lundi 23 mars 2020

Protestations Orthodoxes.

PROTESTATIONS ORTHODOXES
à la suite de la visite du Patriarche de Constantinople au Pape en décembre 1987
FRATERNITÉ ORTHODOXE SAINT GRÉGOIRE PALAMAS
SOMMAIRE
PRÉSENTATION DES DOCUMENTS
LE PATRIARCHE DIMITRI AU VATICAN
LE GRAND SPECTACLE DE ROME d'André Théodorou, professeur à la faculté de théologie d'Athènes
LETTRE OUVERTE AU PATRIARCHE DIMITRI Du Père Sarantis Sarantou, Professeur au grand séminaire d'Athènes
LETTRE DE PROTESTATION DU MONT ATHOS
LETTRE DES MOINES DE KARYES
PROFESSION DE FOI DES MOINES KELLIOTES
LE GRAND SCANDALE
LE PATRIARCHE DIODORE DE JÉRUSALEM CONTRE L'ŒCUMÉNISME
MONT ATHOS, LES RÉACTIONS S'INTENSIFIENT…
AUTRES DOCUMENTS ‒ Lettre du Métropolite Augustin de Florina au Patriarche Dimitri
‒ Confession de foi du moine zélote Théoclétos Germanos
PRÉSENTATION des DOCUMENTS QUI SUIVENT
Les documents que nous publions ci-après sont des extraits de la presse orthodoxe grecque ; ils ont été publiés à la suite de la rencontre entre le Patriarche Dimitri et le Pape Jean Paul II, survenue fin 1987, où l'on a vu le Patriarche participer « partiellement » à la « liturgie » du Pape Jean Paul II. Cette participation décrite précisément ci-dessous a été nommée par les journaux orthodoxes grecs et par les journaux catholiques uniates une « con-célébration » ; elle est en tout cas un acte de rapprochement sans précédent entre le Patriarcat œcuménique et la papauté, puisque le diacre du Patriarcat revêtu de ses ornements liturgiques a participé jusqu'à l'anaphore à l'Office, a lu l'Évangile et que le Patriarche lui-même a lu le Credo avec le Pape et béni l'assistance. Cet acte du Patriarche Dimitri n'est certes pas un phénomène isolé puisque certains évêques de la Diaspora ont, plus ou moins récemment, pris des positions similaires : l’évêque Stylianos d'Australie a confessé publiquement, sans être désavoué, la « théorie des branches » ; la tendance à donner la communion aux catholiques dans certaines églises de la Diaspora, y compris en France, n'est pas sanctionnée par le Patriarcat ; le célèbre théologien français Olivier Clément, selon le journal grec Orthodoxos Typos, a communié dans une église catholique romaine, là aussi sans désaveu des autorités patriarcales. Tout récemment le Métropolite Damaskinos de Chambésy déclarait : « … On ne doit pas seulement se demander s'il est permis de partager la même et unique table eucharistique, mais également à l'inverse, s'il est permis de la refuser » (S.O.P. Nr. 126). Sincèrement, un grand nombre de fidèles catholiques romains voient dans le Mont Athos le principal centre religieux de l'Europe et espèrent pouvoir accéder en pleine communion avec l'Église orthodoxe aux trésors spirituels et iconographiques qu'ils y trouvent. Les dépendances de la Sainte Montagne en Occident, (et inversement l'aide financière de la Communauté Européenne à la Sainte Montagne), les rencontres théologiques ou les réunions de prières communes, les Offices orthodoxes célébrés dans les églises catholiques romaines (comme tout récemment les Vêpres orthodoxes à Notre Dame de Paris), les bénédictions données en commun aux fidèles par les évêques orthodoxe et catholique, tout cela, à leurs yeux, fait partie d'un même mouvement d'unité, d'harmonie et de « rapprochement des Églises ». Malheureusement ‒ et souvent du fait des orthodoxes eux-mêmes ‒ les catholiques-romains ou les protestants dont nous parlons ignorent totalement que les faits accomplis au nom du Patriarcat de Constantinople suscitent dans l'Orthodoxie, depuis près de trente ans maintenant, de grandes protestations, au point que certains orthodoxes contestent l'autorité du Patriarcat de Constantinople. Les textes que nous publions ci-dessous émanent de prêtres ou de fidèles en communion directe ou indirecte avec le Patriarcat de Constantinople, membres, comme c'est le cas de la plupart des grands monastères de l'Athos, de cette Église. Ils ont tous été écrits ou publiés entre janvier et mars 1988. Il s'agit principalement : ‒ de la lettre de protestation au Patriarche Dimitri de l'ensemble des grands monastères athonites et de leurs représentants ; ‒ de la protestation du Professeur André Théodorou au nom de la faculté théologique d'Athènes, parue dans le journal « Orthodoxos Typos ». ‒ de la lettre de protestation adressée au Patriarche par le Père Sarantis Sarantos, responsable du Grand Séminaire d'Athènes. ‒ d'un article paru dans Ekklesiastikon Agon, le journal du Métropolite Augustin de Florina. ‒ d'une déclaration du Patriarche de Jérusalem. ‒ des Confessions de foi des moines des skites qui, à la suite des évènements de Rome, c'est-à-dire en janvier 1988, ont enlevé le nom du Patriarche Dimitri des commémorations faites à la liturgie, rompant ainsi la communion avec lui. À quoi s'ajoutent différents commentaires du journal « Orthodoxos Typos ». En annexe, pour montrer que ces protestations ne sont pas isolées, nous publions divers documents un peu plus anciens, l'un du Métropolite Augustin de Florina avertissant le Patriarcat de ses erreurs, l'autre, vraiment prophétique, du moine zélote Théoclétos. Tous ces textes qui ont maintenant une valeur historique affirment que le dialogue avec la papauté repose sur un mensonge s'il est conçu comme dialogue « d'Église à Église » parce que l'Église orthodoxe ne reconnaît pas le caractère d'Église, « l'ecclésialité » comme on dit aujourd'hui, à la papauté : cela est particulièrement clair dans la lettre des Athonites au Patriarche Dimitri, qui tient lieu de Confession de foi de la Sainte Montagne toute entière en ce qui concerne les relations avec les hétérodoxes. Les autres textes disent aussi clairement que la papauté n'appartient pas à l'Église du Christ. Ce qui surprend l'observateur attentif, c'est que, en ce mois de mars 1988, deux mois après la parution de ces textes, le Patriarcat œcuménique ‒ malgré ses déclarations antérieures et sa pratique dans la Diaspora ‒ ne répond publiquement rien à ces textes, et ne condamne pas officiellement les déclarations des moines athonites qui dépendent directement de lui : or, de deux choses l'une : 1) « qui ne dit mot consent » ; le Patriarcat de Constantinople reconnaît comme orthodoxe et conforme à la Tradition le contenu de la lettre des Athonites et alors les représentants de ce Patriarcat en Occident et aux U.S.A. trompent les Occidentaux qui sincèrement croient que la « réunion des Églises » est proche ; pire, ils les empêchent de revenir dans la véritable Église, en leur empêchent de revenir dans la véritable Église, en leur faisant croire que l'Église orthodoxe reconnaît leurs « Églises » hétérodoxes. Alors, inévitablement, tôt ou tard, les Occidentaux sincères se retourneront contre les hiérarques d'un Patriarcat dont les représentants disent des choses si contraires 2) Inversement, si le Patriarcat suit et dépasse même la ligne d'Athénagoras, c'est-à-dire une ligne unioniste, alors ce sont les athonites et de nombreux orthodoxes qui ont été trompés par les promesses vagues de « défendre l'Orthodoxie » d'un Patriarcat qui donnerait en secret d'autres instructions à ses évêques. Dans ce cas, à court ou à plus long terme, ce sont les zélotes, les « vieux-calendaristes » et tous ceux qui ont rompu avec le Patriarcat qui sont justifiés Nous connaissons beaucoup d'orthodoxes en France qui sont troublés par les activités contradictoires et œcuménistes du Patriarcat de Constantinople ; certains sentent bien qu'ils sont trompés mais ils n'osent pas penser que leurs hiérarques puissent dire une chose et en faire une autre, célébrer le Dimanche de l'Orthodoxie, celui de saint Grégoire Palamas ou encore les fêtes de saint Marc d'Éphèse ou des martyrs de Zographou et préparer tranquillement l'union avec Rome… Ces sentiments de confiance et de respect les honorent, mais l'action du Patriarcat de Constantinople suit une ligne continue et presque irréversible depuis Athénagoras ; en tout cas, notre devoir est de les informer. Pourquoi se taire, pourquoi mentir ? Pourquoi faire croire à une unanimité désirant le « dialogue » et l'union alors qu'une partie importante des orthodoxes dénoncent les présupposés officiels de ce dialogue. Ce n'est jamais manquer de charité que de dire la vérité, bien au contraire, selon saint Photios le Grand, c'est le premier devoir de la charité. Il y a quelques années, en 1977, le Père Justin Popovic protestait contre le projet, préparé par Constantinople, d'un Grand Concile destiné à réviser l'Orthodoxie. À propos du Patriarcat de Constantinople, il écrivait : « Soyons francs: la conduit des représentants du Patriarcat de Constantinople dans ces dernières décennies est caractérisée par la même inquiétude malsaine, par la même situation de maladie spirituelle que celle qui conduisit l'Église à la trahison et à la honte de Florence au XVe siècle ». Le Père Justin s'est endormi dans le Seigneur en 1979 ; même si certains, étrangement, se taisent, d'autres après lui se sont levés ‒ comme le prouvent les documents que nous publions ci-dessous ‒ qui témoignent, de l'intérieur pourrait-on dire, du progrès de la maladie. De fortes pressions ‒ même dans certains milieux athonites ‒ sont exercées contre les prêtres, les moines et les laïcs qui ont protesté ; certains veulent à tout prix les faire taire. Qu'importe d'autres zélotes s'ajouteront tôt ou tard à ceux-là, car il est impossible pour de vrais orthodoxes amoureux de la vérité, de croire que sont de vrais évêques de l'Église ceux qui annoncent un « autre évangile » que celui qui a été annoncé par les Prophètes, prêché par les Apôtres, dogmatisé par les Pères et les Conciles Œcuméniques, et reçu par l'Église. Par les prières de nos Pères saints, Seigneur Jésus Christ, aie pitié de nous ! LE PATRIARCHE DIMITRI AU VATICAN Le Pape lui demande de reconnaître Sa Primauté Dans l'immense église de Saint-Pierre, ornée de fleurs, pleine de personnalités officielles et d'autres latins, (bon nombre de sièges étaient inoccupés), sur une estrade dressée devant l'autel, sous lequel se trouve le tombeau de l'apôtre Pierre, étaient disposés deux trônes. Dès le début de la messe des Franks (sic), le Pape latin et le Patriarche montèrent, au son des orgues, sur l'estrade et s'assirent sur leurs trônes. Le Pape commença, en latin, ses prières, ‒ certaines avaient été rédigées pour les circonstances ‒ en faveur de « l'union » ; puis apparut le diacre du Patriarche Dimitri, vêtu de ses ornements, qui lut l'Évangile en grec ! De même, le diacre orthodoxe participa à une sorte de « petite entrée », portant l'Évangéliaire que le Pape baisa, alors que le diacre latin le fit baiser au Patriarche, qui bénit l'Assemblée en chantant : « Paix à tous ! » Ensuite, le Pape et le Patriarche récitèrent ensemble en grec le « CREDO », sans le FILIOQUE, sans doute pour laisser penser que le Pape et le Patriarche avaient désormais la même foi ! Ces discours furent échangés entre le Patriarche et le Pape. Le premier a parlé en grec, le second en italien, mais, paradoxalement, n'a pas été traduit en grec, pour que le Patriarche puisse l'entendre, comme cela se fait en pareil cas. Le discours du Patriarche a été traduit en italien par le Métropolite Chrysostome de Myres qui parle cette langue, mais, chose curieuse, la traduction a été bien plus longue que le discours du Patriarche en grec. Il semble que le Métropolite a transmis en italien des paroles du Patriarche que ce dernier ne souhaitait pas faire entendre en grec. Nous tâcherons d'éclaircir cette question. Toujours est-il que, selon les informations de la presse, le Pape, dans son discours, a souligné que « si les latins et les orthodoxes s'unissaient un jour, l'Église de Rome respecterait les coutumes de l'Église orthodoxe », comme elle l'a fait pour les uniates ! Cette déclaration du Pape pour « l'uniatisation » de l'Orthodoxie a été favorablement accueillie par le Patriarche Dimitri. Ensuite le Pape et le Patriarche ont échangé le baiser de paix, et le Patriarche quitta l'estrade pour aller rejoindre la délégation patriarcale. Le Pape célébra seul la messe. Au moment où les latins croient que s'opère la « transubstantiation » des dons en Corps et Sang du Christ, le Pape et le Patriarche s'embrassèrent à nouveau ! Cet acte, ont dit les journalistes, non prévu par le protocole, a été une inspiration du moment ! Voilà la « concélébration » du Pape et du Patriarche latinisant Dimitri, faite à Rome le 5 décembre 1987, et que la télé italienne a qualifiée comme « un des moments les plus importants de l'œcuménisme » ! En accueillant le Patriarche Dimitri, le Pape lui a dit : « C'est un grand jour. Le jour de la venue du Christ se répète » ! À son arrivée à Rome, Dimitri a déclaré : « Nous sommes venus pour échanger le baiser en Christ, et pour témoigner, devant le monde, que l'amour lie et doit lier les chefs ecclésiastiques, tous les chrétiens et tous les hommes en général ; car c'est un commandement divin et sublime, le seul capable de transfigurer la face de la terre ». Le même jour, le Pape et le Patriarche ont eu un entretien particulier, dans la bibliothèque papale où les cadeaux furent échangés. À la Basilique du Latran, où sont inhumés les Papes Jean XXIII et Paul VI, le Patriarche a célébré l'Office des défunts pour le repos de leurs âmes au paradis ! À l'université pontificale du Latran, devant mille étudiants, l'Abbé de l'ordre bénédictin a salué le Patriarche qui a déclaré que « malheureusement souvent, la théologie, au lieu d'être un point de référence pour l'union des Églises, était utilisée pour diviser ». Aujourd'hui, cela ne se justifie plus, « parce que nous avançons sur la voie du dialogue, de l'amour et de la vérité » ! Au Colisée, il a dit à la presse que « sa diaconie (tâche) était toute consacrée à l'union et au dialogue ». Il a exprimé sa conviction que telle était aussi la volonté du Pape : « Nous travaillons, maintenant, pour en faire une réalité » ! « La visite du Patriarche œcuménique Dimitri » à Rome, écrit le « QUOTIDIEN » d'Athènes, est qualifiée, par les cercles ecclésiastiques, non seulement comme de grande importance, mais aussi comme étant un fait irréversible dans l'histoire des deux Églises. Jamais chef religieux ou politique n'est apparu au balcon de Saint-Pierre à l'heure de l'Angélus consacrée par les siècles, devant des fidèles venus du monde entier, pour recevoir la bénédiction du Pape seul. Avant hier, avec le Pape, Jean-Paul II, est apparu, modeste mais rayonnant, le visage du Patriarche de Constantinople Dimitri, qui a conquis l'amour du monde entier et qui a brisé cette tradition inviolable. Les milliers de fidèles ont acclamé les deux chefs, et le soir, le canal I de la télévision italienne annonçait : « Aujourd'hui ont eu lieu deux rencontres d'importance mondiale : Reagan-Gorbatchev à Washington et Pape-Patriarche à Rome ». Quand, pendant la messe papale, le Patriarche s'éloigna du Pape pour rejoindre la délégation patriarcale, le Pape a pleuré, en voyant le Patriarche s'éloigner. Un autre correspondant de presse, du même journal, écrit ces mots révélateurs : « Le Pape a prononcé une homélie qui, en certains endroits, avait un caractère de déclaration programmée, pour l'union des chrétiens : sans détour, le Pontife a traité ce sujet brûlant et a demandé que la primauté de Rome fut reconnue, non pas seulement formellement, mais aussi substantiellement. Avant, a-t-il dit, que chaque Église « ne prît sa propre route, cette primauté était admise par tous ». ORTHODOXOX TYPOS No768, 11 déc. 87 LE GRAND SPECTACLE DE ROME d'André Théodorou Professeur à la faculté de théologie d'Athènes Le 6 décembre 1987 a été donné, à Rome, un spectacle œcuméniste de toute première grandeur. Les vedettes en étaient les primats de deux grandes Églises, celui de la Papale et celui de l'Orthodoxe ; tous deux ont interprété une étrange « concélébration ». La scène fut l'imposante basilique de Saint-Pierre ; les spectateurs : une vaste assemblée ecclésiastique de fidèles latins, parmi lesquels beaucoup d'officiels et très peu ‒ croyons-nous ‒ d'orthodoxes : le haut du clergé de la suite du Patriarche œcuménique. L'heure de la représentation fut celle de la célébration de la Sainte Messe Latine, avec, pour fond, le dialogue de l'amour et de l'union si attendue des Églises. Embrassades, accolades, échange d'allocutions et autres manifestations de ce genre n'ont pas manqué, cela va de soi, de provoquer les applaudissements des assistants. Mais l'affaire étant grave, elle risque de créer des impressions erronées et des interprétations préjudiciables ; qu'il me soit permis de signaler, ci-après, certains éléments que je propose à la critique orthodoxe. I Le premier élément, je dirai, c'est cette « concélébration » en elle-même. Que signifie concélébration ? Comme le terme l'indique, elle signifie participation à la célébration de la divine liturgie ‒ dont l'épicentre est le mystère de la divine eucharistie ‒, le corps eucharistique du Christ, l'Église, offert à Dieu-Trinité. C'est l'expression liturgique de l'unité mystérielle de l'Église, de la foi une, du baptême un, du caractère un, de la tradition une, de l'amour liturgique un et de la confession, dans la « concorde », du Père, du Fils et du Saint Esprit. Dans la Divine Liturgie s'exprime, d'une manière symbolique et représentative, la catholicité de l'Église, la profonde unité du corps avec sa Tête surnaturelle, dans la communion mystérielle au même calice de la vie. Si tout cela est juste, se pose alors, automatiquement, la question : sous la « concélébration » célébrée à Rome ‒ même si la participation à celle-ci du Patriarche œcuménique a été limitée ‒ ces données ont-elles existées : l'unité de la foi et la catholicité de la tradition ecclésiastique ? Quel fidèle orthodoxe peut affirmer une telle chose ? Dans la basilique de Saint-Pierre se sont rencontrées deux ecclésiologies diamétralement opposées l'une à l'autre : d'un côté l'ecclésiologie du papisme corrompue par sa chute hors de la tradition apostolique, avec ses affabulations inadmissibles sur la primauté papale et l'infaillibilité et une foule d'autres égarements dogmatiques et, de l'autre côté, l'ecclésiologie de l'Église orthodoxe, pure, sans tache, telle qu'elle a été créée par le Christ, édifiée sur le fondement des apôtres et des prophètes, sans altération aucune de la foi transmise de l'Église apostolique primitive. Et nous demandons : la présence du primat de l'Orthodoxie dans l'Église papale, et, d'une certaine manière, sa participation à la messe latine, n'est-elle pas une contradiction ? Cette présence n'entre-t-elle pas en conflit avec la tradition séculaire de l'Orthodoxie, dont la conscience a qualifié le Pape d'hérétique ? N'y a-t-il pas là transgression des saints canons qui interdisent, sévèrement, même la simple prière avec les hérétiques ? II Le second élément, énigmatique, de toute cette manifestation, c'est la récitation commune, en grec, du Credo sacré de la foi, sans l'addition de la phrase hérétique du « FILIOQUE », chose en principe juste, mais susceptible de conclusions extrêmement dangereuses, comme de laisser entendre que sur ce point grave du dogme de l'Église de la Sainte Trinité, il y a unité de foi entre les deux Églises séparées. Pour conjurer ce danger, qu'il me soit permis de noter ce qui suit : a) la récitation du Credo de la foi, sans le FILIOQUE, est sans risque pour le Pape. Elle ne signifie rien d'important ni d'essentiel ; il l'a récité ainsi, pendant des siècles, avant le schisme des Églises. Après le schisme, pendant longtemps, la Rome latine a rejeté, avec insistance, l'addition de cette phrase au Credo sacré de la foi. b) jusqu'à présent, nous n'avons rien d’officiel, sur une décision autoritaire du Pape relative à la suppression du FILIOQUE. Ce qu'il y a de sûr, c'est que pendant que le Pape récitait le Credo sans la phrase litigieuse, tous les prêtres de l'Église latine clamaient : « EX PATRE FILIOQUE », du Père et du Fils ». c) l'important n'est pas la simple suppression de l'addition, mais la théologie qu'elle implique. Ne nous laissons pas tromper. Le FILIOQUE est un dogme important de l'Église latine, officiellement formulé par le concile latin de Lyon II en 1274. Il est une vérité de foi, DE FIDE, obligatoire pour toute l'Église. Pour nous, au contraire, le FILIOQUE est une hérésie, une cacodoxie majeure, qui porte une grave atteinte à la procession hypostatique et à la relation des Personnes de la Sainte Trinité, qui rabaisse la Personne et l'œuvre divine du Saint Esprit qui est l'âme de l'Église. Le FILIOQUE conduit à un christomonisme inadmissible auquel ne peut échapper l'Occident latin. Le Pape peut-il effacer, par une simple récitation, la décision dogmatique officielle de son Église ? Renier et lui-même et son ecclésiologie ? Si cela ne peut se faire, alors quelle signification a, pour lui, la récitation du Credo sans le FILIOQUE ? Sa langue disait une chose pendant que son esprit et son cœur en disaient une autre ? III Le troisième élément important, c'est la théologie de la « BERGERIE », expression de l'esprit et des tendances du papisme. Selon cette théologie, l'Église papale est la BERGERIE à laquelle le Christ a confié la pastorale de ses brebis raisonnables. « L'Archipasteur » de cette BERGERIE, c'est le Pape, successeur de l'apôtre Pierre sur le trône apostolique de Rome. Ceux donc qui se trouvent hors de l'Église de Rome, sont des brebis séparées et égarées ; elles doivent revenir à la BERGERIE, devenir membres vrais et actifs de l'Église du Christ, dont le Pape est la tête première, suprême, autoritaire et infaillible ! Aussi considère-t-il le Patriarche œcuménique, même dans ses embrassades les plus chaleureuses et ses salutations fraternelles les plus émouvantes, comme un frère égaré, comme une brebis « perdue » qu'il doit sauver, prendre sur ses épaules et ramener dans son pacage ! Ne nous égarons pas, frères. L'idée de la primauté papale et de l'infaillibilité, qui répugne à la conscience orthodoxe, par son mensonge et son absolutisme, se trouve dans les jointures mêmes de l'ecclésiologie du papisme. Sa foi, le Pape ne manque jamais l'occasion de l'affirmer et de la claironner. À temps et à contre-temps, il nous l'envoie à la figure et révèle la manière dont Sa Sainteté conçoit l'union des Églises : il suffit seulement de reconnaître sa primauté ! Quant au reste, il ne s'en encombre pas. Il respectera, a-t-il souligné ‒ nos coutumes orthodoxes ! Grande est sa condescendance ! En d'autres termes, il rêve d'une union à l'exemple du lamentable et misérable UNIATISME, qu'il ne cesse de chérir et de fortifier, toujours au préjudice de la sœur Orthodoxie, et cela malgré ses déclarations spectaculaires ! IV Le quatrième point, lui aussi très important, c'est le DIALOGUE DE LA CHARITÉ dont on fait grand bruit. Mais la CHARITÉ ne peut être l'objet d'un dialogue. En tant que commandement divin, elle est dans nos cœurs. Si elle en était absente, aucun dialogue ne pourrait la restaurer. Ce qui devrait, au contraire, être l'objet d'un dialogue, c'est la VÉRITÉ, laquelle est absente de la chrétienté déchirée, des Églises hétérodoxes. C'est d'elle qu'il faut parler et dialoguer, elle qu'il faut trouver et rétablir : la vérité qui nous rend libres. Pour nous, orthodoxes, il n'y a absolument aucun problème. Dans notre Église se trouve toute la vérité, telle que le Christ l'a révélée et que les Apôtres l'ont transmise. C'est pour cela que l'Église orthodoxe est appelée « catholique et apostolique ». Pour que la vérité se révèle, il n'y a pas d'autre voie que le dialogue théologique œcuménique, qui doit se dérouler avec circonspection, intelligence et discernement. Quand, dans le Dialogue dit de la Charité, l'accent est mis sur celle-ci, au détriment du Dialogue sur la vérité, les dangers qui se présentent sont alors nombreux et graves. Les pas faits pour l'union sont inconsidérés et précipités. L'œcuménisme devient un piège aux conséquences incalculables pour la vraie union des Églises. Seul, le Dialogue de la vérité peut aider les Églises à un vrai rapprochement, à des relations qui peuvent faciliter une réelle ré-union. De même, est aussi dangereuse qu'irréelle, la déclaration qui dit : « Nous avançons dans le dialogue, appuyés sur de nombreux points qui nous sont communs et qui nous lient ». Mais le problème des Églises, ce n'est pas l'amour commun et leur foi, mais leurs divergences et leurs schismes, qui constituent leur maladie que nous devons diagnostiquer et guérir. Si l'organisme corporel souffre du cancer du poumon, il ne sert à rien au malade d'avoir d'autres membres, ‒ mains et pieds ‒ en santé. Quand un malade souffre du poumon, ses autres membres sains ne lui sont d'aucun secours. Il en va de même ici ; on peut trouver des points d'accord et de foi commune, mais les multiples divergences et oppositions si variées sont, cependant, la maladie grave, le cancer des Églises. Ce sont elles qui doivent être réglées, pour que l'organisme inter-ecclésiastique recouvre la santé. À moins que la déclaration citée ci-dessus ne soit un masque pour progresser vers une union, de type laïque, des Églises, une construction hâtive et forcée, fondée sur le sable, destinée à s'écrouler au premier coup de vent. Sur ce point, on doit être d'une grande prudence et, tout particulièrement, les chefs de notre Église. Stimulés par un œcuménisme mal entendu, ils veulent rejeter le « provincialisme » ecclésiologique1 (dont ils accusent les chrétiens orthodoxes traditionnels !) et procéder à des ouvertures spectaculaires sur la scène du théâtre inter-chrétien de l'univers. Au lieu du dialogue intelligent et prudent de la vérité, qu'ils se doivent de faire, avec le sentiment aigu de la responsabilité, avec humilité de cœur et crainte de Dieu, ils se livrent à des schismes et à des bonds œcuménistes. Au lieu d'une réelle union des Églises, sur le fondement de l'unique foi, de l'unique baptême, ils envisagent un assemblage extérieur d'Églises, un monstre ecclésiologique, un faux compromis, et ils ne feront que déchirer la tunique de l'Orthodoxie. Dans une telle perspective, une partie importante du plérome orthodoxe ne les suivra pas. Le schisme au sein de notre Orthodoxie est certain, schisme vu pour la première fois et qui sera impitoyable ! Orthodoxos typos No770 du 25 12 1987 Lettre ouverte Au Patriarche Dimitri du Père Sarantis Sarantou Professeur au Grand Séminaire d'Athènes Sainteté ! Je baise votre droite. Les impressions que vous avez laissées chez notre peuple orthodoxe sont encore vives et fraîches. Votre personne a été un modèle épiscopal, et votre caractère ecclésiastique a « uni ce qui était opposé » et donné du tonus à notre peuple en lutte. Vous avez, vous aussi, certainement constaté la profonde piété, l'enthousiasme spirituel et la solide pensée orthodoxe de notre peuple. Vous l'avez éprouvée, dans la chaleureuse réception qu'il vous a réservée. Ce peuple, tel un seul corps, suit votre tournée, édifié spirituellement par vos paroles et votre vénérable personne. Mais notre peuple a été stupéfait et étonné quand il vous a vu, sur les écrans de la télévision, participer à la Messe Vaticane. Permettez-moi, moi qui suis le dernier parmi les prêtres de notre Église, confesseur et supérieur d'une paroisse de dizaines de milliers de fidèles de la capitale, professeur du grand séminaire du Rizarion, de vous transmettre les diverses questions posées par notre troupeau sauvé par Dieu et par nos séminaristes. J'ajoute aussi mes problèmes personnels dus à ma charge pastorale, comme le dernier des fils à son Père spirituel. Je résumerai, en trois catégories, les questions. 1) Vous avez dit, Sainteté, à nos séminaristes lors de votre visite à notre séminaire, qu'ils devaient, comme prêtres, offrir humblement leur service au monde contemporain, comme l'avaient fait les apôtres. Vous avez aussi souligné la place exceptionnelle des saints apôtres, dans le corps entier de l'Église. Vos paroles ont eu un profond retentissement, chez nos candidats au sacerdoce. Mais une grande stupéfaction spontanée s'est emparée d'eux : « Nous connaissons l'unité de la Tradition Ecclésiastique, disent-ils, et sa catholicité, non seulement par les saints canons de l'Église, mais aussi par d'autres éléments. Nous connaissons aussi les Canons Apostoliques 45, 46, 56, qui interdisent, clairement, la prière commune faite avec des hérétiques et des hétérodoxes. Comment donc est-il possible de louanger, d'une part des saints apôtres, et de l'autre, de mépriser leurs règles ? Les saints apôtres ne possédaient-ils pas la vision divine du futur ? Tout ce qu'ils ont fait et dit, ne valait-il que pour le cadre étroit de leur époque et de leur pays ? Leur pensée et leur disposition intérieure n'étaient-elles pas inspirées par un amour, sans mesure, pour leurs semblables ? Pourquoi les saints apôtres et leurs successeurs immédiats se sont-ils exprimés avec tant de sévérité contre les hérétiques ? N'avaient-ils pas eux aussi, de l'amour apostolique ? » 2) L'événement du dimanche 6 décembre n'était pas une simple prière en commun, déjà formellement interdite par les règles des apôtres, c'était une participation à une « divine liturgie ». Pour nous, les orthodoxes, la divine liturgie orthodoxe dépasse les limites de la prière et devient la manifestation du Royaume des Cieux. Tous les orthodoxes vous ont vu embrasser ‒ et pas qu'une seule fois ! ‒ le pontife hétérodoxe, comme si aucune divergence ne vous séparait. Les historiens des religions affirment que le baiser commun exprime la totale identité de vues, la ressemblance absolue et l'unité de la foi. 3) À plusieurs reprises, les médias de l'information, volontairement ou non, ont parlé de concélébration. On a eu l'impression, en suivant la « Messe » latine, de retourner en arrière, en 1950, quand les organisations religieuses étaient à leur zénith, à l'époque où la divine liturgie de ces organisations était célébrée dans de grandes salles, avec un formalisme étouffant, étranger au climat détendu, spontané, qui est celui de nos paroisses orthodoxes et de nos monastères orthodoxes. Maintenant, alors que ces organisations religieuses s'ecclésifient et s'orthodoxisent, on remet à l'honneur, à nouveau, ce genre de liturgie, fort heureusement rejeté par la dynamique donnée par l'Esprit à notre peuple orthodoxe. Nous savons que saint Jean Chrysostome ne permettait même pas aux catéchumènes d'assister à la liturgie proprement dite et que lui-même vivait l'exclusivité de la divine liturgie. Il croyait que la liturgie était la manifestation du Royaume de Dieu sur la terre, et que seuls les initiés pouvaient la vivre avec leurs sens spirituels exercés. Comme vous le voyez, Sainteté, nous sommes dans une problématique sans issue. En nous se forme une crise de conscience. Chaque jour, nos paroissiens et nos séminaristes nous assaillent avec leur problématique vraiment orthodoxe. En tant que confesseur et professeur, nous devons donner une réponse responsable. Il n'est pas juste de laisser à découvert votre personne, aux yeux des fidèles, ni de rabaisser leur estime pour la tradition ecclésiastique orthodoxe et apostolique. 4) Certains nous disent : Était-il nécessaire que le chef de l'Orthodoxie s'identifiât avec le modèle sécularisé des prêtres papistes et la musique polyphonique papale qui vous disloque ? La riche tradition musicale et hymnologique, de qualité divino-humaine, a arrosé tout le corps de l'Église et notre Patriarcat orthodoxe a, positivement, contribué à la formation de cette tradition unique au monde. Comment la sensibilité orthodoxe ne serait-elle pas choquée par l'infériorité de la musique religieuse polyphonique et séculière de l'Occident et aussi par l'infériorité du rite occidental, que nous avons vu le 6 décembre, et que devraient imiter, le cas échéant les orthodoxes ? 5) Dans le Credo de la foi, vous avez confessé, avec le Pape, croire en l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique. De cela, on doit, nécessairement, déduire trois choses : a) Ou bien l'Église Une est l'Église orthodoxe, et c'est ce que croient les orthodoxes. (Le Pape et ses adeptes le croient-ils ?) b) Ou bien l'Église Une est la papale, chose que les orthodoxes ne croient pas. (Nous ignorons ce que les papistes pensent à ce sujet). c) Ou bien encore, l'Église Une et Indivisible c'est toute l'Église du Christ, l'orthodoxe et la papale ensemble (hypothèse que très peu de gens peuvent soutenir et que ni les orthodoxes ni les papistes n'acceptent en réalité). Quel est alors les sens de cette récitation commune du Credo de la foi, étant donné que le doute et la contestation existent chez les orthodoxes ou chez les papistes ou encore chez les deux ? Certains, hommes simples, dont les critères ne sont pas formés, croient qu'une sorte d'union a été faite, puisque « de part et d'autre » a été confessée la foi en l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique, surtout au cours d'une sainte messe. Certains ont dit : « Si nous croyons vraiment en l'Église Une et apostolique, comment pouvons-nous supprimer et annuler les canons des saints apôtres ? N'y a-t-il pas là de la contradiction ? » En outre, nous ne sommes nullement enthousiasmés par le fait que le Pape ait récité le « Credo » sans le FILIOQUE. Le FILIOQUE n'a pas été la cause principale du schisme. Il a été inventé plus tard, pour consolider le schisme. En conséquence, le Pape peut facilement accepter une réforme dogmatique qui ne lui coûtera rien. Pour lui, seuls sa Primauté, son pouvoir et son infaillibilité ont de l'importance et restent intouchables. VI Aujourd'hui, au moyen de la télévision, l'éducation est dispensée à tous les citoyens par l'État qui s'immisce dans le domaine religieux. Ne lui donnons-nous pas, à partir de ce jour et de la « messe » du 6 décembre, la liberté de présenter ce genre de culte, qui de facto neutralisent les critères orthodoxes des aînés et des jeunes plus encore ? On sait, par la pédagogie, que la surveillance est un facteur fondamental d'enseignement. Si donc, on donne des transmissions télévisées de « messes » hétérodoxes, n'y aura-t-il pas alors corruption de tout le système éducatif orthodoxe ? Certains, de parti-pris, ne trouveront-ils l'occasion de désorienter notre jeunesse, prétextant l'exemple de votre participation à la « messe » du Pape du 6 décembre ? VII On entend dire, de différents côtés, que l'objectif des grands de ce monde, c'est la création d'un monde unifié : Marché Commun, administration commune, économie commune, coutumes communes et religion commune. Dans ce totalitarisme, dans cette collectivisation de la vie, ne devons-nous pas opposer, humblement, la liberté en « Christ » que nous donne l'Orthodoxie ? Dans la « Messe » commune du 6 décembre, a-t-on vu, à un quelconque moment, l'élément mystique et spirituel de notre culte ? Notre culte orthodoxe « qui est au-delà de toute intelligence » a été complètement enseveli aux yeux des télé-spectateurs orthodoxes et catholiques. Devons-nous être si souples devant un syncrétisme religieux si avisé ? VII Ne pouvait-on pas trouver un autre mode de relations avec les Occidentaux, non formellement interdit par les canons précités, de même que par le 7e canon du IIe Concile Œcuménique, le 95e du VIe Concile Œcuménique et par les règles 1, 20, 47 de saint Basile le Grand ? Sainteté, Nous ne craignons pas tant la polémique « profane » livrée aujourd'hui contre l'Église orthodoxe et son clergé, que les nouvelles brèches qui menacent l'unité du monde orthodoxe et qui ont pour cause la tactique philopapiste. Notre peuple sait très bien que l'ecclésiologie et la mentalité des papistes sont radicalement différentes de celles des orthodoxes. Il n'est pas facile à duper par les apparences et les spectacles en couleur télévisés. Pourquoi induire en tentation, inutilement, le peuple de Dieu ? Sainteté, Si les questions ci-dessus ne reçoivent pas de réponse ecclésiastiquement satisfaisante, la confiance de nos fidèles dans le Phanar sera gravement ébranlée. L'ardente consécration de notre peuple orthodoxe baissera envers le Patriarcat œcuménique. Dans le respect qui vous est dû, « nous demandons vos bénédictions ». + Protopresbytre : Sarantis Sarantos. O.T. Item.Texte des canons apostoliques cités dessus Canon 45 L'évêque ou le prêtre ou le diacre qui n'aura fait que prier seulement avec des hérétiques, qu'il soit rejeté. S'il leur permet d'agir en tant que clercs, qu'il soit alors déposé. COMMENTAIRE Le présent canon ordonne que l'évêque, ou le prêtre ou le diacre qui n'aura fait que prier seulement, sans même concélébrer, avec des hérétiques, soit rejeté. Parce que celui qui prie avec ceux que l'Église rejette, comme c'est le cas des hérétiques, doit être lui aussi rejeté, selon le 10e canon des apôtres. Et s'il a permis à des hérétiques d'accomplir une quelconque fonction liturgique en tant que clercs, qu'il soit alors déposé ; parce que tout clerc qui concélèbre avec ceux qui sont déchus, comme le sont les hérétiques, selon les canons 2 et 4 du IIIe Concile Œcuménique, est lui aussi déposé selon le 11e Canon des mêmes apôtres. On doit haïr les hérétiques et les éviter et ne jamais prier avec eux, ni leur permettre d'officier comme clercs ou prêtres. Canon 46 L'évêque ou le prêtre qui aura reconnu pour valide le baptême, le sacrifice des hérétiques, nous ordonnons qu'il soit déposé. Car quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? Quelle part le fidèle a-t-il avec l'infidèle ? Canon 56 Si un clerc ou un laïc entre dans une synaxe des hérétiques pour y prier, qu'il soit déposé et rejeté. Lettre de protestation du Mont Athos Maître très saint, Avec piété et vénération, nous baisons votre sainte main droite. Tout d'abord, nous exprimons notre joie de pouvoir communiquer avec vous, par la présente lettre de notre communauté, désirant, à l'occasion de cette fin d'année 1987, aborder certains problèmes ecclésiastiques de la vie de l'Église, relatifs à son témoignage dans le monde contemporain et touchant, gravement, au salut des hommes. Il est bon, Maître saint, que le Mont Athos suive la vie de l'Église et tout ce qu'elle fait, en tant que mère, pour ses enfants, et aussi pour ses membres séparés et coupés de son corps, eux aussi enfants de Dieu, même s'ils ont quitté la maison paternelle pour un pays lointain. C'est donc avec un intérêt accru qu'elle suit les rapports avec les hétérodoxes, et il est naturel qu'elle s'inquiète, toutes les fois que ces rapports s'écartent de l'ecclésiologie et de la tradition orthodoxes. Dans le passé, Sainteté, nous avons importuné la Mère Église à propos de ces rapports et en particulier, au sujet de l'intercommunion mystérielle avec les hétérodoxes, par notre lettre communautaire Ph. I. 2. 928 du 9 11 1983, où, avec détails et preuves théologiques, nous avons exposé tout ce que le saint Athos pense des Catholiques-romains, auxquels il nie la validité et la présence de la grâce divine dans leurs sacrements, suivant en cela les saints Pères et l'ecclésiologie orthodoxe des trois premiers siècles. (Sur la présence ou non de la grâce dans les sacrements des schismatiques et des hérétiques, consulter l'étude approfondie et détaillée de Jean Zizioulias, Métropolite de Pergame : L'unité de l'Église dans l'évêque et la divine eucharistie, aux trois premiers siècles Ath. 1965). Dans notre lettre communautaire sus-citée, nous avons exposé les raisons pour lesquelles les Catholiques-romains n'ont pas de succession apostolique, parce que la succession apostolique n'est pas, seulement, une chaîne ininterrompue d'évêques remontant aux apôtres, mais la démonstration de la garde inaltérée, non falsifiée, de la foi apostolique, que les catholiques-romains ont tronquée dans les dogmes essentiels. Le Mont Athos ne partage pas l'opinion selon laquelle il y aurait d'autres « églises » que l'orthodoxe. Il n'y a, seulement que des communautés d'hérétiques et de schismatiques, confessant leur foi en Christ, tout autrement que ne le confesse la Sainte Église du Christ, qui est l'Église une identifiée à l'Église orthodoxe. Nous nous sommes réjouis, Maître saint, alors, parce que le vénérable Patriarcat œcuménique partageait les inquiétudes et les doutes exposés dans notre lettre en question et, en réponse, adressa à notre sainte Communauté, par la Lettre patriarcale 649/28 12 1983, la décision du Saint Synode qui nous satisfit en tout, et qui confirmait l'Encyclique sur l'intercommunion avec les hétérodoxes de feu le Patriarche Athénagoras, publiée, peu après, comme Encyclique aux évêques du trône, dans le périodique « Episképsis » et, en même temps, vous nous informiez que vous aviez écrit, à ce sujet, aux Patriarcats d'Antioche et de Russie et dénoncé les cas où les saints mystères étaient donnés aux Catholiques-romains hérétiques. En outre, vous avez promis, par écrit, à la sainte Communauté, de soumettre cette affaires aux Églises orthodoxes Autocéphales et Autonomes, à la première Conférence Panorthodoxe. Au moment donc, où l'Église locale orthodoxe de Russie, forcée, vingt ans après l'avoir prise anticanoniquement, arbitrairement, d'une manière anti-ecclésiologique du point de vue orthodoxe, suspend l'application de sa célèbre décision de 1967, de donner les sacrements aux Catholiques-romains, ‒ décision qu'elle aurait dû supprimer définitivement en demandant pardon pour sa faute ‒, l'Église Mère, au lieu d'honorer sa promesse de soumettre, comme nous l'attendions, à une Conférence Panorthodoxe, la question des innombrables cas d'intercommunion qui ont lieu dans le pays de la diaspora orthodoxe, donne au journal « Makédonia » de Thessalonique du 07/08/1987, une interview où votre Sainteté, parmi des points orthodoxes et louables, dit : « qu'il est possible, par extrême économie, à un fidèle orthodoxe, en particulier à un mourant, de recevoir la communion d'un prêtre catholique-romain ». À propos de l'intercommunion, nous vous rappelons tout ce que le Président de la commission aux questions panchrétiennes du Patriarcat, le défunt Métropolite Maxime de Sardes a dit, dans une allocution digne de l'histoire du trône et de la tradition du Patriarcat de Constantinople, au Cardinal Willebrandt : « Selon la doctrine orthodoxe, la communion eucharistique manifeste l'unité et la réalité de l'Église (de même que la réalité de ses divisions), dans sa dimension la plus large et sa plénitude ». À cette allocution, le Cardinal fit remarquer, dans la sienne : « Alors que l'Église catholique-romaine, dans des nécessités exceptionnelles, autorise un fidèle à communier dans une Église orthodoxe, l'Église orthodoxe ne paraît pas suivre, sur ce point, la même ligne » (exposé de la commission des affaires panchrétiennes du 10/01/1974). Pour la première fois donc, le vénérable Patriarcat œcuménique, la bouche de votre Sainteté, vient de répondre à l'anxiété, amèrement formulée, du Cardinal catholique-romain. De même, Maître saint, notre Montagne sacrée, a été profondément troublée, par l'homélie du co-président orthodoxe de la Commission Mixte du Dialogue avec les Catholiques-romains, prononcée à l'issue de la concélébration orthodoxe en l'église Saint Nicolas à Bari d'Italie, le 14 juin 1987 : « Qui peut nier, a-t-il dit, que dans les offices catholiques-romains, le Seigneur Jésus Lui-même est présent ? Qui peut nier que le Saint Esprit Tout Puissant, est Celui qui célèbre tous les actes sacrés et les sacrements dans l'Église des deux Églises représentées ici ? » (Notez que la sainte Communauté respecte et honore l'évêque orthodoxe en question, comme personne et pour les services rendus à l'Église). De même, l'affliction et le trouble se sont emparés de la Sainte Montagne, à la suite de tout ce qui s'est passé à Rome, lors du récent voyage de votre Sainteté, et entre autres, la déclaration signée en commun, à savoir : « les deux Églises possèdent et célèbrent les mêmes saints sacrements », a provoqué la stupeur et l'angoisse. S'il en est ainsi, si les « deux Églises célèbrent et possèdent les mêmes saints sacrements », qu'est-ce qui sépare alors ces deux Églises l'une de l'autre ? Si les sacrements de l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique et Orthodoxe où souffle la grâce salvatrice du Seigneur sont identiques à ceux des hérétiques déclarés, à quoi bon, alors, le Dialogue Théologique ? Si en commun, nous confessons, en ces temps si graves pour notre foi le « Christ, seul Seigneur et Rédempteur », « qui était, qui est et qui sera présent au milieu de ceux qui l'invoquent dans la foi et l'espérance », en quoi alors consiste ce schisme de mille ans ? D'après tout ce que le Pape a déclaré, il paraît n'être nullement disposé à renoncer à sa primauté et conçoit une éventuelle union, selon le modèle uniate. En outre, le peuple orthodoxe a été scandalisé par certaines choses vues pour la première fois, au cours de cette rencontre : l'Archidiacre du Patriarcat, vêtu de ses ornements liturgiques, pendant la liturgie des catéchumènes, appelée par les catholiques-romains, liturgie de la Parole, a lu l'Évangile et fait des prières. Nous avons exposé ces sujets, lors de la réunion de notre sainte Communauté, au distingué hiérarque du trône, le Métropolite Chrysostome de Myres, pendant sa récente visite à la Sainte Montagne, qui, on doit le dire, a écouté avec beaucoup d'amour et de patience, nos inquiétudes et a promis de les transmettre à votre Sainteté. Les explications qu'il nous a données ne nous ont nullement satisfaits. Concrètement, il a répondu que l'interview a été déformée et que la déclaration faite à Rome voulait dire que les deux Églises admettaient le nombre de sept sacrements, ce qui n'apparaît absolument pas à la lecture du texte. L'important, c'est ce que comprend et entend celui qui lit, et non pas ce qu'a voulu dire ou écrire celui qui parle ou écrit, car ce qui est écrit reste (scripta manent). La déclaration de Rome « sur les sacrements » tranquillisera, du côté catholique-romain, tous ceux des Catholiques-romains, qui à la suite de nombreux faits, pensent que « l'Église » catholique-romaine n'est pas l'Église et que ses sacrements sont privés de la grâce divine qui sauve ; car, bon nombre d'entre eux désirent confesser l'Orthodoxie que nos Métropolites de la diaspora leur refusent, sous prétexte que l'union va se faire bientôt. Pour résumer, Maître saint, nous dirons que l'inquiétude et l'anxiété des Pères Athonites se fondent sur la conviction que de toutes ces déclarations, de toutes ces activités, et des autres contacts de la Mère Église et de nos clercs, les Catholiques-romains sont les seuls bénéficiaires, tout en demeurant impénitents dans leurs erreurs fondamentales. Une vaste exploitation prosélytique est menée, par les Catholiques-romains, dans les pays des vieux Patriarcats d'Orient, où les orthodoxes sont minoritaires et dans les pays de la diaspora orthodoxe. La Sainte Montagne ne refuse pas le dialogue et les contacts. Il suffit de confesser, clairement sans détour, la vérité et dire, en toute franchise, quels sont les points de la foi que le papisme a tronqués et qu'il doit corriger, pour revenir à l'église du christ, de laquelle il a été coupé comme membre pourri. Les Catholiques-romains sont des schismatiques et des hérétiques, sans sacrements valides et sans la grâce divine. La responsabilité de l'Église orthodoxe envers eux et les autres confessions, consiste à confesser la vérité, dans l'amour et la prière, face au monde entier. Elle est la voie unique pour la connaissance de Dieu et la déification de l'homme, dans l'Église et par l'Église (orthodoxe), pour purifier le cœur de toute passion par la pratique des commandements, en toute humilité, comme votre Sainteté l'a fort bien expliqué au Pontife. Nous n'avons pas le moindre doute, Maître saint, sur l'Orthodoxie de votre pensée et sur celle des vénérables membres de votre Synode. Mais permettez-nous cependant, comme fils dévoués et aimant sincèrement le trône et l'Église, de contester la justesse de leurs activités et de leurs déclarations, qui ne vont pas dans l'intérêt du salut des hommes, et affermissent les hérétiques dans leurs égarements, augmentent la confusion œcuméniste de nos temps, cherchent une éventuelle union fausse et pourrie, scandalisent les orthodoxes et servent les desseins prosélytiques du papisme. Déjà, de nombreuses skites et synodies de la Sainte Montagne, ont cessé de commémorer le nom de votre Sainteté à la Sainte Eucharistie, et cela, pour la première fois depuis votre accession au trône œcuménique et refusent toute communion mystérielle avec nous qui commémorons votre nom à la divine Eucharistie. C'est avec beaucoup de tristesse et d'affliction, mais aussi, par respect envers la Mère Église, que nous sommes contraints de vous écrire toutes ces choses. Vous priant, ardemment, qu'elles soient prises en considération par la Mère Église et que soit clarifiée la position du trône œcuménique sur ces questions dogmatiques très graves et essentielles, afin d'éviter de nombreux schismes au sein de l'Orthodoxie et des troubles dans la paix ecclésiastique. Demandant vos bénédictions et vos prières paternelles, nous demeurons, dans un profond respect, vos fils dévoués Lettre des moines de karyes À la sainte communauté Rupture de la communion avec le Patriarche Très révérends et saints représentants de nos monastères sacrés et souverains, bénissez ! Les soussignés, hiéromoines et moines « kelliotes et ermites », dépendants de divers monastères, ne pouvant, isolément, chacun de nous ou par nos monastères respectifs, nous adresser à vous, nous avons l'honneur de vous remettre, respectueusement jointe à la présente, notre Profession de foi et notre protestation, vous demandant de l'accepter et d'en donner lecture, lors de la réunion de la sainte Communauté. Nous y désapprouvons et condamnons, tout particulièrement, les déclarations récentes, de même que toutes les activités et déclarations œcuménistes et les prières en commun du Patriarche œcuménique, avec les Papistes et Protestants impénitents qui persévèrent dans leurs diverses hérésies blasphématoires, condamnées énergiquement par les conciles saints et sacrés, et clairement et définitivement, par les Pères de notre Église orthodoxe d'Orient. Comme l'ont fait, en 1969-1972, les saints monastères et leurs dépendances, par la suppression du nom du prédécesseur du Patriarche actuel, sans se séparer de la Grande Église du Christ et devenir schismatiques, ni adhérer aux partis zélotes, de même, nous aussi, nous cessons de commémorer, pour un temps, le nom du Patriarche, sans pour cela nous séparer de nos saints monastères souverains et de la Grande Église du Christ. Nous prenons cette décision extrême mais salutaire, de ne plus commémorer le Patriarche, comme le conseillent et l'imposent les saints canons (31e Apostolique et 15e du Concile Premier-Second2) et les saints Pères, puisque clairement et coup sur coup, les patriarcaux viennent de reconnaître officiellement, comme valides, les soi-disant sacrements des papistes hérétiques et des protestants et osent, par des coups d'État, par la pratique des communions liturgiques et mystérielles, imposer, par étapes, une union avec les hérétiques. Par notre acte, fait dans l'esprit et la lettre des saints canons de l'Église orthodoxe qui n'a jamais innové, nous demandons et exigeons l'abrogation, l'arrêt, la condamnation des activités et déclarations hérétiques et œcuménistes déjà accomplies, quelle que soit la manière. Nous souhaitons que la sainte et vénérable Communauté demande et exige la même chose, ainsi que les saints monastères qui, malheureusement, ne l'ont pas fait, dans la lettre de la sainte Communauté adressée au Patriarche œcuménique. Nous ne demandons pas d'explications ou de justifications, sur des relations avec les hérétiques, formellement interdites par les saints canons, quelle que soit la manière dont elles ont été faites ou se font, mais nous demandons, nous exigeons, sans discussion, l'arrêt de tout cela, que nous désapprouvons et condamnons sans appel. Nous ne reconnaissons qu'un seul mode de communion des hérétiques avec l'Église orthodoxe, c'est le libellé canonique d'abjuration et de condamnation de leurs erreurs, et leur entrée dans l'Église orthodoxe par le baptême seulement. C'est pourquoi toute notre conduite et notre pratique, dans la suite, aura pour règle et canon, l'ordre canonique que tous, moines, clercs, évêques et patriarches, se doivent de suivre, si nous voulons nous appeler orthodoxes et l'être en vérité. Avec notre profond respect Profession de foi orthodoxe Des moines kelliotes De karyes et des environs Ainsi que les Prophètes ont vu, que les Apôtres ont prêché, que l'Église a reçu, que les Docteurs ont dogmatisé et que l'univers a cru ; ainsi que la grâce a brillé, que la vérité a été démontrée et l'erreur dissipée : ainsi que la Sagesse a clairement prêché et que le Christ a décerné le prix de la victoire ; ainsi nous pensons, ainsi nous disons, ainsi nous proclamons, vénérant sans cesse le Christ notre vrai Dieu Telle est la foi des Apôtres, telle la foi des Pères, telle, la foi des Orthodoxes, telle enfin la foi qui a affermi l'univers ». Depuis 1920, date de la célèbre encyclique par laquelle le Patriarcat œcuménique est entré dans la confession de l'œcuménisme, nous sommes témoins d'une impudente lascivité dans le corps de l'Église. Peu à peu, on tente de changer notre foi. Ignorent-ils, le Primat du Patriarcat œcuménique et les Évêques qui l'entourent, que lorsqu'une pièce de monnaie est abîmée, elle est dépréciée ? Qu'un peu de poison dans le vin empoisonne tout le vin ? De même, dans la foi, la moindre altération n'est pas permise. Quel rapport pouvons-nous avoir avec la panhérésie de l'œcuménisme ? Les hétérodoxes « ont perdu leur boussole » : pour avoir perdu la plénitude la vérité, le Christ, ils cherchent et discutent sur la Vérité et s'efforcent de s'unir organiquement entre eux, croyant ainsi la trouver De quoi allons-nous discuter avec eux ? Aurions-nous aussi perdu la Vérité ? Loin de nous un tel blasphème ! Ont-ils montré un soupçon de pénitence pour que nous allions prêcher le Christ à ces âmes égarées ? Est-ce cela que les agissements du Patriarcat œcuménique veulent nous faire croire jusqu'à présent ? Au contraire, il cherche, avec beaucoup d'artifice, à nous accoutumer à des changements insignifiants de la foi (prières en commun, échanges de cadeaux avec les Latins, de lettres de félicitation au Pape) pour nous préparer à de plus grands. Le mal a atteint le comble. Lors des ouvertures traîtresses d'Athénagoras (dont il aura à rendre compte au Jour du Jugement), la Sainte Montagne protesta et beaucoup d'entre nous rompirent avec le Patriarche œcuménique. Quand Dimitri est monté sur le trône, nous avons cru que les choses allaient être redresses. Mais Dimitri s'est montré, en tout, digne de son successeur, il l'a même dépassé dans ses efforts unionistes, lors de sa visite à l'obscure forteresse du catholicisme, le Vatican, preuve plus qu'évidente que le Patriarcat œcuménique est gravement malade. Ecclésiologiquement, il ne tient pas solidement sur ses jambes, et nous craignons que sa maladie dure et devienne incurable. Le Dieu de l'Église orthodoxe n'est pas celui des autres « Églises chrétiennes ». En participant aux dialogues et en cherchant l'union avec les Latins, nous reconnaissons ignorer le Dieu de la Tradition orthodoxe, ou pour parler communément : « Nous n'avons pas notre Dieu » ! Quelle est cette union qu'ils nous préparent ? Les Latins conserveraient leurs erreurs et nous notre tradition, et tous unis sur tout le reste, nous communierions au même saint calice ! Et nous demandons : y a-t-il plus grande trahison ? Une communion sans unité de foi est-elle possible ? « Un seul Seigneur, une seule Foi, un seul Baptême ». Éph. 4, 5 Avec les Latins, nous n'avons ni le même baptême, ni la même foi, et par conséquent ni le même Seigneur. Eux regardent vers le Pape, nous vers le Christ et les saints. Les Latins ne baptisent pas le croyant mais ils l'aspergent. De cette seule erreur, nous déduisons qu'ils ne sont pas baptisés, qu'ils n'ont pas la grâce de Dieu, que le Pape lui-même est un simple individu, sans sacerdoce. Si nous considérons toutes leurs erreurs, nous ne pouvons qu'être d'accord avec saint Cosmas d'Étolie qui a dit : « Maudissez le Pape, car de lui va venir tout le mal ». Les trois immersions et émersions du sacrement du baptême, c’est la participation du baptisé à la mort de trois jours et de trois nuits, à l'ensevelissement et la résurrection du Sauveur. S'il n'y a pas triple immersion, le baptisé ou plutôt l'aspergé, ne meurt pas et ne ressuscite pas en Christ : « Les Latins n'étant pas plantés avec le Christ, le grain à la double nature, dans l'eau du baptême, pour cette raison, leur corps n'est pas régénéré, de même que leur âme : pour parler simplement, les Latins ne pouvant faire germer le salut, ils se dessèchent et sont perdus » (saint Nicodème, Pidalion Sacré, 1864, p. 65). Quelqu'un dira que, s'ils n'ont pas les trois immersions, ils invoquent, au moins, la Sainte Trinité. Nous répondons qu'avec le FILIOQUE, ils ont altéré le dogme de la Sainte Trinité. Nous rappelons la parole d'Athanase le Grand : « Les trois Noms plus que divins demeurent inopérants quand ils sont prononcés par la bouche des hérétiques ». Les Latins ne sont donc pas baptisés et n'ont pas la grâce : « C'est parce que les Latins sont hérétiques, que nous nous sommes détournés et séparés d'eux » (Marc d'Éphèse, cf. Karmini, op. cit.). Voilà ce que l'Église nous a transmis et c'est cela que le Patriarche œcuménique et son entourage veulent effacer. Ils appellent les Latins (qui ont, perfidement, frappé l'Orthodoxie et notre nation) « frères en Christ », et le Pape : « Très saint frère de Rome la sœur aînée », reconnaissant en lui le sacerdoce. Stylianos, l'archevêque d'Australie, téméraire parfait, lors de sa dernière visite à Bari, a dit, entre autres : « Qui peut nier que le Saint Esprit Tout Puissant est Celui qui célèbre tous les actes sacrés et les sacrements dans l'Église des deux Églises représentées ici ? » Et que dire de Jacob d'Amérique et de Méthode d'Angleterre ? Le premier a bâti une « église commune à tous les dogmes et il est membre du groupe qui demande la canonisation du Cardinal Cook, mort il y a dix ans ; le second a prié avec les Boudhistes et les Indiens à la conférence de la paix convoquée par le Pape. Pourquoi fêtent-ils et célèbrent-ils les saints, les Conciles de l'Église ? Ils honorent saint Grégoire Palamas, saint Photios le Grand, saint Marc d'Éphèse, saint Dorothée de Jérusalem, saint Cosmas d'Étolie, saint Nicodème de l'Athos ; avec quelle conscience célèbrent-ils même les Conciles Œcuméniques ? Les saints ont versé leur sang pour la Vérité du Christ, et les Primats de l'Orthodoxie, pas une goutte de sueur pour la Vérité ; ils vénèrent et embrassent le Pape, qui personnifie le péché et l'hérésie. Nous athonites, nous avons quitté le monde et nous sommes venus, très jeunes, au Jardin de la Vierge Toute Sainte, pour nous consacrer, corps et âme, au Seigneur et à son Église. Notre Souveraine, la Mère de Dieu, prend soin, personnellement, de notre salut, puisque nous vivons dans la pénitence et ne changeons notre foi. Aussi les Athonites ont toujours été très sensibles aux questions de foi. Un exemple caractéristique : les Pères, au temps du Patriarche Beccos le latinisant, ont versé leur sang, pour ne pas devenir les sujets du Pape. Marchant donc sur leurs traces, nous dénonçons la position du Patriarcat œcuménique dans l'œcuménisme et à l'égard des Latins, nous rejetons toute fausse union et n'en reconnaîtrons qu'une seule, celle qui sera faite dans l'unité de foi, pour laquelle prie notre Église. Nous séparons donc nos responsabilités, nous tous dont les signatures suivent, gérontes et kelliotes, et proclamons vouloir rester fidèles à la Tradition de nos saints Pères, quoi qu'il arrive. « Si Dieu est avec nous, qui sera contre nous ? » Justement et pour appuyer notre vigoureuse protestation et exprimer notre douleur, nous cessons de commémorer, pour un temps, le nom du Patriarche, aux saints offices, sans pour cela nous séparer de la Grande Église du Christ. Suivent les signatures O.T. No777 du 19/02/1988. Le grand scandale Article d'Ecclésiastikos Agon Du métropolite Augustin de Florina Des millions d'hommes ont suivi à la télévision l'impressionnante messe du Pape au Vatican, en présence du Patriarche œcuménique, non pas simple observateur, mais participant à la prière ! Sinon, quel sens auraient eu les ornements qu'il avait revêtus, de même que la récitation du Credo de la foi avec le Pape ? À moins que le credo ne soit pas une prière mais une récitation toute formelle ! Il ne s'agit pas d'analyser ici, de développer les raisons pour lesquelles la prière commune du Patriarche avec des hérétiques (sic) (outre la prière commune avec le Pape, il y a eu la prière commune avec « l'archevêque anglican ») est un acte condamnable qui entraîne des sanctions graves pour les transgresseurs. Beaucoup de choses ont été écrites par les saints Pères et des théologiens coryphées contemporains, comme les archimandrites d'heureuse mémoire Justin Popovic, Philothée Zervakos, Spyridon Bilali, etc., nous présenterons ici, brièvement, un autre aspect du crime, aussi tragique : le scandale ! Le scandale est un péché terrible. Un crime plus terrible que le suicide ! Le Seigneur l'a dit clairement : « Malheur au monde à cause des scandales ! Car il est nécessaire qu'il arrive des scandales ; mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive ! Mais si quelqu'un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on suspendît à son cou une meule de moulin, et qu'on le jetât au fond de la mer » Matt. 18, 7 et 6. Et l'Apôtre conseille aux Corinthiens d'éviter de manger des victimes offertes aux idoles, bien que cela ne fût pas un péché à ses yeux, « pour ne pas scandaliser mon frère » 1 Cor. 8, 13. C'est une exigence de la charité, un devoir de la foi, que de respecter la conscience ecclésiastique de mon frère et de ne pas le scandaliser. La longue tradition de l'Église, l'enseignement des saints Pères, les dogmes sacrés de l'Orthodoxie, la sensibilité et l'expérience de notre peuple, qui ont formé le critère de l'Orthodoxie, ont cultivé une claire conscience antipapique et antifranque, et sous aucun prétexte ils ne tolèrent une communion ecclésiastique et une prière commune avec les francs et les autres hérétiques. Où donc est le respect de la conscience ecclésiastique du peuple orthodoxe hellénique (sans laquelle il n'y a même pas de conscience nationale) ? Sa Sainteté le Patriarche œcuménique est donc coupable d'avoir scandalisé le peuple orthodoxe hellénique ! Coupables, également, tous ceux qui se taisent devant le scandale ! Hypocrites et pharisiens, ils frappent sévèrement des zélotes non dangereux pour l'Église, et supportent, sans protester, des actes dangereux qui désorganisent l'Orthodoxie ! À cause de ce terrible scandale, nous sommes conduits, inévitablement, à une séparation nouvelle entre unionistes et anti-unionistes, égale à la séparation qui a conduit les Byzantins à la catastrophe définitive de Byzance et à la prompte chute de Constantinople ! Et la responsabilité sera sur tous ceux qui tolèrent le scandale et qui ne le dénoncent pas. Car, « celui qui voit l'injustice et se tait, celui-là commet le péché ». Agon ekklesiastique Nr. 236, décembre 1987. Le Patriarche diodore De Jérusalem Contre l'œcuménisme « Nous sommes pour l'Orthodoxie authentique et traditionnelle, contre l'œcuménisme et les fausses-unions » a déclaré le Patriarche à M. Cavarnos venu le visiter en novembre dernier. « Le Patriarche de Jérusalem gardera l'Orthodoxie inaltérée, telle que les saints Pères de l'Église l'ont transmise. Nous suivrons l'exemple de saint Marc d'Éphèse. Nous ne trahirons pas l'Orthodoxie. « Les œcuménistes orthodoxes, perdent leur temps précieux et gaspillent leurs forces, en s'occupant des troupeaux étrangers, au lieu de s'occuper des leurs, qui ont grand besoin de guides et de pastorale, à une époque où pullulent les hérésies de toutes sortes. Nous voulons une union avec les hétérodoxes, alors que nous, les chrétiens orthodoxes, nous sommes divisés entre nous ! Nous voulons mettre de l'ordre dans les maisons étrangères, alors que les nôtres sont livrées à l'abandon ! Efforçons-nous, tout d'abord, de mettre de l'ordre chez nous ! » « Nous, nous marcherons, sans crainte aucune, sans hésitation, sûrs de la victoire finale de l'Orthodoxie. Rien n'est plus fort que la Vérité qu'elle incarne ». O.T. Nr. du 4 décembre 1987. Mont Athos Les réactions contre le philopapisme du Patriarcat œcuménique s'étendent et s'intensifient Au fur et à mesure que sont connus, au Mont Athos, les détails et les textes exacts des récents événements qui ont livré au Pape hérétique de Rome le Patriarcat œcuménique, s'étendent et s'intensifient les réactions des Pères athonites traditionalistes, en particulier des moines qui vivent à l'extérieur de leurs monastères et d'un grand nombre de ceux qui vivent à l'intérieur. Ainsi, outre le monastère de Grigoriou, d'autres monastères ont demandé, par lettre, à la sainte Communauté la convocation extraordinaire de la double synaxe, qui est le corps suprême de la Sainte Montagne, composée de dix-neufs représentants permanents de ces monastères et de leurs higoumènes. Le monastère d'Esphigménou, connu pour son zèle, ne fait pas partie de cette double assemblée. Selon des informations sûres, bien que se soient prononcés, pour la réunion de la double assemblée, la majorité des saints monastères, afin de faire face, en toute responsabilité, à la situation actuelle, le parti philopatriarcal, influencé par la sainte Épistasie (gouvernement monastique) et l'Administration Civile, semble dominer, étant donné que jusqu'à la fin de janvier, l'Assemblée ne se réunit jamais à cause des fêtes, célébrées à la Sainte Montagne selon l'ancien calendrier. Le désir de la sainte Épistasie et de l'Administration Civile, c'est de rendre impossible la convocation de la double assemblée, d'arrêter et d'étouffer toute saine réaction contre le programme philopapiste et hérétique du Patriarcat œcuménique, programmé et appliqué avec persévérance. On soutient que par les activités audacieuses, les prières en commun, les concélébrations et la participation réciproque aux sacrements, l'union entre patriarchistes, papistes et protestants, aurait déjà été faite sous le Patriarche Athénagoras Ier et qu'elle est, simplement, appliquée par étapes ! Il y a des dénonciations, non démenties, affirmant qu'aux diptyques du Patriarche œcuménique, le Pape hérésiarque serait « commémoré » depuis Athénagoras. D'ailleurs les déclarations réitérées et les preuves de la reconnaissance, par les patriarchistes, de la validité des sacrements des papistes et même ceux des protestants, n'est plus qu'une méthodologie diplomatique du Phanar œcuméniste, pour imposer, par étapes, la fausse-union dans les actes, « de facto ». Quand l'administrateur de l'Athos, M. Apostolos Glavinas, qui est aussi théologien, a appris que la sainte Communauté s'était vue « obligée », comme elle l'écrit dans sa lettre au Patriarche œcuménique du 15 décembre 1987, de protester, bien que modérément et diplomatiquement, il s'est troublé. Il s'est, aussitôt, rendu à l'Épistasie et a demandé des explications, parce que, dans la lettre de la sainte Communauté, les papistes étaient traités d'hérétiques. « Ils ne sont pas hérétiques, rétorqua l'Administrateur-théologien, et cela n'aurait pas dû être écrit ». Puis il s'en est allé au monastère de Koutloumousiou, proche de Karyès, qui a demandé la convocation de la double assemblée et qui a été le premier à réagir contre les activités très philopapales du Patriarcat, et l'a pressé et même menacé pour sa réaction. Comme on le sait, tout récemment, ce monastère a été endommagé par des incendies, des tremblements de terre et des affaissements. Exploitant les nécessités impérieuses auxquelles le monastère est confronté pour la restauration de ses bâtiments, l'Administrateur Civile, devant la persistance de l'Higoumène Père Christodule et des Pères, à protester contre le philopapisme du Patriarcat et à demander la convocation de la double assemblée, s'est fait menaçant : « N'oubliez pas que votre monastère a des besoins » On dit que l'Higoumène aurait répondu : « Périsse le monastère, et que l'Orthodoxie soit sauvée ! » Malheureusement, l'Administration Civile de la Sainte Montagne et le « Centre Gouvernemental pour la sauvegarde de l'héritage athonite », bien qu'ils gèrent l'argent dit « dons gratuits » ( ?) de la Communauté Économique Européenne, pour la sauvegarde (asservissement ?) de la Sainte Montagne, gèrent cet argent partialement, pour acheter les moines « secourus » des monastères et faire d’eux des amis de Mammon, autrement dit des amis de l'État et des patriarchistes et de leurs iniquités. Bien que la sainte Communauté, par un télégramme courageux, se soit élevée contre le projet de loi autorisant l'avortement, et qu'elle ait déclaré que dans le cas de l'adoption de ce projet, elle ne recevrait pas à la communion ecclésiastique à l'Athos ceux qui l'auraient voté, malgré cela, elle a subi des pressions et annulé sa décision, afin de recevoir le Président de la République. Auparavant, la diplomatie gouvernementale, par le truchement de l'Administration Civile de l'Athos et d'autres agents, avait réussi à imposer toute une série de pressions, de menaces et de promesses de « Mammon » et de « budgets secrets » de l'Administration Civile. Davantage, la « sortie » de la sainte Icône de la Mère de Dieu, la Protectrice de l'Athos « Il est digne », est considérée comme une grande réussite diplomatique du Gouvernement et de l'Église de Grèce, pour désarmer l'opposition du peuple, dans l'affaire des biens ecclésiastiques, et pour obtenir, triomphalement, la « pacification », autrement dit la confiscation des biens monastiques (et non épiscopaux). En outre, la lettre de protestation de la sainte Communauté au Patriarche œcuménique passe pour diplomatique aux yeux de beaucoup de Pères athonites traditionalistes. Par cette lettre, justement, le parti philopatriarcal présent dans la sainte Communauté, présidée par le Proto-Epistrate P. Kallinique Ibérite, a voulu, semble-t-il, prévenir l'extension de l'opposition des Pères athonites traditionalistes à l'égard des récentes activités unionistes et déclarations du Patriarche. Bien que, dans la lettre, les papistes soient, à juste titre, qualifiés d'hérétiques, car ils le sont en effet, des inquiétudes ne manquent pas de naître à sa lecture. On y trouve des phrases et des périodes contradictoires et, pour parler précisément, diplomatiques. Par exemple, outre les expressions excessives de déférence, etc., après la dénonciation des activités anticanoniques, la sainte Communauté ne demande ni leur annulation ni leur terme, tout en ne faisant pas connaître ce qu'elle compte faire, si le Patriarcat n'annule pas et ne met pas un terme à son programme œcuméniste et unioniste. En particulier, on juge contradictoire et diplomatique, et l'on commente longuement à la Sainte Montagne, le passage de la lettre de la Communauté qui suit les dénonciations et les inquiétudes : « Nous n'avons pas le moindre doute, Maître saint, sur l'orthodoxie de votre pensée et sur celle des vénérables membres de votre Synode ». Alors qu'elle déclare, officiellement, « n'avoir pas le moindre doute sur l'orthodoxie de la pensée » du Patriarche et des Évêques, la sainte Communauté demande ensuite : « Permettez-nous, cependant, comme fils dévoués , de contester la justesse (= l'orthodoxie) de leurs activités et de leurs déclarations » ! Ainsi donc, « les activités et les déclarations » sont sans rapport avec la pensée et le cœur de ces Évêques ? Chose inouï jusqu'ici et anti-évangélique à l'extrême ! En effet, « c'est du cœur que sortent les mauvaises pensées et les blasphèmes », a dit le Seigneur Matt. 15, 19. De même, après la dénonciation des déclarations officielles de l'archevêque œcuméniste et philopapiste à l'extrême, Mgr Stylianos d'Australie, qui reconnaît, officiellement, la validité des sacrements des papistes et pratique, déjà, dans son archevêché, sans être réprimandé par son Patriarcat, « l'intercommunion », ses Prêtres distribuant même les osties !, la sainte Communauté, dans sa lettre, se considère comme obligée de conclure (ou plutôt d'annuler !) sa dénonciation comme suit, même entre parenthèses « (Notez que la sainte Communauté respecte et honore la personne de l'Évêque en question et les services rendus par lui à l'Église) » ! Alors qu'il pense et agit hérétiquement, qu'il est dénoncé pour des choses connues et inconnues, « l'Évêque orthodoxe en question » est « respecté et honoré comme personne », de même que ses « services rendus à l'Église », services dénoncés comme anti-orthodoxes et hérétiques ? Tandis que la lettre de la sainte Communauté parle des Pères traditionalistes opposants : « Déjà, de nombreuses skites et synodies de la Sainte Montagne ont cessé de commémorer le nom de votre Sainteté à la divine Eucharistie, et cela, pour la première fois, depuis votre accession au trône œcuménique, et refusent toute communion mystérielle avec nous qui commémorons votre nom à la Divine Eucharistie », qu'elle est alors l'attitude envers ces nombreuses synodies ? L'Épistasie exige qu'elles se taisent et ne s'occupent, aucunement, de ce qui regarde la foi, puisqu'il y a l'autorité responsable de la sainte Communauté. « Voici, disent-ils, la sainte Communauté a écrit pour protester. Que voulez-vous d’autre ? Arrêtez-vous sinon vos pieds seront brisés ! » (Menace du proto-épistate, P. Kallinique Ibérite, à un modeste moine qui réagissait sainement et informait d'autres moines. De même, confronté à un Hiéromoine opposant, employé à la sainte Communauté, le même proto-épistate l'a menacé de le congédier !) Mais les « nombreux » qui ont déjà cessé de commémorer le nom du Patriarche, pour ses pensées et ses activités philo-papistes et hérétiques, jugées selon l'Orthodoxie et les saints canons, ne céderont pas aux pressions et aux menaces. Tout au contraire, leurs réactions qui s'imposent s'amplifient. Déjà, ils ont rédigé et fait circuler leur propre vigoureuse protestation et confession, signée par la plupart des Pères dépendants des monastères, de la région Nord du Mont Athos, après avoir commencé par les Kelliotes de Karyès. Le nombre de ceux qui s'opposent, sainement, va sans cesse en augmentant. C'est une chose vue pour la première fois et digne d'être notée, pour la Sainte Montagne, cette saine réaction qui a commencé chez les Pères de Karyès, qui ne relèvent pas des « zélotes » des trois juridictions paléo-calendaristes, lesquelles ne communient pas entre elles. Tel est, hélas ! le premier et triste résultat de l'œcuménisme : la division des orthodoxes et la responsabilité du Patriarcat œcuménique est de première grandeur. Aucun « zélote » ne figure parmi ceux qui ont signé et qui signent la protestation et la confession orthodoxe des Pères athonites hors de leurs monastères. Ils déclarent, clairement, dans leur confession, ne pas rompre leur dépendance et leur contact avec leurs monastères, de même qu'avec la Grande Église, le Patriarcat œcuménique, comme l'avaient fait, en 1969-1971 ; la plupart des Pères athonites à l'intérieur ou à l'extérieur de leurs monastères, qui avaient cessé alors de commémorer le Patriarche hérétique Athénagoras Ier. Ce dernier, peu avant sa mort, avait reconnu pour « valides » les sacrements des papistes et le FILIOQUE athée, primauté et infaillibilité du Pape étant d'autre part pour lui « coutumes locales » de « l'Église sœur » et ne pouvant être un obstacle à l'union et à la communion ecclésiastique avec elle ! Le second résultat, aussi douloureux, de l'œcuménisme, c'est l'influence corrosive de ses pratiques sur un grand nombre d'orthodoxes, de clercs, de moines même athonites. Alors qu'en 1969-71, par la suppression du nom d'Athénagoras l'incommémorable, on assista à une réaction générale de tous les moines, cénobites et idiorythmes, ainsi que des monastères de Lavra et des Ibères, seuls quelques cas isolés et les slaves restant hors du mouvement, aujourd'hui, tandis que des événements audacieux et plus qu'hérétiques se déroulent et que d'autres sont programmés, les saints monastères, jusqu'à présent, peut-être sous la contrainte, se taisent. Il est vrai qu'il y a plus de quinze ans, les Higoumènes et les Supérieurs des saints monastères étaient des Gérontes anciens et traditionnels, alors que les nouveaux directeurs des monastères, bien que diplômés, en majorité, et cultivés, n'ont pas la sensible perception des questions de la Foi et de la Tradition qu'avaient les Anciens ! Fort heureusement, d'après les informations sûres, outre ceux de Grigoriou et de Koutloumousiou qui se posent déjà des questions, beaucoup de moines cénobites s'en posent également de sérieuses, et attendent une franche et réelle réaction de leurs Higoumènes et de leurs Supérieurs ; la plupart, dit-on, se dégageront, si leurs chefs ne réagissent pas, comme les saints canons l'imposent. Prions et espérons qu'une réaction saine, dynamique et canonique, contre la fausse union hérétique va, rapidement, se manifester chez les moines, le clergé, surtout chez les Évêques, hors de l'Athos et dans l'Église d'Hellade en particulier Il est certain que malgré l'influence exercée par la diplomatie phanariote sur les Évêques et le clergé de l'Église Helladique, il y a, Dieu soit loué, le peuple qui est le gardien vigilant de l'Orthodoxie, nombreux et fort, qui réagira et exigera de ses pasteurs qu'ils le dirigent orthodoxement au lieu de l'égarer et de le conduire « dans les pâturages » étrangers des hérétiques et des adorateurs des démons, pâturages dont on a vu l'exemple à Assise. Sa force, force divine et invincible, le peuple orthodoxe la connaît, mais il retient, pour un peu de temps encore, sa voix. La voix du peuple orthodoxe, c'est la colère du vrai Dieu ! O.T. 775, du 5 février 1988. Autres documents Nous publions ci-dessous des documents plus anciens concernant le Patriarcat de Constantinople et les transgressions de la tradition orthodoxe qu'il autorise dans le monde entier. Le premier document est la lettre du Métropolite Augustin de Florina au Patriarche Dimitri de Constantinople publiée en 1985 dans SPITHA Nr. 4388 et Orthodoxos Typos Nr. 648 du 12 avril. Le second document est la confession de foi orthodoxe du moine zélote athonite Théoclétos qui se justifie de ne pas commémorer le Patriarche Dimitri de Constantinople auquel il reproche de n'avoir jamais désavoué ou abandonné la politique unioniste de son prédécesseur. On trouvera aussi un document important dans la revue grecque Koinônia avril-juin 1980, sur les relations diplomatiques avec le Vatican, dans lequel l'assemblée des Théologiens grecs ‒ c'est-à-dire de tous ceux qui ont un diplôme de théologie en Grèce, affirment que la papauté n'est pas une Église, nient « l'ecclésialité de la papauté. Le lecteur intéressé trouvera dans La Lumière du Thabor Nr. 15 et Nr. 16 différents autres documents que nous n'avons pas voulu publier une seconde fois ici ; il trouvera aussi dans le livre « Encycliques patriarcales de 1848 et 1845 » une introduction expliquant l'évolution du Patriarcat depuis le XIXe siècle. Ce livre a été publié par la Fraternité orthodoxe Saint Grégoire Palamas. Nous répétons que nous n'avons pas le droit de tromper les chrétiens d'Occident en leur faisant croire que l'unanimité est faite autour des hiérarques qui prêchent l'union. Lettre du métropolite Augustin de Florina au Patriarche Dimitri Sainteté, Par la grâce et la miséricorde de Dieu, je suis Évêque de l'Église orthodoxe du Christ. Depuis dix-huit années consécutives, je dessers Florina, cette région extrême du pays, m'efforçant de faire face, autant que je le peux, aux devoirs de ma lourde charge épiscopale, en ces temps difficiles où les vagues furieuses du matérialisme et de l'athéisme se soulèvent et frappent le navire sacré de l'Église Autocéphale de l'Hellade. SOLLICITUDE POUR TOUTE L'ÉGLISE Ces devoirs suffisent à absorber, à eux seuls, la sollicitude du pasteur que je suis, responsable, ne fût-ce que d'une seule âme pour laquelle le Sang du Dieu-Homme a été versé. Mais en tant que membre de la Hiérarchie de l'Église orthodoxe, je ne puis rester indifférent à tout ce qui touche à l'Église orthodoxe qui étend ses branches sur les cinq continents. Car, selon l'enseignement de Paul le coryphée des Apôtres, ceux qui appartiennent à l'Église forment un seul Corps, le Corps du Christ, et « quand un membre souffre » (1 Cor. 12, 26), tous les autres membres souffrent avec lui, surtout les membres qui occupent une position particulière comme la tête. Si une épine, dit saint Jean Chrysostome, ce docteur de l'Église, entre dans la plante du pied, tout le corps se courbe, la tête abandonne sa position verticale, se baisse, se penche sur la partie souffrante et s'efforce d'extraire l’épine. Il doit en être de même dans l'Église du Christ, ajoute le saint Père : si un membre de l'Église est en péril, tous les membres ‒ surtout les Évêques ‒ doivent suivre avec une attention soutenue la maladie et l'empêcher de se transformer en une gangrène qui menacerait tout le corps. Les prières que toute Église locale adresse à Dieu en faveur des autres Églises locales orthodoxes, les noms lus aux diptyques au cours des offices nous enseignent que tous les chrétiens et surtout les Évêques ne doivent pas limiter leur intérêt à leur petit diocèse, mais l'étendre jusqu'aux confins de la terre où se trouvent des orthodoxes. Dans l'éloge du saint Évêque Eustathe d'Antioche, saint Jean Chrysostome dit qu'il étendait sa sollicitude au-delà de son diocèse. C'est donc un des devoirs les plus sacrés pour tout Évêque, de suivre avec intérêt, attention et anxiété, tout ce qui se passe dans l'espace orthodoxe et de contribuer au progrès spirituel. Malheur à l'Évêque qui s'enferme dans les limites étroites de son diocèse, indifférent à l'état général de l'Église, qui se repose à l'idée que le feu vorace des erreurs, des hérésies et de l'athéisme, qui dévore d'autres évêchés, n'atteindra pas, en peu de temps, le sien. Bien qu'il soit interdit à un Évêque de s'immiscer dans les affaires des autres diocèses, on découvre, étonné, quand on étudie les saints canons de l'Église, des cas où, outre les prières, les intercessions, les conseils, il est permis de montrer un vif intérêt aux autres évêchés. Un de ces cas est celui de l'Évêque d'une province qui, voyant la vague de l'hérésie menacer son diocèse reste indifférent et ne prend aucune mesure, ou encore ‒ c'est le pire ‒ approuve les hérétiques et va jusqu'à prononcer des paroles qui blessent la foi orthodoxe (cf. Can. 121 de Carthage et 15 du Concile Premier-Second). La lutte pour l'Orthodoxie, comme on le voit, impose aussi le déploiement d'une action exceptionnelle qui, bien qu'étant hors du commun, ne saurait être condamnée mais au contraire louée. C'est ce que montre l'Histoire de l'Église : grâce à ces témoignages et à ces actions pour la piété, des régions entières ont été sauvées de l'invasion des hérésies. L'église contre les hérésies et les schismes. Sainteté, Si ce qui précède est pris en considération, alors la présente lettre ne sera pas regardée comme un dépassement de mon devoir ou comme intervention dans les devoirs d'un autre, mais comme l'expression de l'inquiétude d'un vieil Évêque qui, par son évêché, se trouve sous la dépendance spirituelle du Patriarcat œcuménique, qui depuis un demi-siècle travaille, avec la grâce de Dieu, dans la vigne du Seigneur, qui par sa prédication orale et écrite est en contact avec de larges couches du peuple. Avec tout le respect que nous avons pour le Patriarcat œcuménique, qu'il nous soit permis de dire que la situation actuelle du monde orthodoxe en général et en particulier celle de la juridiction du Patriarcat œcuménique, jugée avec les critères de l'Orthodoxie que sont les saints canons, n'est nullement réjouissante et couve de grands dangers. Et voici pourquoi : Selon notre foi, que nous proclamons depuis des siècles dans le Credo, l'Église est Une : « Je crois en l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique ». Et cette Église UNE c'est notre sainte Orthodoxie, qui garde le dépôt sacré, le trésor inestimable que le Seigneur lui a confié par ses Apôtres et les conciles œcuméniques et locaux. Les saints canons sont-ils observés ? Et nous demandons : les saints canons dictés par l'Esprit Saint aux Pères Théophores, dont nous les plus jeunes, ne sommes pas dignes de délier les lacets des sandales, sont-ils valables ou ne sont-ils pas valables pour l'Église orthodoxe ? Oui ou non ? Si c'est non, on doit alors avec dignité et courage déclarer et dire quel organe supérieur aux conciles œcuméniques et locaux a pris cette nouvelle décision. Car ce serait le comble de l'hypocrisie chez des Évêques qui, lors de leur consécration, ont promis de garder sans défaillance les canons, que de les fouler, dans la pratique, sans vergogne, à la grande stupeur du reste des fidèles qui, dans ce siècle d'incrédulité, gardent vivante la flamme de l'Orthodoxie comme règle de foi et de vie ! Mais si les canons sont toujours valables, il faut alors les appliquer dans la pratique et sanctionner ceux qui osent s'écarter de leur ligne. De toute manière, une réponse doit être donnée à cette question ; car il ne s'agit pas ici de cas où, selon l'enseignement des canons, on puisse user d'économie et de condescendance. Il s'agit de cas ayant trait à la foi, à la sauvegarde de la Foi orthodoxe contre les apostats et les hérétiques qui ne veulent pas se repentir, qui persévèrent dans leurs erreurs et qui doivent être tenus, selon les canons, à l'écart. Le respect de cet écart ne doit pas être considéré comme intolérance et dureté, mais l'expression du point culminant du sentiment orthodoxe, du vrai amour chrétien, qui veut par sa rigueur réveiller la conscience des égarés et les ramener à la bergerie sacrée. On doit malheureusement reconnaître que la levée précipitée et sans examen des anathèmes entre Rome et Constantinople, faite par votre prédécesseur le Patriarche Athénagoras ‒ malgré les protestations de remarquables hiérarques du Patriarcat œcuménique qui n'ont pas été entendus ‒ a ouvert, comme on devait s'y attendre, les portes au papisme, aux hérésies et aux schismes. Les entablements de l'Église orthodoxe ont été démolis ! Les saints canons qui règlent la conduite des orthodoxes face aux hérétiques ont été foulés et le sont encore sans pudeur, et le scandale qui en résulte est immense. Pour ne pas paraître parler dans le vague et rester dans des généralités, nous donnerons ici quelques unes des plus flagrantes transgressions des canons. 1) La fête annuelle de la chaire de l'Apôtre André, le 30 novembre, est concélébrée avec les papistes dans l'église patriarcale du Phanar. La fête annuelle de la chaire de l'Apôtre Pierre, le 29 juin, à Rome, est aussi concélébrée par les papistes et des orthodoxes, avec échanges d'allocutions et de cadeaux. 2) Prières en commun et échanges d'allocutions lors des visites du Pape à Sydney en Australie en décembre 1970, à Constantinople en 1979, au centre patriarcal de Chambésy à Genève en juin 1984, et au Canada en septembre 1984. 3) Prières et liturgies communes suivies par les orthodoxes et les papistes lors des assemblées de ce qu'on appelle : dialogue théologique, à Patmos-Rhodes en 1980, à Munich d'Allemagne, en juillet 1982, à Hania de Crète, fin mai-début juin 1984. 4) Prières en commun lors des réunions du Conseil Œcuménique des églises et dans la récente assemblée de Vancouver en été 1983. 5) Échanges épisodiques de cadeaux entre Évêques papistes et orthodoxes à Rome et ailleurs, en diverses circonstances (visites au Vatican, remise de saintes reliques à des Évêques grecs, etc.). 6) Réceptions spectaculaire officielle du cardinal Villebrandt par l'Église orthodoxe de Crète, où il a asssisté, vêtu de ses ornements liturgiques, à la divine liturgie orthodoxe en la cathédrale de Saint-Minan à Héraclion et à l'issue de laquelle il a béni le peuple orthodoxe, depuis les portes du sanctuaire. 7) Prière commune œcuméniste entre orthodoxes et papistes dans l'église orthodoxe de Bruxelles en Belgique, avec la participation de l'ex-métropolite de Belgique Émilianos. 8) Office des défunts célébré par les hiérarques orthodoxes du Patriarcat œcuménique, devant la dépouille du Pape Paul VI en 1978. 9) Prières en commun entre orthodoxes, papistes et protestants, lors de l'intronisation du Métropolite en Suisse Damaskinos, du Patriarcat œcuménique, en l'église Saint-Paul à Genève. 10) Sainte Eucharistie distribuée aux papistes en 1983, par les clercs orthodoxes de l'archevêché de Thyatire et de Grande-Bretagne, et participation, en 1979, de clercs orthodoxes du Grand Londres, aux vêpres œcuménistes dans l'église de Westminster. 11) En mai-juin 1984, réception dans des églises orthodoxes du Cardinal de Vienne Kenig et prières en commun avec des orthodoxes dans l'église d'un monastère de la Sainte Montagne. 12) La participation du Métropolite Augustin Lambardaki d'Allemagne à un culte œcuméniste dit de « la fraction du pain » en juillet 1984, comme l'ont rapporté les journaux de Stuttgart. Les orthodoxes sont persécutés Les cas ci-dessus, parmi tant d'autres, sont des transgressions flagrantes et des foulements des saints canons, qu'en d'autres temps, quand la foi orthodoxe était vivante, les transgresseurs n'auraient jamais osés ; ils auraient été exemplairement châtiés. Mais aujourd'hui, tout cela se fait publiquement, d'une manière provocante, et si des fils fidèles de l'Église orthodoxe osent protester contre ces transgresseurs, ils sont persécutés par les chefs des Églises orthodoxes, excommuniés et punis par des Pères du Mont Athos, qui voyagent à l'étranger et leur imposent des sanctions sévères, ce qui est un grand scandale. Les menaces ne manquent pas contre les protestataires et les bastonnades que leur administrent les adversaires rappellent les époques terribles de l'Église où les hérétiques étaient soutenus et protégés, tandis que les fidèles étaient impitoyablement persécutés, comme au temps de l'arianisme. C'est terrible ! Où en sommes-nous arrivés ! Des hérétiques de toutes sortes : témoins de Jéhovah, maçons, athées, incrédules, ne sont pas importunés, seuls le sont les fils fidèles de l'Église qui, comme on l'a dit, gardent jusqu'à présent le flambeau vivant de la foi orthodoxe et de la piété ancestrale. Sous de telles conditions, la ligne de démarcation entre orthodoxes et hérétiques s'estompe progressivement et tend à disparaître, tandis que la panhérésie de l'œcuménisme, selon l'inoubliable Père Justin Popovic, submerge l'Orthodoxie. Des Évêques pieux et orthodoxes éprouvent en leur âme une crise de conscience et se demandent si après de telles déviations ‒ et pourquoi pas trahisons ? ‒ ils peuvent continuer à commémorer les noms d'Évêques, d'Archevêques et de Patriarches, comme dispensant fidèlement la parole de la vérité. Certains insistent, avec exagération, sur la charité, disant qu'à cause d'elle beaucoup de concessions et de sacrifices doivent être faits. Mais la vraie charité est étroitement liée à la vérité ; car il ne suffit pas de dire simplement que nous nous aimons, mais il faut « professer la vérité dans la charité » (Éph. 4, 15), c'est-à-dire avoir une charité vraie et sincère unie à la vraie foi et vouloir l'intérêt spirituel de celui qu'on aime. La charité sans la vérité, sans la foi, est un mensonge et une imposture. La charité, plante céleste, se plaît, fleurit et donne du fruit dans la vérité seulement ; et la vérité totale et non partielle ne se trouve que dans l'Orthodoxie. Devant ces manifestations inacceptables, le peuple orthodoxe commence à s'inquiéter sérieusement. Le drapeau noir qui a été hissé sur un des monastères du Mont Athos (Espigménou), pour protester vigoureusement contre les déviations et les démonstrations anti-orthodoxes, a ému le grand nombre. Nous ne menaçons pas. Nous sommes inquiets ! Sainteté, Terminant la présente, je m'adresse en larmes à vous et à votre saint Synode, et vous demande de prêter l'attention qui convient à tout ce que vous dit un vieil Évêque de l'Église orthodoxe de l'Hellade, qui a passé sa vie à servir la Vigne du Seigneur et qui reçoit, depuis très longtemps, des masses de lettres de fidèles chrétiens qui demandent à être guidés et soutenus. Je vous prie, encore une fois, de réviser la conduite inadmissible en de nombreux domaines et la tactique dangereuse du Phanar envers les hérétiques et, en particulier, envers le papisme, qui parle et agit sans se lasser, gagnant sans cesse du terrain au détriment de l'Orthodoxie, dont les 9/10e se trouvent, malheureusement et depuis longtemps, sous l'influence de régimes totalitaires athées. Le temps n'est pas propice aux tentatives unionistes avec les hérétiques. Interdisez donc, de toutes les façons, l'entrée des églises orthodoxes aux papistes et aux autres hérétiques, car rien n'indique qu'ils reconnaissent leurs cacodoxies et font pénitence. Interdisez aussi aux clercs orthodoxes d'entrer dans les lieux de culte hérétiques et dans les assemblées des impies. Que le peuple orthodoxe dispersé sur toute la terre, avant-garde du christianisme en lutte, se replie pour examiner et résoudre les problèmes qui se posent à lui, qu'il consacre tous ses efforts à unifier le monde orthodoxe et quand ce but sera atteint, viendra alors le temps pour se lancer hors du champ de l'Orthodoxie. Si l'état actuel se prolonge et que les transgresseurs des saints canons concernant les hérétiques demeurent impunis, si les fils de l'Orthodoxie sont menacés d'excommunication, comment le signataire de la présente et d'autres Évêques avec lui, qui, pour des motifs de conscience, avait rompu la communion avec votre prédécesseur, comment pourra-t-il maintenant que les ouvertures se font de plus en plus larges et dangereuses, continuer à commémorer votre nom aux diptyques comme dispensant la parole de la Vérité ? Depuis cette ville frontallière de la partie hellène, j'exprime non seulement mon angoisse et celle de mon troupeau, mais aussi celle de milliers d'autres chrétiens de l'intérieur et de l'étranger. Entendez leurs voix, elles sont semblables à la voix des grandes eaux et ne vous acculez pas à des actes extrêmes, c'est-à-dire la suppression sur les diptyques du nom du Patriarche œcuménique. Ne voyez pas en cela une menace, mais un cri de douleur et d'angoisse, un ultime appel à votre Sainteté, pour le retour immédiat de la Grande Église de Constantinople dans l'orbite tracée par le Saint Esprit dans les conciles œcuméniques et locaux, orbite de laquelle les Pères et les Docteurs d'éternelle mémoire de l'Église, ces modèles des vrais pasteurs, n'ont pas dévié dans la moindre chose, sacrifiant, tout au contraire, leur vie elle-même pour l'Orthodoxie. Augustin, Évêque de Florina, le moindre parmi les frères du Christ. Confession de foi du moine zélote Theocletos germanos Révérends membres de la délégation patriarcale, Révérends membres de la double session extraordinaire, J'ai été mis en demeure par vous d'expliquer pourquoi nous ne commémorons pas le nom du nouveau Patriarche œcuménique Dimitri Ier. Aussi, par écrit, je m'en explique de la façon suivante. La raison principale et concrète qui m'a fait abandonner le monde et venir à la Sainte Montagne, aussi appelée le « Jardin de la Théotokos », a été et demeure le désir de sauver mon âme et de garder la piété et la foi de mes Pères à l'abri des atteintes des hérétiques. Je suis devenu moine dans le saint monastère cénobitique de Saint-Paul-Xeropotamianos où j'ai été tonsuré moine du Grand Schème et où j'ai servi les révérends Pères et frères pendant près de huit ans, après lesquels, avec une autorisation canonique, je suis parti, ne souhaitant pas rester en communion avec ceux de mes Pères et frères qui, bien qu'ils aient eux-mêmes cessé de commémorer le Patriarche Athénagoras du fait de ses activités anti-orthodoxes, gardaient cependant des liens canoniques et réguliers avec ceux qui le commémoraient. À partir de ce moment, j'ai pris rang parmi les Pères zélotes de la Sainte Montagne avec lesquels je demeure en communion, marchant avec eux sur les traces des Pères de l'Église orthodoxe universelle qui, seule, possède la vérité unique ; et je refuse tout changement dans l'Église, d'où qu'il vienne. Nous demandons aux révérends représentants du Patriarcat de nous montrer quel saint canon nous avons transgressé en ne commémorant plus le nom du Patriarche œcuménique Dimitri Ier. Son prédécesseur Athénagoras était indiscipliné et non canonique, et maintenant le Patriarche Dimitri refuse de revenir sur la confession anti-orthodoxe d'Athénagoras et continue de marcher sur ses pas. Nous, qui refusons de le commémorer, n'acceptons pas vos calomnies ni votre condamnation. Au vingt-deux septembre, nous célébrons la Mémoire des moines du monastère de Zographou qui, à l'époque du Patriarche Jean Beccos ont été brûlés vivants pour le refus de commémorer le Patriarche, non pas œcuméniste, mais seulement latinisant. Pourquoi ces évènements se trouvent-ils dans les Ménées et les synaxaires de l'Église orthodoxe ? Les Pères de Zographou étaient-ils opposés aux canons et insubordonnés lorsqu'ils censuraient leur Évêque et refusaient de se soumettre aveuglément à lui ? Quelle voix devons-nous écouter, celle des moines martyrs de Zographou ou la vôtre ? Quoique chaque fidèle ‒ moine athonite ou laïc ‒ ne soit pas à lui seul un synode œcuménique, il n'en est pas moins tenu de suivre les décisions et les commandements des Saints Conciles Œcuméniques et des saints Pères, et il a absolument le droit de défendre la foi chrétienne orthodoxe. Combien de Patriarches et de Hiérarques sont tombés dans l'hérésie, tandis que moines et laïcs restaient fidèles ! Les moines de l'Athos ont le droit le plus absolu de défendre notre Orthodoxie immaculée et de refuser tout lien avec les Évêques hérétiques. Nous ne redoutons pas la condamnation superficielle et irréfléchie des journalistes, non plus que le sourcil froncé du Patriarche œcuménique, qui est si loin de l'Orthodoxie. La Très Sainte Mère de Dieu nous donnera la force et le courage d'assumer ce que nous avons fait pour la défense de l'Orthodoxie. À la mort du Patriarche œcuménique Athénagoras, beaucoup se bercés d'illusions, affirmant que le combat avait cessé, et qu'un nouvel esprit soufflait au Patriarcat avec le nouveau Patriarche œcuménique Dimitri Ier. Malheureusement ils ont été bernés ! Comme nous l'écrivions dans la « Voix de la Sainte Montagne », nous n'avons vu aucun changement, et le Patriarche n'a rien fait pour nous convaincre qu'il suivrait une ligne orthodoxe. Au contraire, lors de son discours d'intronisation, il a dit que, tandis qu'il est le premier parmi les orthodoxes, le Pape hérétique de Rome est le premier Évêque de l'Église Catholique, et il a déclaré qu'il méditait d'inaugurer un dialogue avec l'Islam et les autres religions monothéistes du monde. Comment pourrions-nous, chers délégués patriarcaux, commémorer le Patriarche Dimitri, alors qu'il n'a pas condamné la pan-hérésie de l'œcuménisme, ni la réforme du calendrier, ni la prière commune avec les hérétiques, ni la levée des anathèmes pris contre « l'Église » du Pape, et qu'au contraire il a proclamé qu'il suivrait la ligne du « grand » Athénagoras, sans rien censurer de ses actes ? Athénagoras a ouvert la porte aux hérétiques en priant avec eux et en levant les anathèmes de 1054 ; maintenant son successeur Dimitri ouvre grandes les portes pour faire entrer dans l'Orthodoxie ceux qui sont tout à fait étrangers au Christ, sans leur demander d'abord de rejeter absolument leur fausse croyance et d'accepter le saint Baptême. Où êtes-vous, ô saints nouveaux-martyrs qui depuis la chute de la ville, Constantinople la Nouvelle-Rome, avez été égorgés comme des agneaux par les Agaréniens impies, pour n'avoir pas voulu renier l'Orthodoxie ? Venez entendre le nouveau Patriarche œcuménique Dimitri qui a déclaré que le jour du salut se réalise quand nous comprenons que nous sommes frères avec les Musulmans et que nous adorons le même Dieu créateur qu'eux ! Nous ne pensons pas, Révérends Délégués du Patriarcat, qu'il y ait jamais eu confession plus impie ni plus hérétique ! Nous, chrétiens orthodoxes, vénérons la Sainte Trinité, confessant Notre Seigneur Jésus Christ égal au Père, avec le Saint Esprit égal au Père et au Fils ; ‒ telle est la Trinité. Et comment Notre Seigneur Jésus Christ est-il considéré par les Turcs ? Quelle relation pouvons-nous avoir avec la fausse religion de ce chamelier plein de malice ; avec ses ramadans et ses bayrams ? Quel dialogue d'amour pouvons-nous entretenir avec les infidèles ? Révérends Pères, si les Évêques, qui sont les « yeux de l'Église » ainsi que la plupart du clergé et des monastères qui ont la Loi entre leurs mains suivent aveuglément et ne maintiennent pas le dépôt de la foi contre un tel pasteur, qui protestera ? Ce ne sont pas les laïcs, souvent ignorants de la vérité et occupés des choses du monde. Dans son Message de Noël de 1968, le Patriarche Athénagoras a insisté sur le fait que dans les Diptyques, il avait inclus le Pape hérétique de Rome. Dans leur message à l'occasion du Dimanche de l'Orthodoxie, les Patriarches de Constantinople et d'Alexandrie Dimitri et Nicolas, ont confessé tous deux qu'ils demeuraient fidèles serviteurs et ministres attentifs de l'Orthodoxie et gardiens de la pratique sacrée de l'Église qui s'exprime dans les Diptyques ». Est-ce en gardiens fidèles des Diptyques, qu'ils commémorent le nom du Pape hétérodoxe de Rome ? Sa Béatitude le Patriarche Dimitri devrait examiner les temps et les œuvres des Patriarches Meletios Metaxakis, Basile III et Athénagoras Ier, et les condamner à un anathème éternel, parce qu'ils ont divisé en deux l'Église orthodoxe par leurs actes et leurs confessions anti-orthodoxes, et parce qu'ils ont apporté une telle confusion dans le peuple orthodoxe qu'il ne sait plus vers qui se tourner. Le Patriarche Dimitri a-t-il condamné ces choses ? Il devrait avoir honte du fait que ces Patriarches, ses prédécesseurs, font l'objet des déclarations de loges maçonniques qui assurent qu'ils ont compté parmi leurs membres et qu'ils ont trouvé le repos dans l'Orient éternel ! Au contraire, Sa Béatitude confesse qu'elle veut suivre les pas de son prédécesseur Athénagoras. Athénagoras, hors de toute légalité, a levé les anathèmes touchant l'Église du Pape a commencé de prier avec les papistes hétérodoxes. Avez-vous, Révérend Président, de concert avec le Patriarche, condamné cette levée des anathèmes comme nulle et non avenue ? Les minutes de cet acte ont été signées par l'ensemble du Saint Synode Patriarcal, moins deux membres. Aussi devez-vous, à présent, de concert avec le Patriarche, revenir, par un acte conciliaire et public, sur tous ces actes ; sinon, il s'ensuit que vous les approuvez. Avez-vous condamné l'hérésie de l'œcuménisme, qui est reconnue par tous comme la pire qui fut jamais ? Pourquoi persistez-vous dans votre appartenance au Conseil Mondial des Églises, où vous êtes dominés par les Protestants et priez avec eux ? Quoique vous ayez condamné l'Église soviétique du rideau de fer parce qu'elle distribue librement les Sacrements aux papistes hétérodoxes, vous n'en avez pas moins conservé avec elle tous les liens canoniques et réguliers. Nous n'avons aucune inimitié personnelle avec l'actuel Patriarche œcuménique Dimitri Ier. Notre attitude à son égard se fonde uniquement sur les questions de Foi en matière de piété, de dogme, d'ecclésiologie, de canons sacrés, de théologie, et, généralement parlant, sur la sainte Tradition de notre Sainte Église Catholique Orthodoxe du Christ. Nous ne sommes ni des insoumis ni des révolutionnaires, ni ne cherchons notre avantage personnel ; nous ne sommes pas davantage à la solde de quiconque, ni à l'affût des écarts de conduite dans la vie privée de nos adversaires, dont nous tirerions arguments. Bien plutôt, nous n'avons jamais utilisé que les moyens publics de communication pour exprimer nos opinions et défendre, selon nos faibles forces, le dogme et la piété de nos Pères comme notre seule espérance et consolation dans le séjour d'ici-bas. Dressant nos batteries monastiques nous nous efforcerons, avec l'aide de la Vénérable et Vivifiante Croix, d'aider les enfants authentiques de l'Orthodoxie, pour qu'ils puissent rejeter toute trace et tout souffle de cacodoxie papale et allumer dans leur cœur la flamme de la foi et l'amour ardent et la sollicitude inquiète pour l'Église de leurs Pères, maintenant assiégée, tourmentée et persécutée. Les pasteurs-novateurs ne sont plus les « vrais bergers et guides » de l'Église orthodoxe dont parle l'Apôtre des Nations, et auxquels est due, de la part des fidèles, une obéissance absolue (Héb. 13, 7-17). Au contraire, ils sont les ennemis implacables de l'Église, auxquels il n'est permis en aucun cas d'obéir ; car ils rendent tortueux les sentiers du Seigneur, qui sont droits, et, comme apostats et infidèles aux commandements de notre Grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ, ils tombent sous le coup de la malédiction que le Maître a prononcée. Telle est la raison, Révérends Délégués du Patriarcat, tels sont les événements qui nous interdisent de céder à vos paroles ou de croire au « rameau d'olivier » qu'on agite devant nos yeux. C'est à vous qu'il appartient de mettre un terme définitif à la confusion qui règne sur le Mont Athos. Du jour où l'un des monastères accepta le nouveau calendrier, les Pères furent divisés en deux clans : ceux qui persévèrent dans la piété traditionnelle et sont appelés du nom péjoratif de « zélotes » ; et ceux qui suivent le nouveau style ou sont en communion avec les novateurs par la « commémoration ». Vous avez le devoir de condamner toute innovation, toute « révision » des textes liturgiques, l'œcuménisme, la réforme du calendrier, ainsi que toute hérésie novatrice, en faisant connaître, dans une confession publique et traduite dans les faits, votre position sur la catholicité (l'universalité) de l'Orthodoxie : alors seulement nous serons rassurés et pleins d'espoir, pensant que le Patriarcat œcuménique aura véritablement modifié sa politique. Lorsque vous aurez pris toutes ces mesures, nous n'aurons plus aucune raison de rester séparés de vous ; nous commémorerons donc le nom patriarcal et sacré de l'actuel Patriarche œcuménique Dimitri Ier et nous le suivrons comme le véritable pasteur de l'Église orthodoxe. Dans le cas contraire, ne vous fatiguez pas inutilement en tenant vos propos pseudo-orthodoxes ; ils ne nous touchent point. Cette méthode a été celle d'Athénagoras : il a souvent défendu l'Orthodoxie en parole, mais dans les actes, il faisait tout le contraire. La Sainte Montagne n'est pas soumise aux Patriarches ; c'est seulement à titre honorifique qu'elle les commémore et reçoit d'eux les ordinations. Alexis Comnère et les autres Empereurs ont ainsi défini l'autonomie des monastères de l'Athos, « qu'ils ne soient sous l'autorité d'aucun Évêque ni compris dans le diocèse d'aucun Métropolite », interdisant de les considérer comme des dépendances, à l'image des monastères situés à l'intérieur des diocèses de Métropolites. Combien de destructions la Sainte Montagne a endurées, et combien elle en endure ; combien de moines ont quitté les monastères et combien renoncent à les rejoindre, à cause des actes anti-orthodoxes et anti-monastiques des Patriarches qui ont causé les divisions ! Aujourd'hui, au lieu de moines cherchant un monastère, ce sont des monastères qui cherchent des moines ; l'harmonie si désirable et l'amour fraternel des moines athonites ont été éteints, surtout durant le dernier demi-siècle ; de tous côtés, retentit le cri de monastères en danger d'être abandonnés. À maintes reprises, dans le but d'améliorer la situation, le Patriarcat œcuménique ou les autorités de l'Athos ont pris des mesures isolées de restauration ; mais ils refusent de reconnaître la racine du mal, et ils tentent de guérir la plaie en la bandant sans l'avoir désinfectée. Le Patriarcat œcuménique a entraîné tous ces malheurs dans l'Église orthodoxe ; et, entre autres malheurs, la division et l'abandon de l'Athos. C'est de lui aussi qu'est sortie la levée des anathèmes pris contre les Latins impies ; de lui le « pan-protestant » Conseil Œcuménique des Églises a reçu encouragement ; de lui, enfin, comme de sa source, coule et s'active la pan-hérésie de l'œcuménisme. C'est nous qui pourrions envoyer une Délégation d'Athonites composée de Pères vertueux et jeûneurs des ermitages de la Montagne, pour conseiller le Patriarche œcuménique et son saint Synode sur leur retour à l'Orthodoxie. Révérends Délégués du Patriarcat, la Sainte Montagne n'est pas une organisation de ce monde, ni une institution temporelle dont les difficultés puissent être résolues par des compromis, ou par des corrections et des décisions selon ce monde et à courte vue, qui tentent d'apporter un remède au jour le jour. La Sainte Montagne est la cité de Dieu, ou plutôt, un État théocratique, une institution divine, spirituelle et éternelle qui, pour exister et se maintenir, doit agir selon les lois et les canons saints et divins, sans s'écarter si peu que ce soit de la foi transmise et de la tradition. La moindre modification, le moindre écart, conduit à la conséquence inéluctable dont parlent les saints apôtres dans l'épilogue de leurs canons : « Et vous, restant fidèles à ces canons, vous serez sauvés et aurez la paix ; mais si vous êtes désobéissants, vous serez châtiés et vous vous ferez continuellement la guerre les uns aux autres ». Nous, jeunes moines, qui avons la conscience parfaitement libre, nous venons librement à l'Athos dans le dessein déclarer de sauver nos âmes. L'âme d'un moine est la seule chose au monde qui ne peut souffrir la contrainte ou le compromis qui néglige Dieu ; quand même vous lui offririez le monde, il ne demeurerait pas là où son âme ne peut être sauvée ni trouver la paix. Vous en ferez vous-mêmes l'expérience si vous essayez de forcer votre conscience. Vos mesures disciplinaires, impérieuses, voire coercitives auront pour seul résultat l'abandon de l'Athos ‒ acte qui sera retenu contre vous et pour lequel vous recevrez, lors du Second Avènement de notre Seigneur Jésus Christ, votre juste rétribution. Si vous désirez sincèrement étudier et résoudre les difficultés de la Sainte Montagne, vous devez en chercher la cause ailleurs. La cause et la racine du problème, ce ne sont pas les Pères Athonites, mais bien plutôt les Patriarches de Constantinople, à partir du moment où ils se sont laissés aller aux innovations et ont même frayé de « nouveaux chemins » pour la pan-hérésie de l'œcuménisme. La Sainte Montagne est l'Arche, l'Acropole, la forteresse invincible de l'Orthodoxie. Elle est la digue sur laquelle se brisent les vagues de l'hérésie. En elle nous voyons le seul lieu au monde où les hérétiques ne peuvent subsister. En elle réside le centre du monachisme orthodoxe, la lumière et le réfléchissement du dogme juste. Le Mont Athos est le gardien de la Sainte Tradition, le Haut-Lieu de l'Orthodoxie. Quoique indignes pécheurs, nous sommes les fils des Pères Athonites, et nous entendons rester des fils obéissants et fidèles à leurs paroles. Nous ne prêterons pas l'oreille à la voix du premier brigand ou voleur venu, qui saute par-dessus l'enclos de notre bercail pour s'introduire dans le troupeau du Christ ! Que le monde entier sache que les vrais enfants des Cosmas et des Photios sont persécutés et bannis de la terre de leurs pères ! Telles sont les raisons pour lesquelles nous n'avons aucune communion avec l'actuel Patriarche œcuménique Dimitri Ier et ses sectataires, de peur d'être condamné avec eux aux flammes éternelles de l'enfer ! Comment peut-il réclamer de nous obéissance, quand il désobéit lui-même à l'Église ? L'obéissance des chrétiens orthodoxes à leur Évêque n'est pas celle de l'esclave, ni du mollusque : elle est selon la volonté de Dieu. Or, si l'évêque ne craint pas Dieu, pourquoi lui obéirions-nous ; quel profit tirerions-nous d'une telle obéissance ? « Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes » dit l'Écriture, qui nous enseigne aussi que quiconque désobéit à l'Église, non seulement ne saurait être tenu pour Évêque, mais devient même « comme un païen et un publicain ». Nous n'avons écrit ni les Évangiles ni les saints Canons ; notre Foi n'est pas de nous, mais de Dieu. Le chrétien orthodoxe fidèle ne crée rien dans le champ de la Divine Révélation, car « ce n'est ni un ange, ni un archange qui nous a sauvés, mais notre Seigneur Lui-même ». Si quelqu'un des saints Pères de jadis a pris la position qui est maintenant celle du Patriarche Dimitri, qu'il le prouve et nous la suivrons nous aussi ; mais s'il ne le peut, en quoi nous importe-t-elle ? Pour finir, je tiens à vous dire que le moine authentique ne craint ni la pourpre impériale ni la mitre patriarcale. Le klobouk (couvre-chef) des moines n'est pas près de s'incliner devant des dirigeants qui ont prouvé leur mépris pour la Loi divine et la sainte Tradition et marchent au coude à coude avec les princes de ce monde de vanité, amoureux qu'ils sont de la gloire du siècle plutôt que de celle de Dieu. Ils ont soumis la Foi à des hommes pécheurs dont les désirs sont ceux du monde, et que Satan conduit. En vérité ! Nous sommes prêts à subir n'importe quoi avec joie et allégresse, pour l'amour de la foi orthodoxe que nous tenons pour le plus grand des trésors. Nous nous considérons comme bienheureux si nous devons être chassés ou mis à mort pour notre foi véritable. La Sainte Montagne jouit de l'honneur d'un gouvernement autonome, dépendant théoriquement de la Grande Église du Christ et du Patriarcat œcuménique : sous ce privilège, elle est restée en vie, a fait paraître à la lumière les géants de l'Orthodoxie, et a cultivé vertu et sainteté jusqu'au suprême degré. Tous les moines athonites aiment et respectent le Patriarcat œcuménique, et ne cesseront pas de combattre, jusqu'à ce que notre Seigneur et la Théotokos nous prennent en pitié et placent de nouveau sur le trône un Patriarche orthodoxe ou éclairent l'actuel Dimitri pour qu'il revienne à l'Orthodoxie, en rendant ce retour manifeste par l'écrit et dans la pratique, de manière à mettre fin aux schismes et aux scandales qui ont éclaté au sein de notre Église. Devons-nous nous séparer totalement du Patriarche œcuménique Dimitri Ier et de ceux qui sont en communion avec lui ? Oui, parce que, selon la foi et l'ecclésiologie orthodoxes, les gardiens de la foi ne sont pas seulement les Hiérarques, mais tout le peuple fidèle à Dieu. Et, tandis que la hiérarchie possède le droit et la charge de formuler le dogme, tout le peuple du Seigneur, en tant qu'il est « théodidacte » (instruit par Dieu) et qu'il a « reçu la Sainte Chrismation » et, avec elle, l'enseignement qu'elle confère, est apte à ratifier les formulations de la hiérarchie avec la voix du Saint Esprit. Ainsi donc, pour nous les orthodoxes, à la différence des Latins, l'obéissance n'est pas le critère absolu ‒ ce critère c'est la foi. Sans la Vérité et la vraie Foi, l'obéissance n'a aucun sens, et c'est pourquoi une assemblée, en apparence canonique, de la hiérarchie, n'est pas un critère d'orthodoxie. Un concile réuni selon les canons ‒ en dépit des assertions de ceux qui préparent un « Huitième Concile pseudo-œcuménique, en fait un brigandage ‒ peut très bien être dans l'erreur, et le Saint Esprit n'est pas obligé par la canonicité apparente et la régularité toute extérieure d'un tel concile, d'en sceller de son Sceau les décrets. Il s'ensuit que tout concile est subordonné à la conscience de l'Église, et ce n'est que lorsque la conscience de l'Église l'a accepté qu'il acquiert l'autorité d'un Concile Œcuménique, alors même que ses caractères extérieurs seraient ceux d'un simple concile local. Même un Concile Œcuménique peut se tromper ; mais l'Église est infaillible. Athénagoras fut un hérétique, de sorte que nous le rangeons avec les autres Patriarches hérétiques de Constantinople : Akakios, Anthime Ier, Pyrrhus Ier, Paul II, Jean VI, Nestorius, Théodose Ier, le latinisant Jean Bekkos, Meletios Metaxakis, et Basile III. Jugements des Patriarches sur les latins 1. Jérémie II (XVIe siècle) « Notre Église n'a pas l'habitude d'innover en quoi que ce soit comme le fait l'Occident, avec son activisme incessant mais, depuis de nombreuse année, l'Église de Rome a la folie des innovations et elle demeure incorrigible, augmentant toujours davantage l'écart qui nous sépare d'elle, en introduisant toutes sortes d'additions, comme il est évident pour tous ». 2. Anthime II (1623) « Elle est à présent l'Église de l’innovation, de la déformation des textes patristiques et de la fausse interprétation tant de la Sainte Écriture que des définitions des Saints Conciles. À partir du dixième siècle et dans les suivants, l'Occident a introduit dans l'Église, par le canal du papisme, divers enseignements et innovations hérétiques et étrangers à l'Église et, de cette façon, il a rompu les liens et s'est séparé de la véritable et orthodoxe Église du Christ ». 3. Jérémie III (1722) « Ne vous laissez pas abuser et ne prêtez pas volontiers l'oreille aux innovations des Latins ; n'acceptez pas leurs pratiques modernes ni leurs dogmes faux et pernicieux, qu'ils tentent avec acharnement de semer dans vos âmes, par des raisonnements sophistiques. Ils ont introduit des dogmes étrangers à l'Église catholique et orthodoxe et pour ce motif ne sont plus en communion avec nous les orthodoxes ». 4. Callinique II (1701) « L'Église d'Orient est orthodoxe ; l'Église Romaine est hérétique ». 5. Anthime VI (1848) « De ces hérésies, l'arianisme fut jadis un exemple et aujourd'hui le papisme en est un autre ». Si donc vous affirmez que, en nous séparant du Patriarche œcuménique Dimitri Ier, nous devenons « schismatiques », nous vous déclarons que vous êtes en désaccord avec l'ensemble de la tradition, de la doctrine et de la discipline de l'Église orthodoxe. Vous êtes en désaccord avec : Saint Basile, qui ordonne : « Ceux qui prétendent confesser toute la foi orthodoxe mais sont en communion avec ceux qui la contredisent, si, une fois avertis, ils ne rompent pas cette communion, non seulement nous ne devons avoir aucune communion avec eux, mais il ne faut même pas les considérer comme frères ». Saint Ignace le Théophore, qui ordonne : Celui qui ne fait aucun cas de ce qui a été transmis, quand bien même il serait digne de foi, jeûnerait, serait vierge, prophétiserait ou ferait des miracles, qu'il soit pour toi un loup sous la peau de l'agneau, qui égare et dévore les brebis ». Les vingt-sept moines de Zographou, dont notre Sainte Église célèbre la mémoire le 22 septembre, qui ont préféré être brûlés vifs plutôt que de suivre les voies du prédécesseur d'Athénagoras et partisan des Latins Jean Bekkos. Le quinzième canon du Saint Concile Premier-Second, convoqué par saint Photios le Grand dans l'Église des Saints Apôtres à Constantinople. Le quarante-quatrième canon des Apôtres. Le quarante-sixième canon des Apôtres. Le soixante-cinquième canon des Apôtres. Les trente-troisième et trente-septième canons du Concile de Laodicée. Le neuvième canon de saint Timothée d'Alexandrie. Le canon du Concile de Carthage qui, en détail, prescrit, expose et développe qu'il n'y a, en dehors de la véritable Église, ni Baptême, ni Chrismation, ni aucun autre mystère ou sacrement. L'anathème de 1054 qui a été accepté par la conscience universelle de l'Église et que Athénagoras a levé, quoiqu'il eût dû savoir qu'un anathème de l'Église est inabrogeable et éternel par nature ; certes, ceux qui font pénitence ne se trouvent plus sous le coup de l'anathème, mais il subsiste néanmoins. En révoquant un anathème de l'Église, il a blasphémé, supposant que la conscience infaillible de l'Église ait pu tomber dans l'erreur. Les deux mille ans d'Histoire de la tradition ecclésiale, sur laquelle le Saint Esprit a apposé Son Sceau indélébile de Sanctification car « la grâce de Dieu n'est pas susceptible de remise en question » ; vous êtes en désaccord avec cette Tradition, parce que vous rejetez le sang des martyrs et l'histoire des saints Pères théophores. Le triple anathème prononcé contre le calendrier papal lors des Conciles Panorthodoxes de 1583, 1587 et 1593. Le soixante-sixième canon du Sixième Concile Œcuménique qui dit : « Il a paru bon aussi que la Sainte Église de Dieu, répandue dans tout l'univers, observe le jeûne en même temps et si quelqu'un ne le garde pas, s'il est clerc, qu'il soit déposé, si laïc, excommunié ». Saint Photios qui enseigne : « Celui même qui n'altère qu'un détail de la foi provoque un immense dommage et mérite une sévère réprimande ». La coutume de l'Église qui, lorsqu'elle est bonne, est sanctifiée par le Saint Esprit et devient une loi de l'Église, comme il est écrit : «  et vous devez observer les coutumes éprouvées et confirmées par le temps » ; dans le même sens, saint Basile déclare, dans son troisième canon : « Nous devons donc être attentifs aux deux choses, à l'exactitude des dogmes et aux pratiques de la coutume » ; enfin, les Actes du Septième Concile Œcuménique disent : « Ceux qui sont animés par un zèle divin sont toujours en accord avec les Pères et la tradition des usages de l'Église ». Le troisième canon du Troisième Concile Œcuménique qui a justifié les membres du clergé qui avaient refusé de suivre ‒ et cela, bien évidemment, avant toute décision conciliaire ‒ le Patriarche hérétique de Constantinople, Nestorius et qui exige que les clercs ne restent pas soumis aux Évêques hérétiques : « S'il se trouve des clercs dans quelque cité ou lieu dépendant de Nestorius ou de ses sectateurs, qui ont été déchus de leur sacerdoce à cause de leur Orthodoxie, nous les déclarons justifiés et ordonnons qu'ils recouvrent leur dignité première. Nous ordonnons d'une manière générale que tous les clercs qui sont en accord avec le concile orthodoxe et œcuménique ne se soumettent en aucune façon aux Évêques apostats ou renégats ». Saint Nicéphore qui disait : « Même si, tout en restant dans leur hérésie, ils parviennent à abuser ou leurrer plus d'un ignorant et rassemblent ainsi une grande multitude autour d'eux, ils n'en demeurent pas moins hors des enclos sacrés de l'Église. Et même si un nombre infime reste dans la pieuse Orthodoxie, ils n'en constituent pas moins l'Église et l'autorité comme la protection des Institutions Ecclésiales réside auprès d'eux ; et s'il arrive qu'ils doivent souffrir pour la piété véritable, ce leur sera sans nul doute un sujet de gloire éternel, et un moyen d'obtenir le salut de leur âme ». Saint Germain Scholarios qui disait : « Examinez vos Évêques sur un point seulement : celui de savoir s'ils sont orthodoxes et n'enseignent pas de dogmes contraires à la foi juste, et s'ils ne concélèbrent pas avec les hérétiques ou les schismatiques ». Le saint Apôtre des Gentils Paul, qui donne le commandement apostolique suivant : « Écartez-vous de tout frère qui marche d’une manière désordonnée et ne suit pas la tradition que vous avez reçue de nous ». Les injonctions des saints Apôtres qui demandent que les croyants se séparent des faux pasteurs, car un chrétien qui suit un pasteur reste toujours responsable de son propre salut ; or, s'il en suit un faux, « en tant que brebis raisonnable, il se perd avec le corrupteur ». Ce texte du père theocletos est paru en 1975 dans la revue canadienne « the true wine ».