jeudi 22 mars 2012

Vie de Saint Sophrone de Jérusalem et autres Vies de Saints.

11 – 24 mars 2012
Cycle mobile (Pascalion): Samedi de la Quatrième Semaine du Grand Carême
Lecture de l’Epître
Heb VI : 9-12
6.9 Quoique nous parlions ainsi, bien-aimés, nous attendons, pour ce qui vous concerne, des
choses meilleures et favorables au Salut. 6.10 Car Dieu n'est pas injuste, pour oublier votre
travail et l'amour que vous avez montré pour son nom, ayant rendu et rendant encore des
services aux Saints. 6.11 Nous désirons que chacun de vous montre le même zèle pour
conserver jusqu'à la fin une pleine espérance, 6.12 en sorte que vous ne vous relâchiez point, et
que voue imitiez ceux qui, par la foi et la persévérance, héritent des promesses.
Pour les Défunts
1Cor XV : 47-57
15.47 Le premier homme, tiré de la terre, est terrestre; le second homme est du ciel. 15.48 Tel est
le terrestre, tels sont aussi les terrestres; et tel est le céleste, tels sont aussi les célestes. 15.49 Et
de même que nous avons porté l'image du terrestre, nous porterons aussi l'image du céleste.
15.50 Ce que je dis, frères, c'est que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, et
que la corruption n'hérite pas l'incorruptibilité.
15.51 Voici, je vous dis un mystère: nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons
changés, 15.52 en un instant, en un clin d'oeil, à la dernière trompette. La trompette sonnera, et
les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons changés. 15.53 Car il faut que ce
corps corruptible revête l'incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l'immortalité. 15.54
Lorsque ce corps corruptible aura revêtu l'incorruptibilité, et que ce corps mortel aura revêtu
l'immortalité, alors s'accomplira la parole qui est écrite: La mort a été engloutie dans la
victoire. 15.55 O mort, où est ta victoire? O mort, où est ton aiguillon? 15.56 L'aiguillon de la
mort, c'est le péché; et la puissance du péché, c'est la loi. 15.57 Mais Grâces soient rendues à
Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ!
Lecture de l’Evangile
Marc VII : 31-37
7.31 Jésus quitta le territoire de Tyr, et revint par Sidon vers la mer de Galilée, en traversant le
pays de la Décapole. 7.32 On lui amena un sourd, qui avait de la difficulté à parler, et on le pria
de lui imposer les mains. 7.33 Il le prit à part loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles,
et lui toucha la langue avec sa propre salive; 7.34 puis, levant les yeux au ciel, il soupira, et dit:
Éphphatha, c'est-à-dire, ouvre-toi. 7.35 Aussitôt ses oreilles s'ouvrirent, sa langue se délia, et il
parla très bien. 7.36 Jésus leur recommanda de n'en parler à personne; mais plus il le leur
recommanda, plus ils le publièrent. 7.37 Ils étaient dans le plus grand étonnement, et disaient: Il
fait tout à merveille; même il fait entendre les sourds, et parler les muets.
Pour les Défunts
Jean V : 24-30
5.24 En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m'a
envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie.
5.25 En vérité, en vérité, je vous le dis, l'heure vient, et elle est déjà venue, où les morts
entendront la voix du Fils de Dieu; et ceux qui l'auront entendue vivront. 5.26 Car, comme le
Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d'avoir la vie en lui-même. 5.27 Et il lui a
donné le pouvoir de juger, parce qu'il est Fils de l'homme. 5.28 Ne vous étonnez pas de cela;
car l'heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix, et en sortiront.
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5.29 Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal
ressusciteront pour le jugement. 5.30 Je ne puis rien faire de moi-même: selon que j'entends, je
juge; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de
celui qui m'a envoyé.
Cycle fixe : Commémorations
SAINT PERE THEOPHORE ET PATRIARCHE SOPHRONE DE JERUSALEM (+638)
Sophrone naquit à Damas de parents distingués. Ayant acquis la sagesse de ce monde, il ne
fut, cependant, pas satisfait mais cherchait et acquis la sagesse spirituelle. Dans le Monastère
(Laure) de Saint Théodose, il se trouva en compagnie du Moine Jean Moschus qu'il se choisit
pour enseignant et avec lui voyagea et visita monastères et Ascètes en Egypte, découvrant leur
vie spirituelle. Son maître-mot fut : "Apprends-en chaque jour plus à propos de la sagesse
spirituelle." Tout ce qu'ils avaient appris, ils l'écrivirent et le publièrent par la suite en deux
livres titrés "le Pré Spirituel."
Ensuite, ils firent le voyage de Rome où Moschus remit son âme au Seigneur, laissant en
testament à Sophrone qu'il devait emmener son corps soit dans le Sinaï ou au Monastère de
Saint Théodose. Sophrone accomplit les volontés et souhaits de son maître et transféra son
corps au Monastère Saint Théodose et ensuite partit et demeura à Jérusalem qui avait été à
cette époque libéré des Perses. Il fut présent à la Translation de la Sainte Croix de Perse vers
la Cité Sainte, portée sur les épaules de l'empereur Héraclius. Le Vieux Patriarche Zacharie,
rentrant aussi de captivité, ne vécut pas longtemps et partit prendre sa demeure dans l'autre
monde.
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Le Patriarche Zacharie fut remplacé par Modeste qui s'endormit en 634. Modeste fut remplacé
par le Bienheureux Sophrone. Il gouverna l'Eglise dix ans durant avec une sagesse
exceptionnelle et zèle. Il se leva pour la défense de l'Orthodoxie contre l'hérésie du
monothélisme qu'il condamna au Concile à Jérusalem avant qu'elle ne soit condamnée au
Sixième Concile Oecuménique (Constantinople, 680). Il rédigea la Vie de Sainte Marie
l'Egyptienne, compila le Typicon [= Ordo] pour la Grande Bénédiction des Eaux et introduisit
plusieurs nouveaux Hymnes et chants dans divers Offices liturgiques.
Lorsque le calife arabe s'empara de Jérusalem, Sophrone le supplia d'épargner les vies des
Chrétiens, ce qu'Omar faussement promit. Lorsqu'Omar commença aussitôt à piller et
maltraiter les Chrétiens à Jérusalem, Sophrone pria Dieu dans les lamentations pour qu'Il le
retire de parmi les vivants sur terre afin qu'il ne soit pas témoin de la profanation du Saint
Sépulcre. Dieu entendit sa prière et prit Sophrone à Lui, en Sa Demeure Sainte en 644.
ou
Sophrone naquit à Damas et se rendit recommandable par sa piété encore plus que par ses
connaissances humaines on croit pouvoir l'identifier avec Sophrone le Sophiste. Par désir de
se perfectionner, il visita les laures et les monastères de la Palestine, s'attacha particulièrement
à Jean Moschus dans le Monastère de Saint-Théodose, près de Jérusalem. Toutefois il ne
s'engagea lui-même dans l'état monastique qu'après avoir parcouru l'Égypte. C'est alors qu'il
rejoignit Moschus (591). Tous deux se rendirent dans la Laure de Saint-Sabas et à partir de ce
moment, Sophrone, tout en conservant l'habit séculier, accompagna Jean Moschus dans divers
voyages en Syrie, en Arabie, aux Monts Sinaï et Raïthe etc.
Les exemples extraordinaires de pénitence, de pauvreté, d'humilité qu'ils remarquèrent chez
les Moines furent consignés dans le "Pré spirituel" que Moschus composa à Rome.
Dans la ville d'Alexandrie, Jean l'Aumônier les reçut avec de grands témoignages d'estime et
les retint pendant plusieurs années au service de son Eglise : ayant en particulier apprécié la
capacité de Sophrone, il jugea que celui-ci avait mieux à faire que de parcourir des Déserts et
de visiter des Moines : il le chargea de combattre l'hérésie des acéphales (plus tard désignés
sous le nom de jacobites).
Quelques années plus tard, on apprit que les Perses avaient envahi et pillé la Terre Sainte,
enlevé le bois de la Vraie Croix, emmené en captivité le Patriarche Zacharie; on redouta de les
voir pénétrer en Égypte. Après la Naissance Céleste de Saint Jean l'Aumônier en 619,
Sophrone et Moschus cédèrent au désir de se rendre en Italie et de visiter les monastères
d'Occident. Ils passèrent par Chypre et Samos, arrivèrent à Rome sous le pontificat du
Patriarche de Rome Boniface V. Là, Moschus s'endormit après un séjour de deux ans et
quelques mois; il laissa à Sophrone, son cher disciple, le "Pré spirituel" qu'il venait de
composer et lui recommanda de ne pas laisser son corps à Rome.
Avec les onze autres disciples de Moschus, Sophrone prit le corps avec l'intention d'aller
l'ensevelir au Mont Sinaï mais parvenu à Ascalon, il apprit que la révolte des Arabes rendait
inaccessible l'accès de cette Sainte Montagne du Sinaï et alla porter les Précieux Restes de
Jean au Monastère de Saint-Théodose, près de Jérusalem.
Retourné à Alexandrie, Sophrone s'opposa aux progrès de l'hérésie naissante du monothélisme
protégée par le patriarche Cyrus, successeur de Jean l'Aumônier après l'Evêque Georges. Il
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prêcha hautement contre les novateurs, montra que leur opinion ruinait les décisions du
Concile de Chalcédoine. C'est probablement à cette époque de sa vie qu'il écrivit les "Actes"
du martyre des Saints Cyr et Jean. Héraclius fit alors la paix avec les Perses, recouvra la Vraie
Croix, obtint le retour du Vrai Patriarche Zacharie et des autres prisonniers. Sophrone rentra
en Palestine et se retira dans le Monastère de Saint-Théodose; il vit s'endormir le Patriarche
Zacharie qui fut remplacé par Modeste l'Higoumène de Saint-Théodose.
Trois ans plus tard, Modeste naquit au Ciel (634) et Sophrone fut choisi pour gouverner à sa
place l'Église de Jérusalem. Le nouveau Patriarche continua l'oeuvre de son prédécesseur,
rétablit la discipline et la Liturgie ancienne, opéra la réforme des moeurs, veilla au maintien
de la Saine Doctrine.
Apprenant que Cyrus d'Alexandrie soutenait le monothélisme plus ouvertement que Sergius
de Constantinople approuvait la pernicieuse erreur, il rassembla en Concile les Evêques de sa
province où il maintint la doctrine orthodoxe. Sans tarder, il envoya les Actes de son Synode
au Patriarche et Pape de Rome Honorius et au Patriarche Sergius de Constantinople. La lettre
qui accompagnait cet envoi est un véritable traité qui réfute l'erreur monothélite et donne un
net exposé de la Foi orthodoxe, celle de l'Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique : elle
fut donc insérée plus tard dans les Actes du Sixième Concile Oecuménique. Malheureusement
le Pape Honorius, prévenu par une lettre artificieuse du Patriarche Sergius, répondit en
imposant le silence sur la question.
Cependant Sophrone ne se rebuta point; sans se croire obligé au silence, il recueillit en deux
livres toutes les autorités de l'Écriture Sainte, tous les témoignages des Saints Pères pour
établir l'existence de deux volontés en Notre Seigneur Jésus-Christ (l'ouvrage est aujourd'hui
perdu). Il députa à Rome un de ses suffragants, l'Evêque Stéphane/Étienne de Doria avec
mission de désabuser le pontife romain. Stéphane/Étienne arrivant à Rome, y trouva Honorius
endormi et dut attendre la condamnation définitive du monothélisme dans le Concile de
Latran de 649 sous Martin I. Sophrone ne devait pas voir cette fin du débat.
En 636, il vit Jérusalem retomber au pouvoir des Sarrasins et fut témoin de nouvelles
calamités; il montra dans ces circonstances un courage invincible, travailla à empêcher la
dispersion de son troupeau, s'exposa souvent à la mort pour tirer ses ouailles du péril. Il avait
obtenu d'Omar la liberté de la pratique religieuse chrétienne sur tout le territoire de la
Palestine mais la condition fut mal exécutée. Omar poussa l'hypocrisie jusqu'à demander à
entrer dans le Temple de Salomon pour y adorer le Vrai Dieu mais ce fut pour y proférer des
blasphèmes. Témoin des profanations et des sacrilèges commis à cette occasion, Sophrone
protesta en déclarant que c'était là vraiment l'abomination de la désolation prédite par le
Prophète Daniel. Réduit à ne proférer que des plaintes stériles, ce Saint Evêque tomba malade
et remit son âme au Seigneur le 11 mars 639.
Sophrone a écrit un certain nombre de traités dont une partie n'existe que dans des traductions
latines. Nous avons signalé sa "Lettre Synodale" qui se trouve dans les divers recueils des
Conciles. Il y a aussi des discours et sermons sur les Fêtes. Un de ces sermons sur l'Exaltation
de la Sainte Croix mentionne la pratique d'une Vénération du Bois Sacré au milieu du
Carême. On a enfin une sorte de "Pénitentiel," les "Actes de Saint Cyr et de Saint Jean," une
"Vie de Sainte Marie Egyptienne," etc. Ces oeuvres se trouvent dans P. G., t. 87.
Sur Sophrone, il existe un commentaire en grec par Jean Zonara; voir Papadopoulos
Kerameus, Analecta Hierosolym., t. 5, p. 137 et Acta sanctorum, 11 mars. - S. Vailhé, Jean
5
Moschus dans Echos d'Orient; 1901, t. 5, p. 107 et Sophrone le Sophiste etc. dans Revue
Orient chrétien, 1902. p. 32 et 356 où le problème de l'identification de Sophrone le Sophiste
avec Sophrone de Jérusalem est nettement posé.
ou
Notre Saint Père Sophrone naquit à Damas, la patrie des mélodes, vers 550. Doué de rares
aptitudes intellectuelles et d'un grand talent poétique, il y fit ses études et obtint le titre de
"Sophiste."* Mais demeurant insatisfait par les sciences et désirant une plus grande
perfection, il entreprit un pèlerinage en Palestine en vue de vénérer les Lieux Saints et de
s'entretenir avec les Ascètes vivant dans les monastères et dans les Déserts. Il parvint au
monastère fondé par Saint Théodose et y trouva là l'homme selon son coeur, Jean Moschos.
Compatriote de Sophrone et de peu plus âgé que lui, celui-ci y était devenu Moine et par sa
grande austérité de vie, il avait acquis, en plus de la connaissance de la philosophie et des
sciences "du dehors," une admirable sagesse spirituelle. Il devint pour Sophrone qui était resté
dans l'état laïque non seulement le frère et le compagnon mais encore le Maître et le Père
Spirituel. Unis par cette Sainte Amitié, les deux Serviteurs de Dieu décidèrent de se rendre à
Alexandrie afin d'y acquérir une formation philosophique plus complète (578) auprès des
savants qui s'y trouvaient mais surtout pour y rencontrer des Saints Ascètes, "philosophes du
Saint Esprit." Rendant visite un jour à l'un d'eux, le Vénérable Vieillard leur dit : "Fuyez, mes
enfants parce que le temps approche! Habitez dans une cellule où vous voudrez, vivez dans la
sobriété et dans la quiétude (Hésychia), en priant sans cesse et j'ai l'espoir que Dieu vous
enverra sa connaissance pour illuminer vos esprits."** Ces paroles furent décisives pour
inciter Sophrone à abandonner définitivement la vaine recherche de la sagesse humaine et les
deux amis entreprirent dès lors de vivre en étrangers et pèlerins à la recherche de la Jérusalem
d'En-Haut, en recueillant partout où ils passeraient les enseignements des Saints Pères.
* C'est-à-dire professeur de rhétorique.
** Pré Spirituel 110 (SC 12, 16 1).
De retour en Palestine, Sophrone fit sa profession monastique au Monastère de Saint-
Théodose et ils repartirent bientôt pour le Mont Sinaï qui était alors illustré par de grands
luminaires de la science ascétique comme Saint Jean Climaque. Au bout de dix ans, ils
reprirent leur vie errante à travers les Déserts d'Egypte et de Palestine pour y récolter les
fleurs de leur Pré Spirituel Puis sous la menace de l'invasion perse (vers 603), ils passèrent en
Phénicie, visitèrent Antioche et les Déserts monastiques de Syrie, Tarse (Cilicie) et Séleucie
puis ils revinrent en Egypte et restèrent plusieurs années à Alexandrie pour venir en aide, par
leur éloquence et leur science théologique, au Patriarche Saint Euloge et à son successeur
Saint Jean le Miséricordieux dans la lutte contre les monophysites. Ils réussirent à décupler le
nombre des églises appartenant aux Orthodoxes à Alexandrie et ramenèrent également
beaucoup de villages et de monastères dans le sein de l'Eglise. Pendant ces tournées
missionnaires, ils ne manquaient pas de rassembler d'autres récits édifiants qui nous donnent
une vivante image de la vie religieuse de cette époque. Atteint d'une maladie des yeux, Saint
Sophrone en fut miraculeusement guéri par l'intervention des Saints Anargyres Cyr et Jean.
En signe de reconnaissance, il rédigea un grand recueil de leurs Miracles dans lequel il
montrait que c'est seulement dans la communion de l'Eglise que l'on peut trouver la Grâce. Au
cours de l'une de leurs visites, ils rencontrèrent un Ancien qui leur dit : "Rien d'autre dans
l'Eglise n'a causé les schismes et les hérésies sinon le fait que nous n'aimons pas pleinement
Dieu et notre prochain."*
* Idem chap. 74 (SC 12, 115)
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En 614, la nouvelle leur parvint que Jérusalem était tombée entre les mains des Perses, au prix
de sanglants massacres et de pillages sans limites et que le Patriarche Zacharie avait été
emmené en exil avec la Précieuse Croix. Les derniers temps semblaient arrivés et la
recommandation de fuir ce monde qu'ils avaient reçue au début de leur vie monastique, se
faisait d'autant plus pressante que l'invasion perse menaçait maintenant l'Egypte. Saint Jean le
Miséricordieux alla se réfugier à Chypre, sa patrie où il s'endormit en 620 et les deux Moines
philosophes se rendirent à Rome, en s'arrêtant en route à Samos et à Chypre pour y rencontrer
des hommes de Dieu. Pendant ce séjour à Rome, Jean, sentant sa fin prochaine, se mit à
rédiger avec l'aide de Sophrone le compte rendu des entretiens spirituels qu'ils avaient
rassemblés depuis des années. Puis il quitta le tumulte de cette vie pour passer à la quiétude
éternelle (619), en recommandant à son frère et fils spirituel d'aller déposer son corps au
Monastère du Sinaï. Imitant Joseph qui emporta le corps du Patriarche Jacob d'Egypte dans la
terre de leurs pères (cf. Genèse 50), Sophrone s'embarqua avec douze condisciples. Mais
ayant appris qu'il était impossible d'aborder au Sinaï à cause des incursions arabes, ils allèrent
inhumer le corps au Monastère de Saint-Théodose où Sophrone s'installa pour y achever la
rédaction du Pré Spirituel et d'autres oeuvres comme les vies de Saint Jean le Miséricordieux
et de Sainte Marie l’Egyptienne.
Vers 627, Sophrone doit fuir de nouveau, cette fois-ci sous la menace de la conquête arabe et
il va se réfugier avec d'autres Moines en Afrique du Nord. C'est là que Saint Maxime le
Confesseur, fuyant pour sa part son Monastère de Chrysopolis devant l'invasion perse qui
approchait de Constantinople, se joignit à eux dans le Monastère de fortune qu'ils avaient
fondé et se lia d'une profonde amitié spirituelle avec Sophrone qu'il appelle : "Mon seigneur
béni, mon père et maître..." C'est à son école que Maxime, le grand docteur de la Personne du
Christ qui jusque-là avait exercé surtout la profondeur de son esprit pour réfuter les doctrines
origénistes, comprit que tout le mystère de la déification de l'homme et la réalité de notre
Salut résident dans la relation des deux natures, Divine et humaine, en l'Unique Personne du
Verbe Incarné et qu'il forgea les armes nécessaires pour engager la lutte contre une nouvelle
forme de l'hérésie monophysite : le monothélisme* imaginée par l'empereur Héraclius et le
patriarche Serge de Constantinople dans l'espoir de rallier l'Egypte dissidente.
* Encore sous sa forme du monoénergisme qui consistait à reconnaître dans le Christ une seule opération
naturelle. Mais comme l'opération et la volonté se rapportent également à la nature, l'une et l'autre variante de
cette hérésie revient finalement au monophysisme.
En 633, Sophrone retourne en Egypte, malgré son âge avancé afin de lutter sur place pour la
Vraie Foi. Refusant tout compromis sous prétexte d'obtenir une unité politique de l'Empire
menacé de toutes parts par les Perses et les Arabes, il enseignait qu'il faut confesser deux
opérations naturelles du Christ et non pas une puisqu'Il est à la fois Dieu et homme. Mais
comme le Patriarche Cyrus, demeurait obstinément dans son hérésie, Sophrone se rendit alors
à Constantinople pour se jeter aux pieds du Patriarche Serge, en le suppliant de revenir au
dogme confessé par le Saint Concile de Chalcédoine car la formule dogmatique de compromis
qu'il avait proposée, sans réaliser l'union espérée, faisait dire aux hérétiques : "Ce n'est pas
nous qui communions avec Chalcédoine mais plutôt Chalcédoine avec nous!" Serge feignit de
résoudre l'affaire en interdisant de parler ni d'une ni de deux opérations dans le Christ mais
celle-ci devait rebondir quelques années plus tard, au temps de la Confession de Saint
Maxime.
Lorsqu'à l'issue de cette mission Sophrone revint à Jérusalem qui, restaurée grâce aux efforts
de Saint Modeste, était en deuil de son Patriarche, les habitants, les Clercs et les Moines
unanimes le contraignirent à accepter cette charge. Soumis à la Volonté de Dieu, le Vieillard
entreprit de soutenir la Foi de son peuple menacée par les hérésies et de raviver son espérance
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ébranlée par les invasions dans des sermons et des hymnes liturgiques* où la beauté poétique
se met au service de la profondeur des dogmes. Dès son élection, il rédigea, selon l'usage, une
Lettre synodale qu'il envoya aux Patriarches de Rome et de Constantinople pour leur proposer
la communion de leurs Eglises respectives dans la même Foi. Cet admirable document** est
un exposé complet de la Doctrine de l'Eglise sur la Personne du Christ. Le Saint Patriarche y
confesse un seul et même Christ, Fils Unique de Dieu Qui opère les oeuvres de chaque nature,
Divine et humaine, conformément aux propriétés respectives de celle-ci. C'est le même Christ
qui, sans confusion ou mélange (comme le supposent les monophysites) et sans séparation
(comme l'impliquent les nestoriens), opère en tant que Dieu les Miracles et qui souffre en tant
qu'homme, nous ouvrant ainsi, à nous autres hommes, la possibilité d'être unis à Dieu par la
Grâce.
* Il composa en particulier la magnifique prière de la Bénédiction des Eaux, lue le jour de la Théophanie. On lui
a attribué parfois à tort l'hymne Lumière joyeuse, composée par St Athénogène
** Traduction dans l'excellent livre de C. von Schönborn, Sophrone de Jérusalem, Vie monastique et confession
dogmatique. "Théologie historique 20," Paris, Beauchesne. 1972. pp. 201-209.
Saint Sophrone dont toute la vie avait été placée sous le signe de la proximité des derniers
temps, accédait au siège de Jérusalem au moment de la levée inattendue de l'islam qui,
unifiant les tribus arabes, s'abattait sur l'Empire chrétien en saccageant villes et campagnes.
Damas fut prise peu de temps après son élection et quelques mois plus tard, au début de 638,
c'est la Ville Sainte elle-même qui tombait aux mains des envahisseurs. Le Saint Patriarche
obtint du calife Omar qu'il y entrât en pèlerin et non en conquérant et qu'il garantisse la
sauvegarde des sanctuaires chrétiens. Accablé par les fatigues de la Confession de Foi et par
l'affliction de voir la cité Sainte aux mains des infidèles, Saint Sophrone se retira une dernière
fois pour rejoindre la Jérusalem d'En-Haut, la Ville de la Paix qui ne connaît ni trouble ni
variation, le 11 mars 638 (ou 639).
Tropaire de Saint Sophrone de Jérusalem ton 5
Ô Père Sophrone, tu fus glorieux dans la splendeur de la sobriété,
Révélant ton ineffable illumination Saint
Par la splendeur de tes paroles.
Par ta vie tu atteignis la sagesse,
Et à présent tu confirmes ton Eglise
En toujours mémorable Hiérarque et Intercesseur pour nous auprès du Seigneur!
Kondakion de Saint Sophrone de Jérusalem ton 8
Ô Sophrone de Jérusalem, tu fus très sage parmi les Patriarches!
Tu luttas avec un Zèle Divin, diffusant les Commandements de Vérité par tes lèvres!
Tu rétablis les fondations de l'Eglise,
Et y établis fermement la règle monastique.
Tu rédigeas de sages sermons et instruits par eux,
Nous te crions : Réjouis-toi, fierté de l'Orthodoxie!
SAINT JEAN MOSCHUS (+619)
Jean Moschus (550-619) est un Moine syrien de l'époque byzantine et l'auteur d'écrits
spirituels. Il est commémoré ce jour avec celui qui devint son disciple et ami Saint Sophrone
de Jérusalem.
Fils de Moschus, Jean serait né à Damas vers 550. Il devient Moine dans la Grande Laure de
Saint-Théodose près de Jérusalem puis Ermite près du Jourdain et enfin Moine à la nouvelle
Laure de Saint Sabas au Sud-Ouest de Bethléem qui font partie des monastères de Judée.
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Il se rend en Égypte avec son disciple Sophrone, futur Patriarche de Jérusalem, à la rencontre
des Moines du Désert vers 578. Il est dans le Sinaï en 583 et fait partie de la communauté des
Moines d'Aeliotes parmi lesquels il demeure une dizaine d'années. Il retourne ensuite en
Palestine où il fait le tour des monastères de la région de Jérusalem et de la Mer Morte. Il se
rend à Antioche en 604 et en Égypte en 607, fuyant les invasions perses. Il se réfugie ensuite à
Chypre et à Rome où il s'endort dans Notre Seigneur en 619. Il a été enseveli au Monastère de
Saint-Théodose.
Jean Moschus est l'auteur d'un des ouvrages hagiographiques les plus célèbres de cette
époque, le Leimon (Λειμών) (ou Pré spirituel) qui recense et commente les faits et les écrits
des Mines de son époque et dont Saint Sophrone est le dédicataire. De ce fait Jean Moschus
est appelé aussi Jean le Limonaire. Cet ouvrage a été traduit en latin et diffusé pendant tout le
Moyen Âge et faisait partie du cycle obligé des études. Sa première édition imprimée date de
1624 à Paris.
Ouvrir absolument ce lien : http://www.scourmont.be/studium/dupont/vol2/chapvii.html
SAINT ABBE OENGUS LE CULDEE (OU AENGUS, OENGOBA) L'EVEQUE DE
CLONEGAGH (+824)
Aengus le Culdée naquit vers le milieu du septième siècle, non loin du monastère célèbre
fondé par Saint Fintan à Clonenagh en Irlande. Elevé dans ce monastère, il y apprit à lire les
Psaumes et manifesta ses goûts pour la vie monastique.
Dès l'âge le plus tendre, on le vit pratiquer la mortification à un degré extraordinaire; par son
application à cheminer vers Dieu, il mérita le qualificatif de Culdée qui fut plus tard attaché à
son nom. (Ce nom fut donné originairement à des Ascètes vivant dans des cellules séparées
puis à des Anachorètes ou Ermites formant une communauté; ensuite à des clercs ou Moines.
Finalement on le donna à des chanoines séculiers, sorte d'intermédiaires entre les Moines et le
clergé séculier: V. Reeves, The Culdees of the British Islands, Dublin, 1864.)
Aengus s'éleva à un haut degré de Sainteté en même temps qu'il se perfectionnait dans les
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sciences. Il reçut de Dieu le pouvoir de faire des Miracles et se maintint toujours dans une
profonde humilité. Sa formation monastique achevée, il se sentit appelé d'en haut à un état de
perfection plus élevée. Il se construisit une cellule dans un endroit que l'on appela plus tard
Dysert Enos : loin du regard des hommes, il y pratiquait de rigoureuses observances faisant
jusqu'à trois cents génuflexions par jour et récitant journellement le Psautier dans son entier,
les cinquante premiers Psaumes étaient récités dans sa cellule, les cinquante suivants sous un
gros arbre, les cinquante derniers ayant le cou attaché à un poteau et le corps à demi plongé
dans un bassin d'eau froide.
En dehors de ces pratiques étranges, il était occupé constamment à chanter les Louanges du
Seigneur, à dominer ses passions et inclinations tellement qu'on l'eût pris pour un Ange caché
sous une forme humaine. Tous ses efforts pour vivre caché aux yeux des hommes
n'empêchèrent pas le bruit de sa Sainteté de se répandre. Des foules vinrent le trouver dans sa
retraite. Pour échapper aux suggestions de la vaine gloire, il résolut de se retirer sans bruit et
d'aller chercher ailleurs une retraite plus sûre. Il alla se présenter au Monastère de Tallagh
près Dublin sous un nom d'emprunt et demanda son admission à titre de simple domestique.
On l'accepta et on l'appliqua successivement à divers travaux : durant sept années il put
satisfaire son désir de mortification sans être découvert. Finalement l'Abbé Maelruain lui
arracha son secret et tous deux devenus amis intimes rivalisèrent de zèle dans les travaux de
l'esprit.
Le biographe ne dit rien de l'élévation d'Aengus au sacerdoce; il se peut qu'elle ait eu lieu à ce
moment. Les deux amis collaborèrent à la composition du martyrologe de Tallagh, vers 790 :
ce document est souvent cité à propos des Saints d'Irlande. L'oeuvre principale de notre Saint
est le martyrologe (ou Festilogium) d'Aengus, bref exposé des Fêtes des Saints pour chaque
jour de l'année avec indication des vertus et des actes qui caractérisent les personnages.
A la Naissance au Ciel de Maelruain, Aengus fut sensible à la perte de celui qui l'honorait de
son amitié; il demeura encore quelques années à Tallagh puis il retourna à Clonenagh où l'on
pense qu'il devint Abbé. Il fut aussi élevé à la dignité épiscopale conformément à l'usage
irlandais de donner la consécration épiscopale aux Abbés, à moins qu'on ne veuille le
considérer comme Chorévêque. Il semble, nonobstant cette élévation, avoir conservé son
affection pour sa retraite favorite de Dysert Enos où il donna la dernière main à son
Festilogium. Son Heureux Départ arriva le 11 mars 824. Son nom fut inscrit dans son propre
martyrologe puis dans ceux de Tallagh.
ou
Né en Irlande; l'appellation "Culdee," Ceile De ou de Kele-De signifie "Adoration de Dieu"
qui devint le nom d'un mouvement monastique connu comme "les Compagnon de Dieu."
Oengus était de la race des Rois Dalriadans d'Ulster.
Dans sa jeunesse, renonçant à toute prétention terrestre, il choisit le Christ pour son héritage
en embrassant la vie monastique dans le Monastère de Cluain-Edneach (Clonenagh) dans
l'Est-Meath (Comté de Laois). Ici il est devenu un si grand et bon disciple, aussi bien en
matière d'apprentissage que de Sainteté qu'on ne pouvait trouver personne en son temps en
Irlande qui l'égale en réputation pour toutes sortes de vertus et pour la connaissance du sacré.
Pour rejeter l'estime du monde, il s'est déguisé et est entré au Monastère de Tamlacht (la
Colline de Tallaght), à trois miles de Dublin où il a habité durant sept années comme un frère
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laïc anonyme. Là-bas il a exécuté toutes les corvées de la maison, se faisant bon à rien sauf
aux tâches les plus viles, pendant qu'intérieurement il se perfectionnait, absorbé en Dieu dans
l'amour et la contemplation. Après que son identité a été découverte en essayant d'entraîner un
étudiant peu doué, il est retourné à Cluain-Edneach où l'austérité continuelle de sa vie et son
application constante à Dieu dans la prière, peut être plus facilement admiré qu'imité. Par
exemple, il récitait quotidiennement un tiers du Psautier (cinquante Psaumes) étant immergé
dans de l'eau froide.
Il fut nommé Abbé et pour finir hissé à la dignité épiscopale, ce qui était alors normal en
Irlande pour les Abbé éminents des principaux monastères qui devenaient Evêques. On
connaît sa dévotion envers les Saints. Il a laissé un long martyrologe irlandais et un plus court
et cinq autres livres à propos des Saints de son pays, contenu dans ce que les Irlandais
appellent "Saltair-na-Rann." Le martyrologe court était un Hymne métrique appelé "Felire" ou
"Festilogium." Le plus long, "Martyrologe de Tallaght" a été composé en collaboration avec
Saint Maelruain de Tallaght.
Il a rendu son âme à Notre Seigneur à Disertbeagh (maintenant Désert Aenguis ou Dysert
Enos) qui est devenu aussi un monastère célèbre et a pris son nom de lui.
ou
A beaucoup attribuent Aengus la réforme du monachisme irlandais et son émergence comme
un mouvement ordonné ascétique et scolastique. Il est appelé le Culdec parce que cette
réforme a produit les groupes de Moines d'Irlande et d'Ecosse qui étaient vraiment
Anachorètes mais habitaient ensemble en un lieu, d'habitude au nombre de treize d'après
l'Exemple du Christ et de Ses Apôtres. Le nom de Culdec vient probablement du Ceile Dee
Irlandais (le compagnon) au lieu du Cultores Dei latin (les Fidèles de Dieu). Les Culdees ont
fabriqué les Hautes Croix extrêmement décorées et les manuscrits richement enluminés qui
sont la gloire des monastères irlandais.
Aengus était né de la maison royale d'Ulster et a été envoyé au Monastère de Clonenagh par
son père Oengoba pour étudier sous le Saint Abbé Maelaithgen. Il a fait de grands progrès
dans l'érudition et la Sainteté mais finalement sentit qu'il devait partir et devait devenir Ermite
pour échapper à l'adulation des siens. Il a choisi un endroit à quelques sept miles pour son
ermitage, lieu qui s'appelle encore Dysert. Il a vécu une vie de rude discipline, faisant une
génuflexion trois cent fois par jour et récitant l'ensemble du Psautier chaque jour, en partie
immergé dans de l'eau froide, lié par le cou à un pieu. A son Dysert, il a trouvé qu'il recevait
trop de visiteurs et est parti au célèbre Monastère de Tallaght près de Dublin, sans révéler son
identité et y recevant les tâches les plus basses à accomplir. Après sept années un garçon qui
était incapable d'apprendre ses leçons a cherché refuge dans l'écurie où Aengus travaillait.
Aengus l'a fait dormir et quand il s'est éveillé il connaissait parfaitement sa leçon.
Quand l'Abbé Saint Maelruain a entendu parler de ces grands dons d'enseignement du Moine,
il a reconnu en lui le lettré qui avait disparu de Clonenagh et le deux sont devenus de grands
amis. C'est à Tallaght qu'Aengus a commencé son grand travail sur le calendrier des Saints
irlandais connus comme le "Felire Aengus Ceile De." Se considérant comme le plus
méprisable des hommes et il avait laissé pousser ses cheveux fort longs et son vêtement se
délabrer afin d'être méprisé. En plus du Felire, on a conservé de lui une de ses prières dans
laquelle il implore le pardon, plaidant pour la Miséricorde à cause du Sacrifice du Christ et Sa
Grâce dans les Saints.
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Comme tous les Saint de Dieu, Aengus était diligent et avait une confiance totale dans Son
Pouvoir pour guérir et sauver. Un jour qu'il abattait des arbres dans un bois, il coupa par
inadvertance sa main gauche. La tradition dit que le Ciel se remplit alors d'oiseaux pleurant à
cause de sa blessure mais Saint Aengus a pris calmement sa main coupée et l'a replacée.
Instantanément elle a adhéré à son corps et fonctionné normalement.
A la Naissance Saint de Saint Maelruain en 792, Saint Aengus quitta Tallaght et retourna à
Clonenagh, succédant à son vieil enseignant Maelaithgen comme Abbé et étant sacré Evêque.
Sentant la mort approcher, il s'est à nouveau retiré dans son ermitage à Dysertbeagh,
s’endormant là-bas vers 824. Il y a peu de preuves de fondations monastiques à Clonenagh ou
à Dysert mais on fera toujours mémoire de lui pour son Feliere, le premier martyrologe
d'Irlande.
SAINT MARTYR EULOGE DE CORDOUE (+ 859)
20 septembre - 16 janvier (translation) - 11 mars (Martyre) – 1 juin (élévation avec Sainte Léocritie)
Envahie par les Arabes en 771, la cité wisigothique fut une ville rayonnante au dixième siècle
mais dut subir une politique d'islamisation active jusqu' à la Reconquista de Ferdinand qui
libéra les populations indigènes. Les musulmans avaient imposé le statut de dhimmitude aux
Chrétiens leur empêchant de manifester publiquement leur Foi et les obligeant de verser un
impôt discriminatoire.
A partir du gouvernement de Mahomet I, la politique d'islamisation se durcit. Les populations
se soulevaient sporadiquement mais à chaque fois la répression maure avait raison de leur
volonté d'indépendance. C'est ainsi que lors de l'une de ces manifestations au début du
pouvoir musulman en Andalousie, Euloge, Prêtre issu d'une famille sénatoriale hispanoromaine
ayant voyagé en Espagne non-musulmane du Nord, se mit à écrire et à prononcer des
Homélies contre le coran.
Nommé Evêque de Tolède, il fut emprisonné une première fois et relâché non sans avoir
composé un traité pour confirmer dans la Foi ses frères prisonniers en particulier deux futures
Martyres Sainte Fleur et Sainte Marie de Cordoue. Lorsqu'il prit la défense d'une jeune
femme, Lucrèce, d'une famille devenue mahométane qui voulait retrouver la Foi de ses
ancêtres, ce qui était passible de mort, il lui fut interdit d'être consacré Evêque à Tolède et de
gagner son siège épiscopal. Le pouvoir musulman lui offrit de se convertir pour avoir la vie
sauve. Il refusa devant ses juges et fut décapité à la suite de Lucrèce à Cordoue le 11 mars
859.
Ses Précieuses Reliques ainsi que celles de Sainte Lucrèce (Leocritia) reposent à Orvieto.
ou
Euloge, d'une des premières familles de Cordoue, fut confié dès sa jeunesse à la communauté
des Prêtres de Saint-Zoïle et se forma sous leur direction à la piété et à la science sacrée. On
remarqua en lui un vif attrait pour l'étude des Saints Livres. Il s'appliqua à en pénétrer le sens
et en fit l'objet préféré de ses méditations. Il se mit ensuite sous la conduite d'un Pieux et
Savant Abbé nommé Espérandieu qui gouvernait le Monastère de Cutelar près Cordoue : c'est
là qu'il connut son biographe Alvare avec qui il se lia d'une étroite amitié. En sortant de cette
école, Euloge parut comme un homme plein en sagesse et exercé à la pratique des vertus; son
humilité surtout puis sa douceur et sa charité lui concilièrent l'estime, le respect, l'affection de
12
tous ceux qui le connurent. Il enseigna pendant quelque temps les lettres à Cordoue, fut élevé
au diaconat et peu après au sacerdoce.
Attaché au service d'une église, il fut pour tous, Prêtres et fidèles, un modèle de continence,
de piété et d'Ascèse. Il dressa des Règles pour ceux qui servent Dieu dans les communautés,
vécut lui-même comme un Vrai Moine dans le clergé, se montra un ecclésiastique parfait au
milieu des Moines. Après avoir visité les monastères de son pays, il voulut voir ceux des
provinces éloignées pour en confronter les constitutions avec les Règles dressées par lui et
recueillir ce qu'il trouverait de meilleur. Il revint ensuite à Cordoue pour travailler avec une
nouvelle ardeur à l'oeuvre de sa sanctification.
En 850, la vingtième année du règne d'Abdérame, les Maures pris d'une fureur subite qu'on ne
put s'expliquer, commencèrent à persécuter les Chrétiens. Un évêque d'Andalousie nommé
Récarède soit par apostasie, soit par faiblesse en face de là violence, se fit l'instrument de cette
nouvelle persécution : il fit arrêter les Prêtres de Cordoue avec leur Evêque. Tous furent
enfermés dans les prisons. Euloge était parmi eux : il employa le temps de sa détention à prier
à encourager ses frères. Il composa une exhortation au martyre pour deux Vierges nommées
Flore et Marie. Ces Saintes Filles dociles à ses instructions, souffrirent généreusement le
martyre l'année suivante. Euloge et les autres prisonniers en rendirent Grâces au Seigneur :
quand ils sortirent de prison quelques jours après leur supplice, Euloge se hâta d'écrire
l'histoire de ce supplice pour exciter les autres Confesseurs à imiter leur exemple.
Profitant ensuite de la liberté qui lui était laissée, il travailla par ses prédications et ses écrits à
instruire les fidèles. Son zèle fut couronné de succès. Sous Mohammed, fils d'Abdérame, il
empêcha beaucoup de Chrétiens faibles de renier Jésus-Christ et il envoya au martyre des
Moines, des ecclésiastiques comme des personnes mariées. Il recueillit ensuite les Actes de
ces Martyrs, en composa trois livres sous le titre de Mémorial. En même temps, il justifiait la
conduite de ces héros dans une Apologétique.
Lorsque vers la fin de 858 l'Archevêque de Tolède vint à partir, le clergé et les fidèles
donnèrent leurs suffrages à Euloge : c'est qu'en effet il était considéré comme le premier
homme de l'Église d'Espagne par sa doctrine, sa capacité, sa vertu comme aussi par le courage
avec lequel il avait confessé la Foi de Jésus-Christ devant les persécuteurs. Mais Dieu voulut
le rappeler à Lui avant qu'il pût être sacré. Il y avait à Cordoue une Vierge chrétienne
nommée Léocritie, convertie toute jeune à la Foi de Jésus-Christ par l'une de ses parentes.
Maltraitée par les siens demeurés païens ou mahométans, en danger d'apostasier si elle cédait
à leurs menaces, cette jeune fille vint chercher un refuge près d'Euloge qui la prit sous sa
protection, la confia à sa soeur, l'instruisit plus amplement de ses devoirs, fortifia ses
résolutions et la fit mettre en sûreté chez un ami. Les parents de Léocritie soupçonnèrent ce
qui s'était passé, prétendirent qu'il y avait eu enlèvement de leur fille et se firent autoriser par
le magistrat à ouvrir une enquête. A cette occasion, beaucoup de personnes furent saisies et
soumises à la question. Pendant ce temps, Euloge veillait sur sa protégée, la faisait passer
secrètement d'une maison dans une autre, affermissait sa Foi et la préparait au Martyre car il
lui était difficile d'y échapper. Il passait les nuits en prières pour elle dans l'église de Saint-
Zoïle. De son côté, Léocritie veillait, jeûnait et couchait sur la cendre pour se préparer au
combat.
A la fin, tous deux furent arrêtés; on les jeta en prison et on les traduisit devant le juge.
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Euloge fut accusé d'avoir séduit Léocritie, de l'avoir détournée de l'obéissance qu'elle devait à
ses parents; il répondit qu'un Prêtre ne pouvait refuser l'instruction aux personnes qui la lui
demandaient que selon les principes mêmes des persécuteurs, il avait eu raison de dire à
Léocritie qu'elle devait dans la circonstance préférer Dieu à ses parents. Il alla même jusqu'à
proposer au juge de lui montrer le chemin du Ciel comme il l'avait fait pour cette jeune fille,
de lui découvrir les impostures du faux prophète Mahomet et de lui prouver que Jésus-Christ
est l'Unique Voie par laquelle on arrive au Salut Eternel. Il n'avait pas enseigné autre chose à
Léocritie.
Entendant cette proposition, le juge entra en fureur et fit fouetter Euloge : "Tu aurais plutôt
fait, déclara celui-ci, de me condamner immédiatement à la mort car de me faire changer tu
n'y peux prétendre; je donnerais avec joie plusieurs vies si je le pouvais pour la défense de ma
Foi." Le juge à ces mots, fit conduire Euloge devant le conseil du roi. Cependant un des
conseillers prit à part le Saint Confesseur; il lui déclara qu'on aurait égard à son mérite et qu'il
serait épargné, s'il consentait à renier de bouche Jésus-Christ devant le tribunal; à cette
condition on lui laisserait toute liberté de demeurer Chrétien. Indigné d'une telle proposition,
Euloge répondit à ce conseiller : "Si tu pouvais seulement connaître les récompenses qui
attendent ceux qui conservent Notre Foi, tu renoncerais aussitôt à toute dignité temporelle
pour les obtenir." Amené devant le conseil du roi, Euloge parla comme devant son premier
juge : il alla même jusqu'à exposer devant tout l'auditoire la Vérité de l'Évangile : pour ne pas
entendre cet enseignement, on le condamna aussitôt à être décapité.
Comme on le conduisait au supplice, un eunuque lui donna un soufflet. Euloge; sans se
plaindre, il lui présenta l'autre joue; l'infidèle eut l'insolence de la frapper encore. Arrivé au
lieu de l'exécution, Euloge pria à genoux, étendit les mains vers le Ciel et fit le Signe de la
Croix sur tout son corps. Puis avec une fermeté admirable, il présenta la tête au bourreau et
consomma ainsi son glorieux martyre un samedi (11 mars 859). Léocritie fut décapitée le
mercredi suivant, le 15 mars. Le fouet qui est placé près d'Euloge dans l’iconographie
rappelle qu'avant son dernier supplice il fut cruellement flagellé.
Les écrits d'Euloge que nous avons énumérés (Mémorial des Saints ou Actes des Martyrs de
Cordoue en trois livres; Exhortation au Martyre, adressée aux Vierges Flore et Marie;
Apologétique des Martyrs et un certain nombre de Lettres) sont dans P. L., t. 115, col. 736.
Les fidèles de Cordoue rachetèrent au bourreau la tête d'Euloge et l'enterrèrent avec son corps
dans l'église de Saint-Zoïle au service de laquelle il avait été attaché comme Prêtre durant
toute sa vie. Le 1er juin 860, on fit l'Elévation de son corps et parce que le 11 mars date de sa
Naissance Saint était ordinairement en Carême et parce qu'en ce Saint temps l'Église
mozarabe ne célébrait aucune fête, la mémoire des deux Martyrs Euloge et Léocritie fut
célébrée solennellement le 1er juin à Cordoue.
En 883, les deux corps furent transférés de Cordoue à Oviédo et on en fit l'anniversaire le 16
janvier. Une troisième translation fut exécutée par les papistes le 9 janvier 1300 à
Camarasanta. Ainsi s'explique comment le nom d'Euloge reparaît à ces diverses dates. Des
exemplaires du Martyrologe d'Usuard marquent encore ce nom au 20 septembre.
SAINT ROI MARTYR CONSTANTIN II D'ECOSSE (+874) 11 mars – 2 avril
A Saint-Andrew en Ecosse, on le fête le 11 mars. Le Roi Constantin fut tué dans un combat
contre les envahisseurs païens de l'Ecosse. Dans ses derniers moments, il répéta ces paroles
faisant écho au Psaume 27 : "Seigneur Jésus-Christ, n'abandonne pas aux bêtes les âmes qui
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Te servent." Il fut enseveli à Iona où des Miracles ont eu lieu sur son tombeau. Par la suite il a
été vénéré localement comme Martyr.
SAINT MOINE ET PROTOMARTYR D'ECOSSE CONSTANTINE DE GOVAN LE ROI
DE CORNOUAILLES DANS LE KINTYRE. (+576)
9 (Cornouailles et au Pays de Galles) – 11 mars (en Ecosse)
Le Roi Constantine de Cornouailles a été l'époux de la fille du roi de Bretagne. Il mena une
vie pleine de vice et d'avidité jusqu'à ce qu'il soit mené à la conversion par Saint Petroc. A la
mort de sa femme, il céda son trône à son fils afin de devenir Moine pénitent au Monastère
Saint-Mochuda à Rahan, Irlande. Il a exécuté des tâches serviles au monastère puis a étudié
pour la prêtrise et été ordonné. Constantine devint Missionnaire des Pictes en Ecosse sous
Saint Columba et puis Saint Kentigern, prêché dans le Galloway et fondé et est devenu Abbé
d'un Monastère à Govan près du Clyde River. Attaqué par des pirates en chemin vers Kintyre
dans son vieil âge, ils lui coupèrent son bras droit et il saigna jusqu’à son Endormissement. Il
est considéré comme le premier Martyr d'Ecosse. Il y a deux endroits en Cornouailles appelés
Constantine: celui sur la Rivière de Helford et l'autre près de Padstow. L'église sur le premier
site était la plus grande et a survécu comme monastère jusqu'au onzième siècle. Il est aussi le
Saint Protecteur des églises de Milton-Abbot et de Dunsford dans le Devon.
ou
Constantine était Roi de Cornouailles, fils de Padeon dont la conversion probablement date
d'une confrontation avec Saint Petroc qui abritait un cerf qui avait trouvé refuge chez lui des
chasseurs de Constantine. Constantine a épousé une princesse de Bretagne qui est morte peu
après le mariage et le Roi était si désolé qu'il quitta son royaume d'abord pour le Monastère de
Saint-David à Menevia et puis pour l'Irlande à Rathin, rendu célèbre par Saints Carthage et
Mochuda. Arrivé à Rathin sans se présenter, il devint commis pour travailler dans le grenier,
meulant le maïs dans un moulin de pierre. Un jour un Moine l'entendit riant et se disant à
lui-même : "Est ce vraiment Constantine, le Roi de Cornouailles qui a porté un casque et un
bouclier, travaillant ce moulin à main? C'est le même et pourtant ce ne l'est plus."
Cette conversation a été rapportée à l'Abbé qui le prit dans la communauté et peu après on l'a
ordonné Prêtre. Il vécut sept ans à l'Abbaye avant d'être reconnu et à présent il était
relativement âgé mais il a désiré visiter Iona et partit avec la bénédiction de l'Abbé. Saint
Columba l'a reçu avec douceur et l'a envoyé à Saint Kentigern qu'il a pu rencontrer quand il
était à Menevia. En visitant Glasgow, il est resté quelque temps avec Saint Mirren à Paisley et
tous deux sont devenus de grands amis, tels que Constantine a décidé lui-même construire un
Monastère tout près à Govan près de la rivière. Il est intéressant de remarquer que l'église (en
ruine) de Saint Constantine, sur la rive de la Baie qui porte son nom, a la paroisse de Saint
Merryn contiguë et la fontaine dans l'église de Saint Merryn vient de Saint Constantine.
Après avoir fondé son Monastère à Govan, Saint Constantine se sentit appeler à prêcher la Foi
au Christ chez les païens et c'est ainsi qu'il partit à Kintyre avec une partie de ses Moines. Làbas,
près de Campbeltown Loch, un groupe de bandit les a attaqués, l'a haché avec un de ses
disciples. Les ruines d'une église à Kilchouslan sont supposées marquer l'endroit où le premier
des Martyrs d'Ecosse a été attaqué et rendit son âme au Seigneur, succombant à un bras
coupé. Ses frères l'ont retrouvé et reçurent sa bénédiction avant qu'il ne naissant au Ciel. Ils
ramenèrent son corps à Govan pour l'ensevelir enterré dans l'église qui porte son nom. Son
sarcophage a été découvert en 1855 et a été restitué à l'église qui garde sa fête le 11 mars.
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Tropaire de Saint Constantine de Govan ton 5
Attristé par la perte de ta jeune épouse,/
tu renonças au monde, Ô Martyr Constantine,/
mais voyant ton humilité, Dieu t'a appelé à quitter ta solitude et Le servir comme Prêtre./
Suivant ton exemple,/
nous prions pour avoir la Grâce de voir que nous devons servir Dieu selon Sa Volonté/
et pas comme nous le désirons,/
afin d'être trouvés dignes de Sa Grande Miséricorde.
Kondakion de Saint Constantine de Govan ton 4
Tu étais né pour être le roi de Cornouailles,/
Ô Martyr Constantine,/
et qui aurait pu prévoir que tu deviendrais le Premier Hiéromartyr d'Ecosse./
En chantant tes louanges, Ô Saint Martyr,/
nous reconnaissons la vanité de préférer les projets humains à la Volonté de Notre Dieu.
31 octobre – 11 mars (translation) – 9 mai
SAINT MARTYR EPIMACHE DE PELUSIUM A ALEXANDRIE (+250)
Saint Epimaque fut un des Pères du Désert qui voulut imiter le Prophète Elie et Jean le
Précurseur. Natif d'Egypte, il vécut longtemps en Reclus au Mont Peleusis. Durant la grande
persécution contre les Chrétiens à Alexandrie en 250 et alors que beaucoup de Chrétiens se
réfugiaient au Désert, Saint Epimaque entra dans la cite avec grand zèle pour détruire les
idoles païennes et confessa sans crainte l'Enseignement de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Pour cette raison, il fut soumis à la torture et souffrit le martyre avec un autre Chrétien
nommé Alexandre. Parmi les personnes alors présentes, se trouvait une femme infirme des
yeux. Une goute de sang du Martyr guérit alors son infirmité. Après d'atroces tortures, Saint
Epimaque fut décapité par le sabre.
On les jeta d'abord tous deux dans une affreuse prison : on les en retira ensuite pour les
fustiger et leur déchirer les côtés. Enfin ils furent brûlés dans la chaux vive. D'après certains,
les Précieuses Reliques de Saint Epimaque furent translatées d'Alexandrie à Constantinople;
d'autres avancent qu'elles sont ou ont été localisées dans les Catacombes de Rome. Elles sont
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aujourd'hui avec celles de Saint Gordien au diocèse d'Augsbourg dans l'Abbaye de Kempten
qui faisait partie du royaume de Bavière.
SAINTS HIEROMARTYRS PIONIUS ET LINUS, PRESBYTRES A SMYRNE, SAINTES
MARTYRES SABINA ET MACEDONIA ET SAINT MARTYR ASCLEPIADES (+ 250)
Pionius était Prêtre de Syrie. Il souffrit à Smyrne durant la persécution de Dèce. Il fut
condamné à être crucifié, ce qui le réjouit. A peine les soldats avaient-ils fabriqué la Croix et
l'avaient-ils posée au sol et élevée, Pionius se coucha de lui-même dessus, étendit ses bras et
ordonna aux soldats de lui clouer les mains avec des clous. La Croix fut enfoncée à l'envers
dans le sol et on alluma un feu sous la tête du Martyr. Nombre de gens s'assemblèrent autour.
Pionius ferma ses yeux et pria Dieu en son for intérieur. Les flammes ne touchèrent pas même
les cheveux de sa tête sur le feu. Quand pour finir, on éteignit le feu et que tout le monde
pensa que Pionius avait rendu son âme à Dieu, il ouvrit les yeux et cria avec joie : "Ô Dieu,
reçoit mon âme" et il expira. Ce Saint avait rédigé la "Vie de Saint Polycarpe de Smyrne"
avec qui il se réjouit dans le Royaume du Christ. Il souffrit et fut glorifié en 250.
ou
The PriestMartyrs Pionos and Linos – Smyrna Presbyters, the Holy Martyresses Sabina and
Macedonia, and the Holy Martyr Asclepiades suffered during the time of persecution under
the reign of Decius (249-251). They suffered at Smyrna, a mercantile city reknown in
antiquity, situated on the Eastern shores of the Aegean Sea. The Smyrna Church was founded
by the holy Apostle John the Theologian (Comm. 8 May and 26 September), and it was
glorified by the stoic firmness of its confessors in the faith of Christ.
Having learned that a persecution had begun, and preparing themselves for suffering, Saint
Pionos together with Sabina and Asclepiades dwelt in strict fasting and intense prayer. Saint
Pionos took three lengths of chain and placed them on himself and his companions.
The holy Martyrs were arrested on 23 February – the day of memory of the holy PriestMartyr
Polycarp, Bishop of Smyrna (+ 167) – a feastday for the Smyrna Christians. After a brief
interrogation the holy confessors were led off to prison. And in prison Saint Pionos with his
companions met up with the presbyter of the Smyrna cathedral church, named Linos, together
with his wife named Macedonia from the village of Carina. They had likewise been
imprisoned for confessing the Name of the Lord. Many believers visited the holy confessors
in prison, offering them whatever they could, but the Saints distributed it all to the prison
guards. There came to Saint Pionos also those, who formerly were Christians, but out of fear
of the torturers had consented to offer sacrifice to the idols: these too besought their prayers.
Saint Pionos bitterly wept over the faint of heart and he admonished them: "Despair not,
brethren, though ye have done a grievous sin, but repent ye truly and turn with all your heart
to Christ." After many torments, on 11 March 250 they crucified the holy Martyr on a cross.
They set kindling around the cross and set it afire. When the bon-fire subsided, everyone saw
the body of the Saint perfectly unharmed; even the hairs of his head were unburnt. His face
was radiant, and it shone with a Divine grace.
SAINT EVÊQUE VINDICIEN DE CAMBRAI ET D'ARRAS (+ VERS 712)
Vindicien naquit à Bullecourt en Artois vers la fin du règne de Clotaire II (620) et fut élevé
par les soins le Saint Evêque Éloi de Tournai et Noyon. On pense que mis également en
relation avec le Saint Evêque Aubert d'Arras, il reçut de cet Evêque la tonsure et les ordres
qui conduisent au sacerdoce. Désireux de finir ses jours dans la solitude, Aubert associa
17
Vindicien à l'administration de son diocèse, l'établit son vicaire à Arras, tandis que lui-même
travaillait dans le diocèse de Cambrai car les deux diocèses étaient alors réunis sous un même
Evêque. Les débuts de cette administration furent heureux; aussi quand Aubert vint à rendre
son âme à Dieu (669), le clergé et les fidèles s'entendirent pour que Vindicien prît le titre et
l'autorité d'Evêque de Cambrai et d'Arras. Le nouvel Evêque marchant sur les traces de son
prédécesseur, fut un père plein de tendresse, un pasteur vigilant, charitable, désintéressé : il
acheva les établissements, monastères et hôpitaux commencés par Aubert.
Parmi les actes de son épiscopat, il faut signaler la Translation des Précieux Restes de Sainte
Maxellende; peu de jours avant la Naissance au Ciel de Saint Aubert, elle avait été martyrisée
à Caudry. Une Pieuse Veuve nommée Amaltrude était venue dire à Vindicien, de la part du
Ciel qu'il devait faire cette Translation et qu'à cette occasion, il verrait de grands prodiges. En
effet Vindicien vit la conversion et la guérison miraculeuse d'Harduin, meurtrier de la Sainte
qui avait été frappé de cécité. Cet homme se fit conduire sur le passage du cortège, se jeta à
genoux devant le brancard sur lequel on portait le corps de la Sainte, demanda publiquement
pardon de son crime. Quand il eut achevé cet aveu, ses yeux s'ouvrirent, il se releva et alla se
prosterner devant Vindicien pour lui raconter tout ce qui s'était passé. L'Evêque en profita
pour exposer à la foule comment Dieu se plaît à glorifier Ses Saints et les raisons que nous
avons de L'en remercier. Il voulut qu'une fondation perpétuât le souvenir de ce triomphe et il
établit à Caudry une communauté pour garder les Précieuses Reliques de la Sainte Martyre.
La même année, Vindicien consacra l'église de la nouvelle abbaye fondée à Homecourt par un
seigneur du pays pour sa fille Auriana. Après la consécration de deux autres églises entre
Elnon et Marchiennes, on le vit assister à la consécration de l'église du Monastère d'Elnon
puis mettre sa signature au bas du testament de Saint Amand (679).
Après le meurtre de Saint Léger d'Autun, les Evêques chargèrent Vindicien d'adresser des
observations sévères au Roi Thierry III. Il le fit avec vigueur et prudence; le Prince en
exprima son regret comme s'il avait été l'auteur du crime, se soumit à la pénitence qu'on
voulait lui imposer et Vindicien le chargea de bâtir et de doter plusieurs monastères. L'Evêque
avait gardé la direction de l'Abbaye de Saint-Vaast : il songea à y mettre un Abbé et après en
avoir conféré avec Thierry, bienfaiteur de l'abbaye, il porta son choix sur le Bienheureux
Hatta, Moine de Blandinberg près de Gand en Belgique. En 686 après avoir consacré l'église
du Monastère d'Hamage, il y translata les corps de Sainte Eusébie et de Sainte Gertrude.
Le reste de son épiscopat se passa dans une application continuelle aux devoirs de son
ministère. Il veillait jour et nuit aux besoins spirituels et corporels de son peuple, priait pour
sa sanctification, distribuait largement aux malheureux les revenus qu'il tirait de son
patrimoine, déracinait avec soin les restes d'idolâtrie et d'infidélité dans les extrêmes limites
du diocèse de Cambrai, travaillait sans cesse à rétablir ou à conserver la pureté des moeurs
parmi les fidèles. Sur la fin de ses jours il se retirait volontiers à l'Abbaye de Saint-Vaast, au
Mont-Saint-Éloi ou en quelque autre retraite. Des affaires importantes ou peut-être le simple
désir de visiter les parties lointaines de son diocèse de Cambrai, le conduisirent dans la
bourgade de Brosselles [Bruoc-sella], noyau de la future ville de Bruxelles. Il y fut saisi de la
fièvre et perdit ses forces en peu de jours; lui-même sentit que sa fin approchait. Il appela près
de lui les disciples qui l'avaient accompagné, leur donna ses derniers avertissements et
demanda qu'après sa Naissance Saint son corps fût transporté au Monastère du Mont-SaintÉloi
pour y être enseveli. Son Départ vers la Jérusalem Céleste survint vers 712.
La maison dont Saint Eloi s'était fait un lieu de station pour la prière reçut ainsi les Précieux
18
Restes de Vindicien. Elle devint plus tard une abbaye de Chanoines réguliers. Le tombeau de
Vindicien devint un lieu de pèlerinage où s'accomplirent divers Miracles. En 881, le Mont-
Saint-Éloi fut pillé par les Normands qui massacrèrent les Moines pendant soixante ans, on y
perdit de vue le tombeau de Vindicien. Le 25 juin 840, le tombeau fut découvert, l'Evêque
Fulbert d'Arras fit l'Elévation solennelle du corps. Une nouvelle profanation du lieu arriva en
1006 par le meurtre de plusieurs Chanoines.
Le 18 octobre 1030, l'Evêque Gérard I de Cambrai faisant en cette ville la dédicace de la
nouvelle église de la Mère de Dieu, il y transféra les Vénérables Reliques de Saint Vindicien.
En 1419, pendant les terribles guerres entre Armagnacs et Bourguignons, la châsse de Saint
Vindicien fut envoyée à Douai par les papistes. En 1453, on la rapporta à Notre-Dame d'Arras
puis dans l'abbaye du Mont-Saint-Éloi. Depuis 1601, les Précieuses Reliques de Saint
Vindicien sont à la cathédrale d'Arras.
ou
Vindicien vint au monde en un bourg appelé Bullecourt, au territoire de Bapaume en Artois,
vers l'année 620. Les fondations magnifiques qu'il a faites depuis avec le revenu de son
patrimoine, montrent assez qu'il était issu de parents riches et des plus considérables du pays.
Son enfance se passa dans une innocence parfaite. La Crainte et l'Amour de Dieu croissant en
lui avec l'âge, son occupation principale en sa jeunesse était d'aller souvent à Arras, par un
chemin écarté que l'on a depuis appelé de son nom pour y passer les heures et les journées
entières à prier dans les églises et à entendre la Parole de Dieu. Il se fit en même temps auprès
de la ville un petit oratoire; après s'être acquitté de ses devoirs extérieurs de dévotion, il s'y
retirait tout seul pour s'exercer aux jeûnes, aux veilles et à la contemplation des Biens
Célestes. Il remporta de cette manière de grandes victoires sur lui-même, refrénant ses
passions, domptant sa chair et ajoutant à cette étude continuelle de la mortification, les
oeuvres de charité envers les pauvres : toutes choses qui le rendirent en peu de temps un
modèle de perfection et un homme excellent en toutes sortes de vertus.
Il fut aidé dans ces commencements par le Grand et Saint Evêque Eloi de Tournai et Noyon
qui avait fait bâtir sur une montagne assez voisine du lieu où notre Saint faisait sa retraite et
que l'on appelle aujourd'hui le Mont-Saint-Eloi, un petit domicile où vivaient dix Ermites en
grand silence et séparés les uns des autres. Comme ce Saint Evêque visitait souvent ce lieu de
piété pour y respirer plus librement l'air de l'Eternité après les grandes occupations de sa
charge, Saint Vindicien qui s'y rencontrait en même temps, profitait admirablement de son
enseignement et puisait abondamment à cette source la science du Salut et de la perfection
chrétienne. Il avait aussi de fréquentes communications avec l'Evêque Aubert d'Arras et son
pasteur et avec d'autres Saints Personnages de son voisinage. Et comme il apprenait de l'un la
douceur et la patience, de l'autre le zèle infatigable à secourir le prochain; de celui-ci, la
modestie, la tempérance et la chasteté; de celui-là, le mépris général de toutes les choses de la
terre, il se fit dans son âme un bienheureux concert de tout ce qu'il y avait de plus rare et de
plus Saint dans ces grands hommes qui étaient regardés comme les merveilles de leur siècle.
Sa prudence et son mérite éclatèrent particulièrement dans une assemblée qui se fit à Arras
pour la conclusion du testament de Sainte Rictrude avant qu'elle se retirât dans son Abbaye de
Marchienne. Le Grand Saint Evêque Amand de Maastricht l'ayant prié de s'y trouver, il y
travailla à cette affaire avec tant de jugement et de bon sens qu'on vit bien que s'il était retiré
dans une solitude, ce n'était pas faute de lumières pour manier les affaires les plus importantes
mais par le désir de servir Dieu plus parfaitement. Dès lors Saint Aubert jeta les yeux sur lui
19
pour le faire son successeur et le nomma son grand-vicaire à Arras. C'est ce qui fait croire que
notre Saint contribua beaucoup, par ses conseils et par ses grands biens, à la fondation de la
célèbre Abbaye de Saint-Vaast que Saint Aubert avait déjà commencée; il dut aussi assister
avec son Evêque, à la Translation du corps de Saint Vaast, en la nouvelle église de cette
abbaye et à celle du corps de Saint Fursy lorsque Saint Eloi transféra les Vénérables Reliques
de ce dernier Saint du premier lieu de sa sépulture en celle de l'église collégiale de Péronne.
Elu Evêque d'Arras et de Cambrai après l'Endormissement de Saint Aubert en an 675,
Vindicien remplit parfaitement tous les devoirs d'un véritable pasteur. Il parcourait toutes les
paroisses de son diocèse avec une charité infatigable et quoiqu'il ne manquât pas de vigueur et
de sévérité à l'égard de ceux qui s'obstinaient dans Je vice, il avait une douceur et une bonté si
admirables pour les autres qu'il remédiait généralement à tous leurs maux corporels et
spirituels, consolant les affligés, fortifiant ceux qui perdaient courage, donnant de grandes
aumônes aux pauvres et surtout gagnant une infinité de pécheurs à Dieu. Mais les faits qui
signalèrent son épiscopat, nous le ferons mieux connaître que de simples éloges.
Le premier, en suivant l'ordre des temps, est la Translation solennelle qu'il fit du corps de
Sainte Maxellende martyrisée à Caudry peu de jours avant la Naissance au Ciel de Saint
Aubert par un seigneur qu'elle avait refusé d'épouser et dont les Précieux Restes avaient été
déposés dans l'église de Pommereuil. C'est là qu'une Pieuse Veuve qui avait coutume
d'adresser à Dieu sa prière auprès du tombeau de la jeune Martyre, entendit ces paroles : "Va
trouver le Pontife de Cambrai Vindicien et dis-lui qu'il vienne ici avec des Prêtres et des
clercs pour lever le corps de la Vierge Maxellende, le porter à l'endroit où elle e été tuée et l'y
ensevelir. Le Tout-Puissant pour glorifier son nom, doit opérer beaucoup de prodiges en ce
lieu où par Amour pour Jésus-Christ, elle a été mise à mort par des impies." Saint Vindicien
écouta le récit de la Vénérable Veuve avec une attention respectueuse, lui adressa toutes les
questions que la prudence lui suggérait. Puis reconnaissant à n'en pas douter que c'était là une
manifestation de la Volonté du Ciel, il ordonna tous les préparatifs de cette cérémonie. Au
jour fixé, il publia un jeûne pour attirer les bénédictions du Ciel et se transporta ensuite avec
une partie de son clergé et un grand nombre de fidèles au lieu où reposait le corps de la
Sainte.
Une des circonstances les plus frappantes qui signalèrent cette Translation, celle surtout qui
remplit de consolation le coeur de Saint Vindicien, ce fut la conversion et la guérison
miraculeuse d'Harduin, meurtrier de la Sainte. Conduit à sa demande au-devant du cortège
que suivait l'Evêque, il s'était jeté à genoux auprès du brancard sur lequel reposait le corps de
la Vierge martyrisée. Saint Vindicien, immobile au milieu de son clergé, suivait du regard
cette scène attendrissante lorsque, tout-à-coup, il voit Harduin se relever plein de joie et
accourir vers lui en lui racontant sa guérison et les miséricordes dont le Seigneur venait d'user
à son égard. A l'aspect de ce grand coupable prosterné à ses pieds et répandant des larmes en
abondance, le Saint Evêque est au comble du bonheur. Il ne peut contenir les sentiments qui
remplissent son âme et s'adressant à la foule émue d'un tel spectacle : "Mes frères, vous avez
tous vu l'oeuvre que le Seigneur vient d'opérer en votre présence. Rendons-Lui Grâces et
remercions-Le de ce qu'Il daigne glorifier ainsi la Vierge Maxellende. Point de doute que ce
que nous faisons ici ne soit Sa Volonté. Achevons donc cette Sainte Cérémonie avec respect
et dévotion."
Ayant ainsi parlé, Saint Vindicien donna sa bénédiction à la multitude qui continua sa marche
en louant Dieu jusqu'au village de Caudry. Après qu'il eut célébré les Saints Mystères et placé
dans un lieu convenable les Précieuses Reliques de Sainte Maxellende, le digne Evêque
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songea à perpétuer, par une Pieuse Fondation, le souvenir du triomphe qu'elle avait remporté.
Pour cela, il établit à Candry une communauté chargée de veiller sur le dépôt sacré et de
servir Dieu dans la vertu.
L'année où Saint Vindicien rendait cet éclatant hommage à une jeune Vierge martyrisée, une
maison de prière s'élevait à Honnecourt pour quelques personnes qui demandaient à y vivre
dans la chasteté parfaite et l'Amour de Dieu. Elle était fondée par un seigneur du pays appelé
Amaltride et son épouse Childeberte, en faveur de leur fille Auriana. Saint Vindicien consacra
l'église de ce monastère avec le Vénérable et Saint Evêque Lambert de Maastricht qui
répandit peu après son sang pour la Cause de Jésus-Christ. Entre les abbayes déjà florissantes
d'Elnon et de Marchiennes, s'élevaient deux autres monastères qui promettaient encore des
fruits de Salut à cette contrée privilégiée. Jean, seigneur du lieu et sa soeur Eulalie, avaient
formé le désir de se consacrer au Seigneur et de se retirer dans la communauté qu'ils
réuniraient, l'un d'Hommes Pieux, l'autre de Vierges et de veuves, tous disposés à ne plus
vivre que pour Dieu. Les travaux accomplis, Saint Vindicien vint bénir et consacrer ces deux
églises placées sous le vocable des Saints Apôtres Pierre et Paul. Presque au sortir de ce lieu,
Saint Vindicien fut invité par Saint Amand à assister à la consécration de l'église de son
Monastère d'Elnon. Cette fois, il se trouva dans la société du Saint Evêque métropolitain [=
Métropolite] Réole de la province de Reims, du Saint Evêque Mommolin de Tournai et de
Noyon, du Saint Abbé Berlin de Sithiu et de plusieurs autres Saints Personnages disciples de
Saint Amand. Ensemble, ils offrirent leurs prières à Dieu pour la propagation de l'Evangile et
la sanctification des âmes. Tous aussi entendirent le testament que lut alors en leur présence
Saint Amand et qu'il les pria de confirmer en y ajoutant leur nom. Le Saint Evêque d'Arras le
fit en ces termes : "Au Nom du Christ, moi, Vindicien, pécheur, j'ai souscrit." Ceci se passait
le 17 avril de l'an 679.
Saint Vindicien rentrait à Cambrai quand un autre Evêque arrivait dans le diocèse d'Arras, les
yeux crevés, les lèvres mutilées, le corps tout meurtri et conservant à peine quelques gouttes
de sang qu'il allait bientôt répandre. C'était Saint Léger, l'un des Evêques persécutés par
Ebroïn et celui dont le souvenir a laissé une plus profonde impression dans la mémoire des
peuples. Mis à mort dans la forêt de Sarcing en Artois par les ordres de l'implacable maire du
palais, il avait consommé son long martyre par une mort glorieuse que Dieu couronna aussitôt
par des prodiges. En effet tous les Evêques et les Chrétiens fidèles de France que le bruit de
l'attentat commis sur Saint Léger avait d'abord profondément affligés, se sentirent remplis de
consolation quand ils apprirent les Miracles qui s'opéraient au tombeau du Pontife martyrisé.
A quelque temps de là, plusieurs Evêques réunis dans une ville importante du royaume,
s'entretenaient entre eux des affaires de l'Eglise et surtout du meurtre sacrilège de Saint Léger.
Parmi eux se trouvait Saint Vindicien. Ils décidèrent d'une voix unanime que des
représentations respectueuses seraient adressées au Roi Thierry sur l'attentat commis contre la
personne du Saint Evêque d'Autun. Tous aussi convinrent de déférer ce dangereux honneur à
l'Evêque de Cambrai et d'Arras dont le caractère et la vertu semblaient rendre plus capable de
remplir avec succès une mission si difficile. Sans s'effrayer des conséquences que pourrait
avoir pour lui une semblable démarche, Saint Vincicien se soumit à la décision de ses
collègues. Il remit son sort entre les mains de Dieu et aborda courageusement le monarque au
milieu des principaux seigneurs de sa cour. Après quelques paroles pleines de sagesse qui lui
concilièrent la bienveillance des spectateurs, il commença à représenter au Roi avec respect
"que c'est un devoir pour l'Evêque de reprendre celui qui a failli, de peur qu'il ne meure dans
son péché et que l'Evêque ne soit puni avec lui." Puis après ce préambule dans lequel l'intérêt
du coupable était surtout invoqué et mis en ayant, Saint Vindicien s'adressa directement à
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Thierry et ajouta qu'il devait écouter avec soumission quelques paroles de reproche sur le
meurtre de Saint Léger, commis à sa connaissance; que ce crime était si grand que des
Evêques réunis en conseil ne savaient presque quel remède ordonner pour une semblable
blessure; qu'il fallait que le Roi se réconcilia avec Dieu en toute humilité qu'il reconnut sa
faute et qu'avec le Juste Job qui, lui aussi, était puissant dans son pays, il prononçât ces
paroles : "Je n'ai point caché mon péché mais je l'ai confessé en présence de tout le peuple;"
qu'il devait pareillement imiter le Saint Roi et Prophète David dans la conduite qu'il tint après
son péché, avouer comme lui publiquement sa faute et comme lui se prosterner devant le
Seigneur pour la pleurer. "Alors," ajoutait-il en finissant, "le Roi méritera d'entendre comme
David cette promesse : "Parce que tu t'es repenti de ton iniquité, elle t'est pardonnée; tu ne
mourras point." Thierry écouta l'Evêque avec respect, déclara qu'il reconnaissait sa faute et
qu'il s'efforcerait de la réparer "en sorte," continue le biographe du Saint, "que les spectateurs
se demandaient entre eux si Vindicien avait été plus ferme dans ses reproches que le Roi
n'avait été prompt dans sa soumission."
L'assemblée des Evêques avait heureusement accompli l'un des plus importants objets qu'elle
s'était proposé. Une autre question, bien grave aux yeux de ces hommes de Foi, s'offrait
maintenant : savoir à qui serait donné le corps du Saint Martyr. Trois Pontifes avaient exposé
de justes réclamations et il paraissait difficile de décider auxquelles il était plus convenable de
céder. Ansoald de Poitiers représentait que Saint Léger outre qu'il était son parent, avait
gouverné ce diocèse en qualité d'Archidiacre et dirigé pendant six ans le Monastère de Saint-
Maixent, situé non loin de sa ville épiscopale. De son côté, Hermenaire d'Autun, le successeur
de Saint Léger, demandait qu'on rendit à sou peuple celui qui avait été son pasteur et son père.
L'assemblée était déjà émue et édifiée du discours de ce Pieux Prélat lorsque Saint Vindicien,
prenant la parole, réclama les Précieux Restes de ce Martyr que la Providence avait amenés au
milieu de son troupeau pour lui donner sa Couronne.
"Vénérables Pontifes," leur dit-il, "la chose ne se peut faire comme vous le dites. C'est à moi
que doit rester le privilège de posséder ce Bienheureux Corps : pareil honneur est dû au lieu
où il a daigné prendre son Repos. Si vous pesez tout avec justice, aucun de vous deux ne
réclamera le corps du Saint Martyr car si vos églises l'ont eu l'une pour Archidiacre et l'autre
comme Evêque, la nôtre l'a comme Martyr. C'est parmi nous qu'il a heureusement combattu
sous les Drapeaux du Christ, c'est au milieu de nous qu'il a vaincu. Mais à quoi bon ces
délibérations? Lui-même n'a-t-il pas manifesté sa volonté ? S'il avait voulu reposer chez vous,
il n'aurait jamais illustré notre diocèse de tant de Miracles. Mettez donc fin à tous ces débats
et ne cherchez point au Saint Martyr d'autre asile que celui qu'il a choisi. Ce lieu, nous
pouvons l'embellir d'édifices magnifiques et y placer de nouveaux ministres." Ainsi parla
Saint Vindicien; les pères réunis décidèrent qu'il fallait consulter par le sort la Volonté du
Seigneur et leur Foi aussi naïve que sincère termina ainsi ce débat. Le corps du Saint échut à
l'Evêque Ansoald de Poitiers. Saint Vindicien reçut une partie du Chef qu'il déposa dans son
Abbaye de Saint-Vaast d'Arras. D'après une ancienne tradition, on croit que cette maison
possédait entre autres Précieuses Reliques, la pierre sur laquelle avaient été recueillis les yeux
sanglants du Pontife.
Le Roi Thierry, de son côté, se plut à donner des marques éclatantes de son repentir et les
bonnes oeuvres multipliées qui signalèrent les dernières années de son règne, confirmèrent la
Vérité de l'impression faite sur son âme par la parole de Saint Vindicien. "Et parce que,"
ajoute l'historien du Saint, "le sang de Saint Léger, injustement répandu dans le pays des
Atrébates avait été une occasion de grands troubles pour cette partie du territoire des Francs
où Saint Vaast avait apporté la Foi, l'Evêque Vindicien obtint du monarque que le Monastère
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d'Arras (depuis appelé Saint-Vaast) ressentit surtout les effets de son généreux repentir.
Ce monastère commencé par Saint Aubert sur l'emplacement de l'oratoire où se retirait
d'ordinaire Saint Vaast pour vaquer à la prière et à la Contemplation, était devenu pour Saint
Vindicien l'objet d'une sollicitude spéciale. Il entrait dans ses vues d'accomplir en tout la
volonté de son vénérable prédécesseur et d'établir dans la ville épiscopale d'Arras une
communauté d'hommes fervents pour la sanctification des âmes. Dans ce dessein, il n'épargna
nuls sacrifices, nulles dépenses; tellement qu'il a été considéré de tout temps comme le
premier et le plus insigne bienfaiteur de cette abbaye. Si l'on en croit certains auteurs, Saint
Vindicien aurait fait à cette époque un voyage à Rome et aurait obtenu du Patriarche romain
des bulles qui confirmaient les donations et privilèges accordés au Monastère de Saint-Vaast.
Jusqu'alors il en avait gardé la direction : l'état encore précaire de la communauté, le petit
nombre des membres qui la composaient, le besoin continuel de ses conseils et de ses secours,
demandaient cette surveillance immédiate de l'Evêque fondateur. Mais quand Saint Vindicien
vit le développement que prenait cette maison, il songea à y placer un Abbé, sur qui il pût se
reposer de ce soin et qui lui vint en aide dans l'administration de l'Eglise des Atrébates. Le Roi
Thierry ne fut pas étranger à cette détermination : l'intérêt toujours croissant qu'il portait à
cette abbaye où il voulait être enseveli avec son épouse, lui faisait chercher tous les moyens
d'assurer sa prospérité. Après en avoir conféré avec le Prince, Saint Vindicien appela pour la
gouverner le Bienheureux Hatta, Moine de Blandinberg près de Gand et l'un des disciples de
Saint Amand. Ce choix sage et fait à propos produisit tous les fruits qu'on attendait. Saint
Vindicien se confiant sur un homme rempli de l'Esprit de Dieu, s'éloigna pour aller en d'autres
lieux où sa présence devait aussi procurer un grand bien.
Ces événements nous conduisent à 685, date à laquelle on fixe l'arrivée du Bienheureux Hatta
au Monastère de Saint-Vaast. L'année suivante, Saint Vindicien appelait ce Saint Abbé à la
consécration de la nouvelle église bâtie au Monastère d'Hamage par les soins de Gertrude qui
venait de succéder à Sainte Eusébie. Le Pontife fit en même temps, au milieu d'un concours
de fidèles, la Translation du corps de cette Abbesse et de Sainte Gertrude, son aïeule.
A partir de ce moment, le biographe du Saint Evêque ne signala plus de faits particuliers et
expose à nos yeux sa conduite au milieu de ses ouailles :
"Saint Vindicien avait fait tant et de si grandes choses dans la Maison de Dieu qu'il surpassait
ou du moins égalait les autres Pontifes. Toute sa vie, il ne refusa aucun secours et ne recula
devant aucune fatigue pour combler les églises et les monastères de son diocèse des biens
spirituels et temporels et gagner des âmes à Jésus-Christ. Et parce que, selon la sentence du
Saint-Esprit, ce n'est pas la parole mais la vie qui persuade, il apportait un soin extrême pour
l'accomplissement de ses devoirs de pasteur et offrait sans cesse à son troupeau, par ses
paroles et ses oeuvres, d'admirables exemples de vertu et de piété. Il distribuait avec
abondance aux pauvres et aux malheureux les richesses que lui procurait son patrimoine et
conformément à l'oracle de l'Evangile, il renfermait dans le Ciel un trésor qui ne doit jamais
périr."
Jusque dans ses dernières années, Saint Vindicien s'occupa avec la plus active sollicitude, du
Salut des âmes. Quand il voulait se reposer de ses fatigues et rendre à ses membres appesantis
par l'âge la force et la vigueur dont ils avaient besoin, il se retirait au Monastère de Saint-
Vaast, au Mont-Saint-Eloi ou dans quelque autre retraite. Là, il vivait comme un père au
milieu de ses enfants, priant Dieu pour son troupeau et achevant de se sanctifier par toutes
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sortes de bonnes oeuvres. Des affaires importantes ou peut-être simplement le désir de visiter
ces parties lointaines de son diocèse de Cambrai, l'ayant conduit à Bruxelles, il y fut saisi de
la fièvre et perdit ses forces en peu de jours. Sentant que sa fin approchait, il appela les
disciples qui l'avaient accompagné, leur donna ses derniers avertissements et leur demanda
qu'après sa mort, on transportât son corps au Monastère du Mont-Saint-Eloi qu'il avait choisi
pour lieu de sa sépulture. Ces paroles prononcées, il se recueillit en lui-même et remit son
âme à son Créateur au milieu des prières et des pleurs de ses enfants spirituels. Saint
Vindicien avait alors atteint sa quatre-vingtième année.
Respectueusement ramené de Bruxelles, son corps fut déposé par des Evêques et d'autres
Prélats dans le monument qu'on lui avait préparé au Mont-Saint-Eloi. Il resta dans ce lieu
jusqu'au jour où il fut levé de terre en raison des nombreuses guérisons qui s'y opéraient. Le
bruit s'en répandit au loin et une foule de pèlerins arrivait pour se recommander à sa
protection. Des Rois et des Princes y envoyèrent leurs offrandes. L'Evêque Haligtaire de
Cambrais et d'Arras demanda avant de s'endormir qu'on y ensevelit son corps et Hincmar de
Lyon y envoya vers le même temps sa nièce qui y recouvra l'usage de la vue qu'elle avait
complètement perdue.
Des jours de deuil et de désolation arrêtèrent ces élans de la dévotion des peuples. Après avoir
commis d'affreux dégâts dans tout le pays, les Normands vinrent attaquer l'Abbaye du Mont-
Saint-Eloi et la détruisirent de fond en comble après avoir massacré les Moines qui essayaient
de s'échapper à leur aveugle rage. Pendant soixante ans, ce lieu ne présenta qu'un amas de
ruines. La Providence permit que le tombeau de Saint Vindicien fût alors découvert (940) et
l'Evêque Fulbert, accompagné de plusieurs Prélats, leva les Précieux Restes avec solennité.
Quelques mots que l'on trouva gravés auprès du corps ne permirent pas de douter de son
identité. Après l'avoir renfermé dans une belle châsse, Fulbert en confia le dépôt à huit Clercs
ou Chanoines qu'il plaça dans une église bâtie par ses soins sur l'emplacement de l'ancien
monastère. Ce lieu fut encore souillé par le meurtre de plusieurs Chanoines qui s'opposaient à
des actes de rapine et de brigandage à l'époque où le duc Richard de Normandie traversa
l'Artois pour aller attaquer l'empereur Henri II alors occupé à faire le siège de Valenciennes
(1006).
Quand l'Evêque Gérard I fit, le 18 octobre 1030, la dédicace de la nouvelle église de la Mère
de Dieu à Cambrai qu'il avait réparée et agrandie considérablement, il ordonna d'apporter pour
cette cérémonie les Saintes Reliques des anciens Pontifes qui avaient gouverné ce diocèse et
entre autres celles de Saint Vindicien. On trouve aussi qu'en plusieurs circonstances ces
Vénérables Restes furent portés processionnellement dans l'Artois, la Flandre et le Hainaut
selon la coutume médiévale.
Pendant les guerres qui eurent lieu en France entre les factions si connues des Armagnacs et
des Bourguignons (1419), Michel Dalenne alors abbé papiste du Mont-Saint-Eloi, envoya à
Douai la châsse qui renfermait les Précieuses Reliques du Saint Evêque; elles y restèrent
trente ans après lesquels on les transféra dans l'église de la Mère de Dieu à Arras. Ce fut le 7
juillet 1453 qu'on les replaça dans l'abbaye. Elles furent sauvées à l'époque de la révolution
par M. Aubine Le Gentil, moine papiste de Saint-Eloi, successivement professeur de
théologie, archiviste, prieur de Rebreuve et prieur de Souy-en-Ternois. L'abbé papiste de
Saint-Eloi alors régnant, Augustin Laigael, se faisait illusion sur la portée que devait avoir la
souillure anti-chrétienne que fut cette révolution; il ne prenait pas assez de précautions pour se
soustraire, aussi bien que les dépôts sacrés qui lui étaient confiés, aux excès auxquels l'impiété
24
allait se porter. Lui-même cependant devait être une des victimes de cette révolution et payer
de sa tête sa forme de foi en Dieu.
M. A. Le Gentil avait mieux saisit le véritable point de vue, mieux apprécié la situation. Aussi
profitant de la confiance absolue et bien méritée que son supérieur avait en lui et dans le but
de sauver malgré lui en quelque sorte et à son insu ce qu'il y avait de plus précieux dans leurs
trésors, il profita d'une visite qu'il faisait à l'abbaye où souvent l'appelait la confiance de M.
Laiguel pour enlever les Précieuses Reliques de Saint Vindicien avec les lames de plomb et
autres authentiques, les déposer dans un coffre et les cacher dans la terre, au milieu d'un jardin
de son prieuré de Gouy, à un endroit connu de lui et de plusieurs personnes sur la confiance
desquelles il pouvait compter.
C'est là que reposèrent pendant l'orage qui éclata sur la France les Saintes Reliques autrefois
si vénérées et entourées de tant d'honneur et d'éclat. A peine M. Le Gentil vit-il la tourmente
apaisée qu'il revint de l'exil et sa première demande fut, non pas relative aux autres objets
précieux qu'il avait également sauvés mais bien : "le corps de Saint Vindicien est-il encore
là?" Et sur la réponse affirmative qui lui fut faite : "Dieu soit loué!" s'écria-t-il et il alla
vénérer et reprendre son Saint Dépôt.
Il fit en effet cette remise, par acte, sous forme de lettre, aujourd'hui encore conservé dans la
châsse de Saint Vindicien. Deux ossements assez considérables (rotules) furent laissés à
Gouy; ils avaient été extraits de la châsse provisoire le 26 juillet 1806 et le permis
d'exposition de ces Insignes Reliques est du 28 juillet de la même année.
C'est le 12 juillet 1860 que, par commission de l'évêque papiste Parisis, les Précieuses
Reliques de Saint Vindicien furent déposées dans la nouvelle et belle châsse où elles reposent
maintenant. Cette châsse est ornée de deux peintures où l'on voit d'une part Saint Vindicien
reprochant au Roi Thierry en face de toute sa cour le meurtre de Saint Léger et d'autre part
Saint Vindicien offrant au Pape Sergius le Monastère de Saint-Vaast dont il peut être
considéré comme le fondateur principal.
SAINT SOPHRONE LE RECLUS DES LOINTAINES CAVERNES DE KIEV (+13°.S.)
11 mars – 11 mai – 28 août
Saint Sophrone, Ermite des Cavernes, fut un Ascète des Lointaines Cavernes (Cavernes
Théodosiev) au treizième siècle. Le Saint portait un cilice et une lourde ceinture en métal et il
lisait le Psautier en entier chaque jour.
Les Précieuses Reliques du Moine Sophrony furent ensevelies dans la Caverne la plus
éloignée du Monastère de Kievo-Pechersk. Dans le Canon des Moines des Cavernes les Plus
Eloignées, il y a un récit des exploits du Saint Ascète ayant été considéré comme digne d'entre
les chants des Anges.
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SAINT THAUMATURGE ET EVEQUE EUTHYME DE NOVGOROD (+1458)
Moine depuis l'âge de quinze ans au Monastère de Viajitski près de Novgorod en Russie, il
faisait l'admiration de tous par son humilité et sa ferveur. Elu Archevêque de Novgorod, il
garda cette charge pendant trente ans mais jamais ne se départit de son Ascèse monastique. Il
a laissé la mémoire d'un homme accueillant aux étrangers, apaisant par ses paroles, instruisant
ses fidèles et sachant dénoncer les injustices des puissants et des riches.
ou
Sainted Evthymii, in Baptism Ioann (John), was born at the fervent prayers of the presbyter
Mikhei and his spouse Anna. For long years they had been childless, and they gave a vow: if a
son were born, they would dedicate him to God. The reading of priestly books and frequent
visits to Divine-services, which the boy served at with his father – a priest at a not-large
temple named for Saint Theodore, – all this gave sanctity to the soul of young Ioann. And at
the age of fifteen, in the year 1411, he departed his parental home for a monastery.
Twelve versts from Novgorod, in a wilderness spot named Vyazhisch, amidst the forests and
the swamps there had settled three monks – Evphrosyn, Ignatii and Galaktion. There soon
joined them the priest Pimen, who accepted tonsure with the name Pakhomii. Here they
asceticised in complete solitude at a wooden chapel built by them in the name of Christ's Saint
Nicholas, living in unceasing prayer and in the harsh struggle with the severe conditions of
nature in the Northern regions.
The young Ioann in seeking salvation came also to these ascetics. The hegumen Pakhomii
accepted him fondly and tonsured him into monasticism with the name Evthymii. Tonsure at
so early an age reflects the outstanding spiritual traits of the young ascetic, which were
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evident to the perspicacious Pakhomii. During this period in time the Novgorod archbishop's
cathedra-seat was occupied by archbishop Simeon, a simple monk elevated to archbishop.
The virtuous life of the Monk Evthymii became known to the archbishop. Saint Evthymii was
summoned to Novgorod and after a long talk with the vladyka he was appointed the
archbishop's steward. During these times Novgorod archbishops occupied quite unique a
position: independent of princely authority, they were elected directly by the veche-assembly
and they assumed a large role in secular matters; moreover, it imposed upon them the
administration of vast land-holdings. And an archbishop's steward under these conditions had
to combine administrative talent with the utmost non-covetousness and deep Christian
humility. Saint Evthymii fervently entreated the archpastor to send him away back again to
Vyazhisch, but then he yielded.
In his new duty, Saint Evthymii evoked general astonishment and esteem, in that while
occupying so important a position, and being at the centre of business life in a large crowded
city, he as a monk asceticised as fervently as he would have in the deep forest. In 1421
archbishop Simeon died. Under the new hierarch, Evthymii I, Saint Evthymii again withdrew
to his monastery. Soon however the monks of a monastery on Lisich Hill chose the Saint as
their hegumen. With the death of the Novgorod archbishop Evthymii I in 1429, the hegumen
Saint Evthymii was then chosen archbishop of his native city, and on 29 November he entered
into the temple of Saint Sophia. For four years the Saint administered the Novgorod diocese,
whilst putting off being acclaimed archbishop, and it was only on 24 May 1434 that he was
consecrated at Smolensk. The archepiscopal laying on of hands was headed by metropolitan
Gerasim.
Saint Evthymii wisely governed his diocese over the course of 29 years, zealous in the
fulfilling of his archpastoral duty. Saint Evthymii toiled much at the construction and
restoration of churches, especially after the devastating conflagrations of the years 1431 and
1442. The Sophia cathedral was richly embellished by the Saint, and in the Novgorod
Kremlin there was built several new churches. "If thou dost wish to see, – writes Pakhomii the
Logothete, – some few from the number of his great works, go to the temple of Saint Sophia.
There thou wilt catch glimpse the temples of Saints built by him, standing like hillocks. Not
by the voice, but in the deed do they bespeak their varied charm. This was bestowed me by
archbishop Evthymii, – proclaims the one church; while another sayeth – so magnificently
hath he adorned me; and yet a third one doth relate – he did build me up from the very
foundations. The temple of great John Chrysostom, tall and beautiful, with the hand of a
Chrysostomos he blesses and from its face is proclaimed: "In as thou hast erected me a
temple-habitation, I in turn shalt beseech the Creator to prepare thee habitation in Heaven."
The cathedral temple of the Wisdom of God, Saint Sophia, answering from over the years in
its restoration by him, proclaimeth: "He hath returned me to mine original grandeur, he hath
adorned me with holy icons, he – is my praise and beauty." Saint Evthymii built also a church
in honour of his Guardian Angel [i.e. Russian idiom for "patron Saint"], and in 1438 he built
at Vyazhitsk monastery a stone church in honour of Saint Nicholas; and in the following year
– a stone church in honour of Saint John the Theologian with a refectory and consistory.
Zealous for the Glory of God, Saint Evthymii concerned himself over the increase of spiritual
books. From this period is found quite many a Divine-service book, transcribed "under
authority of archbishop Vladyka Evthymii." Despite his abundant works, the Saint always
promptly fulfilled the monastic rule: whatever he did not succeed doing by day he
accomplished by night. An hour before Matins the Saint rose up for cell prayer. Often the
whole night he spent without sleep; he wore chains, but no one knew about them until his end.
The first week of Great Lent the Saint spent at Vyazhitsk monastery in silent prayer, eating
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nothing.
In 1446 the great-princely throne was usurped by Shemyaka, who entered into relations with
Novgorod. The political situation in Novgorod was often quite strained. Sainted Jona (Comm.
31 March) in a special missive in 1451 urged the Novgorod people to cease their rowdiness
and to heed their archpastor – "be ye in everything heedful to our son and brother, your father
and teacher, the God-beloved archbishop Evthymii." Saint Evthymii quite up in age, was
troubled in soul that the actions of Shemyaka might cast a pall over his relations with the
church primate he so deeply revered, and he dispatched a letter to Saint Jona. Sensing the
nearness of his death, Saint Evthymii besought for himself prayers and pardon. Saint Jona in
the reply letter – a grammota of pardon, wrote: "We call to mind for thee, my son, that thou
didst comport thyself too simply: one, who was excommunicated for transgressions by our
humility, ye did accept unto yourself and find worthy of your blessing. And do thou my son,
offer repentance in this before God." And with this Saint Jona gave orders: if the grammota of
pardon should arrive after the blessed end of the Novgorod archpastor, then it should be read
over his grave. Sainted Evthymii reposed on 10 March 1458. The priest Evmenii, dispatched
by Saint Jona with the grammota of pardon, arrived in Novgorod 16 days after the death of
Saint Evthymii, whose grave at his bequest stood at the church of the Vyazhitsk monastery.
When they opened the grave so as to read the grammota of pardon, they then saw that no
decay had touched the body of the Saint. Saint Evthymii lay there as though asleep, and his
fingers were positioned in blessing. "God preserve yet Novgorod, for which Sainted Evthymii
doth pray," – loudly exclaimed Evmenii, and reading the grammota of Saint Jona, he placed it
into the hand of the deceased hierarch.
Soon after the death of the Saint, the Lord glorified him in blessing with grace those, who
recoursed to his prayerful intercession. Highly revering the Saint, the monks of the Vyazhitsk
monastery in gratitude erected a church in honour of Saint Evthymii, which was noted in the
census of 1500. The celebration of the memory of Saint Evthymii was established at the
Moscow Sobor of 1549. The Vita (Life) of Saint Evthymii was written by Pakhomii the
Logothete, having been commissioned by Saint Jona, Archbishop of Novgorod (+ 1470,
Comm. 5 November).
11 mars (translation) - 20 août
SAINT ROI MARTYR OSWIN DE DEIRA (NORTHUMBRIE) (+651)
Endormi à Gilling dans le Yorkshire le 20 Août 651, la fête de sa Translation est au 11 mars
et est célébrée à Durham, Saint-Albans et Tynemouth.
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Lorsque son père le Roi Osric de Deira (grosso-modo l'actuel Comté du Yorkshire) fut tué par
le roi païen gallois Cadwallon en 633, il fut emmené dans le Wessex par mesure de sécurité,
baptisé et élevé par Saint Aidan (31 août). Lorsque son cousin Saint Oswald (9 août) fut tué à
la bataille contre le roi païen Penda de Mercie en 642, Oswin devint Roi de Deira qu'Oswald
avait unie à la Bernicie et son cousin Oswy (Oswiu) devint Roi de Bernicie.
Saint Bède nous rapporte qu'Oswin était "de belle apparence et de grande stature, d'agréable
conversation et courtois en ses manières. Il était également généreux envers tous et gagna vit
l'affection de tous par ses qualités royales d'esprit et de corps de sorte que même des hommes
de très haute naissance vinrent en sa province se mettre à son service. Parmi ses autres
qualités de vertus et de modération, la plus grande était l'humilité."
Oswin régna avec fruit durant neuf ans lorsqu'Oswy lui déclara la guerre. Au lieu de
provoquer un combat sanglant lorsqu'il réalisa que son armée était largement inférieure en
nombre, Oswin partit se cacher avec un soldat de confiance dans la propriété de son meilleur
ami le duc Hunwald à Gilling près de Richmond dans le York. Hunwald le trahit et il fut
assassiné à Gilling par Ethelwin sur les ordres d'Oswy. Enseveli à Tynemouth, Oswin a été
vénéré en Martyr car il a rendu son âme au Christ "si pas pour la Foi en Christ, au moins pour
la Justice du Christ."
En expiation de son crime, Oswy bâtit un monastère à Gilling mais les Précieuses Reliques
d'Oswin restèrent à Tynemouth. Par la suite, l'église fut victime des incursions des Vikings et
la tombe d'Oswin tomba dans l'oubli jusqu'à sa redécouverte en 1065. A cette époque-là, les
Saintes Reliques furent transférées.
Tropaire de Saint Oswin ton 1
La courtoisie et l'humilité rayonnaient en toi,/
Ô Radieux Martyr Oswin./
Eduqué par Saint Aidan pour être un dirigeant chrétien,/
Tu illuminas le Nord de la Grande-Bretagne./
Gloire à Celui Qui t'a donné la force/
Gloire à Celui Qui t'a couronné/
Gloire à Celui Qui à travers toi accorde à tous la guérison.
SAINT GREGOIRE LE SINAITE (+6°.S.)
Grégoire fut Abbé du Mont Sinaï, un Grand Ascète et un Juste. Lors de la Vigile de Pâque, un
Ange du Seigneur le fit parvenir à Jérusalem pour le Divin Office et le retourna le jour même
au Sinaï. Il s’endormit dans le Seigneur en paix au sixième siècle.
Sts Pione de Smyrne et ses compagnons-Sts Trophime et Thalle-St Georges le Sinaïte-St
Georges le Nouveau le Thaumaturge qui reposait au quartier de Diipion à Constantinople
(milieu du Xème siècle). - St Epimaque de Péluse (transfert des Reliques)-St Euthyme le
Thaumaturge l'Archevêque de Novgorod(1429-1458) qui se retira au Monastère de la Mère de
Dieu (Russie 1458). -St Euloge de Cordoue-St Alexis de la Skite Goloseïevski à Kiev -Sts
Heraclius et Zosime, Martyrs à Carthage. -Sts Candide, Piperion et leurs compagnons,
Martyrs en Afrique, probablement sous Valérien et Gallien (vers 254-259). -St Constantin,
confesseur à Carthage. -Sts Vincent, Higoumène, Ramire , prieur et 12 Moines du même
monastère St-Claude dans les Asturies, Martyrs par la main des Suèves ariens (vers 555). ? St
Vigile l'Evêque d'Auxerre en Bourgogne, Martyr pour la justice sur ordre du maire du palais
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Varaton (689). -St Vindicien l'Evêque des diocèses réunis d'Arras et de Cambrai en Artois
(vers 705). -St Benoît Crispus l'Evêque de Milan qui construisit un refuge pour les femmes
repenties (vers 725). -Ste Leocritie ou Lucrece, vierge musulmane convertie, martyre à
Cordoue quatre jours après St Euloge et honorée le même jour que lui (859).-St Sophrone,
reclus de la Laure des Grottes de Kiev (XIIIème siècle). -Ste Theodora, reine de l'Epire et
Ascète; épouse fidèle du despote d'Epire Michel II Ange qui lui fit subir d'injustes tourments
avant de se repentir (après 1271). -Transfert des Reliques du St Martyr Epimaque de Péluse -
St Sophrone l'Evêque de Bratchansk (Bulgarie, 1813). -St Alexis, starets du skite
Goloseïevski à Kiev (1917). -St Patrice, confesseur (Russie 1933).
(Certains calendriers indiquent en ce jour la mémoire de l'assassinat du tsar Paul Ier de Russie
en 1801.)
Lecture de l’Epître
Pour les Hiérarques Saint Sophronios de Jérusalem et Euthyme de Novgorod
Heb VIII : 3-6
8.3 Tout souverain sacrificateur est établi pour présenter des offrandes et des sacrifices; d'où il
est nécessaire que celui-ci ait aussi quelque chose a présenter. 8.4 S'il était sur la terre, il ne
serait pas même sacrificateur, puisque là sont ceux qui présentent des offrandes selon la loi 8.5
(lesquels célèbrent un culte, image et ombre des choses Saints, selon que Moïse en fut
divinement averti lorsqu'il allait construire le tabernacle: Aie soin, lui fut-il dit, de faire tout
d'après le modèle qui t'a été montré sur la montagne).
8.6 Mais maintenant il a obtenu un ministère d'autant supérieur qu'il est le médiateur d'une
alliance plus excellente, qui a été établie sur de meilleures promesses.
Lecture de l’Evangile
Pas de Lecture ce jour
REFLEXION - "Il n'est aucune de nos bonnes oeuvres qui ne soit le fruit de nos seuls
efforts mais par la Puissance et la Volonté de Dieu. Cependant, Dieu demande des efforts de
notre part pour nous conformer à Sa Volonté." Ce sont les mots des Saints Barsanuphe et
Jean. Peu de mots mais tant de choses dites. Nous sommes obligés de travailler, de cultiver et
de préparer chaque bonne chose et si quelque bien doit s'enraciner, grandir et porter du fruit,
cela dépend de la Puissance et de la Volonté de Dieu. Nous labourons les sillons et Dieu
sème, s'Il le veut. Nous nettoyons les vases de l'Esprit et Dieu verse l'Esprit dans ces vases,
s'Il le veut. Il peut faire tout ce qu'Il veut. Et Il fera tout ce qui répond à la plus haute sagesse
et qui est le plus adéquat, c'est-à-dire, à Son Plan du Salut de l'homme. En interprétant les
Paroles de Notre Seigneur "Soyez rusés comme la couleuvre et doux comme la colombe"
(Saint Matthieu 10,16), Saint Jean Chrysostome écrit que Notre Seigneur donna ce
Commandement à Ses Disciples afin "qu'ils coopèrent de quelque manière afin qu'il ne
semble pas que tous les efforts sont le fruit de la Grâce Seule et que l'on n'aille pas croire
qu'ils ont reçut les Couronnes de Gloire pour rien." Et c'est ainsi qu'ils sont indispensables
pour Notre Salut : nos efforts en même temps que la Puissance de la Grâce de Dieu.
HOMELIE - A propos de la Seconde Venue du Christ.
"Quand le Fils de l'Homme viendra dans Sa gloire et avec tous les Anges autour de Lui, Il
s'assiéra sur Son trône de gloire" (Saint Matthieu 25,31).
Ainsi parla Notre Seigneur juste avant Ses si horribles humiliations, avant d'être attaché, avant
de Se voir craché dessus, avant d'être battu et avant qu'on se moque de Lui, avant de Le
crucifier. Dans Sa plus noire heure, Il parle de Sa Plus Glorieuse et Eclatante Heure. Avant
Son terrifiant et misérable Départ de ce monde, Il parle de Sa seconde Venue dans Sa Gloire.
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Au début, Il vint dans la grotte à Bethléem, humble et inaperçu et la seconde fois, Il viendra
sur les nuées avec Ses Anges. La première fois, Il sortit de la terre, la seconde fois, Il viendra
des Cieux. La première fois, Il se tint et s'agenouilla sur la terre et la seconde fois, Il Se
tiendra assis sur Son Trône de Gloire.
Quand Il reviendra sur Son trône de Gloire, Il ne sera plus invisible pour qui que ce soit.
Personne ne demandera comme l'avaient fait les Sages (les Mages) lors de Sa Première Venue
"Où est le Roi?" (Saint Matthieu 2,2). A ce moment-là, tout le monde verra le Roi et Le
reconnaîtra comme le Roi. Mais cette vision et cette reconnaissance sera pour certains leur
joie et pour d'autres, leur frayeur et leur terreur. Pensez seulement à la joie de ceux qui auront
accomplit Ses Commandements, à ceux qui ont prié en Son Nom, à ceux qui ont accompli de
bonnes oeuvres et en particulier ceux qui ont souffert pour Son Nom! Pensez seulement à la
peur et à la terreur de tous ceux qui ont craché sur Lui, L'ont battu et L'ont crucifié à
Jérusalem.
Ô Seigneur Miséricordieux, pardonne à tous ceux d'entre nous qui font appel à Ton Nom et
qui à cause de nos faiblesses, pèchent contre Toi; pardonne-nous avant cette grande
merveilleuse heure où Tu commenceras à apparaître dans Ta Gloire avec tous Tes Saints
Anges.
Saint Nicolas Velimirovitch l'Evêque d'Ochrid, Serbie (+ 05 mars 1958), rescapé de Dachau puis des
persécutions communistes, auteur du Synaxaire "Prologue d'Ochrid."

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