samedi 17 décembre 2011

Saint Photios KONDOGLOU : LA PAPAUTé & l'ORTHODOXIE.

Saint Photios KONDOGLOU ( 1896-1965)

LA PAPAUTE & L'ORTHODOXIE.

Traduction du Grec de Saint Ambroise de Paris.
(CAHIER GUETTéE. P.56).

Chacun de nous devrait connaître la différence entre l'Orthodoxie & la papauté, & être capable, même s'il est né Orthodoxe, de comprendre & de défendre sa Foy. La plupart d'entre nous ont souvent des idées trop vagues sur ces questions & c'est ce qui nous fait passer pour présomptueux aux yeux des Hétérodoxes. Inversement quelques-uns, pour la même raison, deviennent la proie facile des croyances Hérétiques.
Il est donc utile de définir pieusement & simplement ce qu'est l'Orthodoxie, & ce qu'est le papisme.
L'Eglise Orthodoxe est l'Eglise du Christ; elle garde Sa Parole; elle n'a rien changé de ce que les Apôtres nous ont transmis. Pour cette raison, elle est appelée l'Eglise Apostolique. Telle est sa Gloire : elle est demeurée inchangée dans un monde qui change constamment, elle guide le fidèle au sein de la nuit épaisse de l'Athéisme & de l'Erreur, comme l'étoile polaire est, pour le navigateur, le seul luminaire fixe qui puisse l'orienter.
L'Orthodoxie est restée inchangée à travers les siècles, parce que la Vérité du Verbe de Dieu a été transmise scellée aux hommes; on n'en peut rien retrancher ni rien ajouter, car rien ne manque en elle, rien n'y est inutile.
Cette Vérité de l'Evangile, les Pères de l'Eglise ont su la protéger contre les Hérétiques qui, depui les premiers siècles, n'ont cessé de vouloir interpréter l'Ecriture selon leur esprit pécheur. Les Dogmes de l'Eglise Orthodoxe sont les Dogmes Véritables révélés aux hommes par notre Seigneur Jésus Christ. Ils ont été confirmés par les Sept Conciles oecuméniques, qui ont été réunis chaque fois que des impies ont osé appliquer leurs opinions personnelles à la Foy. Les Saints Pères, réunis en Concile, invoquaient le Saint Esprit & confirmaient la Foy Orthodoxe, scellant les Vérités de la Foy, & rejetant toute formulation, toute interprétation non conformes aux décisions des Saints Conciles.
Quel malheur lorsque la Parole de Dieu est interprétée par chaque individu comme cela l'arrange! Alors se produisent toutes les déceptions & les tromperies & un véritable chaos spirituel s'ensuit. Les Israëlites, quand ils suivaient Moïse dans le Désert, ne savaient pas, quant à eux, dans quelle direction ils devaient aller; mais Dieu les guidait par la Nuée de Lumière. Ainsi, ils ne s'égarèrent pas, mais marchèrent jusqu'à ce qu'ils aient atteint la Terre Promise. Pour nous,les Chrétiens, la Nuée Lumineuse, le Guide de notre Foy, est l'Arche Lumineuse de l'Eglise, grâce à laquelle nous ne nous égarons pas.
Cette Eglise, dont les fondements ont été établis par le Christ, qui s'est construite & organisée ensuite selon l'Enseignement des Apôtres & des Pères, est l'Eglise Orthodoxe à laquelle, par la Grâce de Dieu, nous appartenons. Elle est l'Eglise Une, Sainte, Catholique & Apostolique telle que le Credo ou les Symbole de la Foi l'expose.
L'Eglise est la véritable Epouse du Christ, sans tache ni faute, qui reste fidèle aux commandements & préceptes du Seigneur & à la Sainte Tradition Apostolique. L'Eglise est, selon le Saint Psalmiste, la vigne plantée par Dieu, & nous, le Peuple élu de Dieu, nous sommes les plants, les bons sarments qui portent du fruit. Notre race bénie a gardé cette vigne sacrée jusqu'à aujourd'hui, telle un centurion, sans se laisser jamais séduire par les renards ennemis de notre Foy, qui tentent sans cesse de la fouler aux pieds, que ce soit par la force ou par la flatterie & l'amour hypocrite.
Voyons maintenant ce qu'est le papisme.
Le papisme est le fruit de l'arrogance des hommes & de leur envie pécheresse de régner sur eux-mêmes comme ils le désirent; de ce fait, la religion du Christ a été défigurée par leurs désirs mauvais, qui ont fabriqué de toutes pièces une fausse église, dans laquelle chaque chose a été altérée pour se trouver en accord avec les tendances matérialistes & mondaines de ces pseudo-chrétiens auteurs de cette église défigurée.
Le papisme, avec ses innovations & son absence de tout respect pour les Conciles & la Tradition Sacrée de l'Eglise Apostolique, a tellement distordu toute chose qu'il est devenu évident que, même dans son aspect extérieur, il n'a absolument rien à voir avec la Vérité Chrétienne. Il ne s'est pas contenté de promouvoir diverses innovations : Il a créé un véritable labyrinthe d'innovations qui constituent un refus & une négation complète des bases de l'Enseignement du Christ. La doctrine papale est le produit d'une affirmation de soi arrogante & irrespectueuse, qui a ses racines dans l'orgueil, sentiment opposé au Christianisme. Ce maudit orgueil a poussé la papauté à se couper du Saint Corps de l'Eglise Apostolique pour devenir de plus en plus immodeste & débridée, recherchant toutes les occasions de manifester son orgueil & sa suffisance. L'impiété de ses partisans a atteint un degré tel que certains ont même proclamé que les Sept Saints Conciles ne servaient de rien.
Le pouvoir papal, après avoir été réduit, de Religieux & Spirituel qu'il était, à une puissance de ce monde & à une autorité politique, - ce qui abolit le gouffre qui sépare ces deux pouvoirs, selon les Paroles très claires du Seigneur; « Rendez donc à César ce qui est à César, & à Dieu ce qui est à Dieu » ( Matt.22, 21) fut conduit tout-à-fait logiquement à trahir tous les commandements & préceptes du Christ, & à faire tous les compromis possibles avec le péché, puis, continuant sur cette lancée, le papisme alla plus loin encore que ce pouvoir exercé dans le monde & dans le péché, & tomba dans les manoeuvres de la ruse, de l'hypocrisie, & de la subversion, au point que, chez les Latins eux-mêmes, le mot papiste en est venu à désigner quelque chose d'hypocrite, d'artificieux, & de diabolique. Le papisme est le produit du Moyen-Age le plus ténébreux.
Après sa séparation d'avec l'Eglise Apostolique Orthodoxe, qui eut lieu après 900 ap. J.C., il devint effréné & s'abandonna aux innovations anti-Chrétiennes, prouvant par le mauvais exemple le mot de Saint Ephrem le Syrien: « L'orgueil pousse à inventer des innovations, il ne supporte pas ce qui est ancien ». Le papisme inventa des innovations, qui sont, comme parle l'Apôtre, « selon la tradition des hommes, selon les éléments du monde, & non selon le Christ. » ( Epître aux Colossiens, 2,8). Les papistes se sont égarés hors de la voie de l'Evangile, comme ces impies dont parle Saint Paul: « Car de tels hommes ne servent pas notre Seigneur Jésus Christ, mais leur propre ventre, & par de belles paroles & des propos doucereux, ils égarent les coeurs des gens simples. » ( Romains 16, 18).
Qu'on n'aille pas croire que ce que nous disons ici tienne de l'exagération, ou soit dicté par la haine du papisme. Qui disposerait de tout le Temps nécessaire, & aurait assez de papier pour écrire l'histoire de la papauté dans ses moindres détails, obtiendrait que même le juge le plus clément reconnaisse que les actes arbitraires & les innovations scandaleuses de ces hommes sont inimaginables. Durant des siècles, ils n'ont pas cessé de forger des nouveautés subtiles & artificieuses.
Voici un passage que nous extrayons d'un des innombrables livres écrits par depieux hiérarques en réponse aux encycliques hypocrites du pape: « L'Humilité est le fondement des vertus, » dit le Divin Photios, & ceux qui n'ont pas atteint un haut degré dans ce charisme premier au Temps où il convenait de l'acquérir, ceux-là tombent, infectés de l'esprit demalice ». L'Humilité, dit le Saint, est la base & la fondation des vertus : celui donc qui n'a pas posé cette fondation en lui-même ne tarde pas à tomber quand souffle l'esprit du Malin. La base même du papisme, toutefois, ainsi qu'en témoigne toute son histoire, c'est la morgue & l'ambition, qui, au cours du Temps n'ont fait que croître, cherchant à soumettre toutes les églises au pape, & faisant sortirainsi des millions & des millions de gens hors du sein de l'Orthodoxie. L'Eglise Orthodoxe, depuis le commencement, a toujours rejeté, tout comme elle refuse & condamne à présent,comme une innovation, cette confiscation de la suprême autorité dans l'Eglise, dont la vraie tête est le Christ, & non pas le pape.
Les partisans du pape, dans le dessein d'étayer la primauté, non pas bénite, mais maudite, qu'ils lui confèrent – et cela, hélas! dans une religion fondée sur l'Humilité!- invoquent une interprétation puérile des Paroles du Christ à Pierre: » Tu es Pierre, & sur cette pierre je bâtirai mon Eglise », quoique, par ces mots, le Seigneur ait voulu dire que Son Eglise serait construite sur le Roc de la Foy Orthodoxe, Foy que Pierre avait manifestée par sa confession.
(P.60).
Mais les papistes, pour donner aussi la caution de l'Histoire à la primauté papale, prétendirent, - de façon mensongère, selon leur coutume constante- que l'Apôtre Pierre avait fondé l'église de Rome, ce qui est parfaitement erroné & illusoire. L'Apôtre Pierre a fondé bien d'autres Eglises, en Orient, & elles n'ont jamais à ce titre revendiqué la primauté, encore qu'il soit établi qu'elles aient Pierre pour fondateur. L'Eglise de Rome a, quant à elle, été fondée par l'Apôtre Paul, comme l'assurent les Actes des Apôtres : « Et Paul passa deux années entières dans sa propre maison, qu'il avait en location, recevant tous ceux qui venaient vers lui, prêchant le Royaume de Dieu, & enseignant ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ, avec une pleine assurance, personne n'essayant de l'en empêcher. » ( Actes 28, 30-31).
Cependant, les papistes n'avaient pas besoin de l'Apôtre Paul pour conforter la primauté qu'ils revendiquaient,mais bien de l'Apôtre Pierre, auquel se rapportaient les Paroles du Christ qu'on a citées, & qui leur étaient indispensables pour établir fallacieusement leur orgueilleuse prééminence. Ainsi, le témoignage historique, sur la fondation de l'Eglise de Rome par Pierre, faisant totalement défaut, ils le forgèrent de toutes pièces. Paul ne convenait pas aux vues du pape, & c'est pourquoi le papisme s'attacha à minimiser le sens de l'Oeuvre Spirituelle & le rôle de l'Apôtre des nations, l'opposant à la supériorité prétendue de Pierre. & c'est ainsi que l'Apôtre Paul devint le symbole des protestants, & le modèle du contestataire, opposé à ceux qui imitent l'Apôtre Pierre. Toutes ces choses, qui sont toutes indignes de la sublimité de la Religion Chrétienne, n'exhalent-elles pas l'odeur infecte de la politique & d'un opportunisme anti-Chrétien?
Nous avons dit que le papisme, devenu un pouvoir mondain après s'être séparé de l'Eglise Apostolique, avait dénaturé l'Enseignement Chrétien pour le rendre compatible avec ses ambitions mondaines. De ces innovations papistes, nous allons passer en revue les plus importantes.
La première est le changement introduit dans le Credo, ou Symbole de la Foy, à l'endroit om il est dit que le Saint Esprit procède du Père: « Qui procède du Père ». Les papistes ont ajouté les mots « et du Fils (Filioque), de façon complètement arbitraire. Nulle part l'Evangile ne dit que le Paraclet – l'Esprit Saint Consolateur- procède du Fils.
(P.61).
Voyons comment le Christ parle à ses Disciples lors de la Cène Mystique : « Si vous m'aimez, gardez mes commandements & préceptes. Et je Prierai le Père, & Il vous donnera un autre Consolateur, qui sera avec vous pour toujours : L'Esprit de Vérité » (Jean 14,15). Un peu plus loin, Il dit : « Mais le Consolateur, qui est l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon Nom, Lui, vous apprendra toute chose, & vous rappellera tout ce que je vous ai dit ». ( Jn 14,26). Et, de nouveau, peu après, il reprend : « mais quand sera venu le Consolateur, que je vous enverrai de la part du Père, l'Esprit de Vérité...Il rendra Témoignage de moi » ( Jn 15,26). Eh bien, pourquoi le Christ, chaque fois qu'Il parle du Saint Esprit, ne manque-t-il jamais de souligner que l'Esprit est envoyé par le Père? Une seule fois, il dit simplement à Ses Disciples : « Il est avantageux pour vous que je m'en aille; car si je ne m'en vais pas, le Consolateur ne viendra pas vers vous; mais si je pars, je vous L'enverrai » ( Jn 16,7). Il est clair que le Seigneur ne répète pas ici que l'Esprit procède du Père, parce que cette répétition serait inutile, puisqu'Il a déjà trois fois souligné le fait.
Maintenant, pourquoi l'Esprit Saint procède-t-il du Père & non du Fils? C'est un Mystère Ineffable; exactement comme est inexplicable la raison qui fait que le Christ devait quitter cette terre pour que le Saint Esprit pût venir sur les Apôtres, & le fait que si le Christ n'avait pas quitté ce monde, le Saint Esprit ne serait pas descendu sur eux, comme le dit le Seigneur dans le passage cité ci-dessus.(J 16,7).
Telles sont les Paroles prononcées par la bouche adorable du Christ, & personne n'a autorité pour les changer selon son bon plaisir, comme l'a fait le papisme, montrant ainsi son immense impiété. Toutefois, le but des papistes, en mettant en avant l'addition « et du Fils » au Credo, Symbole de la Foy, Scellé par le Saint Esprit, demeure ici inconnu.
Une autre innovation non moins étrange, quoique plus explicable que la précédente, est l'invention du Purgatoire, c'est-à-dire l'idée que les âmes des défunts passent par un état transitoire de châtiment & d'expiation, afin d'échapper à la Condamnation ultime, à l'Enfer. L'Evangile n'en parle nulle part; Le Seigneur dit seulement, parlant du Second Avènement & du Jugement Dernier, qu'Il divisera les hommes en deux masses : d'un côté les Justes, & de l'autre les pécheurs, « comme un berger sépare ses brebis d'avec les boucs ».
Et ensuite, Il déclare qu'Il attribuera du Bien aux « bénis de Son Père » & les invitera à « hériter le Royaume qui leur a été préparé depuis la fondation du monde ». Puis, se tournant vers les pécheurs, le Seigneur s'adressera ainsi à eux : « Allez loin de moi, vous les maudits, dans le Feu éternel ». En conclusion de ces passages, le Seigneur affirme clairement : « Et ceux-là s'en iront dans le châtiment éternel : Mais les Justes iront dans la Vie éternelle » ( Matt. 25,32). Par conséquent, où les papistes ont-ils donc trouvé ce qu'ils disent sur le Purgatoire? On voit qu'ils n'hésitent pas à ajouter ou à retrancher de l'Evangile tout ce qu'ils veulent, comme dans ce cas précis du Purgatoire. Conséquemment, ils complètent les Paroles du Christ avec leur propre sagesse folle. Dans le cas du Purgatoire, ils semblent plus justes & plus miséricordieux que le Christ Lui-même. De telles conceptions sentimentales sont coutumières à ceux qui, en Occident, se mêlent de religion.
Dans une autre Homélie encore, le Seigneur parle dans le même sens du Jugement à venir, & dit : « Tous...sortiront;ceux qui auront fait le Bien, pour la Résurrection de Vie; & ceux qui auront fait le Mal, pour la Résurrection de Damnation » ( Jn 5, 29).
De même, pour accentuer la Vérité de Ses Paroles, le Seigneur ajoute: « Je ne peux rien faire de moi-même : comme j'entends, je juge : et mon Jugement est Juste, parce que je ne cherche pas ma propre Volonté,mais la Volonté du Père qui m'a envoyé » (Jn 5,30). Le Jugement survenant à la fin, selon le Saint Evangile, il s'ensuit que personne, fût-il Evêque, Patriarche ou Saint – personne ne peut le modifier selon son bon plaisir. Dans Ses Paraboles, quand Il traite du Châtiment, le Christ parle aussi d'un Enfer éternel.
Notre Eglise Orthodoxe enseigne que les offices en mémoire des défunts, les prières & les oeuvres de charité, soulagent certes leur état, mais ne changent pas le Jugement de Dieu.
Une autre innovation impie est celle qui a trait à l'usage du pain non levé ( azyme) dans le Mystère de la Sainte Eucharistie suivant la tradition judaïque. L'Evangile ne parle aucunement de pain non fermenté, mais de pain levé (artos) : « Et pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit le pain ( ton arton) et le bénit...et le donna à Ses Disciples en disant : Prenez & mangez, ceci est mon Corps » ( Matt 26,26; Marc 14, 22; Luc 22,19). Et l'Apôtre Paul dit : « Car tout en étant nombreux, nous sommes un seul pain ( eis artos) » (I Corinthiens.10, 17).
(P.63).
Durant mille ans toute l'Eglise, Orient comme Occident, a célébré la Liturgie avec du pain levé. Avant le schisme, le pain non levé n'était en usage nulle part dans l'Eglise.
Outre cela, le papisme inaugura une distinction arbitraire entre la communion des prêtres & la communion du Peuple, le Saint Corps seul étant donné aux fidèles, comme si le Seigneur n'avait pas dit à tous les Chrétiens sans distinction : « celui qui mange ma chair a boit mon Sang demeure en moi & moi en lui » ( Jn 6, 56).
Et lors de la Cène Mystique, Il dit : « Buvez-en tous; car ceci est mon Sang, le Sang de la Nouvelle Alliance... » (Matt. 26, 27-28). « Buvez-en tous », a-t-Il dit. « Buvez-en tous, Prêtres et laïcs, grands et humbles ». Toutefois, la folie novatrice du papisme est sans borne, & l'on s'en aperçoit surtout quand on voit jusqu'à quel point il manque de respect même pour les Redoutables Mystères de notr Religion. Toujours en ce qui concerne la Sainte Communion, le papisme a également introduit, pour sa honte, l'usage de donner la communion aux fidèles sous forme d'hostie, c'est-à-dire de cachet, & cela afin d'éviter les maladies contagieuses au lieu de se servir de la cuillère sacrée, comme le font les Orthodoxes, qui la reçoivent de cette cuillère, assurés par leur Foy que le Saint Corps & Sang du Seigneur sont un Feu consumant, & « une Protection contre les maladies ».
Sans aucun doute, par les innovations papistes que nous venons d'énumérer, inimaginables et blasphématoires, la Religion du Christ se trouve réduite à un système anti-Chrétien, & devient une cible de choix pour les moqueries des incroyants. Et après tout cela, il existe aujourd'hui des gens, soi-disant orthodoxes, dont certains même font partie du clergé, qui prétendent que les différences entre l'Orthodoxie & le papisme sont insignifiantes, qu'elles sont seulement une affaire d'intérêts temporels, & n'ont rigoureusement rien à voir avec la Vérité En Christ! Quand ils disent que les divergences qui nous séparent de l'impiété & de l'arrogance papistes sont insignifiantes, ne touchant qu'à des questions humaines, à des choses de ce monde, cela signifie ou bien que ces prétendus orthodoxes manquent de Foy, & ne connaissent pas bien la Vérité Orthodoxe, ou qu'ils s'aveuglent volontairement eux-mêmes, avides qu'ils sont de la gloire qui vient des hommes, ne cherchant pas la Gloire qui vient de Dieu. Sans quoi, ce qu'ils disent les ferait trembler.
( P.64).
L'Apôtre Paul, écrivant aux Corinthiens, dit ceci: « Car j'ai reçu du Seigneur ce que je vous ai aussi transmis, à savoir que le Seigneur Jésus, dans la Nuit où Il fut livré, prit du pain : & après avoir rendu Grâces, Il le rompit & dit : « Prenez et mangez, ceci est mon Corps rompu pour vous; faites ceci en Mémoire de moi ». De même, Il prit aussi la coupe, disant : « Cette coupe est la Nouvelle Alliance en mon Sang; faites ceci, aussi souvent que vous y boirez, en Mémoire de moi. Car chaque fois que vous mangez ce pain, & buvez de cette coupe, vous annoncez la Mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'Il vienne. Par conséquent, tout homme qui mangera ce pain & boira cette coupe indignement sera coupable du Corps & du Sang du Seigneur. Mais, que chacun s'examine, puis qu'il mange de ce pain, & qu'il boive de cette coupe. Car celui qui mange & boit indignement mange & boit sa propre condamnation, ne discernant pas le Corps du Seigneur » ( I. Cor. 11, 23). Eh bien, regardons : L'Apôtre fait-il la moindre distinction entre la Communion du Clergé & celle des laïcs? Il dit: « et qu'il boive de cette coupe. Dans l'Eglise Orthodoxe Ancienne & Originelle, les Fidèles buvaient directement au calice, ce que montrent évidemment les Icônes antiques, où les Apôtres sont représentés communiant directement au calice & non à la cuillère. Les papistes, cependant, en sont venus au point de distribuer le corps du Seigneur, qui ainsi n'a plus rien à voir avec du pain, sous forme de capsules ou de comprimés, comme s'il s'agissait d'une drogue médicinale. Innovation vraiment Barbare! N'est-ce pas la preuve de l'impiété papale & de son rationalisme délirant?
Voyons à présent le Mystère du Saint Baptême. « Baptême » est un mot grec qui veut dire « immersion », « plongée », « submersion ». Le Christ Lui-même a été baptisé par Saint Jean le Précurseur dans le fleuve du Jourdain, nous enseignant ainsi le Mystère du Baptême, & enjoignant à Ses Disciples de baptiser tous ceux qui croiraient en Lui : « Allez & enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils, & du Saint Esprit. ( Matt. 28, 19). « Celui qui croira & se fera baptiser sera Sauvé » ( Marc 16, 16). Le baptisé est immergé par trois fois dans l'eau, chaque immersion complète étant accompagnée de l'invocation récitée par le Prêtre qui célèbre le baptême : « Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Ce rite du Baptême, que le Seigneur nous a transmis, l'Eglise Orthodoxe Originelle l'a conservé sans altération durant dix siècles, & l'Eglise de Rome avant le schisme ne fait pas exception.
(P.65).
A partir du schisme de 1054, l'Hérésie de la papauté Séparée de l'Eglise Orthodoxe Originelle se manifesta : Au lieu de conférer le Baptême par Immersion, les papistes s'en tinrent à la simple aspersion; - probablement parce qu'elle est plus facile & plus acceptable, surtout pour les candidats au baptême les plus âgés, qui répugnent à se déshabiller & à se plonger dans l'eau. Ce qui caractérise le papisme, c'est son esprit d'accommodement politique, par lequel il adapte les rites qui pèsent aux fidèles arrangeant tout à leur convenance.
Saint Athanase le Grand dit que les premiers inventeurs de l'aspersion sont les Ariens. Et le pape-Evêque Pélage Ier dit : « Le commandement du Seigneur dans l'Evangile, c'est la pratique de la Triple Immersion faite au Nom de la Sainte Trinité ». Il est prouvé que le Baptême était bien accompli en Occident selon la forme ancienne & donnée par Dieu, comme en témoignent, entre autres, les fonts baptismaux subsistants des anciens baptistères ou les anciennes icônes trouvées dans les vieilles églises de l'Occident qui montrent les baptisés plongés dans la piscine baptismale. Ce rite donné par Dieu a été gardé jusqu'à aujourd'hui dans le Baptême de toutes les Anciennes Eglises d'Orient, & même chez les Hérétiques : chez les Coptes, les Ethiopiens, les Arméniens, les Nestoriens, les Jacobites, les Maronites, etc...Mais, en Occident même, dans beaucoup d'endroits, le vrai rite du Baptême, l' Immersion, survécut après le schisme, jusqu'au XVIème, voire même jusqu'au XVIIème siècle.
Il faut maintenant parler de l'infaillibilité du pape, qui est la plus récente, & la plus scandaleuse des inventions vicieuses du papisme, le sommet de ses blasphèmes contre la Religion du Christ.
L'infaillibilité pontificale est la conséquence naturelle de l'insolente prétention à la primauté & la racine de ces deux idées est l'arrogance, qui pousse l'homme à toutes les folies. Cet étrange & nouveau dogme du papisme est le tout dernier fruit de l'impiété papale; c'est un enfant du dix-neuvième siècle. Des jésuites rusés, valets de la papauté, l'embrassèrent pour la première fois en l'année 1870, & le monde entier fut abasourdi devant cette nouvelle trouvaille, cette invention sans précédent du CéSARO-PAPISME.
L'Ecriture Sainte ne mentionne nul autre infaillible que le Christ, le Fils incarné & Verbe de Dieu.
(P.65).
L'Apôtre Pierre même, dont le pape prétend être le successeur, loin d'être infaillible, se trompait fréquemment, comme le prouve le reproche que le Seigneur lui fait à plusieurs reprises, lui disant par exemple: « Passe derrière moi, Satan : Tu m'es un objet de scandale. » ( Matt. 16,23). Il se vit de même reprendre par le Christ, lors de l'arrestation, quand Pierre tira son épée & coupa l'oreille du serviteur Malchus. Enfin, il Renia trois fois le Christ; &, quand le coq chanta, il se repentit, & pleura amèrement, se souvenant de la Prédiction du Christ, qui lui avait dit, alors que Pierre jurait qu'il donnerait sa vie pour son Maître : « Tu me renieras ». Et l'Apôtre Paul dut critiquer l'Apôtre Pierre, sur la question extrêmement grave de la circoncision des fidèles, parce que Pierre soutenait qu'il fallait continuer d'imposer la pratique juive de la circoncision aux Chrétiens issus des Gentils ou païens. Pierre abandonna la décision de ce dilemme à un Concile général, auquel prirent part les Apôtres & les Anciens de Jérusalem, & dont la sentence fut rendue non en vertu d'une déclaration de l'Apôtre Pierre, mais au nom de tous les présents. Où donc l'Ecriture Sainte confère-t-elle à Saint Pierre, tout Saint personnage qu'il fût, une telle suprématie spirituelle, dont le pape pourrait hériter & tenir – par une dérivation dont la logique reste d'ailleurs à prouver – son infaillibilité prétendue?
« Toute fausseté, » écrit un pieux Hiérarque Orthodoxe, est révélée par la pierre de touche de l'Ecriture Sainte; toutes les oeuvres provenant du mensonge étant filles de l'ignorance profonde & de l'arrogance sans frein ».
& si l'on voulait encore battre en brèche la notion erronée d'infaillibilité papale, comme si elle en valait la peine, nous pourrions faire remarquer que, si l'Eglise Orthodoxe Originelle avait reconnu l'infaillibilité de l'Evêque de Rome, il n'aurait servi à rien de convoquer les Conciles oecuméniques;
bien plutôt, l'opinion & la décision de l 'oracle romain eussent été suffisantes pour mettre un terme aux disputes dogmatiques; elles eussent dispensé de toute argumentation, & eussent éteint tous les motifs de querelles.
La Sainte Tradition enseigne que l'Eglise Orthodoxe Originelle tout entière est le critère de la Vérité; c'est elle qui, sous l'Illumination du Saint Esprit, définit l'Enseignement Orthodoxe par le Symbole de la Foy ou Credo, & les confessions de Foy des Conciles oecuméniques. Un attribut aussi prétentieux que celui de l'infaillibilité prétendue, l'Eglise Orthodoxe Originelle d'avant le schisme de 1054 l'ignorait totalement. L'effronterie du pape est si incroyable que même les papistes les plus fanatiques hésitent à défendre son infaillibilité. Le papisme a exposé la Religion Orthodoxe du Christ au ridicule le plus éclatant, avec ses inventions multiples, insensées &délirantes, & il a donné aux Athées de quoi alimenter leurs moqueries.
(P.67).
Les anciens papes, sollicités à propos du dogme, demandaient la convocation de synodes pour décider sur ces questions. De fait, il y eut des cas où l'opinion des papes fut rejetée comme non-Orthodoxe & Hérétique, comme pour le pape Vigile, que le Cinquième Concile Oecuménique condamna pour Hérésie, ou pour le pape Honorius qui fut de même condamné comme Hérétique par le Sixième Concile Oecuménique au VIIème siècle. D'autres papes encore sont connus pour avoir eu une doctrine fausse, comme Zosime, Libère, & d'autres. Plus de cinquante papes approuvèrent & soutinrent les système effroyable de la dite sainte Inquisition; - certains Inquisiteurs, il n'y a guère long Temps, ayant même été déclarés saints par la monarchie papale; ce qui signifie que les fidèles de Rome n'ont pas le droit de douter de la sainteté prétendue de l'Inquisition. Bref, le lecteur intellectuellement honnête reconnaîtra que je n'exagérai pas en écrivant, au début de ce modeste travail, qu'il serait absolument stupéfié & horrifié d'entendre les distorsions inconcevables & incompréhensibles que la papauté a fait subir à la Religion Chrétienne.
Il convient de noter que le papisme, cherchant à justifier, après-coup, ses inventions malicieuses, a, dès long Temps, recours aux mensonges les plus éhontés, n'hésitant pas à fabriquer des faux de toutes pièces. Il a donc forgé des documents, des textes apocryphes, & des faits historiques imaginaires. Toujours & partout - le mensonge. Il a forgé – long Temps dans ses ateliers de Venise, ateliers de faussaires, où l'on fabriquait ces faux -, il a forgé, donc, de fausses décisions & encycliques des Pères Anciens, de prétendus canons des anciens Conciles, de prétendues lois des anciens empereurs, & ainsi de suite. ( Rq : Pour les Fausses Décrétales, cf Archives du Blog :
cf :Citations,
& cf : Histoire des papes).
Parmi ces forgeries, se trouve l'absurde assertion historique, selon laquelle Constantin le Grand, au IVème siècle, aurait fait don de la ville de Rome à son évêque! Faut-il en rire ou en pleurer?
(P.68).
Mais, le mensonge est allé plus loin encore: Il présente comme un fait historique la remise entre les mains d'un certain pape, d'une lettre écrite par l'Apôtre Pierre, & censément envoyée par lui du Paradis!
Le pape Stéphane, pour recevoir un appui militaire du roi pépin, prétendit qu'il avait reçu une lettre autographe de l'Apôtre Pierre, où l'Apôtre donnait aux princes franks l'ordre de venir en toute hâte sauver l'église romaine. Et, de fait, Pépin, après avoir reçu du pape l'onction qui le sacrait roi & monarque, envahit l'Italie, & renversa l'Exarchat de Constantinople, pour le livrer au pape. C'est ainsi qu'il fonda les « Etats Pontificaux », qui comprenaient plus de vingt cités, avec le pape pour prince; Ensuite, à compter de 754 ap. J.C., le pape devint un prince temporel. C'est alors qu'il fabriqua la dite Donation de Saint Constantin le Grand, dont nous avons parlé supra – plus haut-, par laquelle l'empereur octroyait au pape la primauté sur le trône de Pierre, ainsi que le Palais du Latran, les honneurs royaux, & l'autorité sur Rome & sur toutes les provinces occidentales; en sus, selon le même document, Constantin déclarait prétendument qu'il déplaçait sa capitale, & s'installait à Byzance, parce qu'il n'était pas concevable ni convenable que l'autorité politique impériale siégeât dans la même ville que celle où régnait l'autorité d'un roi céleste – c'est-à-savoir, d'un pape.
C'est sur ce curieux genre de faux que la papauté a essayé d'asseoir sa double autorité; Je ne rentrerai pas dans le détail des écrits apocryphes papistes, présentés comme ceux des Saints Pères, que l'atelier romain a forgés pour seconder ses desseins machiavéliques & infernaux.
Un tel manque de retenue a même fini par réveiller bon nombre de clercs latins qui, craignant de voir leur souverain & sa cour se couvrir d'un complet ridicule, eurent assez d'audace pour condamner ces agissements. L'un de ces hommes courageux écrivait dans sa correspondance: « Face à tant de preuves manifestes d'imposture, on a envie de se voiler la face, avec douleur & affliction, devant l'avilissement de l'église papale. Sous le faux semblant de la liberté spirituelle, se trouvent en réalité la fraude, la supercherie, la contrainte spirituelle, & l'oppression délibérée. En ce qui concerne les questions dogmatiques, il a toujours été clair & net pour moi que tout l'édifice du pouvoir absolu du pape & de son impeccabilité est fondé sur la duplicité & la tromperie, la violence & la contrainte, & que cette omnipotence papale repose, comme sur son fondement, sur une perfidie & une manigance perpétuelles ». ( Doelinger, Lettre à l'Archevêque Steichele).
(P.69).
Par ailleurs, le grand hommd d'Etat anglais, Gladstone, écrivait: « Rome possède en propre ce trait distinctif, qu'elle s'intéresse de près à toutes les affaires qui sont strictement de ce monde, & tombe
ainsi inévitablement sous le coup des reproches qu'on lui fait souvent, de déformer la religion dans les luttes qu'elle soutient contre l'Etat, & à cause des intérêts de sa politique...Notre Seigneur a prêché la séparation des deux royaumes de l'Etat & de l'Eglise - « Rends à César », dit-Il, « ce qui est à César & à Dieu ce qui est à Dieu »-, & n'a jamais enseigné que les autorités religieuses eussent le droit d'imposer, en dehors de leur sphère propre, des prescriptions aux puissances du siècle...Seule l'église de Rome, au contraire de toutes les autres église Chrétiennes, porte cet insigne, pour sa fierté & son malheur, d'avoir autorisé l'usage & l'abus sans limite du pouvoir temporel dans la poursuite des buts spirituels ». Et, plus loin, Gladstone explique que, ayant perdu son pouvoir séculier, le papisme « est dans l'attente de le recouvrer; & les partisans de l'Etat romain ont la ferme intention de réaliser par la force, pour peu que l'occasion s'en présente, leur dessein chéri de restaurer le trône temporel du pape, quitte à asseoir ce trône, s'il le faut, sur les cendres de la cité, & sur les os calcinés du peuple ». ( Cf : W.E. Gladstone, Gleanings of Past Years; 1851-1875, vol.4, London, 1879, pp.173, 202, 241, & passim.)
Que le lecteur me pardonne d'avoir quitté le sujet de l'infaillibilité pour revenir à la question du pouvoir temporel du pape. Ces deux choses sont indissolublement liées. Le pape n'abandonnera jamais ni sa primauté, ni son infaillibilité, car c'est sur elles deux que repose son pouvoir. Niez-les, et tout le système papal croule & s'écroule. Le pape est un monarque & un dictateur, & tout dictateur impose à ses sujets le fait de son infaillibilité –« le chef ne se trompe jamais »-, comme l'ont fait Hitler & Mussolini. C'est ainsi que des papes ont fait assassiner & protégé des assassins sous l'habit monastique.
Cf: Miljus : Assassins au Nom de Dieu. ( Ed. L'Age d'Homme).
C'est pour cette raison que, à peine dégagé de l'accolade qu'il venait d'échanger avec le patriarche Athénagoras – traître oecuméniste à la Cause des Vrais Orthodoxes-, le pape déclara, de façon à ce que les choses fussent bien nettes, que la porte du repentir était ouverte pour recevoir le troupeau égaré; entendez: pour nous recevoir à la pénitence comme prodigues nous les Orthodoxes...
(P.70).
Outre ces innovations aussi impies que ridicules inventées par le papisme, nous allons en évoquer encore quelques autres – un petit nombre parmi une foule innombrable. Il deviendra ainsi clair comme l'eau de roche que le papisme est une pitoyable distorsion & une défiguration de la Religion du Christ, dont le fondement authentique est l'Amour fondé sur la Vérité & la Simplicité de Coeur , ou l'Intelligence du Coeur, & non l'esprit de domination, la force brutale, & la sournoiserie hypocrite.
Selon le papisme, le Christ n'est plus la tête de l'Eglise; le pape, son « vicaire », le remplace. C'est lui, le pape, qui est le souverain absolu. Il est le médiateur entre Dieu & l'homme, en dépit du fait que, d'après l'Ecriture, le Christ est l'Unique médiateur entre Dieu & l'Homme, comme l'enseigne l'Apôtre Paul: « Un seul Dieu, un seul médiateur entre Dieu & l'Homme, Jésus Christ Homme, qui s'est donné Lui-même en Rançon pour tous » ( 1.Tim. 2,5).
Ainsi, les motifs des paroles & des actes du pontife romain ne sont pas « l'Amour & le Zèle pour le Salut commun de tous », comme il le prétend souvent, mais de trop humains désirs, & la recherche de la gloire des hommes plutôt que la Gloire qui vient de Dieu. Citons plutôt, en guise de complément, d'autres inventions insolites de la papauté. De ce nombre sont : LES INDULGENCES, prix à payer, en monnaie trébuchante & sonnante, condition pour assurer son salut prétendu; ces indulgences sont la conséquence naturelle du dogme du purgatoire inventé; l'altération du ritte de l'onction; & aussi le célibat forcé de tous les Prêtres & Evêques en général, bien que nombre d'Apôtres eussent été mariés, comme Saint Pierre, & malgré ce que Saint paul écrit à Tite: « Si je t'ai laissé en Crète, c'est pour que tu y ordonnes des Prêtres...Si quelqu'un est sans reproche, mari d'une seule femme, ayant des enfants pieux... » ( Tite 1, 5-6). Dans l'Ancienne Eglise, les Prêtres & les Evêques, à l'imitation de certains des Apôtres, étaient libres de se marier; de même, le Premier Concile oecuménique permit au Clergé l'union du mariage; &, jusqu'à aujourd'hui, cette coutume est restée intacte dans l'Eglise Orthodoxe d'Orient.
(Sur le mariage des Clercs, cf Les Archives du blog :
Cf L'Abbé Guettée in : Citations.)
La plus sinistre singularité des papistes est sans doute leur tendance maladive à un prosélytisme dévoyé, qu'ils assouvissent par tous les moyens. Le très avisé Adamantios Koraïs écrit à leur propos qu' « ils ont tout fait, avec la manière envahissante qui les caractérise, pour convertir les Grecs & les gagner à la souveraineté papale ». Le même auteur nous apprend que, pour convertir le Peuple & les gens simples, les Latins fabriquaient divers stratagèmes sentant le théâtre, tel le culte erroné du Coeur de Jésus: « Le culte du Coeur de Jésus, » écrit Koraïs, « commença il y a un siècle, sous l'égide d'un jésuite qui en avait reçu l'idée d'une de ses filles spirituelles, Religieuse.
( P.71).
L'on y adjoignit, toujours par le fait des jésuites, la vénération du Coeur de Marie, & il s'en fallut de peu que le Christ & marie ne fussent divisés en mille morceaux, & qu'on introduisît dans le Christianisme autant de nouveaux cultes qu'il y aurait eu de parties du Christ & de Sa toute pure Mère Marie ». Koraïs continue: « Tels une menace toujours présente, les jésuites représentent un danger pour nous, & nous devons nous attendre à tout de leur part. Pour que vous compreniez bien cela – je veux dire, ce qu'ils sont capables de tramer contre la liberté de la Grèce sous l'emprise des Latins -, songez, mes chers compatriotes, à ce qui se passait en Grèce lorsqu'elle était toujours sous la Tyrannie des Latins. Deux ou trois ans avant la première attaque contre Chios, l'on vit apparaître, sur cette malheureuse île, un missionnaire jésuite envoyé de Rome, le Père Ph., qui introduisit le culte du Coeur de Marie dans les églises de nos frères non-Orthodoxes; & il enseignait la nouvelle dévotion en pervertissant si habilement la Vraie Théologie des Saints, que beaucoup de jeunes gens & de jeunes filles renoncèrent au monde pour rechercher refuge dans ce culte du Sacré-Coeur, comme s'il était leur seule planche de Salut! » Plus loin, il remarque que les papistes ont employé deux méthodes pour semer les graines de la division parmi les Grecs apostats devenus catholiques romains, en haine de l'Orthodoxie & des Orthodoxes. « La première méthode », expose-t-il, consistait à grossir leur propre troupeau, en entraînant, avec un zèle tout spécial, autant de fidèles qu'ils pouvaient en séduire du nôtre, ainsi que des Juifs & des Turcs, - tous ceux qu'ils pouvaient convertir. Mais cette méthode ne leur fut pas d'un grand profit, car ils ne trouvèrent pas chez nous la même facilité à les croire que celle qu'ils avaient trouvée chez les malheureux Arméniens Uniates. Ils recoururent donc à leur deuxième méthode, consistant à enjoliver leur culte au moyen d'ornements de théâtre, pour le démarquer & le distinguer de la forme orientale du culte, ayant cru qu'en accentuant les différences dans le culte,ils attireraient certainement ceux qui ignoraient le sens profond des rites orientaux ».
Le sage Koraïs écrit ces choses dans l'introduction de son Atakton, & sa vision des papistes est de grand intérêt pour nous, justement parce qu'il n'était nullement un orthodoxe étroit d'esprit, mais un intellectuel, &, dans la mesure où il était de formation scientifique, un esprit rationaliste. Il est donc opportun de citer encore quelques autres extraits de ses textes sur les papistes.
(P.72).
Ecrivant sur la décadence du Clergé à la fin de l'époque byzantine, il note: « Et s'il faut satisfaire à la Justice, reconnaissons ce que les Hétérodoxes mêmes ne contestent point : que les Moines comme les Prêtres de l'Eglise orientale, comparés à leurs contemporains, comme à leurs successeurs occidentaux, papes, hiérarques ( évêques), prêtres, & moines, apparaissent comme des Saints ». Parlant de l'état spirituel de Byzance, il dit : « Les Grecs de cette époque, quoique considérablement éloignés de la sagesse hellénique, n'en était pas moins, à bien juger des choses, infiniment savants en comparaison des Croisés. S'ils n'écrivaient pas comme les Anciens, ni ne possédaient plus d'artistes de la stature des anciens, du moins ils révéraient les quelques restes de science & d'art, au point que leur superstition même ne saurait être placée sur un rang d'égalité avec les dénaturations théologiques des Occidentaux ».
Il faut tenir compte de ces pages de Koraïs pour comprendre l'aversion que le Peuple Orthodoxe manifesta à l'égard de la fausse union de Florence, avec les papistes, en 1440, aversion dont Saint Marc d'Ephèse est le symbole : Tout cela comporte, en effet, une signification particulière à notre époque, à cause des jours mauvais que notre Eglise & notre Peuple souffrent actuellement. Et puissent les observateurs superficiels, qui parlent si à la légère d'une union de l'Eglise Orthodoxe d'Orient avec le papisme, faire attention à ces paroles de Koraïs. Il dit, pour finir, que les rapports noués entre les Orthodoxes & les Latins après l'occupation franque de l'Etat Romain Byzantin (1204-1261), « ont dû naturellement accroître l'ignorance du Peuple Grec &,ce qui en est la suite inéluctable, la superstition. De fait, ils nous insultent & nous reprochent cette superstition, dans laquelle ils voient la cause de l'obstination du commun Peuple dans son refus de s'unir aux papistes, & dans son opposition inébranlable à tout empereur désireux de les faire entrer dans une telle union. A cette superstition cependant, s'il peut jamais sortir quelque chose de bon de la superstition, nous , les Grecs, devons d'exister encore. Sans cette très bénéfique opiniâtreté de la part de nos ancêtres, & l'ultime sursaut de cette superstition, les hordes de moines occidentaux eussent déferlé, comme à l'accoutumée partout ailleurs, & eussent confisqué les terres de la Grèce affligée. Les juges, dignes de Néron, appartenant à ladite sainte Inquisition, auraient brûlé les Grecs comme ils ont brûlé en Occident des foules innombrables de condamnés & de sorcières prétendues. Et l'Eglise Orthodoxe d'orient eût été réduite en esclavage, dominée & asservie par le pape à sa tête ».
(P.73). Ailleurs, Koraïs écrit: « Une chose effroyable, mes chers compatriotes, menace non seulement les Enseignements Sacrés de l'Orient Orthodoxe, qui nous viennent, par Tradition Apostolique, du plus lointain passé, mais jusqu'à notre jeune Etat encore dans les langes. Et la crainte de cette chose affreuse m'oblige de condamner formellement les multiples ordres de moines aux titres bigarrés, venus en masse d'Occident, & de mettre en garde nos propres moines... » Concluant son texte, Koraïs, en véritable amoureux de la patrie, s'écrie : « De tous les ordres monastiques de l'église occidentale, c'est avant tout aux jésuites que nous devons fermer les ports de notre Grèce, ni plus ni moins que devant les pirates...Prenez garde à eux, ô mes chers concitoyens, avec une vigilance plus grande encore que celle que le Christ a commandée à Ses Apôtres à l'endroit des Pharisiens. Car les jésuites les dépassent non seulement par l'ambition & la cupidité, mais ils l'emportent même en hypocrisie sur les Pharisiens de jadis ».
D'après les citations que nous avons faites, chacun peut se former une idée claire de ce qu'est l'Orthodoxie & de ce qu'est le papisme. Celui qui ne veut pas voir ces choses a clos ses yeux, parce que la lumière lui fait mal. Eh bien, qu'il demeure dans ses ténèbres, collé à ses imaginations pleines de turpitude.
L'on pourrait aussi comparer le papisme au Protée de la fable, qui changeait indéfiniment de formes. Le papisme ne ressent aucune gêne à travestir toujours son apparence, & à offrir chaque fois un visage tout différent, tel un Janus à double face, dès que les circonstances le demandent.
Ainsi, par exemple, après avoir, des siècles durant, déchaîné ses foudres rageuses contre la science, comme le montre la condamnation de Galilée comme Hérétique prétendu, le pape, ces dernières années, tient à se présenter comme un mécène ami des sciences, ouvrant d'innombrables centres d'études, patronnant des bibliothèques, des laboratoires, & mille choses de ce genre – tout cela pour attirer à lui le monde moderne, qui montre un si grand respect pour la science & pour les connaissances en général. Le clergé du pape est désormais confit en mathématiques, en astronomie, en archéologie, en philosophie, en histoire, & que sais-je encore! Avec leur sagesse livresque,ils essaient d'éblouir les Orthodoxes qui, dans l'Humilité du Christ, possèdent la vraie Sagesse, & ne sont pas victimes de la « vaine illusion », comme parle & l'appelle Saint Paul, elle qui est l'apanage des Latins.
( P.74). Qu'on nous permette d'ajouter à ces remarques les Paroles sublimes que l'héroïque Patriarche Cyrille Loukaris écrivait sur le pape & sa cour : Ses mots méritent d'être inscrits, de façon indélébile, dans le coeur de tous les Chrétiens Orthodoxes: « Qu'ils réfléchissent à ceci : Si nous n'avons pas la sagesse mondaine qui se voit, nous avons, par la Grâce du Christ, la Sagesse intérieure de l'Esprit, qui orne notre Foy Orthodoxe, &, en vertu de cette Foy, nous l'emportons sur les Latins par l'épreuve, par les afflictions, par la Croix que nous portons, par le sang que nous versons pour la Foy & pour l'Amour de notre Seigneur Jésus Christ. Si les Turcs avaient régné sur les Franks seulement dix ans, il ne se trouverait plus un seul Chrétien parmi eux. Mais, trois cents ans se sont écoulés en Grèce, & il y a toujours un Peuple qui souffre l'oppression & la torture pour garder sa Foy. Là brillent d'un éclat jumeau la Foy En Christ & le Mystère de la vraie piété. Et vous me dites que nous n'avons pas de sagesse selon le monde? Je n'en veux pas de votre sagesse. & chantons comme au grand & Saint Vendredi :« Devant ta Croix, nous nous prosternons, ô Maître. Et Ta Sainte Résurrection, nous la chantons. »
Il est maintenant devenu évident que la rencontre entre le patriarche oecuménique & la papauté ,( Athénagoras & Paul VI), ne pourra mener qu'à une fausse alliance, & comme leur quête assoiffée de l'union achoppera immanquablement sur les différences dogmatiques, ils en seront finalement réduits à déclarer : « L'union entre les deux églises est chose faite, mais chacun restera fidèle à ses propres dogmes & traditions ».
A quelle sorte d'union aurions-nous alors affaire? - une Fausse Union dont les Vrais Chrétiens Orthodoxes ont préféré s'exclure.
La réponse à cette question se trouve déjà dans la réplique du Patriarche Oecuménique Anthime, & de son Saint Synode, à l'encyclique sur l'Union, émise par le pape Léon XIII en 1895. Considérons ce que le Patriarche de bienheureuse mémoire écrivait, entre autres choses, dans sa réponse :
« Comme nous l'avons déjà dit, l'Eglise Sainte, Universelle, Orthodoxe, & Apostolique, nourrit le désir intime & sacré de voir les églises séparées d'elle de s'unir avec elle dans une seuke communion de Foy. Hors d'une telle Unité de Foy, néanmoins, l'union désirée devient chose impossible.Or, tel est le cas, &c'est pourquoi nous sommes ici, à la vérité, dans l'étonnement, ne comprenant pas comment sa sainteté le pape Léon XIII, reconnaissant lui-même cette vérité, peut tomber dans une contradiction si manifeste, déclarant d'un côté, que la véritable Union réside dans l'Unité de la Foy, &, d'un autre côté, que chaque église pourra, même après l'union, conserver ses propres définitions dogmatiques & canoniques, quand bien même elles diffèreraient de celles de l'église papale, comme sa sainteté l'expose dans une encyclique précédente, datée du 30 novembre 1894.
(P.75)
Il est évidemment contradictoire que, dans une seule & même Eglise, l'un croit que l'Esprit Saint procède du Père, tandis que l'autre tienne qu'Il procède du Père & du Fils ( Filioque); que l'un pratique l'aspersion, l'autre la triple immersion dans l'eau; que l'un se serve de pain levé dans le Mystère de la Sainte Eucharistie, l'autre du pain azyme; que l'un fasse communier le Peuple des Fidèles au Calice, l'autre au saint Pain seulement; bref, l'on pourrait énumérer de même toutes les autres différences. Nous ne savons pas le sens de cette contradiction interne – s'il s'agit d'un respect pour les Vérités Evangéliques de la Sainte Eglise du Christ, que le pape reconnaîtrait & approuverait ainsi indirectement...ou de tout autre chose de malsain & d'Hérétique.
Quoi qu'il en soit, la réalisation effective de cette pieuse aspiration à l'Union des Eglises exige en premier lieu que l'on pose, comme base & fondement de l'Union, un point de départ accepté par les deux partis; & il ne peut y en avoir d'autre que l'Enseignement de l'Evangile & des Sept Conciles Oecuméniques. Retournons-nous vers la Doctrine commune à l'Eglise d'Orient & d'Occident d'avant le schisme de 1054, &, dans un désir sincère de connaître la Vérité, examinons ce que croyait & confessait l'Eglise Une , Sainte, Universelle, Apostolique & Orthodoxe du Christ, cependant que l'Orient & l'Occident étaient « Un même corps »: Acceptons alors cette foi dans sa totalité & sans l'altérer. Et tout ce qui, dans les Temps suivants, a été ajouté ou retranché – tout cela, nous avons, chacun d'entre nous, le devoir sacré & catégorique, s'il est vrai que nous cherchons la Gloire de Dieu plutôt que celle des hommes, de le corriger, avec un esprit de piété, sachant que, si nous persistons par orgueil dans la perversion de la Vérité, nous porterons une lourde responsabilité devant le Tribunal impartial du Christ(...). Ajoutons, bien sûr, que pour le but sacré de l'Union, l'Eglise d'Orient, qui est l'Eglise Orthodoxe & Universelle du Christ, est de tout coeur prête à continuer d'embrasser tout ce que les deux Eglise d'Orient & d'Occident professaient unanimement avant le neuvième siècle »
( P.76).
La réponse du Patriarche énumère ensuite, une par une, les corruptions introduites par le papisme dans les dogmes, les canons, & la Tradition de l'Eglise Apostolique; puis il déclare:
« C'est donc à juste titre que l'Eglise Orthodoxe d'Orient se glorifie dans le Christ d'être l'Eglise des Sept Conciles, et des neuf premiers siècles du Christianisme, &, donc, d'être l'Eglise Une, Sainte, Universelle, & Apostolique, « colonne & fondement de la Vérité » ( I.Tim 3, 15). Mais l'église catholique romaine actuelle est l'église des innovations, de la falsification des Ecrits des Saints Pères de l'Eglise, de la fausse interprétation de la Sainte Ecriture & des Actes & décrets des Saints Conciles, & pour cette raison, elle a été condamnée, & elle le demeure, tant qu'elle persiste dans son erreur. « Mieux vaut », écrit en effet le Divin Grégoire de Nazianze, une guerre louable qu'une paix qui sépare de Dieu »...
« ( Peuples amis du Christ des pays d'Occident,) combien il vous est nécessaire de revenir, & faire retour aux anciennes Doctrines de l'Eglise dans leur pureté, afin d'atteindre le Salut En Christ après lequel vous courez, vous le saisirez sans peine si vous considérez intelligemment le commandement que l'Apôtre Paul, cet hôte des Cieux, fait aux Thessaloniciens: « Ainsi donc, chers frères, tenez ferme, & gardez les Traditions que vous avez reçues, oralement, & par notre lettre » (I. Thess. 2, 15). Prêtez aussi attention à ce que le même Divin Apôtre écrit aux Galates: « Je m'étonne que vous vous détourniez si vite de Celui qui vous a appelé dans la Grâce du Christ, pour passer à un autre évangile; non qu'il y en ait un autre,mais il y a des gens qui jettent le trouble parmi vous en voulant pervertir l'Evangile du Christ » ( Gal.1, 6-7). Mais fuyez de tels Pervertisseurs de la Vérité de l'Evangile, « car ils sont de ceux qui ne servent pas notre Seigneur Jésus-Christ, mais leur propre ventre; & par de belles paroles, & des discours agréables, ils égarent les coeurs simples » ( Rom. 16,8), & revenez dans le sein de l'Eglise Une, Sainte, Universelle, Apostolique, & Orthodoxe de l'Eglise de Dieu, qui se compose de toutes les Eglises locales de Dieu qui, telles des vignes plantées par Dieu, & florissantes, à travers tout le monde Orthodoxe, sont inséparablement unies les unes aux autres dans l'Unité d'une seule Foy Salvatrice En Christ, & dans le lien de la paix & de l'Esprit, afin que vous obteniez le Salut désiré En Christ, & que le Nom loué & Glorifié par-dessus tout de notre Seigneur Dieu & Sauveur Jésus-Christ, qui a souffert pour le Salut du monde, soit aussi vraiment Glorifié par vous.
(P.77).
Quant à nous, qui par la Grâce & la Bénédiction de notre Dieu de Bonté, sommes les précieux membres du Corps du Christ, c'est-à-dire de Son Eglise Une, Sainte, Universelle, Apostolique, & Orthodoxe, attachons-nous fermement à la piété de nos Pères, qui s'est transmise de génération en génération, depuis les Apôtres jusqu'à nous. Prenons garde aux faux apôtres aui, venant à nous sous des toisons de brebis, tentent de séduire les plus simples d'entre nous par toute sorte de promesses fallacieuses, autorisant tout & considérant tout comme légitime, en vue de la fausse union, pourvu que tous reconnaissent le pape de Rome comme le souverain suprême & infaillible, & le monarque absolu de l'Eglise Universelle Orthodoxe, l'unique représentant & « vicaire » du Christ sur la terre, & la source de toute Grâce! Et nous surtout, qui, par le Grâce & la Miséricorde de Dieu, avons été établis Evêques, Prêtres, & Docteurs des Saintes Eglises Orthodoxes de Dieu, « prenons garde à nous-mêmes, & à tout le troupeau dont l'Esprit Saint nous a institués les Gardiens, pour paître l'Eglise de Dieu, qu'Il s'est acquise par Son propre Sang » (Actes 20-28), comme étant de ceux qui auront des comptes à rendre. « C'est pourquoi, consolez-vous les uns les autres, & instruisez-vous mutuellement. »(1. Thess. 5, 11). « Et le Dieu de toute Grâce, qui vous a appelés à Sa Gloire éternelle par le Christ Jésus...vous rende parfaits, stables, forts, & solides. » ( 1 Pi.5,10), & qu'Il fasse que tous ceux qui errent loin du bercail de l'Eglise Une, Sainte, Universelle, Apostolique, & Orthodoxe de Ses brebis raisonnables, soient éclairés par la Lumière de Sa Grâce & de la Connaissance de la Vérité. A Lui soient la Gloire &le règne aux siècles des siècles. Amen.
Fait dans le Palais Patriarcal, au mois d'août de l'An de grâce 1895.
+Anthime de Constantinople, frère chéri & intercesseur en Christ notre Dieu. ( Suivent les signatures des Hiérarques – Evêques- du Saint Synode).
Toutes les réponses des divers Patriarches aux encycliques papales sont marquées au même coin que celle-ci : elles respirent le calme, le désir de paix,la modération, & une élévation Chrétienne certaine dans leur ton. On y sent toujours une piété profonde, la crainte de Dieu, une Sagesse accomplie, une crainte révérentielle, & un immense respect pour les préceptes de l'Evangile, pour les Sept Conciles Oecuméniques, pour les Pères, & pour la Tradition Sainte & sacrée.
(P.78).
En même Temps, ces Textes Patriarcaux illustrent la douleur & l'horreur que l'on ne peut manquer de ressentir devant la légèreté avec laquelle les papistes proposent chacune de leurs innovations & de leurs fausses interprétations de la Parole Divine.
La réponse du Patriarche de Constantinople Grégoire VI aux ouvertures faites par le pape Pie IX manifeste plus amplement la fermeté & la solidité de la Foy Orthodoxe, non moins que sa clarté lumineuse. En regard, les quelques réponses glaciales émises par les représentants du pape étalent au grand jour leur orgueil affreux.
Voici cet échange de propos historiques:
« Jeudi dernier ( 3 octobre 1868), deux clercs de l'entourage du Très Révérend Brunoni, vicaire ( locum tenens, tenant lieu) à Constantinople de Sa Sainteté, le pape de Rome, se rendit auprès du Grand Chancelier, pour solliciter la date & l'heure d'une audience avec Sa Toute-Sainteté le Patriarche de Constantinople, de la part de Dom Testas, porte-parole officiel du Très Révérend Brunoni. La date fut fixée au samedi 5 octobre, entre trois & cinq heures de l'après-midi. Dom Testas arriva vers quatre heures le samedi, en compagnie de trois autres clercs, dont l'un parlait un peu le grec, les autres s'exprimant en français. Après avoir été salués, & courtoisement accueillis dans la Chancellerie, ils furent introduits par le Grand Chancelier auprès de Sa Toute-Sainteté.
Après un premier échange de salutations, ils embrassèrent la main du Patriarche, qui les fit asseoir, & leur souhaita cordialement la bienvenue...Le clerc qui accompagnait Dom Testas dit, en grec:
- Vu l'absence du Très Révérend Brunoni, nous sommes venus inviter Votre Sainteté à un concile oecuménique, qui doit se tenir dans Rome l'année prochaine, au 8 décembre. Nous vous demandons donc d'accepter cette lettre d'invitation.
Sa Toute-Sainteté, pria d'un geste de la mai, Dom Testas...de se rasseoir...& dit :
- ...Dans la mesure où, pendant dix siècles, il a existé une Eglise Orthodoxe ayant les mêmes Dogmes aussi bien en Orient qu'en Occident, dans l'Ancienne comme dans la Nouvelle Rome de Constantinople, chacun de nous doit se reporter à cette Eglise, & voir qui des deux s'en rapproche, & qui s'en éloigne. Toute addition, si addition il y a, & quelle qu'elle soit, doit être retranchée. Toute suppression, si suppression il y a, & quelle qu'elle soit, doit être restituée. Alors, nous nous retrouverons insensiblement tous à la même place, comme étant, tous, l'Orthodoxie Universelle, dont Rome s'est, au cours des siècles, de plus en plus éloignée, élargissant à plaisir le gouffre de séparation, en inventant sans cesse de nouveaux dogmes prétendus & décrets qui font sortir de la Saints Tradition.
- Dom Testas : Et quels points précisément de désaccord Votre Sainteté perçoit-elle?
- Le Patriarche : Sans entrer dans les détails, je dirai que nous, Orthodoxes, qui formons l'Eglise du Sauveur sur la terre, ne pouvons accepter qu'il existe au-dessus de toute l'Eglise Orthodoxe du Christ un seul évêque donné comme son maître & sa tête, autre que le Seigneur; qu'il y ait un seul patriarche qui soit infaillible & impeccable – non soumis au péché-, & qui, lorsqu'il parle ex cathedra, soit supérieur aux Sept Conciles Oecuméniques, dans lesquels seuls, pourvu qu'ils se conforment à l'Ecriture & à la Tradition Apostolique, réside l'infaillibilité; nous ne pouvons accepter que les Apôtres n'aient pas été égaux, doctrine injurieuse au Saint Esprit, qui les a pourtant tous Eclairés & Illuminés; ou encore que tel ou tel, pape ou patriarche, jouisse d'une autorité suréminente dans son siège, non en vertu d'un droit humain ou d'une décision conciliaire, mais par un prétendu Droit Divin; & autres choses semblables.
- Le quatrième clerc : Rome n'a pas l'intention de changer ses vues.
- Le second clerc: Etant donné que le Concile de Florence, ayant examiné ce genre de questions, a fait l'union des deux églises, & que certains sont restés en dehors de cette union, le saint père appelle maintenant ces derniers au futur concile oecuménique afin qu'eux aussi puissent recevoir la lumière & rentrer dans l'union.
- Le Patriarche : Tant de choses ont été dites & écrites sur le Concile de Florence, que seul un homme sans instruction peut ignorer ce qui le concerne. Or, tel n'est pas le cas de Votre Révérence. Dès la session finale de la fausse union de Florence, ce concile de la contrainte, cette union forcée, de toute part rongée par des désavoeux ( & en premier lieu celui du grand lutteur Saint Marc d'Ephèse qui fit à lui seul échouer le concile de la fausse union de Florence, en refusant de signer, ce qui fit dire au pape: « Si Marc n'a pas signé, nous n'avons rien fait! »), dès ce Temps, la fausse union était Morte dans ses langes.
( P.81).
Un concile réuni pour des motifs politiques, pour des raisons d'intérêt uniquement temporel, & qui s'acheva dans une résolution que l'on finit par arracher à un petit nombre des nôtres, en les affamant, & en les soumettant à toutes sortes de violences & de menaces, sur l'ordre du pape d'alors; une telle assemblée, dis-je, ne mérite même pas le Saint nom de « concile ». Pour nous, Orthodoxes, un Concile Oecuménique – au sens de l'Eglise Oecuménique, la vraie catholicité, ce qui est dire l'Eglise Universelle – un Saint Concile Oecuménique ne peur appartenir qu'à un Corps Saint & sans tache, dans lequel, indépendamment du nombre de ceux qui le composent, la pure Doctrine des Apôtres & la Foy de toutes les Eglises Orthodoxes locales est récapitulée, raffermie, & mise à l'épreuve de l'Eglise Orthodoxe Originelle, dont les fondations ont été posées durant les huit premiers siècles de la Chrétienté, quand les Pères d'Orient & d'Occident, & les Sept Très Saints, très Inspirés Conciles – les seuls à être Oecuméniques – parlaient d'une seule & même bouche la grande voix Céleste de l'Evangile. Ces Sept Conciles, & ces Saints Pères vénérables, que tous connaissent, doivent demeurer nos critères, & devenir les guides sûrs & infaillibles de tout Chrétien ou évêque d'Occident qui cherceh sincèrement & aspire à la Vérité de l'Evangile. Voilà les modèles qui doivent servir de règle & de mesure suprême pour la Vérité Chrétienne, voilà le sentier fidèle sur lequel nous pourrions échanger le saint baiser de l'Unité de Foy. Et tout homme qui fait route hors de ce chemin, nous le considérons comme quelqu'un qui se fourvoit, & qui n'a aucun titre à rassembler autour de lui des membres de l'Eglise Orthodoxe Universelle. S'il se trouve toutefois des évêques,parmi les Occidentaux, qui, nourrissant des doutes sur certains dogmes, désirent s'assembler, qu'ils le fassent, & qu'ils révisent leur dogmatique tous les jours, s'ils le veulent. Pour nous, nous n'avons pas le moindre doute à l'égard des dogmes immuables de la Foy que les Pères nous ont transmis. De plus, Révérends pères, concernant le concile oecuménique que vous proposez, vous ne pouvez manquer de vous rappeler que les Conciles Oecuméniques ont été convoqu és d'une manière très différente de celle que Sa Sainteté vient de promouvoir. Si, en effet, Sa Sainteté le pape de Rome agissait selon l'égalité d'honneur & la parité entre les frères que nous ont léguées les Apôtres, il aurait été plus séant pour lui,
(P.82)
comme un égal écrivant à ses égaux en honneur, d'adresser à titre privé une lettre à chacun des Patriarches & Synodes Orthodoxes d'Orient, plutôt que d'imposer autoritairement sa volonté par le moyen d'encycliques & de communications de presses, comme s'il était le maître & seigneur de tous. Non, il aurait dû s'adresser à ses frères fraternellement, comme entre personnes de même rang & de même honneur, & leur demander de bien vouloir, de concert avec lui, s'accorder sur le lieu & la manière de convocation d'un concile éventuel, & sur le style de concile souhaitable. Ainsi donc, à considérer ces faits, nous n'avons que deux voies possibles: ou bien vous devez vous-mêmes vous retourner vers l'Histoire de l'Eglise & vers les Sept Conciles Oecuméniques, afin d'établir sur la bas de l'Histoire la Vraie Union de la communauté Chrétienne chère à tous les coeurs; ou nous devrons continuer de nous contenter des prières & des supplications que nous offrons constamment pour la paix du monde entier, la stabilité des Saintes Eglises de Dieu, & pour l'Union de tous. Bref, dans la circonstance actuelle, je dois vous dire nettement, avec tristesse, que, à notre avis, tant l'invitation que la brochure contenant la lettre que vous avez apportée, sont inutiles & superflues.
- Le quatrième clerc : Je m'étonne : Est-il possible à la seule prière d'amener l'Union? Quand un homme est malade, nous pouvons espérer que Dieu le guérira & adresser ainsi de longues prières & des supplications instantes à Dieu; mais nous n'omettons pas pour autant de guérir le médecin, ni de lui donner des médicaments.
- Le Patriarche: En ce qui regarde les maladies religieuses & spirituelles, seul l'Omniscient, qui a fondé, & qui rend parfaite l'Eglise Orthodoxe qui est Sienne, le Seigneur Jésus Christ, sait précisément qui est malade, à quel degré il l'est, de quel mal il souffre, & quel remède lui convient. C'est pourquoi, répétons-le, toutes ces choses réclament la Prière, - & une Prière fervente & continuelle – adressée à notre Seigneur qui est l'Amour même, pour inspirer aux coeurs ce qui plaît à Dieu, & pour nous Sauver.
Sa Toute-Sainteté le Patriarche de Constantinople ayant ainsi parlé, se tourna vers le Grand Chancelier pour qu'il traduisît en français ce qu'il venait de dire pour ses hôtes. Puis, prenant la brochure qui contenait la lettre d'invitation, sur le canapé, il la rendit au vicaire du Très Révérend Brunoni, béant de stupeur. Les représentants se levèrent, & après avoir échangé les salutations d'usage, & reçu un cordial « à Dieu » de Sa Toute-Sainteté le Patriarche, se retirèrent. Le Grand Chancelier accompagna jusqu'à l'escalier les visiteurs, qui s'en allèrent.

FIN.

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