samedi 24 mars 2012

Vie de Sainte Christina la Persane et autres Vies de Saints.

13 – 26 mars 2012
Cycle mobile (Pascalion): Lundi de la Cinquième Semaine du Grand Carême
Il n’y a pas de Divine Liturgie ce jour en raison du Grand Carême
Lecture de l’Epître
Pas de Lecture ce jour
Lecture de l’Evangile
Pas de Lecture ce jour
Cycle fixe : Commémorations
SAINT MARTTYR HERMENEGILDE (+586)
Fils du roi Léovigilde des Wisigoths d'Espagne, Herménégilde était donc arien. Dans
l'arianisme, la langue liturgique était en gothique, les évêques étaient nommés par le roi qui
convoquait les synodes, la communion se faisait dans la main et surtout le dogme nicéen de la
Sainte Trinité n'était pas reçu parce que le Fils n'était pas considéré comme l'égal du Père.
L'arianisme était le ciment national des Goths.
Lorsqu'il épousa en 579 à Séville Ingonde la fille du Roi des Francs d'Austrasie qui s'était
convertie à la Vraie Foi, il se convertit aussi et reconnut le symbole nicéen sous l'influence du
Saint Archevêque Léandre de Séville. Moine gréco-romain de Carthagène, Saint Léandre
avait ouvert une université à Séville et défendait le dogme du Concile de Nicée. Il avait des
rapports étroits avec Constantinople et plus tard avec le Saint Patriarche Grégoire le Grand de
Rome.
D'abord favorable à ce mariage qui alliait l'Espagne wisigothique aux puissants Francs,
Léovigilde s'efforça de faire revenir son fils à l'arianisme. Sous l'accusation d'avoir demandé
de l'aide à l'Empereur romain de Constantinople, le roi fit assiéger la ville de Séville où se
trouvait la "faction" orthodoxe.
Herménégilde prit la fuite à Cordoue où il fut fait prisonnier par les troupes royales. Il fut
emprisonné à Valence puis à Tarragon. Son père lui ayant envoyé un évêque arien pour
recevoir la communion à Pâque, Saint Herménégilde refusa de communier. Il fut donc
décapité pour sa Foi le 13 avril 586.
Il est le Saint Protecteur de l'Espagne.
SAINT HÉLRAD (OU HELDRAD, ELDRAD, ELDRADUS, ALDRADUS) DE
NOVALESE (+875)
Helrad (latin Hedradus ou Elradus) naquit à Lambesc près d'Aix-en-Provence à la fin du
huitième siècle; il devint orphelin au moment de son entrée dans le monde et ne recueillit qu'à
regret le riche héritage laissé par ses parents. Il montra son détachement en retranchant tout
luxe dans ses habits et ses ameublements; ses ressources furent dépensées en bonnes oeuvres
de divers genres, aumônes aux pauvres et sommes consacrées à l'instruction religieuse des
ignorants. Dépouillé de sa fortune et devenu pauvre volontaire, il chercha pendant quelque
temps un asile où il pourrait se consacrer à Dieu. Il traversa la Provence, parcourut l'Italie et
alla jusqu'à Rome dans ce but. A la fin, des pèlerins lui parlèrent de la Novalèse en Piémont
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comme d'un foyer de charité et de perfection chrétienne. Des Moines installés au pied des
Alpes du côté du Piémont y exerçaient l'hospitalité jour et nuit et faisaient le service pénible
de l'aumônerie établie au sommet du passage du Mont-Cenis.
En 814, Helrad se présenta au monastère et fut reçu par l'Abbé Amblulfe d'origine provençale
et qui reconnut sous la livrée de la pauvreté le seigneur de Lambesc son compatriote. Après
des entretiens qui durèrent plusieurs jours, l'Abbé acquit la conviction que son visiteur était
appelé à mener la vie monastique dans la maison de la Novalèse. Cependant, il voulut mettre
cette vocation à l'épreuve : il envoya Helrad cultiver les vignes de l'abbaye et finit par lui
donner l'habit monastique. Celui-ci montra le plus grand zèle à s'instruire des prescriptions
cénobitiques contenues dans la Règle de Saint Benoît, de Saint Colomban et de Saint Basile;
il s'appliqua à la pratique de la charité, de l'obéissance et de la douceur. L'Abbé consentit à le
faire ordonner Prêtre et à l'admettre comme Moine de choeur. Il lui confia ensuite divers
Offices comme le soin des voyageurs au Mont-Cenis, l'instruction des jeunes Moines.
A la Naissance au Ciel d'Amblulfe vers 837, par complaisance pour Louis le Pieux, on crut
devoir nommer Abbé de Novalèse, Hugues, frère du Roi mais celui-ci qui avait à sa charge
d'autres abbayes, laissa à Helrad l'administration de celle de Novalèse. Quand il s'endormit en
844, l'unanimité des voix nomma Helrad. Le nouvel élu prétexta son âge pour se récuser mais
les Moines finirent par triompher de ses résistances. Dès son entrée en fonction, Helrad
imprima à tout un redoublement de vie : le "Laus perennis" ou Chant des Louanges de Dieu
sans interruption marcha de pair avec les oeuvres charitables; les pauvres voyageurs furent,
plus que jamais affectueusement soignés dans l'hospice du Mont-Cenis où tout s'accomplissait
sous la belle invocation de Notre Sauveur Jésus-Christ et de la Toute Pure et Toujours Vierge
Marie. Pour stimuler la charité de ses collaborateurs l'Abbé leur répétait souvent avec
aménité : "Je vous affirme que nous n'avons rien à attendre dans l'autre vie, sinon la juste
proportion de ce que nous aurons fait dans celle-ci pour le prochain en vue de plaire à Dieu."
Il obtint de Lothaire, successeur de Louis le Pieux, confirmation des donations faites à
l'hospice du Mont-Cenis, unit à Novalèse l'Abbaye de Saint-Pierre de Saluces, fit construire
une nouvelle tour au milieu de l'enceinte fortifiée qui entourait le monastère, fonda un nouvel
hospice dans le passage du Lautaret en Dauphiné et débarrassa le site de cet hospice des
serpents qui l'infestaient. En d'autres circonstances, il lui arriva d'arrêter les progrès des
maladies contagieuses qui sévissaient sur les hommes et les animaux; on attribua à ses prières
la guérison d'un muet d'un boiteux et d'un lépreux dont les infirmités étaient bien connues
dans la contrée. Il avait aussi le don de lire au fond des consciences et de ramener à
l'accomplissement du devoir les personnes avec lesquelles il était en relation. Quatre jours
avant sa Départ Céleste, Dieu lui révéla sa fin imminente; il mit à profit cette faveur pour se
préparer. Réunissant ses Moines, il les avertit, les consola, leur demanda pardon, leur
recommanda l'union et la concorde qui résultent de l'étroite observance de la Règle. Sentant
faiblir ses forces, il demanda les l'Onction des malades qu'il reçut avec la Foi la plus ardente
et rendit son âme à Notre Seigneur doucement et sans agonie.
SAINTE KENNOCKA (OU KENNOCHA, KYLE-ENOCH), VIERGE EN ECOSSE
(+ 1007) 13 et 25 mars
Moniale d'une noble famille d'Ecosse qui eut beaucoup à souffrir des siens quand elle voulut
devenir Moniale. Elle se sanctifia dans un grand monastère du Fife. Elle fut en grande
vénération spécialement dans la région de Glasgow où plusieurs églises lui furent dédiées.
ou
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Moniale écossaise d'un couvent dans le Fife, elle était fort vénérée en Ecosse, surtout dans le
district des alentours de Glasgow. Elle aurait été la fille unique d'une famille riche, repoussant
l'attraction des biens de ce monde et tous ses prétendants afin de poursuivre une vie de prière.
Elle pratiquait l'amour extraordinaire de la pauvreté et de la mortification. Elle usait d'un
merveilleux don de prière et la pureté de son coeur la conduisit vers la Sainteté qui lui permit
d'être Thaumaturge.
13 mars (translation) – 2 juin (repos)
SAINT PATRIARCHE NICEPHORE DE CONSTANTINOPLE LE CONFESSEUR (+828)
Lorsque Saint Méthode monta sur le trône épiscopal de Constantinople après la déposition du
patriarche hérétique Jean (842), il s'adressa sans tarder à l'Empereur Michel et à sa mère,
l'Impératrice régente Théodora, leur disant qu'il n'était pas juste de laisser en exil le corps du
Saint Patriarche Nicéphore qui après avoir vaillamment confessé le dogme orthodoxe sur la
Vénération des Saintes Icônes, s'était endormi loin de son troupeau spirituel après quatorze
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ans d'un âpre exil. La souveraine ayant acquiescé à cette proposition, Saint Méthode suivit les
envoyés impériaux en compagnie d'un grand nombre de Prêtres et de Moines jusqu'au
Monastère de Saint Théodore où le Saint avait été enseveli dix-neuf ans plus tôt. Ils trouvèrent
la Précieuse Relique incorrompue et la déposèrent sur un navire impérial, en l'escortant
solennellement par des Hymnes. Lorsque le navire parvint en vue du port, l'Empereur et tout
le sénat vinrent à sa rencontre, tenant à la main des cierges allumés et ils vénérèrent
pieusement la Sainte Relique Puis ils l'amenèrent à la Grande Eglise (Sainte-Sophie) la
portant sur leurs épaules où l'on célébra une Vigile de toute la nuit en l'honneur du Patriarche.
A l'issue de cette cérémonie, on transporta le corps de Saint Nicéphore avec la même pompe
jusqu'à l'église des Saints-Apôtres pour l'y déposer en compagnie des Empereurs et de ses
Saints Prédécesseurs.
ou
Sainted Nicephoros the Confessor was born in Constantinople in the second half of the VIII
Century. Deep faith and preparation for the deed of confessor were instilled in him by his
parents, Theodore and Eudocia. They gave their son a genuine Christian upbringing,
reinforced by the example of their own life. His father suffered as a confessor of Orthodoxy
under the Iconoclast emperor Constantine Copronymos (740-775). His mother, having shared
in all the tribulation with her husband, followed him into exile, and after his death she
returned to Constantinople and finished her life in a convent. Saint Nicephoros received a fine
secular education, but most of all he studied the Holy Scriptures and he read spiritual books.
During the reign of Leo IV (775-780), Saint Nicephoros received the position of imperial
counselor. Situated at the imperial court, he continued to lead a strict and virtuous life, he
firmly preserved the purity of his Orthodox faith and zealously defended the veneration of
holy icons. After the death of Leo IV, during the reign of Constantine VI (780-797) and his
mother Saint Irene, – at Nicea in the year 787 was convened the VII OEcumenical Council,
which condemned the Iconoclast heresy. Being deeply knowledgeable in the Holy Scriptures,
Saint Nicephoros in the emperor's name entered into the Council in the defense of Orthodoxy,
by which he rendered great assistance to the holy fathers of the Council.
After the Council, Saint Nicephoros remained for several years at court, but the whole life of
vanity all more and more became burdensome to the Saint. He retired his position and settled
in solitude near the Bosphorus, spending his life in scholarly work, and in quietude, fasting
and prayer. Saint Nicephoros built a church, founded a monastery, and led a strict monastic
life even before taking monastic vows.
During the reign of emperor Nicephorus I (802-811), and after the death of the holy Patriarch
Tarasios (784-806), Saint Nicephoros was chosen to his place: he received monastic vows and
the priestly dignity and was elevated to the patriarchal throne on 12 April 806, on the day of
holy Pascha.
Under the emperor Leo V the Armenian (813-820), – a passionate adherent of the Iconoclast
heresy, there again began for the Church a period of unrest and persecutions. The emperor
was not immediately able to begin open persecution against Orthodoxy, since Iconoclasm was
condemned at the VII OEcumenical Council. The holy Patriarch continued to serve in the
Great church, bolding urging the people to preserve the Orthodox faith, and he led the
consequent and unremitting struggle with heresy. The emperor began to recall from exile the
bishops and clergy, excommunicated from the Church by the VII OEcumenical Council.
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Having convened with them an heretical council, the emperor demanded that the Patriarch
appear for a dispute about the faith. The Patriarch refused to argue about the faith with
heretics, since the teachings of the Iconoclasts were already condemned in the anathema of
the VII OEcumenical Council. He endeavoured all the more to bring the emperor and those
around him to their senses, he fearlessly explained to the people the teaching about the
veneration of holy icons, he wrote admonitions to the empress and to the city-governor
Eutykhianos, the closest one to the imperial dignity, attaching at the end the prophetic words
about a quick perishing of heretics from "the punishing hands of the Lord." Then the heretical
council passed an excommunication of holy Patriarch Nicephoros and his predecessors – the
blessedly-reposing Patriarchs Tarasios and Germanos. Saint Nicephoros was sent at first to a
monastery at Chrysopolis, and later – to the island Prokonnis in the Sea of Marmara. After 13
years of deprivation and sorrow the holy Patriarch Nicephoros died in exile on 2 June 828.
On 13 March 847 the undecayed relics of the holy Patriarch Nicephoros, having lain in the
ground for 19 years, were solemnly transferred to Constantinople into the cathedral church of
Saint Sophia.
Saint Nicephoros was outstanding as a church activist of his times, "a credit to his era and his
chair (cathedra)" and, having much served the Church, he left behind an extensive spiritual
legacy – numerous works of historical, dogmatic and canonical content.
SUR LA TRADITION NON-ECRITE : "DISCOURS CONTRE LES ICONOCLASTES", SAINT NICEPHORE
LE CONFESSEUR (758-828)
"La Tradition non-écrite est ce qu'il y a de plus solide. Elle est comme la base et le fondement
de tous les usages de la vie qui constituent à la longue l'habitude invétérée. Cette habitude,
renforcée par la longueur des temps, prend valeur de nature et qu'y a-t-il de plus solide que la
nature? S'il faut illustrer ce propos d'une raison supplémentaire, nous voyons bien que
l'Évangile lui-même fut transmis de façon non écrite. En effet le Seigneur Notre Dieu, en
proclamant son message pour notre Salut, n'a pas promulgué par écrit ses admirables et
Divines Lois comme nous le savons tous, Il n'a pas davantage inscrit Son Enseignement
sublime et salvateur dans l'encre et le parchemin, non plus qu'Il ne l'imprima sur des tables de
pierre comme fut gravée l'Ancienne Loi mosaïque mais Son Message Il l'a déposé dans les
âmes, Il en a gravé et tracé les signes dans l'esprit et non dans la lettre. Cela avait été annoncé
jadis par les Saints prophètes : "Posant la loi dans leur intelligence, je la graverai sur leur
coeur." (Jr 31,33) Nous avons su que tout ceci fut accompli par le Christ Qui est la Vérité
même et ce n'est que plus tard que ce fut imprimé dans l'inscription. Témoin incorruptible,
Luc, s'ils en acceptent la Tradition jette pour ainsi dire les fondations de son Évangile sacré en
écrivant ceci : "Puisque nombreux sont ceux qui ont entrepris de faire le récit de toutes ces
choses dont nous avons la certitude comme nous les ont transmises ceux qui furent dès
l'origine, les spectateurs et les serviteurs de la prédication ..." (Luc 1,1,2).
Par ailleurs, on peut constater que s'accomplit dans les assemblées sacrées, selon la Divine
Liturgie comme en d'autres occasions, un grand nombre de rites qui nous ont été transmis et
font autorité de façon non écrite. C'est aussi le cas dans la plupart des Chants Divins euxmêmes.
D'où vient la prosternation devant les objets sacrés et devant le bois vivifiant luimême?
D'où vient que la Pâque salvatrice est célébrée d'un même accord le même jour par
tous les Chrétiens alors que dans les temps plus reculés, les choses ne se passaient pas ainsi?
Quelle Écriture a transmis la Confession unanime et régulière du Symbole Sacré de la Foi, si
ce n'est après son introduction de façon non écrite? Que dire des expiations, des jeûnes, de
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tous ce qu'on voit faire dans les Vigiles, les lendemains et le jour-même des fêtes que dire de
la façon de célébrer les Saints Mystères, en particulier la communion et le Baptême salutaire,
de certaines autres pratiques que l'harmonieuse organisation de l'ordre sacré met sous nos
yeux? Passons pour l'instant sur les supplications et les processions dans des lieux précis ou
même ailleurs...
Voilà autant d'usages que nous avons reçus d'en haut et qui nous sont parvenus par la
Tradition non-écrite et coutumière; nous les embrassons et nous les conservons non moins que
les lois qui nous ont été imposées par les Écritures. L'une et l'autre Tradition tirent pour nous
leur certitude de l'enseignement apostolique. Mais nous voyons que même les lois qui sont
consignées par écrit ne sont pas respectées quand la tradition et l'habitude s'en écartent et
prennent le dessus. En effet en toutes choses l'habitude donne autorité et les actes l'emportent
sur les paroles. A vrai dire qu'est-ce qu'une loi sinon une habitude consignée dans l'écrit?
Inversement, l'habitude est une loi non-écrite. Il est encore plus aisé de le constater dans le
monde profane. En effet chez les grammairiens, si d'aventure il leur arrivait de constater sur
un mot dans un écrit, un écart par rapport à la règle qui prévalait et de voir l'habitude décider
autrement de l'écrit, ils allégeaient la tradition, arguant qu'elle est la règle de la règle.
Qu'objectent-ils donc à celui qui a dit : "Moi j'ai reçu du Seigneur ce que je vous ai transmis."
(1 Co 11,23) Comment ne conspueraient-ils pas celui qui écrivait aux uns, parmi ceux qu'il
instruisait de l'Évangile, c'est-à-dire aux Corinthiens : "Je vous loue mes frères parce que vous
vous souvenez complètement de moi et comme je vous les ai transmises, gardez les
Traditions" (1 Co 11,2), aux autres ensuite, aux Thessaloniciens : "C'est pourquoi mes frères,
tenez bon et conservez les Traditions qui vous ont été enseignées soit par paroles, soit par
lettres" (2 Th 2,15). Il peut expliquer encore plus clairement la chose, le Hiéromyste de la
capitale, lumière éclatante de l'univers entre toutes, je veux nommer le Grand Jean que dit-il?
Que les Apôtres n'ont pas transmis tout le message évangélique par lettre mais qu'ils l'ont fait
aussi par la voie non écrite. (Jean Chrysostome, Epître II aux Thess.) Et de la même façon,
l'un et l'autre message sont digne de foi. Si bien que, dit-il, nous considérons la Tradition de
l'Église comme digne de notre Foi. Qu'est-ce que la Tradition? Ne cherchez pas davantage. Ce
sont encore les mêmes choses que celles que le Divin Basile écrivait à Saint Amphiloque
lorsqu'il lui dit : "Parmi les doctrines et les enseignements conservés dans l'Église, nous
tenons les uns de l'enseignement écrit et les autres nous les avons reçus secrètement de la
Tradition qui remonte aux Apôtres. Les unes et les autres ont la même force sous le rapport de
la Vraie Piété. Personne ne dira, s'il a tant soit peu l'expérience des règles de l'Église. En effet
si nous essayions d'écarter les usages non écrits, sous prétexte qu'ils n'ont pas grande force,
nous porterions atteinte à notre insu à la substance même de l'Évangile. Bien plus, nous
transformerions l'enseignement en un simple mot."
Le lecteur peut clairement voir de quoi il s'agit. De la même façon, le Divin Epiphane dans
son exposé sur les offrandes faites pour les défunts, dit ceci : "C'est une nécessité pour l'Église
d'accomplir cela puisqu'elle en a reçu la Tradition des Pères; qui pourrait dissoudre les règles
de la mère ou la loi du père? Comme il est dit chez Salomon : "Écoute mon fils les paroles de
ton père et n'abolis pas les instructions de ta mère." Ainsi a-t-il montré que le père, c'est-à-dire
Dieu, le Fils Unique et le Saint Esprit, a enseigné la Loi écrite aussi bien que non-écrite. Notre
mère l'Église porte en elle des règles qui ne pourraient être abolies.
SAINT ABBE GERALD DE MAYO (+732)
Moine écossais, il suivit Saint Colman de Lindisfarne en Irlande et devint son successeur
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comme Abbé du Monastère anglais de Mayo. Dans sa vieillesse, il dut admettre l'introduction
des coutumes et liturgies romaines dans son monastère, ce à quoi il s'était toujours opposé.
ou
Né en Northumbrie et Angleterre et endormi dans le Galway en Irlande en 732, Saint Gérald
devint Moine à Lindisfarne et suivit probablement Saint Colman à l'Île d'Innisbofin, Galway,
Irlande quand les pratiques liturgiques celtes ont été modifiées dans la Northumbrie.
Il devint Moine puis Abbé de l'abbaye connue sous le nom de Mayo des Saxons que Colman
avait fondé pour ses Moines anglais suite à leur querelle avec ses Moines irlandais. L'abbaye
prospéra et avait acquis une telle renommée pour l'érudition de ses Moines que Saint Alcuin
correspondit avec son Abbé et ses Moines. Il vécut fort vieux et fut témoin de l'introduction
des pratiques liturgiques romaines dans son abbaye. On pense que Gérald aurait pu avoir été
sacré Evêque mais c'est incertain.
On lui attribue la fondation les Abbayes d'Elytheria ou Tempul-Gerald dans le Connaught, de
même que le Teaghna-Saxon et un monastère qu'il a confié à la direction de sa soeur Segretia.
Il a été enseveli à Mayo où une église dédiée à Dieu sous sa Protection existe encore nos
jours.
SAINT EVEQUE MELAINE DE TROYES ET CONFESSEUR (+VERS 390)
Mélaine figure sur la liste des Evêques de Troyes, le cinquième. Il succéda à Saint Amator. Sa
mémoire était en vénération au Monastère de Celle; son Précieux Chef est à Saint-André de
Troyes.
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SAINT MARTYR SABIN D'HERMOPOLIS EN EGYPTE (+287 OU 303) 13 –16 mars
Saint Martyr Sabin était administrateur de la ville égyptienne d'Hermopolis. Durant la
persécution contre les Chrétiens par l'empereur Dioclétien (284-305), Saint Sabin et quelques
compagnons de Foi se cachèrent dans un village distant. Leur cachette fut révélée par un
mendiant ingrat à qui il avait apporté de la nourriture. Le Saint le nourrissait habituellement et
l'aidait avec de l'argent mais l'homme le trahit pour deux pièces d'or. Sabin fut capturé avec
six autres Chrétiens et après tortures, ils furent noyés dans le Nil en 287.
SAINT EVEQUE PIENT (OU PIEN, PIENTIUS, PIANIUS) DE POITIERS, CONFESSEUR
(+ VERS 564) 6 – 13 mars
Pient gouverna l'Eglise de Poitiers au milieu du sixième siècle : il n'a pas trouvé d'historien
mais son existence et le culte qui lui est rendu sont certains. Il aida Sainte Radegonde à bâtir
son monastère. Dans les dernières années du Roi Clotaire (+ 561), on lui donna un successeur
en la personne du Duc Austrapius. Pendant plus de dix siècles, une chapelle érigée par lui à
Maillé fut un lieu de pèlerinage et quand la chapelle fut détruite, la dévotion se porta à l'église
paroissiale. La fête de Saint Pient est au 13 mars dans le nouveau propre de Poitiers, le 6 mars
dans celui de Luçon.
ou
Né dans une condition médiocre et dont le père paraît avoir été attaché à l'église de Poitiers en
qualité de serviteur, Pientius s'éleva, par son mérite et sa piété jusqu'à la première dignité du
diocèse. On ne sait pas bien l'époque où il commença à le gouverner mais ce ne put qu'être
après l'année 541 puisqu'à cette date, Daniel, son prédécesseur, se trouvait au Quatrième
Concile d'Orléans. Un grand évènement signala son épiscopat et il eut le bonheur d'y prendre
une grande part. Nous voulons parler de l'établissement du Monastère de Sainte-Croix que
Sainte Radegonde fondait à Poitiers. Ces maisons de prière apportent trop de Gloire à Dieu et
de joie aux Prêtres pour que Saint Pient n'y donnât pas tout son dévouement. Heureusement
secondé par Eustrapieus, gouverneur du Poitou pour le Roi Clotaire, il entra dans les
intentions de ce Prince, en hâtant l'achèvement de la Sainte Demeure sur laquelle veillait
d'ailleurs la Pieuse Reine et que favorisaient les royales largesses de son époux. Ces soins du
Prélat inspirèrent à Radegonde une reconnaissance qu'elle lui témoigna toute sa vie et Saint
Grégoire de Tours qui a écrit l'histoire de ce temps dont il fut à peu près contemporain,
rapporte plusieurs traits qui prouvent combien elle voulut toujours demeurer envers lui avec
ses soeurs dans une filiale dépendance. Elle aimait à lui confier d'abondantes aumônes pour
ses pauvres et ses églises. C'est elle aussi qui lui fournissait les pains de pure fleur de farine
qu'elle faisait pour le service de l'Autel.
Tout ce qui nous reste de la vie de Saint Pient atteste son zèle pour la régularité de la vie
épiscopale et l'accomplissement de ses devoirs. Sans cesse dévoué au bien de son troupeau, il
le visitait avec sollicitude quelque vaste que fût alors le territoire du diocèse de Poitiers qui
s'étendait depuis l'Océan jusqu'aux limites de la Touraine, du Berry et du Limousin. Un jour,
en naviguant vers les parages de l'Île de Maillezais, il fit naufrage avec les mariniers qui
guidaient sa marche; plusieurs de ceux-ci périrent. Le Saint n'échappa à la mort dans cette
circonstance que pour aller succomber à Melle, petite ville du bas Poitou qui recevait sa visite
peut-être dans cette même course pastorale. On croit que ce fut vers l'an 564. Ce qui est
certain, c'est que ce dut être après 561, date de l'Endormissement de Clotaire I puisqu'il rendit
son âme au Seigneur après ce Prince et avant 567 puisque Caribert qui succéda à ce dernier
sur le trône de France et ne régna que six ans, plaça Pascentius II après Saint Pient sur le siège
épiscopal de Poitiers.
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On a fait de temps immémorial la fête de Saint Pient le 13 mars qui est le jour de son
endormissement. Son nom était placé entre Saint Anthème et Saint Fortunat dans les Litanies
de Poitiers et la plus ancienne liturgie de ce diocèse consacre son souvenir. Mais son culte n'a
nulle part conservé autant de célébrité qu'à Maillé, chef-lieu d'une paroisse voisine de
Maillezais. C'est là que le Saint avait été jeté par la tempête lors du naufrage dont nous avons
parlé. La tradition du pays raconte que Pient avait promis à Dieu dans ce péril de construire
un monument sacré à l'endroit même où il aborderait, si Sa Providence daignait le sauver. Ce
voeu fut accompli et c'est cette même chapelle dont les dernières traces ont disparu mais qui,
ayant longtemps porté son nom, fut pendant plus de dix siècles, au 13 mars de chaque année,
le rendez-vous d'innombrables pèlerins. Le petit monument ayant été ruiné, la dévotion fut
transportée à l'église paroissiale de Maillé et c'est là qu'elle existe encore tout entière dans la
confiance des peuples qui y viennent chercher la guérison des maux d'oreilles et de surdité.
SAINT ERMITE VINCENT DE MAGNY, CONFESSEUR (+7°.S.)
Saint Prêtre de l'église de Nevers dont la vie fut cachée en Dieu. Le bourg de Magny où il
exerça son ministère a gardé son souvenir. Sous Charles le Chauve, on découvrit son tombeau
sur lequel fut construite une église.
SAINT HIEROMARTYR PUBLIUS D'ATHÈNES (+2°.S.)
Ce Hiéromartyr fut successeur sur le siège épiscopal du Glorieux Denys l'Aréopagite à
Athènes. Comme quatrième Evêque d'Athènes, il fut torturé par les païens et décapité au
deuxième siècle. Après une brève période de torture, il hérita de la Vie Eternelle.
SAINT MARTYR TERENCE, AFRICANUS, MAXIMUS, POMPEIUS ET 36 AUTRES
DONT ZÉNON, ALEXANDRE ET THÉODORE, DÉCAPITÉS À CARTHAGE (+250)
13 mars – 10 avril
Le Saint Martyr Térence et ses compagnons souffrirent sous l'empereur Dèce (249-251).
L'empereur publia un édit ordonnant à tous ses sujets de sacrifier aux idoles païennes.
Lorsque le gouverneur d'Afrique Fortunianus reçut cet édit, il rassembla tout le peuple sur la
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place de la ville, disposa de terribles instruments de torture et déclara que tout le monde, sans
exception, devait sacrifier aux idoles.
Nombreux furent ceux qui par peur des tortures obéirent. Cependant, Saint Térence et trenteneuf
autres Chrétiens confirmèrent bravement leur Foi dans le Sauveur et se moquèrent des
idoles. Fortunianus fut surpris de leur courage et leur demanda comment, en tant que
personnes rationnelles, ils pouvaient confesser comme Dieu Celui que les Juifs avaient
crucifié comme malfaiteur.
Saint Térence répondit que leur Foi était dans le Sauveur Qui avait volontairement enduré la
mort sur la Croix et S'était relevé le troisième jour. Fortunianus vit que Térence inspirait les
autres par son exemple alors il ordonna de l'isoler en prison avec ses trois plus proches
compagnons : Africanus, Maximus et Pompeius. Fortunianus était décidé à forcer le reste des
Martyrs dont Zenon, Alexandre et Théodore, à renoncer au Christ.
Ni les menaces ni les terribles tortures ne parvinrent à faire flancher les Saints Martyrs. Ils les
brûlèrent avec des barres de fer chauffées à blanc, déversèrent du vinaigre et du sel sur les
blessures et les écorchèrent avec des clous en métal. Malgré leurs souffrances, les Saints ne
faiblirent pas dans leur Confession du Christ et le Seigneur leur donna la force.
Fortunianus ordonna d'amener les Martyrs au temple païen et à nouveau il les enjoignit
d'offrir des sacrifices aux idoles. Les Vaillants Soldats du Christ s'écrièrent : "Ô Dieu Tout-
Puissant Qui autrefois envoya le feu sur Sodome pour son iniquité, détruis ce temple impie de
l'idolâtrie." Les idoles s'effondrèrent dans un grand fracas puis le temple à son tour se retrouva
en ruines. Le gouverneur, enragé, ordonna de les exécuter et les Martyrs, glorifiant Dieu,
présentèrent leur cou à l'épée du bourreau.
Après l'exécution des trente-six Martyrs, Fortunianus se fit amener Térence, Maximus,
Africanus et Pompeius. Il leur montra les corps des Martyrs et les enjoignit à leur tour d'offrir
un sacrifice aux idoles. Les Martyrs refusèrent. Le gouverneur leur fit placer de lourdes
chaînes et ordonna de les faire mourir de faim. La nuit, un Ange de Dieu libéra les Martyrs de
leurs chaînes et les nourrit.
Au matin, les gardes trouvèrent les Saints joyeux et forts. Alors Fortunianus ordonna que des
sorciers et des jeteurs de sorts viennent avec des serpents et toutes sortes de créatures
venimeuses en prison. Les gardes regardèrent dans la cellule par une ouverture dans la porte
et ils virent les Martyrs intacts, priant et les serpents se lovant à leurs pieds. Lorsque les
sorciers ouvrirent les portes de la prison, les serpents les mordirent. Furieux, Fortunianus
ordonna de décapiter les Saints Martyrs. Les Chrétiens emmenèrent leurs Saints Corps et les
ensevelirent avec grands honneurs hors de la ville.
SAINTS MARTYRS RODRIGUE ET SALOMON DE CORDOUE (+ 857)
Un auteur espagnol commence ainsi les Actes des Martyrs de Cordoue sous Abdérame II et
son fils Méhémed ou Mohammed : "En ce temps-là, par un Juste Jugement de Dieu, l'Espagne
était opprimée par les Maures..."
La lecture des Actes des Martyrs de cette époque donne, en effet une assez pauvre idée des
Chrétiens, descendants des Wisigoths et des Ibères. La division régnait dans les familles et il
en était peu qui ne comptassent des apostats parmi leurs membres. Les musulmans euxmêmes
étaient scandalisés du peu d'énergie avec laquelle les Espagnols prenaient la défense
11
de leur religion et ne leur épargnaient pas la raillerie à ce sujet. Quelle ressemblance avec
notre époque! Les actes de Saint Rodrigue et de Saint Salomon dont nous insérons ici
l'abrégé, nous semblent peindre parfaitement l'état social de l'Espagne au neuvième siècle.
ou
Rodrigue (en espagnol Rodrigo ) était Prêtre à Cordoue dans une région appelée dès lors
Andalousie qui avait été envahie en 771 par les Sarrasins mahométans. Au début et après une
conquête fulgurante, les Sarrasins laissèrent les populations relativement tranquilles se
contentant de les taxer d'un impôt de dhimmitude mais petit à petit des privilèges furent
accordés à ceux qui devenaient musulmans et la fonction publique fut réservée de plus en plus
aux Arabes musulmans ou aux nouveaux musulmans d'origine hispano-romaine ou hispanogothique
etc...selon l'immuable loi musulmane.
D'autre part les manifestations publiques de la Foi chrétienne étaient limitées. C'est ainsi qu'à
la même époque, toute l'Egypte chrétienne, la Syrie chrétienne, la Palestine etc...allaient peu à
peu basculer dans l'apostasie musulmane. La famille de Rodrigue n'échappait pas à cette
funeste règle : il avait un frère chrétien et un autre frère récemment musulman, ce qui veut
dire fanatique comme hélas beaucoup de néophyte de cette loi.
Il faisait donc pression sur son frère chrétien pour qu'il abjure la foi chrétienne et se fasse
adepte de Mahomet. Lors d'une rixe Rodrigue fut appelé et tenta de les séparer mais il fut
grièvement blessé par son frère musulman...
Dans son fanatisme ce dernier en profita pour montrer la prétendue supériorité de la loi
mahométane à la foule et ainsi se faire positivement remarquer par les autorités musulmanes
de la ville. Il fit charger le corps inanimé de son frère sur une charrette et l'exposa en déclarant
que sentant venir la mort, il venait de se soumettre à Allah, le "dieu" des mahométans. Le
mensonge chez les musulmans n'est pas répréhensible, il est même recommandé lorsqu'il
s'agit d'obtenir des privilèges à leurs adeptes.
Mais Rodrigue guérit et revêtu de ses vêtements sacerdotaux, il revint devant la foule pour
montrer qu'il n'avait pas renié la Foi.
Furieux, son frère le fit traîner devant le tribunal islamique. En principe, l'islam punit de mort
le mahométan qui (re)vient à la Foi chrétienne. La trahison fraternelle était considérée comme
un bien sinistre renversement des valeurs !
Le tribunal lui demanda pour avoir la vie sauve d'apostasier la Foi de Jésus-Christ et de
proclamer la soumission à la loi de Mahomet, ce que bien-sûr il refusa.
Il fut donc noyé dans le Guadalquivir avec un autre homme du nom de Salomon, condamné
pour le même motif le 13 mars 857.
ou
Rodrigue (latin Rudericus), originaire du village de Cabra (Agabra) en Espagne, fut élevé au
sacerdoce. Il avait deux frères dont l'un avait comme lui, embrassé la Foi du Christ et l'autre,
dépravé par l'erreur musulmane, n'avait que du mépris pour la Vraie Foi. Entre ces deux
derniers s'élevaient souvent des disputes : une nuit que l'altercation était plus vive, Rodrigue
voulut intervenir pour les calmer. Tous deux, enflammés de colère, se jetèrent sur le
12
médiateur et le blessèrent mortellement. Rodrigue, épuisé, essaya de s'étendre sur son lit mais
le frère musulman le fit mettre sur un brancard et ordonna à ses gens de le porter à travers les
rues; lui-même suivait le cortège en disant : "Voici mon frère Prêtre que Dieu vient d'éclairer,
il a embrassé notre religion; étant à l'extrémité comme vous le voyez, il n'a pas voulu quitter
ce monde sans vous faire connaître son changement."
Cependant Rodrigue guérit. Il n'avait aucun souvenir de ce qu'avait fait son frère alors qu'il
était privé de toute connaissance et de tout sentiment. Quand on lui en eut fait le récit, il quitta
la maison pour aller servir Dieu dans un autre endroit. La persécution se déchaîna à Cordoue
peu après. Rodrigue vint en cette ville pour traiter quelque affaire. Son frère musulman l'ayant
rencontré sur la place publique, le conduisit lui-même chez le cadi et l'accusa d'avoir
abandonné la secte de Mahomet. Rodrigue protesta qu'il n'avait jamais été musulman mais
qu'il était Chrétien et de plus, Prêtre de Jésus-Christ. Le cadi essaya vainement d'ébranler sa
Foi et n'y pouvant réussir, il le fit jeter en prison.
Rodrigue trouva un Chrétien nommé Salomon, enfermé dans la même prison pour le même
motif; il se lia d'amitié avec ce captif; tous deux s'animèrent au martyre et s'y préparèrent dans
la prière, les veilles et le jeûne. Le cadi en eut connaissance et ordonna de les séparer; par
trois fois, il les fit comparaître devant son tribunal pour les faire apostasier. Mais n'y pouvant
réussir, il les condamna à être décapités. Arrivés sur le lieu du supplice, ils firent sur eux le
Signe de la Croix; Rodrigue fut frappé le premier. Salomon qu'on avait voulu impressionner,
demeura inébranlable; il fut exécuté en second lieu.
Les corps des Martyrs furent jetés dans le fleuve Bétis mais ils furent ramenés par les eaux sur
la rive, du moins le Chef et le corps de Rodrigue qui fut inhumé au Monastère de Saint-
Genesius. Quant au corps de Salomon, il fut découvert plus tard et enseveli dans la basilique
des Saints-Côme-et-Damien.
SAINTE MAFFLEE (OU MACTEFLEDE), 1ERE ABBESSE DE REMIREMONT,
VIERGE (+623)
Mafflée (du latin Mactefledis ou Magdefredis), fut choisie vers 620 pour gouverner le
Monastère de femmes fondé à Habend par les Saints Romaric et Amat; on devait y organiser
le "Laus perennis," les Moniales étant divisées en sept groupes de douze pour se succéder au
choeur sans interruption.
SAINTE KEVOCA (OU KENNOTHA QUIVOCA) (+7°S.) 13 mars – 1 mai
Ermite et Vierge, Sainte Kevoca est la Protectrice titulaire d'une église à Kyle en Ecosse.
SAINT ABBE MOCHOEMOC (OU KENNOCH, LE MO-CHAOMHOG,
MOCHAEMHOG, PULCHERIUS, VULCANIUS) DE LEAMOKEVOGE (+656)
Né dans le Munster, Irlande, Mochoemoc fut élevé par sa tante Sainte Ita et instruit par Saint
Comgall à l'Abbaye de Bangor, Comté de Down où il entra aussi dans la vie monastique.
Comgall l'envoya pour fonder une maison à Arderin. Plus tard, Mochoemoc fonda et devint
l'Abbé du grand Monastère de Liath-Mochoemoc (Liath-mor, à présent Leamokevoge) dans le
Comté de Tipperary autour duquel une grande ville s'est élevée et qui porte encore ce nom de
nos jours.
SAINTE MARTYRE CHRISTINA (OU SIRINE) LA PERSANE (+559)
Pour sa confession sans hésitation de la Foi en Christ, elle fut cruellement torturée en Perse
sous le règne de Chosroès I. Elle fut condamnée à être battue à coups de fouets jusqu'à ce que
13
mort s'en suive. Ils la torturèrent tant, la déchirant avec un fouet qu'elle perdit toute force et
que son âme s’en alla rejoindre Notre Seigneur.
13 (Slaves) – 14 (Grecs) mars
SAINT MARTYR ALEXANDRE DE PYDNA (MACEDOINE) (+305)
Le Saint Martyr Alexandre était Presbytre dans la cité de Podna, non loin de Soluneia
(Thessalonique). Le Saint convertit bien des païens au Christianisme par ses prêches. Durant
les persécutions opérées contre les Chrétiens sous l'empereur Maximian Galerius (305-311),
Saint Alexandre subit de féroces tortures. Finalement, il fut décapité.
ou
D'abord aveuglé par les ténèbres du paganisme, ce Saint Martyr brilla ensuite comme un astre
radieux par sa vaillante Confession de Foi au temps de la persécution de Maximin (305-311)
à Pydna en Macédoine, en décochant les flèches meurtrières de ses paroles contre le démon
qui incitait ses concitoyens au culte des idoles. Comme les païens ne parvenaient pas à le
soumettre par leurs flatteries et leurs promesses trompeuses, ils lui tranchèrent la tête mais
celle-ci devint par la suite une source abondante d'où jaillissaient toutes sortes de guérisons
pour les fidèles qui s'en approchaient avec Foi.
SAINT ANINAS LE PRESBYTRE DE L'EUPHRATE 13 – 18 mars
Né en Chalcédoine, il quitta le monde à quinze ans pour s'établir dans une grotte près de
l'Euphrate, consacrant tout son temps en jeûnes sévères et à la prière. Il acquit sa renommée
par son don de guérisseur et par d'autres Miracles. Il s'endormit en paix dans Notre Seigneur à
cent dix ans.
ou
14
The Monk Aninos the Monastic was born at Chalcedon into a Christian family. After the
death of his parents, he withdrew at age fifteen into a monastery, where he received monastic
tonsure. In search of complete quietude he went off into the depths of the wilderness, where
the River Euphrates separates Syria from Persia. There he came upon an elder named Maium
and settled together with him. Both ascetics led a very strict life. During the whole Forty-Day
Great Lent they ate nothing, taking delight and joy instead in spiritual nourishment.
Saint Aninos every day carried drinking water from afar. One time he returned with full water
pitchers earlier than usual, since an Angel had filled the vessels with water. the elder Maium
realised, that his student had attained to high spiritual accomplishment, and he in turn
besought Saint Aninos to become his guide, but that one out of humility refused. Afterwards
the elder re-settled into a monastery, and Saint Aninos remained alone in the wilderness.
By constant exertions the Saint conquered the passions within himself, and he was granted
gifts of healing and perspicacity. Even the wild beasts became docile and served him.
Wherever the Saint went, two lions followed after him, one of which he had healed of an hurt
on the paw. Accounts about the Saint spread throughout all the surrounding area, and the sick
and those afflicted by evil spirits began to come to him, seeking healing. Several students
likewise gathered around the Saint. One time, in his seventeenth year as an ascetic, several
men had come to the Saint and asked for something to quench their thirst. Trusting on the
power of God, the monk sent one of his disciples to a dried-up well. By a Miracle of God this
well filled up to its very top, and this water remained for many days. When the water ended,
the monk did not dare to ask a Miracle for himself, and by night he himself began to carry
water from the Euphrates. The Neocaesarea bishop Patrikios repeatedly visited the monk and
ordained him presbyter, although the humble ascetic was resolved not to accept the priestly
dignity. And having learned, that the Saint himself carried water from afar off, bishop
Patrikios twice gave him donkeys, but the monk each time gave them away to the poor and
continued to carry the water himself. Then the bishop gave orders to dig out a large well,
which from time to time they filled, bringing donkeys from the city.
Saint Aninos discerned the desire of a certain pillar-dweller monk, asceticising afar off from
him, to come down off his pillar and make a complaint in court against a robber, who had hurt
him with a stone. Saint Aninos wrote a letter to the pillar-dweller, advising him not to carry
out his intent. The letter of the monk was conveyed to the pillar-dweller by a trusty lion, and it
brought him to his senses.
A certain pious woman, having fallen ill, set out to the Monk Aninos to ask prayers of him.
Along the way a robber chanced upon her. Not finding any money on the woman, he decided
to commit an act of violence and force her into sin. The woman called on the help of the
monk and cried out: "Saint Aninos, help me!" Terror suddenly overcame the robber, and he
let go the woman. Having continued on to the monk, the woman told him about everything
and received healing. And the robber in repentance likewise came to the monk, accepted
Baptism and tonsure as a monk. The spear, which he thrust into the ground, back when he had
intended to commit his act of violence, grew up into a mighty oak.
At the extreme old age of 110 the Saint foretold the time of his end, and he directed his
successor as hegumen to gather the brethren.
15
Before his death Saint Aninos conversed with the holy Prophets Moses, Aaron and Or [or
Hur: vide Ex. 24: 14], and with the words: "Lord, receive my soul," the Saint expired to the
Lord.
SAINTE EUPRAXIE DE TABENNE LA NOUVELLE, VIERGE (+473)
13 mars (Occident) – 25 juillet (Orient)
The Nun Eupraxia was daughter of the Constantinople dignitary Antigonos, a kinsman of the
holy Emperor Theodosius the Great (379-395).
Antigonos and his wife Eupraxia were pious and bestowed generous alms on the destitute. A
daughter was born to them, whom they likewise named Eupraxia. Antigonos soon died. The
mother withdrew from the imperial court and together with her daughter she set out to Egypt
under the pretext of looking over her properties. And there near the Thebaid was a women's
monastery with a strict monastic rule. The life of the inhabitants attracted the pious widow.
She wanted to bestow aid on this monastery, but the hegumeness Theophila refused and said,
that the nuns had fully devoted themselves to God and that they did not wish the acquisition
of any earthly riches. The hegumeness consented to accept only candles, incense and oil.
The younger Eupraxia was at this time seven years old. She liked the monastic manner of life
and she decided to remain at the monastery. Her pious mother did not stand in the way of her
daughter's wish. Taking leave of her daughter at the monastery, Eupraxia asked her daughter
to be humble, never to dwell upon her nobleborn descent, and to serve God and her sisters
fervently. In a short while the mother died. Having learned of her death, the emperor Saint
Theodosius sent Saint Eupraxia the Younger a letter, in which he reminded her, that her
parents had betrothed her to the son of a certain senator for when she reached age fifteen, and
that he desired that she would fulfill the commitment made by her parents. In answer to the
letter, Saint Eupraxia wrote to the emperor, that she had already become a bride of Christ and
she requested of the emperor to dispose of her properties, distributing the proceeds for the use
of the Church and the needy.
Saint Eupraxia, having reached the age of maturity, intensified her ascetic efforts all the more.
At first she partook of food once a day, then after two days – three days or more and finally,
once a week. She combined her fasting with the fulfilling of all her monastic obediences: she
toiled humbly in the kitchen, she washed dishes, she swept the premisses and served the
sisters with zeal and love. And the sisters loved the unpretentious Eupraxia. But one of them
envied her and explained away all her efforts as a desire for glory. This sister began to trouble
and to reproach her, but the holy virgin did not answer her back, and instead humbly asked
forgiveness.
The enemy of the human race caused the Saint much misfortune. One time in getting water
she fell into the well, from which the sisters extracted her; another time Saint Eupraxia was
chopping wood for the kitchen and cut herself on the leg with an axe. When she carried an
armload of wood up upon the ladder, she stepped on the hem of her garment, she fell and a
sharp splinter cut her near the eyes. All these woes Saint Eupraxia endured with patience, and
when they asked her to give herself a rest, she would not consent. For her efforts, the Lord
granted Saint Eupraxia a gift of wonderworking: through her prayer she healed a deaf and
dumb crippled child, and she delivered from infirmity a demon-oppressed woman. They
began to bring the sick for healing to the monastery. The holy virgin humbled herself all the
more, reckoning herself least among the sisters. Before the death of Saint Eupraxia, the
hegumeness had a vision. The holy virgin was transported into a resplendid palace and was
16
greeted with a spot before the Throne of the Lord surrounded by holy Angels, and the All-
Pure Virgin showed Saint Eupraxia about the luminous chamber and said to her, that She had
made ready for her and that she would come into this habitation after the space of ten days.
The hegumeness and the sisters wept bitterly, not wanting to lose Saint Eupraxia. The Saint
herself, in learning about the vision, wept that she was not prepared for going into eternity,
and she besought the hegumeness to implore the Lord to leave her alive even one year more
for repentance. The hegumeness consoled Saint Eupraxia and said, that the Lord would grant
her His great mercy. Suddenly Saint Eupraxia sensed herself not well, and having sickened,
she soon peacefully died at age thirty (+ 413).
L'ICONE MOLDAVE DE LA MERE DE DIEU CONSERVEE AU MONASTERE
MOLDAVE DU SAUVEUR DE NIKOLAÏEV EN UKRAINE.
Commémoration des défunts, St Nicéphore, Patriarche de Constantinople (transfert des
Reliques)-St Publius, quatrième évêque d'Athènes, Martyr sous Marc-Aurèle (entre 161 et
180). -Sts Africain, Publius et Terence-Ste Christine en Perse.-St Melain l'Evêque de Troyes
en Champagne (vers 390). -St Marius l'Evêque de Sébaste en Arménie. -St Tuder, Irlandais
de nation, ermite en Bretagne (Vème siècle). -Ste martyre Christine, morte fustigée en Perse
(peut-être sous Chosroès Ier en 559). -St Martin, higoumène de St-Maurice d'Agaune en
Valais (561). -St Althée le Gaulois, higoumène de St-Maurice d'Agaune en Valais (fin du
VIIIème siècle). -Transfert des Reliques de notre St Père Nicephore, patriarche de
Constantinople (+ 828), sous le patriarche St Méthode et l'empereur Michel (846) -Sts
Rodrigue, prêtre et Salomon, laïque, Martyrs par la main des Musulmans à Cordoue en
Espagne (857). -St Heldrad originaire de Lambesc près d'Aix-en-Provence, higoumène du
Monastère de Novalèse en Piémont et gardien du col du Mont-Cenis et de son hospice (875).
Lecture de l’Epître
Pas de Lecture ce jour
Lecture de l’Evangile
Pas de Lecture ce jour
REFLEXION - Ils sont grands ces Chrétiens qui ont un grand Amour pour le Christ.
Ô, en vérité qu'ils sont grands ces Chrétiens, ces Pères Théophores et Martyrs! Pour grand
nombre à notre époque, il est tout simplement impossible de se l'imaginer. C'est ce qu'un
d'entre eux, Saint Siméon le Nouveau Théologien confessa devant tous les Moines de son
monastère : parlant de sa propre expérience à propos des Paroles du Seigneur : "Car mon joug
est facile et mon fardeau léger" (Saint Matthieu 11,29) étaient accomplies en lui. Siméon dit :
"Croyez-moi lorsque j'ai fui vers Dieu, Mon Sauveur, je n'ai pas rencontré quoique ce soit de
douloureux, difficile ou insupportable. La seule grande et insupportable tristesse que j'avais
étais que je ne parvins pas à trouver suffisamment de raisons satisfaisantes pour mourir pour
l'Amour du Christ." Est-ce que de telles âmes ne sont pas une flamme vive contenue dans un
vase terrestre? Les flammes brûlantes sont toujours dressées vers le Haut, dirigées vers le
Ciel. Retirez seulement le couvercle et la flamme s'élèvera vivement en l'air.
HOMELIE - Au sujet de la réconciliation des méchants par amour du mal
"Hérode et Pilate devinrent amis ce jour-là, eux qui auparavant étaient ennemis" (Saint Luc
23,13).
Dans sa honte et humiliation, l'Homme Juste fait du bien à ses ennemis. Il les réconcilie. C'est
17
vrai dans ce cas que leur réconciliation n'implique pas une coopération mutuelle pour des
bons actes mais une persécution mutuelle du Juste. Au moins, la flamme de la haine entre eux
était éteinte et morte. C'était la récompense du Juste. Pilate et Hérode étaient ennemis. Ce
jour-là lorsque le Sauveur fut amené en jugement devant l'un puis l'autre, ils (Pilate et Hérode)
furent réconciliés. Le Prince de la Paix apporte la paix entre les parties qui se querellent; la
paix qui permit de tailler une Croix pour Lui. Mais Lui Qui est aussi un sacrifice volontaire
pour les péchés d'une multitude.
De nos jours encore, des ennemis communs font la paix entre eux lorsqu'ils trouvent
nécessaire d'attaquer et de condamner le Seigneur. Ils sont nombreux à s'entretuer jusqu'à ce
que vous leur mentionniez le Nom du Seigneur. Aussitôt qu'ils entendent ce Nom, ils
commencent à faire la paix entre eux pour pouvoir attaquer ce Saint Nom. Il est plus facile à
l'injuste de tolérer un injuste qu'il ne l'est pour eux de tolérer le Juste. Il est plus facile à
l'injuste de trouver un accord et de se réconcilier avec l'injuste qu'avec le Juste.
De même dans certains pays, les partis les plus agressifs cherchent la réconciliation entre eux
lorsqu'ils estiment nécessaire de décider quelle place il faudrait donner au Seigneur
Jésus-Christ dans l'Etat, soit Lui rendre la première place, celle qui Lui convient ou la
dernière. Sur ce point, des ennemis jurés se réconcilient afin que Notre Seigneur ne reçoive
que la dernière place. Ainsi en était-il des partis querelleurs des pharisiens et des saducéens
qui se réconcilièrent et entrèrent en coopération contre le Christ.
Pourquoi donc le Plus Pur et Celui Qui en avait le plus le droit avait-Il à recevoir la dernière
place? Parce que d'après eux, la première place leur était réservée. C'est la même pulsion qui
sera là entre ces ennemis jurés, les pharisiens et les saducéens lorsqu'ils estimeront qu'il sera
nécessaire de mettre le Christ à mort. Le même motif sera l'occasion qui réconciliera Pilate et
Hérode lorsqu'il leur semblera nécessaire de juger que le Christ avait à être mis à mort.
Ô mes frères, ne cherchons jamais la paix avec l'injustice contre la justice. Au contraire,
cherchons toujours la paix avec Dieu et avec elle, une conscience droite.
Ô Dieu, aide nous afin que nous puissions toujours avoir une telle paix.
A Toi soit la Gloire et la reconnaissance, à jamais. Amin.
Saint Nicolas Velimirovitch l'Evêque d'Ochrid, Serbie (+ 05 mars 1958), rescapé de Dachau puis des
persécutions communistes, auteur du Synaxaire "Prologue d'Ochrid".

vendredi 23 mars 2012

Saint Syméon le Nouveau Théologien. (XI°s).

Icônes de Saint Grégoire le Grand dit "le Dialogue", pape de Rome. (VII°s).


Saint Théophane de Sygriane, Confesseur. (IX°s).


Icônes de Saint Jean Climaque. (VII°s).



Icône de l'Echelle Sainte de Saint Jean Climaque.

Vie de Saint Syméon le Nouveau Théologien et autres Vies de Saints.

12 – 25 mars 2012
Cycle mobile (Pascalion): Dimanche de la Quatrième Semaine du Grand Carême,
Dimanche de Saint Jean Climaque
MEMOIRE DE NOTRE VENERABLE PERE THEOPHORE JEAN LE SINAITE,
SURNOMME CLIMAQUE (+649)
Tu mortifiais la chair, Saint Jean, de ton vivant
et bien que tu paraisses sans vie maintenant,
tu vis éternellement.
L'Echelle où tu décris la montée vers les Cieux
annonce de ton âme le retour à Dieu.
2
SAINT VENERABLE PERE THEOPHORE JEAN LE SINAITE, SURNOMME
CLIMAQUE (+649) 4ème Dim. du Gd. Carême – 30 mars
Il venait de Palestine quand il se rendit au Monastère Sainte Catherine du Sinaï. Il avait seize
ans et il y restera dix-neuf sous la direction d'un Moine Vénérable qui lui apprend la vie
parfaite. Un jour, ce dernier l'emmène auprès d'Abba Jean le Sabaïte, Ascète respecté. Celuici
verse de l'eau dans un bassin et lave les pieds de Jean et non pas du Vénérable Vieillard.
Interrogé pourquoi, Jean le Sabaïte répond : "J'ai lavé les pieds de l'Higoumène du Sinaï." La
prophétie devait se réaliser quelques décennies plus tard. En attendant, son maître s'étant
endormi, Jean se retire au Désert durant quarante ans. Il ne refuse jamais de donner quelques
conseils et quelques enseignements quand on vient le trouver. Des envieux le traitant de
bavard, Jean comprend qu'on enseigne plus par les oeuvres que par les paroles. Il rentre alors
dans le silence. On devra le supplier de reprendre ses enseignements, ce qu'il fera par
miséricorde. Après avoir longuement visité les monastères de l'Égypte, il revient au Sinaï et
c'est à ce moment qu'il est élu Higoumène du Monastère Sainte Catherine. Vers la fin de sa
vie, on lui demande de rédiger "L'Echelle Sainte" (en grec "klimax," d'où son nom) qui
résume l'expérience spirituelle des trois premiers siècles du monachisme. "Ne cherche pas à
beaucoup parler quand tu pries, de peur que ton esprit ne se distraie à chercher les mots."
disait-il souvent. Ce livre est une véritable somme de la spiritualité monastique et lui donna
dans l'Eglise orthodoxe la première place parmi les docteurs mystiques. Son échelle devint si
populaire que le Tsar Ivan le Grand en fit un clocher au Kremlin de Moscou pour rappeler aux
hôtes du palais qu'eux aussi ont une destinée surnaturelle.
ou
Alors qu'il était âgé de seize ans et qu'il avait l'esprit vif, il s'offrit à Dieu en victime sacrée,
gravissant la montagne du Sinaï. Après dix-neuf ans passés dans ce Monastère, il le quitta
3
pour le stade des Hésychastes : à cinq milles de la palestre où s'exerça l'Anachorète Cyriaque,
il fixa sa demeure au lieu-dit Tholâs. Il y passa quarante ans dans un ardent amour,
constamment embrasé par le feu de l'Amour Divin. Il mangeait de tout ce que lui permettait la
Règle (et en cela il brisait très sagement l'aiguillon de l'orgueil) mais il le faisait en toute
frugalité et non jusqu'à satiété. Et le flot de ses larmes qui pourrait le décrire? Le sommeil, il
en prenait juste assez pour ne pas gâcher par l'insomnie les facultés de son esprit. Le cours de
sa vie, c'était la prière continue et un Amour de Dieu sans pareil. Ayant par toutes ces vertus
mené une vie agréable à Dieu, ayant écrit l'Echelle, rédigé ses enseignements et rejoint la
plénitude de la Bonté, il s'endormit dignement dans le Seigneur, l'an six cent-trois, à l'âge de
quatre-vingts ans, laissant beaucoup d'autres écrits.
ou
Jean que l'on surnomma le Scholastique, à cause de sa science éminente ou le Sinaïte à cause
de son séjour sur le Sinaï, est plus communément connu sous le surnom de Climaque, en
raison de son traité qui a pour titre "L'échelle du paradis" (échelle en grec = klimax).
On ignore l'époque et le lieu de sa naissance. D'après F. Nau qui place l’endormissement de
Jean après 649, on aurait la naissance en 579. Les écrits qu'il a laissés ont donné à penser que
Jean reçut une belle éducation par les soins de Pieux Parents. A seize ans, le jeune homme alla
se présenter au Mont Sinaï voulant faire l'apprentissage de la solitude, il accepta de se laisser
guider par un Saint Ancien nommé Martyre. Il employa quatre années à s'instruire et à
s'éprouver avant de se consacrer à Dieu par la profession monastique. Satisfait des progrès de
son disciple, Martyre le présenta un jour à l'Anachorète Anastase qui devait devenir Patriarche
d'Antioche. Celui-ci comme éclairé d'une lumière prophétique, dit au maître : "Qui aurait cru,
Abba que tu eusses consacré à Dieu un futur Higoumène du Mont-Sinaï?"
Pendant dix-neuf ans, Jean s'exerça avec une simplicité admirable dans la pratique fidèle de
l'obéissance. A l’endormissement de Martyre, il se proposa d'embrasser la vie des
Anachorètes : il ne voulut pas cependant s'y décider par lui-même et consulta à ce sujet un
autre Ancien qui donna son assentiment à ce projet. Jean descendit alors au bas de la
Montagne du Sinaï et se retira dans une solitude au bas de la plaine. Sa cellule était éloignée
de l'église d'environ deux lieues. Les samedis et dimanches, il se rendait à l'église pour
participer à l'Office et communier avec les autres Anachorètes. Il consacrait les autres jours de
la semaine successivement à la prière, au travail des mains et à la méditation; il mangeait peu
les aliments que sa profession lui permettait. Dieu lui accorda le don de prières et celui des
larmes.
Bientôt, de disciple, il devint maître en matière d'ascétisme. Un Anachorète du nom de Moïse
lui fit demander s'il l'acceptait comme disciple. Jean crut devoir céder aux instances qui lui
étaient faites. Il était déjà dans un âge avancé quand les Moines du Sinaï le choisirent pour
Higoumène; il dut se faire violence pour céder à leurs désirs et leur apporter ses
enseignements. C'est alors qu'un autre Jean, Higoumène de Raïthe, monastère situé à quelques
lieues du Sinaï, lui écrivit pour lui demander au nom de sa communauté et en son propre nom,
de mettre par écrit les pensées que l'Esprit de Dieu lui dictait sur la pratique des Vertus. Jean
Climaque considérant cette demande comme un Ordre venu du Ciel, résolut d'y satisfaire en
esprit d'obéissance. Il répondit à son correspondant en des termes qui témoignent de sa
profonde humilité : "Mauvais disciple d'un excellent peintre, j'ai seulement ébauché et marqué
avec du noir les ombres de choses qui sont d'elles-mêmes très vives et très éclatantes; je t'ai
réservé comme au premier maître et au plus éminent parmi les docteurs le soin de mettre la
4
dernière main à cet ouvrage, d'y ajouter des embellissements, d'éclaircir ce qu'il y a d'obscur,
de suppléer à tout ce qui manque dans les préceptes de cette Loi Spirituelle par les lumières
que tu as acquises en l'accomplissant si parfaitement. Ce n'est donc pas à toi que j'adresse ce
petit ouvrage mais à ceux que Dieu a appelés à Son Service."
Après avoir gouverné quelque temps le Monastère du Sinaï, Jean retourna dans sa solitude. Il
établit pour son successeur un frère nommé Georges, Anachorète de la même montagne du
Sinaï qui avait passé sept ans dans la pratique de toutes sortes de vertus. Lorsque Jean fut
arrivé à sa dernière heure, Georges vint le visiter et lui dit tout en larmes : "Me laisses-tu
après toi ainsi sans secours et sans assistance?" - "Ne t'afflige point, répondit le moribond, si
j'ai quelque pouvoir auprès de Dieu, il ne se passera pas un an sans que je t'attire auprès de
moi." Georges s’endormit en effet dix mois après.
ou
Nous indiquerons ici, entre parenthèses dans le texte, les références à la traduction de
l'Echelle Sainte par le Père Placide Deseille, "Spiritualité orientale n° 24," Abbaye de
Bellefontaine, 1978.
Cet Homme Divin naquit vraisemblablement dans la seconde moitié du cinquième siècle mais
on ignore tout de sa patrie et de ses origines car dès le début de son renoncement, il prit grand
soin de vivre en étranger. "L'exil volontaire, écrit-il, est la séparation de toute chose pour
rendre notre pensée inséparable de Dieu" (III, 3). On sait seulement que dès l'âge de seize ans
et après avoir acquis une solide formation intellectuelle, il renonça à tous les attraits de cette
vie de vanité par Amour de Dieu et se rendit au Mont Sinaï au pied de cette Montagne Sainte
où Dieu avait autrefois révélé Sa Gloire à Moise et il s'offrit d'un coeur ardent au Seigneur
comme un holocauste d'agréable odeur.
Repoussant dès son entrée dans le stade toute confiance en lui-même et toute complaisance
par une humilité sans feinte, il se soumit corps et âme à un Ancien nommé Martyre et
s'engagea, libre de tout souci dans l'ascension de cette Echelle Spirituelle (klimax) au sommet
de laquelle Dieu se tenait et l'engageait à ajouter "jour après jour, feu sur feu, ferveur sur
ferveur, désir sur désir et zèle sur zèle" (I, 46). Il regardait son pasteur comme l'Icône Vivante
du Christ (cfr. IV, 29) et convaincu que celui-ci devrait rendre compte pour lui devant Dieu
(IV, 33), il n'avait qu'un seul souci : celui de rejeter sa volonté propre et de renoncer à tout
discernement par plénitude de discernement (IV, 3) de sorte qu'il n'y avait aucun intervalle de
temps entre les ordres que Martyre lui donnait, même apparemment sans raison et l'obéissance
de son disciple. Malgré cette parfaite soumission, Martyre le garda néanmoins quatre ans dans
l'état de novice et ne le tonsura qu'à l'âge de vingt ans après avoir éprouvé son humilité. Un
des Moines présents ce jour-là nommé Stratège prédit que ce nouveau Moine était appelé à
devenir un jour un des grands luminaires du monde. Lorsque par la suite Martyre et son
disciple rendirent visite à Jean le Sabaïte, un des plus fameux Ascètes de ce temps, celui-ci,
négligeant l'Ancien, alla laver les pieds de Jean. Après leur départ, il déclara qu'il ne
connaissait pas ce jeune Moine mais que sous l'Inspiration du Saint-Esprit, il avait lavé les
pieds à l'Higoumène du Sinaï. La même prophétie fut confirmée par le Grand Anastase le
Sinaïte chez lequel ils s'étaient également rendus.
Malgré sa jeunesse Jean montrait la maturité d'un Vieillard et un grand discernement. C'est
ainsi qu'un jour alors qu'il avait été envoyé dans le monde pour une mission et se trouvait à
table avec des séculiers, il préféra céder un peu à la vaine gloire en mangeant fort peu, plutôt
5
qu'à la gourmandise car de deux maux, il vaut mieux préférer celui qui est le moins dangereux
pour les nouveaux venus dans la vie monastique (XXVI, 53).
Il passa ainsi dix-neuf ans dans la bienheureuse insouciance que procure l'obéissance,
débarrassé de tout combat par la prière de son Père Spirituel et navigant sans danger comme
en dormant vers le port de l'impassibilité (cfr. IV, 3). A l’endormissement de Martyre, il
résolut de poursuivre dans la solitude son ascension, genre de vie qui ne convient qu'au petit
nombre de ceux qui, affermis sur la pierre de l'humilité, s'éloignent des hommes afin de n'être
pas un moment privés de la Suavité de Dieu (XXVII, 29). Il ne s'était pas engagé dans cette
voie pleine d'embûches en se confiant à son propre jugement mais sur les recommandations
du Saint Ancien Georges Arsilaïte qui l'avait instruit du genre de vie propre aux Hésychastes.
Il choisit comme terrain d'exercice un lieu solitaire appelé Tholas, situé à cinq milles du grand
monastère où d'autres Ermites demeuraient non loin les uns des autres. Il y resta pendant
quarante ans, consumé par l'Amour de Dieu sans cesse croissant, sans souci pour sa propre
chair, libre de tout contact avec les hommes, n'ayant pour seule occupation que la prière sans
relâche et la vigilance sur son coeur en vue de circonscrire l'incorporel dans une demeure
corporelle (XXVII, 7), tel un Ange revêtu d'un corps.
Il mangeait de tout ce que permet la profession monastique mais en très petite quantité,
domptant ainsi la tyrannie de la chair sans offrir de prétexte à la vaine gloire. Par la solitude et
la retraite, il avait mis à mort la fournaise du désir d'accumuler qui sous prétexte de charité et
d'hospitalité, porte les Moines négligents à la gourmandise, la porte de toutes les passions
(XIV, 38) et à l'amour de l'argent, fille du manque de Foi et adoration des idoles (XVI, 2). De
l'acédie, cette mort de l'âme qui assaille en particulier les hésychastes (XIII, 4) et du
relâchement, il triomphait par le souvenir de la mort (XXVII, 36) et par la méditation des
Biens Promis il brisait le lien de la tristesse. Il ne connaissait qu'une seule tristesse : cette
affliction qui procure la joie et nous fait courir avec ardeur sur le chemin du repentir (VII) et
qui purifie l'âme de toutes ses souillures.
Que lui restait-il pour parvenir à l'impassibilité (apatheia)? La colère, il l'avait vaincue depuis
longtemps par le glaive de l'obéissance. La vaine gloire, cette épine à trois pointes qui se tient
toujours dressée contre les combattants de la piété et qui se mêle à toutes les vertus comme
une sangsue (XXI, 5), il l'avait étouffée par la réclusion et plus encore par le silence. Et pour
prix de ses labeurs qu'il assaisonnait toujours du blâme de soi, le Seigneur lui avait accordé la
reine des vertus, la Sainte et Précieuse Humilité : "cette Grâce ineffable dans l'âme, ce trésor
dont le nom n'est connu que par ceux qui l'ont appris par expérience et qui porte le Nom de
Dieu Lui-même (Mat. 11:29)" (XXV, 3).
Comme sa cellule était trop proche des autres, il se retirait souvent dans une grotte éloignée,
au pied de la Montagne* et il en faisait l'antichambre du Ciel par ses gémissements et les
larmes qui coulaient de ses yeux comme une source abondante, sans effort et transfiguraient
son corps en une robe nuptiale (VII, 20, 44). Par l'effet de cette Bienheureuse Affliction et de
ces larmes continuelles, il vivait chaque jour comme une fête (VII, 41) et gardait la prière
perpétuelle dans son coeur devenu semblable à une forteresse inviolable aux assauts des
pensées. Il lui arrivait parfois d'être ravi en esprit au milieu des Choeurs Angéliques sans
savoir s'il était en son corps ou hors de son corps et avec grande liberté il demandait alors à
Dieu de l'instruire sur les Mystères de la Théologie (XXVII, 48). Lorsqu'il sortait de la
fournaise de la prière, il se sentait tantôt purifié comme par le feu, tantôt tout resplendissant
de Lumière (XXVIII, 54).
* On peut la vénérer encore aujourd'hui.
6
Quant au sommeil, il ne lui accordait que la mesure nécessaire pour garder son esprit vigilant
dans la prière et avant de s'endormir. il priait longtemps ou écrivait sur des tablettes le fruit de
ses méditations des Ecritures Inspirées.
Malgré le grand soin qu'il prit pendant toutes ces années de garder ses vertus cachées aux
yeux des hommes, il dut attendre que Dieu jugeât que le temps était venu pour lui de
transmettre aux autres la Lumière qu'il avait acquise pour l'édification de l'Eglise. Dieu porta
alors vers Jean un jeune Moine nommé Moïse qui grâce à l'intervention des autres Ascètes,
parvint à fléchir la résistance de l'Homme de Dieu et à se faire admettre comme son disciple.
Un jour que Moïse était allé chercher au loin de la terre pour leur petit jardin et qu'il s'était
allongé sous un gros rocher pour la sieste, Jean reçut dans sa cellule la Révélation que son
disciple était en danger. Il saisit aussitôt l'arme de la prière et quand Moïse revint, le soir
venu, il lui raconta que dans son sommeil il avait soudain entendu la voix de son Ancien
l'appeler au moment même où le rocher se détachait et menaçait de l'écraser.
La prière de Jean avait aussi le pouvoir de guérir les blessures visibles et invisibles. C'est ainsi
qu'il délivra un Moine du démon de la luxure qui l'avait poussé au découragement. Une autre
fois, il fit tomber la pluie. Mais c'était surtout par le charisme de l'enseignement spirituel que
Dieu manifestait en lui Sa Grâce. Se fondant sur son expérience personnelle, il instruisait
libéralement tous ceux qui venaient le trouver, sur les embûches qui guettent les Moines dans
leur combat contre leurs passions et contre le
prince de ce monde. Cet enseignement spirituel
attira toutefois la jalousie de certains qui
répandirent alors contre lui des calomnies, le
traitant de bavard et de vaniteux. Bien qu'il eût
la conscience en paix, Jean ne chercha pas à se
justifier et pour enlever tout prétexte à ceux qui
en cherchaient un, il arrêta pendant une année
entière le flot de ses enseignements, convaincu
qu'il valait mieux porter un léger préjudice aux
amis du bien plutôt que d'exacerber le
ressentiment des méchants. Tous les habitants
du Désert furent édifiés par son silence et par
cette preuve d'humilité et ce ne fut que sur les
instances de ses propres calomniateurs
repentants qu'il accepta de recevoir à nouveau
des visiteurs.
Comblé de toutes les vertus de l'action et de la
Contemplation et parvenu au sommet de
l'Echelle Sainte par la victoire sur toutes les
passions du vieil homme, Jean rayonnait comme
un astre sur la péninsule du Sinaï et était admiré
par tous les Moines. Il ne s'en estimait pas
moins encore un débutant et avide de recueillir
des exemples de conduite évangélique, il
entreprit un voyage dans divers Monastères d'Egypte. Il visita en particulier un grand
Monastère cénobitique dans la région d'Alexandrie, un véritable Ciel sur la terre d'ici-bas
dirigé par un admirable pasteur d'âmes doté d'un infaillible discernement. Cette communauté
était unie dans le Seigneur par une telle charité, exempte de toute familiarité et de toute parole
7
vaine que les Moines avaient à peine besoin des avertissements de leur Higoumène de leur
propre mouvement : ils s'excitaient mutuellement à une Vigilance Toute Divine. De toutes
leurs vertus, la plus admirable selon Jean, était qu'ils s'exerçaient surtout à ne blesser en rien
la conscience d'un frère (IV, 15-17). Il fut aussi fort édifié par la visite d'une dépendance de ce
Monastère nommée "la Prison" où vivaient dans une Ascèse extrême et dans les
démonstrations les plus extraordinaires de repentir, des Moines qui avaient gravement péché
et qui s'efforçaient de gagner par leurs labeurs le Pardon de Dieu. Loin de lui paraître dure et
intolérable cette prison était au contraire pour le Saint le modèle de la vie monastique. "L'âme
en effet qui a perdu sa confiance première qui a brisé le sceau de sa pureté et s’est laissée ravir
les trésors de la Grâce qui est devenue étrangère aux Consolations Divines, qui a violé son
Alliance avec le Seigneur et qui est blessée et transportée de chagrin au souvenir (le tout cela,
cette âme, dis-je, non seulement se soumettra volontiers à tous ces labeurs mais sera
fermement résolue à se donner pieusement la mort par l'Ascèse, si du moins il lui reste encore
une étincelle d'Amour et de Crainte du Seigneur" (V, 24).
Lorsque le Saint eut accompli ces quarante années de séjour au Désert, tel un autre Moïse, il
fut chargé par Dieu de prendre la tête de ce nouvel Israël et devint Higoumène du monastère*
au pied de la Montagne Sainte. On raconte que le jour de son intronisation, six cents pèlerins
étaient présents et pendant que tous étaient assis pour le repas, on put voir le Prophète Moïse
lui-même vêtu d'une tunique blanche, allant et venant et donnant des ordres avec autorité aux
cuisiniers, aux économes, aux cellériers et autres domestiques.
* Fondé en 536 par l'Empereur Justinien. le Monastère du Sinaï était alors dédié la Mère de Dieu. Ce n'est
qu'au quatorzième siècle il prit le nom de Sainte-Catherine.
Ayant pénétré dans la ténèbre Mystique de la Contemplation, ce nouveau Moïse y avait été
initié aux secrets de la Loi Spirituelle et redescendant de la montagne, impassible, le visage
glorifié par la Grâce, il put devenir pour tous le Pasteur, le Médecin et le Maître Spirituel qui
portant en lui-même le livre écrit par Dieu [=L'Echelle Sainte], n'avait pas besoin d'autres
livres pour enseigner à ses Moines la science des sciences et l'art des arts.
L'Higoumène de Raïthou nommé lui aussi Jean, ayant été informé de la merveilleuse manière
de vivre des Moines du Sinaï, écrivit à Jean pour lui demander d'exposer de manière brève et
méthodique ce qui est nécessaire à ceux qui ont embrassé la Vie Angélique pour obtenir le
Salut. Celui qui ne savait pas contredire grava alors, du stylet de sa propre expérience, les
"Tables de la Loi spirituelle."* Il présenta son traité comme une Echelle de trente degrés que
Jacob, c'est-à-dire "celui qui a supplanté les passions," contempla tandis qu'il reposait sur la
couche de l'Ascèse (cfr. Gen. 28:12). Dans cette Somme orthodoxe de la vie spirituelle** qui
reste à travers les siècles, tant pour les Moines que pour les laïcs, le guide par excellence de la
Vie Evangélique, Saint Jean n'institue pas de Règles mais à partir de recommandations
pratiques, de détails judicieusement choisis, d'aphorismes ou d'énigmes souvent pleins
d'humour, il initie l'âme au combat spirituel et au discernement des pensées. Sa parole est
brève, dense et effilée et elle pénètre tel un glaive jusqu'au profond de l'âme, tranchant sans
compromis toute complaisance de soi et poursuivant jusque dans leurs racines l'Ascèse
hypocrite et l'égoïsme. Semblable à celle de Saint Grégoire le Théologien dans le domaine
théologique, cette parole est l'Evangile mise en pratique et elle conduit sûrement ceux qui s'en
imprègnent par une lecture assidue jusqu'à la Porte du Ciel où le Christ nous attend.
* C'était le titre primitif de l'Echelle dont témoignent certains manuscrits.
** Elle est lue chaque année dans l'église ou au réfectoire, pendant le Grand Carême. C'est pourquoi on trouve
souvent une fresque de l'Echelle dans les monastères orthodoxes.
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Sur la fin de ses jours, le Bienheureux Jean désigna son frère Georges qui lui aussi avait
embrassé la vie hésychaste dès le début de son renoncement pour lui succéder à la tête du
Monastère. Lorsqu'il fut sur le point de s'endormir, Georges lui dit : "Ainsi tu m'abandonnes
et tu pars! Pourtant, j'ai prié pour que tu m'envoies vers le Seigneur en premier car sans toi il
n'est pas en mon pouvoir de paître cette communauté." Mais Jean le rassura et lui dit : "Ne
t'afflige pas et ne te fais pas de souci. Si je trouve grâce devant Dieu, je ne te laisserai même
pas achever une année après moi." Effectivement, dix mois après le Repos de Jean, Georges
partit à son tour vers le Seigneur.*
* On suppose que Georges était l'Evêque de Pharan qui, en 680, vint installer définitivement son siège au
Monastère du Sinaï.
Hymne de Louange à Saint Climaque
Comme une sorte de flambeau sur le Mont Sinaï,
Jean brillait de la Lumière Céleste
Soumettant le corps, soumettant ses pensées,
Il dénombra les trente marches vers la victoire.
Stratégie miraculeuse, merveilleuse tactique
Comme héritage, il donna au guerrier spirituel
La guerre de l'esprit pour celui qui désire apprendre
Et dans cette guerre comment conquérir avec Gloire.
"L'Echelle," toute miraculeuse, par l'Esprit écrite,
Après que le redoutable combat fut terminé,
Lorsque Jean le Victorieux répandit le mot,
Comme un précieux don, aux frères il l'offrit.
Poème épique qu'est l'âme humaine,
Lorsque de la poussière, vers les Cieux elle désire s'élever,
Un poème épique terrible, d'une lutte et de souffrances,
Un poème épique étincelant de Foi et d'Espérance.
C'est cela que Jean, illuminé par Dieu, nous donna,
Des armes, toutes rutilantes pour vous et moi.
Et à présent, devant le Seigneur, Jean prie,
Afin qu'il plaise au Seigneur de nous envoyer de l'aide
Lorsque, vers Lui, par l'Echelle nous grimpons.
Afin que vers nous, Il étende Sa Main,
Afin qu'à Lui nous parvenions.
SAINTE TABITHA 25 Octobre – 4ème Dim. du Gd. Carême
9
Sainte Tabitha était une femme bonne et pieuse, appartenant à la communauté chrétienne de
Joppa. Etant tombée grièvement malade, elle s'endormit soudainement. A cette époque, le
Saint Apôtre Pierre prêchait à Lydda, non loin de Joppa. Des messagers lui furent envoyés
avec une demande d'aide urgente. Lorsque l'Apôtre arriva à Joppa, Tabitha s'était déjà
endormie. Pliant les genoux, Saint Pierre fit une fervente prière au Seigneur. Puis il alla vers
le lit et s'écria : "Tabitha, lève-toi!" Elle se releva aussitôt, complètement guérie (Actes 9,36).
Sainte Tabitha est considérée comme la Sainte Protectrice des tailleurs et des couturières car
on sait qu'elle cousait des manteaux et autres vêtements (Actes 9,39).
SAINT MARTYR ABRAHAM LE BULGARE, THAUMATURGE DE VLADIMIR
(+1229) 6 mars (translation) – 1 avril - 4ème Dim de Pâque (2ème translation)
Il vécut au troisième siècle et descendait des Bulgares Kamska et fut élevé comme musulman.
Il était doux et bon envers les pauvres et lorsque le Seigneur l'illumina avec la lumière de la
raison, il accepta le Christianisme. Dans la ville de Bolgara, sur les basses étendues de la
Volga, Saint Abraham commença à prêcher à ses compatriotes au sujet du Vrai Dieu. Ils le
saisirent et tentèrent de le forcer à renoncer au Christ mais le Saint demeura ferme dans sa
confession. Ils torturèrent le Martyr terriblement et pour un long moment mais il endura tout
avec une patience invincible. Le 1er avril 1229, ils écartelèrent le Saint Martyr Abraham puis
décapitèrent son Vénérable Chef. Les Chrétiens russes vivant dans la ville ensevelirent le
corps du Saint dans le cimetière chrétien. Le 6 mars 1230, les Vénérables Reliques de Saint
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Abraham furent transférées par le Grand Prince Saint Georges Vsevolodovich de Vladimir
vers la cathédrale de la Dormition du Monastère de Knyaginin (Princesse). On commença dès
lors à célébrer sa mémoire.
Lecture de l’Epître
Heb VI : 13-20
6.13 Lorsque Dieu fit la promesse à Abraham, ne pouvant jurer par un plus grand que lui, il
jura par lui-même, et dit: 6.14 Certainement je te bénirai et je multiplierai ta postérité. 6.15 Et
c'est ainsi qu'Abraham, ayant persévéré, obtint l'effet de la promesse. 6.16 Or les hommes
jurent par celui qui est plus grand qu'eux, et le serment est une garantie qui met fin à toutes
leurs différends. 6.17 C'est pourquoi Dieu, voulant montrer avec plus d'évidence aux héritiers
de la promesse l'immutabilité de sa résolution, intervint par un serment, 6.18 afin que, par deux
choses immuables, dans lesquelles il est impossible que Dieu mente, nous trouvions un
puissant encouragement, nous dont le seul refuge a été de saisir l'espérance qui nous était
proposée. 6.19 Cette espérance, nous la possédons comme une ancre de l'âme, sûre et solide;
elle pénètre au delà du voile, 6.20 là où Jésus est entré pour nous comme précurseur, ayant été
fait souverain sacrificateur pour toujours, selon l'ordre de Melchisédek.
Pour le Vénérable Père Saint Jean Climaque
Eph V : 8-19
5.8 Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Marchez
comme des enfants de lumière! 5.9 Car le fruit de la lumière consiste en toute sorte de bonté,
de justice et de vérité. 5.10 Examinez ce qui est agréable au Seigneur; 5.11 et ne prenez point
part aux oeuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt condamnez-les. 5.12 Car il est honteux
de dire ce qu'ils font en secret; 5.13 mais tout ce qui est condamné est manifesté par la lumière,
car tout ce qui est manifesté est lumière. 5.14 C'est pour cela qu'il est dit: Réveille-toi, toi qui
dors, Relève-toi d'entre les morts, Et Christ t'éclairera. 5.15 Prenez donc garde de vous
conduire avec circonspection, non comme des insensés, mais comme des sages; 5.16 rachetez
le temps, car les jours sont mauvais.
Lecture de l’Evangile
Marc IX : 17-31
9.17 Et un homme de la foule lui répondit: Maître, j'ai amené auprès de toi mon fils, qui est
possédé d'un esprit muet. 9.18 En quelque lieu qu'il le saisisse, il le jette par terre; l'enfant
écume, grince des dents, et devient tout raide. J'ai prié tes disciples de chasser l'esprit, et ils
n'ont pas pu. 9.19 Race incrédule, leur dit Jésus, jusques à quand serai-je avec vous? jusques à
quand vous supporterai-je? Amenez-le-moi. On le lui amena. 9.20 Et aussitôt que l'enfant vit
Jésus, l'esprit l'agita avec violence; il tomba par terre, et se roulait en écumant. 9.21 Jésus
demanda au père: Combien y a-t-il de temps que cela lui arrive? Depuis son enfance,
répondit-il. 9.22 Et souvent l'esprit l'a jeté dans le feu et dans l'eau pour le faire périr. Mais, si
tu peux quelque chose, viens à notre secours, aie compassion de nous. 9.23 Jésus lui dit: Si tu
peux!... Tout est possible à celui qui croit. 9.24 Aussitôt le père de l'enfant s'écria: Je crois!
viens au secours de mon incrédulité! 9.25 Jésus, voyant accourir la foule, menaça l'esprit
impur, et lui dit: Esprit muet et sourd, je te l'ordonne, sors de cet enfant, et n'y rentre plus. 9.26
Et il sortit, en poussant des cris, et en l'agitant avec une grande violence. L'enfant devint
comme mort, de sorte que plusieurs disaient qu'il était mort. 9.27 Mais Jésus, l'ayant pris par la
main, le fit lever. Et il se tint debout. 9.28 Quand Jésus fut entré dans la maison, ses disciples
lui demandèrent en particulier: Pourquoi n'avons-nous pu chasser cet esprit? 9.29 Il leur dit:
Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière.
9.30 Ils partirent de là, et traversèrent la Galilée. Jésus ne voulait pas qu'on le sût. 9.31 Car il
11
enseignait ses disciples, et il leur dit: Le Fils de l'homme sera livré entre les mains des
hommes; ils le feront mourir, et, trois jours après qu'il aura été mis à mort, il ressuscitera.
Pour le Vénérable Père Saint Jean Climaque
Marc IV : 23-V : 13
4.23 Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende. 4.24 Il leur dit encore: Prenez garde
à ce que vous entendez. On vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis, et on y
ajoutera pour vous. 4.25 Car on donnera à celui qui a; mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce
qu'il a. 4.26 Il dit encore: Il en est du royaume de Dieu comme quand un homme jette de la
semence en terre; 4.27 qu'il dorme ou qu'il veille, nuit et jour, la semence germe et croît sans
qu'il sache comment. 4.28 La terre produit d'elle-même, d'abord l'herbe, puis l'épi, puis le grain
tout formé dans l'épi; 4.29 et, dès que le fruit est mûr, on y met la faucille, car la moisson est là.
4.30 Il dit encore: A quoi comparerons-nous le royaume de Dieu, ou par quelle parabole le
représenterons-nous? 4.31 Il est semblable à un grain de sénevé, qui, lorsqu'on le sème en terre,
est la plus petite de toutes les semences qui sont sur la terre; 4.32 mais, lorsqu'il a été semé, il
monte, devient plus grand que tous les légumes, et pousse de grandes branches, en sorte que
les oiseaux du ciel peuvent habiter sous son ombre. 4.33 C'est par beaucoup de paraboles de ce
genre qu'il leur annonçait la parole, selon qu'ils étaient capables de l'entendre. 4.34 Il ne leur
parlait point sans parabole; mais, en particulier, il expliquait tout à ses disciples.
4.35 Ce même jour, sur le soir, Jésus leur dit: Passons à l'autre bord. 4.36 Après avoir
renvoyé la foule, ils l'emmenèrent dans la barque où il se trouvait; il y avait aussi d'autres
barques avec lui. 4.37 Il s'éleva un grand tourbillon, et les flots se jetaient dans la barque, au
point qu'elle se remplissait déjà. 4.38 Et lui, il dormait à la poupe sur le coussin. Ils le
réveillèrent, et lui dirent: Maître, ne t'inquiètes-tu pas de ce que nous périssons? 4.39 S'étant
réveillé, il menaça le vent, et dit à la mer: Silence! tais-toi! Et le vent cessa, et il y eut un
grand calme. 4.40 Puis il leur dit: Pourquoi avez-vous ainsi peur? Comment n'avez-vous point
de foi? 4.41 Ils furent saisis d'une grande frayeur, et ils se dirent les uns aux autres: Quel est
donc celui-ci, à qui obéissent même le vent et la mer?
5.1 Ils arrivèrent à l'autre bord de la mer, dans le pays des Gadaréniens. 5.2 Aussitôt que
Jésus fut hors de la barque, il vint au-devant de lui un homme, sortant des sépulcres, et
possédé d'un esprit impur. 5.3 Cet homme avait sa demeure dans les sépulcres, et personne ne
pouvait plus le lier, même avec une chaîne. 5.4 Car souvent il avait eu les fers aux pieds et
avait été lié de chaînes, mais il avait rompu les chaînes et brisé les fers, et personne n'avait la
force de le dompter. 5.5 Il était sans cesse, nuit et jour, dans les sépulcres et sur les montagnes,
criant, et se meurtrissant avec des pierres. 5.6 Ayant vu Jésus de loin, il accourut, se prosterna
devant lui, 5.7 et s'écria d'une voix forte: Qu'y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu Très
Haut? Je t'en conjure au nom de Dieu, ne me tourmente pas. 5.8 Car Jésus lui disait: Sors de
cet homme, esprit impur! 5.9 Et, il lui demanda: Quel est ton nom? Légion est mon nom, lui
répondit-il, car nous sommes plusieurs. 5.10 Et il le priait instamment de ne pas les envoyer
hors du pays. 5.11 Il y avait là, vers la montagne, un grand troupeau de pourceaux qui
paissaient. 5.12 Et les démons le prièrent, disant: Envoie-nous dans ces pourceaux, afin que
nous entrions en eux. 5.13 Il le leur permit. Et les esprits impurs sortirent, entrèrent dans les
pourceaux, et le troupeau se précipita des pentes escarpées dans la mer: il y en avait environ
deux mille, et ils se noyèrent dans la mer.
Cycle fixe : Commémorations
12
SAINT PERE THEOPHORE SYMEON LE NOUVEAU THEOLOGIEN* (+1022)
12 octobre – 12 mars
Parmi les Saints Pères les plus aimés, on trouve Saint Syméon le Nouveau Théologien qui
était Higoumène de Saint-Mamas à Constantinople. Il est un des trois principaux Pères à qui
l'Église orthodoxe a accordé le titre de "Théologien" parce qu'il est un des rares dans l'histoire
du Christianisme à "connaître" Dieu. Les deux autres Théologiens sont Saint Jean
l'Évangéliste et Saint Grégoire de Nazianze (+ 390).
* Comme sa mémoire tombe pendant le Grand Carême, sa célébration a été reportée au 12 octobre par l'auteur
de son admirable Office Liturgique, Saint Nicodème l'Hagiorite. La quasi-totalité des oeuvres de Saint Syméon a
été traduite en français dans la collection " Sources chrétiennes ." On pourra consulter aussi utilement
l'excellent mais difficile livre de Mgr Basile Krivochéine ‘Dans la Lumière du Christ,’ Chevetogne, 1978.
Saint Syméon est né en 949 en Galatie dans la Paphlagonie (Asie Mineure). Ses parents, Basal
et Théophana, étaient des aristocrates byzantins de province. Jusqu'à l'âge de onze ans, Saint
Syméon ne reçut que les bases de l'éducation scolaire grecque. Il acheva son éducation
secondaire à quatorze ans à la cour des deux frères Empereurs Basile et Constantin
Porphyrogenetes. À quatorze ans, il rencontra Saint Syméon le Studite qui devint son Père
Spirituel et qui le mena à la vie d'ascétisme et de prière. Bien qu'à quatorze ans il voulut déjà
entrer au célèbre Monastère du Studion, son Père Spirituel le fit patienter jusqu'à ses vingtsept
ans. Durant cette période de préparation, l'Ancien de Saint Syméon continua à lui
prodiguer conseils et guidance, le préparant progressivement à la vie monastique quand bien
même il se trouvait au milieu des soucis du monde. Saint Syméon s'occupa de la gestion d'une
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maison patricienne et entra peut-être au service de son Empereur en tant que diplomate et
sénateur.
Pendant qu'il était "occupé dans le monde," il luttait aussi pour mener la vie de Moine le soir,
passant son temps dans des Vigiles de nuit et lisant les livres spirituels de Marc l'Ermite et
Diadoque de Photicé [cfr Philocalie des Pères Neptiques]. Un des conseils de son Ancien,
c'était : "si tu désires toujours avoir une guidance salvatrice pour l'âme, prête attention à ta
conscience et accompli sans faillir ce qu'elle t'inspirera en toi."
La plupart des nombreuses oeuvres de Saint Syméon ont été traduites en français (collection
"Sources Chrétiennes" : http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/ficheauteur.asp?n_aut=31 )
comme en anglais (Paulist Press, St. Herman of Alaska Brotherhood et SVS Press). Ses écrits
sont nés de sa prédication et de la direction spirituelle donnée à ses fils spirituels. C'est un
auteur qui partage ses expériences en prière et en la Tri-Unité. De nos jours, les Moines du
Mont Athos lisent ses oeuvres avec enthousiasme et ses oeuvres commencent à être
redécouvertes dans les monastères catholiques-romains.
Son insistance est grande à retourner à l'essence ou à l'esprit de l'antique Église orthodoxe et
non se contenter de dépendre ou se cacher sous des formes externes de vie ecclésiale. Sa
conviction brûlante est que la vie chrétienne n’est pas une routine ou une habitude mais
l’expérience personnelle de vie en Christ. Saint Syméon exhorte tant les Moines que les laïcs
à revivre l’expérience spirituelle de la Tri-Unité, s'appelant lui-même le "zélé enthousiaste,"
celui qui a des expériences personnelles et mystiques. Aucun rapport ici avec les hérétiques
obscurément illuminés du pseudo "renouveau charismatique" qui prétendent avoir "les dons
du Saint Esprit." La prétention et l'auto-exaltation ne sont que de vulgaires symptômes de la
présence du Malin qui noient ces pauvres bougres scolastiques d'illusoires émotions
hallucinées. Voici une citation de Saint Syméon sur la spiritualité :
"Ne dites pas qu'il est impossible de recevoir l'Esprit Divin.
Ne dites pas que sans Lui il est possible d'être sauvés,
Ne dites pas qu'on peut Le posséder sans le savoir,
Ne dites pas que Dieu ne Se fait pas voir aux hommes,
Ne dites pas que des hommes ne peuvent voir une Lumière Divine
Ou que c'est impossible dans les temps actuels !
Jamais cela ne se trouve impossible, amis,
Et c'est très possible au contraire quand on le veut." (Hymne 27, 125-132).
Saint Syméon le Nouveau Théologien s'endormit en 1022. La fête du Saint est célébrée le 12
mars.
ou
Parmi les astres qui brillent innombrables dans le firmament spirituel de l'Eglise, trois
seulement ont été jugés dignes du titre de Théologien* : Saint Jean l'Evangéliste, le Disciple
Bien-Aimé qui en se penchant sur la Poitrine du Seigneur, y a puisé l'Eau vive de la
Connaissance du Verbe de Dieu; Saint Grégoire de Naziance qui après avoir contemplé d'un
oeil intérieur purifié le Mystère de la Sainte Trinité, l'a proclamé en mettant à Son Service le
meilleur de l'éloquence hellénique et enfin Saint Syméon le Nouveau Théologien qui après
avoir été plongé dans la Lumière de l'Esprit Saint, fut envoyé par Dieu, tel un nouveau
Prophète dans une société byzantine au Christianisme formaliste et officiel pour y témoigner
14
que tout Chrétien digne de ce nom est appelé à être lui aussi illuminé et à devenir par adoption
fils de Dieu dans le Saint-Esprit.
* C'est-à-dire non pas celui qui fait profession de l'étude scientifique des dogmes mais celui qui a reçu la
Connaissance de Dieu par une expérience vécue et la transmet à l'Eglise comme une source d'eaux vives.
Né en 949 à Galatée, en Paphlagonie (Asie Mineure), au sein d'une famille de l'aristocratie
aisée et influente dans les milieux politiques, Saint Syméon fut envoyé à l'âge de douze ans à
Constantinople pour y poursuivre ses études, en vue d'entrer ensuite au service de l'empereur.
Renonçant à cette carrière prometteuse et abandonnant ses études, il mena pendant quelque
temps une vie frivole mais le Seigneur l'ayant prit en pitié, Il ne le laissa pas glisser vers la
corruption et Il le tira de ce précipice par l'entremise de lectures spirituelles. Le jeune garçon
se mit alors à la recherche d'un Saint Homme capable de le guider sur le chemin du Salut,
malgré les paroles décourageantes de son entourage qui lui assurait qu'un tel Saint n'existait
pas à cette époque. Persévérant néanmoins dans sa recherche, il découvrit ce Père Spirituel en
la personne de Syméon le Pieux, un Moine qui vivait en Reclus au Monastère du Studion.
Celui-ci refusa de le recevoir comme Moine et se contenta de lui donner à lire le livre de Saint
Marc l'Ascète. Aussitôt qu'il l'ouvrit, il tomba sur la phrase suivante : "Si tu cherches la
guérison, prends soin de ta conscience et fais tout ce qu'elle te dictera et tu trouveras du
profit."* Recevant cette parole comme un Oracle Divin, il se mit aussitôt à l'oeuvre et suivit sa
conscience qui l'exhortait à se sacrifier par Amour du Christ en prolongeant chaque jour
davantage ses jeûnes et ses veilles jusqu'au chant du coq. Ainsi emporté sur les ailes d'un
Saint Désir, il ne tarda pas à recevoir le premier témoignage de la Faveur de Dieu en une
merveilleuse vision de la Lumière Incréée Qui le transporta comme en dehors du monde et de
son propre corps. Rempli d'une grande joie et baigné de chaudes larmes, il ne cessait de crier,
sans se lasser le Kyrie eleison et au coeur de cette Lumière, il vit alors son Père Spirituel
Syméon qui se tenait à la droite d'une nuée lumineuse et lui enseignait l'art de la prière sans
distraction.
* Sur la Loi spirituelle, 69
Toutefois, cette première expérience de la Gloire de Dieu n'ayant pas été fondée sur les
assises de l'impassibilité, il retomba peu à peu dans la tiédeur et le relâchement dont il se
repentira par la suite devant Dieu comme d'un grand péché. Pendant six ou sept ans, il
continua d'entretenir des relations avec son Père Spirituel mais sans s'arracher au monde et à
ses vanités.* Le Seigneur eut néanmoins à nouveau compassion de Son Elu et le "prenant par
les cheveux," Il l'arracha à la fange de ce monde pour l'établir devant Sa Face. Profitant d'une
mission dans son pays natal, il régla ses affaires, dit adieu à ses parents et revint en hâte à la
capitale pour se confier entièrement à son père selon Dieu avec une confiance sereine et une
totale obéissance. On lui assigna comme cellule un petit réduit sous l'escalier de la cellule de
Syméon où il s'appliquait à méditer sur ses péchés et à faire de la Sainte Componction qu’il
avait acquise dans le monde en fréquentant les tombeaux, un état permanent et stable de son
âme. Il accomplissait les services les plus avilissants dans un parfait retranchement de sa
volonté propre, regardant son Père Spirituel comme le Christ Lui-même et baisant avec
dévotion tout endroit où il s'était tenu en prière comme si c'était le Saint des Saints. Ainsi
protégé par sa prière, il pouvait repousser sans crainte les assauts des démons de la peur, de la
paresse, de l'impureté et de l'envie qui s'acharnaient contre lui afin de le décourager.
* Son biographe Nicétas Stéthatos présente une autre version de ces faits relatés par Syméon lui-même et
affirme qu'il entra directement au monastère, sans passer par cette période de relâchement.
Etranger à tous et gardant un constant silence, il se tenait debout pendant les Offices
Liturgiques, le regard à terre, en versant d'abondantes larmes à l'audition des textes sacrés.
Certains Moines s'irritèrent pourtant des rapides progrès de ce novice qu’ils considéraient
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comme une condamnation de leur propre tiédeur et ils l'accusèrent auprès de l'Higoumène
d'entretenir des relations trop étroites avec son Père Spirituel. Comme il avait eu recours à la
prière de ce dernier pour être fortifié dans cette épreuve, celui-ci lui assura qu'il recevrait
bientôt d'En-Haut une Grâce deux fois plus grande que la sienne. De fait, sitôt rentré dans sa
cellule ce soir-là, une Lumière Céleste vint s'emparer de son intellect pour le ravir dans la Joie
Indescriptible de l'Amour Divin et bien qu'il fût peu instruit, Dieu lui accorda dès lors une
telle sagesse que tous ses compagnons s'en étonnaient. Mais de tels dons surnaturels
ravivèrent la haine des envieux et ceux-ci parvinrent à le faire chasser du Studion.
Il entra alors comme novice dans le petit Monastère de Saint Mamas tout en gardant Syméon
le Pieux comme Père Spirituel. Tonsuré Moine par lui et ayant reçu le nom de Syméon, il
entreprit de nouvelles ascensions spirituelles en se consacrant complètement à la quiétude, à
la prière et à la méditation des Divines Ecritures et en ne nourrissant son corps que de
quelques herbes. Sa cellule, d'où il ne sortait que pour assister aux Offices Divins, était une
véritable fournaise ardente dans laquelle il se plongeait tout entier pour y être transformé en
une pure flamme d'Amour et d'où le Seigneur le ravissait fréquemment en de sublimes
extases. Dans un de ses plus beaux discours, Syméon se compare à un malheureux qui après
être tombé dans un gouffre rempli de boue en a été tiré de force par le Seigneur
Miséricordieux et qui à travers maintes embûches et difficultés est conduit par la main de son
Père Spirituel vers les sources d'eaux afin de s'y laver, de s'y purifier et d'aveugle devenir
voyant des choses spirituelles. En effet dans la mesure où se purifiait son regard intérieur, il
était gratifié de visions lumineuses de plus en plus claires. D'une Lumière semblable à un
soleil sans forme qu’il voyait briller au-dessus des Cieux et qui lui ôta le voile de
l'insensibilité, il vit peu à peu le Visage du Christ se distinguer plus nettement et fut
finalement emporté hors de son corps dans une extase ineffable au cours de laquelle le Christ
lui parla en l'appelant Son Frère et Son Ami. Mais ce ne fut qu'après de nombreuses autres
visions que tombant un jour en larmes pour vénérer une Icône de la Mère de Dieu, il comprit
qu'il possédait consciemment au-dedans de son coeur, cet Amour en personne (hypostasié)
Qu'est le Seigneur.
Au bout de deux ans, l'Higoumène constatant ses admirables progrès, le fit ordonner Prêtre.
Le jour de son Ordination, le Saint-Esprit descendit comme une Lumière simple et sans forme
pour couvrir le Sacrifice et pendant tout le reste de sa vie sacerdotale, il ne célébrait jamais la
Liturgie sans avoir une telle vision. Entouré d'une nuée lumineuse, son visage prenait alors
une expression angélique et nul ne pouvait le fixer du regard quand il bénissait le peuple.
L'Higoumène étant endormi un an à peine après son Ordination, Syméon fut élu Higoumène
par les Moines de Saint-Mamas avec l'approbation du Patriarche Nicolas Chrysobergès (vers
980). Héritant d'un monastère qui avait été réduit à servir de cimetière pour les séculiers et où
la vie monastique était fort relâchée, il entreprit de faire reconstruire tous les bâtiments,
excepté l'église et tâche autrement plus difficile, d'entraîner ses disciples à le suivre dans son
Ardente Recherche de Dieu. Comme la tradition de Saint Théodore Studite le prescrivait, il
prononçait trois fois par semaine des catéchèses enflammées pour réveiller l'ardeur de ses
Moines. Il ne se contentait pas d'y rappeler les principes de la vie cénobitique mais tel "un
pauvre rempli d'Amour fraternel" qui après avoir reçu une obole court avec joie pour la
montrer à ses compagnons de misère en les exhortant à s'empresser eux aussi pour profiter de
la générosité de son bienfaiteur, Syméon leur dévoilait les merveilles accomplies en lui par
Dieu et leur affirmait avec force que c'est dès cette vie qu'il nous faut tous parvenir à la Vision
du Royaume des Cieux. C'est ce profond désir de faire participer ses frères à la Grâce reçue
qui explique le caractère de confidences personnelles de ses écrits, si rare dans la littérature
patristique.
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Ce "zèle indomptable" dont Syméon faisait preuve entraîna l'opposition et les remarques
ironiques de certains de ses Moines qui auraient préféré une vie monastique plus confortable
et qui le condamnaient comme vantard. Les résistances allèrent croissant jusqu'au jour où une
trentaine d'entre eux se révoltèrent contre lui et l'interrompirent violemment au cours d'une de
ses catéchèses, en se ruant sur lui comme des bêtes sauvages avec l'intention de le jeter en
dehors du monastère. Immobile, souriant et serein devant ses adversaires, Syméon les arrêta
dans leur élan et ils s'enfuirent de l'église dans un grand tapage pour aller porter plainte auprès
du Patriarche Sisinnios (995-998). Ce dernier examinant l'affaire justifia entièrement le Saint
et fit exiler les Moines révoltés. Mais l'Amour paternel de Syméon ne laissa pas les brebis se
perdre hors de son bercail. Il fit abroger la sentence et alla lui-même à la recherche de chacun
des rebelles, leur demandant pardon et les suppliant de regagner le monastère.
La paix revenue après ces tristes événements, il reprit la direction de son monastère qui devint
bientôt un des hauts lieux spirituels de la capitale, attirant des Pieux Laïques en grand nombre
et des disciples venus de loin. Malgré ses charges pastorales, Syméon ne se distrayait pas de
son labeur ascétique et trois fois par jour, à heures fixes, il se retirait dans sa cellule pour en
baigner le sol de ses larmes. Les larmes étaient en effet devenues pour lui une seconde nature
et elles avaient fait épanouir comme des fleurs délicates, la charité, la compassion envers tous,
la patience dans les épreuves et un aspect attirant et gracieux de son visage illuminé par la joie
intérieure de l'Esprit. A la suite d'une nouvelle vision lumineuse, il avait reçu le charisme de la
théologie et quand il n'était pas ravi en extase, il passait ses nuits à composer d'admirables
Hymnes à l'Amour Divin qui restent un des plus précieux témoignages des effets de la Grâce
dans l'âme d'un Saint. La diffusion de ses écrits et de ses enseignements permit à de
nombreuses âmes de retrouver la ferveur de l'époque des Saints Pères et prépara de loin le
triomphe de l'Hésychasme comme doctrine officielle de l'Eglise orthodoxe.
En 1005, pressé par son Amour de Dieu, Syméon démissionna librement de sa charge après
un higouménat de vingt-cinq ans et laissa son disciple Arsène qu’il avait longuement éprouvé
dans l'obéissance pour lui succéder. Quant à lui, il se retira dans une cellule isolée afin de
s'adonner à la Sainte Hésychia et de soutenir par sa prière, tel Moïse sur la montagne (cfr.
Exode 17:11), les combats de ses Moines. Devenu par l'habitude de la contemplation familier
des Spectacles Divins, il fut alors initié à la connaissance des événements futurs et de l'état
ultime de la Création. Une nuit, il fut transporté dans la Lumière Qui pénétra tous les
membres de son corps et le rendit tout entier feu et lumière et il entendit une Voix d'En-Haut
lui annoncer que cette Gloire Qui le transfigurait était Celle-là même Qui sera réservée aux
élus lors de la Résurrection Générale. C’est ainsi que possédé par l'Esprit Saint et devenu dieu
par la Grâce, il rédigeait ses traités théologiques et mystiques.
Mais bien qu'il eût atteint la perfection, il devait encore être éprouvé par de nouvelles
tribulations. Depuis le Repos de son Père Spirituel Syméon le Studite, il avait fait peindre son
Icône et avait rédigé en son honneur un Office Liturgique qu'il faisait célébrer solennellement
chaque année au jour de la mémoire de cet homme apostolique dans un grand concours de
fidèles venus de toutes parts. Cette coutume était déjà pratiquée depuis plus de seize ans
lorsque Stéphane l'ancien Métropolite de Nicomédie devenu syncelle du Patriarche, homme
d'une grande science et d'une influence considérable dans les milieux officiels, ayant pris
ombrage de la renommée acquise par Saint Syméon dans toute la ville comme Homme de
Dieu et Théologien des dogmes de l'Esprit, chercha une occasion pour le discréditer. Il le
provoqua d'abord par une subtile question théologique mais il reçut du Saint une éblouissante
réponse en vers dans laquelle il rappelait au syncelle que ce n'est que par l'expérience de
l'Esprit qu'on peut vraiment parler de Théologie. Cette réponse déclencha la haine implacable
de l'évêque qui répandit d'odieuses calomnies contre Syméon en l'accusant d'honorer comme
17
un Saint un homme pêcheur. Finalement et à force d'intrigues, Stéphane parvint à faire
condamner l'Homme de Dieu à l'exil (1009).
Laissé seul en plein hiver sur une colline déserte de la région de Chrysopolis (Propontide),
Syméon rendit Grâces à Dieu et envoya une lettre de remerciements au syncelle pour les
épreuves qu'il lui avait procurées. En recevant cette missive, Stéphane, au comble de la rage,
fit perquisitionner la cellule de celui qui, dépouillé de tout, "trouvait lourd à porter le fardeau
même de sa chair," en le soupçonnant d'y avoir caché de l'or. Pour toute réponse Syméon
adressa à son "bienfaiteur" une nouvelle lettre de remerciements. Ayant trouvé un oratoire en
ruine dédié à Sainte Marine, il y célébrait avec ponctualité les Offices monastiques et s'y
adonnait paisiblement à la prière. Mais pendant ce temps les disciples et admirateurs du Saint
dans l'aristocratie intercédèrent en sa faveur auprès du Patriarche et après une nouvelle
comparution devant le Synode durant laquelle Syméon se refusa à faire la moindre
concession en ce qui concernait le culte de son Père Spirituel, le Pontife le renvoya en paix en
disant : "A coup sûr, tu es un vrai Studite, plein d'Amour pour ton Père Spirituel mais tu as
aussi leur obstination et peut-être est-elle digne d'éloge?"
De retour à Sainte-Marine pour s'y consacrer à la Sainte Hésychia, il reçut quantité de dons
qui lui permirent malgré les embûches suscitées par les démons, de transformer l'endroit en un
monastère qui attirait tous les Chrétiens zélés de la capitale lorsqu'il y célébrait avec faste la
Fête de Saint Syméon le Pieux. Sous l'inspiration de l'Esprit il y poursuivait la composition de
ses Hymnes et rédigea des apologies pour enseigner que ni pardon des péchés ni sanctification
ne peuvent être accordés sans la venue consciente en nous de la Grâce du Saint-Esprit. Cette
Grâce ne le transportait pas seulement en de sublimes ravissements mais elle accomplissait
aussi quantité de Miracles pour le soulagement de ses disciples et la consolation de ses
visiteurs.
Parvenu à un grand âge, il fut atteint d'une longue et douloureuse maladie des entrailles qui le
tenait immobilisé sur sa couche. Malgré cette infirmité, un de ses disciples le vit un jour
soulevé de terre et entouré d'une Lumière Indescriptible pendant qu'il était en prière. Au terme
de ses combats, il obtint la délivrance qu'il désirait et rejoignit le choeur des Saints le 12 mars
1022, ayant prédit exactement la date de son Départ Céleste et celle de la Translation de ses
Reliques trente ans plus tard.
Après avoir glorifié Dieu en lui-même pendant sa vie, Saint Syméon fut glorifié par Lui après
sa Naissance Céleste par de nombreux Miracles,* mais plus encore par les délices spirituelles
que procurent jusqu'à nos jours ses écrits à tous ceux qui ont soif du Dieu Vivant.
* La sanction officielle pour le culte d'un Saint ne commença à s'imposer qu'à partir du quatorzième siècle. Et
même jusqu'à nos jours, celle-ci suppose un culte populaire préalable que l'autorité ecclésiastique vient
simplement confirmer.
ou
Syméon a été surnommé le Nouveau Théologien pour marquer son importance et sa différence
avec Jean l'Évangéliste et Grégoire de Nazianze, les deux autres références de l'Orthodoxie.
De petite noblesse, né vers 949 en Paphlagonie près de Sinope dans cette province chargée
d'histoire qui fut hittite avant d'honorer Mithra, le futur Syméon vient très tôt à
Constantinople, tenté par une carrière politique. C'est alors un jeune homme remuant, avide de
tous les plaisirs, vite déçu cependant.
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Son besoin de spiritualité l'amène à fréquenter le grand monastère du Studion où il rencontre
un Moine, Syméon le Pieux qui devient son "maître spirituel." Entré comme novice au
Studion en 976 à l'âge de vingt-sept ans, il adopte le nom de son maître pour marquer sa
"nouvelle naissance." Syméon consacrera désormais sa vie à l'étude, à l'Ascèse et à la
spiritualité. Après quatre ans d'apprentissage auprès de son Père Spirituel, il va se mettre au
service de ses frères et est élu en 980 Higoumène du Monastère de Saint Mamas près de
Constantinople. Pendant vingt-neuf ans, il va diriger son monastère, écrire ses Catéchèses, ses
Actions de Grâces, prononcer ses sermons, rénover la vie monastique et prêcher chez les laïcs
une expérience chrétienne renouvelée. Il dérange...
* A l'époque, vers l'an mil, ce monastère comptait plus d'un millier de Moines. Ce centre spirituel entra souvent
en conflit avec la hiérarchie ecclésiastique comme avec l'empereur pour la défense des principes fondamentaux
du Christianisme. La "Règle de Studion" fut adoptée par de nombreux monastères orthodoxes.
** Nous ignorons son "nom de naissance."
Après des années de travail, Syméon renonce à sa charge d'Higoumène en 1009 et se fixe à
Chrysopolis sur la rive asiatique du Bosphore. Certes, ses démêlés avec le Patriarche Serge II,
si attentif à défendre les droits de l'Église contre les prétentions impériales qui n'approuve
guère ni l'austérité de sa direction monastique ni sa quête de spiritualité et qui lui fait grief de
sa dévotion à son maître Syméon le Pieux, apparaissent comme le facteur déclenchant ce
retrait.
En fait, Syméon a franchi une étape. Il a soixante ans et ce retrait est aussi l'occasion de
rentrer en lui-même : dans son hymne XLIII, il demande à Dieu s'il doit continuer à lutter
pour les "besoins temporels" du monastère ou "cultiver sans relâche le recueillement et lui
seul."
A Chrysopolis, redevenu simple Moine totalement détaché des affaires du monde, vivant
enfin pour Dieu seulement, il rédigera ses Hymnes de l'Amour Divin. Il s'endormira dans sa
retraite en 1022, ayant atteint ses soixante-treize ans, accueillant l'endormissement avec la joie
de celui qui a écrit :
"La mort est délivrance des soucis, la mort est libération des maladies et passions de toutes
sortes, la mort est suppression des péchés et de toute iniquité, la mort est affranchissement de
tous les maux de la vie et pour ceux qui ont bien vécu, condition d'une joie sans fin, des
délices éternelles et de la Lumière sans couchant."
La Philocalie a retenu de son oeuvre les "Chapitres pratiques et théologiques" qui s'adressent
à des Moines, novices ou confirmés et qui parlent assez peu explicitement de la prière.
Citations des Chapitres pratiques et théologiques.
1. La Foi, c'est mourir à cause du Christ pour Ses Commandements; c'est croire que cette mort
est une source de vie; c'est considérer la pauvreté comme une richesse, la bassesse et
l'humiliation comme une vraie gloire et un réel honneur; c'est croire également qu'on possède
tout lorsqu'on n'a rien et plus encore, c'est posséder l'insondable richesse de la Connaissance
du Christ et regarder comme de la boue ou de la fumée toutes les choses visibles.
33. Dans les prières et dans les larmes, supplie Dieu de t'envoyer un guide impassible et Saint.
Mais examine toi-même les Divines Écritures et singulièrement les écrits pratiques des Saints
Pères afin qu'en leur comparant ce que t'enseigne et ce que fait ton maître et ton supérieur, tu
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puisses voir et apprendre ces leçons comme dans un miroir, recueillir et retenir dans tes
pensées ce qui s'accorde aux Divines Écritures mais discerner et rejeter ce qui est bâtard et
altéré pour ne pas t'égarer. Sache-le, il y a de nos jours beaucoup de trompeurs et de faux
maîtres.
46. Les afflictions qui brisent le coeur lorsqu'elles sont fréquentes et intempestives,
enténèbrent et troublent la réflexion de l'intelligence. Elles effacent de l'âme la prière pure et
la componction [la prière pure et l'humilité]. Elles fatiguent le coeur et dès lors le font devenir
dur et insensible à jamais. C'est ainsi que les démons s'ingénient à décourager les Spirituels.
143. Efforce-toi d'être un modèle utile à toute la fraternité en toute vertu dans l'humilité et la
douceur, la compassion et l'obéissance jusque dans les plus petites choses, l'absence de colère
et de passion, la pauvreté et la componction, l'innocence et la discrétion, la simplicité du
comportement et la réserve envers tout homme, la visite des malades, la consolation des
affligés. Ne te détourne d'aucun de ceux qui ont besoin de ton aide, sous le prétexte de
t'entretenir avec Dieu. Car l'Amour vaut mieux que la prière. Efforce-toi d'être compatissant
envers tous, dégagé de la vaine gloire, discret. Tâche aussi de n'être jamais péremptoire, de ne
jamais rien réclamer au supérieur ni à aucun de ceux qui remplissent un office, d'honorer tous
les Prêtres, d'être attentif dans ta prière, de rejeter l'affectation, d'aimer tous les autres, de ne
pas chercher par vaine gloire à scruter et à sonder les Écritures. La prière que tu diras dans les
larmes et l'Illumination qui te viendra de la Grâce t'enseigneront ces choses. Si donc tu es
interrogé sur l'une des choses que nous devons faire, enseigne les Actions Divines, ce que la
Grâce te donnera de dire avec beaucoup d'humilité, à partir de ta vie comme si c'était celle
d'un autre sans nulle vanité quel que soit celui qui désire ton aide. Et ne te détourne pas de
celui qui te demande de l'assister au sujet d'une pensée mais prends sur toi ses fautes quelles
qu'elles soient, pleurant sur lui et priant pour lui. C'est là aussi une marque d'Amour et de
totale compassion. N'écarte pas celui qui vient vers toi, ne pense pas qu'il te sera nuisible
d'écouter de telles choses. Cependant pour ne pas nuire à beaucoup, il faut parler de ces
choses dans un lieu soustrait aux regards même si toi-même, n'étant qu'un homme, tu dois être
assailli par une pensée. Car si tu en reçois la Grâce, tu ne te laisseras pas prendre par cette
pensée. Il nous est prescrit en effet de rechercher non notre propre bien mais celui des autres
afin qu'ils soient sauvés.
Comme nous l'avons dit, il te faut garder une vie paisible et pauvre. Alors tu te considéreras
toi-même comme soumis à l'Action de la Grâce quand tu te tiendras en vérité pour le plus
pécheur de tous les hommes. Je ne peux pas dire comment cela se fait, Dieu le sait.
Sur les trois modes de la prière.
Il y a trois modes de l'attention et de la prière par lesquels l'âme ou bien s'élève et progresse
ou bien tombe et se perd. Si elle use de ces trois modes en temps opportun et comme il faut,
elle progresse. Mais si elle en use inconsidérément et à contretemps, elle tombe. L'attention
doit donc être inséparablement liée à la prière comme le corps est inséparablement lié à l'âme.
L'une ne peut tenir sans l'autre. L'attention doit aller devant et guetter les ennemis comme un
veilleur. C'est elle qui la première doit connaître le péché et s'opposer aux pensées mauvaises
qui entrent dans l'âme. Alors vient la prière qui détruit et fait périr sur-le-champ toutes ces
pensées mauvaises contre lesquelles en premier lieu a lutté l'attention. Car celle-ci ne peut à
elle seule, les faire périr. Or c'est de ce combat de l'attention et de la prière que dépendent la
vie et la mort de l'âme. Car si par l'attention nous gardons pure la prière, nous progressons.
Mais si nous négligeons de garder pure la prière, si nous ne veillons pas sur elle, si nous la
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laissons souiller par les pensées mauvaises, nous sommes inutiles et nous ne progressons pas.
Il y a donc trois modes de l'attention et de la prière. Et il nous faut dire quelles sont les
propriétés de chacun. Ainsi celui qui aime son Salut pourra choisir le meilleur et non le pire.
Du premier mode de l'attention et de la prière
Telles sont les propriétés du premier mode. Quand quelqu'un se tient en prière, il lève vers le
Ciel ses mains, ses yeux et son intelligence. Il se représente les Pensées Divines, les Biens du
Ciel, les Ordres des Anges et les Demeures des Saints. Il rassemble brièvement et recueille en
son intelligence tout ce qu'il a entendu dans les Divines Écritures. Il porte ainsi son âme à
désirer et à aimer Dieu. Il lui arrive parfois d'exulter et de pleurer. Mais alors son coeur
s'enorgueillit, sans qu'il le comprenne. Il lui semble que ce qu'il fait vient de la Grâce Divine
pour le consoler et il demande à Dieu de le rendre toujours digne d'agir comme il le fait. C'est
là une marque de l'erreur. Car le bien n'est pas bien quand il ne se fait pas sur la bonne voie et
comme il faut. Quand bien même il vivrait dans une extrême hésykhia, il est impossible qu'un
tel homme ne perde pas son bon sens et ne devienne pas fou. Mais même s'il n'en arrivait pas
là, il ne saurait parvenir à la connaissance ni maintenir en lui les vertus de l'impassibilité. C'est
ainsi que se sont égarés ceux qui ont vu une lumière et un flamboiement avec les yeux de leur
corps qui ont senti un parfum avec leur propre odorat et qui ont entendu des voix avec leurs
propres oreilles ou qui ont éprouvé des choses du même ordre. Les uns ont été possédés par le
démon et sont allés de lieu en lieu, hors d'eux-mêmes. D'autres ont reçu en eux les
contrefaçons du démon : il leur est apparu comme un Ange de Lumière et ils se sont
fourvoyés, ils ne se sont jamais corrigés, ils n'ont jamais voulu écouter le conseil d'aucun
frère. D'autres encore ont été poussés par le diable à se tuer : ils se sont jetés dans des
précipices, ils se sont pendus. Qui pourrait décrire toutes les illusions par lesquelles le diable
les égare? Ce n'est guère possible.
Mais après ce que nous venons de dire, tout homme sensé peut comprendre à quels dommages
expose ce présent mode de l'attention et de la prière. De même, s'il arrive que l'un de ceux qui
usent de ce mode n'en reçoive aucun mal, dès lors qu'il se trouve en compagnie d'autres frères
(car ce sont surtout les Anachorètes qui connaissent un tel mal), cependant, toute sa vie
durant, il ne progressera pas.
Du deuxième mode
Tel est le deuxième mode de l'attention et de la prière. Quand quelqu'un recueille son
intelligence en lui-même en la détachant du sensible quand il garde ses sens et rassemble
toutes ses pensées pour qu'elles ne s'en aillent pas dans les choses vaines de ce monde quand
tantôt il examine sa conscience et tantôt il est attentif aux paroles de sa prière quand à tel
moment il court derrière ses pensées que le diable a capturées et qui l'entraînent dans le mal et
la vanité quand à tel autre moment après avoir été dominé et vaincu par la passion, il revient à
lui-même, il est impossible que cet homme qui a en lui un tel combat soit jamais en paix ni
qu'il trouve le temps de travailler aux vertus et reçoive la couronne de la Justice car il est
semblable à celui qui combat ses ennemis la nuit dans les ténèbres. Il entend leurs voix et
reçoit leurs coups. Mais il ne peut pas voir clairement qui ils sont, d'où ils viennent comment
et pourquoi ils le blessent, dès lors que le dévastent les ténèbres de son intelligence et les
tourments de ses pensées. Il lui est impossible de se délivrer de ses ennemis, les démons qui le
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brisent. Le malheureux peine en vain car il perd son salaire, dominé qu'il est par la vanité. Il
ne comprend pas. Il lui semble qu'il est attentif. Souvent dans son orgueil, il méprise et accuse
les autres. Il s'imagine qu'il peut les conduire et qu'il est digne de devenir leur pasteur. Il est
semblable à cet aveugle qui s'engage à conduire d'autres aveugles.
Il est nécessaire que quiconque veut être sauvé sache le dommage que peut causer à l'âme ce
deuxième mode et qu'il fasse bien attention. Cependant ce deuxième mode est meilleur que le
premier comme la nuit où brille la lune est meilleure que la nuit noire.
Du troisième mode
Le troisième mode est vraiment chose paradoxale et difficile à expliquer. Non seulement ceux
qui ne le connaissent pas ont du mal à le comprendre mais il leur paraît presque incroyable. Ils
ne croient pas qu'une telle chose puisse exister dès lors que de nos jours ce mode n'est pas
vécu par beaucoup mais par fort peu. Un pareil bien, je pense, nous a quitté en même temps
que l'obéissance. Car c'est l'obéissance au Père Spirituel qui permet à chacun de ne plus se
soucier de rien, dès lors qu'il remet ses soucis à son père qu’il est loin désormais des
tendances de ce monde et qu'il est un ouvrier tout à fait zélé et diligent de ce mode. Encore lui
faut-il trouver un maître et un Père Spirituel véritable et dégagé de toute erreur. Car celui qui
par une vraie obéissance s'est consacré à Dieu et à son Père Spirituel qui ne vit plus sa propre
vie et ne fait plus sa propre volonté mais est mort à toutes les tendances du monde et à son
propre corps, par quelle chose passagère peut-il être vaincu ou asservi? Ou quelle inquiétude
et quels soucis peut avoir un tel homme? C'est donc par ce mode et par l'obéissance que se
dissipent et disparaissent tous les artifices des démons et toutes les ruses qu'ils trament pour
entraîner l'intelligence dans toutes sortes de pensées. Alors l'intelligence de cet homme est
délivrée de tout. C'est avec une grande liberté qu'elle examine les pensées que lui apportent
les démons. C'est avec une réelle aptitude qu'elle les chasse. Et c'est avec un coeur pur qu'elle
offre ses prières à Dieu. Tel est le commencement de la Vraie Voie. Ceux qui ne se consacrent
pas à ce commencement peinent en vain et ils ne le savent pas.
Or le commencement de ce troisième mode n'est pas de regarder vers le haut, d'élever les
mains, d'avoir l'intelligence dans les Cieux et alors d'implorer le secours. Ce sont là, nous
l'avons dit, les marques du premier mode : le propre de l'illusion. Ce n'est pas non plus de
faire garder les sens par l'intelligence, de n'être attentif qu'à cela, de ne pas voir dans l'âme la
guerre que lui font les ennemis et de ne pas y prêter attention. Car ce sont là les marques du
deuxième mode. Celui qui les porte est blessé par les démons mais il ne les blesse pas. Il est
meurtri et il ne le sait pas. Il est réduit en esclavage, il est asservi et il ne peut pas se venger de
ceux qui font de lui un esclave mais les ennemis ne cessent de le combattre ouvertement et
secrètement et le rendent vaniteux et orgueilleux.
Mais toi, bien-aimé, si tu veux ton Salut, il te faut désormais te consacrer au commencement
de ce troisième mode. Après la parfaite obéissance que tu dois comme nous l'avons dit à ton
Père Spirituel, il est nécessaire de faire tout ce que tu fais avec une conscience pure comme si
tu étais devant la Face de Dieu. Car sans obéissance, jamais la conscience ne saurait être pure.
Et tu dois la garder pure pour trois causes. Premièrement pour Dieu. Deuxièmement pour ton
Père Spirituel. Troisièmement pour les autres hommes et pour les choses du monde.
Tu dois garder ta conscience pure. Pour Dieu, c'est-à-dire ne pas faire ce que tu sais ne pas
reposer Dieu et ne pas lui plaire. Pour ton Père Spirituel : faire tout ce qu'il te demande, ne pas
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en faire plus et ne pas en faire moins mais marcher selon son intention et selon sa volonté.
Pour les autres hommes : ne pas leur faire ce que tu as en aversion et ce que tu ne veux pas
qu'ils te fassent. Pour les choses du monde : te garder de l'abus, autrement dit user de tout
comme il faut, de la nourriture, de la boisson, des vêtements. En un mot, tu dois tout faire
comme si tu étais devant Dieu afin que ta conscience n'ait rien à te reprocher, quoi que tu
fasses et qu'elle n'ait pas à t'aiguillonner pour ce que tu n'as pas fait de bien. Suis ainsi la voie
véridique et sûre du troisième mode de l'attention et de la prière que voici.
Que l'intelligence garde le coeur au moment où elle prie. Qu'elle ne cesse de tourner dans le
coeur. Et que du fond du coeur, elle adresse à Dieu ses prières. Dès lors qu'elle aura goûté là
que le Seigneur est bon et qu'elle aura été comblée de douceur, elle ne s'éloignera plus du lieu
du coeur et elle dira les paroles même du Saint Apôtre Pierre : "Il est bon d'être ici." Elle
n'arrêtera plus de veiller sur le coeur et de tourner en lui, poussant et chassant toutes les
pensées qu'y sème l'ennemi, le diable. A ceux qui n'en ont aucune idée et qui ne la connaissent
pas, cette oeuvre salutaire paraît pénible et incommode. Mais ceux qui ont goûté sa douceur et
ont joui du plaisir qu'elle leur donne au fond du coeur disent avec le Divin Paul: "Qui nous
séparera de l'Amour du Christ?"
Car nos Pères entendant le Seigneur dire dans le Saint Évangile que c'est du coeur que sortent
les mauvaises pensées, les meurtres, les prostitutions, les adultères, les vols, les faux
témoignages, les blasphèmes et que c'est là ce qui souille l'homme, entendant aussi l'Évangile
nous demander de purifier l'intérieur de la coupe pour que l'extérieur également devienne pur,
ont laissé toute autre oeuvre spirituelle et se sont totalement adonnés à ce combat, c'est-à-dire
à la garde du coeur, persuadés que par cette oeuvre ils pourraient aisément acquérir toute autre
vertu dès lors qu'il n'est pas possible qu'aucune vertu perdure autrement. Cette oeuvre,
certains parmi nos Pères l'ont appelée Hésykhia du coeur, d'autres l'ont nommée attention,
d'autres sobriété et vigilance et réfutation, d'autres examen des pensées et garde de
l'intelligence. C'est à cela que tous ont travaillé et c'est par là que tous ont été rendus dignes
des Charismes Divins. C'est pourquoi l'Écclésiaste dit : "Réjouis-toi, jeune homme dans ta
jeunesse et marche sur les voies de ton coeur intègre et pur et éloigne de ton coeur les
pensées." L'auteur des Proverbes dit la même chose : Si la suggestion du diable t'assaille, "ne
le laisse pas entrer dans ton lieu." Par lieu, il entend le coeur Et Notre Seigneur dit dans le
Saint Évangile : "Ne vous laissez pas entraîner," c'est-à-dire ne dispersez pas votre
intelligence ici et là. Il dit ailleurs : "Bienheureux les pauvres en esprit," c'est-à-dire
Bienheureux ceux qui n'ont dans leur coeur aucune idée de ce monde et qui sont pauvres et
dénués de toute pensée mondaine. Tous nos Pères ont beaucoup écrit là-dessus. Quiconque le
veut peut lire ce que disent Marc l'Ascète, Jean Climaque, Hésychius et Philothée le Sinaïte,
l'Higoumène Isaie, le grand Barsanuphe et bien d'autres.
En un mot, celui qui n'est pas attentif à garder son intelligence ne peut pas devenir pur en son
coeur pour être jugé digne de voir Dieu. Celui qui n'est pas attentif ne peut pas devenir pauvre
en esprit. Il ne peut pas non plus être affligé et pleurer ni devenir doux et paisible ni avoir
faim et soif de la Justice. Pour tout dire, il n'est pas possible d'acquérir les autres vertus
autrement que par cette attention. C'est donc à elle que tu dois t'appliquer avant tout afin de
comprendre par l'expérience ce dont je t'ai parlé. Et si tu veux savoir comment faire, je te le
dis ici, autant qu'il est possible. Sois bien attentif.
Il te faut avant tout garder trois choses. D'abord ne te soucier de rien, tant de ce qui est
raisonnable que de ce qui est déraisonnable et vain, c'est-à-dire mourir à tout. Deuxièmement
avoir une conscience pure : que ta conscience n'ait rien à te reprocher. Troisièmement n'avoir
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aucun penchant : que ta pensée ne se porte vers rien de ce qui est du monde. Alors assieds-toi
dans un lieu retiré, demeure au calme, seul, ferme la porte, recueille ton intelligence loin de
toute chose passagère et vaine. Pose ton menton sur ta poitrine, sois attentif à toi-même avec
ton intelligence et tes yeux sensibles. Retiens un moment ta respiration, le temps que ton
intelligence trouve le lieu du coeur et qu'elle y demeure tout entière. Au début, tout te paraîtra
ténébreux et très dur. Mais quand tu auras travaillé sans relâche, nuit et jour, à cette oeuvre de
l'attention, ce Miracle, tu découvriras en toi une joie continuelle. Car l'intelligence qui mène le
combat trouvera le lieu du coeur. Alors elle voit au-dedans ce qu'elle n'avait jamais vu et
qu'elle ignorait. Elle voit cet espace qui est à l'intérieur du coeur et elle se voit elle-même tout
entière lumineuse, pleine de toute sagesse et de discernement. Désormais de quelque côté
qu'apparaisse une pensée avant même que celle-ci entre, soit conçue et se forme, l'intelligence
la chasse et la fait disparaître au Nom de Jésus, c'est-à-dire avec l'invocation "Seigneur Jésus-
Christ, aie pitié de moi." C'est alors qu'elle commence à avoir les démons en aversion qu’elle
mène contre eux un combat sans relâche qu’elle leur oppose l'ardeur naturelle qu’elle les
chasse qu’elle les frappe qu’elle les force à disparaître. Ce qui advient ensuite avec l'Aide de
Dieu, tu l'apprendras seul, par l'expérience, grâce à l'attention de l'intelligence et en gardant
dans ton coeur Jésus-Christ, c'est-à-dire sa prière "Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi."
Un Père dit en effet : "Demeure dans ta cellule et elle t'apprendra tout."
http://www.livres-mystiques.com/partieTEXTES/Philocalie/symeon.html
Tropaire de Saint Syméon le Nouveau Théologien.
Ô Saint Père Syméon, tu reçus en ton âme la Divine Illumination.
Tu fus dévoilé au monde comme une Radieuse Lumière dispersant toute ténèbre.
Tu appelles toute l'humanité à chercher la Grâce du Saint Esprit Qu’elle avait perdue.
Ô Juste Père! Prie le Christ Notre Dieu afin qu'Il nous accorde Abondante Miséricorde!
Les Hymnes de Siméon le Nouveau Théologien récités de manière poétique dans une
atmosphère musicale de voix féminine et un "ison." Enregistré de la radio? D'une cassette?
D'un cd? http://files.predanie.ru/music/Gimny_Simeona_Novogo_Bogoslova/
Forum: alt.religion.christian.east-orthodox
Sujet: Hymnes de Saint Siméon le Nouveau Théologien.
SAINT DIACRE PIERRE (+605)
Confesseur, Saint Pierre était l'un des disciples de Saint Grégoire le Grand. Après son Départ
Céleste, il fut vénéré par les habitants de la région romaine.
SAINT ABBE MURA MCFEREDACH (OU MURAN, MURAMES, MURANUS, MURU)
DE FAHAN (OU FATHEN) (+ 645)
Né dans le Donegal, Irlande, Saint Mura a été le premier Abbé de Fahan (Innisowen, Comté
de Donegal) par Saint Columba dont le bâton et la petite cloche existent toujours. La crosse se
trouve à l'Académie Royale irlandaise et la cloche dans la Collection Wallace à Londres. Sa
Croix est aussi conservée à Fahan comme un Monument National. Il est le Saint Protecteur
particulier du clan de O'Neill et de Fahan.
SAINT FECHNO (OU FIACHNA), CONFESSEUR EN IRLANDE (+ 580).
Né dans Nord de l'Irlande, Fechno vécut plusieurs années sous la Règle de Saint Columban et
fut l'un des douze disciples qui l'accompagnèrent en Écosse pour l'évangélisation des Pictes.
On trouve son nom au 12 mars.
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SAINT THÉOPHANE LE CONFESSEUR DE SYGRIANE (+ 818)
Théophane est appelé le Sygrien (Sigrien) à cause de Sygriane (Sigriana), son lieu de
naissance. Il était parent de l'empereur Léon l'Isaurien et de son fils Copronyme.
Il possédait une grande richesse et splendeur. Mais tout cela perdit sa valeur pour Théophane
lorsque le Seigneur Christ commença à régner dans son âme. Il refusa de se marier mais
lorsqu'on l'y força, il parvint à recommander l'abstinence complète à son épouse, vivant dans
la chasteté comme frère et soeur. A peine ses parents morts, sa femme entra dans un couvent
et lui dans un monastère. Son monastère se trouvait sur les montagnes sygriennes dans la
province de Cyzique.
L'autrefois glorieux et riche Théophane vivait dans ce monastère comme le moindre des
pauvres. Tous étaient éblouis de son changement. Etant devenu célèbre par sa forte Foi,
abstinence et sagesse, il fut invité au Septième Concile Oecuménique (Nicée 783) où la
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Vénération des Saintes Icônes fut confirmée. Du fait de sa pureté et de sa chasteté, Dieu lui
donna le don d'accomplir des Miracles par lesquels il guérit toutes les maladies, en
particuliers les désordres maniaques et mentaux.
Il priait Dieu pour tous les malades et les malheureux et par ses prières, il les aidait. Il n'y a
que lorsqu'il devint malade à son tour et que sa maladie dura un moment qu'il refusa de prier
Dieu pour le retour de sa propre santé mais endura sa maladie avec gratitude. Lorsque la
persécution iconoclaste recommença sous le maudit Léon l'Arménien, Théophane fut emmené
à Constantinople et jeté en prison où il subit deux ans durant des maltraitances, la douleur et
l'humiliation. Puis l'empereur le bannit en exil sur l'Île de Samothrace qu'il avait vue
auparavant en esprit et avait mentionnée à ses geôliers. Après son arrivée à Samothrace, il
vécut encore vingt-deux jours puis parut devant son Seigneur et Créateur pour recevoir la
méritée Couronne de Gloire.
ou
Théophane naquit à Constantinople vers 758, fut élevé à la cour des empereurs. A la mort de
son père Isaac qu'il perdit tout jeune, Léon, fils de Constantin Copronyme, voulut qu'il prît le
nom d'Isaac et c'est seulement dans le cloître qu'on le retrouve avec le nom de Théophane. Il
était dans sa dix-neuvième année quand sa mère lui fit contracter mariage mais il avait déjà le
dessein d'embrasser la vie monastique et il détermina son épouse à vivre avec lui dans la
continence, attendant tous deux l'occasion d'entrer en religion. Cette occasion se présenta
deux ans plus tard. Théophane ayant confié son épouse à un Monastère de l'Île des Princes,
reçut la tonsure monacale des mains de Théodore Monochéir à Polichnion et se retira à
Calonymos dans un de ses domaines qu'il transforma en monastère en y plaçant des Moines
de Polichnion.
A la Naissance Céleste de son Père Spirituel, il semble que Théophane gouverna lui-même
quelque temps sa maison de Calonymos mais il la quitta bientôt pour se retirer à Sigriane, y
acheta un terrain, construisit un nouveau monastère auquel on donna le nom de Grand Champ
(Mégalagrite). Théophane s'y distingua par la pratique des vertus et de son application au
travail : en copiste diligent, il prépara la chronographie, oeuvre qui lui valut son surnom. On
l'obligea à diriger cette nouvelle maison comme supérieur.
Il y vivait tranquillement lorsqu'en 787 le Patriarche Taraise, de concert avec Constantin et
Irène, l'appela au Deuxième Concile oecuménique de Nicée réuni pour la défense du culte des
Saintes Images. Théophane parut à cette assemblée dans un extérieur humble et pauvre mais
son rare mérite éclata bientôt quand on l'eut obligé à prendre la parole; il défendit la Foi
orthodoxe en appuyant ses assertions sur la Sainte Ecriture et la Tradition. Puis il rentra dans
son Monastère de Grand-Champ où il continua ses austérités qui s'accrurent bientôt par les
douleurs cruelles que lui causèrent les coliques néphrétiques et la maladie de la pierre; ce fut
pour lui une nouvelle occasion de pratiquer la patience et de se perfectionner dans la vertu.
Léon l'Arménien, reprenant sa campagne impie contre les Saintes Images, essaya bien de
gagner Théophane mais il s'attira une réponse ferme et courageuse dans laquelle le Moine
affirmait la doctrine professée par lui au Concile de Nicée.
L'empereur irrité envoya aussitôt des soldats avec ordre de détruire le monastère et. de lui
amener l'Abbé pieds et mains liés. Léon l'Arménien fit languir quelque temps Théophane dans
une obscure prison et voyant qu'il ne pouvait rien gagner par ses cruautés, il l'exila dans l'Île
de Samothrace. Le Saint Confesseur de la Foi n'y vécut que dix-sept jours et s'endormit le 12
mars 817.
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C'est à cette date du 12 mars que les Eglises grecque et latine honorent Théophane. En 820,
ses Précieux Restes furent rapportés à Hiereia dans le sanctuaire de Saint Procope, à deux
milles du Monastère de Grand-Champ et le transfert solennel dans l'abbaye se fit deux ans
plus tard, vers Pâque de 822. A cette occasion, Théodore Studite prononça le panégyrique qui
fut conservé.
SAINT PAPE GREGOIRE LE DIALOGUE DE ROME ALIAS SAINT GREGOIRE LE
GRAND (+ 604) 12 mars (repos) – 3 septembre (sacre épiscopal, Rome)
Nous pensons devoir ajouter la notice qui suit à celles des Saints de ce Synaxaire afin
d'éclairer le rôle de ce grand Patriarche orthodoxe qui fut le premier à porter ce nom grec de
Grégoire (qui signifie : le Vigilant) sur le siège patriarcal de Rome et que les peuples
orthodoxes d'Occident appelèrent Grégoire le Grand.
Pendant ces quatorze années d'un épiscopat béni, il ne se contenta pas en effet d'être le
biographe de Saint Benoît de Nursie –dont il répandit la Règle dans tout l'Occident– et
l'organisateur de la mission en Angleterre, ce qui eut suffi à assurer la gloire de son patriarcat
–si nous considérons tout ce que l'Occident doit à la cohorte innombrable de Saints qui nous
vinrent en retour (au cours des siècles suivants) des peuples celtiques d'Irlande, du Pays de
Galles et du reste de l'Île de Grande Bretagne– mais il condamna d'avance les ineptes
prétentions de ses successeurs et nous constatons hélas chaque jour davantage que si le siège
de Rome avait suivi sa Sainte Doctrine, nous n'aurions sans doute pas connu la désastreuse
chute de ce grand Patriarcat dans une hérésie dont nous subissons aujourd'hui les
conséquences si dramatiques pour la Foi de tous les peuples orthodoxes.
Né vers 540 dans une famille sénatoriale romaine qui avait déjà compté plusieurs Papes, il
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devint Préfet de la Ville de Rome. Mais au cours de ses brillantes études, il s'était imprégné de
la Parole de Dieu et au Départ de son père, il résigna sa charge et distribua les immenses
richesses dont il venait d'hériter dont la plus grande partie fut consacrée à la fondation de sept
monastères : six en Sicile et le septième, placé sous l'invocation du Saint Apôtre André dans
son propre palais de Rome; il y entra alors comme simple Moine. Mais il lui restait encore
une possession personnelle et la rencontre d'un mendiant qui avait été réduit à la plus grande
misère à la suite d'un naufrage lui fournit enfin l'occasion de s'en dépouiller aussi : c'était
l'écuelle dans laquelle il mangeait et pour l'Amour du Christ, il en fit don à ce malheureux
marchand.
Celui dont il devait bientôt devenir le successeur, le Patriarche Pélage II (579-590), l'envoya
convaincre l'Empereur et le Patriarche de Constantinople de se pencher sur le sort de l'Italie
soumise à l'oppression des rois lombards. Il y resta six ans et y réfuta les erreurs du patriarche
Eutychès; de retour à Rome où il rapporta de Saintes Icônes et de Vénérables Reliques, il fut
élu Higoumène de son monastère qui devint sous sa direction un centre rayonnant d'austérité
et de Sainteté. C'est pendant cette période qu'il vit un jour de jeunes et beaux enfants blonds
que l'on vendait comme esclaves au marché et que, bouleversé jusqu'aux larmes, il s'enquit de
la provenance de ces "Anges revêtus d'un corps" : apprenant qu'ils venaient de l'Île de Grande
Bretagne (qui n'avait pu être que partiellement illuminée à l'époque apostolique avant d'être
brutalement replongée dans les ténèbres de l'idolâtrie par les terribles invasions des Saxons), il
décida immédiatement de partir en Angleterre avec quelques-uns de ses Moines mais après
trois jours de marche en direction du Nord, ils furent rattrapés par des envoyés du Patriarche
car le peuple de Rome s'était soulevé à la nouvelle du départ de celui qu'il considérait comme
son Protecteur et dont il exigeait le retour.
Lorsque la peste frappa Rome en 590, le Saint Higoumène Grégoire exhorta le peuple à faire
pénitence avec lui et obtint la cessation de l'épidémie grâce à l'ostension processionnelle de la
Sainte Icône de la Théotokos dans tous les quartiers de la Ville. Le Patriarche Pélage ayant été
parmi les victimes, le peuple voulut que Grégoire lui succédât mais il s'enfuit pour échapper à
ces honneurs et se réfugia dans une caverne; il fut retrouvé peu après par l'effet d'une
intervention miraculeuse et ramené triomphalement à Rome où il fut consacré le 3 septembre
590.
La famine régnait et l'Église était dans un état déplorable, agitée d'hérésies, de schismes,
soumise à l'oppression des barbares et impuissante à faire cesser les dérèglements des princes
chrétiens. Grégoire prit ces tâches surhumaines à bras le corps et commença par transformer
le palais pontifical en véritable monastère où il eut à coeur d'accueillir les affamés et de les
nourrir de ses propres mains. Il organisa de grandes processions (qu'on appela les Litanies
Majeures ou Rogations et qui sont encore observées tous les 25 avril), régla les prières et les
lectures à observer partout au cours de l'année liturgique. Ceci amena certains à lui attribuer
faussement la réforme du chant liturgique selon l'exemple de ce qu'il avait pu admirer à
Constantinople mais dans un style adapté aux conditions de l'Occident. Ainsi réformé, ce
chant prit alors et donc abusivement, le nom de "chant grégorien."
Il veilla à l'élection régulière des Evêques dans les Églises qui dépendaient de Rome et ne leur
permit plus de résider hors de leurs diocèses, mettant un terme aux ingérences des autorités
civiles dans les affaires de l'Église comme celles des Évêques dans la conduite des monastères
–et s'attaquant vigoureusement à la simonie. Il entretenait une correspondance avec les autres
Patriarcats et reprit notamment avec un Grand Amour Fraternel le Patriarche de
Constantinople Saint Jean IV le Jeûneur qui avait employé dans ses actes le titre de
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"Patriarche OEcuménique," lui faisant remarquer avec humilité qu'aucun Évêque ne pouvait
s'attribuer l'autorité de l'Eglise prise dans son ensemble, cette autorité étant réservée aux seuls
Conciles OEcuméniques.
Le reste de sa vie est au Grand Synaxaire de Constantinople et notamment comment il parvint
à arrêter les Lombards qui allaient piller la ville de Rome et même à travailler efficacement à
leur conversion avec l'aide de leur Reine Théodelinde qui était orthodoxe elle-même –et
comment il organisa la grande mission de quarante Moines dirigés par Saint Augustin (de
Canterbury) qu'il envoya évangéliser l'Angleterre.
Il rédigea plusieurs livres importants dont ses Morales sur Job dont la méthode d'exégèse
allégorique et morale fut un exemple suivi pendant tout le Moyen-Age et surtout son livre des
Miracles des Pères d'Italie, plus connu sous le nom de Dialogues (avec son Diacre Pierre)
dans lequel il démontre que c'est bien le même Esprit qui agit en tout temps comme au temps
des Apôtres pour accomplir des Miracles –et qu'il est par conséquent possible à tout baptisé et
en tout temps de parvenir à l'union avec Dieu.
ou
Fils du sénateur Gordianus, il fut par la suite lui-même sénateur et gouverneur de la ville de
Rome. A l'Endormissement de son père, Grégoire s'abandonna à la vie spirituelle. Avec sa
richesse, il bâtit six monastères en Sicile et le septième dans la ville de Rome en l'honneur du
Saint Apôtre André. C'est là qu'il fut tonsuré Moine.
Sa mère Sylvia entra au couvent et fut tonsurée Moniale. Après l'Endormissement du Pape
romain Pélage, Grégoire fut choisit comme Pape. Il fuit cet honneur et cette autorité en se
cachant dans les montagnes et ravins mais le Seigneur le dévoila à ceux qui le cherchaient de
la manière suivante : une colonne de feu s'éleva du sol vers le Ciel à l'endroit où Grégoire se
cachait.
Il fut exceptionnellement charitable. Tous ses revenus étaient utilisés pour bâtir des abris et
des hospices pour les nécessiteux. Souvent, il invitait les moins bien lotis et les servait à table.
Il passait son temps à écrire des livres inspirés. Il est aussi appelé 'Dialogos' à cause d'un livre
qu'il rédigea sous ce titre dans lequel il rapporte les Miracles accomplis par des Saints d'Italie.
Il composa aussi la "Liturgie des Pré-Sanctifiés" que l'on célèbre le mercredi et le vendredi
durant le Grand Carême. Son Archidiacre Pierre vit une colombe voler au-dessus de la tête de
Grégoire pendant qu'il était assis et occupé à écrire. Il se présenta devant le Seigneur en 604.
ou
Né à Rome vers 540, sa Fête principale est au 12 mars et celle du 3 septembre commémore
son élection comme Evêque de Rome.
"La Sainte Bible est comme un miroir devant les yeux de notre esprit. En elle, nous voyons
notre intériorité. Des Ecritures, nous pouvons apprendre nos déformations et beautés
spirituelles. Et là aussi, nous découvrons les progrès que nous accomplissons et à quel point
nous sommes loin de la perfection." Saint Grégoire.
Il excella en bien des choses et de tant de manières. Sa grandeur est amplifiée par le contraste
avec l'époque à laquelle il vécut et où tout n'était que déclin. Il était préfet de Rome quand il
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écrivit ceci : "Tout est à la merci des barbares : les villes sont sapées, les citadelles détruites,
les provinces dépeuplées et il n'y a plus de fermiers dans les campagnes. Et chaque jour, les
idolâtres exercent leur puissance et assouvissent leur rage en assassinant des fidèles. Nous
voyons ce qu'il est advenu de celle qui autrefois apparaissait comme la maîtresse du monde.
Elle est brisée par tous ceux qu'elle a fait souffrir d'immenses et multiples désastres. Nous, le
petit reste, nous sommes menacés chaque jour par l'épée et d'innombrables procès..."
Saint Bède décrit Grégoire comme l'homme que l'Angleterre "peut et doit appeler notre
Apôtre parce qu'il fit de notre nation alors adonnée aux idoles, l'Eglise du Christ" et la tombe
de Grégoire à Rome porte l'inscription suivante : "Il enseigna la Vérité chrétienne aux Anglo-
Saxons."
Distingué Romain né d'une famille sénatoriale chrétienne, Saint Grégoire était fort redevable
à sa mère, Sainte Sylvia et à deux de ses soeurs qui sont considérées comme Saintes. Son
père, Gordianus, descendant d'un Pape romain précédent, était un administrateur laïc d'une
des sept Archidiaconies de Rome. Formé à Rome comme avocat en 571 et âgé de trente ans, il
en devint un des préfets. Il semble qu'il se soit fort bien acquitté de sa tâche malgré sa
tendance à l'austérité. Les historiens se réfèrent à la splendeur de ses robes en contraste avec
l'habit qu'il portera les années d'après.
A la Naissance au Ciel de son père, il donna la plus grande partie de son héritage aux pauvres
et à l'Eglise, ci-incluse la fondation de six nouveaux monastères en Sicile. Vers 574, il
transforma son domaine familial sur la Colline Caelian en Monastère Saint-André, placé sous
la direction de Valentius et quitta sa charge pour devenir Moine. Grégoire mitigea les
caractéristiques des pratiques ascétiques orientales afin de rendre la Règle plus acceptable aux
conditions occidentales.
A cette époque, il y avait une frontière imperméable entre les Moines et les Prêtres : un Prêtre
devenu Moine était censé arrêter son ministère presbytéral parce que les Prêtres étaient vus
comme du monde; les Moines, au-delà du monde. La volonté ultérieure de Grégoire
d'affranchir les Moines du contrôle épiscopal était totalement contraire à la tradition. Le
Concile de Chalcédoine (451) avait ordonné que les Moines restent sous l'obéissance de leurs
Evêques. Cependant Grégoire, au Concile de Latran de 601, fera promulguer un décret par
lequel tous les Moines seront exempts de l'autorité épiscopale. Une partie de ses raisons était
de maintenir les Moines à l'intérieur de leurs monastères et d'éviter de les avoir voyageant de
place en place.
Le Pape de Rome Grégoire écrivait à l'Evêque Castorius d'Ariminum :
"Aussi à la mort d'un Abbé, ne laissez pas l'Evêque sous quelque prétexte que ce soit
interférer dans le processus ou prendre la charge de la propriété du monastère, acquérir ou
donner ou laisser acquérir. Nous lui interdisons aussi de célébrer des Liturgies publiques dans
un Couvent afin d'éviter que la retraite des Serviteurs de Dieu et leur lieu de refuge puisse par
quelque opportunité se trouver au concours de femmes, ce qui ne représenterait aucun
avantage pour leurs âmes. Ne le laissez pas non plus oser placer son siège épiscopal là ni
avoir pouvoir ou commandement ni y tenir d'ordination, même la plus ordinaire, à moins que
cela ne lui ait été demandé par l'Abbé du lieu."
Grégoire demeura dans son monastère trois ans durant puis fut ordonné par le Pape de Rome
Pélagius II comme un des sept Diacres de Rome en 578. Par tempérament, il était trop actif
30
pour la vie contemplative et cinq ans après s'être retiré des affaires publiques, il fut nommé
légat à Constantinople (579-585), un poste pour lequel il était bien préparé et qu'il remplit
avec grande distinction mais il demeura cependant en habits de Moine et transforma une
partie de son ambassade en monastère. C'était à l'époque où l'empire romain s'était reconstitué
avec son quartier général à Constantinople. Le Pape de Rome l'avait envoyé pour obtenir
l'aide de l'Empereur contre les Lombards; il n'y parvint pas.
En 586, Grégoire fut rappelé à Rome et devint Abbé de son monastère, tout en travaillant
comme secrétaire du Pape. Une histoire nous dit que Grégoire avait formé l'idée de partir luimême
prêcher l'Evangile en Angleterre et se serait mis en route mais aurait été rappelé à
Rome par son Pape suite à l'insistance du peuple quand la peste frappa la ville en 589-590.
Le Pape Pelagius contracta la maladie et s'endormit. Grégoire fut consacré Evêque et élu Pape
de Rome le 3 septembre 590 –en cela il était le premier Moine à tenir ce siège. On rapporte
que Grégoire tenta par tous les moyens possibles d'échapper à cette élection, écrivant même à
l'Empereur Maurice à Constantinople pour lui demander de ne pas donner sa confirmation
impériale. La lettre fut interceptée par le préfet de Rome et substituée par une autre du Sénat,
clergé et du peuple demandant la nomination de Grégoire. A l'arrivée de la réponse de
l'Empereur, le Saint s'enfuit de Rome. Puis il comprit qu'il ne pouvait pas refuser l'office avec
bonne conscience.
C'était une époque de famine, d'inondations et de peste et Grégoire appela à faire des Litanies,
des processions et des prières incessantes pour demander l'Aide de Dieu. Ces expressions de
la Foi furent récompensées par une rapide diminution des infestations. Durant une des
processions, Grégoire vit un Ange au-dessus de l'Arc d'Hadrien rengainer son épée au
fourreau –c'est de cette vision que Castel Sant'Angelo tire son nom.
Comme Patriarche de Rome, il devint la plus puissante personnalité d'Italie, l'Exarque de
Ravenne étant terne en comparaison de Grégoire. A ses côtés, l'Empereur occidental était une
piètre figure et bientôt la puissance de cette forte personnalité et son influence bienveillante se
fit ressentir en Europe. Les attaques des barbares avaient de plus accru l'importance de
l'Eglise parce qu'ils avaient détruit nombre de temples païens et chassé les familles
patriciennes qui conservaient l'ancienne religion d'Etat, hors de Rome.
En tant que prédicateur, il était très habile. Dans le domaine de la Liturgie, on prétend qu'il
introduisit le chant dit "grégorien"* (en réponse au chant congrégational et antiphoné que
Saint Ambroise avait introduit à Milan et qu'il considérait comme désinvolte et irrévérent) et
établit une école de choeur conjointe à un orphelinat. Il excella aussi en homme d'Etat. En
effet dans toutes les branches et aspects de la vie d'Eglise, il se montra à la fois ingénieux et
autoritaire et plus que tout autre, il donna sa forme et sa direction à l'Eglise médiévale. A cette
époque, on nous dit que le siège patriarcal de Rome se tenait en Europe occidentale comme un
phare dans la tempête.
* Ce qui est faux - cfr "Centre d'Etudes Grégoriennes de Metz" et leurs publications. Le chant dit "grégorien"
est d'origine de Metz et dû à Saint Chrodegang (+ 766) né à Liège et formé à l'Abbaye de Saint-Trond dans le
Limbourg belge avant de devenir Archevêque de ce grand siège. C'est pour en faciliter la diffusion qu'on lui en
attribua par la suite la paternité, ainsi rehaussée de son renom aux yeux des puissants Princes tout au moins,
tout comme pour la Liturgie byzantine et d'autres encore. Mais c'est à Metz au huitième siècle que cette
magnifique Liturgie est née : le "Cantilena Metensis" et non à Rome au sixième siècle.
Grégoire s'occupa personnellement des difficultés dues aux Lombards qui assiégèrent Rome
plusieurs fois durant son épiscopat et avec qui il négocia personnellement les traités. Ils
31
continuèrent à être sources de problèmes. En 593, il persuada les envahissants lombards
dirigés par Agilulf d'épargner Rome et il négocia la paix avec le roi lombard, un geste sans
précédent qui mit en pratique de côté l'autorité du représentant de l'Empereur de
Constantinople : l'Exarque de Ravenne. Grégoire fut responsable de tous les travaux de
relèvement dans les zones sinistrées, y compris l'affranchissement de ceux qui avaient été faits
esclaves. A cet effet Grégoire urgea les Evêques à ne pas hésiter d'aller jusqu'à vendre les
vases sacrés. Il parvint à conclure une trêve temporaire avec les Lombards en 603.
Il nomma les gouverneurs des cités italiennes, leur fournit du matériel de guerre et dénonça
les lourdes taxes imposées aux Italiens par les officiels constantinopolitains. C'est ici que se
situent les prémisses de l'exercice de l'autorité temporelle papale romaine qui lui fit perdre, à
terme, sa légitimité spirituelle comme surent la conserver les quatre autres Patriarcats de la
Chrétienté d'alors : Constantinople, Jérusalem, Alexandrie et Antioche.
Il eut à affronter nombre de troubles et eut fort peu de scrupules à utiliser la force séculière
pour gagner des adhérents à l'Eglise. La controverse donatiste refit surface en Afrique et
Grégoire fit appel à l'Empereur pour renforcer les lois pré-existantes contre leur culte. Il
encouragea les Rois francs aux méthodes coercitives pour amener leurs sujets à la Vraie Foi et
dans ses propres possessions en Italie, il ordonna qu'on force les manichéens à accepter le
Christianisme. D'un autre côté, il fut particulièrement tolérant envers les Juifs et urgea qu'on
ne les maltraite pas. Il alla si loin jusqu'à dire que dans le cas de Juifs, les conversions forcées
n'étaient jamais sincères.
Un des grands succès de l'époque fut la conversion du roi arien Reccared d'Espagne qui
renonça à son hérésie et se convertit à la Vraie Foi sous l'influence du plus grand ami de
Grégoire, Saint Léandre.
Grégoire utilisa le don du pallium [=omophore] comme une méthode pour étendre son
autorité. Originellement, c'était une écharpe donnée par les empereurs à leurs amis et officiers
qu'ils voulaient honorer particulièrement. Cela devint une manière pour les Papes de Rome et
les autres Patriarches de donner à distinguer un Métropolite [=Evêque métropolitain], bien
que dans certains cas des Evêques diocésains le reçurent aussi sans être Métropolites.
Bien que Grégoire retirât l'autorité des Evêques sur les Moines, il protégea et augmenta leurs
droits dans d'autres domaines. Il sépara le clergé des cours séculières et leur interdit de faire
appel aux tribunaux civils. Il refusa aussi les cadeaux annuels que les Evêques suffragants
apportaient traditionnellement à Rome ou tout paiement pour obtenir le pallium et abolit les
revenus cléricaux pour les funérailles et ordinations. Il restaura la discipline ecclésiastique,
démit de leurs fonctions les clercs indignes et fut d'une charité prodigieuse.
Mais le plus remarquable et le plus considérable fut sa vision missionnaire. Depuis longtemps
il voulait la conversion de l'Angleterre où la règle romaine s'était éteinte sous les ravages des
barbares et l'Eglise romano-britannique avait été repoussée dans les provinces des
Cornouailles, Pays de Galles et Cumbire pendant que les nouveaux Saxons et leurs royaumes
païens se levaient et rivalisaient entre eux jusqu'à ce que le Saint Roi Ethelbert de Kent
parvint à exercer l'autorité suprême sur presque tout le pays.
Avant de devenir Pape de Rome, Grégoire, en se promenant sur le marché de Rome, avait
remarqué les garçonnets saxons aux longs cheveux qui étaient en vente comme esclaves et il
avait fait son célèbre jeu de mot : "Pas des Angles mais des Anges!," ajoutant, toujours sur ton
32
humoristique, "l'Alleluia sera chanté dans le pays d'Aella." Jusqu'à ce qu'il soit à même de
mener son plan d'évangélisation, il rachètera des jeunes garçons anglais sur le marché aux
esclaves pour leur donner une bonne éducation en vue de les renvoyer chez eux comme
Missionnaires.
Une magnifique occasion se présenta lorsque le Saint Roi Ethelbert de Kent épousa une
Princesse chrétienne, Berthe de Gaule. Elle avait été autorisée à emmener son chapelain avec
elle en Angleterre pour sa propre chapelle. Grégoire comprit l'occasion qui se présentait. Il
décida alors d'envoyer Saint Augustin (futur Evêque de Canterbury et non Saint Augustin
d'Hippone) ainsi qu'un petit groupe de Moines pour prêcher l'Evangile en ces terres. A
plusieurs reprises, les Moines, découragés, voulurent abandonner mais Grégoire les
encouragea sans cesse. Les Missionnaires aboutirent finalement sur l'Ile de Thanet en mai
597. Ethelbert les y reçut courtoisement et reçut même le Baptême. La mission ayant aboutit
avec succès, Augustin partit en Gaule pour se faire sacrer Evêque par le Métropolite d'Arles.
Quand des questions surgirent en Angleterre, Augustin écrivit à Grégoire. Une lettre concerne
le partage des offrandes parce qu'Augustin était un Moine vivant en communauté et
partageant tout en commun. La coutume normale était de partager toute offrande de manière
égale entre l'Evêque, le clergé, les pauvres et la paroisse pour son entretien. Puis il y eut la
question des pratiques liturgiques : fallait-il suivre celles de Rome ou celles des Gaules? La
réponse fut qu'Augustin devait s'adapter à ce qui convenait en fonction des lieux et
circonstances. Il y eut aussi des questions sur le mariage, les ordinations et la position des
Evêques. En toutes choses, Grégoire se montra un homme pragmatique, tempérant la loi par la
charité. Par exemple quand Augustin posa la question des ordinations épiscopales qui
demandaient au moins trois Evêques consacrant, Grégoire répondit que puisque Augustin était
le seul Evêque dans la région, il devait consacrer seul, à moins d'arriver à faire venir des
Evêques des Gaules.
Grégoire avait considéré l'Angleterre comme étant sous direction romaine. Il avait planifié
d'avoir un siège métropolitain à York et l'autre à Londres et chaque siège avec douze
suffragants. York n'aurait eu à dépendre de Londres que du vivant d'Augustin puis à sa
Naissance Céleste devenir indépendant. Grégoire ne semble pas avoir compris que les
Evêques pré-existants avait peu d'intérêt à convertir leurs envahisseurs anglo-saxons.
Grégoire écrivit aussi à Saint Mellitus de rappeler à Augustin de ne pas détruire les temples
païens mais plutôt de les aménager et consacrer à un usage chrétien.
Grégoire explique sa vision de la mission anglaise dans sa lettre au Pape Euloge
d'Alexandrie : "Pendant que la nation des Angles située dans un coin du monde demeurait
jusqu'à ce jour dans sa mécréance à adorer des piquets et des pierres, j'ai décidé, grâce à l'aide
de tes prières pour moi, d'y envoyer, Dieu permettant, un Moine de mon monastère afin d'y
prêcher. Et lui, ayant été fait avec mon autorisation Evêque des Evêques de Germanie,
procéda avec leur aide aussi jusqu'au bout du monde de cette nation et déjà des lettres nous
sont parvenues nous parlant de sa sécurité et de ses oeuvres au point que lui et ceux qui ont
été envoyés avec lui resplendissent de tant de grands Miracles dans la-dite nation qu'il semble
qu'ils imitent les puissances des Saints Apôtres dans les signes qu'ils montrent. De plus, lors
de la solennité de la Nativité du Seigneur qui eut lieu à la première indication, plus de dix
mille Angles furent signalés comme ayant été baptisés par notre même frère et confrère
Evêque."
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Durant toutes ses activités, Grégoire ne cessa jamais ses écrits –ses Homélies, ses célèbres
"Dialogues" et nombre d'autres écrits dont huit cents lettres et épîtres qui ont survécu. Les
Dialogues remplis de merveilles à propos de visions, prophéties, Miracles et vies de Moines et
de Saints d'Italie ont donné à son temps de Pieuses Lectures et lui ont imprimé les Vérités
essentielles de la religion.
Grégoire écrivit les Soins Pastoraux (Liber regulae pastoralis) afin d'expliquer sa position.
C'est un exposé sur les devoirs épiscopaux (le fait que ce soit un des premiers livres à avoir
été traduits en anglais atteste de son importance). En Gaule franque, il fut remis à chaque
Evêque lors de sa consécration. L'Empereur Maurice le fit traduire en grec afin qu'il puisse
être utilisé aussi en Orient. La majeure partie du livre explique comment un prédicateur
devrait adapter son enseignement afin de toucher chaque composante de la population.
Grégoire ne fut pas un penseur grand ou créatif mais plutôt comme les pragmatiques Romains
de son temps. La coutume de célébrer trente Liturgies successives pour les défunts porte son
nom. Elle provient de ses Dialogues (Livre 4, chap. 40) qui rapporte qu'un Moine nommé
Justus avait reçut trois pièces d'or qu'il avait conservées pour lui –une injure à la pauvreté.
L'or fut découvert et Justus excommunié. Peu après il mourut et fut ensevelit dans un sol non
consacré avec ses trois pièces d'or. Le temps répara le scandale et l'Abbé, ému de compassion
pour l'âme de Justus, fit offrir le Sacrifice Non-Sanglant trente matins d'affilée. Lorsque la
Liturgie du trentième jour se termina, Justus apparut à un frère appelé Copiosus, lui disant :
"Bénis Dieu, mon frère, ce jour je suis délivré et admis dans la compagnie des Saints."
Ce Pape romain est aussi considéré comme le géniteur de la Liturgie des Présanctifiés qui
continue à être célébrée dans l'Eglise orthodoxe durant les quarante jours de jeûne qui
précèdent Pâque. Il nous rapporte lui-même qu'il changea de place la Prière du Seigneur et
l'ajouta à la Prière de Consécration. Il ajouta aussi des demandes à la prière "Hanc igitur,"
apportant ainsi une touche finale au Canon romain.
Ses travaux furent immenses. Aucune tâche n'était trop grande, aucun service trop humble
pour ce Doué et Polymorphe Disciple du Christ qui aima à s'appeler lui-même "le serviteur
des Serviteurs de Dieu." Des nombreuses histoires qu'on raconte sur lui, il y a celle du
mendiant qui se présentant à répétition à la porte du monastère pour demander l'aumône et à
chaque fois Grégoire donna jusqu'au jour où il n'y eut plus d'argent; alors il lui donna un bijou
d'argent ("porringer") qu'il avait reçu de sa mère.
Comme Evêque de Rome, Grégoire continua la vie monastique autant que possible. Il
conserva les habitudes et vécut avec son clergé dans une stricte discipline. Devenu Patriarche
de Rome, il invitera chaque soir à sa table douze pauvres, un pour chaque disciple du
Seigneur. Une nuit, il en compta treize et appelant le serviteur, il lui demanda la raison. "Saint
Père," répondit le serviteur après avoir recompté, "tu fais erreur, ils ne sont que douze." Mais
Grégoire en comptait pourtant treize et après le repas, il appela son hôte non-présenté : "Qui
es-tu?" L'hôte répondit : "Je suis le pauvre homme que tu aidas et à travers Moi, tu obtiendras
toujours ce que tu demanderas à Dieu." Alors Grégoire connut qu'il avait nourri Notre
Seigneur.
Grégoire continua ses travaux apostoliques encore sept ans durant après avoir envoyé
Augustin en Angleterre. Sa fragilité s'accrut et il eut à terminer ses travaux au milieu des
intenses douleurs d'une crise de goutte chronique. Il s'affaiblit progressivement. Durant la
dernière partie de sa vie, il fut en proche correspondance avec la reine Théodolinda des
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Lombards qu'il tenta, elle et son peuple, à gagner au Christ. Son fils naquit et fut baptisé dans
l'Eglise juste avant la Naissance au Ciel de Grégoire. Durant sa dernière maladie, il lui écrivit
pour la féliciter pour la naissance de son fils.
Tropaire de Saint Grégoire le Dialogue. Ton 3
Tu répandis avec excellence la Parole de Dieu,/
étant doué de la discrétion du discours, Ô Hiérarque Grégoire :/
car par ta vie tu nous présentes les vertus,/
et irradies la lumière de la Sainteté./
Ô Juste Père, prie le Christ Notre Dieu qu'Il nous accorde Grande Miséricorde.
12 mars – 1 - 20 juillet *
SAINT JUSTE AARON LE PREMIER PRETRE (-1471 AV NSJC)
Frère de Moïse, il le soutint durant tout l'exode au Désert malgré une défaillance au jour du
veau d'or dans le massif de l'Horeb quand Dieu donna la Loi à Son Peuple. De la tribu de
Lévi, il fut le premier Grand-Prêtre des Hébreux et qui, peu à peu, pratiqua les rites de
l'Ancienne Alliance donnés par Dieu. Il fut enseveli au sommet de la montagne de Hor,
n'ayant pu entrer en Terre promise comme Moïse.
* Les deux dernières dates de commémorations sont peu avérées mais néanmoins suffisamment rencontrées pour
être respectées par votre transcripteur.
ou
Fils de Yokébed et Amram, tous deux issus de la tribu de Lévi, il naquit en Égypte en 1574
avant NSJC selon Ussérius, en 1728 avant NSJC selon L'art de vérifier les dates. Il prit part à
35
tout ce que fit son frère pour délivrer les Hébreux du joug des pharaons et fut désigné de Dieu
pour exercer le sacerdoce, lui et toute sa postérité.
Lors de l'ascension du Mont Sinaï par Moïse pour recevoir les Tables de la Loi, les Hébreux
nouvellement libérés du joug du Pharaon pressèrent Aaron de leur construire une idole d'or,
en fondant les bracelets et colliers qu'ils avaient réussis à emmener avec eux. Il construisit
un veau d'or qu'ils adorèrent à l'imitation du taureau Apis qui était adoré en Égypte.
Lorsque Moïse descendit du Mont Sinaï et qu'il vit les Hébreux adorer une idole (chose
littéralement interdite par le troisième Commandement du Décalogue), il fut prit d'une colère
si grande qu'il fracassa les Tables de la Loi sur un rocher. Pour cette faute, Moïse fut
condamné à retourner au sommet du Mont Sinaï re-graver les Tables et surtout à passer sa vie
à chercher la Terre Promise sans jamais pouvoir la voir : il s'endormit après les quarante
années que le peuple d'Israël passa dans le Désert, au versant d'une dune qui cachait cette
Terre de lait et de miel.
Cependant Moïse pardonna à Aaron sa faute et il fut même élevé par son frère au rang
de Grand-Prêtre, charge qu'il fut le premier à exercer.
Orateur éloquent, il prenait ordinairement la parole à la place de Moïse. Il s'endormit à l'âge
de cent vingt-trois ans sur le Mont Hor (Nombres 33:39) et ne put entrer dans la Terre
Promise parce qu'il avait douté de la Puissance de Dieu. Il fut pleuré par tous, hommes et
femmes alors que la Torah ne mentionne que les seuls hommes à avoir pleuré Moïse. Il s'agit
là sans doute d'une façon de mettre en exergue la popularité dont jouissait Aaron.
Il eut pour fils Nadab, Abihu, Eléazar et Ithamar de sa femme Élischéba (Élisabeth).
Note du transcripteur
Le lien proposé est non seulement catholique romain mais moderniste en plein; pardonnezmoi
: avant de trouver le temps de reprendre les références depuis la version de la Bible que
nous utilisons d'habitude en français (Segond), voici en attendant ce lien :
http://www.aelf.org/bible/search?query=Aaron&commit.x=0&commit.y=0
OK SAINT MARTYR MAXIMILIEN A TEBESSA (+295)
C'est sous le consulat de Tuscus et d'Anulin que Fabius Victor fut amené le 12 mars à
Théveste en Numidie devant le proconsul d'Afrique Dion Cassius, avec son fils Maximilien.
Le père était préposé à la levée des nouvelles recrues et Maximilien, son fils, déclarait qu'en
sa qualité de Chrétien, il ne lui était pas permis de servir comme soldat.
Vainement, Dion Cassius insista mais le jeune homme répondait, invariablement : "Je ne serai
point soldat, je ne combattrai pas pour le siècle, je suis le Soldat de Mon Dieu!" Et encore :
"Je ne reçois point de marque du siècle; si l'on m'impose le signe de l'empereur, je le briserai
car pour moi, il est sans valeur. Je suis Chrétien. Il ne m'est pas permis de porter au cou la
bulle de plomb, moi qui porte déjà le Signe Sacré du Christ, Fils du Dieu Vivant. C'est Lui
Que nous servons, nous tous Chrétiens, c'est Lui Que nous suivons car Il est le Prince de la
Vie, l'Auteur du Salut." Finalement, le proconsul fit effacer sur les tablettes le nom de
Maximilien et il ajouta : "Puisque d'une âme insoumise tu as refusé le service militaire, tu
encourras la sentence de mort qui servira d'exemple aux autres." "Grâces soient rendues à
Dieu," répondit Maximilien.
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Ce jeune homme était âgé de vingt et un ans, trois mois et dix-huit jours. Comme on le
conduisait au supplice, il dit aux Chrétiens qui l'entouraient : "Frères bien-aimés, de toutes
vos forces et de toute l'ardeur de vos désirs, hâtez-vous afin d'obtenir de voir Dieu et de
mériter une Semblable Couronne." Et le visage tout rayonnant de joie, il ajouta en se tournant
vers son père : "Donne au soldat qui va me frapper le vêtement neuf que tu m'avais préparé
pour la milice. Que les fruits de cette bonne oeuvre se multiplient pour toi au centuple et que
je puisse bientôt te recevoir au Ciel. Tous deux, nous nous glorifierons dans le Seigneur."
Il fut aussitôt décapité. Une matrone nommée Pompéiana obtint du juge le corps du Martyr;
elle le plaça sur sa litière, le transporta à Carthage où il fut ensesveli sous un monticule auprès
du Martyr Cyprien. Treize jours après, Pompéiana s’endormit et fut ensevelie dans le même
lieu. Quant à Victor, père de Maximilien, il rentra plein de joie dans sa maison, remerciant
Dieu de lui avoir permis d'envoyer un tel présent au Ciel. Il ne devait pas tarder à le suivre.
SAINT EVEQUE PAUL (OU POL, PAUL AURELIAN) DE LEON (+ 575)
Paul, surnommé Aurélien, naquit en 492 (ou 480) en Grande-Bretagne dans la province de
Penohen. Son père voulut l'exercer au maniement des armes mais constatant en lui des attraits
pour la vie monastique, il le plaça à Llan Iltud, Monastère d'Iltud, disciple de Saint Germain
d'Auxerre. Paul y rencontra d'autres futurs grands Saints : le futur Evêque David de Menevia,
le futur Evêque Samson de Dol et Gildas le Sage qui devait fonder Rhuys.
A seize ans, Paul demanda la permission de mener la vie d'Anachorète et passa un bon
nombre d'années dans la solitude jusqu'au moment où il reçut la prêtrise. Il devint alors le chef
d'un Monastère de douze Prêtres. Un Roi de Cambrie voulut lui confier le gouvernement
spirituel de son peuple, Paul s'y refusa et comme le Roi insistait pour lui faire accepter
l'épiscopat, il se détermina à passer la mer pour aborder en Armorique (vers 512) avec ses
douze Prêtres. Après divers séjours dans l'Île d'Ouessant dans la région de Telmedou ils
arrivèrent dans le pays de Léon. Le Comte Withur lui donna l'Île de Batz et une forteresse
romaine en ruines sur le continent. Paul établit dans l'île son monastère principal et dans la
forteresse, appelée depuis Castel Paul, il eut une succursale de Prêtres dont l'oeuvre fut
d'extirper le paganisme de la région. Ne pouvant lui faire accepter la dignité épiscopale, le
Comte Withur le chargea d'un message auprès du Roi Childebert : dans une lettre que le
Comte adressait au Roi, il le priait de renvoyer Paul avec la dignité d'Evêque de Léon.
Childebert, entrant dans ces vues, reprocha au Missionnaire son avarice, son défaut de charité.
Paul, prenant ces reproches au sérieux, finit par se déclarer prêt à toutes les satisfactions,
"Alors," lui dit le Roi, "tu accepteras l'épiscopat."
Childebert mandant trois Evêques qui se trouvaient de passage à Paris, fit donner à Paul la
consécration épiscopale avec juridiction sur tout le territoire de Léon. Le nouvel Evêque
maintint dans l'Île de Batz son principal monastère mais dut placer le siège de son évêché sur
le continent à Castel Paul (aujourd'hui Saint-Pol-de-Léon). Apôtre, il détruisit les sanctuaires
et simulacres issus de la superstition, convertit ce qui restait de païens. Fondateur d'églises, il
organisa le service religieux, construisant sanctuaires et monastères.
Quelques années avant la fin du règne de Judual de Domnonée, Paul-Aurélien, très vieux et
très fatigué, songea à se faire remplacer dans ses fonctions d'Evêque; deux suppléants qu'il
choisit dans ce dessein s'endormirent en peu de temps. Il nomma alors pour lui succéder un
autre de ses disciples nommé Ketomeren. Puis il se retira en son Monastère de l'Île de Batz et
s'y endormit dans un âge très avancé entre 572 et 573.
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En 884, les Vénérables Reliques de Saint Paul n'avaient pas encore été levées de terre;
l'Evêque Mabbon les transféra vers 954 à Fleury-sur-Loire. Quand ce monastère fut pillé par
les calvinistes, il est probable que la plupart de ces Précieuses Reliques furent livrées aux
flammes. Des souvenirs conservés à l'Île de Batz sont conservés à Saint-Pol-de-Léon.
ou
Né en Cornouailles, la "vita" de Saint Paul a été rédigée en 884 par un Moine de Landevennec
en Bretagne appelé Wrmonoc. C'est l'une des rares écrites sur un Saint celte britannique avant
le Moyen-Âge tardif.
Saint Paul était un noble Breton, cousin de Saint Samson et son condisciple chez Saint Illtyd.
Il fut instruit à Llantwit avec Saints David et Gildas. Nous avons besoin d'aucune autre preuve
de sa ferveur et ses merveilleux progrès dans la vertu et tous les exercices d'une vie
monastique que le témoignage d'Illtyd, au conseil duquel Paul quitta le monastère pour
embrasser une vie d'Ermite plus parfaite.
Peu après, notre Saint s'en alla, passant des Cornouailles en Armorique et y reprenant la
même vie érémitique et austère sur l'Île Caldey, sur la côte des Osimians, un peuple barbare et
idolâtre d'Armorique ou "Petite Bretagne." La prière et la Contemplation étaient ses seules
activités et du pain et de l'eau sa seule nourriture, sauf aux grandes fêtes, auquel cas il
rajoutait à son pain quelques petits poissons. Le Saint, peiné de l'aveuglément endurci des
populations païennes locales, est parti avec douze compagnons en Bretagne et les a instruits
dans la Foi. Withur, le Compte ou le gouverneur de Bas et toute cette côte, appuyé par le Roi
Childebert, manigança son sacre épiscopal en dépit de ses larmes pour le refuser. Son siège
épiscopal porte présent son nom, Saint-Pol-de-Léon.
Le Comte Withur qui résidait dans l'Îlot de Bas (Ouessant) accorda sa propre maison au Saint
afin d'être transformée en monastère et Saint Paul y a placés certains des Moines fervents qui
l'avaient accompagné du Pays de Galles et de la Cornouailles. Il s'était entièrement revêtu de
sa charge pastorale; son assiduité à les accomplir n'avait d'égal que les appréhensions qu'il en
éprouvait. Quand il eut terminé la conversion de ce pays, il démissionna de son épiscopat et
l'a remis à un disciple et s'est retiré dans l'Îlot de Batz où rendit son âme à Dieu dans la Sainte
solitude à l'âge de presque cent ans.
Pendant les invasions normandes, ses Saintes Reliques furent emportées à l'Abbaye de Fleury
ou à Saint Benet sur la Loire mais ont été perdues quand les hérétiques adeptes de Calvin
pillèrent cette église. L'histoire rapportée par Wrmonoc est pleine de détails légendaires mais
il ne fait aucun doute que Paul était un évangélisateur puissant dans le Finistère. La "vita"
incorpore quelques traditions galloises et d'origine celte et il y a des traces considérables du
Saint dans le Pays de Galles où comme en Bretagne, il parfois a été appelé Paulinus. L'église
ancienne au village de Paul, près de Penzance, est dédiée en honneur de Pol de Léon. Dans
l'ancien bréviaire de Léon, sa fête est au 10 octobre, peut-être le jour de la Translation de ses
Précieuses Reliques. Mais dans l'ancien bréviaire de Nantes et la plupart des autres, il est
honoré le 12 mars.
ou
Comme le nom de Constantine, ce Saint nous rappelle comment l'influence de l'occupation
romaine a duré après que les légions avaient quitté la Grande-Bretagne. Paul est né à
38
Genychen dans l'Est du Glamorgan en l'année 480, d'une famille romano-britannique. Son
père Porphius était un "officier de haute dignité." Il a été envoyé pour être instruit par Saint
Illtyd, d'abord sur l'Île de Caldy et ensuite au célèbre Monastère de Llantwit Major, ayant
David, Samson et Gildas parmi ses compagnons étudiants. Il a appris non seulement dans les
livres mais aussi le travail manuel qui était prévu pour toute la communauté et comprenait le
gain de terres fertiles par l'endigage de la River Severn.
Encore relativement jeune, il partit s'établir un ermitage où il fut rejoint par une douzaine
d'autres jeunes hommes qui le considérèrent comme leur supérieur et y fut ordonné Prêtre par
Saint Dyfrig. Un Roi local appelé Mark essaya de le persuader de devenir Evêque pour son
peuple qui était d'origines diverses et où on "parlait quatre langues" mais il déclina ce
ministère. Après s'être disputé avec le Roi qui refusait de lui rendre une de ses sept cloches, il
partit en Cornouailles.
La soeur de Paul, Sitafolia, avait établi un couvent près de Penzance, probablement à Newlyn
et [note : où au lieu de et?] il se construisit une église dans la paroisse qui porte son nom et
dans laquelle on trouve deux anciennes Croix celtiques dont une dans le mur de l'église qui
soutient la deuxième plus haute tour de Cornouailles. Une tradition rapporte que la
communauté de sa soeur fut menacée par les empiètements au bord de la mer. Ils marquèrent
ensemble le tracé à marée basse avec des cailloux et à ses prières, les cailloux grandirent en
rochers qui empêchèrent une plus ample érosion de la terre.
Un peu plus tard, Paul a migré vers la Bretagne. Arrivé sur l'Île d'Ouessant à un endroit appelé
Porzpol, il édifia en un lieu toujours appelé Lampol un monastère consistant en une petite
église et treize huttes de gazon et de pierre. Il n'est pas resté longtemps sur l'île mais il fonda
un autre centre monastique sur le continent à Lampaul Plondalmezon où ses Moines ont
christianisé une partie des menhirs païens en y taillant des Croix.
Cependant Paul n'était toujours pas satisfait; il sentait qu'il avait besoin de l'appui de l'autorité
civile et il alla à la recherche du chef de Léon qui s'est avéré être parent de Gwent, Withur, un
Chrétien fervent habitant alors l'Île de Batz. Quand Paul arriva chez lui, il venait juste de
terminer la retranscription d'une copie des Evangiles. Il la lui donna avec une cloche qui lui
avait été refusée par le Roi au Pays de Galles. On rapporte que le Saint Abbé aurait délivré
l'Île de Batz d'un affreux serpent ou un dragon monstrueux qui terrorisait les habitants et un
trou dans l'île est toujours montré comme étant sa tanière.
Withur céda des terres à Paul sur l'Île de Batz ainsi que la ville romaine ruinée d'Ocismor où il
édifia sa fondation principale connue de nos jours comme Saint-Pol-de-Léon. Withur
s'aperçut que le rang d'Abbé reconnu chez les Britanniques ne l'était pas chez les Gaulois et il
manoeuvra afin d'obtenir la consécration épiscopale à Paul en l'envoyant en mission vers le
Roi Childebert des Francs et c'est ainsi qu'il devint le premier Evêque diocésain de cette partie
de Bretagne. Avec ses Moines, l'Evêque entama le travail d'évangélisation de la population
locale, presque totalement païenne.
En 526, Saint Paul démissionne de son siège en faveur de son neveu Joerin et se retire à Batz
où il reçut la visite de Saint Brendan. Vingt ans après, il reprend sa charge épiscopale en
raison d'un changement de direction dans le pays, à la suite d'une grande bataille à Gerber où
il construit une autre abbaye maintenant appelée Le Relecq en raison du grand nombre d'os de
victimes. Il demeura peu de temps Evêque avant de démissionner à nouveau et il se retira à
Batz où il s’endormit dans le Seigneur vers environ 580, âgé de plus de cent ans. Son corps
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est enchâssé dans la vieille Cathédrale à Saint Pol de Léon où sa cloche est conservée et on
peut voir son siège à Batz
SAINT ROI DEMETRIUS II DE GEORGIE L'AUTOSACRIFIE (+1289)
The Holy Nobleborn Gruzinian Emperor Demetrios the Second, called the Self-Sacrificed by
the people, was descended from the Bagratid dynasty and was the son of the emperor David V
(+ 1269). The Emperor Demetrios exerted much effort in the enlightening and peaceful
prospering of his land. During his reign were annexed the Armenian provinces adjacent to it,
which roused the displeasure of neighbouring Persia. But thanks to the wise actions of Saint
Demetrios II, rendered in a series of services to the Persian sultan Akhmed, a clash with
Persia was successfully averted over the course of some several years.
The new Persian sultan Argun, however, heeding the complaints of his court Jewish
physician, conceived a strong hatred within him towards the Orthodox Emperor Demetrios,
and he set out with a large army to the borders of Gruzia. Sultan Argun set up his
encampment on the Mugan plain. Holy Emperor Demetrios, wanting to save his land from
being overrun with devastation, came himself into the camp of the enemy and attempted to
assure him of his peaceful intentions.
The sultan in an uncontrollable rage offered the Saint a choice – death or the despoiling of
Iveria. Saint Demetrios answered the tyrant: "I shalt sacrifice my life for the welfare of my
subjects." Saint Demetrios was executed (+ 1289). The Gruzian and Armenian historians
relate, that several hours after the martyr's end of Saint Demetrios the sun suddenly darkened
and terror overcame sultan Argun and his army. The Persians in fear quit Gruzia, without
wreaking ruin upon it. "The memory of holy emperor Demetrios, named the Self-Sacrificed
by the Iverians, is revered as holy in the land, which he did save from the tyrant by the
sacrifice of his own life."
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SAINT CATHOLICOS KIRION II DE GEORGIE
SAINT EVEQUE ALPHEGE (OU AELPHEGE) L'ANCIEN DE WINCHESTER ET
CONFESSEUR (+ 951)
Issu d'une des grandes familles d'Angleterre, Elphège devint d'abord Moine et puis succéda en
935 à Saint Birstan sur le siège de Winchester. Il discerna dans le jeune Dunstan son parent
qui vivait à la cour, une des gloires futures de l'Eglise et l'engagea à se donner à Dieu. Il rendit
son âme au Seigneur le 12 mars 951.
SAINT GRAND PRÊTRE PHINÉES (-1500 AVANT NSJC)
Phinées, fils d'Eléazar et petit-fils d'Aaron, donna une preuve de sou zèle pour la Loi de Dieu.
L'année où s'endormit son grand-père, la quarantième année après la sortie d'Egypte, ayant
surpris une Madianite et un Israélite en faute, il les mit à mort dans l'accomplissement de leur
acte criminel. Le Seigneur en témoigna sa satisfaction à Moïse comme d'une action qui
détournait sa colère (Nombres, 25, 7). Un peu plus tard, Moïse voulant sur l'Ordre de Dieu
exterminer les Madianites, fit lever une armée et en donna le commandement à Phinées
(Nombres., 31, 6). Lorsque les tribus qui avaient reçu en partage la partie au-delà du Jourdain,
voulurent dresser un Autel sur le bord du fleuve avant de quitter le pays de Chanaan, on leur
députa le Prêtre Phinées qui leur demanda pourquoi dresser ainsi un Autel sacrilège. Ils
présentèrent leurs excuses en disant qu'ils avaient voulu seulement élever un mémorial de leur
union avec leurs frères.
Phinées retourna rendre compte de sa mission et l'accord se fit entre toutes les tribus (Josué, c.
22). A l'Endormissement d'Eléazar, Phinées lui succéda comme Grand Prêtre; il vivait encore
lorsque arriva la guerre des tribus contre les fils de Benjamin (Juges., 20, 28). Il résidait à Silo
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dans la tribu d'Ephraïm, près du Tabernacle et de l'Arche d'Alliance. L'Écriture Sainte ne
donne aucun détail sur son pontificat; elle marque seulement qu'il eut un fils nommé Abisué.
St Nicodème de Mammola en Calabre-St Paul, originaire de Cornouailles / Cornwall ou du
pays de Galles, premier Evêque du Léon en Bretagne et un des sept Sts fondateurs de la
Bretagne (575).-Le juste Phines, petit-fils d'Aaron, mort en paix (vers le XIIème siècle avant
NSJC). -St Maximilien, martyr à Tebessa dans l'actuelle Algérie sous Dioclétien (295). -St
Grégoire Ier le Dialogue, pape et Patriarche de Rome (590-604), biographe de St Benoît de
Nursie, organisateur de la mission en Angleterre et qui condamna d'avance les prétentions de
ses successeurs (604). -St Pierre, Diacre et disciple de St Grégoire Dialogue (605). -St
Laurent, un des 300 martyrs dits "les Allemands" morts par la main des Musulmans sur l'Île
de Chypre (fin du VIIème siècle).-St Alphege le Chauve l'Evêque de Winchester en
Angleterre (951).-St Nicodeme, disciple de St Fantin, solitaire à Mammola en Calabre (990). -
St Demetre le Sacrifié le roi de Géorgie, martyr (1289). -St Theoctiste Dragoutine (Serbie,
1316). -St Nicephore, Prêtre, martyr à Caffa en Crimée (1730). -Sts Jean, Prêtre et Vladimir,
Moine, martyrs (Russie 1938).
L'ICONE DE LA MERE DE DIEU "DE LYDDA" ("LIDSKAÏA"), SUR UN PILIER A
LYDDA (AUJOURD'HUI LOD) EN PALESTINE (1°.S.) 12 mars – 26 juin
The Lydda Not-Wrought-by-Hand Icon of the Mother of God (in Lydda on a Pillar): When
the holy Apostles Peter (Comm. 29 June and 16 January) and John the Theologian (Comm. 8
May and 26 September) preached about the Lord Jesus Christ in the city of Lydda (afterwards
Diospolis), not far from Jerusalem, a church in the name of the MostHoly Mother of God
were made there for the newly-converted. Having journeyed to Jerusalem, the apostles
besought the Mother of God to visit it and by Her presence to consecrate and bless the church.
The All-Pure Virgin replied: "Go in peace, I shalt there be with ye." Entering into the church,
they beheld the beautiful and wondrous Not-Wrought-by-Hand Image of the MostHoly
Mother of God. Later on, the Mother of God Herself visited the Lydda church and bestowed
upon the image Her especial grace and power.
During the time of the rule of the emperor Julian the Apostate (361-363) there occurred at
Lydda a new Miracle. Stone-masons were despatched into the church to destroy the
wonderworking image. However, as they attempted to chip away at the image, it would not
disappear, but rather receded more and more within the column. News of the graced image
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spread throughout all the world. A copy was made from it, which was conveyed to Rome and
which likewise received miraculous power (Comm. 26 June).
There existed also another Lydda Not-Wrought-by-Hand Image of the Mother of God. It was
situated in a church built at Lydda by Aeneas, who had been healed by the Apostle Peter
(Acts 9: 32-35). When the pagans and the Jews wanted to take this church away from the
Christians, the governor gave orders that the church be locked up for three days, until some
sign should appear for resolving the dispute. And when they opened the church three days
later, they saw within it the Not-Wrought-by-Hand Image of the Mother of God.
Three of the Eastern Patriarchs (from Jerusalem, Antrioch and Alexandria) wrote about both
of the Not-Wrought-by-Hand Lydda icons in a Letter to the Iconoclast emperor Theophilos
(829-842). The emperor Constantine Porphyrogenitos (912-959) spoke about the Letter in an
historical account about the Not-Wrought-by-Hand Image of the Saviour at Edessa (Comm.
16 August).
Lecture de l’Epître
Heb VII : 26-VIII : 2
7.26 Il nous convenait, en effet, d'avoir un souverain sacrificateur comme lui, saint, innocent,
sans tache, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux, 7.27 qui n'a pas besoin, comme les
souverains sacrificateurs, d'offrir chaque jour des sacrifices, d'abord pour ses propres péchés,
ensuite pour ceux du peuple, -car ceci, il l'a fait une fois pour toutes en s'offrant lui-même. 7.28
En effet, la loi établit souverains sacrificateurs des hommes sujets à la faiblesse; mais la
parole du serment qui a été fait après la loi établit le Fils, qui est parfait pour l'éternité.
8.1 Le point capital de ce qui vient d'être dit, c'est que nous avons un tel souverain sacrificateur,
qui s'est assis à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux, 8.2 comme ministre du
sanctuaire et du véritable tabernacle, qui a été dressé par le Seigneur et non par un homme.
Lecture de l’Evangile
Luc VI : 17-23
6.17 Il descendit avec eux, et s'arrêta sur un plateau, où se trouvaient une foule de ses disciples
et une multitude de peuple de toute la Judée, de Jérusalem, et de la contrée maritime de Tyr et
de Sidon. Ils étaient venus pour l'entendre, et pour être guéris de leurs maladies. 6.18 Ceux qui
étaient tourmentés par des esprits impurs étaient guéris. 6.19 Et toute la foule cherchait à le
toucher, parce qu'une force sortait de lui et les guérissait tous.
6.20 Alors Jésus, levant les yeux sur ses disciples, dit: Heureux vous qui êtes pauvres, car le
royaume de Dieu est à vous! 6.21 Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez
rassasiés! Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous serez dans la joie! 6.22 Heureux
serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu'on vous chassera, vous outragera, et
qu'on rejettera votre nom comme infâme, à cause du Fils de l'homme! 6.23 Réjouissez-vous en
ce jour-là et tressaillez d'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans le ciel; car
c'est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.
REFLEXION - Personne, pas même le Seigneur Lui-même, ne sait facilement instruire
l'orgueilleux. Personne ne veut donner de l'instruction à quelqu'un qui crie qu'il sait tout. "Car
grande est la Puissance de Dieu; Il est glorifié par l'Humble" dit le sage Sirac (Livre de
l'Ecclesiastique - Ben Sirac / Siracide 3,19). David dit aussi de Dieu : "Il guide l'Humble dans
la Justice, Il enseigne à l'Humble Sa Voie" (Psaume 25,9). La personne fière est celle qui veut
enseigner tout le monde mais ne veut être enseignée sur rien par qui que ce soit. L'humble est
celui qui ne veut enseigner personne mais continuellement souhaite être enseigné, peu importe
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par qui. Un épi vide de blé se dresse au-dessus du champ, tandis que l'épi chargé de grains
courbe sous le poids la tête vers le bas. Ô homme fier, si seulement ton Ange Gardien pouvait
ôter le voile de tes yeux et te montrer la mer sans fin de tout ce que tu ne sais pas, tu plierais
le genou devant chaque homme en face de qui tu as été fier et tu plierais le genou devant
chaque homme que tu as amoindri. Tu hurlerais en te lamentant : "Pardonne-moi, pardonnemoi!
Je ne sais rien!" Souvent, le temps de sa mort est révélé à l'Humble et au Pieux mais la
mort du fier arrive inattendue, sans avertir. Saint Grégoire le Grand parle d'un Evêque Carpus
qui célébrait chaque jour la Divine Liturgie et soudain quelqu'un de l'autre monde lui apparut
et dit : "Continue à faire ce que tu fais en me servant et puissent tes jambes ne jamais se
fatiguer ni tes mains s'affaiblir. Lors de la Fête de la Dormition de la Mère de Dieu, tu
viendras à Moi et Je te donnerai ta récompense dans Mon Royaume Céleste, réuni à tous ceux
pour qui tu as prié aux Divins Offices." Un an plus tard, durant la Fête de la Dormition,
l'Evêque Carpus célébrait la Divine Liturgie de Dieu, sollicita le pardon de ses Prêtres et
rendit son âme à Dieu. Sa face était radieuse comme le soleil.
HOMELIE - A nouveau concernant la Seconde Venue du Christ
"Et toutes les nations se rassembleront devant Lui" (Saint Matthieu 25,32).
Toutes les nations seront rassemblées devant le Seigneur Jésus-Christ lorsqu'Il paraîtra dans
Sa Gloire entouré de Ses Saints Anges, assis sur un trône en tant que Juge de tout ce qui vit et
tout ce qui est mort. "Toutes les nations seront rassemblées," toutes, sans exception. Pas
seulement les Juifs qui L'ont tourmenté ni seulement les Chrétiens qui L'ont glorifié mais
aussi les païens qui ne L'ont pas connu, ne L'ont pas accepté. Car s'Il n'est pas apparu à toutes
les nations, Il a envoyé quelqu'un à toutes les nations ou Il a donné quelque chose pour leur
permettre de connaître la Volonté de Dieu et pour l'Amour du Salut. C'est pourquoi toutes les
nations doivent paraître devant Lui pour être jugées. Ô quel terrifiant et majestueux spectacle
lorsque toutes les nations et toutes les tribus de la terre seront rassemblées devant le Seigneur
Qui est plus lumineux que d'innombrables soleils. Quelle joie pour les Saints Martyrs et
Confesseurs lorsqu'ils verront comment, parmi cette masse incalculable de nations, on ne
trouvera plus une langue à refuser de reconnaître la Divinité du Seigneur Jésus-Christ! Mais
cela ne servira à rien à qui que ce soit en ce lieu et en cette heure de reconnaître et de
confesser la Divinité de Notre Grand Seigneur, s'il L'a renié sur terre. C'est là et alors que les
comptes seront établis, ni gain ni perte. Celui qui paraîtra devant le Seigneur avec quoi que ce
soit, sera ou condamné ou justifié.
C'est maintenant le moment de reconnaître la Divinité du Seigneur Jésus-Christ, maintenant
alors que nombre Le renient et que Sa Divinité est mise en doute par beaucoup. Ceux qui
aiment le Seigneur et qui font confiance en toutes Ses Paroles reconnaîtrons facilement ceci.
Car lorsqu'Il dit ceci, c'est à propos de ce que font ceux qui L'aiment, de ce dont ils doivent se
soucier, de quoi douter ou face à quoi hésiter.
Ô Seigneur, Jésus-Christ, Notre Dieu, fais-nous Miséricorde!
A Toi soit la Gloire et la reconnaissance, à jamais. Amin.
Saint Nicolas Velimirovitch l'Evêque d'Ochrid, Serbie (+ 05 mars 1958), rescapé de Dachau puis des
persécutions communistes, auteur du Synaxaire "Prologue d'Ochrid."