lundi 30 janvier 2012

LETTRES DE SAINT THEOPHANE LE RECLUS.

En quoi consiste la vie spirituelle et comment s'y disposer ?
Saint Evêque Théophane le Reclus


- Lettre 41 -

Voilà arrivé le temps de la confession et ensuite, le plus doux des moments - la communion aux Saints Mystères du Christ. Que le Seigneur vous bénisse, afin que vous accomplissiez l'un et l'autre convenablement. Les efforts de la pénitence, et tout ce à quoi vous avez réfléchi de faire, sont scellés ici du sceau divin.
Mais pourquoi, chez vous, cette peur de la confession, comme vous l'écrivez ? Elle se retrouve justement chez beaucoup, mais pourquoi aurait-elle sa place en vous ? Veuillez éclaircir cela. Le confesseur n'est que le témoin mais c'est Dieu Qui reçoit les péchés avoués. Et le Seigneur est totale bonté, Il attend seulement l'aveu de nos péchés, et dès que cela a été fait, Il pardonne. Est-ce un tel Seigneur qu'il faudrait craindre ? Cette crainte parvient en partie aussi de ce que nous ne savons pas clairement ce qu'il faur dire à la confession. Mais lorsque vous aurez fait tout ce qui va vous être prescrit, pour vous ce sera clair, et il n'y aura pas de quoi s'effrayer.
Cette crainte vient aussi de ce que nous nous confessons rarement. Si nous le faisions plus souvent, nous n'aurions pas aussi peur - et si, Dieu voulant, à partir de maintenant vous vous approchiez plus souvent de la table du Seigneur, par voie de conséquence, vous vous confesseriez aussi plus frequemment.
Voilà donc ce que vous allez faire ! Inscrivez tout ce que vous trouverez nécessaire de dire à la confession et, arrivée chez le confesseur, dîtes tout en vous aidant de ce papier. La vraie confession doit être personnelle, c'est-à-dire, que le pénitent doir exposer lui-même ce en quoi il est coupable, mais ne pas attendre les questions du confesseur. Une telle habitude s'est hélas établie chez nous, et la confession se passe rarement comme il faudrait. Par nécessité, le confesseur pose beaucoup de questions inutiles, qui ne conviennent pas à celui qui se confesse, et il arrive qu'il ne posera pas la question utile - alors, elle passera inavouée. Dire tout ce qui pèse sur la conscience peut se faire également sans papier, si vous espérez ne rien oublier, seulement vous devez absolument tout dire de vous-même. Que le Seigneur vous bénisse pour une confession dans un esprit de contrition et dans la ferme résolution d'être par la suite, consciencieuse, mais sans aucune frayeur. Elle est tout à fait superflue et gêne notre activité.
J'ai été plusieurs fois interrompu dans ma lettre, et le fil des pensées que j'avais à vous transmettre s'est rompu.
Si donc la crainte apparaît avant la confession, chassez-la. La crainte pieuse devant Dieu est affaire de grande valeur, mais cet effroi enfantin que vous éprouvez est œuvre ennemie. Il n'y a en fait aucune raison à cela, c'est donc l'ennemi qui le greffe en vous. Allez vers le Seigneur calmement, bien que d'un cœur contrit; allez, comme dans la parabole le fils prodigue allait chez son père. Le père n'a ni réprimandé, ni injurié son fils qui revenait : il l'a reçu bras ouverts et l'a embrassé. Il en sera de même pour vous. Les bras du Seigneur sont déjà tendus vers vous, vous n'avez plus qu'à vous y jeter. Et faites-le avec un amour plein de piété.
L'essentiel dans la repentance est la souffrance du cœur à cause de notre négligence devant le Seigneur, et notre résolution ferme de nous parfaire en tout dans le futur. Vous avez déjà exprimé votre décision de complaire au Seigneur, et Lui, qui voit tout, l'a déjà reçue. Mais la souffrance du cœur à cause de ses négligences, y est-elle ? Faites l'effort de l'éveiller - si peu que vous ayiez de péchés et si légers qu'ils apparaissent, ce sont tout de même des péchés réprou-vés par Dieu. Combien sommes nous confus parfois devant les gens, pour un mot ou un geste maladroit ! Mais là, c'est le Seigneur et non pas un mot vain, mais des péchés. Faites en sorte d'avoir la contrition en tout et de souffrir devant le Seigneur; de cette contrition jaillira ensuite la force de ne pas se laisser prendre par ce qui est mauvais.
Vous aviez prévu de tout réviser en détail et de le changer. Peut-être n'avez-vous pas eu le temps de tout faire, ou pas aussi complètement que vous l'aviez pensé ? Que cela ne vous trouble pas. Ce qui est cher au Seigneur, c'est votre intention principale et votre résolution, d'être en tout consciencieuse devant Lui. Pour cela, il y a le pardon des péchés et la purification par la grâce. Et allez vers le Seigneur avec cette ferme résolution : être consciencieuse, à la place de toutes ces négligences - déjà décelées ou qui restent à découvrir. Apportez au Seigneur l'intention solide d'accomplir dorénavant sans diversion ce que votre conscience trouvera nécessaire, et ce qu'elle trouvera aussi plus tard, et que tout le reste ne vous trouble pas.
Il est préférable de se confesser la veille de la communion, pour consacrer déjà la nuit et le matin à la seule méditation sur la réception du Seigneur. Pendant ce temps, lisez les prêches d'avant la Sainte Communion, qui sont dans le livre que je vous ai donnés. Sinon, restez simplement assise, et pensez au Seigneur, Le priant dans votre cœur : « Seigneur, agis en moi et avec moi, selon Ta volonté, mais ne me prive pas de Ton contact » . Et continuez à prier avec cette courte prière, en y ajoutant des prosternations. Si vous reportez la confession au matin, le soir la pensée se dédoublera et il en résultera comme un trouble.
Vous approchant des Saints Mystères, approchez dans la simplicité du cœur, et la foi absolue que vous recevrez le Seigneur en vous, et avec la piété correspondante. Ce qu'il doit en être dans l'âme après, laissez le Seigneur s'en occuper. Beaucoup espèrent par avance recevoir de la Sainte Communion ceci ou cela, et ensuite, ne le voyant pas, se troublent, et même hésitent dans la foi en la puissance de ce Mystère. Mais la faute ne réside pas dans le Mystère, mais dans les présuppositions superflues. Ne vous promettez rien, mais laissez tout au Seigneur, Lui demandant comme seule miséricorde de vous affermir dans tout bien qui Lui soit plaisant. Le fruit de la communion se manifeste le plus souvent par un sentiment de douceur paisible dans le cœur; quelquefois il apporte un éclaircissement dans les pensées, et inspire une plus grande fidélité envers le Seigneur; parfois, on ne voit presque rien, mais plus tard se découvre une grande force dans l'action et une réelle fermeté dans l'amélioration promise. Je fais ici également la remarque que nous ne ressentons pas les fruits de la Sainte Communion, parce que nous communions trop rarement. Décidez de communier plus souvent, et vous verrez les fruits de ce mystère - des fruits de consolation.
` Je prie toujours, et vais continuer à prier, le Seigneur de vous aider à aborder ces deux mystères pour le renouveau total de votre esprit, et dans tout ce que votre âme désire de bon, que le Seigneur soit votre aide !

- Lettre 42 -

Maintenant vous vous êtes certainement confesséee, et vous avez communié. Félicitations ! Fasse le Seigneur que ceci donne des ailes à votre esprit, unisse votre cœur en Lui, rende le chemin de votre vie bon et favorable, et vous prodigue la force morale pour des œuvres agréables à Dieu.
Mais avant tout, je vous souhaite de ressentir la joie du salut par le Seigneur. Car le Seigneur est en vous, et là où est le Seigneur, là est le salut. Un roi païen fut attaqué en mer par la tempête, et ses marins effrayés ne savaient que faire,; mais lui, habité par l'orgueil, leur dit : « Pourquoi avez-vous peur ? Vous transportez un si grand roi ! » C'était un discours inepte. Mais, alors qu'une tempête avait mis en péril le bateau sur lequel se trouvait Le Seigneur qui traversait avec Ses disciples le lac de Génésareth, ces derniers, ne sachant que faire L'appelèrent : « Seigneur, sauve-nous, nous périssons ! », Il commanda d'abord les vents et les flots, et lorsque ceux-ci s'apaisèrent et que le calme revint, Il dit : « Où est donc votre foi ? » (Luc 8, 23-25). Ainsi, c'est seulement par référence au Seigneur que nous pouvons dire en vérité : de quoi avez-vous peur ? Le Seigneur est avec vous. Et je vous le dis : ne craignez ni les vagues intérieures, ni les extérieures, car le Seigneur est avec vous. Ne perdez pas la foi vivante en cette présence et votre cœur confessera : « si je marche au milieu des ombres de la mort, je n'aurai pas peur du mal, car Tu es avec moi » (Ps. 45, 8).
Maintenant, renouvelée et affermie par la grâce de Dieu, et inspirée par la présence du Seigneur, mettez-vous en route pour cette œuvre de Dieu que vous avez entreprise avec un tel zèle, afin de l'accomplir jusqu'au soir ce votre vie; Pour vous y aider, je vais vous rappeler le secret d'une vie digne dans le Seigneur, qui est de garder continuellement la mémoire de Dieu. C'est cette mémoire qu'il faut en toutes circonstances renforcer, jusqu'à ce qu'elle soit inséparable de l'attention. Dieu est partout, et toujours avec nous, Il est près de nous et en nous. Mais nous ne sommes pas toujours avec Lui, parce que nous L'oublions, et que nous nous permettons beaucoup de choses que nous ne ferions pas si nous nous souvenions de Lui. Il n'est exigé là rien d'extraordinaire, seulement d'avoir l'intention et de faire l'effort de se souvenir que le Seigneur est en vous, et près de vous, que Son regard se porte sur vous et à l'intérieur de vous aussi clairement que s'Il vous regardait dans les yeux. Quoi que vous fassiez, souvenez-vous que le Seigneur est tout près et regarde. Si vous faites l'effort de vous y habituer, vous vous y habituerez et dès que vous serez habituée, même seulement un peu, vous verrez l'effet salutaire que cela produira en votre âme. Seulement n'oubliez pas que la mémoire de Dieu ne doit pas être comme celle d'un objet quelconque. Il doit s'y unir la crainte de Dieu et la piété. Tous les êtres pieux le deviennent de cette façon là.
Pour mieux s'habituer à la mémoire en Dieu, les chrétiens zélés ont une méthode particulière, à savoir celle de répéter inlas-sablement une toute courte prière, deux, trois mots. Le plus souvent c'est : «Seigneur, aie pitié ! - Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi, pécheur ! » Si vous n'en aviez pas encore entendu parler, entendez ! et si vous ne l'avez encore jamais fait, commencez dès maintenant. Que vous marchiez, que vous soyiez assise, en travaillant, en mangeant, que vous vous couchiez pour dormir - répétez sans cesse : « Seigneur aie pitié! Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi pécheur! » A la longue, ces mots s'attacheront tellement à votre langue, qu'ils se répéteront d'eux-mêmes. Et cela arrête fermement les vapeurs de l'imagination et l'errance des pensées. Seulement, je vous le répète, n'oubliez pas d'unir la piété à ces paroles.
Ce qu'il aurait fallu vous dire encore maintenant, je vous l'ai déjà écrit, dès que vous m'avez exprimé votre intention de vous mettre à l'œuvre comme il se doit. Veuillez le revoir. Et ce qui concerne ce que vous avez encore à comprendre vous sera dit par la suite.
Ayez l'âme bien disposée, et réjouissez-vous d'entrer sur le chemin du service sincère du Seigneur, chemin véridique, qui vous amènera à héritier du royaume céleste. Que vous aident le Seigneur et notre Toute Pure Souveraine !

- Lettre 43 -

J'ai encore à vous proposer quelques conseils dont vous allez avoir besoin maintenant pour entrer sur cette route nouvelle.
Que notre esprit soit un esprit déchu est une réalité tangible pour tous ceux qui se sont donné pour règle d'observer avec la plus grande rigueur ce qui se passe à l'intérieur de nous, ne serait-ce qu'au cours d'une journée. Je vous ai déjà parlé de cela il y très longtemps. Souvenez-vous que spécifiquement, à l'intérieur de nous, il y a trouble. Ce trouble est entré frauduleusement et doit être stoppé. Vous aviez d'ailleurs vous-même écrit, que vous ne pouviez maîtriser tous les mouvements incontrôlables qui s'agitent à l'inté-rieur. Je vais vous redessiner en quelques mots l'image de cet état.
Les pensées de notre intellect sont toutes orientées vers le terrestre, et il est impossible de les élever vers le ciel; leur objet est vaniteux, sensuel, pécheur. Vous avez vu comment la brume s'étale dans les lointains. C'est l'exacte image de nos pensées. Toutes, elles rampent et s'étalent sur la terre; mais outre cette progression au niveau inférieur, elles bouillonnent sans cesse, ne restent pas en place, se bousculent comme un nuage de moustiques en été. Par ailleurs, elles ne restent pas inactives.
Non; au-dessous d'elles se trouve le cœur, qui en reçoit des coups continuels et les effets qu'ils produisent. Telle pensée, telle mouvement du cœur. De là proviennent tantôt la joie, tantôt l'amertume, ou l'envie, ou la peur, ou l'espoir, ou l'autocertitude, ou le désespoir. Elles apparaissent les unes après les autres dans le cœur; il n'y a ni arrêt, ni discipline, comme dans les pensées. Sous l'influence des sentiments, le cœur frissonne continuellement, comme une feuille de tremble
Et l'affaire ne s'arrête pas là; la pensée unie au sentiment fait toujours naître le désir - plus ou moins violent. Sous l'agitation des pensées et des sentiments, les désirs s'agitent aussi dans le désordre : se procurer ceci, rejeter cela, faire du bien à l'un, se venger de l'autre; fuir tout le monde, ou entrer dans un cercle et agir, obéir dans une circonstance, rester sur sa position dans une autre, etc… etc… etc…- Ce n'est pas que tout ceci se réalise, mais ces énigmes - concernant ceci, concernant cela - foisonnent continuellement dans l'âme. (Observez-vous, par exemple, lorsque vous êtes assise au travail, vous verrez tout ceci se se dérouler en vous, comme sur une scène).
Voilà donc ce que sont notre désordre et notre trouble intérieurs. De là, la désorganisation de notre vie et comme des ténèbres autour. Et ne vous attendez pas à une vie correcte, tant que vous n'aurez pas supprimé cette désorganisation intérieure. Elle fait déjà beaucoup de mal par elle-même; mais elle est aussi particulièrement nocive du fait que les démons viennent s'y associer et trafiquer, troublant d'autant plus l'intérieur, orientant tout vers ce qui est mauvais pour nous, vers notre perte.
Lorsque, au moment de la pénitence, vous vous êtes étudiée vous-même, projetant de supprimer ceci, ou d'ajouter cela, vous n'avez, bien sûr, pas pu ne pas remarquer votre agitation intérieure et ne pas vous armer contre elle avec le zèle nécessaire. Et veuillez lutter avant tout et plus que tout sur cet ennemi intérieur.
Vous avez pris la ferme décision d'œuvrer pour le Seigneur et de n'être qu'à Lui Seul désormais. Le sacrement de repentance vous a accordé le pardon pour tout et présentée pure à la Face de Dieu. La Sainte Communion vous a introduite à un contact plus intime ou a renouvelé votre contact avec le Seigneur Jésus Christ, et vous a rem-plie de toute la force de la grâce. Et vous voilà armée pour l'action.
Si, afin de corriger notre vie intérieure, il suffisait de le désirer pour qu'aussitôt tout change pour le mieux, ou donner notre parole pour qu'aussitôt, à la suite de notre parole, apparaisse le fait, vous n'auriez plus alors à vous soucier de rien. Tout chez vous irait au mieux de ce que l'on puisse désirer. Mais voilà, telle est la loi de liberté morale de la vie, surtout dans un être altéré, que malgré une décision ferme, et en dépit de l'aide de la grâce présente, nous devons malgré tout nous atteler et lutter, avant tout, contre nous-mêmes.
Notre état intérieur ne se remet jamais soudain en ordre; mais, toujours, après une bonne résolution et l'octroi du concours de la grâce par le Sacrement, s'imposent comme nécessaires de gros efforts sur nous-mêmes, sur notre état intérieur, travail et efforts qui doivent être dirigés vers l'anéantissement du désordre qui règne intérieurement, afin de le remplacer par le bon ordre, ce qui amènera à la paix intérieure et réjouira toujours le cœur.
Et voilà ce qui vous incombe maintenant ! Mais ne pensez pas que vous deviez pour cela remanier une masse de choses, ou vous lier à je ne sais combien de règles. Pas du tout. Deux ou trois petites règles, prudence en deux-trois choses, et cela suffira.
A l'intérieur le désordre : cela vous le connaissez par expérience. Il faut l'anéantir : vous le désirez, vous vous y êtes décidée. Commencez directement par l'éloignement de la cause de ce désordre. La cause en est que notre esprit a perdu son point d'appui naturel. Son appui est Dieu. L'esprit revient sur lui par la mémoire de Dieu. Ainsi donc : premièrement, il faut prendre l'habitude de garder continuellement la mémoire de Dieu, dans la crainte et la piété. Je l'ai écrit le dernière fois et vous en étiez d'accord. Vous savez comment il faut s'y prendre et vous avez déjà commencé. Bénis,Seigneur ! Et veuillez continuer cet effort sans le relâchez. Soyez toujours avec le Seigneur, quoi que vous fassiez et tournez-vous toujours vers Lui par l'esprit, vous efforçant de vous tenir comme on se tient devant le roi. Vous vous habituerez vite, seulement ne lâchez pas et n'arrêtez pas. Si vous accomplissez en conscience cette petite règle, grâce à elle, le désordre intérieur se sentira à l'étroit au dedans, et quand il se manifestera soit sous forme de pensées vaines et indésirables, soit en sentiments ou désirs qui n'ont pas là leur place, vous remarquerez aussitôt cette déviation et chasserez ces hôtes indésirables, en vous empressant chaque fois de rétablir l'unité de pensée en l'Unique Seigneur.
Je vous encourage ! Mettez-vous y avec ardeur et continuez sans arrêter, et vous arriverez rapidement à ce qui est recherché. L'atten-tion pieuse à Dieu seul s'installera, et avec Lui, viendra aussi la paix intérieure. Je dis rapidement : mais ce ne sera pas en deux ou trois jours. Il faudra peut-être des mois, Oh, et peut-être même bien des années ! Demandez au Seigneur et Il vous aidera Lui-Même.
A ces moyens, ajoutez aussi ce qui suit : ne rien faire de ce qu'interdit la conscience, et ne rien laisser passer de ce qu'elle exige - que ce soit important ou infime. La conscience est toujours notre levier moral; lorsque à l'intérieur de nous, nos rejetons - pensées, sentiments et désirs - folâtrent dans l'interdit, la cause en est aussi, entre autres, que la conscience s'est affaiblie. Rendez-lui cette force, en lui obéissant totalement. Maintenant vous l'avez éclairée, ayant vu tout ce que vous devez faire et ne pas faire. Continuez donc ainsi sans dévier, et avec une résolution telle, que dussiez-vous en mourir, vous ne vous permettrez pas de faire quoi que se soit contre votre conscience. Plus résolument vous agirez ainsi, et plus puissante elle deviendra; et plus elle vous inspirera pleinement et fermement ce qui doit être, vous écartant de ce qui ne doit pas être, et dans les actes et en paroles, et en pensées, et plus votre état intérieur se mettra rapidement en ordre. La conscience, alliée à la pieuse mémoire en Dieu, est source jaillissante pour une vie spirituelle véritable. Souvenez-vous, nous avons parlé de l'esprit au début de nos entretiens ( cf Lettre 9 , 11-13).
En dehors de ces deux règles, rien d'autre n'est exigé. Complétez-les seulement par la patience. Le succés ne viendra pas tout d'un coup. Il faut attendre en faisant des efforts, surtout sans faiblir. Faire des efforts et ne jamais céder à notre propre convenance ou à celle du monde. Il y aurait alors des heurts constants contre l'ordre débutant. Il faut les vaincre, et par conséquent tendre ses efforts, et par conséquent, patienter. Revêtez-vous donc de cette armure toute puissante et ne vous découragez jamais, face aux insuccés. Tout arrivera avec le temps. Prenez courage par la patience en cette espérance. Qu'il en soit ainsi est vérifié par l'expérience de ceux qui ont cherché et réalisé le salut.
Et voilà, c'est tout ! Se souvenir pieusement de Dieu, suivre sa conscience et s'armer de patience par l'espérance. Ce petit peu est la semence du tout. Que le Seigneur vous bénisse pour vous prédisposer ainsi et y persévérer.

Traduit du russe par N.M.Tikhomirova.

Lettres extraites de Chto est douchvnaia jizn i kak na neio nastroitsia? Pisma Episkopa Feofana, Djordanville1988^ suite des lettres publiées dans la Voie Orthodoxe n°5, 6 &9.

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