jeudi 9 février 2012

Vie de Saint Andréï Roublev et autres Vies de Saints.

29 janvier – 11 février 2012
Cycle mobile (Pascalion): Samedi de la Trente-Quatrième Semaine
Lecture de l’Epître
1Tim VI : 11-16
6.11 Pour toi, homme de Dieu, fuis ces choses, et recherche la justice, la piété, la foi, la charité,
la patience, la douceur. 6.12 Combats le bon combat de la foi, saisis la vie éternelle, à laquelle
tu as été appelé, et pour laquelle tu as fait une belle confession en présence d'un grand nombre
de témoins.
6.13 Je te recommande, devant Dieu qui donne la vie à toutes choses, et devant Jésus Christ,
qui fit une belle confession devant Ponce Pilate, de garder le commandement, 6.14 et de vivre
sans tache, sans reproche, jusqu'à l'apparition de notre Seigneur Jésus Christ, 6.15 que
manifestera en son temps le bienheureux et seul souverain, le roi des rois, et le Seigneur des
seigneurs, 6.16 qui seul possède l'immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul
homme n'a vu ni ne peut voir, à qui appartiennent l'honneur et la puissance éternelle. Amen!
Lecture de l’Evangile
Luc XX : 46-XXI : 4
20.46 Gardez-vous des scribes, qui aiment à se promener en robes longues, et à être salués dans
les places publiques; qui recherchent les premiers sièges dans les synagogues, et les premières
places dans les festins; 20.47 qui dévorent les maisons des veuves, et qui font pour l'apparence
de longues prières. Ils seront jugés plus sévèrement.
21.1 Jésus, ayant levé les yeux, vit les riches qui mettaient leurs offrandes dans le tronc. 21.2 Il
vit aussi une pauvre veuve, qui y mettait deux petites pièces. 21.3 Et il dit:Je vous le dis en
vérité, cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres; 21.4 car c'est de leur superflu que tous
ceux-là ont mis des offrandes dans le tronc, mais elle a mis de son nécessaire, tout ce qu'elle
avait pour vivre.
Cycle fixe : Commémorations
SAINT EVÊQUE IGNACE DE SMOLENSK, THAUMATURGE (+1210)
Sainted Ignatii, Bishop of Smolensk and Wonderworker (+ c. 1210): By some accounts, Saint
Ignatii was the first bishop of Smolensk. He was a friend of the Monk Avraamii (Abraham)
(Comm. 21 August), whom he ordained to the priesthood. Bishop Ignatii was a kindly and
pious elder, heading the trial instigated by the enemies of Saint Avraamii, at which the monk
was acquitted. Saint Ignatii founded a monastery in honour of the Placing of the Robe of the
Mother of God. To him likewise is ascribed the construction of the most ancient Avraamiev
monastery in which he, in resigning as bishop, spent the remainder of his days. During the
death of Saint Ignatii there occurred a Miracle: "A great light came down from heaven upon
him, wherein fear befell all." The relics of the Saint rest in the Smolensk cathedral church.
SAINT VALÈRE, 2ÈME ÉPISCOPE DE TRÈVES, DISCIPLE DU SAINT APÔTRE
PIERRE (+ FIN 1°.S.)
Vita des Saints Eucharius, Valerius et Maternus, par Goldscher, Moine du Monastère Saint-
Matthias de Trèves, tiré de plusieurs anciens manuscrits et codices : MS 'Monasteriorum s.
Martini Trevirensis', 'S. Laurentii Leodii', 'Marchianensis', 'Rubeae-Vallis in Sonia Silva',
'Accincti in Burgundia'.
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SAINT HIÉROMARTYR VALÈRE, L'EVÊQUE DE SARAGOSSE (+ 315) 28- 29 janvier
Il fut condamné à la déportation en Aragon, ce dont il dut rendre l'âme à Notre Seigneur dix
ans plus tard, Martyr de la Foi.
20 décembre – 29 janvier (translation)
SAINT HIEROMARTYR IGNACE LE THÉOPHORE L'EVEQUE D'ANTIOCHE (+107)
La fête principale de Saint Ignace est célébrée en hiver le 20 décembre. Le 29 janvier, on
commémore la Translation de ses Précieuses Reliques de Rome où il souffrit le martyre, vers
Antioche où il avait été Evêque auparavant. Lorsque Saint Ignace fut convoqué à Rome pour
rendre compte de sa Foi devant l'empereur Trajan, il fut accompagné dans ce long voyage par
plusieurs citoyens d'Antioche qui étaient motivés par leur Grand Amour envers leur
merveilleux Archipasteur. Puisqu'il avait l'intention de ne jamais renier sa Foi en Christ, ce
Saint de Dieu qui exécrait toute adulation et promesse de l'empereur Trajan, fut condamné à
mort et jeté dans le cirque Maximus face aux bêtes sauvages. Ces bêtes le déchirèrent et il
rendit son âme à Dieu. Ses compagnons rassemblèrent ses ossements restants et les
emportèrent à Antioche où ils furent ensevelis avec les honneurs. Mais lorsque les Perses
s'emparèrent d'Antioche au sixième siècle, les Vénérables Reliques de Saint Ignace furent à
nouveau translatées d'Antioche à Rome.
ou
Disciple des Apôtres, Père des Evêques, combattant audacieux qui s'est élancé au premier
rang de la cohorte des Martyrs victorieux, Saint Ignace a remporté une triple Couronne et
brille maintenant d'un éclat flamboyant au firmament des Amis de Dieu. Conformément à son
nom de feu [ignis en latin = feu], l'Amour du Christ brûlait à tel point en son coeur qu'il fut
surnommé le Théophore : le Porteur-de-Dieu,* terme qu'il n'hésitait pas à s'appliquer luimême
d'ailleurs, sans vantardise car tous les Chrétiens, depuis leur Baptême, sont devenus
Christophores [ = Porteurs du Christ] et ont été revêtus de l'Esprit-Saint [ = Hagiophores,
pneumatophores, disent encore les Saints Pères].
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* Une tradition rapporte que les lions ne dévorèrent pas le coeur de Saint Ignace et qu'après son exécution, on y
vit inscrit en lettres d'or le nom de "Théophore." Selon d'autres, prenant ce terme au sens passif de "porté par
Dieu," Saint Ignace aurait été le jeune enfant que le Christ prit dans ses bras en disant : "Quiconque accueille
un petit enfant tel que lui à cause de mon nom, c'est moi qu'il accueille" (Mat. 18:5).
Dans sa jeunesse, Ignace avait connu les Saints Apôtres et avait été initié aux mystères plus
profonds de la Foi par Saint Jean l'Evangéliste, en compagnie de Saint Polycarpe.* Il succéda
ensuite à Evodus comme second Evêque d’Antioche la capitale de la Syrie et la ville la plus
importante de tout l'Orient et dont le siège épiscopal avait été fondé par le Saint Apôtre Pierre.
Pendant la persécution de Domitien (81-96), Saint Ignace encouragea de nombreux
Confesseurs à mépriser les tourments et les épreuves de quelques instants pour gagner la Vie
Eternelle. Il les visitait dans leur prison, les réconfortait et leur communiquait l'empressement
qu'il éprouvait lui-même pour être définitivement uni au Christ dans l'imitation de Sa mort
dans la chair. Mais il ne fut pas alors arrêté et lorsque les poursuites furent interrompues,
l'Intrépide Evêque resta affligé de ne pas avoir été appelé par Dieu pour devenir un vrai
disciple consommé dans la perfection.
* Commémoré le 23 février.
Pendant les années de paix qui suivirent, les Saints Apôtres ayant désormais disparu, l'Evêque
d'Antioche s'employa à donner à l'Eglise les fondements de son organisation et à montrer
comment la Grâce descendue sur les Apôtres le jour de la Pentecôte, demeure et se prolonge
dans le ministère épiscopal. D'Antioche la Grande, sa voix autorisée se faisait entendre dans
toutes les Eglises (alors petites communautés locales) pour les exhorter à rester dans l'unité et
la charité autour de l'Evêque, image terrestre du seul Evêque Véritable et Grand-Prêtre :
Jésus-Christ. Unis dans la Foi inébranlable dans le Sauveur crucifié et ressuscité et par la
concorde qui vient de la charité et de leur commune espérance, les fidèles doivent se réunir
autour de leur Evêque et du collège des Prêtres et des Diacres aussi souvent qu'ils le peuvent
et particulièrement le dimanche qui est le Jour du Seigneur pour célébrer ensemble la Sainte
Eucharistie "rompant le même pain qui est remède d'immortalité et antidote pour ne pas
mourir mais pour vivre pour toujours en Jésus-Christ" (Lettre aux Ephésiens 18). Là où est
l'Evêque, disait-il encore, là est Jésus-Christ, là est l'Eglise catholique [comprendre
universelle : pas romaine papiste], l'assurance de la Vie Eternelle, le gage de la communion
avec Dieu. C'est pourquoi il n'y a qu'une seule assemblée eucharistique légitime : celle qui est
accomplie par l'Eglise dans l'unité de la Foi autour de l'Evêque ou de son représentant (cfr.
Lettre aux Smyrniens 8:2). Et une fois la Synaxe terminée, les Chrétiens se doivent de
manifester dans leur vie et dans leur conduite, ensemble et vis-à-vis du monde extérieur
comme dans leurs sentiments et leurs pensées le même accord harmonieux que les cordes bien
ajustées d'une lyre, de manière à chanter "d'une seule voix par Jésus-Christ un hymne de
louange au Père" (Ephes.4). "Soyez unis à l'Evêque," recommande-t-il aux Ephésiens comme
l'Eglise l'est à Jésus-Christ et Jésus-Christ au Père afin que toutes choses soient en accord
dans l'unité (idem 5). Outre la haine et les querelles il les engage à fuir les divisions de toutes
sortes, "comme les principes de tous les maux" (Smyrn. 7). Affermis ainsi dans la concorde et
l'amour mutuel, la Vérité demeurera en eux et l'Eglise, telle une Citadelle Céleste, restera pure
et inaccessible à la contamination de l'hérésie. A la suite de Saint Paul, Saint Ignace énonçait
ainsi les principes inchangés et inaltérables sur la nature de l'Eglise, l'institution de l'Evêque,
le rôle de l'Assemblée Eucharistique, les rapports entre l'Eglise locale et l'Eglise universelle,
toutes choses qui font dire de la Sainte Eglise : "Toute la gloire de la fille du Roi vient du
dedans. Elle est ornée de franges d'or, parée de couleurs variées" (Ps. 44:15).
Trajan étant monté sur le trône (98), il laissa tout d'abord les Chrétiens en paix, trop occupé
qu'il était à mener la guerre contre les barbares. Mais à la suite de ses victoires sur les Scythes
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et les Daces, il décida de soumettre tous les sujets de l'empire au culte des idoles et de
l'empereur, sous peine de mort. Vers l'an 113, il partit en campagne en direction de l'Arménie
et de la Parthie et en chemin, il fit halte quelque temps dans la brillante Antioche, déclenchant
à cette occasion une persécution locale contre les Chrétiens en vue. Sentant que le moment
tant attendu était enfin arrivé, Saint Ignace se présenta alors de lui-même devant l'empereur et
répondit hardiment à ses questions. Il confessa le Dieu. Créateur et Ami des hommes et Son
Fils Unique Jésus Christ et ne craignit pas de se moquer de la superstition de ce puissant
souverain qui faisait invoquer des êtres vains et illusoires pour protéger ses armées. Irrité,
Trajan lui demanda : -"Tu es donc Disciple du Crucifié sous Ponce Pilate?" -"Je suis le
Disciple de Celui Qui a cloué mon péché sur la Croix et a piétiné le diable et ses intrigues"
répliqua le Saint. –"Pourquoi t'appelle-t-on Théophore?" –"Parce que je porte en moi le Christ
Vivant!" -"Que celui qui porte le Crucifié soit donc mené à Rome chargé de chaînes pour être
livré en pâture aux lions pour le divertissement du peuple," ordonna l'empereur. Rempli de
joie, le Serviteur de Dieu baisa avec chaleur les lourdes chaînes dont on le chargeait en les
appelant "mes très précieuses perles spirituelles," liens tant désirés qui lui procureront la Vie
en Christ, à l'exemple de Saint Paul et de tant d'autres Glorieux Martyrs. Puis, ayant dit adieu
à son Eglise en exhortant ses fils à changer leurs larmes en Cantiques d'allégresse, il partit à
pied en compagnie d'autres prisonniers et escorté par une escouade de dix soldats cruels et
implacables, véritables "léopards" dit-il qui l'accablaient de mauvais traitements avec pour
seul résultat d'ajouter à sa joie et à son empressement.
Partis à Antioche, ils parvinrent au prix de grandes peines, tantôt par mer tantôt à pied jusqu'à
Smyrne où Ignace fut accueilli avec grande émotion par son condisciple l'Evêque de la ville
Saint Polycarpe. Il reçut là aussi des envoyés des villes proches : les Evêques Onésime
d'Ephèse, Démas de Magnésie et Polybes de Tralles. Tout en leur communiquant ses ultimes
enseignements et en les exhortant à imiter la Douceur et l'Humilité de Notre Seigneur Jésus-
Christ dans les persécutions, devant les injures et les moqueries des païens, il leur insuffla sa
joie et son désir de trouver au plus vite la perfection du martyre si bien qu'ils ne lui firent pas
leurs adieux comme à un condamné à mort mais ils le saluèrent comme un Athlète déjà
triomphant et comme un voyageur en partance vers le Ciel. De là, Saint Ignace adressa
d'admirables lettres aux Chrétiens des Eglises d'Asie Mineure pour les confirmer dans la Foi
pour les engager à se garder des hérésies en restant unis autour de l'Evêque et du collège des
Prêtres en une seule Assemblée Eucharistique et pour leur communiquer son brûlant
enthousiasme. Ayant appris que les fidèles de Rome voulaient tenter de le délivrer au moment
de son exécution, il leur adressa une lettre pour refréner leur zèle inopportun et les supplier de
ne pas intervenir. "C'est maintenant que je commence à être un disciple …/… Mon désir
terrestre a été crucifié et il n'y a plus en moi de feu pour aimer la matière mais une eau vive
qui murmure et dit au-dedans de moi : "Viens vers le Père" (Lettres aux Romains 7). L'Amour
du Christ bouillonnait à tel point en lui qu'il lui inspira alors ces paroles de feu: "Pardonnezmoi,
frères; ne m'empêchez pas de vivre, ne veuillez pas que je meure. Permettez-moi d'être
un imitateur de la passion de mon Dieu …/… Laissez-moi être la pâture des bêtes, par
lesquelles il me sera possible de trouver Dieu. Je suis le Froment de Dieu et je serai moulu par
la dent des bêtes pour être trouvé un pur pain du Christ" (idem 6 et 4). Devenir, à l'image du
Christ, Vrai Pain Eucharistique, célébrer par lui-même la Véritable et Parfaite Liturgie, tel
était le seul désir du Saint Hiérarque.
Le cortège s'arrêta ensuite à Troades où Ignace apprit avec joie que la persécution avait cessé
à Antioche. Il écrivit alors aux Eglises d'envoyer des représentants pour se réjouir avec ses
Enfants Spirituels et confia à Polycarpe le soin de son Eglise.
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Ayant atteint Rome après de longues et pénibles étapes, il fut accueilli par les fidèles de la
capitale dans une ambiance où les larmes de tristesse et d'angoisse se mêlaient à la joie de
recevoir cet astre venu d'Orient qui avait parcouru le monde pour venir se coucher à
l'Occident. Lorsqu'arriva le moment de l'exécution, Saint Ignace entra dans l'arène comme s'il
s'avançait vers le Saint Autel pour célébrer son ultime Liturgie devant ses fidèles mêlés aux
païens sur les gradins. Désormais pleinement Evêque et Disciple du Grand-Prêtre de Notre
Salut Jésus-Christ à la fois Prêtre et victime, il s'offrit avec complaisance aux lions voraces
qui se précipitèrent sur lui et le dévorèrent en quelques instants, ne laissant, selon son désir
que ses plus gros ossements. Ces Précieux Restes furent récupérés avec dévotion par les
fidèles et furent ramenés en grande pompe vers Antioche, salués sur leur passage par les
Chrétiens comme si le Pasteur rentrait vivant et triomphant à son bercail.*
* La Translation des Précieuses Reliques Saint Ignace est célébré le 29 janvier.
On aura remarqué à quel point Saint Ignace ne conçoit de paix que dans le Christ, Sa Justice
et Son Amour. Récapitulant ainsi le dogme chrétien, il n'est pas exagéré de considérer le Saint
Mégalomartyr Ignace comme le chantre de la Vérité de Dieu : l'Amour selon Ses
Commandements et non selon les accommodements de l'époque que sont, par exemple, le
sergianisme ou l'oecuménisme. Fidèle en cela à la longue lignée des Justes de Dieu tels
Melchisédek, il confessa pour le plus grand bien de notre âme qu'il n'y a point de Salut hors
de la Paix et de la Justice du Créateur qui sont les biens suprêmes que l'on n'obtient qu'en
suivant Ses Commandements et non selon ses fantaisies propres.
Saint Ignace est donc une des chevilles ouvrières capitales dans le développement du dogme
chrétien. Ces épîtres sont splendides, surtout quand on les lit sans les commentaires qui
accompagnent leurs traductions et qui trop souvent tentent d'en altérer le sens, quand le
Mégalomartyr démontre les problèmes théologiques de l'Eglise du traducteur moderne et sa
non-conformité avec la Foi apostolique.
Voir en ligne : http://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/5524/TM.htm#
Armez-vous de quelques minutes de patience : la table des matières indique le nom du Saint
mais les "lettres" sont de lui aussi. Une fois chaque lien ouvert, jouez du curseur de la fenêtre
ET de celui de votre écran.
Ses épîtres : http://www.orthodoxievco.net/ecrits/peres/apo/ign.htm
SAINT APHRAATES LE PERSE, ERMITE D'ANTIOCHE (+370)
29 janvier (Orientaux) – 7 avril (Occidentaux)
Confesseur et fils de persans convertis, il affermit beaucoup de Chrétiens dans la Foi et en la
Divinité du Verbe. Il avait établi son ermitage d'abord près d'Edesse en Mésopotamie puis sur
les bords de l'Oronte à Antioche. Son austérité et ses dons prophétiques imposèrent le respect
aux représentants de l'empereur, ce pourquoi il ne fut jamais persécuté.
ou
Saint Aphraate était originaire d'une famille aristocratique et païenne de la lointaine Perse.
Saisi par l'Amour du Christ, il décida d'abandonner ce pays aux moeurs païennes et se rendit à
Edesse où après avoir été baptisé il s'enferma dans une étroite cellule légèrement en dehors de
l'enceinte. Il partit ensuite pour Antioche alors violemment agitée par l'hérésie arienne et il
s'installa à peu de distance de la cité, ne recevant jusqu'à sa vieillesse qu'un peu de pain pour
toute nourriture. Bien qu'il ne sût que fort peu de grec et que sa langue fût à demi-barbare,
inspiré par la Grâce du Saint Esprit, il confondait les raisonnements humains des ennemis de
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la Foi et attirait un grand nombre d'âmes sincères à la Connaissance du Christ. Voyant que les
Evêques et les Pasteurs orthodoxes avaient été exilés sur ordre de l'empereur Valens (vers
372) et que le Troupeau du Christ restait sans protection, pris de compassion, il quitta sa
solitude et entra en ville pour soutenir la Vraie Foi.
Un jour, l'empereur le rencontra sur la place publique et lui demanda pourquoi lui l'Ascète
renommé avait abandonné son Désert. Le Saint répondit : "Dis-moi, Majesté, si j'étais une
Vierge retirée dans une chambre et que je visse quelqu'un mettre le feu à la maison de mon
père, ne me conseillerais-tu pas d'aller au plus vite éteindre l'incendie? Voilà donc ce que je
fais maintenant car l'Eglise, la Maison du Père Céleste, est en train de brûler par le feu que tu
as allumé." En entendant ces paroles, un eunuque de la suite de Valens menaça le Saint de le
tuer. Un peu plus tard, il fut frappé par la Justice Divine et mourut noyé dans un bain d'eau
bouillante qu'il préparait pour l'empereur. Valens, pris de peur, renonça à poursuivre
davantage le Saint Homme dont l'activité en faveur de la Foi au Concile de Nicée ne cessait
de gagner les fidèles. Sa prédication était soutenue par de nombreux Miracles. Il ramena un
mari infidèle à l'amour de son épouse grâce à un flacon d'huile qu'il avait bénie. Il éloigna les
sauterelles d'un champ en l'aspergeant d'eau bénite et montra ainsi par toute sa vie la faveur
que Dieu accorde à ceux qui professent la Vraie Foi.
* D'après Théodoret de Cyr: Hist. des Moines de Syrie c. 8 (SC 234, 373). Il ne faut pas le confondre avec
Aphraate le Sage, premier écrivain ecclésiastique de Perse (+ vers 350).
ou
En l'an 370 de l'Incarnation, les Orthodoxes avaient été chassés par les ariens des deux églises
qu'ils possédaient à Antioche. Alors ils s'assemblèrent au pied de la montagne dans des grottes
où Saint Paul s'était caché autrefois. On leur disputa cet asile et ils se réunirent tantôt aux
bords de l'Oronte, tantôt au champ de Mars, partout persécutés et traqués, partout
inébranlables dans leur attachement à la Foi et à leurs pasteurs. L'empereur arien Valens se
vengeait en Néron païen de ces nobles résistances; il faisait noyer dans l'Oronte ceux des
Orthodoxes qui le gênaient.
Au nombre des hommes généreux qui bravaient le courroux du tyran et enflammaient de leur
propre courage l'Eglise opprimée d'Antioche était le Grand Anachorète Aphraates. Persan de
naissance et d'une famille illustre, il avait embrassé le Christianisme. Pour le pratiquer dans sa
perfection, il était venu s'établir près d'Edesse en Mésopotamie et dont l'Eglise comptait alors
presque autant de Saints que d'enfants. Au premier bruit des troubles d'Antioche, il se
rapprocha d'elle et se bâtit aux portes de la cité une pauvre demeure où tout le monde
accourait pour le voir ou le consulter. Et c'est dans un grec barbare qu'il expliquait à ses
nombreux auditeurs la Vérité de Dieu. La Sainteté de sa vie, l'ardeur de ses convictions
comme l'étrangeté même de sa parole donnaient du succès à son enseignement et attiraient les
foules. Un morceau de pain mangé le soir au coucher du soleil était sa nourriture unique.
Un jour, un noble Chrétien de ses amis, le sénateur Anthémius qui fut depuis consul, revenant
d'une légation de Perse, crut faire une chose agréable à l'Anachorète en lui apportant une
tunique de son pays. Aphraates la déposa sur un siège de sa cellule mais bientôt comme si la
présence de ce luxueux objet avait réveillé dans son âme un remords, il s'en ouvrit à
Anthémius : "Je me trouve dans un grand embarras sur lequel il faut que je te consulte. Un
Persan m'est venu voir et me presse de le prendre à mon service parce qu'il est de mon pays.
Quoique je sois touché de cette raison, je suis néanmoins retenu par la reconnaissance que je
dois aux services d'un ancien serviteur dont je suis très-satisfait." - "Tu as raison," lui dit
Anthémius, "je crois même que tu dois préférer un ancien domestique dont tu es content, à un
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autre qui peut-être ne te satisferait pas." - "Eh bien! reprend cela," poursuivit le Vieillard, "j'ai
une tunique qui me sert depuis seize ans, la tienne est plus belle, la mienne m'est plus chère, je
ne puis l'avoir."
L'Oronte baignait au Nord le palais de l'empereur. Du côté du midi, un grand portique à deux
étages et flanqué de deux tours, touchait aux murailles de la ville. Entre le palais et le fleuve,
une route menait aux jardins suburbains. Du haut du portique, Valens aperçut Aphraates, vêtu
d'un pauvre manteau et se dirigeant à la hâte vers le champ de Mars : "Où vas-tu, lui cria le
prince. - Je vais, répondit l'Anachorète, prier avec mes frères pour la prospérité de ton empire.
- Mieux vaudrait garder ta cellule, répliqua le César.- C'est ce que j'ai fait jusqu'à ce jour, ô
empereur! Tant que les Brebis du Christ étaient en sûreté mais à présent que des bêtes féroces
se jettent sur elles, je dois tenter tous les moyens pour les sauver. Dis-moi, ô empereur! Si
j'étais une fille, vivant dans le gynécée et gardant la maison de son père et que je la visse
devenir tout à coup la proie des flammes, devrais-je rester renfermée et laisser l'incendie
dévorer tout ou bien me précipiter au dehors pour crier au secours pour apporter l'eau et
m'opposer au mal de mon mieux? Ta réponse, César, n'est pas douteuse. Eh bien! C'est toi qui
as mis le feu à la maison de mon père et je cours l'éteindre."
Valens regarda l'Anachorète d'un oeil menaçant et se tut mais un des eunuques de sa chambre
dit des injures au Saint Vieillard du haut de la galerie et le menaça de mort. Quelque temps
plus tard, cet eunuque étant allé voir si le bain de l'empereur était assez chaud, la tête lui
tourna et il se jeta dans la chaudière d'eau bouillante. Comme il était seul, il y demeura et y
périt. L'empereur envoya un autre eunuque pour l'appeler mais il revint dire qu'il ne trouvait
personne dans aucune des chambres. Plusieurs y accoururent et à force de chercher dans
toutes les cuves, à la fin ils trouvèrent ce misérable étendu mort.
Le bruit s'en répandit dans toute la ville et tous louaient le Dieu d'Aphraates. L'empereur,
épouvanté, n'osa l'envoyer en exil comme il l'avait résolu mais il ne laissa pas de persécuter
les autres Chrétiens. Tel était ce grand Aphraates qui vint alors au secours de la Foi et opéra
ensuite plusieurs Miracles. Il fut enseveli dans l'église des Martyrs au faubourg d'Antioche.
SAINTS MARTYRS ROMANOS, JACQUES, PHILOTHÉE, HYPERICHIOS, HABIB,
JULIAN ET PARIGOREAS DE SAMOSTA (+297)
The Holy Martyrs Romanos, James, Philotheos, Hyperichios, Habib, Julian and Parigoreas
suffered in the year 297, during the persecution by Diocletian (284-305), in the city of
Samosata (in Syria on the River Euphrates). They bravely denounced the foolish serving of
idols, for which they were arrested and given over to various terrible tortures: they cut at their
bodies with iron, they hung on their necks heavy iron fetters, they locked them up in prison,
and finally, nailed their heads while suspended on a cross.
SAINT ABBÉ-EVÊQUE GILDAS (OU GWELTAZ) BALDONICUS LE SAGE
(+570 OU 554)
Né vers 520, il fut rappelé à Dieu vers 570; certains érudits pensent qu'il se serait endormi
aussi tôt qu'en 554. Moine britton [c'est-à-dire celtique], Gildas Baldonicus vivait donc au
sixième siècle. Dans les années 540 –et avec un langage fort direct– il s'éleva pour dénoncer
les méfaits de son temps. Il finira par être la seule source substantielle d'information sur
l'époque de la conquête anglo-saxonne de la Grande-Bretagne et la meilleure source avant le
travail encore plus impressionnant du Vénérable Bède [qui achèvera son "Histoire
Ecclésiastique" du peuple anglais quelque deux cents ans plus tard, en 731]. Les Anglo-
Saxons commencèrent à arriver dans les années 470, peut-être importés comme soldats
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(mercenaires?), ainsi que Gildas le suggère. Pendant un temps, les Brittons se défendirent
[c'est la base historique du mythe arthurien] mais dès 600, les Anglo-Saxons avaient prit le
contrôle de tout ce qui est devenu "Angleterre," et les peuples celtiques furent repoussés vers
les montagnes du Pays de Galles et au-delà de la Manche vers la Bretagne.
ou
Gildas a dû naître dans la basse vallée de Clydeside en Ecosse. On l'appelle souvent
"Badonicus" parce qu'il naquit l'année où les Brittons battirent les Saxons à Bath. Son père
était de la famille régnante d'un petit royaume sur les frontières de la Northumbrie, avec
Dumbarton pour capitale mais il fut envoyé sur les rives de la Clyde au Monastère de
Llaniltut ou Llantwit dans le Sud du Pays de Galles où il fut formé par Saint Illtyd, ensemble
avec Saint Samson et Saint Paul Aurélien, bien qu'il fut beaucoup plus jeune. Des Moines
irlandais fort célèbres devinrent ses disciples dont Saint Finnian. Il fit un pèlerinage en Irlande
pour consulter ses Saints contemporains de ce pays et rédigea des lettres pour des monastères
éloignés. Il semble avoir eu une influence considérable sur le développement de l'Eglise
irlandaise.
Quand Gildas eu achevé sa formation à Llantwit, il partit pour l'Irlande pour continuer ses
études, allant d'un centre monastique à l'autre. Il fut probablement ordonné Prêtre en Irlande et
repartit vers le Nord de la Brittonie, enseignant et prêchant dans son pays natal. La renommée
de son fructueux ministère fit qu'Ainmeric le roi d'Irlande, l'invita pour restaurer la discipline
et avoir une Liturgie ordonnée dans les monastères et il enseigna un temps à l'école d'Armagh.
A son retour en Brittonie, il assista Saint Cadoc à Llancarven et l'accompagna quand il partit
pour la Bretagne ou l'Armorique comme on l'appelait en ce temps. Gildas fit aussi le
pèlerinage de Rome, on a encore un récit de sa visite qu'il fit à Cadoc en chemin. Il emportait
avec lui une bourse en cuir et quand il l'ouvrait, il en sortait une cloche, ayant la forme d'un
couvercle carré. La cloche était faite de métal martelé, un mélange d'argent et de cuivre et
avait un si doux tintement que Cadoc la voulut pour le monastère qu'il bâtissait à ce momentlà.
Gildas lui répondit qu'elle était destinée pour Saint-Pierre de Rome mais quand il la
présenta au Pape de Rome à son arrivée dans la Sainte ville, la cloche ne sonna plus du tout. A
son retour, il appela Cadoc et lui donna la cloche qui dès lors se mit à résonner aussi
doucement qu'auparavant. Gildas apprit par cet incident que ses oeuvres devaient être
accomplies parmi son propre peuple.
On se souvient surtout de lui en Grande-Bretagne pour son histoire de l'Eglise de ce pays,
entre le départ des Romains et l'invasion des Saxons. Elle a probablement été rédigée à
Glastonbury vers 540 et est titrée "De Excidio et Conquestu Britanniae" ou "la Ruine de la
Grande-Bretagne;" il dit que la cause de ce qui est arrivé à la Grande-Bretagne provient de la
décadence de ses dirigeants et de son clergé. Cet ouvrage met à nu et critique sévèrement les
vies des dirigeants et clercs de Brittonie, blâmant leur relâchement moral qui mena au
triomphe des envahisseurs Anglo-Saxons. Bien que l'on ait critiqué la férocité de ses
invectives rhétoriques, la large érudition scripturaire qu'il révèle est incontestée. On y voit
aussi qu'il avait une grande connaissance de Virgile et d'Ignace. Son oeuvre sera citée par
Saint Bède (25 mai).
Il est considéré comme le premier historien anglais. Il vécut comme Ermite durant quelque
temps sur l'Île Flatholm dans le canal de Bristol où il copia un Missel pour Saint Cadoc et
pourrait avoir rédigé son "De excidio." Gildas, à son retour de son pèlerinage à Rome, fonda
9
un monastère sur une île près de Rhuys (Rhuis ou Morbihan) en Bretagne qui deviendra le
centre de sa Vénération. Bien qu'il vécut quelque temps sur une petite île de la baie du
Morbihan, il assembla des disciples autour de lui et ne semble pas s'être coupé entièrement du
monde; il voyagea vers d'autres lieux en Bretagne.
Le "De excidio," qui aura énormément d'influence durant le Haut Moyen-Age pourrait ne pas
avoir été intégralement rédigé par Gildas. Quelques éléments pourraient avoir y été ajoutés
peu après son époque. L'ouvrage est exemplatif de la littérature classique et de l'antique
littérature chrétienne qui était alors disponible en Angleterre. Les écrits de Gildas furent
utilisés par l'Archevêque Wulfstan d'York au onzième siècle dans son "Sermon sur le Loup"
adressé au peuple anglais durant le règne désordonné du roi Ethelred l'Impréparé.
Il passa donc quelque temps comme Ermite sur l'île Flatholm dans le canal de Bristol puis
immigra vers la Bretagne où il fonda un monastère en un lieu qui porte à présent son nom,
Saint-Gildas-de-Rhuys. Endroit qui, selon Pierre Abelard qui devait en devenir Abbé par la
suite, n'était pas à l'époque fort salubre. Sa tombe se trouve derrière l'Autel dans l'actuelle
église et ses Précieuses Reliques sont dans la sacristie.
Quelques anciens martyrologes irlandais commémorent sa fête comme le fait aussi le Missel
Leofric (vers 1.050) et les calendriers anglo-saxons entre les neuvième et onzième siècle.
ou
Saint Gildas a donné son nom à plusieurs communes, à une abbaye et des chapelles. Il est l’un
des Saints bretons les plus populaires mais aussi l’un des plus importants. On lui doit en effet
l’un des rares textes des premiers siècles du Christianisme celte et son De Excidio Britanniae,
venant entre les écrits de Patrick et ceux de Colomban, sont un des meilleurs témoignages de
la vie de la chrétienté bretonne au sixième siècle.
Selon la vie la plus ancienne, Gildas (en breton Gweltaz) naquit à Arecluda (Dumbarton) à la
fin du quatrième siècle dans une famille chrétienne. Tout jeune, il est confié à l’abbaye du
célèbre Abbé Iltud où il reçoit une formation très complète : l’Abbé tient en effet à dispenser
une instruction fondée à la fois sur les arts profanes –grammaire, dialectique, rhétorique,
géométrie, arithmétique, astronomie et musique– autant que les arts sacrés, Bible, patrologie,
philosophie afin de mieux réfuter les arguments des anciens. A Llancarvan, Gildas a pour
condisciples les futurs Saints fondateurs de Bretagne : Samson et Paul Aurélien, les Saints
David, Cado et bien d’autres encore. Selon des traditions postérieures, Gildas aurait complété
sa formation en voyageant par les monastères et écoles monastiques de Gaule; il est ordonné
Prêtre à son retour, vers l’âge de vingt-cinq ans, ce qui exigeait une dispense spéciale. Gildas
part alors exercer son zèle apostolique sur les populations écossaises où sévissent à la fois le
pélagianisme et les guerres entre clans. Il y aurait connu Sainte Brigitte. Il gagne ensuite
l’Irlande où il tente de remettre de l’ordre dans les monastères fondés par Saint Patrick. Avec
l’aide des Saints Cado et David, il fonde l’école monastique justement célèbre de Armagh.
Selon la tradition, d’Irlande, il serait passé en Italie, à Rome puis Ravenne. Sur le chemin du
retour, il s’arrête dans l’île d’Houat, au large du Morbihan, avant de fonder le Monastère de
Rhuys, sur un terrain cédé par le Comte Waroch de Vannes. Le monastère devient rapidement
prospère, les Moines affluent. Recherchant la solitude, Gildas quitte son monastère après une
dizaine d’années de gouvernement et se réfugie sur les bords du Blavet dans une grotte près
du site de Castennec.
10
A la Vie de Gildas se mêlent des récits légendaires tels l’histoire de Sainte Tréfine : le tyran
Conomor, s’étant rendu maître de toute la Domnonée et cherchait à élargir son territoire en
annexant le comté de Vannes. Le plus simple était d’épouser Tréfine, fille de Waroch, comte
de Vannes. Epouvanté par cette demande et craignant pour sa vie et celle de ses cinq fils,
Waroch vint demander conseil à Gildas qui conseilla d’accepter pour éviter une guerre et
promettant sa protection. Découvrant son jeu après quelque temps de mariage, Conomor
propose à Waroch un partage du comté entre le fils aîné du comte et lui-même. Devant le
refus de son beau-père, il se venge sur Tréfine en l’égorgeant. Waroch s’en remet une
nouvelle fois à Gildas qui soigne la jeune fille, peut-être en ayant recours à quelques
médecines druidiques et la ramène à la vie. Elle donne peu après naissance à un enfant,
Trémeur, lequel élevé à l’Abbaye de Rhuys sera bientôt égorgé par son père. Ses Précieuses
Reliques se trouvent pour une part à l’Abbaye de Boquen…
Vers 565, il est rappelé en Irlande afin d’apaiser des troubles survenus dans les monastères. Il
s’y rend et regagne l’Île d’Houat. Il y reçoit l’annonce de sa fin prochaine et s’étant
dignement préparé, il s'endort le 29 janvier 570. Ses Vénérables Reliques reposèrent plusieurs
siècles en l’Abbaye de Rhuys, avant de connaître le sort de celles de tous les Saints bretons :
emmenées par les Moines, elles restèrent longtemps près de Châteauroux. Gildas est le
Protecteur de Houat, Auray et bien d’autres villes, patron également de plusieurs chapelles et
paroisses.
L’Abbaye Saint-Gildas de Rhuys connaît une longue période de prospérité. Son histoire est
par la suite conforme à celle de toutes les abbayes de France : imposition de la Règle
bénédictine, abandon à l’époque des invasions normandes, reconstruction et florissement à
l’époque romane; déclin avec imposition de la Commende et les guerres de religion,
relèvement par les Bénédictins de Saint-Maur. L’abbaye est vendue et définitivement
abandonnée à la révolution française.
Gildas laisse une oeuvre considérable, à la fois d’un point de vue monastique, en particulier si
l’on retient ses passages en Irlande et d’un point de vue littéraire. On avance souvent la date
de 547 pour la rédaction du De Excidio. Il est possible aussi que l’ouvrage ait été rédigé en
deux temps. Il est particulièrement intéressant pour l’histoire de la culture et des idées
religieuses de ce temps. Il comporte deux parties : une histoire de la Grande-Bretagne de la
conquête romaine à la paix qui suivit les premières guerres saxonnes et une admonition
véhémente, truffée de citations bibliques, adressée au roi et au clergé breton dont il dénonce
les excès pour mieux les inciter à la conversion. Saint Gildas est parfois appelé le Saint
Jérémie breton, tant ses admonestations sont virulentes. Sans épargner personne, Gildas fait
référence aux Pères, à la Bible et en particulier à l’Ancien Testament, cite quelques auteurs
classiques. Le texte a connu une large diffusion, il est cité par l’auteur de la vie brève de Saint
Guénolé. Gildas est également l’auteur d’un pénitentiel où s’esquisse la doctrine latine des
mérites mais où il s’élève aussi contre les Moines gyrovagues. Quelques fragments de lettres
lui sont enfin attribués.
Extraits de "Six Old English Chronicles," Ed. J. A. Giles. London: Henry G. Bohn, 1848.)
Chapitre 23.
Alors tous les conseillers, réunis avec cet orgueilleux tyran Gurthrigern [Vortigern], le roi
britton, furent si aveuglés que comme protection pour leur pays, ils scellèrent sa perte en
invitant parmi eux (comme les loups dans la bergerie) les terribles et impies saxons, une race
haïssant tant Dieu que les hommes pour repousser les invasions des nations du Nord. Il n'était
jamais arrivé rien d'aussi pernicieux à notre pays, rien ne fut jamais aussi malencontreux.
11
Quelle ténèbre palpable a dû envelopper leurs esprits - ténèbre désespérée et cruelle! Ces
mêmes peuples que lorsqu'ils étaient encore au loin, ils les redoutaient plus que la mort, voilà
qu'ils les invitaient à résider sous le même toi. Stupide sont les princes comme il est dit, de
Thafneos qui conseillaient l'imprudent Pharaon. Une multitude de lionceaux sortit de la
tanière de cette lionne barbare, en trois cyuls [???] comme ils les appellent, en trois navires de
guerre, avec leurs voiles gonflées par le vent et avec des présages et prophéties favorables car
il avait été dit par un devin parmi eux qu'ils occuperaient le pays vers où ils faisaient voile
trois cents ans durant et la moitié de ce temps, cent cinquante ans, ils le pilleraient et
dévasteraient. Ils touchèrent d'abord terre du côté Est de l'île, à l'invitation du roi malchanceux
et ils s'y ancrèrent, apparemment pour combattre en faveur du l'île mais hélas! En vérité
contre elle. Leur terre natale, voyant que sa première nichée avait du succès, envoya une plus
grande compagnie de ses rejetons de loups qui naviguèrent et vinrent se joindre à leurs bâtards
de camarades. Dès ce moment, le germe de l'iniquité et la racine de la dissension plantèrent
leur poison au milieu de nous comme nous le méritions et fleurit en feuilles et branches. Les
barbares étant donc introduits comme soldats dans l'île pour s'opposer comme ils disaient
faussement, à tout danger, en défense de leur hospitaliers hôtes, obtinrent des dotations de
provisions qui, un temps durant, seront distribuées en abondance, apaisant leurs gueules de
chiens. Et pourtant ils se plaindront que leurs approvisionnements mensuels ne sont pas
fournis avec assez d'abondance et consciencieusement ils aggraveront chaque occasion de
querelle, disant qu'à moins qu'on fasse preuve de plus de libéralité à leur égard, ils rompraient
le traité et pilleraient toute l'île. En peu de temps, ils passèrent des menaces aux actes.
Chapitre 24.
Car le feu de la vengeance, justement allumé par les crimes passés, se répandit de mer à mer,
nourrit par les mains de nos ennemis à l'Est et ne cessa pas, jusqu'à ce que, détruisant les villes
et pays avoisinants, il parvint à l'autre bout de l'île et plongea sa langue rouge et sauvage dans
l'océan de l'Ouest. Dans ces assauts, dès lors, d'une manière non-différente que les Assyriens
sur la Judée, s'accomplissait dans notre cas ce que le prophète décrit en termes de
Lamentations : "Ils ont brûlé de feu le sanctuaire; ils ont pollué la terre du tabernacle de Ton
Nom." Et encore, "Ô Dieu, les païens ont pénétré dans Ton héritage; ils ont profané Ton Saint
Temple," etc. C'est ainsi qu'étaient jetées au sol les colonnes par les fréquents coups de bélier
que tous les époux étaient déroutés avec leurs Evêques, Prêtres et peuple pendant que l'épée
luisait et les flammes dansaient tout autour d'eux. Lamentable à contempler, au milieu des
villes gisaient le dessus de hautes tours, jetées au sol, les pierres de murailles, de Saints
Autels, des restes de corps humains, couverts de sang coagulé, semblant avoir été agglomérés
ensemble par une presse et sans la chance d'une sépulture, à moins des ruines des maisons ou
dans les tripes voraces des bêtes sauvages et oiseaux; l'on parlera avec révérence de leurs
bienheureuses âmes, si, en effet il y en eu beaucoup de trouvées qui furent portées, en ce
temps dans les Hauteurs Célestes par les Saints Anges. La récolte, autrefois si bonne, avait
tellement dégénéré à en devenir amère que, selon les mots du prophète, on trouvait
difficilement une grappe ou un épi de maïs dans la hotte de l'ouvrier.
Chapitre 25.
Certains, dès lors, du restant de cette misérable foule, étant attrapés dans les montagnes,
étaient massacrés en grand nombre; d'autres, contraints par la famine, vinrent et s'offrirent
eux-mêmes en esclaves pour toujours à leurs ennemis, prenant le risque d'être aussitôt
massacrés, ce qui en vérité était la plus grande faveur qui aurait pu leur arriver : certains
furent emmenés au-delà des mers dans de fortes lamentations au lieu des voix de
l'exhortation. "Tu nous a donnés comme des agneaux à immoler et parmi les Païens Tu nous
as dispersés." D'autres, se préoccupant de sauvegarder leurs vies qui étaient en perpétuel
12
danger dans les montagnes, précipices, denses forêts et sur les rochers des mers (quoique
avec leurs coeurs tremblants), demeurèrent sans quitter leur pays. Mais pendant ce temps-là,
une opportunité survint, pendant laquelle ces très cruels voleurs étaient retournés chez eux et
les pauvres rescapés de notre nation (autour de qui vinrent s'assembler nos misérables
compatriotes, aussi vite que des abeilles vers leur ruche, par peur d'une tempête qui arrive),
ayant été renforcés par Dieu, L'appelèrent de tout leur coeur comme dit le poète.
"Avec leurs innombrables voeux ils encerclent les Cieux" afin qu'ils ne soient pas amenés à
l'ultime destruction et prirent les armes sous la conduite d'Ambrosius Aurelianus, un homme
modeste qui de toute la nation romaine, seul dans la confusion de cette période troublée, avait
été laissé en vie. Ses parents avaient été ornés de la pourpre pour leur mérite, ils avaient été
massacrés dans ces mêmes troubles et à présent leurs descendants en nos jours, quoique
honteusement dégénérés de la dignité de leurs ancêtres, provoquaient à la bataille leurs cruels
conquérants et par la Bonté de Dieu obtirent la victoire.
Chapitre 26.
Après cela, parfois nos compatriotes, parfois l'ennemi, gagnait sur le champ de bataille qu'à la
fin notre Seigneur puisse en ce pays éprouver selon Sa Manière habituelle ces Israélites,
L'aimaient-t-ils ou non, jusqu'au siège de Mount Badon,* quand eut lieu la dernière mais pas
la moindre des boucheries de nos cruels ennemis qui eut lieu (ce dont je suis certain),
quarante-quatre ans et un mois après l'arrivée des Saxons et aussi époque de ma propre
naissance. Et pourtant depuis ce jour plus aucune des villes de notre pays n'est habitée comme
auparavant mais étant abandonnées et renversées, sont toujours dans la désolation; nos guerres
étrangères ont cessé mais nos troubles civils sont toujours présents. Car de même que le
souvenir de cette terrible désolation de l'île, de même que l'inattendue libération de cette
même, demeura dans l'esprit de ceux qui avaient été témoins oculaires des merveilleux
évènements des deux et suite à cela dès lors le roi, les magistrats publics et les personnes
privées, Prêtres et laïcs, s'efforcèrent de vivre selon leur vocation propre. Mais quand ces
derniers eurent quitté ce monde, une nouvelle génération succéda qui était totalement
ignorante de cette période terrible et qui n'avait que l'expérience de l'actuelle prospérité et
toutes les lois de vérité et de justice furent si remuées et perverties qu'il ne restait presque plus
trace de ces vertus parmi les gens sus-nommés, excepté parmi un très petit nombre qui,
comparé avec la grande multitude qui se pressait quotidiennement tête baissée vers l'enfer,
étaient un si petit nombre que notre vénérable Mère, l'Eglise, les voyait à peine, eux ses seuls
vrais enfants, reposant en son corps; ces vies méritantes, étant un modèle pour tous les
hommes et aimées de Dieu dans la mesure où par leurs Saintes prières comme certains piliers
et très profitables soutiens, nos infirmités s'en voient soutenues afin que nous ne soyons pas
totalement brisés, je voudrais que personne ne suppose que j'avais l'intention de réprimander,
si forcé par l'accroissement de la multitude des offenses. Comme j'ai librement mais avec
angoisse, non pas tant dénoncé que pleuré la malice de ceux qui sont devenus les serviteurs,
non pas seulement de leurs ennemis mais aussi d'un diable plutôt que du Christ qui est Notre
Dieu Bien-Aimé dans les siècles sans fin.
* Giles traduit "Badonici montis" par "of Bath-hill"
Car pourquoi leur compatriotes dissimuleraient-ils que des nations alentour non seulement
savent mais aussi ruminent continuellement entre leurs dents?
Il y a encore d'autres traductions en anglais du "De Excidio Brittaniae" et de la "Vita" de Saint
Gildas :
13
http://www.littleboh.com/excidio.shtml
Une étude en anglais sur la solidité de l'authenticité de l'ouvrage de Saint Gildas :
http://www.vortigernstudies.org.uk/artsou/gildas.htm
S'il y avait eu faussaire, apprend-t-on en bas de page, il aurait dû connaître à la perfection le
latin local et de l'époque de Saint Gildas, en plus des détails concordants avec d'autres
sources. Et être Anglais tout en écrivant une littérature anti-Anglais. Etc! Texte passionnant.
Encore une étude (en anglais, par un Italien), apportant d'autres informations sur l'époque :
http://www.geocities.com/vortigernstudies/fabio/book9.1.htm
Informations sur la chapelle Saint-Gildas à Bieuzy, fondée avant l'an 600
http://www.villard.de/cb/56/Bieuzy1.html
informations sur Saint Gildas dans l'encyclopédie libre du Net Wikipedia (en anglais)
http://en.wikipedia.org/wiki/Gildas
Dans un missel romain anglosaxon contemporain, avec un beau vitrail :
http://www.leafletmissal.org/Saint_Month/January/Jan_29.html
Tombeau de Saint Gildas
Pénitentiel de Saint Gildas :
http://www.geocities.com/branwaedd/gildas05.html
http://www.tertullian.org/fathers/gildas_06_penitential.htm
Début de la préface de Gildas au sujet de la pénitence. (1)
14
(A.)
1. Un Prêtre ou un Diacre commettant la fornication naturelle ou sodomite, s'il a déjà
auparavant prononcé ses voeux monastiques, il fera trois ans de pénitence (2), priera chaque
heure pour être pardonné, fera la "superpositio" (3) chaque semaine sauf durant les cinquante
jours après la Passion (4), recevra du pain en suffisance et de la nourriture légèrement graissée
de beurre le jour du Seigneur mais les autres jours, s'il travaille manuellement, une mesure de
biscuit et de bouillon légèrement épaissit, des choux quelques oeufs et du fromage anglais,
une demi-pinte romaine de lait à cause de la faiblesse de la chair de notre époque mais une
pinte romaine de petit-lait ou de lait battu pour étancher sa soif et la même quantité d'eau. Il
n'aura pas beaucoup de paille dans son lit; qu'il accomplisse trois quadragésime
supplémentaires (5) pour autant que sa force le lui permette. Que du plus profond de son
coeur, il pleure sa faute (6) et par-dessus tout que par la suite il suive l'obéissance; après une
année et demie, il pourra recevoir l'Eucharistie et venir à la communion; qu'il chante les
Psaumes avec ses frères, de peur que son âme ne soit complètement perdue, par une si longue
période de discipline Céleste.
2. Si un Moine de rang inférieur (7) commet le même péché, il devra faire trois ans de
pénitence mais que sa mesure de pain soit plus importante. S'il travaille manuellement qu'il
reçoive une pinte romaine de lait et une autre de petit-lait et autant d'eau qu'il a besoin pour
étancher sa soif.
3. Mais si un Prêtre ou un Diacre pèche qui n'a pas prononcé les voeux monastiques que sa
pénitence soit similaire à celle du Moine non-ordonné (8).
4. Si un Moine a l'intention (9) de commettre un péché, sa pénitence sera d'un an et demi.
L'Abbé, cependant, a autorité pour modérer cette mesure, si l'obéissance du Moine est
agréable à Dieu et à son Abbé.
5. Les anciens Pères (10) ont fixé une pénitence de douze ans pour un Prêtre et sept pour un
Diacre.
6. Un Moine qui a volé un vêtement ou quoique ce soit fera deux ans de pénitence comme
prescrit ci-dessus, s'il est jeune; s'il est âgé, une année entière. S'il n'est pas Moine qu'il
l'accomplisse un an durant et au moins, trois quadragésimes.
7. Si un Moine, du fait d'un problème d'estomac, vomit le Sacrifice durant le jour qu'il ne
prenne pas son repas et si ce n'était pas à cause de la faiblesse, il rachètera son offense par
sept "superpositiones;" et par quatre si c'était à cause de la faiblesse et non pas de la gloutonie.
8. S'il n'a pas vomi le Sacrifice qu'il soit punit d'une "superpositio" d'un jour et de fréquentes
réprimandes.
9. Si quelqu'un a, par négligence, perdu quoi que ce soit du Sacrifice qu'il fasse pénitence de
trois quadragésimes, le laissant être consommé par les bêtes sauvages et les oiseaux.
10. Si du fait de l'ivresse quelqu'un est incapable de chanter les Psaumes, étant abruti et
incapable de parler qu'il soit privé de repas.
11. Un homme qui pèche avec un animal fera un an de pénitence : s'il pèche seul qu'il rachète
son offense par trois quadragésimes.
15
12. Celui qui se tiendra en communion avec un homme excommunié par son Abbé fera
quarante jours de pénitence.
13. Un homme mangeant de la charogne par inadvertance, (fera pénitence) quarante jours.
14. Il faut cependant savoir que plus un homme persiste dans le péché, plus la pénitence doit
être proportionnellement augmentée pour lui.
15. Si un certain travail est imposé à quelqu'un et que lui, par mépris, omet de l'accomplir
qu'il soit sans repas; si c'était vraiment par étourderie qu'il ne reçoive que la moitié de sa
ration de nourriture quotidienne.
16. Mais s'il entreprend d'accomplir le travail d'un autre qu'il aille le dire à l'Abbé avec
modestie, sans que personne d'autre que l'Abbé ne puisse l'entendre et qu'il le fasse si ça le lui
est commandé.
17. Celui qui retient la colère en son coeur longtemps durant est dans la mort. Mais s'il
confesse son péché qu'il jeûne quarante jours et s'il persiste dans son péché, deux
quadragésimes et s'il recommence le même péché qu'il soit retranché du corps comme un
membre mort car la colère nourrit l'homicide.
18. Si un homme est offensé par quelqu'un, il doit le faire savoir à l'Abbé, sans avoir le
sentiment d'être un accusateur mais avec le désir de guérison et que l'Abbé décide.
19. Celui qui n'arrive pas à la fin (du deuxième Psaume) qu'il chante huit Psaumes dans
l'ordre; si lorsqu'on le réveille, il arrive après que la lecture soit achevée qu'il répète tout ce
que les frères ont chanté, en bon ordre. Mais s'il arrive à la seconde lecture qu'il soit privé de
son repas.
20. Si quelqu'un par erreur change quoique ce soit aux paroles sacrées où "danger" est indiqué
qu'il observe trois jours de jeûne ou trois "superpositiones."
21. Si par négligence, l'élément consacré tombe à terre que le coupable soit privé de repas.
22. Celui qui s'est souillé durant son sommeil, si le monastère est bien approvisionné en bière
et viande qu'il veille trois heures la nuit durant, debout, si c'est un homme très fort. Si
cependant il y a peu de nourriture qu'il se tienne comme un suppliant, récite vingt-huit ou
trente Psaumes ou qu'il s'amende par un travail extraordinaire.
23. Nous devons faire l'offrande sacrée pour les bons Rois, pas pour les mauvais.
24. Il n'est pas prohibé aux Prêtres de faire l'offrande pour leurs Evêques.
25. Quiconque est convaincu de quelque offense que ce soit et qu'il appert que c'est parce qu'il
est maladroit qu'il soit privé de repas.
26. Celui qui brise une houe qui n'avait pas de fracture auparavant, il paiera le
dédommagement par un travail extraordinaire où il observera une "superpositio."
16
27. Celui qui voit un des frères désobéir aux ordres de l'Abbé ne doit pas le cacher à l'Abbé
mais qu'il admoneste au préalable le pécheur, lui recommandant de se confesser lui-même
auprès de l'Abbé pour son mauvais acte; qu'il ne soit pas tant considéré comme un
informateur que comme un homme qui accomplit la règle de vérité.
Jusqu'ici. Gildas.
[Quelques notes marginales]
(1) On trouve un préambule similaire dans le livre de Saint Colomban, "Incipit de
poenitentia": le titre POENITENTIALE VINNIAI précède celui de Vinnian (ou Finnian). La
première règle se réfère aux Moines qui ont été ordonnés Prêtres ou Diacres; il est étrange
qu'il n'y ait rien de prévu pour les Evêques.
(2) Peniteat. La pénitence, telle que comprise par ces règles, consiste en une exclusion de la
communion de l'église pour une période donnée; il impliquait un jeûne strict ou une réduction
du régime alimentaire pour une période donnée, parfois aussi accompagnés de la récitation
d'un certain nombre de Psaumes comme prescrit au chapitre 22.
(3) Superpositionem. "Superpositio," le terme complet est "svperpositio zeiunit," il signifie
une prolongation du jeûne, soit le jour même, soit en rajoutant un autre jour. Le terme étant
particulièrement appliqué pour la prolongation du jeûne du vendredi jusqu'au samedi; chez
Tertullien, cet usage est appelé "continuare ieiunium" (De ieiun., 14) et l'usage fut
particulièrement observé à Rome. La bien-connue réponse de Saint Ambroise à la mère de
Saint Augustin, citée par son fils dans la lettre à Camulanus, faisait référence à cette
observance du samedi comme d'un jour de jeûne ajouté : "Lorsque je suis ici (à Milan), je ne
jeûne pas; quand je suis à Rome, je jeûne, le samedi" (Epist. 36). Le Synode d'Elvire, en
Espagne, en 306, semble limiter l'observance d'une telle "superpositio" de la fin de semaine, à
une fois par mois comme nous le voyons dans le Canon 26; en agissant de la sorte et par un
autre Canon (le 23), il semble que la "superpositio" hebdomadaire en aie été abrogée.
[Concile d'Elvire, canons en traduction anglaise :
http://faculty.cua.edu/pennington/Canon%20Law/ElviraCanons.htm ]
"Ieiunii superpositiones per singulos menses placuit celebrari, exceptis diebus duorum
mensium, Julii et August!, propter quorundam infirmitatem."----Can. 23.
" Errorem placuit corrigi, ut omni sabbati die superpositiones celebremus." ----Can.26.
Ce fait mérite une remarque parce que cela a une plus large portée, à savoir qu'à Milan, en
Espagne et en Grande-Bretagne, l'observance du jeûne du samedi (utomni sabbato ieiunetur)
n'existait pas. La non-observance en Grande-Bretagne, nous la découvrons par cette Règle qui
fut prévue uniquement pour les pénitents. Sur le sujet on lira avec fruit les ouvrages suivants :
Dale, "The Synod of Elvira," pp. 192, 193, Note B, p. 216; Duchesne, "Origines du Culte
Chrétien," p. 221.
(4) "Exceptis L diebus postpassionem." Les époques de relâche dans la pénitence sont
expliquées plus en détail dans des Pénitentiels plus tardifs comme celui de Cummean. C'était
les dimanches, le jour de la Nativité, le Théophanie, Pâque, le jour de l'Ascension, la
Pentecôte, les fêtes de Saint Jean le Baptiste, la Dormition de Mère de Dieu et les Douze
Apôtres, en plus de celles du Saint local (Wasserschleben, Bussordn., p. 165: "Hi sunt dies qui
17
non computantur in poenitentia," etc.). Ces cinquante jours après la Passion commençant avec
le Dimanche de Pâque, étaient regardés comme une période de joie pour tous.
(5) "Tres quadragesimas." La plupart, si ce n'est tous les Pénitentiels utilisent le mot latin
"quadragesima" pour n'importe quel jeûne de quarante jours, pas uniquement pour celui du
Grand Carême de Pâque. Du Cange indique plusieurs cas de "quadragesimae" imposées en
tant que pénitence, la plus ancienne d'entre elles appartenant à l'année 821 : " singulas sex
quadragesimas cum sequentibus annis poeniteat;" d'autres cas imposaient douze
"quadragesimae" : " sine subditis annis." Morinus est cité par lui comme suggérant que cette
sorte de "quadragesimae," c'est à dire comme un moyen de pénitence pour des péchés
commis, se distinguant des autres observés par tous les Chrétiens, avait été introduit par
l'Archevêque Théodore de Canterbury. Mais nous trouvons l'usage dans les Pénitentiels
celtiques de Grande-Bretagne et d'Irlande, c'est à dire à une période antérieur à Théodore.
L'Eglise Latine observait trois "quadragesimae," appelées les "quadragesima maior," le
premier correspondant au Carême anglais; un autre avant la Natavité et appelé "quadr. S.
Martini;" un troisième, avant la Fête de Saint Jean le Baptiste. Le second était appelé "grawys
gauaf" dans l'Eglise au Pays de Galles. L'Eglise grecque observait quatre périodes de
quarante jours.
(6) "Semper ex intimo corde defleat culpam suam." Le caractère moral, le motif de durée et la
discipline de la pénitence, sont révélés dans ces mots : ça sera encore plus évident dans les
Pénitentiels de Saint Finnian et de Saint Colomban. Ce dernier commence par les paroles
suivantes qui ont une force étrange par leur vraie simplicité : "La vraie pénitence consiste à ne
pas commettre de fautes dont on doive faire pénitence mais à pleurer celles qu'on a commises.
Mais puisque la fragilité de beaucoup pour ne pas dire de tous, enfreint cette norme, il faut
connaître les mesures de la pénitence (poenitentiae). La tradition des Saints Pères ordonne
celles-ci de telle sorte que la longueur des pénitences se proportionne à la grandeur des péchés
(culparum)."
[De la Pénitence : in "Saint Colomban, Règles et Pénitentiels monastiques," édition de
l'abbaye de Bellefontaine, vie monastique n°20
http://perso.wanadoo.fr/abbaye.bellefontaine/vmo/vmo20.htm ]
Le temps passant, la sévérité des pénitences était modifiée en un traitement plus doux comme
les paroles suivantes le signifient; "post annum et dimedium," le pénitent, tout en demeurant
pénitent, pouvait reprendre part à l'Eucharistie et retourner dans la communion de l'église, "ad
pacem veniat."
(7) "Inferiore gradu." Le premier règlement se réfère comme il a été dit, à des Moines qui sont
Prêtres ou Diacres; celui-ci s'adresse à une à deux autres catégories. La première de celles-ci,
c'est un Moine qui n'est pas, à strictement parler, un Clerc mais appartient aux ordres mineurs
(ordines minores). Dans un monastère, le grade le plus bas habituellement, surtout pour les
jeunes garçons, c'est Lecteur (lector); à côté de cela, on trouvait l'exorciste, l'acolyte, l'ostiaire
(ostiarius, gardien des Saintes Reliques, vide Hinschius, Kirchenrecht, iv, 492). La seconde
catégorie, c'est le laïc engagé pour les travaux manuels, operarius. Les "ordres mineurs" de
ces Règles n'appartiennent pas au passé : ils sont encore en usage dans l'Eglise orthodoxe
occidentale, moins dans celle d'Orient.
(8) La troisième règle démontre dans quelle estime était tenue la vie monastique parce qu'un
Moine, bien que laïc au niveau de l'organisation ecclésiastique, est équivalent dans le rang
spirituel au Prêtre ou au Diacre.
18
(9) "Voluerit." Ici, probablement, on met l'accent sur l'intention lorsque le péché n'a pas
encore été commis en pratique. "Quaerens et non invenerit" est la phrase qui trouve une
correspondance dans le Pénitentiel d'Egbert (5,12). Celui de Cummean (2,25) précise : "post
tale peccatum voluerit monachus fieri," c'est-à-dire si le pécheur a choisit de devenir Moine.
(10) "Antiqui patres." Ces "Pères d'antan" dans cette règle pourraient ne pas signifier les
"Pères" de l'Eglise comme pour parler d'un décret épiscopal ou synodal mais apparemment
limiterait les "patres" à ceux de l'Eglise de Grande-Bretagne [nous dit l'auteur de la note.
L'interprétation est certes classique mais vient en contradiction flagrante avec la pratique de
l'Eglise à l'époque, passons…] Dès lors lorsque ces règles furent rédigées, la coutume de fixer
des périodes variables de pénitence, selon le rang ecclésiastique du pécheur, était déjà en
usage depuis un certain temps. Ce temps avait été suffisamment long pour établir une tradition
mais la tradition témoignait aussi que les "Pères" avaient eux un code de discipline bien plus
sévère : au lieu des trois ans de la présente règle, ils ordonnaient qu'un Prêtre fasse douze ans
de pénitence et sept pour un Diacre. De plus, le "Livre de David" prescrit vingt-trois ans pour
un Evêque, ceci étant peut-être une réminiscence d'un ancien ordre : "Antiqui decrevere
sancti, ut episcopus pro capitalibiis peccalis xxiii annis peniteat, presbiter xii, diaconus vii"
(ch. 10). Voir p. 286.
Tout le ton de la procédure ecclésiastique aux quatrième et cinquième siècles, contre les clercs
l'Evêques, Prêtres et Diacres offenseurs comme on peut le voir dans une lecture de
Thomassinus, "Vetus et Nova Ecclesiae Disciplinae," Part 2, Lib. 1, cc. 56-58 ou Hinschius,
Kirchenrecht, 4, § 247, diffèrent de ce qui est impliqué dans la présente règle quant à une
durée spécifique de pénitence. Dès lors lorsque nous trouvons dans les écrits de Saint
Colomban, la fréquente références aux "patres et magistri nostri," elle ne nous fait que penser
à d'éminents Abbés Irlandais (et Gallois), tels que les Saints Finnian, Comgall et Gildas et
nous en concluons naturellement que cela s'applique en déduction logique des paroles de cette
règle-ci. Et continuant sur ce trajet on finit par suspecter que certaines parties de ce pénitentiel
appartiendraient à des dates postérieures à Gildas. A son époque, il n'y avait pas de vénérables
"patres" à soutenir un jugement; lui-même en deviendra un pour la génération qui le suivra
qui vécut dans les années 600 - 650.
Sources
Gildas. De Excidio Britanniae, Fragmenta, Liber de Paenitentia, "Lorica Gildae," etc. ed. by
Hugh Williams. Honourable Society of Cymmrodorion. London: David Nutt, 1901.
Wasserschleben's "Bussordnungen" 1851. Reprinted in Haddan and Stubbs, "Councils etc." 1,
113.
Kondakion de Saint Gildas le Sage ton 2
En Erudit dans l'art d'écrire/
Ô Sage Gildas,/
tu ne cachas pas ton talent mais lui laissas libre cours pour glorifier Ton Créateur./
Chantant tes louanges, nous prions pour avoir la Grâce de te suivre dans la parfaite offrande
à Dieu pour Sa Seule Gloire.
Tropaire de Saint Gildas le Sage ton 8
Il est juste en vérité de t'appeler 'le Sage', Ô Père Gildas,/
car dans ta solitude monastique tu usas du don de la parole fait par Dieu pour Sa Plus
Grande Gloire../
Enseignes-nous dès lors à ne rien négliger, parmi tous nos talents, aussi petits soient-ils que
19
nous les employer pour le Service de Dieu pour le Salut de nos âmes.
???
Ta sagesse, Ô Gildas, a éclairé l'Armorique comme un flambeau dans les ténèbres. Comme
Moïse, tu as fait traverser ton peuple sans péril comme Jérémie tu as exalté les humbles et
humilié les puissants par ta parole inspirée comme le Précurseur, tu es devenu au Désert une
fontaine vivifiante pour tes disciples innombrables. Saint Gildas Notre Père, prie le Christ
Notre Dieu pour qu'Il ait pitié de nous et sauve nos âmes.
SAINT MARTYR DALLAN FORGHAILL (DE CLUAIN DALLAIN) (+598)
Né dans le, Irlande, Dallan, parent de Saint Aidan de Ferns et érudit, fut renommé par son
étude. L'intensité de son étude affaiblit ses yeux au point qu'il en devint aveugle.
En 575, Dallan était le barde principal d'Irlande, sa position était seconde après le haut-roi en
honneur. Quand le roi d'Irlande, Aedh MacAinmire, convoqua l'Assemblée de Drumceat pour
abolir la guilde des bardes et ses privilèges, Saint Columba argumenta avec succès que les
bardes étaient nécessaires pour préserver l'histoire de la nation et qu'il serait prudent de punir
les bardes qui abusaient plutôt que de détruire tout l'ordre.
En reconnaissance de la défense des bardes par Columba, Saint Dallan composa un
panégyrique, "Amra Choluim Kille" ou "Eloge de Columba." La légende tente de justifier le
langage volontairement obscur et difficile en disant que par humilité, Columba n'accepta
qu'on la rédige que si elle était incompréhensible pour les Irlandais. Saint Dallan composa
aussi l' "Eloge de Senan."
Dallan réorganisa et réforma l'ordre des bardes et initia un système scolaire strictement
supervisé qui encouragea la culture de la langue gaélique et la conservation de sa littérature.
L'ordre en lui-même resta actif jusqu'en 1738 quand mourut Turlough O'Carolan, le dernier
des grands bardes irlandais et le compositeur de l'hymne "Star Spangled Banner" (hymne
national des USA). Jusqu'à ce moment-là, les bardes avaient participé à toutes les célébrations
irlandaises majeures.
Il est vénéré comme Martyr parce qu'il fut assassiné à Inis-coel (Inniskeel) par des pirates
ayant dévasté le monastère.
SAINTE BLATH DE KILDARE (FLORA), VIERGE (+523)
Sainte Blath était la soeur laïque qui servait comme cuisinière au Monastère de Sainte
Brigitte à Kildare. Elle y acquit une réputation de Sainteté et de sa manière de cuisiner, on
disait que manger pain et lard à la table de Brigitte était meilleur qu'un banquet n'importe où
ailleurs.
SAINTE TRIPHINA (OU KERFEULINE) DE BRETAGNE, REINE DE DOMNONEE,
VEUVE (+6°.S.) 29 janvier – 5 juillet
Sainte Triphina fut la mère du Saint Enfant-Martyr Tremorus. Elle passa le restant de ses
jours dans un monastère en Bretagne.
ou
Tréphine était la fille du Comte de Vannes, Weroc’h (Waroc). Méfiant, il n’accepta de la
donner en mariage au Comte Conomor que sous la caution de Saint Gildas. Car Tréphine sera
20
sa cinquième épouse. Au sixième siècle, le comte de Poher, Commore ou le roi Conomor de
Domnonée, épousa Tréphine. Sur le point d’accoucher, celle-ci s’enfuit de Kastell Finans
devant Conomor furieux, décidé à tuer son enfant qui devait, selon la prédiction, tuer de ses
propres mains son père. Mais son mari la rattrapa à une vingtaine de kilomètres de là où est
aujourd’hui Sainte-Tréphine. Tréphine fut égorgée ou décapitée par son mari dans la forêt de
Lanvaux puis ressuscitée par Saint Gildas. Plus tard elle donna naissance à Trémeur que le
sanguinaire Conomor finit par décapiter. Mais Conomor périra de la main de Judwal, fils de
sa première épouse Iona. Le tombeau de Trémeur et de sa mère est dans la chapelle du village
de Sainte-Tréphine (Côtes d’Armor) dans les environs de Mûr-de-Bretagne.
Sainte Triphine est appelée également Kerfeuline. De Kastell Finan qui se trouve aujourd’hui
au bord du lac de Guerlédan, il ne reste que quelques ruines, auprès de la chapelle Sainte-
Tréphine. Selon une tradition de Lanmeur, Trifine est la femme du roi Arzur, injustement
accusée d’infanticide et d’adultère, sauvée de la mort par son fils Trémeur.
SAINT EVÊQUE VOLOC (OU WALLOCH) EN ECOSSE (+724)
Saint Voloc était un Evêque missionnaire irlandais qui oeuvra en Ecosse et dont l'église
principale était à Logie-in-Mar au milieu des principales implantations de Pictes qui devaient
être connues sous le nom de Cro-mar. Loin vers le Nord de Glenbuchat, nous entr'apercevons
la présence de l'Eglise celtique à Kilvalauche quelque part dans la forêt de Badeneoin qui est
mentionnée sur une charte de 1507.
Ce nom pourrait difficilement signifier autre chose que l'église de Saint Walloch. Du même
document nous apprenons que Culbalauche, la retraite de Saint Walloch, se trouvait dans le
voisinage. Avant 1473, la chapelle de Glenbuchat était une dépendance de Logie-Mar, le lien
avec Saint Walloch se trouvant ainsi confirmé par l'argument le plus solide en sa faveur.
Fortuitement, on obtient aussi une confirmation par un document qui dit que Saint Walloch,
en plus de ses autres fondations ecclésiales à Dunmeth (Glass) et à Balvenie, avait une église
à Strathdon.
Nous n'avons aucune indication fiable sur la période précise des travaux de Saint Walloch. Le
Bréviaire d'Aberdeen le place au cinquième siècle alors que Camerarius indique sa Naissance
au Ciel en 733. Le Bréviaire donne un intéressant récit du mode de vie de Saint Walloch,
couplé à un tableau peu flatteur des gens qu'il tentait de convertir :
"Il préféra une pauvre petite maison, faite d'assemblage de roseaux et de clayes, plutôt qu'un
palais royal. En cela il mena une vie de pauvreté et d'humilité, méprisant en tout les dignités
de ce monde afin de pouvoir atteindre une plus grande récompense au Ciel. Mais le peuple
qu'il avait choisit de convertir à la Foi en Christ et qu'il y parvint par ses prédications et
exhortations, nul n'hésiterait à le décrire comme brutal, indocile, indécent dans ses manières et
sans vertu, incapable d'écouter facilement la parole de Vérité et leur conversation relevait plus
de celle de brutes que de celle d'êtres humains."
Saint Walloch aurait été un des derniers Missionnaires à avoir été envoyés vers le Nord-Est
depuis le centre de Saint Ninian à Whithorn (Candida Cassa). Bien qu'il y était familièrement
appelé "Walloch l'étranger," on ignore son origine et sa nationalité. A la porte de sa fondation
à Logie-in-Mar, juste hors du cimetière, on trouve un monolithe de cinq pieds six pouces de
haut, appelé "Walloch's Stone." La "Fête de Walloch," "Walloch's Fair," était populaire dans
tout le district et se déroulait le jour de sa fête, le 29 janvier.
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Une autre source nous rapporte une histoire différente, disant que le Saint dont on retrouve le
nom corrompu en Wolok, latinisé Volocus, serait Faelchu, treizième Abbé d'Hy (Iona) de 716
à 724. Il était de la race de Conall Gulban, l'ancête de la célèbre lignée de Cenel Conaill et de
plusieurs Saints d'Irlande dont Saint Columba lui-même. Né en 664, Faelchu avait soixantetreize
ans quand, le samedi 29 août il fut appelé à la chaire occupée autrefois par Saint
Columba. Il est vrai que l'on pense que Fedlimid, quatorzième Abbé d'Hy (722?) fut assistant
Abbé, nommé pour prendre soin des affaires du fait du grand âge de Faelchu.
Walla Kirk (église de Walloch) comme on appelait l'église de Dunmeth-in-Glass se trouvait
sur un endroit perdu des rives du Deveron mais à présent on n'en trouve plus que quelques
monticules. Des superstitions y courraient, même après la Déforme car en 1648 les ministres
de Strathbogie "ordonnent de censurer toutes les superstitions à Wallak Kirk." A cent yards à
l'est de l'église coulait autrefois une Source Saint Wallach. On y trouve une pierre avec un
trou dedans dans lequel les gens enfonçaient des épingles pour demander la santé au Saint. Du
fait de l'extension de l'agriculture, la source a été détournée et l'eau jaillit plus loin en bas sur
la rive, la pierre restant là en vain.
Dans le voisinage du cimetière où une passerelle franchit le Deveron, on trouve Wallach Pot,
un bassin dans la rivière qui ferait quatorze pieds de profondeur. Un quart de miles plus loin
au bord de la rivière on trouve une longue trouée dans le rocher, appelé Saint Wallach's Bath.
Les enfants malades y étaient plongés dans l'eau. On jetait aussi des morceaux de leurs
vêtements et des pièces de monnaie dans le bain comme offrande. S'il y a quoique ce soit de
vrai dans la tradition qui présente l'Ermitage de Saint Wallach sur un proche monticule alors
si c'est vrai, il a dû arriver ici nombre d'années avant son Abbatiat à Hy.
SAINT EVEQUE LAURENT DE TUROV, ERMITE DES PROCHES CAVERNES DE
KIEV (+1194) 28 septembre – 29 janvier – 2ème Dim. du Gr. Carême
Laurent choisit volontairement la vie de Reclus, suivant les exemples des Reclus précédents,
Isaac et Nicetas. Cependant, il se garda contre les tentations diaboliques qui, au départ,
avaient assaillis les deux autres. Par une grande Ascèse, la prière et des Pensées Pieuses,
Laurent parvint à un haut niveau de perfection. Il apprit d'un démon terrifié que des cent dix22
huit Moines du Monastère des Cavernes, trente d'entre eux avaient été livrés par Dieu aux
autres esprits mauvais. Laurent se présenta au Seigneur en 1194.
ou
The Monk Lavrentii (Lawrence), Hermit of Pechersk and Bishop of Turov, in the Nearer
Caves – at first asceticised as an hermit at the monastery of the GreatMartyr Demetrios, built
by Greatprince Izyaslav at Kiev near the Pechersk monastery. Later he transferred to the
Pechersk monastery, and was glorified by a gift of healing. From the Pechersk monastery he
was elevated in 1182 to the cathedra-seat of Turov (Turov is a city in the Minsk region) and
was successor to Sainted Kirill (Cyril) of Turov. He died in 1194, and was buried in the
Nearer Caves. His memory is celebrated also on 28 September and on the 2nd Sunday of
Great Lent.
SAINT MARTYR ASHOT CURAPALATI D'ARTANUJI (+829)
In the year 786, Ashot, the son of Adarnerse, ascended the throne of Kartli. From the very
beginning of his reign he fought fiercely for the reunification of Georgia. His first step was to
take advantage of the Arab Muslims’ weariness and banish them from Tbilisi.
Three years passed and, under the leadership of a new ruler, the reinvigorated Muslims began
to hunt for Ashot. The king was forced to flee after he delayed taking action against them. The
enemy had again conquered Tbilisi.
Ashot was compelled to leave Kartli, and he departed for Byzantium with his family and
small army. The refugees journeyed as far as Javakheti in southern Georgia and stopped near
Lake Paravani for a rest. But while they were sleeping, a Saracen army assailed their camp.
The king’s army was doomed, but “God helped Ashot Kuropalates and his scant army. He
bestowed power upon them, and they defeated an enemy that greatly outnumbered them.” The
king was deeply moved by God’s miraculous intervention and decided that, rather than
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journeying on to Byzantium as he had intended, he would remain in the region of Shavshet-
Klarjeti.
At that time southern Georgia was suffering great calamities. A cholera epidemic intensified
the struggles of a people devastated by a ruthless enemy. Very few had survived, but that
powerless and wearied remnant gladly received Ashot Kuropalates as their new leader, and
the king began to restore the region at once.
Ashot Kuropalates restored Artanuji Castle, which had originally been built by King
Vakhtang Gorgasali and later ravaged by the Arab general Marwan “the Deaf.” Ashot
founded a city nearby and proclaimed it the residence of the Bagrationi royal family of
Klarjeti. He also constructed a church in honor of Sts. Peter and Paul. As it is written, “God
granted Ashot Kuropalates great strength and many victories.”
The region of Klarjeti took on a new life, and through the efforts of St. Grigol of Khandzta
and his companions, the former wasteland was transformed into a borough bustling with
churches, monasteries, and schools. Georgian noblemen soon began traveling to Klarjeti to
forge their nation’s future with King Ashot and the other God-fearing leaders.
Ashot Kuropalates was not only a leader who campaigned vigorously for the unification of
Georgia—he was truly a godly-minded man. With great honor and joy he was the host of Fr.
Grigol of Khandzta, a “heavenly man and an earthly angel.” Fr. Grigol blessed Ashot’s
kingdom and his inheritance.
Upon those who labored at Khandzta Monastery, Ashot Kuropalates bestowed the best lands,
including Shatberdi, to serve as rural estates, which would supply food for the monastery. His
children, Adarnerse, Bagrat, and Guaram, would later contribute much of their own fortune to
the revival of the monasteries in the KlarjetiWilderness. (Udabno in Georgian. Translated as
“wilderness,” these deserted places where hermits made their abodes often attracted monks
and pious laymen as the fame of these holy men spread. Over the centuries, with the
foundation of numerous monasteries, these deserts became veritable cities and only retained
the name “wilderness” in a figurative sense.)
But after some time the usually virtuous King Ashot fell in love with a certain woman. He
forgot his honor, his achievements, and his loyalty to God and the nation and took her to
Artanuji Castle, an estate that had been built for the queen. St. Grigol, however, heard about
the king’s adulterous relationship and became exceedingly sorrowful.
He confronted the king about his behavior, and the desperate Ashot promised to leave the
woman, but he could not bring himself to fulfill his promise. So Fr. Grigol took her to Mere
Monastery and turned her over to the abbess, Mother Pebronia, without telling Ashot. Upon
hearing what had happened, King Ashot pleaded with Mother Pebronia to return the woman,
but the abbess refused. At long last Ashot bowed his head to the nun and repented, saying,
“Blessed is the man who is no longer alive to this world.”
The king rediscovered his love for God and his country, and he prepared to return to Kartli.
But his plans were foiled when a certain Muslim warrior named Khalil invaded, conquering
the lands of Kartli, Hereti, and Kvemo Kartli.
Ashot sent his men to assemble an army, but before the troops had been gathered, the
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Saracens attacked and forced them to flee. The king then traveled to Nigali Gorge with the
intent of enlarging his army. Some of the draftees turned out to be traitors, and when the king
discovered the betrayal, it was already too late. He hid in a church, but the godless men found
him and stabbed him to death in the sanctuary. “They murdered him on the altar, as though
slaughtering a sacrificial lamb, and his blood remains there to this day,” writes Sumbat, the
son of Davit, in his book Lives of the Bagrationis.
Thus the first Bagrationi king, “a believer, upon whom the inheritance of the Georgian people
was established,” was also a martyr. The Georgians took revenge on the murderers of their
beloved king. When the people of Doliskana heard that Ashot had been killed, they pursued
his murderers and killed them near the Chorokhi River. Venerable Grigol and the Georgian
people wept bitterly over the loss of their king and hope. St. Ashot’s holy relics were buried in
the Church of Sts. Peter and Paul that he himself had built.
Saints Gérassime, Pitirim et Jonas de Perm
SAINT EVÊQUE GÉRASIME DE PERM (+1441)
24 – 29 (avec St. Pitirim de Perm et Jonas de Perm) janvier
Sainted Gerasim, Bishop of Velikopermsk (GreatPerm) and Ust'vymsk, was the third bishop
of the newly-enlightened Zyryani people, and he was a worthy successor to Sainted Stephen,
the Enlightener of Perm. Having been elevated onto the Perm cathedra-seat sometime after
the year 1416, he was a participant in Church Sobor-Councils: in that of the year 1438
condemning the Unia and metropolitan Isidor, and in that of the year 1441, which defined the
selection of the metropolitan of All Rus' by means of a Sobor of Russian pastors. The Saint
unrelentingly concerned himself about his newly-established flock, which suffered raids from
Novgorodians, and in particular from the pagan Vogulians – where he fearlessly showed up in
their camps urging them to cease the pillaging of villages of the defenseless Perm Christians.
During the time of one of his journeys through the Perm land in 1441, he was murdered
25
(according to tradition, strangled with his omophor) by a Vogul servant. He was buried in the
cathedral church of the first bishops of Perm, – later becoming the Annunciation church in the
village of Ust'Vyma, situated northeast of the city of Yarensk, at the River Vychegda. The
celebration of his memory was established in 1607. On 29 January is made a general
commemoration to the three Perm Sainted-Hierarchs: Gerasim, Pitirim and Jona.
ou
SAINT GERASIME, EVÊQUE DE PERM (+1441), SAINT PITRIM, EVÊQUE DE PERM
(+1455) ET SAINT JONAS, EVÊQUE DE PERM (+1470)
Sainted-Hierarchs Gerasim, Pitirim, Jona were bishops of Great Perm and Ustiug. Saint
Gerasim – was the third bishop of the Zyryan people, and a worthy successor of Saint Stefan
(Stephen), Enlightener of Perm. He was elevated to the Perm cathedra-seat sometime after the
year 1416, when only part of the Zyryani had been converted to Christianity. He was
zealously concerned over his flock, which suffered incessant incursions from the
Novgorodians and pagan Vogulians. He boldly went into the Vogul camps, urging them to
cease plundering the defenseless Perm Christians. During the time of one of these journeys he
died a martyr's death: he was murdered (according to tradition – strangled with his omophor)
by his Vogul servant in 1441. He was buried in the Annunciation church of the village of Ust'-
Vym' not far from the city of Yarensk, at the River Vychegda (also Comm. 24 January).
The successor of Saint Gerasim was his disciple, the archimandrite Pitirim. Even during his
time the Voguli had not ceased attacking the peaceful Zyryani, the settlers of the Permian
land. Bishop Pitirim, just like his predecessor, stood forth for his flock. In 1447 at Moscow he
personally appealed to the great-prince about rendering aid to the Zyryani. The Saint often
visited among his flock, which was spread out over a wide territory, instructing them in the
Word of God and coming in help over their misfortunes. And to enlighten the pagan Voguli
he undertook far-flung journeys, during the time of which his life was frequently in danger,
and wherein he had to endure all sorts of privation. But the Saint did not slacken his efforts,
he enlightened and instructed people in the homes, in the churches, and in the open places.
By his preaching he converted to Christianity many of the Voguli, who lived along the
tributaries of the River Pechora. By this he roused the terrible wrath of the head leader of the
Voguli, named Asyk, who murdered the Saint in a field during the time of his making a
molieben. This occurred not far from Ust'-Vym' on 19 August 1455. Saint Pitirim compiled
the vita (life) of Sainted Alexei and the canon of the uncovering of his relics.
After Saint Pitirim, Saint Jona came upon the Perm cathedra-seat. He converted to
Christianity the remaining part of Great Perm, i.e. the pagan tribes living along the Rivers
Vishera, Kama, Chusova and others. By his efforts the idols were eradicated and in their place
was erected churches, nearby which the Saint opened schools. Experienced pastors were
transferred to the newly-converted at Ust'-Vym', who preached and taught at these schools.
Saint Jona reposed on 6 June 1470. His relics rest together with the relics of Saints Gerasim
and Pitirim in the Annunciation temple in Ust'-Vym' (in Vologda district).
The commemoration in common of these three Saints acknowledges their apostolic activity in
this Eastern expanse of Russia.
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SAINT MARTYR SARBELUS ET SAINTE MARTYRE BEBAIA, À EDESSE
15 octobre (Sarbelus seul) – 29 janvier
Sarbel était prêtre païen qui vivait durant le règne de l'empereur Trajan (98-117) à Edesse en
Syrie. Il consentit à perdre tous les profits qu'il retirait des richesses de son culte et de son
temple pour obtenir la richesse du Christ au prix de son martyre. Sa soeur Bebaia et lui furent
convertis par l’Evêque Barsimaius d'Edesse.
SAINTS HIÉROMARTYRS SILVAIN L'EVÊQUE, LUC, DIACRE ET MOCIUS,
LECTEUR À EMESE (+312)
Le Saint Evêque Silvain souffrit dans la ville phénicienne d'Emese (Homs) en 312 avec le
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Saint Diacre Luc et le Saint Lecteur Mocius. Après tortures, emprisonnement et épuisement
par la faim, ils furent jetés aux bêtes sauvages. Les Saints Martyrs s'endormirent en priant,
laissés intacts par les animaux. Les Chrétiens emportèrent les corps des Saints Martyrs de nuit
et les ensevelirent avec respect.
SAINT ANDREÏ ROUBLEV (+1430) 29 janvier – 4 juillet
L'homme lui-même reste très effacé. On ne sait pas où il est né et l'on situe la date de sa
naissance approximativement entre 1360 et 1370. On sait qu'il fut Moine au Monastère Saint-
Andronic à Moscou. Toutefois le début de son activité est lié au premier essor du Monastère
de la Trinité fondé par Saint Serge de Radonège. Sans doute a-t-il fait son apprentissage dans
l'atelier d'Icônes de ce monastère car il est souvent appelé "l'Iconographe de Radonège." Les
"Récits sur les Saints Iconographes" mentionnent : "Le Saint Père André de Radonège,
Iconographe surnommé Roublev, peignit un grand nombre d'Icônes, toutes Miraculeuses..."
Roublev vécut à une époque tumultueuse de l'histoire russe. La victoire sur les Tartares en
1380 à Koulikovo avait exalté les forces du peuple russe qui désormais pouvait espérer sa
libération définitive. C'est l'époque des progrès décisifs de l'unité autour de Moscou et d'un
grand essor de la conscience nationale. Et c'est en même temps l'âge d'or de la Sainteté russe,
le moment où le monachisme sans toutes ses formes, connaît une éclatante renaissance où la
culture et l'art s'épanouissent autour des monastères. En un mot, c'est l'époque de Saint Serge
de Radonège car elle est réellement illuminée par la Sainteté particulière de Serge et par son
style personnel de spiritualité. On pourrait définir celle- ci comme la forme russe du grand
courant mystique orthodoxe connu sous le nom d'Hésychasme.
Saint Serge s'endormit dans le Seigneur le 25 septembre 1392. Il laissait dans l'Eglise russe un
grand nombre de disciples. André Roublev était son contemporain plus jeune et sans doute le
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connut-il personnellement. En tout cas il vécut constamment au contact des disciples directs
du grand Saint, de ceux qui continuaient son ouvre et mettaient en pratique jusqu'au bout ses
enseignements : l'humilité, l'Amour, le désintéressement et la solitude contemplative orientée
vers la purification de l'esprit et l'union avec Dieu dans la prière perpétuelle. Au centre de
cette spiritualité est l'Amour –inséparablement vertu de l'homme et participation à la Grâce
Incréée–, l'Amour pour Dieu et pour le prochain. Dans les sources les plus anciennes, André
Roublev et son ami plus âgé, son "compagnon de jeûne" Daniel surnommé "le Noir" avec qui
il collaborait, sont caractérisés comme "des hommes parfaits en vertu;" Roublev est décrit
comme très humble, "plein de joie et de clarté." Et tout son art est à l'image de cette humilité,
tout son art est plein de joie et de clarté. Sa peinture est d'une extraordinaire profondeur de
contenu mais en même temps, elle est comme enfantine à force de joie, de légèreté, de paix
que rien ne trouble, de ferveur.
C'est en 1405 que les chroniques mentionnent pour la première fois le nom de Roublev quand
fut décorée la cathédrale de l'Annonciation au Kremlin de Moscou. Il y participe au sein d'une
équipe de peintres que dirige le célèbre Théophane le Grec. Cependant malgré l'immense
influence de celui-ci sur l'art russe de l'époque, malgré son autorité incontestée et méritée,
Roublev suivit sa voie propre inspirée par l'entourage spirituel de Saint Serge. Au contraire de
Théophane dont le coloris est comme "assourdi," les couleurs de Roublev sont lumineuses,
joyeuses et claires. Il a plus de légèreté, de souplesse et de chaleur. L'accent chez lui ne porte
pas sur le pesant labeur de la vie ascétique mais sur la joie dont la Grâce vient le couronner.
"Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école car je suis doux et humble de cour et
vous trouverez soulagement pour vos âmes. Car mon joug est doux et mon fardeau léger" : tel
est le principe de la vie et de l'art de Roublev dont son ouvre porte témoignage.
Les jours de fête lorsqu'ils ne peignaient pas, Roublev et son ami Daniel "s'asseyaient devant
les Vénérables et Divines Icônes et regardant celles-ci sans distraction... Ils élevaient
constamment leur esprit et leur pensée dans la Lumière Immatérielle et Divine." Cette
Lumière à la contemplation de laquelle il s'ouvrait, Roublev sut la manifester et la transmettre
dans son art tout particulièrement et avec une force incomparable dans son Icône de la Trinité.
Par ailleurs, en étudiant d'anciennes Icônes, il retrouva avec une grande perspicacité
esthétique les fondements même de l'art antique à travers l'héritage byzantin.
En 1408, André Roublev décore avec Daniel la cathédrale de l'Assomption à Vladimir. Peu
après 1422, l'Higoumène Nikon le disciple bien-aimé de Saint Serge l'invite au Monastère de
la Trinité Saint Serge pour décorer la nouvelle église de la Trinité construite pour remplacer
l'église primitive brûlée par les Tartares. André passa surtout de longues années au Monastère
Saint-Andronic fondé par le Saint Métropolite Alexis de Moscou. Dans les années 20 du
quinzième siècle, il y participe à l'édification de l'église de la Transfiguration, s'intéressant
aux plans et contribuant aux frais de construction. C'est là qu'il rend son âme au Seigneur le 9
janvier 1430. On ne connaît plus le lieu où il fut enseveli. Sa pierre tombale existait encore au
dix-huitième siècle puis elle disparut. On a appris tout récemment que sous l'Autel du
Monastère Andronikov à Moscou on avait mis au jour les Précieux Restes du Grand
Iconographe André Roublev et de son collaborateur Daniel Tcherny.
Dans l'art liturgique de l'Eglise orthodoxe, l'oeuvre de Roublev manifeste par l'image la
Sainteté et l'héritage spirituel de Saint Serge de Radonège, cette pacification intime qui lui
était propre et s'étendait à tous ses domaines d'activité, cette unité d'amour à l'image de la
Trinité Divine dont l'expression artistique suprême reste la célèbre Icône de la Sainte Trinité.
29
Roublev la peignit justement à la Gloire de Saint Serge et pour son église. Dans un inventaire
des peintures de la Laure de la Trinité-Saint-Serge, G.Olsoufiev caractérisait ainsi, en 1920,
cette Icône : "On peut la dire sans pareille pour la synthèse parfaite d'une conception
théologique sublime et du symbolisme artistique qui l'exprime par la structure des rythmes et
des lignes, des couleurs et d'une plastique qui se transcende. Cette Icône est par excellence
ontologique, non seulement dans sa conception mais aussi dans tous ses détails."
La profondeur de la vision spirituelle de Saint André trouva son expression par la faveur d'un
don artistique exceptionnel. Et l'Icône de la Trinité où culmine son ouvre reste, au point de
vue artistique comme au point de vue théologique, le sommet de l'art orthodoxe.
Un film fut tourné à l'époque soviétique par Tarkovsky :
http://pserve.club.fr/Andrei_Roublev.html
Les Précieuses Reliques d'André Roublev retrouvées :
http://fr.rian.ru/analysis/20060526/48657936.html
Par Anatoli Koroliov, RIA Novosti
On a appris tout récemment que sous l'Autel du Monastère Andronikov à Moscou on avait
mis au jour les restes du grand iconographe André Roublev et de son collaborateur Daniel
Tcherny. Pendant plus de dix ans cette découverte exceptionnelle avait été maintenue sous
le boisseau par le Patriarcat de Moscou.
Un silence parfaitement explicable car qui dit grand nom dit grande responsabilité.
Tout avait commencé en 1992 lorsque la gestion du Monastère Andronikov avait été confiée
à l'Eglise orthodoxe russe. Les Religieux conduits par l'Archiprêtre Viatcheslav Savinykh
avaient alors entrepris de restaurer l'Autel de la cathédrale du Sauveur. Au cours des
travaux les ouvriers s'étaient heurtés au soubassement de pierre de l'Autel, un endroit où
habituellement on inhume les dignités religieuses. Décision avait alors été prise
d'approfondir la fouille. Et effectivement quatre sépultures avaient été mises au jour. Au vu
des vêtements sacerdotaux coûteux et d'autres indices, il avait été établi que ces tombes
étaient celles d'Andronik, le premier Archiprêtre du monastère et de trois autres supérieurs:
Savva, Alexandre et Efrem.
Jugeant de son devoir de vénérer ces Restes, le Patriarche Alexis était descendu dans la
fouille.
Les choses semblaient s'être arrêtées là. Cependant, les travaux avançant lentement, les
parois latérales de la fouille s'étaient effritées pour finalement laisser apparaître une
cinquième sépulture. Son intuition souffla à l'Archiprêtre que l'on pouvait s'attendre à
toutes sortes de surprises. Aussi pour l'exhumation fit-il appel à l'anthropologiste légiste de
renom Sergueï Nikitine. Une sommité de la profession. Ce spécialiste travaille depuis de
longues années dans le domaine de la reconstitution du visage à partir du crâne.
Aujourd'hui grâce à Sergueï Nikitine nous connaissons la physionomie du grand
chroniqueur Nestor, de la légendaire princesse byzantine Sophie Paléologue et de Ielena
Glinskaïa, la mère d'Ivan le Terrible. Actuellement il a en charge les sépultures du principal
tombeau du Kremlin dans la cathédrale de l'Archange Saint-Michel.
Sergueï Nikitine a confirmé dernièrement sa maîtrise au cours d'un congrès international
d'anthropologistes tenu en Amérique. Il y a remporté un concours portant sur la
reconstitution d'un visage à partir d'un crâne. Les Américains possédaient une photo du
défunt et ils ont pu constater que la ressemblance était frappante.
30
Armé d'une spatule et d'une balayette, Nikitine est descendu dans la fouille et quelque
temps plus tard il a découvert non pas un mais deux crânes, une coupe ayant contenu de
l'onction, des Croix tressées avec des lanières de cuir ainsi que des chaussons de cuir eux
aussi. Mais la chose la plus étonnante, c'est qu'il s'agissait des restes de simples Religieux
âgés d'environ cinquante et quatre-vingts ans. Mais l'essentiel, c'est qu'il s'agissait d'une réinhumation!
D'après les traces visibles sur un crâne, l'expert a établi que ceux qui avaient décidé de
procéder à la ré-inhumation des deux Religieux ignoraient de manière précise où se
trouvaient les sépultures et au moyen de tiges métalliques ils avaient sondé la terre dans
l'espoir de heurter les ossements.
Une question se pose: quels étaient donc ces religieux ordinaires dont les restes, bien des
années après leur mort, avaient été retrouvés au terme de recherches à tâtons pour être
transférés solennellement dans une sépulture commune située sous l'Autel du monastère?
Une seule réponse est possible: il s'agit d'André Roublev et de Daniil Tcherny.
Selon des données fragmentaires, les deux iconographes étaient des Religieux de ce
monastère, ils étaient morts tous les deux approximativement à la même époque, vers 1430
et avaient été enterrés ici.
Au Moyen-Âge les peintres d'Icônes ne se distinguaient en rien des autres Religieux. Le nom
d'André Roublev est parvenu jusqu'à nous comme une exception prodigieuse à la règle. Le
fait même que son nom se soit conservé dans l'histoire semble déjà incroyable.
En effet les Religieux qui s'adonnaient à la peinture d'Icônes ne signaient jamais leurs
oeuvres, au Moyen-Âge la vanité n'était pas de mise. L'iconographie était considérée comme
une forme de prière et était étrangère à la fatuité. Et si Roublev est mentionné quelques
rares fois dans les chroniques russes, c'est uniquement en raison du génie exceptionnel du
maître.
André Roublev a été mentionné pour la première fois dans des annales moscovites
remontant à 1405 dans lesquelles il figure avec deux autres iconographes, Théophane le
Grec et Prokhor de Gorodets qui avaient exécuté les fresques de la cathédrale de
l'Annonciation au Kremlin. A l'aune de notre époque, cela pourrait être considéré comme le
faîte d'une carrière des plus réussies. Sur les centaines de peintres d'Icônes d'écoles
diverses qui exerçaient alors, deux seuls avaient été choisis pour orner l'Autel en association
avec l'illustre Grec. Trois ans plus tard Roublev et Daniel Tcherny exécuteront les fresques
de la cathédrale de la Dormition à Vladimir, l'église numéro un de l'Orthodoxie et résidence
du Patriarche. Enfin, ces deux peintres se retrouveront associés une nouvelle fois dans la
réalisation de fresques au Monastère de Savvino-Storojevski, près de Zvenigorod. Et des
rumeurs selon lesquelles André Roublev est mort en 1430 et a été inhumé dans le tombeau
du monastère Andronikov à Moscou où il avait été Moine les dernières années de sa vie.
Pour qu'un iconographe fasse l'objet de ces seules rumeurs, il fallait qu'il ait eu un immense
ascendant sur ses contemporains.
Effectivement, l'époque n'était pas des plus appropriées pour que l'on se soucie de
l'existence d'individualités. La vie d'André Roublev avait coïncidé avec l'agression des Tatars
contre Riazan, l'assassinat des ambassadeurs du khan Mamai à Nijni Novgorod, la bataille
de Koulikovo, l'incursion du khan Tokhtamych dans Moscou et la ruine totale de la ville, la
guerre de Riazan contre Moscou la prise de Smolensk par les Lituaniens, la mort de
Vassili Ier, le transfert à Moscou de la capitale de la principauté de Vladimir, une épidémie
de peste. Pendant ce temps, les frères van Eyck avaient réalisé l'Autel de Gand, apothéose
de l'Europe médiévale et seul un contemporain, André Roublev, les a surpassés dans la
compréhension de l'iconographie et a fait de l'Icône la base de l'harmonie du monde
orthodoxe.
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Seulement il faudra attendre le milieu du dix-neuvième siècle, pas moins de trois siècles
plus tard pour pouvoir inscrire ce nom sur des oeuvres concrètes et identifier l'Icône de la
Trinité, principal chef-d'oeuvre de Roublev et emblème de l'art universel. Les initiés ont
quand même réussi à établir le nombre de ses travaux: à peine un peu plus d'une dizaine...
Sept Icônes de l'iconostase du Kremlin quelques fragments de fresques à Vladimir, trois
Icônes mutilées, Le Sauveur, l'Archange Saint-Michel et L'Apôtre Paul au monastère près de
Zvenigorod et la légendaire Icône de la Trinité qui se trouve à la Laure de la Trinité Saint-
Serge. Seule cette dernière oeuvre est restée intacte. Les Icônes de Zvenigorod avaient été
utilisées comme couvercles de tonneaux de choucroute, une autre avait fait office de marche
d'escalier. Ces actes de vandalisme avait été perpétrés par des fidèles bon teint.
Les sépultures d'André Roublev et de Daniel Tcherny avaient fait l'objet de la même
indifférence. Pourtant dans un recueil de manuscrits du moine Iona de Iaroslavl on a
découvert une inscription selon laquelle les restes sacrés d'André et de Daniel reposent au
Monastère Andronikov sous l'ancien clocher détruit par un incendie. Le site est maintenant
foulé par les passants qui profanent le souvenir des Saints.
La lecture de ces manuscrits indique que trois cents ans plus tard la signification de
Roublev était reconnue. C'est d'ailleurs ce sentiment qui à la fin du dix-huitième siècle
lorsque le clocher avait été rasé, avait incité les Religieux à rechercher les dépouilles
sacrées. Sondant le sol à l'endroit indiqué, ils avaient trouvé les sépultures des Moines
André et Daniel et avaient solennellement ré-inhumé les iconographes dans le
soubassement de l'Autel avec les supérieurs. Cela a très certainement été mentionné dans
les documents du monastère mais au cours de l'invasion des armées napoléoniennes le
monastère et ses archives avaient été détruits par un incendie.
La découverte de nos jours des restes d'André Roublev relève vraiment du Miracle.
Même la tombe de Léonard de Vinci a disparu alors qu'il a été mis en terre au cimetière du
château royal du Clos Lucé. De plus, Léonard était mort le 2 mai 1519 dans les bras de
François Ier et avait été enterré en présence de la cour.
André Roublev est un pilier du Moyen-Âge spirituel russe, au cours des cinq cents ans
écoulés depuis sa disparition personne n'a surpassé ses Icônes ni pour le coup de main ni
pour l'incantation spirituelle ni pour la divinisation du Christ.
Tranfert des Reliques de St Ignace le Théophore, Evêque d'Antioche-Sts Hyperéchios,
Philothée, Jacques, Abib, Julien, Romain et Parégorios, de Samosate-Sts Sylvain, Evêque
d'Emese, Luc et Mocios-St Sarbel Prêtre païen converti et Ste Bébaïa sa soeur, martyrs à
Edesse sous Trajan (vers 115). St Barsimée le Confesseur, Evêque d'Edesse-St Aphraate le
Sage persan, Ascète près d'Antioche et confesseur de l'Orthodoxie contre l'arianisme (fin
IVème siècle).-St Aceptime-St Dimitrios de Chios, Néomartyr-St Laurent des Grottes de
Kiev, puis Evêque de Tourov (1194).-Sts Gérasime, Pitirim et Jonas, Evêques de Perm-St
Gildas le Sage, Higoumène de Rhuys-St Valère, Evêque de Lucques en Toscane (Ier siècle). -
St Barsimée, Evêque d'Edesse confesseur (début du IIème siècle). -St Constance, Evêque de
Pérouse en Italie, martyr sous Marc-Aurèle (vers 178). -Sts Paul, Victor et Honoré, martyrs en
Afrique. -St Sabinien, martyr à Troyes en Champagne sous Aurélien (275). -Ste Savine
(Sabine), soeur de St Sabinien, vierge à Troyes, morte en paix (vers 280). -Sts Papias et Maur,
soldats, martyrs à Rome sous Dioclétien. -St Seuste et 80 autres, martyrs à Todi en Toscane
sous Dioclétien. -Sts Severia, vierge, Maxime et Seconde, ses père et mère, Marc et Calendin,
ses frères, martyrs avec beaucoup d'autres en Toscane (début du IVème siècle). -St Bacule,
Evêque de Sorrente. -St Valere, Evêque de Trèves (vers 320). -St Julien l'Hospitalier, pénitent
à une époque inconnue. -St Sulpice Sévère, Prêtre de l'Eglise de Tours, disciple et biographe
de St Martin (vers 410). -St Potamion, Evêque d'Agrigente en Sicile (VIème siècle). -Ste
Blath (Flora), cuisinière au monastère de Kildare (vers 523). -St Sulpice Ier le Sévère, Evêque
de Bourges en Berry (591). -St Dallan, Moine irlandais, martyr par la main des pirates (598). -
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St Aquilin, Prêtre, probablement Latin de Bavière de nation, martyr à Milan par la main des
Ariens (650). -St Voloc, Irlandais de nation, Evêque en Ecosse (724). -St Achot le
Couropalate, martyrisé dans l'église d'Artanoudji (Géorgie 826). -St Ayrman, Moine près de
Dijon en Bourgogne, martyr par la main des Vikings païens (888).-St Ignace, Evêque de
Smolensk (1210). -Synaxe des Sts Evêques de Perm: Gerasime (1441), Pitirim (1455) et Jonas
(1471) -Sts Jean et Léonce, Prêtres, Constantin, Diacre, et 5 autres avec eux, martyrs (Russie
1920).
Lecture de l’Epître
Heb X : 32-38
10.32 Souvenez-vous de ces premiers jours, où, après avoir été éclairés, vous avez soutenu un
grand combat au milieu des souffrances, 10.33 d'une part, exposés comme en spectacle aux
opprobres et aux tribulations, et de l'autre, vous associant à ceux dont la position était la
même. 10.34 En effet, vous avez eu de la compassion pour les prisonniers, et vous avez accepté
avec joie l'enlèvement de vos biens, sachant que vous avez des biens meilleurs et qui durent
toujours. 10.35 N'abandonnez donc pas votre assurance, à laquelle est attachée une grande
rémunération. 10.36 Car vous avez besoin de persévérance, afin qu'après avoir accompli la
volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis. 10.37 Encore un peu, un peu de temps:
celui qui doit venir viendra, et il ne tardera pas. 10.38 Et mon juste vivra par la foi; mais, s'il se
retire, mon âme ne prend pas plaisir en lui.
Pour l’usage slave
Heb IV : 14-V : 6
4.14 Ainsi, puisque nous avons un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus,
le Fils de Dieu, demeurons fermes dans la foi que nous professons. 4.15 Car nous n'avons pas
un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses; au contraire, il a été tenté
comme nous en toutes choses, sans commettre de péché. 4.16 Approchons-nous donc avec
assurance du trône de la grâce afin d'obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être
secourus dans nos besoins.
5.1 En effet, tout souverain sacrificateur pris du milieu des hommes est établi pour les hommes
dans le service de Dieu, afin de présenter des offrandes et des sacrifice pour les péchés. 5.2 Il
peut être indulgent pour les ignorants et les égarés, puisque la faiblesse est aussi son partage.
5.3 Et c'est à cause de cette faiblesse qu'il doit offrir des sacrifices pour ses propres péchés,
comme pour ceux du peuple. 5.4 Nul ne s'attribue cette dignité, s'il n'est appelé de Dieu,
comme le fut Aaron. 5.5 Et Christ ne s'est pas non plus attribué la gloire de devenir souverain
sacrificateur, mais il la tient de celui qui lui a dit: Tu es mon Fils, Je t'ai engendré aujourd'hui!
5.6 Comme il dit encore ailleurs: Tu es sacrificateur pour toujours, Selon l'ordre de
Melchisédek.
Lecture de l’Evangile
Marc IX : 33-41
9.33 Ils arrivèrent à Capernaüm. Lorsqu'il fut dans la maison, Jésus leur demanda: De quoi
discutiez-vous en chemin? 9.34 Mais ils gardèrent le silence, car en chemin ils avaient discuté
entre eux pour savoir qui était le plus grand. 9.35 Alors il s'assit, appela les douze, et leur dit: Si
quelqu'un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous. 9.36 Et il prit un
petit enfant, le plaça au milieu d'eux, et l'ayant pris dans ses bras, il leur dit: 9.37 Quiconque
reçoit en mon nom un de ces petits enfants me reçoit moi-même; et quiconque me reçoit,
reçoit non pas moi, mais celui qui m'a envoyé. 9.38 Jean lui dit: Maître, nous avons vu un
homme qui chasse des démons en ton nom; et nous l'en avons empêché, parce qu'il ne nous
suit pas. 9.39 Ne l'en empêchez pas, répondit Jésus, car il n'est personne qui, faisant un miracle
33
en mon nom, puisse aussitôt après parler mal de moi. 9.40 Qui n'est pas contre nous est pour
nous.
9.41 Et quiconque vous donnera à boire un verre d'eau en mon nom, parce que vous
appartenez à Christ, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense.
RÉFLEXION - Plus l'homme avance dans la connaissance spirituelle et dans la purification
du coeur, plus il lui semble que les profondeurs où il se trouve sont vraiment très profondes et
les hauteurs vers lesquelles il aspire vraiment très élevées. Un jour, un Géant Spirituel gisant
sur son lit de mort entendit que ses compagnons le louaient pour sa Grande Ascèse et il
commença à pleurer et leur dit : "Mes enfants, je n'ai même pas encore commencé la Vie
Spirituelle." Lorsque Saint Ignace le Théophore se retrouva enchaîné dans le donjon, il écrivit
aux Ephésiens : "Je ne vous donne pas des ordres comme si j'étais quelqu'un. Car si je suis
enchaîné pour le Nom, je ne suis pas encore accompli en Jésus-Christ. Maintenant, je ne fais
que commencer à m'instruire et je vous adresse la parole comme à mes condisciples." (Eph.
3,1)
Saint Nicolas Velimirovitch l'Evêque d'Ochrid, Serbie (+ 05 mars 1958), rescapé de Dachau puis des
persécutions communistes, auteur du Synaxaire "Prologue d'Ochrid"

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