mercredi 4 janvier 2012

L'ECHELLE SAINTE, de SAINT JEAN CLIMAQUE. Trad. ARNAULD D'ANDILLY.









































































L’ECHELLE SAINTE,
OU
LES DEGRéS
POUR MONTER AU CIEL
COMPOSéS PAR
SAINT JEAN CLIMAQUE
OU
SAINT JEAN DE L’ECHELLE,
ABBE DU MONASTERE
DU MONT SINAÏ
& PERE DE L’EGLISE GRECQUE
TRADUITS DU GREC EN FRANçOIS
Par Mr ARNAULD D’ANDILLY.
NOUVELLE EDITION
M.DC. LVIII.
Avec Approbation & Privilège.
A PARIS,
Chez Pierre Le Petit, Impr.&Libr. Ordinaire
Du Roy, rue Saint Jacques, à la Croix d’Or.

PREMIER DEGRé.

DU RENONCEMENT,
Qui se fait par une sainte violence à la vanité de la
vie mondaine.
Notre Dieu & notre Roy, qui est la bonté souveraine & infinie ( car il est raisonnable que je commence par le nom de Dieu à parler à des serviteurs de Dieu) ayant honoré de la dignité du libre-arbitre toutes les créatures raisonnables, auxquelles il a donné l’être, on peut dire, qu’entre ces créatures, les unes sont ses amis, les autres ses vrais & fidèles serviteurs, les autres de mauvais serviteurs, les autres des étrangers entièrement séparés de lui, & les autres ses adversaires qui lui font la guerre, quoi qu’ils ne puissent rien contre Sa Puissance. Or, selon le peu de Connaissance Spirituelle que j’ai, il me semble, mon Saint Père : Que ceux qui sont proprement les Amis de Dieu, sont ces substances intellectuelles & incorporelles qui environnent Son Trône. Que les vrais & fidèles serviteurs sont tous ceux qui ont fait & qui continuent toujours de faire Sa très Sainte Volonté avec une ferveur & une exactitude qui n’en omet aucun point. Que ses mauvais serviteurs sont ceux qui, ayant été honorés de la Grâce du Divin Baptême, n’ont point gardé vraiment & fidèlement ce qu’ils lui avaient promis par cette alliance, qu’ils avaient contractée avec lui dans ce Sacrement. Que les étrangers entièrement séparés de Lui & Ses Ennemis, sont tous ceux que nous voyons, ou n’avoir point été baptisés comme sont les infidèles, ou n’avoir qu’une foi erronée & corrompue comme sont les Hérétiques. Et que Ses Persécuteurs sont ceux qui, non seulement ont rejeté sa loi, & l’ont violée eux-mêmes, mais qui font encore de cruelles persécutions à ceux qui la sauvent & gardent.


Chaque espèce de toutes ces différentes personnes dont j'ai parlé, demanderait un traité particulier. mais, n'étant pas à propos qu'un homme aussi ignorant que je le suis, s'étende à présent sur toutes ces diverses matières, il vaut mieux que, pour obéir à ces fidèles serviteurs de Dieu, dont la piété me fait violence, & dont le zèle & la Foy me presse, je me borne à ce qui peut être utile pour l'édification de leurs âmes; que je prenne la plume de leur main, quoi que je me reconnaisse indigne d'écrire; que je la trempe, pour ainsi dire, dans l'humble soumission que je leur dois, espérant par mon obéissance acquérir quelque Grâce, & quelque Lumière en même temps qu'elle me cause de la tristesse; & que je trace dans leurs coeurs si purs, ainsi que sur du papier d'une blancheur admirable, ou plutôt comme sur des tables vivantes & spirituelles, les divines règles d'une Vie Sainte. Commençons donc en cette sorte:

La possession de Dieu, la Vie de la Grâce, & le Salut Eternel, sont des biens communs & universels, qui agissent par une volonté libre, sont capables de jouir, soit qu'elles soient fidèles, ou infidèles, justes ou injustes, pieuses ou impies, parfaites ou imparfaites, religieuses ou séculières, savantes ou ignorantes, saines ou malades, jeunes ou avancées en âge, comme l'effusion de la lumière, la vue du soleil, & les vicissitudes des saisons leur sont universellement communes. Car il n'y a point en Dieu d'acception des personnes.

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