vendredi 9 mars 2012

Vie de Saint Grégoire Palamas et autres Vies de Saints.

27 février – 11 mars 2012
Cycle mobile (Pascalion): Dimanche de la Deuxième Semaine du Grand Carême,
Dimanche de Saint Grégoire Palamas
MÉMOIRE DE NOTRE PÈRE PARMI LES SAINTS,
GRÉGOIRE PALAMAS L'ARCHEVÊQUE DE THESSALONIQUE.
14 novembre – 2ème Dim. du Gd. Carême
Le sublime Théologien
de la Lumière Incréée,
dans la Lumière sans déclin,
rejoint la Source de Clarté.
2
Etudiant, il fut touché par la quête spirituelle très ardente que connût cette fin de l'empire
byzantin. A vingt ans, il se rend au Mont Athos et se fait Moine dans un petit ermitage, en
retrait des grands monastères. C'est là qu'il découvre la contemplation fondée sur la paix du
coeur et la répétition du nom de Jésus Sauveur. Ce courant mystique est attaqué par un
philosophe calabrais qui veut le faire déclarer hérétique. Saint Grégoire lui tient tête et il
prend la défense des Moines qu'on appelle Hésychastes en fondant cette expérience spirituelle
sur une théologie fondamentale distinguant en Dieu l'inaccessible (l'essence) et le participable
(les énergies). Une grande controverse s'ensuivit, mais après plusieurs années de luttes, la
doctrine de Palamas fut publiquement adoptée par l'Eglise de Constantinople. Saint Grégoire
devient même Evêque de Thessalonique.
ou
Saint Grégoire appartient donc au quatorzième siècle qui fut une période de grands troubles
dans l’empire byzantin. L’action du Saint en Asie Mineure (déjà occupée par les Turcs),
ensuite à la cour de Constantinople puis au Mont Athos et finalement comme Archevêque de
Thessalonique est un exemple de vie entièrement consacrée au service de l’Église au travers
de l’Ascèse, de ses écrits et de son devoir pastoral.
La possibilité de voir de Dieu nous est donnée par l’Oeuvre Rédemptrice du Christ, Oeuvre
qui permet au Saint Esprit d’agir dans la communauté des fidèles. La communion réelle dans
l’Esprit Saint du créé et de la vie incréée de Dieu est ainsi rendue possible. C’est la
participation de l’homme (sanctifié par la Vraie Foi, l’Ascèse et les Saints Mystères) aux
Energies Incréées de la Sainte Trinité. L’homme peut être déifié dès ce monde.
Saint Grégoire Palamas a développé et systématisé d’une façon cohérente l’ancienne doctrine
des Pères sur la distinction entre l’Essence Divine qui est incommunicable et les Energies de
la Sainte Trinité, incréées mais communicables à l’homme. D’après cette doctrine, il est
impossible de dévier vers un panthéisme quelconque; en revanche la transfiguration de
l’homme reste possible, transfiguration qui se transmet ensuite à toute la création.
Saint Grégoire a défendu l’expérience vécue des Ascètes orthodoxes comme une expérience
de l’Église du Christ. Il a ouvert bien des chemins à la Tradition orthodoxe et à la théologie
contemporaine qui s’appuie sur la distinction entre l’Essence et les Energies Incréées de Dieu
mais qui n’oublie pas la réalité de la personne et la collaboration de l’homme avec la Sainte
Trinité.
Retrouver la Paix du Christ dans le silence de l’Hésychasme est chose accessible à tout
Chrétien baptisé au Nom de Dieu le Père, le Fils et le Saint Esprit, à tout membre de l’Église
du Christ.
ou
Ce fils de la Lumière Divine et sans déclin, cet Homme de Dieu en vérité, cet Admirable
Serviteur et Liturge des Mystères Divins venait de l'Asie et il eut pour parents des gens
illustres et renommés qui cherchèrent à former par l'instruction et la vertu non seulement
l'homme extérieur et sensible mais bien plus l'homme intérieur, celui qu'on ne voit pas.
Comme il avait perdu son père dans sa tendre enfance, sa mère le fit croître et grandir ainsi
que ses frères et soeurs dans l'instruction et la morale religieuses autant que dans l'Ecriture
Sainte puis auprès de maîtres en philosophie elle leur fit pratiquer comme il faut la sagesse
3
profane. Vu la promptitude de sa nature et comme il y appliquait un zèle approprié, il acquit
en peu de temps toute science rationnelle de sorte qu'à l'âge de vingt ans et comme il jugeait
les choses terrestres plus trompeuses que les songes, il s'efforça de remonter vers la cause et la
source de toute sagesse, c'est-à-dire vers Dieu et de se consacrer tout entier à Lui par une vie
plus parfaite. Alors il révéla à sa mère son Pieux Dessein, le désir et l'Amour enflammé qui
l'entraînaient vers Dieu et il s'aperçut qu'elle éprouvait cela elle-même depuis longtemps et
qu'elle s'en réjouissait pour les mêmes raisons que lui. Aussitôt donc, la mère réunit ses
enfants autour d'elle, disant : "Me voici, moi et les enfants que Dieu m'a donnés," elle sonda
leurs pensées en ce qui concerne le bien et leur révéla le dessein du Sublime Grégoire. Et lui,
leur adressant des paroles d'exhortation, réussit en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire
à les persuader, à susciter en eux un désir semblable au sien et à leur faire suivre sa fuite du
monde. Alors, il distribua ses biens aux pauvres pour se conformer à l'Evangile et de bon
coeur abandonna les faveurs impériales, les honneurs et le tumulte des palais pour suivre le
Christ. Il établit sa mère et ses soeurs dans un couvent et prenant avec lui ses frères, il gagna la
Sainte Montagne de l'Athos. Cependant il suggéra à ses frères d'entrer dans des Monastères
différents car il n'était pas possible de vivre la vie selon Dieu en restant unis les uns aux
autres. Lui-même se soumit à la direction d'un homme admirable du nom de Nicodème et qui
vivait dans la quiétude pour Dieu Seul et auprès duquel il apprit dans la pratique de l'humilité
de l'âme, toute règle et toute vertu. Après son Départ vers le Seigneur et alors qu'il s'était
assuré au cours d'une secrète Révélation l'Aide de la toute Sainte Mère de Dieu et, en tout,
Son Invincible Secours, il passa quelques années à la Grande Laure puis avec un zèle accru et
un esprit plus mûr, par amour de la quiétude, il quitta la Laure et embrassa la vie érémitique.
Accroissant de plus en plus son désir et souhaitant vivre constamment avec Dieu, il s'adonna
aux plus sévères macérations. Réprimant complètement ses sens par une prière assidue,
élevant son esprit vers Dieu, consacrant tout son temps à la prière continue et à la Divine
Méditation et réglant sa vie de la meilleure façon, il remporta la victoire sur les démons, selon
ses forces mais toujours avec l'Aide de Dieu; il purifia son âme par le flot de ses larmes ainsi
que les stations de toute la nuit. Il devint ainsi un vase d'élection des charismes de l'Esprit
Saint. Il eut de nombreuses Visions de Dieu. Et –chose admirable– lorsqu'il dut gagner
Thessalonique par suite des incursions musulmanes puis établir sa skite [skète, =ermitage] à
Berrée et par nécessité fréquenter l'une ou l'autre ville, même alors il ne sortit point de
l'exactitude avec laquelle il menait son genre de vie.
Ayant donc en peu d'années purifié parfaitement et son corps et son âme, il reçut par Vocation
Divine la Grâce du Sacerdoce et c'est comme un incorporel ou comme étranger à lui-même
qu'il en célébrait les Mystères, visant uniquement à toucher les âmes de ceux qui le voyaient :
il était vraiment sublime et quiconque vivait selon Dieu reconnaissait en lui un Porteur de
l'Esprit. Même à ceux qui regardaient superficiellement, il apparaissait comme ayant pouvoir
contre les démons, capable de sauver ceux qui étaient sujets à ses leurres et tromperies, de
faire porter des fruits à des arbres stériles, de prévoir l'avenir et il était orné de bien d'autres
Charismes et Fruits de l'Esprit Divin. Car si le fait de pratiquer la vertu est en notre pouvoir,
celui de rencontrer des épreuves ne nous est pas étranger : sans elles, il n'y a ni perfection ni
manifestation de la Foi en Dieu car c'est ensemble que le désir et la pratique du bien rendent
parfait l'homme qui vit selon Dieu. Que ce Grand Saint ait rencontré de constantes et
multiples épreuves, il faut l'admettre, et c'est ainsi qu'il nous paraît vraiment parfait. Ces
choses-là, quel esprit pourrait les concevoir, quel récit pourrait relater les complots inouïs
jusqu'alors ourdis par le terrible fauteur de litiges, les dénonciations et les calomnies des
nouveaux adversaires de Dieu contre lui, les combats qu'il dut mener pour la Vraie Foi durant
ces vingt-trois ans où il subit de la part de ses ennemis toutes sortes de maux et d'afflictions?
Car le tigre de l'Italie, le calabrais Barlaam qui s'appuyait par trop sur la philosophie profane
4
et dans la vanité de ses propres pensées s'imaginait tout savoir, déclencha une terrible querelle
contre l'Eglise du Christ, contre notre Foi Véritable et contre ceux qui s'y tenaient fermement.
Car il soutint de façon insensée que la Grâce commune du Père, du Fils et du Saint Esprit et la
Lumière du monde à venir, Celle Qui fait briller les Justes comme soleil et que le Christ a
d'avance montrée en resplendissant au Mont Thabor, enfin toute Puissance et Energie de la
tri-personnelle Divinité et tout ce qui d'une manière quelconque diffère de la Nature Divine,
sont chose créée; quant à ceux qui conformément à la Vraie Foi retiennent incréée cette
Lumière Toute Divine, ainsi que toute Puissance et Energie émanant de Dieu, c'est en de
longs discours et traités, prétendant que cela n'appartient à aucun nouvel Attribut naturel de
Dieu, qu'il les appelle dithéistes et polythéistes tout comme l'ont fait en parlant de nous les
Juifs, les musulmans ainsi que Sabellius et Arius. Pour cela donc, Saint Grégoire, en Illustre
Protecteur et Champion de la Foi et comme celui qui avant tous combattait pour elle en
première ligne, fut dénoncé et c'est envoyé par l'Eglise qu'il arriva à Constantinople. Alors le
Pieux Empereur Andronic IV Paléologue réunit, en Protecteur de la Foi, le Saint Concile.
Barlaam y assista, exposant ses opinions erronées et ses accusations contre les tenants de
l'Orthodoxie. Mais Saint Grégoire rempli de l'Esprit Saint et revêtu de l'Invincible Puissance
venue d'En-Haut, ferma cette bouche ouverte contre Dieu, la discrédita complètement et par
des traités et des discours enflammés, réduisit en cendres les broussailles de ses hérésies. Ne
supportant pas le discrédit, cet adversaire de la piété s'enfuit chez les Latins d'où il venait.
Aussitôt après lui Grégoire dénonçait au Concile celui qu'il appelait "Polykindynos" c'est-àdire
"qui présente de multiples dangers" [jeu de mots sur Akindynos dont le nom signifie
"sans danger"] et passa au crible ses traités, par des discours les réfutant. Mais ceux qui
avaient contracté leur maladie ne cessèrent pas si facilement de combattre l'Eglise du Christ.
Le Concile et l'Empereur lui-même s'y opposèrent avec grande force : Grégoire, confirmé de
préférence à tous par le Suffrage Divin, accéda au trône archiépiscopal en devenant Hiérarque
de l'Eglise de Thessalonique. Pour la Foi orthodoxe, il supporta avec courage et fermeté des
combats encore plus nombreux que les précédents car les détestables successeurs d'Akindynos
et de Barlaam qui se montrèrent aussi nombreux qu'insupportables, leurs cruels agissements
de bêtes féroces, leurs opinions et leurs écrits, ce ne fut pas une ou deux ou trois mais mainte
et mainte fois non sous un seul Empereur ou Patriarche mais bien sous trois sceptres
successifs et sous autant de Patriarcats et au cours de Synodes difficiles à énumérer que par
des discours et des écrits Divinement inspirés, il les contra de multiples façons et finalement,
selon son pouvoir, en triompha.
Après avoir guidé pendant treize ans son troupeau en Apôtre et de manière agréable à Dieu et
après en avoir amélioré les moeurs par ses discours, il se dirigea vers la Jérusalem Céleste;
devenu le commun bienfaiteur de tous les Orthodoxes vivants et à venir, il quitta cette vie
pour l'autre vers 1360 ayant vécu en tout soixante-trois ans. Son esprit, il le remit entre les
Mains de Dieu ; son corps, il le laissa à son troupeau comme une Sainte Relique qui est
conservée dans la Sainte Métropole de Salonique pour y briller splendidement et y être
glorifiée comme un héritage et un trésor de grand prix car il fait bénéficier de ses Miracles les
fidèles qui chaque jour s'en approchent et leur accorde la guérison de tout mal.
ou
Légèrement adapté d'un article de Wikipédia
(Les liens hypertextes renvoient au texte original de Wikipedia)
5
Théologien et Saint dans l'Eglise orthodoxe, Grégoire Palamas (1296 - 1359), a développé
dans sa pensée cet adage des Pères selon lequel Dieu s'est fait homme pour que l'homme
devienne Dieu. Il résume une longue tradition à ce sujet à laquelle il se veut fidèle et qui
touche à la question la plus fondamentale du Christianisme, celle du Salut ou de la déification
de l'homme. Voici un aperçu de sa vie, de son oeuvre et de sa pensée. La bibliographie
permettra au lecteur d'aller plus loin.
Sommaire
· 1 La vie et l’oeuvre
o 1.1 Son enfance et le début de sa vocation
o 1.2 Son départ au Mont Athos
o 1.3 La querelle du filioque
o 1.4 La controverse théologique avec Barlaam
6
o 1.5 Le conflit avec Grégoire Akindynos
o 1.6 Grégoire Palamas, Métropolite de Thessalonique
· 2 La théologie mystique
o 2.1 La Grâce est une expérience
o 2.2 La participation de l'homme à la divinité
2.2.1 Dieu inaccessible en son essence mais manifesté
o 2.3 La synergie entre la volonté de Dieu et de l'homme dans le Salut
2.3.1 L'altération de l'image de Dieu en l'homme
2.3.2 Le rétablissement de la maîtrise de l'intelligence sur les passions
2.3.3 L'oraison Hésychaste : faire l'expérience de Dieu
2.3.3.1 Description de la méthode
2.3.3.2 Le but de cette oraison
2.3.3.3 Le corps comme demeure de l'Esprit
2.3.3.4 L'union de l'homme à Dieu
2.3.3.5 Dieu vient tout entier habiter dans l'homme tout entier
· 3 Quelques citations
· 4 Références
· 5 Bibliographie sélective
o 5.1 Quelques oeuvres traduites en français
o 5.2 Quelques études importantes
La vie et l’oeuvre
La vie de Grégoire nous est connue par ses écrits mais aussi par l’Éloge de Palamas composé
peu de temps après sa mort par son disciple et ami Philothée Kokkinos qui fut Patriarche de
Constantinople.
Son enfance et le début de sa vocation
Grégoire est né à Constantinople en 1296. Ses parents étaient des nobles d’Asie Mineure qui
en raison de l’invasion des Turcs, se réfugièrent à Constantinople. Son père, Constantin
Palamas, était sénateur et faisait partie de l’entourage de l’Empereur Andronic II Paléologue.
Il s'endormit peu après la naissance de Grégoire. C’est alors l’Empereur qui prit en charge son
éducation et ses études classiques à l’université impériale jusqu’à l’âge de vingt ans environ.
7
Grégoire choisit, probablement avant le terme du cycle de ses études qui le destinait au
service de l’État, de devenir Moine et de renoncer alors aux sciences helléniques. Le jeune
homme avait été préparé à sa vocation monastique par la piété familiale. Ses parents
connaissaient la prière du coeur, ils fréquentaient les Moines athonites et leur avaient confiés
l’éducation spirituelle de leurs enfants. C’est ainsi que Grégoire bénéficia de la paternité
spirituelle d’un maître réputé de la prière du coeur, Théolepte de Philadelphie.
Son départ au Mont Athos
C’est peut-être sous son conseil que Palamas se retira, vers 1316, au Mont Athos. Il y fut suivi
par ses deux frères. Quant à sa mère et ses deux soeurs, elles menèrent aussi une vie
monastique mais à Constantinople. Au Mont Athos, Grégoire devint durant trois ans le
disciple de Nicodème, un Moine Hésychaste qui l’initia à la vie d’ermite. Suite au Départ de
ce dernier, Palamas décida de rejoindre la communauté de la Grande Lavra fondée par Saint
Athanase de l'Athos. Il y demeura en tant que chantre pendant trois ans puis il opta à nouveau
pour la vie solitaire. Il prit Grégoire le Sinaïte pour Père Spirituel et alla séjourner parmi les
Hésychastes de l’Ermitage de Glossia. Vers 1325, il fut obligé de fuir en raison d’incursions
de pirates turcs. C’est à Thessalonique qu’il résida alors durant quelques mois en compagnie
des disciples de Grégoire le Sinaïte parmi lesquels se trouvaient deux futurs Patriarches de
Constantinople, Isidore (Boukharis) et Calliste. À Thessalonique, il fut ordonné Prêtre en
1326. Ensuite, Grégoire partit accompagné de dix Moines, fonder un ermitage à Berrhée où il
suivit le style de vie adopté par les Hésychastes en consacrant cinq jours de la semaine à la
prière pure dans la solitude et le samedi et le Dimanche aux Services Liturgiques avec les
autres Moines de l’ermitage. Vers 1331, il dut une nouvelle fois fuir à cause d’incursions, de
Serbes cette fois. Grégoire retourna à la Sainte Montagne, à l’Emitage de Saint-Sabbas. C’est
là qu’il commença à écrire ses premiers ouvrages. Un peu plus tard, il accepta la charge
d’Higoumène au Monastère d'Esphigmenou.
La querelle du filioque
Vers 1335, de retour à l'Ermitage Saint-Sabbas, Grégoire écrivit, à l’occasion de pourparlers
d’union avec l'église de Rome, ses Traités apodictiques sur la procession du Saint-Esprit, un
ouvrage sur la Trinité destiné à repousser toute tentative de compromis doctrinal avec les
Latins sur le thème de la Procession de l’Esprit. Ce faisant, Grégoire ne refusait pas vraiment
l’union des Églises, il désirait surtout éviter une union doctrinale factice dont l’enjeu véritable
n’était pas théologique mais politique. En effet certains de ses contemporains étaient prêts à
sacrifier la Foi orthodoxe pour s’unir à l’Occident latin et bénéficier ainsi de son soutien
militaire pour repousser l’invasion des Turcs.
La controverse théologique avec Barlaam
Vers 1336-1337, il entra en conflit avec les idées d’un moine et philosophe italien nommé
Barlaam le Calabrais. Ce dernier était professeur à l’université impériale et un spécialiste du
Pseudo-Denys. Sa renommée était grande à Constantinople et beaucoup le consultaient en
différents domaines du savoir. Palamas rédigea, entre 1336-1337 et 1341 quelques Lettres, les
Triades pour la défense des Saints Hésychastes et un Tome hagioritique, oeuvres qui
témoignent de la controverse avec Barlaam.
Le conflit portait sur la question de la Connaissance de Dieu : peut-on connaître Dieu
autrement que par une démonstration, autrement que par le seul raisonnement à partir de ce
que Dieu a créé et qui conserve son empreinte? Pour Barlaam, il n’existait pas de meilleure
approche que celle-là pour connaître Dieu Qui en lui-même est absolument inconnaissable
comme le disait Denys. L’étude des Écritures était à ses yeux de moindre importance. Il se
8
mit à critiquer violemment les pratiques des Moines Hésychastes, pratiques sur lesquelles il
s’était renseigné et qui supposaient une autre forme de Connaissance de Dieu, une
Connaissance plus intime et personnelle par l’intervention d’une Grâce Incréée de l’Esprit.
Pour Barlaam, ces pratiques témoignaient d’une ignorance de la part des Hésychastes et il le
fit savoir autour de lui non sans ironie. Les Moines demandèrent alors à Palamas d’être leur
porte-parole dans ce conflit où leur spiritualité était réduite à néant. Grégoire connaissait bien
Barlaam, il entretenait une correspondance avec lui. Il mit au point, à partir d’une lecture
attentive des Pères grecs, une distinction en Dieu entre son essence imparticipable et les
énergies participables, distinction soulignant que Dieu est effectivement inconnaissable en
Lui-même, en Son Essence comme le rappelle Barlaam mais que l’homme n’est pas contraint
pour autant à l’ignorance parce que Dieu dans Sa Bonté Se révèle à lui tel qu’il est dans Son
Energie où Il est totalement présent et agissant. Barlaam n’accepta pas cette distinction. Il
tenta de la réfuter avec toute l’intelligence dont il était capable. La question fut finalement
débattue publiquement le 10 juin 1341 lors d’un Concile présidé conjointement par
l’Empereur Andronic III et le Patriarche Jean Calécas de Constantinople. Le Concile
condamna Barlaam, lequel quitta Byzance pour retourner en Italie. Cependant, le document
conciliaire ne fut pas signé par l’Empereur en raison de son Départ survenu cinq jours après le
Concile.
L’opposition à la théologie de Palamas n’était pas terminée. Le relais fut pris par Grégoire
Akindynos qui fut peut-être le disciple de Palamas, en tout cas son ami et un médiateur dans
les premiers temps de la controverse avec Barlaam. Pour sa part, il acceptait la Spiritualité
Hésychaste tout en refusant radicalement la distinction en Dieu entre l’essence et les énergies.
Le nouveau régent Jean Cantacuzène qui fut au service du défunt Empereur Andronic III,
réunit alors un deuxième Concile traitant de la même question en août 1341. Akindynos y fut
condamné à son tour. Le Tome synodal fut officiellement publié mais le patriarche Jean
Calécas qui contestait farouchement l’autorité politique de Jean Cantacuzène, accepta de
signer le document tout en empêchant le nouveau régent mais également le fils mineur de
l’Empereur, à savoir Jean V, d’en faire autant. Ce document ne tranchait donc pas encore
définitivement la question.
Le conflit avec Grégoire Akindynos
Ce conflit à propos de la régence entraîna tout Constantinople dans une guerre civile de 1341
à 1347 qui opposa Jean Cantacuzène à un gouvernement nominalement présidé par Anne de
Savoie, la veuve de l’Empereur Andronic III. Durant cette période, le patriarche Jean Calécas
persécuta Palamas en raison de sa sympathie politique pour Jean Cantacuzène et accorda son
soutien à Grégoire Akindynos, lequel s’empressa de réfuter la théologie palamite dans ses
Antirrhétiques. Palamas fut mis en prison pour ses positions politiques en 1342 et
excommunié pour ses idées religieuses en 1344. En captivité, il écrivit différentes Lettres et
ses Sept Antirrhétiques contre Akindynos. Grégoire Akindynos, quant à lui, fut, malgré sa
condamnation en 1341 et l’opposition de l’Impératrice Anne de Savoie et de la cour impériale
ordonné prêtre par le patriarche Jean Calécas dont l’ambition était de le nommer évêque et ce
afin d’affermir son autorité face aux partisans palamites de Jean Cantacuzène.
Cette période de crise politico-religieuse se dénoua en 1347. En effet le 2 février de cette
année, l’Impératrice, consciente du fait que le patriarche Jean Calécas utilisait Grégoire
Akindynos à des fins purement politiques, convoqua un Concile réunissant les représentants
des deux partis en conflit. Le patriarche Jean Calécas y fut condamné et déposé et le Tome
synodal de 1341 y fut confirmé. En conséquence, Jean Cantacuzène devint co-Empereur avec
le jeune Jean V jusqu’à la majorité de ce dernier et les Moines Hésychastes reçurent à
9
nouveau le soutien de l’Église. Un autre Concile, présidé par Jean Cantacuzène et
l’Impératrice, condamna une nouvelle fois le patriarche déchu Jean Calécas, excommunia
Grégoire Akindynos et fit publier un autre Tome qui confirmait celui de 1341. Ces deux
Tomes furent encore une fois confirmés par un troisième Concile tenu à Sainte-Sophie
quelques semaines plus tard.
Grégoire Palamas, Métropolite de Thessalonique
C’est Isidore Boukharis, un ami de Palamas qui devint Patriarche de Constantinople. Grégoire
fut alors consacré Métropolite de Thessalonique en mai 1347. Il ne put toutefois pas se rendre
dans sa ville épiscopale avant 1350 en raison de son occupation par des zélotes qui refusaient
l’autorité impériale de Jean Cantacuzène. C’est probablement à cette époque qu’il rédigea ses
150 chapitres physiques, théologiques, éthiques et pratiques qui constituent, avec les Triades
de défense des Saints Hésychastes, son oeuvre majeure. À peine installé à Thessalonique,
Grégoire fut à nouveau confronté à une controverse avec Nicéphore Grégoras, toujours sur les
mêmes questions. Un nouveau Concile convoqué en juin 1351 par Cantacuzène et le
Patriarche Calliste qui succédait depuis peu au défunt Isidore, approuva une nouvelle fois la
théologie de Palamas et la distinction entre l’Essence et les Energies Divines. Un second
Concile fit de même quelques jours plus tard. Le Tome synodal publié le 15 août 1351
entérina ces décisions et excommunia désormais tous ceux qui n’acceptaient pas la doctrine
défendue par Grégoire Palamas.
Ce dernier put se consacrer à sa tâche d’Evêque tout en restant disponible à l’Empereur pour
des missions de médiation. En 1354 alors qu’il naviguait vers Constantinople en vue
d’accomplir l’une de ces missions, il fut fait prisonnier par les Turcs et dut rester une année en
Asie Mineure occupée. Il y eut l’occasion de visiter différentes communautés chrétiennes
mais aussi de mener divers débats avec des musulmans et des Juifs convertis à l’islam.
Sa rançon ayant été payée aux Turcs, il revint en 1355 à Constantinople où il rencontra le
légat du pape Innocent VI, Paul de Smyrne venu à l’occasion de pourparlers d’union des
Églises, s’était montré particulièrement réticent à l’égard de la théologie palamite. Il y eut
alors en présence de l’Empereur Jean V et du légat du pape un nouveau débat public entre
Grégoire Palamas et Nicéphore Grégoras. Au cours de ce débat, les autorités byzantines
cherchèrent à montrer que la doctrine palamite, conforme à celle des Pères, ne constituait pas
un obstacle à l’union des Églises. Après ce débat, Grégoire retourna à Thessalonique. Il s’y
adonna surtout à la prédication mais il rédigea également entre 1356 et 1358 ses Quatre
traités contre Grégoras.
Atteint d’une maladie depuis 1352, Grégoire s'endormit le 14 novembre 1359 et fut, suite à
une Vénération populaire constante, glorifié en 1368. Le culte des Précieuses Reliques de
Saint Grégoire s’est perpétué jusqu’à aujourd’hui à Thessalonique et une Liturgie fait
mémoire de lui le deuxième Dimanche du Grand Carême.
La théologie mystique
Grégoire ne recherchait pas en tant qu’écrivain religieux la beauté du style mais l’expression
des vérités auxquelles il croyait fermement (Triades 3, 1, 2). Généralement lorsqu'il aborde
des idées religieuses pour les défendre, il le fait exhaustivement, il y revient à plusieurs
reprises en différents endroits de son oeuvre, en fonction des arguments contraires de ses
adversaires et des sources bibliques et patristiques qui viennent confirmer ses opinions. Cette
façon de faire enrichit considérablement son écriture mais est déroutante pour le lecteur
moderne qui risque sans cesse de perdre le fil conducteur de la pensée de Palamas dans la
profusion des raisonnements opposés et des références.
10
Selon Palamas lui-même, le point de départ de sa doctrine ou plus exactement de
l’approfondissement d’une doctrine qu’il a lui-même reçue, est le fait qu’il y a des personnes
comme Barlaam qui en raison de leur inexpérience de la Grâce et de leur incrédulité à l’égard
de ceux qui témoignent d’une telle expérience, les Saints de la Bible, les Pères ainsi que les
Hésychastes, rejettent le caractère incréé des Energies Communiquées par l’Esprit Saint
(Tome hagioritique). Autrement dit, si une personne comme Barlaam rejette la possibilité
d’avoir une Connaissance Surnaturelle de Dieu Grâce à la communication de Son Energie
Incréée, c’est parce qu’il n’en a pas lui-même fait l’expérience (Triades 3, 3, 3) et qu’il ne se
fie pas davantage à ceux qui l’ont faite. Or pour Palamas, cette expérience de la Grâce est la
meilleure preuve de l’Existence de Dieu et des intuitions théologiques qu’il défend (Triades 2,
3, 38).
La Grâce est une expérience
Grégoire insiste sur cet aspect expérimental de la Grâce. Sa théologie vise à défendre ceux qui
vivent dès à présent des Energies Divines, Energies que les paroles ne démontrent pas mais
qui restent néanmoins perceptibles dans les oeuvres, Celles du Christ mais aussi celles des
Saints à Sa Suite (Tome hagioritique). Palamas nous explique que malgré la nécessité de la
polémique, il a du mal à écrire sur le thème de la déification de l’homme, précisément parce
qu’il s’agit avant tout d’une expérience vécue et intime avec Dieu, d’une expérience qui
dépasse donc tout ce que l’intelligence peut comprendre et faire comprendre à travers les
seules paroles ou les seuls raisonnements (Triades 3, 1, 32).
La participation de l'homme à la Divinité
L'approche spirituelle de Palamas est inscrite dans l’histoire de la Révélation judéochrétienne.
Il montre en effet que Dieu S'est révélé et Se révèle encore d'une façon
progressive à l’humanité. En effet Palamas compare le cheminement de l’Ancien Testament
vers le Nouveau Testament au cheminement actuel qui part du Nouveau Testament vers son
accomplissement dans la vie future. Il dit : de même qu’auparavant seuls les Prophètes et ceux
qui les écoutaient avaient vu dans l’Esprit les Mystères de la Loi de Moïse, la Préexistence du
Verbe et de l’Esprit de Dieu, avant qu’ils ne soient manifestés dans la Révélation de la
Trinité, tandis que les autres se bouchaient les oreilles; de même, à présent, seuls les Saints et
ceux qui les écoutent voient dans l’Esprit les Mystères de l’Évangile avant qu’ils ne
deviennent pleinement évidents dans la vie future tandis que certains chrétiens ne veulent pas
en entendre parler.
Mais quels sont ces Mystères Evangéliques vus par les Saints et tous ceux qui les entourent?
Les Mystères sont ceux dont parlent les Pères comme le Pseudo-Denys, Maxime le
Confesseur et le Pseudo-Macaire, des auteurs que Grégoire apprécie fortement et cite
constamment. Ils nous expliquent que Dieu transcende, surpasse, est au-dessus du don déifiant
qu’Il fait à l’homme, de la Divinité qu’Il communique à ceux qui en sont dignes. Il dépasse ce
don déifiant parce qu’Il en est l’origine, la source, la Cause Eternelle. Cette Grâce Déifiante
est, tout comme Dieu, Incréée et Eternelle. Contrairement aux êtres vivants et au monde, aux
créatures et à la Création, cette Grâce n’a pas de commencement dans le temps. Elle existe
depuis toujours en Dieu. Par les Pères, nous apprenons que cette Grâce Déifiante est une
lumière, celle qui rayonne autour de Dieu, des Anges mais également des Saints. Elle se
manifeste aux hommes qui en sont dignes, hommes qui se sont le plus souvent longuement
préparés à la recevoir mais ils la reçoivent sans que l’on puisse dire que cette prédisposition,
aussi méritoire soit-elle, est en quelque sorte la cause de leur illumination. L’être humain ne
dispose d’aucun moyen automatique pour obtenir et laisser transparaître en lui cette Lumière
11
émanant de Dieu. C’est pourquoi elle est toujours une Grâce, une Faveur que Dieu fait à
l’homme sans que ce dernier ne connaisse le moment de sa manifestation. Les Pères nous
enseignent encore que cette Lumière répand la joie en l’homme, une joie spirituelle, profonde,
ineffable qui est l’un des Signes les plus manifestes de la Présence de Dieu en l’homme
(Triades 3, 1, 36). En outre, cette Lumière constitue la beauté du siècle à venir, du Royaume
de Dieu, de la Vie Eternelle. Nous rejoignons ici l’accomplissement des Mystères de
l’Évangile dont parlait Grégoire, à savoir la manifestation finale et plénière de la Gloire
Incréée, de la Lumière Eternelle. C’est là le signe de la Présence de Dieu en tous les êtres
auxquels il a donné la vie. C’est la transfiguration de toute la création. Le Saint dans cette
perspective eschatologique est celui qui dans l’Esprit appréhende déjà, ici et maintenant mais
pas encore complètement, cette réalité future. Et tous ceux qui se mettent à son écoute et
suivent ses conseils en sont également les bénéficiaires (Tome hagioritique).
Dieu inaccessible en Son Essence mais manifesté
Nous avons ici les bases de cette distinction en Dieu qui posa tant de problèmes à Grégoire ou
plutôt à ses contradicteurs : Dieu S’est révélé comme Trinité, Père, Fils et Esprit mais aussi et
c’est paradoxal comme un Dieu Inaccessible en Lui-même et pourtant partout et toujours
accessible dans le don qu’Il nous fait de Lui-même, de Sa Propre Vie. Ce paradoxe est le
fondement de la théologie de Palamas, la distinction en Dieu entre Son Essence
Imparticipable et son Energie Participable, entre ce que Dieu est en Lui-même dès l’origine,
sans les êtres créés par Lui et ce que Dieu est pour la Création et les créatures pour l’univers
et les êtres vivants, les hommes en particulier, avec lesquels Il veut depuis toujours entrer en
relation.
Il faut nous arrêter quelques instants sur cette théologie qui est une des plus belles réflexions
de l’esprit humain pour justifier la Déification de l’homme. Pour Palamas, il y a en réalité une
triple distinction en Dieu : la Trinité, l’essence et les énergies (Chapitres 75) mais ces
distinctions n’affectent en rien Son Unité car il n’y a qu’Un Seul Dieu trinitaire, Vivant et
Agissant en Son Essence comme dans Son Energie. Cette triple distinction s’explique par le
fait que l’Essence de Dieu ne S’identifie ni aux Trois Hypostases ou Personnes Divines, Père,
Fils et Esprit qui la partagent tout en gardant une primauté existentielle par rapport à elle
(Triades 3, 2, 12) ni à l’Energie parce qu’elle en est la cause transcendante. L’Essence de
Dieu, en tant que cause transcendante de l’Energie, possède, résume et unifie en Elle-même
une multitude d’énergies, Elle est capable de se multiplier sans se diviser en autant de réalités
participables qu’il y a de participants (Triades 3, 2, 24-25) que ce soit pour créer le monde
dans toute sa diversité (Triades 3, 2, 26) ou pour déifier les hommes prédisposer à la réception
de la Grâce (Triades 3, 2, 13). L’Energie Incréée comme Activité de Dieu en dehors de Luimême,
est absolument inséparable de l’Essence, Elle en procède et n’a pas d’existence
autonome par rapport à Elle (Triades 3, 1, 24). Puisque Dieu est Indivisible, Il est totalement
présent dans chacune de Ses Energies. Le moindre atome d’Energie nous donne donc accès à
la Totalité de Dieu et nous permet de Le connaître et de Le nommer (Triades 3, 2, 10-11).
Comme l’Essence Divine dont Elle provient et qu’Elle nous manifeste, l’Energie est
omniprésente (Triades 3, 1, 34), il n’y a pas par conséquent un seul endroit dans tout l’univers
où l’on ne puisse la trouver et par Elle Dieu Lui-même. Enfin, cette Energie ne sera
pleinement visible qu’à la fin des temps comme Rayonnement de Dieu en toutes choses.
L’Energie Divine, c’est au fond la communication que Dieu fait de Lui-même afin que
d’autres êtres, les êtres créés, les êtres humains en particulier puissent exister et bénéficier de
sa vie en abondance. En ce sens, l’Energie Incréée est un Effet Eternel de la Bonté de Dieu à
notre égard (Triades 3, 2, 24).
12
La synergie entre la Volonté de Dieu et de l'homme dans le Salut
Ce développement appelle une question, celle de savoir comment, selon les mots de Palamas,
être dignes d’une telle Grâce. Ou formulée autrement : quels sont les moyens qui peuvent
nous prédisposer à la réception consciente de l’Energie Déifiante? Il existe différents moyens
qui vont ensemble et qui sont constitutifs de la vie chrétienne. Mais avant de les énumérer, il
faut insister sur le fait que ce ne sont jamais que des moyens mis en oeuvre par l’activité
humaine. Or, l’homme est incapable de se déifier par lui-même. Il a besoin de l’Activité de
Dieu, de Son Intervention Répétée dans l’histoire comme en témoigne l’Écriture, de
l’Incarnation du Fils et de la Communication de l’Energie de l’Esprit. En sens contraire,
l’Activité Salutaire de Dieu ne suffit pas non plus car l’homme a été créé libre et Dieu Se
refuse à le contraindre même au Salut, c’est tout à fait librement qu’il doit y consentir. Mais si
ni l’activité humaine ni l’Activité Divine ne suffisent au Salut, comment sortir de l'impasse?
Par une activité commune de l’homme et de Dieu : il faut que l’homme veuille être sauvé et
que Dieu veuille le sauver, il faut en l’homme une synergie de son activité et de Celle de Dieu
par le biais du don permanent de la Grâce, de l’Energie, de l’Esprit répandu en lui. C’est
uniquement par cette collaboration humaine et Divine que les différents moyens deviennent
salutaires pour l’homme.
L'altération de l'Image de Dieu en l'homme
Parmi ces moyens, il y a d’abord et avant tous les Mystères (ou Sacrements) de l’Église,
principalement le Baptême et l’Eucharistie dont Grégoire dit que notre Salut tout entier en
dépend (Homélie 62). Pour comprendre cette affirmation, il faut faire un détour par la
doctrine de la corruption de la nature humaine par le péché et de sa rénovation par
l’Incarnation du Verbe de Dieu. Cette doctrine repose sur le récit de la Genèse et sur l’Oeuvre
du Christ d’après le Nouveau Testament. Le péché d’Adam comme figure biblique et
originelle de l’être humain, est la première manifestation de la désobéissance à Dieu. Il est
pour Palamas la cause d’une corruption de l’humanité dans les deux sens du terme : psychique
et physique. Par son irruption, le péché occasionne une mort de l’âme avant même celle du
corps, un désordre psychique et une déchéance du corps. En effet Palamas envisage le péché
comme une altération de l’Image de Dieu en l’homme, altération par laquelle l’homme
devient incapable d’être à la Ressemblance de Son Créateur, de participer à la Vie même de
Dieu (Chapitres 39). Or, cette altération de l’Image Divine en l’homme est en réalité une
dénaturation de son intelligence, comprise comme étant la faculté spirituelle la plus haute de
l’âme, faculté qui permet à l’homme de connaître, de faire librement des choix et d’orienter
toute sa vie en conséquence. Cette dénaturation à pour effet de priver l’homme d’une faculté
qui était la sienne à l’origine, celle de voir Dieu (Triades 1, 1, 3) et donc de s’unir à Lui. Si
par le péché l’homme perd cette ressemblance, la Vie Divine et cette capacité visuelle de
l’intelligence (faculté spirituelle la plus haute de l’âme) qui l’unissait à Dieu, il n’est par pour
autant abandonné à son sort. Il y a bien sûr toutes les Interventions Divines dans l’histoire
biblique mais il y a aussi et surtout la Venue Annoncée de Jésus-Christ. Pour Palamas, c’est
précisément pour offrir la possibilité à l’homme de retrouver son état originel et plus encore
par la Déification que le Verbe de Dieu S’est fait chair (Triades 1, 1, 22). En effet par l’union
hypostatique ou personnelle du Fils de Dieu à la nature humaine, celle-ci participe de nouveau
et totalement à la Vie Divine (Triades 2, 3, 21). En S’incarnant, en devenant un homme à part
entière, le Fils a pu unir notre humanité déchue à Sa Personne Divine et la restaurer en luimême
par la communication de Sa Propre Divinité. Ce qui est préfiguré dans la
Transfiguration et accompli dans la Résurrection. Nous retrouvons en la Personne même du
Christ cette collaboration humaine et Divine pour le Salut. Selon l’image de Saint Paul, le
Christ est le nouvel Adam, c’est-à-dire le nouvel homme, celui qui transmet non plus le péché
et la mort mais la Vie même de Dieu parce qu’Il est Dieu Lui-même. Comment fait-il cela?
13
Précisément par les Mystères (ou Sacrements) de l'Église, principalement le Baptême et
l’Eucharistie qui permettent une incorporation et une communion réelle au Corps déifié et
déifiant du Christ, Corps Qui contient la plénitude de la Divinité et qui selon Palamas, est la
source de la Lumière Incréée Qui jaillit dans le coeur du croyant (Triades 1, 3, 38) et illumine
à nouveau son intelligence (faculté spirituelle la plus haute de l’âme), ouvre à nouveau les
yeux de l’âme (Triades 1, 3, 33) pour contempler Dieu, si l’homme a Foi en lui (Triades 2, 3,
40). Par les Mystères (ou Sacrements) l’Energie de l’Esprit opère en nous, si nous le croyons
et le voulons, ce que le Fils a accompli une fois pour toutes en Lui-même, en Sa Propre Chair
pour nous. Dans cette perspective, l’Église, Corps du Christ, n’est donc rien de moins qu’une
communauté d’hommes animée par la Foi en Jésus-Christ et en voie de Déification par la
Grâce ou l’Energie de l’Esprit.
Le rétablissement de la maîtrise de l'intelligence (faculté spirituelle la plus haute de
l’âme) sur les passions
Les Mystères (ou Sacrements) ne sont pas les seuls moyens de Déification, même s’ils
demeurent fondamentaux et incontournables pour le Chrétien. La doctrine de la corruption de
l’Image Divine en l’homme, l’intelligence (faculté spirituelle la plus haute de l’âme) et de la
possibilité offerte à l’homme de retrouver la ressemblance à Dieu par la Grâce débouche
également sur une perspective éthique. Le péché est perçu par Palamas comme un
bouleversement du fonctionnement originel et naturel des puissances de l’âme,
bouleversement par lequel ce n’est plus la partie raisonnable de l’âme (les facultés de
connaissance, de jugement et de raisonnement) qui gouverne la partie passionnée (le désir et
l’emportement) mais l’inverse. De cette façon, l’homme se détourne du Bien, Dieu Lui-même
et se laisse conduire par ses passions comme la cupidité, l’ambition et la vanité etc. Pour
remédier à ce désordre psychique et corporel, le Moine Hésychaste recherche l’impassibilité
qui ne signifie nullement ici l’insensibilité ou une mise à mort de la partie passionnée de
l’âme qui en soi est bonne mais le rétablissement des forces psychiques dans leurs fonctions
premières, celles d’avant la chute occasionnée par le péché dans l’âme.
Ce retournement s’opère sous la direction de l’intelligence (faculté spirituelle la plus haute de
l’âme) en synergie avec la Grâce et permet à l’homme d’embrasser les vertus et les passions
bienheureuses, d’acquérir de nouvelles et meilleures dispositions. Par l'attention de
l'intelligence (faculté spirituelle la plus haute de l’âme) maintenue au-dedans du corps (selon
la méthode hésychaste, décrite ci-dessous), "nous donnons à chaque puissance de l'âme sa loi
et à chacun des membres du corps ce qui lui convient" :
- la tempérance comme régulation des sens (nous leur "donnons ce qu'ils doivent percevoir et
dans quelle mesure")
- l’amour est suscité comme l'état le meilleur de la partie passionnée de l'âme
- la vigilance et la sobriété (nepsis) pour "renvoyer tout ce qui empêche la pensée (dianoia) de
s'élever à Dieu".
"Celui qui par la tempérance (enkratéia) a purifié son corps qui par l'Amour Divin a fait de
l'ardeur et du désir une occasion de vertu qui par la prière a mené devant Dieu une
intelligence (faculté spirituelle la plus haute de l’âme) dépouillée, acquiert et voit en lui-même
la Grâce promise aux coeurs purs."
Ce retournement offre la possibilité à l’homme d’accomplir progressivement les
Commandements Evangéliques dans l’Amour du prochain et de Dieu. Lorsque l’homme
parvient à cet Amour, il parvient selon Grégoire à un Etat proprement Divin (Triades 2, 2, 19
et 1, 2, 2).
14
L'Oraison Hésychaste : faire l'Expérience de Dieu
Si la Grâce reçue par les Mystères ou (Sacrements) de l’Église ouvre la Vie Chrétienne sur
une perspective éthique qui culmine dans la capacité d’aimer comme Dieu aime, elle offre
encore une autre possibilité en cette vie, celle de voir Dieu.
Il ne saurait s'agir d'une connaissance extérieure. Il n’est pas question ici, par exemple, de la
contemplation naturelle par laquelle l’intelligence humaine (faculté spirituelle la plus haute de
l’âme) parvient à déceler la Marque de Dieu dans ce monde, c'est-à-dire à appréhender la
raison des êtres créés par Dieu, la Trace Intelligible laissée par Dieu en chaque chose et qui
permet de Le reconnaître comme Créateur de l’univers. Cette contemplation naturelle est
certes une forme de connaissance qui n'est pas sans valeur mais ce n’est pas là encore une
Connaissance Véritable de Dieu. Il en va de même de tout ce que l’on peut apprendre sur
Dieu par les Écritures, les dogmes ou les confessions de Foi (Triades 1, 3, 48 et 2, 3, 18 et
40). Toutes ces connaissances sont bonnes mais elles restent extérieures à Celui dont elles
parlent. La théologie, au sens étymologique de discours sur Dieu, n’est pas encore la
Vision de Dieu. Dire quelque chose sur Dieu, ce n’est pas encore faire l’Expérience Intime et
Personnelle de Dieu (Triades 1, 3, 42), expérience à laquelle l’homme peut se prédisposer par
la prière pure ou méthode d’Oraison Hésychaste.
Le mot "Hésychia" qui est à l’origine du terme "Hésychasme," signifie tranquillité, calme,
repos et qualifie tout à la fois un état de vie du Moine Hésychaste, la réclusion dans la solitude
d’une cellule et un état correspondant de l’âme, le silence obtenu lorsque l’activité des sens,
de l’imagination et de l’intelligence (faculté spirituelle la plus haute de l’âme) s’apaise pour
faire place à l’Activité de l’Esprit Saint.
Description de la méthode
La méthode d’Oraison Hésychaste suppose pour sa mise en pratique un lieu tranquille,
solitaire, à l’écart de toute agitation, la position assise et les yeux fermés. Mais on peut aussi
garder les yeux ouverts et fixer son regard sur la poitrine ou sur le nombril comme sur un
point d’appui. Elle implique en outre un apprentissage à la maîtrise du souffle. Il s’agit en fait
de recueillir et d’apaiser l’intelligence (faculté spirituelle la plus haute de l’âme) au rythme de
l’inspiration et de l’expiration. Dans un premier temps, l’intelligence (faculté spirituelle la
plus haute de l’âme) doit suivre le mouvement de l’inspiration qui descend jusqu’au coeur et y
être retenue en même temps que le souffle. Si l’on a les yeux ouverts, la fixation du regard sur
la poitrine est une aide supplémentaire pour faire descendre l’intelligence (faculté spirituelle
la plus haute de l’âme) dans le coeur. Quant à la fixation du regard sur le nombril, elle vise
plutôt la lutte contre les passions de l’âme (Triades 1, 2, 7-8). Dans un second moment,
l’expiration permet un certain relâchement de l’attention jusqu’à la reprise du souffle. Cet
exercice respiratoire s’accompagne d’une invocation, de la récitation mentale et continue
d’une formule, telle que "Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi" ou sous une
forme brève "Seigneur, aie pitié." Il faut un certain temps pour que cette invocation devienne
tout à fait spontanée.
Le but de cette oraison
Quel est le but de cette méthode assez simple dans sa description? Il s’agit pour le Moine
Hésychaste de purifier l’intelligence (faculté spirituelle la plus haute de l’âme), de lui faire
trouver le repos, l’Hésychie, en la détournant de toutes sensations, images ou conceptions
mentales (Triades 2, 2, 15), ce qui la prédispose à la participation aux Energies Divines
(Triades 2, 1, 30). Pourquoi faire descendre l’intelligence (faculté spirituelle la plus haute de
l’âme) dans le coeur en suivant le mouvement du souffle inspiré? Parce que le coeur, déjà dans
15
la Bible, est le siège, le lieu propre, de l’intelligence (faculté spirituelle la plus haute de l’âme)
(Triades 1, 2, 3), le lieu où la Grâce du Christ Se manifeste (Triades 1, 3, 38) et où elle peut à
Son Contact se surpasser elle-même dans l’extase, l’Union à Dieu (Triades 1, 2, 5). Pourquoi
enfin invoquer continuellement Jésus-Christ en Le suppliant d’avoir pitié? D’une certaine
façon, c’est toute l’histoire judéo-chrétienne de la Rédemption qui se trouve récapitulée dans
cette formule dont se souvient continuellement l’Hésychaste en Présence du Christ. Son
intelligence (faculté spirituelle la plus haute de l’âme) acquiert dans un effort soutenu une
prise de conscience ininterrompue à la fois de l’imperfection de sa nature et de la Miséricorde
Divine, de la promesse de la Grâce communiquée par le Fils dans l’Esprit. Tout ce qui vient le
détourner de cette réalité salvifique est écarté par le souvenir de cette réalité qui sans cesse
revient à la conscience jusqu’à ce que l’Energie de l’Esprit fasse une irruption soudaine dans
le coeur et accomplisse effectivement ce qu’il avait en mémoire. Il s’agit là d’une démarche de
Foi où l’intelligence (faculté spirituelle la plus haute de l’âme), convaincue de sa faiblesse se
rassemble et se tourne vers le Christ, en attendant de Lui le Salut comme accomplissement
d’une promesse faite à l’humanité. Ce faisant, l’intelligence (faculté spirituelle la plus haute
de l’âme) ne Le contraint pas à agir mais se détourne consciemment de tout ce qui pourrait
L’empêcher d’agir. Libre alors à l’Esprit d’intervenir dans ce coeur purifié, préparé à sa venue,
c’est-à-dire digne de Lui.
Lorsque Dieu répond à cet appel, lorsque l’Energie Divine apparaît dans le coeur,
l’intelligence (faculté spirituelle la plus haute de l’âme) purifiée devient à son contact
spirituelle et lumineuse, les facultés créées se transforment et la Grâce est transmise de l’âme
au corps qui lui aussi participe au Salut. Les hommes déifiés parviennent alors à voir avec les
sens et l’intelligence (faculté spirituelle la plus haute de l’âme) ce qui les dépasse (Triades 3,
3, 10). Il se produit paradoxalement une sensation dépassant les sens et une intellection
dépassant l’intellection (Triades 3, 1, 35-36). C’est pour le Saint la Vision ou Contemplation
de Dieu. L’intelligence (faculté spirituelle la plus haute de l’âme) retrouve cette capacité
originelle de voir Son Créateur.
Le corps comme Demeure de l'Esprit
Il y a dans cette méthode, par son attention portée au corps, une rupture radicale avec
l'hellenisme néo-platonicien qui enseignait que l'intelligence (faculté spirituelle la plus haute
de l’âme) devait s'échapper du corps. Cette conception du corps comme une entrave de
l'esprit, Palamas dit que c'est la plus grave erreur des philosophes grecs. Palamas insiste dans
son traité Sur les Saints Hésychastes, sur le fait que l'on ne doit pas chercher à faire sortir
notre intelligence (faculté spirituelle la plus haute de l’âme) du corps mais au contraire
s'efforcer de maintenir, avec vigilance, notre intelligence (faculté spirituelle la plus haute de
l’âme) dans notre corps. Le corps n'est pas mauvais : ce sont "les hérétiques qui disent que le
corps est mauvais et qu'il est l'ouvrage du malin." Il faut faire sortir la loi du péché du corps et
y faire "demeurer l'attention de l'intelligence" (faculté spirituelle la plus haute de l’âme). Il
cite à ce propos la parole de Saint Paul (I Cor 6, 19) : "Nos corps sont le temple de l'Esprit
Saint qui est en nous." Notre corps est donc appelé à devenir "naturellement la Demeure de
Dieu".
Grégoire Palamas fonde la spiritualité Hésychaste dans l'Incarnation du Verbe dont le but était
de permettre la déification de l'homme : "Car si l'homme n'est pas capable de contenir
l'incorporel au-dedans du corps, comment pourra-t-il porter en lui-même Celui Qui S'est uni
au corps et Qui avance comme une forme naturelle, à travers toute la matière organisée dont
l'extériorité et la division ne saurait correspondre à l'essence de l'intelligence (noûs) (faculté
16
spirituelle la plus haute de l’âme), si à la fin cette matière ne se mettait à vivre après avoir
suscité en elle une forme de vie accordée à l'union."[1]
Nous pourrions dire que "le Verbe s'est fait chair"[2] pour que l'homme entier –corps et âme–
soit déifié : "...portant toujours avec nous dans notre corps la mort de Jésus afin que la Vie de
Jésus soit aussi manifestée dans notre corps. Car nous qui vivons, nous sommes sans cesse
livrés à la mort à cause de Jésus afin que la Vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre
chair mortelle." (Saint Paul, Epître aux Corinthiens, II, 4, 10-11.)
L'union de l'homme à Dieu
Le Don Déifiant accordé par l’Esprit constitue pour le voyant à la fois l’organe et l’objet de sa
vision lumineuse (Triades 3, 2, 14). Il est ce qui permet de voir et ce qui est vu, la Lumière
Incréée de Dieu. Palamas dira que le voyant contemple ce qui est semblable à son mode de
contemplation (Triades 2, 3, 31), qu'il connaît Dieu en Dieu (Triades 2, 3, 68) ou, en sens
inverse que c’est Dieu Lui-même Qui Se contemple à travers l’âme et le corps transformés
(Triades 1, 3, 37). Ce qu’il veut dire à chaque fois, c’est que Seule la Lumière, l’Energie ou la
Grâce parce qu’Elle vient de Dieu et qu’Elle est Dieu Lui-même, peut nous faire connaître
Dieu. Cette Vision de la Lumière par la Lumière réalise l’union de l’homme à Dieu (Triades
2, 3, 36) et lui permet de retrouver la ressemblance qui existait entre eux à l’origine. La
progression dans cette Contemplation de Dieu est infinie, même dans la vie future, non
seulement parce que le désir de l’homme est sans limites à son égard mais aussi parce que
Dieu Qui Se laisse contempler est Lui-même infini (Triades 2, 2, 11). C’est une façon
d’expliquer que l’homme est mis en présence d’une plénitude. Tout ce que l’homme
recherche de meilleur en cette vie ou est à jamais capable de désirer dans l’autre vie s’y trouve
en abondance.
Il faut savoir toutefois que pour Palamas, si l’Energie de l’Esprit est effectivement une
plénitude qui nous est offerte dès à présent, personne en dehors du Christ n’est en mesure de
la contenir totalement. La participation à cette Energie Omniprésente par une intelligence
(faculté spirituelle la plus haute de l’âme) purifiée, semblable à un combustible pour le Feu
Divin, est toujours partielle et variée (Triades 3, 1, 34). Cette Energie de l’Esprit Se manifeste
indivisiblement en autant d’éclats qu’il y a d’hommes dignes de la recevoir et se laisse
participer en fonction de la capacité réceptive de chacun d’entre eux. La même et unique
Energie de l’Esprit est communiquée à des hommes différents qui ne sont pas en mesure d’en
bénéficier entièrement mais bien en fonction à la fois de leur personnalité et de leur activité
propres. Ce qui signifie que l’Energie Divine ne supprime pas ce qui fait la singularité d’un
homme lorsqu'elle le déifie, Elle S’y adapte sous la forme notamment des charismes de
l’Esprit dont parle Saint Paul (1 Co 12, 4-11; Triades 3, 2, 13).
Dieu vient tout entier habiter dans l'homme tout entier
Si l’homme ne peut participer à la totalité de l’Energie de l’Esprit, il n’en reste pas moins vrai
qu’il s’agit d’un don par lequel Dieu tout entier vient demeurer en l’homme tout entier
(Triades 3, 1, 27). Comment comprendre cette Inhabitation de Dieu en l’homme? Pour
l’expliquer, Palamas se sert d’un terme emprunté à la christologie. Ce terme est l’enhypostasie
qui désigne le fait d’inclure dans l’Hypostase, d’intégrer en Sa Personne même. En
S’incarnant, le Verbe de Dieu a assumé la nature humaine en sa Personne Divine, Il l’a
enhypostasiée. En sens inverse et grâce à cette Incarnation de Dieu, la personne humaine peut
assumer non pas la Nature de Dieu Qui est imparticipable mais Son Energie. La Déification
est une enhypostasie de l’Energie de l’Esprit, Energie Qui est envoyée dans l’hypostase de
l’homme pour y être contemplée (Triades 3, 1, 9) en permanence (Triades 3, 1, 18). Par ce
17
don déifiant permanent, la Sagesse et la Vie Eternelle sont en l’homme sans être séparées de
Dieu (Triades 3, 1, 35-36 et 38). Le Saint acquiert par Grâce un nouveau mode d’existence,
par lequel sa personne est désormais composée d’un nouvel élément permanent qui vient
s’ajouter à l’âme et au corps et qui est l’Energie Incréée de l’Esprit (Triades 1, 3, 43). Si bien
qu’on peut dire de lui, en raison de la Présence de l’Esprit qu'il est incréé par la Grâce
(Triades 3, 1, 31), qu'il est sans commencement ni fin (Triades 3, 3, 8). L’intégration de ce
nouvel élément devenu constitutif de la personne humaine dans la Déification, n’a pas pour
effet la suppression de notre humanité. En devenant Dieu, nous ne cessons pas d’être homme,
psychique et corporel. Au contraire pour Palamas, en devenant Dieu, nous devenons
pleinement homme. Par la Grâce divine, notre nature humaine est menée progressivement à sa
perfection : l’âme peut dès à présent voir Dieu, être animée par Sa Sagesse et Sa Bonté et le
corps reçoit le gage de son Incorruptibilité future, un avant-goût de la Résurrection.
Au terme de ce parcours, le Saint Hésychaste acquiert donc un nouveau mode de vie
caractérisé par la Présence Permanente de l’Energie de l’Esprit en lui. Cette expérience est
pour lui une initiation aux Mystères Evangéliques. Mais cette initiation n’est pas donnée pour
lui seul. Le Saint Hésychaste sera respecté, il recevra la confiance et l’affection d’autres
hommes, tous ceux qui viendront à lui pour être initiés à leur tour à ces Mystères, jusqu’à ce
que l’expérience de ces Mystères eux-mêmes constitue pour eux l’initiation (Tome
hagioritique). La paternité spirituelle par laquelle un Saint est capable de transmettre ce qu’il a
lui-même reçu, y compris la Grâce (Chapitres 121), à d’autres hommes qui suivent ses
conseils et son enseignement, est primordiale dans ce contexte. C’est par elle que Palamas fut
dans cette chaîne de transmission spirituelle, le fils spirituel des maîtres de l’Hésychasme
byzantin comme celui avant eux des Pères et de tous les Saints de la littérature biblique.
Quelques citations
Sur l’Essence Imparticipable et l’Energie participable
" Dès lors qu’il y a trois Caractères de Dieu, l’Essence, l’Energie, les Hypostases Divines de
la Trinité, ceux qui ont été rendus dignes d’être unis à Dieu jusqu’à être avec Lui un Seul
Esprit comme l’a dit le Grand Paul : " Celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul
Esprit " (1 Co 6, 17) car il a été montré plus haut que ceux qui en sont dignes ne s’unissent
pas à Dieu dans son essence et tous les théologiens, attestent que Dieu n’est pas participable
dans Son Essence. L’union selon l’hypostase se trouve être le fait du Seul Verbe, le Dieu-
Homme. Ceux qui ont été rendus dignes de s’unir à Dieu s’unissent donc par l’Energie. Et
l’Esprit suivant Lequel celui qui s’attache à Dieu est un avec Dieu, est et est appelé Energie
Incréée de l’Esprit mais non Essence de Dieu, même si cela déplaît à ceux qui pensent le
contraire. Car Dieu l’a prédit par le Prophète : ce n’est pas Mon Esprit mais " de mon Esprit
que je répandrai sur ceux qui croient " (Jl 3, 1) (trad. J. Touraille, Chapitres 75).
Sur l'Incarnation, la communion eucharistique et l'illumination du coeur
" Puisque le Fils de Dieu dans son Incomparable Amour pour les hommes ne S’est pas borné
à unir Son Hypostase Divine à notre nature, en endossant un corps animé et une âme douée
d’intelligence (faculté spirituelle la plus haute de l’âme) pour apparaître sur terre et vivre avec
les hommes mais puisqu’Il S’unit, ô Miracle d’une incomparable surabondance, aux
hypostases humaines elles-mêmes, en Se confondant Lui-même avec chacun des fidèles par la
communion à Son Saint Corps puisqu’Il devient un seul corps avec nous et fait de nous un
Temple de la Divinité tout entière car dans le Corps même du Christ habite corporellement
toute la plénitude de la Divinité, comment n’illuminerait-il pas ceux qui communient
dignement au Rayon Divin de Son Corps qui est en nous, en éclairant leur âme comme Il
18
illumina les corps mêmes des disciples sur le Thabor? Car alors ce Corps, source de la
Lumière de la Grâce, n’était pas encore uni à nos corps : Il illuminait du dehors ceux qui en
approchaient dignement et envoyaient l’illumination à l’âme par l’intermédiaire des yeux
sensibles; mais aujourd’hui puisqu’Il est confondu avec nous et existe en nous, Il illumine
l’âme justement de l’intérieur " (trad. J. Meyendorff, Triades 1, 3, 38).
Sur la vision de la Lumière Incréée et l'union à Dieu
" La Contemplation de cette Lumière est une union, bien qu’elle ne dure pas chez les
imparfaits. Mais l’union avec la Lumière est-elle autre chose qu’une vision? Et puisqu’elle
s’accomplit avec l’arrêt de l’activité intellectuelle, comment s’accomplirait-elle sinon par
l’Esprit? Car c’est dans la Lumière qu’apparaît la Lumière et c’est dans une Lumière
semblable que se trouve la faculté visuelle; puisque cette faculté n’a d’autre moyen d’agir,
ayant quitté tous les autres êtres, c’est qu’elle devient elle-même tout entière Lumière et
S’assimile à Ce Qu’Elle voit; elle s’Y unit sans mélange, étant Lumière. Si Elle Se regarde
Elle-même, Elle voit la Lumière; si Elle regarde l’objet de Sa Vision, c’est aussi de la
Lumière et si Elle regarde le moyen qu’Elle emploie pour voir, c’est là encore de la Lumière;
c’est cela l’union : que tout cela soit un, de sorte que celui qui voit n’en puisse distinguer ni le
moyen ni le but ni l’essence mais qu’il ait seulement conscience d’être Lumière et de voir une
lumière distincte de toute créature " (trad. J. Meyendorff, Triades 2, 3, 36).
Sur la Vision de Dieu comme preuve réelle de son existence et finalité de la prière pure
" Cette Contemplation dépassant les activités intellectuelles est le seul moyen, le moyen le
plus clair, le moyen par excellence pour montrer l’Existence Réelle de Dieu et le fait qu’il
transcende les êtres. Comment, en effet l’Essence de Dieu n’existerait-Elle pas puisque la
Gloire de cette Nature Divine Se fait voir aux hommes qui ont surpassés par la prière pure
tout ce qui dans la Lumière même, est sensible et intelligible?" (trad. J. Meyendorff, Triades
2, 3, 38).
Références
1. ↑ Sur les Saints Hésychastes, in Philocalie des Pères Neptiques, tome B3, p.475
2. ↑ Jean I, 14 : ὁ λόγος σὰρξ ἐγένετο
Bibliographie sélective
Quelques oeuvres traduites en français
· Grégoire Palamas, Défense des Saints Hésychastes, introduction, texte critique,
traduction et notes par J. Meyendorff, coll. “Spicilegium sacrum Lovaniense: études et
documents”, volumes 30-31, Louvain, 1973 (sans doute l'oeuvre la plus importante, sur
laquelle repose en grande partie le développement qui précède).
· Grégoire Palamas, De la déification de l'être humain, traduit par M.-J. Monsaingeon et
J. Paramelle, coll. "Sophia", L'Age d'Homme-Lausanne, 1990, p. 13-41 (contenu : De
la divine et déifiante participation ou de la divine et surnaturelle simplicité).
· Grégoire Palamas, Douze homélies pour les fêtes, introduction et traduction de Jérôme
Cler, coll. "L'échelle de Jacob", Paris, O.E.I.L./YMCA-PRESS, 1987.
19
· Grégoire Palamas, Traité apodictiques sur la procession du Saint-Esprit, introduction
par Jean-Claude Larchet traduction et notes par Emmanuel Ponsoye, coll. "L'Arbre de
Jessé", Les Éditions de l'Ancre, Paris-Suresnes, 1995.
· Joie de la Transfiguration d'après les Pères d'Orient, coll. "Spiritualité Orientale" 39,
Abbaye de BelleFontaine, 1985, p. 237-256 (contenu : Deux homélies sur la
Transfiguration du Seigneur).
· Philocalie des Pères neptiques. À l'école mystique de la prière intérieure, tome B,
volume 3 : De Grégoire Palamas à Calliste et Ignace Xanthopouloi, notices et
traduction par Jacques Touraille, Abbaye de Bellefontaine, 2005, p. 435-541
(contenu : Lettre à la moniale Xénée, Décalogue, Sur les Saints Hésychastes, Sur la
prière et la pureté du coeur, 150 chapitres physiques, théologiques, éthiques et
pratiques, Tome hagioritique sur les Saints Hésychastes).
Quelques études importantes
· Larchet J.-Cl., "Introduction" dans Saint Grégoire Palamas, Traités apodictiques sur
la procession du Saint-Esprit, coll. “L’Arbre de Jessé”, Paris-Suresnes, Éditions de
l’Ancre, 1995, p. 9-104 (la question du Filioque étudiée de près).
· Lison, J., L’Esprit répandu. La pneumatologie de Grégoire Palamas, préface de J. M.
R. Tillard, coll. “PatriMoines: orthodoxie”, Paris, Éditions du Cerf, 1994 (une étude
d'ensemble fouillée de la pensée de Palamas, sous l'angle de la pneumatologie).
· Mantzaridis, G. I., “La doctrine de Saint Grégoire Palamas sur la déification de l’être
humain”, traduction par M.-J. Monsaingeon dans Saint Grégoire Palamas. De la
déification de l’être humain, coll. “Sophia”, L’Age d’homme-Lausanne, 1990, p. 43-
160 (Bon développement sur un thème central chez Palamas).
· Meyendorff, J., Introduction à l’étude de Grégoire Palamas, coll. “Patristica
sorbonensia” 3, Paris, Éditions du Seuil, 1959 (une présentation déjà ancienne mais
détaillée de la vie et des principaux thèmes de la théologie de Palamas)
· Meyendorff, J., “Palamas (Grégoire)”, Dictionnaire de Spiritualité 12, Paris,
Beauchesne, 1984, col. 81-107.
· Meyendorff, J., Saint Grégoire Palamas et la mystique orthodoxe, coll. “Points
Sagesses” 168, Paris, Éditions du Seuil, 2002 (une présentation plus simple de
Palamas et de la tradition spirituelle dans laquelle il s'inscrit. Bien pour commencer).
· Staniloae, D., "La vie et la doctrine de Saint Grégoire Palamas", Sibiu 1938. Le
premier ouvrage moderne sur la théologie palamite. La monographie que Meyendorff
dédiée à Grégoire viendra vingt ans plus tard.
20
SYNAXE DE TOUS LES SAINTS PERES DE LA LAURE DES GROTTES DE KIEV
(LOINTAINES ET PROCHES REUNIES)
Lecture de l’Epître
Heb I : 10-II : 3
1.10 Et encore: Toi, Seigneur, tu as au commencement fondé la terre, Et les cieux sont l'ouvrage
de tes mains; 1.11 Ils périront, mais tu subsistes; Ils vieilliront tous comme un vêtement, 1.12 Tu
les rouleras comme un manteau et ils seront changés; Mais toi, tu restes le même, Et tes
années ne finiront point. 1.13 Et auquel des Anges a-t-il jamais dit: Assieds-toi à ma droite,
jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied? 1.14 Ne sont-ils pas tous des esprits au
service de Dieu, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du
Salut?
2.1 C'est pourquoi nous devons d'autant plus nous attacher aux choses que nous avons
entendues, de peur que nous ne soyons emportés loin d'elles. 2.2 Car, si la parole annoncée par
des Anges a eu son effet, et si toute transgression et toute désobéissance a reçu une juste
rétribution, 2.3 comment échapperons-nous en négligeant un si grand Salut, qui, annoncé
d'abord par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l'ont entendu,
Pour Saint Grégoire Palamas
Heb VIII : 3-6
8.3 Tout souverain sacrificateur est établi pour présenter des offrandes et des sacrifices; d'où il
est nécessaire que celui-ci ait aussi quelque chose a présenter. 8.4 S'il était sur la terre, il ne
serait pas même sacrificateur, puisque là sont ceux qui présentent des offrandes selon la loi 8.5
(lesquels célèbrent un culte, image et ombre des choses célestes, selon que Moïse en fut
divinement averti lorsqu'il allait construire le tabernacle: Aie soin, lui fut-il dit, de faire tout
d'après le modèle qui t'a été montré sur la montagne).
8.6 Mais maintenant il a obtenu un ministère d'autant supérieur qu'il est le médiateur d'une
alliance plus excellente, qui a été établie sur de meilleures promesses.
21
Lecture de l’Evangile
Marc II : 1-12
.1 Quelques jours après, Jésus revint à Capernaüm. On apprit qu'il était à la maison, 2.2 et il
s'assembla un si grand nombre de personnes que l'espace devant la porte ne pouvait plus les
contenir. Il leur annonçait la parole. 2.3 Des gens vinrent à lui, amenant un paralytique porté
par quatre hommes. 2.4 Comme ils ne pouvaient l'aborder, à cause de la foule, ils découvrirent
le toit de la maison où il était, et ils descendirent par cette ouverture le lit sur lequel le
paralytique était couché. 2.5 Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique: Mon enfant, tes péchés
sont pardonnés. 2.6 Il y avait là quelques scribes, qui étaient assis, et qui se disaient au dedans
d'eux: 2.7 Comment cet homme parle-t-il ainsi? Il blasphème. Qui peut pardonner les péchés, si
ce n'est Dieu seul? 2.8 Jésus, ayant aussitôt connu par son esprit ce qu'ils pensaient au dedans
d'eux, leur dit: Pourquoi avez-vous de telles pensées dans vos coeurs? 2.9 Lequel est le plus
aisé, de dire au paralytique: Tes péchés sont pardonnés, ou de dire: Lève-toi, prends ton lit, et
marche? 2.10 Or, afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de
pardonner les péchés: 2.11 Je te l'ordonne, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ton lit, et va
dans ta maison. 2.12 Et, à l'instant, il se leva, prit son lit, et sortit en présence de tout le monde,
de sorte qu'ils étaient tous dans l'étonnement et glorifiaient Dieu, disant: Nous n'avons jamais
rien vu de pareil.
Pour Saint Grégoire Palamas
Jean X : 9-16
10.9 Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé; il entrera et il sortira, et il
trouvera des pâturages. 10.10 Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire; moi, je
suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu'elles soient dans l'abondance. 10.11 Je suis le bon
berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis. 10.12 Mais le mercenaire, qui n'est pas le
berger, et à qui n'appartiennent pas les brebis, voit venir le loup, abandonne les brebis, et
prend la fuite; et le loup les ravit et les disperse. 10.13 Le mercenaire s'enfuit, parce qu'il est
mercenaire, et qu'il ne se met point en peine des brebis. Je suis le bon berger. 10.14 Je connais
mes brebis, et elles me connaissent, 10.15 comme le Père me connaît et comme je connais le
Père; et je donne ma vie pour mes brebis. 10.16 J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas de
cette bergerie; celles-là, il faut que je les amène; elles entendront ma voix, et il y aura un seul
troupeau, un seul berger.
Cycle fixe : Commémorations
SAINT MARTYR GELASE (OU GELASIN), MIME A HELIOPOLIS, EN PHENICIE
(+297)
En parodiant sur le théâtre de cette ville les cérémonies sacrées du Saint Baptême, il eut les
yeux dessillés par une Apparition Céleste et se fit baptiser réellement. Chassé de la scène, il
fut lapidé, encore revêtu de la robe blanche et souffrit le martyre.
SAINT MARTYR NESIUS (OU NISIOS)
Il accomplit son martyre en étant frappé à coups de nerf de boeuf.
SAINTS MARTYRS DENYS ET 24 AUTRES AVEC LUI, EN AFRIQUE
SAINT ANACHORETE THALELEE (OU THALLELAIOS), CONFESSEUR EN SYRIE
(+460)
Il vécut près de Gabala en Syrie et convertit ses voisins idolâtres.
22
ou
The Monk Thalaleos lived during the V Century. He was a native of Cilicia (Asia Minor),
accepting monasticism at the monastery of Saint Sava the Sanctified, and was ordained
presbyter there. Later on, having relocated to Syria, not far from the city of Habala, he found a
dilapidated pagan temple surrounded by graves, and he settled there in a tent. This place had a
rough reputation, since the unclean spirits residing there frightened travellers and caused them
much harm.
And here the monk lived, praying day and night in total solitude. The demons often assailed
the Saint, trying to terrify him with sights and sounds. But by the power of God the monk
gained victory over the power of the enemy ultimately, after which he was troubled no more.
The monk then intensified his efforts even more: he built himself an hut, so very cramped that
it was just possible to get into it, and only with an effort was it possible to keep up his head,
and there he dwelt for about 10 years.
The Lord granted the ascetic the gift of wonderworking: Miracles helped him to enlighten the
surrounding inhabitants, who were pagans. And with the help of the inhabitants converted by
him to Christianity, he demolished the idolous temple, building in its place a church and
bringing into it daily Divine-services. The Monk Thalaleos died in old age in about the year
460. In the book entitled "Leimonarion," or "Pratum" ("The Meadow"), – a composition of
the Greek monk John Moskhos (+ 622), – it speaks thus about the Monk Thalaleos: "Abba
Thalaleos was a monk for sixty years and with tears never ceased saying: God hath given us,
brethren, this time for repentance, and if we perish, we then shalt be severely judged."
SAINT PROCOPE LE CONFESSEUR DE DECAPOLITE (+VERS 750)
Il vécut au temps de la persécution de Léon III l'Isaurien (717-741) contre les Saintes Icônes.
Originaire de la Décapole* et devenu Moine à Constantinople, il se purifia d'abord
complètement de toutes les passions et souillures de la chair par l'Ascèse et la prière
silencieuse puis affermi par l'autorité que donne le Saint-Esprit, il alla réfuter, en compagnie
de son disciple Basile, les hérétiques qui reniaient la Vérité de l'Incarnation de Notre Seigneur
Jésus-Christ en refusant de vénérer les Saintes Icônes. Non content d'enseigner par la parole,
il confirma son Orthodoxie par de nombreuses souffrances et tribulations qu'il endurait avec
joie par amour de la Vérité, brillant dans le monde comme l'or affiné par le feu. A la mort du
tyran (741), la persécution s'étant ralentie, Saint Procope regagna son monastère où il
s'endormit en paix de longues années plus tard.
23
* Il s'agit certainement, comme Saint Grégoire le Décapolite, autre grand Confesseur des Saintes Icônes, de la
Décapole d'Isaurie, région montagneuse d'Asie Mineure avec Séleucie comme métropole
SAINT TITUS DU MONASTÈRE DES PROCHES CAVERNES DE KIEV (+1190)
28 septembre – 27 février – 2ème Dim. Du Gd. Carême
Titus était soldat. Après une bataille, Titus fut sévèrement blessé à la tête et il se retira du
monde vers le Monastère des Cavernes de Kiev où il fut guéri puis reçut la tonsure
monastique. Titus passa le restant de sa vie dans une pénitence permanente pour ses péchés
antérieurs. Avant sa Naissance Céleste, Titus fut informé par une apparition Céleste que ses
péchés avaient été pardonnés. Ses Vénérables Reliques reposent dans les Proches Cavernes de
Kiev, celles de Théodose.
ou
The Monk Tito, Presbyter of Pechersk, in the Near Caves, lived in great friendship with the
deacon Evagrii, which afterwards turned into a strong dislike and hostility. When the
Presbyter Tito fell ill with a grievous illness and began to ready himself for death, he sent to
Evagrii to implore forgiveness, but Evagrii would not be reconciled. The Pechersk brethren by
force brought Evagrii to the sick-bed. The Monk Tito with tears begged him for forgiveness,
but Evagrii remained obstinate. He declared that he would forgive Tito neither at present nor
in the future. Having said this, he himself fell down dead, struck with a spear by an Angel,
and at that very instant Tito received healing.
The Monk Tito increased his efforts, became known for especial humility, and became a
wonderworker.
The Monk Tito reposed not earlier than 1190. His memory, besides 27 February, is celebrated
also on 28 September with the Sobor-Assembly of the Monks of the Nearer Caves.
SAINT ABBÉ COMGAN, CONFESSEUR EN IRLANDE (+565)
Le nom de l'Abbé Comgan de Gleann-Ussen ou Glinusse ou Killeshin, est inscrit dans les
martyrologes irlandais de O'Gorman et Tamlacht. On dit que sur le point de rendre son âme
au Seigneur, Comgan fit demander à l'Abbesse Itha, la Brigide de Munster, de venir l'assister.
24
Elle vint donc et lui ferma les yeux.
Saint. Asclepios l'Ascétique de Syrie
SAINTS MOINES ASCLEPIOS ET JACQUES DE NIMOUZA, EN SYRIE (+5°.S.)
The Monks Asklepios and James, Syrian Ascetics, lived during the V Century. Blessed
Theodorit of Cyr speaks of them. The Monk Asklepios led an ascetic life of temperance in his
native village and did not suffer hindrance by constant association with many people. He had
many imitators and followers. One of them was Blessed James, who secluded himself into a
small dwelling near the village of Nimuza. Up until the end of his 90 years of life, the ascetic
did not exit his hermitage, giving answer to those who came through a small aperture, made
on a slant in the wall, such that no one was able to see him. He never prepared a fire nor
lighted a lamp.
SAINTS MARTYRS JULIEN, EUNUS (KRONION) ET SON SERVITEUR BESAS,
SOLDAT (+ 250)
Il était tellement travaillé par la goutte que, ne pouvant ni marcher ni se tenir debout, deux de
ses serviteurs le portèrent sur une chaise pour le présenter au juge, en même temps qu'ils s'y
présentaient eux-mêmes. L'un renia la Foi et l'autre, nommé Eunus, persévéra avec Julien
dans la Confession de Jésus-Christ. On les mit donc tous deux sur des chameaux et on les
promena ainsi par toute la ville, en les déchirant à coups de fouets; enfin, on alluma un bûcher
où ils furent brûlés à la vue de tout le peuple. La peine du feu était celle que les lois romaines
ordonnaient pour les magiciens. Beaucoup de Chrétiens étaient brûlés comme tels en raison
des Miracles que Dieu opérait en leur faveur.
ou
Julian souffrait atrocement de la goutte au point qu'il n'était pas capable de se tenir debout ou
de marcher. Pour sa Foi en Christ, il fut amené sur un brancard devant le juge. Il fut brûlé vif
sur un bûcher à Alexandrie avec son disciple Cronyon durant le règne de l'empereur Dèce.
25
et
Pour avoir écarté ceux qui voulaient insulter les précédents Martyrs, Besas fut dénoncé au
juge, confessa généreusement la Foi et eut la tête tranchée.
SAINT EVEQUE RAPHAEL DE BROOKLYN (+1915) 7 novembre – 27 février
Raphaël était originaire de la Syrie. Son père s'appelait Michel Hawaweeny et sa mère,
Mariam, était la fille d’un Prêtre de Damas. Raphaël naquit en 1860 mais sa date de naissance
exacte nous reste inconnue. Il pensait que le jour de sa naissance devait sans doute
correspondre au jour de sa fête, la Synaxe des Saints Archanges le 8 novembre.
À cette époque, de violentes persécutions se déchaînèrent en Syrie contre les Chrétiens. Le
Prêtre de leur paroisse, Saint Joseph de Damas et ses compagnons, subirent le martyre. La
famille Hawaweeny fut contrainte de fuir à Beyrouth au Liban pour retrouver la sécurité. C'est
en cette ville que Raphaël vit le jour et non pas dans la cité d’origine de ses parents.
Il fut baptisé lors de la fête de la Théophanie en 1861 et reçut le nom de Rafla. Au printemps,
la famille eut la possibilité de retourner à Damas. L'enfant suivit les cours de l’école primaire
mais en 1874, il s'avéra que Michel Hawaweeny ne pouvait plus supporter les frais de
l'éducation de son fils. Heureusement, le Diacre Athanase Atallah (futur Métropolite de
Homs) proposa son aide : il recommanda l'enfant auprès du Patriarche d'Antioche pour que
Rafla soit reçu comme étudiant à l'école patriarcale afin de se préparer au sacerdoce.
Rafla fut un excellent étudiant et en 1877 il fut choisi d'être professeur-assistant. L'année
suivante, il fut nommé professeur d'arabe et de turc. Le 28 mars 1879, il reçut l'Habit
Angélique de la main du Patriarche Hiérothée puis fut son secrétaire personnel. Après la
26
fermeture du séminaire de Balamand en 1840, le Patriarche Joachim III de Constantinople
demanda au Patriarche d'Antioche d’envoyer au moins l'un de ses étudiants à l'École de
théologie de Halki. L'étudiant sélectionné ne fut autre que Raphaël.
Raphaël fut ordonné au diaconat le 8 décembre 1885. Le jeune Diacre reçut son certificat de
théologie en juillet de l'année suivante. Il retourna ensuite dans son pays d’origine afin d'y
servir l'Église. Le Patriarche Gérasime d'Antioche remarqua le jeune Diacre et l'emmenait
avec lui, lors de ses visites paroissiales. Lorsque le Patriarche ne pouvait être présent, c'était le
Diacre Raphaël qui prononçait l’homélie. Il demanda au Patriarche Gérasime la bénédiction
pour poursuivre ses études en Russie. Le Diacre Raphaël devint ainsi étudiant à l'Académie
théologique de Kiev. En 1889, il fut mis à la tête de la Représentation de l’Église d’Antioche
à Moscou. À la demande du Patriarche Gérasime, il fut ordonné Prêtre par l'Evêque Sylvestre,
recteur de l’Académie. Un mois plus tard, il fut élevé au rang d'Archimandrite par le
Métropolite Ioannice de Moscou. Il fit venir vingt-quatre étudiants syriens afin de
perfectionner leur scolarité dans l'espoir qu'ils retournent en Syrie et communiquent à d’autres
le savoir qu'ils auraient acquis. Après deux ans, l'Archimandrite Raphaël avait réussi à réduire
considérablement l'endettement de la Représentation.
Le Patriarche Gérasime démissionna afin d'accepter le siège de Jérusalem. L’Archimandrite
Raphaël considéra cet événement comme une occasion de libérer l'Église d’Antioche de la
domination qu’elle endurait sous l'autorité de Hiérarques étrangers. Raphaël brûlait d’Amour
pour l'Eglise d’Antioche et désirait ardemment que l'administration de l'Église soit effectuée
par ses propres ressortissants. Il écrivit une série de lettres destinées à divers Evêques
antiochiens et à des laïcs influents. Il écrivit aussi des articles dans la presse russe et attira
l'attention sur l'état de l'Église d’Antioche. Ses efforts courageux n'obtinrent guère de
résultats : il y avait un prix à payer pour cette critique ouvertement exprimée.
En novembre 1891, le Métropolite Spyridon, un Chypriote, fut élu Patriarche d’Antioche.
L’Archimandrite Raphaël refusa de commémorer le nouveau Patriarche aux offices célébrés
dans l’église de la Représentation; alors le Patriarche Spyridon le suspendit de ses fonctions
sacerdotales. Raphaël accepta sa suspension mais continua à écrire des articles dans les
journaux russes afin de défendre la cause antiochienne. Les Patriarches d’Antioche,
d’Alexandrie et de Jérusalem demandèrent au tsar d’interdire la publication des articles
incriminés. Le tsar accepta cette requête. Comme cette porte se refermait devant lui, Raphaël
publia ses écrits sous forme de livre. Finalement, le Patriarche Spyridon écrivit au viceoberprocureur
de Russie, un ami de Raphaël afin que ce dernier demande pardon au
Patriarche. Raphaël se conforma à la demande du Patriarche, la suspension fut levée et il reçut
l’autorisation de quitter la juridiction d’Antioche pour celle de l'Église de Russie. En 1892, le
Père Raphaël devint professeur d'études arabes en l'Académie théologique de Kazan où il
resta jusqu’en 1895. À ce moment, la Société syrienne orthodoxe de bienfaisance à New York
lui demanda de venir en cette ville pour y être pasteur de la communauté orthodoxe arabe.
Le 2 novembre 1895, l'Archimandrite Raphaël arriva à New York où il fut accueilli par une
délégation de Chrétiens arabes. Le 5 novembre, son premier dimanche en Amérique, il
concélébra la Divine Liturgie avec l’Evêque Nicolas en l'église russe de New York. Moins de
deux semaines après son arrivée, l'Archimandrite Raphaël trouva une place convenable dans
le Bas-Manhattan pour y établir une chapelle. Il l'équipa avec les objets et ornements qu'il
avait apportés de Russie. L'Evêque Nicolas bénit la nouvelle chapelle qui fut dédiée à Saint
Nicolas de Myre.
27
L'Archimandrite Raphaël enseignait, prêchait et célébrait la Divine Liturgie pour ses
paroissiens de New York. Il apprit rapidement l'existence de petites communautés de
Chrétiens arabes dispersées dans les étendues de l’Amérique du Nord. Du fait que ces
immigrants arabes n’avaient pas de pasteur pour s’occuper d'eux, il n'y avait rien d'étonnant à
ce qu’un certain nombre d’entre eux passe à d'autres dénominations ou néglige complètement
leur vie spirituelle. Ceci constituait une préoccupation constante pour Raphaël tout au long de
son ministère. En fait, il n'était pas opposé au dialogue avec les chrétiens non-orthodoxes : il
ne voyait nul inconvénient en des relations fraternelles construites sur base de croyances
communes et partagées mais il ne perdait jamais de vue la claire limite qui distingue les
Orthodoxes des hétérodoxes. Il insistait sur le fait que toute unité de l'Église doit reposer sur
les enseignements des Sept Conciles OEcuméniques et le retour des égarés hétérodoxes dans
l'unité existante de et qu'est l'Eglise véritable.
En l'été de 1896, le Père Raphaël entreprit son premier voyage pastoral. Il visita trente villes
entre New York et San Francisco : il célébrait les Baptêmes et les Mariages, entendait les
confessions, célébrait la Divine Liturgie, même dans des maisons particulières lorsqu'il
n’avait pas d’église. Nous sommes bien renseignés sur ces voyages missionnaires et pastoraux
car le Père Raphaël en tenait un journal détaillé. Il ne s'accordait à lui-même absolument
aucun repos. Lors de ses voyages lorsqu'en lisant ses écrits, nous nous demandons si jamais il
lui restait une soirée de libre, nous ne pouvons en remarquer qu'une seule! À ce moment-là,
très exceptionnellement, il se trouvait en un endroit où il ne connaissait absolument personne
et où il n'avait ni engagement ni rendez-vous. Qu'allait-il faire? Allait-il prendre un peu de
repos? Non. À la fin de la soirée, il regarda dans l'hôtel puis sortit dans la rue et demanda aux
gens s'ils connaissaient quiconque portait le nom de famille de Roum, Khoury, Saba etc. Il
regarda l'équivalent de l'époque des "Pages jaunes," et se mit à la recherche d'hypothétiques
fidèles qui ne pouvaient manquer d'exister. Tard dans la nuit, il finit par trouver des gens qui
parlèrent à d'autres et les Orthodoxes se rassemblèrent. Il confessa chacun jusqu'aux petites
heures du matin, nota des noms et adresses, en vue d'une future visite pastorale et n'eut
finalement que le temps de repasser par sa chambre d'hôtel avant de reprendre le train. Telle
était son existence!
En 1898 avec la bénédiction de l’Evêque Nicolas, Raphaël publia son premier livre édité dans
le Nouveau Monde: un livre liturgique en langue arabe, intitulé Le Livre de la vraie
consolation en les prières divines. Ce volume de textes liturgiques venait à point pour
permettre aux Prêtres de célébrer les services liturgiques et aux fidèles de disposer des textes
nécessaires pour leur propre vie de prière. La traduction anglaise, publiée par l’Archimandrite
Séraphim Nassar, est aujourd’hui toujours en usage.
De mai à novembre 1898, Raphaël entreprit son deuxième voyage pastoral. En visitant les
communautés, Raphaël s'aperçut du manque de Prêtres arabophones, nécessaires pour
desservir les nouvelles églises qu'il avait fondées. De retour à New York, il fit un rapport
auprès de l'Evêque Nicolas et lui confia ses préoccupations. Avec la bénédiction de Vladyka
Nicolas, Raphaël eut la possibilité de faire immigrer de Syrie des Prêtres qualifiés. Il
sélectionna aussi des laïcs formés qu’il proposa pour l'ordination. En tant qu'Archimandrite
tout comme ensuite, en tant qu'Evêque, Raphaël ne désignera des Prêtres qu'après avoir
obtenu la bénédiction de l'Evêque russe qui dirigeait la mission américaine de l'Église de
Russie qui à cette époque avait sous sa responsabilité tous les Orthodoxes en Amérique du
Nord.
28
En 1898, l'Archimandrite Raphaël accueillit l’Evêque Tikhon lorsque celui-ci succéda à
l'Evêque Nicolas comme Evêque titulaire en Amérique. Le 15 décembre 1898, Saint Tikhon
vint célébrer la Divine Liturgie en l'église syriaque Saint-Nicolas. Raphaël dit aux fidèles que
leur nouveau pasteur "était envoyé ici pour veiller sur le Troupeau du Christ - des Russes, des
Slaves, des Syro-arabes, des Grecs - qui est dispersé sur l'ensemble du continent nordaméricain."
Raphaël reçut de l'Evêque Tikhon l'autorisation de rassembler des fonds afin d'établir un
cimetière et de construire une nouvelle église. C'était en mars 1899Ý; la nouvelle église devait
remplacer la chapelle située dans un vieux bâtiment donnant sur une rue délabrée. Ce fut en
1901 que le Père Raphaël put acquérir une partie du terrain du cimetière du Mont Olivet sur
Long Island. Au printemps 1899, Raphaël entreprit un autre voyage pastoral qui devait
comprendre la visite d'une quarantaine de villes et agglomérations. Raphaël célébra les
Mariages et Baptêmes de Russes, de Grecs aussi bien que d'Arabes, il régularisa les Mariages
d’Orthodoxes qui avaient été mariés par du clergé hétérodoxe et il chrisma des enfants qui
avaient été baptisés par des prêtres catholiques romains. À Johnstown en Pennsylvanie il
réconcilia des personnes dont l'inimitié personnelle menaçait de diviser la communauté arabe
locale alors même que les tribunaux civils n’étaient pas parvenus à résoudre la question.
Lorsqu'il était en cette ville, il reçut un télégramme qui l'informait que le Métropolite Mélétios
(Doumani) venait d'être élu Patriarche d'Antioche. C’est avec grande joie que Raphaël pût
annoncer aux fidèles que pour la première fois depuis cent soixante-huit ans, un Arabe
occupait le siège patriarcal de l'Église d’Antioche.
Après l'installation du nouveau Patriarche, on proposa que l'Archimandrite Raphaël succède à
Mélétios comme Métropolite de Latakié. Le Patriarche, néanmoins, décida qu'une telle
nomination n'était pas opportune, vu l'importance du travail accompli par le Père Raphaël en
Amérique. En 1901, le Métropolite de Beyrouth écrivit à l'Archimandrite Raphaël pour lui
demander d'être son Evêque auxiliaire. Raphaël déclina l'invitation, répondant qu'il ne pouvait
quitter son troupeau en Amérique.
L'Archimandrite Raphaël fut élu Evêque de Zaleh en décembre 1901. Le Patriarche Mélétios
envoya un télégramme de félicitations. En même temps, il lui proposait de revenir auprès de
lui. Le Père Raphaël remercia le Patriarche mais déclina la proposition d'accéder à l'épiscopat.
Il dit au Patriarche qu'il souhaitait réaliser le projet de construire une église pour la
communauté syrienne de New York. L'année suivante, il acquit le bâtiment d'une église à
Brooklyn et la fit adapter pour le culte orthodoxe. À la grande joie des nombreux fidèles,
l'Evêque Tikhon vint consacrer l'église : le deuxième projet majeur du Père Raphaël était
réalisé.
Le nombre de paroisses du diocèse d’Amérique du Nord avait augmenté à un tel point qu'il
s'avérait impossible pour l'Evêque Tikhon de les visiter toutes. Il fallait réorganiser le diocèse
afin de pouvoir l'administrer d'une façon plus efficace. C'est pourquoi l'Evêque Tikhon soumit
au Saint Synode de l'Église russe un projet consistant en le transfert du siège du diocèse de
San Francisco à New York car la majorité des paroisses et des fidèles était concentrée à l'Est
des États-Unis. Considérant le fait que divers groupes ethniques demandaient des soins
pastoraux spécifiques, l'Evêque Tikhon proposa que l'Archimandrite Raphaël devienne son
second Evêque-vicaire, le premier étant l'Evêque d’Alaska.
En 1903, le Saint Synode de l'Église russe élut à l’unanimité l'Archimandrite Raphaël au titre
d'Evêque de Brooklyn, tout en le reconnaissant comme étant à la tête de la Mission orthodoxe
29
syro-arabe en Amérique du Nord. Le Saint Synode annonça cette décision au Patriarche
Mélétios qui se réjouit de cet événement.
Le troisième dimanche de Carême en 1904, l'Archimandrite Raphaël devint le premier
Evêque orthodoxe à être consacré sur le sol américain. L'ordination fut concélébrée par les
Evêques Tikhon et Innocent en la Cathédrale Saint-Nicolas à Brooklyn. Les ornements du
nouvel Evêque furent donnés par le Saint Tsar Nicolas II. Après sa consécration, l'Evêque
Raphaël continua son travail pastoral : il ordonna des Prêtres et les nomma dans des paroisses
et il aida l'Evêque Tikhon pour l’administration du diocèse.
À la fin de l’année 1904, l'Evêque Raphaël annonça son projet de publication d’une revue
appelée Al-Kalimat ("La Parole") qui serait une publication officielle de la mission syroarabe.
Ce serait un organe de liaison entre les fidèles et les paroisses de son diocèse. Le
premier numéro sortit de presse en juin 1905 et l'Evêque Raphaël considéra que cet
événement était aussi important que l'acquisition de la Cathédrale Saint-Nicolas et du
cimetière paroissial.
À la fin de l’année 1905, l'Evêque Raphaël consacra le terrain du futur Monastère Saint
Tikhon et bénit un orphelinat à South Canaan en Pennsylvanie. Trois jours après, il présida la
conférence du clergé diocésain, à Old Forge, toujours en Pennsylvanie car l'Archevêque
Tikhon était à San Francisco. Parmi le clergé qui participait à cette conférence, trois d'entre
eux seront comptés parmi les Saints : le Père Alexis Toth, le Père Alexandre Hotovitzky et le
Père Jean Kochurov : les deux derniers termineront leur vie terrestre en Martyrs du joug
communiste en Russie.
Pendant les dix années suivantes, l'Evêque Raphaël veilla sur son troupeau dont le nombre
s'accroissait toujours. Il se préoccupait de l'éducation des enfants. Il était très conscient de la
nécessité de l'utilisation de la langue anglaise tant pour les offices que pour la catéchèse afin
d'assurer les progrès futurs de la mission syro-arabe. Il disait de lui-même : "Je suis Arabe de
naissance, Grec par éducation, Russe de coeur, Slave dans l'âme et Américain par choix et par
lieu d'existence."
L'Archevêque Tikhon retourna en Russie en mars 1907. Il fut remplacé par l'Archevêque
Platon. En 1908, Raphaël fut une fois de plus sollicité pour succéder au Métropolite de
Tripoli, devenu entre-temps Patriarche Grégoire. En fin de compte, le Saint Synode de l'Église
d'Antioche décida d'enlever le nom de l'Evêque Raphaël de sa liste de candidats, citant divers
canons qui interdisent le transfert d'un Evêque d'un siège à l'autre.
Le dimanche de l'Orthodoxie de l'année 1911, l'Archevêque Platon présenta à l'Evêque
Raphaël une Icône du Christ, recouverte d'une riza d’argent et le félicita pour son travail
pastoral. À la fin de l'année suivante, l'Evêque Raphaël subit un malaise cardiaque. Deux
semaines après, il se sentait suffisamment bien rétabli pour pouvoir célébrer la Divine
Liturgie en sa cathédrale. Au cours des années 1913 et 1914, il poursuivit son travail
missionnaire, en visitant diverses villes. En 1915, sa santé lui fit défaut et il dut passer deux
mois à la maison, supportant sa maladie avec patience. Il rendit son âme à Dieu le 27 février
1915, à l’âge de cinquante-cinq ans; il avait passé vingt ans en Amérique du Nord. À cette
époque, la mission syro-arabe comptait trente paroisses et vingt-cinq mille fidèles.
Eglises fondées par Saint Raphaël de Brooklyn : (église = church)
30
1. Saint. Nicholas Cathedral (Brooklyn, New York) - 1895
2. Saint. Nicholas Church of Canada (Montreal Québec, Canada) - 1899
3. Saint. George Church (Boston, Massachusetts) - 1900
4. Saint. George Church (Worcester, Massachusetts) - 1902
5. Saint. George Church (Kearney, Nebraska) - 1903
6. Saint. Mary (Dormition) Church (Wilkes-Barre, Pennsylvania) - 1904
7. Saint. George Church (Lawrence, Massachusetts) - 1904
8. Saint. Mary (Dormition) Church (Johnstown, Pennsylvania) - 1906
9. Saint. George Church (Glens Falls, New York) - 1906
10. Saint. Nicholas Church (Montreal Quebec, Canada) - 1908
11. Saint. George Church (Vicksburg, Mississippi) - 1908
12. Archangel Michael Church (Beaumont, Texas) - 1908
13. Saint. George Church (Grand Rapids, Michigan) - 1908
14. Saint. George Church (Chicago, Illinois) - 1908
15. Saint. John of Damascus Church (Boston, Massachusetts) – 1909
16. Saint. George Church (Washington, D.C.) - 1909
17. Saint. George Church (Mexico City, DF, Mexico) - 1909
18. Saint. Simeon the Stylite Church (Ironwood, Michigan) - 1909
19. Saint. George Church (Michigan City, Indiana) - 1911
20. Saint. George Church (Charleston, West Virginia) - 1911
21. Saint. Nicholas Church (Cleveland, Ohio) - 1911
22. Archangel Michael Church (Geneva, New York) - 1912
23. Prophet Elias Church (La Crosse, Wisconsin) - 1912
24. Saint. George Church (Pittsburgh, Pennsylvania) - 1912
25. Saint. George Church (Macon, Mississippi) - 1913
26. Saint. George Church (Utica, New York) - 1913
27. Saint. George Church (New Kensington, Pennsylvania) - 1914
28. Saint. George Church (Cedar Rapids, Iowa) - 1914
29. Saint. Michael the Archangel (Monessen, Pennsylvania) - 1914
30. Saint. George Church (Toledo, Ohio) - 1914
Tropaire de Saint Raphaël de Brooklyn ton 1
Ton message a retenti d'un bout à l'autre de l'Amérique du Nord,
appelant à l'unité de l'Église les brebis dispersées.
Entendant ta voix, elles répondirent à ton appel,
par la parole et par tes écrits tu leur enseignas la piété.
Et à présent, guidés par ton exemple, Ô Père Raphaël,
nous chantons des Hymnes de Louanges pour le Christ Notre Dieu.
Gloire à Celui Qui t'a donné cette force!
Gloire à Celui Qui t'a couronné!
Gloire à Celui Qui accorde, par tes prières, la guérison à tous!
Kondakion de Saint Raphaël de Brooklyn ton 8
De l'enseignement de l'Église tu fus le défenseur et le gardien;
protégeant ton troupeau des doctrines erronées et l'affermissant dans la Vraie Foi.
Ô Saint Père Raphaël, fils de la Syrie et gloire de l'Amérique du Nord,
ne cesse pas d'intercéder auprès du Seigneur pour le Salut de nos âmes.
Acathiste à Notre Père parmi les Saints Raphaël de Brooklyn, bon pasteur des brebis
perdues d'Amérique
Kondakion 1.
Ô Père Saint, appelé depuis ta terre natale jusques aux rivages lointains du Nouveau Monde,
Tu as pris ta Croix et tu as suivi le Christ. C'est pourquoi comme à celui qui s’est lui-même
31
crucifié pour son troupeau comme à notre fidèle gardien et protecteur, nous crions avec
ferveur:
Réjouis-toi, Ô Père Raphaël, Bon Pasteur des brebis perdues d’Amérique.
Ikos 1.
Tu commenças ta vie en exil, Ô Père Saint Raphaël. Enfant pieux de parents orthodoxes,
successeur du Saint Hiéromartyr Joseph, même dans le sein de ta mère, tu ne bénéficias
d'aucun repos. Ainsi fut ta vie de voyages mystiquement prédite. Tu as été choisi pour
apporter la lumière de la Sainte Orthodoxie au Troupeau dispersé du Christ dans le Nouveau
Monde et avec nous il t’honore dans ces paroles de louange:
Réjouis-toi, toi qui comme ton maître naquis dans une ville qui n’était pas la tienne;
Réjouis-toi, récipiendaire du Nom du grand Archange.
Réjouis-toi qui as dit: "L'homme voulait pour moi le mal mais Dieu le bien;"
Réjouis-toi qui as été oint avec le sang des Martyrs.
Réjouis-toi, toi qui as traversé le monde pour le ministère des fidèles;
Réjouis-toi qui as conduit tous les hommes à l'adoration de la Sainte Trinité.
Réjouis-toi, Ô Père Raphaël, Bon Pasteur des brebis perdues d’Amérique!
Kondakion 2.
Étudiant fervent, depuis ta jeunesse tu t’es consacré à l'acquisition de la connaissance de la
Vérité. Excellant dans tes études, tu n'as pas désespéré quand ton père dans sa pauvreté ne
pouvait plus se permettre de t'envoyer à l'école. Mais te tournant vers la prière et te mettant
sous la protection de l'Archange Saint, tu as toujours clamé: Alléluia.
Ikos 2.
Entendant tes prières et tes soupirs ardents, Dieu a suscité pour toi un mécène terrestre qui est
intervenu avec succès auprès du Patriarche pour qu’il t’accepte comme étudiant. C'est
pourquoi comme à celui qui dans une véritable humilité fut exalté par la Main de Dieu, nous
disons avec joie:
Réjouis-toi qui as découvert dans ta pauvreté la véritable humilité;
Réjouis-toi qui as dans ta détresse, t’es tourné vers ton Saint Protecteur du Ciel.
Réjouis-toi qui as été élevé jusqu'au devenir pasteur du Troupeau rationnel du Christ;
Réjouis-toi qui, ayant été exalté, t’es abaissé à la recherche de la brebis perdue.
Réjouis-toi, consolateur des affligés;
Réjouis-toi, défenseur des opprimés.
Réjouis-toi, Ô Père Raphaël, Bon Pasteur des brebis perdues d’Amérique!
Kondakion 3.
32
Continuant ton éducation, ton âme tendre a été nourrie par les richesses de la théologie
patristique. Sondant les profondeurs de la Sainte Écriture, tu as été instruit par l'Esprit Saint.
Et tu t’es montré un héraut digne du Saint Evangile, apprenant à tous à chanter : Alléluia.
Ikos 3.
Les paroles de l'Apôtre qui a été baptisé dans la ville de tes pères retentissent à tes oreilles: "
Comment croiront-ils en Celui qu'ils n'ont pas entendu? Et comment entendront-ils sans
prédicateur? Tu ne pouvais pas oublier ton peuple, vivant dans ta patrie et dispersé à travers le
monde mais tu élevas ta voix, les éclairant avec la lumière de la Vérité chrétienne. Instruits
par tes paroles et par ton exemple, les fidèles célèbrent avec reconnaissance ta mémoire et
chantent:
Réjouis-toi qui excellas dans l'apprentissage et qui étonnas ainsi les sages de ce monde;
Réjouis-toi qui te chagrinas de l'ignorance du peuple.
Réjouis-toi qui par la doctrine orthodoxe instruisis ceux qui cherchaient le salut;
Réjouis-toi qui ne fis pas honte à cet enseignement par ta manière de vivre.
Réjouis-toi, toi qui as été patient et doux avec les faibles et avec ceux qui souffraient;
Réjouis-toi qui comme ton maître étais ferme avec les obstinés.
Réjouis-toi, Ô Père Raphaël, Bon Pasteur des brebis perdues d’Amérique!
Kondakion 4.
Ne te contentant pas de ta connaissance de l'Écriture et les Pères Saints, tu as poursuivi ton
éducation en terre de Russie. Comme l'Apôtre André, voyageant vers l'ancienne cité de Kiev,
tu t'écrias: Alléluia.
Ikos 4.
Recevant la grâce du sacerdoce, tu as été nommé à la tête du Métochion d'Antioche à Moscou.
Voyant là, la Main de Dieu, tu as accepté ce nouveau poste comme une occasion de faire du
bien aux autres. Ne pensant jamais à toi-même mais toujours à ton peuple, tu as amené
beaucoup de fidèles de Syrie en Russie afin qu’ils soient instruits en théologie. C'est pourquoi,
les fidèles se réjouissaient et honoraient à juste titre tes labeurs, te magnifiant ainsi:
Réjouis-toi qui as renoncé à tout souci personnel;
Réjouis-toi qui t’es uniquement préoccupé des soucis des autres.
Réjouis-toi car tu as reçu gratuitement et gratuitement tu as donné;
Réjouis-toi qui as engendré beaucoup d'enfants pour l'Église du Christ.
Réjouis-toi, protection des pauvres;
Réjouis-toi, ardent refuge pour les veuves et les orphelins dans leur affliction.
Réjouis-toi, Ô Père Raphaël, Bon Pasteur des brebis perdues d’Amérique!
Kondakion 5.
33
Ayant entendu parler de tes labeurs et de ton amour pour ton peuple, les enfants d'Antioche en
Amérique te demandèrent de venir au Nouveau Monde comme pasteur aux lieux où ils
avaient immigré. Tu reçus leurs paroles comme une invitation divine, sachant qu'ils étaient
dispersés, privés de consolation spirituelle. Voyageant donc de l'Orient à l'Occident, tu t’es
immergé dans les prières vivifiantes de l'Église et par elles, tu trouvas l'orientation et
l'inspiration pour rassembler les brebis égarées pour lesquelles tu étais envoyé, chantant
toujours, Alléluia.
Ikos 5.
À ton arrivée, tu te dévouas au ministère qui t’avait été donné, d'établir un lieu Saint dans
lequel offrir des prières au nom du peuple. Tu as érigé une chapelle entière par tes efforts,
l’offrant gratuitement aux fidèles. Avec eux, nous souvenons de l’exemple de ta Sainteté,
nous rendons gloire à Dieu de t’avoir amené sur cette terre et t’honorons par ces paroles:
Réjouis-toi, ton dévouement égala celui des Apôtres;
Réjouis-toi, ta persévérance fut un don de l'Esprit Saint.
Réjouis-toi qui as gagné les hauteurs par l'humilité;
Réjouis-toi qui as acquis des richesses par le biais de la pauvreté.
Réjouis-toi qui as pris soins des démunis;
Réjouis-toi qui as distribué tes propres fonds pour les pauvres.
Réjouis-toi, Ô Père Raphaël, Bon Pasteur des brebis perdues d’Amérique!
Kondakion 6.
Vivant parmi les gens, ils sont devenus témoins de la façon dont dévotement, justement et
irréprochablement tu agissais parmi eux, les exhortant, les réconfortant et les percevant tous
comme un père voit ses propres enfants. En Vérité, en toi la Parole de l'Evangile est venue au
pouvoir et dans l'Esprit Saint avec beaucoup d'assurance, de sorte que les fidèles sont devenus
tes disciples et ceux du Seigneur, en chantant joyeusement: Alléluia.
Ikos 6.
Des nouvelles de petites communautés de Chrétiens orthodoxes ont commencé à arriver vers
toi. Entendant leur appel qui disait, "Viens et aide-nous," tu as décidé de faire le premier de
tes nombreux voyages missionnaires. Voyageant de la côte Est à l'Ouest, tu ne restas pas plus
de quatre jours dans le même lieu. Trouvant des Chrétiens orthodoxes, tu administrais les
Saints Mystères et tu prêchais la Parole de Dieu à ceux qui étaient spirituellement affamés. Te
recevant comme si tu étais le Christ, les fidèles t’accueillaient avec des paroles semblables à
celles-ci:
Réjouis-toi qui apportas une nouvelle vie à de nombreux enfants à travers le Saint Baptême;
Réjouis-toi, Donateur du sceau du don de l'Esprit Saint à travers l'onction du chrême.
Réjouis-toi qui ramenas les pénitents à la Sainte Eglise par le mystère de la confession;
Réjouis-toi qui unis des conjoints dans le Seigneur.
Réjouis-toi, digne célébrant de la Divine Liturgie;
Réjouis-toi, fougueux Proclamateur de la théologie pastorale.
34
Réjouis-toi, Ô Père Raphaël, Bon Pasteur des brebis perdues d’Amérique!
Kondakion 7.
Ayant été formé spirituellement par le cycle de prières de l'Eglise, tu préparas des textes
liturgiques à l'usage de ton peuple. Leur apportant la consolation véritable dans les Prières
Divines, tu leur appris à chanter: Alléluia.
Ikos 7.
Voyant le besoin d’un véritable ministère pastoral du peuple orthodoxe dispersé, tu te dévouas
pour trouver des Prêtres afin de prendre soin de leurs âmes. Faisant venir des Prêtres de
l'Ancien Monde aux Etats-Unis et recommandant des hommes fidèles à l'ordination, tu
considéras le bien-être spirituel de ton peuple comme le tien. Accepte donc que nous fassions
ton éloge en disant:
Réjouis-toi, phare de l'orthodoxie;
Réjouis-toi, trompette d'or de l'Esprit Saint.
Réjouis-toi, nouveau Paul qui prends sur toi le fardeau des soucis des églises;
Réjouis-toi, nouveau Jean qui recommandes à tous les hommes de s'aimer les uns les autres.
Réjouis-toi, nouveau Juvénal qui as le désir de prêcher partout le Saint Evangile;
Réjouis-toi, nouveau Germain qui as toujours soin du moindre des frères.
Réjouis-toi, Ô Père Raphaël, Bon Pasteur des brebis perdues d’Amérique!
Kondakion 8.
Quand le Saint Hiérarque et Confesseur Tikhon fut envoyé en Amérique, tu le reçus comme le
vrai pasteur du troupeau des Chrétiens orthodoxes. Sachant que dans le Christ, tous ne font
qu'un qu’ils soient arabes, grecs ou russes, tu t’es réjoui en Dieu, en chantant: Alléluia.
Ikos 8.
Comme guérisseur des âmes et artisan de paix que ce soit dans un temple bâti, devant une
vitrine ou dans le salon d'une famille, tu as rassemblé les gens pour la prière. Exerçant le
ministère apostolique de réconciliation, unissant un frère à son frère, guérissant les blessures,
tu as fait flotter sur eux la bannière de l'Amour. C'est pourquoi, vers toi qui as montré qu'il
était un fils de Dieu, nous chantons joyeusement ces Louanges :
Réjouis-toi qui as exhorté le Peuple de Dieu à ne pas recevoir Sa Grâce, en vain;
Réjouis-toi qui t’es montré en toutes choses un Serviteur de Dieu.
Réjouis-toi qui as vécu comme un inconnu et pourtant tu fus bien connu;
Réjouis-toi car bien que mort, tu es vivant.
Réjouis-toi, même triste, tu étais toujours joyeux;
Réjouis-toi, pauvre toi-même, tu as fait beaucoup de riches.
Réjouis-toi, Ô Père Raphaël, Bon Pasteur des brebis perdues d’Amérique!
35
Kondakion 9.
Aimant Dieu par-dessus tout et étant mandé pour Le servir parmi les moindres des frères
comme Apôtre, tu as offert nuit et jour des prières pour leur salut. Tu as érigé un temple sacré
pour les orthodoxes arabes, le dédiant à Saint Nicolas, Thaumaturge de Myre en Lycie.
Maintenant avec lui dans le Ciel tu t'écries : Alléluia.
Ikos 9.
Il est impossible aux gens qui ont l’esprit du monde de comprendre ton humilité. Car lorsque
l’on te présenta une Croix pectorale en remerciement de tes multiples travaux, tu refusas en
disant: "Je suis un serviteur inutile, je n’ai fait que mon devoir. Pouvons-nous, nous les
Serviteurs de Dieu et les pasteurs spirituels nous attendre à autre chose dans la vie, si ce n’est
au travail et à la douleur? " Étonnés par ton humilité avec joie et émerveillement nous crions
vers toi ainsi :
Réjouis-toi qui étais rempli d’amour pour Dieu et pour tous les hommes;
Réjouis-toi, toi dont le regard était bienveillant.
Réjouis-toi qui es venu non pour être servi mais pour servir;
Réjouis-toi qui as donné ta vie en rançon pour une multitude.
Réjouis-toi, Ange de réconfort spirituel pour ceux qui étaient dans les tribulations;
Réjouis-toi, modèle de douceur spirituelle.
Réjouis-toi, Ô Père Raphaël, Bon Pasteur des brebis perdues d’Amérique!
Kondakion 10.
Désireux de sauver une multitude de gens par tes soins, le Très Miséricordieux Seigneur t'a
choisi et nommé pour porter beaucoup de fruits. Travaillant abondamment, tu as voyagé de
ville en ville, de village en village, défendant les Orthodoxes contre les assauts de l'Ennemi et
leur apprenant à chanter de manière orthodoxe : Alléluia.
Ikos 10.
L'amour de ton peuple pour toi et ton amour pour lui impressionna grandement le Saint
Hiérarque Tikhon. Il vit en toi l'image d'un Vrai Pasteur qui servait non par contrainte mais
volontairement, non pas par cupidité mais par dévouement; quelqu’un qui n’agissait pas
comme un seigneur mais comme un humble serviteur. Retournant en Russie, il pria avec force
le Saint-Synode de lui permettre de te consacrer comme son Evêque vicaire. Ayant en toi la
Grâce abondante de l'Esprit Saint, tu fus le premier à être consacré à l'épiscopat sacré dans le
Nouveau Monde. C'est pourquoi, reconnaissant envers Dieu, nous les fidèles te chantons avec
joie :
Réjouis-toi, Ô Grand Prêtre du Dieu Très-Haut qui as reçu la Grâce Divine en abondance à ta
consécration;
Réjouis-toi, lampe très lumineuse, brûlant et répandant la Lumière.
Réjouis-toi qui as illuminé le monde entier avec les rayons de tes vertus;
36
Réjouis-toi qui offris le Sacrifice Divin au Trône du Christ.
Réjouis-toi, hiérarque auréolé de la compréhension de l'orthodoxie;
Réjouis-toi qui as fait boire aux fidèles les eaux vives de la doctrine salutaire.
Réjouis-toi, Ô Père Raphaël, Bon Pasteur des brebis perdues d’Amérique!
Kondakion 11.
Consacré comme Hiérarque de l'Eglise orthodoxe russe avec la bénédiction du Patriarche et
du Saint Synode d'Antioche, ton ministère s’étendit à tous les Chrétiens orthodoxes. Comme
syrien et arabe par la naissance, grec par l'éducation, américain par ta résidence, russe dans
ton coeur et slave dans l'âme, tu fus le pasteur de tous, enseignant aux orthodoxes du Nouveau
Monde à proclamer d'une seule voix: Alléluia.
Ikos 11.
Ton fardeau de Hiérarque pesait sur toi; ton homophorion était très lourd. Ton troupeau était
dans la confusion, entouré par de nombreux faux enseignements. Possédant un esprit de
compréhension et de sagesse, tu as éclairé les esprits de ceux qui étaient trompés, en
proclamant la Parole, prêchant à temps et à contretemps, par l'exhortation et la lettre. Nous qui
sommes les destinataires de tes conseils et les bénéficiaires de ta sagesse nous nous écrions
ainsi :
Réjouis-toi qui eus part au ministère des Apôtres;
Réjouis-toi qui as fait paître le troupeau selon les paroles de l'Apôtre Pierre.
Réjouis-toi, ferme éradicateur de l’hérésie;
Réjouis-toi, observateur impartial des Canons de l'Église.
Réjouis-toi, destructeur des doctrines impies;
Réjouis-toi, timonier habile de l'Eglise.
Réjouis-toi, Ô Père Raphaël, Bon Pasteur des brebis perdues d’Amérique!
Kondakion 12.
Connaissant la Grâce de Dieu qui t’a été donnée, Ô Très Glorieux Hiérarque Raphaël, nous
qui sommes faibles et chargés du fardeau de nos péchés, nous accourons vers toi comme vers
notre refuge et notre défenseur puissant. Prie avec ferveur le Seigneur pour qu'il permette de
préserver Sa Sainte Église de l'incroyance et du schisme, du danger et de la tentation afin que
nous puissions chanter à Dieu Qui, par toi, nous accorde Ses bienfaits : Alléluia.
Ikos 12.
En tant que fidèle serviteur de ton Maître, il t’a été donné à de souffrir à la fin de ta vie
terrestre. C'est pourquoi comme à un fidèle serviteur qui a glorifié le Christ à la fois dans ta
vie et ta mort pour toi qui as reçu une Couronne Glorieuse dans le Ciel, nous nous réunissons
pour offrir ces faibles mots de Louange :
Réjouis-toi qui as été recouvert par la Puissance Divine;
37
Réjouis-toi qui as impeccablement préservé la Vraie Foi.
Réjouis-toi qui as révélé ta justesse dans ton repos en Christ;
Réjouis-toi qui as reçu le repos éternel dans le Ciel avec les Saints.
Réjouis-toi, grand guerrier de l'Orthodoxie;
Réjouis-toi, invincible défenseur de la piété.
Réjouis-toi, Ô Père Raphaël, Bon Pasteur des brebis perdues d’Amérique!
Kondakion 13.
Ô très Saint et très merveilleux Père Raphaël, abaisse ton regard du haut du Ciel sur ton
troupeau et à présent accepte notre offrande. Supplie le Seigneur Dieu qu'Il répande sur nous
Sa Grâce Divine et le don de l'Esprit Saint afin que nous soyons délivrés de tous les ennemis
visibles et invisibles et que toujours nous puissions chanter avec toi et tous les Saints vers Lui:
Alléluia. (Ce kondakion est chanté trois fois)
Ikos 1.
Tu commenças ta vie en exil, Ô Père Saint Raphaël. Enfant pieux de parents orthodoxes,
successeur du Saint Hiéromartyr Joseph, même dans le sein de ta mère, tu ne bénéficias
d'aucun repos. Ainsi fut ta vie de voyages mystiquement prédite. Tu as été choisi pour
apporter la Lumière de la Sainte Orthodoxie au Troupeau dispersé du Christ dans le Nouveau
Monde et avec nous il t’honore dans ces paroles de Louange :
Réjouis-toi, toi qui comme ton maître naquis dans une ville qui n’était pas la tienne;
Réjouis-toi, récipiendaire du Nom du Grand Archange.
Réjouis-toi qui as dit: "L'homme voulait pour moi le mal mais Dieu le Bien;"
Réjouis-toi qui as été oint avec le sang des Martyrs.
Réjouis-toi, toi qui as traversé le monde pour le ministère des fidèles;
Réjouis-toi qui as conduit tous les hommes à l'adoration de la Sainte Trinité.
Réjouis-toi, Ô Père Raphaël, Bon Pasteur des brebis perdues d’Amérique!
Kondakion 1.
Ô Père Saint, appelé depuis ta terre natale jusques aux rivages lointains du Nouveau Monde,
Tu as pris ta Croix et tu as suivi le Christ. C'est pourquoi comme à celui qui s’est lui-même
crucifié pour son troupeau comme à notre fidèle gardien et protecteur, nous crions avec
ferveur:
Réjouis-toi, Ô Père Raphaël, Bon Pasteur des brebis perdues d’Amérique.
Prière à Saint Raphaël
Prions Raphaël Notre Père Saint.
Ô Saint Hiérarque Père Raphaël, prie Dieu pour nous !
Ô Hiérarque Sage et aimant de l'Eglise du Christ Dieu, Bon Pasteur des brebis perdues
d'Amérique, subsistance de nos âmes, exhortation des égarés, défense contre les ennemis,
unificateur du monde orthodoxe, héraut de la Vérité, relèvement des opprimés, gardien de la
38
Foi, père des orphelins, défenseur des veuves, ami des pauvres, réconciliateur des ennemis,
grande Lumière d'Antioche, nouveau Moïse, toi qui as conduit ton peuple du désert vers la
Terre promise, nouvel Elie qui as placé à l'intérieur la Sainte Église une double portion de ton
esprit, nouvel Esdras qui as bâti le Temple de Dieu, nouvel Apôtre du Christ Notre Dieu,
amant des Prières Saintes et des Offices Divins, parure de la Sainte Eglise, chercheur de ceux
qui sont perdus, joie de tous les Orthodoxes, fils d'Antioche, fierté de l'Amérique, Ô Père
Saint Raphaël : écoute miséricordieusement ces supplications qui sont offertes à toi par tes
enfants reconnaissants. Ô Grand Prêtre du Dieu Très Haut, lève tes mains et bénis-nous, Ô toi
qui es trois fois béni par la Très Sainte Trinité. Ô consolateur des opprimés qui es porteur du
Roi Céleste, Consolateur et Esprit de Vérité, amène-nous en ton sein et abrite-nous de tout
dommage. Ô Berger qui es serviteur de l'Agneau et brebis de Son Troupeau, prends ta
houlette et guide-nous vers des pâturages sûrs et verdoyants. Ô Père qui es un fils et héritier
du Père sans commencement, lève tes bras et intercède auprès de Lui pour que l'Église
préserve tous dans la paix; qu’aux Hiérarques nommés par Dieu puisse être accordé la paix, la
sécurité, l'honneur, la santé et la longueur des jours dans le partage de la parole de Vérité; que
ses Prêtres soient revêtus de Justice; que ses Moines craignant Dieu brillent comme des
lumières paradisiaques sur le monde et qu’à Son peuple aimant le Christ soit accordé
miséricorde, vie, paix, santé, salut et visitation, pardon et rémission des péchés. Supplie-Le
que nous soit accordé de vivre une vie paisible dans ce siècle et de voir les bonnes choses
dans le siècle à venir, glorifiant toujours le Père sans commencement, le Fils unique et le Très
Saint, bon et vivifiant Esprit, Trinité consubstantielle dans les siècles des siècles. Amin!
SAINT PIERRE II (OU PETROS), 21ÈME PAPE D'ALEXANDRIE (+381)
Patriarche et Pape d'Alexandrie de 373 à 381, il était compagnon de Saint Athanase le Grand.
Il endura de terribles souffrances des disciples d'Arius.
ou
Saint Athanase le désigna pour son successeur avant sa Naissance au Ciel en 373. Ardent
adversaire de l'arianisme, il fut éjecté de la ville d'Alexandrie juste après sa consécration
comme Evêque par le préfet Palladius qui agissait sur ordre de l'empereur Valens et qui plaça
l'arien Lucius comme évêque.
Il trouva refuge à Rome où le Pape Damase I le reçut et lui a donné son soutien contre les
ariens. En 373, Pierre revient à l'Alexandrie où Lucius s'est retiré par crainte de la foule.
ou
En ce jour de l'année 381 partit le vingt et unième Pape d'Alexandrie, le Bienheureux Père
Abba Pierre II. Il fut le successeur de Saint Athanase l'Apostolique qui l'avait formé. Abba
Pierre II souffrit nombre de tribulations de la part des successeurs d'Arius qui souvent
tentèrent de le tuer mais il leur échappa. Il fut forcé de ce cacher deux ans durant lesquels les
ariens mirent un d'entre eux à sa place, Lucius. Cependant, les fidèles furent à même de
chasser le faux pape Lucius et de ramener Abba Pierre qui demeura sur son siège durant six
autres années de persécution pendant lesquelles il résista aux ariens. Après huit ans, le
Seigneur le libéra du labeur de ce monde et il partit pour l'Eternelle Béatitude.
SAINT MOINE STÉPHANE DE CONSTANTINOPLE (+ 614)
Stéphane était clerc au palais de l'Empereur Maurice. Après avoir renoncé à ses charges au
39
palais et poussé par l'Amour pour le Christ, Stéphane bâtit un hospice de charité pour les gens
âgés à Constantinople. Il s’endormit dans le Seigneur en paix en 614.
SAINTS MARTYRS ALEXANDRE, ABONDE, ANTIGONE ET FORTUNAT A ROME, -
SAINT EVEQUE EUCHER DE MAESTRICHT, CONFESSEUR (+ ENTRE 512 ET 537).
Le nom d'Eucher figure sur une liste où vingt-six noms sont placés avant celui de l'Evêque
Remacle de Liége (Tongres, Utrecht, Maestricht). Pour dix-sept d'entre eux, on ne trouve
ailleurs aucune attestation. D'Eucher qui figure au dix-neuvième rang, on ne sait rien. D'après
le Moine Heriger qui écrivait au dixième siècle, Eucher se serait endormi un 27 février.
(Duchesne, Fastes épisc., t.3, p. 185).
SAINT EVÊQUE LÉANDRE DE SÉVILLE (+596)
Par sa prédication et son activité, la nation des Wisigoths se convertit de l'impiété arienne à la
Foi orthodoxe avec l'aide du Roi Récarède.
ou
Léandre est issu d'une famille de notables hispano-romaines, il est le frère d'Isidore de Séville,
de Saint Fulgence et de Sainte Florence de Carthagène et un ami de Grégoire le Grand. Il a été
Archevêque de Séville et fit pression sur Récarède le roi wisigoth de 586 à 601 afin qu'il se
convertisse de l'arianisme à la Foi orthodoxe. C'est lui qui organisa la conversion des
Wisigoths et présida le Troisième Concile de Tolède en 589 qui régla les relations entre
l'Église et la royauté.
ou
Envoyé en mission à Constantinople par le Roi wisigoth Herménégilde, il y rencontrera le
futur Pape de Rome Saint Grégoire le Grand. Une amitié profonde et durable les unit
40
désormais comme en témoigne le courrier qu'ils échangèrent et qui est conservé. Devenu
Archevêque de Séville, il uniformisa la Liturgie espagnole, jetant les fondements de ce qui
deviendra la liturgie mozarabe. Par sa patience et son souci apostolique, il ramena les
Wisigoths dans l'Unité de l'Eglise. Il fonda l'école épiscopale de Séville qui eut un grand
rayonnement durant plusieurs siècles.
ou
Né dans cette Andalousie où les Vandales n'avaient heureusement laissé que leur nom,
Léandre était fils d'un Duc de race probablement gréco-romaine (ce qu'il faut supposer d'après
son nom, Sévérianus et celui de tous ses enfants, Léandre, Isidore, Fulgence, Théodora,
Florentine; les empereurs byzantins avaient encore quelques possessions en Espagne.) mais
dont la fille aînée épousa Leuvigilde le roi des Wisigoths. Il embrassa de bonne heure la vie
monastique et y puisa l'esprit de dévouement et de discipline qui devait lui valoir l'honneur
d'exercer une influence prépondérante sur l'avenir de son pays. Il fut Moine à Séville même
qui avait été jusqu'alors la capitale des rois wisigothiques et dont il devint Evêque
métropolitain en 579.
Dans cette ville qui passait pour la Ville Sainte, la Jérusalem du Midi de l'Espagne, il créa à
l'ombre de sa métropole une école destinée à propager, en même temps que la Foi orthodoxe,
l'étude de toutes les sciences et de tous les arts. Il présidait lui-même aux exercices des
maîtres savants et des nombreux élèves qu'il sut y attirer. Parmi les élèves figuraient les deux
fils du roi, ses neveux, Herménégilde et Récarède. Il réussit à faire abdiquer l'arianisme à
l'aîné des deux et cet exemple fut suivi par beaucoup d'autres. Herménégilde fut confirmé
dans la Foi de Nicée par sa femme, Ingonde, Princesse franque de la race orthodoxe de
Clovis, fille du roi Sigebert et de la célèbre Brunehaut qui était elle-même fille d'un roi
wisigothique. La jeune Ingonde sut résister héroïquement aux violences brutales que sa bellemère
employa contre elle pour lui faire embrasser l'arianisme et donna ainsi à son mari
l'exemple de la constance qui devait le conduire au martyre.
Leuvigilde, en transférant de Séville à Tolède la capitale du royaume des Wisigoths, avait
associé son fils aîné à la royauté et lui avait assigné Séville pour résidence. Mais bientôt la
persécution de l'arianisme contre l'Orthodoxie éclata et avec elle la guerre civile. Leuvigilde
ne recula devant aucun moyen pour faire prévaloir l'hérésie : il gagna même quelques évêques
et condamna à la prison ou à l'exil ceux qui comme Léandre, tinrent tête à ses violences. Il fit
vers le même temps la conquête du royaume des Suèves qui venait à peine de rentrer dans
l'orthodoxie, et y porta la persécution avec toutes ses fureurs. Le Saint Abbé Vincent fut
immolé avec douze de ses Moines devant la porte de son monastère à Léon pour n'avoir pas
voulu renier la Divinité du Fils de Dieu formulée par le Symbole de Nicée. Le tyran ne
respectait pas plus la liberté civique que la liberté de conscience, pas plus la noblesse
wisigothique que le peuple conquis.
Il atteignait par Léandre en décrivant l'état de sa patrie sous le joug du persécuteur, dit qu'on
n'y voyait plus un homme vraiment libre et que par un Juste Jugement de Dieu, la terre ellemême
enlevée à ses légitimes propriétaires ne retrouvait plus son ancienne fécondité. Le père
dénaturé finit par assiéger son fils dans Séville; le jeune Roi fait prisonnier après une longue
résistance et mis en demeure de communier des mains d'un évêque arien, préféra mourir et fut
égorgé dans sa prison le Samedi Saint de l'an 586. Ce fut pendant cette lutte entre le père et le
fils qui dura plusieurs années et avant d'être lui-même exilé que Léandre fut envoyé par
Herménégilde à Constantinople pour y réclamer le secours de l'Empereur byzantin qui avait
41
encore conservé quelques possessions avec leurs garnisons en Espagne. A Constantinople, le
Moine Evêque et envoyé d'un Prince Martyr de l'Orthodoxie, fit la rencontre d'un autre Moine
réservé aux plus hautes destinées; dès lors il se forma entre Saint Grégoire le Grand et
Léandre une de ces tendres et fortes amitiés dont on aime à trouver dans la vie des Saints tant
d'exemples. Les instances fraternelles de Léandre imposèrent au Saint Docteur le plus vaste
de ses travaux, le Commentaire de Job, que l'on appelle aussi les Morales de Saint Grégoire.
La tendresse intime et persévérante qui unit ces deux grands hommes et qui se prolongea à
travers les infirmités précoces dont ils furent tous deux victimes, éclate en divers endroits de
la correspondance de Grégoire et lui dicte de ces accents qui conservent à travers les siècles
l'immortel parfum du Véritable Amour. "Absent par le corps," écrivait le Pape à son ami, "tu
es toujours présent à mes regards car je porte gravés au fond de mon coeur les traits de ton
visage... Tu sauras lire dans ton propre coeur quelle soif ardente j'ai de te voir car tu m'aimes
assez pour cela. Quelle cruelle distance nous sépare! Je t'envoie mes livres. Lis-les avec soin
et puis pleure mes péchés puisque j'ai l'air de si bien savoir ce que je fais si mal. Ma lettre est
bien courte; elle te fera voir à quel point je suis écrasé par les procès et les orages de mon
église puisque j'écris si peu à celui que j'aime le plus en ce monde." Et plus tard : "J'ai reçu ta
lettre écrite avec la plume de la charité. C'est dans ton coeur que tu as trempé ta plume. Les
gens sages et honnêtes qui l'ont entendu lire ont été sur l'heure émus jusqu'au fond de leurs
entrailles. Chacun s'est mis à te tendre la main de l'amour; on semblait non pas seulement
t'entendre mais te voir avec la douceur de ton âme. Tous se sentaient enflammés d'admiration
et cette flamme de tes auditeurs démontrait la tienne car on n'allume pas le feu sacré chez les
autres sans en être soi-même consumé."
Il lui envoya aussi le pallium [omophore] avec ces mots : "Je t'envoie le Pallium pour t'en
servir aux messes solennelles. Je devrais, en même temps, te prescrire des règles pour vivre
Saintement mais comme tu préviens mes paroles par tes actions vertueuses, je garderai làdessus
le silence." On croit, en Espagne, que ce fut le même Pape qui fit présent à Saint
Léandre de la célèbre Icône de la Toute Pure faite des mains de Saint Luc, laquelle est si
honorée et si fréquentée des pèlerins à Guadalupe à cause des insignes faveurs qu'ils y
reçoivent de Notre Seigneur, par l'intercession de Sa Très Sainte Mère.
Cependant l'excès du mal annonçait sa fin et l'Eglise allait remporter un triomphe subit et
complet. Le tyran Leuvigilde, le roi parricide atteint d'une maladie mortelle, eut des remords;
sur le lit où il se mourait, il ordonna le rappel de Léandre et le donna pour guide à son fils et
successeur Récarède en recommandant à celui-ci d'embrasser la Foi orthodoxe. Le nouveau
Roi qui avait été comme son frère l'élève de Léandre, s'empressa d'obéir. Il se fit aussitôt
orthodoxe et entreprit la conversion de son peuple. Après de longues controverses avec le
clergé arien, il réussit à vaincre toutes les résistances mais par la discussion et non par la
force. Quatre ans après son avènement, ayant sanctionné son règne par d'éclatantes victoires
sur les Francs, il fit proclamer au Troisième Concile de Tolède l'abjuration de l'arianisme par
le peuple réuni des Goths et des Suèves. Le Roi y déclara que l'illustre nation des Goths
séparée jusqu'alors de l'Eglise universelle par la malice de ses docteurs, revenait à l'unité et
demandait à être instruite dans toute l'Orthodoxie de la juste doctrine de la Foi. Il remit entre
les mains des Evêques sa profession de Foi écrite de sa main avec celle de huit Evêques
anciennement ariens, de sa noblesse et de tout son peuple.
Comme on le pense bien, Léandre, en qualité de légat du Pape, présidait à cette grande
assemblée où siégèrent soixante-dix-huit Evêques et dont les délibérations furent aussi
éclairées par un autre Moine : l'Abbé Eutrope du Monastère de Servitanum qui passait pour le
42
plus ancien de l'Espagne. Un troisième Moine, Jean, exilé comme Léandre et qui s'était
consolé de son exil en fondant un grand monastère sous la Règle de Saint Benoît, en
Catalogne, enregistrait l'immense transformation dont il était témoin dans une chronique qui
ouvre la série des historiens monastiques de l'Espagne.
Ainsi s'effectua dans la Péninsule sous les auspices d'un grand Pape et d'un grand Evêque,
tous deux Moines et amis, le triomphe de cette Orthodoxie dont le peuple espagnol fut
pendant dix siècles le chevalier et dont il a gardé, même au sein de sa déchéance, l'instinct et
la tradition.
Léandre s'empressa d'annoncer le triomphe de la Vérité et la solide conversion du Roi son
neveu à Grégoire qui se montra toujours affectueusement préoccupé de la nouvelle conquête
de l'Eglise dans l'épiscopat. L'Espagne a toujours honoré en lui son Docteur et son Apôtre,
l'auteur principal de son retour à l'unité.
Toute sa famille fut associée à cette oeuvre. Son père et sa mère avaient été comme lui exilés
pour la Foi et s'endormirent dans cet exil. Evêque comme lui, son frère Fulgence partagea ses
combats et sa victoire. Sa soeur Florentine embrassa la vie monastique, devint Abbesse de
quarante Couvents et de mille Moniales et mérita par sa science, ses vertus et jusque par ses
chants sacrés de figurer en tête de toutes ces illustres Moniales que l'Espagne a donné à
l'Eglise. Léandre qui l'aimait tendrement, écrivit pour elle une Règle spéciale.
On aime surtout à retrouver dans ce grand esprit la trace de son affection fraternelle et de ses
souvenirs domestiques, " Ne cherche point," lui dit-il en jouant sur le nom de leur mère,
Turtur, qui avait aussi terminé sa vie dans le cloître, "Ne cherche pas à t'envoler du toit où la
tourterelle dépose ses petits. Tu es fille de l'innocence et de la candeur, toi qui as eu la
tourterelle pour mère. Mais aime encore plus l'Eglise, cette autre tourterelle mystique qui
t'engendre tous les jours à Jésus-Christ. Repose ta vieillesse sur son sein comme tu dormais
autrefois sur le coeur de celle qui soigna ton enfance... " Ah! Soeur bien-aimée, comprends
donc l'ardent désir qui enflamme le coeur de ton frère de te vivre avec le Christ!... Tu es la
meilleure partie de moi-même... Malheur à moi si un autre allait dérober ta couronne! Tu es
mon boulevard auprès du Christ, mon gage chéri, mon viatique par lequel je mériterai de
sortir de l'abîme de mes péchés."
Ce Vigilant Prélat parvenu heureusement à bout de la conversion des Wisigoths à la Foi
orthodoxe, se retira à Séville pour y gouverner son troupeau et se préparer lui-même à aller
rendre compte à celui qui le lui avait confié. Il y continua donc les exercices d'un Saint
Evêque, mortifiant ses passions par les jeûnes et par les pénitences; nourrissant son esprit de
prière et de l'étude des Ecritures Saintes; secourant les pauvres, exhortant les riches à
l'aumône et portant tout le monde à la vertu jusqu'à ce qu'enfin il plut à Dieu de lui donner la
récompense de tous ses travaux l'an de Notre Seigneur 596. Son corps fut inhumé à Séville en
l'église des Saintes Martyres Vierges Juste et Rufine. Il s'en est fait, depuis, plusieurs
translations et à présent, il repose dans une chapelle de Notre Souveraine de l'église cathédrale
avec le corps du papiste Ferdinand qui arracha cette ville à la domination des Maures.
On représente Saint Léandre quelquefois mais rarement tenant en main un coeur enflammé,
symbole sans doute du zèle qui lui fit convertir les Wisigoths; réuni à ses frères Saint
Folgence et Saint Isidore et à sa soeur Sainte Florentine; tenant une plume à la main, attribut
qui caractérise les Saints signalés par leurs écrits; instruisant le jeune Roi Récarède;
accompagné d'un symbole quelconque représentant les Trois Hypostases de la Sainte Trinité
43
pour rappeler sa lutte contre l'arianisme; à genoux devant une Icône de la Mère de Dieu, celle
de "Notre-Dame de Guadalupe" car on croit en Espagne comme nous l'avons déjà dit que
Saint Grégoire le Grand fit présent à Saint Léandre de la célèbre Icône de la Mère de Dieu
faite des mains de Saint Luc, laquelle est si honorée des nombreux pèlerins qui se rendent à
Guadeloupe.
LITURGIE ET ECRITS DE SAINT LEANDRE
On doit à Saint Léandre une réformation de la Liturgie de l'Eglise d'Espagne. Cette Liturgie
prescrivit la récitation du Symbole de Nicée conformément à se qui se pratiquait déjà en
Orient pour faire une déclaration expresse qu'on n'adhérait pas à l'arianisme. Peu après, cette
précieuse coutume passa dans l'Eglise de Rome et le reste de l'Occident. L'Espagne aurait reçu
entre autres de Rome les premières lumières de la Foi comme nous l'apprenons de la lettre du
Pape Innocent I à Decentius et c'est pour cela que Saint Léandre dit que l'office des Eglises
d'Espagne a été institué par le Saint Apôtre Pierre mais c'est le Saint Apôtre Paul qui y était
venu en personne et pas de Rome... Les cérémonies et la discipline des mêmes Eglises avaient
une origine romaine; ce fait est attesté par la lecture de leurs anciens Conciles. Les Goths
ariens substituèrent à la Liturgie de Retae celle qu'Ulphilas avait composée d'après les
Liturgies orientales. On croit que Saint Léandre en fit une nouvelle d'après ces deux premières
et d'après celle des Gaules. Saint lsidore et Saint Ildefonse lui donnèrent ensuite un nouveau
degré de perfection. L'Espagne ayant passé sens la domination des Arabes, les Chrétiens de
ce royaume furent appelés mixti Arabes, c'est-à-dire Arabes mêlés, d'où leur Liturgie prit le
nom de mozarabique. Elle fit place à celle de Berne dans le onzième et douzième siècles. Le
cardinal Ximenès (grade papiste) établit la liturgie mozarabique en une chapelle de la
cathédrale de Tolède; elle est aussi en usage dans sept églises de la même ville mais
seulement pour le jour de la commémoration de leur Saint Protecteur.
Le papiste Florès pense que la Liturgie de Saint Léaedre n'était pas différente de la
mozarabique et qu'à l'exception de quelques rite de peu d'importance, elle n'avait rien de
commun avec celle des Orientaux, voir sa Spagna sagrada, t. III, diss, de la Missa antiqua de
Espagna, p. 187, 193 etc. Mais quoique ces Liturgies eussent entre elles beaucoup de
conformité, elles avaient pourtant des différences considérables en plusieurs points. None
apprenons ceci d'une lettre que le papisto-jésuite Burriel a donné sur les monuments littéraires
trouvés en Espagne. On puisera de grandes lumières sur cet article ainsi que sur plusieurs
autres particularités concernant l'antiquité ecclésiastique d'Espagne dans la collection des
manuscrits gothiques que le Florès a donnée au public. Les curieux consulteront aussi avec
plaisir la nouvelle édition des Liturgies des églises chrétiennes que les Assemani ont donnée à
Rome en 15 vol. in-fol. La Liturgie mozarabique a été imprimée à Rome, in-fol., par les soins
du jésuite écossais Lesley.
Le tome 85 de la Patrologie latine de M. Migne et le suivant, comprennent les Liturgies
mozarabiques. Il nous reste de Saint Léandre : 1° une lettre à sa soeur Florentine sous ce titre :
De l'institution des Vierges et du mépris du monde (tome 82 de la Patrologie de Migne); 2° un
discours sur la conversion des Goths : il fait partie du Troisième Concile de Tolède en 589
(tome 72 de la Patrologie de Migne.)
SAINTE MARTYRE HONORINE, VIERGE (+4°.S.)
L'histoire ne fournit aucun détail sur cette Sainte Martyre. A quelle époque et dans quelle
région a-t-elle vécu? Où et dans quelles circonstances a-t-elle souffert pour la Foi de Jésus-
Christ? Il est impossible de le dire. Quand on constata au neuvième siècle la présence de ses
Précieuses Reliques en Normandie, il fallut bien lui trouver une notice mais les églises qui la
44
vénéraient furent loin de tomber d'accord. Quelques églises pour former les leçons de son
Office, lui ont appliqué la légende de Sainte Dorothée, ce qui a fait penser qu'Honorine était
de Césarée en Cappadoce et y avait enduré le martyre.
Au diocèse de Rouen, on tenta d'expliquer la présence des Vénérables Reliques de la Sainte à
Graville près de Flarfleur en disant que d'après une tradition Honorine avait été martyrisée à
Mélamare par des païens au quatrième siècle et que son corps jeté dans la Seine à Tancarville
avait été porté par les flots jusqu'au rivage de Graville où les Chrétiens le recueillirent et le
déposèrent dans un tombeau. Cette tradition qui a subi quelques variantes n'a pas paru
acceptable au diocèse de Bayeux qui honore aussi Sainte Honorine. On estime dans ce diocèse
que la Sainte endura le martyre à Coulonces dans le voisinage de deux paroisses dédiées à la
Sainte, Bény-Bocage et Sainte-Honorine-la-Chardonne.
De là commença à se répandre dans tout le pays son culte que des translations successives
devaient étendre beaucoup plus loin. Le papiste G. Morin [Maredsous] s'est efforcé
d'accréditer cette tradition en s'appuyant principalement sur un fragment du martyrologe
hiéronymien, manuscrit du dixième siècle, à l'usage du diocèse de Bayeux. On y lit : "Vi kal.
aprilis, in Baiocassino, Colonica vico, depositio Honorinae Virginis."Morin ajoute qu'il n'y a
pas lieu de douter qu'il s'agisse ici de la même Vierge Honorine que nous fêtons maintenant le
27 février; elle était marquée au 27 mars dans plusieurs "Auctaria" du martyrologe d'Usuard."
L'abbé papiste Legris signale le parti tiré de ce texte par Morin en faveur de la tradition
bayeusaine et il ajoute "qu'en cette région seule (de Bayeux) se rencontrent les traces les plus
anciennes d'un culte rendu à Sainte Honorine." Il ne va pas plus loin et serait bien en peine de
nous dire à quelle date précise remonte ce culte, s'il est vraiment plus ancien que celui de la
tradition rouennaise et enfin comment il se fait qu'au neuvième siècle les Précieuses Reliques
de la Sainte se trouvaient à Graville, près d'Harfleur, sur la rive droite de l'estuaire de la Seine
alors que le diocèse de Bayeux est sur la rive opposée. Aussi bien, hésitons-nous à nous
prononcer entre les deux traditions normandes.
L'histoire des Translations des Précieux Restes de Sainte Honorine ne devient un peu plus
claire qu'à dater du neuvième siècle. C'est alors qu'elle commence à proprement parler,
présupposant un culte de la Sainte en Normandie, antérieur à cette date.
Vers 850, le corps était à Graville, à l'embouchure de la Seine sur la rive droite. Les invasions
normandes causent alors une panique dans les diocèses de Bayeux et de Rouen; il faut
soustraire au plus vite le corps des Saints à leurs profanations. Graville étant considéré comme
un abri peu sûr, les clercs gardiens de la chapelle de Sainte Honorine brisent le sarcophage,
recueillent les ossements et les emportent. Ils remontent la Seine jusqu'au confluent de l'Oise.
Ce fut sans doute dès 841. Ils déposèrent leur Pieux Fardeau dans une chapelle du castrum de
Conflans. Quand l'événement fut connu, de nombreux pèlerins y affluèrent; il y eut des
guérisons, des délivrances de prisonniers obtenues par l'intercession de la Sainte.
Vers la fin du onzième siècle, le comte Yves de Beaumont, possesseur de la forteresse de
Conflans, y appela des moines papistes du Bec pour garder la chapelle et la châsse de la
Sainte. Ces Moines, au siège de Conflans par Burchard de Montmorency, sauvèrent la châsse;
après l'assaut, ils élevèrent une nouvelle église hors de l'enceinte, la "consécration" de cette
église à laquelle assistèrent l'évêque papiste Jouffroy de Paris et l'abbé Anselme du Bec, se
termina par la translation de ses Précieuses Reliques dans une nouvelle châsse. Des
translations nouvelles ou inventions des Saintes Reliques eurent lieu en 1250 puis en 1619. Ce
45
qui restait des Précieuses Reliques à Conflans n'eut point à souffrir au moment de la protorévolution
bolchevique de 1789.
SAINT ABBÉ MARVART (OU MARCOVART) A PRÜM (+ 855)
D'abord Moine à Ferrières-en-Gâtinais, Marvart fut appelé à gouverner l'Abbaye de Prüm
dans les Ardennes, fondée par Pépin à la prière de son épouse. Il eut entre autres disciples,
Lothaire le fils de Louis le Débonnaire qui reçut l'Habit Angélique après son abdication.
Marvart s’endormit dans le Seigneur le 27 février 855.
SAINT JEAN DE VANDIÈRES L'ABBÉ DE GORZE EN LORRAINE (+ 973)
Jean naquit vers la fin du neuvième siècle dans le village de Vandieres, sur les limites des
territoires de Metz et de Toul. Déjà vieux, son père voulut le garder à ses côtés pour faire luimême
son éducation mais quand il eut remarqué les excellentes dispositions de l'enfant pour
l'étude, il l'envoya dans les écoles de Metz puis au Monastère de Saint-Mihiel.
Le père de Jean vint à rendre son âme au Seigneur. Encore jeune, sa mère se remaria et le
jeune étudiant fut rappelé à la maison pour s'occuper de ses frères. Il s'acquitta de ce soin avec
une réelle compétence, réussit à augmenter les biens de la famille sans négliger l'éducation de
ceux dont il avait la charge. Les seigneurs du pays et l'Evêque de Verdun informés d'un pareil
succès, voulurent utiliser la compétence de ce jeune homme. Le Comte Riquin le garda
plusieurs années dans sa maison et lui donna en bénéfice l'église de Vandières. Vers le même
temps, un gentilhomme nommé Varnier lui confia l'église de Saint-Laurent, située dans le
village de Fontenay près de Toul. Ces bénéfices créaient à Jean des obligations. Pour y faire
face, il dut reprendre le cours de ses études dans la ville de Toul. Sous un maître habile et
vertueux, le Diacre Bernier, il étudia d'abord la grammaire puis l'Écriture Sainte. Il y puisa les
leçons de vertus sublimes qu'on lui vit pratiquer dans la suite. Il affectionnait particulièrement
son église de Saint-Laurent dans laquelle il passait des jours et des nuits en prière quand il en
avait le loisir. Cependant il paraissait se plaire encore dans le monde.
46
Pendant son absence, une Femme Pieuse prenait soin de l'église. Jean y entretenait en même
temps un vieux Prêtre de la Beauce que les invasions normandes avaient chassé de son pays.
Ces personnes, de concert avec le Diacre Bernier, donnaient à Jean des avis assez sévères sur
les fautes de légèreté qui lui échappaient et il en faisait son profit. Une circonstance assez
singulière acheva de le déterminer à mener une vie de Sainteté. L'église et le bénéfice dont
Jean était pourvu dépendaient de Saint-Pierre de Metz, Monastère de Moniales où l'Evêque
avait fait remettre en vigueur la Règle bénédictine. Une jeune pensionnaire nommée Geize,
habitait ce Monastère et sous la direction de sa tante Moniale s'appliquait à la pratique de la
vertu. Par esprit de pénitence, elle portait continuellement un rude cilice sous ses habits
ordinaires. Jean ignorait ce qu'était un cilice. Un jour qu'il causait avec la jeune fille, il
remarqua sur ses épaules quelque chose de sombre que l'habit ne cachait pas suffisamment; il
y porta la main et sentit on ne sait quoi de rude. Etonné, il demanda ce que c'était. La jeune
fille rougit, demeura un instant interdite et finit par avouer que c'était un cilice. Et comme
pour s'excuser, elle ajouta : "Ne sais-tu pas que nous ne devons pas vivre pour ce monde? Les
plaisirs que cherchent la plupart des hommes sont la perte des âmes; pour ma part, je veux
sauver la mienne." Cette parole parut tirer Jean d'un profond sommeil, il poussa un soupir et
dit : "Malheur à moi, lâche que je suis! Depuis longtemps je mène une vie stérile; faut-il donc
que ce sexe fragile me devance dans le chemin de la vertu? Ce qui met le comble à ma honte,
c'est que non seulement je ne l'atteins pas dans sa marche mais je n'ai pas même le courage de
me lever de terre et de faire un pas!"
A partir de ce moment, Jean se mit à mener une vie plus parfaite. A son étude de la Sainte
Ecriture et des autres sciences ecclésiastiques, il joignit la pratique des jeûnes, des veilles, des
prières fréquentes et des macérations. Il aspirait à quitter le monde. L'embarras était de
trouver une retraite. Par suite des guerres, la discipline monastique était fort relâchée en deçà
des Alpes et même en Italie. En attendant, Jean se mit sous la conduite de deux
ecclésiastiques, Roland maître de chant à Saint-Etienne/Stéphane de Metz et Warimbert le
Prêtre de la paroisse de Saint-Sauveur.
Il pouvait mener ainsi une vie réglée mais c'était trop peu pour son désir de la perfection. Il
alla donc trouver un Saint Reclus de Verdun, nommé Humbert, lui fit une confession générale
de tous ses péchés. On croit qu'il commença dès lors à s'abstenir de viande et à jeûner très
rigoureusement. Il alla ensuite dans la forêt d'Argonne passer quelque temps auprès d'un
Prêtre et Ermite nommé Lambert d'une Sainteté publiquement reconnue mais sans aucune
régularité dans sa manière de vivre. Sur les conseils de Humbert et d'un Pieux et savant breton
nommé André, Jean entreprit le pèlerinage de Rome pour trouver d'autres modèles dans les
monastères et ermitages d'Italie. Un clerc de l'église de Metz, Bernacer, homme très habile
pour chanter, écrire et calculer, l'accompagna dans ce voyage. Ils visitèrent Rome, allèrent au
Mont-Gargan, au Mont-Cassin dans les solitudes voisines du Vésuve. Jean alla ensuite
retrouver à Verdun le Reclus Humbert qui lui parut le plus apte à lui servir de guide dans le
Chemin du Ciel. Ils formèrent le plan d'un nouveau genre de vie ascétique.
Toul possédait alors en la personne de l'Archidiacre Einold, un Saint et savant homme.
Touché de l'Amour de Dieu, il distribua tous ses biens aux pauvres et s'enferma dans une
cellule qui attenait au cloître de la cathédrale. Il se nourrissait de ce que l'Evêque Gauzelin
voulait bien lui envoyer par charité et ne sortait de sa retraite que pour célébrer la Divine
Liturgie et assister à l'Office de nuit. Après un Avertissement du Ciel, il vit arriver un jour à
sa cellule Humbert le Reclus de Verdun qui venait le prier de lui trouver une solitude plus
tranquille. Il s'agissait de former une communauté d'Ermites à laquelle s'adjoindraient Jean de
47
Vandières et plusieurs membres du clergé de Metz. Ne trouvant pas dans la région de
situation à leur gré, ils songeaient à passer en Italie quand on leur signala près de la ville de
Metz le Monastère de Gorze où la vie monastique était en pleine décadence. L'Evêque
Adalbéron avant son élévation sur le siège de Metz, avait promis de restaurer ce monastère
quand il en aurait les moyens; il résolut de confier cette oeuvre à Einold et à ses compagnons
quand ils vinrent prendre congé de lui.
Toutes les affaires ayant été réglées, Jean de Vandières et ses compagnons, au nombre de
sept, entrèrent dans l'Abbaye de Gorze l'an 933. On répara les ruines causées par les
Normands et les Hongrois. Par l'autorité de l'Evêque, la réforme fut introduite et les anciens
Moines s'y soumirent volontiers. Einold y fut établi Abbé, Jean devint procureur et cellérier. Il
avait deux frères vivant dans le monde; il les décida à se retirer auprès de lui et donna à
l'abbaye tous les biens de son ample patrimoine. Il y attira même sa mère qu'il eut soin
d'entretenir le reste de ses jours dans un appartement en dehors de la clôture. Considéré par
tous comme le principal auteur de la réforme, il voulut se tenir comme le dernier de la maison
et le serviteur de tous; il donna aux frères l'exemple d'une soumission parfaite à l'Abbé dans
l'exercice des multiples fonctions qui lui furent confiées pour mettre è l'épreuve sa patience et
son humilité.
Il souffrait volontiers les reproches les plus injustes et les plus fâcheux effets de la mauvaise
humeur de ses compagnons. Très sévère envers lui-même, il était doux et compatissant envers
les autres; il se refusait les soulagements les plus légitimes que la Règle permettait pour
réparer les forces de la nature. L'Abbé néanmoins employa toute son autorité pour l'amener à
modérer ses abstinences excessives.
Envoyé comme ambassadeur auprès du roi musulman Abdérame III de Cordouc, Jean de
Vandières remplit cette mission avec sagesse et courage; il y fit oeuvre d'Apôtre et de
Missionnaire tout autant que d'ambassadeur. Le roi infidèle en fut dans l'admiration. A son
retour vers 960, Jean devint Abbé de Gorze. La fin du récit de son biographe ayant été perdue,
on ne saurait dire ce qu'il fit dans cette charge durant les treize dernières années de sa vie. Il
s’endormit dans le Seigneur l'an 973, le 20 février. Avec Saint Cadroé, il fut le grand
réformateur de l'ordre monastique en Lorraine au dixième siècle.
ou
Jean naquit vers la fin du neuvième siècle dans le village de Vandières, ancienne maison
royale, près de Pont-à-Mousson et passa sa jeunesse dans le monde. Son père défunt, il fut
obligé de le remplacer pour gouverner sa famille dont les biens étaient considérables; cotte
administration dont il s'acquitta avec un grand talent, le mit en rapport avec des personnes
distinguées de l'Eglise et de l'Etat dont l'exemple lui apprit la bonne façon de vivre; l'Evêque
de Verdun employa souvent son habileté dans les affaires et il aurait bien voulu se l'attacher
pour toujours.
Ayant reçu en bénéfice l'église de Vandières et celle de Saint-Laurent dans le village de
Fontenoy près de Gondroville, il les ornait avec tout le soin et la piété possibles, surtout celle
de Saint-Laurent dans laquelle il passait, de suite, plusieurs jours et plusieurs nuits on prières
lorsque ses occupations le lui permettaient. Quoiqu'il parût encore se plaire dans le monde, il
savait s'adonner en temps et lieu à la méditation des clauses spirituelles d'ailleurs, un vieux
Prêtre qui avait une dévotion particulière à la récitation de l'Office Divin et le Diacre Bernacer
qui se distinguait par une chasteté exemplaire, lui donnaient des avis quelquefois même assez
48
sévères, sur les fautes de légèreté qui pouvaient lui échapper. Comme l'église et le monastère
dont il était pourvu dépendaient du Monastère de Saint-Pierre de Metz, il était obligé d'y
servir à l'autel toutes les semaines.
C'était un monastère de Moniales auquel l'Evêque Adalbéron avait fait reprendre la Règle de
Saint Benoît. Parmi les pensionnaires du monastère se trouvait une très jeune personne
nommée Geise, élevée avec un grand soin par sa tante qui était Moniale; elle s'appliquait avec
zèle à la pratique de toutes les vertus et matait son corps par de Saintes austérités. Un jour que
Jean causait avait elle, il crut apercevoir quelque chose de sombre sur ses épaules que son
habit ne couvrait point assez : il y porta la main et sentit je ne sais quoi de bien rude; il en fut
si étonné qu'il en frémit par tout le corps et demanda instamment quel habit c'était là. La jeune
fille rougit, demeura quelque temps interdite et enfin lui apprit que c'était un cilice, ajoutant :
"Ne sais-tu pas que nous ne devons pas vivre pour ce monde? Les plaisirs que cherchent la
plupart sont la perdition des âmes; moi, je veux sauver la mienne!" A ces mots, Jean, comme
réveillé d'un long sommeil, s'écria avec un profond soupir : "Malheur à moi, lâche que je suis
qui, depuis si longtemps, traîne une vie non seulement stérile mais perdue! Comment! Moi, un
homme, il faut que ce sexe fragile me devance dans la vertu! Mais ce qui est le comble de
l'opprobre, non seulement je ne l'atteins pas dans sa marche, je n'ai pas même le courage de
me lever de terre et de faire un pas!"
Dès ce moment, il commença sérieusement une vie plus parfaite : il lut et apprit par coeur tout
l'Ancien et le Nouveau Testament, les livres des Offices Divins, les décrets des Conciles, les
règles de la pénitence, les cérémonies et le chant de l'Eglise, la jurisprudence ecclésiastique,
les lois civiles, les homélies des Pères et la Vie des Saints, à tel point qu'il en parlait avec
autant de facilité que s'il lisait dans le livre; à ces travaux, il joignait le jeûne, les veilles, les
prières fréquentes et les macérations, en aspirant de tout son coeur à quitter le monde et tous
ses biens. Pour débarrasser son âme de tout ce qu'elle aurait pu retenir encore du long séjour
qu'elle y avait fait, il confessa tous les péchés de sa vie à un Saint Ermite de Verdun, nommé
Humbert qui ne contribua pas peu à augmenter son amour pour la mortification. C'est à partir
de cette époque qu'il s'interdit l'usage de le viande et se mit à jeûner très rigoureusement; il fit
ensuite le voyage de Rome pour honorer le tombeau des Saints Apôtres, visita le Mont
Cargan, le Mont Cassin, le Mont Vésuve; il y trouva des Serviteurs de Dieu dont les entretiens
et les exemples servirent beaucoup à son avancement spirituel.
De retour en Lorraine, il se fit Moine à l'Abbaye de Gorze située à quatorze lieues de Metz et
son entrée dans cette maison contribua beaucoup à y ranimer la discipline et la ferveur :
cependant il voulut toujours être considéré comme le dernier de la maison et comme le
serviteur de tous. Il poussait si loin ses austérités que son Abbé se vit souvent obligé de les
modérer. L'Empereur Othon ayant demandé deux Moines de Gorze pour les renvoyer à
Abdérame III le roi des Maures d'Espagne, notre Saint fut nommé chef de cette ambassade; il
remplit cette mission avec tant de sagesse et de courage qu'il excita l'admiration du roi
infidèle. A son retour, il fut nommé Abbé de Gorze vers l'an 960. Nous regrettons de n'avoir
pu trouver d'autres détails sur une vie si Sainte qui cessa sur la terre pour se continuer
glorieuse dans le Ciel, l'an 973.
SAINT MARTYR ALNOTH, ERMITE À STOWE (+700) 25 novembre – 27 février
Alnoth était berger sur les terres de Sainte Wereburge à Weedon dans le comté de
Northampton. Il se montra le digne émule de cette Sainte dans la pratique des vertus. Il eut à
subir plus d'une fois les mauvais traitements de l'intendant. Wereburge plaida une fois au
moins en sa faveur mais sans beaucoup de succès. Lorsque Wereburge fut devenue Abbesse,
49
Alnoth mena la vie érémitique à Stowe près de Weedon et fut assassiné par des voleurs. Des
Miracles le firent vénérer comme Martyr.
ou
Mercia était le royaume central de l'heptarchie anglo-saxonne et Weedon est généralement
considéré comme le centre géographique de l'Angleterre. Le roi Wulfere avait donné à regret
à sa fille unique Werburgh la permission pour entrer au monastère afin d'y apprendre la vie
monastique et le roi Ethelred qui succéda à son frère, pensa qu'elle serait la personne adéquate
pour surveiller les Moniales de tous les monastères dans le royaume de Mercia. Il donna à sa
nièce des terres à Weedon, Trentham et Hanbury afin d'y construire des monastères.
A Weedon, parmi les serviteurs du monastère, il y avait gardien de troupeau nommé Alnoth.
Selon Goscelin dans sa "vie de Sainte Werburgh," écrite au onzième siècle, c'était un homme
de grande piété et bien qu'il était un serf illettré, il pratiquait sa religion avec simple dévotion.
De tels hommes ont tendance à s'attirer les persécutions de la part de gens plus mondains et
un jour, Sainte Werburgh a vu son intendant battre Alnoth avec une rage violente pour
quelque défaut ou négligence présumée. Convaincue par Dieu que le gardien de troupeau était
innocent mais au lieu d'utiliser l'autorité de son origine et de sa situation, elle tomba aux pieds
de l'intendant, le suppliant à la clémence, le rendant honteux et l'amenant ainsi à un
comportement plus juste et chrétien.
Alnoth mena une vie d'Ermite dans les bois de Stowe proches de Bugbrooke et c'est là-bas
dans sa solitude qu'il fut assassiné par quelques voleurs qui infestaient la région boisée. Ils
n'auraient pas pu tuer Alnoth pour sa richesse parce qu'il n'avait rien et les gens du coin
étaient sûrs que c'était la haine de sa Foi et de sa Sainteté de vie qui avait motivé ses
meurtriers. Il a été considéré comme un Martyr et son tombeau fut un lieu de pèlerinage
durant des siècles, les visiteurs attestant des Miracles et réponses aux requêtes.
SAINT HIEROMARTYR SIMEON DE JERUSALEM (+107 OU 109)
On le dit avoir été fils de Cléophas et proche Parent du Sauveur. Ordonné Evêque de
Jérusalem après Saint Jacques, le Frère du Seigneur, il souffrit de nombreux supplices dans la
persécution de Trajan et consomma son martyre tandis que tous les assistants et le juge luimême
admiraient avec quel courage et quelle constance ce Vieillard de cent vingt ans avait
enduré le supplice de la Croix.
SAINT GALMIER (OU BALDOMER, WALDIMER, GARMIER, GERMIER, GAUMIER,
GEAUMIER, BOLDOMERUS) SERRURIER ET HYPODIACRE A LYON (+ VERS 66O)
Hypodiacre [=Sous-Diacre], Vrai Serviteur de Dieu dont le tombeau est illustré par de
nombreux Miracles (+ vers 630).
ou
Avant correction l'année prochaine :
Baldemer ou Galmier, né en France dans le pays de Fores, se retira à Lyon en sa jeunesse et y servit nteu avec beaucoup de
nète et de fidélité. R vivait pauvrement et dans une grande simplicité, toujours occupé de la prière et des antres bonnes
oeuvres, exerçant le métier de serrurier, emmenant toujours quelques pauvres avec lui do ce que lui produisait le travail dunes
unaise et leur donnant quelquefois jusqu'à ses outils quand il n'avait pas autre chenu. Le mot feesri qu'il avait continuellement à
la bouche était Toujours go-doc: à Dieu, excitant toue cens à qui il avait affaire à le répéter souvent avec lui pour demeurer
dans une perpétuelle reconnaissance à I'égau-d de nies. Il était droit, sincère, obligeant, affable, prompt k faire tuai le bien qui
dépendait de lui d'une pureté d'esprit et de corps inviulable. Il était fort appliqué à la lecture, surtout à colle de l'Ecriture Sainte
et li vivait dans une Ascèse permanente. Ce qui n'empêchait pas qu'il us fût fort gai es conversation, maie toujours fort édifiant,
fécond et très ingénieux pour porter
50
O. Astres vartastes u Wsldimsr, Garmtsr, cormier, "suantes, Gesunstur.
ebaouo à bénir Ilion ceutiuusetlement, airoitàbldmer te vice sens blesser le vicieux, eevsjat même et agréable doue ses
entretiens: eu qui parut principalement depuis qu'il se fut retiré dans un monastère.
L'Abbé Vivence qui gouvernait alors le monastère do Saint-Jsot de Lyon et qui fut depuis Evêque du cette ville, étant allé un
jour au village d'Osvae ou Auditine, faire os prière dans une église où il y avait quelque dérotioa publique, y vit outre Saint sous
nu extérieur si pauvre, maie enméuue tempe ai grave et si recuoiili qu'il ou voulut pas revenir soue le eosuottru et l'entretenir,
Il m'eut aucune peine à juger que c'était au grand serviteur du Sien et nase lui permettre de retourner à la forge, il l'emmena
avec lut silo log~a dans son monastère de Saiul-Juel afin qu'il pût vaquer avec moins do distraction à la prière et à la
méditation dut vérités divines. Saint Galnaiec u'y fat point à charge à la maison ; main il y vécut dus aumônes des personnes de
piété qui avaient connu sa Sainteté dans le monde et il se contente du ai pua de chose qu'il semblait ne recevoir ces charités
quo pour les distribuer nui pauvres. L'Evêque Gaudry, prédécesseur de Vivuace, fut si touché de l'éminence de sa vertu que,
peur procurer us nouvel ornement à sou clergé, il te Itt sous-Diacre et voulut qu'il eût port an ministère des autels. L'humilité
de notre Saint n'avait point encore eu de si rude épreuve qu'en cette occasion. Il eut recours aux larmes et aux supplications les
plus pressantes pour obliger son Evêque à le laisser au rang des talques dont il se croyait le dernier devant Dieu, comme il avait
toujours affecté de l'être aux yeux des hommes. Il ou fut écouté de poreenoe mais il prit du si justes mesures peur empêcher
qu'on ne le fit monter plut haut qu'on fut obligé de le laisser le recta de sue joure dons ton sous-diaconat où Dieu fit connaître
combien il lui était agréable par la vertu des Miracles qu'il lui communiqua et qu'il daigna lui continuer après sa mort pour
confirmer l'opinion qu'en avait eue de sa Sainteté pendant sa vie.
Ou croit communément qu'il mourut le 21 de février, jour auquel sou nom est marqué dans presque tous les martyrologes qui
font mention de lui. Mais on se convient pas précisément de l'année, quoiqu'en général on soit persuadé que ce fut vers le
milieu du vIle siècle, cuire 642 ut 660. Sua corps fut enterré dans l'église de Saint-Juet par lue soins du l'Abbé viveurs et eus
Reliques y furent toujours es très-grande vénération au peuple jusqu'à ce que, au zva5 siècte, elles furent enlevées et dissipées
avec celles de quelques autres Saints par les Huguenots. Du sorte qu'il se reste plus qu'un bras que l'on avait détaché du corps
et que l'on gardait déjà à Saint-Galmier en t.yosuaie, ville qui porte son nom et qui est à une journée de Lyon, du côté de la
Loire.
Baillet.
Saint Gelase le Comédien-Martyr à Héliopolis (Phénicie) sous Dioclétien (vers 297). Il fait
partie de la demi-douzaine de Saints mimes ou comédiens qui se convertirent soudain du
paganisme au christianisme alors qu'ils participaient à des mascarades censées tourner en
ridicule le Saint Baptême- Sts Asclépios et Jacques Ascètes en Syrie (Vème siècle) -Saint
Etienne, ancien dignitaire de la cour de l'empereur Maurice, fondateur de l'Hospice du
quartier d'Armanos à Constantinople, lequel hospice resta en fonctionnement pendant huit
siècles (vers 614). -Saint Nisios qui accomplit son martyre en étant frappé à coups de nerf de
boeuf. -Saint Timothée de Césarée-Saint Elie de Trébizonde-Saint Tite hiéromoine de la
Laure des Grottes de Kiev, modèle de charité fraternelle (vers 1190). -Saint Léandre l'Evêque
métropolitain de Séville en Andalousie qui reçut le peuple wisigoth dans l'Orthodoxie et
institua la liturgie dite mozarabe (600 ou 601).-Saint Denis et vingt-quatre autres, Martyrs en
Afrique. -Ste Honorine, vierge et martyre en Normandie ou en Île-de-France à une époque
inconnue. -Ste Pontienne, martyre à Gênes en Ligurie. -Saint Chrysogone, confesseur à Gênes
en Ligurie.-Saint Thallelaios, Ascète près de Gabala en Syrie (Vème siècle). -Saint Eucher
l'Evêque de Maëstricht en Limbourg néerlandais (VIème siècle).-Saint Comgan, Abbé en
Irlande (565). -Saint Galmier serrurier de profession, sous-Diacre et thaumaturge dans le
Lyonnais (vers 660) -Saint Alnoth, Ermite et Martyr en Angleterre (vers 700). -Saint Herefrith
l'Evêque de Lindsey en Angleterre, probablement Martyr par la main des Vikings païens (869
ou 873).-Saint Tite le Soldat, Moine de la Laure des Grottes de Kiev (Ukraine, XIVème siècle
)-Saint Pitirim l'Evêque de Tambov (Russie 1698). -Saint Elie, originaire du village des Eaux-
Froides (Krionéri) près de Trébizonde, Martyr par la main des musulmans sur le môle du port
de Trébizonde (1749).
Lecture de l’Epître
Pas de Lecture ce jour
Lecture de l’Evangile
Pas de Lecture ce jour
51
HYMNE DE LOUANGE - LE PARDON
Puisque Dieu nous pardonne, pardonnons aux hommes,
C'est comme hôtes temporaires que nous sommes sur terre.
Jeûne et prière prolongés, ne sont que vanité,
Sans le pardon et la Véritable Miséricorde.
Dieu est le Véritable Médecin; les péchés sont notre lèpre,
Celui que Dieu purifie, Dieu aussi le glorifie.
Toute Miséricorde de l'homme, Dieu la récompense par de la Miséricorde,
Il périra sans Miséricorde, celui qui rend péché pour péché,
Avec pus pour pus - plaies infectées, le pus n'est pas nettoyé,
Pas plus que la ténèbre du donjon n'est dispersée par la ténèbre,
Mais le baume pur guérit la blessure purulente,
Mais la ténèbre du donjon, la lumière la disperse.
Pour celui qui est gravement blessé, la Miséricorde est comme un baume,
Comme une torche, en elle [Miséricorde] tout le monde se réjouit.
Voici ce que dit l'ignorant : je n'ai pas besoin de Miséricorde!
Mais quand il est écrasé de misère, il crie Miséricorde!
On baigne dans la Miséricorde de Dieu,
Que la Miséricorde de Dieu nous éveille à la vie!
Puisque Dieu nous pardonne, pardonnons aux hommes,
C'est comme hôtes temporaires que nous sommes sur terre.
RÉFLEXION- A chaque fois que nous sommes hors de la Grâce de Dieu, nous sommes
hors de nous-mêmes et comparés avec notre nature pleine de Grâce, nous ne sommes pas dans
une meilleure condition que l'homme malade comparé à un homme soi-disant en bonne santé.
Il n'y a que l'homme bénit qui soit un homme naturel, c’est-à-dire un homme de nature la plus
haute, non-souillée, en qui la Grâce de Dieu règne et gouverne. Saint Siméon le Nouveau
Théologien dit : "Une lampe, même si elle est remplie d'huile et a une mèche, demeure
obscure tant qu'elle n'est pas allumée par le feu. Ainsi en est-il avec l'âme, en apparence ornée
de toutes les vertus, si elle n'a pas la flamme et la Grâce du Saint Esprit, elle reste éteinte et
obscure." (Homélie, n° 59). Comme disait aussi le Grand Apôtre : "Mais par la Grâce de
Dieu, je suis ce que je suis" (1 Corinthiens 15,10). Cependant, être sans la Grâce signifie être
séparé de Dieu et séparé de la réalité de notre propre être personnel. Notre être, notre
personnalité, confirme notre réalité et reçoit sa plénitude uniquement dans la Proximité de
Dieu et par Dieu. C'est pour cela que nous devons regarder les pécheurs comme nous
regardons les malades : comme des ombres faibles, sans réalité et sans esprit.
CONTEMPLATION- Contempler le Seigneur Jésus comme la Vigne : "Je suis la Vigne
véritable" (Saint Jean 15,1):
1. Comme la Vigne dont ont jaillit nombre de branches fructueuses dans les images des
Saints;
2. Comme la Vigne Qui avec Son Jus, Son Sang, abreuve et nourrit les branches avec Ellemême;
3. Comme la Vigne de Qui la Divine Eglise étend ses ramifications sur terre et dans les Cieux;
4. Comme la Vigne de Qui, je ne devrais pas séparer la branche de ma vie.
HOMÉLIE - Au sujet de la puissance de Celui Qui Ressuscite le corps
"Détruisez ce temple et en trois jours Je le relèverai" (Saint Jean 2,19).
Ici, Notre Seigneur parle du temple de Son Corps. Détruisez ce corps et en trois jours Je le
relèverai! Ainsi parle Celui Qui connaît Sa Puissance et Qui, en accord avec Sa Puissance,
52
accomplit Ses Paroles. Car Son Corps fut détruit, brisé, transpercé, enseveli et recouvert de
ténèbres trois jours durant. Et le troisième jour, Il le releva; relevé non seulement de la tombe
terrestre mais aussi relevé jusqu'aux Cieux. Et ainsi, Il prononça la Parole et Sa Parole devint
Vraie.
Le Seigneur donna un signe aux Juifs car ils voulaient un Signe de Lui. Et lorsqu'Il leur eut
donné ce Signe tel que personne avant Lui n'avait jamais su en donner, ils ne crurent pas en
Lui mais confus et effrayés, ils soudoyèrent les gardes du Golgotha afin qu'ils parjurent et
proclament un mensonge selon lequel ce signe miraculeux n'aurait pas eu lieu mais que Ses
Disciples auraient volé Son Corps de la tombe!
Il n'existe pas de signe quel qu'il soit qui puisse aider ceux qui ne veulent pas croire. Les Juifs,
de leurs propres yeux, furent témoins de quantités de Miracles du Christ mais ne voulurent
cependant pas croire mais préférèrent tenter de justifier leur incroyance en prétendant qu'Il
accomplissait ces Miracles "avec l'aide du prince des démons!" (Saint Matthieu 9,34).
Quiconque ne veut pas croire dans le Bien, tous les Signes que le Ciel peut donner ne
l'aideront pas. Un coeur rempli de mal est plus dur que le granit. Un esprit enténébré par le
péché, ne sait pas être illuminé par la Lumière des Cieux dont la Lumière est plus grande que
mille soleils.
Quand un homme chasse le mal hors de son coeur et sauve son esprit des ténèbres du péché
alors il voit les Innombrables Signes que Dieu donne à ceux qui veulent croire - afin de voir et
de croire.
Ô, mes frères, ne péchons pas contre la Miséricorde de Dieu et ne succombons pas au mal des
Juifs. Ô, mes frères, tous les Signes ont déjà été donnés et tous scintillent comme les étoiles
dans le Firmament Céleste pour tous ceux qui ont un bon coeur et un esprit droit.
Ô Dieu des Miracles, à Toi soit la Gloire et la Louange, à jamais. Amen.
Saint Nicolas Velimirovitch l'Evêque d'Ochrid, Serbie (+ 05 mars 1958), rescapé de Dachau puis des
persécutions communistes, auteur du Synaxaire "Prologue d'Ochrid."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire