vendredi 23 mars 2012
Vie de Saint Syméon le Nouveau Théologien et autres Vies de Saints.
12 – 25 mars 2012
Cycle mobile (Pascalion): Dimanche de la Quatrième Semaine du Grand Carême,
Dimanche de Saint Jean Climaque
MEMOIRE DE NOTRE VENERABLE PERE THEOPHORE JEAN LE SINAITE,
SURNOMME CLIMAQUE (+649)
Tu mortifiais la chair, Saint Jean, de ton vivant
et bien que tu paraisses sans vie maintenant,
tu vis éternellement.
L'Echelle où tu décris la montée vers les Cieux
annonce de ton âme le retour à Dieu.
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SAINT VENERABLE PERE THEOPHORE JEAN LE SINAITE, SURNOMME
CLIMAQUE (+649) 4ème Dim. du Gd. Carême – 30 mars
Il venait de Palestine quand il se rendit au Monastère Sainte Catherine du Sinaï. Il avait seize
ans et il y restera dix-neuf sous la direction d'un Moine Vénérable qui lui apprend la vie
parfaite. Un jour, ce dernier l'emmène auprès d'Abba Jean le Sabaïte, Ascète respecté. Celuici
verse de l'eau dans un bassin et lave les pieds de Jean et non pas du Vénérable Vieillard.
Interrogé pourquoi, Jean le Sabaïte répond : "J'ai lavé les pieds de l'Higoumène du Sinaï." La
prophétie devait se réaliser quelques décennies plus tard. En attendant, son maître s'étant
endormi, Jean se retire au Désert durant quarante ans. Il ne refuse jamais de donner quelques
conseils et quelques enseignements quand on vient le trouver. Des envieux le traitant de
bavard, Jean comprend qu'on enseigne plus par les oeuvres que par les paroles. Il rentre alors
dans le silence. On devra le supplier de reprendre ses enseignements, ce qu'il fera par
miséricorde. Après avoir longuement visité les monastères de l'Égypte, il revient au Sinaï et
c'est à ce moment qu'il est élu Higoumène du Monastère Sainte Catherine. Vers la fin de sa
vie, on lui demande de rédiger "L'Echelle Sainte" (en grec "klimax," d'où son nom) qui
résume l'expérience spirituelle des trois premiers siècles du monachisme. "Ne cherche pas à
beaucoup parler quand tu pries, de peur que ton esprit ne se distraie à chercher les mots."
disait-il souvent. Ce livre est une véritable somme de la spiritualité monastique et lui donna
dans l'Eglise orthodoxe la première place parmi les docteurs mystiques. Son échelle devint si
populaire que le Tsar Ivan le Grand en fit un clocher au Kremlin de Moscou pour rappeler aux
hôtes du palais qu'eux aussi ont une destinée surnaturelle.
ou
Alors qu'il était âgé de seize ans et qu'il avait l'esprit vif, il s'offrit à Dieu en victime sacrée,
gravissant la montagne du Sinaï. Après dix-neuf ans passés dans ce Monastère, il le quitta
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pour le stade des Hésychastes : à cinq milles de la palestre où s'exerça l'Anachorète Cyriaque,
il fixa sa demeure au lieu-dit Tholâs. Il y passa quarante ans dans un ardent amour,
constamment embrasé par le feu de l'Amour Divin. Il mangeait de tout ce que lui permettait la
Règle (et en cela il brisait très sagement l'aiguillon de l'orgueil) mais il le faisait en toute
frugalité et non jusqu'à satiété. Et le flot de ses larmes qui pourrait le décrire? Le sommeil, il
en prenait juste assez pour ne pas gâcher par l'insomnie les facultés de son esprit. Le cours de
sa vie, c'était la prière continue et un Amour de Dieu sans pareil. Ayant par toutes ces vertus
mené une vie agréable à Dieu, ayant écrit l'Echelle, rédigé ses enseignements et rejoint la
plénitude de la Bonté, il s'endormit dignement dans le Seigneur, l'an six cent-trois, à l'âge de
quatre-vingts ans, laissant beaucoup d'autres écrits.
ou
Jean que l'on surnomma le Scholastique, à cause de sa science éminente ou le Sinaïte à cause
de son séjour sur le Sinaï, est plus communément connu sous le surnom de Climaque, en
raison de son traité qui a pour titre "L'échelle du paradis" (échelle en grec = klimax).
On ignore l'époque et le lieu de sa naissance. D'après F. Nau qui place l’endormissement de
Jean après 649, on aurait la naissance en 579. Les écrits qu'il a laissés ont donné à penser que
Jean reçut une belle éducation par les soins de Pieux Parents. A seize ans, le jeune homme alla
se présenter au Mont Sinaï voulant faire l'apprentissage de la solitude, il accepta de se laisser
guider par un Saint Ancien nommé Martyre. Il employa quatre années à s'instruire et à
s'éprouver avant de se consacrer à Dieu par la profession monastique. Satisfait des progrès de
son disciple, Martyre le présenta un jour à l'Anachorète Anastase qui devait devenir Patriarche
d'Antioche. Celui-ci comme éclairé d'une lumière prophétique, dit au maître : "Qui aurait cru,
Abba que tu eusses consacré à Dieu un futur Higoumène du Mont-Sinaï?"
Pendant dix-neuf ans, Jean s'exerça avec une simplicité admirable dans la pratique fidèle de
l'obéissance. A l’endormissement de Martyre, il se proposa d'embrasser la vie des
Anachorètes : il ne voulut pas cependant s'y décider par lui-même et consulta à ce sujet un
autre Ancien qui donna son assentiment à ce projet. Jean descendit alors au bas de la
Montagne du Sinaï et se retira dans une solitude au bas de la plaine. Sa cellule était éloignée
de l'église d'environ deux lieues. Les samedis et dimanches, il se rendait à l'église pour
participer à l'Office et communier avec les autres Anachorètes. Il consacrait les autres jours de
la semaine successivement à la prière, au travail des mains et à la méditation; il mangeait peu
les aliments que sa profession lui permettait. Dieu lui accorda le don de prières et celui des
larmes.
Bientôt, de disciple, il devint maître en matière d'ascétisme. Un Anachorète du nom de Moïse
lui fit demander s'il l'acceptait comme disciple. Jean crut devoir céder aux instances qui lui
étaient faites. Il était déjà dans un âge avancé quand les Moines du Sinaï le choisirent pour
Higoumène; il dut se faire violence pour céder à leurs désirs et leur apporter ses
enseignements. C'est alors qu'un autre Jean, Higoumène de Raïthe, monastère situé à quelques
lieues du Sinaï, lui écrivit pour lui demander au nom de sa communauté et en son propre nom,
de mettre par écrit les pensées que l'Esprit de Dieu lui dictait sur la pratique des Vertus. Jean
Climaque considérant cette demande comme un Ordre venu du Ciel, résolut d'y satisfaire en
esprit d'obéissance. Il répondit à son correspondant en des termes qui témoignent de sa
profonde humilité : "Mauvais disciple d'un excellent peintre, j'ai seulement ébauché et marqué
avec du noir les ombres de choses qui sont d'elles-mêmes très vives et très éclatantes; je t'ai
réservé comme au premier maître et au plus éminent parmi les docteurs le soin de mettre la
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dernière main à cet ouvrage, d'y ajouter des embellissements, d'éclaircir ce qu'il y a d'obscur,
de suppléer à tout ce qui manque dans les préceptes de cette Loi Spirituelle par les lumières
que tu as acquises en l'accomplissant si parfaitement. Ce n'est donc pas à toi que j'adresse ce
petit ouvrage mais à ceux que Dieu a appelés à Son Service."
Après avoir gouverné quelque temps le Monastère du Sinaï, Jean retourna dans sa solitude. Il
établit pour son successeur un frère nommé Georges, Anachorète de la même montagne du
Sinaï qui avait passé sept ans dans la pratique de toutes sortes de vertus. Lorsque Jean fut
arrivé à sa dernière heure, Georges vint le visiter et lui dit tout en larmes : "Me laisses-tu
après toi ainsi sans secours et sans assistance?" - "Ne t'afflige point, répondit le moribond, si
j'ai quelque pouvoir auprès de Dieu, il ne se passera pas un an sans que je t'attire auprès de
moi." Georges s’endormit en effet dix mois après.
ou
Nous indiquerons ici, entre parenthèses dans le texte, les références à la traduction de
l'Echelle Sainte par le Père Placide Deseille, "Spiritualité orientale n° 24," Abbaye de
Bellefontaine, 1978.
Cet Homme Divin naquit vraisemblablement dans la seconde moitié du cinquième siècle mais
on ignore tout de sa patrie et de ses origines car dès le début de son renoncement, il prit grand
soin de vivre en étranger. "L'exil volontaire, écrit-il, est la séparation de toute chose pour
rendre notre pensée inséparable de Dieu" (III, 3). On sait seulement que dès l'âge de seize ans
et après avoir acquis une solide formation intellectuelle, il renonça à tous les attraits de cette
vie de vanité par Amour de Dieu et se rendit au Mont Sinaï au pied de cette Montagne Sainte
où Dieu avait autrefois révélé Sa Gloire à Moise et il s'offrit d'un coeur ardent au Seigneur
comme un holocauste d'agréable odeur.
Repoussant dès son entrée dans le stade toute confiance en lui-même et toute complaisance
par une humilité sans feinte, il se soumit corps et âme à un Ancien nommé Martyre et
s'engagea, libre de tout souci dans l'ascension de cette Echelle Spirituelle (klimax) au sommet
de laquelle Dieu se tenait et l'engageait à ajouter "jour après jour, feu sur feu, ferveur sur
ferveur, désir sur désir et zèle sur zèle" (I, 46). Il regardait son pasteur comme l'Icône Vivante
du Christ (cfr. IV, 29) et convaincu que celui-ci devrait rendre compte pour lui devant Dieu
(IV, 33), il n'avait qu'un seul souci : celui de rejeter sa volonté propre et de renoncer à tout
discernement par plénitude de discernement (IV, 3) de sorte qu'il n'y avait aucun intervalle de
temps entre les ordres que Martyre lui donnait, même apparemment sans raison et l'obéissance
de son disciple. Malgré cette parfaite soumission, Martyre le garda néanmoins quatre ans dans
l'état de novice et ne le tonsura qu'à l'âge de vingt ans après avoir éprouvé son humilité. Un
des Moines présents ce jour-là nommé Stratège prédit que ce nouveau Moine était appelé à
devenir un jour un des grands luminaires du monde. Lorsque par la suite Martyre et son
disciple rendirent visite à Jean le Sabaïte, un des plus fameux Ascètes de ce temps, celui-ci,
négligeant l'Ancien, alla laver les pieds de Jean. Après leur départ, il déclara qu'il ne
connaissait pas ce jeune Moine mais que sous l'Inspiration du Saint-Esprit, il avait lavé les
pieds à l'Higoumène du Sinaï. La même prophétie fut confirmée par le Grand Anastase le
Sinaïte chez lequel ils s'étaient également rendus.
Malgré sa jeunesse Jean montrait la maturité d'un Vieillard et un grand discernement. C'est
ainsi qu'un jour alors qu'il avait été envoyé dans le monde pour une mission et se trouvait à
table avec des séculiers, il préféra céder un peu à la vaine gloire en mangeant fort peu, plutôt
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qu'à la gourmandise car de deux maux, il vaut mieux préférer celui qui est le moins dangereux
pour les nouveaux venus dans la vie monastique (XXVI, 53).
Il passa ainsi dix-neuf ans dans la bienheureuse insouciance que procure l'obéissance,
débarrassé de tout combat par la prière de son Père Spirituel et navigant sans danger comme
en dormant vers le port de l'impassibilité (cfr. IV, 3). A l’endormissement de Martyre, il
résolut de poursuivre dans la solitude son ascension, genre de vie qui ne convient qu'au petit
nombre de ceux qui, affermis sur la pierre de l'humilité, s'éloignent des hommes afin de n'être
pas un moment privés de la Suavité de Dieu (XXVII, 29). Il ne s'était pas engagé dans cette
voie pleine d'embûches en se confiant à son propre jugement mais sur les recommandations
du Saint Ancien Georges Arsilaïte qui l'avait instruit du genre de vie propre aux Hésychastes.
Il choisit comme terrain d'exercice un lieu solitaire appelé Tholas, situé à cinq milles du grand
monastère où d'autres Ermites demeuraient non loin les uns des autres. Il y resta pendant
quarante ans, consumé par l'Amour de Dieu sans cesse croissant, sans souci pour sa propre
chair, libre de tout contact avec les hommes, n'ayant pour seule occupation que la prière sans
relâche et la vigilance sur son coeur en vue de circonscrire l'incorporel dans une demeure
corporelle (XXVII, 7), tel un Ange revêtu d'un corps.
Il mangeait de tout ce que permet la profession monastique mais en très petite quantité,
domptant ainsi la tyrannie de la chair sans offrir de prétexte à la vaine gloire. Par la solitude et
la retraite, il avait mis à mort la fournaise du désir d'accumuler qui sous prétexte de charité et
d'hospitalité, porte les Moines négligents à la gourmandise, la porte de toutes les passions
(XIV, 38) et à l'amour de l'argent, fille du manque de Foi et adoration des idoles (XVI, 2). De
l'acédie, cette mort de l'âme qui assaille en particulier les hésychastes (XIII, 4) et du
relâchement, il triomphait par le souvenir de la mort (XXVII, 36) et par la méditation des
Biens Promis il brisait le lien de la tristesse. Il ne connaissait qu'une seule tristesse : cette
affliction qui procure la joie et nous fait courir avec ardeur sur le chemin du repentir (VII) et
qui purifie l'âme de toutes ses souillures.
Que lui restait-il pour parvenir à l'impassibilité (apatheia)? La colère, il l'avait vaincue depuis
longtemps par le glaive de l'obéissance. La vaine gloire, cette épine à trois pointes qui se tient
toujours dressée contre les combattants de la piété et qui se mêle à toutes les vertus comme
une sangsue (XXI, 5), il l'avait étouffée par la réclusion et plus encore par le silence. Et pour
prix de ses labeurs qu'il assaisonnait toujours du blâme de soi, le Seigneur lui avait accordé la
reine des vertus, la Sainte et Précieuse Humilité : "cette Grâce ineffable dans l'âme, ce trésor
dont le nom n'est connu que par ceux qui l'ont appris par expérience et qui porte le Nom de
Dieu Lui-même (Mat. 11:29)" (XXV, 3).
Comme sa cellule était trop proche des autres, il se retirait souvent dans une grotte éloignée,
au pied de la Montagne* et il en faisait l'antichambre du Ciel par ses gémissements et les
larmes qui coulaient de ses yeux comme une source abondante, sans effort et transfiguraient
son corps en une robe nuptiale (VII, 20, 44). Par l'effet de cette Bienheureuse Affliction et de
ces larmes continuelles, il vivait chaque jour comme une fête (VII, 41) et gardait la prière
perpétuelle dans son coeur devenu semblable à une forteresse inviolable aux assauts des
pensées. Il lui arrivait parfois d'être ravi en esprit au milieu des Choeurs Angéliques sans
savoir s'il était en son corps ou hors de son corps et avec grande liberté il demandait alors à
Dieu de l'instruire sur les Mystères de la Théologie (XXVII, 48). Lorsqu'il sortait de la
fournaise de la prière, il se sentait tantôt purifié comme par le feu, tantôt tout resplendissant
de Lumière (XXVIII, 54).
* On peut la vénérer encore aujourd'hui.
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Quant au sommeil, il ne lui accordait que la mesure nécessaire pour garder son esprit vigilant
dans la prière et avant de s'endormir. il priait longtemps ou écrivait sur des tablettes le fruit de
ses méditations des Ecritures Inspirées.
Malgré le grand soin qu'il prit pendant toutes ces années de garder ses vertus cachées aux
yeux des hommes, il dut attendre que Dieu jugeât que le temps était venu pour lui de
transmettre aux autres la Lumière qu'il avait acquise pour l'édification de l'Eglise. Dieu porta
alors vers Jean un jeune Moine nommé Moïse qui grâce à l'intervention des autres Ascètes,
parvint à fléchir la résistance de l'Homme de Dieu et à se faire admettre comme son disciple.
Un jour que Moïse était allé chercher au loin de la terre pour leur petit jardin et qu'il s'était
allongé sous un gros rocher pour la sieste, Jean reçut dans sa cellule la Révélation que son
disciple était en danger. Il saisit aussitôt l'arme de la prière et quand Moïse revint, le soir
venu, il lui raconta que dans son sommeil il avait soudain entendu la voix de son Ancien
l'appeler au moment même où le rocher se détachait et menaçait de l'écraser.
La prière de Jean avait aussi le pouvoir de guérir les blessures visibles et invisibles. C'est ainsi
qu'il délivra un Moine du démon de la luxure qui l'avait poussé au découragement. Une autre
fois, il fit tomber la pluie. Mais c'était surtout par le charisme de l'enseignement spirituel que
Dieu manifestait en lui Sa Grâce. Se fondant sur son expérience personnelle, il instruisait
libéralement tous ceux qui venaient le trouver, sur les embûches qui guettent les Moines dans
leur combat contre leurs passions et contre le
prince de ce monde. Cet enseignement spirituel
attira toutefois la jalousie de certains qui
répandirent alors contre lui des calomnies, le
traitant de bavard et de vaniteux. Bien qu'il eût
la conscience en paix, Jean ne chercha pas à se
justifier et pour enlever tout prétexte à ceux qui
en cherchaient un, il arrêta pendant une année
entière le flot de ses enseignements, convaincu
qu'il valait mieux porter un léger préjudice aux
amis du bien plutôt que d'exacerber le
ressentiment des méchants. Tous les habitants
du Désert furent édifiés par son silence et par
cette preuve d'humilité et ce ne fut que sur les
instances de ses propres calomniateurs
repentants qu'il accepta de recevoir à nouveau
des visiteurs.
Comblé de toutes les vertus de l'action et de la
Contemplation et parvenu au sommet de
l'Echelle Sainte par la victoire sur toutes les
passions du vieil homme, Jean rayonnait comme
un astre sur la péninsule du Sinaï et était admiré
par tous les Moines. Il ne s'en estimait pas
moins encore un débutant et avide de recueillir
des exemples de conduite évangélique, il
entreprit un voyage dans divers Monastères d'Egypte. Il visita en particulier un grand
Monastère cénobitique dans la région d'Alexandrie, un véritable Ciel sur la terre d'ici-bas
dirigé par un admirable pasteur d'âmes doté d'un infaillible discernement. Cette communauté
était unie dans le Seigneur par une telle charité, exempte de toute familiarité et de toute parole
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vaine que les Moines avaient à peine besoin des avertissements de leur Higoumène de leur
propre mouvement : ils s'excitaient mutuellement à une Vigilance Toute Divine. De toutes
leurs vertus, la plus admirable selon Jean, était qu'ils s'exerçaient surtout à ne blesser en rien
la conscience d'un frère (IV, 15-17). Il fut aussi fort édifié par la visite d'une dépendance de ce
Monastère nommée "la Prison" où vivaient dans une Ascèse extrême et dans les
démonstrations les plus extraordinaires de repentir, des Moines qui avaient gravement péché
et qui s'efforçaient de gagner par leurs labeurs le Pardon de Dieu. Loin de lui paraître dure et
intolérable cette prison était au contraire pour le Saint le modèle de la vie monastique. "L'âme
en effet qui a perdu sa confiance première qui a brisé le sceau de sa pureté et s’est laissée ravir
les trésors de la Grâce qui est devenue étrangère aux Consolations Divines, qui a violé son
Alliance avec le Seigneur et qui est blessée et transportée de chagrin au souvenir (le tout cela,
cette âme, dis-je, non seulement se soumettra volontiers à tous ces labeurs mais sera
fermement résolue à se donner pieusement la mort par l'Ascèse, si du moins il lui reste encore
une étincelle d'Amour et de Crainte du Seigneur" (V, 24).
Lorsque le Saint eut accompli ces quarante années de séjour au Désert, tel un autre Moïse, il
fut chargé par Dieu de prendre la tête de ce nouvel Israël et devint Higoumène du monastère*
au pied de la Montagne Sainte. On raconte que le jour de son intronisation, six cents pèlerins
étaient présents et pendant que tous étaient assis pour le repas, on put voir le Prophète Moïse
lui-même vêtu d'une tunique blanche, allant et venant et donnant des ordres avec autorité aux
cuisiniers, aux économes, aux cellériers et autres domestiques.
* Fondé en 536 par l'Empereur Justinien. le Monastère du Sinaï était alors dédié la Mère de Dieu. Ce n'est
qu'au quatorzième siècle il prit le nom de Sainte-Catherine.
Ayant pénétré dans la ténèbre Mystique de la Contemplation, ce nouveau Moïse y avait été
initié aux secrets de la Loi Spirituelle et redescendant de la montagne, impassible, le visage
glorifié par la Grâce, il put devenir pour tous le Pasteur, le Médecin et le Maître Spirituel qui
portant en lui-même le livre écrit par Dieu [=L'Echelle Sainte], n'avait pas besoin d'autres
livres pour enseigner à ses Moines la science des sciences et l'art des arts.
L'Higoumène de Raïthou nommé lui aussi Jean, ayant été informé de la merveilleuse manière
de vivre des Moines du Sinaï, écrivit à Jean pour lui demander d'exposer de manière brève et
méthodique ce qui est nécessaire à ceux qui ont embrassé la Vie Angélique pour obtenir le
Salut. Celui qui ne savait pas contredire grava alors, du stylet de sa propre expérience, les
"Tables de la Loi spirituelle."* Il présenta son traité comme une Echelle de trente degrés que
Jacob, c'est-à-dire "celui qui a supplanté les passions," contempla tandis qu'il reposait sur la
couche de l'Ascèse (cfr. Gen. 28:12). Dans cette Somme orthodoxe de la vie spirituelle** qui
reste à travers les siècles, tant pour les Moines que pour les laïcs, le guide par excellence de la
Vie Evangélique, Saint Jean n'institue pas de Règles mais à partir de recommandations
pratiques, de détails judicieusement choisis, d'aphorismes ou d'énigmes souvent pleins
d'humour, il initie l'âme au combat spirituel et au discernement des pensées. Sa parole est
brève, dense et effilée et elle pénètre tel un glaive jusqu'au profond de l'âme, tranchant sans
compromis toute complaisance de soi et poursuivant jusque dans leurs racines l'Ascèse
hypocrite et l'égoïsme. Semblable à celle de Saint Grégoire le Théologien dans le domaine
théologique, cette parole est l'Evangile mise en pratique et elle conduit sûrement ceux qui s'en
imprègnent par une lecture assidue jusqu'à la Porte du Ciel où le Christ nous attend.
* C'était le titre primitif de l'Echelle dont témoignent certains manuscrits.
** Elle est lue chaque année dans l'église ou au réfectoire, pendant le Grand Carême. C'est pourquoi on trouve
souvent une fresque de l'Echelle dans les monastères orthodoxes.
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Sur la fin de ses jours, le Bienheureux Jean désigna son frère Georges qui lui aussi avait
embrassé la vie hésychaste dès le début de son renoncement pour lui succéder à la tête du
Monastère. Lorsqu'il fut sur le point de s'endormir, Georges lui dit : "Ainsi tu m'abandonnes
et tu pars! Pourtant, j'ai prié pour que tu m'envoies vers le Seigneur en premier car sans toi il
n'est pas en mon pouvoir de paître cette communauté." Mais Jean le rassura et lui dit : "Ne
t'afflige pas et ne te fais pas de souci. Si je trouve grâce devant Dieu, je ne te laisserai même
pas achever une année après moi." Effectivement, dix mois après le Repos de Jean, Georges
partit à son tour vers le Seigneur.*
* On suppose que Georges était l'Evêque de Pharan qui, en 680, vint installer définitivement son siège au
Monastère du Sinaï.
Hymne de Louange à Saint Climaque
Comme une sorte de flambeau sur le Mont Sinaï,
Jean brillait de la Lumière Céleste
Soumettant le corps, soumettant ses pensées,
Il dénombra les trente marches vers la victoire.
Stratégie miraculeuse, merveilleuse tactique
Comme héritage, il donna au guerrier spirituel
La guerre de l'esprit pour celui qui désire apprendre
Et dans cette guerre comment conquérir avec Gloire.
"L'Echelle," toute miraculeuse, par l'Esprit écrite,
Après que le redoutable combat fut terminé,
Lorsque Jean le Victorieux répandit le mot,
Comme un précieux don, aux frères il l'offrit.
Poème épique qu'est l'âme humaine,
Lorsque de la poussière, vers les Cieux elle désire s'élever,
Un poème épique terrible, d'une lutte et de souffrances,
Un poème épique étincelant de Foi et d'Espérance.
C'est cela que Jean, illuminé par Dieu, nous donna,
Des armes, toutes rutilantes pour vous et moi.
Et à présent, devant le Seigneur, Jean prie,
Afin qu'il plaise au Seigneur de nous envoyer de l'aide
Lorsque, vers Lui, par l'Echelle nous grimpons.
Afin que vers nous, Il étende Sa Main,
Afin qu'à Lui nous parvenions.
SAINTE TABITHA 25 Octobre – 4ème Dim. du Gd. Carême
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Sainte Tabitha était une femme bonne et pieuse, appartenant à la communauté chrétienne de
Joppa. Etant tombée grièvement malade, elle s'endormit soudainement. A cette époque, le
Saint Apôtre Pierre prêchait à Lydda, non loin de Joppa. Des messagers lui furent envoyés
avec une demande d'aide urgente. Lorsque l'Apôtre arriva à Joppa, Tabitha s'était déjà
endormie. Pliant les genoux, Saint Pierre fit une fervente prière au Seigneur. Puis il alla vers
le lit et s'écria : "Tabitha, lève-toi!" Elle se releva aussitôt, complètement guérie (Actes 9,36).
Sainte Tabitha est considérée comme la Sainte Protectrice des tailleurs et des couturières car
on sait qu'elle cousait des manteaux et autres vêtements (Actes 9,39).
SAINT MARTYR ABRAHAM LE BULGARE, THAUMATURGE DE VLADIMIR
(+1229) 6 mars (translation) – 1 avril - 4ème Dim de Pâque (2ème translation)
Il vécut au troisième siècle et descendait des Bulgares Kamska et fut élevé comme musulman.
Il était doux et bon envers les pauvres et lorsque le Seigneur l'illumina avec la lumière de la
raison, il accepta le Christianisme. Dans la ville de Bolgara, sur les basses étendues de la
Volga, Saint Abraham commença à prêcher à ses compatriotes au sujet du Vrai Dieu. Ils le
saisirent et tentèrent de le forcer à renoncer au Christ mais le Saint demeura ferme dans sa
confession. Ils torturèrent le Martyr terriblement et pour un long moment mais il endura tout
avec une patience invincible. Le 1er avril 1229, ils écartelèrent le Saint Martyr Abraham puis
décapitèrent son Vénérable Chef. Les Chrétiens russes vivant dans la ville ensevelirent le
corps du Saint dans le cimetière chrétien. Le 6 mars 1230, les Vénérables Reliques de Saint
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Abraham furent transférées par le Grand Prince Saint Georges Vsevolodovich de Vladimir
vers la cathédrale de la Dormition du Monastère de Knyaginin (Princesse). On commença dès
lors à célébrer sa mémoire.
Lecture de l’Epître
Heb VI : 13-20
6.13 Lorsque Dieu fit la promesse à Abraham, ne pouvant jurer par un plus grand que lui, il
jura par lui-même, et dit: 6.14 Certainement je te bénirai et je multiplierai ta postérité. 6.15 Et
c'est ainsi qu'Abraham, ayant persévéré, obtint l'effet de la promesse. 6.16 Or les hommes
jurent par celui qui est plus grand qu'eux, et le serment est une garantie qui met fin à toutes
leurs différends. 6.17 C'est pourquoi Dieu, voulant montrer avec plus d'évidence aux héritiers
de la promesse l'immutabilité de sa résolution, intervint par un serment, 6.18 afin que, par deux
choses immuables, dans lesquelles il est impossible que Dieu mente, nous trouvions un
puissant encouragement, nous dont le seul refuge a été de saisir l'espérance qui nous était
proposée. 6.19 Cette espérance, nous la possédons comme une ancre de l'âme, sûre et solide;
elle pénètre au delà du voile, 6.20 là où Jésus est entré pour nous comme précurseur, ayant été
fait souverain sacrificateur pour toujours, selon l'ordre de Melchisédek.
Pour le Vénérable Père Saint Jean Climaque
Eph V : 8-19
5.8 Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Marchez
comme des enfants de lumière! 5.9 Car le fruit de la lumière consiste en toute sorte de bonté,
de justice et de vérité. 5.10 Examinez ce qui est agréable au Seigneur; 5.11 et ne prenez point
part aux oeuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt condamnez-les. 5.12 Car il est honteux
de dire ce qu'ils font en secret; 5.13 mais tout ce qui est condamné est manifesté par la lumière,
car tout ce qui est manifesté est lumière. 5.14 C'est pour cela qu'il est dit: Réveille-toi, toi qui
dors, Relève-toi d'entre les morts, Et Christ t'éclairera. 5.15 Prenez donc garde de vous
conduire avec circonspection, non comme des insensés, mais comme des sages; 5.16 rachetez
le temps, car les jours sont mauvais.
Lecture de l’Evangile
Marc IX : 17-31
9.17 Et un homme de la foule lui répondit: Maître, j'ai amené auprès de toi mon fils, qui est
possédé d'un esprit muet. 9.18 En quelque lieu qu'il le saisisse, il le jette par terre; l'enfant
écume, grince des dents, et devient tout raide. J'ai prié tes disciples de chasser l'esprit, et ils
n'ont pas pu. 9.19 Race incrédule, leur dit Jésus, jusques à quand serai-je avec vous? jusques à
quand vous supporterai-je? Amenez-le-moi. On le lui amena. 9.20 Et aussitôt que l'enfant vit
Jésus, l'esprit l'agita avec violence; il tomba par terre, et se roulait en écumant. 9.21 Jésus
demanda au père: Combien y a-t-il de temps que cela lui arrive? Depuis son enfance,
répondit-il. 9.22 Et souvent l'esprit l'a jeté dans le feu et dans l'eau pour le faire périr. Mais, si
tu peux quelque chose, viens à notre secours, aie compassion de nous. 9.23 Jésus lui dit: Si tu
peux!... Tout est possible à celui qui croit. 9.24 Aussitôt le père de l'enfant s'écria: Je crois!
viens au secours de mon incrédulité! 9.25 Jésus, voyant accourir la foule, menaça l'esprit
impur, et lui dit: Esprit muet et sourd, je te l'ordonne, sors de cet enfant, et n'y rentre plus. 9.26
Et il sortit, en poussant des cris, et en l'agitant avec une grande violence. L'enfant devint
comme mort, de sorte que plusieurs disaient qu'il était mort. 9.27 Mais Jésus, l'ayant pris par la
main, le fit lever. Et il se tint debout. 9.28 Quand Jésus fut entré dans la maison, ses disciples
lui demandèrent en particulier: Pourquoi n'avons-nous pu chasser cet esprit? 9.29 Il leur dit:
Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière.
9.30 Ils partirent de là, et traversèrent la Galilée. Jésus ne voulait pas qu'on le sût. 9.31 Car il
11
enseignait ses disciples, et il leur dit: Le Fils de l'homme sera livré entre les mains des
hommes; ils le feront mourir, et, trois jours après qu'il aura été mis à mort, il ressuscitera.
Pour le Vénérable Père Saint Jean Climaque
Marc IV : 23-V : 13
4.23 Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende. 4.24 Il leur dit encore: Prenez garde
à ce que vous entendez. On vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis, et on y
ajoutera pour vous. 4.25 Car on donnera à celui qui a; mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce
qu'il a. 4.26 Il dit encore: Il en est du royaume de Dieu comme quand un homme jette de la
semence en terre; 4.27 qu'il dorme ou qu'il veille, nuit et jour, la semence germe et croît sans
qu'il sache comment. 4.28 La terre produit d'elle-même, d'abord l'herbe, puis l'épi, puis le grain
tout formé dans l'épi; 4.29 et, dès que le fruit est mûr, on y met la faucille, car la moisson est là.
4.30 Il dit encore: A quoi comparerons-nous le royaume de Dieu, ou par quelle parabole le
représenterons-nous? 4.31 Il est semblable à un grain de sénevé, qui, lorsqu'on le sème en terre,
est la plus petite de toutes les semences qui sont sur la terre; 4.32 mais, lorsqu'il a été semé, il
monte, devient plus grand que tous les légumes, et pousse de grandes branches, en sorte que
les oiseaux du ciel peuvent habiter sous son ombre. 4.33 C'est par beaucoup de paraboles de ce
genre qu'il leur annonçait la parole, selon qu'ils étaient capables de l'entendre. 4.34 Il ne leur
parlait point sans parabole; mais, en particulier, il expliquait tout à ses disciples.
4.35 Ce même jour, sur le soir, Jésus leur dit: Passons à l'autre bord. 4.36 Après avoir
renvoyé la foule, ils l'emmenèrent dans la barque où il se trouvait; il y avait aussi d'autres
barques avec lui. 4.37 Il s'éleva un grand tourbillon, et les flots se jetaient dans la barque, au
point qu'elle se remplissait déjà. 4.38 Et lui, il dormait à la poupe sur le coussin. Ils le
réveillèrent, et lui dirent: Maître, ne t'inquiètes-tu pas de ce que nous périssons? 4.39 S'étant
réveillé, il menaça le vent, et dit à la mer: Silence! tais-toi! Et le vent cessa, et il y eut un
grand calme. 4.40 Puis il leur dit: Pourquoi avez-vous ainsi peur? Comment n'avez-vous point
de foi? 4.41 Ils furent saisis d'une grande frayeur, et ils se dirent les uns aux autres: Quel est
donc celui-ci, à qui obéissent même le vent et la mer?
5.1 Ils arrivèrent à l'autre bord de la mer, dans le pays des Gadaréniens. 5.2 Aussitôt que
Jésus fut hors de la barque, il vint au-devant de lui un homme, sortant des sépulcres, et
possédé d'un esprit impur. 5.3 Cet homme avait sa demeure dans les sépulcres, et personne ne
pouvait plus le lier, même avec une chaîne. 5.4 Car souvent il avait eu les fers aux pieds et
avait été lié de chaînes, mais il avait rompu les chaînes et brisé les fers, et personne n'avait la
force de le dompter. 5.5 Il était sans cesse, nuit et jour, dans les sépulcres et sur les montagnes,
criant, et se meurtrissant avec des pierres. 5.6 Ayant vu Jésus de loin, il accourut, se prosterna
devant lui, 5.7 et s'écria d'une voix forte: Qu'y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu Très
Haut? Je t'en conjure au nom de Dieu, ne me tourmente pas. 5.8 Car Jésus lui disait: Sors de
cet homme, esprit impur! 5.9 Et, il lui demanda: Quel est ton nom? Légion est mon nom, lui
répondit-il, car nous sommes plusieurs. 5.10 Et il le priait instamment de ne pas les envoyer
hors du pays. 5.11 Il y avait là, vers la montagne, un grand troupeau de pourceaux qui
paissaient. 5.12 Et les démons le prièrent, disant: Envoie-nous dans ces pourceaux, afin que
nous entrions en eux. 5.13 Il le leur permit. Et les esprits impurs sortirent, entrèrent dans les
pourceaux, et le troupeau se précipita des pentes escarpées dans la mer: il y en avait environ
deux mille, et ils se noyèrent dans la mer.
Cycle fixe : Commémorations
12
SAINT PERE THEOPHORE SYMEON LE NOUVEAU THEOLOGIEN* (+1022)
12 octobre – 12 mars
Parmi les Saints Pères les plus aimés, on trouve Saint Syméon le Nouveau Théologien qui
était Higoumène de Saint-Mamas à Constantinople. Il est un des trois principaux Pères à qui
l'Église orthodoxe a accordé le titre de "Théologien" parce qu'il est un des rares dans l'histoire
du Christianisme à "connaître" Dieu. Les deux autres Théologiens sont Saint Jean
l'Évangéliste et Saint Grégoire de Nazianze (+ 390).
* Comme sa mémoire tombe pendant le Grand Carême, sa célébration a été reportée au 12 octobre par l'auteur
de son admirable Office Liturgique, Saint Nicodème l'Hagiorite. La quasi-totalité des oeuvres de Saint Syméon a
été traduite en français dans la collection " Sources chrétiennes ." On pourra consulter aussi utilement
l'excellent mais difficile livre de Mgr Basile Krivochéine ‘Dans la Lumière du Christ,’ Chevetogne, 1978.
Saint Syméon est né en 949 en Galatie dans la Paphlagonie (Asie Mineure). Ses parents, Basal
et Théophana, étaient des aristocrates byzantins de province. Jusqu'à l'âge de onze ans, Saint
Syméon ne reçut que les bases de l'éducation scolaire grecque. Il acheva son éducation
secondaire à quatorze ans à la cour des deux frères Empereurs Basile et Constantin
Porphyrogenetes. À quatorze ans, il rencontra Saint Syméon le Studite qui devint son Père
Spirituel et qui le mena à la vie d'ascétisme et de prière. Bien qu'à quatorze ans il voulut déjà
entrer au célèbre Monastère du Studion, son Père Spirituel le fit patienter jusqu'à ses vingtsept
ans. Durant cette période de préparation, l'Ancien de Saint Syméon continua à lui
prodiguer conseils et guidance, le préparant progressivement à la vie monastique quand bien
même il se trouvait au milieu des soucis du monde. Saint Syméon s'occupa de la gestion d'une
13
maison patricienne et entra peut-être au service de son Empereur en tant que diplomate et
sénateur.
Pendant qu'il était "occupé dans le monde," il luttait aussi pour mener la vie de Moine le soir,
passant son temps dans des Vigiles de nuit et lisant les livres spirituels de Marc l'Ermite et
Diadoque de Photicé [cfr Philocalie des Pères Neptiques]. Un des conseils de son Ancien,
c'était : "si tu désires toujours avoir une guidance salvatrice pour l'âme, prête attention à ta
conscience et accompli sans faillir ce qu'elle t'inspirera en toi."
La plupart des nombreuses oeuvres de Saint Syméon ont été traduites en français (collection
"Sources Chrétiennes" : http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/ficheauteur.asp?n_aut=31 )
comme en anglais (Paulist Press, St. Herman of Alaska Brotherhood et SVS Press). Ses écrits
sont nés de sa prédication et de la direction spirituelle donnée à ses fils spirituels. C'est un
auteur qui partage ses expériences en prière et en la Tri-Unité. De nos jours, les Moines du
Mont Athos lisent ses oeuvres avec enthousiasme et ses oeuvres commencent à être
redécouvertes dans les monastères catholiques-romains.
Son insistance est grande à retourner à l'essence ou à l'esprit de l'antique Église orthodoxe et
non se contenter de dépendre ou se cacher sous des formes externes de vie ecclésiale. Sa
conviction brûlante est que la vie chrétienne n’est pas une routine ou une habitude mais
l’expérience personnelle de vie en Christ. Saint Syméon exhorte tant les Moines que les laïcs
à revivre l’expérience spirituelle de la Tri-Unité, s'appelant lui-même le "zélé enthousiaste,"
celui qui a des expériences personnelles et mystiques. Aucun rapport ici avec les hérétiques
obscurément illuminés du pseudo "renouveau charismatique" qui prétendent avoir "les dons
du Saint Esprit." La prétention et l'auto-exaltation ne sont que de vulgaires symptômes de la
présence du Malin qui noient ces pauvres bougres scolastiques d'illusoires émotions
hallucinées. Voici une citation de Saint Syméon sur la spiritualité :
"Ne dites pas qu'il est impossible de recevoir l'Esprit Divin.
Ne dites pas que sans Lui il est possible d'être sauvés,
Ne dites pas qu'on peut Le posséder sans le savoir,
Ne dites pas que Dieu ne Se fait pas voir aux hommes,
Ne dites pas que des hommes ne peuvent voir une Lumière Divine
Ou que c'est impossible dans les temps actuels !
Jamais cela ne se trouve impossible, amis,
Et c'est très possible au contraire quand on le veut." (Hymne 27, 125-132).
Saint Syméon le Nouveau Théologien s'endormit en 1022. La fête du Saint est célébrée le 12
mars.
ou
Parmi les astres qui brillent innombrables dans le firmament spirituel de l'Eglise, trois
seulement ont été jugés dignes du titre de Théologien* : Saint Jean l'Evangéliste, le Disciple
Bien-Aimé qui en se penchant sur la Poitrine du Seigneur, y a puisé l'Eau vive de la
Connaissance du Verbe de Dieu; Saint Grégoire de Naziance qui après avoir contemplé d'un
oeil intérieur purifié le Mystère de la Sainte Trinité, l'a proclamé en mettant à Son Service le
meilleur de l'éloquence hellénique et enfin Saint Syméon le Nouveau Théologien qui après
avoir été plongé dans la Lumière de l'Esprit Saint, fut envoyé par Dieu, tel un nouveau
Prophète dans une société byzantine au Christianisme formaliste et officiel pour y témoigner
14
que tout Chrétien digne de ce nom est appelé à être lui aussi illuminé et à devenir par adoption
fils de Dieu dans le Saint-Esprit.
* C'est-à-dire non pas celui qui fait profession de l'étude scientifique des dogmes mais celui qui a reçu la
Connaissance de Dieu par une expérience vécue et la transmet à l'Eglise comme une source d'eaux vives.
Né en 949 à Galatée, en Paphlagonie (Asie Mineure), au sein d'une famille de l'aristocratie
aisée et influente dans les milieux politiques, Saint Syméon fut envoyé à l'âge de douze ans à
Constantinople pour y poursuivre ses études, en vue d'entrer ensuite au service de l'empereur.
Renonçant à cette carrière prometteuse et abandonnant ses études, il mena pendant quelque
temps une vie frivole mais le Seigneur l'ayant prit en pitié, Il ne le laissa pas glisser vers la
corruption et Il le tira de ce précipice par l'entremise de lectures spirituelles. Le jeune garçon
se mit alors à la recherche d'un Saint Homme capable de le guider sur le chemin du Salut,
malgré les paroles décourageantes de son entourage qui lui assurait qu'un tel Saint n'existait
pas à cette époque. Persévérant néanmoins dans sa recherche, il découvrit ce Père Spirituel en
la personne de Syméon le Pieux, un Moine qui vivait en Reclus au Monastère du Studion.
Celui-ci refusa de le recevoir comme Moine et se contenta de lui donner à lire le livre de Saint
Marc l'Ascète. Aussitôt qu'il l'ouvrit, il tomba sur la phrase suivante : "Si tu cherches la
guérison, prends soin de ta conscience et fais tout ce qu'elle te dictera et tu trouveras du
profit."* Recevant cette parole comme un Oracle Divin, il se mit aussitôt à l'oeuvre et suivit sa
conscience qui l'exhortait à se sacrifier par Amour du Christ en prolongeant chaque jour
davantage ses jeûnes et ses veilles jusqu'au chant du coq. Ainsi emporté sur les ailes d'un
Saint Désir, il ne tarda pas à recevoir le premier témoignage de la Faveur de Dieu en une
merveilleuse vision de la Lumière Incréée Qui le transporta comme en dehors du monde et de
son propre corps. Rempli d'une grande joie et baigné de chaudes larmes, il ne cessait de crier,
sans se lasser le Kyrie eleison et au coeur de cette Lumière, il vit alors son Père Spirituel
Syméon qui se tenait à la droite d'une nuée lumineuse et lui enseignait l'art de la prière sans
distraction.
* Sur la Loi spirituelle, 69
Toutefois, cette première expérience de la Gloire de Dieu n'ayant pas été fondée sur les
assises de l'impassibilité, il retomba peu à peu dans la tiédeur et le relâchement dont il se
repentira par la suite devant Dieu comme d'un grand péché. Pendant six ou sept ans, il
continua d'entretenir des relations avec son Père Spirituel mais sans s'arracher au monde et à
ses vanités.* Le Seigneur eut néanmoins à nouveau compassion de Son Elu et le "prenant par
les cheveux," Il l'arracha à la fange de ce monde pour l'établir devant Sa Face. Profitant d'une
mission dans son pays natal, il régla ses affaires, dit adieu à ses parents et revint en hâte à la
capitale pour se confier entièrement à son père selon Dieu avec une confiance sereine et une
totale obéissance. On lui assigna comme cellule un petit réduit sous l'escalier de la cellule de
Syméon où il s'appliquait à méditer sur ses péchés et à faire de la Sainte Componction qu’il
avait acquise dans le monde en fréquentant les tombeaux, un état permanent et stable de son
âme. Il accomplissait les services les plus avilissants dans un parfait retranchement de sa
volonté propre, regardant son Père Spirituel comme le Christ Lui-même et baisant avec
dévotion tout endroit où il s'était tenu en prière comme si c'était le Saint des Saints. Ainsi
protégé par sa prière, il pouvait repousser sans crainte les assauts des démons de la peur, de la
paresse, de l'impureté et de l'envie qui s'acharnaient contre lui afin de le décourager.
* Son biographe Nicétas Stéthatos présente une autre version de ces faits relatés par Syméon lui-même et
affirme qu'il entra directement au monastère, sans passer par cette période de relâchement.
Etranger à tous et gardant un constant silence, il se tenait debout pendant les Offices
Liturgiques, le regard à terre, en versant d'abondantes larmes à l'audition des textes sacrés.
Certains Moines s'irritèrent pourtant des rapides progrès de ce novice qu’ils considéraient
15
comme une condamnation de leur propre tiédeur et ils l'accusèrent auprès de l'Higoumène
d'entretenir des relations trop étroites avec son Père Spirituel. Comme il avait eu recours à la
prière de ce dernier pour être fortifié dans cette épreuve, celui-ci lui assura qu'il recevrait
bientôt d'En-Haut une Grâce deux fois plus grande que la sienne. De fait, sitôt rentré dans sa
cellule ce soir-là, une Lumière Céleste vint s'emparer de son intellect pour le ravir dans la Joie
Indescriptible de l'Amour Divin et bien qu'il fût peu instruit, Dieu lui accorda dès lors une
telle sagesse que tous ses compagnons s'en étonnaient. Mais de tels dons surnaturels
ravivèrent la haine des envieux et ceux-ci parvinrent à le faire chasser du Studion.
Il entra alors comme novice dans le petit Monastère de Saint Mamas tout en gardant Syméon
le Pieux comme Père Spirituel. Tonsuré Moine par lui et ayant reçu le nom de Syméon, il
entreprit de nouvelles ascensions spirituelles en se consacrant complètement à la quiétude, à
la prière et à la méditation des Divines Ecritures et en ne nourrissant son corps que de
quelques herbes. Sa cellule, d'où il ne sortait que pour assister aux Offices Divins, était une
véritable fournaise ardente dans laquelle il se plongeait tout entier pour y être transformé en
une pure flamme d'Amour et d'où le Seigneur le ravissait fréquemment en de sublimes
extases. Dans un de ses plus beaux discours, Syméon se compare à un malheureux qui après
être tombé dans un gouffre rempli de boue en a été tiré de force par le Seigneur
Miséricordieux et qui à travers maintes embûches et difficultés est conduit par la main de son
Père Spirituel vers les sources d'eaux afin de s'y laver, de s'y purifier et d'aveugle devenir
voyant des choses spirituelles. En effet dans la mesure où se purifiait son regard intérieur, il
était gratifié de visions lumineuses de plus en plus claires. D'une Lumière semblable à un
soleil sans forme qu’il voyait briller au-dessus des Cieux et qui lui ôta le voile de
l'insensibilité, il vit peu à peu le Visage du Christ se distinguer plus nettement et fut
finalement emporté hors de son corps dans une extase ineffable au cours de laquelle le Christ
lui parla en l'appelant Son Frère et Son Ami. Mais ce ne fut qu'après de nombreuses autres
visions que tombant un jour en larmes pour vénérer une Icône de la Mère de Dieu, il comprit
qu'il possédait consciemment au-dedans de son coeur, cet Amour en personne (hypostasié)
Qu'est le Seigneur.
Au bout de deux ans, l'Higoumène constatant ses admirables progrès, le fit ordonner Prêtre.
Le jour de son Ordination, le Saint-Esprit descendit comme une Lumière simple et sans forme
pour couvrir le Sacrifice et pendant tout le reste de sa vie sacerdotale, il ne célébrait jamais la
Liturgie sans avoir une telle vision. Entouré d'une nuée lumineuse, son visage prenait alors
une expression angélique et nul ne pouvait le fixer du regard quand il bénissait le peuple.
L'Higoumène étant endormi un an à peine après son Ordination, Syméon fut élu Higoumène
par les Moines de Saint-Mamas avec l'approbation du Patriarche Nicolas Chrysobergès (vers
980). Héritant d'un monastère qui avait été réduit à servir de cimetière pour les séculiers et où
la vie monastique était fort relâchée, il entreprit de faire reconstruire tous les bâtiments,
excepté l'église et tâche autrement plus difficile, d'entraîner ses disciples à le suivre dans son
Ardente Recherche de Dieu. Comme la tradition de Saint Théodore Studite le prescrivait, il
prononçait trois fois par semaine des catéchèses enflammées pour réveiller l'ardeur de ses
Moines. Il ne se contentait pas d'y rappeler les principes de la vie cénobitique mais tel "un
pauvre rempli d'Amour fraternel" qui après avoir reçu une obole court avec joie pour la
montrer à ses compagnons de misère en les exhortant à s'empresser eux aussi pour profiter de
la générosité de son bienfaiteur, Syméon leur dévoilait les merveilles accomplies en lui par
Dieu et leur affirmait avec force que c'est dès cette vie qu'il nous faut tous parvenir à la Vision
du Royaume des Cieux. C'est ce profond désir de faire participer ses frères à la Grâce reçue
qui explique le caractère de confidences personnelles de ses écrits, si rare dans la littérature
patristique.
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Ce "zèle indomptable" dont Syméon faisait preuve entraîna l'opposition et les remarques
ironiques de certains de ses Moines qui auraient préféré une vie monastique plus confortable
et qui le condamnaient comme vantard. Les résistances allèrent croissant jusqu'au jour où une
trentaine d'entre eux se révoltèrent contre lui et l'interrompirent violemment au cours d'une de
ses catéchèses, en se ruant sur lui comme des bêtes sauvages avec l'intention de le jeter en
dehors du monastère. Immobile, souriant et serein devant ses adversaires, Syméon les arrêta
dans leur élan et ils s'enfuirent de l'église dans un grand tapage pour aller porter plainte auprès
du Patriarche Sisinnios (995-998). Ce dernier examinant l'affaire justifia entièrement le Saint
et fit exiler les Moines révoltés. Mais l'Amour paternel de Syméon ne laissa pas les brebis se
perdre hors de son bercail. Il fit abroger la sentence et alla lui-même à la recherche de chacun
des rebelles, leur demandant pardon et les suppliant de regagner le monastère.
La paix revenue après ces tristes événements, il reprit la direction de son monastère qui devint
bientôt un des hauts lieux spirituels de la capitale, attirant des Pieux Laïques en grand nombre
et des disciples venus de loin. Malgré ses charges pastorales, Syméon ne se distrayait pas de
son labeur ascétique et trois fois par jour, à heures fixes, il se retirait dans sa cellule pour en
baigner le sol de ses larmes. Les larmes étaient en effet devenues pour lui une seconde nature
et elles avaient fait épanouir comme des fleurs délicates, la charité, la compassion envers tous,
la patience dans les épreuves et un aspect attirant et gracieux de son visage illuminé par la joie
intérieure de l'Esprit. A la suite d'une nouvelle vision lumineuse, il avait reçu le charisme de la
théologie et quand il n'était pas ravi en extase, il passait ses nuits à composer d'admirables
Hymnes à l'Amour Divin qui restent un des plus précieux témoignages des effets de la Grâce
dans l'âme d'un Saint. La diffusion de ses écrits et de ses enseignements permit à de
nombreuses âmes de retrouver la ferveur de l'époque des Saints Pères et prépara de loin le
triomphe de l'Hésychasme comme doctrine officielle de l'Eglise orthodoxe.
En 1005, pressé par son Amour de Dieu, Syméon démissionna librement de sa charge après
un higouménat de vingt-cinq ans et laissa son disciple Arsène qu’il avait longuement éprouvé
dans l'obéissance pour lui succéder. Quant à lui, il se retira dans une cellule isolée afin de
s'adonner à la Sainte Hésychia et de soutenir par sa prière, tel Moïse sur la montagne (cfr.
Exode 17:11), les combats de ses Moines. Devenu par l'habitude de la contemplation familier
des Spectacles Divins, il fut alors initié à la connaissance des événements futurs et de l'état
ultime de la Création. Une nuit, il fut transporté dans la Lumière Qui pénétra tous les
membres de son corps et le rendit tout entier feu et lumière et il entendit une Voix d'En-Haut
lui annoncer que cette Gloire Qui le transfigurait était Celle-là même Qui sera réservée aux
élus lors de la Résurrection Générale. C’est ainsi que possédé par l'Esprit Saint et devenu dieu
par la Grâce, il rédigeait ses traités théologiques et mystiques.
Mais bien qu'il eût atteint la perfection, il devait encore être éprouvé par de nouvelles
tribulations. Depuis le Repos de son Père Spirituel Syméon le Studite, il avait fait peindre son
Icône et avait rédigé en son honneur un Office Liturgique qu'il faisait célébrer solennellement
chaque année au jour de la mémoire de cet homme apostolique dans un grand concours de
fidèles venus de toutes parts. Cette coutume était déjà pratiquée depuis plus de seize ans
lorsque Stéphane l'ancien Métropolite de Nicomédie devenu syncelle du Patriarche, homme
d'une grande science et d'une influence considérable dans les milieux officiels, ayant pris
ombrage de la renommée acquise par Saint Syméon dans toute la ville comme Homme de
Dieu et Théologien des dogmes de l'Esprit, chercha une occasion pour le discréditer. Il le
provoqua d'abord par une subtile question théologique mais il reçut du Saint une éblouissante
réponse en vers dans laquelle il rappelait au syncelle que ce n'est que par l'expérience de
l'Esprit qu'on peut vraiment parler de Théologie. Cette réponse déclencha la haine implacable
de l'évêque qui répandit d'odieuses calomnies contre Syméon en l'accusant d'honorer comme
17
un Saint un homme pêcheur. Finalement et à force d'intrigues, Stéphane parvint à faire
condamner l'Homme de Dieu à l'exil (1009).
Laissé seul en plein hiver sur une colline déserte de la région de Chrysopolis (Propontide),
Syméon rendit Grâces à Dieu et envoya une lettre de remerciements au syncelle pour les
épreuves qu'il lui avait procurées. En recevant cette missive, Stéphane, au comble de la rage,
fit perquisitionner la cellule de celui qui, dépouillé de tout, "trouvait lourd à porter le fardeau
même de sa chair," en le soupçonnant d'y avoir caché de l'or. Pour toute réponse Syméon
adressa à son "bienfaiteur" une nouvelle lettre de remerciements. Ayant trouvé un oratoire en
ruine dédié à Sainte Marine, il y célébrait avec ponctualité les Offices monastiques et s'y
adonnait paisiblement à la prière. Mais pendant ce temps les disciples et admirateurs du Saint
dans l'aristocratie intercédèrent en sa faveur auprès du Patriarche et après une nouvelle
comparution devant le Synode durant laquelle Syméon se refusa à faire la moindre
concession en ce qui concernait le culte de son Père Spirituel, le Pontife le renvoya en paix en
disant : "A coup sûr, tu es un vrai Studite, plein d'Amour pour ton Père Spirituel mais tu as
aussi leur obstination et peut-être est-elle digne d'éloge?"
De retour à Sainte-Marine pour s'y consacrer à la Sainte Hésychia, il reçut quantité de dons
qui lui permirent malgré les embûches suscitées par les démons, de transformer l'endroit en un
monastère qui attirait tous les Chrétiens zélés de la capitale lorsqu'il y célébrait avec faste la
Fête de Saint Syméon le Pieux. Sous l'inspiration de l'Esprit il y poursuivait la composition de
ses Hymnes et rédigea des apologies pour enseigner que ni pardon des péchés ni sanctification
ne peuvent être accordés sans la venue consciente en nous de la Grâce du Saint-Esprit. Cette
Grâce ne le transportait pas seulement en de sublimes ravissements mais elle accomplissait
aussi quantité de Miracles pour le soulagement de ses disciples et la consolation de ses
visiteurs.
Parvenu à un grand âge, il fut atteint d'une longue et douloureuse maladie des entrailles qui le
tenait immobilisé sur sa couche. Malgré cette infirmité, un de ses disciples le vit un jour
soulevé de terre et entouré d'une Lumière Indescriptible pendant qu'il était en prière. Au terme
de ses combats, il obtint la délivrance qu'il désirait et rejoignit le choeur des Saints le 12 mars
1022, ayant prédit exactement la date de son Départ Céleste et celle de la Translation de ses
Reliques trente ans plus tard.
Après avoir glorifié Dieu en lui-même pendant sa vie, Saint Syméon fut glorifié par Lui après
sa Naissance Céleste par de nombreux Miracles,* mais plus encore par les délices spirituelles
que procurent jusqu'à nos jours ses écrits à tous ceux qui ont soif du Dieu Vivant.
* La sanction officielle pour le culte d'un Saint ne commença à s'imposer qu'à partir du quatorzième siècle. Et
même jusqu'à nos jours, celle-ci suppose un culte populaire préalable que l'autorité ecclésiastique vient
simplement confirmer.
ou
Syméon a été surnommé le Nouveau Théologien pour marquer son importance et sa différence
avec Jean l'Évangéliste et Grégoire de Nazianze, les deux autres références de l'Orthodoxie.
De petite noblesse, né vers 949 en Paphlagonie près de Sinope dans cette province chargée
d'histoire qui fut hittite avant d'honorer Mithra, le futur Syméon vient très tôt à
Constantinople, tenté par une carrière politique. C'est alors un jeune homme remuant, avide de
tous les plaisirs, vite déçu cependant.
18
Son besoin de spiritualité l'amène à fréquenter le grand monastère du Studion où il rencontre
un Moine, Syméon le Pieux qui devient son "maître spirituel." Entré comme novice au
Studion en 976 à l'âge de vingt-sept ans, il adopte le nom de son maître pour marquer sa
"nouvelle naissance." Syméon consacrera désormais sa vie à l'étude, à l'Ascèse et à la
spiritualité. Après quatre ans d'apprentissage auprès de son Père Spirituel, il va se mettre au
service de ses frères et est élu en 980 Higoumène du Monastère de Saint Mamas près de
Constantinople. Pendant vingt-neuf ans, il va diriger son monastère, écrire ses Catéchèses, ses
Actions de Grâces, prononcer ses sermons, rénover la vie monastique et prêcher chez les laïcs
une expérience chrétienne renouvelée. Il dérange...
* A l'époque, vers l'an mil, ce monastère comptait plus d'un millier de Moines. Ce centre spirituel entra souvent
en conflit avec la hiérarchie ecclésiastique comme avec l'empereur pour la défense des principes fondamentaux
du Christianisme. La "Règle de Studion" fut adoptée par de nombreux monastères orthodoxes.
** Nous ignorons son "nom de naissance."
Après des années de travail, Syméon renonce à sa charge d'Higoumène en 1009 et se fixe à
Chrysopolis sur la rive asiatique du Bosphore. Certes, ses démêlés avec le Patriarche Serge II,
si attentif à défendre les droits de l'Église contre les prétentions impériales qui n'approuve
guère ni l'austérité de sa direction monastique ni sa quête de spiritualité et qui lui fait grief de
sa dévotion à son maître Syméon le Pieux, apparaissent comme le facteur déclenchant ce
retrait.
En fait, Syméon a franchi une étape. Il a soixante ans et ce retrait est aussi l'occasion de
rentrer en lui-même : dans son hymne XLIII, il demande à Dieu s'il doit continuer à lutter
pour les "besoins temporels" du monastère ou "cultiver sans relâche le recueillement et lui
seul."
A Chrysopolis, redevenu simple Moine totalement détaché des affaires du monde, vivant
enfin pour Dieu seulement, il rédigera ses Hymnes de l'Amour Divin. Il s'endormira dans sa
retraite en 1022, ayant atteint ses soixante-treize ans, accueillant l'endormissement avec la joie
de celui qui a écrit :
"La mort est délivrance des soucis, la mort est libération des maladies et passions de toutes
sortes, la mort est suppression des péchés et de toute iniquité, la mort est affranchissement de
tous les maux de la vie et pour ceux qui ont bien vécu, condition d'une joie sans fin, des
délices éternelles et de la Lumière sans couchant."
La Philocalie a retenu de son oeuvre les "Chapitres pratiques et théologiques" qui s'adressent
à des Moines, novices ou confirmés et qui parlent assez peu explicitement de la prière.
Citations des Chapitres pratiques et théologiques.
1. La Foi, c'est mourir à cause du Christ pour Ses Commandements; c'est croire que cette mort
est une source de vie; c'est considérer la pauvreté comme une richesse, la bassesse et
l'humiliation comme une vraie gloire et un réel honneur; c'est croire également qu'on possède
tout lorsqu'on n'a rien et plus encore, c'est posséder l'insondable richesse de la Connaissance
du Christ et regarder comme de la boue ou de la fumée toutes les choses visibles.
33. Dans les prières et dans les larmes, supplie Dieu de t'envoyer un guide impassible et Saint.
Mais examine toi-même les Divines Écritures et singulièrement les écrits pratiques des Saints
Pères afin qu'en leur comparant ce que t'enseigne et ce que fait ton maître et ton supérieur, tu
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puisses voir et apprendre ces leçons comme dans un miroir, recueillir et retenir dans tes
pensées ce qui s'accorde aux Divines Écritures mais discerner et rejeter ce qui est bâtard et
altéré pour ne pas t'égarer. Sache-le, il y a de nos jours beaucoup de trompeurs et de faux
maîtres.
46. Les afflictions qui brisent le coeur lorsqu'elles sont fréquentes et intempestives,
enténèbrent et troublent la réflexion de l'intelligence. Elles effacent de l'âme la prière pure et
la componction [la prière pure et l'humilité]. Elles fatiguent le coeur et dès lors le font devenir
dur et insensible à jamais. C'est ainsi que les démons s'ingénient à décourager les Spirituels.
143. Efforce-toi d'être un modèle utile à toute la fraternité en toute vertu dans l'humilité et la
douceur, la compassion et l'obéissance jusque dans les plus petites choses, l'absence de colère
et de passion, la pauvreté et la componction, l'innocence et la discrétion, la simplicité du
comportement et la réserve envers tout homme, la visite des malades, la consolation des
affligés. Ne te détourne d'aucun de ceux qui ont besoin de ton aide, sous le prétexte de
t'entretenir avec Dieu. Car l'Amour vaut mieux que la prière. Efforce-toi d'être compatissant
envers tous, dégagé de la vaine gloire, discret. Tâche aussi de n'être jamais péremptoire, de ne
jamais rien réclamer au supérieur ni à aucun de ceux qui remplissent un office, d'honorer tous
les Prêtres, d'être attentif dans ta prière, de rejeter l'affectation, d'aimer tous les autres, de ne
pas chercher par vaine gloire à scruter et à sonder les Écritures. La prière que tu diras dans les
larmes et l'Illumination qui te viendra de la Grâce t'enseigneront ces choses. Si donc tu es
interrogé sur l'une des choses que nous devons faire, enseigne les Actions Divines, ce que la
Grâce te donnera de dire avec beaucoup d'humilité, à partir de ta vie comme si c'était celle
d'un autre sans nulle vanité quel que soit celui qui désire ton aide. Et ne te détourne pas de
celui qui te demande de l'assister au sujet d'une pensée mais prends sur toi ses fautes quelles
qu'elles soient, pleurant sur lui et priant pour lui. C'est là aussi une marque d'Amour et de
totale compassion. N'écarte pas celui qui vient vers toi, ne pense pas qu'il te sera nuisible
d'écouter de telles choses. Cependant pour ne pas nuire à beaucoup, il faut parler de ces
choses dans un lieu soustrait aux regards même si toi-même, n'étant qu'un homme, tu dois être
assailli par une pensée. Car si tu en reçois la Grâce, tu ne te laisseras pas prendre par cette
pensée. Il nous est prescrit en effet de rechercher non notre propre bien mais celui des autres
afin qu'ils soient sauvés.
Comme nous l'avons dit, il te faut garder une vie paisible et pauvre. Alors tu te considéreras
toi-même comme soumis à l'Action de la Grâce quand tu te tiendras en vérité pour le plus
pécheur de tous les hommes. Je ne peux pas dire comment cela se fait, Dieu le sait.
Sur les trois modes de la prière.
Il y a trois modes de l'attention et de la prière par lesquels l'âme ou bien s'élève et progresse
ou bien tombe et se perd. Si elle use de ces trois modes en temps opportun et comme il faut,
elle progresse. Mais si elle en use inconsidérément et à contretemps, elle tombe. L'attention
doit donc être inséparablement liée à la prière comme le corps est inséparablement lié à l'âme.
L'une ne peut tenir sans l'autre. L'attention doit aller devant et guetter les ennemis comme un
veilleur. C'est elle qui la première doit connaître le péché et s'opposer aux pensées mauvaises
qui entrent dans l'âme. Alors vient la prière qui détruit et fait périr sur-le-champ toutes ces
pensées mauvaises contre lesquelles en premier lieu a lutté l'attention. Car celle-ci ne peut à
elle seule, les faire périr. Or c'est de ce combat de l'attention et de la prière que dépendent la
vie et la mort de l'âme. Car si par l'attention nous gardons pure la prière, nous progressons.
Mais si nous négligeons de garder pure la prière, si nous ne veillons pas sur elle, si nous la
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laissons souiller par les pensées mauvaises, nous sommes inutiles et nous ne progressons pas.
Il y a donc trois modes de l'attention et de la prière. Et il nous faut dire quelles sont les
propriétés de chacun. Ainsi celui qui aime son Salut pourra choisir le meilleur et non le pire.
Du premier mode de l'attention et de la prière
Telles sont les propriétés du premier mode. Quand quelqu'un se tient en prière, il lève vers le
Ciel ses mains, ses yeux et son intelligence. Il se représente les Pensées Divines, les Biens du
Ciel, les Ordres des Anges et les Demeures des Saints. Il rassemble brièvement et recueille en
son intelligence tout ce qu'il a entendu dans les Divines Écritures. Il porte ainsi son âme à
désirer et à aimer Dieu. Il lui arrive parfois d'exulter et de pleurer. Mais alors son coeur
s'enorgueillit, sans qu'il le comprenne. Il lui semble que ce qu'il fait vient de la Grâce Divine
pour le consoler et il demande à Dieu de le rendre toujours digne d'agir comme il le fait. C'est
là une marque de l'erreur. Car le bien n'est pas bien quand il ne se fait pas sur la bonne voie et
comme il faut. Quand bien même il vivrait dans une extrême hésykhia, il est impossible qu'un
tel homme ne perde pas son bon sens et ne devienne pas fou. Mais même s'il n'en arrivait pas
là, il ne saurait parvenir à la connaissance ni maintenir en lui les vertus de l'impassibilité. C'est
ainsi que se sont égarés ceux qui ont vu une lumière et un flamboiement avec les yeux de leur
corps qui ont senti un parfum avec leur propre odorat et qui ont entendu des voix avec leurs
propres oreilles ou qui ont éprouvé des choses du même ordre. Les uns ont été possédés par le
démon et sont allés de lieu en lieu, hors d'eux-mêmes. D'autres ont reçu en eux les
contrefaçons du démon : il leur est apparu comme un Ange de Lumière et ils se sont
fourvoyés, ils ne se sont jamais corrigés, ils n'ont jamais voulu écouter le conseil d'aucun
frère. D'autres encore ont été poussés par le diable à se tuer : ils se sont jetés dans des
précipices, ils se sont pendus. Qui pourrait décrire toutes les illusions par lesquelles le diable
les égare? Ce n'est guère possible.
Mais après ce que nous venons de dire, tout homme sensé peut comprendre à quels dommages
expose ce présent mode de l'attention et de la prière. De même, s'il arrive que l'un de ceux qui
usent de ce mode n'en reçoive aucun mal, dès lors qu'il se trouve en compagnie d'autres frères
(car ce sont surtout les Anachorètes qui connaissent un tel mal), cependant, toute sa vie
durant, il ne progressera pas.
Du deuxième mode
Tel est le deuxième mode de l'attention et de la prière. Quand quelqu'un recueille son
intelligence en lui-même en la détachant du sensible quand il garde ses sens et rassemble
toutes ses pensées pour qu'elles ne s'en aillent pas dans les choses vaines de ce monde quand
tantôt il examine sa conscience et tantôt il est attentif aux paroles de sa prière quand à tel
moment il court derrière ses pensées que le diable a capturées et qui l'entraînent dans le mal et
la vanité quand à tel autre moment après avoir été dominé et vaincu par la passion, il revient à
lui-même, il est impossible que cet homme qui a en lui un tel combat soit jamais en paix ni
qu'il trouve le temps de travailler aux vertus et reçoive la couronne de la Justice car il est
semblable à celui qui combat ses ennemis la nuit dans les ténèbres. Il entend leurs voix et
reçoit leurs coups. Mais il ne peut pas voir clairement qui ils sont, d'où ils viennent comment
et pourquoi ils le blessent, dès lors que le dévastent les ténèbres de son intelligence et les
tourments de ses pensées. Il lui est impossible de se délivrer de ses ennemis, les démons qui le
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brisent. Le malheureux peine en vain car il perd son salaire, dominé qu'il est par la vanité. Il
ne comprend pas. Il lui semble qu'il est attentif. Souvent dans son orgueil, il méprise et accuse
les autres. Il s'imagine qu'il peut les conduire et qu'il est digne de devenir leur pasteur. Il est
semblable à cet aveugle qui s'engage à conduire d'autres aveugles.
Il est nécessaire que quiconque veut être sauvé sache le dommage que peut causer à l'âme ce
deuxième mode et qu'il fasse bien attention. Cependant ce deuxième mode est meilleur que le
premier comme la nuit où brille la lune est meilleure que la nuit noire.
Du troisième mode
Le troisième mode est vraiment chose paradoxale et difficile à expliquer. Non seulement ceux
qui ne le connaissent pas ont du mal à le comprendre mais il leur paraît presque incroyable. Ils
ne croient pas qu'une telle chose puisse exister dès lors que de nos jours ce mode n'est pas
vécu par beaucoup mais par fort peu. Un pareil bien, je pense, nous a quitté en même temps
que l'obéissance. Car c'est l'obéissance au Père Spirituel qui permet à chacun de ne plus se
soucier de rien, dès lors qu'il remet ses soucis à son père qu’il est loin désormais des
tendances de ce monde et qu'il est un ouvrier tout à fait zélé et diligent de ce mode. Encore lui
faut-il trouver un maître et un Père Spirituel véritable et dégagé de toute erreur. Car celui qui
par une vraie obéissance s'est consacré à Dieu et à son Père Spirituel qui ne vit plus sa propre
vie et ne fait plus sa propre volonté mais est mort à toutes les tendances du monde et à son
propre corps, par quelle chose passagère peut-il être vaincu ou asservi? Ou quelle inquiétude
et quels soucis peut avoir un tel homme? C'est donc par ce mode et par l'obéissance que se
dissipent et disparaissent tous les artifices des démons et toutes les ruses qu'ils trament pour
entraîner l'intelligence dans toutes sortes de pensées. Alors l'intelligence de cet homme est
délivrée de tout. C'est avec une grande liberté qu'elle examine les pensées que lui apportent
les démons. C'est avec une réelle aptitude qu'elle les chasse. Et c'est avec un coeur pur qu'elle
offre ses prières à Dieu. Tel est le commencement de la Vraie Voie. Ceux qui ne se consacrent
pas à ce commencement peinent en vain et ils ne le savent pas.
Or le commencement de ce troisième mode n'est pas de regarder vers le haut, d'élever les
mains, d'avoir l'intelligence dans les Cieux et alors d'implorer le secours. Ce sont là, nous
l'avons dit, les marques du premier mode : le propre de l'illusion. Ce n'est pas non plus de
faire garder les sens par l'intelligence, de n'être attentif qu'à cela, de ne pas voir dans l'âme la
guerre que lui font les ennemis et de ne pas y prêter attention. Car ce sont là les marques du
deuxième mode. Celui qui les porte est blessé par les démons mais il ne les blesse pas. Il est
meurtri et il ne le sait pas. Il est réduit en esclavage, il est asservi et il ne peut pas se venger de
ceux qui font de lui un esclave mais les ennemis ne cessent de le combattre ouvertement et
secrètement et le rendent vaniteux et orgueilleux.
Mais toi, bien-aimé, si tu veux ton Salut, il te faut désormais te consacrer au commencement
de ce troisième mode. Après la parfaite obéissance que tu dois comme nous l'avons dit à ton
Père Spirituel, il est nécessaire de faire tout ce que tu fais avec une conscience pure comme si
tu étais devant la Face de Dieu. Car sans obéissance, jamais la conscience ne saurait être pure.
Et tu dois la garder pure pour trois causes. Premièrement pour Dieu. Deuxièmement pour ton
Père Spirituel. Troisièmement pour les autres hommes et pour les choses du monde.
Tu dois garder ta conscience pure. Pour Dieu, c'est-à-dire ne pas faire ce que tu sais ne pas
reposer Dieu et ne pas lui plaire. Pour ton Père Spirituel : faire tout ce qu'il te demande, ne pas
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en faire plus et ne pas en faire moins mais marcher selon son intention et selon sa volonté.
Pour les autres hommes : ne pas leur faire ce que tu as en aversion et ce que tu ne veux pas
qu'ils te fassent. Pour les choses du monde : te garder de l'abus, autrement dit user de tout
comme il faut, de la nourriture, de la boisson, des vêtements. En un mot, tu dois tout faire
comme si tu étais devant Dieu afin que ta conscience n'ait rien à te reprocher, quoi que tu
fasses et qu'elle n'ait pas à t'aiguillonner pour ce que tu n'as pas fait de bien. Suis ainsi la voie
véridique et sûre du troisième mode de l'attention et de la prière que voici.
Que l'intelligence garde le coeur au moment où elle prie. Qu'elle ne cesse de tourner dans le
coeur. Et que du fond du coeur, elle adresse à Dieu ses prières. Dès lors qu'elle aura goûté là
que le Seigneur est bon et qu'elle aura été comblée de douceur, elle ne s'éloignera plus du lieu
du coeur et elle dira les paroles même du Saint Apôtre Pierre : "Il est bon d'être ici." Elle
n'arrêtera plus de veiller sur le coeur et de tourner en lui, poussant et chassant toutes les
pensées qu'y sème l'ennemi, le diable. A ceux qui n'en ont aucune idée et qui ne la connaissent
pas, cette oeuvre salutaire paraît pénible et incommode. Mais ceux qui ont goûté sa douceur et
ont joui du plaisir qu'elle leur donne au fond du coeur disent avec le Divin Paul: "Qui nous
séparera de l'Amour du Christ?"
Car nos Pères entendant le Seigneur dire dans le Saint Évangile que c'est du coeur que sortent
les mauvaises pensées, les meurtres, les prostitutions, les adultères, les vols, les faux
témoignages, les blasphèmes et que c'est là ce qui souille l'homme, entendant aussi l'Évangile
nous demander de purifier l'intérieur de la coupe pour que l'extérieur également devienne pur,
ont laissé toute autre oeuvre spirituelle et se sont totalement adonnés à ce combat, c'est-à-dire
à la garde du coeur, persuadés que par cette oeuvre ils pourraient aisément acquérir toute autre
vertu dès lors qu'il n'est pas possible qu'aucune vertu perdure autrement. Cette oeuvre,
certains parmi nos Pères l'ont appelée Hésykhia du coeur, d'autres l'ont nommée attention,
d'autres sobriété et vigilance et réfutation, d'autres examen des pensées et garde de
l'intelligence. C'est à cela que tous ont travaillé et c'est par là que tous ont été rendus dignes
des Charismes Divins. C'est pourquoi l'Écclésiaste dit : "Réjouis-toi, jeune homme dans ta
jeunesse et marche sur les voies de ton coeur intègre et pur et éloigne de ton coeur les
pensées." L'auteur des Proverbes dit la même chose : Si la suggestion du diable t'assaille, "ne
le laisse pas entrer dans ton lieu." Par lieu, il entend le coeur Et Notre Seigneur dit dans le
Saint Évangile : "Ne vous laissez pas entraîner," c'est-à-dire ne dispersez pas votre
intelligence ici et là. Il dit ailleurs : "Bienheureux les pauvres en esprit," c'est-à-dire
Bienheureux ceux qui n'ont dans leur coeur aucune idée de ce monde et qui sont pauvres et
dénués de toute pensée mondaine. Tous nos Pères ont beaucoup écrit là-dessus. Quiconque le
veut peut lire ce que disent Marc l'Ascète, Jean Climaque, Hésychius et Philothée le Sinaïte,
l'Higoumène Isaie, le grand Barsanuphe et bien d'autres.
En un mot, celui qui n'est pas attentif à garder son intelligence ne peut pas devenir pur en son
coeur pour être jugé digne de voir Dieu. Celui qui n'est pas attentif ne peut pas devenir pauvre
en esprit. Il ne peut pas non plus être affligé et pleurer ni devenir doux et paisible ni avoir
faim et soif de la Justice. Pour tout dire, il n'est pas possible d'acquérir les autres vertus
autrement que par cette attention. C'est donc à elle que tu dois t'appliquer avant tout afin de
comprendre par l'expérience ce dont je t'ai parlé. Et si tu veux savoir comment faire, je te le
dis ici, autant qu'il est possible. Sois bien attentif.
Il te faut avant tout garder trois choses. D'abord ne te soucier de rien, tant de ce qui est
raisonnable que de ce qui est déraisonnable et vain, c'est-à-dire mourir à tout. Deuxièmement
avoir une conscience pure : que ta conscience n'ait rien à te reprocher. Troisièmement n'avoir
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aucun penchant : que ta pensée ne se porte vers rien de ce qui est du monde. Alors assieds-toi
dans un lieu retiré, demeure au calme, seul, ferme la porte, recueille ton intelligence loin de
toute chose passagère et vaine. Pose ton menton sur ta poitrine, sois attentif à toi-même avec
ton intelligence et tes yeux sensibles. Retiens un moment ta respiration, le temps que ton
intelligence trouve le lieu du coeur et qu'elle y demeure tout entière. Au début, tout te paraîtra
ténébreux et très dur. Mais quand tu auras travaillé sans relâche, nuit et jour, à cette oeuvre de
l'attention, ce Miracle, tu découvriras en toi une joie continuelle. Car l'intelligence qui mène le
combat trouvera le lieu du coeur. Alors elle voit au-dedans ce qu'elle n'avait jamais vu et
qu'elle ignorait. Elle voit cet espace qui est à l'intérieur du coeur et elle se voit elle-même tout
entière lumineuse, pleine de toute sagesse et de discernement. Désormais de quelque côté
qu'apparaisse une pensée avant même que celle-ci entre, soit conçue et se forme, l'intelligence
la chasse et la fait disparaître au Nom de Jésus, c'est-à-dire avec l'invocation "Seigneur Jésus-
Christ, aie pitié de moi." C'est alors qu'elle commence à avoir les démons en aversion qu’elle
mène contre eux un combat sans relâche qu’elle leur oppose l'ardeur naturelle qu’elle les
chasse qu’elle les frappe qu’elle les force à disparaître. Ce qui advient ensuite avec l'Aide de
Dieu, tu l'apprendras seul, par l'expérience, grâce à l'attention de l'intelligence et en gardant
dans ton coeur Jésus-Christ, c'est-à-dire sa prière "Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi."
Un Père dit en effet : "Demeure dans ta cellule et elle t'apprendra tout."
http://www.livres-mystiques.com/partieTEXTES/Philocalie/symeon.html
Tropaire de Saint Syméon le Nouveau Théologien.
Ô Saint Père Syméon, tu reçus en ton âme la Divine Illumination.
Tu fus dévoilé au monde comme une Radieuse Lumière dispersant toute ténèbre.
Tu appelles toute l'humanité à chercher la Grâce du Saint Esprit Qu’elle avait perdue.
Ô Juste Père! Prie le Christ Notre Dieu afin qu'Il nous accorde Abondante Miséricorde!
Les Hymnes de Siméon le Nouveau Théologien récités de manière poétique dans une
atmosphère musicale de voix féminine et un "ison." Enregistré de la radio? D'une cassette?
D'un cd? http://files.predanie.ru/music/Gimny_Simeona_Novogo_Bogoslova/
Forum: alt.religion.christian.east-orthodox
Sujet: Hymnes de Saint Siméon le Nouveau Théologien.
SAINT DIACRE PIERRE (+605)
Confesseur, Saint Pierre était l'un des disciples de Saint Grégoire le Grand. Après son Départ
Céleste, il fut vénéré par les habitants de la région romaine.
SAINT ABBE MURA MCFEREDACH (OU MURAN, MURAMES, MURANUS, MURU)
DE FAHAN (OU FATHEN) (+ 645)
Né dans le Donegal, Irlande, Saint Mura a été le premier Abbé de Fahan (Innisowen, Comté
de Donegal) par Saint Columba dont le bâton et la petite cloche existent toujours. La crosse se
trouve à l'Académie Royale irlandaise et la cloche dans la Collection Wallace à Londres. Sa
Croix est aussi conservée à Fahan comme un Monument National. Il est le Saint Protecteur
particulier du clan de O'Neill et de Fahan.
SAINT FECHNO (OU FIACHNA), CONFESSEUR EN IRLANDE (+ 580).
Né dans Nord de l'Irlande, Fechno vécut plusieurs années sous la Règle de Saint Columban et
fut l'un des douze disciples qui l'accompagnèrent en Écosse pour l'évangélisation des Pictes.
On trouve son nom au 12 mars.
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SAINT THÉOPHANE LE CONFESSEUR DE SYGRIANE (+ 818)
Théophane est appelé le Sygrien (Sigrien) à cause de Sygriane (Sigriana), son lieu de
naissance. Il était parent de l'empereur Léon l'Isaurien et de son fils Copronyme.
Il possédait une grande richesse et splendeur. Mais tout cela perdit sa valeur pour Théophane
lorsque le Seigneur Christ commença à régner dans son âme. Il refusa de se marier mais
lorsqu'on l'y força, il parvint à recommander l'abstinence complète à son épouse, vivant dans
la chasteté comme frère et soeur. A peine ses parents morts, sa femme entra dans un couvent
et lui dans un monastère. Son monastère se trouvait sur les montagnes sygriennes dans la
province de Cyzique.
L'autrefois glorieux et riche Théophane vivait dans ce monastère comme le moindre des
pauvres. Tous étaient éblouis de son changement. Etant devenu célèbre par sa forte Foi,
abstinence et sagesse, il fut invité au Septième Concile Oecuménique (Nicée 783) où la
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Vénération des Saintes Icônes fut confirmée. Du fait de sa pureté et de sa chasteté, Dieu lui
donna le don d'accomplir des Miracles par lesquels il guérit toutes les maladies, en
particuliers les désordres maniaques et mentaux.
Il priait Dieu pour tous les malades et les malheureux et par ses prières, il les aidait. Il n'y a
que lorsqu'il devint malade à son tour et que sa maladie dura un moment qu'il refusa de prier
Dieu pour le retour de sa propre santé mais endura sa maladie avec gratitude. Lorsque la
persécution iconoclaste recommença sous le maudit Léon l'Arménien, Théophane fut emmené
à Constantinople et jeté en prison où il subit deux ans durant des maltraitances, la douleur et
l'humiliation. Puis l'empereur le bannit en exil sur l'Île de Samothrace qu'il avait vue
auparavant en esprit et avait mentionnée à ses geôliers. Après son arrivée à Samothrace, il
vécut encore vingt-deux jours puis parut devant son Seigneur et Créateur pour recevoir la
méritée Couronne de Gloire.
ou
Théophane naquit à Constantinople vers 758, fut élevé à la cour des empereurs. A la mort de
son père Isaac qu'il perdit tout jeune, Léon, fils de Constantin Copronyme, voulut qu'il prît le
nom d'Isaac et c'est seulement dans le cloître qu'on le retrouve avec le nom de Théophane. Il
était dans sa dix-neuvième année quand sa mère lui fit contracter mariage mais il avait déjà le
dessein d'embrasser la vie monastique et il détermina son épouse à vivre avec lui dans la
continence, attendant tous deux l'occasion d'entrer en religion. Cette occasion se présenta
deux ans plus tard. Théophane ayant confié son épouse à un Monastère de l'Île des Princes,
reçut la tonsure monacale des mains de Théodore Monochéir à Polichnion et se retira à
Calonymos dans un de ses domaines qu'il transforma en monastère en y plaçant des Moines
de Polichnion.
A la Naissance Céleste de son Père Spirituel, il semble que Théophane gouverna lui-même
quelque temps sa maison de Calonymos mais il la quitta bientôt pour se retirer à Sigriane, y
acheta un terrain, construisit un nouveau monastère auquel on donna le nom de Grand Champ
(Mégalagrite). Théophane s'y distingua par la pratique des vertus et de son application au
travail : en copiste diligent, il prépara la chronographie, oeuvre qui lui valut son surnom. On
l'obligea à diriger cette nouvelle maison comme supérieur.
Il y vivait tranquillement lorsqu'en 787 le Patriarche Taraise, de concert avec Constantin et
Irène, l'appela au Deuxième Concile oecuménique de Nicée réuni pour la défense du culte des
Saintes Images. Théophane parut à cette assemblée dans un extérieur humble et pauvre mais
son rare mérite éclata bientôt quand on l'eut obligé à prendre la parole; il défendit la Foi
orthodoxe en appuyant ses assertions sur la Sainte Ecriture et la Tradition. Puis il rentra dans
son Monastère de Grand-Champ où il continua ses austérités qui s'accrurent bientôt par les
douleurs cruelles que lui causèrent les coliques néphrétiques et la maladie de la pierre; ce fut
pour lui une nouvelle occasion de pratiquer la patience et de se perfectionner dans la vertu.
Léon l'Arménien, reprenant sa campagne impie contre les Saintes Images, essaya bien de
gagner Théophane mais il s'attira une réponse ferme et courageuse dans laquelle le Moine
affirmait la doctrine professée par lui au Concile de Nicée.
L'empereur irrité envoya aussitôt des soldats avec ordre de détruire le monastère et. de lui
amener l'Abbé pieds et mains liés. Léon l'Arménien fit languir quelque temps Théophane dans
une obscure prison et voyant qu'il ne pouvait rien gagner par ses cruautés, il l'exila dans l'Île
de Samothrace. Le Saint Confesseur de la Foi n'y vécut que dix-sept jours et s'endormit le 12
mars 817.
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C'est à cette date du 12 mars que les Eglises grecque et latine honorent Théophane. En 820,
ses Précieux Restes furent rapportés à Hiereia dans le sanctuaire de Saint Procope, à deux
milles du Monastère de Grand-Champ et le transfert solennel dans l'abbaye se fit deux ans
plus tard, vers Pâque de 822. A cette occasion, Théodore Studite prononça le panégyrique qui
fut conservé.
SAINT PAPE GREGOIRE LE DIALOGUE DE ROME ALIAS SAINT GREGOIRE LE
GRAND (+ 604) 12 mars (repos) – 3 septembre (sacre épiscopal, Rome)
Nous pensons devoir ajouter la notice qui suit à celles des Saints de ce Synaxaire afin
d'éclairer le rôle de ce grand Patriarche orthodoxe qui fut le premier à porter ce nom grec de
Grégoire (qui signifie : le Vigilant) sur le siège patriarcal de Rome et que les peuples
orthodoxes d'Occident appelèrent Grégoire le Grand.
Pendant ces quatorze années d'un épiscopat béni, il ne se contenta pas en effet d'être le
biographe de Saint Benoît de Nursie –dont il répandit la Règle dans tout l'Occident– et
l'organisateur de la mission en Angleterre, ce qui eut suffi à assurer la gloire de son patriarcat
–si nous considérons tout ce que l'Occident doit à la cohorte innombrable de Saints qui nous
vinrent en retour (au cours des siècles suivants) des peuples celtiques d'Irlande, du Pays de
Galles et du reste de l'Île de Grande Bretagne– mais il condamna d'avance les ineptes
prétentions de ses successeurs et nous constatons hélas chaque jour davantage que si le siège
de Rome avait suivi sa Sainte Doctrine, nous n'aurions sans doute pas connu la désastreuse
chute de ce grand Patriarcat dans une hérésie dont nous subissons aujourd'hui les
conséquences si dramatiques pour la Foi de tous les peuples orthodoxes.
Né vers 540 dans une famille sénatoriale romaine qui avait déjà compté plusieurs Papes, il
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devint Préfet de la Ville de Rome. Mais au cours de ses brillantes études, il s'était imprégné de
la Parole de Dieu et au Départ de son père, il résigna sa charge et distribua les immenses
richesses dont il venait d'hériter dont la plus grande partie fut consacrée à la fondation de sept
monastères : six en Sicile et le septième, placé sous l'invocation du Saint Apôtre André dans
son propre palais de Rome; il y entra alors comme simple Moine. Mais il lui restait encore
une possession personnelle et la rencontre d'un mendiant qui avait été réduit à la plus grande
misère à la suite d'un naufrage lui fournit enfin l'occasion de s'en dépouiller aussi : c'était
l'écuelle dans laquelle il mangeait et pour l'Amour du Christ, il en fit don à ce malheureux
marchand.
Celui dont il devait bientôt devenir le successeur, le Patriarche Pélage II (579-590), l'envoya
convaincre l'Empereur et le Patriarche de Constantinople de se pencher sur le sort de l'Italie
soumise à l'oppression des rois lombards. Il y resta six ans et y réfuta les erreurs du patriarche
Eutychès; de retour à Rome où il rapporta de Saintes Icônes et de Vénérables Reliques, il fut
élu Higoumène de son monastère qui devint sous sa direction un centre rayonnant d'austérité
et de Sainteté. C'est pendant cette période qu'il vit un jour de jeunes et beaux enfants blonds
que l'on vendait comme esclaves au marché et que, bouleversé jusqu'aux larmes, il s'enquit de
la provenance de ces "Anges revêtus d'un corps" : apprenant qu'ils venaient de l'Île de Grande
Bretagne (qui n'avait pu être que partiellement illuminée à l'époque apostolique avant d'être
brutalement replongée dans les ténèbres de l'idolâtrie par les terribles invasions des Saxons), il
décida immédiatement de partir en Angleterre avec quelques-uns de ses Moines mais après
trois jours de marche en direction du Nord, ils furent rattrapés par des envoyés du Patriarche
car le peuple de Rome s'était soulevé à la nouvelle du départ de celui qu'il considérait comme
son Protecteur et dont il exigeait le retour.
Lorsque la peste frappa Rome en 590, le Saint Higoumène Grégoire exhorta le peuple à faire
pénitence avec lui et obtint la cessation de l'épidémie grâce à l'ostension processionnelle de la
Sainte Icône de la Théotokos dans tous les quartiers de la Ville. Le Patriarche Pélage ayant été
parmi les victimes, le peuple voulut que Grégoire lui succédât mais il s'enfuit pour échapper à
ces honneurs et se réfugia dans une caverne; il fut retrouvé peu après par l'effet d'une
intervention miraculeuse et ramené triomphalement à Rome où il fut consacré le 3 septembre
590.
La famine régnait et l'Église était dans un état déplorable, agitée d'hérésies, de schismes,
soumise à l'oppression des barbares et impuissante à faire cesser les dérèglements des princes
chrétiens. Grégoire prit ces tâches surhumaines à bras le corps et commença par transformer
le palais pontifical en véritable monastère où il eut à coeur d'accueillir les affamés et de les
nourrir de ses propres mains. Il organisa de grandes processions (qu'on appela les Litanies
Majeures ou Rogations et qui sont encore observées tous les 25 avril), régla les prières et les
lectures à observer partout au cours de l'année liturgique. Ceci amena certains à lui attribuer
faussement la réforme du chant liturgique selon l'exemple de ce qu'il avait pu admirer à
Constantinople mais dans un style adapté aux conditions de l'Occident. Ainsi réformé, ce
chant prit alors et donc abusivement, le nom de "chant grégorien."
Il veilla à l'élection régulière des Evêques dans les Églises qui dépendaient de Rome et ne leur
permit plus de résider hors de leurs diocèses, mettant un terme aux ingérences des autorités
civiles dans les affaires de l'Église comme celles des Évêques dans la conduite des monastères
–et s'attaquant vigoureusement à la simonie. Il entretenait une correspondance avec les autres
Patriarcats et reprit notamment avec un Grand Amour Fraternel le Patriarche de
Constantinople Saint Jean IV le Jeûneur qui avait employé dans ses actes le titre de
28
"Patriarche OEcuménique," lui faisant remarquer avec humilité qu'aucun Évêque ne pouvait
s'attribuer l'autorité de l'Eglise prise dans son ensemble, cette autorité étant réservée aux seuls
Conciles OEcuméniques.
Le reste de sa vie est au Grand Synaxaire de Constantinople et notamment comment il parvint
à arrêter les Lombards qui allaient piller la ville de Rome et même à travailler efficacement à
leur conversion avec l'aide de leur Reine Théodelinde qui était orthodoxe elle-même –et
comment il organisa la grande mission de quarante Moines dirigés par Saint Augustin (de
Canterbury) qu'il envoya évangéliser l'Angleterre.
Il rédigea plusieurs livres importants dont ses Morales sur Job dont la méthode d'exégèse
allégorique et morale fut un exemple suivi pendant tout le Moyen-Age et surtout son livre des
Miracles des Pères d'Italie, plus connu sous le nom de Dialogues (avec son Diacre Pierre)
dans lequel il démontre que c'est bien le même Esprit qui agit en tout temps comme au temps
des Apôtres pour accomplir des Miracles –et qu'il est par conséquent possible à tout baptisé et
en tout temps de parvenir à l'union avec Dieu.
ou
Fils du sénateur Gordianus, il fut par la suite lui-même sénateur et gouverneur de la ville de
Rome. A l'Endormissement de son père, Grégoire s'abandonna à la vie spirituelle. Avec sa
richesse, il bâtit six monastères en Sicile et le septième dans la ville de Rome en l'honneur du
Saint Apôtre André. C'est là qu'il fut tonsuré Moine.
Sa mère Sylvia entra au couvent et fut tonsurée Moniale. Après l'Endormissement du Pape
romain Pélage, Grégoire fut choisit comme Pape. Il fuit cet honneur et cette autorité en se
cachant dans les montagnes et ravins mais le Seigneur le dévoila à ceux qui le cherchaient de
la manière suivante : une colonne de feu s'éleva du sol vers le Ciel à l'endroit où Grégoire se
cachait.
Il fut exceptionnellement charitable. Tous ses revenus étaient utilisés pour bâtir des abris et
des hospices pour les nécessiteux. Souvent, il invitait les moins bien lotis et les servait à table.
Il passait son temps à écrire des livres inspirés. Il est aussi appelé 'Dialogos' à cause d'un livre
qu'il rédigea sous ce titre dans lequel il rapporte les Miracles accomplis par des Saints d'Italie.
Il composa aussi la "Liturgie des Pré-Sanctifiés" que l'on célèbre le mercredi et le vendredi
durant le Grand Carême. Son Archidiacre Pierre vit une colombe voler au-dessus de la tête de
Grégoire pendant qu'il était assis et occupé à écrire. Il se présenta devant le Seigneur en 604.
ou
Né à Rome vers 540, sa Fête principale est au 12 mars et celle du 3 septembre commémore
son élection comme Evêque de Rome.
"La Sainte Bible est comme un miroir devant les yeux de notre esprit. En elle, nous voyons
notre intériorité. Des Ecritures, nous pouvons apprendre nos déformations et beautés
spirituelles. Et là aussi, nous découvrons les progrès que nous accomplissons et à quel point
nous sommes loin de la perfection." Saint Grégoire.
Il excella en bien des choses et de tant de manières. Sa grandeur est amplifiée par le contraste
avec l'époque à laquelle il vécut et où tout n'était que déclin. Il était préfet de Rome quand il
29
écrivit ceci : "Tout est à la merci des barbares : les villes sont sapées, les citadelles détruites,
les provinces dépeuplées et il n'y a plus de fermiers dans les campagnes. Et chaque jour, les
idolâtres exercent leur puissance et assouvissent leur rage en assassinant des fidèles. Nous
voyons ce qu'il est advenu de celle qui autrefois apparaissait comme la maîtresse du monde.
Elle est brisée par tous ceux qu'elle a fait souffrir d'immenses et multiples désastres. Nous, le
petit reste, nous sommes menacés chaque jour par l'épée et d'innombrables procès..."
Saint Bède décrit Grégoire comme l'homme que l'Angleterre "peut et doit appeler notre
Apôtre parce qu'il fit de notre nation alors adonnée aux idoles, l'Eglise du Christ" et la tombe
de Grégoire à Rome porte l'inscription suivante : "Il enseigna la Vérité chrétienne aux Anglo-
Saxons."
Distingué Romain né d'une famille sénatoriale chrétienne, Saint Grégoire était fort redevable
à sa mère, Sainte Sylvia et à deux de ses soeurs qui sont considérées comme Saintes. Son
père, Gordianus, descendant d'un Pape romain précédent, était un administrateur laïc d'une
des sept Archidiaconies de Rome. Formé à Rome comme avocat en 571 et âgé de trente ans, il
en devint un des préfets. Il semble qu'il se soit fort bien acquitté de sa tâche malgré sa
tendance à l'austérité. Les historiens se réfèrent à la splendeur de ses robes en contraste avec
l'habit qu'il portera les années d'après.
A la Naissance au Ciel de son père, il donna la plus grande partie de son héritage aux pauvres
et à l'Eglise, ci-incluse la fondation de six nouveaux monastères en Sicile. Vers 574, il
transforma son domaine familial sur la Colline Caelian en Monastère Saint-André, placé sous
la direction de Valentius et quitta sa charge pour devenir Moine. Grégoire mitigea les
caractéristiques des pratiques ascétiques orientales afin de rendre la Règle plus acceptable aux
conditions occidentales.
A cette époque, il y avait une frontière imperméable entre les Moines et les Prêtres : un Prêtre
devenu Moine était censé arrêter son ministère presbytéral parce que les Prêtres étaient vus
comme du monde; les Moines, au-delà du monde. La volonté ultérieure de Grégoire
d'affranchir les Moines du contrôle épiscopal était totalement contraire à la tradition. Le
Concile de Chalcédoine (451) avait ordonné que les Moines restent sous l'obéissance de leurs
Evêques. Cependant Grégoire, au Concile de Latran de 601, fera promulguer un décret par
lequel tous les Moines seront exempts de l'autorité épiscopale. Une partie de ses raisons était
de maintenir les Moines à l'intérieur de leurs monastères et d'éviter de les avoir voyageant de
place en place.
Le Pape de Rome Grégoire écrivait à l'Evêque Castorius d'Ariminum :
"Aussi à la mort d'un Abbé, ne laissez pas l'Evêque sous quelque prétexte que ce soit
interférer dans le processus ou prendre la charge de la propriété du monastère, acquérir ou
donner ou laisser acquérir. Nous lui interdisons aussi de célébrer des Liturgies publiques dans
un Couvent afin d'éviter que la retraite des Serviteurs de Dieu et leur lieu de refuge puisse par
quelque opportunité se trouver au concours de femmes, ce qui ne représenterait aucun
avantage pour leurs âmes. Ne le laissez pas non plus oser placer son siège épiscopal là ni
avoir pouvoir ou commandement ni y tenir d'ordination, même la plus ordinaire, à moins que
cela ne lui ait été demandé par l'Abbé du lieu."
Grégoire demeura dans son monastère trois ans durant puis fut ordonné par le Pape de Rome
Pélagius II comme un des sept Diacres de Rome en 578. Par tempérament, il était trop actif
30
pour la vie contemplative et cinq ans après s'être retiré des affaires publiques, il fut nommé
légat à Constantinople (579-585), un poste pour lequel il était bien préparé et qu'il remplit
avec grande distinction mais il demeura cependant en habits de Moine et transforma une
partie de son ambassade en monastère. C'était à l'époque où l'empire romain s'était reconstitué
avec son quartier général à Constantinople. Le Pape de Rome l'avait envoyé pour obtenir
l'aide de l'Empereur contre les Lombards; il n'y parvint pas.
En 586, Grégoire fut rappelé à Rome et devint Abbé de son monastère, tout en travaillant
comme secrétaire du Pape. Une histoire nous dit que Grégoire avait formé l'idée de partir luimême
prêcher l'Evangile en Angleterre et se serait mis en route mais aurait été rappelé à
Rome par son Pape suite à l'insistance du peuple quand la peste frappa la ville en 589-590.
Le Pape Pelagius contracta la maladie et s'endormit. Grégoire fut consacré Evêque et élu Pape
de Rome le 3 septembre 590 –en cela il était le premier Moine à tenir ce siège. On rapporte
que Grégoire tenta par tous les moyens possibles d'échapper à cette élection, écrivant même à
l'Empereur Maurice à Constantinople pour lui demander de ne pas donner sa confirmation
impériale. La lettre fut interceptée par le préfet de Rome et substituée par une autre du Sénat,
clergé et du peuple demandant la nomination de Grégoire. A l'arrivée de la réponse de
l'Empereur, le Saint s'enfuit de Rome. Puis il comprit qu'il ne pouvait pas refuser l'office avec
bonne conscience.
C'était une époque de famine, d'inondations et de peste et Grégoire appela à faire des Litanies,
des processions et des prières incessantes pour demander l'Aide de Dieu. Ces expressions de
la Foi furent récompensées par une rapide diminution des infestations. Durant une des
processions, Grégoire vit un Ange au-dessus de l'Arc d'Hadrien rengainer son épée au
fourreau –c'est de cette vision que Castel Sant'Angelo tire son nom.
Comme Patriarche de Rome, il devint la plus puissante personnalité d'Italie, l'Exarque de
Ravenne étant terne en comparaison de Grégoire. A ses côtés, l'Empereur occidental était une
piètre figure et bientôt la puissance de cette forte personnalité et son influence bienveillante se
fit ressentir en Europe. Les attaques des barbares avaient de plus accru l'importance de
l'Eglise parce qu'ils avaient détruit nombre de temples païens et chassé les familles
patriciennes qui conservaient l'ancienne religion d'Etat, hors de Rome.
En tant que prédicateur, il était très habile. Dans le domaine de la Liturgie, on prétend qu'il
introduisit le chant dit "grégorien"* (en réponse au chant congrégational et antiphoné que
Saint Ambroise avait introduit à Milan et qu'il considérait comme désinvolte et irrévérent) et
établit une école de choeur conjointe à un orphelinat. Il excella aussi en homme d'Etat. En
effet dans toutes les branches et aspects de la vie d'Eglise, il se montra à la fois ingénieux et
autoritaire et plus que tout autre, il donna sa forme et sa direction à l'Eglise médiévale. A cette
époque, on nous dit que le siège patriarcal de Rome se tenait en Europe occidentale comme un
phare dans la tempête.
* Ce qui est faux - cfr "Centre d'Etudes Grégoriennes de Metz" et leurs publications. Le chant dit "grégorien"
est d'origine de Metz et dû à Saint Chrodegang (+ 766) né à Liège et formé à l'Abbaye de Saint-Trond dans le
Limbourg belge avant de devenir Archevêque de ce grand siège. C'est pour en faciliter la diffusion qu'on lui en
attribua par la suite la paternité, ainsi rehaussée de son renom aux yeux des puissants Princes tout au moins,
tout comme pour la Liturgie byzantine et d'autres encore. Mais c'est à Metz au huitième siècle que cette
magnifique Liturgie est née : le "Cantilena Metensis" et non à Rome au sixième siècle.
Grégoire s'occupa personnellement des difficultés dues aux Lombards qui assiégèrent Rome
plusieurs fois durant son épiscopat et avec qui il négocia personnellement les traités. Ils
31
continuèrent à être sources de problèmes. En 593, il persuada les envahissants lombards
dirigés par Agilulf d'épargner Rome et il négocia la paix avec le roi lombard, un geste sans
précédent qui mit en pratique de côté l'autorité du représentant de l'Empereur de
Constantinople : l'Exarque de Ravenne. Grégoire fut responsable de tous les travaux de
relèvement dans les zones sinistrées, y compris l'affranchissement de ceux qui avaient été faits
esclaves. A cet effet Grégoire urgea les Evêques à ne pas hésiter d'aller jusqu'à vendre les
vases sacrés. Il parvint à conclure une trêve temporaire avec les Lombards en 603.
Il nomma les gouverneurs des cités italiennes, leur fournit du matériel de guerre et dénonça
les lourdes taxes imposées aux Italiens par les officiels constantinopolitains. C'est ici que se
situent les prémisses de l'exercice de l'autorité temporelle papale romaine qui lui fit perdre, à
terme, sa légitimité spirituelle comme surent la conserver les quatre autres Patriarcats de la
Chrétienté d'alors : Constantinople, Jérusalem, Alexandrie et Antioche.
Il eut à affronter nombre de troubles et eut fort peu de scrupules à utiliser la force séculière
pour gagner des adhérents à l'Eglise. La controverse donatiste refit surface en Afrique et
Grégoire fit appel à l'Empereur pour renforcer les lois pré-existantes contre leur culte. Il
encouragea les Rois francs aux méthodes coercitives pour amener leurs sujets à la Vraie Foi et
dans ses propres possessions en Italie, il ordonna qu'on force les manichéens à accepter le
Christianisme. D'un autre côté, il fut particulièrement tolérant envers les Juifs et urgea qu'on
ne les maltraite pas. Il alla si loin jusqu'à dire que dans le cas de Juifs, les conversions forcées
n'étaient jamais sincères.
Un des grands succès de l'époque fut la conversion du roi arien Reccared d'Espagne qui
renonça à son hérésie et se convertit à la Vraie Foi sous l'influence du plus grand ami de
Grégoire, Saint Léandre.
Grégoire utilisa le don du pallium [=omophore] comme une méthode pour étendre son
autorité. Originellement, c'était une écharpe donnée par les empereurs à leurs amis et officiers
qu'ils voulaient honorer particulièrement. Cela devint une manière pour les Papes de Rome et
les autres Patriarches de donner à distinguer un Métropolite [=Evêque métropolitain], bien
que dans certains cas des Evêques diocésains le reçurent aussi sans être Métropolites.
Bien que Grégoire retirât l'autorité des Evêques sur les Moines, il protégea et augmenta leurs
droits dans d'autres domaines. Il sépara le clergé des cours séculières et leur interdit de faire
appel aux tribunaux civils. Il refusa aussi les cadeaux annuels que les Evêques suffragants
apportaient traditionnellement à Rome ou tout paiement pour obtenir le pallium et abolit les
revenus cléricaux pour les funérailles et ordinations. Il restaura la discipline ecclésiastique,
démit de leurs fonctions les clercs indignes et fut d'une charité prodigieuse.
Mais le plus remarquable et le plus considérable fut sa vision missionnaire. Depuis longtemps
il voulait la conversion de l'Angleterre où la règle romaine s'était éteinte sous les ravages des
barbares et l'Eglise romano-britannique avait été repoussée dans les provinces des
Cornouailles, Pays de Galles et Cumbire pendant que les nouveaux Saxons et leurs royaumes
païens se levaient et rivalisaient entre eux jusqu'à ce que le Saint Roi Ethelbert de Kent
parvint à exercer l'autorité suprême sur presque tout le pays.
Avant de devenir Pape de Rome, Grégoire, en se promenant sur le marché de Rome, avait
remarqué les garçonnets saxons aux longs cheveux qui étaient en vente comme esclaves et il
avait fait son célèbre jeu de mot : "Pas des Angles mais des Anges!," ajoutant, toujours sur ton
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humoristique, "l'Alleluia sera chanté dans le pays d'Aella." Jusqu'à ce qu'il soit à même de
mener son plan d'évangélisation, il rachètera des jeunes garçons anglais sur le marché aux
esclaves pour leur donner une bonne éducation en vue de les renvoyer chez eux comme
Missionnaires.
Une magnifique occasion se présenta lorsque le Saint Roi Ethelbert de Kent épousa une
Princesse chrétienne, Berthe de Gaule. Elle avait été autorisée à emmener son chapelain avec
elle en Angleterre pour sa propre chapelle. Grégoire comprit l'occasion qui se présentait. Il
décida alors d'envoyer Saint Augustin (futur Evêque de Canterbury et non Saint Augustin
d'Hippone) ainsi qu'un petit groupe de Moines pour prêcher l'Evangile en ces terres. A
plusieurs reprises, les Moines, découragés, voulurent abandonner mais Grégoire les
encouragea sans cesse. Les Missionnaires aboutirent finalement sur l'Ile de Thanet en mai
597. Ethelbert les y reçut courtoisement et reçut même le Baptême. La mission ayant aboutit
avec succès, Augustin partit en Gaule pour se faire sacrer Evêque par le Métropolite d'Arles.
Quand des questions surgirent en Angleterre, Augustin écrivit à Grégoire. Une lettre concerne
le partage des offrandes parce qu'Augustin était un Moine vivant en communauté et
partageant tout en commun. La coutume normale était de partager toute offrande de manière
égale entre l'Evêque, le clergé, les pauvres et la paroisse pour son entretien. Puis il y eut la
question des pratiques liturgiques : fallait-il suivre celles de Rome ou celles des Gaules? La
réponse fut qu'Augustin devait s'adapter à ce qui convenait en fonction des lieux et
circonstances. Il y eut aussi des questions sur le mariage, les ordinations et la position des
Evêques. En toutes choses, Grégoire se montra un homme pragmatique, tempérant la loi par la
charité. Par exemple quand Augustin posa la question des ordinations épiscopales qui
demandaient au moins trois Evêques consacrant, Grégoire répondit que puisque Augustin était
le seul Evêque dans la région, il devait consacrer seul, à moins d'arriver à faire venir des
Evêques des Gaules.
Grégoire avait considéré l'Angleterre comme étant sous direction romaine. Il avait planifié
d'avoir un siège métropolitain à York et l'autre à Londres et chaque siège avec douze
suffragants. York n'aurait eu à dépendre de Londres que du vivant d'Augustin puis à sa
Naissance Céleste devenir indépendant. Grégoire ne semble pas avoir compris que les
Evêques pré-existants avait peu d'intérêt à convertir leurs envahisseurs anglo-saxons.
Grégoire écrivit aussi à Saint Mellitus de rappeler à Augustin de ne pas détruire les temples
païens mais plutôt de les aménager et consacrer à un usage chrétien.
Grégoire explique sa vision de la mission anglaise dans sa lettre au Pape Euloge
d'Alexandrie : "Pendant que la nation des Angles située dans un coin du monde demeurait
jusqu'à ce jour dans sa mécréance à adorer des piquets et des pierres, j'ai décidé, grâce à l'aide
de tes prières pour moi, d'y envoyer, Dieu permettant, un Moine de mon monastère afin d'y
prêcher. Et lui, ayant été fait avec mon autorisation Evêque des Evêques de Germanie,
procéda avec leur aide aussi jusqu'au bout du monde de cette nation et déjà des lettres nous
sont parvenues nous parlant de sa sécurité et de ses oeuvres au point que lui et ceux qui ont
été envoyés avec lui resplendissent de tant de grands Miracles dans la-dite nation qu'il semble
qu'ils imitent les puissances des Saints Apôtres dans les signes qu'ils montrent. De plus, lors
de la solennité de la Nativité du Seigneur qui eut lieu à la première indication, plus de dix
mille Angles furent signalés comme ayant été baptisés par notre même frère et confrère
Evêque."
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Durant toutes ses activités, Grégoire ne cessa jamais ses écrits –ses Homélies, ses célèbres
"Dialogues" et nombre d'autres écrits dont huit cents lettres et épîtres qui ont survécu. Les
Dialogues remplis de merveilles à propos de visions, prophéties, Miracles et vies de Moines et
de Saints d'Italie ont donné à son temps de Pieuses Lectures et lui ont imprimé les Vérités
essentielles de la religion.
Grégoire écrivit les Soins Pastoraux (Liber regulae pastoralis) afin d'expliquer sa position.
C'est un exposé sur les devoirs épiscopaux (le fait que ce soit un des premiers livres à avoir
été traduits en anglais atteste de son importance). En Gaule franque, il fut remis à chaque
Evêque lors de sa consécration. L'Empereur Maurice le fit traduire en grec afin qu'il puisse
être utilisé aussi en Orient. La majeure partie du livre explique comment un prédicateur
devrait adapter son enseignement afin de toucher chaque composante de la population.
Grégoire ne fut pas un penseur grand ou créatif mais plutôt comme les pragmatiques Romains
de son temps. La coutume de célébrer trente Liturgies successives pour les défunts porte son
nom. Elle provient de ses Dialogues (Livre 4, chap. 40) qui rapporte qu'un Moine nommé
Justus avait reçut trois pièces d'or qu'il avait conservées pour lui –une injure à la pauvreté.
L'or fut découvert et Justus excommunié. Peu après il mourut et fut ensevelit dans un sol non
consacré avec ses trois pièces d'or. Le temps répara le scandale et l'Abbé, ému de compassion
pour l'âme de Justus, fit offrir le Sacrifice Non-Sanglant trente matins d'affilée. Lorsque la
Liturgie du trentième jour se termina, Justus apparut à un frère appelé Copiosus, lui disant :
"Bénis Dieu, mon frère, ce jour je suis délivré et admis dans la compagnie des Saints."
Ce Pape romain est aussi considéré comme le géniteur de la Liturgie des Présanctifiés qui
continue à être célébrée dans l'Eglise orthodoxe durant les quarante jours de jeûne qui
précèdent Pâque. Il nous rapporte lui-même qu'il changea de place la Prière du Seigneur et
l'ajouta à la Prière de Consécration. Il ajouta aussi des demandes à la prière "Hanc igitur,"
apportant ainsi une touche finale au Canon romain.
Ses travaux furent immenses. Aucune tâche n'était trop grande, aucun service trop humble
pour ce Doué et Polymorphe Disciple du Christ qui aima à s'appeler lui-même "le serviteur
des Serviteurs de Dieu." Des nombreuses histoires qu'on raconte sur lui, il y a celle du
mendiant qui se présentant à répétition à la porte du monastère pour demander l'aumône et à
chaque fois Grégoire donna jusqu'au jour où il n'y eut plus d'argent; alors il lui donna un bijou
d'argent ("porringer") qu'il avait reçu de sa mère.
Comme Evêque de Rome, Grégoire continua la vie monastique autant que possible. Il
conserva les habitudes et vécut avec son clergé dans une stricte discipline. Devenu Patriarche
de Rome, il invitera chaque soir à sa table douze pauvres, un pour chaque disciple du
Seigneur. Une nuit, il en compta treize et appelant le serviteur, il lui demanda la raison. "Saint
Père," répondit le serviteur après avoir recompté, "tu fais erreur, ils ne sont que douze." Mais
Grégoire en comptait pourtant treize et après le repas, il appela son hôte non-présenté : "Qui
es-tu?" L'hôte répondit : "Je suis le pauvre homme que tu aidas et à travers Moi, tu obtiendras
toujours ce que tu demanderas à Dieu." Alors Grégoire connut qu'il avait nourri Notre
Seigneur.
Grégoire continua ses travaux apostoliques encore sept ans durant après avoir envoyé
Augustin en Angleterre. Sa fragilité s'accrut et il eut à terminer ses travaux au milieu des
intenses douleurs d'une crise de goutte chronique. Il s'affaiblit progressivement. Durant la
dernière partie de sa vie, il fut en proche correspondance avec la reine Théodolinda des
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Lombards qu'il tenta, elle et son peuple, à gagner au Christ. Son fils naquit et fut baptisé dans
l'Eglise juste avant la Naissance au Ciel de Grégoire. Durant sa dernière maladie, il lui écrivit
pour la féliciter pour la naissance de son fils.
Tropaire de Saint Grégoire le Dialogue. Ton 3
Tu répandis avec excellence la Parole de Dieu,/
étant doué de la discrétion du discours, Ô Hiérarque Grégoire :/
car par ta vie tu nous présentes les vertus,/
et irradies la lumière de la Sainteté./
Ô Juste Père, prie le Christ Notre Dieu qu'Il nous accorde Grande Miséricorde.
12 mars – 1 - 20 juillet *
SAINT JUSTE AARON LE PREMIER PRETRE (-1471 AV NSJC)
Frère de Moïse, il le soutint durant tout l'exode au Désert malgré une défaillance au jour du
veau d'or dans le massif de l'Horeb quand Dieu donna la Loi à Son Peuple. De la tribu de
Lévi, il fut le premier Grand-Prêtre des Hébreux et qui, peu à peu, pratiqua les rites de
l'Ancienne Alliance donnés par Dieu. Il fut enseveli au sommet de la montagne de Hor,
n'ayant pu entrer en Terre promise comme Moïse.
* Les deux dernières dates de commémorations sont peu avérées mais néanmoins suffisamment rencontrées pour
être respectées par votre transcripteur.
ou
Fils de Yokébed et Amram, tous deux issus de la tribu de Lévi, il naquit en Égypte en 1574
avant NSJC selon Ussérius, en 1728 avant NSJC selon L'art de vérifier les dates. Il prit part à
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tout ce que fit son frère pour délivrer les Hébreux du joug des pharaons et fut désigné de Dieu
pour exercer le sacerdoce, lui et toute sa postérité.
Lors de l'ascension du Mont Sinaï par Moïse pour recevoir les Tables de la Loi, les Hébreux
nouvellement libérés du joug du Pharaon pressèrent Aaron de leur construire une idole d'or,
en fondant les bracelets et colliers qu'ils avaient réussis à emmener avec eux. Il construisit
un veau d'or qu'ils adorèrent à l'imitation du taureau Apis qui était adoré en Égypte.
Lorsque Moïse descendit du Mont Sinaï et qu'il vit les Hébreux adorer une idole (chose
littéralement interdite par le troisième Commandement du Décalogue), il fut prit d'une colère
si grande qu'il fracassa les Tables de la Loi sur un rocher. Pour cette faute, Moïse fut
condamné à retourner au sommet du Mont Sinaï re-graver les Tables et surtout à passer sa vie
à chercher la Terre Promise sans jamais pouvoir la voir : il s'endormit après les quarante
années que le peuple d'Israël passa dans le Désert, au versant d'une dune qui cachait cette
Terre de lait et de miel.
Cependant Moïse pardonna à Aaron sa faute et il fut même élevé par son frère au rang
de Grand-Prêtre, charge qu'il fut le premier à exercer.
Orateur éloquent, il prenait ordinairement la parole à la place de Moïse. Il s'endormit à l'âge
de cent vingt-trois ans sur le Mont Hor (Nombres 33:39) et ne put entrer dans la Terre
Promise parce qu'il avait douté de la Puissance de Dieu. Il fut pleuré par tous, hommes et
femmes alors que la Torah ne mentionne que les seuls hommes à avoir pleuré Moïse. Il s'agit
là sans doute d'une façon de mettre en exergue la popularité dont jouissait Aaron.
Il eut pour fils Nadab, Abihu, Eléazar et Ithamar de sa femme Élischéba (Élisabeth).
Note du transcripteur
Le lien proposé est non seulement catholique romain mais moderniste en plein; pardonnezmoi
: avant de trouver le temps de reprendre les références depuis la version de la Bible que
nous utilisons d'habitude en français (Segond), voici en attendant ce lien :
http://www.aelf.org/bible/search?query=Aaron&commit.x=0&commit.y=0
OK SAINT MARTYR MAXIMILIEN A TEBESSA (+295)
C'est sous le consulat de Tuscus et d'Anulin que Fabius Victor fut amené le 12 mars à
Théveste en Numidie devant le proconsul d'Afrique Dion Cassius, avec son fils Maximilien.
Le père était préposé à la levée des nouvelles recrues et Maximilien, son fils, déclarait qu'en
sa qualité de Chrétien, il ne lui était pas permis de servir comme soldat.
Vainement, Dion Cassius insista mais le jeune homme répondait, invariablement : "Je ne serai
point soldat, je ne combattrai pas pour le siècle, je suis le Soldat de Mon Dieu!" Et encore :
"Je ne reçois point de marque du siècle; si l'on m'impose le signe de l'empereur, je le briserai
car pour moi, il est sans valeur. Je suis Chrétien. Il ne m'est pas permis de porter au cou la
bulle de plomb, moi qui porte déjà le Signe Sacré du Christ, Fils du Dieu Vivant. C'est Lui
Que nous servons, nous tous Chrétiens, c'est Lui Que nous suivons car Il est le Prince de la
Vie, l'Auteur du Salut." Finalement, le proconsul fit effacer sur les tablettes le nom de
Maximilien et il ajouta : "Puisque d'une âme insoumise tu as refusé le service militaire, tu
encourras la sentence de mort qui servira d'exemple aux autres." "Grâces soient rendues à
Dieu," répondit Maximilien.
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Ce jeune homme était âgé de vingt et un ans, trois mois et dix-huit jours. Comme on le
conduisait au supplice, il dit aux Chrétiens qui l'entouraient : "Frères bien-aimés, de toutes
vos forces et de toute l'ardeur de vos désirs, hâtez-vous afin d'obtenir de voir Dieu et de
mériter une Semblable Couronne." Et le visage tout rayonnant de joie, il ajouta en se tournant
vers son père : "Donne au soldat qui va me frapper le vêtement neuf que tu m'avais préparé
pour la milice. Que les fruits de cette bonne oeuvre se multiplient pour toi au centuple et que
je puisse bientôt te recevoir au Ciel. Tous deux, nous nous glorifierons dans le Seigneur."
Il fut aussitôt décapité. Une matrone nommée Pompéiana obtint du juge le corps du Martyr;
elle le plaça sur sa litière, le transporta à Carthage où il fut ensesveli sous un monticule auprès
du Martyr Cyprien. Treize jours après, Pompéiana s’endormit et fut ensevelie dans le même
lieu. Quant à Victor, père de Maximilien, il rentra plein de joie dans sa maison, remerciant
Dieu de lui avoir permis d'envoyer un tel présent au Ciel. Il ne devait pas tarder à le suivre.
SAINT EVEQUE PAUL (OU POL, PAUL AURELIAN) DE LEON (+ 575)
Paul, surnommé Aurélien, naquit en 492 (ou 480) en Grande-Bretagne dans la province de
Penohen. Son père voulut l'exercer au maniement des armes mais constatant en lui des attraits
pour la vie monastique, il le plaça à Llan Iltud, Monastère d'Iltud, disciple de Saint Germain
d'Auxerre. Paul y rencontra d'autres futurs grands Saints : le futur Evêque David de Menevia,
le futur Evêque Samson de Dol et Gildas le Sage qui devait fonder Rhuys.
A seize ans, Paul demanda la permission de mener la vie d'Anachorète et passa un bon
nombre d'années dans la solitude jusqu'au moment où il reçut la prêtrise. Il devint alors le chef
d'un Monastère de douze Prêtres. Un Roi de Cambrie voulut lui confier le gouvernement
spirituel de son peuple, Paul s'y refusa et comme le Roi insistait pour lui faire accepter
l'épiscopat, il se détermina à passer la mer pour aborder en Armorique (vers 512) avec ses
douze Prêtres. Après divers séjours dans l'Île d'Ouessant dans la région de Telmedou ils
arrivèrent dans le pays de Léon. Le Comte Withur lui donna l'Île de Batz et une forteresse
romaine en ruines sur le continent. Paul établit dans l'île son monastère principal et dans la
forteresse, appelée depuis Castel Paul, il eut une succursale de Prêtres dont l'oeuvre fut
d'extirper le paganisme de la région. Ne pouvant lui faire accepter la dignité épiscopale, le
Comte Withur le chargea d'un message auprès du Roi Childebert : dans une lettre que le
Comte adressait au Roi, il le priait de renvoyer Paul avec la dignité d'Evêque de Léon.
Childebert, entrant dans ces vues, reprocha au Missionnaire son avarice, son défaut de charité.
Paul, prenant ces reproches au sérieux, finit par se déclarer prêt à toutes les satisfactions,
"Alors," lui dit le Roi, "tu accepteras l'épiscopat."
Childebert mandant trois Evêques qui se trouvaient de passage à Paris, fit donner à Paul la
consécration épiscopale avec juridiction sur tout le territoire de Léon. Le nouvel Evêque
maintint dans l'Île de Batz son principal monastère mais dut placer le siège de son évêché sur
le continent à Castel Paul (aujourd'hui Saint-Pol-de-Léon). Apôtre, il détruisit les sanctuaires
et simulacres issus de la superstition, convertit ce qui restait de païens. Fondateur d'églises, il
organisa le service religieux, construisant sanctuaires et monastères.
Quelques années avant la fin du règne de Judual de Domnonée, Paul-Aurélien, très vieux et
très fatigué, songea à se faire remplacer dans ses fonctions d'Evêque; deux suppléants qu'il
choisit dans ce dessein s'endormirent en peu de temps. Il nomma alors pour lui succéder un
autre de ses disciples nommé Ketomeren. Puis il se retira en son Monastère de l'Île de Batz et
s'y endormit dans un âge très avancé entre 572 et 573.
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En 884, les Vénérables Reliques de Saint Paul n'avaient pas encore été levées de terre;
l'Evêque Mabbon les transféra vers 954 à Fleury-sur-Loire. Quand ce monastère fut pillé par
les calvinistes, il est probable que la plupart de ces Précieuses Reliques furent livrées aux
flammes. Des souvenirs conservés à l'Île de Batz sont conservés à Saint-Pol-de-Léon.
ou
Né en Cornouailles, la "vita" de Saint Paul a été rédigée en 884 par un Moine de Landevennec
en Bretagne appelé Wrmonoc. C'est l'une des rares écrites sur un Saint celte britannique avant
le Moyen-Âge tardif.
Saint Paul était un noble Breton, cousin de Saint Samson et son condisciple chez Saint Illtyd.
Il fut instruit à Llantwit avec Saints David et Gildas. Nous avons besoin d'aucune autre preuve
de sa ferveur et ses merveilleux progrès dans la vertu et tous les exercices d'une vie
monastique que le témoignage d'Illtyd, au conseil duquel Paul quitta le monastère pour
embrasser une vie d'Ermite plus parfaite.
Peu après, notre Saint s'en alla, passant des Cornouailles en Armorique et y reprenant la
même vie érémitique et austère sur l'Île Caldey, sur la côte des Osimians, un peuple barbare et
idolâtre d'Armorique ou "Petite Bretagne." La prière et la Contemplation étaient ses seules
activités et du pain et de l'eau sa seule nourriture, sauf aux grandes fêtes, auquel cas il
rajoutait à son pain quelques petits poissons. Le Saint, peiné de l'aveuglément endurci des
populations païennes locales, est parti avec douze compagnons en Bretagne et les a instruits
dans la Foi. Withur, le Compte ou le gouverneur de Bas et toute cette côte, appuyé par le Roi
Childebert, manigança son sacre épiscopal en dépit de ses larmes pour le refuser. Son siège
épiscopal porte présent son nom, Saint-Pol-de-Léon.
Le Comte Withur qui résidait dans l'Îlot de Bas (Ouessant) accorda sa propre maison au Saint
afin d'être transformée en monastère et Saint Paul y a placés certains des Moines fervents qui
l'avaient accompagné du Pays de Galles et de la Cornouailles. Il s'était entièrement revêtu de
sa charge pastorale; son assiduité à les accomplir n'avait d'égal que les appréhensions qu'il en
éprouvait. Quand il eut terminé la conversion de ce pays, il démissionna de son épiscopat et
l'a remis à un disciple et s'est retiré dans l'Îlot de Batz où rendit son âme à Dieu dans la Sainte
solitude à l'âge de presque cent ans.
Pendant les invasions normandes, ses Saintes Reliques furent emportées à l'Abbaye de Fleury
ou à Saint Benet sur la Loire mais ont été perdues quand les hérétiques adeptes de Calvin
pillèrent cette église. L'histoire rapportée par Wrmonoc est pleine de détails légendaires mais
il ne fait aucun doute que Paul était un évangélisateur puissant dans le Finistère. La "vita"
incorpore quelques traditions galloises et d'origine celte et il y a des traces considérables du
Saint dans le Pays de Galles où comme en Bretagne, il parfois a été appelé Paulinus. L'église
ancienne au village de Paul, près de Penzance, est dédiée en honneur de Pol de Léon. Dans
l'ancien bréviaire de Léon, sa fête est au 10 octobre, peut-être le jour de la Translation de ses
Précieuses Reliques. Mais dans l'ancien bréviaire de Nantes et la plupart des autres, il est
honoré le 12 mars.
ou
Comme le nom de Constantine, ce Saint nous rappelle comment l'influence de l'occupation
romaine a duré après que les légions avaient quitté la Grande-Bretagne. Paul est né à
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Genychen dans l'Est du Glamorgan en l'année 480, d'une famille romano-britannique. Son
père Porphius était un "officier de haute dignité." Il a été envoyé pour être instruit par Saint
Illtyd, d'abord sur l'Île de Caldy et ensuite au célèbre Monastère de Llantwit Major, ayant
David, Samson et Gildas parmi ses compagnons étudiants. Il a appris non seulement dans les
livres mais aussi le travail manuel qui était prévu pour toute la communauté et comprenait le
gain de terres fertiles par l'endigage de la River Severn.
Encore relativement jeune, il partit s'établir un ermitage où il fut rejoint par une douzaine
d'autres jeunes hommes qui le considérèrent comme leur supérieur et y fut ordonné Prêtre par
Saint Dyfrig. Un Roi local appelé Mark essaya de le persuader de devenir Evêque pour son
peuple qui était d'origines diverses et où on "parlait quatre langues" mais il déclina ce
ministère. Après s'être disputé avec le Roi qui refusait de lui rendre une de ses sept cloches, il
partit en Cornouailles.
La soeur de Paul, Sitafolia, avait établi un couvent près de Penzance, probablement à Newlyn
et [note : où au lieu de et?] il se construisit une église dans la paroisse qui porte son nom et
dans laquelle on trouve deux anciennes Croix celtiques dont une dans le mur de l'église qui
soutient la deuxième plus haute tour de Cornouailles. Une tradition rapporte que la
communauté de sa soeur fut menacée par les empiètements au bord de la mer. Ils marquèrent
ensemble le tracé à marée basse avec des cailloux et à ses prières, les cailloux grandirent en
rochers qui empêchèrent une plus ample érosion de la terre.
Un peu plus tard, Paul a migré vers la Bretagne. Arrivé sur l'Île d'Ouessant à un endroit appelé
Porzpol, il édifia en un lieu toujours appelé Lampol un monastère consistant en une petite
église et treize huttes de gazon et de pierre. Il n'est pas resté longtemps sur l'île mais il fonda
un autre centre monastique sur le continent à Lampaul Plondalmezon où ses Moines ont
christianisé une partie des menhirs païens en y taillant des Croix.
Cependant Paul n'était toujours pas satisfait; il sentait qu'il avait besoin de l'appui de l'autorité
civile et il alla à la recherche du chef de Léon qui s'est avéré être parent de Gwent, Withur, un
Chrétien fervent habitant alors l'Île de Batz. Quand Paul arriva chez lui, il venait juste de
terminer la retranscription d'une copie des Evangiles. Il la lui donna avec une cloche qui lui
avait été refusée par le Roi au Pays de Galles. On rapporte que le Saint Abbé aurait délivré
l'Île de Batz d'un affreux serpent ou un dragon monstrueux qui terrorisait les habitants et un
trou dans l'île est toujours montré comme étant sa tanière.
Withur céda des terres à Paul sur l'Île de Batz ainsi que la ville romaine ruinée d'Ocismor où il
édifia sa fondation principale connue de nos jours comme Saint-Pol-de-Léon. Withur
s'aperçut que le rang d'Abbé reconnu chez les Britanniques ne l'était pas chez les Gaulois et il
manoeuvra afin d'obtenir la consécration épiscopale à Paul en l'envoyant en mission vers le
Roi Childebert des Francs et c'est ainsi qu'il devint le premier Evêque diocésain de cette partie
de Bretagne. Avec ses Moines, l'Evêque entama le travail d'évangélisation de la population
locale, presque totalement païenne.
En 526, Saint Paul démissionne de son siège en faveur de son neveu Joerin et se retire à Batz
où il reçut la visite de Saint Brendan. Vingt ans après, il reprend sa charge épiscopale en
raison d'un changement de direction dans le pays, à la suite d'une grande bataille à Gerber où
il construit une autre abbaye maintenant appelée Le Relecq en raison du grand nombre d'os de
victimes. Il demeura peu de temps Evêque avant de démissionner à nouveau et il se retira à
Batz où il s’endormit dans le Seigneur vers environ 580, âgé de plus de cent ans. Son corps
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est enchâssé dans la vieille Cathédrale à Saint Pol de Léon où sa cloche est conservée et on
peut voir son siège à Batz
SAINT ROI DEMETRIUS II DE GEORGIE L'AUTOSACRIFIE (+1289)
The Holy Nobleborn Gruzinian Emperor Demetrios the Second, called the Self-Sacrificed by
the people, was descended from the Bagratid dynasty and was the son of the emperor David V
(+ 1269). The Emperor Demetrios exerted much effort in the enlightening and peaceful
prospering of his land. During his reign were annexed the Armenian provinces adjacent to it,
which roused the displeasure of neighbouring Persia. But thanks to the wise actions of Saint
Demetrios II, rendered in a series of services to the Persian sultan Akhmed, a clash with
Persia was successfully averted over the course of some several years.
The new Persian sultan Argun, however, heeding the complaints of his court Jewish
physician, conceived a strong hatred within him towards the Orthodox Emperor Demetrios,
and he set out with a large army to the borders of Gruzia. Sultan Argun set up his
encampment on the Mugan plain. Holy Emperor Demetrios, wanting to save his land from
being overrun with devastation, came himself into the camp of the enemy and attempted to
assure him of his peaceful intentions.
The sultan in an uncontrollable rage offered the Saint a choice – death or the despoiling of
Iveria. Saint Demetrios answered the tyrant: "I shalt sacrifice my life for the welfare of my
subjects." Saint Demetrios was executed (+ 1289). The Gruzian and Armenian historians
relate, that several hours after the martyr's end of Saint Demetrios the sun suddenly darkened
and terror overcame sultan Argun and his army. The Persians in fear quit Gruzia, without
wreaking ruin upon it. "The memory of holy emperor Demetrios, named the Self-Sacrificed
by the Iverians, is revered as holy in the land, which he did save from the tyrant by the
sacrifice of his own life."
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SAINT CATHOLICOS KIRION II DE GEORGIE
SAINT EVEQUE ALPHEGE (OU AELPHEGE) L'ANCIEN DE WINCHESTER ET
CONFESSEUR (+ 951)
Issu d'une des grandes familles d'Angleterre, Elphège devint d'abord Moine et puis succéda en
935 à Saint Birstan sur le siège de Winchester. Il discerna dans le jeune Dunstan son parent
qui vivait à la cour, une des gloires futures de l'Eglise et l'engagea à se donner à Dieu. Il rendit
son âme au Seigneur le 12 mars 951.
SAINT GRAND PRÊTRE PHINÉES (-1500 AVANT NSJC)
Phinées, fils d'Eléazar et petit-fils d'Aaron, donna une preuve de sou zèle pour la Loi de Dieu.
L'année où s'endormit son grand-père, la quarantième année après la sortie d'Egypte, ayant
surpris une Madianite et un Israélite en faute, il les mit à mort dans l'accomplissement de leur
acte criminel. Le Seigneur en témoigna sa satisfaction à Moïse comme d'une action qui
détournait sa colère (Nombres, 25, 7). Un peu plus tard, Moïse voulant sur l'Ordre de Dieu
exterminer les Madianites, fit lever une armée et en donna le commandement à Phinées
(Nombres., 31, 6). Lorsque les tribus qui avaient reçu en partage la partie au-delà du Jourdain,
voulurent dresser un Autel sur le bord du fleuve avant de quitter le pays de Chanaan, on leur
députa le Prêtre Phinées qui leur demanda pourquoi dresser ainsi un Autel sacrilège. Ils
présentèrent leurs excuses en disant qu'ils avaient voulu seulement élever un mémorial de leur
union avec leurs frères.
Phinées retourna rendre compte de sa mission et l'accord se fit entre toutes les tribus (Josué, c.
22). A l'Endormissement d'Eléazar, Phinées lui succéda comme Grand Prêtre; il vivait encore
lorsque arriva la guerre des tribus contre les fils de Benjamin (Juges., 20, 28). Il résidait à Silo
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dans la tribu d'Ephraïm, près du Tabernacle et de l'Arche d'Alliance. L'Écriture Sainte ne
donne aucun détail sur son pontificat; elle marque seulement qu'il eut un fils nommé Abisué.
St Nicodème de Mammola en Calabre-St Paul, originaire de Cornouailles / Cornwall ou du
pays de Galles, premier Evêque du Léon en Bretagne et un des sept Sts fondateurs de la
Bretagne (575).-Le juste Phines, petit-fils d'Aaron, mort en paix (vers le XIIème siècle avant
NSJC). -St Maximilien, martyr à Tebessa dans l'actuelle Algérie sous Dioclétien (295). -St
Grégoire Ier le Dialogue, pape et Patriarche de Rome (590-604), biographe de St Benoît de
Nursie, organisateur de la mission en Angleterre et qui condamna d'avance les prétentions de
ses successeurs (604). -St Pierre, Diacre et disciple de St Grégoire Dialogue (605). -St
Laurent, un des 300 martyrs dits "les Allemands" morts par la main des Musulmans sur l'Île
de Chypre (fin du VIIème siècle).-St Alphege le Chauve l'Evêque de Winchester en
Angleterre (951).-St Nicodeme, disciple de St Fantin, solitaire à Mammola en Calabre (990). -
St Demetre le Sacrifié le roi de Géorgie, martyr (1289). -St Theoctiste Dragoutine (Serbie,
1316). -St Nicephore, Prêtre, martyr à Caffa en Crimée (1730). -Sts Jean, Prêtre et Vladimir,
Moine, martyrs (Russie 1938).
L'ICONE DE LA MERE DE DIEU "DE LYDDA" ("LIDSKAÏA"), SUR UN PILIER A
LYDDA (AUJOURD'HUI LOD) EN PALESTINE (1°.S.) 12 mars – 26 juin
The Lydda Not-Wrought-by-Hand Icon of the Mother of God (in Lydda on a Pillar): When
the holy Apostles Peter (Comm. 29 June and 16 January) and John the Theologian (Comm. 8
May and 26 September) preached about the Lord Jesus Christ in the city of Lydda (afterwards
Diospolis), not far from Jerusalem, a church in the name of the MostHoly Mother of God
were made there for the newly-converted. Having journeyed to Jerusalem, the apostles
besought the Mother of God to visit it and by Her presence to consecrate and bless the church.
The All-Pure Virgin replied: "Go in peace, I shalt there be with ye." Entering into the church,
they beheld the beautiful and wondrous Not-Wrought-by-Hand Image of the MostHoly
Mother of God. Later on, the Mother of God Herself visited the Lydda church and bestowed
upon the image Her especial grace and power.
During the time of the rule of the emperor Julian the Apostate (361-363) there occurred at
Lydda a new Miracle. Stone-masons were despatched into the church to destroy the
wonderworking image. However, as they attempted to chip away at the image, it would not
disappear, but rather receded more and more within the column. News of the graced image
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spread throughout all the world. A copy was made from it, which was conveyed to Rome and
which likewise received miraculous power (Comm. 26 June).
There existed also another Lydda Not-Wrought-by-Hand Image of the Mother of God. It was
situated in a church built at Lydda by Aeneas, who had been healed by the Apostle Peter
(Acts 9: 32-35). When the pagans and the Jews wanted to take this church away from the
Christians, the governor gave orders that the church be locked up for three days, until some
sign should appear for resolving the dispute. And when they opened the church three days
later, they saw within it the Not-Wrought-by-Hand Image of the Mother of God.
Three of the Eastern Patriarchs (from Jerusalem, Antrioch and Alexandria) wrote about both
of the Not-Wrought-by-Hand Lydda icons in a Letter to the Iconoclast emperor Theophilos
(829-842). The emperor Constantine Porphyrogenitos (912-959) spoke about the Letter in an
historical account about the Not-Wrought-by-Hand Image of the Saviour at Edessa (Comm.
16 August).
Lecture de l’Epître
Heb VII : 26-VIII : 2
7.26 Il nous convenait, en effet, d'avoir un souverain sacrificateur comme lui, saint, innocent,
sans tache, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux, 7.27 qui n'a pas besoin, comme les
souverains sacrificateurs, d'offrir chaque jour des sacrifices, d'abord pour ses propres péchés,
ensuite pour ceux du peuple, -car ceci, il l'a fait une fois pour toutes en s'offrant lui-même. 7.28
En effet, la loi établit souverains sacrificateurs des hommes sujets à la faiblesse; mais la
parole du serment qui a été fait après la loi établit le Fils, qui est parfait pour l'éternité.
8.1 Le point capital de ce qui vient d'être dit, c'est que nous avons un tel souverain sacrificateur,
qui s'est assis à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux, 8.2 comme ministre du
sanctuaire et du véritable tabernacle, qui a été dressé par le Seigneur et non par un homme.
Lecture de l’Evangile
Luc VI : 17-23
6.17 Il descendit avec eux, et s'arrêta sur un plateau, où se trouvaient une foule de ses disciples
et une multitude de peuple de toute la Judée, de Jérusalem, et de la contrée maritime de Tyr et
de Sidon. Ils étaient venus pour l'entendre, et pour être guéris de leurs maladies. 6.18 Ceux qui
étaient tourmentés par des esprits impurs étaient guéris. 6.19 Et toute la foule cherchait à le
toucher, parce qu'une force sortait de lui et les guérissait tous.
6.20 Alors Jésus, levant les yeux sur ses disciples, dit: Heureux vous qui êtes pauvres, car le
royaume de Dieu est à vous! 6.21 Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez
rassasiés! Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous serez dans la joie! 6.22 Heureux
serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu'on vous chassera, vous outragera, et
qu'on rejettera votre nom comme infâme, à cause du Fils de l'homme! 6.23 Réjouissez-vous en
ce jour-là et tressaillez d'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans le ciel; car
c'est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.
REFLEXION - Personne, pas même le Seigneur Lui-même, ne sait facilement instruire
l'orgueilleux. Personne ne veut donner de l'instruction à quelqu'un qui crie qu'il sait tout. "Car
grande est la Puissance de Dieu; Il est glorifié par l'Humble" dit le sage Sirac (Livre de
l'Ecclesiastique - Ben Sirac / Siracide 3,19). David dit aussi de Dieu : "Il guide l'Humble dans
la Justice, Il enseigne à l'Humble Sa Voie" (Psaume 25,9). La personne fière est celle qui veut
enseigner tout le monde mais ne veut être enseignée sur rien par qui que ce soit. L'humble est
celui qui ne veut enseigner personne mais continuellement souhaite être enseigné, peu importe
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par qui. Un épi vide de blé se dresse au-dessus du champ, tandis que l'épi chargé de grains
courbe sous le poids la tête vers le bas. Ô homme fier, si seulement ton Ange Gardien pouvait
ôter le voile de tes yeux et te montrer la mer sans fin de tout ce que tu ne sais pas, tu plierais
le genou devant chaque homme en face de qui tu as été fier et tu plierais le genou devant
chaque homme que tu as amoindri. Tu hurlerais en te lamentant : "Pardonne-moi, pardonnemoi!
Je ne sais rien!" Souvent, le temps de sa mort est révélé à l'Humble et au Pieux mais la
mort du fier arrive inattendue, sans avertir. Saint Grégoire le Grand parle d'un Evêque Carpus
qui célébrait chaque jour la Divine Liturgie et soudain quelqu'un de l'autre monde lui apparut
et dit : "Continue à faire ce que tu fais en me servant et puissent tes jambes ne jamais se
fatiguer ni tes mains s'affaiblir. Lors de la Fête de la Dormition de la Mère de Dieu, tu
viendras à Moi et Je te donnerai ta récompense dans Mon Royaume Céleste, réuni à tous ceux
pour qui tu as prié aux Divins Offices." Un an plus tard, durant la Fête de la Dormition,
l'Evêque Carpus célébrait la Divine Liturgie de Dieu, sollicita le pardon de ses Prêtres et
rendit son âme à Dieu. Sa face était radieuse comme le soleil.
HOMELIE - A nouveau concernant la Seconde Venue du Christ
"Et toutes les nations se rassembleront devant Lui" (Saint Matthieu 25,32).
Toutes les nations seront rassemblées devant le Seigneur Jésus-Christ lorsqu'Il paraîtra dans
Sa Gloire entouré de Ses Saints Anges, assis sur un trône en tant que Juge de tout ce qui vit et
tout ce qui est mort. "Toutes les nations seront rassemblées," toutes, sans exception. Pas
seulement les Juifs qui L'ont tourmenté ni seulement les Chrétiens qui L'ont glorifié mais
aussi les païens qui ne L'ont pas connu, ne L'ont pas accepté. Car s'Il n'est pas apparu à toutes
les nations, Il a envoyé quelqu'un à toutes les nations ou Il a donné quelque chose pour leur
permettre de connaître la Volonté de Dieu et pour l'Amour du Salut. C'est pourquoi toutes les
nations doivent paraître devant Lui pour être jugées. Ô quel terrifiant et majestueux spectacle
lorsque toutes les nations et toutes les tribus de la terre seront rassemblées devant le Seigneur
Qui est plus lumineux que d'innombrables soleils. Quelle joie pour les Saints Martyrs et
Confesseurs lorsqu'ils verront comment, parmi cette masse incalculable de nations, on ne
trouvera plus une langue à refuser de reconnaître la Divinité du Seigneur Jésus-Christ! Mais
cela ne servira à rien à qui que ce soit en ce lieu et en cette heure de reconnaître et de
confesser la Divinité de Notre Grand Seigneur, s'il L'a renié sur terre. C'est là et alors que les
comptes seront établis, ni gain ni perte. Celui qui paraîtra devant le Seigneur avec quoi que ce
soit, sera ou condamné ou justifié.
C'est maintenant le moment de reconnaître la Divinité du Seigneur Jésus-Christ, maintenant
alors que nombre Le renient et que Sa Divinité est mise en doute par beaucoup. Ceux qui
aiment le Seigneur et qui font confiance en toutes Ses Paroles reconnaîtrons facilement ceci.
Car lorsqu'Il dit ceci, c'est à propos de ce que font ceux qui L'aiment, de ce dont ils doivent se
soucier, de quoi douter ou face à quoi hésiter.
Ô Seigneur, Jésus-Christ, Notre Dieu, fais-nous Miséricorde!
A Toi soit la Gloire et la reconnaissance, à jamais. Amin.
Saint Nicolas Velimirovitch l'Evêque d'Ochrid, Serbie (+ 05 mars 1958), rescapé de Dachau puis des
persécutions communistes, auteur du Synaxaire "Prologue d'Ochrid."
Cycle mobile (Pascalion): Dimanche de la Quatrième Semaine du Grand Carême,
Dimanche de Saint Jean Climaque
MEMOIRE DE NOTRE VENERABLE PERE THEOPHORE JEAN LE SINAITE,
SURNOMME CLIMAQUE (+649)
Tu mortifiais la chair, Saint Jean, de ton vivant
et bien que tu paraisses sans vie maintenant,
tu vis éternellement.
L'Echelle où tu décris la montée vers les Cieux
annonce de ton âme le retour à Dieu.
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SAINT VENERABLE PERE THEOPHORE JEAN LE SINAITE, SURNOMME
CLIMAQUE (+649) 4ème Dim. du Gd. Carême – 30 mars
Il venait de Palestine quand il se rendit au Monastère Sainte Catherine du Sinaï. Il avait seize
ans et il y restera dix-neuf sous la direction d'un Moine Vénérable qui lui apprend la vie
parfaite. Un jour, ce dernier l'emmène auprès d'Abba Jean le Sabaïte, Ascète respecté. Celuici
verse de l'eau dans un bassin et lave les pieds de Jean et non pas du Vénérable Vieillard.
Interrogé pourquoi, Jean le Sabaïte répond : "J'ai lavé les pieds de l'Higoumène du Sinaï." La
prophétie devait se réaliser quelques décennies plus tard. En attendant, son maître s'étant
endormi, Jean se retire au Désert durant quarante ans. Il ne refuse jamais de donner quelques
conseils et quelques enseignements quand on vient le trouver. Des envieux le traitant de
bavard, Jean comprend qu'on enseigne plus par les oeuvres que par les paroles. Il rentre alors
dans le silence. On devra le supplier de reprendre ses enseignements, ce qu'il fera par
miséricorde. Après avoir longuement visité les monastères de l'Égypte, il revient au Sinaï et
c'est à ce moment qu'il est élu Higoumène du Monastère Sainte Catherine. Vers la fin de sa
vie, on lui demande de rédiger "L'Echelle Sainte" (en grec "klimax," d'où son nom) qui
résume l'expérience spirituelle des trois premiers siècles du monachisme. "Ne cherche pas à
beaucoup parler quand tu pries, de peur que ton esprit ne se distraie à chercher les mots."
disait-il souvent. Ce livre est une véritable somme de la spiritualité monastique et lui donna
dans l'Eglise orthodoxe la première place parmi les docteurs mystiques. Son échelle devint si
populaire que le Tsar Ivan le Grand en fit un clocher au Kremlin de Moscou pour rappeler aux
hôtes du palais qu'eux aussi ont une destinée surnaturelle.
ou
Alors qu'il était âgé de seize ans et qu'il avait l'esprit vif, il s'offrit à Dieu en victime sacrée,
gravissant la montagne du Sinaï. Après dix-neuf ans passés dans ce Monastère, il le quitta
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pour le stade des Hésychastes : à cinq milles de la palestre où s'exerça l'Anachorète Cyriaque,
il fixa sa demeure au lieu-dit Tholâs. Il y passa quarante ans dans un ardent amour,
constamment embrasé par le feu de l'Amour Divin. Il mangeait de tout ce que lui permettait la
Règle (et en cela il brisait très sagement l'aiguillon de l'orgueil) mais il le faisait en toute
frugalité et non jusqu'à satiété. Et le flot de ses larmes qui pourrait le décrire? Le sommeil, il
en prenait juste assez pour ne pas gâcher par l'insomnie les facultés de son esprit. Le cours de
sa vie, c'était la prière continue et un Amour de Dieu sans pareil. Ayant par toutes ces vertus
mené une vie agréable à Dieu, ayant écrit l'Echelle, rédigé ses enseignements et rejoint la
plénitude de la Bonté, il s'endormit dignement dans le Seigneur, l'an six cent-trois, à l'âge de
quatre-vingts ans, laissant beaucoup d'autres écrits.
ou
Jean que l'on surnomma le Scholastique, à cause de sa science éminente ou le Sinaïte à cause
de son séjour sur le Sinaï, est plus communément connu sous le surnom de Climaque, en
raison de son traité qui a pour titre "L'échelle du paradis" (échelle en grec = klimax).
On ignore l'époque et le lieu de sa naissance. D'après F. Nau qui place l’endormissement de
Jean après 649, on aurait la naissance en 579. Les écrits qu'il a laissés ont donné à penser que
Jean reçut une belle éducation par les soins de Pieux Parents. A seize ans, le jeune homme alla
se présenter au Mont Sinaï voulant faire l'apprentissage de la solitude, il accepta de se laisser
guider par un Saint Ancien nommé Martyre. Il employa quatre années à s'instruire et à
s'éprouver avant de se consacrer à Dieu par la profession monastique. Satisfait des progrès de
son disciple, Martyre le présenta un jour à l'Anachorète Anastase qui devait devenir Patriarche
d'Antioche. Celui-ci comme éclairé d'une lumière prophétique, dit au maître : "Qui aurait cru,
Abba que tu eusses consacré à Dieu un futur Higoumène du Mont-Sinaï?"
Pendant dix-neuf ans, Jean s'exerça avec une simplicité admirable dans la pratique fidèle de
l'obéissance. A l’endormissement de Martyre, il se proposa d'embrasser la vie des
Anachorètes : il ne voulut pas cependant s'y décider par lui-même et consulta à ce sujet un
autre Ancien qui donna son assentiment à ce projet. Jean descendit alors au bas de la
Montagne du Sinaï et se retira dans une solitude au bas de la plaine. Sa cellule était éloignée
de l'église d'environ deux lieues. Les samedis et dimanches, il se rendait à l'église pour
participer à l'Office et communier avec les autres Anachorètes. Il consacrait les autres jours de
la semaine successivement à la prière, au travail des mains et à la méditation; il mangeait peu
les aliments que sa profession lui permettait. Dieu lui accorda le don de prières et celui des
larmes.
Bientôt, de disciple, il devint maître en matière d'ascétisme. Un Anachorète du nom de Moïse
lui fit demander s'il l'acceptait comme disciple. Jean crut devoir céder aux instances qui lui
étaient faites. Il était déjà dans un âge avancé quand les Moines du Sinaï le choisirent pour
Higoumène; il dut se faire violence pour céder à leurs désirs et leur apporter ses
enseignements. C'est alors qu'un autre Jean, Higoumène de Raïthe, monastère situé à quelques
lieues du Sinaï, lui écrivit pour lui demander au nom de sa communauté et en son propre nom,
de mettre par écrit les pensées que l'Esprit de Dieu lui dictait sur la pratique des Vertus. Jean
Climaque considérant cette demande comme un Ordre venu du Ciel, résolut d'y satisfaire en
esprit d'obéissance. Il répondit à son correspondant en des termes qui témoignent de sa
profonde humilité : "Mauvais disciple d'un excellent peintre, j'ai seulement ébauché et marqué
avec du noir les ombres de choses qui sont d'elles-mêmes très vives et très éclatantes; je t'ai
réservé comme au premier maître et au plus éminent parmi les docteurs le soin de mettre la
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dernière main à cet ouvrage, d'y ajouter des embellissements, d'éclaircir ce qu'il y a d'obscur,
de suppléer à tout ce qui manque dans les préceptes de cette Loi Spirituelle par les lumières
que tu as acquises en l'accomplissant si parfaitement. Ce n'est donc pas à toi que j'adresse ce
petit ouvrage mais à ceux que Dieu a appelés à Son Service."
Après avoir gouverné quelque temps le Monastère du Sinaï, Jean retourna dans sa solitude. Il
établit pour son successeur un frère nommé Georges, Anachorète de la même montagne du
Sinaï qui avait passé sept ans dans la pratique de toutes sortes de vertus. Lorsque Jean fut
arrivé à sa dernière heure, Georges vint le visiter et lui dit tout en larmes : "Me laisses-tu
après toi ainsi sans secours et sans assistance?" - "Ne t'afflige point, répondit le moribond, si
j'ai quelque pouvoir auprès de Dieu, il ne se passera pas un an sans que je t'attire auprès de
moi." Georges s’endormit en effet dix mois après.
ou
Nous indiquerons ici, entre parenthèses dans le texte, les références à la traduction de
l'Echelle Sainte par le Père Placide Deseille, "Spiritualité orientale n° 24," Abbaye de
Bellefontaine, 1978.
Cet Homme Divin naquit vraisemblablement dans la seconde moitié du cinquième siècle mais
on ignore tout de sa patrie et de ses origines car dès le début de son renoncement, il prit grand
soin de vivre en étranger. "L'exil volontaire, écrit-il, est la séparation de toute chose pour
rendre notre pensée inséparable de Dieu" (III, 3). On sait seulement que dès l'âge de seize ans
et après avoir acquis une solide formation intellectuelle, il renonça à tous les attraits de cette
vie de vanité par Amour de Dieu et se rendit au Mont Sinaï au pied de cette Montagne Sainte
où Dieu avait autrefois révélé Sa Gloire à Moise et il s'offrit d'un coeur ardent au Seigneur
comme un holocauste d'agréable odeur.
Repoussant dès son entrée dans le stade toute confiance en lui-même et toute complaisance
par une humilité sans feinte, il se soumit corps et âme à un Ancien nommé Martyre et
s'engagea, libre de tout souci dans l'ascension de cette Echelle Spirituelle (klimax) au sommet
de laquelle Dieu se tenait et l'engageait à ajouter "jour après jour, feu sur feu, ferveur sur
ferveur, désir sur désir et zèle sur zèle" (I, 46). Il regardait son pasteur comme l'Icône Vivante
du Christ (cfr. IV, 29) et convaincu que celui-ci devrait rendre compte pour lui devant Dieu
(IV, 33), il n'avait qu'un seul souci : celui de rejeter sa volonté propre et de renoncer à tout
discernement par plénitude de discernement (IV, 3) de sorte qu'il n'y avait aucun intervalle de
temps entre les ordres que Martyre lui donnait, même apparemment sans raison et l'obéissance
de son disciple. Malgré cette parfaite soumission, Martyre le garda néanmoins quatre ans dans
l'état de novice et ne le tonsura qu'à l'âge de vingt ans après avoir éprouvé son humilité. Un
des Moines présents ce jour-là nommé Stratège prédit que ce nouveau Moine était appelé à
devenir un jour un des grands luminaires du monde. Lorsque par la suite Martyre et son
disciple rendirent visite à Jean le Sabaïte, un des plus fameux Ascètes de ce temps, celui-ci,
négligeant l'Ancien, alla laver les pieds de Jean. Après leur départ, il déclara qu'il ne
connaissait pas ce jeune Moine mais que sous l'Inspiration du Saint-Esprit, il avait lavé les
pieds à l'Higoumène du Sinaï. La même prophétie fut confirmée par le Grand Anastase le
Sinaïte chez lequel ils s'étaient également rendus.
Malgré sa jeunesse Jean montrait la maturité d'un Vieillard et un grand discernement. C'est
ainsi qu'un jour alors qu'il avait été envoyé dans le monde pour une mission et se trouvait à
table avec des séculiers, il préféra céder un peu à la vaine gloire en mangeant fort peu, plutôt
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qu'à la gourmandise car de deux maux, il vaut mieux préférer celui qui est le moins dangereux
pour les nouveaux venus dans la vie monastique (XXVI, 53).
Il passa ainsi dix-neuf ans dans la bienheureuse insouciance que procure l'obéissance,
débarrassé de tout combat par la prière de son Père Spirituel et navigant sans danger comme
en dormant vers le port de l'impassibilité (cfr. IV, 3). A l’endormissement de Martyre, il
résolut de poursuivre dans la solitude son ascension, genre de vie qui ne convient qu'au petit
nombre de ceux qui, affermis sur la pierre de l'humilité, s'éloignent des hommes afin de n'être
pas un moment privés de la Suavité de Dieu (XXVII, 29). Il ne s'était pas engagé dans cette
voie pleine d'embûches en se confiant à son propre jugement mais sur les recommandations
du Saint Ancien Georges Arsilaïte qui l'avait instruit du genre de vie propre aux Hésychastes.
Il choisit comme terrain d'exercice un lieu solitaire appelé Tholas, situé à cinq milles du grand
monastère où d'autres Ermites demeuraient non loin les uns des autres. Il y resta pendant
quarante ans, consumé par l'Amour de Dieu sans cesse croissant, sans souci pour sa propre
chair, libre de tout contact avec les hommes, n'ayant pour seule occupation que la prière sans
relâche et la vigilance sur son coeur en vue de circonscrire l'incorporel dans une demeure
corporelle (XXVII, 7), tel un Ange revêtu d'un corps.
Il mangeait de tout ce que permet la profession monastique mais en très petite quantité,
domptant ainsi la tyrannie de la chair sans offrir de prétexte à la vaine gloire. Par la solitude et
la retraite, il avait mis à mort la fournaise du désir d'accumuler qui sous prétexte de charité et
d'hospitalité, porte les Moines négligents à la gourmandise, la porte de toutes les passions
(XIV, 38) et à l'amour de l'argent, fille du manque de Foi et adoration des idoles (XVI, 2). De
l'acédie, cette mort de l'âme qui assaille en particulier les hésychastes (XIII, 4) et du
relâchement, il triomphait par le souvenir de la mort (XXVII, 36) et par la méditation des
Biens Promis il brisait le lien de la tristesse. Il ne connaissait qu'une seule tristesse : cette
affliction qui procure la joie et nous fait courir avec ardeur sur le chemin du repentir (VII) et
qui purifie l'âme de toutes ses souillures.
Que lui restait-il pour parvenir à l'impassibilité (apatheia)? La colère, il l'avait vaincue depuis
longtemps par le glaive de l'obéissance. La vaine gloire, cette épine à trois pointes qui se tient
toujours dressée contre les combattants de la piété et qui se mêle à toutes les vertus comme
une sangsue (XXI, 5), il l'avait étouffée par la réclusion et plus encore par le silence. Et pour
prix de ses labeurs qu'il assaisonnait toujours du blâme de soi, le Seigneur lui avait accordé la
reine des vertus, la Sainte et Précieuse Humilité : "cette Grâce ineffable dans l'âme, ce trésor
dont le nom n'est connu que par ceux qui l'ont appris par expérience et qui porte le Nom de
Dieu Lui-même (Mat. 11:29)" (XXV, 3).
Comme sa cellule était trop proche des autres, il se retirait souvent dans une grotte éloignée,
au pied de la Montagne* et il en faisait l'antichambre du Ciel par ses gémissements et les
larmes qui coulaient de ses yeux comme une source abondante, sans effort et transfiguraient
son corps en une robe nuptiale (VII, 20, 44). Par l'effet de cette Bienheureuse Affliction et de
ces larmes continuelles, il vivait chaque jour comme une fête (VII, 41) et gardait la prière
perpétuelle dans son coeur devenu semblable à une forteresse inviolable aux assauts des
pensées. Il lui arrivait parfois d'être ravi en esprit au milieu des Choeurs Angéliques sans
savoir s'il était en son corps ou hors de son corps et avec grande liberté il demandait alors à
Dieu de l'instruire sur les Mystères de la Théologie (XXVII, 48). Lorsqu'il sortait de la
fournaise de la prière, il se sentait tantôt purifié comme par le feu, tantôt tout resplendissant
de Lumière (XXVIII, 54).
* On peut la vénérer encore aujourd'hui.
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Quant au sommeil, il ne lui accordait que la mesure nécessaire pour garder son esprit vigilant
dans la prière et avant de s'endormir. il priait longtemps ou écrivait sur des tablettes le fruit de
ses méditations des Ecritures Inspirées.
Malgré le grand soin qu'il prit pendant toutes ces années de garder ses vertus cachées aux
yeux des hommes, il dut attendre que Dieu jugeât que le temps était venu pour lui de
transmettre aux autres la Lumière qu'il avait acquise pour l'édification de l'Eglise. Dieu porta
alors vers Jean un jeune Moine nommé Moïse qui grâce à l'intervention des autres Ascètes,
parvint à fléchir la résistance de l'Homme de Dieu et à se faire admettre comme son disciple.
Un jour que Moïse était allé chercher au loin de la terre pour leur petit jardin et qu'il s'était
allongé sous un gros rocher pour la sieste, Jean reçut dans sa cellule la Révélation que son
disciple était en danger. Il saisit aussitôt l'arme de la prière et quand Moïse revint, le soir
venu, il lui raconta que dans son sommeil il avait soudain entendu la voix de son Ancien
l'appeler au moment même où le rocher se détachait et menaçait de l'écraser.
La prière de Jean avait aussi le pouvoir de guérir les blessures visibles et invisibles. C'est ainsi
qu'il délivra un Moine du démon de la luxure qui l'avait poussé au découragement. Une autre
fois, il fit tomber la pluie. Mais c'était surtout par le charisme de l'enseignement spirituel que
Dieu manifestait en lui Sa Grâce. Se fondant sur son expérience personnelle, il instruisait
libéralement tous ceux qui venaient le trouver, sur les embûches qui guettent les Moines dans
leur combat contre leurs passions et contre le
prince de ce monde. Cet enseignement spirituel
attira toutefois la jalousie de certains qui
répandirent alors contre lui des calomnies, le
traitant de bavard et de vaniteux. Bien qu'il eût
la conscience en paix, Jean ne chercha pas à se
justifier et pour enlever tout prétexte à ceux qui
en cherchaient un, il arrêta pendant une année
entière le flot de ses enseignements, convaincu
qu'il valait mieux porter un léger préjudice aux
amis du bien plutôt que d'exacerber le
ressentiment des méchants. Tous les habitants
du Désert furent édifiés par son silence et par
cette preuve d'humilité et ce ne fut que sur les
instances de ses propres calomniateurs
repentants qu'il accepta de recevoir à nouveau
des visiteurs.
Comblé de toutes les vertus de l'action et de la
Contemplation et parvenu au sommet de
l'Echelle Sainte par la victoire sur toutes les
passions du vieil homme, Jean rayonnait comme
un astre sur la péninsule du Sinaï et était admiré
par tous les Moines. Il ne s'en estimait pas
moins encore un débutant et avide de recueillir
des exemples de conduite évangélique, il
entreprit un voyage dans divers Monastères d'Egypte. Il visita en particulier un grand
Monastère cénobitique dans la région d'Alexandrie, un véritable Ciel sur la terre d'ici-bas
dirigé par un admirable pasteur d'âmes doté d'un infaillible discernement. Cette communauté
était unie dans le Seigneur par une telle charité, exempte de toute familiarité et de toute parole
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vaine que les Moines avaient à peine besoin des avertissements de leur Higoumène de leur
propre mouvement : ils s'excitaient mutuellement à une Vigilance Toute Divine. De toutes
leurs vertus, la plus admirable selon Jean, était qu'ils s'exerçaient surtout à ne blesser en rien
la conscience d'un frère (IV, 15-17). Il fut aussi fort édifié par la visite d'une dépendance de ce
Monastère nommée "la Prison" où vivaient dans une Ascèse extrême et dans les
démonstrations les plus extraordinaires de repentir, des Moines qui avaient gravement péché
et qui s'efforçaient de gagner par leurs labeurs le Pardon de Dieu. Loin de lui paraître dure et
intolérable cette prison était au contraire pour le Saint le modèle de la vie monastique. "L'âme
en effet qui a perdu sa confiance première qui a brisé le sceau de sa pureté et s’est laissée ravir
les trésors de la Grâce qui est devenue étrangère aux Consolations Divines, qui a violé son
Alliance avec le Seigneur et qui est blessée et transportée de chagrin au souvenir (le tout cela,
cette âme, dis-je, non seulement se soumettra volontiers à tous ces labeurs mais sera
fermement résolue à se donner pieusement la mort par l'Ascèse, si du moins il lui reste encore
une étincelle d'Amour et de Crainte du Seigneur" (V, 24).
Lorsque le Saint eut accompli ces quarante années de séjour au Désert, tel un autre Moïse, il
fut chargé par Dieu de prendre la tête de ce nouvel Israël et devint Higoumène du monastère*
au pied de la Montagne Sainte. On raconte que le jour de son intronisation, six cents pèlerins
étaient présents et pendant que tous étaient assis pour le repas, on put voir le Prophète Moïse
lui-même vêtu d'une tunique blanche, allant et venant et donnant des ordres avec autorité aux
cuisiniers, aux économes, aux cellériers et autres domestiques.
* Fondé en 536 par l'Empereur Justinien. le Monastère du Sinaï était alors dédié la Mère de Dieu. Ce n'est
qu'au quatorzième siècle il prit le nom de Sainte-Catherine.
Ayant pénétré dans la ténèbre Mystique de la Contemplation, ce nouveau Moïse y avait été
initié aux secrets de la Loi Spirituelle et redescendant de la montagne, impassible, le visage
glorifié par la Grâce, il put devenir pour tous le Pasteur, le Médecin et le Maître Spirituel qui
portant en lui-même le livre écrit par Dieu [=L'Echelle Sainte], n'avait pas besoin d'autres
livres pour enseigner à ses Moines la science des sciences et l'art des arts.
L'Higoumène de Raïthou nommé lui aussi Jean, ayant été informé de la merveilleuse manière
de vivre des Moines du Sinaï, écrivit à Jean pour lui demander d'exposer de manière brève et
méthodique ce qui est nécessaire à ceux qui ont embrassé la Vie Angélique pour obtenir le
Salut. Celui qui ne savait pas contredire grava alors, du stylet de sa propre expérience, les
"Tables de la Loi spirituelle."* Il présenta son traité comme une Echelle de trente degrés que
Jacob, c'est-à-dire "celui qui a supplanté les passions," contempla tandis qu'il reposait sur la
couche de l'Ascèse (cfr. Gen. 28:12). Dans cette Somme orthodoxe de la vie spirituelle** qui
reste à travers les siècles, tant pour les Moines que pour les laïcs, le guide par excellence de la
Vie Evangélique, Saint Jean n'institue pas de Règles mais à partir de recommandations
pratiques, de détails judicieusement choisis, d'aphorismes ou d'énigmes souvent pleins
d'humour, il initie l'âme au combat spirituel et au discernement des pensées. Sa parole est
brève, dense et effilée et elle pénètre tel un glaive jusqu'au profond de l'âme, tranchant sans
compromis toute complaisance de soi et poursuivant jusque dans leurs racines l'Ascèse
hypocrite et l'égoïsme. Semblable à celle de Saint Grégoire le Théologien dans le domaine
théologique, cette parole est l'Evangile mise en pratique et elle conduit sûrement ceux qui s'en
imprègnent par une lecture assidue jusqu'à la Porte du Ciel où le Christ nous attend.
* C'était le titre primitif de l'Echelle dont témoignent certains manuscrits.
** Elle est lue chaque année dans l'église ou au réfectoire, pendant le Grand Carême. C'est pourquoi on trouve
souvent une fresque de l'Echelle dans les monastères orthodoxes.
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Sur la fin de ses jours, le Bienheureux Jean désigna son frère Georges qui lui aussi avait
embrassé la vie hésychaste dès le début de son renoncement pour lui succéder à la tête du
Monastère. Lorsqu'il fut sur le point de s'endormir, Georges lui dit : "Ainsi tu m'abandonnes
et tu pars! Pourtant, j'ai prié pour que tu m'envoies vers le Seigneur en premier car sans toi il
n'est pas en mon pouvoir de paître cette communauté." Mais Jean le rassura et lui dit : "Ne
t'afflige pas et ne te fais pas de souci. Si je trouve grâce devant Dieu, je ne te laisserai même
pas achever une année après moi." Effectivement, dix mois après le Repos de Jean, Georges
partit à son tour vers le Seigneur.*
* On suppose que Georges était l'Evêque de Pharan qui, en 680, vint installer définitivement son siège au
Monastère du Sinaï.
Hymne de Louange à Saint Climaque
Comme une sorte de flambeau sur le Mont Sinaï,
Jean brillait de la Lumière Céleste
Soumettant le corps, soumettant ses pensées,
Il dénombra les trente marches vers la victoire.
Stratégie miraculeuse, merveilleuse tactique
Comme héritage, il donna au guerrier spirituel
La guerre de l'esprit pour celui qui désire apprendre
Et dans cette guerre comment conquérir avec Gloire.
"L'Echelle," toute miraculeuse, par l'Esprit écrite,
Après que le redoutable combat fut terminé,
Lorsque Jean le Victorieux répandit le mot,
Comme un précieux don, aux frères il l'offrit.
Poème épique qu'est l'âme humaine,
Lorsque de la poussière, vers les Cieux elle désire s'élever,
Un poème épique terrible, d'une lutte et de souffrances,
Un poème épique étincelant de Foi et d'Espérance.
C'est cela que Jean, illuminé par Dieu, nous donna,
Des armes, toutes rutilantes pour vous et moi.
Et à présent, devant le Seigneur, Jean prie,
Afin qu'il plaise au Seigneur de nous envoyer de l'aide
Lorsque, vers Lui, par l'Echelle nous grimpons.
Afin que vers nous, Il étende Sa Main,
Afin qu'à Lui nous parvenions.
SAINTE TABITHA 25 Octobre – 4ème Dim. du Gd. Carême
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Sainte Tabitha était une femme bonne et pieuse, appartenant à la communauté chrétienne de
Joppa. Etant tombée grièvement malade, elle s'endormit soudainement. A cette époque, le
Saint Apôtre Pierre prêchait à Lydda, non loin de Joppa. Des messagers lui furent envoyés
avec une demande d'aide urgente. Lorsque l'Apôtre arriva à Joppa, Tabitha s'était déjà
endormie. Pliant les genoux, Saint Pierre fit une fervente prière au Seigneur. Puis il alla vers
le lit et s'écria : "Tabitha, lève-toi!" Elle se releva aussitôt, complètement guérie (Actes 9,36).
Sainte Tabitha est considérée comme la Sainte Protectrice des tailleurs et des couturières car
on sait qu'elle cousait des manteaux et autres vêtements (Actes 9,39).
SAINT MARTYR ABRAHAM LE BULGARE, THAUMATURGE DE VLADIMIR
(+1229) 6 mars (translation) – 1 avril - 4ème Dim de Pâque (2ème translation)
Il vécut au troisième siècle et descendait des Bulgares Kamska et fut élevé comme musulman.
Il était doux et bon envers les pauvres et lorsque le Seigneur l'illumina avec la lumière de la
raison, il accepta le Christianisme. Dans la ville de Bolgara, sur les basses étendues de la
Volga, Saint Abraham commença à prêcher à ses compatriotes au sujet du Vrai Dieu. Ils le
saisirent et tentèrent de le forcer à renoncer au Christ mais le Saint demeura ferme dans sa
confession. Ils torturèrent le Martyr terriblement et pour un long moment mais il endura tout
avec une patience invincible. Le 1er avril 1229, ils écartelèrent le Saint Martyr Abraham puis
décapitèrent son Vénérable Chef. Les Chrétiens russes vivant dans la ville ensevelirent le
corps du Saint dans le cimetière chrétien. Le 6 mars 1230, les Vénérables Reliques de Saint
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Abraham furent transférées par le Grand Prince Saint Georges Vsevolodovich de Vladimir
vers la cathédrale de la Dormition du Monastère de Knyaginin (Princesse). On commença dès
lors à célébrer sa mémoire.
Lecture de l’Epître
Heb VI : 13-20
6.13 Lorsque Dieu fit la promesse à Abraham, ne pouvant jurer par un plus grand que lui, il
jura par lui-même, et dit: 6.14 Certainement je te bénirai et je multiplierai ta postérité. 6.15 Et
c'est ainsi qu'Abraham, ayant persévéré, obtint l'effet de la promesse. 6.16 Or les hommes
jurent par celui qui est plus grand qu'eux, et le serment est une garantie qui met fin à toutes
leurs différends. 6.17 C'est pourquoi Dieu, voulant montrer avec plus d'évidence aux héritiers
de la promesse l'immutabilité de sa résolution, intervint par un serment, 6.18 afin que, par deux
choses immuables, dans lesquelles il est impossible que Dieu mente, nous trouvions un
puissant encouragement, nous dont le seul refuge a été de saisir l'espérance qui nous était
proposée. 6.19 Cette espérance, nous la possédons comme une ancre de l'âme, sûre et solide;
elle pénètre au delà du voile, 6.20 là où Jésus est entré pour nous comme précurseur, ayant été
fait souverain sacrificateur pour toujours, selon l'ordre de Melchisédek.
Pour le Vénérable Père Saint Jean Climaque
Eph V : 8-19
5.8 Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Marchez
comme des enfants de lumière! 5.9 Car le fruit de la lumière consiste en toute sorte de bonté,
de justice et de vérité. 5.10 Examinez ce qui est agréable au Seigneur; 5.11 et ne prenez point
part aux oeuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt condamnez-les. 5.12 Car il est honteux
de dire ce qu'ils font en secret; 5.13 mais tout ce qui est condamné est manifesté par la lumière,
car tout ce qui est manifesté est lumière. 5.14 C'est pour cela qu'il est dit: Réveille-toi, toi qui
dors, Relève-toi d'entre les morts, Et Christ t'éclairera. 5.15 Prenez donc garde de vous
conduire avec circonspection, non comme des insensés, mais comme des sages; 5.16 rachetez
le temps, car les jours sont mauvais.
Lecture de l’Evangile
Marc IX : 17-31
9.17 Et un homme de la foule lui répondit: Maître, j'ai amené auprès de toi mon fils, qui est
possédé d'un esprit muet. 9.18 En quelque lieu qu'il le saisisse, il le jette par terre; l'enfant
écume, grince des dents, et devient tout raide. J'ai prié tes disciples de chasser l'esprit, et ils
n'ont pas pu. 9.19 Race incrédule, leur dit Jésus, jusques à quand serai-je avec vous? jusques à
quand vous supporterai-je? Amenez-le-moi. On le lui amena. 9.20 Et aussitôt que l'enfant vit
Jésus, l'esprit l'agita avec violence; il tomba par terre, et se roulait en écumant. 9.21 Jésus
demanda au père: Combien y a-t-il de temps que cela lui arrive? Depuis son enfance,
répondit-il. 9.22 Et souvent l'esprit l'a jeté dans le feu et dans l'eau pour le faire périr. Mais, si
tu peux quelque chose, viens à notre secours, aie compassion de nous. 9.23 Jésus lui dit: Si tu
peux!... Tout est possible à celui qui croit. 9.24 Aussitôt le père de l'enfant s'écria: Je crois!
viens au secours de mon incrédulité! 9.25 Jésus, voyant accourir la foule, menaça l'esprit
impur, et lui dit: Esprit muet et sourd, je te l'ordonne, sors de cet enfant, et n'y rentre plus. 9.26
Et il sortit, en poussant des cris, et en l'agitant avec une grande violence. L'enfant devint
comme mort, de sorte que plusieurs disaient qu'il était mort. 9.27 Mais Jésus, l'ayant pris par la
main, le fit lever. Et il se tint debout. 9.28 Quand Jésus fut entré dans la maison, ses disciples
lui demandèrent en particulier: Pourquoi n'avons-nous pu chasser cet esprit? 9.29 Il leur dit:
Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière.
9.30 Ils partirent de là, et traversèrent la Galilée. Jésus ne voulait pas qu'on le sût. 9.31 Car il
11
enseignait ses disciples, et il leur dit: Le Fils de l'homme sera livré entre les mains des
hommes; ils le feront mourir, et, trois jours après qu'il aura été mis à mort, il ressuscitera.
Pour le Vénérable Père Saint Jean Climaque
Marc IV : 23-V : 13
4.23 Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende. 4.24 Il leur dit encore: Prenez garde
à ce que vous entendez. On vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis, et on y
ajoutera pour vous. 4.25 Car on donnera à celui qui a; mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce
qu'il a. 4.26 Il dit encore: Il en est du royaume de Dieu comme quand un homme jette de la
semence en terre; 4.27 qu'il dorme ou qu'il veille, nuit et jour, la semence germe et croît sans
qu'il sache comment. 4.28 La terre produit d'elle-même, d'abord l'herbe, puis l'épi, puis le grain
tout formé dans l'épi; 4.29 et, dès que le fruit est mûr, on y met la faucille, car la moisson est là.
4.30 Il dit encore: A quoi comparerons-nous le royaume de Dieu, ou par quelle parabole le
représenterons-nous? 4.31 Il est semblable à un grain de sénevé, qui, lorsqu'on le sème en terre,
est la plus petite de toutes les semences qui sont sur la terre; 4.32 mais, lorsqu'il a été semé, il
monte, devient plus grand que tous les légumes, et pousse de grandes branches, en sorte que
les oiseaux du ciel peuvent habiter sous son ombre. 4.33 C'est par beaucoup de paraboles de ce
genre qu'il leur annonçait la parole, selon qu'ils étaient capables de l'entendre. 4.34 Il ne leur
parlait point sans parabole; mais, en particulier, il expliquait tout à ses disciples.
4.35 Ce même jour, sur le soir, Jésus leur dit: Passons à l'autre bord. 4.36 Après avoir
renvoyé la foule, ils l'emmenèrent dans la barque où il se trouvait; il y avait aussi d'autres
barques avec lui. 4.37 Il s'éleva un grand tourbillon, et les flots se jetaient dans la barque, au
point qu'elle se remplissait déjà. 4.38 Et lui, il dormait à la poupe sur le coussin. Ils le
réveillèrent, et lui dirent: Maître, ne t'inquiètes-tu pas de ce que nous périssons? 4.39 S'étant
réveillé, il menaça le vent, et dit à la mer: Silence! tais-toi! Et le vent cessa, et il y eut un
grand calme. 4.40 Puis il leur dit: Pourquoi avez-vous ainsi peur? Comment n'avez-vous point
de foi? 4.41 Ils furent saisis d'une grande frayeur, et ils se dirent les uns aux autres: Quel est
donc celui-ci, à qui obéissent même le vent et la mer?
5.1 Ils arrivèrent à l'autre bord de la mer, dans le pays des Gadaréniens. 5.2 Aussitôt que
Jésus fut hors de la barque, il vint au-devant de lui un homme, sortant des sépulcres, et
possédé d'un esprit impur. 5.3 Cet homme avait sa demeure dans les sépulcres, et personne ne
pouvait plus le lier, même avec une chaîne. 5.4 Car souvent il avait eu les fers aux pieds et
avait été lié de chaînes, mais il avait rompu les chaînes et brisé les fers, et personne n'avait la
force de le dompter. 5.5 Il était sans cesse, nuit et jour, dans les sépulcres et sur les montagnes,
criant, et se meurtrissant avec des pierres. 5.6 Ayant vu Jésus de loin, il accourut, se prosterna
devant lui, 5.7 et s'écria d'une voix forte: Qu'y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu Très
Haut? Je t'en conjure au nom de Dieu, ne me tourmente pas. 5.8 Car Jésus lui disait: Sors de
cet homme, esprit impur! 5.9 Et, il lui demanda: Quel est ton nom? Légion est mon nom, lui
répondit-il, car nous sommes plusieurs. 5.10 Et il le priait instamment de ne pas les envoyer
hors du pays. 5.11 Il y avait là, vers la montagne, un grand troupeau de pourceaux qui
paissaient. 5.12 Et les démons le prièrent, disant: Envoie-nous dans ces pourceaux, afin que
nous entrions en eux. 5.13 Il le leur permit. Et les esprits impurs sortirent, entrèrent dans les
pourceaux, et le troupeau se précipita des pentes escarpées dans la mer: il y en avait environ
deux mille, et ils se noyèrent dans la mer.
Cycle fixe : Commémorations
12
SAINT PERE THEOPHORE SYMEON LE NOUVEAU THEOLOGIEN* (+1022)
12 octobre – 12 mars
Parmi les Saints Pères les plus aimés, on trouve Saint Syméon le Nouveau Théologien qui
était Higoumène de Saint-Mamas à Constantinople. Il est un des trois principaux Pères à qui
l'Église orthodoxe a accordé le titre de "Théologien" parce qu'il est un des rares dans l'histoire
du Christianisme à "connaître" Dieu. Les deux autres Théologiens sont Saint Jean
l'Évangéliste et Saint Grégoire de Nazianze (+ 390).
* Comme sa mémoire tombe pendant le Grand Carême, sa célébration a été reportée au 12 octobre par l'auteur
de son admirable Office Liturgique, Saint Nicodème l'Hagiorite. La quasi-totalité des oeuvres de Saint Syméon a
été traduite en français dans la collection " Sources chrétiennes ." On pourra consulter aussi utilement
l'excellent mais difficile livre de Mgr Basile Krivochéine ‘Dans la Lumière du Christ,’ Chevetogne, 1978.
Saint Syméon est né en 949 en Galatie dans la Paphlagonie (Asie Mineure). Ses parents, Basal
et Théophana, étaient des aristocrates byzantins de province. Jusqu'à l'âge de onze ans, Saint
Syméon ne reçut que les bases de l'éducation scolaire grecque. Il acheva son éducation
secondaire à quatorze ans à la cour des deux frères Empereurs Basile et Constantin
Porphyrogenetes. À quatorze ans, il rencontra Saint Syméon le Studite qui devint son Père
Spirituel et qui le mena à la vie d'ascétisme et de prière. Bien qu'à quatorze ans il voulut déjà
entrer au célèbre Monastère du Studion, son Père Spirituel le fit patienter jusqu'à ses vingtsept
ans. Durant cette période de préparation, l'Ancien de Saint Syméon continua à lui
prodiguer conseils et guidance, le préparant progressivement à la vie monastique quand bien
même il se trouvait au milieu des soucis du monde. Saint Syméon s'occupa de la gestion d'une
13
maison patricienne et entra peut-être au service de son Empereur en tant que diplomate et
sénateur.
Pendant qu'il était "occupé dans le monde," il luttait aussi pour mener la vie de Moine le soir,
passant son temps dans des Vigiles de nuit et lisant les livres spirituels de Marc l'Ermite et
Diadoque de Photicé [cfr Philocalie des Pères Neptiques]. Un des conseils de son Ancien,
c'était : "si tu désires toujours avoir une guidance salvatrice pour l'âme, prête attention à ta
conscience et accompli sans faillir ce qu'elle t'inspirera en toi."
La plupart des nombreuses oeuvres de Saint Syméon ont été traduites en français (collection
"Sources Chrétiennes" : http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/ficheauteur.asp?n_aut=31 )
comme en anglais (Paulist Press, St. Herman of Alaska Brotherhood et SVS Press). Ses écrits
sont nés de sa prédication et de la direction spirituelle donnée à ses fils spirituels. C'est un
auteur qui partage ses expériences en prière et en la Tri-Unité. De nos jours, les Moines du
Mont Athos lisent ses oeuvres avec enthousiasme et ses oeuvres commencent à être
redécouvertes dans les monastères catholiques-romains.
Son insistance est grande à retourner à l'essence ou à l'esprit de l'antique Église orthodoxe et
non se contenter de dépendre ou se cacher sous des formes externes de vie ecclésiale. Sa
conviction brûlante est que la vie chrétienne n’est pas une routine ou une habitude mais
l’expérience personnelle de vie en Christ. Saint Syméon exhorte tant les Moines que les laïcs
à revivre l’expérience spirituelle de la Tri-Unité, s'appelant lui-même le "zélé enthousiaste,"
celui qui a des expériences personnelles et mystiques. Aucun rapport ici avec les hérétiques
obscurément illuminés du pseudo "renouveau charismatique" qui prétendent avoir "les dons
du Saint Esprit." La prétention et l'auto-exaltation ne sont que de vulgaires symptômes de la
présence du Malin qui noient ces pauvres bougres scolastiques d'illusoires émotions
hallucinées. Voici une citation de Saint Syméon sur la spiritualité :
"Ne dites pas qu'il est impossible de recevoir l'Esprit Divin.
Ne dites pas que sans Lui il est possible d'être sauvés,
Ne dites pas qu'on peut Le posséder sans le savoir,
Ne dites pas que Dieu ne Se fait pas voir aux hommes,
Ne dites pas que des hommes ne peuvent voir une Lumière Divine
Ou que c'est impossible dans les temps actuels !
Jamais cela ne se trouve impossible, amis,
Et c'est très possible au contraire quand on le veut." (Hymne 27, 125-132).
Saint Syméon le Nouveau Théologien s'endormit en 1022. La fête du Saint est célébrée le 12
mars.
ou
Parmi les astres qui brillent innombrables dans le firmament spirituel de l'Eglise, trois
seulement ont été jugés dignes du titre de Théologien* : Saint Jean l'Evangéliste, le Disciple
Bien-Aimé qui en se penchant sur la Poitrine du Seigneur, y a puisé l'Eau vive de la
Connaissance du Verbe de Dieu; Saint Grégoire de Naziance qui après avoir contemplé d'un
oeil intérieur purifié le Mystère de la Sainte Trinité, l'a proclamé en mettant à Son Service le
meilleur de l'éloquence hellénique et enfin Saint Syméon le Nouveau Théologien qui après
avoir été plongé dans la Lumière de l'Esprit Saint, fut envoyé par Dieu, tel un nouveau
Prophète dans une société byzantine au Christianisme formaliste et officiel pour y témoigner
14
que tout Chrétien digne de ce nom est appelé à être lui aussi illuminé et à devenir par adoption
fils de Dieu dans le Saint-Esprit.
* C'est-à-dire non pas celui qui fait profession de l'étude scientifique des dogmes mais celui qui a reçu la
Connaissance de Dieu par une expérience vécue et la transmet à l'Eglise comme une source d'eaux vives.
Né en 949 à Galatée, en Paphlagonie (Asie Mineure), au sein d'une famille de l'aristocratie
aisée et influente dans les milieux politiques, Saint Syméon fut envoyé à l'âge de douze ans à
Constantinople pour y poursuivre ses études, en vue d'entrer ensuite au service de l'empereur.
Renonçant à cette carrière prometteuse et abandonnant ses études, il mena pendant quelque
temps une vie frivole mais le Seigneur l'ayant prit en pitié, Il ne le laissa pas glisser vers la
corruption et Il le tira de ce précipice par l'entremise de lectures spirituelles. Le jeune garçon
se mit alors à la recherche d'un Saint Homme capable de le guider sur le chemin du Salut,
malgré les paroles décourageantes de son entourage qui lui assurait qu'un tel Saint n'existait
pas à cette époque. Persévérant néanmoins dans sa recherche, il découvrit ce Père Spirituel en
la personne de Syméon le Pieux, un Moine qui vivait en Reclus au Monastère du Studion.
Celui-ci refusa de le recevoir comme Moine et se contenta de lui donner à lire le livre de Saint
Marc l'Ascète. Aussitôt qu'il l'ouvrit, il tomba sur la phrase suivante : "Si tu cherches la
guérison, prends soin de ta conscience et fais tout ce qu'elle te dictera et tu trouveras du
profit."* Recevant cette parole comme un Oracle Divin, il se mit aussitôt à l'oeuvre et suivit sa
conscience qui l'exhortait à se sacrifier par Amour du Christ en prolongeant chaque jour
davantage ses jeûnes et ses veilles jusqu'au chant du coq. Ainsi emporté sur les ailes d'un
Saint Désir, il ne tarda pas à recevoir le premier témoignage de la Faveur de Dieu en une
merveilleuse vision de la Lumière Incréée Qui le transporta comme en dehors du monde et de
son propre corps. Rempli d'une grande joie et baigné de chaudes larmes, il ne cessait de crier,
sans se lasser le Kyrie eleison et au coeur de cette Lumière, il vit alors son Père Spirituel
Syméon qui se tenait à la droite d'une nuée lumineuse et lui enseignait l'art de la prière sans
distraction.
* Sur la Loi spirituelle, 69
Toutefois, cette première expérience de la Gloire de Dieu n'ayant pas été fondée sur les
assises de l'impassibilité, il retomba peu à peu dans la tiédeur et le relâchement dont il se
repentira par la suite devant Dieu comme d'un grand péché. Pendant six ou sept ans, il
continua d'entretenir des relations avec son Père Spirituel mais sans s'arracher au monde et à
ses vanités.* Le Seigneur eut néanmoins à nouveau compassion de Son Elu et le "prenant par
les cheveux," Il l'arracha à la fange de ce monde pour l'établir devant Sa Face. Profitant d'une
mission dans son pays natal, il régla ses affaires, dit adieu à ses parents et revint en hâte à la
capitale pour se confier entièrement à son père selon Dieu avec une confiance sereine et une
totale obéissance. On lui assigna comme cellule un petit réduit sous l'escalier de la cellule de
Syméon où il s'appliquait à méditer sur ses péchés et à faire de la Sainte Componction qu’il
avait acquise dans le monde en fréquentant les tombeaux, un état permanent et stable de son
âme. Il accomplissait les services les plus avilissants dans un parfait retranchement de sa
volonté propre, regardant son Père Spirituel comme le Christ Lui-même et baisant avec
dévotion tout endroit où il s'était tenu en prière comme si c'était le Saint des Saints. Ainsi
protégé par sa prière, il pouvait repousser sans crainte les assauts des démons de la peur, de la
paresse, de l'impureté et de l'envie qui s'acharnaient contre lui afin de le décourager.
* Son biographe Nicétas Stéthatos présente une autre version de ces faits relatés par Syméon lui-même et
affirme qu'il entra directement au monastère, sans passer par cette période de relâchement.
Etranger à tous et gardant un constant silence, il se tenait debout pendant les Offices
Liturgiques, le regard à terre, en versant d'abondantes larmes à l'audition des textes sacrés.
Certains Moines s'irritèrent pourtant des rapides progrès de ce novice qu’ils considéraient
15
comme une condamnation de leur propre tiédeur et ils l'accusèrent auprès de l'Higoumène
d'entretenir des relations trop étroites avec son Père Spirituel. Comme il avait eu recours à la
prière de ce dernier pour être fortifié dans cette épreuve, celui-ci lui assura qu'il recevrait
bientôt d'En-Haut une Grâce deux fois plus grande que la sienne. De fait, sitôt rentré dans sa
cellule ce soir-là, une Lumière Céleste vint s'emparer de son intellect pour le ravir dans la Joie
Indescriptible de l'Amour Divin et bien qu'il fût peu instruit, Dieu lui accorda dès lors une
telle sagesse que tous ses compagnons s'en étonnaient. Mais de tels dons surnaturels
ravivèrent la haine des envieux et ceux-ci parvinrent à le faire chasser du Studion.
Il entra alors comme novice dans le petit Monastère de Saint Mamas tout en gardant Syméon
le Pieux comme Père Spirituel. Tonsuré Moine par lui et ayant reçu le nom de Syméon, il
entreprit de nouvelles ascensions spirituelles en se consacrant complètement à la quiétude, à
la prière et à la méditation des Divines Ecritures et en ne nourrissant son corps que de
quelques herbes. Sa cellule, d'où il ne sortait que pour assister aux Offices Divins, était une
véritable fournaise ardente dans laquelle il se plongeait tout entier pour y être transformé en
une pure flamme d'Amour et d'où le Seigneur le ravissait fréquemment en de sublimes
extases. Dans un de ses plus beaux discours, Syméon se compare à un malheureux qui après
être tombé dans un gouffre rempli de boue en a été tiré de force par le Seigneur
Miséricordieux et qui à travers maintes embûches et difficultés est conduit par la main de son
Père Spirituel vers les sources d'eaux afin de s'y laver, de s'y purifier et d'aveugle devenir
voyant des choses spirituelles. En effet dans la mesure où se purifiait son regard intérieur, il
était gratifié de visions lumineuses de plus en plus claires. D'une Lumière semblable à un
soleil sans forme qu’il voyait briller au-dessus des Cieux et qui lui ôta le voile de
l'insensibilité, il vit peu à peu le Visage du Christ se distinguer plus nettement et fut
finalement emporté hors de son corps dans une extase ineffable au cours de laquelle le Christ
lui parla en l'appelant Son Frère et Son Ami. Mais ce ne fut qu'après de nombreuses autres
visions que tombant un jour en larmes pour vénérer une Icône de la Mère de Dieu, il comprit
qu'il possédait consciemment au-dedans de son coeur, cet Amour en personne (hypostasié)
Qu'est le Seigneur.
Au bout de deux ans, l'Higoumène constatant ses admirables progrès, le fit ordonner Prêtre.
Le jour de son Ordination, le Saint-Esprit descendit comme une Lumière simple et sans forme
pour couvrir le Sacrifice et pendant tout le reste de sa vie sacerdotale, il ne célébrait jamais la
Liturgie sans avoir une telle vision. Entouré d'une nuée lumineuse, son visage prenait alors
une expression angélique et nul ne pouvait le fixer du regard quand il bénissait le peuple.
L'Higoumène étant endormi un an à peine après son Ordination, Syméon fut élu Higoumène
par les Moines de Saint-Mamas avec l'approbation du Patriarche Nicolas Chrysobergès (vers
980). Héritant d'un monastère qui avait été réduit à servir de cimetière pour les séculiers et où
la vie monastique était fort relâchée, il entreprit de faire reconstruire tous les bâtiments,
excepté l'église et tâche autrement plus difficile, d'entraîner ses disciples à le suivre dans son
Ardente Recherche de Dieu. Comme la tradition de Saint Théodore Studite le prescrivait, il
prononçait trois fois par semaine des catéchèses enflammées pour réveiller l'ardeur de ses
Moines. Il ne se contentait pas d'y rappeler les principes de la vie cénobitique mais tel "un
pauvre rempli d'Amour fraternel" qui après avoir reçu une obole court avec joie pour la
montrer à ses compagnons de misère en les exhortant à s'empresser eux aussi pour profiter de
la générosité de son bienfaiteur, Syméon leur dévoilait les merveilles accomplies en lui par
Dieu et leur affirmait avec force que c'est dès cette vie qu'il nous faut tous parvenir à la Vision
du Royaume des Cieux. C'est ce profond désir de faire participer ses frères à la Grâce reçue
qui explique le caractère de confidences personnelles de ses écrits, si rare dans la littérature
patristique.
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Ce "zèle indomptable" dont Syméon faisait preuve entraîna l'opposition et les remarques
ironiques de certains de ses Moines qui auraient préféré une vie monastique plus confortable
et qui le condamnaient comme vantard. Les résistances allèrent croissant jusqu'au jour où une
trentaine d'entre eux se révoltèrent contre lui et l'interrompirent violemment au cours d'une de
ses catéchèses, en se ruant sur lui comme des bêtes sauvages avec l'intention de le jeter en
dehors du monastère. Immobile, souriant et serein devant ses adversaires, Syméon les arrêta
dans leur élan et ils s'enfuirent de l'église dans un grand tapage pour aller porter plainte auprès
du Patriarche Sisinnios (995-998). Ce dernier examinant l'affaire justifia entièrement le Saint
et fit exiler les Moines révoltés. Mais l'Amour paternel de Syméon ne laissa pas les brebis se
perdre hors de son bercail. Il fit abroger la sentence et alla lui-même à la recherche de chacun
des rebelles, leur demandant pardon et les suppliant de regagner le monastère.
La paix revenue après ces tristes événements, il reprit la direction de son monastère qui devint
bientôt un des hauts lieux spirituels de la capitale, attirant des Pieux Laïques en grand nombre
et des disciples venus de loin. Malgré ses charges pastorales, Syméon ne se distrayait pas de
son labeur ascétique et trois fois par jour, à heures fixes, il se retirait dans sa cellule pour en
baigner le sol de ses larmes. Les larmes étaient en effet devenues pour lui une seconde nature
et elles avaient fait épanouir comme des fleurs délicates, la charité, la compassion envers tous,
la patience dans les épreuves et un aspect attirant et gracieux de son visage illuminé par la joie
intérieure de l'Esprit. A la suite d'une nouvelle vision lumineuse, il avait reçu le charisme de la
théologie et quand il n'était pas ravi en extase, il passait ses nuits à composer d'admirables
Hymnes à l'Amour Divin qui restent un des plus précieux témoignages des effets de la Grâce
dans l'âme d'un Saint. La diffusion de ses écrits et de ses enseignements permit à de
nombreuses âmes de retrouver la ferveur de l'époque des Saints Pères et prépara de loin le
triomphe de l'Hésychasme comme doctrine officielle de l'Eglise orthodoxe.
En 1005, pressé par son Amour de Dieu, Syméon démissionna librement de sa charge après
un higouménat de vingt-cinq ans et laissa son disciple Arsène qu’il avait longuement éprouvé
dans l'obéissance pour lui succéder. Quant à lui, il se retira dans une cellule isolée afin de
s'adonner à la Sainte Hésychia et de soutenir par sa prière, tel Moïse sur la montagne (cfr.
Exode 17:11), les combats de ses Moines. Devenu par l'habitude de la contemplation familier
des Spectacles Divins, il fut alors initié à la connaissance des événements futurs et de l'état
ultime de la Création. Une nuit, il fut transporté dans la Lumière Qui pénétra tous les
membres de son corps et le rendit tout entier feu et lumière et il entendit une Voix d'En-Haut
lui annoncer que cette Gloire Qui le transfigurait était Celle-là même Qui sera réservée aux
élus lors de la Résurrection Générale. C’est ainsi que possédé par l'Esprit Saint et devenu dieu
par la Grâce, il rédigeait ses traités théologiques et mystiques.
Mais bien qu'il eût atteint la perfection, il devait encore être éprouvé par de nouvelles
tribulations. Depuis le Repos de son Père Spirituel Syméon le Studite, il avait fait peindre son
Icône et avait rédigé en son honneur un Office Liturgique qu'il faisait célébrer solennellement
chaque année au jour de la mémoire de cet homme apostolique dans un grand concours de
fidèles venus de toutes parts. Cette coutume était déjà pratiquée depuis plus de seize ans
lorsque Stéphane l'ancien Métropolite de Nicomédie devenu syncelle du Patriarche, homme
d'une grande science et d'une influence considérable dans les milieux officiels, ayant pris
ombrage de la renommée acquise par Saint Syméon dans toute la ville comme Homme de
Dieu et Théologien des dogmes de l'Esprit, chercha une occasion pour le discréditer. Il le
provoqua d'abord par une subtile question théologique mais il reçut du Saint une éblouissante
réponse en vers dans laquelle il rappelait au syncelle que ce n'est que par l'expérience de
l'Esprit qu'on peut vraiment parler de Théologie. Cette réponse déclencha la haine implacable
de l'évêque qui répandit d'odieuses calomnies contre Syméon en l'accusant d'honorer comme
17
un Saint un homme pêcheur. Finalement et à force d'intrigues, Stéphane parvint à faire
condamner l'Homme de Dieu à l'exil (1009).
Laissé seul en plein hiver sur une colline déserte de la région de Chrysopolis (Propontide),
Syméon rendit Grâces à Dieu et envoya une lettre de remerciements au syncelle pour les
épreuves qu'il lui avait procurées. En recevant cette missive, Stéphane, au comble de la rage,
fit perquisitionner la cellule de celui qui, dépouillé de tout, "trouvait lourd à porter le fardeau
même de sa chair," en le soupçonnant d'y avoir caché de l'or. Pour toute réponse Syméon
adressa à son "bienfaiteur" une nouvelle lettre de remerciements. Ayant trouvé un oratoire en
ruine dédié à Sainte Marine, il y célébrait avec ponctualité les Offices monastiques et s'y
adonnait paisiblement à la prière. Mais pendant ce temps les disciples et admirateurs du Saint
dans l'aristocratie intercédèrent en sa faveur auprès du Patriarche et après une nouvelle
comparution devant le Synode durant laquelle Syméon se refusa à faire la moindre
concession en ce qui concernait le culte de son Père Spirituel, le Pontife le renvoya en paix en
disant : "A coup sûr, tu es un vrai Studite, plein d'Amour pour ton Père Spirituel mais tu as
aussi leur obstination et peut-être est-elle digne d'éloge?"
De retour à Sainte-Marine pour s'y consacrer à la Sainte Hésychia, il reçut quantité de dons
qui lui permirent malgré les embûches suscitées par les démons, de transformer l'endroit en un
monastère qui attirait tous les Chrétiens zélés de la capitale lorsqu'il y célébrait avec faste la
Fête de Saint Syméon le Pieux. Sous l'inspiration de l'Esprit il y poursuivait la composition de
ses Hymnes et rédigea des apologies pour enseigner que ni pardon des péchés ni sanctification
ne peuvent être accordés sans la venue consciente en nous de la Grâce du Saint-Esprit. Cette
Grâce ne le transportait pas seulement en de sublimes ravissements mais elle accomplissait
aussi quantité de Miracles pour le soulagement de ses disciples et la consolation de ses
visiteurs.
Parvenu à un grand âge, il fut atteint d'une longue et douloureuse maladie des entrailles qui le
tenait immobilisé sur sa couche. Malgré cette infirmité, un de ses disciples le vit un jour
soulevé de terre et entouré d'une Lumière Indescriptible pendant qu'il était en prière. Au terme
de ses combats, il obtint la délivrance qu'il désirait et rejoignit le choeur des Saints le 12 mars
1022, ayant prédit exactement la date de son Départ Céleste et celle de la Translation de ses
Reliques trente ans plus tard.
Après avoir glorifié Dieu en lui-même pendant sa vie, Saint Syméon fut glorifié par Lui après
sa Naissance Céleste par de nombreux Miracles,* mais plus encore par les délices spirituelles
que procurent jusqu'à nos jours ses écrits à tous ceux qui ont soif du Dieu Vivant.
* La sanction officielle pour le culte d'un Saint ne commença à s'imposer qu'à partir du quatorzième siècle. Et
même jusqu'à nos jours, celle-ci suppose un culte populaire préalable que l'autorité ecclésiastique vient
simplement confirmer.
ou
Syméon a été surnommé le Nouveau Théologien pour marquer son importance et sa différence
avec Jean l'Évangéliste et Grégoire de Nazianze, les deux autres références de l'Orthodoxie.
De petite noblesse, né vers 949 en Paphlagonie près de Sinope dans cette province chargée
d'histoire qui fut hittite avant d'honorer Mithra, le futur Syméon vient très tôt à
Constantinople, tenté par une carrière politique. C'est alors un jeune homme remuant, avide de
tous les plaisirs, vite déçu cependant.
18
Son besoin de spiritualité l'amène à fréquenter le grand monastère du Studion où il rencontre
un Moine, Syméon le Pieux qui devient son "maître spirituel." Entré comme novice au
Studion en 976 à l'âge de vingt-sept ans, il adopte le nom de son maître pour marquer sa
"nouvelle naissance." Syméon consacrera désormais sa vie à l'étude, à l'Ascèse et à la
spiritualité. Après quatre ans d'apprentissage auprès de son Père Spirituel, il va se mettre au
service de ses frères et est élu en 980 Higoumène du Monastère de Saint Mamas près de
Constantinople. Pendant vingt-neuf ans, il va diriger son monastère, écrire ses Catéchèses, ses
Actions de Grâces, prononcer ses sermons, rénover la vie monastique et prêcher chez les laïcs
une expérience chrétienne renouvelée. Il dérange...
* A l'époque, vers l'an mil, ce monastère comptait plus d'un millier de Moines. Ce centre spirituel entra souvent
en conflit avec la hiérarchie ecclésiastique comme avec l'empereur pour la défense des principes fondamentaux
du Christianisme. La "Règle de Studion" fut adoptée par de nombreux monastères orthodoxes.
** Nous ignorons son "nom de naissance."
Après des années de travail, Syméon renonce à sa charge d'Higoumène en 1009 et se fixe à
Chrysopolis sur la rive asiatique du Bosphore. Certes, ses démêlés avec le Patriarche Serge II,
si attentif à défendre les droits de l'Église contre les prétentions impériales qui n'approuve
guère ni l'austérité de sa direction monastique ni sa quête de spiritualité et qui lui fait grief de
sa dévotion à son maître Syméon le Pieux, apparaissent comme le facteur déclenchant ce
retrait.
En fait, Syméon a franchi une étape. Il a soixante ans et ce retrait est aussi l'occasion de
rentrer en lui-même : dans son hymne XLIII, il demande à Dieu s'il doit continuer à lutter
pour les "besoins temporels" du monastère ou "cultiver sans relâche le recueillement et lui
seul."
A Chrysopolis, redevenu simple Moine totalement détaché des affaires du monde, vivant
enfin pour Dieu seulement, il rédigera ses Hymnes de l'Amour Divin. Il s'endormira dans sa
retraite en 1022, ayant atteint ses soixante-treize ans, accueillant l'endormissement avec la joie
de celui qui a écrit :
"La mort est délivrance des soucis, la mort est libération des maladies et passions de toutes
sortes, la mort est suppression des péchés et de toute iniquité, la mort est affranchissement de
tous les maux de la vie et pour ceux qui ont bien vécu, condition d'une joie sans fin, des
délices éternelles et de la Lumière sans couchant."
La Philocalie a retenu de son oeuvre les "Chapitres pratiques et théologiques" qui s'adressent
à des Moines, novices ou confirmés et qui parlent assez peu explicitement de la prière.
Citations des Chapitres pratiques et théologiques.
1. La Foi, c'est mourir à cause du Christ pour Ses Commandements; c'est croire que cette mort
est une source de vie; c'est considérer la pauvreté comme une richesse, la bassesse et
l'humiliation comme une vraie gloire et un réel honneur; c'est croire également qu'on possède
tout lorsqu'on n'a rien et plus encore, c'est posséder l'insondable richesse de la Connaissance
du Christ et regarder comme de la boue ou de la fumée toutes les choses visibles.
33. Dans les prières et dans les larmes, supplie Dieu de t'envoyer un guide impassible et Saint.
Mais examine toi-même les Divines Écritures et singulièrement les écrits pratiques des Saints
Pères afin qu'en leur comparant ce que t'enseigne et ce que fait ton maître et ton supérieur, tu
19
puisses voir et apprendre ces leçons comme dans un miroir, recueillir et retenir dans tes
pensées ce qui s'accorde aux Divines Écritures mais discerner et rejeter ce qui est bâtard et
altéré pour ne pas t'égarer. Sache-le, il y a de nos jours beaucoup de trompeurs et de faux
maîtres.
46. Les afflictions qui brisent le coeur lorsqu'elles sont fréquentes et intempestives,
enténèbrent et troublent la réflexion de l'intelligence. Elles effacent de l'âme la prière pure et
la componction [la prière pure et l'humilité]. Elles fatiguent le coeur et dès lors le font devenir
dur et insensible à jamais. C'est ainsi que les démons s'ingénient à décourager les Spirituels.
143. Efforce-toi d'être un modèle utile à toute la fraternité en toute vertu dans l'humilité et la
douceur, la compassion et l'obéissance jusque dans les plus petites choses, l'absence de colère
et de passion, la pauvreté et la componction, l'innocence et la discrétion, la simplicité du
comportement et la réserve envers tout homme, la visite des malades, la consolation des
affligés. Ne te détourne d'aucun de ceux qui ont besoin de ton aide, sous le prétexte de
t'entretenir avec Dieu. Car l'Amour vaut mieux que la prière. Efforce-toi d'être compatissant
envers tous, dégagé de la vaine gloire, discret. Tâche aussi de n'être jamais péremptoire, de ne
jamais rien réclamer au supérieur ni à aucun de ceux qui remplissent un office, d'honorer tous
les Prêtres, d'être attentif dans ta prière, de rejeter l'affectation, d'aimer tous les autres, de ne
pas chercher par vaine gloire à scruter et à sonder les Écritures. La prière que tu diras dans les
larmes et l'Illumination qui te viendra de la Grâce t'enseigneront ces choses. Si donc tu es
interrogé sur l'une des choses que nous devons faire, enseigne les Actions Divines, ce que la
Grâce te donnera de dire avec beaucoup d'humilité, à partir de ta vie comme si c'était celle
d'un autre sans nulle vanité quel que soit celui qui désire ton aide. Et ne te détourne pas de
celui qui te demande de l'assister au sujet d'une pensée mais prends sur toi ses fautes quelles
qu'elles soient, pleurant sur lui et priant pour lui. C'est là aussi une marque d'Amour et de
totale compassion. N'écarte pas celui qui vient vers toi, ne pense pas qu'il te sera nuisible
d'écouter de telles choses. Cependant pour ne pas nuire à beaucoup, il faut parler de ces
choses dans un lieu soustrait aux regards même si toi-même, n'étant qu'un homme, tu dois être
assailli par une pensée. Car si tu en reçois la Grâce, tu ne te laisseras pas prendre par cette
pensée. Il nous est prescrit en effet de rechercher non notre propre bien mais celui des autres
afin qu'ils soient sauvés.
Comme nous l'avons dit, il te faut garder une vie paisible et pauvre. Alors tu te considéreras
toi-même comme soumis à l'Action de la Grâce quand tu te tiendras en vérité pour le plus
pécheur de tous les hommes. Je ne peux pas dire comment cela se fait, Dieu le sait.
Sur les trois modes de la prière.
Il y a trois modes de l'attention et de la prière par lesquels l'âme ou bien s'élève et progresse
ou bien tombe et se perd. Si elle use de ces trois modes en temps opportun et comme il faut,
elle progresse. Mais si elle en use inconsidérément et à contretemps, elle tombe. L'attention
doit donc être inséparablement liée à la prière comme le corps est inséparablement lié à l'âme.
L'une ne peut tenir sans l'autre. L'attention doit aller devant et guetter les ennemis comme un
veilleur. C'est elle qui la première doit connaître le péché et s'opposer aux pensées mauvaises
qui entrent dans l'âme. Alors vient la prière qui détruit et fait périr sur-le-champ toutes ces
pensées mauvaises contre lesquelles en premier lieu a lutté l'attention. Car celle-ci ne peut à
elle seule, les faire périr. Or c'est de ce combat de l'attention et de la prière que dépendent la
vie et la mort de l'âme. Car si par l'attention nous gardons pure la prière, nous progressons.
Mais si nous négligeons de garder pure la prière, si nous ne veillons pas sur elle, si nous la
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laissons souiller par les pensées mauvaises, nous sommes inutiles et nous ne progressons pas.
Il y a donc trois modes de l'attention et de la prière. Et il nous faut dire quelles sont les
propriétés de chacun. Ainsi celui qui aime son Salut pourra choisir le meilleur et non le pire.
Du premier mode de l'attention et de la prière
Telles sont les propriétés du premier mode. Quand quelqu'un se tient en prière, il lève vers le
Ciel ses mains, ses yeux et son intelligence. Il se représente les Pensées Divines, les Biens du
Ciel, les Ordres des Anges et les Demeures des Saints. Il rassemble brièvement et recueille en
son intelligence tout ce qu'il a entendu dans les Divines Écritures. Il porte ainsi son âme à
désirer et à aimer Dieu. Il lui arrive parfois d'exulter et de pleurer. Mais alors son coeur
s'enorgueillit, sans qu'il le comprenne. Il lui semble que ce qu'il fait vient de la Grâce Divine
pour le consoler et il demande à Dieu de le rendre toujours digne d'agir comme il le fait. C'est
là une marque de l'erreur. Car le bien n'est pas bien quand il ne se fait pas sur la bonne voie et
comme il faut. Quand bien même il vivrait dans une extrême hésykhia, il est impossible qu'un
tel homme ne perde pas son bon sens et ne devienne pas fou. Mais même s'il n'en arrivait pas
là, il ne saurait parvenir à la connaissance ni maintenir en lui les vertus de l'impassibilité. C'est
ainsi que se sont égarés ceux qui ont vu une lumière et un flamboiement avec les yeux de leur
corps qui ont senti un parfum avec leur propre odorat et qui ont entendu des voix avec leurs
propres oreilles ou qui ont éprouvé des choses du même ordre. Les uns ont été possédés par le
démon et sont allés de lieu en lieu, hors d'eux-mêmes. D'autres ont reçu en eux les
contrefaçons du démon : il leur est apparu comme un Ange de Lumière et ils se sont
fourvoyés, ils ne se sont jamais corrigés, ils n'ont jamais voulu écouter le conseil d'aucun
frère. D'autres encore ont été poussés par le diable à se tuer : ils se sont jetés dans des
précipices, ils se sont pendus. Qui pourrait décrire toutes les illusions par lesquelles le diable
les égare? Ce n'est guère possible.
Mais après ce que nous venons de dire, tout homme sensé peut comprendre à quels dommages
expose ce présent mode de l'attention et de la prière. De même, s'il arrive que l'un de ceux qui
usent de ce mode n'en reçoive aucun mal, dès lors qu'il se trouve en compagnie d'autres frères
(car ce sont surtout les Anachorètes qui connaissent un tel mal), cependant, toute sa vie
durant, il ne progressera pas.
Du deuxième mode
Tel est le deuxième mode de l'attention et de la prière. Quand quelqu'un recueille son
intelligence en lui-même en la détachant du sensible quand il garde ses sens et rassemble
toutes ses pensées pour qu'elles ne s'en aillent pas dans les choses vaines de ce monde quand
tantôt il examine sa conscience et tantôt il est attentif aux paroles de sa prière quand à tel
moment il court derrière ses pensées que le diable a capturées et qui l'entraînent dans le mal et
la vanité quand à tel autre moment après avoir été dominé et vaincu par la passion, il revient à
lui-même, il est impossible que cet homme qui a en lui un tel combat soit jamais en paix ni
qu'il trouve le temps de travailler aux vertus et reçoive la couronne de la Justice car il est
semblable à celui qui combat ses ennemis la nuit dans les ténèbres. Il entend leurs voix et
reçoit leurs coups. Mais il ne peut pas voir clairement qui ils sont, d'où ils viennent comment
et pourquoi ils le blessent, dès lors que le dévastent les ténèbres de son intelligence et les
tourments de ses pensées. Il lui est impossible de se délivrer de ses ennemis, les démons qui le
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brisent. Le malheureux peine en vain car il perd son salaire, dominé qu'il est par la vanité. Il
ne comprend pas. Il lui semble qu'il est attentif. Souvent dans son orgueil, il méprise et accuse
les autres. Il s'imagine qu'il peut les conduire et qu'il est digne de devenir leur pasteur. Il est
semblable à cet aveugle qui s'engage à conduire d'autres aveugles.
Il est nécessaire que quiconque veut être sauvé sache le dommage que peut causer à l'âme ce
deuxième mode et qu'il fasse bien attention. Cependant ce deuxième mode est meilleur que le
premier comme la nuit où brille la lune est meilleure que la nuit noire.
Du troisième mode
Le troisième mode est vraiment chose paradoxale et difficile à expliquer. Non seulement ceux
qui ne le connaissent pas ont du mal à le comprendre mais il leur paraît presque incroyable. Ils
ne croient pas qu'une telle chose puisse exister dès lors que de nos jours ce mode n'est pas
vécu par beaucoup mais par fort peu. Un pareil bien, je pense, nous a quitté en même temps
que l'obéissance. Car c'est l'obéissance au Père Spirituel qui permet à chacun de ne plus se
soucier de rien, dès lors qu'il remet ses soucis à son père qu’il est loin désormais des
tendances de ce monde et qu'il est un ouvrier tout à fait zélé et diligent de ce mode. Encore lui
faut-il trouver un maître et un Père Spirituel véritable et dégagé de toute erreur. Car celui qui
par une vraie obéissance s'est consacré à Dieu et à son Père Spirituel qui ne vit plus sa propre
vie et ne fait plus sa propre volonté mais est mort à toutes les tendances du monde et à son
propre corps, par quelle chose passagère peut-il être vaincu ou asservi? Ou quelle inquiétude
et quels soucis peut avoir un tel homme? C'est donc par ce mode et par l'obéissance que se
dissipent et disparaissent tous les artifices des démons et toutes les ruses qu'ils trament pour
entraîner l'intelligence dans toutes sortes de pensées. Alors l'intelligence de cet homme est
délivrée de tout. C'est avec une grande liberté qu'elle examine les pensées que lui apportent
les démons. C'est avec une réelle aptitude qu'elle les chasse. Et c'est avec un coeur pur qu'elle
offre ses prières à Dieu. Tel est le commencement de la Vraie Voie. Ceux qui ne se consacrent
pas à ce commencement peinent en vain et ils ne le savent pas.
Or le commencement de ce troisième mode n'est pas de regarder vers le haut, d'élever les
mains, d'avoir l'intelligence dans les Cieux et alors d'implorer le secours. Ce sont là, nous
l'avons dit, les marques du premier mode : le propre de l'illusion. Ce n'est pas non plus de
faire garder les sens par l'intelligence, de n'être attentif qu'à cela, de ne pas voir dans l'âme la
guerre que lui font les ennemis et de ne pas y prêter attention. Car ce sont là les marques du
deuxième mode. Celui qui les porte est blessé par les démons mais il ne les blesse pas. Il est
meurtri et il ne le sait pas. Il est réduit en esclavage, il est asservi et il ne peut pas se venger de
ceux qui font de lui un esclave mais les ennemis ne cessent de le combattre ouvertement et
secrètement et le rendent vaniteux et orgueilleux.
Mais toi, bien-aimé, si tu veux ton Salut, il te faut désormais te consacrer au commencement
de ce troisième mode. Après la parfaite obéissance que tu dois comme nous l'avons dit à ton
Père Spirituel, il est nécessaire de faire tout ce que tu fais avec une conscience pure comme si
tu étais devant la Face de Dieu. Car sans obéissance, jamais la conscience ne saurait être pure.
Et tu dois la garder pure pour trois causes. Premièrement pour Dieu. Deuxièmement pour ton
Père Spirituel. Troisièmement pour les autres hommes et pour les choses du monde.
Tu dois garder ta conscience pure. Pour Dieu, c'est-à-dire ne pas faire ce que tu sais ne pas
reposer Dieu et ne pas lui plaire. Pour ton Père Spirituel : faire tout ce qu'il te demande, ne pas
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en faire plus et ne pas en faire moins mais marcher selon son intention et selon sa volonté.
Pour les autres hommes : ne pas leur faire ce que tu as en aversion et ce que tu ne veux pas
qu'ils te fassent. Pour les choses du monde : te garder de l'abus, autrement dit user de tout
comme il faut, de la nourriture, de la boisson, des vêtements. En un mot, tu dois tout faire
comme si tu étais devant Dieu afin que ta conscience n'ait rien à te reprocher, quoi que tu
fasses et qu'elle n'ait pas à t'aiguillonner pour ce que tu n'as pas fait de bien. Suis ainsi la voie
véridique et sûre du troisième mode de l'attention et de la prière que voici.
Que l'intelligence garde le coeur au moment où elle prie. Qu'elle ne cesse de tourner dans le
coeur. Et que du fond du coeur, elle adresse à Dieu ses prières. Dès lors qu'elle aura goûté là
que le Seigneur est bon et qu'elle aura été comblée de douceur, elle ne s'éloignera plus du lieu
du coeur et elle dira les paroles même du Saint Apôtre Pierre : "Il est bon d'être ici." Elle
n'arrêtera plus de veiller sur le coeur et de tourner en lui, poussant et chassant toutes les
pensées qu'y sème l'ennemi, le diable. A ceux qui n'en ont aucune idée et qui ne la connaissent
pas, cette oeuvre salutaire paraît pénible et incommode. Mais ceux qui ont goûté sa douceur et
ont joui du plaisir qu'elle leur donne au fond du coeur disent avec le Divin Paul: "Qui nous
séparera de l'Amour du Christ?"
Car nos Pères entendant le Seigneur dire dans le Saint Évangile que c'est du coeur que sortent
les mauvaises pensées, les meurtres, les prostitutions, les adultères, les vols, les faux
témoignages, les blasphèmes et que c'est là ce qui souille l'homme, entendant aussi l'Évangile
nous demander de purifier l'intérieur de la coupe pour que l'extérieur également devienne pur,
ont laissé toute autre oeuvre spirituelle et se sont totalement adonnés à ce combat, c'est-à-dire
à la garde du coeur, persuadés que par cette oeuvre ils pourraient aisément acquérir toute autre
vertu dès lors qu'il n'est pas possible qu'aucune vertu perdure autrement. Cette oeuvre,
certains parmi nos Pères l'ont appelée Hésykhia du coeur, d'autres l'ont nommée attention,
d'autres sobriété et vigilance et réfutation, d'autres examen des pensées et garde de
l'intelligence. C'est à cela que tous ont travaillé et c'est par là que tous ont été rendus dignes
des Charismes Divins. C'est pourquoi l'Écclésiaste dit : "Réjouis-toi, jeune homme dans ta
jeunesse et marche sur les voies de ton coeur intègre et pur et éloigne de ton coeur les
pensées." L'auteur des Proverbes dit la même chose : Si la suggestion du diable t'assaille, "ne
le laisse pas entrer dans ton lieu." Par lieu, il entend le coeur Et Notre Seigneur dit dans le
Saint Évangile : "Ne vous laissez pas entraîner," c'est-à-dire ne dispersez pas votre
intelligence ici et là. Il dit ailleurs : "Bienheureux les pauvres en esprit," c'est-à-dire
Bienheureux ceux qui n'ont dans leur coeur aucune idée de ce monde et qui sont pauvres et
dénués de toute pensée mondaine. Tous nos Pères ont beaucoup écrit là-dessus. Quiconque le
veut peut lire ce que disent Marc l'Ascète, Jean Climaque, Hésychius et Philothée le Sinaïte,
l'Higoumène Isaie, le grand Barsanuphe et bien d'autres.
En un mot, celui qui n'est pas attentif à garder son intelligence ne peut pas devenir pur en son
coeur pour être jugé digne de voir Dieu. Celui qui n'est pas attentif ne peut pas devenir pauvre
en esprit. Il ne peut pas non plus être affligé et pleurer ni devenir doux et paisible ni avoir
faim et soif de la Justice. Pour tout dire, il n'est pas possible d'acquérir les autres vertus
autrement que par cette attention. C'est donc à elle que tu dois t'appliquer avant tout afin de
comprendre par l'expérience ce dont je t'ai parlé. Et si tu veux savoir comment faire, je te le
dis ici, autant qu'il est possible. Sois bien attentif.
Il te faut avant tout garder trois choses. D'abord ne te soucier de rien, tant de ce qui est
raisonnable que de ce qui est déraisonnable et vain, c'est-à-dire mourir à tout. Deuxièmement
avoir une conscience pure : que ta conscience n'ait rien à te reprocher. Troisièmement n'avoir
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aucun penchant : que ta pensée ne se porte vers rien de ce qui est du monde. Alors assieds-toi
dans un lieu retiré, demeure au calme, seul, ferme la porte, recueille ton intelligence loin de
toute chose passagère et vaine. Pose ton menton sur ta poitrine, sois attentif à toi-même avec
ton intelligence et tes yeux sensibles. Retiens un moment ta respiration, le temps que ton
intelligence trouve le lieu du coeur et qu'elle y demeure tout entière. Au début, tout te paraîtra
ténébreux et très dur. Mais quand tu auras travaillé sans relâche, nuit et jour, à cette oeuvre de
l'attention, ce Miracle, tu découvriras en toi une joie continuelle. Car l'intelligence qui mène le
combat trouvera le lieu du coeur. Alors elle voit au-dedans ce qu'elle n'avait jamais vu et
qu'elle ignorait. Elle voit cet espace qui est à l'intérieur du coeur et elle se voit elle-même tout
entière lumineuse, pleine de toute sagesse et de discernement. Désormais de quelque côté
qu'apparaisse une pensée avant même que celle-ci entre, soit conçue et se forme, l'intelligence
la chasse et la fait disparaître au Nom de Jésus, c'est-à-dire avec l'invocation "Seigneur Jésus-
Christ, aie pitié de moi." C'est alors qu'elle commence à avoir les démons en aversion qu’elle
mène contre eux un combat sans relâche qu’elle leur oppose l'ardeur naturelle qu’elle les
chasse qu’elle les frappe qu’elle les force à disparaître. Ce qui advient ensuite avec l'Aide de
Dieu, tu l'apprendras seul, par l'expérience, grâce à l'attention de l'intelligence et en gardant
dans ton coeur Jésus-Christ, c'est-à-dire sa prière "Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi."
Un Père dit en effet : "Demeure dans ta cellule et elle t'apprendra tout."
http://www.livres-mystiques.com/partieTEXTES/Philocalie/symeon.html
Tropaire de Saint Syméon le Nouveau Théologien.
Ô Saint Père Syméon, tu reçus en ton âme la Divine Illumination.
Tu fus dévoilé au monde comme une Radieuse Lumière dispersant toute ténèbre.
Tu appelles toute l'humanité à chercher la Grâce du Saint Esprit Qu’elle avait perdue.
Ô Juste Père! Prie le Christ Notre Dieu afin qu'Il nous accorde Abondante Miséricorde!
Les Hymnes de Siméon le Nouveau Théologien récités de manière poétique dans une
atmosphère musicale de voix féminine et un "ison." Enregistré de la radio? D'une cassette?
D'un cd? http://files.predanie.ru/music/Gimny_Simeona_Novogo_Bogoslova/
Forum: alt.religion.christian.east-orthodox
Sujet: Hymnes de Saint Siméon le Nouveau Théologien.
SAINT DIACRE PIERRE (+605)
Confesseur, Saint Pierre était l'un des disciples de Saint Grégoire le Grand. Après son Départ
Céleste, il fut vénéré par les habitants de la région romaine.
SAINT ABBE MURA MCFEREDACH (OU MURAN, MURAMES, MURANUS, MURU)
DE FAHAN (OU FATHEN) (+ 645)
Né dans le Donegal, Irlande, Saint Mura a été le premier Abbé de Fahan (Innisowen, Comté
de Donegal) par Saint Columba dont le bâton et la petite cloche existent toujours. La crosse se
trouve à l'Académie Royale irlandaise et la cloche dans la Collection Wallace à Londres. Sa
Croix est aussi conservée à Fahan comme un Monument National. Il est le Saint Protecteur
particulier du clan de O'Neill et de Fahan.
SAINT FECHNO (OU FIACHNA), CONFESSEUR EN IRLANDE (+ 580).
Né dans Nord de l'Irlande, Fechno vécut plusieurs années sous la Règle de Saint Columban et
fut l'un des douze disciples qui l'accompagnèrent en Écosse pour l'évangélisation des Pictes.
On trouve son nom au 12 mars.
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SAINT THÉOPHANE LE CONFESSEUR DE SYGRIANE (+ 818)
Théophane est appelé le Sygrien (Sigrien) à cause de Sygriane (Sigriana), son lieu de
naissance. Il était parent de l'empereur Léon l'Isaurien et de son fils Copronyme.
Il possédait une grande richesse et splendeur. Mais tout cela perdit sa valeur pour Théophane
lorsque le Seigneur Christ commença à régner dans son âme. Il refusa de se marier mais
lorsqu'on l'y força, il parvint à recommander l'abstinence complète à son épouse, vivant dans
la chasteté comme frère et soeur. A peine ses parents morts, sa femme entra dans un couvent
et lui dans un monastère. Son monastère se trouvait sur les montagnes sygriennes dans la
province de Cyzique.
L'autrefois glorieux et riche Théophane vivait dans ce monastère comme le moindre des
pauvres. Tous étaient éblouis de son changement. Etant devenu célèbre par sa forte Foi,
abstinence et sagesse, il fut invité au Septième Concile Oecuménique (Nicée 783) où la
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Vénération des Saintes Icônes fut confirmée. Du fait de sa pureté et de sa chasteté, Dieu lui
donna le don d'accomplir des Miracles par lesquels il guérit toutes les maladies, en
particuliers les désordres maniaques et mentaux.
Il priait Dieu pour tous les malades et les malheureux et par ses prières, il les aidait. Il n'y a
que lorsqu'il devint malade à son tour et que sa maladie dura un moment qu'il refusa de prier
Dieu pour le retour de sa propre santé mais endura sa maladie avec gratitude. Lorsque la
persécution iconoclaste recommença sous le maudit Léon l'Arménien, Théophane fut emmené
à Constantinople et jeté en prison où il subit deux ans durant des maltraitances, la douleur et
l'humiliation. Puis l'empereur le bannit en exil sur l'Île de Samothrace qu'il avait vue
auparavant en esprit et avait mentionnée à ses geôliers. Après son arrivée à Samothrace, il
vécut encore vingt-deux jours puis parut devant son Seigneur et Créateur pour recevoir la
méritée Couronne de Gloire.
ou
Théophane naquit à Constantinople vers 758, fut élevé à la cour des empereurs. A la mort de
son père Isaac qu'il perdit tout jeune, Léon, fils de Constantin Copronyme, voulut qu'il prît le
nom d'Isaac et c'est seulement dans le cloître qu'on le retrouve avec le nom de Théophane. Il
était dans sa dix-neuvième année quand sa mère lui fit contracter mariage mais il avait déjà le
dessein d'embrasser la vie monastique et il détermina son épouse à vivre avec lui dans la
continence, attendant tous deux l'occasion d'entrer en religion. Cette occasion se présenta
deux ans plus tard. Théophane ayant confié son épouse à un Monastère de l'Île des Princes,
reçut la tonsure monacale des mains de Théodore Monochéir à Polichnion et se retira à
Calonymos dans un de ses domaines qu'il transforma en monastère en y plaçant des Moines
de Polichnion.
A la Naissance Céleste de son Père Spirituel, il semble que Théophane gouverna lui-même
quelque temps sa maison de Calonymos mais il la quitta bientôt pour se retirer à Sigriane, y
acheta un terrain, construisit un nouveau monastère auquel on donna le nom de Grand Champ
(Mégalagrite). Théophane s'y distingua par la pratique des vertus et de son application au
travail : en copiste diligent, il prépara la chronographie, oeuvre qui lui valut son surnom. On
l'obligea à diriger cette nouvelle maison comme supérieur.
Il y vivait tranquillement lorsqu'en 787 le Patriarche Taraise, de concert avec Constantin et
Irène, l'appela au Deuxième Concile oecuménique de Nicée réuni pour la défense du culte des
Saintes Images. Théophane parut à cette assemblée dans un extérieur humble et pauvre mais
son rare mérite éclata bientôt quand on l'eut obligé à prendre la parole; il défendit la Foi
orthodoxe en appuyant ses assertions sur la Sainte Ecriture et la Tradition. Puis il rentra dans
son Monastère de Grand-Champ où il continua ses austérités qui s'accrurent bientôt par les
douleurs cruelles que lui causèrent les coliques néphrétiques et la maladie de la pierre; ce fut
pour lui une nouvelle occasion de pratiquer la patience et de se perfectionner dans la vertu.
Léon l'Arménien, reprenant sa campagne impie contre les Saintes Images, essaya bien de
gagner Théophane mais il s'attira une réponse ferme et courageuse dans laquelle le Moine
affirmait la doctrine professée par lui au Concile de Nicée.
L'empereur irrité envoya aussitôt des soldats avec ordre de détruire le monastère et. de lui
amener l'Abbé pieds et mains liés. Léon l'Arménien fit languir quelque temps Théophane dans
une obscure prison et voyant qu'il ne pouvait rien gagner par ses cruautés, il l'exila dans l'Île
de Samothrace. Le Saint Confesseur de la Foi n'y vécut que dix-sept jours et s'endormit le 12
mars 817.
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C'est à cette date du 12 mars que les Eglises grecque et latine honorent Théophane. En 820,
ses Précieux Restes furent rapportés à Hiereia dans le sanctuaire de Saint Procope, à deux
milles du Monastère de Grand-Champ et le transfert solennel dans l'abbaye se fit deux ans
plus tard, vers Pâque de 822. A cette occasion, Théodore Studite prononça le panégyrique qui
fut conservé.
SAINT PAPE GREGOIRE LE DIALOGUE DE ROME ALIAS SAINT GREGOIRE LE
GRAND (+ 604) 12 mars (repos) – 3 septembre (sacre épiscopal, Rome)
Nous pensons devoir ajouter la notice qui suit à celles des Saints de ce Synaxaire afin
d'éclairer le rôle de ce grand Patriarche orthodoxe qui fut le premier à porter ce nom grec de
Grégoire (qui signifie : le Vigilant) sur le siège patriarcal de Rome et que les peuples
orthodoxes d'Occident appelèrent Grégoire le Grand.
Pendant ces quatorze années d'un épiscopat béni, il ne se contenta pas en effet d'être le
biographe de Saint Benoît de Nursie –dont il répandit la Règle dans tout l'Occident– et
l'organisateur de la mission en Angleterre, ce qui eut suffi à assurer la gloire de son patriarcat
–si nous considérons tout ce que l'Occident doit à la cohorte innombrable de Saints qui nous
vinrent en retour (au cours des siècles suivants) des peuples celtiques d'Irlande, du Pays de
Galles et du reste de l'Île de Grande Bretagne– mais il condamna d'avance les ineptes
prétentions de ses successeurs et nous constatons hélas chaque jour davantage que si le siège
de Rome avait suivi sa Sainte Doctrine, nous n'aurions sans doute pas connu la désastreuse
chute de ce grand Patriarcat dans une hérésie dont nous subissons aujourd'hui les
conséquences si dramatiques pour la Foi de tous les peuples orthodoxes.
Né vers 540 dans une famille sénatoriale romaine qui avait déjà compté plusieurs Papes, il
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devint Préfet de la Ville de Rome. Mais au cours de ses brillantes études, il s'était imprégné de
la Parole de Dieu et au Départ de son père, il résigna sa charge et distribua les immenses
richesses dont il venait d'hériter dont la plus grande partie fut consacrée à la fondation de sept
monastères : six en Sicile et le septième, placé sous l'invocation du Saint Apôtre André dans
son propre palais de Rome; il y entra alors comme simple Moine. Mais il lui restait encore
une possession personnelle et la rencontre d'un mendiant qui avait été réduit à la plus grande
misère à la suite d'un naufrage lui fournit enfin l'occasion de s'en dépouiller aussi : c'était
l'écuelle dans laquelle il mangeait et pour l'Amour du Christ, il en fit don à ce malheureux
marchand.
Celui dont il devait bientôt devenir le successeur, le Patriarche Pélage II (579-590), l'envoya
convaincre l'Empereur et le Patriarche de Constantinople de se pencher sur le sort de l'Italie
soumise à l'oppression des rois lombards. Il y resta six ans et y réfuta les erreurs du patriarche
Eutychès; de retour à Rome où il rapporta de Saintes Icônes et de Vénérables Reliques, il fut
élu Higoumène de son monastère qui devint sous sa direction un centre rayonnant d'austérité
et de Sainteté. C'est pendant cette période qu'il vit un jour de jeunes et beaux enfants blonds
que l'on vendait comme esclaves au marché et que, bouleversé jusqu'aux larmes, il s'enquit de
la provenance de ces "Anges revêtus d'un corps" : apprenant qu'ils venaient de l'Île de Grande
Bretagne (qui n'avait pu être que partiellement illuminée à l'époque apostolique avant d'être
brutalement replongée dans les ténèbres de l'idolâtrie par les terribles invasions des Saxons), il
décida immédiatement de partir en Angleterre avec quelques-uns de ses Moines mais après
trois jours de marche en direction du Nord, ils furent rattrapés par des envoyés du Patriarche
car le peuple de Rome s'était soulevé à la nouvelle du départ de celui qu'il considérait comme
son Protecteur et dont il exigeait le retour.
Lorsque la peste frappa Rome en 590, le Saint Higoumène Grégoire exhorta le peuple à faire
pénitence avec lui et obtint la cessation de l'épidémie grâce à l'ostension processionnelle de la
Sainte Icône de la Théotokos dans tous les quartiers de la Ville. Le Patriarche Pélage ayant été
parmi les victimes, le peuple voulut que Grégoire lui succédât mais il s'enfuit pour échapper à
ces honneurs et se réfugia dans une caverne; il fut retrouvé peu après par l'effet d'une
intervention miraculeuse et ramené triomphalement à Rome où il fut consacré le 3 septembre
590.
La famine régnait et l'Église était dans un état déplorable, agitée d'hérésies, de schismes,
soumise à l'oppression des barbares et impuissante à faire cesser les dérèglements des princes
chrétiens. Grégoire prit ces tâches surhumaines à bras le corps et commença par transformer
le palais pontifical en véritable monastère où il eut à coeur d'accueillir les affamés et de les
nourrir de ses propres mains. Il organisa de grandes processions (qu'on appela les Litanies
Majeures ou Rogations et qui sont encore observées tous les 25 avril), régla les prières et les
lectures à observer partout au cours de l'année liturgique. Ceci amena certains à lui attribuer
faussement la réforme du chant liturgique selon l'exemple de ce qu'il avait pu admirer à
Constantinople mais dans un style adapté aux conditions de l'Occident. Ainsi réformé, ce
chant prit alors et donc abusivement, le nom de "chant grégorien."
Il veilla à l'élection régulière des Evêques dans les Églises qui dépendaient de Rome et ne leur
permit plus de résider hors de leurs diocèses, mettant un terme aux ingérences des autorités
civiles dans les affaires de l'Église comme celles des Évêques dans la conduite des monastères
–et s'attaquant vigoureusement à la simonie. Il entretenait une correspondance avec les autres
Patriarcats et reprit notamment avec un Grand Amour Fraternel le Patriarche de
Constantinople Saint Jean IV le Jeûneur qui avait employé dans ses actes le titre de
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"Patriarche OEcuménique," lui faisant remarquer avec humilité qu'aucun Évêque ne pouvait
s'attribuer l'autorité de l'Eglise prise dans son ensemble, cette autorité étant réservée aux seuls
Conciles OEcuméniques.
Le reste de sa vie est au Grand Synaxaire de Constantinople et notamment comment il parvint
à arrêter les Lombards qui allaient piller la ville de Rome et même à travailler efficacement à
leur conversion avec l'aide de leur Reine Théodelinde qui était orthodoxe elle-même –et
comment il organisa la grande mission de quarante Moines dirigés par Saint Augustin (de
Canterbury) qu'il envoya évangéliser l'Angleterre.
Il rédigea plusieurs livres importants dont ses Morales sur Job dont la méthode d'exégèse
allégorique et morale fut un exemple suivi pendant tout le Moyen-Age et surtout son livre des
Miracles des Pères d'Italie, plus connu sous le nom de Dialogues (avec son Diacre Pierre)
dans lequel il démontre que c'est bien le même Esprit qui agit en tout temps comme au temps
des Apôtres pour accomplir des Miracles –et qu'il est par conséquent possible à tout baptisé et
en tout temps de parvenir à l'union avec Dieu.
ou
Fils du sénateur Gordianus, il fut par la suite lui-même sénateur et gouverneur de la ville de
Rome. A l'Endormissement de son père, Grégoire s'abandonna à la vie spirituelle. Avec sa
richesse, il bâtit six monastères en Sicile et le septième dans la ville de Rome en l'honneur du
Saint Apôtre André. C'est là qu'il fut tonsuré Moine.
Sa mère Sylvia entra au couvent et fut tonsurée Moniale. Après l'Endormissement du Pape
romain Pélage, Grégoire fut choisit comme Pape. Il fuit cet honneur et cette autorité en se
cachant dans les montagnes et ravins mais le Seigneur le dévoila à ceux qui le cherchaient de
la manière suivante : une colonne de feu s'éleva du sol vers le Ciel à l'endroit où Grégoire se
cachait.
Il fut exceptionnellement charitable. Tous ses revenus étaient utilisés pour bâtir des abris et
des hospices pour les nécessiteux. Souvent, il invitait les moins bien lotis et les servait à table.
Il passait son temps à écrire des livres inspirés. Il est aussi appelé 'Dialogos' à cause d'un livre
qu'il rédigea sous ce titre dans lequel il rapporte les Miracles accomplis par des Saints d'Italie.
Il composa aussi la "Liturgie des Pré-Sanctifiés" que l'on célèbre le mercredi et le vendredi
durant le Grand Carême. Son Archidiacre Pierre vit une colombe voler au-dessus de la tête de
Grégoire pendant qu'il était assis et occupé à écrire. Il se présenta devant le Seigneur en 604.
ou
Né à Rome vers 540, sa Fête principale est au 12 mars et celle du 3 septembre commémore
son élection comme Evêque de Rome.
"La Sainte Bible est comme un miroir devant les yeux de notre esprit. En elle, nous voyons
notre intériorité. Des Ecritures, nous pouvons apprendre nos déformations et beautés
spirituelles. Et là aussi, nous découvrons les progrès que nous accomplissons et à quel point
nous sommes loin de la perfection." Saint Grégoire.
Il excella en bien des choses et de tant de manières. Sa grandeur est amplifiée par le contraste
avec l'époque à laquelle il vécut et où tout n'était que déclin. Il était préfet de Rome quand il
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écrivit ceci : "Tout est à la merci des barbares : les villes sont sapées, les citadelles détruites,
les provinces dépeuplées et il n'y a plus de fermiers dans les campagnes. Et chaque jour, les
idolâtres exercent leur puissance et assouvissent leur rage en assassinant des fidèles. Nous
voyons ce qu'il est advenu de celle qui autrefois apparaissait comme la maîtresse du monde.
Elle est brisée par tous ceux qu'elle a fait souffrir d'immenses et multiples désastres. Nous, le
petit reste, nous sommes menacés chaque jour par l'épée et d'innombrables procès..."
Saint Bède décrit Grégoire comme l'homme que l'Angleterre "peut et doit appeler notre
Apôtre parce qu'il fit de notre nation alors adonnée aux idoles, l'Eglise du Christ" et la tombe
de Grégoire à Rome porte l'inscription suivante : "Il enseigna la Vérité chrétienne aux Anglo-
Saxons."
Distingué Romain né d'une famille sénatoriale chrétienne, Saint Grégoire était fort redevable
à sa mère, Sainte Sylvia et à deux de ses soeurs qui sont considérées comme Saintes. Son
père, Gordianus, descendant d'un Pape romain précédent, était un administrateur laïc d'une
des sept Archidiaconies de Rome. Formé à Rome comme avocat en 571 et âgé de trente ans, il
en devint un des préfets. Il semble qu'il se soit fort bien acquitté de sa tâche malgré sa
tendance à l'austérité. Les historiens se réfèrent à la splendeur de ses robes en contraste avec
l'habit qu'il portera les années d'après.
A la Naissance au Ciel de son père, il donna la plus grande partie de son héritage aux pauvres
et à l'Eglise, ci-incluse la fondation de six nouveaux monastères en Sicile. Vers 574, il
transforma son domaine familial sur la Colline Caelian en Monastère Saint-André, placé sous
la direction de Valentius et quitta sa charge pour devenir Moine. Grégoire mitigea les
caractéristiques des pratiques ascétiques orientales afin de rendre la Règle plus acceptable aux
conditions occidentales.
A cette époque, il y avait une frontière imperméable entre les Moines et les Prêtres : un Prêtre
devenu Moine était censé arrêter son ministère presbytéral parce que les Prêtres étaient vus
comme du monde; les Moines, au-delà du monde. La volonté ultérieure de Grégoire
d'affranchir les Moines du contrôle épiscopal était totalement contraire à la tradition. Le
Concile de Chalcédoine (451) avait ordonné que les Moines restent sous l'obéissance de leurs
Evêques. Cependant Grégoire, au Concile de Latran de 601, fera promulguer un décret par
lequel tous les Moines seront exempts de l'autorité épiscopale. Une partie de ses raisons était
de maintenir les Moines à l'intérieur de leurs monastères et d'éviter de les avoir voyageant de
place en place.
Le Pape de Rome Grégoire écrivait à l'Evêque Castorius d'Ariminum :
"Aussi à la mort d'un Abbé, ne laissez pas l'Evêque sous quelque prétexte que ce soit
interférer dans le processus ou prendre la charge de la propriété du monastère, acquérir ou
donner ou laisser acquérir. Nous lui interdisons aussi de célébrer des Liturgies publiques dans
un Couvent afin d'éviter que la retraite des Serviteurs de Dieu et leur lieu de refuge puisse par
quelque opportunité se trouver au concours de femmes, ce qui ne représenterait aucun
avantage pour leurs âmes. Ne le laissez pas non plus oser placer son siège épiscopal là ni
avoir pouvoir ou commandement ni y tenir d'ordination, même la plus ordinaire, à moins que
cela ne lui ait été demandé par l'Abbé du lieu."
Grégoire demeura dans son monastère trois ans durant puis fut ordonné par le Pape de Rome
Pélagius II comme un des sept Diacres de Rome en 578. Par tempérament, il était trop actif
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pour la vie contemplative et cinq ans après s'être retiré des affaires publiques, il fut nommé
légat à Constantinople (579-585), un poste pour lequel il était bien préparé et qu'il remplit
avec grande distinction mais il demeura cependant en habits de Moine et transforma une
partie de son ambassade en monastère. C'était à l'époque où l'empire romain s'était reconstitué
avec son quartier général à Constantinople. Le Pape de Rome l'avait envoyé pour obtenir
l'aide de l'Empereur contre les Lombards; il n'y parvint pas.
En 586, Grégoire fut rappelé à Rome et devint Abbé de son monastère, tout en travaillant
comme secrétaire du Pape. Une histoire nous dit que Grégoire avait formé l'idée de partir luimême
prêcher l'Evangile en Angleterre et se serait mis en route mais aurait été rappelé à
Rome par son Pape suite à l'insistance du peuple quand la peste frappa la ville en 589-590.
Le Pape Pelagius contracta la maladie et s'endormit. Grégoire fut consacré Evêque et élu Pape
de Rome le 3 septembre 590 –en cela il était le premier Moine à tenir ce siège. On rapporte
que Grégoire tenta par tous les moyens possibles d'échapper à cette élection, écrivant même à
l'Empereur Maurice à Constantinople pour lui demander de ne pas donner sa confirmation
impériale. La lettre fut interceptée par le préfet de Rome et substituée par une autre du Sénat,
clergé et du peuple demandant la nomination de Grégoire. A l'arrivée de la réponse de
l'Empereur, le Saint s'enfuit de Rome. Puis il comprit qu'il ne pouvait pas refuser l'office avec
bonne conscience.
C'était une époque de famine, d'inondations et de peste et Grégoire appela à faire des Litanies,
des processions et des prières incessantes pour demander l'Aide de Dieu. Ces expressions de
la Foi furent récompensées par une rapide diminution des infestations. Durant une des
processions, Grégoire vit un Ange au-dessus de l'Arc d'Hadrien rengainer son épée au
fourreau –c'est de cette vision que Castel Sant'Angelo tire son nom.
Comme Patriarche de Rome, il devint la plus puissante personnalité d'Italie, l'Exarque de
Ravenne étant terne en comparaison de Grégoire. A ses côtés, l'Empereur occidental était une
piètre figure et bientôt la puissance de cette forte personnalité et son influence bienveillante se
fit ressentir en Europe. Les attaques des barbares avaient de plus accru l'importance de
l'Eglise parce qu'ils avaient détruit nombre de temples païens et chassé les familles
patriciennes qui conservaient l'ancienne religion d'Etat, hors de Rome.
En tant que prédicateur, il était très habile. Dans le domaine de la Liturgie, on prétend qu'il
introduisit le chant dit "grégorien"* (en réponse au chant congrégational et antiphoné que
Saint Ambroise avait introduit à Milan et qu'il considérait comme désinvolte et irrévérent) et
établit une école de choeur conjointe à un orphelinat. Il excella aussi en homme d'Etat. En
effet dans toutes les branches et aspects de la vie d'Eglise, il se montra à la fois ingénieux et
autoritaire et plus que tout autre, il donna sa forme et sa direction à l'Eglise médiévale. A cette
époque, on nous dit que le siège patriarcal de Rome se tenait en Europe occidentale comme un
phare dans la tempête.
* Ce qui est faux - cfr "Centre d'Etudes Grégoriennes de Metz" et leurs publications. Le chant dit "grégorien"
est d'origine de Metz et dû à Saint Chrodegang (+ 766) né à Liège et formé à l'Abbaye de Saint-Trond dans le
Limbourg belge avant de devenir Archevêque de ce grand siège. C'est pour en faciliter la diffusion qu'on lui en
attribua par la suite la paternité, ainsi rehaussée de son renom aux yeux des puissants Princes tout au moins,
tout comme pour la Liturgie byzantine et d'autres encore. Mais c'est à Metz au huitième siècle que cette
magnifique Liturgie est née : le "Cantilena Metensis" et non à Rome au sixième siècle.
Grégoire s'occupa personnellement des difficultés dues aux Lombards qui assiégèrent Rome
plusieurs fois durant son épiscopat et avec qui il négocia personnellement les traités. Ils
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continuèrent à être sources de problèmes. En 593, il persuada les envahissants lombards
dirigés par Agilulf d'épargner Rome et il négocia la paix avec le roi lombard, un geste sans
précédent qui mit en pratique de côté l'autorité du représentant de l'Empereur de
Constantinople : l'Exarque de Ravenne. Grégoire fut responsable de tous les travaux de
relèvement dans les zones sinistrées, y compris l'affranchissement de ceux qui avaient été faits
esclaves. A cet effet Grégoire urgea les Evêques à ne pas hésiter d'aller jusqu'à vendre les
vases sacrés. Il parvint à conclure une trêve temporaire avec les Lombards en 603.
Il nomma les gouverneurs des cités italiennes, leur fournit du matériel de guerre et dénonça
les lourdes taxes imposées aux Italiens par les officiels constantinopolitains. C'est ici que se
situent les prémisses de l'exercice de l'autorité temporelle papale romaine qui lui fit perdre, à
terme, sa légitimité spirituelle comme surent la conserver les quatre autres Patriarcats de la
Chrétienté d'alors : Constantinople, Jérusalem, Alexandrie et Antioche.
Il eut à affronter nombre de troubles et eut fort peu de scrupules à utiliser la force séculière
pour gagner des adhérents à l'Eglise. La controverse donatiste refit surface en Afrique et
Grégoire fit appel à l'Empereur pour renforcer les lois pré-existantes contre leur culte. Il
encouragea les Rois francs aux méthodes coercitives pour amener leurs sujets à la Vraie Foi et
dans ses propres possessions en Italie, il ordonna qu'on force les manichéens à accepter le
Christianisme. D'un autre côté, il fut particulièrement tolérant envers les Juifs et urgea qu'on
ne les maltraite pas. Il alla si loin jusqu'à dire que dans le cas de Juifs, les conversions forcées
n'étaient jamais sincères.
Un des grands succès de l'époque fut la conversion du roi arien Reccared d'Espagne qui
renonça à son hérésie et se convertit à la Vraie Foi sous l'influence du plus grand ami de
Grégoire, Saint Léandre.
Grégoire utilisa le don du pallium [=omophore] comme une méthode pour étendre son
autorité. Originellement, c'était une écharpe donnée par les empereurs à leurs amis et officiers
qu'ils voulaient honorer particulièrement. Cela devint une manière pour les Papes de Rome et
les autres Patriarches de donner à distinguer un Métropolite [=Evêque métropolitain], bien
que dans certains cas des Evêques diocésains le reçurent aussi sans être Métropolites.
Bien que Grégoire retirât l'autorité des Evêques sur les Moines, il protégea et augmenta leurs
droits dans d'autres domaines. Il sépara le clergé des cours séculières et leur interdit de faire
appel aux tribunaux civils. Il refusa aussi les cadeaux annuels que les Evêques suffragants
apportaient traditionnellement à Rome ou tout paiement pour obtenir le pallium et abolit les
revenus cléricaux pour les funérailles et ordinations. Il restaura la discipline ecclésiastique,
démit de leurs fonctions les clercs indignes et fut d'une charité prodigieuse.
Mais le plus remarquable et le plus considérable fut sa vision missionnaire. Depuis longtemps
il voulait la conversion de l'Angleterre où la règle romaine s'était éteinte sous les ravages des
barbares et l'Eglise romano-britannique avait été repoussée dans les provinces des
Cornouailles, Pays de Galles et Cumbire pendant que les nouveaux Saxons et leurs royaumes
païens se levaient et rivalisaient entre eux jusqu'à ce que le Saint Roi Ethelbert de Kent
parvint à exercer l'autorité suprême sur presque tout le pays.
Avant de devenir Pape de Rome, Grégoire, en se promenant sur le marché de Rome, avait
remarqué les garçonnets saxons aux longs cheveux qui étaient en vente comme esclaves et il
avait fait son célèbre jeu de mot : "Pas des Angles mais des Anges!," ajoutant, toujours sur ton
32
humoristique, "l'Alleluia sera chanté dans le pays d'Aella." Jusqu'à ce qu'il soit à même de
mener son plan d'évangélisation, il rachètera des jeunes garçons anglais sur le marché aux
esclaves pour leur donner une bonne éducation en vue de les renvoyer chez eux comme
Missionnaires.
Une magnifique occasion se présenta lorsque le Saint Roi Ethelbert de Kent épousa une
Princesse chrétienne, Berthe de Gaule. Elle avait été autorisée à emmener son chapelain avec
elle en Angleterre pour sa propre chapelle. Grégoire comprit l'occasion qui se présentait. Il
décida alors d'envoyer Saint Augustin (futur Evêque de Canterbury et non Saint Augustin
d'Hippone) ainsi qu'un petit groupe de Moines pour prêcher l'Evangile en ces terres. A
plusieurs reprises, les Moines, découragés, voulurent abandonner mais Grégoire les
encouragea sans cesse. Les Missionnaires aboutirent finalement sur l'Ile de Thanet en mai
597. Ethelbert les y reçut courtoisement et reçut même le Baptême. La mission ayant aboutit
avec succès, Augustin partit en Gaule pour se faire sacrer Evêque par le Métropolite d'Arles.
Quand des questions surgirent en Angleterre, Augustin écrivit à Grégoire. Une lettre concerne
le partage des offrandes parce qu'Augustin était un Moine vivant en communauté et
partageant tout en commun. La coutume normale était de partager toute offrande de manière
égale entre l'Evêque, le clergé, les pauvres et la paroisse pour son entretien. Puis il y eut la
question des pratiques liturgiques : fallait-il suivre celles de Rome ou celles des Gaules? La
réponse fut qu'Augustin devait s'adapter à ce qui convenait en fonction des lieux et
circonstances. Il y eut aussi des questions sur le mariage, les ordinations et la position des
Evêques. En toutes choses, Grégoire se montra un homme pragmatique, tempérant la loi par la
charité. Par exemple quand Augustin posa la question des ordinations épiscopales qui
demandaient au moins trois Evêques consacrant, Grégoire répondit que puisque Augustin était
le seul Evêque dans la région, il devait consacrer seul, à moins d'arriver à faire venir des
Evêques des Gaules.
Grégoire avait considéré l'Angleterre comme étant sous direction romaine. Il avait planifié
d'avoir un siège métropolitain à York et l'autre à Londres et chaque siège avec douze
suffragants. York n'aurait eu à dépendre de Londres que du vivant d'Augustin puis à sa
Naissance Céleste devenir indépendant. Grégoire ne semble pas avoir compris que les
Evêques pré-existants avait peu d'intérêt à convertir leurs envahisseurs anglo-saxons.
Grégoire écrivit aussi à Saint Mellitus de rappeler à Augustin de ne pas détruire les temples
païens mais plutôt de les aménager et consacrer à un usage chrétien.
Grégoire explique sa vision de la mission anglaise dans sa lettre au Pape Euloge
d'Alexandrie : "Pendant que la nation des Angles située dans un coin du monde demeurait
jusqu'à ce jour dans sa mécréance à adorer des piquets et des pierres, j'ai décidé, grâce à l'aide
de tes prières pour moi, d'y envoyer, Dieu permettant, un Moine de mon monastère afin d'y
prêcher. Et lui, ayant été fait avec mon autorisation Evêque des Evêques de Germanie,
procéda avec leur aide aussi jusqu'au bout du monde de cette nation et déjà des lettres nous
sont parvenues nous parlant de sa sécurité et de ses oeuvres au point que lui et ceux qui ont
été envoyés avec lui resplendissent de tant de grands Miracles dans la-dite nation qu'il semble
qu'ils imitent les puissances des Saints Apôtres dans les signes qu'ils montrent. De plus, lors
de la solennité de la Nativité du Seigneur qui eut lieu à la première indication, plus de dix
mille Angles furent signalés comme ayant été baptisés par notre même frère et confrère
Evêque."
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Durant toutes ses activités, Grégoire ne cessa jamais ses écrits –ses Homélies, ses célèbres
"Dialogues" et nombre d'autres écrits dont huit cents lettres et épîtres qui ont survécu. Les
Dialogues remplis de merveilles à propos de visions, prophéties, Miracles et vies de Moines et
de Saints d'Italie ont donné à son temps de Pieuses Lectures et lui ont imprimé les Vérités
essentielles de la religion.
Grégoire écrivit les Soins Pastoraux (Liber regulae pastoralis) afin d'expliquer sa position.
C'est un exposé sur les devoirs épiscopaux (le fait que ce soit un des premiers livres à avoir
été traduits en anglais atteste de son importance). En Gaule franque, il fut remis à chaque
Evêque lors de sa consécration. L'Empereur Maurice le fit traduire en grec afin qu'il puisse
être utilisé aussi en Orient. La majeure partie du livre explique comment un prédicateur
devrait adapter son enseignement afin de toucher chaque composante de la population.
Grégoire ne fut pas un penseur grand ou créatif mais plutôt comme les pragmatiques Romains
de son temps. La coutume de célébrer trente Liturgies successives pour les défunts porte son
nom. Elle provient de ses Dialogues (Livre 4, chap. 40) qui rapporte qu'un Moine nommé
Justus avait reçut trois pièces d'or qu'il avait conservées pour lui –une injure à la pauvreté.
L'or fut découvert et Justus excommunié. Peu après il mourut et fut ensevelit dans un sol non
consacré avec ses trois pièces d'or. Le temps répara le scandale et l'Abbé, ému de compassion
pour l'âme de Justus, fit offrir le Sacrifice Non-Sanglant trente matins d'affilée. Lorsque la
Liturgie du trentième jour se termina, Justus apparut à un frère appelé Copiosus, lui disant :
"Bénis Dieu, mon frère, ce jour je suis délivré et admis dans la compagnie des Saints."
Ce Pape romain est aussi considéré comme le géniteur de la Liturgie des Présanctifiés qui
continue à être célébrée dans l'Eglise orthodoxe durant les quarante jours de jeûne qui
précèdent Pâque. Il nous rapporte lui-même qu'il changea de place la Prière du Seigneur et
l'ajouta à la Prière de Consécration. Il ajouta aussi des demandes à la prière "Hanc igitur,"
apportant ainsi une touche finale au Canon romain.
Ses travaux furent immenses. Aucune tâche n'était trop grande, aucun service trop humble
pour ce Doué et Polymorphe Disciple du Christ qui aima à s'appeler lui-même "le serviteur
des Serviteurs de Dieu." Des nombreuses histoires qu'on raconte sur lui, il y a celle du
mendiant qui se présentant à répétition à la porte du monastère pour demander l'aumône et à
chaque fois Grégoire donna jusqu'au jour où il n'y eut plus d'argent; alors il lui donna un bijou
d'argent ("porringer") qu'il avait reçu de sa mère.
Comme Evêque de Rome, Grégoire continua la vie monastique autant que possible. Il
conserva les habitudes et vécut avec son clergé dans une stricte discipline. Devenu Patriarche
de Rome, il invitera chaque soir à sa table douze pauvres, un pour chaque disciple du
Seigneur. Une nuit, il en compta treize et appelant le serviteur, il lui demanda la raison. "Saint
Père," répondit le serviteur après avoir recompté, "tu fais erreur, ils ne sont que douze." Mais
Grégoire en comptait pourtant treize et après le repas, il appela son hôte non-présenté : "Qui
es-tu?" L'hôte répondit : "Je suis le pauvre homme que tu aidas et à travers Moi, tu obtiendras
toujours ce que tu demanderas à Dieu." Alors Grégoire connut qu'il avait nourri Notre
Seigneur.
Grégoire continua ses travaux apostoliques encore sept ans durant après avoir envoyé
Augustin en Angleterre. Sa fragilité s'accrut et il eut à terminer ses travaux au milieu des
intenses douleurs d'une crise de goutte chronique. Il s'affaiblit progressivement. Durant la
dernière partie de sa vie, il fut en proche correspondance avec la reine Théodolinda des
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Lombards qu'il tenta, elle et son peuple, à gagner au Christ. Son fils naquit et fut baptisé dans
l'Eglise juste avant la Naissance au Ciel de Grégoire. Durant sa dernière maladie, il lui écrivit
pour la féliciter pour la naissance de son fils.
Tropaire de Saint Grégoire le Dialogue. Ton 3
Tu répandis avec excellence la Parole de Dieu,/
étant doué de la discrétion du discours, Ô Hiérarque Grégoire :/
car par ta vie tu nous présentes les vertus,/
et irradies la lumière de la Sainteté./
Ô Juste Père, prie le Christ Notre Dieu qu'Il nous accorde Grande Miséricorde.
12 mars – 1 - 20 juillet *
SAINT JUSTE AARON LE PREMIER PRETRE (-1471 AV NSJC)
Frère de Moïse, il le soutint durant tout l'exode au Désert malgré une défaillance au jour du
veau d'or dans le massif de l'Horeb quand Dieu donna la Loi à Son Peuple. De la tribu de
Lévi, il fut le premier Grand-Prêtre des Hébreux et qui, peu à peu, pratiqua les rites de
l'Ancienne Alliance donnés par Dieu. Il fut enseveli au sommet de la montagne de Hor,
n'ayant pu entrer en Terre promise comme Moïse.
* Les deux dernières dates de commémorations sont peu avérées mais néanmoins suffisamment rencontrées pour
être respectées par votre transcripteur.
ou
Fils de Yokébed et Amram, tous deux issus de la tribu de Lévi, il naquit en Égypte en 1574
avant NSJC selon Ussérius, en 1728 avant NSJC selon L'art de vérifier les dates. Il prit part à
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tout ce que fit son frère pour délivrer les Hébreux du joug des pharaons et fut désigné de Dieu
pour exercer le sacerdoce, lui et toute sa postérité.
Lors de l'ascension du Mont Sinaï par Moïse pour recevoir les Tables de la Loi, les Hébreux
nouvellement libérés du joug du Pharaon pressèrent Aaron de leur construire une idole d'or,
en fondant les bracelets et colliers qu'ils avaient réussis à emmener avec eux. Il construisit
un veau d'or qu'ils adorèrent à l'imitation du taureau Apis qui était adoré en Égypte.
Lorsque Moïse descendit du Mont Sinaï et qu'il vit les Hébreux adorer une idole (chose
littéralement interdite par le troisième Commandement du Décalogue), il fut prit d'une colère
si grande qu'il fracassa les Tables de la Loi sur un rocher. Pour cette faute, Moïse fut
condamné à retourner au sommet du Mont Sinaï re-graver les Tables et surtout à passer sa vie
à chercher la Terre Promise sans jamais pouvoir la voir : il s'endormit après les quarante
années que le peuple d'Israël passa dans le Désert, au versant d'une dune qui cachait cette
Terre de lait et de miel.
Cependant Moïse pardonna à Aaron sa faute et il fut même élevé par son frère au rang
de Grand-Prêtre, charge qu'il fut le premier à exercer.
Orateur éloquent, il prenait ordinairement la parole à la place de Moïse. Il s'endormit à l'âge
de cent vingt-trois ans sur le Mont Hor (Nombres 33:39) et ne put entrer dans la Terre
Promise parce qu'il avait douté de la Puissance de Dieu. Il fut pleuré par tous, hommes et
femmes alors que la Torah ne mentionne que les seuls hommes à avoir pleuré Moïse. Il s'agit
là sans doute d'une façon de mettre en exergue la popularité dont jouissait Aaron.
Il eut pour fils Nadab, Abihu, Eléazar et Ithamar de sa femme Élischéba (Élisabeth).
Note du transcripteur
Le lien proposé est non seulement catholique romain mais moderniste en plein; pardonnezmoi
: avant de trouver le temps de reprendre les références depuis la version de la Bible que
nous utilisons d'habitude en français (Segond), voici en attendant ce lien :
http://www.aelf.org/bible/search?query=Aaron&commit.x=0&commit.y=0
OK SAINT MARTYR MAXIMILIEN A TEBESSA (+295)
C'est sous le consulat de Tuscus et d'Anulin que Fabius Victor fut amené le 12 mars à
Théveste en Numidie devant le proconsul d'Afrique Dion Cassius, avec son fils Maximilien.
Le père était préposé à la levée des nouvelles recrues et Maximilien, son fils, déclarait qu'en
sa qualité de Chrétien, il ne lui était pas permis de servir comme soldat.
Vainement, Dion Cassius insista mais le jeune homme répondait, invariablement : "Je ne serai
point soldat, je ne combattrai pas pour le siècle, je suis le Soldat de Mon Dieu!" Et encore :
"Je ne reçois point de marque du siècle; si l'on m'impose le signe de l'empereur, je le briserai
car pour moi, il est sans valeur. Je suis Chrétien. Il ne m'est pas permis de porter au cou la
bulle de plomb, moi qui porte déjà le Signe Sacré du Christ, Fils du Dieu Vivant. C'est Lui
Que nous servons, nous tous Chrétiens, c'est Lui Que nous suivons car Il est le Prince de la
Vie, l'Auteur du Salut." Finalement, le proconsul fit effacer sur les tablettes le nom de
Maximilien et il ajouta : "Puisque d'une âme insoumise tu as refusé le service militaire, tu
encourras la sentence de mort qui servira d'exemple aux autres." "Grâces soient rendues à
Dieu," répondit Maximilien.
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Ce jeune homme était âgé de vingt et un ans, trois mois et dix-huit jours. Comme on le
conduisait au supplice, il dit aux Chrétiens qui l'entouraient : "Frères bien-aimés, de toutes
vos forces et de toute l'ardeur de vos désirs, hâtez-vous afin d'obtenir de voir Dieu et de
mériter une Semblable Couronne." Et le visage tout rayonnant de joie, il ajouta en se tournant
vers son père : "Donne au soldat qui va me frapper le vêtement neuf que tu m'avais préparé
pour la milice. Que les fruits de cette bonne oeuvre se multiplient pour toi au centuple et que
je puisse bientôt te recevoir au Ciel. Tous deux, nous nous glorifierons dans le Seigneur."
Il fut aussitôt décapité. Une matrone nommée Pompéiana obtint du juge le corps du Martyr;
elle le plaça sur sa litière, le transporta à Carthage où il fut ensesveli sous un monticule auprès
du Martyr Cyprien. Treize jours après, Pompéiana s’endormit et fut ensevelie dans le même
lieu. Quant à Victor, père de Maximilien, il rentra plein de joie dans sa maison, remerciant
Dieu de lui avoir permis d'envoyer un tel présent au Ciel. Il ne devait pas tarder à le suivre.
SAINT EVEQUE PAUL (OU POL, PAUL AURELIAN) DE LEON (+ 575)
Paul, surnommé Aurélien, naquit en 492 (ou 480) en Grande-Bretagne dans la province de
Penohen. Son père voulut l'exercer au maniement des armes mais constatant en lui des attraits
pour la vie monastique, il le plaça à Llan Iltud, Monastère d'Iltud, disciple de Saint Germain
d'Auxerre. Paul y rencontra d'autres futurs grands Saints : le futur Evêque David de Menevia,
le futur Evêque Samson de Dol et Gildas le Sage qui devait fonder Rhuys.
A seize ans, Paul demanda la permission de mener la vie d'Anachorète et passa un bon
nombre d'années dans la solitude jusqu'au moment où il reçut la prêtrise. Il devint alors le chef
d'un Monastère de douze Prêtres. Un Roi de Cambrie voulut lui confier le gouvernement
spirituel de son peuple, Paul s'y refusa et comme le Roi insistait pour lui faire accepter
l'épiscopat, il se détermina à passer la mer pour aborder en Armorique (vers 512) avec ses
douze Prêtres. Après divers séjours dans l'Île d'Ouessant dans la région de Telmedou ils
arrivèrent dans le pays de Léon. Le Comte Withur lui donna l'Île de Batz et une forteresse
romaine en ruines sur le continent. Paul établit dans l'île son monastère principal et dans la
forteresse, appelée depuis Castel Paul, il eut une succursale de Prêtres dont l'oeuvre fut
d'extirper le paganisme de la région. Ne pouvant lui faire accepter la dignité épiscopale, le
Comte Withur le chargea d'un message auprès du Roi Childebert : dans une lettre que le
Comte adressait au Roi, il le priait de renvoyer Paul avec la dignité d'Evêque de Léon.
Childebert, entrant dans ces vues, reprocha au Missionnaire son avarice, son défaut de charité.
Paul, prenant ces reproches au sérieux, finit par se déclarer prêt à toutes les satisfactions,
"Alors," lui dit le Roi, "tu accepteras l'épiscopat."
Childebert mandant trois Evêques qui se trouvaient de passage à Paris, fit donner à Paul la
consécration épiscopale avec juridiction sur tout le territoire de Léon. Le nouvel Evêque
maintint dans l'Île de Batz son principal monastère mais dut placer le siège de son évêché sur
le continent à Castel Paul (aujourd'hui Saint-Pol-de-Léon). Apôtre, il détruisit les sanctuaires
et simulacres issus de la superstition, convertit ce qui restait de païens. Fondateur d'églises, il
organisa le service religieux, construisant sanctuaires et monastères.
Quelques années avant la fin du règne de Judual de Domnonée, Paul-Aurélien, très vieux et
très fatigué, songea à se faire remplacer dans ses fonctions d'Evêque; deux suppléants qu'il
choisit dans ce dessein s'endormirent en peu de temps. Il nomma alors pour lui succéder un
autre de ses disciples nommé Ketomeren. Puis il se retira en son Monastère de l'Île de Batz et
s'y endormit dans un âge très avancé entre 572 et 573.
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En 884, les Vénérables Reliques de Saint Paul n'avaient pas encore été levées de terre;
l'Evêque Mabbon les transféra vers 954 à Fleury-sur-Loire. Quand ce monastère fut pillé par
les calvinistes, il est probable que la plupart de ces Précieuses Reliques furent livrées aux
flammes. Des souvenirs conservés à l'Île de Batz sont conservés à Saint-Pol-de-Léon.
ou
Né en Cornouailles, la "vita" de Saint Paul a été rédigée en 884 par un Moine de Landevennec
en Bretagne appelé Wrmonoc. C'est l'une des rares écrites sur un Saint celte britannique avant
le Moyen-Âge tardif.
Saint Paul était un noble Breton, cousin de Saint Samson et son condisciple chez Saint Illtyd.
Il fut instruit à Llantwit avec Saints David et Gildas. Nous avons besoin d'aucune autre preuve
de sa ferveur et ses merveilleux progrès dans la vertu et tous les exercices d'une vie
monastique que le témoignage d'Illtyd, au conseil duquel Paul quitta le monastère pour
embrasser une vie d'Ermite plus parfaite.
Peu après, notre Saint s'en alla, passant des Cornouailles en Armorique et y reprenant la
même vie érémitique et austère sur l'Île Caldey, sur la côte des Osimians, un peuple barbare et
idolâtre d'Armorique ou "Petite Bretagne." La prière et la Contemplation étaient ses seules
activités et du pain et de l'eau sa seule nourriture, sauf aux grandes fêtes, auquel cas il
rajoutait à son pain quelques petits poissons. Le Saint, peiné de l'aveuglément endurci des
populations païennes locales, est parti avec douze compagnons en Bretagne et les a instruits
dans la Foi. Withur, le Compte ou le gouverneur de Bas et toute cette côte, appuyé par le Roi
Childebert, manigança son sacre épiscopal en dépit de ses larmes pour le refuser. Son siège
épiscopal porte présent son nom, Saint-Pol-de-Léon.
Le Comte Withur qui résidait dans l'Îlot de Bas (Ouessant) accorda sa propre maison au Saint
afin d'être transformée en monastère et Saint Paul y a placés certains des Moines fervents qui
l'avaient accompagné du Pays de Galles et de la Cornouailles. Il s'était entièrement revêtu de
sa charge pastorale; son assiduité à les accomplir n'avait d'égal que les appréhensions qu'il en
éprouvait. Quand il eut terminé la conversion de ce pays, il démissionna de son épiscopat et
l'a remis à un disciple et s'est retiré dans l'Îlot de Batz où rendit son âme à Dieu dans la Sainte
solitude à l'âge de presque cent ans.
Pendant les invasions normandes, ses Saintes Reliques furent emportées à l'Abbaye de Fleury
ou à Saint Benet sur la Loire mais ont été perdues quand les hérétiques adeptes de Calvin
pillèrent cette église. L'histoire rapportée par Wrmonoc est pleine de détails légendaires mais
il ne fait aucun doute que Paul était un évangélisateur puissant dans le Finistère. La "vita"
incorpore quelques traditions galloises et d'origine celte et il y a des traces considérables du
Saint dans le Pays de Galles où comme en Bretagne, il parfois a été appelé Paulinus. L'église
ancienne au village de Paul, près de Penzance, est dédiée en honneur de Pol de Léon. Dans
l'ancien bréviaire de Léon, sa fête est au 10 octobre, peut-être le jour de la Translation de ses
Précieuses Reliques. Mais dans l'ancien bréviaire de Nantes et la plupart des autres, il est
honoré le 12 mars.
ou
Comme le nom de Constantine, ce Saint nous rappelle comment l'influence de l'occupation
romaine a duré après que les légions avaient quitté la Grande-Bretagne. Paul est né à
38
Genychen dans l'Est du Glamorgan en l'année 480, d'une famille romano-britannique. Son
père Porphius était un "officier de haute dignité." Il a été envoyé pour être instruit par Saint
Illtyd, d'abord sur l'Île de Caldy et ensuite au célèbre Monastère de Llantwit Major, ayant
David, Samson et Gildas parmi ses compagnons étudiants. Il a appris non seulement dans les
livres mais aussi le travail manuel qui était prévu pour toute la communauté et comprenait le
gain de terres fertiles par l'endigage de la River Severn.
Encore relativement jeune, il partit s'établir un ermitage où il fut rejoint par une douzaine
d'autres jeunes hommes qui le considérèrent comme leur supérieur et y fut ordonné Prêtre par
Saint Dyfrig. Un Roi local appelé Mark essaya de le persuader de devenir Evêque pour son
peuple qui était d'origines diverses et où on "parlait quatre langues" mais il déclina ce
ministère. Après s'être disputé avec le Roi qui refusait de lui rendre une de ses sept cloches, il
partit en Cornouailles.
La soeur de Paul, Sitafolia, avait établi un couvent près de Penzance, probablement à Newlyn
et [note : où au lieu de et?] il se construisit une église dans la paroisse qui porte son nom et
dans laquelle on trouve deux anciennes Croix celtiques dont une dans le mur de l'église qui
soutient la deuxième plus haute tour de Cornouailles. Une tradition rapporte que la
communauté de sa soeur fut menacée par les empiètements au bord de la mer. Ils marquèrent
ensemble le tracé à marée basse avec des cailloux et à ses prières, les cailloux grandirent en
rochers qui empêchèrent une plus ample érosion de la terre.
Un peu plus tard, Paul a migré vers la Bretagne. Arrivé sur l'Île d'Ouessant à un endroit appelé
Porzpol, il édifia en un lieu toujours appelé Lampol un monastère consistant en une petite
église et treize huttes de gazon et de pierre. Il n'est pas resté longtemps sur l'île mais il fonda
un autre centre monastique sur le continent à Lampaul Plondalmezon où ses Moines ont
christianisé une partie des menhirs païens en y taillant des Croix.
Cependant Paul n'était toujours pas satisfait; il sentait qu'il avait besoin de l'appui de l'autorité
civile et il alla à la recherche du chef de Léon qui s'est avéré être parent de Gwent, Withur, un
Chrétien fervent habitant alors l'Île de Batz. Quand Paul arriva chez lui, il venait juste de
terminer la retranscription d'une copie des Evangiles. Il la lui donna avec une cloche qui lui
avait été refusée par le Roi au Pays de Galles. On rapporte que le Saint Abbé aurait délivré
l'Île de Batz d'un affreux serpent ou un dragon monstrueux qui terrorisait les habitants et un
trou dans l'île est toujours montré comme étant sa tanière.
Withur céda des terres à Paul sur l'Île de Batz ainsi que la ville romaine ruinée d'Ocismor où il
édifia sa fondation principale connue de nos jours comme Saint-Pol-de-Léon. Withur
s'aperçut que le rang d'Abbé reconnu chez les Britanniques ne l'était pas chez les Gaulois et il
manoeuvra afin d'obtenir la consécration épiscopale à Paul en l'envoyant en mission vers le
Roi Childebert des Francs et c'est ainsi qu'il devint le premier Evêque diocésain de cette partie
de Bretagne. Avec ses Moines, l'Evêque entama le travail d'évangélisation de la population
locale, presque totalement païenne.
En 526, Saint Paul démissionne de son siège en faveur de son neveu Joerin et se retire à Batz
où il reçut la visite de Saint Brendan. Vingt ans après, il reprend sa charge épiscopale en
raison d'un changement de direction dans le pays, à la suite d'une grande bataille à Gerber où
il construit une autre abbaye maintenant appelée Le Relecq en raison du grand nombre d'os de
victimes. Il demeura peu de temps Evêque avant de démissionner à nouveau et il se retira à
Batz où il s’endormit dans le Seigneur vers environ 580, âgé de plus de cent ans. Son corps
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est enchâssé dans la vieille Cathédrale à Saint Pol de Léon où sa cloche est conservée et on
peut voir son siège à Batz
SAINT ROI DEMETRIUS II DE GEORGIE L'AUTOSACRIFIE (+1289)
The Holy Nobleborn Gruzinian Emperor Demetrios the Second, called the Self-Sacrificed by
the people, was descended from the Bagratid dynasty and was the son of the emperor David V
(+ 1269). The Emperor Demetrios exerted much effort in the enlightening and peaceful
prospering of his land. During his reign were annexed the Armenian provinces adjacent to it,
which roused the displeasure of neighbouring Persia. But thanks to the wise actions of Saint
Demetrios II, rendered in a series of services to the Persian sultan Akhmed, a clash with
Persia was successfully averted over the course of some several years.
The new Persian sultan Argun, however, heeding the complaints of his court Jewish
physician, conceived a strong hatred within him towards the Orthodox Emperor Demetrios,
and he set out with a large army to the borders of Gruzia. Sultan Argun set up his
encampment on the Mugan plain. Holy Emperor Demetrios, wanting to save his land from
being overrun with devastation, came himself into the camp of the enemy and attempted to
assure him of his peaceful intentions.
The sultan in an uncontrollable rage offered the Saint a choice – death or the despoiling of
Iveria. Saint Demetrios answered the tyrant: "I shalt sacrifice my life for the welfare of my
subjects." Saint Demetrios was executed (+ 1289). The Gruzian and Armenian historians
relate, that several hours after the martyr's end of Saint Demetrios the sun suddenly darkened
and terror overcame sultan Argun and his army. The Persians in fear quit Gruzia, without
wreaking ruin upon it. "The memory of holy emperor Demetrios, named the Self-Sacrificed
by the Iverians, is revered as holy in the land, which he did save from the tyrant by the
sacrifice of his own life."
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SAINT CATHOLICOS KIRION II DE GEORGIE
SAINT EVEQUE ALPHEGE (OU AELPHEGE) L'ANCIEN DE WINCHESTER ET
CONFESSEUR (+ 951)
Issu d'une des grandes familles d'Angleterre, Elphège devint d'abord Moine et puis succéda en
935 à Saint Birstan sur le siège de Winchester. Il discerna dans le jeune Dunstan son parent
qui vivait à la cour, une des gloires futures de l'Eglise et l'engagea à se donner à Dieu. Il rendit
son âme au Seigneur le 12 mars 951.
SAINT GRAND PRÊTRE PHINÉES (-1500 AVANT NSJC)
Phinées, fils d'Eléazar et petit-fils d'Aaron, donna une preuve de sou zèle pour la Loi de Dieu.
L'année où s'endormit son grand-père, la quarantième année après la sortie d'Egypte, ayant
surpris une Madianite et un Israélite en faute, il les mit à mort dans l'accomplissement de leur
acte criminel. Le Seigneur en témoigna sa satisfaction à Moïse comme d'une action qui
détournait sa colère (Nombres, 25, 7). Un peu plus tard, Moïse voulant sur l'Ordre de Dieu
exterminer les Madianites, fit lever une armée et en donna le commandement à Phinées
(Nombres., 31, 6). Lorsque les tribus qui avaient reçu en partage la partie au-delà du Jourdain,
voulurent dresser un Autel sur le bord du fleuve avant de quitter le pays de Chanaan, on leur
députa le Prêtre Phinées qui leur demanda pourquoi dresser ainsi un Autel sacrilège. Ils
présentèrent leurs excuses en disant qu'ils avaient voulu seulement élever un mémorial de leur
union avec leurs frères.
Phinées retourna rendre compte de sa mission et l'accord se fit entre toutes les tribus (Josué, c.
22). A l'Endormissement d'Eléazar, Phinées lui succéda comme Grand Prêtre; il vivait encore
lorsque arriva la guerre des tribus contre les fils de Benjamin (Juges., 20, 28). Il résidait à Silo
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dans la tribu d'Ephraïm, près du Tabernacle et de l'Arche d'Alliance. L'Écriture Sainte ne
donne aucun détail sur son pontificat; elle marque seulement qu'il eut un fils nommé Abisué.
St Nicodème de Mammola en Calabre-St Paul, originaire de Cornouailles / Cornwall ou du
pays de Galles, premier Evêque du Léon en Bretagne et un des sept Sts fondateurs de la
Bretagne (575).-Le juste Phines, petit-fils d'Aaron, mort en paix (vers le XIIème siècle avant
NSJC). -St Maximilien, martyr à Tebessa dans l'actuelle Algérie sous Dioclétien (295). -St
Grégoire Ier le Dialogue, pape et Patriarche de Rome (590-604), biographe de St Benoît de
Nursie, organisateur de la mission en Angleterre et qui condamna d'avance les prétentions de
ses successeurs (604). -St Pierre, Diacre et disciple de St Grégoire Dialogue (605). -St
Laurent, un des 300 martyrs dits "les Allemands" morts par la main des Musulmans sur l'Île
de Chypre (fin du VIIème siècle).-St Alphege le Chauve l'Evêque de Winchester en
Angleterre (951).-St Nicodeme, disciple de St Fantin, solitaire à Mammola en Calabre (990). -
St Demetre le Sacrifié le roi de Géorgie, martyr (1289). -St Theoctiste Dragoutine (Serbie,
1316). -St Nicephore, Prêtre, martyr à Caffa en Crimée (1730). -Sts Jean, Prêtre et Vladimir,
Moine, martyrs (Russie 1938).
L'ICONE DE LA MERE DE DIEU "DE LYDDA" ("LIDSKAÏA"), SUR UN PILIER A
LYDDA (AUJOURD'HUI LOD) EN PALESTINE (1°.S.) 12 mars – 26 juin
The Lydda Not-Wrought-by-Hand Icon of the Mother of God (in Lydda on a Pillar): When
the holy Apostles Peter (Comm. 29 June and 16 January) and John the Theologian (Comm. 8
May and 26 September) preached about the Lord Jesus Christ in the city of Lydda (afterwards
Diospolis), not far from Jerusalem, a church in the name of the MostHoly Mother of God
were made there for the newly-converted. Having journeyed to Jerusalem, the apostles
besought the Mother of God to visit it and by Her presence to consecrate and bless the church.
The All-Pure Virgin replied: "Go in peace, I shalt there be with ye." Entering into the church,
they beheld the beautiful and wondrous Not-Wrought-by-Hand Image of the MostHoly
Mother of God. Later on, the Mother of God Herself visited the Lydda church and bestowed
upon the image Her especial grace and power.
During the time of the rule of the emperor Julian the Apostate (361-363) there occurred at
Lydda a new Miracle. Stone-masons were despatched into the church to destroy the
wonderworking image. However, as they attempted to chip away at the image, it would not
disappear, but rather receded more and more within the column. News of the graced image
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spread throughout all the world. A copy was made from it, which was conveyed to Rome and
which likewise received miraculous power (Comm. 26 June).
There existed also another Lydda Not-Wrought-by-Hand Image of the Mother of God. It was
situated in a church built at Lydda by Aeneas, who had been healed by the Apostle Peter
(Acts 9: 32-35). When the pagans and the Jews wanted to take this church away from the
Christians, the governor gave orders that the church be locked up for three days, until some
sign should appear for resolving the dispute. And when they opened the church three days
later, they saw within it the Not-Wrought-by-Hand Image of the Mother of God.
Three of the Eastern Patriarchs (from Jerusalem, Antrioch and Alexandria) wrote about both
of the Not-Wrought-by-Hand Lydda icons in a Letter to the Iconoclast emperor Theophilos
(829-842). The emperor Constantine Porphyrogenitos (912-959) spoke about the Letter in an
historical account about the Not-Wrought-by-Hand Image of the Saviour at Edessa (Comm.
16 August).
Lecture de l’Epître
Heb VII : 26-VIII : 2
7.26 Il nous convenait, en effet, d'avoir un souverain sacrificateur comme lui, saint, innocent,
sans tache, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux, 7.27 qui n'a pas besoin, comme les
souverains sacrificateurs, d'offrir chaque jour des sacrifices, d'abord pour ses propres péchés,
ensuite pour ceux du peuple, -car ceci, il l'a fait une fois pour toutes en s'offrant lui-même. 7.28
En effet, la loi établit souverains sacrificateurs des hommes sujets à la faiblesse; mais la
parole du serment qui a été fait après la loi établit le Fils, qui est parfait pour l'éternité.
8.1 Le point capital de ce qui vient d'être dit, c'est que nous avons un tel souverain sacrificateur,
qui s'est assis à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux, 8.2 comme ministre du
sanctuaire et du véritable tabernacle, qui a été dressé par le Seigneur et non par un homme.
Lecture de l’Evangile
Luc VI : 17-23
6.17 Il descendit avec eux, et s'arrêta sur un plateau, où se trouvaient une foule de ses disciples
et une multitude de peuple de toute la Judée, de Jérusalem, et de la contrée maritime de Tyr et
de Sidon. Ils étaient venus pour l'entendre, et pour être guéris de leurs maladies. 6.18 Ceux qui
étaient tourmentés par des esprits impurs étaient guéris. 6.19 Et toute la foule cherchait à le
toucher, parce qu'une force sortait de lui et les guérissait tous.
6.20 Alors Jésus, levant les yeux sur ses disciples, dit: Heureux vous qui êtes pauvres, car le
royaume de Dieu est à vous! 6.21 Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez
rassasiés! Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous serez dans la joie! 6.22 Heureux
serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu'on vous chassera, vous outragera, et
qu'on rejettera votre nom comme infâme, à cause du Fils de l'homme! 6.23 Réjouissez-vous en
ce jour-là et tressaillez d'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans le ciel; car
c'est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.
REFLEXION - Personne, pas même le Seigneur Lui-même, ne sait facilement instruire
l'orgueilleux. Personne ne veut donner de l'instruction à quelqu'un qui crie qu'il sait tout. "Car
grande est la Puissance de Dieu; Il est glorifié par l'Humble" dit le sage Sirac (Livre de
l'Ecclesiastique - Ben Sirac / Siracide 3,19). David dit aussi de Dieu : "Il guide l'Humble dans
la Justice, Il enseigne à l'Humble Sa Voie" (Psaume 25,9). La personne fière est celle qui veut
enseigner tout le monde mais ne veut être enseignée sur rien par qui que ce soit. L'humble est
celui qui ne veut enseigner personne mais continuellement souhaite être enseigné, peu importe
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par qui. Un épi vide de blé se dresse au-dessus du champ, tandis que l'épi chargé de grains
courbe sous le poids la tête vers le bas. Ô homme fier, si seulement ton Ange Gardien pouvait
ôter le voile de tes yeux et te montrer la mer sans fin de tout ce que tu ne sais pas, tu plierais
le genou devant chaque homme en face de qui tu as été fier et tu plierais le genou devant
chaque homme que tu as amoindri. Tu hurlerais en te lamentant : "Pardonne-moi, pardonnemoi!
Je ne sais rien!" Souvent, le temps de sa mort est révélé à l'Humble et au Pieux mais la
mort du fier arrive inattendue, sans avertir. Saint Grégoire le Grand parle d'un Evêque Carpus
qui célébrait chaque jour la Divine Liturgie et soudain quelqu'un de l'autre monde lui apparut
et dit : "Continue à faire ce que tu fais en me servant et puissent tes jambes ne jamais se
fatiguer ni tes mains s'affaiblir. Lors de la Fête de la Dormition de la Mère de Dieu, tu
viendras à Moi et Je te donnerai ta récompense dans Mon Royaume Céleste, réuni à tous ceux
pour qui tu as prié aux Divins Offices." Un an plus tard, durant la Fête de la Dormition,
l'Evêque Carpus célébrait la Divine Liturgie de Dieu, sollicita le pardon de ses Prêtres et
rendit son âme à Dieu. Sa face était radieuse comme le soleil.
HOMELIE - A nouveau concernant la Seconde Venue du Christ
"Et toutes les nations se rassembleront devant Lui" (Saint Matthieu 25,32).
Toutes les nations seront rassemblées devant le Seigneur Jésus-Christ lorsqu'Il paraîtra dans
Sa Gloire entouré de Ses Saints Anges, assis sur un trône en tant que Juge de tout ce qui vit et
tout ce qui est mort. "Toutes les nations seront rassemblées," toutes, sans exception. Pas
seulement les Juifs qui L'ont tourmenté ni seulement les Chrétiens qui L'ont glorifié mais
aussi les païens qui ne L'ont pas connu, ne L'ont pas accepté. Car s'Il n'est pas apparu à toutes
les nations, Il a envoyé quelqu'un à toutes les nations ou Il a donné quelque chose pour leur
permettre de connaître la Volonté de Dieu et pour l'Amour du Salut. C'est pourquoi toutes les
nations doivent paraître devant Lui pour être jugées. Ô quel terrifiant et majestueux spectacle
lorsque toutes les nations et toutes les tribus de la terre seront rassemblées devant le Seigneur
Qui est plus lumineux que d'innombrables soleils. Quelle joie pour les Saints Martyrs et
Confesseurs lorsqu'ils verront comment, parmi cette masse incalculable de nations, on ne
trouvera plus une langue à refuser de reconnaître la Divinité du Seigneur Jésus-Christ! Mais
cela ne servira à rien à qui que ce soit en ce lieu et en cette heure de reconnaître et de
confesser la Divinité de Notre Grand Seigneur, s'il L'a renié sur terre. C'est là et alors que les
comptes seront établis, ni gain ni perte. Celui qui paraîtra devant le Seigneur avec quoi que ce
soit, sera ou condamné ou justifié.
C'est maintenant le moment de reconnaître la Divinité du Seigneur Jésus-Christ, maintenant
alors que nombre Le renient et que Sa Divinité est mise en doute par beaucoup. Ceux qui
aiment le Seigneur et qui font confiance en toutes Ses Paroles reconnaîtrons facilement ceci.
Car lorsqu'Il dit ceci, c'est à propos de ce que font ceux qui L'aiment, de ce dont ils doivent se
soucier, de quoi douter ou face à quoi hésiter.
Ô Seigneur, Jésus-Christ, Notre Dieu, fais-nous Miséricorde!
A Toi soit la Gloire et la reconnaissance, à jamais. Amin.
Saint Nicolas Velimirovitch l'Evêque d'Ochrid, Serbie (+ 05 mars 1958), rescapé de Dachau puis des
persécutions communistes, auteur du Synaxaire "Prologue d'Ochrid."
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