mardi 31 janvier 2012
Vie & Oeuvres de Saint Grégoire de Naziance, dit Saint Grégoire le Théologien. (IV°s).
19 (translation) - 25 janvier
SAINT PERE GRÉGOIRE LE THÉOLOGIEN (DE NAZIANCE) L'ARCHEVEQUE DE
CONSTANTINOPLE (+389) 19 (translation) – 25 janvier
Grégoire naquit à Nazianze, d'un père grec et d'une mère chrétienne. Avant son Baptême, il
étudia à Athènes, ensemble avec Basile le Grand et Julien, le futur empereur apostat. Grégoire
prophétisa souvent que Julien deviendrait un apostat et un persécuteur de l'Eglise, ce qui
advint. Grégoire fut particulièrement influencé par sa bonne mère, Nonna. A la fin de ses
études, Grégoire fut baptisé. Saint Basile le consacra Evêque de Sasima et l'Empereur
Théodose le Grand le convoqua pour occuper le siège archiépiscopal vacant de
Constantinople. Il rédigea nombre d'ouvrages dont les plus célèbres concernent la théologie,
ce pour quoi on l'appelle le Théologien. Particulièrement connue pour sa profondeur, son
ouvrage : "Homélie sur la Sainte Trinité." Grégoire écrivit contre l'hérétique Macedonius qui
enseignait erronément que le Saint Esprit est une créature de Dieu. Grégoire écrivit aussi
contre Appolinaire qui enseignait par erreur que le Christ n'avait pas eu une âme humaine
mais que Sa Divinité était à la place de Son âme. De plus, Grégoire écrivit contre l'empereur
Julien l'Apostat, autrefois son camarade d'étude. En 381, lorsqu'un débat éclata concernant
son élection comme Archevêque, il se retira de son propre chef et publia une décision : "Ceux
qui nous privent de notre siège archiépiscopal ne savent pas nous priver de Dieu." Après cela,
il quitta Constantinople et retourna à Nazianze où il mena une vie de solitude et de prière,
rédigeant d'excellents ouvrages. Bien qu'il fut en mauvaise santé toute sa vie durant, Grégoire
vécut cependant jusqu'à quatre-vingts ans. Ses Précieuses Reliques furent par la suite
translatées à Rome. Un reliquaire contenant son chef repose dans la cathédrale de la
Dormition à Moscou. Il fut et demeure une grande et magnifique lumière de l'Eglise
orthodoxe, tant par sa douceur et pureté de caractère que par l'insurpassable profondeur de son
esprit. Il s'endormit dans le Seigneur en 390.
ou
Saint Grégoire, cet homme à l'Âme Céleste et à la bouche sanctifiée par le feu du Saint-Esprit,
a pénétré si profondément dans les Mystères de Dieu qu'entre tous les Pères, il a été jugé
digne du titre de Théologien comme Jean, le Disciple Bien-aimé : c'est-à-dire non celui qui
fait profession d'enseigner les dogmes mais celui qui après s'être purifié, a été uni à Dieu par
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la Grâce et qui se tourne ensuite vers le peuple comme Moïse pour lui transmettre les oracles
Divins et lui communiquer la lumière. Comme Saint Basile et Saint Jean Chrysostome, sa vie
dépasse largement les limites d'une simple biographie et se présente plutôt à nous comme le
prototype de la Sainteté Chrétienne et ses oeuvres immortelles, insurpassables en beauté et en
profondeur, constituent le plus digne ornement de l'Epouse du Verbe de Dieu.
Son père, Saint Grégoire l'Ancien, homme sage et vertueux, s'était d'abord égaré dans la secte
des hypsistaires puis converti grâce à la patience et à la prière de son épouse Sainte Nonne, il
devint Evêque de Nazianze, la petite ville de Cappadoce proche de leur propriété familiale
d'Arianze. Alors qu'ils étaient restés longtemps sans progéniture, Dieu leur accorda
successivement trois enfants : Sainte Gorgonie, Saint Grégoire et Saint Césaire. Après la
naissance de Gorgonie, Sainte Nonne avait instamment prié le Seigneur de lui accorder un
fils, en Lui promettant de le Lui consacrer. Dieu répondit à sa prière en lui montrant dans un
songe la figure de l'enfant qui allait naître et en lui imposant son nom. Dès la naissance de
Grégoire en 329, sa mère prit soin de cultiver en lui les semences des Saintes Vertus de sorte
que l'enfant montra bientôt la sagesse des vieillards, un grand attrait pour l'étude et une
attirance irrésistible vers la contemplation et la prière. Une nuit, il vit en songe deux jeunes
Vierges Pures lui apparaître vêtues de blanc et le visage chastement couvert d'un voile. Elles
le caressèrent doucement, en lui disant qu'elles étaient l'une la pureté et l'autre la chasteté,
Compagnes de Notre Seigneur Jésus-Christ et amies de ceux qui renoncent au mariage pour
mener une Vie Céleste. "Elles m'exhortèrent d'unir mon coeur et mon esprit au leur afin que
m'ayant rempli de l'éclat de la Virginité, elles puissent me présenter devant la Lumière de la
Sainte Trinité," dit-il dans un poème autobiographique. Il prit dès lors la résolution de
consacrer sa vie à Dieu dans la Virginité et s'éloigna de tout plaisir et divertissement de ce
monde. Poussé par l'amour de la science, il partit avec son frère Césaire pour étudier la
rhétorique à Césarée de Cappadoce où il fit connaissance de Saint Basile puis il se rendit à
Césarée de Palestine et à Alexandrie où il laissa son frère pour s'embarquer vers l'illustre
Athènes qui gardait encore sa renommée de capitale de l'éloquence et de la philosophie.
Mais le navire sur lequel il s'était embarqué fut pris, pendant près de vingt jours dans une
effroyable tempête. A genoux à la proue, le visage battu par le vent et les vagues, Grégoire
qui selon l'usage du temps n'avait pas encore reçu le Baptême et qui redoutait d'être privé pour
toujours de l'Eau Sainte qui nous purifie et nous Divinise, tendait les mains vers le Ciel et
suppliait Dieu avec larmes. Soudain, au moment même où il rappelait son engagement de
servir Dieu toute sa vie, la tempête s'apaisa, les païens qui avaient joint leurs prières au
siennes se convertirent et le navire parvint sans encombre à Athènes. Grégoire s'y lia avec
Saint Basile de l'amitié si célèbre évoquée dans la notice sur ce dernier. Tout leur était
commun : l'amour du savoir, le talent oratoire, la profondeur de la réflexion et surtout la
pureté des moeurs, la recherche de la perfection et la tension de tout leur être vers Dieu qui
leur faisaient dépasser leurs condisciples et même leurs maîtres, les rendaient aimables à tous
et attiraient irrésistiblement à eux les hommes qui recherchaient sincèrement la vérité. Si bien
que lorsque Basile décida de regagner sa patrie, jugeant avoir acquis là suffisamment de
connaissances, leurs compagnons parvinrent à retenir Grégoire pendant quelque temps et
firent de lui leur maître. Parvenant enfin à se libérer de cette affection, inopportune, Saint
Grégoire retourna en Cappadoce en 359 âgé de trente ans et reçut le Saint Baptême. Il n'était
désormais plus question pour lui de regarder vers les sciences et la beauté du langage. De tout
l'élan de son coeur, il n'aspirait plus à vivre que pour Dieu Seul, contempler dès ici-bas Son
Royaume et Sa gloire, en dégageant son intellect de tout attachement au monde. Jusqu'à la fin
de ses jours, il soumit son corps à une stricte ascèse, malgré les maladies fréquentes qui
entravaient ses activités mais qu'il supportait avec joie. Il versait des larmes abondantes quand
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il élevait sa prière vers Dieu ou quand il se plongeait dans l'Ecriture Sainte pour s'y remplir de
la Parole de Dieu et il mit dès lors la brillante éloquence qu'il avait acquise au cours de ses
études au service du Verbe. Mais plus que tout, Il désirait pouvoir s'adonner sans trouble à la
Contemplation dans le silence et loin du monde. C'est pourquoi il rejoignit en hâte Saint
Basile dans sa retraite de la vallée de l'Iris afin d'y mener ensemble une vie semblable à celle
des Anges, conformément aux projets qu'ils avaient conçus pendant leur séjour à Athènes. Ils
pénétraient ensemble comme une seule âme dans les Mystères de Dieu, ils étaient transportés
ensemble en de Célestes Contemplations, préfigurations de la joie et de la concorde des Elus
dans le Royaume de Dieu et ils recevaient ainsi du Seigneur une connaissance incomparable
sur le mystère de l'homme et de sa nature et sur l'art de purifier l'âme de ses passions. C'est
pourquoi, malgré leur jeune âge et le peu d'années passées dans la vie monastique, ils purent
rédiger de concert les Règles monastiques qui restent depuis la charte de fondation du
monachisme orthodoxe.
Cette Vie Toute Céleste dura cependant peu de temps car Grégoire fut bientôt rappelé par son
père vieillissant pour prendre soin de lui et se charger à sa place de la direction de l'Eglise de
Nazianze malheureusement divisée à la suite du concile hérétique de Rimini (359). Aussitôt
sur place, Grégoire tenta en vain de réconcilier ceux qui s'étaient séparés de la communion de
son père, tout en s'efforçant d'accorder la Contemplation et la vie active. Malgré sa crainte
mêlée de respect pour le Sacerdoce et sa préférence pour la contemplation, il fut ordonné
Prêtre contre son gré par son père qui espérait donner ainsi plus de force à sa prédication et
désirait le préparer à la succession. Surpris par cette ordination comme par une "tyrannie,"
Grégoire s'enfuit alors dans le Pont afin d'y adoucir sa douleur en compagnie de son cher
Basile. Beaucoup blâmèrent alors et blâment encore le Saint, l'accusant de lâcheté ou de
faiblesse de caractère. Mais là n'est pas la vérité. Comment douter de l'équilibre
psychologique et de la force d'âme d'un esprit si puissant qui avait acquis dès sa jeunesse la
bienheureuse impassibilité et la maîtrise sur toutes les puissances de son âme? Il convient
plutôt de voir en Saint Grégoire un exemple frappant de la délicatesse extrême et de la
sensibilité qu'acquièrent les Saints en s'approchant de Dieu. Comme il l'expliqua lui-même
dans son discours apologétique, il n'avait pas fui alors le Sacerdoce par crainte mais par une
conscience aiguë de la redoutable responsabilité du pasteur d'âmes et surtout parce qu'il
préférait s'unir à Dieu et par là même à tous les hommes dans la Contemplation. "Rien ne me
semblait préférable, dit-il que de fermer la porte des sens, de sortir de la chair et du monde, de
se rassembler en soi-même, ne gardant plus contact avec les choses humaines en dehors d'une
absolue nécessité, de s'entretenir avec soi-même et avec Dieu pour vivre au-dessus des réalités
visibles, de manière à porter sur soi les Reflets Divins sans altérations ni mélanges avec les
formes fugitives d'ici-bas, devenir vraiment et devenant constamment vrai miroir immaculé de
Dieu et des Choses Divines, en ajoutant lumière à la lumière et en substituant la netteté à la
confusion en jouissant dès maintenant par l'espérance des Biens de la Vie Future pour
accompagner les Anges dans leur ronde, en restant sur terre après avoir été quitté la terre et
avoir été élevé par l'Esprit. Si l'un de vous est possédé par ce désir, il sait ce que je veux dire
et il me pardonnera ce que j'ai alors éprouvé."*
* Discours 2, 7 (PG 35, 413C-416A = SC 247, 97).
Mais au bout de trois mois, sur les recommandations de Saint Basile et craignant de désobéir à
la Volonté de Dieu, il retourna à Naziance et s'employa avec ardeur à ramener la concorde
parmi les Orthodoxes et à assister ses parents dans leur grande vieillesse. Pendant dix ans il
fut pour Naziance le modèle du Pasteur : Humble Disciple du Seigneur, Ministre de Sa Parole
et de Sa Grâce, Règle de Foi et Image Vivante de la Perfection Evangélique. Lorsqu'en 361,
l'empereur Julien dont Saint Grégoire avait prédit l'apostasie quand ils étaient condisciples à
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Athènes commença sa tentative de restauration du paganisme, en interdisant aux enfants
chrétiens l'accès à l'enseignement des belles lettres, Saint Grégoire répliqua par la rédaction de
brillants discours et de sublimes poèmes dans lesquels il exposait les Mystères de la Foi avec
une perfection littéraire et une richesse d'images et de vocabulaire qui dépassent les oeuvres
des grands auteurs de l'Antiquité. Avec Saint Grégoire et les autres Pères de l'Eglise de cette
époque la culture hellénique n'est pas seulement convertie au Christianisme mais elle est
définitivement dépassée et elle laisse la place à une culture proprement chrétienne orthodoxe
qui utilise le meilleur des productions de l'Antiquité en le transfigurant.
En 370, Saint Grégoire et son père collaborent efficacement à l'élection de Saint Basile sur le
siège de Césarée et à sa reconnaissance comme chef du parti orthodoxe. Plus libre que Basile,
exposé de toutes parts et obligé de maintenir une certaine réserve, Grégoire proclama alors
ouvertement la Divinité du Saint-Esprit contre les hérétiques macédoniens et résista
audacieusement à la persécution de l'empereur Valens. Les deux amis avaient acquis un tel
prestige dans le peuple que l'empereur n'osa pas s'en prendre à eux et ils furent les seuls
Orthodoxes à échapper alors au bannissement.
En 372, malgré le désir de Grégoire, approuvé par Basile, de se retirer des charges pastorales
dès la mort de ses parents, il fut ordonné par son ami Evêque de la sinistre bourgade de
Sasimes, située aux confins de la Cappadoce et de la Cappadoce Seconde, province créée par
Valens pour contrecarrer les activités de l'évêque de Césarée. En dépit de son affection pour
Basile et de son souci du bien de l'Eglise, Saint Grégoire n'accepta pas cette charge et s'enfuit
dans la montagne, espérant trouver en Dieu quelque consolation à ses tribulations. Sur les
instances de son père, il accepta de retourner à Naziance et assura le gouvernement de cette
Eglise en tant qu'Evêque remplaçant jusqu'au Départ du Vieillard âgé de près de cent ans.
Après l'endormissement de son père suivi de peu par celui de Sainte Nonne, Grégoire céda
une fois de plus aux supplications des fidèles et accepta de rester en place jusqu'à l'élection
d'un nouvel Evêque malgré l'état d'extrême faiblesse dans lequel l'avaient placé la maladie, les
austérités et les combats pour la Foi. Mais s'apercevant bientôt que les citoyens désireux de le
garder auprès d'eux retardaient l'élection, il s'enfuit de nouveau en secret vers Séleucie, la
métropole de l'Isaurie (375) et se retira dans le Monastère de Sainte-Thècle en pensant y
trouver enfin la paix. Mais là encore, il dut soutenir le bon combat de la Foi contre les ariens,
implacables à semer partout le trouble. Au début de l'année 379, à quelques jours d'intervalles,
l'Eglise se revêtit d'un vêtement de deuil à la Naissance au Ciel du phare de l'Orthodoxie,
Saint Basile mais elle le changea bientôt en tunique d'allégresse lors de la disparition de
Valens l'hérétique et de la promotion de Théodose le Grand le fidèle Défenseur de la Foi de
Nicée. Tous les regards orthodoxes se tournaient avec espoir vers Grégoire comme le plus
digne représentant de la Foi et comme son plus brillant prédicateur.
Les fidèles de Constantinople, la capitale impériale qui se trouvait depuis plus de quarante ans
aux mains des hérétiques, demandèrent alors au Saint Evêque de Nazianze de venir à leur
secours. De nouveau arraché aux délices de la Contemplation Divine par le souci de la
sauvegarde de l'Eglise, il arriva à Constantinople, en portant avec lui la force irrésistible de sa
parole et la puissance de ses Miracles. Il y fut reçu dans une maison de ses parents où le
peuple orthodoxe commença bientôt à se rassembler en nombre croissant pour écouter avec
enthousiasme ses prédications de sorte que la demeure fut bientôt transformée en église, sous
le nom de Sainte-Anastasie ("Résurrection") parce que la Foi qui était morte à Constantinople
y était comme ressuscitée grâce à la parole de Saint Grégoire.
Seul contre la multitude des hérétiques et des sectes diverses, le Saint captivait son auditoire
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par son éloquence et tranchait les sophismes et les arguments de la sagesse charnelle grâce à
l'épée de la Parole de Dieu. Dans une série de cinq discours qui lui valurent le titre de
Théologien après avoir montré qu'il ne convient pas d'aborder la discussion sur les Mystères
de Dieu comme une chose commune mais seulement en son temps et après avoir été
convenablement purifié, il expose de manière définitive l'incompréhensibilité de l'Essence
Divine, la Divinité du Fils et celle du Saint-Esprit. Plus que tous les autres Pères, Saint
Grégoire excelle à exposer en des expressions brèves et paradoxales les plus Grands Mystères
de la Foi. Ces définitions sont si parfaites que dans la suite des siècles, les Saints Théologiens
les plus illustres consacrèrent des traités entiers à les commenter et elles sont si belles qu'un
grand nombre d'entre elles a été utilisé par nos mélodes dans la composition des Hymnes
Liturgiques des Grandes Fêtes de l'année.* Lues et apprises par coeur comme l'Ecriture Sainte,
les oeuvres de Saint Grégoire sont une Icône, elles transportent au Ciel et initient aux Mystères
ineffables. Sa langue est si parfaite qu'elle rend inutile toute autre parole et conduit
naturellement l'amant du Verbe à la prière silencieuse.
* Une grande partie du Canon de la Nativité est empruntée au discours 38 de Saint Grégoire; celui de la
Théophanie à son discours 39; celui de Pâque à ses discours 1 et 45; celui de la Pentecôte à son discours 41 et
quantité d'autres emprunts se retrouvent dans les Fêtes des Saints.
D'une rigueur inflexible en ce qui concerne la Foi, Saint Grégoire était plein de douceur dans
son comportement à l'égard des personnes, pécheurs ou égarés. Il corrigeait les moeurs en
montrant l'exemple de la conduite chrétienne par sa vie retirée de toute mondanité, par son
austérité et par sa patience dans les épreuves et les maladies si bien qu'un grand nombre de
ceux qui avaient écouté ses discours se convertissaient complètement en le voyant vivre. Ses
succès attirèrent cependant rapidement de vives oppositions de la part des sectes et des
envieux répandirent contre lui d'infâmes calomnies, sans parvenir toutefois à vaincre sa
patience et sa douceur à l'égard de ses ennemis. La nuit de Pâque 379, des hérétiques,
disciples d'Apollinaire qu'il avait brillamment réfutés, se précipitèrent dans l'église de Sainte-
Anastasie, semèrent la panique dans l'assistance et tentèrent de lapider le Saint mais ils ne
parvinrent pas à lui porter le coup mortel que celui-ci aurait pourtant désiré pour achever sa
course en recevant la palme du martyre.
A la suite de cette épreuve, il fut de surcroît traduit en justice comme un criminel mais il en
sortit victorieux et exhorta ensuite ses amis au pardon. L'attitude si modérée, la charité,
l'équité de ce Parfait Disciple de Jésus-Christ attirèrent finalement contre lui l'hostilité des
deux partis : les hérétiques pleins de haine et les Orthodoxes trop zélés.
Alors que grâce à ses combats l'hérésie semblait reculer, le diable le soumit à de nouvelles
épreuves en la personne d'un philosophe cynique originaire d'Alexandrie nommé Maxime.
Celui-ci, cachant d'abord son fourbe dessein, s'attira l'estime de Grégoire mais il se révéla
bientôt en se faisant élire irrégulièrement Evêque de Constantinople et en semant le trouble et
le scandale dans l'Eglise. Saint Grégoire doux et résigné, était prêt à abandonner son trône
pour ne pas s'opposer à l'imposteur par la lutte et la haine mais le peuple se souleva
spontanément contre Maxime et supplia son pasteur de ne pas l'abandonner aux loups qui
menaçaient le Troupeau du Christ, en disant : "Si tu nous quittes, Ô Père, sache que tu
emporteras avec toi la Sainte Trinité." Le Saint se laissa convaincre et fit appel à l'Empereur
Théodose alors en résidence à Thessalonique. Celui-ci rejeta l'usurpateur et entra peu de
temps après triomphant à Constantinople après sa victoire sur les barbares (24 nov. 360). Dès
le lendemain, il fit expulser les ariens des églises qu'ils occupaient et imposa l'élection de
Saint Grégoire comme Evêque de la ville impériale. Ce dernier brûlant toujours du désir de la
retraite, refusa d'abord mais il dut finalement se rendre à l'insistance du peuple enthousiaste.
Toutefois comme il était normalement Evêque d'un autre siège, son transfert à Constantinople
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devait être ratifié par un Concile; c'est pourquoi Théodose réunit l'année suivante (361) le
Deuxième Concile OEcuménique qui après avoir unanimement reconnu l'élection de
Grégoire, condamna l'hérésie des pneumatomaques (macédoniens) et marqua le terme de
l'arianisme et la victoire définitive de l'Orthodoxie.
La joie occasionnée par ce triomphe fut cependant bientôt interrompue par la Naissance au
Ciel du président du Synode que fut Saint Mélèce, l'illustre Evêque d'Antioche. Grégoire fut
alors chargé de diriger les sessions au cours desquelles on devait décider de la succession de
ce siège divisé depuis de nombreuses années par le schisme entre les Orthodoxes : les uns
partisans de Mélèce et les autres de Paulin. Comme il avait été convenu que le survivant serait
reconnu par tous comme le seul Evêque, Saint Grégoire prit le parti de Paulin mais il se heurta
aussitôt à l'opposition haineuse et aux conspirations des Evêques orientaux. Ceux-ci allèrent
même jusqu'à soudoyer un jeune hérétique pour l'assassiner mais au moment de se précipiter
sur le Saint, le malfaiteur s'arrêta net et se jeta en pleurs à ses pieds, confessant son mauvais
dessein. Grégoire le releva, l'embrassa tendrement et lui demanda de se consacrer désormais à
Dieu après avoir renoncé à l'hérésie. D'autres Evêques, partisans de Paulin, s'en prirent à
Grégoire, en l'accusant d'avoir été transféré de Sasimes à Constantinople contrairement aux
Saints Canons. Harassé par tant de querelles sournoises et le coeur déchiré de voir l'Eglise du
Christ ainsi divisée, lui qui n'avait jamais recherché ni honneurs ni pouvoir, il déclara à
l'assemblée que son plus grand désir était de contribuer à la paix et que si le fait d'occuper le
siège de Constantinople était une cause de division, il était tout prêt à être jeté à la mer comme
Jonas pour apaiser cette tempête, à condition que la Foi orthodoxe restât sauve. Et sur ces
mots, il quitta l'assemblée puis il se rendit au palais où il supplia l'Empereur d'accepter sa
démission et lui demanda de se charger lui-même, par son autorité, de rétablir l'unité et la
concorde dans l'Eglise. Dans un dernier et émouvant discours, il fit ses adieux à sa chère
église de l'Anastasie, sa gloire et sa couronne, à Sainte Sophie et aux autres églises de la ville
qu'il avait restaurée dans la Vraie Foi et dans la pureté des moeurs, la préparant pour une
gloire millénaire. Il salua son Clergé, les Moines, les Vierges, les pauvres et même les
hérétiques qu'il exhorta encore à la conversion, dit adieu à l'Orient et à l'Occident unis
désormais dans la paix, aux Anges Gardiens de son Eglise et à la Trinité Sainte aux soins de
laquelle il remit son troupeau. Puis il quitta Constantinople, laissant Saint Nectaire comme
successeur et retourna quelque temps à Nazianze où il s'efforça de faire nommer à sa place un
Evêque titulaire. Après l'élection d'Eustathe, il se retira définitivement dans sa propriété
d'Arianze où épuisé par la maladie et tant d'activités qu'il n'avait pas désirées, il passa les
dernières années de sa vie dans le silence et la solitude. Mais tel un guetteur fidèle à son
poste, il ne cessait pourtant de veiller de loin sur la pureté de la Foi. Il adressait des lettres
dogmatiques pour réfuter les hérésies naissantes ou exhortait Nectaire et les autres Evêques
orthodoxes à plus de Justice, envoyait à ses enfants spirituels de sages conseils pour atteindre
la perfection et rédigeait d'admirables poèmes en grec archaïque. C'est ainsi que, le coeur
brisé et humilié mais l'intelligence constamment fixée dans la Contemplation des Mystères
Insondables de la Sainte Trinité, ce fidèle serviteur devenu malgré lui combattant rendit en
paix son âme au Seigneur.
ou
LA VIE DE GRÉGOIRE DE NAZIANZE (329 – 390)
Les étapes :
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o Naissance
o Études
o Carrière religieuse en Cappadoce
o Séjour à Constantinople
o Les dernières années, en Cappadoce
Naissance :
Deux hypothèses ont été proposées au sujet de la chronologie de sa carrière.
L'historiographie ancienne et la tradition byzantine rapportée par la Souda
(Suidae Lexicon, éd. A. ADLER, Leipzig, 1928, p. 541-543), font état de son
grand âge; il serait mort nonagénaire en 390. Les historiens modernes et
l'hagiographie récente adoptent une chronologie plus brève et placent sa
naissance vers 325/329. Cette chronologie courte s'appuie sur le postulat selon
lequel Grégoire aurait eu approximativement le même âge que Saint Basile et
sur l'interprétation de plusieurs textes poétiques et ambigus. Cette hypothèse
explique mal les nombreuses allusions que Saint Grégoire fait à son grand âge,
dès l'époque de son ordination sacerdotale (Or. 2, 12). D'autre part, il dit
formellement que sa mère, Nonna, était quinquagénaire en 325. La biographie
longue est notamment défendue par le bollandiste Daniel Papebroch (Acta
Sanctorum, Maii t. 2, p. 370D - 371F).
Études :
Grégoire est intentionnellement discret sur la période de ses études (De vita
sua, v. 108 et 211-212) et l'on ignore combien d'années il y a consacrées. Il
étudia à Césarée de Cappadoce, à Césarée de Palestine et à Alexandrie. En
Palestine, il fut, selon Saint Jérôme (De viris illustribus, 113), élève de
Thespesius et condisciple d'Euzoius, futur évêque arien de Césarée. A-t-il été
l'auditeur de Saint Cyrille de Jérusalem dans cette dernière ville, en 348 ou
349? Cela expliquerait l'importance des réminiscences de la VIe et de la IXe
Catéchèses de Cyrille dans l'Or. 28 (BERNARDI, Prédication, p. 185; SINKO,
De traditione, I, 12-18). Fut-il élève de Libanius à Antioche comme l'affirme
Socrate (Hist. eccl., IV, 26)? C'est possible. D'Alexandrie, il gagna Athènes
avec une hâte qu'il fait remarquer sans l'expliquer en racontant les détails de
cette traversée mouvementée. Il ne fut pas étudiant pendant toute la durée de
son séjour dans les écoles d'Athènes. Il y enseigna. Lorsque Basile de Césarée
vint à Athènes comme étudiant, Grégoire l'accueillit et l'introduisit dans les
milieux athéniens. Il partageait les goûts de Basile pour la vie religieuse et il
décida de suivre lui aussi une vocation de type monastique mal précisé; on
ignore à quel moment, entre 354/355 et 363, il renonça à la carrière profane et
rentra au pays.
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Carrière religieuse en Cappadoce :
Les Invectives contre Julien (Or. 4 et 5), composées sans doute vers 364, selon
M. Regali, sont des polémiques contre l'hellénisme à l'antique que des lettrés
païens encouragés par l'empereur Julien (361-363) remettaient à la mode.
Ordonné Prêtre sous le règne de Julien ou de Valens (365-378), il composa à
cette occasion un traité sur le sacerdoce (Or. 2). Sa carrière sacerdotale puis
épiscopale en Cappadoce jusqu'en 374 est celle d'un ecclésiastique jouant le
rôle de notable en même temps qu'il partage les charges pastorales de son
vieux père, dans la bourgade montagnarde de Nazianze à l'écart des grands
centres. Il évoque dans ses écrits des réactions monastiques défavorables aux
positions doctrinales de son père, des divergences théologiques sollicitant le
clergé divisé entre nicéens et neo-nicéens d'une part et entre diverses tendances
dérivées de l'arianisme d'autre part; il intervient avec son père dans l'élection
de Saint Basile comme Evêque de Césarée mais quand Basile l'a fait sacrer
évêque de Sasimes, il lui reproche d'avoir abusé de lui et de manquer d'égards
à son âge. En effet, il néglige obstinément de s'installer à Sasimes, bourg qu'il
dit peu plaisant. Les raisons administratives et ecclésiastiques qui l'avaient
amené là ne dissimulent guère des questions doctrinales et personnelles sousjacentes.
Saint Grégoire resta à Nazianze comme auxiliaire de son père jusqu'à
l'endormissement de ce dernier en 374; comme on tardait à donner un
successeur à son père, Saint Grégoire, faisant valoir son âge, se retira à
Séleucie de Pisidie.
Séjour à Constantinople :
En 379, la communauté nicéenne de Constantinople fit appel à lui; les ariens
de tendances diverses étaient majoritaires dans la capitale. Il organisa les
services religieux dans une maison particulière, l'Anastasia qui devint plus tard
l'église Sainte-Anastasie. Lorsque Théodose Ier, favorable aux nicéens
orthodoxes, insalla ceux-ci dans les églises officielles, Saint Grégoire hésita à
se laisser introniser à la Grande Église par le pouvoir civil maisil fut comme
plébiscité par le peuple et le clergé quelques jours après le 24 nov. 380. En
381, le Premier Concile de Constantinople valida les fonctions d'Evêque de
Constantinople qu'il exerçait. Mais des dissensions éclatèrent entre les Evêques
d'Orient et d'Occident, on remit en question la légitimité des fonctions de Saint
Grégoire. En fait la question du rôle ecclésiastique du siège de la Nouvelle
Rome dans la chrétienté et celle de la légitimité politique de l'Orthodoxie
étaient posées; Saint Grégoire renonça à la présidence du Concile en même
temps qu'au trône épiscopal et regagna Nazianze.
Les dernières années en Cappadoce :
De retour à Nazianze, il y administra l'église locale en attendant qu'on lui
donne un titulaire dans la personne d'un de ses parents, Eulalios. Retiré dans
son domaine d'Arianze avec l'intention de limiter son ministère aux activités
littéraires, Saint Grégoire s'y endormit et y fut inhumé, en 390.
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5 Discours sur Dieu
aussi appelés 5 Discours Théologiques, nomenclature N°27 à 31, sujet : la Foi orthodoxe sur
le Trinité face aux hérésies ariennes. Discours prononcés à Constantinople en 380, ville
depuis quarante ans aux mains des ariens. En 379, l'évêque est arien et préfère partir plutôt
que de souscrire une profession de Foi orthodoxe. Les Orthodoxes ne sont qu'une poignée
d'hommes persécutés, apeurés et divisés. Saint Grégoire arriva à améliorer nettement la
situation au bout d'un an. Le nouvel Empereur oeuvra pour rendre les églises aux Orthodoxes
fidèles à la Foi du Concile de Nicée.
Lettre à Basilissa
Nous sommes très bien renseignés sur la chronologie de la vie et des oeuvres de Saint
Grégoire de Nazianze parce qu'il a rédigé un grand Carmen de vita sua et que ses écrits
comportent aussi - contrairement à ceux de Saint Grégoire de Nysse - de nombreuses
références à sa biographie.
Saint Grégoire de Naziance est né à Nazianze où son père, Grégoire l'Ancien, fut évêque
pendant quarante cinq ans (il est mort centenaire, en 374) ou bien dans la propriété familiale
proche, près d'Arianze. Mais Saint Grégoire de Naziance restant délibérément silencieux sur
son enfance, la date de la naissance de Saint Grégoire de Naziance ne peut qu'être supposée.
Traditionnellement on considère que Saint Grégoire de Naziance est à peu près le
contemporain de Saint Basile (né en 329/330). Mais plusieurs historiens penchent pour
l'année 326, ce qui correspondrait bien avec différentes remarques de Saint Grégoire de
Naziance où Saint Grégoire de Naziance apparaît plus âgé que Saint Basile. Justin Mossay
(TRE 14, p. 164s), de son côté, situe la date de naissance de Saint Grégoire de Naziance vers
300. Mais tandis que cette datation permet difficilement de comprendre comment Saint
Grégoire de Naziance et Saint Basile que sépareraient alors une trentaine d'années, auraient pu
faire leurs études ensemble à Césarée et à Athènes, les arguments de Mossay apparaissent
parfaitement compatibles avec une date de naissance située aux environs de 326.
Saint Grégoire de Naziance se dit le plus âgé : à Constantinople, en 381, on considère Saint
Grégoire de Naziance comme un "Vieillard" et Nonna la mère de Saint Grégoire de Naziance
qui selon l'Oratio XVIII, 41, avait le même âge que son mari, devait déjà avoir cinquante ans
à sa naissance.
Il convient plutôt de se méfier de l'indication du Suda (vers 1000) selon laquelle Saint
Grégoire de Naziance se serait endormi en 390 à quatre-vingt-dix ans. Saint Grégoire de
Naziance a bénéficié d'une formation scolaire tout aussi remarquable que celle de Saint Basile
le Grand, d'abord à Césarée de Cappadoce où ils se rencontrèrent sans doute pour la première
fois puis à Césarée de Palestine, à Alexandrie et à l'Académie d'Athènes où Saint Grégoire de
Naziance fit la connaissance du futur empereur Julien et où Saint Grégoire de Naziance
retrouva Saint Basile à qui Saint Grégoire de Naziance restera lié toute sa vie.
Après Saint Basile, Saint Grégoire de Naziance retourna dans sa patrie vers 356 pour y
enseigner, lui aussi, la rhétorique mais Saint Grégoire de Naziance ne tarda pas, sous
l'influence de son ami, à se tourner vers la vie ascétique et Saint Grégoire de Naziance passa
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quelque temps avec lui dans sa communauté monastique à Annisi, au bord du fleuve Iris
(province du Pont).
C'est là qu'ils travaillèrent ensemble à la Philocalie, anthologie extraite des oeuvres d'Origène.
Saint Grégoire de Naziance reçut le baptême et l'ordination sacerdotale en 361 des mains de
son père afin de l'aider dans son activité dans le diocèse de Nazianze.
Mais parce que Saint Grégoire de Naziance avait l'impression qu'on lui avait fait "violence"
en lui imposant l'ordination, Saint Grégoire de Naziance refusa d'entrer en fonction et ne
revint qu'en 362 pour la Fête de Pâque où dans son sermon (Oratio 1), Saint Grégoire de
Naziance s'excusa pour ses hésitations. Suit une deuxième apologie sous forme de discours
avec un long traité sur le sacerdoce (Oratio 2) dont s'inspirera plus tard Saint Jean
Chrysostome pour son célèbre opuscule De sacerdotio.
Ici apparaît pour la première fois un trait de caractère de Saint Grégoire de Naziance qui le
suivra tout au long de sa vie et qui dirigera souvent sa conduite : Saint Grégoire de Naziance
adorait le savoir et la rhétorique et Saint Grégoire de Naziance n'avait pas son pareil dans ce
domaine parmi les Pères grecs du quatrième siècle.
Saint Grégoire de Naziance mettait temporairement cette véritable passion entre parenthèses
sous la pression de ceux qui l'entouraient et aussi parce que Saint Grégoire de Naziance
comprenait ce dont l'Église avait besoin en pratique. Mais quand - surtout parce que le
tempérament plus sensible de Saint Grégoire de Naziance ne lui permettait pas d'affronter les
difficultés de la politique ecclésiastique aussi efficacement que le faisait Saint Basile - Saint
Grégoire de Naziance pouvait se retirer pour s'adonner à des loisirs studieux, il le faisait
volontiers.
Dans le cadre de la multiplication des sièges épiscopaux et du renforcement du parti nicéen
dans son district et après la division de la province de Cappadoce, Saint Basile nomma en 372
Saint Grégoire de Naziance Evêque de Sasima, petite ville non dénuée d'importance de par sa
situation sur un noeud routier.
Saint Grégoire de Naziance refusa cependant d'occuper le siège épiscopal et Saint Grégoire de
Naziance continua d'aider son père jusqu'à son endormissement en 374 dans sa ville natale de
Nazianze.
Saint Grégoire de Naziance se retira ensuite à Séleucie, en Isaurie, d'où Saint Grégoire de
Naziance fut appelé après la mort de l'empereur Valens (9 août 378) à diriger la petite
communauté nicéenne de la capitale.
Mais la grande majorité des chrétiens de la capitale relevant de la confession arienne, sous la
direction de l'évêque Démophile, Saint Grégoire de Naziance résida dans une maison privée
(la future église Anastasia) où Saint Grégoire de Naziance donna en 380 les célèbres Cinq
Discours théologiques dans lesquels Saint Grégoire de Naziance expliquait la doctrine
trinitaire nicéenne et qui valurent à Saint Grégoire de Naziance le titre honorifique de "
Théologien " (attesté pour la première fois dans les Actes du Concile de Chalcédoine, en 451).
Jérôme se trouvait parmi les auditeurs. Immédiatement après son entrée à Constantinople, le
24 novembre 380, l'Empereur Théodose contraint l'évêque Démophile à quitter la ville et il
installe Saint Grégoire de Naziance Evêque de la capitale.
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Le Concile de Constantinople (381 ) reconnaît Saint Grégoire de Naziance comme tel et lui
confie à Saint Grégoire de Naziance la présidence du Concile après la mort de Mélèce
d'Antioche.
Saint Grégoire de Naziance ne réussit pas cependant à parvenir à un accord acceptable entre
les différents partis ni sur le schisme de Mélèce à Antioche ni sur le symbole. Au contraire,
Saint Grégoire de Naziance est tellement attaqué de tous côtés qu'on reproche à Saint
Grégoire de Naziance même son transfert sur le siège épiscopal de Constantinople qui serait
illégal puisque Saint Grégoire de Naziance est déjà Evêque de Sasima.
Saint Grégoire de Naziance offre sa démission que l'on accepte volontiers. Saint Grégoire de
Naziance prend congé en donnant son célèbre discours d'adieu (Oratio XLII). Saint Grégoire
de Naziance revient à Nazianze avant même la fin du Concile et il administre le diocèse
jusqu'à la consécration épiscopale de son cousin Eulalius en 383.
Il se retire ensuite dans la propriété familiale près d'Arianze où il s'endort probablement en
390.
La dernière partie de la vie de Saint Grégoire de Naziance, à partir de sa nomination à
Constantinople (379), représente la période la plus féconde de l'activité littéraire de Saint
Grégoire de Naziance. C'est à cette époque que nous devons la moitié des quarante-quatre
sermons conservés, la plupart des deux cent quarante-neuf lettres et la plus grande partie de
ses poèmes.
Les Précieux Restes de Saint Grégoire de Naziance reposent depuis le 11 juin 1580 dans la
première croisée gauche de Saint-Pierre de Rome.
Les Poèmes Saint Grégoire de Naziance
Saint Grégoire de Nazianze n'est certes pas le premier à avoir donné une forme poétique à des
matériaux théologiques et à des thèmes chrétiens mais il est le premier à avoir conçu une
oeuvre poétique importante et d'une composition accomplie : dix-sept mille vers qui n'ont pas
leur pareil dans la patristique grecque.
Ses carmina, dont la plupart ont été composés après son retour à Constantinople lors de sa
retraite à Naziance où il resta jusqu'à son Départ, comprennent des poèmes didactiques, des
hymnes, des élégies et des épigrammes dans leurs mètres traditionnels, auxquels il ne déroge
pas pour l'essentiel : hexamètres, distiques et iambes.
Saint Grégoire de Naziance aborde des thèmes dogmatiques, moraux, autobiographiques et
lyriques avec l'intention explicite (Carmen II, l, 39) de présenter le message chrétien sous une
forme plus agréable et plus abordable, en choisissant le style poétique et d'adjoindre à la
poésie hellénistique une poésie chrétienne d'égale valeur. La qualité de ses poèmes répond
définitivement au reproche qui était jadis fait aux Chrétiens, dans une visée polémique, de
manquer de culture et d'une littérature digne de ce nom.
Quant au drame Christus patiens, attribué à Saint Grégoire de Naziance, André Tuilier et
Francesco Trisoglio ont à nouveau, récemment, plaidé pour son authenticité mais leur
argumentation n'est pas convaincante comme l'a montré Bernhard Wyss (RAC 12, p. 812). Ce
texte pourrait bien dater du douzième siècle.
12
Les Discours de Saint Grégoire de Naziance
Le Corpus des Mauristes compte quarante-cinq discours et sermons de Saint Grégoire de
Naziance mais le n° 35 n'est pas de lui. Leur chronologie s'étend de la consécration épiscopale
de Saint Grégoire en 362 à sa retraite de Naziance à Arianze en 383 et la moitié date d'après la
nomination de Saint Grégoire de Naziance à Constantinople, en 379.
Il s'agit pour une part, de discours donnés oralement que Saint Grégoire de Naziance a luimême
préparés pour la publication, tandis que d'autres sont des pièces écrites sous forme de
discours. C'est certainement le cas des Orationes IV et V qui sont des invectives contre
l'empereur Julien l'Apostat après sa mort.
Tous ses Discours se distinguent non seulement par sa maîtrise de la rhétorique mais aussi par
son habileté à présenter de façon convaincante et claire des solutions aux problèmes
théologiques les plus ardus de son temps. C'est particulièrement vrai des Cinq Discours
théologiques (XXVII-XXXI) que Saint Grégoire de Naziance appelait déjà ainsi lui-même
(Oratio XXVIII, 1) et qui ont le plus contribué à conférer à Saint Grégoire le titre de
"Théologien."
Saint Grégoire de Naziance les a donnés pendant qu'il était à Constantinople (379-381),
probablement en 380, dans la maison privée où il avait élu domicile qui deviendra plus tard
l'église Anastasia car la cathédrale, l'église des Apôtres, était encore aux mains de l'évêque
arien.
"Théologique" et "Théologien" doivent se comprendre ici dans le sens strict du Christianisme
comme "doctrine de Dieu" : il s'agit de la présentation de la doctrine orthodoxe de la Trinité,
face aux néoariens (eunomiens) et aux macédoniens (pneumatomaques).
Outre la justification brillante de la doctrine traditionnelle de Dieu, celle de Nicée, Saint
Grégoire de Naziance trouve la formulation d'avenir de la "procession" de l'Esprit du Père, à
la différence de la "génération" du Fils et Saint Grégoire de Naziance est le premier à
appliquer le concept de consubstantialité au Saint-Esprit.
Ce faisant Saint Grégoire de Naziance va plus loin que Saint Basile et grâce à cette
terminologie plus précise, il affine non seulement la compréhension du Saint-Esprit dans la
Trinité mais il prépare aussi les compléments pneumatologiques apportés au Symbolum
Nicaenum ( Symbole de Nicée) par le Concile de Constantinople qui se tient peu après (381).
Les Lettres de Saint Grégoire de Naziance
Saint Grégoire de Naziance - suivant en cela l'exemple des auteurs classiques - a publié luimême
un premier recueil de ses Lettres et dans la Lettre 51, il expose brièvement la théorie du
genre littéraire épistolaire (cf. Excursus 2. 4), ce qu'il est le seul auteur chrétien à faire.
Sur les deux cent quarante-neuf Lettres conservées, les numéros 246-248 se retrouvent aussi
dans le corpus de Saint Basile le Grand, sous les numéros 169-171; le n° 243 est considéré
comme non authentique et le doute plane sur le n° 241. De bout en bout, il s'agit,
formellement, de lettres travaillées avec art mais leur contenu est celui de la correspondance
ordinaire d'un homme cultivé et d'un Evêque.
13
Les Trois Lettres théologiques (aux côtés des Cinq Discours théologiques) revêtent une
importance théologique toute particulière : les numéros 101 et 102, de l'été 382, au Presbytre
Cledonius qui dirigea le diocèse de Nazianze pendant la vacance du siège après le Départ de
Grégoire l'Ancien (374) et la Lettre 202 (vers 387) à Nectaire, successeur de Saint Grégoire
de Naziance et prédécesseur de Saint Jean Chrysostome sur le siège patriarcal de
Constantinople (381-397).
Nectaire n'était pas un théologien : au moment de son élection, il était sénateur et encore
catéchumène. Aussi ne s'occupa-t-il guère des questions théologiques brûlantes de son temps
mais il réussit, contrairement à son prédécesseur et à son successeur, à éviter les démêlés avec
le peuple de l'Église et avec la cour impériale. Saint Grégoire de Naziance lui adresse la Lettre
202 pour l'inciter à la prudence face aux intrigues incessantes des ariens, des macédoniens et
des apollinaristes; elle doit également lui servir de petit aide-mémoire de théologie.
Alors que les Cinq Discours théologiques avaient clarifié l'un des grands problèmes
théologiques de l'époque, la doctrine trinitaire face aux ariens et aux pneumatomaques, les
Trois Lettres théologiques traitent surtout de l'autre question théologique, celle de la
christologie dans la discussion contre Apollinaire.
La Lettre 101 § 32 définit, sous une forme décisive et porteuse d'avenir, la plénitude des deux
natures du Christ : " Ce qui n'est pas assumé reste non guéri mais ce qui est uni à Dieu, cela
est aussi sauvé."
La distinction des natures comme "allo kaï allo" [phonétisation du grec], à la différence de
celle des trois personnes dans la Trinité comme "allos kaï allos" (101 § 20-21), complète la
formulation.
Le Concile d'Éphèse de 431 invoquera un long extrait de la Lettre 101 et le Concile de
Chalcédoine (451) la reprendra tout entière dans ses actes.
Les ouvrages et la théologie de Saint Grégoire de Naziance ont connu une grande diffusion et
exercé une grande influence, ainsi qu'en témoignent les manuscrits grecs de ses discours (plus
de mille deux cent), les traductions en latin et dans les langues orientales ainsi que les
nombreuses scolies.
Après et aux côtés d'éditions partielles et d'editiones minores des écrits de Saint Grégoire de
Naziance, paraissent depuis 1977, sous le patronat de la Görres-Gesellschaft, les editiones
majores des poèmes et des discours, sous la direction de Justin Mossay (Louvain) et de
Martin Sicherl (Münster) avec la participation de nombreux collaborateurs internationaux.
Éditions des Oeuvres Complètes de Saint Grégoire de Naziance:
- Patrologie Grecque de l'abbé Migne PG 35-38.
- Corpus Nazianzenum = CChr.SG 20.27, 1988-1992.
Vie et Oeuvre de Saint Grégoire de Naziance
14
- BENOÎT (A.), Saint Grégoire de Nazianze, sa vie, ses oeuvres et son époque, Marseille-
Paris, 1876
- FLEURY (E.), Grégoire de Nazianze et son temps etH, 1930
- GALLAY (P), La Vie de Saint Grégoire de Nazianze, Lyon-Paris, 1943.
- COULIE (B.), Les Richesses dans l'oeuvre de Saint Grégoire de Nazianze. Étude littéraire et
historique = PIOL 32, 1985.
- BERNARDI (J.), Saint Grégoire de Nazianze. Le théologien et son temps (330-390) Paris,
1994.
- BERNARDI (J.), Saint Grégoire de Nazianze (Initiation aux Pères de lÉglise), Paris, 1995.
Les éditions des Poèmes Saint Grégoire de Naziance
Pas de traduction française à notre connaissance des Poèmes de Saint Grégoire de Naziance.
Merci de pallier notre ignorance si nous faisons erreur.
Les éditions des Discours Saint Grégoire de Naziance
Traductions françaises
- Discours I-3, dans BERNARDI (J.) = Sources Chrétiennes, éditions du Cerf, Paris, N° 247,
1978.
- Discours 27-31, dans GALLAY (P) = Sources Chrétiennes N° 250, 1978.
- Discours 20-23, dans MOSSAY (J.) = Sources Chrétiennes N° 270, 1980.
- Discours 24-26, dans MOSSAY (J.) = Sources Chrétiennes N° 284, 1981.
- Discours 4-5, dans BERNARDI (J.) = Sources Chrétiennes N° 309, 1983.
- Discours 32-37, dans GALLAY (P.) et MORESCHINI (C.) = Sources Chrétiennes N° 318,
1985.
- Discours 38-41, dans GALI.AY (P.) et MORESCHINI (C.) = Sources Chrétiennes N° 358,
1990.
- Discours 42-43, dans BERNARDI (J.) = Sources Chrétiennes N° 384, 1992.
- Cinq discours sur Dieu, dans GALLAY, PF 6I, 1995.
Les éditions des Lettres Saint Grégoire de Nazianze
15
JOURJON (M.) = Sources Chrétiennes, éditions du Cerf, Paris, N°208, 1974.
Le quatorzième discours de Saint Grégoire est consacré aux devoirs de charité envers les
malheureux; les Lettres 107 à 114 et 116 à 119 portent sur l'importance du silence.
Texte rédigé avec modifications d'après Hubertus R. Drobner Les Pères de l'Eglise, Paris,
Desclée, avril 1999, ISBN 2-7189-0693-6
ou
http://nazianzos.fltr.ucl.ac.be/002Contenu.htm
SAINT PERE GRÉGOIRE LE THÉOLOGIEN (DE NAZIANCE) L'ARCHEVEQUE DE
CONSTANTINOPLE (+389) 19 (translation) – 25 janvier
Grégoire naquit à Nazianze, d'un père grec et d'une mère chrétienne. Avant son Baptême, il
étudia à Athènes, ensemble avec Basile le Grand et Julien, le futur empereur apostat. Grégoire
prophétisa souvent que Julien deviendrait un apostat et un persécuteur de l'Eglise, ce qui
advint. Grégoire fut particulièrement influencé par sa bonne mère, Nonna. A la fin de ses
études, Grégoire fut baptisé. Saint Basile le consacra Evêque de Sasima et l'Empereur
Théodose le Grand le convoqua pour occuper le siège archiépiscopal vacant de
Constantinople. Il rédigea nombre d'ouvrages dont les plus célèbres concernent la théologie,
ce pour quoi on l'appelle le Théologien. Particulièrement connue pour sa profondeur, son
ouvrage : "Homélie sur la Sainte Trinité." Grégoire écrivit contre l'hérétique Macedonius qui
enseignait erronément que le Saint Esprit est une créature de Dieu. Grégoire écrivit aussi
contre Appolinaire qui enseignait par erreur que le Christ n'avait pas eu une âme humaine
mais que Sa Divinité était à la place de Son âme. De plus, Grégoire écrivit contre l'empereur
Julien l'Apostat, autrefois son camarade d'étude. En 381, lorsqu'un débat éclata concernant
son élection comme Archevêque, il se retira de son propre chef et publia une décision : "Ceux
qui nous privent de notre siège archiépiscopal ne savent pas nous priver de Dieu." Après cela,
il quitta Constantinople et retourna à Nazianze où il mena une vie de solitude et de prière,
rédigeant d'excellents ouvrages. Bien qu'il fut en mauvaise santé toute sa vie durant, Grégoire
vécut cependant jusqu'à quatre-vingts ans. Ses Précieuses Reliques furent par la suite
translatées à Rome. Un reliquaire contenant son chef repose dans la cathédrale de la
Dormition à Moscou. Il fut et demeure une grande et magnifique lumière de l'Eglise
orthodoxe, tant par sa douceur et pureté de caractère que par l'insurpassable profondeur de son
esprit. Il s'endormit dans le Seigneur en 390.
ou
Saint Grégoire, cet homme à l'Âme Céleste et à la bouche sanctifiée par le feu du Saint-Esprit,
a pénétré si profondément dans les Mystères de Dieu qu'entre tous les Pères, il a été jugé
digne du titre de Théologien comme Jean, le Disciple Bien-aimé : c'est-à-dire non celui qui
fait profession d'enseigner les dogmes mais celui qui après s'être purifié, a été uni à Dieu par
2
la Grâce et qui se tourne ensuite vers le peuple comme Moïse pour lui transmettre les oracles
Divins et lui communiquer la lumière. Comme Saint Basile et Saint Jean Chrysostome, sa vie
dépasse largement les limites d'une simple biographie et se présente plutôt à nous comme le
prototype de la Sainteté Chrétienne et ses oeuvres immortelles, insurpassables en beauté et en
profondeur, constituent le plus digne ornement de l'Epouse du Verbe de Dieu.
Son père, Saint Grégoire l'Ancien, homme sage et vertueux, s'était d'abord égaré dans la secte
des hypsistaires puis converti grâce à la patience et à la prière de son épouse Sainte Nonne, il
devint Evêque de Nazianze, la petite ville de Cappadoce proche de leur propriété familiale
d'Arianze. Alors qu'ils étaient restés longtemps sans progéniture, Dieu leur accorda
successivement trois enfants : Sainte Gorgonie, Saint Grégoire et Saint Césaire. Après la
naissance de Gorgonie, Sainte Nonne avait instamment prié le Seigneur de lui accorder un
fils, en Lui promettant de le Lui consacrer. Dieu répondit à sa prière en lui montrant dans un
songe la figure de l'enfant qui allait naître et en lui imposant son nom. Dès la naissance de
Grégoire en 329, sa mère prit soin de cultiver en lui les semences des Saintes Vertus de sorte
que l'enfant montra bientôt la sagesse des vieillards, un grand attrait pour l'étude et une
attirance irrésistible vers la contemplation et la prière. Une nuit, il vit en songe deux jeunes
Vierges Pures lui apparaître vêtues de blanc et le visage chastement couvert d'un voile. Elles
le caressèrent doucement, en lui disant qu'elles étaient l'une la pureté et l'autre la chasteté,
Compagnes de Notre Seigneur Jésus-Christ et amies de ceux qui renoncent au mariage pour
mener une Vie Céleste. "Elles m'exhortèrent d'unir mon coeur et mon esprit au leur afin que
m'ayant rempli de l'éclat de la Virginité, elles puissent me présenter devant la Lumière de la
Sainte Trinité," dit-il dans un poème autobiographique. Il prit dès lors la résolution de
consacrer sa vie à Dieu dans la Virginité et s'éloigna de tout plaisir et divertissement de ce
monde. Poussé par l'amour de la science, il partit avec son frère Césaire pour étudier la
rhétorique à Césarée de Cappadoce où il fit connaissance de Saint Basile puis il se rendit à
Césarée de Palestine et à Alexandrie où il laissa son frère pour s'embarquer vers l'illustre
Athènes qui gardait encore sa renommée de capitale de l'éloquence et de la philosophie.
Mais le navire sur lequel il s'était embarqué fut pris, pendant près de vingt jours dans une
effroyable tempête. A genoux à la proue, le visage battu par le vent et les vagues, Grégoire
qui selon l'usage du temps n'avait pas encore reçu le Baptême et qui redoutait d'être privé pour
toujours de l'Eau Sainte qui nous purifie et nous Divinise, tendait les mains vers le Ciel et
suppliait Dieu avec larmes. Soudain, au moment même où il rappelait son engagement de
servir Dieu toute sa vie, la tempête s'apaisa, les païens qui avaient joint leurs prières au
siennes se convertirent et le navire parvint sans encombre à Athènes. Grégoire s'y lia avec
Saint Basile de l'amitié si célèbre évoquée dans la notice sur ce dernier. Tout leur était
commun : l'amour du savoir, le talent oratoire, la profondeur de la réflexion et surtout la
pureté des moeurs, la recherche de la perfection et la tension de tout leur être vers Dieu qui
leur faisaient dépasser leurs condisciples et même leurs maîtres, les rendaient aimables à tous
et attiraient irrésistiblement à eux les hommes qui recherchaient sincèrement la vérité. Si bien
que lorsque Basile décida de regagner sa patrie, jugeant avoir acquis là suffisamment de
connaissances, leurs compagnons parvinrent à retenir Grégoire pendant quelque temps et
firent de lui leur maître. Parvenant enfin à se libérer de cette affection, inopportune, Saint
Grégoire retourna en Cappadoce en 359 âgé de trente ans et reçut le Saint Baptême. Il n'était
désormais plus question pour lui de regarder vers les sciences et la beauté du langage. De tout
l'élan de son coeur, il n'aspirait plus à vivre que pour Dieu Seul, contempler dès ici-bas Son
Royaume et Sa gloire, en dégageant son intellect de tout attachement au monde. Jusqu'à la fin
de ses jours, il soumit son corps à une stricte ascèse, malgré les maladies fréquentes qui
entravaient ses activités mais qu'il supportait avec joie. Il versait des larmes abondantes quand
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il élevait sa prière vers Dieu ou quand il se plongeait dans l'Ecriture Sainte pour s'y remplir de
la Parole de Dieu et il mit dès lors la brillante éloquence qu'il avait acquise au cours de ses
études au service du Verbe. Mais plus que tout, Il désirait pouvoir s'adonner sans trouble à la
Contemplation dans le silence et loin du monde. C'est pourquoi il rejoignit en hâte Saint
Basile dans sa retraite de la vallée de l'Iris afin d'y mener ensemble une vie semblable à celle
des Anges, conformément aux projets qu'ils avaient conçus pendant leur séjour à Athènes. Ils
pénétraient ensemble comme une seule âme dans les Mystères de Dieu, ils étaient transportés
ensemble en de Célestes Contemplations, préfigurations de la joie et de la concorde des Elus
dans le Royaume de Dieu et ils recevaient ainsi du Seigneur une connaissance incomparable
sur le mystère de l'homme et de sa nature et sur l'art de purifier l'âme de ses passions. C'est
pourquoi, malgré leur jeune âge et le peu d'années passées dans la vie monastique, ils purent
rédiger de concert les Règles monastiques qui restent depuis la charte de fondation du
monachisme orthodoxe.
Cette Vie Toute Céleste dura cependant peu de temps car Grégoire fut bientôt rappelé par son
père vieillissant pour prendre soin de lui et se charger à sa place de la direction de l'Eglise de
Nazianze malheureusement divisée à la suite du concile hérétique de Rimini (359). Aussitôt
sur place, Grégoire tenta en vain de réconcilier ceux qui s'étaient séparés de la communion de
son père, tout en s'efforçant d'accorder la Contemplation et la vie active. Malgré sa crainte
mêlée de respect pour le Sacerdoce et sa préférence pour la contemplation, il fut ordonné
Prêtre contre son gré par son père qui espérait donner ainsi plus de force à sa prédication et
désirait le préparer à la succession. Surpris par cette ordination comme par une "tyrannie,"
Grégoire s'enfuit alors dans le Pont afin d'y adoucir sa douleur en compagnie de son cher
Basile. Beaucoup blâmèrent alors et blâment encore le Saint, l'accusant de lâcheté ou de
faiblesse de caractère. Mais là n'est pas la vérité. Comment douter de l'équilibre
psychologique et de la force d'âme d'un esprit si puissant qui avait acquis dès sa jeunesse la
bienheureuse impassibilité et la maîtrise sur toutes les puissances de son âme? Il convient
plutôt de voir en Saint Grégoire un exemple frappant de la délicatesse extrême et de la
sensibilité qu'acquièrent les Saints en s'approchant de Dieu. Comme il l'expliqua lui-même
dans son discours apologétique, il n'avait pas fui alors le Sacerdoce par crainte mais par une
conscience aiguë de la redoutable responsabilité du pasteur d'âmes et surtout parce qu'il
préférait s'unir à Dieu et par là même à tous les hommes dans la Contemplation. "Rien ne me
semblait préférable, dit-il que de fermer la porte des sens, de sortir de la chair et du monde, de
se rassembler en soi-même, ne gardant plus contact avec les choses humaines en dehors d'une
absolue nécessité, de s'entretenir avec soi-même et avec Dieu pour vivre au-dessus des réalités
visibles, de manière à porter sur soi les Reflets Divins sans altérations ni mélanges avec les
formes fugitives d'ici-bas, devenir vraiment et devenant constamment vrai miroir immaculé de
Dieu et des Choses Divines, en ajoutant lumière à la lumière et en substituant la netteté à la
confusion en jouissant dès maintenant par l'espérance des Biens de la Vie Future pour
accompagner les Anges dans leur ronde, en restant sur terre après avoir été quitté la terre et
avoir été élevé par l'Esprit. Si l'un de vous est possédé par ce désir, il sait ce que je veux dire
et il me pardonnera ce que j'ai alors éprouvé."*
* Discours 2, 7 (PG 35, 413C-416A = SC 247, 97).
Mais au bout de trois mois, sur les recommandations de Saint Basile et craignant de désobéir à
la Volonté de Dieu, il retourna à Naziance et s'employa avec ardeur à ramener la concorde
parmi les Orthodoxes et à assister ses parents dans leur grande vieillesse. Pendant dix ans il
fut pour Naziance le modèle du Pasteur : Humble Disciple du Seigneur, Ministre de Sa Parole
et de Sa Grâce, Règle de Foi et Image Vivante de la Perfection Evangélique. Lorsqu'en 361,
l'empereur Julien dont Saint Grégoire avait prédit l'apostasie quand ils étaient condisciples à
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Athènes commença sa tentative de restauration du paganisme, en interdisant aux enfants
chrétiens l'accès à l'enseignement des belles lettres, Saint Grégoire répliqua par la rédaction de
brillants discours et de sublimes poèmes dans lesquels il exposait les Mystères de la Foi avec
une perfection littéraire et une richesse d'images et de vocabulaire qui dépassent les oeuvres
des grands auteurs de l'Antiquité. Avec Saint Grégoire et les autres Pères de l'Eglise de cette
époque la culture hellénique n'est pas seulement convertie au Christianisme mais elle est
définitivement dépassée et elle laisse la place à une culture proprement chrétienne orthodoxe
qui utilise le meilleur des productions de l'Antiquité en le transfigurant.
En 370, Saint Grégoire et son père collaborent efficacement à l'élection de Saint Basile sur le
siège de Césarée et à sa reconnaissance comme chef du parti orthodoxe. Plus libre que Basile,
exposé de toutes parts et obligé de maintenir une certaine réserve, Grégoire proclama alors
ouvertement la Divinité du Saint-Esprit contre les hérétiques macédoniens et résista
audacieusement à la persécution de l'empereur Valens. Les deux amis avaient acquis un tel
prestige dans le peuple que l'empereur n'osa pas s'en prendre à eux et ils furent les seuls
Orthodoxes à échapper alors au bannissement.
En 372, malgré le désir de Grégoire, approuvé par Basile, de se retirer des charges pastorales
dès la mort de ses parents, il fut ordonné par son ami Evêque de la sinistre bourgade de
Sasimes, située aux confins de la Cappadoce et de la Cappadoce Seconde, province créée par
Valens pour contrecarrer les activités de l'évêque de Césarée. En dépit de son affection pour
Basile et de son souci du bien de l'Eglise, Saint Grégoire n'accepta pas cette charge et s'enfuit
dans la montagne, espérant trouver en Dieu quelque consolation à ses tribulations. Sur les
instances de son père, il accepta de retourner à Naziance et assura le gouvernement de cette
Eglise en tant qu'Evêque remplaçant jusqu'au Départ du Vieillard âgé de près de cent ans.
Après l'endormissement de son père suivi de peu par celui de Sainte Nonne, Grégoire céda
une fois de plus aux supplications des fidèles et accepta de rester en place jusqu'à l'élection
d'un nouvel Evêque malgré l'état d'extrême faiblesse dans lequel l'avaient placé la maladie, les
austérités et les combats pour la Foi. Mais s'apercevant bientôt que les citoyens désireux de le
garder auprès d'eux retardaient l'élection, il s'enfuit de nouveau en secret vers Séleucie, la
métropole de l'Isaurie (375) et se retira dans le Monastère de Sainte-Thècle en pensant y
trouver enfin la paix. Mais là encore, il dut soutenir le bon combat de la Foi contre les ariens,
implacables à semer partout le trouble. Au début de l'année 379, à quelques jours d'intervalles,
l'Eglise se revêtit d'un vêtement de deuil à la Naissance au Ciel du phare de l'Orthodoxie,
Saint Basile mais elle le changea bientôt en tunique d'allégresse lors de la disparition de
Valens l'hérétique et de la promotion de Théodose le Grand le fidèle Défenseur de la Foi de
Nicée. Tous les regards orthodoxes se tournaient avec espoir vers Grégoire comme le plus
digne représentant de la Foi et comme son plus brillant prédicateur.
Les fidèles de Constantinople, la capitale impériale qui se trouvait depuis plus de quarante ans
aux mains des hérétiques, demandèrent alors au Saint Evêque de Nazianze de venir à leur
secours. De nouveau arraché aux délices de la Contemplation Divine par le souci de la
sauvegarde de l'Eglise, il arriva à Constantinople, en portant avec lui la force irrésistible de sa
parole et la puissance de ses Miracles. Il y fut reçu dans une maison de ses parents où le
peuple orthodoxe commença bientôt à se rassembler en nombre croissant pour écouter avec
enthousiasme ses prédications de sorte que la demeure fut bientôt transformée en église, sous
le nom de Sainte-Anastasie ("Résurrection") parce que la Foi qui était morte à Constantinople
y était comme ressuscitée grâce à la parole de Saint Grégoire.
Seul contre la multitude des hérétiques et des sectes diverses, le Saint captivait son auditoire
5
par son éloquence et tranchait les sophismes et les arguments de la sagesse charnelle grâce à
l'épée de la Parole de Dieu. Dans une série de cinq discours qui lui valurent le titre de
Théologien après avoir montré qu'il ne convient pas d'aborder la discussion sur les Mystères
de Dieu comme une chose commune mais seulement en son temps et après avoir été
convenablement purifié, il expose de manière définitive l'incompréhensibilité de l'Essence
Divine, la Divinité du Fils et celle du Saint-Esprit. Plus que tous les autres Pères, Saint
Grégoire excelle à exposer en des expressions brèves et paradoxales les plus Grands Mystères
de la Foi. Ces définitions sont si parfaites que dans la suite des siècles, les Saints Théologiens
les plus illustres consacrèrent des traités entiers à les commenter et elles sont si belles qu'un
grand nombre d'entre elles a été utilisé par nos mélodes dans la composition des Hymnes
Liturgiques des Grandes Fêtes de l'année.* Lues et apprises par coeur comme l'Ecriture Sainte,
les oeuvres de Saint Grégoire sont une Icône, elles transportent au Ciel et initient aux Mystères
ineffables. Sa langue est si parfaite qu'elle rend inutile toute autre parole et conduit
naturellement l'amant du Verbe à la prière silencieuse.
* Une grande partie du Canon de la Nativité est empruntée au discours 38 de Saint Grégoire; celui de la
Théophanie à son discours 39; celui de Pâque à ses discours 1 et 45; celui de la Pentecôte à son discours 41 et
quantité d'autres emprunts se retrouvent dans les Fêtes des Saints.
D'une rigueur inflexible en ce qui concerne la Foi, Saint Grégoire était plein de douceur dans
son comportement à l'égard des personnes, pécheurs ou égarés. Il corrigeait les moeurs en
montrant l'exemple de la conduite chrétienne par sa vie retirée de toute mondanité, par son
austérité et par sa patience dans les épreuves et les maladies si bien qu'un grand nombre de
ceux qui avaient écouté ses discours se convertissaient complètement en le voyant vivre. Ses
succès attirèrent cependant rapidement de vives oppositions de la part des sectes et des
envieux répandirent contre lui d'infâmes calomnies, sans parvenir toutefois à vaincre sa
patience et sa douceur à l'égard de ses ennemis. La nuit de Pâque 379, des hérétiques,
disciples d'Apollinaire qu'il avait brillamment réfutés, se précipitèrent dans l'église de Sainte-
Anastasie, semèrent la panique dans l'assistance et tentèrent de lapider le Saint mais ils ne
parvinrent pas à lui porter le coup mortel que celui-ci aurait pourtant désiré pour achever sa
course en recevant la palme du martyre.
A la suite de cette épreuve, il fut de surcroît traduit en justice comme un criminel mais il en
sortit victorieux et exhorta ensuite ses amis au pardon. L'attitude si modérée, la charité,
l'équité de ce Parfait Disciple de Jésus-Christ attirèrent finalement contre lui l'hostilité des
deux partis : les hérétiques pleins de haine et les Orthodoxes trop zélés.
Alors que grâce à ses combats l'hérésie semblait reculer, le diable le soumit à de nouvelles
épreuves en la personne d'un philosophe cynique originaire d'Alexandrie nommé Maxime.
Celui-ci, cachant d'abord son fourbe dessein, s'attira l'estime de Grégoire mais il se révéla
bientôt en se faisant élire irrégulièrement Evêque de Constantinople et en semant le trouble et
le scandale dans l'Eglise. Saint Grégoire doux et résigné, était prêt à abandonner son trône
pour ne pas s'opposer à l'imposteur par la lutte et la haine mais le peuple se souleva
spontanément contre Maxime et supplia son pasteur de ne pas l'abandonner aux loups qui
menaçaient le Troupeau du Christ, en disant : "Si tu nous quittes, Ô Père, sache que tu
emporteras avec toi la Sainte Trinité." Le Saint se laissa convaincre et fit appel à l'Empereur
Théodose alors en résidence à Thessalonique. Celui-ci rejeta l'usurpateur et entra peu de
temps après triomphant à Constantinople après sa victoire sur les barbares (24 nov. 360). Dès
le lendemain, il fit expulser les ariens des églises qu'ils occupaient et imposa l'élection de
Saint Grégoire comme Evêque de la ville impériale. Ce dernier brûlant toujours du désir de la
retraite, refusa d'abord mais il dut finalement se rendre à l'insistance du peuple enthousiaste.
Toutefois comme il était normalement Evêque d'un autre siège, son transfert à Constantinople
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devait être ratifié par un Concile; c'est pourquoi Théodose réunit l'année suivante (361) le
Deuxième Concile OEcuménique qui après avoir unanimement reconnu l'élection de
Grégoire, condamna l'hérésie des pneumatomaques (macédoniens) et marqua le terme de
l'arianisme et la victoire définitive de l'Orthodoxie.
La joie occasionnée par ce triomphe fut cependant bientôt interrompue par la Naissance au
Ciel du président du Synode que fut Saint Mélèce, l'illustre Evêque d'Antioche. Grégoire fut
alors chargé de diriger les sessions au cours desquelles on devait décider de la succession de
ce siège divisé depuis de nombreuses années par le schisme entre les Orthodoxes : les uns
partisans de Mélèce et les autres de Paulin. Comme il avait été convenu que le survivant serait
reconnu par tous comme le seul Evêque, Saint Grégoire prit le parti de Paulin mais il se heurta
aussitôt à l'opposition haineuse et aux conspirations des Evêques orientaux. Ceux-ci allèrent
même jusqu'à soudoyer un jeune hérétique pour l'assassiner mais au moment de se précipiter
sur le Saint, le malfaiteur s'arrêta net et se jeta en pleurs à ses pieds, confessant son mauvais
dessein. Grégoire le releva, l'embrassa tendrement et lui demanda de se consacrer désormais à
Dieu après avoir renoncé à l'hérésie. D'autres Evêques, partisans de Paulin, s'en prirent à
Grégoire, en l'accusant d'avoir été transféré de Sasimes à Constantinople contrairement aux
Saints Canons. Harassé par tant de querelles sournoises et le coeur déchiré de voir l'Eglise du
Christ ainsi divisée, lui qui n'avait jamais recherché ni honneurs ni pouvoir, il déclara à
l'assemblée que son plus grand désir était de contribuer à la paix et que si le fait d'occuper le
siège de Constantinople était une cause de division, il était tout prêt à être jeté à la mer comme
Jonas pour apaiser cette tempête, à condition que la Foi orthodoxe restât sauve. Et sur ces
mots, il quitta l'assemblée puis il se rendit au palais où il supplia l'Empereur d'accepter sa
démission et lui demanda de se charger lui-même, par son autorité, de rétablir l'unité et la
concorde dans l'Eglise. Dans un dernier et émouvant discours, il fit ses adieux à sa chère
église de l'Anastasie, sa gloire et sa couronne, à Sainte Sophie et aux autres églises de la ville
qu'il avait restaurée dans la Vraie Foi et dans la pureté des moeurs, la préparant pour une
gloire millénaire. Il salua son Clergé, les Moines, les Vierges, les pauvres et même les
hérétiques qu'il exhorta encore à la conversion, dit adieu à l'Orient et à l'Occident unis
désormais dans la paix, aux Anges Gardiens de son Eglise et à la Trinité Sainte aux soins de
laquelle il remit son troupeau. Puis il quitta Constantinople, laissant Saint Nectaire comme
successeur et retourna quelque temps à Nazianze où il s'efforça de faire nommer à sa place un
Evêque titulaire. Après l'élection d'Eustathe, il se retira définitivement dans sa propriété
d'Arianze où épuisé par la maladie et tant d'activités qu'il n'avait pas désirées, il passa les
dernières années de sa vie dans le silence et la solitude. Mais tel un guetteur fidèle à son
poste, il ne cessait pourtant de veiller de loin sur la pureté de la Foi. Il adressait des lettres
dogmatiques pour réfuter les hérésies naissantes ou exhortait Nectaire et les autres Evêques
orthodoxes à plus de Justice, envoyait à ses enfants spirituels de sages conseils pour atteindre
la perfection et rédigeait d'admirables poèmes en grec archaïque. C'est ainsi que, le coeur
brisé et humilié mais l'intelligence constamment fixée dans la Contemplation des Mystères
Insondables de la Sainte Trinité, ce fidèle serviteur devenu malgré lui combattant rendit en
paix son âme au Seigneur.
ou
LA VIE DE GRÉGOIRE DE NAZIANZE (329 – 390)
Les étapes :
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o Naissance
o Études
o Carrière religieuse en Cappadoce
o Séjour à Constantinople
o Les dernières années, en Cappadoce
Naissance :
Deux hypothèses ont été proposées au sujet de la chronologie de sa carrière.
L'historiographie ancienne et la tradition byzantine rapportée par la Souda
(Suidae Lexicon, éd. A. ADLER, Leipzig, 1928, p. 541-543), font état de son
grand âge; il serait mort nonagénaire en 390. Les historiens modernes et
l'hagiographie récente adoptent une chronologie plus brève et placent sa
naissance vers 325/329. Cette chronologie courte s'appuie sur le postulat selon
lequel Grégoire aurait eu approximativement le même âge que Saint Basile et
sur l'interprétation de plusieurs textes poétiques et ambigus. Cette hypothèse
explique mal les nombreuses allusions que Saint Grégoire fait à son grand âge,
dès l'époque de son ordination sacerdotale (Or. 2, 12). D'autre part, il dit
formellement que sa mère, Nonna, était quinquagénaire en 325. La biographie
longue est notamment défendue par le bollandiste Daniel Papebroch (Acta
Sanctorum, Maii t. 2, p. 370D - 371F).
Études :
Grégoire est intentionnellement discret sur la période de ses études (De vita
sua, v. 108 et 211-212) et l'on ignore combien d'années il y a consacrées. Il
étudia à Césarée de Cappadoce, à Césarée de Palestine et à Alexandrie. En
Palestine, il fut, selon Saint Jérôme (De viris illustribus, 113), élève de
Thespesius et condisciple d'Euzoius, futur évêque arien de Césarée. A-t-il été
l'auditeur de Saint Cyrille de Jérusalem dans cette dernière ville, en 348 ou
349? Cela expliquerait l'importance des réminiscences de la VIe et de la IXe
Catéchèses de Cyrille dans l'Or. 28 (BERNARDI, Prédication, p. 185; SINKO,
De traditione, I, 12-18). Fut-il élève de Libanius à Antioche comme l'affirme
Socrate (Hist. eccl., IV, 26)? C'est possible. D'Alexandrie, il gagna Athènes
avec une hâte qu'il fait remarquer sans l'expliquer en racontant les détails de
cette traversée mouvementée. Il ne fut pas étudiant pendant toute la durée de
son séjour dans les écoles d'Athènes. Il y enseigna. Lorsque Basile de Césarée
vint à Athènes comme étudiant, Grégoire l'accueillit et l'introduisit dans les
milieux athéniens. Il partageait les goûts de Basile pour la vie religieuse et il
décida de suivre lui aussi une vocation de type monastique mal précisé; on
ignore à quel moment, entre 354/355 et 363, il renonça à la carrière profane et
rentra au pays.
8
Carrière religieuse en Cappadoce :
Les Invectives contre Julien (Or. 4 et 5), composées sans doute vers 364, selon
M. Regali, sont des polémiques contre l'hellénisme à l'antique que des lettrés
païens encouragés par l'empereur Julien (361-363) remettaient à la mode.
Ordonné Prêtre sous le règne de Julien ou de Valens (365-378), il composa à
cette occasion un traité sur le sacerdoce (Or. 2). Sa carrière sacerdotale puis
épiscopale en Cappadoce jusqu'en 374 est celle d'un ecclésiastique jouant le
rôle de notable en même temps qu'il partage les charges pastorales de son
vieux père, dans la bourgade montagnarde de Nazianze à l'écart des grands
centres. Il évoque dans ses écrits des réactions monastiques défavorables aux
positions doctrinales de son père, des divergences théologiques sollicitant le
clergé divisé entre nicéens et neo-nicéens d'une part et entre diverses tendances
dérivées de l'arianisme d'autre part; il intervient avec son père dans l'élection
de Saint Basile comme Evêque de Césarée mais quand Basile l'a fait sacrer
évêque de Sasimes, il lui reproche d'avoir abusé de lui et de manquer d'égards
à son âge. En effet, il néglige obstinément de s'installer à Sasimes, bourg qu'il
dit peu plaisant. Les raisons administratives et ecclésiastiques qui l'avaient
amené là ne dissimulent guère des questions doctrinales et personnelles sousjacentes.
Saint Grégoire resta à Nazianze comme auxiliaire de son père jusqu'à
l'endormissement de ce dernier en 374; comme on tardait à donner un
successeur à son père, Saint Grégoire, faisant valoir son âge, se retira à
Séleucie de Pisidie.
Séjour à Constantinople :
En 379, la communauté nicéenne de Constantinople fit appel à lui; les ariens
de tendances diverses étaient majoritaires dans la capitale. Il organisa les
services religieux dans une maison particulière, l'Anastasia qui devint plus tard
l'église Sainte-Anastasie. Lorsque Théodose Ier, favorable aux nicéens
orthodoxes, insalla ceux-ci dans les églises officielles, Saint Grégoire hésita à
se laisser introniser à la Grande Église par le pouvoir civil maisil fut comme
plébiscité par le peuple et le clergé quelques jours après le 24 nov. 380. En
381, le Premier Concile de Constantinople valida les fonctions d'Evêque de
Constantinople qu'il exerçait. Mais des dissensions éclatèrent entre les Evêques
d'Orient et d'Occident, on remit en question la légitimité des fonctions de Saint
Grégoire. En fait la question du rôle ecclésiastique du siège de la Nouvelle
Rome dans la chrétienté et celle de la légitimité politique de l'Orthodoxie
étaient posées; Saint Grégoire renonça à la présidence du Concile en même
temps qu'au trône épiscopal et regagna Nazianze.
Les dernières années en Cappadoce :
De retour à Nazianze, il y administra l'église locale en attendant qu'on lui
donne un titulaire dans la personne d'un de ses parents, Eulalios. Retiré dans
son domaine d'Arianze avec l'intention de limiter son ministère aux activités
littéraires, Saint Grégoire s'y endormit et y fut inhumé, en 390.
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5 Discours sur Dieu
aussi appelés 5 Discours Théologiques, nomenclature N°27 à 31, sujet : la Foi orthodoxe sur
le Trinité face aux hérésies ariennes. Discours prononcés à Constantinople en 380, ville
depuis quarante ans aux mains des ariens. En 379, l'évêque est arien et préfère partir plutôt
que de souscrire une profession de Foi orthodoxe. Les Orthodoxes ne sont qu'une poignée
d'hommes persécutés, apeurés et divisés. Saint Grégoire arriva à améliorer nettement la
situation au bout d'un an. Le nouvel Empereur oeuvra pour rendre les églises aux Orthodoxes
fidèles à la Foi du Concile de Nicée.
Lettre à Basilissa
Nous sommes très bien renseignés sur la chronologie de la vie et des oeuvres de Saint
Grégoire de Nazianze parce qu'il a rédigé un grand Carmen de vita sua et que ses écrits
comportent aussi - contrairement à ceux de Saint Grégoire de Nysse - de nombreuses
références à sa biographie.
Saint Grégoire de Naziance est né à Nazianze où son père, Grégoire l'Ancien, fut évêque
pendant quarante cinq ans (il est mort centenaire, en 374) ou bien dans la propriété familiale
proche, près d'Arianze. Mais Saint Grégoire de Naziance restant délibérément silencieux sur
son enfance, la date de la naissance de Saint Grégoire de Naziance ne peut qu'être supposée.
Traditionnellement on considère que Saint Grégoire de Naziance est à peu près le
contemporain de Saint Basile (né en 329/330). Mais plusieurs historiens penchent pour
l'année 326, ce qui correspondrait bien avec différentes remarques de Saint Grégoire de
Naziance où Saint Grégoire de Naziance apparaît plus âgé que Saint Basile. Justin Mossay
(TRE 14, p. 164s), de son côté, situe la date de naissance de Saint Grégoire de Naziance vers
300. Mais tandis que cette datation permet difficilement de comprendre comment Saint
Grégoire de Naziance et Saint Basile que sépareraient alors une trentaine d'années, auraient pu
faire leurs études ensemble à Césarée et à Athènes, les arguments de Mossay apparaissent
parfaitement compatibles avec une date de naissance située aux environs de 326.
Saint Grégoire de Naziance se dit le plus âgé : à Constantinople, en 381, on considère Saint
Grégoire de Naziance comme un "Vieillard" et Nonna la mère de Saint Grégoire de Naziance
qui selon l'Oratio XVIII, 41, avait le même âge que son mari, devait déjà avoir cinquante ans
à sa naissance.
Il convient plutôt de se méfier de l'indication du Suda (vers 1000) selon laquelle Saint
Grégoire de Naziance se serait endormi en 390 à quatre-vingt-dix ans. Saint Grégoire de
Naziance a bénéficié d'une formation scolaire tout aussi remarquable que celle de Saint Basile
le Grand, d'abord à Césarée de Cappadoce où ils se rencontrèrent sans doute pour la première
fois puis à Césarée de Palestine, à Alexandrie et à l'Académie d'Athènes où Saint Grégoire de
Naziance fit la connaissance du futur empereur Julien et où Saint Grégoire de Naziance
retrouva Saint Basile à qui Saint Grégoire de Naziance restera lié toute sa vie.
Après Saint Basile, Saint Grégoire de Naziance retourna dans sa patrie vers 356 pour y
enseigner, lui aussi, la rhétorique mais Saint Grégoire de Naziance ne tarda pas, sous
l'influence de son ami, à se tourner vers la vie ascétique et Saint Grégoire de Naziance passa
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quelque temps avec lui dans sa communauté monastique à Annisi, au bord du fleuve Iris
(province du Pont).
C'est là qu'ils travaillèrent ensemble à la Philocalie, anthologie extraite des oeuvres d'Origène.
Saint Grégoire de Naziance reçut le baptême et l'ordination sacerdotale en 361 des mains de
son père afin de l'aider dans son activité dans le diocèse de Nazianze.
Mais parce que Saint Grégoire de Naziance avait l'impression qu'on lui avait fait "violence"
en lui imposant l'ordination, Saint Grégoire de Naziance refusa d'entrer en fonction et ne
revint qu'en 362 pour la Fête de Pâque où dans son sermon (Oratio 1), Saint Grégoire de
Naziance s'excusa pour ses hésitations. Suit une deuxième apologie sous forme de discours
avec un long traité sur le sacerdoce (Oratio 2) dont s'inspirera plus tard Saint Jean
Chrysostome pour son célèbre opuscule De sacerdotio.
Ici apparaît pour la première fois un trait de caractère de Saint Grégoire de Naziance qui le
suivra tout au long de sa vie et qui dirigera souvent sa conduite : Saint Grégoire de Naziance
adorait le savoir et la rhétorique et Saint Grégoire de Naziance n'avait pas son pareil dans ce
domaine parmi les Pères grecs du quatrième siècle.
Saint Grégoire de Naziance mettait temporairement cette véritable passion entre parenthèses
sous la pression de ceux qui l'entouraient et aussi parce que Saint Grégoire de Naziance
comprenait ce dont l'Église avait besoin en pratique. Mais quand - surtout parce que le
tempérament plus sensible de Saint Grégoire de Naziance ne lui permettait pas d'affronter les
difficultés de la politique ecclésiastique aussi efficacement que le faisait Saint Basile - Saint
Grégoire de Naziance pouvait se retirer pour s'adonner à des loisirs studieux, il le faisait
volontiers.
Dans le cadre de la multiplication des sièges épiscopaux et du renforcement du parti nicéen
dans son district et après la division de la province de Cappadoce, Saint Basile nomma en 372
Saint Grégoire de Naziance Evêque de Sasima, petite ville non dénuée d'importance de par sa
situation sur un noeud routier.
Saint Grégoire de Naziance refusa cependant d'occuper le siège épiscopal et Saint Grégoire de
Naziance continua d'aider son père jusqu'à son endormissement en 374 dans sa ville natale de
Nazianze.
Saint Grégoire de Naziance se retira ensuite à Séleucie, en Isaurie, d'où Saint Grégoire de
Naziance fut appelé après la mort de l'empereur Valens (9 août 378) à diriger la petite
communauté nicéenne de la capitale.
Mais la grande majorité des chrétiens de la capitale relevant de la confession arienne, sous la
direction de l'évêque Démophile, Saint Grégoire de Naziance résida dans une maison privée
(la future église Anastasia) où Saint Grégoire de Naziance donna en 380 les célèbres Cinq
Discours théologiques dans lesquels Saint Grégoire de Naziance expliquait la doctrine
trinitaire nicéenne et qui valurent à Saint Grégoire de Naziance le titre honorifique de "
Théologien " (attesté pour la première fois dans les Actes du Concile de Chalcédoine, en 451).
Jérôme se trouvait parmi les auditeurs. Immédiatement après son entrée à Constantinople, le
24 novembre 380, l'Empereur Théodose contraint l'évêque Démophile à quitter la ville et il
installe Saint Grégoire de Naziance Evêque de la capitale.
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Le Concile de Constantinople (381 ) reconnaît Saint Grégoire de Naziance comme tel et lui
confie à Saint Grégoire de Naziance la présidence du Concile après la mort de Mélèce
d'Antioche.
Saint Grégoire de Naziance ne réussit pas cependant à parvenir à un accord acceptable entre
les différents partis ni sur le schisme de Mélèce à Antioche ni sur le symbole. Au contraire,
Saint Grégoire de Naziance est tellement attaqué de tous côtés qu'on reproche à Saint
Grégoire de Naziance même son transfert sur le siège épiscopal de Constantinople qui serait
illégal puisque Saint Grégoire de Naziance est déjà Evêque de Sasima.
Saint Grégoire de Naziance offre sa démission que l'on accepte volontiers. Saint Grégoire de
Naziance prend congé en donnant son célèbre discours d'adieu (Oratio XLII). Saint Grégoire
de Naziance revient à Nazianze avant même la fin du Concile et il administre le diocèse
jusqu'à la consécration épiscopale de son cousin Eulalius en 383.
Il se retire ensuite dans la propriété familiale près d'Arianze où il s'endort probablement en
390.
La dernière partie de la vie de Saint Grégoire de Naziance, à partir de sa nomination à
Constantinople (379), représente la période la plus féconde de l'activité littéraire de Saint
Grégoire de Naziance. C'est à cette époque que nous devons la moitié des quarante-quatre
sermons conservés, la plupart des deux cent quarante-neuf lettres et la plus grande partie de
ses poèmes.
Les Précieux Restes de Saint Grégoire de Naziance reposent depuis le 11 juin 1580 dans la
première croisée gauche de Saint-Pierre de Rome.
Les Poèmes Saint Grégoire de Naziance
Saint Grégoire de Nazianze n'est certes pas le premier à avoir donné une forme poétique à des
matériaux théologiques et à des thèmes chrétiens mais il est le premier à avoir conçu une
oeuvre poétique importante et d'une composition accomplie : dix-sept mille vers qui n'ont pas
leur pareil dans la patristique grecque.
Ses carmina, dont la plupart ont été composés après son retour à Constantinople lors de sa
retraite à Naziance où il resta jusqu'à son Départ, comprennent des poèmes didactiques, des
hymnes, des élégies et des épigrammes dans leurs mètres traditionnels, auxquels il ne déroge
pas pour l'essentiel : hexamètres, distiques et iambes.
Saint Grégoire de Naziance aborde des thèmes dogmatiques, moraux, autobiographiques et
lyriques avec l'intention explicite (Carmen II, l, 39) de présenter le message chrétien sous une
forme plus agréable et plus abordable, en choisissant le style poétique et d'adjoindre à la
poésie hellénistique une poésie chrétienne d'égale valeur. La qualité de ses poèmes répond
définitivement au reproche qui était jadis fait aux Chrétiens, dans une visée polémique, de
manquer de culture et d'une littérature digne de ce nom.
Quant au drame Christus patiens, attribué à Saint Grégoire de Naziance, André Tuilier et
Francesco Trisoglio ont à nouveau, récemment, plaidé pour son authenticité mais leur
argumentation n'est pas convaincante comme l'a montré Bernhard Wyss (RAC 12, p. 812). Ce
texte pourrait bien dater du douzième siècle.
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Les Discours de Saint Grégoire de Naziance
Le Corpus des Mauristes compte quarante-cinq discours et sermons de Saint Grégoire de
Naziance mais le n° 35 n'est pas de lui. Leur chronologie s'étend de la consécration épiscopale
de Saint Grégoire en 362 à sa retraite de Naziance à Arianze en 383 et la moitié date d'après la
nomination de Saint Grégoire de Naziance à Constantinople, en 379.
Il s'agit pour une part, de discours donnés oralement que Saint Grégoire de Naziance a luimême
préparés pour la publication, tandis que d'autres sont des pièces écrites sous forme de
discours. C'est certainement le cas des Orationes IV et V qui sont des invectives contre
l'empereur Julien l'Apostat après sa mort.
Tous ses Discours se distinguent non seulement par sa maîtrise de la rhétorique mais aussi par
son habileté à présenter de façon convaincante et claire des solutions aux problèmes
théologiques les plus ardus de son temps. C'est particulièrement vrai des Cinq Discours
théologiques (XXVII-XXXI) que Saint Grégoire de Naziance appelait déjà ainsi lui-même
(Oratio XXVIII, 1) et qui ont le plus contribué à conférer à Saint Grégoire le titre de
"Théologien."
Saint Grégoire de Naziance les a donnés pendant qu'il était à Constantinople (379-381),
probablement en 380, dans la maison privée où il avait élu domicile qui deviendra plus tard
l'église Anastasia car la cathédrale, l'église des Apôtres, était encore aux mains de l'évêque
arien.
"Théologique" et "Théologien" doivent se comprendre ici dans le sens strict du Christianisme
comme "doctrine de Dieu" : il s'agit de la présentation de la doctrine orthodoxe de la Trinité,
face aux néoariens (eunomiens) et aux macédoniens (pneumatomaques).
Outre la justification brillante de la doctrine traditionnelle de Dieu, celle de Nicée, Saint
Grégoire de Naziance trouve la formulation d'avenir de la "procession" de l'Esprit du Père, à
la différence de la "génération" du Fils et Saint Grégoire de Naziance est le premier à
appliquer le concept de consubstantialité au Saint-Esprit.
Ce faisant Saint Grégoire de Naziance va plus loin que Saint Basile et grâce à cette
terminologie plus précise, il affine non seulement la compréhension du Saint-Esprit dans la
Trinité mais il prépare aussi les compléments pneumatologiques apportés au Symbolum
Nicaenum ( Symbole de Nicée) par le Concile de Constantinople qui se tient peu après (381).
Les Lettres de Saint Grégoire de Naziance
Saint Grégoire de Naziance - suivant en cela l'exemple des auteurs classiques - a publié luimême
un premier recueil de ses Lettres et dans la Lettre 51, il expose brièvement la théorie du
genre littéraire épistolaire (cf. Excursus 2. 4), ce qu'il est le seul auteur chrétien à faire.
Sur les deux cent quarante-neuf Lettres conservées, les numéros 246-248 se retrouvent aussi
dans le corpus de Saint Basile le Grand, sous les numéros 169-171; le n° 243 est considéré
comme non authentique et le doute plane sur le n° 241. De bout en bout, il s'agit,
formellement, de lettres travaillées avec art mais leur contenu est celui de la correspondance
ordinaire d'un homme cultivé et d'un Evêque.
13
Les Trois Lettres théologiques (aux côtés des Cinq Discours théologiques) revêtent une
importance théologique toute particulière : les numéros 101 et 102, de l'été 382, au Presbytre
Cledonius qui dirigea le diocèse de Nazianze pendant la vacance du siège après le Départ de
Grégoire l'Ancien (374) et la Lettre 202 (vers 387) à Nectaire, successeur de Saint Grégoire
de Naziance et prédécesseur de Saint Jean Chrysostome sur le siège patriarcal de
Constantinople (381-397).
Nectaire n'était pas un théologien : au moment de son élection, il était sénateur et encore
catéchumène. Aussi ne s'occupa-t-il guère des questions théologiques brûlantes de son temps
mais il réussit, contrairement à son prédécesseur et à son successeur, à éviter les démêlés avec
le peuple de l'Église et avec la cour impériale. Saint Grégoire de Naziance lui adresse la Lettre
202 pour l'inciter à la prudence face aux intrigues incessantes des ariens, des macédoniens et
des apollinaristes; elle doit également lui servir de petit aide-mémoire de théologie.
Alors que les Cinq Discours théologiques avaient clarifié l'un des grands problèmes
théologiques de l'époque, la doctrine trinitaire face aux ariens et aux pneumatomaques, les
Trois Lettres théologiques traitent surtout de l'autre question théologique, celle de la
christologie dans la discussion contre Apollinaire.
La Lettre 101 § 32 définit, sous une forme décisive et porteuse d'avenir, la plénitude des deux
natures du Christ : " Ce qui n'est pas assumé reste non guéri mais ce qui est uni à Dieu, cela
est aussi sauvé."
La distinction des natures comme "allo kaï allo" [phonétisation du grec], à la différence de
celle des trois personnes dans la Trinité comme "allos kaï allos" (101 § 20-21), complète la
formulation.
Le Concile d'Éphèse de 431 invoquera un long extrait de la Lettre 101 et le Concile de
Chalcédoine (451) la reprendra tout entière dans ses actes.
Les ouvrages et la théologie de Saint Grégoire de Naziance ont connu une grande diffusion et
exercé une grande influence, ainsi qu'en témoignent les manuscrits grecs de ses discours (plus
de mille deux cent), les traductions en latin et dans les langues orientales ainsi que les
nombreuses scolies.
Après et aux côtés d'éditions partielles et d'editiones minores des écrits de Saint Grégoire de
Naziance, paraissent depuis 1977, sous le patronat de la Görres-Gesellschaft, les editiones
majores des poèmes et des discours, sous la direction de Justin Mossay (Louvain) et de
Martin Sicherl (Münster) avec la participation de nombreux collaborateurs internationaux.
Éditions des Oeuvres Complètes de Saint Grégoire de Naziance:
- Patrologie Grecque de l'abbé Migne PG 35-38.
- Corpus Nazianzenum = CChr.SG 20.27, 1988-1992.
Vie et Oeuvre de Saint Grégoire de Naziance
14
- BENOÎT (A.), Saint Grégoire de Nazianze, sa vie, ses oeuvres et son époque, Marseille-
Paris, 1876
- FLEURY (E.), Grégoire de Nazianze et son temps etH, 1930
- GALLAY (P), La Vie de Saint Grégoire de Nazianze, Lyon-Paris, 1943.
- COULIE (B.), Les Richesses dans l'oeuvre de Saint Grégoire de Nazianze. Étude littéraire et
historique = PIOL 32, 1985.
- BERNARDI (J.), Saint Grégoire de Nazianze. Le théologien et son temps (330-390) Paris,
1994.
- BERNARDI (J.), Saint Grégoire de Nazianze (Initiation aux Pères de lÉglise), Paris, 1995.
Les éditions des Poèmes Saint Grégoire de Naziance
Pas de traduction française à notre connaissance des Poèmes de Saint Grégoire de Naziance.
Merci de pallier notre ignorance si nous faisons erreur.
Les éditions des Discours Saint Grégoire de Naziance
Traductions françaises
- Discours I-3, dans BERNARDI (J.) = Sources Chrétiennes, éditions du Cerf, Paris, N° 247,
1978.
- Discours 27-31, dans GALLAY (P) = Sources Chrétiennes N° 250, 1978.
- Discours 20-23, dans MOSSAY (J.) = Sources Chrétiennes N° 270, 1980.
- Discours 24-26, dans MOSSAY (J.) = Sources Chrétiennes N° 284, 1981.
- Discours 4-5, dans BERNARDI (J.) = Sources Chrétiennes N° 309, 1983.
- Discours 32-37, dans GALLAY (P.) et MORESCHINI (C.) = Sources Chrétiennes N° 318,
1985.
- Discours 38-41, dans GALI.AY (P.) et MORESCHINI (C.) = Sources Chrétiennes N° 358,
1990.
- Discours 42-43, dans BERNARDI (J.) = Sources Chrétiennes N° 384, 1992.
- Cinq discours sur Dieu, dans GALLAY, PF 6I, 1995.
Les éditions des Lettres Saint Grégoire de Nazianze
15
JOURJON (M.) = Sources Chrétiennes, éditions du Cerf, Paris, N°208, 1974.
Le quatorzième discours de Saint Grégoire est consacré aux devoirs de charité envers les
malheureux; les Lettres 107 à 114 et 116 à 119 portent sur l'importance du silence.
Texte rédigé avec modifications d'après Hubertus R. Drobner Les Pères de l'Eglise, Paris,
Desclée, avril 1999, ISBN 2-7189-0693-6
ou
http://nazianzos.fltr.ucl.ac.be/002Contenu.htm
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