lundi 12 mars 2012

Vie de Saint Jean Cassien le Roumain et autres Vies de Saints.

29 février – 13 mars 2012
Cycle mobile (Pascalion): Mardi de la Troisième Semaine du Grand Carême
Il n’y a pas de Divine Liturgie ce jour en raison du Grand Carême
Lecture de l’Epître
Pas de Lecture ce jour
Lecture de l’Evangile
Pas de Lecture ce jour
Cycle fixe : Commémorations
Les Saints fêtés un 29 février ont en général, Dieu merci, une autre fête, sans quoi ils ne
seraient commémorés qu'une fois tous les quatre ans, autant dire que l'oubli en serait encore
plus rapide que d'habitude.
SAINT GERMAIN DE DACE PONTIQUE (DOBROGEA) (+5°.S.) 28 ou 29 février
Saint Germanus the Daco-Roman was born in the mid-fourth century, probably on the borders
of Cassian and the Caves in the diocese of Tomis (in what is now Romania), and was related
to St John Cassian (February 29). St Germanus, who was older than St John, was tonsured at
one of the local monasteries when he was still a young man. The holy bishop St Theotimus I
(April 20) may have been his Spiritual Father.
In turn, St Germanus became the Spiritual Father, friend, and teacher of St John Cassian,
instructing him in monastic perfection. They both lived at one of the monasteries of Dacia
Pontica for a short time, and then worked together in Bethlehem from 380-385. Later, they
traveled to Egypt and visited some of its cenobitic monasteries. They also visited the hermits
of Nitria and Mount Sinai, seeking to benefit from their holy example and wise counsel.
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Sts Germanus and John went to Constantinople in 399 in order to be near St John Chrysostom
(November 13), and around this time Germanus was deemed worthy of ordination to the holy
priesthood. When Chrysostom was deposed and exiled in 404, the two Saints journeyed to
Rome in order to plead his case before Pope Innocent I.
St Germanus completed the course of his life in the early fifth century, perhaps at the
monastery estabished by St John Cassian at Marseilles, or in one of the monasteries of Dacia
Pontica.
SAINT JEAN CASSIEN LE ROUMAIN (+435) 28 ou 29 février (Orient) – 23 juillet (Occident)
Le Synaxaire l'appelle "Notre Père Cassien, choisi par Dieu pour amener l'illumination du
monachisme oriental en Occident."
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Il est né en Scythie de parents aristocrates et fut bien instruit dans les affaires du monde. Mais
assoiffé de perfection, il abandonne tout et voyage avec son ami Germanus vers la Terre
Sainte où il devint Moine à Bethléem. Après avoir vécu la vie monastique plusieurs années,
Saint Jean désira aller plus loin dans cette voie et partit auprès des Pères du Désert égyptien.
Il y vécut sept, apprenant de Pères tels que Moïse, Serapion, Theonas, Isaac et Paphnutius. Par
les luttes longues dans sa cellule, Saint Jean a développé par l'expérience personnelle une
doctrine Divinement inspirée sur le combat spirituel. Beaucoup disent qu'il est le premier a
avoir énuméré les huit passions fondamentales : gourmandise, fornication, cupidité, colère,
tristesse, acédie, vaine gloire et fierté (dont les papistes feront plus tard leurs sept péchés
capitaux; comme s’il y avait des petits péchés… Comme si on pouvait n’être qu’"un peu"
mort, vivant ou enceinte. Comme si on pouvait être un peu ou beaucoup de et dans l'Eglise du
Christ…) et les moyens de les combattre.
A cette époque, les luttes dans l'Eglise d'Alexandrie rendaient la vie si difficile aux Moines
égyptiens que Saint Jean, toujours accompagné de son ami Germanus, chercha refuge à
Constantinople où Saint Jean Chrysostome les prit sous ses protection et soins. Quand le Saint
Archevêque fut exilé, Saint Jean fuit à nouveau mais cette fois à Rome où il s'est placé sous la
protection du Pape Innocent I. Ceci se révéla providentiel pour l'Eglise d'Occident, Saint Jean
apportant les trésors de la spiritualité du Désert aux monastères occidentaux. Il fonda le
Monastère de Saint-Victor à Marseille. Puis à la demande de son Evêque, il écrivit les
"Institutions Cénobitiques" dans lesquelles il adapta les pratiques austères des Pères d'Egypte
aux conditions de vie en Gaule.
Il continua à écrire de célèbres "Conférences" devenues la chaîne principale par où la sagesse
du Désert oriental put être transmise aux Moines d'Occident. Saint Benoît de Nursie a
développé une bonne partie de sa Règle (qui gouverna un temps la plupart des monastères du
monde occidental) depuis les "Institutions" de Saint Jean et il recommanda que les
"Conférences" soient lues dans tous ses monastères.
Saint Jean reposa dans la paix en 435 et fut vénéré par les Moines d'Occident comme leur
Père et le plus sage de leurs enseignants. Ses Précieuses Reliques sont toujours vénérées à
l'Abbaye de Saint-Victor de Marseille.
Les écrits de Saint Jean ont rapidement été attaqués par des extrémistes augustiniens et
comme l'augustinisme est devenu la quasi-doctrine officielle de l'Eglise latine, sa vénération a
disparu en Occident. En dehors de l'Eglise orthodoxe, sa commémoration est maintenant
limitée au diocèse papiste de Marseille.
ou
Ses "Institutions" et ses "Conférences" sont encore lues actuellement dans les abbayes
occidentales dans la lecture de "Noviciat" et des Complies. La Règle de Saint-Benoît l'a utilisé
largement. Un livre qui a formé des milliers moines occidentaux (papistes), la "Pratique de la
perfection chrétienne," par A. Rodriguez, S. J., le cite volontiers.
Cassien était un nom (plus exactement un surnom) banal, répandu dès le haut empire; il avait
été illustré par plusieurs Martyrs. La vie de Cassien est mal connue. On a longtemps disserté
sur le lieu de sa naissance : Provence, Palestine, Syrie, Constantinople ou même le Kurdistan.
Gennade (5°.S.) le déclare Scythe d'origine. D'après H.-I. Marrou et d'autres, il devait être de
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la Dobroudja du Nord (bouches du Danube) en Scythie Mineure. En effet dans un canton rural
de la cité d'Histria, des inscriptions rupestres portent des Cassiani. Ce pays –la future
Roumanie– était de culture latine depuis la conquête de Trajan au deuxième siècle (Marrou
Hist. éduc., p. 347).
Il a pu naître vers 355-360 puisqu'il se disait "iuvenis" lorsqu'il quitta Bethléem, sans doute
avant 385, date de l'arrivée de Saint Jérôme qu'il ne mentionne point parmi ses interlocuteurs
monastiques. Son séjour à Bethléem peut se placer entre 375 et 385. La Dobroudja avait été
saccagée de 375 à 382 ou 386 et c'est probablement une des raisons de sa Pieuse Emigration.
Muni de la permission de ses supérieurs, Cassien partit vers 385 pour l'Égypte avec un
compagnon nommé Germain. Ils voulaient étudier sur place le vénérable monachisme de ce
pays antique. Ils restèrent douze ou quinze ans dans la région du delta et prirent langue avec
les Pères les plus représentatifs du monachisme antonien. Ils ne poussèrent point jusqu'aux
groupements cénobitiques pacômiens dans la Thébaïde vers le Sud mais après un bref retour
en Palestine (392) pour reprendre contact avec leur monastère et renouveler leurs permissions,
ils séjournèrent dans le Désert de Scété au Sud d'Alexandrie, peut-être à Deir-el-Bâramous
dans la dépression de l'Ouadi'n Natroun, non pas dans le vallon occupé par les lacs salés mais
à six kilomètres au Sud-Ouest.
La Palestine manquait de paix pour retenir des contemplatifs : en 395, menace des Huns; en
406, peste; en 411, raids de Sarrasins venant du Sinaï; en 416, brigandages; en 419,
tremblement de terre.
Vers 400, un peu avant sans doute, nos deux inséparables vinrent à Constantinople auprès de
Saint Jean Chrysostome qui ordonna Germain Prêtre et Cassien Diacre. Mais le Grand Evêque
persécuté dut abandonner la capitale et Cassien avec Germain portèrent à Rome, en 405, une
lettre du clergé de Constantinople en faveur de son chef exilé. Nos deux amis revinrent sur le
Bosphore mais les partisans de Jean Chrysostome y étaient mal vus. Ils durent s'éloigner. Pour
aller où? Nous retrouverons Cassien en Provence vers 415-416; en 419, il est Prêtre à
Marseille. L'intervalle de 405 à 415 s'ouvre aux conjectures. On le ramène à Rome ou bien en
Palestine. Une hypothèse de H.-I. Marrou suppose qu'il se lia avec l'Evêque Lazare d'Aix
déposé en 412 et réfugié en Palestine. Ce Lazare aurait introduit Cassien auprès de l'Evêque
Procule de Marseille (381-428). Cassien fonda dans cette ville deux monastères : l'un
d'hommes, Saints-Pierre-et-Victor sur la rive méridionale du Lacydon ou Vieux-Port; l'autre
de femmes, Saint-Sauveur.
Au dix-septième siècle, le grand archéologue Peiresc trouva dans la crypte de Saint-Victor
une épitaphe d'un "PP (papa) Lazar" qui est sans doute Lazare d'Aix. Nous ignorons comment
Cassien utilisa sa riche expérience pour organiser ses monastères. L'Evêque Castor d'Apt et
fondateur de communautés demanda à l'illustre voyageur stabilisé dans son voisinage, de lui
décrire les institutions monastiques d'Égypte et de Palestine. Cassien rédigea donc douze
livres sur "Les institutions cénobitiques et les remèdes aux huit principaux vices." Il y traite 1.
de l'Habit des Moines; 2. de la Règle des prières et des Psaumes de la nuit; 3. de la Règle des
prières et des Psaumes du jour; 4. de ceux qui embrassent le renoncement; 5-12. des "péchés
capitaux," auxquels il joint la tristesse (9.). Il distingue la tristesse et l'acédie [=
découragement] (10.), la vaine gloire (11.) et l'orgueil (12) et ne traite pas ex professo de
l'envie. Il se rencontre avec Évagre le Pontique (pour les huit premiers) et pour d'autres points
qui ont des relations avec les vues néoplatoniciennes. Ce premier ouvrage fut achevé
probablement avant 418 car il y mentionne le pélagianisme sans allusion à la sentence portée
par les Papes de Rome Innocent et Zosime contre cette hérésie.
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Les Conférences ("Collationes") pourraient presque s'intituler comme tel recueil qui connut
naguère un beau succès de librairie : "Une heure avec..." C'est le récit, souvent fort agréable,
des visites faites par nos Pieux Touristes aux grands Moines patrons d'ateliers spirituels en
Basse Égypte et le résumé de l'enseignement qu'ils daignèrent dispenser à leurs hôtes. Il est
très possible que Cassien prenne des libertés avec ses souvenirs. Ses digressions ont le charme
de la vieillesse conteuse et un peu diffuse. Des vingt-quatre conférences, les dix premières
sont dédiées à l'Evêque Léonce (de Fréjus, sacré en 419?); la seconde partie (sept
conférences) est adressée à Saint Honorat l'Abbé de Lérins (qui devait être élu Evêque d'Arles
en 426).
La troisième partie (sept conférences) parut après 426.
La première partie traite de la perfection chrétienne (1); de la discrétion nécessaire pour y
accéder (1, 2); du renoncement qui répond à la vocation (3; de la concupiscence (4); des vices
(5); du péché (6); de la volonté contre les attaques du démon (7); des Anges et des démons
(8); de la prière et de la vie contemplative (9, 10).
Puis Cassien précise et complète certains points : la charité (11); l'apatheia ou chasteté (12);
Grâce et liberté (13, ..); la science spirituelle (14); les charismes et les Miracles (15); l'amitié
entre parfaits (16); l'essentiel et l'accessoire dans la vie spirituelle, à propos des voeux et des
promesses (17).
Enfin il est question (18) des trois genres de Moines (Cénobites, Anachorètes, Sarabaïtes, sans
compter des isolés fantaisistes); de la fin des deux vies cénobitique et anachorétique (19); de
la vie purgative (20); de la liberté des Enfants de Dieu sous la Loi Nouvelle (21); des
tentations charnelles qui peuvent se trouver chez les plus Saints (22); de l'impeccabilité qui
n'est pas pour nous autres mortels (23); de l'Anachorétisme avec ses servitudes et sa douceur
(24).
Vingt-quatre petits traités qui nous rappellent les vingt-quatre Vieillards de l'Apocalypse, tous
consacrés à l'honneur de l'Agneau : textes vénérables, lus et médités par une foule de Saints
Moines, d'autres Saints, textes tout nourris eux-mêmes de méditation biblique. Par exemple :
l'abbé (papiste) Isaac (Conf., 10, 10) nous montrera l'actualité perpétuelle du verset : "Ô Dieu,
hâte-toi de me délivrer! Éternel, hâte-toi de me secourir!" (Ps.69, 2)
Ce n'est pas sans motif que ce verset a été choisi dans tout le livre des Écritures. Il reçoit en
effet tous les sentiments qui peuvent affecter l'humaine nature; il peut s'adapter à merveille et
comme sur mesure à chaque état et à toutes les tentations. Il contient, à la rencontre de tous
les dangers, tantôt une invocation à Dieu, tantôt une confession humble et Pieuse, tantôt la
vigilance qu'inspirent toujours l'inquiétude et la crainte, tantôt la considération de notre
fragilité, l'espoir d'être exaucé, la confiance en un appui toujours présent et à portée car celui
qui invoque toujours son Protecteur se montre sûr de l'avoir toujours présent. Il contient tantôt
l'ardeur de l'Amour et de la charité, tantôt la vue des embuscades de l'ennemi et la crainte car
dans un siège qui dure le jour et la nuit, on avoue que la libération est impossible sans le
secours de son défenseur.
Pour tous ceux qui sont poursuivis par les démons, ce verset est un mur inexpugnable, une
cuirasse impénétrable, un bouclier très fort. Dans le découragement, l'anxiété, la tristesse
quelles que soient les pensées qui nous dépriment, il ne souffre pas que nous désespérions de
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notre Salut car il nous montre en celui que nous invoquons quelqu'un qui voit toujours nos
luttes et qui ne s'éloigne point de ceux qui le supplient. Ce même verset rappelle à ceux qui
jouissent de consolations spirituelles dans la joie du coeur qu'ils ne doivent pas s'élever ni
s'enfler dans la prospérité. Il atteste que sans la Protection Divine, nous ne pouvons la retenir
puisqu'il implore de Dieu un secours continuel et même rapide. Oui, ce verset est
nécessairement utile à tous et en toutes circonstances. Car qui réclame, toujours et partout, de
l'aide montre clairement qu'il a besoin de cette Aide Divine dans les revers et dans la tristesse
comme dans les succès et dans la joie. C'est Dieu Qui nous tire de l'adversité et Qui prolonge
nos avantages; dans les deux cas, l'humaine fragilité ne peut subsister sans Son Assistance.
La passion de la gourmandise me travaille. Je recherche des nourritures que le Désert ignore
et dans une solitude affreuse je hume l'arôme de festins royaux, je me sens entraîné bien
malgré moi à les désirer. Il me faudra dire : "Mon Dieu, Viens à mon aide! Seigneur, hâte-Toi
de venir à mon secours!"
Je suis poussé à anticiper l'heure régulière de la réfection, je lutte à grande peine pour retenir
la mesure d'une juste et normale sobriété, je dois crier en gémissant : " Mon Dieu, viens à
mon secours! Seigneur, secours-moi vite!"
Des jeûnes plus stricts me seraient utiles dans les combats de la chair mais je suis effrayé par
la fatigue de mon estomac, l'aridité et le resserrement de mes viscères. Pour que mon désir se
réalise ou pour que le feu de la concupiscence charnelle s'éteigne sans jeûnes plus sévères, je
dois prier ainsi : "Mon Dieu! Viens à mon aide! Seigneur, secours-moi vite!"
J'arrive à table, l'heure venue mais le pain me fait horreur et m'empêche de manger comme
l'exige la nature, je dois crier en me lamentant : "Mon Dieu! Viens à mon aide! Seigneur,
secours-moi vite!"
Je veux pour fixer mes pensées m'appliquer à la lecture. Mais la migraine intervient pour
m'arrêter. Dès la troisième heure (9h00 heures), le sommeil fait choir ma face sur le texte
sacré et je suis contraint de dépasser ou de prévenir le temps réservé à la sieste. Au choeur
pour la Psalmodie, un sommeil de plomb me force à des interruptions préjudiciables à
l'intégrité de l'Office. Semblablement je dois crier : "Mon Dieu! Viens à mon aide! Seigneur,
secours-moi vite!"
On a volé à mes yeux le sommeil. Depuis bien des nuits, de diaboliques insomnies me
fatiguent. Mes paupières n'ont plus leur ration du repos nocturne. Avec des soupirs je dois
prier : "Mon Dieu! Viens à mon aide! Seigneur, secours-moi vite!"
Je dois encore me colleter avec les vices. Je me sens soudain taquiné par l'aiguillon de la
chair, elle s'efforce d'obtenir un consentement ensommeillé grâce à une douce séduction; pour
que le feu de l'ennemi en faisant rage n'embrase pas les fleurs parfumées de la chasteté, il me
faut crier : "Mon Dieu! Viens à mon aide, Seigneur, secours-moi vite!"
Je sens les brandons du désir éteints, la flamme sexuelle refroidie dans mon corps. Pour que
cette vertu ou mieux cette Grâce de Dieu demeure longtemps ou plutôt toujours, du fond du
coeur, je dois dire : "Mon Dieu! Viens à mon aide! Seigneur, secours-moi vite!"
La colère, l'amour de l'argent, la tristesse me stimulent sans repos, me forcent à chasser
parfois la douceur que j'avais vouée et que j'aimais. De peur que le trouble de la fureur ne
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produise un fiel amer, je dois crier avec un profond gémissement : "Mon Dieu! Viens à mon
aide! Seigneur, secours-moi vite!"
Le découragement, la vaine gloire, la superbe me tentent fortement. La négligence et la
tiédeur d'autrui procurent à mon esprit comme une satisfaction subtile. De crainte que
prédomine en moi cette pernicieuse suggestion de l'ennemi, je dois prier d'un coeur tout
contrit : "Mon Dieu! Viens à mon aide! Seigneur, secours-moi vite!"
J'ai acquis la Grâce de l'humilité et de la simplicité, déposant l'enflure de la superbe par une
durable componction. De peur qu'à nouveau "le pied de l'orgueil ne m'atteigne pas, Et que la
main des méchants ne me fasse pas fuir!" (Ps.35, 12), l'orgueil de ma victoire me transperçant
plus grièvement, je dois crier de toutes mes forces : "Mon Dieu! Viens à mon aide! Seigneur,
secours-moi vite!"
Des divagations innombrables et disparates font effervescence dans mon esprit instable. Je ne
puis réprimer la dispersion de mes pensées. Impossible de prier sans irruption de vaines
images, sans retour de paroles et d'actes passés. Je me sens resserré dans l'aridité, la stérilité,
inapte à produire des sentiments spirituels. Pour être libéré de ce marasme de l'esprit,
gémissements et soupirs sont insuffisants; il me faut crier : "Mon Dieu! Viens à mon aide!
Seigneur, secours-moi vite! "
Je sens que mon âme se reprend, mes pensées se stabilisent; je trouve l'allégresse du coeur,
une joie ineffable, un transport spirituel dans la visite du Saint-Esprit. Avec une exubérance
de sentiments spirituels, j'ai reçu d'abondantes révélations sur le sens des mystères les plus
sacrés jusque-là profondément obscurs, grâce aux Lumières du Seigneur pour demeurer plus
longtemps dans ces clartés, il me faut crier avec attention et fréquemment : "Mon Dieu! Viens
à mon aide! Seigneur, secours-moi vite!"
La nuit, des démons terribles m'assiègent et me harcèlent. Ces sales esprits avec leurs
fantômes m'inquiètent. L'espoir même de me sauver et de vivre m'est retiré par l'horreur de
l'épouvante. Vite au port salutaire de notre verset! De toutes mes forces je m'écrierai : "Mon
Dieu! Viens à mon aide! Seigneur, secours-moi vite!"
Derechef, la Consolation du Seigneur m'a guéri. Sa Venue m'a animé, je me sens entouré
comme d'innombrables milliers d'Anges. Ceux que je craignais jusqu'ici plus que la mort et
dont le contact ou même simplement l'approche suffisait à provoquer chez moi un sentiment
d'horreur, physique et spirituel, j'oserai maintenant souhaiter leur rencontre, les provoquer en
duel. Pour garder longtemps cette vigueur de l'âme par la Grâce de Dieu, il me faut de toutes
mes forces crier : "Mon Dieu! Viens à mon aide! Seigneur, secours-moi vite!"
Donc la prière de ce verset doit être incessante, perpétuelle dans l'adversité pour en être
délivrés; dans la prospérité pour y être maintenus et garantis de l'orgueil. Oui que la
méditation de ce verset occupe sans cesse ton coeur. Quel que soit ton travail, ton service,
même en voyage, ne cesse pas de le répéter. En dormant, en mangeant et jusque dans les
ultimes nécessités de la nature, médite-le. Cette rumination cordiale d'une formule de Salut te
gardera à l'abri des attaques du démon, te purifiera même de tous les vices de cette terre
malsaine, te mènera jusqu'à la contemplation de l'invisible et du Divin, te conduira à cette
ardeur ineffable de la prière que bien peu connaissent. Que le sommeil te presse méditant ce
verset si bien qu'à force de le redire, tu en viennes à le répéter même en dormant. Au lever
qu'il se présente le premier qu'il devance toutes les pensées du réveil. Qu'il te fasse plier les
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genoux au saut du lit puis qu'il t'accompagne d'action en action sans te quitter jamais. Tu le
méditeras, selon les préceptes du législateur, "Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en
parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et
quand tu te lèveras." (Deut., 6, 7), au coucher et au lever. Tu l'écriras sur le seuil et les portes
de ta bouche, tu le placeras sur les parois de ta demeure et dans le secret de ton coeur, en sorte
qu'il te monte aux lèvres quand tu t'inclineras pour prier puis te relèveras pour vaquer à toutes
les occupations nécessaires de la vie; qu'elle soit la spontanée et perpétuelle prière!"
Après ses Conférences, Cassien écrivit encore sur la demande de l'Archidiacre de Rome, le
futur Pape Saint Léon, un rapport sur l'Incarnation contre Nestorius.
Toujours est-il que ce rapport contribua à rendre le Pape de Rome Célestin Sévère pour
Nestorius au Concile romain d'août 430, en attendant la solennelle condamnation à Éphèse
(431).
Jean Cassien s'endormit dans le Seigneur vers 435. Il est fêté à Marseille le 23 juillet en
Occident, le 28 ou 29 février en Orient. (Synax. Eccl. Const., p. 495, 1. 29 et 54; 994).
ou
Jean Cassien, Prêtre, fondateur et Abbé du célèbre Monastère de Saint-Victor à Marseille,
naquit selon les uns vers 350 en Egypte, selon les autres en Scythie et suivant le plus grand
nombre dans les Gaules. Il s'accoutuma dès sa jeunesse aux exercices de la vie ascétique dans
un Monastère de Bethléem. La haute réputation de Sainteté qu'avaient les Solitaires qui
habitaient les Déserts de l'Egypte l'engagea vers l'an 390 à aller les visiter. Il fut accompagné
par Germain son parent et son compatriote. Frappés l'un et l'autre des beaux exemples de
vertu qu'ils avaient sous les yeux, ils passèrent plusieurs années dans la solitude de Scété et
dans la Thébaïde. Ils allaient nu-pieds comme les Moines du pays, étaient pauvrement vêtus et
n'avaient pour subsister que le travail de leurs mains. Leur vie était fort austère et ils
mangeaient à peine par jour deux pains de six onces chacun.
En 403, ils se rendirent tous deux à Constantinople et y entendirent les instructions que faisait
Saint Jean Chrysostome. Cassien fut ordonné Diacre et employé au service de l'église de cette
ville. Le Saint Archevêque exilé, Cassien et Germain allèrent à Rome. Ils étaient, d'après
Pallade, porteurs des lettres dans lesquelles le clergé de Constantinople prenait la défense de
son pasteur persécuté. Cassien fut élevé au sacerdoce en Occident après quoi il se retira à
Marseille où il fonda vers 413 deux monastères, l'un pour les hommes et l'autre pour les
femmes.
Saint-Victor de Marseille (Sanctus Victor Massiliensis) est une très ancienne et illustre
abbaye qui passera quelques siècles sous la Règle de Saint Benoît, double comme nous
venons de le faire remarquer. Celui des hommes fut bâti dans le lieu où était anciennement "la
Confession." Celui des femmes fut consacré sous le titre de Saint-Sauveur. L'église du
premier était appelée Basilique des Saints Apôtres Pierre et Paul. L'église inférieure ou la
petite église, était dédiée en l'honneur de la Mère de Dieu et de Saint Jean le Précurseur. Cet
antique monastère après avoir été tour à tour dévasté par les Vandales, les Normands et les
Sarrasins fut reconstruit vers l'an 1040 par les soins de l'Evêque Pans II de Marseille. La
tradition dit qu'on conservait dans l'église inférieure la Croix de Saint André, enchâssée
d'abord dans du fer puis dans de l'argent et qui avait été révélée par un Ange au sacristain
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Saint Hugues après avoir été enfouie sous terre près de la rivière de la Veaune, par crainte des
Sarrasins.
Les Rois de France Pépin, Charlemagne, Louis le Pieux et Lothaire ainsi que les Evêques et
les Vicomtes de Marseille enrichirent tour à tour l'Abbaye de Saint-Victor de biens, de
dignités et de privilèges. Mais sa principale gloire est d'avoir été la mère d'une multitude
d'autres monastères, même hors des Gaules. L'observance régulière s'y étant maintenue
florissante, les abbayes qui avaient besoin de réforme étaient soumises au régime des Abbés
de Saint-Victor. Aujourd'hui il reste encore de cet antique monastère une église et quelques
autres débris que l'on contemple respectueusement et pieusement.
Ce fut dans le cloître que le Bienheureux Cassien composa ses Conférences Spirituelles et ses
autres ouvrages. Il s'endormit en odeur de Sainteté vers l'an 533. On voyait à Saint-Victor de
Marseille un ancien tableau qui le représentait. Sa tête et son bras droit, renfermés dans des
châsses, y étaient exposés à la vénération publique suite à une permission accordée par le
pape hérético-schismatique de Rome Urbain V. Le reste de son corps était sous une tombe de
marbre qui se voyait dans une chapelle souterraine. La même église, par un privilège spécial,
honore Cassien le 23 de juillet.
Les ouvrages que nous avons de Saint Jean Cassien sont :
1° Le livre de l'Incarnation, contre Nestorius ; il fut écrit à la prière de Saint Léon alors
Archidiacre de Rome.
2° les Institutions de la vie monastique, en douze livres. L'auteur dans les quatre premiers,
parle des vêtements, des exercices et de la manière de vivre des Moines qui habitaient
l'Egypte et qu'il proposait pour modèles aux Moines d'Occident. Ils portaient, dit-il, un habit
pauvre qui ne servait qu'à cacher leur nudité, les manches en étaient courtes et ne passaient
point le coude. Leur vêtement était attaché avec une ceinture et leur tête couverte d'un
capuchon. Ils ne connaissaient point l'usage des souliers; ils avaient seulement une espèce de
sandales qu'ils quittaient quand ils approchaient de l'Autel. Ils portaient tous un bâton à la
main pour en rappeler qu'ils étaient voyageurs sur la terre. Ils abandonnaient tout ce qu'ils
pouvaient posséder dans le monde, travaillaient des mains, vivaient dans l'obéissance et
récitaient l'Office Divin composé de Psaumes et de leçons.
Ceux qui voulaient être reçus dans un monastère devaient donner des preuves de patience,
d'humilité, de mépris pour le monde et être éprouvés par les refus et les affronts. On ne
permettait à aucun postulant de donner ses biens au monastère qu'il choisissait. La première
chose qu'on lui enseignait était la nécessité de vaincre ses passions, de renoncer à sa propre
volonté et d'avoir une obéissance aveugle pour son Abbé. On lui inculquait encore l'obligation
où il était de ne pas se prévaloir de ses talents, de son savoir et de tout ce qui pouvait nourrir
en lui un orgueil secret. Cassien après avoir dit que les jeunes Moines ne vivaient que d'herbes
bouillies et assaisonnées avec un peu de sel, ajoute que l'abstinence et les austérités
extraordinaires des Moines orientaux dans la nourriture n'étaient point praticables en
Occident.
Il traite dans les huit derniers livres de huit "vices capitaux;" il en indique les remèdes et
explique les vertus contraires. Il montre que la chasteté ne peut s'obtenir que par une Grâce
spéciale de Dieu et qu'on doit la demander par des prières ferventes, accompagnées du jeûne
et des veilles. S'il recommande un jeûne continuel, il veut que l'on y observe les Règles de la
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modération. Il remarque que la vaine gloire est le dernier vice que nous vainquions et qu'il
prend occasion de la victoire même remportée sur lui pour renouveler ses assauts. Les
"Institutions de la vie monastique" sont peut-être le meilleur et le plus utile des ouvrages de
Cassien. Nous voyons cependant que la lecture de ses "Conférences" a été fortement
recommandée aux Moines par Saint Benoît, Saint Jean Climaque, Saint Grégoire etc.
3° Cassien dans ses "Conférences" a recueilli les maximes spirituelles des plus sages et des
plus expérimentés d'entre les Moines d'Egypte avec lesquels il avait vécu. Cet ouvrage peut se
diviser en trois parties. La première qui contient dix conférences, fut écrite en 423. La
seconde qui en contient sept, fut composée deux ans plus tard. La troisième où il y a sept
autres conférences, fut achevée en 428.
Selon Cassien, le but que doit se proposer un Moine est d'acquérir plus facilement dans la
solitude que dans le monde cette pureté ou cette simplicité de coeur sans laquelle personne ne
peut voir Dieu dans sa gloire ni jouir de sa présence par la Grâce dans cette vie; pour cela, il
doit quitter le monde avec ses biens et ses richesses, renoncer ou mourir à lui-même, dégager
son coeur de toute affection désordonnée, se détacher de toutes les choses visibles pour
s'appliquer uniquement à ce qui est spirituel et Divin.
Le voile des passions étant une fois déchiré, les yeux de l'âme commenceront pour ainsi dire,
à contempler naturellement les Mystères de Dieu qui sont toujours obscurs et inintelligibles
pour ceux qui n'ont que les yeux de la chair ou dont le coeur est souillé par le péché et par
l'amour du monde. Le coeur se purifie par les exercices de la componction, de la pénitence et
du renoncement. On doit poser pour fondement une humilité profonde et capable de porter
une tour qui atteigne jusqu'au Ciel car c'est là-dessus qu'est appuyé l'édifice de toutes les
vertus spirituelles. Pour remporter la victoire sur ses vices, il faut qu'un Moine découvre
toutes ces tentations à son Abbé. Les tentations ainsi découvertes perdent leur force. Le
Tentateur voyant ses ruses mises au jour, se retire de lui-même. Ces suggestions ne sont
dangereuses qu'autant qu'elles restent cachées dans le coeur. Cassien confirme ceci par
l'exemple de Sérapion qui fut guéri de l'habitude invétérée de faire une chose contraire à la
Règle de sa communauté, en confessant sa faute.
Mais tous ces exercices dont Cassien vient de parler ne sont que des préparatifs car selon lui,
la fin et la perfection de l'état monastique consiste dans une continuité de prière telle que la
fragilité humaine la peut comporter et c'est ce que l'on appelle l'union constante du coeur avec
Dieu mais cet esprit de prière ne peut s'obtenir que par une contrition véhémente, un
affranchissement de tous les liens des affections terrestres, par la lumière de l'Esprit Saint
dont les rayons purs ne peuvent entrer dans un coeur souillé. Cassien compare l'âme à une
plume qui s'élève par sa propre légèreté quand on souffle doucement dessus mais que la
moindre humidité fait retomber à terre. En effet l'âme ne peut monter vers Dieu, si elle n'est
dégagée du poids de la corruption terrestre.
Cassien inculque avec force l'usage des aspirations fréquentes et recommande surtout celles
dont l'Eglise se sert et qui commencent par ces mots : "Mon Dieu! Viens à mon aide!
Seigneur, secours-moi vite!" Revenant à la fin et à la perfection de l'état monastique, il dit que
pour y parvenir, il faut se purifier de tout attachement terrestre et s'élever aux choses
spirituelles jusqu'à ce que l'âme, par des progrès insensibles, acquière le don de la prière
continuelle et que son amour et ses désirs se terminent en Dieu. Dans cette union que forme la
charité, elle possède une image de bonheur futur et un avant-goût des délices éternels.
11
Le même auteur parlant de la tiédeur, fait cette remarque : "Nous avons souvent vu des âmes
passer de la froideur, c'est-à-dire du monde et du paganisme, à la perfection mais nous n'avons
jamais rien vu de tel parmi les Chrétiens tièdes. Dieu a tant d'aversion pour ceux-ci que le
Prophète ordonne de sa part aux prédicateurs de ne leur adresser aucune exhortation mais de
les abandonner comme une terre stérile et de jeter la semence de la Divine Parole dans les
coeurs nouveaux parmi les pécheurs et les païens. Labourez ce champs jusqu'à présent en
friche et ensemencez cette terre couverte de ronces."
Le Saint Abbé fait un bel éloge de la paix et du bonheur dont jouit une âme qui cherche Dieu;
il expose les merveilleux effets que le Seigneur opère dans Ses Saints et qui ne peuvent être
connus que de ceux qui les ont éprouvés.
Dans sa treizième conférence, Cassien, sous le nom de l'Abbé Chérémond, favoriserait les
principes des semi-pélagiens qui n'avaient point encore été condamnés. Les erreurs de ces
hérétiques furent proscrites pour la première fois dans le Concile d'Orange tenu en 529. C'est
pour cela que Saint Prosper d'Aquitaine, disciple de Saint Augustin d'Hippone, appelait en
432 l'attention de ce dernier sur les opinions de Cassien et des autres Marseillais et s'opposait
expressément à Cassien sous ce titre : "De gratia Dei et libero arbitrio, contra Collatorem.",
autrement dit "De la Grâce Divine et du libre arbitre, contre le Conférencier" (Saint Cassien).
Toutefois il ne nomme jamais par son nom l'auteur des "Conférences," il lui donne même le
titre de "docteur catholique [=universel, pas papiste]" et les positions ultra-augustiniennes de
Saint Prosper ont elles aussi été rejetées par la suite...
Le style de Cassien n'est ni pur ni élégant mais il est clair, plein d'onction et persuasif. La
meilleure édition de ses oeuvres est celle d'Alard Gazée, Douai, 1616, 2 vol. in-8°, Arras,
1628, in-fol; Francfort 1722, in-fol. - cf. Wigger, de J. Cassiano mass. qui semi-pelagianismi,
auctor vulgo perhibetur, Rostock 1824, 1825. Les oeuvres de Cassien se trouvent comprises
dans la collection de l'abbé Migne (2 vol in-4°) dont on sait depuis peu qu'il s'apprêtait
probablement à rejoindre l'Orthodoxie.
Tiré des Acta Sanctorum et complété avec Godescard; Dom Rivet Histoire littéraire de la
France; Goschler, Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique; Migne,
Dictionnaire des abbayes; De Montalembert, Les Moines d'Occident.
ou
Sain Jean Cassien de Bethléem (Saint Cassien le Romain) l'Illuminateur du monachisme
orthodoxe en Occident est né vers 350 ou 365 en Scythie à Dobroudja, en Roumanie actuelle,
probablement Gaulois de nation. Jeune et cultivé, il partit avec un ami, Germain, pour la Terre
Sainte où ils se firent Moines à Bethléem avant même la fondation du Monastère de Saint
Jérôme. Après avoir étudié le mode de vie des Cénobites de Palestine mais aussi de
Cappadoce et de Mésopotamie, ils désirèrent atteindre une plus grande perfection et partirent
la chercher auprès des Pères du delta du Nil puis de ceux du Désert d'Égypte et enfin de Scété.
Là ils apprirent du Prêtre Paphnuce le secret des trois renoncements que doit accepter le
Moine pour parvenir à "l'Amour Parfait de Dieu, passant en notre coeur par la vertu de la
prière pure, sans forme ni paroles ... / ... jusqu'à ce que toute sa vie, tout le mouvement du
coeur deviennent une prière unique et ininterrompue ."
12
Jean Cassien rencontra Évagre le Pontique à Nitrie et tira de son enseignement sa doctrine du
combat spirituel contre les huit passions fondamentales : gourmandise, fornication, avarice,
colère, tristesse, acédie, vaine gloire et orgueil. Après sept années, les deux frères retournèrent
à leur monastère de Bethléem pour obtenir de leur Higoumène l'autorisation de vivre
définitivement au Désert d'Égypte mais ils ne purent y trouver la paix qu'ils recherchaient car
l'archevêque Théophile d'Alexandrie persécutait les Moines de Nitrie qu'il accusait
d'origénisme. Plus de trois cents Moines s'enfuirent alors.
Vers 401, Jean et Germain suivirent ceux qui avaient décidé d'aller trouver refuge chez le
Grand Patriarche de Constantinople Saint Jean Chrysostome qui décida Germain à devenir
Prêtre et Jean à devenir Diacre. Lorsque Saint Jean Chrysostome lui-même victime de la
vindicte de Théophile, dut partir en exil à son tour (404), le clergé et le peuple envoyèrent les
deux frères avec l'Évêque Pallade (l'auteur de l'Histoire Lausiaque) en mission à Rome
auprès du Patriarche et Pape de Rome Innocent I pour qu'il intervienne auprès de l'Empereur
en faveur du Saint Patriarche injustement déposé. Saint Jean Cassien passa une dizaine
d'années à Rome où il fut élevé à la prêtrise et il se rendit en Provence où il fonda à Marseille
vers 415 le Monastère de Saint-Victor pour les Moines et celui du Saint-Sauveur pour les
Moniales.
Ensuite il rédigea ses Institutions Cénobitiques pour les monastères que son ami Saint Castor
d'Apt avait fondés en Haute Provence, adaptant l'authentique tradition des Pères d'Orient aux
possibilités et au climat de la Gaule et enfin, il composa à l'intention des Ermites du
Monastère de Lérins ses Conférences qui parachevèrent son oeuvre en traitant des étapes
supérieures du combat pour la pureté du coeur et la Contemplation, procurant ainsi au
monachisme gaulois une armature doctrinale puisée aux sources mêmes des plus grands
Anachorètes et Pères de l'Orient qu'il avait connus et dont il avait su recueillir l'enseignement
spirituel Saint Benoît devait témoigner dans le chapitre 33 de sa propre Règle de tout ce qu'il
lui devait. En fidèle disciple des grands Cappadociens (et de Saint Jean Chrysostome), Saint
Cassien s'éleva contre la séparation abusive que Saint Augustin avait cru pouvoir établir entre
la nature humaine et la Grâce dans le but de lutter contre l'hérésie pélagienne. Il souligna que
si tout don excellent vient en effet du Père des Lumières, la liberté humaine créée à l'image de
la Liberté absolue de Dieu et renouvelée par la Grâce du Saint Baptême est appelée à
répondre et à collaborer avec la Grâce Divine pour produire en l'âme les fruits salutaires de
cette Sainte Synergie. Sa doctrine, expression de l'enseignement des Pères grecs, devint celle
des Moines provençaux et c'est en vain que les partisans de l'augustinisme lancèrent contre
Saint Jean Cassien leurs accusations de "semi-pélagianisme," une pseudo hérésie entièrement
inventée pour les besoins de leur polémique.
Saint Cassien s'endormit dans la paix, déjà considéré comme un Grand Saint par ses
contemporains et comme leur Père par les Moines d'Occident; ses Précieuses Reliques sont
vénérées jusqu'à ce jour à Saint-Victor de Marseille (+ vers 435 ou 440).
ou
The Monk John Cassian the Roman, as to the place of birth and the language in which he
wrote – belonged to the West, but the spiritual native-land of the Saint was always the
Orthodox East. John accepted monasticism at a Bethlehem monastery, situated at a place not
far from where the Saviour was born. After a two-year stay at the monastery, in the year 390
the monk with his spiritual brother Germanus journeyed over the course of seven years
through the Thebaid and Skete wilderness monasteries, drawing upon the spiritual experience
13
of innumerable ascetics. Having returned in 397 for a brief while to Bethlehem, the spiritual
brothers asceticised for three years in complete solitude, but then they set out to
Constantinople, where they attended to Sainted John Chrysostom.
The Monk Cassion was ordained to the dignity of presbyter in his own native land. At
Massilia (Marseilles) in Gallia (Gaul, now France) he first established there two coenobitic
(life-in-common) monasteries, a men's and a women's, on the order of monastic-rules of
Eastern monasticism. At the request of Bishop Castor of Aptia Julia (in Gallia Narbonensis),
the Monk Cassian in the years 417-419 wrote 12 books entitled "De Institutis Coenobiorum"
("On the Directives of Coenobitic Life") from the Palestinian and Egyptian monks and
including 10 conversations with the desert fathers, so as to provide his fellow countrymen
examples of life-in-common (cenobitic) monasteries and acquaint them with the spirit of the
asceticism of the Orthodox East. In the first book of "De Institutis Coenobiorum" the talk
concerns the external appearance of the monastic; in the second – concerning the order of the
night psalms and prayers; in the third – concerning the order of the daytime prayers and
psalms; in the fourth – concerning the order of renunciation from the world; in the eight
remaining books – concerning eight chief sins.
In the conversations of the fathers Saint Cassian as a guide within asceticism speaks about the
purpose of life, about spiritual discernment, about the degrees of renunciation from the world,
about the passions of the flesh and spirit, about the eight sins, about the hardship of the
righteous, and about prayer.
In the years following, the Monk Cassian described another fourteen (or else twenty-four)
"Conversations of the Fathers" (the "Collationes Patrum"): about the perfection of love, about
purity, about the help of God, about the comprehending of Scripture, about the gifts of God,
about friendship, about the use of language, about the four levels of monasticism, about
solitary hermetic life and coenobitic life-in-common, about repentance, about fasting, about
nightly meditations, about spiritual mortification – this last given the explanatory title "I want
not to, yet this I do."
In the year 431 Saint John Cassian wrote his final work, the "Against Nestorius" ("De
incarnationem Domini contra Nestorium" – literally "On the Incarnation of the Lord, against
Nestorius"). In it he gathered together against the heresy the opinions of censure of many
Eastern and Western teachers. In his works the Monk Cassian grounded himself in the
spiritual experience of the ascetics, meriting the admiration of Blessed Augustine (Comm. 15
June), that "grace far least of all is defensible by pompous words and loquacious contention,
by dialectic syllogisms and the eloquence of a Cicero." In the words of the Monk John of the
Ladder (Climaticus or Lestvichnik; Comm. 30 March), "great Cassian discerns loftily and
quite excellently." Saint John Cassian the Roman reposed peacefully in the year 435.
ou
http://stmaterne.blogspot.com/2008/02/saint-jean-cassien-ou-la-synthse-des.html
ou
Ses Ecrits :
1. Conférences : http://www.orthodoxievco.net/ecrits/peres/cassien/confer/indexx.htm
14
ou aux Sources Chrétiennes, Editions du Cerf :
http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/fichelivre.asp?N_LIV_CERF=641, Conférences 1/2
http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/fichelivre.asp?N_LIV_CERF=642, Conférences 2/2
2. Les Institutions cénobitiques :
http://www.orthodoxievco.net/ecrits/peres/cassien/instit/indexx.htm
ou aux Sources Chrétiennes, Editions du Cerf :
http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/fichelivre.asp?N_LIV_CERF=699, Institutions
Cénobitiques.
3. Traité de l' Incarnation :
http://www.orthodoxievco.net/ecrits/peres/cassien/incarn/indexx.htm
ou aux Sources Chrétiennes, Editions du Cerf :
http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/fichelivre.asp?n_liv_cerf=2477
SAINT PAPE HILAIRE DE ROME ET CONFESSEUR (+ 468) 28 ou 29 février
Originaire de Sardaigne, Hilaire entra dans le clergé de Rome. Diacre sous le Pape Saint Léon
le Grand, il fut envoyé en Orient comme légat pontifical et assista à cette réunion qu'on a
qualifiée de "brigandage d'Ephèse." Il refusa de signer la déposition du Patriarche Flavien de
Constantinople et protesta avec énergie contre cette sentence. Craignant pour lui-même les
fâcheuses conséquences de cette triste assemblée, il s'échappa sous un déguisement et put
rentrer en Italie d'où il écrivit à l'Impératrice Pulchérie pour l'informer de ce qui s'était
produit.
Il succéda à Saint Léon le Grand sur le siège de Rome et siégea un peu plus de six ans. Il eut
particulièrement à soutenir les droits de l'Eglise en matière de discipline et de juridiction, soit
dans le Sud de la Gaule à propos des contestations entre les Archevêques d'Arles et de
Vienne, soit aussi en Espagne où l'on faisait appel à son jugement sur des questions du même
genre.
Un Concile romain tenu en novembre 465 à Sainte-Marie-Majeure, statua en particulier sur
les affaires d'Espagne pour réprouver les abus dans la collation des ordres à des candidats
tarés, refuser le transfert d'un siège épiscopal à un autre et condamner la prétention des
Evêques qui regardaient leur charge comme un bien héréditaire et voulaient en disposer au
détriment des droits d'élection.
En Italie et à Rome même, Hilaire dut s'opposer à l'invasion arienne. Ricimner, le vrai chef du
pays, avait fait élever jusque sur le Quirinal une église arienne. Venu de Constantinople pour
prendre possession de l'empire d'Occident au nom de l'empereur Majorien, Arthème Philothée
aurait voulu imiter cet exemple et élever à Rome une chapelle pour la secte des Macédoniens,
Hilaire s'y opposa et exigea de l'empereur le serment de ne pas tolérer ce nouvel empiètement.
Le Pape de son côté érigea trois oratoires dans la basilique constantinienne de Saint-Jean de
Latran, au baptistère, en l'honneur de Saint Jean le Précurseur, de Saint Jean le Théologien et
de la Sainte et Vivifiante Croix; il construisit aussi plusieurs monastères.
Il s’endormit dans le Seigneur le 29 février de l'année bissextile 468 et fut enseveli dans la
crypte de Saint-Laurent-hors-les-Murs. Longtemps son anniversaire fut marqué au 10
septembre, sur la foi de certains manuscrits du martyrologe hiéronymien.
SAINT EVEQUE OSWALD DE WORCESTER ET DE YORK (+992)
15
15 octobre (translation) - 28 – 29 février (repos)
Né en Angleterre vers 925 et endormi à Worcester en Angleterre le 29 février 992, Saint
Oswald était né d'une famille danoise qui régna en Angleterre. Il était le neveu du Saint
Evêque Odo de Canterbury et Oskitell le premier Evêque de Dorchester et plus tard d'York. Il
a été instruit par Odo, a été nommé doyen de Winchester et peu après envoyé par Odo à
l'Abbaye de Fleury en France pour apprendre la discipline monastique.
En 962, Oswald a succédé à Saint Dunstan comme Evêque de Worcester, Dunstan avec lequel
il fut associé, ainsi qu’à Saint Ethelwold dans la restauration du monachisme en Angleterre.
Sa première fondation était à Westbury-sur-Trym près de Bristol mais son plus grand
établissement sera à Ramsey dans le Huntingdonshire (972) d'où il ira fonder Pershore,
Evesham et les autres maisons.
Saint Oswald fut un Evêque brillant, une étoile radieuse. Il était énergique pour améliorer le
niveau du clergé paroissial, encourageant l'éducation et obligeant la chasteté cléricale et en
972 il a été promu Archevêque d'York où jeune homme, il avait travaillé sous son oncle
l’Archevêque Oskitell. Mais il fut obligé de conserver aussi celui de Worcester, présidant
ainsi aux deux diocèses; c'est celui de Worcester qui l'a toujours le plus concerné.
Saint Oswald était presque toujours occupé à visiter son diocèse, prêchant sans relâche et
réformant les abus. Il a encouragé l'érudition et les hommes doctes. Quand il n'était pas
occupé à ses devoirs pastoraux, Oswald se trouvait parmi les Moines du Monastère de Sainte-
Marie, partageant leurs exercices.
Pour nourrir sa propre humilité et sa propre charité, Oswald invitait toujours douze pauvres à
dîner avec lui chaque jour pendant le Carême (tous les jours, selon certains). Il les servait luimême
et aussi lavait et embrassait leurs pieds. Il s'est endormi à Sainte-Marie juste après avoir
rempli cette observation de Carême et après avoir reçu la Sainte Communion.
Une "Vie" d'Oswald a été écrite très peu après sa Naissance Céleste; elle parle de sa douceur
et bienveillance, l'Amour que les gens avaient pour lui et sa gaieté à l'approche de son
endormissement. Son corps a été transféré par son successeur Adulph dix années plus tard et
enchâssé. Par la suite, on transféra ses Saintes Reliques à York
Dans l'iconographie, on représente Saint Oswald en Evêque chassant le diable avec une pierre
ou parfois lavant les pieds des pauvres.
Tropaire de Saint Oswald, ton 4
Ô Glorieux Oswald, règle de Foi et modèle de douceur, splendeur de Worcester et astre
d'York, tel un arbre au milieu du paradis tu portas les fruits des vertus pour Ton Seigneur et
avec cela tu illumines quiconque honore ta mémoire et fait appel à toi dans la prière:
Intercède, Ô Saint Evêque afin que nos âmes soient sauvées.
SAINT MOINE JEAN DE NISTRIE EN EGYPTE APPELE BARSONOPHIOS (+5°.S.)
28 ou 29 février
The Monk John, called Barsonophios, was a native of Palestine. At 18 years of age he
accepted holy Baptism, and soon also monastic vows. Because of his ascetic life, the Monk
John was ordained bishop of the city of Damascus. Once, in his love for the solitary life, the
Monk John left off being bishop and secretly withdrew to Alexandria, calling himself
Barsonophios. Then he went off into the Nitreian wilderness, arrived at a monastery and
besought the hegumen to accept him into the monastery, so as to serve the elders. He
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conscientiously fulfilled this obedience by day, and nights he spent in prayer.
After a certain while Saint Theodore of Nitreia saw the monk, and knew of him that he was a
bishop. Saint John then again concealed himself and withdrew into Egypt, where he
asceticised until the end of his days (V).
SAINT MOINE LEON 28 ou 29 février
The Monk Leo, Cappadocian Monastic: He fulfilled the commandment about love for
neighbour, by suggesting to the Saracens who had taken captive three sickly monks, that they
replace the infirm captives with himself, since he was healthy and capable of work. During a
time of journeying in the desert the Monk Leo weakened and was not able to go further. He
was beheaded with the sword, having given up his soul "for his neighbour."
SAINT CASSIEN LE RECLUS JEÛNEUR DES GROTTES DE KIEV (+12°.S.)
28 ou 29 février
SAINT MARTYR THEOSTERICTUS LE CONFESSEUR, HIGOUMÈNE DU
MONASTÈRE DE PÉLÉCÈTE, PRÈS DE PRUSA (+826) 28 ou 29 février
The Holy Martyr Theoktyrist (Theostyriktos), Hegumen of the Pelikiote monastery, suffered
for icon veneration under the impious emperor Constantine Copronymos (741-775). Together
with him, subjected to tortures were Saint Stephen the New (Comm. 28 November) and other
pious monks. Saint Theoktyrist was burnt with boiling tar.
The holy Martyr is known as a spiritual writer and the author of a canon to the Mother of
God "Sustaint in Many Misfortunes."
Lecture de l’Epître.
Pas de Lecture ce jour.
Lecture de l’Evangile.
Pas de Lecture ce jour.

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