dimanche 15 décembre 2019

SAINT NECTAIRE D'EGINE,
Métropolite de la Pentapole,
Directeur de l'école ecclésiastique de Rizarios.
CONNAIS-TOI TOI-MEME
Etudes spirituelles et morales
peignant le caractère religieux et moral
de l'homme et l'image de l'âme,
tels qu'ils apparaissent au miroir.
Traduction sur le grec moderne de Presbytéra Anna.
Editions de la Fraternité Orthodoxe Saint Grégoire Palamas.
30 Bd Sébastopol. 75001 Paris.
Tous droits réservés.
"Si tu veux connaître Dieu, tout d'abord connais-toi toi-même."
"Celui qui se connaît lui-même est le lieu et le trône du Seigneur." (Clément d'Alexandrie).
"Ceux qui se connaissent eux-mêmes sont des sages". (Proverbes, 13, 10).
Deuxième édition.
Publiée par les soins de l'higoumène du saint Monastère de moniales d'Egine - "Sainte Trinité"-,
grâce aux dons de pieux chrétiens orthodoxes.
Athènes 1962.
En guise de Prologue
ou de Frontispice.
Se connaître soi-même.
La connaissance de soi est la toute première obligation de l'homme. L'homme, qui est un être raisonnable éthiquement, étant libre et naturellement religieux, est un être d'origine élevée. C'est un homme d'importance. Il a été prédestiné à devenir semblable à Dieu, à l'image duquel il a été façonné, et prédestiné à participer à la bonté comme à la béatitude divines. Mais pour qu'il devienne semblable au divin, bon et bienheureux, et pour qu'il participe à Dieu, il faut d'abord qu'il se connaisse lui-même. Sans cette connaissance préalable de lui-même, il est égaré par ses pensées, il est gouverné par des passions multiformes, il est tyrannisé par de violents désirs, il est la proie d'innombrables choses vaines, il mène une vie inégale, désordonnée et agitée, tombant dans maints pièges, chancelant et extravaguant en toutes choses, titubant sur la route à chaque pas, butant, se prenant les pieds, tombant et se brisant. Jour après jour, il s'abreuve lui-même d'afflictions et d'amertume, il s'emplit le coeur de chagrin, et il vit une vie invivable. Celui qui se méconnaît ignore également Dieu. Celui qui se méconnaît ignore en tout la vérité et la nature des choses, à cause de quoi il parcourt le chemin de la vie comme un voyageur pérégrinant égaré dans le désert. Celui qui se méconnaît se gonfle d'orgueil, blesse la modestie et se montre impie envers Dieu. Il s'imagine être quelqu'un de grand, alors qu'il n'est rien, et il s'exalte, alors qu'il ne vaut rien. Ne sachant pour ainsi dire rien, il s'imagine tout savoir. Il s'enfle d'arrogance, et, dans son ignorance, s'il parle, ce n'est que pour déblatérer des folies. Celui qui s'ignore péche sans cesse devant Dieu, et s'éloigne toujours davantage du divin. Ignorant la nature des choses et ce qu'elles sont véritablement en soi, il est sans force devant elles, incapable de les estimer à leur juste vérité et de discerner les viles des précieuses, les dignes des indignes, et les vénérables de celles qui n'ont aucune valeur, à cause de quoi il se laisse rouler et briser par les vanités qui n'ont aucun prix, cependant qu'il n'a nul souci des choses éternelles et reste indifférent devant elles, qui sont d'une valeur inestimable. En l'homme a été implantée la faculté de se connaître soi-même, pour ce qu'il est né être sensible et moralement libre, doté d'une libre volonté et de la faculté du connaître. Dieu ayant façonné l'homme à sa propre image, l'a façonné pour qu'il cherche Dieu, qu'il le connaisse, qu'il l'aime, et qu'il s'approche de lui. Ces forces morales propres à l'homme qui lui ont été données à profusion par le divin démiurge lui tiennent lieu de loi morale et lui commandent l'observation de cette loi. Mais pour que l'homme connaisse Dieu, il faut d'abord qu'il ait une parfaite connaissance de soi. Car celui qui ne se connaît pas ne connaît pas Dieu, et celui qui ne connaît pas Dieu ne l'aime pas, ne le vénère pas, ne le désire pas, ne le cherche pas et ne s'approche pas non plus de lui. Mais, d'autre part, pour qu'il reçoive une parfaite connaissance de lui-même, il faut d'abord qu'il le veuille, qu'il se meuve vers la recherche de lui-même, et qu'il se prenne pour sujet de l'étude de lui-même. Sans cette volonté, rien ne peut advenir de ce qui le doit, et une ignorance parfaite règne sur toutes choses. Les forces morales sans la volonté sont des forces oisives et désoeuvrées ne pouvant aucunement mener à la connaissance celui qui en dispose. La volonté met ces facultés en oeuvre et elle met en lumière ce qui est évident. En l'homme la puissance de la volonté fortifiée par l'intellect et le libre-arbitre vainc tous les obstacles et vient à bout de tout. Le vouloir devient un pouvoir chez l'homme qui agit avec connaissance et liberté. L'homme placé sur une telle éminence par la divine bonté doit vouloir se connaître, connaître le divin pour comprendre la nature des êtres, savoir comment ils sont en eux-mêmes, et devenir l'image et la ressemblance de Dieu. Ceux qui se connaissent eux-mêmes sont loués dans les Proverbes comme sages. Salomon le Prophète-roi dit : " Ceux qui se connaissent sont sages". Et il donne ce conseil, disant : " Connais-toi toi-même et marche dans les voies de ton coeur comme un être irréprochable". Que cette connaissance nous soit nécessaire, la religion et la philosophie l'ont enseignée. Thalès de Milet érigea le "connais-toi toi-même" en principe de toutes les vertus. La sibylle de Delphes le désigna comme " la première et la meilleure de toute connaissance vraie." Et il est certes évident que la connaissance de nous-mêmes est le principe de toute vertu et de toute sagesse. Si donc le "connais-toi toi-même" nous a été imposé par les gnostiques comme une loi divine inscrite dans l'esprit, nous devons à cette notion respect et vénération, et nous avons le devoir de l'observer en tant qu'êtres raisonnables et moralement libres. Celui qui se connaît lui-même connaît ce qui le concerne, ce qui touche le prochain et quels sont les devoirs envers Dieu. Il comprend qu'il faut que la piété, la justice, la vérité et la connaissance soient en lui comme les seuls biens à chérir parce que les seuls désirables, et qu'elles constituent en outre la pierre de touche qui permet d'éprouver tous ses actes éthiques et spirituels. Xénophon dit de ceux qui se connaissent eux-mêmes : " Ceux qui se connaissent eux-mêmes savent ce qui leur est nécessaire, et ils savent ce qu'ils peuvent faire et ce qu'ils ne peuvent pas faire. Et faisant ce qu'ils savent pouvoir faire, ils se procurent ce qui leur est nécessaire, et ils font bien, tandis que s'abstenant des choses qu'ils ne connaissent pas, ils sont exempts de faute et fuient le fait de faire le mal." Clément d'Alexandrie donne ce conseil : " Si tu veux connaître Dieu, connais-toi toi-même au préalable". Basile le Grand émet cette opinion: " La connaissance précise de soi se suffit et, comme conduisant par la main, elle donne la direction du souci et de la pensée de Dieu." De ceux qui se méconnaissent eux-mêmes le divin Chrysostome dit : " Le fait de se méconnaître soi-même est pire que la pire folie et que l'insanité la plus extrême. L'une en effet est une affection de la nécessité, l'autre esr celle d'une disposition corrompue." Pour celui qui se connaît lui-même et qui par là a été conduit à la connaissance de Dieu, la piété constitue un commencement de science. Aristote dit que " le plus haut principe de toutes choses est Dieu, et que la piété est le principe des vertus." Le divin Paul dit : " La piété est avantageuse en toutes choses, pour ce qu'elle donne une promesse de vie présente et à venir." A celui qui se connaît lui-même la pensée du juste se découvre à lui comme étant le bien véritable, et l'exercice de la justice lui devient comme un guide vers le bien; pour ce que le commencement du chemin vers le bien consiste à faire ce qui est juste et à dire le vrai. A celui qui se connaît lui-même le vrai apparaît comme une qualité divine; il mène celui qui en est amoureusement épris à la perfection atteignable et le fait ressembler au divin. La science privée de la connaissance de soi égare le chercheur des vérités surnaturelles et mène loin d'elles. L'ignorance quant à la vérité de la nature des choses tant divines qu'humaines apporte des kyrielles de maux terribles. Et en vérité il est évident que la méconnaissance devient pour les hommes cause de maux sans nombre. Cette méconnaissance induite par l'égoïsme et l'amour-propre, qui vient de l'ennemi implacable de l'homme, lequel s'en prend particulièrement aux jeunes, lesquels à cause de leur inexpérience se laissent facilement tromper, les plonge dans les pires et les plus irrémédiables des maux. Cette méconnaissance de soi génère l'orgueil, la présomption, l'arrogance, desquels est à son tour générée une énergie propre, à savoir l'égoïsme et l'intérêt personnel, qui, consumant les passions psychiques innées, compagnes de l'âme, repousse les pensées utiles, diminue aux yeux les maux qui procèdent de l'amour de soi, les cachant soigneusement, et s'approprie les vertus, les étalant avac afféterie; elle n'a à la bouche que les noms vénérables de ces vertus, et elle s'en gargarise. C'est là un mal terrible et un écueil sur lequel se drosse la jeunesse perdue sur la mer démontée de l'existence, et elle en fait naufrage. Au sujet de cette ruse usurpatrice générée par l'orgueil et l'égoïsme le philosophe Platon dit : " Etre abusé par soi-même est la pire des choses. En effet quand le trompeur ne s'en va jamais, fût-ce tant soit peu, mais qu'il est toujours là, présent, comment ne serait-ce pas terrible? " C'est pourquoi le repoussement de cet ennemi fourbe et rusé est si difficile, lui qui use de cajoleries et qui par des flatteries ravive notre amour-propre et notre égoïsme, demeurant sans cesse assis à leurs côtés. De sorte que le flatteur et le flatté, le trompeur et le trompé sont un seul et même être. De combien de maux alors infligés à lui-même celui qui se méconnaît soi-même ne devient-il pas cause du fait de cette méconnaissance, de cette imagination et de cet orgueuil sien? Combien de fois se méprenant dans l'estimation des choses ne s'imaginera-t-il pas qu'il les a estimées avec précision, alors qu'il les juge d'un point de vue erroné et dans une perspective faussée? Combien de fois, en philosophant, n'est-il pas grugé par sa méconnaissance de soi, et ne prend-t-il pas ses folies pour de sages apophtegmes? Combien de fois ne fait-il pas de dépenses indues, gaspillant tant son temps que son argent, jusqu'à se retrouver privé du nécessaire? De combien d'afflictions ses ennemis irréductibles, irréconciliables et implacables ne l'abreuvent-ils pas quotidiennement, telles que l'ignorance, l'absolu manque de volonté, et l'inintelligence? Combien de fois l'égoïsme n'enflamme-t-il pas les passions de son âme, laquelle déraille et joue faux sous l'impulsion de l'ignorance? En vérité, oui, terrible est la méconnaissance de soi et elle est cause pour les hommes de bien des maux. C'est pourquoi il faut se soucier de nous débarrasser et de nous délivrer d'elle de par la connaissance de nous-mêmes, afin que, devenus parfaits, nous finissions bienheureux tant en la vie présente qu' en la vie à venir. Nous connaître nous-mêmes est extrêmement difficile et il y faut un soin assidû et soucieux et une étude soutenue et persévérante. Basile le Grand en dit ce qui suit : " En vérité il semble que se connaître soi-même est le plus difficile de tout. Non seulement en effet l'oeil qui regarde ce qui est à l'extérieur de lui ne peut se voir lui-même, mais encore notre esprit, qui voit de façon aiguë les péchés des autres pour les condamner, est lent à acquérir la connaissance de ses propres défauts." Reconnaissant la difficulté de l'oeuvre mais aussi comprenant la nécessité de son importance et désirant néanmoins en venir aisément à bout, nous avons rassemblé ici des études éthiques et spirituelles, sous forme de tableaux et de peintures de caractères, et nous avons décrit, selon la mesure de nos forces, le céractère minutieusement précis de chaque vertu ainsi que celui de chaque vice, étudiant la nature humaine et mettant à nu les facultés éthiques de l'âme. Dans ce travail et ce recueil, et pour ainsi dire dans cette somme, nous avons procédé méthodiquement comme suit : Tout d'abord nous avons décrit les caractères qui se rapportent au sentiment religieux et nous avons attribué à la première partie de l'ouvrage le titre d'"Etudes religieuses". Dans la seconde partie nous avons dépeint les caractères se rapportant au sentiment moral sous le titre d'Etudes morales. Les Etudes religieuses se divisent en trois sections, conformément au nombre des trois vertus religieuses, la foi, l'espérance et l'amour. Dans la première section nous avons placé la foi en Dieu, qui constitue le premier chapitre. En celle-ci figurent tous les caractères des vertus et des vices qui se rapportent à la foi en Dieu. Dans la seconde section nous avons placé l'espérance en Dieu, qui constitue le second chapitre. En celle-ci sont disposés tous les caractères des vertus et des vices qui touchent à l'espérance en Dieu. Dans la troisième nous avons placé l'amour en Dieu, qui constitue le troisième chapitre, en lequel sont disposés tous les caractères des vertus et des vices qui ressortissent à l'amour pour Dieu. Les caractères moraux se divisent en deux classes : dans la classe des vertus et des vices moraux qui se rapportent à la loi morale, et dans la classe des vertus et des vices moraux qui touchent aux facultés de l'âme tripartite de l'homme, c'est à savoir le Noétique - selon l'intellect-, le Thymique - selon le coeur - et le Désidératif - selon le désir humain. La première classe contient le quatrième chapitre. Y sont placées des études sur la loi morale, les caractères moraux et des peintures ayant trait à la vérité. Y figurent aussi les peintures et les caractères se référant à la justice. La deuxième classe contient les chapitres 5, 6 et 7. Dans le cinquième chapitre sont rangés les caractères et les peintures de toutes les vertus et de tous les vices qui se réfèrent au Noétique - à l'intellect.- Dans le sixième chapitre figurent toutes les vertus et tous les vices afférents au Thymique - au coeur -. Nous divisons ce chapitre en deux parties : Dans la première partie nous plaçons les caractères et les peintures des vertus et des vices du Vouloir; dans la seconde partie les caractères et les peintures des vertus et des vices du Sensitif -touchant au sentiment-. Dans le septième et dernier chapitre nous plaçons les caractères et les peintures de toutes les vertus et de tous les vices qui se rapportent au Désidératif - touchant au désir.- Le nombre de toutes ces peintures et de tous ces caractères éthiques et spirituels s'élève à deux cents figures. Tel est l'ouvrage et tel est le but ultime pour lequel il a été ordonnancé. Le lecteur qui étudie les divers caractères moraux et religieux s'étudie dans le même temps lui-même; il s'examine avec précision et voit comme au miroir la peinture de son âme, il découvre les passions de celle-ci, leur caractère, comprend leur difformité, s'en détourne et s'étudie à la guérison de son âme propre. La grâce des vertus attire vers elles le coeur de celui qui en lit la description, et en voit la peinture, ou pour ainsi dire l'icône, et leur beauté impérissable règne sur son âme. Son coeur est blessé d'amour pour elles et se hâte vers elles. Par cette étude le lecteur est conduit par la main et fait comme son éducation. Et, toujours davantage progressant dans la vertu, il se perfectionne, et il devient véritablement image - icône - et ressemblance de Dieu. Je souhaite et prie du fond du coeur que tous, devenus tels, s'avèrent lors dignes de la gloire de Dieu, et qu'en héritiers du Royaume céleste, ils entrent au Paradis. Athènes, Ecole ecclésiastique Rizarios, 7 septembre 1904, + Le Métropolite de la Pentapole Nectaire. CONNAIS-TOI TOI-MEME ETUDES SPIRITUELLES ET MORALES PREMIERE PARTIE. ETUDES SPIRITUELLES CHAPITRE I. DE LA FOI § 1. De la divine Foi en Christ. L'Apôtre Paul donnant la définition de la foi dit : " La foi est le fondement de l'espérance, la preuve des choses qui ne se voient pas.". Clément d'Alexandrie dit : " La foi est un bien intérieur, qui sans revendiquer Dieu, le confesse et le glorifie en tant qu'étant." Le même définit la foi d'autre sorte en disant : " La foi est une connaissance succinte des choses qu'il est urgent de connaître". Basile le Grand définit la foi comme suit : " La foi est une adhésion absolue à ce qui a été entendu dans la connaissance de la vérité de ce qui a été proclamé avec la Grâce de Dieu." Chrysostome définit la foi comme suit : " La foi est une espérance qui n'hésite pas en ce qui a été annoncé par Dieu et une réponse à nos questions." C'est une foi véritable et pure que celle qui a été découverte au monde par notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ. Un Père de l'Eglise dit : Nous définissons comme seule foi véritable et pure la foi au Père, au Fils et au Saint Esprit, unique divinité, souverain créateur de toutes les choses visibles et invisibles, et qui règne sur toute créature visible et invisible. Saint Jean Chrysostome dit : "La foi commence par le Père, elle va vers le Fils, et elle trouve son accomplissement dans l'Esprit. Le Père est la racine vivante de la foi; le Fils est son rameau imputrescible; l'Esprit Saint est son fruit immortel." §2. - De la foi en Christ. Que celle-ci est un don divin. La foi est un charisme divin. Le divin Chrysostome dit : " Ces exploits ne sont pas les tiens, mais ce sont ceux de la Grâce de Dieu. Et même si tu parles de la foi, c'est de par l'appel divin qu'elle t'est advenue, etc..." Et encore : " La foi ne vient pas non plus de nous. En effet, si elle ne nous était pas advenue, si elle ne nous avait pas appelés, comment aurions-nous pu croire?" Et encore : "Ne croyons en rien que la foi est nôtre. Non, la foi n'est pas nôtre. A propos du fait qu'elle n'est pas nôtre, mais qu'elle vient surtout de Dieu, écoute Paul disant : " Et ceci n'est pas de nous; c'est le don de Dieu". Et dans une autre épître, il dit : " Quel don le Christ est-il venu m'apporter? Il est venu m'apporter en don son sang, il est venu m'apporter en don son corps. Et quel don a-t-il pris de moi? La foi. Et qui m'a donné cette grâce? J'ai cru que c'était moi, mais c'est lui qui me l'a octroyée. " Et encore, prenant occasion des paroles de Paul : " Il n'a pas dit que l'on devient plein de foi, mais que celui qui est compatissant est plein de foi. Ne crois pas que la mission, la prédication et l'enseignement soient seuls des dons de Dieu; En effet le fait de croire a été un don de sa miséricorde. En effet, ce n'est pas parce que j'en ai été digne que j'ai obtenu la foi, mais seulement parce que Dieu a eu compassion de moi. La compassion est une grâce, non pas le fait d'avoir été digne". C'est le même avis qu'exprime de la sorte Théophylacte : " Et le fait de croire n'est pas nôtre, mais c'est parce que nous avons été appelés par Dieu que nous croyons, car ainsi vous avez obéi et vous avez cru. De sorte que la foi a son commencement en Dieu; et si Lui ne vous avait pas appelés, vous n'auriez pas cru." Et encore : " Le fait que nous croyions provient de la grande puissance de Dieu et de son énergie". Et encore : " Le Christ est le principe et la perfection de notre foi, parce que c'est Lui-même qui a disposé notre foi au commencement." Le divin Chrysostome, discernant ce qui nous est utile de par la foi qui nous vient de Dieu qui s'est offert pour nous, dit : " Le fait de croire depuis le commencement vient de notre gratitude, et aussi d ece que nous obéissons à l'appel qui nous a été adréssé par Dieu. Et après avoir obtenu la foi, nous demandons le secours de l'Esprit pour qu'elle demeure continument immuable et indéfectible." § Du lien de la foi et de la connaissance, et que la foi procède de la connaissance. Au sujet du lien de la foi et de la connaissance, vois ce que saint Clément d'Alexandrie dit : "Ni la connaissance sans la foi, ni la foi sans la connaissance". Et encore : " Une foi succinte est une connaissance des choses qu'il importe de savoir; et la connaissance est une preuve puissante et sûre de ce qui est cru par la foi, édifié par la foi sur l'enseignement du dimanche en quelque chose d'immubale, et envoyée avec la connaissance comme quelque chose de compréhensible". Et le divin Chrysostome dit : " Par la foi vient la connaissance, et sans la foi il est impossible de connaître le Fils." Théodoret dit : " S'ajoutant à la foi la connaissance perfectionne la science de la vérité." Et encore : " la foi a besoin de la connaissance, tout comme la connaissance a besoin d ela foi. En effet, il n'est pas de foi sans connaissance, ni il ne saurait être de connaissance sans foi. La foi conduit la connaissance, et la connaissance suit la foi; l'élan provient de la connaissance, et l'action la suit. Il faut en effet croire d'abord, puis ensuite apprendre. Celui qui a la connaissance s'élance; et s'étant élancé, il agit". Et Clément dit : " La connaissance vient après la foi et non point avant la foi". Et Théophylacte : " D'abord la foi, puis, ensuite d'elle, la connaissance." La connaissance précède la foi seulement lorsqu'on se rapporte à elle dans la prédication de la parole divine; ce qui est dire qu'il faut que précède la prédication, que l'on écoute les vérités de la parole divine, qu'elle vienne après la voix qui appelle, de par la Grâce divine, et qu'elle croie. Parce que la foi provient de ce qu'elle entend, et ce qui s'entend est la parole de Dieu. C'est pourquoi aussi Macaire l'Ermite disait : Celui qui ne connaît pas la vérité ne peut pas véritablement croire. En effet la connaisance selon la nature précède la foi. Mais cette connaissance qui précède la foi est très différente de la connaissance qui suit la foi. L'une précède de par une nécessité naturelle, l'autre suit comme une énergie de révélation divine. Par l'une, nous connaissons la vérité proclamée; par l'autre, nous connaissons cette vérité, c'està-dire Dieu. Au sujet d ela connaissance qui précède naturellement, un autr Père de l'Eglise dit ce qui suit, faisant un commentaire de la foi d'Abraham : La connaissance a précédé sa foi; et la foi a suivi sa connaissance". Le grand Basile dit au sujet de la connaissance des paroles divines tirée de la foi : "Que la foi précède les paroles divines; et non pas la preuve; la foi est celle qui, par-delà les méthodes logiques, attire l'âme au consentement". Et Clément dit : " Que la certitude de la foi persuade." Basile le Grand exhorte en disant : " Il ne faut pas discriminer ni hésiter sur les paroles dites par le Seigneur, mais tenir pour véritable et possible toute parole de Dieu, et ce, si même elle combat la nature. Au sujet de la puissance didactique de la foi le divin Chrysostome dit : " La foi est le maître de tous et sans elle nous ne pouvons pas même dire quoi que ce soit." Théodoret dit : "Nous avons besoin d'yeux intérieurs pour la compréhension des choses intelligibles. Et tout comme nous avons besoin des yeux du corps pour la contemplation des choses visibles, de même nous avons besoin de la foi pour la vision des choses divines. Ce qu'est l'oeil au corps, la foi l'est à l'esprit; et comme l'oeil a besoin de lumière pour lui montrer les choses visibles, ainsi de même l'esprit a besoin de la foi pour lui montrer les choses divines, et pour lui en assurer une gloire certaine." Théophylacte dit de la foi : " La foi est le principe et le fondement et sans elle rien ne peu être affermi. De même que sans en connaître les rudiments, nul ne saurait être expérimenté dans les lettres". Au sujet de la nécessité de la foi Chrysostome enseigne ce qui suit : " La foi a besoin de l'obéissance, et non point d'un empressement déplacé. Et lorsque Dieu ordonne, il convient d'obéir et non pas de faire preuve de curiosité. §4. Au sujet de la sécurité que donne la foi, et des informations qu'elle procure à celui qui croit, et qui ne sont pas de celles qui tombent sous les sens. Théophylacte dit ce qui suit au sujet de la sécurité que donne la foi : " La foi est un affermissement pour elle-même, en ce qu'elle ne laisse pas les mauvaises pensées entrer dans le coeur". Chrysostome appelle la foi l'ancre de l'âme humaine en proie aux tempêtes des épreuves, et le port paisible de l'humanité. Et encore : " C'est une ancre sacrée à laquelle toujours s'attache l'esprit qui la possède." Et encore : "Hélas! Les mots que l'on utilise pour parler ne sont-ils pas une preuve des choses qui ne se voient pas? Ils sont en effet une preuve des choses qui ne sont pas évidentes. La foi est une vue des choses qui ne sont pas manifestes, dit-il, et elle apporte les mêmes informations sur les choses qui ne se voient pas que sur celles qui se voient. Pas plus donc qu'il n'est possible de douter des choses qui se voient, il n'est possible, par la foi, de douter des choses qui ne se voient pas clairement ou même qui sont invisibles. Et parce que les choses que l'on espère semblent être sans fondement, mais que la foi leur donne un fondement, ou plutôt non seulement elle leur donne un fondement, mais elle constitue même leur réalité. Ainsi la résurrection est un évenement surnaturel, et n'a pas de fondement, mais l'espérance lui confère un fondement en notre âme. Tel est le fondement des choses que nous espérons". Théodoret dit : " Les choses que nous ne voyons pas, nous les voyons par la foi, et la foi se fait comme un oeil permettant la contemplation des choses que l'on espère, et elle montre comme existantes les choses qui n'ont jamais été. Et tandis que tous les morts gisent encore dans les tombeaux, notre foi nous dépeint à l'avance la résurrection, et, à partir de la poussière des corps, nous prépare à imaginer l'immortalité." Grégoire de Nysse dit que c'est la foi et non pas la connaissance que Dieu impute à justice aux hommes. En effet, la connaissance comporte une dimension empirique, qui ne se donne qu'à celui qui connaît. Mais pour la foi des chrétiens il n'en va pas ainsi. La foi en effet n'est pas le fondement des choses que l'on connaît, mais celui des choses que l'on espère. Ce que l'on possède n'est pas ce que l'on espère. Ce que quelqu'un dit avoir, en quoi l'espère-t-il? Mais ce qui échappe à notre compréhension, la foi le fait nôtre, se rendant garante à l'aide de sa certitude propre de ce qui n'apparaît pas manifestement. Chrysostome dit : " La foi est le commencement du salut. La foi est l'oeil pur de la connaissance divine. La foi voit les choses invisibles. La foi est le bon guide qui prend par la main sur la voie qui mène aux fonds baptismaux. La foi est le miroir resplendissant des choses invisibles. La foi est le maître exact de la Trinité consubstantielle." Saint Antoine dit : " La foi en notre Seigneur est notre sceau et un rempart qui assure notre sécurité." (Athanase, Vie de Saint Antoine). Origène dit : " Le fait de croire en le Dieu de toutes choses est source et principe de toutes choses. Et quoi d'autre conduirait mieux la nature humaine à bien vivre, que la foi ou la pensée selon laquelle tout ce que l'on voit en toute chose est divin, tant ce qui est dit que ce qui est fait, et même ce qui est pensé?" Cyrille d'Alexandrie dit : " La foi est la porte et le chemin vers la vie, et la voie ascendante qui va de la perdition à l'incorruptibilité". §5. - De la nécessité des oeuvres ou de la foi vivante. Théodore dit ce qui suit au sujet de la nécessité des oeuvres pour mener à la perfection : " La foi ne suffit pas pour le salut de celui qui croit, mais il est besoin des oeuvres pour atteindre à la perfection". Clément d'Alexandrie dit : " La foi et la bonne disposition de l'âme, sans l'amour pour le Christ ne saurait oeuvrer au bien ni être le fondement de l'action juste." Théophylacte dit : "La foi est le tout de ce qui est agi par l'amour, ce qui est dire qu'elle doit toujours être agissante et se montrer vivante de par son amour pour le Christ. Apprends donc que la foi est rendue active par l'amour, c'est-à-dire qu'elle se montre vivante, tandis que si elle n'a pas l'amour elle ne peut être agissante." Ce qui revient à dire que la foi sans les oeuvres est morte. Saint Photios dit : " Il faut que l'ensemble des vertus prenne sa source dans la foi et il faut les deux ensemble pour constituer ce qui importe. En effet la droiture des dogmes produit la beauté de la vie, et la pureté des actes produit la foi divine. Il est d'habitude facile que l'un s'insinue sans l'autre et induise dans l'erreur, aucun des deux ne supportant de se refléter seul dans les âmes des hommes. " Et saint Ignace dit : " Le commencement de la vie est la foi, et sa fin est l'amour". Ceux qui font profession de prêcher le Christ se connaissent non seulement à ce qu'ils disent mais aussi à ce qu'ils font. C'est en effet au fruit que l'on reconnaît l'arbre. § 6. - Des marques de la vraie foi. Les marques de la vraie foi en Christ sont les suivantes : 1) La vraie foi informe secrètement celui qui croit sur le caractère divin de sa foi. 2) Elle dirige ses pas sur le chemin de la vérité en le guidant secrètement, et en lui enseignant à faire la volonté de Dieu, ce qui est dire à faire le bien, ce qui est agréable à Dieu et ce qui est parfait. 3) Elle mène à la béatitude et enseigne que dans l'amour pour Dieu et dans l'amour pour le prochain se trouve l'accomplissement du bien désirable. 4) Elle remplit le coeur du fidèle d'une espérance perpétuelle, inépuisable, pure de toute passion, et qui possède en elle-même l'accomplissement du bonheur. 5) Elle remplit le coeur du fidèle d'un amour brûlant, d'un amour indicible, inexprimable, secret, infini, pur, saint, épanchant et déversant toutes bonnes choses, et qui domine en lui. 6) Elle emplit le coeur du fidèle des fruits du saint Esprit : la joie, la paix, la longanimité, l'honnêteté, la bonté viennent en lui le rétribuer, sous l'effet du saint Esprit qui le sanctifie. 7) Elle donne les charismes du saint Esprit. L'Esprit saint descendant d'en Haut illumine l'esprit du fidèle et lui donne la sagesse, l'intelligence, la volonté, la connaissance, la vérité et la sainte crainte de Dieu. 8) Elle remodèle l'homme corrompu par le péché et lui restitue son ancienne beauté. 9) Elle le sanctifie et épanche sur lui un parfum de sainteté et le conduit à la perfection. 10) Elle ouvre les yeux de l'esprit pour lui donner à voir les choses invisibles, et elle lui révèle les mystères. 11) Elle procure la force morale, elle octroie le courage moral de ne pas se laisser effrayer par les dangers terribles de la vie et elle prodigue en abondance la force, le courage, l'endurance, la grandeur d'âme, la magnanimité, la compassion et toute la foule des vertus chrétiennes. 12) Elle donne la sagesse, la pureté, l'intégrité et la beauté de la virginité. 13) Elle élève le fidèle au-dessus des lois de la nature et lui donne la puissance de vaincre l'ordre de la nature. 14) La vraie foi en Christ fait du fidèle une icône de Dieu à son image et à sa ressemblance. §7. - De la connaissance de Dieu qui s'acquiert par la foi. "Le fondement de la connaissance est de ne pas hésiter à propos de Dieu, mais de croire", dit saint Clément d'Alexandrie. Théodoret dit : " L'essentiel des biens et leur véritable fondement, c'est la connaissance de la nature divine ainsi que la foi en elle et la bonne disposition envers elle. En effet, ce qu'est l'oeil au corps, la foi et la connaissance des choses divines l'est à l'âme." Saint Cyrille d'Alexandrie dit : " Ce qui produirait tout bien pour tout homme serait de savoir que Dieu est par nature et véritablement, et qu'il est créateur et souverain de toutes choses." Le même saint Père dit : " La connaissance est la connaissance de Dieu. Mais si l'on veut connaître Dieu, que d'abord l'on se connaisse soi-même". Le divin Chrysostome dit : " La connaissance est la connaissance de soi-même. En effet, le fait de s'ignorer soi-même est le fait de la dernière folie, et chose pire même que d'être insensé. Se connaître est une nécessité, le fait de s'ignorer est dû à une mauvaise disposition d'esprit". C'est là un avis véritablement très sage et une vérité contradictoire. Pour ce que si la connaissance de soi est l'oeuvre d'une bonne volonté, combien plus l'est la connaissance de Dieu. Si donc l'on ne met pas de bonne volonté à se connaître, on ne peut pas non plus connaître Dieu. Et le fait de ne pas mettre de bonne volonté à connaître Dieu est le fait de la dernière folie, et chose pire même que d'être insensé. Le divin a lié la connaissance de soi avec la connaissance avec la connaissance des choses divines, afin de conduire les hommes à la perfection et de les attirer à Dieu. Celui qui s'ignore lui-même ne connaît pas non plus Dieu. Le divin se découvre à celui qui a un coeur pur et qui le cherche dans la foi. Celui qui ne se connaît pas lui-même ignore son propre état moral. Et celui qui ignore son propre état moral ignore qu'il est moralement malade, que son âme souffre terriblement et que la ténèbre la recouvre. Or qu'y a -t-il de commun entre la ténèbre et la lumière? Le chrétien qui se connaît lui-même purifie son âme de toute souillure et manifeste que son coeur est un temple saint, dont il fait un réceptacle du Dieu tout-puissant, roi de l'Univers, qui, comme il l'a dit, vient, habite en lui, marche en son coeur et y fait sa demeure. mais les vierges folles ont été exclues de la chambre nuptiale du Seigneur, pour ce qu'elles se sont privées de la lumière d ela connaissance. C'est pourquoi le Seigneur ne les a point connues. § 8. - De la puissance et d el'énergie de la foi en Christ. Foi! Don divin, fruit de la divine révélation, connaissance des mystères, sagesse céleste, enseignante des divines vérités, échelle qui relie la terre au Ciel et monte au Paradis, lien qui relie Dieu et les hommes, preuve d'amitié et d'amour divins, expression de la transmission des biesn célestes! Par quelles paroles dirais-je ta puissance? Par quels dires décrirais-je tes énergies? Ta puissance est véritablement divine, telle un don divin, et ton énergie est infinie, égale à la volonté divine, parce qu'elle agit par une puissance divine, et accomplit tout ce qui, même en pensée, serait impossible aux hommes. Foi! Toi qui, lumière, illumines ceux dont l'esprit est dans la ténèbre! Tu conduis ceux qui cherchent la vérité dans les Ecritures, et tu t'établis comme leur guide sûr les menant vers la connaissance. Tu rends les coeurs brûlants d'un amour divin, et tu allumes en eux l'amour divin. Tu enfantes l'espérance véritable, pierre de touche mystique, et révélant l'hypostase de ceux qui espèrent. Tu revêts de la robe de pourpre de fils de roi ceux qui ont été illuminés par toi. Tu leur octroies les dons du saint Esprit. Tu emplis leur coeur d'un amour fidèle, de joie, d epaix, de longanimité, d'honnêteté, de bonté, de douceur, et d etempérance. Ta puissance remodèle celui qui a été corrompu par le péché, elle lui restitue son ancienne beauté et le manifeste comme image de Dieu. Ton énergie, comme mue par une puissance divine, persuade l'esprit de se soumettre à toi, elle informe le coeur de la vérité des vérités révélées par Toi. Ta divine lumière se déverse sur le fidèle et illumine son esprit pour qu'il comprenne les Ecritures. Tu ouvres les yeux de l'esprit, et tu frappes avec un plectres les cordes du coeur pour qu'il vénère et adore Dieu et lui chantes d'incessantes hymnes divines. Tu enseignes à obéir à Dieu. Tu apprends à comprendre le sens des paroles des saints prophètes. Tu illumines le coeur pour faire comprendre les paroles des saints Apôtres. Tu enseignes une morale parfaite. Tu mets dans l'esprit du fidèle des pensées amies de la sagesse. Par ta divine puissance et ta divine énergie, tu révèles même aux infidèles ton divin caractère. Tu as attiré les nations au salut. Tu as conquis le monde entier. Tu as renversé l'incroyance. Tu as placé au milieu de la terre le trophée de la Croix vénérable. Tu t'es soumis les rois. Vers toi ont accouru les chefs et les bergers des peuples. Tu as montré les philosophes comme dénués de sagesse. Tu as fait des pauvres des sages en esprit et pareils à des rhéteurs habiles. O foi! En te procalamnt au monde, tu as illuminé le monde. En prenant possession des nations, tu les as sanctifiées. Relevant l'ancien monde qui avait vieilli dans le péché, tu en fis, par ta divine puissance, un monde jeune et nouveau. Tu as aboli les dures lois anciennes. Tu as rétabli la justice. Tu as condamné les guerres. Tu as donné ta paix au monde. Tu as fait régner l'égalité. Tu as fait don de la liberté véritable; Tu as anéanti la puissance du Diable. Tu as introduis le royaue des Cieux sur terre. Tu as donné de fuir l'amer chagrin du monde. Tu as prodigué en abondance au monde la joie indicible. Aussi nous t'honorons dignement. Nous t'accueillons en nos coeurs pour t'y traiter le mieux qu'il se peut et, t'y possédant, nous prenons courage, espérant obtenir le royaume de Dieu et les biens éternels. Amen. 9. Figure et image de celui qui croit au Christ. Combien est belle l'image du fidèle! Comme admirable est la Grâce qu'il a reçue! Sa beauté charme, son aspect exprime l'assurance en Dieu que resent le fidèle. Le calme paisible répandu sur toute sa figure exprime la paix de son âme, et sa douceur témoigne de l'absence de trouble de son coeur. La bonté répandue sur son visage témoigne que sa conscience est exempte de tout trouble. Le fidèle apparaît comme un homme délivré de la tyrannie des soucis incessants de la vie qui tourmentent l'esprit chaque jour, et comme un homme, dont la confiance en Dieu se peint par les vives couleurs du visage reflétant son caractère. Le fidèle se représente véritablement comme un homme bienheureux. Et en vérité il est bienheureux, pour ce qu'il a déjà reçu l'information que s afoi est divine, et qu'il a été persuadé de sa vérité. Dieu a secrètement parlé à son coeur. La voix divine a informé son coeur, et il a été inondé du bonheur divin. Son coeur et son esprit sont voués à Dieu. Son coeur brûle de l'amour de Dieu, et son esprit se hâte de s'élever vers Dieu. Le fidèle ayant brisé les liens de l'égoïsme qui rétrécissait son amour à l'étroit dans un petit cercle, ne permettant pas d'agir ni de voir au-delà de ce cercle étouffant de son ego, a bondi au-delà et s'est libéré du joug tyrannique de l'esclavage de l'égoïsme, et a renoncé au culte de son petit ego. Désormais libre de ses liens, il court sur toute la terre vers tous les points de l'horizon, et en hâte il se rend partout où l'appelle l'amour du prochain. Plus personne ne peut l'empêcher d'agir, plus personne ne peut plus l'influencer. Les plaisirs du monde qui s'écoulent à la manière des eaux des fleuves, les jouissances des biens terrestres ont pour lui perdu leur leurre. L'idole de l'égoïsme est tombée et s'est brisée en mille morceaux, et les sacrifices, les offrandes et l'encens qu'il vouait à l'égoïsme ne sont désormais voués qu'au seul Dieu d'amour, qu'il aime de toute son âme et vénère totalement. Tout entier voué de coeur et d'âme au Dieu de vérité, il oublie le monde et souvent même son corps. Il tend son regard vers Dieu, et son coeur le recherche incessamment. Son esprit fait ses délices de l'étude des oeuvres de Dieu, et son âme goûte son repos en se laissant guider par la Providence du Dieu créateur. Le tout suscite dans le coeur et l'esprit du fidèle de nouveaux sentiments. Toute la création parle à son âme une langue mystique, célébrant la sagesse et la bonté de son divin Démiurge. Il met son plaisir à s'adonner à l'étude des oeuvres de Dieu et trouve sa jouissance à la contemplation de la beauté de la création qui s'y attache. La beauté, la bonté, la vérité et la justice, ces images du bien sur la terre, ce qui est significatif des particularités divines, sont les objets d'étude de son coeur. Son bonheur est alors véritable, et sa communion avec son divin Démiurge est continuelle et incessante. Les paroles de Dieu sont comme un miel suave dans sa bouche. Il les médite jour et nuit. Son coeur est brûlant de l'amour de Dieu. Il se hâte vers Lui et le recherche par l'entremise de la méditation sur ses créatures. Son oeuvre incessante est sa perfection propre dans la mesure du possible, et son désir brûlant est d'acquérir la ressemblance avec le divin. L'amour et la vénération de Dieu emplissent son coeur blessé d'amour qui désire encore et toujours le Seigneur; et sa bouche envoie sans cesse à Dieu avec ferveur les hymnes divines, la doxologie, l'action de grâces et la louange. Ses lèvres méditent la sagesse, son coeur reçoit l'intelligence. Sa vie est poésie, son existence est harmonie. Il vit en se hâtant vers son but et sa fin raisonnable, pour lesquels il a été façonné, et il jouit du bonheur octroyé par la bonté divine, octroyée en abondance. Il vit sur la terre, mais sa Cité est dans les Cieux. Il est sans soucis face aux soucis de la vie, il n'a qu'un soin, il n'a qu'une occupation et qu'un seul souci; c'est de ne pas s'agiter pour beaucoup de choses, mais de ne se préoccuper que d'une seule chose, qui lui est nécessaire. Toute sa préoccupation se tourne vers l'accomplissement précis de la loi divine, et vers l'exécution du bien. La communauté des hommes de toutes races et de toutes nations est une communion de frères de même sang, et il désire étendre ses bienfaits à tous. Il se réjouit de leurs bonheurs, et il s'afflige de leurs malheurs. Tous les jours il a pitié des autres et leur prête, et sa justice demeure dans les siècles. Son coeur est prêt à espérer dans le Seigneur, et son âme se prépare à se présenter devant son Plasmateur. Plein d'espoir et sans crainte, il s'écrie avec le Psalmiste : "Mon Seigneur est mon secours et je n'aurai crainte de ce que pourra me faire l'homme". § 10. - Figure et image de l'infidèle. L'infidèle est le plus malheureux de tous les hommes, car il s'est privé du seul bien qui soit sur la terre, la foi, seul vrai guide vers la vérité et vers le bonheur. L'infidèle est très malheureux, car il s'est privé de l'espérance, le seul bâton de pèlerin et la seule houlette sur le long chemin de la vie. L'infidèle est très malheureux, car il s'est privé d el'amour des hommes, celui qui s'ensuit d'un coeur contrit et affligé. L'infidèle est très malheureux car il s'est privé de la beauté divine répandue sur l'icône divine du Démiurge et Créateur, que le divin artiste y a tracée et que la foi a révélée. L'oeil de l'infidèle ne trouve rien d'autre à voir dans la création que la nature créée. La brillante icône du divin démiurge, son admirable beauté, lui demeure cachée et introuvable. Son regard s'égare sans but dans le chaos d ela création, et nulle part il ne trouve la beauté de la sagesse divine, nulle part il n'admire la toute puissance divine, nulle part il ne découvre la divine bonté à l'oeuvre, non plus que la divine Providence, la justice et l'amour du Créateur pour sa création. Son esprit est incapable de s'élever au-dessus du monde visible, ni d'atteindre au-delà des bornes du sensible. Son coeur demeure insensible à la vue de l'image et de la figure de la sagesse et de la puissance divines. Nul sentiment d'adoration ne se développe en lui. Ses lèvres sont fermées à la louange, sa bouche demeure close et muette, sa langue demeure liée. Sa poitrine n'émet nulle voix pour chanter des hymnes doxologiques à la gloire de Dieu, le louanger et lui rendre grâces. La joie répandue partout dans le monde fait défaut au coeur de l'infidèle, pour ce que Dieu est absent de ce coeur. Ce vide a été rempli par le chagrin, le découragement, l'angoisse et l'affliction. Il vit abattu, morose et de mauvaise humeur, et l'acédie et la dépression ont pris possession de son esprit. Il s'égare dans la nuit sans lune de sa vie vagabonde, et nul rayon de lumière n'éclaire ses voies tortueuses. Il n'a nul guide, ni personne pour diriger ses pas. Seul dans le stade de la vie, il parcourt l'existence sans pouvoir s'attendre à rien de mieux qeu cela. Il marche au milieu depièges nombreux, et il n'est personne pour l'en délivrer. Il y tombe et succombe sous leur poids. Et dans ses afflictions, il n'est personne pour le soulager. La paix d el'âme, la sérénité du coeur ont été mises en fuite par l'incroyance. La douleur et le deuil ont inondé le tréfonds de son coeur. La jouissance que le fidèle trouve dans l'accomplissement de l'oeuvre des divins commandements, et le bonheur d'une vie morale lui sont des sentiments inconnus. L'allégresse que procure au fidèle la religion ne s'est jamais épanchée dans son coeur. La persuasion que la divine Providence existe et secourt, persuasion qui prend sa source dans la foi, et fait cesser les soucis de la vie, lui est une puissance inconnue et incompréhensible. La joie d'amour et le contentement issu du fait de commettre des bienfaits sont des mystères dont l'infidèle est exclu. L'infidèle ayant posé la matière pour son seul principe, il a limité le vrai bonheur de l'homme au cercle très étroit des jouissances éphémères, et il ne se soucie que de leur accomplissement, et c'est là sa seule préoccupation et l'objet de toute son agitation. Les charmes de la vertu lui sont totalement étrangers. L'infidèle n'a point goûté au bonheur de la Grâce qui découle de la vertu. L'infidèle ignore quelle est la source du véritable bonheur et il court vers les fontaines de l'amertume. Ses plaisirs l'ont blasé, le blasement a provoqué en lui le dégoût, le dégoût l'ennui, l'ennui l'affliction, l'affliction la souffrance, la souffrance le désespoir. Pour lui tous les charmes sont morts, ils sont sans grâce. Pour ce que toutes les jouissances du monde, étant passagères, sont incapables de fournir à l'infidèle le bonheur. Le coeur de l'homme ayant été façonné pour qu'il s'emplisse du bien suprême, ce n'est que dans sa jouissance qu'il tressaille d'allégresse et se réjouit, car en son coeur se trouve Dieu. Mais du coeur de l'infidèle Dieu s'en est allé. Son coeur ressent des désirs infinis, parce qu'il a été façonné par son divin Plasmateur pour contenir l'infini. Le coeur de l'infidèle qui n'est pas empli par l'infini gémit sans cesse, demeure toujours en quête et désirant, mais jamais il n'est comblé. Pour ce que les jouissances du monde sont sans force et ne peuvent à ce titre emplir le vide du coeur. Les plaisirs et les charmes du monde s'enfuient, en ne laissant, tel un résidu, qu'une amertume au coeur. Les vaines gloires ont pour consoeurs les afflictions. L'infidèle ignorait que le bonheur de l'homme ne se trouve pas dans la jouissance des biens terrestres, mais dans l'amour de Dieu, bien suprême et éternel. De là aussi le malheur de ceux qui ignorent Dieu. Celui qui renie Dieu renie le bonheur et la béatitude éternelle. Malheureux! Il lutte pour mener le trèsdouloureux combat de la vie et, sans espoir, plein de frayeurs, il marche vers le terme de sa vie, vers la tombe qui déjà s'ouvre devant lui. Le drame magnifique qui se déroule devant ses yeux, celui qui se joue sur la scène du monde, que dirige la divine sagesse, et où la grâce et la puissance divines jouent les premiers rôles, tandis que l'harmonie et la divine bonté prennent part à l'action, tout ce spectacle donc échappe complètement à sa compréhension. Tandis que s'écoule aux pieds du fidèle le doux ruisseau de la joie et du bonheur, l'infidèle, lui, tel Tantale condamné au supplice, est dans l'incapacité de rafraîchir sa langue déssechée par l'incroyance, et il ne peut étancher sa soif brûlante, parce que l'eau qui s'écoule de la source de la foi, rafraîchissante comme une rosée, s'échappe en glissant de ses lèvres. Malheureux esclave d'un dur tyran! Comment le bonheur t'a-t-il été dérobé? Comment le trésor t'a-t-il été arraché? Tu as fait périr ta foi, tu as renié ton Dieu, tu as renié sa révélation, et tu as rejeté le trésor abondant de la divine Grâce. Comme ta vie est malheureuse! Elle n'est qu'une série de tourments, parce que ce qui est réjouissant a perdu à ses yeux son caractère réjouissant, et que la nature qui l'entoure lui paraît inféconde et stérile, ne lui prodiguant nulle gaieté, ni ne lui enfantant nul sentiment de bonheur. Rien dans la création ne lui sourit. Un vêtement de deuil a recouvert la grâce de la nature, qui n'offre plus aucun charme. Sa vie lui est devenue un poids impossible à porter, sa durée lui apparaît comme un malheur insoutenable. Voici que le désespoir paraît devant lui comme un bourreau, et qu'une torture implacable torture le pauvre homme plein de terreurs. Son courage l'a déjà abandonné, sa résistance s'est affaiblie, ses forces morales ont été détruites par son incroyance, il se comporte comme un être aliéné par l'incroyance et il se livre enchaîné aux liens effrayants du désespoir, lequel étant sans pitié ni compassion, coupe violemment et avec dureté le fil de sa malheureuse vie, et le lance dans l'abîme de la perdition, au fond du noir Tartare, d'où il ne pourra sortir que lorsque l'appellera la voix de son divin démiurge, qu'il a renié, pour lui demander raison de son incroyance, à cause de quoi il encourra sa condamnation et sera jeté au feu éternel. § 11. - Figure et image de l'incroyance. L'incroyance est une folie de l'esprit. C'est une maladie terrible de l'âme, difficile à guérir. L'incroyance en tant que passion afflige terriblement celui qui est dominé par elle. Elle devient cause pour lui de nombreux malheurs, et elle est nuisible à celui qui en est atteint comme à son entourage. L'incroyance tout d'abord renie Dieu, elle renie le divin Démiurge dans sa création, elle renie sa divine Providence, sa sagesse et sa bonté, et pour tout dire, toutes ses particularités divines. Elle enseigne à ses sectateurs le mensonge, et elle développe des théories mensongères sur le commencement du monde et sur la création. Elle déclare, comme la Pythie sur son trépied, que la création est l'oeuvre du hasard, que sa conservation est un résultat produit sans cause, telle l'oeuvre de liens hasardeux, que sa belle harmonie est le résultat d'un développement et d'une évolution automatique et spontanée, que l'harmonie, la grâce et la beauté de la nature sont des résultats propres aux lois physiques. L'incroyance retire à Dieu, qu'elle a renié, ses divines particularités, et elle les confère d'abondance à la matière inerte et sans âme, à laquelle elle attribue la puissance démiurgique. Dans son absolue liberté, elle proclame la matière comme la seule cause de tout ce qui est causé, et elle la déifie, afin de pouvoir renier l'existence d'un Etre suprême, d'un Esprit démiurgique souverain, qui exerce sa Providence sur toutes choses. La matière, selon l'incroyance, est ce qui est véritablement, et l'esprit est ce qui n'est pas. L'esprit et l'âme sont pour elle des inventions égoïstes de l'homme issues de sa présomption. Elle renie la nature spirituelle de l'homme, et rabaisse la haute cîme sur laquelle la puissance et la Grâce du Démiurge ont placé l'homme, et le ravale au rang des bêtes insensées, dont elle prétend qu'il leur doit sa noble extraction, de par le développement de l'évolution, témoignant par là de la vérité des paroles du psalmiste qui dit que l'homme qui était en honneur est devenu sans intelligence, et s'est ravalé au rang des bêtes sans intelligence". L'incroyance retire de l'univers la foi, l'espérance et l'amour, ces fontaines vivifiantes du véritable bonheur de l'homme, elle rejette du monde la divine justice et renie la divine Providence et la divine intelligence des choses. L'incroyance acceptant des lois pour la nature renie le Législateur, créateur de ces lois. L'incroyance promettant de conduire l'homme au bonheur, ne lui prodigue qu'un bonheur illusoire, l'abandonne seul comme au désert au milieu de la terre, dans la vallée des pleurs et des gémissements, privé de tous les biens célestes, privé de la consolation venue des hauteurs, privé de la force morale, privé de la force des vertus morales et dénué des seules ressources nécessaires sur la terre, la foi, l'espérance et l'amour. L'incroyance a condamné le malheureux homme à la ruine et à la perdition, et l'a laissé en proie aux malheurs de la vie. L'incroyance comme une Erinye implacable tourmente celui qui est devenu son esclave et le suit, le poursuivant sur la voie triste et pénible de sa vie. L'incroyance lui ayant enlevé l'amour l'a privé de l'amour des hommes, et l'a éloigné de ses parents, de ses proches et de ses amis. L'incroyance lui a ôté l'espérance d'un avenir meilleur et lui a inspiré le désespoir. Effroyable est l'incroyance, elle qui est bien la pire de toutes les passions humaines! § 12. - Figure et image de celui qui connaît Dieu et qui fait sa volonté. Connaître et accomplir les devoirs envers Dieu est la première vertu. Celui qui possède cette vertu confesse un Dieu créateur, démiurge et Plasmateur du monde entier. Il sent qu'il a été façonné pour cela et que c'est dans ce dessein qu'il a été fait homme doué d'intellect et de libre-arbitre. Une voix intérieure l'incite à la louange et à la doxologie du divin. Il sent son âme attirée vers le divin et un sentiment d'amour pour lui se développe dans son coeur. Son esprit instinctivement se porte vers lui et il goûte le charme d'examiner ses oeuvres admirables. Une voix secrète retentissant aux oreilles de son âme lui dit qu'il a été créé, qu'il a reçu l'être du non-être, dans le dessein et dans le but d'acquérir la connaissance de Dieu, la ressemblance avec le divin, de le louer et de lui rendre grâces. Il sent qu'il se détourne de sa plus haute destination s'il néglige les plus hautes devoirs qui lui incombent envers Dieu et que, ce faisant, il se détourne de la voie du vrai et du juste qui lui a été tracée. Il a conscience qu'il doit égaler sa volonté propre à la volonté divine, parce que dans cette adéquation il se sent moralement libre, au-dessus de sa nature d'esclave. Il considère que négliger les devoirs qui lui incombent envers Dieu sont une ingratitude envers le Dieu bon qui le remplit de grâces et le comble de dons. Celui qui connaît Dieu de l'homme, de par le bon vouloir de Dieu, et dont témoigne l'histoire, qui les atteste. Et il glorifie et remercie Dieu. Celui qui connaît Dieu confesse en toutes choses la révélation venue annoncer le salut du monde par le Fils de Dieu. Il confesse que par cette advenue du Fils de Dieu parmi les hommes le Saint Esprit a habité dans le monde, que par le Fils de Dieu l'homme a été délivré et affranchi de la tyrannie du Diable, que par le Fils de Dieu l'homme est lui-même devenu fils de Dieu, et que par l'entremise du Fils de Dieu il est en paix avec Dieu et qu'il est devenu héritier des biens célestes. Il confesse que celui qui fait fi de cette foi et de cette confession est privé de la divine gRâce, qu'il est esclave de la tyrannie du Malin démon, et qu'il est exclu du salut. Celui qui connaît Dieu regarde comme son devoir de magnifier Dieu et de lui chanter des hymnes divines. Il chante la sagesse de Dieu répandue sur toutes choses et sur toutes les créatures, il chante son intelligence et sa panconnaissance de toutes choses, sa providence et sa bonté, sa sainteté et sa justice, et il le remercie et lui rend grâces en le chantant et en chantant son divin amour, qui l'attire à lui et qui le met en communion avec cette source d'amour éternel. Celui qui omet cette confession renonce à son devoir qui commande la reconnaissance envers le divin. Et il se voit condamné comme une âme ingrate. Celui qui ne bénit pas Dieu chaque jour renie les divers bienfaits du divin envers lui, dont Dieu le gratifie sans cesse. Celui qui est reconnaissant envers Dieu accomplit ses devoirs religieux, garde la loi divine, croit inébranlablement, et espère en Dieu sans l'ombre d'une hésitation. Et il aime de toute son âme, de tout son coeur et de tout son esprit Dieu et son prochain. Celui qui remplit ses devoirs envers Dieu l'adore et lui offre en sacrifice son coeur de par une adoration véritable et spirituelle. Il cherche à devenir à l'image de Dieu, il cherche la perfection, et il cherche à se purifier pour être pur de toute souillure qui souille le coeur et l'esprit. Celui qui remplit ses devoirs envers Dieu cherche à faire que la paix de Dieu règne sur la terre : il lutte pour qu'advienne l'apocatastase du royaume de Dieu sur terre comme au Ciel, et pour que Dieu soit loué, chanté et glorifié sur terre et qu'advienne sa volonté. Le devoir à accomplir envers Dieu par celui qui connaît Dieu dans ses attributs divins incite son coeur à la confession de foi et à épancher son amour pour lui. Ses lèvres et sa langue chantent ses grandeurs, glorifient ses infinis attributs, et magnifient l'éclat et la grandeur de la nature divine. Celui qui connaît Dieu regarde comme son devoir, qui s'impose à lui, de ne pas vivre pour lui mais pour Dieu. § 13. - Figure et image de celui qui ne connaît pas Dieu et ne fait pas sa volonté. Celui qui ne connaît pas Dieu est insensé et la lumière de la connaissance n'a pas brillé sur lui. La sagesse et la puissance éternelles de Dieu, sa divinité et sa bonté répandues sur toute la création et révélées dans ses créatures à ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, ne sont invisibles, insensibles et indiscernables à celui seul qui ne connaît pas Dieu. Celui-ci renie la sagesse de Dieu qui a orné tout l'univers et fait fi du pouvoir de sa toute-puissance. Il renie les divins attibuts qui révèlent le divin Démiurge dans les oeuvres de sa création, et il considère leur apparition comme le résultat de lois de la nature privée d'esprit. Prétendant être sage il est fou et il est vain dans ses pensées; son coeur privé d'intelligence s'est enténébré. Il a changé la gloire du Dieu incorruptible pour la ressemblance avec l'image de l'homme corruptible et il a adoré la crature au lieu du créateur. Et comme il n'a pas jugé bon d'avoir Dieu dans l'esprit, Dieu l'a livré à son esprit réprouvé et inexpérimenté pour lui laisser faire ce qui ne convient pas. Celui qui ne connaît pas Dieu est empli de toute injustice, de tout esprit malin, de toute méchanceté, de toute cupidité. Il est plein de haine, de désir de meurtre, de querelle, de fourberie, de disposition au mal. Il est murmurateur, médisant, en proie à la démesure, orgueilleux, fanfaron, inventeur de maux et faiseur d'histoires, irrespectueux envers ses parents, sans intelligence, fruste, incapable de tendresse, implacable et sans compassion. Son âme est grossière, insensible, et inconsciente. Il ne possède rien de bon dans l'âme. Son esprit est entièrement tourné vers la matière et elle est à elle-même l'image de sa propre adoration. Etant homme voué à l'honneur, il a manqué d'intelligence, s'est ravalé au rang des bêtes insensées et s'est mis à leur ressembler. Sa volonté propre est la loi qui le gouverne. Il renie toute autre loi que celles qui lui permettent de satisfaire ses élans et ses désirs. Celui qui ne connaît pas Dieu est le plus malheureux des hommes. Il vit malheureux et, sans espérance, se hâte vers sa mort. La tombe est son épouvantail éternel. § 14. - Figure et image de celui qui s'enrichit en Dieu. L'image de celui qui s'enrichit en Dieu offre à le regarder un plaisir empli de grâce, pour ce qu'il a été peint par le pinceau de la divine Grâce. Les vertus qui affluent et concourent en lui ont de magnifiques traits artistiques esquissé sur lui leur beauté. Combien en vérité est belle l'image de celui qui s'enrichit en Dieu! Celui qui la regarde ressent un charme secret qui ravit son âme et l'attire vers lui comme vers une icône. Sa grâce rend l'âme prisonnière.. Sa grandeur impose le respect de la piété. Celui qui s'enrichit en Dieu s'est environné de la beauté incorruptible et immuable, et sa beauté demeure toujours jeune dans l'éternité. Celui-ci, lorsqu'il parle, charme et captive, lorsqu'il se tait, enseigne, lorsqu'il conseille, persuade, lorsqu'il blâme, refresse, lorsqu'il enseigne, est écouté, et il se trouve être respecté et vénéré de tous. Celui qui s'enrichit en Dieu devient la lampe de l'Evangile, qui éclaire ceux qui se réjouissent dans sa lumière. S'ensuit le levain de la Grâce qui tend à pétrir toute farine qui se mêle à lui, salé du sel du Nouveau Testament qui à l'avenir va saler toute la terre. Celui qui s'enrichit en Dieu, se renonçant lui-même a suivi le Christ. Toujours, il porte sa croix, et il y a cloué ses passions et ses désirs. Son amour pour Dieu a dévoré son coeur; la loi de Dieu est devenue l'objet de la méditation de ce même coeur. Entièrement consacré à Dieu il l'adore de toute son âme, de tout son coeur, de toutes ses forces et de tout son esprit. La création du monde lui fournit d'incessants motifs de s'élancer pour chanter son divin créateur. En cette création il trouve l'image de son divin démiurge façonnée d'un doigt divin. En elle il découvre la divine sagesse à l'oeuvre, la divine puissance qui soutient toutes choses, la divine Providence qui régit tout, la divine bonté répandue partout, la divine justice qui conserve tout, le divin esprit qui inspecte tout et veille à toutes choses. Celui qui s'enrichit en Dieu trouve Dieu partout. Son esprit comme une aile creuse sous l'effet de la Grâce comme s'élevant sous une brise légère s'élève vers les hauteurs et se hâte de monter vers Dieu son Créateur et son Plasmateur. Son coeur est devenu un Paradis, dans lequel a germé l'arbre de la vie. En ce coeur fleurissent et se renouvellent comme en un printemps perpétuel toutes les fleurs des grâces. L'amour de Dieu et du prochain qui a empli ce coeur, s'écoulant comme une eau vivante, s'y épanche et se manifeste sous les formes variées du bienfait et de la bonté. Celui qui s'enrichit en Dieu ne vit plus pour lui-même, mais il vit pour son prochain. Son souci est le bien de son prochain, et le soin qu'il prend des autres lui est une joie. Libéré des passions, il veut toujours le bien, ce qui est agréable à Dieu et ce qui est parfait, et il s'empresse en hâte d'y oeuvrer. Jour et nuit son esprit médite la sagesse, son coeur chante et bénit Dieu. La noblesse de son âme se manifeste comme une douce grâce qui se répand sur son visage et témoigne d' un sentiment pur d'une étonnante délicatesse. Celui qui s'enrichit en Dieu parvient à une ressemblance divine et il est devenu une véritable image à la ressemblance de Dieu. Bienheureux cet homme, parce qu'il a connu sa mission et qu'il se comporte conformément à l'appel qu'il a reçu. Bienheureux cet homme, parce qu'il possède le trésor de la Grâce. Bienheureux cet homme, parce qu'il a reçu l' alliance et le gage de la gloire à venir. Bienheureux cet homme, parce que le Seigneur lui a préparé son héritage dans le Royaume des Cieux. § 12. - Figure et image de celui qui ne s'enrichit pas en Dieu, ce qui est dire figure et image du matérialiste. Le saint Evangile décrivant la parabole du riche insensé nous donne la figure et l'image du matérialiste. Celui-ci, s'étant livré entièrement à la matière, dit à sa propre âme : " Mon âme tu as beaucoup de biens, rassemblés pour beaucoup d'années, repose-toi, mange, bois, réjouis-toi." Voici l'image de l'homme matérialiste, le portrait du matérialiste. Il a bâti tout son bonheur sur les choses qui s'écoulent et qui changent perpétuellement, sur les biens matériels corruptibles, et il l'a placé dans la satisfaction des passions d el'âme et des désirs du corps. Entièrement voué à la matière, il est devenu oublieux de sa nature spirituelle, et il a perdu le souvenir du Dieu qui l'a créé, le Dieu démiurge créateur de toutes choses. Nulle part il ne le découvre, nulle part il ne voit sa présence, nulle part il ne trouve la beauté de sa divine image. L'harmonie du tout, qui dessine la sagesse et la toute puissance de Dieu, ne peut éveiller son esprit vautré dans la matière, ne peut ressusciter son esprit, ne peut élever son esprit enténébré et appesanti jusqu'à la sagesse et à la toute-puissance du démiurge divin. La beauté merveilleuse du monde, qui provoque l'admiration de l'homme spirituel, qui le conduit vers le créateur, artiste virtuose qui a façonné et orné cette sublime image de la création, ce chef d'oeuvre qui éveille dans le coeur de l'être illuminé des pensées et lui suscite des sentiments d'amour et d'adoration, ouvrant ses lèvres pour chanter et psalmodier à la gloire du divin artiste, tout cela n'éveille nul sentiment sacré dans le coeur du matérialiste. La Grâce répandue sur le tableau de la création, figurant la bonté de Celui qui l'a peinte, n'élève nullement son esprit vers son divin démiurge, cet esprit demeurant charmé de l'aspect matérialiste qu'il voit dans l'image. L'aspect spirituel de la création est quelque chose qui lui demeure étranger et incompréhensible, car il lui manque la grâce de l'esprit. Il est incapable de s'élever par l'esprit au-dessus des choses terrestres, parce qu'il se trouve rivé à la terre. Le matérialiste n'ayant nul souci du reste du monde a tracé le cercle de ses pensées autour de son propre ego et son seul objet d'étude est son propre ego. Tout son souci se limite à se faire plaisir et à s'idolâtrer soi-même. Il cherche à ce que tous concourent à s'occuper de lui. Pour le matérialiste il n'est personne d'autre au monde que lui. Son propore ego a tout absorbé. Personne n'est justifié à vivre indépendamment de lui. Tout ce qui peut exister doit dépendre de sa volonté propre. Le matérialiste est selon lui la seule nature privilégiée, la seule existence libre dans le monde justifiée à jouir seule de tout. Toute autre existence doit lui être soumise et est contrainte de lui être asservie. Le matérialiste, comme un tyran, juge qu'il est juste que tous s'acquittent de toutes ses exigences insensées, et qu'ils s'empressent de satisfaire à ses élans et à ses désirs. Tout refus de soumission à ses volontés et lui servir d'esclave est considéré comme un crime de lèse-majesté, et un péché mortel. Le sang de ceux qui refusent la soumission et de ses opposants peut couler à ses pieds pour leur châtiment. Rien ne l'émeut, rien n'éveille en lui les remords de la conscience. Ses actes, il les considère comme justes, et pense qu'il a droitement agi. Les sentiments nobles ont disparu de son coeur, parce que celui-ci s'est empli de passions sauvages. L'amour, l'amitié, ne demeurent chez lui que comme les servantes du plaisir. La religion, il la considéère comme insensée, la vertu lui est une folie, l'espérance en la vie future une chimère et le produit d'un esprit malade, les divins commandements de la loi, qui incitent à la piété divine et enseignent la morale, sont considérés comme un vieux radotage. Les convictions religieuses de la foi lui sont une superstition pleine d'égarement et des fantaisies d'esprit troublé par l'insanité. Toute la sagesse de ce monde a son siège dans son propre esprit, toute connaissance droite lui semble sortir de son esprit démoniaque. Tout ce qui provient de son esprit il le considère comme de la sagesse, tout ce qui s'oppose à lui, il le rejette comme étant folie. Voici en quelques traits le portrait du matérialiste, l'image de celui qui thésaurise pour lui-même, et qui ne s'enrichit pas en Dieu. Combien véritablement malheureux sont de tels hommes! Combien ils sont aux antipodes de la vérité! Combien ils sont égarés! Combien ils sont fous et aveugles! Tandis que la lumière inépuisable de la vérité se répand éclairant les confins de l'univers, lui seul demeure dans la ténèbre du mensonge et de la duperie. Combien la matière, qu'il a idolâtrée, lui a appesanti les yeux! Combien la ténèbre elle-même l'a enténébré! Quelle égarement ténébreux a saisi ses esprits! Un lourd voile de ténèbres lui recouvre la tête, sans qu'il s'en soit aperçu. Il considère qu'il ne se trompe jamais, et pourtant en toutes choses il pèche. Bien qu'il se croit éternel, cependant il entend tout d'un coup une voix effrayante, une voix de réprobation, une voix qui lui reproche sa folie. Celui qui se croit sage est condamné par Dieu comme insensé. "Insensé!" crie la voix. Quelle voix redoutable! "Insensé! Cette nuit-même ton âme te sera redemandée!" Quelle exigence terrible! Le juge dont il a renié l'existence l'appelle au milieu de la nuit, lui commande de paraître devant lui, et de lui rendre compte de ses actes. Combien tard il connaît sa folie! Il a passé sa vie en athée, sans Dieu, et s'en est toujours éloigné et voici qu'il doit déjà paraître davant Dieu, pour être accusé et condamné. Malheureux homme! § 16. - L'incroyant en société. L'homme, étant sociable, a des devoirs envers lui-même, envers ses parents, envers ses proches, envers ses amis, envers la société et envers l'humanité en général. Ces devoirs, en tant que moraux, sont imposés à l'homme par la loi morale. Mais celui qui n'a pas foi en Dieu ni envers la divine Révélation, ne reconnaît pas même non plus l'existence de la loi morale. La loi morale est une loi de liberté morale, elle est dépourvue de moyens de pression par la contrainte et par la violence. De là que nous demandons comment l'incroyant, celui qui exclut Dieu et la loi morale, reconnaîtrait les obligations qui découlent pour lui de la loi morale. Qui lui imposera de l'accomplir? Personne! Car rien ne peut être réputé moral sans la foi, et sans loi morale. Les plus nobles sentiments des plus nobles coeurs, les plus belles dispositions des meilleurs des hommes, découlent sur-le-champ de cette loi, lorsque survient l'heure de l'épreuve. Alors, en un clin d'oeil, tout est détruit, tout disparaît, et celui qui jusqu'ici, en apparence, vivait dans les vertus, se retrouve nu, dénué de toute vertu. Parce que toutes ces vertus étaient fondées, non pas sur le roc inébranlable d ela foi, mais sur le sable. Et voici que survient la pluie, qui a grossi en fleuves, voici que les vents ont soufflé, et que la maison est tombée, dont la chute est grande. Tel est le trésor des fausses vertus de l'incroyant. Qui peut désormais s'appuyer sur lui? Qu'est-ce que la société, qu'est-ce que le peuple peut recevoir de bon de lui quand il en est besoin et qu'il le faut? Car quel principe va lui dicter l'abnégation, le sacrifice de soi, ou quelque autre beau et noble sacrifice, pour l'amour de son peuple ou de l'humanité? D'une manière générale, il ne se trouvera alors nul principe pour se substituer à la loi morale. Parec que sans la foi, la seule préceptrice et maîtresse des actions véritablement grandes et nobles, sans la foi qui fortifie ceux qui oeuvrent à la grandeur, sans la foi qui restaure l'esprit abattu par les adversités qui pleuvent, sans la foi qui redonne le courage dans le stade des grandes luttes, sans la foi qui soutient les sentiments nobles et purs, les pensées hautes et nobles, qui réchauffe le coeur pour insuffler le noble amour de la patrie, qui dicte le parfait dévouement à son devoir, qui donne l'amour brûlant du prochain, qui l'étend à toute l'humanité, sans la foi donc, nul autre principe ne peut dicter cette troupe sacrée des grandes vertus, qui combattent le sentiment de la chair et font vaincre le sentiment de l'esprit. Non, nul autre principe si ce n'est celui de la foi. Pour ce qu'elle seule enseigne le fidèle, celui qui a la foi, afin qu'il sacrifie son âme pour la vertu. Aucun profit pour l'humanité ne provient du sentiment d'incroyance, rien de noble n'en résulte, nul bien ne s'en espère. Mais est-ce qu'est négatif le seul dommage causé par l'incroyance ? Est-ce que c'est pour le bien seul qu'il sied de condamner l'incroyance? Malheureusement non. Parce que l'incroyance s'accompagne d'une foule de dommages, d'une kyrielle de grands maux. La société, en laquelle habite l'incroyant, non seulement n'en attend rien de bon, mais encore elle court le pire des dangers; car qui imposera un mors à l'élan des passions d'un tel homme? Qui réprimera ses appétits désordonnés et déplacés? Qui préviendra les moyens illégitimes avec lesquels le mégalomane, le tyran, l'ami des plaisirs débridés, et tout le choeur de ceux qui sont asservis aux passions innombrables, voudront obtenir la satisfaction de leur désir? Combien de sacrifices, combien de sangs innocents versés devront-ils couler invisiblement pour la satisfacion d'une seule passion, pou l'accomplissement d'un seul désir? Combien de tributs du sang la société devra-t-elle verser à ces fléaux ravageurs et dévastateurs? Qui déjouera leurs machinations perverses et diaboliques? Qui liera leurs mains impures et criminelles? Qui pourra empêcher l'exécution de leurs desseins infernaux? Qui persuadera le fort de respecter le faible, le riche d'avoir pitié du pauvre, le bien portant de visiter le malade? Qui enseignera à respecter ce qui est juste, à se détourner de l'injustice, et que le complot, la ruse, la haine, la méchanceté et tout l'essaim des maux effrayants sont des péchés mortels? Personne, absolument personne. Pour l'incroyant tout est licite et légitime. Parce qu'il n'existe pas pour lui de loi morale, il n'y a pas d'interdiction éthique. Rien pour lui n'a de caractère moral, ni ce qui est bon selon la loi, ni ce qui est mal. Parce que la loi lui échappe, et qu'il se trouve en dehors de tout interdit, il commet les cates les plus effroyables. Ces principes infernaux, ces actes effrayants commis par ce caractère immoral, font de lui un monstre. Les élans impulsifs et toutes les passions en général se développent en lui sans limites, son coeur devient un gouffre contenant toute passion, son esprit est l'organe qui les centralise. Entièrement adonné à leur satisfaction, il est entraîné dans les bas-fonds de la perdition et par le courant des passions, comme un bâton dans le tourbillon du fleuve. Voyant cette faiblesse morale, les phrénologues ont écrit des traités sur l'homme qui n'est pas moralement libre, et ils ont attribué sa faiblesse morale au fait qu'il se laissait entraîner à toute passion psychique, à tout élan physique. Ils en sont même arrivés au point de considérer comme irresponsables ceux qui faisaient le mal et étaient inculpés, comme s'ils agissaient contrairement à leur volonté, et comme s'ils obéissaient à une force les dépassant et les poussant au crime. En vérité, un tel homme n'est pas libre, parce qu'il agit véritablement contre sa volonté propre, et qu'il est devenu ainsi parce qu'il ne s'est pas soucié d'être libre, et qu'il n'a pas recherché sa liberté morale, mais qu'il s'est livré entièrement à ses passions. A l'encontre des déclarations et des théories des phrénologues se trouve témoigner la vie de l'homme pieux et fidèle, qui est bien loin de se trouver être un bâton entraîné par le tourbillon du fleuve. Si les phrénologues ont étudié la faiblesse morale humaine dans les asiles, dans les cours d'assises, et dans les classes des grands hommes politiques, mais non chez les grands hommes pieux et fidèles, ils auraient bien fait d'étudier aussi la force morale visible chez les grands hommes de l'Eglise, que l'Eglise a d'une seule voix proclamés grands lutteurs de la vertu, saints et bienheureux, eux qui par le fait ont montré la liberté morale de l'homme, issue de la volonté, et la liberté du jugement. De la sorte les aliénistes hésiteraient à proclamer, comme du haut d'un trépied de Sybille de Delphes, que ces malades pervers n'ont pas de liberté morale, tandis que les saints seraient moralement libres. Mais il est vrai que l'incroyant n'a pas de libre volonté, parce que celle-ci a déjà été asservie aux passions et ux désirs, et s'est identifiée à la volonté de la chair. En sorte qu'on ne peut plus désormais discerner entre la libré volonté et le désir. Un tel homme en est arrivé à l'endurcissement complet du coeur, sans nul remords. La libre volonté, pour apparaître, a besoin d'une loi morale et d'une liberté morale, mais l'infidèle, ayant renié leur autorité et leur existence a renié aussi la libre volonté et il n'est pas libre, car il est entraîné comme un bâton dans le tourbillon d'un fleuve, et il est rejeté sur le rivage des passions où il est noyé. De là que nous demandons quel bien la société peut attendre d'un tel être, la cité, et, par manière générale, l'humanité. Aucun, absolument aucun! Un homme ne peut simplement supporter les autres, que si lui-même participe en bonne part à la société, car alors il peut apparaître comme un homme bon et estimable; mais s'il s'oppose à ce genre de vie, si les faits le jettent dans le malheur, et que les évènements le plongent dans une terible adversité, qui alors retiendra sa main, afin qu'il ne verse pas le sang innocent? Personne. Parce que, selon l'auteur du livre des Proverbes, " quand l'impie parvient au fond des maux, le déshonneur et la honte s'abattent sur lui" (Prov. 18, 3). § 17. - Figure et image de l'homme spirituel. Spirituel est l'homme parfait selon la vertu, qui a dépassé les lois de la nature et qui ne pense rien humainement, mais tout divinement. Spirituel est l'homme conduit par le Saint Esprit et qui ne vit plus lui-même tandis que le Christ vit en lui, qu'il possède en lui. Spirituel est l'homme qui a reçu l'éclat du Saint Esprit et dont l'esprit est illuminé par Lui. Spirituel a proclamé Paul sont ceux en lesquels inhabite le Saint Esprit, qui sont ornés par les charismes spirituels, et qui se sont élevés au-dessus de la nature et dont les pensées sont au-dessus de ce que pourrait dire toute parole. Le spirituel juge de tout, mais lui-même n'est jugé par personne. Le spirituel sait tout, parce qu'il possède l'esprit du Christ. Il connaît l'ici, qui est éphémère. Et il connaît le là-bas, qui est immuable et immortel. Il connaît ses actes, et sait qu'ils lui obtiendront le salut. Et il connaît ceux des infidèles, et ssait qu'ils leur vaudront la damnation. Le spirituel a connaissance de la vérité, parce qu'ayant reçu de Dieu l'esprit de connaissance pour pouvoir être utile à ceux qui viennent à lui, il est utile aux uns qui suivent son exemple, aux autres qu'il incite à devenir semblables à lui, et aux autres enfin qu'il instruit et à qui il donne ses injonctions. Le spirituel d'abord connaît lui-même les choses spirituelles, puis, secondement, il les pratique précisément, et troisièmement il peut transmettre divinement les choses divines cachées aux profanes. Le spirituel a une grande assurance devant Dieu et il reçoit de Dieu ce qu'il lui demande. Le spirituel est devenu un être à la ressemblance de Dieu. § 18. - Du parjure. Parjure! Mot exprimant l'impiété; mot manifestant l'absence de respect envers Dieu; mot exprimant la transgression d'un serment; mot figurant une corruption morale; mot manifestant la ruse et la tromperie; mot faisant apparaître l'impudence; mot témoignant le reniement de devoirs sacrés; mot manifestant une âme mauvaise, un coeur dur et un esprit corrompu. Le parjure est impie, parce qu'ayant invoqué le nom divin et la divine justice pour attester de la vérité de ses dires et de leur foi, il a transgressé son serment, ne songeant plus à la piété qu'il doit au divin et à la divine justice qu'il a invoquée. Le parjure est impie, parce qu'il porte sur ses lèvres le divin nom, afin de cacher ses mauvais desseins et de mener à bien l'abominable désir de son coeur. Le parjure est infidèle, parce qu'en reniant son serment, il renie l'existence de Dieu et d ela justice divine; parce que nul fidèle n'ose provoquer la colère du divin ni mépriser le divin châtiment dont il est menacé. Le parjure est mralement corrompu, car nul être sain moralement n'ose renier un serment dans lequel il a pris Dieu à témoin et pour justicier, ni n'ose renier sa parole d'honneur. Le parjure est fourbe et rusé, parce qu'il se joue des choses divines comme des choses humaines pour tromper ceux qui auront cru en lui. Le parjure est éhonté, parce qu'il n'a pas honte de mentir devant Dieu et devant les hommes. Le parjure méprise ses devoirs sacrés, parce qu'il renie l'obligation de les observer. le parjure est diabolique, parce qu'il fait commerce de la divine piété des fidèles, pour les voler. Le parjure a un coeur endurci, parce qu'il demeure insensible devant son effrayante chute morale. Le parjure a l'esprit corrompu, car ses idées sont tortueuses et que ses horribles pensées sont diaboliques. Dieu hait le parjure, parce qu'il est tombé dans une grande impiété. De sa maison il ne restera pas pierre sur pierre, comme le dit Sirach, le sage Siracide. Des parjures Dieu dit, par la bouche de Zacharie le prophète : " Le Seigneur m'a dit : Que vois-tu? Et j'ai répondu : Je vois une faux, d'une longueur de vingt coudées et d'une largeur de dix coudées. Et Il me dit : Cette coudée entrera dans la maison de celui qui jure mensongèrement en mon nom, et elle le détruira et le fera périr". Voici que la justice divine attend les parjures. Le parjure marche à sa perte, il y entraîne aussi sa maison, et ses enfants participeront aussi à ses malheurs terribles. Les anciens Grecs disaient : " Que celui qui a parjuré Dieu ne croit pas lui échapper" (Ménandre). Et encore : " Si quelqu'un a parjuré les dieux, qu'il ne croit pas agir à leur insu et pouvoir échapper à leur châtiment, ou si du moins lui y échappe, toute sa race tombear dans de grands malheurs à cause de leur ancêtre parjure" (Lycurgue, Contre Léocrate). Notre divin Père Chrysostome dit de celui qui fait un serment et qui se parjure qu'un tel homme, bien que vivant, est mort : " Une épée ne blesse pas autant que la transgression d'un serment. Ni le couteau ne tue autant que la plaie d'un serment de parjure. Le parjure, même s'il croit vivre, est déjà mort; il a reçu une plaie mortelle comme celui qui prend une dague, et avant de pouvoir sortir de la ville il est mort au moment même où il sort par la porte du tribunal. Ainsi celui qui a juré puis menti, et s'est parjuré, meurt si même il vit." Le sage Salomon dit : " Ceux qui ont juré injustement par ruse ont méprisé la sainteté". Malheur et trois fois malheur aux parjures! Comment voudrions-nous que les parjures supportent le Jugement au Jour redoutable du divin Tribunal de Dieu? § 19. - Etude sur le blasphème Blasphème! Mot effrayant, mot qui fait fuir, mot qui provoque l'effroi, mot qui manifeste une révolte contre le divin! Le blasphème est une expression de haine contre Dieu. Le blasphème est l'excédent d'un coeur souillé, empli de méchanceté et de vilainie, et l'impression du caractère d'une âme diabolique. Le blasphème se fait sous la dictée d'une âme démoniaque qui se révolte contre Dieu. C'est l'image d'une âme entraînée par le malin démon; c'est le symbole des démons révoltés contre Dieu; c'est la voix qui crie d'entre les profondeurs de l'impiété; c'est l'écho du Tartare! Le blasphémateur s'indigne contre le divin, et fait surgir de son coeur diabolique des blasphèmes pleins de bile noire et d'amertume! Il s'indigne contre son divin démiurge et l'outrage, Lui qui l'a amené du non-être à l'être! Il s'indigne et outrage Celui qui l'a gardé sous la protection de sa grâce, afin que son existence ne périsse pas! Il blasphème le donateur de biens qui a comblé ses désirs et l'a comblé de biens! Il blasphème celui qui l'a couronné de sa pitié et de compassion miséricordieuse. Il outrage le Dieu bon et ami de l'homme qui malgré sa méchanceté lui a conféré de riches dons. Il outrage celui qui remplit tout d'intégrité. Il outrage celui qui tient le tout dans sa paume et dans son bon vouloir. Il outrage celui devant qui toute la création, visible et invisible, tremble. Il outrage celui que les armées des anges louangent; Il outrage celui que toute la création chante, s'asservissant à sa volonté. Le blasphémateur est révolté contre Dieu et ennemi de Dieu. Il s'est éloigné de Dieu et Dieu s'est éloigné de lui; Le blasphémateur s'est soumis au diable et à ses anges; parce qu'il a aimé les oeuvres du diable et qu'il est devenu l'un de ses soldats. Le blasphémateur lutte avec le démon contre le royaume de Dieu. Le blasphémateur est parjure, parce qu'il a renié la confession de son baptême, où il avait promis devant Dieu qu'il lui serait soumis. Le blasphémateur a renié le Christ! Le blasphémateur, en tant que membre de la société est dangereux, parce qu'il ne craint pas Dieu. Or tous les maux découlent du manque de la crainte de Dieu. Le blasphémateur peut transgresser la loi morale et politique sans scrupule, quand il peut échapper aux regards. Parce qu'il n'a pas la crainte de Dieu. Le blasphémateur est dangereux pour la société, parce que son coeur s'est durci. Son coeur dur a étouffé le sentiment de sa conscience. Or celui qui a tué sa conscience est tout-à-fait capable de tout mal. Il faut que la société chasse de son sein les blasphémateurs dans son propre intérêt. Parce que ce sont des membres pourris qui menacent de souiller jusqu'à l'air qu'on respire. Il faut que la société chasse les blasphémateurs pour ne pas irriter Dieu en les supportant, et pour ne pas attirer sur elle les foudres de la colère divine. Il faut que la société cesse de supporter les blasphémateurs, pour que ses oreilles ne soient pas souillées. Il faut que le blasphémateur soit chassé, parce qu'il n'est d'aucune utilité. Le blasphémateur ne fournit aucune garantie qu'il accomplira son devoir, parce qu'il est privé de force morale et de courage éthique pour pouvoir demeurer dans l'accomplissement de son devoir; parce qu'il a renié son devoir envers Dieu, il a renié l'autorité de la loi divine et l'a abandonnée, et a outragé tant la loi que le législateur. Qui peut fournir une garantie à son sujet et à celui de son caractère moral? Qui peut fonder des espoirs sur lui? Qui peut avoir confiance en lui? Comment celui qui a avili les choses divines honorerait-il les choses humaines? Comment remplirait-il son devoir envers la société celui qui a renoncé au plus haut de ses devoirs? Le blasphémateur est privé de vertu. Parce que la vertu est, comme le dit Platon, une noblesse de caractère et une bonne conduite de l'âme en paroles et en actes. Or il est évident que le blasphémateur est privé des deux , tant des bonnes paroles que des actes bons. Le blasphémateur est donc privé de toute vertu. Un tel homme, comment peut-il être considéré comme apte à quelque chose? Il ne l'est à rien! Comment, par exemple, le blasphémateur peut-il posséder la vertu du soldat, étant privé de force morale, de courage éthique, c'est-à-dire de vertus enfantée par la seule familiarité avec le divin? Comment pourrait-il acquérir une vertu sans une bonne conduite de l'âme, et sans noblesse, c'est-à-dire sans le saint revêtement de la perfection dans la vertu? Parce que la noblesse de moeurs est une perfection de la vertu. Assurément le blasphémateur n'a pas la vertu du soldat, parce que celui qui ne possède aucune vertu ne possède pas non plus la vertu du soldat. Un soldat blasphémateur est une muraille décrépite et prête à s'écrouler, ne pouvant pas supporter l'assaut ni l'attaque. - Xénophon dit que la première vertu du soldat et de tout citoyen est la piété envers Dieu (in Helléniques III, IV 18) - . Comment le blasphémateur peut-il devenir un vénérable professionnel, un vénérable serviteur, un vénérable serviteur, s'il n'est pas en honneur devant Dieu? Comment peut-il être un ami honnête, s'il est ennemi de Dieu? Comment le blasphémateur peut-il être utile dans les échanges, s'il ne craint pas Dieu? Comment peut-il être un bon compagnon, s'il n'honore rien? Il faut que le blasphémateur soit repoussé comme dangereux. Le blasphémateur est un mauvais fils. Car celui qui est ingrat envers Dieu, comment peut-il être reconnaissant envers ses parents? Les parents doivent chasser de chez eux leurs fils blasphémateurs, afin que la colère de Dieu ne s'abatte pas sur leur maison. Le blasphémateur ne peut pas être un bon époux ni un bon père, parce que la colère de Dieu demeure avec lui. Fuyez les blasphémateurs! Des blasphémateurs Dieu ordonne dans le Lévitique (34, 16) qu'ils soient lapidés. Décision divine et juste; Parce que celui qui fait le mal envers Dieu est le plus malfaisant de tous les êtres. Celui qui fait le mal envers Dieu, comment épargnerait-il ses semblables? Notre Seigneur Jésus Christ nous enjoint de ne jamais proférer de nos lèvres une parole oiseuse, une parole vaine, à laquelle nous n'aurions pas songé, parce que ce serait un péché et que nous en serions responsables devant Dieu. Si donc nous sommes responsables d'une seule parole vaine, où le blasphémateur s'échappera-t-il? Au Ciel? Mais le Ciel est le trône de Dieu. Dans l'Hadès? Oui, dans le Tartare de l'Hadès! Parce que le Seigneur dit que celui qui blasphème contre son frère est coupable et voué à la géhenne de feu. Si donc celui qui blasphème contre son frère est si coupable, quel compte devra rendre celui qui blasphème Dieu? L'empereur Justinien dans son Code de justice ordonne de châtier les blasphémateurs. Les Saints Pères de l'Eglise considèrent que le blasphémateur est pire que le démon. Parce que le démon, entendant le nom qui est au-dessus de tout nom, le nom divin de Dieu, frissonne et tremble, tandis que le blasphémateur l'outrage sans crainte. Basile le Grand dit des blasphémateurs : " Celui qui pèche transgresse la loi, mais le blasphémateur est impie envers la divinité. Si donc le transgresseur de la loi est châtié selon la loi, combien plus le blasphémateur doit-il l'être, lui qui a outragé le législateur? " La Sainte Ecriture dit que la Samarie disparaîtra, parce qu'elle s'est opposée à son Dieu. Et la prophétie du prophète Osée s'est accomplie. Et dans les Proverbes il est dit : " L'ami d el'homme possède l'esprit de sagesse, et nul blasphème ne sortira de ses lèvres". Et notre Seigneur a proclamé expressément que "tout péché passera, mais que le blasphème contre Dieu ne passera pas, ni dnas ce siècle, ni dans le siècle à venir". Pour conclure, attirons l'attention des fidèles sur ces mots contre les blasphémateurs. Les chrétiens doivent s'éloigner de la communauté des blasphémateurs. Si tous agissent ainsi, peut-être les blasphémateurs, se voyant abandonnés de tous, se corrigeront-ils? Je le souhaite et prie pour cela! § 20. - De l'impiété. Figure et image de l'impie. La piété est l'action qui consiste à suivre Dieu. La piété est avec la foi droite une conduite de vie. La piété est la vie en Celui que l'on confesse véritablement comme le seul, l'Un, et le vrai Dieu. La piété est le fait d eplaire à Dieu par toutes les vertus. La piété est la connaissance de Dieu. La piété, le plus grand des biens, et la cime des préceptes divins. La piété est le sommet et le fondement des biens. La piété est la mère des vertus; elle est le commencement et la fin de toutes les vertus. La piété est le seul bien propre et qui demeure sûrement. La piété est la cause de tous les biens. Parce qu'elle attire la bienveillance divine. Elle retient loin la mort et donne l'abondance des biens. Le meilleur des principes est le Dieu de toutes choses, escorté de la piété et des vertus. La piété envers Dieu devient le principe de la conscience. La piété est la justice envers Dieu, la puissance de Dieu, l'estime droite de Dieu, la connaissance de l'honneur de Dieu. La piété est sagesse. Il faut en toutes choses songer à la piété, que l'on dit justement et droitement être la mère des vertus. La piété est un trésor inépuisable. L'homme est conduit par la vue et par la loi naturelle à la piété envers le divin. Les deux données - la vue et la loi naturelle - enseignent la connaissance du divin. Grégoire le Théologien dit que la vue et la loi naturelle enseignent à connaître Dieu, l'une se propsant à ceux qui voient et l'autre faisant réfléchir et ordonnant les choses vues. Les paroles du pieux seront toujours pleines de sagesse, et dans la bouche des pieux fleurira la louange. L'homme pieux demeure dans la sagesse pareil à un soleil. Le divin Paul dit à Timothée : " Entraîne-toi à la piété. En effet l'entraînement corporel n'est utile qu'à peu de chose, tandis que la piété est utile en tout, détenant la promesse de la vie présente et à venir". Le pieux vit selon Dieu, qu'il aime de toute son âme, de tout son coeur et de tout son esprit, et il l'adore d'âme et de coeur. Il vit selon les commandements de l'Evangile, il porte sa croix et suit le Christ. Il travaille et oeuvre à la vertu et fait devant Dieu ce qui est bon, ce qui lui est agréable et ce qui est parfait. Sa bouche dit la vérité et son coeur aime la justice. Son âme désire les séjours du Seigneur et les tentes du Dieu de Jacob. Et il se hâte vers sa sainte église. La méditation des divines Ecritures fait ses délices et son bonheur est de les comprendre. Le pieux conseille intelligemment et son conseil demeure; sa parole est juste et toutes ses oeuvres se meuvent dans la foi. Sa voie est droite et bien préparée. Etant pieux envers Dieu, il est aussi pieux envers les lois et envers leurs chefs, et fidèles aux principes. Il rend à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. En tant que chef il est le meilleur gouverneur, comme père il est un modèle de vertu pour ses enfants, comme citoyen il est utile à la société, et comme ami c'est un trésor inestimable. L'homme pieux est le type même du chrétien auquel l'Evangile a imprimé son sceau, destiné à devenir un modèle de vie morale et vertueuse, celui vers lequel les autres regardant modèlent leur propre vie morale. Telle est la piété et telles sont sa dignité et sa puissance. Il est nécessaire de poser la piété au fondement, sur lequel se peut édifier l'édifice de la vie vertueuse. Parce que de même que sans ces fermes fondements, aucun édifice solide ne peut être édifié, de même sans piété aucune vertu ne peut se mener à bien. Et de même que dans la piété toutes les vertus cohabitent, de même dans l'impiété loge tout mal. Comme la piété est connaissance et intelligence, de même l'impiété est ignorance et conduite insensée. § 21. - De l'impiété et de l'impie. L'impiété est le péché par excellence devant Dieu. Impiété, ignorance de Dieu, mort de l'âme. La cause de l'impiété est l'oubli de Dieu. L'impie ayant oublié que Dieu existe, Lui qui tient tout sous son regard, s'est persuadé que Dieu ne voit rien de tout ce qu'il fait, et il a glissé dans la transgression et l'iniquité. L'impiété est divisée contre elle-même. L'impiété est invention de maux qu'elle est très audacieuse à entreprendre. L'impiété est mère de tous les maux. L'impiété est ingrate et sans reconnaissance envers Dieu. L'impiété est le plus grand de tous les maux. L'impiété renie Dieu et ses bienfaits. L'impiété renie la Providence et méprise la justice divine. L'impie court derrière les désirs de son coeur et se détourne de la loi de Dieu. Ses lèvres profèrent le mensonge, et la ruse règne sur sa langue. Ses conseils sont pernicieux, et ses pensées sont tordues. Il pense que la piété est un gagne-pain, et s'il contrefait le pieux, ce n'est pas par vertu, mais par intérêt marchand. Il pense que l'intérêt précède la piété et il place la piété au même rang que l'intérêt. Là où est son intérêt, là il place la piété. Il enseigne ce qui ne convient pas, pour réaliser un gain honteux, et il fait profession d'une piété qui lui est dictée par l'appât du gain. L'impie est souillé et détestable. Dieu se détourne de lui. L'impie oeuvre à l'injustice, et ses voies sont tordues. Mais Dieu garde l'impie pour des jours mauvais. Dieu le châtiera au jour du Jugement à son redoutable Tribunal. Les entrailles des impies sont sans compassion aucune, et la malédiction du Seigneur s'abat sur la maison des impies. Les entrailles des impies sont infestées, l'espérance de l'impie est morte. Sa maison sera inhabitable, l'araignée fera sa demeure sous sa tente. La colère de Dieu du haut du Ciel s'abattra sur sa maison, et comme l'ouragan l'exterminera. L'impie tout le jour court après de mauvais désirs. Le feu et le ver sont le châtiment des impies. Le Seigneur moissonnera la vie des impies et le fruit des impies sera la ruine. L'impie commet des actes iniques, et les voies de l'impie mènent à la ruine. L'impie fuit, alors que nul ne le poursuit; Dieu n'aura pas de compassion pour l'âme de l'impie. L'impie, parvenant au fond des maux, sera méprisé. Les impies tomberont malades et Dieu les radiera de la face de la terre. Malheur à eux pour ce que la colère de Dieu s'abattra sur eux, ils seront pleins de déshonneur, la lumière de leur yeux s'éteindre. Il n'y aura pas de paix dans leur coeur. Quand ils croiront pouvoir dire : " Paix et sécurité! ", alors la catastrophe s'abattra sur eux. §§ 22. - De la crainte de Dieu. La crainte de Dieu est un sentiment saint et sacré remplissant le coeur de celui qui connaît Dieu dans ses attributs divins. La crainte divine se manifeste comme un immense amour pour Dieu, qui fait se dévouer pour Dieu, et adorer Dieu. Celui qui craint Dieu aime Dieu de tout son coeur, de toute sa force et de tout son esprit. Son coeur est collé à Lui, et il jure par son nom. Entièrement dévoué à lui, il lui offre son coeur, et c'est du fond de ce coeur qu'il l'adore. La loi de Dieu est devenue la loi de son vouloir et il veut le bon et ce qui est agréable à Dieu et parfait. Ses lèvres chantent incessamment le divin et son coeur célèbre Dieu. Il renvoie à Dieu une doxologie et une action de grâces incessante et son âme bénit Dieu. Celui qui craint Dieu est purifié en son âme, parce que la crainte du Seigneur est devenu pour lui le moyen de purifier son âme. La crainte du Seigneur a purifié son coeur et il a cloué sa chair, ayant soumis ses élans et les ayant asservis à la puissance de son esprit. La crainte de Dieu lui est devenue une maîtresse de sagesse et d'intelligence et elle lui a appris a connaître ce qui est vrai, ce qui est bon, ce qui est agréable à Dieu. La crainte du Seigneur lui est devenue une source de vie, et elle le fait échapper au piège de la mort. Le Seigneur affermit ceux qui le craignent, et ses Ecritures testamentaires se révèleront à eux. La crainte du Seigneur est pure, et elle demeure aux siècles des siècles. Le Seigneur place un ange auprès de ceux qui le craignent et il les délivre du mal. Celui qui craint Dieu a trouvé grâce auprès de Dieu, et le Seigneur écoute sa demande. Il fera la volonté de ceux qui le craignent et exaucera leur requête. Le Seigneur les sauvera. Comme un rayon de soleil entrant par la fenêtre éclaire tout dans la maison, si bien que l'on peut voir dans les moindres recoins ce qu'il y a de plus subtil à distinguer, de même aussi la crainte de Dieu entrant dans le coeur lui permet de distinguer tous ses péchés jusqu'au moindre. La crainte de Dieu, sainte et sacrée, est sans passions et rien de terrible ne peut la menacer. Grégoire le Théologien dit de la crainte de Dieu : " Là où est la crainte de Dieu, là est la garde des commandements. Là où est la garde des commandements, là est la purification en la chair du nuage qui s'est abattu sur l'âme, et qui ne permettait pas de voir clairement les rayons divins. Et là où est la purification, là est l'éclat de la lumière. Là où est cet éclat, là est l'accomplissement du désir des plus grandes choses pour ceux qui les désirent, ce qui est dire des trois hypostases, ou de ce qu'il y a de plus grand ( ce qui est dire de l'unique nature une des trois hypostases), ou de ce qui est au-dessus de toute grandeur ( ce qui est dire de la divinité qui est au-dessus de toute grandeur et de toute quantité." (Discours sur les Lumières). La crainte de Dieu emplit le coeur de joie et de bonheur spirituels. La crainte de Dieu est un don divin, parce qu'elle est l'un des sept charismes du Saint Esprit et qu'elle habite dans un coeur pur. La crainte de Dieu, pour ce qui est des liens avec le prochain, se manifeste comme amour du prochain, comme justice et comme amour de l'homme. La Sainte Ecriture appelle juste celui qui craint Dieu. Sirach, le Siracide, appelle la crainte de Dieu couronne de sagesse, faisant fleurir la paix et donnant santé et guérison de l'âme et du corps. Homme bienheureux que celui qui craint le Seigneur! CHAPITRE II. De l'espérance § 1. - Figure et image de l'espérance. Espérance, mot doux à entendre, plein de bonheur, empli de tous les biens! Combien admirable en vérité est ta puissance! Combien thaumaturgique - faiseuse de miracles - ton énergie! Tu es belle en vérité comme une fille du Ciel! Qui peut décrire ta beauté? Qui a la force de raconter tes bienfaits? Ta puissance est la colonne qui soutient les âmes affligées, et ton énergie apporte la force du royaume des biens à venir. C'est un don de Dieu inaliénable, parce que façonné avec l'âme de l'homme, pour le fortifier dans les épreuves de la vie et pour qu'il se montre lutteur invincible, plus haut que les évènements qui surviennent. Tu lui as été donnée pour hâter sa victoire et tu ornes sa tête de couronnes immortelles. Tu lui as été donnée de manière innée, pour le mener à la perfection, pour l'élever vers Dieu, et pour le sortir du chaos, dans lequel il tomberait sans toi. Tu lui as été donnée pour chef et pour gouverneur, pour diriger ses pas, sur la mer très agitée de la vie souvent recouverte de ténèbres obscures, balayée de toutes sortes de vents, menaçant le navigateur de vagues successives et continuelles, dont l'embarcation battue par la tempête est fort menacée de couler. Oh! Qu'y a-t-il de plus beau que l'espérance? Qu'y a-t-il de plus brillant, de plus saint, de plus précieux, de plus grand, de meilleur? En vérité, rien! Vois : Un malade étendu sur sa couche souffrant des maux incurables, et qui a été abandonné de tous. Seule l'espérancese tenant incessamment à son chevet assise peut le consoler. Elle fortifie et réconforte celui qui souffre terriblement, et elle le soulage et l'allège de ses maux terribles. L'espérance affermit les coeurs lâches, et les rend forts et courageux, pour qu'ils puissent affronter les malheurs. L'espérance en Dieu vivifie celui qui est déjà rompu de fatigue et il tonifie de forces nouvelles ses nerfs atones. L'espérance en Dieu chasse le noir, le ténébreux, l'effrayant désespoir, et il attire la compassion divine et le salut. L'espérance en Dieu sauve ceux qui sont tombés. L'espérance en la compassion de Dieu redresse ceux qui sont brisés. Elle délie les liens de ceux qui sont enchaînés. L'espérance illumine au firmament moral comme l'aurore aux doigts de rose, et elle éclaire les noirs jours enténébrés de l'âme et du coeur affligés. Elle verse son baume de consolation sur les blessures du coeur endeuillé. Elle prend soin des orphelins et elle prend soin de la veuve. L'espoir de la réparation soutient celui qui subit l'injustice et allège la peine de celui qui est opprimé. L'espérance fortifie les vieillards, afin qu'ils portent sans gémir le poids de la vieillesse. Elle donne courage aux vierges esseulées, en sorte qu'elle vivent dans la tempérance et la sagesse, elle inspire aussi courage aux jeunes gens pour qu'ils se révèlent des hommes bons. Elle essuie les larmes amères des yeux des malheureux. Pour celui qui marche vers la mort, l'espérance en la vie éternelle la rend sans douleur. Elle console dans son agonie celui qui est à toute extrémité, elle fortifie celui qui combat courageusement, elle réconforte le condamné à mort, elle soutient celui qui vit misérablement, et celui qui lutte pour la vertu, pour la vérité, pour le juste, pour le beau et le bon, elle le rend constant et invincible. L'espérance est le progrès, le développement et l'avancée. Si l'on enlevait l'espérance du monde, le monde disparaîtrait. L'espérance est la puissance qui génère tous les biens. L'espérance guide le sage et le savant dans leurs recherches, et il leur permet de se soumettre à des peines et à des combats sans nombre. L'espérance embarque les navigateurs sur des vaisseaux de bois, en sorte qu'ils traversent la mer noire et ténébreuse. L'espérance meut tout le monde pour oeuvrer à des entreprises de toutes sortes. L'espérance nourrit et vivifie. L'espérance régénère l'homme corrompu par le péché et révèle l'homme véritablement honnête et vertueux. Grande en vérité est l'espérance! Espérance, don divin! Parce qu'elle seule a pouvoir sur tout, embellit tout, mène tout à sa perfection, rend tout assuré, et fait tout avancer. Interrogeons l'humanité et celle-ci d'une seule bouche répondra que l'espérance en Dieu, promettant l'éternité, a sauvé l'humanité, en menant vers la vie bienheureuse qu'elle prolonge infiniment. Les martyrs de la foi, les héros de la liberté, de la connaissance, du bien, du bon, de l'utile, du juste et en général tous les grands hommes bienfaiteurs de l'humanité, ceux qui se sont sacrifiés en victimes saintes sur l'autel de la vertu, furent tous conduits, comme par un hiérophante et par un grand sacrificateur, par l'espérance en le Dieu vivant, éternel, et qui, à ceux qui sont en communion avec lui, octroie la vie éternelle. Bienheureux en vérité celui qui espère en le Seigneur! Le divin Chrysostome dit de l'espérance : " L'espérance est une ancre sûre, le fondement de notre vie, le guide sur la voie qui monte au Ciel, le salut des âmes qui périssent. Grande devant le Seigneur est la puissance de l'espérance; l'espérance est une place forte inexpugnable, une muraille indéfectible, une alliance invincible, un port tranquille, une citadelle imprenable, une arme victorieuse, une puissance imbrisable et une pourvoyeuse de subsides là où il n'y avait pas de subsides." Et ailleurs : " L'espérance en Dieu est une citadelle infrangible, ne fournissant pas seulement la solution pour nous délivrer de nos maux terribles, mais permettant même de nous exempter de ceux qui ne sont pas encore présents." Ô divine espérance, grande est la louange qui t'est due et grande est ta force! §2. Figure et image de celui qui espère en Dieu. Combien belle, combien pleine de charme, combien gracieuse, l'image de celui qui espère en Dieu qui sauve, en le Dieu de compassion, en le Dieu de pitié, en le Dieu bon et ami de l'homme. Bienheureux en vérité, l'homme qui espère dans le Seigneur! Le Seigneur est son secours et il ne craindra pas ce que peut lui faire l'homme. Il espère en le Seigneur et il vit honnêtement. Il place tout son espoir en Lui, et il Le confesse de tout son coeur. Il est la fierté de Dieu et Dieu est sa fierté. Il L'invoque de jour comme de nuit. Sa belle bouche renvoie sa louange au Seigneur, ses lèvres sont plus douces que le miel et que la cire d'un cierge, et il les ouvre pour chanter à Dieu la psalmodie divine. Sa langue pleine de grâce se meut pour chanter la gloire de Dieu. Son coeur est prêt à invoquer le Seigneur, son esprit est prêt à s'élever vers Lui. Son âme marche derrière Lui et se colle à Lui. Et sa droite le perçoit. Son âme sera louée dans le Seigneur. Il adresse ses demandes à Dieu et il reçoit de Lui ce qu'a demandé son coeur. Il demande et il obtient ce qu'il a demandé. Il frappe et les portes de la miséricorde s'ouvrent à lui. Celui qui espère dans le Seigneur se repose sur les eaux du repos. Et le Seigneur lui donne ses riches miséricordes. La droite du Seigneur dirige ses pas et le doigt du Seigneur le conduit dans ses voies. Celui qui espère dans le Seigneur ne manque pas son but. Son espérance est pleine d'immortalité. Le Seigneur est son attente et ce qu'il y a de plus désirable pour son coeur. Son coeur gémit tout le jour après lui. " Seigneur, ne tarde pas, éveille-toi, hâte-toi, viens et arrache mon âme à ses nécessités, sors mon âme de sa prison! Je me confesserai à toi, Seigneur, de tout mon coeur, je confesserai en ton nom les paroles qui sortiront de ma bouche". Celui qui espère en le Seigneur bénit le Très Haut qui le sauve et il sanctifie Son nom saint. Il espère voir la gloire du Seigneur. Il désire contempler la face du Seigneur et du milieu de son coeur il Lui crie : " Seigneur, quand viendras-tu? Et quand verrai-je Ta face?" Celui qui espère en le Seigneur invoque le Très Haut et Le supplie de le faire entrer dans Son sanctuaire pour contempler Ses miracles. Et le Seigneur entend la voix de sa supplique. Celui qui espère dans le Seigneur jouit d'une paix profonde, un calme paisible habite en son coeur, une totale absence de trouble règne en son âme. Le Seigneur est son secours, de qui aurait-il peur? Le Seigneur est son secours, que craindrait-il? Si une guerre s'élève contre lui, il n'est pas frappé d'effroi, parce qu'il espère dans le Seigneur. Si des méchants le chassent, il est sans crainte, parce que le Seigneur viendra à son secours. Ce n'est pas dans son arc qu'il place son salut, mais dans son Seigneur Dieu qui peut le sauver de la main de ses ennemis, des pièges du péché, et de la tempête. Il a foi en la droite du Seigneur et en Son bras très haut et le Seigneur le sauve. Celui qui espère en le Seigneur marche paisible durant la course de sa vie et il parcourt sans souci la voie de son existence. Il oeuvre sans cesse à ce qui est bon, à ce qui plaît à Dieu, et à ce qui est parfait, et Dieu bénit ses oeuvres. Il sème des bénédictions et il récolte les riches fruits de ses peines. Il prend courage dans le Seigneur et il ne sera pas jeté à bas par les épreuves qui l'enveloppent. Mis à l'épreuve, il n'est pas mis à mal, mais il espère, pour que Dieu trouve une issue à ses voies sans issue. Dans un esprit de foi et dans l'espoir d'une justice, il attend. Celui qui espère en le Seigneur ne met pas son espoir dans les richesses, ni dans la force de son bras, mais il se repose sur le secours de Dieu. Celui qui espère dans le Seigneur est plein de foi et d'amour pour Dieu. Il a confiance en sa bonne conscience; il paraît plein d'une audace filiale devant le Père céleste et il L'invoque, demandant que Son règne vienne aussi sur la terre, et que Sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Celui qui espère dans le Seigneur, et qui s'est entièrement consacré à Lui, élève son coeur vers Lui, Dieu bon et immortel. Et il Lui demande le bien suprême et l'immortalité dans le royaume des Cieux. Et Dieu l'entend. Ô bienheureux homme que celui qui espère en le Seigneur! §3. Figure et image de la désespérance. Désespérance! Mot effrayant à entendre, plein de toutes sortes de catastrophes, plein de toutes sortes de maux! Qui peut dénombrer tous les maux terribles qui viennent à sa suite? Qui peut figurer son caractère? Elle est noire comme la fille de l'Hadès, et repoussante comme une Erinye. Sa patrie est le Tartare. Elle est sortie des antres et des cachettes les plus secrètes de l'Hadès pour venir sur terre, pour enfoncer la création dans le sombre Tartare. Elle ne naquit que pour détruire l'existence des hommes et les faire disparaître de la face de la terre. De là que l'écho de son nom retentit là où la perdition et la ruine établissent leur puissance. La désertification et la disparition suivent ses traces; le démon vengeur dirige ses pas et la crainte et le tremblement suivent son apparition. Désespérance! Ton nom exprime le reniement de toutes choses, la renonciation à l'espoir, la renonciation à la création du monde, et ton reniement révèle ton impiété envers Dieu. Tu renies sa Providence et sa toute-puissance, et tu rejettes l'existence du Sauveur qui nous libère des dangers. Là où tu surviens, tu chasses l'espérance, sur laquelle est fondé le monde; ton oeuvre est catastrophe, ta mission est disparition; tu effraies celui qui est audacieux par nature, tu fais peur à celui qui par nature est noble, tu rends lâche le courageux, celui qui est hardi tu le rends craintif, les lutteurs intrépides, tu les décourages, ceux qui combattent noblement pour leur patrie et pour la liberté, tu les abats, ceux qui luttent pour la vertu et pour la vérité, tu les jettes à terre, ceux qui se donnent de la peine pour le juste, le bien, le bon, et pour la connaissance, tu en fais de fugitifs déserteurs, tu leur fais jeter à terre leurs boucliers, et tu les livres tous prisonniers aux ennemis. Tu es sortie du Tartare avec la haine du bonheur et de la béatitude de l'homme et tu es venue visiter la terre pour interrompre sa marche vers le progrès spirituel, pour faire revenir sur ses pas celui qui courait dans le stade de son existence, pour interrompre ses travaux, lui qui oeuvrait au bonheur et à la perfection. Tu es venue pour entraver ses forces mentales et corporelles et ses énergies et tu apportes sa destruction et sa disparition; tu es venue répandre le malheur, les afflictions et les difficultés parmi les communautés humaines, et tu détrempes la terre couronnée de fleurs par des larmes amères; car tu hais le bonheur des hommes et tu combats guerrièrement leur joie. Ton seul nom alourdit de sombres pensées l'esprit de celui qui, vieilli déjà, s'approche du terme de sa vie; il décourage aussi le jeune homme qui est entré dans le stade de son existence; et il abat celui, qui, dans la fleur de l'âge, au beau milieu de sa vie, court également dans le stade; il désespère les jeunes filles qui luttent pour la vertu et pour mener une vie de haute valeur, et il les livre à l'intempérance. Et, par manière générale, tu détruis tout le monde, que tu mets à terre. Tu insuffles l'idée de la mort à ceux qui n'en souffraient pas, et tu armes la main de ces malheureux contre leur propre vie; tu mènes la jeunesse à la perdition, et tu abats la force des coeurs; tu persuades celui qui se trouve dans les difficultés de transgresser les lois divines et humaines, et de se rendre coupable de crime; tu conseilles tout ce qui est mal et tu commets tous les crimes; ton apparition s'accompagne d'une sombre et dense ténèbre, et recouvre tout de nuages noirs; là où tu sièges, nul rayonnement de lumière ne brille d'aucun côté ni nulle part; ta présence éveille des tempêtes dans les coeurs des hommes, et soulève des vagues bouillonnantes et couvertes d'écume, qui submergent et engloutissent, avec tous ceux qu'elle contient, la barque des vivants soulevée par les vagues folles. A ce naufrage, nul ne peut réchapper. Le fin fonds abyssal de la mer devient la tombe éternelle des naufragés. Quel infortuné que l'homme qui a abandonné l'espérance, l'ancre de notre salut, et qui s'est livré tout à la désespérance! § 4. Figure et image du désespoir. Désespoir! Mot effrayant, mot synonyme de catastrophe, mot manisfestant le malheur de toutes les sortes de maux. Il n'est rien de pire que le désespoir; lorsqu'un homme désespère, il ne court plus à sa guérison, mais il laisse le mal devenir incurable, en sorte d'en être dévasté, que son coeur en soit dévoré et que son âme périsse. Celui qui est pris par ce mal marche à sa perte et il se hâte vers sa mort. Rien ne demeure en lui de sain; son esprit tombe malade, son coeur souffre; son intelligence le délaisse, son esprit perd sa force; sa force morale perd sa puissance; son courage l'abandonne; le chagrin lui dévore le coeur, une épaisse ténèbre a recouvert ses esprits; le spectre de la mort paraît, effrayant, devant lui, et le poursuit dans sa fuite; il s'en détourne, tente de l'exorciser, mais son image, cependant, reste toujours devant ses yeux; il veut s'en débarrasser, mais il ne peut la chasser; le fantôme de la mort le tyrannise; l'affliction et la mélancolie sont maîtresses de son coeur. Le désespéré sent sa vie lui peser et il cherche à se débarrasser de ce fardeau. Le désespéré renonce, et ne court plus chez le médecin, pour ce qu'il regarde son mal comme incurable; il ne cherche pas à lui appliquer dess remèdes, car il les considère tous comme impuissants à guérir sa maladie; il cache sa souffrance et tait les douleurs qu'elle lui enfante; le désespéré a fait périr son espoir en Dieu, cette ancre sûre de sa vie, et il est battu par la tempête comme une barque au milieu d'une mer déchaînée aux vagues couvertes d'écumes, menaçant de le faire sombrer au fond. Le désespéré a abandonné son espoir en Dieu, en la sauvegarde divine, en l'amour divin pour l'homme, et en la toute-puissance divine, pour ce qu'il a abandonné sa foi en Dieu et en l'amour divin qui en est inséparable. Vivant, le désespéré est déjà mort, parce qu'il a fait périr le lien qui le retient au monde; il est mort en son âme, laquelle recevait la perception des grâces de ce monde, et qui jouissait du bonheur qui en provenait; son âme ne perçoit plus aucun charme à ce monde plein de grâces, en lequel la sagesse, la bonté et la toute-puissance divines ont répandu les grâces en abondance et avec largesse. L'admirable beauté de la nature environnante n'a plus aucun charme pour lui. La joie et le bonheur que répand partout la création, éclatante comme une joie, manifeste dans le royaume de la vie, n'évoque rien à son coeur. Le ciel et sa gloire ont perdu à ses yeux leur magnificence; la gloire du soleil n'éveille aucun sentiment de joie dans son coeur vide de foi, d'espérance et d'amour. Un voile épais a recouvert les yeux de son âme et leur a caché la joie et l'éclat des brillantes et splendides créatures. Toute la nature se réjouit; lui seul, au milieu de cette joie générale, se trouve affligé; ses oreilles entendent l'harmonie qui charme les oreilles des fidèles, mais elles n'en sont pas charmées. Il ne trouve de charme à rien; nulle part il ne trouve de consolation; rien ne peut soulever le découragement de dessus sa poitrine; un profond découragement emplit son coeur; et en ce même coeur, le vide est devenu un chaos. Rien n'est plus capable de le remplir. Les sentiments de ce coeur, qui le reliaient à ceux qui lui sont très chers, ont déjà perdu leur puissance; son coeur est mor; le monde sensible et le monde spirituel ont disparu de devant ses yeux; comment pourrait-il vivre au beau milieu de la disparition de toutes choses; comment pourrait-il faire perdurer sa vie au milieu du chaos? Sa vie s'écoule douloureuse, son poids lui est désormais insupportable; pourquoi souffrirait-il encore? Pourquoi n'en hâterait-il pas le terme, puisque la mort tarde? Pourquoi, s'il peut se débarrasser de ces maux, les supporterait-il encore? Qui l'empêcherait d'y mettre fin? Quelle folie d'attendre toujours une mort absente, et de ne pas s'ôter cette vie? Pourquoi ne pas s'enlever la vie, en entreprenant soi-même le travail de la mort? Quelle chimère, se dit-il, que de l'attendre? Oui, pourquoi attendrais-je? Aussitôt que j'aurai commis cet acte, les maux terribles cesseront. Le drame prend fin, et le pitoyable et infortuné désespéré, n'ayant pas eu recours au médecin, n'ayant pas fait montre de sa souffrance, et ayant écarté violemment de lui les remèdes de la piété, a laissé cette vie et a quitté ce monde, pour trouver la fin de ses maux; mais il ignorait que c'était pour entrer dnas un autre monde et dans une vie de tourments, où la souffrance est éternelle. Ôl'homme infortuné! § 5. De la prière. a) Que la prière parlée est pour Dieu. La prière véritable, libre, ininterrompue, celle qui se fait avec des ecténies, se fait aussi avec une âme contrite et un esprit brisé. La prière ne s'effectue pas avec des mots légers, mais elle s'exprime plutôt par des actes de bonté. Toujours et partout, le char de la prière est l'humilité, cependant que le signe de l'humilité est la prière. Car, connaissant notre faiblesse propre, nous invoquons la puissance de Dieu. Jeunes filles, n'ayez que le Christ devant les yeux, et Son Père dans vos prières, et vous serez illuminées par l'Esprit. Lorsque l'on prie, si l'on ne dialogue pas avec Dieu, comment serait-on entendu par Dieu? La prière attache à Dieu et Lui inhabite en nous, car elle est une conversation divine, et elle est une union plus vénérable et plus belle que toutes choses. La prière est une assistance et un secours dans notre vie, une conversation avec Dieu, un oubli des choses terrestres, une voie d'issue vers le ciel. C'est par la prière que nous allons à Dieu. Et nous devenons stables dans la prière, si nous recevons l'assurance que nous nous tenons devant Dieu. La prière est le soleil des yeux intellectifs de l'âme; ce qu'est la lumière du soleil au corps, ainsi la prière l'est à l'âme; car la prière qui se fait avec zèle est une lumière qui ne s'éteint pas, une lumière continuelle et ininterrompue de l'intellect et de l'âme. La divine prière est une panoplie céleste en vérité, et elle peut seule garder sûrement ceux qui se sont donnés à Dieu. La prière est un remède général et un elixir contre les passions. La vie de prière est un chef de choeur, la fleur porteuse de l'espérance du sain dépôt de la foi. La prière est une arme puissante, une grande assurance, un grand trésor, un port paisible, une terre d'asile. La prière est un remède salutaire, un empêchement aux péchés, et elle guérit les manquements. Oui, c'est une grande arme que la prière, un trésor inépuisable, un trésor que l'on n'en finit jamais de dépenser, un port abrité des vagues, un principe de paix et de sérénité, la racine et la mère de mille biens, et elle a plus de puissance qu'un royaume. La prière est le port de ceux qui ont été pris par l'hiver, l'ancre de ceux qui ont été ballottés par la tempête, le bâton de ceux qui vacillaient, le trésor des pauvres, l'assurance des riches, la délivrance des maladies, la gardienne de la santé, le moyen de fuir tout chagrin, le principe de l'allégresse, la source d'un plaisir toujours continué, la mère de la philosophie. La prière n'est point un subside plus adapté aux justes qu'aux pécheurs; mais elle a à offrir à ces deux catgéories d'hommes : aux justes, elle fournit l'assurance de la justice, des pécheurs, elle efface les péchés, et les rend justes, en dépit du péché. La prière est un cri de l'intellect des justes vers Dieu, un cri puissant au secret de leur coeur, ayant le pouvoir d'arriver aux oreilles mêmes de Dieu. Celui qui demande de grandes choses et des choses célestes, celui-ci crie jusqu'à Dieu et lui envoie sa prière jusqu'au ciel. Or Dieu connaît sans distinction le contenu de tous les intellects. Et ce que la voix signifie pour nous, l'intellect le signifie à Dieu. Et avant même la création, il savait ce qui nous viendrait à l'esprit. Ainsi donc, il est possible de prier sans voix, en envoyant à Dieu tout ce que, de l'intérieur, contient l'intellect, comme par une voix intellective, en une union incessante à Dieu. C'est cela même la prière : lorsque les cris sont intérieurs, et que l'âme souffre, non qu'elle souffre de la voix, mais du zèle de l'intellect à faire montre de la prière. C'est ainsi que priait Moïse. Alors que lui-même ne prononçait pas un mot, Dieu lui disait : " Pourquoi cries-tu vers moi?" Les hommes n'entendent que la voix. Mais Dieu, avant cette voix, entend ce que crie l'intérieur de l'intellect. Il est donc possible que ceux qui ne crient pas soient entendus, et qu'en allant au marché ils prient en esprit de façon très exacte et précise, alors même qu'ils s'entretiennent avec des amis, et que dans tout ce qu'ils font ils invoquent vivement Dieu, comme criant mentalement, de l'intérieur, en sorte que nul de ceux qui sont avec eux ne s'aperçoivent de ce qu'ils font. Ce n'est pas par une posture du corps, ni par un cri de la voix, mais par le zèle de notre esprit que nous faisons nos prières; ni par des sons inarticulés et des cris poussé avec ostentation, pour nous faire entendre de notre prochain, mais comme il convient, avec contrition de l'esprit et larmes intérieures. De la prière. b) D'un discours du Moine Antiochus, de la Lavra de Saint Savva. " Vaquer à la prière incessante est nécessaire et utile à tous. Demandons donc à Dieu , Père de notre Seigneur Jésus Christ, de nous donner l'intelligence spirituelle, en sorte que nous demeurions sobres et tempérants, que nous veillions, et que nous lui demandions que Sa volonté soit faite. Qu'en nous soit Sa volonté. Pour ce que c'est cela que notre Dieu et Sauveur, la Lumière spirituelle, Celui qui véritablement est, nous a ordonné de demander. Quand donc nous invoquons la sainte et consubstantielle Trinité par nos saintes prières, avec un esprit sans trouble, et dans un état de convenance avec l'union divine, alors nous aussi, nous trouvons présents nous-mêmes, nous comprenons sur quels dons tous vertueux elle nous établit. La prière se trouve être de toutes les vertus la plus haute, puisque lorsqu'elle est pure, elle nous rapproche de Dieu. La prière est le rejeton de la douceur et de l'absence de colère. La prière est le promontoire de la joie et du contentement, le remède au chagrin et au découragement. Il faut donc maintenir son esprit au temps de la prière, et demeurer sans voix. Alors l'on peut prier. La prière est en effet un entretien avec Dieu. La prière faite en esprit avec deuil du coeur est nourriture de l'esprit, comme le pain est nourriture du corps. Bienheureux l'esprit qui au temps de la prière parle continûment à Dieu. Un tel homme, comme le petit de l'aigle s'élève vers les hauteurs, et entièrement transformé de la transformation divine devient lumineux et photoïde. Et lorsque nous nous tenons en prière, ne prions pas pour que notre volonté soit faite, comme il a été dit, mais pour que soit faite la volonté de Dieu, comme il nous a été enseigné. "Que ta volonté soit faite". Celui qui veut prier purement, qu'il prie d'abord pour obtenir la synergie des larmes, afin que par le deuil soit adoucie la sauvagerie de l'âme et qu'il obtienne la prière pure. Et ainsi la prière insistante et continuelle, conversant avec Dieu, arrache l'esprit aux soucis du monde et, de par sa proximité avec Dieu, l'emplit de piété et de bienveillante douceur. Mais sans humilité, il n'est pas possible qu'une prière soit bien accueillie. Le Seigneur regarde la prière des humbles et il ne dédaigne pas leur supplique. Ainsi donc, celui qui veut purifier son coeur par la mémoire du Seigneur, qu'il enflamme sans cesse ce coeur, n'ayant pour seule étude et pour seule oeuvre que la prière incessante. Il ne s'agit pas en effet tantôt de prier, et tantôt de ne pas prier, mais de méditer à la garde de l'esprit et d'oeuvrer sans cesse à la prière, si même nous demeurons hors des parvis des temples et des chambres de prière".
De la prière. b) D'un discours du Moine Antiochus, de la Lavra de Saint Savva. " Vaquer à la prière incessante est nécessaire et utile à tous. Demandons donc à Dieu , Père de notre Seigneur Jésus Christ, de nous donner l'intelligence spirituelle, en sorte que nous demeurions sobres et tempérants, que nous veillions, et que nous lui demandions que Sa volonté soit faite. Qu'en nous soit Sa volonté. Pour ce que c'est cela que notre Dieu et Sauveur, la Lumière spirituelle, Celui qui véritablement est, nous a ordonné de demander. Quand donc nous invoquons la sainte et consubstantielle Trinité par nos saintes prières, avec un esprit sans trouble, et dans un état de convenance avec l'union divine, alors nous aussi, nous trouvons présents nous-mêmes, nous comprenons sur quels dons tous vertueux elle nous établit. La prière se trouve être de toutes les vertus la plus haute, puisque lorsqu'elle est pure, elle nous rapproche de Dieu. La prière est le rejeton de la douceur et de l'absence de colère. La prière est le promontoire de la joie et du contentement, le remède au chagrin et au découragement. Il faut donc maintenir son esprit au temps de la prière, et demeurer sans voix. Alors l'on peut prier. La prière est en effet un entretien avec Dieu. La prière faite en esprit avec deuil du coeur est nourriture de l'esprit, comme le pain est nourriture du corps. Bienheureux l'esprit qui au temps de la prière parle continûment à Dieu. Un tel homme, comme le petit de l'aigle s'élève vers les hauteurs, et entièrement transformé de la transformation divine devient lumineux et photoïde. Et lorsque nous nous tenons en prière, ne prions pas pour que notre volonté soit faite, comme il a été dit, mais pour que soit faite la volonté de Dieu, comme il nous a été enseigné. "Que ta volonté soit faite". Celui qui veut prier purement, qu'il prie d'abord pour obtenir la synergie des larmes, afin que par le deuil soit adoucie la sauvagerie de l'âme et qu'il obtienne la prière pure. Et ainsi la prière insistante et continuelle, conversant avec Dieu, arrache l'esprit aux soucis du monde et, de par sa proximité avec Dieu, l'emplit de piété et de bienveillante douceur. Mais sans humilité, il n'est pas possible qu'une prière soit bien accueillie. Le Seigneur regarde la prière des humbles et il ne dédaigne pas leur supplique. Ainsi donc, celui qui veut purifier son coeur par la mémoire du Seigneur, qu'il enflamme sans cesse ce coeur, n'ayant pour seule étude et pour seule oeuvre que la prière incessante. Il ne s'agit pas en effet tantôt de prier, et tantôt de ne pas prier, mais de méditer à la garde de l'esprit et d'oeuvrer sans cesse à la prière, si même nous demeurons hors des parvis des temples et des chambres de prière". De la prière.
b) D'un discours du Moine Antiochus, de la Lavra de Saint Savva.
" Vaquer à la prière incessante est nécessaire et utile à tous. Demandons donc à Dieu , Père de notre Seigneur Jésus Christ, de nous donner l'intelligence spirituelle, en sorte que nous demeurions sobres et tempérants, que nous veillions, et que nous lui demandions que Sa volonté soit faite. Qu'en nous soit Sa volonté. Pour ce que c'est cela que notre Dieu et Sauveur, la Lumière spirituelle, Celui qui véritablement est, nous a ordonné de demander. Quand donc nous invoquons la sainte et consubstantielle Trinité par nos saintes prières, avec un esprit sans trouble, et dans un état de convenance avec l'union divine, alors nous aussi, nous trouvons présents nous-mêmes, nous comprenons sur quels dons tous vertueux elle nous établit. La prière se trouve être de toutes les vertus la plus haute, puisque lorsqu'elle est pure, elle nous rapproche de Dieu. La prière est le rejeton de la douceur et de l'absence de colère. La prière est le promontoire de la joie et du contentement, le remède au chagrin et au découragement. Il faut donc maintenir son esprit au temps de la prière, et demeurer sans voix. Alors l'on peut prier. La prière est en effet un entretien avec Dieu. La prière faite en esprit avec deuil du coeur est nourriture de l'esprit, comme le pain est nourriture du corps. Bienheureux l'esprit qui au temps de la prière parle continûment à Dieu. Un tel homme, comme le petit de l'aigle s'élève vers les hauteurs, et entièrement transformé de la transformation divine devient lumineux et photoïde. Et lorsque nous nous tenons en prière, ne prions pas pour que notre volonté soit faite, comme il a été dit, mais pour que soit faite la volonté de Dieu, comme il nous a été enseigné. "Que ta volonté soit faite". Celui qui veut prier purement, qu'il prie d'abord pour obtenir la synergie des larmes, afin que par le deuil soit adoucie la sauvagerie de l'âme et qu'il obtienne la prière pure. Et ainsi la prière insistante et continuelle, conversant avec Dieu, arrache l'esprit aux soucis du monde et, de par sa proximité avec Dieu, l'emplit de piété et de bienveillante douceur. Mais sans humilité, il n'est pas possible qu'une prière soit bien accueillie. Le Seigneur regarde la prière des humbles et il ne dédaigne pas leur supplique. Ainsi donc, celui qui veut purifier son coeur par la mémoire du Seigneur, qu'il enflamme sans cesse ce coeur, n'ayant pour seule étude et pour seule oeuvre que la prière incessante. Il ne s'agit pas en effet tantôt de prier, et tantôt de ne pas prier, mais de méditer à la garde de l'esprit et d'oeuvrer sans cesse à la prière, si même nous demeurons hors des parvis des temples et des chambres de prière". §6. De la patience. La patience est une puissance morale qui endort les sentiments d'affliction éveillés dans le coeur de l'homme, et qui adoucit les souffrances dues aux maux terribles. La patience est une vertu, un fruit provenu de l'espérance en Dieu; l'affliction produit la patience; la patience permet de supporter l'épreuve, et l'épreuve accroît l'espérance; l'espérance ne rougit pas de honte. La patience est la première des vertus, parce qu'elle décide du salut. Celui qui supporte l'épreuve, à la fin sera sauvé. En la patience de nos âmes gît le salut. Saint Chrysostome dit de la patience : " La patience est la racine de tous les biens, la mère de la piété, le rameau de la joie, un fruit qui ne flétrit pas, une citadelle inexpugnable, un port abrité des tempêtes hivernales." Et il écrit encore : "Rien n'égale la patience. Celle-ci est la reine des vertus, le fondement des exploits, un port paisible; elle est la paix dans la guerre, le calme dans la tempête, la sécurité dans les embûches; cette patience, ni les armes en mouvement, ni les armées en ligne de bataille, ni les machines de guerre déployées, ni les arcs, ni les lances tendues, ni l'armée des démons, ni les phalanges effrayantes des puissances adverses, ni le diable lui-même avec toute son armée rangée et toutes ses machinations, ne pourront lui nuire." Et encore : "La patience est la reine des biens, et la plus magnifique des couronnes". Cyrille d'Alexandrie dit : " La patience nous procure tout bien. C'est une pourvoyeuse. Elle est une voie menant à la bonne réputation; elle nourrit l'espérance en la vie du siècle à venir. La patience enseigne à supporter noblement les passions; elle est un exercice de philosophie et un maître de vertu. Le nom de la patience est aussi le nom de beaucoup de sueurs et de beaucoup d'endurance. §7. De la richesse de l'homme pieux qui craint Dieu. Clément d'Alexandrie écrit ce qui suit de la richesse de l'homme pieux, qu'il dit être possesseur de tout : " L'homme pieux est riche d'une richesse qu'on ne peut lui enlever, car son âme est son unique trésor. En effet, il ne cherche pas à atteindre quoi que ce soit des choses qui ne dépendent pas de nous, et ce qu'il cherche à atteindre, il l'obtient. Mais les choses auxquelles il a saintement renoncé, s'il les demande, il les reçoit de Dieu. Comment cet homme ne posséderait-il pas beaucoup, et ne posséderait-il pas même tout, possédant Dieu en guise de trésor éternel? A celui qui demande, est-il dit, il sera donné, et à celui qui frappe, il sera ouvert. Si Dieu ne refuse rien, celui qui est pieux possède tout". §8. Des biens qui proviennent de l'affliction. L'affliction rend les nerfs de l'âme plus vifs, augmente le zèle à la lutte, fait montre de sa force, et, de là, prépare à cueillir pour fruits un plaisir accru. Telle est la nature de l'affliction. Lorsqu'elle s'empare d'une âme jeune et noble, elle oeuvre à cela. Et, comme le feu rend l'or plus pur, lorsqu'il est passé au creuset, ainsi, dans les âmes en or, l'affliction leur survenant les rend plus pures et plus éprouvées ( Chrysostome). L'Apôtre Paul dit : " L'affliction produit la patience, la patience l'endurance, l'endurance l'espérance, qui ne rougit point". Basile le Grand dit : " Les afflictions ne surviennent pas en vain aux serviteurs de Dieu de la part du Seigneur qui veille sur nous, mais pour éprouver si notre amour est véridique envers Dieu qui nous a créés; en effet, de même qu'aux athlètes les peines et les souffrances dans les combats procurent les couronnes, ainsi pour les chrétiens l'épreuve dans les afflcitions les mène vers la perfection, pour peu que nous acceptions avec actions de grâces avec la patience qui convient tout ce qui nous a été ménagé par Dieu." Et encore : " En vérité, à ceux qui sont bien préparés, les afflctions sont comme des nourritures d'athlètes et des exercices gymniques, qui procurent au lutteur la gloire de ses pères". Chrysostome compare les afflictions à l'hiver nécessaire aux cultures, disant : " Tout comme l'hiver est nécessaire à la culture de la terre, ainsi les afflcitions sont nécessaires au soin de l'âme. L'affliction comporte un double gain; l'un, qu'elle nous rend plus importants et plus attentifs; l'autre, qu'elle nous donne un grand droit à être écoutés". Et encore : " L'affliction est un lien qui ne peut être brisé, un accroissement de l'amour, un principe de contrition et de piété." Grégoire le Théologien dit que l'affliction est un bon remède pour le salut. Théophylacte dit que les afflictions sont un affermissement de l'Evangile. Cyrille d'Alexandrie dit que " les afflictions nous rendent plus sages, qu'elles nous tirent des filets de la nonchalance et de la mollesse, qu'elles nous persuadent d'aimer les manières convenables au chrétien, et que par nécessité et par crainte elles incitent celui qui est dur et difficile à brider à se plier au joug de l'obéissance et de la sainteté". Théodoret dit que ceux qui ne vivent pas pour eux-mêmes mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux, ceux-là peuvent tout faire pour Lui - Christ-Dieu- et qu'ils supportent volontiers de tout souffrir. Et les souffrances qui sont grandes et difficiles par nature, sont vues par leur prisme, comme par un attrait magique, petites et faciles à supporter. Saint Basile le Grand dit que le Dieu ami de l'homme attache proportionnellement les consolations aux afflictions, et qu'il console les humbles, afin qu'ils ne soient pas consumés par l'excès de chagrin. Chrysostome dit que les justes sont affligés en vue d'être exercés à la justice, et que les injustes le sont en châtiment de leur péché. C'est pourquoi il appelle afflictions les passions des justes, mais il appelle fouets celles des pécheurs. La vie est emplie de maintes difficultés, et il faut de toutes façons que le juste comme l'injuste, et que le pieux comme l'impie soient affligés. Mais la différence est grande entre eux. Une chose en effet est d'être éduqué comme un fils, et une autre d'être fouetté comme un étranger. Le fils est frappé et le serviteur est frappé. Mais l'un l'est comme un esclave en faute et ayant péché, l'autre l'est comme un fils libre et prodigue, demandant le retour chez son père. Les plaies ne font lors pas les mêmes marques. Si le pieux souffre ce que souffre l'impie, cela n'a pas la même valeur. Pour l'un, c'est une éducation par l'épreuve et par l'affliction, pour l'impie ce sont des fouets et un châtiment. Le philosophe évêque Synésius dit que " l'affliction procure aux hommes des biens. Mais que la vanité leur apporte des maux". Chrysostome dit " qu'il n'est pas possible à un homme marchant sur la voie de la vertu d'être exempt de chagrin, d'affliction, de souffrance et d'épreuves. L'affliction est un grand bien et nous savons depuis l'enfance que sans affliction nous n'apprendrions rien d'utile." CHAPITRE III DE L'AMOUR. § 1. De l'éros divin. L'éros divin est un amour parfait de Dieu, se manifestant comme un désir incessant de Dieu. L'éros divin naît dans un coeur pur, parce qu'en un coeur purifié habite la grâce divine. L'éros de Dieu est un don divin, octroyé à l'âme pure par la grâce divine qui inhabite en elle et se révèle à elle. L'éros divin ne survent en personne sans une révélation divine. Parce que l'âme qui n'aurait pas reçu de révélation ne subirait pas l'influence divine de la grâce et ne pourrait demeurer sans passion dans l'éros divin. Il est impossible que soit engendré l'éros divin sans l'énergie de la grâce qui inhabite ce coeur. L'éros divin est une énergie de la grâce divine inhabitant en ce coeur. Les amants de Dieu ont été attirés vers l'éros divin par la grâce divine agissant sur leur coeur purifié, grâce qui s'est révélée à leur âme et qui l'a attirée vers Dieu. L'amant de Dieu a d'abord été aimé par Dieu, et c'est ensuite qu'il a aimé Dieu. L'amant de Dieu a d'abord été un fils de l'amour, après quoi il a aimé son Père céleste. Le coeur de celui qui est épris du Seigneur n'est jamais inactif, mais il veille sans cesse, sous l'action de l'intensité de son amour. L'homme s'active par une nécessité de la nature; le coeur de l'amant de Dieu veille car il chante au Seigneur. Le divin Chrysostome dit de l'amour spirituel : " L'éros spirituel commande tellement à l'homme divin qu'il ne lui permet de perdre aucun temps, mais qu'il l'oblige à gouverner sans cesse l'âme de l'amant, et qu'il ne lui permet d'avoir aucun chagrin, aucune affliction ni aucune tristesse dans son âme." L'âme qui aime Dieu d'éros se colle fermement à Lui, elle se confie à Lui et elle met tout son espoir en Lui. Ce divin éros la conduit à Lui et elle Lui parle nuit et jour. L'âme dévorée par l'éros divin ne cherche rien que le bien absolu; il néglige tout le reste et tout le reste le dégoûte. L'âme qui aime Dieu d'éros a pour étude les paroles de Dieu et elle passe son temps dans les demeures du Seigneur. Lorsqu'elle fait entendre sa voix, elle raconte les miracles de Dieu; oui, lorsqu'elle parle, c'est pour évoquer la gloire et la grandeur de Dieu. Incessamment elle renvoie une hymne et une louange à Dieu. Ainsi l'éros divin se traduit dans toute son âme, est sauvegardé par elle, et se familiarise avec cette âme. L'âme éprise d'éros pour Dieu a connu le divin, et cette connaissance à son tour embrase cet éros divin. L'âme qui est éprise d'éros pour Dieu est devenue bienheureuse, parce qu'elle a obtenu le divin si désirable qui accomplit ses désirs; tout désir, tout souhait, tout voeu étranger à l'amour divin, elle le repousse loin d'elle, comme étant indigne de cet amour. Oh! Combien l'amour pour le divin élève l'âme qui aime le divin! Cet amour divin, pareil à une nuée légère captivant l'âme, l'amène vers la fontaine immortelle de l'amour, vers l'amour éternelle, et emplit cette âme de lumière éternelle. L'âme consumée par l'éros divin se réjouit toujours; elle se tient dans la joie, tressaille d'allégresse et danse, parce qu'elle se trouve reposant dans l'amour du Seigneur comme sur l'eau du repos. Nulle des afflictions du monde n'a le pouvoir de troubler son calme et sa paix, et rien de triste ni de chagrin ne peut lui ôter sa joie et son bonheur. L'âme éprise pour Dieu d'éros, élevée par cet amour, se retire de ses sens corporels, croit quitter son corps, et il lui semble n'être plus soi-même tant elle se voue parfaitement à Dieu. La douceur inexprimable de l'amour divin charme le coeur et règne sur lui, et attire l'esprit vers le divin, afin qu'il jouisse de Dieu dans l'allégresse. L'éros divin recherche l'union divine, l'union confère l'audace, l'audace donne le goût, le goût apporte la faim. L'âme, à laquelle s'attache l'éros divin, ne peut penser à rien autre ni désirer rien autre, mais, continûment gémissant, elle dit : "Seigneur quand viendras-tu et quand verrai-je ta face? Mon âme déisre venir près de toi, mon Dieu, comme la biche désire l'eau des fontaines! Tel est le divin éros qui gouverne l'âme. §2. Du divin amour. Ô amour véritable et certain! Ô amour à la semblance de l'icône divine! Ô amour, jouissance si douce de mon âme! Ô amour, qui emplit divinement mon coeur! Ô amour si fort qu'il fortfie ma force psychique! Ô amour, méditation continuelle de mon âme! Toi qui occupes incessamment mon âme, tu l'honores et tu la réchauffes. Tu la vivifies et tu la conduis toujours davantage vers l'amour divin. Tu brûles mon coeur que tu as empli de l'éros divin, et tu l'enflammes du désir de ce qu'il y a de plus désirable. Tu pénètres ma force psychique de ta puissance vivifiante, afin que je puisse rendre à l'amour divin le culte qui lui est dû. Toi qui as pris possession de mon esprit, tu le libères des liens terrestres et tu lui octroies la liberté, afin qu'il soit conduit sans entraves jusque dans les Cieux au divin amour divin. Tu es le plus vénérable trésor des fidèles, parce que tu es le don le plus vénérable d'entre les charismes divins. Tu es l'éclat de la parure et l'ornement à la forme divine de l'âme et du coeur, parce que tu fais des fidèles des fils de Dieu. Tu es l'embellissement des fidèles, parce que tu magnifies tes amis. Tu es le seul bien durable à perpétuité, parce que tu es éternel. Tu es le plus beau voile des amis de Dieu, parce que c'est enveloppés de ce voile que les fidèles se présentent devant l'amour divin. Tu es le plus grand et le plus délectable objet de délices des fidèles, parce que tu es le fruit du Saint Esprit. Tu conduis les fidèles sanctifiés par toi au Royaume des Cieux. Tu es le parfum de sainteté des fidèles. Par ton entremise les fidèles participent à la vie exquise du Paradis. Par toi la lumière du soleil spirituel monte dans l'âme des fidèles. Par toi les yeux de l'intellect des fidèles sont illuminés. Par toi les fidèles deviennent participants de la gloire divine et de la vie éternelle. Par toi le désir des Cieux vient en nous. Tu fais régner sur la terre le Royaume des Cieux. Tu présides à la paix parmi les hommes. Tu fais ressembler la terre au Ciel. Tu relies les hommes aux anges et tu renvoies à Dieu une hymne harmonieuse. Tu t'assures la victoire sur tout. Tu te montres suréminent sur tous. Tu gouvernes en vérité toutes choses. Tu diriges toutes choses avec sagesse. Tu tiens toutes choses et leur donnes de perdurer. Tu ne chutes jamais. Ô amour, qui mon coeur emplis tout! Ô amour, la plus douce semblance de mon plus que doux Jésus. Ô amour, emblème le plus sacré des disciples du Seigneur. Ô amour, symbole de mon Jésus plus que doux. Toi donc, par ton désir, nourris et dévore mon coeur, emplis-le de rectitude et de bonté, comble-le d'allégresse. Toi, révèle mon coeur comme étant la demeure de la Grâce du Très Saint Esprit. Toi, enflamme ce coeur tout entier de la flamme divine, pour que celle-ci consume jusqu'à mes plus humbles et petites passions, sanctifie-le, et entraînes-le vers le haut en une psalmodie d'hymnes incessantes. Toi, emplis mon coeur de la douceur de ton amour, afin que j'aime uniquement mon très doux Jésus-Christ et Seigneur, et que de toute mon âme, de tout mon coeur, de toutes mes forces et de tout mon esprit je lui envoie une psalmodie d'hymnes incessantes. Amen. Saint Jean Climaque dit de l'amour pour Dieu : " Amour, chorège et chef de la prophétie; amour, pourvoyeur de miracles; amour, abysse de l'éclat; amour, fontaine de feu; autant tu jaillis, autant tu consumes l'assoiffé; amour, armée des anges, progrès spirituel des hommes; fais-nous cette annonce, ô bel amour entre les vertus, dis-nous où tu pais tes brebis? Où sont tes demeures au milieu du jour? Eclaire-nous; illumine-nous; étanche notre soif; conduis-nous; prends-nous par la main; pour ce que vers toi nous voulons monter". ( Discours 11). §3. De l'amour de Dieu : qu'il est une particularité divine et que par lui sont épanchés sur nous tous les biens. Amour! Particularité divine, pour ce que Dieu est amour; pour ce que en celui qui demeure dans l'amour de Dieu, Dieu demeure en lui. L'amour est une bonne disposition de l'âme, selon laquelle elle ne préfère rien de ce qui est à la connaissance de Dieu. L'amour enseigne la garde des divins commandements; une preuve claire, manifeste et lumineuse de l'amour de Dieu est la garde de ses lois divines. L'amour de Dieu mène à la garde des préceptes divins, lesquels mènent à la connaissance de Dieu. Celui qui a reçu l'éros divin méprise toutes les choses terrestres ensemble, il piétine et foule aux pieds tous les plaisirs du monde; il regarde avec dédain la richesse et la gloire, ainsi que l'honneur du monde; selon lui la pourpre royale ne diffère en rien d'une toile d'araignée; il se figure les pierres précieuses comme les cailloux d'une rive. Il ne pense pas qu'est bienheureuse la santé du corps, il n'appelle pas la maladie malheur, il ne juge pas que la pauvreté soit un malheur, il ne définit pas le bonheur comme étant la richesse assortie d'une vie molle et voluptueuse; mais il lui semble qu'il est beau de ressembler à l'un de ces arbres plantés près des courants d'eaux au bord des fleuves. En vérité la vie spirituelle est une ville fortifiée, qui ne peut être assiégée ni défaite par le Diable, ni minée dans ses fondements, ni susceptible d'être prise par Satan, car elle est gardée par le Souverain Christ. Lorsque l'on est ceint du diadème de l'amour, il suffit de se montrer l'exact disciple du Christ, non seulement à nous-mêmes, mais aussi aux incroyants. A cela, dit-il, l'on reconnaîtra que vous tous êtes mes disciples, à ce que vous vous aimerez les uns les autres. En sorte qu'à ce signe, le plus grand de tous les signes, se reconnaîtra mon disciple. Et s'ils font des milliers de signes et de prodiges, mais qu'ils sont en dissentiment les uns avec les autres, ils seront risibles aux yeux des infidèles. Mais s'ils ne témoignent que d'un seule signe, à savoir qu'ils s'aiment les uns les autres, alors précisément ils demeureront respectables aux yeux de tous et à l'abri des attaques de tous. L'amour est l'image et l'icône des disciples du Seigneur, le caractère distinctif des serviteurs de Dieu, la science et la connaissance des Apôtres; car à ce signe tous les connaîtront. Amour, bien extraordinaire, connaissance la plus haute et la plus précieuse des sisciples du Christ. L'amour caractérise le chrétien, et il est le plus grand de tous les signes; l'amour est en effet le gardien et le coadjuteur des autres préceptes. Et comme les lanières et les liens tiennent ensemble les tentes d'habitation, ainsi, l'amour donne la perfection et lie ensemble les membres du corps. L'amour, lorsqu'il est présent, lie étroitement toutes choses, cependant que lorsqu'il s'absente et manque, tout se délie et se délite, s'avérant hypocrisie et n'être que des riens. L'amour ne tombe ni ne faillit jamais, ce qui est dire qu'il ne manque jamais son but, mais qu'il réussit tout, ou, ce qui est mieux que cela, il ne se dissout pas, ne disparaît pas, ne se brise pas, il ne cesse pas d'être, mais il demeure jusque dans le monde à venir, quand bien même tout le reste est aboli; on ne peut le précipiter à terre, mais il reste à jamais, demeurant assuré, inébranlable, et inamovible. L'amour ne tombe jamais. Et si même les autres sont en dissentiment et se querellent, s'ils se plaisent aux combats, s'ils recherchent les premières places, si la haine et la jalousie les excite, s'ils les pires des iniques ont le commandement, et s'ils mettent le monde tête en bas et sens dessus dessous, l'amour ne tombe jamais de sa cathèdre et ne glisse pas d'un pouce de la vertu. Dieu est appelé amour, et cet amour n'est pas un état, mais une nature aimante pour les objets de sa création et pour les sujets protégés par sa Providence. Notre Dieu est Amour et c'est ce qui réjouit Dieu à l'entendre, plus que toute autre chose. L'amour de Dieu surpasse excessivement tout amour humain. Non seulement il exerce sur nous sa protectrice Providence, mais il nous aime d'éros, et d'un éros extraordinairement grand, d'un amour sans passion certes, mais d'un amour plus chaleureux, plus intense, plus véritable, plus indestructible que tout ce qui peut s'imaginer, et tout-à-fait inextinguible. Qu'a donc fait Dieu pour nous? Il a créé pour nous un monde corruptible, et il a en outre créé à notre intention un monde incorruptible. Il a permis que les prophètes soient mis à mal, il les a pour nous envoyés dans les fers et en prison, il les a laissés pour nous tomber dans la fournaise. Et c'est pour nous qu'il a fait des prophètes, pour nous qu'il a fait des apôtres; c'est pour nous qu'il a donné son fils unique, pour nous qu'il a fait descendre le diable aux Enfers. C'est pour nous que Dieu s'est incarné parmi les hommes; parce que la nature était corrompue, le Verbe s'est fait chair et a habité parmi nous; pour nous ingrats, il s'est fait bienfaiteur; pour les prisonniers, libérateur; pour ceux qui étaient assis dans la ténèbre, soleil de justice; sur la croix a été suspendu l'impassible; la vie a été livrée à la mort; la lumière est descendue dans l'Hadès; la résurrection a été manifestée à ceux qui étaient tombés; l'esprit d'adoption, des distributions de charismes, des promesses de couronnes nous onté été offerts, ainsi que plus de choses qu'il ne s'en peut dénombrer. Pour nous Dieu est venu parmi les hommes; l'Esprit Saint règne; la mort est anéantie; l'espoir s'est levé de la résurrection; les préceptes divins mènent notre vie à la perfection; au travers des commandements se livre un passage vers Dieu; le royaume des Cieux est apprêté; la couronne de justice est prête pour celui qui ne fuit pas les peines inhérentes à l'acquisition des vertus. L'amour de Dieu a manifesté Dieu sur la terre. L'amour de Dieu a rendu le maître esclave. L'amour de Dieu a fait en sorte que fût donné aux ennemis le bien-aimé, à ceux qui le haïssaient, le Fils, aux esclaves, le maître, aux hommes, Dieu, aux serviteurs, l'être libre. Et il ne s'en est pas tenu à cela, mais il nous a même appelés à des choses plus grandes; non seulement il nous a délivrés de nos précédents maux, mais il nous a promis des choses bien plus grandes encore. L'amour de Dieu est une sagesse glorieuse, et il l'offre à ceux qui l'aiment. Celui qui aime Dieu garde sa parole, et Dieu l'aime, et il se manifeste à lui. "Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon père l'aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure en lui". Pour ceux qui aiment Dieu, tout concourt vers le bien, dit Saint Paul. Si quelqu'un aime Dieu, il sera connu de Dieu. Dieu donne la communion avec lui à ceux qui lui gardent leur amitié. La communion avec Dieu est vie, lumière et jouissance de tous les biens qui viennent de lui. Dieu n'est pas le Dieu de tous, mais de ceux qui, par l'amour, sont devenus ses familiers. L'amour pour Dieu est lié à la perfection. L'amour est le créateur de toute vertu. L'amour pour Dieu est enfanté par une foi sincère. Celui qui croit véritablement en Dieu ne supporte pas que cet amour lui échappe. L'herbe supporte mieux la violence du feu que le diable ne supporte la flamme de l'amour. Cet amour est mieux fortifié qu'une muraille. Il est plus résistant qu'un diamant. L'amour de Dieu ne consiste pas en simples mots. On ne se contente pas d'appeler Dieu, mais il exerce sa protection et se montre en actes. C'est ainsi qu'il est capable de briser la pauvreté, de secourir le malade, de délivrer des dangers. Il est présent parmi ceux qui sont rassemblés en son nom. Il pleure avec ceux qui pleurent, se réjouit avec ceux qui se réjouissent. Celui qui aime Dieu, ayant son coeur tout empli de l'amour divin, aime ses ennemis, bénit ceux qui le maudissent, fait du bien à ceux qui le haïssent, et il prie pour ceux qui le maltraitent et le persécutent. Une façon d'être véritablement bienveillante envers son prochain montre un parfait amour envers Dieu. Nous reconnaissons que quelqu'un a de l'amour quand il dispose avec amour son âme envers nous; et nous de même devons lors en retour disposer avec amour nos âme envers eux. L'amour efface une foule de péchés. L'amour donne à l'âme une grande assurance au jour du Jugement dernier. § 4. Confession d'un fidèle. Dieu est pour moi gloire, trésor et sujet de fierté. Dieu est plus doux que tout et il est une plus grande jouissance que toute chose. Dieu est objet de méditation et objet de délices. Mon âme est une créature du souffle de Dieu. Mon corps est une créature de Dieu. Je suis totalement icône de Dieu. Je suis de la race de Dieu par la grâce divine. Dieu m'a donné l'être et le mouvement. De Dieu j'ai reçu la respiration, de Dieu le langage. A Dieu je voue mon esprit chaque jour. Vers Dieu je fais monter mes prières, à toute heure du jour. Je vis et je travaille pour Dieu, et je demeure à ses côtés. J'ai part à Dieu grand, Dieu fort, lui, vivant fournisseur de biens, qui assiste les hommes et mène tout à sa perfection. Dieu voit tout ce que je pense, tout ce que je dis, tout ce que je fais, et tout ce dont je suis riche. Dieu est le juge redoutable de mes actes. Dieu m'est favorable, et, indulgent, il me pardonne. Je confesse que Dieu est longanime et plein de pitié. Je proclame que Dieu est mon sauveur, mon libérateur, et mon Seigneur. Je sais que Dieu est le commencement et le principe de toutes choses. Je sais que Dieu est bienveillant et qu'il voit et scrute toutes choses. Dieu est toute Sagesse et il sait tout; je sais qu'il connaît l'avenir, le présent et le passé. Je chante à Dieu une hymne pour proclamer qu'il est bon, saint, juste, et véridique; je le glorifie, je le bénis, et je l'exalte. Je vénère Dieu ami de l'homme et je lui rends un culte d'adoration. Je crois en Dieu. J'espère en Dieu et j'ai l'espoir de mon salut. J'aime Dieu, fontaine de l'amour, et je le désire. Mon âme s'épanche en libations à Dieu. Mon âme s'élevant vers Dieu et l'exaltant se repose en lui. Mon coeur désire Dieu. Je confesse un seul Dieu, triple soleil, une divinité en trois hypostases. Je proclame une seule divinité, sans commencement, éternelle, simple, suressentielle, et indivisible. La même divinité est Monade et Trinité. La même divinité est toute entière Monade et toute entière Trinité. Je crois en cette Monade Trinité et je confesse la Monade une quant à son essence et la Trinité une quant à ses hypostases. Parce que le Père, le Fils et le Saint Esprit sont une seule divinité, une seule puissance, une seule adoration, la Trinité consubstantielle. Car la nature, comme l'essence de Dieu est une, celle du Père, du Fils et du Saint Esprit. Je confesse cela, j'y crois, je le dis et le proclame. § 5. De la crainte peureuse. La crainte peureuse est une crainte de Dieu infondée. C'est l'extrémité d'une mesure dont la piété occupe la position intermédiaire. Celui qui craint Dieu peureusement a une conscience remplie d'effroi et il s'épouvante devant le divin d'une façon inconvenante. Il a une notion erronée des particularités divines et il a sur Dieu des pensées indignes de Dieu. Il a l'esprit enténébré et la pensée trouble. Plutarque dit au sujet de la crainte peureuse qu' "est terrible la ténèbre en l'homme tombant dans la crainte peureuse et qu'elle aveugle ses pensées surtout dans les choses qui ont besoin de pensée". Celui qui craint Dieu peureusement a peur de choses dont il n'y a rien à craindre, et il est empli de trouble là où il devrait trouver la paix. Il s'imagine qu'il est sans cesse en butte à des persécutions du divin, et il demande son salut à des amulettes qu'il s'attache autour du cou. Il croit en ses égarements et il prend pour vérités de simples folies. Il voit partout à l'oeuvre la puissance des forces ténébreuses et il leur accorde plus de pouvoir qu'à Dieu. Il est moralement privé de liberté et son esprit est humilié. Il souffre d'un délire de persécution et son âme est malade. C'est un homme malheureux et il mène une vie misérable. § 6. De l'illumination. Kallixte, l'auteur du chant des Anavathmis, dit ceci de l'illumination : " L'illumination est dans l'esprit comme un divin flambeau mystique, survenant avec la vitesse de l'éclair, grâce à l'acquisition des vertus." Et saint Jean Climaque dit : " Quand donc l'homme tout entier devient capable de se mélanger et de s'unir à Dieu, alors, son homme extérieur, son corps, comme en un miroir, témoigne de l'éclat de son âme. C'est ainsi que fut glorifié Moïse qui vit Dieu". " " Un abîme de deuil est une prière contemplative. La pureté de coeur reçoit l'illumination. L'illumination est une énergie indicible, inconnue de l'esprit et invisible."

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