samedi 5 juin 2010

Cycle mobile (Pascalion): Dimanche de la Deuxième Semaine

Cycle mobile (Pascalion): Dimanche de la Deuxième Semaine
SYNAXE DE TOUS LES SAINTS DE RUSSIE
SYNAXE DE TOUS LES SAINTS DE ROUMANIE
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SYNAXE DE TOUS LES SAINTS DE LA PENINSULE IBERIQUE
SYNAXE DE TOUS LES SAINTS DE LA SAINTE MONTAGNE DE L'ATHOS
SYNAXE DE TOUS LES SAINTS DE PALESTINE
SYNAXE DES NOUVEAUX MARTYRS DE CHELM ET PODLASIE (POLOGNE)
L'ICÔNE DE LA TRES SAINTE MERE DE DIEU DE KALOUGA (RUSSIE 1771)
2 septembre – 12 octobre – 1er Dim. Carême des Apôtres – 18 juillet
L'Icône de Kaluga de la Mère de Dieu apparut en 1748 dans le village de Tinkova près de
Kaluga au domicile du propriétaire terrien Basile Kondratevich Khitrov. Deux servantes de
Khitrov étaient occupées à nettoyer le grenier de sa maison. Une d'elles, Eudoxia, remarquée
pour son sale caractère, parlait vulgairement et crûment. Sa compagne était modeste et
sérieuse. Elles découvrirent un gros paquet couvert d'un linge en lin. Le défaisant, la jeune
femme vit le portrait d'une femme en habits noirs avec un livre en mains. Pensant qu'il
s'agissait d'un portrait d'une Moniale et voulant remettre Eudoxia à sa place, elle l'admonesta
pour son manque de respect envers l'Abbesse. Eudoxia se moqua des réprimandes de sa
compagne et se fâchant, elle cracha sur le tableau. Aussitôt, elle entra en convulsion et
s'évanouit. Elle devint aussi aveugle et muette. Sa compagne, effrayée, rapporta tout ce qui
s'était passé au personnel de la maison.
La nuit suivante, la Reine des Cieux apparut aux parents d'Eudoxia et leur dit que leur fille
s'était comportée de manière irrévérente à son encontre et Elle leur ordonna de faire célébrer
un Moleben [=Office d'Actions de Grâces et d'Intercession] devant l'Icône insultée puis
d'asperger leur fille handicapée avec l'eau bénite durant le Moleben.
Après le Moleben, Eudoxia fut rétablie et Khitrov prit l'Icône miraculeuse chez lui où elle
accorda la guérison à ceux qui l'approchèrent avec Foi. Plus tard, l'Icône fut placée dans
l'église paroissiale de la Nativité de la Très Sainte Mère de Dieu du village de Kaluga. De nos
jours, elle se trouve dans l'église cathédrale de Kaluga.
A travers cette Icône, la Mère de Dieu a maintes fois manifesté Sa Protection envers la terre
russe durant les périodes troublées. La célébration de l'Icône de Kaluga au 2 septembre fut
instaurée en commémoration de la délivrance de la peste de 1771.
Une seconde célébration fut instaurée le 12 octobre, en mémoire de la préservation de Kaluga
durant l'invasion française de 1812. En 1898, une célébration fut instaurée 18 juillet en
gratitude à la Mère de Dieu pour sa protection face à une épidémie de choléra. L'Icône est
aussi commémorée le premier Dimanche du Carême des Apôtres.
Lecture de l’Epître
Rom II : 10-16
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2.10 Gloire, honneur et paix pour quiconque fait le bien, pour le Juif premièrement, puis pour le
Grec! 2.11 Car devant Dieu il n'y a point d'acception de personnes. 2.12 Tous ceux qui ont péché
sans la loi périront aussi sans la loi, et tous ceux qui ont péché avec la loi seront jugés par la
loi. 2.13 Ce ne sont pas, en effet, ceux qui écoutent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ce
sont ceux qui la mettent en pratique qui seront justifiés. 2.14 Quand les païens, qui n'ont point la
loi, font naturellement ce que prescrit la loi, ils sont, eux qui n'ont point la loi, une loi pour
eux-mêmes; 2.15 ils montrent que l'oeuvre de la loi est écrite dans leurs coeurs, leur conscience
en rendant témoignage, et leurs pensées s'accusant ou se défendant tour à tour. 2.16 C'est ce qui
paraîtra au jour où, selon mon Évangile, Dieu jugera par Jésus Christ les actions secrètes des
hommes.
Pour Tous les Saints de Russie
Heb XI : 33-XII : 2
(1.32 Et que dirai-je encore? Car le temps me manquerait pour parler de Gédéon, de Barak, de
Samson, de Jephthé, de David, de Samuel, et des prophètes,)11.33 qui, par la foi, vainquirent des
royaumes, exercèrent la justice, obtinrent des promesses, fermèrent la gueule des lions, 11.34
éteignirent la puissance du feu, échappèrent au tranchant de l'épée, guérirent de leurs
maladies, furent vaillants à la guerre, mirent en fuite des armées étrangères. 11.35 Des femmes
recouvrèrent leurs morts par la résurrection; d'autres furent livrés aux tourments, et
n'acceptèrent point de délivrance, afin d'obtenir une meilleure résurrection; 11.36 d'autres
subirent les moqueries et le fouet, les chaînes et la prison; 11.37 ils furent lapidés, sciés, torturés,
ils moururent tués par l'épée, ils allèrent çà et là vêtus de peaux de brebis et de peaux de
chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités, 11.38 eux dont le monde n'était pas digne, errants
dans les déserts et les montagnes, dans les cavernes et les antres de la terre. 11.39 Tous ceux-là,
à la foi desquels il a été rendu témoignage, n'ont pas obtenu ce qui leur était promis, 11.40 Dieu
ayant en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu'ils ne parvinssent pas sans nous à la
perfection.
12.1 Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d'une si grande nuée de témoins,
rejetons tout fardeau, et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec
persévérance dans la carrière qui nous est ouverte, 12.2 ayant les regards sur Jésus, le chef et le
consommateur de la foi, qui, en vue de la joie qui lui était réservée, a souffert la croix,
méprisé l'ignominie, et s'est assis à la droite du trône de Dieu.
Pour Tous les Saints de la Sainte Montagne de l'Athos
Gal V : 22-VI : 2
5.22 Mais le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la
fidélité, la douceur, la tempérance; 5.23 la loi n'est pas contre ces choses. 5.24 Ceux qui sont à
Jésus Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. 5.25 Si nous vivons par l'Esprit,
marchons aussi selon l'Esprit. 5.26 Ne cherchons pas une vaine gloire, en nous provoquant les
uns les autres, en nous portant envie les uns aux autres.
6.1 Frères, si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels,
redressez-le avec un esprit de douceur. Prends garde à toi-même, de peur que tu ne sois aussi
tenté. 6.2 Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Christ.
Lecture de l’Evangile
Matthieu IV : 18-23
4.18 Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et
André, son frère, qui jetaient un filet dans la mer; car ils étaient pêcheurs. 4.19 Il leur dit:
Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes. 4.20 Aussitôt, ils laissèrent les filets, et le
suivirent. 4.21 De là étant allé plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et
4
Jean, son frère, qui étaient dans une barque avec Zébédée, leur père, et qui réparaient leurs
filets. 4.22 Il les appela, et aussitôt ils laissèrent la barque et leur père, et le suivirent.
4.23 Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne
nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité parmi le peuple.
Pour Tous les Saints de Russie
Matthieu IV : 25-V : 12
4.25 Une grande foule le suivit, de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée, et d'au
delà du Jourdain.
5.1 Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne; et, après qu'il se fut assis, ses disciples
s'approchèrent de lui. 5.2 Puis, ayant ouvert la bouche, il les enseigna, et dit:
5.3 Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux! 5.4 Heureux les
affligés, car ils seront consolés! 5.5 Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre! 5.6
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés! 5.7 Heureux les
miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde! 5.8 Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils
verront Dieu! 5.9 Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu! 5.10
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux! 5.11
Heureux serez-vous, lorsqu'on vous outragera, qu'on vous persécutera et qu'on dira
faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. 5.12 Réjouissez-vous et soyez dans
l'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux; car c'est ainsi qu'on a
persécuté les prophètes qui ont été avant vous.
Pour Tous les Saints de la Sainte Montagne de l'Athos
Luc VI : 17-23
6.17 Il descendit avec eux, et s'arrêta sur un plateau, où se trouvaient une foule de ses disciples
et une multitude de peuple de toute la Judée, de Jérusalem, et de la contrée maritime de Tyr et
de Sidon. Ils étaient venus pour l'entendre, et pour être guéris de leurs maladies. 6.18 Ceux qui
étaient tourmentés par des esprits impurs étaient guéris. 6.19 Et toute la foule cherchait à le
toucher, parce qu'une force sortait de lui et les guérissait tous.
6.20 Alors Jésus, levant les yeux sur ses disciples, dit: Heureux vous qui êtes pauvres, car le
royaume de Dieu est à vous! 6.21 Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez
rassasiés! Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous serez dans la joie! 6.22 Heureux
serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu'on vous chassera, vous outragera, et
qu'on rejettera votre nom comme infâme, à cause du Fils de l'homme! 6.23 Réjouissez-vous en
ce jour-là et tressaillez d'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans le ciel; car
c'est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.
Cycle fixe : Commémorations
SAINTS MARTYRS DONATIEN ET ROGATIEN, PROTECTEURS DE NANTES (+ 304)
Avoir le même esprit, être animé de la même volonté, voilà la vraie fraternité. (Saint Augustin
d'Hippone, sermon 25)
Dès que les empereurs Dioclétien et Maximien eurent décrété leur cruelle persécution contre
les Chrétiens, ils envoyèrent au préfet des Gaules un édit par lequel il lui était commandé de
soumettre tout le monde au culte des divinités de l'empire, de promettre des récompenses à
ceux qui pratiqueraient religieusement les cérémonies païennes et qui offriraient des sacrifices
aux divinités et d'employer les tourments et le dernier supplice contre ceux qui persisteraient à
confesser le Nom du Christ.
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Il y avait à Nantes un jeune homme d'illustre naissance appelé Donatien mais plus
recommandable encore par sa Foi qui jointe à un esprit mûr, modérait en lui la vivacité de la
jeunesse. Pénétré de la Crainte de Dieu, il se conduisait avec la sagesse que l'on ne rencontre
que chez les vieillards mûris par les années alors que lui-même était dans un âge où la raison
n'est pas toujours parvenue à sa maturité. Dieu lui ayant fait la Grâce de reconnaître la vanité
des idoles et d'embrasser la Foi chrétienne. Il avait reçu le Saint Baptême et ainsi fortifié par
les Saints Mystères, il professait le Triomphe de Jésus-Christ et répandait dans les coeurs des
Gentils la Semence Divine qui avait si heureusement fructifié en lui.
Alors encore idolâtre, son frère aîné Rogatien fut gagné à la Foi chrétienne par Donatien dans
un temps où c'était exposer sa vie que de professer la Vraie Foi alors proscrite. Mais cette
considération ne put détourner Rogatien de la Vérité : il se dévoua à la mort charnelle en
même temps qu'au Service de Jésus-Christ et pour avoir la force de soutenir ce combat
spirituel, il demanda le Saint du Baptême mais l'absence de Prêtre que la persécution avait
chassé du pays, permit que Rogatien fût baptisé par son propre sang.
Sur ces entrefaites un commissaire des empereurs se rendit à Nantes, muni de son ordonnance
et fut reçu favorablement par la multitude idolâtre. On croit que c'était Rictius-Varus, nommé
communément Rictiovare et fameux par ses cruautés envers les Chrétiens en Gaule belgique.
Un des habitants lui parla de cette sorte : "Juge équitable et modéré! Tu viens fort à propos
pour ramener au culte des dieux ceux qui s'en sont écartés pour s'attacher à un homme que les
Juifs ont fait mourir en Croix. Le premier d'entre eux sur qui doit s'exercer ta sévérité c'est
Donatien qui non seulement s'est retiré du service dû aux dieux mais qui par ses vains
discours a encore séduit son frère en sorte que l'un et l'autre méprisent les dieux immortels
que les empereurs invincibles adorent et qu'ils veulent qu'on adore par tout l'univers. La
propre confession des deux frères te convaincra quand il te plaira de les interroger."
Le commissaire que les Actes appellent "Praesca" étant irrité, se fit amener Donatien devant
lui et commença ainsi son enquête : "J'apprends, Donatien que non seulement tu refuses par
une désobéissance criminelle d'adorer Jupiter et Apollon, de qui nous tenons la vie mais que
tu les déshonores par des discours injurieux et que par une prétention extravagante, tu publies
qu'on ne peut être sauvé qu'en croyant à la mort d'un homme qui a été puni du supplice de la
Croix et au culte duquel tu tentes d'engager tout le monde." Donatien répondit : "Tu ne dis
rien que de vrai; j'avoue que je voudrais que tout le monde Le servît car il n'y a que Lui Qui
mérite nos adorations." Le commissaire dit : "Modère-toi sur ce point et cesse de prêcher
inutilement cette vaine doctrine sinon je te ferai bientôt trouver la fin de ta vie." Donatien
répondit : "Si la mort a quelque chose de terrible, ce n'est pas pour moi : c'est pour vous que
l'erreur et la fausse prévention engagent dans les ténèbres et empêchent d'ouvrir les yeux à la
Lumière de la Justice." Le commissaire commanda que le Saint fut enchaîné et jeté dans une
prison afin que la violence des tourments ébranlât le Martyr et lui fit perdre la Foi ou du
moins que son supplice détournât ceux qui en seraient les spectateurs de croire en Jésus-
Christ.
Rogatien fut amené au commissaire en présence du peuple et le commissaire, voulant le
gagner par la douceur, lui dit : " Rogatien, j'ai été informé que tu veux abandonner
inconsidérément le culte des dieux qui ont daigné te donner la vie et orner ton esprit de
sagesse et de belles connaissances; j'ai honte pour toi de voir que tant de choses que tu sais ne
t'empêchent pas de consentir à perdre l'esprit. Prends garde que voulant ne confesser qu'un
seul Dieu, tu n'encoures la colère de plusieurs autres. Mais comme tu n'es point encore souillé
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de je ne sais quel Baptême, si l'obstination n'a point encore endurci ta volonté, reçois les biens
et les honneurs que t'offrent la clémence des empereurs et la bonté des dieux." Rogatien
répondit : "Je ne m'étonne pas que tu mettes la clémence des empereurs avant la bonté des
dieux. Tout est perverti dans ton esprit, quoique tu aies raison de donner le premier rang à des
êtres vivants qui valent encore mieux que des dieux de fonte. Mais et tes dieux et toi, tu es
également insensibles : eux parce qu'ils sont de métal ou de pierre et toi parce que tu mérites
de ressembler à ce que tu adores ." Le juge commanda que Rogatien fût jeté dans le même
cachot où l'on avait mis son frère afin que le lendemain l'épée du bourreau vengeât et les
dieux et les empereurs des mépris et des insultes de l'un et de l'autre.
Rogatien n'éprouvait qu'une peine : c'était d'avoir été prévenu par la persécution avant qu'il
eût reçu le Baptême mais la Foi qu'il avait en Dieu lui fit espérer que le baiser de son frère lui
tiendrait lieu du bain sacré. Donatien informé de la peine de son frère, fit cette prière à Dieu :
"Seigneur Jésus-Christ auprès de Qui les intentions ont la même valeur que les oeuvres quand
l'impuissance absolue empêche les effets d'une volonté qui T’est toute dévouée, accorde à Ton
Serviteur Rogatien que sa Foi Pure lui tienne lieu de Baptême et son sang d'onction sacrée s'il
arrive demain par l'obstination du juge que l'épée termine le cours de notre vie." Ils passèrent
l'un et l'autre la nuit à se fortifier par l'espérance de la couronne immortelle.
Le lendemain, le juge monta sur son tribunal et fit venir les deux frères chargés de chaînes; il
leur dit : "La sévérité dont je dois des exemples au public m'empêche désormais d'user avec
vous de douceur puisque vous méprisez le culte des dieux immortels par ignorance ou, ce qui
est pire, que vous travaillez à le détruire, parce que vous vous croyez mieux instruits que
nous." Les Martyrs lui répondirent : "Que ta science qui est au-dessous de l'ignorance stupide
soit semblable à tes dieux que tu adores dans des métaux qui n'ont aucun sentiment. Nous
sommes prêts à souffrir pour Jésus-Christ tout ce que la rage du bourreau sera capable
d'inventer; nous n'estimons pas que ce soit perdre la vie que de la donner pour Celui de Qui
nous l'avons reçue et Qui nous en rendra une autre infiniment plus heureuse." Le juge
transporté de colère, ordonna que les deux frères fussent tourmentés et disloqués sur le
chevalet afin que s'ils ne changeaient pas de résolution, ils eussent plus longtemps à souffrir et
qu'ensuite ils fussent décapités. Les ministres de sa fureur cherchant à lui plaire par un excès
de cruauté, après avoir tourmenté les Martyrs, leur enfoncèrent une lance dans la gorge, ce qui
n'avait point été ordonné et puis leur coupèrent la tête.
Les corps des Saints Martyrs furent ensevelis auprès du lieu où ils avaient souffert et depuis
placés dans un sépulcre que les Chrétiens leur édifièrent, au pied duquel plusieurs anciens
Evêques de Nantes ont voulu être ensevelis. Autrefois, un monument marquait la place
précise où ils avaient souffert le martyre. Les pré-bolcheviks l'ayant renversé, les papistes y
ont planté deux Croix en 1816 et placé une inscription qui rappelle le martyre des deux
frères. Dès la fin du cinquième siècle, on bâtit sur le tombeau des Saints Martyrs une belle
église qui fut d'abord possédée par les Moines de Bourg-Dieu, en Berri; ils la cédèrent ensuite
ou la rendirent aux chanoines de Nantes et c'est maintenant une église paroissiale papiste.
Pendant la révolution, elle fut en partie détruite. Deux dames pieuses la firent rétablir à leurs
frais en 1806.

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SAINT NIKITA LE STYLITE, THAUMATURGE DE PEREYASLAVL-ZALESSKI
(+ 1186)
Il vécut une vie effrénée et vicieuse quand il était jeune. Un jour, alors qu'il était entré dans
une église, il entendit les paroles du Prophète Isaïe : "Lavez-vous (vos péchés), rendez-vous
propres." Les mots pénétrèrent profondément dans son âme et il effectua un changement de
vie radical. Nikita quitta sa maison, son épouse et son pays et entra dans un monastère près de
Pereyaslavl où il pratiqua une Ascèse fort stricte jusqu'à sa Naissance Céleste. Il enveloppa
son corps de chaînes et se hissa en haut d'un poteau, devenant ainsi pareil à un Stylite. Dieu
lui accorda une grande Grâce et il guérit des gens affligés de divers tourments. Il guérit de la
paralysie le Prince Michael de Chernigov. Un jour, des malfaisants virent les chaînes briller
sur lui et pensant qu'elles étaient en argent, ils le tuèrent une nuit, lui retirèrent les chaînes et
les emportèrent. Cela eu lieu le 16 mai 1186. Il apparut après sa Naissance Céleste à un
Ancien, Siméon, et lui dit de placer ses chaînes, une fois récupérées, dans sa tombe près de
son corps.

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SAINT SIMEON LE STYLITE (LE NOUVEAU, LE JEUNE) DE LA MONTAGNE
MERVEILLEUSE (+592)
Il naquit à Antioche vers 522 durant le règne de l'empereur Justin l'Ancien. Son père
s'endormit dans un tremblement de terre et il fut laissé seul avec sa mère Martha. A l'âge de
six ans, il se retira au Désert auprès d'un Père spirituel, Jean, sous la guidance de qui il se
soumit pour une austère vie de jeune et de prière, devenant un Ascète étonnant tous ceux qui
le voyaient. Endurant d'horribles tentations démoniaques, il reçut un grand réconfort et la
Grâce du Seigneur et de Ses Anges. Le Seigneur Christ lui apparut sous l'apparence d'un beau
jeune homme. Après cette vision, un grand Amour pour le Christ enflamma le coeur de
Siméon. Il passa de longues années en haut d'une "stèle," priant Dieu et chantant des Psaumes.
Sous la Guidance de Dieu, il se retira sur une montagne appelée "Merveilleuse" par le
Seigneur Lui-même. Par son Amour pour Dieu, il reçut le don de guérir toute infirmité,
d'adoucir les bêtes sauvages et de discerner tout jusqu'aux confins de la terre et dans les coeurs
des hommes. Quittant son corps, il s'éleva aux Cieux et conversa avec les Anges effrayant et
chassant les démons, prophétisant, vivant parfois trente jours sans sommeil et même plus
encore sans manger et recevant sa nourriture des mains des Anges. En lui s'accomplirent
pleinement les Paroles du Seigneur : "Celui qui croit en Moi, fera les oeuvres que Je fais; il en
fera même de plus grandes." En l'an de notre Seigneur 592, la soixante-quinzième année de sa
vie, Saint Siméon se présenta au Seigneur.
ou
The Monk Simeon the Pillar-Dweller was born in the year 521 in Syrian Antioch from the
pious parents John and Martha. Saint Martha (Comm. 4 July)from her youthful years prepared
herself for an unmarried life and yearned for monasticism, but her parents insisted on her
entering into marriage with the youth John. After ardent prayer in a church in the name of
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Saint John the Fore-Runner, the future nun was directed in a vision to submit to the will of her
parents and enter into marriage. In married life, Saint Martha strove to please God and her
husband in everything. She often prayed about granting her a baby and promised to devote
him to the service of God. In his appearance to the saint, Saint John the Fore-Runner revealed
to the pious Martha that of her would be born a son, who indeed would serve God. When the
infant was born, he was named Simeon and baptised at two years of age.
When Simeon was six years old, an earthquake occurred in the city of Antioch, during the
time of which his father perished. Simeon during the time of the earthquake was in church.
Leaving it, he became lost and spent seven days sheltered by a pious woman. Having again
appeared to Blessed Martha, John the Baptist indicated where to find the lost boy. The mother
of the saint, having found her lost son, settled after the earthquake on the outskirts of Antioch.
Already during his childhood the Lord Jesus Christ appeared several times to Saint Simeon,
foretelling him his future exploits and the recompense for them.
The six year old lad Simeon went off into the wilderness, where for a certain time he was
situated in complete isolation. During this time a light-bearing Angel guarded and fed him and
finally, he arrived at a solitary monastery, the head of which was the hegumen Abba John,
pursuing asceticism upon a pillar, and with love he accepted the lad.
After a certain while Saint Simeon turned with a request to the Elder John to permit him also
asceticise upon a pillar. A new pillar was erected by the brethren of the monastery with the
blessing of the hegumen, not far from his pillar. Having completed the obedience of the seven
year old boy into monasticism, Abba John himself raised him up upon this pillar. The young
ascetic, strengthened by the Lord, quickly grew spiritually, in his efforts surpassing even his
experienced preceptor. For his stringent efforts, Saint Simeon received from God the gift of
healing. The fame about the deeds of the young monk began to spread about beyond the
bounds of the monastery, and monks and laypeople began to come to him from various
places, wanting to hear his counsel and receive healings from infirmities. The humble ascetic
continued to pursue asceticism with instructions from his spiritual mentor Abba John.
At 11 years of age the lad decided to pursue asceticism upon still higher a pillar, to the top of
which was 40 feet. The bishops of Antioch and Seleukos came to the place of the monk's
exploits, and ordained the holy ascetic to the dignity of deacon, and then they permitted him
to go up upon the new pillar, on which the Monk Simeon asceticised over the course of 8
years.
The Monk Simeon prayed ardently for the sending down upon him of the Holy Spirit, and the
holy prayer of the ascetic was heard. The Holy Spirit came down upon him in the form of a
blazing light, filling the ascetic with Divine Wisdom. Alongside with spoken precepts, Saint
Simeon dispatched written precepts about repentance, monasticism, about the Incarnation of
Christ and about the future Judgement.
After the death of his elder, Saint Simeon structured his life thus: from the rising of the sun
until mid-afternoon he read books and copied Holy Scripture, after which he again rose to
prayer and prayed all night. When the new day began, having rested somewhat, he began his
usual rule of prayer with the rising of the sun.
The Monk Simeon concluded his efforts on the second column and by the decree of God
settled upon the Wondrous Mount, having become in his monastery an experienced elder for
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guidance to monks. The ascent onto the Wondrous Mount was marked by a vision of the
Lord, standing atop a column. Saint Simeon continued his exploits at this place where he saw
the Lord, at first upon a stone, and then upon a pillar again raised up. Future events were
revealed to the Monk Simeon, and thus he foretold the death of the archbishop of Antioch,
Ephrem, and the illness of the bishop, Domnos, which overtook him in punishment for his
lack of pity. And finally, the Monk Simeon predicted an earthquake for the city of Antioch
and urged all the inhabitants to repent themselves of their sins. On the Wondrous Mount Saint
Simeon established a monastery, the church of which sick people healed by him built, in
gratitude for the mercy shown them. For the needs of the monastery the monk petitioned by
prayer a spring of water, and once during the time of a shortage of grain, by his prayer to the
Lord wheat was multiplied in the granaries of the monastery. In the year 560 by the command
of the Lord the holy ascetic at age 39 received the priestly dignity from the bishop of
Seleukos, Dionysios. At age 75 the Monk Simeon was forewarned by the Lord about his
impending end. He summoned the brethren of the monastery, instructed them in a farewell
blessing talk and peacefully expired to God in the year 596, having toiled in the feat of pillardwelling
for 68 years.
Just as during life, so also after death the monk worked miracles, healing the blind and lame
and leprous, saving many from wild beasts, casting out devils and resuscitating the dead.
SAINTS MARTYRS MELETIUS STRATELATES ET SES COMPAGNONS, STEPHANE,
JEAN ET 1218 SOLDATS AVEC FEMMES ET ENFANTS : SERAPION L’EGYPTIEN,
CALLINICOS LE MAGICIEN, THEODORE, FAUSTUS, LES FEMMES MARCIANA,
SUSANNA ET PALLADIA, LES DEUX ENFANTS CYRIAQUE ET CHRISTIAN, 12
TRIBUNS : FAUSTUS, FESTUS, MARCELLUS, THEODORE, MELETIUS, SERGIUS,
MARCELLINUS, FELIX, PHOTINUS,, THEODORISCUS, MERCURIUS ET DIDYME ET
TOUS CEUX QUI SOUFFRIRENT EN GALATIE (+218)
Meletius fut accusé d'avoir démoli un temple païen, durant le règne de l'empereur Antonin.
Cloué à un arbre, Meletius rendit son âme au Seigneur. Nombre de soldats sous ses ordres et
qui refusèrent de renier leur Foi en Christ Notre Seigneur, souffrirent avec lui glorieusement
durant le troisième siècle et prirent demeure dans le Royaume du Christ Dieu.
ou
The Holy Martyrs Meletius Stratelates, Stephen, John, Serapion the Egyptian, Kallinikos the
Sorcerer, Theodore and Faustus and with them 1218 Soldiers with Women and Children:
During the reign of the Roman emperor Antoninus Heliogobalus (218-222) the holy Martyr
Meletius was a military commander of the Galatia district. He was a Christian and he prayed
fervently that the Lord would put an end to the pagan error. Terrified by his prayer, the devils
inhabiting the pagan temples entered into dogs, which by their howling began to imbue fear
into the inhabitants of the district. Saint Meletius together with his soldiers dispatched the
mad dogs, destroyed the temples and was then arrested and brought to trial before the
governor Maximian. For refusing to offer sacrifice to idols Saint Meletius was subjected to
torture, and he died, not ceasing to confess his faith in Christ. The tribunes of his regiment,
the holy Martyrs Stephen and John, were beheaded for their confession of Christ as True God.
The remaining soldiers of the regiment, likewise declaring themselves Christian, were
beheaded by the sword together with their wives and children, and in the torments perished
1218 men, put by some historians at instead the number 11,000 (+ c. 218).
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The holy Martyrs Theodore and Faustus together with many others were burned. From the
women and children that suffered are known the names of the holy Martyresses Marciana,
Susanna, Palladia, and the Infants Kyriakos and Christian. The names of some of the soldiers
are known, and of the 12 tribunes: the holy Martyrs Faustus, Fistus, Marcellus, Theodore,
Meletius, Sergius, Marcellinus, Felix, Fotinus, Theodoriscus, Mercurius and Didymos.
The holy Martyr Serapion was born in Egypt. He had come to the Galatia district and was a
witness of the martyrdom of Saint Meletius and his comrades. Seeing the bravery with which
those believing in Christ died for Him, Saint Serapion himself believed, for which he was
imprisoned. In prison an Angel of God came down to him and ordained Saint Serapion a
bishop.
SAINT VINCENT DE LERINS (+450)
Vincent était Moine à Lérins. Il écrit son "Commonitorium" sous le pseudonyme de
Peregrinus, "à peu près trois ans" après le Concile d’Éphèse (+431).
Véritable discours de la méthode en théologie, cet ouvrage donne les règles fondamentales qui
permettent de discerner l’erreur hérétique de la Vraie Foi réellement catholique. Vincent met
en exergue trois critères : l’universalité, l’antiquité et l’unanimité. Pour contrebalancer ce
12
qu’ont de rigide ces trois repères, Vincent ajoute qu’il existe un progrès dans les sciences
théologiques mais toujours "selon leur nature particulière, c’est-à-dire dans le même dogme
dans le même sens et dans la même pensée."*
* Coupés de la sève vivifiante de la Sainte Tradition des Pères de l'Eglise, les dits "catholiques romains" auront
développé la notion absurde et funeste de l' "évolution dogmatique" selon laquelle un dogme évolue… Poussée
à l'extrême, cette profanation aboutit à ce que l'islam appelle l'abrogation : celle des versets plutôt pacifiques et
aimants par ceux qui appellent à la guerre et au meurtre.
ou
Probablement originaire du Nord de la Gaule, Saint Vincent occupait des fonctions
importantes dans le monde* mais il sut se dégager à temps de cette vaine tourmente et se
retira au Monastère de Lérins fondé quelque temps auparavant par Saint Honorat. Il s'y livra à
l'hésychia, à l'étude assidue de l'Ecriture Sainte et des Saints Pères et devint éminent tant par
sa science et son éloquence que par sa Sainteté.
* Selon certains, il était frère de Saint Loup de Troyes (29 juil.) et devint son compagnon d'Ascèse à Lérins.
Vers 434 et peu après le Concile d'Ephèse, sentant l'approche de son départ, il rédigea un
Aide-Mémoire (Commonitorium) qui énonce avec brièveté les règles à observer pour
distinguer la Vraie Foi de toutes les hérésies. Celles-ci se résument en cette formule : "Tenir
pour vérité de Foi ce qui a été cru partout, toujours et par tous."* Il y définit aussi
admirablement la Tradition de l'Eglise non comme un ensemble de formules figées mais
comme un corps vivant qui croît et se développe tout en restant toujours identique à luimême.**
Cet ouvrage connu un succès considérable en Occident et reste aujourd'hui un des
guides les plus sûrs de la Foi Orthodoxe.
* Commonitorium, 2.
** Idem 22-23. Du point de vue orthodoxe, cette interprétation de la Tradition n'implique pas la doctrine de
l'"évolution" du dogme, telle qu'elle a été énoncée par l'Eglise romaine au Concile Vatican 1 (1871). Il s'agit
simplement d'une variation des formulations de la même Foi[donc pas du contenu-même de la Foi] en fonction
des circonstances historiques.
Saint Vincent finit ses jours paisiblement au monastère et s'endormit dans le Christ, un peu
avant 450.
ou
"Prenez garde que quelqu'un ne vous séduise, parce que plusieurs viendront en mon Nom,
disant : Je suis Sauveur et ils en séduiront un grand nombre" (Matth 24,4-5)
Vincent, frère germain de Saint Loup l'Evêque de Troyes, était né à Toul. Il avait d'abord
embrassé le parti des armes et brillé dans le monde. Touché de la Grâce et peut-être entraîné
par l'exemple de son vertueux frère, il alla s'enfermer au Monastère de Lérins pour n'y plus
songer qu'à l'oeuvre de son Salut.
Douloureusement affecté de voir l'Eglise déchirée par les hérétiques et voulant contribuer à
prémunir les simples fidèles contre les sophismes de l'erreur, il composa vers l'an 434, trois
ans après le Concile d'Ephèse qui proscrivit le nestorianisme, un livre qu'il intitula
"Commitorium" ou avertissement contre les hérétiques et que par humilité, il publia sous un
pseudonyme : "Peregrinus" [=le Voyageur ou l'inconnu]. C'est dans ce bel et solide ouvrage
qu'il trace cette règle à laquelle plus strictement que jamais, il importe de se conformer en ces
temps funestes que nous traversons d'apostasie générale: "Dans l'église catholique*, il faut
apporter le plus grand soin à tenir ce qui a été cru partout, toujours et par tous. In ipso
13
Catholica Ecclesia magnopere curandum est ut id teneamus quod ubique, quod semper,
quod ab omnibus creditum est."
* N’oublions pas que ‘catholique’ se rapporte à l’époque à la Véritable Eglise du Christ, donc orthodoxe car
l’Eglise en Orient comme en Occident était alors orthodoxe! Catholique oui, catholique romain ou papiste, non!
Ce livre a pour but de préserver les fidèles des innovations en matière de Foi. Ce traité était
originairement divisé en deux parties dont la seconde avait pour objet le Concile d'Ephèse et à
laquelle était jointe une récapitulation de tout l'ouvrage. La seconde partie ayant été soustraite
à Vincent, il se contenta de rapporter cette récapitulation à la fin de la première partie et de ne
faire du tout qu'un seul livre; c'est dans cet état que nous l'avons aujourd'hui.
L'auteur établit une règle infaillible pour distinguer la Vérité d'avec l'erreur, à savoir l'autorité
des Ecritures expliquées suivant la Tradition de l'Eglise du Christ, c’est-à-dire Une, Sainte,
Catholique et Apostolique; autrement dite : orthodoxe.
Vincent de Lérins s'applique sur toutes choses à prémunir les fidèles contre une des plus
dangereuses tentations où leur Foi soit exposée, ce qui arrive lorsque Dieu permet que de
grands hommes estimés par leurs talents et leur réputation de Sainteté, deviennent les docteurs
de l'hérésie. II apporte pour exemple Valenlin, Donat, Photin, Apollinaire, Nestorius,
Tertullien et surtout Origène, deux Pères dont il fait le plus magnifique éloge pour en conclure
que "tous les vrais catholiques [toujours comprendre orthodoxes; cfr supra] doivent recevoir
les Docteurs avec l'Eglise mais non pas abandonner la Foi de l'Eglise avec les Docteurs."
Le Commonitoire est un de ces écrits que l'on ne peut lire trop souvent; il en est peu dans
l'antiquité qui renferment tant de choses admirables en si peu de paroles. Le style en est
agréable, net, doux et coulant; la phrase de Vincent de Lérins, toujours pure et harmonieuse,
se module et se balance comme la période cicéronienne. Sous le rapport du style, l'auteur du
Commonitoire nous paraît supérieur de beaucoup à Salvien qui vivait dans le même siècle.
Après avoir montré que la division des hérétiques en deux classes principales détermina aussi
à leur égard une double controverse, il ajoute : "Nous n'avons pas à nous occuper ici de celle
qui consistait à montrer par les monuments de la Tradition et les décisions dogmatiques quelle
était la Foi de l'Eglise mais plutôt celle qui avait pour objet de prouver la nécessité de croire à
l'Eglise mérite une attention particulière."
L'antiquité chrétienne a produit sur ce sujet deux ouvrages fondamentaux, l'un vers le
commencement du troisième siècle et l'autre au cinquième : les Prescriptions de Tertullien
(dont nous écartons les erreurs pour ne retenir que l’Orthodoxie de ses propos) et le
Commonitoire de Vincent de Lérins. On les dit fondamentaux parce qu'effectivement les
considérations qui y sont développées frappent également toutes les sectes quelles que soient
leurs doctrines particulières et de même qu'en algèbre on obtient en éliminant les conditions
spéciales de tel problème particulier des formules générales et applicables à toute espèce de
quantité, de même en écartant dans la lecture de ces deux écrits les noms des hérétiques
contemporains et les réflexions accessoires qui s'y rattachent, on voit se dégager dans sa
pureté logique le principe général de la controverse avec tous ceux qui créent ou choisissent
leur foi, suivant la signification propre de ce nom d'hérétiques.
Voici le début plein d'humilité de ce beau livre : "Il me semble à moi, pèlerin, le plus petit de
tous les Serviteurs de Dieu que ce ne serait pas, avec l'Aide du Seigneur, chose d'une
médiocre utilité de coucher par écrit ce que j'ai reçu fidèlement des Saints Pères, précaution
bien nécessaire sans doute à ma propre faiblesse puisque j'aurai là sous la main de quoi
14
suppléer, par une lecture assidue, à mon peu de mémoire"
Ces lignes expliquent bien le sens du titre choisi par l'auteur. On donnait à cette époque le
nom de Commonitoire à un recueil de notes qui devaient aider la mémoire : c'est ainsi que
l'Empereur Théodose donna un commonitoire au comte Elpidius partant pour le Concile
d'Ephèse et que le Pape Zozime en remit un à Faustin qu'il envoyait en Afrique.
Une des plus admirables pages du Commonitoire est celle qui traite du progrès, cette grande
question de tous les temps et du nôtre en particulier. "Quelqu'un dira peut-être : ne peut-il
donc y avoir de progrès pour la religion dans l'Eglise du Christ?" Qu'il y en ait et qu'il y en ait
beaucoup. Car qui serait si malveillant pour les hommes, si maudit de Dieu que d'empêcher ce
progrès? Mais il faut néanmoins que ce soit vraiment un progrès et non pas un changement.
Ce qui constitue le progrès d'une chose, c'est qu'elle prenne de l'accroissement sans changer
d'essence; ce qui en fait au contraire le changement, c'est qu'elle passe d'une nature à une
autre. Il est donc nécessaire que l'intelligence, la science, la sagesse de chacun comme de
tous, d'un seul homme comme de l'Eglise entière, suivant l'âge et le siècle, croissent et
grandissent beaucoup mais toutefois en leur espèce, c'est-à-dire, en conservant la même
doctrine, le même sens, la même pensée.
" Que la religion des âmes imite l'état du corps qui tout en se développant et en grandissant
avec les années, ne laisse pas néanmoins d'être le même.
" Il y a bien de la différence entre la fleur de la jeunesse et la maturité de la vieillesse mais
celui qui est aujourd'hui vieillard, n'est pas autre chose que celui qui fut autrefois adolescent
en sorte qu'un seul et même individu a beau changer d'état et de disposition, il ne change
néanmoins ni de nature, ni de personne. Les membres sont petits dans un enfant à la mamelle,
grands dans un jeune homme; ils sont toutefois les mêmes dans l'un et dans l'autre. Autant les
enfants ont de membres, autant en ont les hommes et s'il est des parties qui se développent
dans un âge plus mûr, elles existaient toutefois dans le principe de leur origine, en sorte que
rien de nouveau ne parait dans un vieillard qui ne fût caché en lui lorsqu'il était enfant.
" Ainsi donc, il n'en faut pas douter, la droite et légitime règle d'un beau développement,
l'ordre parfait et invariable d'une belle croissance, c'est quand le nombre des années vient à
découvrir dans un jeune homme les parties et les formes que la Sagesse du Créateur avait
d'abord cachées dans un enfant. Mais si l'homme avec le temps se change en une figure qui
ne soit pas la sienne, si le nombre de ses membres augmente ou diminue, il faut bien dans ce
cas ou que tout le corps périsse, ou qu'il devienne monstrueux, ou qu'il s'affaiblisse tout au
moins.
" De même, la doctrine de la religion chrétienne doit suivre ces lois de perfectionnement, se
consolider par les années, s'étendre avec le temps, s'élever avec l'âge mais demeurer
cependant pure et intacte, se montrer pleine et entière dans toutes les mesures de ses parties,
comme dans ses sens et ses membres en quelque sorte, n'admettre aucun changement, ne rien
perdre de ce qui lui est propre et ne subir aucune variation dans les points définis.
" Pour l'Eglise du Christ, soigneuse et prudente gardienne des dogmes à elle confiés, elle n'y
change jamais rien, n'y diminue rien, n'y ajoute rien; elle n'en retranche pas ce qui est
nécessaire, elle n'introduit rien de superflu, elle ne laisse rien perdre de ce qui lui appartient,
elle n'usurpe rien d'étranger mais elle met toute son industrie, tout son entendement à traiter
fidèlement et sagement les choses anciennes à façonner et à polir ce qu'il put y avoir autrefois
de commencé, d'ébauché; à consolider, à affermir ce qui fut exprimé, développé; à garder ce
qui fut confirmé, défini.
" Enfin quel autre but s'est-elle jamais proposé dans le décret des Conciles sinon de faire
15
croire avec une Foi plus vive ce que l'on croyait avec plus de simplicité; de faire prêcher avec
plus de force ce qui se prêchait avec plus de faiblesse; de faire adorer avec plus de zèle ce
que déjà l'on adorait avec sûreté? "
Saint Vincent de Lérins naquit au Ciel avant la fin de 450 sous le règne des empereurs
Théodose II et Valentinien III. Ses Reliques, dit-on, sont respectueusement gardées à Lérins.
Dans l'onde d'un ruisseau qui s'éloigne de sa source vers laquelle il ne doit jamais remonter,
Saint Vincent de Lérins voyait l'image des moments fugitifs de la vie qui s'écoulent pour ne
plus jamais revenir. Quelle est la bouche qui n'a point dit quelquefois en pensant à la brièveté
de nos jours : qu'est-ce que la vie?
En nous rappelant notre heureuse enfance, ne semble-t-il pas que nous touchions encore à des
instants écoulés pourtant depuis bien des années? Or, il en sera de même, lorsque sur notre lit
de mort, nous pourrons envisager d'un seul coup d'oeil notre vie tout entière : que sera-t-elle
alors pour nous sinon un songe frivole, une ombre légère et fugitive? Qu'est-ce que votre vie,
dit le Saint Apôtre Jacques? C'est une vapeur qui parait pour un peu de temps et qui sera
bientôt dissipée. N'êtes-vous donc pas des insensés, vous qui dites: Aujourd'hui ou demain,
nous irons dans telle ville, nous y négocierons pendant une année et nous y ferons un gain
considérable : savez-vous même ce qui arrivera demain?
Beaucoup de personnes pensent souvent à la brièveté de la vie mais cette pensée que Dieu a
destinée à porter tant de fruits, est stérile pour elles : loin d'en profiter, ces personnes
s'empressent de la chasser dès qu'elle se présente et s'efforcent de la remplacer par des
pensées riantes et frivoles. En vérité, n'est-ce pas là une folie semblable à celle des insensés
qui danseraient au-dessus d'un volcan ouvert sous leurs pieds pour les dévorer?
Plongez-vous dans le Commonitorium, c'est une merveille d'honnêteté spirituelle (et
intellectuelle), de juste discernement et de Saint Conseil; en somme, une prodigieuse marque
d'amour pour son prochain à notre époque d'apostasie générale par des compagnonnages
spirituels dangereux promus et étalés par les douteux apôtres de la "tolérance" syncrétique
non apostolique et d'un oecuménisme qui juxtapose tout et n'importe quoi pour confondre la
chose vraie et toutes les autres, fausses celles-là.
Certains diront "c'est vieux" mais le Verbe de Dieu Incarné aussi est antique, de cette
véridique, éternelle et intemporelle antiquité, comme la Sainte Tri-Unité et l' Eglise du Christ.
La présente traduction a été réalisée par Pierre Monat pour patristique.org . Cliquez ici pour
télécharger l'édition bilingue latin-français : http://www.patristique.org/IMG/pdf/Vincent.pdf.
Si un antivirus vous en empêchait, ouvrez le même document joint à l'envoi des Lectures de
ce jour. Comme c'est étrange : des virus "de l'époque" contre la Vérité, comme les "virus" à la
Vérité précisément dénoncés par Saint Vincent de Lérins…
Sts Mélèce le Stratilate et ses compagnons- Sts Cyriaque d'Eurychos à Chypre- St Nicetas le
Style de Pereyaslav- St Vincent de Lérins- Sts Martyrs Donatien et Rogatien de Nantes.- Ste
Afre, martyre à Brescia en Lombardie, probablement sous Adrien (IIe siècle).- St Robustien,
martyr à Milan. -St Vincent, martyr à Porto Romano dans le Latium. -Sts Donatien et
Rogatien, frères selon la chair, martyrs à Nantes sous Dioclétien et protecteurs de la ville de
Nantes (vers 304).-Sts Elpide, évêque d'Atella (ville disparue de Campanie, entre Naples et
Capoue), Cyon, prêtre, son frère et Elpice, clerc, fils de celui-ci (Ve siècle). -St Patrice,
évêque de Bayeux en Normandie (vers 469).- St Gabriel, archevêque de Novgorod (1193)
16
Lecture de l’Epître
Pas de lecture ce jour
Lecture de l’Evangile
Matthieu V : 14-19
5.14 Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée; 5.15
et on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier,
et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. 5.16 Que votre lumière luise ainsi devant les
hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les
cieux.
5.17 Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non
pour abolir, mais pour accomplir. 5.18 Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne
passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu'à ce
que tout soit arrivé. 5.19 Celui donc qui supprimera l'un de ces plus petits commandements, et
qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des
cieux; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand
dans le royaume des cieux.
Pour l’usage slave
Matthieu XI : 27-30
11.27 Toutes choses m'ont été données par mon Père, et personne ne connaît le Fils, si ce n'est
le Père; personne non plus ne connaît le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut le
révéler. 11.28 Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos.
11.29 Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de
coeur; et vous trouverez du repos pour vos âmes. 11.30 Car mon joug est doux, et mon fardeau
léger.
REFLEXION – Le Saint Apôtre Paul dit : "Pour les purs, tout est pur" (Tite 1,15). Même la
nourriture humaine par elle-même ne peut être appelée impure, bien qu'en l'homme certaines
nourritures provoquent des pensées et des désirs impurs à l'homme. A cet égard, le
magnifique Saint Siméon le Stylite rapportait une conversation passée avec son Père Spirituel
Jean. Ce Jean l'Ancien disait : "L'homme ne souille pas la nourriture et la boisson car le
Seigneur dit dans l'Ecriture : 'Je vous donne tout cela au même titre que la verdure des
plantes.' " (Genèse 9,3). A cela, le Bienheureux Siméon répondit : "Si l'homme ne souille pas
la nourriture, cependant elle fait naître des pensées impures et enténèbre l'esprit et y donne
racine et engraisse les passions et transforme l'homme spirituel en homme physique, clouant
ses pensées aux désirs terrestres." Est-ce que l'eau qui tombe des nuages n'est pas propre?
Mais quand il tombe trop de pluie, la récolte en pourrit. De la même manière, une
alimentation trop riche provoque la décrépitude de l'être spirituel et moral de l'homme.
CONTEMPLATION - Pour contempler la Grâce de Dieu le Saint Esprit dans le
Mystère (Sacrement) de la Chrismation (Confirmation) :
1. Comment la Grâce oint l'âme lavée du péché des origines par le Baptême avec la joie de
l'adoption filliale;
2. Comment la Grâce confirme l'homme dans la Foi en Christ et lui donne le sceau pour le
Royaume de Dieu.
HOMELIE - A propos de l'Amour de Dieu qui est répandu dans les coeurs des hommes.
"L'amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par le Saint Esprit qui nous fut donné."
17
(Romains 5,5).
L'Amour est joie et l'Amour oint le coeur de l'homme avec la joie. Frères, l'Amour est
puissance et l'Amour oint le coeur de l'homme avec la puissance. L'Amour est paix et l'Amour
oint le coeur de l'homme avec la paix. Et de la joie, de la puissance et de la paix, le courage
naît et l'Amour oint le coeur de l'homme avec le courage.
L'Amour de Dieu comme l'huile parfumée, est répandu dans nos coeurs par personne d'autre
que le Saint Esprit, le Tout Bon et le Tout Puissant Esprit. Totalement non mérité par nous,
l'Esprit de Dieu est répandu sur nous : l'Amour de Dieu en nos coeurs dans le Mystère
(Sacrement) de la Chrismation (Confirmation). Cependant avec le temps, nous négligeons cet
Amour et par le péché, nous nous écartons de Dieu et nous tombons dans la maladie de la
paralysie spirituelle. Et le Saint Esprit ne voulant plus demeurer dans un vase impur, S'éloigne
de notre coeur. Lorsque le Saint Esprit s'éloigne de nous, alors la joie, la puissance, la paix et
le courage nous quittent aussi immédiatement. Nous nous attristons, affaiblissons, perturbons
et devenons craintifs. Mais le Tout Bon Esprit de Dieu ne fait que prendre Ses Distances, Il ne
nous abandonne pas complètement. Il ne nous abandonne pas mais Il nous offre à nous qui
sommes malades les remèdes à travers le Mystère de la Pénitence et le Mystère de la Sainte
Communion. Lorsque nous nous lavons à nouveau à travers les Mystères (Sacrements) de
Pénitence et Communion, alors Lui le Saint Esprit de Dieu revient à nouveau demeurer en
nous et l'Amour de Dieu est répandu dans nos coeurs. Nous tombons, nous nous relevons,
nous tombons, nous nous relevons! Lorsque nous tombons, l'Esprit de Dieu Se tient près de
nous et nous relève si nous désirons être relevés. Et une fois que nous sommes relevés, l'Esprit
de Dieu Se tient en nous tant que, par le péché et la bêtise, nous ne désirons pas rechuter. C'est
ainsi qu'en cette vie, nous devenons alternativement un champs fertile et un Désert, un fils
repentant et un fils prodigue, une plénitude et un vide, lumière et ténèbre.
Ô Tout Bon Saint Esprit de Dieu, ne nous quitte pas, que nous Te voulions ou que nous ne Te
voulions pas. Sois avec nous en tout temps jusqu'à notre mort et sauve-nous pour la Vie
Eternelle.
A Toi soient la Gloire et la reconnaissance, à jamais. Amin.
Saint Nicolas Velimirovitch, Evêque d'Ochrid, Serbie (+ 05 mars 1958), rescapé de Dachau puis des
persécutions communistes, auteur du Synaxaire "Prologue d'Ochrid."

2 juin - 15 juin 2010
Cycle mobile (Pascalion): Mardi de la Quatrième Semaine
Lecture de l’Epître
Rom X : 11-XI : 2
10.11 Quiconque croit en lui ne sera point confus.
10.12 Il n'y a aucune différence, en effet, entre le Juif et le Grec, puisqu'ils ont tous un
même Seigneur, qui est riche pour tous ceux qui l'invoquent. 10.13 Car quiconque invoquera le
nom du Seigneur sera sauvé. 10.14 Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n'ont pas cru?
Et comment croiront-ils en celui dont ils n'ont pas entendu parler? Et comment en entendrontils
parler, s'il n'y a personne qui prêche? 10.15 Et comment y aura-t-il des prédicateurs, s'ils ne
sont pas envoyés? selon qu'il est écrit: Qu'ils sont beaux Les pieds de ceux qui annoncent la
paix, De ceux qui annoncent de bonnes nouvelles! 10.16 Mais tous n'ont pas obéi à la bonne
nouvelle. Aussi Ésaïe dit-il: Seigneur, Qui a cru à notre prédication? 10.17 Ainsi la foi vient de
ce qu'on entend, et ce qu'on entend vient de la parole de Christ. 10.18 Mais je dis: N'ont-ils pas
entendu? Au contraire! Leur voix est allée par toute la terre, Et leurs paroles jusqu'aux
extrémités du monde. 10.19 Mais je dis: Israël ne l'a-t-il pas su? Moïse le premier dit: J'exciterai
votre jalousie par ce qui n'est point une nation, je provoquerai votre colère par une nation sans
intelligence. 10.20 Et Ésaïe pousse la hardiesse jusqu'à dire: J'ai été trouvé par ceux qui ne me
cherchaient pas, Je me suis manifesté à ceux qui ne me demandaient pas. 10.21 Mais au sujet
d'Israël, il dit: J'ai tendu mes mains tout le jour vers un peuple rebelle Et contredisant.
11.1 Je dis donc: Dieu a-t-il rejeté son peuple? Loin de là! Car moi aussi je suis Israélite, de la
postérité d'Abraham, de la tribu de Benjamin. 11.2 Dieu n'a point rejeté son peuple, qu'il a
connu d'avance. Ne savez-vous pas ce que l'Écriture rapporte d'Élie, comment il adresse à
Dieu cette plainte contre Israël:
Lecture de l’Evangile
Matthieu XI : 16-20
11.16 A qui comparerai-je cette génération? Elle ressemble à des enfants assis dans des places
publiques, et qui, s'adressant à d'autres enfants, 11.17 disent: Nous vous avons joué de la flûte, et
vous n'avez pas dansé; nous avons chanté des complaintes, et vous ne vous êtes pas lamentés.
11.18 Car Jean est venu, ne mangeant ni ne buvant, et ils disent: Il a un démon. 11.19 Le Fils de
l'homme est venu, mangeant et buvant, et ils disent: C'est un mangeur et un buveur, un ami
des publicains et des gens de mauvaise vie. Mais la sagesse a été justifiée par ses oeuvres. 11.20
Alors il se mit à faire des reproches aux villes dans lesquelles avaient eu lieu la plupart de ses
miracles, parce qu'elles ne s'étaient pas repenties.
Cycle fixe : Commémorations
SAINT HIEROMARTYR ADALGIS (OU ADELGIS, ALGISE, ALGIS) DE NOVARA
(+670 OU 686)
Moine irlandais et disciple de Saint Fursey, il tient une place dans le folklore du Nord de la
France. Il s'installa avec ses frères Saints Gobain et Etto dans la forêt de Thiérache et devint
un des Apôtres de la Picardie. S'aventurant au loin au départ de leur petite cellule connue
comme "Cellula," ils évangélisèrent dans la région autour d'Arras et de Laon. Le village de
Saint-Algis grandit autour du petit monastère qu'il avait fondé.
Vers 970, l'Abbé irlandais Forannan fit la Translation des Reliques de Saint Adalgis vers
l'église du Monastère de Saint-Michel-en-Thiérache.
2
Saintes Juliana de Vyazemsk et Thekla
SAINTE PRINCESSE JULIANA DE VYASMA (NOVOTORZHOK) (+1406)
21décembre - 2 juin (glorification et invention)
Nobleborn Juliana, Princess of Vyazemsk and Novotorzh, a daughter of the boyar-noble
Maksim Danilov, was glorified by a deep marital prudence. Her spouse, the Vyazemsk prince
Simeon Mstislavich, and also the Smolemsk prince Yuri Svyatoslavich, were compelled to
flee their native lands, which the Lithuanian prince Vitovt had seized. Then the Moscow
prince Vasilii Dimitrovich bestowed the exiled princes the Tver city of Torzhok. Prince Yuri
Svyatoslavich became captivated by the beauty of Juliana and tried every which way to
persuade her to adultery, but Juliana strictly kept her marital fidelity. One time during a feast,
prince Yuri killed the husband of Juliana, in the hope of taking her by force. Saint Juliana
resisted the ravisher. The enraged prince Yuri gave orders to cut off her hands and feet, and to
throw her body into the Tvertsa River. The martyrdom of Saint Juliana was done in the winter
of 1406. From pricks of conscience prince Yuri fled to the Tatars, but even there he did not
find peace. He then settled in the Ryazan wilderness (where also he died in 1408). In the
spring of 1406 they saw the body of the blessed princess floating in the far current. A certain
paralytic heard a voice from above, commanding to bury the body of Saint Juliana at the south
gate of the cathedral in Torzhok. A tomb with the body was afterwards built at the Saviour-
Transfiguration cathedral, where many received healing from her. In connection with the
glorification of Saint Juliana on 2 June 1819 was built a chapel at the right-hand side,
dedicated to her name. At the cathedral of the Transfiguration of the Lord, where earlier there
was a chapel over the grave of the saint, a church was built and also dedicated to the name of
Saint Juliana in 1906.
3
SAINT MEGALOMARTYR JEAN LE NOUVEAU DE SUCEAVA (+1332)
Le Mégalomartyr Jean le Nouveau de Sochi vécut au quatorzième siècle dans la ville de
Trebizond. Il était marchand, pieu et ferme dans son Orthodoxie et généreux avec les pauvres.
Un jour il partit en voyage sur un bateau pour son commerce. Le capitaine du navire n'était
pas Orthodoxe mais voulu discuter de la Foi avec Saint Jean. Ayant été vaincu par les paroles
du Saint, le capitaine résolu de lui causer des ennuis quand ils seraient arrivés à Belgrade.
Durant le séjour du bateau à Belgrade, le capitaine alla voir le gouverneur, un adorateur du
feu et lui suggéra que sur son bateau il y avait un homme studieux qui désirait aussi devenir
un adorateur du feu.
Le gouverneur de la cité invita Saint Jean à rejoindre les adorateurs du feu et à renoncer à sa
Foi en Christ.
Le Saint pria secrètement appelant à l'aide Celui Qui dit : "Et quand on vous emmènera pour
vous livrer, ne vous préoccupez pas de ce que vous direz mais dites ce qui vous sera donné sur
le moment : car ce n'est pas vous qui parlerez mais l'Esprit Saint." Et le Seigneur lui donna le
courage et la compréhension pour rejeter toutes les affirmations des impies et fermement
confesser sa Foi chrétienne. Après cela le Saint fut violemment battu avec des bâtons sur tout
son corps qui en fut lacéré et sa chair tomba en lambeaux. Le Saint Martyr remercia Dieu
d'être trouvé digne de verser son sang pour Lui et dès lors de laver ses péchés. Après cela ils
l'enchaînèrent et le traînèrent jusqu'à la prison. Le matin, le gouverneur de la cité donna
l'ordre de lui amener Jean. Le Martyr paru devant lui avec une face lumineuse et joyeuse. Aux
demandes répétées de renier le Christ, l'Intrépide Martyr refusa fermement, dénonçant le
gouverneur comme outil de satan. Alors ils recommencèrent à le battre avec des bâtons
jusqu'à lui faire sortir ses entrailles. La foule rassemblée ne supporta plus cet horrible
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spectacle et ils commencèrent à crier leur colère face à ce gouverneur tourmentant si
inhumainement un homme sans défense. Le gouverneur fit cesser les coups et ordonna de
faire lier le Mégalomartyr par les jambes à la queue d'un cheval sauvage pour le tirer à travers
les rues de la ville. Les habitants du quartier juif se moquèrent particulièrement du Martyr et
lui jetèrent des pierres. Finalement, quelqu'un tira son épée et lui trancha la tête.
Le corps du Mégalomartyr avec sa tête coupée resta là jusqu'au soir et aucun des Chrétiens
n'osa le prendre. Durant la nuit, une colonne lumineuse fut aperçue au-dessus du Martyr et
une multitude de lampes allumées. Trois portes-cierges chantèrent des Psaumes et encensèrent
le corps du Saint. Un des Juifs, pensant que c'était des Chrétiens venant chercher la dépouille
mortelle du Martyr, prit un arc à flèches et tenta de tirer une flèche sur eux mais retenu par
l'Invisible Puissance de Dieu, il se statufia. Le lendemain matin, la vision disparut mais
l'archer continua à rester paralysé. Ayant expliqué sa vision aux habitants rassemblés et que
cela lui était arrivé par la Volonté de Dieu, il fut libéré de ses liens invisibles. Apprenant les
faits, le gouverneur de la cité donna la permission d'ensevelir le corps du Martyr à l'église
locale. Cela se passa entre 1330 et 1340. Le capitaine qui avait trahi Saint Jean se repentit de
ses actes et décida de convoyer secrètement les Reliques vers son propre pays mais le Saint,
étant apparu en songe au Prêtre de l'église l'en empêcha. Après soixante-dix ans, les Reliques
furent transférées à Sochi, la capitale de la principauté moldo-valache, et placées dans l'église
cathédrale.
Sts.Sanctus, Pothin et Blandine Ste Blandine
SAINT HIEROMARTYR POTHIN,* EVEQUE DE LYON, SAINTE MARTYRE
BLANDINE ESCLAVE ET LEURS COMPAGNONS SAINTS MARTYRS SANCTUS,
MATURUS, ATTALUS, BIBLIS, PONTICUS, ALEXANDRE ET D'AUTRES (+177)
2 juin ensemble et en Occident orthodoxe – 25 juillet sans Saint Pothin en Orient orthodoxe
Originaire d'Asie Mineure, Saint Pothin avait reçu le ministère de l'Eglise de Lyon qu'il
gouverna en paix pendant de longues années en la confirmant dans les traditions apostoliques.
Il était âgé de plus de quatre-vingt dix ans lorsque la persécution de Marc Aurèle frappa la
métropole de l'Eglise des Gaules. Malgré son âge et son extrême faiblesse, il fut arrêté avec
les autres Chrétiens de la ville et porté au tribunal par les soldats, accompagné par des cris
variés de la foule. Sous l'Action du Saint-Esprit et dans son désir ardent du martyre, il trouva
les forces d'un jeune athlète pour confesser sa Foi. Comme le gouverneur lui demandait qui
était le Dieu des Chrétiens, il répondit : "Si tu en es digne, tu le connaîtras." Il fut alors
emmené et traîné sans pitié. On l'outrageait de toutes manières : ceux qui étaient proches le
frappaient des mains et des pieds et ceux qui étaient loin lançaient sur lui tout ce qu'ils
trouvaient à portée de main. Il respirait à peine quand il fut jeté en prison et enfermé dans un
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cachot si étroit qu'on ne pouvait s'y tenir debout;** c'est là qu'après deux jours, il remit son
âme au Seigneur. Les autres Saints Martyrs furent gardés en prison pour être donnés en
spectacle à la foule avide de sang et livrés aux bêtes dans l'amphithéâtre, à l'occasion des fêtes
impériales des Trois-Gaules.
* Nous suivons ici la Lettre des Chrétiens de Lyon, conservée par Eusèbe de Césarée (Hist. Ecclés. V, 1). Dans
l'Eglise occidentale, on lui associe aujourd'hui Sainte Blandine et ses compagnons, bien que ceux-ci eussent
consommé leur Martyre quelques jours plus tard. Le Synaxaire les commémore le 25 juillet.
** Ce cachot est conservé à Lyon.
ou
Lyon est une colonie romaine fondée une cinquantaine d'années avant l'ère chrétienne. Son
excellente position géographique lui permit de devenir le chef-lieu d'une grande province,
avec sa garnison, son hôtel des monnaies, ses sociétés financières et commerciales, ses
corporations comme celle des bateliers du Rhône et de la Saône. Ses négociants étaient en
relations avec le monde entier : Lyon avait ses bâtiments officiels, ses lieux de distraction
comme l'amphithéâtre et ses faubourgs avec ses villas luxueuses. Des routes bien tenues
rayonnaient autour de la ville et des aqueducs. Un monument sacré avait été dédié à Rome et
à Auguste. Son autel se dressait entre deux victoires colossales. Chaque année, au 1er août, la
ville était le théâtre de grandes solennités religieuses. Alors se réunissait l'assemblée des cités
gauloises du Lyonnais, d'Aquitaine et de Belgique pour célébrer le culte impérial. Une foire et
des jeux rehaussaient l'éclat de ces fêtes qui attiraient une foule d'étrangers. C'était le grand
rassemblement de la paix romaine, de la prospérité romaine et gauloise. En termes
évangéliques, c'était la fête de César et de Mammon, l'argent.
Une chrétienté se forma là de bonne heure. L'Évangile lui était venu d'Orient par la
Méditerranée et la vallée du Rhône. Lyon était ville "épiscopale," pointe avancée du
Christianisme vers la vallée du Rhin. En 177, la communauté de Vienne était administrée,
semble-t-il, par le Diacre Sanctus, délégué de l'Evêque lyonnais. Peut-être cependant Lyon et
Vienne formaient-elles deux communautés distinctes.
Sous l'empereur Marc-Aurèle, il y eut pléthore de persécutions et en177, peu avant l'ouverture
des réjouissances annuelles, une hostilité soudaine éclata contre les éléments chrétiens dans ce
milieu lyonnais si cosmopolite. Dans son Histoire ecclésiastique, l. V, c. 1, Eusèbe nous a
conservé presque entièrement une admirable lettre aux Églises d'Asie et de Phrygie qui
renferme tout le récit des combats récemment livrés par les Martyrs de Lyon et de Vienne. Ils
souffrirent à l'amphithéâtre municipal et à l'amphithéâtre des Gaules. Ils furent la grande
attraction pour un public sanguinaire. Parmi ces vaillants, plusieurs portent des noms grecs :
l'Evêque de Lyon, Pothin, un nonagénaire; Vettius Epagathus; le médecin Alexandre venu de
Phrygie mais établi en Gaule depuis des années; Attale de Pergame, Alcibiade, Ponticus,
Biblis... D'autres noms sont latins Sanctus, Maturus, Blandine... Cette lettre est rédigée avec
une simplicité qui n'exclut pas les envols dogmatiques, les allusions bibliques (l'Église est
"Vierge Mère;" le Diable est "le Méchant," "l'Adversaire," le Serpent, "la Bête"). Les
Confesseurs sont comparés à des athlètes : on nous parle avec fierté de leurs performances.
Ces héros estiment que seul le Christ a droit au grand titre de "Martyr" ("témoin") ou encore
ceux qui sont déjà morts pour Lui. Ils ne sont, eux, que des "confesseurs médiocres et
pauvres." Ils sont condescendants pour les tombés qu'ils ont la joie de ramener au Christ. Sans
peur devant les juges, ils prient pour leurs bourreaux. Ils sont créateurs de paix, de joie et de
charité.
Grâce à Eusèbe, ce texte pourtant un des plus beaux que l'on connaisse, eut le retentissement
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qu'il méritait. Aux temps lointains où "la France, notre patrie, s'appelait la Gaule," quels noms
offre-t-on à retenir aux petits enfants qui vont à l'école? Il y en a trois : César, Vercingétorix
et Blandine. On aime à voir ainsi le primat du spirituel s'affirmer à l'aurore de notre histoire.
Voici une traduction de cette lettre vénérable, perle de la littérature chrétienne du deuxième
siècle :
Les Serviteurs du Christ qui habitent Vienne et Lyon, en Gaule, aux frères d'Asie et de
Phrygie qui ont la même Foi et la même Espérance que nous dans la Rédemption paix, grâce
et Gloire de la part de Dieu, Père et du Christ Jésus Notre Seigneur. La force de la
persécution, par ici, la rage et la violence des païens contre les Saints, toutes les souffrances
qu'ont supportées les Bienheureux Martyrs, défient les narrations que nous pourrions faire de
vive voix ou par écrit. En effet, l'ennemi est tombé sur nous de toute sa force: avant-goût de
son avènement quand il aurait ses facilités. Il alla partout, stylant ses suppôts et les exerçant
contre les Serviteurs de Dieu, en sorte qu'on nous pourchassa d'abord dans les maisons, dans
les bains, au forum; puis on fit défense générale à chacun de nous de paraître en aucun lieu.
Mais la Grâce de Dieu prit ses mesures défensives. Elle réserva les faibles et aligna contre
l'ennemi des colonnes inébranlables dont l'endurance attirerait tout l'effort du Méchant. Ces
vaillants abordèrent la lutte et subirent toute espèce d'outrages et de tortures. Des supplices
que d'autres estimeraient formidables, furent pour eux peu de chose : ils se hâtaient vers le
Christ et montraient par leur exemple que "les souffrances du temps présent ne sont pas
proportionnées à la Gloire qui doit être manifestée en nous" (Rom., 8, 18).
Et d'abord, ils supportèrent généreusement les manifestations populaires : insultes, coups,
violences, spoliations, grêles de pierres, emprisonnements, tout ce qu'une foule enragée a
coutume d'imaginer contre des ennemis détestés. Ensuite, ils furent traduits au forum,
questionnés en public par le tribun et les magistrats municipaux. Ils confessèrent leur Foi et
furent tous jetés en prison jusqu'au retour du gouverneur.
Quand il fut là, on les mena devant lui et il les traita avec la cruauté d'usage. Vettius
Epagathus se trouvait avec nos frères. Il débordait de charité envers Dieu et le prochain; sa
vie austère lui méritait, malgré sa jeunesse, l'éloge donné au vieillard Zacharie ; oui, "il
marchait sans reproche dans tous les commandements et observances du Seigneur" (Luc., 1,
6). Il était diligent pour rendre service, très zélé pour Dieu, tout bouillant de l'esprit. Un
pareil homme ne put tolérer la procédure extravagante instituée contre nous. Dans un sursaut
d'indignation, il réclama la parole, lui aussi pour défendre ses frères et montrer qu'il n'y avait
rien d'irréligieux ni d'impie parmi nous. Mais ceux qui étaient autour du tribunal crièrent
haro sur lui car c'était un homme connu et le gouverneur n'admit point cette requête pourtant
juste. Il se contenta de lui demander s'il était Chrétien, lui aussi. Epagathus le reconnut d'une
voix vibrante et fut admis ainsi au nombre des Martyrs. Il s'était comporté en avocat
("paraclet") des Chrétiens; c'est qu'il avait en lui le Paraclet, l'Esprit, plus abondamment que
Zacharie, ce qu'il prouva par son ardente charité qui l'exposa à la mort pour le salut de ses
frères. Il était, il est un Véritable Disciple du Christ, "suivant l'Agneau partout où il va"
(Apoc., 14, 4).
Dès lors, il se fit un partage parmi les Chrétiens. Les uns se révélèrent bien prêts au martyre
et de tout coeur rendirent ce témoignage suprême. D'autres montrèrent qu'ils étaient sans
entraînement, sans préparation, faibles et incapables de supporter la tension d'un grand
combat. Dix environ parmi eux tombèrent et furent pour nous cause d'une grande peine et
d'une componction immense. Ils brisèrent le courage des autres qui n'étaient pas encore
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arrêtés et qui, malgré de rudes épreuves, assistaient les Confesseurs et gardaient la liaison
avec eux. Alors nous fûmes en proie à une grande inquiétude : comment tourneraient les
professions de la Foi? Nous pensions à leur issue et nous craignions que quelqu'un ne
tombât. Cependant, chaque jour on en saisissait qui étaient dignes de compléter le nombre
des Martyrs. C'est ainsi qu'on rafla dans les deux Églises (Lyon et Vienne) les plus zélés, les
artisans de ce qui existe par ici. On arrêta aussi quelques-uns de nos serviteurs qui étaient
païens car le gouverneur avait décrété de nous rechercher tous. Ceux-ci, pipés par satan,
terrifiés par les tortures qu'ils voyaient infliger aux Saints et incités à cela par
les soldats, nous calomnièrent en nous accusant de repas de Thyeste et d'incestes d'Oedipe et
d'autres énormités qu'il ne nous est pas permis de dire ni même de penser ou croire possibles
chez des hommes. Ces racontars se répandirent; tous devinrent fous furieux contre nous. Des
gens qui, naguère, étaient de nos relations et continuaient à nous ménager nous trouvèrent du
coup absolument intolérables et grincèrent des dents contre nous. Ainsi s'accomplissait la
Parole de Notre Seigneur "Il viendra un temps où quiconque vous tuera croira rendre
hommage à Dieu" (Jean., 16, 2).
Alors les Saints Martyrs n'eurent plus qu'à endurer des supplices au-dessus de toute
description. Satan brûlait d'envie de leur tirer, à eux aussi, quelque parole de calomnie.
Surexcitée, toute la colère de la plèbe, du gouverneur et de l'armée tomba sur Sanctus, le
Diacre de Vienne, sur Maturus, un néophyte mais un généreux combattant, sur Attale de
Pergame qui fut toujours la colonne et le soutien de Notre Eglise et sur Blandine. En elle le
Christ montra que ce qui paraît aux hommes sans prix, sans beauté, méprisable, est en grand
honneur auprès de Dieu, à cause de l'amour qu'on lui prouve par des actes et non par les
fanfaronnades de l'imagination. Nous craignions tous, avec sa maîtresse selon la chair qui
combattait elle aussi parmi les Martyrs, qu'elle ne pût faire franchement profession de la Foi,
à cause de sa faiblesse physique. Mais Blandine fut remplie d'une telle force qu'elle fatigua et
découragea les bourreaux qui se succédèrent près d'elle depuis le matin jusqu'au soir et
épuisèrent tout l'arsenal des supplices. Ils s'avouèrent vaincus ils n'avaient plus rien à lui
faire. Ils s'étonnaient qu'il lui restât encore un souffle de vie alors que tout son corps était
déchiré et labouré. Ils certifiaient que le moindre de ces tourments était suffisant pour ôter la
vie et tout leur assortiment n'avait pas réussi! Mais la Bienheureuse, comme un généreux
athlète, retrouvait des forces à confesser sa Foi. C'était pour elle un réconfort, un repos et un
apaisement de ses souffrances de dire : "Je suis Chrétienne et chez nous il n'y a rien de mal."
Sanctus lui aussi supporta, avec une générosité surhumaine, toutes les violences des
tortionnaires. Les impies espéraient, par la durée et l'intensité des supplices, obtenir de lui un
motif de condamnation. Il leur résista avec une telle fermeté qu'il ne dit ni son nom, ni son
pays, ni sa ville d'origine, ni s'il était esclave ou libre mais à toutes les interrogations il
répondait en latin : "Je suis Chrétien." C'était là sa réponse pour le nom, la cité, la race pour
tout successivement et les païens ne purent tirer de lui autre refrain. Alors une grande
émulation saisit gouverneur et bourreaux, en sorte que n'ayant plus rien à lui faire subir, ils
lui appliquèrent finalement des lames d'airain ardentes sur les parties les plus sensibles du
corps. Celles-ci brûlaient mais lui, invincible, inflexible, ferme dans sa confession, s'abreuvait
et se fortifiait à la Source Céleste d'eau vive qui jaillit du sein du Christ. Son pauvre corps
attestait ce qu'il avait enduré; tout n'y était que plaies et meurtrissures. Cette chair contractée
n'avait plus forme humaine. Mais le Christ qui souffrait en lui acquérait une grande gloire en
ruinant l'ennemi et en montrant par un exemple mémorable que rien n'est à craindre avec
l'Amour du Père, rien n'est douloureux avec la Gloire du Christ.
Les impies, quelques jours après, recommencèrent à torturer le Martyr. Ils pensaient qu'en
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appliquant les mêmes tortures sur des plaies encore soulevées et phlegmoneuses, ils
viendraient à bout de lui puisqu'il ne supportait même pas le contact des mains; ou bien sa
mort dans les supplices inspirerait de la crainte aux autres. Mais rien de tel n'arriva à
Sanctus. Bien mieux! son pauvre corps se releva, se redressa dans ces nouveaux supplices; il
reprit sa forme, l'usage de ses membres. Ainsi ce ne fut pas une torture mais une cure, par la
Grâce du Christ, ce deuxième supplice.
Biblis était une de celles qui avaient apostasié et le diable croyait déjà l'avoir assimilée.
Désireux d'obtenir sa condamnation par calomnie, il la fit mener au supplice : il la forcerait
bien à nous charger d'impiétés, cette femmelette sans énergie. Mais quoi! pendant la torture,
Biblis reprit conscience et se réveilla comme d'un profond sommeil. La douleur momentanée
lui fit penser au châtiment sans fin de la géhenne. Elle contrecarra les calomniateurs par
cette réplique : "Comment pourraient-ils manger des enfants, ces gens qui ne doivent même
pas prendre du sang d'animaux?" Dès lors elle se déclara Chrétienne et elle fut mise au rang
des Martyrs.
Les supplices tyranniques se trouvaient sans force, grâce au Christ Qui donnait patience aux
Bienheureux. Le diable combina d'autres machinations. Il fit enfermer les Martyrs dans
l'endroit le pins malsain et le plus obscur de la prison, les fit mettre aux ceps, les pieds
écartés jusqu'au cinquième trou, sans parler des mauvais traitements que des gardiens
acharnés et possédés du démon ont accoutumé d'infliger aux détenus. C'est ainsi qu'un bon
nombre périrent d'asphyxie dans la geôle. Le Seigneur avait voulu qu'ils partissent ainsi pour
souligner Sa Puissance. En effet, quelques-uns, si cruellement torturés qu'ils semblaient ne
plus pouvoir vivre, même avec les plus grands soins, subsistèrent dans la prison, privés du
secours des hommes mais fortifiés par le Seigneur et rendus vaillants de corps et d'âme au
point de réconforter et de consoler les autres. Tandis que d'autres, des nouveaux qui avaient
été arrêtés récemment et dont le corps n'avait pas enduré la question, ne pouvaient souffrir
cette geôle intolérable et succombèrent.
Le Bienheureux Pothin, chargé du ministère de l'épiscopat à Lyon, avait plus de quatre-vingtdix
ans. Il était très infirme, pouvait à peine respirer à cause de sa débilité. Mais l'ardeur de
l'Esprit le rendit fort, avec un vif désir du martyre. Il fut lui aussi traîné devant le tribunal.
Son corps était épuisé par la vieillesse et la maladie mais son âme gardait sa vigueur pour
que, par elle, le Christ triomphât. Mené au tribunal par les soldats avec un cortège des
magistrats de la cité et de tout le peuple qui poussait contre lui des cris variés, comme s'il
était le Christ en personne, il rendit cet admirable témoignage, le gouverneur lui ayant
demandé quel était le dieu des chrétiens "Si tu en es digne, tu sauras." Alors il fut entraîné
sans ménagements, pris dans un réseau de coups; ceux qui l'entouraient s'en donnaient à
coeur joie et du pied et du poing, sans même considérer son âge; ceux qui étaient loin
empoignaient le premier objet venu et le lui lançaient. Tous pensaient qu'ils auraient
gravement manqué à leur devoir civique et religieux s'ils s'étaient montrés tièdes à l'insulter.
Ils croyaient que leurs dieux trouvaient ainsi vengeance. Pothin respirait à peine lorsqu'il fut
enfin jeté en prison. Il y rendit l'âme deux jours après. Alors se manifesta dans Sa Grandeur
la Providence de Dieu et la Miséricorde Immense de Jésus-Christ apparut. Ce n'est pas tous
les jours que notre confrérie est ainsi à l'honneur mais cela fut bien dans la manière du
Christ.
Ceux qui, aussitôt pris, avaient renié leur Foi, se trouvaient écroués eux aussi et partageaient
les souffrances des Martyrs. En l'occurrence, leur apostasie ne leur procura donc aucun
avantage. Ceux, en effet qui avaient reconnu ce qu'ils étaient, furent mis sous les verrous
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comme Chrétiens sans autre accusation. Mais nos renégats étaient détenus pour homicides et
attentats à la pudeur, avec double peine par rapport aux autres. Ceux-ci se sentaient allégés
par la joie du martyre, l'espoir des biens promis, l'Amour du Christ et l'Esprit du Père. Tandis
que les autres étaient torturés par leur conscience, en sorte qu'on les distinguait au passage
rien qu'à leur mine, les Confesseurs avançaient, joyeux, l'air resplendissant de majesté et
aussi de Grâce, à ce point que leurs chaînes faisaient élégants atours et parures, comme à
une robe nuptiale des ganses brochées d'or. Ils répandaient le Parfum du Christ, si bien que
certains pensaient à des onctions d'essence pour la toilette. Les apostats baissaient les yeux,
honteux, repoussants, parfaitement ignobles. Le comble, c'est que les païens les couvraient
d'outrages, les traitaient de canailles et de capons. On les accusait de meurtres : ils avaient
perdu le titre qui donne l'honneur, la gloire et la vie. A cette vue, les autres se sentirent
d'autant plus fermes et ceux qu'on arrêtait confessaient leur Foi sans barguigner, loin de tout
calcul diabolique.
Après ces tournois, les épreuves finales des Martyrs furent variées à merveille. De mille fleurs
bariolée ils tressèrent une couronne et l'offrirent au Père : ils méritaient bien, ces Vaillants
Athlètes qui avaient soutenu un combat multiforme et remporté de grandes victoires, de
recevoir la couronne magnifique de l'immortalité.
Maturus, Sanctus, Blandine et Attale furent conduits aux bêtes dans l'amphithéâtre, en
spectacle inhumain pour les païens : c'était jour de combat avec les bêtes, offert précisément
à l'occasion des nôtres.
Maturus et Sanctus, de nouveau, subirent à l'amphithéâtre tous les tourments, comme s'ils
n'avaient rien souffert déjà. Ou plutôt ils étaient comme des champions qui ont battu
l'adversaire dans plusieurs rencontres et qui luttent cette fois pour la couronne, ils passèrent
encore par les fouets, selon l'usage du pays, subirent les assauts des bêtes et tout ce qu'un
peuple délirant réclamait bruyamment çà et là. L’apothéose fut la chaise de fer où la grillade
des corps puait la graisse. Mais les païens n'étaient pas rassasiés; leur folie allait crescendo,
voulait vaincre la constance des victimes.
Cependant, de Sanctus ils n'obtinrent rien, que cette profession de la Foi qu'il répétait depuis
le début. Et comme les Martyrs avaient encore du souffle après ce grand combat, ils furent
immolés pour aboutir. En ce jour, au lieu du programme varié des duels de gladiateurs, il y
eut les Saints offerts en spectacle au monde.
Blandine, suspendue à un poteau, était exposée en pâture aux bêtes qu'on avait lâchées. La
vue de ce crucifix improvisé qui priait d'une voix assurée, animait grandement les
combattants. Ils voyaient dans leur soeur, durant le combat, avec les yeux du corps, celui qui
avait été crucifié pour eux afin de garantir aux fidèles que souffrir pour la Gloire du Christ
donne part au Dieu Vivant.
Aucune des bêtes, cette fois-là, ne toucha à Blandine. On la détacha donc de son poteau et on
la remit en prison, en réserve pour un autre combat. Ses multiples performances
disqualifiaient irrémédiablement le Serpent tortueux et stimulaient nos frères. Cette petite,
cette faible, cette méprisée, avec le Grand Athlète Imbattable, le Christ, Qu'elle avait revêtu,
était victorieuse à plusieurs reprises de l'Adversaire. De haute lutte elle s'adjugeait la
couronne de l'immortalité.
Attale, lui aussi, fut violemment réclamé par le public, car il était très connu. Lutteur en
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pleine forme, il fit son entrée, fort de sa bonne conscience. Il s'était soigneusement exercé
dans l'armée chrétienne et toujours il avait rendu témoignage, parmi nous, à la Vérité. On lui
fit faire le tour de l'amphithéâtre, précédé d'un tableau où était écrit en latin "Attale
chrétien." Le peuple se montait extrêmement contre lui. Mais le gouverneur, ayant su qu'il
était citoyen romain, ordonna de le ramener avec le reste en prison, fit son rapport à César et
attendit sa réponse.
Alcibiade, un des Martyrs, vivait très chichement. D'abord il ne changea rien du tout à son
régime, se contentant de pain et d'eau et s'efforçant de maintenir ce menu dans son cachot.
Mais Attale, après sa première performance à l'amphithéâtre, eut une révélation à son sujet :
Alcibiade avait tort de s'abstenir des choses créées par Dieu et de laisser aux autres une
occasion de scandale. Persuadé, Alcibiade prit de tout sans scrupules et avec actions de
grâces. Car les Martyrs étaient visités par la Grâce de Dieu et l'Esprit-Saint les conseillait.
Le temps qui s'écoulait n'était pas perdu pour eux. Leur patience faisait éclater l'infinie
Miséricorde du Christ. Les vivants faisaient revivre les morts, les Martyrs graciaient les
Martyrs manqués. Et ce fut une grande joie pour l'Eglise, la Vierge Mère, de recevoir vivants
ceux qu'elle avait rejetés morts. Grâce aux Confesseurs, nombre de renégats se reprirent. Ils
étaient conçus à nouveau, la vie se ranimait en eux. Il apprenaient à confesser la Foi.
Désormais vivants et énergiques, ils vinrent devant le tribunal. Dieu est doux, il ne veut pas la
mort du pécheur mais sa conversion; il les aida quand ils furent interrogés de nouveau par le
gouverneur. La réponse de César, en effet, était de mettre à mort les persévérants; les
renégats, de les libérer.
La grande fête annuelle qui amène un concours immense de tous les peuples, commençait
alors. Le gouverneur fit venir les Bienheureux à son tribunal dans une audience théâtrale,
avec défilé devant le public. Il les interrogea derechef. Ceux qui parurent nantis du droit de
cité romaine eurent le tête tranchée; les autres, il les envoya aux fauves.
Le Christ fut magnifiquement glorifié par ceux qui, une première fois, L'avaient désavoué.
Contre l'attente des païens ils Le confessèrent alors. On les avait interrogés séparément,
comme si on voulait les libérer mais ils confessèrent leur Foi et s'ajoutèrent à la liste des
Martyrs. Resta exclu ce qui n'avait jamais eu trace de Foi, jamais compris l'histoire de la
robe nuptiale (Matth., 22, 11), jamais eu la Crainte de Dieu; des gens qui par leur volte-face
avaient couvert de honte leur Eglise, des fils de perdition enfin! Tous les autres furent réunis
à l'Église.
A l'interrogatoire assistait Alexandre de Phrygie, médecin en Gaule depuis bien des années.
Tous le connaissaient pour son Amour de Dieu et sa franchise; il avait bien sa part de Grâce
pour l'apostolat. Debout près du tribunal, il faisait des signes de tête aux accusés pour les
inciter à confesser. C'était visible pour ceux qui entouraient le tribunal on peut dire qu'il
enfantait des Martyrs. Les gens, irrités de voir les ci-devant renégats se rétracter, accusèrent
hautement Alexandre d'être la cause de ce changement. Le gouverneur le fait comparaître, lui
demande son identité. Alexandre répond : "Chrétien!" Agacé, le gouverneur le condamne aux
bêtes.
Le lendemain, il entra dans l'arène avec Attale, car le gouverneur pour plaire au public,
livrait de nouveau Attale aux bêtes. Ils passèrent par tous les instruments de supplice inventés
pour l'amphithéâtre et soutinrent un combat très dur. Enfin, on les immola eux aussi.
Alexandre ne prononça pas un mot, ne fit pas entendre un cri; il s'entretenait avec Dieu dans
son coeur. Pour Attale, il fut placé sur la chaise de fer et brûlé. Comme une fumée et une
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odeur de graisse s'exhalaient de son corps, il dit au public en latin : "Voyez c'est vous, à cette
heure qui êtes des mangeurs d'hommes. Nous autres, nous ne mangeons pas d'hommes et
nous ne faisons rien de mal." On lui demanda quel était le Nom de Dieu : "Dieu, dit-il, n'a
pas de nom comme un homme."
Après tous ces supplices, le dernier jour des combats singuliers, Blandine fut réintroduite,
avec Ponticus, un jeune gars d'une quinzaine d'années. Chaque jour ils avaient été amenés
pour voir les autres souffrir. On voulait les contraindre à jurer par les idoles. Ils restèrent
calmes et dédaigneux. Fureur du public qui fut sans pitié pour l'âge de l'enfant, sans respect
pour le sexe de Blandine. On les livra à toutes les atrocités; ils parcoururent tout le cycle des
supplices. Après chaque épreuve, on les pressait de jurer mais sans pouvoir y réussir.
Ponticus était encouragé par sa soeur : les païens voyaient bien que c'était elle qui l'exhortait
et l'affermissait. Il endura vaillamment toutes les tortures et rendit l'âme.
La Bienheureuse Blandine restait la dernière. Comme une noble mère qui lance ses fils
vainqueurs pour qu'ils la devancent chez le roi, elle soutint elle aussi tous les combats de ses
enfants et se hâta de les rejoindre. Joyeuse et allègre de s'en aller, elle avait l'air d'une invitée
à un repas de noces et non pas jetée aux fauves. Après les fouets puis les bêtes puis le gril,
elle fut mise dans un filet et livrée à un taureau. Plusieurs fois projetée en l'air par l'animal,
elle n'avait plus le sentiment de ce qui se passait, tant elle était prise par son espérance, son
attente des promesses, son entretien avec le Christ. On l'immola elle aussi. Et les païens euxmêmes
avouaient que jamais, chez eux, une femme n'avait enduré des souffrances aussi
nombreuses et aussi cruelles.
Mais ce n'était pas assez pour assouvir leur fureur et leur cruauté contre les Saints. Excitées
par la Bête féroce de l'enfer, ces tribus féroces et barbares s'apaisaient malaisément : voire
leur démence se renouvela, cette fois contre des cadavres. Le fait d'avoir été vaincus ne les
humiliait pas, car ils ne pouvaient former un raisonnement; non, cela échauffait leur fureur,
comme chez la bête. Le gouverneur et le peuple faisaient preuve envers nous de la même
haine sans fondement. Par là s'accomplissait l'Écriture : "Que l'injuste devienne plus injuste
encore et que le juste augmente en vertu!" (Cf. Apoc., 22, 11; Ez., 2, 27, selon la LXX.) Ceux
qui étaient morts asphyxiés en prison, on les jeta aux chiens, avec sentinelles de jour et de
nuit pour nous interdire de les enterrer. Semblablement, on exposa ce dont n'avaient pas
voulu les bêtes ou le bûcher, des lambeaux déchirés ou carbonisés, des têtes coupées, des
troncs mutilés. Cela resta également sans sépulture, avec une garde de soldats pendant
plusieurs jours. Des païens frémissaient et grinçaient des dents contre les martyrisés on
aurait dû les soumettre à des supplices encore plus forts! D'autres se gaussaient des morts et
les insultaient. Ils vantaient leurs idoles qui, disaient-ils, avaient bien puni ces gens-là.
Quelques-uns, plus modérés, paraissaient éprouver une certaine pitié; ils se répandaient en
plaintes : "Où est leur Dieu? A quoi bon ce culte qu'ils ont préféré à leur vie?" Ainsi leurs
sentiments étaient assez variés.
De notre côté, vive était la douleur de ne pouvoir enterrer les corps. La nuit ne nous fut pas
favorable; l'argent se trouva sans séduction, les prières échouèrent. La garde était acharnée,
comme si elle avait un réel intérêt à priver ces os de sépulture. Les corps des Martyrs furent
donc exposés aux injures de l'air pendant six jours. Ensuite on les brûla. Les cendres furent
balayées par les impies jusqu'au Rhône qui coule près de là, de peur qu'il ne restât sur la
terre une relique. Ils faisaient cela comme s'ils pouvaient vaincre Dieu et ôter aux morts la
résurrection. "Rendons sans objet, disaient-ils, leur espérance dans une résurrection. C'est
par elle qu'ils ont introduit chez nous une religion étrangère et nouvelle, qu'ils méprisent les
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tourments, qu'ils sont prêts à marcher joyeusement à la mort. Maintenant, voyons s'ils
ressusciteront et si leur dieu est capable de les secourir et de les tirer de nos mains"
A la fin du deuxième siècle, l'Occident n'avait pas encore commencé à rendre un culte aux
Martyrs comme l'Orient le pratiquait depuis longtemps de sorte que les premiers Martyrs
furent souvent oubliés par les générations postérieures ou n'eurent pas les honneurs qu'ils nous
semblent mériter.
Les Martyrs de Lyon eurent la chance d'avoir le récit de leur passion écrit par un témoin
direct, ce qui pour les modernes est d'un prix inestimable mais leurs corps avaient disparu
entièrement dans les eaux du Rhône et comme aux premiers siècles, la dévotion des fidèles
s'accrochait volontiers aux souvenirs sensibles, leur culte n'eut pas le même éclat que celui de
beaucoup d'autres. C'est ainsi qu'on a la surprise de constater que des Gaulois, Saint Victrice
de Rouen et Saint Sidoine Apollinaire, ne les nomment pas dans leurs longues énumérations
de Martyrs. Grégoire de Tours, il est vrai, rachètera cette omission; il nous dit que sa
grand-mère Leucadia appartenait à la famille de Vettius Epagathus, le premier de la liste
(Historia Francorum, l. 1, c. 29) et il raconte, par ailleurs, que les Martyrs eux-mêmes seraient
apparus aux fidèles pour leur indiquer le lieu où ils pourraient ramasser leurs cendres (De
gloria martyrum, C. 49). Cette seconde assertion est bien suspecte; d'après le contexte, il
semble que la révélation aurait eu lieu à l'époque même de leur Naissance Céleste. Or la lettre
des Chrétiens de Lyon n'y fait aucune allusion, Saint Augustin non plus; il sous-entend même
le contraire en disant que la sépulture n'a aucune importance (P. L., t. 40, col. 600) et dans une
homélie attribuée à Saint Eucher, l'orateur explique longuement que les cendres des Martyrs
furent jetées dans le Rhône, sans rien ajouter.
SAINT NOUVEAU MARTYR DEMETRIOS DE PHILADELPHIE (+1657)
The Holy Martyr Demetrios was born in Philadelphia (Asia Minor) in a Christian family. In
his early youth he was snatched away by the Turks and converted to Mahometanism. At age
twenty-five, realising that he was torn away from the True faith, he openly confessed himself
a Christian, for which he was chopped to pieces by the Turks. The holy Martyr accepted
suffering and death for Christ in the year 1657.
SAINT ODON LE BON, ARCHEVÊQUE DE CANTERBURY (+959) 2 juin – 4 juillet
Né en Est-Anglie de parents danois en Angleterre, Oda devint Evêque de Ramsbury
(Wessex). Il était aux côtés du Roi Athelstand quand celui-ci défit les Danois, Ecossais et
Northumbriens à la bataille de Brunanburh en 937. En 942, il devint Archevêque de
Canterbury. Il tenta d'échapper à la consécration en déclarant que contrairement aux
Archevêques précédents, il n'était pas Moine. Il ne consentit à accepter la dignité qu'après
avoir reçu l'habit bénédictin des mains de l'Abbé de Fleury-sur-Loire en France.
Oda joua un rôle actif tant dans les affaires séculières qu'ecclésiastiques durant les règnes des
Rois Edmond et Edgar et pava le chemin pour la restauration monastique par les Saints
Dunstan, Oswald (neveu d'Oda) et Ethelwold. Il est réputé pour avoir accompli nombre de
Miracles.
ou
Il naquit dans la province des Est-Angles et montra dès son enfance beaucoup de penchant
pour le Christianisme; il fréquentait les églises et parlait souvent avec éloge du Divin
Fondateur de l'Eglise. Ses parents ne pensaient pas comme lui; souvent ils le punirent
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sévèrement à cause de son zèle pour une Foi qu'ils n'aimaient pas; ils en vinrent à le déshériter
et à la chasser de leur maison. Ce traitement devint pour Odon un sujet de joie; il s'estima
heureux d'être dépouillé de tout ce qui aurait pu l'attacher au monde. Il embrassa dès lors l'état
ecclésiastique. L'estime et le respect qu'on avait pour lui augmentant de jour en jour, on le
choisit pour occupé le siège de Wilton. En 942, il fut élu à celui de Canterbury. Quelques
hagiographes disent qu'il fut aussi Evêque de Sherborne. Son nom est célèbre dans tous les
martyrologes d'Angleterre. Ses Reliques étaient anciennement dans une châsse. Il paraît que
lors de la prétendue réforme, on les mit sous une petite tombe que l'on voit encore aujourd'hui
à l'endroit où la châsse était autrefois.
SAINT (OU BOBOUAN) BODFAN DE GALLES (+7°.S.)
Moine gallois et Protecteur d'Abern dans le Gwynedd, la Tradition rapporte que Saint Bodfan,
son père et d'autres parents embrassèrent la vie monastique après que Beaumaris Bay se soit
formée suite à une énorme inondation.
13 mars (translation) – 2 juin (repos)
SAINT PERE NICEPHORE LE CONFESSEUR, PATRIARCHE DE CONSTANTINOPLE
(+829)
Lorsque Saint Méthode monta sur le trône épiscopal de Constantinople après la déposition du
patriarche hérétique Jean (842). Il s'adressa sans tarder à l'Empereur Michel et à sa mère,
l'Impératrice régente Théodora, en leur disant qu'il n'était pas juste de laisser en exil le corps
du Saint Patriarche Nicéphore qui après avoir vaillamment confessé le dogme orthodoxe sur
la Vénération des Saintes Icônes, s'était endormi loin de son troupeau spirituel après quatorze
ans d'un âpre exil. La souveraine ayant acquiescé à cette proposition, Saint Méthode suivit les
envoyés impériaux en compagnie de nombreux Prêtres et de Moines jusqu'au Monastère de
Saint Théodore où le Saint avait été enseveli dix-neuf ans plus tôt. Ils trouvèrent la Précieuse
Relique incorrompue et la déposèrent sur un navire impérial en l'escortant solennellement par
des Hymnes. Lorsque le navire parvint en vue du port, l'Empereur et tout le sénat vinrent à sa
rencontre, tenant à la main des cierges allumés et ils vénérèrent pieusement la Sainte Relique
puis, la portant sur leurs épaules, ils l'amenèrent à la Grande Eglise (Sainte-Sophie) où l'on
célébra une Vigile de toute la nuit en l'honneur du Patriarche. A l'issue de cette cérémonie, on
transporta le corps de Saint Nicéphore avec la même pompe jusqu'à l'église des Saints-
Apôtres pour l'y déposer en compagnie des empereurs et de ses Saints Prédécesseurs.
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ou
Sainted Nicephoros the Confessor was born in Constantinople in the second half of the VIII
Century. Deep faith and preparation for the deed of confessor were instilled in him by his
parents, Theodore and Eudocia. They gave their son a genuine Christian upbringing,
reinforced by the example of their own life. His father suffered as a confessor of Orthodoxy
under the Iconoclast emperor Constantine Copronymos (740-775). His mother, having shared
in all the tribulation with her husband, followed him into exile, and after his death she
returned to Constantinople and finished her life in a convent. Saint Nicephoros received a fine
secular education, but most of all he studied the Holy Scriptures and he read spiritual books.
During the reign of Leo IV (775-780), Saint Nicephoros received the position of imperial
counselor. Situated at the imperial court, he continued to lead a strict and virtuous life, he
firmly preserved the purity of his Orthodox faith and zealously defended the veneration of
holy icons. After the death of Leo IV, during the reign of Constantine VI (780-797) and his
mother Saint Irene, – at Nicea in the year 787 was convened the VII OEcumenical Council,
which condemned the Iconoclast heresy. Being deeply knowledgeable in the Holy Scriptures,
Saint Nicephoros in the emperor's name entered into the Council in the defense of Orthodoxy,
by which he rendered great assistance to the holy fathers of the Council.
After the Council, Saint Nicephoros remained for several years at court, but the whole life of
vanity all more and more became burdensome to the saint. He retired his position and settled
in solitude near the Bosphorus, spending his life in scholarly work, and in quietude, fasting
and prayer. Saint Nicephoros built a church, founded a monastery, and led a strict monastic
life even before taking monastic vows.
During the reign of emperor Nicephorus I (802-811), and after the death of the holy Patriarch
Tarasios (784-806), Saint Nicephoros was chosen to his place: he received monastic vows and
the priestly dignity and was elevated to the patriarchal throne on 12 April 806, on the day of
holy Pascha.
Under the emperor Leo V the Armenian (813-820), – a passionate adherent of the Iconoclast
heresy, there again began for the Church a period of unrest and persecutions. The emperor
was not immediately able to begin open persecution against Orthodoxy, since Iconoclasm was
condemned at the VII OEcumenical Council. The holy Patriarch continued to serve in the
Great church, bolding urging the people to preserve the Orthodox faith, and he led the
consequent and unremitting struggle with heresy. The emperor began to recall from exile the
bishops and clergy, excommunicated from the Church by the VII OEcumenical Council.
Having convened with them an heretical council, the emperor demanded that the Patriarch
appear for a dispute about the faith. The Patriarch refused to argue about the faith with
heretics, since the teachings of the Iconoclasts were already condemned in the anathema of
the VII OEcumenical Council. He endeavoured all the more to bring the emperor and those
around him to their senses, he fearlessly explained to the people the teaching about the
veneration of holy icons, he wrote admonitions to the empress and to the city-governor
Eutykhianos, the closest one to the imperial dignity, attaching at the end the prophetic words
about a quick perishing of heretics from "the punishing hands of the Lord." Then the heretical
council passed an excommunication of holy Patriarch Nicephoros and his predecessors – the
blessedly-reposing Patriarchs Tarasios and Germanos. Saint Nicephoros was sent at first to a
monastery at Chrysopolis, and later – to the island Prokonnis in the Sea of Marmara. After 13

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