vendredi 27 janvier 2012

Vie de Saint Paul de Thèbes et autres vies de Saints.

15 – 28 janvier 2012
Cycle mobile (Pascalion): Samedi de la Trente-Troisième Semaine
Lecture de l’Epître
2Tim II : 11-19
2.11 Cette parole est certaine: Si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui; 2.12
si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui; si nous le renions, lui aussi nous reniera;
2.13 si nous sommes infidèles, il demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même.
2.14 Rappelle ces choses, en conjurant devant Dieu qu'on évite les disputes de mots, qui ne
servent qu'à la ruine de ceux qui écoutent. 2.15 Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme
un homme éprouvé, un ouvrier qui n'a point à rougir, qui dispense droitement la parole de la
vérité. 2.16 Évite les discours vains et profanes; car ceux qui les tiennent avanceront toujours
plus dans l'impiété, et leur parole rongera comme la gangrène. 2.17 De ce nombre sont
Hyménée et Philète, 2.18 qui se sont détournés de la vérité, disant que la résurrection est déjà
arrivée, et qui renversent la foi de quelques uns.
2.19 Néanmoins, le solide fondement de Dieu reste debout, avec ces paroles qui lui servent
de sceau: Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent; et: Quiconque prononce le nom du
Seigneur, qu'il s'éloigne de l'iniquité.
Lecture de l’Evangile
Matthieu XXV : 1-13
25.1 Alors le royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes,
allèrent à la rencontre de l'époux. 25.2 Cinq d'entre elles étaient folles, et cinq sages. 25.3 Les
folles, en prenant leurs lampes, ne prirent point d'huile avec elles; 25.4 mais les sages prirent,
avec leurs lampes, de l'huile dans des vases. 25.5Comme l'époux tardait, toutes s'assoupirent et
s'endormirent. 25.6 Au milieu de la nuit, on cria: Voici l'époux, allez à sa rencontre! 25.7 Alors
toutes ces vierges se réveillèrent, et préparèrent leurs lampes. 25.8 Les folles dirent aux sages:
Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent. 25.9 Les sages répondirent: Non; il n'y
en aurait pas assez pour nous et pour vous; allez plutôt chez ceux qui en vendent, et achetezen
pour vous. 25.10 Pendant qu'elles allaient en acheter, l'époux arriva; celles qui étaient prêtes
entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée. 25.11 Plus tard, les autres
vierges vinrent, et dirent: Seigneur, Seigneur, ouvre-nous. 25.12 Mais il répondit: Je vous le dis
en vérité, je ne vous connais pas. 25.13 Veillez donc, puisque vous ne savez ni le jour, ni
l'heure.
Cycle fixe : Commémorations
SAINT MORT (OU MAUR) DE HUY, EN BELGIQUE (+8°.S.)
Ce Grand Saint porte ce macabre patronyme simplement parce qu'il était né... mort! A la fin
du septième siècle, deux époux restés sans enfants priaient avec ferveur pour obtenir une
descendance. Dieu les entendit et ils finirent par obtenir un héritier. Hélas, celui-ci était mortné.
Fou de douleur, son père, bûcheron de son état, le déposa au pied d'une représentation de
la Mère de Dieu à Huy et l'enfant revint à la vie. Cette histoire fit grand bruit dans les
environs et quand le petit se mit à marcher, les Hutois disaient en le voyant passer : "C'est
bien le petit Mort." Le nom lui est resté pour l'Eternité.
Mort était humble et aimait la solitude des bois. A l'âge de quinze ans, il devint comme le
porcher du Miracle, le gardien des troupeaux de la Duchesse Begge mais comme il était très
Pieux, il souffrait de ne pouvoir assister à l'Office. Alors Dieu lui accorda le don de bilocation
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qui lui permettait de se trouver en même temps au milieu de ses bêtes et au pied de l'Autel.
Mais ce n'était point assez pour satisfaire la Piété de l'homme : il décida un jour de se faire
Ermite et après avoir vendu ses biens et distribué son héritage aux pauvres, il s'installa une
petite cellule entre Huy et Andenne, non loin de la Meuse dans un endroit encore appelé
aujourd'hui "Saint Mwèrt è Bwés" (Saint Mort au Bois). Il y vécut plus de soixante ans dans
la prière et le silence.
Lorsqu'il fut âgé de près de quatre-vingt-dix ans, ceux qui venaient entendre ses instructions
le trouvèrent un jour sans vie. Mort naquit au Ciel pour la seconde fois, définitivement cette
fois. Les habitants d'Andenne décidèrent de ramener sa dépouille dans leur ville mais les
animaux de traits furent intraitables : il fut impossible de leur faire prendre le chemin
d'Andenne et c'est à Huy qu'ils transportèrent le corps de Saint Mort.
Comme on ignorait le jour de sa Naissance au Ciel, on plaça sa fête au 15 janvier, jour de la
fête de son célèbre homonyme Saint Maur. Une chapelle a été érigée à l'emplacement de sa
cabane. Elle contenait sous son Autel la pierre sur laquelle le Saint Ermite remit son âme au
Seigneur la seconde fois! Il existe une autre chapelle dédiée à Saint Mort à Coutisse et une
église à Latinne.
Tropaire de Saint Maur de Huy ton 2
Vraiment, ce Miracle est trop grand pour nos yeux :
Un mort est ressuscité sur notre terre!
Et comme jadis le firent Lazare,
La fille de Jaïre et le fils de la veuve,
Saint Mort nous chante inlassablement :
Christ est Notre Résurrection, Notre Vie Eternelle.
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SAINT GABRIEL DU MONASTERE DE LESNOV (+12°.S.)
Gabriel était Slave et compagnon de Prochore de Pchinja et de Saint Jean de Rila. Il mena une
vie d'Ascète au onzième siècle à Kratov sur le Mont Lesnov où il éleva une église dédiée au
Saint Archange Michel. Il fut Thaumaturge durant sa vie terrestre et après son Rappel au Ciel.
L'actuelle belle église qui s'y trouve a été construite par Jean Oliver, un Duc du Tsar Dusan.
Saint Gabriel s'endormit dans le Seigneur dans le Seigneur vers la fin du douzième siècle.
ou
The Monk Gabriel, founder of the Lesnovsk monastery near the city of Kratov, having
received after the death of his parents a large inheritance, rejected marriage and went out onto
the Lesnovsk mountain and became a monk. And there he built a church in the name of the
Archangel Michael, and having gathered many monks and established for it an hegumen, he
left to the monastery all his inheritance. He then hid himself away in a mine cave, where he
asceticised for a period of thirty years, conquering demonic temptations by prayer and fasting.
He then returned to the Lesnovsk monastery and there peacefully reposed (XI). After thirty
years his relics were uncovered, and healings worked through them. A long while later they
were transferred to Ternovo (Tirnova) in Bulgaria.
SAINTE ITA DE KILLEEDY (OU DEIRDRE, DOROTHY, IDA, IDE, MEDA, MIDA,
YTHA), VIERGE (+570)
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Sainte Ita est la plus célèbre Sainte d'Irlande après Sainte Brigitte (1er février) et on l'appelle
la Brigitte du Munster. Elle aurait été de lignée royale, née dans une des baronnies de Decies
près de Drum dans le Comté de Waterford et appelé Deirdre.
Un aristocrate voulut l'épouser mais après avoir prié et jeûné trois jours durant et avec l'aide
Divine, elle parvint à convaincre son père de lui permettre de vivre en Vierge. Elle partit pour
Hy Conaill (Killeedy) qui est la partie occidentale du Limerick et fonda une communauté de
femmes dédiées à Dieu qui bien vite attira nombre de jeunes femmes. Elle fonda aussi et
dirigea une école. On dit que le Saint Evêque Erc confia à ses soins Saint Brendan qui
deviendra par la suite un célèbre Abbé et Missionnaire (bien que la chronologie rendre ceci
tout à fait improbable). Nombre d'autres Saints auraient été enseignés par elle des années
durant. Pour cette raison, on l'appelle bien souvent la "mère adoptive des Saints de l'Irlande."
Brendan lui demanda un jour quelles étaient les trois choses que Dieu aimait particulièrement.
Elle répondit : "La Vraie Foi en Dieu avec un coeur pur, une vie simple avec un esprit
religieux et une générosité inspirée par la charité."
Une berceuse irlandaise au Fils de Dieu, Enfant, lui est attribuée. La tradition de Sainte Ita
insiste sur ses austérités physiques. Comme d'autres figures monastiques d'Irlande, elle passa
beaucoup de temps dans la solitude, priant et jeûnant et le reste du temps au service de ceux
cherchant assistance et conseil.
Elle et ses soeurs aidèrent à guérir les malades de la région. Nombre de Miracles lui furent
aussi attribués dont un où elle rendit sa tête au corps d'un homme qui avait été décapité et un
autre où elle ne vécut que de la nourriture reçue des cieux.
Bien que sa vie soit alourdie de nombre d'éléments non fiables parce qu'elle a été si populaire
et que sa "Vita" n'ait pas été écrite avant des siècles, il n'y a aucune raison de douter de son
existence. Il y a des dédicaces d'églises et de nom de lui pour la rappeler autour de son lieu de
naissance et autour de son monastère. Elle est aussi mentionnée dans un poème du
Bienheureux Alcuin.
SAINT ISIDORE DE SCÉTÉ, CONFESSEUR (+ 397)
Il existe quelque confusion au sujet des divers Isidore, Moines. Tillemont, Mémoires pour
servir à l'histoire ecclésiastique, T. VIII, p. 440, d'après l'histoire lausiaque, estime que celui
dont nous parlons ici fut le même qui dirigea dans sa pénitence Moïse le Voleur ou l'Éthiopien
et celui que Cassien (Collat., XVIII, e. xvi) dit avoir été Prêtre et Supérieur du Désert de Scété
avant Paphnuce.
Cet Isidore avait reçu un don particulier de douceur, de prière et de récollection. Il raconte luimême
qu'un jour, étant allé au marché vendre quelques petits paniers, il sentit un mouvement
de colère prêt à s'allumer dans son coeur; sans tarder, il jeta les paniers à terre et se mit à
courir pour fuir l'occasion de pécher. Appliquons-nous à la prière, disait-il et l'ennemi sera
mis en fuite; appliquons-nous à la méditation de Dieu et nous serons victorieux. Comme tous
les Saints, Saint Isidore était bien éloigné de se croire exempt de péché.
SAINT MARTYR PANSOPHIUS D'ALEXANDRIE (+ENTRE 241 ET 251)
Pansophius était le fils du proconsul Nil d'Alexandrie. Il abandonna les honneurs mondains et
les richesses et encore jeune homme, il fut tonsuré Moine. Durant vingt-sept ans, il mena une
vie de stricte Ascèse, élevant son esprit vers le monde supérieur. Durant le règne de Dèce, il
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fut traîné devant le tribunal où il fut flagellé pour le Nom du Christ jusqu'à ce qu'il rende son
âme à Dieu sous les grands tourments.
SAINT PERE PAUL DE THÈBES (+341)
Au temps où l'empereur Dèce (vers 250) faisait répandre à flots le sang des Martyrs dans
toutes les régions de l'empire romain, vivait en Basse-Thébaïde (Egypte) un jeune Homme
Pieux, savant et orné de toutes sortes de vertus et que la mort de ses parents avait laissé à la
tête d'une grande fortune. Pour échapper à la tempête de la persécution, il se retira dans une
maison de campagne mais bientôt l'époux de sa soeur désira accaparer pour lui seul tout
l'héritage familial et il conçut le projet de livrer le jeune Chrétien aux persécuteurs. Pris de
crainte, Paul s'enfuit alors dans le Désert en abandonnant ainsi derrière lui tous ses biens.
Après une longue marche, il parvint un jour au pied d'une montagne et découvrit une caverne
merveilleusement située, cachée à la vue de tous qui avait autrefois servi de repère à des fauxmonnayeurs.
Un vaste palmier y offrait ses fruits et son ombrage et une source l'eau claire
nécessaire à la vie. Il s'installa donc dans ce petit paradis offert par Dieu et y passa toute sa vie
dans le silence et la prière.
Au bout de longues années (en 342), il vint à la pensée de Saint Antoine le Grand alors âgé de
quatre-vingt-dix ans que nul autre homme n'avait mené sur la terre une vie si parfaitement
consacrée à Dieu. La nuit suivante, il fut averti en songe qu'un autre Ermite menait cette Vie
Céleste plus parfaitement que lui dans un autre Désert et avait atteint l'âge de cent treize ans.
Le Vénérable Vieillard prit sans retard son bâton et se mit en marche droit devant lui en
s'abandonnant à la Providence pour lui montrer la route. Il rencontra sur son chemin plusieurs
animaux monstrueux suscités par le démon réduits à l'impuissance par le Signe de la Croix
qui lui indiquèrent la direction à suivre. Une louve le conduisit finalement jusqu'à la grotte et
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il parvint, à force de prières et de supplications, à convaincre Paul d'ouvrir la porte.
Les deux Vieillards échangèrent alors un Saint Baiser, se saluant tous les deux par leurs
propres noms; ils rendirent Grâces à Dieu d'avoir permis cette rencontre et s'étant assis, Paul
qui n'avait pas parlé aux hommes depuis quatre-vingt-dix ans, demanda à Antoine comment
allait le monde, si l'idolâtrie et la persécution y régnaient toujours. Au cours de l'entretien un
corbeau vint soudain voleter au-dessus d'eux et posa à leurs pieds un pain frais tout entier.
Paul dit à son visiteur : "Admire la Bonté de Dieu. Voilà soixante-dix ans que Dieu m'envoie
par ce corbeau, chaque jour, une moitié de pain pour ma nourriture et aujourd'hui, à ton
arrivée, le Seigneur a doublé la ration." Après avoir pris cette Réfection Céleste avec Actions
de Grâces, ils passèrent la nuit entière en prière. Le jour venu, Paul confia à Antoine qu'il
connaissait depuis longtemps son séjour dans le Désert et que le Seigneur l'avait envoyé
maintenant vers lui pour rendre à la terre son pauvre corps de terre car l'heure de la fin de ses
combats approchait.
Antoine fondit en larmes et le supplia de ne pas l'abandonner ainsi et de prier le Seigneur pour
qu'il le prenne avec lui. Saint Paul lui demanda alors d'aller chercher dans son monastère le
manteau que Saint Athanase d’Alexandrie lui avait donné afin de l'ensevelir. Le Vieillard de
quatre vingt-dix ans retrouva les forces de sa jeunesse pour faire avec diligence ce voyage en
un jour, brûlant du désir de revoir Paul et craignant qu'il ne rendît l'âme pendant son absence.
Le lendemain matin, il était encore en chemin lorsqu'il vit l'âme de Saint Paul s'élever dans le
Ciel au milieu des choeurs des Anges, des Prophètes et des Saints Apôtres. Il s'écria : "Paul,
pourquoi m'abandonnes-tu? T'ayant connu si tard, faut-il que tu me quittes si tôt?" Il courut
jusqu'à la caverne où il trouva Saint Paul immobile comme en prière. Il l'enveloppa dans le
manteau du Grand Confesseur de l'Orthodoxie, chanta pour lui les Hymnes des funérailles et
aidé providentiellement par deux lions qui vinrent creuser une fosse avec leurs griffes, il
déposa avec dévotion le corps du Premier Ermite dans la terre dans l'attente de la
Résurrection. Afin de ne pas être privé de la Grâce qui avait rempli le Saint pendant son
existence terrestre, Antoine emporta avec lui la tunique que Paul avait confectionnée de ses
mains avec les feuilles du palmier et il la revêtait aux grandes solennités de Pâque et de la
Pentecôte.
ou
SAINT PAUL L'ERMITE, (PAR SAINT JÉRÔME)
Plusieurs ont douté quel a été celui d'entre tous les Solitaires qui a le premier habité les
Déserts et il y en a qui, remontant bien loin jusque dans les siècles passés, veulent que les
premiers auteurs d'une si Sainte Retraite soient le Bienheureux Elie et Saint Jean le Précurseur
dont l'un me semble devoir plutôt être considéré comme un Prophète que comme un Solitaire
et l'autre a commencé à prophétiser avant même que de naître. D'autres assurent et c'est la
commune opinion que Saint Antoine doit être considéré comme le maître de ce projet; ce qui
est vrai en partie puisque, bien qu'il n'ait pas été le premier de tous les Solitaires qui en fuyant
le monde ait passé dans le Désert, il a été le premier qui par son exemple a montré le chemin
et excité l'ardeur de tous ceux qui se sont portés à embrasser une Vie si Sainte car Amatas et
Macaire, deux de ses disciples dont le premier l'a mis en terre, nous assurent encore
aujourd'hui qu'un nommé Paul Thébéen a été celui qui a commencé à vivre de cette sorte, en
quoi je suis bien de leur avis. Il y en a aussi d'autres qui feignant sur cela tout ce qui leur vient
en fantaisie, voudraient nous faire croire que Paul vivait dans un antre souterrain et que les
cheveux lui tombaient jusque sur les talons; à quoi ils ajoutent d'autres contes semblables faits
à plaisir et que je n'estime pas devoir prendre la peine de réfuter puisque ce sont des
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mensonges ridicules et sans apparence.
Or, d'autant que l'on a écrit très exactement tant en grec qu'en latin la vie de Saint Antoine, j'ai
résolu de dire quelque chose du commencement et de la fin de celle de Saint Paul, plutôt à
cause du fait que personne ne l'a fait jusqu'ici que par la créance d'y pouvoir bien réussir car
quant à ce qui s'est passé depuis sa jeunesse jusqu'à sa vieillesse et aux tentations du diable
qu'il a soutenues et surmontées, personne n'en a connaissance.
Du temps de la persécution de Dèce et de Valérien lorsque le Pape Corneille à Rome et Saint
Cyprien à Carthage répandirent leur sang bienheureux, cette cruelle tempête dépeupla
plusieurs Eglises en Egypte et dans la Thébaïde. Le plus grand souhait des Chrétiens était
alors d'avoir la tête tranchée pour la Confession du Nom de Jésus-Christ. Mais la malice de
leur ennemi le rendait ingénieux à inventer des supplices qui leur donnassent une longue mort
parce que son dessein était de tuer leurs âmes et non pas leurs corps; ainsi que Saint Cyprien
qui l'a éprouvé en sa propre personne, le témoigne lui-même par ces paroles : "On refusait de
donner la mort à ceux qui la désiraient." Et afin de faire connaître jusqu'à quel excès allait
cette cruauté, j'en veux rapporter ici deux exemples pour en conserver la mémoire.
Un magistrat païen voyant un Martyr demeurer ferme et triompher des tourments au milieu
des chevalets et des lames de fer sortant de la fournaise, commanda qu'on lui frottât tout le
corps de miel et qu'après lui avoir lié les mains derrière le dos on le mit à la renverse et qu'on
l'exposât ainsi aux plus ardents rayons du soleil afin que celui qui avait surmonté tant d'autres
douleurs cédât à celles que lui feraient sentir les aiguillons d'une infinité de mouches.
Il ordonna que l'on menât un autre qui était en la fleur de son âge dans un jardin très délicieux
et que là au milieu des lys et des roses et le long d'un petit ruisseau qui avec un doux murmure
serpentait à l'entour de ces fleurs et où le vent en soufflant agréablement agitait un peu les
feuilles des arbres, on le couchât sur un lit et qu'après l'y avoir attaché doucement avec des
rubans de soie pour lui ôter tout moyen d'en sortir, on le laissât seul. Chacun s'étant retiré, il
fit venir une fort belle courtisane qui se jeta à son cou avec des embrassements lascifs et ce
qui est horrible seulement à dire, porta ses mains en des lieux que la pudeur ne permet pas de
nommer afin qu'après avoir excité en lui le désir d'un plaisir criminel, son impudence
victorieuse triomphât de sa chasteté. Ce Généreux Soldat de Jésus-Christ ne savait en cet état
ni que faire ni à quoi se résoudre car ce fût-il laissé vaincre par les délices après avoir résisté à
tant de tourments? Enfin par une Inspiration Divine il se coupa la langue avec les dents et en
la crachant au visage de cette effrontée qui le couvrait de baisers, il éteignit, par l'extrême
douleur qu'il se fit à lui-même, les sentiments de volupté qui eussent pu s'allumer dans sa
chair fragile.
Au temps que ces choses se passaient, Paul n'était âgé que de quinze ans et n'avait plus ni père
ni mère mais seulement une soeur déjà mariée. Il se trouva donc maître d'une grande
succession en la Basse-Thébaïde. Il était fort savant dans les lettres grecques et égyptiennes,
de fort douce humeur et plein d'un grand Amour de Dieu. La tempête de cette persécution
éclatant de tous côtés, il se retira en une maison des champs assez éloignée et assez à l'écart.
Son beau-frère se résolut de découvrir celui qu'il était si obligé de cacher, sans que les larmes
de sa femme, les devoirs d'une si étroite alliance ni la Crainte de Dieu qui du haut du Ciel
regarde toutes nos actions, fussent capables de le détourner d'un si grand crime et la cruauté
qui le portait à cela se couvrait même d'un prétexte de religion.
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Ce jeune garçon qui était très sage, ayant appris ce dessein et se résolvant à faire
volontairement ce qu'il était obligé de faire par force, s'enfuit dans les Déserts des montagnes
pour y attendre que la persécution fût cessée et en s'y avançant peu à peu et puis encore
davantage et continuant souvent à faire la même chose, enfin il trouva une montagne pierreuse
au pied de laquelle était une grande caverne dont l'entrée était fermée avec une pierre qu'il
retira et regardant attentivement de tous côtés par cet instinct naturel qui porte l'homme à
désirer de connaître les choses cachées, il aperçut au-dedans comme un grand vestibule qu'un
vieux palmier avait formé de ses branches en les étendant et les entrelaçant les unes dans les
autres et qui n'avait rien que le Ciel au-dessus de soi. Il y avait là une fontaine très claire d'où
il sortait un ruisseau qui à peine commençait à couler qu'on le voyait se perdre dans un petit
trou et être englouti par la même terre qui le produisait. Il y avait aussi aux endroits de la
montagne les plus difficiles à aborder diverses petites maisonnettes où l'on voyait encore des
burins, des enclumes et des marteaux dont on s'était autrefois servi pour faire de la monnaie et
quelques mémoires égyptiens portent que cela avait été une fabrique de fausse monnaie,
durant le temps des amours d'Antoine et de Cléopâtre.
Notre Saint concevait de l'attrait pour cette demeure qu'il considérait comme lui ayant été
présentée de la Main de Dieu et il y passa toute sa vie en prières et en solitude et le palmier
dont j'ai parlé lui fournissait tout ce qui lui était nécessaire pour sa nourriture et son vêtement;
ce qui ne doit pas passer pour impossible puisque je prends à témoin Jésus-Christ et Ses
Anges que dans cette partie du Désert qui en joignant la Syrie tient aux terres des Arabes, j'ai
vu parmi des Solitaires un frère qui, Reclus, il y avait trente ans, ne vivait que de pain d'orge
et d'eau bourbeuse et un autre qui enfermé dans une vieille citerne vivait de cinq figues par
jour. Je ne doute pas néanmoins que cela ne semble incroyable aux personnes qui manquent
de Foi parce "qu'il n'y a que ceux qui croient, à qui telles choses soient possibles."
Mais pour retourner à ce que j'avais commencé de dire, il y avait déjà cent treize ans que le
Bienheureux Paul menait sur la terre une Vie toute Céleste et Antoine, âgé de quatre-vingt-dix
ans (comme il l'assurait souvent), demeurant dans une autre solitude, il lui vint en pensée que
nul autre que lui n'avait passé dans le Désert la vie d'un parfait et Véritable Solitaire mais
lorsqu'il dormait il lui fut, la nuit, révélé en songe qu'il y en avait un autre, plus avant dans le
Désert, meilleur que lui et qu'il se devait hâter d'aller voir.
Dès la pointe du jour ce Vénérable Vieillard, soutenant son corps faible et exténué avec un
bâton qui lui servait aussi à se conduire commença à marcher sans savoir où il allait et déjà le
soleil, arrivé à son midi, avait échauffé l'air de telle sorte qu'il paraissait tout enflammé sans
que néanmoins il se pût résoudre à différer son voyage, disant en lui-même : "Je me confie en
Mon Dieu et ne doute pas qu'Il ne me fasse voir Son Serviteur ainsi qu'Il me l'a promis."
Comme il achevait ces paroles il vit un homme qui avait en partie le corps d'un cheval et était
comme ceux que les poètes nomment Hippocentaures. Aussitôt qu'il l'eut aperçu il arma son
front du Signe Salutaire de la Croix et lui cria : "Holà! En quel lieu demeure ici le Serviteur
de Dieu?" Alors ce monstre marmonna je ne sais quoi de barbare et entrecoupa plutôt ses
paroles qu'il ne les proférait distinctement mais il s'efforça de faire sortir une voix douce de
ses lèvres toutes hérissées de poil et étendit sa main droite et lui montra le chemin tant désiré
puis en fuyant il traversa avec une incroyable vitesse toute une grande campagne et s'évanouit
devant les yeux de celui qu'il avait rempli d'étonnement. Quant à savoir si le diable pour
épouvanter le Saint avait pris cette figure ou si ces Déserts si fertiles en monstres avaient
produit celui-ci, je n'en saurais rien assurer.
Antoine, pensant tout étonné à ce qu'il venait de voir, ne laissa pas de continuer son chemin et
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à peine avait-il commencé à marcher qu'il aperçut dans un vallon pierreux un fort petit
homme qui avait les narines crochues, des cornes au front et des pieds de chèvre. Ce nouveau
spectacle accrut son admiration et il eut recours comme un Vaillant Soldat de Jésus-Christ,
aux armes de la Foi et de l'espérance mais cet animal pour gage de son affection, lui offrit des
dattes pour le nourrir durant son voyage. Le Saint s'arrêta et lui demanda qui il était. Il
répondit : "Je suis mortel et l'un des habitants des Déserts que les païens qui se laissent
emporter à tant de diverses erreurs adorent sous le nom de Faunes, de Satyres et d'Incubes. Je
suis envoyé vers toi comme ambassadeur par ceux de mon espèce et nous te supplions tous de
prier pour nous Celui Qui est également Notre Dieu, Lequel nous avons su être venu pour le
Salut du monde et Dont le Nom et la Renommée se sont répandus par toute la terre."
A ces paroles ce Sage Vieillard et Heureux Pèlerin trempa son visage des larmes que l'excès
de sa joie lui faisait répandre, en abondance et qui étaient des marques évidentes de ce qui se
passait dans son coeur car il se réjouissait de la Gloire de Jésus-Christ et de la destruction de
celle du diable et admirait en même temps comment il avait pu entendre le langage de cet
animal et être entendu de lui. En cet état, frappant la terre de son bâton, il disait: "Malheur à
toi, Alexandrie : tu adores des monstres en qualité de "dieux!" Malheur à toi, ville adultère qui
es devenue la retraite des démons répandus en toutes les parties du monde. De quelle sorte
t'excuseras-tu maintenant? Les bêtes parlent des Grandeurs de Jésus-Christ et tu rends à des
bêtes les honneurs et les hommages qui ne sont dus qu'à Dieu Seul!" A peine avait-il achevé
ces paroles que cet animal si léger s'enfuit avec autant de vitesse que s'il avait eu des ailes. Et
s'il se trouve quelqu'un à qui cela semble si incroyable qu'il fasse difficulté d'y ajouter foi, il
en pourra voir un exemple dont tout le monde a été témoin et qui est arrivé sous le règne de
Constance car un homme de cette sorte ayant été mené vivant à Alexandrie, fut vu avec
admiration de tout le peuple et étant mort, son corps, après avoir été salé de crainte que la
chaleur de l'été ne le corrompit, fut porté à Antioche pour le faire voir à l'empereur.
Mais pour revenir à mon discours, Antoine continua à marcher dans le chemin où il s'était
engagé. Je ne considérais autre chose que la piste des bêtes sauvages et la vaste solitude de ce
Désert sans savoir ce qu'il devait faire ni de quel côté il devait tourner.
Déjà le second jour était passé depuis qu'il était parti et il en restait encore un troisième afin
qu'il acquît par cette épreuve une entière confiance de ne pouvoir être abandonné de Jésus-
Christ. Il employa toute cette seconde nuit en prière et à peine le jour commençait à poindre
qu'il aperçut de loin une louve qui, toute haletante de soif, se coulait le long du pied de la
montagne. Il la suivit des yeux et lorsqu'elle fut fort éloignée, s'étant approché de la caverne et
voulant regarder dedans, sa curiosité lui fut inutile car son obscurité était si grande que ses
yeux ne la pouvaient pénétrer mais comme dit l'Écriture, "le Parfait Amour bannissant la
crainte," après s'être un peu arrêté et avoir repris haleine, ce Saint et habile espion entra dans
cet antre en s'avançant peu à peu et il s'arrêta souvent pour écouter s'il n'entendrait point de
bruit. Enfin, à travers l'horreur de ces épaisses ténèbres, il aperçut de la lumière assez loin de
là. Alors, redoublant ses pas et marchant sur des cailloux, il fit du bruit. Paul l'ayant entendu,
il tira sur lui sa porte qui était ouverte et la ferma au verrou.
Antoine se jeta contre terre sur le seuil de la porte e y demeura jusqu'à l'heure de Sexte et
davantage, le conjurant toujours de lui ouvrir et lui disant : "Tu sais qui je suis, d'où je viens et
le sujet qui m'amène. J'avoue que je ne suis pas digne de te voir mais je ne partirai néanmoins
jamais d'ici jusqu'à ce que j'ai revu ce bonheur. Est-il possible que ne refusant pas aux bêtes
l'entrée de te caverne tu la refuses aux hommes? Je t'ai cherché, je t'ai trouvé et je frappe à ta
porte afin qu'elle me soit ouverte : que si je ne puis obtenir cette faveur, je suis résolu de
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mourir en la demandant et j'espère qu'au moins tu auras assez de charité pour m'ensevelir."
"Personne ne supplie en menaçant et ne mêle des injures avec des larmes," lui répondit Paul
"t'étonnes-tu donc si je ne veux pas te recevoir puisque tu dis n'être venu ici que pour
mourir?" Ainsi Paul en souriant lui ouvrit la porte et alors, s'étant embrassés à diverses fois,
ils se saluèrent et se nommèrent tous deux par leurs propres noms. Ils rendirent ensemble
Grâces à Dieu et après s'être donné le Saint Baiser, Paul s'assit auprès d'Antoine, lui parla en
cette sorte :
"Voici celui que tu as cherché avec tant de peine et dont le corps flétri de vieillesse est couvert
par des cheveux blancs tout pleins de crasse; voici cet homme qui est sur le point d'être réduit
en poussière mais puisque la charité ne trouve rien de difficile, dis-moi, je t'en supplie
comment va le monde : fait-on de nouveaux bâtiments dans les anciennes villes? Qui est celui
qui règne aujourd'hui? Et se trouve-t-il encore des hommes si aveuglés d'erreur que d'adorer
les démons?"
Comme ils s'entretenaient de la sorte ils virent un corbeau qui après s'être reposé sur une
branche d'arbre, vint de là en volant tout doucement apporter à terre devant eux un pain tout
entier. Aussitôt qu'il fut parti Paul commença à dire : "Vois, je t'en supplie, à quel point Dieu
véritablement Tout Bon et Tout Miséricordieux, nous a envoyé à dîner. Il y a déjà soixante
ans que je reçois chaque jour de cette sorte une moitié de pain mais depuis que tu es arrivé
Jésus-Christ a redoublé ma portion pour faire voir par là le soin qu'Il daigne prendre de ceux
qui, en qualité de Ses Soldats, combattent pour Son Service."
Ensuite, ayant tous deux rendu Grâces à Dieu, ils s'assirent sur le bord d'une fontaine aussi
claire que du cristal et voulant se déférer l'un à l'autre l'honneur de rompre le pain, cette
dispute dura quasi jusqu'à Vêpres, Paul insistant sur ce que l'hospitalité et la coutume
l'obligeaient à cette civilité et Antoine la refusant à cause de l'avantage que l'âge de Paul lui
donnait sur lui. Enfin ils résolurent que chacun de son côté, prenant le pain et le tirant à soi, en
retiendrait la portion qui lui demeurerait entre les mains. Après, en se baissant sur la fontaine
et mettant leur bouche sur l'eau, ils en burent chacun un peu et puis offrant à Dieu un sacrifice
de Louanges, ils passèrent toute la nuit en prières.
Le jour étant venu, Paul parla ainsi à Antoine : "Mon frère, il y a longtemps que je savais ton
séjour en ce Désert; il y a longtemps que Dieu m'avait promis que tu emploierais comme moi
votre vie à Son Service mais parce que l'heure de mon heureux sommeil est arrivé et qu'ayant
toujours désiré avec ardeur d'être délivré de ce corps mortel pour m'unir à Jésus-Christ, il ne
me reste plus après avoir achevé ma course que de recevoir la Couronne de Justice, Notre
Seigneur t'a envoyé pour couvrir de terre ce pauvre corps ou pour mieux dire pour rendre la
terre à la terre."
A ces paroles Antoine fondit en pleurs et jeta mille soupirs; il le conjura de ne pas
l'abandonner et de demander à Dieu qu'il lui tint compagnie en ce voyage; à quoi il lui
répondit : "Tu ne dois pas désirer ce qui t'est plus avantageux mais ce qui est plus utile à ton
prochain : il n'y a point de doute que ce ne te fût un extrême bonheur d'être déchargé du
fardeau ennuyeux de cette chair pour suivre l'Agneau sans tache mais il importe au bien de tes
frères d'être encore instruits par ton exemple. Ainsi, si ce ne t'est point trop d'incommodité, je
te supplie d'aller quérir le manteau que l'Evêque Athanase te donna et de me l'apporter pour
m'ensevelir." Or si le Bienheureux Paul lui faisait cette prière, ce n'est pas qu'il se souciât
beaucoup que son corps fût plutôt enseveli que de demeurer nu puisqu'il devait être réduit en
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pourriture, lui qui depuis tant d'années n'était revêtu que de feuilles de palmier entrelacées
mais afin qu'Antoine étant éloigné de lui, il ressentit avec moins de violence l'extrême douleur
qu'il recevrait de sa Naissance au Ciel.
Antoine fut rempli d'un merveilleux étonnement de ce qu'il lui venait de dire de Saint
Athanase et du manteau qu'il lui avait donné et comme s'il eut vu Jésus-Christ dans Paul et
adorant Dieu résidant dans son coeur, il n'osa plus lui rien répliquer mais pleura sans dire une
seule parole et après lui avoir baisé les yeux et les mains, il partit pour s'en retourner à son
monastère qui fut depuis occupé par les Arabes et bien que son esprit fit faire à son corps
affaibli de jeûnes et cassé de vieillesse une diligence beaucoup plus grande que son âge ne le
pouvait permettre, il s'accusait néanmoins de marcher trop lentement. Enfin après avoir
achevé ce long chemin, il arriva tout fatigué et tout hors d'haleine à son monastère.
Deux de ses disciples qui le servaient depuis plusieurs années ayant couru au-devant de lui et
lui disant : "Abba, où as-tu demeuré si longtemps?" il leur répondit : "Malheur à moi,
misérable pécheur qui porte si indignement le nom de Solitaire! J'ai vu Elie, j'ai vu Jean dans
le Désert et pour parler selon la Vérité, j'ai vu Paul dans un paradis." Sans en dire davantage et
en se frappant la poitrine il tira le manteau de sa cellule et ses disciples le suppliant de les
informer plus particulièrement de ce que c'était, il leur répondit : "Il y a temps de parler et
temps de se taire" et sortant ainsi de la maison sans prendre aucune nourriture, il s'en retourna
par le même chemin qu'il était venu, ayant le coeur tout rempli de Paul, brûlant d'ardeur de le
voir et l'ayant toujours devant les yeux et dans l'esprit parce qu'il craignait ainsi qu'il arriva
qu'il ne rendit son âme à Dieu durant son absence.
Le lendemain au point du jour lorsqu'il y avait déjà trois heures qu'il était en chemin, il vit au
milieu des troupes des Anges et entre les choeurs des Prophètes et des Saints Apôtres, Paul
tout éclatant d'une blancheur pure et lumineuse qui montait dans le Ciel. Soudain, se jetant le
visage contre terre, il se couvrit la tête de sable et s'écria en pleurant : "Paul pourquoi
m'abandonnes-tu ainsi? Pourquoi pars-tu sans me donner le loisir de te dire adieu? T’ayant
connu si tard, faut-il que tu me quittes si tôt?"
Le Bienheureux Antoine contait depuis qu'il acheva avec tant de vitesse ce qui lui restait de
chemin qu'il semblait qu'il eût des ailes et non sans sujet puisque, étant entré dans la caverne,
il y vit le corps mort du Saint qui avait les genoux en terre, la tête levée et les mains étendues
vers le Ciel. Il crut d'abord qu'il était vivant et qu'il priait et se mit de son côté en prières mais
ne l'entendant pas soupirer ainsi qu'il avait coutume de le faire en priant, il alla se jeter à son
cou pour lui donner un triste baiser et reconnut que par une posture si dévote le corps de du
Saint, tout endormi qu'il était, priait encore Dieu auquel toutes choses sont vivantes.
Ayant roulé et tiré ce corps dehors et chanté des Hymnes et des Psaumes selon la Tradition de
l'Eglise, il était fort fâché de n'avoir rien pour fouiller la terre et pensant et repensant à cela
avec inquiétude d'esprit, il disait : "Si je retourne au monastère il me faut trois jours pour
revenir et si je demeure ici, je n'avancerai rien : il vaut donc beaucoup mieux que je meure et
que, suivant Ton Vaillant Soldat, Ô Jésus-Christ, mon cher maître, je rende auprès de lui les
derniers soupirs."
Comme il parlait ainsi en lui-même, voici deux lions qui, sortant en courant du fond du
Désert, faisaient flotter leurs longs crins dessus le cou. Ils lui donnèrent d'abord de la frayeur
mais élevant son esprit à Dieu, il demeura aussi tranquille que s'ils eussent été des colombes,
ils vinrent droit au corps du Bienheureux Vieillard et s'arrêtant là et le flattant avec leurs
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queues, ils se couchèrent à ses pieds puis jetèrent de grands rugissements pour lui témoigner
qu'ils le pleuraient en la manière qu'ils le pouvaient. Ils commencèrent ensuite à gratter la
terre avec leurs ongles en un lieu assez proche de là et jetant à l'envi le sable de côté et d'autre,
firent une fosse capable de recevoir le corps d'un homme et aussitôt après comme s'ils eussent
demandé récompense de leur travail, ils vinrent en remuant les oreilles et la tête basse vers
Antoine et lui léchaient les pieds et les mains. Il reconnut qu'ils lui demandaient sa
bénédiction et soudain, rendant des Louanges infinies à Jésus-Christ de ce que même les
animaux irraisonnables avaient quelque sentiment de la Divinité, il dit : "Seigneur, sans la
Volonté Duquel il ne tombe pas même une seule feuille des arbres ni le moindre oiseau ne
perd la vie, donnes à ces lions ce que Tu sais leur être nécessaire" et après, leur faisant signe
de la main, il leur commanda de s'en aller.
Lorsqu'ils furent partis il courba ses épaules affaiblies par la vieillesse sous le fardeau de ce
Saint corps et l'ayant porté dans la fosse, il jeta du sable dessus pour l'ensevelir selon la
coutume de l'Eglise. Le jour suivant venu, ce Pieux Héritier ne voulut rien perdre de la
succession de celui qui s'était endormi sans faire de testament, il prit pour soi la tunique qu'il
avait tissée de ses propres mains avec des feuilles de palmier, en la même sorte qu'on fait des
paniers d'osier et retournant ainsi à son monastère, il conta particulièrement à ses disciples
tout ce qui lui était arrivé et aux jours solennels de Pâque et de la Pentecôte, il se revêtait
toujours de la tunique du Bienheureux Paul.
Je ne saurais m'empocher, sur la fin de cette histoire, de demander à ceux qui ont tant de biens
qu'ils n'en savent pas le compte et qui bâtissent des palais de marbre ou qui enferment dans un
seul collier de diamants ou de perles le prix de plusieurs riches héritages, ce qui a jamais
manqué à ce Vieillard tout nu. Vous buvez dans des coupes de pierres précieuses et lui avec le
creux de sa main satisfaisait au besoin de la nature; vous vous parez avec des robes tissées
d'or et lui n'a pas eu le plus vil habit qu'eût pu porter le moindre de vos esclaves mais par un
changement étrange, le Royaume de Dieu a été ouvert à cet homme si pauvre et vous, avec
votre magnificence, serez précipités dans les flammes éternelles; tout nu qu'il était, il a
conservé cette robe blanche dont Jésus-Christ l'avait revêtu au Baptême et vous, avec ces
habits somptueux, vous l'avez perdue; Paul, n'étant couvert que d'une vile poussière, se
relèvera un jour pour ressusciter en Gloire et ces tombeaux si élaborés et si superbes qui vous
enferment aujourd'hui ne vous empêcheront pas de braver misérablement avec toutes vos
richesses. Ayez pitié de vous-mêmes, je vous prie et épargnez au moins ces biens que vous
aimez tant. Pourquoi ensevelissez-vous vos morts dans des draps d'or et de soie? Pourquoi
votre vanité ne cesse-t-elle pas même au milieu de vos soupirs et de vos larmes? Est-ce que
vous croyez que les corps des riches ne sauraient pourrir que dans des étoffes précieuses?
Qui que vous soyez qui lirez ceci, je vous conjure de vous souvenir du pécheur Jérôme,
lequel, si Dieu lui en avait donné le choix, aimerait incomparablement mieux la tunique de
Paul avec ses vertus à la pourpre des rois avec toute leur puissance.
SAINT ISIDORE D'ALEXANDRIE, CONFESSEUR (+ 404)
Né vers 318 en Égypte et peut-être même à Alexandrie, Isidore distribua tous ses biens aux
pauvres pour aller mener la vie. Chargé comme hospitalier de recevoir les pauvres, les
pèlerins et de pourvoir à tous leurs besoins spirituels et temporels, il continua sa vie austère
sous les apparences d'un homme qui mène une vie douce. Pallade qui vint lui demander
conseil en 388, en a tracé le portrait suivant : "La première fois que je mis le pied dans la ville
des Alexandrins, je rencontrai un homme admirable, distingué sous tous rapports, par ses
moeurs et par sa science; c'était Isidore, Prêtre, administrateur de l'hôpital pour l'Église
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d'Alexandrie. On disait que les premières luttes de sa jeunesse, il les avait menées à bien dans
la solitude et j'ai même vu sa cellule dans la montagne de Nitnie. Mais quand je le rencontrai,
c'était un Vieillard de soixante-dix ans qui après avoir vécu quinze autres années, termina
alors ses jours en paix. Jusqu'à sa Naissance Céleste, il ne porta point de linge, excepté un
bandeau de tête, ne prit point de bains et s'abstint de viande. Il avait un petit corps façonné
avec grâce à tel point que ceux qui ignoraient son régime s'imaginaient qu'il vivait dans la
bonne chère. Le temps me manque pour redire en particulier les vertus de son âme; il était si
humain et si pacifique que les incroyants, ses adversaires, révéraient son ombre à cause de son
extrême bonté. Dans les repas pris avec les frères, il avait des absences d'esprit et demeurait
silencieux. Lui demandait-on des détails sur son extase, il disait : "Je suis parti en voyage par
la pensée et ravi "par une contemplation." Il a souvent pleuré à table, je lui demandai un jour
la cause de ses larmes, il me répondit : "J'ai honte de prendre part à une nourriture commune
aux êtres déraisonnables, moi qui suis raisonnable, destiné à vivre dans un paradis de délices
préparé par le Christ." Il était connu de tout le sénat de Rome car il était allé dans cette ville
avec l'Evêque Athanase."
Ce récit de Pallade montre en quelle estime était tenu le Prêtre Isidore par ceux qui dans ce
temps, voulaient travailler à leur perfection. Athanase, son Evêque, avait en lui la plus grande
confiance, il le prit pour compagnon de voyage quand il se rendit à Rome en 341. Après le
Départ d'Athanase, Isidore défendit généreusement sa mémoire en même temps que la cause
orthodoxe contre la faction arienne. Persécuté et relégué pour un temps, Isidore reparut
ensuite dans sa maison hospitalière d'Alexandrie, honoré de la confiance des Patriarches. Son
voyage à Rome avec l'Evêque Démétrius paraît problématique; ce qui est plus certain, c'est
que l'Evêque Théophile l'emmena deux fois à Rome. Une autre mission en 388 ne satisfit pas
le Patriarche, sans cependant provoquer de la rancune chez celui-ci car au moment de
l'élection de Saint Jean Chrysostome au siège de Constantinople, Théophile se donna
beaucoup de peine pour faire nommer Isidore. Un moment vint où l'Evêque et le Prêtre
cessèrent d'être d'accord : Isidore jugea que Théophile dépensait l'argent en des constructions
inutiles. L'Evêque ne le put supporter; ne pouvant s'en prendre à la Sainteté du vieux Prêtre, il
prit prétexte d'une accusation odieuse pour l'excommunier.
Isidore se retira en Nitrie et y reprit sa vie de solitaire puis il alla chercher un refuge auprès de
Jean Chrysostome à Constantinople et s'endormit en cette ville, âgé de quatre-vingt-cinq ans
(vers 403 ou 404).
SAINT ROI ET MOINE CEOLWULF (OU CEOWULF, CEOLWULPH) DE
LINDISFARNE (+764)
Le Roi Ceolwulf de Northumbrie (Angleterre) abdiqua de son trône après huit ans de règne
afin de devenir Moine à Lindisfarne. C'est du moins ce que certaines sources voudraient que
vous croyiez. Apparemment, l'histoire serait plus profonde. Ceolwulf serait monté sur le trône
de Northumbrie en 729 et deux ans plus tard il aurait été capturé et tonsuré de force. Plus tard
dans l'année, il fut relâché et continua son règne.
Quoiqu'il en soit, Dieu était à l'oeuvre même pendant les terribles troubles civils. En 737 ou
738, Ceolwulf abdiqua volontairement en effet le pouvoir civil, en échange de la Grâce des
conseils évangéliques à Lindisfarne. Il fut si hautement vénéré que le Vénérable Bède dédia
son "Histoire Ecclésiastique" au "Très Glorieux Roi Ceolwulf." Bède loua la piété de
Ceolwulf mais fut réservé concerné les capacités du roi à gouverner.
A Lindisfarne qu'il dota si généreusement que les Moines d'alors purent se permettre de boire
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de la bière ou du vin lors des jours de Fête (auparavant comme nombre d'Ascètes, ils ne
buvaient que de l'eau ou du lait), Ceolwulf encouragea l'érudition et le style de vie
monastique. Ceolwulf fut enseveli auprès de Saint Cuthbert, au monastère où des Miracles
prouvèrent sa Sainteté. Les Précieuses Reliques des deux Saints furent transférées en 830 dans
la nouvelle église d'Egred à Norham-on-Tweed. Par la suite, le Chef de Ceolwulf fut translaté
à Durham
1 octobre – 15 janvier
SAINT EVEQUE RÉMI DE REIMS ET APOTRE DES FRANCS (+533)
La naissance de Rémi fut prédite à ses parents avancés en âge par un Saint Ermite du nom de
Montan. Dans sa jeunesse le noble garçon cultiva avec succès les sciences profanes et Divines
puis se retira pour mener la vie solitaire dans une petite maison près de Laon. Il mena une Vie
si Sainte que le siège épiscopal de Reims étant vacant, le clergé et le peuple de cette ville
vinrent l'enlever de sa retraite pour le nommer Evêque, malgré ses vingt-deux ans. Lors de sa
consécration, son front parut brillant de lumière et fut embaumé d'un Céleste Parfum.
Le jeune Prélat devint bientôt la personnalité la plus célèbre de Belgique et du nord de la
Gaule. Par son ardente prédication, il convertissait les païens et amenait les hérétiques ariens
au repentir. Il créa des diocèses, établit des pasteurs et inspira aux habitants de ces régions
dévastées par les récentes invasions barbares l'amour des ennemis, le désintéressement et le
désir des Biens Célestes. Partout où il prêchait de nombreux Miracles venaient confirmer la
vérité de son enseignement. Pendant ses repas, les oiseaux venaient prendre leur nourriture
dans ses mains. Il guérissait les malades, délivrait les possédés et un jour où un incendie s'était
déclaré dans la ville, il se jeta dans les flammes et les fit reculer.
Pendant ces années où l'Occident romain souffrait l'agonie sous les invasions des peuples
barbares, la Gaule était occupée au Sud par les Wisigoths et les Burgondes, partisans de
l'arianisme; au Nord par les Alamans, sur les rives du Rhin et par les Francs, restés païens. A
la mort de son père Childeric en 482, Clovis qui n'avait que quinze ans, devint chef des rudes
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guerriers francs. Il était encore idolâtre mais admirait les Moines et portait une grande
vénération pour les Evêques orthodoxes en particulier pour Rémi dont il suivait les sages
conseils. En 493, il épousa Sainte Clotilde, laquelle exerça sur lui une bienfaisante influence.
Affrontant les Alamans lors de la bataille de Tolbiac, les troupes de Clovis reculaient. Le
souverain se tourna alors vers le Dieu de Clotilde et de Rémi et remporta une victoire
éclatante. Exaucé dans sa prière, il résolut de se convertir et demanda à Saint Rémi de
l'instruire dans les rudiments de la Foi. En entendant l'Evêque lui décrire les événements qui
accompagnèrent la Passion du Christ, le généreux guerrier s'écria : "Ah! Que n'étais-je là avec
mes Francs pour Le délivrer!" Deux ans plus tard (25 décembre 498 ou 499), le chef barbare
conviait tous les personnages éminents du royaume et d'au-delà des frontières pour assister à
son Baptême à Reims. La nuit précédant la cérémonie Saint Rémi fit venir le roi et sa suite
dans l'église pour leur faire un sublime discours sur la vanité des faux "dieux" et les grands
mystères de la religion chrétienne. L'église se remplit alors soudain d'une Lumière et d'une
Odeur Célestes et l'on entendit une voix d'En-Haut qui disait : "La paix soit avec vous!" Au
moment de plonger le Roi dans les eaux de la nouvelle naissance, Rémi lui dit : "Courbe la
tête, fier Sicambre, adore ce que tu as brûlé et brûle ce que tu as adoré." Mais au moment de
faire l'Onction du nouveau baptisé avec le Saint Chrême (myrrhon), le Hiérarque s'aperçut que
l'huile manquait; il leva alors les yeux au Ciel, priant Dieu d'y pourvoir et une blanche
colombe descendit du Ciel en portant une ampoule pleine d'un liquide miraculeux. Deux
soeurs du Souverain et trois mille de ses seigneurs et soldats furent baptisés en même temps
que Clovis, marquant la conversion définitive de ce peuple barbare et la naissance de la nation
française chrétienne. Sous la direction spirituelle de Saint Rémi, Clovis, ce nouveau
Constantin poursuivit par la suite l'unification des populations barbares et gallo-romaines en
Gaule et confirma son peuple dans la Vraie Foi.
Parvenu à un âge avancé, Saint Rémi devint aveugle mais persévérant dans la prière et
l'espérance, il fut miraculeusement guéri, célébra une dernière fois la Divine Liturgie et
s'endormit paisiblement en 533.
ou
On peut dire de la famille du Saint Evêque Remi de Reims et Apôtre des Francs, ce que l'on
écrit ordinairement de celles de Saint Basile et de Saint Grégoire de Naziance que c'était une
race de personnes remplies de la Crainte de Dieu. Son père, Emile Comte de Laon, fut un
seigneur d'une vertu extraordinaire. Sa mère Céline (ou Célinie) sut si bien allier la piété à
l'éminence de sa condition que le peuple chrétien la reconnut Sainte et que l'Eglise l'honore en
cette qualité au vingt-et-unième jour de ce mois. Leur mariage fut béni du Ciel dès le
commencement par la naissance de deux garçons. L'aîné fut Principe qui devint Evêque de
Soissons. On ne sait pas le nom du plus jeune mais on sait qu'il eut un fils nommé Loup qui
succéda à son oncle dans son évêché et l'un et l'autre, reconnus pour Saints par le peuple, sont
donc dans les tables ecclésiastiques.
Pour Saint Remi dont nous voulons donner la vie, sa naissance fut toute miraculeuse. Ses
parents étaient déjà fort âgés et ne s'attendaient point à avoir d'autres enfants que ces deux que
la Divine Providence leur avait donnés; un Saint Ermite nommé Montan qui était aveugle
mais moins affligé de cette infirmité que de l'état déplorable où il voyait la Foi chrétienne
dans les Eglises des Gaules, reçut ordre du Ciel, par trois fois, de les avertir qu'ils auraient
encore un fils qui serait la Lumière des Francs et qui retirerait ces nouveaux conquérants de
l'abîme de l'idolâtrie où ils étaient plongés. Il vint donc trouver Emile et Céline et leur fit part
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de cette heureuse nouvelle; la prédiction du solitaire s'accomplit. Notre Saint naquit à Laon,
demeure seigneuriale de ses parents et fut nommé Remi.
Il fut envoyé de bonne heure aux écoles où il fit de si grands progrès dans les Ecritures
Saintes et humaines et dans la pratique des vertus chrétiennes qu'à l'âge de vingt-deux ans il
fut forcé, malgré toutes ses résistances après le Départ de Bennagius, d'accepter l'évêché de
Reims. Un rayon de Lumière qui parut sur son front et une Onction Céleste qui embauma et
consacra sa tête, firent voir que cette élection venait de Dieu mais on en fut encore plus
convaincu par la manière dont il s'acquitta d'une charge de cette importance car il n'en fut pas
plus tôt chargé qu'il en remplit excellemment tous les devoirs. Il était assidu aux veilles et la
prière, soigneux d'instruire son peuple et de l'amener au Salut, charitable envers les pauvres,
les prisonniers et les malades, austère pour lui-même, sobre, chaste, modeste, prudent, retenu,
ne s'emportant jamais de colère et pardonnant facilement à ceux qui l'avaient offensé; il est
vrai qu'il paraissait quelquefois sur son visage une espèce de sévérité mais il savait la
tempérer par la douceur de son esprit et s'il avait pour les pécheurs le zèle ardent d'un Saint
Paul, il avait pour les gens de bien le regard bénin et amoureux d'un Saint Pierre; en un mot, il
possédait toutes les vertus, quoiqu'il en cachât plusieurs par la profonde humilité dont il faisait
une singulière profession.
Le don des Miracles qu'il reçut de Dieu releva encore merveilleusement l'éclat de sa Sainteté.
Pendant ses repas, les oiseaux venaient sans crainte prendre du pain de sa main. Faisant ses
visites à Chaumuzy, il guérit et délivra un aveugle qui depuis longtemps était possédé du
démon. A Cernay, il remplit de vin, par le Signe de la Croix, un muid qui était presque vide
pour reconnaître la charité de Celse, une de ses cousines qui l'avait reçu avec beaucoup de
dévotion dans son logis. N'ayant point d'huile sacrée pour administrer le Saint Baptême à un
seigneur qui se mourait, il en obtint subitement du Ciel; cette huile fut si Salutaire qu'ayant
contribué à la santé de l'âme du malade, elle lui rendit aussi la santé du corps. Il réprima par
sa présence un grand incendie qui menaçait la ville de Reims d'une ruine complète. En
descendant pour cela de l'église de Saint-Nicaise, il imprima si fortement ses vestiges sur une
pierre qu'ils y sont toujours demeurés depuis ce temps-là et à peine parut-il devant les
flammes, faisant le Signe de Croix et invoquant le Nom de Jésus-Christ qu'elles s'enfuirent
devant lui aussi vite qu'il put les poursuivre.
Une jeune fille de Tours étant possédée du malin esprit, fut menée par ses parents, d'abord au
tombeau de Saint Pierre, à Rome puis à Saint Benoît qui était alors à Sublac ou Mont-Cassin
mais Dieu ne lui accordant point sa délivrance dans l'un et dans l'autre lieu, Saint Benoît
l'envoya à Saint Remi et lui écrivit pour le prier d'exercer son pouvoir et sa charité envers
cette malheureuse. Alaric le roi des Goths lui écrivit aussi pour le même sujet. Le Saint résista
longtemps à cette demande, ne s'estimant pas digne d'obtenir de Dieu ce qu'un aussi grand
homme que l'Abbé Benoît n'avait pu obtenir mais il fut enfin forcé par les prières de son
peuple de prier sur la possédée; le démon fut aussitôt obligé de s'enfuir et de la laisser en
liberté mais peu après, elle s'endormit des fatigues que ce monstre infernal lui avait
occasionnées. On eut incontinent recours au Saint Prélat qui s'était déjà retiré. Il revint à
l'église de Saint-Jean où il l'avait laissée; il la trouva couchée par terre, sans respiration et sans
vie et sa parole qui avait eu la force de la délivrer des chaînes de Satan, eut aussi la force de la
retirer des portes de la mort. Nous avons dans les Notes de Colvénérius sur Flodoard, la lettre
que le Glorieux et Saint Benoît lui écrivit.
Cependant, la plus grande merveille de Saint Remi fut sans doute le parachèvement de la
conversion de Clovis qui mena à celles des Francs par la suite. Elle est rapportée tout au long
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dans l'histoire de ce Grand Prince mais il est nécessaire d'en donner ici un abrégé. Clovis était
le cinquième Roi de cette nation belliqueuse qui après avoir forcé le passage du Rhin, s'était
emparée de la meilleure partie des Pays-Bas, de la Picardie et de l'Ile-de-France et poussait
toujours ses conquêtes sur les Gaules auparavant occupées par les Romains. Le trône des
Francs saliens se situait à Tournai. Il parvint à la couronne en 481 âgé seulement de quatorze
ou quinze ans mais tout jeune qu'il était, il ne laissa pas de suivre les traces de ses
prédécesseurs et de se mettre d'abord à la tête de ses armées pour se rendre le maître des
provinces voisines afin d'en former un vaste royaume. Il livra bataille à Syagrius qui défendait
les débris de l'empire romain dans les Gaules. Il le défit et le tua et par ce moyen, ne trouvant
plus rien qui résistât à la force de ses armes, il assujettit une grande partie des Gaules à son
empire. Bien qu'encore païen, il ne persécutait pas les Chrétiens et il avait même du respect
pour les Evêques et pour les Prêtres des villes qu'il prenait ou qui se soumettaient à sa
domination. Saint Remi fut celui dont il honora davantage la vertu. En effet un jour ses
soldats passant auprès de Daims en avaient pillé une église et emporté les ornements et les
vases sacrés, à la seule prière que le Saint lui envoya faire de lui rendre de tout le butin, au
moins un vase d'argent que son poids et sa ciselure rendaient fort précieux, il vint au lieu où
l'on partageait les dépouilles et demanda à son armée que ce vase lui fût donné par préférence
sans le tirer au sort. La plupart des soldats y consentirent; un seul, ne voulant pas que son roi
puisse bénéficier d'un traitement autre que leurs coutumes ne le prévoyaient, déchargea un
coup de hache sur ce vase, disant vertement que le Roi n'aurait comme les autres que ce qui
lui écherrait au sort. Chacun fut surpris de cet acte; le Roi le dissimula pour un temps et ne
laissa pas de prendre le vase et de le rendre à celui que Saint Remi lui avait envoyé. Mais au
bout de l'an, faisant la revue de ses troupes pour voir si leurs armes étaient en bon ordre et
ayant reconnu le soldat téméraire qui lui avait fait cet affront, il lui jeta une de ses armes à
terre, sous prétexte qu'elle n'était pas luisante comme elle devait l'être puis pendant qu'il se
baissait pour la ramasser, il lui déchargea un coup de hache sur la tête et le tua de sa main, en
lui disant : "Tu frappas ainsi le vase à Soissons."
Lorsque ce grand conquérant eut encore subjugué la Thuringe, selon Saint Grégoire de Tours,
la dixième année de son règne, il épousa Clotilde, fille de Chilpéric, frère du roi Gondebaud
de Burgondie (future Bourgogne), promettant en vue de cette alliance qu'il embrasserait la Foi
chrétienne dont elle faisait profession. Clotilde le pressa souvent d'exécuter sa promesse,
ayant beaucoup de peine de vivre avec un prince idolâtre et qui se souillait tous les jours par
des sacrifices impies et abominables qu'il offrait aux démons et dans les débauches
dégoûtantes coutumières des tribus païennes de toutes les époques de l'humanité mais ses
prières et ses instances furent inutiles pendant cinq ans. Enfin, les Germains ayant fait une
grande irruption sur les terres des Francs ripuaires, le roi fut obligé de marcher contre eux
avec de nombreuses troupes. Il leur livra bataille à Tolbiac que l'on croit être Zulpich (ou
Zuleh.) Les Francs après quelques instants de combat, tournèrent le dos et il s'en faisait une
grande boucherie lorsque le seigneur Aurélien qui avait négocié le mariage du roi avec
Clotilde, s'adressa à lui et lui conseilla de faire sur-le-champ voeu à Jésus-Christ et
d'embrasser le Christianisme s'Il changeait le sort de la bataille et lui faisait remporter la
victoire. Le roi, surtout dans le désir de vaincre mais peut-être aussi touché intérieurement, fit
aussitôt ce voeu et en même temps les Francs tournèrent tête, se jetèrent impétueusement sur
les Germains, rompirent leurs rangs et les défirent complètement. Le roi des Allemands fut
tué dans la mêlée de sorte que Clovis demeura entièrement victorieux et se rendit tributaires
ceux dont le nombre et la puissance avaient déjà donné de l'effroi à toute la France. La Reine
apprit avec beaucoup de joie ce succès et le changement de son époux. Elle en fit aussi tôt
donner avis à Saint Remi, elle pria de se rendre promptement à la cour pour achever ce que la
crainte et le désir de vaincre avaient commencé et pour disposer le roi au Baptême.
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Le Saint ne manqua pas d'obéir. Il trouva Clovis déjà évangélisé par les soins de Saint Waast
que ce grand monarque avait pris à Toul pour être son catéchiste. Il acheva de lui ouvrir les
yeux et de lui découvrir l'excellence et la Sainteté de nos Mystères. L'ardeur de la Foi s'alluma
si fortement dans ce coeur martial qu'il se fit Apôtre de ses sujets avant d'être Chrétien; il
assembla les grands de sa cour, leur remontra la folie et l'extravagance du culte des idoles et
les sollicita de ne plus adorer que le Dieu Unique, Créateur du Ciel et de la terre dans la
Trinité de Ses Personnes. Il en fit de même à son armée et sa prédication fut si puissante que
la plupart des Francs voulurent imiter son exemple. Ou plus probablement comme on le verra
dans d'autres conversions de peuples, suivre la religion du prince pour ne pas s'en retrouver
l'ennemi déclaré. Certains à l'époque le demandaient clairement comme six siècles plus tard
Saint Wladimir en Russie intimera aux foules l'ordre de choisir entre le Christ avec lui ou
l'exil. La Foi ne s'intimant pas de la sorte dans le coeur de l'homme, nombre de peuples
officiellement christianisés montreront vite la persistance profonde du paganisme dans leurs
moeurs. Et il s'en suivra inévitablement de grands et violents retours du culte païen avec sa
cohorte d'horreurs chaque fois qu'un chef, prince ou roi se détournera, le plus souvent pour
raisons politiques, de l'Eglise du Christ.
La nuit avant son Baptême, Saint Remi vint le trouver dans son palais et l'ayant conduit avec
la Reine et un grand nombre de princes et d'officiers dans la chapelle de Saint Pierre, il leur fit
une admirable prédication sur l'Unité de Dieu, la vanité des idoles, l'incarnation du Verbe
éternel, le Salut de l'humanité, le Jugement Dernier, le Paradis des Justes et l'enfer des impies.
Alors la chapelle fut remplie de Lumière et d'une odeur inestimable et l'on entendit une Voix
Céleste qui disait : "La paix soit avec vous! Ne craignez rien, persévérez dans Mon Amour."
Le visage du Saint devint aussi tout éclatant; le Roi, la Reine, tous les seigneurs et les dames
se jetèrent à ses pieds. Le Saint les releva et leur prédit les grandeurs futures du royaume et
des Rois de France, à condition qu'ils restent fidèles à Dieu et ne fassent rien d'indigne en tant
que Chrétiens et Roi devant d'abord être des exemples avant d'être dirigeants. Le lendemain,
Clovis marcha à l'église de la Mère de Dieu, à travers les rues ornées de tapisseries. Lorsqu'il
fut sur les fonts, Saint Remi lui dit : "Courbe la tête, fier Sicambre; brûle ce que tu as adoré et
adore ce que tu as brûlé." Après quelques exhortations comme il fut question de consacrer
l'eau baptismale, il ne se trouva point de chrême parce que le clerc qui le portait n'avait pu
passer à cause de la foule. Le Saint dans cette nécessité, leva les yeux au Ciel et demanda à
Dieu qu'il daignât pourvoir à ce défaut et à l'heure même, une colombe plus blanche que la
neige descendit d'en haut, portant dans son bec une fiole pleine d'un Baume Céleste fermé par
le ministère des Anges qu'elle mit entre les mains du Saint Prélat. Il le reçut avec admiration
et Actions de Grâces, en versa une partie dans les fonts et oignit ensuite la tête du Roi. En
même temps, la colombe s'envola et disparut mais la fiole demeura.
Outre l'onction baptismale, Saint Remi conféra donc aussi au Roi l'onction royale qui depuis a
toujours été faite à nos Rois séparément de leur Baptême par l'auguste cérémonie de leur
sacre; c'est à quoi a servi jusqu'à présent l'Huile Céleste de cette fiole, conservée intacte
jusqu'à la révolution française. La vérité de cette Ampoule apportée par un Ange sous la
forme d'une colombe, a été combattue par quelques auteurs mais elle a été soutenue et
prouvée avec beaucoup de force et d'éloquence par plusieurs savants qui ont cru que le
témoignage d'Hincmar, de Flodoard, d'Aimonius, de Gerson, de Gaguin et d'autres anciens
historiens, avec la tradition immémoriale de nos pères et approuvée même par un grand
nombre d'écrivains d'autres pays, était suffisante pour en convaincre tous les esprits un peu
raisonnables. Deux soeurs de Clovis furent aussi baptisées avec lui : Alboflède qui était
païenne et Lanthilde qui était arienne; la même faveur fut encore accordée à trois initiés
seigneurs et à une quantité de soldats, de femmes et d'enfants qui voulurent avoir part au
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bonheur de la régénération spirituelle. On croit plus communément que ce fut le jour de la
Nativité.
On ne peut représenter assez dignement l'amour que Clovis eut pour Saint Demi et les faveurs
dont il combla sa personne et tous ceux qui lui appartenaient. Il lui donna une foule de
seigneuries autour de Soissons et en d'autres lieux dont il enrichit sa cathédrale et d'antres
églises, tant métropolitaines que collégiales. A sa prière, il pardonna à Euloge, seigneur
d'Epernay, coupable de lèse-majesté; ce seigneur, en reconnaissance, offrit au Saint sa terre
pour en faire l'héritage de la Maison de Dieu mais le Bienheureux Prélat le remercia, estimant
indigne d'un homme généreux et surtout d'un bon pasteur de recevoir des présents pour prix
de son intercession; cependant et comme Euloge voulut quitter le monde et se défaire de son
bien, Saint Demi l'accepta et le lui paya et par ce moyen, Epernay appartint à l'Eglise de
Daims. Le même Clovis ne faisait rien de considérable sans prendre l'avis et la bénédiction de
cet Homme de Dieu : il la prit pour aller combattre Gendebaud et Gaadegisilc, en Bourgogne
il la prit pour faire la guerre à Marie le roi des Cots et par la force de cette bénédiction, il
remporta d'illustres victoires sur ces trois princes, tua Alaric de sa propre main et joignit à son
empire une grande partie des provinces des Gaules jusqu'aux Alpes et aux Pyrénées. Ce fut
aussi par la même vertu que les murailles d'Angoulême tombèrent d'elles-mêmes devant son
armée comme celles de Jéricho devant l'armée de Josué et qu'il emporta cette place sans être
obligé de l'assiéger. Aussi dans chacune de ces expéditions, Saint Rémi lui avait donné un
flacon de vin bénit pour son usage, lui marquant qu'il serait victorieux tant que ce vin durerait
et par un grand Miracle, ce vin ne diminua point jusqu'à son retour. Enfin, cette bénédiction
empêcha ce grand conquérant d'être tué par deux soldats gothiques qui l'attaquèrent par
derrière et firent tous leurs efforts pour le percer de leurs lances.
Ayant créé Clovis patrice et consul, l'Empereur Anastase lui envoya avec les marques de cette
dignité, ce qui était autrefois le comble de l'ambition des Romains : une couronne d'or de
grand prix. Et Saint Rémi érigea en évêché l'église de la Mère de Dieu de Laon, lieu de sa
naissance qui n'était auparavant qu'une simple paroisse de son diocèse. Il y mit pour premier
Evêque Génebaud.
Peu après, Clovis remit son âme au Seigneur. Par Révélation, Saint Demi apprit son
Endormissement.
C'est vers 511 que se tint le premier Concile d'Orléans. Saint Remi ne manqua pas de s'y
trouver avec trente-trois Evêques de diverses provinces. Lorsqu'il entra dans l'assemblée, tous
les Prélats qui étaient venus avant lui se levèrent pour lui faire honneur; un seul qui était arien
et très orgueilleux, se tint assis par mépris et ne daigna pas même le saluer lorsqu'il passa
devant lui. Mais son incivilité aussi bien que sa perfidie, fut punie sur-le-champ car il perdit
l'usage de la langue et ne put plus parler. Alors il reconnut sa faute et se prosternant aux pieds
du Saint, il le pria par tous les signes du corps qu'il put faire, de lui obtenir miséricorde. "Et
bien," lui dit Saint Rémi, "et si tu as de véritables sentiments de la Divinité de Jésus-Christ et
que tu Le reconnaisses consubstantiel à son Père; autrement l'usage de la voix ne ferait que
contribuer à tes blasphèmes." A ces mots, l'Evêque renonça intérieurement et par geste à
l'arianisme et sa langue se délia on même temps, il recouvra la parole pour confesser que
Jésus-Christ était un seul Dieu avec le Père et le Saint-Esprit.
Nous apprenons de Sidoine Apollinaire et de plusieurs auteurs que Saint Rémi était un des
plus savants et des plus éloquents hommes des premiers siècles et qu'il a fait quelques
commentaires sur la Sainte Ecriture, remplis d'une profonde doctrine et d'un style doux et
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relevé. La difficulté est de savoir si les Commentaires sur Saint Paul qui portent son nom sont
de ce nombre. On doute moins de deux Epîtres : l'une à Clovis sur l'Endormissement de sa
soeur Alboflède, l'autre à Sainte Geneviève pour laquelle il avait un amour et un respect
particuliers. Son ouvrage douteux est son testament. Il y fait son église cathédrale la
principale héritière de tous ses biens avec l'Evêque Loup le fils de son frère et le Prêtre
Agricole, son autre neveu. Il y a fait aussi beaucoup de legs pieux aux autres églises, aux
clercs, aux veuves, aux orphelins, aux pauvres et aux mendiants. On trouve ce testament dans
Flodoard.
A la fin de sa vie, il fut attaqué de plusieurs maux très douloureux et perdit aussi la vue mais
bien loin de s'en affliger, il en rendait continuellement Grâces à Dieu, regardant ces afflictions
comme de grands bienfaits qui lui donnaient occasion d'exercer la patience et le rendaient plus
semblable à Jésus-Christ souffrant et mourant sur la Croix. Il était sans cesse en prières et les
larmes de componction lui coulaient des yeux à tout moment. Il eut connaissance du temps de
son endormissement mais avant qu'il arrivât, la vue lui fut rendue et il eut la consolation de
célébrer encore une fois les Saints Mystères. Enfin, ayant embrassé ses enfants spirituels et
leur ayant donné sa bénédiction, il rendit son âme à Dieu, sans qu'il parut avoir aucune
maladie mortelle mais étant seulement épuisé et consommé de vieillesse. Ce fut le 13 janvier
533; il avait environ quatre-vingt-seize ans.
ou
http://catreims.free.fr/rel004.html
SAINT MOINE PROCHORE DE PSHINSK (+10°.S.)
Le Moine Prokhor de Pshinsk se livra à l'Ascèse au Désert de Bransk dans la région de la
rivière de Pshina; il y fonda un monastère. Il est renommé comme l'un des Ascètes les plus
stricts de la vie monastique. Il s'endormit à la fin du dixième siècle. Des Précieuses
Reliques du Saint Moine s'opérèrent plusieurs Miracles. Selon les Chroniques serbes, le Pieux
Roi Milutine (1276-1320) construit une église au nom du Saint Moine Prochore.
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SAINT EVÊQUE MALARD DE CHARTRES, CONFESSEUR (+660)
Il est au vingt-cinquième rang dans les listes épiscopales de cette Église. On trouve son nom
en tête du "privilège de Rebais" de 638 et parmi les signataires du Concile de Chalon-sur-
Saône, en 650. Il en est question mais confusément dans les Actes de Saint Laumer.
SAINTE TARCISE, VIERGE (+600)
Sainte Tarcise (Tarsitia),Vierge à Rodelle en Rouergue (actuel Aveyron) et que l'on dit avoir
été la petite-fille du Roi Clotaire II et soeur de Saint Ferréol d'Uzès, vécut plusieurs années
dans la solitude de Rodelle, près Rodez. Après sa Naissance au Ciel, son corps fut translaté
dans la cathédrale de Rodez où il est vénéré.
SAINTES SALOME D'OUDJARMA ET PERODJAVRA DE SIVNI, GÉORGIE (+4°.S.)
Saints Salome of Ujarma and Perozhavra of Sivnia were the helpers and closest companions
of St. Nino, Enlightener of Georgia. St. Nino herself had converted them to the Christian
Faith.
Salome was the wife of Revi, the son of King Mirian, and Perozhavra was married to the ruler
of the Kartli region. Both women were queens, but they succeeded in serving St. Nino while
retaining their imperial roles. St. Nino taught them to pray, and the0women fasted regularly
and performed good works. As a result of their influential social status, the two queens were
able to help St. Nino tremendously in spreading the Christian Faith.
After the conversion of Kartli, with inspiration from St. Nino and by the order of King Mirian,
St. Salome erected a cross in Ujarma in the Kakheti region.
When St. Nino fell ill in the village of Bodbe, the queens Salome and Perozhavra stood by her
bed and wept bitterly at having to part with their beloved teacher and healer. They entreated
St. Nino, who was finishing her last hours on this earth, saying, “Tell us our Queen, how did
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you come to our country to free our souls, and where were you raised? Tell us how to
continue your good works. You who have delivered us from bondage to the enemy, tell us,
what shall we do?”
From the information that St. Nino then related to them, Sts. Salome and Perozhavra wrote
The Life of St. Nino, Enlightener of Georgia. The Apostolic Orthodox Church of Georgia
commemorates them on January 15, the day following the commemoration of St. Nino.
SAINT JEAN LE CALYBITE (HABITANT DE LA HUTTE) DE CONSTANTINOPLE
(+450)
Saint Jean le Pauvre pour le Christ naquit à Constantinople sous le règne de Léon I (457-474).
Fils du riche et puissant sénateur Eutrope, il reçut une éducation des plus soignées auprès de
maîtres réputés et montra dès son enfance une extraordinaire piété. Alors qu'il n'avait encore
que douze ans, il rencontra un jour un Moine du Monastère des Acémètes qui se préparait à
partir en pèlerinage à Jérusalem et il le pressa de questions sur le mode de vie des Moines, sur
leurs pratiques ascétiques, sur leurs Hymnes perpétuelles et leur prière dégagée de tout souci.
Transporté de joie en entendant la description de cette Vie Angélique menée par des êtres
mortels, il fit promettre au Moine de venir le prendre à son retour. Sous prétexte de suivre les
leçons de lecture de son maître d'école, il obtint de ses parents un beau manuscrit de
l'Evangile, luxueusement relié et rehaussé de dorures et de perles. Il le portait sans cesse avec
lui comme le plus précieux de ses biens et lorsque l'Ancien revint de Jérusalem, il s'enfuit en
secret de la maison paternelle, en n'emportant avec lui rien d'autre que ce livre.
Une fois parvenu au Monastère des Acémètes, Jean émut l'Higoumène par sa ferveur et ses
larmes et réussit à le convaincre de le tonsurer et de le revêtir de l'Habit Angélique le jour
même malgré son jeune âge et sans le soumettre à la période ordinaire de noviciat. Dès lors, il
montra un zèle admirable dans les combats de l'Ascèse et dépassa bientôt en toutes les vertus
les Moines les plus éprouvés. Pendant trois ans, il ne mangea que le dimanche après avoir
communié et devint si maigre que personne ne pouvait reconnaître sous ses traits le jeune et
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délicat aristocrate. Jaloux de tels progrès, le démon déclencha alors contre lui une guerre
acharnée en présentant sans relâche à sa pensée le souvenir de ses parents et en incitant son
coeur juvénile à leur rendre visite. Les confessions répétées, l'accroissement des jeûnes et les
larmes abondantes ne parvenaient pas à le délivrer de cette pensée funeste. Finalement, il
obtint de son Higoumène la permission de retourner vers la maison familiale, non pour se
soumettre, vaincu, à la tentation mais pour mener de front le combat contre le diable grâce à la
Puissance du Christ et à la prière des Saints Pères. A la sortie du Monastère, il échangea ses
vêtements contre les haillons d'un mendiant et après plusieurs jours de marche, il arriva de
nuit, harassé, à la porte du palais familial, méconnaissable sous ses frusques après tant de
combats ascétiques. Les serviteurs le recueillirent et le prirent en pitié mais comme il leur
avait été interdit de recevoir des mendiants, ils obtinrent du maître de maison la permission de
l'installer non loin de l'entrée dans une pauvre cabane (calyve) pour le protéger des rigueurs
du climat. Un jour comme la mère de Jean, toujours affligée de la perte de son fils bien-aimé,
sortait pour se rendre à l'église, elle aperçut avec répulsion ce mendiant hideux et défiguré
assis à la porte de sa cellule et elle donna l'ordre qu'il se tienne désormais enfermé à
l'intérieur, s'il ne voulait pas être chassé.
Pendant trois ans Saint Jean vécut ainsi en Reclus, objet du mépris de ses parents, de la risée
et des mauvais traitements des serviteurs et des passants. Non
content de ces afflictions involontaires, il ajoutait l'offrande
volontaire à Dieu de ses jeûnes et de ses prières ininterrompues.
Une nuit, le Christ lui apparut et lui dit : "Réjouis-toi, Jean car
tu as vaincu le diable par ta patience et tu as déjoué toutes ses
ruses. Le temps de ta fin approche dans trois jours les Anges
viendront te prendre et t'emmèneront vers Moi."
Jean fit alors demander à la maîtresse de maison si elle voulait
bien condescendre à venir le visiter avant son Départ Céleste.
D'abord surprise de cette demande, sa mère vint donc jusqu'à sa
cabane. Le pauvre qu'elle avait depuis si longtemps méprisé, la
remercia chaleureusement pour son hospitalité, lui demanda la
faveur d'être enseveli dans la cabane même avec ses vêtements
et lui offrit en présent l'Evangile d'or qu'il avait reçu d'elle dix
ans auparavant. Le coeur de la mère sursauta à la vue du
manuscrit. Elle courut le montrer à son époux puis ils vinrent
tous les deux supplier le mendiant de leur révéler d'où il tenait
cet objet si précieux. Le visage baigné de larmes, le Saint leur
dit : "Je suis Jean, votre fils et c'est par amour pour le Christ que j'ai pris ce livre que vous
m'avez donné comme un joug doux et léger et que j'ai décidé de vivre comme un étranger."
Les deux parents, mêlant la joie des retrouvailles à la douleur de son Départ de cette terre,
tenaient leur fils dans leurs bras pendant qu'il leur racontait toutes les péripéties de sa vie et
quand il remit son âme à Dieu, ils lavèrent son corps de leurs larmes.
Toute la ville de Constantinople s'émut en apprenant l'histoire héroïque de Saint Jean et
compatit à la douleur de ses parents. On vint en foule aux funérailles de ce Martyr volontaire
dans sa misérable cabane sur l'emplacement de laquelle on construisit plus tard une église où
la Grâce de Dieu, par les prières de Saint Jean le Pauvre, accomplit quantité de Miracles.
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SAINT EVEQUE ÉMEBERT (OU ABLEBERT) DE CAMBRAI ET CONFESSEUR (+710)
15 janvier - 21 février
Natif de Ham en Brabant et frère de Sainte Gudule, il fut Evêque de Cambrai où il est honoré
comme Saint. On n'a presque aucun détail sur sa vie. Il s'endormit à Ham d'où son corps a été
translaté à Sainte-Aldegonde de Maubeuge. D'inutiles efforts ont été tentés pour le retrouver
au dix-septième siècle.
ou
Saint Emébert naquit dans la ville de Ham de parents aussi distingués par leur piété que par
leur noblesse; son père était le Comte Witger et sa mère Sainte Amelberge. Il eut aussi pour
soeurs quatre Saintes : Sainte Reinelde, Sainte Pharaïlde, Sainte Ermentrude et Sainte Gudule.
Après les années de son enfance qu'il passa dans la Crainte de Dieu, ce fut un jeune homme
remarquable par la beauté de sa figure, par les attraits de sa parole, par la douceur de son âme,
par son humilité, son obéissance, sa dévotion et l'intégrité de ses moeurs, montant tous les
jours de vertu en vertu et progressant dans la soumission à Dieu.
Aimant la solitude, il évitait la compagnie des hommes du monde et se rendait agréable à
Dieu par la componction du coeur par la prière, les veilles, les jeûnes et les larmes. Cependant
Vindicien l'Évêque de Cambrai, rendit à son âme au Créateur. Après son Départ de ce monde,
Emébert, par la Disposition de Dieu, fut élevé sur son siège.
Comme il visitait son diocèse, répandant la semence du Verbe Divin pour le plus grand bien
des âmes et voulant se livrer plus librement à la Contemplation, il se retira pour quelque
temps dans son pays natal; ce fut là que Dieu voulut enfin le compenser : Il lui envoya une
légère fièvre qui abattit les forces de son corps. L'heure de l'Appel étant donc venue, il
termina sa carrière au bourg de Ham où il fut enseveli. Il fut plus tard translaté à Maubeuge et
déposé dans l'église de la Mère de Dieu et de Sainte Aldegonde, Vierge. Les papistes firent
d'inutiles recherches en 1637 pour retrouver son corps.
SAINTES MAURE ET BRITTA, VIERGES (+4°.S.)
Ces deux Vierges dont nous ignorons la vie mais qui semblent avoir appartenu au quatrième
siècle, devinrent célèbres sur le territoire de Tours quand leurs Précieuses Reliques furent
trouvées sous l'Evêque Eufrone, prédécesseur immédiat de Grégoire de Tours. Ce dernier a
laissé par écrit le récit de cette Invention. La tradition populaire racontait que deux Vierges
consacrées à Dieu reposaient sur une petite colline boisée dans le voisinage de la ville. Elles
apparurent à l'un des habitants, demandèrent que leur tombeau ne fût pas délaissé plus
longtemps sous les ronces et les broussailles. L'apparition se renouvela et le paysan éleva un
petit oratoire à l'endroit indiqué. Il alla demander à l'Evêque de vouloir bien le bénir. Eufrone
s'excusa sur son grand âge mais les deux Vierges lui apparurent la nuit suivante pour le
supplier de faire ce qu'on lui demandait. Il accéda à la demande et depuis lors les deux
Vierges ont été en grande vénération dans le diocèse de Tours.
SAINTE MARTYRE SECONDINE D'AGNANI, VIERGE (+ 257)
Vierge consacrée, elle est arrêtée et jetée en prison à Agnani dans le Latium pendant la
persécution de l'empereur Dèce (249-251). Elle convertit ses geôliers et subit le martyre peu
après le Saint Evêque Magne d'Agnani.
SAINT LLEUDADD (OU LAUDATUS) DE BARDSEY L'ABBÉ (+7°.S.)
Le Gallois et Abbé de Bardsey (Carnarvon) Saint Lleudadd accompagna Saint Cadfan en
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Bretagne. Il pourrait être identique à Saint Lô de Coutances.
SAINT SAWL (+6°.S.)
Saint Sawl était le chef gallois qui engendra Saint Asaph (1er mai). Les traditions concernant
Sawl sont très obscures.
ou
Son nom est une ancienne forme pour Samuel. Sawyl Benuchel était le fils de Pabo Post
Prydyn et lui et ses frères Dunawd et Cerwydd seraient des Saints de Bangor Dunawd. Il
épousa Gwenasedd la fille de Rhain Rhieinwg par qui il deviendra le père de Saint Asaph.
Dans les anciennes généalogies galloises du manuscrit Harleian MS3859, son nom est repris
comme Samuil Pennissel et il s'y voit attribuer une basse plutôt qu'une haute naissance. Il est
célébré dans les Triades comme un des trois Trahawg "Dominants l'Ile de Bretagne." Sa Fête
est indiquée au 15 janvier.
SAINT VARLAAM DE KERETS(+16°.S.)
Saint Barlaam servit au seizième siècle comme Prêtre dans la région Kerets de la Péninsule de
Kolsk sur la Mer Blanche. Il fut vénéré comme le Saint Protecteur des ouvriers de la Mer
Blanche et des marins. Il fut glorifié par des Miracles posthumes, sauvant ceux qui étaient en
danger de se noyer.
St Pansophios d'Alexandrie Martyr sous Dèce (vers 250).-St Gabriel, disciple de St Jean de
Rila, fondateur du monastère de Lesnov en Bulgarie (Xème siècle). -St Prochore, fondateur
du Monastère de Vranski en Bulgarie-St Maur, disciple de St Benoît-Ste Secondine, vierge,
martyre à Agnani sous Dèce. -St Maxime l'Évêque de Nole, Martyr sous Dèce (vers 252). -St
Ephyse, apôtre de la Sardaigne, Martyr sous Dioclétien (vers 286). -Six Moines, restés
anonymes, morts dans le Désert profond. -Sts Elpidios, Danax et Hélène -Stes Salomé
d'Oudjarma et perodjavra de Sivni (Géorgie, IVème siècle). -St jean le Calyvite, pauvre pour
le Christ à Constantinople (Vème siècle)-St Augustin, Higoumène de Favianes (aujourd'hui
Linz en Autriche), monastère fondé par St Séverin du Norique (vers 500). -St Eugyppius,
réfugié du Norique, Higoumène de Lacullano près de Naples et ami de St Fulgence de Ruspe
(511). -St Eloi, Moine de Lérins (VIème siècle). -Ste Ida de Killeady, solitaire irlandaise puis
Abbesse dans le comté de Limerick (570). -St Maur, disciple de St Benoît de Nursie,
fondateur du monastère de Glanfeuil près d'Angers (584). -Ste Tarcise, vierge à Rodelle en
Rouergue (actuel Aveyron) (vers 600). -St Malard l'Évêque de Chartres (vers 660). -St Bonnet
ou Bont, chancelier de France sous le roi Siegbert II d'Austrasie puis gouverneur de la
Provence sous le roi Thierry III de Neustrie et d'Austrasie puis Evêque de Clermont
d'Auvergne (710). -St Emebert l'Évêque de Cambrai et Tournai (vers 710). -St Blaithmaic,
Higoumène irlandais, Martyr par la main des païens danois sur les marches de l'Autel de
l'église de Iona en Ecosse (823).
Lecture de l’Epître
Gal V : 22-VI : 2
5.22 Mais le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la
fidélité, la douceur, la tempérance; 5.23 la loi n'est pas contre ces choses. 5.24 Ceux qui sont à
Jésus Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. 5.25 Si nous vivons par l'Esprit,
marchons aussi selon l'Esprit. 5.26 Ne cherchons pas une vaine gloire, en nous provoquant les
uns les autres, en nous portant envie les uns aux autres.
26
6.1 Frères, si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels,
redressez-le avec un esprit de douceur. Prends garde à toi-même, de peur que tu ne sois aussi
tenté. 6.2 Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Christ.
Lecture de l’Evangile
Luc XII : 32-40
12.32 Ne crains point, petit troupeau; car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume. 12.33
Vendez ce que vous possédez, et donnez-le en aumônes. Faites-vous des bourses qui ne
s'usent point, un trésor inépuisable dans les cieux, où le voleur n'approche point, et où la
teigne ne détruit point. 12.34 Car là où est votre trésor, là aussi sera votre coeur. 12.35 Que vos
reins soient ceints, et vos lampes allumées. 12.36 Et vous, soyez semblables à des hommes qui
attendent que leur maître revienne des noces, afin de lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera.
12.37 Heureux ces serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera veillant! Je vous le dis en
vérité, il se ceindra, les fera mettre à table, et s'approchera pour les servir. 12.38 Qu'il arrive à la
deuxième ou à la troisième veille, heureux ces serviteurs, s'il les trouve veillant! 12.39 Sachez-le
bien, si le maître de la maison savait à quelle heure le voleur doit venir, il veillerait et ne
laisserait pas percer sa maison. 12.40 Vous aussi, tenez-vous prêts, car le Fils de l'homme
viendra à l'heure où vous n'y penserez pas.
Pour l’usage slave
Matthieu : XI : 27-30
11.27 Toutes choses m'ont été données par mon Père, et personne ne connaît le Fils, si ce n'est le
Père; personne non plus ne connaît le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut le
révéler. 11.28 Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos.
11.29 Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de
coeur; et vous trouverez du repos pour vos âmes. 11.30 Car mon joug est doux, et mon fardeau
léger.
RÉFLEXION - Ne pensez jamais que Dieu ne vous entend pas lorsque vous Le priez. Il
entend vous pensées de la même manière que nous entendons les voix les uns des autres. Et
s'Il ne réagit pas immédiatement à votre prière, c'est que soit vous Le priez d'une manière
indigne, soit que vous Lui demandez quelque chose qui vous serait nuisible ou parce que Lui
dans Sa Sagesse et Providence, Il retarde l'exaucement de votre requête jusqu'au moment
approprié. Saint Jean de Cronstadt écrivait : "De même que par le moyen du télégraphe
électrique nous communiquons rapidement avec ceux qui sont loin de nous, de la même
manière, par une Foi Vivante comme si c'était par les fils télégraphiques, nous communiquons
rapidement avec Dieu, avec les Anges et avec les Saints. De même que nous faisons entière
confiance dans la rapidité du courant électrique et dans sa bonne arrivée à destination, de la
même manière nous devrions faire complètement confiance dans la vitesse de la prière de la
Foi et sa bonne arrivée à destination. Envoyez vos requêtes à Dieu et aux Saints par le biais du
télégraphe de la Foi et vous obtiendrez très vite une réponse."
Et en un autre endroit, Saint Jean écrit aussi : "Dieu et les esprits créés comme les âmes des
défunts de même que celles des vivants pensent et la pensée est rapide et elle est d'une
certaine manière omniprésente. Pensez à eux de tout votre coeur et ils seront présents avec
vous. Dieu sera toujours avec vous et forcément il en sera de même pour les autres; par le Don
et la Puissance de Dieu, ils seront avec vous."
Saint Nicolas Velimirovitch l'Évêque d'Ochrid, Serbie (+ 05 mars 1958), rescapé de Dachau puis des
persécutions communistes, auteur du Synaxaire "Prologue d'Ochrid."

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