lundi 13 septembre 2010

Vies de Saints : Extraits du Grand Synaxaire de la Sainte Eglise Orthodoxe.

22 juin – 5 juillet 2010
Cycle mobile (Pascalion): Lundi de la Septième Semaine
Lecture de l’Epître
1Cor V : 9-VI : 11
5.9 Je vous ai écrit dans ma lettre de ne pas avoir des relations avec les impudiques, - 5.10 non
pas d'une manière absolue avec les impudiques de ce monde, ou avec les cupides et les
ravisseurs, ou avec les idolâtres; autrement, il vous faudrait sortir du monde. 5.11 Maintenant,
ce que je vous ai écrit, c'est de ne pas avoir des relations avec quelqu'un qui, se nommant
frère, est impudique, ou cupide, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur, de ne pas
même manger avec un tel homme. 5.12 Qu'ai-je, en effet, à juger ceux du dehors? N'est-ce pas
ceux du dedans que vous avez à juger? 5.13 Pour ceux du dehors, Dieu les juge. Otez le
méchant du milieu de vous.
6.1 Quelqu'un de vous, lorsqu'il a un différend avec un autre, ose-t-il plaider devant les injustes,
et non devant les saints? 6.2 Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde? Et si c'est par
vous que le monde est jugé, êtes-vous indignes de rendre les moindres jugements? 6.3 Ne
savez-vous pas que nous jugerons les anges? Et nous ne jugerions pas, à plus forte raison, les
choses de cette vie? 6.4 Quand donc vous avez des différends pour les choses de cette vie, ce
sont des gens dont l'Église ne fait aucun cas que vous prenez pour juges! 6.5 Je le dis à votre
honte. Ainsi il n'y a parmi vous pas un seul homme sage qui puisse prononcer entre ses frères.
6.6 Mais un frère plaide contre un frère, et cela devant des infidèles! 6.7 C'est déjà certes un
défaut chez vous que d'avoir des procès les uns avec les autres. Pourquoi ne souffrez-vous pas
plutôt quelque injustice? Pourquoi ne vous laissez-vous pas plutôt dépouiller? 6.8 Mais c'est
vous qui commettez l'injustice et qui dépouillez, et c'est envers des frères que vous agissez de
la sorte!
6.9 Ne savez-vous pas que les injustes n'hériteront point le royaume de Dieu? Ne vous y
trompez pas: ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, 6.10 ni les efféminés, ni les
infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs,
n'hériteront le royaume de Dieu. 6.11 Et c'est là ce que vous étiez, quelques-uns de vous. Mais
vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du
Seigneur Jésus Christ, et par l'Esprit de notre Dieu.
Lecture de l’Evangile
Matthieu XIII : 54-58
13.54 S'étant rendu dans sa patrie, il enseignait dans la synagogue, de sorte que ceux qui
l'entendirent étaient étonnés et disaient: D'où lui viennent cette sagesse et ces miracles? 13.55
N'est-ce pas le fils du charpentier? n'est-ce pas Marie qui est sa mère? Jacques, Joseph, Simon
et Jude, ne sont-ils pas ses frères? 13.56 et ses soeurs ne sont-elles pas toutes parmi nous? D'où
lui viennent donc toutes ces choses? 13.57 Et il était pour eux une occasion de chute. Mais Jésus
leur dit: Un prophète n'est méprisé que dans sa patrie et dans sa maison. 13.58 Et il ne fit pas
beaucoup de miracles dans ce lieu, à cause de leur incrédulité.
Cycle fixe : Commémorations
SAINTE CONSORCE (OU CONSORTIA), VIERGE VÉNÉRÉE À CLUNY (+570)
Fille de Saint Eucher de Lyon, soeur de Sainte Tulle et de Saint Veran, elle vécut en Ermite.
SAINT MARTYR FLAVIUS CLEMENS À ROME (+96)
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Son cousin était l'empereur Domitien. Celui-ci le fit condamner à mort sous l'accusation
d'athéisme parce qu'il adorait le Christ à l'exclusion de tous les dieux païens officiels.
SAINT MARTYR JULIEN (+250 OU 251)
Martyr à Rimini en Italie et Protecteur de cette ville, son corps fut recueilli mort enfermé dans
un sac par les habitants de Fliopoli qui reconnurent que ce ne pouvait être que le corps d'un
Saint Martyr. Plus tard et sous l'effet d'une tempête, le tombeau se détacha dans la mer et vint
s'échouer à Rimini où depuis il est en grand honneur.
SAINTE PRÈCE ABBESSE À METZ (+7°.S.)
Fille de l'Evêque de Metz, Saint Goéric, elle reçut de son père la fondation d'un monastère sur
les bords de la Moselle dont elle devint la première Abbesse et où elle conduisit sa
communauté dans la prière et la pénitence.
Saint Zénon, Saint Eusèbe et Saint Zonas
SAINT HIEROMARTYR EUSEBE EVEQUE DE SAMOSATE (+379)
Il fut un des opposants majeurs à l'arianisme. Quand le trône patriarcal d'Antioche devint
vacant, Mélétios fut élu Patriarche. Ce Mélétius était la lumière brillante dans l'Eglise et il
mérita la grande éloge que Saint Jean Chrysostome fit de lui à son départ. Mais les ariens
chassèrent vite Mélétius hors d'Antioche. Quand Contance le mauvais fils de Constantin
mourut, Julien l'Apostat lui succéda à la direction de l'empire, un homme encore pire que lui.
Durant la persécution des Chrétiens par Julien, Saint Eusèbe retira sa soutane, enfila une tenue
de soldat et voyagea à travers les églises persécutées de Syrie, Phénicie et Palestine,
renforçant la Foi orthodoxe partout et ordonnant Prêtres, Diacres et clergé selon les besoins et
en élevant certains à l'épiscopat. A l'annonce de la mort de Julien, Saint Eusèbe conseilla à
Mélétius de convoquer un Concile de l'Eglise à Antioche. Il eut lieu en 363 et vingt-sept
Hiérarques présents y dénoncèrent à nouveau l'arianisme et proclamèrent la Foi orthodoxe
telle qu'elle avait été proclamée au Premier Concile Oecuménique. Aux côtés de Mélétius et
Eusèbe, Saint Pélage de Laodicée, un grand et chaste Ascète, fit grande impression sur ce
Concile qui eut lieu durant le règne du pieux empereur Jovien. Mais ce dernier rendit son âme
peu après et l'infâme Valens prit le trône et la persécution contre l'Orthodoxie reprit à
nouveau. Saint Mélétios fut banni en Arménie, Eusèbe en Thrace et Pélage en Arabie. Après
Valens, l'empereur Gratien monta sur le trône et restaura la liberté de l'Eglise, ramenant les
Evêques exilés sur leurs sièges légitimes : Mélétius à Antioche, Eusèbe à Samosate et Pélage
à Laodicée.
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Nombre de diocèses étaient vacants à cette époque-là et Eusèbe trouva vite des pasteurs
canoniques pour le peuple. Mais quand il arriva dans la ville de Doliche avec Marinus
l'Evêque nouvellement élu pour l'installer comme Evêque et dénoncer l'hérésie arienne (qui
était forte dans cette cité), une fanatique hérétique lança une tuile du haut d'un toit et le blessa
mortellement. Ce grand zélateur de l'Orthodoxie, ce Saint et Martyr remit son âme pour
rejoindre la Jérusalem Céleste en 379.
ou
The Priestmartyr Eusebios, Bishop of Samosata, stood firmly for the Orthodox confession of
faith confirmed at the Ist OEcumenical Council at Nicea in the year 325. For this he
underwent persecution by the Arians, being repeatedly deprived of his cathedra and banished
into exile. The emperor Constantius (337-361), patron of the Arians, having learned that Saint
Eusebios kept a conciliar decree about the election to the Antioch cathedra of the Orthodox
Archbishop Meletios, sent him a command to give up the decree. The Saint boldly refused to
do as ordered. The enraged emperor sent a message, that if he did not give up the decree, then
his right hand would be cut off. Saint Eusebios stretched out both hands to the emissary with
the words: "Cut them off, but the Decree of the Council, which doth denounce the wickedness
and iniquity of the Arians, I will not give up." The emperor Constantius marveled at the
audacity of the bishop, but did him no harm.
After Constantius, there reigned Justin the Apostate (361-363). Even more difficult times
ensued – there began an open persecution against Christians. Sainted Eusebios, having
concealed his dignity, went about in the garb of a soldier across the whole of Syria, Phoenicia
and Palestine, urging Christians to the Orthodox faith. He established priests and deacons in
desolated churches, he put hands upon bishops renouncing the Arian heresy. After Julian the
Apostate perished, there ruled the pious emperor Jovian (363-364), during which time the
persecutions stopped. Having returned from exile, Archbishop Meletios upon the advice of
Saint Eusebios convened a Local Council at Antioch in the year 379. In it participated 27
bishops, and it re-affirmed the Orthodox teaching of faith accepted at the Ist OEcumenical
Council. The Arians, fearing the steadfast defenders of Orthodoxy – Sainted-hierarchs
Meletios, Eusebios and Pelagios, who had great influence with the emperor, put their
signatures under the conciliar definition. After the death of the emperor Jovian began the rule
of the Arian Vanlentus (364-378). The Orthodox were again subjected to persecution. Saint
Meletios was banished to Armenia, Saint Pelagios – to Arabia, and Saint Eusebios was
condemned to exile in Thrace. Having received the imperial decree, Saint Eusebios left
Samosata by night so as to prevent tumult among the people that esteemed him. Having
learned about the departure of the bishop, believers followed after him and with tears
entreated him to return. The Saint refused to fulfill the entreaty of those who had come,
saying that it was necessary to obey the existing authorities. The Saint urged his flock to hold
firm to Orthodoxy, blessed them and set off to the place of exile. The Arian Eunomios was
put upon the Samosata cathedra, but the people did not accept the heretic. The Orthodox
would not go to the church and avoided meeting with him. The heretic Arian perceived, that it
was impossible to entice the independent flock to him.
The emperor Gracian (375-383) came upon the throne, and there were brought back from
exile all the Orthodox hierarchs banished under the Arians. Saint Eusebios also returned to
Samosata and continued with the task of building up the church. Together with Saint Meletios
he supplied Orthodox hierarchs and clergy to Arian places. In about the year 380, he arrived
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in the Arian city of Dolikhina to establish there the Orthodox bishop Marinos. An Arian
woman flung a roof tile which struck the head of the sainted-bishop. In dying, he on the
example of the Saviour asked her for wine and requested those around not to do her any harm.
The body of Sainted Eusebios was taken to Samosata and with lamantation he was buried by
his flock. In place of the Saint was raised up his nephew, Blessed Antiokhos, and the
Samosata Church continued to steadfastly confess the Orthodox faith, firmly spread through
the efforts of the holy Priestmartyr Eusebios.
SAINT BASILE, HIGOUMÈNE DE PATALARIA (+8°.S.-9°.S.)
Saint Basile était l'Higoumène du Monastère de l'Île de Pantellaria à cent kilomètres au Sud-
Ouest de la Sicile.
SAINTE ANASTASIA DE SERBIE, MÈRE DE SAINT SAVA (+1200)
Sainte Anastasia était la mère de Saint Sava de Serbie (12 janvier). Elle était la fille de
l'Empereur byzantin Romanus IV et reçut la prénom d'Anna au Baptême. Plus tard, elle se
maria avec le Grand Prince et Roi de Serbie le Pieux Stéphane Nemanja (24 septembre). Elle
acheva sa vie ici-bas comme Moniale sous le nom d'Anastasia.
SAINT MARTYR HERACLIUS LE SOLDAT (+287 OU 303)
Martyrisé à Verulamium dans le Hertfordshire, ensemble avec Saint Alban et le Saint Prêtre-
Martyr qui avait enseigné Saint Alban, Amphibalus qui est commémoré le 25 Juin.
SAINT AARON (OU HARAN, TARANN) DE BRETAGNE, ABBE D'ALETH (+552)
Une île de Bretagne portait son nom. Elle est devenue la ville de Saint-Malo quand elle fut
rattachée à la terre. La cathédrale y conserve des Précieuses Reliques. Une localité près de
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Lamballe s'est placée sous le Protection de ce Saint Moine dont Dieu seul connaît la Sainteté
et la vie : Saint Aaron, 22400.
ou
Le Breton Saint Aaron traversa la mer jusqu'en Armorique (Bretagne) et vécut en Ermite sur
l'Île de Césambre appelée Saint-Aaron jusqu'en 1150 et à présent Saint-Malo. L'île était
séparée d'Aleth par un bras de mer que deux fois par jour la marée basse laissait à sec. Aaron
fut rejoint par un groupe de disciples et devint leur Abbé. Parmi les disciples, on trouve Saint
Malo qui était arrivé du Pays de Galles au milieu du sixième siècle et fut chaudement
accueilli.
SAINTS MARTYRS ZENON ET SON SERVITEUR ZENAS DE PHILADELPHIE EN
ARABIE (AMMAN) (+304)
Ces Saints Martyrs étaient originaires de Philadelphie en Arabie.* Zénon servait dans l'armée
romaine au temps de la persécution de Maximien. Désirant témoigner de sa Foi au Sauveur
par le sacrifice de sa vie, il distribua ses biens aux pauvres et libéra ses esclaves puis il alla se
présenter devant le gouverneur Maxime célèbre pour son zèle dans le culte des idoles, suivi de
son serviteur Zénas qui lui était resté attaché. D'une voix assurée Zénon reprocha au magistrat
de dépenser en vain ses efforts pour ces illusions que sont les dieux païens. Maxime ordonna
aussitôt aux gardes de le flageller à coups de nerfs de boeuf mais bien qu'il fût retenu par les
soldats, Zénon put étendre la jambe et renverser l'autel des idoles. Maxime, hors de lui, le fit
alors étendre sur le chevalet pour lui déchirer les flancs puis on frotta ses plaies avec du sel et
du vinaigre avant de le jeter en prison, les pieds enserrés dans un étau jusqu'au quatrième trou.
Zénas étant parvenu à s'introduire dans la prison, il supplia son maître de ne pas être séparé de
lui et sur l'ordre de Maxime, il fut enfermé dans le même cachot. Les deux Valeureux Athlètes
de la Foi soumis à l'interrogatoire refusèrent de renier le Christ, aussi furent-ils fustigés sans
pitié et on appliqua des tringles incandescentes sur la poitrine de Saint Zénon. Les bourreaux
les suspendirent ensuite par les aisselles et leur attachèrent de lourdes pierres aux pieds puis
ils les précipitèrent dans une fosse embrasée et répandirent de l'huile sur leur corps. Comme
ils avaient été miraculeusement préservés par la Grâce, ils remportèrent la couronne de la
victoire en étant décapités.
* L'ancienne Rabba des Ammonites, sur la rivière Jabboq (cf II Rois 12:26), aujourd'hui Amman en Jordanie.
Elle fut hellénisée et reçut ce nom sous Ptolémée II Philadelphie (285-246 av. J.C.)
SAINT DOMITIEN A LOBBES, CONFESSEUR (+7°.S.)
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Compagnon de Saint Landelin, il quitta à sa suite Lobbes pour aller fonder le Monastère de
Crespin. Il devint peut-être Abbé de l'un ou l'autre de ces monastères.
SAINT ALBAN PROTO-MARTYR DE GRANDE-BRETAGNE (+287 OU 303)
22 juin – 2 août (invention)
Il y avait déjà des Chrétiens dans les Îles britanniques au premier siècle. En fait, dès la fin du
deuxième siècle, un grand nombre d'habitants du Sud de l'Angleterre étaient Chrétiens.
Cependant, Alban est le premier Martyr chrétien qui soit reconnu sur l'île. La date
traditionnelle est 304 durant les persécutions de l'empereur Dioclétien mais nombre d'érudits
ont reculé la date en 209 sous la persécution de l'empereur Septime Sévère.
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Alban était un païen et un soldat romain qui durant la persécution de Dioclétien, eut pitié d'un
Prêtre chrétien en fuite et le cacha dans sa propre maison. Quand il vit que le Prêtre passait
jour et nuit en prière, il fut touché par la Grâce de Dieu. Ils passèrent plusieurs jours à discuter
ensemble et Alban fut si impressionné par la Sainteté du Prêtre et sa dévotion qu'il devint
Chrétien et voulut imiter la piété et la Foi de son hôte. Encouragé et instruit par le Prêtre,
Alban renonça à son culte des idoles et embrassa le Christ de tout son coeur.
Il était un des citoyens principaux de la vieille cité romaine de Verulamium (Verulam) dans le
Hertfordshire en Angleterre, appelée de nos jours Saint-Alban. A ses débuts, la ville était un
groupe de maisonnettes en torchis enduits qui s'étiraient le long de la rue Watling et plus tard
détruites par l'armée de Bodicée, la reine guerrière.
Le gouverneur romain de la ville, ayant entendu une rumeur selon laquelle Alban cacherait un
Prêtre dans sa maison, envoya un groupe de soldat pour le chercher. Le voyant approcher,
Alban prit la coiffe à houppelande du Prêtre et la posa sur sa tête et ses épaules et l'aida à
s'échapper. Ainsi déguisé, Alban ouvrit la porte aux soldats et fut arrêté à la place du Prêtre,
par erreur. Il fut enchaîné et emmené devant le gouverneur qui était occupé à sacrifier aux
"dieux" païens. Quand on enleva la houppe de sa tête et que son identité réelle fut découverte,
le gouverneur devint furieux. Quand de plus Alban se déclara Chrétien alors le gouverneur
ordonna de l'amener devant l'autel. Il le fit menacer de toutes les tortures qu'il avait préparées
pour le Prêtre s'il ne rétractait pas.
Alban fit face à cette colère avec calme et ignorant ces menaces, déclara qu'il ne pourrait pas
sacrifier à ces divinités. Face au refus d'Alban de renier sa Foi, le gouverneur lui demanda de
quelle famille et quelle race il était. "En quoi cela peut-il te concerner de quelle origine je
suis?" répondit Alban. "Si tu veux connaître ma religion, je te l'expliquerai. Je suis un
Chrétien et je suis tenu aux obligations d'un Chrétien." Quand il fut interrogé sur son nom, il
répondit : "Je suis appelé Alban par mes parents et je loue et j'adore le Dieu Vrai et Vivant
Qui créa toutes choses." Quand il fut ordonné de sacrifier aux "divinités" romaines, il refusa et
fut cruellement fouetté. Alban supporta la punition avec résignation et même avec joie. Quand
on vit qu'il ne se rétracterait jaMais il fut condamné à mort.
En route pour son exécution sur la colline Holmhurst Hill, la foule qui s'attroupa pour honorer
son héroïsme fut si grande que son passage fut retardé parce qu'ils n'arrivaient pas à atteindre
le pont sur la rivière. Alban qui semblait redouter qu'un délai puisse le priver de la couronne
de martyre, décida de traverser en un autre endroit et se dirigeant en bas vers l'eau en priant
Dieu, il s'avança dans l'eau qu'il passa à gué sans difficulté. Tant Gildas que Bède ont accepté
la tradition de ce Miracle, rapportant cet assèchement de l'eau instantanément à la prière du
Saint.
Ils ajoutent qu'un millier d'autres personnes traversèrent avec lui pendant que les eaux
restaient élevées de chaque côté et ce Miracle convertit l'exécuteur prévu. Toujours
accompagné d'une grande foule de gens, Alban grimpa la colline du lieu de l'exécution. Mais
à son arrivée en haut, l'exécuteur jeta son épée en bas et refusa d'accomplir son office. Il dit
que si on lui refusait de prendre la place d'Alban, il voudrait partager son martyre. Confessant
qu'il était Chrétien, le soldat fut remplacé par un autre. Puis il se plaça aux côtés d'Alban et ils
firent face ensemble à la mort. Alban fut décapité en premier puis le soldat, Saint Heraclius,
fut baptisé dans son propre sang pour partager la Gloire du martyre. Le troisième Martyr fut le
Prêtre qui ayant appris l'arrestation d'Alban à sa place, se dépêcha vers la court dans l'espoir
de sauver Alban en se livrant lui-même. D'après Bède, le gouverneur fut si impressionné par
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les Miracles qui suivirent le martyre d'Alban qu'il mit aussitôt un terme aux persécutions et
Bède rapporte que les Miracles avaient encore lieu à son époque, par l'intercession du
Protomartyr [= premier Martyr dans son pays] d'Angleterre.
Sur la colline où eurent lieu ces martyres, on bâtit par la suite une église et quatre cents ans
plus tard et le Roi Offa de Mercie y fonda l'Abbaye (suivant la Règle de Saint Benoît) de
Saint-Alban. Selon Constance de Lyon, Saint Germain d'Auxerre alors à la fin de sa mission
en Angleterre pour y combattre l'hérésie pélagienne, choisit l'église de Saint-Alban comme
lieu pour son Actions de Grâces à Dieu pour le succès de sa mission. Il rapporta d'Angleterre
une poignée de terre de l'endroit où Alban, le soldat et le Prêtre avaient été martyrisés.
L'histoire de Saint Alban telle que rapportée par l'Histoire Ecclésiastique du Peuple Anglais,
par Saint Bède le Vénérable (672 – 735) : http://www.stalbansva.org/alb.htm
The Homily for the Feast of St. Alban from Aelfic's Lives of the Saints Source: "The Passion
of Saint Alban"
Saint Alban Protomartyr de Grande-Bretagne
Il y avait alors un empereur païen nommé Dioclétien,
qui avait été choisi pour être empereur de toute la terre,
bien qu'il soit le destructeur de la race humaine,
deux cent quatre-vingt-six ans après l'Incarnation du Christ;
et il régna vingt ans, ce cruel assassin,
et ainsi il tua et fit tuer,
tous les Chrétiens qu'il peut trouver,
et brûla les églises et vola l'innocent,
et son impie persécution sans cesse s'étendit
dix ans durant sur toute la terre,
jusqu'à ce qu'elle parvienne aussi en Angleterre,
et là tue nombre de ceux qui croyaient en Christ.
Un d'entre eux fut Alban, le Noble Martyr,
qui fut en effet tué dans cette persécution
pour la Foi en Christ, de la manière que nous allons vous raconter.
En ces jours parvint en Angleterre
la meurtrière persécution de l'infâme empereur,
et les meurtriers capturaient partout les Chrétiens
avec une fureur sans limites; il advint qu'un Prêtre leur échappa
qui s'enfuit secrètement vers la maison d'Alban,
et là resta caché de ses acharnés persécuteurs,
et Alban le reçut, bien qu'il ne fut pas baptisé.
Alors le Prêtre, autant qu'il aimait Dieu,
commença à chanter ses Offices et à jeûner sévèrement,
et jour et nuit à louer Son Seigneur,
et par la même à enseigner la Vraie Foi
à l'honorable Alban, jusqu'à ce qu'il advint
qu'il se mette à croire dans le Vrai Dieu et à renoncer au paganisme,
et devenir un Vrai Chrétien, débordant de Foi.
Alors le Prêtre demeura avec l'honorable homme
jusqu'à ce que le magistrat qui persécutait les Chrétiens
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l'y découvre et avec grande colère
ordonna qu'on le fasse comparaître devant lui au plus tôt.
Alors arrivèrent les messagers à la maison d'Alban,
mais Alban sortit à la rencontre des persécuteurs
avec le vêtement à capuche du Prêtre comme si c'était lui,
et il ne voulut pas le trahir auprès des méchants persécuteurs.
Il fut dès lors enchaîné et emmené sur-le-champ
vers l'impie juge qui était occupé à offrir à ses divinités
des sacrifices diaboliques, avec tous ses complices.
Alors le juge devint diaboliquement enragé,
aussitôt qu'il eut détenu ce Martyr résolu,
parce qu'il avait accueilli le Prêtre fugitif,
et s'était livré pour être tué à sa place.
Alors il ordonna de l'amener au sacrifice païen et dit
qu'il lui ferait subir le terrible châtiment
qu'il avait préparé pour le Prêtre s'il avait pu le détenir,
à moins qu'il ne se soumette vite à ses honteuses divinités;
mais Alban ne fut pas effrayé par ses terribles menaces,
parce qu'il était ceint des Armes de Dieu
pour le combat spirituel et répondit qu'il ne
se soumettrait pas à son ordre, ni ne plierait devant son idolâtrie.
Aussitôt le juge lui demanda :
"De quelle famille es-tu et quel est ton rang parmi les hommes?"
Alors Alban répondit à l'infâme :
"En quoi cela te concerne, de quelle famille je proviens?
mais si tu désires entendre la vérité, je te dirai prestement
que je suis Chrétien et qu'à jamais je louerai le Christ."
Alors lui répondit le juge : "Dis-moi ton nom,
sans attendre puisque je te le demande."
Le champion de Dieu répondit alors au meurtrier,
"On m'appelle Alban et je crois dans le Sauveur,
qui est le Vrai Dieu qui fit toutes créatures;
vers Lui montent mes prières et c'est Lui que toujours je louerai."
Le meurtrier répondit au glorieux homme :
"Si tu désires la félicité d'une Vie Eternelle,
alors tu ne dois pas retarder ton sacrifice
aux grands dieux, avec complète soumission."
Alban lui répondit : "Tes sacrifices aux divinités,
que tu offres aux démons, ne peuvent t'aider,
ni servir ta cause mais tu recevras comme récompense
les châtiments éternels dans l'immense enfer."
Voilà! Alors le juge s'irrita fortement,
et ordonna de fouetter le Saint Martyr,
espérant qu'ainsi il ferait plier la résistance de son esprit
vers sa propre forme de culte, par le moyen du fouet;
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mais le Bienheureux fut renforcé par Dieu,
et supporta le fouet avec un excès de patience,
et d'un esprit joyeux il en remercia Dieu.
Alors le juge comprit qu'il ne pourrait pas vaincre
le Saint Homme par de sévères tortures,
pas plus que le détourner du Christ et donc ordonna de le faire périr
par décapitation pour le Nom du Sauveur.
Alors les païens firent ce que le juge leur commandait,
et dirigèrent le Saint vers sa décapitation;
mais ils furent retardés un long moment à un pont,
et y furent arrêtés jusqu'au soir à cause de l'énorme foule
d'hommes et de femmes qui s'y amassait,
et venaient vers le Martyr et l'accompagnaient.
De sorte qu'il advint que l'incroyant juge
resta sans manger en ville jusqu'au soir,
et sans l'avoir prévu, jeûnant contre sa volonté.
Voilà! Alors Alban voulut se hâter vers la mort,
et il descendit vers les flots puisqu'il ne pouvait franchir le pont,
et levant les yeux au Ciel, priant le Sauveur,
et les flots s'asséchèrent devant lui,
et laissèrent un large passage devant ses pieds comme il l'avait demandé à Dieu.
Alors l'exécuteur qui devait le tuer,
fut touché par ce Miracle et jeta au loin son épée,
et courut vite, aussitôt qu'ils avaient franchit l'eau,
et il tomba rempli de Foi à ses pieds,
désirant mourir avec lui plutôt que de le tuer.
Il fut dès lors uni, d'une Foi résolue,
au Saint Homme qui allait être décapité;
et l'épée gisait luisante devant eux,
et nul d'entre eux ne fût prêt à le tuer.
Il y avait à portée de main du Saint Homme
une belle colline, ornée de plantes,
bien en tout et avec une pente raide.
Alors Alban s'y dirigea vite,
et aussitôt pria Dieu qu'Il lui fasse jaillir de l'eau
en haut de la colline et ainsi fît Dieu.
Alors l'eau de source jaillit aux pieds d'Alban,
afin que l'on puisse comprendre sa puissance auprès de DIeu,
et le flot s'écoula de la colline escarpée.
Il fut alors décapité pour le Nom du Sauveur,
en haut de la colline et partit vers Son Seigneur
par un glorieux martyre, rempli de la Vraie Foi;
mais son meurtrier ne put vivre en bonne santé,
parce que ses deux yeux s'orbitèrent,
et tombèrent sur terre avec la tête d'Alban,
ce qui lui fît comprendre qui venait-il de tuer.
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Ils décapitèrent ensuite le fidèle soldat,
qui ne voulut pas décapiter le Saint Homme,
et il gît aux côtés d'Alban, croyant en Dieu,
baptisé dans son sang et partit pour le Ciel.
Ensuite quand les exécuteurs retournèrent vers leur maître,
et lui rapportèrent les signes merveilleux qu'Alban avait accomplis,
et comment son exécuteur était devenu aveugle,
et alors il leur ordonna de cesser la persécution et parla avec révérence
des Saints Martyrs qu'il ne parvint pas
à détourner de la Foi en Dieu par les terribles tourments.
Durant cette même persécution furent aussi massacrés
Aaron et Julius et nombre d'autres,
tant hommes que femmes, à travers toute l'Angleterre,
morts sous les tortures pour la Foi en Christ,
et ils partirent victorieux vers la Vraie Vie.
Alors la persécution s'arrêta et les Chrétiens sortirent
hors des bois et hors des Déserts où ils avaient été cachés,
et vinrent parmi eux et restaurèrent le Christianisme,
et réparèrent les églises qui avaient été détruites,
et demeurèrent là en paix dans la Vraie Foi.
Alors ils bâtirent une magnifique église
au Saint Alban, là où il fut enterré,
et bien souvent des Miracles y eurent lieu
à la louange du Sauveur qui vit à jamais dans l'éternité.
ou
La Lumière de l'Evangile fut portée en Angleterre dès le temps des Apôtres. Le nombre des
Chrétiens s'y accrut beaucoup par la conversion du Roi Lucius qu'on place en 180. La fureur
des premières persécutions ne pénétra pas dans ces îles lointaines, ce qui permit à l'Eglise de
cultiver en paix et de développer les germes de la Foi. D'ailleurs, l'Angleterre étant comme un
monde séparé du monde romain, on peut présumer que beaucoup de fidèles persécutés
ailleurs, s'y retirèrent pour y trouver un peu de repos. Mais Dioclétien, plus clairvoyant ou
plutôt plus impitoyable que les autres persécuteurs, ensanglanta ces contrées paisibles. Nous
apprenons de Gildas et de Bède que plusieurs Chrétiens y remportèrent la Couronne du
martyre.
Le premier et un des plus célèbres de ces héros chrétiens fut Saint Alban dont la Naissance
Céleste a été illustrée par plusieurs Miracles et dont le sang après avoir rendu témoignage à
Jésus-Christ, a été une semence de chrétiens et une source de bénédictions pour l'Angleterre.
"La gloire de son triomphe," dit Fortunat, "a été si éclatante qu'elle s'est répandue par toute
l'Eglise." Alban, jeune encore, se rendit à Rome pour se perfectionner dans les belles-lettres.
De retour en Angleterre, il s'établit à Vérulam,* où il jouissait d'une grande considération
parmi le peuple non moins à cause de son rang qu'à cause de ses richesses et des dignités dont
il était revêtu. Il ne connaissait point Jésus-Christ mais son âme enrichie des plus heureuses
dispositions, semblait n'attendre que l'instant de la Grâce pour s'ouvrir aux Lumières de la Foi
et pour ne plus rechercher que le trésor des Biens Eternels. Bon envers tout le monde,
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charitable envers les indigents, Alban ouvrait sa maison à tous les malheureux.
* Il ne reste plus aucun vestige de l'ancienne ville de Vérulam, si l'on excepte quelques fondations de murailles
et quelques morceaux de pavé marqueté. On y a souvent trouvé, en creusant, des pièces de monnaie romaine. La
Werlame coule à l'orient de la ville; à l'occident est le grand chemin construit par les Romains et appelé
Wallingstreet.
Il reçut chez lui un Saint Prêtre nommé Amphibale qui fuyait pour se soustraire aux
inquisitions des persécuteurs. Il le traita avec toute sorte d'égards et même de respects.
L'Homme de Dieu passa ainsi quelque temps caché à l'oeil des bourreaux. Alban qui
l'observait était singulièrement édifié de sa conduite; surtout il admirait avec quelle ferveur il
passait les jours et une partie des nuits en prière. Il eut envie de connaître une religion qui
inspirait une piété si merveilleuse. Un jour, il renvoya ses serviteurs et demeurant seul avec
son hôte, il lui dit :
"Comment se fait-il que toi qui es Chrétien tu aies pu parcourir tout un pays où ta religion est
en horreur et arriver sain et sauf jusque dans cette ville?" Amphibale lui répondit : "Mon
Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, a protégé mes pas et m'a gardé constamment de
tout danger. C'est Lui Qui pour le Salut de plusieurs, m'a dirigé vers cette province afin
qu'annonçant aux nations la Foi qu'Il a prêchée Lui-même, je Lui prépare un peuple choisi" , -
"Mais," dit Alban, "quel est donc ce Fils de Dieu? Prétends-tu dire que Dieu est né? Ces
choses me paraissent bien nouvelles et j'en entends parler aujourd'hui pour la première fois. Je
serais curieux de savoir comment vous expliquez tout cela, vous autres Chrétiens."
Alors le Bienheureux Amphibale commençant à lui exposer les Mystères de l'Evangile, parla
en ces termes : " Notre Foi nous enseigne à reconnaître Dieu le Père et Dieu le Fils Qui pour
Notre Salut, a daigné se revêtir d'une chair semblable à la nôtre et naître miraculeusement
d'une Vierge. Quand les temps furent accomplis, un Ange du Ciel descendit vers cette Vierge,
nommée Marie pour Lui annoncer le Mystère qui allait s'accomplir en Elle et Marie répondit :
Je suis la Servante du Seigneur : qu'il me soit fait selon ta parole. Ainsi cette Vierge fut jugée
digne de donner naissance à Son Dieu, à Son Seigneur, à Celui de Qui Elle avait reçu Ellemême
l'existence. Elle devint mère sans perdre sa Virginité. C'est ce qu'avaient depuis
longtemps prédit les Prophètes auxquels Dieu avait révélé ce Mystère dans les siècles passés.
Si donc tu crois toutes ces choses, les promesses de Salut faites aux Chrétiens s'accompliront
aussi en toi : quand tu seras Chrétien, tu pourras en invoquant le Nom du Christ guérir les
infirmes et les malades; aucune adversité ne sera capable de t'abattre; enfin tu finiras ta vie par
le martyre et par une bienheureuse mort, tu quitteras cette terre pour aller vivre avec le Christ.
C'est pour t'annoncer tout cela que je suis venu dans cette ville; le Seigneur veut récompenser
ainsi l'hospitalité généreuse que tu m'as donnée."
Alban dit alors : "Si je viens à croire au Christ quel honneur devrai-je lui rendre?" Le Prêtre
lui répondit : "Crois que le Seigneur Jésus est un seul Dieu avec le Père et le Saint-Esprit et tu
seras par là même très agréable à Ses Yeux." Alban répliqua : "Que dis-tu? Tu parles comme
un insensé car mon esprit ne peut trouver un sens à cette parole et ma raison se refuse à
l'admettre. Si les habitants de cette ville entendaient ce que tu viens de me dire de Ton Christ,
ils ne tarderaient pas à punir tes discours blasphématoires selon la rigueur des lois portées
contre votre secte. Pour moi, je suis bien disposé à ton égard mais je crains fort qu'il ne
t'arrive malheur." Il se retira donc tout ému sans vouloir écouter davantage les paroles du
Prêtre ni prêter l'oreille à ses enseignements.
Amphibale resté seul, passa toute la nuit en prière, tandis qu'Alban se retira dans sa chambre
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pour prendre son repos. Mais pendant qu'il dormait, il eut une vision que Dieu lui envoya pour
l'instruire et dont il fut tellement touché qu'il se leva sur l'heure, vint trouver son hôte et lui
dit : " Si ce que tu prêches au sujet du Christ est véritable, daigne me donner l'explication d'un
songe mystérieux que je viens d'avoir. J'ai vu descendre du Ciel un homme qu'une foule
immense d'autres hommes a saisi pour Lui faire souffrir des tourments de toute espèce. Ils Lui
ont lié les mains, ont frappé sur Son Corps à coups de verges et mis ainsi toute Sa Chair
comme en lambeaux. Puis ils ont suspendu à une Croix ce corps ainsi déchiré après l'avoir
dépouillé de tous Ses Vêtements; ils ont étendu violemment Ses Bras sur cette Croix; ils ont
percé de clous Ses Pieds et Ses Mains : ils Lui ont ouvert le côté d'un coup de lance et de cette
blessure j'ai cru voir sortir du sang et de l'eau. Ils L'avaient injurié longtemps en disant : Salut,
Roi des Juifs; si Tu es le Fils de Dieu, descends de la Croix à cette heure et nous croirons en
Toi. Mais Lui, sans leur répondre, a jeté ce cri : "Mon Père, Je remets Mon Âme entre Tes
Mains." Et aussitôt après Il expira. Ensuite j'ai vu descendre de la Croix Son Corps Inanimé
dont le sang s'épanchait par de larges blessures : on L'a mis dans un sépulcre de pierre qu'on a
scellé et autour duquel on a placé des gardes. Mais Ô Miracle! ce Corps revient à la vie; Il sort
du tombeau sans briser les portes scellées; j'ai vu de mes yeux comment Il est ressuscité
d'entre les morts. Des hommes vêtus d'habits blancs comme la neige sont descendus du Ciel :
ils ont pris avec eux cet Homme Ressuscité et sont retournés au Ciel ensemble. Une multitude
innombrable d'hommes revêtus pareillement de robes blanches suit le Vainqueur de la mort,
ne cessant jamais de chanter Ses Louanges et de bénir le Père en disant : Béni soit Dieu le
Père et son Fils Unique. Tous sont dans une paix inaltérable à laquelle aucun bonheur ne
saurait être comparé. Telle est la vision que j'ai eue cette nuit : explique-la-moi, je t'en supplie
et ne crains pas de me dire entièrement tout ce que signifient ces choses."
A ce récit, le Bienheureux Amphibale comprit que Dieu avait daigné visiter le coeur d'Alban
et il en conçut une joie inexprimable. Aussitôt te tirant l'Image de la Croix du Seigneur qu'il
portait toujours sur lui, il lui dit : "Voilà le signe qui te fera connaître ce que signifie et ce que
présage ta vision. L'homme que tu as vu descendre du Ciel est Mon Seigneur Jésus-Christ Qui
n'a pas refusé de subir le supplice de la Croix pour nous laver par son sang du péché auquel la
prévarication d'Adam, notre premier père, nous avait rendus sujets. Ceux qui L'ont saisi et
affligé par de si cruels tourments sont les Juifs, le peuple choisi de Dieu, à qui Il avait promis
d'envoyer du Ciel son Fils : or quand Il est venu, ils ont refusé de Le recevoir. Après une si
longue et si pénible attente, ils n'ont pas voulu reconnaître l'Auteur de leur Salut mais ils L'ont
contredit sans cesse, lui ont rendu le mal pour le Bien et n'ont répondu que par la haine à
l'Amour qu'Il leur avait témoigné. Enfin, remplis d'envie contre Lui, ils ont bien osé Le saisir,
cet Homme-Dieu que les Gentils eux-mêmes jugeaient innocent : ils L'ont saisi et L'ont fait
mourir sur une Croix. C'est ainsi que le Seigneur Très Miséricordieux nous a rachetés au prix
de son sang qu'Il a vaincu la mort en mourant Lui-même et qu'étant élevé sur la Croix, Il a
tout attiré à Lui. Il est aussi descendu dans les cachots ténébreux de l'enfer; Il a brisé les liens
des Justes qui y étaient captifs et enchaînant le diable, Il l'a rejeté au plus profond de l'abîme."
Alban fut saisi d'admiration en entendant ces paroles et il s'écria : "Oui, les choses que tu
viens de dire touchant le Christ sont vraies et l'on ne saurait les accuser de fausseté. C'est le
Christ que j'ai vu cette nuit combattre et vaincre le démon. Je veux donc désormais prêter une
oreille docile à tes enseignements. Dis-moi puisque ta science est si grande quels sont mes
devoirs envers le Père et le Saint-Esprit, maintenant que je reconnais le Fils pour Mon
Seigneur et Mon maître." Le Prêtre rempli d'une grande joie, s'écria : "Je rends Grâces à Mon
Seigneur Jésus-Christ de ce que tu as appris à invoquer de toi-même ces trois Noms sacrés.
Crois donc que ces trois Personnes que tu viens de nommer sont un seul et même Dieu et
confesse généreusement cette Foi."- "Oui," répondit Alban, "telle est ma ferme croyance. Il
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n'y a point d'autre Dieu que mon Seigneur Jésus-Christ Qui pour le Salut des hommes a
daigné se revêtir de leur nature et souffrir la mort de la Croix : il est un seul Dieu avec le Père
et le Saint-Esprit, en dehors de Qui il n'y a point d'autre Dieu."
Plusieurs fois il répéta avec ferveur cette profession de Foi; il se prosternait devant l'Image de
la Croix du Sauveur et comme s'il y avait vu Jésus-Christ présent Lui-même, il implorait avec
larmes le pardon de ses pêchés, il baisait la place des pieds et des mains comme s'il avait
touché véritablement les plaies sacrées du Christ et que sa vision de la nuit précédente se fût
transformée en une réalité. Des larmes coulaient en abondance sur son visage et baignaient le
signe du Salut qu'il tenait embrassé. "Je renonce au démon," disait-il, "je déteste tous les
ennemis du Christ; je me donne et je me confie au Divin Seigneur Qui le troisième jour, est
ressuscité d'entre les morts." Amphibale voyant ses bonnes dispositions et jugeant qu'il était
déjà parfait Chrétien dans son coeur, le baptisa au nom de la Très Sainte Trinité. Puis il lui
dit : "Sois sans crainte : le Seigneur est avec toi et Sa Grâce ne te manquera jamais. C'est de
Lui-même que tu as appris par Révélation les Mystères de notre Foi que les autres hommes
reçoivent ordinairement par la prédication d'un homme faible comme eux; c'est pourquoi je
suis maintenant tranquille sur ton compte. Je vais donc reprendre ma route pour aller
continuer ailleurs les travaux de mon ministère." - "Non," dit Alban; " je te prie de ne pas me
quitter si tôt mais de passer encore une semaine avec moi afin que tu m'apprennes en détail
tout ce qui concerne les autres dogmes et les pratiques du culte chrétien." Amphibale voyant
que la résolution qu'il avait prise de quitter ce lieu remplissait Alban d'une si grande tristesse,
consentit à sa demande. Chaque soir, le maître et le disciple fuyant le tumulte des hommes, se
retiraient dans une maison à l'écart et y passaient ensemble toute la nuit à louer Dieu. Ils se
cachaient ainsi pour n'être pas découverts par les infidèles qui cherchaient à connaître la Vraie
Religion, moins pour l'embrasser que pour la persécuter.
Néanmoins et peu après, un Gentil audacieux parvint à découvrir leur secret et fit connaître au
magistrat tout ce qui s'était passé entre eux. Il n'omit rien de ce qui était propre à perdre les
innocents, en allumant contre eux la fureur du juge. En effet celui-ci fut aussitôt enflammé de
colère : il ordonna qu'on lui amenât Alban et celui qui l'avait instruit dans la Foi chrétienne
afin de les obliger à offrir un sacrifice aux dieux du pays. S'ils ne voulaient pas y consentir, ils
devaient être saisis, enchaînés et égorgés eux-mêmes en guise de sacrifice sur l'autel des
dieux. Toutefois, ces ordres ne purent être donnés d'une manière si secrète qu'ils ne
parvinssent à la connaissance d'Alban qui désirant sauver du péril le Prêtre qui l'avait instruit,
l'exhorta à sortir de la ville. Pour faciliter son évasion, il la revêtit de sa propre chlamyde qui
était brodée d'or. Cet habit était alors celui des principaux du pays et par là même si honoré
qu'il commandait à tous le respect envers quiconque en était revêtu. Ayant donc jugé
qu'Amphibale serait sous cet habit plus garanti contre les insultes et les violences, il prit luimême
le manteau de son cher maître, sachant bien que c'était un moyen de s'attirer la fureur
des barbares. Alors Amphibale cédant aux prières d'Alban, partit avant l'aurore et se dirigea
du côté de l'aquilon, conduit quelque temps par son généreux disciple. Enfin ils se dirent
adieu et se séparèrent. Le Prêtre se rendit dans le Pays de Galles pour y continuer ses travaux
apostoliques. Revêtu de la robe de son maître, Alban revint seul à sa demeure, attendant
paisiblement l'exécution des ordres qui avaient été donnés contre lui.
Quand le jour fut venu, une troupe nombreuse de soldats furieux se précipite tout à coup sur la
maison d'Alban : ils pénètrent partout, visitent avec soin toutes les chambres, fouillent jusque
dans les coins les plus obscurs et remplissent tout de désordre et de tumulte. Enfin ils arrivent
dans cet endroit solitaire où Alban avait coutume de venir prier avec Amphibale; ils entrent;
ils le voient revêtu d'un habit étranger, prosterné devant la Croix du Sauveur et se livrant à la
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prière. Alors ils se précipitent en foule et lui demandent à grands cris de leur livrer le Prêtre
qu'il a reçu chez lui.
Alban leur dit pour toute réponse "Pourquoi le cherchez-vous? Il est sous la garde de Dieu et
maintenant avec ce tout puissant secours, il ne craint pas vos menaces." Les satellites irrités
de voir cette proie leur échapper, sentirent redoubler leur fureur et tournant contre Alban luimême
tout leur ressentiment, ils mirent aussitôt la main sur lui. On l'attache, on l'entraîne, on
le charge de chaînes pesantes, on le tire par les vêtements et par les cheveux; on le conduit
enfin après mille injures après mille traitements inhumains jusqu'au temple des idoles où le
juge se trouvait avec le peuple de la ville accouru de tous côtés en ce lieu. Alban voulant
montrer à tous qu'il était Disciple et Serviteur de la Croix, portait sans cesse dans ses mains le
signe du Salut. Quand les Gentils virent ce signe sacré qui leur avait été inconnu jusqu'alors,
ils furent étonnés et troublés; le juge cependant regarda avec un visage irrité l'Homme de Dieu
et la Croix qu'il tenait entre ses mains. Loin d'être effrayé de sa colère, Alban le méprisa
tellement qu'il ne daigna pas lui répondre sur son rang et sa famille mais à l'interrogation qui
lui fut faite sur ce sujet il ne répondit qu'en faisant connaître son nom et en déclarant à haute
voix qu'il était Chrétien.
Le juge lui dit : "Alban, fais-moi savoir où est ce Prêtre envoyé de je ne sais où pour mettre le
trouble dans cette ville qui y est entré secrètement et que tu as reçu dans ta maison. Si sa
conscience n'était pas agitée de remords, s'il ne doutait pas lui-même de la bonté de sa cause,
il se serait présenté devant nous pour rendre compte de sa doctrine au lieu de laisser ce soin à
son disciple. Mais au contraire, il a fait voir par son exemple combien ses enseignements sont
vains et trompeurs puisque au lieu de défendre celui qu'il a gagné par ses belles paroles, il
l'abandonne lâchement dès qu'il voit le péril. Je pense que cela suffira pour te faire voir que tu
as accordé trop de confiance à un homme infatué de chimères qui t'a poussé jusqu'à cet excès
de folie de compter pour rien tous les biens de ce monde et de mépriser ouvertement nos
grands dieux. Or nous ne pouvons pas laisser impunie l'injure qui leur est faite : le
contempteur des dieux doit être puni de mort. Mais comme il n'est personne qui ne puisse
tomber dans l'erreur, il est aussi toujours possible d'en sortir. Tu peux donc te réconcilier
encore avec les dieux que tu as offensés; tu rentreras dans leurs bonnes grâces en te séparant
de la secte perfide dans laquelle tu t'es laissé entraîner. Ecoute les conseils que je te donne
dans ton intérêt : fais aux dieux de grands sacrifices alors non seulement ils te pardonneront
tes crimes et tes offenses mais encore ils augmenteront ta fortune et tes honneurs et
combleront tous tes désirs, ainsi qu'ils ont coutume de faire pour leurs serviteurs fidèles."
Sans être effrayé par ces menaces ni séduit par cette feinte douceur, Alban répondit : "Tu as
parlé longuement, ô juge mais la longueur de tes discours ne peut m'empêcher d'en
apercevoir la fausseté. Le Prêtre dont tu parles serait certainement venu à ton audience si cela
nous avait paru bon à l'un et à l'autre. Mais pour moi, je n'ai pu consentir à ce qu'il
m'accompagnât ici parce que je connais trop ce peuple méchant et prompt à mal faire; quant à
lui, bien qu'il ne redoute pas la Véritable Justice, il ne peut souffrir les juges qui ne savent pas
discerner le Vrai du faux dans leurs jugements. J'avoue que j'ai embrassé sa doctrine mais je
ne saurais m'en repentir; la suite te fera voir que je n'ai pas cru sur la Foi d'un ignorant ou d'un
imposteur. Les malades et les infirmes recouvrant leur santé première rendront témoignage à
la Vérité de Notre Foi. Cette Foi m'est plus chère que toutes les richesses dont tu me parles,
plus précieuse que tous les honneurs par la vue desquels tu veux me tenter. Car supposons un
homme comblé d'honneurs et de richesses au gré de ses désirs, ne faudrait-il pas qu'enfin il
meure? Tout son or pourra-t-il le tirer du sépulcre et le ramener parmi les vivants? Mais à
quoi bon prolonger ce discours? Je ne sacrifie pas à tes faux dieux car tous mes ancêtres les
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ont servis sans en recevoir d'autre salaire que leur damnation éternelle. Aidé du Secours de
Mon Dieu, je ne crains pas les supplices dont tu me menaces." Quand il eut ainsi parlé, un
sourd murmure s'éleva parmi la foule : les uns étaient attendris; d'autres poussaient des cris
d'insulte mais le Bienheureux Alban paraissait insensible aux menaces du juge et aux
clameurs du peuple irrité.
On lui intima de nouveau l'ordre de sacrifier aux "dieux" : une troupe furieuse de Gentils se
précipita vers lui pour l'y contraindre mais sa fermeté demeura inébranlable et rien ne put
l'amener à commettre un tel forfait. Alors sur l'ordre du juge, on l'étendit pour le battre de
verges. Mais tandis qu'on le frappait rudement, il se tourna vers le Seigneur et dit avec un
visage serein : "Seigneur Jésus-Christ, daignes garder mon âme pour qu'elle ne soit pas
ébranlée et qu'elle ne tombe pas du rang élevé où Ta Bonté l'a placée. C'est à Toi, Seigneur
que j'offre le sacrifice de ma vie et je désire répandre mon sang pour Ton Amour." Ces
paroles ne purent être étouffées par le bruit épouvantable des coups de fouet. Les bras des
bourreaux se fatiguèrent sans que la constance du Martyr fût ébranlée. Le juge sachant alors
que le courage cède quelquefois plus facilement à la durée des tourments qu'à leur violence, le
fit conduire dans une étroite et affreuse prison où il le retint pendant près de six mois entiers.
Mais le Ciel ne tarda pas à venger l'injure faite au Serviteur de Dieu. Depuis le jour où il fut
arrêté jusqu'à celui où il consomma par sa Naissance Céleste son glorieux sacrifice, la pluie et
la rosée ne vinrent plus rafraîchir la terre : les vents retinrent leur souffle bienfaisant; chaque
jour les ardeurs du soleil desséchaient de plus en plus les campagnes et même pendant les
nuits la chaleur était excessive; les sillons et les arbres refusèrent de rendre aux laboureurs le
fruit de leurs travaux; en un mot, toute la nature combattit contre les méchants pour venger le
Juste opprimé. Les habitants de Vérulam furent bientôt réduits à l'extrémité par ce fléau mais
ce châtiment si rude qu'il fût, ne put les ramener à des sentiments meilleurs. Ils se réunirent
donc et dirent : "C'est par un art magique que notre terre est ainsi désolée : tout a péri dans nos
campagnes; c'est le Christ, le Dieu d'Alban Qui a brûlé nos moissons et ruiné les espérances
de nos récoltes." Ils se firent donc amener Alban qui parut devant eux les pieds nus, le visage
exténué et tout le corps couvert de la poussière du cachot. Quand ils le virent ainsi
méconnaissable à cause des rigueurs qu'on lui avait fait souffrir, ils furent touchés de
compassion et après avoir longtemps discuté entre eux, ils résolurent de le traiter plus
humainement. Quant à ses parents, ils firent valoir en sa faveur son rang et sa naissance,
ajoutant que puisqu'on ne pouvait le convaincre d'avoir excité aucun tumulte ni sédition, il
était indigne de voir un illustre aristocrate chargé de fers comme s'il avait été un voleur. Le
peuple les écouta volontiers; de grands cris s'élevèrent pour demander sa délivrance et aussitôt
par le jugement de la multitude, il fut délivré de ses chaînes et proclamé libre.
Une faveur de ce genre ne pouvait être agréable à Alban : il s'était préparé au martyre et il
craignait de voir encore cette fois son triompha différé. Il se leva donc au milieu de la foule et
montrant à tous la Croix du Seigneur, il se prosterna devant elle et fit cette prière : "Seigneur
Jésus-Christ, ne permets pas que la malice du diable profite de la concorde de tout ce peuple
pour me ravir ma couronne. Daigne réprimer son audace et rendre inutiles toutes ses ruses
perfides." Puis se tournant vers la foule, il dit : "Qui peut vous conduire à changer ainsi de
sentiments? Si vous êtes indécis, consultez les lois de votre cité : elles vous indiqueront ce que
vous avez à faire. Pourquoi tardez-vous? Ne savez-vous pas que je suis l'irréconciliable
ennemi de vos "dieux?" En effet comment pouvez-vous croire dignes d'adoration ceux qui
loin d'avoir quelque chose de Divin sont l'ouvrage de la main des hommes? Vous êtes témoins
vous-mêmes qu'ils ne peuvent rien voir, rien entendre; est-il quelqu'un d'entre vous qui ait
jamais souhaité d'être semblable aux "dieux" auxquels il rend ses hommages? Comment donc
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