mercredi 12 février 2020

Irène Economidès, Différences entre l'Eglise Orthodoxe et le Catholicisme Romain.

IRENE ECONOMIDES
DIFFERENCES ENTRE L'EGLISE ORTHODOXE ET LE CATHOLICISME ROMAIN
Irène Economidès Licenciée en Sciences politiques et en Théologie Guide- Conférencière du Tourisme Hellénique
DIFFERENCES ENTRE L'EGLISE ORTHODOXE ET LE CATHOLICISME ROMAIN
5ème édition complète ATHENES 1988 Dédié aux visiteurs
de la Grèce Autorisé par le St. Synode de l'Eglise de la Grèce N° 2661/1292/ 17-6-80 et par la Sainte Communauté de la Ste Montagne Athos N° 196/K./19-3-80 Copyright : Irène Economidès 14, rue Néréïdon - Athènes 116-34 - Grèce.

DIFFERENCES ENTRE L'EGLISE ORTHODOXE ET LE CATHOLICISME ROMAIN
Jusqu'au début du IXème siècle, le Christianisme était identique en Orient et en Occident. La foi annoncée et expliquée par les Sept Conciles Oecuméniques était la même sans déviation d'un côté ou d el'autre. C'est à dire que l'Europe Occidentale était Orthodoxe jusqu'à la fin du VIIIème siècle, puisque les évêques de l'Occident et les évêques de l'Orient avaient pris part aux Sept Conciles Oecuméniques au même niveau, et aucun d'eux n'avait exigé la supériorité ou la primauté. L'Occident Chrétien était d'accord sur toutes les décisions des Sept Conciles Oecuméniques. C'est seulement à partir du IXème siècle que l'Occident commence les innovations au point d evue dogmatique et ecclésiastique. La primauté juridique du Pape. La raison principale du Schisme fut l'exigence erronée du Pape Nicolas Ier (858-867), évêque de Rome, d'avoir la primauté juridique et d'être considéré supérieur à tous les autres évêques de l'Occident et de l'Orient. Cette exigence monarchique fut contestée d'ailleurs à l'époque par l'archevêque de Reims Hinmcart à l'aide d'arguments fondés sur le droit canonique. ( Vlas. Phidas, Histoire Ecclésiastique, Athènes 1973.p. 75). Cette exigence de l'évêque de Rome à partir du IXème siècle ne se fonde pas sur la tradition apostolique. En effet, depuis les premiers jours de l'Eglise, quand les Apôtres devaient prendre une décision sur un problème important, ils se rassemblaient en synode (concile), ils jeûnaient, ils priaient et décidaient tous ensemble, inspirés par le Saint Esprit ( Cf. Actes, 15, 22, et 15, 28) : "Alors les apôtres, les anciens avec toute l'Eglise décidèrent." " Car le Saint Esprit et nous-mêmes avons décidé...". Ce système synodique, ou conciliaire, est resté intact dans l'Eglise Orthodoxe jusqu'à aujourd'hui. Aucun évêque n'est au-dessus des autres. Le Patriarche Oecuménique de Constantinople est premier en honneur, mais il n'a pas le droit de décider tout seul, et il n'a pas l'infaillibilité, qui appartient seulement au Concile Oecuménique reconnu par l'ensemble des fidèles d'après le texte ci-haut mentionné : " les apôtres, les anciens, avec toute l'Eglise décidèrent." Donc la première, la plus importante et la plus difficile à surmonter de toutes les différences, qui séparent l'Eglise Orthodoxe du Catholiscisme Romain, est cette position de l'évêque de Rome fondée sur le principe de la primauté et de l'infaillibilité. Le texte évangélique sur lequel on a fondé en Occident la primauté du Pape à partir du IXème siècle est mal interprété, et d'ailleurs aucun Concile Oecuménique ne lui avait donné cette interprétation tardive. Le sens de ce texte fut déformé au cours du IXème siècle. L'interprétation exacte de ce texte est la suivante : Jésus Christ avait demandé aux apôtres : " Qui dites-vous que je suis?" Simon Pierre répondit, comme plus spontané, au nom des autres : " Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant." Jésus reprit la parole et lui dit : " Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car ce n'est pas la chair, ni le sang qui t'ont révélé cela, mais c'est mon Père qui est dans les Cieux. Et moi je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon église" ( Matth. 16, 15-18). La pierre sur laquelle il devait bâtir son Eglise n'était pas la personne de Pierre ( qui L'a d'ailleurs renié plus tard trois fois), mais la confession de foi de Pierre. La foi, c'est-à-dire, que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant. Car la pierre angulaire de l'Eglise n'est pas la personne de Pierre, mais le Christ Lui-même. Comme dit Saint Paul aux Corinthiens : " Les fondations sont déjà en place dans la personne de Jésus Christ et aucun homme ne peut en poser d'autres" ( I. Cor.3, 11). Le Christ n'a pas besoin d'un vicaire, ou d'un représentant unique sur la terre, parce que comme Il l'a promis : " Il est avec nous tous les jours jusqu'à la fin du monde" ( Math.28, 20). Le sacrement de la Sainte-Eucharistie agit continuellement dans le monde. A ce propos Saint Paul dit aux Corinthiens: " Ils ont tous bu la même boisson spirituelle, ils buvaient en effet au rocher spirituel qui les accompagnait, et ce rocher était le Christ". (I. Cor. 10, 4). Le texte des Actes des Apôtres nous renseigne en stipulant que l'histoire de l'Eglise commence le jour de la Pentecôte à Jérusalem et pas à Rome. Trois mille Juifs se sont repentis ce jour-là et ont été baptisés. (Actes 2, 41). Ce fut donc la première communauté Chrétienne à Jérusalem. Et il ne faut pas oublier que Saint Paul avait fondé la communauté Chrétienne de Philippes et de Corinthe en Grèce (49-50 ap. J.C.) avant l'arrivée de Saint Pierre à Rome. D'ailleurs, la pratique de l'Eglise pendant huit siècles n'avait jamais accordé une primauté juridique à l'évêque de Rome. Il ne jouissait que d'une primauté en honneur, jusqu'au Concile Oecuménique de Chalcédoine (451), qui par le canon 28, a accordé la même primauté en honneur au Pape de Rome et au Patriarche de Constnatinople. Cette primauté en honneur ne s'adressait pas à la personne de l'évêque, mais à l'importance de l'Eglise qu'il représentait, au point de vue du nombre des fidèles et de l'importance des oeuvres de charité. La qualité de cette primauté-là s'appelle en latin "PRIMUS INTER PARES", ce qui veut dire : " premier parmi les égaux." Cette innovation tardive ( la primauté juridique de l'évêque de Rome) fut la cause de tous les maux de l'Eglise de l'Occident. Car elle est devenue monarchique, le Pape s'étant accordé le pouvoir temporel ( pour affronter les empereurs occidentaux), d'où les guerres de religion, les Croisades et l'Inquisition avec toutes ses horreurs. Des évènements pareils ne se sont jamais produits dans l'Eglise Orthodoxe, qui a gardé sa profonde spiritualité. Elle a suivi le conseil de Saint Paul qui écrit à Tite pour donner des conseils à propos des hérétiques : " Eloigne de toi l'hérétique après le premier et le deuxième enseignement" ( Tite 3, 10). Il ne lui a donc pas donné le conseil de tuer ou de brûler, comme l'Occident médiéval avait fait en déformant l'Esprit de l'Eglise. L'infaillibilité du Pape. En ce qui concerne le dogme de l'infaillibilité de l'évêque de Rome, qui fut proclamé seulement en 1870, au Concile du Vatican, il apporte une déformation complète au système synodique ou conciliaire, d'après lequel l'infaillibilité réside dans l'Eglise toute entière. Les Sept Conciles Oecuméniques ont été acceptés par tout le corps de l'Eglise ( le clergé et les fidèles laïcs) d'après le premier exemple apostolique du Concile apostolique de Jérusalem : " Alors les apôtres, les anciens avec toute l'Eglise décidèrent." (Actes 12, 22). Cette primauté juridique et cette "infaillibilité" du Pape de Rome pèsent sur les âmes et détruisent l'esprit démocratique de l'Eglise en empêchant l'unité du monde, car la plupart des gens se révoltent contre ce dogme qui est faux. Il faut donc que le Pape revienne à la tradition apostolique, s'il désire vraiment l'unité chrétienne. - qu'il revienne à cette sainte tradition qui fut vivante en Occident pendant huit siècles! Déformation des sources et de la pratique de l'Eglise. L'Eglise Orthodoxe se fonde sur deux sources : la source biblique - l'Ancien et le Nouveau Testament, et la Sainte Tradition, c'est-à-dire l'enseignement et la pratique apostolique ( écrite et orale), selon le commandement de Saint Paul : " Ainsi donc frères, demeurez fermes et retenez les enseignements ( traditions) que vous avez reçus de nous, soit d evive voix, soit par lettre." (2. Thess. 2, 15). Cette tradition apostolique écrite et orale n'est restée intacte jusqu'à aujourd'hui que dans l'Eglise Orthodoxe, qui est la véritable Eglise Universelle. Le Catholicisme Romain a déformé cette tradition et le Protestantisme l'a complètement reniée. Cette tradition chrétienne qui est restée sans cesse vivante dans l'Eglise Orthodoxe pendant presque deux mille ans, fut défendue par les canons des Sept Conciles Oecuméniques (les Synodes), et les canons de certains Conciles locaux, qui ont été approuvés et fixés par les Conciles Oecuméniques; Tous ces Saints Canons (règles) de l'Eglise constituent la pratique correcte du dogme dans la vie des fidèles, c'est-à-dire des vérités de la foi évangélique, comme elles ont été transmises par les Apôtres, leurs successeurs, et comme elles ont été défendues pour toujours par les Sept Conciles Oecuméniques. Ces canons, qui règlent la vie des fidèles et du clergé ne sont pas une oeuvre humaine, mais divine, puisque les Conciles Oecuméniques ont été inspirés par le Saint-Esprit. ( " Car le Saint Esprit et nous-mêmes avons décidé..." (Actes, 15, 28), d'après l'exemple du premier Concile Apostolique de Jérusalem. Les décisions des Conciles Oecuméniques sont immuables, comme le texte de l'Evangile, d'après le 2e Canon du Concile in Trullo (692), parce qu'elles constituent la plénitude de la vie en Jésus, et conduisent au salut. Aux esprits qui se révoltent contre les canons de l'Eglise nous pouvons répondre par les paroles de Saint Paul qui nous dit que tout doit être fait "avec dignité et ordre" ( I. Cor. 14, 40). Et voilà l'analyse de cette pratique : " L'Eglise étant une institution divine possède sa propre constitution, également divine, puisqu'elle provient directement du Christ, son fondateur, et de ses Apôtres, ainsi que de leurs successeurs inspirés par le Saint Esprit. Voilà pourquoi elle ne se soumet pas à une volonté humaine arbitraire; mais elle possède une autorité absolue." ( J. Carmiris : Ecclésiologie Orthodoxe, p. 520). Le "filioque". Le Catholicisme Romain n'a pas seulement rejeté plusieurs des canons de la pratique de l'Eglise, mais il a même osé déformer le Credo de Nicée, qui contient les articles fondamentaux de la foi chrétienne. Il a déformé, à partir de Charlemagne, l'article qui se rapporte au Saint-Esprit. En effet, au concile d'Aix-la-Chapelle (809), on a officiellement admis en Occident l'adjonction du "filioque" au Credo de Nicée. C'est-à-dire que le Saint Esprit ne procède pas seulement du Père, comme c'est écrit dans l'Evangile, mais aussi du Fils. Cette adjonction au Credo de Nicée est une hérésie, puisqu'elle déforme le texte évangélique : " L'Esprit de Vérité, qui procède du Père" ( Jean 15, 26). D'après ce texte évangélique les Saints Pères du 2e Concile Oecuménique de Constantinople (381) avaient rédigé ce texte, qui est resté depuis intact dans l'Eglise Orthodoxe. Cette adjonction du "filioque" au Credo de Nicée est si fausse que le Pape Léon III l'avait contestée à l'époque en faisant suspendre deux plaques d'argent avec le Credo, sans l'adjonction du "filioque" à la basilique Saint Pierre, avec les mots : " Haec Leo posui amore et cautela Orthodoxae Fidei" ( Moi, Léon, j'ai mis cela pour l'amour et la protection de la foi Orthodoxe). Ce renseignement si important se trouve dans VITA LEONIS, LIBER PONTIFICALIS, ( éd. Duchesne, T.II, p. 26). ( Réf. Vas. Stéphanidès, Histoire Ecclésiastique, Athènes 1970). Mais cette contestation du Pape Léon III n'était pas suffisante. En peu de temps, tout l'Occident adopta peu à peu ce faux enseignement : le "filioque" ( le Saint Esprit procède du Père et du Fils). Il est faux, parce qu'il est contre le texte évangélique; parce qu'il déforme la décision du Concile Oecuménique de Nicée, inspiré par le Saint Esprit, comme toutes les décisions des Conciles Oecuméniques. Il est faux parce qu'il déforme la fonction des personnes de la Sainte Trinité, en créant deux sources de procession du Saint Esprit, ce qui conduit à une absurdité, puisque le Fils - Verbe de Dieu, par le "filioque" reçoit la même fonction que le Père, c'est-à-dire la procession du Saint Esprit, et ainsi, devenant Lui aussi Père à son tour, Il aurait dû donner naissance à un autre Fils- Verbe, lequel, à son tour, à un autre Saint-Esprit à l'infini, ce qui est absurde. Cette explication de l'hérésie qui conduit à l'absurde, fut pour la première fois signalée par Saint Photios, Patriarche de Constantinople, au temps duquel ce problème fut créé en Occident, dans sa lettre - encyclique aux Patriarches et Evêques de l'Eglise d'Orient. Voilà pourquoi en Occident on trouve des difficultés à comprendre le mystère de la Sainte-Trinité. Saint Athanase le Grand, évêque d'Alexandrie, qui avait participé au premier Concile Oecuménique de Nicée, avait expliqué ce mystère par une comparaison : La source - la rivière - et l'eau de la rivière. La source de la rivière, c'est le Père, d'où procède le Saint-Esprit. La rivière, c'est le Fils qui nous envoie le Saint Esprit après son sacrifice volontaire sur la croix et sa glorieuse résurrection : " C'est votre avantage que je m'en aille; en effet, si je ne pars pas, le Paraclet ( Saint Esprit) ne viendra pas à vous; si, au contraire, je pars, je vous l'enverrai" ( Jean 16, 7), avait-il dit aux Apôtres. L'eau de la rivière que nous buvons est le Saint Esprit qui accorde les "dons" et la grâce. Les trois personnes (entités) de la Sainte Trinité sont donc invisibles comme cette comparaison le montre : la source, la rivière, l'eau. Toutes les trois sont de la même essence comme l'eau d ela rivière. ( L'essence divine est incommunicable aux humains. Ce sont seulement les "énergies" non-créées de la Sainte Trinité qui sont communicables à ceux qui se sanctifient en faisant la volonté de Dieu dans leur vie, en croyant de façon correcte (orthodoxe) et en participant de façon correcte (orthodoxe) aux Saints-Sacrements, célébrés correctement (orthodoxement)). Cette adjonction du "filioque" par Charlemagne était due à une mauvaise interprétation du bienheureux Augustin d'Hippone. Mais Augustin n'avait jamais appris le grec, et n'a donc jamais pu lire les Pères qui ont écrit en grec avant lui. Par exemple Saint Athanase le Grand, qui a tellement écrit sur les décisions du Ier Concile de Nicée. Le Concile de Nicée, qui a rédigé le Credo, eut lieu en 325, et la conversion d'Augustin au Christianisme en 386. Il n'était donc pas contemporain des deux premiers conciles (325, 381), et comme il ne connaissait pas le grec, il n'a pas pu lire l'interprétation correcte (orthodoxe) des Pères qui y avaient assisté. Cependant on ne peut pas mettre cette fausse interprétation d'Augustin (AUGUSTINI, EX LIBRO XV DE TRINITATE) au-dessus du texte évangélique et au-dessus d'un Concile Oecuménique, qui comme nous l'avons déjà dit, est inébranlable. L'Occident ne devrait donc pas tarder à corriger son erreur dogmatique et à faire ce que le pape Léon III avait fait en protestant contre le "filioque". C'est-à-dire écrire le Credo correctement (orthodoxement) et le réciter comme on le faisait avant le concile arbitraire d'Aix- la- Chapelle (809). Ces deux innovations de l'Eglise de l'Occident : la primauté juridique de l'évêque de Rome et l'adjonction du "filioque" au Credo de Nicée ont abouti au Schisme définitif au XIème siècle ( 1054), puisque l'Eglise apostolique ne pouvait pas admettre ce qui contredisait l'Evangile et la Sainte-Tradition défendue par les Conciles Oecuméniques. Et depuis le 7ème Concile Oecuménique, ( le dernier), en 786-7, il n'y en a pas eu d'autres où les évêques de l'Occident et ceux de l'Orient eussent participé au même niveau d'après la tradition apostolique. Un éloignement progressif a suivi qui a conduit l'Occident à d'autres altérations, puisque la négation de la pureté du dogme conduit inévitablement à d'autres négations. Notes : (1) : ( Le Concile de Constantinople en 879 qui a condamné le "filioque" n'est pas reconnu comme oecuménique par les Occidentaux). (2) : ( Le terme "orthodoxe" signifie en grec ancien "foi droite, ou correcte", et fut employé à l'époque des Conciles Oecuméniques pour distinguer les hérétiques de l'Eglise apostolique). "Venez peuples, adorons la Divinité en trois personnes : le Père dans le Fils avec le Saint Esprit. Car le Père, de toute éternité engendre un Verbe co-régnant, et le Saint Esprit est dans le Père, glorifié avec le Fils, puissance unique, unique essence, unique divinité; c'est elle que nous adorons tout en disant : Dieu Saint, qui a tout créé par le Fils avec le concours du Saint-Esprit; Saint Fort, par qui nous avons connu le Père et par qui l'Esprit-Saint est venu dans le monde; Saint immortel, Esprit Consolateur qui procède du Père et repose dans le Fils : Trinité Sainte, gloire à toi!" Idiomèle glorifiant la Sainte Trinité, de l'empereur byzantin Léon le Sage (886-912). Contenu dans "La prière de l'Eglise d'Orient" de P. Evdokimov.p.62. DEFORMATIONS A LA CELEBRATION DES SAINTS SACREMENTS a) Le Baptême Le mot "baptême" dérive du grec "vaptizo", qui veut dire immarger. Le baptême doit donc être une immersion complète dans l'eau, comme c'était la pratique dans l'Eglise depuis le commencement. Cette immersion symbolise l'ensevelissement dans la mort de Jésus Christ, comme dit Saint Paul aux Romains : " Nous avons donc été ensevelis avec Lui dans la mort par le baptême, afin que comme le Christ est ressuscité d'entre les morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. En effet nous sommes devenus une même plante avec Lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par conformité à sa résurrection" (Rom.6,4). Tout le corps donc de celui qui est baptisé doit être mis en contact avec l'eau baptismale qui est la matière visible du sacrement, où se trouve le Saint-Esprit invisible. Les anciens baptistères, qui sont dispersés dans le monde occidental, prouvent cette vérité, c'est-à-dire que le baptême se célébrait par immersion et non par aspersion. C'est seulement à partir du XIVème siècle qu'on a commencé en Occident à généraliser l'aspersion qui, au début, était donnée à la rigueur aux malades. Dans l'Eglise Orthodoxe, celui qui accomplit le sacrement n'est pas le prêtre, mais le Saint-Esprit, que le prêtre invoque par des prières spéciales très anciennes. Le prêtre ne dit donc pas : " je te baptise", comme font les Catholiques Romains, mais "le serviteur de Dieu est baptisé." Comme notre Seigneur s'est immergé dans l'eau du Jourdain pendant Son baptême et qu'Il en a émergé (Matth. 3, 16), le baptême orthodoxe est célébré par une triple immersion au nom de la Sainte-Trinité, symbolisant l'ensevelissement de l'"ancien homme", et par une triple émersion, symbolisant la résurrection du "nouvel homme". b) La confirmation - Le Chrême (Chrisma en grec). Un autre sacrement très important est la Confirmation ou Chrisma par lequel nous recevons les dons du Saint Esprit. Depuis le début de l'Eglise, ce sacrement était célébré juste après le baptême. L'ancien auteur ecclésiastique Tertullien (fin IIème siècle) dit : " En sortant du baptême qui sauve, nous recevons le Saint Chrême d'après l'ordre ancien". Cependant en Occident, on a séparé le baptême de la confirmation et on ne le donne aux enfants baptisés qu'à l'âge de 7 ou de 10 ans. Ainsi on prive l'enfant des dons du Saint Esprit pendant les années de l'enfance et on le prive aussi de la Sainte Communion. Ainsi, si l'enfant meurt avant la confirmation, il part de la vie sans avoir communié; Dans l'Eglise ancienne, les fidèles communiaient juste après leur baptême et leur confirmation. Par conséquent l'Eglise Orthodoxe accorde la Sainte Communion aux bébés baptisés en se rappelant les paroles du Seigneur : " Laissez venir à moi les petits enfants et ne les empêchez pas." ( Luc. 18, 16). Ces déformations sont dues à l'esprit rationaliste occidental, qui veut que l'enfant ait l'âge de raison pour recevoir la confirmation. Tandis que l'Orthodoxie croit à la révélation et à la puissance de la grâce de Dieu, qui est accordée comme un don. Cet esprit rationnel a fait beaucoup de mal en occident, parce qu'on a voulu expliquer les mystères de Dieu par la logique aristotélicienne, ce qui est impossible. La logique a un certain champ d'activité. Au-delà, il y a l'immensité de l'amour de Dieu et de Son Eternité que la logique humaine ne peut pas atteindre. C'est par le don de la grâce que l'homme vit cette immensité avec reconnaissance sans essayer de saisir ce mystère par l'intellect. Telle était la façon d'aborder les mystères de Dieu des Pères de l'Eglise ( par exemple Saint Jean Chrysostome). c) La Sainte Communion ( Eucharistie, du grec eucharisto : merci). Après le Schisme, on a déformé en Occident le sacrement de la sainte communion. Au lieu de donner aux fidèles le corps et le sang du Seigneur sous la forme du pain et du vin, comme Il l'avait donné Lui-même le jour de la Cène, on les prive du sang et on leur donne seulement le corps, et même pas sous la forme du pain normal, comme c'était la pratique depuis le commencement, mais sous la forme de l'hostie, sans levain. Les textes évangéliques nous renseignent pour nous dire comment était donnée la Sainte Communion depuis les temps apostoliques : " Pendant le repas, Jésus prit du pain, et après avoir prononcé la bénédiction, Il le rompit; puis, le donnant aux disciples, Il dit : " Prenez, mangez, ceci est mon corps". Puis il prit une coupe et, après avoir rendu grâce, Il la leur donna en disant : " Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de la Nouvelle Alliance, versé pour la multitude, pour le pardon des péchés" ( Matth. 26, 26-29). "Jésus leur dit alors : en vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas en vous la vie. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour...Car ma chair est vraie nourriture et mon sang est vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. Et comme le Père qui est vivant m'a envoyé et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mangera vivra par moi". ( Jean 6, 53-57). Saint Paul nous dit aussi : " Moi, voici ce que j'ai reçu du Seigneur et ce que je vous ai transmis : Le Seigneur Jésus, dans la nuit où Il fut livré, prit du pain, et après avoir rendu grâce, Il le rompit et dit : " Ceci est mon corps, qui est pour vous, faites cela en mémoire de moi". Il fit de même pour la coupe, après le repas, en disant : " Cette coupe est la Nouvelle Alliance en mon sang; faites cela toutes les fois que vous en boirez en mémoire de moi." Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'Il vienne...C'est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, se rendra coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que chacun s'éprouve soi-même, avant de manger ce pain et de boire cette coupe, car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur mange et boit sa propre condamnation." (I. Cor. 11, 23-30). Il faut donc employer pour le sacrement de la Sainte Eucharistie ( Communion) du pain avec levain, car la Cène eut lieu le Jeudi soir, qui n'était pas encore le jour des azymes des Hébreux. L'emploi du pain avec levain était la pratique de l'ancienne Eglise, et ce n'est qu'au Xème siècle que quelques hérésies judaïsantes ont employé le pain azyme ( sans levain). De l'Occident même nous parvient le renseignement qu'on employait du pain normal pour le Sacrement de l'Eucharistie : "Panis usitatus". (De SACRAMENTIS Cap. IV, 14). La transformation du pain et du vin en corps et sang du Seigneur se fait par l'invocation du Saint Esprit par le prêtre; Dans l'Eglise Orthodoxe, le pain et le vin sont offerts par les fidèles la veille de la liturgie. Le fait que le Christ nous offre dans le Saint Calice "la vie", qui est Lui-même, le pain employé pour le sacrement doit être vivant (avec levain) et pas mort (sans levain). Ce sacrement est très important; c'est le coeur même de l'Eglise puisqu'il nous unit au Seigneur comme les "sarments à la vigne". C'est Lui qui nous dit : " Je suis la vigne, vous êtes les sarments, celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là produira du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire". (Jean 15, 5). Et Il ajoute : " Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment, il se dessèche, puis on les ramasse, on les jette au feu et ils brûlent. Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez et cela vous arrivera". ( Jean 15, 6-7). A un autre chapitre de son Evangile, Saint Jean nous précise l'importance de ce sacrement : Le Seigneur dit aux Juifs : " Je suis le pain vivant qui descend du ciel. Celui qui mangera de ce pain vivra pour l'éternité. Et le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie" (Jean 6, 51). Ce qui veut dire que sans la participation à ce sacrement qui nous sanctifie, nous sommes commes les sarments desséchés, qui ne portent aucun fruit, et ne sont bons qu'à mettre au feu. d) La pénitence, la confession. Ce sacrement est une préparation de l'âme pour s'approcher du Saint Calice. La liturgie de Saint Jean Chrysostome écrite au IVème siècle, est fondée sur la plus ancienne liturgie de Saint Jacques du 1er siècle. Elle contient la phrase suivante, prononcée par le prêtre : "Les Saints Dons aux saints". On ne peut donc pas s'approcher du Saint Calice si on n'a pas d'abord purifié son âme par les larmes du repentir. C'est pourquoi le sacrement de la pénitence s'appelle aussi le second baptême, ou "le baptême des larmes". Saint Paul nous parle avec sévérité de cette préparation dans son épître aux Corinthiens (I. Cor. II, 27-29), passage plus haut mentionné. Le sacrement de la pénitence est fondé sur le texte évangélique suivant : Quand, après la résurrection, le Seigneur a paru aux Apôtres les portes fermées, Il leur a dit : " Recevez le Saint Esprit. Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus" (Jean 20, 23). Ce pouvoir donné par le Seigneur aux apôtres fut transmis aux évêques par le sacrement de l'ordination et aux prêtres, que l'évêque autorise. Dans l'Eglise Orthodoxe il n'y a pas de confessional. On peut se confesser n'importe où dans l'église, où d'ailleurs il n'y a aucune cloison pour séparer le prêtre du pénitent. Ainsi d'une confession à l'autre l'âme se fortifie, et peut résister plus facilement aux tentations; car l'Orthodoxe est complètement responsable sur la terre. L'absolution qu'il reçoit est une conséquence de son repentir sincère et n'est pas due à l'intermédiaire des saints ou à un autre facteur. Les Saints sont honorés dans l'Eglise Orthodoxe, parce qu'ils ont glorifié Dieu par leur martyre et leur vie sainte, ("Dieu est glorifié dans la vie des saints" : Ps. 67 (68), 35 et Ps. 88 (89), 7), et nous demandons leurs prières d'intercesseurs, parce que comme c'est écrit : " Dieu écoute mieux la prière d'un juste". (Proverbes 15, 29). Cependant les saints n'ont pas le pouvoir de racheter les péchés des hommes. L'absolution est donnée seulement par le repentir personnel qui est un acte libre, et puise son efficacité dans l'oeuvre rédemptrice du Seigneur sur la Croix. Ainsi la confession est un exercice de l'âme destiné à la rendre d eplus en plus forte. Elle exprime un changement de pensée et une résolution de marcher dans la voie de Dieu. "Celui qui s'est purifié par une sincère pénitence est toujours digne de participer aux divins mystères". ( Saint Jean Chrysostome, Homélies, IVème siècle). Comme la confession est une préparation de l'âme pour s'approcher du Saint Calice, le jeûne est une préparation du corps. Les périodes de jeûne et la façon de jeûner sont imposées par les règles apostoliques depuis le commencement et sont respectées jusqu'à aujourd'hui. L'Occident a trop facilité les choses à ce sujet. e) L'ordination L'ordination comme sacrement est fondée sur le texte de l'Evangile qui parle du choix des apôtres par le Seigneur : ( Matt. 10, 1), (Luc 10, 1), (Jean 6, 70), (Actes 2, 1). Dans le texte des Actes des Apôtres beaucoup de passages montrent comment les apôtres choisissaient leur successeurs : (Actes 6, 6), (Actes 13, 13), (Actes 14, 23), (Actes 20, 28). Ainsi que dans les Epîtres de Saint Paul : ( I, Tim. 4, 14), (I, Tim. 5, 22), (2. Tim. 1, 6). Voici un des textes des Actes qui est très clair: " Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent partir" ( Actes 13, 3). Le texte d ela première épître de Saint Paul à Timothée montre que cette imposition des mains procurait un certain don : " Ne néglige pas le don qui est en toi et qui t'a été donné par la prophétie avec l'imposition des mains du collège des anciens (I. Tim. 4, 14). Ce don accordé par l'imposition des mains donne au prêtre le pouvoir de célébrer les Saints Sacrements qui ne sont pas valides si le prêtre n'est pas dûment ordonné. L'Eglise Orthodoxes a des prêtres mariés, les "presbytéroi" ( les anciens), et des évêques non mariés. Cette double possibilité du clergé orthodoxe est une décision d'un Concile Oecuménique (VIe Concile 12e canon). Ceux qui s epréparent pour l'Episcopat restent célibataires, ceux qui appartiennent au clergé paroissial se marient avant l'ordination. Après l'ordination le mariage n'est pas permis. Les prêtres veufs doivent rester dans le veuvage, mais comme veufs ils peuvent devenir évêques ( car le veuvage les libère des obligations de la famille). L'Eglise Orthodoxe a trois grades de clergé d'après le texte des Actes : le diacre, le prêtre et l'évêque. Le grade de Cardinal du Catholicisme Romain est postérieur. On ne le rencontre pas dans le texte biblique; le grade de Cardinal affaiblit l'épiscopat, puisque les Cardinaux sont considérés comme des évêques supérieurs. Le mariage des prêtres (clergé paroissial) est mentionné dans l'épître de Saint Paul à Tite : " Et que selon mes instructions, tu établisses des anciens ( prêtres) dans chaque ville, s'il s'y trouve quelque homme irréprochable, mari d'une seule femme, ayant des enfants fidèles" (Tite, 1, 5-6). f) Le mariage Le mariage n'est pas une institution humaine, mais divine. Dans le texte biblique de la Genèse, on lit : " L'Eternel Dieu dit : "Il n'est pas bon que l'homme soit seul; je lui ferai une aide semblable à lui." (Gen.2, 18). Et plus loin, on lit : " C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme et ils deviendront une seule chair," (Gen.2, 24). Le mariage, donc, institué par Dieu, a un double but : la vie en commun (union psychosomatique) et l'enfantement. Dans le nouveau Testament, cette institution divine devient un sacrement, un "grand mystère", comme dit Saint Paul dans l'Epître aux Ephésiens, où il compare l'union de l'homme et de la femme, sanctifiée, à l'union mystérieuse du Christ avec l'Eglise (le corps des fidèles). (Ephes. 5, 32). Depuis le commencement du Christianisme le mariage était une cérémonie religieuse, comme nous le montrent les vestiges archéologiques paléochrétiens et les textes des Pères de l'Eglise. Sur un gobelet trouvé dans une catacombe à Rome, on voit le prêtre qui couronne et bénit les nouveaux-mariés. Saint Ignace écrit à Saint Polycarpe (IIème siècle) : " Il faut que le mariage soit célébré d'après l'opinion de l'évêque, parce que cette union doit être fondée sur la volonté de Dieu et non pas sur le désir physique." Un autre Père a écrit : " L'union physique devient joug béni". Et Saint Jean Chrysostome dit : " Ce n'est pas l'union charnelle, mais la bénédiction de l'Eglise qui constitue le mariage." C'est la présence du Saint Esprit ( présent à tous les sacrements) qui donne la bénédiction aux mariés et leur transmet la grâce. La grâce de Dieu sanctifie l'union naturelle en la transformant en un centre de perfectionnement moral. Il n'est donc pas permis de dissoudre ce centre spirituel. C'est le milieu où naîtront et où seront élevés de nouveaux chrétiens. C'est la cellule qui a la force de sanctifier peu à peu la société. Le caractère indissoluble du mariage fut donné par le Seigneur Lui-même. Quand les Pharisiens Lui ont demandé si le divorce était permis, Il a répondu : " Que l'homme ne sépare pas ce que Dieu a uni" (Matt.19, 6). Et plus loin, Il a ajouté : " Si quelqu'un répudie sa femme - sauf en cas d'union illégale - et en épouse une autre, il est adultère." ( Matt. 19, 9). Voilà pourquoi l'Eglise Orthodoxe permet le divorce dans le cas mentionné par le Seigneur : l'infidélité. Dans le même passage évangélique qui parle du mariage, il est question du célibat : " Il y en a qui se sont rendus eunuques à cause du Royaume des Cieux. Que celui qui peut suivre ce chemin, le suive". (Math. 19, 12). Le célibat chaste en Christ n'est donc pas pour tout le monde, mais pour ceux qui le peuvent et qui l'acceptent librement. C'est un don de Dieu à ceux qui voudront se détacher complètement des choses de ce monde, pour s edévouer entièrement à Dieu, comme dit saint Paul aux Corinthiens : " Celui qui n'est pas marié a souci des affaires du Seigneur; il cherche comment plaire au Seigneur. Mais celui qui est marié a souci des affaires du monde; il cherche comment plaire à sa femme et il est partagé" (I. Cor. 7, 32-33). Et plus loin il ajoute : " Je vous dis cela dans votre propre intérêt, non pour vous tendre un piège, mais pour que vous fassiez ce qui convient le mieux et que vous soyez attachés au Seigneur sans partage." (I. Cor.7, 35). Ce célibat chaste est fondé sur une foi ardente et sur une ascèse spirituelle qui est capable, avec l'aide de la grâce, d'apaiser les instincts et les passions, et d erendre l'âme plus apte à s'unir avec Dieu, et à recevoir les plus grands dons du Saint-Esprit. C'est pourquoi les plus grands ascètes de l'Eglise Orthodoxe sont devenus très souvent les combattants et défenseurs ardents de la vérité de l'Eglise contre les hérésies de toutes sortes. Donc faire un voeu de célibat, sans faire voeu de chasteté, comme on fait en Occident, n'a pas de sens. Le célibat en Christ ne peut être qu'un célibat de chasteté. Pour les Orthodoxes il n'y a donc à ce sujet que deux solutions : ou le mariage béni par Dieu, ou bien la chasteté acceptée librement et qui est un don de Dieu. " Que ceux qui peuvent, suivent ce chemin." Le célibat en Christ n'est pas nécessairement une vie monastique. Cette ascèse peut se faire dans la société d'après l'exemple des apôtres et d'autres saints de l'Eglise. Cependant dans l'Eglise Orthodoxe, il n'y a pas d'ordre de célibataires dans le monde. g) Les Saintes-Huiles (Onction) L'onction de l'huile est mentionnée comme sacrement dans une des épîtres des apôtres. Mais ce sacrement était accordé aux malades pour n'importe quelle maladie et ce n'était pas une préparation pour la mort, comme on l'a fait plus tard en Occident. Voilà ce que le texte biblique dit : " Quelqu'un parmi vous est-il malade? Qu'il appelle les anciens d el'Eglise et que ceux-ci prient pour lui en l'oignant d'huile au nom du Seigneur". ( Jacques 5, 14-15). Et puis dans l'Evangile de Saint Marc nous voyons les Apôtres en activité : " Ils chassaient beaucoup de démons, soignaient d'huile beaucoup de malades et les guérissaient." ( Marc 6, 13). L'extrême onction des Catholiques Romains n'appartient donc pas à la tradition apostolique. D'AUTRES DIFFERENCES 1) Le Purgatoire La conception du Purgatoire est une innovation tardive du Catholicisme Romain. Elle n'existait pas du tout dans la tradition apostolique : le larron est allé directement de la croix au paradis (Luc 23, 43) et (Jean, 5, 29). L'idée du Purgatoire enlève la responsabilité du chrétien sur la terre. La vérité, c'est que nous serons jugés d'après les actes que nous avons commis en pleine liberté et en pleine responsabilité. (Matt. 16, 27) et (Apocal. 22, 12). 2) L'immaculée conception de la Sainte Vierge. La Sainte Vierge ne fut pas conçue sans le péché originel, comme on en a décidé en Occident en 1854 (Pape Pie IX), mais, au moment de l'Annonciation, grâce à sa grande humilité et à sa totale obéissance à la volonté de Dieu, elle fut libérée du péché originel par le Saint Esprit qui l'a remplie : " L'Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre : c'est pourquoi celui qui va naître sera saint et sera appelé Fils de Dieu," (Luc 1, 35). Et plus loin : " Marie dit alors : " Je suis la servante du Seigneur. Que tout s epasse pour moi comme tu l'as dit!" (Luc 1, 38). Voilà pourquoi à l'Eglise Orthodoxe la Sainte Vierge s'appelle "Panaghia" - la Toute Sainte- et "Yhéotokos" - Mère de Dieu -. Elle a mis au monde le Christ, Homme-Dieu, le Sauveur. Et étant Sa Mère elle prie pour nous constamment. Elle est notre ambassadrice. 3) Le pouvoir temporel du pape. Selon les saints canons de l'Eglise, l'évêque ne doit pas avoir de pouvoir temporel : canons apostoliques : 6e, 81e et 83e. Canons du IVe Concile Oecuménique ( de Chalcédoine) : 3e et 7e. Canons du VIIe Concile Oecuménique : 10e. Ces canons étaient en vigueur en Occident jusqu'au grand Schisme. Le premier pape qui les a transgressés fut Boniface VIII ( 1294-1303) qui a mis deux couronnes l'une au-dessus de l'autre pour signaler ses deux pouvoirs : ( temporel et spirituel). Ensuite le pape Clément V (1314) a mis une troisième couronne, qui exprime en plus le pouvoir sur la Terre sur le Ciel ( anathèmes-purgatoire-) ces trois couronnes, l'une sur l'autre constituent aujourd'hui la tiare ( mitre à trois couronnes) portée par le pape pendant les grandes cérémonies. Espérons qu'après les contacts en esprit de charité, qui ont commencé le 7 décembre 1965 ( levée d el'anathème réciproque de 1054), nous cheminerons vers le dialogue honnête en esprit de vérité, qui conduira "au jour resplendissant" de l'intercommunion. Car on ne peut pas s'approcher du Saint-Calice, si on n'a pas la même foi, comme les Actes nous l'enseignent : " La multitude de ceux qui étaient devenus croyants n'avaient qu'un coeur et qu'une âme (Actes, 4, 32). (Note) : (La première rencontre pour le "Dialogue" de nos jours eut lieu à l'île de Patmos (Dodécannèse, Grèce) le 29 mai 1980, et la 4e à Bari en Italie le 29 mai 1986). PRIERE DE JESUS ou PRIERE DU COEUR. "Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi". Ou "aie pitié de nous". "Très Sainte Mère de Dieu, sauve-moi" ou "sauve-nous". Effets de cette prière "Par le nom de Jésus fouette les ennemis, car il n'y a d'autre arme plus puissante ni au ciel ni sur la terre". (Saint Jean Climaque). "Mes frères, criez du matin jusqu'au soir et si possible toute la nuit : " Seigneur Jésus Christ, aie pitié de nous". Ce nom est terrible pour les démons et chasse les passions et les maladies. Fortifions-nous donc en ceci." ( Saint Jean Chrysostome). Cette petite prière est un don précieux de Dieu à l'homme. " Mon frère, répète tout le temps oralement ou avec la pensée ces mots salutaires, parce qu'ils illuminent la pensée, calment le coeur, brûlent le péché, fouettent et chassent les démons". (Rom.10, 13), (Marc 16, 17). LE CREDO DE NICEE Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre, et de toutes les choses visibles et invisibles. Et en un seul Seigneur Jésus Christ, Fils unique de Dieu, engendré par le Père avant tous les siècles. Lumière de Lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait. Qui pour nous hommes et pour notre salut est descendu des Cieux, s'est incarné par l'opération du Saint Esprit, a pris chair dans le sein de la Vierge Marie, et s'est fait homme. Qui a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert et a été enseveli. Qui est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures. Qui est monté aux Cieux et est assis à la droite du Père. Et qui reviendra avec gloire pour juger les vivants et les morts, et dont le règne n'aura pas de fin. Je crois au Saint Esprit, Seigneur et donateur de vie, qui procède du Père, qui est adoré et glorifié avec le Père et le Fils, qui a parlé par les prophètes. En l'Eglise, une, sainte, catholique (universelle) et apostolique. Je confesse un seul baptême pour la rémission des péchés. J'attends la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. Amen. (Note) : ( Le Credo de Nicée fut rédigé en partie par le Ier Concile Oecuménique de Nicée, près de Constantinople, ( appelée aujourd'hui par les Turcs Istambul), en 325 ap. J.C. L'empereur Constantin le Grand, fondateur de Constantinople, premier empereur de Byzance et premier empereur chrétien du monde présidait à ce Concile. Il devint Saint Constantin, et nous célébrons sa mémoire ainsi que celle de sa mère, Sainte Hélène, le 21 mai. Au Credo de Nicée on a ajouté une partie encore au IIe Concile Oecuménique de Constantinople en 381, et ainsi il prit sa forme définitive. Nicée est située près de la côte asiatique de la mer de Marmara, avant l'entrée du Bosphore. Elle est construite près d'un lac, et les Turcs l'appellent aujourd'hui Iznik. UN GRAND MIRACLE ACCORDE PAR DIEU A LA SEULE EGLISE ORTHODOXE : LA SAINTE LUMIERE A JERUSALEM Tous les Orthodoxes connaissent l'existence de la cérémonie pascale pendant laquelle le prêtre allume son cierge à la lampe à huile du sanctuaire; et, en chantant le cantique "Venez, recevez la lumière", il distribue la lumière pascale aux fidèles. Cette cérémonie religieuse se passe à Jérusalem dans l'Eglise Orthodoxe de la Résurrection, où se trouve le Saint Sépulcre, d'une façon telle qu'elle bouleverse les âmes des Chrétiens. Le Samedi Saint, à midi, le Patriarche Orthodoxe de Jérusalem, ou un autre Archevêque orthodoxe, entre dans le Saint Sépulcre; il récite des prières spéciales et attend. L'attente est tantôt longue, tantôt courte. Dans l'Eglise, qui est dans l'obscurité, la foules des fidèles répète continuellement à haute voix : " Seigneur, aie pitié" ( Kyrie éléison). A un certain moment la Sainte Lumière jaillit du fond du Saint Sépulcre d'une façon surnaturelle, miraculeuse, et allume la petite lampe à huile qui s'y trouve. L'Archevêque, après avoir lu certaines prières, allume les deux faisceaux de 33 cierges qu'il tient, et ensuite il distribue la Sainte Lumière aux milliers de fidèles qui la reçoivent avec grande émotion, au bruit des carillons de cloches et des acclamations, dans un enthousiasme effréné. La Sainte Lumière n'est pas seulement distribuée par l'Archevêque, mais elle agit aussi toute seule. Elle apparaît en dehors du Saint Sépulcre ayant une lueur d'une nuance totalement différente de la lumière naturelle. Elle étincelle, elle court comme un éclair, vole comme une colombe autour du baldaquin du Saint Sépulcre et allume les lampes à huile qui pendent éteintes devant le baldaquin. Elle tourbillonne d'un bout à l'autre de l'Eglise de la Résurrection, elle va à certaines de ses chapelles, comme par exemple celle du Calvaire, qui s etrouve au-dessus du baldaquin du Saint Sépulcre et allume leurs lampes à huile. Elle allume aussi quelques cierges que tiennent certains chrétiens. En effet il y a des pélerins très pieux qui, chaque fois qu'ils ont assisté à cette cérémonie, ont vu leurs cierges s'allumer tous seuls! Cette lumière divine présente aussi quelques particularités : Dès son apparition elle a une nuance bleuâtre et ne fait pas de brûlure. Aux premiers instants de son apparition on peut lui faire toucher le visage, la bouche ou les mains sans aucun mal. Cela est une preuve de sa provenance divine et surnaturelle. Il faut noter aussi qu'elle apparaît seulement de par l'invocation d'un Archevêque orthodoxe. Chaque fois que des prélats hétérodoxes ont essayé de la faire paraître, ils ont échoué. Une fois que les Arméniens ont payé les Turcs, qui occupaient les Lieux Saints, pour donner la permission à leur Patriarche d'entrer dans le Saint Sépulcre, alors que le Patriarche Orthodoxe, plein de tristesse, se tenait avec son troupeau à la sortie de l'église, près de la colonne, à gauche de la porte d'entrée de l'église de la Résurrection, la Sainte Lumière a fendu cette colonne d'où elle a jailli près du Patriarche Orthodoxe. Un Muezin Musulman, nommé Tounom, qui avait vu l'évènement miraculeux, a immédiatement abandonné l'Islam, devint Chrétien Orthodoxe, et subit le martyre. ( Cet évènement eut lieu en 1549, sous le Sultan Mourat IV, quand Sophronios II était Patriarche de Jérusalem). Il est à noter que la colonne fendue existe encore. Elle date du XIIème siècle, et les fidèles orthodoxes la baisent en entrant dans l'église à l'endroit de la fissure, qui est noircie. L'apparition de la Sainte Lumière est un évènement qui a lieu chaque année devant des milliers de témoins oculaires. Personne ne peut le contester. Par contre cet évènement miraculeux peut fortifier ceux qui ont une foi faible. Il y a des cas récents très émouvants de quelques Juifs qui ont cru au Christ après avoir vu la Sainte Lumière, et qui disaient à leurs compatriotes : " Qu'attendez-vous encore le Messie? Le Messie est venu." (Notes) : (1) : ( La date mentionnée de l'échec du Patriarche Arménien se trouve dans le livre de Anast. Piérios : " La Crise des Nations et le rôle spécial de l'Héllénisme" P.106, édité en 1971 à Athènes en grec). (2) : (Les Orthodoxes fêtent Pâques avec l'ancien calendrier, le 1er Dimanche après la pleine lune de l'équinoxe du printemps. ( Ier Concile Oecuménique de Nicée). Quand Pâque coïncide avec la Pâque des Juifs, les Orthodoxes, en suivant les canons des Conciles Oecuméniques et les règles apostoliques célèbrent Pâsues une semaine plus tard. ( Canon Apost. 7e, 70 e, 1er d'Antioche et 37e de Laodicée). (Traduit par l'auteur d'un récit grec de la Fondation "Apostolos Varnavas" à Athènes). LE TEMOIGNAGE ORTHODOXE ou PROMETHEE LIBERE Introduction Les petits drapeaux de différents pays flottaient gaiement dans la brise fraîche d'un matin d'été au bord du golfe de Corinthe. C'était dans un camp de vacances, situé sur le côte Nord de Péloponnèse, où je travaillais comme conférencière. En les regardant, je me suis dit : " Voilà l'unité du monde en marche!" Un espoir mêlé d'une folle joie a fait bondir mon coeur. Moi, une Grecque, je voyais les nations se rapprocher sur le sol de la Grèce, ce sol imprégné du sang des héros et des martyrs, qui ont tout donné pour que l'homme ne se dégrade pas au niveau de l'esclave ou de la bête. Dès les premiers contacts, j'ai tout compris : ces gens avaient soif. Ils cherchaient la fontaine de l'esprit. Mais j'ai découvert aussi l'autre côté : ceux qui ne cherchaient rien. Ceux qui se précipitaient aveuglément vers les plaisirs matériels. C'était l'effondrement complet de la dignité humaine. En tant que Grecque, j'ai senti immédiatement le grend devoir : il faut désaltérer les uns, il faut sauver les autres. Un travail que j'ai entrepris avec enthousiasme. Au cours des visites guidées j'avais l'occasion de dire certaines choses qui excitaient l'intérêt des gens. Ensuite, des conversations passionnantes suivaient. Combien de fois n'ai-je entendu de paroles semblables : " Nous partons plus heureux que nous ne sommes venus". " Vous nous avez ramenés à la vie". Au cours de ces conversations personnelles, on me posait des questions qui révélaient un profond besoin spirituel, et pour être capable de répondre j'ai été obligée de chercher moi-même, et c'est ainsi que j'ai découvert le grand trésor : la foi de l'Eglise Orthodoxe. Tout a commencé pour moi par deux questions : un athée a demandé : " Si Dieu est bon, pourquoi permet-il le mal?" Un Protestant a demandé : " A l'Eglise Orthodoxe la Sainte Communion est-elle symbolique ou réelle?" Dès lors j'ai suivi un cheminement spirituel qui m'a menée après dix ans au point d'être capable de donner une réponse à un jeune Américain, qui a demandé : " Pourquoi vivons-nous?" C'est la question ardente de milliers, sinon de millions de personnes sur cette terre qui tourne dans le vide. Y a-t-il un sens, ou tout est néant ? Et comme j'ai découvert qu'il y a un sens, je voudrais le transmettre. Et ce n'est pas honnête de laisser tous les nihilistes du monde détruire la civilisation et, quand on a découvert le côté positif de rester silencieux. "Dieu devint homme pour déifier l'homme" (Saint Athanase le Grand, IVème siècle). Le monde grec païen était arrivé à une impasse malgré sa philosophie avancée. Déjà Sophocle, dans la tragédie d'Antigone, avait écrit que l'homme peut tout faire sauf une chose : " vaincre la mort". Et cette plainte du poète, Dieu vint la combler de la façon la plus admirable. Une série d'évènements miraculeux font entrer Dieu dans l'histoire, pour la diriger vers son but, le salut de l'homme, la défaite de la mort et la glorification de l'univers. " Le dernier ennemi détruit, c'est la mort" (Cor.1.15, 26). " Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps matériels par son Esprit qui habite en vous" ( Rom. 8, 11), nous dit Saint Paul. Et pourquoi cette victoire sur la mort? Pour que tout soit uni en Dieu "afin que Dieu soit tout en tous" ( Cor. 1. 15, 28). Tout l'univers matériel sera rempli de la gloire de Dieu, comme Saint Paul nous l'enseigne. "Cette même création sera libérée de la servitude de la corruption pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu" ( Rom.8, 21). Quelle est cette glorieuse liberté des enfants de Dieu? C'est que les enfants de Dieu ont fait la volonté divine en toute liberté. Non par peur, ni par force, mais tout librement par amour pour Lui. Et quelle est cette volonté divine? Saint Paul nous éclaire : " Ce que Dieu veut, c'est votre sanctification". (I. Thess.4, 3). Dans l'Epître aux Hébreux Saint Paul nous montre la voie vers cette sanctification. "Dieu nous corrige dans notre véritable intérêt afin de nous faire participer à Sa sainteté. Toute correction, il est vrai, paraît être au premier abord un sujet de tristesse et non de joie; mais plus tard elle procure un paisible fruit de justice à ceux qu'elle a formés." (hébreux 12, 10-11). Nous passerons donc par une tristesse, nous passerons par la "porte étroite" de l'abnégation, "nous lutterons avec persévérance dans la course qui nous est proposée" ( Hbr. 12, 1), mais le résultat de cet effort sera "le fruit de la paix". "Vous aurez de l'affliction dans le monde, mais prenez courage, car j'ai vaincu le monde" ( Jean 16, 33) nous dit le vainqueur de la mort : Celui qui est passé par l'affliction de la croix pour arriver à la gloire de la résurrection. C'est seulement en suivant Celui qui a vaincu le monde sur la croix et en vivant d'après Son évangile que l'on pourra passer de la mort à la vie. " Dieu Lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus "tout genou fléchisse" dans les cieux, sur la terre et sous la terre et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père". (Phil.2, 9) dit Saint Paul aux Philippiens. Et dans les actes des Apôtres Saint Pierre précise : " Le salut ne se trouve en aucun autre : car il n'y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. (Act.4, 12). Le but pour lequel nous sommes sur cette terre c'est donc notre perfectionnement spirituel, notre "ascèse", que chacun de nous accomplira avec patience dans le domaine qui nous a été réservé d'après la sagesse et la providence divines, pour nous trouver en la présence divine, la parousie, ce qui est possible seulement après le sacrifice de Jésus Christ sur la croix et sa glorieuse résurrection. Ces deux évènements historiques ( leur historicité est prouvée par le changement spirituels des Apôtres après la Pentecôte et celui de Saint Paul sur le chemin de Damas entre autres) nous prouvent que les Cieux sont de nouveau ouverts pour l"homme, qui suivra le vainqueur de la mort et du péché, puisque la mort était conséquence du péché (Gen. 2, 17). Dieu avait dit au premier homme : " Tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras." Dieu voulait par cet ordre éprouver la liberté de l'homme et lui montrer que par l'exercice de la vertu, il serait sauvé. Mais le premier Adam a désobéi par orgueil ( c'est le péché originel) et a reçu comme conséquence la mort. Le Christ, appelé le deuxième Adam, a obéi à Son Père avec héroïsme jusqu'à la mort, et même la mort sur la croix; donc il était sans péché, puisqu'il a fait la volonté divine jusqu'au bout. Ainsi la mort ne pouvait pas le retenir et Il fut ressuscité. L'iconographie byzantine représente le Christ ressuscité ayant sous ses pieds les portes de la mort brisées pour toujours, et tendant sa main percée par les clous à Adam et à Eve, qui symbolisent l'humanité, pour les faire sortir du tombeau. Tous ceux qui accepteront cette main et qui suivront le chemin qu'elle montre seront sauvés. Lui, il a ouvert la porte des cieux par Son héroïsme; il nous reste à être héroïques à notre tour et par l'exercice de la vertu, que nous accomplirons, fortifiés par la grâce que Sa croix nous accorde, nous pourrons franchir cette porte nous aussi. David a chanté d'une voix prophétique : - "Portes, élevez vos linteaux, Elevez-vous, portes éternelles! Que le roi de gloire fasse son entrée! - Qui est ce roi de gloire? - L'Eternel fort et puissant, L'Eternel puissant dans les combats" ( Ps. 24). La grâce n'est pas un privilège accordé à quelques-uns comme beaucoup le croient en Occident. C'est un don que Dieu accorde à tous ceux qui le veulent, car il n'oblige personne. Il dit : " Que celui qui veut me suivre...". Il frappe à la porte. Il suffit de Lui ouvrir. "Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je dînerai avec lui, et lui avec moi. Le vainqueur, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j'ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur Son trône" ( Ap.3, 20-21). Dans ce texte si beau de l'Apocalypse, Il nous promet un souper, mais Il nous invite aussi à une victoire personnelle. Le résultat de cet effort sera de faire un jour partie de cet univers glorieux , appelé par Saint Jean dans l'Apocalypse : " Les nouveaux cieux et la nouvelle terre". (Ap.21). La vigne et les sarments. Dans ce cheminement et cet effort pour notre "sanctification", nous ne sommes pas seuls. Jésus Christ, avant de quitter la terre pour s'asseoir "à la droite du Père" aux cieux, nous a laissé les Saints Sacrements pour être unis à Lui, avoir la force de combattre toutes les tentations, et avoir le courage d'accomplir la volonté du Père Céleste. ( Cette participation doit être droite, c'est-à-dire selon la foi orthodoxe). " Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie" " comme des agneaux parmi les loups" (Jean 20, 21). Nous sommes envoyés dans le monde, sans appartenir au monde, pour le transformer, comme le "levain" fait gonfler tout le pain. ( I. Cor.5,6). Et cette transformation sera accomplie non par force, avec bûchers et guerres, comme on a fait en Occident au Moyen Age, mais par la prédication et le bon exemple. " Ne sois pas vaincu par le mal, mais vainqueur du mal par le bien" ( Rom.12, 21) nous dit Saint Paul. Est-il possible de vaincre le mal par le bien? N'est-ce pas une chimère? Non, ce n'est pas une chimère, à une seule condition : pour devenir ce levain, il faut être attaché à Jésus Christ, le vainqueur du monde, comme "les sarments" à "la vigne". Il nous dit : "Sans moi, vous ne pouvez rien faire". De même, les sarments détachés de la vigne ne portent pas de fruits, mais ne sont bons que pour le feu. C'est Lui "la vigne", et les chrétiens sont les "sarments" ( Jean 15). Il nous attache à Lui par le sacrement de la Sainte Communion, Il nous nourrit de Son sang et de Sa chair (Jean 6) pour nous purifier et nous forttifier dans l'effort du perfectionnement de nous-mêmes et du monde. Il nous nourrit pour nous donner la force de courir "la course qui nous est proposée" ( Hébr. 12, 1). Car à chacun de nous est proposée une course à courir. A la fin nous attend la couronne, qui sera la participation à la présence de Dieu. " Celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé" ( Matt. 10, 22). Et comme les athlètes qui courent dans le stade se privent de tant de choses durant leur entraînement pour recevoir à la fin une couronne périssable, à plus forte raison les Chrétiens doivent montrer cet esprit d'abnégation pour "la couronne impérissable", comme le dit Saint Paul aux Corinthiens (I. Cor. 9, 25). Le problème du mal. Dans tout ce plan grandiose quelle est la signification du mal? Ce problème, qui paraît insoluble à tous les athées, a sa réponse dans l'Evangile même. Il y a plusieurs explications : Une explication, c'est que Dieu ne nous veut pas des robots de vertu. Il nous a laissé la liberté du choix. Et comme le bien exige un certain héroïsme ( puisqu'il présuppose la victoire sur l'égoïsme), un grand nombre de personnes, qui ne veulent pas se fatguer, préfèrent la voie facile. Il y a aussi l'existence de Satan et des démons, mentionnés à plusieurs reprises dans l'Evangile, qui ne laissent pas l'homme tranquille dans son effort. Saint Pierre dit que Satan "comme un lion enragé parcourt le monde afin de dévorer quelqu'un" ( I. Pierre 5, 8). Un des devoirs des Apôtres était de chasser les démons de l'homme. Il y a aussi la souffrance que Dieu permet pour éprouver notre foi. Une foi vécue dans la facilité n'aurait pas de sens. Jésus Christ a dit à ceux qui Le suivaient : " Si quelqu'un veut marcher sur mes traces, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive." (Marc. 8, 34). Défricher un champ, ce n'est pas une chose facile. Cela demande de la sueur. Défricher son âme et les âmes de ceux qui nous entourent exige des larmes et quelquefois un sacrifice qui arrive jusqu'à donner sa propre vie. Dieu nous taille, comme on taille un arbre pour porter plus de fruits. ( Jean 15, 2). Il ne faut pas nous décourager. Nous pouvons tout tenter, quand Dieu nous anime. " Je puis tout par celui qui me fortifie" ( Phil. 4. 13). " Si Dieu est avec nous, qui peut être contre nous?" se demande Saint Paul. Jésus Christ "est parti en vainqueur et pour vaincre" ( Ap. 6, 12). Il faut retrouver la force de la foi des martyrs pour sauver le monde actuel. Jésus nous dit dans l'Apocalypse : " Ainsi parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid, ni bouillant, je vais te vomir de ma bouche". ( Ap. 3, 16). Il veut une foi ardente, pour pouvoir être active et efficace. " Soyez fervents d'esprit" dit saint Paul dans l'épître aux Romains (Rom. 12, 11). Il faut avoir un feu dans l'âme pour être prêt à tout. " Je suis venu jeter un feu sur la terre, et qu'ai-je à désirer, s'il est déjà allumé" ( Luc 12, 49) dit Jésus Christ avec nostalgie. Il rêve d'un monde nouveau qui sortira de Son sacrifice. Le monde de la Pentecôte, qui continuera jusqu'à ce que tout soit accompli. Dans ce monde il n'y a pas de place pour les tièdes, il n'y a pas de place pour les concessions de toute espèce. C'est le monde de l'Absolu. "Je suis la lumière du monde et celui qui me suivra ne marchera jamais dans l'obscurité mais aura la lumière de la vie" ( Jean 8, 12). La force des Saintes Ecritures. On m'accusera peut-être d'employer trop le texte des Saintes Ecritures pour appuyer ma découverte spirituelle, mais il n'y a pas d'autre solution, puisque "la lumière de la vie" se trouve dans ce texte. Saint Jean Chrysostome, un des plus grands des Pères de l'Eglise du IVème siècle a dit que "le salut est impossible sans la connaissance des Saintes Ecritures". Et pour ceux qui protesteraient en disant qu'il ya une contradiction entre le texte de la Sainte Bible et la réalité humaine, je mentionnerai une découverte de Darwin lui-même. Quand il visita une fois une tribu primitive, il comprit qu'il faudrait des siècles pour la civiliser. Mais lorsqu'il visita ces hommes primitifs une deuxième fois, il les trouva complètement changés. Des missionnaires étaient passés par là et leur avaient apporté la Sainte Bible. Darwin fut si impressionné qu'il donna de l'argent pour le travail missionnaire. Pour ceux qui opposeraient l'objection que la Sainte Bible est un livre périmé à l'époque des voyages dans l'espace, je mentionne le témoignage des astronautes américains qui, ayant vu de leur petite cabine le spectacle grandiose du ciel, ont envoyé au monde, de leur propre gré, comme message, la première phrase de la Sainte Bible : " Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre". Cet univers matériel que les astronautes ont admiré, sera transformé en univers glorieux par Jésus Christ, à travers ceux qui seront unis à Lui. ( Rom.8, 21). Les moyens de ce combat sont les suivants : la prière, la connaissance des Saintes Ecritures, les Saints Sacrements et les oeuvres de charité et de miséricorde. C'étaient les moyens que les premiers chrétiens ont employé pour vaincre le monde païen (Actes 2, 42). Le matérialisme actuel est un nouveau paganisme et il nous faut les mêmes moyens pour le vaincre. L'appel de l'Orthodoxie au monde moderne. Trois "mauvais esprits" du XIXème siècle ont poussé le monde à l'état de désastre moral où il se trouve actuellement : Marx qui a dit que le problème de l'homme ne réside que dans la satisfaction des besoins matériels, Freud qui a dit que l'homme est esclave de ses besoins sexuels et Nietzsche qui a dit que "Dieu est mort". Les deux premiers vivaient tout-à-fait en dehors de la grâce et des dons du Saint Esprit et le troisième avait un cerveau malade puisqu'il est mort fou. Il est temps que le monde se repente d'avoir cru à leurs paroles et non en Celui qui est laVie, la Voie et la Résurrection. " Les démons ne peuvent pas entrer dans l'âme quand elle est nettoyée" (Matth. 12, 43). Ces trois mauvais esprits, les plus grands démons du monde contemporain, ont pu pénétrer dans l'âme des peuples, parce qu'ils ne l'ont pas trouvée prête à résister. Le Catholicisme Romain et le Protestantisme, avec leurs différentes déviations de la première tradition apostolique, n'ont pas été capables de retenir les peuples dans la voie de la sainteté. Où irons-nous trouver le remède à ce mal? Seulement dans la vie en Christ, qui n'est possible que dans l'Eglise Orthodoxe, qui est la véritable Eglise-Mère, " Une, Sainte, Catholique ( Universelle) et Apostolique", jamais déformée à travers les siècles. La seule qui garde la Sainte Tradition intacte et qui possède les Saints Sacrements dans toute leur pureté et leur efficacité. La pierre angulaire pour l'Orthodoxie n'est pas l'Apôtre Pierre, comme on le croit à Rome, mais le Christ Lui-même. La vie de l'Orthodoxe conscient est une vigilance continuelle, une prière continuelle, une présence du divin continuelle. Et pour sentir ce bonheur, il n'est pas nécessaire d'être prêtre ni moine. C'est un don que le Christ accorde à tout être humain qui est lié à Lui par la foi, les Saints Sacrements, les oeuvres bonnes et l'effort héroïque de l'âme pour se libérer des différentes passions. Car Il nous veut héroïques, comme Lui a été héroïque et a bu le calice jusqu'à la lie. " Pouvez-vous participer au calice que je vais boire?" ( Matt. 20, 22), nous demande-t-Il. Le monde actuel s'est trop habitué à la facilité, au bien-être. On a oublié la "folie " de la croix, la valeur du sacrifice. N'est-ce pas un appel à notre époque, où chacun demande trop de choses pour soi, à cette époque où l'on fait des plaisirs matériels un objet d'adoration? Le corps temple de l'Esprit de Dieu. " Ceux qui ont calomnié le Christianisme à travers les siècles l'ont accusé d'avoir négligé le corps comme quelque chose de mauvais et ont laissé croire que toute la beauté et la santé venaient des stades de l'antiquité. Il s'agit d'un malentendu. N'oublions pas que le Christinaisme est la religion de l'incarnation du divin. Et puisque le Fils de Dieu n'a pas eu peur de s'incarner dans notre chair humaine, que de splendeur doit envelopper cette demeure matérielle! Jésus a tant soigné de toutes maladies les corps de tous ceux qui le suivaient en pensant à leur faim, à leur soif, et à leur fatigue. Si l'antiquité païenne a éprouvé de la fierté pour la beauté et la robustesse du corps, qui d'autre que l'Eglise et ses saints ont-ils soigné la chair malade avec tant de respect. Il faut inviter ceux qui aujourd'hui manifestent de l'adoration pour la chair à aller soigner les plaies des lépreux, des pestiférés et des cancéreux, que les soeurs de charité affontent chaque jour avec courage". Ces paroles sont celles de René Biot, un médecin contemporain. Voyons maintenant ce que dit la sagesse de l'Eglise Orthodoxe. Le corps n'est pas la réalité matérielle de l'homme, mais l'aspect extérieur de tout son être. Il exprime la puissance et la grandeur de l'âme. Le corps est le moyen à travers lequel l'âme agit. L'âme vivifie le corps, et le corps révèle l'âme. Le Christianisme respecte le corps, mais il le veut gouverné par l'esprit. " Dieu daigne créer notre corps de sa propre main", dit le Père de l'Eglise Saint Basile le Grand. " Le fils et Verbe de Dieu devient chair pour sanctifier le corps humain", dit Saint Athanase le Grand. Et n'oublions pas que même "les cheveux de notre tête sont comptés" ( Mat. 10, 30). Tout cela prouve la valeur que Dieu accorde au corps humain. N'est-ce pas ce corps qui fut glorifié à la Résurrection du Christ, qu'Il a élevé aux Cieux et l'a fait trôner à la droite du Père? Par la Résurrection du Christ, la chair des hommes est déifiée. Le grand prédicateur de cette vérité fut Saint Paul. Au 6ème chapitre de la Ière épître aux Corinthiens, il nous donne ce principe fondamental : " Le corps est pour le Seigneur et le Seigneur pour le corps". " Tout m'est permis, mais tout n'est pas utile : tout m'est permis, mais je ne me laisserai pas asservir par quoi que ce soit. Les aliments sont pour le ventre, et le ventre pour les aliments : et Dieu détruira l'un comme les autres. Mais le corps n'est pas pour la débauche. Il est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps. Et Dieu, qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera aussi par sa puissance. Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres du Christ? Prendrai-je donc les membres du Christ pour en faire les membres d'une prostituée? Certes non : Ne savez-vous pas que celui qui s'attache à la prostituée est un seul corps avec elle? Car il est dit : " Les deux deviendront une seule chair"; mais celui qui s'attache au Seigneur est avec lui un seul esprit. Fuyez la débauche. Quelque autre péché qu'un homme commette, ce péché est extérieur au corps; mais celui qui se livre à la débauche pèche contre son propre corps. Ne savez-vous pas ceci : votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu et vous ne vous appartenez pas à vous-mêmes? Car vous avez été rachetés à grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit" (I Cor. 6, 12-20). Et dans l'Epître aux Romains, il précise encore une fois : " Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l'intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, agréable et parfait" ( Rom. 12, 1-2). Le grand Apôtre des Nations, avec ces quelques paroles a posé et résolu à jamais le problème des relations entre le corps et l'Esprit de Dieu. Ce ne sont que les cerveaux malades d'aujourd'hui qui veulent glorifier toutes les passions abjectes et conduire la jeunesse actuelle à la dépravation pour mieux assiéger le donjon qui s'appelle civilisation gréco-Chrétienne, et qui ne veulent pas comprendre, ou font semblant d ene pas comprendre, ces vérités éternelles que tous les médecins du monde, qui ont encore de la cervelle, reconnaissent. La psychosomatique actuelle n'est autre chose que cette relation entre le corps et l'esprit. Et n'oublions pas que le Seigneur disait d'abord au malade : " tes péchés sont pardonnés" ; ensuite, le corps était immédiatement guéri. D'abord le Seigneur guérissait l'âme du malade; puis la guérison du corps suivait comme une conséquence naturelle. Il ne faut pas oublier le petit livre du Dr. Carrel sur la prière où il explique comment la prière agit sur tout l'organisme, même sur les glandes, et que la prière est le meilleur moyen pour garder le corps en équilibre. Pourquoi donc le monde occidental cherche-t-il aujourd'hui le merveilleux chez les Hindous, et ne revient-il pas à l'Eglise-Mère d'où il fut séparé au XIème siècle? Pour guérir l'âme occidentale, qui est aujourd'hui souffrante, il faut la réconciliation avec Dieu. Il faut que l'Occident redevienne humble comme l'aveugle de l'Evangile qui criait au bord de la route : " Fils de David, aie pitié de moi, le pécheur" (Luc 18, 38). Et le Seigneur qui est plein de miséricorde pour tous les pécheurs, pour lesquels Il a versé son sang sur la Croix, ouvrira Ses bras, ces bras qu'Il a étalés sur la Croix, pour enlacer et guérir l'Occident qui a vécu dans la révolte pendant presque dix siècles. Le problème de la répartition de la richesse. Ce problème ne peut être résolu que dans la foi orthodoxe, quand elle est vécue honnêtement. Puisque les Chrétiens Orthodoxes participent au même Saint-Calice et sont nourris du Corps et du Sang du Christ, l'accumulation de la richesse d'une façon égoïste leur paraît impossible. Ils appartiennent à la même communauté spirituelle; ainsi ils se sentent entre eux solidaires et athlètes du Règne de Dieu sur la terre. Saint Jean Chrysostome, Père de l'Eglise, (IVème siècle), appelle les riches " les banquiers de Dieu". Un tel riche est la personne qui produit abondamment, mais cette abondance n'est pas seulement pour lui, mais pour être distribuée volontairement partout où il y a nécessité. Donc le problème ne réside pas dans la non-possession du capital, mais dans le bon usage du capital pour le bien général. Exemple d'un tel usage fut l'oeuvre sociale du Père de l'Eglise Saint Basile le Grand, évêque de Césarée au IVème siècle, qui avait fondé un centre de bienfaisance productif ( pas seulement de charité aux pauvres) et tous ces capitaux pour cette oeuvre gigantesque, la fameuse "Basilias", étaient donnés volontairement par les riches de sa province épiscopale. Ce n'est pas Marx le premier qui a dit que " la propriété est un vol". C'est Saint Basile le Grand qui l'avait dit au IVème siècle. ( Il s'agit bien sûr de la propriété égoïste excessive, non pas de celle qui est nécessaire pour vivre dans le monde). Dans l'Orthodoxie, il y a aussi ceux qui ne possèdent rien, qui acceptent une pauvreté voulue. Ce sont ceux qui vont dans les communautés monastiques ou les ermitages au désert, qui ont fait voeu de chasteté, de pauvreté et d'obéissance (au père spirituel). Que ceux qui peuvent ( ceux qui ont reçu ce don), suivent ce chemin. Il présuppose une foi jusqu'à la mort et une vie spirituelle de grande pureté. C'est à dire que la pauvreté seule, sans les deux autres conditions, est stérile. Mais même pour ce qui est de la communauté dans le monde - la société orthodoxe- , le Nouveau Testament donne un exemple d'organisation de vie sur le plan matériel. On y voit la vie des premières communautés chrétiennes qui obéissaient aux Apôtres, et où personne ne manquait de rien. " Ils persévéraient dans l'enseignement des Apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières...Tous ceux qui avaient cru vivaient ensemble et avaient tout en commun. Ils vendaient leurs biens et leurs possessions et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun. Chaque jour, avec persévérance, ils étaient au temple d'un commun accord, ils rompaient le pain dans les maisons et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de coeur; ils louaient Dieu et trouvaient grâce auprès de tout le peuple. ( Actes, 2, 42-47). Par ce texte on voit clairement quelles sont les conditions d'un tel partage : la foi apostolique exacte, la participation à la Sainte Communion, la prière et la glorification de Dieu de la part des fidèles et leur présence quotidienne au temple. Il faut donc le culte de Dieu en commun et un commun accord en tout, ainsi que la simplicité de coeur et la joie. Pas d'emploi de la force, pas d'athéïsme, pas de coeurs durcis par la haine. Ce système communautaire fut réalisé en Grèce pour la première fois d'une façon étonnante pendant l'occupation turque, quand certaines communautés de villages décidèrent de fonder leur économie sur la volonté de Dieu. Ce groupe de villages se trouve situé sur la pente du mont Ossa, à l'Est du mont Olympe, en Thessalie. Entre les deux montagnes passe le beau fleuve du Pénée, si célèbre dans la mythologie grecque. Les habitants de ces villages avaient créé une industrie locale : ils faisaient teindre des fils d'une teinte qu'ils avaient inventée eux-mêmes, extraite des plantes sauvages de la région, et exportaient en quantité, dans toute l'Europe et le Proche-Orient ces fils teints, car ce produit était très recherché (XVIIIème siècle). Tous les habitants participaient à cette affaire, au travail, et au gain, et chacun gagnait selon le travail qu'il avait fourni. Plus le gain général augmentait, plus le gain particulier augmentait aussi. Ce fut le système de la première coopérative volontaire du monde, dont les membres avaient aussi un lien fraternel spirituel : la foi ortthodoxe, qui déracine l'égoïsme. Il n'est pas sans signification qu'en tête du règlement de leur coopérative figurât la phrase suivante d el'Evangile : " Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux". (Matt. 18, 20). La prospérité de ces communautés fut très grande et nous pouvons encore aujourd'hui admirer la construction de ces villages si pittoresques appelés "Ambélakia". Ce n'est pas le seul exemple de participation au gain des communautés grecques pendant l'occupation turque. Il y en a d'autres aussi, mais moins bien connus. Un autre cas de participation au gain général d'une affaire est celui de la marine marchande au XVIIIème siècle, de certaines petites îles grecques comme l'île d'Hydra au bout du golfe Saronique, au Sud d'Athènes. Chaque membre d el'équipage participait au gain de l'armateur de la façon suivante : son salaire était divisé en trois parties : une partie allait à sa famille, une autre était pour lui et la troisième restait comme participation à l'affaire. Grâce à ce système, la marine marchande d'Hydra s'est beaucoup développée, et la richesse de cette affaire, ainsi que les bateaux et les équipages ont été un facteur puissant, pendant la guerre d'Indépendance de 1821, pour contribuer à la libération du pays. On voit donc encore une fois que le proverbe "l'union fait la force" est réalisable, quand on rencontre de la bonne volonté. Un antagonisme, qui oppose éternellement le patron et l'ouvrier, ne mène à rien, ou plutôt mène à la destruction. Malheureusement cette tradition communautaire de la Grèce, qui est dans le caractère du peuple, ne fut pas au fondement du système économique du pays après l'indépendance. On a en revanche copié tous les systèmes d'Occident, car les Grandes Puissances, qui avaient signé l'acte d'Indépendance, imposèrent à la Grèce un roi étranger, d'une dynastie européenne (Othon, fils de Louis Ier de Bavière). Ces systèmes dits libéraux recèlent des antagonismes pernicieux, à cause du manque de la vraie foi et du manque d'unité spirituelle entre patron et ouvrier. De nos jours, où se forme l'idéal de la communauté européenne, il y a là une grande occasion de rappeler cet idéal chrétien, qui peut devenir le fondement de l'unité de l'Europe de demain. Un autre système de coopérative volontaire fonctionne de nos jours en Israël, fondé sur l'esprit de l'Ancien Testament. Israël est le seul pays au monde où trois systèmes économiques fonctionnent librement dans le même pays. Chacun des citoyens va librement à celui qui lui plaît, et la coordination s'effectue automatiquement par la participation aux impôts. Les plus avancés spirituellement vont aux Kibboutzim ( système communautaire), les moins avancés aux Moshavim ( système coopératif) et le reste appartient au système capitaliste. Les trois systèmes sont chacun choisi volontairement. La Mission de l'Orthodoxie et s aréalisation Il est très difficile pour l'âme humaine si étroite, et pour son corps encore plus étroit, de se laisser pénétrer par la vie éternelle et infinie. Les habitants de la terre, comme des prisonniers, adoptent une attitude de soupçon envers tout ce qui paraît venir de l'au-delà. Emprisonnés dans le temps et l'espace, ils ne supportent pas, par atavisme ou par paresse, d'être pénétrés par quelque chose au-delà du temps et d el'espace, quelque chose d'éternel. Ils considèrent qu'une telle irruption est une attaque, et deviennent agressifs, étant donné que le "ver" du temps ronge l'homme qui ne veut pas que l'éternité intervienne dans sa vie. Il s'y adapte difficilement. Il considère que cette intervention le contraint et que c'est une audace impardonnable. Et tantôt son coeur durci se révolte contre l'éternité, parce qu'il voit qu'il est trop petit en face d'elle, tantôt il se remplit de haine, parce qu'il la considère sous un prisme trop humain, trop terrestre, trop matériel. Enfoncé par son corps dans la matière, attaché par la force de la pesanteur au temps et par l'attraction générale à l'espace, ayant l'esprit détaché d el'éternité, l'homme matériel n'aime pas s'aventurer vers les chemins difficiles de l'éternité, vers l'au-delà. Pour lui, il n'y a pas de pont sur le gouffre qui sépare le temps de l'éternité, parce qu'il n'a pas la force de l'enjamber. Entouré de partout par la mort, l'homme s emoque de ceux qui lui disent que l'homme est immortel et éternel. Immortel en relation de quoi, de son corps mortel? Eternel en relation de quoi, de son esprit si faible? Pour que l'homme soit immortel, il faut qu'il se sente au plus profond de lui-même immortel. Pour qu'il soit éternel, il faut qu'au centre de sa conscience, il se reconnaisse éternel. Autrement l'immortalité et l'éternité sont des conditions imposées de l'extérieur. Et même si autrefois l'homme avait le sens de son immortalité et la connaissance de son éternité, c'est un souvenir si lointain, complètement atrophié sous le poids de la mort. Et, en effet, l'homme s'est atrophié. Nous le comprenons du fait de la composition mystérieuse de l'être humain. Tout le problème est de savoir comment ranimer ce sentiment éteint; comment vivifier cette connaissance atrophiée. Les hommes ne peuvent pas le faire, ni les dieux de la philosophie. Seul Dieu peut le faire, puisque Lui, étant immortel, s'est incarné dans la sensation humaine. Parce que Lui, bien qu'étant éternel, est entré dans l'auto-connaissance humaine. C'est précisément cela que le Christ a fait par Son incarnation, quand Il est devenu Dieu-Homme. C'est en Jésus seulement, exclusivement en Lui, que l'homme s'est senti immortel et s'est reconnu éternel. Le Christ, Dieu-Homme, par Sa Personne, a jeté le pont sur le gouffre entre le temps et l'éternité et les a réconciliés. C'est pourquoi l'homme ne se sent vraiment immortel et ne se reconnaît éternel que quand il est uni avec le Christ Dieu-Homme d'une façon fonctionnelle, et avec Son Corps : l'Eglise. Ainsi, pour l'homme et pour l'humanité, le Christ est le seul passage du temps à l'éternité. C'est seulement dans l'Eglise, l'Eglise Orthodoxe, où le Christ, Dieu-Homme, est resté la seule voie et le seul guide pour passer du temps à l'éternité, de la sensation de la mortalité à la sensation de l'immortalité. La personnalité éternellement vivante du Christ, Dieu-Homme, est précisément l'Eglise. L'Eglise est toujours une personnalité. Une personnalité divino-humaine, un esprit divino-humain. La définition d el'Eglise, la vie d el'Eglise, son programme, ses méthodes, tout, est attaché à la Personne prodigieuse du Christ, Dieu-Homme. Ainsi, la mission de l'Eglise est d'unir fonctionnellement et personnellement tous ses fidèles à la Personne du Christ. De changer leur sensation en Christo-sensation et leur auto-connaissance en Christo-connaissance. De faire de leur vie une vie en Jésus Christ avec Son aide. De faire d eleur âme une âme en Jésus Christ avec Son aide. De sorte que ce ne sont plus eux qui vivent, mais le Christ qui vit en eux. ( Comme Saint Paul le dit aux Galates : " Je suis crucifié avec le Christ et ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi" ( Gal. 2, 20). La mission de l'Eglise est de sauvegarder pour ses membres l'immortalité et l'éternité en les faisant participer à la nature divine. (Aux énergies incrées de Dieu). La mission de l'Eglise est d ecréer pour chacun de ses membres la certitude que la situation nouvelle d ela personnalité humaine est celle de l'immortalité et de l'éternité et non pas le temporel et la mortalité, et que l'homme est un voyageur qui, à travers la mortalité et le temporel, chemine vers l'immortalité et l'éternité. L'Eglise est une éternité divino-humaine incarnée dans les limites du temps et de l'espace. Elle se trouve dans ce monde, mais elle n'est pas de ce monde. Elle se trouve dans ce monde pour l'élever vers les sphères célestes d'où elle provient. L'Eglise est oecuménique, Catholique ( Universelle), divino-humaine, éternelle. C'est pourquoi c'est un blasphème, et un blasphème impardonnable, contre le Christ et le Saint Esprit, de faire de l'Eglise une institution nationale, de la rétrécir selon des buts et des méthodes étroites, temporelles et limitées à chaque nation. Le but d el'Eglise est oecuménique, universel. Comme elle englobe l'humanité entière, son but est d'unir tous les hommes en Jésus Christ, tous les hommes sans exception nationale, raciale, ni sociale. " Il n'y a plus ni Juif, ni Grec, il n'y a plus ni esclave, ni homme libre, il n'y a plus ni homme ni femme, car tous vous êtes un en Jésus Christ", dit Saint Paul aux Galates (Gal.3, 28). Et dans son épître aux Colossiens, il précise : " Car le Christ est tout et en tous" ( Col.3, 11). Les méthodes de cette union divino-humaine, qui englobe tous les hommes en Jéus-Christ, ont été données par l'Eglise, par les Saints Sacrements et par ses oeuvres divino-humaines ( ascèse- vertus). Et en effet le Sacrement de la Sainte Eucharistie constitue et définit la méthode du Christ et le moyen d'union de tous les hommes. ( Dans la foi, la célébration et la participation correctes, c'est-à-dire orthodoxes). Par ce sacrement, l'homme s'unit fonctionnellement avec le Christ et tous les fidèles. Et par l'ascèse personnelle, les vertus divino-humaines, qui sont la foi, la prière, le jeûne, la charité et la miséricorde, l'homme s'attache fermement à cette unité, se protège dans cette sainteté, il vit en Jésus Christ avec toute sa personnalité et s'unit avec les autres membres du corps saint du Christ : l'Eglise. L'Eglise est indivisible, comme la personne du Dieu-Homme, comme le corps du Dieu-Homme. C'est pourquoi c'est une erreur fondamentale de diviser l'organisme divino-humain, indivisible, de l'Eglise, en petites organisations nationales. Beaucoup d'Eglises locales, durant leur marche historique, avaient réduit leur oeuvre à des buts nationaux. L'Eglise s'adaptait au temple, alors que c'est le contraire qui est correct : c'est le temple qui doit s'adapter à l'Eglise. Mais nous savons que cela est "l'ivraie" de notre vie ecclésiastique, l'ivraie que le Seigneur n'arrache pas, mais laisse croître avec le blé jusqu'à la moisson. ( Matt. 13, 29-30). Nous savons aussi, le Seigneur nous l'a enseigné, que cette "ivraie" provient de notre ennemi, qui est aussi ennemi du Christ, le diable. (Matt.13, 25-28). Mais cette connaissance paraît vaine, si elle ne s etransforme pas en prière, pour que le Christ nous protège dans l'avenir de devenir semeurs et cultivateurs d'une telle ivraie. Il est temps - c'est le temps ultime - que nos représentants ecclésiastiques comprennent qu'ils doivent cesser de se croire exclusivement esclaves du nationalisme, et devenir évêques de l'Eglise "Une, Sainte, Catholique ( Universelle) et Apostolique" ( Credo de Nicée). La mission de l'Eglise, qui lui fut donnée par le Christ et fut réalisée par les Saints Pères, est d eplanter et de cultiver dans l'âme du peuple le sentiment et la connaissance que chaque membre de l'Eglise Orthodoxe est une personne Catholique ( Universelle), une personne éternelle et une personne divino-humaine. Qu'elle appartient au Christ et, pour cela, qu'elle est soeur et servante de tous les hommes et de toutes les créatures. C'est le but de l'Eglise qui fut donné par le Christ. Tout autre but n'est pas du Christ, mais d el'Anté-Christ. Extrait traduit du grec par l'auteur, de l'oeuvre de l'Archimandrite Orthodoxe Serbe Justin Popovic, professeur de dogmatique à l'université de Belgrade (1935-1945) : " L'Homme et le Dieu-Homme". Nostalgie de l'Orthodoxie en Occident. Depuis le XIXème siècle, certains esprits en Occident ont commencé à découvrir la vérité de l'Orthodoxie. Comme le lord anglais Guilford, qui a systématiquement étudié les Saintes Ecritures, les décisions des Sept Conciles Oecuméniques et les écrits des Pères de l'Eglise. Ensuite, le catholique Franz Baader déclara que la véritable Eglise universelle se trouve en Orient ( Der morgenlädische und der abendländische Katholizismus (Stuttgart, 1841). Cf G. Florovsky : L'oecuménisme au XIXème siècle (Irénikon 4e trim. 1954 p. 415). Puis le prélat catholique Guettée défend la même position dans son "Histoire de l'Eglise de France" et dans ses "Mémoires". Il y eut aussi Joseph Overbeck, professeur à l'Ecole Théologique de Bonn, qui écrivit nombre d'articles en allemand, en anglais et en latin, et qui publia même "la revue Orthodoxe Catholique" pour exprimer non seulement le besoin du retour à l'Orthodoxie, mais aussi de l'établissement de l'Orthodoxie en Occident. Au commencement du XXème siècle, l'Anglais Scheridan, dans son livre "l'Eglise Grecque Catholique" exprime l'opinion que l'Eglise de l'Orient est, maintenant et pour toujours, la même qu'autrefois; non pas pétrifiée, mais en croissance intérieure, sans innovations, mais accordant le salut, sans suppressions, et capable d'affermir les âmes. Et il demande : n'est-elle donc pas la seule représentante du temps des Pères de l'Eglise et des Conciles? Plus tard, une grande amie de l'Orthodoxie et de la Grèce, la Comtesse Louise de Riencourt, écrivit un grand nombre d'articles pour prouver la supériorité de l'Orthodoxie sur le Catholicisme. L'Orthodoxie du monde Oriental, dit-elle, est complètement réelle, tandis que le Catholicisme est complètement platonique. Mais celui qui lutta et fut persécuté pour ses idées est le prince catholique Maximilien de Saxe qui, après avoir voyagé dans les pays Orthodoxes, et étudié de près leur vie, remarqua que les Orthodoxes ont à accomplir un service immense envers l'Eglise et le Christianisme : ils seront pour toujours les témoins vivants de l'enseignement paléochrétien et de la tradition. ( Prinz Max zu Sachsen Vorlesungen uber die orientalische Kirchenfrage, Freiburg i.d. Schw. 1907). L'oeuvre du prince fut une semence. Après la première guerre mondiale, l'Orthodoxie commence à être mieux connue en Occident. On ne la voit pas seulement comme la gardienne de l'ancienne tradition, mais aussi comme "le signe de l'unité et de la paix". Ce qu'on admire dans l'Eglise Orthodoxe, c'est qu'elle a gardé le dogme, le caractère, le culte et la façon de gouverner de l'ancienne Eglise unie, sans additions ni suppressions. Du dogme trinitaire jusqu'à l'honoration envers les Saints et la Mère de Dieu, en tout cela, l'Orient est resté fidèle à l'ancienne tradition. C'est une découverte qui provoque de l'émotion et donne de l'effroi aux théologiens occidentaux. Les savants européens ont commencé une étude systématique des trésors de l'Orthodoxie. Des catholiques et des protestants, des professeurs d'Université et des moines étudient la dogmatique, la liturgie, l'ascétisme, le droit canonique, l'iconographie et l'hymnographie, et traduisent des textes orthodoxes dans leurs langues, comme autant de découvertes précieuses. Ils instituent des centres scientifiques de recherche, comme le célèbre monastère des Bénédictins de Chevetogne en Belgique, où l'on s'occupe de l'étude de l'Orthodoxie et des Pères Grecs, du culte de l'iconographie et de musique byzantine. Ils fondent des organisations spéciales pour une meilleure connaissance de l'Eglise Orthodoxe, comme en Angleterre "The Anglican and Eastern Churches Association" et "Fellowship of the Saint Alban ans Saint Sergius" ( Saint Basil's house 52, Ladbroke Grove, London W.II). On a déjà publié deux ouvrages bibliographiques qui contiennent les éditions se rapportant aux études orthodoxes en anglais : a) Henry Brandreth, " An outline Guide of the Study of Eastern Christendom", London S.P.C.K. 1951. b) Ti. Andrews, " The Eastern Orthodoxe Church. A bibliography" (New York 1953). Certaines universités occidentales ont fondé une chaire pour l'étude de l'Orthodoxie. Le professeur protestant Friez Lieb a enseigné en une telle chaire, ainsi que le professeur catholique G. Wunderle, le professeur Orthodoxe Etienne Zankov a enseigné à l'université de Berlin. Aux Etats-Unis, on étudie l'Orthodoxie à deux universités : à l'université de Columbia où le célèbre professeur Russe G. Florovsky a enseigné et à Michigan State College où enseigne le professeur Américain, mais orthodoxe, Photius Danahew. De l'Amérique nous vient aussi le témoignage d'un Byzantiniste Américain, John Thacher, qui fut directeur de l'Institut Byzantin "Dubarton Oaks" à Washington. A l'une de ses conférences donnée à "Halki", l'Ecole supérieure de Théologie Orthodoxe à Constantinople, il a dit : " Les Orthodoxes ont une puissance plus grande que l'énergie nucléaire". (Note de l'auteur) : ( Car ils communient par la Sainte Eucharistié aux énergies incréées du Créateur qui est au-dessus de la création). (Cette école fut arbitrairement fermée par les Turcs). Témoignages sur l'Orthodoxie de certains professeurs et prélats catholiques. Le professeur catholique allemand G. Wunderle a écrit dans un de ses livres sur le Christianisme Oriental : " Le but idéal de la vie d'après le christianisme de l'Orient est la transfiguration surnaturelle de l'existence terrestre, la déification de l'homme." Il constate cette vérité dans le caractère ascétique et mystique de la liturgie Orthodoxe. Dans l'Eglise Orthodoxe le caractère spirituel et théocentrique de la communauté ecclésiastique est évident. Contrairement au caractère juridique qu'elle a en Occident, dans l'Eglise d'Orient on sent "le souffle du Saint Esprit et la communion de l'amour". Ainsi l'Eglise est un organisme divin et humain où prédomine le divin. Le désir du divin se manifeste dans le mysticisme du Christianisme oriental et cela est valable non seulement pour le moine ou le prêtre, mais aussi pour le laïc. La déification est le but de tous. Ce désir de la déification s'exprime dans le désir de la vie éternelle en Jésus-Christ et culmine dans l'espoir vivant du Jugement Dernier. Le Chrétien d'Orient est profondément imprégné de cette certitude. Il est prêt, attendant à tout instant l'arrivée du Seigneur. il sent qu'il est étranger sur cette terre. Cette idée qu'on est sur la terre comme un émigré est une des plus profondes du Christianisme Oriental. Le professeur Wunderle dit aussi que la piété orientale n'est pas cérébrale, mais embrasse toute la personne et la transforme en Jésus Christ. De là le caractère christocentrique de l'Eglise d'Orient, qui conduit à la déification et rend l'homme "membre du Christ". Un autre théologien catholique d'Allemagne, Jules Tyciak, adresse à l'Occident un appel au repentir envers l'Eglise d'Orient, l'Eglise qu'il appelle Eglise de l'Esprit et de l'Amour, l'Eglise révélée et transfigurée. Il dit que l'Eglise Orthodoxe se trouve plus près de l'ancienne église et qu'elle possède la source vers laquelle doit se tourner l'Occident. Il ajoute que le mysticisme et l'émotion du Chrétien oriental peut nous libérer intérieurement du positivisme et de l'extrême moralisation. Le monde de la gloire, de la communion et de l'amour nous aidera à dépasser notre naturalisme et notre individualisme. Et il continue : " l'Eglise orientale peut nous montrer comment la vie chrétienne mûrit dans la liturgie." Dans son livre : " La liturgie, source de la piété orientale", il écrit : " Le Chrétien de l'Orient connaît l'existence du monde nouveau que les sacrements annoncent, même quand il constate sa propre insuffisance. Les chrétiens d'Orient sont réceptifs à la voix divine, ce qui explique ce calme, cette attitude sainte, cette patience, cette attente dans la prière. Comme les sacrements seuls constituent la réalité, le Chrétien d'Orient vit dans un élan sacré loin du monde. Il désire être enfant de Dieu; il a la nostalgie du royaume de paix et supporte avec patience ce monde précaire des apparences. A la question que nous nous posons : qu'est-ce que l'image du Chrétien Oriental exprime? Nous répondons que ce qui le caractérise est effectivement le parfum de l'authenticité de l'enfant de Dieu qui vit des sacrements. Mais le mystère de Dieu est la victoire de la vie et de l'amour. L'Orient Chrétien a pleine conscience du pouvoir de l'amour qui sauve. C'est l'amour resplendissant et vainqueur. Pour sa foi en l'amour l'Orient chrétien lutte et souffre jusqu'à aujourd'hui. Son témoignage provient du sang des martyrs qui révèle la victoire du Seigneur sur la croix et la gloire de sa résurrection." Tyciak admire la liturgie orthodoxe, sa richesse dogmatique et s apuissance sanctificatrice. C'est un admirateur des trésors de l'Orthodoxie. Il fait l'éloge de son mysticisme, profond, de son aspect christocentrique et eschatologique ( des derniers temps) et de sa persistance dans la tradition. Cette tradition vivante est le chaînon qui la relie à l'ancienne Eglise. Cette tradition ne peut pas être une stagnation, ou une sclérose, quand toute une communauté ecclésiastique a pour tâche de faire une réalité quotidienne de ce monde ancien plein de trésors. L'Eglise Orthodoxe a reçu de la Providence la mission de conserver l'ancienne Eglise dans le troupeau des fidèles pneumatophores (porteurs du Saint Esprit). Un moine Allemand A. Kirchoff, un martyr de notre époque, parce qu'il fut exécuté par les Nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale, nous a laissé une grande oeuvre : la traduction de l'hymnographie orthodoxe. Dans l'étude qu'il a publiée à ce sujet, il constate que le culte orthodoxe est rempli du Saint Esprit et que c'est une admirable alliance de dogme et de vie; et il ajoute que l'hymnographie byzantine qui remplit toute l'année liturgique conduit la vie vers le sublime. Le culte orthodoxe nous élève vers le divin, nous transforme intérieurement, nous conduit à la purification et crée dans notre être la nouvelle création et suscite en nous une renaissance à travers la puissance du Saint Esprit qu'il nous accorde. Deuil joyeux. L'ascétisme orthodoxe a aussi beaucoup intéressé l'Occident. Le théologien J. Hausherr, professeur à l'Institut des Etudes Orientales de Rome, a écrit une étude de 200 pages, intitulée : " Penthos. La doctrine de componction dans l'Orient Chrétien" (Rome 1944). Qu'est-ce que la componction? C'est un degré élevé de concentration spirituelle, c'est un profond et continu repentir de notre insuffisance et de nos péchés, l'écrasement humble et sincère devant l'infinité de Dieu. Cet exercice de l'âme conduit à la libération de l'emprise des passions et au contrôle de soi. Les larmes du repentir sont un bain pour l'âme, selon les Pères de l'Eglise. C'est un deuxième baptême. Ainsi l'âme, purifiée, s'approche plus près de l'Esprit de Dieu et de la béatitude. Ce qui est étrange, c'est que la componction n'est pas assortie d'un air morne. Le véritable ascète vit dans la paix de Dieu. "Cette paix profonde est accompagnée de modestie, de larmes, d'un amour immense pour Dieu et d'un zèle sans limites pour les bonnes oeuvres", dit l'ascète Evagre le Pontique. (+ 399 ap. J.C). Les larmes du repentir sont aussi les larmes de confiance et d'abandon de soi à la Providence de Dieu. Ces larmes ressemblent au bien-être du malade qui se sent guéri, tandis qu'il sent encore dans ses membres les traces de la douleur. De cette façon, le deuil en Dieu devient deuil joyeux selon Saint Jean Climaque (525-600 ap. J.C). La componction devient la voie vers la véritable béatitude. Dès lors, les paroles du Seigneur ne paraissent plus un mystère : " heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés". (Matt. 5, 4). Saint Nil, un autre ascète orthodoxe, écrit : " La lamentation pour les péchés apporte une tristesse très douce. Elle nourrit le corps et rend le fond de l'âme resplendissant de joie, renforce le coeur et tout l'organisme". Saint Ammonas, disciple de Saint Antoine (IVème siècle) dit que les larmes provoquent la joie, la force, et qu'ainsi l'âme donne des fruits." Saint Ephrem le Syrien (306-373 ap. J.C) dit que celui qui veut être consolé pleure. Et Saint Isaac le Syrien, autre grand mystique Orthodoxe, rapproche la tristesse du repentir des douleurs de l'accouchement. A ce grand moment la grâce divine donne naissance à l'âme qui est l'image de Dieu. Et tout cela n'exprime pas une sensibilité féminine. La plupart des ascètes étaient des hommes mûrs, dotés d'une forte volonté et leur vie révèle un lien constant entre le don des larmes et la fermeté de la volonté. La componction nous libère des passions qui tout en étant "fortes" ne cessent d'être une semence de lâcheté. Cependant cette ascèse ne dépasse pas une certaine limite. Les Pères du désert avaient le sens de la "mesure", ( la grande vertu des Grecs anciens), et considéraient le "discernement" comme une vertu fondamentale. Tout ce qui dépasse la mesure provient des démons. De cette façon l'ascèse correctement conçue et menée conduit à une harmonie spirituelle et physique. Le repentir et la componction sont un travail de réhabilitation de l'équilibre entre la vie supérieure et la vie inférieure. Ainsi les grands ascètes orthodoxes étaient des caractères achevés et équilibrés. L'étude du caractère de ces ascètes révèle leur optimisme et leur réalisme, leur enthousiasme et leur discernement, leur force d'âme et leur douceur. Cetté étude montre encore leur sens de l'absolu et leur humilité, leur désir de Dieu et leur esprit de sacrifice, leur amour du prochain et leur absence d'égoïsme, leur foi bien fondée, leur sincérité complète et leur droiture de coeur. "Saint Antoine, le père de l'ascétisme orthodoxe, ne se troubalit jamais. Son âme était sereine, son visage n'était jamais morne, son esprit était dans la joie et sur son visage se mêlaient les larmes de la componction sincère au sourire de la paix céleste." ( Saint Athanase, Vie de Saint Antoine, Migne. 26, 940). Extraits traduits par l'auteur de l'oeuvre "Nostalgie de l'Orthodoxie" par l'Archimandrite grec P. Elie Mastroyannopoulos. ( Athènes 1956. Ed. "Zoé"). Certains témoignages récents d'Occidentaux qui ont choisi l'Orthodoxie. 1) André Borrely est un laïc, père de famille et professeur de philosophie dans un lycée français en Afrique. (Côte d'Ivoire). Après sa conversion à l'Orthodoxie, il écrivit un très beau livre : "Qui est près de Moi est près du Feu" (Desclée de Brouwer, Paris, France. 1978). Dans ce livre André Borély présente la possibilité de l'ascèse des laïcs dans le monde à l'aide de la "prière du coeur"qui est capable de conduire à une renaissance, pas seulement de la personne, mais aussi de la société, de la civilisation et même de l'histoire. C'était une telle tendance spirituelle qui avait conduit à la renaissance byzantine du XIVème siècle, qui avait embrassé la théologie, entraîné un mouvement de justice sociale,et le renouveau artistique des Paléologues que nous admirons aujourd'hui à Mystra ( près de Sparte), à Salonique ( église des Saints Apôtres), et à Kariyé (Chora) à Constantinople. Cette spiritualité n'a comme but que l'intériorisation de la liturgie. Elle cré l'homme liturgique, l'homme eucharistique, c'est-à-dire l'homme de l'Esprit. Il s'agit d'une prise de conscience du baptême et d ela contemplation de la Résurrection. Ainsi on se trouve au coeur de l'Eglise, au centre de cette transformation de l'histoire et de l'Univers que la Résurrection du Christ a inaugurée. C'est une Pentecôte continuelle. La personne qui vit cette spiritualité est la personne dont le coeur est embrasé par le feu. 2) Le professeur John Bowcock enseigne la physique nucléaire à l'université de Birmingham et il travaille aussi au Centre Européen de Recherches Nucléaires (C.E.R.N) à Genève. Il dit qu'il n'y a pas de contradiction entre la science et la religion. "La science se rapporte au monde matériel tandis que la religion touche au monde spirituel..." Il a remarqué la tradition sans lacunes de l'église à travers les Pères et l'importance que l'Orthodoxie accorde à la spiritualité. Il a adhéré à l'Eglise Orthodoxe tout récemment. 3) C. Hiffler est médecin. Il nous dit qu'il a découvert la foi orthodoxe dans les livres des théologiens russes, comme P. Evdokimov, O. Clément etc... Cette découverte fut pour lui comme "un coup de vent au visage"; il avait découvert "l'eau vive". Tous les objets autour de lui ont pris une autre dimension, qu'il ignorait. Dans la liturgie il a découvert la beauté et la certitude de l'enseignement..., ainsi que la durée éternelle du "saint" et du "divin". En tant que médecin, il a compris que les médicaments ne donnent pas une solution définitive aux problèmes des malades. Pour lui la solution se trouve "sous la braise" : "c'est le feu de l'Orthodoxie". 4) René Ehni, auteur français très connu, ancien existentialiste et ami de J.P. Sartre devint Orthodoxe en 1980 et son baptême eut lieu au Mont Athos, sur la Sainte Montagne, en Grèce. Il avait connu Patmos et le Mont Athos, il avait conversé avec des moines, et finalement il a découvert l'Orthodoxie qui, comme il le dit lui-même, est "le monde réel". Quand on lui a demandé de donner son avis sur le "chemin de la liberté" de Sartre, il a répondu qu'en Occident la liberté c'est de faire ce que chacun veut. C'est pourquoi on se sent enfermé sur soi. Tandis que la véritable liberté nous est donnée seulement dans la foi, dans le silence et dans le repentir devant le mystère de la Sainte Liturgie, qui est le foyer de la beauté scintillante. On trouve la liberté dans la liturgie, car cette liturgie orthodoxe exprime le vrai dogme. Pour Sartre le peuple n'est que masse, mais le peuple de la liturgie est le peuple de Dieu. 5) Père Placide Deseille, ancien cistércien du Monastère des Trappistes de Bellefontaine- Begrolles en Mauges (Maine et Loire) et professeur de Théologie est devenu Archimandrite Orthodoxe au Mont Athos en 1977, et se trouve maintenant en France, où il poursuit sa vie monastique orthodoxe au Monastère de Saint Antoine, à Saint Laurent en Royans, 26190 Saint Jean en Royans, dans la Drôme. Après avoir longtemps étudié les textes des Pères de l'Eglise et surtout la mystique orthodoxe, il comprit les erreurs romaines et fut conduit à la certitude que la véritable Eglise du Christ dans sa plénitude est l'Eglise Orthodoxe et que Rome n'en est qu'un membre détaché. Ainsi il voyagea dans les pays orthodoxes pour connaître de près la vie orthodoxe, en Grèce, en Roumanie, en Serbie, et surtout au Mont Athos, sur la Sainte Montagne, en Grèce. Et il constata que l'Eglise Orthodoxe n'est pas une église "Orientale", comme certains l'appellent, mais que c'est l'Eglise du Christ de toujours. Sa tradition fut la tradition commune de tous les Chrétiens des premiers siècles, et celui qui revient à l'Orthodoxie revient à la Source. Extraits de la revue grecque "Anaplassis", ( Nov. Déc. 1981), trad. par l'auteur. 6)Tatiana Goritchéva, professeur de philosophie, une des animatrices du renouveau chrétien à Léningrad (SOP n°42- n°54, 1981), fut expulsée d'Union Soviétique en juillet 1981. Née en 1947 de parents athées, elle a appartenu d'abord à la jeunesse communiste (Komsomol). Par la suite, elle passa par l'existentialisme, puis par le yoga. A l'âge de 25 ans elle rencontra l'Orthodoxie. Elle nous dit : " La philosophie de l'existentialisme m'a amenée à comprendre un certain nombre de vérités concernant le sens de la vie de l'homme et sa valeur absolue, mais ce n'est que dans le christianisme que ces vérités nous sont données dans leur forme la plus authentique; c'est d'ailleurs dans le christianisme que le sens de la valeur absolue de l'homme est apparue pour la première fois... Cette recherche ne pouvait s'achever par un quelconque résultat intermédiaire, elle devait me mener vers l'Absolu." Tatiana Goritchéva vit maintenant à Francfort. On peut la contacter à l'Eglise Russe de Frankfurt- Industriehof 18 6, Frankfurt A.M. Main, Allemagne. (Note) : ( Beaucoup de jeunes occidentaux même spécialisés en sciences sont maintenant moines orthodoxes au Mont Athos; et parmi eux se trouve le fils d'une personnalité politque d'Amérique Latine. Ils ont découvert le Créateur de "toutes les choses visibles et invisibles"). Les icônes. Le mot "icône" signifie en grec ancien "image". L'usage orthodoxe d'avoir des icônes dans les lieux de culte est aussi que les temps apostoliques. En effet la tradition pieuse nous enseigne que Saint Luc l'Evangéliste avait peint trois icônes de la Sainte Vierge, puisqu'il l'avait connue personnellement. L'une se trouve en Grèce (Méga Spylaion), la 2e en Chypre ( Kykou) et la 3e en Russie. Elles sont célèbres pour leur puisssance miraculeuse. Plus tard, pendant les persécutions, quand les Chrétiens adoraient Dieu en secret, ils ornaient les murs des catacombes avec des fresques qui représentaient le Seigneur, ou la Sainte Vierge, ou bien certaines scènes bibliques et certains symboles. Les plus anciennes icônes portables qui existent encore aujourd'hui se trouvent au Monastère de Sainte Catherine au Mont Sinaï, et datent du VIème siècle. L'Eglise Orthodoxe préfère l'icône à la statue, car la statue a un volume concret; son effet est plus matériel, plus près de l'esprit païen. Tandis que l'icône de l'art byzantin est spiritualisée. Il n'y a ni perspective, ni anatomie. Il n'y a non plus aucun détail artistique qui rappelle l'esprit du monde. Par contre l'icône byzantine est caractérisée par une grande simplicité, une abstraction totale, une noblesse exquise. La personne sainte représentée est transfigurée. Elle n'appartient pas au monde des cinq sens. Elle appartient à l'univers transfiguré en gloire, au nouveau milieu tel qu'il sera à la fin des temps, et tel que le fidèle Orthodoxe le vit en partie dès maintenant dans la vie sacramentelle. L'icône a aussi un caractère dogmatique très important, car elle symbolise l'incarnation du Sauveur, puisque Dieu devint homme, pour conduire l'homme au salut. Les fidèles qui se prosternent devant les icônes honorent la personne sainte que l'icône représente et non pas la matière dont elle est faite. (Saint Basile le Grand IVème siècle). Pour le visage du Seigneur l'archétype est l'empreinte sur le voile envoyé au roi Abgar d'Edesse ("le Saint Voile") et pour le visage de la Sainte Vierge on se fonde sur la première icône de Saint Luc l'Evangéliste. Toutes leurs icônes ressemblent plus ou moins à ces archétypes. La véritable icône doit être peinte dans le jeûne et dans la prière. Puisque l'icône représente des personnages saints, elle doit être travaillée dans un état de pureté de corps et d'esprit. Plus la main qui peint est sainte, plus l'icône est miraculeuse. Quelquefois Dieu Lui-même intervient dans le travail du peintre et conduit sa main. Dans ce cas l'icône s'appelle "achiropoïétos" : Elle est faite sans l'intervention de la main humaine. La Liturgie De nos jours le monde occidental s'intéresse de plus en plus à la liturgie de l'Eglise Orthodoxe. Même le Décret de Vatican II ( paragraphe 15) sur l'oecuménisme attire l'attention de tous les catholiques sur les richesses de la tradition liturgique de l'Orthodoxie, surtout de l'Eucharistie, "source de vie pour l'Eglise et gage de la gloire céleste, par laquelle les fidèles, unis à l'évêque, trouvent accès auprès de Dieu le Père, par Son Fils, Verbe incarné, mort et glorifié, dans l'effusion de l'Esprit-Saint". Cette liturgie, dite de Saint Jean Chrysostome (IVème siècle) fut la simplification par ce Père de l'Eglise d'une liturgie que Saint Basile le Grand (IVème siècle) avait déjà simplifiée à son tour, en se fondant sur la première liturgie, jamais écrite, de Saint Jacques, premier évêque de Jérusalem, au Ier siècle apostolique, et qui contenait des prières trop longues. Le caractère glorificateur de cette liturgie est si impressionnant et si immédiat que l'on a vraiment l'impression que c'est la liturgie céleste décrite par Saint Jean l'Evangéliste dans l'Apocalypse ( ch. 4 et 5). Le théologien russe contemporain P. Evdokimov écrit : " l'Apocalypse surtout retrace l'image grandiose de la Divine Liturgie célébrée au ciel par le seul Grand Prêtre, le Christ entouré des anges. La liturgie terrestre n'est qu'une participation à ce culte céleste et éternel (Héb. 9, 24), immense "Doxologie" (glorification) que le Fils rend au Père. Elle embrasse le ciel et la terre et fait retentir le "Sanctus" et la bénédiction universelle aux siècles des siècles". ( "La Prière de l'Eglise d'Orient"). Cette sensation du céleste dans cette liturgie est si forte qu'un autre théologien russe, le Père Serge Boulgakov, a dit qu'on y a l'impression de la venue du "ciel sur la terre". C'est précisément cette impression qu'ont rapportée à Kiev les envoyés du grand prince Vladimir. En effet, ce prince Russe, qui devint plus tard Saint Vladimir, avait envoyé des messagers dans tous les pays chrétiens de l'époque (Xème siècle) afin qu'ils lui disent dans quel pays les chrétiens glorifient Dieu de la façon la plus belle, de façon à ce qu'il décidât, d'après leur rapport, quelle religion il donnerait à ses sujets, qui jusque là étaient païens. Lorsque ces messagers entrèrent dans Sainte Sophie de Constantinople, capitale de l'Empire Grec médiéval, ce qui est dire de l'Empire Byzantin, ils furent si impressionnés par la beauté grandiose d ela liturgie orthodoxe, qu'ils rapportèrent à leur prince que c'était à Constantinople que Dieu était glorifié d ela plus belle façon. C'est ainsi que Vladimir devint Chrétien Orthodoxe et fit baptiser tout son peuple par des missionnaires Orthodoxes dans les fleuves de Russie (Chronique de Nestor). Cette liturgie dure près de deux heures, et se divise en trois parties : Les Matines ou l'Orthros. C'est la "Proscomédie" : l préparation des oblats ( les Saints Dons) offerts par le peuple, qui s epasse dans "la prothèse" - la partie gauche du sanctuaire-, laquelle symbolise la crèche de Béthléem. Cette partie de la liturgie signifie la période de la vie du Seigneur sur la terre, de Sa naissance jusqu'au commencement de Son oeuvre publique. Une vie cachée, que le monde ne connaissait pas, à l'exception de ses proches. Voilà pourquoi les prières du prêtre dans cette partie, dites "les prières secrètes", ne sont pas entendues par les fidèles. La liturgie des Catéchumènes : initiation à l'oeuvre publique du Christ. (Entrée de l'Evangile. - Lectures). La liturgie des fidèles : participation à la passion, à la mort, à la résurrection, à l'ascension et au règne éternel du Christ, par la célébration du Sacrement de la Sainte Eucharistie, qui mène les fidèles à la présence de Dieu, à "la parousie". Cette présence divine est ressentie si fortement que beaucoup d'Occidentaux deviennent Orthodoxes après avoir assisté à la liturgie. Tel est le cas d'une doctoresse psychiatre Allemande qui m'a dit : " Dans la liturgie orthodoxe j'ai senti le contact vertical". Le théologien russe P. Evdokimov écrit : " Dans un certain sens, l'Apocalypse nous le dit, le monde est créé pour devenir liturgie, doxologie, adoration. Pendnat la liturgie, ce n'est pas sur lui-même, mais sur Dieu, sur Sa splendeur, que l'homme dirige sa vue. Il ne s'agit pas tant de se perfectionner que de contempler la lumière de Dieu, l'abîme fulgurant de Sa philanthropie. Et c'est cette joie qui, d'une manière désintéressée, en second lieu, rejaillit sur la nature de l'homme et le change. Que l'homme n'ajoute rien à la splendeur de Dieu, à Sa seule présence, elle agit par elle-même. Il doit y avoir des instants où l'homme ne cherche pas, à tout prix, un but à toute chose, des instants d'adoration pure où son être s'épanouit sans entrave, telle l'attitude du roi David dansant devant l'Arche." (II Rois 6, 16). ........................................................................................... "Les amis de l'Epoux peuvent-ils s'affliger pendant que l'épux est avec eux? " (Matt.9, 15)... "Mais l'ami de l'Epoux qui se tient là et qui l'attend, est ravi de joie à la voix de l'Epoux" (Jean 3, 29). " Et enfin ces amis, comme le dit Chrysostome, sont les témoins des "redoutables et ineffables mystères", si terribles et si étranges que, selon l'expression liturgique, même les anges tremblent, se couvrent les yeux, et "s'étonnent" devant l'indicible mystère de l'Amour crucifié." ........................................................................................... " Le parfait (le chrétien parfait), qui est toujours occupé en paroles, en actions, en pensées, du Verbe de Dieu, est toujours dans les jours de Celui-ci, et tous les jours lui sont des Dimanches". (Origène IIIème siècle). " Une pareille perfection d'esprit, tout croyant, véritablement fidèle, vit dans la liturgie qui le porte déjà vers cet au-delà dont parle saint Augustin dans ces termes denses et admirables : Nous reposerons et nous verrons; nous verrons et nous aimerons; nous aimerons et nous louerons..." P. Evdokimov : " La Prière de l'Eglise d'Orient". "Le culte orthodoxe paraît contemporain et vivifiant à chaque époque, de la période agricole jusqu'à la période électronique et pour chaque société de la plus simple jusqu'à la plus dynamique et la plus complexe. La tradition et la Théologie orthodoxes demandent à chaque fidèle de continuer après la fin de la divine liturgie à l'église une autre "liturgie" personnelle, qui serait capable de garder le Christ présent dans la réalité de la vie quotidienne. Ainsi le culte entre dans la vie, la remplit de sa lumière pleine d'espoir et révèle le sens et le "but" ultime de l'existence humaine." Extrait traduit par l'auteur de la préface de l'édition grecque du livre de P. Evdokimov : " La prière de l'Eglise d'Orient. Edition : Apost. Diaconia. Une petite perle de l'hymnographie byzantine, nourriture quotidienne du peuple Orthodoxe : "La clarté de ceux qui sont dans les ténèbres, le salut des désespérés, à Toi Jésus, mon sauveur, j'adresse des prières matinales. Toi, le Roi du monde, éclaire-moi de Ta splendeur." " Je lève les yeux vers le ciel à Toi, Sauveur, Sauve-moi par Ton resplendissement". Traduit du grec byzzantin par l'auteur. APPENDICE sur " LE DIALOGUE" HISTORIQUE DES RENCONTRES POUR L'UNION APRES LE GRAND SCHISME Le Grand Schisme eut lieu le 16 juillet 1054 sous le pape Léon IX, qui, peu de temps avant sa mort, avait envoyé à Constantinople ( la capitale de l'Empire Byzantin) une délégation dont le chef était le cardinal Humbert, un homme d'un caractère plutôt rude. A l'arrivée de la délégation à Constantinople au mois de juin 1054, le pape était déjà mort (13 avril 1054). Les légats Romains sont entrés dans l'église Sainte Sophie ( l'église métropolitaine byzantine) et en présence de l'Emprereur de Byzance et du peuple ont déposé sur la Sainte Table du sanctuaire la bulle d'excommunication au nom du Saint Siège, qui excommuniait le Patriarche de Constantinople et tous ceux qui avaient la même foi que lui (16 juillet 1054). Il est vraiment étrange de voir ceux qui avaient osé modifier la Sainte Tradition Apostolique d'excommunier ceux qui la protégeaient. Le Patriarche Michel Cérulaire convoqua le Saint Synode permanent ( un nombre d'évêques en service pour l'année), qui excommunia à son tour ceux qui avaient écrit la bulle d'excommunication et tous ceux qui l'acceptaient. ( Mansi 19, 812). Les autres Patriarches Orthodoxes d'Orient (d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem) approuvèrent cette décision du Patriarche Oecuménique. Ainsi le Schisme, commencé par Charlemagne et le pape Nicolas Ier au IXème siècle, fut consommé. Depuis lors les Empereurs de Byzance, à cause de certaines raisons politiques, firent des tentatives pour aboutir à une union. 1)Les tentatives sous la dynastie des Comnènes au XIIème siècle. L'expansion des Turces Seldjoukides qui, au milieu du XIème siècle, avaient vaincu les Arabes et étaient déjà arrivés en Syrie et en Asie Mineure, conduisit l'Empereur Alexis Comnène à demander de l'aide au pape Urbain II. C'est ainsi que commence la Ière Croisade. Après la prise d'Antioche (Syrie) par les Croisés, le pape Urbain II convoqua un concile à Bari en Italie (1098) pour négocier l'union. ( Les Actes de ce Concile ont été perdus). Le concile se termina sans aucun résultat. Durant le règne des Comnènes il y eut trois rencontres pour l'union: Sous Alexis Comnène en 1111 ( ou 1113). Sous Jean II en 1135. Sous Manuel I en 1170. Ces trois tentatives échouèrent, car chaque délégation insistait sur son point de vue. 2) Conséquences de la IVème Croisade. En 1204, les Croisés de la IVème Croisade entrèrent comme conquérants à Constantinople, la capitale byzantine, où ils restèrent pendant presque 60 ans, jusqu'en 1261, quand la ville fut de nouveau libérée par les Grecs. Mais la plupart des provinces de l'Empire Byzantin restèrent plus longtemps sous la domination Franque ( celle des Croisés qui, dans leur grande majorité étaient des Français, ayant comme chefs Boniface II de Montferrat et Baudouin IX de Flandre). L'occupation de l'Empire Byzantin par les Croisés, après un sac monstrueux, est l'un des évènements les plus tristes de l'histoire universelle et eut lieu sous le pape Innocent III. La raison de cette attaque est due à ce fait que les Occidentaux, après le Schsime, considéraient les Chrétiens Orthodoxes comme des ennemis et se comportèrent envers eux, en conquérant Constantinople, d'une façon très cruelle, en tuant, en volant, et en violant. Tous les trésors de l'Empire Byzantin furent ravis -une partie de ce trésor constitue aujourd'hui celui de saint Marc de Venise) et des milliers de manuscrits précieux et beaucoup de Saintes reliques se trouvent depuis lors dans les bibliothèques, les musées et les églises d'Occident. Pendant l'occupation Franque en Grèce Byzantine, il y eut de la part du clergé latin plusieurs persécutions contre le clergé orthodoxe. Très souvent l'on chassait des évêques Orthodoxes de leur diocèse pour y installer des évêques Latins, et l'on exerçait toutes sortes de pressions contre le peuple Orthodoxe. Durant l'occupation de Constantinople par les Francs, l'Empereur de Byzance et le Patriarche Oecuménique se trouvaient à Nicée ( près de la côte asiatique de la mer de Marmara) où s'était formé un petit Etat Byzantin indépendant, qui s'appelait l'Empire de Nicée, sous la dynastie des Lascaris, dont l'objectif était de chasser les Francs de Constantinople. Dans le cadre de cette atmosphère héroïque et décidée commence à se former l'esprit national de l'Hellénisme moderne. Michel Paléologue, qui libéra finalement Constantinople de l'occupation Franque (1261) et qui fut le successeur des Lascaris sur le trône de Byzance, mais en tant qu'usurpateur, avait des raisons d ereprendre le dialogue pour l'union. 3) Le Concile de Lyon (1274). Ce concile eut lieu sous le pape Grégoire X et le Patriarche de Constantinople Joseph. A ce concile, où devait assister aussi Thomas d'Aquin, mais qui mourut en route, l'on décida d'une union. Mais en réalité, elle était fausse, ce qui créa une grande irritation parmi le peuple byzantin. Les papes Innocent V (1274) et Nicolas III ( 1277) comprirent que l'union n'était pas réalisable. Dans l'entretemps les Turcs Osmanides avançaient en occupant Andrinople en Thrace orientale (1360), car l'Empire Byzantin était maintenant tout petit et très affaibli après l'occupation Franque, et n'avait pas la puissance d'autrefois. L'Empereur de Byzance Jean V se trouvait dans une situation très difficile. C'est pourquoi il s'adressa au pape Urbain V pour lui demander de l'aide. (1369). Mais il était clair qu'une union ecclésiastique ne pourrait plus sauver l'Empire Byzantin. Cependant l'Empereur Jean VII ( ou VIII), croyant qu'il n'y avait pas d'autre moyen pour sauver l'Empire que l'union ecclésiastique avec Rome, s'adressa au pape Martin V pour une nouvelle tentative de dialogue. 4) Le Concile de Ferrare-Florence ( 1438-1439). La partie la plus importante d ece concile fut le dialogue théologique sur le "filioque" entre l'évêque Orthodoxe Saint Marc Evgénicos d'Ephèse et le théologien dominicain Jean ( de Montenigre). D'autres points dogmatiques furent traités aussi, tels que la consécration de la Sainte Eucharistie et l'état des âmes après la mort. Mais l'empereur byzantin était pressé. Il avait déjà reçu une promesse de la part du pape, qui accordait une protection permanente à Constantinople. (Une aide en réalité théorique, qui n'arriva jamais pendant le siège tragique de Constantinople par les Turcs en 1453). La plupart des évêques Orthodoxes consentirent aux idées latines. Le seul évêque qui ne signa pas cette fausse union fut Saint Marc d'Ephèse. Le pape apprenant cette nouvelle répondit : " Marc n'a pas signé? Nous n'avons rien fait". Le Patriarche de Constantinople, Joseph, présent au Concile, mourut à Florence avant la signature du décret final, et fut enterré dans la chapelle de l'église Sainte Marie le Nouvelle, où sa tombe se trouve encore aujourd'hui. Le comportement de la délégation Latine envers les Orthodoxes pendant les travaux de ce concile fut cruel. On les privait même de l'argent qu'il était convenu d eleur donner pour qu'ils pussent se nourrir. Ce comportement étrange était un moyen de pression pour les obliger à signer contre leur conscience. Les délégués Orthodoxes étaient presque des prisonniers. Ainsi quelques-uns s'évadèrent avant de signer. ( Ce fut le cas des délégués Orthodoxes Ibériques ( de la région du Caucase). Les trois Patriarcats d'Orient (Alexandrie, Antioche et Jérusalem), de par décision d'un concile convoqué à Jérusalem (1443), n'adhérèrent pas à la fausse union de Florence, car l'union de ce concile, décidée dans des conditions vraiment tragiques, était visiblement contraire aux sentiments de la grande majorité du clergé et du peuple Orthodoxes. L'Empereur de Byzance Constantin XI (ou XII) Paléologue, le dernier Empereur de l'Empire Byzantin, pressé par l'expansion rapide des Turcs, fit preuve d'un zèle plus grand encore pour l'union. Le 12 décembre 1452, une liturgie commune ( orthodoxe et latine) eut liue à Sainte Sophie de Constantinople en présence de l'Empereur, contre les Saints Canons de l'Eglise (Canons Apostoliques 10e, 45e, 64e et Canons du Concile de Laodicée 6e, 9e, 32e, 33e, 37e). Durant cette liturgie, l'on lut le décret final du Concile de Florence. Six mois plus tard, Constantinople tombait aux mains des Turcs, malgré une résistance héroïque de plusieurs semaines. ( 6 avril 1453- 29 mai 1453). Durant ce siège dramatique, l'Empereur Constanin Paléologue tomba en combattant comme un simple soldat, défendant la ville jusqu'au bout, qui, finalement - nouvelles Thermopyles de l'Hellénisme - fut pris epar trahison. 5) Après la chute de Byzance (occupation turque). L'Hellénisme Orthodoxe est resté esclave des Turcs pendant quatre siècles, jusqu'en 1821, lorsque commence la guerre d'Indépendance, à la suite de laquelle, après huit ans de luttes héroïques (évènement unique dans l'histoire universelle) fut formé l'Etat Grec moderne. Pendant la longue période de souffrances de cet esclavage barbare, les Occidentaux ont essayé de s'approcher des Orthodoxes souffrants, par prosélytisme surtout, en créant les Uniates. (Catholiques Romains dépendant du pape, mais conservant le rite orthodoxe). Ce mélange des deux dogmes (latin et orthodoxe) est très dangereux, car il crée une confusion et pousse des Orthodoxes peu renseignés dans le piège de l'Uniatisme. L' Uniatisme existe aujourd'hui surtout dans les pays qui furent occupés par les Turcs ( Moyen-Orient, Proche-Orient et les Balkans). Le prosélytisme des Catholiques Romains ( au moyen surtout de l'Uniatisme) s'est poursuivi dans le royaume Grec moderne, parce que le premier roi de Grèce indépendante, Othon de Bavière, était catholique et avait autorisé l'entrée de missionnaires occidentaux. C'est ainsi que des écoles et des hôpitaux furent fondés par les catholiques romains en Grèce, et que des infortunés, qui avaient besoin d'argent ou qui ne connaissaient pas bien leur foi orthodoxe, se laissèrent influencés. ( Aujourd'hui, la plus grande partie des catholiques romains de descendance grecque se trouvent dans les îles, où l'occupation Franque et Vénitienne fut plus longue). 6) Période contemporaine Après le pélerinage en Terre Sainte du pape Paul VI (1964), où il rencontra le Patriarche Oecuménique de Constantinople Athénagoras Ier, eut lieu la levée mutuelle des anathèmes de 1054, ( sans que la raison de ces anathèmes fût supprimée), pour cheminer plus librement vers le "dialogue" théologique, dans "l'amour" fraternel (1965). Ière rencontre pour le "Dialogue" (29 mai 1980) A Patmos, l'île sacrée de l'Apocalypse (Dodécannèse. Grèce), fut inauguré le premier contact officiel après la chute de Byzance entre les deux délégations. Près d'une trentaine de délégués de chaque côté se trouvèrent réunis dans l'église byzantine du XIème siècle, au monastère de Saint Jean l'Evangéliste ( le Théologien) pour les allocutions. Le chef de la délégation Orthodoxe était le Métropolite de Chalcédoine Méliton et celui de la délégation du Vatican le Cardinal Hollandais Willebrands. Par la suite les deux délégations se rendirent à la grotte sacrée de l'Apocalypse, où le Seigneur de Gloire était apparu à Saint Jean l'Evangéliste ( vers la fin du siècle apostolique) pour lui révéler par des visions l'histoire future de l'humanisté, jusqu'à la victoire finale "de l'agneau de Dieu" et la glorification de l'univers : la Jérusalem céleste. Les pourparlers théologiques commencèrent le lendemain sur l'île de Rhodes, dans un hôtel de luxe. Depuis lors, tous les deux ans, ces deux délégations se rencontrent en réunion plénière - entretemps des sous-comités préparent les travaux- en Grèce et en Occident alternativement. Ainsi la 2ème rencontre eut lieu en Europe Occidentale ( Munich 1982), la 3ème en Crète (1984) et la 4ème à Bari en Italie (1986). A cette dernière rencontre la délagation Grecque et certaines délégations d'autres Eglises Orthodoxes ne participèrent pas, à cause d'une très grave offense ecclésiastqiue commise par le Vatican envers l'Eglise Orthodoxe de Grèce. Aussi cette dernière rencontre fut-elle un échec complet. Bibliographie : "Histoire Eccléisastique ( en Grec), par l'Archim. Basile Stéphanidès, Professeur à l'Université d'Athènes (3ème édition). Ed. "Astir", Athènes, 1970. LA CONFESSION DE FOI DE SAINT MARC D'EPHESE Nourri, par la grâce de Dieu, dans les dogmes de la piété, et suivant en tout et par tout l'Eglise sainte et catholique ( universelle), je crois et je confesse Dieu le Père, seul sans origine ni cause, mais source et cause du Fils et du Saint Esprit : car de Lui naît le Fils, et de Lui procède l'Esprit, sans que le Fils contribue en rien à la procession, parce que l'Esprit non plus ne contribue nullement à la Génération, ou parce que leurs provenances sont simultanées et conjointes l'une à l'autre, comme l'enseignent les Pères théologiens (1). Car c'est aussi pour cela que l'Esprit Saint est dit procéder par le Fils, c'est-à-dire avec le Fils, et comme le Fils, quoique non par engendrement comme ce dernier. Mais le Fils n'est pas dit engendré par l'Esprit, de peur que, le nom du Fils étant un terme relatif, on n'aille croire qu'il est le Fils de l'Esprit. Il s'ensuit également que l'Esprit est dit Esprit du Fils à cause de leur identité de nature et du fait que c'est par le Fils que l'Esprit est apparu et qu'il est donné aux hommes; mais le Fils n'est pas et n'est pas dit Fils de l'Esprit, selon Grégoire de Nysse. Que si l'expression "procéder par le Fils " indiquait, comme le prétendent les néo-théologiens, la cause de l'Esprit, et non le fait qu'il resplendit par le Fils, qu'il est apparu par lui, et, absolument parlant, le fait qu'ils sortent tous deux conjointement et s'entr'accompagnent selon les mots de Damascène (2), le héraut de Dieu, jamais les théologiens que voici ne refuseraient à l'unanimité, et en termes exprès, le rôle de cause au Fils. L'un (3) de déclarer en effet : " Le Père est seule source", c'est-à-dire seule cause "de la Divinité suressentielle" et c'est en quoi il se distingue du Fils et de l'Esprit. Un autre (4) : " Seul inengendré et seule source de la divinité : le Père; c'est-à-dire que seul il est cause aussi bien que seul non-causé. Un troisième (5) : "Le tout du Père est au Fils sauf d'être cause". Un autre (6) affirme que :" Les gens de Rome non plus ne font pas du Fils la cause de l'Esprit". Tel autre (7) que : " Le Père est le seul causateur"; le même, ailleurs : " Pour le Fils, nous ne le disons point cause ni Père; ailleurs, encore : " Tout ce qu'implique la notion de source, de cause, de géniteur, ne doit s'appliquer qu'au Père seul" (8). Non, jamais Damascène, qui est extrêmement précis dans sa théologie, attribuant le "par" au Fils, ne bannirait le "de, issu de", comme il le fait dans son traité théologique au chapitre huit, en ces termes : "Nous ne disons pas l'Esprit issu du Fils, mais nous le nommons manifesté et nous est transmis" (9); puis, de nouveau, au chapitre treize du même ouvrage : "Esprit du Fils, non comme issu de lui, mais comme procédant par lui du Père; car le Père est seul causateur" (10). Ensuite, dans l'Epître à Jordan, vers la fin : "Esprit enhypostatique, fruit de la procession, fruit de la projection; venant par le Fils, et non du Fils, comme le Souffle de la Bouche de Dieu, héraut annonciateur du Verbe" (11). Enfin, dans l'homélie sur l'ensevelissement du corps théandrique du Seigneur où il s'exprime ainsi : " Esprit Saint de Dieu le Père, parce qu'il procède de lui, il est également appelé Esprit du Fils, non qu'il tire de celui-ci son existence, mais parce qu'il est manifesté par le Fils et par lui transmis à la création" (12). Car il est bien clair que partout où la préposition "par" indique un moyen terme causant et une cause prochaine, comme les latins veulent que ce soit le cas ici, elle équivaut absolument à la préposition "de" et les deux tours s'emploient indifféremment; ainsi "j'ai acquis un homme par Dieu" (Gen. 4, 1) revient au même que "de Dieu"; et "l'homme vient par la femme" (1 Cor. 11, 12 ) veut dire "de la femme". Il en résulte que dans les cas où la préposition "de" est proscrite, l'idée de cause se trouve évidemment proscrite avec elle. Reste donc que les mots "procéder du Père par le Fils" signifient dans le style de la théologie succinte que l'Esprit qui procède du Père, est rendu manifeste, se fait connaître, resplendit ou apparaît par le Fils. "Tel est en effet, dit Basile le Grand, le signe lui appartenant, auquel se reconnaît sa propriété hypostatique; c'est d'être connu avec le Fils et conjointement à lui, et de tirer du Père son existence hypostatique" (13). Voilà donc ce que l'expression "par le Fils" veut encore dire : le fait d'être connu avec lui. En effet, on n'attribue ici à l'Esprit nulle autre propriété singulière par rapport au Fils, que le fait d'être connu avec Lui; et nulle autre, par rapport au Père, que le fait de tirer de Lui son existence hypostatique. Si donc le propre, à strictement parler, n'a pour corrélatif que cela précisément dont il est le propre, l'Esprit Saint n'a pas d'autre relation au Fils que le fait "d'être connu avec Lui; de même qu'il n'a pas d'autre relation au Père que le fait de tirer de lui son existence hypostatique. Ce n'est donc pas du Fils que l'Esprit Saint tire son existence hypostatique ou qu'il tient l'être; S'il en allait autrement, en effet, qu'est-ce qui empêcherait de dire "par le Fils procède l'Esprit Saint", exactement comme on dit : " par le Fils tout est venu à l'être"? Or, tandis que cette dernière formule se dit effectivement, la préposition "par" étant mise pour "de", la première, en revanche, ne se dit pas, et on ne saurait nulle part la trouver telle quelle, sans mention du Père; car on dit toujours "du Père par le Fils". Et ces mots ne confèrent pas nécessairement le rôle de cause au Fils; c'est aussi pourquoi l'expression "du Fils" au sens de "issu du Fils" est absolument introuvable et explicitement proscrite. II) Les voix des Pères et des Docteurs occidentaux qui attribuent au Fils la cause de l'Esprit, je ne les reconnais ni ne les accepte - car elles n'ont jamais été seulement traduites en notre langue, ni examinées par les conciles oecuméniques - et je présume qu'elles onté été falsifiées et altérées; témoin, entre mille, ce texte (14) du septième concile oecuménique présenté par eux tout récemment, dont le credo comporte l'addition faite au Symbole; lu en séance, ce document les a inondés de honte, et de quelle honte, les personnes alors présentes le savent; Par le fait, jamais ces Pères n'ont pu dire dans leurs écrits le contraire des conciles oecuméniques et de leurs dogmes communs, ni s'y opposer aux docteurs d'Orient, ni même simplement diverger d'avec eux, comme tant d'autres passages de ces mêmes Pères en font foi. C'est pourquoi je condamne comme inauthentiques ce genre de témoignages périlleux sur la procession du Saint Esprit, et m'accordant à saint Jean Damascène, je ne dis pas l'Esprit issu du Fils, quand même un autre, quel qu'il soit, semblerait le dire; je ne dis pas non plus le Fils cause ni projeteur de l'Esprit, crainte d ereconnaître dans la Trinité un second causateur et par là deux causateurs et deux principes. Alors, en effet, la cause n'est pas même un attribut de l'essence - auquel cas elle serait une et commune aux trois Personnes - et c'est pourquoi, par aucun biais ni aucun moyen, les latins ne pourront échapper aux deux principes, tant qu'ils diront que le Fils est principe de l'Esprit. Or, être principe est un attribut personnel, et qui distingue les personnes entre elles. III) Suivant donc en tout les sept conciles oecuméniques et les Pères qui y ont brillé de l'éclat de la sagesse divine : Credo de Nicée Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre et de toutes les choses visibles et invisibles. Et en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, Lumière de Lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait. Qui, pour nous hommes, et pour notre salut, est descendu des cieux, s'est incarné du Saint Esprit et de Marie la Vierge et s'est fait homme. Il a été crucifié pour nous sous Ponce-Pilite, a souffert et a été enseveli et il est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures. Et il est monté au ciel et siège à la droite du Père, d'où il reviendra en gloire juger les vivanats et les morts et son règne n'aura point de fin. Et en l'Esprit Saint, Seigneur, qui donne la vie, qui procède du Père, qui est adoré et glorifié avec le Père et le Fils, qui a parlé par les prophètes. En l'Eglise, Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Je confesse un seul baptême en rémission des péchés; J'attends la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. Amen. IV) Cette doctrine et ce Symbole sacré de la Foi exposés par les premier et second conciles, ratifiés et confirmés par tous les autres, je les accepte et je les garde de toute mon âme; je reconnais et j'embrasse également, outre les sept conciles susdits, le concile qui s'est réuni ensuite, sous le règne du pieux empereur de Rome Basile et le patriarcat du très saint Photios, et qu'on appelle même huitième oecuménique ( en 879 à Constantinople) (15); avec la participation des représentants de Jean, le bienheureux pape de l'ancienne Rome, - j'ai nommé les évêques Paul et Eugène et le prêtre et cardinal Pierre -, ce concile tout d'abord a ratifié et proclamé le septième concile oecuménique et décrété d ele mettre au rand des précédents; en second lieu, il a rétabli sur son trône le très saint Photios. Enfin il a condamné et anathématisé, exactement comme les conciles antérieurs, ceux qui osent innover en ajoutant, ôtant ou modifiant quoi que ce soit du Symbole énoncé ci-dessus: " Celui qui osera, déclare-t-il en effet, composer un autre symbole que celui-là, ou faire à ce Symbole sacré une addition ou une soustraction, et aura l'audace de l'appeler règle de foi, qu'il soit condamné et rejeté de toute communion chrétienne" (16). Le pape Jean, écrivant au très saint Photios, dit la même chose, d efaçon plus développée et plus claire encore, au sujet de l'addition faite au Symbole. Ajoutons que ce concile a édicté des canons qui se trouvent dans tous les recueils canoniques. V) Conformément donc aux décrets de ce concile et des précédents, je juge qu'il faut garder immuable le Symbole sacré de le Foi, tel qu'il a été exposé; et recevant ceux que les conciles ont reçus, rejetant ceux qu'ils ont rejetés, je n'entrerai jamais en communion avec ceux qui ont osé ajouter dans le Symbole l'innovation relative à la procession du Saint Esprit, tant qu'ils persisteront dans ce genre d'innovation. Il est dit en effet : " Que celui qui communique avec un excommunié soit lui-même excommunié" ( Canons Apostoliques 10e et 11e). Et le divin Chrysostome, expliquant les paroles de l'Apôtre : " Si quelqu'un vous annonce un évangile qui diffère de celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème!" déclare ceci : " L'Apôtre n'a pas dit : " S'ils vous annoncent le contraire" ni "s'ils mettent tout sens dessus-dessous", non; mais bien "Qaund même leur évangile ne diffèrerait que pour un détail de celui que vous avez reçu; quand même ils ne dérangeraient que l'accessoire, qu'ils soient anathèmes!" Le même dit encore : " Il faut tempérer, non transgresser la loi" (17). Et Basile le Grand, dans ses "Ascétiques" : " C'est manifestement déchoir de la foi et faire preuve d'orgueil que de condamner une des choses écrites, ou d'en introduire de non écrites, alors que Notre Seigneur Jésus Christ a dit : " Mes brebis entendent ma voix", et un peu auparavant : "Elles ne suivront pas un étranger, mais fuiront de devant lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers". Et il écrit aux moines : " Ceux qui font semblant de confesser la Vraie Foi et communient avec les hétérodoxes, si après avoir été avertis, ils ne rompent pas cette communion, non seulement il ne faut pas avoir de relation avec eux, mais même ne plus les nommer frères" (18). Et avant ces Pères, Ignace le théophore écrivait au divin Polycarpe de Smyrne (IIe s.) : " Quiconque parle contre les ordonnances, quand même il serait de bonne foi, pratiquerait le jeûne, garderait la virginité, opérerait des miracles ou ferait des prophéties, considère-le comme un loup, travaillant sous une peau de brebis, à la mort des brebis". Et que servirait de parler davantage? Tous les docteurs de l'Eglise sans exce^tion, tous les conciles et toutes les divines Ecritures exhortent à fuir les hétérodoxes et à se départir de leur communion. Et je les mépriserai tous et toutes pour m'en aller suivre ceux qui appellent à l'union sous le prétexte d'une paix factice? Ceux qui ont falsifié le Symbole divin et sacré et admettent le Fils comme second causateur du Saint Esprit? Car je laisse de côté pour le moment les autres absurdités dont une seule eût suffi pour nous faire rompre avec eux. Puissé-je, Consolateur, Toi qui es bonté, ne jamais connaître ce sort, ni devenir à ce point étranger à moi-même et aux raisonnements convenables! Puissé-je, attaché à Ton enseignement et à celui des hommes bienheureux que tu inspiras, faire à mes Pères une seule addition - la seule chose que je remporterai d'ici - la piété! NOTES : a) Extrait de "La Lumière du Thabor" (n°9), revue de la fraternité Orthodoxe Française "Saint Grégoire Palamas", 30 Bd; de Sébastopol 75004 Paris. b) Empreur de Rome = de Byzance. (1) : ( Jean Damascène. De fide; 1, 8). (2) : ( Idem. I, 7). (3) : ( Denys l'Aréopagite. Des noms divins; 2, 5). (4) : ( Athanase d'Alexandrie. Contre les Sabelliens; 2). (5) : ( Grégoire le Théologien. Discours 34; 10). (6) : ( Maxime le Confesseur. Lettre à Marin; PG 91, 136). (7) : ( Jean Damascène. De fide; I, 12). (8) : ( Idem). (9) : ( Idem. PG 94, col. 849). (10) : (Idem. col. 849). (11) : ( Idem PG 95, 60). (12) : ( Idem. PG 96, 605). (13) : ( Lettre 38, 4). (14) : ( Les Latins présentèrent, en effet, un manuscrit, qu'ils disaient fort ancien, des Actes du VII° Concile, comportant le "filioque". Les Orthodoxes n'eurent aucun mal à prouver qu'il s'agissait d'un faux). (15) : ( Concile de 879 à Constantinople. Le témoignage de Marc d'Ephèse est ici important. Il montre que ce Concile, qui a condamné le "filioque" et le papisme, est considéré par l'Eglise Orthodoxe comme le vrai huitième Concile Oecuménique). (16) : ( Mansi. Tome 17; col. 520 E). (17) : ( Commentaire. Ep. aux Gal. 1, 7). (18) : ( PG 31, 680). "LES PREMIERS DOUTES" Ier chapitre du livre "Ma conversion à l'Orthodoxie" de l'évêque Orthodoxe Paul de Ballester publié en grec à Athènes en 1954 Le chemin long et pénible de ma conversion à l'Orthodoxie a commencé lorsqu'un jour je m'occupais à renouveler la rédaction des catalogues de la bibliothèque du monastère catholique romain auquel j'appartenais. Ce monastère, l'un des plus beaux de l'Espagne du Nord, appartient à l'ordre de Saint François d'Assise, et il est construit sur la côte de la Méditerranée, à quelques kilomètres de Barcelone, ma ville natale. Les supérieurs du monatsère m'avaient donné comme tâche de corriger les catalogues des oeuvres et écrivains de notre bibliothèque monastique si riche, pour les mettre à jour après les pertes inestimables qu'ils avaient subies pendant la dernière guerre civile d'Espagne, où notre monastère fut incendié et en partie détruit par les communistes. Un soir, alors que j'étais plongé dans ce travail, caché par des montagnes de vieux livres et de manuscrits à demi-brûlés, je fis une découverte qui me surprit beaucoup : dans un dossier qui contenait des manuscrits se rapportant à l'Inquisition de l'année 1647, je trouvai une copie en latin d'un décret du Pape Innocent X, lequel excommuniait comme hérétique tout chrétien qui oserait croire, ou suivre, ou transmettre à d'autres l'enseignement de Saint Paul sur l'authenticité de son oeuvre épiscopale ( Décret de Sancti officii du 24 janvier 1647, qui fut autorisé et envoyé par le Pape Innocent X. ( Texte. Du plessis d'Argenté 3, 2, 248). En outre, cet étrange document obligeait tous les fidèles, sous peine de damnation, à croire que Saint Paul, durant toute sa vie et son activité apostolique, c'est-à-dire depuis sa conversion au Christianisme jusqu'à sa mort, n'avait pas exercé son oeuvre apostolique librement et indépendamment de tout pouvoir terrestre, mais, qu'au contraire, à chaque instant, il s'était trouvé sous le pouvoir monarchique de Saint Pierre, le premier des Papes, et Roi de l'Eglise. Ce pouvoir absolu, le document ajoutait que tous les Papes et évêques de Rome l'avaient hérité de la succession apostolique directe d'une façon exclusive. J'avoue que si j'avais trouvé dans la bibliothèque monastique un livre interdit par "l'Index" (Index librorum prohibitorum : liste des livres interdits. C'est la liste officielle que le Vatican édite, où sont inscrits les titres de tous les livres qui contredisent l'enseignement de l'Eglise Catholique Romaine), je n'aurais pas été plus stupéfait. Naturellement je n'ignorais pas les excès perpétrés par les tribunaux de l'Inquisition du Moyen Age et des périodes postérieures an matière dogmatique. Cela avait été une période durant laquelle l'on avait tenté coûte que coûte de forger des prétextes théologiques aux ambitions impérialistes du papisme. Pour atteindre ce but, Rome avait donné des instructions précises aux théologiens et aux prédicateurs pour prouver par tous les moyens que les Papes avaient reçu de Dieu l'autorité de régner comme des Césars sur toute l'Eglise Oecuménique (Universelle) comme des successeurs de la primauté de Saint Pierre. Ainsi l'on avait entrepris en Occident une véritable campagne de diffamation théologique de l'enseignement orthodoxe en ce qui concerne la primauté d'honneur de l'Apôtre Pierre, avec le double dessein, d'un côté de fonder en quelque sorte une justification théologique du césaro-papisme, et de l'autre, d'amoindrir la position des Patriarches d'Orient, en face des exigences de leur collègue Romain. L'un des principaux moyens usités pour parvenir à ce but fut la surprenante publication de textes patristiques falsifiés ou la mise en circulation d'éditions patristiques truffées de fautes. Par l'entremise de ces oeuvres faussées tout exprés, et au moyen d'une mauvaise interprétation de certains passages évangéliques, ( notamment (Matt. 15. 18-19), (Luc. 22, 31-32), ( Jean 21, 15-17), l'on s'efforçait de faire paraître le fameux " PRIMATUS PETRI" comme un privilège exceptionnel que le Seigneur aurait accordé au Saint Apôtre Pierre, et par la suite à ses successeurs hypothétiques, les pontifes Romains, d'après lesquels ils avaient le droit d'exercer une monarchie, voire une dictature pratiquement absolue sur l'Eglise Universelle, devant laquelle l'Orthodoxie apparaissait comme révoltée. C'est ainsi qu'une foule d'"anthologies" et de "chaînes" de passages patristiques - chaînes : catenae : désignent la succession suivie de passages des Pères qui interprétaient la Bible avec la mention parallèle des passages bibliques mêmes - se rapportant à la primauté papale, dont la majorité étaient des faux et le reste des textes faussés exprès, avec un minimum de textes authentiques, sortit des imprimeries monastiques des principaux ordres monastiques d'Occident, et fut diffusée avecune abondance surprenante à grande échelle en Europe méditérranéenne. (Tous ces évènements ont été reconnus par les historiens Catholiques Romains, par exemple : G. Greenen : " Dictionnaire de Théologie Catholique, Paris 1946, XVI, I, pp. 745-746. J. Madoz, S.J. " Une nouvelle rédaction des textes pseudopatristiques sur la primauté, dans l'oeuvre de Jacques de Viterbe? ( Gregorianum, vol. XVII, 1936 pp. 563-583). R. Ceiller, " Histoire des auteurs Ecclésiastiques", Paris, vol.VII p.272). Et F.X. Reusch, " Die Fälschungen in dem Tractat de Thomas von Aquin gegen die Griechen". ( "Abhandlugen der K. Bayer, III, cl. XVIII, Bd. III, Munich, 1889, C. Werner, " Der heilige Thomas von Aquin, I, Ratisbone, 1889, p. 763). Mais si les fidèles pouvaient penser que l'Apôtre Paul et les autres Apôtres n'avaient pas été sujets à l'autorité absolue du soi-disant premier Pape Simon-Pierre, alors tout cet édifice de l'enseignement faussé du papisme s'écroulait tout seul. Pour cette raison les évêques de Rome n'ont jamais cessé de condamner, d'anathématiser et de terrifier par des punitions spirituelles comportant des conséquences après la mort, les fidèles qui oseraient exprimer le moindre doute à ce sujet. Et les tribunaux de l'Inquisition, avec la devise : " LICET FACERE MALA UT VENIAT BONA" ( le but justifie les moyens) reçurent l'ordre d'employer d'autres moyens plus tyranniques encore, d'envoyer au bûcher, aux tortures et de plonger dans l'huile bouillante ou d'écorcher vifs les chrétiens les plus insistants et les "non-repentis" au nom de la Sainte Trinité et pour le bien de l'Eglise". Malgré tout cela, je ne me serais jamais attendu à ce que le fanatisme de mon Eglise la pousse jusqu'à oser interdire et condamner les enseignements qui sont très clairement contenus dans les Saintes Ecritures et qui ont été transmis par les Apôtres mêmes, comme c'était le cas du document que j'avais entre les mains; Ce document dépassait toutes les limites, car anathématisant les fidèles qui suivaient l'enseignement de l'Apôtre Paul, c'était comme s'il anathématisait de façon impensable l'enseignement Orthodoxe de cet Apôtre, qui, en sa 2e Epître aux Corinthiens, déclare de but en blanc qu'il ne fut inférieur à aucun des autres Apôtres ( 2, Cor. 11, 5 et 12, 11) : " Or, j'estime que je n'ai été inférieur en rien aux apôtres prétendus supérieurs". Ce décret du Pape Innocent X me parut donc si incroyable que je préférai examiner s'il y avait une erreur typographique, ou quelque falsification voulue du texte authentique, ce qui du reste arrivait assez souvent à l'époque à laquelle se rapportait la chronologie de ce document. De toute façon, authentique ou faussé, j'aboutis à la conclusion que ce texte constituait dans notre bibliothèque monastique un élément bibliographique vraiment étrange et digne d'étude et de grande attention. Mais bientôt, mon intérêt se changea en confusion lorsqu'après l'avoir comparé à celui de la bibliothèque centrale de Barcelone, je constatai que non seulement le document était absolument authentique, mais encore qu'il ne constituait pas un monument unique en son genre. En effet, lors de deux décisions antérieures à celle de l'Inquisition de l'an 1647, c'est-à-dire en 1327 et en 1351, les Papes Jean XXII et Clément VI avaient anathématisé et condamné quiconque oserait nier que Saint Paul avait été sous les ordres et l'autorité absolue du premier des Papes, Saint Pierre. ( Du Plessis d'Argenté I p. 365. Cf aussi le texte du Cardinal Baronio " Chroniques" de 1351 art.3). Extrait traduit par l'auteur sur l'original. VIE ET MORT DE L'EVEQUE DE NAZIANZE PAUL DE BALLESTER François de Ballester naquit à Barcelone en Espagne en 1927. Ses parents appartenaient à des familles catholiques romaines des plus conservatrices de la société espagnole. Encore élève de l'école secondaire, pendant la guerre civile d'Espagne, il suivit au front sa mère qui était médecin. Il y vécut toute l'atrocité de ces évènements fratricides, et après la guerre il poursuivit ses études en ayant pris la décision de devenir prêtre et d'annoncer l'Evangile de paix et d'amour chrétien. En effet le jeune François entra dans l'ordre de Saint François et étudia à la Faculté de Philosophie d eBarcelone. Doté d'un esprit chercheur, il étudia avec attention l'histoire et la théologie de l'Eglise Orthodoxe, et prit la décision de devenir prêtre Orthodoxe. Le moine François de Ballester explique en détail les raisons pour lesquelles il décida de devenir Orthodoxe, dans son livre "Ma conversion à l'Orthodoxie", qu'il fit éditer en grec à Athènes en 1954. En Grèce, François apprit le grec et fut reçu dans l'Orthodoxie sous le nom de Paul. Il suivit les cours de théologie de l'Université d'Athènes. Plein de zèle et désireux de servir l'Eglise Orthodoxe, il entra dans le clergé. Il fut ordonné diacre, puis prêtre en 1953, et, l'année suivante, il reçut le titre d'Archimandrite qui lui fut décerné par le Métropolite de Thessalonique Pantéléïmon. Il compléta ensuite ses études théologiques à l'Ecole Théologique de Halki ( à Constantinople), dont il obtint le diplôme en 1958. L'Archevêque d'Amérique Iakovos connut l'Archimandrite Paul au Phanar ( Patriarcat Orthodoxe de Constantinople). Il apprécia ses capacités intellectuelles et surtout son zèle missionnaire. C'est pourquoi il l'appela en Amérique en 1929. L'Archimandrite Paul possédait une profonde connaissance théologique et parlait couramment le grec, l'espagnol, le latin, le portuguais, et le français. Ainsi il était clair qu'il serait utile à l'évêché orthodoxe d'Amérique. Son premier poste de prêtre le rattacha à la paroisse "Evanguélismos" à Scranton, P.A. Puis en 1961 on le trouve à Sainte Sophie du Mexique. Le Père Paul avait trouvé là la possibilité de s'adonner à une grande activité apostolique et il travaillait avec un grand zèle pour les chrétiens orthodoxes de sa région. L'Archevêque d'Amérique Iakovos ayant apprécié son zèle missionnaire le nomma en 1966 son délégué pour le Mexique et pour toute l'Amérique Centrale. Père Paul travailla durant plusieurs années avec grand succès. Il entreprenait des voyages fatigants pour visiter les Orthodoxes disséminés en Amérique centrale, il parlait à la télévision en y présentant divers programmes religieux, et il ne perdait pas une occasion d efaire connaître l'Orthodoxie. En plus de tout ce travail, il trouvait le temps de donner des cours à l'Université du Mexique. Il s'adonna également à une activité d'écrivain. Il écrivit divers livres et traduisit la Divine Liturgie en espagnol. Il publia nombre d'articles et d'études en différentes langues. Il prit part à plusieurs rencontres du "Dialogue" et au mouvement Oecuménique. L'Eglise ayant apprécié les fructueux services de l'Archimandrite Paul le nomma évêque, sur la proposition de l'Archevêque d'Amérique Iakovos. Son ordination en tant qu'évêque de Nazianze eut lieu le 15 mars 1970. Depuis lors Paul évêque de Nazianze poursuivit son activité au Mexique et en Amérique centrale en tant qu'évêque assistant et coadjuteur de Mgr l'Archevêque d'Amérique, et ce avec grand succès, étant aimé et honoré de tous. L'évêque Paul de Nazianze fut un prélat de grande culture. Il aimait avec passion l'Orthodoxie et tout ce qui est grec, et travaillait infatigablement pour faire connaître l'esprit hellénique et la tradition orthodoxe, bien qu'il ne fût pas d'origine grecque. Il avait une foi profonde. Doté d'une noblesse naturelle, il avait une allure majestueuse. Grâce à ses nombreux talents, il offrit ses grands services à l'Archevêché d'Amérique ainsi qu'à une région très bouleversée. Il est vraiment à déplorer que l'épiscopat de l'évêque de Nazianze fût interrompu de façon tragique. En sortant de l'église Sainte Sophie du Mexique, le dimanche 22 janvier 1984, il fut gravement blessé par un assassin. Il fut transporté à l'hôpital où il resta jusqu'au 31 janvier, date à laquelle il succomba à ses blessures. Le prélat qui eut comme but dans sa vie de prêcher la paix et l'amour chrétien fut victime d'un assassinat. Les raisons de cet assassinat ne sont pas encore connues. Les funérailles de l'évêque Paul eurent lieu à l'église Sainte Sophie du Mexique le 2 février 1984. Que sa mémoire soit éternelle. Traduit par l'auteur du texte grec de l'Archevêché d'Amérique du 3-2- 1984. LA SITUATION DES CHRETIENS ORTHODOXES EN POLOGNE Avant la IIe Guerre mondiale, l'Eglise Orthodoxe de Pologne comptait 5.000.000 de fidèles. Cependant, elle n'avait aucun droit, car la religion officielle de l'Etat était le Catholicisme Romain. C'était l'époque où les Catholiques Romains de Pologne se saisissaient par force des richesses des Orthodoxes, sans que ceux-ci puissent protester. Entre 1919 et 1938 près de mille églises orthodoxes passèrent de force aux mains des Catholiques Romains. L'apogée de cette persécution se situe en l'année 1938, lorsqu'en seulement trois mois 170 églises orthodoxes furent totalement détruites par les Catholiques Romains. A cette époque le statut juridique de l'Eglise Orthodoxe n'était pas reconnu par l'Etat Polonais. Avant 1938, aucun chrétien Orthodoxe ne pouvait être nommé fonctionnaire, et beaucoup d'instituteurs étaient chassés de leur poste à cause de leur appartenance orthodoxe. De nombreux prêtres Orthodoxes, talonnés par la police, étaient obligés d'abandonner leurs paroisses. Mais malheureusement les Catholiques Romains continuent de se comporter envers les Orthodoxes de Pologne avec hostilité jusqu'à nos jours. Très souvent, de par des mesures arbitraires, ils créent des problèmes aux Orthodoxes. Il existe beaucoup de cas, mais nous n'en mentionnerons qu'un ou deux en guise d'exemple. 1) Construction de l'église orthodoxe de la ville de Siedlce. Dans cette ville, il y avait une paroisse orthodoxe, mais il n'y avait plus d'église. Il ne restait qu'une petite chapelle au 3e étage d'un immeuble. L'Etat de Polgne avait donné la permission de construire une nouvelle église, mais les prêtres Catholiques Romains prêchèrent cinq semaines durant qu'il ne fallait pas laisser les Orthodoxes construire cette église. Ils firent une pétition qui récolta 5.000 signatures et menacèrent que, si les Orthodoxes construisaient cette église, eux, les Catholiques Romains, la détruiraient. Les Orthodoxes se soumirent et trouvèrent un autre endroit loin du centre pour poser les fondations de cette nouvelle église. Les Catholiques Romains continuèrent de menacer, disant qu'ils allaient la détruire. Cependant, les travaux ne furent pas interrompus malgré les menaces. 2) Eglise du village de Polany. En 1970, les Catholiques Romains prirent une église orthodoxe au village de Polany, et jusqu'au jour d'aujourd'hui ils ne l'ont pas rendue. Par trois fois le Métropolite Orthodoxe célébra la liturgie de Noël en plein air par un froid intense avoisinant une température de - 20° à - 30° C. De tels cas sont malheureusement nombreux de nos jours. Voilà pourquoi les Polonais Orthodoxes ne peuvent pas croire aux messages oecuménistes des Catholiques Romains qui parlent de fraternité et d'unité. L'Eglise Orthodoxe prie à chaque liturgie "pour l'unité de tous"; mais cette unité tant désirée n'aura lieu que lorsque l'intérêt particulier et l'opportunisme n'existeront plus. L'actuel cardinal de Pologne Glemp a souhaité que les injustices commises envers les Orthodoxes soient corrigées. Mais tout cela n'est encore que théorique. Lors de la visite du pape Jean Paul II en Pologne en 1979, le Métropolite Orthodoxe lui dit : " Que l'esprit des Saints Cyrille et Méthode inspire l'Eglise". Et le pape comprit bien que les Orthodoxes Polonais ne peuvent pas s'éloigner de l'esprit de ces grands Saints de l'Eglise Orthodoxe ( qui avaient évangélisé l'Europe centrale et orientale au XIXe s.) et ne peuvent pas accepter la fausse union qu'il proclame. Extrait traduit du grec par l'auteur, de l'ouvrage du journaliste Tassos Michalas "La Pologne; Itinéraire Orthodoxe", Athènes 1985, Ed. Polyphonia, 123 rue Vouliagménis, Athènes 116 31. LETTRE DE L'AUTEUR à la Délégation du Vatican pour le "Dialogue" (3e rencontre en Crète) Au fil de l'eau vers Chania. Crète le 6 juin 1984 Eminences, Révérends Pères, Comme j'ai été votre guide à Patmos lors de la première rencontre pour le "Dialogue" le 29 mai 1980, j'ai pensé à vous écrire pour vous renseigner sur quelques points de l'orthodoxie, qui ne sont pas très bien connus, mais qui prouvent l'absolu de sa vérité, puisque ces miracles n'existent pas dans d'autres confessions de la foi chrétienne. 1) L'eau bénite de l'Eglise Orthodoxe ne pourrit pas après que l'a bénie le prêtre orthodoxe dûment ordonné. On peut garder cette eau bénite durant des vies entières; elle ne pourrit pas comme l'eau ordinaire. ( Cette eau bénite ne contient pourtant que de l'eau ordinaire et rien d'autre). 2) Le pain béni ( "antidoron") ne pourrit pas comme le pain ordinaire. Tout le peuple orthodoxe le sait, puisqu'il voit cela après chaque liturgie. 3) La plante de basilic béni le 14 septembre, jour de la grande fête de l'Exaltation de la Croix, peut devenir du levain à la place du vrai levain et faire monter le pain. 4) Nous communions tous avec la même cuillère au même Saint Calice, sans nous contaminer ni contracter de maladies. 5) La Saint Lumière jaillit au Saint Sépulcre de Jérusalem chaque année lors du Samedi Saint de la Pâque Orthodoxe, quelle que soit la date à laquelle la Pâque a lieu, mais toujours à la même heure, entre 1 h et 1h30 de l'après-midi. Dieu a prouvé par plusieurs miracles que seul un archevêque Orthodoxe peut et doit la recevoir. Il est temps de ne plus se contenter de paroles, mais de cheminer comme d'honnêtes gens vers les actes qui sauvent. Répondez honnêtement à ces questions : a) Reconnaissez-vous l'adjonction du "Filioque" au Credo de Niccée comme une erreur, puisque le texte évangélique ne la contient pas ( Jean 15, 26), oui, ou non? b) Reconnaissez-vous que le Pape Nicolas Ier (858-867) eut tort de vouloir acquérir la Primauté Juridique, qu'aucun évêque de Rome ne posséda avant lui, huit siècles durant? ( Actes 15, 22 et 15, 28). c) Reconnaissez-vous que la célébration correcte (orthodoxe) des Saints Sacrements est celle que les Apôtres nous ont transmise, et qui n'est encore vivante que dans la seule Eglise Orthodoxe? d) Reconnaissez-vous les Sept Conciles Oecuméniques comme infaillibles, puisqu'ils ont été inspirés par le Saint Esprit? e) Reconnaissez-vous que Dieu est au-dessus de la logique humaine et qu'on ne peut pas expliquer Son immensité par la voie aristotélicienne? Les choses sont très simples : si vous répondez affirmativement à ces questions, l'Union est faite. Sinon, allez à Jérusalem et essayez de recevoir la Sainte Lumière. Là vous comprendrez de quel côté vous vous trouvez. On ne peut pas se moquer de Dieu, ni jouer avec Dieu. " Notre Dieu est un feu qui consume" comme le dit Saint Paul ( Hebr. 12, 29). Voilà déjà quatre ans que vous étudiez l'Orthodoxie, n'est-ce pas suffisant? Saint Paul dit: " Après le premier et le deuxième enseignement, éloignez-vous de celui qui cause des divisions, sachant qu'un tel homme est perverti, qu'il pèche et se condamne lui-même" ( Tite, 3, 10-11). Les temps pressent, ne perdez plus de temps en pourparlers interminables, pour le bien de l'humanité, pour laquelle notre Seigneur a versé Son sang sur la Croix. Il a dit : " ... que tous soient un" ( Jean 17, 21), mais "un" selon la vérité évangélique et non pas selon un mélange d'idées. Il a dit de plus : " ... qu'eux aussi soeint sanctifiés dans la vérité" ( Jean 17, 19). Les premiers Chrétiens avaient "un coeur et une âme" ( Actes 4, 32). Soyez fervents. Conclusion Ces textes, présentés seulement pour information, prouvent que "l'Union" est impossible lorsque manquent en réalité l'amour fraternel et la sincérité théologique et que les paroles sont dépourvues de sens. Lorsque manque le fondement solide du respect de la Sainte Tradition apostolique et de "l'amour envers Dieu et envers le prochain", "ces deux commandements dont dépendent toute la loi et les prophètes", comme le Seigneur Lui-même nous l'a dit. ( Matth. 22, 40). L'amour envers Dieu exige la foi exacte (orthodoxe) transmise par les Apôtres, et qui doit devenir règle de vie; et l'amour envers le prochain exige la sincérité et l'honnêteté envers l'interlocuteur ainsi qu'un désir véritablement réel d'union en amour et en vérité. BIBLIOGRAPHIE GRECQUE CONSULTEE a) Vlas. Phidas, Histoire ecclésiastique, Athènes 1973 b)P. N. Trébélas, Dogmatique de l'Eglise Orthodoxe, Athènes 1978, (III vol). c) Chr. Androutsos, Dogmatique de l'Eglise Orthodoxe, Athènes 1956. d) Vas. Stéphanidès, Histoire Ecclésiastique, Athènes, 1970. e) J. Carmiris, Ecclésiologie Orthodoxe, Athènes. f) J. Carmiris, Symbolique. g) Anast. Piérios, Les différences entre l'Eglise d'Orient et l'Eglise d'Occident. Athènes 1967. h) Sp. Bilalis, " Filioque" ( 1er vol.) Athènes. LISTE DE LIVRES ORTHODOXES EN FRANCAIS 1) "Théologie Mystique de l'Eglise d'Orient", Lossky, Aubier-Montaigne 1944. 2) " En Méditerranée avec l'Apôtre paul", Cerf, 1974. 3) " Le Patriarcat oecuménique dans l'Eglise Orthodoxe", par le Métropolite Maxime de Sardes ( Grand Prix de l'Académie d'Athènes, Beauchesnes -Paris. 4) Saint Jean Damascène : " Homélies sur la Nativité et la Dormition", Cerf, 1961. 5) "L'Orthodoxie hier-demain", M.A. Costa de Beauregard, Père Ion Bria, Buchet-Chastel. 6) " A l'image et à la ressemblance de Dieu", Vl. Lossky, Aubier-Montaigne. 7) Grégoire de Nazianze : " Discours" I-III, Cerf 1978. 8) Saint Jean Damascène : " La foi Orthodoxe" plus "Défense des icônes" ( Publication de l'Institut Orthodoxe Français de Théologie de Paris, St. Denys 1966). 9) " Orthodoxie et Catholicité", Jean Meyendorff, Ed. du Seuil, Paris, 1965. 10) "Sur l'incompréhensibilité de Dieu", Saint Jean Chrysostome, Ed. du Cerf, 1961. 11) "Sur la Providence de Dieu", Saint Jean Chrysostome, Ed. du Cerf, 1961. 12) "Sur le Saint Esprit", Saint Basile de Césarée, Ed. du Cerf, 1961. 13) " Sur l'Origine de l'Homme", Saint Basile de Césarée, Ed. du Cerf, 1970. 14) Patrologiae Cursus Completus-Accurants, J.P. Migne ( Grec-Latin). Les Editeurs Réunis, 11, rue de la Montagne Sainte Geneviève. Paris Ve. 1) La Divine Liturgie de St. Jean Chrysostome ( en français) 2) Homélies des Pères pour les 24 Dimanches après la Pentecôte 3) Liturgicon. Manuel byzantin à l'usage des fidèles 4) Livre de prières de l'Eglise Orthodoxe 5) Nouveau Testament ( traduction oecuménique) 6) Mgr Antoine Bloom "Prière vivante". " L'école de la prière" 7) Bobrinskoy, Benoit, Coudreau : " Baptême, sacrement d'unité". 8) Boulgakoff S. " Le Paraclet" ( sur le St Esprit). 9) Olivier Clément : " Byzance et le Christianisme" 10) Olivier Clément : " L'essor du Christianisme Oriental" 11) Olivier Clément : " Questions sur l'homme" 12). Evdokimov P. " La Prière de l'Eglise d'Orient" 13) Evdokimov P. " L'art de l'icône. Théologie de la beauté" 14) Evdokimov P. "L'Orthodoxie" 15) Gorainoff J; "Séraphim de Sarov" 16) Meyendorff J. " L'Eglise Orthodoxe hier et aujourd'hui". 17) Meyendorff J. " Le Christ dans la Théologie byzantine". 18) Petite Philocalie de la prière du coeur. 19) St Jean Chrysostome : " Dialogues sur le Sacerdoce". 20) St Maxime le Confesseur : " Le Mystère du Salut". 21) Schmemann A. "Le Grand Carême". 22) Schmemann A. " Pour la Vie du Monde". 23) Semenoff. Tian. Chansky A. " Catéchèse pour adultes". 24) Trembélas P. " Dogmatique de l'Eglise Orthodoxe" ( 3 vol). Editions polycopiées : Abbaye de Bellefontaine 49720 Begrolles en Mauges ( M & L) France 1. O. Clément & B. Bobrinskoy : " La douloureuse joie". 2. Dom. Barsotti : " Ecrits du Moine Silouane du Mont Athos". 3. T. Colliander : " Le Chemin des Ascètes" ( pour les laïcs). 4. O. Clément : " Le Christ, Terre des Vivants". Livres liturgiques Orthodoxes en français : Ed. Monastère de Chevetogne 5395 Chevetogne Belgique. ADRESSES POUR CONTACTER DES ORTHODOXES FRANCOPHONES 1. Institut Russe de Théologie Orthodoxe " St. Serge", 93 rue de Crimée, Paris 19e. 2. Chapelle Russe : La Crypte, 12 rue Daru, Paris 8e ( offices en français). 3. Rev. Archimandrite de la communauté Orthodoxe de Genève, 150 route de Ferney 1311 Genève Suisse. Tél. (022) 333-400. 4. Communauté d'anciens Bénédictins revenus à l'Orthodoxie, Abbé Mgr Jakobs, Dr. Knyperstraat 2 , La Haye, Hollande. Tél. 070- 63. 84.84. 5. Fraternité orthodoxe Saint Grégoire Palamas, 30 Bd. de Sébastopol, 75004 Paris ( Offices en français). ORTHODOX BOOKS IN ENGLISH 1) Lossky V. "The mystical Theology of the Eastern Church, James Clarke, London 1957, and Npierville III. Allenson 1957. 2) Timothy Ware, " The Orthodox Church", Penguin Books 1963. 3) Timothy Ware : " The Orthodoxe Way". 4) Zernov N. " Eastern Christiendom", Weindenfeld & Nicolson, London 1961. 5) A Sympossium of Articles by J. Meyendorff, N. Affanassieff, A. Schmemenn, N. Koulomzine, " The Primacy of Peter in th Orthodoxe Church" London, the Faith Press, 1963. 6) Cabasilas N. ( XIV c.) " A Commentary on the Divine Liturgy", tr. by J.M. Hussey and Mc Nulty, London S.P.C.K. 1960. 7) Meyendorff J. " A Study of Gregory Palamas ( Great Byzantine Mystic of the XIV c.) London, the Faith Press, 1964. 8) Schmemann A. " Introduction to Liturgical Theology", London 1966. 9) Schmemann A. " The historical Road of Eastern Orthodoxy". 10) Blessed Fr. John of Kronstadt " On Prayer", Holy Trinity Monastery Jordanville N.Y. 13361, U.S.A. 13) Gogol : " Meditations on the Divine Liturgy" Holy Trinity Monastery Jordanville N.Y. 13361, U.S.A. 14) " Catechism of the Orthodox Church" Holy Trinity Monastery Jordanville N.Y. 13361, U.S.A. 15) Khomiakov : " The Church is One", Holy Trinity Monastery Jordanville N.Y. 13361, U.S.A. 16) Grable : " The Dogma of the Church in the Modern World", Holy Trinity Monastery Jordanville N.Y. 13361, U.S.A. 17) "The Restoration of the Orthodox Way of Life", Holy Trinity Monastery Jordanville N.Y. 13361, U.S.A. 18) Cavarnos Const. " Byzantine Thought and Art", Institute for Byzantine and Modern Greek Studies 115, Gilbert Road, Belmont Mass. U.S.A. 19) Cavarnos Const. " Byzantine Sacred Art". 20) Cavarnos Const. "Anchored in God" ( Life, Art and Thought on the Holy Mt. of Athos, Macedonia. Greece), Astir Publ. 10, Lycurgu str. Athens, Greece. 21) The Divine Liturgy explained, Astir Publ. 10, Lycurgu str. Athens, Greece. 22) The Liturgy of the Orthodox Church, Archbishop Athenagoras Kokkinakis Mowbrays, London and Oxford, 1979. 23) Gregory of Nyssa, " The Life of Moses, tr. Abraham Malherbe & Evat Fargusa, Panlist Press, N. York. 24) Ware Timothy ( Fr. Kallistos) and Mother Mary " The Lanten", Triodion, Bussy Orthodox Monastery 1978. 25) Mother Mary " The Festal Menaion", Faber and Faber, London 1969. 26) J. Meyendorff " Byzantine Theology", Mowbrays, London, 1975. 27) Divine Prayers and Services : Syrian Antiochian Orthodox Archidiocease of New York and all North America. 28) Hapgood Isabel Florence : Service Books of the Holy Orthodox Catholic - Apostolic Church, Antiochian Orthodox Christian Archidiocease of New York and all North America 1975, New Jersey 07631. 29) Const. de Grunwald : " God and the Soviets, Hutchinson of London 1961. 30) " Writings from the Filokalia on Prayer of the Heart" ( translat. by E. Kadloubovsky and G.E.H. Palmer), Ed. Faber and Faber London ( 9th Impression 1977). 31) " Orthodox Spirituality" ( an outline of the Orthodox ascetical and mystical tradition) by a monk of the Eastern Church. London, S.P. C. K., 1961 for the Fellowschip of SS Alban and Sergius. 32) " His life is mine", by Father Sophrony. 33) " Orthodoxy, Roman Catholiscism and Anglicanism", by Archbishop Methodios Fouyas, London Oxford University Press, 1972. Addresses of some people who received the Orthodox faith by free choice ans places for information. 1) Philip Sherrard, Assistant Director, British School of Archeology, Athens, 52 Suidias str. Athens 140, Greece. 2) Prof. Haveman, Groningen, Holland. 3) A group of monks (Benedictins) " St. John the Baptist" Monastery, Hage, Holland. 4) Georges Barrois, Biblical Theologist U.S.A. 5) Howard Alexander, " The Evening News" National Herald Incorporated Publisher, 134/140 West 26th str. N.Y. 10001, U.S.A. 6) Dr. Evans, St. Vladimir's Seminary 575 Scarsdale Road, Crestwood, N.Y. 10707 U.S.A. 7) Prof. W. Bush in Ontario. Canada. 8) Prof. F. Danahiew Dr. in Theology and Philosophy, Michigan State College, East Lansing U.S.A. 9) M. Glesinger, Prof. of Literature at Buffalo University U.S.A. 10) Dr. Roister, Prof. at Texas University and priest. U.S.A. 11) Rev. K.T. Ware (Father Kallistos) c/o the Most Rev. Archbishop of Thyateira and Grat Britain, Thyateira House, 5 CRaven Hill, London W.2 England. Tel. 01- 723. 4787. 12) St. John's Baptist Monastery, Tillishunt Knights, by Maldon, Essex England. TABLE DES MATIERES PREMIERE PARTIE DIFFERENCES ENTRE L'EGLISE ORTHODOXE ET LE CATHOLICISME ROMAIN -La primauté juridique du Pape. -L'infaillibilité du Pape -Déformations des sources et de la pratique de l'Eglise - Le "filioque" -Le Baptême -La Confirmation -La Sainte Communion - La Pénitence - L'Ordination - Le Mariage - Les Saintes-Huiles -Le Purgatoire - Le Pouvoir temporel - La Prière du coeur - Le Credo de Nicée - Le Miracle de la Sainte Lumière DEUXIEME PARTIE LE TEMOIGNAGE ORTHODOXE -Introduction -"Dieu devint homme pour déifier l'homme" - La vigne et les sarments -Le problème du mal -La force des Saintes Ecritures -L'appel de l'Orthodoxie au monde moderne - Le corps, temple de l'Esprit de Dieu - Le problème de la répartition de la richesse - La mission de l'Orthodoxie et s aréalisation - Nostalgie de l'Orthodoxie en Occident - Témoignages sur l'Orthodoxie de certains professeurs et prélats Catholiques - Deuil joyeux - Certains témoignages récents d'occidentaux qui ont choisi l'Orthodoxie - Les icônes - La Liturgie - Hymne des mâtines TROISIEME PARTIE APPENDICE SUR LE DIALOGUE - Historique des rencontres pour l'Union après le grand Schisme - La confession de foi de St. Marc d'Ephèse - " Ma conersion à l'Orthodoxie" de Paul de Ballester - Vie et mort de l'évêque de Nazianze Paul de Bollester - La situation des chrétiens Orthodoxes en Pologne - lettre de l'auteur à la Délégation du Vatican pour le Dialogue - Bibliographie française - Bibliographie anglaise