et ceux qui sont bons, le Seigneur ne les prive de rien. D'ailleurs, je vous l'avais dit, que vous auriez un enfant. Mais vous, vous êtes des Thomas incrédules. Vous ne croyez pas ce que je vous dis. Je sais que vous m'aimez, mais vous êtes de peu de foi. Vous pliez facilement, que la bénédiction vous emporte... Venez me voir plus souvent, car vous en avez besoin. Quand vous venez, je vois que vous faites grise mine et que vous êtes attristés. Et quand vous repartez, je vous voir sur la route du retour pour chez vous, et je vois que vous êtes joyeux, heureux, avec une foi ravivée. Votre voiture ne roule pas; elle vole.

Maintenant, poursuivit l'Ancien, restez-là, que je vous dise certaines choses. Vous devez les avoir présentes à l'esprit , en tant que vous êtes de futurs parents. Et ces choses que je vous dirai, je voudrais que vous vous les enfonciez bien comme il faut dans votre tête, que vous les reteniez, et que vous les appliquiez à la lettre, si vous ne voulez pas voir votre enfant malheureux, ni vous de même.

Il vient ici des centaines de parents et, les yeux noyés de pleurs, ils me prient de venir en aide à leurs enfants, car certains sont aux prises avec la drogue, d'autres tombent dans la spirale infernale de l'alcool, d'autres subissent de mauvaises fréquentations très délétères, d'autres encore injurient leurs parents, ou leur demandent toujours plus d'argent pour le dilapider dans les clubs de jeux de cartes et d'autres jeux de hasard, et, quand ceux-ci n'en ont pas à leur donner, ils deviennent menaçants avec eux, et vont même jusqu'à les frapper. Et c'est ainsi que les parents en arrivent à maudire et leurs enfants eux-mêmes et l'heure où ils les ont mis au monde. J'ai vu des parents verser des larmes amères à cause de la déchéance de leurs enfants, et déclarer : " Il aurait mille fois mieux valu ne pas avoir ces enfants! Auquel cas, en effet, nous n'aurions eu qu'un seul regret et qu'une seule tristesse : celle de ne pas avoir d'enfants. Alors qu'à présent, me disent-ils, nous avons mille regrets et autant de sujets de tristesse, du fait des problèmes redoutables qu'ils nous occasionnent quotidiennement, et nous avons même honte de nous exposer aux yeux du monde." C'est la raison pour laquelle ils me demandaient de les aider de mes prières à sauver leurs enfants de la perdition. Toutefois, lorsque je leur demande : " Et vous, que faites-vous maintenant pour aider ces malheureuses créatures?", ils me répondent, d'une manière presque stéréotypée, qu'ils ne peuvent rien faire, parce que leurs enfants ont échappé à leur autorité et à leur contrôle, dès le moment qu'ils sont devenus adolescents.

" Hé bien! C'était couru d'avance, leur dis-je? Puisque vous avez laissé s'écouler toutes leurs années d'enfance sans les mettre à profit ni les exploiter, et que vous avez attendu la venue de l'adolescence pour commencer à vous préoccuper de vos enfants et vous en soucier, vous ne pouviez, immanquablement qu'obtenir ces résultats-là, et vous devez même vous attendre à pire. L'enfant est malléable comme de la pâte. Plus la pâte est molle, plus aisément l'on peut la modeler. Il en va de même de l'enfant. Plus il est petit, plus on peut le modeler dans le sens en en direction du bien. On peut le façonner, le parachever, le parfaire.

Maintenant, au temps où vous vous êtes souvenus enfin que vous aviez des enfants, ou plutôt où ils vous l'ont eux-mêmes rappelé par leurs désordres, leurs exigences, leurs infractions à la loi et, d'une manière générale, par leur comportement immoral, maintenant, dis-je, il est trop tard. Le petit oiseau s'est envolé de sa cage. Et quand un oiseau que nous avions mis en cage s'est envolé, il est difficile de le rattraper, pour ne pas dire qu'in ne le rattrape plus!"

La bonne éducation de l'enfant constitue l'alpha et l'oméga des obligations des parents vis-à-vis de cette existence humaine qu'ils ont, par un don de Dieu, suscitée à la vie. Des parents qui n'ont pas réussi à élever correctement leurs enfants peuvent être considérés comme ayant échoué du tout au tout en toute chose. M'entendez-vous? En tout. Car si à supposer qu'il existe des parents qui ont consacré toute leur vie à accroître leurs insatllations industrielles et à faire fructifier exponentiellement leur argent, avec, pour résultat, qu'ils sont devenus des magnats de la richesse, tandis que, parallèlement, ils n'ont rien fait pour donner à lers enfants une bonne éducation solide, alors, c'est moi qui vous le dis, non seulement ils n'auront rien offert à leurs enfants, mais ils auront fait des efforts inutiles et pris de la peine en vain, générant pourtant des paresseux, des voyous, des vauriens et des criminels. Oui, je vous l'assure. Ce sont des criminels qu'on fabrique ainsi.

Et savez-vous pourquoi? Parce que l'argent, quand il se retrouve entre les mains d'hommes corrompus, fait du mal et à ceux qui le possèdent et à ceux qui en sont privés. Car les premiers, par la nécessité en laquelle ils se trouvent, achètent les seconds et en usent comme d'êtres sans volonté, à l'endroit, au moment et dans le but qui sont les leurs. En tout cas, jamais pour le bien!

N'avez-vous pas entendu ce que l'on dit : " L'argent corrompt les consciences"? Pour moi, en tout cas, je n'ai jamais entendu parole plus juste sur le rôle joué par l'argent dans la conscience de l'individu, et, plus spécialement, s'agissant d'acheter la conscience des individus, depuis la création du monde. Ne cherchez pas plus loin. Judas n'a-t-il pas trahi Jésus pour de l'argent? Pour trente deniers? Cela ne vous suffit-il pas? Cela ne suffit-il pas à vous persuader du pouvoir de destruction de l'argent, quand il se trouve entre les mains de personnes dans le coeur desquelles Dieu n'habite pas? Ainsi donc, ceux qui ne s'occupent pas d'élever leurs enfants en Dieu par une éducation spirituelle, que croyez-vous qu'ils font? Ils fabriquent des Judas. Oui, ce sont des individus de cette sorte et des monstres qu'ils fabriquent. Et gare à eux! Car ils amassent des trésors, ici, sur terre, et ils se montrent indifférents à l'égrd du Royaume des Cieux.

Par ailleurs, ce qu'ils récoltent et engrangent ici, ils n'auront même pas le temps d'en profiter eux-mêmes. Quant à leurs enfants, mal élevés et inéduqués, ils ne seront pas capables de conserver ces richesses et ces biens. Et savez-vous pourquoi? Pour la raison, d'une part, que les parents ont été atteints de la maladie incurable qui s'appelle avarice, et que c'est entre les bras de cette maladie qu'ils mourront. Tous les autres biens que Dieu a donnés à l'homme les laissent indifférents. Par conséquent, ils vont mourir sans pouvoir en profiter. Quant à leurs enfants, comme ils ont fini par en faire des incapables, ils ne seront pas à même de conserver ce qu'ils ont amassé. Il est, en effet, plus difficile de conserver les richesses et les biens que de les acquérir.

Il s'ensuit que, si l'on ne donne pas aux enfants une bonne éducation, on ne donne rien. Or la bonne éducation ne se fait pas comme nous le voulons. Et, bien plus même, elle ne se fait pas quand nousn nous le voulons. Son point de départ coïncide absolument avec l'instant de la conception de l'enfant. Elle se poursuit pendant toute la durée de la grossesse, et gagne continûment en importance, depuis le jour d ela naissance jusqu'à ce que l'enfant soit pleinement parvenu à l'âge adulte.

Ce que je vous dis là est tout-à-fait fondamental. C'est pour cela que je voudrais maintenant que vous y fassiez attention. Le soin que les parents doivent prendre de leur enfant commence depuis le temps où celui-ci se trouve dans le ventre de sa mère. Oui, dès ce moment-là.

Vous me direz : que pouvons-nous faire, nous, pour l'embryon et, d'une manière générale, pour un enfant qui se trouve encore dans le ventre de sa mère?

Je vous réponds : Nous seuls, rien. Mais Celui qui a permis sa conception peut tout ! En vérité, y a-t-il un plus grand miracle que le miracle de la conception? Certainement pas.

C'est pour cela que nous-mêmes nous adressons à Lui, et que c'est à Lui que nous demanderons, dans nos prières ardentes, de prendre soin de la perfection du corps et de l'âme de l'enfant nouvellement conçu, cependant que celui-ci se trouvera encore dans la période de la gestation. Et Lui, par l'opération divine de l'Esprit Saint, prendra soin de l'un comme de l'autre. Mais nos prières ne s'arrêtent pas ici. Tout au contraire. Après la naissance du nourrisson, plus il grandira, plus nos prières grandiront avec lui.

De cette manière nous montrons que réellement nous confions à Dieu Lui-même l"éducation de notre enfant, pour que cette éducation soit juste, correcte et bonne. Et lorsque notre enfant est placé sous la surveillance vigilante, la sauvegarde et la protection de Dieu Lui-même, hé bien, soyons sûrs pour lors que jamais il ne s'écartera du droit chemin." ( K 136 - 141).



*

Lorsque, lors d'une confession, j'ai demandé à l'Ancien de me parler de mes enfants, il m'a dit : " Voilà : Ton fils a hérité certains traits de ton caractère, et ta fille a hérité de sa mère. Et c'est ainsi que vous vous les êtes partagés : l'un pour l'un, et l'autre pour l'autre, de façon qu'il n'y ait pas de jaloux."



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Avant le départ du Petit Père pour la Sainte-Montagne, un frère lui demanda si sa conduite envers son fils était bonne et adéquate. Le Petit Père lui répondit : " Hé bien, ta conduite envers ton fils est bonne, mais fais attention à ta conduite envers ta fille." Effectivement, le jour précédent, il lui avait fait des remarques et adressé des observations sévères, en raison d'un petit désordre dont elle s'était rendue coupable à l'heure du repas. " Et aile beaucoup, lui dit-il, aime beaucoup!"



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" Ce sont les parents, disait-il, qui sont responsables des problèmes de leurs enfants. Tous ces problèmes ont pour point d'origine la conduite et le comportement des parents. Il faut que les parents deviennent Saints, et dès lors leurs enfants seront à leur tour sanctifiés. Après quoi, il n'y aura plus de problèmes."

Les enfants deviennent des enfants à problèmes quand les parents ont des problèmes entre eux, dans leur couple." (Tz 166 p.).



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Au sujet des enfants, le Petit Père ne cessait pas de dire : " Les enfants ont des problèmes lorsque les parents ne sont pas irréprochables."

Et aussi : " Nous ne devons pas gronder les enfants, mais leur donner des conseils."

Et encore : " Si nous voulons qu'ils fassent quelque chose de bien, nous devons donner nous-mêmes d'abord le bon exemple, puis lever les bras vers Dieu et prier. Nous devons avoir le temps de donner le bon exemple à nos enfants jusqu'à ce qu'ils parviennent à l'âge de onze ans."



" Nous ne devons exercer de pression sur personne pour l'inciter à aller à l'église. Le Christ a dit : " Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il prenne sa Croix et qu'il me suive..." ( Tz 167).



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Un frère lui dit un jour :

" Petit Père, que dire à mon fils? J'ai l'impression que ces derniers temps il fréquente une jeune fille, et je ne sais quels péchés il peut commettre avec elle. De plus, ni ma femme ni moi ne voulons d'elle."

L'Ancien lui dit alors :

" Tu la connais, toi, cette jeune fille?

- Non, répondit le frère en question.

- Comment peux-tu dire, alors, que cette jeune fille n'est pas bonne en soi et pour lui? Ne réprimande donc pas ton fils, mais dis-lui : " Ecoute, mon enfant, moi, presque toute la journée ainsi que la nuit, je me trouve en compagnie des Saints, et je n'aime pas ces choses que tu fais. Bonifie-toi et deviens meilleur, je t'en prie, car Dieu non plus n'aime pas ces choses-là." Et lui décidera de ce qu'il doit faire. As-tu compris cela?

Je l'ai compris, lui dit le frère". Et depuis lors, il ne réprimanda plus son fils comme il le faisait auparavant, d'autant que ce fils était maintenant suffisamment grand et avancé en âge.



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L'Ancien disait : " Nous ne devons pas faire sans arrêt des remontrances à nos enfants. Nous devons leur montrer le bon exemple."



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" Cesse de vouloir sans arrêt prodiguer des conseils à tes enfants ou de les gronder sans cesse", me disait un jour l'Ancien.

- Et que dois-je faire, Petit Père, lui demandai-je.

- Hé bien, voilà : Prier et tout dire à Dieu, afin que la bénédiction vienne d'En Haut, et non l'inverse comme tu le fais maintenant."



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" Les enfants se lient l'un à l'autre et deviennent unis et solidaires lorsque nous leur demandons d'accomplir des travaux ensemble, ou bien de surveiller ou de consoler leur petit frère."



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" Nous ne devons pas cajôler un enfant devant un autre enfant. Les enfants sont jaloux les uns des autres."



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" Il y a trois forces qui exercent une action sur l'âme. Celle du bien, celle du mal, et une troisième, neutre, celle de l'âme."



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" Plus un enfant est agressif, plus il est sensible."



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" Celui qui ne corrige pas son enfant ne l'aime pas." (Tz 167-169).



BELLE-MERE



Sépare-toi de ta belle-mère.

L'Ancien guidait parfois ses enfants spirituels d'une manière douloureuse pour eux, dans la mesure où il estimait cela nécessaire sur le plan spirituel. A l'une de ses filles spirituelles, dont le mari venait tout juste de mourir, il dit : " Maintenant, il faut te séparer de ta belle-mère. Puisqu'elle a d'autres enfants, laisse-la vivre avec eux. car, si vous vivez ensemble, je vois qu'en raison de son amertume elle montera tes enfants contre toi. Dans ces conditions, elle se trouvera elle-même en état de péché très grave, et dans le même temps mettra en péril spirituel et ta propre âme et celle de tes enfants. A la fin , tu te trouveras dans la nécessité de la chasser après t'être disputé avec elle. Alors que si, dès maintenant, elle part dans de bonnes conditions, tu en auras moins de peine, et elle aussi. Aide-la de loin, dans la mesure de tes moyens, sur le plan financier certes, mais plus encore par ta prière. Nous autres prêtres, nous avons la misssion de rapprocher les êtres, mais l orsque la promiscuité devient une cause de dommage au plan spirituel, la séparation est un moindre mal."

Sa fille spirituelle appliqua à temps ses conseils, lesquels ne tardèrent guère à se trouver vérifiés par les événements. Il s'agissait, bien entendu, d'un conseil spirituel spécifique et s'appliquant à un cas particulier, et non d'un conseil d'ordre général. ( G 261 p.).



Au sujet de la belle-mère et de la bru.

Il disait à une belle-mère qui cherchait un logement qui lui permettrait d'habiter tout près de son fils : "Tâche de trouver ce logement près de ton fils, mais, si tu veux mon conseil, fais en sorte qu'il soit situé à un kilomètre de distance." Et lorsque la belle-mère lui demanda : " Pourquoi, Géronda? Pensez-vous que je sois une belle-mère méchante à ce point?", l'Ancien répondit : " Mais non, mon enfant, je ne t'ai pas dit une chose pareille. Mais voici qu'un jour, sans y prendre garde, tu diras par exemple : " Mon enfant, mets ton pull-over! Il fait froid", et ta belle-fille se dira intérieurement : " Qu'a-t-elle donc, celle-là, à se faire du souci pour mon mari et à lui donner des conseils?" Comprends-tu ce que je veux dire?" ( Por 49).



CONFESSEURS



Faites attention à bien discerner

auprès de quels Pères confesseurs ( 49) vous vous rendez.

(49) : ( Sur le sens de ce mot en Grèce, voir supra, note 4 p. 37).

Un frère m'a dit :

" Un jour, mon épouse est allée voir, alors que je travaillais en province, un confesseur d'une très grande sévérité. Quand elle lui a avoué qu'elle retombait dans une de ses faiblesses, il l'a reprise avec véhémence, lui a fait peur, et, depuis lors, elle a mis très longtemps avant de pouvoir retourner se confesser."

" As-tu vu, lui dit le Petit Père, ce que provoque l'excès de sévérité? C'est pour cela que je vous dis : faites attention de bien discerner auprès de quels confesseurs vous allez vous confesser, ta femme, tes enfants, et toi. Et surtout, soyez sincères dans ce que vous dites, car Dieu pardonne tout, et, de la sorte, vous vous élevez spirituellement." ( Tz 142-144).



Certains confesseurs sont criminels.

Regarde, mon enfant! Dieu, pour éduquer ses enfants qui croient en Lui, L'aiment et L'adorent, recourt à des manières, des méthodes et des desseins divers. Entre aussi dans les desseins de Dieu l'application des canons, lesquels ont toujours pour finalité le salu de notre âme. La même chose est aussi valable dans ton cas. Nous, nous ne pouvons ni changer ni abroger les desseins de Dieu. Mais nous pouvons Le prier et Le supplier, et Lui, parce qu'Il est ami de l'homme, Il peut exaucer nos prières et écourter le temps ou même le réduire à néant. Et l'une et l'autre de ces choses sont en Sa main. Nous, nous allons demander. Et Lui, Il approuvera. De plus, ces pénitences ne présentent pas un caractère de vengeance ni de châtiment, mais sont destinées à instruire, éduquer, et élever spirituellement. Elles n'ont absolument rien à voir avec certaines pénitences imposées lors de la confession par certains confesseurs, lesquels, soit par ignorance, soit par excès de zèle, excèdent les limites de la punition, sans comprendre que, de cette manière, au lieu de faire le bien, ils se montrent criminels. Pour moi, je crie toujours contre de telles pratiques, et je conseille : "Pas de grandes punitions, mais de judicieux conseils spirituels." Car les grands châtiments fournissent à l'autre ( le diable) une vaste clientèle. Et lui, c'est ce qu'il attend. C'est pour cela qu'il est à l'affût et a toujours les bras ouverts pour les accueillir. Il leur promet même montes et merveilles... C'est pour cela qu'une grande attention est nécessaire quand il s'agit du choix d'un confesseur. De la même manière que vous cherchez et requérez le meilleur médecin, c'est ainsi aussi que vous devez faire, s'agissant du confesseur. Tous deux sont médecins. L'un, du corps; l'autre, de l'âme." ( K 206 p.).



Holala! A quel point, béni soit-il, a-t-il pu errer?

Un ami eut un jour une aventure inattendue. Il était en litige sur un sujet important avec quelqu'un de connaissance. Dans son effort pour se réconcilier avec lui, il eut l'idée de demander le soutien du confesseur de cet homme, bien qu'il n'eût jamais vu le confesseur en question. Sans idées préconçues et sans se demander quelle pouvait bien être la tournure d'esprit de ce confesseur, il alla le trouver et lui ouvrit son coeur, dans un esprit de confiance totale. Or le confesseur lui répondit avec sévérité et tenta de procéder à sa psychanalyse, jusqu'au point de le détruire. Chantant les louanges de son adversaire pour ses prétendues vertus, il traita en revanche notre ami de tous les noms, pour ses opinions et ses vices prétendus, l'assurant toutefois que c'était dans son intérêt qu'il lui parlait ainsi. De la sorte, loin de réussir à colmater la brèche qui le séparait de son adversaire, il la transforma en fossé béant. Cette mésaventure inescomptée bouleversa cet ami. Il recourut au Père Porphyre, lequel "vit" clairement, au premier instant, la situation véritable, et lui dit au sujet de son adversaire : " Sais-tu, mon enfant, comment celui-ci te voit maintenant? Comme une fourmi!" S'agissant du confesseur, il lui dit : " Holala! A quel point, béni soit-il, a-t-il pu errer!!! Jusqu'où donc son esprit a-t-il pu s'égarer! Il s'est fonfé sur la version des faits que l'autre lui a donné, pour décider que tu n'étais qu'un bon à rien. En considérant les choses de cette façon, tu peux occasionner à autrui un grand dommage. Tu sais que certains confesseurs jouent aux psychiatres." (G 449-451).



Mon confesseur est absent.

"Mon confesseur est absent, et j'aurais voulu votre bénédiction, Géronda, pour pouvoir communier demain.

- Tu éprouves de la haine pour quelqu'un?

- Non, Géronda.

- C'est bon, va donc communier." ( I 300).



Certains confesseurs peuvent t'entraîner dans la confusion.

" Quand tu te trouves loin d'Athènes, dit-il à un frère, et que tu ne peux pas venir d'une manière régulière, cherche là où tu es un bon confesseur pour lui confesser tes péchés. Si tu as d'autres soucis, concernant la prière du coeur et les pensées qui te troublent, ne lui en fais pas état, car certains pères confesseurs n'ont pas suffisamment la connaissance spirituelle, et peuvent t'entraîner dans la confusion. Dès lors, tu viendras ici pour me dire à moi le reste." (Tz 143).



Fais attention à ce que tu dis aux confesseurs.

"Fais attention à ce que tu dis aux confesseurs auprès desquels tu te confesses. Les confesseurs doivent avoir l'esprit de sagesse, et être discrets et expérimentés spirituellement. Ils doivent avoir reçu de Dieu l'Esprit Saint, et être capables de résoudre pour toi tes problèmes." (Tz 143).



Je ne sais pas...

Il m'a été parfois nécessaire de demander à l'Ancien son avis sur des prêtres confesseurs, car des personnes amies m'avaient demandé de leur donner mon opinion sur eux, afin qu'elles puissent aller se confesser auprès d'eux. L'Ancien s'exprimait souvent de façon positive. Quelquefois pourtant il me répondit : " Je ne sais pas..." L'Ancien respectait la personnalité de tous et ne s'exprimait qu'avec une grande discrétion, surtout quand il s'agissait d'évêques, de prêtres, et particulièrement de confesseurs. (G 270).



Il existe des guides spirituels

qui sont animés d'un esprit papiste.

Je discutais un jour avec l'Ancien d'un sujet précis. Il s'agissait d'un confesseur "sévère" qui avait refusé qu'un de ses enfants spirituels rende visite au Père Porphyre pour lui parler d'un problème personnel d'importance. Ce fait avec provoqué en moi une impression douloureuse et je le lui dis. L'Ancien secoua tristement la tête et murmura : " Que dire? C'est qu'il est, en plus, confesseur."

L'Ancien faisait toujours preuve de beaucoup d'attention et d'indulgence dans ses jugements sur autrui, surtout lorsqu'il s'agissait de juger moralement des prêtres qui commettaient des fautes. Plutôt que de s'exprimer directement sur un tel prêtre, il préféra me parler sous forme de parabole : " Tu sais, quand un missionnaire du pape reçoit un ordre de mission, il prend l'avion à Rome, et, lorsqu'il est arrivé à l'aéroport de quelque pays africain, c'est seulement alors qu'il ouvre une enveloppe scellée et prend connaissance de la nature de sa mission. Et, dès lors, il est obligé de s'en acquitter, même s'il n'est pas d'accord. Avec nous, les Orthodoxes, ça ne se passe pas comme ça." Je compris à peu près ce qu'il voulait me dire. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois que je constatais qu'il y a , même dans l'Orthodoxie, des guides spirituels - bien qu'il n'y en ait que peu de tels, fort heureusement - qui sont, en substance, animés d'un esprit papiste : ce qui est dire qu'ils exigent que leurs ordres soient exécutés absolument, sans se préoccuper des résistances intérieures de leurs enfants spirituels. Ces directeurs spirituels cultivent un état d'esprit totalitaire. Comme ils ont peur d ela liberté, ils imposent une discipline stricte, et ils ignorent que l'acte d'obéissance orthodoxe est le fruit de la liberté. ( G 387 p.).



Un Ancien sans discernement.

Quelques moi avant que je ne fisse la connaissance de Père Porphyre, comme je me trouvais dans un état de grande nécessité spirituelle, un ami proche m'informa à point nommé de la présence d'un Ancien de la Sainte-Montagne, qui séjournait dans notre ville. L'on disait d elui qu'il avait le don de clairvoyance. Bien que je n'eus pas la bénédiction préalable de mon confesseur, je lui rendis visite. Mais cet Ancien, au lieu de me procurer le repos de l'âme, ne fit qu'augmenter mon trouble. Quand je rapportai cela à mon confesseur, il me dit : " Si tu me l'avais dit, je ne t'aurais pas donné la bénédiction d'aller voir cet homme-là." Lorsque le temps fut venu où, cette fois-ci, j'étais adressé à lui par mon confesseur, je fis la connaissance du Père Porphyre. Je lui rapportai également cette rencontre avec cet Ancien de la Sainte Montagne. Le Père Porphyre le connaissait. Il me dit alors, non sans une certaine retenue : " Maintenant, Dieu lui a accordé le repos. Cette affaire est délicate. Béni soit-il. Il n'avait pas de discernement... A quelqu'un il avait dit qu'il deviendrait évêque, et maintenant cet homme-là veut jeter l'habit. Que Dieu lui pardonne." ( G 119 p.).



Tu as un très bon confesseur.

L'une des dernières fois où je le vis, l'Ancien me dit :

" Ecoute, P., tu as un très bon confesseur. Tu n'as donc pas besoin de revenir auprès de moi."

J'éprouvai, à ces dires, une grande amertume. Que voulait-il dire? Me chassait-il? Pourquoi.

A présent je sais. Je sais que c'était là son testament spirituel. Il allait s'endormir dans le Seigneur. C'est effectivement mon confesseur qui porte désormais seul tout le poids de mes faiblesses. (I 215).



Quand j'obligeais le Petit Père

à approuver ma volonté, je perdais.

Je lui disais souvent :

" Mon Petit Père, dois-je aller là?

- Vas-y", me disait-il quand il voyait que cela allait bien se passer pour moi. Mais quand il voyait que cela se passerait mal ou que quelque chose m'arriverait, il me disait non.

Quant à moi, comme cela me plaisait d'aller à l'endroit sur lequel je l'avais d'emblée questionné, j'essayais parfois, sous divers prétextes, de le faire changer d'avis. Ensuite de quoi il ne voulait pas me contrarier, mais, quant à moi, je me rappelle avec certitude que cela ne se passait pas bien pour moi ou que quelque chose de néfaste m'arrivait si cela ne s'était pas fait avec sa bénédiction préalable. (Tz 115 p.).



Agis avec la bénédiction de l'Eglise et de ton confesseur.

Le Père Porphyre disait au Serbe Irénée Boulovic, qui allait devenir évêque :

" Ecoute, mon enfant. Tout cela, c'est l'Eglise qui te le demande, et ton confesseur, de surcroît, le bénit. Quant à toi, tu accomplis sincèrement cet acte d'obéissance. Dans ces conditions, grâce à l'amour du Christ, cet acte d'obéissance pourra transmuer toute cette conduite extérieure qui est tienne en prières, sans même que tu t'en rendes compte. D'un autre côté, si tu choisis l'endroit le plus calme de la Sainte Montagne, ou le monastère que tu voudras, mais en le faisant mû par ta volonté propre, pour y trouver ce qui t'arrange, fût-ce d'un point de vue spirituel, en vue, disons-le comme cela, d'un "arrangement spirituel", le tout sans la bénédiction de l'Eglise ou de ton confesseur, alors, quoi que tu fasses, tout cela n'aboutira à rien, restera au ras des pâquerettes, et tu ne t'éléveras pas spirituellement."

Et l'intéressé nous dit lui-même : " Je peux vous assurer que, de ce moment, chaque fois que je rencontrais une difficulté, je me rappelais ces paroles de l'Ancien, et j'en éprouvais du soulagement. Et cela vaut jusqu'à aujourd'hui. ( Ger 59).



La confession au Père Porphyre.

Au sein de l'Orthodoxie, il n'est pas de désespoir.

La première rencontre avec le Père Porphyre fut très paisible et amicale. Ni austère, ni sombre, comme l'on y eût pu s'y attendre auprès d'un vieil ascète. Serein et se mettant à la portée de chacun, il écoutait les révélations accablées des âmes troublées, comme s'il s'agissait de propos qui lui fussent familiers et ressortissant à son quotidien. Comme s'il se fût agi de choses qu'il eut connues et sues déjà.

Il répandait autour de lui une paix extraordinaire et nosu procurait un bien-être psychique et spirituel qui lénifiait nos âmes. A peine faisait-on sa connaissance que toutes les réserves que l'on pouvait avoir jusque-là sur sa personne se trouvaient dissipées. Il n'y avait en lui nulle sévérité. Il n'était qu'amour, bienveillance et pardon. Il écoutait nos dires, dans le même temps qu'il priait avec son chapelet, bénissait et pardonnait.

" C'est une grande chose que le confesseur, nous dirait-il plus tard. Voilà pourquoi, au sein de l'Orthodoxie, il n'est pas de désespoir. Il n'y a pas d'impasse, pas de voie sans issue. Parce qu'il y a le confesseur, qui a le pouvoir, d epar la Grâce, de délier les péchés et de pardonner." ( I 236).



La mélancolie, l'humilité et le confesseur.

Nous nous étions un soir regroupés autour d'un moine de la Sainte Montagne. le temps était à la tempête et lourd de menaces. Pourtant, aux côtés de l'Ancien, pour ceux même qui n'étaient pas habitués à la nuit sombre en pleine nature, rien ne troublait la sérénité. L'Ancien parlait de la différence entre l'humilité et le complexe d'infériorité. L'humble, disait-il, n'est pas une personnalité néantie. Il a conscience de son état, mais n'a pas perdu le centre de sa personnalité. Il sait qu'il est en état de péché, qu'il est petit, et il accepte les observations de son confesseur et de ses frères. Il éprouve de la tristesse, mais il n'est pas désespéré. Il est affligé, mais il n'est pas anéanti. Mais celui qui est dominé par le complexe d'infériorité, au commencement, de par son aspect extérieur ressemble à l'humble. Toutefois, dès qu'on le heurte tant soit peu ou que l'on veut lui donner des conseils, alors son moi malade se trouble, se révolte, et perd le peu de paix qu'il possédait. La même chose encore se passe chez celui qui est atteint d'une dépression mélancolique pathologique, comparativement au pécheur repenti. " Celui qui est mélancolique tourne autour de son égo et ne s'occupe, en égotiste, que de lui-même. Mais le pécheur qui se repent et se confesse sort de son égo. Voilà la grande chose que notre foi recèle : le confesseur, le père spirituel. Dès que tu as dit tes péchés à l'Ancien et que tu en as reçu l'absolution, ne retourne pas en arrière.." Cela, il le soulignait fortement. Que l'on ne retourne pas à ce qui est révolu, mais que l'on aille de l'avant. Combien de prisonniers psychiques du désespoir, retournant dans le pays ténébreux de la désespérance, n'avait-il sauvés au dernier moment, en les tirant vers la lumière de toute la force de sa foi et de sa confiance en Dieu!



L'Ancien attirait les âmes à lui.

La chose que nul, sans doute, ne supposerait, était cette spontanéité d'humeur dont l'Ancien Porphyre était doté. C'était là une chose qui brisait jusqu'au dernier morceau de glace qui pouvait subsister dans une relation. C'était aussi un moyen imparable pour vous tirer de l'humeur sombre et de la mélancolie dépressive. Sa perpétuelle bonne humeur, agréable et affable, ainsi que sa bonté ineffable attiraient les âmes à lui. (I 266).



Vous trouviez toujours le repos auprès de Père Porphyre.

Dès le premier contact avec lui, lors de la confession, vous ressentiez que vous étiez accepté dans le coeur de l'Ancien. Il ne vous faisait éprouver aucune peur, il ne proférait aucun blâme. L'Ancien vous acceptait tel que vous étiez. En cela, il était proche du Père Païssios. Il pouvait parler avec un jeune homme douze heures durant, jusqu'à ce que ce dernier s'en allât guéri.

L'un des plus grands dons qu'il avait à offrir était son grand coeur ouvert. Vous y entriez et y trouviez le repos.

Ensuite de quoi, il prenait comme son scalpel spirituel, et, peu à peu, il enlevait en vous tout ce qui était malade.

Pourtant, il ne faisait aucune concession. ( Ger 115).



L'Ancien était tolérant, d'une tolérance sans limites, et il attendait la conversion des pécheurs.

Le Père Porphyre, même s'il en éprouvait du chagrin, ne se fâchait pas quand il voyait que venaient lui rendre visite des âmes molles, paresseuses, égocentriques, impréparées. Sa tolérance et sa capacité à se mettre à la portée d'autrui étaient sans limites. Et il faisait cela non pour justifier nos péchés, mais pour susciter en nous l'horreur de nos péchés, en sorte que nous puissions les combattre. Pour nous aider dans ce combat spirituel, il avait recours à l'exercice de ses dons, lesquels emplissaient l'âme des visiteurs d'étonnement et de crainte respectueuse. En certaines occasions, il accédait d'une manière miraculeuse à des demandes formulées par les pèlerins, ce qui se rapportait toujours à une référence spirituelle plus profonde. Il visait non pas à se rendre agréable de manière provisoire, mais à s erendre utile de manière permanente. De fait, il aurait été injuste envers les pélerins qu'il se limitât à résoudre leurs problèmes provisoires, mais qu'il eût laissé fermée pour eux la porte du Paradis, au-delà de laquelle il n'est plus ni souffrances ni peines. Toutefois, quand il voyait qu'il n'y avait pas de possibilité qu'une âme devînt spirituelle et fît son salut, il ne faisait pas usage de ses dons spirituels ni de ses charismes, afin de ne pas empirer la situation psychique et existentielle de ses visiteurs, en leur faisant don de ses charismes, qu'ils eussent délaissés sans en tirer profit. Il gardait alors le silence, mais il ne se montrait pas indifférent à leur égard. Il les aidait de sa prière, laquelle était plus puissante et plus efficiente que ses paroles. Il ne laissait personne sans lui prodiguer secours spirituel, si même beaucoup comprenaient mal son silence. Certaines fois la raison de son silence était la douleur et la souffrance que lui infligeaient ses innombrables maladies; d'autres fois, son silence s'expliquait par le fait qu'il n'avait pas reçu d'En Haut la connaissance sur la conduite à tenir avec les âmes de ces pélerins; d'autres fois encore, ce silence était dû à des raisons que seuls Dieu et lui connaissaient.



Opinion humaine et opinion divine.

Un après-midi, je lui rendis visite au monastère, et je lui demandai son avis sur une affaire personnelle urgente. Il me dit : " Aujourd'hui je suis très malade, en sorte que je ne peux pas me concentrer. Veux-tu que je te réponde maintenant, selon ma raison humaine, auquel cas je risque de me tromper, ou bien veux-tu venir demain, lorsque je pourrai à nouveau me concentrer?"

Je lui dis : " Ne me donnez pas votre réponse maintenant, Géronda. Je viendrai demain matin." Le lendemain matin, j'eus ma réponse, laquelle lui avait été inspirée par Dieu. ( G 376).



J'ai commencé d'entreprendre quelque chose de facile.

L'Ancien était très discret concernant les problèmes qu'on lui soumettait, regardant diverses personnes. Il me dit : " Un jour, une actrice me rendit visite. Elle était au fond du désespoir parce que son ami l'avait abandonné. Je vis son âme : elle était véritablement en ruines. Par où allais-je commencer? Je commençai par quelque chose de facile. Je lui imposai comme pénitence de faire, tous les jours, quelque chose dont, si je te dis ce que c'était, tu riras. Pourtant, pour cette âme-ci, il fallait bien commencer par là. En faisant cette chose aisée que je lui donnerais à faire, et parce que cette femme était de bonne volonté, son âme s'adoucirait et elle reviendrait. Je lui dirais ensuite d efaire quelque chose de plus difficile et, de cette manière, peu à peu, elle s'approcherait du Christ. (G 359).



Une tendresse infinie pour l'homme.

L'Ancien Porphyre avait un don pastoral considérable. Il pouvait, par exemple, depuis l'endroit où il était, entreprendre un voyage jusqu'en Crète ou jusqu'à Chypre, si l'Esprit Saint lui révélait qu'il fallait y aider spirituellement une âme qui en avait besoin. (Ger. 57).



Avec une tendresse toute paternelle.

Quand le Père Porphyre rencontrait une jeune personne dont il voyait, de par son don de clairvoyance, qu'elle avait été blessée par la société, par ses parents, ou par autre chose que ce fût, il la retenait longtemps. Il lui parlait de ses affaires personnelles avec beaucoup d'amitié et d'amour. Si un long temps passait sans que cette jeune personne ne revînt le voir, il interrogeait à son propos les gens de sa connaissance : "Que devient untel? Comment va-t-il? " Et, par cette entremise, il lui envoyait de fréquentes salutations, jusqu'au moment où il parvenait à renouer le lien avec cette personne et à l'introduire dans une vie spirituelle. Il lui arriva même une fois de poser continûment des questions sur la même personne : "Où est-il? Que devient-il? Comment va-t-il? " Et, un jour, il nous révéla que cette personne avait d'immenses problèmes intérieurs. Il nous recommanda de prier pour que cette personne revînt le trouver, parce qu'il avait la possibilité et la faculté spirituelle de l'aider. " Moi, disait-il, je peux l'aider. C'est votre ami, et il a besoin d'aide spirituelle." ( Por 42).



Parce que tu ne fais pas acte d'obéissance,

je ne peux pas te parler.

J'allai voir le Père Porphyre. En antrant dans sa cellule, je le vis malade, allongé sur son lit. Il me demanda : "Que veux-tu, mon enfant?" Et moi de répondre : " Géronda, j'ai un problème et je veux prendre votre conseil spirituel. Je veux que vous me disiez ce que je dois faire." L'Ancien fit alors la chose suivante : il y avait dans sa cellule un perroquet qui voletait d'un meuble à l'autre. L'Ancien fit un geste de la main et crai à l'adresse du volatile : "Hé, toi! Rentre dans ta cage!" Le perroquet rentra dans sa cage, d'où il nous observait. L'Ancien se tourna alors vers moi, et avec un certain accent de sévérité dans la voix, il me dit : " Tu as vu, mon petit enfant? Le perroquet, lorsque je lui dis de rentrer dans sa cage, fait acte d'obéissance, et y rentre. Toi, en revanche, tu n'es guère disposé à obéir, quoi que je te dirai. Voilà pourquoi je ne puis, pour moi, rien te dire du tout." (Chr 351).



PROBLEMES DIVERS



Dans le travail de poursuite des commandements du Christ,

tu verras que tous tes problèmes se résoudront d'eux-mêmes.

Il me disait un jour : " Des gens viennent me voir. Je vois que leur âme est en ruines. Eux pourtant n'ont guère conscience de leur état. C'est la raison pour laquelle ils m'adressent d'autres demandes, m'entretiennent d'autres problèmes qu'ils peuvent avoir, sans réaliser qu'ils ont un grave problème de fond. Pour moi, je leur en parle, mais ils ne comprennent pas. Ils ne prêtent guère attention à ce que je leur dis, car leur mental reste collé à leurs autres problèmes et à leur volonté propre. Alors, pour éviter qu'ils ne repartent sans profit spirituel, je me vois parfois dans l'obligation, en usant de la Grâce que Dieu m'a donnée, de leur révéler leurs secrets, sur eux-mêmes, sur leurs parents, sur leur village d'origine, et autres choses de ce genre, afin de provoquer de la sorte leur admiration et de gagner par là leur confiance, afin de les conduire de la sorteà prêter attention à ce que je veux leur dire, dans l'intérêt de leur âme."

Certains accordaient une grande attention aux paroles de l'Ancien, d'autres une moindre attention, d'autres encore n'y prêtaient aucune attention, chacun selon son état de préparation spirituelle. Ceux qui comprenaient à temps que les propos de l'Ancien étaient dans leur intérêt spirituel ouvraient leurs oreilles et fermaient la bouche. Ils prêtaient une grande attention à ses paroles et c'était remplis d'enthousiasme qu'ils repartaient de sa cellule. Ils remerciaient l'Ancien et rendaient gloire à Dieu. Ils venaient à lui, en effet, dans l'espérance de recevoir une dizaine de dons spirituels, et en revenaient après en avoir obtenu mille. L'Ancien, avec sa simplicité coutumière et son immédiateté spontanée, avait pour habitude de donner au visiteur semblables conseils : " Ne demuere pas affligé à cause de ces problèmes que tu m'évoques. Ne t'y enferme pas. Cesse de tourner en rond à leur propos. Libère-toi de ces soucis et va de l'avant, en accordant toute ton attention à ton travail, afin de trouver le meilleur moyen de devenir digne de l'amour du Christ, dans la connaissance et l'observance de Ses commandements. Et c'est au coeur de ce travail de poursuite des commandements du Christ que tu verras tous tes problèmes se résoudre d'eux-mêmes et que tu entreras dans le Paradis de l'Eglise incréée du Christ, laquelle commence à partir d ecette limite." ( K 372- 374).



Désespérée, elle pleurait toute la soirée.

Th. S. se trouvait un jour confrontée à un problème grave. Elle en parlait continûment et depuis longtemps au Père Porphyre. Ce dernier l'apaisait toujours et lui donnait l'assurance que son problème trouverait pour finir une solution heureuse - celle qu'elle-même désirait - alors même que les évènements paraissaient dénoter le contraire. Or Th. S. voyait qu'à mesure que le temps passait, les choses empiraient, plutôt qu'elles ne s'amélioraient. Et, un soir, alors qu'elle venait d'être informée que ce qu'elle redoutait précisément allait se produire, cependant que l'Ancien Porphyre n'avait cessé de lui donner l'assurance que la chose n'allait pas se produire, elle se sentit à ce point malheureuse qu'elle éclata en sanglots et demeura la soirée entière en pleurs, s"écriant : " Petit Père, Petit Père! Pourquoi, Petit Père? Ne me disais-tu pas que tout irait bien? Et maintenant, Petit Père, que vais-je devenir, moi?" Ainsi s'exprimait-elle, tout au long de la soirée, au travers de ses pleurs.

Mais voici que, dès le point du jour, le téléphone sonna chez elle. Elle fut toute surprise d'entendre la voix de l'Ancien Porphyre. " Allons, mon enfant, pourquoi te mettre dans un état pareil? La soirée tout entière tu m'as appelé en criant, et tu ne m'as guère laissé en repos. Pourquoi cette attitude? Pourquoi te conduire ainsi, puisque je t'ai dit que tout ira bien." Th. S. demeura là, clouée de stupeur, et comme frappée par le tonnerre. Comment l'Ancien Porphyre pouvait-il savoir qu'elle l'avait appelé en criant toute la soirée entière? Et comment pouvait-il persister dans son affirmation que tout irait bien?

Dieu, dans ce cas-là aussi, l'avait assurément à prévoir l'avenir de façon exacte et juste. Le problème de Th. S. fut dès lors résolu dans le délai des quelques jours qui suivirent, et tout se passa bien pour la jeune fille, de la manière que l'Ancien Porphyre avait prédite.



Il désire beaucoup avoir aussi un fils.

Une jeune femme avait deux petites filles et elle ne pensait pas, à cette époque-là du moins, avoir un troisième enfant. Un jour pourtant, elle se rendit avec son mari chez l'Ancien Porphyre. Tandis qu'ils conversaient, elle le vit soudain faire sur son ventre le signe d ela croix tout en priant : " Seigneur Jésus-Christ, donne-lui un enfant!" Sa première réaction fut de protester : " Mais pourquoi, Petit Père. Vous n'ignorez pas à quel point notre situation financière est précaire! Mon mari en est encore à installer son cabinet de médecine, et nous avons deux enfants en bas âge qui ne sont pas même encore entrés à l'école primaire.

- Allons, lui dit l'Ancien Porphyre, n'as-tu donc pas pitié de ton mari? Ne veux-tu pas lui donner un petit garçon? Il a beau ne pas te le dire, au fon de lui il désire beaucoup avoir aussi un fils. Et tu verras, c'est cet enfant-là, que vous aurez bientôt, qui vous apportera bonheur et argent."

Un mois et demi plus tard, Th. S. fut enceinte, et elle mit au monde un petit garçon magnifique, aujourd'hui âgé de six ans. Cet enfant, comme l'avait à l'avance bien vu l'Ancien de bienheureuse mémoire, apporta à sa famille le bonheur, ainsi qu'une grande aisance financière. ( I 275).



Dans son rêve...

Une proche parente de Th. S. voulait confier à l'Ancien Porphyre quelque chose qui pesait sur sa conscience. Mais il lui arrivait toujours quelque chose qui l'empêchait d'aller le voir. Un soir, elle eut un rêve, dans lequel elle se voyait rencontrer l'Ancien Porphyre et lui parler du problème qui était le sien. Au matin, à son réveil, elle l'appela au téléphone pour lui demander quand elle pourrait venir le voir. Toute surprise alors, elle l'entendit lui dire : " Mais, puisque tu m'en as déjà parlé hier! Voudrais-tu me redire la même chose?" ( I 275).

Il a évoqué tous mes problèmes.

D.S. faisait alors des études de médecine à l'Université d'Athènes. Un matin, la sonnette retentit à sa porte. Il ouvrit et vit un prêtre qui lui était inconnu, et qui lui demanda : " Puis-je entrer?" Ce qui fit sur D.S. une grande impression, c'ets que ce prêtre était, selon ses propres termes, tout à fait différent de tous les autres prêtres qu'il avait rencontrés jusque-là.

" Nous avons parlé, nous raconta D.S. quatre heures durant. Il m'a parlé de toutes mes affaires personnelles et familiales, et de tous mes problèmes. Il m'a à ce point fasciné que c'est à son départ seulement que j'ai pensé : je je ne lui ai même pas demandé s'il voulait que je lui fasse un café. Dès le premier instant, il m'a bouleversé. Imaginez-vous que, dès que je lui ai ouvert la porte, il m'a appelé par mon nom, sans que nous ne nous soyons jamais rencontrés auparavant.

Et D. S. poursuivit : " Cet homme, dont j'appris après coup seulement que c'était l'Ancien Porphyre, eut pour effet que toutes les décisions que j'avais prises relativement à mon avenir changèrent. Et cela arriva à un moment qui était pour moi d'une grande importance, et qui fut décisif pour le restant de ma vie." ( I 276).



Faites une prière commune.

il aimait à parler souvent de l'amour. Il disait ordinairement que la haine salit l'âme. Il nous disait encore que lorsqu'un d enos frères avait un problème, il convenait que nous nous rassemblions en nombre et que nous fassions une prière commune pour cette intention précise. ( I 84).



Parlez entre frères des problèmes

que vous pouvez avoir

et Dieu les résoudra pour vous.

Parlez entre vous des problèmes que vous pouvez avoir. Discutez-en avec vos frères, et Dieu les résoudra pour vous. Cependant bien des gens sont crédules et discutent inconsidérément et d efaçon indiscrète avec de prétendus frères, lesquels sont, en réalité, des loups voraces. Souvenez-vous de l'expression :" Sages comme des serpents et purs comme des colombes." (Tz 112).



Les fiançailles allaient vers leur dissolution.

Une jeune fille de ma connaissance était fiancée. Mais, à un moment donné, des difficultés se firent jour entre son fiancé et elle. Cet état de choses fut cependant gardé caché à son père, tant par la jeune fille que par sa mère, qui était au courant de ce qui se tramait. L'évolution de la situation manifesta bientôt que les fiançailles étaient sur le point d'être rompues.

Un après-midi, l'Ancien Porphyre téléphona chez moi. J'étais absent à ce moment-là. Il dit à ma femme que je devais venir le voir aussi vite que possible.

De fait, je me rendis aussitôt chez l'Ancien. A peine fus-je entré que ce dernier entreprit de me parler du fiancé de la jeune fille, et de m'en décrire le caractère, me disant en outre que c'était un bon jeune homme. Comme je n'avais, quant à moi, aucune idée des différends que la jeune fille rencontrait avec son fiancé, je ne comprenais pas pourquoi il me disait cela. Aussi lui demandai-je : " Pourquoi me dites-vous tout cela, Géronda? Que se passe-t-il?"

Il me répondit alors : " Ses parents sont des égoïstes et ils ont donné le jour à une égoïste. Et, au lieu de faire ce qu'il faut envers Dieu, elle juge de tout selon les critères du monde. C'est là la raison de certains malentendus. Et la voilà, maintenant, prête à rompre ses fiançailles. Il se peut que son fiancé se soit quelque peu laissé entraîner par sa famille, mais c'est un bon jeune homme."

De retour chez moi, je fis venir la mère de la jeune fille, ainsi que la jeune fille elle-même. Je leur répétai ce que le Père Porphyre m'avait dit, et je les priai d'aller le voir dès le lendemain matin et de parler avec lui. De fait, elles y allèrent, et l'affaire fut réglée. La jeune fille en question renonça à rompre ses fiançailles. Elle se maria, et vit désormais très bien avec son mari et ses enfants. (I 161).



PRIERE



La prière est la mère de tous les biens.

Il répétait toujours que " Dieu est tout", et il nous disait avec insistance que sans prière à Dieu rien ne se fait. " La prière, disait-il, est la mère de tous les biens, pourvu qu'elle soit toujours faite dans l'humilité, sans nul égoïsme, dans l'amour du Christ." ( I 95).



La prière émane de l'amour envers le Christ.

Un jeune moine de la Sainte Montagne rendit un jour visite à l'Ancien Porphyre à Oropos. Entre autres choses, il lui demanda :

" Géronda, je désire que vous me disiez quelque chose au sujet de la prière. Comment dois-je la dire, et de quelle manière? Certains disent qu'il faut retenir sa respiration. D'autres, qu'il faut être assis sur un petit banc bas d'hésychaste, baisser la tête et, de la sorte, se concentrer en son esprit, et maintes autres choses de ce genre. Je désire donc que vous me disiez, vous qui avez de l'expérience, de quelle manière je dois dire la prière."

Et lui de répondre :

" Moi, mon enfant, je ne suis pas au fait de ces choses-là. Je ne connais qu'une chose. Aussi vais-je te raconter une histoire vraie afin de te faire comprendre.

J'avais pour fille spirituelle une toute jeune fille. Elle m'aimait beaucoup, m'obéissait toujours, et me demandait conseil. Elle fréquentait l'Université. Elle vint donc un jour, et me dit : " Géronda, hier je suis allée à la fête d'une de mes amies et j'y ai fait connaissance d'un jeune homme. J'ai éprouvé pour lui une grande sympathie, et je l'ai aimé. Je n'arrive pas à l'oublier. J'ai fait réflexion d'aller le trouver pour lui dire que je voudrais cheminer avec lui jusqu'au mariage. Voilà pourquoi je suis venue ici, pour demander votre conseil spirituel."

Pour moi, j'avais quelques réticences.

" Ecoute, ma fille : Ne t'implique pas actuellement dans des affaires de ce genre, car tu vas rater tes études. Fais preuve de patience. Tâche d'achever tes études à l'Université. Après quoi, pour ces choses-là, tu as toute la vie devant toi."

Elle m'écouta donc, et s'en alla. Mais, une semaine plus tard, elle revint et me dit :

" Géronda, vous savez à quel point je vous aime. J'ai essayé de l'ôter de ma pensée, mais je n'y parviens pas. Continûment c'est à lui que je pense."

Je lui prodiguai à nouveau des conseils, et elle s'en alla. Une semaine plus tard, elle revint et me dit :

" Géronda, cette fois-ci, je ne suis pas venue vous demander conseil. Je suis venue vous aviser que dès aujourd'hui j'irai le trouver, car je ne peux pas demeurer en paix en vivant sans lui. Lorsque je projette de me mettre à mes études, je ne peux pas travailler, car c'est à lui que je pense. Quand je veux faire la cuisine, c'est lui dont je me souviens. Et, par manière générale, quelque grande qu'ait été la lutte que j'ai menée, quelques surhumains qu'aient été mes efforts, je n'ai pas réussi à le faire sortir de mon esprit."

Tu vois. Cette jeune fille n'a vu qu'une seule fois ce jeune homme. Mais elle l'a mis pour toujours dans son esprit et dans son coeur. Par la suite, elle a entrepris de livrer un grand combat pour l'ôter de sa pensée. mais quels qu'aient été ses efforts, elle n'y est pas parvenue. Nous, en revanche, aujourd'hui, nous recherchons des méthodes pour apprendre à aimer le Christ, qui nous a comblés de tant de bienfaits! Je ne connais pas, quant à moi, ces diverses façons de faire, avec le petit banc hésychaste, la retenue de la respiration, et toutes ces diverses autres choses. Pour moi, la manière dont je me plais à aimer Dieu concorde avec cette histoire vraie d'une jeune fille perpétuellement amoureuse de celui qu'elle aime." ( Chr 353).



Ils peuvent, par leur prière, couvrir la Grèce entière.

Ceux qui se rendaient auprès de Père Porphyre étaient non seulement des gens venus de la Grèce entière, mais du monde entier. Il envenait depuis le Japon même. Ils venaient déposer entre ses mains tout ce qui pour eux était source de problèmes, toutes leurs inquiétudes, ou tous leurs autres questionnements intérieurs. Et tous, lui les aidait, avec beaucoup d'amour, d'humilité, de douceur et de prière, de prière avant toute chose.

Durant l'un de nos entretiens, il m'avait dit : " Il existe des Anciens qui, lorsqu'ils étendent leurs mains dans la prière, peuvent couvrir la Grèce entière." Et il disait ces mots sans préciser, bien entendu, s'il s'agissait là de lui-même ou de quelque autre Ancien. (I 144p.).



" Moi, je dors, mais mon coeur veille."

Le moyen par lequel l'Ancien vivait l'amour divin et l'amour humain en Christ, en tant que membre vivant du corps du Christ, et de son Eglise, était la prière. La prière continuelle, enflammée, la Prière du Coeur, la Prière de Jésus. Les mots : " Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi", étaient la fleur de Paradis qui s'épanouissait sur les lèvres de l'Ancien, été comme hiver, nuit et jour. Sa prière se continuait toujours comme sa respiration, et lorsqu'il était éveillé, et lorsqu'il dormait, conformément à la parole biblique : " Je dors, mais mon coeur veille." ( G 47 p.).



Toi et moi, nous sommes un.

Souvent, les pèlerine demandaient à l'Ancien de prier pour eux ainsi que pour les personnes qui leur étaient chères, et toujours, l'Ancien promettait de le faire. Ce fut alors que germa en moi une interrogation. Comment l'Ancien pouvait-il bien retenir des centaines de noms? Un jour, tandis que nous parlions de la prière, il se tourna soudain vers moi et me dit : " Tu te demandes peut-être comment je peux, dans ma prière, me souvenir d'autant de noms. Pour moi, je ne suis qu'un homme, faible et pécheur. Je dis : "Seigneur, aie pitié de Georges, de Nicolas, de Marie, de Catherine - tous les noms dont je me souviens - et de tous ceux qui m'ont demandé de prier pour eux et dont j'ai oublié les noms. Et Dieu, parce qu'il n'est pas un Père Porphyre qui oublie - Il se souvient, au contraire de tous les noms -, vient aussitôt et exerce envers tous Sa miséricorde."

Je lui demandai : " Et que dites-vous dans votre prière, Géronda, pour tous ces êtres?" Et l'Ancien, de la manière la plus naturelle qui soit, de répondre : " Hé bien voilà, je dis d'abord : " Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi!""

"Aie pitié de moi, dites-vous? Mais eux, c'est pour eux qu'ils vous ont demandé de prier, non pour vous", lui opposais-je, d'un air interrogateur. Mais l'Ancien, une fois de plus, me prit à l'improviste, me disant : " Eh bien, ne sais-tu pas que si Dieu ne me prend pas moi-même en pitié, Il ne te prend pas toi non plus en pitié? Ne sais-tu pas que toi et moi nous ne sommes qu'un?"

Et lors d'une autre conversation, l'Ancien me dit que dans ce sentiment de notre unité avec l'autre se cache le secret de la vie spirituelle en Christ. ( G 50 p.).



Le "rayon d'action " de la prière de l'Ancien.

"J'avais, Anargyre mon enfant, me dit un jour l'Ancien, un très bon ami, un hiéromoine, lequel reçut mission de se rendre en Amérique pour y proclamer la Parole de Dieu. Nous fûmes tous deux affligés de cette séparation. Mais l'Archevêché était inflexible. Il devait partir immédiatement. C'est ce qui fut fait.

Le jour où nous nous sommes dit adieu, nous fîmes, devant Dieu, la promesse de prier l'un pour l'autre toute notre vie durant. Dès le premier soir, je me mis aussitôt à prier pour mon ami. Lui, de son côté, m'écrivait qu'il faisait la même chose pour moi. Dans les lettres qui suivirent, pourtant, il faisait état de tremblements terribles, qu'il ressentait pendant son sommeil. C'était comme si un courant électrique de grande intensité lui parcourait tout le corps, depuis le haut de la tête jusqu'au bout des pieds. cette intensité était si grande qu'elle l'empêchait de dormir. Ce phénomène se manifestait et se renouvelait tous les soirs, et son sommeil était devenu difficile; Au début, il pensa que ces troubles étaient dus à la différence des conditions climatiques existant entre notre pays et l'Amérique. Mais lorsqu'il se rendit compte qu'avec le temps ses troubles, au lieu de se dissiper, gagnaient en intensité, il commença de s'inquiéter. Il se vit contraint de m'en informer par téléphone et de me demander mon opinion. Je le rassurai aussitôt. " Cela n'est rien, lui dis-je. C'est tout simplement que tu as oublié la promesse que nous nous sommes faite lors de notre séparation, de prier l'un pour l'autre." " A quelle heure ressens-tu ces symptômes que tu m'évoques?" lui demandai-je. Et lui de me répondre : " Le soir, quand je m'endors, à telle heure." - Hé bien, c'est à cette heure-là que moi, en toute humilité, je prie pour toi. Que soit glorifié le nom de Dieu qui fait que ma prière arrive jusqu'à toi en Amérique! Fais, toi aussi, la même chose pour moi, parce que je suis pécheur", lui dis-je. Et je raccrochai le téléphone."

Mais il nous faut ajouter quelque chose de plus impressionnant encore, que nous avons entendu dire et dont nous avons, par recoupement, vérifié la véracité. Une nuit, ce hiéromoine eut une sensation de froid. Il se leva et trouva la porte de sa chambre ouverte. Cela lui parut étonnant, car il était sûr de l'avoir comme à son habitude fermée. Après l'avoir donc refermée, il se rendormit. Lorsque, quelques jours plus tard, il eut un entretien téléphonique avec le Petit Père, ce dernier lui dit qu'au lieu de prier, il allait le voir quand il dormait. Suspicieux, le hiéromoine en douta, lui faisant observer qu'il était impossible que le Petit Père se rendît en Amérique pour le voir. Le Petit Père lui répartit alors avec simplicité : " Mais si, je suis venu te voir, et j'ai même laissé ta porte ouverte!" Le hiéromoine en fut stupéfait, et demeura ébahi, comme si la foudre l'avait frappé.

en ce qui concerne la prière du Petit Père, nous avons entendu de nombreuses âmes déclarer qu'elles en ressentaient sérénité et consolation, soulagement et joie, et qu'elles en éprouvaient comme une sensation de béatitude et de paix, et que cette prière de Père Porphyre était pour eux quelque chose qui chassait toute affliction, toute angoisse, qui leur procurait une sensation de sécurité et de réassurance, favorisant en eux une disposition à la prière et à la glorification de Dieu. Ch. Ch, une dame qui avait récemment perdu son mari, racpporte, dans le livre de Kl. Ioannidis, L'Ancien Porphyre. Témoignages et expériences, que l'après-midi du jour même où elle avait annoncé à l'Ancien la mort de son époux, tandis qu'elle se trouvait chez elle, elle avait senti tout d'un coup que s'en allait et se retirait d'elle tout le poids qui pesait sur son âme, si bien que celle-ci s'en était trouvée soulagée, et que d'elle avait jailli une joie telle qu'elle avait fait un signe de Croix et s'était dit : " Mon Dieu! Une telle réaction de ma part est-elle raisonnable?" Et, poursuivant son récit, elle ajouta qu'elle avait par la suite appris - et elle avait vérifié cette information - que c'était à l'heure, précisément, où elle avait eu cette sensation, que l'Ancien Porphyre priait pour elle.

Une autre dame dit à une personne digne de confiance, dont nous tenons, quant à nous, cette information, que lorsqu'elle demanda à l'Ancien de lui venir en aide à propos d'un problème qu'elle rencontrait, celui-ci lui recommanda de prier en même temps que lui, le soir à dix heures. Lorsqu'elle lui fit la réponse que la chose n'était pas possible pour elle à cette heure-là, parce qu'elle devait à ce même moment s'occuper de sa famille, il lui proposa une prière commune à quatre heures du matin, cependant, bien entendu, qu'elle resterait chez elle. Lorsqu'elle lui répartit encore qu'à cette heure-là elle avait du mal à se réveiller, et qu'elle ne pouvait pas non plus mettre un réveil, de crainte de déranger sa famille, il lui répondit qu'il irait la réveiller lui-même. Et, de fait, ainsi qu'il le lui avait promis, tous les matins, à quatre heures,elle sentait qu'on lui touchait légèrement l'épaule pour la réveiller. Elle comprenait alors que c'était le signal de l'Ancien. C'était un rappel à l'ordre agréable, qui ne lui causait ni trouble ni désagrément.

Un autre de nos amis nous raconta que lorsque le soir l'Ancien priait pour lui, il en éprouvait, certaines fois, une sensation de paix de l'âme et une certaine légèreté dans le corps, comme si ce dernier désirait se lever du lit sans se déplacer réellement dans le sensible.

Il y avait aussi le cas de quelqu'un qui devait de l'argent. Ce cas nous a été évoqué par l'Ancien lui-même. L'Ancien, à la demande de son créancier, avait prié pour cet homme afin que Dieu l'éclaire et qu'il s'acquitte de sa dette. Mais celui-ci, importuné par la prière de l'Ancien et ne voulant pas payer sa dette, lui demanda d ecesser de prier pour lui.

Il apparaît ainsi qu'en de rares occasions, celui pour qui priait l'Ancien en ressentait un certain désagrément, quelque chose comme un rappel instant. Cela arrivait, bien entendu, quand l'intéressé avait fait ou n'avait pas fait quelque chose qu'il aurait dû faire. Mais revenons à notre sujet.

Une vingtaine de jours à peine étaient passés, que le Petit Père reçut un autre appel téléphonique de son ami hiéromoine, qui le priait, ni plus ni moins, de cesser de prier pour lui, car, ce faisant, il l'empêchait de dormir. En conséquence de quoi, il n'avait pas la force ni l'énergie de travailler le jour, et risquait d'être considéré comme négligent par l'Eglise du pays dans lequel il se trouvait. Le Petit Père lui promit d'accéder à sa demande et, de fait, cessa de prier pour lui. Ce dernier alors, ainsi qu'il l'avoua plus tard au Petit Père, n'éprouva jamais plus les effets de la puissance de sa prière, dont le rayon d'action s'était étendu jusqu'en Amérique!

Il nous faut toutefois faire une nouvelle digression, pour tirer cette question au clair, de manière à éviter tout malentendu.

Tout ce qui vient d'être relaté ci-dessus me fut narré par le Petit Père, qui se vit contraint de m'en parler, car cet été-là, il m'advint à moi aussi de subir les mêmes perturbations et troubles du sommeil, du fait des prières de mon bien-aimé Petit Père. C'était au mois d'août. Nous avions décidé, avec un couple d'amis, de passer nos vacances dans la ville d'eaux d'Aidipsos. Avant que d'y partir, je me rendis auprès du Petit Père pour prendre sa bénédiction. Dans le même temps, je lui demandai si son don de diorasis lui permettait de voir à l'avance de quelle façon je passerais mes vacances. Il me fit cette réponse : " Tu passeras de bonnes vacances, car je prierai continuellement pour toi.". L'après-midi de ce même jour, nous nous rendîmes à Aidipsos, où nous nous installâmes dans un hôtel de luxe. Ne pensant qu'à nous amuser, à nous divertir, et à faire la fête, nous avions oublié la prière et, plus généralement, nos devoirs religieux. Le soir, nous nous sommes couchés tard. A peine nous sommes-nous endormis, j'ai senti mon lit secoué si fort que j'ai cru à un tremblement de terre. Pris de peur, je me réveillai et criait fort : " Tremblement de terre! Tremblement de terre! ", dans le même temps que je m'agrippais à mon lit, de crainte de tomber et d emourir. J'observai, toutefois que, contrairement à moi, personne, dans les chambres voisines, non plus qu'aux autres étages, ne s'était réveillé. Cet état de choses m'inspira une inquiétude plus grande encore. Je demeurai un long temps sans pouvoir retrouver le sommeil. Et, lorsque je réussis à me rendormir, je sentis de nouveau la même chose se reproduire et, de plus, je sentis quelque chose comme un courant électrique me traverser le corps. La chose se reproduisit plusieurs fois de suite. Au matin, je demandai à mon ami, médecin, et à son épouse s'ils avaient ressenti les mêmes secousses telluriques nocturnes que moi. Mais eux, simplement de rire. Les mêmes événements se reproduisirent de nouveu les soirs suivants, et mes vacances finirent par devenir un véritable martyre. A ce même moment, je vis en rêve dans mon sommeil que je me trouvais dans l'église de Saint-Nicolas ( à Calissia sans doute). De l'icône du Saint émanaient, dirigés vers moi, les faisceaux de mille rayons multicolores; La lumière en était extraordinairement brillante, et ils suscitaient en moi une indescriptible divine allégresse. Après ce rêve, je me sentis dans l'obligation de rapporter tous ces faits étranges au Petit Père. " Ne t'inquiète pas, fut sa réponse. C'est moi qui t'ai dérangé avec mes prières. A quelle heure as-tu vu Saint Nicolas dans ton sommeil?" Je lui dis l'heure. " Hé bien, c'est à cette heure-là que je priais le Saint pour toi. Poursuis tes vacances, mais n'oublie pas de prier." Je lui dis alors en souriant : " Petit Père, je vous en prie, si vous voulez que je puisse continuer mes vacances tranquillement, il faut que vous, vous interrompiez vos prières pour moi. Autrement, ce ne sont plus des vacances, mais bien un véritable martyre..." Le Petit Père sourit avec une bienveillance et une bonté infinies. C'est par ce moyen-là aussi, des prières de nuit, qu'il voulait me conduire à mener une vie spirituelle. Mais, pour moi, il n'y avait rien à faire pour que je comprenne!

Cette histoire, il me l'a rappelée deux heures avant de partir pour son dernier voyage à la Sainte-Montagne. Nous en avons ri tous deux très fort, et avec une satisfaction toute particulière. Puisse-t-il, de là où il se trouve maintenant, prier toujours aussi fort pour moi! Ce serait pour moi ce qui pourrait m'arriver de plus agréable... ( K 24-31).



Le Petit Père m'enserre la tête et prie pour moi.

Chaque fois que j'allais le voir, je posais ma tête sur ses genous, et, sans aucunement lui parler au début de l'entretien, je priais en esprit pour lui ainsi que pour les miens, et pour nous tous d'une manière générale, et je restais d'assez longues minutes dans cette attitude. Lui, à son tour, m'enveloppait la tête de ses deux mains et de son étole, l'enserrait, et priait avec moi d'assez longues minutes durant. Bien souvent même, je pouvais sentir sa respiration très intense, ainsi que les battements de son coeur. S'il m'advenait parfois d'éprouver des maux de tête ou quelque autre mal que ce soit, tout cela s'évanouissait, et lorsque j'avais achevé la confession que je voulais lui faire, au moment de partir, il me semblait avoir reçu la plus grande bénédiction qui soit. De la même manière qu'une pile se trouve chargée d'énergie électrique, il me semblait que c'était chargé de bénédictions que je conduisais sur le chemin du retour pour retourner chez moi.

Je demandai un jour au Petit Père : " Pourquoi donc, Petit Père, me saisis-tu ainsi la tête pour l'enserrer de tes mains?" Il me répondit alors ceci : " Eh bien voilà, mon enfant! Pendant que tu pries, je prie aussi. Je saisis ainsi ton âme, en te tenant la tête, et je la présente à notre Christ. Je lui demande alors de te prendre en pitié, de te venir en aide, de t'illuminer, et de t'accorder toute chose dont tu aurais besoin, toi, ainsi que ta famille." (Tz 131).



Ma prière seule ne suffit pas.

L'Ancien Porphyre ne dormait pas la nuit, car il consacrait ses nuits à la prière pour tous les hommes, et plus encore pour ceux qui souffraient de maladies graves.

Il disait toujours : " Moi, je prierai. mais cela ne suffit pas. Il faut que ma prière trouve quelque écho auprès de vous. Car Dieu, qui veut nous envoyer Sa Grâce, doit trouver nos bras ouverts pour l'accueillir. Et, qu'Il nous guérisse de notre maladie ou qu'Il permette que continue l'épreuve du mal qui nous frappe, Son action ira dans le sens de l'intérêt de notre âme." (I 243).



Je t'aide davantage par mes prières.

Au début, lorsque je connus le Géronda, j'éprouvai tout ensemble une certaine impatinec et une hantise : comment devrais-je me comporter en voyant l'Ancien, comment l'interroger, comment recueillir ses réponses. Je ressentais dans mon âme un vide lorsqu'il était absent de Callissia, ou lorsque, étant là, il ne recevait personne pour cause de maladie, ou encore lorsqu'il restait en silence en donnant la bénédiction. Ce fut l'Ancien qui, par étapes, me délivra de toute cette anxiété. Il me dit un jour :

" Tu sais, je sens que je t'aide beaucoup par mes prières.

- Je me réjouis de l'entendre de votre bouche, parce que je le sens, moi aussi, lui dis-je. Je vous en remercie vivement et je vous demande de ne pas cesser de prier pour moi. Je vous avoue que, toujours, et plus particulièrement lorsque je traverse des moments d'épreuves, je demande que par vos prières me soit accordée l'aide du Christ, et je ressens que j'en reçois de la force."

La joie illumina le visage de l'Ancien et il me dit : " Que dis-tu donc là? Tu ressens cela? Moi aussi, je le ressens."

Un autre jour, il me fit une révélation : " Sais-tu ce que je vois? Que je t'aide davantage par mes prières que par mes paroles. Toujours, dans mes prières, je me souviens de toi. Prie, toi aussi, pour le pécheur que je suis." Ces mots accrurent vivement mon impatience de le voir et de me trouver de nouveau à ses côtés. " Je vous remercie beaucoup, Géronda, lui dis-je. Vous me délivrez en ce moment d'une idée fixe, qui me pesait, d'autant plus qu'elle vous pesait. Désormais, je ne serai plus contrarié lorsque je ne pourrai ni vous voir ni vous entendre. Il me suffit que vous priiez pour moi. De cette façon, je recevrai du Christ le plus grand secours qu'il est possible." ( G 56 p.).



L'Ancien nous apprend à dire la prière.

Nous partîmes un après-midi - nous étions un groupe d'amis - pour Callissia. Devant la cellule de l'Ancien, dans la cour, nous rencontrâmes une foule de pélerins qui attendaient pour le voir. Nous étions les derniers. Lorsque vint notre tour, il faisait nuit. Nous vîmes l'Ancien un par un et, lorsque nous eûmes fini, l'Ancien nous raccompagna jusqu'à la porte du monastère. Bien que fourbu de fatigue, l'Ancien semblait de bonne humeur. C'était une belle nuit d'été. Une petite brise soufflait légèrement et la pleine lune s'était levée derrière les petites collines d'en face, recouvertes de pins.

Dans ce cadre idyllique, recouvert d'argent par la pâle lumière de la lune, qui, alentour, transfigurait tout, être animés comme objets inanimés, constituant un paysage hors du monde, l'Ancien jugea le moment opportun pour nous parler de la prière. Il ne nous en parla pas de manière théorique, mais pratique. L'Ancien enseignait toujours par l'action. Nous étions un groupe de quatre, cinq avec l'Ancien. Il nous plaça face à l'Orient mettant deux pèlerins de chaque côté, et se mettant lui-même au milieu. Alors il nous dit :

" Nous allons maintenant faire la prière du coeur. Le premier, je dirai en moi les paroles, puis vous, vous les répéterez. Mais faites bien attention : dites-les sans vous presser, ni en éprouver la moindre anxiété. Vous ls direz sereinement, calmement, humblement, avec douceur, et avec amour."

L'Ancien commença de cette voix fluette, tendre, expressive qui était la sienne : " Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi!" Il disait cela très lentement, mot après mot, sans nulle hâte, comme si le Christ était devant lui et qu'il Le suppliait. Il faisait une pause plus longue après avoir dit : " Christ", et il donnait une inflexion de supplication aux mots : " aie pitié de moi".

A notre tour nous répétions les mots après lui, tentant d'imiter son attitude, d'adopter la teinte chromatique de sa voix, et comme si cela eût été possible, sa disposition d'âme. A un certain moment pourtant, le Petit Père cessa de proférer la prière à haute voix, cependant que ses lèvres continuaient de la murmurer. A notre tour, nous fîmes de même. Combien de temps cette prière du soir dura-t-elle? Je ne m'en souviens pas. Je me souviens seulement d'une émotion que je ne puis exprimer en des paroles humaines.

Au bout d'un moment, il interrompit ce divin silence, disant : "Arrêtons ici la prière commune. Continuez-la tout seuls. Allons, maintenant, rentrez en paix chez vous." Et, tandis que nous éloignions, je tournai la tête en arrière et je distinguai, dans la lumière de la lune, la silhouette vénérable de l'Ancien : il se tenait debout auprès des rochers, et, la main levée, nous bénissait. ( G 48 p.).



Prière avec l'Ancien.

Une Lumière puissante et abondante inonde ma chambre.

Le Petit Père priait beaucoup. Il voulait que ses enfants spirituels fissent de même. En ce qui me concerne plus particulièrement, il tenait par tous les moyens à me persuader d'agir ainsi. C'est la raison pour laquelle il me parlait sans arrêt de la puissance de la prière.

" Prier, Anragyre, mon fils, me disait-il, signifie parler avec Dieu en personne, avec Lui qui est Celui qui nous a façonnés, et qui est le Créateur de l'univers. C'est Lui qui a façonné l'homme à Son image et à Sa ressemblance. C'est Lui qui a fait tout ce que nous voyons, mais aussi tout ce que nous ne voyons pas de nos yeux d'hommes. C'est enfin Celui qui ne refuse jamais de parler avec nous, pourvu que nous le Lui demandions nous-mêmes, et autant de fois que nous le voulons. Il n'arrivear jamais qu'Il nous dise non. Tout au contraire, Il est toujours tout disposé à nous écouter, avec attention et plein d'un immense amour, ainsi que fait tout bon père quand son enfant le lui demande. Et non seulement cela, mais il est prêt encore à nous donner ce que nous demandons, pourvu seulement que cela soit dans l'intérêt de notre âme. " Vraiment, me dit-il, as-tu jamais pensé, mon enfant, pouvoir t'entretenir, ne serait-ce qu'une unique fois, avec l'un quelconques des rois ou des chefs de notre patrie, et voir ton désir se réaliser? Si ce n'est pas le cas, je te recommande d'oser le faire. Tu constateras que ton désir restera siimplement désir. En aucun cas ils n'accepteront de parler avec toi. Ils te renverront , tout au plus, à quelque subalterne, pour se débarrasser de toi... Tout au contraire, notre Seigneur, lui, qui est le Roi des Rois, ne te renverra jamais à quiconque et ne refusera jamais de S'entretenir avec toi par la prière. Comprends-tu ces choses que je te dis, et comprends-tu pourquoi je te les dis?

- Bien sûr, Petit Père , lui répondis-je.

- Et pourtant, quelque chose me dit que tu ne veux pas le comprendre. Car, si tu le comprenais, tu prierais, toi aussi, beaucoup.

- Vous, priez pour moi, insistai-je.

- Et quand c'est moi qui mange, est-ce toi qui es rassasié? me demanda-t-il.

Ce disant, il me désarma totalement.

" Ecoute, Anargyre, me dit-il, je vais te faire une proposition, mais je veux, tout d'abord, que tu me promettes de l'accepter et de l'observer.

- Je vous le promets, Petit Père. Je suis prêt à faire ce que vous me direz.

- Eh bien, je te propose alors que nous priions exactement à la même heure, tous les deux en même temps. Et l'un priera pour l'autre."

Nous conclûmes cet accord et nous tînmes promesse. Nous fixâmes même l'heure de la prière. Elle devait se faire à dix heures du soir. Le Petit Père, comme il me l'expliqua ensuite, croyait vraimen beaucoup à ce genre de prière. " Les résultats d ela prière commune, me dit-il, sont surprenants. Tu le constateras également par toi-même. Mais je voudrais qu'à dix heures précises, tu sois fidèle à notre rendez-vous. N'oublie pas une seule fois d'observer ta promesse. De mon côté je ferai aussi la même chose."

Marchant de concert avec le Petit Père, nous parvînmes à la station des autobus, à Polygonon. Cette fois-ci, il ne me laissa pas le raccompagner jusque chez lui, comme je le faisais d'ordinaire.

" Non, me dit-il, tu ne viendras pas avec moi. Tu iras chez toi. Tout à l'heure nous nous sommes promis quelque chose. Nous devons commencer immédiatement. Ce soir même. Il vaut mieux battre le fer tant qu'il est chaud." J'obéis. Le Petit Père monta dans l'autobus et j'attendis le départ de celui-ci. Dès que l'autobus se mit en marche, - je me le rappelle bien - il cogna sur la vitre et me dit : " A dix heures exactement!" Il me semble en ce moment même voir son visage et entendre sa voix. Son visage resplendissait et semblait celui d'un ange!

J'attendis à la station des cars jusqu'au moment où l'autobus disparut dans l'immensité d'Athènes, emmenant avec lui, inconnu jusque là, un Saint de l'Eglise du Seigneur Jésu-Christ. Ensuite de quoi, tout courant, je me précipitai chez moi, afin d'être absolument ponctuel au rendez-vous de prière.

Et, de fait! A dix heures du soir, je m'enfermai dans ma chambre et me mis à prier. Et voici qu'au premier instant d'intenses courants d'énergie se mirent à me parcourir le corps - cela commençait par l'extrémité des pieds et gagnait jusqu'à ma tête, et inversement - tandis qu'une lumière puissanteet abondante inonda ma chambre tout entière, me donnant l'impression que j'étais au milieu de flammes, lesquelles, toutefois, ne me brûlaient pas. Tout d'abord, j'eus très peur. Peu s'en fallut que je ne fusse pris de panique. Mais aussitôt , alors, je pris consciences que ces phénomènes étranges et mystérieux m'étaient suscités de par la puissance de la prière du Petit Père. En sorte que non seulement, dès lors, je retrouvai mon calme, mais que je me trouvai en outre inondé d'une allégresse comme je n'en avais jamais connue. j'avais l'impression de ne plus fouler terre. Toutes ces manifestations se poursuivirent jusqu'à la fin de la prière. Le lendemain, mon premier geste fut de joindre le Petit Père. J'étais décidé à ne lui parler de rien de ce que j'avais vu et éprouvé. Je voulais que le Petit Père parlât en premier. C'est ce qui advint. Dès que je lui eus demandé sa bénédiction, le Petit Père, en proie à une particulière satisfaction, me dit dans un éclat de rire : " Eh bien! Ti as eu peur, n'est-ce pas? Et il s'en est fallu de peu que tu ne prennes tes jambes à ton cou... Mais moi, je te voyais dans la vive lumière qui inondait toute ta chambre, et toi, resplendissant de joie, tu montais, tu montais, comme si tu voulais parvenir jusqu'au trône du Seigneur§ Tu vois quelle est la puissance de ce genre de prière! Persévère, et tu te souviendras de moi." Et de fait! Je me souviens de lui. Et je me souviendrai de lui non seulement toute cette vie durant, mais aussi dans l'autre. Car ces phénomènes, avec le temps, ont atteint une telle intensité que je ne parviens pas à les décrire!

Puisse-t-il, maintenant encore, du haut du Ciel où il est, prier pour moi, et avec moi. Je ne voudrais rien d'autre. ( K 38-41).



Ne dis pas tout le temps : " Mon Dieu, je suis pécheur"!

En octobre 1990, en raison de problèmes divers, je me suis trouvé dans un état spirituel déplorable, et j'ai subi des épreuves insupportables.

Je n'avais plus même la force de prier. C'était là une chose bien étrange. Durant un bon nombre de jours, je m'étais limité à dire, pour toute prière : " Mon Dieu, je suis pécheur, je ne suis pas digne de m'entretenir avec Toi." Et je me rappelais l'Ancien, qui m'avait dit plusieurs fois : " Sais-tu, Nikos, quel grand don constitue le fait que Dieu nous ait accordé le droit de Lui parler à tout instant, et cela, quelle que soit notre état spirituel? Et Lui, Il nous écoute. C'est le plus grand honneur qui nous ait été fait. C'est pour cela que nous devons aimer Dieu."

Me trouvant donc en cet état de déchéance spirituelle que je vien d'évoquer, je suis allé, avec trois de mes amis chez l'Ancien Porphyre. Ce furent d'abord les autres qui entrèrent. J'entrai le dernier.

A peine fus-je entré dans se cellule qu'il me dit : " "Assieds-toi, pécheur." Dès qu'il m'eut dit cela, je compris que, durant toute cette période en laquelle j'avais chuté, il avait connu mon état de chute.

Alors même qu'il était couché sur son lit, malade, frappé des nombreuses maladies dont il souffrait, il trouva la force de se lever et, comme courroucé, me dit : " Nikos, dis quelque chose d'autre que ce que tu dis tout le temps : "Je suis pécheur, je suis pécheur."" Et il pousuivit, sur ce même ton qui évoquait la colère : " Dis à Dieu quelque chose d'autre. fais ta prière. N'as-tu pas compris que te dénigrer sans cesse était une tentation, à laquelle tu n'as pas pu résister?"

Au sortir de chez lui, l'un des trois amis avec lesquels je m'étais ce jour-là rendu auprès de l'Ancien, me dit que, pour lui, l'Ancien été allé jusqu'à corriger un mot d ela prière qu'il faisait. Il lui avait dit : " Jean, ce mot-là, ne le dis pas ainsi, mais dis-le plutôt de cette manière-là." (I 160).



Aide-les par ta prière.

Je voulus une fois aider des gens qui rencontraient un grave problème. C'était l'Ancien qui en avait eu connaissance, alors qu'eux-mêmes l'ignoraient. J'avais toutefois l'intuition que je risquais de ne pas être compris, et, de cette manière, au lieu de leur faire du bien, de leur causer bien plutôt en fin de compte quelque dommage spirituel. Je dis ce que je pensais à l'Ancien, et celui-ci me répondit : " Ne va pas les voir pour leur parler à ce propos. Il est certain qu'il y aura malentendu. Ils t'accuseront et, d ela sorte, pécheront. Aide-les plutôt d eloi, par ta prière. De cette façon, et ils échapperont à ce dommage spirituel, et ils trouveront plus de profit à ta prière qu'à tes paroles."

Je suivis le conseil de l'Ancien, lequel était doué de discernement spirituel, et cela me procura le repos. (G 65).



Si nous ne tournons pas l'interrupteur de la prière,

notre âme ne verra pas la Lumière du Christ.

J'étais particulièrement impressionné par le fait que l'Ancien consacrait son temps soit à la prière exclusivement, soit à travailler tout en priant. Je le voyais me parler, téléphoner, manger, boire de l'eau, allumer le poêle, accomplir tous se stravaux, et je comprenais qu'il priait en même temps. Ce qu'il enseignait aux autres, au sujet de la prière, il l'appliquait, en premier lieu, lui-même.

Il me dit un jour : " Il y a quelque part un générateur électrique, et il y a aussi, dans la chambre, cette ampoule. Or, si nous ne tournons pas l'interrupteur, nous resterons dans l'obscurité. Il y a le Christ. Il y a aussi notre âme. Toutefois, si nous ne tournons pas l'interrupteur, notre âme ne verra pas la Lumière du Christ, et elle restera dans les ténèbres du diable." Il était clair comme le jour que l'âme de l'Ancien était toute illuminée, jour et nuit, de la Lumière du Christ, car c'est sa prière qui maintenait un contact spirituel permanent entre le générateur et l'ampoule. ( G 66).



Dis continuellement la prière.

Un exercice toujours continué de la prière présuppose, d'après l'enseignement de l'Ancien Porphyre, premièrement un Ancien expérimenté qui suivra celui qui entre en cet exercice spirituel et, en second lieu, une âme pure de tout égoïsme, rancune, volonté propre, vanité, et tout ce qui leur ressemble. Il soulignait beaucoup la nécessité de célébrer les offices transmis par la Tradition, et de lire les hymnes de notre Eglise. De sorte que son conseil : " Dis continuellement la prière", valait certes pour nous tous, mais non sans que nous acquérions le discernement : nous ne devions ni abolir les offices, ni penser que, sous prétexte que nous aurions dit la prière : " Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi!" un certain nombre de fois, nous aurions, soi-disant, comblé la mesure.

Cela est à tel point vrai que, à certains dont il voyait qu'ils voulaient "apprendre" à dire la prière du coeur pour s'enorgueillir, ouvertement ou secrètement, de faire une prière d'ordre supérieur, l'Ancien conseillait de ne pas s'occuper de la prière du coeur. Et il avait cité des exemples de personnes qui "avaient été mises à mal", parce qu'elles s'étaient adonnées à la prière avec un "programme", un "but", une "méthode", au lieu de demander humblement que Dieu les prît en pitié. La prière ne se compte pas : elle jaillit. Elle n'est pas objet d'observation de la part de celui qui prie, elle s'épanche, ainsi que les larmes, dans l'émotion, sans effort prémédité. Un travail est toutefois aussi nécessaire pour la prière, mais ce travail n'est ni violent, ni obligatoire. Nous devons lire quelque texte de spiritualité, encenser, chanter, allumer notre veilleuse, rendre grâces, glorifier, faire des demandes à Dieu, et tout cela simplement, sans y être forcés, dans la simplicité du coeur. ( G 68).



La prière " Seigneur Jésus-Christ aie pitié de moi" dit tout.

Un jour, je priai l'Ancien de m'indiquer une manière de prier et, si cela était possible, de me révéler quelle était sa propre manière de prier. La réponse fut immédiate... et sans réplique.

" Et pour quel genre de chose as-tu donc pris la prière? Pour un plat que l'on sert à la commande? Pour un médicament que l'on délivre sur ordonnance? Moi, je t'ai dit de demander seulement le salut de ton âme. Autrement dit, de demander à devenir l'héritier du Royaume éternel des Cieux. Quant à tout le reste, laisse-le au jugement de Dieu. Je te rappelle, une fois encore, la phrase :" Demandez en premier le Royaume des Cieux, et tout le reste vous sera donné par surcroît." Cela ne te suffit-il pas? Si cela ne te suffit pas, ou bien ne te satisfait pas pleinement, tiens-t'en à la prière du coeur. Pour moi, la formule " Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi!" dit tout. Et, de toute manière, cela dit plus que tu ne dis toi. Il suffit que tu le dises avec foi et dévotion. Et, de plus, tu dois, à ce moment-là, imaginer que tu as, devant toi, Jésus crucifié. Et écoute bien. Au moment où tu diras cette prière, tourne ton esprit ici, vers moi. Et moi, je saisirai ta pensée et je prierai avec toi. C'est cela qui est le mieux. Et c'est cela que je te recommande de faire.

- Oui, mon Petit Père, mais ce que vous dites n'est pas juste.

- Ce que je dis est juste. C'est toi qui le comprends d'une manière erronée. Et sais-tu pourquoi? Parce que tu te sépares toi-même du reste du monde. Et cela n'est pas juste du tout. De la même manière que nous nous aimons nous-mêmes, nous devons aimer notre prochain. Moi, j'aime tout le monde comme moi-même. c'est pourquoi je ne vois pas la raison pour laquelle je dirais : " Notre Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de nous" plutôt que "aie pitié de moi", puisque le monde et moi nous sommes une seule et même chose. C'est ainsi que tu diras, toi aussi : " aie pitié de moi."" ( K 176 p.).



Avec une voix implorante.

" Mon enfant, quand nous nous adressons à Dieu, nous n'adoptons pas le ton d'un militaire qui donne des ordres à des petits soldats. Nous prenons, au contraire, le ton d'un humble serviteur ainsiqu'une voix suppliante, strictement sur le ton de l'imploration. C'est là la seule voix qui parvienne jusqu'au trône de Dieu. En Père aimant qu'Ill est, Il accède alors à notre demande et "nous renvoie en retour la Grâce divine et le don de l'Esprit Saint." ( K 205 p.).



Tu sentiras présente à tes côtés l'Eglise tout entière.

Quand tu pries, ne prie pas uniquement pour toi-même. En disant la prière : " Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi", tu sentiras présents à tes côtés tous ceux qui sont tes frères, l'Eglise tout entière à chaque coin de la terre, militante, vivante, notre Eglise orthodoxe.

Mais aussi notre Eglise triomphante et accomplie. Nous sommes tous un devant Dieu. Y compris ceux qui vivront après nous, jusqu'à l'accomplissement des siècles. ( A 102).



Nous pouvons nous unir en vivant une vie mystique.

"Ce n'est que par la Grâce divine que deux êtres humains peuvent être unis réellement. Nous pouvons, en disant la prière, être unis d'une manière mystique, même si nous sommes à des kilomètres l'un de l'autre. Et ce fait est source de grande joie. Nous pouvons nous unir, si nous vivons une vie mystique, sans dire des paroles sur l'amour. C'est ainsi que sans violence tu es uni à autrui dans la vie mystique, et dans l'amour. Ceelui qui aime envoie par ses prières une puissance bienfaisante sur autrui. Cette dernière arrive richement mais avec douceur, telle un souffle (50),

(50) : ( Telle un léger murmure, telle une brise).

ainsi qu'il est écrit dans l'Ancien Testament. J'éprouve une grande joie d'avoir trouvé ce mot. Tu peux apprendre à envoyer une force bienfaisante à l'autre, et lui, mû par une force d'En Haut, peut venir vers toi, sans savoir pourquoi. (Deux cents ans après, éd. Akritas p. 372).



Instruction personnelle en vue de la prière du coeur.

Un frère disait la prière du coeur en récitant la prière " Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi", ainsi que l'a enseignée Saint Nicodème l'Hagiorite dans son livre Le combat invisible. Cela, durant un assez long temps.

Un jour, il se rendit à Saint- Gérasime où le Petit Père servait. ce dernier dit à ce frère :

" Ecoute, mon enfant. Désormais, tu vas cesser de prier de cette manière-là, et tu mettras en application une autre manière que je vais t'expliquer maintenant.

Tu laisseras l'espace de ton coeur, et tu viendras au centre intérieur de ta tête. C'est là-dedans que tu diras la prière : " Seigneur Jésus-Christ, Fils et Verbe du Dieu Vivant, aie pitié de moi!" Tu le diras dans un calme profond, avec beaucoup de tendresse et une grande douceur. Ne te laisse pas troubler par les diverses images que te présente le Malin. Ne sois pas non plus pressé en prononçant ces mots-là, et fais bien attention à leur sens. Dans ces conditions cela se passe comme si une cloche sonnait là, très fort, en direction des couches intérieures du cerveau. Alors, les pensées extérieures, qui proviennent du Malin, ne peuvent plus y pénétrer, car elles sont expulsées, et tu en retires le plus grand profit. N'accorde pas d'attention aux diverses images que tu verras, ne les chasse pas d'une manière abrupte, mais en restant calme, continue de dire cette prière." En même temps, le Petit Père lui dit, par trois fois, de sa voix propre, la prière : " Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi." La manière dont il dit cette prière était si bonne, et sa voix tellement douce, qu'il se dit intérieurement : " Il est impossible que Dieu n'ait pas pitié de cet homme."

Nous ne devons pas oublier que ce cas correspondait à celui d'une personne ayant son état spirituel propre. A d'autres, en effet, le Petit Père donnait des conseils différents. De telles instructions sont exclusivement personnelles. Elles ne peuvent être données que par un Ancien doué de discernement et ne peuvent être plagiées car elles ne correspondent pas à n'importe quel autre cas que ce soit. ( Tz 134 p.).



La tentation dans la prière du coeur.

Un frère priait beaucoup et d'une manière pure. Pourtat il se plaignait continuellement à moi en déclarant que le Petit Père lui avait fait arrêter ce genre de prière, et lui avait dit de s'occuper à dire les prières tradditionnelles, de celles que nous faisons en les prenant dans les livres de notre Eglise.

Il lui avait cependant permis de s'occuper de la prière du coeur mais uniquement dix minutes par jour.

Sept ou huit ans plus tard, un jour qu'il acompagnait dans sa voiture le Petit Père depuis Callissia jusqu'àAthènes, en chemin l'Ancien vit une femme qui montait la côte, et il lui dit de s'arrêter. Le Petit Père lia alors conversation avec elle et se mit à lui demander des nouvelles de son père ( ce dernier était devenu moine), et comment il se débrouillait là où il était.

Lorsque la conversation avec cette femme fut achevée, le Petit Père dit au frère en question :

" Sais-tu, le Malin, en raison de la très grande prière que faisait son père, qui est moine, lui suscitait des pensées de grande volupté, et suscitait chez lui divers comportements dominés par les sensations. te rappelles-tu, il y a de cela des années, quand je t'avais dit d'arrêter la prière du coeur? Eh bien, en ce temps-là, le Malin voulait te faire à toi aussi la même chose."

Sur ces mots que le Petit Père lui avait adressés, le frère en question éprouva un sentiment de satisfaction. Il arrêta dès lors de se plaindre à moi. (Tz 128).



Divers conseils en vue d ela prière.

" Quand nous nous trouvons dans la Grâce de Dieu, alors notre prière devient pure.

Prie tout le temps, même dans le lit où tu dors, le jour comme la nuit.

Si fatigué sois-tu, ne néglige jamais de célébrer, le soir, avant de dormir, les Complies."

Toutefois, à un autre frère il dit :

" Quand tu es vraiment trop fatigué, après ton travail ou la prière du coeur, dis seulement le Trisagion (32). Cela te suffit."

(52) : " Saint Dieu, Saint Fort, Saint Immortel, aie pitié de nous." Prière que l'on dit toujours trois fois."



*

Un frère me dit :

" J'arrivais de province et j'étais vraiment très fatigué par mon travail et par le voyage... Le soir, je n'ai dit que le Trisagion et je me suis endormi, sans faire les Complies.

Le lendemain je suis allé voir l'Ancien, à la Polyclinique où il était, et il me dit : " Hé bien! Hier tu as fait semblant d'être fatigué et tu n'as pas fait les Complies. Une autre fois, ne recommence pas." (Tz 129).



Comment pourrons-nous,

dans le monde, rencontrer le Christ?

L'Ancien Porphyre nous fit le récit suivant :

Les premiers jours où il fut nommé recteur de l'église de Saint-Gérasime à la Polyclinique d'Athènes, près de la place Omonia, il avait un gros problème à l'heure où il célébrait les offices. Exactement en face de l'église se trouvait un magasin qui vendait des disques et des phonographes. Le propriétaire du magasin passait des disques, en guise d'accroche commerciale, pour attirer des clients. Il les faisait entendre si fort que l'Ancien Porphyre ne pouvait y résister. Il en arrivait au point de songer à démissionner, alors même qu'il avait si fortement désiré être nommé à ce poste.

Pourtant, dans ce cas comme dans tous les autres, l'Ancien Porphyre ne mit pas en avant s apropre volonté. Tout au contraire, dans l'humilité, et tout en priant beaucoup, il demanda à Dieu de lui montrer ce que Lui voulait.

Ainsi donc, après un jeûne de trois jours, il trouva dans un coin de l'église un cahier abandonné. Ce cahier appartenait au fils de l'un des administrateurs de l'église. Ce jeune homme était candidat à l'université. C'était un cahier de notes de cours de physique, lequel donna providentiellement à l'Ancien Porphyre la solution de son problème.

En feuilletant les pages, il trouva des notes concernant les ondes sonores. En étudiant ces notes, il se fit la réflexion que si l'on jette une petite pierre dans une mare, il s'y forme des cerckes concentriques. Or, si l'on jette une pierre plus grande à un autre endroit de l'étang, il se forme de nouveaux cercles, plus grands, qui font disparaître les premiers.

C'était là la réponse que l'Ancien Porphyre attendait de Dieu. Le lendemain il s'efforça de concentrer toutes les forces de son âme et de son esprit sur les prières et le déroulement de la Divine Liturgie. De cette manière les cercles qu'il avait lui-même formés - conformément à sa réflexion ssur la mare- dans son esprit et dans son coeur, annulèrent les cercles que formaient les phonographes et les disques, lesquels ne le dérangèrent plus et ne détournèrent plus son attention de la Divine Liturgie. ( I 292 p.).



Il appelait travail la prière du coeur.

Ce qui le faisait resplendir d'une joie d'enfant, c'était de parler de la prière du coeur. De sa voix pure, un peu faible, qu'il accompagnait de gracieux mouvements de la main, il disait lentement, un par un, les mots : " Seigneur Jéus Christ, aie pitié de moi!" Et, dans un entretien de ce genre, il ajouta un jour : " Dieu m'a accordé cette grâce de m'occuper particulièrement d ece travail-là." Il appelait "travail" son exercice da,s la prière du coeur. "Ce travail-là est très utile à tous les fidèles. Il purifie l'âme et conserve l'esprit." Dans la plupart des conversations, il avait quelque chose à dire sur la prière du coeur. Plus tard, quand il se fut installé provisoirement à Milési, près d'Oropos, il rêvait, avant même la construction des bâtiments du monastère, de la dréation d'un espace adéquat qui serait consacré à ce "travail-là". ( I 239).



Grâce à la prière tu feras face à tous les problèmes.

L'Ancien me conseillait de faire face à tous mes problèmes par la prière, jusqu'à ce qu'advienne leur solution. Il me disait : " Prie sans t'inquiéter, dans le calme, avec confiance en l'amour et en la Providence de Dieu. Ne te lasse pas de prier."

Il me demandait aussi de prier pour que Dieu lui accordât la patience dans ses maladies, qui le faisaient beaucoup souffrir. (I 59).



Grand est le secours de la prière nocturne.

Lors de l'une de mes visites à l'Ancien, je me suis souvenu du passage d'une homélie de Saint Jean Chrysostome, que je lui citai. Ce passage disait : " De même que la prière nocturne des apôtres Paul et Silas a ouvert les portes de la prison, ainsi aussi, la prière nocturne des Chrétiens ouvre les portes du Ciel." L'Ancien fut saisi d'enthousiasme en entendant ce passage. " C'est très beau", me dit-il, tout joyeux. "Où donc, dis-moi un peu, as-tu trouvé ça? Copie-moi ça et apporte-moi le texte tout entier. Tu sais, il en est bien ainsi. Ce qui se passe lors des prières nocturnes et des veilles est bien comme le dit Saint Jean Chrysostome. Lorsque tu te réveilles la nuit, ne te retourne pas de l'autre côté pour te rendormir. Lève-toi, mets-toi à genoux devant le Crucifié et les Saints, et prie avec amour et humilité. Une demi-heure, un quart d'heure, dix minutes, cinq minutes, aussi longtemps que tu le peux. Tu y trouveras un grand secours. Assiste aussi aux agrypnies."

L'Ancien ne me dit rien concernant son propre cas. Mais ainsi que je l'appris de son entourage immédiat, si même il n'avait pas lu l'homélie de Saint Jean Chrysostome qui traite de ce sujet, il l'appliquait en actes toutes les nuits. Au-delà même de ce fait, l'Ancien, en accord avec un grand nombre de ses enfants spirituels, avait créé un très large cercle de personnes priant ensemble à une heure déterminée chaque soir. Cette union de prière entre l'Ancien et ses enfants les unissait, d'une manière mystique, avec le Christ et entre eux, ce qui les aidait grandement dans leur vie. (G 52).



Faisons à la même heure la Prière du Coeur.

Chaque soir, entre dix heures et dix heures et quart, il avait fixé ce moment comme l'heure de la rencontre et de la connaissance entre ses enfants spirituels. Aussi nous avait-il dit de faire, où que nous soyons, la prière du coeur : " Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi!" Car, nous disait-il, quand certains sont en Crète, d'autres dans le Péloponnèse, d'autres à Thessalonique, d'autres encore en divers endroits de la Grèce ou même du monde, et que nous prions, nous nous rencontrons tous ensemble dans la prière, incluant en notre cercle tous les autres aussi, ceux même qui ne prient pas.

Après la séparation, qui n'est que physique, d'avec notre Petit Père, nous, ses enfants spirituels, gardons cette belle hypothèque qu'il nous a léguée quand nous l'avions auprès de nous. Et lui, depuis le Ciel d'où il nous voit et nous observe, il nous accordera tout le secours, spirituel et matériel, dont nous avons besoin, car il jouit d'une grande familiarité auprès de Dieu.



Notre intérêt véritable se trouve dans la prière ininterrompue.

L'Ancien recommandait la prière pour faire face avec succès à tous ses problèmes. Quelqu'un s'était plaint à lui qu'il souffrait d'insomnies persistantes. L'Ancien lui en indiqua le remède : la prière. Cet homme se conforma à sa prescription et, en fin de compte, fut guéri de ses insomnies et, dans le même temps, il gagna quelque chose de bien supérieur : il apprit à prier pour tous ses problèmes.

Il me disait, lors de l'une de nos rencontres : " Pourquoi Dieu nous conseille-t-il de prier sans discontinuer? Est-ce parce qu'il veut que nous nous tenions "au garde-à-vous" devant Lui?. Non, ce n'est pas cela que Dieu veut. ce que Dieu veut, c'est que nous-mêmes nous en tirions profit. Et Il sait que, quand nous Le glorifions jour et nuit, selon notre libre vouloir, comme les anges, notre âme trouve réellement le repos, car c'est là que nous trouvons notre intérêt véritable." (G 62).



Demandons à devenir dignes de l'amour de Dieu.

Un jour, je lui demandai : " Qu'est-il préférable de dire dans ma prière?" Et lui de répondre : " Rien. Dieu sait mieux que toi ce dont tu as le plus besoin. Dis continuellement la prière de Jésus."

Une autre fois, oublieux de cette réponse, je lui posai la même question. Et l'Ancien me dit : " Prie le Christ de te rendre dignede son amour." Je compris que ces deux réponses laconiques de sa part me délivraient des messages précieux : il suffit de prier continuellement, sans s'inquiéter de ce que l'on dira dans sa prière. La prière de Jésus suffit. Dieu n'a pas besoin d'information de ma part sur mes besoins, puisqu'Il les connaît incomparablement mieux que moi et prend soin de leur satisfaction, étant donné qu'Il m'aime.

Il m'a dit une fois : " Prie Dieu sans cesse. Tous les biens proviennent de Dieu. Aussi bien le désir de la prière, de l'amour, de l'humilité, de la confession, que de tout bien. Chaque fois que turessens, en ton coeur, le désir de te confesser, va trouver ton confesseur : cela te procurera ungrand bien."

Il me dit encore : " Demande à Dieu, dans ta prière que Sa volonté soit accomplie en ce qui te concerne. C'est là où se trouve, plus qu'ailleurs, ton intérêt." ( G 63).



Frappe poliment à la porte de Dieu,

dans la supplication et la confiance.

J'étais, de longues années durant, préoccupé par un problème personnel. Et, tant que ce problème ne trouvait pas sa solution, le Petit Père non plus ne trouvait pas, de mon fait, de tranquillité. A chacune de nos rencontres nous devions obigatoirement, fût-ce en bref, parler de ce problème qui nous était commun.

Le Petit Père, par la grâce de Dieu qui était sur lui, reconnut et mon désespoir et ma persévérance. cette dernière, sans exagérer, était accompagnée d'une exigence sans précédent : j'en étais arrivé à un point où je ne suppliais pas Dieu de donner une solution à mon problème, mais où je l'exigeais! Et, en même temps, je Lui demandais aussi... raison de son retard à m'exaucer!

L'Ancien Porphyre ayant en vue tout ce qui précède et, principalement, ma paradoxale insistance, voulut me faire venir à résipiscence et me rappeler à l'ordre. Aussi me demanda-t-il un jour de faire avec lui une promenade en forêt, histoire, comme il disait, de "se dégourdir les jambes", étant donné que, la plupart du temps, il demeurait immobile. Mais, comme cela fut révélé plus tard, tel n'était pas le but de la promenade; du moins n'était-ce pas là son but exclusif. En effet, tandis que nous avancions côte à côte entre les pins, il me parla d'abord de la grandeur de Dieu : c'est la nature elle-même qui l'exprime; elle est constituée de petits buissons comme d'arbres immenses... Il se tourna alors brusquement vers moi et me dit :

" Peux-tu me dire combien d'aiguilles possède ce grand pin qui est là devant nous?

- Des millions...

- Des millions, certes, mais je veux savoir combien il en possède exactement.

- Pour vous le dire exactement, il faut que je les compte.

- Jamais tu ne pourras les compter, si même tu consacres ta vie entière à cette tâche! Non seulement parce que ces aiguilles sont innombrables, des millions, comme tu me l'as dit très justement, mais aussi parce que tu trouveras à chaque fois un autre résultat! Dieu le connaît sans Se mettre à les compter comme nous le faisons nous-mêmes. Et Il ne connaît pas seulement le nombre des feuilles de ce grand pin, mais celui des feuilles de chaque pin, de tout arbre, grand ou petit. Et, ce qui est plus important encore : Il suit toutes ces feuilles et en prend soin depuis leur naissance jusqu'à leur dépérissement. Il sait en outre si chacune de ces feuilles tombera et quand. C'est ainsi exactement qu'il connaît aussi les cheveux de ta tête, ceux de ma tête, ceux de toute tête humaine. Aucun de ceux-ci ne doit tomber sans qu'Il le sache, bien moins encore en dehors de Sa volonté!

Ainsi donc, poursuivit l'Ancien, lorsque Dieu connaît toutes ces choses sans importance, tel le nommbre des feuilles des arbres et le nombre de cheveux de chaque tête humaine, et qu'il en prend soin en même temps, est-il possible qu'Il ignore ton problème et, bien plus, qu'Il y soit indifférent? Certainement non! Mille fois non! Par conséquent, que se passe-t-il?

- Je ne sais pas. C'est vous, Petit-Père qui me direz ce qui se passe...

- Pour quelle raison te le dirai-je, moi, et ne le comprends-tu pas toi-même? Tu es un scientifique; tu es fils de prêtre; tu as grandi au sein de l'Eglise; tu avais un père saint, le père Jean qui t'enseignait quotidiennement, à sa manière, notre sainte foi; tu as lu tant de livres et tu es mon enfant spirituel depuis tant d'années, et tu ne sais pas ce qui se produit dans ces cas-là, quand le Seigneur refuse de nous accorder quelque chose?"

S'ensuivit un silence.

" Eh bien, apprends-le de moi. Quand Dieu ne nous accorde pas quelque chose que nous Lui demandons avec insistance, deux choses alors peuvent se passer : ou bien Il ne nous l'accorde pas pour notre bien; ou bien c'est nous qui ne savons pas comment et quand le Lui demander. Il n'est pas non plus exclu que ces deux choses se passent en même temps.

En ce qui concerne le premier cas, personne ne peut en connaître le pourquoi. Et cela, parce que les voies du Seigneur sont insondables. C'est pourquoi je garde le silence.

Mais, concernant le second cas, je pourrais te dire un très grand nombre de choses.

Tout d'abord, quand nous demandons quelque chose à Dieu, nous ne devons pas nous dresser sur nos ergots et Lui dire : " Je veux cela et je le veux tout de suite." Car une telle chose n'est pas seulement inadmissible. Elle constitue en outre un acte d'impiété notoire envers notre Créateur. Qui donc es-tu ou, si tu veux, qui donc suis-je, pour exiger quelque chose de notre Dieu et, qui plus est, Lui assigner un temps pour l'accorder?

- Mais, Petit Père, je n'ai ni demandé avec exigence ni fixé des délais dans le temps. Cela, vous le savez très bien, puisque mon affaire traîne en longueur...

- C'est exactement ce que je t'explique de mon côté : la raison pour laquelle elle traîne en longueur. Quand nous demandons quelque chose à Dieu, nous le demandons instamment et sur le ton de la supplication, poliment et durant un certain temps. Si nous voyons que Dieu nous le refuse, alors, à notre tour, nous cessons de l'importuner. Car, plus nous recherchons quelque chose, plus cela s'éloigne de nous. Voilà aussi pourquoi nous cessons de le rechercher. Et quand nous, nous l'avons oublié, cela arrive sans que nous nous en rendions compte. Car Dieu n'oublie pas. Il a bien reçu notre message. Il s'en souvient et quand Il juge, Lui, que le temps est arrivé, Il nous l'accorde! Voilà pourquoi nous ne devons pas insister devant Dieu - allons! je veux ceci et tout de suite! - pour qu'il fassee ce que nous, nous voulons et, qui plus est, quand nous, nous le voulons. En d etels cas l'insistance est contre-indiquée, car elle provoque le mal au lieu d'apporter le bien. Je dirai même plus : quand la persévérance se fait insistante et qu'elle provient d'un individu qui ne veut pas céder, comme tu l'es toi, par exemple, elle ne peut alors rien apporter de bon. Je veux, mon enfant, par manière générale, que tu comprennes que nous ne devons pas insister en prétendant vouloir changer la volonté de Dieu, sous prétexte que tel est notre bon plaisir et, qui plus est, quand nous, nous le voulons. Quand nous voulons obtenir quelque chose, nous ne devons pas le poursuivre, mais laisser cela à la volonté de Dieu. Autrement, plus nous poursuivons quelque chose, plus cette chose s'éloigne. Cette chose, tu dois la comparer à ton ombre : tu as beau courir, tu ne l'attraperas jamais. Car elle court autant que tu cours toi-même!

Les as-tu comprises, mon enfant, ces choses que je t'ai dites sur l'insistance?

- Je les ai comprises, Petit Père, mais je ne puis être d'accord...

- Eh bien, je te donnerai alors un exemple simple et tu verras que tu seras d'accord avec moi : Prenons une grande bouteille dont l'ouverture a un diamètre tel que tu puisses y introduire la main et, par conséquent, également l'en retirer. Supposons que, ayant introduit ta main, tu fermes le poing. Si tu essaies de retirer ainsi ta main, tu constateras qu'une telle chose est impossible, quelle que soit ton insistance. Tu pourras insister des jours, des mois, des années, sans jamais obtenir le moindre résultat. Pourtant, dès que tu laisseras ta main libre - c'est-à-dire que tu auras cessé de serrer le poing - cette main sortira avec la même facilité que lorsqu'elle est entrée!

C'est exactement la même chose qui s epasse avec ton problème. Tant que tu insistes pour qu'advienne sa solution, celle-ci s'éloigne. Et, rappelle-toi. Si tu veux arriver à obtenir la solution de ton problème, présenteà Dieu ta demande. C'est Lui qui en décidera. Attends sa réponse dans la sérénité et la foi. Si tu agis ainsi, tu auras un résultat positif. Si tu continues à insister de la manière dont tu insistes, tu obtiendras le résultat contraire. Je te conseille de cesser de t'occuper de ton problème si tu veux que ce soit Dieu qui s'en occupe!

- Et le "frappez et il vous sera ouvert, et demandez et il vous sera donné", qu'en faites-vous, Petit Père? Cela ne vaut donc pas dans mon cas? Si je cesse de frapper à la porte de Dieu, comment me l'ouvrira-t-Il? Et si, d'un autre côté, je cesse de Lui demander, comment me donnera-t-Il ce que je Lui demande?

- Cela dépend de la manière dont tu frapperas à la porte, pour qu'Il t'ouvre. Et cela dépend encore de la manière dont tu demanderas pour qu'Il te donne.

Si, par exemple, tu oses frapper à une porte d'une manière insolante et menaçante, sois sûr que cette porte-là ne s'ouvrira jamais pour toi! Et, même si elle s'ouvre, ne t'attend pas à recevoir l'hospitalité du propriétaire, mais une volée de bois vert! Au contraire, si tu frappes à la porte d'une manière polie et suppliante, celle-ci te sera grand ouverte, et le maître de maison te dispensera en tout son hospitalité!

C'est la même chose encore qui s epassera dans le cas où tu demanderas quelque chose à quelqu'un. Si tu le demandes d'une manière insolente et menaçante, tu ne le recevras jamais! Si toutefois, tu le demandes d'une manière polie et suppliante, tu le recevras immédiatement.

A plus forte raison ces choses valent-elles en ce qui concerne Dieu. Il n'accepte ni pression, ni insolences, ni - bien moins encore - menaces de la part de quiconque. Malheur si le contraire était possible!

Tu vois donc qu'il ne suffit pas seulement de frapper à la porte de Dieu. Nous devons, de plus, connaître aussi la manière d'y frapper si nous voulons qu'Il nous ouvre un jour.

C'est encore ce qui se passe quand nous demandons quelque chose à Dieu. En ce cas également, ce qui compte ce n'est pas le nombre de nos demandes, mais la manière de les présenter.

- Mais alors, mon Petit Père, pourquoi ne demandez-vous pas vous-même à Dieu de satisfaire à ma demande, vous qui connaissez et la manière de frapper à la porte et la manière de présenter la demande, et qui avez, de plus, une grande familiarité devant Lui?

- Parce que, mon enfant, je ne veux pas "forcer" Dieu. Et c'est la même chose que je te recommande de faire à ton tour. Ne "force" jamais Dieu dans tes prières pour qu'Il donne une solution à tes problèmes. Au contraire, fais preuve de patience et d'endurance, et tu verras quel bénéfice tu en recueilleras!" ( K 161-168).



RADIO



... Et que le monde entier m'entende.

L'Ancien aimait beaucoup la radio qui diffusait les émissions de l'Eglise. Il disait que, par ce moyen, s'était trouvé réalisé le désir prophétique de saint Jean Chrysostome : " Que je m'élève en hauteur, qu eje parle avec le Christ, et que le mond eentier m'etende." (I 91).



MARIAGE- VIE CONJUGALE



L'Ancien bénit et protège le mariage.

L'Ancien aidait les fiancés concernés à célébrer leur mariage. Il me dit un jour : " J'ai reçu la visite d'une jeune fille parvenue à un certain âge. Elle avait bon caractère, mais elle désespérait de pouvoir s emarier. Je lui ai proposé que nous fassions ensemble une prière commune, dans cette intention, devant l'icône d ela Toute Sainte. Dès la fin de notre prière, je lui ai dit : " Tu te marieras, et vite même." Elle retourna dans son village où, peu après, elle reçut la visite d'une marieuse qui lui dit qu'un Grec d'Australie, homme de bien, était venu en Grèce à la recherche d'une épouse, mais qu'il avait été déçu et que, dès le lendemain, il repartirait sans résultat. Elle lui proposa une rencontre. La rencontre eut lieu le lendemain. Le surlendemain, ce furent les fiançailles et, peu d ejours après, le mariage et le départ pour l'Australie."

Un homme d ema connaissance me révéla que c'était l'Ancien qui avait arrangé le mariage avec sa femme et que, en plus de cela, il les avait préservés des mauvais pas qui allaient suivre. " Si l'Ancien ne s'était pas trouvé à nos côtés pour nous soutenir par la confession et par sa prière, me dit-il d'une manière caractéristique, notre mariage aurait explosé. ( G 356).



Par mes conseils spirituels,

sont nés un nombre important de petits enfants.

Une femme qui n'avait pas d'enfant - elle avait eu de nombreuses fausses couches et se trouvait de nouveau enceinte - eut recours, dans l'anxiété, à l'Ancien et lui demanda son soutien. Lui, discerna que son problème était d'ordre psychologique. Il lui donna le conseil de louer une chambre dans le village d'à côté, de rester en repos, et d ene pas communiquer, même par téléphone, avec son entourage familial, qui lui communiquait de l'angoisse. La dame suivit ses conseils. Elle lui rendit même visite, par intervalles, et trouva de la sorte une plus grande sérénité encore. Pour finir, elle mit au monde un petit garçon éclatant de santé. Par gratitude envers l'Ancien, elle l'appela Porphyre. J'avais eu connaissance de ce fait par un ami, et, un jour où je me trouvais dans la cellule de l'Ancien, je vis entrer, plein de confiance, un petit enfant. L'Ancien le reçut avec une grande joie et lui donna des bonbons. Au-dehors, l'on entendait le bruit d'un tracteur. " Sais-tu qui est dehors sur son tracteur?" me demanda-t-il. " C'est le père du petit Porphyre qui est entré tout à l'heure dans la cellule. En raison de sa joie d'être père de ce petit garçon, il vient de temps en temps, avec son tracteur, labourer notre jardin. C'est par mes conseils spirituels que sont nés un assez grand nombre de petits enfants, qui sont devenus des petits Porphyre." Ces derniers mots furent prononcés dans un large sourire. ( G 198).



Conseils en vue du mariage.

Ceux qui désiraient le mariage, l'Ancien les orientait vers la fondation d'une famille véritablement heureuse. A ce propos, il me révéla ce qui suit : " Un bon jeune homme est venu me voir, et il m'a demandé de l'aider à fonder une famille Chrétienne. Je lui ai conseillé de rechercher une jeune fille pure, originaire d'un village, sis hors d'Athènes. Il m'a écouté : il a trouvé, dans un village, une jeune fille, dotée d'une très belle âme. Elle lui a plu. Il l'a demandée en mariage. Ils se sont mariés et elle lui a donné de beaux petits enfants, de véritables poupons. Ils vivent actuellement une vie familiale simple et heureuse." L'Ancien voyait que les qualités mondaines recherchées par nombre de candidats au mariage ne servent qu'à satisfaire leurs propres vues égoïstes, et sont loin de constituer la garantie d'un mariage heureux. ( G 355).



Tu seras sanctifié,

ton épouse en sera jalouse et elle t'imitera.

Un fidèle de l'Eglise, jeune homme fiancé à une jeune fille qui, apparemment, ne se sentait guère concernée par la foi, rendit visite à l'Ancien pour lui demander son conseil spirituel.

L'Ancien, placé devant le fait accompli, discerna immédiatement les faiblesses de sa fiancée et lui dit : " En avant maintenant pour la sainteté. Il n'est pas d'autre solution pour toi. Tu t'efforceras de te sanctifier un peu plus chaque jour, et ton épouse, qui verra ton visage resplendir d ela joie du Christ, sera jalouse et voudra t'imiter." (G 363).



Vous pouvez, dans cette situation aussi, vous marier.

L'Ancien Porphyre voulait que nous aidions les autres par notre exemple plus que par nos paroles. Il voulait que nous exercions sur eux une bonne influence, afin de les conduire sur le chemin du Christ.

Je me rappelle ce qu'il disait à quelqu'un qui demandait son conseil spirituel, en vue d'éprouver une jeune fille qui avait des problèmes. ces problèmes allaient, bien entendu, s'ajouter, après le mariage, à d'autres problèmes que, comme il arrive à tous les couples, ils ne manqueraient pas d'avoir. De plus cette jeune fille n'avait pas une foi particulièrement fervente.

L'Ancien disait donc à cet homme : " Bon. Vous pouvez, même dans cette situation, vous marier. Quand elle verra que toi, vivant une vie chrétienne, tu auras la sérénité et la joie, elle sera jalouse. alors, d'elle-même, elle voudra s'approcher, elle aussi, du Christ." (I 175).



Avec ses manies, qu'elle te sanctifie et que tu la sanctifies.

Quelqu'un de ma connaissance était en pourparlers, à propos d'une proposition de mariage qui lui était faite. Cependant, il était hésitant, car il discernait certains graves défauts chez la future épouse qu'on lui proposait. Je lui recommandai de rendre visite à l'Ancien. Celui-ci discerna et lui énuméra tous les défauts de sa future épouse. Mais il conclut cependant, d'une manière énigmatique : " Même ainsi, le mariage peut se faire." " Comment peut-il se faire même ainsi, Géronda?" lui demanda la visiteuse. Et l'Ancien de lui répondre : " Voilà : avec ses manies, qu'elle te sanctifie, et que tu la sanctifies." A l'évidence, il entendait par là que, s'il se mariait avec elle, il devrait s'exercer à la patience, à la tolérance, à la compréhension de l'autre, au pardon et, d'une manière générale, à toutes les vertus, jusqu'à en devenir saint. Entendant cela, l'intéressé refusa la proposition de mariage. Il n'osa pas s'engager dans pareille voie de santification. ( G 362).



Patience des époux.

Quand se rendait auprès de luiun homme marié qui n'avait pas une bonne épouse, ou une femme mariée dont l'époux n'était pas bon, et qu'ils portaient leur croix dans la patience, il appelait l'homme saint, et la femme, sainte.



Choix affectif de l'époux.

Quelqu'un, qui avait choisi une épouse selon des critères d'ordre exclusivement sentimental, avait de graves problèmes conjugaux et, plus généralement, familiaux. Il en parlait souvent avec l'Ancien. Lors de l'une de leurs rencontres, il lui dit : " De toute manière, la grande erreur, tu l'as commise. Cette erreur n'est pas réparable. Voyons maintenant comment affronter avec la plus grande réussite possible, les conséquences de cette erreur." L'Ancien était réaliste. Il ne cherchait pas à idéaliser le choix erroné de son visiteur. Il ne l'abandonnait pas non plus seul à sa déception, après qu'il eut pris conscience du caractère irréparable de sa faute. Il le conduisait à faire l'effort nécessaire pour affronter au mieux les conséquences de son erreur. C'était cet effort qui constituait en lui-même une réussite agréable à Dieu. (G 357).



Jamais tu ne lui parleras du jeûne.

Un fait qu'en l'entendant m'impressionna d'une manière que j'en fus bouleversé, touche le sujet du jeûne.

Il s'agissait d'un couple de jeunes mariés. L'époux avait l'habitude d'observer les périodes de jeûne, tandis que l'épouse, du fait de sa tradition familiale, ne jeûnait pas.

Quand ils posèrent la question du jeûne à l'Ancien Porphyre, ce dernier conseilla l'époux en ces termes : " Toi, tu observeras le jeûne comme jusau'à présent. Mais à ta femme, jamais tu ne parleras de jeûne. Et durant les périodes de jeûne, tu tâcheras que ton réfrigérateur soit plein de toutes les sortes de nourritures. Que ta femme mange. Toi, observe tes jeûnes."

Et, de fait, comme ce couple l'avoua plus tard, le temps vint où, grâce à ce conseil spirituel de l'Ancien, l'épouse, qui était une femme de bonne volonté, se mit à son tour à suivre les voies de son mari. (I 80).



Donne-lui donc aussi un petit baiser!

A un frère, il avait dit :

" Quand ta femme te querelle parfois parce que tu t'occupes trop des affaires de l'Eglise, ne lui parle pas. Va faire un tour et, quand sa colère sera passée et qu'elle sera dans la cuisine, là, pendant qu'elle prépare le repas, caresse-lui un peu la tête, donne-lui un petit baiser sur la joue. Cela lui sera agréable et elle oubliera tout ce que tu lui auras fait avant." ( Tz 163).



Quand ton mari se trouve dans une situation difficile.

Grâce aux dons qui étaient les siens, l'Ancien savait ce qui, dans chaque cas, était nécessaire. Il dit, par exemple, à une femme mariée : " Ne parle pas du tout quand ton mari est dans une situation difficile. fais ta prière. Demane à d'autres aussi de prier dans cette intention. Car, autrement, cela crée un état nocif pour lui. Il ne trouve ni foi ni réconfort auprès de toi, et, alors, il se met à regarder les femmes à droite et à gauche." (I 89).



Une femme méchante peut te rendre saint.

" J'ai peur de me marier, Géronda. Je crains de tomber sur une femme méchante.

- Une femme méchante peut, pour toi, être l'occsion de gagner le Paradis." ( I 298).



L'épouse ne souffrait pas de maladie mentale.

Quelqu'un de ma connaissance, demeurant en Italie du Nord, m'appela au téléphone pour me prier de solliciter l'avis du Père Porphyre sur des problèmes précis qu'avait son épouse. Il se trouvait en instance de séparation d'avec elle, et avait exposé ces mêmes problèmes à un psychiatre renommé, lequel avait déclaré que cette femme souffrait de maladie mentale.

L'Ancien m'écouta avec attention, puis me fit cette réponse : " Dis à cet homme de ta connaissance qu'il demande à son psychiatre renommé s'il est allé lui-même consulter un médecin." ( G 199p.).



Plus tu te montres grincheuse, plus il tarde.

L'épouse d'un médecin invalide était désespérée car son mari avait pris de très mauvaises habitudes. Après son travail à l'hôpital, il allait au café et rentrait chez lui après minuit, la laissant ainsi seule toute la journée, elle et leurs enfants, qui, du coup, ne le voyaient presque pas. Elle s'en plaignait et lui parlait mal. Quant à lui, il réagissait à ses reproches en rentrant chez lui encore plus tard. Elle se trouvait dans une impasse.

Elle entendit parler du Père Porphyre et se précipita chez lui pour le rencontrer. Lorsqu'elle arriva à Callissia, l'Ancien, qui était malade, était très fatigué, et il lui était désormais impossible de continuer à recevoir. Une foule de pèlerins attendaient dehors. Lorsque cette dame arriva, apprenant que l'Ancien avait interrompu ses entrevues, elle fut grandement affligée. Elle demanda à l'un de mes amis, qui connaissait sa famille, ce qu'elle pouvait faire. Cet ami lui recommanda d'oser demander juste la bénédiction de l'Ancien, d'autant qu'une telle bénédiction avait déjà accompli des miracles.

La dame s'approcha, très anxieuse. Elle n'avait pas encore mis le pied sur la marche qui montait à la cellule de l'Ancien qu'elle entendit sa voix : " Entre ici!" L'Ancien avait perçu son angoisse et il avait jugé, comme il apparut ensuite, qu'il était d'une nécessité urgente, malgré son état d'épuisement, d'aider la famille de cette dame qui était dans le trouble. Il la reçut "par une sorte d'exception spirituelle." Par après, quand cette dame ressortit de la cellule de l'Ancien, son visage resplendissait de joie. elle nous confia ce qui suit : " L'Ancien m'a tout révélé. Il m'a dit : " Je vois ses handicaps. Il en fait un complexe, et c'est là la raison Icomme toi, tu te montres toujours grincheuse à son égard, il ne veut pas rentrer à la maison, et il tarde. Plus tu es grincheuse avec lui, et plus il tarde. A partir de maintenant, tu feras le contraire. Plus il tardera, plus tu prieras pour lui, plus tu l'aimeras, plus tu en prendras soin. de cette manière, peu à peu, il changera à son tour. Sa maison, sa femme, ses enfants l'attireront de plus en plus. Et ton problème sera résolu.""

Cette femme appliqua fidèlement les directives de l'Ancien et, en peu d etemps, elle regagna son mari. ( G 253 p.).



Il réunit un couple séparé.

Un jour, je raccompagnais le Petit Père chez lui, et il me rapporta le fait suivant, qui lui était advenu avec un chauffeur de taxi.

" J'avais une fois pris un taxi pour rentrer chez moi. Quand je pris place dans le taxi, le conducteur avait allumé le poste de radio qui diffusait des chansons populaires. Je lui dis d'une manière affable :

" Je t'en prie, étant donné que ces chansons-là ne me plaisent pas, pourrais-tu arrêter cette radio?

- Oui, mon Père, je l'arrête, répondit-il."

Par la suite, je lui demandai :

" Comment t'appelles-tu?

- Je m'appelle Basile.

- Hé bien Basile, lui demandai-je, as-tu des enfants?

- J'en ai deux.

- Dis-moi, Basile! L'aîné de tes enfants te ressemble beaucoup, le sais-tu?

- Oui, il me ressemble, mais toi, mon Père, comment le sais-tu?

- Dis-moi, où sont-ils maintenant tes enfants? lui demandai-je.

- Ils sont dans un village, avec leur mère.

- Et toi, tu habites ici tout seul?

- Oui. J'ai divorcé. Aussi, moi, je suis ici, et elle, avec les enfants, elle habite là-bas.

- Dis-moi, Basile! Tu les laisses seuls et tu ne vas pas les retrouver?

- Cela ne se peut pas. Voilà un assez long temps maintenant que nous vivons ainsi, et moi, je ne peux pas, maintenant, aller là-bas.

- Pourquoi donc, dis-moi? Veux-tu que moi, je t'aide à aller les revoir?

- Et comment m'aideras-tu?

- Ne t'en soucie pas. Dis-moi ce que tu veux, et moi je prendrai soin que ta demande soit exaucée.

- Bien, me dit-il. Prends ce soin, alors."

Je le pris avec moi, et je le conduisis au village où se trouvait sa femme avec leurs enfants. Dès que nous nous fûmes approchés de la maison, il me dit : " Ah, moi, je n'avance pas davantage. Je m'arrête ici."

Je descendis alors de voiture. J'entrai dans la maison, j'y trouvai sa femme, je la conduisis auprès de lui et, de cette manière, ils se réconcilièrent." ( Tz 160-162).



S'empêcher d'avoir des enfants est un grand péché.

Le père Nicodème fait le récit suivant :

Etant de passage, j'ai simplement demandé la bénédiction à l'Ancien. Je ne voulais pas l'accaparer, car beaucoup de monde attendait pour le voir.

" Assieds-toi, assieds-toi", me dit-il alors. Il saisit ma main et la retint :

" Comment vas-tu? bien? me demanda-t-il.

- Gloire en soit rendue à Dieu, avec votre bénédiction, bien, Géronda."

Et aussitôt après, il se mit à me dire : " Tu leur diras de ne pas s'empêcher d'avoir des enfants. C'est un grand péché d'éviter d'avoir des enfants. Tu fais très bien de t'occuper de cette oeuvre-là. Continue et dis qu'il n'est pas permis d'empêcher la naissance d'enfants."

Ce furent-là les dernières paroles qu'il m'adressa sur terre. Il me les dit de lui-même, sans que je lui eusse posé de question à ce sujet. ( I 114).



C'est pour cela que je vous disais d'avoir un enfant.

Depuis les premiers jours de notre mariage, qui avait débuté sous les meilleurs auspices, l'Ancien Porphyre nous disait, et nous redisait à chaque fois, que nous ne devions pas nous empêcher d'avoir des enfants.

Peu après que notre enfant fut venu au monde, nous prîmes la décision de divorcer, car nous ne connaissions plus un seul jour de bonheur. Et d'une certaine manière - que Dieu nous le pardonne - nous en voulions à l'Ancien qui, au lieu de prévoir, grâce à son don de clairvoyance, la dissolution de notre mariage, nous avait incités, tout au contraire, à avoir un enfant.

Toutefois, dès que notre bébé commença à grandir, nous prîmes conscience que nous commettrions un crime à son égard si nous allions jusqu'au divorce. Aussi, renonçâmes-nous à ce projet et, bien que tous deux eussions préféré divorcer - nous ne voyions pas d'autre solution -, nous nous réconciliâmes et nous reprîmes la vie commune.

Trois ans avant de s'endormir, l'Ancien Porphyre nous dit : " Si vous n'aviez pas eu cet enfant, vous auriez divorcé et Dieu sait ce que vous seriez devenus. C'est pour cette raison que je vous disais d'avoir un enfant. Vous avez sauvé votre mariage, lequel est aussi sacré que tous les sacrements de notre Eglise."

Et il poursuivit : " Pensez toujours à cette image que je vais vous évoquer maintenant, et vous parviendrez à construire une famille heureuse : votre enfant vous tient l'un par une main, l'autre par l'autre main. Il vous précède, vous montre la voie, et vous, vous suivez." ( I 285).



Abstinence conjugale qui aurait blessé l'amour.

Un couple pieux, particulièrement uni et vivant en accord parfait, avait déjà six enfants, sans grande différence d'âge entre eux. L'épouse proposa à son mari d'en rester à ces six enfants, en vivant dans l'abstinence.

Le mari, avant de donner son accord, souhaita demander conseil à l'Ancien Porphyre. celui-ci leur dit :

" Votre problème n'est pas l'abstinence. Votre problème est que vous allez blesser votre amour. Le diable jettera entre vous d etels reproches mutuels que vous vous énerverez au moindre prétexte et que vous vous querellerez, ce qui retentira aussi sur vos enfants. Voilà pourquoi il est bon que vous réfléchissiez davantage à cette question et que vous priiez Dieu qu'Il vous montre Sa volonté." ( Revue Famille nombreuse, n°57 ( 1992) p. 22).



Le cas du mariage blanc.

Un jeune couple s'était fait la promesse mutuelle d'observer l'abstinence dans le mariage, c'est-à-dire de faire ce que l'on appelle ordinairement un "mariage blanc". L'initiative en revenait davantage à la jeune fille, à quoi le jeune homme donna son accord. Après leur mariage, celui-ci devint même prêtre. Mais ils rencontraient des problèmes entre eux, s efaisaient des reproches, etc... Ils en firent part à l'Ancien. ce dernier leur recommanda alors d'avoir des enfants, chose qu'ils refusèrent d'abord, parce qu'ils se considéraient liés par leur promesse mutuelle d'abstinence, et qu'ils prenaient pour un péché la transgression de celle-ci. Mais l'Ancien les persuada que leur promesse mutuelle était entachée d'erreur, puisque l'un des buts du mariage est la procréation. Il leur dit même qu'il en prenait sur lui la responsabilité spirituelle. Ils furent, en fin de compte, persuadés que l'Ancien avait raison, et lorsqu'ils eurent un enfant, leurs relations devinrent pacifiques, et ils vécurent heureux. ( Revue Famille nombreuse, n° 57 ( 1993).).



Votre petit enfant vous unira.

Un couple avait de graves problèmes. Ceux-ci perturbaient aussi leur petit enfant. L'Ancien leur dit : " Vous vous trouvez acttuellement dans une situation de conflit. Mais votre petit enfant, pourtant, vous unira. Ne vous querellez pas devant lui, car vous lui causeriez des traumatismes psychologiques. Prenez son innocence en exemple. Ne le troublez pas par votre conflit. Laissez-le aller de l'avant et vous prendre tous les deux par la main pour vous tirer, vous aussi, de l'avant." ( G 357 p.)



Il ne leur a pas donné d'enfant,

afin qu'il ne soit pas malheureux.

Un jeune couple avait eu bien des malheurs. L'épouse avait fait de nombreuses fausses couches, avait subi une opération et, en fin de compte, les médecins avaient exclu pour elle toute possibilité de procréation. Dans ces conditions, les jeunes époux envisagèrent la solution de l'adoption et, avec l'aide de quelqu'un d eleur connaissance qui était en relation avec l'Ancien Porphyre, ils rencontrèrent une "mère célibataire" dans l'intention d'adopter son bébé. Or, cependant que tous les accords avaient été conclus, l'homme qui avait servi d'intermédiaire et était également en relation avec l'Ancien voulut le consulter à ce sujet. Mais quand l'Ancien entendit exposer ce cas, il prit le pouls de son visiteur (53) et s emit à décrire le caractère des époux avec force détails.

(53) : ( Comme nous l'avons vu à plusieurs reprises, l'Ancien avait l'habitude de tenir la main de ses visiteurs par le poignet, comme s'il leur prenait le pouls, lorsqu'il s'entretenait avec eux. ( NdT).).

psychologique... Il demanda ensuite :

" Est-ce exact, ce que je dis?

- Oui, Géronda. C'est comme s'ils étaient devant vous.

- Mais ils sont devant moi. C'est pour cela que Dieu ne leur a pas donné d'enfant, pour qu'il ne soit pas malheureux. Cesse donc dorénavant de te mêler de cette affaire."

C'est ce qui fut fait avec pour résultat que cette adoption ne se réalisa pas. ( Revue Famille Nombreuse, n° 57 (1993).



CONSEILS DIVERS



Lors d'une visite que je lui rendis dans la maison médicale où, étant malade, il était accueilli, je le trouvai assis sur son lit, un ami à ses côtés. C'était un de ses enfants spirituels. Il lui parlait de la pensée de la mort. (54).

(54) : ( Pratique ascétique traditionnelle, qui consiste à avoir en permanence conscience du fait que l'on est susceptible à chaque instant de mourir, et dont le but est de favoriser le détachement, l'humilité et le repentir. (NdT).

Alors l'Ancien nous dit : " Ce n'est pas là le seul chemin de salut. Un autre peut approcher Dieu non par le souvenir de la mort, mais par le souvenir de l'amour. Il tourne son âme vers En-Haut et supplie Dieu de lui faire don de Son amour, afin qu'il puisse lui-même aimer. Et c'est ainsi qu'il trouve le chemin de son salut." L'Ancien nous désignait par là une voie sublime de salut, celle apparemment sur laquelle il cheminait lui-même." ( G 462).



Le premier conseil de l'Ancien.

L'Ancien, quand son interlocuteur n'acceptait pas son premier conseil, cédait, et lui en donnait un second, plus facile à suivre. Mais son premier conseil était celui qui, du point de vue spirituel, était le plus profitable. (G 265).



Dis-le lui en confidence...

Un théologien avait des problèmes avec son métropolite, car ce dernier, par sa conduite, scandalisait les fidèles. Il demanda à l'Ancien s'il devait le dire au métropolite. Et le Père Porphyre lui dit :

" Tu peux, puisque tu le veux. C'est ton droit d'aller protester.

- Et toi, lui dit le théologien, ferais-tu cela?

- Non, je ne le ferais pas.

- Pourquoi ne le ferais-tu pas?

- Moi, je ne le ferais pas, car je sais que les hommes n'ont guère le don d'obéir et ils n'ont pas coutume de faire ce que les autres leur disent. C'est pourquoi, à ton tour, tu peux aller le lui dire en confidence, sans lui faire outrage, et s'il t'écoute et est d'accord avec toi, tu auras accompli une grande chose, l'une des plus difficiles qui soient." ( Por 38).



Conseils en peu de mots.

"Sois simple, sage, concentré sur toi-même, mesuré. Ressens à tout moment la présence du Seigneur. C'est Lui qui t'enseignera comment parler et quand garder le silence." (A 52).



*

L'Ancien me dit un jour :

" Fais attention à devenir meilleur."

Je lui demandai alors : " Que dois-je faire, Petit Père, pour devenir meilleur." Il me dit : " Hé bien, voilà! Fais sans arrêt la prière du coeur. Aime le Christ, aime les hommes, va régulièrement à l'église, lis l'Evangile, afin que Dieu t'illumine." (Tz 116 p.).



*

L'Ancien me dit une autre fois : " Dis toujours la vérité. Fais tout dans le calme. Prie pour devenir meilleur. Sois bon, obéissant, fais preuve de patience, ne sombre pas dans l'affliction, ne sois pas trop sensible, sois bon dans ton travail, et puis ne parle pas trop de religion quand on ne te le demande pas. Sois plutôt un exemple à imiter pour conduire au Christ." (Tz 117).



Une promenade dans la montagne.

Souvent nous interrogions l'Ancien au sujet de décisions à prendre, de choix à faire dans notre vie. Il avait toujours une réponse. Il ne recommandait pas la démission de notre travail ni l'enseignement de nos activités. Tout au contraire. Il insistait toutefois sur le genre de vie simple que l'on peut mener à la campagne. Une promenade dans la montagne était considérée par lui comme un important délassemnt de l'âme. ( I 238).



Fais attention à ta santé.

Il avait un jour interrogé à mon sujet l'un de mes amis qui lui avait rendu visite : " Comment va ton ami ? Dès que tu iras à Athènes, téléphone-lui pour lui dire : l'Ancien te recommande de faire attention à ta santé, de ne pas te fatiguer excessivement et d ene pas être contrarié." L'appel à mon ami et les conseils de l'Ancien m'avaient ému. De fait, ces jours-là, j'avais été très fatigué. J'étais, de plus, contrarié. L'Ancien faisait paître ses ouailles même à distance. ( G 270).



L'oignon, les salades et les carottes.

" Sais-tu quelles sont les propriétés de l'oignon?" me demanda l'Ancien.

- Bien sûr que je les connais. Il fait du bien aux vaisseaux sanguins.

- Tu vois. Hé bien, ai-je tort, moi? D'où sais-tu ces choses-là, toi? Qui te les a apprises? En effet, l'oignon a des propriétés favorables aux vaisseaux. Et il fait beaucoup de bien outre aux vaisseaux, au coeur, à la tension artérielle, à tout! Il fortifie grandement l'organisme humain. Dis à Madame Sophie d'en faire amplement usage."

Poursuivant notre route, nous nous trouvâmes devant un village avec des champs de salade, et il me demanda :

" Sais-tu en quelle vitamine la salade est très riche?

- J'ai entendu dire qu'elle contient de grandes quantités de vitamine E.

- Oui. Il en va exactement comme tu dis. Mangez beaucoup de salade. Et, pour qu'elle ne soit pas trop lourde pour vos estomacs, vous ferez bouillir de l'eau et l'y tremperez, juste pour qu'elle devienne plus tendre. Qu'elle cuise un peu, après quoi mangez-les. De la sorte, elles ne font pas de mal à l'estomac. Dis-moi : Mangez-vous des carottes?

- Non, pas beaucoup. Ma femme en fait usage pour certaines recettes. mais moi, je les évite, car elles me font mal à l'estomac.

- Non! Vous ne faites pas bien. Vous devez en manger beaucoup, vraiment beaucoup de carottes, car elles contiennent de la vitamine A. Celle-ci fortifie l'organisme et le protège d'un tas de maladies. Elle le protège même du cancer!"

Je savais jusqu'alors que le Petit Père était médecin, architecte, ingénieur, agronome, et compétent en bien d'autres spécialitéss. Ce jour-là, j'appris qu'il était aussi... diététicien! Et, qui plus est, un excellent diététicien! ( G 122 p.).



Quel terrain dois-tu acheter.

Un fidèle était allé un jour annoncer à l'Ancien qu'il avait trouvé un bon terrain, et qu'il avait l'intention de l'acheter. Quand il annonça cela à l'Ancien, ce dernier, comme s'il voyait le terreain devant lui, lui dit :

" Ce terrain, ne l'achète pas. A l'intérieur et au-dessus il y a des lignes électriques de haute tension, qui sont nocives à la santé et cancérigènes."

Le médecin repartit. Il se rendit sur le terrain et, d efait, il constata que passaient par-dessus les lignes électriques dont l'Ancien lui avait parlé. Il fit donc des investigations pour trouver un autre terrain et, lorsqu'il le trouva, il s erendit à nouveau chez l'Ancien, et lui parla de ce terrain. Ce dernier lui demanda si la terre en était bonne. Le médecin lui répondit que la terre en était très bonne. Alors, le Petit Père lui répondit en souriant : " C'est ce qui semble, au-dessus. Toutefois, ce qui est en dessous n'est pas bon, c'est tout pierreux!"

Le médecin y alla. Il inspecta les lieux, et constata que le champ était plein de débris que l'on avait recouverts de bonne terre.

Il fit d enouvelles investigations pour trouver une autre propriété. Enfin, quand il en trouva une, il s erendit à nouveau chez l'Ancien. celui-ci lui demanda d'abord où se trouvait cette proprité, quelle en était la superficie, etc... Puis il lui dit : " Ce terrain-là, achète-le. Il est bon, et il ya beaucoup d'eau au-dessous."

Le médecin entreprit alors les démarches en vue de l'acquisition du terrain et, il s erendit à la mairie pour y conclure l'affaire. Le maire lui demanda quelle propriété il était en train d'acquérir, et lui le lui indiqua. le maire lui dit alors : " Sache que tu acquiers la meilleur propriété et qu'il y a même beaucoup d'eau en-dessous, même si personne ne le sait. Nous, anciennement, nous y avions fait un forage, là, tout près, et nous l'avions constaté." ( Chr 365 p.).



N'achète pas cette maison-là.

Avant d'acheter ma maison actuelle, j'en avais trouvé une autre, qui remplissait toutes les conditions qu eje recherchais. J'allai voir l'Ancien, et je le lui dis. Mais lui, il ne me laissa pas l'acheter car, comme il me l'expliqua, il y avait, passsant par-dessus cette maison, des câbles de haute tension de la Compagnie d'électricité - chose à laquelle, moi, je n'avais pas prêté attention - et cela était dangereux pour la santé. J'écoutai son conseil et je n'achetai pas cette maison-là. Il a été en effet démontré, et même scientifiquement, que lorsque d etels câbles passent au-dessus d'une maison, cela provoquer jusqu'à des cancers, surtout chez les enfants. ( I 170).



Où et comment bâtir votre maison.

Il nous conseillait par exemple dans quelle région bâtir notre maison, quelle orientation lui donner, de manière qu'elle soit ensoleillée toute la journée, comment régler le chauffage, et ainsi de suite. De même, en ce qui concerne les questions de diète et d erégime alimentaire à suivre, il nous donnait toujours des conseils. (I 78).



HUMILITE

L'Ancien avait le grand don de ressentir profondément son propre état de péché. C'est d'une manière très émouvante qu'il le manifeste dans une lettre à ses enfants spirituels : " Pour moi, je ressens que je suis l'homme le plus pécheur au monde. J'éprouve le sentiment que mes péchés en esprit sont trop nombreux, et je vous prie, vous tous qui m'avez connu, d efaire une prière pour moi, car moi aussi, aussi longtemps que je suis en vie, je fais, en toute humilité, chaque jour une prière pour vous." (I 243).



Ne parle pas de ma personne.

Outre son amour, l'Ancien Porphyre faisait preuve d'une humilité vraiment très grande.

Il me dit un jour : " J'ai envie d ete battre...

- Pourquoi cela, Géronda? lui demandai-je.

- Parce que tu parles de ma personne, d emes charismes. Je ne veux pas que tu en parles. Tout cela, c'est Dieu qui me l'a donné, au cas où j'en serais ému et deviendrais bon. Moi, mon enfant, j'ai peur, au jour du Jugement, de dire : " Seigneur, Seigneur, n'est-ce pas en Ton nom que nous avons prophétisé, en Ton nom que nous avons chassé un grand nombre de démons, et en Ton nom encore que nous avons fait des choses avec grande puissance?", et que le Seigneur me réponde : " Va-t'en, je ne te connais pas.""

Cette grande humilité qui était sienne parut aussi dans les lieux où il acheva sa vie d'ici-bas. Pressentant sa fin sur terre, il se rendit à la Sainte Montagne, afin de s'y endormir, loin du monde, et pour éviter de recevoir les honneurs du monde. Il vécut humblement - lors même qu'il avait de si grands charismes - et il mourut humblement au Mont Athos. ( I 134 p.).



Les reproches à son égard étaient bien accueillis.

Quelque temps après, j'entendis des commentaires critiques sur l'Ancien, proférés dans certains cercles prétendument "spirituels", et cela me fit beaucoup depeine. Lors d'une visite, je me mis, dans un accès de spontanéité, à lui en parler, mais je m'en repentis tout aussitôt, et je m'arrêtai net. L'Ancien cependant témoigna à mes propos un vif intérêt et, sans s etroubler le moins du monde, me dit : " Continue, continue, dis-moi ce que l'on dit d emoi. je veux le savoir, non par curiosité, mais pour cette raison : pour voir si je suis en faute, et comment y remédier." A ces paroles, je compris que, pour l'Ancien, il n'était pas question d'éprouver la moindre susceptibilité personnelle, ni donc le moindre orgueil.

Il ne s'agissait que de noter, dans une profonde humilité, d'éventuelles fautes qu'il aurait pu commettre, afin qu'il pût les corriger pour le profit spirituel de son prochain, et pour la gloire de Dieu. C'est la raison pour laquelle il recevait avec bienveillance les critiques à son égard. Pour ce qui est de ses censeurs, la réponse de l'Ancien consistait en ses bras grands ouverts. Il me dit à ce sujet : " Tu sais, des hommes divers viennent me voir, aussi bien de Zoï, de Sotir que de la Croix (55) ou que d'autres organisations chrétiennes, mais aussi des hommes du monde, des indifférents et même des athées.

(55) : ( Zoï (la vie), Sotir ( le Sauveur), etc... : noms d'organisations chrétiennes de Grèce (NdT).).

Pour moi, je ne fais pas de différence entre eux. je les vois tous de la même manière, et, tous, je les aime pareillement." A ses censeurs, l'Ancien opposait non le conflit de personnes, mais l'humble amour chrétien. (G 313).



Viens donc ici, toi qui te fais passer pour saint!

C'était le jour de sa fête onomastique (56).

(56) : (Le 26 février : saint Porphyre hiéromartyr. (NdT).).

Un ami se trouvait dans sa cellule. A cet instant-là, il recevait un appel téléphonique d'un prêtre connu de lui, pour lui souhaiter sa fête. Il lui disait : " Que vais-je faire, moi, pécheur que je suis? Me voici bien embarrassé avec les visiteurs. Les uns m'appellent prophète, les autres disent que je suis un saint, et beaucoup d'autres choses dans ce genre. Pauvre de moi, que m'arrive-t-il? Un de ces jours, Dieu me prendra dans le Ciel et me dira : " Viens donc ici, toi qui sur terre te faisait passer pour un saint. Les gens te prennent pour saint Nectaire ( 57) ou te considèrent comme les autres saints.

(57) : ( Saint Nectaire d'Egine, ancien évêque d ela Pentapole, endormi en 1920, canonisé en 1962 (NdT).).

Qu'invoquerai-je alors pour ma défense, pauvre de moi?" En appliquant la parole d'un Ancien de la Sainte Montagne au Père Porphyre, je pourrais dire : le père Porphyre était saint parce que précisément, dans sa grande humilité, il croyait sincèrement qu'il n'était pas saint. ( G 319).



N'écris pas ce que je te dis.

Un jour, j'avais sollicité sa bénédiction afin de coucher par écrit nos dialogues. Il me répondit, plein de bonté : " Il n'y a absolument aucune raison que tu écrives ce que je te dis. ce que je dis est écrit dans l'Evangile. Etudie donc l'Evangile et tu y trouveras tout écrit." ( I 262).



Dieu m'a choisi moi, haïssable que je suis,

et je m'en réjouis.

Savez-vous qu'il avait le sentiment d'être le plus grand pécheur au monde? Et quand, avec son don de clairvoyance, il voyait toutes choses, il disait : " Je me réjouis de cette occasion qui nous a été donnée de parler ensemble, et du fait que Dieu m'a choisi, moi pécheur et haïssable que je suis, pour dire, par mon entremise, ces choses-là. Et, après coup, je réfléchis à ce que j'ai dit en étant éclairé par Dieu, et je m'en réjouis." ( I 170).



Je voulais te demander pardon.

Conversation téléphonique avec l'Ancien :

" Comment, Géronda, Dieu permet-il que les autres nous fassent du tort? Cela est-il juste?

- Et qui es-tu, toi, pour juger Dieu? Je te prie de raccrocher immédiatement."

Le soir suivant, nous eûmes cette conversation téléphonique :

" Bonsoir, Géronda.

- Je suis très content que tu m'aies appelé au téléphone! Je voulais vraiment que tu me téléphones, afin de pouvoir te demander pardon pour hier.

- Vous, Géronda, me demander pardon, à moi? C'est moi qui dois me jeter à vos pieds et vous demander pardon de vous avoir, hier, fait tant de peine.

- Oui, je veux te demander pardon de t'avoir dit, hier, de raccrocher au téléphone. Mais, tu sais, à ce moment-là, il y avait ici quelqu'un qui voulait se suicider pour une mésaventure qui lui était advenue avec son amie. Il était ici, à genoux, et je ne voulais pas le laisser ainsi pendant que je te parlais au téléphone."

Il est très difficile, presque irréalisable, de fixer sur le papier ce que je ressentis alors, et ce que je ressens maintenant encore. La seule chose que je puis dire, c'est que lorsque les saints demandent pardon à ceux qui en sont indignes, c'est comme si le Christ Lui-même frappait à notre porte. Car, comme nous le dit l'apôtre Paul, seuls les hommes qui sont " des hommes accomplis en Christ" peuvent demander pardon, quand bien même la responsabilitéde l'erreur appartient totalement aux autres. ( I 264).



L'humilité véritable est un don de Dieu.

L'Ancien me dit :

" Dieu t'a fait don de nombreux charismes. Il t'a doté de dons rares. Le ressens-tu? Rends-lui grâces continuellement et humilie-toi devant Son amour.

Prie Dieu qu'Il t'envoie la sainte humilité. Non celle qui déclare : je suis le dernier, je ne vaux rien. Celle-là est une humilité diabolique. La sainte humilité est un don de Dieu. M'entends-tu? Un don, une grâce. Elle ne vient pas de nos efforts à nous. Toi, prépare-toi toi-même, et demande à Dieu ce saint don. Rien d'autre. Toi, lutte, anéantis-toi toi-même, et tout le reste appartient à Dieu.

Mène la lutte, afin que, dès ici-bas, nous entrions dans l'Eglise incréée de Dieu." ( 1 191 p.).



Ce qu'ils veulent, et comme veulent les autres.

Je dis à l'Ancien un jour :

" Géronda, je ne peux pas coopérer avec frère N... Il est grincheux.

- Allons! Toi, tu fais preuve d'égoïsme. Le sais-tu? C'est à partir de cet égoïsme que tout cela t'arrive.

- Je le sais, Géronda. J'ai, depuis mon enfance, ce défaut. Priez pour que Dieu m'accorde l'humilité du coeur.

- Quand le coeur est doté d'une sainte humilité, il considère que tout est bon, et il vit, dès à présent, dans l'Eglise incréée de Dieu sur la terre.

L'humilité n'est pas celle que nous feignons d'avoir avec nos paroles, ni celle que nous pensons pouvoir acquérir. L'humilité sainte est un don que Dieu fait à notre âme. C'est Dieu qui l'accorde quand Il trouve que l'on s'est préparé en toute pureté. Il pose alors Son regard sur cette âme qui Lui est agréable et l'attire à Lui.

Ainsi donc, ne dis pas, à ton tour : " Celui-là est grincheux; cet autre, jaloux; cet autre encore se fâche" et ainsi de suite. Ne dis pas : " Je ne peux pas être avec lui, je ne peux jamais m'entendre avec lui."

Ce n'est pas là une manière d'agir. Cela n'est pas orthodoxe, cela n'est pas chrétien. De cette manière, tu ne te trouves absolument pas dans l'amour de Dieu. De cette manière, tu te sépares toi-même de la Grâce de Dieu, car tu t'es séparé de tes frères.

Au contraire, tu dois passer outre leurs faiblesses et, sans les imiter, devenir un avec eux dans le travail en commun. Tu dois les laisser vouloir ce qu'ils veulent et comme ils le veulent. Est-ce ainsi qu'ils veulent? Qu'il en soit ainsi. Veulent-ils autrement? Qu'il en soit autrement. De cette manière sont détruites les murailles de séparation, qui nous divisent d'avec nos frères. De cette manière nous sommes liés en Christ.

Plus tu te lies, au quotidien, avec tes frères, plus tu entres, d'une manière mystique, à l'intérieur de l'amour du Christ. ( A 59 p.).



On nous louange, et nous gobons ça!

L'Ancien, en tant que bon médecin, ne voyait pas seulement les maladies de mon corps. Il prenait aussi soin d emes nombreuses imperfections spirituelles. Voici quel fut l'un de ses efforts pour me faire découvrir l'humilité. Un après-midi, il me téléphona à mon cabinet médical, juste après une manifestation d'amour excessive de la part d'un couple malade que j'avais soigné. Je transcris ses paroles :

" Petit Georges, je suis l'Ancien. Nous, nous irons en Enfer tous deux ensemble. Nous nous entendrons dire : " Insensé! Cette nuit même on exige de toi ton âme. Tes biens, tu en as joui ta vie durant. Quant à ce que tu as accumulé, à qui cela reviendra-t-il?"" Je l'interrompis : " De quoi donc avons-nous joui en cette vie? De cette vieille carriole de voiture? de notre livret d'épargne vide? de notre sommeil réduit à presque rien?" Il répondit d'une manière abrupte : " Que dis-tu là? Le monde ne te dit-il pas : " Quel bon médecin tu es! Comme tu nous aimes! Comme tu prends soin de nous! Comme tu évites de nous taxer!" Et toi, tu acceptes ces compliments, tu gobes tout ça. Hé bien, tu as perdu ton salaire! C'est aussi ce qui m'arrive : On me dit que j'ai des charismes, que je peux, rien qu'en touchant les gens, accomplir des miracles, que je suis un Saint. Et, en insensé et en faible que je suis, je gobe tout ça. Hé bien, voilà pourquoi je t'ai dit que nous irions ensemble en enfer." " Si nous pouvons y être ensemble, lui répondis-je, allons donc même en Enfer!" Il raccrocha alors le téléphone en disant : " Moi, je te parle sérieusement, et toi, tu plaisantes toujours. Je nous souhaite bon repentir à tous deux." ( I 223 p.).



Humilité et obéissance sont une seule et même chose.

Je demandai un jour à l'Ancien : " Géronda, quelle différence y a-t-il entre obéissance et humilité?" Et lui de me répondre en souriant : " C'est la même chose." En vérité, quand nous n'obéissons pas à la volonté de Dieu exprimée par l'intermédiaire de notre confesseur, pouvons-nous croire sérieusement que nous sommes humbles? Le monstre de l'orgueil, qui se tapit à l'intérieur de nous-mêmes, pouvons-nous le mettre à mort avec une autre arme que celle de l'obéissance à la volonté de Dieu? La mesure de l'obéissance, c'est le Dieu-homme sans péché qui nous la donne, pécheurs que nous sommes, Lui qui, "ayant paru comme un vrai homme, S'est humilié Lui-même. Se faisant obéissant jusqu'à la mort, et même la mort sur la Croix." ( G 320).



Le Chrétien n'a jamais raison.

J'écoutais avec un très grand respect la paternelle parole persuasive du Père Porphyre, et je ressentais très vivement son amour et son affection. Jamais il ne m'a louangé. Il me disait toujours : " C'est ta faute. Prie pour tes frères. Prie Dieu qu'Il t'accorde la sainte humilité, prie-Le qu'Il t'accorde de L'aimer." Je ne me rappelle pas l'avoir jamais contredit. Un jour où je m'étais dit en pensée que l'Ancien était injuste envers moi - au sujet d'un problème que je lui avais soumis, il me disait : " Tu n'as pas raison", alors que moi, je pensais avoir raison -, il me répondit : " Tu as raison, mais tu n'as pas raison : le Chrétien n'a jamais raison. Il doit toujours faire porter le blâme sur lui-même." La juste raison est pour les fils de ce siècle. De cette manière, il n'y avait nulle latitude de blâmer qui que ce fût. (D 7).



Dieu ne veut pas de titres ni de choses de ce genre.

La nécessité de trouver le repos aux côtés de personnes saintes m'a, il y a douze ans de cela, conduit auprès de l'Ancien Porphyre. Un de ses enfants spirituels de longue date m'avait présenté à l'Ancien de bienheureuse mémoire.

" Géronda, lui avait-il dit, je t'ai amené Madame mon Proviseur."

J'ai réagi malgré moi : " Pourquoi donnes-tu des titres? lui demandai-je. Ici, je suis simplement Panaghiota. Cela suffit."

" Ce que tu viens de dire est juste, dit-il. Marie ne comprend pas que Dieu ne veut pas de ces choses. C'est par nos vertus que nous marchons auprès de Lui."

Je m'assis à ses côtés. Je lui ouvris mon coeur. Lui, il écoutait. J'avais le sentiment qu'il priait, tandis qu'il prenait, en même temps, mon pouls. Je pris sa sainte bénédiction, et je repartis de chez lui les larmes aux yeux.

Par la suite, je me suis rendue bien des fois auprès de l'Ancien. J'y accourais pour y trouver la sérénité et le secours dans toutes les difficultés que je rencontrais. J'avais toujours la certitude que la puissance de sa prière était si grande que Dieu accomplissait ce qu'il Lui demandait.



FORMALISME



Ils sont habitués à vivre à leur ancienne manière.

Un ami avait exprimé à l'Ancien son exaspération : malgré tous ses efforts, il n'avait pas pu faire changer d'avis l'un de ses collaborateurs. Celui-ci était très traditionaliste, attaché à des formes extérieures et à des méthodes pédagogiques qui ont échoué, en raison, principalement, du fait qu'elles étaient dépourvues d'orientation orthodoxe. L'Ancien lui répondit : " ne sois pas contrarié et ne te mets pas en peine pour rien. ces hommes -là ne changent pas. Ils sont habitués à vivre à leur ancienne manière.

Après le conseil de l'Ancien, cet ami accepta son collaborateur tel qu'il était, sans vouloir plus désormais le changer, et il s'efforça de faire son travail aussi correctement qu'il le pouvait; ( G 294).



OBLIGATION



Pourquoi te sens-tu redevable?

J'étais ému par le très grand amour dont un frère en Christ avait fait montre à mon égard. Je venais juste d'en faire, à cette époque, la connaissance, par l'entremise de l'Ancien. Parlant un jour avec l'Ancien, je lui disais à quel point je me sentais maintenant redevable envers cet homme-là. Alors l'Ancien me prit de court, une fois de plus, en me demandant :

" Pourquoi te sens-tu redevable envers lui? Ce qu'il a fait, l'a-t-il fait uniquement pour toi?

-Oui, Géronda, lui répondis-je. Il l'a fait uniquement pour moi, d'une manière désintéressée. Le service qu'il m'a rendu lui a coûté de la peine, du temps, de l'argent, un déplacement depuis la ville de province où il résidait, sans aucun profit personnel."

L'Ancien demanda à nouveau :

" Pourquoi mets-tu à part ta propre personne?

- Comment la mets-je à part, demandai-je, je ne comprends pas cela." Et l'Ancien poursuivit : " N'as-tu jamais lu que lorsqu'un membre du corps souffre, tous les membres souffrent avec lui, et que quand un membre est glorifié, tous les membres du corps se réjouissent avec lui? N'as-tu pas compris que quand tu restes un Chrétien isolé, si tu ne ressens pas profondément que tu es un membres uni d'une manière vivante avec les autres membres du corps mystique du Christ, c'est-à-dire de son Eglise, dans une relation d'amour continuelle avec Lui, tu n'es pas un vrai Chrétien?" (G 46 p.).



NOURRITURE



A la gloire de Dieu.

Les actes de l'Ancien, fussent-ils les plus "matériels", exhalaient un parfum de spiritualité. Un jour, entrant dans sa cellule, je le trouvai assis sur son lit, en train de prendre son repas. Il me donna sa bénédiction, puis me dit de m'asseoir, sans qu'il interrompît toutefois son repas. Sa familiarité me remplit de joie. C'était un spectacle délicieux. De la main gauche, il tenait sur ses genoux, une assiette creuse, emplie d'une soupe de légumes variés, tandis que, de sa main droite, il tenait sa cuillère. Penché et silencieux, il mangeait avec attention, avec humilité, avec plaisir, comme s'il participait de quelque mystère. En cet instant-là, je ressentis le désir d'avoir une caméra, afin de pouvoir filmer cette scène et de la projeter ensuite, pour des amis, comme un spectacle spirituel exemplaire, sans paroles, avec ce simple titre : un Saint, mangeant son frugal repas. En le voyant, nous serions remplis d'allégresse, et nous reprendrions les paroles de ce moine qui avait rendu visite à un ermite : " Il me suffit d ete voir, Géronda." Nous ressentirions de manière mystique le sens d ela phrase de l'Apôtre Paul : " Que vous mangiez, que vous buviez, quoi que vous fassiez, faites tout à la gloire de Dieu." Et nous aurions, spontanément, comparé cette image à l'image de notre propre table, où habituellement règne la bonne chère.

Toutefois, l'Ancien faisait des suggestions, et donnait très souvent des indications, et même des recettes, pour préparer des mets savoureux et des gâteaux. Il montrait ouvertement qu'il ne voulait pas que noussoyons mesquins et indifférents à toutes les belles choses que nous offre l'amour de Dieu. ( G 422).



AMOUR DU SAVOIR



L'Ancien lisait tout ce qui peut être objet de savoir.

L'Ancien, de bienheureuse mémoire, n'avait reçu que très peu d'instruction selon le monde. Il était pourtant homme sage, ayant reçu la Sagesse venant d'En Haut. Parallèlement, il avait une soif de savoir naturel. C'est pourquoi il lisait tout ce qui peut être objet de savoir. Il demandait, et il lisait, des ouvrages relatifs à toutes les sciences, en sus des livres de théologie, dont on pourrait considérer comme naturel qu'il les étudiât. Il lisait des livres de médecine, de physque, d'astronomie, et ainsi de suite. ( I 81).



PEUR



Dieu nous aime beaucoup. N'ayons peur de rien.

L'Ancien, assis à l'ombre d'un pin, par un après-midi d'été, nous parlait de la confiance sans limites que nous devions avoir en la Providence de Dieu : " Savez-vous que ce que dit l'Ecriture Sainte : " Même les cheveux de notre tête sont comptés", est une réalité? Il en est ainsi. Rien, dansnotre vie, n'est dû au hasard. Dieu prend soin des plus menus détails de notre vie même. Il n'est pas indifférent à notre égard. Nous ne sommes pas seuls au monde. Il nous aime beaucoup. Il nous tient en Sa Main et de Son Esprit nous protège. Nous devons comprendre cela et, du coup, n'avoir peur de rien. ( G 279 p.).



Nous, devenons bons,

et que Dieu fasse de nous ce qu'Il voudra.

Après l'invasion turque, nous demandions à l'Ancien Porphyre ce qui allait advenir à propos de la question de Chypre. Et il répondait : " Que Dieu fasse Son travail." Il disait la même chose quand de violents séismes avaient lieu en Grèce. Il ne se laissait pas influencer par la situation. Il disait : " Nous, occupons-nous de devenir bons, et que Dieu fasse ce qu'Il voudra." ( Por 62).



... parce que tu n'aimes pas assez le Christ.

" Tu es parfois pris de phobies, à ce que tu me dis, parce que tu n'aimes pas assez le Christ." (Tz 121).



La crainte de la foudre.

Lorsque cessèrent les éclairs, la foudre et la pluie, j'allai dans la cellule du Petit Père. Je constatai qu'il venait juste de se réveiller, qu'il était frais et dispos, et d'excellente humeur. Je lui demandai alors :

" Comment avez-vous pu dormir, Petit Père, avec un tel déluge?

- Pourquoi donc?

- Là où la plupart ont failli faire une crise cardiaque, vous, vous demandez pourquoi?

- Pour quelle raison, mon enfant?

- Parce que tous les autres ont eu peur de la foudre!

- Ah bon? ça, c'est pour celui qui a peur de Dieu, qui n'a pas confiance en Lui, ou qui ne L'aime pas, ou bien ces deux choses en même temps. Moi, comme je Lui fais confiance et que je L'aime, pour cette raison même je n'ai pas peur!" ( K 194).



Les serpents, que pourront-ils te faire?

" Petit-Père, je suis indifférent à la fatigue. Ce qui m'intéresse, c'est vous. Et je commence à être inquiet à propos de votre vie...

- Pourquoi donc es-tu inquiet à propos de ma vie?

- Mais c'est que là où vous êtes venus vous installer, les serpents vous dévoreront!

- Où as-tu vu des serpents? Tout ce temps où tu me cherchais, combien de serpents as-turencontrés en chemin?

- Aucun!

- Et alors? Quels serpents pourront-ils me manger? Ceux qui n'existent pas?

- Mais, Petit Père, cette région fourmille de serpents.

- Il y en avait, veux-tu dire. Demande un peu aux femmes et à tous ceux qui travaillent ici de te le dire.

- Comment? Que sont-ils donc devenus tous ces serpents dont cette région fourmillait?

- Que sont-ils devenus? Dès que je suis venu m'installer ici, les serpents sont partis! Ah, brave Anargyre! Si Dieu est avec toi, que peuvent te faire les serpents? Eux aussi ne sont-ils pas des créatures de Dieu? En conséquence, la créature peut-elle jamais être plus puissante que son Créateur?" (K 192).



S'il osait se laver la tête... la mort le surprendrait!

Comme le Petit Père me l'avait dit, il existait un homme hanté par une idée fixe, qui croyait que, s'il osait se laver la tête, il tomberait raide mort! Cette idée fixe était accompagnée de la coniction qu'il était victime d'u sortilège. Cette idée fixe allaitdonc de pair avec le prétendu sortilège : il était obligé non seulement de vivre avec la saleté repoussante de sa tête - ce qui n'est guère chose facile - mais aussi d'essuyer sans protester les moqueries de ses proches et des gens de sa connaissance, lesquels, malgré les efforts surhumains qu'ils déployaient pour ce faire, neparvenaient pas à le persuader de la nécessité de se laver, ni du caractère inoffensif de cet acte.

Passaient ainsi les jours, les semaines, les mois et les années, sans que nul parvînt à persuader ce malheureux de verser un peu de la petite eau innocente de Dieu sur sa tête sale, dont la mauvaise odeur s'exhalait sur un grand rayon d'action. Un très grans rayon d'action. Cela avait pour effet que tous, à son approche, prenaient précipitemment la fuite.

Et c'est ce fait précisément qui blessait vraiment beaucoup ce malheureux. Malgré tous les efforts qu'il faisait pour échapper à ce problème, non seulement il n'y parvenait pas, mais chacun de ses échecs l'enfonçait dans le malheur.

C'est ce malheur qu'il eut pour compagnon dix-huit années durant. Pour cet homme, qui vivait ce martyre, elles duraient autant que des siècles. Pourtant il ne cessait pas d'epérer qu'un jour viendrait où il serait libéré de cette tyrannie.

Ainsi, lorsque ces dix-huit années furent passées, il fut informé qu'à Milési se trouvait un Saint Ancien, nommé Porphyre, qui accomplissait des miracles. Il prit aussitôt la décision de lui rendre visite, de lui présenter son problème, et de lui demander son aide. Il alla, de fait, trouver le Père Porphyre et, les yeux en pleurs, il lui décrivit, dans tous les détails, ce qui le torturait.

" Je l'ai écouté avec beaucoup d'attention et une grande émotion, me dit le Petit Père. A ce moment, je vécus, par compassion, tout son martyre. J'en eus beaucoup de peine, car cet homme éclatant de santé avait passé les meilleures années et les plus créatives de sa vie aliéné au malheur. Et s'il avait été le seul... Combien d'êtres humains ne souffrent-ils pas, durant des décennies entières, de phobies diverses? Ils en sont tourmentés eux-mêmes, ce qui tourmente à leur tour leurs familles. Leurs familles surtout. Ce sont elles qui souffrent doublement et en éprouvement une double peine : parce qu'elles voient dans cet état l'être qui leur est cher , et parce qu'elles ne peuvent pas l'aider. Et veux-tu apprendre quelque chose? La plupart sont, de plus, des intellectuels.

Et je leur dis sans cesse que ce n'est rien. Effectivement, cela n'est rien. Qu'ils fassent cela ( il souleva ses épaules et les rejeta en arrière), et c'est parti pour toujours! Mais ils ne m'écoutent pas. Parce qu'ils ne croient pas en Dieu. C'est de là que part le mal. Et, au lieu de marcher dans la voie du Christ, ils suivent la route du Diable. Ils courent après des magiciens et des magiciennes, lesquels les exploitent, et, à la fin, non seulement ils ne trouvent pas la guérison, mais ils perdent en outre leur âme. Car tu ne peux pas être Chrétien et demander l'aide de Satan. Ou tu seras avec le Christ, ou tu iras avec Satan. Tu ne peux pas servir deux maîtres. Mais, dans le cas de notre homme, il ne se passait rien de tel. Heureusement, il n'était pas allé, en fin de compte, chez des magiciens ou des magiciennes. Simplement, il n'avait pas la foi qui était nécessaire pour affronter ce phénomène désagréable de la phobie. C'est pourquoi la première chose que j'ai été faite a été de conforter sa foi. C'est de là que tout part. Après cela, je lui ai expliqué que la faiblesse de la foi laisse facilement place à Satan. Ah! quand celui-là s'est emparé de toi, tu ne lui échappes pas facilement... Je lui ai dit des choses vraiment très nombreuses et il m'a suivi avec une grande attention; je constatai alors qu'il était disposé à faire ce que je lui conseillais. A la fin, j'ai lu sur lui une prière.

J'ai demandé à Dieu de le délivrer de ce méfait de Satan. Car il s'agissait bien d'une opération satanique. Quand j'en eus terminé, je lui dis : " Mon enfant, maintenant, quand tu iras chez toi, fais bouillir de l'eau et lave-toi. Moi, depuis cet endroit où je suis, je prierai continuellement pour toi. Et je serai à tes côtés, près de toi! Quant à toi, avant même de commencer à te laver, tu te mettras à dire : " Notre Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi!" Et, tandis que tu diras cela, tu auras l'esprit tourné vers moi. Dès que tu te seras lavé, appelle-moi au téléphone pour me dire que tu t'es lavé. J'attendrai."

Cet homme repartit pour Athènes, plein de foi et d'enthousiasme. Quand il est arriva chez lui, il fit exactement comme je le lui avais indiqué. Aussitôt après, il m'appela au téléphone. A peine eus-je décroché le éléphone que j'entendis : " Petit Père, je suis un tel. Je me suis lavé!" Sa joie était indescriptible. Je fis sur lui, à distance, le signe de la croix, tandis qu'il était évident que des larmes coulaient de se syeux... Je lui recommandai de refaire la même chose chaque jour, et de m'appeler chaque fois au téléphone, dès qu'il se serait lavé la tête. Et, de fait, ce fut ce qu'il observa fidèlement. Pour l'heure, c'est pour cela qu'il vient de m'appeler. " Petit Père, me dit-il, je suis untel. Je viens de me laver!" Dieu le prit en pitié et le délivra définitivement de sa phobie." ( K 131-134).



JOIE - LUMIERE



Il était baigné de lumière.

Lorsque, tard dans la nuit, je suis entré dans sa cellule, j'ai eu une impression étrange. Je m'attendais à le voir anéanti de fatigue et, au lieu de cela, je le voyais délassé, frais et dispos. Son visage avait l'apparence toute rose d'une face de petit enfant qui viendrait juste de se réveiller après un sommeil de plusieurs heures. Mais, ce qui m'a surpris le plus, c'est une lumière étrange, qui l'environnait tout entier, et qui, tout particulièrement, enveloppait sa tête. La cellule était à peine éclairée par la faible flamme d'un cierge. Or la lumière qui entourait l'Ancien n'était pas une lumière qui l'éclairait de l'extérieur, comme le faisait celle du cierge. Elle s'épanchait, au contraire, de l'intérieur de lui-même vers l'extérieur. Tout saisi de crainte, je ne lui dis rien de cette lumière. L'Ancien, quant à lui, était tout empli d'un tendre amour et, une fois de plus, grâce à ses conseils spirituels, qui prodiguait une immense consolation, il offrit le repos à mon âme. ( G 159).



Que faire, pour trouver la joie?

" Que faire, Géronda, pour trouver la joie dans ma vie?

- Lis l'Ecriture Sainte. Va à l'église. Aie un confesseur. Communie. Deviens, en d'autres termes, une bonne chrétienne. Tu trouveras alors cette joie que tu recherches. Tu vois que moi, à l'heure actuelle, je souffre. Je suis heureux pourtant. C'est ainsi que, toi aussi, si tu approches un peu le Christ, tu trouveras la Joie spirituelle dans ta vie." ( I. 174).



Ouvre la porte, pour laisser venir la lumière.

Efforce-toi, au lieu de pousser le mal qui est en toi vers l'extérieur, d'ouvrir la porte, pour laisser venir la lumière qu'est le Christ. Les ténèbres qui sont à l'intérieur de toi-même seront alors dissipées.



Pour chasser les ténèbres, ne secoue pas les mains.

L'Ancien Porphyre n'acceptait pas que l'on s'occupât de ce qui est négatif. Il voulait que tout fût positif et lumineux. Il nous disait, d'une manière caractéristique : " Tu te trouves dans une chambre obscure et tu secoues les mains, t'efforçant de cette manière de chasser les ténèbres. Mais ce n'est pas ainsi que les ténèbres seront dissipées. Ouvre la fenêtre pour faire entrer la lumière, et les ténèbres seront alors dissipées d'elles-mêmes. C'est la lumière qui chassa les ténèbres. Etudions donc l'Ecriture Sainte, les Vies des Saints, les Pères : là est la lumière qui dissipera les ténèbres." (I 84).



Il m'a inspiré l'optimisme et la joie.

J'avais décidé de recueillir l'avis de l'Ancien Porphyre au sujet de problèmes divers qui me préoccupaient, de certains doutes que j'avais sur ce que je devais faire dans ma vie. J'avais "programmé" d'avance dans mon esprit ce que je lui dirais, attribuant un numéro d'ordre aux différentes questions que je comptais luui poser.

Je me rendis donc auprès de lui, m'assis à ses côtés et, avant même que j'eusse dit un mot, il se mit à me citer dans l'ordre mes diverses questions, telles qu'elles étaient exactement formulées dans ma pensée et dans l'ordre où j'avais décidé de les poser.

Moi, bien entendu, j'étais confus. Je demeurais tout étonné et ne savais quoi dire. Il savait tout, les moindres choses qui me préoccupaient, dans le moindre détail. Et c'est grâce à l'Ancien Porphyre que je suis parvenu à vaincre les difficultés et à prendre la grande décision de demeurer à mon poste en Afrique.

Les choses qu'il m'a inspirées au temps où il me parlait, et qui sont restées inaltérées en moi pour toujours, sont l'optimisme, l'espérance, et la joie. Depuis lors, je ressens intérieurement une joie immense, qui, très souvent, me semble inexplicable. Et je suis sûr que c'est sa prière qui m'aide à tenir bon, à rester en Afrique, et à y poursuivre mon oeuvre. ( I 164).



La Joie de la Résurrection est vicorieuse de l'affliction.

" Le Christ, par Sa résurrection, ce n'est pas un fleuve, ni un canal, ni un lac qu'Il nous a fait traverser. Il nous a fait traverser un abîme qu'il était impossible à l'homme de traverser tout seul. Il nous a fait passer de la mort à la vie. Maintenant, tout est joie, grâce à la Résurrection de notre Christ. As-tu vu, maintenant, au printemps, les chevreaux qui sautent sur l'herbe, tètent un peu leur mère, puis sautent de nouveau? C'est de cette manière que nous devrions, nous aussi, sauter, sous l'effet d'une joie indicible, pour la Résurrection du Seigneur et la nôtre.

Je veux, poursuivit-il, te donner un conseil. A chacune de tes peines, à chacun de tes échecs, concentre-toi en toi-même, et récite, très lentement, le Tropaire : " Nous fêtons la mise à mort de la mort..." Tu verras alors que l'événement le plus considérable dans ta vie comme dans la vie du monde s'est déjà produit. C'est la Résurrection du Christ, notre salut. Tu prendras alors conscience que le contretemps qui t'arrive est de trop peu d'importance pour pouvoir changer ton humeur". ( Kerkyraïki, n°133 (2001)).



Le climat de joie dans la cour de l'Ancien.

La pastorale de l'Ancien oeuvrait d'une manière mystique, non seulement quand il parlait à ses visiteurs à l'intérieur de sa cellule, mais même quand ceux-ci se trouvaient simplement dans sa cour, en attendant de le rencontrer. Dès ma toute première visite à Callissia, je remarquai le climat de joie - je l'appellerais volontiers un climat de Résurrection - qui régnait dans la cour de l'Ancien entre des personnes qui se rencontraient pour la première fois. Au début, je croyais que c'était là mon impression personnelle. Plus tard, j'ai eu l'occasion de la comparer à l'impression d'un grand nombre de visiteurs. Ils me l'ont exprimée en des termes à peu près identiques. (G 260).



GRACE DE DIEU



Abandonne-toi toi-même,

en douceur et sans violence, entre les mains de Dieu.

Le Père Porphyre fait le récit suivant :

" Un été, quand j'étais à Athènes, un ami me pria, ainsi que son épouse qui était dentiste, d'aller à Saint-Jean-le-Théologien à Patmos. Nous allâmes dans la grotte de l'Apocalypse, à l'endroit où le reocher s'est brisé devant Saint Jean, sous l'effet du Feu céleste. C'était là que Saint Jean, quand il était couché, prenait appui pour se lever.

Ces lieux, tu le sais, ont été sanctifiés. Ils transmettent Grâce et sainteté.

Je sentis que mon coeur s'ouvrait petit à petit. Je sortis, car il y avait là d'autres personnes. L'après-midi, dans le désir de vivre cette Grâce, je demandai à y retourner.

Je leur dis : "Restez inclinés, immobiles, en train de réciter la prière du coeur, et ne soyez pas surpris, quelle que soit la chose que vous verrez."

Je m'inclinai à mon tour, et récitai la prière.

Mais la Grâce ne venait pas comme elle était venue le matin.

Je me suis levé. J'ai encensé l'autel et toute l'église. Je suis revenu à ma place, et alors mon coeur s'est ouvert. Je suis resté les mains ouvertes un long moment. Mon âme en a été rassasiée. Une seule personne entra et me vit peut-être, je ne sais pas. C'était probablement le recteur de l'église. Il partit aussitôt.

Nous nous sommes levés. Nous sommes partis sans parler, jusqu'au soir. Je n'ai que peu mangé. Ils ne m'ont jamais rien demandé.

Ne parle pas de cette affaire. Elle prête à malentendu.

Voilà ce qui m'est advenu. Je me suis levé, j'ai encensé, et la Grâce est venue toute seule, quand elle a voulu.

A ton tour, élève ton esprit : " Seigneur Jésus-Christ..." Abandonne-toi toi-même, en douceur et sans violence, entre les mains de Dieu, et Lui, Il viendra, et remplira ton âme de la Grâce." (A 36).



TEMOINS DE JEHOVAH



Ce n'est pas de cette manière

que l'on combat le millénarisme.

Nous sommes allés, avec un ami, traiter une affaire du monastère, et nous avions l'Ancien avec nous, dans la voiture.

A un moment donné, je me rendis compte que nous passions devant les immeubles des millénaristes (58).

(58) : ( Témoins de Jéhovah).

Je sentis l'affliction m'envahir, ainsi que l'exaspération, en raison de l'oeuvre, véritable ruine des âmes, de ces hérétiques : au lieu de se repentir de leurs péchés, ils s'efforcent d'ébranler la foi dans le Christ d'âmes "pour lesquelles le Christ est mort" et est ressuscité. L'Ancien gardait le silence. A un moment donné, j'ai, en moi-même, fait la réflexion : l'Ancien, qu'en pense-t-il donc? N'est-il pas exaspéré de voir ces hommes-là et leurs oeuvres? Or, j'entendis aussitôt l'Ancien qui disait : " Hé bien, ces faux-témoins de Jéhovah, que Dieu les prenne aussi en pitié. Certaisn chrétiens sont exaspérés contre eux. D'autres encore, se prennent de querelle avec eux et les insultent. D'autres encore les poursuivent devant les tribunaux. Ce n'est portant pas ainsi que l'on combat le millénarisme. Savez-vous comment on le combattra? Quand nous-mêmes nous aurons été sanctifiés." ( G 288 p.).



ARGENT - PROPRIETES



Nous n'avons que l'administration seule de nos biens.

L'Ancien voyait l'essence des choses. Il n'était pas influencé par tout ce qui n'est qu'aspect extérieur et par le système économique superficiel. Un jour, il me dit : " Sais-tu que quelqu'un peut être propriétaire d'un immeuble entier et aller au Paradis ou en Enfer? Cela ne dépend pas du fait que nous ayons peu ou beaucoup d'argent, mais de la manière dont nous aurons usé de ce que nous avons. L'argent, les propriétés, ainsi que tous nos biens matériels, ne nous appartiennent pas : cela appartient à Dieu. Nous, nous en avons seulement l'administration provisoire. Nous devons savoir que Dieu nous demandera des comptes, même pour la dernière de nos drachmes, c'est à savoir si nous en avons disposé selon Sa volonté ou non. ( G 345).



Il faut sauvegarder tes droits sur tes propriétés.

Il disait à un ami : " Je sais que c'est bien du tracas de courir pour sauvegarder tes droits sur tes propriétés, mais que dois-tu faire? Si tu traites cela par l'indifférence, les autres vont s'en rendre possesseurs par force. Cela est un mal, pour toi comme pour eux. Sois sévère envers eux." Ces propos, l'Ancien les tenait parce qu'il connaissait le caractère conciliant de cet ami, qui suivit en partie ses conseils, sans éviter complètement l'injustice à son égard. (G 348).



Ces choses-là aussi concernent l'Eglise.

Je me rappelle qu'un jour, le Père Porphyre, tandis qu'il était pour un temps dans un village d'Eubée, disait aux habitants : " Plantez des pommiers, des pêchers, des abricotiers." Il leur disait aussi comment planter ces arbres. Certains se mirent alors à dire : " Que veux-tu donc? Qu'as-tu à t'occuper de tels sujets? Toi, tu es prêtre; occupe-toi donc des sujets qui regardent l'Eglise." Il leur dit : " Non, ces choses-là aussi concernent l'Eglise. Pourquoi? Parce que si, toi, tu ne plantes pas des abricotiers et des pêchers, et que ton voisin d'à côté en plante, plus tard, ton enfant sera obligé, à cause de toi, de se faire voleur." (Ger 129).



C'est ainsi que nous avons pu faire le levain.

Par un matin d'été, tout en allant lui rendre visite dans la caravane où il habitait alors, je contemplais le beau terrain qui avait été acheté, entouré d'une forêt de pins. Je me demandais en moi-même qui pouvait bien être le donateur. Dès mon entrée dans la caravane, l'Ancien me dit : " Tu vois comme le terrain du monastère est beau! Il a été acheté avec mes économies." Moi, je le regardais, embarrassé. Je me demandais intérieurement : " Quelles économies peut bien faire un prêtre seul, retraité, qui subvient, outre à ses propres besoins, à ceux de sa soeur et de sa nièce?" L'Ancien, après une petite pause, me dit : " Tu me demanderas peut-être où j'ai trouvé l'argent. Voilà : j'avais acheté une machine à tricoter, et je travaillais." Mais la pensée incrédule avait encore ses interrogations : " Que peut donc rapporter une machine à tricoter?" Et l'Ancien pousuivit : " Du travail, te dis-je, beaucoup de travail. Me comprends-tu? Nous prenions des commandes de tricots et, du matin jusqu'au soir, de nombreuses années durant, nous travaillions sur la machine à tricoter, ma mère, ma soeur, et moi. C'est ainsi que nous avons pu faire en sorte que soit achetée la propriété du monastère." J'ai admiré l'ardeur au travail et le sens de l'économie de l'Ancien et des siens. (G 349 p.).



CHANT RELIGIEUX



Chants byzantins dans l'humilité.

Un jour, l'Ancien me parlait du sens de la musique byzantine dans le cadre du culte orthodoxe, et des chantres de la Sainte-Montagne : ils chantaient d'une manière simple, avec dévotion, humilité, dans le but de venir en aide aux moines dans leur prière. Et il ajoutait : " Ici aussi, dans le monde, il y a, bien sûrs, de bons chantres, mais voilà, ici, commet te le dire, bien des fois ils chantent avec égoïsme." L'Ancien aimait beaucoup les chants byzantins. Tirés des offices sacrés, ces chants pour lui, comportaient une certaien humilité. Il y voyait la raison du climat de dévotion qu'ils instaurent. ( G 322).



Comment chanter?

"Quand tu chantes, me disait-il, chante avec humilité, sans prendre d eposes, sans faire de mouvements désordonnés avec tes mains, sans sursauter non plus sur le pupitre. Regarde toujours sur le lutrin, sans que les chanteurs bavardent entre eux. Et vis ce que tu chantes, car c'esr de cette manière que cela se transmet aussi à l'assistance." ( Tz 139).



La bonne musique.

"La bonne musique est un grand bienfait pour l'âme de l'être humain."



Le chanteur pieux rayonne la grâce de Dieu.

L'Ancien disait : " La musique d'Eglise est un enseignement. Elle adoucit l'âme de l'être humain et, peu à peu, elle l'élève vers d'autres mondes, spirituels ceux-là. Avec ces sons, elle instille plaisir, agrément, satisfaction, et nous fait voyager dans un autre monde, le monde spirituel... Quand on entre peu à peu en une telle disposition spirituelle, c'est cela que l'on ressent, et c'est cela que l'on doit faire. Tu peux aussi devenir un chantre égoïste : tu gesticuleras, tu prendras des poses stupides, et tu seras vide. Tu peux avoir de la voix, émouvoir de ta voix, et cependant, cet autre, qui est réellement saint, n'a pas seulement de la voix quand il chante. Il a quelque chose d'autre, il n'est pas seulement doté d'une voix : en même temps que la voix, qui est émise sous forme d'ondes sonores, est aussi émise une certaine grâce, par le moyen d'autres ondes, mystiques celles-là, qui touchent les âmes humaines et les émeuvent très profondément. Le musicien qui est, disons le ainsi, vide, a un certain talent. Et il plaît ainsi. Mais le musicien qui est saint émet aussi, en même temps que sa voix, des ondes en série. S'accomplit ainsi un très grand mystère." ( Extrait du fascicule, accompagné d'une cassette, Béni soit Dieu, p. 6-7, 11).



La musique byzantine doit être préférée

à la musique mondaine.

L'Ancien connaissait, par un avertissement intérieur venu d'En Haut, mon amour de la musique en général. Il voulut donc m'aider dans ce domaine-là aussi. Il me dit, par un après-midi où nous marchions dans la pinède : " C'est une bonne chose que d'écouter de la musique. La musique byzantine est plus élevée car elle ne trouble pas l'âme; Elle l'unit à Dieu au contraire, et lui procure un repos total. Si toutefois tu le désires ardemment, tu peux aussi écouter une musique mondaine, mais, pour moi, je te dis qu'il vaut mieux écouter de la musique sacrée." ( G 365).



CONTRAINTE DE L'AME



Ils s'obligent eux-mêmes à faire des choses

en lesquelles ils ne croient pas

et qui ne les reflètent pas.

L'Ancien attirait souvent aussi l'attention sur ce que l'on appelle violence psychologique, autrement dit cet état dans lequel l'être humain exerce une contrainte sur lui-même, en vue de faire diverses choses en lesquelles il ne croit pas, et qui ne le reflètent guère non plus. Il s'agit là d'un état curieux, d'une grande confusion psychologique, qui fait que l'homme se trouve dans un trouble intérieur et dans un terrifiant désordre psychique.

L'Ancien Porphyre aidiat toutes les personnes aux prises avec ce genre de problème à le diagnostiquer et, par la suite, il leur donnait des conseils spirituels pour leur montrer comment, par leur dévotion à Dieu, la prière et la vie selon la volonté de Dieu, dépasser ce problème dans la liberté. ( I 80).



MALADIES MENTALES- NEURASTHENIE



" Tu es dépressive!"

Un jour une dame mondaine, aux nombreux diplômes et aux activités sociales diverses, qui avait pourtant une âme sensible, en était arrivée au bord de la dépression nerveuse. Aussi recourut-elle à l 'Ancien. Celui-ci perçut immédiatement l'état de son âme et le définit d'un seul mot : " Tu es dépressive." La dame en question fut impressionnée par ce diagnostic nouveau pour elle, lequel exxprimait pourtant avec exactitude la désorganisation complète de son âme, qu'elle éprouvait en raison des nombreux problèmes sans issue qu'elle rencontrait.

L'Ancien compatit à sa peine et l'entoura de son affection, la considérant comme l'une de ses filles spirituelles. De son côté aussi, elle devint sa disciple dévouée. Et, sous la conduite lumineuse de l'Ancien, elle put se reconstruire, rasséréner son âme, et renaître en Christ; ( G 205 p.).



Les microbes immatériels de la neurasthénie.

Au parent d'un malade des nerfs, l'Ancien recommandait de faire attention à lui-même, de peur d'être à son tour atteint de cette maladie nerveuse. Ce dernier lui demanda comment une telle chose pouvait advenir, puisqu'une telle maladie n'est pas contagieuse. L'Ancien répondit : " Il n'en va pas comme tu le dis; Les microbes immatériels de la neurasthénie volent. Ils volent comme les moustiques et attaquent l'âme. ( L'Ancien esquissait le vol de ces microbes par des mouvements expressifs de la main). C'est une bonne chose que d'aider quelqu'un qui est malade des nerfs, mais tu dois aussi protéger ta propre âme, avec la grâce du Christ." ( G 201).



Conseils à une mère aux nerfs ébranlés.

A une mère dont les nerfs avaient été ébranlés à la suite de nombreuses épreuves qu'elle avait subies, l'Ancien recommanda de lutter afin d'être sanctifiée. Il lui donna, en même temps, des conseils d'ordre pratique, afin qu'elle parvienne à sortir de son état dépressif et mélancolique : il s'agissait qu'elle tâche de chasser les souvenirs désagréables et les phobies, de se souvenir d'événements heureux, de cultiver des pensées optimistes concernant l'avenir, d'écouter de la bonne musique à son goût, de sortir faire des promenades à la campagne, de rencontrer des amies chrétiennes et d'assister, outre à la Divine Liturgie du dimanche, à des Vêpres et à des Agrypnies ( Veilles de toute la nuit). ( G 294 p.).



De par la sainteté, les blessures de l'âme s'en vont.

L'Ancien voyait à l'intérieur de l'âme des êtres, ce que Dieu lui révélait. Au sujet d'une personne de ma connaissance, il me dit : " Je vois à l'intérieur de son âme, bien que pas très nettement, quelque chose de mauvais : C'est une blessure; Elle est ancienne. Elle est démoniaque. Il se peut que Dieu me révèle plus tard ce que c'est." Et, quelques semaines plus tard : " Cette mauvaise chose que j'ai vue dans son âme peut s'en aller, même seulement si celui-même devient sanctifié. L'homme change de par sa sainteté. Si pécheur soit-il, les blessures de l'âme s'en vont, de par la sainteté. Aujourd'hui, les médecins appellent cela des maladies mentales, alors que, dans la réalité, il s'agit d'une action démoniaque et que cela est dû aux péchés." ( G 122p.).

Les maladies mentales sont guéries par le Christ.

" Les maladies mentales sont, de toutes les maladies, les plus faciles à guérir, disait l'Ancien. Si tu tournes vers l'Esprit Saint tout ce que tu ressens, tes pensées sont sanctifiées. C'est avec la même force que le saint guérit et que le méchant tue. Comprends-tu? C'est de ces choses-là que parlent aussi ces théosphes-là. Ils disent : " Si tu le veux, tu le fais. Fortifie ta volonté." Mais ils parlent sur un plan humain; Ils s'appuient sur les forces humaines. Ils fortifient la volonté. Ils se forcent et, à un moment donné, ils sont brisés et se trouvent en déséquilibre. Alors qu'ici, la manière enseignée par notre foi en vue de la sanctification est la manière naturelle : c'est ce qui convient à l'homme, c'est ce qui est selon sa nature (59).

(59) : ( Sa vraie nature adamique, d'avant la Chute, non sa nature déchue. (NdT)).

Tout est écrit dans l'Ecriture Sainte, mais nous ne le comprenons pas. Nous devons apprendre à comprendre l'Ecriture Sainte. Les maladies mentales sont guéries par le sentiment religieux; La plupart de ces malades te disent : " Personne ne veut de moi; Je suis inutile. On ne me comprend pas. On ne m'aime pas." Ces paroles-là proviennent de leur égoïsme. Quand tu te tournes vers Dieu, tu ne demnades pas, tu n'es pas un homme insatisfait. Tu es content de tout et de tous. Tu aimes les autres et tu es agréable." ( Synaxè, t. 41 ( 1992).).



Ce n'est pas un psychopathe.

Un pèlerin agité était arrivé à Callissia, accompagné de ses parents, pour rendre visite à l'Ancien. Dès qu'il entra dans sa cellule, l'Ancien vit à vue d'oeil le démon dans son âme. Il se mit alors à prier intensément, voulant retenir le visiteur jusqu'au moment où le démon serait expulsé. Mais ce dernier demeurait. Il n'était toujours pas expulsé. Ses parents dirent à l'Ancien que cela ne valait pas trop la peine de s'occuper de cet homme-là, puisqu'il n'avait pas sa raison, et que c'était un psychopathe.

L'Ancien leur assura qu'il n'était pas psychopathe.

Les visiteurs s'en allèrent et quand, quelque temps après, ses parents proposèrent à leur proche de rendre à nouveau visite à l'Ancien, celui-ci leur dit :

" J'accepte d'aller me confesser à d'autres prêtres, mais non au père Porphyre, car c'est un magicien, et il se livre à des pratiques de magie." ( G 127 p.).



Je lui ai parlé sur un ton amical, tout en étant en prières.

Une fille spirituelle de l'Ancien me dit :

" Je travaillais comme infirmière dans un hôpital psychiatrique. Là, j'étais confrontée à de nombreuses difficultés que je dépassais par la prière. Un jour, je fus soumise à une grande épreuve. Un malade mental eut une crise de nerfs. Il s'empara d'un morceau de verre brisé et il voulut m'en frapper. Moi, j'eus très peur, et je me mis aussitôt à prier : " Notre Seigneur Jésus-Christ, par les prières de l'Ancien Porphyre, aie pitié de moi!" D'un geste d'esquive, j'évitai le coup qu'il voulait me porter et je me mis à lui parler sur un ton amical. Lui se calma peu à peu, et je pus lui ôter le verre d ela main. Lorsque je rendis visite à l'Ancien, ce dernier me devança, me disant : " Je t'ai vue quand tu es passée par une grande peur devant ce malade mental. mais le Christ t'a préservée du coup qu'il a voulu te porter." " ( G 119).



Ne lui en tiens pas rigueur, il est neurasthénique.

Le Vendredi Saint, en entrant à l'église, je constatai que, dans le sanctuaire, outre le Petit Père, il y avait un autre prêtre. Ce fait ne me fit pas d'impression particulière, puisque je savais par mon père que la Semaine Sainte est terriblement fatigante pour les prêtres. je supposai donc que le second prêtre était venu aider le Petit Père. Cela semblait tout naturel. Toutefois quand peu après les prêtres sortirent du sanctuaire et commencèrent à chanter les Laudes, j'observai un comportement inadmissible du prêtre étranger à l'égard du Petit Père. Cela me fit une impression pénible, et non seulement sur moi, mais aussi sur toute l'assemblée. Il coupait la parole sans raison au Petit Père, tandis que celui-ci chantait. Il lui faisait continûment, sans raison valable, un tas d'observations. Sur un ton autoritaire, qui était inadmissible, il lui disait : " Arrête! Cesse donc, maintenant! Pousse-toi plus loin!" Et il en arriva même à le bosuculer. Nous étions tous exaspérés, à tel point que je crains, s'in ne s'était agi d'un prêtre, nous aurions eu une conduite agressive à son égard. Pour moi, en particulier, comme j'aimais beaucoup le Petit Père, c'était comme si tout ce que faisait l'autre prêtre m'atteignait et était dirigé contre moi. Et quand on pense, de plus, que tout cela était le fait d'un subordonné, dirigé contre son supérieur! Car le Petit Père n'était pas un simplee prêtre comme l'autre, mais un archimandrite! Il est à noter aussi que la conduite de ce prêtre enevers le Petit Père fut la même, voire pire, durant la procession de l'Epitaphios.

Lorsque l'office fut achevé, j'entrai immédiatement dans le sanctuaire pour me plaindre de la conduite inqualifiable de ce prêtre. Le Petit Père vit que j'étais très courroucé, et il évita de me parler. Mais moi, je n'hésitai pas à faire des observations, y compris au Petit Père lui-même, qui avait toléré toute cette conduite indue de la part de son concélébrant.

" Ne lui en tiens pas rigueur, me dit-il, il est neurasthénique..." J'en restai bouche bée. Ensuite de quoi je me dis : Cet homme, ou bien il est particulièrement ssaint, ou bien il est façonné de façon que ce n'est pas du sang qui coule dans ses veines, mais un calmant et de la camomille! Le temps a démontré que c'était la première hypothèse qui était vraie : C'était un Saint! Puissions-nous l'imiter et lui ressembler! Les portes du Royaume des Cieux s'ouvriront alors toutes grandes pour nous, et celui qui nous y accueillera ne sera nul autre que le Père Porphyre en personne. Ainsi soit-il! ( K 52 p.).