samedi 14 janvier 2012

Vie de Sainte Geneviève et autres Vies de Saints.

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3 – 16 janvier 2012
Cycle mobile (Pascalion): Lundi de la Trente-Deuxième Semaine
Lecture de l’Epître
Jacques II : 14-26
2.14 Mes frère, que sert-il à quelqu'un de dire qu'il a la foi, s'il n'a pas les oeuvres? La foi peutelle
le sauver? 2.15 Si un frère ou une soeur sont nus et manquent de la nourriture de chaque
jour, 2.16 et que l'un d'entre vous leur dise: Allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez! et
que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert-il? 2.17 Il en est
ainsi de la foi: si elle n'a pas les oeuvres, elle est morte en elle-même. 2.18 Mais quelqu'un dira:
Toi, tu as la foi; et moi, j'ai les oeuvres. Montre-moi ta foi sans les oeuvres, et moi, je te
montrerai la foi par mes oeuvres. 2.19 Tu crois qu'il y a un seul Dieu, tu fais bien; les démons
le croient aussi, et ils tremblent. 2.20 Veux-tu savoir, ô homme vain, que la foi sans les oeuvres
est inutile? 2.21 Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les oeuvres, lorsqu'il offrit son
fils Isaac sur l'autel? 2.22 Tu vois que la foi agissait avec ses oeuvres, et que par les oeuvres la
foi fut rendue parfaite. 2.23 Ainsi s'accomplit ce que dit l'Écriture: Abraham crut à Dieu, et cela
lui fut imputé à justice; et il fut appelé ami de Dieu. 2.24 Vous voyez que l'homme est justifié
par les oeuvres, et non par la foi seulement. 2.25 Rahab la prostituée ne fut-elle pas également
justifiée par les oeuvres, lorsqu'elle reçut les messagers et qu'elle les fit partir par un autre
chemin? 2.26 Comme le corps sans âme est mort, de même la foi sans les oeuvres est morte.
Lecture de l’Evangile
Marc XII : 13-17
12.13 Ils envoyèrent auprès de Jésus quelques-uns des pharisiens et des hérodiens, afin de le
surprendre par ses propres paroles. 12.12.14 Et ils vinrent lui dire: Maître, nous savons que tu es
vrai, et que tu ne t'inquiètes de personne; car tu ne regardes pas à l'apparence des hommes, et
tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité. Est-il permis, ou non, de payer le tribut à César?
Devons-nous payer, ou ne pas payer? 12.15 Jésus, connaissant leur hypocrisie, leur
répondit: Pourquoi me tentez-vous? Apportez-moi un denier, afin que je le voie. 12.16 Ils en
apportèrent un; et Jésus leur demanda: De qui sont cette effigie et cette inscription? De César,
lui répondirent-ils. 12.17 Alors il leur dit: Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est
à Dieu. Et ils furent à son égard dans l'étonnement.
Cycle fixe : Commémorations
SAINT FINTAN DE DOON, ABBÉ (+6°.S.)
Fintan, un frère de Saint Finlugh, fut disciple de Saint Comgall à Bangor, Irlande. Il est
honoré comme Saint Protecteur de Doon dans le Limerick. Sa Source Sainte y est toujours
vénérée.
Tropaire des Saints Fintan et Finlugh ton 1
Vous qui étiez autant frères selon la chair que selon la Foi/
Ô honorés Fintan et Finlugh,/
Vous avez servi Notre Sauveur dans votre pays natal/
Lui gagnant des âmes, par vos actes de Pieux Ascètes./
Ne cessez pas votre amour pour les hommes,/
Priant pour nous afin que nous soyons sauvés.
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St. Gordius (à droite)
SAINT MARTYR GORDIUS LE CENTURION (+320)
Il naquit à Césarée de Cappadoce. Il était officier dans l'armée romaine durant le règne de
l'empereur Licinius. Quand éclata une terrible persécution contre les Chrétiens, Gordius quitta
l'armée et son rang et se retira dans la solitude du Désert du Sinaï. Seul sur l'Horeb, Gordius
passait son temps en prière et Contemplation des Mystères du Ciel et de la terre. Il
contemplait particulièrement la vanité et la vacuité de tout ce pour quoi les hommes luttent et
se battent sur terre et pour finir, il souhaita quitter cette vie et atteindre la Vie Eternelle et
Incorruptible. C'est habité de ce désir qu'il descendit en ville à l'époque des jeux et des courses
des païens. Gordius se présenta lui-même au gouverneur de la ville, déclarant qu'il était
Chrétien. En vain, le gouverneur tenta par des flatteries et des menaces de le détourner de la
Foi. Gordius demeura ferme comme le diamant, disant : "Ce n'est pas une petite folie que
d'acquérir au prix de cette courte vie une vie éternelle de tourments et de mort spirituelle."
Etant condamné à mort, il se hâta avec joie vers l'échafaud et au tout au long du chemin, il
parla aux bourreaux des Glorieux et Doux Enseignements du Christ. Avec le Nom du Christ
sur ses lèvres, Gordius offrit son jeune corps à l'épée et son âme de Juste à Dieu en l'année
320.
SAINT WENOG
Epoque inconnue. Il s'agirait d'un Saint gallois, mentionné dans plusieurs calendriers mais
dont on ne sait plus rien.
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SAINT PROPHETE MALACHIE (+5°.S. AV. NSJC)
Il vécut quatre cents avant la Nativité du Christ à l'époque du retour des Juifs de la Captivité
de Babylone. Malachie fut le dernier des Prophètes de l'Ancien Testament et dès lors les
Saints Pères l'appellent "le Sceau des Prophètes." Manifestant lui-même une image de bonté
spirituelle et de piété, il stupéfait la nation et fut dès lors appelé Malachie, c'est-à-dire un
Ange ("malach"). Son livre prophétique fait partie du Canon de l'Ancien Testament. Il y fait
de vifs reproches aux Juifs, leur prédisant la Venue de Jésus-Christ et de Son Précurseur ainsi
que le Jugement Dernier.
ou
Le nom de Malachie signifie "Mon Ange, Mon Messager." Originaire de la tribu de Zabulon
(de Lévi selon d'autres), il était encore tout jeune au moment du retour des Juifs de Babylone
et assista à la réforme religieuse d'Esdras et de Néhémie ainsi qu'à la reconstruction du
Temple (vers 450). Mais bien vite, les prêtres recommencèrent à accomplir leurs fonctions
rituelles avec négligence. On viola de nouveau les préceptes de la Loi et les moeurs se
dégradèrent; aussi le Seigneur envoya-t-il Malachie, le dernier des "Petits" Prophètes pour
annoncer qu'Il allait bientôt mettre fin au sacerdoce hébraïque infidèle et que l'Ange de
l'Alliance nouvelle (3:1), le Soleil de Justice (3:20), c'est-à-dire le Christ, allait bientôt venir
pour inaugurer un Sacerdoce Nouveau et Eternel. "Et soudain Il entrera dans Son Sanctuaire,
le Seigneur que vous cherchez et l'Ange de l'Alliance que vous désirez, Le voici qui vient!"
(3:20). Les offrandes et les sacrifices imparfaits feront place alors au Sacrifice Unique et
Parfait de l'Eucharistie qui unit à Dieu Juifs et Gentils : "Du Levant au couchant, Mon Nom
est grand chez les nations et en tout lieu un sacrifice est présenté en Mon Nom ainsi qu'une
offrande pure" (1:11). Ce jour grand et redoutable de la venue du Messie, accompagné d'un
feu insupportable pour les impies, sera préparé par la venue du Précurseur : "Voici que Je vais
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envoyer Mon Messager pour qu'Il fraye un chemin devant Moi" (3:1). Ainsi était clairement
prophétisée la venue de Saint Jean Baptiste (cité par le Christ en Matthieu 11:10) qui viendra
et marchera devant Lui (le Christ) avec l'esprit et la puissance d'Elie pour ramener le coeur
des pères vers les enfants et les rebelles à la prudence des justes, préparant pour le Seigneur
un peuple bien disposé" (Mal. : 23-24 cité dans le discours de l'Archange Gabriel à Zacharie:
Luc 1:17).
ou
Il prophétisa au sujet du retour du peuple juif de captivité de Babylone à Jérusalem. Il
réprimanda les enfants d'Israël à cause de leurs transgressions contre Dieu et Sa Loi. Il les
admonesta aussi à cause de leurs villes offrandes et prophétisa à propos de l'acceptation des
Gentils quand il dit : "Mais du Levant au couchant, Mon Nom est grand chez les nations et en
tout lieu un sacrifice d'encens sera présenté à mon Nom ainsi qu'une offrande pure. Car grand
sera mon Nom chez les nations! dit Yahvé Sabaot." (Malachie 1,11). Il leur fit remarquer
qu'ils ne donnaient pas la dîme ni les prémices, en disant : "Apportez intégralement la dîme au
trésor pour qu'il y ait de la nourriture chez moi. Et mettez-moi ainsi à l'épreuve, dit Yahvé
Sabaot pour voir si je n'ouvrirai pas en votre faveur les écluses du Ciel et ne répandrai pas en
votre faveur la bénédiction en surabondance. En votre faveur, je tancerai le criquet pour qu'il
ne vous détruise pas les fruits du sol et que pour vous la vigne ne soit pas stérile dans la
campagne, dit Yahvé Sabaot" (Malachie 3,10-11).
Il prophétisa au sujet de la venue de Saint Jean le Baptiste avant le Seigneur, le Sauveur du
Monde, en disant : "Voici que je vais envoyer mon messager pour qu'il fraye un chemin
devant moi. Et soudain il entrera dans son sanctuaire, le Seigneur que vous cherchez et l'Ange
de l'alliance que vous désirez, le voici qui vient! dit Yahvé Sabaot" (Malachie 3,1). Il
prophétisa aussi au sujet de la venue d'Elie avant le Seigneur lors de Son second Avènement,
disant : "Voici que je vais vous envoyer Élie le prophète avant que n'arrive le Jour de Yahvé,
grand et redoutable. Il ramènera le coeur des pères vers leurs fils et le coeur des fils vers leurs
pères, de peur que je ne vienne frapper le pays d'anathème. (Malachie 4,5-6). Ayant été
agréable à Dieu par son combat et ayant accomplit ses jours en paix, il partit vers Dieu Qu'il
aimait.
SAINT ABBÉ FINLUGH (FINLAG) (+6°.S.)
Finlugh, frère de Saint Fintan, traversa vers l'Ecosse où il devint apparemment disciple de
Saint Columba. Retournant en Irlande, il fut élu Abbé d'un monastère fondé par Saint
Columba dans le Comté de Derry.
SAINT EVEQUE FLORENT I DE VIENNE (+ 252)
Il fut le huitième Evêque de cette ville épiscopale. Il rendit son âme au Seigneur lors des
persécutions de l'empereur Gallien.
SAINT MARTYR DANIEL DE PADOUE (+ 168)
La tradition veut qu'il fût Juif converti par l'Evêque Saint Prosdocime et qu'il rendit son âme
cloué sur une table. Cette tradition fut oubliée et ne revint à la mémoire qu'en 1064 à Padoue.
SAINT PIERRE D'ATROA (+837)
Ermite au Monastère Saint-Zacharie en Bithynie (+ 837), il devint Moine à dix-huit ans dans
la célèbre plaine d'Atroa où se trouvaient plusieurs communautés monastiques. Il y mena une
vie ascétique intense. Son monastère dut se disperser durant la persécution iconoclaste de
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l'empereur Léon V puis celle de l'empereur Théophile (829). Malgré les coups et les
flagellations qu'il connut de la part des soldats, il resta en paix, remettant sa vie entre les
Mains de Dieu.
SAINTE GENEVIEVE DE PARIS (+502 OU 512)
Sainte Geneviève naquit en 422 au village de Nanterre, près de Paris. Elle avait à peine sept
ans quand Saint Germain d'Auxerre, en route vers l'Angleterre avec Saint Loup de Troyes,
discernant la Faveur de Dieu sur l'enfant, annonça à ses parents qu'elle avait été choisie pour
servir au Salut d'un grand nombre; il la bénit et lui remit une pièce de monnaie marquée d'une
Croix comme signe de sa consécration à Dieu. Dès lors l'enfant s'adonna de plus en plus aux
exercices de la piété. Un jour, sa mère, agacée de la voir fréquenter trop souvent l'Eglise,
porta la main sur elle mais elle fut aussitôt frappée par Dieu de cécité. Elle ne retrouva la vue
que deux ans plus tard en se frottant les yeux avec de l'eau que sa fille avait mêlée de ses
larmes et marquée du Signe de la Croix. Ne trouvant plus d'obstacle de la part des siens,
Geneviève fut alors définitivement consacrée au Seigneur par l'Evêque Vilicus de Paris mais
elle continua sa vie ascétique dans la maison familiale car les monastères n'existaient pas
encore en Gaule. A l'Endormissement de ses parents, elle alla s'installer à Paris chez sa
marraine. Après avoir enduré avec patience une cruelle maladie, elle entreprit de très grandes
austérités : priant sans cesse et ne sortant que pour servir les pauvres, elle ne se nourrissait que
deux fois par semaine, d'un peu de pain et de fèves. Elle acquit ainsi la maîtrise sur les
impulsions de la chair et une grande paix de l'âme, si bien qu'elle supporta avec patience les
calomnies et les rumeurs répandues par des jaloux jusqu'à ce que Saint Germain d'Auxerre
intervienne pour leur imposer le respect de la Servante de Dieu. C'est ainsi que les Parisiens
commencèrent à reconnaître sa Sainteté et que des jeunes filles se groupèrent autour d'elle
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pour imiter son genre de vie. La réputation de Geneviève se répandit dans toute la Gaule et
parvint même jusqu'en Orient; elle entretenait une relation spirituelle avec le Grand Saint
Syméon le Stylite.
Sainte Geneviève avait une grande dévotion pour les Saints qui avaient jeté les fondations de
l'Eglise en Gaule. Elle fit construire la première basilique au-dessus de la sépulture de Saint
Denis de Paris et inspira aux Parisiens la pieuse habitude d'y venir en pèlerinage, même par
les plus mauvais temps. Un jour elle se rendit à la basilique en pleine tempête avec un cierge à
la main, sans que la flamme ne s'éteigne. De même, elle contribua grandement au
développement du culte de Saint Martin à Tours qui devait devenir un des plus grands lieux
de pèlerinages d'Occident. Dans ses voyages, elle guérissait les malades, chassait les démons,
servant pour tous d'Instrument à la Providence de Dieu.
Au début de 451, Attila et sa horde sauvage de Huns approchaient dangereusement de Paris,
en pillant et ravageant tout sur leur passage. Les habitants de la cité, pris de panique, voulaient
s'enfuir, seule Geneviève garda son sang-froid, elle réunit les femmes dans les églises pour
implorer l'Assistance de Dieu dans le jeûne, les larmes et la prière et s'efforça de rendre
courage aux hommes. On s'opposa à elle et on se préparait même à la jeter à la Seine
lorsqu'un messager arriva de la part de Saint Germain d'Auxerre, confirmant une fois de plus
que Dieu avait élu Geneviève Sainte Protectrice de la ville. De fait, conformément aux
prédictions de la Sainte, Attila se détourna bientôt de Paris, subit une cuisante défaite contre
les Francs unis aux Gallo-Romains et s'éloigna.
Le roi des Francs, Childeric, exerça alors pendant une vingtaine d'années son hégémonie sur
la région. Bien qu'encore barbare, il montrait du respect pour l'Eglise et sur les instances de la
Sainte, il consentit à adoucir les peines des prisonniers. Les Francs furent cependant repoussés
par les Romains et cherchèrent à regagner l'avantage en retenant le ravitaillement de Paris. La
disette menaçait, le peuple perdait de nouveau confiance en Dieu. Geneviève réunit alors une
flottille avec de hardis bateliers et au prix de grands dangers de navigation, elle alla faire
provision de grains à Arcis-sur-Aube puis revint faire une distribution à tous les Parisiens, en
privilégiant les plus pauvres.
En 481, Clovis devint Roi des Francs et sous l'influence de son épouse, Sainte Clothilde, il
montra toujours un grand respect pour la Sainte; il écoutait ses conseils et n'hésitait pas à
modifier sa politique par égard pour les malheureux. Tandis qu'il achevait de conquérir la
Gaule, Sainte Clotilde resta auprès de Geneviève à Paris et Saint Remi venait parfois leur
rendre visite pour s'entretenir des Biens de Dieu. Trois Saints veillaient alors sur la France
naissante.
Sainte Geneviève parvint ainsi à l'âge de quatre-vingts ans. Elle remit son âme au Seigneur
dans la paix, entourée de l'Amour et de la dévotion de tout le peuple. Elle ne cessa pas
toutefois de montrer au cours des siècles sa protection sur la ville de Paris et ses habitants. Ses
Précieuses Reliques déposées dans l'église Sainte-Geneviève, sur la colline appelée depuis du
même nom, accomplirent d'innombrables guérisons. Lors des grands périls tels que guerres,
sièges, épidémies, famines, inondations ou incendies, le peuple venait en foule auprès de sa.
Sainte; on faisait alors de grandes processions, la châsse de ses Précieuses Reliques en tête et
Dieu ne manquait pas de montrer Sa Bienveillance par des Miracles, en réponse aux prières
de Sainte Geneviève et à la Foi du peuple de Paris. Ces Insignes Reliques furent brûlées pour
leur plus grande partie et jetées à la Seine par les sans-Dieu de 1793 mais la Sainte ne cesse
pas d'être bien vivante pour ceux qui savent l'invoquer avec Foi.
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ou
Née à Nanterre vers 422 et endormie à Paris vers 500, Geneviève naquit dans un village à la
périphérie de Paris à l'époque d'Attila le Hun. Elle était bergère, fille unique de Sévère et
Gérontia, des paysans durs à la tâche. Geneviève était si radieuse et attrayante que lorsque le
Saint Evêque Germain d'Auxerre visita son village accompagné de Saint Loup, en chemin
vers l'Angleterre en 429 pour aller y extirper l'hérésie de Pélage, il eut son attention attirée par
la fillette de sept ans. Après son sermon, les habitants s'assemblèrent autour de lui pour
recevoir leurs bénédictions. Germain s'enquit de ses parents et leur prédit sa future Sainteté.
Quand il demanda à Geneviève si elle voulait devenir l'Epouse du Christ et ne servir que
Dieu Seul, elle lui demanda de la bénir et de la consacrer dès ce moment.
Tirant de sa bourse une pièce d'or, il la lui
donna, disant qu'elle devait la conserver en
souvenir de ce jour et de Dieu à Qui sa vie
appartenait. Même lorsque des années plus
tard Geneviève allait bien souvent manquer
de quoi vivre, elle ne se débarrassera jamais
de cette piécette. Une autre version rapportée
par Constance de Lyon (plus ancien
biographe de Saint Germain) rapporte
comment le Saint Evêque partit pour l'église,
suivit par le peuple et durant le long chant des
Psaumes et des prières, "il étendit sa main sur
la tête de la jeune fille." Dans les deux cas,
elle continua ensuite à s'occuper des moutons
et à aider sa mère aveugle à coudre et à tisser.
A quinze ans, Geneviève devint orpheline de
ses deux parents et elle partit vivre à Paris où
elle répéta ses voeux et où l'Evêque de Paris
lui donna la voile ainsi qu'à deux autres
jeunes filles. Elle s'installa chez sa marraine.
Le temps passant, elle devint célèbre par sa
Sainteté. Elle ne mangeait en général que
deux fois par semaine et maigrement : un peu
de pain d'orge et quelques fèves. Elle continua ce jeûne jusqu'à ses cinquante ans lorsque son
Evêque lui ordonna d'assouplir son Ascèse.
Elle eut visions et prophéties, ce qui provoqua d'abord l'hostilité des Parisiens au point qu'on
tenta même de la tuer. Mais le soutien de Germain qui vint lui rendre à nouveau visite et la
justesse de ses prédictions aussi, changèrent les comportements. Germain adoucit aussi
quelques unes de ses plus lourdes pénitences durant sa visite.
La jeune fille aimait à venir prier la nuit seule dans l'église. Une nuit, un coup de vent souffla
sa bougie, la laissant dans l'obscurité. Geneviève en conclut que c'était le démon qui tentait de
l'effrayer. C'est pour cela qu'on la dépeint fréquemment tenant une bougie, parfois avec un
diable irrité se tenant derrière elle.
Sa bravoure permit de rassembler la ville en 451 quand Atilla II le Hun et son armée
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marchèrent sur la cité, voulant arracher la Gaule aux Wisigoths. Les citoyens étaient prêts à
évacuer la ville. Comme les Huns se trouvaient aux portes de Paris, Geneviève persuada les
hommes de rester et de rassembler les femmes de la ville pour prier. Son courage venait de
son entière confiance en Dieu et pendant qu'Attila et son armée s'approchaient, elle
encourageait les Parisiens à jeûner et à prier dans l'espoir que Dieu éloignerait le désastre.
Nombre de citoyens passèrent des nuits entières en prière avec elle dans le baptistère. C'est de
là que provient la dévotion à Sainte Geneviève que l'on pratiquait auparavant dans l'ancien
baptistère de l'Eglise de Paris à Saint-Jean-le-Rond. Elle rassura les gens, leur disant qu'ils
avaient la Protection du Ciel. Elle prit soin des malades, nourrit les pauvres et inspira partout
confiance. "Dieu vous protégera," disait-elle, "il faut Lui faire confiance."
Cependant, il y eut un moment où la crise fut à son paroxysme et les gens furent pris de
panique, s'opposant même à elle, voulant la lapider et disant qu'elle était une fausse
Prophétesse qui voulait les mener à la destruction et ils la menacèrent de la lapidation. Mais le
Bon Evêque Germain ne l'avait pas oubliée et bien qu'il fût gisant à Ravenne en Italie, il
envoya son Archidiacre Sedulius pour pacifier les gens. Sedulius persuada la foule en panique
que Geneviève n'était pas une Prophétesse de malheur mais qu'il fallait écouter ses conseils et
ne pas abandonner sa maison.
Nombre des habitants pourtant prirent peur et s'enfuirent en panique mais Geneviève à
nouveau rassembla les femmes autour d'elle et les mena sur les remparts de la ville où dans la
lumière de l'aube naissante et en face des flèches des ennemis, elles prièrent Dieu pour la
délivrance. Providentiellement, cette même nuit, les envahisseurs détournèrent leur route vers
Orléans et à nouveau la ville fut sauvée lorsque Geneviève qui était vénérée même par
l'ennemi, fut acclamée comme salvatrice et héroïne de son peuple.
En 486, la bravoure de la Sainte fut à nouveau de grand profit pour la ville de Paris. Clovis le
roi franc avait tué Syragrius, le représentant de Rome à Soissons, mettant un terme à la
gouvernance romaine sur les Gaules mais Childéric le roi franc assiégea Paris, affamant ses
habitants.
Une nuit que la ville était encerclée et qu'il y avait une terrible famine, Geneviève prit un
bateau et descendit seule la Seine mais plus probablement à la tête d'un groupe dans
l'obscurité jusqu'à Arcis-sur-Aube et Troyes. Elle se glissa silencieusement et secrètement
derrière les lignes de l'ennemi, mettant pied à terre à l'aube, loin de la ville et alla de village en
village pour implorer de l'aide et rassembler de la nourriture puis retourna à Paris, échappant à
nouveau à la surveillance de l'ennemi avec onze bateaux chargés de maïs. D'autres sources
disent qu'elle commanda onze barges pour aller chercher du blé en Champagne.
Lorsque le siège fut levé, Childéric, le conquérant toujours païen, lui envoya une ambassade
par admiration pour son courage lui demandant ce qu'il pouvait faire pour elle. "Relâche tes
prisonniers," répondit-elle. "Leur seule faute a été qu'ils aient tant aimé leur ville." Et cela lui
fut accordé.
A la mort de Childéric, Clovis lui succéda et consolida son contrôle sur les terres entre le Rhin
et la Loire. Il épousa la fille aînée de Childéric, Clothilde qui était Chrétienne et tenta de
convertir son mari mais d'abord sans succès. Clovis autorisa le Saint Baptême de son premier
fils mais celui-ci rendit son âme au Seigneur. Le second fils fut baptisé, il se trouva vite à
l'article de la mort mais il recouvra la santé par les prières de Clothilde et du Saint Evêque
Rémi de Reims.
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Pendant ce temps, Geneviève devint sa conseillère de confiance. Clovis dût livrer une terrible
bataille et promit d'être baptisé s'il gagnait. Il gagna et sous l'influence de Geneviève, il se
convertit en 496. Son peuple et ses serviteurs le suivirent. Comme Childéric, Clovis relâcha
nombre de prisonniers à sa demande. Plus tard, cependant, des troubles éclatèrent en ville et à
nouveau elle fut menacée d'invasion.
Geneviève fut aussi à l'origine de l'intérêt pour nombre de gens à bâtir une église en l'honneur
de Saint Denis qui sera par la suite rebâtie en monastère par le Roi Dagobert en 629.
Geneviève fit de nombreux pèlerinages avec d'autres jeunes Vierges vers le tombeau de Saint
Martin à Tours. La réputation de sa Sainteté était si grande qu'elle parvint même à Saint
Siméon le Stylite qui lui demanda qu'elle se souvienne de lui dans ses prières.
A l'époque elle allait s'endormir, le Roi Clovis en était arrivé à concevoir une grande
Vénération pour la Sainte. C'est à la suggestion de Geneviève que Clovis entama la
construction de l'église des Saints-Pierre-et-Paul au centre de Paris où il fera ensevelir son
corps. Plus tard, l'église sera redédicacée à Sainte Geneviève et rebâtie en 1746 par les
papistes.
A l'époque des grandes crises nationales, les Français se sont souvent tournés vers Geneviève
pour avoir son aide. Mais en 1793, le corps de Sainte Geneviève fut arraché de son tombeau et
publiquement brûlé place de Grève. A l'époque de la révolution française, l'église fut
sécularisée et est à présent appelée "Panthéon," lieu de sépulture pour les célébrités profanes
françaises les plus improbables mais quelques-unes de ses Très Précieuses Reliques purent
être préservées et replacées plus tard dans l'église de Saint-Stéphane/Etienne-du-Mont où des
foules les visitent chaque année.
La plupart des informations concernant Geneviève proviennent de la Vie que l'on dit être d'un
contemporain mais certains discutent de son authenticité et de sa valeur. Le fait qu'elle aurait
été bergère est une affirmation récente sans la moindre autorité. Certains pensent qu'elle serait
de famille aisée. Mais elle fut une personne bien réelle; son nom est repris dans le
Martyrologe hiéronymien [continuation au sixième siècle de celui "de Saint Jérôme"], ce qui
rend son culte fort ancien.
Dans l'iconographie, on la représente en bergère, habituellement tenant une bougie qu'un
diable tente d'éteindre pendant qu'un Ange la garde ou avec un livre ou encore avec une
torche. Elle peut avoir une pièce accrochée au cou (celle que Germain lui donna). Parfois on
peut la montrer en Moniale avec un mouton à ses côtés, un diable à ses pieds avec un soufflet
une clé en main et une bougie dans l'autre ou bien redonnant la vue à sa mère.
Elle est la Sainte Protectrice de Paris et invoquée contre les désastres, sécheresse et pluies
excessives et la fièvre.
ou
Sainte Geneviève (Genovefa) naquit en Gaule. Conquis en 52 avant Jésus-Christ par Jules
César, ce pays devint une province romaine et sa population indigène composée de Celtes et
de Gaulois se mêla aux Romains qui avaient apporté leur culture, leurs coutumes et leurs
croyances. Comme toutes celles de Rome, les villes gauloises furent entourées de murailles en
pierre flanquées de tours, on y trouvait des théâtres, des arènes et des temples païens. Telle fut
la ville de Lutèce, aujourd'hui Paris, non loin de laquelle naquit Sainte Geneviève et où elle
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vécut pendant plus de soixante-dix ans.
Dès le premier siècle, le témoignage chrétien fut apporté sur le territoire de
l'actuelle France. En l'an de grâce 96, un Evêque vint en Gaule avec un groupe
de Missionnaires. Il s'agissait de Denys l'Aréopagite, disciple du Saint Apôtre
Paul et auteur de nombreux ouvrages théologiques. Après avoir nommé
Evêques certains de ses compagnons dans sept villes (Reims, Poitiers etc.), il s'arrêta à Lutèce
accompagné du prêtre Rustique et de l'Archidiacre Eleuthère. Et ce fut bien ici qu'ils
fondèrent l'Eglise orthodoxe de Gaule. Saint Denis et ses compagnons s'installèrent hors de la
ville. L'Office Divin était célébré dans le souterrain où vivait le premier Evêque de Paris mais
comme partout à cette horrible époque Saint Denis et ses compagnons furent accusés de
propagande contre les autorités romaines, emprisonnés et puis décapités hors de la ville sur
une colline boisée au sommet de laquelle se trouve le sanctuaire de Mercure. Aujourd'hui c'est
Montmartre [= Mont des Martyrs] où s'élève la basilique papiste dite "du Sacré-Coeur"
rejointe par la rue des Martyrs, nommée ainsi en l'honneur des illustres Martyrs parisiens, son
premier Evêque et ses compagnons.
Les persécutions des Chrétiens en Gaule comme partout durèrent jusqu'en 312 mais la Rome
païenne ne parvint jamais à exterminer le Christianisme. La fameuse légion de Thèbes fut
anéantie pour avoir refusé de massacrer les Chrétiens habitant dans l'embouchure de la Marne.
En dépit des persécutions, l'Eglise orthodoxe de Gaule continuait à s'élargir numériquement et
à se perfectionner spirituellement. Elle donna à l'époque nombre de Saints et de Martyrs.
Parmi eux, Saint Irénée de Lyon, fondateur de la théologie de tradition orientale, Saint Denys
l'Aréopagite, Saint Rustique et Saint Eleuthère, Illustre Combattant de l'arianisme, Saint
Hilaire et l'Apôtre de la Gaule Saint Martin de Tours, Saint Marcel et beaucoup d'autres.
Sainte Geneviève la Sainte Protectrice de Paris a aussi sa place parmi les Saints qui
s'illustrèrent au sein de l'Eglise orthodoxe de Gaule.
Sainte Geneviève naquit en 423 (selon
d'autres sources en 420) à la fin du règne de
l'empereur Honorius. Peu avant sa naissance,
l'empereur Théodose II partagea l'Empire
romain entre ses deux fils : Arcadius reçut
l'Orient, Honorius l'Occident. La jeunesse de
Sainte Geneviève se passa sous Valentinien
III. Elle vit les neuf derniers empereurs se
succéder sur le trône romain et fut témoin de
l'arrivée au pouvoir de Clovis, chef des
Francs qui avait conquit toute la Gaule.
Celui-ci, fondant la dynastie mérovingienne,
devint ensuite Roi de France et se convertit
au christianisme. Le Saint Baptême de
Clovis eut pour le destin de la France
chrétienne, la même signification que celui
de l'Empereur Constantin pour l'Empire
romain et celui de Saint Prince Vladimir
pour la Russie. Cet évènement ouvre une
nouvelle ère pour l'Occident.
Sainte Geneviève était originaire de
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Nanterre, un petit bourg qui se situait sur la Seine à sept milles de Lutèce et dont les habitants
étaient pêcheurs et agriculteurs. Les parents de Geneviève, Séverus et Gerontia, étaient
Chrétiens et possédaient à Nanterre un petit lot de terrain sur lequel, selon la coutume d'alors,
leur fille faisait paître les moutons. Une chronique ancienne du onzième siècle dit : "Elle ne
fut issue ni des comtes ni des rois mais elle fut la fille d'un citadin, cette demoiselle." Quand
elle eut douze ans, le Saint Evêque Germain d'Auxerre et le Saint Evêque Loup de Troyes
firent halte dans sa ville natale. Geneviève et ses parents étaient parmi la foule accueillant les
Saints Evêques sur le quai. Tout le monde se dépêchait de saluer les Saints Pasteurs et de
recevoir leur bénédiction. Soudain, Saint Germain remarqua Geneviève, l'appela, l'embrassa
sur le front et prédit aux parents le glorieux futur de leur fille. Geneviève répondit à cela
qu'elle ne voulait aucun autre avenir que de se consacrer au Christ et de garder sa Virginité.
Puis les Evêques et le peuple se dirigèrent à l'église car il était temps pour None et Vêpres.
Pendant toute la célébration Saint Germain tint sa main sur la tête de la petite Geneviève et à
la fin de l'Office il demanda à son père de l'amener à lui le lendemain. Après cela les pasteurs
se restaurèrent et laissèrent partir le clergé et les paroissiens. Au lendemain lorsque Séverus
amena Geneviève à l'église, Saint Germain lui demanda si elle se rappelait ce qu'elle lui avait
dit la veille. La petite fille lui répondit : "Je me rappelle, Ô Saint Père que j'ai promis à toi et
au Seigneur de passer ma vie avec l'aide de la Grâce de Dieu dans la pureté de la chair et de
l'esprit. – Vas-y, mon enfant, si tu fondes courageusement ta vie sur ta Foi, le Seigneur Luimême
sera ta forteresse et ta force." En s'entretenant ainsi avec la fillette, Saint Germain
aperçut par terre près de ses pieds une pièce romaine en cuivre portant le chrisme et lui dit :
"Voici, tiens ce don du Céleste Epoux, porte-le toujours en mémoire de moi et que nul autre
bijou ne décore jamais ni ton cou ni tes doigts car si ton âme se laisse séduire par les trésors
éphémères de ce monde, le rayonnement des Trésors Eternels et Célestes deviendra à tout
jamais inaccessible pour toi." Ensuite après avoir béni Geneviève, les deux pasteurs reprirent
leur route vers la Grande Bretagne pour y lutter contre l'hérésie de Pélage.
Après le Départ des Saints Evêques, Geneviève fréquenta les Offices d'église avec encore plus
d'ardeur. En raison de ceci, elle eut bientôt un conflit avec sa mère qui exigeait que sa fille
passât plus de temps à la maison pour l'aider au ménage. Un jour, au moment d'aller à l'église
Gerontia interdit à sa fille de la suivre. Mais Geneviève, tout en larmes, talonna sa mère en
disant qu'elle devait tenir sa promesse de fréquenter l'église pour se rendre digne de devenir
l'Epouse du Christ. Ces paroles courroucèrent tant la mère que celle-ci donna une gifle à sa
fille et devint aveugle sur le coup. La cécité dura vingt et un mois. Finalement, ce malheur la
fit prendre conscience de ce qu'elle avait fait. S'étant souvenu de ce que Saint Germain avait
dit de Geneviève, Gerontia comprit qu'elle s'opposait à la Volonté de Dieu et décida de
demander pardon à sa fille. Elle pria Geneviève de lui apporter de l'eau. La fillette, éprouvant
de profondes souffrances pour sa mère, en puisa et après s'être assise sur le rebord du puits
pria pour elle avec plus d'ardeur que jamais. Ses larmes tombaient dans l'eau. Après avoir
regagné la maison, elle traça, à la demande de sa mère et suivant l'usage de l'époque, le Signe
de la Croix sur l'eau puis elle la fit se laver. Gerontia leva ses bras au Ciel et pria Dieu de lui
pardonner. Puis elle lava ses yeux et commença à voir un peu. Ayant lavé ses yeux encore
trois fois, elle recouvra la vue parfaitement. Ce fut le premier Miracle qui s'accomplit grâce
aux prières de Sainte Geneviève. Dès lors la mère ne l'empêcha plus de se consacrer au
Seigneur seul.
A l'époque, les chrétiennes désirant se trouver parmi les Vierges devaient subir deux épreuves
ou une sorte de noviciat. D'abord, elles devaient promettre simplement de se consacrer au
Dieu. Puis il était temps pour une épreuve plus longue pendant laquelle les demoiselles
s'exerçaient aux actes de Foi et aux bonnes oeuvres et s'éprouvaient afin que les pasteurs et les
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fidèles pussent juger de la fermeté de leur intention. Après avoir subi cette épreuve, la
postulante faisait voeu de célibat et l'Evêque qui la consacrait lui remettait un petit bandeau
rouge ou violet (flammeum). Ce dernier servait de distinction des Vierges consacrés à Dieu et
à partir de ce moment-là devait toujours couvrir la tête de la consacrée. Sainte Geneviève
passa aussi par ce chemin. Sitôt qu'elle eut quatorze ans, Geneviève fut considérée comme
digne d'être consacrée car elle s'illustra par la Sainteté de sa vie. Trois Vierges vinrent en
même temps chez le Saint Evêque Marcel. Sainte Geneviève, la moins âgée vint la dernière.
Mais Saint Marcel dit : "Que celle qui est derrière s'approche la première car il plut à Dieu
que la cause de sa perfection fût si finement avancée et portât des fruits si rapidement. Et elle
fut déjà consacrée par le Ciel. Accepte ce bandeau, mon enfant et porte-le immaculé jusqu'au
Jugement Dernier du Seigneur." Et Sainte Geneviève fut consacrée la première. Dès lors elle
mena la vie d'une Vierge consacrée à Dieu.
Bien qu'en Gaule il existât déjà plusieurs monastères de femmes, la plupart des Vierges
restaient dans le monde. Elles vivaient dans leurs familles, entretenaient des relations avec les
laïcs, disposaient de leur propriété à leur gré et avaient toute liberté pour régler leur emploi du
temps suivant l'esprit de piété et de miséricorde. C'est pour cela que Sainte Geneviève vivait
toujours chez ses parents à Nanterre.
Ce fut une épidémie qui ôta ses parents à la fillette. Selon la coutume, les Vierges consacrées
à Dieu après le Départ de leurs parents devaient être confiées à la tutelle des femmes âgées et
réputées pour leurs piété et bon sens et Saint Geneviève déménagea de Nanterre chez sa
marraine à Lutèce.
En ce temps-là, Lutèce (l'actuelle Paris) se situait sur l'Île de la Cité reliée aux rives du fleuve
par deux ponts. La ville était dominée par la magnifique cathédrale Saint-Stéphane/Etienne.
Sur la rive est, il y avait l'église de Notre Dame et tout près du pont, s'élevait un baptistère
dédié à Saint Jean le Précurseur. C'est justement à côté de ce baptistère que se trouvait la
maisonnette de la marraine de Sainte Geneviève. A peine installée à Lutèce, la Sainte fut
atteinte d'une horrible maladie semblable à une paralysie générale qui lui causait d'atroces
souffrances. Pendant trois jours, elle resta couchée, pâle et immobile, on la croyait morte.
Mais après avoir repris des forces, elle dit à sa marraine qu'un Ange l'avait emmenée sur les
lieux de la Béatitude des Justes et qu'elle avait vu en partie ce que le Seigneur avait préparé
pour ceux qui L'aiment : "Cette Béatitude est telle que les incroyants ne me croiraient pas si
je la racontais."
Par la suite, Sainte Geneviève reçut le don de clairvoyance et révélait à certaines personnes
leurs vices secrets.
La juste vie de la jeune Geneviève s'enflammait de plus en plus vivement. Depuis l'âge de
quinze ans, elle ne prit le repas que le jeudi et le dimanche. Et ce repas ne comprenait que du
pain d'orge et des fèves cuites à l'huile végétale. Ce n'est qu'à la cinquantaine qu'obéissant à
l'Evêque, elle atténua ce jeûne si strict et se permit du lait et du poisson. Sa prière quotidienne
était longue et s'accompagnait de larmes. Habituellement, Sainte Geneviève priait toute la nuit
du samedi au dimanche et entre la Théophanie et le Jeudi Saint, elle s'enfermait dans sa
cellule pour prier, ne sortant nulle part et ne voyant personne.
Par la suite, les gens se mirent par envie à parler de Sainte Geneviève comme d'une trompeuse
et hypocrite dont la vie juste et austère n'était qu'une feinte. Ce ne fut que Saint Evêque
Germain, si vénéré par les Chrétiens et même par les païens qui, étant arrivé à Lutèce, mit fin
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à la diffamation de sa fille spirituelle. Toute la ville alla à la rencontre de son pasteur bienaimé
qui s'enquit tout de suite de Sainte Geneviève. Parmi ceux qui vinrent saluer Saint
Germain, il y avait non seulement des admirateurs de la Sainte mais aussi des calomniateurs
qui se mirent à assurer l'Evêque que Geneviève ne méritait pas son souvenir et n'était pas
digne d'une opinion si haute. Mais Saint Germain, comme une ancienne tradition le raconte,
ne prêtant aucune attention à leurs paroles, à peine entré à la ville, se dirigea immédiatement
vers la maison de la Sainte. Sa déférence pour Geneviève ébahit tout le monde. Après avoir
fait sa prière, le pasteur entra dans la cellule de la Juste et montra aux personnes présentes le
plancher couvert de larmes de ses prières. Ayant répété sa louange envers Sainte Geneviève et
l'ayant confiée aux habitants de Lutèce, le Prélat reprit son chemin.
Lors de cette rencontre Saint Germain commit Sainte Geneviève à la direction des Vierges
désirant suivre son exemple et faire voeu de célibat. Par la suite, la fille et la soeur du Roi
Clovis furent également du nombre des soeurs spirituelles cadettes de Sainte Geneviève et
avec la permission de celle-ci, devinrent toutes les deux Vierges consacrées à Dieu.
Sainte Geneviève révérait beaucoup Saint Denys l'Aréopagite, Apôtre de la Gaule. Elle allait
souvent en pèlerinage à Cattulliacus, lieu où étaient ensevelis l'Evêque de Paris, le Prêtre
Rustique et l'Archidiacre Eleuthère. Et elle s'affligeait beaucoup de ne voir qu'un misérable
oratoire en bois là où reposaient les Précieuses Reliques des Saints Martyrs. "Mes augustes
Pasteurs du Christ, je vous supplie de penser à la possibilité de construire une basilique en
l'honneur de Saint Denis," s'adressa-t-elle enfin au clergé de Paris. Mais les Prélats lui
répondirent que cette bonne intention ne pouvait être accomplie car pour construire une
basilique, il fallait de la chaux vive, ce dont on manquait. Alors le visage de Sainte Geneviève
s'illumina et elle dit : "traversez le pont puis revenez et racontez-moi ce que vous y
entendrez." Les pasteurs lui obéirent et s'étant retrouvés sur la rive gauche boisée de la Seine,
ils entendirent deux porchers se raconter être tombé sur deux grandes fosses remplies de
chaux ou des fours à chaux que personne n'avait utilisées jusqu'alors. Transportés de joie, les
Prêtres remercièrent Dieu, demandèrent aux porchers de leur indiquer l'emplacement de ces
fours à chaux après quoi ils se hâtèrent vers la ville, chez Sainte Geneviève. Après avoir
écouté leur récit, elle se mit à pleurer de joie et pendant toute la nuit elle remercia le Seigneur
et Le pria de bénir son dessein. Ayant préposé le Prêtre Genèsse à la gestion de l'édification
de la basilique, elle commença la quête et les Parisiens furent si enthousiasmés par son appel
que la somptueuse basilique fut bientôt érigée.
Ce ne fut pas par hasard que Sainte Geneviève se donna beaucoup de peine pour bâtir une
basilique en l'honneur de Saint Denys l'Aréopagite et Illuminateur de la Gaule et premier
Evêque de Paris. Dès le premier siècle après NSJC, ce dernier avait posé les fondements de la
doctrine orthodoxe sur la Grâce. [note : N. V. Lossky dans sa "Théologie mystique de l'Eglise
d'Orient" dit : "Denis et les Pères appellent "les énergies" comme "les rayons de Divinité" qui
transissent l'univers créé. Saint Grégoire Palamas les appelle tout simplement "Divinités,"
"Lumière non créée" ou "Grâce"]. Cette doctrine liée à celle de la Sainte Trinité fut mise en
évidence par tous les Pères d'Orient et en particulier par Saint Grégoire Palamas au
quatorzième siècle dans sa dispute avec les adeptes orientaux de la théologie occidentale de
Thomas d'Aquin sur "la lumière non créée de Thabor." Cette théologie des Pères d'Orient est
inséparable d'une expérience mystique intérieure; c'est pour cela que l'on peut l'appeler
"théologie mystique" par opposition à la théologie scolastique purement intellectuelle apparue
en Occident au onzième siècle. L'expérience intérieure de la "Lumière," de la Prière de Jésus
passa de l'Athos ancien à notre pays et prospéra surtout chez les Saints Moines russes.
"L'acquisition de l'Esprit Saint" de Saint Séraphin de Sarov qui vécut au dix-neuvième siècle
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dans les forêts de la région russe de Tambov et l'expérience intérieure de la "Lumière
Impérissable," de la Prière du coeur de Jésus de Saint Siméon le Nouveau Théologien
(onzième siècle), de Saint Grégoire Palamas et des Moines athonites constituent la même
tradition orthodoxe ou "doctrine mystique de la Grâce." La Vénération particulière de Saint
Denys l'Aréopagite par Sainte Geneviève nous révèle la pureté de sa Foi et nous lie à elle
comme à toute Sainte orthodoxe.
Déchiré par des dissensions intérieures, l'Empire romain, réputé indestructible, commença à
se défaire et ne pouvait plus défendre ses frontières menacées par des tribus germaniques et
par les Huns : tout le cinquième siècle fut marqué en Gaule d'incessantes invasions barbares.
Les tribus germaniques avec femmes et enfants quittaient leurs régions habituelles tentant
d'échapper aux Huns qui déjà au premier siècle après NSJC étaient sortis des profondeurs de
l'Asie et au cinquième siècle après s'être retrouvés sur les rives de la Danube, se ruèrent par
torrents impétueux vers l'Occident. La deuxième horrible invasion fut l'oeuvre des Huns qui en
451, franchirent le Rhin, Attila à leur tête.
A ce moment Geneviève avait vingt huit ou vingt neuf ans. Attila se dirigeait vers Orléans et
son chemin passait par Paris. Pris d'horreur, les Parisiens avaient l'intention de fuir avec leurs
biens vers des lieux moins dangereux. Mais Sainte Geneviève les persuada de ne pas quitter la
ville, disant que Paris serait épargnée et que les lieux où ils s'apprêtaient à fuir, seraient, au
contraire, détruits. Elle exhortait les femmes à suivre l'exemple de Judith et d'Esther qui
avaient détourné le péril tout proche par la pénitence et la prière. Les femmes lui obéirent et
en se rassemblant avec Sainte Geneviève au baptistère, elles prièrent Dieu jour et nuit afin
d'épargner la ville. Mais leurs maris que les femmes persuadaient d'obéir à la Sainte et de ne
pas partir de la ville, ne furent qu'enragés par ces paroles. Face au danger manifeste, la ferme
Foi de la Sainte leur paraissait aberrante. "Elle s'est vendue à l'ennemi, cette fausse
prophétesse et menteuse, elle veut nous empêcher de nous sauver et de sauver nos biens, elle
séduit nos femmes; lapidez-la! Jetez-la dans le fleuve!" Sainte Geneviève fut traînée du perron
et jetée par terre et on décida laquelle des deux morts choisir pour elle. Mais à ce même
moment, un Archidiacre auxerrois Sédulius apparut dans la foule furieuse et s'exclama :
"Citoyens! Ne vous avisez pas de noyer celle dont Saint Germain disait qu'elle avait été
choisie par Dieu déjà dans le sein maternel." Et il montra à la foule le cadeau que l'Evêque
défunt avait ordonné de remettre à Sainte Geneviève.* Le nom de Saint Germain apaisa la
foule et dans toutes les églises s'éleva une prière unanime pour le détournement du péril.
Soudain, Attila rebroussa chemin et s'approcha d'Orléans, ayant fait un grand détour autour de
Paris. La ville fut sauvée grâce aux prières de Sainte Geneviève. Un an après, Attila apparut
en Italie. Tout près des murs de Rome, il fut arrêté par le Pape Saint Léon. Ses paroles et son
apparence frappèrent le païen à un tel point que ce dernier, pris de terreur, s'enfuit pour
regagner la Hongrie [note : Attila racontait à son entourage qu'à côté de Saint Léon se tenait
quelqu'un portant des vêtements resplendissants et le menaçant d'un glaive]. Un an après
Attila médita une nouvelle campagne contre la Gaule mais après être tombé subitement
malade, il mourut dans l'obscurité. Après sa mort le royaume des Huns se désintégra.
* Pour les habitants de Paris de l'époque, Saint Germain était l'homme le plus vénéré et chacun connaissait la
femme qu'il estimait si hautement.
Toute la longue vie de Sainte Geneviève fut marquée de maints évènements miraculeux
associés à l'expression de son Amour et de sa pitié envers les gens. Les esclaves, les
prisonniers, les captifs, tous les misérables et opprimés eurent en elle une Protectrice et un
Intercesseur. Son influence sur les rudes païens était telle que ceux-ci ne pouvaient résister à
ses demandes. "Les mots m'échappent," dit le chroniqueur, "pour décrire à quel point le roi
Childéric fut dévoué à Sainte Geneviève." L'évènement suivant en témoigne : étant entré à
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Paris, le roi ordonna de verrouiller les portes de la ville de peur que Sainte Geneviève ne vînt
de nouveau lui demander de faire grâce aux captifs qu'il allait mettre à mort et qu'à nouveau il
ne pût le lui refuser. Mais la Sainte ayant entendu parler de ce que le roi projetait, se hâta en
ville. A peine toucha-t-elle la porte fermée que celle-ci s'ouvrit devant elle et la Sainte se
dirigea vers le palais. On ne trouva pas de raisons pour ne pas laisser Sainte Geneviève entrer
chez Childéric et il ne lui resta plus qu'à se résoudre à céder à ses prières.
Un maître sévère bien que Chrétien, malgré les prières de Sainte Geneviève, ne désirait pas
pardonner à son esclave coupable d'une faute. "En tout cas, si tu rejettes ma prière Quelqu'un
y consentira car Il est bon et ami des hommes," dit la Sainte au maître entêté. Mais à peine
rentré chez lui, il tomba malade atteint de fièvre chaude, maladie presque incurable à l'époque
et qui se transforma ensuite en influenza, devenue aujourd'hui la grippe virale et simple. Il
souffrit pendant toute la nuit et au matin il se rendit chez Sainte Geneviève. Il se jeta à ses
pieds pour la supplier de lui pardonner de ne pas avoir eu pitié la veille. Ce jour-là deux
Miracles se produirent : un esclave fut excusé et un maître reçu le pardon.
Une fois, une femme pénétra dans la cellule de Sainte Geneviève et vola ses souliers. Mais
sitôt rentrée chez elle, la voleuse sentit qu'elle perdait la vue. S'étant rendu compte que le
Seigneur la punissait pour le vol, elle retourna à Geneviève ce qu'elle avait volé. Tombée à ses
pieds en larmes, elle la suppliait de lui rendre la vue. La Sainte sourit, la fit se lever, traça le
Signe de Croix sur ses yeux et la femme recouvra la vue aussitôt.
Une autre femme avait bien envie de savoir ce que la Sainte faisait dans sa cellule. Mais dès
qu'elle se mit près de la porte de sa cellule, elle devint aveugle aussi. Cela eut lieu pendant le
Grand Carême et celle qui fut punie pour une curiosité impie, dut attendre le Jeudi Saint quie
la Sainte sorte de sa réclusion et la guérisse en traçant le Signe de Croix sur ses yeux.
L'hagiographe de la Sainte dit qu'elle aimait voyager et faisait des pèlerinages fréquents. Elle
allait très souvent à Saint-Denis* pour vénérer les Précieux Restes du Saint à Tours où elle fut
attirée par le Grand Thaumaturge de l'Occident et Apôtre de la Gaule du quatrième siècle et
Evêque de cette ville, Saint Martin, à Orléans où reposait Saint Aignan. Ces pèlerinages furent
aussi accompagnés de Miracles.
* Ainsi avait été rebaptisé le village de Cattulliacus après qu'une basilique y fut édifiée pour abriter les
Précieuses Reliques de Saint Denys l'Aréopagite.
Un jour que Sainte Geneviève se rendait à Reims chez l'Evêque Rémi, elle s'approchait de la
ville de Laon. Parmi la foule qui vint à sa rencontre se trouvaient les parents d'une fille
paralytique âgée de neuf ans. Ils suppliaient la Sainte de visiter leur fille. Après s'être rendue
au chevet de l'adolescente et ayant fait une prière, Sainte Geneviève lui ordonna de se lever de
son lit, de mettre ses chaussures et de s'habiller. La miraculée fit tout de suite ce que la Sainte
lui prescrivait et se rendit à l'église sans aucune difficulté. Quand Sainte Geneviève quitta la
ville, les habitants prirent congé d'elle en louant Dieu avec joie.
La Sainte était à Orléans et priait devant les Précieuses Reliques de Saint Aignan lorsqu'une
femme nommée Fraterne se jeta à ses pieds sa fille à la mort : "Madame Geneviève, rends-moi
ma fille, rends-moi ma fille." "Ne t'afflige plus, ta fille est en bonne santé," répondait la
Sainte. Et la fille guérie sortit à la rencontre de sa mère qui rentrait avec Geneviève de l'église
à la maison.
D'après la tradition relatée par l'hagiographe, Sainte Geneviève se serait illustrée auprès du
peuple par nombre d'exploits et de Miracles qui témoignent qu'elle était le Vase de la Grâce
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Divine et le Siège de l'Esprit-Saint. C'est pour cela que sa prière apaisait les tempêtes et
chassait les démons. Tout comme le cierge allumé dans sa main pendant la prière, son coeur
brûlait devant Dieu.
A cette même époque, en Orient, vivait dans le Désert près d'Antioche le Grand et Saint
Homme Apostolique Siméon le Stylite, ainsi surnommé ainsi parce qu'il passa quarante ans
sur une colonne. Les Patriarches demandaient son conseil lors de leur lutte contre les hérésies
et des foules nombreuses venaient à lui, d'autant plus que le chemin de l'Est à l'Ouest passait
non loin de la colonne au sommet de laquelle il se tenait. Tout en exhortant ses visiteurs, Saint
Siméon se renseignait sur la vie de l'Eglise du Christ. Et chaque fois que des marchands de
Paris le visitaient, il s'enquérait auprès d'eux de Sainte Geneviève, lui transmettait ses
salutations et sa demande de prier pour lui. Que le Saint Homme Apostolique d'Orient vît par
son esprit clairvoyant une fille gauloise consacrée à Dieu resplendir de sa Sainteté ou que la
rumeur de la Sainte vînt à sa colonne, n'importe pas dans ce cas-ci. C'est bien une liaison
d'esprit et de prière entre le Grand Anachorète d'Orient et une simple fille consacrée à Dieu et
vivant parmi les laïcs dans une grande ville d'Occident qui témoigne de la Foi unique au
Christ qui avait cours à l'époque en Orient et en Occident et ceci malgré une telle différence
entre le type de Sainteté de Geneviève et le chemin apostolique de Saint Siméon.
Clovis, fils du roi Childéric, était conquérant et diplomate. En écartant progressivement les
Romains et les tribus barbares qui s'apprêtaient à prendre leur place, il devint maître de toute
la Gaule. Bien qu'il fût païen, il faisait preuve de tolérance vis-à-vis des Evêques et respectait
ces derniers car leur influence dans le pays qu'il venait d'occuper était extrêmement forte. Le
siège de Paris en 486-487 fut une des étapes de la lutte que menait Clovis pour chasser les
Romains hors de la Gaule. Voici ce que nous en raconte l'hagiographe de Sainte Geneviève :
"Pendant le siège de cinq ans que firent les Francs devant Paris, beaucoup de ses habitants
mouraient de faim. Alors Sainte Geneviève décida d'organiser un convoi de navires vers
Arcis-sur-Aube et de s'y procurer des vivres. A peine fut-elle arrivée dans cette ville que le
tribun Pascivius lui demanda de visiter sa femme qui était immobile et paralysée depuis
quatre ans. Sainte Geneviève traça un Signe de Croix sur elle et lui ordonna de se lever. La
femme de Pascivius fut aussitôt guérie et se leva de son lit."
Après avoir chargé ses compagnons de recueillir du blé, Sainte Geneviève se rendit à Troyes
où une grande foule vint à sa rencontre. Ayant exaucé les supplications des habitants, elle y
guérit miraculeusement un grand nombre de personnes. C'est bien dans cette ville que Sainte
Geneviève, invoquant la Sainte Trinité, rendit la vue à un homme et guérit une fillette
aveugle-née. Un Hypodiacre [=Sous-Diacre] qui fut témoin de ces Miracles et dont le fils
souffrait d'une forte fièvre depuis déjà dix mois, amena ce dernier à la Sainte. Elle prit de l'eau
et après l'avoir bénie en fit boire au malade qui se rétablit tout de suite. Les pauvres, pleins de
Foi, arrachant des lambeaux du vêtement de la Sainte et les possédés priant pour la guérison,
tous reçurent un soulagement à leurs souffrances.
Ensuite, Sainte Geneviève rentra à Arcis-sur-Aube. Pendant les quelques jours qu'elle y passa,
la femme miraculée du tribun ne la quitta pas d'une semelle et l'accompagna vers le bateau.
Un nouveau danger attendait Sainte Geneviève et ses compagnons sur le chemin du retour. Le
vent commença à pousser les bateaux vers les arbres et les écueils. Ils chavirèrent et prenant
eau étaient sur le point de couler. En voyant ce désastre, Sainte Geneviève leva les mains et
invoqua le Sauveur. Le Seigneur entendit sa prière et les onze bateaux remplis de blé furent
sauvés. Lorsqu'un des participants à ce voyage, le Prêtre Bessus, effrayé, comprit qu'ils
avaient échappé au danger, il ne put retenir sa joie et se mit à chanter: "Le Seigneur est ma
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Lumière et mon Salut : de qui aurais-je peur?" Les autres se joignirent à lui et chantèrent la
Louange à Dieu à haute voix.
La Sainte regagna Paris saine et sauve et se mit avec les filles qui étaient sous sa direction
spirituelle, à répartir les provisions. Elle faisait tout son possible pour en distribuer à tout le
monde mais fut surtout soucieuse des pauvres qui souffraient le plus de la famine. Ses fillesdisciples
arrivant de bon matin à la boulangerie, s'aperçurent maintes fois qu'il manquait des
pains (qu'elles cuisaient elles-mêmes). Mais les pauvres qu'elles rencontraient dans les rues et
qui emportaient chez eux des pains encore fumants en bénissant Sainte Geneviève, étaient
l'explication de ses disparitions mystérieuses.
Clovis prit Paris. Il avait même plus de respect et d'amour pour Sainte Geneviève que son
père et ne pouvait rien lui refuser. Ainsi, les condamnés à mort étaient au dernier moment
libérés par le roi à la demande de la Sainte patronne de la ville dont il venait de s'emparer.
Cette ville devait bientôt devenir la capitale de la France chrétienne. Vers ce temps-là, la plus
grande partie de la Gaule était envahie par l'hérésie d'Arius. Seules les provinces occupées par
les Francs avaient échappé à la contagion et les Evêques gaulois conduits par Saint Rémi de
Reims priaient Dieu avec Sainte Geneviève pour la conversion du roi des Francs, espérant
trouver en lui un Défenseur et un Combattant de la Vraie Foi. Leurs coeurs furent remplis de
joie lorsqu'il épousa en 493 Clotilde, fille du roi de Bourgogne qui était non seulement une
Chrétienne ardente mais la seule Championne de l'Orthodoxie dans sa famille arienne.
La jeune Reine Clotilde entourée de païens à la cour de Clovis était, d'après le chroniqueur,
"comme une brebis parmi les loups" mais c'est Sainte Geneviève qui lui prêta appui,
consolation et direction spirituelle. Et ce fut bien à cette époque qu'une amitié spirituelle se
noua entre elles, amitié qui influença la destinée de la France. Clovis permit à Clotilde de
faire baptiser ses fils. L'Endormissement du premier d'entre eux ébranla sa décision de se
convertir à la Foi de sa femme. Mais après la guérison de son deuxième fils Clodomir et la
victoire sur les ariens remportée grâce aux prières de Clotilde, il s'affermit dans sa résolution.
En 496 (ou 498, selon d'autres sources), Saint Rémi administra le Mystère du Saint Baptême
au Roi Clovis et à sa troupe de fidèles. Cet évènement qui eut lieu à la cathédrale de Reims, fit
de Clovis un fils dévoué et un fervent organisateur de l'Eglise.
Dans le but d'éradiquer l'arianisme, Clovis suivit en 501 le conseil de Saint Rémi et rassembla
les Evêques à Lyon. Désirant rendre Grâces à Dieu de sa guérison miraculeuse survenue à lui
après ce Concile, il décida de chasser de la Gaule les Wisigoths ariens qui occupaient
l'Aquitaine et le Poitou avec le roi Alaric à leur têt; d'après quelques sources, cela eut lieu en
507. Sainte Geneviève priait Clovis d'édifier sur la colline de Leucotitius une église dédiée
aux Saints Apôtres Pierre et Paul car elle voulait placer la capitale de France sous leur
protection. Voilà ce qu'en dit le chroniqueur : "Clovis en se promenant avec Clotilde sur la
colline peu avant sa campagne contre Alaric jeta loin sa massue pour marquer l'espace qui
devait être réservé à la future église majestueuse et s'exclama : "Qu'une église aux Saints
Pierre et Paul soit édifiée si je rentre sain et sauf de la campagne contre les ariens." Telle fut
la Foi qui brûlait dans le coeur de ce néophyte. Et il ne se borna pas à la promesse d'ériger
cette église après sa campagne dangereuse : cette même année il en jeta les fondations. La
victoire sur Alaric fut complète et la France fut entièrement libérée des ariens."
L'influence et l'autorité spirituelle de Sainte Geneviève furent si fortes que la fille et la soeur
de Clovis firent voeu de célibat et à l'exemple de Sainte Geneviève et sous sa direction,
devinrent filles consacrées à Dieu. Etant en communication permanente, Saint Rémi, Sainte
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Geneviève et la Reine Clotilde furent les conseillers du Roi dans l'organisation de l'Etat
chrétien et de l'Eglise. En 511, il convoqua de nouveau un Concile local à Orléans dont les
Canons établirent le droit d'asile dans l'Eglise et les processions religieuses. Mais cette même
année, le Roi remit son âme au Seigneur et fut enseveli dans l'église encore inachevée des
Saints-Apôtres-Pierre-et-Paul.* Sainte Geneviève ne lui survécut que de quelques semaines :
elle s'endormit dans le Seigneur le 3 janvier 512 à l'âge de quatre-vingt-neuf ans et fut
enterrée dans une ancienne crypte située sous le Maître-Autel de l'église des Saints-Apôtres
[note : selon d'autres sources Sainte Geneviève s'endormit avant Clovis, vers l'an 500]. Et
voilà que reposaient l'un près de l'autre, celui qui créa la France chrétienne et celle qui fut, en
quelque sorte, son Ange gardien ici-bas. La Reine Clotilde continua et acheva la construction
grandiose entreprise par son époux et y fut ensuite inhumée elle aussi. Mais la piété populaire
rebaptisa bientôt l'église Saints-Pierre-et-Paul en basilique Sainte-Geneviève car ses
Vénérables Reliques y étaient conservées. Et la colline où se trouvait cette basilique est
appelée jusqu'à nos jours Montagne Sainte-Geneviève. "L'entrée de la basilique était
couronnée d'un triple portique avec l'effigie des Patriarches, Prophètes, Martyrs et
Confesseurs que nous connaissons par l'Ecriture Sainte et la Tradition ainsi que par les vies
de Saints," écrit l'hagiographe de Sainte Geneviève.
* Après la révolution de 1789, sa sépulture fut transférée à l'abbatiale Saint-Denis.
Au cours de sa longue vie, Sainte Geneviève protégea, pacifia et instruisit par sa Sainteté la
Gaule encore à moitié païenne. Mais les dernières années de sa vie se passèrent dans le
premier Etat chrétien d'Occident : la jeune France. Comme Saint Serge en Russie pour le
Prince de Moscou, elle fut une sage conseillère du Roi Clovis dans l'organisation de l'Eglise
du Christ. Tout comme Saint Serge, elle est la protection de tous les élèves. Sur la place du
"Panthéon" où s'élevait autrefois sa basilique se trouve la magnifique Bibliothèque Sainte-
Geneviève. Et sur le pont reliant l'Île de la Cité à la Rive gauche ou Quartier latin, au-dessus
de la Seine qu'elle sillonnait tant de fois et au-dessus de la ville où elle vécut si longtemps, se
dresse sa statue, au coeur même de Paris et au coeur même de la France. Nous allons finir ce
récit de la vie de la Sainte gauloise orthodoxe par les paroles de l'hagiographe : "Nous autres,
confessant le Père, le Fils et le Saint-Esprit, la Trinité Consubstantielle et Indivisible prierons
toujours Sainte Geneviève pour qu'elle nous obtienne auprès de Dieu le pardon de nos péchés
et que nous louions de notre coeur pur Notre Sauveur Jésus-Christ Régnant et Vivant dans les
siècles des siècles. Amen."
Le jour de l'Endormissement des Saints, c'est leur nouvelle naissance, ce n'est pas la fin de
leur vie mais leur Eternelle et Glorieuse continuation.
La Vénération de Sainte Geneviève commença aussitôt après sa Naissance au Ciel. Les
Parisiens et avec eux, tout le peuple français après avoir solennellement enseveli leur Sainte
Protectrice dans une ancienne crypte au-dessous de l'Autel de l'église Saints-Pierre-et-Paul,
continuaient à s'adresser à elle avec amour et Foi pour obtenir du secours et de la consolation.
Son intercession "pour ses gens" auprès du Trône de Dieu fut inlassable. Un chroniqueur
connu du sixième siècle, Saint Grégoire de Tours, écrivait en 562, c'est-à-dire cinquante ans
après l'Endormissement de Sainte Geneviève : "Sainte Geneviève est ensevelie dans la
basilique des Saints-Apôtres. De son vivant terrestre, elle fut remplie d'une force spirituelle
…/… et ce qu'on demande près de sa tombe n'est pas laissé sans réponse miséricordieuse;
ceux qui sont atteints de fièvre reçoivent la guérison grâce à ses prières."
Sous le pontificat de Saint Grégoire le Grand, il existait déjà un Office dédié à Sainte
Geneviève et célébré depuis la seconde moitié du sixième siècle, le 3 janvier, comme en
19
témoignent des missels anciens de rite gallican. Ces Offices qui comprenaient les lectures des
passages de l'Ecriture et de morceaux d'oeuvres des Pères de l'Eglise, le chant d'Antiennes,
d'Hymnes (sorte de stichères) et d'Acathistes particuliers, se distinguaient par leur plénitude et
leur grande beauté liturgique.* Il y a aussi des poèmes en vers et en prose écrits en latin et des
Hymnes datant du neuvième et des quatorzième et quinzième siècles papistes et glorifiant
Sainte Geneviève. Un savant connu du dix-septième siècle, le jésuite Denis Paitou en
reconnaissance de sa guérison obtenue auprès des Insignes Reliques de Sainte Geneviève,
recueillit ces Hymnes et les publia en 1638 sous le titre "Genovefa, Protectrice de Paris
glorifiée par les Offices latins et grecs." Cela indique bien qu'au dix-septième siècle, Sainte
Geneviève était glorifiée par l'église papiste d'Occident et par l'Eglise orthodoxe d'Orient. Sa
première biographie fut rédigée en 530, c'est-à-dire dix-huit ans après l'endormissement de la
Sainte. Selon toute vraisemblance, elle fut écrite par un contemporain car il y raconte
l'invasion d'Attila, le siège de Paris par les Francs et la famine. Beaucoup d'évènements
relatés par lui dans la "Vie," par exemple les rencontres de Sainte Geneviève avec Saint
Germain, coïncident exactement avec leur description par un autre contemporain de la Sainte,
le Prêtre lyonnais Constantius qui écrivit la vie du Saint Evêque Germain d'Auxerre, le Guide
Spirituel de Sainte Geneviève. Le nom de la Sainte fut inclus dans le calendrier des Saints au
huitième siècle.
* En France, ces Offices sont toujours célébrés sous une forme abrégée les jours de commémoration de Sainte
Geneviève.
Peu de temps après la Naissance au Ciel de Sainte Geneviève, on commença à édifier des
églises, des oratoires et des monastères en son nom dans les lieux qu'elle fréquentait : à
Meaux, Arcis-sur-Aube, Saint-Denis, Reims. Des paroisses consacrées à la Sainte prirent
naissance, des villages et des bourgs entiers prirent le nom de Sainte-Geneviève. A Nanterre,
sa ville natale, une église fut bâtie autour de la maison où elle naquit et passa son enfance.
Cette église abritait un puits auquel le premier Miracle de Sainte Geneviève est lié, celui de la
guérison de sa mère avec de l'eau bénite par la Sainte. Ce puits existe toujours, on peut le
trouver parmi les ruines de l'église ancienne. Au même endroit, on peut aussi visiter un ancien
oratoire souterrain. Le pré où selon la tradition, elle faisait paître les moutons, devint le Parc
Sainte-Geneviève et un oratoire y fut construit. La maison qu'elle habitait à Paris, fut
transformée en église connue sous le nom de Sainte-Geneviève-la-Petite pour la distinguer de
la basilique située sur la colline où les Vénérables Reliques de la Sainte étaient conservées.
Cette église sur la colline, élevée à la demande de Sainte Geneviève par le Roi Clovis en
l'honneur des Saints Apôtres Pierre et Paul, fut bientôt appelée "église Saints-Apôtres-Sainte-
Geneviève." Mais vers le huitième siècle, elle fut définitivement rebaptisée en "église Sainte-
Geneviève" et la colline où elle fut placée est jusqu'à nos jours appelée Montagne Sainte-
Geneviève. Sur ce mont, des citadins et des campagnards se mirent à s'installer pour être plus
près de leur Sainte Protectrice. Bientôt, à l'ombre de l'église se forma le faubourg Sainte-
Geneviève qui pris plus tard le nom de "Rive gauche" ou "Quartier latin" à Paris.
La vénération populaire de Sainte Geneviève ne cessa pas de s'accroître. Et aux environs de
Paris comme dans les provinces lointaines, des églises furent érigées et des monastères furent
construits en l'honneur de la Sainte qui "ne laissait pas les siens." Et hors France, même dans
le Nouveau Monde, on construisit de nouvelles églises en l'honneur de Sainte Geneviève.
Jusqu'à l'invasion des Normands, les Précieuses Reliques de Sainte Geneviève reposèrent dans
la crypte de la basilique des Saints-Apôtres. Une lampe permanente brûlait devant son
tombeau. Lors des raids des Normands, on emporta les Saintes Reliques dans le petit bourg de
Draveil (en 845-850) et à Marisy (en 857). Pendant leur retour à Paris, se produisirent en
chemin de nombreuses guérisons miraculeuses et là apparurent de nouveaux oratoires et lieux
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de pèlerinage. C'est ainsi que s'organisa la paroisse Sainte-Geneviève-des-Bois et en pleine
forêt dans une grotte naturelle un petit oratoire avec une statue de Sainte Geneviève fut
aménagé. Cette statue provenant de la ville de banlieue parisienne qui s'appelle toujours
Sainte-Geneviève-des-Bois eut ensuite une grande signification dans l'histoire de la
Vénération par les Russes de cette Sainte orthodoxe gauloise.
Quand en 885 Paris fut de nouveau assiégée par les Normands, les Insignes Reliques de sa
Sainte Protectrice furent transférées hors des murs de la Cité. Les citadins les portèrent aux
endroits de la forteresse subissant la plus forte poussée de l'ennemi et à chaque fois, ce dernier
recula. Depuis 890 lorsque la paix fut conclue, la châsse contenant les Saintes Reliques se
trouvait sur l'Autel de l'église supérieure de la basilique, tandis que la crypte abritant le
sépulcre vénéré de la Sainte, devint une église paroissiale du nouveau quartier Latin. En 1161
et 1248, les Précieuses Reliques de Sainte Geneviève furent exposées à la vénération
populaire par le clergé papiste.
Déjà au sixième siècle quelques décennies seulement après l'Endormissement de Sainte
Geneviève, la basilique accueillait les Conciles locaux de 573 et de 577. Cela indique de quel
honneur jouissait l'église abritant les Précieux Restes de la Sainte. On comprend que le
monastère (ou abbaye) qui se forma autour de la basilique et occupa un vaste terrain eut une
grande importance spirituelle et canonique au Moyen-âge. Quand l'Evêque puis l'Archevêque
de Paris entrait en administration du diocèse, il devait en obtenir la bénédiction de Sainte
Geneviève. Un rite spécial était prévu à cet effet. L'Abbaye de Sainte-Geneviève joua
également un grand rôle civilisateur. Plusieurs écoles apparurent autour de ses murs : le
collège de Navarre, le collège de la Sorbonne et d'autres. C'est ici que naquit l'Université de
Paris.
Lors de calamités publiques, quand la France se trouvait en danger, on s'adressait selon la
coutume à Sainte Geneviève. Une procession religieuse se dirigeait habituellement vers la
cathédrale. Les historiens mentionnent soixante-quinze processions solennelles de cette sorte
avec la participation des Evêques, du roi et de sa cour, de tous les ordres monastiques et des
paroisses parisiennes, des recteurs de l'université et des professeurs. Au douzième siècle, une
horrible maladie contagieuse ("le feu sacré" ou "la maladie des ardents") frappa Paris. Il
s'agissait d'une inflammation interne, inconnue et incurable. Le peuple amenait les malades à
la cathédrale et le vaste édifice en était plein. Mais à peine la châsse contenant les Vénérables
Reliques de Sainte Geneviève fut-elle apportée à la cathédrale que de nombreux malades
guérirent. A la mémoire de cet événement, l'église Sainte-Geneviève-la-Petite fut rebaptisée
Sainte-Geneviève-des-Ardents.
Innombrables sont les Miracles qui se produisirent devant ses Saintes Reliques. Parmi les
miraculés, Erasme, grand érudit profane du quinzième et seizième siècle qui pour remercier la
Sainte de sa guérison, écrivit en vers latins une ode à Sainte Geneviève. Dans sa lettre à un
certain Nicolas Werner, il parle de sa guérison miraculeuse et décrit la procession du 12
janvier 1491 au cours de laquelle cette dernière se produisit.
Durant la révolution française, les Précieuses Reliques de Sainte Geneviève furent brûlées
mais des parcelles offertes précédemment par l'abbaye aux paroisses furent préservées. Elles
se trouvent à l'église Saint-Etienne-du-Mont. En 1803 dans les ruines de l'ancienne basilique,
le prêtre papiste de cette église découvrit la crypte et en sortit le sépulcre de la Sainte qu'il fit
transférer à Saint-Stéphane/Etienne. Et tous ceux qui vénèrent la Sainte orthodoxe gauloise
21
montent sur sa montagne pour vénérer ses Remarquables Reliques, brûler un cierge devant
son tombeau et prier.
Dans l'Eglise orthodoxe russe, la mémoire de cette Sainte occidentale s'effaça peu à peu. Mais
les Russes qui vivaient en France et étudiaient au Quartier latin, furent les premiers à
commencer ou à rétablir pour être plus exact sa Vénération après avoir appris que la
Protectrice de Paris et des élèves était une Sainte orthodoxe du cinquième siècle. Selon la
coutume estudiantine, ils se mirent à prier, surtout avant les examens, devant le tombeau de
Sainte Geneviève, "de notre Sainte Ginette" comme l'appelaient les étudiants parisiens.
A partir de 1928, il exista à Paris une paroisse orthodoxe française de Sainte Geneviève qui
comprenait surtout des jeunes gens russes qui vénéraient la Sainte. En 1935, au Quartier latin
ancien, sur la "Montagne Sainte-Geneviève" même, on ouvrit l'église de la Mère de Dieu Joie
des Affligés. C'est à cet endroit que se trouvait l'ancienne Abbaye Sainte-Geneviève et à deux
pas de là se trouve l'église papiste Saint-Stéphane/Etienne-du-Mont abritant le sépulcre de la
Sainte et les parcelles de ses Précieuses Reliques. Les fondateurs de la paroisse avaient de
fortes raisons de penser que la vénération par les Russes orthodoxes des Saints orthodoxes
d'Occident vénérés aussi par l'Eglise d'Orient constituait une des voies vers la connaissance
mutuelle des mondes orthodoxes occidental et oriental. Sainte Geneviève était l'une de ces
Saintes. Et sa vénération fut donc pour le monde occidental la preuve vivante de la catholicité
véritable de l'Orthodoxie. L'église placée sous l'Invocation de la Mère de Dieu Joie des
Affligés devint largement connue sous le nom de l'église Sainte-Geneviève. Et ce ne fut pas
un hasard qu'elle fût fondée sur le Mont-Sainte-Geneviève au coeur même d'un quartier
polyglotte de Paris, Quartier latin, quartier universitaire.
Chez une partie des émigrés russes qui n'avaient pas de contacts intellectuels avec le monde
occidental, la Vénération de Sainte Geneviève commença autrement. Une paroissienne de
l'église des Trois-Saints-Hiérarques à Paris qui souffrait de forts et incurables maux de tête,
eut une vision. Elle vit une grotte où une femme de grande taille se tenait debout, un petit
livre déchiré traînant par terre à ses pieds. La femme dit : "Pourquoi les Russes ne me prientils
pas dans ma ville?" Après plusieurs tentatives pour comprendre et se renseigner sur qui
était cette femme apparue dans son rêve, cette paroissienne qui ne savait rien de Sainte
Geneviève, se trouva par hasard (!…) à Sainte-Geneviève-des-Bois où se trouve la grotte
consacrée à la Sainte. Et c'est là-bas qu'elle vit en réalité ce dont elle venait de rêver : dans
cette grotte, il y avait une statue de la Sainte avec un petit livre déchiré à ses pieds qui s'avéra
être sa "Vie." Une fois que la femme eut prié la Sainte, ses maux de tête cessèrent. L'Icône de
Sainte Geneviève se trouvant à l'église des Trois-Saints-Hiérarques devint particulièrement
vénérée et à l'église de Notre Dame Joie des Affligés, un Autel fut consacrée à la Sainte.
En 1936, un groupe de Français conduit par l'évêque Winnaert alors papiste et le père Denis
Chambeau alors papiste lui aussi, fut reçu dans le sein de l'Eglise orthodoxe russe. Ils furent
autorisés à garder le rite occidental et les vêtements sacerdotaux occidentaux. Ainsi, la petite
paroisse de la Mère de Dieu Joie des Affligés se mit à vivre pleinement. Des Français
orthodoxes y vinrent dès les premiers jours de son existence. Au début, des prières
d'intercession [=molebens] étaient célébrées pour eux en français avant la Divine Liturgie du
dimanche. Puis les fondateurs de la paroisse après avoir reçu la bénédiction du Prêtre,
traduisirent la Liturgie de Saint Jean Chrysostome et l'Office du dimanche commença à être
célébré en français tous les deux dimanches, ce qui devint une tradition. A présent, les Vigiles
sont également célébrées en français.
22
En 1941 le Père Mikhaïl Belsky, Prêtre de la paroisse et le conseil paroissial adressèrent au
curé papiste de Saint-Stéphane/Etienne-du-Mont une requête demandant de les autoriser à
célébrer des prières d'Action de Grâces orthodoxes devant le tombeau de Sainte Geneviève.
Les autorité papistes donnèrent leur aval et depuis lors, le 3 janvier (malheureusement d'après
le calendrier grégorien) après la Divine Liturgie à l'église des Affligés-Sainte-Geneviève, tous
les présents se dirigent vers le tombeau de la Sainte pour assister à une prière solennelle
concélébrée par l'ensemble du clergé des paroisses "patriarcales" à Paris.
En 1945, le Métropolite Nicolas de Kroutitsa arriva à Paris. Après les Vêpres, célébrées en
l'église de la Mère de Dieu Joie des Affligés et Sainte Geneviève, trop petite pour pouvoir
contenir toute l'assemblée, les chantres du choeur d'enfants offrirent au Métropolite Nicolas
une image en bois de la Sainte Protectrice de Paris (oeuvre de Léonide Ouspensky). Puis tout
le monde se rendit à son tombeau. Le curé papiste de Saint-Etienne, averti de cette visite,
accueillit le Métropolite Nicolas à l'entrée de l'église et l'accompagna à la chapelle consacrée à
Sainte Geneviève. Ici, le Métropolite Nicolas célébra une prière d'Actions de Grâces devant le
tombeau de la Sainte. Ensuite, le curé papiste remit au prélat russe un reliquaire contenant des
parcelles de ses Saintes Reliques que le Métropolite vénéra et qu'il tint en mains pendant que
les assistants le vénéraient à leur tour.
L'Abbaye Sainte-Geneviève autrefois.
La châsse de la Sainte y est conservée
jusqu'à nos jours. L'église Saint-
Stéphane/Étienne-du-Mont abrite
aussi un morceau de ses Saintes
Reliques qui furent
brûlées sur la place de
Grève pendant la sinistre
révolution française.
Le tombeau du Roi
Clovis à la basilique
Saint-Denis, premier Roi
des Francs Clovis après
s'être converti au Christianisme transféra la capitale de son État à Paris à cause
principalement de la Vénération de Saint Denis et Sainte Geneviève.
L'église papiste Saint-Stéphane/Étiennedu-
Mont faisait partie d'une abbaye située
sur le Mont Sainte-Geneviève.
Cette église abrite la châsse de Sainte
Geneviève renfermant son tombeau qui
fut sorti du sous-sol de l'église après la
révolution.
Elle abrite également un morceau de ses
Précieuses Reliques (une phalange) qui
fut recueilli par l'église après que les
Vénérables Reliques de la Sainte Protectrice de Paris furent brûlées
par la foule révoltée.
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Coffret avec de Précieuses Reliques de Sainte
Geneviève. A droite, on aperçoit une Icône
de Sainte Geneviève et de Saint Syméon le
Stylite offerte par les Orthodoxes à la
paroisse papiste de cette église.
La châsse contenant le tombeau de Sainte Geneviève de
Paris dans l'église papiste Saint-Stéphane/Etienne-du-
Mont.
Tropaire de Sainte Geneviève ton 1.
Tes larmes abondantes
ont arrosé et fécondé le Désert des coeurs stériles,
tes prières et tes soupirs
ont produit du fruit au centuple.
Prie pour ta cité, Ô Sainte Geneviève,
et pour ceux qui vénèrent avec Amour ta Sainte
mémoire.
Nouveau Tropaire ton 1 (juin 2008).
Flambeau de la Foi et Protectrice de ta cité,
Ô Sainte Geneviève /
protège-nous aussi des assauts du péché /
sage intendante des biens de ce monde
et nourricière des affamés /
Intercède auprès du Seigneur pour qu'Il sauve nos âmes.
Kondakion de Sainte Geneviève ton 2.
Pour l'amour du Seigneur, Ô Sainte Geneviève,
tu as pris en haine le désir de repos,
ayant éclairé ton esprit par le jeûne,
car tu as vaincu les bêtes avec force.
Mais par tes prières tu as écrasé l'agitation des ennemis.
SAINTS MARTYRS SYNESE ET THEOPOMPE (+3°.S.) 21 mai – 3 janvier
Ces deux Saints ont déjà été mentionnés au martyrologe le 3 janvier sous le nom de
Théopempte et Théonas. La différence des noms vient de ce que dans leur passion
traditionnelle, Théopempte est appelé Théopompe et Théonas prend après son Baptême le
nom de Synèse. On a souvent a emprunté ces deux mentions à deux auteurs différents sans
s'apercevoir qu'on répétait les mêmes Saints.
SAINT MARTYR PIERRE BALSAME (+311)
Originaire de Palestine, il vivait à l'époque de l'empereur Maximin. Il connut les derniers
temps des violentes persécutions de cette époque précédant la paix constantinienne. Selon les
24
actes de son martyre, il fut crucifié en 311.
SAINT EUTHYMIUS TAQAISHVILI, L'HOMME DE DIEU DE TBILISSI (+1953)
Saint Ekvtime (Euthymius) Taqaishvili, called the “Man of God,” was born January 3, 1863,
in the village of Likhauri, in the Ozurgeti district of Guria, to the noble family of Svimeon
Taqaishvili and Gituli Nakashidze. He was orphaned at a young age and raised by his uncle.
From early childhood St. Ekvtime demonstrated a great passion for learning. Having
completed his studies at the village grammar school, he enrolled at Kutaisi Classical High
School. In 1883 he graduated with a silver medal and moved to St. Petersburg to continue his
studies in the department of history-philology at St. Petersburg University. In 1887, having
successfully completed his studies and earned a degree in history, St. Ekvtime returned to
Georgia and began working in the field of academia. His profound faith and love for God and
his motherland determined his every step in this demanding and admirable profession.
In 1895 Ekvtime married Nino Poltoratskaya, daughter of the famous Tbilisi attorney Ivan
Poltoratsky, who was himself a brother in-law and close friend of St. Ilia Chavchavadze the
Righteous. From the very beginning of his career St. Ekvtime began to collect historicalarchaeological
and ethnographical materials from all over Georgia. His sphere of scholarly
interests was broad, including historiography, archaeology ethnography, epigraphy,
numismatics, philology, folklore, linguistics, and art history. Above all, St. Ekvtime strove to
learn more about Georgian history and culture by applying the theories and methodologies of
these various disciplines to his work.
In 1889 St. Ekvtime established the Exarchate Museum of Georgia, in which were preserved
ancient manuscripts, sacred objects, theological books, and copies of many important frescoes
that had been removed from ancient churches. This museum played a major role in
rediscovering the history of the Georgian Church.
25
In 1907 St. Ekvtime founded the Society for Georgian History and Ethnography. Of the many
expeditions organized by this society, the journey through Muslim (southwestern) Georgia
was one of the most meaningful. Having witnessed firsthand the aftermath of the forced
isolation and Islamization of this region, St. Ekvtime and his fellow pilgrims acquired a
greater love for the Faith of their forefathers and became more firmly established in their
national identity. Though they no longer spoke the Georgian language, the residents of this
region received the venerable Ekvtime with great respect, having sensed from his greeting and
kindness that he had come fromtheir far-off motherland.
There was not a single patriotic, social or cultural movement in Georgia during the first
quarter of the 20th century in which St. Ekvtime did not actively take part. Among his other
important achievements, he was one of the nine professors who founded Tbilisi University in
1918. St. Ekvtime also vigorously advocated the restoration of the autocephaly of the
Georgian Orthodox Church.
On March 11, 1921, the Georgian government went into exile in France. The government
archives and the nation’s spiritual and cultural treasures were also flown to France for
protection from the Bolshevik danger. St. Ekvtime was personally entrusted to keep the
treasures safe, and he and his wife accompanied them on their flight to France. St. Ekvtime
bore the hardships of an emigrant’s life and the horrors of World War II with heroism, while
boldly resisting the onslaught of European and American scholars and collectors and the
claims of other Georgian emigrants to their “family relics.”
In 1931 St. Ekvtime’s wife, Nino, his faithful friend and companion, died of starvation. The
elderly widower himself often drew near to the brink of death from hunger, cold, and stress,
but he never faltered in his duty before God and his motherland—he faithfully protected his
nation’s treasures.
The perils were great for St. Ekvtime and the treasures he protected: British and American
museums sought to purchase the Georgian national artifacts; a certain Salome Dadiani, the
widow of Count Okholevsky, declared herself the sole heir of the Georgian national treasure;
during World War II the Nazis searched St. Ekvtime’s apartment; even the French
government claimed ownership of the Georgian treasures.
Finally, the Soviet victory over fascist Germany created conditions favorable for the return of
the national treasures to Georgia. According to an agreement between Stalin and De Gaulle,
the treasures and their faithful protector were loaded onto an American warplane and flown
back to their motherland on April 11, 1945. When he finally stepped off the plane and set foot
on Georgian soil, St. Ekvtime bowed deeply and kissed the earth where he stood. Georgia
greeted its long-lost son with great honor. The people overwhelmed St. Ekvtime with
attention and care, restored his university professorship, and recognized him as an active
member of the Academy of Sciences. They healed the wounds that had been inflicted on his
heart.
Exhausted by the separation from his motherland and the woes of emigration, St. Ekvtime
rejoined society with the last of his strength. But mankind’s enemy became envious of the
victory of good over evil and rose up against St. Ekvtime’s unshakable spirit. In 1951 the
Chekists arrested his stepdaughter, Lydia Poltoratskaya. St. Ekvtime, who by that time was
seriously ill, was now left without his caregiver. In 1952, without any reasonable explanation,
St. Ekvtime was forbidden to lecture at the university he himself had helped to found, and he
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was secretly placed under house arrest. The people who had reverently greeted him upon his
return now trembled in fear of his persecution and imminent death. Many tried to visit and
support St. Ekvtime, but they were forbidden. On February 21, 1953, St. Ekvtime died of a
heart attack, and three days later a group of approximately forty mourners accompanied the
virtuous prince to his eternal resting place.
On February 10, 1963, the centennial of St. Ekvtime’s birth, his body was reburied at the
Didube Pantheon in Tbilisi. When his grave was uncovered, it was revealed that not only his
body, but even his clothing and footwear had remained incorrupt. St. Ekvtime’s relics were
moved once again, to the Pantheon at the Church of St. Davit of Gareji on Mtatsminda, where
they remain today.
The body of Nino Poltoratskaya-Taqaishvili was brought from Leville (France) and buried
next to St. Ekvtime on February 22, 1987.
The Holy Synod of the Georgian Apostolic Orthodox Church canonized St. Ekvtime on
October 17, 2002, and joyously proclaimed him a “Man of God.”
SAINT BLIMOND (OU BLITHMUNDUS) DE SAINT-VALERY (+ 650)
Saint Blimomd si révéré au pays de Vimeux en Picardie, était originaire du Dauphiné. Il
naquit dans un château situé le long de la rivière d'Isère, de parents riches et aristocrates. Mais
comme les riches et les puissants du siècle ne sont pas plus exempts des disgrâces de la
mature que les pauvres et les nécessiteux, il fut affligé dès son enfance d'une si étrange
contraction de nerfs qu'il devint paralytique et tout à fait impotent jusqu'à ne pouvoir se tenir
debout, ni même lever la tète pour regarder le Ciel. Ses parents, extrêmement désolés d'un
handicap si fâcheux, employèrent tous les remèdes humains pour tâcher de l'en délivrer mais
enfin après l'avoir fait inutilement pendant plusieurs années, ils n'attendirent plus que de Dieu
la guérison de leur fils. Et comme par toute la France s'était répandu le bruit des Grands
Miracles que Saint Valéry l'Abbé du Monastère de la Leuconaus, près de l'embouchure de la
Somme, aujourd'hui Saint-Valery-sur-Somme, en Picardie, opérait sur toutes sortes de
malades, ils résolurent d'y porter eux-mêmes leur pauvre estropié. Vers 614. En effet ils ne
furent pas frustrés dans leur espérance car ayant présenté le jeune Blimond à ce Saint Moine,
ils le supplièrent avec larmes d'avoir pitié de leur affliction et d'obtenir de Dieu, par la ferveur
de ses prières, la guérison de leur cher enfant. Le Saint Abbé dont le coeur était tout rempli de
charité, ne put refuser la demande que lui faisaient ces illustres affligés.
Il se mit donc aussitôt en prière, prit le jeune homme et après lui avoir imposé les mains sur
tous les membres estropiés, il le rétablit en une parfaite santé. D'après la tradition, ce serait à
partir de ce jour que notre Saint qui s'appelait Gegus, aurait quitté son nom de famille pour
prendre le surnom de Blithanundus qui signifierait impotent guéri. Quoi qu'il en soit de cette
étymologie hybride, Blimond, croyait ne pouvoir jamais assez reconnaître l'insigne faveur
dont il avait été l'objet qu'en consacrant au culte des autels cette même santé qu'il venait de
recevoir miraculeusement, résolut de se faire Moine sous la sage conduite de Saint Valery.
Ses parents quelque tendresse qu'ils eussent pour lui, ne pouvant s'opposer à un si pieux
dessein, le laissèrent volontiers entre les mains de son bienfaiteur et d'après une antique
tradition fixèrent leur résidence à Gouy, près de Saigueville. Ils établirent dans une plaine
voisine, cinq maisons de culture qui donnèrent bientôt naissance à un village appelé plus tard
du nom de Saint-Blimond. Le disciple reconnaissant fit de tels progrès à l'école de Saint
Valery qu'il devint l'exemple du monastère. C'est pourquoi il ne faut pas s'étonner si après la
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Naissance au Ciel de l'Abbé, Blimond fut élu par les suffrages de tous les Moines pour lui
succéder.
Cependant il ne put pas gouverner longtemps cette Sainte communauté car dès l'année
suivante, des pirates scandinaves vinrent désoler nos contrées maritimes; les Moines se virent
contraints d'abandonner la Picardie où les armées causaient le plus de désordres et d'aller
demander à d'autres abbayes moins exposées, une hospitalité temporaire. De sorte que le Saint
Abbé, voyant que son monastère se dispersait tout entier, sans pouvoir y apporter de remède,
résolut de se réfugier lui-même en celui de Bobbio dans le Milanais; il se détermina sans
doute à ce choix en présumant un favorable accueil de la part de l'Abbé Attale qui avait été
disciple de Saint Colomban, en même temps que Saint Valery, à l'Abbaye de Luxeuil. Il était
certain, d'ailleurs, de rencontrer là des compatriotes car les Burgondes affluaient dans cette
communauté, aussi bien que des Moines irlandais, francs, italiens et lombards. Saint Attale
qui gouvernait alors cette maison, le reçut avec beaucoup de charité, ravi de posséder un tel
Serviteur de Dieu et persuadé que les vertus de ce Saint ne contribueraient pas peu à
augmenter la ferveur de ses Moines.
Blimond ayant passé quelques années en ce lieu dans les exercices d'une rigoureuse pénitence,
crut devoir retourner en France où il apprit que les troubles avaient cessé. Il communiqua son
dessein à l'Abbé Attale; le Saint Vieillard ne pouvait se résoudre à se priver d'une personne
avec laquelle il avait contracté une étroite amitié et dont te mérite lui était parfaitement connu,
s'efforçait de retarder ce pénible départ mais un jour qu'il se rendait à l'église, appuyé sur le
bras de Blimond, il vit apparaître Saint Valery, tout rayonnant de Gloire et se trouva tellement
soulagé de ses infirmités qu'il se croyait transporté dans les airs vers le tien où il se rendait. La
reconnaissance qu'il éprouva pour Saint Valery ne lui permit pas de s'opposer plus longtemps
au projet de Blimond mais Dieu ne lui ôta point la consolation qu'il ambitionnait tant, de se
sentir fermer les yeux par le Saint Abbé de Leuconaus. Quelques jours après, Attale, voyant
sa fin approcher, se fit transporter hors de sa cellule pour vénérer la Croix qui en sanctifiait
l'entrée. Là, en présence de Blimond qui ne le quittait jamais il vit le Ciel s'entrouvrir pour lui
laisser apercevoir la place qu'il devait y occuper dès le lendemain, Saint Attale s'endormit
dans le Seigneur le 10 mars de l'an 627.
Blimond après lui avoir rendu les honneurs de la sépulture, partit aussitôt pour la Picardie; il
n'y trouva plus qu'un monastère en ruines; ce ne fut qu'avec peine qu'il put reconnaître, tout
couvert de ronces et de chardons, le tombeau de Saint Valery. Prés de là il bâtit une cellule
pour y passer le reste de sa vie dans la solitude. Toutefois il ne put empêcher que sa
renommée ne lui attirât bientôt de nombreux disciples et la plupart des anciens Moines de
Leuconaus revinrent se mettre sous la direction de leur Ancien Abbé.
Il fallait un nouveau monastère. Saint Btimond obtint du Roi Clotaire II, vers l'an 628, la
permission de bâtir une vaste abbaye et d'ériger une église sous le vocable de Saint Valery.
Ces constructions étaient distantes de deux kilomètres du village de Saint-Blimond, sur la
route actuelle de Lanehères. Les Vieillards du pays se rappellent encore cet emplacement
nommé la Plaine d'Argent situé près d'un bois qu'on a défriché vers 1852. Ces constructions
furent détruites au dixième siècle par les ravages des Normands; Hugues Capet fit rebâtir cette
abbaye.
En l'an 636, Dagobert I accorda à Blimond le domaine de Routiauville. Après avoir
solidement établi la discipline régulière dans son cloître, il commença avec un zèle vraiment
apostolique à travailler à la ruine de l'idolâtrie qui infestait encore quelques endroits de la
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Picardie; assisté de ses disciples qui se répandirent par toute la province pour l'exécution d'un
si généreux dessein, il acheva d'exterminer le reste des idoles, renversa leurs autels, convertit
ceux qui les adoraient encore eu leur faisant connaître Jésus-Christ pour le Vrai Dieu et le
Rédempteur ; ce fut au point que nous pouvons avec justice le considérer comme un Apôtre
de ce pays puisque ç'a été par ses soins que le culte des faux "dieux" en a été entièrement
banni.
Il continua dans ses nouvelles fonctions la vie austère qu'il avait entreprise en sortant de
Bobhio; dans son extrême mortification, il ne buvait que de l'eau et ne mangeait qu'après le
coucher du soleil; il ne s'accordait que cinq heures de sommeil sur des branchages étendus
dans sa cellule. D'une confiance en Dieu illimitée, il répondait, quand on lui reprochait de trop
donner aux pauvres que plus eu se dépouille en leur faveur, plus en a droit de compter sur ta
générosité de la Providence.
Saint Blimond finit heureusement ses jours par un Endormissement précieux devant Dieu, le 3
janvier de l'an 650 après avoir eu la consolation de voir achevée la construction de son
monastère et de son église. Il fut inhumé dans la chapelle de Saint-Valery, laquelle fut
remplacée plus tard par le sanctuaire qu'on voit aujourd'hui non loin du clos de l'ancienne
abbaye.
St Pierre d'Atroa le Sémiophore (porteur de Miracles)-St Thomaïde de Lesbos-St Daniel,
Martyr à Padoue en Vénétie sous Néron (68). -St Florent, huitième Evêque de Vienne en
Dauphiné (vers 258). -Sts Martial, Staulien, Constance, Possesseur, Hilarin, Firmus, Candide,
Rogatien, Eugénie, Lucide , Acuata et Poenica, Martyrs d'Afrique. -St Titus l'Evêque, Martyr
à Tomis (aujourd'hui Constantia en Roumanie) lors de la persécution de Dioclétien. -St Acace
le Thaumaturge. -St Lucien l'Evêque de Lentini en Sicile, confesseur (330). -St Eustade,
grand-oncle de St Grégoire de Tours, premier higoumène du monastère St-Bénigne de Dijon
en Bourgogne (VI ème siècle). -St Constant l'Evêque de Gap en Dauphiné (après 519). -
Deuxième invention des Reliques de St Quentin (647). -St Blimond, deuxième higoumène du
monastère de St-Valéry en Picardie (650). -Ste Bertilie, Vierge et recluse à Marouil près
d'Arras en Artois (687). -St Pierre d'Atroa, le Sémiophore (porteur de Miracles), ascète en
Asie mineure, confesseur des Saintes Icônes (837). -Ste Thomaïde de Lesbos qui souffrit
patiemment les mauvais procédés de son mari, thaumaturge et protectrice de la vie conjugale
(entre 948 et 951). -Invention des Reliques du moine-Martyr Ephrem le Nouvel-Apparu (Néa
Makri, Grèce 1950).
Lecture de l’Epître
2Tim II : 1-10
2.1 Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est en Jésus Christ. 2.2 Et ce que tu as
entendu de moi en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes fidèles, qui
soient capables de l'enseigner aussi à d'autres. 2.3 Souffre avec moi, comme un bon soldat de
Jésus Christ. 2.4 Il n'est pas de soldat qui s'embarrasse des affaires de la vie, s'il veut plaire à
celui qui l'a enrôlé; 2.5 et l'athlète n'est pas couronné, s'il n'a combattu suivant les règles. 2.6 Il
faut que le laboureur travaille avant de recueillir les fruits. 2.7 Comprends ce que je dis, car le
Seigneur te donnera de l'intelligence en toutes choses.
2.8 Souviens-toi de Jésus Christ, issu de la postérité de David, ressuscité des morts, selon
mon Évangile, 2.9 pour lequel je souffre jusqu'à être lié comme un malfaiteur. Mais la parole
de Dieu n'est pas liée. 2.10 C'est pourquoi je supporte tout à cause des élus, afin qu'eux aussi
obtiennent le salut qui est en Jésus Christ, avec la gloire éternelle.
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Lecture de l’Evangile
Matthieu : X : 16-22
10.16 Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme
les serpents, et simples comme les colombes. 10.17 Mettez-vous en garde contre les hommes;
car ils vous livreront aux tribunaux, et ils vous battront de verges dans leurs synagogues; 10.18
vous serez menés, à cause de moi, devant des gouverneurs et devant des rois, pour servir de
témoignage à eux et aux païens. 10.19 Mais, quand on vous livrera, ne vous inquiétez ni de la
manière dont vous parlerez ni de ce que vous direz: ce que vous aurez à dire vous sera donné
à l'heure même; 10.20 car ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit de votre Père qui parlera en
vous. 10.21 Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant; les enfants se soulèveront
contre leurs parents, et les feront mourir. 10.22 Vous serez haïs de tous, à cause de mon nom;
mais celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé.

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