dimanche 21 mars 2010

L'Eglise, Pentecote permanente

L'EGLISE, PENTECOTE PERMANENTE

uel est-il donc, ce Dieu-Homme, le Christ ? Qu'est-ce qui est Dieu en Lui, et qu'est-ce qui est l'homme ? A quoi pourra-t-on reconnaître Dieu dans l'homme, et à quoi reconnaîtra-t-on l'homme ? Quels dons Dieu nous a-t-il donc faits dans le Dieu-Homme et avec le Dieu-Homme ? Tout cela, c'est l'Esprit Saint qui nous l'indique : c'est bien Lui «l'Esprit de vérité» qui nous révèle la vérité au sujet de Celui-là -au sujet de Dieu en Lui et au sujet de l'homme, comme au sujet de tout ce qui a été donné par Lui. Mais qu'est-ce donc là ? Cela dépasse de loin tout ce que les yeux de l'homme ont jamais pu voir, tout ce que les oreilles de l'homme ont jamais pu entendre, tout ce que le coeur de l'homme a jamais pu pressentir1.
C'est par sa vie sur terre dans notre chair que le Dieu-Homme a fondé son corps divino-humain -l'Eglise. C'est ainsi qu'il a pu préparer ce monde humain à la descente, à la vie et à l'activité de l'Esprit Saint dans le corps de l'Eglise comme âme de ce corps. Et au jour de la Sainte Pentecôte, l'Esprit Saint a descendu dans le corps divino-humain de l'Eglise pour y demeurer à jamais en tant qu'âme toute-vivifiante de ce corps2. C'est bien en effet ce corps divino-humain de l'Eglise que constituaient déjà les Apôtres par leur foi dans le Dieu-Homme, le Seigneur Christ en tant que Sauveur du monde, Dieu parfait et homme parfait. Or cette descente, tout comme l'activité entière de l'Esprit Saint dans le corps divino-humain de l'Eglise, n'est possible que par le Dieu-Homme et à cause du Dieu-Homme3 : «C'est à cause de Lui que l'Esprit Saint est entré dans le monde4». Dans l'économie divino-humaine du salut, tout est conditionné par la Personne divino-humaine du Seigneur Christ, rien ne saurait se produire que dans cette catégorie de la divino-humanité. Il en va de même de l'activité de l'Esprit Saint : son activité tout entière dans le monde ne saurait être dissociée de l'exploit divino-humain du salut du monde accompli par le Seigneur Christ. Par tous les dons immortels de la Divinité trinitaire et de l'Esprit Saint Lui-même, la Pentecôte se borne à l'Eglise des saints Apôtres = à la Sainte Tradition apostolique = à la sainte hiérarchie apostolique = à tout ce qui est apostolique = à tout ce qui est divino-humain.
Le «jour de l'Esprit Saint5» -qui a commencé dès le jour de la Sainte Pentecôte- se prolonge sans arrêt dans l'Eglise par la plénitude indicible de tous les dons divins et de toutes les divines puissances vivifiantes6 : dans l'Eglise, rien n'existe que par l'Esprit Saint, du plus petit détail jusqu'au plus important : lorsque le prêtre bénit l'encensoir avant d'encenser, il prie le Seigneur Christ de «faire descendre la grâce de l'Esprit Saint», et lorsque l'on renouvelle cet indicible mystère divin qu'a été la sainte Pentecôte, lors de la consécration d'un évêque, pour lui conférer toute la plénitude de la grâce, alors est apportée la confirmation la plus évidente que la vie tout entière se trouve bien en l'Esprit Saint. Sans aucun doute, c'est bien par l'Esprit Saint que le Seigneur Christ se trouve dans l'Eglise : le Seigneur Christ est la tête de l'Eglise -comme l'Esprit Saint en est l'âme7. Depuis le commencement même de l'économie divino-humaine du salut, l'Esprit Saint s'est scellé Lui-même dans les fondations de l'Eglise = dans les fondations du corps du Christ, en accomplissant l'Incarnation : l'Esprit Saint qui a créé de la Vierge l'Incarnation du Verbe (toû Logou ktisan tèn sarkosin)8.
En réalité, chacun des saints Mystères comme chacune des saintes vertus est bien un «jour de l'Esprit Saint» en petit : par ces Mystères comme par ces vertus, c'est l'Esprit Saint qui descend vers nous, en nous. Et il y descend substantiellement (ousiodôs)9, -c'est-à-dire véritablement et réellement par toutes ses énergies divines et substantielles, Lui qui est «le trésor de la Divinité», Lui, «la haute mer de la grâce», Lui, «la grâce et la vie de toute chose».
Elle reste éternelle cette Bonne Annonce du Nouveau Testament, que par l'Esprit Saint le Seigneur demeure en nous, comme nous en Lui. En témoigne la présence même de l'Esprit Saint en nous : par l'Esprit Saint, nous vivons dans l'Esprit Saint de même que l'Esprit Saint vit en nous -cela nous le savons selon l'Esprit Saint qu'il nous a donné ; par l'Esprit Saint notre esprit est rendu capable de la véritable et de l'authentique connaissance du Christ : ce qui est en Dieu, ce qui est dans le Dieu-Homme, nous le savons par l'Esprit qui nous est donné10.
Pour la connaissance du Dieu-Homme, le Christ, l'Un de la Sainte Trinité divine, l'aide des deux autres saintes Personnes nous est nécessaire, c'est-à-dire l'aide de Dieu le Père et celle de l'Esprit Saint11. L'Esprit Saint est l'Esprit de sagesse12 : s'il le reçoit, l'homme s'emplit de sagesse divine ; l'Esprit Saint est aussi l'Esprit de révélation13 : par la sagesse divine, c'est Lui qui révèle au coeur du croyant et qui lui montre le mystère du Dieu-Homme Jésus, afin que celui qui porte l'Esprit (le pneumatophore) puisse parvenir à la véritable connaissance du Christ. Nul esprit humain, par aucune sorte d'efforts, n'est en état de connaître le mystère du Christ dans toute sa perfection et dans sa plénitude divine et salutaire : c'est seulement et uniquement l'Esprit Saint qui peut le révéler à l'esprit humain, et voilà pourquoi on l'appelle «l'Esprit de révélation14». C'est parce que son esprit était ainsi illuminé que l'Apôtre put annoncer cette Bonne Nouvelle : «Personne ne peut appeler Jésus Christ "Seigneur", si ce n'est dans l'Esprit Saint15». En tant qu'«Esprit de vérité» et en tant qu'«Esprit de révélation», c'est bien l'Esprit Saint qui nous initie à chacune des vérités sur la Personne divino-humaine du Christ et sur son économie divino-humaine du salut ; c'est Lui qui vient vous enseigner tout ce qui vient du Christ16. Pour la même raison encore on appelle «Révélation» l'Evangile tout entier du Christ, avec toutes ses réalités divino-humaines, et pour cette même raison enfin toute action sacrée dans l'Eglise, toute oeuvre, tout service, tout mystère, tout acte, rien ne peut se faire que par l'invocation, par l'«épiclèse» de la puissance et de la grâce de l'Esprit Saint.
En bref : dans toutes ses innombrables réalités et manifestations divino-humaines, la vie de l'Eglise toute entière est menée et dirigée par l'Esprit Saint, qui est l'Esprit du Dieu-Homme, Jésus-Christ17. Voilà aussi pourquoi il est dit, dans le saint Evangile, que celui qui n'a pas l'Esprit de Dieu, n'est pas de Lui18. Plongeant chérubiquement dans le mystère divino-humain de l'Eglise comme dans le tout-aimable mystère-total de Dieu, saint Basile le Grand peut proclamer cette Bonne Nouvelle si totalement véridique : «l'Esprit Saint édifie l'Eglise de Dieu (To Pneûma to Hagion architektoneî Ekklesian Theoû)19».
La sainte Pentecôte a complété l'Incarnation de Dieu : lors de sa première descente, l'Esprit Saint avait accompli dans la sainte Vierge l'Incarnation de Dieu le Verbe, et c'est alors que Dieu le Verbe est devenu en son corps le Dieu-Homme pour le demeurer à jamais ; lors de sa seconde descente, à la Pentecôte, l'Esprit Saint descend sur la chair du Dieu-Homme pour demeurer en son corps, qui est l'Eglise. Entre ces deux événements se déroule toute l'économie du salut, une et indivisible : l'Esprit Saint descend sur le corps tout entier de l'Eglise, afin de demeurer tout entier présent dans ce corps tout entier comme dans la vie tout entière de l'Eglise. De même que dans le corps de l'homme rien n'existe sans l'âme qui s'y trouve, de même rien ne saurait exister dans le corps de l'Eglise sans l'Esprit Saint qui est l'âme de l'Eglise -et il en sera ainsi tout au long des siècles comme tout au long de l'éternité. En réalité, l'Eglise est en permanence le «jour de l'Esprit Saint» : l'Esprit Saint est constamment présent en elle en tant que force vivifiante immortelle, et c'est Lui qui descend continuellement sur les chrétiens : il descend par chaque saint Mystère et par chaque sainte vertu ; il descend par chaque Mystère divin, par chaque Kyrie eleison, comme par chaque soupir de nostalgie du Christ.
Le «jour de l'Esprit Saint» est bien le jour anniversaire de l'Eglise ; par là même, il est aussi le jour anniversaire de chaque chrétien. Qu'est-ce en effet qu'un chrétien ? C'est un homme qui possède l'Esprit Saint : «Celui qui possède l'Esprit Saint est de Lui20». C'est par l'Esprit Saint que le Christ est donné et reconnu ; et puisque le Dieu-Homme, le Christ, est l'Eglise, il n'est pas de chrétien hors de l'Eglise, ni sans l'Eglise -et il n'en est donc pas non plus hors de l'Esprit Saint, ni sans l'Esprit Saint. Le mystère des mystères -le mystère de la Sainte Trinité- se trouve tout entier dans l'Eglise ; en elle tout vient du Père, dans le Fils et par l'Esprit Saint. C'est le Royaume du Père, et du Fils, et de l'Esprit Saint, c'est le règne du Père, par le Fils, et dans l'Esprit Saint.
Le «jour du Sauveur21» nous révélait divinement et de la manière la plus parfaite tout le mystère même, tout le sens même et tout le but de la chair humaine, qui est de vivre en le Dieu-Homme, à la droite de la Divinité trinitaire ; le jour de la Sainte Pentecôte nous révèle aussi tout le mystère même, tout le sens même et tout le but même de l'esprit humain : c'est de se sanctifier, de se parfaire, de s'accomplir, de se divino-humaniser ; c'est d'acquérir l'esprit du Christ. Nous avons l'esprit du Christ22. Elle est réellement immortelle cette bonne nouvelle qui nous a été annoncée au jour de la Pentecôte, que dans le corps divino-humain de l'Eglise, l'esprit humain est appelé à se transfigurer en esprit divin, l'intellect humain en intellect divin, l'âme humaine en âme divine, la conscience humaine en conscience divine, la volonté humaine en volonté divine. Sans l'Esprit Saint, l'intellect de l'homme n'est plus que maladie, mort et enfer, et il en est de même de l'âme, de la conscience et de la volonté de l'homme. En un mot : si l'homme ne se parfait pas, s'il ne s'accomplit pas lui-même par Dieu -par l'Esprit Saint,- il n'est plus lui-même tout entier qu'enfer.
Dans le service divin du «jour de l'Esprit Saint», la sainte Pentecôte est appelée «la fête accomplie». Pourquoi une telle expression ? Parce que c'est à la Sainte Pentecôte que s'accomplit la Révélation : c'est l'économie divino-humaine du salut qui s'accomplit, c'est la Vérité éternelle, la Justice éternelle, avec la Vie éternelle. Ce qui nous est ici montré, c'est bien la Bonne Nouvelle divino-humaine dans sa totalité : ici la Sainte Trinité est tout et tous, car la transfiguration, la christification, la divino-humanisation, la divinisation, la trinitarisation, viennent du Père, par le Fils, dans l'Esprit Saint. - Et où en fut le commencement ? C'était à Noël, dans la crèche... un bébé qui s'enfuit en Egypte... Quel chemin parcouru de Bethléem à l'Ascension, et jusqu'au jour de l'Esprit ! L'Enfant Jésus nous a donné la Trinité tout entière -et avec elle tout et toute chose. Dans son indicible amour de l'homme il s'est livré Lui-même en tant qu'Eglise, en tant que son corps divino-humain, et par Lui et en Lui, c'est toute la Sainte Trinité qu'Il nous a donnée. C'est pour cela qu'après les huit articles du Symbole de la foi qui nous disent toute la vérité divine en ce qui concerne le Seigneur Christ et la Sainte Trinité, vient le neuvième article qui nous annonce la Bonne Nouvelle de la vie immortelle dans l'Eglise. «La fête accomplie» : oui, c'est bien ici que nous sont expliquées toutes les fêtes, avec tout ce que nous avons revécu de la vie du Sauveur : Noël, la Théophanie, l'Annonciation, la Transfiguration, la Passion, la Résurrection et l'Ascension. Pourquoi donc tout cela ? C'était pour la fondation de l'Eglise, c'était pour qu'en elle nous vint le salut du monde, par sa christification, par sa divino-humanisation, sa spiritualisation, sa divinisation, sa trinitarisation.
Le Dieu-Homme, le Seigneur Christ, nous a ouvert par Lui-même en tant qu'Eglise, la voie qui peut nous mener à la Vérité éternelle et à la Vie éternelle : c'est la Vie dans la Sainte Trinité. Or cette vie dans la Sainte Trinité n'est rien d'autre que l'exploit de notre trinitarisation par la grâce et les vertus : c'est avec l'aide des saints Mystères et des saintes vertus que l'on peut vivre par le Dieu-Homme, le Seigneur Christ, et par Lui dans le Père et dans l'Esprit Saint, ainsi qu'avec tous les membres du corps divino-humain de l'Eglise, comme le disait le Sauveur : Je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous23. De plus, l'amour divino-humain est bien cette grande force qui est capable de réaliser la trinitarisation : c'est cet amour qui fait résider dans les membres de l'Eglise tout d'abord le Seigneur Christ24 ; et à cause de Lui et avec Lui, Dieu le Père et Dieu l'Esprit Saint25 -et toute la vie vient ainsi du Père, par le Fils, dans l'Esprit Saint.
En même temps que l'exploit de la trinitarisation se déroulent simultanément l'exploit de la christification et celui de la spiritualisation. Par ce triple exploit, l'homme acquiert la vertu totale, il accomplit les commandements du Sauveur. Or ces commandements sont les vertus : ce sont la foi, l'espérance, la prière, le jeûne, l'humilité, la bienveillance, la bonté26... En tout cela, notre Maître suprême est bien l'Esprit Saint ; c'est Lui qui, à cause du Seigneur Christ et pour le Seigneur Christ, nous initie à «tout» ce qu'est l'Eglise, et Dieu en elle, et l'homme en elle. Dans l'Eglise en effet, tout se ramène au Dieu-Homme ; en elle, tout vient de Lui, tout vient de son incomparable amour de l'homme. En elle il est l'Alpha et l'Oméga. (...)
Si le Seigneur Christ est devenu Eglise, c'était afin de pouvoir donner à tous ceux qui sont venus s'incorporer dans l'Eglise la vie éternelle par l'Esprit Saint, et à travers Lui par la Sainte Trinité tout entière -car la vie éternelle est aussi la connaissance de la Sainte Trinité, c'est un vécu dans la Sainte Trinité27. Par l'Eglise=le Dieu-Homme, tout ce qui est de Dieu devient de l'homme, et tout ce qui est de l'homme devient de Dieu. C'est cela la Bonne Nouvelle que proclame le Seigneur Jésus par ces paroles qu'il adresse à son Père des cieux : Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi28. Tout ce qui est humain peut ainsi se diviniser dans le corps divino-humain de l'Eglise de Dieu pour devenir saint «en recevant l'Esprit Saint29» qui est tout entier dans l'Eglise à cause du Dieu-Homme.
Tout entier présent dans l'Eglise comme âme de ce corps divino-humain, l'Esprit Saint agit sans cesse en elle : c'est Lui qui porte témoignage au sujet du Seigneur Christ comme Sauveur et comme salut30, c'est Lui qui guide vers chaque vérité31, pour initier à tout ce qui vient du Christ32 ; c'est aussi Lui qui unit substantiellement tous les membres de l'Eglise en une unité divino-humaine33, qui parle par la bouche des saints Apôtres et des vrais fidèles34 ; c'est Lui encore qui accomplit tous les miracles35 et qui opère les saints Mystères et les saintes vertus. Preuve en est l'Evangile tout entier du Seigneur Christ = le Nouveau Testament tout entier avec la Tradition apostolique orthodoxe tout entière.
Si l'Esprit Saint possède une biographie terrestre, une histoire terrestre, ce sont bien les «Actes des Apôtres», car ces Actes représentent aussi la première histoire de l'Eglise, telle qu'elle a été fondée, réalisée, conduite et dirigée par l'Esprit Saint. C'est là qu'il est montré comment l'esprit humain peut se familiariser avec l'Esprit Saint, comment il peut l'assimiler et collaborer avec Lui, et comment il peut s'élever jusqu'aux sommets divino-humains par l'Esprit Saint, à travers les saints Mystères et les saintes vertus. Du reste, la règle de vie divino-humaine fondamentale est bien : Il a paru bon à l'Esprit Saint et à nous36. Nous les hommes, toujours à la seconde place, Dieu toujours à la première ; c'est là la règle absolument inéluctable de tout ce qui est du Dieu-Homme, et en premier lieu de son Corps divino-humain -l'Eglise ; Dieu d'abord, puis l'homme. Toujours en ce sens, jamais l'inverse ; jamais : moi, puis Dieu -c'est là le mot d'ordre de tout démonisme et de tout humanisme myope.
A tout point de vue, les Actes des Apôtres sont donc bien des Actes divino-humains : ce sont les actes que produit le Seigneur Christ en l'homme, comme ce sont les actes de l'homme par l'Esprit Saint. Ici tout est créé humainement et tout est divinement élevé. Ce qui s'accomplit au jour de l'Esprit Saint est le baptême de l'Eglise par l'Esprit Saint : le baptême conféré au nom du Père, et du Fils, et de l'Esprit Saint. Aussi est-ce dans l'Eglise que peut s'ouvrir la voie de la trinitarisation pour chacun des êtres humains, une voie où tout vient du Père, par le Fils, dans l'Esprit Saint. Cette voie de la trinitarisation est en réalité la voie de la divinisation, la voie de la divino-humanisation. Ici se réalise la Bonne Nouvelle que nous annonce l'apôtre Pierre le Théophore : dans l'Eglise nous sont données toutes les puissances divines nécessaires pour la vie éternelle et la piété, et c'est avec leur aide que nous avons part à la nature divine (theias koinonoi physeos)37.
Les «Actes des Apôtres» nous montrent et nous prouvent cette divine vérité selon laquelle la vie dans l'Eglise est une vie dans l'Esprit Saint et par l'Esprit Saint, une vie dans tous les dogmes évangéliques, et avant tout dans le dogme de la résurrection du Christ. Les chrétiens sont chrétiens en ce qu'ils vivent le dogme de la résurrection de son sommet jusqu'en son plus profond -et cela par la grâce de l'Esprit Saint et par la résolution qu'ils mettent à exercer les vertus. La vie évangélique, la vie apostolique, n'est rien d'autre qu'un vécu et qu'un parcours des saints dogmes, des saintes vérités évangéliques. Ce sont encore les «Actes des Apôtres» qui nous fournissent le manuel utile pour mener une telle vie. Sous nos yeux s'accomplit dans l'Eglise la transfiguration par l'Esprit Saint, la transfiguration divino-humaine des êtres humains -à commencer par les Apôtres. Au témoignage de saint Jean Chrysostome, lorsque les saints Apôtres ont reçu l'Esprit Saint au jour de la Sainte Pentecôte, ils devinrent tout-à-fait différents des autres hommes : «Chaque vertu parfaite est venue régner en eux38».
Au jour de l'Esprit Saint, les Apôtres furent remplis de l'Esprit Saint39 pour toujours ; pour toute l'éternité, ils devinrent la source intarissable de la grâce de l'Esprit Saint dans l'Eglise à travers tous les siècles et tout au long de l'éternité40. De là vient l'exclusivité [exaireton] de ce droit qui revient aux Apôtres : le droit de transmettre, de donner l'Esprit Saint à autrui [Pneûma didonai hetérois]41. Au «jour de l'Esprit Saint», l'Eglise s'emplit de toutes les divines «forces d'en haut42», ces forces qui lui permettent d'accomplir les miracles les plus variés, de vaincre divers péchés, de tuer toute sorte de mort, de désarmer les diables, de faire tout ce qui incombe aux hommes pour leur salut, pour leur sanctification, pour leur transfiguration, pour leur christification, pour leur divino-humanisation, pour leur divinisation, pour leur trinitarisation. Que les Apôtres soient bien pour l'Eglise des messagers de la Bonne Nouvelle, de l'Evangile du Christ, le témoignage nous en est fourni par ces langues comme de feu qui se sont montrées, se répartissant sur chacun d'entre eux43. Il est bien dit «des langues comme de feu», afin que l'on n'aille point supposer que l'Esprit soit quelque chose de matériel44. La grâce que l'Eglise a reçue est une seule et la même à la Pentecôte et aujourd'hui45. En réalité, l'Eglise est bien une Pentecôte continuelle, un incessant «jour de l'Esprit Saint46».

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