mercredi 2 juin 2010

Histoire des papes, d'un Anonyme.

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s'attribuent la Propriété Intellectuelle des Textes,
le Travail acharné, leurs Veilles de Longue Etude,
& l'Invention des Découvertes d'autres Chercheurs, plus Méritants quant à eux,
mais privés de tout statut social & existentiel,
& de celui même de la reconnaissance du titre attitré
de ce qu'ils sont pourtant bien de facto, existentiellement,
quoi que ce Droit à figurer sur la Carte de l'Existence
dont ils ont été rayés, & leur Communauté, qu'ils représentent,
( s'agissant ici de la Communauté des Vrais Chrétiens Orthodoxes
de la Sainte Eglise Orthodoxe des Catacombes,
Résistante à toute Oppression de la Tyrannie,
entre lesquelles l'Oppression oecuméniste papiste,
c'est-à-savoir, Chercheurs en Recherche Fondamentale,
partant, Clochardisés, mis à la Rue, Psychiatrisés au titre officiel de Miséreux,
mais, plus au vrai, à celui, officieux, de Persécutés ( tous azymuts) de l'Etat,
Déportés, Torturés, Déchus de leur Citoyenneté,
Déclarés inaptes à toute fonction sociale & professionnelle,
& même à celle de Mère de leurs Enfants,
Mis en Invalidité Mentale comme des Demeurés Mentaux,
Pris pour objets d'Humiliations incessantes,
« gérés » par la Politique de la Peur (P.P.),
suspendant sur leurs têtes ses épées de Damoclès
de l'Internement & de l'Arrachement de leurs Enfants,
le reste du temps, Internés, ou sans cesse menacés d'être Ré-Internés,
si provisoirement réchappés des geôles du Totalitarisme (sarkozyste),
grâce aux contre-expertises psychiatriques,
(le plus souvent hélas! non prises en compte par un ETAT DE NON-DROIT,
REGNANT PAR LA TERREUR D'ETAT),
& provisoirement libérés au vu de pétitions de milliers de signatures
de leurs Défenseurs & autres Droits de l'Hommistes,
dont des Universitaires & de grands esprits en nombre,
Faisant l'objet de Traques, de Rackett Etatique Mafieux,
de Confiscations de tout, y compris de leurs Enfants, & de leurs Biens d'Eglise,
de Persécutions incessantes de toute espèce, de toute sorte, & de toute nature,
& de tentatives réitérées, par pressions Totalitaristement exercées,
auprès des Administrations Satellites du Totalitarisme,
constituées & peuplées d'Apparatchiks Totalitaires,
& sur leurs divers proches même, de Mise sous Tutelle,
comme de Grands Handicapés Mentaux,
Déclarés, au mieux, & dans le meilleur des cas de figures,
comme «ྭtravaillant moins de huit cents heures par anྭ»,
quand ils travaillent Jour & Nuit,
pour n'avoir pas même droit à la moindre prime du service des Impôts,
& scandaleusement payés à l'heure d'un salaire de Misère
inférieur à huit (8) euros l'heure,
ce qui est dire notablement Moins que des Gens de Ménage,
ce pendant qu'ils sont allègrement dépecés & totalement Pillés
par les «ྭécrivainsྭ», «ྭauteursྭ» & «ྭpenseursྭ»Officiels,
à la botte du pouvoir en place,
qui fait en sous-main tout le contraire de ce qu'il dit médiatiquement faire,
factuellement dans les faits,
un abime disjoignant disruptivement
le discours officiel & les politiciennes pratiques de l'ombre
dès là, gens en vue fortement SurMédiatisés, de par l'« information »
Désinformante, ( n'informant de rien des cruelles vérités sordides
du Totalitarisme Régnant),
gens improbes & déshonnêtes, qui, ne les ayant point faites eux-mêmes,
s'attribuent nonobstant,
sans nulle vergogne, ni l'ombre d'un scrupule,
les Découvertes des Autres, Cruciales, Révolutionnaires, & Fondamentales
pour l'histoire de la Pensée comme pour l'Existence des Hommes,
s'arrogeant indûment ainsi le personnage d'Autrui,
voué, quant à lui, donc, à la Misère & à la Non-Reconnaissance Intellectuelle
& Sociale de ses Travaux Censurés, Pilonnés, & Erasés,
la Censure faisant rage en «ྭdémocratureྭ» Tyrannique Totalitariste,
en vertu (vice) du Règne de la Malhonnêteté
& de l'Improbité politico- intellectuelle
qui régit la société civile de par la loi de la Désinformation Généralisée,
& du Verrouillage Totalitaire Obscurantiste de l'Information
Exacte, Vraie, Véritable,Véridique, Authentique, & Probe,
de Qualité, Prix & de Valeur intellectuelle, sociale, & existentielle inestimables,
pour l'Honnête Homme & la Société civile,
point ni jamais Médiatisés, ni même Recensés, ne faisant, de fait, nulle part,
l'Objet – à défaut d'être des Sujets propres de leurs Oeuvres-
d'aucune Recension de leurs Ouvrages & de leur Oeuvre,
fût-elle considérable à tous égards,
Contrairement & en Violation du Droit au Droit de faire Valoir ce que de Droit,
Etouffés par le Crime du Silence, & Pillés,
Auteurs Interdits, donc, & Interdits d'Edition même, Impubliés,
hormis sur l'Internet, qui vaut Publication, par le fait,
pour ce que jugés Indésirables, voire prétendument «ྭsubversifsྭ»,
lors même qu'ils produisent un Oeuvre Saint & Sacré
d'Auteurs Ecclésiastiques,
à ce titre Persécutoirement Victimes de toutes Persécutions Etatiques,
& du Négationnisme de leur Droit à Exister.








BIBLIOTHEQUE CHOISIE.



EXTRAITS
de Perles
& Fleurs de FLORILèGE D'ANTHOLOGIE.



(TEXTE DEFINITIF).



HISTOIRE DES PAPES.
(Edition de 1811).
ou

Essai historique
sur la puissance des papes.

D'un ANONYME ecclésiastique, immensément érudit, du dix-neuvième (XIXème) Siècle,
Orthodoxement glosé, commenté, & augmenté,
au XXIème Siècle,
dans l'Esprit de la Sainte Tradition Apostolique,
d'un apparat érudit & critique
de notes, remarques, & Enseignements Spirituels Patristiques - tirés des Saints Pères -,
de Presbytéra Anna ( Ranson-Terestchenko),
Fidèle de la Sainte Eglise Orthodoxe,
Fille Spirituelle chérie de Saint Ambroise de Paris,
Mère de Sept Enfants,
dont une Sainte Martyre de l'Eglise Orthodoxe, Photinie la Lumineuse,
Morte avec Père Patric, son père, Saint Martyr de l'Eglise Orthodoxe,
quant à la Presbytéra, « Presbytéra », ou, plus simplement, « Pappadia »,
ayant, de par Sainte Tradition Apostolique des Saints Apôtres du Christ,
signifiance de « Femme de Prêtre Orthodoxe »,
ayant été Epouse, & Veuve du Saint Martyr & Grand Théologien Père Patric,
puis Ancienne Femme d'Evêque de l'Eglise de France,
Mariée selon les canons ecclésiastiques des Saints Apôtres Mariés,
comme furent Mariés le Saint Apôtre Philippe, Disciple du Christ Seigneur,
l'Apologète & Père de l'Eglise Tertullien, Sidoine Apollinaire,
l'Evêque Saint Spiridon de l'île Grecque de Corfou,
Elevé en Dignité, du fait de l' Exemple de sa Haute Vertu,
en un seul & même jour passant par tous les grades
& degrés ecclésiaux successifs de la Hiérarchie Ecclésiale,
du rang de Berger, à celui de Lecteur, Sous-Diacre, Diacre, Prêtre,
puis d'Evêque, avec Femmes & Enfants en l'Eglise,
au rang éminent de Saint Pâtre des Ouailles du Seigneur,
tels tant d'autres Saints Hommes & Femmes aussi,
d'en l'Histoire Sainte de l'Eglise Orthodoxe,
Christique, Une, Indivise, Originelle, & Universelle,
s'agissant ici
de l'obédience desdits « Vrais Chrétiens Orthodoxes »,
sous la juridiction de l'Eglise Orthodoxe Française,
célébrant en Langue Française,
en Union avec toutes les Eglises Résistantes Orthodoxes de par le Monde,
Formant l'Eglise des Catacombes,
son Siège Métropolitain en France étant celui de la Cathèdre Basilicale
du Métropolite de France,
sis 30 Bd Sébastopol, Paris Ier,
ses « Métochia » – dépendances- étant formées par les Paroisses Françaises,
essaimées en les Provinces de France,
telles que Fondées Originairement par le Saint Père Ambroise de Paris,
leur Saint Père Fondateur, d'Eternelle Mémoire,
Ayant Saintement Vécu en Odeur de Sainteté,
& Mort en même Parfum Suave de Sainteté,
comme l'attesta formellement sa même Fille Spirituelle Témoin Oculaire de sa Vie Sainte,
faite par lui la légataire universelle de ses biens matériels
& la Dépositaire de son Trésor Spirituel, par lui Spirituellemnt légué,
& par lui chargée de Témoigner par Ecrits du Dépôt de ses Biens Spirituels,
par lui à ses Enfants Spirituels long Temps patiemment Transmis,
dans la Fidélité à la Sainte Tradition Orthodoxe Apostolique,
Trésor Patrimonial de Sainte Connaissance Théologale,
Sans discontinuité d'En Haut Enseignée aux Saints Pères,
depuis l'Origine de la Sainte Eglise Orthodoxe du Christ,
Transmise, dès les Saints Apôtres, jusqu'à ces jours sombres ultimes,
d'Apostasie, de Persécution étatique, & de Reniement
de la Divine Science Théologale Orthodoxe,
de l'Esprit Saint Inspirée & la Providence Perpétuellement Assistant les Apôtres
Oeuvrant à l'Oeuvre Saint de la Mission Apostolique qu'est sa Transmission Sainte,
En Esprit de Sainteté, de Saint Père Spirituel en Fils & Filles Spirituelles,
en l'occurrence Père Patric, Grand Théologue, Anna, sa Femme, & leurs Enfants,
ayant vécu quinze ans, près Paris, à la porte de leur Saint Ancien, Père Ambroise,
affectivement dit par ses Enfants Spirituels : « Papouli »,
incessamment présents à ses pieds bénis de Saint,
à ouïr ses Saints Enseignements Spirituels, & à voir son Saint Exemple de Vertus insignes,
& ce Parfum Suave de Sainteté ayant été envoyé par le Saint Défunt Ambroise,
Saint Ambroise de Paris à sa Fille Anna pour Consolation
de son Inconsolable Chagrin de Deuil,
lors de la Translation Mortuaire de sa Sainte Dépouille, à sa Sainte Dormition,
son Eglise Mère, du 30 Bd Sébastopol à Paris, ayant été, par lui,
Fondée sur les Saintes Reliques de la Crypte à Paris de Saint Magloire,
Martyr d'entre les Premiers Chrétiens Persécutés pour leur Foy,
pour en Suivre l'Eglise Orthodoxe Résistante à la Pan-Hérésie de l'Oecuménisme,
à la fausse église officielle KGBiste,
& à la Tyrannie des pouvoirs politiques qui Persécutent, en France, & partout ailleurs,
la Sainte Orthodoxie Christique
du Christ, Dieu En Esprit de Sainteté Parfaite.



Rq : Cette Histoire des papes, quoique Orthodoxement anti-papiste &, dès là, partant, anti-oecuméniste, au vu & su de l'Histoire des vicissitudes papales, publiée infra in ce Blog Internet de Presbytéra Anna, a reçu, ce qui n'est pas le moindre des paradoxes, du fait des divergences doctrinales qui les opposent, & du caractère anti-papiste s'inférant de cette Histoire, l'humble reconnaissance & la recommandation du pape-évêque de Rome Benoît XVI, en l'an de Grâce 2010.
cf Pape Benoît XVI : Caritas in veritate ( Ed. du Cerf & publié sur l'Internet) .
( Sur les Fondamentaux de la Doctrine Sociale de l'Eglise).

( L'Auteur, explicite son Préfacier, vu le risque vital qu'il prend sans conteste, au grand péril de sa vie, l'exposant, de révéler sans fard, en son histoire des papes & de la papauté césaro-papiste, la sordide réalité sans âme, machiavéliquement politicienne, de la plupart des papes de l'Histoire d'iceux, dévorés tout, dans leur conception Hérétique, de ce qu' erronée, de l' exercice du pouvoir temporel, dévorés, donc, du ver, rongeur, qui n'expire, d'une impérialiste ambition sans frein ni loi, autre que l'assassine, choisissant d'avancer masqué, & de ne point parler à visage découvert, a préféré de rester Anonyme).


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CHAPITRE Ier.

ORIGINE DE LA PUISSANCE TEMPORELLE DES PAPES.



Quiconque a lu l'Evangile, sait que Jésus-Christ n'a fondé aucun Pouvoir Temporel, n'a fondé aucune souveraineté politique, ni n'a laissé aucun « vicaire » sur la terre, pour lui succéder, autre que l'Esprit de Sainteté inspirant le Synode des Saints Apôtres & de leurs Successeurs Apostoliques, demeurés Fidèles à la Tradition Orthodoxe de Jésus-Christ, Enseignée par Lui & puis, après Lui, Insufflée par l'Esprit de Dieu, qui envoie Sa Grâce sur ces Saints Orthodoxes, les Saints Apôtres, rappelle Saint Théophane le Reclus en ses Lettres Spirituelles, ayant après eux partout & en tout lieu de leur Prédication de par le Monde, laissé de Saints Prêtres, de Saintes Femmes-Egales-aux-Apôtres, & autant, par eux, de Maîtres Spirituels & de Professeurs Théologues, nul ne pouvant accéder à la Science Théologique sans y avoir été initié par de tels Maîtres de Spiritualité véritablement Orthodoxes :
cf Saint Paul : Epître aux Galates, Chap. I, versets 11 & 12 :
«11. Or, je vous notifie, mes Frères, que l'Evangile que j'ai Prêché n'est point selon l'homme. 12. Car, ce que je vous ai Enseigné, mes Frères, je ne le tiens ni ne l'ai appris d'homme qui soit, mais je le tiens de la Révélation & de la Tradition ( Orthodoxe) de Christ ».
cf Saint Théophane le Reclus : Lettres Spirituelles, p. 152 sq, (p.153, & p.154) :
( En Grec, traduit du Russe par l'Archimandrite Timothée, Higoumène du Saint Monastère du Paraclet, Ed. du Saint Monastère du Paraclet, Oropou en Attique, 1986) : « & nulle part, les Saints Apôtres, Inspirés par l'Esprit de Dieu, n'ont laissé d'église sans Prêtres, ni Professeurs Théologues , quand même ils ont quitté une église pour en aller essaimer une autre, ne se pouvant déshabiller Paul pour habiller Pierre, mais tous devant l'être également, & d'égale sorte », etc...
cf ( Bien Heureux) (Père) Guettée, Wladimir : Doctrine de l'Eglise Orthodoxe Universelle.
( Ed. aux frais de la princesse de Russie...)
Cf Guettée, idem : Histoire de l'Eglise. Opus cité.
& Cf Guettée, idem : Histoire de l'Eglise de France : Op. Cit.
Contre la théorie papiste du « vicariat », théorie erronée, hérétique, & forgée de toutes pièces par les pseudo-docteurs « théologiens » Carolingiens de Charlemagne, selon laquelle le pape serait le « vicaire du Christ », & son représentant sur la terre entière, par lui laissé ci-bas :
« Le Christ n'a laissé nul vicaire sur la terre pour le représenter, autre que Ses Saints, etc... »
Le Bien Heureux Père Guettée, grand Docteur Théologien de l'Eglise Orthodoxe, converti à l'Orthodoxie au XIXème, à la suite de ses Recherches sur l'Histoire de l'Eglise, se livre ensuite à une longue démonstration d'une dizaine de pages, démontrant combien l'interprétation papiste de cette péricope de l'Evangile : « Tu es Pierre, & je te donnerai mon Eglise », est une exégèse fausse, tronquée, & hérétique. Nous renvoyons à ces pages fondamentales, le Temps nous manquant ici pour entrer dans tous les détails de sa magistrale exégèse démonstrative.

Jésus-Christ, poursuit notre Anonyme, Auteur de cette Histoire des papes, Christ déclare que Son Royaume ( Céleste) n'est pas de ce Monde.
Cf Saint Evangile selon Saint Jean, chapitre XVIII, verset 36.
Il avertit Ses Apôtres de ne point confondre la Mission Apostolique qu'Il leur donne, avec le pouvoir politique & la puissance temporelle qu'exercent les princes de la terre & les personnels politiques.
Cf Saint Evangile de Saint Luc, chap. XXII, verset 20.
Saint Pierre & ses Saints Collègues du Saint Collège Apostolique que forment les Saints Apôtres tous ensemble, en Collégialité Parfaite, nul ne prenant sur lui de rien décider sans tous les autres consultés ou synodalement assemblés en Synode(s), sont Envoyés de Christ-Dieu dans l'Esprit de Grâce Providente, non pour gouverner, mais pour Edifier Spirituellement & tout aussi Spirituellement Instruire le Peuple des Fidèles en Faim & Soif Spirituelles, ce qui est dire en attente de Bonnes Paroles Edifiantes & Edificatrices dont tous ont vitalement besoin, pour en faire, plus qu'une nourriture psychique, nécessaire à tout homme, leur Nourriture Spirituelle, non moins vitalement nécessaire à l'Education Sainte, à la Croissance En Esprit Saint, & à la Survie de l'Ame Spirituelle, aspirant à devenir Ame Sainte.
Cf Saint Evangile de Saint Matthieu, chap. XXVIII, verset 20.
& la Sainte Autorité dont ils sont revêtus ne consiste que – si l'on peut si restrictivement dire & parler de l'Infini de la Puissance d'En Haut, conférée à Ses Saints de par l'Esprit de Sainteté, multipliant le zéro par l'Infini, & faisant en toute chose entrer l'Infini- dans les Lumières de l'Esprit de Sainteté, à leur esprit conférées, & dans les Spirituels Bien Faits qu'ils ont à répandre, & que poussés par l'Esprit, ils répandent aussi naturellement que l'Esprit émane, effuse, & irradie de ce qui est, par Lui, Esprit de Dieu, & par Sa Toute Puissante & Mystérique Grâce Divine, devenu leur irradiante personne. Fidèles à se renfermer dans les bornes d'un si pur Apostolat, loin de s'ériger en rivaux du pouvoir civil, ils en proclament au contraire l'indépendance, les droits, & surtout les Devoirs Sacrés.
Cf Saint Paul : Epître aux Romains, XIII.
Cependant la Résistance à la Tyrannie & la Désobéissance civile sont également un devoir citoyen des Fidèles Chrétiens & des Saints, lorsque le Tyran au pouvoir attente à la Liberté fondamentale & aux Libertés nécessaires des citoyens, & plus encore à la Liberté de Conscience, de Culte, de Religion, & d'Expression relative à ce Culte & à cette Religion. Tous les Saints Martyrs l'ont été, presque, pour ce simple fait qu'ils ont catégoriquement, sur leur Vie, & au prix de leur Vie même, refusé d'encenser la statue d'un empereur Tyrannique & Inique, commandant que l'on sacrifie au culte de sa personnalité & de diaboliques idoles, en lieu & place du Culte Divin, & que l'on persécutât la Foy Chrétienne, les contrevenants & opposants au Culte de la Tyrannie, & tous les rebelles, les révoltés, & autres insurgés contre la Tyrannie, la suppression des Libertés fondamentales, & les Droits non moins fondamentaux des citoyens.
Cf Saint Synaxaire de la Sainte Eglise Orthodoxe.
( Vies des Saints & Récits des Martyres des Saints Martyrs depuis les premiers Temps anciens de l'origine du Christianisme Orthodoxe).
Cf ( Bien Heureux) Père Guettée, Wladimir : Doctrine de l'Eglise Orthodoxe :
Sur l'interprétation exégétique erronée & hérétique de la péricope évangélique ;
« Il faut rendre à César ce qui appartient à César », tendancieusement interprétée par les Tyrans dans un sens favorable à la Tyrannie.
Cf Thorough, Henry : De la désobéissance civile. (Ed. 10-18 de Poche).

Les Successeurs des Apôtres ont long Temps tenu le même langage.
Ils reconnaissaient pour Puissance Supérieure à celle des princes de la terre, la Sainte Providence Divine, qui protège les Siens; &, s'ils subordonnaient aux rois tous les Ministres des Autels, lévites, pontifes, Prêtres, Saints Evangélistes, & jusqu'aux Prophètes mêmes, Dieu Seul était immédiatement, & sans la médiation, le canal, non plus que le truchement d'aucun interprète, le Seul Juge des souverains. Il n'appartenait qu'à Lui, Christ-Dieu, de les condamner à Son Divin Tribunal au Jour Redoutable du Dernier Jugement.
cf Saint Jean Chrysostome : TOME X. Commentaire sur l'Epître aux Romains.
Homélies IV à XXII p. 209 à 433. In O.C. ( XI Tomes).
( Traduites pour la première fois en Français sous la dir. de M. Jeannin, professeur de Rhétorique au collège catholique de Saint-Dizier. Ed. chez Sueur-Charruey, Imprimeur-Libraire-Editeur, Arras, 1888).

L'Eglise ne leur adressait guère que des supplications ou de respectueux Conseils Spirituels. Elle n'exerçait d'empire que par ses Vertus, & ne possédait d'autres richesses, d'autre domaine que la Foy & les Aumônes & Dons des Fidèles. Ce sont là les propres expressions des Saints Pères, non seulement durant les trois premiers Siècles, mais encore après Saint Constantin, empereur de Constantinople-Nouvelle-Rome, Empereur Grec Byzantin, Chrétien Orthodoxe, fils d'une Sainte Mère, Hélène, Impératrice, Inventrice de la Vraie Croix du Christ, & fils attentif, qui, pour l'amour d'elle, quoique sur le tard & déclin de sa vie, sachant que la Sainte Illumination du Baptême ôte tous les péchés du Monde, & rend l'Ame plus blanche que neige, sur son lit de Mort baptisé, mais dès avant converti, fit cesser les Persécutions des antiques empereurs Païens contre l'Eglise Orthodoxe & les Chrétiens Persécutés & Martyrisés par les pouvoirs Tyranniques. Cependant, les Saints Pères se corrigent l'un par l'autre, lorsqu'ils tombent dans les excès de l'indulgence envers des pouvoirs de l'Abus généralisé érigé en règle inique illégale mais légitimée par des Lois Scélérates, instituées par des personnels politiques d'une médiocrité insigne, &, par voie de consécution logique, coupables en sus de Tyrannie & de Persécution contre les Chrétiens Orthodoxes. C'est ainsi que les complaisances coupables d'un Tertullien, (150?- 230?), au IIème Siècle, Père de l'Eglise de la mouvance des « Africains » Latinophones, particulièrement rigides, voire étonnamment « psycho-rigides », ce qui est d'autant plus paradoxal, - seule une Femme pouvant rendre un Homme véritablement Humble, Subtil, Altruiste, & Civilisé ; c'est-à-savoir, le faire sortir de son Matchisme, de son instinct de Supériorité compensateur de son sentiment d'infériorité naturelle, de lui faire quitter son Orgueil, son Egoïsme, son Individualisme Autiste, son Narcissisme, ses Humeurs Acariâtres, son goût du Lucre & de l'Argent, son Avarice, etc..., &, pour les pires d'entre eux, leur Rapacité, leur Infidélité notoire, leur Cruauté Mentale, leur Sadisme, leur Perversité, leur Violence, leur Barbarie, leur Incivilisation, leur Incivilité, leur Incivilisme, leur Décivilisme, & leur Destructivité humaine. Sauf à s'adresser à des Saints, de par la Sainte Ascèse & les Epreuves Volontaires & Involontaires Sanctifiés. Car, pour les Saints Hommes de Dieu, ils sont lors humblement Doux, plus que l'Agnel, & plus Forts que le Lyon ensemble, dans le Respect d'Autrui silentement se mouvant, & tôt s'avérant, seuls, les grands Libérateurs des âmes, qu'ils font Âmes Saintes -. Fait d'autant plus inquiétant, que cette psycho-rigidité des Pères Latinophones, pour l'Esprit de Sainte Ouverture à tous Vents Orthodoxes de l'Eglise Inspirée, que ces Evêques avaient pourtant été mariés, tel Augustin, qui abandonna néanmoins sans vergogne Femme & Enfant pour se faire moine abandonnien, toujours & à toujours abandonnant les siens, ou qu'ils l'étaient encore au Temps de leur Episcopat, ou Apostolat Patristique d'Apologète, Docteur de l'Eglise, & Père d'icelle même Eglise, tel Tertullien, auquel courant appartient aussi Saint Cyprien, Evêque de Carthage, au troisième Siècle, lequel Saint Cyprien réunit, assembla, & présida, dès l'an 255, trois Conciles de l'Eglise d'Afrique & de Numidie, avant que de Mourir Grand Martyr de l'Eglise Orthodoxe, &, un Siècle & demi plus tard, au Vème Siècle, Augustin d'Hippone, Evêque de la ville éponyme d'Hippone, non point Saint, mais seulement Bienheureux, du fait de ses errances, égarements spirituels, & Hérésies doctrinales, également, comme ses deux devanciers susnommés, Carthaginois de naissance, originaire, donc, de l'actuelle Tunisie, en Afrique du Nord Maghrébine, & fort ignorant des Saints Pères Grecs Héllénophones, qui s'exprimaient, non point en langue Latine, comme les Pères Latinophones, mais, comme l'indique leur qualificatif d'Hellènes, en langue Grecque, le plus souvent, hélas! Ignorée des Pères Latins :
cf Migne, L'Abbé : Patrologia Graeca ( P.G.) : Les Saints Pères Grecs Orthodoxes : O.C.
cf (Bienheureux)Augustin d'Hippone : O.C.
dont : (Les) Confessions. (Poche. G-F)
cf ( Père) Ranson, Patric, dir du collectif): (Contre) Augustin ( d'Hippone).
Ed. L'Age d'Homme. Dossier H.
cf (Feu Père) Romanidis, Jean,
(grand Théologien & anc.Professeur à l’Université de Thessalonique, Grèce),
( Auteur du Fondamental :)
Franks, Romans, Feudalism, & Doctrine.
( An interplay between Theology & society).
(1981). (Ed. Holy Cross Orthodox Press,
50 Goddart Avenue, Brookline, Massachusetts 02146).

Cf Tertullien : O.C. in cf Migne, L'Abbé : Patrologia Latina. ( P.L.),
dont : A ma Femme. ( P.L.1302 B- 1304 A)
( Eloge Patristique du Mariage par un Saint Père de l'Eglise Marié).
Cité in cf : Encyclopédie Internet : Wikipédia : Tertullien.
Cf Tertullien : L'Apologétique. ( Ed. (Guillaume) Budé. Coll. Les Belles-Lettres).
Cf Saint Cyprien, Evêque de Carthage : O.C.
( Ed. ( Guillaume) Budé. Coll. Les Belles-Lettres).
Cf Mandouze, André : Saint Augustin. ( L'aventure de la raison & de la Grâce).
( En partic. sur « Les Pères Africains ».
Cf Marrou ( Henri-Irénée) : Saint Augustin & la fin de la culture antique. ( Ed. Points-Seuil).
Cf Monceaux, P : Histoire littéraire de l'Afrique Chrétienne.
Ces positions rigides, psychiquement psycho-rigides, & politiquement complaisantes aux pouvoirs Tyranniques des Césars de tous les Temps, sont démenties par les vives réactions de Saint Jean Chrysostome (344?-407), au Vème Siècle, envers la non-assistance étatique aux Pauvres, due à la sous-financiarisation sociale de leurs besoins vitaux, totalement méconnus, pour ce que radicalement ignorés de l'Etat, ignorance subséquente à l'absence totale de Volonté politique en la matière, comme à l'inexistence de tout prône aux pouvoirs régnants de ce même devoir d'Assistance & d'aider aux malheureux, devoir fondamental divinement assigné auxdits régnants, quoique ignoré tout des puissants en place, auxquels s'oppose frontalement l'héroïque courage, pour exemple, d'un Chrysostome, dont le nom signifie « Bouche d'or » de l'Orthodoxie, pour ce que virulent Imprécateur sermonnaire, titre méritoire, & position périlleuse de héraut, qui lui valut néanmoins les foudres de l'impératrice Eudocie, qu'il accusait de dormir dans des draps de soie, ce pendant qu'aux portes de la Ville, les Pauvres Mouraient comme mouches, crevant la bouche ouverte, au risque, encore à l'agonie, d'en avaler des mouches, & que d'autres, de cette quantité de Mourus Trépassés de Pauvres-Misère, & de tout ce tas de mouches crevées, fissent toute leur nourriture, seule, & unique nutriment, ce qui, du Saint Patriarche Chrysostome, Archevêque de Constantinople, nonobstant l'intervention des Saints Métropolites & du pape Innocent, intervenu en sa faveur, entraîna néanmoins son Exil, en 403, tout Saint Archevêque qu'il fût, exilé de nuit, tant la foule des Fidèles Chrétiens Orthodoxes, qui le vénéraient pour sa grand Sainteté, se fussent soulevés contre cet ordre inique :
cf Saint Jean Chrysostome : O.C. Op. Cit.
dont :
cf Saint Jean Chrysostome : Lettre à Olympias.
(Ecrite d'exil, comme toute l'immense Oeuvre du Saint à dater de ce Temps d'Exil).
(Ed. du Cerf. Coll. Sources Chrétiennes).
& jusques sa Mort même, lui que l'on fit Barbarement Mourir en lui faisant traverser à pied l'entière Asie Mineure, à quoi son corps exténué de Sainte Ascèse, non plus que son grand âge, ne purent résister, d'en ce long & douloureux Bannissement à Vie, Mort infamante, qu'il avait, à l'Imitation du Christ, héroïquement de long Temps préférée à l'insigne Médiocrité des grands du monde, & de laquelle il avait fait ce Saint Choix de la tous Jours préférer au bafouement, par ces dits « grands », des Saints devoirs de Miséricorde, par eux foulés aux pieds, qu'ils se doivent de toujours à jamais rendre aux Pauvres de Dieu, qui sont la Richesse du Ciel & de la Sainte Eglise Orthodoxe de Dieu.
Quant aux docteurs Carolingiens prétendument théologiens de Charlemagne, il serait Temps de commencer de savoir que tous leurs écrits douteux ne furent qu'une même commande de Charlemagne pour établir idéologiquement, en vertu d'une idéologie inventée de toutes pièces destinée à ce faire, pour fournir, donc, de fausses légitimations à l'Arbitraire illégitime de son pouvoir despotique qu'il voulait Absolu sur tout l'empire d'Occident.
Cf Guettée : Ibidem : Histoire de l'Eglise. Op. Cité.

Chacun sait, sans doute, qu'avant le Saint Empereur Constantin, baptisé sur son lit de Mort, en rémission de ses péchés guerriers, les Eglises Chrétiennes Orthodoxes n'avaient été que des communautés particulières, sortes d'associations en réseaux de Fidèles Chrétiens Orthodoxes, trop souvent proscrites, presque toujours Persécutées par les pouvoirs civils, &, a fortiori, d'autant plus étrangères au système politique des Tyrans des premiers Siècles de la Chrétienté Orthodoxe Universelle. Loin qu'ils aspirassent à gouverner des provinces, les papes de Rome en étaient toujours Saints presque, en ces Temps Bénis des premiers Temps Apostoliques,
cf Vie du Saint pape Gélase,
in cf : Voragine, Jacques de : La Légende Dorée. ( G-F de Poche).
cf Vie du Saint pape Grégoire le Grand,
cf & autres Vies de Saints papes,
in cf : Le Grand Synaxaire de l'Eglise Orthodoxe,
en ces Temps sur-tout de Persécution & de Ferveur, la Persécution étatique, ainsi qu'il est encore apparu au XXème Siècle de fer & de sang, Siècle des Barbaries, déshumanisé s'il en fut, la Persécution d'état, donc, ne faisant jamais, loin de néantir l'Eglise Orthodoxe, que de l'affermir & d'accroître sa Ferveur Spirituelle, par les Saintes Prières de ses Saints Martyrs, si tant que l'état finit toujours par « récupérer », doter de reconnaissance sociale, en fin, & réinstitutionnaliser ce qu'il a si long Temps Persécuté, Bâillonné, Nié, Etouffé, Occulté, Accablé, Déporté, Néanti, & jusques à Mort Exterminé, Mort si tout atroce de Millions d'Êtres Saints, par leur Saint Martyre Sanctifiés, aux Ames Saintes, pour le moins, demeurant à Tous Jours, Immortelles, par ainsi de plus Haut Intercédant pour les Fidèles qui invoquent, en Suppliants Antiques, leur Bon Secours & Protection Pérenne.
Il eût à ces papes suffi de pouvoir être impunément Vertueux. Sur la terre, du moins n'obtenaient-ils que la Couronne du Martyre.

Mais à compter, enfin, de l'an 321, le Saint Empereur Constantin, de païen devenu Chrétien Orthodoxe, lui qui, avec sa mère Sainte Hélène, découvrit en Terre Sainte la Sainte Croix du Christ,
cf Motif iconographique de l'Icône de l'Invention ( Trouvaille) de la Sainte Croix par Saint
Constantin, Empereur de Constantinople, & par sa Sainte Mère Hélène,
cf Vie de Saint Constantin, Saint Empereur Orthodoxe de Byzance-Constantinople,
cf Vie de Sainte Hélène, Sainte Mère de Constantin Empereur,
in cf : Grand Synaxaire de la Sainte Eglise Orthodoxe,
( En Grec, en Russe, en Serbe, en Anglais, etc...,
partiellement traduit d'Extraits en Français),
cf ( Bien Heureux) ( Père) Guettée, Wladimir : Histoire de l'Eglise, op. Cité.
Saint Constantin, Empereur, donc, permit aux Eglises Chrétiennes Orthodoxes – ce qu'étaient toutes les Eglises d'alors, Confessant Unanimement la Sainte Foy Orthodoxe de l'Eglise Orthodoxe Une, Indivise, & Universelle -, d'acquérir des biens-fonds, &, aux particuliers, d'entretenir, d'orner, & d' enrichir ces Saintes Eglises par des legs, destinés à subvenir aux besoins du clergé impayé de l'état civil, des Pauvres & Nécessiteux, & des Paroisses, de par l'état démunies de tout.
Voilà peut-être, suppute le président Hénault,
cf Hénault : Abrégé chronologique de l'Histoire de France, Huitième Siècle :

ann. 753, 754, 755.
ce qui a donné lieu à la supposition, émanée, dès le VIIIème-IXème Siècle, de l'Idéologie carolingienne des docteurs pseudo-théologiens de Charlemagne, de la fameuse dite « donation de Constantin », achevée d'être forgée de toutes pièces par le pape Hildebrand, dit Grégoire VII, au XIème Siècle, comme il sera parlé infra de ladite fabrique vaticane de Faux, Fauses Décrétales, & alia. Nonobstant, cette Donation putative conserva si long Temps du crédit, qu'au quinzième Siècle encore, c'est-à-savoir en 1478, des Chrétiens furent brûlés à Strasbourg, pour avoir osé douter de son authenticité.
Au XIIème Siècle, Gratien & Théodore Balsamon la transcrivaient dans leurs compilations canoniques ; & ledit saint Bernard ne la trouvait ni ne la jugeait point apocryphe.
Cf De Consider. Ad Eugen. l(ivre) IV, c(hap). 4.
Mais Dante, au livre III d'en son De Monarchia, quoiqu'il n'en conteste pas l'authenticité, prouve que cette donation n'a pu obliger les successeurs de Constantin. Il la juge nulle & non avenue.
Cf Dante di Alighieri : De Monarchia. ( De la monarchie).

Ci-bas figurent quelques rappels historiques sur la notion papiste de « Donation » à la papauté.
DONATION : a)(PSEUDO-)donation de Constantin.
b) Première (PSEUDO-)donation de Pépin-le-Bref (en 753).
c)Seconde (PSEUDO-)donation de Pépin-le-Bref (754).

Cf : Anonyme : Essai historique sur la puissance temporelle des papes;
Sur l'abus qu'ils ont fait de leur ministère spirituel,
& sur les guerres qu'ils ont déclarées...( Paris, chez Le Normant, 1811).

Le papisme papaliste papolâtre comme Fabrique de Faux.
Exemple : La (pseudo-)donation de Constantin, fabriquée au VIIIème siècle, bien après la Mort de Saint Constantin, Empereur de Constantinople. Exemple-type d'aberration de l'esprit catholique.

Cf in Blog Internet de Presbytéra Anna : L'ouvrage en chantier encore inachevé, intitulé : « Citations 3 » . Articles :
(Cf) DECRETALES.
(Cf) ABERRATION.
(Cf) FAUX.
(cf) PAPAUTé.
(cf) ABERRATION.

Note sur Pépin-le-Bref :
cf www. Wikipédia.org.
Charles Martel(-Marteau), fils de Pépin-le-Jeune, eut Pépin-le-Bref (vers 715-768), pour second fils de sa première épouse légitime, Rotrude, laquelle lui donna d'abord Carloman, puis, après Pépin-le-Bref, Hiltrude, Landrade, & Halda. Sa seconde épouse, Chrotais, donne le jour à un seul fils, Bernard, abbé de Saint-Quentin. Il épouse en troisièmes noces Swanahilde, qui lui donne Griffon pour fils. Enfin, une concubine inconnue, avec laquelle il vivait, cependant qu'il était simultanément marié, pratiquant la polygamie, avec la reine du moment, lui donna Jérôme, à son tour abbé de Saint-Quentin, & Rémi, évêque de Rouen, dont sa généalogie stipule qu'il est « issu d'une concubine », ce fait étonnant vérifiant la loi biblique selon laquelle la rose peut naître sur du fumier, la Grâce surabonder là où le péché abonda, & le Dieu-Homme Jésus-Christ, se voir issu d'une lignée – dite lignée davidique- de pécheurs adultères & réputés fornicateurs, l'Esprit de Grâce pouvant Souffler & Agir où il veut.
Il n'en reste pas moins que les deux prétendues Donations de Pépin-le-Bref, sont de purs montages papistes des carolingiens tenants & défenseurs de la papauté, destinés à asseoir & accroître la puissance temporelle des papes, dans la mesure où ceux-ci acceptaient de s'inféoder au pouvoir de l'empereur franc, & de rompre avec leur précédente soumission à l'empereur de Constantinople-nouvelle Rome, tenant de l'Orthodoxie de ses Patriarches Orthodoxes. Charlemagne, se voulant seul Empereur du monde, achèvera la déprise & détachement total des papes à l'égard de leur précédente tutelle byzantine, l'empereur de Byzance-Constantinople lui faisant, excessivement, de l'ombre, & ne supportant plus même l'existence de relations de dépendance & de tutelle entre le pape & l'empereur de Byzance-Constantinople, dont témoignent encore & toujours la splendeur des mosaïques byzantines Orthodoxes des murs & des coupoles des Basiliques Byzantines de Ravenne, &, près icelle impériale capitale, de Saint Apollinaire-in-Classe, sise en l'antique port de mer ensablé de « Classis », lequel a signification « flotte », de laquelle ne reste, à demeure, unique, pour seule figure de proue, archétypale, la nef basilicale, magnificente à couper tout souffle, d'entre ces nefs coupolées du Tout-Puissant, Christ Pantocrator, que la Presbytéra – la Pappadia -, ce qui est dire « la Femme du Prêtre », ou, plus familièrement, populairement, & affectueusement, pour le diminutif plus traditionnellement usité de Pappadia, - « la Femme du Pappas »-, avait tant admirées, en son jeune temps d'estudiantine liberté, alors qu'étudiante en Iconographie Byzantine, jeune convertie à la splendide Orthodoxie, elle pélerinait avec émotion dans les Hauts Lieux de la Chrétienté Originelle, aux Catacombes de Rome, de mille & mille Martyrs embaumant, où vous étreint la Grâce, aux murs du Silence comme myrrhe tangiblement suintant, Lieux Sacrés de Saints Pélerinages devenus de ce qui fut, aux heures de Gloire de l'Orthodoxie occidentale, l'Italie Orthodoxe Byzantine, jusqu'en Sicile, aux splendides Basiliques Byzantines Orthodoxes de Palerme, par Saints Maîtres Iconographes & Mosaïstes, essaimées, & par vénérables Incunables, Parchemins peaufinés d'un Saint Corpus de Textes Sacrés des Pères de l'Eglise Orthodoxe extraits, de mains bénies toujours recopiés, dans les lignes, comme aux marges de marginalia commentés, & traduits, par ces divins artisans & savants érudits de Constantinople, jusqu' en Occident appelés, à telle enseigne d'en Maîtres Spirituels à la Gloire de Dieu y Saintement Oeuvrer.
cf www.wikipédia.org /wiki/Basilique_ Saint-Apollinaire_in_Classe.
Cf www.wikpedia.org/ Saint Marc de Venise, & les Basiliques Byzantines
de Torcello.
Cf www.wiképédia.org/ Basiliques de Palerme, Sicile.
l'une de ces mosaïques en style byzantin se trouvant même à l'intérieur du palais papal du Latran près la basilique du Latran à Rome, représentant le pape & le roi franc agenouillés devant l'empereur de Byzance, dépendance spirituelle vécue par lui comme une sujétion temporelle à quoi le carolingien Charlemagne entend mettre un terme & remédier imparablement, en mettant l'empereur de Byzance définitivement & irrémédiablement au ban de l'Occident, le taxant « d' Oriental », & le coupant totalement des papes, avec lesquels il entame, quant à lui, une politique d'union césaro-papiste du trône franc & de l'autel papal, en mémoire de laquelle le président de la république française continue de se rendre à Rome, au début de son investiture, pour recevoir des mains du pape la calotte de chapelain de la basilique du Latran, l'empereur carolingien, dans ce dessein & cette visée d'établissement de politique césaro-papiste, (- consistant à dire, pour parler familièrement, mais en clair : « le roi de France, ou ce qui en tient lieu, son lieutenant, en l'occurrence président, t'enrichit considérablement & étend fort loin ton pouvoir temporel, si toi, pape, tu t'inféodes à ma botte-), ayant à cet effet fait fabriquer de toutes pièces par ses clercs du Palais une théologie volontairement pervertie & complètement dévoyée, à la dogmatique sciemment totalement hérétique, destinée à faire de la papauté une importante puissance temporelle entièrement inféodée à l'empereur franc.

Les PSEUDO-DONATIONS DE PEPIN-le-BREF :

cf Abbé Guettée : Histoire de l'Eglise.
Cf Abbé Guettée : Histoire de l'Eglise de France.
cf Fleury : Histoire ecclésiastique. I. XLIII, n.17.
Cf Annales ecclésiastiques. Fr. tom. V, pag. 484.
cf Athanase : Histoire des papes. (IXème siècle).
Cf : Anonyme : Essai historique sur la puissance temporelle des papes;
Sur l'abus qu'ils ont fait de leur ministère spirituel,
& sur les guerres qu'ils ont déclarées...( Paris, chez Le Normant, 1811),
p.33 sq.
Du reste le pape Etienne II lui-même, adressant en 755 une Lettre au monarque des Francs, Charles Martel, pour l'implorer de venir avec deux de ses fils, Carloman, & Pépin-le-Bref, l'assister contre les pillages &saccages du roi Lombard en Italie, ne fait pas même mention de ces donations, & ne semble pas en connaître l'existence. Ce sont les clercs du palais du roi des Francs qui les ont fabriquées de leur propre chef, sans que le pape en soit même encore avisé :
« Pierre, ( ayant jadis été) appelé à l'Apstolat par Jésus-Christ, Fils du Dieu Vivant, etc...Comme par moi l'église romaine, dont Etienne (II) – ce qui est dire l'auteur de la présente lettre-est évêque, est fondée sur la pierre...je vous admire, vous excellens Pépin, Charles, & Carloman, trois rois...de ne pas permettre que ma ville de Rome & mon peuple soient plus longtemps en proie aux Lombards... »
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« Il importe extrêmement de remarquer », écrit doctement l'érudit auteur Anonyme de l'opus cité supra, « que cette lettre ne fait mention ni de la donation de Constantin, ni de celle que Pépin-le-Bref passe pour avoir faite en 753, & renouvelée en 754. Ce n'est pas le plus faible argument (– c'est un argument fort -) de ceux qui relèguent au rang des chimères la seconde de ces donations tout aussi bien que la première. Ils ajoutent que le titre original (- la pièce écrite originale-) de la concession de Pépin n'existe en aucun lieu du monde, qu'on n'en saurait produire aucune copie authentique, & que ses dispositions, omises par les historiens contemporains, ne nous sont connues que par Athanase, qui compilait son Histoire des papes à la fin du IXème siècle, cent trente ans après la Mort d'Etienne II, (- lequel pape, on l'aura remarqué, se nomme « évêque » en ladite lettre & demande de secours au roi des Francs-). Les défenseurs de cette concession s'en tiennent à dire qu'Anastase déclare en avoir vu l'original, & citent d'ailleurs un reste d'inscription conservé à Ravenne, sans trop s'enquérir de l'époque où l'on a pu élever un monument si mutilé. » - De fait, le texte latin de la donation qui y figure est extrêmement lacunaire, mutilé, composé de bribes de mots latins coupés & tronçonnés, constituant à peine le texte que voici :
« Pipinus.pius.primus.amplificanda.ecclesia.viam. aperuit. et. Exarchatum. Ravennae. amplissimis...urbibus.territoriis.ac.
reditibus.principi.apostolorum.ejus.que.demum.successoribus.jubens.ac.
volens.concessit . »
In cf : Ann.eccl.Fr.tom.V,pag:484, cité par le père le Comte.
Par ce texte épigraphique, donc, inscrit sur le marbre de la pierre de l'hérésie papale, le pieux chef Pépin(-le-Bref), l'ordonnant & le voulant, étend les attributions & possessions de l'Exarcat de Ravenne, jusque là concédé au pape, par de nouvelles & plus amples concessions, consistant en villes & territoires non nommés ici, au titre qu'il serait prétendument – mais en fait par usurpation – le successeur du premier des Apôtres, par ordre d'importance- ce qui est Théologiquement faux, Christ n'ayant laissé nul Vicaire sur la terre, & n'ayant point reconnu la suprématie à l'un quelconque de ses Apôtres pour dominer les autres, tous ayant toujours au contraire fonctionné comme un Collège (Synodal) d'Egaux inter pares – entre pareils-.

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Figurent infra quelques autres rappels historiques sur la notion de ( Fausses-)Décrétales papistes :
cf in Blog Internet de Presbytéra Anna : L'ouvrage en chantier encore inachevé, intitulé : « Citations 3 » . Article : (cf) : ( Fausses-)Décrétales :

DECRETALES (FAUSSES): Les Fausses Décrétales, dont se gausse tant Rabelais, & dont il fait des torche-culs pour ses pantagruéliques héros, sont, comme leur nom l'indique, des Faux (textes prétendument Sacro-Saints), fabriqués dans la seconde moitié du IXème siècle, dans la région de Reims, par des tenants du papisme & défenseurs du pape, dans la visée d'assurer l'indépendance de l'Eglise à l'égard des pouvoirs laïques. Or, pour eux, cell-ci n'est possible que par le renforcement de l'autorité du « Saint-Siège » papal.
cf ( Bienheureux Père) Guettée, Wladimir : O.C.
Dont : Histoire de l'Eglise,
Histoire de l'Eglise de France,
De la papauté hérétique & schismatique. (Ed. de l'Age d'Homme).
etc...
cf : Lampryllos, Cyrille : La Mystification Fatale. (Ed. de l'Age d'Homme).
Cf : (Père) Ranson, Patric : Richard Simon
ou du caractère illégitime de l'augustinisme en Théologie.
(Ed. de l'Age d'Homme).
p. 64-67.
Cf : La Lumière du Thabor, Revue Internationale de Théologie,
(Ed. de la Fraternité Orthodoxe Saint Grégoire Palamas,
30 Bd de Sébastopol, 75001 Paris) :
In : Maints numéros de la Revue, passim.
Cf Lot-Borodine, Myrrha : La Déification de l'Homme. (Ed. du Cerf).
cf Châtelet, François : Les Idéologies, de l'Eglise à l'Etat. p. 123.
( Ed. Marabout, coll. de Poche : Marabout Université),
cf : Pic de la Mirandole : Oeuvres philosophiques.
( Ed. P.U.F. Coll. Epiméthée).
Cf : Garin, Eugène : Moyen-Age & Renaissance. ( Ed. Gall. Coll. Tel).
cf Rabelais, François : O.C. ( Le Livre de Poche),
cf Hugo, Victor : O.C.
Etc, etc, etc...
Ces Faux, tout comme le texte de la Donation ( imaginaire ) de Constantin,
cf DONATION,
ressortissent à la fabrication de l'Idéologie Dominante Césaro-Papiste (I.D.C.P.), aux données insidieusement faussées, constituant l'établissement frauduleux d'une fausse-science, dès lors, pour ce que fondationnellemnt reposant sur des fondements Faux, usurpés, & mystificateurs, fausse science erronée donc, ayant restrictivement faussé ou durci les Textes Sacrés, & leur en ayant substitué ou ajouté nombre d'autres inventés, fabriqués, & forgés de toutes pièces, usant des seconds pour leur avantage & intérêts matériels, temporels, visées de pouvoir, & esprit de domination, & appliquant aux premiers la méthode idéologique d'une réinterprétation tendancieuse des Textes Originaux, herméneutique insidieusement pervertie, dévoyée, & dévoyante, fatale à l'Eglise & au Peuple des Fidèles.
Cf : (Père) Ranson, Patric : Richard Simon. (Ed. de l'Age d'Homme).
ou du caractère illégitime de l'augustinisme en Théologie.
(Ed. de l'Age d'Homme).
p. 64-67 :
« Les prétentions de la papauté ne sont fondées que sur les Fausses Décrétales. (Voici ce qu'écrit, au XVIIème siècle, en son
Histoire de l'origine & du progrès des revenus ecclésiastiques,
le Père Richard Simon, prêtre de l'Oratoire, & le plus grand historien critique, avant l'Abbé Guettée, au XIXème siècle, de l'Histoire Ecclésiastique, ce pour quoi, justement, l'évêque ultramontain Bossuet, défenseur acharné de la papauté, fit saisir tous ses livres pour les brûler en l'autodafé d'un bûcher de son obscurantisme papiste.) :
cf Simon, Richard :Histoire de l'origine & du progrès
des revenus ecclésiastiques :
« Voilà quel est le fondement des canonistes pour attribuer au pape la disposition de toutes les Eglises du monde. Ils sont néanmoins obligés d'avouer que ce droit (canon) a été inconnu aux Anciens, & qu'il n'est enfermé que dans les livres des Décrétales. J'ose même dire que les Décrétales ne contiennent qu'une partie de ce droit nouveau dont les papes sont aujourd'hui en possession. »
Ce que les Orthodoxes – improprement, restrictivement, & péjorativement réduits au vocable réducteur d' »orientaux »- reprochent à Rome – au pape & à sa curie vaticane-, c'est d'avoir transformé une prérogative purement administrative, historique & géographique, ( - laquelle prétendue préséance honorifique, (due à la seule taille & à l'importance uniquement & purement administrative de la première capitale de l'Empire romain), n'était ni ecclésiologique, ni dogmatique, ni patristique, ni théologique- ), en droit divin prétendu : « Ils sont fortement persuadés », poursuit le Père Richard Simon, « qu'il est impossible que leurs Eglises ( Orthodoxes) se réunissent véritablement avec celle (papiste) de Rome, par ce que le pape prétend être de droit divin maître absolu de toutes les Eglises du monde. Et comme ils ne croient point que la qualité de Patriarche soit établie sur le droit divin, ils regardent la primauté du pape comme une prérogative qu'on peut lui ôter puisqu'elle n'est que de droit ecclésiastique, aussi bien que celle des autres Patriarches ( Métropolites), qui fondèrent d'abord leur prééminence sur la grandeur des villes dont ils étaient Patriarches, ce qui fut ensuite confirmé par les décrets des Conciles & par les constitutions des empereurs. Les « orientaux » - les Orthodoxes -, imbus
(- apostoliquement imprégnés-) de ce principe, savoir que les grandes prérogatives des évêques de Rome viennent de la grandeur de la ville qui était le ( premier) siège de l'Empire (-avant que l'Empereur Constantin ne le transférât à Constantinople-Nouvelle-Rome-), sont offensés qu'ils aient pris là occasion de se rendre maître de la doctrine, comme s'ils étaient seuls infaillibles, & que Dieu révélât à eux seuls les Mystères de la Foi; cela rend les orientaux – les Orthodoxes- plus fermes à conserver leur ancienne Doctrine (Apostolique & Patristique) & les
( Saintes) Traditions de leurs Pères, qu'ils opposent aux nouveautés (déviantes relativement à la pureté du dogme originel, & hérétiques) de Rome. »
...................................................................................................................................................

Mais revenons-en à notre Histoire des papes d'un Anonyme, ou plutôt, pour son exact intitulé, à son Essai Historique sur la puissance temporelle des papes :
Le grand Poète, l'immortel Dante, juge donc cette Donation nulle & de nulle valeur.
Toujours est-il que cette même Donation à la papauté existait, nonobstant, de facto, - par le fait, & dans les faits-, dès avant que ne la forgeât Hildebrand, dit Grégoire VII, au XIème Siècle, & même dès avant le Xème Siècle, quoi qu'en aient dit plusieurs critiques, historiens, & mémorialistes : Car , dès au VIIIème Siècle, en 776, le pape Adrien Ier en faisait usage dans une exhortation à l'empereur Charlemagne, qui, comme chacun sait, depuis que ce rustre empereur inventa l'école, fut couronné en l'an 800, soit, à l'orée du IXème Siècle.
Mais, en l'an 755, déjà, son prédécesseur & devancier le pape Etienne II, - entre lesquels deux papes furent successivement papes Paul Ier, puis Etienne III -, dès l'an 755, donc, le pape Etienne II avait aussi une occasion de s'en prévaloir, tout ainsi que nous le verrons bientôt. &, puisqu'il ne l'a ni mentionnée, ni désignée d'aucune manière, il fallait qu'elle lui fût inconnue comme à tous ses prédécesseurs. C'est donc après le milieu & avant la fin du VIIIème Siècle qu'elle adû être fabriquée. Au surplus, la fausseté de cette pièce est, selon le cardinal de Fleury lui-même, historien ecclésiastique, confesseur de Louis XIV, puis de Louis XV, & ministre aussi de ce dernier,
cf Fleury, Cardinal de : 4ème Discours sur l'Hist. Eccles.
La fausseté de cette pièce – ladite Donation – est, selon lui même, plus universellement reconnue que celle des Fausses-Décrétales d'Isidore. & si la (pseudo-)Donation de Constantin pouvait conserver encore quelque crédit, pour l'en dépouiller en manière radicale & définitive il suffirait de la transcrire : En voici quelques lignes :
« Nous attribuons au siège papal de Saint Pierre toute la dignité, toute la gloire, toute la puissance impériale...En outre, nous donnons à Silvestre, pape, & à ses successeurs, notre palais de Latran, qui est incontestablement le plus beau palais de la terre ; nous lui donnons notre couronne impériale, notre mître, notre diadème, tous nos vêtements impériaux ; nous lui remettons la dignité impériale...Nous donnons en pur don audit saint pontife la ville de Rome, & toutes les villes occidentales de l'Italie, ainsi que les villes occidentales des autres contrées. Pour lui céder la place, nous nous démettons de notre domination sur toutes ces provinces, & nous nous retirons de Rome, en transportant le siège de notre empire à Byzance-Constantinople (Ville de Constantin)- Nouvelle Rome, attendu qu'il n'est pas juste qu'un empereur terrestre conserve la moindre puissance où Dieu a établi le chef de la religion ( catholique papiste). »
Mais ici, le respect que nous devons à nos lecteurs nous interdit toute observation sur pareilles & si grossières absurdités. Toutefois, nous n'avons pas cru inutile de les rapporter ici, parce qu'elles peuvent donner une idée des moyens employés & usités dès au VIIIème Siècle pour établir le pouvoir temporel des papes, sur de mensongers fondements, qui, lors, & dès là, n'en sauraient être solidement établis ni du tout même aucunement fondés. Ces mêmes absurdités qui tiennent de la plus consternante aberration qui se pût encontrer fournissent encore la mesure de l'ignorance publique durant les Siècles suivants, où cette étrange concession, révérée par les Peuples, & par les rois mêmes, contribuait en effet au développement de la puissance politique du saint-siège papal. Mais il faut savoir aussi qu'à la Renaissance des Lettres, les premiers rayons de lumière intellective ont suffi pour dissiper un si vain & illusoire prestige papal. L'historien médiéval Laurent Valle ayant démontré, vers le milieu du XVème Siècle, la fausseté de cette Donation prétendue, les meilleurs Ecrivains du XVIème Siècle & de la Renaissance Italienne même, la traitèrent avec tout le mépris qu'elle mérite, le seul dont elle fût digne. C'est ainsi que l'Arioste, le mémorable Poète, au Trente-quatrième Chant, à la strophe 80, de son Orlando Furioso :
cf Arioste : Orlando Furieux. (Ed. Poésie-Gallimard). Chant XXXIV, st.(rophe) 80,
exprime énergiquement le discrédit où elle est tombée, & la place au nombre des chimères qu'Astolphe encontre dans la lune.

Quatre cent soixante-trois ans se sont écoulés depuis la Mort de l'Empereur d'Orient, Saint Constantin, en 337, jusqu'au couronnement de l'empereur Carolingien Charlemagne d'Occident en l'an 800. Or, durant tout cet espace temporel, l'on ne saurait assigner aucune époque, aucune année, où les papes aient exercé l'autorité souveraine. Les premiers successeurs de Constantin, comme lui, régnèrent également sur l'Italie ; &, lorsqu'à la Mort de Théodose, deux empires s'élevèrent au lieu d'un seul, Rome, capitale métropole de l'empereur d'Occident, continua d'être immédiatement gouvernée par un empereur. Les papes, alors, comme l'attestent toutes les histoires, loin d'avoir un rôle temporel, ne remplissaient à Rome que des Fonctions Apostoliques – ce qui est dire des Tâches Ecclésiales & Spirituelles. Ils n'étaient pas comptés au nombre des magistrats civils, quoique leur élection, ouvrage du Peuple des Fidèles autant que du Clergé, eût besoin d'être ratifiée par le prince, le César, ou quelque autre Tyran en place que ce fût. Quand donc ces papes réclamaient, pour leur Croyance doctrinale & tous leurs articles de Foy dogmatique, & pour l'exercice de leur Ministère Evangélique, une indépendance à l'égard du pouvoir civil, qu'ils n'obtenaient pas toujours, ils se croyaient contraints, pour s'assurer la paix, celle de leur Eglise, & de leurs Communautés, de rendre hommage à l'indépendance de ce même pouvoir civil, & n'en revendiquaient aucun attribut, nul, - mais, bien au contraire, s'en gardaient tout ainsi que de la Lèpre, la Peste, & du Choléra, comme Dieu & les Siens se gardent du Diable & de ses suppôts, les uns ayant choisi de pactiser avec le Diable pour parvenir à leurs fins odieuses, viles, méprisables, & toutes haïssables, & les autres ayant choisi de servir Dieu jusqu'au dernier souffle, fût-ce au prix du Martyre, & du Martyrique Sang -.

Au Vème Siècle, en l'an 476, avec la chute de Rome, prise & mise à sac par les Barbares, s'écroule l'empire d'Occident.
Cf ( Bienheureux) Augustin d'Hippone, évêque ( d'Hippone) : La Chute de Rome,
in O. C. Op. Cit.
(Célèbre page d'Anthologie).
cf Anonyme : Vie de Sainte Mélanie la Romaine.
( Ed. du Cerf. Coll. Sources Chrétiennes).
cf Vies de Saints & de Saintes. ( Extraits du Grand Synaxaire de l'Eglise Orthodoxe).
Traduction du XVIIème Siècle (1694) d'Arnauld d'Andilly, dit le Grand Arnauld.
( Ed. A Bruxelles, chez Eugène Henry Fricx, Imprimeur du Roy, ruë de la Madeleine. Avec Privilège & Approbation du Roy).
Chap : Vie de Sainte Mélanie la Romaine :
Chapitre V. Rome prise & saccagée par les Barbares. p. 398 :
( Y figure semblable description du Massacre des Romains par les Barbares, duquel ne réchappèrent que les Chrétiens convertis par les Saints & les Saintes) :
« Après qu'eurent quitté Rome, pour essaimer ailleurs, tous ceux, (les Fidèles Chrétiens Orthodoxes) dont j'ai parlé, & qui furent Spirituellement Instruits dans la Foy Orthodoxe & dans la Sainte Piété par cette Bien Heureuse Femme (qu'était, que fut, & que demeure) Sainte Mélanie ( la Romaine), une subite inondation des peuplades du Nord, prédite il y a si long Temps par les Saints Prophètes, tout ainsi que si c'eût été une immense tempête, vint accabler cette ville impériale; &, avec une insolence Barbare, la traita si cruellement, qu'elle ne pardonna pas même aux statues de bronze, élevées en place publique à la mémoire de ses grands Hommes Illustres d'antan & de naguère,
cf Plutarque : Vies des Hommes Illustres.
Cf Saint Jérôme (du Désert) : Vies des Hommes Illustres. ( Ed. Desclée de Brouwer.
Coll. Les Pères dans la Foy. N° 100). ( Extraits traduits des Ed. Migne).
Cf Saint Jérôme. O.C. in XVIII volumes.
(Trad. de l'Abbé Bareille. Ed. Louis-Vivès, Libraire-Editeur. Paris. 1884).
cf Saint Jérôme. ( En Grec) : O.C. in :
cf Migne (L'Abbé) : Patrologia Graeca. ( P.G.)
ces Hommes Illustres, qui, pourtant, avaient fait trembler tout l'entier univers. Ainsi, cette Rome, qui, durant mille deux cents ans, avait été si peuplée, & si tant orgueilleuse de superbe, fut ruinée de fond en comble, & réduite en tel état, comme l'avait dit & prédit la Sybille, qu'elle doit plutôt d'ores & n'avant porter le nom de « Roumy », qui, en Grec, signifie village, que de « Romy », lequel veut dire « force », du Grec « Romaios », qui signifie « fort ».
Alors, ceux qui avaient ajouté Foy aux Paroles & aux Instructions de la Sainte, rendirent des actions de Grâces à Dieu, qui, par un si épouvantable changement avait contraint les plus Incrédules de reconnaître que, tous les autres étant réduits dans une DéPlorable Servitude, & regrettant, mais en vain, d'avoir rejeté les avis qui pouvaient leur procurer le Salut, il n'y avait que les seules Familles Chrétiennes d'Orthodoxes Fidèles, qui s'étaient comme offertes en sacrifice de leur Vie à Jésus Christ, par les Saintes Prières de la Bien Heureuse, Mélanie, par l'entremise de son Intercession Puissante auprès de Dieu, & par son Divin Zèle, qui se fussent Sauvées de ce Naufrage. »

Mais, revenons-en au texte de notre Anonyme Auteur de cette Histoire des papes :
Augustule, poursuit-il, est détrôné; les Hérules, les Ostrogoths, & avec eux, d'autres Barbares encore, envahissent & déchirent l'Italie. Rome est gouvernée par Odoacre jusqu'en 493, par Théodoric jusqu'en 526, &, durant les vingt-sept années suivantes, par Théodat, Vitigès, Totila, ou par les généraux des Empereurs Byzantins Orthodoxes d'Orient.
Il importe peu d'observer ici que la souveraineté de ces Empereurs Chrétiens Orthodoxes sur l'Italie, & spécialement sur la ville de Rome, avait été reconnue par les Barbares Odoacre & Théodoric, & quelquefois même par leurs successeurs.
Cf Saint-Marc : Abrégé de l'Histoire d'Italie. Tom. I, p. 1-129.
Mais le Fait Historique est qu'en 553, la victoire de Narsès sur Théia rendit aux Empereurs Grecs Orthodoxes une domination immédiate, & sur le territoire Romain, & sur les contrées voisines. Ainsi se terminèrent soixante-dix-sept années de révolutions & de combats, durant lesquelles les papes de Rome ne parvinrent, ni même n'aspirèrent à l'exercice d'aucune autorité temporelle, non plus que d'aucun pouvoir tel. De là que ce fut l'empereur d'Occident lui-même, Théodoric, qui, en 498, confirma l'élection du pape Symmaque, registré sur les tablettes de l'Histoire comme le premier pape du VIème Siècle.
Cf Anastase : Bibliothèque :
De vit.(a) Roman(orum). Pontif(icum). ( De la vie des pontifes Romains), p. 84.
&, lorsqu'en l'an 500, ce pape Symmaque fut accusé par ses ennemis, le jugement de cette affaire fut encore déféré à l'empereur Théodoric d'Occident.
Cf : Contre Symmaque.
Cf : Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique), l.(ivre) XXX, n. 1.
cf ( Bien Heureux) (Père) Guettée, Wladimir : Histoire de l'Eglise Orthodoxe
Universelle. V(ers) 1850. Ed. Paris & Saint-Pétersbourg.

Au sixième Siècle, depuis l'an 553 jusqu'à la fin de 567, l'empereur d'Occident Narsès gouverna l'Italie au nom des Empereurs Chrétiens Orthodoxes de Constantinople. Peu après la Mort de ce dernier, les Lombards, conduits par Alboin, s'emparèrent de la partie supérieure de l'Italie, & y fondèrent un royaume, lequel royaume Lombard dura près de deux Siècles. Le reste des autres contrées Italiennes demeurèrent plus ou moins soumises aux Empereurs Chrétiens Orthodoxes d'Orient, qui les faisaient administrer par leurs Exarques à l'Etranger, sis à Ravenne. L'Exarque de l'Empereur Orthodoxe à l'Etranger était un gouverneur général, auquel demeuraient subordonnés les ducs, préfets, & patrices, gouverneurs particuliers de certains territoires ou de certaines cités. L'on demandait à l'Exarque & à l'Empereur Byzantin Orthodoxe d'Orient la ratification de l'élection de chaque Evêque de Rome. C'est un Fait Historique, dont la preuve existe dans un ancien Recueil des formules de l'Eglise Romaine.
Cf Liber diurnus Romanorum pontificum.( Ed. du père Garnier, Jésuite, à Paris, 1680),
(Voir, sur la dépendance des papes soumis à la suzeraineté du Patriarcat de Constantinople & de l'Empereur Chrétien Orthodoxe de Byzance, les titres II & IV de l'Ouvrage),
ce père Jésuite en ayant de fait donné une édition à Paris au XVIIème Siècle, reprise, sans nul doute, de la Bibliothèque Vaticane papale de Rome. Ce Recueil, qui avait auparavant été publié par Holstenius, avait aussitôt été promptement supprimé des bibliothèques, censuré, verrouillé, tu, occulté, empêché de paraître, mis à l'Index papal, & retiré de la circulation par la cour de Rome, ne pouvant souffrir ni supporter que l'on sût les Vérités Historiques de l'Histoire, entre lesquelles celle-ci, qu'il revenait à l'Empereur Chrétien Orthodoxe de Byzance, & à son Patriarche de Constantinople, de ratifier l'élection de tout pape de Rome.
Il n'y eut qu'une seule & unique fois, à l'élection du pape Pélage II,
au sixième Siècle, en l'an 577, où l'on se passa du consentement de l'Empereur Chrétien Orthodoxe d'orient, pour ce que les Lombards assiégeant Rome, empêchaient la communication avec Constantinople. Le Diacre Paul, dit Paul Diacre, devenu pape à son tour sous le nom de Grégoire-le-Grand, & demeuré dans l'Histoire comme un Grand & Saint pape,
cf Saint Grégoire-le-Grand : Homélies, in O.C.
cf La Légende Dorée : Vie du pape Grégoire,
cf Grand Synaxaire de la Sainte Eglise Orthodoxe : Vie de Saint Grégoire le Grand,
qui, en l'an 590, au VIème Siècle finissant, succédait à son devancier le pape Pélage II, Saint Grégoire-le-Grand, lui-même, donc, dit expressément qu'il n'était pas permis d'installer un pape sans l'ordre de l'Empereur Grec Orthodoxe des Chrétiens d'Orient & d'Occident.
Cf Paul Diacre. l.(ivre) III, c.(hap). 4.
« Non enim licebat tunc temporis quemlibet in Romanâ civitate ad pontificatum promoveri absque jussione imperatoris ». ( « En effet, il n'était pas permis, en ces Temps, de promouvoir au pontificat qui semblait bon sans l'autorisation expresse & ordre de l'empereur » ( Grec Orthodoxe d'Orient).
Une Lettre du pape Saint Martin Ier, pape-Evêque de Rome du VIIème Siècle, adressée à l'Empereur Grec Byzantin Orthodoxe d'Orient, commence par ainsi :
« Martin, Evêque de Rome, à l'Empereur (Orthodoxe d'Orient), notre seigneur sérénissime... », & finit par ces paroles : « Que la Grâce d'En-Haut conserve l'Empire très Pieux de notre seigneur ( Empereur des Chrétiens), & lui soumette le col de toutes les nations. »
cf Morin : Histoire de l'origine & des progrès de la puissance des papes, pag. 664.
Ainsi s'exprimait un Saint pape qui, emprisonné, exilé, destitué par l'empereur Constant, ne contesta jamais les droits du souverain qui le traitait avec tant de rigueur & d'injustice. De même, lorsque cet empereur Constant, Honte de son rang & de sa dignité, en tant que Persécuteur des Saints Chrétiens Orthodoxes, vint à Rome en 663, le pape Vitalien lui rendit nonobstant les hommages d'un sujet fidèle à l'empereur.
Cf Fleury, Cardinal de : Hist. Ecclésiast. l.(ivre) XXXIX, n. 33.
cf ( Bien Heureux) (Père) Guettée, Wladimir : Histoire de l'Eglise Orthodoxe
Universelle. Op. Cité. ( Ed. Paris & Saint-Pétersbourg).

Deux nonces du pape, ou dits encore apocrisiaires, entretenus, l'un à Constantinople, l'autre à Ravenne, offraient à l'Empereur Orthodoxe de Byzance & à son Exarque à l'Etranger, les respects, les voeux, & les tributs du pontife & pape-Evêque de Rome à son Empereur Orthodoxe de Byzance.
Les magnifiques vestiges des Basiliques Orthodoxes Byzantines & les somptueuses fresques des Artistes-Mosaïstes Byzantins Orthodoxes, qui venaient en Italie & jusqu'en Sicile, escorter, mis au nombre de la suite impériale, les Princesses Byzantines qui, souvent, épousaient des empereurs d'Occident, que ces immenses artistes, pratiquant un Art Iconographique inconnu des artisans & maîtres d'oeuvres d'Occident, immortalisaient sur fond d'or, retraçant des scènes de la vie impériale,
comme en la Basilique Saint-Vital de Ravenne, consacrée au VIème Siècle, en 547, celles, non loin de Ravenne, de l'ancien port éponyme, de Saint Apollinaire-in-Classe, celles des magnifiques Basiliques de l'île de Torcello, dans la lagune de Venise, celles ( XIIème Siècle) de la magnificente Basilique Orthodoxe de Monreale, en Sicile, près Palerme, etc...,
cf : Maupassant, Guy de : Voyage en Sicile.
Cf Stendhal, Henri : Chroniques Italiennes. ( Ed. Gall. Coll. Folio).
( Ce livre stendhalien étant, du reste, un plagiat intégral, reprenant de la première à la dernière ligne un ouvrage d'Auteur parfaitement inconnu, trouvé par lui en Italie, & qu'il résolut d' indûment s'approprier, en y apposant purement & simplement sa signature en lieu & place légitime de celle du véritable Auteur. De laquelle famille d'Improbes, brillant par la plus complète malhonnêteté intellectuelle ceux qui ne cessent de piller des Auteurs Illustres, devenus totalement méconnus de par la faute de ceux qui n'assument pas leur responsabilité de ne jamais citer leurs sources. Ainsi de ceux qui ne citent jamais les Recherches Fondamentales & cardinales de feu Père Patric Ranson, dont la mine d'or de sa Revue Internationale de Théologie, érudite, savante, & très informée : La Lumière du Thabor, & le reste de ses Oeuvres majeures sont scandaleusement pillées, par des Universitaires, qui se sont appropriés jusqu'à ses notes de Travaux Universitaires inachevés, & sur l'Internet, comme sur l'Encyclopédie Wikipédia même, sans être jamais citées. Sa Veuve ici s'exprimant demande justice & réparation de ce forfait attentant à sa Mémoire de brillantissime jeune Philosophe Chercheur Emérite du C.N.R.S, grand esprit de son Siècle, d'Apôtre infatigable de la Mission Orthodoxe dans le Monde, & de Saint Martyr de l'Orthodoxie Française) ;
- ces Maîtres de l'Art Byzantin, venus, donc, de la lointaine Byzance-Constantinople, portraiturant à fresques mosaïquées les célébrissimes effigies, visages, & portraits de ces Empereurs & des Impératrices Orthodoxes de Byzance, souvent Saintes, qui font aujourd'hui encore leur splendide beauté, unique, particulièrement de la Cité Impériale de Ravenne, en Italie, par ainsi devenue célèbre ville d'Art - ce tout admirable, trésor esthétique incomparable, témoigne, à ce jour même, de ces Splendeurs passées, Beauté Iconographique inséparablement & indéfectiblement alliée à l'éternelle Sainteté des Impératrices qu'elles fresquent, Sainte Irène, Sainte Pulchérie, Sainte Théodora, Sainte Eudocie, qui les ont visitées, ou bien, elles leurs palais, somptueuses, habitées, tout en méprisant la richesse & les fastes des Grands de ce monde, sans dire rien, le Temps coulant, volant, & manquant, des autres grandes Dames, que furent ces Byzantines Princesses, Alexandra, Impératrice, épouse de Dioclétien, Théophano, dite encore Théophanie, Impératrice de Byzance, - lequel beau nom a signifiance programmatique & Sainte : « Manifestation de Dieu » - etc...
Cf in Le Grand Synaxaire de la Sainte Eglise Orthodoxe :
cf Anonyme : Vie de Sainte Mélanie la Romaine, dite aussi Mélanie la Jeune.
Cf Anonyme : Vie de Sainte Mélanie. ( Ed. du Cerf. Coll. Sources Chrétiennes).
C'est sur les Conseils Spirituels, sur ses Saintes Exhortations, & à l'instigation de l'immense Sainte Mélanie, que son amie, l'Impératrice Eudocie, - l'une des nombreuses impératrices byzantines éponymes, de ce même nom d'Eudocie, une impératrice donnant souvent son prénom d'Eudocie à sa fille, au point que l'on s'y perd quelque peu-, que la première Eudocie, donc, dite aussi Licinia Eudocia, (422- 462), Impératrice de Byzance, fille de Théodose, & qui, ayant épousé son cousin Valentinien III, empereur d'Occident, le suivit à Ravenne, en Italie, à la suite de quoi elle rencontra la très grande Sainte Mélanie la Romaine, dite encore Mélanie la Jeune, petite-fille de Sainte Mélanie l'Ancienne, dont elle devint l'amie, - c'est pour l'Amour d'elle, donc, que l'Impératrice Eudocie entreprit, en 437, un voyage en Terre Sainte, à cette fin aussi d'y vénérer le Saint Sépulchre, Tombeau du Christ. De fait, Sainte Mélanie s'y était elle-même retirée en Ermite Anachorète, exemple de Vertus insignes, en une grotte sise non loin des Lieux Saints.
A l'Impératrice Eudocie de Constantinople, succède sa fille, & soeur de l'empereur Théodose Ier, la Sainte Impératrice Pulchérie :
cf : Vie de Sainte Pulchérie, Impératrice de Byzance au Vème Siècle,
en 450, Morte en 453,
cf Corneille, Pierre : Pulchérie. In O.C. ( Ed. de l'Imprimerie Nationale).
( C'est là l'une des dernières pièces dramatiques du dramaturge).
cf Saint Léon (Ier, dit Saint Léon le Grand, pape de Rome sacré en 440) :
Sermons ( & autres Homélies). (Trois Tomes).
( Ed. du Cerf. Coll. Sources Chrétiennes).
Cf :Saint Léon le Grand:Ibidem:Lettres à la très Pieuse Impératrice Pulchérie, Sainte.
Sainte Pulchérie n'est pas à confondre, malgré la proximité homophonique des noms, avec Sainte Pélagie, Morte à la fin du IIIème Siècle, en 290, laquelle, d'une extraordinaire beauté, avait été la plus magnifique & magnificente femme d'Antioche, menant grand train de courtisane. Convertie d'une vie dépravée à la Sainteté par les Saintes Prières de l'Evêque Nonnus, qui pleura sur son passage & celui de sa luxueuse escorte, elle fut retrouvée Morte, sous le froc, & les traits, dudit Moine Pélage, après une austère Vie de Pénitence.
Cf Vie de Sainte Pélagie la Pénitente. ( In Synaxaire...Op. Cit.)
Cf :Vie de Sainte Irène, dite l'Athénienne, Impératrice de Byzance au VIIIème Siècle,
(752-803), célèbre pour son extrême beauté & sa très grande Piété.
Epouse, puis Veuve de l'Empereur Léon IV, mère de l'Empereur Constantin VI, contemporaine du pape Adrien Ier, puis du pape Léon III, & de Charlemagne, elle fut Iconodoule ou Iconophile, & initia le premier Concile de Nicée-Constantinople, dit Concile de Nicée I, pour entamer la lutte contre les Iconoclastes qui, sous influence Hérétique ottomane islamiste, détruisaient toutes les Saintes Icônes, à coups d'armes & de poinçons crevaient les yeux des Saints fresqués, enduisaient, recouvraient, & masquaient de chaux les mosaïques, mettaient à sac, pillaient, & saccageaient les églises, Torturaient, Massacraient, & Génocidaient les Pieux Iconophiles, etc...En butte aux jalousies & aux luttes de palais pour le pouvoir, elle fut reléguée dans l'île de Lesbos. Elle Mourut Higoumène d'un Monastère de Mitylène. Sa tombe fut pillée par les Pillards que furent les croisés catholiques Romains, puis détruite par le Profanateur Mehmet II.
cf Vie de Saint Maxime le Confesseur. (In Synaxaire... Op. Cit.)
Cf : Synaxaire. Op. Cit. :Vie de Sainte Théodora, Impératrice de Byzance.
(IXème Siècle).
Cf Bréhier, Louis : Vie & Mort de Byzance. ( Ed. Albin Michel. 1946).
cf Ostrogorski, Georges : Histoire de l'Etat Byzantin. ( Ed. Payot. 1977).
Cf Diehl, Charles : O.C. ( v. 1900), dont : Théodora, Impératrice de Byzance. (1904).
Histoire de l'Empire Byzantin. (1919).
Etudes Byzantines. (1926).
Byzance.
Constantinople.
Les grands problèmes de l'Histoire Byzantine. (1943).
Manuel d'Art Byzantin.
L'Art Chrétien « Primitif » & l'Art Byzantin. (1928).

Sainte Théodora, Impératrice de Byzance au IXème Siècle, vers 807, épouse de l'Empereur Théophile, & mère des Empereurs Vassile (Basile) II & de Michel III, fut, elle aussi, comme sa devancière la Sainte Impératrice Irène, Restauratrice du Culte des Icônes, continuatrice de l'oeuvre de sa devancière Sainte Irène, par le Concile de Nicée-Constantinople I, inachevé à la Mort de la Sainte Impératrice Irène, & poursuivi au Concile de Nicée II, par elle, Théodora, non moins Sainte Impératrice, ayant, par ce Concile de Saints Pères Evêques Synodalement assemblés, mis fin à la Crise Iconoclaste, & Initiatrice de la Fête du Triomphe de l'Orthodoxie, fêtée au Calendrier des Fêtes de la Sainte Eglise Orthodoxe, & célébrée par de longues processions, ou Lities, de Fidèles, dans & à l'extérieur des églises &Saintes Basiliques, chaque Fidèle, Enfants compris, portant & arborant fièrement une Icône en Mémoire du Triomphe de l'Orthodoxie, cependant que le Clergé donne lecture solennelle des Bénédictions de fait Divinement Epanchées sur la tête des Fidèles Orthodoxes, non moins que des Anathèmes aux Hérétiques.
Cf Grand Synaxaire de la Sainte Eglise Orthodoxe : Triomphe de l'Orthodoxie
( Fête du).
Cf Psellos, Michel ( Mémorialiste Byzantin) : Chronographie. ( Ed. Renauld).
Cf Psellos, Michel. ( Ed. Budé).
( Sur le trésor de Basile II, fils de Théodora). I, p. 19-31. &, sur la même thématique, quoique quelque peu restrictive :
cf Internet : Article de M. Dagron, Gilbert, Professeur au Collège de France,
titulaire de la Chaire de Byzantinologie.

Une autre Sainte Eudocie, Impératrice, dite Eudocie ou Eudoxia Makrembolitissa, d'abord mariée à l'empereur Constantin X, & qui avait été la nièce du grand Patriarche Orthodoxe Michel Cérulaire, Mourut, Sainte Moniale, en un Monastère où elle avait été, comme tant d'autres Femmes répudiées, exilée sur les rives du fleuve du Bosphore.
Cf : Vie de Sainte Eudocie, Impératrice de Byzance, au XIème Siècle, Morte en 1096.
Cf Saint Père Vélimirovitch, Nicolas : Le Prologue d'Ohrid. ( Ed. L'Age d'Homme).
( Extraits du Synaxaire, assortis de Méditations, & d'Homélies.)
Cf Le Synaxaire. ( Vies des Saints de l'Eglise Orthodoxe).
(Ed. Le Jardin de la Toute Sainte Mère de Dieu. ( To Périvoli tis PanAghias.
Thessalonique).
(Trad. Fçse du Père Macaire, Moine de Simonos-Pétras, Monastère Athonite
de la Sainte Montagne de l'Athos, Grèce).
(Diffusion en France : Père Placide Deseille, Monastère de Saint-Antoine le Grand,
Fond de Laval, F 26190 Saint-Laurent-En-Royans).
Cf Les (Pères) Bollandistes ( ou Les petits Bollandistes) : Vies de Saints.
Cf Encyclopédie Internet : Wikipédia. Org :
Articles : Art Byzantin. Les Impératrices de Byzance. Princesses Byzantines.
Ravenne. Torcello. Saint Marc-de-Venise, etc...

De même, au septième Siècle, le pape Léon II, écrivant, vers 683, à l'Empereur Constantin Pogonat, l'appelle, en pareille sorte, son roi & son seigneur.
Cf Morin : Hist. De l'origine & des progrès de la puissance des papes, pag. 664.
En 686 & 687, les élections des papes Conon, & Serge, furent également confirmées, l'une par l'Exarque Théodore, l'autre par l'Exarque Platys, lequel exigea du pape Serge une somme considérable, & ce, quoique ce genre d'abusif tribut eût été aboli par l'Empereur de Byzance, sous le pontificat d'Agathon.
Cf Anastase. Bibliothèque : De vit. Rom. Pontif. Op. Cit. Pag. 147-149.
Au huitième Siècle, en 710, le pape Constantin, mandé à Constantinople par l'Empereur Justinien II, s'empressa d'obéir à cet ordre suprême.
Cf Fleury, Cardinal de : Hist. Ecclésiast. l.(ivre) XLI, n. 22.
cf ( Bien Heureux) ( Père) Guettée, Wladimir : Histoire de la Sainte Eglise Orthodoxe
Universelle. ( Ed. v. 1850. Paris & Saint-Pétersbourg). Opus Cité.
Cf : Baronius ; Ann. Eccles. Tom. XII, pag. 343.
« La ville de Ravenne ayant été prise, à cause de nos péchés, par la méchante nation des Lombards, & notre excellent maître l'Exarque ( à l'Etranger de l'Empereur Grec Orthodoxe de Byzance) s'étant, ainsi que nous l'avons appris, retiré à Venise, nous conjurons votre Altesse de se joindre à lui pour faire rentrer la ville de Ravenne sous la domination impériale (de l'Orient Orthodoxe), afin que nous puissions, avec le secours du Seigneur Dieu, demeurer inviolablement attachés au service de nos maîtres, Léon & Constantin, Grands Empereurs (Chrétiens Orthodoxes). » Le pape qui s'exprime ainsi est Grégoire II, l'un de ceux que l'on peut pourtant soupçonner d'avoir songé les premiers à étendre l'autorité pontificale de l'Evêque de Rome au-delà des bornes de l'Apostolat des Saints Apôtres, Mission Spirituelle de veiller sur le Dépôt de la Foy Orthodoxe, & de le transmettre aux nations, à partir, concernant l'Evêque de Rome, du seul Siège limité de & à Rome, & resserré dans ses seules bornes administratives, sans empiéter sur les autres Sièges Episcopaux du reste de la Chrétienté Orthodoxe, réparti en Sept Eglises Orthodoxes de la Chrétienté d'Orient & d'Occident ( Constantinople, Smyrne, Ephèse, Alexandrie, Antioche, Rome, & Jérusalem).
Cette Lettre du pape de Rome Grégoire II prouve, à tout le moins, que la souveraineté impériale était alors un droit universellement reconnu, & un fait public & incontestable.

C'est pourtant au VIIIème Siècle, & peu après la date de cette épître, qu'on aperçoit, non sans doute l'établissement, mais les premiers symptômes de la puissance temporelle des prélats pontificaux Romains. Les diverses causes qui devaient amener ce résultat commencent de devenir sensibles & à se fortifier par leur concours.
La première de ces causes consistait dans les vastes progrès de toutes les institutions ecclésiastiques. Plusieurs papes & beaucoup d'autres prélats d'entre les Evêques avaient mérité par leurs vertus & par leurs talents le respect des nations & l'estime des rois. Ils avaient obtenu ces réputations imposantes de Sainteté, qui, au sein des troubles, des désastres publics, & des malheurs du Temps, sont toujours des commencements de puissance. De Zélés Missionnaires, animés du Divin Zèle de l'Esprit de Sainteté, & que Lui seul peut conférer en pareille sorte, avaient porté la Lumière de l'Evangile dans la plupart des contrées de l'Europe, & préparé, avancé même, par des Instructions Religieuses, Enseignements Spirituels, & Illuminations de l'Esprit, la Civilisation de peuples antérieurement Barbares. De toutes parts, sur les terres d'Orient, puis d'Occident, s'élevaient de Saintes Eglises & de Saints Monastères. Les pieuses libéralités des princes & des particuliers accroissaient partout, mais surtout & plus encore à Rome, les trésors & les immeubles du Clergé. Ses propriétés territoriales acquéraient de la sorte assez de surface pour s'insensiblement transformer en principautés. - Métamorphose facile sous des gouvernements si faibles & si falots, comme sous des législations vacillantes & iniques.
Ajoutons la fréquence & la solennité des Conciles, l'intérêt général qu'intéressaient, suscitaient, & passionnaient leurs décisions conciliaires Ecclésiales, & les incidences inévitables presque de leurs débats sur l'ordre ou le désordre des affaires politiques de l'état. Observons surtout qu'au commencement du VIIIème Siècle, il n'existait d'autre grand Empire que celui de l'Empreur Grec Orthodoxe Byzantin d'Orient. & que, pourtant, la puissance des Empereurs Grecs Chrétiens Orthodoxes, limitée en Asie par celle des califes despotes Ottomans islamistes, affaiblie au sein même de Constantinople par des révolutions inérieures de palais, ou intrinsèques à la capitale, & représentée en Occident en leur capitale occidentale de Ravenne, siège de l'Exarc(h)at Impérial Byzantin à l'Etranger, par des Exarques inhabiles ou même infidèles, se soutenait à peine en Italie contre les armes des Lombards, & avait besoin, parfois, d'y être défendue par l'influence des pontifes Romains. Cependant, les nouveaux trônes qu'avaient élevés çà & là quelques conquérants barbares, déjà chancelaient sous leurs successeurs, dont l'ignorance, le plus souvent égale à celle de leurs peuples, semblait provoquer les entreprises du clergé? Ce clergé, d'ailleurs, plus instruit que le vulgaire, ne l'était point assez lui-même pour reconnaître, en de telles circonstances, les limites de ses propres fonctions, & ne pas profiter aveuglément des occasions d'agrandir son pouvoir & de l'étendre d'avantage. Lorsqu'au septième Siècle, en 681, un concile dit de Tolède dégagea les sujets de Vamba de leurs obligations envers ce prince, peut-être les trente-cinq évêques
qui siégeaient dans ce synode ne s'aperçurent-ils ni de la témérité, ni de la déloyauté monstrueuse d'une telle sentence. L'historien de l'église catholique Romaine, Fleury, a raison de faire observer ce premier exemple d'un roi déposé par des évêques.
Cf Fleury, Cardinal de : Hist. Ecclés. L.(ivre). XL, n. 34;
& cf Ibidem : 3.ème Discours, n. 10.
Mais il pouvait remarquer aussi qu'une nouveauté si grave n'excita aucun scandale, que les rois ne s'en plaignirent point, & que nul obstacle n'empêcha l'exécution de cet étrange décret.
Il faut placer au nombre des causes qui favorisèrent l'ambition des papes, le goût prononcé des Empereurs Grecs Orthodoxes de Byzance pour les controverses de Théologie dogmatique, dont les pseudo- « théologiens » carolingiens ignares de Charlemagne, n'en saisissant rien, ni n'y comprenant rien, qualifièrent méprisamment les infinies subtilités de « querelles byzantines », sur le mode du renard de la fable de La Fontaine, des raisins trop hauts pour qu'il les pût attraper sur la treille & en goûter la suavité, pour masquer de par un air dégoûté son amer dépit, lançant, après ses Bah! & ses Pouah! que « Les raisins étaient trop verts. »
Cependant, certains empereurs, d'entre les Iconoclastes surtout, ce qui est dire « Briseurs de (Saintes) Icônes », prenaient parfois une part malheureuse à ces controverses, osant contredire les Saints Patriarches, Métropolites, & Evêques Orthodoxes conciliairement Assemblés en Synodes, & contrevenir à leurs décrets synodaux & autres saintes décisions conciliaires, les Saints Pères étant IconoPhiles ou IconoDoules ( ce qui est dire, en un cas, comme en l'autre, « Amis des (Saintes) Icônes », ou « Serviteurs du culte des (Saintes) Icônes ». De là que ces empereurs IconoClastes provoquaient des Résistances Apostoliques dans les rangs des susdits Successeurs des Saints Apôtres ( Saints Patriarches, Saints Métropolites, & Saints Evêques), Résistances Apostoliques qui, par leur Eclat de Grâce, assurant leur succès factuel, -dans les faits-, rabaissaient aux yeux des Peuples de Fidèles l'autorité impériale. L'on voyait lors l'autorité des premiers personnages, dits Princes de l'Eglise,
triompher solennellemnt des édits du prince impérial. &celui dont les Instructions Pastorales, Exhortations Spirituelles, & Décisions Ecclésiales limitaient ainsi l'autorité civile du César en place, devait paraître capable, au moment où il ne la dédaignerait plus, de l'exercer civilement même, en place de l'empereur, avec une Sagesse politique infiniment plus consommée, pour ce que de l'Esprit de Sainteté d'En Haut Inspirée.
Pour ce qui est de la secte impie des Iconoclastes, elle s'était récemment formée à Constantinople, contre les Icônes, que les Occidentaux catholiques Romains, par nescience, n'en possédant point, & ne sachant rien presque de l'Iconographie & de ses secrets par les Maîtres Iconographes longtemps jalousement gardés secrets même, à telle enseigne que certains de ces secrets de Maîtres d'Oeuvres, d'entre les Saints Iconographes, se perdirent sous la TurcoCratie, cinq cents ans de domination ottomane & de dictature islamiste ayant empêché & défendu que se perpétuât cette Sainte Tradition de Saint en saint, de Père Spirituel en fils spirituel, & de Maître de l'Art en maître de l'art, & que ces secrets ne se sont vus qu'à grand-peine, & pour part, retrouvés, des derniers Saints de la lignée de la Sainte Tradition Iconographique, dite encore Haghiographique, des Saints Haghiographes, brisée de par le joug Barbare de l'anti-Christ Oppresseur du Christ - , les Latins quant à eux, donc, les nomment platement les « Images », cependant qu'ils dénomment, à des fins de banalisation, simple « querelle des images », la tragique « Crise Iconoclaste », qui fut sanglante, & fit nombre de Morts Martyrs, d'entre les plus Saints Défenseurs des Icônes. La cause de cette Crise s'origine en ce que les Icônes s'étaient vues décréditées en quelques lieux & pour quelques moments du fait des « victoires » prétendues que lesdits Mahométans avaient remportées sur elles en les défigurant & en les détruisant, à coups de sabres, de poinçons, d'armes à feu, & en les occultant tout-à-fait, comme font toujours les Tyrans Possédés du Diable encontre les Saints Orthodoxes, comme avec les Saints Objets du Culte Orthodoxe, avant que de les détruire toutes, les Saints Pères expliquant ce fait de ce que des Possédés du Diable ne peuvent viscéralement point supporter ni souffrir la vue d'une Croix ou d'une Sainte Icône, la Croix mettant le Diable en fuite, & Vénérée des Chrétiens comme ayant ce pouvoir exprès, & les gardant Fortement de ses Diaboliques maléfiques pièges, embûches, & sortilèges, & les Saintes Icônes révulsant, hérissant, & tourmentant le Diable, comme ses possédés, lui répugnant, & déchaînant ses fureurs de Démoniaque Violemment Impie.
La gravité des circonstances s'augmentait de ce que l'empereur Byzantin lui-même, Léon l'Isaurien, s'était mis à la tête des IconoClastes Brisent-Icônes. Il publia donc en même Temps presque, & l'édit qui abolissait le culte de tout « simulacre » prétendu, & le projet d'une capitation nouvelle à payer par les Peuples d'Italie. Le pape de Rome, Grégoire II, paradoxalement devenu le défenseur des intérêts Grecs & des Articles de Foy Orthodoxe, adresse lors à l'empereur spirituellement égaré des Lettres énergiques, mais respectueuses, pour l'inviter à maintenir dans les Eglises Orthodoxes une pratique Salutaire & Ancienne. - De fait l'Art Iconographique est réputé remonter, pour la première Icône, au Voile de Sainte Véronique, où s'imprima la Sainte Face du Christ, laquelle Icône fut Miraculeuse, l'Icône de la Sainte Face du Christ ayant, par un de Ses Disciples directs & Témoin Oculaire du Christ-Dieu Miraculeusement Guéri le roi d'Edesse, atteint d'une incurable lèpre, & l'Histoire de l'Art Iconographique & Haghiographique ayant retenu Saint Luc peignant une Icône Miraculeuse de la Très Sainte Mère de Dieu, comme premier Saint Iconographe, sur les Saintes Icônes ensuivies à son Image Sainte représenté Peignant & Haghiographiant.
Cf ( Saint Photios) Kondouglou : L'Hagiographie Athonite de la Sainte Montagne de
l'Athos.
Cf Ouspenski : Théologie de l'Icône.
Cf Grabar, André : O.C.
cf Diehl, Charles : Op. Cit.
Etc, etc, etc...
Hélas! L'empereur Léon, indigne de son rôle de Protecteur de la Sainte Eglise Orthodoxe, & dès là, indigne de son rôle, de son rang, & de sa dignité impériale, ne répond que par les menaces les plus propres à fortifier dans le coeur des Italiens leur amour & leur vénération pour leur pape-pontife de Rome. Que fit lors ce pape Grégoire? Il ne paraît point occupé de ses périls personnels ; il implore, pour le Peuple & pour le prince-empereur, la Miséricorde Divine ; il ne lance point d'Anathèmes, mais il recommande les Bonnes Oeuvres, & en donne l'exemple de Vertu. Il veut sur-tout que chacun demeure fidèle au chef Byzantin, réputé Orthodoxe, de l'Empire d'Orient-Occident, symbolisé par l'aigle impérial à deux têtes, dont l'une regarde vers l'Orient, & l'autre vers l'Occident. Quels que soient les égarements spirituels de l'empereur Léon de Byzance-Constantinople, il persévère à lui donner de l' « Empereur », & du « Chef ( Tête) des Chrétiens », comme l'on donne à un Evêque réputé Saint du « MonSeigneur ».
cf Greg.(orius) II : Ep.(istola) ad Leonem :
« Imperatorem & caput Christianorum. »
Selon le pape Grégoire II, c'est Dieu même qui conserve l'empire à Léon empereur IconoClaste :
cf Ibid.(em) : « Vestri a Deo conservati imperii. »
Un pape pontife n'a pas le droit, dit ce pape Grégoire II, de décerner des couronnes. Ses regards ne doivent point pénétrer dans les palais des rois ; & il ne lui appartient pas davantage de se mêler d'affaires politiques, qu'à un prince empereur d'enseigner des dogmes ecclésiaux, ni religieux d'aucune espèce.
Cf Ibid.(em) : « Pontifex introspiciendi in palatia potestatem non habet ac dignitates regias deferendi...Ecclesiis praepositi, sunt a negotiis reipublicae abstinentes. ..»
L'armée, le Peuple, Venise, Ravenne, toute l'Italie se révoltait, dit Paul le Diacre, contre Léon l'Isaurien empereur IconoClaste SacriLège. & ce ¨Peuple aurait infailliblement reconnu quelque autre empereur, si le pontife Romain – le pape de Rome – ne s'y était opposé.
Cf Paul. Diac(onos) : De gest. Longob. :
« Nisi eos prohibuisset pontifex, imperatorem super se constituere fuissent aggressi. »
Anastase raconte les mêmes faits, & nous montre le pape Grégoire occupé à retenir les provinces sous les lois de leur légitime souverain, l'Empereur Byzantin d'Orient & d'Occident :
cf : Anast. Bibl. In Vitâ Gregorii. :
« Omnis Italia consilium iniit ut sibi eligerent imperatorem & ducerent Constantinopolim. Sed compescuit tale consilium pontifex sperans conversionem principis...Ne desisterent ab amore & fide Romani imperii admonebat ».
Il nous serait difficile de vérifier, à dix Siècles de distance, si réellement l'empereur Léon a plusieurs fois essayé, par le ministère de ses officiers, d'attenter aux jours du pape Grégoire : Mais, dans Rome, & dans toute l'entière Italie, nul ni personne n'en douta. & ces complots avortés excitèrent au loin l'indignation, ou le mépris, plus dangereux qu'elle encore, pour le pouvoir civil.
Au contraire, quand le duc Pierre est chassé de Rome, quand l'Exarque Paul est Tué à Ravenne, le pape Grégoire est tellement en règle, qu'on ne songe point à lui imputer ces attentats.
Cependant, Liutprand, roi des Lombards, profite de ces troubles pour s'empare de Ravenne, & de plusieurs autres places. C'est dans cette conjoncture que Grégoire écrit au duc de Venise la lettre que nous avons déjà transcrite. Le pape Grégoire fait plus. Il négocie avec Liutprand; il l'apaise. Mais, le roi des Lombards, en abandonnant les villes qu'il a conquises & pillées, ne veut pas les rendre aux officiers de l'empereur Byzantin. Il en fait présent à l'église Romaine, qui s'abstient également de les accepter comme de les refuser. Déconcerté par tant de sagesse, l'empereur IconoClaste, Léon l'Isaurien, se vit réduit, pour toute vengeance, à détacher du patriarcat de Rome les églises d'Illyrie, de Sicile, du duché de Naples & de la Calabre, pour les soumettre au Patriarche de Constantinople. Ce fut là tout le mal qu'il put faire au pape Grégoire II, qui Mourut sans daigner s'en plaindre. Quoi qu'en aient dit Théophane le Byzantin, & d'autres Auteurs de Byzance, tels Cedrenus, & Zonaras, qui ont fort décrié ce pape-pontife, il régna nonobstant bien de la modération dans sa conduite. &, si c'est prudence, elle est parfois si profonde, qu'on est souvent tenté de la prendre pour de la bonne foi.

Cette sombre partie de l'Histoire du VIIIème Siècle, ensanglantée par les violences fatales des Iconoclastes, vaillamment combattus par les Saints Martyrs que fit la Crise Iconoclaste, fut également traitée & thématisée par Bossuet, l'évêque de Meaux, agent de l'Absolutisme royal de la Monocratie exercée par Louis XIV, non moins que par l'Ultramontanisme du pape de l'église catholique Romaine. L'on se doute, dès lors, que les dires assertés de Bossuet seront tout entâchés, gâchés, & pervertis de ses positions d''Ultramontain, qui lui firent Persécuter à Mort le Clergé Gallican de France, lors de la Crise Gallicane resurgie au XVIIème Siècle, & qui déchira, durant tout ce même dit Grand Siècle, l'église catholique Romaine, tout le propos de Bossuet étant de convertir son Naïf, Crédule, & Ignare auditoire de Mondains, Courtisant le roi, &, comme lui, le pape, à la cause Ultramontaine du pape-pontife de Rome, demeurant, par Incurable Orgueil, Hérético-Schismatique, pour régner seul, monocratiquement, ad perpetuum, en lieu & place de réintégrer le giron Apostolique des Saints Pères de la Sainte Mère Eglise Orthodoxe.
Cf Bossuet, Jacques-Bénigne : Def. Cler. Gall.
p. II, l.(ivre) VI, c(hap). 11, 12, 13, 14, 15, 16, & 17.
in Bossuet, Evêque de Meaux : O.C. (31 volumes).
Dont : Bossuet : Oraisons Funèbres. ( Ed. Gallimard. Coll. La Pléiade).

Sur la crise interne, intrinsèque à l'église de France, divisée & déchirée entre les Gallicans & les Ultramontains :
cf Pascal, Blaise : Les Provinciales. ( Ed. Lafuma. Coll. L'Intégrale).
cf Châtelet, François ( Anc. Prof. à la Sorbonne) : Histoire de France.
(Ed de poche Marabout-Pocket).
Cf Fleury, Cardinal de : Hist. Eccles. : Opus cité.
Cf ( Bien Heureux) Père Guettée, Wladimir : Histoire de l'Eglise de France. Op. Cit.
Cf Guettée ( Ibidem) : Histoire de l'Eglise. Op. Cit.
cf Bossuet, Defens. Declar. Cl. Gallic.
Cf ( Père) Ranson, Patric : ( C.N.R.S. Philosophie).( Coordinateur du Collectif) :
(Contre) Augustin ( d'Hippone).
(Dossier H. Ed. L'Age d'Homme).
Chap : Bossuet, gendarme de l'augustinisme.
Cf (Père) Ranson, Patric : Richard Simon (ou du caractère illégitime de l'augustinisme en
Théologie). ( Ed. L'Age d'Homme. 1990).
Cf Terestchenko, Michel : Amour & Désespoir. ( Ed. de poche : Points-Seuil).
Cf Encyclopédie philosophique universelle. ( Mattéi, J-F. Professeur à l'Institut de France.
Dir. du Collectif). ( Ed. P.U.F.) :
( Père) Ranson, Patric, & Terestchenko, Michel : Articles : Fénelon.
Le Quiétisme. Le Pur Amour. & alia ( Trente articles).
Cf Dictionnaire de spiritualité catholique. (Ed. Beauchesne).
Cf Orcibal, Jean : Article : Louis XIV contre Innocent XI.

Voici donc ce qu'en écrit Bossuet, l'évêque tout Ultramontain du pape de Rome & de Louis XIV, Absolu Tyran non moins Monocrate d'une Monocratie Absolue :
Cf Bossuet, Jacques-Bénigne : Def. Cler. Gall.
p. II, l.(ivre) VI, c(hap). 11, 12, 13, 14, 15, 16, & 17.
in Bossuet, Evêque de Meaux : O.C. (31 volumes).
« Le Temps n'est pas encore venu, me dira-t-on (fictivement), de faire éclater ( de gloire temporelle) la puissance pontificale, & l'on devait, avant que d'en venir aux remèdes violents, tenter les voies de douceur & de conciliation (entre l'empereur & le pape). Fort bien (répond (supposément & putativement) Bossuet) ; mais, si la charité & la prudence chrétiennes ne permettaient pas encore à Grégoire (II, pape) de faire usage de toute sa puissance, au moins n'auraient-elles pas dû le détourner de faire entrevoir à ce prince (- empereur) orgueilleux quelle en était l'étendue, afin de l'intimider & de l'empêcher d'exécuter ses projets criminels. Car voici quelles étaient les menaces de l'empereur, comme nous l'apprend ce saint pape (Grégoire II) : « J'enverrai à Rome – menaçait-il à peu près en ces termes – briser l'image de Saint Pierre, & j'en ferai enlever le pape Grégoire pour le transporer ici chargé de chaînes, comme l'empereur Constant a fait au pape Martin.- Il ( cet empereur IconoClaste) se propose donc d'imiter l'exemple des empereurs Hérétiques & Persécuteurs des Saints pontifes ( de l'église de Rome). Voyons ce que le pape Grégoire croit devoir répondre à un prince qui forme ces projets impies, & qui se flatte de les exécuter en déployant toute l'étendue de sa puissance impériale. Dit-il qu'il peut, quand il voudra, lui arracher cette puissance? Il n'y songe pas ; &, pour toute défense, il déclare qu'il désire avec ardeur recevoir la couronne du Martyre comme le Bien Heureux pape Martin, dont tous les Fidèles Honorent la Mémoire (Eternelle). Combien donc était-il éloigné de penser à la révolte ( de la papauté contre l'empire), à prendre les armes, à repousser la force par la force, enfin à prononcer des sentences de déposition ( de l'empereur à bas de son trône)? Peut-être que nos adversaires nous feront leur réponse triviale, que l'église, encore trop faible, n'était pas en état de déployer toute sa puissance. C'était l'empire, & non l'église, qui était faible en Italie, &c... »
Voyez aussi :
cf Natalis Alex. In sec. VIII, Dissertatio I a.
cf Lebeau : Hist.(oire) du Bas-Empire, tom. XIII, pag. 368 & 369.

Mais le pape suivant & successeur de Grégoire II, Grégoire III, se crut, quant à lui, d'ores & déjà dispensé d'une circonspection si rigoureuse : A la tête d'un concile, il Excommunia l'empereur IconoClaste, non pas, à la vérité, nominativement, en nom propre, mais en ne l'exceptant point de la secte des IconoClastes, qu'il Excommunia tout entière & comme d'un bloc. &, tandis que l'empereur IconoClaste Léon s'appliquait cet Anathème par l'éclat fulminant du cuisant courroux qu'il en ressentait, tandis qu'il confisquait en Sicile des terres de l'église Romaine, tandis qu'une flotte envoyée par lui contre l'Italie périssait dans un naufrage, le pape travaillait à créer, au sein de Rome, un état (Vatican) indépendant de l'empire, ou du moins destiné à le devenir.
De certains Auteurs aperçoivent, dès le début du VIIIème Siècle, en 726, sous le pontificat de Grégoire II, un simulacre de république Romaine ; & l'on peut du moins assurer qu'en 730, peu avant la Mort de ce pape Grégoire II, & sans même qu'il y parût ouvertement concourir, les Romains s'érigèrent formellement en république Vaticane Romaine.
Mais, ce fut surtout depuis 731 jusqu'à 741,
cf Anastase : Bibl. In : Vita Gregorii III,
c'est-à-dire, sous le pontificat de Grégoire III, que s'accréditèrent les expressions de « république des Romains », d '« association républicaine », de « corps d'Elite du Christ de l'armée Romaine ».
cf (Apud) ( Chez) Anastas : Ibidem : (Dans le même ouvrage) :
« Respublica Romanorum, compages S. Reipublicae, corpus Christo dilectum exercitus Romani ».
Toutes expressions qui ne disparaissent qu'en l'an 800, & qui, durant les soixante-dix années précédentes, sont fort souvent employées, soit dans les actes d'administration intérieure, soit dans les négociations avec les rois Lombards, ou avec les maires du palais de France Carolingienne, sous Charlemagne empereur catholique Romain d'Occident.
L'on évitait toutefois les déclarations positives qui auraient irrité la cour de Constantinople & l'empereur Byzantin Orthodoxe d'Orient. Au besoin même, l'on reconnaissait la suprématie de l'empereur Grec Orthodoxe d'Orient; on lui demandait des secours, on recevait ses officiers ; & ces hommages à l'autorité impériale Grecque Orthodoxe d'Orient sont les motifs des opinions des Auteurs qui nient encore l'existence de facto de cette république Vaticane de la papauté Romaine. & sans doute cette république minuscule, comme un mouchoir de poche, à peine, n'était-elle au commencement qu'une apparence de royaume & de monarchie républicaine. Mais les papes, ses tenants, & prétendus lieu tenants du Christ, & ses supposés « vicaires », aimaient de se présenter sous ce titre de chefs républicains aux princes & empereurs qui régnaient dans l'Europe occidentale. C'est ainsi que le pape Grégoire III envoya deux légats pour ambassadeurs au maire du palais Charles Martel, - ainsi nommé Marteau pour ce qu'il était réputé, sur les champs de bataille, assommer ses ennemis sur la tête comme à coups de marteau -, à dessein de l'inviter à se déclarer en faveur de ladite république Vaticane Romaine, contre les empereurs Grecs Orthodoxes d'Orient, dont l'éclat de la gloire splendide, lui portant trop d'ombrage, lui faisait bien trop d'ombre, & qu'il voulait tout bonnement, lors, occulter, nier, & supplanter.
L'historien Baronius se trompe, ou ses sources, erronées, ne sont point crédibles, lorsqu'il attribue l'une de ces ambassades au devancier du pape Grégoire III, Grégoire II. Bossuet, qui ne fut point pour rien dit « l'aigle »-évêque de Meaux, aux trente volumes passés de grandes Oeuvres Complètes, s'il a tort de souvent mésinterpréter, de surinterpréter, ou de déformer tendancieusement ses sources, les sollicitant, jusqu'à les déformer, & à les pervertir, pour les faire faussement abonder en son sens d'Ultramontaniste papiste, a cependant ici le mérite de connaître les bonnes sources historiques, de savoir où les prendre, d'y savoir tout droit aller, pour en faire, par après, son tri, dans l'archivage qu'il en opère, en suite de ses savantes recherches d'érudit & de docte, puis de relever cette erreur grave, & de la réparer en fin, en marquant bien que c'était par le pontife Grégoire III que cette ambassade de légats du pape avait été dépêchée à Charles Martel au royaume des Francs.
Cf Defens. Cler. Gallic. p. II, l.(ivre) VI, c.(hap.) 18.
Toujours est-il que, pour les papes, se poser, devant l'empereur de Byzance, en chefs de monarchie républicaine, était bien une manière de se furtivement placer aux nombre des Etats indépendants de l'Empire Byzantin. &, par là, d'amincir toujours plus encore le fil, déjà fort mince & ténu par lequel la papauté de Rome tenait encore à cet Empire Grec Orthodoxe d'Orient & d'Occident, que la distance, la durée des Siècles, & les manoeuvres politiciennes de l'ambition des papes avaient dès long Temps fort entamé, dans le dessein de le pouvoir ombilicalement couper, à fin, pour les papes, de réaliser leur vieux rêve de régner en seuls maîtres de l'Occident papiste.
Pour l'ordinaire, le pape ne remplissait point la première magistrature de cette république Vaticane : Il abandonnait les signes trop visibles du pouvoir temporel à un préfet, à un duc, à un patrice, & se préparait à substituer bientôt à ces formes indécises un gouvernement définitif qui fût pontifical.
Une autre cause amenait & justifiait la révolution même qui allait s'opérer en Italie contre les empereurs Grecs Byzantins : C'était l'abandon presque absolu dans lequel, du fait de la distance, notamment, ils laissaient, depuis deux Siècles, les provinces qu'ils possédaient dans cette contrée Italienne. C'est ainsi qu'ils n'entretenaient aucune garnison dans Rome ; & cette ville, continuellement menacée par les Lombards, invoqua plus d'une fois, mais en vain, par le truchement ou de ses ducs ou de ses papes, les secours & les soins de l'Exarque & la puissance de l'empereur Grec de Byzance. Du reste, les historiens Byzantins de cette époque n'évoquent presque jamais l'Italie en proie à ses difficultés face aux belliqueux envahisseurs Lombards. L'un de ces historiens Byzantins, Théophylacte Simocatta, écrit l'Histoire de l'Empire Byzantin d'Orient & d'Occident, depuis le VIème Siècle jusqu'au IXème, - de 582 à 802, très exactement – sans nommer ni prononcerfût-ce une seule fois les termes ni de l'Italie, ni de Rome, ni des Lombards même. Aussi, à telle enseigne délaissés par leurs maîtres souverains empereurs Byzantins, les Romains n'eurent-ils guère autre choix que de s'attacher à leurs pontifes de Rome, lesquels étaient alors presque tous d'origine Italienne, &, le plus souvent même, Romaine, & presque tous aussi, de surcroît, recommandables. Pères & Défenseurs du Peuple, médiateurs entre les grands, chefs de la religion, alors déjà plus papale catholique Romaine qu'Orthodoxe, les papes réunissaient & détenaient entre leurs mains les divers moyens de crédit & d'influence que donnent les grandes richesses, les bienfaits plus ou moins achetés, les services rendus du clientélisme, les vertus supposées, & le sacerdoce, en Occident, à tort, réputé suprême. Dès là qu'ils conciliaient ou divisaient autour d'eux les princes de la terre. &, cette puissance temporelle, qu'ils ne possédaient point encore, ils pouvaient à leur gré, & selon le bon plaisir de leur caprice, l'affermir, l'affaiblir, ou le néantir, & la vie même, entre les mains d'Autrui.
Les choses étant ainsi disposées, il devait infailliblement advenir des occasions favorables à l'ambition des pontifes Romains; ou, déjà, même, ils n'avaient besoin que d'une ambition plus active. Tandis que le nouveau pape, élu vers le milieu du VIIIème Siècle, en 741, qui, par extraordinaire, était Grec, Zacharie, continuait logiquement de rendre hommage à la souveraineté des empereurs Grecs Byzantins réputés Orthodoxes, Liutprand s'emparait de l'Exarchat, & son successeur Rachis stipulait immédiatement avec les Romains une paix de vingt années. Sous le même pape Zacharie, Pépin-le-Bref détrônait en France la dynastie Mérovingienne, proposait au saint-siège un célèbre cas de conscience, & en obtenait une réponse qui, absolvant aux yeux des Peuples son audacieuse entreprise, fixait dans ses mains un sceptre qu'elles seules pouvaient porter. Cette réputée sage réponse papale n'était en fait qu'une réponse purement consultative. & Bellarmin fait de vains efforts pour la transformer en un décret absolu qui déposait Childéric III. Pépin dut le trône à son génie politique, & à sa fortune souriante : Il l'obtint, au vrai, par le consentement des Français subjugués ou assujettis, & non par l'autorité du pape.
Cf Natal. Alex. Dissert. 2. a. In secul. VIII (VIIIème Siècle).
Cf Dupin : Traité de la puissance ecclésiastique. Pag. 245.
cf Bossuet : Def. Cler. Gall. p. II, l.ivre VI, c. 34.
cf Eginhard : Recueil des Histoires de France :
Tome V : De Carol. Magno ( De Charles Magne le Grand).
De ce même épisode historique, ce réputé savant Carolingien, historien du palais, qui peina d'apprendre ses quelques lettres à l'ignare empereur Charlemagne, - l'ayant mis à son école, pour tâcher d'en relever & d'en tant soit peu élever le niveau de rustaud, de rustre, de brutal, & de Barbare polygame, dès là, par force de nécessité logique, Pervers envers sa seule & unique Femme légitime, lui infligeant une vie d'intense souffrance, cependant qu'il jouit, non point d'elle, mais de son souffrir, quoi que lui coûtat sa vie de Dissimulation, de Démoniquement Mensongeux, & de Crapulerie -, ce dit docte chancelier du palais, Eginhard, en dit donc : « Missi sunt Burchardus & Foldradus ut consulerent pontificem de causa regum, » &c... ( « Furent dépêchés au pape Burchard & Foldrad, pour conseiller le pape sur la cause des rois », etc...).
Peu de Temps après quoi, Astolphe, successeur de Rachis, rompit la trêve de vingt ans, conquit l'Istrie, reprit Ravenne, où les officiers Grecs étaient rentrés, & les en chassa pour toujours. Eutychès, le dernier des Exarques Grecs de l'empereur Byzantin d'orient & d'Occident, prend lors la fuite, abandonne Ravenne, se retire & se retrait à Naples. & tout annonce & laisse funestement présager que la puissance des empereurs Grecs Orthodoxes Byzantins va s'éteindre tant dans l'Italie moyenne que dans l'Italie supérieure. Astolphe, en effet, tourne ses armes contre cette république Vaticane Romaine, où le chef de l'empire Byzantin conservait encore quelque ombre de souveraineté. Le pape – c'était alors Etienne II -, supplie lors l'empereur Byzantin Constantin Copronyme de secourir la ville de Rome, attaquée par les usurpateurs publics de l'Exarchat de l'empereur Grec Byzantin, d'envoyer une armée qui mette en fuite les Lombards, qui maintienne en Italie l'intégrité de l'Empire Byzantin, & l'honneur de l'autorité impériale Byzantine Orthodoxe :
cf Sigonius. Hist. Regn. Ital. l.(ivre) III, p. 197 :
« Id cum ipsius imperio perniciosum, tum nomini quoque apud posteros fore turpissimum. »
Lorsque le pape Etienne II adresse ainsi ses appels à l'aide & au secours à Constantin empereur Grec Byzantin Orthodoxe d'Orient & d'Occident, c'est aussi comme au souverain de Rome qu'est également l'empereur Grec Orthodoxe que s'adresse le pape de Rome.
Toutefois, l'empereur Constantin, occupé par la Crise Iconoclaste, charge le pape Etienne II de négocier tout seul, directement, & sans son intermédiaire, avec Astolphe ; &, si Astolphe est intraitable, avec Pépin-le-Bref, roi des Francs.
Cf Sigon.(ius). Ibidem. p. 199 :
« Joannes Silentiarius à Constantino cum legatis pontificis rediit, narrans imperatori placere ut ipse ad regem proficiscens, quantum precibus atque auctoritate proficere posset, experiretur ».
Lepape pontife pénètre donc en France, pour traiter de sa détresse avec Pépin. Là, ministre de l'empereur Grec, il donne, en 753, à Pépin & à ses fils, le titre de patrice Romain, qu'avait déjà porté Charles-Martel, & reçoit, dit-on, en contre-partie, la donation des provinces qu'occupait Astolphe, & que réclamait ce même empereur Grec Byzantin, Constantin Copronyme, au nom duquel négociait le pape Etienne II. Pépin hésitait d'autant moins à les donner, qu'il n'en était ni le souverain, ni le possesseur. Jaloux, pourtant, de tirer quelque avantage de son titre de patrice, il passe les Alpes en 754, assiège Pavie, & contraint Astolphe à promettre qu'il restituera l'Exarcat & la Pentapole, non à l'empereur de Byzance-Constantinople, mais au siège de Saint Pierre, à l'église Romaine, & à la république Vaticane. Vaine promesse : A peine le roi Pépin est-il rentré en France, que le roi Lombard s'empresse d'oublier ses serments, ravage les environs de Rome, & travaille à se rendre maître de cette cité. C'est alors, en 755, que le pape adresse au monarque Franc plusieurs lettres, dont l'une, écrite au nom dudit « Saint Pierre », le pape se prétendant appeler lui-même Pierre, & se donnant pour le successeur prétendument Apostolique, digne, de Saint Pierre, fait connaître, en écrit Fleury,
cf Fleury, Cardinal de : Hist. Ecclés. l.(ivre)XLIII,n. 17 :
« le génie de ce (VIIIème) Siècle, & jusqu'où les hommes les plus graves savaient pousser la fiction quand ils la croyaient utile ».
& il donne copie de cette épître papale :
« Pierre, appelé à l'Apostolat par Jésus-Christ, Fils du Dieu Vivant, &c...
( N.D.T. Note de la Transcriptrice : L'Apostolat, ce qui est dire la Transmission exacte, en Justesse Orthodoxe, du Dépôt de la Foy Orthodoxe, tel que Transmis par les Apôtres, de Saint Apôtre en Saint Successeur Apostolique de Saint Apôtre, selon la Chaîne Ininterrompue des Saints formant le fil d'or de la Tradition Apostolique, depuis le Christ Orthodoxe jusqu'à Ses derniers Saints Orthodoxes).
... « Comme par moi l'église catholique Romaine, dont Etienne est évêque ( - ce qui est dire pape-évêque-), est fondée sur la pierre...je vous adjure, vous, excellents Pépin, Charles, & Carloman, trois rois, & avec vous les évêques, abbés, prêtres, & moines, & même les ducs, les comtes, & les peuples...je vous adjure, & la Vierge Marie, les Anges, les ( Saints) Martyrs, & tous autres Saints, vous conjurent avec moi, de ne pas permettre que ma ville de Rome & mon peuple soient plus long Temps en proie aux Lombards... Si vous m'obéissez promptement, vous en recevrez une grande récompense en cette vie, vous surmonterez vos ennemis, vous vivrez long Temps, vous mangerez les biens de la terre, & vous aurez en outre la vie éternelle. Si vous ne m'obéissez pas; sachez que, par l'autorité de la Sainte Trinité & de mon Apostolat, vous serez privés du Royaume de Dieu. »

Il importe extrêmement de remarquer ici que cette lettre ne fait mention ni de la prétendue & Fausse-Donation de Constantin, ni de la fausse-Donation de Pépin, que Pépin-le-Bref passe pour avoir faite, au VIIIème Siècle, en 753, & prétendument renouvelée en 754. Ce n'est pas le plus faible argument de ceux qui relèguent au rang des chimères la seconde de ces donations, tout aussi bien que la première. Pour eux, il n'est point ni nulle Donation de Pépin, ni plus de seconde que de première. Ils ajoutent même que le titre original de la concession de Pépin n'existe en aucun lieu du monde, qu'on n'en saurait produire aucune copie authentique, & que ses dispositions, omises par les historiens contemporains des prétendues Donations, ne nous sont connues que par le seul Anastase, qui compilait son Histoire des papes à la fin du IXème Siècle, cent trente ans après la Mort du pape Etienne II. Les défenseurs de cette concession prétendue, au contraire de ces précédents opposants détracteurs, s'en tiennent à dire, pour tout argument, fort léger, qu'ils invoquent pour preuve prétendue, qu'Anastase déclare en avoir vu l'original, & citent d'ailleurs un reste d'inscription conservé à Ravenne, sans trop s'enquérir de l'époque où l'on a pu élever un monument si mutilé. « Pipinus.pius.primus.amplificanda.ecclesia.viam. aperuit. et. Exarchatum. Ravennae. Amplissimis... »
Le père le Coimte, féru d'épigraphie, science du déchiffrement des inscriptions sculptées dans la pierre, cite ce commencement d'inscription, & juge bon de l'achever épigraphiquement ainsi : urbibus.territoriis.ac.reditibus. principi. Apostolorum. ejus.que.demum.successoribus.iubens.ac. volens.concessit. »
cf Le Coimte (P). : Ann. Eccl. Fr. tom.V, pag. 484.
Nous demandera-t-on maintenant quelle était la nature de la concession faite aux papes par Pépin-le-Bref, roi des Francs? S'il donnait au pape la souveraineté absolue, ou la simple administration, un pouvoir secondaire & délégué, ou seulement la propriété, &, comme l'on dit, « le domaine utile »? Dans l'absence d'un texte formel & positif qui offrirait une réponse immédiate à ces questions, nous n'avons d'autre moyen de les résoudre que de continuer, jusqu'en l'an 800, l'examen des faits relatifs au gouvernement de Rome & à l'autorité du pape.
Or il est certain, tout ainsi que nous l'avons annoncé, que, durant les cinquante dernières années du VIIIème Siècle, les papes n'ont jamais été souverains, ni même presque jamais administrateurs. Nous avons, de fait, toute une suite de lettres, où ils se plaignent de l'inexécution des promesses faites par Pépin, & de l'infidélité des rois Lombards, qui ravagent ou reprennent les possessions de l'église Romaine. Par ailleurs, l'empereur Grec Byzantin, Constantin Copronyme, ne renonçait point, quant à lui, à ses droits séculaires. Il offrait de payer les frais des victoires de l'armée des Francs sur les Lombards, pourvu qu'on lui restituât les places que l'on venait de leur reprendre. Pépin, quoique fort peu empressé de satisfaire à ces réclamations de restitutions légalement dues, évitait de caractériser la puissance qu'il exerçait, à titre de patrice, sur la république des Romains ; - laissant indécis s'il s'y considérait comme souverain, ou comme provisoirement, & à titre seulement provisoire, investi, par la force des circonstances, de la souveraineté impériale d'Occident. Ce qui est bien remarquable, c'est qu'en fixant les limites des Etats de ce monarque, aucun historien Franc, avant Charlemagne, ne les étend au-delà des Alpes, « toits aux neiges perpétuelles » :
Cf Antiquit. Sancti Dionysii, l.(ivre) II, c(hap). 3 :
« Regnabat inter Rhenum Ligerimque priores, ( ante Car. Mag.)
Ad Boream fuerat terminus Oceanus ;
Australemque dabant Balearica littora finem,
Alpes & tectae perpetuis nivibus ».

Quant aux papes,quoique leur influence dominât presque toujours l'autorité des commissaires du patrice, ils n'exerçaient point encore une magistrature civile proprement dite, authentiquement instituée ou déléguée. Ils continuaient de tout dater du règne des empereurs Byzantins Orthodoxes de Constantinople, & de les appeler leurs seigneurs & leurs maîtres. C'est ce qu'on observe dans une Lettre écrite par le pape Etienne II, en 757, peu avant sa Mort, citée in : cf : Antiquit. S. Dionysii, l(ivre) II, c(hap). 3,
ainsi que dans un diplôme souscrit en la même année par le pape Paul Ier, frère & successeur immédiat de ce même pape Etienne :
cf Concil. Tom. VI, p. 1689,
dans un règlement du même pape Paul en 758 :
cf Ibid.(em). p. 1694,
dans une Lettre que le pape (H)Adrien VI, qui succéda à ce pape Paul, adressait en 772 à l'empereur de Byzance-Constantinople, lui renvoyant le jugement d'un crime commis dans le duché de Rome :
cf Fleury, Cardinal de : Histoire ecclésiastique, l(ivre) XLIV, n. 2,
&, en 785, dans une Epître de ce même pape Adrien à l'Empereur Grec Orthodoxe de Byzance, Constantin V, & à l'Impératrice-Mère, Irène, sa Mère :
cf Concil. ( Recueil des Actes, rassemblant les Actes Conciliaires, Tome VII, p. 99.
( En Grec) :
« A nos très Vénérables Maîtres...Constantin Empereur & à l'Auguste Irène, (H)Adrien (VI) (pape-évêque de Rome), Serviteur des Servants de Dieu », soit, en Grec, « doulos tôn doulôn toû Théoû », position enquelle le pape de Rome se place hiérarchiquement, sur l'échelle hiérarchique des Apôtres, des Dignitaires, (-Patriarches, Métropolites, Archevêques, Evêques, Saintes Femmes-Egales-aux Apôtres, telles Sainte Marie de Magdala, dite Sainte Marie-Madeleine Egale-aux-Apôtres, Sainte Marie l'Egyptienne Egale-aux-Apôtres, Sainte Thècle-Egale-aux-Apôtres, etc...)-, des Saints Docteurs de l'Eglise, des Saints Pères, du Haut Clergé, d'un mot, du Haut Commandement de l'Eglise Orthodoxe Universelle, en position subalterne d'inférieur à l'Empereur Orthodoxe, à sa Mère-Impératrice, & au Saint Patriarche de Constantinople, reprenant la sublime formule de Paul, Saint Apôtre des Nations, se qualifiant, outreplus d'Humble « avorton de Dieu », d' « Esclave de Dieu », au titre de Son Serviteur, Son Servant, & Son Desservant, au sens aussi où l'on dit d'un Saint Prêtre qu'il dessert une Eglise dont il est le Desservant établi de Dieu.
Plusieurs villes, comprises dans la Fausse-Donation de ladite prétendue Donation, furent gouvernées, d'après les dispositions de Pépin-le-Bref, par les Archevêques encore un Temps Orthodoxes de Ravenne, qui semblaient pour l'heure remplacer les Exarques, dont le titre demeurait provisoirement aboli.
Appelé par le pape (H)Adrien VI contre Didier, roi des Lombards, Charlemagne, fils aîné des sept enfants de Pépin-le-Bref & de Bertrade de Laon, dite Berthe au(x) grand(s) pied(s), soit qu'elle eût été affligée d' un pied-bot, soit qu'elle eût eu un pied plus grand que l'autre, soit, tout simplement, de grands pieds pour l'époque,
cf Adenet le Roi, Trouvère : Li Roumans de Berte aus grans piés.
( Le Roman de Berthe au(x) grand(s) pied(s). ( Poème en alexandrins),
Berthe au grand pied, donc, Femme vaillante, politique, active, énergique, & Pieuse, Mère de sept Enfants, qui finit Abbesse, ayant, entrée en Religion, pris le Voile en l'Abbaye près Compiègne, & dont se peut voir le gisant sculpturalement ornant son Tombeau de Reine de France, en la Basilique de Saint-Denis, près Paris, laquelle Abbatiale abrite maints Tombeaux des Rois & des Reines de France, & sa statue parmi les Reines de France & Femmes Illustres, majestueusement ornant, de leur hiératique beauté de grâce, les allées du Jardin du Luxembourg,
cf Encyclopédie Internet : Bertrade de Laon.
Charlemagne, donc, du Latin Carolus Magnus, ce qui est dire Charles ( Ier) le Grand, successeur de Pépin-le-Bref, avant qu'il ne devînt à son tour roi des Lombards, puis empereur d'Occident, en l'an 800, bloque la ville de Pavie, & renouvelle dans Rome, en 774, la Donation prétendue, soit la Fausse-Donation de Pépin. Cet acte de 774 ne nous est cependant pas mieux connu que les Faux de 753 & de 754, & pour des raisons évidentes, du fait qu'il s'agit, chaque fois, d'un Faux, élaboré de toutes pièces par les Faussaires de Charlemagne, prétendument docteurs théologiens. Point de titre original, donc, ni point de copie authentique, fût-elle informe. Point même, lors, de copie informe. C'est encore le seul Anastase qui vient, cent ans après leur fabrication mensongèrement falsificatrice, nous en détailler les dispositions, dans leur détail étant prétendument seul entré.
A la Fausse-Donation de Pépin, Charlemagne ajouta, selon ce même historien Anastase, la Corse, la Sardaigne, la Ligurie, la Sicile, Venise, Bénévent, & déposa la charte qui enrichissait à ce point l'église Romaine, sur le Tombeau des Saints Apôtres Pierre & Paul. Anastase n'explique point comment Charlemagne donnait des provinces qu'il ne possédait pas, & sur lesquelles il n'avait aucun droit de souveraineté ni même de conquête. C'est ainsi que la Sardaigne & la Sicile concédées n'étaient portant point même en son pouvoir. Venise, en travaillant davantage à se rendre indépendante, reconnaissait toujours, fût-ce seulement formellement, les droits souverains sur sa république des empereurs Grecs Byzantins réputés Orthodoxes. Un duc gouvernait Bénévent, qui n'a été cédé audit « saint »-siège papal de Rome qu'au XIème Siècle, en 1047, par Henri-le-Noir. Cette cession de 1047 n'embrasse pas tout le territoire Bénéventin, & l'acte où elle est consignée n'est d'ailleurs pas très authentique. Mais, ce qui est à observer ici, c'est que cet acte ne renouvelle point la prétendue Donation de Charlemagne. Il n'en fait même aucune mention. Il suppose, au contraire, que la cour de Rome, en 1047, va, pour la première fois, posséder la ville de Bénévent.
Une autre difficulté que ne résout point ledit Anastase, en son oeuvre d'historien de l'église d'Occident, c'est qu'après 774, les papes de Rome ne se mirent à gouverner ou administrer ni Bénévent, en Avignonnais, ni Venise, ni la Sicile, ni la Sardaigne, ni l'Exarc(h)at de Ravenne, ni la ville de Rome, même. Charlemagne, vainqueur des rois Lombards, &, dès là, leur successeur, Charlemagne devenu donc roi des Lombards, avant que de se faire couronner empereur d'Occident, ajoute le titre de roi d'Italie à celui de patrice des Romains. La souveraineté royale, ou l'administration suprême, demeure entre ses mains. Il l'exerce, ou par soi-même, ou par le truchement de ses délégués du pouvoir royal, reçoit les hommages des papes pontifes, s'investit du droit de confirmer leurs élections, & subordonne tellement leurs possessions & leur personnes à son autorité propre, que l'on ne saurait supposer qu'il leur eût cédé autre chose que des propriétés ou domaines utiles. Le duché de Ravenne, l'Exarcat, la Pentapole, sont compris, par les historiens de ce prince empereur Carolingien, dans le tableau des ététs sur lesquels il régnait avant l'an 800,
cf Eginhard : De Carol. Magno ( De Charles le Grand). p. 91-96, du Tome V du:
Recueil des Histoires de France.
Pagi juge du reste à propos d'y adjoindre encore la Corse :
cf Pagi : Crit. Ann. Baronii. Ad annum 800, n. 11.
En 778, c'est à ce même Charles Ier le Grand, dit Charlemagne, qu'on défère le jugement des contestations qui s'élèvent entre le pape & l'archevêque, encore Orthodoxe, de Ravenne : Celui-ci, en effet, retenait l'admiration de l'Exarcat, à quoi peut-être Charlemagne l'avait peut-être tacitement autorisé. L'on a recueilli, dans le Code Carolin, plusieurs lettres adressées à ce monarque, Charlemagne, après 775, par le pape Adrien VI : Elles prouvent que Charles n'était pas fort pressé de revêtir le pape de la puissance temporelle. La Pseudo Donation de Constantin est mentionnée dans l'une de ces épîtres, ainsi que nous l'avons déjà marqué :
cf : Cod. Carol. Ep(istola) Adriani VI. (Code Carolin. Epître d'Adrien VI).
p. 550 du Tome V du (in) :
Recueil des Historiens de France.
Le nom de nouveau Constantin y est promis à Charles, s'il remplit ses engagements. Mais, en 789, le pape se plaint encore du retard des jouissances matérielles qu'on lui fait espérer. Il rappelle la Donation de Pépin comme un Acte resté sans effet. Il paraît cependant que ce même pape Adrien VI, dans le cours des six dernières années de son pontificat, a réellement exercé quelque pouvoir, puisqu'on trouve une monnaie qui porte son nom. Mais, des ducs de Bénévent, en Avignonnais, & d'autres gouverneurs délégués, usaient alors du même droit, avec le consentement de leurs souverains. Bien plus de médailles furent frappées à Rome au nom de Charlemagne,
cf Leblanc : Médailles de Charlemagne, &c. pag. 17,
& l'on en appelait aux officiers de ce roi, & futur empereur Carolingien d'Occident, des jugements rendus par les papes de Rome.
Cf Velly : Histoire de France. Tom. I ( in-12), pag. 399.

Charlemagne, avant la fin du VIIIème Siècle, songeait si peu à revêtir les papes d'un pouvoir souverain, qu'il évitait même de s'attribuer à lui-même une souveraineté absolue sur la ville & le territoire de Rome. Il ne contestait pas celle des empereurs Grecs Byzantins d'Orient & d'Occident. &, quoiqu'il gouvernât sans du tout plus prendre leurs ordres, il laissait croire qu'il ne se considérait que comme leur vicaire en Occident. L'on conjecture même qu'il avait en 781 reçu de l'Impératrice Byzantine Irène des lettres de créance, qui le créaient expressément patrice des Romains. Quand Paul le Diacre dit que Charles Ier le Grand ( Carolus Magnus, alias Charlemagne) ajouta Rome à ses états dès 774, c'est, selon D. Bouquet, une expression fort hyperboliquement exagérée, puisque Charles s'est alors contenté du simple patriciat.
Cf Recueil des Historiens des Gaules & de la France. Tom. V. p. 191. n. a. :
« Rhetorice hic & hyperbolice loquitur Paulus. Anno enim 774, Roma neque à Longobardis oppressa fuit, neque à Carolo cum ditionibus suis unita, sed à Longobardorum insultibus liberata & Carolo jure patriciatus tantum subdita. »
Théophane le Byzantin, lui, - dont le beau nom signifie en Grec, - faut-il le rappeler?- « Manifestation de Dieu »-, ne fixe qu'à l'année 779 le commencement de la domination des Français sur la capitale de l'Italie. & Théophane est, là même, encore inexact, puisqu'il avance d'une année, comme il sera bientôt vu infra – plus bas-, l'extinction absolue de la souveraineté des Empereurs Grecs Byzantins Orthodoxes sur les Romains.
Cf Théophane : Chroniques.


Pour mesurer l'étendue de l'autorité que Charlemagne exerçait dans Rome avant 800, il convient de se préalablement former une idée de la dignité de patrice dont il y était revêtu.
Il sied auusi de se rappeler que l'Empereur Constantin, fondateur de Constantinople- Byzance-Nouvelle Rome, avait imaginé ce titre personnel de patrice pour le donner au gouverneur ou premier magistrat de la ville de Rome. Depuis 729 jusqu'en 800, c'est-à-dire pendant la durée d'un simulacre de république Romaine, la charge de patrice fut souvent conférée par le clergé, les seigneurs, & le peuple de cette ville, presque toujours au gré des papes, jamais par eux seuls. Les Empereurs Grecs de Byzance-Constantinople ratifiaient tacitement ou expressément l'élection du patrice, aimant mieux supposer qu'il administrait en leur nom, que de laisser croire qu'il gouvernât malgré eux. Plusieurs rois Barbares, Visigoths, Ostrogoths, & autres, ont reçu & porté ce titre, & Charlemagne ne dédaigna pas une dignité subordonnée en apparence, mais en effet indépendante, & pouvant servir de degré à une plus véritable souveraineté.

Le pape Léon III, succédant, en 796, au pape Adrien VI, s'empressa d'adresser à Charlemagne une lettre d'hommage pareille à toutes celles que ce prince devait recevoir de ses vassaux.
Cf Ann. Lauresh. Saint-Marc, Abr.chr. De l'Hist. D'Italie. Tom. I, ann. 796.
Cependant, il nous reste un monument de la suprématie que l'Empereur Grec Byzantin Orthodoxe d'Orient conservait sur les Romains peu avant l'an 800, en 797 encore : C'est une mosaïque dont le pape Léon III orna la salle du palais du Latran.
Cf Ciampini : Vetera monum.(enta). (Les Monuments Anciens). p. 11. p.128 :
L'on y voit un prince-Empereur Byzantin couronné, que les circonstances font reconnaître pour l'Empereur d'Orient & d'Occident Constantin V. Un autre prince sans couronne, & un pape, sont représentés à genoux, & nommés Charles & Léon par une inscription. L'Empereur Orthodoxe Byzantin d'Orient & d'Occident y reçoit un étendard de la main de Jésus-Christ. Charlemagne en reçoit un autre de la main gauche de Saint Pierre, qui, de sa droite, donne un pallium au pape. Cette mosaïque est tout à la fois l'emblème de la primauté de l'Empereur Orthodoxe Byzantin d'Orient & d'Occident, de la puissance du patrice de Rome, & des prétentions du pape pontife de Rome.

En l'an 799, l'on conspire contre le pape Léon III. On l'accuse devant Charlemagne, qui charge des commissaires de l'examen & du jugement de toute l'affaire.
Cf Théophane : Chroniques.
Cf Eginhard. Ad ann. 799.
cf Anastase : Vita Leonis III.
Cf Fleury, Cardinal de : Histoire ecclésiastique. L.(ivre) XLV, n. 14.
Ce fait suffirait à montrer combien il s'en fallait que le pape fût souverain avant 800.

Le 25 décembre de cet an 800, Charles Ier le Grand est proclamé empereur d'Occident. Il avait été promu à cette suprême dignité, non par le pape seul, mais par une assemblée du clergé, de la noblesse, & du peuple de Rome.
Cf Fleury, Cardinal de : Hist. Ecclés. l. XLV, n. 14.
Anastase, l'historien des papes, raconte l'évènement du couronnement de Charlemagne : « Post haec, adveniente die natali D.N. J.C. In jam dicta Basilica B. Petri Apostoli, omnes iterum congregati sunt, & tunc venarabilis almificus pontifex manibus suis propriis pretiosissimâ coronâ coronavit eum... »
cf Anastase. Vita Leonis III.
Voilà, dans Rome, l'époque précise de l'extinction par le fait des droits souverains de l'Empereur Byzantin d'orient, désormais spolié de son Empire d'Occident. C'est alors aussi que cesse le patriciat de Rome proprement dit, & que le pape, ne reconnaissant plus d'intermédiaire entre l'Empereur d'Occident & lui, devient en effet le gouverneur ou premier magistrat temporel de Rome & de son territoire. Charlemagne, pour ménager la cour impériale Byzantine de Constantinople, avait feint de ne remplir qu'un rôle passif dans son propre couronnement. C'était, prétendait-il, à son insu qu'on lui déférait la couronne impériale; c'était, feignait-il, malgré lui qu'il souffrait qu'on plaçât ce diadème sur sa tête victorieuse. Tel est du moins le récit que son docte & savant chancelier carolingien Eginhard nous a fait de cet événement.
Cf Eginhard : Op. Cit. ( Ad Ann. 799).
Récit que Sigonius,
cf Sigonius : De regn. Ital. l. IV. p. 252.
& Muratori,
cf Muratori : Annali d'Italia. Ann. 800.
ont rejeté parmi les fables, & auquel le père Daniel, autre historien des papes, a lui-même refusé toute croyance. Charlemagne, dès lors, s'empressa d'envoyer des ambassadeurs à Constantinople. Il reçut à son tour ceux de l'Empereur Byzantin Nicéphore, & conclut un traité d'alliance & d'amitué qui fixait les limites des deux Empires, sans que l'Empereur d'Occident y fût néanmoins formellemnt reconnu par l'Empereur Grec Byzantin d'Orient. Mais, la souveraineté absolue de Charles sur l'Exarcat, sur la Pentapole, & sur le territoire Romain devint incontestable.

Le pape Léon III, en 803,
cf Ughelli. Ital. Sacr. Tom. V. Col. 1095,
comme en 806,
cf Concilior. Tom VIII, pag. 1120,
date tout du règne de l'empereur Charles d'Occident. Ce prince-Empereur lui-même se qualifie chef de l'Empire Romain d'Occident,
cf Lecointe. Ann. Eccles. Francorum. (Annales Ecclésiastiques des Francs).
Tome VI. p. 814.
& les confins de ses états sont, dès lors, reculés jusqu'à la Calabre inférieure, par Eginhard,
cf Eginhard : Op. Cit.
« Italiam totam...usque in Calabriam inferiorem ».
comme par les autres historiens.
A peine est-il élu pour succéder au pape Léon III, que le nouveau pape, Etienne IV, fait prêter par les Romains, serment de fidélité à Louis-le-Pieux, dit encore Louis-le-Débonnaire, successeur de Charlemagne, & fils de l'une d'entre ses six femmes & nombreuses concubines, Hildegarde de Vintzgau.
Cf Theg. : De gestis Ludovici Pii. ( De la Geste de Louis le Pieux). Ann. 816.
cf Encyclopédie Internet : Wikipédia : Les épouses de Charlemagne.
Cf Ibidem : Les femmes de Charlemagne.
Parmi les prétendues Donations dont se prévaut alors le dit « saint »-siège, il en est une qui porte le nom de ce premier Louis, & la date de 816 ou de 817.
cf Baronius. Ann. Eccles. 817,
cf Sigonius : Hist. Ital. l.(ivre) IV.
L'on y veut qu'en confirmant les concessions de Charlemagne & de Pépin-le-bref, Louis ait expressément compté la Sicile au nombre des provinces acquises à la cour Romaine, & qu'il ait renoncé de plus, pour lui & pour ses successeurs, au droit de ratifier l'élection des papes. Mais, nous le voyons lui-même, en 827, examiner & approuver celle du pape Grégoire IV. Eginhard, & un autre historien de Louis-le-Pieux, ou Louis Ier- le-Débonnaire,
cf In le Rec. (ueil) des Hist. de France. Tome VI. Pag. 108.
nous attestent pareillement cette même circonstance. Quant à la Sicile, elle n'appartenait aucunement à Louis. Il ne la possédait point. Le pape ne songea pas même à la gouverner. & il est tellemnt incroyable qu'elle ait été cédée au pape en 816 par l'empereur d'Occident, que le père Morin, autre historien des papes,
cf P.(ère) Morin : Hist. De l'origine de la puissance des papes. p. 627. &c...
en soutenant l'authenticité de la donation de Louis Ier, est contraint de supposer que le nom de cette île ne s'y trouvait point, & y a été intercalé dans la suite des Temps. Au surplus, c'est encore là une nouvelle Donation inconnue aux Ecrivains & Auteurs contemporains de ces Actes, & qui ne se montre dans les livres d'Histoire que long Temps après sa date de fabrication de toutes pièces de chimérique invention.
Les dites « suppositions » de pièces manquantes, &, par la suite forgées en l'air, reviennent souvent dans l'Histoire de la puissance temporelled es papes. La Pseudo-Donation de Constantin fut fabriquée, ainsi que nous l'avons fait observer au VIIIème Siècle, entre 756 & 779, & ce fut à peu près vers les mêmes Temps qu'un Isidore Mercator ou Peccator forgea des Décrétales prétendues d'anciens papes, telles les Pseudo-Décrétales d'Anaclet, de Clément, d'Evariste, & d'autres encore, jusqu'au dit saint Silvestre. Au VIème Siècle, Denys-le-Petit n'avait pu recueillir de prétendues Décrétales que depuis le dit saint Sirice, qui Mourut à la fin du Ivème Siècle. Quant aux Pseudo-Décrétales d'Isidore, elles sont longues, pleines de lieux communs, & toutes d'un même style, qui, d'après Fleury, & selon son sentiment,
cf Fleury, Cardinal de : Hist. Ecclés. l.(ivre) XLIV. n. 22,
est bien plus celui du VIIIème Siècle que du premier Age de la Sainte Eglise Orthodoxe Originelle & Universelle. « Leurs dates », écrit Fleury, sont presque toutes fausses, & la matière de ces Lettres en découvre encore la « suppposition » - le fait qu'elles ne sont que putativement supposées être telles-. En effet, elles parlent d'Archevêques, de Primats, & de Patriarches, comme si ces titres avaient été reçus dès la naissance de l'Eglise Orthodoxe (Originelle & Universelle). Elles défendent de tenir aucun concile, même provincial, sans la permission du pape, & représentent comme ordinaires les appellations à Rome. »
Ces Fausses-Décrétales ont lors contribué d'autant à étendre le pouvoir temporel des papes, & à les investir d'une autorité politique. Mais les funestes effets de ces Faux sont bien pis que ceux exposés par Fleury, en son 4ème Discours sur l'Histoire ecclésiastique.
Cf Fleury, Cardinal de : 4ème Discours sur l'Histoire ecclésiastique.
Nous croyons que des détails que nous venons de rassembler, il résulte assez clairement que, jusqu'en l'an 800 & au-delà, Rome & les papes ont toujours reconnu des souverains, Empereurs d'Orient & d'Occident, & même des gouverneurs particuliers, exarques, patrices, rois des Lombards ou d'Italie.
Cf Muratori : Piena Esposizione de divini imperiali ed Estensi supra Comacchio,
(Ed. de 1712. in-folio).
Muratori présente, du reste, ces mêmes résultats dans les trois premiers chapitres de cet ouvrage sien.
Le pape, à la fin du règne de Louis-Ier-le-Pieux, en 840, n'était pas encore souverain. &, à prendre ce mot dans sa rigueur, c'est-à-dire, pour une autorité suprême, indépendante, & non déléguée, l'on pourrait soutenir, avec certains Auteurs, qu'il n'a commencé à l'être, temporellement parlant, bien entendu, qu'au XIVème Siècle, en 1355, lorsque l'empereur Charles IV d'Occident, recevant à Rome la couronne impériale, renonça de la manière la plus expresse à tout genre d'autorité sur les possessions du dit « saint »-siège.

Mais, sans être souveraine, ce qui est dire, sans détenir l'autorité suprême, un pouvoir peur néanmoins être effectif. Tel fut le pouvoir des papes, bien avant 1355, & dès le Temps de Charlemagne. Un pouvoir temporel très positif, quoique subalterne, délégué, ou même emprunté, exista dès lors entre les mains des papes-évêques de Rome. &, depuis ce Temps, les guerres continuelles du sacerdoce papal & de l'empire politique, n'ont eu d'autre but que d'affranchir ce pouvoir temporel papal de la tutelle de la suzeraineté des rois & empereurs, pour accroître d'autant ce pouvoir papal, dévoré d'ambition, d'esprit de domination, & de cupidité rapace – ou de rapacité cupide, ce qui est tout un-. Il a donc d'abord fallu aux papes de Rome rendre leur pouvoir indépendant de la tutelle du pouvoir royal ou impérial, lequel pouvoir politique se caractérisait par non moins de dévoration d'ambition, d'esprit de domination, & de rapacité mortelle. Dès lors que le pouvoir papal s'est vu ou prétendu tel, & du pouvoir politique émacipé, il lui fallut étendre ses attributions, ses droits, ses limites, & transformer la papauté en une monarchie universelle. Voilà donc la cause générale des Anathèmes, des Querelles, & des Guerres dont se doit esquisser présentement le tableau. Voilà le secret de cette lutte incessante des puissances politiques & des pouvoirs temporels Européens, & surtout de la lutte, chaque fois, contre le pouvoir qui se trouvait temporairement obtenir la prépondérance en Italie.



***




CHAPITRE II.



ENTREPRISES DES PAPES DU NEUVIEME SIECLE.

Charlemagne avait condamné les Pseudo-Donations faites à l'église catholique Romaine au préjudice des enfants & des proches parents du Donateur. En 816, un capitulaire de Louis Ier-le-Pieux, fils de Charlemagne & de Hildegarde de Vintzgau, - la seule de ses six femmes & de ses concubines en nombre, tant les officielles que les officieuses, qu'il pleura véritablement, l'ayant aimée depuis l'âge de ses treize ans de fille de lointain roi Mérovingien, ( si tant est que l'on pût, de l'amour, connaître quoi que ce fût, d'aimer un peu, tant soit peu, plus qu' infidèlement), lorsqu'elle Mourut de suite de couches incessantes, épuisée, & exténuée toute, après qu'elle lui eut donné, d'importance, une conséquente famille, nombreuse, prolifique, & qui eût été pléthorique, si la Mort, Faucheuse, funestement, n'avait, en la Fleur d'en son âge si tendre encore, emporté la jeune mère, d'à vingt cinq années de là, naissante à peine, la Vie, comme un Souffle, passant, & comme une Rosée, dit le Psaume, toujours ayant le Temps Couru dès jà - un capitulaire, donc, de Louis le Débonnaire, fils d'Hildegarde, déclara nulles toutes les Donations de cette espèce. Toutefois, loin de continuer à limiter par de telles barrières l'ambition sacerditale, en empêchant l'église de s'enrichir, Louis était destiné à devenir l'une des premières victimes, & par cela même l'un des fondateurs de la puissance temporelle du clergé catholique Romain.
Le pape Pascal, succédant en 817 au pape Etienne IV, n'attendit point, pour s'installer, le consentement du prince-empereur Louis-le-Débonnaire. Il se contenta de lui envoyer des légats porteurs d'une lettre d'excuse, où il feignait de protester qu'il avait été forcé d'accepter fort hâtivement cette dignité papale. Quelques années plus tard, ce pape Pascal couronna Lothaire, que Louis, son père, associait à l'empire d'Occident, avant que les trois fils de Louis n'entrassent en querelles & rivalités incessantes, ensuite desquelles pourtant ils écartèrent l'empereur Louis, leur père, l'enfermant en un couvent où il finit ses jours sous le froc monacal. Les historiens ecclésiastiques de la période Carolingienne couvrant la durée des trois Siècles allant du VIIIème au Xème Siècle, - la dynastie royale, puis impériale des Carolingiens ayant duré de l'an 751 à l'an 987-, ces historiens ecclésiastiques, donc, s'attachant plus particulièrement à l'empire Carolingien du IXème Siècle, ajoutent que, du consentement & par la volonté de Louis son père, ce fut du pape souverain pontife que Lothaire, l'aîné de ses trois fils, reçut la bénédiction, la dignité, & le titre d'empereur d'Occident. - Toutes expressions remarquables, dont on s'est prévalu depuis, jusqu'au sacre de Napoléon Ier, lequel à son tour, cependant couronna Joséphine, pour ériger le pape-évêque de Rome en dispensateur de la couronne impériale. Comme si Charlemagne & Louis n'avaient point déjà porté cette tiare impériale sans la devoir aux évêques catholiques de Rome! Comme s'il n'était pas surtout contradictoire de prétendre à la fois que ces deux princes-empereurs d'Occident, Charles Ier, & Louis Ier, ont tout ensemble, fondé le pouvoir temporel des papes, & qu'ils ont, contradictoirement, reçu de ces mêmes papes la dignité d'empereurs d'Occident!

Des officiers attachés à la garde & au service de Lothaire ayant été mis à Mort au Vatican, dans le palais de Latran, le « saint »-père, accusé d'avoir ordonné ce crime, s'empressa d'envoyer à Louis des nonces de Rome, chargés de dissiper un tel soupçon. Mais Louis reçut fort mal les nonces du pape,& fit partir pour Rome des commissaires devant lesquels le pape Pascal se purgea par serment de soupçon de pareille sorte. Mais il s'abstint toutefois de livrer les meurtriers, pour ce qu'ils étaient de ce qu'il était convenu d'appeler la famille de Saint Pierre, ou la famille des princes noirs, c'est-à-dire de la maison même du pape.
Louis-le-Pieux, en dit lors le cardinal de Fleury,
cf Fleury, cardinal de : Hist. Ecclés. l.(ivre) XLV, n. 57.
Louis Ier le Pieux suivit donc sa naturelle inclination pour la Clémence, insigne vertu des princes, tout ainsi, plus tard dans la suite des Temps, mais par après William Shakespeare, en sa tirade superbe sur la Justice du Prince, qu'il fait si tant excellemment tenir à son héroïque héroïne du Marchand de Venise, la courageuse, vaillante, noble & magnanime Portia,
cf Shakespeare, William : Le marchand de Venise, in: O.C.
cf Enthoven, Raphaël : Les chemins de la connaissance. France-Culture. 10H :
Le Cycle d'émissions radiophoniques sur Shakespeare. (2010),
tout ainsi donc qu'après lui, & sur ses traces, se plaît de le rappeler le grand dramaturge Corneille :
cf Corneille, Pierre : Cinna. In : O.C.
&, malgré le désir qu'il avait, de par esprit de vengeance, de punir cet attentat, Louis-le-Débonnaire consentit de ne point donner de suite à une procédure, dont les premiers actes écrits prouvent, à tout le moins, que l'empereur d'Occident était, dès en 823, & bien auparavant ce, reconnu pour souverain de la république Vaticane de Rome, & pour juge suprême du pape-évêque, pontife de Rome.




p. 51.

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CHAPITRE TROIS.

DIXIEME SIECLE.

p. 85.
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CHAPITRE IV.


ONZIEME SIECLE.


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p. 128:
Comme tant de potentats, & spécialement contre l'empereur Henri IV d'Allemanie, le pape Grégoire VII n'avait d'autre appui, d'autre allié, qu'une princesse Italienne, peu habile, & d'apparence inintelligente, mais fort dévote : C'était Mathilde, comtesse de Toscane. Elle eut pour lui une tendre amitié, dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle fut une amitié généreuse. Le pape lui a écrit, comme & en tant que son directeur spirituel, des lettres extrêmement affectueuses. Elle avait mal vécu, ce qui est dire sans amour, avec Godefroi-le-Bossu, son premier mari. De ces circonstances, & de quelques autres, l'on a tiré des inductions téméraires, qu'aucun fait positif ne justifie néanmoins.
S'agissant des liaisons du pape Grégoire VII, né Hildebrand dans le monde, près de Soane en Toscane, élu pape le 22 avril 1073, & Mort à Salerne en Provence le 25 mai 1085, après avoir eu des démêlés avec tous les, souverains, ensuivie de l'Excommunication par lui, pape, décrétée, & déposition de l'empereur Henri IV, un chroniqueur du XIIème Siècle, dénommé Lambert, de la Donation que le pape s'était fait faire de tous les biens de sa maîtresse la comtesse Mathilde, en écrit ,
in cf Lambert Schafn. : ad ann. 11177,
qu'il attribue à ce pape le don des miracles, & en conclut que son commerce avec la comtesse Mathilde de Toscane a toujours été irréprochable. «ྭ Néanmoinsྭ», commente le jésuite Maimbourg, «ྭcomme le monde, par une certaine malignité qui lui est naturelle, a bien plus de penchant à croire le Mal que le bien, sur-tout dans les personnes qui ont quelque réputation de vertu, cela ne laissa pas de produire un mauvais effet & de nuire à Grégoire en ce temps-là.ྭ»
Ce ne sont point des passions tendres qu'on peut reprocher à Hildebrand ; & les résultats connus de ses liaisons avec Mathilde n'appartiennent qu'à l'histoire de l'ambition pontificale.
De fait, c'est ainsi que cette princesse donna tous ses biens au saint-siège papal. & l'on cite trois monuments distincts de cette insigne libéralité.
Le premier acte, souscrit par elle en 1077, ne s'est point retrouvé. On conserve à Rome le second acte de Donation, qu'elle signa vingt-cinq ans plus tard, lorsqu' Hildebrand ne vivait plus :
cf Dissert. De Saint-Marc, pag. 1231-1316 du tome IV de l'Abr. de
l'Histoire d'Italie ;
& l'on parle enfin d'un testament qu'on ne produit point, mais qui confirme, dit-on, les deux donations précédentes. Il y a bien quelques difficultés sur ces trois actes : Pourquoi le premier s'est-il égaré? Pourquoi les historiens disent-ils qu'il fut signé à Canossa, tandis qu'il est rappelé dans le second acte comme ayant été souscrit à Rome? & ce second acte lui-même, qui exproprie si complètement la donatrice, qui ne lui laisse que des jouissances viagères, comment le concilier avec les domaines considérables dont elle continua d'enrichir des moines & des chanoines du clergé catholique, depuis 1102 jusqu'à 1115 ? Pourquoi n'a-t-on pas publié son testament, qui eût peut-être expliqué ces contradictions apparentes ? A toutes ces questions, nous répondons que l'acte de 1102 subsiste, qu'il renouvelle expressément celui de 1077 ; & que de toutes les donations dont s'est prévalu le saint-siège, celle de Mathilde est, sans contredit, la plus authentique comme la plus riche. A la vérité, l'empereur Henri V, héritier de cette comtesse, s'empara de tous les biens qu'elle avait possédés, & qui ne sont revenus que plus tard à la cour Romaine ; mais, avec le temps, les papes ont recueilli en effet une partie de cet héritage, & l'ont appelé «ྭle patrimoine de saint Pierreྭ» ( sic). Ils en étaient redevables aux soins de ce pape Grégoire VII, qui se les était faits donner sans doute lus par force, ruse, & foncière improbité, que par consentement réel de sa maîtresse, & qui les avait fait reprendre par sa «ྭcanonique justiceྭ» à l'héritier légitime de cette princesse, une fois qu'il avait cru pouvoir se les légitimement réapproprier.
Henri IV venait de remporter une victoire sur les Saxons, lorsqu'il fut abordé par deux légats, qui lui signifièrent l'ordre de se rendre à Rome, pour y répondre aux accusations portées contre lui : Il s'agissait des investitures qu'il avait données par la crosse & par l'anneau ; il fallait obtenir le pardon de cette faute, ou subir une Excommunication.
Cf Lambert Schafn. Ad ann, 1074. - Vita Greg. VII, apud Boll. Tom.XVII,
pag. 148.
Henri, quoiqu'il méprisât cette menace, crut à propos de susciter au pape quelque embarras dans la ville de Rome : Une émeute y éclata ; & le pape Grégoire VII fut saisi, frappé, emprisonné, rançonné. L'effet de ces mauvais traitements fut de jeter de l'intérêt sur la personne du pontife, & de le prémunir contre une vengeance plus sérieuse. L'empereur, dans un concile de Worms, par décret déposa le pape Grégoire, qui, trop sûr de l'inefficacité d'un tel décret, y répondit par cet autre, figurant dans les actes des conciles pontificaux :
Cf : Concilior. Tom. X, pag. 356 :
«ྭ De la part du Dieu Tout-Puissant & de ma pleine autorité ( pontificale), je défends à Henri ( IV), fils de Henri ( III), de gouverner le royaume Teutonique & l'Italie : j'absous tous les Chrétiens des serments qu'ils lui ont faits ou lui feront ; il est interdit à toute personne de lui rendre aucun service comme à un roi.ྭ»
Ce qui constitue, selon le chroniqueur Othon de Frisingue, le premier exemple de la déposition d'un roi – ici le roi des Teutons- par un pape.
Cf Oth(on). Fris(ingue). : Chron(iques). I. VI, c. 35.
On ne voudrait pas le croire, mais il est avéré que ces paroles extravagantes ravirent au prince le fruit de tous ses triomphes. La guerre civile se ranime au sein de l'Allemagne ; une armée de confédérés se rassemble près de Spire, entoure Henri IV empereur d'Allemagne, lui oppose la sentence du pape, & lui fait prendre l'engagement d'interrompre l'exercice de son pouvoir, jusqu'au jugement à prononcer entre le pape & lui, dans un concile d'Augsbourg que le pape doit présider.
Pour prévenir cet arrêt définitif, Henri IV d'Allemagne se détermine à demander pardon au pape Hildebrand, dit Grégoire VII ; il vient le trouver dans la forteresse de Canosse, où le pontife était enfermé avec sa comtesse Mathilde. Le prince se présente imprudemment sans garde & sans suite : Arrêté dans la seconde enceinte par les légats du pape, il se laisse dépouiller de ses vêtements & revêtir d'un cilice. Les pieds nus, au mois de janvier 1077, il attend au milieu des cours la réponse dudit «ྭtrès saint-pèreྭ». La réponse fut qu'il jeûnerait trois jours, avant d'être admis à baiser les pieds (sic) du pape Hildebrand ; &, au bout de ces trois jours, on voulut bien le recevoir & l'absoudre, sous la promesse d'une soumission parfaite au futur jugement dudit concile d'Augsbourg, réuni par le seul pape & son épiscopat catholique Romain. Grégoire VII aurait pu prévoir que cet excès de déploiement de son orgueil & de sa Tyrannie révolterait les Italiens, dont il était déjà détesté & honni. Sa puissance avait auprès d'eux le désavantage de n'être pas vue d'assez loin. Dès là, la Lombardie s'arma pour Henri IV, empereur des Allemands, que les Allemands, par la faute du pape, abandonnaient ; &, tandis que l'Allemagne élisait un autre empereur, l'Italie fit un autre pape.
Ainsi le conte le cardinal de Fleury, dont le ministère dura de 1726 jusqu'en 1743, & qui fut aussi historiographe du roi Louis XV, en sa grande Histoire ecclésiastique, en Six Volumes, de l'église occidentale, laquelle est cependant historiquement d'importance bien moindre, & ecclésiologiquement bien moindrement fiable que la magistrale, & monumentale presque, Oeuvre Orthodoxe du Bien Heureux Père Wladimir Guettée :
Cf Fleury ( Cardinal de), dit l'Abbé Fleury, Claude : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840
Années 1074-1080 : Livres soixante-deuxième (LXII) & soixante-troisième, ( LXIII).

Cf ( Bien Heureux) Père Guettée, Wladimir : Histoire de l'Eglise.
( Ed. Sandoz & Fischbacher. Paris.
&, Saint- Petersbourg, Ed. Mellier, Librairie de la Cour),
( & dont l'empereur de toutes les Russies, l'impératrice, de Saints Métropolites, d'Eminents Archevêques, de Révérends Archimandrites & Pères, des princes, princesses, comtes, comtesses, ambassadeurs, consuls, professeurs d'Universités en nombre furent d'entre les généreux souscripteurs).

Rodolphe, duc de Souabe, ayant donc été nommé empereur, Grégoire VII Excommunia derechef Henri IV qu'il avait fait déchoir de son trône. «ྭ Je lui ôte la couronneྭ», dit ce pape, «ྭ & je donne le royaume Teutonique à Rodolphe.ྭ» Il fit même présent à ce dernier d'une couronne, autour de laquelle on lisait un mauvais vers latin, dont voici la traduction : «ྭ La pierre a donné à Pierre, & Pierre donne à Rodolphe le diadèmeྭ» : «ྭ Petra dedit Petro, Petrus diadema Rodolpho.ྭ»
Mais, en même temps, de son côté, Henri IV élevait à la papauté l'archevêque de Ravenne, Guibert, & rassemblait une armée contre Rodolphe. En vain Grégoire prophétisa que Henri serait vaincu, & serait exterminé avant la Saint-Pierre : Ce fut Rodolphe qui succomba ; il fut tué dans la mêlée par Godefroi de Bouillon, neveu de la comtesse Mathilde. Henri, dès lors, marche sur la ville de Rome : Après un long siège, il prend la ville d'assaut ; & le déposé pape Grégoire VII, retranché dans le mole Adrien, Excommunie encore une nouvelle fois le vainqueur, attestant par ce seul fait que son Excommunication n'était précédemment pas valable.

Les agitations qui se prolongeaient en Allemagne, obligeaient l'empereur Henri IV à de fréquents voyages. Durant le siège de Rome, & après son entrée triomphale dans cette capitale, il s'en dut éloigner plus d'une fois. Le félon Robert Guiscard profita lors de l'une de ces absences pour délivrer Grégoire, tout en s'auto-proclamant antipape. Mais surtout, & pis encore, pour ravager & piller la ville : Il en brûla tout un quartier, - sis entre Saint-Jean de Latran & le Colisée -, qui, depuis ce long temps, est resté presque désert. En sus, il réduisit en esclavage un grand nombre d'habitants. Si ce ne fut avec la bénédiction papale, sans soute fût-ce pour se récompenser d'avoir délivré un tel pape. Ce fut là, du moins, pour les Romains le résultat le plus mémorable & le plus durable de ce pontificat.

Ce pape Hildebrand, par ensuite emmené par les Normands à Salerne en Provence, y termina sa carrière le 24 mai 1085, Excommuniant toujours Henri IV d'Allemagne, l'antipape Guibert, & leurs adhérents, suffrageants, & souteneurs. Tel vécut & Mourut le pape Grégoire VII, dont le nom, sous le pape Grégoire XIII, fut inscrit au Martyrologe Romain, comme un prétendu Saint Martyr, & à qui le pape Paul V décerna les honneurs d'une fête annuelle,


Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :
Livre LXIII, n. 25.

cf Les Bollandistes : Acta Sanctorum ( Actes des Saints). 25 mai du Martyrologe.
A l'enseigne de Bloud & Barral, Libraires-Editeurs, Paris, 1882.

C'est encore pour ce même pape peu glorieux que le pape Benoît XIII, au XVIIIème Siècle, réclamait encore les hommages de la Chrétienté entière. Mais nous verrons les parlements de France opposer à ce projet une résistance efficace. C'est presque mériter plus de reproches que le pape Grégoire VII lui-même, que de canoniser, après cinq cents années d'expérience des moeurs perverses de la papauté & de la curie Romaine, aujourd'hui encore infiltrée de mafieux & de francs-maçons acharnés à détruire l'Eglise, & non moins d'années d'études historiques, quoique tous ses ouvrages eussent été par la papauté mis à l'index, censurés, verrouillés, & pilonnés, - que d'oser vouloir canoniser tant d'égarements déplorables d'un pape spirituellement égaré.
Car l'on ne saurait alléguer pour ses panégyristes laudateurs & flatteurs la faible excuse qu'à toute force ses attentats pourraient trouver dans son enthousiasme, dans son ignorance, & dans les épaisses ténèbres de son Siècle. L'historien Pasquier, en ses recherches historiques :
cf Pasquier : Recherches sur la France, I. III, c.7,
le dépeint avec trop de raison comme «ྭ l'un des plus hardis propugnateurs du siège de Rome, qui n'oublia rien, ni par les armes, ni par la plume, ni par la Censure, de ce qu'il pensait appartenir à l'avantage de la papauté & au désavantage des princes souverains.ྭ»

L'audacieux Grégoire VII eut un successeur timide dans le nouveau pape Victor III. C'est celui dont nous avons emprunté les paroles au commencement de ce chapitre, pour dépeindre quelques-uns des papes précédents. Victor III, curieusement, du reste, n'ayant sans doute pas fait l'affaire aux yeux des cardinaux de la curie Romaine, n'occupa guère qu'une année le siège pontifical. Il confirma, toutefois, dans un concile papal, prétendument oecuménique – ce qui est dire réunissant l'Eglise Universelle-, les décrets rendus contre les investitures.

Le pape Urbain II, qui lui succéda, fut, si l'on peut sire, durant dix années, un plus «ྭdigneྭ» continuateur d'Hildebrand : A son imitation, il souleva contre Henri IV, empereur d'Allemagne, Conrad, le propre fils aîné de cet empereur, encouragea ce fils ingrat à calomnier son père, & l'en récompensa en le nommant roi d'Italie. La chrétienté catholique d'Occident était alors partagée entre ce nouveau pape Urbain II, & le précédent antipape Guibert, qui s'était de son côté de sa propre initiative décerné le nom plus papal de Clément III, & que Henri IV rétablit dans Rome en 1091. Durant ce même Temps, l'autre pape, Urbain, jusqu'en 1096 voyagea en France & dans l'Italie septentrionale. Le roi de France, qui était alors Philippe Ier, fils de Henri Ier & de la princesse Anne de Kiev, descendante des Empereurs de Byzance, qui fonda l'abbaye de Senlis, Philippe, donc, venait de répudier la reine Berthe de Hollande ; (- à ne point confondre avec Berthe au(x) grand(s) pied(s), née près de trois siècles plus tôt, mère de sept enfants, dont l'aîné fut l' empereur d'Occident, Charlemagne, de triste mémoire, premier initiateur & responsable en premier lieu du Grand Schisme de 1054 qui ne manquerait pas de survenir quelque deux Siècles & demi plus tard, au XIème Siècle, subséquemment ensuivi des Hérésies carolingiennes de son a-théologie – entendue au sens privatif d'absence de Théologie pure-, aux dogmes erronés, frelatés, falsifiés, faussés, inventés, & forgés de toutes pièces par ses grands clercs carolingiens, à dessein d'user de la religion comme d'un système idéologique, destiné à servir d'assise justificatrice à son pouvoir temporel d'impérialiste à l'ambition sans bornes, désireux d'anéantir la puissance de l'Empire Orthodoxe d'Orient, & de se substituer à son Orthodoxe empereur sur un trône prestigieux sis, d'une illustre Byzance, dont la splendeur lui faisait trop d'ombre-, Charlemagne, donc, fauteur à l'avance de ce Grand Schisme Orient-Occident, datant de 1054, fatal à l'Unité de l'Eglise Orthodoxe Originelle Universelle . Le Grand Schisme de l'Eglise Orthodoxe Universelle Originelle Indivise, qui scinda lors l'Eglise demeurée Orthodoxe d'Orient d'avec l'église devenue Hérétique & Schismatique catholique Romaine d'Occident, se date, en effet, du 16 juillet 1054, date à laquelle des légats du pape viennent déposer sur l'autel de la basilique Sainte-Sophie de Constantinople une bulle papale décrétant que la pape de Rome Excommunie le Saint Patriarche de Constantinople, Michel Cerulaire, lequel avait, avec Justesse Théologale, & Raison Inspirée, refusé l'abolition Latine de la Liturgie de rite Grec, entrée en vigueur dans l'Italie des papes, ecclésialement dès longtemps décadente. Les Grecs Orthodoxes ne pouvaient en sus, en aucune manière accepter la quantité de Faux, & en particulier les Fausses Décrétales, incessamment, depuis des Siècles, Hérétiquement introduites dans l'église Latine d'Occident par Charlemagne & ses clercs. Ce que voyant, les prélats Latins, non contents d'avoir adopté, promu, & imposé, dans tout leur empire, une Théologie parfaitement fausse & Hérétique d'idéologues Impérialistes, & voulant en finir avec la Résistance des Saints Patriarches Orthodoxes d'Orient, Excommunient ce Patriarche Orthodoxe de Constantinople. La bulle papale d'Excommunication une fois déposée dans la Basilique Sainte-Sophie, ils s'en repartent en secouant la poussière de leurs pieds, parodiant a contrario, & donc diaboliquement, l'Evangile, & signifiant par là qu'ils rompent la Communion avec les Saints Orthodoxes. Huit jours plus tard, le 24 juillet 1054, un Synode réunissant conciliairement les Patriarche & Evêques Orthodoxes de Constantinople fait part de son Droit de Réponse, en Excommuniant à son tour, &, pis que cela, en Anathématisant les légats du pape. Le Schisme est consommé. L'animosité s'aggrave lorsque le pape ultérieur Anathématise en retour l'empereur Alexis Ier Comnène de Byzance-Constantinople. Le pape Urbain II, tentant en vain d'administrer un cataplasme sur une jambe de bois, les excès du papisme étant désormais devenus Théologiquement & Humainement insoutenables pour les Orthodoxes, ce pape, donc, lèvera cet Anathème, de toutes façons jugé sans effet pour les Orthodoxes, qui, depuis le Schisme, considèrent que les catholiques Romains n'ont plus la Grâce, qu'ils ne reçoivent point l'Esprit de Sainteté, & que leurs sacrements ne sont point valables, & que leurs actes conciliaires ne sont point universels, & moins encore Théologiquement valides, mais qu'ils demeurent à jamais irrecevables, jusqu'à ce que le pape catholique Romain & ses fidèles se reconvertissent à l'Orthodoxie de leurs Pères Saints Orthodoxes.
Cf Père Patric ( Ranson) & Collectif : La Lumière du Thabor.

( Revue fondée en 1985 par Père Patric Ranson, anc. Chercheur au C.N.R.S-

Philosophie). (Ed. L'Age d'Homme).

Cf ( Sir) Runciman, Steven : Le Schisme d’Orient.

( La papauté & les Eglises ( Orthodoxes) d’Orient. XIè-XIIè Siècles.

( Trad. Fçse pour l’Ed. Les Belles-Lettres. 2005).


Les croisades des XIIème Siècle & suivants ne pouvaient guère que faire empirer les choses, la quatrième croisade aboutissant même au sac de Constantinople. Aux divergences doctrinales & liturgiques ne se pouvant plus celer que s'ajoutaient les rivalités politiques & la jalousie sans bornes de l'Occident pour l'Orient Orthodoxe, l'on comprend mieux que l'Occident ait lâchement laissé tomber Constantinople aux mains de Mahomet II, demeurant totalement sourd à toutes les ambassades & demandes d'aide & de secours dépêchés par l'empereur Byzantin assiégé, & que l'empereur d'Occident se fût même réjoui de cette chute de Constantinople, qu'il escomptait & espérait depuis des Siècles, ayant, dans sa haine des Byzantins Orthodoxes, dès longtemps préféré de la voir tomber aux mains des islamistes, plutôt que de continuer de souffrir l'ombre qu'a toujours faite au catholicisme Romain la Sainte Orthodoxie ; - déplorable état de fait qui perdure, hélas! en plein vingt & unième Siècle.
cf ( Sir) Runciman, Steven : Chute de Constantinople. 1453.
( Ed. Tallandier. Coll. Texto, de Poche).

Il est toutefois parfaitement naïf de croire, avec les catholiques oecuménistes, que la politique de prétendu «ྭdialogueྭ» oecuméniste menée par le Vatican serait «ྭfructueuseྭ», après les gestes prétendument «ྭfortsྭ» entérinant les vaines tentatives de rapprochement entre l'église papiste & l'Eglise Orthodoxe, aux motifs petit un : que le pape Paul VI & le patriarche Athénagoras (Ier) ont levé le 7 décembre 1965 les anathèmes réciproques, lancés de part & d'autre au XIème Siècle & depuis lors, petit deux : que le patriarche de Moscou Alexis II s'est, en 2007, rendu à la cathédrale Notre-Dame de Paris, pour y vénérer les reliques de la Passion du Christ, petit trois, que le même Alexis a, pour la première fois dans l'Histoire, depuis le Schisme, été invité, en octobre 2008, au synode des évêques catholiques, &, petit quatre, que le pape Benoît XVI a invité, le 29 juin 2009, le patriarche Bartholomée ( Ier) à prononcer l'homélie de la messe célébrée pour la Saint Pierre & Saint Paul). En effet, par le fait, tous ces prétendus actes de rapprochement sont sans valeur, & comme nuls & non avenus aux yeux des Vrais Chrétiens Orthodoxes, qui ne cessent, dès longtemps, de protester contre cette politique oecuméniste par diverses Lettres Encycliques adressées aux Patriarches & au pape. Considérant l'oecuménisme comme «ྭl'Hérésie des hérésiesྭ», & comme la plus grande & la pire des Hérésies jamais affrontées & contrées dans l'Histoire de l'Eglise, ils n'attendent, pour tout rapprochement possible, que la seule Conversion du pape & de ses sectateurs à l'Orthodoxie. D'autre part, tous ces acteurs ecclésiastiques sont pour eux des Hétérodoxes, n'ayant d'Orthodoxe que le nom : Ainsi, Athénagoras fut un franc-maçon notoire, intéressé, comme tous les francs-maçons, à la laïcité, c'est-à-dire à l'Athéisme, & à la destruction totale des églises & de toutes les religions. Il fut en outre un collaborateur des plus puissants pouvoirs politiques, un pion de la C.I.A, & un agent sous-marin papiste & «ྭcollaboྭ» du Vatican, où nombre de cardinaux & de papes sont francs-maçons, &, de surcroît, souvent même mafieux. La dépouille d'Athénagoras, lorsqu'il fut, selon la coutume Orthodoxe, déterré peu après sa Mort, fut du reste retrouvée toute noire & gonflée, ainsi qu'il advient des Anathématisés. Cas plus sombre encore, & pis, peut-être, Alexis II de Moscou présenta la triple tare d'être oecuméniste, KGBiste, & sergianiste – branche, inféodée au dénommé métropolite Serge, intronisé par le Kremlin stalinien, de l'église officielle KGBiste, Persécutrice de l'Eglise Résistante des Catacombes dite Tykhoniste, demeurée, quant à elle, Fidèle au Patriarche Saint Tychone, Martyr. Quant au patriarche Bartholomée de Constantinople, il est critiqué pour son oecuménisme, taxé par les Vrais Chrétiens Orthodoxes Résistants de «ྭnéo-papismeྭ» , & il s'est affidé aux pouvoirs politiques ultra-libéraux Athées, Laïques, ou Papistes, européens, qui Persécutent, jusqu'en l'Orthodoxe Grèce même, les Saints Moines de l'Athos, & autres Résistants Orthodoxes, Défenseurs & Confesseurs de la Vraie Foy Orthodoxe, ainsi qu'en ont Témoigné, dans divers écrits publiés, & sur leurs Sites & Blogs Internet, les Dissidents, - Moines, citoyens laïcs, ou Fidèles paroissiens religieux-, victimes de la Persécution Anti-Christique desdits gouvernements Athées des divers Totalitarismes actuels, jusqu'en France même, en plein vingt-et-unième Siècle.

Sources :

cf Anonyme (du XIXème Siècle) : Histoire des papes.
In : Essai Historique sur la puissance des papes.
( Ed. de 1811, chez Le Normant, Imprimeur-Libraire).
& in : Presbytéra Anna ( Ranson-Terestchenko) : Blog Internet :
presbyteraanna.blogspot.com.
Cf Kirchoff, Elisabeth : Rois & Reines de France. ( Ed. Molière, 1996).
cf Collectif : Lྭ'Encyclopédie historique sur l'Internet : wwwWikipédia.org :
Article : « Schisme de 1054 ».
Cf La Lumière du Thabor (Revue Internationale de Théologie).
(Fondée en 1985 par le Père Patric Ranson,Chercheur au C.N.R.S.- Philosophie).
(Ed. L'Age d'Homme).
Cf Lampryllos, Cyriaque : La Mystification Fatale. ( Ed. L'Age d'Homme).
Cf ( BienHeureux Père) Guettée, Wladimir : La papauté.
I.La papauté Shismatique. II. La papauté Hérétique.
( Ed. L'Age d'Homme).
Cf ( BienHeureux Père) Guettée, Wladimir : Histoire de l'Eglise.
Cf ( BienHeureux Père) Guettée, Wladimir : Histoire de l'Eglise de France.
Cf Anne Comnène : L’Alexiade. ( Ed. Les Belles-Lettres).

Cf Internet : Wikipedia : Article : Anne Comnène.

Cf ( Sir) Runciman, Steven : Le Schisme d’Orient.

( La papauté & les Eglises ( Orthodoxes) d’Orient. XIè-XIIè Siècles.

( Trad. Fçse pour l’Ed. Les Belles-Lettres. 2005).

( Sir Runciman, (1903-2000), ancien Professeur d’Histoire à l’Université de Cambridge, demeure l’un des plus grands historiens du Siècle).

cf (Sir) Runciman, Steven : La chute de Constantinople. 1453.

(Ed. Tallandier. Coll. Texto, de Poche),

cf ( Sir) Runciman : The last Byzantine Renaissance.

( Ed. Cambridge University Press).
( En partic. les p. 43, 44, 48, 79, 80-83, 100, sur la fausse union du concile de

Ferrare-Florence, au XVème Siècle, qui se brisa sur la Résistance héroïque d’un

seul,

Saint Marc Eugénikos, Evêque- Métropolite d’Ephèse, dont le refus persistant de

signer fit dire au pape Eugène IV furieux : Si Marc n’a pas signé, nous n’avons

rien fait.”

Ce que voyant les Patriarches signataires traîtres à l’Orthodoxie s’écrièrent d’eux-mêmes : “ Coupons, mes Frères, coupons ces mains qui ont signé!” ( la fausse-union papiste).


Cf ( Saint) Père Ambroise ( Fontrier) : Catéchèse Orthodoxe.

n° du Printemps 1980 : Article : “Vers une fausse union ?”

( Ed. Saint Grégoire Palamas, 30 bd Sébastopol, 75001 Paris ).

Cf Kalomyros, Alexandre : Against False-Union. ( Contre la Fausse Union).
( Ed. Du Monastère de la Sainte Transfiguration de Boston, Brookline, MA(ssa), USA.

cf (Feu Père) Romanidis, Jean,(grand Théologien & anc.Prof. à l’Université

de Thessalonique, Grèce), ( Auteur du Fondamental :)

Franks, Romans, Feudalism, & Doctrine.

( An interplay between Theology & society).

(1981). (Ed. Holy Cross Orthodox Press,

50 Goddart Avenue, Brookline, Massachusetts 02146).
Cf Lettres Encycliques de Protestations des (Saints) Moines de l'Athos
aux Patriarches.
( Ed. Saint Grégoire Palamas. 30 Bd de Sébastopol. 75001 Paris).
Cf Hiéromoine Maxim(e), monk of the Lavra : Persecutions on the Mont Athos.
(Ed. à Londres).
Cf Sites Internet, U-Tube : Violations des Droits de l'Homme sur le Mont Athos.
Cf Père Patric ( Ranson) : La Persécution des Moines de l'Athos
par le patriarcat de Constantinople.
( Ed. Saint Grégoire Palamas. 30 Bd de Sébastopol. 75001 Paris).
Cf Grossu, Sergiu : L'Eglise Persécutée. ( Ed. L'Age d'Homme).
Cf Rousselet, Kathy ( Chargée de Recherches au Centre d’Etudes & de

Recherches Internationales. ( C.E.RI.) :

L'Eglise ( orthodoxe Russe) de Moscou & la politique ( & le K.G.B.).

( Ed. de la Documentation Française, n°687, sept. 1992, série Russie.
Coll. Problèmes politiques & sociaux. Dossiers d’actualité mondiale).
cf Les Ed. de l'ACER,

cf Les Ed. Ymca - Press , de la Librairie Russe de Paris :

11 rue de la Montagne Sainte Geneviève, 75005 Paris.

Cf Un cri de désespoir des Prêtres de Moscou.

( Ed. Centre Orthodoxe d'Information. Meudon. Bellevue,
& l'Action Orthodoxe, Genève ( Suisse),
ou Russian Immigrant's Representative. New York).
Cf Miller,André : Témoignage du Diacre Vladimir Roussak sur l'église soviétique.
( Ed. Saint Grégoire Palamas, 30 Bd Sébastopol, 75001 Paris).
Cf (Père)Yakounine, Gleb : Un Prêtre (asilé à l'isolateur) seul au pays des soviets.
( Ed. Criterion, Limoges). ( Présenté par le Père François Rouleau, s. j. (de la
société des jésuites), & Olivier Clément).
Cf Goritcheva, Tatiana : Parler de Dieu est dangereux. ( Traduction fort approximative, hélas! du beau titre original Russe : “ L’espoir au delà de l’espoir”).
( Ed. Desclée de Brouwer; Coll. Théophanie); ( dir. par O. Clément).
( Anc. Chercheuse en Philosophie, réduite au statut social de liftière d’ascenseur, par Persécution gouvernementale).( Sur le K.G.B., & l’internement aux Asiles psychiatriques des opposants, dissidents, & Résistants religieux, notamment : Avant-propos. p. 9 : “ Ceux qui n’obéissent pas aux normes “morales” & politiques établies par le régime connaissent bien sa perversité (persécutoire) : Ses perquisitions ( permanentes au domicile), & ses interrogatoires ( répétés à la police & au tribunal), ses arrestations ( déportations en fourgon cellulaire) & ses internements forcés dans des asiles psychiatriques ” pour sévices, maltraitances, & Tortures, dont l’isolateur, comme en France Totalitaire & Totalitariste fasciste sarkozyste, en plein vingt & unième Siècle.)
cf Miljus, Branco : Assassins au nom de Dieu. (Ed. L'Age d'Homme).
Cf Les dossiers du Canard Enchaîné : Le Vatican clef en main. N°4. Sept. 1982.
( Art. sur la banque du Vatican : La banque du Saint Esprit).
Cf La presse Grecque des Vrais Chrétiens Orthodoxes. ( En Grec).
Cf La presse Russe des Vrais Chrétiens Orthodoxes de l'Eglise des Catacombes.
Cf Les publications des Editions du Monastère Orthodoxe de la Transfiguration de Boston, Etats-Unis :
Holy Transfiguration Monastery, 248 Warren Street, Brookline, Massachusetts 02146
United States of America.
Cf ( Saint Père) (Archimandrite) Porphyre : Anthologie de Conseils Spirituels.
( Ed. L'Age d'Homme).
Cf Presbytéra Anna (Ranson-Terestchenko), Dissidente de l'Ouest :
Site Orthodoxia-Solidarnoûs, & Blog Internet : presbyteraanna.blogspot.com

Philippe Ier, pour en revenir à lui, fils de l'intelligente & belle Anne de Kiev, princesse byzantine, descendante des Orthodoxes empereurs de Constantinople, dont le noble sang, de spirituelle lignée, se retrouve donc dans le lignage & sang bleu des Hérétiques rois de France, Philippe, indigne fils de sa pieuse & Orthodoxe mère, avait en secondes noces épousé Bertrade. Philippe, ayant en effet, en 1092, rencontré Bertrade de Montfort, femme de Foulque le Réchin, comte d'Anjou, il l'enlève, vit avec elle, la fait divorcer, & veut l'épouser. Ce mariage ne se pouvant faire qu'au grand scandale de la chrétienté, il fait, pour la répudier, & sans doute la laisser mourir, enfermer Berthe de Hollande, dite encore Berthe de Frise, qui née vers 1058, n'avait guère encore lors qu'une trentaine d'années, mais dont il s'était lassé après vingt ans d'un mariage contracté pour la seule raison d'état, l'ayant épousée à quatorze ans, & qui lui avait donné cinq enfants, dont trois morts en bas âge, après l'aînée, Constance, future reine d'Antioche de Syrie, & le futur Louis VI, dit encore Louis-le-Gros, roi de France. Enfermée, pour y être recluse à vie, sans droit, en une réclusion perpétuelle, Berthe de Frise, (selon la tradition ante-diluvienne , médiévale, & toujours actuelle, jusques en plein XXIème Siècle, de l'enfermement des femmes devenues importunes, & politiquement gênantes, à l'intention desquelles, & pour le débarrassement desquelles la dévolution de la forteresse royale médiévale se voit programmatiquement & planificatoirement adaptée & transmuée en cellule d'isolement des asiles chinois & français), Berthe, donc, assignée à résidence & consignée en la citadelle du château-fort de Montreuil-sur-Mer, qu'elle avait apporté en dot, par là tristement recouvrant son douaire, s'y éteint, Morte consumée de chagrin, moins d'un an plus tard, en 1093, dans son âge jeune encore de trente trois ans, sans doute en sus empoisonnée, pour que l'injustifiable adultère de Philippe Ier parût plus justifié de par sa Mort prématurée. Le pape Urbain en profita pour Excommunier le roi Philippe dans ses propres états, & à plusieurs reprises, lors de divers conciles, à Clermont, à Nîmes, à Beaugency, lors même que ce pape était né son sujet, & que ce roi lui donnait lors asile en royaume de France.
Mais ces voyages du pontife Urbain II sont surtout célèbres par la prédication de la première croisade.
Le pape Hildebrand, dit Grégoire VII, avait conçu, le premier, l'idée de ces expéditions lointaines, qui devaient, en agrandissant à l'Orient le domaine temporel déjà si vaste de l'église catholique romaine d'Occident, diminuer surtout la puissance des Empereurs Grecs Orthodoxes Byzantins, qui leur faisaient une ombre dont ils ne pouvaient cependant supporter l'éclat, & que les papes voulaient lors, dès longtemps, contraindre de rentrer sous la domination du saint-siège, hérétique depuis Charlemagne. La papauté, & plus encore Hildebrand, ce piètre Grégoire VII susdit, voyait là une occasion de régir tout à la fois les mouvements des princes Chrétiens Orthodoxes, de s'établir le juge des querelles qui s'élèveraient entre eux, de faire diversion pour les distraire & détourner du gouvernement de leurs états, & d'augmenter, par leur absence, l'influence habituelle du clergé par eux infiltré sur tous les genres d'affaires. Dès là que les «ྭpèlerinagesྭ» à la Terre Sainte de ces pillards de croisés devinrent, sous le pontificat de Grégoire VII, plus fréquents qu'ils ne l'avaient jamais encore été.
Les récits des pèlerins devaient un jour provoquer l'ébranlement général. Mais ce jour n'arriva que sous le pontificat d'Urbain II : Car, pour lors, un nommé Cucupiètre, autrement dit Pierre l'Hermite, vint faire au pape un récit lamentable des vexations que les chrétiens essuyaient en Palestine. Il implora donc pour eux de puissants secours contre les Musulmans qui les mettaient à mal, les persécutaient, & les assassinaient. Dès là qu'Urbain dépêcha Pierre à tous les princes, à toutes les églises d'Italie, de France, & d'Allemagne. &, après qu'on eut laissé à ce prédicateur le temps de communiquer son enthousiasme aux Peuples de ces diverses contrées, la croisade fut enfin publiée pour solution & remède à ces maux, dans un concile assemblé que le pape présida, non loin de Plaisance, en rase campagne. Là se trouvèrent plus de trente mille laïcs, outre les prélats & les prêtres. L'expédition projetée fut universellement applaudie. Mais on s'en tint à l'admiration. Personne encore, pour l'heure, ne se croisa.
Cf Concilior. ( Actes des conciles des papes). Tom. X, pag. 501 ;
Bertold. Ad ann. 1094.
Mais, en France, le pape Urbain II eut plus de succès. La croisade fut lors résolue & publiée à Clermont, dans une assemblée présidée & haranguée par lui. On s'y écria : «ྭ Dieu le veut!ྭ». De là que ces paroles devinrent la devise des croisés, dont le nombre s'accrut démesurément. L'histoire militaire de cette expédition ne nous regarde pas : Nous avons seulement à remarquer que le premier acte de cette armée fut de rétablir, en passant, Urbain dans la ville de Rome pour son pape, ce qui fut fait à la fin de 1096. Henri IV d'Allemagne, chassé d'Italie par les troupes de la comtesse Mathilde, se retira en Allemagne. Urbain ne Mourut qu'en 1099. & le pontificat de son successeur, Pascal II, appartient principalement au XIIème Siècle.

Le Siècle que nous venons de parcourir doit rester fameux dans l'Histoire des papes. De fait, s'ils ne sont pas encore reconnus comme souverains, si leur puissance temporelle n'est point encore déclarée indépendante, elle rivalise en effet, elle menace le trône qui la veut dominer. Déjà, les deux-Siciles sont devenues des fiefs du saint-siège ; les Donations de Mathilde ont étendu sur presque toute l'Italie moyenne les droits ou les prétentions de la cour de Rome. Qu'importent d'ailleurs les limites & la nature de ces possessions temporelles, quand le pouvoir prétendument «ྭspirituelྭ» ne reconnaît plus de restrictions, quand le ministère prétendument évangélique se transforme en une théocratie s'auto-proclamant «ྭuniverselleྭ», quand bien même tout l'Orient Chrétien en serait exclu, & qui flétrit les rois, les excommunie, les maudit, les destitue, & dispose à son gré de leurs couronnes, selon le bon vouloir & le bon plaisir papal. Un seul homme, il est vrai, a conçu pleinement, à lui seul, ce redoutable système. Mais les opinons dont se compose l'ignorance d'un tel homme & de ses contemporains, encouragent ses entreprises les plus monstrueuses, & plusieurs circonstances politiques lui en promettent le succès. De nouvelles dynasties viennent de s'élever en France, en Angleterre, & en d'autres contrées. Les empereurs Grecs Orthodoxes Byzantins, menacés dans leurs propres foyers, ont perdu tout reste d'influence sur l'Italie. Il va désormais suffire aux papes d'abaisser l'orgueil de l'empereur d'Occident, qui, lui seul encore en Europe contre-balance le saint-siège. On peut compter, en l'attaquant, sur le concours ou sur la neutralité des autres monarques. Ils sont jaloux de sa prépondérance : Rome, en les humiliant eux-mêmes, les dispose à se consoler par le spectacle des outrages plus solennels qu'elle réserve à leur coryphée ; ils vont se réjouir puérilement de la grande part qu'il aura dans les humiliations communes. On tourne ne même temps contre lui les factions vieilles ou récentes qui troublent l'Allemagne ; on redouble leur audace & leur force par l'éclat des Anathèmes dont on le frappe ; & si tant d'efforts ne le renversent pas, cet empereur d'Occident, le plus puissant, qu est comme le chef & le coryphée du restant des monarques d'Europe, du moins tout le restant de ces rois coalisés avec le pape, tous unis contre l'empereur, ils l'ébranlent & l'affaiblissent. Telle fut la guerre sans merci que livra le susdit pape Hildebrand, dit Grégoire VII, à l'empereur Teutonique d'Allemagne Henri IV, lequel était alors le premier, &, pour ainsi dire, le seul représentant de la puissance civile en Occident. En léguant cette guerre empoisonnée à ses successeurs, Hildebrand, tout vaincu qu'il y était, avait indiqué le but, tracé le plan, retrempé les armes.
Cf Giannone : Istoria di Napoli, I. X, c. 6.
Il n'eût fallu peut-être, pour achever son ouvrage dans le cours du Siècle suivant, que deux ou trois héritiers de son intraitabilité. Giannone l'accuse d'avoir forgé de toutes pièces toutes les diverses Donations successives, c'est-à-savoir lesdites Donation de Constantin, Donation de Pépin, Donation de Charlemagne, Donation de Louis-le-Débonnaire, Donation de Mathilde. Nous avons vu la première de ces Donations alléguée dès le VIIIème Siècle ; les autres sont mentionnées par des écrivains antérieurs au XIème Siècle. Les autres sont mentionnées par des écrivains antérieurs au XIème Siècle. L'on avait parlé de tous ces actes avant Grégoire VII. Tout au plus, donc, il en aurait fait rédiger les textes en des termes plus catégoriques, plus favorables à ses prétentions. Il est certain qu'aucun moyen d'établir la Tyrannie pontificale n'eût alarmé sa conscience, & qu'il n'eût reculé devant aucun pour la faire régner sans partage. Les moyens les plus efficaces lui paraissaient donc pour cela même les plus louables. & si quelques-unes de ses démarches, jugées d'après les événements , nous semblent aussi imprudentes que violentes, il faut penser qu'une si énorme entreprise ne pouvait s'accomplir que par une audace extrême.


***

CHAPITRE V.


DéMÊLéS ENTRE LES PAPES & LES SOUVERAINS

DU DOUZIEME SIECLE.



Pour la puissance pontificale, telle que l'avait conçue Hildebrand, c'était perdre un peu que de ne pas gagner beaucoup. Or, elle ne s'était pas fort agrandie sous les papes du XIIème Siècle : Car ces papes ultérieurs à Hildebrand n'ont pas su recueillir les fruits de ce mégalomane de Grégoire VII, que dévorait à Mort l'ambition & la volonté de pouvoir temporel. Le pape suivant, Pascal II, toutefois, qui régna près de vingt ans après lui, depuis 1099 jusqu'en 1118, aspirait bien sincèrement, comme lui, à la monarchie universelle. Mais ses intentions, contrariées par quelques circonstances, l'étaient encore plus par la faiblesse de son caractère. L'antipape Guilbert, qui Mourut en 1100, eut longtemps des successeurs, un Albert, un Théodoric, un Maginulfe, obscurs personnages, dont les prétentions, mal soutenues par un petit nombre de partisans, suffisaient néanmoins pour intimider le pape Pascal. Il ne se pressa point d'Excommunier le roi d'Angleterre Henri, lorsqu'en 1101 la guerre des investitures s'alluma entre ce monarque & l'archevêque Anselme de Cantorbéry,
cf Anselme de Cantorbery : O.C. ( Ed. du Cerf. Coll. Sources Chrétiennes),
lequel Anselme inventa l'Hérétique «ྭDoctrine de la Satisfactionྭ», adoptée par les catholiques romains & leur pape, & prétendant absurdement que Dieu le Père était rendu enfin satisfait après tant de Temps écoulé depuis la Chute qui L'avait excédé, & satisfait par la Mort de Son Fils sur la Croix. Doctrine intenable, stupide, & monstrueuse, qui fait de Dieu un sadique, & du Christ un masochiste idiot & un niais imbécille. Doctrine sinistre, sur laquelle les moines catholiques romains, perpétuant la désinformation médiévale, pour que continue le moyen-âge athéologique, à la dogmatique absurde, choisissent de se taire, lors même qu'en de riches bibliothèques, destinées, pour perpétuer l'abus la crédulité du Peuple, à faire illusion sur leur science athéologique, entre les murs desquelles, lorsque ces bibliothèques ne sont pas, par leur prieurs mêmes, tout bonnement interdites auxdits moines, à moins qu'elles n'eussent été préalablement expurgées de tous les grands Textes Saints, - Censurés, Mis à l'Index du Vatican, & Pilonnés -, de la Vraie Théologie Orthodoxe, desquelles bibliothèques ils font donc officiellement profession d'informer le Peuple des ouailles crédules, les maintenant, par l'art de la désinformation qu'ils pratiquent millénairement, dans la plus rustre ignorance, & préférant donc leur enseigner, en tout & pour tout, avec l'autorité de la fausse science & de la poudre aux yeux, que ledit Anselme de Canterbury vécut au XIème Siècle, naquit dans le Val d'Aoste, & fut archevêque de la ville éponyme qui lui donna son nom. - C'est-à-savoir, pour qui ne l'eût compris, Canterbury, (francisé en Cantorbéry)-.
Si le même pape Pascal se montra plus hardi contre Philippe Ier, roi de France, & quatrième des dynastes capétiens, ce fut sans doute parce que son prédécesseur Urbain II avait engagé la querelle, & que l'éclat des censures & de la triple Excommunication, trois fois donc réitérée, - quoique ce fût dès lors, subséquemment, en bonne logique élémentaire, en vertu d'un non-sens attestant sa caducité, son ineffectivité, & sa nullité réelle, dont ce prince Philippe de France était déjà frappé par Urbain, ne permettait toutefois point ni plus, ce semblait à ce nouveau pape, de reculer. Pascal II osa donc envoyer en France des légats, qui Excommunièrent de nouveau le malheureux roi Philippe, toujours à raison de son divorce, & de ce qu'ayant répudié Berthe de Hollande, pour Bertrade, que l'abbé Suger de l'abbaye de Saint-Denis avouait être dotée de maints charmes & «ྭremplie d'agréments, ... consommée dans ces admirables artifices naturels à son sexeྭ», mais perfide, intrigante, ourdisseuse, instigatrice de divisions, entre le père & le fils même, divisant & semant l'ivraie de la division pour mieux régner, conspiratrice, manigancière, machinatrice, & qui se révéla même criminelle, tentant tout bonnement d'empoisonner son beau-fils, Louis VI le Gros, lequel n'en parvint pas moins à régner.
Cependant, indigné des attentats de ces faux-clercs, qui se prétendaient prêtres du Seigneur, Guillaume, comte de Poitou, & duc d'Aquitaine, s'honora, dans cette circonstance outrée, d'un courage que Philippe même, l' intéressé à sa propre défense, ne sut pourtant point même imiter. Philippe préféra donc, de son côté, paraître rentrer sous le joug papal & dans la soumission à ce même pape : Il demanda l'absolution pour son péché d'adultère, & l'obtint du pape, en jurant de renoncer à son adultérine Bertrade. Dès là que, se prêtant officiellement à une ecclésiale cérémonie du pardon, il vint nu-pieds, au plein coeur de l'hiver, prêter, dans un dit concile de Paris, un serment, tant d'inféodation au pape, que de répudiation de sa concubine & illégitime seconde femme, - faux-serment, qu'il n'observa cependant point ni nullement. & si, certes, l'on ne connaît nul acte authentique qui ait réhabilité le mariage de Bertrade avec Philippe, ils continuèrent nonobstant de vivre ensemble de leur union illégitime, sans être plus, après cet acte de soumission au pape, inquiétés par l'église papiste. L'état & les droits de leurs enfants ne furent jamais davantage contestés.
Cependant, en même temps que la comtesse Mathilde renouvelle sa donation, le pape Pascal II confirme les Anathèmes de ses prédécesseurs contre Henri IV d'Allemagne. Ce pape écrit donc en ces termes à Robert, comte de Flandre, en son Epître 7 :
cf Pascal, pape : Epist(ola).7 :
«ྭ Poursuivez partout, selon vos forces, Henri, chef des Hérétiques, & ses fauteurs. Vous ne pouvez offrir à Dieu de sacrifice plus agréable que de combattre celui qui s'est élevé contre Dieu, qui s'efforce d'ôter le royaume à l'église, & qui a été chassé par le jugement du Saint-Esprit, que le pronce des Apôtres a prononcé. Nous vous ordonnons que cette entreprise, à vous & à vos vassaux, pour la rémission de vos péchés, & comme un moyen d'arriver à la Jérusalem Céleste.ྭ» . Pascal.
Non content de lancer au roi ses Anathèmes, le pape suscite à ce même infortuné un ennemi implacable dans un fils ingrat & ambitieux, qu'il
monte contre lui, & dont il attise avec soin les jalouses inimitiés & les ambitions dévorantes. C'est vainement qu'une lettre paternelle du roi invite ce fils dénaturé au repentir :
Cf Velly : Hist. De France, tom. II (in-12), pag. 480.
On répond qu'on ne connaît un Excommunié ni pour roi, ni pour père. Dégagé de tous ses serments de piété & devoirs filiaux par le souverain pontife, le jeune Henri, futur Henri V, prend les armes contre son père, & se fait, dans une diète de Mayence, élire empereur, répondant au nom de Henri le cinquième. Henri IV, son père, s'était retiré au château d'Ingelheim. C'est là que des archevêques, envoyés par la diète, viennent le sommer de leur remettre sa couronne, & les autres signes & insignes de son impériale puissance. «ྭ Tu as déchiré l'église de Dieuྭ», lui disent-ils, lui adressant ces remontrances en forme de semonce : « Tu as vendu les évêchés, les abbayes, toutes les dignités ecclésiastiques. Tu n'as point observé les saints canons du droit canonique papal. C'est donc pour toutes ces causes, & sacrilèges, dont tu dois maintenant payer le prix, qu'il a plu au pape & aux princes Allemands de te chasser du trône, comme de l'église papale.ྭ» A quoi l'empereur par eux déchu repartit : «ྭ Je vous adjure, vous, archevêques de Cologne & de Mayence, qui tenez de moi vos opulentes prélatures, de déclarer à votre tour quel est le prix que vous en avez payé, pour tant de revenus ecclésiastiques & de prébendes que vous en recevez. Ah! si je n'exigeai de vous que le serment de me rester fidèles, pourquoi devenez-vous les complices ou les chefs de mes ennemis ? Ne sauriez-vous plutôt attendre la fin d'une vie que doivent abréger l'excès de tant de malheurs, & me permettre au moins de placer moi-même ma couronne sur la tête de bien-aimé fils?ྭ» Mais Henri ne parlait point à des pères, moins encore à de Saints Pères. Il ne s'adressait qu'à de rigides prélats inflexibles & dès longtemps vendus à la cause du papisme. «ྭ N'est-ce pas à nousྭ», s'écrie lors l'un d'eux, qu'il appartient d'installer les rois sur leurs trônes, & de les détrôner quand nous les avons mal choisis?ྭ» A ces mots les trois prélats du pape se précipitent sur leur souverain ; ils arrachent de sa tête la couronne impériale ; &, tandis qu'il leur déclare que s'il subit en ce moment la peine des péchés de son jeune âge, ils n'échapperont pas à celle de leur sacrilège déloyauté, ils sourient de sa menace, &, pour garantir l'impunité de leur crime en le consommant sans délai, ils courent à Mayence sacrer & bénir, au nom de Dieu, le parricide Henri V empereur d'Allemagne.
Cf Frising, Otto : Chron. I. VII, c. 8-12.
cf Abbé Ursperg. : Chroniques, p. 243.
cf Sigon. : De Regno Italico, I. IX.
C'est alors qu'Henri IV déchu, & enfermé dans l'abbaye de Louvain, voit se rassembler autour de lui une armée de sujets fidèles, & résolus de lui rester loyaux. A leur tête, il remporte une victoire sur les révoltés. Mais, vaincu sans ressource dans un second combat par l'armée de la comtesse Mathilde, maîtresse du précédent pape Hildebrand, alias Grégoire VII, il tombe au pouvoir des ennemis, qui l'accablent d'outrages. «ྭ La haine des papesྭ», en écrivait ce malheureux infortuné prince au roi de France Henri Ier, «ྭ la haine des papes ( pour mon trône) les a portés ( ces prélats & leurs armées) jusques à violer les droits de la nature : ils ont armé contre moi mon fils ( qu'ils ont dénaturé). Ce fils, au mépris de la foi qu'il m'avait jurée comme mon vassal (à son suzerain), vient d'envahir mon royaume. Et, ce que je voudrais pouvoir cacher, il a même attenté aux jours de son père.ྭ» Echappé de sa prison enfin, mais plongé soudain dans une misère extrême, le vieil empereur en est réduit à solliciter, dans une église jadis bâtie par ses soins, un emploi subalterne & fort humiliant dans sa position, mais qu'il n'obtient point même. Sans doute, & du surcroît de tous ses malheurs, en meurt-il? Toujours est-il qu'il Meurt. On l'enterre. Mais le pape Pascal II ne permet point qu'un cadavre Excommunié repose en paix : On le déterre. Cinq ans, les restes d'un empereur, qui s'était distingué dans soixante-six batailles, - vertu militaire, s'il en était -, n'en demeurent pas moins sans sépulture. Le clergé de Liège, qui osa les recueillir, en fut puni par des Anathèmes. &, presque de nos jours encore, un jésuite, nommé Longueval, a jugé inexcusables la fidélité & le courage de ce clergé osant braver les volontés infaillibles d'un pape, - homme faillible s'il en est-.
Cf Longueval : Hist. de l'égl. Gall. Tom VIII, pag. 187.
L'histoire la plus avérée a presque l'air d'une fiction morale, lorsqu'après 1106 elle nous représente le jeune Henri V & le pape Pascal II occupés à venger, l'un sur l'autre, leurs communs attentats aux droits & au repos de l'empereur d'Allemagne déchu, Henri IV. Son fils Henri V vient donc à Rome, baise pour la circonstance les pieds du pape, & veut être couronné empereur. Pascal juge la conjoncture favorable pour exiger une renonciation formelle aux investitures qu'il venait de condamner dans un concile tenu à Troyes. Mais à peine a-t-il élevé cette prétention, qu'Henri V met à exécution son dessein prémédité de faire arrêter le pape. Ce pape est donc sur-le-champ arrêté, emmené dans la Sabine, confiné dans une forteresse. Là, un tel effroi atteint ledit saint-père, qu'il signe, avec seize cardinaux, un traité où il garantit à l'empereur le droit d'investiture, pourvu qu'il ne s'y mêle aucune simonie. Il fait plus : Il s'engage à ne jamais Excommunier Henri V, & consent enfin à l'inhumation du dès longtemps trépassé Henri IV, son père. Pour sceller ce pacte sur la foi des plus redoutables mystères, une hostie est partagée entre le pape & l'empereur. «ྭComme sont divisées ces deux partsྭ», dit alors le pontife, «ྭ ainsi soit séparé du Royaume de Jésus-Christ celui qui violera ce traité. Tel fut le serment que fit, dans sa peur panique, le pape Pascal, & qu'il renouvela dès qu'il eut recouvré sa liberté.
Dès lors ce pape n'eut de ressource que dans les reproches que lui adressa le clergé Romain, & qui redoublaient à mesure que l'empereur & son armée s'éloignaient de Rome. Voilà donc le chef de l'église papiste qui se laisse par ses cardinaux taxer de prévarication, qui se retire à Terracine pour pleurer son péché, qui souffre que des cardinaux annulent ses promesses & ses décrets. Il va, dit-il, abdiquer la tiare papale. Heureusement, on s'oppose à ce dessein. &, telle est la docilité du pontife, qu'il se résigne, feint-il, à conserver la puissance temporelle, afin d'en faire un meilleur usage. Finalement, il révoque, dans un concile, le traité qu'il a eu le malheur de souscrire. Il refuse toutefois d'Excommunier lui-même Henri V, tant il prétend avoir encore de scrupule à violer un engagement. Ce sont dès lors les cardinaux qui prononcent cet Anathème en présence de Pascal II. Non seulement ce concile condamne les investitures; mais, de plus il taxe d'Hérétiques tous ceux qui ne les condamnent pas. Henri V, toutefois, n'en conçut que bien peu d'alarmes. Il vint en 1116 recueillir en Italie la riche succession léguée par Mathilde à saint Pierre. Elle n'avait transmis ni des droits souverains, ni des droits régaliens, ni des fiefs, mais de simples biens territoriaux, dont l'église catholique romaine devait jouir comme propriétaire ( jure proprietario). N'importe : L'empereur prétend que la comtesse n'a pu, même à ce titre, disposer de ces domaines. &, durant tout le XIIème Siècle, les papes vont demeurer frustrés de cet héritage. Après en avoir pris possession, Henri V s'avance vers Rome. Une sédition venait d'y éclater contre le pape Pascal, dont le long pontificat déplaisait aux grands, & la personne à tout le Peuple. Tandis que le pape s'enfuit au Mont-Cassin, où Saint Benoît de Nursie avait antan établi sa solitude, puis son monastère, & que ce pape se confine à Bénévent, le monarque Henri V, tout Excommunié qu'il est par ce même pape, entre en triomphe dans les murs de Rome, & y reçoit la couronne impériale des mains de Bourdin, archevêque de Brague, du statut de roi passant donc à celui d'empereur. L'apprenant, le pape Pascal II, en réponse, Excommunie à son tour l'archevêque Bourdin, puis, s'efforce de soulever contre Henri V, tantôt la France, tantôt les Normands, établis dans l'Italie inférieure, & termine enfin sa carrière peu glorieuse en Mourant le 18 ou le 21 du mois de janvier 1118.

Ses partisans donnèrent pour successeur à ce pape falot, Gélase II, que les Frangipani, famille dévouée à l'empereur, ne voulurent cependant pas reconnaître. Gélase lors, arrêté, relâché, poursuivi, prit le parti de s'enfuir à Gaète sa patrie, dès qu'il sut que Henri V s'approchait de Rome. Henri fit élever à la papauté l'archevêque Bourdin, qui l'avait couronné, lequel, ayant pris le nom de Grégoire VIII, couronna de nouveau l'empereur. Mais, dès que celui-ci a quitté Rome, Gélase y rentre secrètement : Chassé par les Frangipani, il fuit, revient, repart, se retire en Provence, & va Mourir à Cluny, en Bourgogne. Il n'avait régné qu'un an, si toutefois l'on peut dire qu'il ait en effet régné.
Depuis Grégoire VII, jusqu'à Gélase II inclusivement, presque tous les papes, tirés de l'ombre du cloître, avaient porté sur le trône l'obstination & l'âpreté de l'esprit monastique, que caractérise d'abord la constance du vouloir. Le pape Callixte II, qui remplaça Gélase, sortait, lui, de la maison des comtes de Bourgogne : Parent de l'empereur & de plusieurs autres monarques, il avait du moins quelques notions de l'art de gouverner les hommes, & de concilier de grands intérêts. Il eut l'honneur de terminer la querelle des investitures. Une diète de Worms régla qu'à l'avenir les prélats ne seraient élus qu'en présence de l'empereur ou de ses lieutenants ; qu'en cas de litige, la décision appartiendrait à l'empereur, qui prendrait l'avis des évêques ; qu'enfin le prince donnerait l'investiture par le sceptre, & non par la crosse & l'anneau.
Cf Concilior. Tom. X, pag. 88 ;
cf Abb. Ursperg. Chron. p. 204.
Callixte II ratifia ce traité au sein du concile dit général de Latran, en 1123. L'on peut aussi louer ce pontife d'avoir sauvé la vie à son rival le prélat archevêque Bourdin. Il se contenta de l'exposer aux quolibets de la populace, de le jeter irrévocablement au fond d'un cachot, & de se faire peindre foulant aux pieds cet antipape : C'est ainsi que l'on était généreux en ces temps-là. Callixte II pressait le roi d'Angleterre de rétablir un évêque déposé. «ྭ J'ai juréྭ», répondait le roi, «ྭ de ne jamais souffrir qu'il remonte sur son siège cathédralྭ». «ྭ-Vous avez juré! «ྭ dit Callixte, «ྭ eh bien! Je suis pape, & je vous dégage de votre serment. «ྭ «ྭ- Commentྭ», répliqua le monarque, «ྭ croirai-je aux serments de cet évêque & aux vôtres ? s'il ne faut que votre volonté pour les anéantir!ྭ»

Le pape Honorius II, qui, depuis 1124 jusqu'en 1130, occupa le saint-siège papal, ensuite de Callixte II, n'est, quantà lui, remarquable que par ses démêlés avec Roger, comte de Sicile, qu'il voulut empêcher de réunir à ses états la Pouille & la Calabre, héritage que lui laissait Guillaume II son père. Le pape, craignant que Roger ne devînt assez puissant pour envahir les terres ecclésiastiques, fit marcher contre lui une armée qui fut vaincue. Le roi de France, Louis-le-Gros, était alors en butte aux censures des prélats de son royaume : La conduite séditieuse de l'évêque de Paris ayant occasionné des mesures répressives, c e prélat, dont le temporel venait d'être saisi, osa mettre en interdit son diocèse & les terres du monarque. La plus louable action d'Honorius II est d'avoir levé cet interdit, & d'avoir peu secondé le zèle ardent de saint Bernard, quand ce pieux abbé, traitant le roi d'impie, de persécuteur, & de nouvel Hérode, pressa le pape d'évoquer cette affaire au saint-siège papal. Louis-le-Gros dut la tranquillité des dix dernières années de son règne à la prudence d'Honorius II, que saint Bernard accusait de faiblesse.
Cf Velly : Hist. De France, tom III ( in-12), pag. 73-74.
cf S. Bern. In : Opera omnia : Epist.(ola) 13, 14, 49, ad Honor(ium).

Ce fut sous le pontificat de cet Honorius que les deux factions, l'impériale & la papale, nées, comme nous l'avons vu, au Xème Siècle, prirent, d'une manière plus positive, les dénominations de Guelfe, & de Gibeline, celles-mêmes dont eut à souffrir & s'exiler, l'illustre poète Dante. Ces deux noms sont ceux de deux maisons Allemandes, qui, en 1125, lorsque Henri V Mourut, se disputèrent sa succession & couronne impériale. L'une de ces familles, appelée tantôt Salique, tantôt Gueibelinga ou Waiblinga, régnait en Franconie, & avait fourni les quatre derniers empereurs. Elle était connue pour ses longues querelles avec l'église. L'autre famille, originaire d'Altfort, possédait la Bavière. & plusieurs de ses chefs, dévoués aux papes, avaient porté les noms de Welf ou Guelfo. Le duc de Saxe, Lothaire, choisi à Mayence pour succéder à Henri V, s'empressa de manifester son attachement à la maison des Guelfes, en épousant l'héritière de Henri, duc de Bavière. Le duc de Franconie, Conrad, était alors en Palestine. Il accourut, combattit Lothaire, ranima les partisans de la maison Gibeline, & se fit couronner empereur par l'archevêque de Milan, tandis que le pape Honorius II se déclarait en faveur de l'allié de la maison Guelfe.
A Rome, une autre famille puissante, les Frangipani, avaient pour rivaux les enfants d'un Juif nommé Léon, qui, opulent, &, las, sans doute, des sombres superstitions judaïques, aux fastidieuses obligations, dont Saint Paul, une fois pour toutes, nous désembarrassa, & nous délivra, s'étant converti au Christ de Lumière, ce Léon, donc, de Juif qu'il était converti au Christianisme des Chrétiens, était devenu, à ces deux titres, aussi redoutable que fameux. Pierre de Laon, fils de ce même converti, prétendit succéder, sous le nom d'Anaclet, au pape Honorius II, à qui les Frangipani donnaient un pape autre & antagoniste du précédent, c'est-à-savoir, Innocent II, pour successeur. Dès là que les deux papes furent ensemblement quasi & dans le même temps intronisés & sacrés à Rome. Mais Anaclet s'y trouva le plus fort. Son rival défait, Innocent II, se dut réfugier en France, où saint Bernard l'avait, quant à lui, fait reconnaître. Ce second pape Innocent II tint donc en France plusieurs conciles, & ce jusqu'en 1133. Cependant rentré à Rome, ce second pape y couronna empereur le Guelfe Lothaire, en lui cédant l'usufruit des domaines de la fameuse Donation de Mathilde. Enfin, à l'avantage d'Innocent, le pape rival, Anaclet, Mourut. En sus il se trouve que son successeur Victor abdique la tiare. De là que le schisme, de lui-même, s'éteignit. Dès lors, le seul & unique pape resté en lice, Innocent II, se crut assez affermi sur le trône pontifical pour pouvoir menacer tout ensemble le comte Roger & le roi de France Louis VII, dit Louis-le-Jeune. Mais Roger défit les troupes d'Innocent, qui, tombé lui-même entre les mains du vainqueur, se vit contraint de confirmer le titre de roi donné à Roger par son pape Anaclet. Louis VII se défendit moins heureusement : Usant d'un droit exercé par tous ses pré-
-décesseurs, il avait refusé de ratifier l'élection d'un archevêque de Bourges. Innocent II accueille toutefois le prétendu archevêque, le sacre, l'envoie en possession ( de son fief), parle du roi comme un jeune homme inexpérimenté qu'il faut instruire, un blanc-bec presque, qu'il ne faut point accoutumer à se mêler des affaires de l'église. &, s'indignant de la résistance de ce prince, il jette un interdit sur tout le royaume de France : Sentence alors d'autant plus terrible que répétée & redoublée par les prélats Français, soutenue par saint Bernard, elle offrait à Thibault, comte de Champagne, vassal hypocrite & turbulent du roi, son suzerain seigneur, l'occasion rêvée par lui d'exciter & allumer une guerre civile. Le roi Louis s'arme donc contre Thibault, entre dans Vitry, & souille sa victoire en livrant aux flammes treize cents malheureux & infortunés habitants. Cet excès fut, par bonheur, expié depuis par une croisade de razzieurs prédateurs, qui elle-même, hélas! eût eu fort besoin d'Expiation.
Le pape Célestin II, successeur d'Innocent II, leva l'interdit jeté sur la France, refusa de confirmer les traités de ses prédécesseurs avec Roger roi de Sicile, & se déclara contre Etienne, qui s'était emparé du trône d'Angleterre. Le pontificat de Célestin II, & celui de Lucius II, qui vint pour pape après lui, remplissant à peine deux années. Mais elles sont mémorables par les troubles qui agitèrent la ville & les environs de Rome.
Arnauld de Brescia, moins austère, éloquent & séditieux, avait dénoncé l'ambition & le despotisme du clergé catholique romain, hérité des clercs Carolingiens, idéologues adulateurs de Charlemagne. A des maximes d'indépendance, qui, par les successeurs d'iceux clercs & faux-prêtres de même prélature, furent qualifiées hérésies politiques, il joignait certaines erreurs moins intelligibles, qu'il tenait du moine Abailard, - ou Abélard-, son pourtant brillant, docte érudit, partout renommé, & d'en tout ce douzième Siècle réputé maître es lettres, rhétorique, poésie, philosophie, scolastique, & ami, fameux amant infortuné de la brillante Héloïse, laquelle il enseignait savamment & amoureusement, lui qui fut, après la naissance de leur fils, Astrolabe, émasculé, par ablation châtré, de par le très catholique chanoine & oncle d'icelle, Fulbert, de sinistre mémoire, cependant qu'Heloïse, entrée en religion, n'avait plus de loisir que pour entretenir avec Abélard une correspondance enflammée, où l'ardeur amoureuse peinait à se transmuer en zèle de Passion religieuse, lesquelles belles lettres se sont retrouvées en la bibliothèque d'un couvent de ses soeurs. Dès là qu'en 1139, Arnauld, condamné par le deuxième concile de Latran, avait dû quitter l'Italie, & s'était réfugié dans le territoire Suisse de Zurich. Pendant son exil, les Romains, mécontents du pape Innocent II, avaient rétabli quelques simulacres de leur ancienne liberté; & ces tentatives, plus hardies sous Célestin II, devenaient, sous le pape suivant, Lucius II, de véritables entreprises. On créa un patrice, magistrat populaire, & président d'un sénat composé de cinquante-six membres. Le patrice était un frère de l'antipape Anaclet. Les treize quartiers de Rome avaient concouru au choix des cinquante-six sénateurs. Des députés furent envoyés par ce sénat à l'empereur Conrad III, que la Mort de Lothaire avait laissé en pleine possession de l'empire. Les Romains invitaient Conrad à venir prendre, au sein de leur ville, la couronne impériale : «ྭ Que votre sagesseྭ», lui disaient-ils, «ྭ se souvienne des attentats commis par les papes contre vos augustes prédécesseurs. Les papes, leurs partisans, & les Siciliens, aujourd'hui d'accord avec eux, vous préparent de plus grands outrages. Mais le sénat est rétabli, mais le Peuple a repris sa vigueur. Ce Peuple & ce sénat, par qui les Byzantins empereurs Orthodoxes de Constantinople, Saint Constantin, (- dont l'Eglise Orthodoxe fait Mémoire, lequel, & sa Sainte mère, Sainte Hélène, avec lui, retrouvèrent la Vraie Croix du Christ, dont l'Eglise Orthodoxe fête aussi l'Invention de sa retrouvaille -), & les autres empereurs Théodose, Justinien, régissaient le monde, & dont les voeux, les cris, les efforts, vous rappellent au même de gré de puissance & de gloire.ྭ» L'empereur d'Occident, Conrad III, démêla parfaitement les projets d'indépendance que dissimulait ce langage des Romains, & ne jugea point à propos d'irriter le pape catholique Lucius II, qui lui avait, lui aussi de son côté, adressé une épître. Hardi, dès lors, contre des ennemis abandonnés par l'empereur Conrad, & menacés par le roi Roger, le pape Lucius s'avance vers le Capitole : Il marche entouré de ses prêtres catholiques Romains & de soldats à sa solde. Cet appareil de toutes les armes temporelles & prétendument spirituelles, est cependant inutile & vain : Une grêle de pierres écrase lors, par lapidation, la double armée du pape, lequel lui-même reçoit une blessure mortelle. Dont son parti lui donne fort hâtivement un successeur. Mais celui-ci, lequel répond à la dénomination d'Eugène III, se hâte à son tour de sortir de Rome, en crainte de se voir contraint de devoir ratifier le rétablissement des magistratures populaires.
Cf Otto Frising : Chron. I. VII, c. 22, 27, 31.
cf De Gest. Fréder. I. I, c. 21, 27, 28.
cf Mascow. : De rebus imperii sub Conrado III, I. III, pag. 114
Ce pape nouvel Eugène III, arma lors en hâte les habitants de Tivoli, & ne rentra pourtant à Rome qu'en reconnaissant le séna Seulement il obtint l'abolition de la dignité de patrice, & le rétablissement du préfet. Mais ces transactions n'amenèrent point une paix durable : Eugène, pape, dut prendre encore la fuite, & vint en France, où il seconda de son mieux les vains efforts dudit saint Bernard, l'apôtre prétendu, mais pourtant Hérétique, Tueur, & incitant au Massacre, instigateur de la fatale croisade de 1147, idéologiquement conçue pour Tuer, Voler, Piller, & Massacrer les Saints Martyrs Chrétiens de l'Orient Orthodoxe.
cf ( Sir) Runciman, Steven : Histoire des croisades. ( Ed. Tallandier).

Cf Miquel, André ( Prof. au Collège de France).: Trad. de :


Ibn Munqidh, Usâma : Des enseignements de la vie.

( Souvenirs d’un gentilhomme Syrien du Temps des Croisades. ( XIIème Siècle).

( Ed. de l’Imprimerie Nationale. Coll. Orientale. 1983).


Durant l'absence de Rome du pape Eugène, Arnauld de Brescia y revint, suivi de deux mille Suisses. Il proposa de rétablir les consuls, les tribuns, l'ordre équestre de l'ancienne république Romaine, de ne permettre au pape l'exercice d'aucun pouvoir civil, & de limiter la puissance qu'on était forcé de laisser à l'empereur. Enfin, le pape Eugène III reparut dans cette capitale en 1149, au beau milieu du XIIème Siècle, mais pour en repartir presque aussitôt; & ce n'est qu'en 1153 qu'il y rentra définitivement, pour n'en plus sortir. Implorant le secours de l'empereur Frédéric Barberousse d'Allemagne, qui venait d'être élu empereur, le pape avait offert de le couronner, & obtenu de ce prince la promesse de relever dans Rome l'autorité pontificale.
Sur ces entrefaites, le roi Louis VII de France, dit Louis-le-Jeune, rompait lors son mariage avec l'exceptionnelle El(l)éonore, ou Aliénor, d'Aquitaine, laquelle Aliénor deviendrait avant peu reine d'Angleterre, d'épouser en secondes noces Henry Plantagenêt, futur roi de la perfide Albion. Ce divorce, le seul peut-être qui ait eu des résultats funestes à la France, est nonobstant le seul aussi qui n'ait essuyé de la part de l'église catholique Romaine aucune sorte de contradiction non plus que d'opposition, ni d'interdiction canonique. Ni le pape, ni les cardinaux-évêques, ni saint Bernard lui-même, ne s'en plaignirent aucunement. L'abbé Suger, de l'abbaye de Saint-Denis, qui l'avait au roi déconseillé, n'existait plus ; les prélats Français, que le roi Louis daigna consulter, s'empressèrent, a contrario, de l'en approuver expressément.
& la reine Aliénor, la riche héritière des provinces de la Guyenne & du Poitou, répudiée, comme Berthe de Hollande, sous le prétexte ordinaire, & toujours presque invoqué d'une parenté lointaine, étant les mariages consanguins en droit canon ecclésial interdits, comme héréditairement fauteuse d'effets tératogènes,
déshérita, quant à elle, les filles qu'elle avait eues du roi de France, épousa Henry Plantagenêt, qu'elle aimait d'amour, & réunit ses deux grandes provinces, de sa dot & douaire recouvrées, au Maine & à l'Anjou, que possédait déjà Henry, lequel devint depuis roi de la Grande Bretagne. C'est malencontreusement ici l'une des deux principales causes des longues & interminables rivalités qui opposèrent ces deux royaumes de France & d'Angleterre, & l'une des causes aussi de la guerre des Deux-Roses. Tant, que si le clergé catholique romain, dès long temps accoutumé de dépasser les limites de son ministère spirituel, dénaturé en temporel, eût en cette occasion tenté d'au contraire les franchir, du moins eût-on pu, pour une fois, bénir comme heureux & opportun l'usuel abus des fonctions ecclésiastiques dudit clergé.

Mais ce qui doit rendre le pontificat du pape Eugène III mémorable dans l'Histoire de la puissance temporelle des papes, c'est l'approbation qu'il donna au décret de Gratien. - Ce terme de décret désignant ici une compilation canonique, d'abord intitulée «ྭ Concorde ( ou Concordance) des canons discordansྭ», & qui fut achevée en 1152, par le susnommé Gratien, moine bénédictin de son état, né en l'Italienne Toscane. La découverte – autrement dit : l'invention – récente des Pandectes de Justinien empereur faisait pour lors revivre en Italie l'étude de la jurisprudence civile : Le recueil de Gratien en devint le texte d'une jurisprudence ecclésiastique ; & la première de ces études, bientôt subordonnée à l'autre, n'en parut subrepticement être que l'appendice. Ce recueil est divisé en trois parties, dont l'une traite des principes généraux & des personnes ecclésiastiques ; l'autre, des jugements ; la troisième, des choses sacrées. Les redites, les inutilités, le désordre, les erreurs dans les noms propres, les méprises dans les citations, sont les moindres torts de l'ignare rédacteur. Le pis en étant le summum de sa mauvaise foi, d'homme de paille & de pantin polichinelle aux pièces du pape : Passages tronqués, canons chimériques, Fausses Décrétales en nombre, tous les genres & les espèces de mensonges abondent, proliférant en ce monstre ouvrage. Dès là que son succès n'en fut que d'autant plus rapide, immédiat même :On se mit en devoir de l'expliquer & commenter aux écoles, à le citer complaisamment en tous les tribunaux, à l'invoquer en tous traités de tractatus. En fin, il était devenu presque le droit public de toute l'entière Europe, jusques quand le retour des lumières dissipât lentement de si grossiers prestiges d'abus de pouvoir & de crédulité du Peuple. Or, voici quels sont les positifs résultats de cette jurisprudence de telle farine & de tel tonneau : Les clercs soustraits aux tribunaux séculiers, les pouvoirs civils assujettis à la suprématie ecclésiastique ; l'état des personnes, & les actes qui le déterminent, souverainement réglés, valides, annulés par les canons ecclésiastiques & par le clergé catholique
Romain ; la puissance temporelle papale affranchie de toute restriction ; la sanction de toutes les lois de l'église catholique Romaine attribuée au seul saint-siège de Rome, indépendant lui-même, & quant à lui, des lois cependant publiées par lui, décrétées, & confirmées par lui . Il se trouva certes bien quelques rares églises , & spécialement celle de France, pour le modifier. Mais elle s'est intégralement conservée, & intacte, dans l'église Romaine, qui, durant les Siècles suivants, s'en servit pour troubler les empires. Si dès la fin du VIIIème Siècle, les Fausses Décrétales d'Isidore avaient déjà semé les germes de la toute-puissance pontificale, Gratien a recueillis ces germes, & les a fécondés. Représentés comme la source de toutes les décisions irréfragables, imbrisables, & rédhibitoires, & comme le tribunal universel qui pût seul juger de tous les différends, dissiper tous les doutes, éclaircir toutes les difficultés, la cour papale de Rome s'en vit donc de toutes parts consultée pour de tout trancher, sollicitée de par les métropolites, par les évêques, par les chapitres, par les abbés, par les moines, par les seigneurs, par des princes mêmes, tant que par de simples fidèles, sachant désormais, sans hésiter plus, à quel unique saint prétendu se vouer. La correspondance pontificale n'eut de limites que dans la lenteur des moyens de communication ; l'affluence des questions multiplia les bulles, les brefs, les épîtres ; &, de ces Décrétales si fictives que Fausses, faussement, mensongèrement, & abusivement attribuées aux papes des premiers Siècles, naquirent & pullulèrent, depuis le pape Eugène III, des milliers de réponses & de sentences trop authentiques. Affaires religieuses, civiles, judiciaires, domestiques, toutes alors plus ou moins embarrassées de prétendues relations avec le pouvoir dit «ྭspirituelྭ» ; intérêts généraux, contestations locales, démêlés particuliers, tout parvenait en dernier ressort, quelquefois en première & dernière instance, au pape prétendu «ྭvicaire de Jésus-Christྭ» (- quand Christ, sur terre, ne laissa nul vicaire déterminé, hormis Ses Apôtres, en Collège Synodal assemblés entre Egaux, de l'Esprit oints de Sainteté-). En manière, depuis les Fausses Décrétales, que la cour de Rome acquérait sur toute chose de la vie civile cette influence détaillère, si l'on peut ainsi parler, de toutes la plus redoutable, précisément parce que chacun de ses effets, isolé des autres, paraît plus indifférent. Isidore & le moine Gratien ont donc transformé le pape Schismatique & Hérétique en administrateur universel, ce qui ne s'était jamais produit dans l'Eglise Christique toute Spirituelle & toute Orthodoxe, Universelle, & Indivise, de l'Origine.
Frédéric Barberousse était alors le principal obstacle aux progrès du pouvoir pontifical. Jeune, ambitieux, entreprenant, il tenait par les liens du sang & à la famille Guelfe & à celle des Gibelins : Il semblait destiné à éteindre ou à suspendre les fureurs des deux factions. Il annonçait le dessein de raffermir en Italie la puissance impériale. & l'on ne pouvait songer à l'en distraire de sitôt par une nouvelle croisade, après les malheurs de celle de 1147.
Cependant, le pape Adrien IV, né dans un village voisin de l'abbaye de Saint-Alban, monta sur la chaire de Saint Pierre au mois de décembre 1154. Le roi d'Angleterre, Henry II, se félicita de voir un Anglais à la tête de l'église, & lui demanda la permission de s'emparer de l'Irlande pour y rétablir le Christianisme dans sa pureté primitive. Le pape Adrien y consentit, en observant que toutes les îles où la foi chrétienne avait été prêchée appartenaient indubitablement au saint-siège, ainsi que Henry le reconnaissait lui-même. Le pape veut donc bien disposer de l'Irlande en faveur du roi d'Angleterre, à condition que ce roi fera payer à l'église de Rome une rente annuelle d'un denier pour chaque maison Hibernoise. Le cardinal Fleury suppose en son Histoire ecclésiastique,

Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :

que Jean de Sarisbéry était un des ambassadeurs envoyés par Henry au pontife pour lui demander l'Irlande. Mais Mathieu de Paris, en son Histoire de l'Angleterre,
cf Sarisbéry, Jean de : Hist. Angl. Ann. 1155,
nomme ces députés, sans désigner Jean de Sarisbéry : Toutefois, celui-ci a pu être chargé d'appuyer la supplique auprès d'Hadrien, dont il était l'ami très intime. Ils passèrent ensemble trois mois à Bénévent. Ce fut là qu'Hadrien IV, ayant demandé à Jean de Sarisbéry ce qu'on disait de l'église Romaine, Jean répondit qu'elle passait pour la marâtre des autres églises plutôt que pour leur mère ; que le pape lui-même était fort à charge au monde, & que tant de concussions, tant d'avarice & d'orgueil, révoltaient la Chrétienté. «ྭ Est-ce là ?ྭ» rétorqua le pape, «ྭ ce que vous en pensez vous-même?ྭ» «ྭ J'y suis fort embarrasséྭ», répliqua Jean. «ྭ Mais, depuis que le cardinal Guy Clément parle sur ce point comme le public, je ne saurais être d'un autre avis. Vous êtes, très-saint-père, hors du droit chemin : pourquoi exiger de vos enfants de si énormes tributs? &, ce que vous avez reçu gratis, pourquoi ne pas le donner de même?ྭ»
cf Sarisb. Joann. Polycrat. I. VI, c. 24 ; I. VIII, c. 22.
Le pape, dit Fleury, se prit à rire,

Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :
Livre LXX. n. 15.
&, pour disculper Rome, allégua la fable des membres & de l'estomac. Mais, pour que l'application fût juste, dit le même historien, il aurait fallu que l'église catholique Romaine eût répandu sur les autres églises des bienfaits pareils à ceux qu'elle en recevait.

En ce Temps-là, régnait en Sicile Guillaume, surnommé le Mauvais, qui, choqié de ne recevoir du pape que le titre de seigneur au lieu de celui de roi, porta la guerre dans les domaines ecclésiastiques.
Cf Baronius : Ann. Eccl. Ann. 1154.
cf Pagi : Crit. Ann. 1154, n. 4.
Le pape Adrien IV, après l'avoir Excommunié, souleva contre lui des seigneurs vassaux de ce prince Guillaume, en leur promettant de soutenir leurs droits avec une constance à toute épreuve, & de les faire rentrer dans les héritages dont on les avait dépouillés. Cependant, le pape, enfermé dans Bénévent, se vit forcé de capituler, & de sacrifier les Siciliens, qui s'étaient armés pour le défendre. Guillaume de Tyr l'en a blâmé.
Cf Guillaume de Tyr : Lib. XVIII, c. 2, & sqq.
Mais, selon Baronius, il ne faut que l'en plaindre : Car il manquait des moyens de rester fidèle à ses engagements ; &, il était si peu libre, qu'il fut contraint de reconnaître, par un acte authentique, qu'il jouissait d'une liberté parfaite. Quoiqu'il en soit, Guillaume-le-Mauvais & le pape Adrien IV se réconcilièrent; & il n'y eut de mécontents que les seigneurs, qui, sur la parole du saint-père, avaient espéré de n'être jamais abandonnés.
Dès le commencement de son pontificat, Adrien s'était débarrassé d'Arnauld de Brescia, ce moine austère, ami d'Abélard, & qui, nous l'avons vu supra, avait dénoncé l'ambition & le despotisme du clergé. Un interdit, lancé pour la première foissur toutes les églises de Rome, effraya le Peuple & incita les sénateurs à exiler Arnauld, qui, à peine sorti de la ville, fut livré au souverain pontife par Frédéric Barberousse, & brûlé vif à la pointe du jour, à l'insu des Romains. Ses cendres furent jetées dans le Tibre, de peur, dit Fleury,

Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :
Livre LXX. n. 4,

cf Ott. Frising. De Gest. Frider.
Cf Vita Adriani papae. Ed. À card. Arrag.,
que le Peuple ne les recueillît comme celles d'un Martyr. Mais, ce service rendu par Barberousse au pape Adrien ne les empêcha point de devenir ennemis. Dès 1155, quand Frédéric vint recevoir à Rome la couronne impériale,on aperçut les premiers germes de leur mésintelligence.
Cf Ott. Frising : De Gest. Fred. I. II, c. 14, 15, 20.
Cf Bossuet : Defens. Cler. Gallic. I. III, c. 18.
Frédéric, après avoir refusé de tenir l'étrier au pape, s'en acquitta de fort mauvaise grâce. Il remarqua, dans le palais de Latran, un tableau où l'empereur Lothaire était représenté à genoux devant le souverain pontife, avec l'inscription si connue :
Rex venit ante fores, jurans prius urbis honores ;
Post homo fit papae, sumit, quo dante, coronam;
c'est-à-dire : «ྭ le roi se présente aux portes, &, après avoir reconnu les droits de la ville, devient le vassal du pape, qui lui donne la couronne.ྭ» Frédéric se plaignit de ces deux vers, aussi bien que de l'image qu'ils expliquaient, & n'obtint que la promesse assez vague de leur suppression future. Ils subsistaient encore, lorsqu'au mois d'avril 1157 des légats du pape se rendirent auprès de l'empereur, qui tenait une cour à Besançon, & lui remirent une lettre d'Adrien IV. Elle avait pour objet un attentat commis dans les Etats de l'empereur sur la personne de l'évêque de Lunden. «ྭ Commentྭ», disait le pape, expliquer l'impunité d'un tel crime? Est-ce négligence. Serait-ce indifférence. L'empereur aurait-il oublié les bienfaits dont l'a comblé le saint-siège? Le souvearin pontife ne lui a-t-il pas de plein gré conféré la couronne impériale? N'y a-t-il pas d'autres bénéfices qu'il peut vouloir lui accorder encore?ྭ»
cf Concilior. Tom. X. pag.1144.
Ce langage déplut fort aux princes qui environnaient Frédéric. Ils murmurèrent, ils menacèent. &, lorsu'un des légats leur eut répliqué : «ྭ De qui donc l'empereur tient-il sa couronne, s'il ne la tient pas du pape?ྭ», un de ces princes ne contint plus son indignation : Déjà, il tirait son sabre, & il eût immanquablement tranché la tête du légat, si Frédéric ne se fût hâté d'opposer à cette violence son autorité impériale, & de faire conduire dans leur logis les envoyés du saint-siège, en leur ordonnant de partir le lendemain de très-grand matin, & de s'en retourner à Rome par le chemin le plus droit, sans s'arrêter chez les évêques ni chez les abbés.
Adrien IV prend le parti d'écrire aux évêques d'Allemagne : Il les exhorte à ne rien négliger pour ramener l'empereur Frédéric à de plus humbles sentiments.
Cf Concilio. tom. X. pag 1145.
On a la réponse de ces prélats : elle est ferme & judicieuse :
Cf Radev : De Gest. Freder. I. I, c. 16.
«ྭ Vos parolesྭ», rapportent-ils au saint-père, «ྭont choqué toute la cour, & nous ne saurions les approuver. L'empereur ne peut jamais croire qu'il tienne de vous sa dignité : Il jure que lorsque l'église veut asservir les trônes, cette ambition ne vient pas de Dieu ; il parle d'images & d'inscriptions qui, chez vous, outragent sa puissance. Il ne souffrira point, dit-il, de si grossiers attentats. Nous vous invitons à détruire ces monuments d'inimitié entre l'empire & le sacerdoce ; nous vous conjurons d'apaiser un prince chrétien, en lui parlant désormais un langage plus conforme à l'Evangile. «ྭ En même Temps que les évêques catholiques Romains écrivaient cette épître, Frédéric Barberousse se disposait à passer en Italie.
Cf Radev. I. I, c. 17-23.
Adrien, pape, se souvient alors de Guillaume de Sicile, & comprit qu'il était Temps de montrer quelque déférence à l'empereur. Il envoie à Aubsbourg des légats papistes plus souples & plus habiles, lesquels présentèrent à Frédéric une nouvelle épître d'Adrien.
Cf Concilior. Tom. X, pag. 1147.
Le pape y explicite les termes de sa première lettre, & l'éclaircissement équivaut à une rétractation. «ྭ Par le mot «ྭ beneficiumྭ», (- «ྭbénéficeྭ») -, écrit-il, nous avons entendu, non un bénéfice ou un fief, mais un bienfait ou un service. En parlant de votre couronne, nous n'avons pas prétendu vous l'avoir conférée ; nous rappelions seulement l'honneur que nous avions eu de la placer sur votre tête auguste ; «ྭ contulimusྭ», c'est-à-dire, «ྭ imposuimusྭ».ྭ» Ce commentaire, qui ne plaît point à Baronius :
cf Baronius : Ann. Eccl. Année 1158, p. 76.
&, suivant Bossuet, il ne faudrait que cette seule lettre d'Adrien IV pour anéantir toutes les conséquences que les ultramontains papolâtres prétendent déduire de la cérémonie du couronnement des rois. Mais ce commentaire satisfit néanmoins l'empereur, & opéra entre ce prince & le pape une réconciliation, de si brève durée fût-elle.
Au mois d'octobre 1158, l'empereur Frédéric Barberousse tint à Roncaille, entre parme & Plaisance, une assemblée où les
cf Radev. l. II, c. 1-15,
évêques & les abbés reconnurent qu'ils tenaient de lui les droits régaliens. Mécontent de cette déclaration, & de l'âpreté avec laquelle les officiers de l'empereur exigeaient le droit de fourrage sur les terres de l'église catholique Romaine, le pape Adrien IV écrivit à Frédéric une lettre qui ne nous a point été conservée. Mais le chroniqueur historien Radevic, qui nous en rend compte,
cf Radevic : l. II, c. 18,
atteste qu'elle cachait, sous des formes douces & des dehors humbles, beaucoup d'amertume & de hauteur. En y répondant, l'empereur Frédéric Barberousse affecta de placer dans l'inscription son nom avant celui du souverain pontife.
Cf Radevic : App. Pag. 562.
C'est revenir à un usage ancien, auquel on substituait depuis quelque Temps des formes qu'on imaginait plus respectueuses. Cette bagatelle aigrit le saint-père. & l'Histoire rapporte qu'on intercepta les lettres qu'il écrivait aux Milanais & à quelques autres sujets de Frédéric, pour les exciter à la révolte. Ces lettres se sont perdues, & nous ne les avons point. Mais la réplique d'Adrien, pape, à l'empereur nous a été transmise :
Cf Concilior. Tom. X :
«ྭ Mettre votre nom avant le nôtreྭ», écrit ledit «ྭserviteur de Jésus-Christྭ», c'est arrogance, c'est insolence ; & vous faire rendre hommage par des évêques, par ceux que l'Ecriture appelle des dieux, des Fils du Très-Haut,
cf Psaume 81, v. 6, in La Bible : «ྭ Ego dixi : Dii estis & filii Excelsi omnesྭ»,
c'est manquer à la foi que vous avez jurée à Saint Pierre & à nous. Hâtez-vous donc de vous amender, de peur qu'en vous attribuant ce qui ne vous appartient pas, vous ne perdiez la couronne dont nous vous avons gratifié.ྭ» Cette épître ne resta point sans réponse. Les esprits s'échauffèrent, &, malgré les négociations tentées dans une assemblée de Bologne en 1159, la guerre allait éclater, si le pape Adrien IV n'était Mort le 1er septembre de la même année 1159, au moment même, affirme un abbé historien,
cf Abb. Ursperg. Chron. Pag. 221,
où il prononçait l'excommunication de Frédéric.

Le pape Alexandre III, élu après Adrien IV, ne Mourut qu'en 1181. Son pontificat est le plus long qu'ait vu le XIIème Siècle. Mais quatre antipapes qui se succédèrent dans le cours de ces vingt-deux années, sous les noms de Victor III, de Pascal III, de Callixte III, & d'Innocent III, disputèrent & affaiblirent l'autorité du chef de l'église catholique Romaine. Le pape Alexandre III, qui avait été à Besançon l'un des légats envoyés du précédent pape Adrien IV, trouva dans l'empereur Frédéric Barberousse un redoutable ennemi. Cet empereur, voyant qu'on avait élu à-la-fois deux successeurs du pape Adrien IV, Alexandre & Victor, les somma de se rendre à Pavie, où il devait décider entre eux dans un concile par lui convoqué. Victor s'y présenta, & fut proclamé le véritable pontife. Alexandre, Excommunié par ce concile, Excommunia en retour Frédéric & Victor, délia de leurs serments les sujets du premier, & se réfugia en France, alors l'asile ordinaire des papes expulsés de Rome. Rentré dans cette ville en 1165, après le décès de Victor, il en sortit en 1167, & voici de quelle manière : Les Romains, assiégés par les Allemands, le conjuraient de sacrifier à leur sûreté le titre qu'on lui contestait. «ྭ Nonྭ», répondit-il, «ྭ un souverain pontife n'est soumis au jugement d'aucun Mortel, ni des rois ni des Peuples ; qu'on sache qu'aucune puissance ne me fera descendre du rang où Dieu m'a élevé.ྭ». &, tandis que les cardinaux de la curie Romaine portaient aux habitants de Rome cette réponse pontificale, le saint-père s'évadait sans bruit, incognito.
Cf Vit. Alex. III, edit. À card. Arrag. Pag. 458.
cf Acerbus Morena, pag. 1151.
cf Baronius : Ann. Eccl. Ann. 1167, 5. 11.
L'empereur Frédéric Barberousse soutenait alors une guerre fameuse contre l'Italie presque entière, confédérée sous le nom de Ligue Lombarde. Le pape Alexandre III devint le chef des Lombards, qui donnèrent le nom d'Alexandrie à une ville bâtie par eux en 1168, au confluent du Tanaro & de la Bormida. Le pape excita l'empereur Grec Manuel Paléologue à s'armer contre l'empereur d'Occident, & tenta de réconcilier les deux églises séparées depuis le pape Léon IX. Mais lorsque l'empereur Byzantin Orthodoxe Manuel Paléologue eut demandé que le saint-siège papal vînt s'établir à Byzance-Constantinople, cette condition fit échouer les deux projets. Occuper un second rang dans une capitale habitée, possédée, gouvernée par un souverain séculier, cette existence subalterne qui, durant cinq Siècles, avait convenu aux successeurs catholiques Romains de Saint Pierre, n'était point proposable aux orgueilleux successeurs ambitieux du pape Grégoire VII.
Comme la France, l'Angleterre reconnaissait le pape Alexandre III, malgré la protection qu'il semblait accorder à l'insubordination de Thomas Beckett, archevêque de Cantorbéry. Ce prélat, élevé par son roi Henry II, époux d'Aliénor d'Aquitaine, aux plus éminentes dignités, osa s'opposer au supplice d'un prêtre convaincu par l'Inquisition, ou ce qui en tenait lieu, d'assassinat, & décider que, pour toute peine, le condamné resterait privé de son bénéfice, de sa prébende, & de ses revenus ecclésiastiques. Le roi Henry voulait que les lois communes fussent appliquées par les tribunaux ordinaires aux crimes, aors fréquents, des gens d'église. Il voulait qu'aucun évêque ne pût, sans sa permission, aller à Rome au Vatican, en appeler au saint-siège, ni qu'il ne pût Excommunier ou suspendre un vassal ou un officier de la couronne. Un parlement de Clarendon adopta ces articles : L'archevêque Beckett, après les avoir d'abord rejetés sans examen, puis adoptés sans réserve, s'accuse auprès du pape d'avoir trahi les droits canons du clergé, en fait pénitence, & renonce à l'exercice de son ministère épiscopal jusqu'à ce que le souverain pontife l'ait absous. Traité de séditieux par tous les pairs de la Grande-Bretagne, tant séculiers qu'ecclésiastiques, & poursuivi par la jalousie de la reine Aliénor, qui lui reprochait intérieurement que l'extrême amitié qu'avait pour lui conçue son mari le lui prît, l'archevêque de Cantorbéry se réfugie en France, menace Henry II de la destinée de Nabuchodonosor, & prononce des Anathèmes contre les ministres & les plus fidèles sujets du roi d'Angleterre. Ce prince entreprend lors de rappeler celui qui fut son grand ami Beckett à la raison & au devoir d'état : Il en épuise tous les moyens, jusqu'à prendre pour arbitre son propre rival, le roi de France Louis VII-le-Jeune. «ྭQue l' archevêqueྭ», exige-t-il, «ྭ se conduise avec moi comme le plus saint de ses prédécesseurs avec le moins illustre des miens, & je serai satisfait. » Une apparente réconciliation ramène Thomas Beckett en Angleterre. Mais, s'il y revient, c'est pour récidiver, & Excommunier à nouveau tous les clercs, curés, chanoines, évêques, qui se sont déclarés contre lui. Henry perd patience. Il la perd au point de s'écrier : «ྭ Aucun de mes serviteurs ne me vengera-t-il du plus brouillon & du plus ingrat des prêtres?ྭ» Le roi Henry II se laissant hélas! influencer en mal par la jalouse Aliénor, à l'instigation de sa perfide cruelle, quatre assassins vont, par le fait, surprendre en sa cathédrale de Cantorbéry, le pieux, sincère, mais par trop excessif archevêque, & l'y massacrent lâchement par derrière en pleine célébration liturgique. Sacrilège qu'apprenant, le pape Alexandre III, qui avait à son tour condamné les articles de Clarendon, place sir Thomas Beckett, feu archevêque catholique Romain, au nombre des Saints Martyrs du Martyrologe. & le roi, que d'imprudentes paroles avaient rendu coupable & de cet assassinat & de cette canonisation, achève de flétrir, par la plus ignominieuse pénitence, la dignité & les droits de son trône. Ce démêlé a donné lieu à une multitude de lettres, tant du pape Alexandre III que de plusieurs prélats Anglais & Français : Déplorable correspondance, où l'on voit avec quelle rapidité se propageaient les maximes insociales consignées dans le décret de Gratien, ce moine faussaire papolâtre, idéologue propagandiste, inféodé jusqu'au pis de l'hypocrite mensonge, à la cause impérialiste papiste.
Cf Matth, Paris : Hist. maj. Pag. 82, 83, 101, 104.
cf Collier : Ecclesiastical History. Tom. I, §. 12.
Cependant, le pape Alexandre III songeait à s'affermir, & craignait les suites d'une trop longue guerre contre l'empereur. Il se détacha donc de la Ligue Lombarde, & vint à Venise, en 1177, offrir à l'empereur Frédéric Barberousse une paix que les revers de ce prince devaient rendre utile & glorieuse à l'église catholique Romaine. Le pape, pour lors, recueillit le fruit des efforts & des combats de l'Italie. L'empereur Barberousse reconnut Alexandre pour pape, lui baisa les pieds, tint l'étrier de son cheval, restitua des biens ecclésiastiques confisqués en nombre, sans y toutefois comprendre l'héritage de la princesse Mathilde, & signa une trêve de six années.
Cf Muratori : Antiquit. Ital. Med. Aevi. Tom. IV, pag. 249.
cf Orig. Guuelph. Tom II, pag. 379.
Depuis près de dix ans, le pape Alexandre avait presque toujours habité Anagni. Il avait peu reparu à Rome, de ce que des germes de sédition n'avaient cessé de fermenter. Il y revint toutefois en 1178 : Son entrée fut solennelle. Il reçut les hommages du Peuple, & les serments des nobles, & tint, en 1179, le troisième concile catholique général de Latran. Une couronne envoyée par lui au roi de Portugal Alphonse Henriquez, afin que ce conquérant ne régnât point sans l'aveu du saint-siège, fut payée par un tribut annuel de deux marcs d'or.
Cf Millot : Hist. moderne. Tom. II, pag. 104.
Tels ont été les principaux résultats du pontificat d'Alexandre III, auquel le collège des cardinaux doit aussi le droit exclusif d'élire les papes ; il régla que cette élection serait consommée par la réunion des deux tiers des suffrages sur un même candidat. La mémoire de ce pape est restée chère aux Italiens, qui se plaisent à voir en lui un défenseur prétendu de leur(s) liberté(s) : Mais il montra plus de zèle encore pour l'agrandissement de la puissance ecclésiastique. On devrait des éloges à son habileté & à sa constance plutôt qu'à son patriotisme. Il sut triompher de beaucoup d'obstacles, soutenir de longs revers, lasser la fortune de Frédéric Barberousse, & soumettre à l'autorité pontificale l'ennemi des républiques italiennes.

Le pape Lucius III, successeur du pape Alexandre III, & élu le premier dans la forme qu'Alexandre venait d'établir, déplut par cela même aux Romains, qui le forcèrent aussitôt presque de se retirer à Vérone. Après lui, s'ensuivirent les papes Urbain III, puis Grégoire VIII, lesquelles proposèrent une troisième croisade, destinée, comme toutes les croisades, à piller les lieux Saints & les Biens Orthodoxes, & à néantir l'empire Chrétien Orthodoxe d'Orient,
cf (Sir) Runciman, Steven : Histoire des croisades.

( Ed. Tallandier . Coll. Moyen-Age. Trad. D.A. Canal. 2008. 1250 pages).

laquelle croisade ne fut pourtant entreprise que sous le pape Clément III, sur la fin de ce douzième Siècle, en 1189. Pour entraîner la France & l'Angleterre dans sa croisade à la Terre Sainte, il avait fallu amortir l'ardeur des querelles qui, depuis le divorce de Louis VII, divisaient les deux royaumes. Un légat du pape Clément III menaça la France d'un interdit général, si le roi de France, Philippe-Auguste, ne se hâtait de se réconcilier avec les Anglais. «ྭ Que m'importe votre interdit!ྭ» lança lors le roi Philippe. «ྭ Appartient-il à Rome ? de menacer ou de troubler mes états, lorsque je juge à propos de mettre à la raison des vassaux rebelles ! L'on voit bien que vous avez pris goût aux ( livres) sterlings d'Angleterre ! »
cf Velly : Hist. de France, Tom. III ( in-12), pag. 327.
Philippe ( Auguste) se croisa néanmoins, ainsi que Richard ( Coeur de Lyon), qui succédait à son père Henry II, époux d'Aliénor, sur le trône de la Grande-Bretagne. L'empereur d'Allemanie, Frédéric Barberousse prit lui aussi la croix ( des croisés), & Mourut en Arménie dès 1190, laissant l'empire Teutonique à son fils Henri VI d'Allemagne. Le pape Clément III avait eu besoin d'occuper les esprits & de faire une politique de diversion grâce à cette expédition lointaine. L'autorité papale s'était, en effet, affaiblie de nouveau sous les courts & faibles pontificats de ses deux éphémères prédécesseurs. Les Romains, qui s'étaient emparés des droits régaliens, ne les restituèrent au saint-siège papal qu'à condition que les villes de Tusculum & de Tivoli seraient livrées à leurs vengeances. C'est ainsi que Tusculum, saccagé, réduit en cendres sous le pape Célestin III, prit lors le nom de Frascati, dès là que de rudimentaires branches & feuillages d'arbres durent servirent à former les asiles du reste de ses habitants.

Le pape Célestin III, élu en 1191, est le dernier pape du XIIème Siècle. Le pape suivant, Innocent III, qui régna depuis 1198 jusqu'en 1216, doit en bonne logique appartenir au treizième Siècle. Baronius raconte
cf Baronius : Ann. Eccl. Ann. 1191,
qu'en sacrant l'empereur Henri VI d'Allemanie, le pape Célestin, poussa de mépris, de dépit, & du pied, la couronne impériale du royaume Teutonique. Toutefois, l'historien, mémorialiste, & chroniqueur Muratori conteste ce fait,
cf Muratori : Ann. D'Ital. Ann. 1191.
qui prouve du moins le droit qu'a, selon Baronius, de déposer l'empereur. &, au fond, il semble qu'il n'y a pas de meilleure raison à donner d'un pareil droit. Quoi qu'il en puisse être, le pape Célestin III, comme l'on le pouvait lors escompter & prévoir, dans sa jalousie féroce, soif inextinguible de richesses, & volonté de pouvoir sans limites, Excommunia ensemblement, quoique successivement, & l'empereur des Teutons Henri VI, & Léopold duc d'Autriche, & le roi de Léon Alphonse X, en même temps qu'il cassa la sentence des évêques Français qui avaient approuvé la répudiation d'Ingeburge, la seconde & vertueuse épouse de Philippe-Auguste, épousée après la Mort en couches de sa première femme, la jeune Isabelle de Hainaut. Il est à remarquer que ces Anathèmes, quoique redoutables encore, avaient cependant perdu une grande partie de leur désastreuse efficacité. Philippe prit lors une troisième femme, sans aucune réclamation nouvelle de la part du pape Célestin. Ce pape, moyennant quelques marcs d'argent, reconnut également pour roi de Sicile Frédéric II, enfant de trois ans, fils de l'empereur Henri VI. En 1197, le roi des Teutons, Henri VI Mourut, & l'Allemagne se divisa entre Philippe de Souabe & Othon de Saxe : L'élection simultanée de ces deux nouveaux empereurs devint l'une des causes de l'agrandissement du pouvoir pontifical. Divisions en Allemagne, rivalités entre la France & l'Angleterre, nouveaux règnes dans presque tous les états d'Italie, expéditions en Palestine, hostilités des croisés catholiques Romains contre les empereurs Orthodoxes Byzantins d'Orient, propagation des Fausses Décrétales dans tout l'Occident : Tout concourait à promettre d'éclatants succès au pontife qui, joignant l'audace à l'habileté, règnerait assez longtemps pour conduire une vaste entreprise. & ce pontife fut le pape Innocent III.



***


CHAPITRE VI.


PUISSANCE DES PAPES DU TREIZIEME SIECLE.


Le pape Innocent III, en une même année, donna de son plein pouvoir trois couronnes royales : à Joannice, celle de Valachie ; à Prémislas, celle de Bohême ; à Pierre II, celle d'Aragon. Pierre II reçut la sienne à Rome, & fit au pape hommage de ses états, qui devinrent tributaires du saint-siège papal de Rome. Mais le pape Innocent, distributeur des royaumes, & qui donna même celui d'Arménie, signala plus souvent sa puissance par des Anathèmes. La république de Venise, le royaume de France, celui d'Angleterre, les empereurs Teutoniques & les autres, tous les premiers potentats de l'Europe ont été frappés de ses Anathèmes, qu'il considérait ses armes «ྭspirituellesྭ».

Les Vénitiens, déjà puissants par leur flotte maritime & leur commerce, ne s'étaient croisés que pour l'étendre. Ils gagnaient de l'argent & des terres en méritant des indulgences. Seuls capables d'équiper de grandes flottes, ils exigèrent quatre-vingt-cinq mille écus d'or pour transporter l'armée Chrétienne dans la Palestine. &, par le secours des légions de croisés qu'ils voituraient, ils conquirent en Dalmatie des places importantes. Le pape Innocent III, pour arrêter leurs progrès, s'avisa de les exclure du sein de l'église catholique Romaine. Mais, l'un des effets de la prospérité commerciale est d'affaiblir dans les esprits la crainte des censures ecclésiastiques : Les Vénitiens s'emparèrent de la ville & du territoire de Zara; ils continuèrent de se fortifier & de s'agrandir. L'Anathème lancé contre leur république n'eut à peu près aucune suite. Le pontife s'abstint donc bien de le renouveler.
Mais ce même pape n'en traita que plus rigoureusement le roi de France Philippe-Auguste. Philippe reçut donc d'Innocent III l'ordre exprès de reprendre Ingeburge, princesse Nordique, du lointain Danemark venue, aux brumeux confins presque de l’Arctique & de l’Antarctique Océan, sa légitime épouse, la répudiée devenue, & de renvoyer Agnès ( ou si c'est Marie? ) de Méranie, - l'Histoire ne gardant pas mémoire ni traces mêmes, en oubliant jusqu'à leur nom même des maîtresses substituables, indifféremment, & autres catins – fussent-elles duchesses- & putains des rois, notables, & autres beaux messieurs au paraître, mais aux âmes pourries & en ruines, n'ayant su fidélité d'amour envers une seule vraie femme, laquelle est, & ne saurait être, par essence, qu' insubstituable, - le roi, donc, enjoint de renvoyer sa maîtresse, pour laquelle il avait divorcée, & qu'il avait épousée après ce divorce d'après sa pieuse femme, la belle Ingeburge, que le Peuple considérait déjà, dès avant ses longues années d'enfermement inique & de dure réclusion, comme une sainte femme. Cependant, & nonobstant les injonctions papales, le monarque prit, tout d'abord, une attitude d'orgueilleuse fierté. Mais l'entier royaume ayant été mis en Interdit par le pape, il ne se pouvait plus officiellement faire d'offices divins aux églises, non plus qu'administrer de sacrements, ni même, de par tout le pays, célébrer nul mariage. Injonction était faite aux hommes de laisser croître la barbe, défense promulguée de se nourrir de viandes, défense même proclamée de se mutuellement saluer. Le roi Philippe (-Auguste) eut beau se raidir contre l'abus de ces interdictions formelles édictées par la papauté, il fallut néanmoins en passer à nouveau par le pape pour lui demander un nouvel examen de l'affaire. Il fallut même prévenir le résultat de cet examen, en déclarant qu'on allait rappeler la pieuse reine Ingeburge.
Cf Kirchoff, Elisabeth : Rois & Reines de France. ( Ed. Molière, 1996).
Cette princesse aux cheveux d'or fut, à la vérité, malgré sa vertu & grande beauté, confinée, dans les plus dures conditions, en réclusion à vie dans un château d'Etampes, s'y occupant en prières, & oeuvres de piété, & laissant transparaître sa force d'âme & noblesse de courage en les annotations de son livre de Psaumes, dit Psautier d'Ingeburge. Cependant, lui étaient conservés les titres de reine & d'épouse.
Enhardi par ces succès politiques, le pape Innocent III n'hésita point à s'ériger en juge suprême entre les rois de France & d'Angleterre, alors en guerre, armés l'un contre l'autre. Il leur ordonna d'assembler les évêques, les abbés, & les seigneurs de leurs états, pour délibérer sur la paix, & aviser aux moyens de rétablir les églises & les abbayes que la guerre avait «ྭmaltraitéesྭ», ce qui est dire pillées, incendiées, détruites, ruinées, etc...Devant quoi, le roi Philippe-Auguste répondit qu'il n'appartenait point au pape de se mêler des querelles des rois, ni sur-tout de leur signifier de telles ordonnances. Des seigneurs Français ajoutèrent que l'ordre de faire la paix, donné par un pape, n'était qu'une raison de continuer la guerre. Mais le pape Innocent répliqua qu'une guerre injuste étant un péché, & que tous les péchés ayant pour juge la «ྭsainteྭ» église catholique Romaine, il remplissait une fonction pontificale en désarmant les deux rois. Selon ce principe dit le cardinal de Fleury,

Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :
Livre LXXVI, n. 60; & Livre LXXXIX, n. 8,

le pape était lors juge de toutes les guerres entre tous les souverains. C'est-à-dire, à proprement parler, qu'il était en fait le seul & unique souverain dans le monde, chargé d'arbitrer de tous les différends de tous autres. Quoi qu'il en soit, le roi Philippe, après avoir repris le cours de ses conquêtes, crut à propos de consentir à une trêve, & de ne pas irriter davantage un pontife déterminé aux plus audacieuses entreprises. C'est ainsi qu'il retarda, mais qu'il ne put cependant éviter l'Excommunication sienne, qui ne tarda point à lui être assénée par le pape. Cette Excommunication, redoublée d'un Anathème, fut l'un des derniers actes du pape Innocent III, & l'un des effets pervers d'une nouvelle guerre allumée par ce pontife lui-même, entre les rois d'Angleterre & de France, qu'il avait prétendu vouloir réconcilier.

En effet, ce même roi de la Grande-Bretagne que le pape Innocent III avait, au début du treizième Siècle, en 1204 exactement, paru soutenir contre les Français, devint, peu d'années après, l'une des victimes du Despotisme pontifical, autrement dit de la Tyrannie papiste. Le pape ayant voulu, au mépris des canons & des lois, disposer de l'archevêché de Cantorbéry en faveur du cardinal Langton, le roi d'Angleterre, Jean sans Terre, ne s'y opposa qu'en se livrant à des fureurs qui décelaient sa faiblesse. Le pape Innocent III, qui savait user de son pouvoir avec plus de mesure, employa, par degrés, trois moyens de réprimer cette indocilité : D'abord, il promulgua l'Interdit sur le royaume d'Angleterre, puis l'Excommunication personnelle du roi d'Angleterre, & enfin la déposition d'un monarque si bien convaincu d'obstination dans sa désobéissance au saint-siège papal. Les Anglais, déjà mécontents de leur souverain, furent déliés des serments qu'ils lui avaient prêtés, & la couronne d'Angleterre fut décernée par le pape au roi de France, Philippe-Auguste, qui, assez imprudent pour l'accepter, signala sa reconnaissance en retirant la reine Ingeburge du château d'Etampes, où elle avait été enfermée de longues années durant, & en la rappelant près du trône.
Cf Kirchoff, Elisabeth : Rois & Reines de France. ( Ed. Molière, 1996).
Le Peuple, en grand émoi devant le sort affreux qui avait été fait à leur reine infortunée, s'était, à cette nouvelle de son retour, en foule massé dans les rues, pour sur son passage se mieux trouver, en grand impatience de pouvoir voir & revoir l'émouvante figure d'une âme noble, digne, & femme aimante, qu'avaient sanctifiée sa longue épreuve d'enfermement inique, & les souffrances cruelles du désamour d'un rustre ingrat, dur, mauvais, sadique, & pervers de mari, incapable d'amour, dépourvu de sensibilité aucune & comme dénué d'affects, jouissant à faire souffrir, & n'aimant que soi-même, d'ego surdimensionné, jusqu'à tel point d'en mélancolique état en sombrer, d'étouffement, d'ennui, d'air raréfié de par saturation d'un pauvre moi misérablement étiolé, & ne trouvant plus guère vif plaisir qu'à faire couler les pleurs d'une innocente femme, de coeur, sensible, - à leur nouvelle sainte, donc, les âmes vives de son Peuple réservant un triomphal accueil. Cependant, tandis que Philippe se disposait à recueillir, les armes à la main, le fruit des libéralités du pontife, disposant à son gré des trônes d'Europe, un légat, nommé Pandolf, profitait en Angleterre de l'effroi du prince déposé, & lui offrait les moyens de recouvrer son sceptre, en le recevant, en pur don, des mains de l'église catholique Romaine. A genoux devant le légat papal Pandolf, Jean sans Terre mit ses mains entre celles de ce prêtre, & prononça, en présence des évêques & des seigneurs de son royaume, les paroles suivantes :
«ྭ Moi, Jean, par la grâce de Dieu, roi d'Angleterre, & seigneur d'Hibernie, pour l'expiation de mes péchés, de ma pure volonté, & de l'avis de mes barons, je donne à l'église catholique Romaine, au pape Innocent, & à ses successeurs, le royaume d'Angleterre, & le royaume d'Irlande, avec tous les droits attachés à l'un & à l'autre : Je les tiendrai dorénavant du saint-siège papal, dont je serai le fidèle vassal, fidèle à Dieu, à l'église de Rome, au souverain pontife, le pape, mon seigneur, & à ses successeurs légitimement élus. Je m'oblige de lui payer tous les ans une redevance de mille marcs d'argent ; savoir, sept cents pour l'Angleterre, & trois cents pour l'Hibernieྭ». A peine ce discours s'achève-t-il, que
l'on présente au légat un àcompte sur le tribut promis au «ྭsaintྭ»-père : Mais Pandolf, le légat papal, avec un feint mépris, & un orgueil insigne, jette cet argent par terre, le foule aux pieds, non sans toutefois dédaigner de le ramasser, content d'avoir exprimé ainsi l'abjection des trésors & des pouvoirs séculiers. Le sceptre & la couronne demeurent entre ses mains . Il les garde cinq jours. &, lorsqu'après avoir pris quelques garanties nouvelles, il les rend enfin, il prétend bien qu'on les reçoive comme une faveur purement gratuite. Aussitôt il passe en France, pour y annoncer ce qu'il vient d'accomplir en Angleterre. Philippe apprend de Pandolf que Jean sans Terre, vassal du pape, occupe, sous la protection du saint-siège de Rome, le trône de la Grande-Bretagne, & que, désormais, toute entreprise contre ce royaume sera punie par l'Excommunication. Le roi Philippe-Auguste répond qu'il n'a pris les armes qu'à la sollicitation du pape, que les préparatifs ont coûté deux millions, qu'une flotte récemment équipée est en rade du port de Boulogne-sur-Mer, qu'elle attend les troupes destinées à descendre à Douvres, qu'il n'est plus Temps de reculer. Cependant, la rébellion d'un vassal oblige le monarque Français de porter la guerre en Flandre : A ce vassal se rallient Jean sans Terre, roi d'Angleterre, l'empereur Teutonique d'Allemanie Othon III, & tous les princes presque de l'Europe. Mais la victoire que les Français remportent à Bouvines, dissipe les espérances de leurs ennemis : Othon n'est dès lors plus empereur que de nom ; & Jean serait déjà détrôné, si Rome n'obtenait encore pour lui une trêve de cinq ans. Ce sont les Anglais qui, dans cet intervalle, prononcent eux-mêmes, au mépris des menaces de Rome, la déchéance de leur monarque : Ils offrent, de leur propre initiative, sa couronne à Louis VIII le Lion, futur époux de sainte Blanche de Castille, mère de saint Louis IX, & petite-fille d'Aliénor d'Aquitaine, venue, pour ses royales noces, la chercher au-delà des Pyrénées dans son grand-âge de soixante-dix huit ans. Louis VIII le Lion était, quant à lui, fils de Philippe II Auguste & de sa première épouse Isabelle de Hainaut, épousée à treize ans, pour raison d'état, & non moins fort durement maltraitée de ce mari impitoyablement cruel que ses épouses à venir, n'ayant dû d'échapper à la répudiation que d'avoir marché pieds nus, de par les rues, en tunique de pénitente, escortée de la foule de pauvres malheureux, qu'elle avait secourus, implorant, avec eux, la pitié de son orgueilleux & insensible époux, & morte en couches à vingt ans.
Nouveaux décrets, lors, du pape Innocent III, pour défendre au père & au fils d'envahir l'état d'un prince feudataire du siège apostolique de Rome. Le père, Philippe- Auguste, affecte d'improuver une conquête que Rome a jugée sacrilège, & fournit pourtant tous les moyens de l'entreprendre. Le fils s'embarque en effet, avec son armée ; & le souverain pontife, qui voit bien que le fils, Louis VIII, & le père, Philippe II Auguste, sont d'intelligence, les Excommunie l'un & l'autre, & ce, d'autant plus absurdement, & quoique l'épouse de l'Excommunié Louis VIII, Blanche de Castille, fût déjà regardée comme sainte. Enfin, Louis VIII était presque en possession de la Grande-Bretagne, quand la Mort de Jean sans Terre imprima d'autres directions nouvelles aux esprits & aux affaires.
En tant que souverain de Rome, & comme jouissant en Italie d'une prépondérance importune au pape, l'empereur d'Occident était le prince le plus exposé aux attentats d'Innocent III. Pour rabaisser l'empire, il importait au pape de rétablir surtout à Rome & dans les domaines ecclésiastiques l'autorité pontificale : Le pape commença donc par mettre à profit l'ascendant que sa naissance, sa réputation, & ses talents lui donnaient sur les Romains. Il abolit le consulat, &, s'arrogeant les droits impériaux, investit le préfet, institua les officiers publics, & reçut les serments des sénateurs. Ce fut en cet instant, dit l'historien choniqueur & mémorialiste Muratori, que l'autorité impériale à Rome rendit le dernier soupir. Hors de Rome, Orbitello, Viterbe, l'Ombrie, la Romagne, la Marche d'Ancone, reconnurent le pape Innocent III pour leur souverain. Régnant ainsi d'une mer à l'autre, le pape conçut l'espoir de conquérir Ravenne qui lui manquait encore, de recueillir pleinement l'héritage de la princesse Mathilde, d'assujettir davantage le royaume des deux-Siciles, & de les empêcher sur-tout d'avoir pour maître le chef de l'empire : Ce dernier point fut toujours capital dans la politique du «ྭsaintྭ»-siège papal. Une fois qu'il gouvernerait immédiatement la plupart des provinces Italiennes, il se contenterait d'exercer ailleurs une suprématie «ྭspirituelle» prétendue. Les Etats qu'il ne possèderait point, il lui suffirait de les donner, de les ôter, d'en investir les princes qui s'en rendraient dignes par leur docilité constante. Toutes les conjonctures, comme nous l'avons dit déjà, favoriseraient ce plan, à l'avènement du pape Innocent III. L'empereur Frédéric II était un enfant que son père Henri VI avait fait élire roi des Romains, & que sa mère Constance plaça sous la protection, & même sous la tutelle, du pape. L'un des premiers actes de ce tuteur de pape fut lors, comme il fallait s'y attendre & l'escompter, de dépouiller le pupille du titre de roi des Romains, aussi bien que des prérogatives attachées à la couronne de Sicile. Entre les empereurs Philippe de Souabe & Othon IV de Saxe, nommés simultanément à l'empire, & dont le premier représentait la maison Gibeline, & le second la maison Guelfe, le pape Innocent III se détermina pour l'empereur Othon IV, au préjudice même de l'empereur Frédéric II, que ce même pape considérait comme un troisième concurrent. C'était, prétendait le pape, au «ྭsaintྭ»-siège qu'il appartenait de juger souverainement des droits de ces compétiteurs à l'empire. La fortune des combats favorisa l'empereur Philippe de Souabe, avec qui la prudente cour de Rome négociait déjà, lorsqu'il Mourut assassiné, sans doute, & le plus plausiblement, à l'instigation du pape. La fille de l'empereur Philippe devint l'épouse de l'empereur Othon IV, qui, réunissant par cette alliance tous les droits & tous les suffrages, se crut assez fort pour refuser au pape l'héritage de la Donation de la princesse Mathilde. Le pape Innocent III prit alors le parti de remplir ses obligations de dit tuteur. Il opposa son pupille, l'empereur Frédéric II, à l'empereur Othon jugé trop ingrat envers la suzeraineté papale. Dès là, le pape Excommunie ce prince Othon qu'il avait couronné de son propre chef, souleva contre lui l'Italie supérieure, & même une partie de l'Allemagne. L'on vit en cette conjoncture les Gibelins armés par le pape contre un empereur que les Guelfes soutenaient dans sa résistance au pontife & pape. - Phénomène historique qui ne doit point étonner, depuis qu'il a été observé que ces deux partis tenaient originairement à des familles, autant & plus qu'à des opinions. Il faut ajouter à cela que la destinée des factions permanentes est de recevoir beaucoup de mouvements inattendus, de modifier au gré des circonstances leurs directions primitives, de garder leurs noms, leurs couleurs, bien plus que leurs pensées, théories, prises de positions ou que leurs sentiments, de ne conserver enfin d'autre intérêt invariable que celui de rester rivales, & de s'acharner l'une sur l'autre ; il leur suffit, pour exister, d'être en guerre, n'importe à quelle fin. Ce fut, au surplus, la bataille de Bouvines qui détermina, comme il a été remarqué supra, la chute de l'empereur Othon IV, & la prépondérance du parti de l'empereur Frédéric II. Le pape Innocent III recueillait ainsi une partie des fruits du triomphe du roi de France Philippe II Auguste.

Ces démêlés se combinèrent avec la croisade, au treizième Siècle, de 1203, qui, comme celles, au onzième & douzième Siècles, de 1095, de 1147, & de 1189, plaçait entre les mains du pape les fils de tous les mouvements de l'Europe. Chacune de ces expéditions contre l'empire Orthodoxe Byzantin d'Orient occasionnait des querelles entre les croisés catholiques Romains & les Grecs Orthodoxes d'Orient, se plaignant à juste titre qu'ils fussent spoliés, pillés, & massacrés par les papistes, & cette mésintelligence paraissait au pape Innocent III une occasion supplémentaire de reconquérir, pour l'inféoder à la botte de la papauté Hérétique, & Schismatique depuis le Grand Schisme de 1054, l'Eglise Orthodoxe d'Orient, échappée depuis deux Siècles à la domination de l'église catholique Romaine.
Cf ( Sir) Runciman, Steven : Le Schisme d’Orient.

( La papauté & les Eglises ( Orthodoxes) d’Orient. XIè-XIIè Siècles.

( Trad. Fçse pour l’Ed. Les Belles-Lettres. 2005).

Cf (Sir) Runciman : Histoire des croisades. Ed. Tallandier. (Opus cité).
Cf (Bienheureux) (Père) Guettée, Wladimir : De la papauté.
( I La papauté Schismatique. II La papauté Hérétique). ( Ed. L'Age d'Homme).
Cf (Bienheureux) (Père) Guettée, Wladimir : Histoire de l'Eglise.
Cf (Bienheureux) (Père) Guettée, Wladimir : Histoire de l'église de France.
Cf Père Patric ( Ranson ) : Cahier Guettée.
( Ed. Saint Grégoire Palamas, 30 Bd Sébastopol, 75001 Paris).
L'empire Grec Byzantin, infiltré des papistes Latins, exténué par les factions, & les guerres suscitées par ces derniers, devint, à leur instigations, d'autant plus la proie des croisés catholiques Latins & de leurs machinations perfides. Ces Latins, ne pouvant rester maîtres de Jérusalem, se rabattirent sur la capitale de l'empire Byzantin Orthodoxe, & s'emparèrent de Constantinople Nouvelle-Rome, fondée par le Saint empereur Constantin. L'empereur Byzantin ayant été déchu, ce fut le croisé catholique Latin Baudouin, comte de Flandre, qui fut nommé empereur d'Orient. Quatre autres Barbares Usurpateurs Latins s'emparèrent à sa suite du trône de l'empereur Orthodoxe d'Orient, tandis que, réfugiés à Nicée, les empereurs Grecs ne régnaient plus que sur quelques maigres provinces. Les Barbares catholiques Latins pillèrent, razzièrent, volèrent, vandalisèrent, & dépouillèrent de tous leurs trésors somptueux les palais impériaux & épiscopaux, &, de tous leurs biens d'Eglise, & Saintes Reliques, profanées, les églises Orthodoxes de Byzance-Constantinople, pour les apporter aux Latins de la papauté Schismatique & Hérétique, à Rome, à Venise, & partout ailleurs en Occident papiste. Le butin du Pillage Organisé des croisés & recueilli par les seigneurs Franç(ai)s est évalué à une quantité d'argent du poids de deux cent mille livres d'or. On trouvait commode de s'indemniser en Grèce des pertes essuyées en Palestine. Le voeu qu'avaient fait ces croisés de ne combattre que des Infidèles islamistes ne suffisait à arrêter la cupidité des catholiques Latins. La visée du prétendu rétablissement des Lieux-Saints de Jérusalem n'était qu'un prétexte de piller les richesses du Saint Patrimoine Orthodoxe, & les riches trésors de l'opulent Orient Chrétien. & déjà même, l'on s'abstenait, chez les pillards Latins, d'affecter plus outre les sentiments religieux prétendus de naguère. «ྭ On jetaྭ», dit le cardinal de Fleury lui-même, confesseur de Louis XV,

Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :
Livre LXXXVI, n. 2,

«ྭ(l')on ( les catholiques croisés) jeta (jetèrent) les (Saintes) Reliques en des endroits immondes. (L')on (profana les Saintes Eglises) : (l') on répandit par terre le Corps & le Sang de Notre-Seigneur ; (l')on employa les Vases Sacrés à des usages profanes; une femme ( bayadère lascive & prostituée de mauvaise vie) vint danser dans le sanctuaire & s'asseoir sur les sièges (cathèdres) des Prêtres ( & jusque sur le trône épiscopal).ྭ» Le pape Innocent III, qui n'ignora point ces profanations de lieux sacrés feignit de s'en plaindre, mais n'en approuva pas moins la conquête : «ྭDieuྭ», osa-t-il dire en Sacrilège, après s'être classé en chef des Vandales catholiques Latins, «ྭvoulant consoler l'église par la réunion des schismatiques, a fait passer l'empire des Grecs superbes, superstitieux, & désobéissants ( à l' idôlatrie papolâtre), aux Latins humbles (sic), catholiques, & soumis ( à leur pape Vandale)ྭ».
cf Innoc. III ( Epist.(olae). l. VIIII, ep. 69.

Un autre profit des croisades fut, pour les papistes, d'appliquer leurs noms à plusieurs autres ligues formées ou fomentées par l'église catholique Romaine. Le pape Innocent III est l'ingénieux inventeur de cet artifice, qui suppose une assez grande connaissance des moyens d'égarer les esprits par les illusions du langage, latin de cuisine, & autre jargonnesque langue de bois. Il fit servir à ses machiavéliques desseins politiques l'ྭ énorme puissance d'un mot qui, depuis cent dix années, était en position d'exciter au sein de l'Europe le plus actif & le plus aveugle enthousiasme, celui de «ྭcroisadeྭ», assortie d' Indulgences, fort lucratives pour la papauté, & de vaines promesses d'infaillible Salut de l'âme pour les plus criminels de parmi les pécheurs. Il prêcha donc une nouvelle croisade, contre l'Angleterre, cette fois, lorsqu'il résolut de détrôner Jean, pour ce nommé Jean sans Terre, l'un des fils Anglais d'entre les dix enfants d'Aliénor d'Aquitaine, successivement reine de France, puis d'Angleterre, ce dont s'ensuivirent d'interminables guerres entre les deux royaumes de France & d'Angleterre. Puis, ce même pape Innocent III publia une croisade contre les Hongrois. Ensuite de quoi, il proclama la nécessité d'une croisade contre le roi de Norvège, qu'il voulut aussi découronner. Mais, sur-tout, il proclama une croisade contre la secte Albigeoise des Cathares, connue pour son horreur de la chair, & ses Hérésies, & répandue dans tout le midi de la France, sous le nom d'Hérésie Cathare. Raymond VI, comte de Toulouse, pour ce qu'il protégeait les Albigeois ses sujets, fut Excommunié du pape, au titre de fauteur de l'Hérésie. & l'un des légats du pape, préposés à exciter ces troubles, ayant reçu une blessure mortelle, les Etats du comte, accusé, sans preuves, de cet assassinat, furent déclarés vacans & dévolus au premier croisé catholique Latin qui s'en rendrait maître. En vain le comte Raymond s'humilia jusqu'à l'opprobre ; en vain il eut la faiblesse plus honteuse encore de se croiser lui-même contre ses propres sujets, pour les exterminer, à l'instigation du pape : Le croisé Simon de Montfort obtint ces déplorables provinces, pour prix des torrents de sang du Massacre des Cathares Exterminés, dont il les avait Génocidairement inondées.
Le comte Raymond se réfugia chez son beau-frère, le roi Pierre II d'Aragon, qui, après avoir inutilement & en vain intercédé pour lui, en sa faveur, auprès d'Innocent III, jugea plus expédient de prendre soi-même les armes contre le sanguinaire Simon de Montfort. Mais il en périt à la bataille de Muret, en 1213. Deux ans après ce, le pape, au sein d'un concile de Latran, acheva de déposséder définitivement le comte Raymond VI, en ne lui laissant plus pour survivre qu'une modique pension, condescendamment accordée, & il concéda les états comtaux au meurtrier criminel Simon, qu'on osait nonobstant surnommer Machabée, lequel finit toutefois par Mourir au siège de Toulouse. Nous n'entendons certes point disculper de toute erreur les Cathares, autrement dénommés «ྭAlbigeoisྭ», qu'on nommait aussi «ྭVaudoisྭ», - pour ce qu'il s'en trouvait beaucoup dans les vallées du Piémont, & quelquefois «ྭBons-hommesྭ»,
à cause de la régularité de leurs moeurs de désincarnés, excessivement puristes, & contempteurs de la chair. Mais, de là à Exterminer des milliers de bons hommes, hommes bons, & bonnes âmes d'êtres de bonté, & détrôner celui qui les gouverne, au titre & sous couleur qu'il ne les a point assez Persécutés, cette excès de rigoriste cruauté révèle le caractère diabolique & manifeste l'inextinguible volonté de pouvoir du pape, en l'occurrence celle dudit Innocent III.
Cf Velly : Hist. de France, tom. III ( in-12), pag. 430-468.


Ce n'est pas non plus sans motif qu'on fait à ce pape honneur de l'établissement de l'Inquisition, prétendue par la papauté & par les catholiques réputée «ྭsainteྭ». A la vérité, Lucius III, un précédent pape du XIIème Siècle, supra évoqué, avait, en effet, dès 1184, ordonné aux évêques-cardinaux catholiques Romains de rechercher, ficher, & pourchasser les Hérétiques & prétendus tels, de les soumettre aux peines «ྭspirituellesྭ», & de les livrer au bras séculier de la justice royale. Mais, ce premier germe d'une institution si formidablement énorme ne s'était cependant encore que peu développé avant l'époque où le pape Innocent IIII s'avisa d'envoyer en Languedoc deux moines de Citeaux, chargés de poursuivre les Cathares Albigeois, de les Excommunier, & de les dénoncer à l'autorité civile, qui avait ordre de confisquer leurs biens, & les bannir, ou les proscrire, sous peine d'encourir elle-même les foudres vaticanes & ses censures ecclésiastiques. Ces deux prétendus moines, le frère Raynier, le frère Guy, & l'archidiacre Pierre de Castelnau, sont les premiers inquisiteurs nommément désignés & connus dans l'Histoire. Le pape Innocent, dès lors, enjoignit aux princes & aux Peuples de leur obéir aveuglément ; aux princes & monarques, de procéder, contre les Hérétiques & leurs homologués dénoncés par cesdits «ྭmissionnaires de la foi catholiqueྭ», aux arrestations, mises à la question, & tortures préconisées par la papauté. Ces premiers ministres délégués des vengeances pontificales eurent bientôt des Collaborateurs, obséquieux à leur pouvoir inféodés, entre lesquels on distingue ledit «ྭsaintྭ» Dominique, canonisé par le pape. &, dès 1215, leurs fonctions avaient acquis assez de consistance & d'éclat civil pour être solennellement approuvées dans ledit concile de Latran.
Cf Concilior. Tom. XI, pag. 142.
cf Director. Inquisitor. part. I, c. 2.
Sans doute l'Inquisition, espèce de croisade permanente, n'a été perfectionnée dans ses démoniaques machineries de cruauté mentale, physique, & psychique, & consolidée papistement & civilement que sous les successeurs du pape Innocent III. Mais, sans le mémorable essai qu'il avait eu l'honneur d'en faire le premier, au titre de son père concepteur & initiateur, il est douteux que cette «ྭsainteྭ» Inquisition diabolique & en tous points démoniaque.

Aussi, parmi trois cents papes ou antipapes dont l'Histoire offre les noms, ne s'en est-il point connu de plus imposant que celui du pape Innocent III, qui porta plus mal son nom & lui fit plus honte qu'il ne se pût jamais dire. Dès là, son pontificat s'est trouvé naturellement désigné pour être le plus digne de l'attention & des études des monarques Européens : c'est là qu'ils peuvent apprendre, comprendre, & saisir combien un pouvoir temporel, uni à des fonctions prétendument ecclésiastiques, les corrompt, les défausse, & les dénature. Il est enseigné, pour modèle proposé à ces princes civils, à quelle suprématie universelle la papauté se destine ; quelle Tyrannie elle exerce en effet sur ces rois, pour peu que les circonstances politiques favorisent l'ambition prétendument sacerdotale, & couvrant ses crimes des autels & du beau nom de Prêtres, & combien plus encore elle exerce sa Tyrannie sans merci sur les Peuples, Exterminés & Génocidés au nom de l'intérêt d'état, par la coalition des Tyrans doublement & d'autant plus Tyrannisés. «ྭUn papeྭ», prétendait le pape Innocent, un (prétendu) vicaire du Christ, est supérieur à l'homme, s'il est inférieur à Dieu- («ྭ minor Deo, major homineྭ»)-. Un pape, feignait-il, «ྭest le flambeau du jour. L'autorité civile n'est que l'astre pâlissant des nuits.ྭ» C'est du reste cet Innocent III qui a découvert dans le premier chapitre de la Genèse cette théorie céleste des deux puissances ; & c'était avec de pareilles allégories,
cf Innoc. III : Serm. De consecr. Pontific. Op. tom. I, pag. 180,
qu'en ses sermons, monuments de l'ignorance de son Siècle & de la sienne propre, qu'il subjuguait l'Occident, ruinait & détruisait l'Orient, gouvernait & ensanglantait la terre. «ྭ Glaive, glaive!ྭ», s'écria-t-il, en Sanguinaire Assassin, Exterminateur, Criminel contre l'Humanité, qu'il était, en apprenant la descente des Français en Angleterre : «ྭGlaive! Sors du fourreau! Glaive ! Aiguise-toi! pour Exterminer!ྭ»
Tel fut le texte «ྭsacro-saintྭ» de son dernier discours papal, lorsque,

Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :
Livre LXXVII, n. 62.

au beau milieu des Anathèmes rageurs qu'il lançait, fulminant, contre Philippe II Auguste & son fils Louis VIII, petit fils d'une pourtant sainte Blanche de Castille, il fut saisi d'une foudroyante fièvre quarte, qui, en fort peu de jours, lui amena une paralysie, une léthargie, & causa en fin la Mort du plus orgueilleusement superbe & fier des pontifes catholiques Romains, & du plus habile ennemi des rois du monde. Il avait, pour le malheur de tous, gouverné l'église catholique Romaine des Latins, ou plutôt l'entière Europe, durant dix-huit longs ans dix mois & neuf jours, à coups d'empoisonnements, de meurtres, d'assassinats, de croisades, de razzias, de pillages, de ruines, de destructions, d'Exterminations, & de Génocides.
Ce fut la plus brillante époque du pouvoir papiste, généré de l'inextinguible volonté de puissance papale.
L' Angleterre, la Pologne, le Portugal, & l'on ne sait combien d'autres états encore, étaient les tributaires de la papauté. Tous les historiens
cf Cantiprat, Thom. : in Vita S. Lutg. Virg. Apud Surium, 16 jun.
Dans la Vie de Sainte Lutgarde, Vierge, fêtée le 16 juin,
Cf Raynald : ad ann. 1216,
rapportent que, dans une Vision Mystérieuse, Sainte Lutgarde, jeune Vierge, Vit le pape Innocent III brûler vif au milieu des flammes, & que cette pieuse jeune fille lui ayant demandé pourquoi il était ainsi tourmenté atrocement jusqu'en Mourir vif, il lui répondit qu'il continuerait de l'être jusqu'au jour du Dernier Jugement, pour trois crimes, à tout le moins, parmi d'autres sans nombre, qui l'auraient plongé dans le Feu Eternel de l'Enfer Terrible & Redoutable, si la Sainte Vierge & Mère, à laquelle il avait, par miracle, voué un monastère, n'avait, par ses Intercessions Puissantes, fléchi quelque peu la Colère Divine. S'il est permis aux naïfs de douter de la Véracité de la Vision d'une Sainte, ce récit devenu une Légende conservée comme précieuse parmi le Peuple des âmes bonnes, prouve néanmoins, concède le cardinal de Fleury,

Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :
Livre LXXVII, n. 62,


que les personnes de la plus Haute Vertu étaient intimement persuadées que ce pape avait commis de si énormes péchés Mortels qu'ils se trouvaient devant être jugés irrémissibles. Mais quels seraient ces trois péchés qu'évoquait Sainte Lutgarde? Il faut avouer qu'il serait de la plus extrême difficulté de les pouvoir déterminer au sein de l'océan de péchés, de vices, & de crimes qui composent la vie d'Innocent III, pape Latin de l'église catholique Romaine.

Ayant eu un trop faible & falot successeur dans le pape Honorius III qui lui succéda, & qui, dès là, ne pouvait guère faire long feu aux commandes du pouvoir papal, le précédent pape Innocent III fut plus adéquatement, & plus dignement aux yeux de la Curie Romaine vaticane, remplacé par le pape suivant, du nom de Grégoire IX.
Celui-ci annonça d'entrée ses prétentions par la pompe extraordinaire de son couronnement. Les historiens

Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :
Livre LXXIX, n. 21,

décrivent cette cérémonie fastueuse, où rien n'est oublié de ce qui pouvait menacer l'Europe d'une monarchie universelle papiste. L'empereur Frédéric II, en recevant la couronne impériale des mains du précédent pape, fort éphémère, le pape Honorius, avait rétrocédé au pape l'héritage naguère usurpé de la papauté, & malaisément commensurable de la princesse Mathilde. & le même empereur avait aussi placé son propre fils sur le trône du royaume des deux-Siciles, afin que ce royaume ne restât point uni au domaine de l'empire. Cependant, Frédéric II, malgré tant de complaisances concédées & tant de faveurs accordées à la papauté, & quoiqu'il en fût en quelque sorte, par la rétrocession de son immense héritage au pape, en quelque sorte devenu le nourrisson de la cour papale Romaine, ce faisant tant imprudemment, s'auto-désigna pour la principale victime & bouc émissaire des machiavéliennes entreprises qu'allait à son encontre déployer le pape Grégoire IX. Lors, non content & ne se satisfaisant pas de susciter contre ce prince une nouvelle ligue Lombarde, le pape Grégoire, impatient de l'éloigner sans tarder du centre des affaires Européennes, le somma d'accomplir le voeu qu'il avait fait d'aller combattre les Infidèles islamistes dans la Palestine. Frédéric, se soumettant aux ordres du pape, s'embarque. Mais rappelé à Brindes par une maladie subite, il renonce à sa croisade. La réponse papale ne se fait point attendre : L'empereur est par le pape Excommunié comme parjure ( à sa foi jurée de croisé). L'empereur, frappé de cet interdit fatal au salut de son âme, se croit contraint de reprendre sa route pour la Terre Sainte. Mais, pour être reparti sans être absous du pape, celui-ci l'Excommunie une seconde fois, comme si se pouvait indéfiniment superposer Excommunication à Excommunication – ce qui ne se peut, sauf à reconnaître l'inutile inopérante efficace d'une telle sentence d'Excommunication papiste, proférée par un pape Schismatique & Hérétique. Ce pendant, l'empereur arrive en terre d'Orient. Il oblige, comme sans difficulté, le Soudan d'Egypte à lui abandonner Jérusalem, Bethléem, Nazareth, en Palestine, & Sidon, au Liban. Mais, au motif & prétexte qu'il a traité avec un Infidèle islamiste, & signé une trêve avec lui, il est, grotesquement, une troisième fois Excommunié. De retour en Europe, il trouve la Pouille envahie, l'Italie en armes contre l'empire, & son propre fils entraîné par le pontife papal à la rébellion contre son propre père, & presque au parricide même, le pape n'ayant pas hésité à diviser pour mieux régner, & monter le fils contre son père. Néanmoins, il triomphe de tant & tant d'ennemis, arrête & emprisonne un fils dénaturé, & profite surtout d'une sédition des Romains contre le pape. Les Romains, qui avaient repris sous le précédent pape Honorius leurs dispositions à l'indépendance, chassèrent le pape Grégoire IX, qui, forcé de négocier avec l'empereur Frédéric triplement Excommunié, consentit à l'absoudre, moyennant, bien entendu, une forte somme d'argent. Mais ce même pape Grégoire, entre autres prétentions, réclamait la Sardaigne comme un domaine du saint-siège papal. Frédéric, lui, la revendiquait comme un fief de l'empire. Tombe aussitôt, de ce fait, sur sa tête, une quatrième Excommunication, enquelle Grégoire, pape, s'autorisant de l'Autorité prétendue du Père, du Fils, & du Saint Esprit, de l'autorité des Saints Apôtres & de la sienne, Anathématise en sus Frédéric soi-disant empereur, délie de leurs serments ceux qui lui ont juré fidélité, leur fait défense de le reconnaître pour souverain. Cette bulle papale, envoyée à tous les rois, seigneurs & prélats de la chrétienté occidentale, est accompagnée d'une lettre circulaire qui ordonne la publication de l'Anathème jeté contre l'empereur au son des cloches dans toutes les églises d'Occident. Divers écrits dudit «ྭsaintྭ»-père,
cf Concilior. Tom. XI, pag. 340, 346, 357.
représentent l'empereur Frédéric comme l'un des monstres décrits dans l'Apocalypse, où la Bête figure le Diable Anti-Christ. Là, sont imputés à ce prince des torts politiques & religieux de toute espèce, jusqu'à celui d'avoir désigné Moïse, jésus, & Mahomet, pour trois imposteurs, ( – ce qui, néanmoins, dans le cas de Mahomet, constitue une critique fondée & de soi se justifiant assez -). L'empereur Frédéric daigna toutefois répondre à ce trorrent d'injures & d'inculpations. &, pour que son apologie correspondît de point en point à l'accusation lancée par le pape, il traita le pape Grégoire IX de Balaam, d'AntéChrist, de grand dragon, & de prince des Ténèbres – ce qui est dire de Diable - . Par une lettre particulière au roi de France, - c'était alors Louis IX,
cf Matth. Paris, ann. 1239, pag. 444,
dit saint Louis -), le pape offrit l'empire de ce monarque au frère de ce dernier, Robert comte d'Artois, à condition que les Français se croiseraient contre Frédéric. Saint Louis répondit
cf Matth, Paris, ibidem.
cf ( Père) Daniel : Hist. de France, tom. III, pag. 210,
cf Bossuet : Déf. Cler. Gallic. l. IV, c. 6,
qu'il voyait avec surprise qu'un pape eût osé déposer un empereur ; qu'un tel pouvoir n'appartenait qu'au concile général, & seulement dans l'hypothèse de l'indignité reconnue du souverain ; que l'empereur Frédéric, au contraire, paraissait irréprochable ; qu'il s'exposait aux périls de la mer & de la guerre pour le service e Jésus-Christ (sic), tandis que le pape Grégoire, son implacable ennemi, profitait de son absence pour le dépouiller de ses Etats ; que le pape, comptant pour rien les flots de sang versés pour satisfaire sa vengeance & son ambition, ne voulait soumettre l'empereur que pour subjuguer ensuite tous les autres princes ; que ses offres provenaient poins d'une prédilection pour les Français, que de sa haine invétérée pour Frédéric ; que l'on prendrait toutefois des informations sur l'orthodoxie prétendue de ce prince, & que, s'il était Hérétique, on lui ferait la guerre à outrance (sic), comme on ne craindrait pas de la faire, en pareil cas, au pape lui-même.
Cette épître du roi saint Louis IX mêle sans doute des erreurs bien grossières à l'expression des résolutions les plus généreuses. Quoi! Une assemblée de prêtres catholiques Romains aurait le droit de détrôner un souverain! Quoi! Les opinions religieuses d'un prince seraient, pour ceux qui ne les partagent pas, un motif suffisant de lui déclarer la guerre! Oui, tels étaient les résultats incontestés de ces Fausses Décrétales dont les papes avaient composé le droit public de la chrétienté d'Occident. Mais, plus ce délire verbal, mental, psychique, athéologique, & Hérétique, est déplorable, plus on doit d'hommage au prince qui, embarrassé dans les liens de tant de préjugés, savait retrouver encore dans son excellente nature un désintéressement, une loyauté, un courage, dignes des plus heureux Siècles de l'Histoire.
Il fallut à saint Louis IX toute la réputation de son exemplaire piété, pour échapper aux Anathèmes du pape Grégoire IX, & même aux entreprises des cardinaux-évêques Français. Car le pape réprimait les prélats mêmes avec force rigueur, toutes les fois que ses faibles lumières d'entendement ineptement Hétérodoxe lui permettaient nonobstant d'apercevoir les abus caractérisés qu'ils faisaient de leurs fonctions révérées de doctes prétendus au titre de pasteurs papistes. On les voyait, pour le plus mince intérêt temporel, fermer les églises, & suspendre l'administration de leurs sacrements,
(- sacrements invalides, du reste, au titre d'Hétérodoxes-). L'expérience, en effet, leur avait appris l'efficacité de ces mesures : Car ils obtenaient alors, par cette manière de bouderie, les divers objets de leurs prétentions de prélats temporels. Toutefois, un évêque de Beauvais & un archevêque de Rouen ayant employé ce moyen gréviste avec trop peu de prudence, & s'étant avisés de même d'Excommunier des officiers royaux, saint Louis fit saisir leur temporel, - ce qui est dire leurs biens & rentes ecclésiales -, & ce même roi obtint du pape une bulle papale, qui défendait d'interdire les chapelles royales. Du roi saint Louis IX, le Père Daniel sus-nommé, historien, & le moins suspect d'être un thuriféraire du roi, qui se pût citer ici, (- contrairement à l'historien du XVème Siècle, chroniqueur & mémorialiste, Commynes, lequel machiavélique bourguignon, traître à Charles le Téméraire & à sa cour de Bourgogne, traître adulateur, adorateur des puissants, &, pur ce que vendu au Diable, se payant d’être collaborateur, par essence, d’un pouvoir diabolique, & d’obséquieux écrits de flatteur rampant, Philippe de Commynes, en ses “ Mémoires sur Louis XI ” (1464-1483),
cf Commynes, Philippe de : “ Mémoires sur Louis XI ” (1464-1483),

( Ed. Folio-Gallimard, & Ed. Le Livre de Poche, coll. Lettres gothiques),

pour ce que devant sa fortune à l’autocrate éponyme, fit passer pour vertus les vices de ce Tyran de même nom, qui de ce seul terme de Tyran odieux se devrait désigner -), cet autre historien moins tardif, le père Daniel, donc, son devancier, écrit a contrario du perfide susdit, fort lucidement, quant à lui, & véracement, dès là crédiblement, du pieux Louis IX : «ྭ Il avait pour maxime de ne pas se livrer à un respect aveugle pour les ordres des ministres de l'église, qu'il savait être sujets aux emportements de la passion comme les autres hommesྭ» , (- lorsqu'ils ne sont point des saints, à l'humeur toujours sereinement égale, & ayant, de par la Sainte Ascèse, appris la pratique théorétique de la maîtrise, de la transmutation, & de la transfiguration des passions leurs -). Jean de Joinville, de haute noblesse champenoise, autre historien mémorialiste, lequel, postérieurement à ce père Daniel sus-cité, & mort à quatre-vingt treize ans, écrivit, à la demande de Jeanne de Navarre, petite-fille par alliance de saint Louis, & épouse de Philippe IV le Bel, chroniqua, donc, la vie de saint Louis, dont il avait été le conseiller & confident durant la VIIème croisade de 1248 en Egypte & les quatre années passées avec lui en Terre Sainte, ayant à ses côtés vécu deux des trois croisades menées par le roi, qui Mourut in fine, en 1270, devant Tunis, malade de la peste, lors du désastre & fiasco total de ladite troisième de ses croisades, toutes conquêtes & tentatives de conquêtes vues, du reste, par ces historiens occidentaux Francs du seul côté insidieusement, tendancieusement, & spécieusement partial des catholiques Latins, & autres Barbares chevaliers qui s’étaient croisés pour le pillage des Lieux Saints, de même que ce fut de ce même parti-pris impérialiste des envahisseurs occidentaux que le fruste & rustre Robert de Clari avait narré la première prise de Constantinople par les croisés Latins, lors de la IVème croisade, à laquelle il avait participé, à l’aube de ce treizième Siècle, en tant que “ menue gent” de parmi ces gens de piétaille, à peine moins incivils incivilisés, & involués inévolués que vils vilains manants, sombres brutes, butors, & autres cruels, - triste croisade, au vrai, ainsi que toutes ses pareilles, de même acabit, expédiée icelle dans le dessein exprès de fonder une féodalité catholique Latine, Hérétique de surcroît, en l’illustre, brillante, & sainte capitale Orthodoxe de l’empire Grec d’Orient, où le grec était la langue administrative, cependant que les plus grands Saints Orthodoxes étaient les conseillers éclairés en Esprit de Sainteté des empereurs sagement avisés, - ainsi du Saint Patriarche Photios le Grand, dit Photios Ier de Constantinople -, avant que cette infortunée Byzance ne tombât de nouveau, définitivement cette fois, aux mains des Arabes Mahométans islamistes, au quinzième Siècle, en 1443 exactement, laissant l’Orthodoxie orpheline de toute instance protectrice d’Etat, n’étant plus nul empire, royaume, ni état au monde, pour instituer, à l’instar du Saint empereur Constantin, lequel avait fondé Constantinople pour sa capitale éponyme, une grande Paix Universelle, apposant enfin un terme définitif aux Persécutions contre l’Eglise & les Chrétiens Orthodoxes . - La question n’étant pas que les Orthodoxes confondissent l’état & Dieu, comme l’osent prétendre les mauvaises langues, prostituées aux puissants, des chroniqueurs actuels, sévissant sur les ondes, dans la presse, & jusque dans les institutions enseignantes, tel l’insidieux, spécieux, tendancieux, obséquieux, & rampant Slama :
cf Slama, Alain-Gérard : Chronique ( matinale quotidienne), sur France-Culture,

8h 25, le 4 mai 2010. ( Sur la Grèce contemporaine

& la Crise internationale de la Dette publique devenue privée & vice-versa.

Car, bien entendu, comme il fallait s’y attendre, & l’escompter, sans être grand Prophète du Christ, c’est tout le contraire qui est vrai, d’autant que nous produisons ici trois cents pages de claires analyses si magistrales qu’irréfutables, &, à ce juste titre, justement imparables, issues de l’état toujours actuel des recherches les plus pointues, les plus fouillées, les plus documentées, les plus pénétrantes, les plus savantes, & les plus avancées, sur l’accablante, consternante, affligeante, & désespérante question papiste, & sur les monuments de sa Mauvaise foi millénaire, par lui suscités & à lui-même érigés, - études Orthodoxement remarquables, de premier ordre absolument, prouvant assez au long, & suffisamment clairement, avec une évidence éclatante, - sauf à vouloir impertubablement irrécupérablement indécrottablement fatalement ignarement obscurantistement rester jusques en Mourir à croupir dans la Mauvaise foi papiste, summum d’Obscurantisme féodaliste, impérialiste, temporel, schismatique, adogmatique, & a-théologiquement Hérétique, consistant à louanger en chaire & partout ailleurs “ notre saint père le pape”, quelque vérité confondante que, sur ses Hérésies, lui produisît un érudit Théologien Orthodoxe quelconque, fût-il issu du tout-venant même du simple Peuple des Fidèles, propre à devoir logiquement & raisonnablement, en vertu de la simple vertu première de bon sens élémentaire, saper une systémique d’Usurpation mystificatoirement fatale de l’Eglise Christique,
cf Lampryllos, Cyrille : La Mystification fatale. ( Ed. L’Age d’Homme),

Mystification dont il lui représentât l’affligeante peinture -, chemin de longue étude, véracement démontrant , donc, que c’est le papisme qui est un Césaro-papisme, & non point la Juste Orthodoxie, toujours accablée, percée de coups, massacrée dans son Sang, & sempiternellement, sans varier, par le papisme taxée des tares fatales au Salut, dont il est le seul porteur, jusque s’ensuivît Mort d’âme Hérétique, la Politique & le Temporel - ce qui n’est qu’un hendyadine & double figure du même - jugeant tellement plus aisé d’imputer à Autrui ses fautes propres, & de faire sur la victime porter les torts du bourreau, le fonds de la question étant, in fine, qu’en elle, qu’en l’Orthodoxie, qu’en la Sainteté de son “Hypostase”, - ce qui est dire de sa Sacro-Sainte “Personne” à la Ressemblance Divine Restaurée Déifiée-, ce n’est donc point l’Eglise Orthodoxe qui fait du Politique Temporel un Dieu Théocrate, c’est l’état Autocrate qui, en l’Eglise Christique, Persécute Dieu. Laquelle Orthodoxie, par ainsi orpheline de tout protecteur, hormis l’Esprit Provident de Christ-Dieu, sise toujours sur la brèche, frontalement s’exposant en première ligne, proie de tous les hostiles ennemis que dans le monde lui suscite le Diable, prince odieux de ce même pauvre monde, où, - qui l’oserait nier? - “ tout fout le camp”, comme disait l’autre, après Montaigne, universitaire de surcroît -, Auguste Orthodoxie, d’ores & n’avant, hélas! désormais privée de toute instance protectrice d’état, se retrouve dès là, lors, exposée à demeurer jusques à toujours Persécutée, conformément aux Evangéliques Paroles de Christ:
“ Ils M’ont Persécuté; ils vous Persécuteront aussi”,
cf ( Saint Père Archimandrite) Porphyre : Anthologie de Conseils Spirituels.

(2007.Ed. L’Age d’Homme. Coll : Grands Spirituels Orthodoxes du XX° Siècle).

p. 152. § : “ Mon grand chagrin s’est changé en une Joie Immense”,

l’Orthodoxie, oui, - car c’est bien là Tout, tout elle, & tout ce dont il s’agit ici, & toujours, & partout, comme représentant l’Universel, Icône du Christ-, - les Saints ne Confessant-ils pas ? : “ Nous n’avons plus besoin de rien: Car, en l’Eglise Orthodoxe nous avons Tout ”-, l’Orthodoxie, donc, l’Eternelle laissée pour contre, mais Epouse chérie de Christ, se contente quant à elle, humblement, &, a fortiori, plus modestement, d’être Sainte, jusques au point d’exposer Martyriquement sa Vie pour l’Amour de Lui, la Vérité. Lesquelles Persécutions du Diable, lors, ne cessèrent, n’ont cessé, & ne cessent plus de faire le Martyrique malheur des âmes de l’Eglise combattante, Invisible, Confessante, dans le même Temps que la Gloire de l’Eglise Triomphante, Victorieuse, Visible au Ciel, celle de la Victoire sur la Mort infligée par le Diable-Loup ravisseur des âmes, mais s’étant, sur Christ aux Enfers descendu, brisé, & sur les Martyrs en robes blanches, les Actes de tout Martyrium emplissant, aux fils d’or couchés de leurs pages blanches, pures figures d’ Ames telles, & pareilles, de s’être lavées dans le Sang de l’Agneau, Saintes.
cf Joinville, Jehan de : Vie de saint Louis.

( Le Livre de Poche, coll. Lettres gothiques).

Cf Internet : Wikipédia. org. Article : Jean de Joinville.

Cf Internet : Wikipedia. org. Article : Photios Ier de Constantinople.

cf Saint Photios : La Mystagogie du Saint Esprit.

( Ed. Saint Grégoire Palamas. 30 Bd Sébastopol, 75001 Paris).

cf Clari, Robert de, Chevalier Croisé : La conquête de Constantinople,

Ed. E.de Boccard, 1939, Coll. Poèmes & Récits de la Vieille France.

Cf Anne Comnène : L’Alexiade.

Cf Internet : Wikipedia : Article : Anne Comnène.

cf (Sir) Runciman, Steven : La chute de Constantinople. 1453.


(Ed. Tallandier. Coll. Texto, de Poche),

cf (Feu Père) Romanidis, Jean,(grand Théologien & anc. Prof. à l’Université

de Thessalonique, Grèce), ( Auteur du Fondamental :)

Franks, Romans, Feudalism, & Doctrine.

( An interplay between Theology & society).

(1981). (Ed. Holy Cross Orthodox Press,

50 Goddart Avenue, Brookline, Massachusetts 02146).


Joinville, en son “Livre des saintes paroles & des bons faits de notre saint roy Louys”, aujourd’hui plus brièvement désigné comme la “Vie de saint Louis”, y rapporte, conte, & raconte, quant à lui, regardant cet antérieur treizième Siècle, & ce que veut la légende hagiographique du bon roy, & comment le clergé catholique se plaignit amèrement du peu d'égard des officiers civils pour les sentences d'Excommunication, & comment saint Louis IX, sur les images enluminées, & autres enluminures de psautiers par ainsi, comme en telle manière illustrés, & manuscrits relatant sa vie sainte, dès longtemps représenté, pour la Postérité, en roi d'Equité rendant la Justice sous un arbre à Vincennes, à l'Imitation du Juste roi Salomon, qui rendit à sa Mère l'Enfant que l'Iniquité lui avait atrocement arraché, comment saint Louis, donc, s'expliqua si nettement sur la nécessité de vérifier la douteuse justice de ces sentences (d'Excommunication), générées par l'Arbitraire papal, que l'on s'abstint bien, dès là, d'oser lui en reparler plus outre.
Ce pieux monarque fit un jour saisir les deniers levés pour l'impôt prélevé par le «ྭsaintྭ»-siège papiste, empêchant, pour ce que ne le voulant pas, qu'ils servissent à l'accomplissement des ambitieux projets du pape Grégoire IX. De quoi, le pontife de Rome, pour s'en venger, & par même esprit de vengeance, cassa l'élection de Pierre Charlot, à l'évêché de Noyon. Or cet élu était un fils naturel & légitimé du roi Philippe-Auguste. Mais Louis IX fut inébranlable, imbrisable, & irréductible. Il signifia au pape que nul autre que ce candidat ne posséderait cet évêché, & ne serait proposé à cette prélature. Le pape Grégoire IX, tout en exagérant sa puissance pontificale, tout en protestant que Dieu avait confié au pape les droits de l'empire terrestre, non moins que ceux du ciel, s'en tint pourtant à de simples menaces. & la France sut gré à son pieux souverain d'une fermeté d'âme qu'il eut encore occasion de manifester sous les pontificats des papes suivants.

Celui du pape Grégoire IX, mémorable surtout par ses démêlés avec l'empereur Frédéric II, l'est encore par la publication d'un code ecclésiastique, rédigé par Raymond de Pennafort, troisième général des Dominicains. Depuis le décret du moine Gratien, les Fausses-Décrétales, & les recueils de ces Faux, s'étaient multipliés à tel point qu'on avait peine à s'y reconnaître. Le pape Grégoire IX fit réunir à ses propres sentences celles de ses prédécesseurs, & ce, depuis la Mort du lointain pape Eugène III, du douzième Siècle, lequel pape avait été l'instigateur du Décret de Gratien, premier ensemble de Faux dudit moine éponyme. Il en résulta une fumeuse collection de Faux, où les matières, toutes plus sujettes à caution les unes que les autres, sont distribuées en cinq livres, emblématiques de la Mauvaise foi papiste. Un mauvais vers, qui énonce cette distribution,
Judex, judicium, clerus, sponsalia, crimen,
se peut traduire, & se représenter trop fidèlement par celui-ci :
Juges, jugemens, clercs, mariages, & crimes.
Les canonistes, spécialistes du spécieux droit canon papal, citent ce code sous le nom de «ྭ Décrétales de Grégoire IXྭ», ou simplement «ྭ Décrétalesྭ», & quelquefois, par le simple euphémisme abrégé en «ྭextraྭ», ce qui est dire «ྭhorsྭ» ( du décret de Gratien) ; lequel décret avait été, depuis cent ans, considéré comme l'unique source de la jurisprudence ecclésiastique. Fruits de la vaste correspondance des papes Alexandre II, Innocent III, & Grégoire IX, ces cinq livres sont dignes, à tous égards, de servir de suite au décret : Ils ont, hélas! Contribué avec lui à la propagation des maximes les plus subversives de tout gouvernement civil cyniquement traduit & perversement dénaturé en Tyrannie de l'Inique.

L'élection du pape suivant, dénommé Sinibalde de Fiesque, à la papauté, semblait promettre quelques années de paix entre le sacerdoce papal & l'empire des rois. : Le prélat Sinibalde, de fait, était depuis longtemps lié d'amitié avec l'empereur Frédéric. Mais, de cardinal ami il eut tôt fait de devenir pape ennemi, ainsi que l'avait du reste su prédire l'empereur, usant de sa simple faculté de bon sens. Le cardinal Sinibalde renommé en pape Innocent IV, ayant mis à l'absolution de Frédéric, désireux de se voir délivré de ses diverses Excommunications & Anathèmes, par le précédent pape Grégoire à lui infligés, le nouveau pape Innocent y ayant donc mis des conditions que l'empereur n'accepta point, la guerre entre la papauté & l'empire se ralluma, & le pape, contraint de s'enfuir à Gênes sa patrie, vint de là solliciter l'asile en France. Le bon roi des Francs, Louis IX, consulta lors ses barons, grands du royaume, qui prétendirent que la cour papale de Rome était toujours à charge à ses hôtes, se faisant tout payer, & s’offrant tout aux frais de la princesse ; qu’un pape offusquerait la dignité royale, & formerait, au sein de l’état, un autre état indépendant.
cf Velly, tom IV ( in-12), pag. 306, 307.

Par ainsi lestement éconduit par le roi de France, refusé d’en même & pareille sorte par le roi d’Aragon, le pape Innocent IV, en désespoir de cause, s’adressa aux Anglais, dont la réponse ne fut point favorable d’avantage. “ Quoi!” s’écrièrent-ils, “ n’avons-nous pas déjà la simonie & l’usure (- & ce disant, il entendait dire “des grands véreux gens de la finance, qui féodalement nous gouvernent de leur pouvoir de corrompus, auxquels sommes déjà, par force violente, médiévalement, pour notre perte & Misère, laquelle est partout, assujettis?”-). Pour quoi le pape en sus encore? qui viendrait dévorer le royaume & nos églises? ” “- Eh bien! ”, s’exclama le pontife de Rome, outré in petto de ce triple affront, “ il faut en finir avec Frédéric, empereur. Quand nous aurons écrasé, ou pour le moins apprivoisé ce grand dragon, ces petits serpents de rois n’oseront plus seulement lever la tête, & nous les foulerons comme rien aux pieds.” Pour parvenir à telle fin, il tint un concile putativement général à Lyon, ville qui n’appartenait alors ni au roi de France, ni à l’empire : De facto, les archevêques s’en étaient appropriés la souveraineté , & soutenaient qu’elle avait cessé d’être un fief de l’empire.
Profitant nonobstant qu’il fût à Lyon, ce pape Innocent IV, quelques prébendes de cette ville étant venues à vaquer, il prétendit les donner d’office, de sa pleine autorité, à des étrangers de sa parentèle. Devant quelle prétention, le Peuple, & jusqu’au clergé même de Lyon, lui osèrent tenir tête & lui résister en face, jusqu’à tant qu’ils le forcèrent de renoncer à cette entreprise usurpatrice d’un détournement de biens infondé.
L’objet de ce concile ayant été de déposer l’empereur Frédéric de son trône, ce fut promptement chose faite. “ En vertu”, prétendit le pape, “ du pouvoir de lier & de délier ( les péchés), que Jésus-Christ nous donna en la personne de Saint Pierre,” ( - négligeant que ce pouvoir eût été partagé à tous Ses Apôtres d’égale sorte, & feignant de ne le savoir pas -), “ nous privons, de par cette sentence, le soi-disant empereur ( putatif) Frédéric, de tout honneur & dignité ; défendons de lui obéir, de le regarder comme empereur ou comme roi, de lui donner aide ou conseil, sous peine d’Excommunication par le seul fait.”

Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :
Livre LXXXI, n. 19.

Anéantir la maison de Souabe, c’était, depuis longtemps, le voeu le plus ardent des papes ; mais c’était surtout, & plus encore, celui d’Innocent IV. Pourtant, ce fut presque sans fruit qu’il publia une croisade contre Frédéric : L’on était trop occupé des véritables croisades, c’est-à-dire des expéditions en Orient. & le fugitif Innocent IV n’avait de surcroît point, cela étant, hérité de la toute-puissance d’Innocent III. Du reste, le bas clergé lui-même commençait de ne plus adorer les sentences pontificales : Un curé de Paris, annonçant à ses paroissiens celle qui déposait Frédéric, à ses ouailles adressa cet insolemment remarquable discours : “ J’ignore, mes très chers frères, les motifs de cet Anathème. Je sais seulement qu’il existe entre le pape & l’empereur de grands démêlés, dûs à une haine implacable. Lequel des deux peut-il bien avoir raison? Je ne saurais vous l’apprendre. Mais j’Excommunie, autant qu’il est en moi, celui des deux qui a tort, & j’absous celui qui est lésé dans ses droits.”


C’est le prône le plus sensé qui, à notre connaissance, eût été prêché au XIIIème Siècle.
Le roi saint Louis, qui désapprouvait plus hautement encore que ce brave curé la déposition de l’empereur Frédéric à bas de son trône, se rendit en Bourgogne, à l’abbaye de Cluny, haut-lieu abbatial de prêches pro-féodaux originaires des croisades, & y attira le pape, qu’il ne voulait pas laisser entrer plus avant dans le royaume de France. Les premières conférences tenues entre le pape & le roi sont demeurées secrètes ; &, tout ce qu’on peut en dire, c’est que l’obstiné pontife fut inaccessible aux conseils pacifiques du saint roi. L’histoire, nonobstant, nous a transmis de plus amples détails sur une seconde entrevue, laquelle eut lieu l’année suivante, à Cluny encore, entre Innocent IV, pape catholique de Rome, & Louis, le bon roi des Francs. “ La Terre Sainte”, dit le roi, est en grand danger ; il n’est nul espoir de la pouvoir délivrer sans le concours de l’empereur, qui tient tant de ports, d’îles, & de côtes en sa puissance. Très-saint père, acceptez ses promesses, je vous en supplie en mon nom, au nom de l’église entière ; tendez les bras à celui qui demande
miséricorde : C’est le Saint Evangile qui vous l’ordonne ; imitez la bonté de celui dont vous êtes le vicaire (putatif)”. Le pape, se redressant, dit Fleury,

Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :
Livre LXXXII, n. 40,

persista dans son refus. Ainsi, les deux grands personnages avaient, pour ainsi dire, changé de rôle : C’était le prince qui parlait le langage charitable de l’Evangile, & c’était le prêtre qui conservait l’attitude inflexible de la puissance orgueilleuse. On voyait aussi, en ce même temps, un soudan d’Egypte, Mélic-Saleh, donner des leçons de probité au successeur de Saint Pierre. Pressé par le pape Innocent IV d’abandonner, contre la foi des traités, les intérêts de l’empereur Frédéric, Mélic-Saleh répondit : “ votre envoyé nous a parlé de Jésus-Christ, que nous connaissons mieux que vous, & que nous honorons plus dignement. Vous prétendez que la paix entre les Peuples est l’objet de vos
voeux ; nous ne la désirons pas moins que vous. Mais il existe entre l’empereur d’Occident & nous une alliance, une amitié réciproque, qui date du règne du sultan notre père, que Dieu mette en sa gloire : Partant, nous ne conclurons donc aucun traité à l’insu de l’empereur Frédéric, & contre ses intérêts.” Cependant, après d’inutiles tentatives de réconciliation, & quelques vicissitudes de succès & de revers, Frédéric Mourut en 1250, peut-être étouffé, dit-on, par son propre fils Manfreddo. A cette nouvelle, si bonne pour lui, le pape Innocent IV invite le ciel & la terre à se réjouir. Car ce sont là les propres termes dont il usa en une lettre qu’il écrivit aux prélats, ses cardinaux, aux grands seigneurs, & à tout le Peuple du royaume de Sicile. Il allait jusqu’à y appeler l’empereur Frédéric “ fils de Satan”.
Conrad IV, fils & successeur de l’empereur défunt Frédéric II, était appelé à lui succéder ; &, dans l’absence de Conrad, Manfreddo, son frère, meurtrier présumé de son père, régissait les deux Siciles. Innocent IV déclare que les enfants d’un Excommunié ne sauraient rien avoir à hériter de leur père . Non content de ces propos envieux de captateur d’héritage, il publie contre eux une croisade . Il entraîne, pour l’y assister, & les entraîne jusqu’à la révolte, les seigneurs Napolitains. Mais Manfreddo parvient à les soumettre. Il prend d’assaut la ville de Naples, & force le pape à s’enfuir encore à Gênes. La croisade y est de nouveau par lui prêchée encontre les fils de Frédéric. Leur royaume est même offert par avance à quelque prince Anglais. Les dissensions qui bientôt, dès là, s’élèvent entre les deux frères, raniment les espérances de la cour pontificale de Rome. La papauté en conçoit de plus vives encore, quand elle apprend la Mort du prince héritier Conrad, quand le douteux Manfreddo est soupçonné d’ajouter le fratricide au parricide, quand il ne reste plus de la maison de Souabe qu’un seul & dernier rejeton à éteindre de Mort prématurée, Conradin, jeune garçonnet, un enfançon presque, jeune enfant de dix ans à peine, fils du prince Conrad, & petit-fils, devenu seul légitime héritier de feu l’empereur Frédéric II. Le pape, alors, n’hésite plus à s’ériger en roi de Naples. Pour soutenir ce titre usurpé, & qu’il usurpe en usurpateur qu’il est, il lève toute une armée. Mais cette armée n’a pour chef qu’un légat du pape. Elle en est plus aisément battue par Manfreddo. Le pape Innocent IV en Mourut de désespoir, au moment qu’il entamait avec saint Louis IX une négociation qui tendait à livrer à un fils ou à un frère de ce monarque, roi de France, le royaume des deux Siciles.
Ce pape Innocent IV avait, par ailleurs, suscité une guerre civile dans le Portugal, en déposant à bas de son tône le roi Alphonse II, déjà interdit par le précédent pape Grégoire IX, & en appelant au trône, pour se substituer à lui, un comte de Boulogne, frère d’Alphonse.
Ce même pape Innocent IV eut aussi des querelles avec les Anglais, qui se plaignirent hautement dans l’entière Europe de ses exactions éhontées, non moins que de ses contraventions aux lois & aux traités. “ Le denier (dit )de saint Pierre ne lui suffit pas,” s’indignaient-ils, “ il exige à présent de tout le Clergé d’énormes contributions. Il rançonne les Peuples. Il fait asseoir & lever des tailles générales sans le consentement du roi. Au mépris du droit même des patrons, il confère les bénéfices à des Romains qui n’entendent point même la langue Anglaise, & qui exportent l’argent du royaume à la cour papale.”

Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :
Livre LXXXII, n. 28.

Fleury rapporte aussi les reproches que l’évêque de Lincoln,
cf Fleury : Ibidem. Livre LXXXIII, n. 43,


Robert Grosse-Tête, pieux prélat, aussi savant que le peut indiquer son surnom, adressait d’Angleterre à la cour papale de Rome, & plus particulièrement à l’adresse du pape Innocent IV. “ Le pape”, écrit l’historien ecclésiastique Fleury, rapportant les termes exprès de Grosse-Tête, “le pape n’a point de honte d’annuler les constitutions de ses prédécesseurs & papes, par le nonobstant . En quoi il témoigne d’un trop grand mépris à leur égard, & donne l’exemple ( à ses successeurs de pouvoir impunément casser les siennes ( bulles papales). Quoique plusieurs papes aient déjà fort affligé l’Eglise, ce dernier pape l’a inféodée & réduite à une servitude plus grande encore, principalement par le moyen des usuriers véreux qu’il a introduits au royaume d’Angleterre, & qui sont pires que les Juifs & autres Schylocks, marchands d’usure de Venise. De plus, il a ordonné aux Frères Prêcheurs, & aux Frères Mineurs, qu’en faisant office d’assister les Mourants, ils leur persuadassent de tout donner de leur bien & avoir par testament leur, pour le secours prétendu de la Terre Sainte, &, par ensuite, à l’article de la Mort expirants, de se croiser eux-mêmes, en manière expéditive de frustrer de leurs biens leurs héritiers légitimes, soit qu’ils vécussent encore par après ce testament, soit qu’ils Mourussent incontinent après qu’ils eussent ainsi déshérité les leurs, sommés d’ainsi crever sitôt après eux la bouche ouverte. Ce pape usurier vend donc des croisades & des croisés à des laïcs à l’agonie, quo n’en peuvent mais, comme l’on vendait jadis du bétail & du cheptel, des boeufs de labour & des moutons bêlants dans le temple du Seigneur, quand ce n’étaient point chameaux, gazelles, ou femmes, & ledit pape mesure l’indulgence de la juteuse vente de ses, dès là, dites Indulgences (au regard du Salut), touchant le règlement par acomptes çà-bas versé de l’assurance- Salut de l’âme là-Haut, selon la même mesure & à l’aune de l’agent qu’on lui aura, par force aidante, versé pour la croisade. Outre plus, ce même pape ordonne aux prélats, ses cardinaux, par ses lettres de créance, touchant les bénéfices ecclésiastiques, cures, & prébendes, de pourvoir untel ou untel d’un bénéfice donné, selon qu’il voudra l’acheter, quoiqu’il soit étranger, éternellement absent de ladite cure, abbaye, prieuré, évêché, archevêché, & de ses terres adjacentes, &/ ou même totalement indigne de sa cure ou prélature, & quand même il serait, du tout, sans lettres, ni aucunes, jusques au point qu’il fût ignorant, totalement, de la langue du pays où il est censément résident. En sorte & manière qu’il se trouve dans l’incapacité de pouvoir seulement prêcher en chaire, ex cathedra, ni même d’entendre les confessions de ses ouailles en grand délaissement de déréliction de leurs âmes trop lourdes, ni moins encore assister les Pauvres, en un feu & lieu où il ne réside pas, & recevoir le tout-venant des passants en une âtre sans feu ”.
Fleury ajoute que ledit Robert Grosse-Tête s’étendait plus au long sur les vices de la cour corrompue de Rome, & plus particulièrement sur ceux d’avarice & d’impureté. “ Pour tout engloutir”, complaignait-il encore en substance, elle s’attirait les biens de ceux qui Mouraient sans testament. &, afin de piller tout avec plus de liberté encore, elle faisait part au roi de ces rapines de razzieurs prédateurs. L’évêque Anglais de Lincoln se plaignait en sus de ce que le pape employait au recouvrement de ses exactions forcées les Frères Mendiants de ces Ordres (Dominicains & Mendiants), hommes lettrés & moines vertueux, abusant ainsi de leur obéissance dont ils n’osaient point rompre le voeu d’entre les trois de pauvreté, de chasteté, & d’obéissance, prononcés lors de leur entrée dans la vie conventuelle, de tout leur long prosternés à bras étendus à même la froide dalle nue de la pierre abbatiale, & qui était à leur yeux d’esprit très sacré. Or, ce faisant, il en était comme si le pape les eût fait rentrer, pour son denier, dans le monde qu’ils avaient, pour son renoncement, quitté. Le pape les envoyait lors en terre d’Angleterre, avec de grands pouvoirs dont il les avait dotés, en tant que ses légats travestis, pour ce que ne pouvant y envoyer des légats du pape en forme & à découvert, si le roi ne le demandait point.”
Telles étaient, conclut Fleury, les plaintes bien fondées de l’évêque Anglais de Lincoln, d’apparence trop aigres à la vérité, mais qui n’étaient, très au vrai, que trop bien fondées en réalité vraie, ainsi qu’il y paraît & de par les écrits du Temps, & de par les lettres mêmes du pape qui ne fait point mystère de ses trafics, ni ne songe à s’en cacher, non plus que d’en éprouver l’ombre de la plus infime honte.
Observons encore qu’en publiant des croisades contre l’empereur Frédéric II & contre les princes ses fils, le pape Innocent IV y attachait de plus fortes Indulgences, d’avantages promises, qu’aux expéditions en Palestine. Le pape, disaient les seigneurs Francs, étend sa propre domination par des croisades contre les Chrétiens , & laisse notre souverain combattre & souffrir pour la foi. Le roi saint Louis était alors en Terre Sainte, à peine, par rançon, de par Joinville, prisonnier avec lui, collectée, délivré de sa pénible captivité. Sa mère, la reine Blanche, durant l’absence du roi son fils, par lui nommée régente du royaume, fit saisir les biens des recrues du pape qui s’étaient croisés contre le prince Conrad, fils de l’empereur d’Occident. “ Que le pae”, s’était-elle exclamée, entretienne ses vassaux qui sont à sa solde, comme à son service, & qu’ils partent pour ne plus revenir.”
cf Matth. ( Manuscrit de) Paris, pag. 723.

cf Velly : Hist. de France, tom. V ( in-12), pag. 102-103.

Voilà donc comme échoua en France la croisade Guelfe, malgré les instances des Frères Prêcheurs, & des Frères Mineurs, tous également zélés serviteurs du “saint”-siège papiste de Rome. Mais, depuis l’époque du grand Poète Dante, & l’avènement du pape Grégoire IX, devancier de cet Innocent IV, tant l’Italie que l’Allemagne n’avaient cessé d’être déchirées par les factions Guelfes & Gibeline, qui, de plus en plus, reprenaient leurs direction sprimitives, la seconde contre le pape, la première contre l’empereur, & tout spécialement contre l’impériale maison de Souabe.

Le pape Alexandre IV, qui succéda, au beau milieu de ce treizième Siècle, en 1254, à Innocent IV, continua de combattre Manfreddo, fils héritier de l’empereur Frédéric II d’Occident. Il le cita, l’Excommunia, le désigna pour victime d’une croisade à mener encontre lui, qui, cependant, ne s’exécuta point. Le pape ne réussit, tout au plus, qu’à extorquer du roi Henry III d’Angleterre le pont d’or de cinquante mille livres sterling. Le roi Henry ayant fait voeu d’aller péleriner en exterminateur croisé en Palestine, ce voeu fut simplement commué en une large contribution destinée à soutenir la guerre contre Manfreddo. Pour obtenir cette mine d’or de tant d’argent, le pape Alexandre promit au jeune prince Edmond, fils héritier du trône de Henry, dès avant son accession au trône d’Angleterre, & dans cet entretemps, la couronne de Naples. Ce qui n’empêchait point de suivre la négociation avec saint Louis IX, roi des Francs, dans le même temps qu’avec son frère Charles, comte d’Anjou. Ce pendant, le pape Alexandre IV se trouvait être trop peu favorisé par les circonstances, trop peu doué de qualités énergétiques, de celles d’un chef qui eût été doté de charismes spirituels, pour atteindre à de grands succès. C’était même à peine s’il se pouvait soutenir au centre de ses domaines pontificaux. De facto, une sédition des Romains l’obligea de se retirer à Viterbe, & son règne de sept années n’aboutit à nul résultat d’importance, sauf à vouloir regarder comme tel l’établissement de la prétendument “sainte” Inquisition en France. L’on est encore affligé de ne pouvoir taire que ledit saint Louis avait sollicité comme une faveur du pape une telle institution criminelle. Elle avait du reste pris, depuis le règne papal d’Innocent III, une fort grande consistance : C’est ainsi qu’au début du treizième Siècle, en 1229, un concile de Toulouse avait statué que les évêques-cardinaux députeraient dans chaque paroisse un prêtres & deux laïcs, afin de rechercher les dits Hérétiques, de les dénoncer aux prélats établis pour juger en les tribunaux tortionnaires de ladite sainte Inquisition, de les pourchasser, de les torturer, & de les transférer aux justices civiles expéditives des seigneurs féodaux chargés, sur ordres papalistes, aux pouvoirs absolus, délégués à ces deux “justices” hautement iniques, l’inquisitoriale & la seigneuriale, de les punir à Mort, salutairement, “ pour leur bien”, & celui de leur âme, autrement damnée. Le pape Grégoire IX, en 1233, avait investi les Dominicains, ou Frères Prêcheurs, de ces hautes fonctions inquisitoriales. L’église catholique Romaine était par ainsi décidément enrichie de cette puissance temporelle nouvelle, érigée en haute justice, en lieu & place du lit de justice royale, & ledit saint Louis, qui l’avait réclamée à cor & à cris, eut le malheur de n’en point songer à préserver ses pauvres sujets. Ce roi canonisé au titre de saint par l’église catholique Romaine a sans conteste de la sorte, en pareille manière obscurantiste de faire & régler sa vie pour sa Mort, payé deux énormes tributs à l’ignorance de son Siècle, les croisades & l’Inquisition. Peu s’en fallut même qu’il ne prît l’habit de Dominicain, & qu’il ne cessât d’être roi pour se faire Inquisiteur, fruste, tortionnaire, & obtus, les plus beaux succès de l’Inquisition ayant été, & devant être, comme l’on n’est pas sans savoir, le procès de Jeanne d’Arc, livrée par l’Inquisition aux Anglais, mais in fine, malgré tout, l’église s’en repentant fort, elle aussi, canonisée pour sainte, & déclarée seconde sainte patronne de la France, après la Vierge Marie Mère de Dieu, puis, par après, le procès non moins inquisitoire & la condamnation du génie de Galilée (1564-1642), en Italie, au XVI°-XVIIème Siècle, lequel, sommé de se rétracter quant à sa découverte astronomique révolutionnaire, confirmant la thèse de l’héliocentrisme, en remplacement de la thèse ptoléméenne & médiévale du géocentrisme, dont la rétractation exigée par l’Inquisition constituait une rétrocession en arrière relativement aux thèses coperniciennes, le chanoine astronome de Cracovie, en Pologne, Copernic, (1473- 1543) au XV°-XVIème Siècle, ayant déjà révolutionné l’Antique Ptolémée ( Ier-IIème Siècle ap. J.C.), & établi que ce n’était point la terre qui était au centre du système solaire, mais bien le soleil, autour duquel tourne la terre, Galilée, en sortant de la salle du procès, murmura, s’agissant de la terre : “ Et pourtant, elle tourne!”. (- De laquelle condamnation la papauté ne fit amende honorable que sous le pape Jean Paul II, à l’aube du vingt-et-unième Siècle, - les papes étant toujours plus que fort lents, & obscurantistement attardés à registrer & excuser les progrès de la science, & ceux sur-tout, & plus encore, de la Science Théologique-), &, parmi tant d’autres condamnations à la rétractation de leur dite Hérésie, ou à Mort de génies & de saints, & de brûlages vives de prétendues sorcières, en tous lieux de l’Europe entière, jusques en plein dix-neuvième Siècle même & encore, le procès, la condamnation, & l’Excommunication du saint maître spirituel Eckhart ( 1260-1328), Dominicain Thuringien, instructeur des saintes femmes & Béguines Flamandes de l’école théologique Rhénane Allemande &, par-delà la Rhénanie, de l’Europe du Nord, incluant la Belgique, la Suisse, la Hollande, etc...
cf Eckhart : O.C. ( Seuil),

maître Eckhart, assigné en justice papale & mis par l’Inquisition en un long & pénible procès de la plus haute iniquité, dont il Mourut prématurément, avant même qu’il eût pu en entendre prononcer sa condamnation comme Hérétique, au quatorzième Siècle, en 1329, par la cour inquisitoriale des papes doublement schismatiques d’Avignon, pour plusieurs de ses thèses inspirées de ses lectures du sublime Saint Denys l’Aréopagyte,
cf Saint Denys l’Aréopagyte. O.C. ( Trad. Maurice de Gandillac),

( à tort, abusément, & par dénigrement, qualifié de “pseudo-Denys”),
augmentées de sa lecture du livre du Miroir des Saintes Ames anéanties, miraculeusement réchappé des flammes du bûcher où ladite sainte Inquisition avait fait brûler au bûcher, en place de Grève à Paris, une semaine après les Templiers, qui, d’entre les flammes, maudirent les rois fainéants de France, sa sainte devancière & pieuse femme béguine, Marguerite Porète, (v1250-1310), “clergeresse très savante”,
cf Porète, Marguerite : Le Miroir des Simples (Saintes) Ames anéanties ( & qui

seulement demeurent en Vouloir & Désir d’Amour).

( Ed. Jérôme Millon),

cf M.Paulin ( de l’Académie Royale des Inscriptions & Belles-Lettres) :

Les grandes chroniques de France ( selon que elles sont en l’église de St-Denis

en France). ( En V Tomes). ( Ed. de 1837. Techener, Librairie. 12 place du

Louvre. p. 187-188).

Cf Lea, Henry Charles : Histoire de l’Inquisition au Moyen Age.

( Ed. de 1887). p. 123.

Cf Richir, Luc : Marguerite Porete, une âme au travail de l’Un.

( Ed. Ousia, Bruxelles, 2003).

CfBertho, Marie : Le Miroir des âmes simples & anéanties de Marguerite Porète.

Une vie blessée d’Amour. ( Ed; Nathan. 199).

Cf Internet : Wikipédia.org : Marguerite Porete.

où l’un des auteurs de la notice biographique de la sainte béguine brûlée vive est assez naïf pour se demander, en plein XXIème Siècle, si se pourrait réhabiliter (sic) par l’église catholique ( Hérétique & Schismatique) une sainte condamnée à Mort par l’Inquisition de l’institution papiste à toujours médiévale. Nous le laisserons, en espérant qu’il en saura trancher la question avant l’Eternité, à ses consternantes, affligeantes, & atterrantes interrogations inéclairées.
Au su & présu de quoi, l’on saisit mieux, en remontant le Temps, que la sainte moniale mystique du XIIème Siècle, Hildegarde de Bingen ( 1098-1179), dernière de dix enfants, entrée au couvent à huit ans, ayant pris le voile à quinze, devenue abbesse à 38 ans, & Morte à 81ans, inventrice d’un alphabet secret destiné à échapper aux Persécutions papistes contre les mystiques, aisément assimilées aux prétendues “sorcières”, brûlées vives durant tout le Moyen-Age, & jusqu’à la fin du dix-huitième Siècle, & parfois jusqu’au début du dix-neuvième Siècle même, comme il a été dit supra, elle aussi appartenant à la mouvance béguinale, & à ce même courant des béguines Flamandes ( des Flandres), qui compte encore Hadjewitch d’Anvers, en Hollande,
( s’orthographiant encore Hadewij, ou Hadewijch), poétesse mystique du XIIIème Siècle, qui écrit ses manuscrits médiévaux en Néerlandais moyen, mais cache son écriture, rendue très prudente par crainte de l’Inquisition, dont elle cite le cas d’une Béguine brûlée par les cardinaux papistes d’icelle institution, s’osant prétendre “ experts en théologie”, quoiqu’ils eussent leurs mains teintes d’un sang plus rouge que leur pourpre cardinalice, siégeant ès tribunaux de leurs crimes contre de saintes âmes :
cf Hadjewitch d’Anvers : Amour Est Tout. ( Poèmes strophiques).

( Ed. Téqui. 1984)

cf Poèmes des Béguines. ( Ed. du Seuil. 1954).

Cf Ecrits mystiques des Béguines. ( Ed. du Seuil. 1994).

Cf Hadjewitch : Les Lettres ( 1220-1240) :

( Hadjewitch ou) La perle de l’école ( mystique) Rhéno-Flamande.
( Ed. Sarment, 2002).

Cf Hadjewitch : Les Visions. ( Ed. Ad Solem. Genève. 2000).

Au nombre de ces Béguines, se comptent encore Béatrice de Nazareth, près de Lierre, en Brabant, à l’aube du treizième Siècle, (1200- 1268), laquelle eut trois autres soeurs moniales, & un frère moine :
cf Béatrice de Nazareth : Sept degrés d’Amour. ( Ed. Ad Solem. Genève. 1990),

Mechtilde de Magdebourg, ( v 1210- 1282), Béguine & moniale dominicaine, puis cistercienne,
cf Ancelet-Hustache : Mme J. : Mechtilde de Magdebourg, Paris. 1926. Thèse.

& l’Anglaise Julienne de Norwich, ( 1342- v. 1416), Recluse, du XIV°- XVème Siècle,
cf Julienne de Norwich : Le Livre des Révélations.

( Ed. du Cerf. Coll. Sagesses Chrétiennes),

ainsi que bien d’autres Dames Béguines & saintes âmes, connues ou inconnues, Herrade de Landsberg, Ide de Nivelles, Morte en 1232, Ide de Léau, Morte e, 1260, Heilwige ( ou Hedwige) Bloemart, Marie d’Oignies,
cf Vitry, Jacques de : Vita beatae Mariae Oigniacensis,

Lutgarde de Tongres ( 1182-1246), sus-citée,
cf Cantimpré, Thomas de : Vie de la pieuse Lutgardis,

Marguerite d’Ypres,
cf Cantimpré, Thomas de : Vie de Marguerite d’Ypres,

Christine la Magnifique,
cf Idem : Vie de Christine la Magnifique,

etc, etc... de ce mouvement mystique du Béguinage, inspiré par les Trésors Spirituels retrouvés des Saints Pères Grecs de l’Eglise Orthodoxe, dont Saint Denys l’Aréopagite, le Sublime, - l’on comprend mieux, au vu des Persécutions des Saints Chrétiens menés par les tribunaux de l’Inquisition papiste, qu’Hildegarde, donc, pour en revenir à elle, eût pu prophétiquement oser, par avance, & dès le douzième Siècle, d’entre les murs de son couvent clamer & écrire au pape que tout le système papal un beau jour s’écroulerait, ( comme sous le poids de sa seule systémique féodale & absurdité Hérétique-).
cf Hildegarde de Bingen : Le livre des Oeuvres Divines. (Ed. Albin Michel).

Cf Bingen, Hildegarde de (von) : Livre des visions. ( Ed. du Cerf).

Cf Borchert, Bruno (Docteur en théologie, professeur à l’université de Nimègue):

Les Mystiques. ( Traduit du néerlandaispar Charles Franken). ( Ed. Oxus).
( Cet auteur a le mérite de souligner le rôle important joué par les femmes en religion, & particulièrement par les abbesses, lesquelles, munies de la crosse épiscopale, avaient souvent fonctions, & parfois quasiment rang d’Evêques, tradition en deçà de laquelle l’Eglise a, une fois de plus, rétrogradé, rétrocédé en arrière, & retardé sur les précédents acquis médiévaux & ante) .
cf : Régnier-Bohler (dir). Collectif : Voix de femmes au Moyen-Age.

( Ed. Laffont. Coll. Bouquins. 2006).

Cf : Zum Brunn, Emilie ( de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes de Paris-Sorbonne, anc. Chercheuse au C.N.R.S) :

Femmes Troubadours de Dieu. ( Ed. Brepols, 1998).

Cf Gouguenheim, Sylvain : La Sibylle du Rhin : Hildegarde de Bingen, abbesse

& prophétesse Rhénane.

( Ed. Publications de la Sorbonne. 1996).

Cf Pernoud, Régine : Hildegarde de Bingen. ( Le Livre de Poche. 1996).


Le Texte de cette Prédiction de Sainte Hildegarde, annonçant à l’avance l’écroulement à venir de la systémique catholique papiste, au profit de l’Orthodoxie de l’Eglise Originelle Apostolique, se trouve cité in les notes de l’apparat critique du Père Jean Meyendorff, anc. Professeur à la Fordham University de New York, & au Saint Wladimir’s Orthodox Theological Seminary, d’Orestwood, New York à
cf (Saint) Grégoire Palamas : Défense des Saints Hésychastes. ( Ed. de Louvain).

& cf Site Internet : Orthodoxia-solidarnous.org.) ( Bibliographie ).


Ces saintes Femmes Béguines, dites Dames de Béguinage, étant encore, en ce vingt & unième Siècle, à l’aube du troisième Millénaire, trop peu connues, en raison tant de leur esprit de liberté qui fit d’elles des âmes rebelles, révoltées contre le féodalisme inquisitorial & la psycho-rigidité obscurantiste de l’institution papale, que du vide idéologique qui règne universellement de nos jours sur les âmes en proie à la Mortelle Déréliction Athée du Nihilisme idiot des niais qui croient pouvoir, & chacun à soi seul, expliquer positivement le Mystère de la vie & celui de l’inimitable beauté de l’Univers créé, nous nous permettrons de citer ici quelques pages du clair & simple exposé que l’auteur hollandais cité supra, le professeur d’Université Bruno Borchert leur consacre avec intérêt :
cf Borchert, Bruno : Les mystiques. ( 1989. Ed. Oxus). P. 165. sq. :

§ Une vision féminine du monde.

“ Il est remarquable que les femmes fussent sorties de l’ombre à partir du onzième Siècle. On les voit d’abord dans les abbayes de femmes. Bénédictines, & obéissant donc à la règle de Saint Benoît ( VIème Siècle),
cf Synaxaire de l’Eglise Orthodoxe : Vie de Saint Benoît de Nursie ,

elles étaient néanmoins indépendantes, & possédaient leurs Abbesses, autorisées à porter la crosse épiscopale. La plupart étaient très instruites, parfois mêmes dotées d’une tournure d’esprit originale, originales donc, telle Herrade de Landsberg, auteure d’un Jardin des Délices,
cf Landsberg, Harrade de : Hortus deliciarum,

ne comprenant pas moins de cent miniatures enluminées.
Dans cette société de Femmes, la palme revient à Hildegarde, Abbesse de Bingen, en Allemagne. Elle a écrit plus de trois cents lettres ( au pape, à l’empereur, & à d’autres grands de la terre), & une quinzaine de livres. Prédicatrice, elle a prêché dans les cathédrales de Cologne & de Mayence, composé des Poèmes, & environ quatre-vingts oeuvres musicales. Elle a inventé une langue forgée à partir de caractères secrets, & à usage interne ( - sans doute par crainte de l’Inquisition papiste-), & dessiné elle-même les plans de son couvent. Elle a dirigé un centre de production de manuscrits de copistes, doublé d’un atelier d’enluminures, où elle participait à la confection de ces images enluminées que constituent les miniatures d’artistes illuministes. Curieuse de tout, Hildegarde décrit ses découvertes avec minutie....” ( Herborisant, avant Jean-Jacques, elle constitua un savant manuel d’herboristerie).Hildegarde eut une longue vie mouvementée. L’intérêt que l’on porte à cette femme d’exception tient surtout à ses visions ( qu’elle consigne en son Livre des Visions)...Ce qui est remarquable dans l’image du monde ( Imago Mundi) présentée par Hildegarde, c’est le rôle déterminant de l’Amour” Divino-Humain ( de Christ-Dieu & des Saints)... Il faut noter aussi que, pour elle, le Mal, ( tout au contraire de l’hérésie des Manichéens),
cf Runciman, Steven : Le Manichéisme médiéval,

n’influence pas la formation du monde, ( & que Dieu n’est nullement responsable du Mal opéré par Satan)....Ce n’est pas le péché, mais l’Amour, (qui est le plus Agissant dans le monde créé. Le péché n’intervient que ( de par la liberté devenue mauvaise de l’homme lorsqu’il se laisse encliner à suivre la Destructivité du Diable).
§ Les Béguines :

Au cours du onzième Siècle, de plus en plus de Femmes s’étaient jointes aux Prédicateurs amis des Pauvres & de leur Pauvreté. Elles les accompagnaient dans leurs déplacements, prêchaient, jouissaient d’un grand crédit, (& leur féminité même était respectée de tous). Elles refusaient de se claquemurer dans des couvents. L’Institution de l’église catholique Romaine, - comme (le prédicateur de croisades & sanguinaire meurtrier dit) saint Bernard en partagera ultérieurement l’avis psycho-rigide -, voyait cette indépendance d’esprit d’un très mauvais oeil, considérant que les femmes se devaient de s’enfermer & se cloîtrer, recluses dans des couvents de Religieuses. Mais ces Femmes, qui accompagnaient de saints Hommes dans leurs déplacements (pérégrins de pèlerins à pied subvenant aux besoins, & se portant au bon secours des Pauvres de Dieu), reprirent ( à leur compte, comme intercédant & plaidant en leur faveur) l’argument (Inspiré) de Saint Paul :
cf Paul, I Corinthiens, IX, 5 :

“ Comme les autres Apôtres, & les Frères du Seigneur, & Céphas, n’aurions-nous pas le Droit ( Divin, de Christ-Dieu Octroyé) de nous faire accompagner d’une Femme dans nos pérégrinations?”
Certaines femmes se soumirent aux exigences de l’église catholique Romaine, mais refusèrent (toutefois)...d’entrer chez les bénédictines. Elles construisirent alors des couvents à proximité des abbayes cisterciennes, ce qui donna souvent naissance à des “monastères doubles”, où Hommes & Femmes vivaient séparément, tout en obéissant à une autorité unique, parfois celle d’une Abbesse, comme ce fut le cas à l’Abbaye de Fontevrault...A la fin du treizième Siècle, les cisterciennes étaient cependant deux fois plus nombreuses que les cisterciens.
Toutefois, bien des Femmes allèrent plus loin dans leur refus de toute soumission aux hommes. Excluant tout lien avec les ordres masculins, elles exigèrent le droit de vivre dans l’isolat d’une maisonnette accolée à l’église, seules avec Dieu, en Anachorètes, Ermites, ou en Recluses, “emmurées”, selon que le dit une expression de l’époque. Ainsi, pour exemple, de parmi tant d’autres, de la Recluse sus-citée, Julienne de Norwich. Ces saintes Femmes s’installèrent donc, en nombre, autour des hôpitaux, des lazarets pour Pestiférés, & des Monastères. Plus tard desdits “ béguinages” se constituèrent, pour en rassembler en communauté plusieurs d’entre elles, à partir de leurs cabanons-maisonnettes. Comme beaucoup de Béguines refusaient de se fixer à un lieu déterminé, elles rejoignirent les Hommes Religieux itinérants des Ordres Mendiants. Encapuchonnées, ou embéguinées d’un voile seyant à leur pudique vertu, & revêtues, comme eux, de la bure, ou robe de bure monacale, vivant, à leur imitation de Frères des Pauvres, dans la Pauvreté, le Dénuement, & le Renoncement aux biens & richesses matérielles de ce monde éphémère, elles mendiaient, prêchaient, & chantaient dans les églises, composant également des Poèmes d’allure mystique, & des Ecrits Spirituels, où elles livraient leur Expérience Spirituelle. En réalité, ces Hommes & ces Femmes partageaient la contre-culture de l’époque, en compagnie de vagabonds, ainsi qu’avec les marginaux les plus divers. Il n’était pas rare, non plus, que ces Femmes fussent brûlées vives, si elles tenaient tête au clergé, ( & ce, sous prétexte d’Hérésies imaginaires par les Inquisiteurs, lesquels se prétendaient, nous l’avons vu, “experts ès théologie”(sic))....Toutefois, au cours du treizième Siècle, la cour pontificale de Rome assura une meilleure protection à ces Femmes, surtout après la nomination comme cardinal de la curie Romaine, Jacques de Vitry ( 1170-1240), lequel, ayant parcouru toute l’Europe, avait rencontré ces formes désinstitutionnalisées du sentiment religieux. En 1216, ce cardinal-évêque, biographe de certaines de ces saintes Femmes, assura aux Béguines une protection légale, & une organisation affranchie de règles monastiques stipulées, lesquelles pouvaient, à leurs yeux de Femmes Libres En Esprit, recéler des formes pharisaïques de psycho-rigidité orgueilleuse. Ses efforts de libéralisation du carcan vaticanesque contribuèrent à l’essor fulgurant de la mouvance spirituelle des Béguines. On estime qu’en 1250, au milieu du treizième Siècle, elles étaient 1200 à Liège, en Belgique, 1500 à Malines, & 5000 à Paris...”


Enfin, pour en revenir aux prétendues Hérésies de maître Eckhart inspirèrent néanmoins d’aussi célèbres mystiques catholiques que ses héritiers spirituels de sa dite “mystique Rhénane”, successeurs, & continuateurs, par le truchement de maître Eckhart formés aux sources Hésychastes de la Patristique des Saints Pères Grecs, tels que Tauler,( 1300-1361), qui fut son disciple strasbourgeois & élève, surnommé “ le docte(ur) illuminé” :
cf Tauler; Jean : Sermons. ( Ed. du Cerf),

Suso, (v. 1295-1366), de l’ordre des Frères Prêcheurs, l’un des trois grands disciples de l’école dominicaine du XIV° Siècle, pour avoir, de fait, répandu, avec Tauler, la “mystique Rhénane” de maître Eckhart,
cf Suso, Henri de : O.C. ( Ed. du Seuil ),

cf Encyclopédie Universalis : Maurice de Gandillac. Article “Suso”.

cf Cioran, Emile : Le crépuscule des pensées.( Garnier-Flammarion,Poche,2001).

cf Certeau, Michel de : La fable mystique. ( XVIème-XVIIème Siècles).
( Ed. Gall. Coll. Tel, 1987),

cf Etudes de Michel de Certeau, de Paul Ricoeur, & de Jacques Lacan, sur Suso.

(Etant consternant que de certains prêtres ussent sombrés dans la psychanalyse, les études psychanalytiques, surtout, & a fortiori plus inadéquates, en matière de religion, ne sont ici mentionnées que pour simple & seule information, d’autant que fort sujettes à caution, & comme n’étant à consulter qu’avec une extrême modération prudente & transcendantalement avisée).
Cf Collectif : Le Livre Noir de la psychanalyse.

( où tout ou presque est vrai, hélas!).
cf Philosophies médiévales. ( Ed. du Cerf).

cf Gilson, Etienne : La philosophie médiévale.

(- lequel Suso fut à l’époque de l’Inquisition interné à vie en Asile psychiatrique au titre de fou, tout comme le sont aujourd’hui les Chrétiens Orthodoxes Résistants, inculpés de la “pathologie” prétendue d’un putatif “délire mystique”, dont nous sommes, hélas!, pour la plus grand honte de l’Occident Athée -),
tels encore que Ruysbroeck, ( 1292-1381), dit “ l’admirable”, autre maître spirituel rhéno-flamand, originaire du village de Ruysbroeck, près Bruxelles, où il fut chapelain de la chapelle Sainte-Gudule, & Mourut nonagénaire :
cf Ruysbroeck, Jean de (von) : Ecrits. T. I & II. ( Ed. de Bellefontaine).
Dont : Les Sept Degrés de l'Amour.
cf Libeira, Alain de, ( Prof. aux Hautes Etudes de Paris-Sorbonne) :

Eckhart, Suso, Tauler, ou la Divinisation de l’Homme.

(Ed. Bayard Editions. Coll. L’aventure intérieure).(1996).

- lequel Ruysbroeck l’admirable, Théologien Poète, à son tour inspira le grand Poète Belge de langue Française du XIXème Siècle finissant, Maeterlinck-,
cf Maeterlinck, Maurice : O.C, dont : Ruysbroeck l’admirable,

L’Ornement des Noces Spirituelles,

& dont un recueil de : Poèmes, chez Poésie-Gallimard),

cf Maeterlinck, Maurice : La mystique en Flandre. ( Art. in la Revue

encyclopédique de Paris, juillet 1897, n° spécial sur la Belgique),


& l’auteur, né à Kempis, - comme son nom l’indique, éponyme, ainsi que bien souvent à l’époque médiévale, de son lieu de naissance - &, par là, également originaire de Cologne, en Allemagne, compatriote, donc de maître Eckhart, Thomas A-Kempis ( 1380-1471), qui fut le célèbre auteur de “l’Imitation de Jésus Christ”, dont furent tirés des Opuscules , entre lesquels ceux de la Vallée des Lys, le Christ étant le premier Lys dans la Vallée, qui fût, dès bien avant Balzac, répertorié, connu & annoncé du Psalmiste, & les traités de la Vraie Contrition du Coeur, compilée des Saints Hésychastes de l’Eglise Orthodoxe d’Orient, &
De la vraie Sagesse, qui fut long Temps lu dans l’entière Europe, pour livre de chevet des pieuses âmes de la chrétienté médiévale & contemporainement post-médiévale occidentale.
Cf A-Kempis, Thomas : De la vraie Sagesse, ( Ed. de 1805, A Paris,

chez la Veuve Nyon, Libraire, ( à l’enseigne de la ) rue du Jardinet, n°2.

Enfin, d'autres mystiques occidentaux ont été influencés par le Grand Saint Orthodoxe Saint Denys l'Aréopagyte, par ce même canal de la mystique rhénano-flamande, & le truchement, en dernière instance, après maître Eckhart, de Ruysbroeck, entre lesquels, pour exemple, le Franciscain Henri Herp, au XVème Siècle :
cf Herp, Henri : Trois Conférences Spirituelles.
( Ed. Claude Martingay, Libraire-Editeur à Genève).

Nous remarquons ces menus détails, pour ce qu’ils sont tous des consécutions subséquentes à l’ascendant temporel des papes sur les âmes naïves & totalement incultes, (- la politique papale ayant toujours consisté à faire abus de la crédulité du Peuple -), & constituant des effets de l’étendue illimitée que leur royauté temporelle conférait à leur autorité ecclésiastique, de ce fait d’autant étayée de ce que le fondement de leur pouvoir sur les royaumes, les biens temporels, les esprits, & les âmes, reposât, entièrement quasi, sur la conjuration des phénomènes coalisés de la force violente de l’imposition du césaro-papisme, de la rage de la Censure vaticano-politico-juridico-civile, & de l’arriération mentale générée par l’ inculture sciemment entretenue des masses illettrées, dépourvues de toute notion de culture classique, &, a fortiori, de tous rudiments, fussent-ils les moins subtils, de la Science Théologique, esprit d’ignorance totale, aggravée de par la politique de falsification des faits historiques eux-mêmes, volontairement tus, passés sous silence, & occultés, défense étant faite d’en rien dire, & a fortiori, d’en rien écrire, pour Mémoire, & pour l’Eternité, sur peine de sa vie éphémère, & de par verrouillage systématique, & systémique, des Textes du Corpus Sacré de la Sainte Tradition Orthodoxe des Pères Grecs, dans le dessein d’étendre les ravages opérés sur les âmes crédules au prorata de la propagande insidieusement ou ouvertement Hérétique du boniment papiste ad perpetuum.

Toutefois, le pape Alexandre Iv fut un zélé protecteur des Moines, &, sur-tout des Moines Mendiants, ce qui est dire appartenant aux, Egasse du Boulay, Ordres Mendiants, lesquels allaient mendier pour assurer la subsistance des Pauvres qu’ils allaient partout secourir. Néanmoins, cette prédilection le rendit injuste envers les doctes ecclésiastiques des universités.
Il fut donc l’ennemi déclaré de la Sorbonne de Paris, fondée au Moyen-Age finissant par l’humaniste Sorbon, & de ses Sorbonnicholes, ainsi que les dénomma François Rabelais, lui-même docte, mais défroqué, ayant quitté son froc - soutane- de moine, pour ce que dégoûté des abus du papisme, comme il le montre assez au long, s’en gaussant, par dérision savante, de ses cinq livres de gorges chaudes éversées, pour les démystifier, sur ces abus, vécus de près, & de l’intérieur du milieu des clercs, sur ces abus, donc, du pouvoir temporel a-théologique des papes. L’historien de cette université, Egasse du Boulay,
cf Boulay, Egasse du : Hist. univ. Paris. Tom. III, pag. 355,

nous asserte que la Mort de ce pontife de Rome rendit enfin la paix aux Muses Parisiennes.

Ce fut un Français, - ce qui n’est point la coutume parmi les papes -, qui, devenu pape sous le nom d’Urbain IV, avança le plus les négociations avec le comte d’Anjou, frère de saint Louis. Impatient d’exterminer enfin Manfreddo, le seul prince héritier survivant, - quoique & pour ce que parricide & fratricide-, de l’empereur Frédéric d’Occident, Urbain voyait trop que les publications de croisades, les indulgences, l’équipement des troupes armées pontificales, toutes les armes spirituelles & temporelles du saint-siège papal de Rome, resteraient impuissantes sans le concours actif d’un prince intéressé, par l’appât d’une couronne, à consommer la ruine de la maison de Souabe. Des émeutes populaires rendaient le séjour de Rome peu facile au souverain pontife. Urbain s’était retiré à Orvietto, d’où quelques mutineries encore l’avaient renvoyé à Pérouse. Il était donc urgent de conclure avec Charles d’Anjou, frère du roi saint Louis IX de France, quoique ce prince eût semblé se détacher du pape en acceptant la dignité de sénateur de Rome ; & le traité allait être signé, quand le pape Urbain IV Mourut : Ce fut donc à son successeur, le pape Clément IV, qu’il revint d’achever son entreprise.

Incompatibilité de la couronne Sicilienne avec la couronne impériale, comme avec la domination sur la Lombardie ou sur la Toscane, cession de Bénévent & de son territoire au saint-siège papal de Rome, tributs & subsides annuels à l’église catholique Romaine, reconnaissance des immunités du clergé des deux-Siciles, hérédité de ce royaume réservée aux seuls descendants de Charles ; à leur défaut, faculté rendue au pape de leur choisir des
successeurs : Telles sont les principales conditions du traité qui appela Charles d’Anjou, frère de saint Louis, à régner sur les Napolitains. Il en eût souscrit de plus humiliantes encore. Il promettait d’abdiquer, avant trois ans, le titre de sénateur de Rome, d’y renoncer même plus tôt, s’il achevait avant ce terme la conquête du royaume qu’on daignait de lui accorder, & de ne rien négliger pour disposer les Romains à remettre cette dignité à la disposition du souverain pontife : Il se soumettait à l’interdit mis sur le royaume, à l’Excommunication, & à la déposition, s’il venait à enfreindre ses engagements : Il prononçait enfin un serment conçu en ces termes : “ Moi, faisant vasselage plein & lige à l’église catholique, pour le royaume de Sicile & pour toute la terre qui est en deçà du Phare jusqu’aux frontières de l’Etat ecclésiastique, je serai fidèle & obéissant au siège de saint Pierre de Rome, au pape mon suzerain, & à ses successeurs canoniquement élus. Je les défendrai de tout mon povoir, je ne formerai aucune alliance contraire à leurs intérêts. & si par ignorance, j’avais le malheur d’en former quelqu’une, j’y renoncerai au premier ordre qu’ils voudront me signifier.”
Cf Velly : hist. de France. Tom. V, pag. 326-345.

C’est pour obtenir une couronne si précaire, c’est pour usurper un trône si dégradé, que Charles d’Anjou, frère du roi de France, saint Louis IX, entre en Italie, ranime par sa présence la faction Guelfe, & la met aux prises, depuis les Alpes jusqu’à l’Etna, avec la fonction Gibeline. Celle-ci se rallie plus que jamais à Manfreddo, qui, après quelques succès, succombe & périt à la bataille de Bénévent. Le jeune Conradin, jusqu’alors éclipsé par Manfreddo, & retenu par sa mère en Allemagne, se présente enfin : Partout les Gibelins l’accueillent & le soutiennent énergiquement contre les armes de Charles, & contre les anathèmes du pape Clément IV. Mais, vaincu dans la plaine de Tagliacozzo, il tombe entre les mains de son rival. Charles est assez peu généreux pour livrer à des juges corrompus un ennemi désarmé : La défiance & la vengeance empruntent des formes juridiques. Conradin, à l’âge de dix-huit ans, est décapité, à Naples, le 26 octobre 1268. & les plus fidèles défenseurs de ses incontestables droits partagent sa destinée. Dans l’entière Italie, les Gibelins sont proscrits. Des flots de sang arrosent les degrés du trône subalterne où Charles va s’asseoir sous les pieds d’un pontife. Quelques écrivains assurent que le pape Clément IV improuva toutefois, & désapprouva quelque peu l’assassinat du jeune prince. D’autres, au contraire, l’accusent au contraire de l’avoir conseillé, d’avoir dit que le salut de Conradin serait la ruine de Charles, que la garantie de Charles exigeait la Mort de Conradin. Quoi qu’il en fût, c’était surtout le saint siège papal de Rome qui triomphait par l’extinction de la maison de Souabe.
“Rien, (du reste), ne prouve mieux”, dit un auteur moderne,
cf Millot : Eléments d’ Histoire générale. Histoire moderne.

Tome II. pag. 184-185,

“l’influence de la superstition papale que le nombre des croisades qui furent, en ce même temps, prêchées par ordre de la papauté, - ici par le truchement du pape Clément IV : Croisade en Espagne contre les Maures qu’il voulait exterminer; croisade en Hongrie, en Bohême, & ailleurs, contre les Tartares, dont on craignait les invasions ; croisade en faveur des chevaliers Teutoniques, contre les païens de Livonie, de Prusse, & de Courlande, sur lesquels ces Teutons voulaient régner ; croisade en Angleterre contre les barons que Henry III ne pouvait soumettre ; croisade en France & en Italie, pour enlever à la maison de Souabe le royaume de Naples & de Sicile ; croisade partout pour la conquête de la Terre-Sainte. Les croisades étaient en sus souvent opposées : On déliait du voeu de l’une, quand on voulait presser l’exécution de l’autre . Les Indulgences se répandaient au gré du bon plaisir du pape . Les frais de la guerre, & de tant d’incessantes guerres, épuisaient les royaumes. & des bulles papales mettaient en feu toute l’entière Europe”.
Lors, plein, dès là, du sentiment de sa puissance, le pape Clément IV décréta que tous les bénéfices ecclésiastiques seraient désormais à la disposition du pape ; qu’il les pouvait conférer vacans ou non vacans, en les donnant, dans ce dernier cas, par survivance, ou, comme l’on disait, en expectative. Tant d’audace étonna saint Louis, & l’indignation qu’il en conçut lui dicta, pour contredire aux ambitions avides du pape, une ordonnance, connue sous le nom de “pragmatique sanction”, & dont voici le sommaire :
“ Les prélats, patrons, & collecteurs des bénéfices ecclésiastiques, jouiront pleinement de leurs droits.
Les cathédrales, & autres églises du royaume feront librement leurs élections.
Le crime de simonie (corruption) sera banni de tout le royaume.
Les promotions & les collations seront faites selon le droit commun & les décrets des conciles.
Les exactions intolérables par lesquelles la cour papale de Rome a misérablement appauvri le royaume de France, cesseront d’avoir lieu, si e n’est pour d’urgentes nécessités, & du consentement du roi & de l’église Gallicane.
Les libertés, franchises, immunités, droits & privilèges accordés par les rois aux églises & aux monastères, sont confirmés.”
Cet acte de “pragmatique sanction” est si important, & fait tant d’honneur à saint Louis IX de France, que le jésuite Griffet en a contesté l’authenticité.
cf Père Daniel : hist. de France. Tom. IV, pag. 553. Note.

Mais l’on pourrait en retour opposer à Griffet l’autorité de ses confrères Labbe & Cossart,
cf Concilior. Tom. XI,

ainsi que celle de Bouchel, du Tillet, Fontanon, Pinson, Girard, Laurière, Egasse du Boulay; celle, enfin, de tous les jurisconsultes, historiens, théologiens même, qui ont eu occasion de parler de la fameuse pragmatique ( sanction) de saint Louis. Mais nous la voyons citée, en 1491, par l’Université de Paris; en 1483, dans les états tenus à Tours; en 1461, par le parlement ;
cf Preuves des libertés de l’église Gallicane. Tom. I, p. II, pag. 28, 50, 55, 76 ;

p. III, pag. 41.

Cf Réal : Science du gouvernement. Tom. VII, pag. 72,

en 1440, par Jean Juvenel des Ursins, qui, en s’adressant à Charles VII, à l’occasion de la pragmatique nouvelle publiée par ce roi, s’exprime en ces termes: “ Vous n’êtes pas le premier qui ait fait telles choses : si fit saint Louis, qui est saint & canonisé, & faut dire qu’il fit très bien ; votre père & autres l’ont approuvé.” Il n’y a donc aucun moyen de douter que le plus pieux des rois de France qui fut oncques n’ait été l’un des plus zélés défenseurs des libertés Gallicanes, contre la papauté. & cette glorieuse Résistance qu’il opposait en 1268 au pape Clément IV, expie le malheureux consentement qu’il venait de donner au traité conclu entre ce pape & le comte Charles d’Anjou, frère du roi de France.

Trente mois s’écoulèrent depuis la Mort du pape Clément IV jusqu’à l’élection de son successeur le pape Grégoire X. Charles d’Anjou, frère de saint Louis IX de France, profita de cet interrègne pour acquérir une grande puissance en Italie. Il aspirait, au vrai, à la gouverner toute entière. Le pape Grégoire X, qui s’en avisa, s’efforça d’y opposer quatre obstacles, constituant les divers mediums de sa politique de diversion : Une croisade nouvelle, la réconciliation tentée, mais inaboutie, & impossible en l’espèce, avec l’Eglise Orthodoxe d’Orient, le rétablissement de l’empire d’Occident, & l’extinction des factions Guelfe & Gibeline. Depuis la Mort du jeune prince Conradin, la discorde des Gibelins & des Guelfes était presque sans objet : Elle durait davantage par l’habitude & du fait d’animosités personnelles, plutôt que par l’opposition des intérêts politiques. Les Guelfes, plus puissants de jour en jour, allaient rétablir l’indépendance des villes Italiennes, & peut-être les réunir sous un chef qui ne serait point le pape. Pour prévenir ce danger, & pour contenir Charles d’Anjou, frère de saint Louis, le pape Grégoire X confirma l’élection d’un nouvel empereur Allemand : Ce fut Rodolphe de Habsbourg ( tige & surgeon de la maison d’Autriche). Ce Rodolphe, à son tour, renonça, en faveur de l’église Romaine, à l’héritage de la princesse Mathilde, mais n’en fut pas moins Excommunié pour avoir soutenu ses droits souverains sur des villes d’Italie, & pour avoir négligé de se croiser. Car, de vrai, l’on se lassait enfin de ces expéditions à la Terre-Sainte de la Palestine, où les Chrétiens, chassés des moindres bourgades, ne conservaient presque plus un seul asile sauf. L’Eglise Orthodoxe, dite Grecque, réconciliée d’apparence avec la papauté, au second pseudo-concile de Lyon, ne le fut pas pour bien longtemps, en raison de la résistance acharnée des Saints Défenseurs & Confesseurs de la Foy Orthodoxe.
Cf ( Sir) Runciman, Steven : The last Byzantine Renaissance.

(Opus & pages citées supra). ( Ed. Cambridge University Press).


Le résultat le plus net du pontificat du pape Grégoire X se limita donc, in fine, à l’acquisition du comtat Venaissin, où pourtant le roi de France, lequel était alors Philippe-le-Hardi, se réservait la ville d’Avignon.

Lui succéda, pour le bref temps d’un règne éphémère, le pape Nicolas III. Ce Nicolas III annula le serment prêté à l’empereur par les villes de la Romagne. Il obligea Charles d’Anjou, frère de saint Louis, de renoncer au vicariat de l’empire & à la dignité de sénateur de Rome. Il excita même le roi Pierre d’Aragon, à recouvrir le royaume de Sicile, lequel appartenait, par droit d’héritage, à sa femme Constance. Sur quoi il faut observer que Charles d’Anjou, frère du roi Louis de France, avait refusé de marier une de ses petites-filles à un neveu du pape Nicolas, & que ce pontife, issu de la maison des Ursins, s’était mis en tête de partager entre ses neveux les couronnes de Sicile, de Toscan, & de Lombardie. Néanmoins, ces projets ambitieux ne réussirent point.

Après le pape Nicolas III, s’ensuivit le pape Martin IV. Ce Martin IV, élu sous influence de Charles d’Anjou, frère de saint Louis, jeta aussitôt un interdit sur la ville de Viterbe, Excommunia sans tarder les Forlivois, en confisquant ce qu’ils possédaient à Rome, Excommunia Pierre III, roi d’Aragon, & alla même jusqu’à Excommunier Michel Paléologue, empereur Byzantin de Constantinople, lequel n’avait que faire des Excommunications papales, l’église catholique Romaine étant devenue Schismatique & Hérétique depuis le Grand Schisme de 1054.
Cf ( Sir) Runciman, Steven : Le Schisme d’Orient.

( La papauté & les Eglises ( Orthodoxes) d’Orient. XIè-XIIè Siècles.

( Trad. Fçse pour l’Ed. Les Belles-Lettres. 2005).


Une ligue des Vénitiens, de Charles d’Anjou, frère du roi saint Louis IX de France, & du pape, contre les Grecs Byzantins, eut peu de succès. Une autre croisade fut alors entreprise contre le roi Pierre d’Aragon, qui battit les croisés. L’on imputait à ce prince d’Aragon, non sans quelque apparence (de vérité), lesdites “Vêpres Siciliennes”, horrible massacre, dont les Francs furent les victimes en l’année 1282 de ce treizième Siècle finissant, & qu’eussent prévenu, par une conduite plus sage, le pape Martin IV & Charles d’Anjou.
Cf ( Sir) Runciman, Steven : The Sicilian Vespers. ( Les Vêpres Siciliennes).

( A History of the Mediterranean world in the later thirteenth Century).

( Ed. Cambridge University Press, 1992).

( Trad. Fçse. pour l’Ed. Les Belles-Lettres. 2008).

Voici, brièvement résumé, en quoi consista l’épisode dit des “ Vêpres Siciliennes”, considéré comme un moment-clef de l’Histoire Européenne : Le 30 mars 1282, les cloches des églises catholiques Romaines de Sicile appellent les fidèles aux vêpres du Vendredi Saint de la grande semaine sainte pascale. Mais, à ce signal donné, la foule des habitants de l’île Italienne se rue sur les troupes Franques de Charles d’Anjou, qui les y avait envoyées dans le dessein de militairement inspecter & surveiller l’île. En l’espace de quelques minutes à peine, tous les Francs sont tués, exterminés. La révolte se répand lors comme traînée de poudre dans l’entière Italie.
Ces pâques sanglantes inspirèrent, par ailleurs, un opéra à Verdi, compositeur Italien du dix-neuvième Siècle.

Après le pape Martin IV, fut élu pour son successeur le pape Célestin V. Mais à peine ce pape Célestin V fut-il dans la chaire papale, que le cardinal Benoît Cajétan fit pression sur lui pour qu’il abdiqua la papauté; Ce qu’il fit, par crainte pour sa vie. Ce cardinal lui ayant aussitôt succédé, il fit sur-le-champ emprisonner son devancier de pape. Dès lors, sous le nom de Boniface VIII, ce nouveau pape, doublement usurpateur, la papauté étant usurpée depuis le Grand Schisme de 1054, ce Boniface, de 1294 jusques en 1303, soit du treizième Siècle déclinant à l’aube du quatorzième Siècle, déshonora la chaire de Saint Pierre. Il Excommunia la famille des Colonna, confisqua leurs propriétés, prêcha contre eux une croisade. Ils étaient Gibelins; ce dont Boniface VIII, quoiqu’il eût lui-même appartenu à cette faction, l’en détestait davantage. Ce pape annonce, en propres termes, que le pontife Romain, établi, prétendait-il, par la Providence sur les rois & sur les royaumes, tient, quant à lui, le premier rang sur la terre, dissipe tous les maux par ses regards sublimes,&, du haut de son trône, juge tranquillement les humains. “ Vous savez”, écrit-il en substance au roi Edouard Ier d’Ecosse, “ que l’Ecosse appartient de plein droit au saint-siège”. En sus de quoi, il traite d’usurpateur Albert d’Autriche, élu empereur en 1298, le somme de comparaître à Rome, & dispense les sujets du prince de leurs obligations. Mais il menace surtout le roi de France, Philippe IV, dit le Bel.
cf Bossuet : Def. Cler. Gallic. l. III, c. 23, 24, 25.

Par la bulle papale “ Clericis laïcos”, le pape Boniface VIII avait défendu, sous peine d’Excommunication, à tout membre du clergé régulier ( des moines) & séculier ( des prêtres) de payer, sans la permission du pape, aucune taxe aux souverains, fût-ce sous le titre de don gratuit. Le roi Philippe-le-Bel répondit à cette bulle en défendant de transporter aucune somme d’argent hors du royaume, sans une permission signée de sa main. Cette mesure parut tout d’abord intimider le pontife, qui, interprétant sa bulle, autorisa, dans le cas d’une nécessité pressante, les contributions du clergé. Mais, bientôt après, un légat du pape vient jusqu’en le royaume de France braver le roi Philippe, le sommer de changer de conduite, s’il ne veut exposer son royaume à un interdit général. Ce prêtre séditieux & légat papal est arrêté. Sa détention annoncée à Rome met le pape en fureur. “ Dieu”, prétend-il, “ m’a établi sur les empires, pour arracher, détruire, perdre, dissiper, édifier, & planter.” C’est du moins ainsi qu’ose s’exprimer le pape Boniface VIII dans l’une de ses bulles papales contre le roi Philippe IV- le- Bel. Celle d’entre ces bulles qui est connue sous le nom d’Unam sanctam, contient ces paroles : “ Le glaive temporel doit être employé, par les rois & les guerriers, pour l’église catholique Romaine, suivant l’ordre & la permission du pape ; la puissance temporelle est soumise à la spirituelle, qui l’institue & la juge, & que Dieu seul peut juger : Résister à la puissance spirituelle ( prétendue, de la papauté,) est donc résister à Dieu, à moins qu’on n’admette les deux principes ( du Bien & du Mal) des Manichéens.” Un archidiacre, porteur de ces bulles, enjoint au roi de reconnaître que c’est du pape qu’il tient la souveraineté temporelle. Enfin, le pape Boniface VIII Excommunie le roi Philippe-le-Bel. Il ordonne au confesseur de ce monarque de venir rendre compte à Rome de la conduite de son pénitent. Il destine la couronne de France à ce même empereur Albert qu’il avait naguère traité en criminel, mais qui reconnaît maintenant par écrit que le siège apostolique papal de Rome a (prétendument) transféré l’empire Romain des Grecs Orthodoxes de Byzance aux Allemands, dans la personne de Charlemagne, empereur carolingien d’Occident ; que certains princes ecclésiastiques & séculiers tiennent du pape le droit d’élire le roi des Romains destiné à l’empire d’Occident ; & que c’est le pape qui accorde aux rois & aux empereurs la puissance du glaive.” L’on doit des éloges à la fermeté victorieuse que le roi Philippe-le-Bel sut opposer à ces extravagances & outrecuidantes prétentions papistes. Les communes & la noblesse de France, du reste, secondèrent le roi en sa démarche d’ opposition à la papauté
temporelle ; le clergé, quant à lui, & quoi qu’il fût imbu, déjà, de maximes ultramontaines papistes, fut néanmoins entraîné par l’ascendant des deux autres ordres. Mais les prélats cardinaux, eux, n’adhérèrent à la cause du roi que sauf la foi due au pape, & trente-quatre d’entre eux se rendirent à Rome en outrepassant la volonté du roi Philippe IV.
Une lettre de ce prince & roi Philippe le Bel à Boniface VIII, pape, commence, insolemment, par ces mots : “ Philippe, par la grâce de Dieu, roi des Français, à Boniface, prétendu pape, peu, ou point de salut. Que votre fatuité sache, etc...” Ces expressions injurieuses presque, trop peu dignes, semble-t-il, de la royale majesté de celui qui en faisait l’usage, auraient fort mal réussi, adressées à un pape qui les eût un peu moins méritées que celui-ci. Mais les prétentions mégalomaniaques du pape Boniface tenaient réellemnt du délire, & ce pape était complètement dénué de l’habileté politique nécessaire à les voir triompher. Trois hommes, dans le cours du XIIIème Siècle, ont ralenti les progrès menaçants de la puissance pontificale : Le pape Boniface VIII, en la déshonorant par de vains excès impuissants à triompher ; le roi Philippe IV le Bel, en proclamant ce discrédit par des outrages impunis ; mais, sur-tout, saint Louis IX, dont la Résistance au pape, tout autant édifiante que le reste de ses autres bonnes oeuvres, avait pris, contre l’orgueil mondainement temporel des papes, le caractère & l’autorité de la Religion Authentique, celle de Jésus-Christ, qui naquit, Roi du Monde, du Ciel & de la Terre, dans la mangeoire d’une étable où il crécha Sans-Abri autre qu’icelui. De quelle Résistance & opposition du saint roi à la papauté, les papes Grégoire VII & Boniface VIII eussent immanquablement Excommunié ce saint Louis IX. Les anathèmes du premier eussent été redoutables, & ceux du second n’eussent nui qu’à la cour papale de Rome.
Le pape Boniface VIII fit rédiger un code ecclésiastique qui porte le nom de Sexte, pour ce qu’on le considère comme un sixième livre ajouté aux Fausses Décrétales compilées sous Grégoire IX par Raymond de Pennafort. Ce sixième livre est lui-même divisé en cinq, qui correspondent, pour la distribution des matières, à ceux de la collection de Raimond, & qui contiennent, avec les Fausses Décrétales de Boniface VIII, celles de ses prédécesseurs, depuis la Mort du pape Grégoire IX. Lorsque tant de lois pontificales s’accumulaient dans ces divers codes, il fallait bien qu’il y eût des tribunaux ecclésiastiques pour les appliquer : C’est ainsi que naquirent les officialités. Le père Thomassin en place l’origine sous le pontificat de ce pape Boniface VIII, & cette opinion nous paraît plus plausible & plus probable que celle qui fait remonter cette institution au XIIème Siècle. Par officiaux, nous entendons des juges proprement dits, attachés aux cathédrales & aux métropoles pour prononcer des sentences spéciales, civiles, ou même criminelles. Or, ces caractères n’appartiennent point assez nettement à certains dignitaires mentionnés dans les écrits de Pierre de Blois,& dont se plaignait, en 1163, un concile de Tours. Au surplus, soit XIIIème Siècle, soit XIIème, l’époque de l’établissement des officialités est toujours fort postérieure à la publication des Fausses Décrétales, & à l’altération de l’antique discipline de l’Eglise.
Les légats du pape, autres instruments de la puissance papale, se divisaient en deux classes : Les premiers, pris dans les lieux mêmes où ils exerçaient leurs fonctions ; les seconds, expédiés du sein de la cour pontificale de Rome, & semblables à des bras que ledit “saint”-père étendait sur les divers points de la chrétienté d’Occident. Entre les premiers, on distinguait encore ceux qui recevaient une mission expresse & personnelle, de ceux qui, légats nés en quelque sorte, tenaient ce titre des droits du siège épiscopal ou métropolitain qu’ils occupaient. De tous ces divers ministres ou commissaires du gouvernement pontifical de Rome, les plus puissants auraient toujours été ceux que le pape détachait de son propre centre, si l’excès de leur pouvoir & de leur faste n’avait trop souvent humilié dans chaque royaume les prélats qu’ils venaient éclipser & dominer. Leur magnificence, défrayée en chaque lieu par les églises, par les monastères & par le Peuple, excitait moins d’admiration que de murmures scandalisés ; &, depuis même que le troisième concile de Latran les avait réduits à vingt-cinq chevaux, on le trouvait encore à charge. Il fallait vendre des vases sacrés pour leur faire des présents ; & acheter à des prix énormes & exorbitants les sentences, les réponses, les faveurs, les expéditions, que l’on avait besoin de leur demander. “ Les légations”, dit Fleury,
cf Fleury (Cardinal de) : 4° Disc. sur l’Hist. ecclés. n. 11,

“ étaient des mines d’or pour les cardinaux, & ils en revenaient d’ordinaire chargés de richesses.” Leur avarice était si renommée & si constante, que ledit saint Bernard de Clairvaux
cf Saint Bernard : De Consider. l. IV, pag. 465. In O.C.

parle d’un légat du pape qui fût désintéressé comme d’un miraculeux prodige. Mais leur orgueil, plus intolérable encore, montrait de trop près aux rois les prétentions de la cour papale de Rome, & provoquait trop de résistances éclatantes? De bonne heure, ces légats du pape “ à later” déplurent en France, & il fut stipulé & réglé qu’ils n’y seraient reçus que lorsqu’ils auraient été expressément demandés & dûment acceptés par le monarque soi-même : C’est là l’un des articles mêmes des libertés Gallicanes.

Le XIIIème Siècle est donc celui où les papes sont parvenus au plus haut degré de leur puissance : Conciles, croisades, anathèmes, codes canoniques, ordres monastiques, légats papaux, missionnaires, inquisiteurs, toutes les armes spirituelles retrempées, aiguisées par le pape Innocent III, ont été, durant ce même Siècle, dirigées contre les trônes,& en ont souvent triomphé. Innocent III avait à ses successeurs légué une monarchie papale universelle. Ils n’ont toutefois pas su conserver par après cet empire temporel papiste de primo-potentat d’Europe. Mais, en 1300, quelque peu de sagesse eût suffi au pape usurpateur Boniface VIII pour être encore le premier potentat de l’Europe. &, malgré le déshonneur de ce dernier pontificat, l’influence du saint-siège du pape de Rome dominait toujours celle des autres cours de rois.

***





CHAPITRE VII.



QUATORZIEME SIECLE.





Le séjour des papes dans les murs de leur palais des papes d’Avignon, en France Provençale, durant tout le quatorzième Siècle quasi, depuis 1305 jusqu’au delà de 1370, & le schisme qui fut à l’origine de cet exil des papes de Rome en Avignon, redoublé de celui qui, en 1378, divisa pour long Temps encore l’église catholique Romaine entre des pontifes rivaux pour des questions temporelles, liées à leur inextinguible volonté de puissance, voilà les deux grands faits marquants de l’Histoire ecclésiastique du XIVème Siècle. L’un & l’autre de ces faits majeurs ont contribué à la décadence accrue de l’empire temporel pontifical. Il est vrai qu’en désertant l’Italie, les papes se mettaient, certes, à l’abri de quelques périls importuns : Ils s’éloignaient, de facto, du théâtre des troubles qu’excitait & ranimait toujours leur ambitieuse politique politicienne. Il est également vrai que la crainte d’autoriser, par un si grand exemple, le vagabondage en tous les états pontificaux des cardinaux-évêques de la curie Romaine, n’était plus digne, ni même susceptible d’arrêter le pontife souverain dans ses visées d’une ambition sans frein. Le Temps n’était plus où de saints préceptes, obéis comme des lois Divines, enchaînaient chaque pasteur au sein de son troupeau d’ouailles, réconfortées par leur bon berger. Les intérêts s’étaient agrandis, sans limites presque, qui avaient réformé ces humbles moeurs, & dissipé ces scrupules apostoliques de Fidèles sectateurs des Saints Apôtres.
Toutefois, disparaître de l’Italie, c’était affaiblir l’influence du saint-siège papal de Rome sur la contrée d’en ces Temps regardée comme la plus prestigieusement célèbre & la plus apostoliquement éclairée de toute l’Europe ; c’était quitter le poste avancé de vigilante garde, d’où l’on avait remporté tant de victoires sur les empires de la terre, le centre stipulé où aboutissaient tous les fils de la puissance temporelle qu’avaient sur les rois conquise les papes; c’était renoncer à l’ascendant qu’exerçait le nom même de cette ville lumière de Rome, dont l’Antique gloire se réfléchissait encore, - où du moins le croyait-on encore, le plus naïvement du monde -, sur le pontificat moderne, qui semblait la continuer, aux yeux, à tout le moins, d’un Peuple de fidèles ignares & inéclairés, auprès duquel toute la politique papale se résumait en un Mystificateur Abus de sa Crédulité naïve, jusques Temps qu’ils s’en désabusassent ; c’était mécontenter enfin le Peuple Italien, le priver du seul reste & reliquat de son ancienne prépondérance, passée déjà, &, par des rivalités particulières, internes à la papauté, préparer un schisme plus général intérieur à l’église catholique romaine, déjà schismatique & divisée, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur d’elle-même. L’on peut même s’étonner que ce résultat se soit fait attendre soixante-dix ans encore. Nonobstant, il était inévitable. & ce nouveau schisme, intra-papal, cette fois, en dévoilant à nu l’ambition vile des pontifes papistes, en montrant, & fixant sous les yeux de la multitude ainsi déniaisée le tableau de leurs scandaleuses querelles, en révélant, par leurs délations réciproques, le secret de tous leurs vices de puissants de la terre, dissipa pour toujours les prestiges premiers dont s’était environnée la glorieuse puissance initiale de leurs prestigieux premiers Saints prédécesseurs Célestes.
Ce séjour des papes dans le comtat Venaissin, soit dit, dans l’Avignonnais, fait du moins voir d’évidence & paraître apertement que le pape se peut dispenser d’habiter son siège de Rome ; & beaucoup d’autres preuves se réuniraient à celle-là pour démontrer que toute autre ville peut devenir le siège du premier pasteur de l’église catholique Romaine. Attacher la papauté à un point géographique, ce serait la retrancher du nombre des institutions prétendues par les papistes nécessaires au christianisme occidental : Car il est sans doute impossible qu’un article prétendu essentiel de l’établissement évangélique dépende de quelque localité particulière, variable au gré de mille circonstances. Il est indéniable, à tout le moins, que pas un mot, pas un seul, dans l’Evangile, ni dans les Ecrits des Apôtres, n’indique la ville de Rome comme capitale qui serait indispensable de la Chrétienté. Il n’est conséquemment aucun lieu du globe où l’on ne puisse être Chrétien, Evêque, Patriarche, ou pape.
Mais cette discussion semi-théologique, dépasse les limites de notre sujet d’étude. Revenons donc aux papes en Avignon.
Pour éclaircir tant soit peu cette partie de l’Histoire de la papauté, & suppléer aux détails qui occuperaient ici trop d’espace au long, nous n’offrirons tout d’abord qu’une légère esquisse des révolutions politiques qui parcourent le XIVème Siècle.
En Orient, les Turcs sont maîtres de la Palestine. Ottoman, leur chef, - d’où le nom de Turcs Ottomans qu’ils gardèrent d’icelui chef armé -,
fonde l’empire qui porte aussi son même nom. Il met à profit les discordes des Perses, des Sarrasins, & des Grecs Byzantins. Il en tire profit pour leur enlever des provinces Asiatiques, & des provinces Européennes. Du même coup & par contrecoups, le trône prestigieux de l’empereur de Constantinople touche de près à sa ruine. Les séditions le menacent dans la ville de Constantinople même, près le petit port de Byzantium, les conjurations l’environnent à la cour impériale, & souvent, ce sont les fils de l’empereur lui-même qui conspirent contre lui. Les Russes, au loin, sont encore barbares, & ne sauraient guère venir à son secours. Mais, en Danemark, Valdemar, instruit par l’adversité, honore & affermit le trône de l’empereur Byzantin. Sous sa fille Marguerite, la Suède & la Norvège forment avec le Danemark une seule monarchie Nordique. La Pologne, agitée depuis long temps par les chevaliers Teutoniques, respire enfin quelque peu sous son roi Casimir II. Les Anglais déposant leur monarque Edouard II, secondent l’activité d’Edouard III, qu’ils ont fait hériter de la couronne, cependant qu’ils condamnent & chassent le proscripteur Richard. En Espagne, Pierre-le-Cruel périt, à trente-cinq ans, victime de Henri Transtamare, qui lui succède. En France, Philippe-le-Bel a pour successeur ses trois fils, Louis X le Hutin, époux en secondes noces de la reine Clémence de Hongrie, dont le gisant offre un magnifique exemple de beauté de statuaire médiévale, puis Philippe-le-Long, & Charles IV, faibles princes, & dupes de leurs rustres de grossiers courtisans. Après eux, Philippe de Valois, & Jean, son déplorable fils, soutiennent contre les Anglais des guerres malheureuses. En vain, quinze ans durant, le roi Charles V de France, qui leur succède sur le trône royal, s’applique à réparer tant de maux. Mais ceux-ci recommencent; ils s’aggravent même, durant la minorité de Charles VI, sa démence, & tout son règne, qui se prolonge dans le XVème Siècle.
La Sicile, depuis les Vêpres Siciliennes, était restée au pouvoir du roi Pierre III d’Aragon, qui, malgré les anathèmes du pape de Rome, la transmit à ses descendants. Depuis 1282, Charles d’Anjou, frère de feu saint Louis IX, n’avait plus régné que sur Naples. Robert, petit-fils de Charles, contribua singulièrement à fixer les papes dans Avignon. Il conservait par là une influence plus directe, plus immédiate, sur les Guelfes, sur Florence, sur Gênes, & sur les autres villes qui appartenaient à ce parti. Le “saint”-siège de Rome avait revêtu Robert du titre de vicaire impérial en Italie durant la vacance de l’empire; &, lorsque les empereurs Henri VII & Louis de Bavière relevèrent le parti Gibelin, Robert les contre-balança. Jeanne, sa petite-fille, épousa le roi André de Hongrie, qu’elle est accusée d’avoir fait périr; elle Mourut elle-même victime de Charles Durazzo, qui, s’affermissant après elle sur le trône de Naples, le transmit à ses propres enfants, Ladislas, qui devint roi de Naples, & Jeanne II.
La puissance extérieure des Vénitiens s’accroît ou s’abaisse, leur territoire s’étend ou se resserre, selon les variables résultats de leurs éternelles guerres, avec la Hongrie, & avec Gênes. Ils prennent Smyrne & Trévise. Ils perdent une partie de la Dalmatie. Ils s’emparent de Vérone, de Vicence, & de Padoue. Ils occupent & ne peuvent garder Ferrare. Mais ils maintiennent, & ils consolident le gouvernement aristocratique que Gradenigo leur a donné, & punissent l’atteinte que veut y porter Salieri. La Ligurie, au contraire, tourmentée depuis plusieurs Siècles par des vicissitudes intérieures, présente dans le XIVème Siècle un spectacle plus mobile que jamais : On la voit obéir successivement à un capitaine, à deux capitaines, tantôt Génois, tantôt étrangers, à un conseil ou de douze ou de vingt-quatre memebres, à un podestat, à un doge ; &, dans les intervalles de ces gouvernements éphémères, recevoir & secouer le joug de l’empereur, du pape, du roi de France, & du seigneur de Milan. Ce dernier titre appartenait alors à la famille des Visconti. Dès le XIIIème Siècle, un archevêque de Milan, Othon Visconti, était devenu seigneur de cette ville, & avait obtenu, pour son neveu Mathieu, le titre de vicaire impérial de Lombardie. Mathieu, au commencement du XIVème Siècle, s’associa son fils Galéas. Renversés par les Torriani, rétablis par Henri VII, soutenus par Louis de Bavière, les Visconti ont résisté au pape, au roi de Naples, aux Florentins, à tous les Guelfes. Après que l’empereur Venceslas eut accordé à l’un de ces Visconti, à Jean Galéas, le titre de duc de Milan, ils devinrent assez forts pour se défendre contre le chef même de l’empire. Quand Robert, successeur de Venceslas, voulut les dépouiller des villes dont ils s’étaient rendus maîtres, une bataille décisive, en 1401, affermit leur possession, & retarda leur décadence.
Les empereurs du XIVème Siècle furent Albert d’Autriche, dont l’Helvétie secoua le joug ; Henri VII de Luxembourg, qui, dans un règne de cinq ans, commençait de rendre quelque éclat à la falote couronne impériale ; Louis de Bavière, inquiet ennemi des papes ; Charles IV, ou de Luxembourg, leur créature ; & son fils Venceslas, monarque vindicatif, déposé en 1400. Robert appartient davantage au XVème Siècle.
Ainsi, les Visconti, se substituant en Italie aux empereurs, s'érigeaient en chefs du parti Gibelin, en même temps que la faction Guelfe échappait aux papes, en recevant l'influence de la maison de Philippe-le-Bel, souveraine en France, & à Naples. La guerre continuait entre les deux factions Italiennes, sans qu'elles eussent besoin de conserver aucune estime, ni aucun intérêt, pour leurs anciens chefs ; le pape était aussi déconsidéré chez les Guelfes, que l'empereur chez les Gibelins : Ceux-ci se trouvèrent même tout armés contre Charles IV, quand cet empereur se laissa entraîner par le pape dans le parti Guelfe, & contre Robert, quand Robert déclara la guerre aux Visconti. De leur côté, les Guelfes, que la faiblesse de leurs chefs, papes-pontifes de Rome, rois de France, ou rois de Naples, abandonna plus d'une fois à leurs propres mouvements, ne combattaient plus en effet que pour l'indépendance de leurs villes, ou pour la liberté générale de l'Italie. A la fin du XIVème Siècle, Gibelins & Guelfes, animés par des intérêts d'un même genre, tendaient presque à la même fin : Mais, c'était à leur insu. Ils eussent, plus au vrai, craint de s'en apercevoir ; &, lorsque leur vieille discorde n'avait plus de motifs, elle était toujours leur manière d'être, permanente.
Il résulte de ce tableau, que la cour d'Avignon avait pour rivales l'Allemagne & la France : L'Allemagne, qui conserva, jusque vers 1350, la direction du parti Gibelin ; la France, qui ne protégeait les papes que pour les maîtriser, & qui s'efforçait de s'emparer en Italie de leur parti Guelfe. Il fallut tempérer, éluder, par des intrigues, l'influence Française, réprimer par des Anathèmes la puissance impériale, &, quand Charles IV se fut dévoué au « saint »-siège papal de Rome, diriger sur les Visconti les foudres de l'église catholique Romaine. Tels furent, dans Avignon, les soins « spirituels » & temporels soucis des prétendus pasteurs réputés « suprêmes » du troupeau des ouailles de notre Seigneur Jésus-Christ. Ils enseignèrent peu, & rien moins que leur déplorable & si anti-édifiant contre-exemple, à ne sur-tout point suivre. Ils s'étaient auto-institués princes temporels de ce bas monde. Il fallait bien qu'ils y régnassent.

Le pape suivant, Benoît XI, successeur immédiat de Boniface VIII, ne régna guère qu'un an, avant qu'il eût été, semble-t-il, assassiné. Il s'était retiré à Pérouse, pour se soustraire à la domination des cardinaux & des seigneurs, qui prétendaient gouverner Rome. Les Colonna, proscrits par son prédécesseur, y étaient rentrés. Hors de Rome, le roi de France Philippe-le-Bel aspirait à la prépondérance. Lié d'abord au parti anti-papiste Gibelin, de par les Anathèmes de Malédiction Eternelle & Damnation à l'Enfer Eterne, prononcés contre lui par le précédent pape Boniface VIII, puis, absous d'iceux, depuis lors, par le pape suivant, Benoît XI, il dissimulait peu l'intention qu'il avait conçue de maîtriser ledit « saint »-siège. Benoît en conçut à son tour de l'inquiétude, & ordonna des recherches contre les auteurs des attentats qu'avait essuyés le défunt pape Benoît VIII. Une Excommunication lancée sur les Florentins pour un intérêt politique d'une assez mince importance, est peut-être la principale faute que le nouveau pape Benoît XI ait eu le Temps de commettre : Des auteurs Italiens ont imputé, mais nonobstant sans preuves, la Mort prématurée de ce pape & pontife, à ce roi Philippe-le-Bel de France.

Après un interrègne de près d'une année, l'élection de Bertrand de Gotte, devenu, dans & dès après son sacre, Clément V, fut l'ouvrage de ce même roi Philippe-le-Bel de France, qui avait pourtant eu à se plaindre de lui. Car le monarque voulut choisir, parmi ses propres ennemis, un pape qui lui devrait pleinement la tiare papale, & qui s'obligerait de cher payer un bienfait si peu mérité d'avance. Gotte fit au roi Philippe six promesses, qui ne furent pas toutes acquittées ni remplies par le pape Clément V Pour exemple, ce pontife se dispensa de condamner la mémoire de Boniface VIII, selon que le lui avait mandé le roi ; &, lorsque vaqua l'empire, par le décès d'Albert Ier, le roi de France, qui briguait cette dignité pour un prince Français, compta bien vainement sur les services du « saint »-père : En appuyant, dans une lettre publique, les prétentions de ce candidat au trône, le pape Clément, dans le même Temps qu'il feignait l'appuyer, fit parvenir aux électeurs un bref secret, pour, tout au contraire, l'exclure.
Cf Villani, J. : l. VIII, c. 101.
cf Pfeffel : Abr. Chr. de l'Hist. D'Allemagne, ann. 1308.
cf Velly : Hist. de France, tom. VII, pag. 392-395.
Il est certain qu'il ne manquait plus que cette élection pour assurer à la maison de France, déjà établie à Naples, une prépondérance universelle, sur-tout lorsque
le pape Clément V, désespérant de réduire les Romains à une tranquille obéissance, consentait à fixer en Avignon sa cour pontificale. Mais ce pape, nonobstant, ne servit que trop fidèlement le roi de France dans l'affaire des Templiers, qu'ils firent brûler par l'Inquisition papale. Autant la saine politique exigeait la suppression de cet ordre militaire de chevalerie, autant s'accordait-elle, comme toujours, avec la justice & l'humanité, pour déconseiller tant d'assassinats juridiques.
Lorsque le pape Clément V cassait une sentence de Henri VII contre Robert, le roi de Naples, lorsqu'il décernait à ce même Robert le titre de vicaire de l'empire d'Occident, il s'érigeait expressément en souverain, & plaçait l'empereur au nombre de ses vassaux papistes. « Ainsi faisons-nous, « disait ce pape, « tant en vertu de l'indubitable suprématie que nous avons, détenons, & exerçons sur l'empire Romain, que d'après le plein pouvoir que Jésus-Christ », prétendait toujours ce pape, nous a donné de pourvoir au remplacement de l'empereur, durant la vacance du trône impérial. »
Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :
Livre XCII, n. 8.
Ce même pape Clément V soutint aussi que Ferrare appartenait audit « saint »-siège papal de Rome ; & les Vénitiens, ayant enlevé cette place à la maison d'Est, il les Excommunia sans ambages, déclara le doge & tous les citoyens tout bonnement infâmes, déchus de tout privilège, incapables, eux & leurs enfants, jusqu'à la quatrième génération ensuite d'eux-mêmes, de toute dignité ecclésiastique ou séculière même.
Cf Baluz(e) : Vit. Pap. Avenion. (Vies des papes d'Avignon). Tom. I, pag. 69.
Cf Fleury : Hist. Ecclés. Op. Cité. Tome V. Livre XCI, n. 33.
Mais ces Anathèmes n'étaient plus redoutablement « formidables », n'imposant plus la même peur panique qu'antan, au sens étymologique du terme de
« formido ».
« Les Italiens, » disait alors un cardinal, ne craignent plus les Excommunications ; les Florentins ont méprisé celles du cardinal-évêque d'Ostie ; les Bolonais, de Bologne, celles du cardinal évêque Orsini ; les Milanais, celles du cardinal Pellagrue : Le glaive spirituel ne les effraie pas, si le glaive matériel ne les frappe. »
cf Henrici VII Iter Ital. Tom. IX. Rer.(um) Italic.(arum) pag. 903.
Aussi ce pape Clément V publia-t-il une croisade contre les Vénitiens. : Ce même cardinal Pellagrue, parent du pape, conduisit donc contre eux une armée papiste. Ils furent vaincus, chassés de Ferrare, & absous par le pape.
Les Fausses Décrétales de Clément V, réunies aux décrets du concile général de Vienne, tenu en 1313, forment un code canonique papiste, que l'on désigne par le nom de « Clémentines » ; cependant que l'on appelle « Extravagantes », c'est-à-dire placées en dehors des précédents codes, les Fausses Décrétales de Jean XXII, qui fut le pape successeur presque immédiat de Clément V. & le nom d' « Extravagantes communes » s'applique au recueil des constitutions de plusieurs papes, soit postérieurs, soit aussi antérieurs au pape Jean XXII. Ainsi, le droit canon du Moyen-Age se compose des Fausses Décrétales, forgées de toutes pièces, au VIIIème Siècle, par Isidore, comme il a été vu supra, augmentées du décret rédigé par Gratien au XIIème Siècle, des Fausses Décrétales du pape Grégoire IX, recueillies au XIIIème Siècle par Raimond de Pennafort, aggravées du Sextus du pape Boniface VIII, des Clémentines du pape Clément V, sus-mentionnées, des Extravagantes du pape Jean XXII, sus-évoquées, & desdites Extravagantes communes . A quoi l'on peut encore joindre les Bullaires, où sont rassemblées les Bulles papales, publiées par les papes des derniers Siècles. Voilà donc le bel amas papistique qui constitue les sources de la jurisprudence moderne du clergé. Voilà les causes & les effets du pouvoir temporel des papes pontifes, & de l'étendue illimitée de leur puissance temporelle, prétendument « spirituelle ». Voilà les Codes volumineux qui ont prétendu de pouvoir, de Droit Divin, remplacer les lois pures & simples de la première Eglise, l'Eglise Originelle, l'Eglise Universelle, l'Eglise Orthodoxe, par ses détracteurs ignares péjorativement nommée la « primitive » Eglise. Lois Orthodoxes censurées de l'Eglise Orthodoxe, que, depuis saint Louis jusqu'en 1682, au Grand Siècle, l'Eglise Gallicane, révoltée contre la papiste ultramontaine église catholique Romaine Hérétique & Schismatique, n'a jamais cessé de redemander, pour leur restitution, rétablissement, & remise en usage de l'Orthodoxie, de sa Tradition Apostolique, de ses préceptes, & de ses justes lois, au regard de la Justice Divine, & mesurées à l'aune du Divin Esprit de Dieu.


Un interrègne de deux années entre les papes Clément V & Jean XXII embrasse tout le règne de Louis X le Hutin, roi de France, dit aussi le Hutin, tout court, lequel épousa, en secondes noces, nous l'avons vu, la reine Clémence de Hongrie, dont le noble gisant, de Femme Voilée, à la beauté parfaite, ceinte de sa royale couronne, offre un si bel exemple de perfection de la statuaire médiévale, qui tant extasia l'Esthète & ministre de la Grande Culture que fut André Malraux, lequel avait lu les livres d'Esthétique, & de Philosophie de l'Esthétique par centaines.
Cf Malraux, André : Les Voix du Silence. ( Le Livre de Poche).
Cf Kirchoff, Elisabeth : Rois & Reines de France. ( Ed. Molière, 1996).

Le frère & successeur de ce roi du quatorzième Siècle, Philippe-le-Long, reçut du pape Jean XXII une lettre aussi hautaine que pédantesque,
cf Paluz : Vit. Pap. Avenion. Tom. I. Pag. 153,

Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :
Tome VI. Livre XCII (92), pag. 25,

qui suffirait pour montrer ce qu'eût osé, en d'autres Temps, ce deuxième pape d'Avignon. Il créa des Evêchés en France : En autorisant le divorce du roi Charles-le-Bel, qui répudiait Blanche de Bourgogne, il conçut l'espoir d'assujettir peu à peu un gouvernement royal qui lui demandait des complaisances, & en contre-partie de ces dernières. Mais Philippe de Valois, qui s'aperçut de ses ambitieux desseins, le menaça de le faire « ardre », ce qui est dire ardemment brûler, d'ardentes flammes,
cf Millot : Hist. de France. Tom. II, pag. 84,
& provoqua une discussion fameuse sur les limites respectives des deux puissances, la royale, & la papale. L'avocat du roi, Pierre de Cugnières, soutint les droits du pouvoir civil, par des raisons qui ne sont pas toujours bonnes, a fortiori moins excellentes encore, quoique que cependant bien moins déplorables que celles dont se servirent les prélats cardinaux du pape pour perpétuer les abus de la juridiction ecclésiastique catholique Romaine. « C'est », prétendaient-ils, « par l'exercice de cette juridiction que s'enrichit le clergé : Or, l'opulence du clergé catholique Romain, la splendeur des évêques & des archevêques en leur pourpre cardinalice, est l'un des premiers intérêts du roi & du royaume. » Philippe de Valois, peu sensible à cet intérêt, ordonna que, dans l'espace d'un an, tout au plus, les abus, leurs, fussent réformés, sans l'intervention de la cour papale Romaine, non plus que de l'Avignonnaise. Cette discussion n'eut toutefois pas assez de résultats. Mais ce fut d'elle que naquirent les appels comme d'abus, c'est-à-dire les appels des sentences ecclésiastiques aux tribunaux séculiers.
Cf Villaret : Hist. De France. Tom. VIII. Pag. 234-250
cf Hénault : Abr. Chron. de l'Hist. de France. Ann. 1329-1330.

Après la Mort de l'empereur Henri VII, le duc d'Autriche, Frédéric-le-Bel, disputa l'empire à Louis, duc de Bavière, dont les droits furent confirmés par la victoire. Cependant, le pape Jean XXII casse l'élection de Louis Empereur ; il soutient qu'il appartient au souverain pontife & pape d'examiner & de ratifier la nomination des empereurs, & que, durant la vacance, le gouvernement impérial doit retourner momentanément au saint-siège papal, dont il émane.
Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :
Tome VI. Livre quatre-vingt-treizième, (XCIII), (93) ; n. 4, 12.
Le pape reprochait à l'empereur Louis de Bavière de protéger les Visconti, Excommuniés comme hérétiques. - Nous avons vu que leur hérésie était d'entretenir & de diriger le parti Gibelin. Mais l'empereur Louis de Bavière résiste ; il ne met aucune mesure aux invectives dont il accable le pape Jean XXII. Tandis que le pape Jean dépose l'empereur, l'empereur, par effet de retour, fait, de son côté, destituer le pape Jean par le clergé, la noblesse, & le Peuple de Rome. Un moine Franciscain prend alors le nom de Nicolas V, & s'assied sur le trône pontifical des papes de Rome. Mais le prompt repentir d'avoir voulu, ne serait-ce qu'un Temps fort éphémère, occuper le trône papal, & l'abdication rapide de ce Nicolas V qui s'en suivit, nuisirent tellement à la cause de Louis duc de Bavière, précédemment empereur d'Occident, & qui venait naguère de destituer un pape, en la personne de Jean XXII, que Louis, voyant son image, effigie, réputation, & renommée, flétrie, détruite, & de par les harangières de la Halle au ruisseau traînée des caniveaux, fut acculé à renoncer à l'empire d'Occident. Sur ces entrefaites, le pape qu'il avait déposé, Jean XXII, Mourut, laissant dans ses coffres l'immense amas d'avaricieux – celui de la papauté- de vingt-cinq Millions de florins. « Cet immense Trésor », prétend Fleury, cardinal confesseur de Louis XV,
Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :
Tome VI. Livre quatre-vingt-treizième, (XCIII) ; n. 4, 12,
fut amassé par l'industrie de « sa sainteté » (sic), qui, dès l'an 1319, ( au quatorzième Siècle commençant), établit les réserves de tous les bénéfices des églises collégiales de la chrétienté (d'Occident), disant ( arguant & prétendant)
qu'elle le faisait pour ôter (empêcher & défendre) les simonies. De plus, en vertu de cette réserve, le pape ne confirma quasi jamais l'élection d'aucun prélat : Mais, il promouvait un évêque-cardinal à un archevêché, & mettait à sa place un moindre évêque. D'où il arrivait souvent que la vacance d'un archevêché ou d'un patriarcat produisait six promotions ou plus, dont il venait de grandes sommes de deniers à la chambre apostolique de Rome. »
En 1338, le pape Benoît XII, qui succéda à l'éphémère Jean XXII, & qui fut couronné de la tiare papale en Avignon en 1335, ayant refusé l'absolution à Louis de Bavière Mourant & sur le point bientôt de Trépasser, les diètes de Rensée & de Francfort déclarèrent que l'ancienne coutume attribuait le vicariat de l'empire vacant au comte Palatin du Rhin ; que les prétentions du pape à remplacer l'empereur pendant les interrègnes impériaux étaient insoutenables ; que le pape n'avait sur l'empire d'Allemagne aucune sorte de supériorité ; qu'il ne lui appartenait ni de régler, ni de confirmer les élections des empereurs ; que la pluralité des suffrages du collège électoral conférait l'empire sans le consentement du saint-siège papal de Rome ; & que soutenir le contraire serait un crime de lèse-majesté. Les Allemands donnèrent à ce statut, après les mesures équivalentes prises à cet égard par saint Louis en France, au Siècle précédent, le même nom de « pragmatique sanction » ; dans le même Temps que l'on défendait d'avaoir égard aux censures fulminées par les papes contre le chef de l'empire, de recevoir des bulles d'Avignon, non plus que d'entretenir nulle correspondance aucune avec la cour pontificale de Rome ou d'Avignon, ainsi que l'affirme le chroniqueur Allemand Pfeffel, en ses Annales de l'année 1338 :
Cf Pfeffel : Ann. 1338.

Quatre ans après la publication de cette pragmatique, succéda, au précédent pape Benoît XII, le pape Clément VI, qui manda à l'empereur un édit perpétuel, où l'empire serait déclaré un fief du saint-siège papal de Rome & un bénéfice que nul ne pourrait posséder sans l'autorité du souverain pontife Romain. Ce pape Clément arguait qu'aucun de ses prédécesseurs n'avait su être pape Apostolique, à la hauteur de cette dignité spirituelle. Quant à son devancier Benoît XII, autrement plus modeste que lui, il avait dit aux cardinaux ses électeurs : « Vous venez d'élire un âne ».
L'historien ecclésiastique & cardinal Fleury le conte lui-même en son vaste ouvrage en Six Tomes :
Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :
Tome VI. Livre quatre-vingt-quatorzième, (XCIV) ; n. 60.

Le pape Clément VI renouvelle nonobstant les Anathèmes de Jean XXII contre l'empereur Louis de Bavière. Il y ajoute en sus des imprécations plus solennelles : « Que la Colère Divine » s'écrie-t-il, « que le Divin Courroux de Saint Pierre & Saint Paul tombent sur Louis, dans ce monde & dans l'autre ! Que la terre tout vivant l'engloutisse! Que tous les éléments ensemble lui soient contraires, & que ses enfants périssent aux yeux de leur père, par les mains mêmes de ses ennemis ! »
Cependant Clément VI, sachant bien qu'il ne suffisait plus de maudire, suscita la guerre civile au sein de l'Allemagne, ligua des seigneurs contre l'empereur Louis de Bavière, le déposa une seconde fois à bas de son trône impérial, nomma un vicaire de l'empire en Lombardie, & fit élire empereur, en 1346, le margrave de Moravie, qui prit le nom de Charles IV. Quoiqu'il eût été partout vainqueur, Louis de Bavière Mourut en 1347, & le pape Clément VI triompha.

Vers ce même Temps, une horrible Peste ravageait l'Italie. Le souverain pontife de Rome, qui avait fondé de grandes espérances sur ce fléau, lequel servait ses machiavéliques desseins, épiait le moment où les petits princes Italiens, réduits au dernier degré de faiblesse, & n'ayant plus d'armée à opposer aux Anathèmes – ce qui est dire aux Puissants qu'il avait Anathématisés – où ils viendraient, donc, reconnaître & implorer l'autorité pontificale. Pour accélérer ce résultat, & pour seconder la Peste, le pape Clément VI employa l'argent du Peuple des fidèles Chrétiens pour soudoyer & gagner à sa cause les sans-âmes des Corrompus par la simonie dont il usait, corroborée par la ruse & la force, à vaincre l'insubordination des villes & des seigneurs de la Romagne. Sur-tout, il menaça les Visconti, les cita devant le consistoire des cardinaux, & les somma de restituer la ville de Bologne à l'église catholique Romaine. Mais, lorsqu'il entendit parler de douze mille cavaliers, & de six mille fantassins, qui devaient comparaître à la cour papale d'Avignon avec les seigneurs de Milan, il prit le parti, plutôt, de négocier avec cette maison puissante, & lui vendit pour cent mille florins l'investiture de Bologne. Il venait d'acheter Avignon : Jeanne, reine de Naples, lui avait cédé cette place moyennant quatre-vingt mille florins, qui, dit-on, n'ont jamais été payés par le pape. Mais ce même pape Clément VI eut du moins le mérite à ses yeux d'avoir déclaré Jeanne innocente du meurtre de son premier époux ; & puis, il a reconnu le second ; il a mis obstacle aux projets du roi Louis de Hongrie, qui, pour venger son frère André, s'apprêtait à envahir ce même royaume de Naples. C'est ainsi que Clément Vi a payé Avignon. & comme cette ville était un fief de l'empire, la vente fut confirmée par Charles IV, qui, redevable de sa couronne au souverain pontife, n'avait rien à lui refuser.
Ce pape Clément VI Mourut en l'an 1352. Quant au tableau de ses moeurs, il a été tracé & brossé par Matteo Villani, historien de ses contemporains, dont Fleury traduit & adoucit en telle manière les expressions crues & sans concessions aucunes aux faux-semblants de la dissimulation, de l'opacité, & de la duplicité : « Il entretenait sa maison papale à la royale », dépeint-il,
Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :
Tome VI. Livre quatre-vingt-seizième, ( XCVI) ; n. 13,

ses tables servies magnifiquement, grande suite de chevaliers & d'écuyers, quantité de chevaux, qu'il montait souvent, par divertissement. Il se plaisait fort aussi à agrandir ses parents ; il leur acheta de grandes terres en France, & en fit plusieurs cardinaux. Mais, quelques-uns en étaient trop jeunes, & d'une vie fort très scandaleuse. Il en fit quelques autres également cardinaux de la sorte, à la prière du roi de France, dont il y en avait aussi de trop jeunes. En ces promotions sociales, il n'avait égard ni à la Science Ecclésiastique, ni ( moins encore) à la Vertu. Il avait, ( quant à) lui-même, de la science ( de docte), ( quoique fort) raisonnablement ( - ce » qui est dire bien trop peu pour un Homme Apostolique prétendu-). Mais, ses manières étaient cavalières, ( rustres), & (fort) peu ecclésiastiques. Etant archevêque, il ne garda pas de mesure avec les femmes, mais il alla plus loin que les jeunes seigneurs. &, quand il fut pape, ( ce Clément VI) ne sut ni se contenir sur ce point, ni se cacher. Les grandes dames allaient à ses chambres comme les prélats ; entre autres, une comtesse de Turenne, pour laquelle il faisait quantité de grâces. &, quand il était malade, c'étaient les dames qui le servaient, comme les parentes prennent soin des séculiers. »
Peu de Temps avant qu'il ne Mourût, ce pape Clément VI avait reçu une lettre écrite, dit-on, par l'archevêque de Milan, Jean Visconti, & dont voici quelques lignes : « De Léviathan, prince des Ténèbres, au pape Clément son vicaire... Votre mère, la Superbe, - l' Orgueil-, vous salue. Vos soeurs, l'Avarice, l'Impudicité, & les quatre autres (des plus vicieuses d'entre tous les Vices), vous remercient de votre bienveillance, ( - de votre bienveillante Complaisance à leur égard-), qui les fit tant prospérer ( par tout sous votre pontificat).»
cf Fleury, ibidem, n. 9.
De fait, ce fut dans le cours de ce pontificat que les Romains virent un fils du Peuple, dénommé Colas Rienzi, ou bien encore Rienzo, par lui s'élever de rien à un haut degré de puissance temporelle. Député vers ce pape Clément VI pour l'inviter à rentrer dans Rome, & n'ayant pu l'y déterminer, ce Rienzi revint arborer au Capitole l'étendard de la liberté, se proclama tribun, & gouverna, en place du pape quasi, durant quelques mois, l'ancienne capitale de l'Univers.

L'empereur Charles IV avait promis de renoncer à tout reste de souveraineté sur Rome, & sur les domaines ecclésiastiques . C'était, du reste, à ces conditions expresses que le pape Clément VI l'avait élevé à l'empire. Charles, de son côté, tint sa promesse. Lorsqu'en 1355, il reçut la couronne impériale, il reconnut l'indépendance absolue de la puissance temporelle des papes, & jura de ne jamais mettre le pied dans Rome, ni sur aucun lieu appartenant au saint-siège papal, sans la permission dudit « saint »-père, abrogeant tous les actes contraires de ses devanciers, & obligeant ses successeurs, sous peine de déposition du trône papal, au maintien des engagements qu'il prenait en personne. Voilà donc le premier Acte authentique qui érige le pape en souverain temporel, & en monarque papal indépendant, cependant que jusqu'alors il n'avait été qu'un vassal de l'empire.

Le pape Clément VI étant Mort à Villeneuve- lès-Avignon, en face presque du palais des papes en Avignon, & de l'autre côté du fleuve du Rhône qui sépare ces deux bourgades, au beau milieu de ce quatorzième Siècle, en 1352, ce fut le pape Innocent VI, Français d'origine, évêque de Noyon, de Clermont, puis cardinal, & évêque d'Ostie, qui lui succéda, avant que de Mourir à son tour, dix ans plus tard, en ce même Avignonnais. Or, cet Innocent VI, qui régnait en 1355, fit de même que tous ses devanciers & prédécesseurs depuis le Grand Schisme de 1054, & profita de ces circonstances nouvelles, plus favorables encore à la papauté que naguère, pour enrichir scandaleusement sa famille. C'est ainsi qu'il est rapporté, pour exemple, qu' Innocent VI envoya l'évêque de Cavaillon, & ami du grand Poète Pétrarque, Philippe de Cabassol en Allemagne, pour y lever le dixième denier, – c'est prélever la dîme -, de tous les revenus ecclésiastiques du pays. Or voici quelles furent, à la nouvelle de cette exaction supplémentaire, les plaintes, requêtes, & doléances des
Allemands :
cf Vita Innoc. VI, apud Baluz(e),
cf Vit. Pap. Avenion. Tom. I, pag. 350.
« Les Romains », plaignirent-ils, « ont toujours regardé l'Allemagne comme une mine d'or, &, dès là, ont inventé divers moyens pour l'épuiser. Mais, que donne ( en échange de ces bons procédés) le pape à ce royaume d'Allemagne, sinon des lettres, des Décrétales, & des paroles (creuses,
de vent) ? Qu'il soit le maître de tous les bénéfices, quant à la collation ; mais qu'il en laisse le revenu à ceux qui les desservent : Nous envoyons assez d'argent en Italie pour diverses marchandises, & en Avignon pour nos enfants qui y étudient, ou y postulent des bénéfices, pour ne pas dire qu'ils les achètent. Personne d'entre vous n'ignore, seigneurs, que, tous les ans, on porte d'Allemagne, à la cour du pape, de grandes sommes d'argent pour la confirmation des prélats, l'impétration des bénéfices, la poursuite des procès & des appellations au saint-siège ; pour les dispenses, les absolutions, les Indulgences, les privilèges, & les autres grâces. De tout Temps, les archevêques confirmaient les élections des évêques leurs suffrageants. C'est le pape Jean XXII qui, de notre Temps, leur a ôté ce droit par violence ( & force violente). & voici que le pape demande encore au clergé un subside nouveau & inouï ; menaçant de censures ceux qui ne le donneront pas, ou qui s'y opposeront. Arrêtez le commencement de ce mal, & ne permettez pas d'établir cette honteuse servitude ».

Charles IV, quant à lui, prince aussi faible qu' ambitieux, était vulgairement surnommé l'empereur des prêtres. C'est à ce falot empereur d'Occident qu'en écrivait le grand Poète Pétrarque, qui, par ses vers mémorables, & inoubliables, pour ne les point dire vers sublimes, demeure immortel ici-bas, &, peut-être aussi Là-Haut, de par sa Vie de Pénitence, de Solitaire souffrant, éploré, lui qui composa, en ce quatorzième Siècle, ses ravissants sonnets à la jeune, belle, & pure égérie, encontrée à l'église, Laure, - Laure de Noves-, qui, épousant Hugues de Sade, auquel elle donna onze enfants, avant que de Mourir de la peste, un même 6 avril, au jour anniversaire de leur rencontre, un 6 avril 1327, en l'église Sainte-Claire en Avignon, le laissa, de son dire même, Poète « pendant vingt ans ardent », mais tristement éconduit, inconsolé, solitaire, se retirer à pleurer en une grotte d'amour Reclus, en Provence, auprès du château – vieux manoir accroché au rocher d'où jaillit l'écume de la Sorgue-, demeure au jour d' huy en Ruynes, de l'évêque de Cavaillon, qui fut légat du pape Innocent VI, Philippe de Cabassol, non loin Villeneuve-lès-Avignon, sur la rive droite du Rhône, où le Poète n'avait que trop vu, & de trop près, la cour papale, & tous ses Vices, & qu'il avait fuie, pour s'enclore, de 1337 à 1353, en celle grotte d'anachorète, sis retrait du monde, qui se peut voir, à ce jour encore, au village Provençal dit de Fontaine du Vaucluse, (-Vaucluse ayant, dès la fin du Xème Siècle, été connu pour être le siège d'un prieuré, offert en 1034, au début du XIème Siècle, pour en être le Métochion, ou la dépendance monastique, à l'abbaye marseillaise de Saint-Victor, où reposent les Saintes Reliques du grand Saint Orthodoxe Victor de Marseille -), Fontaine de Vaucluse, donc, recelant aussi l'église Saint-Véran, où Saint Véran, au VI ème Siècle, Evêque, lui aussi, plus anciennement, de Cavaillon, avait en ce lieu dit de Fontaine de Vaucluse, libéré la région d'un Monstre Dragon, reptile énorme, survivant des dinosaures, dénommé « Coulobre »,
(- d'où les vocables de « couleuvre », & de « Collobrières », village provençal d'élection du philosophe Pierre Boutang, qui fut Professeur à la Sorbonne, & père selon la chair du Père Patric Ranson, Saint Martyr, Prêtre Orthodoxe, Philosophe, Chercheur, Théologue, & Fondateur de la Revue Internationale de Théologie : « La Lumière du Thabor »), Saint Véran, donc, ayant, par ses Ascétiques Luttes, Terrassé le Diable, ses pouvoirs maléfiques, & ses vaines puissances ; ( - « Il devenait urgent », veut la Légende, « de se débarrasser de ce monstre. L'on fit appel à un Homme d'Expérience, qui seul saurait sûrement vaincre ce monstre. Ce personnage, c'était Saint Véran, patron de la ville de Cavaillon, dont le fabuleux exploit – la capture & l'extermination du dragon de la Fontaine de Vaucluse, (- ou si ce fut le dernier des Dinosaures, peut-être?) - était connu & admiré de tous »-) ; & ce beau tout, à l'Imitation de Sainte Marthe, soeur de Marie-Madeleine, qui, nous disent tout ensemble, & la Légende Dorée, & la Sainte Haghiographie, délivra le village de Tarasco, - au jour d'huy Tarascon-, de la terrible Tarasque, dragonne, ou dragon du Diable, à l'image aussi de Saint Georges terrassant ce même Diable, ce qui est dire, en termes légendaires, & iconographiques motifs, que les Saints Terrassent les puissances obscures des Ténèbres, royaume du Mal, péchés, vices, maux, & tous vains pouvoirs éphémères du Diable Menteur & Pervers.
cf Pétrarque, François : Sonnets. Le Chansonnier. (Il Canzoniere).
( Ed. Poésie-Gallimard).
Cf Pétrarque, François : Eloge de la Vie Solitaire. ( Ed. Rivages-Poche).
(De Vit. Solitar.) l. II, §. IV, c. 3.
Cf Petrarc. : Op. Epist. s.tit. 7, 8, 10, 11, 15.
cf Petrarc. Tre sonetti contro la corte di Roma.
( Trois sonnets contre la cour ( papale) de Rome).
Cf Vie de Sainte Marthe, in
Le Grand Synaxaire de la Sainte Eglise Orthodoxe.
Cf ( Père) Evdokimov, Paul : La Femme & le Salut du Monde.
( Etude d'Anthropologie Chrétienne Orthodoxe sur les Charismes de la Femme Orthodoxe).
( Ed. Casterman. 1958).
Cf Saint Père Vélimirovitch, Nicolas : Le Prologue d'Ohrid. ( Ed. L'Age d'Homme).
( Extraits du Synaxaire, assortis de Méditations, & d'Homélies.)
Cf Le Synaxaire. ( Vies des Saints de l'Eglise Orthodoxe).
(Ed. Le Jardin de la Toute Sainte Mère de Dieu. ( To Périvoli tis PanAghias. Thessalonique).
(Trad. Fçse du Père Macaire, Moine de Simonos-Pétras, Monastère Athonite
de la Sainte Montagne de l'Athos, Grèce).
(Diffusion en France : Père Placide Deseille, Monastère de Saint-Antoine le Grand,
Fond de Laval, F 26190 Saint-Laurent-En-Royans).
Cf Les (Pères) Bollandistes ( ou Les petits Bollandistes) : Vies de Saints.
Cf ( Saint) Hilaire d'Arles : Vie de Saint Honorat (de Lérins).
( 401-449, Mort épuisé de travail & de Sainte Ascèse).
( Les Ed. Du Cerf. Coll. Sources Chrétiennes).
Cf Saint Antoine: Lettres Spirituelles.(Ed.de Bellefontaine.Coll.Spiritualité Orthodoxe n°19)
Cf Flaubert, Gustave : Trois Contes. ( Les tentations de Saint Antoine). ( Le Livre de Poche).
Cf Daudet, Alphonse : Lettres de mon Moulin, & autres Contes,
dont Tartarin de Tarascon. (Le Livre de Poche).
Cf Lazzarini, Nicole : Contes & Légendes de Provence, ( Ed. Ouest-France),
dont : Le Coulobre de l'Etang de l'olivier. p. 166.
( Sur Saint Véran & le dragon de la Fontaine de Vaucluse).
Sainte Marthe & la Tarasque. p. 181.
Les serpents de Saint Honorat (de Lérins, Vème Siècle,
premier Moine de l'Ermitage & Chapelle de l'île Saint-Honorat, baie de Cannes), p. 101.
Les Alyscamps. p. 134. ( Sur Saint Trophyme d'Arles, cousin de « Stéphane »,
( ce qui est dire, en Grec, « le Couronné »)-, en latin « Etienne », premier Saint Martyr,
ceint de la Couronne du Martyre).
( La basilique Saint Trophyme d'Arles, classée au Patrimoine Mondial de l'Unesco,
abritant, quant à elle, les Saintes Reliques du Grand Saint Antoine du Désert ( d'Egypte),
(dit encore Saint Antoine l 'Egyptien, Saint Père du Désert, & Saint Père des Moines), dont
son crâne, en son entièreté, & nombre d'autres de parmi ses Saints Ossements) .
La découverte ( L'Invention) Miraculeuse des Reliques de Sainte Anne ( à Apt, en
Provence, puis enchâssées en la place même, en écrin de Basilique-Reliquaire). p. 137.
La Geste de Marie-Madeleine à la Sainte-Baume. p. 137.
( Les Saintes Reliques de la Grande Sainte Marie-Madeleine, dont son crâne, en son entièreté, & autres Vénérables de ses Saints Ossements, se trouvant exposés à la Vénération des Fidèles, en la Basilique Saint-Maximin du Var, également en Provence, cependant que, non loin de là, sa Grotte, au-dessus du site de Plan d'Aups, dans le massif boisé des Baux-de-Provence, (-auxquels Baux sa Sainte Grotte, laquelle « Grotte » se désigne, en Provençal, du terme de « Bomo », donna son nom Français de « Sainte Baume »-), la Grotte de Sainte Marie Madeleine, sise au sommet escarpé & pentu d' un massif forestier écarté, en retrait de Tout, inaccessible presque, hormis après une longue, laborieuse, & peineuse ascension, rétribuant les plus hardis & forts de volonté voulante, pour jusqu'à cette Ame Sainte ascendre, de Dieu choisie, lieu d'élection mêmement aussi choisi par Son immense Sainte, comme d'autant plus propice, en son total isolement écarté, à la Vie Paisible d'Hésychaste Paix d'une Ame Retraite au fonds Retirée des Déserts, Femme Vaillante, de Prière, de Coeur, & de Courage, Unitivement Priante à Dieu pour Tous, cette Sainte Grotte de Sainte Marie Madeleine demeure donc un Lieu Saint Orthodoxe d'Edifiant Pèlerinage pour les Fidèles, & de Bénédictions Providentes, sur eux, & leur vie, pour sa Guidance Eclairée s'y obtenir, celle, d'En Haut Inspirée, de la Sainte, qui fut par l'Esprit Divin menée là, dès son arrivée presque, en Provence maritime, avec Marie-Jacobé, & Marie-Salomé, toutes les trois Maries, aux Saintes-Maries-de-la Mer, où elles y avaient été accueillies par la gitane devenue, au contact de la Sainte, Sainte Sara, après qu'elle eurent été mises à voguer sur les eaux agitées, depuis la Palestine, ainsi jetées en Mer, de par Persécution, sans voile à leur embarcation frêle, ni Gouverne, autre que l'Esprit de Dieu, Esprit de Sainteté.
Cf Massillon, Jean-Baptiste ( Evêque de Clermont, XVIIème Siècle : Tome II de l'Edition,
mais Tome Premier du ( Grand) Carême : (Sermon sur la Prière ou) De la Prière.
In O.C. : Ed. (Intégrale) Renouart, (en Treize Tomes). Paris. 1810.
p. 357, p. 373 (: Sur Anne dans le Temple, sur les grands Saints Antoines du fonds des
Déserts). & partout, & passim in O.C.

Cf Presbytéra Anna : Ballade des Ames. (Sur les Saintes Maries).
( Ed. La Société des Ecrivains, & Site Internet : Orthodoxia-Solidarnoûs. Org).
Cf Magi, Giovanna : Provence. Guide touristique. ( Ed. Bonechi).
Cf La Lumière du Thabor. ( Ed. L'Age d'Homme)
Cf Boutang, Pierre : L'ontologie du secret. ( Ed. P.U.F.)
cf Vita Innoc. VI, apud Baluz(e) .
cf Vit. Pap. Avenion. Tom. I, pag. 350.
« Vous avez, ( prince-empereur), » écrivait donc Pétrarque, « promis avec serment de ne retourner jamais à Rome. Quelle honte, pour un empereur, que des prêtres aient le pouvoir, ou plutôt l'audace de le contraindre à une telle abnégation ! Quel orgueil dans un évêque de ravir au souverain, au père de la liberté, la liberté même ! & quel opprobre pour celui à qui l'univers doit obéir, de n'être pas maître de lui-même & d'obéir à son vassal ! »
Pétrarque, ayant donc vu de trop près la cour papale d'Avignon, la compare à « un labyrinthe », écrit-il, « où un roi Minos impérieux jette en l'urne fatale le sort & la destinée des humains, où mugit un Minotaure ravisseur ( de ses proies), où triomphe une Vénus immodeste », ( « tout entière à sa proie attachée », comme eût scandé Racine, en suite d'icelui, Racine, le grand Racine, l'incomparable Racine, qui, du moins, en fit faire l'aveu d'accablée, pareillement, à sa fataliste Phèdre, par le vouloir de son seul destin se laissant, passive, mener, tout son Veuil aboli, pâle ombre Morte, de ce Minotaure, pour son malheur éprise). Mais, poursuit Pétrarque, « là, point de Guide (Spirituel), point d'Ariane ( pour y guider de son fil rouge les âmes égarées) ; là, pour enchaîner le monstre, pour gagner son portier hideux, de Cerbère, Chien Méchant, point d'autre moyen que l'or ( de la simonie & de la Corruption). Mais là, l'or y ouvre le ciel, (feint-on), l'or ( des Indulgences aussi) achète Jésus-Christ, (du moins, à ce qu'il y paraît). &, dans cette Babylone impie, la Vie Future, l'Immortalité, la Résurrection, le Dernier Jugement Suprême, sont mis au rang, avec l'Elysée (des dieux fainéants, comme à Saint Fainéant médiévalement voués), le (sombre) Achéron, (roulant, grondantes & bouillonnantes, glaciales, ses eaux putrides), & le (noir fleuve) Styx, (oublié le Léthé des oublieuses eaux), des fables offertes à la grossière crédulité (des Illettrés Ignares). »
Cf Pétrarque, François : Eloge de la Vie Solitaire. ( Ed. Rivages-Poche).
(De Vit. Solitar.) l. II, §. IV, c. 3.
Cf Petrarc. : Op. Epist. s.tit. 7, 8, 10, 11, 15.
cf Petrarc. Tre sonetti contro la corte di Roma.
( Trois sonnets contre la cour ( papale) de Rome).
Cf Mythologie Gréco-Romaine.
Cf Racine, Jean : Phèdre, in O.C. ( Ed. de l'Imprimerie Nationale).
Cf Racine, Jean : Cantiques Spirituels. ( Ed. Gallimard. Coll. La Pléiade).

Quoique la faiblesse de l'empereur Charles IV d'Occident eût ouvert une nouvelle carrière à l'ambition pontificale du pape, cependant, le retour de quelques lumières, les agitations éternelles de la ville de Rome, qui retinrent le pape Innocent VI à Avignon, & puis, qui forcèrent son successeur, le pape Urbain V, d'y revenir, de Rome jusques en Avignon, & qui allaient y renvoyer – dans la ville éternelle de Rome – son successeur le pape Grégoire XI, lorsque Mourut Urbain V, le schisme d'Avignon d'Occident, enfin, dont la Mort de ce pape Grégoire XI fut ensuivie : Toutes ces causes occasionnelles concouraient à ravir au dit saint-siège papal de Rome les fruits de la politique & des entreprises politiciennes du pape Clément VI sus-nommé, qui avait été le devancier d'Innocent VI, d'Urbain V, & de Grégoire XI successivement.

S'agissant du pape Urbain V, sus-évoqué, l'on retiendra que ce pape fut l'un des plus que rares de parmi tous ceux qui constituèrent les élus de la papauté, qui, selon que le remarque l'historien ecclésiastique Fleury, « ne se croyait pas infaillible ».
Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :
Tome VI. Livre quatre-vingt-dix-septième, (XCVII) ; n. 18.

De fait, se trouvant à l'article de la Mort, l'on rapporte qu'il prononça les paroles suivantes : « Je crois fermement tout ce que tient & enseigne la sainte église catholique ( sic) ; & si jamais j'ai avancé quelques propositions contraires à la doctrine de l'église, je les rétracte & les soumets à la censure ecclésiastique. « Voilà » donc, en infère le cardinal de Fleury, un pape qui ne se croyait pas infaillible. »

En 1378, les cardinaux, assemblés pour donner un successeur à Grégoire XI, proclamèrent Barthélémy Pregnano, qui prit le nom d'Urbain VI, & se retirèrent, peu de mois après, à Fondi, où ils élurent Robert de Genève, devenu, lors de son couronnement de la tiare papale, le pape Clément VII. Ils y prétendaient à présent que l'élection du pape Urbain VI n'avait été qu'une formalité pour apaiser la fureur d'un peuple qui voulait dicter leur choix. Clément s'installe dans Avignon. La France, l'Espagne, l'Ecosse, & la Sicile le reconnaissent, ce pendant que le reste de l'Europe tient pour Urbain, lequel réside à Rome, & fait publier en Angleterre une croisade contre la France. Le pape
Urbain VI Mourut en 1389, & les cardinaux de son parti le remplacèrent par Pierre Tomacelli, devenu le pape Boniface IX. D'un autre côté l'autre pape, concurrent d'Urbain VI, c'est-à-savoir le pape Clément VII, étant, à son tour, lui aussi, décédé, en 1394, les cardinaux Français élevèrent au pontificat l'Espagnol Pierre de Lune, qu'on appela Benoît XIII. De toutes parts, on proposa des moyens de conciliation. La France, sur-tout, se montrait empressée d'éteindre le schisme d'Avignon, lequel avait généré la concurrence entre les deux têtes papales d'une double papauté bicéphale. En sorte que le Peuple ne savait plus à quel saint se vouer, d'autant que nul des deux n'était saint. Où que le menu Peuple jetât les yeux, loin que s'offrît à sa vue l'aigle à deux têtes du Saint Empire Romain Orthodoxe d'Orient & d'Occident, avec pour double capitale, l'ancienne & la nouvelle Rome-Constantinople, il ne voyait qu'un Janus bi-frons, sa vue s'en dédoublant du spectre de son hypocrite duplicité d'homme double au coeur double, superposant, pour les mieux confondre, le spirituel au matériel ; & s'en trouvait ce troupeau d'ouailles gros-jean comme devant, plus privé de Phare Spirituel que s'il eût vagué, extra-vagué, égaré dans la nuit sans lune du péché. & l'égarement spirituel perdurait d'autant que ni l'un ni l'autre des pontifes n'entendait céder la tiare à l'autre, non plus que s'incliner devant son double. A telle enseigne que les armes prétendument spirituelles dirigées par chaque pape contre l'autre pape, son pair, s'émoussaient entre leurs mains. Ce qu'ils firent, de part & d'autre, contre les défenseurs de leurs rivaux ; quels dangers ils coururent l'un & l'autre ; quels cardinaux, quels rois, quelles villes ils Excommunièrent ; combien de Menaces, de Bulles, de Censures, ils publièrent, nous n'entreprendrons point de le conter ici : Nous remarquerons seulement que l'église de France, après d'inutiles efforts pour rétablir la paix, finit par se soustraire, en 1398, à l'obédience de l'un & de l'autre pontife. « Nous », déclare le roi Charles VI de France, « nous, assistés des princes de notre sang & de plusieurs autres, & avec nous l'église catholique de notre royaume de France, tant le Clergé que le Peuple, nous retirons entièrement de l'obéissance au pape Benoît XIII, comme de celle de son adversaire, ( Boniface IX). Nous voulons que, désormais, personne ne paye rien à Benoît, à ses collecteurs ( d'impôts), ou autres officiers ' & légats du pape), des revenus ou émoluments ecclésiastiques ; & nous défendons étroitement à tous nos sujets de lui obéir ou à ses officiers, en quelque manière que ce soit ». L'historien Villaret,
cf Villaret : Hist. De France. Tom. XII, pag. 270-271,
ajoute que Benoît, ayant fait courir le bruit que les Français voulaient se soustraire à son obédience, afin de lui substituer un pape de leur nation, le roi de France, pour détruire de pareils soupçons, déclara dans ses lettres, que tout pape lui serait agréable, fût-il Africain, Arabe, ou Indien, pourvu qu'il ne déshonorât point par ses passions la chaire du prince (prétendu) des Apôtres.

Les Français profitèrent de ces circonstances pour réprimer les exactions de la cour pontificale des papes d'Avignon. On rendit aux églises locales le droit d'élire librement les prélats, & aux collateurs la disposition des autres bénéfices. Le pape Boniface IX perfectionnait alors l'art d'enrichir le saint-siège papal. Il avait, comme l'observe Fleury :

Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840 :
Tome VI. Livre quatre-vingt-dix-neuvième, (XCIX) ; n. 26,
doublement besoin d'argent, pour lui-même, & pour soutenir Ladislas, roi de Naples, à Naples même, contre la maison d'Anjou. Il faut lire dans Fleury,
cf Fleury : Ibidem. n. 26, 27, 28,
comment les clercs qui possédaient à Rome des bénéfices, payaient la faveur d'être
examinés ; comment le pape Boniface IX, durant la seconde & la troisième année de son pontificat, datait de la première année les bulles des bénéfices ; comment il exigeait le prix de cette antidate ; comment il étendit aux prélatures le droit d'annates, c'est-à-dire, la réserve du revenu de la première année de chaque bénéfice ; comment il entretenait des courriers par toute l'Italie, pour être averti sans délai des maladies & de la Mort des prélats & dignitaires, & pour vendre deux fois, & trois fois, même, une même abbaye, ou une même église ; comment, par des clauses de préférence, il révoquait les réserves & les expectatives dont il avait reçu le prix ; comment il sut même annuler les préférences déjà payées, par des préférences d'une plus haute valeur ; comment enfin ce négoce, se combinant avec la Peste & la plus rapide Mortalité des bénéficiers, amenait dans les coffres dudit « saint »-père les contributions innombrables de tous ceux qui obtenaient, espéraient, ou convoitaient un riche ou fût-ce un mince bénéfice ecclésiastique.

Il était sans doute impossible que tant de scandaleux abus, amoncelés & grossis à travers les âges depuis le pape Hildebrand jusqu'aux papes Boniface IX & Benoît XIII, n'excitassent pas l'indignation des esprits droits & des coeurs honnêtes. Les Français, beaucoup plus Chrétiens au XIVème Siècle que les Peuples d'Italie & d'Allemagne, montraient, par cela même, plus de zèle à réprimer les désordres & les excès du clergé. Ils avaient secondé le roi de France Philippe-le-Bel contre le pape Boniface VIII ; sous le roi Philippe de Valois, Pierre de Cugnières avait exprimé leurs voeux honorables ; &, plus de vingt années avant leur renonciation à Benoît XIII, comme à Boniface IX, ils avaient, sous le roi Charles V de France, recherché les limites de l'autorité ecclésiastique. Un monument de cette discussion nous a été conservé sous le titre de « Songe du Verg(i)er », ou « Disputation du Clerc & du Chevalier ». Le Songe du Vergier, l'un des plus anciens Monuments de la Littérature Française & des Libertés de l'Eglise Gallicane non-papiste, & non-oecuméniste avant l'heure, remplit, du reste, la moitié d'un volume in-folio dans le Recueil des Traités & Preuves de ces Libertés. - Ouvrage dont l'Auteur n'est malheureusement pas bien connu, mais que nous attribuerions plausiblement à Jean de Lignano, ou à Charles de Louviers, plutôt qu'à tout autre. Le Clerc mis en scène y réclame pour les successeurs de Saint Pierre le titre & les droits de vicaire général de Jésus-Christ sur la terre. Le Chevalier distingue dans la Vie sur terre du Sauveur deux époques, l'une de Prédication & d' Humilité avant Sa Mort, l'autre de Gloire Lumineuse de Corps Glorieux & de Divine Puissance après Sa Résurrection. Saint Pierre, au dire du Chevalier, ne représente que Jésus Christ Pauvre & Modeste, Enseignant le Saint Evangile, n'affectant sur les trônes & les choses temporelles aucune sorte de prétention, reconnaissant que Son Royaume n'est pas de ce monde temporel, & rendant à César ce qui est à César, ce qui est dire remettant le vil Temporel à sa place, dernière, de Vilitude.



***




CHAPITRE VIII.



QUINZIEME SIECLE.




Quatre grands conciles ont été tenus au XVème Siècle, tous quatre avant 1450 :
Le premier des quatre, le concile de Pise se tint en 1409 : il n'est pas révéré comme oecuménique – ce qui est dire qu'il n'est point reconnu comme universel, non plus qu'ayant valeur universelle, comme le doivent être les conciles Apostoliques Orthodoxes, pour être fidèles à la Tradition Instituée des Saints Apôtres -.
cf ( Bienheureux) Père Guettée, Wladimir : Histoire de l'Eglise.
cf ( Bienheureux) Père Guettée, Wladimir : O.C.
Mais il a toutefois, déposant le pape Grégoire XII & le pape Benoît XIII, élu pape Alexandre V pour les remplacer . Mais cet acte, loin qu'il éteignît le schisme, fit que l'on eut, au contraire, trois papes ; (sic).
S'ensuivit, en second lieu, le concile de Constance, en l'an 1414 : Il a plus d'autorité ; il fit brûler Jean Hus & Jérôme de Prague ; d'ailleurs, il proclama la supériorité des conciles généraux sur les papes ; doctrine toujours réprouvée à Rome, & à laquelle n'adhéra pas le pape Martin V, tout élu qu'il était par ce concile même de Constance. Mais l'église catholique Romaine n'eut plus que deux chefs, le pape Martin V, & l' obstiné pape Benoît XIII. De fait, le pape Grégoire XII envoya sa démission ; & le pape Jean XXIII, successeur du pape Alexandre V, fut jeté en l'obscur cachot d'une noire prison, dont il ne put sortir que sous condition expresse qu'il reconnaissait Martin V pour pape. De ce pape déchu, Jean XXIII, il n'est point de vices, point de crimes, que les historiens de parmi ses contemporains, & le concile de Constance ensemble ne lui aient reprochés. Par le fait, un Acte d' Accusation dressé contre ce Jean XXIII, lui imputait, à ce que l'on rapporte,
cf Théodoric de Niem : Ap. Vonder Hart. Tom II, pag. 389,
une liste complète de tous les péchés Mortels. L'on prétendait qu'il avait séduit trois cents religieuses;
cf Lenfant : Hist. du concile de Constance. l. II, pag. 184.
Selon Théodoric de Niem, il avait eu à Bologne deux cents maîtresses. Certes, ces exagérations décèlent la calomnie, & l'hospitalière amitié dont les Florentins, & sur-tout les Médicis, famille dès-lors distinguée, honoraient un pontife si mal affermi, suffirait pour réfuter & pour affaiblir les inculpations dont ses ennemis & ses revers ont chargé sa mémoire. Cependant tant d'accusations unanimement & ensemblement portées ne sont vraisemblablement pas sans fondement, ni dénuées de tout caractère de vérité. Ce qu'il y a de sûr, c'est que la faiblesse de son pâle caractère falot a, pour le moins, provoqué les outrages de ses rivaux, &, ses disgrâces, les outrages de l'Histoire. Dépouillé de ses états par le roi de Naples Ladislas, trahi par Frédéric duc d'Autriche, poursuivi par l'empereur Sigismond, ce vicieux pape Jean XXIII usa beaucoup trop des seules ressources qui lui restaient, l'usure, & la simonie. Il perfectionna, même après le pape Boniface IX, le négoce des bénéfices,
Cf Fleury ( Cardinal de) : Hist.(oire) ecclés.(iastique).
A l'enseigne de Didier, Libraire-Editeur. Paris. 1840.
Tome VI. Livre cent-troisième, (CIII) ; n. 45,
& nous lisons, toujours chez le même chroniqueur d'entre ses contemporains,
cf Théodoric de Niem : Invect. Pag. 8,
qu'on lui faisait, pour redevance à cet usurier de profession qu'il était, un billet de mille florins, dès qu'il en prêtait huit cents pour le court espace de quatre mois.
Tiercement, le troisième des conciles tenus au quinzième Siècle fut le concile de Bâle, qui rassembla les cardinaux en l'an 1431. Les « théologiens » catholiques Romains le déclarent général jusqu'à sa vingt-cinquième session seulement ; or, il en a tenu quarante-cinq. De toute façon, les occidentaux tiennent pour général un concile qui ignore l'Orient Chrétien entier.
Cf Guettée : O. C.
Du reste, ce concile aussi rabaissa fort l'autorité papale ; & ses décrets sur cette matière servirent, ainsi que ceux de Constance, à rédiger en France la célèbre pragmatique sanction, sur laquelle il sera revenu infra. Toujours est-il que les pères cardinaux dudit concile de Bâle déposèrent le pape Eugène IV, qui avait été l'éphémère successeur du pape Martin V, qualifiant ledit pape Eugène de perturbateur, d'Hérétique, & de Schismatique. C'était oublier que tous les papes d'Occident sont Schismatico-Hérétiques, &/ou Hérético-Schismatiques, depuis le Grand Schisme de 1054, supra évoqué. En répons de quoi, le pape Eugène IV se contenta d'Excommunier ce troisième concile, & d'en tenir un quatrième à Florence en 1439.
Ce quatrième concile de Ferrare-Florence, tenu en 1439, est connu des Orthodoxes comme le concile de la Fausse-union, enquel brilla l'Héroïque Résistance de Saint Marc d'Ephèse. Le pape Eugène IV susdit tenta d'y traiter de la réconciliation avec l'Orthodoxie Chrétienne de l'empire d'Orient , depuis le grand Schisme de 1054, seul demeuré Orthodoxe, dans la Tradition Apostolique des Saints Apôtres, & dans l'Eglise Orthodoxe Originelle & Universelle. L'empereur d'Orient, Jean Paléologue, venu de sa capitale de Constantinople-Nouvelle Rome, s'y trouva, cherchant à raffermir par cette
Fausse-union le trône sur lequel il chancelait. Mais la Résistance acharnée des Vrais Chrétiens Orthodoxes, - Résistance d'abord venue d'un seul Saint Moine, en l'occurrence, celle de Saint Marc d'Ephèse, Archevêque de cette ville – fit échouer cette Fausse-union anti-Orthodoxe du pseudo concile de Ferrare-Florence. Le pape Eugène IV, lorsqu'il apprit à Rome, au retour de ses légats, que Saint Marc avait farouchement refusé de signer l'acte de ce qu'il regardait pour Trahison de la Sainte Foy Orthodoxe, s'exclama, furieux : « Marc n'a pas signé? Nous n'avons rien fait! ». Quand aux évêques Orthodoxes qui avaient signé, le Saint Exemple de marc les fit se repentir amèrement de leur lâche forfaiture. &, saisis de remords, ils tendaient avec désespoir leurs mains, criant : « Coupez, Pères, coupez ces mains qui ont signé. »
Cf ( Saint) Père Ambroise Fontrier : Catéchèse Orthodoxe. Printemps 1980.
cf ( Bienheureux) Père Guettée, Wladimir : Histoire de l'Eglise.
Cf Kalomyros, Alexandre : Against False-Union. ( Contre la Fausse Union).
( Ed. Du Monastère de la Sainte Transfiguration de Boston, Brookline, MA(ssa), USA.
Cf Bibliographie supra sur le Schisme de 1054.


Louis III d'Anjou avait disputé le trône de Naples à
Jeanne II, fille de Charles Durazzo. Délivrée de Louis par le roi d'Aragon Alphonse V, Jeanne avait adopté ce monarque Arragonais, & son libérateur devait hériter d'elle. Depuis, quelque mésintelligence entre Alphonse & Jeanne le détermina à recourir à Louis d'Anjou, & à révoquer en sa faveur l'acte d'adoption obtenu par Alphonse. Ensuite de quoi, Jeanne II & Louis III Moururent : deux compétiteurs se présentèrent pour régner sur Naples : Alphonse V, & René frère de Louis III. Le pape Eugène IV se déclara pour Alphonse, précisément parce que René, plus désiré par les Napolitains, &, par manière générale, par l'Italie, aurait été, pour le saint-siège de Rome, un voisin trop redoutable. C'est la principale affaire purement politique dont se soit mêlé ce pontife. Il obligea pourtant aussi Vladislas, roi de Pologne & de Hongrie, de rompre une paix avec les Turcs, jurée sur les Evangiles & sur l'alcoran. Rupture funeste, autant que déloyale, qui entraîna, près de Varne, en 1444, la défaite & la mort de Vladislas.
Eugène IV retint jusqu'à sa mort le titre de pape, quoique le concile de Bâle l'êut conféré à un duc de Savoie, Amédée VIII, dont le nom papal est Félix V. Depuis, ce duc abdiqua la tiare, & l'église n'eut plus enfin qu'un seul chef, Nicolas V, pape successeur d'Eugène. Ce pape Nicolas V fut l'un des rares prélats pacifiques, ami des Lettres, fondateur de la bibliothèque du Vatican, & l'un des plus généreux protecteurs des savants Grecs dotés de toute l'immense science humaniste Byzantine, s'étendant de l'héritage grec antique à toute la Théologie Patristique des Saints Pères de l'Eglise Orthodoxe d'Orient, lesquels, avec nombre de leurs manuscrits, pillés par le Vatican, étant encore inconnus de tout l'Occident, & dont la traduction allait être à l'origine de la Renaissance des Lettres & des Arts en Europe, & parmi eux, & non moins cultivée qu'eux, Anne Comnène, la fille de l'empereur Byzantin Alexis Ier, laquelle, parmi les cinq livres de son Alexiade, citant Homère, les Tragiques grecs, & les Saints Pères de l'Eglise, décrit la fruste conduite & l'ignorance grossière des Francs croisés & leurs pillages des Biens d'Eglise de Byzance & de Terre Sainte, avaient trouvé refuge en Italie, après que Mahomet II eut pris Constantinople en 1453, date d'immense désastre pour l'Orthodoxie d'Orient, laquelle, désormais, refluait vers l'Occident, qui jusqu'à ce jour d'hui, hélas! jamais ne comprit rien d'elle, se contentant, pour son renaître enfin, de la piller à la lettre, en ignorant tout l'Esprit, &, d'envieuse jalousie pour l'ombre que lui causait encore sa gloire, incessamment la Persécuta, à ce point tel, que nul quasi ne connaît d'Orthodoxie, à Mort censurée, assassinée, le beau nom même.
Cf Anne Comnène : L’Alexiade. ( Ed. Les Belles Lettres).

Cf Internet : Wikipedia : Article : Anne Comnène..

Cf Vlasto, E.A : 1453. Les derniers jours de Constantinople.

( Ed. Ernest Leroux ). (1883).

Cf Bréhier, Emile : Vie & Mort de Byzance. ( Ed. Albin Michel de Poche).

(1946 & 1969).

Cf Guillou, André : La Civilisation Byzantine.

( Ed. Arthaud. Coll. Les Grandes Civilisations).

Cf ( Sir) Runciman, Steven : La civilisation Byzantine.

cf (Sir) Runciman, Steven : La chute de Constantinople. 1453.
( Ed. Tallandier. Coll. Texto, de Poche).


Cf ( Sir) Runciman, Steven : The Great ( Orthodox) ( Constantinople's) Church
in Captivity. ( Ed. Cambridge University Press). (1968).

( From the beginnings until 1821). ( Des commencements à 1821).
( En passant par un demi-millénaire d'années, qui sont cinq cents ans de Turcocratie, soit cinq Siècles de Dictature islamiste Turque Ottomane, Persécutant, Torturant, Exécutant, Massacrant, & Génocidant les Saints Martyrs Chrétiens Orthodoxes).

cf (Sir) Runciman, Steven : Histoire des croisades. (Ed. Tallandier),

cf (Sir) Runciman, Steven : The last Byzantine Renaissance.

( Ed. Cambridge University Press).

( En partic. les p. 43, 44, 48, 79, 80-83, 100, sur la fausse union du concile de

Ferrare-Florence, au XVème Siècle, qui se brisa sur la Résistance héroïque d’un

seul,

Saint Marc Eugénikos, Evêque- Métropolite d’Ephèse, dont le refus persistant de

signer la Fausse union, fit dire au pape Eugène IV furieux : “ Si Marc n’a pas

signé, nous n’avons rien fait.”

Ce que voyant, les Patriarches signataires traîtres à l’Orthodoxie s’écrièrent d’eux-mêmes : “ Coupons, mes Frères, coupons ces mains qui ont signé!” ( la Fausse-union papiste).


Cf ( Saint) Père Ambroise ( Fontrier) : Catéchèse Orthodoxe.

n° du Printemps 1980 : Article : “Vers une fausse union ?”

Ed. Saint Grégoire Palamas, 30 bd Sébastopol ,Paris.

cf(Feu Père) Romanidis, Jean,(grand Théologien & anc.Prof. à l’Université

de Thessalonique, Grèce), ( Auteur du Fondamental :)

Franks, Romans, Feudalism, & Doctrine.

( An interplay between Theology & society).

(1981). (Ed. Holy Cross Orthodox Press,

50 Goddart Avenue, Brookline, Massachusetts 02146).

Cf Kalomyros, Alexandre : Against False-Union. ( Contre la Fausse Union).
( Ed. Saint Nectarios Press, Seattle, Washington, 1967),
available ( se pouvant commander, ainsi que le précédent titre sus-cité, auprès du, au) Monastère de la Sainte Transfiguration de Boston, Brookline, MA(ssachusetts), USA.

Pour ce qui est de s'en tenir à l'Europe occidentale, l'on vient de voir que, durant la première moitié du XVème Siècle, le sacerdoce divisé n'avait aucun moyen presque de bien sérieusement menacer les grands empires. L'on dut saisir cette occasion d'opérer les réformes provoquées par les altérations que les Fausses Décrétales avaient fait subir à la discipline ecclésiastique.
Les règles antiques laissaient au clergé, aux peuples, aux princes, une part active à l'élection des évêques, tandis que le droit nouveau réservait au pape l'institution des bénéficiers. Les Excommunications, rares autrefois, & restreintes à des effets purement spirituels, s'étaient multipliées, depuis le Xème Siècle, contre les empereurs & les rois, dont elles ébranlaient la puissance. Les papes des huit premiers Siècles n'avaient songé à exiger aucun tribut des évêques nouvellement élus ; mais, maintenant, le pape leur demandait des annates, c'est-à-dire le revenu d'une première année. Avant les Décrétales, les ecclésiastiques étaient, en matières civiles & criminelles, justiciables des tribunaux séculiers ; mais, depuis les Décrétales, le pape voulait être, en tout genre de causes, le juge suprême de tous les membres du clergé. Enfin, les dispenses, les grâces, les réserves, les expectatives, les appellations au saint-siège, étaient journalières ; & les abus devenus excès fatiguaient surtout la France.

DE LA PRAGMATIQUE SANCTION
( GALLICANE DU PAPE ULTRAMONTAIN) :

Après s'être soustraite, comme l'avons dit, à l'obédience de l'un & de l'autre des contendants à la papauté, l'Eglise Gallicane des Evêques se mit à se gouverner elle-même conformément aux premières lois de l'Eglise Originelle des Saints Apôtres du Christ, péjorativement mal baptisée «ྭEglise primitiveྭ», & accueillit avec transport les décrets des conciles de Constance & de Bâle, qui limitaient la puissance du pape de Rome, & la subordonnaient à celle de l'Eglise Assemblée en Concile Synodal d'Evêques.
Le concile de Bâle, quand le pape Eugène IV l'eut quitté, envoya ses décrets au roi de France Charles VII, qui les communiqua aux Grands de son royaume, tant les séculiers que les ecclésiastiques, à cet effet réunis dans la sainte-chapelle de Bourges. Les décrets de Bâle & de Constance, approuvés & modifiés par cette assemblée de Bourges, composèrent lors la PRAGMATIQUE SANCTION ( GALLICANE DU PAPE ULTRAMONTAIN), qui fut lue & publiée comme édit du roi, au parlement de Paris, le 3 juillet 1439. Il est décidé, par cet édit, que les conciles généraux doivent se tenir tous les dix ans, que leur autorité est supérieure à celle du pape, que le nombre des cardinaux sera réduit à vingt-quatre, que les élections aux bénéfices ecclésiastiques seront parfaitement libres, qu'on ne parlera plus d'annates, qu'on ne reconnaîtra ni réserve ni expectative. Tous les ordres de l'Etat reçurent cette pragmatique avec enthousiasme ; & la suite de l'histoire atteste combien elle était chère aux Français.

En Italie, le schisme avait insensiblement opéré une révolution dans les habitudes politiques. Sous des demi-papes rivaux & douteux, sous la faible influence des empereurs Robert, Sigismond, Robert II, & Frédéric III, les factions Guelfe & Gibeline, dont Dante & ses contemporains avaient tant fait les frais de leurs dissensions perpétuelles déchaînant une quasi guerre civile incessante entre leurs partis adverses, ces factions ennemies, donc, s'étaient presque éteintes, soit faute de chefs & d'étendards à lever, soit aussi, plus simplement, par lassitude de mortelles querelles, après quatre ou cinq cents années de fureurs & de malheurs. Les Visconti, devenus les chefs & comme les coryphées des Gibelins, s'affaiblirent peu à peu, & soudain disparurent, remplacés par les Sforze, famille à peine éclose, & destinée à combattre pour des intérêts nouveaux comme elle l'était. Les Médicis, puissante famille papale, un peu moins récens, s'étudiaient à calmer les agitations qui secouaient Florence, & concevaient l'espoir de voir fleurir la liberté, les lois, & les lettres, dans le plus beau pays qu'elles puissent habiter. Entraînées aussi par le sentiment de leur progrès dans les beaux-arts, d'autres villes d'Italie aspiraient à s'affranchir pleinement du joug Germanique, & à exercer elles-mêmes une influence habituelle sur les Peuples qu'elles avaient devancés. Cet orgueil national les réconciliait en secret à la papauté, les disposait à la considérer comme le centre de la puissance Italienne, & à regretter l'ancien éclat de ce redoutable foyer. Le milieu du XVème Siècle est la véritable époque où se raffermit & se propagea en Italie LA DOCTRINE qu'on appelle ailleurs ULTRAMONTAINE, DOCTRINE QUI N'A JAMAIS ETE QUE LE MASQUE DES INTERETS POLITIQUES de cette nation, bien ou mal conçus par elle. Depuis lors, les Italiens se sont, d'ordinaire, abstenus de seconder la RESISTANCE que les Anglais, les Allemands, les Français, n'ont cessé d' OPPOSER AUX PRETENTIONS DU PONTIFE PAPE ROMAIN, à SON AMBITION TERRSTRE, A L'ABUS DE SON MINISTERE «ྭSPIRITUELྭ». Déjà, dans les conciles de Constance & de Bâle, les prélats Italiens étaient en général remarqués par la tiédeur de leur zèle pour les réformes des désordres ecclésiastiques. Ainsi du moins Bossuet le note-t-il en son étude sur l'Eglise Gallicane, tout ultramontain & farouche adversaire des Gallicans qu'il fût.
cf Bossuet, Defens. Declar. Cl. Gallic.
Cf (Père) Ranson, Patric : (Contre) Augustin ( d'Hippone).
(Dossier H. Ed. de l'Age d'Homme) :
Chap : Bossuet, gendarme de l'augustinisme.
Effrayés sans doute de la téméraire audace de Wiclef, & de plusieurs autres novateurs, ils ne sentaient pas que la sagesse des moeurs & des lois serait le plus sûr préservatif contre l'altération des dogmes ; ou plutôt en effet les croyances n'étaient pas ce qu'ils désiraient le plus sincèrement de garantir. Voilà donc en quelles dispositions les successeurs de Nicolas V trouvaient, en Italie, le clergé, les littérateurs, les gouvernans, & par conséquent les Peuples ; & tels étaient les points d'appui sur lesquels les leviers du pontificat allaient recommencer à se mouvoir.

Six papes (de Rome), après le pape Nicolas V, ont gouverné l'église Schismatique & Hérétique de la papauté catholique romaine durant la seconde moitié du XVème Siècle : Les papes Callixte III, depuis 1455 jusqu'en 1458 ; Pie II, jusqu'en 1464 ; Paul II, jusqu'en 1471 ; Sixte IV, jusqu'en 1484 ; Innocent VIII, jusqu'en 1492 ; Alexandre VI, durant les dix années suivantes.

Le pape de Rome Callixte III, qui prêcha vainement une croisade contre les Turcs établis à Constantinople, montra bien plus de zèle encore pour les intérêts particuliers de sa famille. Ce pape avait trois neveux, ou dits tels, les papes faisant ordinairement passer leurs propres fils pour neveux, peuplant leurs familles de dits «ྭprinces noirsྭ» : Il en éleva deux au cardinalat, qu'ils déshonorèrent par la publication de leurs désordres. Il accumula sur la tête du troisième les dignités séculières ; il le fit duc de Spolète; général des troupes du saint-siège, préfet de Rome,gouverneur du papal château Saint-Ange ; il voulait le faire roi de Naples, & terminer ainsi entre Ferdinand, fils d'Alphonse, Jean, fils de René, & quelques autres concurrents & rivaux, les rivalités dont ce royaume était l'objet. Callixte tenta d'armer les Milanais contre Ferdinand, & défendit à ce prince, sous peine d'Excommunication, de prendre le titre de roi : Mais le pape Callixte ne régna en définitive que trois ans, & la Mort mit un terme à ses ambitieux desseins infinis, desquels le peu qu'il en put réaliser, n'eurent aucun effet durable.

Après lui, vient le pape Pie II, naguère répondant au nom d'Aeneas Sylvius ( Enée Sylve) , &, sous ce nom, littérateur assez distingué ; naguère aussi, & jadis, secrétaire du concile de Bâle ; &, comme tel, zélé partisan de la suprématie des conciles Hérétiques de la papauté Schismatique & Hérétique. Mais, pape enfin, &, dès lors, ardent défenseur de la toute-puissance usurpée du saint-siège. Il en alla même jusqu'à positivement rétracter tout ce qu'il avait écrit sous la dictée dudit concile. &, par une bulle expresse, le pape Pie II condamna son double schyzoïde, alias Aeneas Sylvius :
cf Mézerai : Abr.(égé)chron.(des chroniques italiennes), tom.III, pag. 436.
«ྭ Jamais (un) particulierྭ», écrit le Chroniqueur Historien Mézerai, «ྭ n'avait plus travaillé à réduire la puissance du pape, dans les termes ( de la Canonique) des Canons ( ecclésiastiques), qu'Aeneas Sylvius; et jamais non plus, pape ne s'efforça plus, tout au contraire, de l'étendre au-delà du droit & de la raison, que le même (individu singulier), quand il fut (devenu le personnage du pape) Pie II.ྭ»
De là que sa bulle «ྭ Execrabilisྭ», ( Décret d'Exécration des dits Exécrables), Anathématise les appels au concile général des cardinaux-évêques de l'entière église papiste, concile auquel la France en appela pourtant, & nonobstant, de cette bulle même. Le roi Charles VII régnait encore sur la France. Il maintenait la pragmatique sanction. Et voici en quels termes le procureur général Dauvet protestait contre l'Execrabilis papale : «ྭ Puisque notre saint-père le pape, à qui toute puissance a été donnée pour l'édification de l'église (papiste), & non pour sa destruction, veut inquiéter & outrager le roi notre seigneur, les ecclésiastiques de son royaume, & même les séculiers ses sujets, je proteste moi, Jean Dauvet, procureur général du roi, de la nullité de tels jugements ou censures, selon les décrets des saints canons (ecclésiastiques), qui déclarent nulles, en plusieurs cas, ces sortes de sentences ( abusives, dus aux abus de l'autorité usurpée papale). Soumettant néanmoins toutes choses ( comme il se doit faire en Droit ecclésial, au terme des Canons de l'Eglise gallicane des vrais Evêques de France, prêchant en Justesse Théologique la Parole de Vérité), (soumettant donc toutes choses) au jugement du concile général ( du collège des cardinaux évêques), auquel notre roi très-chrétien prétend avoir recours, & auquel j'appelle en son nom.ྭ»
cf Preuves des Libertés de l'Eglise Gallicane, tom.I, p.11, & p.40.

Par malheur pour le Peuple & pour l'Eglise, Louis XI, succédant en 1461 à Charles VII, il abrogea la pragmatique, cédant aux instances de Pie II, lequel en pleura de joie, de voir que le collège synodal des évêques étant dépouillé de toutes ses fonctions de possible autorité, plus rien ne subsistait qui pût lui faire obstacle, entraver son chemin, & s'opposer à sa volonté de puissance, traduite en ambition démesurée. Il régnait donc désormais en César ultramontain, ayant, sur son passage, balayé les dernières institutions de l'Eglise Gallicane des Evêques de France.
De joie encore, le pape Pie II ordonna des fêtes publiques de réjouissances, & fit traîner dans les boues de Rome l'acte de l'assemblée de Bourges. Louis avait mis à sa complaisance deux conditions : L'une, que le pape favoriserait Jean d'Anjou, & le proclamerait roi de Naples ; l'autre, qu'un légat, Français de naissance, serait chargé d'instituer en France les bénéficiers. Mais Pie II, qui avait, sans sourciller, fait indifféremment ces deux promesses, n'accomplit naturellement ni l'une ni l'autre. Toutefois, il composa des vers en l'honneur du roi-Tyran, & lui envoya une épée garnie de diamans, pour combattre Mahomet ( Mehmet) II, grand Mamamouchi absolu des Turcs de l'empire absolutiste ottoman, qui asservissait cruellement les Chrétiens sous le joug islamiste, les Persécutant à Mort, & faisant des Millions de Martyrs Chrétiens Orthodoxes, couchés aux pages d'or des Grands Synaxaires de l'Eglise Orthodoxe. De quoi, Louis XI, profondément irrité, ordonne en secret au parlemens de s'opposer à l'idée qui révoquait la pragmatique. Cette opposition n'était du reste pas difficile à obtenir : Il suffisait de ne la point empêcher : Le parlement saisit sur-le-champ une occasion d'obéir en refusant d'obtempérer. Louis XI, quant à lui, ne s'arma point contre les Turcs. Mais, en même temps que Pie II excitait ainsi les rois de l'Europe à combattre les nouveaux maîtres, Tyrans de Byzance-Constantinople, se donne à voir ce que ledit saint-père & pape de Rome écrivit à Mahomet II, (en fait de specimen d'esprit faux de délirante mégalomanie de maniaque traître au Vrai Fait Religieux & à la Cause des Vrais Chrétiens Orthodoxes de l'Empire Byzantin, dont Constantinople-Nouvelle Rome fut érigée en capitale des Chrétiens (Orthodoxes) par l'empereur Orthodoxe Constantin, qui la fonda, déménageant toute sa cour & ses institutions impériales devers celle nouvelle capitale, à son tour devenue le premier lieu de la Chrétienté, en tant que sa nouvelle origine ecclésiale. N.D.T.) : «ྭ Voulez-vous devenir le plus puissant des Mortels (de la terre)? Que vous faut-il (encore) pour l'être (dès à) demain? Bien peu de choses, assurément : ( & seulement ) ce qu'on trouve sans le chercher : Quelques gouttes d'eau baptismale (feront l'affaire). ( Les catholiques ne baptisant, les Infidèles même, qu'Hérétiquement de quelques gouttes à peine d'un peu d'eau aspergeante, par simple Aspersion, & non par triple Immersion dans les eaux lustrales du Baptême, symbolisant la Mort dans les eaux du péché, & la Résurrection par ressurgissement à la Lumière du Christ. N.D.T.). Prince ( des Infidèles), un peu d'eau, & nous vous déclarons empereur des Grecs ( Orthodoxes Chrétiens)(sic), & de l'Orient (sic), & de l'Occident même (sic), s'il est besoin. Jadis débarrassés d'Astolphe & de Didier par les bons offices de Pépin le Bref & de Charlemagne, ( empereur des Carolingiens Schismatiques & Hérétiques d'Occident. N.D.T.), nos prédecesseurs les papes Etienne, Adrien, Léon, couronnèrent leurs libérateurs. Faites (donc) comme Charlemagne & Pépin; nous ferons (lors) comme Léon, Adrien, Etienne. «ྭ ( «ྭ Pii secundi pontificis maximi, ad illustrem Mahumetem, Turcorum imperatorem, epistola. Tavisii, Gerard de Flandria, 1475, in-4°. On lit, fol. IV & V. Parva res omnium qui hodie vivunt maximum & potentissimum & clarissimum te reddere potest. Quaeris quid sit! Non est inventu difficilis neque procul quarenda ; ubique gentium reperitur : id est, aquae pauxillum quo baptiseris. Id si feceris, non erit in orbe princeps qui te gloriâ superet aut aequare potentiâ valeat. Nos te Graecorum & Orientis Imperatorem appellabimus.ྭ» etc...)
Ce style mégalomaniaque est, comme l'on voit, fort clair, & ne déguise rien de la perfide, rusée, & mensongère politique pontificale papale & césaro-papiste.



A cet orgueilleux Pie II, pape de Rome, succéda Barbo, Vénitien si beau, si vain, & vainement empreint de vanité vaine, & si fatalement narcissique, qu'il fut tenté un moment de prendre le nom de Formose, - (Formosus voulant dire & signifier : «ྭ beauྭ», en latin)-. Mais il se contenta, pour finir, du nom de Paul II, qui eût néanmoins été un nom plus beau, & le nom programmatique d'un Saint programme de Vie, s'il eût été véritable adepte, admirateur zélé, & sectateur de l'immense Saint Paul, Apôtre des nations. Hélas! Il n'en était rien. Tous ses efforts furent, quant à lui, également vains & inutiles. S'efforçant de liguer les rois Chrétiens contre les Turcs, & de faire enregistrer au parlement de Paris l'abrogation de la pragmatique, il n'y put parvenir : D'autres intérêts occupaient les princes, & le parlement s'opiniâtra. En vain aussi le cardinal Balue obtint du crudélissime roi de France de sinistre mémoire, Louis XI, la destitution du procureur général Jean de Saint-Romain : L'université se joint aux magistrats pour appeler au futur concile. Cependant, on découvre des lettres qui prouvent à Louis XI qu'il est trahi par Balue. Déjà ce cardinal est emprisonné dans l'une de ces minuscules cages de fer, Torture de prédilection du crudélissime Louis XI, qui les nommait ses chères «ྭJALOUSIES», & y jetait tous ses opposants, pour démanteler toute l'Opposition, duquel crudélissime traitement ont aujourd'hui, en France même, pris le relais les CELLULES D'ISOLEMENT(C.I.) des asiles psychiatriques, - ( pompeusement baptisés & désinformativement dénommés Hopitaux (H.P.))- des Tortionnaires Tyrans du Totalitarisme actuel.
Cf Les illustrations du texte, ci-jointes in le blog :
presbyteraanna.blogspot.com.
Mais le pape Paul II se prétend lors le seul juge légitime d'un prince de l'Eglise – c'est-à-savoir d'un cardinal évêque -, & Balue est enfin remis en liberté après une longue & atroce détention, imputable à la seule & unique CRUAUTé MENTALE DU TYRAN REGNANT, détention atroce, donc, dans l'une de ces CAGES DE FER, qui constituent & sont l'un des seuls souvenirs laissés par l'atroce Tyran Louis XI dans la Mémoire de l'Histoire ( du Monde & des Peuples).

Vainement aussi, Paul II voulut s'emparer de la ville de Rimini. Vainement il arma les Vénitiens contre Robert Malatesti, qui occupait cette place : Robert, aidé des Médicis, opposa aux Vénitiens une armée redoutable, qui, commandée par le duc d'Urbin, mit l'armée du pape en déroute.
Cf : Ammir. Istor.(ia) Fiorent.(ina). ( Histoire Florentine).
Tom.III. Pag. 105.

Sa (dite) sainteté (le pape de Rome) reçut les conditions que les vainqueurs dictèrent. Elle invectiva les Médicis, & ne fit plus LA GUERRE qu'AUX HOMMES DE LETTRES :
Cf Muratori : Ann.(alia)d'Italia, tom. IX, pag. 508 :
Sa (dite) sainteté, ( le pape de Rome), CONDAMNA PLUSIEURS SAVANS A D'HORRIBLES TORTURES, pour extorquer d'eux l'aveu de prétendues Hérésies qu'ils n'avaient jamais professées ; & lorsque leur constance à refuser des confessions mensongères, lorsque tous les indices, tous les témoignages eurent proclamé leur innocence, ledit «ྭsaintྭ» père
déclara qu'ils sortiraient de leurs cachots dès qu'ils auraient achevé d'y passer une entière année, attendu quྭ»en les arrêtant, il avait fait voeu de ne les point relâcher avant ce terme. De là que Platina, l'une des victimes de Paul II, a composé une histoire des papes, où ce pontife n'est point ménagé. Ce que déplorant, des acolytes du pape & d'aucuns autres de ses consorts ont voulu que Platina ne fût qu'un témoin suspect des Tortures qu'il avait effectivement, factuellement, horriblement, & terriblement subies en sa chair. Mais comme l'observent si judicieusement de certains autres, entre lesquels de révérends pères bénédictins, «ྭ son récit est en sus accompagné du Témoignage de Jacques Piccolomini, cardinal évêque de Pavie, écrivain respectable, qui, soit dans ses commentaires, soit dans la lettre qu'il écrivit à Paul en personne, peu après son exaltation au rang de pape, soit dans celle qu'il adressa aux cardinaux qui l'avaient élu, fait un portrait (presque également) fort désavantageux de ce pape, Paul II.

Deux neveux investis, l'un du duché de Sora, l'autre du comté d'Imola ; une expédition infructueuse contre les Musulmans ; des alternatives d'alliance & d'inimitié avec les Vénitiens ; des troubles entretenus à Ferrare, comme à Florence, ou à Naples ; les armes, la ruse, & les Anathèmes, tour-à-tour essayés sur les ennemis du saint-siège : ces divers détails de l'histoire de Sixte IV, pape de Rome, conserveraient plus d'intérêt, si la conjuration des Pazzi n'absorbait toute l'attention qu'eût éventuellement pu mériter son pontificat :
Les Médicis, famille papale, avaient indisposé Sixte IV par quelque essai de résistance à l'élévation de ses neveux, & à la nomination de l'archevêque de Pise, Salviati. Leur puissance, d'autant plus forte, qu'elle se confondait alors avec la plus honorable renommée, contenait & fatiguait le pontife, qui aspirait à maîtriser Florence, & le nord de l'Italie. Un des premiers soins de Sixte fut d'ôter à la famille des Médicis l'emploi de trésorier du saint-siège, pour le donner à celle des Pazzi. Jusqu'alors, aucune mésintelligence ne s'était manifestée entre ces deux maisons illustres, unies, au contraire, tant par des alliances, que par une réciprocation de bons offices & loyaux services rendus. C'est au point que les auteurs florentins s'épuisent en vaines recherches pour trouver aux Pazzi des motifs ou des prétextes d'inimitié contre les Médicis. Représenter ceux-ci comme des Tyrans, & les conjurés comme des Libérateurs du Peuple, c'est contredire à la fois la saine morale &l'Histoire contemporaine. Non, vraiment : Il est impossible d'imaginer ici d'autres causes que les suggestions faites par la cour de Rome, & les instructions données par elle, avec l'espérance offerte aux Pazzi d'infiltrer & d'envahir, sous la protection du saint-siège, le gouvernement de Florence, s'ils voulaient devenir, non les rivaux des Médicis, mais, tout soudain, leurs assassins. Aux Pazzi se joignent le comte Riario, neveu du pape, l'archevêque de Pise, un frère de ce prélat ; un Bandini, connu par l'excès de ses dérèglements ; Montesecco, l'un des condottieri du pape Sixte IV ; d'autres brigands & d'autres pseudo-prêtres, de même acabit. Il s'agissait, au final, de poignarder Laurent & Julien de Médicis, le dimanche 26 avril, dans une église au milieu d'une messe, au moment le plus liturgiquement solennel, celui de l'élévation de l'hostie & de la Transsubstantiation, lequel est censé opérer, quoiqu'ici, chez les catholiques romains papistes, sans la Grâce, ce qui ne se peut, le changement du pain & du vin en les Saints Dons du Corps & du Sang du Christ. Ces circonstances aggravantes, qui ajoutaient au Crime le caractère du Sacrilège, effrayèrent la conscience de Montesecco, lequel, comme le plus exercé de tous aux assassinats, &, à ce titre, préposé à ce noir forfait, d'entre les plus viles forfaitures, avait reçu la commission de frapper Laurent de Médicis. Deux ecclésiastiques s'en chargèrent bien. Mais, ils s'acquittèrent de la sale besogne avec moins d'habileté que de zèle; en sorte que Laurent, seulement blessé, se put dégager de leurs mains, cependant que Julien, moins chanceux, expirait sous les coups du Destin & de Bandini & de François Pazzi. Or, la mort de Julien est sur l'instant vengée : Car les traîtres, sur-le-champ, sont saisis, & le Peuple, aussitôt les extermine. On voit lors l'archevêque de Pise, pendu aux côtés de François Pazzi, ronger en agonisant le cadavre de son acolyte & complice. Montesecco révèle, au pied de l'échafaud, les fils ténébreux & l'origine, qu'il prétend sacrée, de la conspiration. Bandini, réfugié à Constantinople, renvoyé par Mahomet II à Florence, y subit le dernier supplice : Car un sultan Infidèle même ne veut pas donner asile à l'assassin qu'un pape n'a pas craint d'armer ; & tandis que Laurent, à peine guéri de ses blessures, travaille à contenir l'indignation populaire, tandis qu'il sauve le cardinal Riario, que fait Sixte IV ? Comme si sa complicité n'était point assez dévoilée par Montesecco, ni assez démontrée par toutes les circonstances du crime, lui-même, il la proclame par l'Excommunication de Laurent de Médicis & des Florentins. Il va même jusqu'appeller Laurent & les magistrats «ྭenfants de perditionྭ», & «ྭrejetons d'Iniquitéྭ» : Il les déclare, eux & leurs successeurs nés & à naître, «ྭinaptes à exercer toute fonction publiqueྭ», interdits de recevoir par testament ou de transmettre aucune propriété par héritage. Non content de ces abjections mentales de sa part, par lui perpétrées, il réclame en sus & somme les Florentins qu'ils lui livrent Laurent. &, lorsqu'il ne peut plus espérer une trahison si lâche, de si haute félonie, il lève des troupes contre Florence ; il arme des Napolitains ; il veut à tout prix parachever l'accomplissement du crime, & le consommer, ce crime odieux dont les Pazzi n'ont su accomplir que la malhabile moitié.
Cependant, l'Italie, l'Allemagne, & la France, s'intéressent pour les Médicis. Ils prennent fait & cause pour eux. Le méchant roi Louis XI lui-même, si odieusement cruel d'ordinaire, signifie à ce pape criminel qu'il va rétablir la pragmatique, si le pape ne révoque point ses Anathèmes.
Mais il faut que les Turcs descendent à Otrante, qu'ils appellent sur ce point l'attention, les craintes, les forces des cours de Naples & de Rome, pour que le pontife papal pardonne enfin à la victime échappée à ses foudres comme à ses sicaires armés de perfides poignards.
Sixte IV, pour associer à ses vengeances la cour de Naples, avait abrogé un cens qu'elle payait à la cour (pontificale) Romaine. Le pape suivant, Innocent VIII, prétendit, bien entendu, le rétablir, comme nécessaire, prétendument, aux entreprises de guerres qu'il méditait contre les Musulmans. Toutefois, sur le refus du roi Ferdinand d'Espagne, le pape encourage à la révolte séditieuse les barons Napolitains, partisans du duc de Calabre, & peu affectionnés à la maison d'Aragon. Il leur promet, donc, &, comme promis, leur envoie des troupes. Il Excommunie le roi. Il le dépose, & le considère déposé, de son trône. Il appelle en Italie Charles VIII, le roi de France. Nonobstant inhabile & peu actif, Innocent n'était digne d'aucun succès. In fine, les huit années de son pontificat n'ont jamais laissé que de vulgaires souvenirs, à son image, qui ne méritèrent point même d'être couchés en Ecrits.

La vie privée d'Alexandre VI Borgia, pape paillard, criminel, & roi de débauches & de crimes, est fort connue. Aussi, la nature du sujet que nous traitons nous dispensera de parcourir au long les menus détails qui la composent, exhaustivement : Ce ne sont, par le fait, que rapines infâmes, parjures odieux, sacrilèges mortellement blasphématoires, orgies dévoyées, sacrilèges impies, impudicités éhontées, incestes criminels, empoisonnements perfides, assassinats fatals.
Il sera donc ici question, non de ses moeurs de pervers, mais de sa politique, diaboliquement machiavélique. Il détermina donc le roi de France, Charles VIII, à passer en Italie, en façon de conquérir le royaume de Naples. Et, cependant même que Charles s'y disposait à son instigation papale, le même pape Alexandre négociait dans toutes les cours d'Europe, & jusques dans celle du sultan arabe, pour susciter des ennemis à la France : Dès là, écrire à ce Bajazet II, dont le grand Racine en écrivit aussi, que Charles ne menaçait Naples que pour fondre sur l'empire Ottoman des Turcs ; livrer à Charles de France le prince Zizim, frère du sultan arabe, & recevoir de celui-ci le prix de ce crime : Tels étaient, dans la carrière politique, les essais politiciens d'Alexandre VI, pape de Rome. Sa dite sainteté n'en conclut pas moins pour cela un traité d'alliance avec Charles VIII, &, presque sitôt incontinent, elle – c'est dire sa sainteté papale - se ligua avec Venise & l'empereur Maximilien d'Autriche contre ce même Charles, dont le plus grand tort était sans nul doute de s'opposer frontalement au projet de dix-huit cardinaux, déjà désabusés de leurs illusions mensongères, à caractère éphémère, promptement dissipées, sur les abusifs excès d'Alexandre, &, de lassitude usés, & fatigués, jusques au fastidieux dégoût, vomitoire même, même, résolus de ne tarder plus de le justement déposer.
Ce pape, Alexandre VI Borgia, avait une fille, répondant au nom de Lucrèce, & quatre fils, dont l'un, dénommé Geoffroi, est resté presque ignoré de l'Histoire, cependant qu'un autre obtint du roi de Naples le titre de prince de Squillace, qu'un autre devint célèbre sous le nom de César Borgia, & dont l'aîné fut duc de Candie, - capitale Crétoise, de l'île de Crète -, & de Bénévent. Pour avancer César dans la hiérarchique carrière des honneurs, l'on promettait à Charles VIII de favoriser une seconde expédition des Français en Italie. Mais, de ce que Charles Mourut avant de la pouvoir entreprendre, l'on se tourna, pour se substituer à lui, défunt, vers le roi de Naples, Frédéric. L'on demandait néanmoins à ce prince qu'il donnât sa fille en mariage à César (Borgia), lequel deviendrait prince de Tarente. Toutefois, Frédéric ayant décliné & rejeté ces propositions en bloc, il fallut, une troisième fois, recourir aux Français, que gouvernait lors le roi Louis XII.
Ledit César (Borgia) arrive donc en France. Il y porte une bulle papale, qui permet au roi Louis de répudier & renvoyer sa première épouse, dont il ne voulait plus, s'en étant lassé. Dès là, il l'excite à conquérir Naples & Milan : Naples, qui depuis le règne de Charles d'Anjou de France, n'a pas dû cesser d'appartenir à des princes Français ; Milan, où le roi des Francs, Louis XII, doit recouvrer ses droits sur ce duché, qu'il tient de Valentine Visconti, son aïeule. &, pour qu'il n'en soit détourné par aucun ni nul sage conseil, son ministre, le cardinal d'Amboise, se laisse séduire par l'espoir qu'il caresse complaisamment de devenir un jour le successeur d'Alexandre VI. Voici donc comment le meilleur des rois, devenu, pour son malheur, & celui de son Peuple, l'allié du plus perfide des pontifes papaux, s'engage dans une périlleuse guerre, où les trahisons de Rome ravissent aux Français les fruits de leurs victoires. Mais, le cardinal César Borgia, fils du pape, était duc de Valentinois ; mais, aussi, la clanique famille Borgia avait toujours triomphé de ses propres ennemis ; mais encore, elle s'était dès longtemps outreplus enrichie de leurs trophées & dépouilles, sur les ruines fumantes desquelles elle s'élevait d'autant plus somptuairement ; mais enfin, Alexandre VI, pape, devenait, selon ses menées, conduites, & fins, prises pour fins dernières de Salut, le premier potentat de toutes les cours de l'Europe, lorsqu'un poison, qu'il avait préparé pour d'autres, abruptement termina, par une trop heureuse Providentielle méprise, ainsi qu'il advint pour la mariticide, filiicide, & éautomatricide Rodogune, en la cornélienne pièce éponyme, qui Tua son mari, puis son fils, avant que de se donner la Mort en buvant par une erreur fatale la coupe qu'elle avait apprêtée pour son second fils & pour sa fiancée :
cf Corneille, Pierre : Rodogune, in O.C.
y mettant, à brûle-pourpoint, un terme opportun à l'inopportun, son pontificat abominable d'abominations d'exécrations.
L'on a, par ailleurs, & par ensuite, beaucoup, à ce pape, non moins qu'à ses prédécesseurs, depuis le vieux pape Callixte, reproché leur Népotisme zélé pour l'élévation de leurs dits neveux, de tous leurs enfants, de leurs proches enfin. Que l'on se rassure : Assurément, nous ne prétendons point justifier d' aucune sorte ce qu'il est peu dire d'euphémistiquement nommer «ྭabusྭ» «ྭdéviantྭ» de l'Imitation prétendue de l'Apostolat des Saints Apôtres du Christ, & ce temporel triomphe des intérêts singulièrement particuliers sur ceux de l'Universelle Religion Sainte du Seigneur Jésus, Fils de Dieu.
Mais, afin d'éclaircir, autant qu'il est en nous, par des observations générales, une histoire dont nous ne pouvons rassembler ici tous les détails, nous dirons, d'un mot, que le Népotisme, toujours sans vergogne pratiqué de nos jours, est un affaiblissement, un avilissement moral, & une dégradation de l'ambition pontificale ; que la papauté, envisagée comme un moyen d'enrichir ou d'agrandir des familles, qui n'avaient rien de familles sacrées dans de saintes maisons, ou de saintes familles dans des maisons saintes, la papauté Hérétique & Schismatique, départageant ses biens immenses entre les multiples membres de ses familles de princes noirs, devenait, par cela même, moins redoutable aux empires ; &, qu'après ce que l'on prit pour l'extinction du Schisme, depuis 1450 jusqu'en 1500, l'autorité civile aurait souffert beaucoup plus d'atteintes, si ces soins domestiques, ces intérêts d'un domaine papal, n'avaient tant de si souventes fois distrait les papes des vastes entreprises politiciennes qui eussent paru nécessaires au rétablissement de la souveraine toute-puissance de leur siège pontifical. Appliqués à humilier les rois, les papes précédents, Innocent III, né Lothaire, pape du treizième Siècle, & plus anciennement encore, Grégoire VII, né Hildebrand, au XIème Siècle, ne s'étaient point occupés à rehausser des familles particulières aux blasons déjà tant dorés. Mais ils songeaient plutôt de transmettre à leurs successeurs une suprématie universelle de leur pouvoir de politiciens politiques. Beaucoup de circonstances que nous avons indiquées, eussent favorisé, dès au milieu du XVème Siècle, la reconstruction de cette énorme puissance temporelle, si les papes avaient joint l'enthousiasme austère & désintéressé d'Hildebrand, ce pape susdit, Grégoire VII, aux lumières d'esprit que pouvaient posséder & concevoir des contemporains d'Ange Politien, & presque de Machiavel. Ce n'est pas que Pie II ait manqué d'esprit, ou Paul II de méchanceté, ou Sixte IV de perfidie, ni Borgia d'aucun vice qui fût & pût être : Mais il ne suffit point d'être Pervers : Il faut encore qu'un pape sache mettre à profit les erreurs d'autrui, &, sur tout, ses propres Crimes d' Assassinats, & tous autres tels & pareils.



***


CHAPITRE IX.



SEIZIEME SIECLE.



POLITIQUE DES PAPES DU SEIZIEME SIECLE.




De tous les Siècles de l'Histoire moderne, le seizième est le plus plein d'orages, de révolutions, de catastrophes. Il brille, certes, pour une part, du vif éclat de la Littérature Renaissante italienne. Mais, il est teint, d'autre part, de tout le rouge Sang que le Fanatisme catholique papiste peut répandre dans le séculaire cours restreint de cent pitoyables années.
Chacune des époques qui divisent la durée de ce Siècle, est un événement mémorable : La Ligue de Cambrai (1508), le Concordat de Léon X & de François Ier (1515), la conquête de l'Egypte par les Turcs, de nouvelles expéditions dans les Deux-Indes, le schisme anglican d'Angleterre, & l'établissement des jésuites (1540), l'abdication de Charles-Quint & l'avènement d'Elisabeth (1558), le sinistre pseudo-Concile, dit concile de Trente (1545-1563), de triste mémoire, & le progrès des autres Hérésies que la seule Hérésie papiste, la confédération Batave & les excès de Philippe II d'Espagne, la Saint-Barthélémy (1572), la Ligue, l'assassinat de Henri III par Jacques Clément (1589), les triomphes de Henri IV, ses abjurations de sa foi diverse, & chaque fois nouvelle, tantôt protestante du huguenot de naissance qu'il était, & tantôt catholique romaine, traîtreusement embrassée par politique de l'intérêt, & pour sauver, un temps, sa «ྭpeauྭ» d'à Mort Menacé du pape, & sa vie en sursis. En fin, l'Edit de Nantes (1598).
Quinze papes, durant ces tragiques scènes d'un théâtre sanglant, ont gouverné l'église papale, presque tous dotés de talents distingués, &, quelques-uns, d'un caractère énergique. Mais, le souvenir du schisme des papes d'Avignon, le scandale permanent du Népotisme, consistant à ne nommer à tous postes, prestigieux & autres, pour gens en place, que les gens notoirement acquis au pape, l'invention de l'Imprimerie, la découverte d'un nouveau monde, le progrès général des Lumières, enseignant, avec les philosophes de la religion naturelle du 18ème siècle, &, après Jean-Jacques ( Rousseau), avec le philosophe rationaliste Emmanuel Kant, en son célèbre Opuscule philosophique : «ྭQu'est-ce que les Lumières?ྭ», qui réveilla les consciences religieuses endormies & abêties, désormais aiguillonnées & incitées à ne point se laisser inféoder ni mettre en tutelle d'autorités politiques césaro-papistes Impérialistes Usurpées, au pouvoir Mystificateur Infondé, &, avant eux, les entreprises intellectuelles inabouties que furent les grands réformateurs, quoique pécheurs & Hérétiques, tels Luther, & l'assassin & meurtrier de ses rivaux, Calvin, l'influence, nonobstant ce beau tout, de leurs doctrines de religion Hérétique, la propagation en fin de leurs erreurs de pensée athéologale; tant d'obstacles nouveaux, donc, surgissant ensemble, se liguèrent pour s'opposer aux progrès Décadents du pouvoir pontifical en Déclin, qu'il fallut aux évêques de la curie de Rome une extrême Mauvaise «ྭfoiྭ», & une insigne habileté d'Improbes, pour en ralentir & freiner la Déconfiture, - & boueuse Raspoutitsa de gel & dégel, en russe-.
Depuis les cessions faites par l'empereur Charles IV en 1355 ( cf supra dans le Texte), les princes Allemands avaient perdu leur ancienne prépondérance en Italie ; & les Français, en y portant leurs armes, y avaient acquis une influence considérable, qui leur était bien moins disputée par les papes que par les Vénitiens, les princes d'Aragon, & les puissantes familles qui gouvernaient Florence & Milan. Le pape Jules II, neveu de Sixte IV, résolut lors d'affranchir l'Italie, ce qui, en langage papal, signifiait à ses yeux l'assujettir toute entière à la cour romaine, d'en chasser les étrangers, de semer la division entre les rivaux du saint-siège, selon l'adage millénaire, incessamment pris pour règle axiomatique de base toujours appliqué en politique papiste : «ྭ Diviser pour mieux régnerྭ»; & de profiter de ce tout pour reconquérir en Europe la suprématie jadis ambitionnée par Grégoire VII, exercée par Innocent III. Pour le dire d'un mot, Grégoire VII, Innocent III, Jules II, voilà, parmi tant de papes, les trois plus fiers ennemis des rois de l'Histoire du seizième Siècle.

Après la mort d'Alexandre VI, & durant les seuls vingt-sept ( 27) jours que dura le brévissime pontificat de Pie III, probablement éliminé par la voie du poison, comme il est d'usage coutumier à la curie romaine, les Vénitiens avaient regagné des places importantes, enlevées à leur république de Venise à la fin du XV.°Siècle; ils occupaient alors une partie de la Romagne ; César Borgia avait pris l'autre, ainsi que plusieurs villes de la Marche de la ville portuaire d'Ancone, & du duché d'Urbin ; les Baglioni possédaient Pérouse ; les Bentivoglio, Bologne : Diverses portions du Domaine pontifical étaient donc, pour eux, à recouvrer. Jules II parvient à dépouiller le sanguinaire Borgia, les Bentivoglio, les Baglioni ; &, pour vaincre la résistance des Vénitiens, il conclut contre eux, avec l'empereur Charles IV, avec le roi de France, avec le roi d'Aragon, la fameuse ligue de Cambrai. Mais, les progrès militaires de Louis XII, alors roi de France, devant que ne le fut François I.er, toutefois l'inquiètent : il craint d'en permettre d'analogues à l'empereur, lorsqu'il s'en sentira pris, à cette vue, comme à son tour, d'émulation jalouse. Le pape Jules II se hâte donc de négocier secrètement avec les Vénitiens, & leur promet, s'ils veulent lui restituer Faênza & Rimini, de s'unir à eux pour repousser lesdits Barbares : - car, du moins, est-ce ainsi qu'il qualifie les Français, les Espagnols, & les Allemands tout ensemble. Les vénitiens, ayant néanmoins repoussé ces offres & avances jugées trop peu alléchantes, furent, comme il fallait l'escompter, battus, & absous à condition expresse & formelle qu'ils se soumissent au pape, ce qu'ils finirent par faire, se pliant à son joug de féodal asservissement comme à leur suzerain. Alors Jules II se ligue, en effet, comme il l'avait fait miroiter d'abord, & promis, avec Venise contre les Barbares Français : De fait, il endosse soi-même la cuirasse, assiège en personne les villes & cités qu'il convoite, & prend Mirandole. Est-il vaincu par Trivulce, général des Français? Qu'à cela ne tienne! Il excommunie Louis XII, roi de France, & met en Interdit cette même France, qu'il veut pour sa sujette. Il jette donc sur elle l'Anathème & l'Interdit, comme il met à l'index les ouvrages n'ayant point obtenu le Satisfecit de ses Inquisiteurs Censeurs, pour ce que les Auteurs gardant, en dépit de tout, & quoi qu'il leur en coûtât leur Liberté de Penser & de s'Exprimer, le gênent dans ses affaires, sombres s'il en est– ce qui est dire presque tous, hormis ceux de ses Adorateurs, Thuriféraires, Idolâtres, & autres Papolâtres -. En fin, il s'efforce d'armer l'Angleterre contre cette regimbante & rétive France. D'où l'on voit bientôt le titre de «ྭDéfenseurs du saint-siègeྭ» pompeusement récompenser les ravages perpétrés par ses Suisses & leurs hallebardes. Les Génois, par lui, sont également excités à la révolte; les Etats de Jean d'Albret, roi de Navarre, allié de Louis XII, roi de France, sont livrés, par la cour de Rome & la curie de ses papistes évêques, au premier occupant.
Cf Fléchier, évêque ( XVIIème Siècle ) : Vie du cardinal Ximénès,
pag. 358, 359, édit. De 1693, in-4.
Ecraser la France, bouleverser Florence, dépouiller les ducs de Ferrare, tels étaient les noirs desseins du machiavélien Jules, lorsqu'il Mourut subitement en 1513, dixième année de son pontificat, sans avoir pu venir à bout de la réalisation des desseins infinis à lui dictés par les désirs irréfrénés de l'ambition dévorante qui caractérisait son encombrante personne. De lui demeurent, outre le tombeau somptuaire que lui sculpta Michel-Ange, y sculptant le Peuple Esclavagisé sous les figures du Jour & de la Nuit, etc.., de cet orgueilleux démesuré ne subsistent donc encore à ce jour que quelques petites médailles, sur ses ordres frappées, - de par lui bénites? C'est ce que l'on ne sait point même-, le représentant la tiare en tête, & le fouet à la main – ainsi le voulut-il, sans honte aucune, auprès de la Postérité, de se faire figurer en Tyran des Peuples, chassant les Français, & foulant aux pieds l'écu Royal de la Maison de France. En résumé, & pour tout dire enfin, Jules II fut un prince si tant & uniquement Temporel, ne s'occupant donc que de ses possessions matérielles, & de son or, que l'on a peine - & c'est là le moins que l'on puisse dire- à retrouver en lui un Evêque du Seigneur Dieu, tel qu'en fut l'Archétypique Modèle, en Grand Exemple Illustre, à l'Imitation proposé de tous ses Fidèles Servants Prêchant & Enseignant la Juste Parole de l'Apostolat Orthodoxe, savoir le Christ-Evêque.
Le moins exigible du dicible à ce propos crucial est donc que le pape Jules II prenait trop peu les formes extérieures, & a fortiori intérieures, de l'Apostolat de l'Ordre Sacré du Collège des Saints Evêques Orthodoxes, au sens où l'entend la Théologie seule Vraie de l'Eglise Orthodoxe de l'Origine, telle qu'Instituée En Esprit de Sainteté par les Saints Apôtres du Christ marchant sur les difficultueuses traces & vertueusement ascendantes Voies Saintes du Christ-Evêque.
C'est là ce qui manqua le plus à la politique de ce pape & César, Jules II.

Cf Jean Lemaire,
( Auteur Théologien, contemporain de notre Anonyme, commentant en son)
Prologue sur le Traité des schismes, pag.2 :
les guerrières humeurs de Jules.
Il n'est guère étonnant, à ce compte, & pour y ajouter à son déshonneur, s'il en eût été besoin, que ce soit sous son pontificat que se raffermit l'Hérétique & Hétérodoxe – ce qui est dire no- Orthodoxe, & Anti-Orthodoxe même - doctrine catholique de la prétendue «ྭInfaillibilitéྭ» du pape.
Jules II, pourtant, au dire de l'historiographe Guicciardini,
cf Guicciardini : Storia d'italia, t. XI, ann. 1513,
n'a guère ni point mérité, ni rien fait pour ce, le titre de Grand Homme ( Illustre). Aussi ne l'obtint-il que de ceux qui, n'appréciant que fort mal la juste valeur & poids des mots, voulaient supposer, par principe erroné de leur axiomatique de base, & conformément à leurs schémas mentaux de l'Egarement spirituel, propre à tous les Egarés en matière de Foy Droite, qu'un souverain pontife, en véritable «ྭpontifex maximusྭ» latin de l'empire romain antique, païen, & point même encore Chrétien, s'illustrait moins en donnant l'exemple des Vertus paisibles & pacifistes, - que ne les connaissant point, ni même à quoi elles pouvaient bien formellement ressembler, fût-ce du plus loin, & en simple imagination chimérique, eût eu plus de peine encore à les représenter à son Peuple de Fidèles, - qu'en étendant le Domaine de l'église catholique romaine de par l'effusion prodigue du sang versé des Chrétiens assez naïfs pour le suivre, en lieu tenant ( locum tenans) du Christ, & en Son Divin Lieu & (à Sa) Place, dans ses démentielles ambitions impérialistes de pape.

Léon X, après lui, & lui succédant, quoiqu'il n'eût, quant à lui, régné que huit ans, donna son nom à tout son siècle : Immanquable & juste effet d'une grande Protection d'en haut octroyée, & Méritoirement, comme de Juste, & comme il se doit, accordée aux Lettres, & sur tout, aux Saintes Lettres, quand elle est aussi éclairée que généreuse. Ce pontife aima la puissance, moins encore pour elle-même & pour les vastes desseins qu'elle facilite & rend plus aises, que pour la magnificence & les plaisirs d'esprit qu'elle procure aux Intelligents, qui ne sont point des Rustres. Fils du prince Laurent de Médicis, dit Laurent le Magnifique, il s'occupa sur tout & avant tout de garantir à sa famille un durable ascendant sur l'Italie, ce dont il comprit vite que ce ne se pourrait faire qu'en donnant à sa cour un rayonnement intellectuel sans égal ni possible comparaison. Il destinait, du reste, à son neveu la souveraineté de la Toscane, & à son propre frère le royaume de Naples. Louis XII, roi de France, provisoirement absous enfin, non sans mal, des anathèmes dont l'avait chargé, accablé, & noirci ad vitam aeternam Jules II, fut engagé à favoriser l'ambition à la gloire immortelle des Médicis, qui, de leur côté, en contrepartie, soutiendraient ses prétentions sur Milan. Cette alliance, secrètement stipulée,
cf Guicciardini, ibid. I. XII,
n'ayant point eu d'assez prompts effets, Léon X acheta de l'empereur Maximilien l'état de Modène, que l'on se proposait alors de réunir à ceux de Reggio, de Parme, de Plaisance, & s'il se pouvait, de Ferrare, pour en seulement doter, à titre honorifique de gloire purement humaine & toute temporelle, le frère du pontife, ou bien, pour en enrichir, un peu plus encore, la cour de Rome & sa curie romaine de cardinaux papistes.

Après s'être ligué avec le roi de France François I.er, pour obliger l'empereur Charles-Quint à se dessaisir du royaume de Naples, incompatible, disait-on, avec l'Empire, le pape Léon X s'allia contre les Français à ce même Charles, dont les menaces l'effrayaient à un point tel, qu'il consentit, en sa faveur, à la réunion des deux couronnes. Léon prit à sa solde un corps de troupes Suisses, & voua dès là aux Français une haine si violente, que, lorsquྭ'après avoir appris leur expulsion du Milanais, il expira soudainement presque. - ce dont il fut par ensuite prétendu que c'était de joie. Il n'avait pour autant que quarante-six ans ; &, malgré les écarts où l'entraîna la politique pontificale, l'on doit regretter qu'il n'ait pas plus long Temps secondé le progrès des Beaux-Arts de l'esprit. Car il est de fait qu'il les encourageait en homme digne de les cultiver ; il les chérissait d'un amour constant & sincère, qu'ils n'inspirent jamais aux mauvais princes. Son administration intérieure mérita la reconnaissance des Romains.
D'où ils lui érigèrent donc une statue, de cette inscription marquée :
«ྭ Optimo. Principi. Leoni.X. Joan. Med. Pont. Max. ob.restitutam. restauratamque. urbem. aucta. Sacra. bonasq(ue). Artes. adscitos. patres. sublatum. vectigal. datumq(ue).congiarium. S.P.Q.R.P. ( Senatus Populusque Rei Publicae).
Car leur douleur fut au vrai profonde lorsqu'ils le perdirent. Du reste, peu d'années auparavant aussi, ils lui avaient offert de non moins purs hommages, cependant qu'il échappait à une conspiration toute pareille à celle des Pazzi, dans laquelle se retrouvait par ailleurs ce même cardinal Riario, lequel avait également été naguère l'un des complices de Sixte IV. Guicciardini & d'autres écrivains ont donc peut-être jugé trop sévèrement Léon X. Car, après ce pitoyable tout, quel pape de la papauté moderne, post-schismatique, - ce qui est dire postérieur au Schisme d'avec l'Orthodoxe Eglise Byzantine, après l'An Mil, dit Grand Schisme de 1054- obtiendrait-il de quelconques titres à recevoir des éloges, si l'on n'en concède point à celui qui a fait à Rome plus de bien qu'aucun de ses devanciers n'en fit jamais depuis Léon IV, & qui n'a fait à l'Europe qu'une partie du mal dont ils lui avaient, quant à eux, légué le consternant exemple funeste & la triste tradition dévoyée?
Cf ( Sir) Runciman, Steven : Le Schisme d’Orient.

( La papauté & les Eglises ( Orthodoxes) d’Orient. XIè-XIIè Siècles.

( Trad. Fçse pour l’Ed. Les Belles-Lettres. 2005).



La dépense somptuaire qu'exigeait la dispendieuse construction de l'église Saint-Pierre, avait obligé Léon X de recourir au commerce des dites «ྭ Indulgencesྭ», vendant chèrement quelques parts du Salut d'une âme assez naïve pour les daigner acheter, tels pigeons ineptes & décervelés, se laissant pigeonner à ce commerce papal de marchands du temple évangélique & autres négociants papistes, adonnés au commerce des âmes sottes & sans cervelles. Les réclamations que fit Luther contre ce négoce furent cependant le prélude d'une vaste révolution mentale dans l'Hérétique chrétienté occidentale. D'où, sitôt incontinent, par effet boomerang & voie de retour immédiat à l'envoyeur, Léon X excommunia Luther & tous les sectateurs de sa secte luthérienne. Bossuet, l'évêque ultramontain de Meaux, pense naïvement, quant à lui, ainsi qu'il l'exprime en son oeuvre historiographique,
cf Bossuet : Hist. des variat. l. I, n.1, 2,3,
qu'on eût pu prévenir les Hérésies & les Schismes de ce Siècle, si l'on n'eût pas négligé les réformes qu'il juge nécessaires, mais qui ne sont point les bonnes s'imposant à qui songerait à extirper le Mal à sa racine en remontant honnêtement la généalogie de l'Histoire de l'Eglise, jusqu'à restaurer, dans toute sa pureté & intégrité de son Dépôt Apostolique Originelle, la Vraie Foy des Saints Pères de l'Eglise. Ce dont, hélas! il était à mille lieues, pis, à mille années-lumières de songer, ne voulant remédier à rien de fondamental en ce crucial problème Théologique de la Falsification de la Foy, & ne s'occupant de fait que d'asseoir le plus absolument possible l'absolutisme royal de la Tyrannie de Louis XIV, le césaro-papisme papiste, & l'ultramontanisme des cardinaux papistes sur lequel s'appuie ce dernier & enquel seul il trouve son unique fondement athéologique.
Mais, pour en revenir à l'histoire de ce pontificat, ce qui tient le plus à notre sujet, c'est le concordat conclu entre le pape Léon X & le roi François I.er, en l'an 1516.

C'est en vain que le pape Jules II avait excommunié Louis XII, roi de France, & l'avait menacé de transférer le titre de roi très chrétien à ce roi d'Angleterre Henri VIII, assassin, tel Barbe-Bleue, de nombre de ses femmes, & qui, donc, le devait si mal mériter. En vain le cinquième concile de Latran avait publié un monitoire contre le parlement de Paris & tous les fauteurs de la pragmatique sanction, en leur enjoignant de venir à Rome, pour y rendre compte de leur conduite. En vain : Car Jules II était mort sans avoir ébranlé le roi Louis XII de France. Ce monarque, par nombre de ses sujets & vassaux jugé excellent prince, Mourut lui-même au moment même où le pape Léon X s'apprêtait à le tromper ; & la couronne de France appartint à François I.er, dont Louis XII, roi qui l'avait précédé sur le trône de France, avait fort souvent dit, en rustaud qu'il était au fond: «ྭ Ce gros garçon gâtera toutྭ».

En effet, François I.er, dans une entrevue avec le pape Léon X à Bologne, consent à faire un concordat, & charge son chancelier Antoine Duprat de le rédiger avec deux cardinaux nommés à cet effet par le pape. Les principales dispositions de ce concordat sont celles qui portent qu'à l'avenir les chapitres des églises cathédrales & métropolitaienes ne procéderont plus à l'élection des évêques ; que le roi, dans un délai de six mois, à compter du jour de la vacance, présentera au pape un docteur ou licencié, âgé de vingt-sept ans au moins, qui sera pourvu par le pape de l'évêché vacant ; que si le présenté n'a pas les qualités requises, le roi sera tenu d'en proposer un autre dans trois mois de là, à compter du jour du refus ; que, d'ailleurs, le pape, sans présentation préalable de la part du roi, nommera aux évêchés & archevêchés qui viendront à vaquer en cour de Rome. Il faut noter qu'en accordant au roi les nominations, le pape se réservant les annates.
Auquel sujet s'impose, pour sa justesse, l'avisée réflexion de Mézerai : «ྭ Jamais l'on ne vit d'échange plus bizarre ; le pape, qui est une puissance spirituelle, prit le temporel pour lui, & donna le spirituel à un prince temporel.ྭ»

François I.er va lui-même au parlement pour y faire publier le concordat, & le chancelier Duprat expose les motifs qui l'ont dicté. Mais, l'on refuse d'enregistrer. Le roi s'irrite. Le parlement proteste entre les mains de l'évêque de Langres, que si l'enregistrement a lieu, ce sera par contrainte, & que l'on n'en jugera pas moins conformément à la pragmatique. L'on enregistre enfin, mais en écrivant sur le repli du concordat qu'il a été lu & publié du très-exprès commandement du roi, réitéré plusieurs fois.

L'évêché d'Alby vint à vaquer en l'an 1519. Le chapitre nomma lors selon la pragmatique, & le roi selon le concordat ; le parlement de Paris, jugeant entre les deux pourvus, prononça en faveur de celui qu'avait élu le chapitre d'Alby. En 1521, un évêque de Condom, élu par le chapitre de cette église, fut également maintenu contre celui que le roi avait nommé. Toutes les causes de cette espèce furent jugées de même, jusqu'après la captivité en prison de François I.er vaincu, & auraient continué de l'être, si une déclaration du 6 septembre 1529 n'eût attribué au grand conseil la connaissance de tous les procès relatifs aux évêchés, abbayes, & autres bénéfices dont la nomination avait été accordée au roi par le pape Léon X.

Le président Hénault, comme le stipule expressément le texte de l'Abrégé des chroniques de l'Histoire de France,
cf Abr. chron. de l'Hist. de France ; remarq. Particul,
le président Hénault, donc, rassemble tous les motifs allégués en faveur du concordat, & qui peuvent se réduire aux deux suivants : 1.° les rois, en fondant les bénéfices, & en recevant l'église dans l'Etat, ont succédé au droit d'élire qu'exerçaient les premiers Fidèles ; 2.° la simonie, l'intrigue, l'ignorance, présidaient aux élections & donnaient aux diocèses d'indignes pasteurs.
Voici ce qu'en écrit Brantôme, auteur & poète galant de cour, qui écrivit aussi les Histoires des Dames galantes, quelque peu dévergondées de l'entourage de la fille de Catherine de Médicis & de Henri II, fils de François Ier, la petite fille donc du même François Ier, Marguerite de Navarre, née Marguerite de Valois, la cousine & première femme d' Henri de Navarre, futur Henri IV, par lui répudiée pour ses mauvaises moeurs, en provincial exil isolée, avant que de devenir grande lettrée, entourée de grands Humanistes, cependant qu' Henri IV de France épousait en secondes noces la grosse & grasse Marie de Médicis, fille du grand duc de Toscane, Ferdinand, & de Jeanne d'Autriche :
«ྭ Le pis étaitྭ», dit l'écrivain Brantôme, - le texte, mutilé, est par endroits lacunaire -, «ྭ quand ils ne se pouvaient accorder en leurs élections ( épiscopales), le plus souvent s'entre-battaient, se gourmaient à coups de poing, venaient aux braquemars, & s'entre-blessaient, voire s'entre-tuaient...Ils élisaient le plus souvent (pour évêque) celui qui était le meilleur compagnon, qui aimait le plus les g..., qui était le meilleur biberon ; bref, qui était le plus débauché... : d'autres élisaient, par pitié, quelque pauvre hère de moine qui en cachette les dérobait (& volait), ou faisait bourse à part & mourir de faim ses religieux...Les évesques élevés & parvenus à ces grandes dignités, Dieu sçait quelle vie ils menaient...une vie toute dissolue après chiens, oyseaux, festes, banquets, confréries, noces &...dont ils en faisaient des sérails...J'en dirais davantage ; mais je ne veux pas scandaliser.ྭ»
Mais, au fond, les nominations royales n'étaient point l'article qui excitait le plus les réclamations du parlement ; il se plaignait sur-tout des annates, & de la bulle du pape Léon X, antan Jean de Médicis, fils de Laurent (de Médicis), contre la pragmatique ; des annates, que, depuis Louis IX le saint, jusqu'à Charles VII, tous les rois avaient prohibées, & que d'anciens papes avaient déclarées abusives & simoniaques, quand elles étaient exigées par les empereurs ; de la bulle papale de Léon X, qui traitait de peste publique, de constitution impie, une pragmatique fondée sur les décrets des conciles généraux, chérie de la nation & promulguée par les souverains. Cette bulle suspendait, excommuniait, menaçait de la perte des possessions temporelles, soit ecclésiastiques, soit même civiles, les prélats Français & jusqu'aux seigneurs laïcs qui redemanderaient ou regretteraient la pragmatique sanction de Charles VII. Enfin, l'on avait osé citer, dans cette même bulle papale de Léon X, la bulle «ྭUnam sanctamྭ» du vieux pape du treizième Siècle, Boniface VIII, où le droit d'abattre les trônes, de ravir & décerner les couronnes, était, demeure, & est toujours attribué au pontife romain. Voilà ce qui provoquait la résistance du parlement ; & l'on doit convenir, ce semble, qu'elle n'était ni déraisonnable, ni contraire aux intérêts de la monarchie.
Cf Hist. de France, tom. XXIII, pag. 161, & sq.
Cf Gaillard : Hist. De François Ier, tom. VI, pag. 1-120,
S'il ne s'était agi que de substituer au droit de confirmer les élections, acquis depuis long temps au monarque, celui de les faire lui-même, nous avons lieu de penser que l'enregistrement eût souffert bien moins de difficultés.

Tel qu'on le fit en l'an 1516, le concordat ne pouvait plaire à un Peuple qui avait accueilli avec enthousiasme la pragmatique de 1439. Sous François I.er, sous ses successeurs Henri II, François II, Charles IX, Henri III, les universités & les parlemens ont saisi toutes les occasions de réclamer contre cette altération des lois fondamentales de l'église Gallicane. Les états d'Orléans sous Charles IX, ceux de Blois sous Henri III, ont exprimé les mêmes regrets : le clergé lui-même a souvent redemandé la pragmatique ; il disait, dans ses remontrances de 1585, que le roi François I.er, étant près de mourir, avait déclaré à son fils qu'il n'était rien dont il tînt sa conscience plus chargée que du concordat.

A près le pape Léon X, le pape Adrien VI, qui lui succède, né de parens fort obscurs, n'occupa, étrangement encore, plausiblement mort, de mort violente prématurée, sans nul doute assassiné, lui aussi, pour ses positions Théologiques d'une Justesse plus Orthodoxe que l'athéologie doctrinale professée par toute cette longue succession de papes qui, depuis le Schisme de l'An Mil, dit Grand Schisme de 1054, d'avec l'Orthodoxe Byzance, n'avaient tous été, au fonds, & in fine, que les indifférents maillons de la chaîne de ses Hérétiques prédécesseurs, ce malheureux pape, qui avait, en toute naïveté intellectuelle, donc cru pouvoir à soi seul réformer l'obscurantiste curie romaine, n'occupa donc que vingt courts mois durant la chaire hérétiquement catholicisée de l'Orthodoxe Saint Pierre. Il avait, avec raison, enseigné, comme simple docteur de Louvain, que le pape était sujet à l'erreur de l' Hérésie en matière de foi ; &, fort loin de se rétracter étant pape, comme l'eussent exigé, & l'exigèrent vraisemblablement ses détracteurs ultramontains papolâtres, il fit réimprimer un livre où il avait professé cette Doctrine de Religion plus Orthodoxe. Sur ce, quelque dialecticien de Louvain eût pu, à l'exemple d'un vieux sophiste Grec, argumenter en cette forme : «ྭ Si le pape est infaillible, il faut qu'Adrien VI le soit quand il dit qu'il ne l'est point ; donc, par cette infaillibilité même, l'on prouve qu'elle n'existe pas. Ou Adrien se trompe, &, dès lors, un pape est infaillible, ou Adrien dit vrai, & alors nous devons dire avec lui que le pape peut se tromper.ྭ»

Après lui, prenant sa suite, Clément VII, fils naturel & posthume de Julien de Médicis, assassiné en 1478 par les Pazzi, fut élu pape, infaillible ou non ( sic !), en l'an 1523. Les succès & le génie politique de Charles-Quint d'Espagne rendaient alors à la dignité impériale son ancien éclat, & la prépondérance sur les affaires d'Italie. Ce que voyant, le pape Clément VII voulut y mettre obstacle : Il forma contre l'empereur d'Espagne une Ligue qui fut prétendue «ྭ sainteྭ», pour ce que le pape en était le chef temporel, & dans laquelle entrèrent le roi de France, le roi d'Angleterre, les Vénitiens de la république Vénitienne, & d'autres gouvernements de la péninsule Italienne. Mais, le connétable de Bourbon, quittant François Ier pour Charles-Quint, conduisit à Rome une armée Allemande, & pour sa plus grande part Luthérienne, qui prit cette ville, la saccagea, & contraignit le pape à se retirer en son château Saint-Ange de Rome. Clément VII n'en put sortir qu'au prix de la promesse de remettre cette forteresse aux officiers de l'empereur, & de payer une rançon de trois cent cinquante mille ducats d'or. Il s'obligeait en outre de livrer aux Impériaux, en sus, Ostie, Civita-Vecchia, Citta di Castello, & de leur rendre Parme & Plaisance. Ne pouvant toutefois satisfaire à ses engagements sur le papier, le pape, déguisé en marchand, se sauva jusqu'à Orvieto. Lors, s'apitoyant de l'extrême détresse du pontife, son allié, François Ier résolut de marcher à son secours, & fit des dispositions qui déterminèrent Charles-Quint à se réconcilier avec Clément VII. De là que, Charles(-Quint), se faisant couronner empereur par le pape Clément, en 1530, promettait de rétablir les Médicis, famille papale, à Florence, car le pape avait à coeur les intérêts de sa famille. C'est ainsi qu'il put marier Catherine, propre nièce du pape, au fils de François Ier, Henri II – nièce réputée trop fameuse, hélas! dans les Annales de France jusqu'en 1589, pour ses noires forfaitures incessantes, crimes, assassinats, empoisonnements, emprisonnements, règne de l'arbitraire, & sa responsabilité princeps dans le Massacre des Saints Innocents de la Nuit de la Saint Barthélémy, signe de la plus entière confusion religieuse ayant affecté catholiques & protestants ignorants de la Vraie Théologie Orthodoxe, dès après le Grand Schisme d'avec Byzance-Constantinople, en 1054, au XIème Siècle, & lors, s'entre-tuaient & s'entre-massacraient pour rien, Massacre atroce ayant teint de rouge sang les eaux des fleuves, & qui s'ensuivit de la révolte du parti des «ྭcafardsྭ» Huguenots, due à l'ordre de la Médicis, reine-mère, d'exécuter l'amiral de Coligny, chef du parti réformé des Protestants.
Ce fut dans ces funestes conjectures, de sinistre mémoire, que le roi d'Angleterre, Henry VIII, qui servit de modèle au diabolique Barbe-Bleue du conte populaire, retraité par Madame d'Aulnoy, Charles Perrault, & les frères Grimm, cherchait de répudier la première de ses huit femmes, qu'il allait pour la plupart d'entre elles assassiner, selon la formule bien connue des Anglais : «ྭ He killed two, he divorced two, one died, & one survivedྭ» : «ྭ Il en Tua deux, il Divorça de deux, une Mourut, & une survécutྭ» -. & de se sitôt, donc, débarrasser de la première de parmi elles, Catherine d'Aragon, tante de l'empereur Charles-Quint, pour épouser la jeune Française Anne de Boleyn. Tant que la guerre avait duré entre le saint-siège papal de Rome & Charles-Quint, le pape Clément VII s'était montré favorable au projet de Henry VIII, & la bulle de divorce, pour non-consommation de mariage blanc, était toute prête de partir dépêchée. Mais, la réconciliation du pape & de l'empereur amena une sentence toute contraire. En vain les théologiens d'Angleterre, de France, & d'Italie même, déclarent que le mariage d'un frère avec la veuve de son frère doit être considéré comme nul ( c'était là le cas de Henry VIII & de Catherine d'Aragon) : Charles-Quint n'en dicte pas moins au pape Clément VII un jugement qui prononce la validité, l'indissolubilité de ce mariage. Henry VIII est excommunié, s'il persiste dans son divorce. Ce monarque, furibond, en appelle au concile général de la nation d'Angleterre : le clergé Anglais décide que l'évêque de Rome n'a aucune autorité sur la Grande-Bretagne, chaque évêque n'ayant de pouvoir que sur sa métropole & les entours de sa propre juridiction. Dès lors, le parlement de Londres donne au roi le titre de chef suprême de l'église Anglicane, qu'il vient par là même de fonder, & d'institutionnaliser. Ainsi se consomme un schisme qu'il était d'autant plus facile d'éviter, que le roi Henry VIII, abhorrant le nom & l'appellation infamante d'Hérétique, & ambitionnant , tout au contraire la gloire usurpée de catholique très zélé, avait écrit contre le réformateur Luther, & son luthéranisme protestant, &, pour ce, obtenu du pape Léon X le titre présumé glorieux de défenseur de la foi catholique. Mais, une fois retranché de l'église tant catholique que protestante, se mit à persécuter d'une égale haine tant les catholiques papistes partisans du pape que les protestants Luthériens.

Le pape suivant, Paul III, qui régna depuis 1534 jusqu'à la fin de 1549, entérina & confirma l'excommunication de Henry VIII, convoqua le concile de Trente, de sinistre mémoire, & ses Inquisiteurs, approuva le nouvel institut des jésuites, & fut le premier auteur de la bulle «ྭin Coena Dominiྭ». Ceux qui en appellent des décrets du pape au concile général & Saint-Synode des évêques, ceux qui favorisent les appelan(t)s, ceux qui disent que le concile général des évêques est supérieur au souverain pontife de Rome, exigent du clergé des contributions pour les besoins des Etats; les tribunaux laïcs qui osent juger des évêques, des prêtres, des tonsurés, ou des moines; les chanceliers, vice-chanceliers, présidens, conseillers, procureurs généraux, qui prononcent sur des causes ecclésiastiques,; tous ceux enfin qui méconnaissent la toute-puissance du saint-siège, l'indépendance absolue du clergé, sont Anathématisés par cette bulle papale, qui, publiée pour la première fois le Jeudi-Saint de l'année 1536, devait l'être annuellement à pareil jour : C'est pour cela qu'on la nomme «ྭin Coena Dominiྭ»; car la pratique de la republier à Rome tous les ans s'est ainsi établie, malgré les justes réclamations des souverains à son encontre.
Certains veulent ici rendre hommage à certains cardinaux & prélats, qui ont adressé au pape Paul III des remontrances fort judicieuses, quoique du reste également fort inutiles. «ྭ Vous n'êtes pas sans le savoirྭ», lui reprochaient-ils, le blâmant de la sorte : «ྭ Vos prédécesseurs ont voulu être flattés. Or, c'était trop, déjà, que de vouloir l'être. Ils l'eussent du reste été bien assez, en ne l'exigeant pas même. Car, l'adulation suit les princes, comme leur ombre suivant un corps, &, jusqu'ici, l'accès du trône papal a toujours été difficile, inaccessible, pour tout dire, & sourd à l'austère Vérité. Mais, pour se mieux garantir d'elle, vos devanciers se sont environnés de docteurs en fausse théologie, fort habiles au demeurant, qu'ils ont chargés, non d'enseigner les devoirs sacrés, mais de justifier les caprices des têtes couronnées, & les leurs propres sur tout, & plus encore. Le talent de ces docteurs athéologues & adoctrinaux fut de paraître trouver légitime, pour ce que par eux légitimé sans fondement, tout ce qui s'annonçait agréable aux unes & aux autres. Pour exemple, ils ont déclaré, & décrété, que le souverain pontife était le maître absolu de tous les bénéfices de la Chrétienté; &, comme le droit d'un seigneur suzerain féodal est de vendre ses domaines, ils ont conclu que le chef de l'église catholique papiste ne pouvait jamais être simoniaque, & qu'en matière bénéficiable, il n'y avait de simonie que lorsque le vendeur n'était point pape. Par ce raisonnement spécieux, & par plus d'un arsenal d'arguments du même tonneau, de même farine, & de même acabit, ils se sont, par induction abusive, élevés à la proposition générale qu'ils avaient à démontrer, savoir, que ce qui plaît au pape, & se trouve être fait selon son bon plaisir, lui est toujours permis. Voilà, très saint père, ajoutaient les cardinaux remontran(t)s, voilà certainement la source d'où sont sortis, comme du cheval de bois de Troie, infiltrant la ville de par l'ennemi assiégée, tous les abus, toutes les plaies, & tous les fléaux qui affligent l'Eglise de Dieu.ྭ» ( Id est : «ྭ Sanctitas tua probe noverat principium horum malorum inde fuisseྭ», etc...)
Ce même pape Paul III destinait à son petit-fils Octave Farnèse les Etats de Parme & de Plaisance. D'où, Charles-Quint, qui prétendait les réunir au duché de Milan, en fut menacé des plus graves censures. Depuis lors, le pontife voulut à son tour Parme pour le saint-siège papal, jusqu'en mourir, dit-on, de douleur, en apprenant qu'Octave était , avant lui, sur le point d'acquérir ce duché, pour son propre compte.

Le pape suivant, Jules III, d'accord avec l'empereur, refusa l'investiture à Farnèse; mais, le roi de France Henri II protégea le duc, & lui envoya des troupes en renfort. A cette nouvelle, furieux, Jules III ne tarde plus d'excommunier le roi de France, & menace de mettre l'entier royaume, dare-dare, en Interdit. Placide, Henri III n'a garde de s'en effrayer. De là qu'il défend seulement à ses sujets de porter quelque argent à Rome, & de s'adresser à d'autres qu'aux prélats ordinaires pour les affaires ecclésiastiques. Cette fermeté en remontrant au saint père, il se radoucit, jusqu'en travailler même à réconcilier l'empereur avec le roi de France.

S'ensuivit le pape Marcel II, qui ne régna, lui aussi, comme tant d'autres papes, qu'une vingtaine de jours, vingt et un jours exactement, lui aussi, sans nul doute, promptement éliminé par la curie romaine des cardinaux, aux yeux desquels il ne faisait déjà point ni plus l'affaire. On élut lors pape un dénommé Jean-Pierre Caraffe, qui prit, quant à lui, le nom de Paul IV. «ྭ Quoiqu'il eût soixante-dix neuf ans,ྭ» dit Muratori, «ྭ sa tête était une image raccourcie du mont Vésuve, auprès duquel il était né. Emporté, colérique, dur, inflexible, & malgré cette kyrielle de vices totalement incompatibles avec la sainteté prétendue de ses fonctions, il avait, nonobstant, pour la religion un zèle sans prudence & sans mesure. Son regard farouche, ses yeux enfoncés, mais enflammés, étincelan(t)s, pronostiquaient un gouvernement fort âpre. Contre toute attente de ce que l'on eût pu lors escompter d'un tel caractère de vicieux, il entama, néanmoins, curieusement son règne par des actes de clémence & de libéralité, qui semblaient faits pour démentir les craintes que ses humeurs inégalement emportées pouvaient justement faire craindre & redouter. Il prodigua même tellement, au rebours, les faveurs & les grâces, que les Romains lui en érigèrent une statue dans le Capitole, près des oies qui l'avaient si longtemps gardé. Mais, le naturel chassé revenant incontinent après au galop, son humeur naturelle exécrable reprit bientôt son cours ordinaire & accoutumé, ne pouvant plus contenir les fureurs de ses colères, rompit sans frein toutes les digues de son moi, & vérifia d'expérience les plus sinistres présages que ce machiavélique individu avait pu laisser à juste titre augurer de son triste personnage.ྭ»
Des intérêts de famille le rendaient ennemi de l'Espagne : de là que, non seulement il persécuta les Sforce, les Colonnas, & d'autres familles Romaines, attachées à cette puissance papale sans bornes presque, mais il se ligua avec la France pour enlever aux Espagnols le royaume de Naples. Sur ce, le cardinal de Lorraine & son frère le duc de Guise entraînèrent dans une Ligue le roi de France Henri II, malgré l'avis adverse du connétable de Montmorency. Mais, le cardinal Polus, ministre de Mary, reine d'Angleterre, soeur d'Henry VIII, tante d'Elisabeth, & femme de l'Espagnol Philippe, roi, eut l'adresse de faire signer au monarque Français une trêve de cinq ans avec la cour de Madrid. Le pape Paul alors, furieusement, se courrouce. Son neveu, le cardinal éponyme, Caraffe, vient en France se plaindre du traité qu'on vient d'oser de conclure avec l'Espagne, à l'insu même de la cour pontificale de Rome. Il envoie au pape un député, que le pape, aussitôt, emprisonne. Cette violence odieuse force en retour le vice-roi de prendre aussi les armes : Dont, en fort peu de temps, il s'empare d'une grande partie de l'Etat ecclésiastique pontifical. A son tour alarmée des progrès du duc d'Albe, la cour de France envoie contre lui une armée de douze mille hommes, commandée par le duc de Guise. Mais, sur ces entrefaites, les Français perdirent la bataille de Saint-Quentin : Pour réparer ce revers, il fallut de rappeler Guise & sa troupe, & le pape fut en fin obligé de traiter avec le vice-roi.
Charles-Quint, en réunissant la couronne impériale à celle de l'Espagne & des deux-Siciles, avait obtenu, non seulement en Italie, mais en l'entière Europe même, une prépondérance que tentait en vain de lui disputer François Ier. L'abdication de Charles, en 1556, amoindrit & divisa sa puissance entre son frère Ferdinand, qui devint empereur, & son fils Philippe II, qui régna sur l'Espagne & sur Naples. Mais, malgré ce partage, cette maison n'en fut pas moins, durant la plus grande partie du XVIème Siècle, celle qui dut le plus exciter l'envieuse jalousie des avides souverains pontifes de la papauté temporelle. Et le pape Paul IV, en lui déclarant la guerre, y était entraîné tout autant par la politique générale du saint-siège papal de Rome, que par de puissants intérêts de sa famille de princes noirs, non moins que par des ressentiments particuliers qu'il avait contractés à l'encontre du reste des puissants de la terre. Il refusa donc de confirmer l'élection de Ferdinand à l'empire, & soutint que Charles-Quint n'avait pu abdiquer cette dignité sans l'aveu de la cour papale de Rome. Paul IV & ses acolytes pseudo-théologiens avaient du reste à cet égard, & pour ce, fait force panoplies d'arguments, pour prétendument prouver que le pape était soi-disant le supérieur de l'empereur. Ferdinand, dès là, eut, en bonne logique, la sagesse de se passer du concours du pape, qui se croyait non seulement indispensable, mais supérieur à tout le reste du monde, & centre de la terre habitée, & tous les empereurs suivan(t)s en profitèrent d'imiter ce judicieux exemple. Le plus sûr moyen de contenir l'envahissant pouvoir pontifical, exagérément impérialiste, en son césaro-papisme prétendu infaillible, était de supprimer désormais, autant qu'il se possiblement pouvait, les formalités & cérémonies inutiles, qui avaient si fortement contribué à l'exagérer démesurément.

Elisabeth d'Angleterre, fille du roi Henry VIII, qui succédait en 1558 à sa soeur Marie sur le trône d'Angleterre, était disposée, quant à elle, de par les circonstances de son avènement, à ménager le catholicisme & ses ambitions papistes. L'impétueux Paul IV prit la prudence de cette reine pour de la faiblesse timorée & pour de l'effroi pavide. Il répondit donc à l'ambassadeur d'Elisabeth, qu'elle n'était qu'une fille bâtarde, & que l'Angleterre n'était qu'un fief du saint-siège ; que la prétendue reine devait commencer par suspendre l'exercice de ses royales fonctions, jusqu'à ce que la cour de Rome eût prononcé souverainement à son sujet. Une bulle déclare alors que tous les prélats, princes, rois, empereurs, qui tombent dans l'Hérésie de n'être point papistes & papolâtres, sont, de par ce seul fait, déchus de leurs bénéfices, états, royaumes, empires, lesquels appartiennent désormais au premier catholique venu qui voudra seulement s'en emparer, sans que jamais lesdits prélats ou princes Hérétiques y puissent être rétablis. De là qu' à la vue de telle exorbitante outrecuidance, Elisabeth Ière n'hésite plus de cimenter irrémédiablement le schisme Anglican. Elle embrasse l'Hérésie, la favorise de ses faveurs, & la propage prolifiquement. D'aucuns jugent qu'il l'en faut blâmer sans doute. Mais, le moyen d'excuser un pape, dont la violence, force violente, & gouvernement par la force, sans justice, la poussait à toutes ces extrémités, la poussant dans les derniers retranchements de l'Hérésie, & qui ne cessait point pour autant de prendre part aux conspirations ourdies contre l'autorité & contre la vie même de cette souveraine absolue? Quand donc ce pontife Mourut, après quatre ans d'un court règne qui leur avait nonobstant paru interminable & ne se devoir finir jamais, les Romains ne calmant plus les ardeurs de leur colère furieuse, & ne mettant plus de bornes ni freins à leurs ardeurs, de par rage, brisèrent sa statue déboulonnée, & la précipitèrent dans le fleuve du Tibre. Ce fut au point même que l'on eut peine à soustraire son cadavre aux fureurs déchaînées de la multitude du peuple en ivre courroux : La prison de l'Inquisition fut livrée aux flammes. Paul IV ayant fait un horrible usage de cet odieux tribunal de sa clique de cardinaux à sa botte, il reprochait avec fureur aux princes Allemands leur indulgence coupable pour les Hérétiques.

Le pape Pie IV lui succédant, il en profita d'exercer de cruelles vengeances contre les neveux de Paul IV, conseillées, dit-on, par le roi d'Espagne, Philippe II, implacable ennemi des Caraffe. La reine de Navarre fut lors sommée par ce pape de comparaître à Rome dans un délai de six mois, sous les peines ordinaires d'Excommunication, de Déchéance civique, & de Dégradation sociale : Menaces néanmoins presque aussi ridicules que criminelles, dont le seul effet fut d'irriter la cour de France. Mais, le pontificat de Pie IV est surtout remarquable par la clôture du concile de Trente, qui avait duré dix-huit ans, depuis 1545 jusqu'en 1563. Les décisions dogmatiques de ce concile, qui légitima l'Inquisition, hautement diabolique, de là néanmoins institutionnalisée en tribunal papal & papolâtre, ce tout étant donc en tout point Hérétiques& anti-Orthodoxe, pour ne point dire anti-Christique, d'une façon qu'il serait trop long de développer ici, nous dirons un mot plutôt de ses décrets législatifs.
Le concile de Trente prononce, en de certains cas, contre les rois eux-mêmes, l'Excommunication, la Déposition à bas de leurs trônes, & l'Expropriation de leurs terres & biens. Il attribue aux évêques le pouvoir de punir sur leur vie les Auteurs, Editeurs, & Imprimeurs de Livres Interdits & Défendus, d'interdire les notaires, de voler, extorquer, arracher, & confisquer les actes notariers, pour spolier les héritiers légitimes, légataires universels, de tous leurs biens d'Héritages, de falsifier, maquiller, découper, & commuer les volontés dernières des testateurs de leurs Testaments, d'appliquer les revenus des hôpitaux, détournés, à d'autres usages & fins totalement déshonnêtes & improbes. Il valide les mariages des mineurs contractés, pour raisons de pédophilie, d'abus, & de trafics de jeunes femmes, sans le consentement des paren(t)s : Il permet aux juges ecclésiastiques de faire exécuter leurs sentences contre les laïcs, par la saisie de leurs biens & par l'emprisonnement des personnae non gratae, avec ou sans jugement même, également décrétées indésirables. Il soustrait à la juridiction séculière tous les membres du clergé, jusqu'aux simples tonsurés, novices de la dernière averse. Il veut que les procès criminels contre les évêques ne soient jugés que par le pape. Il autorise le pape à déposer les évêques non-résidents, & à leur donner des successeurs pour se substituer aux révoqués. Il soumet enfin ses propres décrets à l'approbation du souverain pontife papal, dont il prétend reconnaître la suprématie qu'il feint illimitée. A un point tel que les prédécesseurs de ce pape, les Grégoire VII, Innocent III, Boniface VIII, & Jules III n'avaient point eux-mêmes imaginé de pouvoir aspirer à une théocratie plus absolue que cette dernière, ni plus éversive de toute autorité civile & de tout principe social qui fussent. En conséquence duquel pseudo-concile, l'on convint en France que cedit concile de Trente, s'il advenait qu'il pût être infaillible quant à ses dogmes (Hérétiques), ne l'était pas en législation. Et pour n'y être pas surpris, ni empiégé, l'on ne publia nulle part, en tout le royaume de France, ni sa législation, ni ses dogmes. Du reste, les états de Blois, en 1579, & les états de Paris, en 1614, tenus non éloignés de ces châteaux royaux respectifs, s'opposèrent vivement à cette publication, quelque demandée qu'elle fût par les papes, & sollicitée par le clergé même de France. Car force est bien d'avouer que, depuis 1560, la majeure partie de ce clergé n'a cessé, quoi qu'on en puisse dire, de confondre ses intérêts de basse vilitude avec ceux de la cour papale de Rome. Et, s'il parut un instant, un seul & court instant, faire mine de se détacher d'elle par les quatre articles de 1682, dont il sera parlé plus au long un peu plus bas, c'est amplement qu'il a racheté depuis, par suffisamment d'obséquieuses complaisances & de serviles connivences, une démarche où l'avaient entraîné de particulières conjonctures singulières.

Pie V avait, sous Paul IV, été Grand Inquisiteur, président en juge inflexiblement inexorable au tribunal de ladite «ྭsainteྭ» Inquisition, Tortionnaire, de par mise à la Question des inculpés & prévenus, & Persécutrice des corps & âmes, à Mort. Il le fut même encore, étant pape : Aucun pontife n'a fait brûler à Rome plus d'Hérétiques que lui, du moins prétendus tels, & personnes suspectes d'Hérésie. L'on remarque, de parmi les ardentes victimes de son zèle, plusieurs Savans Erudits, & Théologiens avertis, & surtout Paléarius, lequel avait comparé l' Inquisition à un sicaire poignard dirigé sur la tête des Gens de Lettres : «ྭ ... sicam districtam in juguma litterratorum.ྭ» Une bulle de Pie V contre de certaines propositions de Michel Baius, fut le premier signal d'une longue & funeste querelle. Ce pape, en renouvelant & amplifiant la bulle de Paul III, «ྭ in Coena Dominiྭ», ordonna de la publier chaque Jeudi-Saint dans toutes les églises. Or, elle n'avait jusqu'alors été fulminée qu'à Rome : L'on eût dit que Pie V voulait soulever contre le saint-siège papal ce qui restait de princes catholiques, & les condamner à l'alternative de renoncer à l'indépendance de leurs couronnes, ou à la foi de leurs aïeux. Les réclamations ne se firent point attendre, qui ne tardèrent point de se faire jour. Elles furent universelles, surgies uniment de toutes parts ensemble : Philippe II, le plus superstitieux des rois de ce temps, défendit pourtant, sous des peines rigoureuses, la publication de cette bulle papale dans ses Etats. Par une autre bulle, Pie V excommunia Elisabeth Ière : Anathème pour le moins superflu, & qui ne produisit d'autre effet que le supplice de Jean Felton, qui avait osé aficher cette sentence à Londres. Une Ligue entre le même pape Pie V, l'Espagne, & Venise, contre les Turcs Ottomans, obtint néanmoins des succès : Don Juan d'Autriche s'illustra par la bataille navale & victoire de Lépante sur ces mêmes grands & petits Turcs. Tant, que le pape ne craignit point d'appliquer tout abusivement, intempestivement, & plus
qu' inadéquatement, en fin tout à fait hors de propos, à ce victorieux guerrier, don Juan d'Autriche, bâtard de Charles-Quint, ces mots de l'Evangile regardant Saint Jean l'Evangéliste, Apôtre préféré du Christ : «ྭ Il fut un homme envoyé de Dieu, & cet homme s'appelait Jean.ྭ» Puis, par la puissance qu'il prétendait non moins abusivement tenir de Dieu & réputait de droit divin, en vertu d'icelle, & en qualité de pasteur chargé d'examiner qui avait mérité, par un grand zèle pour le saint-siège & sa primauté sur tout l'univers, des honneurs extraordinaires, Pie V décerna à Côme de Médicis, de famille papale, le titre de grand duc de Toscane. L'empereur eut beau se récrier, réclamer : En vain. Côme, avec ce nouveau titre, se fit couronner à Rome, en grand appareil & pompe d'apparat, & prêta serment entre les mains du pontife. Mais, ce qu'il y a de plus remarquable ici, ce sont les motifs allégués à Maximilien par le cardinal Commendon, pour justifier l'arbitraire de cet acte pontifical. Commendon disait, en substance, en tout esprit d'humilité, qu'à tout seigneur tout honneur: &, selon lui, à l'en croire, que le pape avait à soi seul dégradé Childéric de son trône carolingien, en sa place installé le roi Pépin le Bref, transféré l'empire Byzantin d'Orient en Occident, établi les électeurs, confirmé & couronné tous les empereurs du monde. De là qu'il concluait, que le pape était le distributeur des trônes & des titres d'empereurs, de rois, en quelque sorte le nomenclateur des princes, tout ainsi que l'avait été Adam celui des animaux de la nature créée.
Remarquerons-nous que ce même Pie V, qui, pour venger quelques articles de la croyance catholique erronée, armait ces dits chrétiens contre des chrétiens autres, écrivait aux Persans & aux Arabes que, malgré la diversité des cultes, un intérêt commun devait rallier l'Asie à l'Europe pour combattre les Musulmans ? Cette contradiction apparente ne doit pourtant étonner personne : L'on sait bien que, dans les dissensions religieuses, la haine est d'autant plus vive que les opinions sont moins divergentes.

S'ensuivant le nouveau pape Grégoire XIII, couronné pape le 25 mai 1572, trois mois avant la trop funestement célèbre & renommée Saint- Barthélémy, il n'eut pas plus tôt appris ce massacre, qu'il fit tirer le canon & allumer des feux de joie : il en rendit grâce au Ciel dans une cérémonie dite religieuse ; & l'Histoire des papes ( établie par les «ྭ éruditsྭ» historiographes de la Curie romaine, préposés à cet effet ) parle d'un tableau qui attestait l'approbation formelle que donnait le pontife aux assassins de l'amiral de Coligny, protestant réformé notoire : «ྭ pontifex Colignii necem probat.ྭ». En 1584, Grégoire XIII approuva aussi le plan de la ligue, sur l'exposé du jésuite Mathieu, qu'on avait député à Rome pour ce faire. «ྭ Au reste, écrivait ce jésuite, le pape ne trouve pas bon qu'on attente à la vie du roi ; mais, si l'on pouvait se saisir de sa personne, & lui donner gens qui le tinssent en bride, on trouverait bon cela.ྭ» Grégoire XIII évita même de signer aucun écrit dont les ligueurs pussent s'autoriser ; il ne les secourait que de la menue monnaie du saint-siège, disait le cardinal d'Est : or, cette monnaie de singes consistait en Indulgences.

Les dissensions qui déchiraient alors la France, avaient sans doute diverses causes, mais parmi lesquelles on n'a point assez remarqué l'abolition de la pragmatique & l'établissement du concordat. D'un côté, un si funeste changement dans la discipline, en aigrissant les esprits, les avait disposés à recevoir les nouvelles opinions dogmatiques réprouvées par la cour de Rome ; de l'autre, les maximes ultramontaines que le concordat avait introduites, que Catherine de Médicis avait propagées, inspiraient des sentiments d'intolérance à ceux qui restaient dans la communion du saint -siège : la pragmatique eût préservé la France & de l'hérésie & du zèle persécuteur. Sous l'empire du concordat, ces deux germes de discorde, fécondés l'un par l'autre, ont enveloppé de leurs horribles fruits les règnes de Charles IX & de Henri III. Les nouveaux intérêts que le concordat donnait au clergé de France, le dévouèrent à la cour Romaine, & affaiblirent de plus en plus les liens par lesquels il devait tenir à l'Etat. On s'appliquait tellement à maintenir & à reproduire les maximes du Moyen-Age, que Grégoire XIII osa faire, en un siècle éclairé, une nouvelle publication du décret de Gratien ; mais ce pape, en réformant le calendrier croyait rendre un service aux Peuples séparés, par refus de l'Hérésie papiste, de la communion romaine, & qui, Anciens Calendaristes, suivent toujours le Calendrier julien des premiers Temps de l'Eglise Orthodoxe Universelle, alors Indivise, comme il se fait aujourd'hui encore au Patriarcat de Jérusalem, au Mont Athos en Grèce, dans les pays Orthodoxes Slaves, & ailleurs dans le Monde, où l'Ancien Calendrier, auquel se reconnaissent aussi les Vrais Chrétiens Orthodoxes, est toujours en vigueur.

Le successeur de Grégoire XIII fut le trop fameux Sixte-Quint, vieillard sanguinaire, qui ne sut gouverner ses états pontificaux que par des supplices, & qui, sans profit pour le saint-siège, ranima par des bulles les troubles qui agitaient les autres royaumes. Il professait tout haut une haute estime pour Henri IV & pour Elisabeth Ière d'Angleterre, fille du Barbe-Bleue Henry VIII. Nonobstant, il les excommunia tous deux, mais, en quelque sorte par manière d'acquit, & parce que ces démarches lui semblaient comprises dans son rôle pontifical. Il détestait & redoutait Philippe II d'Espagne. Il eût voulu lui ravir du moins le royaume de Naples ; il le seconda contre l'Angleterre. Une bulle pontificale solennelle donne à Philippe II d'Espagne la Grande-Bretagne, & déclare Elisabeth usurpatrice, hérétique, & excommuniée; ordonne aux Anglais de se joindre aux Espagnols pour la détrôner, & promet des récompenses à ceux qui la livreront aux catholiques pour la punir de ses crimes. Elisabeth, fille d'Henry VIII, avec la même pompe exacte, de son côté riposte en l'espèce : Par un logique effet naturel de retour des choses, & sans états d'âme aucune, elle excommunie à son tour le pape & tous ses cardinaux, de dans la cathédrale Saint- Paul de Londres. De là, elle s' institue elle-même, après son père le roi Henry VIII, sans plus de vergogne, la chef suprême de l'église anglicane. Cependant, Philippe II d'Espagne échoue dans son entreprise, & Sixte-Quint s'en réjouit in fine presque autant qu'Elisabeth d'Angleterre, maîtresse impitoyable & sans partage de la perfide Albion ; il invite lors cette princesse du sang royal à porter la guerre jusque dans le coeur de l'Espagne.

Malgré son aversion & son mépris pour les ligueurs, Sixte-Quint frappa d'anathème le roi de Navarre – futur Henri IV ( 1553-1610) -, & le prince de Condé, les appelant race impie & bâtarde, hérétiques, relaps, ennemis de Dieu, & de la religion ; déliant leurs sujets présents & futurs de tout serment de fidélité, déclarant enfin ces deux princes & leurs descendants privés de tous droits, & incapables de jamais posséder aucune principauté. Cette bulle commence par le plus insolent étalage de la bulle pontificale, «ྭ supérieure à tous les potentats de la terre, instituée pour arracher du trône les princes Infidèles, & les précipiter dans l'abîme comme des ministres de Lucifer.ྭ» Le roi de Navarre, - depuis Henri IV -, suivant l'exemple exprès d' Elisabeth : il excommunia Sixte, soi-disant pape, & Sixte dut convenir qu'il lui incombait de louer si courageuse Résistance. Mais ces bulles papales, dont se moquait leur propre auteur, tout comme en faisait Rabelais des gorges chaudes, longtemps moine & fort versé dans les usages papistes des couvents régis par la papauté, ces bulles, hélas! n'en manquaient pas moins d' alimenter les guerres civiles, leur servant donc d'aliments nauséeux ; le fanatisme papiste qu'elles nourrissaient dans les catholiques, sous la pression papolâtre, incita très fortement Henri III à poursuivre plus rigoureusement & persécutoirement les calvinistes réformés, ne leur laissant que cette seule alternative, sur ordre d'ordonnance royale, soit d'abjurer leur hérétique foi protestante, ou de sortir du royaume & le quitter sans retour ; tandis que, de son côté, le roi de Navarre se trouvait forcé de prendre contre les catholiques, toujours papolâtres, des mesures sévères. Henri III, plus que jamais froissé entre les deux partis, n'avait ni l'habileté, ni la force qu'exigeait une position si difficile, & si malaisément tenable. On le voit lors priver le roi de Navarre du droit de succession au trône de France, &, bientôt après, se jeter entre les bras de ce généreux prince. Cette réconciliation provoqua un monitoire, où Sixte-Quint ordonnait à Henri III de comparaître à Rome en personne, ou par procureur, dans un délai de soixante jours, ou pour rendre compte de sa conduite, & le déclarait excommunié, s'il n'obéissait. Il faut vaincre, disait le roi de Navarre à Henri III qu'effrayait cet anathème, il faut vaincre : si nous sommes battus, nous serons excommuniés, aggravés, & réaggravés. Mais, ces Censures avaient si peu conservé leur ancienne puissance, qu'un évêque de Chartres disait qu'elles étaient sans force en deçaà des monts, & qu'elles gelaient en passant les Alpes, qui séparent l'Italie romaine de la France libre. Le poignard de Jacques Clément, appelé à la rescousse, eut donc naturellement plus de prompte efficacité. C'est ainsi qu'Henri III, sur ordre du pape, périt sous les coups du sicaire de cet assassin d'icelui prétendu vicaire du Christ ; &, si nous en devons croire les ligueurs, Sixte-Quint, par feinte paraissant s'extasier sur si audacieuse entreprise, la comparait, - quoique fort inadéquatement, on l'aura compris, - à l'Incarnation du Verbe & à la Résurrection de Jésus.
Enfin, pour joindre démonstrativement le geste à sa parole si anté-théologiquement déclarative, le même pape fit empoisonner la belle Gabrielle d'Estrées, le grand & l'unique amour d'Henri IV, qui de sa vie entière ne s'en put remettre, contraint, lors, pour complaire à ce pape sanguinairement dictatorial, d'épouser sans amour aucun la repoussante Marie de Médicis (1575-1642), fondatrice, avec lui, de la branche royale des Bourbons, qui lui donna enfin un dauphin royal, l'enfant presque à terme, fruits d'amours illégitimes, nul mariage n'ayant été par les amants contracté, & ne leur ayant point été laissé le temps de légitimer l'héritier au trône par mariage après qu'il eût été né, l'enfant, donc, que portait Gabrielle, ayant par même poison papal, succombé dans le ventre de celle maîtresse de roture, ou jugée telle par le pape, quoiqu'aristocrate, & dame de beauté, dont ce pape refusait qu'elle épousât Henri, lui voulant supplanter une catholique romaine militante, à sa botte, qui fût d'avance acquise à sa sombre politique de l'intérêt.

S'il fallait tâcher d'expliquer la politique, toute machiavélique, de ce pontife, nous dirions que son véritable ennemi, le rival qu'il eût voulu renverser, était Philippe II d'Espagne, que, par extraordinaire, - fait d'assez notoire exception, dans l'histoire papale, pour être marqué d'une pierre blanche -,il n'excommunia point, & contre lequel, de surcroît, il n'osa même rien entreprendre à visage découvert. De fait, les circonstances ne le permettaient point. Sixte espérait sans nul doute que les mouvements de discorde, de par ses actes & agissements dissensuels, excités en Angleterre, & entretenus en France par des anathèmes pontificaux, prendraient plus de surface, & aboutiraient à quelque résultat funeste à Philippe II d'Espagne. Cet appareil de la suprématie papale, déployé contre les rois de Navarre & d'Angleterre, menaçaient plus réellement celui qui, gouvernant l'Espagne, le Portugal, la Belgique, les deux Siciles, & une partie du Nouveau-Monde, jusques au Mexique, d'abord pris par Christophe Colomb pour les Deux-Indes, surpassait en grandeur & en richesses tous les autres potentats. Déclarer la Grande-Bretagne un fief de l'église romaine, c'était retracer assez les prétentions de cette église sur le royaume de Naples ; &, lorsque le pape s'érigeait en juge souverain des rois de la terre, il faisait assez entendre qu'une erreur ou un revers suffirait pour entraîner la chute du plus puissant de tous. Malheureusement, la catholicité de Philippe II demeura inattaquable ; Henri IV se contenta de se défendre contre la même très catholique Espagne ; la reine Elisabeth, elle, aima mieux affermir son trône qu'ébranler ceux d'autrui. Et, Sixte, pour finir, Mourut trop tôt, pour pouvoir venir à bout de la réalisation temporelle de ses machiavéliques ambitions impérialistes de vulgaire & vilissime politicien césaro-papiste.

Après lui, Urbain VII ne régna que treize jours, - peut-être empoisonné , comme il est souvent d'usage à la curie, où le poison a si souvent cours, quand ce n'est pas la noyade organisée de corps jetés en souterraine rivière, passant sous le Vatican, pour éliminer ceux qui se révèlent tôt ou tard indésirables- ; Grégoire XIV, qui prit sa suite, ne régna, quant à lui, que dix mois; & Innocent IX, que huit semaines. Ce même Grégoire XIV, toutefois, eut le temps d'encourager les ligueurs, d'excommunier Henri IV, & de lever à grands frais une armée de brigands mercenaires, qui, pour une maigre solde, ne se fit guère prier davantage pour ravager quelqu'unes des provinces du royaume de ce qui fut antan la douce France.

Clément VIII, dernier pape du XVIème siècle, ayant ordonné aux Français de choisir un roi catholique de nom & d'effet, le soudain catholicisme de Henri IV eut le triple avantage de déjouer tout ensemble & la cour vaticane de Rome, & la ligue, & les intriques de l'Espagne : Le pape dut se résoudre : il aima mieux absoudre Henri que de le voir régner & prospérer malgré le saint-siège. A la vérité, les deux représentants du roi ( les dénommés du Perron, & d'Ossat), se prêtèrent, avec beaucoup de complaisance, aux cérémonies de l'absolution, ainsi que l'évoque l'evêque ultramontain, persécuteur des gallicans, & gendarme de l'augustinisme, Bossuet, en sa défense du clergé ultramontain de France :
cf Bossuet : Defens. Cler. Gallic. I.III, C. 28.
cf (Père) Ranson, Patric : (Contre) Augustin. Dossier H.
Chap : Bossuet, gendarme de l'augustinisme.
( Ed. L'Age d'Homme). ( N.D.T).
Et l'on eut bien de la peine à obtenir la suppression de la formule : «ྭ Nous le réhabilitons dans sa royauté.ྭ» Mais, le prince absous prit contre les prétentions de la cour vaticane romaine une mesure décisive, en garantissant aux protestants, par l'Edit de Nantes, le libre exercice de leur culte, & la pleine jouissance de leurs droits civils. Quand le clergé catholique vint lui demander la publication des décrets du concile de Trente, il écarta cette proposition avec la politesse ingénieuse & légère qui caractérise les moeurs Françaises, & qui embellissait, dans celles de Henri IV, la bravoure, la prudence, & la loyauté. Cependant, ce Henri qu'idolâtrait la nation, le fanatisme catholique papiste l'avait proscrit en secret ; & les jésuites, fervents partisans de l'ultramontanisme papolâtre, que les poignards de Barrière & de Jean Chatel avaient mal servis, aiguisaient celui de Ravaillac. D'où , sitôt après, l'assassinat, en 1610, à l'aube du XVIIème siècle, du bon roi Henri des Français par le fou Ravaillac, soudoyé pour ce faire sinistre par les papistes bon teint.

En 1597, Alphonse II, duc de Ferrare, étant mort sans laisser d'enfants, Clément VIII résolut de s'emparer de ce duché, & fit un si bon usage des armes «ྭspirituellesྭ» & temporelles de la puissance papale, qu'il réussit dans cette entreprise, au préjudice de César d'Est, héritier d'Alphonse. On a souvent reproché à ce pape & à ses prédécesseurs, depuis la mort de Jules II, dont Michel-Ange ne put venir à bout de sculpter le tombeau, dans Saint Pierre de Rome, une politique vacillante, ainsi qu'une extrême mobilité dans leurs inimitiés & dans leurs alliances. Ne prenons cependant pas ces irrégularités & variations pour des marques & signes d'impéritie politique : elles n'attestent que la difficulté des conjonctures, & que l'état de faiblesse où le schisme des papes d'Avignon, le progrès des hérésies, & l'ascendant de quelques princes, avaient réduit le saint-siège. Si, durant le XVIème siècle, la chaire de Saint Pierre fut presque toujours occupée par d'habiles pontifes, ce siècle nous présente aussi, sur la plupart des trônes royaux, des souverains célèbres, que des vertus politiques ou des talents particuliers, ou bien un caractère énergique, recommandent diversement à l'histoire : ainsi, pour exemple, à qui ne s'embarrasserait point de mettre tout bonnement leur cruauté mentale à part, les souverains d'Angleterre, Henry VIII & sa fille Elisabeth d'Angleterre, qui, en l'absence de la salique & matchiste loi française, lui succède, à l'égal d'un fils, & d'un homme d'Etat, sur le trône royal; les rois de France, Louis XII, François Ier, & Henri IV; & les souverains monarques d'Espagne, Charles-Quint & Philippe II. Aucun de nos siècles modernes ne semble avoir été plus fécond en hommes mémorables de ces sortes, & dans toutes les carrières. Mais, pour autant, la cour de Rome ne renonçait à nulle de ses prétentions. Elle maintenait les traditions de son ancienne suprématie ; elle continuait, après Grégoire VII & Innocent III, de parler le langage césaro-papiste impérialiste qui est celui des papes de tous les siècles depuis le Grand Schisme de 1054 d'avec l'Orthodoxie de Constantinople. Cependant, que pouvait de plus la papauté parmi tant de rivaux divers & variés, &, chacun pour sa part, si formidablement puissants qu'elle? C'était beaucoup déjà que de traverser pérennement ces mers agitées par gros temps, & de se conserver immuablement pour des temps meilleurs & plus propices à faire régner son seul impérialisme de puissance temporelle, & qui, de spirituelle n'avait guère que le nom d'emprunt. Et cependant, ces temps qu'espérait la puissance affaiblie des papes n'est point, ni plus venue, & les papes du XVIIème siècle, par trop inférieurs à ceux du XVIème siècle, aux Jules II, aux Léon X, aux Sixte-Quint, ont laissé perdre avec eux jusqu'à l'espérance folle de pouvoir jamais rétablir en Europe la monarchie pontificale.

Parmi les nombreux écrits publiés dans le cours de ce siècle sur les libertés de l'église Gallicane, où les Evêques, tous Egaux entre eux, conformément à la Tradition Apostolique instituée par les Saints Apôtres de l'Eglise Orthodoxe Universelle Indivise – celle Eglise dite encore de l'Origine -, où les Evêques, donc, ne décident, au plan Ecclésial, de toute chose que collégialement, en Synode assemblés, au contraire des évêques ultramontains qui ne jurent que par le pape, l'on distingue l'ouvrage auquel Pierre Pithou donna jour en 1594. Rédigé en un traité, & sous la forme d'un tel oeuvre, en 83 articles, il revêt la forme d'un codicille, ou d'un code qui, quoique de dimensions modestes, en tient lieu pour ce qui est d'en avoir reçu ses galons d'autorité. Car, on le trouve cité, non seulement dans les plaidoyers, mais dans les lois mêmes. - C'est ainsi que l'article 50 de Pithou se retrouve cité dans un édit de 1719. C'est ainsi, pour résumer la Tradition Gallicane des Evêques de l'Ancienne Eglise, telle qu'elle se retrouve dès la Gaule Romaine dans la première Eglise de France, que les thèses gallicanes se voient consignées dans la pragmatique de Saint Louis IX au XIIIème siècle, dans le Songe du Vergier au XIVème siècle, dans la pragmatique de Charles VII au XVème siècle, dans le traité de Pierre Pithou au XVIème siècle, ainsi que dans les quatre articles de 1682, & dont la somme des quels tous textes susdits présentent, chez les Français, une tradition constante de la plus saine doctrine gallicane sur les limites se devant nécessairement imposer, - pour la survie de l'Eglise, en prémisse à la justesse théologique justement exigible s'il se fût agi d'une Eglise Théologalement Légitime-, au ministère pontifical.



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CHAPITRE X.




TENTATIVES D'ENTREPRISES DES PAPES DU DIX-SEPTIEME SIECLE.


Aucun pape, depuis 1600, n'a joint à une ambition énergique des talents dignes de seconder ses visées ambitieuses. A dater de cette époque, le « saint »-siège n'est plus qu'une puissance du second ordre, qui, presque incapable d'agressions hardies, se défend par des intrigues, & n'attaque plus que par des machinations obscures. Les réformes qui ont séparé de l'église catholique Romaine une partie de la Chrétienté, contribuent à délivrer l'autre de la Tyrannie papale. Par-tout le pouvoir civil s'affermit ; les troubles mêmes tendent ou aboutissent à l'organiser, & surtout à l'affranchir. Les Annales des papes se détachent de plus en plus de l'Histoire Générale de l'Eurpe, & perdent ainsi leur éclat & une grande partie de leur intérêt. Nous n'aurons donc à recueillir dans ce chapitre qu'un relativement petit nombre de faits, après que nous aurons considéré sous des points de vue généraux l'influence de la Cour Romaine, au XVIIème Siècle, sur les principaux états Européens.

En Angleterre, Jacques Ier, successeur d'Elisabeth, avait échappé, lui, sa famille, & son parlement, à la conspiration dite des poudres, tramée par des jésuites & par d'autres agents ultramontains du souverain pontife & pape. Roi prodigue d'abord, puis bientôt indigent, Jacques Ier avait vu se former les deux partis dits des Wighs & des Torys. La chambre des communes, où le parti des Wighs domine, résiste à Charles Ier. Le roi Charles menace ; on l'insulte ; il prend les armes ; on l'oblige à fuir ; il périt sur un échafaud, victime ignoble d'un tragique arrêt. Protecteur de la république Anglaise, Cromwell la Tyrannise & la rend puissante. Mais Cromwell Meurt, & Monck livre l'Angleterre à Charles II, qui succède ainsi à Charles Ier trépassé, ensuite de l'épisode cromwellien. Les inconstances & les contradictions qui s'accumulent dans le cours de ce nouveau règne, décèlent l'influence indécise de la cour pontificale des papes de Rome : Les catholiques sont tour à tour, successivement, & contradictoirement, tolérés en Angleterre, puis accusés, à nouveau protégés, & puis exclus des emplois ; on décapite cinq jésuites. Le roi d'Angleterre casse des parlements, & signe l'Acte d'Habeas Corpus, qui permet à chacun d'user librement de son corps, ce qui est dire de se pouvoir prévaloir du droit de sa Liberté physique d'échapper à la prise de corps décrétée par la Dictature, Tyrannie de l'Arbitraire, qui déporte, emprisonne, asile, enferme, & Torture les Innocents, comme le pratique encore le Totalitarisme en France en plein vingt & unième Siècle, dont la Tyrannie dictatoriale, usant de son idéologie de type Totalitaire, a rétrocédé en-deçà de la loi de l'Habeas Corpus, lequel avait pourtant été gagné de haute lutte, & obtenu dès au XVIème Siècle .
Un serment antipapiste est en sus exigé. & le duc d'York, qui refuse de le prêter, n'en est pas moins rétabli dans la charge de grand amiral. Bientôt même, il succède, sous le nom de Jacques II, à son frère Charles II, & fatigue, par des exécutions Barbares, la patience de ses sujets. Le roi Jacques II, isolé, sans amis, parmi les catholiques même, qu'il a pourtant comblés de ses faveurs, s'abandonne aussi lui-même, & perd, sans combat, un sceptre avili dans le Sang & dans la Dictature d'un Tyran.
Le gouvernement Anglais se réorganise, & le prince d'Orange, Guillaume de Nassau, gendre du roi Jacques II, est appelé au trône de la Grande-Bretagne. Le prince Guillaume, à la fois stathouder en Hollande, & roi d'Angleterre, gouverne avec énergie l'un & l'autre état, & triomphe des conspirations, lesquelles sont presque toujours soit fomentées, soit secondées par ledit « saint »-siège papal de Rome. Ainsi, des troubles & des crimes, l'affaiblissement du catholicisme, & la restauration des autorités civiles, tels ont été chez les Anglais du XVIIème Siècle les seuls résultats des ténébreuses manoeuvres de la cour pontificale Romaine des papes.

La paix de Munster, en 1648, avait proclamé l'indépendance des Provinces-Unies. Malgré le sol, le climat, & la discorde, la Hollande, déjà florissante & libre du joug Espagnol, prenait un rang distingué parmi les puissances échappées à l'empire du « saint »-siège. Ce pendant, Philippe III, le roi d'Espagne, perdait aussi l'Artois, dont s'emparait Louis XIV, & le Portugal, qui couronnait le duc de Bragance. Un Charles II, roi de France, fils de Philippe IV, perdit la Franche-Comté, Mourut sans enfants, & légua son royaume à un petit-fils du roi des Français. Ce n'était donc plus pour les papes qu'une faible ressource que l'ascendant qu'ils exerçaient encore sur la très catholique Espagne, si tant, pourtant, déchue elle-même, & qui semblait se placer sous l'influence Française.

En Allemagne, la catholicité des empereurs successifs, Ferdinand II, Ferdinand III, & Léopold, n'empêchait pourtant pas le progrès des Hérésies non-catholiques. Après que le Tyrannique Despotisme de l'empereur Ferdinand II eut révolté les Allemands & le Nord de l'Europe, l'on vit l'autorité impériale s'affaiblir entre les mains de Ferdinand III ; & l'empereur suivant, Léopold, qui fut, quarante-sept ans durant, gouverné, dit-on, par des ministres, des femmes, & des directeurs spirituels, lui qui passa pour l'inutile ami des papes, ne se soutint en fait que par l'opinion qu'il inspira de son impuissance.

Après Henry IV, qui Mourut assassiné en 1610, par Ravaillac, à l'instigation du pape, le XVIIème Siècle n'offre plus que deux rois de France, Louys XIII, & Louis XIV, auto-proclamé « Roi-Soleil ». Louis XIII, tour à tour exile Marie de Médicis, sa monstrueuse & assassine mère dénaturée, mais la rappelle, & puis l'éloigne encore . Il l'offense parce qu'il la craint. Il n'aime pas le cardinal de Richelieu, qu'il se donne pourtant pour ministre & pour maître. Les protestants, toujours inquiets, persécutés, & menacés, prennent les armes. C'est le fameux siège de la Rochelle, resté dans les Annales Historiques comme l'un des plus sanglants & meurtriers de l'Histoire. A l'issue de ce long siège où meurent Protestants sans nombre, avec Femmes, & Enfants, d'atroce Famine, la Rochelle, leur boulevart, capitule. Richelieu publie un édit de grâce, en fin : Mais c'est parce qu'il redoute assez Rome & les jésuites enfants de ce comique don Quichotte, paladin pitoyable de l'Hérético-Schismatique foi catholique Romaine que fut le très Ultramontain papiste & papolâtre Ignace de Loyola,
cf Guettée : Histoire des jésuites. (En Trois Tomes).
( A l'enseigne de la Librairie Huet, Paris. 1838),
cf Pascal, Blaise : Les Provinciales ( Le Livre de Poche),
que le terrible & redoutablement cruel cardinal, en sa superbe hautaine drapé, & toute sa rouge pourpre cardinalice, renonce pourtant à écraser davantage les enfants aussi de l'Hérétique Calvin. Richelieu eut néanmoins ce mérite de résister sur l'heure aux sollicitations pressantes & incessantes du pape Urbain VIII, qui, par le fait, dans ses lettres au roi Louis XIII, à la reine Anne d'Autriche, & au cardinal de Richelieu lui-même, ne cessait de conseiller l'entière Extermination des Huguenots.
Cf Urb. VIII : Epistolae ad principes ( Epîtres aux princes). ANN. VI, folio 10. Aux Arch. De
l'Emp.
Le cardinal est au vrai plus empressé de parer à l'abaissement des grands. Il les épouvante donc par le supplice de Marillac, de Montmorency, de Cinq-Mars, si jeune encore, &, achevant par d'indignes moyens l'ouvrage que Henry IV n'a point eu le Temps de finir avant qu'il fût Mort & Trépassé, il fonde dans l'intérieur de la France désormais Absolutiste la puissance monarchique de l'Absolutisme de la royauté Absolue, absolument.
Sa Mort & celle de Louis XIII amènent une minorité orageuse. La Fronde des grands repousse le cardinal Mazarin. Mazarin lasse la Fronde, & se met à gouverner nonchalamment un Peuple frivole. Ce qu'il néglige le plus, c'est l'éducation du jeune roi, de ce Louis XIV dans sa minorité, qui, depuis 1661 jusqu'en 1715, régna sur les Français, & maîtrisa quelquefois l'Europe. La révocation de l'Edit de Nantes, en 1685, divise ce long règne en deux parties : Des bienfaits & des triomphes immortalisent la première : l'hypocrisie, le fanatisme catholique, l'ultramontanisme papolâtre, le faste insolent, objet de scandale aux Indigents Miséreux qui font le Tout de la France profonde, les revers de la belliquosité vaine, & autres inutilités criantes, ont rempli l'autre d'intrigues, de proscriptions, & de lentes calamités d'un royaume Indigent, par l'Orgueil d'un Tyran conduit à sa ruine.

Cf Hazard, Paul : La crise de la conscience européenne. ( Ed. Fayard).
Cf Pascal, Blaise : Trois discours sur la condition des grands.
In : Pensées. ( Le Livre de Poche).
Cf Magnard, Pierre ( Professeur Honoraire de Philosophie Renaissante à la Sorbonne) :
La clef du chiffre. ( Rhétorique de l'Apologétique de Pascal). (Thèse d'Etat). (Réed. La Table Ronde. 2007).
Cf La Bruyère, Jean de : Les Caractères. Misère du Peuple de France. ( La Pléiade).
( & Le Livre de Poche).
Cf Les Moralistes Français. ( La Pléiade).
Cf : Moralistes du XVIIème Siècle. ( Ed. Robert Laffont. Coll. Bouquins).
Cf La Rochefoucauld ( François, duc de) : Mémoires. ( La Pléiade).
Cf La Rochefoucauld : Maximes.
Cf Parmentier, Bérangère ( Univ. d'Aix-en-Provence) : Le Siècle des Moralistes.
(Introduction à La Bruyère, La Rochefoucauld, & Pascal).(Ed de poche Points-Seuil, Essais).
Cf (Cardinal de) Retz ( Jean-François-Paul de Gondi) : Mémoires. ( La Pléiade).
Cf Massillon, Jean-Baptiste, Evêque de Clermont : Lettre au roi,
Louis quatorzième du nom, sur le Nu Nuement & la Nue Misère du Peuple
de Clermont & de France.
In O.C. : Ed. (Intégrale) Renouart, (en Treize Tomes). Paris. 1810.
cf (Père) Bourdaloue, Louis (1632-1704).(Prédicateur à la Cour de Louis XIV) :
O.C. : Sermons. ( XVIIème Siècle).
( Ed. du XVIIIème Siècle de François de Paul Bretonneau, en 16 volumes).
( 17 volumes, pour l'édition du XIXème Siècle).

O.C. du Père Louis Bourdaloue numérisées & mises en ligne
par l'abbaye Saint Benoît de Port-Valais, 2007 :
http : // www. abbaye-saint-benoit.ch/saints/bourdaloue/
( Très vifs remerciements & gratitude immense, rétribuable au Ciel, à ceux qui se sont longuement & peineusement acquittés de la lourde tâche de Patience, & de don de son Temps, de numériser, scanner, &/ou dactylographier ces pages précieuses d'un Patrimoine Spirituel rendu par là accessible enfin & restitué à tous publics, pour des fins infiniment Salutaires.
Il reste à espérer que d'autres Volontés Bonnes s'attelleront à la tâche d'en faire de même avec les préciosissimes pages des Oeuvres Complètes de Massillon, qui demeurent, hélas, introuvables, ou hors de prix, quoiqu'elles fussent plus immortelles encore.
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Cf www: Patristique.com.
Cf Massillon, Jean-Baptiste, (Evêque de Clermont) : O.C. Op. Cit. Ed. Renouart.
Cf Encyclopédie Internet : wikipedia. org : Jean-Baptiste Massillon.
cf Ibidem : wikipedia.org/Louis_Bourdaloue.
cf Mme de Sévigné ( Marie de Rabutin-Chantal, marquise de) : Lettres.
( Eloge de Bourdaloue, qu'elle présenta au roi Louis XIV).
Cf Sales, (Saint) François de, Evêque de Turin ( 1567-1622) : O.C. :
Introduction à la Vie Dévote.
Traité de l'Amour de Dieu.
Entretiens Spirituels.
(Ed. Gall. Coll.La Pléiade).
Issu de la haute noblesse alliée à la Maison de Savoie, grand aumônier de la princesse Christine de France, cet Homme de Dieu, néanmoins très en Cour, fut fort lié à son amie la baronne Sainte Jeanne de Chantal, qui, sur son grand, illustre, & édifiant exemple, in fine prit le voile.
Cf Surin, Jean-Joseph ( Mystique du XVIIème Siècle) : O.C.
cf Certeau, Michel de : Guide spirituel de Jean-Joseph Surin. ( Ed. Desclée de Brouxer).
Cf Mme Guyon, Jeanne : Récits de Captivité.
( 1648-1717. Mystique quiétiste durement embastillée à vie, par Louis XIV, Tyran).
( Ed. Jérôme Millon).
Cf Cognet, Louis : Crépuscule des mystiques. ( Ed. Desclée de Brouwer).(1958).
( Bossuet, Fénelon & Mme Guyon).
Cf ( Père) Ranson, Patric ( Dir. du Collectif) : Contre Augustin ( d'Hipppone).
Chap. « Bossuet, gendarme de l'augustinisme ».
Dossier H. Ed. L'Age d'Homme.
Cf Terestchenko, Michel : Amour & désespoir. ( Ed. Seuil. Coll. Points, de Poche).
Cf Macillac, Louise de : Vie de Monsieur Saint Vincent de Paul. ( sous Louis XIII).
Cf Bénichou, Paul : Morales du Grand Siècle. ( Ed. Gall. Coll. Folio).
Cf Périer, Gilberte ( soeur de Pascal): Vie de M. Pascal.
( Suivi de : La vie de Jacqueline Pascal). ( Ed. de La table ronde).
Cf ( L'abbé) Brémond, Henri : Histoire littéraire du sentiment religieux en France.
(13 volumes). ( Ed. Armand Colin).
Cf Erlanger, Philippe : Richelieu, l'Ambitieux, le Révolutionnaire, le Dictateur.
(Ed. Perrin, 2006).(Bibliographie critique de Richelieu).
Cf Les Mazarinades. ( Chansons de Révolte du Peuple Français réduit par la Dictature
Absolue à l'Absolue Misère).
Cf Racine, Jean : Abrégé de l'Histoire de Port-Royal. (La Pléiade).
Cf Sainte-Beuve (Charles-Augustin) : Port-Royal. ( La Pléiade. Trois Tomes).
( Sur la Destruction de l'Abbaye de Port-Royal (-des-Champs), en particulier, pour ce que lui portant ombrage, de lui faire trop d'ombre, (a)rasée par Louis XIV, Tyran.
Ce critique littéraire positiviste du XIXème Siècle, quoique lui-même critiqué par Proust,
cf Proust, Marcel : Contre Sainte-Beuve. ( Gall. Coll. Idées).
Cf Proust, Marcel : Jean Santeuil. Les plaisirs & les jours. ( Oeuvres de jeunesse).
( La Pléiade).
Sainte-Beuve a pourtant le mérite de fournir une magistrale étude, fouillée & très documentée, sur ces grands Spirituels, Mystiques, grands Humanistes, & grands Traducteurs des Saints Pères de l'Eglise Orthodoxe, mais théologiens hélas! Augustiniens, & influencés par l'augustinien Jansenius, que furent « les Port-Royalistes », dits « les Jansénistes », victimes sans merci Persécutées de la Persécution d'état, acharnée à leur encontre, que leur fit subir le Dictatorial Louis XIV, ayant fait de la France, sous ce Dictateur, dès avant l'avancée des Temps jusque présentement, en plein XXIème Siècle, à l'aube du Troisième Millénaire, une Dictature).
A quelle Mémoire de Mémorialistes « disant des vérités », comme le dit La Bruyère de Bourdaloue, s'ébahissant, en la sorte, qu' « il dit des vérités! », à quelle Mémoire vraie s'opposent frontalement, vue, avec leur parti-pris, du côté partial des grands & autres politiques du royaume, les
Mémoires du Temps de La Fronde :

Cf Richelieu, Armand Jean du Plessis duc de,
( Monseigneur l'Eminentissime Cardinal Duc de Richelieu) :
Testament politique. ( Ed. Honoré Champion).
Cf Mme de Motteville : Mémoires pour servir à l'Histoire d'Anne d'Autriche.
Cf Mlle la Princesse de Montpensier ( Anne-Marie-Louise de Bourbon,
dite la « grande Mademoiselle » : Mémoires.
Cf Mme de La Fayette, Marie-Magdeleine : La Princesse de Clèves. ( Le Livre de Poche).
Cf Mme de La Fayette, Marie-Magdeleine : La Princesse de Montpensier.
(Ed. Gall. Coll. Folio Classique).
Cf Tallemant des Réaux, Gédéon : Historiettes. ( La Pléiade. 2 Tomes).

Mémoires du règne & du Siècle de Louis XIV :
cf Saint-Simon, Louis (de Rouvroy, duc de Saint-Simon) : Mémoires. (La Pléiade).
cf Périgny & Pellisson : Mémoires de Louis XIV. ( Commande du roi soi-même).
Cf Mme de La Fayette, Marie-Magdeleine : Mémoires de la Cour de France
pour les années 1688 & 1689.
cf Mme de La Fayette, Marie-Magdeleine : La vie d'Henriette d'Angleterre.
Mme de Caylus : Souvenirs (sur la Cour de France & la Maison de Saint-Cyr, fondée par
Mme de Maintenon). ( Publiés par Voltaire).
Cf Racine, Jean : Athalie. ( Ed. de l'Imprimerie Nationale).
( Pièce écrite à la demande de Mme de Maintenon, pour édifier les jeunes filles de la
Maison de Saint-Cyr).
Cf L'abbé de Choisy : Mémoires.
Cf Bussy-Rabutin, Roger ( Comte de) : Mémoires.
Cf Dangeau, marquis de : Journal.
Cf La Porte, ( Pierre de), ( valet de chambre du roi Louis XIV) : Mémoires.
Cf Dubois, ( valet de chambre de Monsieur le Dauphin) : Journal.
Cf Voltaire ( Arouet, François-Marie, dit) : Le Siècle de Louis XIV. ( La Pléiade).
Poème sur l' Eloge du Luxe.
in O.C.

Pourtant, quels qu'aient été les très relatifs malheurs de Louis XIV, dont le Peuple crevait de Misère & de Faim, cependant qu'il le décimait, & ruinait l'état par ses dépenses somptuaires & ses guerres incessantes, les souvenirs les plus glorieux de l'Histoire des Français, sous la troisième dynastie des Valois, appartiennent à son règne. La nation, à laquelle il a donné de l'orgueil pour long Temps, a cru pouvoir occulter & excuser les excès du sien maladif & pathologique Orgueil-Monstre de Monstre d'Orgueil. & tant d'hommes autour de lui, qu'il eut l'intelligence, rare, toutefois, de protéger, à dessein qu'ils pussent néanmoins librement devenir de Grands Hommes, méritèrent le nom de grands, que l'on pourrait concéder & convenir, pour finir, qu'il l'eût pu, de par eux seuls, obtenir lui-même, à penser hors-Dieu, en Mécréants, qui, jusqu'à tant qu'ils y soient en fin confrontés, jamais ne songent à l'instant redoutable de la reddition de Tous Comptes au Redoutable Tribunal du Terrible Dernier Jugement de Dieu, qu'il sembla néanmoins redouter assez, au déclin de son règne, & dans le Temps de ses derniers jours, d'une triste vie de Mort spirituel & de pauvre Mortel Immortifié, au risque de l'Enfer Eterne, où il n'est point de repos, pour les âmes en Peines même, des Damnés, pour en épouser sa duègne Madame de Maintenon, qu'elle lui obtînt, par ses bigoteries effrénées, que Dieu jetât sur son âme perdue & tant hideusement pétrie & malade d'Orgueil fou, du Haut de Sa Grandeur prenant de la Hauteur plus Haute que la sienne, Infiniment, des Yeux de Miséricorde & d'affligée Pitié.

S'agissant de l'exacte description du pitoyable état & de l'indigne condition faite aux Pauvres Français, ce ne sont point les seuls peintres, tels Le Nain,
cf Le Nain : Peintures de Miséreux du XVIIème Siècle.
In L'Intégrale de L'Oeuvre Peint du Peintre.
peignant les intérieurs paysans de Misère du XVIIème Siècle, dit Grand Siècle, qui l'ont su, pitoyable, immortaliser, mais, au nombre des plus grands Moralistes Français, il n'est guère d'Auteur qui, pour le Génie de la plume, pût passer ce maître de l'art d'écrire qu'à tout jamais demeure Massillon. Voici donc ce qu'écrit, en une lettre inconnue d'être occultée, & pour cause, par les autorités & les pouvoirs politiques, ce vertueux évêque de Clermont, qui vécut au service tant de l'éloquence que des Pauvres indigents, qu'il secourait & de ses soins, & de sa plume d'académicien, vivant petitement en Grand Servant du Seigneur, au sus-nommé puissant & fastueux cardinal de cour, très en grâce auprès de Louis XIV, avant que de l'être auprès de Louis XV, Fleury, Auteur de la grande Histoire ecclésiastique (de l'église catholique), pour le prier d'aviser de cette indigne & sordide condition, le roi, à dessein de
l' en alarmer, & qu'il prît les grands moyens d'y remédier avec la plus prompte efficace qui se pût :
cf Massillon (Evêque), Jean-Baptiste : Lettre VII.
Au cardinal de Fleury.
In : Lettres diverses.
O.C. Tome XV. p. 422.
A l'enseigne de Méquignon-Havard, Libraire, rue des Saints-Pères, Paris. 1825 :
« Monseigneur, les Peuples de nos campagnes vivent dans une Misère affreuse, sans lit, sans meubles. La plupart même, la moitié de l'année, manquent de pain d'orge ou d'avoine, qui fait leur unique nourriture, & qu'ils sont obligés de s'arracher de la bouche, & de celle de leurs enfants, pour payer les impositions ( des impôts des somptuaires suceurs de sang du Peuple).
J'ai la douleur d'avoir, chaque année, Monseigneur, ce triste spectacle devant mes yeux, dans mes visites. Non, Monseigneur, c'est un fait certain que dans tout le reste de la France, il n'y a pas de Peuple plus misérable que celui-ci. Il l'est au point que les Nègres de nos îles sont infiniment plus heureux ; car, en travaillant, ils ( les Esclaves Noirs) sont nourris & habillés, eux, leurs Femmes, & leurs Enfants. Au lieu que nos paysans,
(& autres Esclaves Blancs), les plus laborieux du royaume ( de France), ne peuvent, avec le Travail le plus opiniâtre, avoir du pain pour eux & pour leur famille, & payer leurs subsides.
S'il s'est trouvé dans cette province des intendants ( fermiers-généraux & autres collecteurs d'Impôts exorbitants), qui aient pu parler un autre langage ( que le mien ici), ils ont sacrifié la vérité & leur conscience à une misérable fortune ( éhontément malhonnêtes d'improbes Exacteurs du Peuple)....
Le Pauvre Peuple qui, pour ensemencer ses terres, a été obligé d'emprunter du roi & des particuliers, & d'acheter des grains d'un prix ...exorbitant, va être obligé par la vileté du prix où ils sont...d'en vendre trois fois autant qu'il en a reçu, pour rembourser les avances qu'on lui a faites.
De sorte que (ce Peuple) va retomber dans ce même gouffre de Misère, si votre éminence (cardinalice) n'a pas la charité de faire accorder, ( par le roi), cette même année (cette année même), quelque remise considérable sur les impositions que le conseil va régler incessamment. »

C'est mêmement aujourd'hui, de par complicité des Politiques avec les Hyper-riches, la politique de Rigueur, de Guerre, de Corruption, de Prostitution, & de Mafia, consistant à taxer, à surtaxer, & à leur tondre la laine sur le dos, comme le chantaient déjà « les Mazarinades », vieilles chansons de Révolte du Temps de Louis XIII, à faire raquer, donc, leurs fonds de tiroirs vides, étatiquement verrouillés, & emplis seuls de vieux incunables manuscrits millénairement Censurés, à faire payer de Sang, de Sueur, & de Vents les Hyper-Pauvres, les Pauvres, les Nouveaux Pauvres, les Intellectuels Pensants, les Veuves, les Orphelins, & autres Clochards Poubelliers, pour enrichir les Riches, les Hyper-Riches, & les Supra-Riches, que l'on voit les nations entières réduites à vivre aux poubelles, si tant que les dessinateurs humoristes en représentent le concept de « nation » empaqueté se voyant jeté en poubelle. Les Intellectuels, les Artistes, & les Génies nationaux, fer de lance de la nation, & sa plus grande gloire, néanmoins, à ce titre même, Prolétarisés, vivent dès long Temps, quant à eux, aux Poubelles.
(N.D.T.):(Note De la Transcriptrice) : Les Poubelles sont, on ne l'ignore plus guère, une invention du Préfet Poubelle. ( Sous le Second Empire du Tyrannique Napoléon III, péjorativement dit Napoléon le Petit :
cf Hugo, Victor : O.C. ( Pléiade). Ecrits de dénonciation des Crimes de Napoléon le Petit).

A chercher d'aucunes circonstances atténuantes à son devancier, le Tyrannique Despote Soleil, dit Louis XIV, il lui faut néanmoins reconnaître cette protection du Génie des Grands Artistes créateurs, & ce, quoiqu'il n'eût alloué au plus Grand de parmi eux, - nous avons nommé Racine -, qu'une pension de Misère, la moindre de toutes autres. Mais ce Mécénat d'état exista bien par lui, roi rendu par son sot orgueil plus vain qu'un fat, certes, mais non point assez inintelligent pour n'être point attaché à sa grandeur, dont il n'ignorait point que les véritables Grands Maîtres de l'Art la lui pouvaient seuls assurer. Il veilla donc à véritablement assurer cette Protection des Artistes, lors même que d'autres princes Tyrans, au contraire de ce dernier, ont accoutumé d'étendre leur grandeur personnelle sur ce qui les environne, pour l'occulter & censurer tout, par crainte de tout ce qui fût susceptible de leur porter ombrage, &, pour le dire plus clairement, de leur faire de l'ombre. Mais, de Louis XIV, son imposante autorité a long Temps comprimée l'ambition des papes. & l'influence qu'ils ont exercée sur la seconde moitié de son règne a beaucoup plus tourné au détriment de la France, qu'au profit de la cour pontificale Romaine des papes.

Les guerres des Vénitiens contre les Turcs Ottomans, la conspiration des Espagnols contre Venise en 1618, la sédition de Mazaniello à Naples en 1640, & les entreprises de quelques pontifes Romains, sont, ce Siècle durant, les faits principaux des Annales de l'Italie. Jamais, cette contrée n'avait été plus disposée à souffrir & à étendre la domination des papes ; mais les papes ont manqué de l'habileté nécessaire pour tirer un grand parti de pareille disposition : Ils ont laissé languir & dépérir autour d'eux les Beaux-Arts qui naissaient ou prospéraient ailleurs ; c'est dans ce Siècle que les Italiens ont cessé d'être le Peuple le plus éclairé de l'Europe, prééminence dont ils avaient besoin pour en conserver quelqu'une & n'être pas réduits à presque tous les genres d'infériorité.

Les plus remarquables des papes du XVIIème Siècle sont Paul V, Urbain VIII, Innocent X, Alexandre VII, Clément IX, Innocent XI, Alexandre VIII, & Innocent XII.

La république de Venise avait puni de Mort, sans l'intervention de l'autorité ecclésiastique, un moine Augustin convaincu d'énormes crimes ; un chanoine & un abbé étaient emprisonnés pour de pareilles causes : Le sénat défendait de multiplier sans sa permission les couvents & les églises . Il défendait d'aliéner des terres au profit des moines & du clergé. Ces actes d'indépendance irritèrent le pape Paul V : Il Excommunia le doge & les sénateurs, & jeta l'interdit sur l'entière république. Il voulait que, dans un délai de vingt-quatre jours, les sénateurs, révoquant leurs décrets, remissent entre les mains du nonce le chanoine & l'abbé qu'ils retenaient prisonniers. Si, après les vingt-quatre jours fixés, le doge & le sénat persistaient encore trois jours dans leur obstination, la célébration des offices divins devait cesser, non seulement dans Venise, mais dans tous les domaines Vénitiens même. & il était enjoint aux patriarches, archevêques, évêques, vicaires généraux & autres, sous peine de suspension & de privation de leurs revenus, de publier & afficher dans les églises cette sentence pontificale, que le pape Paul V prononçait, disait-il, par l'autorité de Dieu, par celle des Apôtres, & par la sienne (sic). Les moines Capucins, les Théatins, & les Jésuites, observèrent cet interdit, qui fut méprisé par tout le reste du clergé Vénitien, comme par le Peuple aussi. On fit peu d'attention aux Théatins, & aux Capucins. Mais les Jésuites, plus puissants & plus coupables, furent bannis à perpétuité.

Cf ( Bien Heureux Père) Guettée, Wladimir : Histoire des jésuites. (En Trois Tomes).
( A l'enseigne de la Librairie Huet, Paris. 1838),

Une protestation contre ces Anathèmes du pape Paul V fut adressé par le doge aux prélats ecclésiastiques ; & le sénat écrivit, sur le même sujet, une lettre circulaire à toutes les villes & à toutes les communes de l'état. Ces deux pièces se font distinguer par une énergie calme, qui ne mêle aucune injure, aucun mouvement passionné, à l'expression d'une résolution inébranlable. Nous n'avons rien négligé, disent lors les sénateurs, pour éclairer « sa sainteté » le pape : Mais elle a fermé ses oreilles à nos remontrances, aussi bien qu'aux leçons de l'Ecriture, des Saints Pères, & des Conciles. Elle s'est obstinée à méconnaître l'autorité séculière que Dieu nous a commise, l'indépendance de notre république, & les droits individuels de nos concitoyens. Appellerons-nous au futur Concile Général (Universel)? Nos ancêtres, les Saints Pères, l'ont fait quelquefois en de pareilles circonstances. Mais, ici, l'injustice inique est si palpable, qu'une réclamation solennelle serait superflue. Notre cause est trop immédiatement celle de nos sujets, de nos alliés, de nos ennemis eux-mêmes, pour qu'une telle Excommunication puisse troubler un seul instant la paix intérieure ou extérieure de la république.

En effet, l'Anathème papal demeura inefficace, tant au-dedans comme au-dehors. En vain le pape employa les jésuites à soulever ou indisposer les cours de l'Europe contre les Vénitiens. En Espagne même, où ces jésuitiques intrigues avaient un peu plus de succès qu'ailleurs, l'ambassadeur Vénitien fut admis, magré les menaces du nonce, à toutes les cérémonies ecclésiastiques. Le gouverneur de Milan, les ducs de Mantoue & de Modène, le grand-duc de Toscane, le vice-roi de Naples, épousèrent ouvertement les intérêts de la république Excommuniée. Le roi de Pologne, Sigismond, déclara que cette cause était aussi celle de son royaume de Pologne ; & le duc de Savoie, que c'était celle de tous les souverains de la chrétienté d'Occident. La cour de Vienne blâma la conduite du pape, & invita Sorance, ambassadeur de Venise, à une procession du saint-sacrement, en dépit du nonce apostolique, qui refusa d'y assister. Le nonce Barberin ne réussit pas mieux en France, lorsqu'il demanda que l'entrée des églises fût interdite à l'ambassadeur Vénitien Priuli. Par ainsi abandonné de toutes les cours d'Europe, & réduit à ses propres moyens temporels & « spirituels » prétendus, le souverain pontife prit le parti de lever des troupes contre Venise. Heureusement pour cette armée papale, Henri IV offrit sa médiation, & termina la querelle, à des conditions plus douces que n'eût pu l'espérer le pape Paul V, quoiqu'il eût formé une dite « congrégation de la guerre ». C'était un comité de prêtres, & un genre tout nouveau de fonctions sacerdotales.
Cf Bossuet, Jacques-Bénigne, évêque de Meaux ( XVIIème Siècle) :
Defens. Cler. Gallic. Tome IV, Chap. 12.
in O.C. en Trente-&-un (31) volumes.
À l'enseigne de l'éditeur-libraire Louis Vives, Paris. 1866.

Le pape Paul V concourut en sus à troubler l'Angleterre par deux brefs, où il défendait aux catholiques Romains de prêter à leur roi Jacques Ier d'Angleterre le serment d'allégeance : Il renouvela la bulle « in coena Domini », & l'inséra dans le rituel Romain, augmentée d'un surcroît d'Anathèmes.
Cf « Pastoralis Romani pontificis vigilantia...», etc...
Les prétentions de ce pape ont donné lieu à plusieurs écrits sur la puissance pontificale. Le 8 juin 1610, vingt-quatre jours après l'assassinat du bon roy Henri IV, le parlement de Paris condamna au feu en bûcher un livre où le jésuite Mariana permettait, conseillait d'attenter à la vie des rois indociles, & en somme encourageait, voire exhortait au régicide, lors même qu'il ne se pouvait compter pour Tyrannicide.
Cf Guettée : Histoire des jésuites. ( En Trois volumes). Op. Cité.

Le 28 novembre suivant, justice fut faite du traité où Bellarmin étendait sur le temporel des princes le pouvoir spirituel supposé des papes.
Cf Bossuet, Jacques-Bénigne : Défense du Clergé Gallican. Livre IV, chap. 16.

En 1614, le même parlement livra mêmement aux flammes un livre non moins séditieux du jésuite Suarez.
Cf Guettée : Histoire des jésuites. Op. cité.

La cour papale de Rome prenait nonobstant à ces trois ouvrages un tendre intérêt. Le plus souvent, il n'est question que de Suarez dans la correspondance qu'entretient en 1614 la papauté avec le nonce résidant en France : De quel droit un parlement jugeait-il des points de doctrine catholique Romaine. Qu'enseignait Suarez, sinon cette même foi catholique Romaine? Quel dogme était plus sacré que celui de la souveraineté des papes sur les rois ? - Souveraineté directe en matière religieuse, & non moins efficace, quoique indirecte, en matière politique ? Si, du reste, d'aucunes inexactitudes s'étaient glissées dans l'excellent livre – manuel, redisons-le, de régicide - du père Suarez, n'était-ce pas audit « saint »-siège papal de Rome, & à lui seul, qu'il appartenait de les discriminer, discerner, & rectifier? Voilà donc, durant toute une année, la substance des lettres écrites au nom du pape à son nonce Ubaldini.
Cf Registro di lettere della segretaria di stato di Paolo V al vescovo di Montepulciano, 1613
e 1614.
- Aux Archives de l'Empire.

Cependant, l'autorité civile avait pour défenseurs deux Ecossais, Guillaume Barclay, & Jean, son fils, & puis Antoine de Dominis, qui ménagea peu le chef visible de l'église, & sur-tout Edmond Richer, qui combattit avec plus de mesure les opinions ultramontaines, & n'en fut pas moins la victime de son zèle pour les libertés Gallicanes.
Cf Bossuet : Defens. Cler. Gallic. Livre VI, chap. 25.

Démêlés avec les ducs de Parme & de Savoie, avec la république de Lucques, avec les Liguriens, avec les Suisses ; entreprises sur la Valteline ; intrigues pour soutenir l'Inquisition à Naples ; pour favoriser les jésuites en Espagne : Nous écartons tous ces minces détails, qui, en général, ne prouveraient que l'impuissance de l'ambition pontificale depuis 1605 jusqu'en 1621.

Le pape Urbain VIII, qui donna aux cardinaux le titre d'éminences, n'en refusait pas moins à Louis XIV celui de roi de Navarre. Ce refus, dont il y a d'autres exemples, avait pour cause l'Excommunication & la déposition de Jean d'Albret par le pape Jules II, évoquée supra. Pour soutenir la sentence de Jules II, les papes ont omis le plus qu'ils ont pu cette qualité de roi de Navarre, en parlant des rois de France, héritiers de Jean d'Albret. Le parlement a refusé l'enregistrement de plusieurs bulles où l'on remarque cette omission : Elle fut particulièrement reprochée au pape Urbain VIII. Ce pontife, ayant voulu s'en remettre, dans les différends des cours de France & d'Espagne, au sujet de la Valteline, il eut le déplaisir d'apprendre que ces deux puissances avaient dans l'entre-Temps signé la paix à son insu. Toutefois, il vint à bout de réunir au saint-siège le duché d'Urbin avec les comtés de Montefeltro & de Gubio, la seigneurie de Pesaro, & le vicariat de Sinigaglia : Ces domaines luiétaient donnés par le duc François-Marie, dernier rejeton de la maison de la Rovère. Mais, le cardinal de Richelieu avait les yeux ouverts sur les projets de ce pontife ; il fit refuser l'audience au nonce Scoti, & ne laissa jamais ignorer que la cour royale de France n'entendait point dépendre dudit « saint »-siège. Le parlement fit bruler un livre de Santarelli, jésuite Italien, qui attribuait au pape le droit de déposer les rois, de les condamner à des peines temporelles, & de dégager les sujets de tout serment de fidélité aux monarques de la terre.
Cf Bossuet : Def. Decl. Cl. Gallic. Livre I, § 1, Chap. 3, 4, 5, 6 ; & Livre IV, chap. 16.
Parut à cette même époque l'ouvrage de Pierre de Marca, sur la concorde du sacerdoce & de l'empire, & il déplut à un tel point à la cour papale de Rome, que cette dernière refusa de confirmer la nomination de l'auteur à un évêché. De Marca eut alors la faiblesse, par vice d'opportunisme, de modifier ses opinions au gré de cette cour pontificale. Dans la suite, il convoita le chapeau de cardinal, &, peu avant sa Mort, il dictait à Baluze un traité de l'infaillibilité prétendue du pape.

Autant intrigant qu'érudit, de Marca, tournant casaque, sacrifiait ses idées propres à ses petits intérêts. De là que les livres de cet écrivain ne sont guère utiles que par les textes & les faits historiques qu'ils rassemblent.

Désormais, un pape ne pouvait plus déclarer la guerre qu'à de petits princes. Le pape Urbain VIII la fit donc au duc de Parme, qui avait refusé aux parents dudit « saint »-père le prix des services qu'il prétendait de lui avoir rendus. On cita le duc, on l'Excommunia, on s'empara même de son duché de Castro, qu'il fallut nonobstant lui rendre , en traitant avec lui après quatre longues années de débats & de combats. Mais, cette guerre mal éteinte recommença sous le pape suivant, Innocent X, de facto successeur d'Urbain (VIII). &, parce que le duc de Parme ne pouvait payer assez tôt d'énormes intérêts qu'il devait au mont-de-piété, Castro fut confisqué, saccagé, & rasé par ordre du pape, chef supposé & prétendu de l'église d'Occident. On éleva lors sur les ruines de cette ville fumante, saccagée, arasée, & en ruines, une pompeuse colonne vaticane, qui portait l'inscription consolante : « Ici fut Castro ». (« Qui fu Castro »). Qu'une vaste guerre, où s'entre-choquent deux grands états, deux puissants princes, deux factions aveugles, entraîne quelquefois de pareils désastres, l'Humanité doit en gémir, ses Hommes pleurant à grosses larmes,
(« lacrymantes & flentes », dit le Psaume). Mais, qu'un intérêt pécuniaire, qu'une obscure & mince querelle entre de si faibles rivaux, aboutissent à la destruction de toute une cité, à la dispersion de ses habitants, en horde hagarde d'égarés sans feu ni lieu, à la désolation des familles hurlantes, gémissantes, & criantes, & que cet inutile & vain démonique ravage soit froidement ordonné par celui qui a vaincu sans péril, & sans effort presque, on en demeure coi, plus surpris encore, hébété quasi, qu'indigné, d'outrancière outrance, outrancièrement. & l'on ne concevrait pas dans un prince une si gratuite sévérité, si ce prince n'était un pontife, un successeur de pape, sur le trône papal de Boniface VIII trônant, - d'un mot, un pape. Encore est-il étonnant que les papes aient si mal connu l'intérêt immédiat qu'ils avaient à ménager les villes Italiennes, à les attacher au « saint »-siège par des bienfaits les achetant, à leur rendre enfin assez de prospérité & d'influence, pour qu'elles pussent contribuer à rétablir en Europe la domination pontificale des papes. Plusieurs papes du XVIème Siècle ont eu cette politique ; & c'est parce qu'elle a été trop étrangère à ceux du XVème & du XVIIème Siècles, que la puissance temporelle de l'église catholique romaine semble désormais condamnée à dépérir & à s'éteindre.

Une révolution venait de placer sur le trône de Portugal Jean de Bragance sous le nom de Jean IV, roi d'Espagne, dont les ancêtres avaient été dépouillés par le roi d'Espagne de ses devanciers, Philippe II d'Espagne. L'héritier de ce dernier, Philippe IV d'Espagne, qui languissait dans une honteuse inertie, n'entreprit pas de reconquérir par les armes le royaume de Portugal. La cour royale de Madrid jugea plus judicieux d'avoir recours au successeur d'Urbain VIII, le pape Innocent X, qui, dès là, refusa des bulles aux évêques nommés par le roi Jean de Bragance, dit Jean IV d'Espagne. Ensuite de quoi, le même pape Innocent X déclara qu'il ne reconnaîtrait jamais ce nouveau monarque, regardé par le Vatican comme un usurpateur. Le roi Jean IV d'Espagne, mis par le pape en difficulté, consulta sur cette matière les université de ses Etats. Elles répondirent que si le pape persistait dans ses refus, il n'y avait qu'à se passer de ces bulles. Ce fut du reste aussi l'avis de l'assemblée du clergé de France, de tendance Gallicane, lorsque cette assemblée synodale fut, par l'ambassadeur Portugais, interrogée sur le même article. Ladite assemblée fit plus, même : Elle écrivit au pape pour lui remontrer avec respect qu'il convenait d'accorder des bulles aux prélats nommés par le roi Jean IV d'Espagne. - en quoi le clergé de France prenait peut-être trop de part à une affaire étrangère : Mais on voit par là ce qu'il pensait de l'institution canonique vaticane, & du droit qu'on a de la considérer comme obtenue, quand un vain caprice la refuse. Au surplus, le pape Innocent X, en cette conjoncture, craignit plus la France & le Portugal que l'Espagne : Il expédia les bulles, & ne contesta plus à Jean de Bragance le titre de roi d'Espagne, papalement reconnu comme Jean IV.
Dès là, le pape Innocent X se détacha même à tel point de la cour Espagnole, que, pour seconder les Napolitains révoltés contre elle, il invita le duc de Guise, issu des princes d'Anjou, anciens rois de Naples, à soutenir ses droits sur ce royaume, & à tenter de le conquérir : Mais le pape ne tint aucun compte des promesses qui avaient séduit le duc ; & cette infidélité fut l'une des causes qui empêchèrent le succès de l'expédition. Observons d'ailleurs qu'il n'existait, à cette époque, aucune sorte d'alliance ou d'amitié entre les cours royale de France & papale de Rome. Ce même pape Innocent X ayant ordonné à tous les cardinaux de résider dans la capitale Romaine de la chrétienté d'Occident, avec défense de sortir des terres du dit « saint-siège » sans la permission du souverain pontife, le parlement de Paris annula ces décrets papistes comme abusifs. & le cardinal Mazarin défendit d'envoyer de France de l'argent à la cour Vaticane de Rome. En réfléchissant sur cette dernière disposition, le pape comprit qu'il fallait renoncer à la résidence Romaine des membres du sacré collège épiscopal, tout destiné qu'il était à formater plus qu'à former les cardinaux papistes, déjà tout ultramontains, à la papolâtrie, jusqu'en contracter un esprit chétivement étiolé quoique dans les grandes largeurs déformé à vie. Il s'en consola nonobstant en acquérant du duc Savelli la ville d'Albano.
Mais le trait le plus remarquable du pontificat d'Innocent X, c'est l'opposition qu'il prétendit mettre au traité de Munster & d'Osnabruck. De longues rivalités, de sanglantes guerres, avaient tourmenté, presque épuisé l'Europe ; & ces traités enfin allaient terminer le cours des désastres. Une bulle arrive, où « le vicaire » prétendu de l'Agneau de Dieu – Christ, roi du Monde, & Prince de la Paix du Ciel, Divine- proteste contre la paix du monde, où il annule, avec belliquosité dans l'âme, où il résilie, donc, & néantit la concorde idéale des Peuples Chrétiens. « On a », prétend-il, « livré les biens ecclésiastiques à des réformés ; on a permis aux réprouvés l'exercice des emplois civils » ; « l'on a » , s'insurge-t-il encore , s'offusquant excessivement, « sans la permission du « saint »-siège, augmenté le nombre – pourtant censitaire - des électeurs ; on a conservé des droits dans l'Etat à ceux qui n'en ont plus dans l'église catholique Romaine : La même église catholique Romaine abroge ces odieux articles, ces concessions téméraires, ces conventions hérétiques ». Le pape Innocent X entrevoyait sans doute que la guerre offrait plus de chances à la cour vaticane de Rome, & que la puissance ecclésiastique n'avait rien à gagner dans une paix qui rendrait aux gouvernements séculiers – ce qui est dire étatiques- plus de prospérité intérieure : Mais il connut trop mal l'époque où il publiait une telle bulle . Ce pape, en effet, ne sentait pas que l'ambition pontificale, jadis odieuse, n'était presque plus que ridicule ; & il compromit, par une vaine démarche dont à peine on daigna s'apercevoir, les faibles restes de l'autorité de ses prédécesseurs.

N'ayant point entrepris une histoire détaillée de toutes les intrigues pontificales, nous prendrons la liberté de ne rien dire des cinq propositions de Jansenius, évêque d'Ypres, condamnées par le pape Innocent X, & par son successeur Alexandre VII, qui prescrivit la signature d'un d'un formulaire longtemps fameux, qui valut leur condamnation aux Jansénistes de l'abbaye Port-Royal-des-Champs.
Cf Jansénius d'Ypres, évêque ( Cornelius Jansen, dit) : Augustinus.
( Ed. Michel Soly, Paris 1641).
Cf Orcibal, Jean ( Anc. Directeur d'Etudes à l'Ecole des Hautes Etudes de la Sorbonne):
Jansenius d'Ypres. ( 1585-1638). ( Ed. des Etudes augustiniennes). (1960).
Cf Orcibal, Jean (Ibidem): La Spiritualité de Saint-Cyran(Solitaire de Port-Royal).(Ed. Vrin).
cf Laporte, Jean (Anc. Prof. à l'univ. de Caen, puis à la Sorbonne):
La doctrine de Port-Royal. ( Ed. P.U.F. 1923).
Tome I : Saint-Cyran.
Tome II : Arnauld. Les Vérités de la Grâce.
Cf Laporte, Jean ( Idem) : Etudes d'Histoire de la Philosophie Française au XVIIème Siècle :
Chap. : Le Jansénisme. p. 88 sq.
& Chap. : Pascal & la doctrine de Port-Royal. p. 106 sq.
( Réed. Vrin. 1951).
Cf Pascal, Blaise : L'entretien avec M. de Sacy. ( Ed. Lafuma. Coll. L'Intégrale).
Cf Collectif : Chroniques de Port-Royal. ( Un ouvrage l'an). Année 1995 : n° 44 :
Antoine Arnauld ( 1612-1694), Philosophe, Ecrivain, Théologien. ( Ed. Bibl. Mazarine).
Il est rappelé en cet ouvrage, d'une exemplaire, & simplissime pédagogique clarté, qu'Antoine Arnauld, vingtième ( 20°) enfant – où, & de quoi, fût-ce à titre posthume, l'on ne se peut faire défense, la remerciant d'une vive gratitude, de savoir bon gré à la valeureuse sainte mère d'une telle progéniture, qui, si elle se fût découragée de donner l'être, si tant qu'elle eût cessé d'enfanter avant cet enfant dernier-né, de tous le plus surdoué, eût privé l'Humanité d'un incomparable Génie Patristique -, justement dit le Grand Arnauld, donc, n'ayons crainte de le redire, comme un premier prodige de cette sainte vie d'Antoine Arnauld, vingtième & dernier-né d'une famille fortement engagée dans la lutte Gallicane contre l'ultramontanisme papiste jésuitique, travailleur acharné, & d 'une puissance de Travail prodigieuse, travaillant jour & nuit, soit plus de quinze heures par jour aux Etudes & Ouvrages Patristiques, Auteur de 40 Tomes d'Oeuvres Complètes traduites, reprises, ou inspirées des Saints Pères, Polémiste sans concession, Controversiste rompu aux subtilités de la Théologie Patristique, quoique, hélas! augustinien, Moraliste, Prêtre, frère de deux Religieuses de l'Abbaye de Port-Royal, - Mère Angélique Arnauld & Mère Agnès -, fut guide spirituel & ami des Messieurs de Port-Royal, - ces éminents Chercheurs Théologiens, dits encore les Cyraniens, du nom de Saint Cyran, ou les Arnaldiens, du nom d'Arnauld, &, plus communément, selon la Tradition reVivifiée de l'antique Retraite au Désert, ou Anachorèse, en une manière de Thébaïde, – Désert Egyptien de la Thébaïde-, selon la Tradition Ecrite & non Ecrite, donc, des Anachorètes des premiers Siècles de l'Eglise Orthodoxe Originelle, dits les Solitaires,
cf Pallade : Histoire Lausiaque. ( Ed. Deslée de Brouwer),
cf Sentences des Saints Pères du Désert. ( Ed. Bellefontaine),
venus y mener une vie de Prière & d'Etudes théologiques, rassemblés entour ces trois co-fondateurs & amis du mouvement janséniste, que furent, en premier lieu, selon l'ordre chronologique d'ancienneté fondatrice, puis coadjutrice, l'Abbé de Saint-Cyran, ensuivi, en second lieu, de l'évêque d'Ypres, près Louvain, issu de celle célèbre faculté de théologie suisse, Cornelius Jansen, dit Jansénius (d'Ypres), & en fin, tiercement, les rejoignant, du grand Arnauld, dont il est ici parlé, entour les Religieuses ses soeurs selon la chair, & les autres Moniales, leurs Soeurs En Christ, ces Saintes Femmes ayant constitué la cellule originelle, en celle même Abbaye de Port-Royal, du Jansénisme, - Arnauld, donc, ami, chef de file, maître à penser, & Père Spirituel quasi de ces Solitaires Port-Royalistes, qui ont noms célèbres, Messieurs Le Maître de Sacy, premier des Solitaires à s'y venir à demeure établir, bientôt ensuivi de par Antoine Singlin, Lancelot, & leurs intimes, le Moraliste Nicole, quoique ce dernier fût anti-mystique, sans oublier le grand Le Nain de Tillemont, autre Génie de la Patristique, toutefois omis du philosophe Jean Laporte en son énumération de ces Illustres Solitaires,
cf Laporte, Jean : Etudes d'Histoire de la Philosophie. Op. Cité. Chap. Le Jansénisme. p. 91
&, de parmi les plus célèbres d'entre eux, le grand Pascal, Apologète incomparable de la Foi Chrétienne, qui y fit maintes fois retraite, avant que de s'y retirer pour plus long Temps encore, y écrivant, entre autres, les Provinciales, à dessein d'y défendre les Jansénistes contre leurs attaquants les jésuites, texte dont rit le Peuple de ses lecteurs de sa critique de la casuistique jésuitique ;
cf Mme Périer, Gilberte ( soeur aînée de Pascal) : Vie de Pascal. ( Ed. La table ronde).
Cf De Mme Périer, Gilberte, & de Jacqueline Périer, soeurs de Pascal, & de Marguerite Périer, nièce de Pascal : Lettres, opuscules, & mémoires.
( Publiés sur les manuscrits originaux apr M.P. Faugère. Paris. 1845.
Chez Auguste Vaton, Editeur-Libraire).
Manuscrit lisible, en ligne, sur le Site Internet de la Bibliothèque Nationale de France ( B.N.F.), intitulé Gallica :
cf gallica.bnf.fr :
Leur préfacier, M.P. Faugère, en écrit, en son Avant-propos, ce véritable Plaidoyer Féministe, pour faire, enfin, pendant à la coutumière Misogynie Matchiste des Universitaires, traitant, entre autres sujets, de Port-Royal, à telle enseigne qu' étudiant une Abbaye de Moniales, dont les Femmes sont tout le Centre Irradiant d'un Rayonnement Spirituel incommensurable, ils ne se penchent presque que sur les Hommes Solitaires, qui furent par ces Saintes Ames attirées, comme mouches aux rayons d'un Miel Suave, faute duquel, & enquel Manquant, ils n'eussent su distiller le leur, se l'étant d'elles seules appropriés :
« Mais ce n'est pas seulement sous ce point de vue accessoire, c'est aussi pour elles-mêmes que Gilberte ( Périer, la soeur aînée de Pascal) & Jacqueline Pascal ( leur jeune soeur), & même Marguerite Périer ( leur nièce & Sainte Moniale de Port-Royal, & par les Prières des Saints, dont ceux aussi de Port-Royal, Miraculée) méritaient que leurs Ecrits fussent recueillis à la suite de ceux de Pascal. ( Par le Fait), elles ont leur valeur propre ; &, à des degrés divers, elles sont dignes de prendre place, dans l'Histoire du Grand dix-septième Siècle, parmi les personnages (illustres) qui ont ( notablement & notoirement) illustré cette grande époque par leur Esprit, leur Caractère ( leur Tempérament), & leur (Sainte) Piété ».
En sus de sa Profession de Foi,
cf : Ibidem : Profession de Foi de Mademoiselle Périer. p. 467,
il est non moins notable, & il fut plus notoirement connu encore que, Marguerite Périer, nièce de Pascal, pensionnaire de Port-Royal, & Religieuse, fut Miraculée des Prières de Port-Royal, & guérie d'une fistule lacrymale, qui la défigurait, au contact de la Sainte Epine, guérison miraculeuse connue sous le nom de « Miracle de la Sainte-Epine » . C'est la même Religieuse, ( Marguerite Périer), que l'on voit, représentée en Prière, sur une célèbre toile de Port-Royal.
Un autre Miracle s'étant produit à Port-Royal, celui de la guérison de la nièce paralysée du peintre Port-Royaliste Philippe de Champaigne, celui-ci l'immortalisa en la représentant étendue aux côtés de l' Abbesse assise. Ces Miracles firent beaucoup pour la vénération populaire des Saintes Ames entrées en Religion à l'Abbaye de Port-Royal, & mit un terme passager aux Persécutions Etatiques de l'Absolutisme tant royal que papal). S'ajoutant à ces bénédictions la protections des Grands en Cour, & particulièrement de la duchesse de Bourbon, qui se fit édifier une maison près l'abbaye, ce ne fut qu'après la Mort de celle-ci que Louis XIV, sous l'influence de la Maintenon, très ultramontaine & fort papiste, que Louis XIV eut toute latitude pour Persécuter à Mort Port-Royal, embastillant l'abbé de Saint Cyran, contraignant le Grand Arnauld à l'exil, & allant jusqu'à oser araser l'abbaye de fond en comble, laquelle, aujourd'hui, du fait de ce Sacrilège Tyran Impie, n'est plus que ruynes.
cf Pascal, Blaise : Les Provinciales. Op. Cité.

C'est par ainsi, donc, en l'ouvrage susmentionné des Chroniques de Port-Royal, que l'on s'y remémore que le grand Arnauld, le plus doué de son innombrable famille, grand esprit s'il en fut, & dont le génie domina toute son époque, dut cependant subir l'incessante Persécution de Louis XIV, auquel il portait ombrage & faisait trop d'ombre, &, Persécuté violemment par le cardinal de Richelieu, les jésuites, & tout le parti de ses ennemis nombreux, vivre le plus souvent en exil à l'étranger, comme aux Pays-Bas, la Hollande étant renommée pays de Liberté Religieuse, ou caché en Reclus, à poursuivre, difficultueusement, peineusement, & martyriquement, dans les pires conditions existentielles, sa sainte vie de Prière & d'Etudes Théologales .

Cf Ndiaye, Aloÿse Raymond. ( Prof. Doyen de l'Université de Dakar, Sénégal):
La Philosophie d'Antoine Arnauld. ( Ed. Vrin).(1991).
Cf Baruzi, Jean (Anc. Prof. au Collège de France, titulaire honoraire de la Chaire d'Histoire des Religions.1933-1951) : L' Intelligence mystique.
( Ed. Berg International. Coll. L'Île Verte). (Chap : Le cas Leibniz. p. 107).
cf Gazier, Augustin. ( Anc. Prof. Honoraire à la Sorbonne) :
Histoire générale du mouvement Janséniste ( depuis ses origines jusqu'à nos jours).
( Ed. Honoré Champion. 1924).
En particulier, le tome second, chap. XXIII, p. 108 sq,
sur la Loi du Silence en France, & la pratique millénaire, courante, ordinaire, & banalisée de l' Assassinat des opposants, contrevenants, & Résistants au papisme, par la ( mafia de la) Curie Romaine.
Cf ( Père) Ranson, Patric. ( Coordinateur du Collectif). ( Contre) Augustin ( d'Hippone).
( Dossier H. Ed. L'Age d'Homme).
Cf ( Bien Heureux) Père Guettée, Wladimir : Journal de l'Union Chrétienne.
Cf Wikipédia : (Article) : Port-Royal des Champs.
Cf Wikipédia : ( Article) : Jansénisme.

Déjà bien déplorables à la fin du XVIIème Siècle, ces querelles sont devenues tellement ignobles dans le cours du XVIIIème Siècle, qu'à vaincre & même à succomber, il n'y avait plus que du déshonneur. En divisant le clergé en deux partis presque également déconsidérés, ces tristes controverses ont affaibli l'influence du sacerdoce, & par conséquent celle du premier pontife. Dès 1659, le pape Alexandre VII put s'apercevoir de la décadence de son crédit en Europe, lorsqu ' ayant tenté de s'immiscer dans les négociations entre la France & l'Espagne, il apprit qu'on avait traité sans lui, - le pape. Il osa néanmoins, trois ans plus tard, indisposer le plus puissant monarque de cette époque. Créqui, ambassadeur de Louis XIV à Rome, fut insulté par la garde pontificale, qui Tua l'un de ses pages, & tira même sur le carrosse de l'ambassadrice. N'obtenant donc, a fortiori, aucune satisfaction ni du pape ni de ses ministres, l'ambassadeur Créqui se retira sur les terres de Florence. Le roi de France, Louis XIV soi-même, en demanda au pape une réparation solennelle ; &, ne trouvant point assez complète celle qu'on lui avait fait lanterner quatre mois, il fit marcher des troupes siennes contre Rome, cité papale. & il s'empara de surcroît, en France même, de la ville d'Avignon, seconde cité des papes, & du comtat avignonnais en sus, qu'un arrêt du parlement Français réunit à la couronne royale de France le 26 juillet 1663. Outré jusqu'à l'ulcération, le pape Alexandre VII n'eut garde de laisser échapper cette occasion de déployer contre un grand prince royal les armes temporelles & « spirituelles » prétendues, qu'après avoir vainement sollicité l'appui & le concours de tous les Etats catholiques rivaux de la France. Le « saint »-siège papal s'humilia donc prudemment, battant en retraite, ravalant ses prétentions, & adoptant profil bas, & le cardinal Chigi, présenté comme le neveu du pape, vint faire à Louis XIV toutes les réparations qu'exigea ce monarque. On n'avait point en Europe une haute idée de la véracité d'Alexandre VII :
« Nous avons un pape (si tant menteur) qu'i(l) ne dit pas même une parole de vérité », écrivait Renaldi, l'ambassadeur de Florence à Rome, cité par le cardinal de Retz :
cf Retz, (Cardinal de) : Mémoires. Tom. V, pag. 177. (Ed. de 1718).
Ce peu édifiant pontife Alexandre VII n'en Mourut pas moins en 1667, laissant sa famille parfaitement bien enrichie, & le Peuple Romain chargé de neuf subsides nouveaux, outre les anciens, qui avaient été bien scrupuleusement maintenus.

Le pape suivant, Clément IX, eut assoupi pour quelque moment les disputes excitées par le formulaire, & que le cardinal Altieri eut, six années durant, tranquillement gouverné l'église catholique Romaine sous le nom factice & usurpé de Clément X son oncle.
Après lui, le pape s'ensuivant, né Odescalchi, Innocent XI, porta sur la chaire des successeurs prétendus de Saint Pierre plus d'énergie & d'ambition que ses immédiats prédécesseurs. Il éprouvait à l'encontre de Louis XIV une inimitié personnelle qu'il ne pouvait dissimuler, & qui éclata dans deux grandes affaires, celle de la régale, & celle du droit de franchise.
La régale était un droit dont jouissaient les rois de France depuis plusieurs Siècles, prétendument consacré par l'usage de la durée des Siècles & de la suite des Temps, & qui consistait à percevoir les revenus des évêchés vacants, & à nommer aux bénéfices qui dépendaient de l'évêque. Quelques églises ayant tenté de s'affranchir de ces abus du droit régalien, Louis XIV, toujours plus absolutiste en ses humeurs, rétorqua que la régale, tout au contraire, & à rebours de ce que lui réclamait le Peuple oppressé, à la Misère par ses grandeurs réduit, que cette dite régale, donc, s'appliquait dorénavant à tous les évêchés sans exception du royaume. Deux évêques, toutefois, osèrent protester contre cet édit de 1673 : c'étaient ceux des Evêchés de Pamiers & d'Aleth, connus, déjà, pour leur opposition audit « Formulaire » du pape Alexandre VII.

N.D.T. :
Cf (Bien Heureux) Père Guettée, Wladimir, ( communément dit l'Abbé Guettée) :
Jansénisme & Jésuitisme.
Ou Examen des accusations de Jansénisme,
soulevées par M.Lequeux, nouvel éditeur des Mémoires de Picot, & par « l'ami de la religion » ( supposé & prétendu tel), contre M. L'Abbé Guettée, Auteur de l'Eglise de France & de plusieurs ( nombre d') autres ouvrages religieux.
Chez Huet, Libraire. Paris. 1857. p. 9 sq.
L'on lit en cet ouvrage sus-cité de Guettée ces lignes :
« Le Formulaire, on le sait, était une formule imposée par le pape Alexandre VII, que l'on devait faire signer dans les diocèses, & par laquelle on reconnaissait que les ( fameuse) Cinq Propositions Port-Royalistes, condamnées comme étant de Jansénius, étaient bien, en effet, consignées dans son livre intitulé Augustinus. ..La question dogmatique, ou dite « de droit », agitée était la suivante : La doctrine qui était enseignée dans ces Cinq Propositions était-elle hérétique & justement condamnée ( comme telle par la papauté, elle-même Hérético-Schismatique & Schismatico-Hérétique). »
De cette question qui divisa gravement l'église catholique Romaine au long du XVIIème Siècle, il a déjà été parlé par le même Docte, & grand savant Docteur de l'Eglise Orthodoxe, du reste premier Prêtre reconverti du catholicisme à l'Orthodoxie des Saints Pères, & Précurseur de l'Orthodoxie Française au XIXème Siècle, dans sa magistrale Histoire de l'Eglise de France, au Tome X :
Cf (Bien Heureux) Père Guettée, Wladimir, ( communément dit l'Abbé Guettée) :
Histoire de l'Eglise de France, au Tome X .

Cf (Bien Heureux) Père Guettée, Wladimir, ( communément dit l'Abbé Guettée) :
Jansénisme & Jésuitisme. p. 11:
« Quatre Evêques seulement », poursuit Guettée, osèrent publier des mandements sur la distinction du fait & du droit (relativement aux Cinq Propositions jansénistes). C'étaient : Pavillon, ( de l'Evêché du diocèse) d'Aleth, Caulet, ( du diocèse) de Pamiers ; de Buzenval, ( du diocèse) de Beauvais; & Henri Arnauld, du diocèse d'Angers. Leur conduite offensa le pape Alexandre VII. & leur doctrine lui parut répréhensible. Ce tout suscita de vives discussions. Sous le pontificat suivant, celui du pape Clément IX, l'on travailla à les pacifier...Le pape Clément IX n'abandonna pas les décisions de (son prédécesseur & devancier le pape Alexandre VII ; mais il ne crut pas devoir, pour le bien de la paix, imposer une opinion contre laquelle se prononçaient ouvertement & officiellement un grand nombre de Saints & Savants Evêques. »

De parmi eux, donc, les deux prélats cardinaux sus-nommés, poursuit notre Anonyme Auteur de cette admirable Histoire des papes ici retranscrite & Orthodoxement commentée & glosée, de leur état-civil, respectivement, Caulet, du diocèse de Pamiers, & Pavillon, du diocèse d'Aleth, de tendance Gallicane, furent nonobstant soutenus par le pape Innocent XI dans leur résistance à la volonté toute-puissante & aux supposés droits du bon plaisir arbitraire du souverain monarque. Néanmoins, une assemblée prétendument conciliaire du clergé de France, d'une part ayant adhéré à l'édit du roi-despote, & le pape ultramontain, d'autre part, ayant, quant à lui, condamné, a contrario du roi, cette adhésion servile, la chaleur de la dispute entre ces deux parties adverses finit par entraîner les esprits à un réexamen des droits & des prétentions du pape lui-même. De là qu'il en sortit que l'on fit les quatre célèbres articles de 1682.
Ils stipulaient en substance :
Que la puissance ecclésiastique ne s'étend point sur le temporel des rois .
Que le concile général des évêques Gallicans est supérieur au pape ultramontain .
Que le jugement du pape, en matière de foi, n'est une règle infaillible qu'après le consentement de l'église synodalement assemblée en concile de ses évêques.
Que les coutumes & les lois reçues dans l'église Gallicane doivent être maintenues.
Telle est donc la substance des fameux quatre articles de 1682.
Le pape Innocent XI les condamna.




Sur la crise interne à l'église de France divisée entre les Gallicans & les Ultramontains,
cf Pascal, Blaise : Les Provinciales. ( Ed. Lafuma. Coll. L'Intégrale).
cf Châtelet, François ( Anc. Prof. à la Sorbonne) : Histoire de France.
(Ed de poche Marabout-Pocket).
Cf Fleury, Cardinal de : Hist. Eccles. : Opus cité.
Cf ( Bien Heureux) Père Guettée, Wladimir : Histoire de l'Eglise de France. Op. Cit.
Cf Guettée ( Ibidem) : Histoire de l'Eglise. Op. Cit.
Cf ( Père) Ranson, Patric : ( C.N.R.S. Philosophie).( Coordinateur du Collectif) :
(Contre) Augustin ( d'Hippone).
(Dossier H. Ed. L'Age d'Homme).
Cf (Père) Ranson, Patric : Richard Simon (ou du caractère illégitime de l'augustinisme en
Théologie). ( Ed. L'Age d'Homme. 1990).
Cf Terestchenko, Michel : Amour & Désespoir. ( Ed. de poche : Points-Seuil).
Cf Encyclopédie philosophique universelle. ( Mattéi, J-F. Professeur à l'Institut de France.
Dir. du Collectif). ( Ed. P.U.F.) :
( Père) Ranson, Patric, & Terestchenko, Michel : Articles : Fénelon.
Le Quiétisme. Le Pur Amour. & alia ( Trente articles).
Cf Dictionnaire de spiritualité catholique. (Ed. Beauchesne).
Cf Orcibal, Jean : Article : Louis XIV contre Innocent XI.

Innocent XI refusa donc ses bulles aux évêques nommés par le roi de France. & son inimitié contre Louis XIV s'en augmentant d'autant, il n'oublia rien presque de ce qui pouvait provoquer une scission: & déjà, il était parlé en France d'établir un patriarche indépendant de la cour papale de Rome & de la curie Romaine des cardinaux Ultramontains qui la constituaient.
Bossuet, l'aigle-évêque de Meaux, avait, paradoxalement, & en dépit de ses positions ultramontaines, & de son augustinisme invétéré, été le principal instigateur & rédacteur des fameux quatre articles susdits.
La cour papale de Rome, qui cherchait à lui opposer un adversaire à sa hauteur, offrit, paradoxalement, le cardinalat au célèbre Arnauld d'Andilly, dit, à juste titre, le Grand Arnauld, quoique qu'il fût l'un des plus éminents Auteurs de Port-Royal, & Grand Traducteur des Saints Pères de l'Eglise Orthodoxe :
cf Saint Jean Climaque ( ce qui est dire Saint Jean de l'Echelle) : L'Echelle Sainte.
Trad. Arnauld d'Andilly, dit le Grand Arnauld.
( Ed. de 1658, à Paris, chez Pierre le Petit, Imprimeur & Libraire ordinaire du Roy,
ruë Saint Jacques, à la Croix d'Or. Avec Approbation & Privilège du Roy).
( Réed. Abbaye de Bellefontaine).
Mais la papauté ne lui offrait ce chapeau de cardinal qu'à la condition expresse qu'il voulût bien écrire contre ces quatre maximes. Mais Arnauld ne répondit à cette proposition que comme une injure.

C'est de ce même pape Innocent XI qu'il est fort peu élogieusement parlé par le fabuliste Jean de La fontaine, en ses vers adressé en 1688 au prince de Conti :
« Pour nouvelles de l'Italie,
Le pape empire tous les jours.
Expliquez, seigneur, ce discours
Du côté de la maladie :
Car aucun Saint- Père autrement
Ne doit empirer nullement.
Celui-ci, véritablement,
N'est envers nous ni Saint, ni Père, etc... »

C'est encore au même pape Innocent XI, que Racine, qui fut Port-Royaliste, en ce sens qu'ami des Messieurs de Port-Royal, il faisait retraite aux Granges auprès desdits Solitaires de Port-Royal,
Cf Racine, Jean : Abrégé de l'Histoire de Port-Royal. ( Ed. Gall. Coll. La Pléiade).
cf Racine, Jean : Cantiques Spirituels. ( Ed. Gall. Coll. La Pléiade).
C'est au même pape que Racine, donc, faisait allusion, en 1689, en ces deux vers du prologue de sa tragédie d'Esther :
cf Racine, Jean : Esther. ( Tragédie) :
in O.C. ( Ed. de l'Imprimerie Nationale).
« Et l'Enfer, couvrant tout de ses vapeurs funèbres,
Sur les yeux les plus saints a jeté les Ténèbres ».
Racine, le grand dramaturge, le plus grand, incomparablement, de tout ceux qu'eût jamais pu compter la Littérature Française, pour ce qu'en sus de son grand style inégalable, était Ame Spirituelle aussi, a consigné ce fait, en la Ière partie de son Histoire de Port-Royal :
« De grands cardinaux n'ont point caché qu'il n'a tenu qu'à lui, Arnauld, d'être revêtu de la pourpre ( cardinalice) Romaine, & que, pour parvenir à une dignité qui eût (aurait) si glorieusement lavé tous les reproches d'hérésie que ses ennemis – les ennemis de Port-Royal- lui ont osé faire, il ne lui en eût ( aurait) coûté que d'écrire contre les propositions ( Gallicanes anti-Ultramontaines, & anti-papistes) du Clergé de France touchant l'autorité ( contestée & controversée) du pape. (Mais), bien loin d'accepter ces offres, il écrivit même contre un docteur Flamand qui avait traité d'hérétiques ces propositions. L'un des ministres du roi, qui lut cet écrit ( du controversiste Arnauld), charmé de la force de ses raisonnements, proposa de le faire imprimer au Louvre. Mais ( ce fut) la jalousie des ennemis de M. Arnauld ( qui) l'emporta sur la fidélité du ministre & sur l'intérêt du roi même. »

Il ne restait donc au pape qu'à recourir à des défenseurs papolâtres d'un bas étage, à des théologiens, ou supposés tels, de l'université de théologie de Louvain, en Suisse, &, parmi eux, à un dénommé Gonzalès, surtout, général des Jésuites, au moine Bénédictin Sfondrati, à d'Aguirre, autre Bénédictin, qu'un chapeau rouge récompensa pour prix d'être, en sa configuration mentale, papistement déformé, comme, en ses schèmes mentaux, toujours, théologiquement inapte, &, pour faire bref, inepte, tout court.
Leurs écrits sont, bien entendu, oubliés, n'ayant point passé leur Siècle, au vu de leur indigence tant spirituelle qu'intellectuelle. A contrario de ces derniers, la défense par Bossuet desdits quatre articles demeure au nombre de ses bons ouvrages. Il faut toutefois noter qu'elle ne fut imprimée qu'en 1730, retard qu'on ne saurait attribuer qu'aux intrigues d'une partie ultramontaine du clergé, déjà repentante du courage de parti-pris Gallican de 1682. Une édition plus exacte du livre de Bossuet, ainsi qu'une traduction Française de l'ouvrage, accompagnée d'un apparat critique de notes, parurent en 1745, sans privilège du roi, & comme sorties des presses d'Amsterdam. Aucune volonté propre de Louis XIV, d'entre ses dernières volontés testamentaires, n'a été plus mal exécutée que l'édit royal par lequel il avait ordonné d'enseigner tous les ans la doctrine Gallicane desdits fameux quatre articles en chaque école de théologie du royaume. En effet, les Jésuites, - qui figurent parmi les plus fidèles servants du papisme des ultramontains irrepentis de leurs erreurs & Hérésies doctrinales-, ne les ont jamais professées, & le projet de les abolir purement & simplement a même souvent été bâti depuis 1700, jusqu 'à la fin du ministère du cardinal de Fleury. Si cette abrogation n'a pas eu lieu, c'est que le conseiller favorable aux Jansénistes du pape, ayant été Trépassé en un rien de Temps - une heure de Temps- de l'empoisonnement & des suites d'un « mauvais café »,
cf Gazier, Augustin.( Anc. Prof. Honoraire à la Sorbonne) :
Histoire générale du mouvement Janséniste ( depuis ses origines jusqu'à nos jours). ( Ed. Honoré Champion. 1924). Opus cité. Tome second, chap. XXIII, p. 108,
& qu' « on » a craint les réclamations des Jansénistes, & prévu le crédit qu'on lui donnerait, en les constituant les seuls Défenseurs Gallicanistes des Libertés de l'Eglise Gallicane des Gaules.

Sur le tort qu'avaient néanmoins les Jansénistes de Port-Royal de se laisser subvertir, & avec eux-mêmes, d'attenter à toute l'intègre pureté de la Théologie Patristique de l'Eglise Orthodoxe Originelle, qu'ils infléchirent à tort dans le sens augustinien de la Grâce efficace, niant le libre-arbitre & la Liberté Fondamentale de l'homme, & de la thèse désespérante & protestante de la Prédestination gratuite, l'on relira avec profit l'article déterminant, décisif, & définitif à cet égard, du Père Patric Ranson, en son grand Dossier H : (Contre) Augustin ( d'Hippone) :
cf ( Père) Ranson, Patric : Augustin. Op. Cité. (Dossier H. Ed. L'Age d'Homme).
Chapitre : Bossuet gendarme de l'augustinisme, face à Richard Simon & à Jean de Launoy,
ainsi que son Richard Simon :
cf ( Père) Ranson, Patric : Richard Simon,
ou De l'illégitimité de l'augustinisme en Théologie. ( Ed. L'Age d'Homme).

Dans l'affaire des franchises, Louis XIV pouvait, au fond, avoir tort. Les autres monarques catholiques avaient renoncé à cet étrange droit d'asile que les palais des ambassadeurs, & même les lieux d'alentour offraient, dans Rome, aux malfaiteurs, contre les poursuites de la justice. Le roi de France déclara que jamais il n'avait pris pour règle la conduite d'autrui, & qu'il prétendait, au contraire, servir d'exemple. Son ambassadeur Lavardin, en 1687, vint à Rome soutenir les franchises, & affecta de braver le pontife par une entrée fastueuse. Des censures lancées contre Lavardin irritèrent Louis XIV : Dont le roi prit prétexte pour prendre Avignon une fois encore. & ces vifs débats eussent amené une rupture éclatante, s'il n'eût paru impossible de la concilier avec les rigueurs qu'on exerçait, depuis 1685, contre les protestants. La proscription des Calvinistes réconcilia, dans cette délicate conjoncture, la cour de France & le saint-siège papal de Rome.

Avignon fut rendu au pape Alexandre VIII, successeur d'Innocent XI.
Ce nouveau pape Alexandre VIII n'en condamna pas moins les quatre articles de 1682. Son successeur, le pape Innocent XII, après lui, donc, continua de refuser des bulles aux Evêques Gallicans partisans de ces articles anti-Ultramontains, – ou anti-papistes, ce qui est tout un-. & il obtint des plus pusillanimes de parmi eux, par force de pressions comminatoirement menaçantes, une lettre qu'il accueillit comme une rétractation. Ladite lettre de rétractation disait, en effet, « que tout ce qui avait pu être censé décrété en 1682, sur la puissance ecclésiastique, devait être tenu pour non décrété, attendu qu'on n'avait pas eu l'intention de faire aucun décret ni de porter préjudice aux églises ( catholiques Romaines) » Paroles ambiguës & péniblement contournées, mais qui ne tendent point assurément à confirmer les quatre articles, & qui seraient, au contraire, tout-à-fait insignifiantes, si elles n'exprimaient pas une disposition à les abandonner.
Voici néanmoins ce qu'en écrit, en ses Mémoires ecclésiaux & ecclésiastiques, d'Aguesseau :
cf Aguesseau (d'), Henri François : Mémoires sur les affaires de l'église de France.
Tome XIII, p. 427.
« Les termes de cette lettre étaient ménagés de manière qu'elle ne pouvait être considérée que comme un témoignage de la douleur que ces évêques ( indignes) avaient ressentie, en apprenant la prévention où ce pape était entré à leur égard, à l'occasion de ce qui s'était passé dans l'assemblée tenue à Paris en 1682. Ils n'avouaient ( nonobstant) pas que ces prétentions fussent bien fondées ».
Toutefois, quoiqu'en écrive ici d'Aguesseau pour tenter, bon an mal an, d'excuser cette inexcusable & peu glorieuse palinodie de cardinaux en place, par seule considération d'intérêt, plus carriériste que vital, regardant la prélature enviée, tournant casaque à leurs convictions & idées propres, la lettre de cesdits évêques rétractateurs leur fait peu d'honneur.
Toujours est-il que cette pusillanime lettre, à leur corps défendant arrachée à de fort peu courageux cardinaux, pour le moins ignorants de la martyrique Vertu de Courage, & s'illustrant, bien plutôt, par un esprit de crainte honteuse & servile, - ces prélats de cour Vaticane, donc, ayant, sous la pression des jésuites & des cardinaux ultramontains inféodés au papisme, failli au Gallicanisme de l'Eglise Originelle des Gaules -, fut l'un des effets déplorables de la Révocation de l'Edit de Nantes, en sus d'être l'un des symptômes de la défaillance du caractère de Louis-le-Grand, quatorzième du nom, (- lequel Louis XIV écrivit non moins lâchement au pape, en une lettre datée, comme celle des cardinaux, du 14 septembre 1693, que l'édit de mars 1682 ne sera point exécuté-) ; & cette lettre est l'une aussi des preuves de ce que nous avons dit ailleurs supra du secret – de par Crime de Silence, & Loi du Silence, de Verrouillante Censure, & de lâche consentement tacite-, secret penchant, donc, consternant, affligeant, pitoyable, & tout à tort cru fatalement & fatalistement fatal, fausse fatalité, donc, qui, depuis 1560, entraînait le clergé Français à se laisser lâchement inféoder au système ultramontain papiste & papolâtre, systémique Système devenu l'unique dogmatique du catholicisme Romain, pour perpétuation ad perpetuum de l'abus de la crédulité du Peuple, invertissant le vain pape en une falote idole des puissants adorateurs adogmatique du veau d'or athéologique.

Toutefois, les autres ordres de l'Etat soutinrent avec persévérance les quatre maximes du clergé contre le clergé lui-même, & les intérêts du trône, presque méconnus par le monarque affaibli, Louis XIV étant sur le déclin de son âge, & sur son déclin tout court. Parmi les magistrats auxquels l'église Gallicane dut à cette époque le maintien de sa doctrine antique, l'on distingue l'avocat-général Talon, auteur d'un Traité de l'autorité des rois dans l'administration de l'église catholique Romaine, l'un des meilleurs livres qu'on eût publiés en France sur cette matière. Il avait professé les mêmes principes dans l'exercice de ses fonctions, & particulièrement, dans un réquisitoire prononcé en 1688. Nous clorons donc ce chapitre par d'aucuns extraits de ce réquisitoire anti-ultramontain & anti-papiste :
« Dans l'assemblée tenue à l'occasion des affaires de la régale, les évêques avertis que les docteurs ultramontains & les émissaires de la cour de Rome n'oubliaient aucun soin pour répandre dans le royaume les opinions nouvelles de l'infaillibilité du pape, & de la puissance indirecte que Rome s'efforce d'usurper sur le temporel des rois, cette assemblée, disons-nous, n'a pas prétendu former une décision d'une controverse douteuse, mais rendre un témoignage public & authentique d'une vérité constante, enseignée par tous les Pères de l'Eglise, & déterminée par tous les conciles, & notamment par ceux de Constance & de Bâle...
« On a vu pourtant, avec étonnement, que le pape a regardé cette déclaration comme une injure faite à son autorité ; en telle sorte que le roi ayant nommé à l'épiscopat quelques-uns de ceux qui assistaient à cette assemblée, & qui sont autant recommandables par leur piété & par leur vertu, que par la science &l'érudition dont ils ont donné des preuves en diverses occurrences, on leur a refusé des bulles, sous prétexte qu'ils ne font pas profession d'une saine doctrine...
Ce refus, qui n'a pas la moindre apparence de raison, ne laisse pas d'exciter un très-grand scandale, & de produire des désordres qui ne se peuvent exprimer...
Qui pourrait jamais s'imaginer que le pape, qu'on nous propose comme une image de sainteté & de vertu, demeure tellement attaché à ses opinions, & si jaloux de l'ombre d'une autorité imaginaire, qu'il laisse le tiers des églises de France vacantes, parce que nous ne voulons pas reconnaître qu'il soit infaillible ?
Ceux qui inspirent ces pensées au pape, peuvent-ils s'imaginer qu'ils nous feront changer de sentiment? & sont-ils si aveugles, qu'ils ne connaissent pas que nous ne sommes plus dans ces Temps malheureux où une ignorance grossière, jointe à la faiblesse du gouvernement & à de fausses préventions, rendait les décrets des papes si redoutables, quelqu'injustes qu'ils pussent être ; & que ces disputes & ces querelles, bien loin d'augmenter leur pouvoir, ne servent qu'à faire rechercher l'origine de leurs usurpations, & diminuent la vénération des Peuples (envers la papauté), plutôt que de l'accroître?...
Disons plus : Le mauvais usage que les papes ont fait, en tant de rencontres, de l'autorité dont ils sont dépositaires, en n'y donnant point d'autres bornes que celles de leur volonté, a été la source des maux presque incurables dont l'église catholique Romaine est affligée, & le prétexte le plus spécieux des hérésies & des schismes qui se sont élevés dans le dernier Siècle, ainsi que les théologiens assemblés par l'ordre du pape Paul III l'ont reconnu de bonne foi ; & encore à présent, la seule idée de l'infaillibilité du pape & de la puissance indirecte que la complaisance des docteurs Italiens attribue au siège papal de Rome sur le temporel des princes, est un des plus grands obstacles qui s'opposent à la conversion, non seulement des particuliers, mais (encore) des provinces entières ; & l'on ne saurait trop insinuer dans les esprits, que ces opinions nouvelles ne font point partie de la doctrine de l'église universelle...
Les foudres du Vatican n'ont rien de si tant redoutable ; ce sont des feux passagers qui s'exhalent en fumée, & qui ne font de mal ni de préjudice qu'à ceux qui les ont lancés...
Le refus que fait le pape d'accorder des bulles à tous les évêques nommés par le roi, cause un désordre qui augmente tous les jours, & qui désire un remède prompt & efficace. Les conciles de Constance & de Bâle ayant travaillé pour apporter quelque modération aux usurpations de la cour papale de Rome, & à la confusion qui s'était introduite dans la distribution des bénéfices, la « pragmatique sanction » fut ensuite composée des décrets de ces conciles. Mais les papes, voyant par-là diminuer leur autorité, se sont servis de toute sorte d'artifices pour l'abolir ; & par le concordat fait entre le roi François Ier & le pape Léon X, on a réglé la manière de pourvoir aux évêchés & aux abbayes ; on a accordé au pape, non seulement la dévolution, mais aussi la prévention & le pouvoir d'admettre les résignations en faveur, & beaucoup d'autres articles qui sont très onéreux aux collateurs ordinaires, & tout-à-fait contraires aux anciens canons.
Aussi nos pères ont-ils réclamé long Temps contre le concordat : L'ordonnance d'Orléans avait rétabli les élections ; & il serait très avantageux que toutes les affaires ecclésiastiques fussent traitées dans le royaume, sans que l'on fût obligé d'avoir recours au pape de Rome. Dans la suite, pourtant, le concordat a été exécuté de bonne foi de notre part, & on ne peut pas concevoir que le pape, par une opiniâtreté invincible, veuille aujourd'hui nous réduire à lui ôter le profit que la cour papale de Rome tire d'un traité qui lui est si avantageux...
Après tout, avant le concordat, ceux qui étaient élus par le clergé & par le Peuple des fidèles, & depuis, par les chapitres ( abbatiaux & autres), en présence d'un commissaire du roi, n'étaient-ils pas ordonnés par le métropolitain ( le métropolite), assisté des évêques de la province, après que le roi avait approuvé leur élection ? Le droit acquis au roi par le concordat, autorisé, à cet égard, par un consentement tacite de toute l'église Gallicane, & confirmé par une possession de près de deux Siècles, doit d'autant moins recevoir de changement & d'atteinte, que, pendant les quatre premiers Siècles de la monarchie, l'on n'allait point à Rome demander des provisions de bénéfices : Les évêques disposaient de tous ceux qui vaquaient dans leurs diocèses, & nos rois nommaient presque toujours aux évêchés ; & s'ils accordaient quelquefois au clergé & au Peuple la liberté de s'élire un pasteur, souvent ils s'en réservaient le choix eux-mêmes ; &, sans que le pape y mît la main, celui qu'ils avaient choisi était aussitôt consacré. Qui empêche qu'on ne suive ces exemples, fondés sur cette excellente raison, que le droit que tous les fidèles avaient au commencement de se destiner un chef, ne se pouvant plus exercer en commun, doit passer en la personne du souverain, sur qui les sujets se reposent du gouvernement de l'état, dont l'église est la plus noble partie ?
Mais, à l'égard du pape, puisqu'il refuse de joindre à la nomination du roi le concours de son autorité, on peut présumer qu'il se veut décharger d'une partie du fardeau pénible qui l'accable ; & que, ses infirmités ne lui permettant pas d'étendre sa vigilance pastorale sur toutes les parties de l'église universelle, la dévolution qui se fait, en cas de négligence, quelquefois même du supérieur à l'inférieur, peut autoriser les évêques à donner l'imposition des mains à ceux qui seront nommés par le roi aux prélatures. »



***

CHAPITRE XI.


DIX-HUITIEME SIECLE.



Si la puissance temporelle des papes a subsisté au-delà de 1701, c'est sur-tout qu'il n'importait à personne d'en accélérer la chute inévitable. Placés entre Milan & Naples comme un obstacle à la prépondérance ou de l'Autriche ou des Bourbons sur l'Italie, les faibles états dudit « saint »-père semblaient tenir au système politique de l'Europe, & contribuer au maintien de l'équilibre général. Chaque prince ayant intérêt à ne pas souffrir qu'un autre les envahît, tous concouraient à retarder une révolution qu'amènerait assez tôt, en fin, le progrès des Lumières publiques, qui s'accomplirait comme d'elle-même, dès qu'on cesserait de l'empêcher, & qu'un jour peut-être d'autres circonstances rendraient plus conciliable avec la situation des affaires Européennes.
Outre la cause générale que nous venons d'indiquer, trois causes particulières ont perpétué, dans le cours du XVIIIème Siècle, la Souveraineté Temporelle des
papes-pontifes Romains :
D'abord, la dévotion inéclairée par la Maintenon, par remords sur le tard épousée, pour sa piété de duègne, qu'il croit intercessrice au Redoutable Tribunal du Dernier Jugement, vieille papiste, papolâtre, ultramontaine, mal assistée du Cardinal de Richelieu, autre Tyran à l'image de l'Absolutisme Royal, Papal, - ou Républicain, s'il y eût eu lieu- de la Tyrannique Monocratie, ( cf Illustrations in le Blog Internet ci-jointes, du pape Innocent X, peint par Diégo Vélasquez ; du Cardinal de Richelieu, peint par Philippe de Champaigne, pourtant Port-Royaliste, - par lui Persécuté, mais qui fut néanmoins, par une pardoxale ironie de l'Histoire, l'un des principaux artisans de sa gloire, ne se pouvant voir, en peinture même, sans pitié, devant tel Pitoyable - ; & de l'ombrageux roi-soleil, dans toute sa morgue, peint, par le peintre officiel, de la cour, Hyacinthe Rigaud, & dans sa hautaine superbe, ridicule, dans son péché d'Orgueil insigne se drapant, pétrifié, desséché tout), emBastillant les Saints de Port-Royal ( dont l'Abbé de Saint- Cyran, né Jean-Ambroise Duvergier de Hauranne), arasant leur Sainte Abbaye, soutenant les cabales jésuitiques & autres à dessein de Persécuter toujours plus outrancièrement les Ames Saintes portant trop ombrage & faisant par trop d'ombre à leur Diabolicité de Maléfiques Démoniques, ayant dés long Temps fait choix de gouverner & régir Tout par le Diable contre Dieu & Ses Saints ;
En second lieu, l'influence des Jésuites,
cf ( Bien Heureux)( Père) Guettée, Wladimir : Histoire des Jésuites. (En Trois Volumes).
A l'enseigne de la Librairie Huet. Paris. 1858.
cf ( Bien Heureux)( Père) Guettée, Wladimir : Histoire de l'Eglise.
Cf ( Bien Heureux)( Père) Guettée, Wladimir : Histoire de l'Eglise de France.
(Ed. Paris & Saint-Pétersbourg),
& ce, soit durant ces quinze premières années du dix-huitième Siècle, soit aussi sous le ministère du cardinal de Fleury, depuis 1726 jusqu'en 1743 :
cf Fleury, Cardinal de, (confesseur de Louis XIV, puis confesseur & ministre de Louis XV) :
Hist. Eccles. Op. Cité;
enfin, la sagesse des deux papes Lambertini & Ganganelli, respectivement Benoît XIV & Clément XIV, entre lesquels régna Clément XIII, & dont l'un, Benoît XIV, a gouverné l'église catholique Romaine depuis 1740 jusqu'en 1758, & l'autre, Clément XIV, depuis 1769 jusqu'en 1774. Si, comme ces deux-là, les autres papes du XVIIIème Siècle avaient su ménager & circonscrire leur pouvoir, ils l'auraient conservé, raffermi peut-être : Mais, ils ont prétendu l'agrandir ; mais les armes « spirituelles » supposées & prétendues ont continué de servir d'instruments à une ambition politique effrénée de vils machiavéliens politiciens; mais les vaines doctrines de suprématie & d'infaillibilité papale, doctrines toutes Hétérodoxes, Hérétiques, imaginées, fabriquées, & forgées de toutes pièces, ont osé se reproduire & dès long Temps concoctées ressurgir à toujours; & ledit « saint »-siège papal, qui pouvait demeurer une puissance du troisième ordre, a nonobstant déchu du dernier rang même, en aspirant à remonter au premier.
De ces papes sus-nommés, leur devancier, le pape Clément XI, abusant des circonstances où se trouvaient en France le roi, le gouvernement, le clergé, les Peuples, publia la bulle Vineam Domini ( la Vigne du Seigneur) en 1705, & la bulle Unigenitus en 1713. On sait quel vacarme excita cette dernière. De fait, la bulle Unigenitus est l'une de celles où Louis XIV, roi de France, n'est point qualifié « roi de Navarre », se voit refusé ce titre par le pape, qui refuse, à n'importe quel prix, fût-ce pour toute la machine du Monde, de le lui rendre. Ce dont, Louis, bien entendu, s'exorbite de courroucée fureur. Le saint-siège de Rome & les Jésuites eurent donc en l'affaire le malheur de triompher . Mais, une défaite leur eût été moins dommageable qu'une pareille victoire. Le pape Clément XI en conçut nonobstant une si haute idée de sa puissance propre, qu'il s'engagea dans un long démêlé avec Victor-Amédée, roi de Sicile : Il réclamait, sur les Siciliens du XVIIIème Siècle, de prétendus droits auxquels avait renoncé le pape Urbain II, pape du XIème Siècle, & successeur presque immédiat d'Hildebrand, dit Grégoire VII. Il confirmait les Excommunications lancées par des évêques de Sicile contre les magistrats de cette contrée ; il abolissait, par une constitution de 1715, un tribunal qui, depuis six cents années, était en possession de juger souverainement, dans ce royaume, plusieurs genres d'affaires ecclésiastiques. Mais, cette constitution qui attaquait un prince, n'eut pas le même succès que l'Unigenitus qu'un monarque s'était engagé à soutenir. Le pape Clément XI Mourut donc in fine sans avoir pu humilier le roi Victor-Amédée.
A l'instigation des Jésuites, le pape Benoît XIII, recanonisa, en 1729, le très célèbre pape Hildebrand, dit Grégoire VII, pape du onzième Siècle, comme si une fois n'eût point suffi, laquelle était déjà de trop, étant au vrai ce pape de triste mémoire, fameux, tout ainsi qu'il a été parlé, - faut-il le rappeler ? - & par ses démêlés avec tous les souverains, & par son Excommunication & sa déposition à bas de son trône de l'empereur d'Occident, Henri IV, & par la Donation de la princesse Mathilde, sa richissime maîtresse. Les papes Grégoire XIII & Paul V l'avaient nonobstant inscrit, déjà, au catalogue des bienheureux, lesquels sont regardés comme presque saints. La Liturgie fut par le pape Benoît XIII enrichie d'un office à célébrer en l'honneur dudit « saint » Hildebrand, ou « saint » Grégoire VII, le 25 mai de chaque année. Une légende insérée dans cet office raconte en sus lesdits hauts faits de ce pontife supposé & prétendu exemplaire. Il y est parlé & dit « comment il sut résister, avec une intrépidité généreuse & athlétique, aux efforts impies de l'empereur Henri IV ; comment, semblables à un mur impénétrable, il défendit « la maison d'Israël » des catholiques Romains; comment il plongea ce Henri dans l'abîme profond du malheur ; comment il l'exclut de la communion des fidèles, le détrôna, le proscrivit, & dégagea de tout devoir envers lui les sujets qui lui avaient juré fidélité. » Telles sont les paroles très chrétiennes que le pape Benoît XIII ordonnait de réciter ou de chanter dans les églises pour l'édification des fidèles & pour l'instruction des rois. Mais, le parlement de Paris prit de l'humeur contre une si prétendument pieuse légende, la condamna comme séditieuse, & en interdit la publication. Les parlements de Metz, de Rennes, de Bordeaux, s'opposèrent non moins vivement à ce qu'on insérât dans les bréviaires, dans les paroissiens, & autres missels d'églises, cette nouvelle manière de prier Dieu. Il se rencontra même des évêques Français, - ceux de Montpellier, de Troyes, de Metz, de Verdun, d'Auxerre, qui ne voulurent point accueillir ce supplément inventé à l'office divin, & publièrent des mandements tout exprès pour refuser le culte de doulie (service de servant) audit « saint » Hildebrand, alias Grégoire VII. Enfin, il convient d'observer que le cardinal de Fleury, qui gouvernait alors la France en tant que confesseur & ministre du roi, s'abstint, par esprit d'opportunisme, de mêler sa voix à celles qui réclamaient contre cette canonisation. Mais, à la vérité, il ne prit pas davantage ouvertement la défense de la nouvelle légende, à peine affabulée, sur la vie totalement réécrite d'Hildebrand, abusivement rédigée dans le style haghiographique, souvent stéréotypé, & procédant par exagérations, parfois outrées, inadéquatement disproportionnées & inconvenantes à la quotidienneté de la vie du commun des Mortels, mais seyant aux plus Grands Saints, rendus par la Grâce & ses Effets tout Merveilleux, capables, au-delà d'eux-mêmes, & de leurs facultés humainement limités, recevant de par épanchement de l'Esprit de Grâce de Dieu, se voyant donc octroyer capacité soudain, de Vivre comme désincarnés de leur corps de chair, exemptés de faim, de sommeil, de passions mauvaises, etc..., sur le mode de la Vie Angélique, & se mouvant incessamment dans le Surnaturel, la Providence répondant à leurs attentes, exauçant leurs pensées, & devançant même leurs souhaits, comme en répons Divin à leur perpétuel Entretien Spirituel avec Dieu, Mystiquement mené, en Coeur à Coeur, à l'intime de leur Coeur - & c'est là, justement, en plein, la définition de la Mystique même- avec la Déité.
Ce ne pouvait nonobstant être le cas de la figuration d' Hildebrand, indécente à quelque Vie de Saint que ce fût .
Mais le cardinal de Fleury sut retrouver les parlementaires qui l'avaient repoussée ; il les força d'enregistrer, sans aucune modification, le 3 avril 1730, la fameuse bulle « Unigenitus », qui ne plaisait pas beaucoup davantage au Clergé Gallican des Evêques anti-papistes & anti-ultramontains de France. En France, donc, l'on en fut quitte pour cette bulle ; & le gouvernement n'enjoignit pas de célébrer ledit « saint »pontife, qui avait, entre autres, détrôné un empereur. Il fallut que le pape Benoît XIII se contentât d'établir cette dévote pratique en Italie, où, depuis 1729, au dix-huitième Siècle, toutes les églises rendent, chaque année, un religieux hommage à Grégoire VII. Ce pendant, les souverains & autre têtes couronnées de l'Europe l'ignorent, ou ne daignent pas s'en plaindre.
Après le pape Benoît XIII, toujours en ce même dix-huitième Siècle, ce fut au tour du pape Clément XII de recevoir la tiare papale. Il régna dix ans. Prince économe, & pontife charitable, il fit du bien à ses sujets, & peu de mal aux étrangers. Son successeur, Lambertini, devenu Benoît XIV, mérite, quant à lui, de plus grands hommages que son devancier prédécesseur. C'est, en effet, l'un des meilleurs hommes, & l'un des plus sages rois qu'ait produits le dix huitième Siècle. Il montait sur la chaire de Saint Pierre en même Temps que Frédéric II sur le trône de Prusse; & ils ont été, dix-huit ans durant, les deux monarques les plus distingués par leurs qualités personnelles. Frédéric, tou séparé qu'il était de la communion dudit saint-siège de Rome, offrait au pape Benoît XIV des témoignages d'estime qui les honoraient l'un & l'autre. Ce Lambertini, dit Benoît XIV, inspira les mêmes sentiments à l'impératrice de Russie, Elisabeth Petrowna, quoique le pape fût Hérético-Schismatique depuis le Grand Schisme d'avec la Sainte Eglise Orthodoxe Originelle, à laquelle le saint empire Russe était toujours demeuré, quant à lui, Fidèle. Les Anglais mêmes, quoiqu'ils se maintinssent incompréhensiblement dans l'Hérésie Anglicane, attirés à Rome par la renommée de ce pontife, autant que par le goût des arts, dont il se faisait le protecteur & le mécène, n'étaient pas sans le louer avec enthousiasme quand ils le voulaient peindre avec vérité. Son esprit aimable, & ses moeurs douces, obtenaient d'autant plus d'éloges, qu'il savait allier les talents & les grâces de son Siècle aux vertus austères de son état, & à la pratique de tous les devoirs religieux. Le pape Benoît XIV, estimé de tout l'occident preque, avait réussi cet exploit que de réconcilier l'Europe à la papauté. L'on ne pouvait du reste, en le voyant, se souvenir ni de Grégoire VII, ni d'Alexandre VI, ni même de Benoît XIII. Mais pouvait-on véritablement oublier, - & le pourrait-on jamais? - la kyrielle de mauvais papes de parmi tous ses devanciers nombreux? Mais, pour le pape Benoît XIV, sa tolérance évangélique raffermissait, au milieu d'un Siècle raisonneur, ce trône pontifical tant ébranlé par l'inquiète ambition de ses devanciers ; & ses successeurs n'avaient besoin que de lui ressembler, pour garantir leurs jouissances temporelles par les bienfaits de leur ministère pastoral.
Mais il fut remplacé, en 1758, par Rezzonico, devenu pape sous le nom de Clément XIII, dont l'esprit étroit, & l'incurable entêtement replongèrent de nouveau la cour papale de Rome dans le plus fatal discrédit. C'était un nouveau Benoît XIII, un pape médiéval, du Moyen-Age donc, obscurantiste, mentalement arriéré quasi, jeté comme par erreur au milieu des Lumières modernes des philosophes déistes du XVIIIème Siècle, mais demeurant imperméable & inaccesssible à leur influence, incapable même de seulement s'apercevoir de leur présence de rebelles à l'Obscurantisme institutionnalisé de la papauté schismatico-hérétique. Quand le Portugal, l'Espagne, la France, & Naples, accusaient vivement les Jésuites, & s'en délivraient trop tard, le pae Clément XIII, lui, s'obstinait à les soutenir, & à se perdre avec eux. Il en semblait lier la cause dudit saint-siège à celle d'une société dont les souverains ne supportaient plus la félonie. En Portugal, l'on avait attenté à la vie du roi, & trois Jésuites se trouvaient au nombre des prévenus. La cour de Lisbonne demandait à celle de Rome la permission de les faire juger, comme leurs complices, par les tribunaux ordinaires ; le pape Clément XIII ne le permit pas. Il fallut accuser Malagrida, l'un de ces trois Jésuites, non de lèse-majesté, en tant que régicide, mais d'hérésie, rechercher en des écrits qu'il avait jadis publiés, on ne sait quelles erreurs exaltées, quelles visions extravagantes, & le livrer à l'Inquisition, qui, usant de son tribunal d'une partialité inique, le fit brûler au feu comme faux-prophète, sans daigner l'interroger sur son incrimination d'attentat aux jours du monarque. Il était impossible d'accumuler plus complètement toutes les iniquités propres à indigner l'Europe. Des prêtres fortement soupçonnés d'un forfait horrible échappaient aux tribunaux séculiers, le trône n'était pas vengé, l'Inquisition brûlait un visionnaires, Rome exigeait l'impunité d'un régicide, & Malagrida, non jugé, périssait victime de la superstition & d'une politique odieuse.

Vers les mêmes Temps, Ferdinand de Bourbon, duc de Parme, réformait les invétérés abus dans les églises, dans les monastères, & méprisait les droits que s'arrogeait le pape, de conférer tous les bénéfices, & de juger presque tous les procès dans les territoires de Parme, de Plaisance, & de Guastalla. Le pape Clément XIII assemble des cardinaux : Au milieu d'eux, il condamne, comme sacrilèges, tous les actes de l'administration de Ferdinand ; il déclare illégitime tout ce qu'on ose faire dans un duché qui appartient au saint-siège, qu'il déclare être son duché, ou plus exactement, « notre duché », dit-il - « nostro ducato », sans que l'on dût trancher s'il s'agit là d'un pluriel de majesté, ou d'un pluriel d'humilité, destiné à masquer un ego dedans une foule d'anonymes -; il annule les édits publiés par le duc ; il applique les Anathèmes de la bulle du Jeudi-Saint dénommée « in coena Domini » - « à la Cène du Seigneur »- , à ceux qui ont rédigé ces édits, & à ceux qui les exécutent, comme à quiconque aussi y adhère . En réponse à quoi, Ferdinand, le duc de Parme, par de nouvelles ordonnances, supprime le bref du pape, & chasse les Jésuites. Naples, Venise, l'Espagne, l'Autriche, la France, d'un mot, l'Europe entière, prend contre ledit « saint »-père la cause du duc de Parme. Le bref du pape est flétri, comme & en tant qu'attentatoire à l'indépendance des souverains ; le parlement de Paris étend cette flétrissure à la bulle du jeudi-saint ; &, tandis que le roi de Naples s'empare de Bénévent & de Ponte-Corvo, le roi Louis XV reprend, comme antan Louis XIV, possession du comtat Venaissin, englobant toute la région d'Avignon, &, a fortiori, de son palais des papes, lequel comtat avignonnais, faut-il le rappeler? avait appartenu aux papes d'Avignon depuis le XIVème Siècle, lesquels papes résidèrent en Avignon tout le XIVème Siècle presque. Le parlement d'Aix-en-Provence déclare que ce territoire appartient à la France ; & le comte de Rochechouart vient dire au vice-légat, gouverneur d'Avignon : « Monsieur, le roi m'ordonne de remettre Avignon en sa main, & vous êtes prié de vous retirer ». - C'était en pareil cas, en effet, la formule-. On parlait d'obliger aussi le pape à restituer Castro & Ronciglione ; le Portugal songeait à se donner un patriarche ; les Romains murmuraient eux-mêmes ; & l'on eût pris peut-être des mesures fort décisives, si ce pape Clément XIII n'était Mort le 3 février 1769, & n'avait eu pour successeur le sage & modeste Ganganelli, qui prit, avec la tiare papale, le nom de Clément XIV.

La conduite de Ganganelli ou Clément XIV, pape, fut si judicieuse & si pure, qu'on lui rendit Avignon, Ponte-Corvo, & Bénévent. Les prétentions, trop légitimes, contre la cour de Rome, s'affaiblissaient encore une fois dans l'esprit des rois & des Peuples, & la puissance temporelle des papes recommençait de sembler compatible avec la tranquillité de l'Europe. Deux grands actes ont surtout honoré ce pontificat : l'abrogation de la bulle in coenâ Domini, & la suppression des jésuites. Cette société (moliniste des jésuites, fondée par Molina), existait depuis deux cent trente ans, & n'avait jamais cessé d'être l'ennemie des rois & des Peuples. Les intérêts particuliers qu'elle s'était donnés, ne l'attachaient qu'à la cour Romaine ; elle embrassait par ses établissements tous les pays soumis au saint-siège, & ne reconnaissait nulle part d'autre patrie que l'église, d'autre souverain que le pape. Son ambition était d'exercer, sous la protection de Rome, une active influence sur les cours, sur les familles, sur le clergé, sur la jeunesse, & sur les lettres. Devenue odieuse, dès 1610, par de graves attentats, elle sentit la nécessité de mêler aux intrigues politiques, assorti de tout l'apparat critique, l'appareil des travaux savants & le prestige des fonctions littéraires. On la vit lors se vouer à l'éducation publique, & cultiver tous les genres de littérature, n'obtenant toutefois dans presque aucun une gloire éminente, mais produisant dans presque tous un grand nombre d'hommes qui remplissaient & honoraient les seconds rangs. Ces succès la relevèrent, lui rendirent une puissance dont elle abusa diversement, depuis 1685 jusqu'en 1750 ; & sa chute, demandée par les Peuples, résolue par les rois, pouvait entraîner celle du pouvoir temporel des papes, si le pape Ganganelli n'avait su détacher les intérêts du saint-siège de ceux des jésuites, & consommer enfin lui-même leur abolition. Quand ce pape Mourut, quelques mois après leur catastrophe, on les accusa d’avoir abrégé ses jours. S'il est vrai qu'il ait été la victime de leurs ressentiments implacables, comme on le croit généralement, ils ont, par ce dernier crime, avancé de plusieurs années l'extrême décrépitude & la dernière heure de cette puissance pontificale, dont ils avaient été les soutiens. Apparemment, ils ne voulaient pas qu'elle pût leur survivre ; ils immolaient celui qui la rendait encore tolérable. Depuis 1774, elle n'a plus fait que s'égarer, dépérir, agoniser, & s'éteindre.




CHAPITRE XII.

RESUMé du libelle.



Le Christianisme avait, sept cents ans durant, Glorifié Dieu, Sanctifié l'Homme, Consolé la Terre, avant qu'aucun Ministre de l'Evangile eût songé à s'ériger en prince temporel. Cette ambition naquit cependant au VIIIème Siècle, après la décomposition de l'empire Romain, après les ravages exercés des peuples & hordes Barbares, du sein des Ténèbres de l'ignorance fruste & de l'inculture théologique publique, & des troubles politiques qui bouleversaient l'Europe, & déchiraient l'Italie plus encore. Mais, les papes eurent à peine obtenu l'exercice précaire d'un pouvoir civil, qu'ils ne tardèrent pas de devenir dépravés par des fonctions si étrangères à leur Ministère Apostolique, tels qu'on l'avait vu exercé des premiers papes qui furent Orthodoxes, Evêques «ྭinter paresྭ», ( – «ྭentre Egauxྭ»), savoir parmi tous les autres Evêques Orthodoxes du Collège Synodal Episcopal des Evêques de la Chrétienté Orthodoxe, & qui, dès lors, purent devenir Saints, & qui, souvent, par le fait, le furent. Les pseudo-papes-évêques ultérieurs aux premiers successeurs des Apôtres, tout au contraire, auto-promotionnellement s'auto-proclamèrent, quant à eux, «ྭvicaires du Christྭ», & uniques vicaires du Christ sur terre, urbi & orbi, lors même que le Christ ne laissa nul vicaire ni lieutenant, pour se substituer à Lui & tenir lieu, ( locum tenans) lieu tenant de Lui, mais tous Ses Apôtres ensemble en Collège Episcopal toujours de toute chose ecclésiale se concertant, & d'un commun accord unanimement de tout décidant, & par Actes des Apôtres, devenus Actes Conciliaires, décrétant ce que leur Inspirait l'Esprit de Sainteté. Les mauvais papes qui leur succédèrent se décrétèrent aussi, tant qu'à faire, vicaires des princes & des Tyrans de la terre. Outreplus, ne se contentant point de se désigner & de s'intituler «ྭvicaires du Christྭ», ils en furent les mauvais vicaires, & souvent même, les pires qui se pussent. Dès là, ils aspirèrent tous à ne plus dépendre d'aucun pouvoir politique, mais, à l'inverse, & à rebours, à dominer. Ce furent eux qui devinrent les Césars de la terre. Du moins l'ambitionnaient-ils. Ils s'acharnèrent donc, dès avant Charlemagne, couronné en l'an 800, & ses théologiens carolingiens, assistés, comme lui, de leurs dignitaires de palais promus en faux-théologiens, lesquels s'arrogeaient abusivement ce titre, cet honneur, & ces compétences inspirées, s'armant de toute une cuisine pseudo-théologique, en latin de cuisine, de même farine, & de même tonneau, ils s'acharnèrent, donc, à justifier faussement, de faux sans nombre, & de toutes pièces, l'idéologie papiste & papolâtre qui leur permît d'édifier ex nihilo leur système impérialiste césaro-papiste, dont la Pan-Hérésie – l'Hérésie de toutes les hérésies- oecuméniste actuelle représente la dernière mouture de notre contemporanéité. Toutefois, & bien que, de ce fait, devenue menaçante dès le IXème Siècle, la cour pontificale, dissolue dès le Xème Siècle, s'affaiblissait par le scandale de ses vices, lorsque le rigide Grégoire VII, (- tous les papes Schismatiques d'avec Byzance, &, de ce fait, Hérétiques, étant tous marqués & caractérisés par cette même psycho-rigidité qui les détermina à continuer d'entraîner leur église catholique dans le mur de l'Hérésie papiste, de ce que CES PAPES HERETIQUES & SCHISMATIQUES PREFERENT jusqu'à ce jour DIVISER L'EGLISE POUR REGNER, AU LIEU & PLUTOT QUE DE DEVENIR ORTHODOXES eux-mêmes, & toute leur église hérétique avec eux, CE QUI RENDRAIT A L'EGLISE SON UNITé PREMIèRE ORIGINELLE D'EGLISE INDIVISE ORTHODOXE-), lorsque le psycho-rigide Grégoire, donc, conçut le système césaro-papiste d'une théocratie universelle : Audacieuse entreprise, & qui ne fut que d'autant plus faiblement soutenue par la plupart des papes du XIIème Siècle, mais qu'Innocent III, toutefois, réalisa au commencement du XIIIème Siècle, époque du plus grand développement de la suprématie temporelle & prétendument «ྭspirituelleྭ» des évêques catholiques de Rome. Ensuite de quoi, le nouveau schisme intra-papal, qui fit élire à certains papes les murailles fortifiées & le palais des papes d'Avignon, qu'ils se construisirent dès là, pour leur résidence de papes avignonnais, schismatiques, ayant fait sécession d'avec les papes de Rome, ce schisme, donc, qui se prolongea jusqu'au milieu du XVème Siècle, rabaissa leur puissance papale, & leurs ambitions temporelles mêmes : En manière qu'au XVème Siècle, après 1450, les papes, déjà, ne songeaient presque plus qu'à l'agrandissement de leurs familles personnelles. Ensuite d'eux, le pape Jules II vint trop tard essayer de nouveau d'asservir les rois : Ses successeurs, durant le XVIème Siècle, pour n'être pas trop humiliés eux-mêmes, eurent besoin d'une habileté dont n'héritèrent pas ceux du XVIIème Siècle ; & la chute de la puissance temporelle des papes n'a été retardée, depuis 1700, que par la sage conduite des deux pontifes,& par le peu d'attention que méritèrent les égarements de quelques autres.

Les révolutions politiques qui suivirent le détrônement d'Augustule ; l'avènement de Pépin le Bref au trône de France, & de Charlemagne à l'empire ; la faiblesse de Louis-le-Débonnaire, le partage de ses états entre ses enfants ; l'imprudence de quelques rois qui invoquaient l'un contre l'autre les foudres du saint-siège ; la fabrication des Faux, dont les Fausses Décrétales, la propagation d'une jurisprudence canonique contraire aux anciennes lois de l'Eglise Orthodoxe Originelle, les rivalités de deux maisons en Allemagne, les projets d'indépendance conçus par quelques villes Italiennes, les croisades, l'Inquisition, l'innombrable multitude d'établissemens monastiques : telles sont les causes qui ont amené, établi, agrandi, & si longtemps soutenu la puissance temporelle des papes, & favorisé l'abus de leurs fonctions prétendument «ྭspirituellesྭ».

Cette puissance temporelle papale eut pour effet les Hérésies, les Schismes, les Guerres civiles & entre les nations, d'éternels Désordres, dûs au défaut & à l'absence totale d'une Conduite Eclairée par l'Esprit de Sainteté, une Misère profonde dans les provinces gouvernementales incontinent après les papes, d'immenses Désastres dans les Etats qu'ils s'acharnaient à vouloir maîtriser, la corruption morale des Peuples, & les vices du clergé naturellement induits par les excès d'une soumission servile à cette canonique hérétique, & l'astreinte du joug trop lourd, acceptable des seuls plus grands Saints de tous les Siècles, mais joug importable au commun des ecclésiastiques d'obligations inhumaines, que les Apôtres des premiers Temps de l'Eglise n'avaient jamais imposées à quiconque, pas même à eux-mêmes, joug insoutenable enfin, que ne soulèveraient point des Pharisiens mêmes, ainsi qu'en parle En Son Evangile le Seigneur Christ.

Les papes-Evêques Orthodoxes des sept premiers Siècles avaient presque tous montré l'exemple des Vertus Chrétiennes & Sacerdotales du Clergé Orthodoxe & de son Collège Presbytéral.
Mais la plupart de leurs successeurs, hélas! Ont été de mauvais princes, sans être d'édifiants Evêques.
Nous avons, certes, rendu hommage à quelques-uns de ces papes : Ainsi, par exemple, au VIIIème Siècle, à Grégoire II ; au IXème Siècle, à Léon IV ; au Xème Siècle, à aucun; au XIème Siècle, à nul ; au XIIème Siècle, à Callixte II, Honorius II, Alexandre III ; au treizième Siècle à nul ; au quatorzième Siècle, à aucun ; au Xvème Siècle, à Nicolas V ; au XVIème Siècle, à Léon X ; au XVIIème Siècle, à aucun, ni nul ; au XVIIIème Siècle, à Benoît XIV, & à Clément XIV. Mais il nous aurait convenu de trouver beaucoup plus d'occasions de louer . Pourtant, lorsqu'on réfléchit sur cette confusion d'un Ministère Sacré & d'un pouvoir politique, sur cet amalgame si propre à dénaturer, détourner, & dépraver l'un & l'autre de ces éléments hétérogènes, on ne s'ྭétonne plus de rencontrer beaucoup moins de bons rois dans la liste des papes, qu'en toute autre liste de souverains qui ne furent point pontifes.

Tous & tant de ces fruits amers de la domination pontificale ont contribué à parachever de la détruire, si même le ver de sa consomption putride était dans le fruit dès à l'instant du Grand Schisme de 1054 d'avec l'Orthodoxie de Byzance à toujours demeurée Fidèle à l'Orthodoxie Théologale de l'Eglise Orthodoxe Originelle Universelle Indivise.

A la fin, tant d'abus du césaro-papisme de l'impérialiste papauté temporelle, tant d'excès, tant de scandales, ont bien fini par indigner l'Europe occidentale catholique, toute obscurantiste, de par désinformante Censure, & si théologiquement ignare qu'elle fût.

Mais, des causes plus immédiates, & qu'avons successivement remarquées, ont, depuis le milieu du XIIIème Siècle, ébranlé l'édifice idéologique, auto-proclamé indéboulonnablement infaillible, de cette intolérable Tyrannie s'exerçant sur les âmes des Peuples.

Qu'il nous suffise d'en rappeler ici quelques-unes : De parmi les causes de cet écroulement fut la sainte résistance de Louis IX, quoiqu'il eût le tort de cautionner la vandalisme des croisades, pilleuses des Biens d'Eglise & des Saintes Reliques de l'Orient Chrétien. & ce, quand le même Occident laissa lâchement tomber Constantinople aux mains des Arabes & des Turcs Ottomans, qui détruisirent l'empire Byzantin Orthodoxe, malgré les poignants appels au secours désespérés en vain réitérés aux souverains d'occident par les Saints Patriarches Orthodoxes & l'empereur de Byzance, l'Occident, atrocement jaloux de l'ombre que lui faisait la prestigieuse, magnifique, Spirituelle & Sainte Byzance, de ses Saints Patriarches, tel le Grand Saint Photios de Constantinople, de leur Esprit de Sainteté éclairée & illuminée, a contrario de l'Occident, donc, lequel, préféra toujours, comme toujours, & comme jusqu'à ce jour, & de beaucoup, & de loin, de voir l'Orthodoxie Chrétienne détruite par les fanatiques islamistes, & de laisser les Chrétiens Orthodoxes abandonnés, massacrés, génocidés, &, pour ses rares survivants, enlevés à leurs racines par le système de la Traite, incluant l'enlèvement des plus belles Femmes Chrétiennes, & tous à Mort esclavagisés par les Turcs Ottomans, plutôt que de reconnaître que leur papauté n'était que temporelle, césaro-papiste, impérialiste, Hérétique, Schismatique, & devenue totalement étrangère à la Sainteté de l'orthodoxie, comme à l'Orthodoxe Spiritualité des Saints Apôtres de l'Eglise Orthodoxe Originelle Universelle Indivise.

Autres causes de l'écroulement de l'incrédible crédibilité de l'édifice idéologique du système papiste furent : la fermeté de Philippe-le-Bel, le délire du pape Boniface VIII, les dérèglemen(t)s de la cour papale d'Avignon, le Grand Schisme de 1054 d'Occident d'avec l'Orthodoxie de Byzance-Constantinople, &, réciproquement, de Byzance d'avec l'église catholique Romaine Hérétique, la pragmatique sanction de Charles VII, la Renaissance des Lettres, consécutive à l'apport en Italie des Manuscrits Byzantins, aujourd ' hui confisqués par la bibliothèque Vaticane, lors échappés à la chute de Byzance, tombée en le quinzième Siècle, & son empire Chrétien Orthodoxe, aux mains de Mahomet ( Mehmet) II & des islamistes Turcs, un 29 mai 1453, jour de sinistre calamité & de deuil inconsolable pour l'Eglise Orthodoxe & l'entière Chrétienté,
cf (Sir) Runciman, Steven : La chute de Constantinople. 1453.
( Ed. Tallandier. Coll. Texto, de Poche),

&, dès là, importés dans leur exil italien par les grands Erudits Humanistes Byzantins migrants, dont la fille même du dernier Empereur Alexis Ier Comnène, Anne Comnène, pour réchapper au Massacre des Chrétiens Orthodoxes perpétré par les Turcs, envoyée par son père à Venise, richement dotée de ces préciosissimes manuscrits, écrits des mains mêmes des plus grands Saints de l'Orthodoxie dès toujours Résistante, dont fut un Saint Maxime le Confesseur, avant que ces saintes mains ne lui fussent avec sa langue arrachées, pour qu'il ne pût plus écrire ni parler, pour Confesser de vive voix sa Foy Droite & Juste, Torturé à Mort pour son intime conviction de Foy Orthodoxe, & que cette Foy seule était celle des Apôtre & des Saints, leurs successeurs dans leur même Foy Orthodoxe, qui seule Sauve.

S'ajoutèrent à ces causes : L'invention de l'imprimerie, qui permit de déjouer tant soit peu la Censure papiste qui faisait, & jusqu'à ce jour, fait rage, désinformant, verrouillant, & entretenant l'Obscurantisme sur lequel il s'asseoit pour fondement princeps, comme inébranlable, de son infondée perduration, inexplicable autrement ; le Népotisme des papes du XVème Siècle, les attentats du pape Sixte IV, les crimes du pape Alexandre VI, l'ascendant de Charles-Quint ; le progrès des Hérésies luthérano-calvinistes, au XVIème Siècle, en Allemagne, en Angleterre, ainsi qu'en d'autres contrées ; les troubles de la France sous les fils de Henri II, la nuit de la Saint-Barthélémy, dont fut responsable, descendante d'illustre famille papale, la très catholique empoisonneuse, criminelle, & assassine Catherine de Médicis, après qu'elle eut fait assassiner l'amiral de Coligny, l'un des principaux chefs protestants de France; la sage administration de Henri IV, son édit de Nantes, traité de tolérance envers le parti protestant ; les quatre articles de 1682, les dissensions nées du formulaire du pape Alexandre VII, & de la bulle Unigenitus de Clément XI ; enfin, les entreprises insensées d'un Benoît XIII, pape, d'un Clément XIII, pape, & de quelques autres pontifes papaux du XVIIIème Siècle. Non, la puissance papale, papiste, & papolâtre ne saurait survivre à tant de honte de ce qu'elle est au fonds de soi & in re(de sa réalité profonde, sordide.) Son heure est venue. & il ne reste plus aux papes qu'à redevenir, comme dans les sept premiers Siècles des papes-Evêques de Rome, dont la juridiction se limitait à la seule Rome, & à l'édification de leur propre Sainteté Orthodoxe, qu'à redevenir, donc, d'Humbles Bergers, Pasteurs d'âmes, & Edifiants Apôtres Orthodoxes, Prêchant En Justesse & Vérité d'Esprit de Sainteté l'Orthodoxie de l'Eglise Orthodoxe Universelle Indivise. N'est-ce point là, du reste, une assez belle destinée? - & qui se suffit à soi-même, pour soi & en soi incluant & comprenant tout le reste, comme l'Eglise Orthodoxe comprend l'entièreté du Monde.

Une fois délivrés du fardeau des affaires temporelles, & rendus au Ministère Evangélique Originel, qui eût dû dès toujours être le leur, ils seront d'autant moins tentés d'abuser de leurs fonctions sacrées, qu'il existe, pour limiter leur autorité prétendument spirituelle, des moyens efficients enseignée par l'expérience ecclésiale. Il serait même ecclésiologiquement plus inexact & injustifié que superflu de recourir aux décrets des conciles de Constance & de Bâle, à la pragmatique sanction de 1439. Ce n'est point tant que les quatre articles de 1682 peuvent paraître y suffire, que ce fait même que tout acte ecclésiologique postérieur au Grand Schisme du XIème Siècle, daté de 1054, n'étant plus Orthodoxe, ni ne pouvant plus constituer un Acte Conciliaire décidé en communion avec les Synodes Episcopaux Orthodoxes, l'Orthodoxie ne reconnaissant que les sept premiers grands Conciles Oecuméniques – ce qui est dire Universellement Orthodoxes-, un tel acte pseudo-ecclésial, donc, se trouve de ce fait frappé de caducité & devant être rejeté comme Hérétique, au titre de ce qu'il est Hétérodoxe, ce qui est étymologiquement dire : relevant d'un choix arbitraire «ྭautre qu'Orthodoxeྭ», & donc non-Orthodoxe, voire anti-Orthodoxe.


Le roi de France Henri IV a donné l'exemple d'une autre garantie contre les entreprises pontificales, lorsque, par son édit de Nantes, il a permis le libre exercice d'une religion – la réformée, protestante- qui n'était plus celle, catholique, de l'Etat, religion protestante qu'il tolérait d'autant plus que c'était celle enquelle il avait été élevée, de sa mère héritée, qui lui avait donné le jour en son château de Pau, avec le lait aussi bu de sa nourrice- & dont il avait eu le bonheur de reconnaître & d'abjurer les Hérétiques erreurs, pour nonobstant retomber aussitôt dans le malheur d'embrasser, avec sa très catholique femme, épousée par raison d'Etat, sous l'écrasante pression papale, la non moins Hérétique religion catholique papiste.

Or, la tolérance de toutes les manières d'adorer Dieu peut sembler constituer & être une dette des souverains envers leurs sujets : L'Evangile, qui prescrit d'adorer l'Orthodoxe Vérité Christique, selon les termes mêmes du Christ, fermement, & sans réplique, déclarant avec Justesse : «ྭ Je Suis le Chemin la Vérité, & la Vieྭ», ce même Evangile qui prescrit aussi d'Eclairer & d'Illuminer des Lumières de l'Esprit de Sainteté ceux qui se trompent & spirituellement s'égarent, ce même Evangile, encore, défend, par cela même, de les Persécuter, puisque, outre plus que la Persécution est toujours Persécution du Diable & de ses suppôts, déchaînée par le Diable Persécuteur, autrement appelé le Persécuteur, de plus, la Persécution politique, anti-Religieuse, peut n'avoir le plus souvent pour effet que d'endurcir les Hérétiques dans leurs Hérésies, quoiqu'en pense Augustin d'Hippone, qui écrivit :
«ྭ Compelle intrareྭ», - Force-les d'entrer (dans l'Eglise du Royaume)-, & qui mit en étrange honneur cette théorie non moins Hérétique, dont il usa pour justifier la force violente auquel il fit recourir dans la conversion forcée des Donatiens, sur peine de la vie, dont il fit massacrer la plupart à Mort, - duquel «ྭcompelle intrareྭ» augustinien se gausse à juste titre & avec raison le grand Encyclopédiste Pierre Bayle. Enfin, ce n'est pas pour rien que les Chrétiens usèrent du Sphynx, toujours éternellement renaissant de ses cendres, pour figurer symboliquement le Christ Ressuscité, lequel symbole iconographique vaut aussi pour l'Eglise Orthodoxe du Christ, de laquelle les Démoniaques Persécuteurs finirent toujours par devoir reconnaître que plus cette (Sainte) Eglise Orthodoxe était Persécutée, plus immanquablement elle Renaissait de ses cendres. Ce dont s'avisant, les moins demeurés mentaux de ses possédés de Satan Persécuteurs durent convenir, force leur étant de s'y devoir résoudre, qu'ils n'avaient plus qu'à déclarer forfait, comme le Diable se brisant sur le Christ descendu l'y terrasser aux Enfers, & qu'ils se devaient résoudre en fin, quoiqu'il en coutât à leur viscérale Haine du Christ & des Chrétiens, à cesser tout-à-fait de Persécuter l'Eglise Orthodoxe & ses Chrétiens Orthodoxes, Sectateurs de l'Orthodoxie de Christ-Dieu. S'ils n'eussent point été dénués du plus élémentaire bon sens, ils se fussent du reste avisés de suivre le conseil de prudence appris de l'adage populaire bien connu : «ྭ Il faut nourrir son crocodile, avant qu'il ne vous dévoreྭde ses dents de crocodileྭ», sage sentence éclairée par cette autre : «ྭ Cela est dur à s'y casser le nez & les dents. Il faudrait avoir des dents de crocodile pour manger cela.ྭ» De là que le Diable, fatalement, à toujours se brise sur & sous les dents de tout crocodile Christique.
Rien ne sert, donc, de Torturer, Massacrer, ou Tuer un Chrétien, sur tout Orthodoxe, après avoir cru pouvoir lui extorquer des abjurations mensongères, qui dépravent la morale & Outragent la Religion Orthodoxe, dans l'espoir de pouvoir jamais éradiquer cette Religion, quand bien même ses Tortionnaires, Persécuteurs, & Démoniaques Assassins croiraient l'avoir en fin éteinte presque, pour ce que comme semblablement réduite à une réserve d'indiens peaux-rouges en perdition, d'attentats criminels ou de consomption se mourant. Que l'on se rassure : Ces derniers des Mohicans revêtiront, comme en Dit Saint Paul, le baudrier, la cuirasse, & l'écu de leur Foy Orthodoxe, &, tels les indiens Nambikwaras d'Amazonie & les chefs Kayapos du Brésil sortent, pour les plus grandes occasions festives, leurs imposantes coiffes cérémonielles, bardées de plumes majestueuses, & ils feront, par leurs pleurs & leurs cris, refleurir le Désert, & leur Eglise Orthodoxe Renaître En Sa Gloire, de Christ En Majesté.

Du reste, tous les rois prétendument «ྭchrétiensྭ» qui ont tourmenté des sectes religieuses, se sont vus à leur tour inquiétés par les papes eux-mêmes, & forcés de leur résister : saint Louis même n'a point échappé à cette juste disposition de la Providence. Pour savoir jusqu'à quel point un prince subit le joug des pontifes, il n'y a qu'à voir à quel degré il OPPRIME &COMPRIME LES CONSCIENCES de SES VASSAUX SUJETS. Sa propre indépendance a pour mesure la LIBERTé RELIGIEUSE qu'il leur laisse : Il faut, s'il ne veut être asservi lui-même, qu'il refuse inflexiblement aux prêtres & audit prince des prêtres la PROSCRIPTION des cultes étrangers à LA RELIGION DOMINANTE.

LA LIBERTé, ou, si l'on veut, la tolérance de ces divers cultes, suppose dans ceux qui les exercent l'intacte jouissance de tous les DROITS NATURELS, CIVILS, POLITIQUES, accordés aux autres sujets. D'où il suit que la législation doit pleinement détacher du système religieux l'état des personnes, & par conséquent les actes de naissances, mariages, divorces contraints par vie adultérine du conjoint, sépultures, qui concourent à le déterminer. Ici, le ministère ecclésiastique se restreint à recommander aux fidèles l'observation de certains préceptes ou conseils religieux, & à leur offrir l'usage des cérémonies liturgiques ou sacramentelles, instituées pour sanctifier ces diverses époques de la vie humaine. C'est à la législation civile, & à elle seule, qu'il appartient d'établir des officiers purement civils pour constater ces actes, pour les revêtir des formes qu'elle a prescrites, & qui doivent en assurer l'authenticité publique, & en garantir tous les effets. Or, une telle législation est u des plus fermes obstacles aux usurpations ecclésiastiques, & à l'influence funeste que le chef papal du clergé voudrait exercer dans l'intérieur des empires & des familles.

L'Histoire des premiers Siècles du Christianisme indiquerait peut-être quelques autres préservatifs contre l'ambition pontificale de l'impérialisme catholique, voulant éradiquer toute autre religion qu'elle, religion dominante qui se veut l'unique. Il s'agirait toujours de substituer les antiques lois de l'Eglise Orthodoxe à des institutions Hérétiques inventées de toutes pièces du Moyen-Age, à grands renforts & coups de Faux, fabriqués pour donner au clergé des intérêts de corps intégralement dévoué à la cour de Rome & à la corrompue curie de ses ambitieux cardinaux papolâtres, en le dégageant de presque tous les liens domestiques & patriotiques. Nous avouerons que ces délicates réformes voudraient être préparées de loin & consommées avec circonspection : il faudrait qu' amenées par un voeu public, presque exigées par l'opinion générale, elles fussent convenues, & quelque temps espérées avant que de s'établir. Mais, soumettre à un régime purement civil tous les actes qui déterminent l'état des personnes, mais tolérer les cultes divers qui voudront exister paisiblement autour de LA RELIGION DOMINANTE, mais rendre aux articles de 1682 l'autorité la plus solennelle, mais sur-tout, abolir à jamais le pouvoir temporel des papes : ces quatre mesures, aussi faciles que salutaires, ne se sont que trop fait attendre : aucun obstacle, aucune crainte, aucune prévoyance, ne peut conseiller de les différer ; & sans doute elles suffiront long Temps pour prévenir les principaux abus de leur ministère prétendument «ྭ spirituelྭ».

Entre ces abus néanmoins, il en est deux que nous croyons devoir signaler plus particulièrement : L'un consiste dans les Excommunications, & l'autre, dans les refus d'institution canonique.

Quand les églises Chrétiennes n'étaient que des institutions particulières, elles devaient jouir du droit d'exclure de leur sein les membres vicieux ou les brebis galeuses, qui, par des scandales, ou par la discorde, troublaient la sainte harmonie & la Communion de ces assemblées saintes. De ce droit si naturel, dont l'usage avait longtemps été aussi modéré que secret, naquirent, au Moyen-Age, les éclatants Anathèmes, qui ébranlèrent les trônes, & bouleversèrent les empires. Ce n'était plus ni le vice, ni même l'erreur de l'Hérésie, qu'on excommuniait : Mais les foudres «ྭsacréesྭ» papales servaient désormais à venger les intérêts temporels du clergé catholique & du souverain pontife de Rome. Qui pourrait lors assigner le nombre des empereurs, monarques, & autres princes, qui, depuis le VIIIème Siècle jusqu'au XVIIIème, ont été frappés de cette arme souvent formidablement redoutable? A s'en tenir aux seuls rois dits «ྭtrès chrétiensྭ» de France, l'on compterait, entre Charlemagne & Louis-le-Juste, pas moins de douze souverains qui subirent des censures ecclésiastiques : Au IXème Siècle, Louis-le-Débonnaire, & Charles-le-Chauve ; au Xème, Robert ; au XIème, Philippe Ier ; au XIIème, Louis VII le Jeune, & Philippe-Auguste ; au XIIIème, Louis VIII le Lion, & Philippe-le-Bel ; au XVIème, Louis XII, Henri II, Henri III, & Henri IV , furent tous, successivement, Excommuniés du pape. Or, de tous ces rois de France Excommuniés, Henri IV pouvait seul être accusé d'Hérésie protestante : Le catholicisme de tous les autres était sans reproche . Il ne s'agissait bien que de leurs relations politiques avec Rome, & que de l'indépendance libérée du joug pesant & de la tutelle de l'église catholique romaine, qu'ils réclamaient pour leur couronne. Aussi, l'excessif, le profane usage de ces Anathèmes a t-il décrédité la papauté des papes à tel point, usurpant à la véritable Eglise Orthodoxe Originelle un prétendu règne «ྭspirituelྭ» pour le faire servir à leur pouvoir temporel, qu'il serait aujourd'hui presque aussi ridicule de craindre la validité prétendue de ces Anathèmes, que de les renouveler.

Qu'il fût dépouillé de tout pouvoir temporel, & devenu le sujet de l'un des princes de l'Europe, le pape excommuniera-t-il son propre souverain? Que se pût dans l'Histoire renouveler tant d'audace & d'extravagance n'est aucunement probable. Il est vrai que les Siècles passés en offrent des exemples : Mais, on prendrait à présent une idée plus juste d'un tel Anathème ; on n'y verrait qu'un libelle séditieux, qu'une provocation publique à la révolte, qu'un outrage à la majesté du prince & des lois, qu'un attentat punissable, quoique impuissant.
Le souverain sous lequel vivra le pape, lui permettra-t-il d'excommunier des princes étrangers, soit alliés, soit ennemis? Nous ne saurions supposer encore une telle imprudence. L'on a vu sans doute de faibles rois diriger ainsi contre leurs rivaux ces armes spirituelles, qui, bientôt, se tournaient contre eux-mêmes : Mais, cette expérience suffit pour détourner à jamais les souverains d'un genre de guerre qui n'est pas plus sûr que généreux. D'ailleurs, où trouver maintenant un Peuple, une populace même, assez stupide ? pour attacher la moindre importance à des bulles d'Excommunication papale, & pour ne pas sentir intuitivement qu'elles n'expriment jamais qu'un caprice ou un dépit pontifical, qu'un puéril regret de quelques vaines prérogatives.
Enfin, le souverain du pape souffrira-t-il que ses autres sujets, magistrats, fonctionnaires publics, ou simples particuliers, soient atteints par des censures ecclésiastiques? Nous ne le présumons pas davantage. Dans un Etat bien ordonné, toute condamnation se fait, au nom du prince, ou du Tyran, par les officiers qu'il a spécialement chargés de ce genre de fonctions judiciaires ; & aucune censure publique ne doit émaner d'une autorité étrangère à la sienne. Ajoutons que, du moment que l'église est incorporée dans l'état, elle cesse d'être une association particulière : le Christianisme devient l'une des institutions reconnues par les lois ; & les actes du régime religieux, dès qu'ils veulent avoir de la publicité , rentrent sous l'empire de l'administration générale. Dès lors, en matière de religion catholique romaine, s'il appartient encore aux évêques, au pape, aux conciles, tout Hérétiques & Schismatiques de l'Eglise Orthodoxe Originelle qu'ils fussent, de condamner des erreurs dogmatiques, réelles ou prétendues, sans l'intervention du monarque, du moins les personnes demeurent sous sa protection, & ne doivent jamais être authentiquement notées ou flétries que selon les formes qu'il a prescrites.
Il nous reste à parler de l'institution canonique papale.
Que chaque évêque nouvellement élu rende hommage au chef de l'église : cet acte de communion avec le saint-siège est extrêmement recommandable. Que la nomination de cet évêque soit expressément approuvée par le pape : cet usage peut resserrer les liens qui doivent unir le premier pasteur avec tous les autres. Que le pape même profite de cette circonstance pour examiner les qualités de l'élu, & pour réclamer contre un mauvais choix : c'est encore une garantie de l'honneur du clergé & de la sage administration des diocèses ; c'est un moyen d'éclairer la religion du prince, & de prévenir une erreur ou une surprise. Mais, que le pape s'oppose à l'installation d'un prélat que le prince persévère à regarder comme irréprochable, ou que, par des considérations étrangères à la personne de l'élu, par des motifs purement politiques, & à cause de certains différends entre le prince & le pape, celui-ci s'obstine à refuser toute institution canonique : un si criminel abus d'une fonction respectable autorise à user de l'ancienne liberté des nominations. Nous avons recueilli, à la fin du chapitre X, les maximes professées sur cette matière par l'avocat-général Talon, à la fin du XVIIème Siècle. Vers le même temps, Bossuet remontait à l'origine des bulles d'institution, & en reconnaissait la nouveauté.
Cf Bossuet : Définition du clergé de France, L VIII, c 15.
«ྭ Comme le papeྭ», y disait-il, «ྭ donne des bulles pour l'institution des évêques, Bellarmin saisit ce point qu'il fait valoir comme une preuve importante en faveur de son opinion. Mais il ne daigne pas faire attention combien cet usage est moderne, & que l'église (papale) s'est souvent réunie avec les Grecs ( Orthodoxes) & avec les Orientaux ( uniates), en leur laissant leurs anciennes coutumes, & sans les obliger à demander des bulles...L'église de Carthage jouissait du droit absolu d'ordonner les évêques de sa dépendance, aussi bien que les évêques d'Ephèse, de Césarée en Cappadoce, & d'Héraclée. Nos églises des Gaules & celles d'Espagne ont joui du même droit.ྭ»
Ces deux autorités, de Talon, & de Bossuet, pourraient nous suffire; mais il ne sera pas inutile d'établir sur cet article important une série chronologique de faits & de témoignages.

Nous lisons dans les Actes des Apôtres, certes,
cf Bible : Actes, Chap.XX, V. 28,
que les Evêques de l'Eglise Orthodoxe Originelle Universelle sont Etablis , Institués, Oints, & Sacrés par le Saint Esprit pour gouverner l'Eglise de Dieu.
Mais, à le bien lire & relire, l'on s'avise aisément que ni ce verset de l'Ecriture Sainte, ni aucun autre Texte Sacré, ne font mention du pape, ni comme d'un pasteur universel, ni comme existant tout court, & par lequel tous les autres devaient être, & par un homme faillible, humainement institués. On rechercherait en vain le plus léger vestige d'une bulle d'institution accordée par le souverain pontife de Rome aux Evêques des premiers Siècles : par exemple, à Saint Cyprien de Carthage, à Saint Chrysostome de Constantinople, à Saint Basile de Césarée, à Saint Ambroise de Milan, au bienheureux Augustin d'Hippone. Ainsi, pour exemple, de Saint Cyprien, bien au contraire, engagé dans une autre opinion, c'est à peine s'il était en communion avec le pape. Le concile Orthodoxe de Nicée-Constantinople veut que chaque Evêque diocésain soit confirmé par son Métropolite ou Archevêque ;
cf : Conc IV. Concil. Tom I, col. 783.
( Voir une disposition semblable dans le canon XII du concile de Laodicée) ;
règlement qui ne laisse aucun prétexte de supposer que l'évêque de Rome eût, à cet égard, la moindre fonction à remplir. Trois papes du Vème Siècle, Zosime, Léon-le-Grand, & Gélase, ont parlé de l'installation des prélats, en réclamant pour le Métropolite, & pour lui seul, le droit de les instituer. Zosime, en son Epître Septième,
cf Zosime : Epist. VII,
dit que le siège apostolique de Rome lui-même doit respecter cette prérogative des métropoles. Qu'un Evêque ait été demandé par le Peuple, élu par le Clergé, consacré par les Evêques de la province, voilà tout ce qu'exige le pape-Evêque de Rome Léon Ier :
cf Id : Epist. VIII.
Et le pape-Evêque Gélase, enfin, lui aussi Evêque Orthodoxe,
cf Epist. Ad episc. Dardon.
décide que, lorsque le Métropolite est Mort, il appartient aux Evêques de la province de confirmer & sacrer son successeur. Un concile de Tolède, au septième Siècle, en 681, attribue le même droit à l'Evêque de la Métropole ; & cette doctrine était si bien établie en Espagne, qu'avant le XIIIème Siècle, les Evêques de cette contrée n'avaient demandé au pape aucune bulle d'institution ou de confirmation.
C'est néanmoins au XIème Siècle que remonte, en plusieurs églises, l'usage d'un serment par lequel chaque prélat cardinalice nouvellement élu s'oblige – porte le texte médiéval, jusqu'en sa terminologie même marqué par le caractère féodal de la conception papiste de l'apostolat, correspondant aux schèmes mentaux médiévaux du papisme, inféodant comme vassaux ses cardinaux & ses fidèles catholiques à sa suzeraineté papolâtre-, chaque prélat nouvellement élu, donc, par la curie romaine des cardinaux papistes, s'oblige «ྭà défendre les domainesྭ» ( abusivement dits de) «ྭde Saint Pierre contre tout agresseur ; à conserver, augmenter, accroître les droits, honneurs, privilèges, & pouvoir du seigneur pape, & de ses successeurs ; à observer, & de toutes ses forces «ྭ - fussent-elles violentes, à Mort d'hommes par eux assassinés - «ྭ faire observer les décrets, ordonnances, réserves, provisions, & dispositions quelconques émanées de la cour papale de Rome ; à poursuivre, & combattre A OUTRANCE les Hérétiques, & les Schismatiquesྭ» – qu'ils sont eux-mêmes - , «ྭ & quiconque ne rendra pas au souverain pontife catholique romain toute l'obéissance que le(dit) souverain pontife exigera.ྭ» Ce serment, -qui le croirait?- a été prêté par des évêques qui avaient pour souverains des princes non catholiques. Comment concevoir que des rois, catholiques ou non, aient permis à leurs sujets de prendre des engagements si contraires à l'ordre public des sociétés? On s'en est plaint en Hongrie, en Toscane, dans le royaume de Naples, & les prélats d'Allemagne ont mis des restrictions à cette formule. Mais, elle est en soi si révoltante, & d'ailleurs si étrangère à la discipline des dix premiers Siècles de l'Eglise Orthodoxe Originelle Universelle & Indivise, que nous ne pouvons croire qu'on veuille l'alléguer sérieusement comme une preuve de la nécessité des bulles d'institution.

Une autre formule s'est introduite au XIIIème Siècle, savoir, celle par laquelle les prélats s'intitulent «ྭévêques par la grâce du saint-siège apostoliqueྭ» papal. Un archevêque de Nicosie l'employa le premier en 1251, & fut imité par plusieurs de ses confrères. Les évêques de France ne l'ont adoptée que plus tard ; & quelques-uns l'ont supprimée comme inexacte, abusive, & contraire à la Tradition de l'Eglise Orthodoxe Originelle : Bossuet lui-même, tout ultramontain & papolâtre qu'il fût, s'intitulait, se dénommait, & se caractérisait «ྭ évêque par la Permission Divine.ྭ»

A la fin du XIVème Siècle, quand les Castillans se furent soustraits à l'obédience de Pierre de Lune, Henri III, roi de Castille, ordonna aux archevêques d'instituer les évêques.
Cf Gonzalès de Avila : Hist...de la cité de Salamanque, t. III, c. 14,
Autant en fit le roi de France, lorsqu'à la même époque l'église Gallicane, aux évêques révoltés contre l'abusive autorité du pape, & contre l'idéologie temporelle césaro-papiste, eut déclaré ne reconnaître aucun des deux ou trois papes concurrents. En 1587, l'évêque de Coutances fut sacré, installé, & mis en plein exercice, dix ans avant de recevoir des bulles de Rome : c'est ce que nous atteste l'avocat-général Servin, dans un plaidoyer où le droit qu'on a de se passer de ces bulles est prouvé par l'ancienne discipline de l'Eglise Orthodoxe Originelle. Ce fut, comme nous l'avons vu, la doctrine des évêques Français consultés par la cour de Portugal ; ce fut celle de Sirmond, de Pierre de Marca, de Thomassin, autant que de Talon & de Bossuet. Sirmond observe qu'avant le Vème Siècle, quand la Gaule était soumise aux Romains, les Evêques Orthodoxes de l'Eglise Orthodoxe Originelle, - Evêques choisis & élus par le Peuple des Fidèles, & par le Clergé -, n'étaient institués que par les Métropolites. De Marca désire qu'on bannisse des écoles Chrétiennes l'opinion nouvelle & inconnue aux douze premiers Siècles de l'Eglise Orthodoxe Originelle, qui tend à faire croire que les évêques recevraient du pape leur juridiction : Il pense que diverses circonstances peuvent autoriser pleinement les évêques à négliger l'usage moderne papiste des institutions prétendument canoniques, & à revenir au droit naturel & divin, sans égard pour des formes introduites par le droit nouveau des papes ; & le père Thomassin nous assure que, malgré les efforts qu'il a faits pour trouver dans l'antiquité quelques vestiges de cette institution, il a reconnu, tout au contraire, que les anciens Evêques, tous Orthodoxes, & surtout ceux de l'Orient Orthodoxe, montaient sur leurs trônes épiscopaux, sans que le pape en fût seulement averti. Enfin, en 1718, le conseil de régence consulta sur ce point la Sorbonne, qui déclara que les circonstances & les besoins pouvaient rendre aux églises l'antique liberté d'installer sans bulles pontificales les prélats légitimement élus, liberté qui n'avait été suspendue que par des concordats particuliers.

«ྭ Le rétablissement des Métropolites dans leurs anciens droits, «ྭ dit M. l'évêque de Novare, «ྭ donne les moyens de pourvoir, sans aucun retard préjudiciable, les églises vacantes. C'est dans ce but que le célèbre Concile de Nicée-Constantinople a attribué aux seuls Métropolites l'ordination des Evêquesྭ» de l'Eglise Orthodoxe Originelle Universelle & Indivise. «ྭ Tous les conciles ultérieurs n'ont jamais voulu reconnaître pour évêque celui qui n'était point ordonné par décret de son Métropolite. Les pontifes Romains eux-mêmes ont soutenu cette doctrine générale de l'Eglise (Orthodoxe Originelle) jusqu'en 1051, au onzième Siècle, & elle a été religieusement observée pendant mille ans & plus. L 'évêque consacré par le Métropolite & par ses suffrageants Fidèles passait immédiatement au gouvernement de son église, & était installé par le Clergé du trône épiscopal, autrement dit de la cathèdre, ou du siège vacant. L'antiquité ne connut jamais l'institution canonique ni le serment de fidélité auxquels les pontifes Romains assujettirent l'épiscopat dans les derniers Temps, & par lesquels ils enchaînèrent ainsi son Pouvoir Divin & Originel. Tels sont les principes vrais & invariables ; telle est la doctrine constante & pure de l'Eglise ( Orthodoxe Originelle Universelle)ྭ».
In : Adresse de l'évêque de Novare à S. A. I. le prince vice-roi d'Italie.
Cf Le journal : Le Moniteur, 11 février 1811.

1.Mgr l'évêque de Forli professe les mêmes principes. «ྭ Le pouvoir ordinaire des évêquesྭ », dit-il, «ྭ dérive immédiatement du Christ...En quelque lieu où se trouve un évêque, soit à Rome, soit à Gubbio, soit à Constantinople, à Reggio, à Alexandrie d'Egypte, ou à Tani, il a le même caractère, & jouit de la même autorité. TOUS EVÊQUES sont EGALEMENT, & d'égale sorte, SUCCESSEURS DES APÔTRES. Ainsi s'exprime le grand SAINT JERÔME, Père du Désert...Après l'abdication de Nectaire, le Concile d'Ephèse écrivit au Clergé Orthodoxe de Constantinople de prendre soin de cette église, pour en rendre compte à celui qui, de par Volonté Divine, serait ordonné d'après l'ordre de l'empereur...Durant plus de Mille Ans, l'on n'a connu dans l'Eglise ( Orthodoxe Originelle Universelle & Indivise) ni l'institution prétendument canonique, ni le serment de fidélité au pape ; liens fatals au pouvoir épiscopal, etc...ྭ»
cf In journal Le Moniteur du 16 février 1811.
«ྭ Je sui intimement persuadéྭ», dit Mgr l'évêque de Vérone, que la juridiction spirituelle qu'un évêque exerce, lui est confiée immédiatement par Dieu, (sans intermédiaire, ni par le truchement de quiconque), & qu'il peut être placé sur son siège épiscopal par la puissance compétente, en vertu des décrets canoniques de l'Eglise ( Orthodoxe) Universelle...Les Evêques ( Orthodoxes) ne sont pas les vicaires des souverains pontifes (papes de Rome), mais les véritables ordinaires de leurs diocèses....(Même) au concile de Trente , (-concile Hérétique & Inquisitorial, s'il en fut, qui institua l'Inquisition des papes comme prétendument canonique-), les évêques les plus Doctes défendirent avec force les prérogatives de l'épiscopatྭ» ( gallican, insoumis au pape, contre les ultramontains papistes & papolâtres).
Cf In le journal Le Moniteur du 1er mars 1811.
Mgr Innocent Liruti, évêque de Vérone, dont nous venons de transcrire ces paroles, a publié, il y environ trente ans d'ici, un savant volume in-4° (in quarto), intitulé :
cf Mgr Innocent ( Liruti) : De finibus sacerdotii et imperiiྭ,
judicieux ouvrage, (dans la veine anti-papiste de l'esprit gallican ), que la curie Romaine de la cour pontificale s'est dès là, bien évidemment, empressée de condamner & de mettre à l'index des livres interdits par le pape, & devant être pilonnés & détruits sans laisser de trace aucune.

En voilà sans doute assez pour démontrer que ces bulles papales, dont se gausse tant Rabelais, ne sont aucunement nécessaires, & qu'au moins on peut les considérer comme obtenues, lorsqu'elles sont refusées par des motifs étrangers aux qualités personnelles des élus.

Les détails historiques supra indiqués, & succintement suggérés, plutôt qu'au long exposés dans leur détail, en ce trop rapide essai, font du moins entrevoir les dangers de la souveraineté temporelle du pape, les limites qui doivent circonscrire son autorité dite spirituelle, & les modes de remédiation à une systémique Féodale, Idéologique, Césaro-Papiste, Autoritariste, Impérialiste, Totalitaire, Totalitairement Désinformante, &, depuis plus de mille ans, régnant par la Censure, la Désinformation, le Verrouillage Obscurantiste de la Diffusion rendue impossible de la véritable Théologie, laquelle est Orthodoxe, par la Persécution Inquisitoriale, le Crime, l' Assassinat, & le Génocide des Fidèles & des Peuples demeurés envers & contre tout Orthodoxes, & prêts à Confesser la Vraie Foy jusqu'au Martyre, &, sur leur Vie même, Défenseurs de l'Orthodoxe Vérité Christique.

Il est nécessairement besoin que ces limites fussent posées par une main bénie de ses Pères Saints, victorieuse de l'Hérésie du Diable,
capable d'en prescrire à toute ambition subalterne, & accoutumée de n'en point laisser au progrès de la civilisation, au développement des lumières, à la gloire d'un grand empire. L'ambition du pouvoir terrestre des pontifes est l'un des plus vastes bienfaits que l'Europe puisse devoir à un Héros. La destinée d'un nouveau fondateur de l'empire d'Occident est de réparer les erreurs de Charlemagne, de son Hérétique pseudo-théologie carolingienne, de toutes pièces inventée par ses faux-docteurs & maires du palais à seule fin d'asseoir & d'idéologiquement justifier sa puissance & son pouvoir temporels ; de gouverner, de raffermir les Etats que Charles n'a su que conquérir & dominer ; d'éterniser enfin la gloire d'un auguste règne, en garantissant par des institutions énergiques la prospérité des règnes futurs.



FIN



TABLE CHRONOLOGIQUE DES PAPES.


PREMIER SIECLE.


1.St. PIERRE, jusqu'à l'an 66.
2.St. LIN, fils d'Herculanus, né à Volterra en Tosacne, Mort en 78.
3.St. ANACLET, ou CLET, Mort en 91.
4.St. CLEMENT, fils de Faustin, né à Rome, Mort l'an 100.


SECOND SIECLE.


5. St. EVARISTE, né en Syrie, Mort e, 109.
6. St. ALEXANDRE Ier, Mort en 119.
7. St. SIXTE Ier, ou XISTE, né à Rome, Mort en 127.
8. St. TELESPHORE, Mort en 139.
9. St. HYGIN, Mort en 142.
10. St. PIE Ier, Mort en 157.
11. St. ANICET, Mort en 168.
12. St. SOTER, né à Fondi, Mort en 177.
13. St. ELEUTHERE, Mort le dernier jour de l'an 192.
14. St. VICTOR, Mort en 202.


TROISIEME SIECLE.


15. St. ZEPHIRIN, Mort en 219.
16. St. CALIXTE Ier, Mort le 14 octobre 222.
17. St. URBAIN Ier, Mort le 25 mai 230.
18. St. PONTIEN, Mort le 28 septembre 235.
19. St. ANTHèRE, Mort le 3 janvier 236.
20. St. FABIEN, Mort le 20 janvier 250.
21. St. CORNEILLE, Mort le 14 septembre 253.
22. St. LUCE, ou LUCIUS Ier, Mort le 4 ou 5 mars 255.
23. St. ETIENNE Ier, Mort le 2 août 257.
24.24.St. SIXTE II, ou XISTE, Mort le 6 août 258.
25.St. DENYS, Mort le 26décembre 269.

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