jeudi 12 janvier 2012

Vie de Saint Basile le Grand & autres Vies de Saints.

Icône de Saint Basile le Grand.































1 – 14 janvier 2012
Commémorations Spéciales : Le Samedi Avant la Théophanie
Tropaire de l'Avant-Fête de la Théophanie ton 4
Prépare-toi, Ô Zabulon, et orne-toi, Ô Naphtali; Fleuve du Jourdain, cesse de couler
et reçois dans la joie le Maître Qui vient Se faire Baptiser. Adam, réjouis-toi avec notre
première Mère, et ne te cache pas comme tu le fis autrefois en Paradis; t'étant découvert nu,
Il est apparu pour te vêtir des premiers habits.
Le Christ est apparu pour renouveler toute la Création.
Kondakion de l'Avant-Fête de la Théophanie ton 4
En ce jour le Seigneur descend dans le Jourdain et crie à Jean :
"Ne crains pas de Me baptiser :
Je suis venu pour sauver Adam, l'homme premier-créé."
Lecture de l’Epître
1Tim III : 13-IV : 5
3.13 car ceux qui remplissent convenablement leur ministère s'acquièrent un rang honorable, et
une grande assurance dans la foi en Jésus Christ.
3.14 Je t'écris ces choses, avec l'espérance d'aller bientôt vers toi, 3.15 mais afin que tu saches,
si je tarde, comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l'Église du Dieu
vivant, la colonne et l'appui de la vérité. 3.16 Et, sans contredit, le mystère de la piété est grand:
celui qui a été manifesté en chair, justifié par l'Esprit, vu des anges, prêché aux Gentils, cru
dans le monde, élevé dans la gloire.
4.1 Mais l'Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la
foi, pour s'attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons, 4.2 par l'hypocrisie de
faux docteurs portant la marque de la flétrissure dans leur propre conscience, 4.3 prescrivant de
ne pas se marier, et de s'abstenir d'aliments que Dieu a créés pour qu'ils soient pris avec
actions de grâces par ceux qui sont fidèles et qui ont connu la vérité. 4.4 Car tout ce que Dieu a
créé est bon, et rien ne doit être rejeté, pourvu qu'on le prenne avec actions de grâces, 4.5 parce
que tout est sanctifié par la parole de Dieu et par la prière.
Lecture de l’Evangile
Matthieu III : 1-11
1.1 En ce temps-là parut Jean Baptiste, prêchant dans le désert de Judée. 1.2 Il disait: Repentezvous,
car le royaume des cieux est proche. 1.3 Jean est celui qui avait été annoncé par Ésaïe, le
prophète, lorsqu'il dit: C'est ici la voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du
Seigneur, Aplanissez ses sentiers. 1.4Jean avait un vêtement de poils de chameau, et une
ceinture de cuir autour des reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. 1.5 Les
habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de tout le pays des environs du Jourdain, se
rendaient auprès de lui; 1.6 et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le
fleuve du Jourdain.
1.7 Mais, voyant venir à son baptême beaucoup de pharisiens et de sadducéens, il leur dit:
Races de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir? 1.8 Produisez donc du fruit digne
de la repentance, 1.9et ne prétendez pas dire en vous-mêmes: Nous avons Abraham pour père!
Car je vous déclare que de ces pierres-ci Dieu peut susciter des enfants à Abraham. 1.10 Déjà la
cognée est mise à la racine des arbres: tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera
coupé et jeté au feu.1.11 Moi, je vous baptise d'eau, pour vous amener à la repentance; mais
2
celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter ses
souliers. Lui, il vous baptisera du Saint Esprit et de feu.
Cycle mobile (Pascalion): Samedi de la Trente et Unième Semaine
Lecture de l’Epître
Col I : 1-6
1.1 Paul, apôtre de Jésus Christ par la volonté de Dieu, et le frère Timothée, 1.2 aux saints et
fidèles frères en Christ qui sont à Colosses; que la grâce et la paix vous soient données de la
part de Dieu notre Père!
1.3 Nous rendons grâces à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, et nous ne cessons
de prier pour vous, 1.4 ayant été informés de votre foi en Jésus Christ et de votre charité pour
tous les saints, 1.5 à cause de l'espérance qui vous est réservée dans les cieux, et que la parole
de la vérité, la parole de l'Évangile vous a précédemment fait connaître. 1.6 Il est au milieu de
vous, et dans le monde entier; il porte des fruits, et il va grandissant, comme c'est aussi le cas
parmi vous, depuis le jour où vous avez entendu et connu la grâce de Dieu conformément à la
vérité,
Lecture de l’Evangile
Luc XVII : 3-10
17.3 Prenez garde à vous-mêmes. Si ton frère a péché, reprends-le; et, s'il se repent, pardonnelui.
17.4 Et s'il a péché contre toi sept fois dans un jour et que sept fois il revienne à toi, disant:
Je me repens, -tu lui pardonneras. 17.5 Les apôtres dirent au Seigneur: Augmente-nous la
foi. 17.6 Et le Seigneur dit: Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à ce
sycomore: Déracine-toi, et plante-toi dans la mer; et il vous obéirait. 17.7Qui de vous, ayant un
serviteur qui laboure ou paît les troupeaux, lui dira, quand il revient des champs: Approche
vite, et mets-toi à table? 17.8 Ne lui dira-t-il pas au contraire: Prépare-moi à souper, ceins-toi,
et sers-moi, jusqu'à ce que j'aie mangé et bu; après cela, toi, tu mangeras et boiras? 17.9Doit-il
de la reconnaissance à ce serviteur parce qu'il a fait ce qui lui était ordonné? 17.10 Vous de
même, quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites: Nous sommes des serviteurs
inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire.
Cycle fixe : Commémorations
SAINTS ELVAN ET MYDWYN (+198)
Elvan et Mydwyn auraient été les Brittons envoyés par le Saint Roi Lucius vers le Saint
Evêque Eleuthère de Rome pour lui demander d'envoyer des Missionnaires vers la Grande-
Bretagne. Saint Elvan a été l'Evêque de Londres.
SAINTE FANCHEA (OU FAINCHE, GARBH) DE ROSSORY, VIERGE (+585)
On rapporte nombre d'histoires merveilleuses la concernant dans la Vie de Saint Enda qui est
en général considéré comme le père du monachisme irlandais. Fanchea était une très antique
Moniale qui avait un don particulier dans la maternité spirituelle sur les âmes. Elle serait
enfant de Clogher qui persuada son frère, Saint Enda, de devenir Moine. Elle fut l'Abbesse-
Fondatrice du Couvent de Rossory, Fermanagh et fut ensevelie à Killane.
SAINT MAELRHYS (+585)
Saint de l'Île de Bardsey, probablement né en Bretagne, Maelrhys est vénéré dans le Nord du
Pays de Galles.
3
CIRCONCISION SELON LA CHAIR DE NOTRE SEIGNEUR, DIEU ET SAUVEUR
JÉSUS-CHRIST*
Huit jours après la Naissance du Sauveur, Ses Parents Le firent circoncire (Luc 2:21)
conformément à l'Ordre donné par Dieu à Abraham au moment où Il lui promit d'établir une
Alliance Eternelle avec lui et toute sa descendance : "Et voici Mon alliance qui sera observée
entre Moi et vous : c'est-à-dire ta race après toi (...) quand ils auront huit jours tous vos mâles
seront circoncis de génération en génération." (Gen. 17:10-12). Celui-là même Qui par Amour
des hommes a accepté de revêtir la nature humaine qu'Il a créée, a poussé la compassion
jusqu'à assumer celle-ci dans son état déchu et corrompu. Par le retranchement de ce morceau
de peau morte, symbole de la mortalité des hommes pécheurs, Lui, le Pur, le Sans-péché,
acceptait de recevoir le signe de la réconciliation qu'en tant que Dieu et Auteur de la Loi Il
avait Lui-même instituée. Dès Son Arrivée sur la terre, Il Se soumet humblement au précepte
de la Loi, montrant ainsi que les figures obscures trouvent en Lui leur accomplissement. Les
quelques gouttes de sang qu'Il versa en ce jour étaient le prélude du Sang qu'Il allait bientôt
verser sur la Croix pour laver les péchés du monde et nous délivrer de notre condamnation;
c'est pourquoi avec la Circoncision du Seigneur, c'est en fait le Mystère complet de notre
Rédemption que nous commémorons.
* Bien que la Circoncision soit une Fête du Seigneur, l'ordonnance liturgique de ce jour donne la priorité à la
célébration de Saint Basile.
Aujourd'hui, par la circoncision du Second Adam, prend fin la circoncision charnelle de
l'Ancienne Alliance et la Nouvelle et Véritable Alliance marquée par une circoncision
spirituelle est inaugurée par Son Sang. Le Baptême Chrétien constitue cette véritable
circoncision spirituelle, ce signe de l'appartenance au peuple nouveau, non plus par le
4
retranchement d'un morceau de peau morte mais par l'affranchissement de la mort elle-même
et par la communion à la mort et à la Résurrection Vivifiante du Seigneur. Pour cette raison
Saint Paul et les Saints Apôtres se sont opposés avec énergie à ceux qui voulaient contraindre
les convertis venus du paganisme à se faire circoncire (voir Actes 15:5-30; 1 Cor. 7:18-19;
Galates 5:2,6 et 6:15). "C'est en Lui (le Christ), dit-il que vous avez été circoncis d'une
circoncision qui n'est pas de main d'homme ( ... ) telle est la Circoncision du Christ : ensevelis
avec Lui lors du Baptême, vous en êtes aussi ressuscités avec lui parce que vous avez cru en
la force de Dieu qui L'a ressuscité des morts" (Colossiens 2:11-12).
"En effet dans le Christ Jésus ni circoncision ni incirconcision mais seulement la Foi opérant
par la charité" (Galates 5:6). En mettant un terme au précepte de l'Ancienne Alliance par Sa
propre Circoncision, le Christ nous appelait donc à la circoncision du coeur, au
renouvellement spirituel qu'Il avait déjà annoncé par Ses Prophètes (Jérémie 4:4, Romains
2:25-29).
C'est également sous forme de prophétie que Dieu avait ordonné à Abraham de pratiquer la
circoncision de la chair une fois accomplis les sept premiers jours de la vie de l'enfant,
symbole de l'ensemble du déroulement du temps (voir la semaine de la Création, Genèse 1).
Le huitième jour figurait donc le passage au-delà du temps de ce monde de mort vers la Vie
Eternelle qui nous a été ouvert par la Résurrection du Seigneur le "huitième" jour de la
semaine, lequel est également le premier et unique jour de la vie sans fin et sans
changement.* En étant circoncis le huitième jour après Sa naissance, le Christ nous annonçait
Sa Résurrection et notre délivrance finale.
* D'après l'interprétation des Saints Pères, le dimanche chrétien est à la fois le huitième et le premier jour de la
semaine : huitième comme dépassement du temps et premier comme introduction dans l'Eternité qui ne connaît
ni l'alternance du jour et de la nuit ni la succession des jours. Ces deux symbolismes sont largement développés
dans l'Office du Dimanche du Renouveau (ou de Thomas), une semaine après Pâque, ce qui explique pourquoi le
cycle des Hymnes de la Résurrection se développe selon les huit tons de la musique byzantine (Octoèque).
Conformément à l'usage, on Lui donna aussi, en ce jour, le nom que l'Ange de Dieu avait
indiqué à Joseph (Matth. 1:21; Luc 1:31) : Jésus, c'est-à-dire Sauveur. Par ce seul nom était
ainsi révélée Sa Mission sur la terre, ce pourquoi le Dieu Eternel et Créateur S'est fait homme.
Le Nom de Jésus résume et exprime tout le Mystère de Notre Salut; plus qu'un mot
conventionnel, il rend mystérieusement présente la Personne Elle-même du Sauveur dans
toute Sa Puissance Triomphante. "Ainsi Dieu L'a-t-il exalté et Lui a-t-Il donné le Nom qui est
au-dessus de tout nom pour que tout au Nom de Jésus, s'agenouille, au plus haut des Cieux,
sur la terre et dans les enfers et que toute langue proclame de Jésus-Christ qu'Il est Seigneur à
la Gloire de Dieu le Père" (Philippiens 2:9-11). Comme le montre d'innombrables exemples
dans la Sainte Ecriture (voir Actes 3:6; 4:7, 10:30; 10:43; 16:18; 19:13 etc.) et dans les vies
des Saints, c'est par le Nom de Jésus Invoqué avec Foi que les Miracles s'accomplissent et que
les démons et les forces de la mort prennent la fuite comme brûlés par le Feu de Sa Divinité,
conformément à Sa Promesse : "Et tout ce que vous demanderez en Mon Nom Je le ferai..."
(Jean 14:13). C'est pourquoi, les Chrétiens orthodoxes, témoins de ce Nom qui procure la Vie
(Jean 20:31), se doivent de tout faire au Nom de Jésus : "Quoi que vous puissiez dire ou faire,
que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, rendant par Lui Grâces au Père" (Gal. 3:17).
En répétant sans cesse, en toutes circonstances et à chaque respiration la Sainte Prière :
"Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu Vivant, aie pitié de moi, grand pêcheur!" ce sera la
Personne même de Notre Seigneur Qui habitera nos pensées, inspirera notre conduite,
purifiera nos passions et qui, trouvant peu à peu une demeure stable dans notre coeur, fera
alors resplendir en nous la Lumière Divine de Sa Face. La commémoration de la
5
Circoncision, le huitième jour après la Nativité, est donc aussi la fête du Saint Nom de Jésus
et de la prière qui nous procure la Grâce de Son Esprit Saint.
ou
THE CIRCUMCISION (OBREZANIE) OF THE LORD
The Circumcision (Obrezanie) of the Lord: On the eighth day after His Nativity our Lord
Jesus Christ – in accordance with the Old Testament Law, accepted circumcision, which was
decreed for all infants of the male gender as a sign of the Covenant of God with the Forefather
Abraham and his descendants (Gen. 17: 10-14, Lev. 12: 3). Upon the performing of this ritual
the Divine Infant was given the name Jesus, which had been announced by the Archangel
Gabriel on the day of the Annunciation (Blagoveschenie) to the MostHoly Virgin Mary (Lk.
1: 31-33, 2: 21). According to the explanation of the fathers of the Church the Lord, the
Creator of the Law, accepted circumcision, giving example for people how faithfully the
Divine ordinances ought to be fulfilled. The Lord accepted circumcision for this reason – so
that later on no one should be in doubt that He was truly Man, rather than merely being the
bearer of illusion-seeming flesh as certain heretics (Docetism) happened to teach. In the New
Testament (Covenant) the ritual of circumcision gave way to the sacrament of Baptism, which
it pre-figured (Col. 2: 11-12). Accounts about the feastday of the Circumcision of the Lord in
the Eastern Church continue right up through the IV Century. The Canon of the feast was
written by the Monk Stephen Savvaites (Comm. 28 October and 13 July). Together with the
Circumcision, accepted by the Lord as a sign of the Covenant of God with mankind, He
received also the Name Jesus (Saviour) as the seal of His service – the deed of the Salvation
of the world (Mt. 1: 21; Mk. 9: 38-39, 16: 17; Lk. 10: 17; Acts 3: 6, 16; Phil. 2: 9-10). These
two events, the Circumcision and Naming, remind Christians that they have entered into a
New Covenant (Testament) with God and"are circumcised with a circumcision not done by
hand, in putting off the sinful body of the flesh, by the Circumcision of Christ" (Col. 2: 11).
The very name"Christian" witnesses to an entrance of mankind into a New Covenant with
God.
SAINT FELIX DE BOURGES (+VERS 573)
Félix fut sacré Archevêque de Bourges par Saint Germain de Paris vers 568. Pendant sept ans
environ, il gouverna dignement son église avec les autres Métropolitains du royaume de
Bourgogne, prit part au Quatrième Concile de Paris et signa les lettres synodales destinées à
l'Archevêque Aegidius de Reims et au Roi Sigebert. Peu après il s'endormit et fut inhumé
dans l'église du Château qui prit dans la suite le nom de Saint Outrille. Dans l'un des poèmes,
Fortunat célèbre une tour d'or que Félix avait fait exécuter pour conserver la Sainte
Eucharistie. Grégoire de Tours fait également son éloge lorsqu'il écrit : "Après sa mort, sur la
dalle en marbre de Paros qui recouvrait son tombeau, un aveugle recouvra la vue; le peuple
comprit alors qu'aveuglé jusqu'ici par les séductions du monde, il n'avait pas mérité de
reconnaître pleinement combien Félix, de son vivant, avait été l'Ami de Dieu; des prières et
des visites se succédèrent donc à son tombeau. Mais la pierre qui recouvrait le sarcophage
étant trop peu convenable, les fidèles et surtout l'Evêque s'ingénièrent à la remplacer par une
pierre plus décente en marbre d'Héraclée. Quand on souleva le couvercle, on trouva
incorrompu le Corps du Bienheureux : douze ans après sa Naissance au Ciel, ni ses membres
ni ses vêtements n'avaient subi la moindre corruption. Tout était si bien conservé qu'on
pouvait croire que ce corps venait d'être déposé à l'instant dans le tombeau. La Miséricorde de
Dieu n'en resta pas là : elle rendit glorieuse la pierre même qui avait été enlevée : on rapporte
en effet que sa poussière versée dans un breuvage, guérissait rapidement les fièvre quartes,
tierces ou quotidiennes."
6
SAINT EVÊQUE GRÉGOIRE DE NAZIANCE (+374), PÈRE DE SAINT GRÉGOIRE LE
THÉOLOGIEN
Le père de Saint Grégoire de Naziance s'endormit en paix en 374 à l'âge de cent ans.
SAINTE EMILIE, MERE DE SAINT BASILE LE GRAND (+370) 1 janvier – 30 mai (Grecs)
Sainte Emilie était la fille d'un Martyr. Dans le calendrier grec, elle est commémorée le 30
mai. Le père de Saint Basile s'appelait aussi Basile. C'était un juriste et un rhétoricien de
renom et il vivait à Césarée. Basile et Emilie ont eu dix enfants, cinq fils et cinq filles. Cinq
d'entre eux ont été comptés parmi les Saints : Basile le Grand, Macrine qui fut exemplaire en
matière de vie ascétique et exerça une forte influence sur la vie et le caractère de Saint Basile,
Grégoire par la suite Evêque de Nysse, Pierre l'Evêque de Sébaste et Théosebie, Diaconesse.
SAINT MARTYR BASILE D'ANCYRE (+362)
Saint Basile vécut à l'époque de Julien l'Apostat (331-363) et confessa sa Foi en Christ devant
le gouverneur Saturninus. Il fut torturé à Ancyre puis envoyé à Constantinople où il fut
suspendu à un arbre, étiré sur un chevalet battu puis percé d'aiguillons métalliques chauffés à
blanc. Il fut aussi jeté dans une fournaise mais resta indemne. Il fut ensuite envoyé à Césarée
et là il fut déchiré par les lions dans l'arène. Ce Saint laïc ne doit pas être confondu avec un
autre Saint Basile d'Ancyre, un Prêtre fêté le 22 mars.
SAINT ARCHEVEQUE BASILE LE GRAND DE CESAREE EN CAPPADOCE (+379)
Basile naquit durant le règne de l'Empereur Constantin le Grand. Pendant qu'il était encore
non-baptisé, Basile passa quinze ans à Athènes où il étudia la philosophie, la rhétorique,
l'astronomie et les autres sciences séculières de l'époque. Ses collègues d'étude étaient
Grégoire, le futur Théologien et Julien, le futur empereur apostat. Il fut baptisé à l'âge mature
dans le Jourdain avec Euvlios, son ancien enseignant. Il fut Evêque de Césarée en Cappadoce
près de dix ans et eut une vie terrestre de cinquante ans. Il fut un grand Défenseur de
l'Orthodoxie, une grande lumière de pureté morale, un Moine zélé, un grand esprit théologien,
7
un grand bâtisseur et pilier de l'Eglise de Dieu. Basile mérita pleinement le titre de "Grand."
Dans les textes liturgiques, on parle de lui en disant "l'abeille de l'Eglise du Christ qui apporte
le miel aux fidèles et qui pique de son dard les hérétiques." On a conservé nombre d'ouvrages
de ce Père de l'Eglise. Parmi eux, on trouve des écrits théologiques, apologétiques, ascétiques
et canoniques, de même que la Sainte et Divine Liturgie qui porte son nom. Cette Divine
Liturgie est célébrée dix fois par an : le premier janvier, jour de sa Fête; la veille de la Nativité
de Notre Seigneur; la veille de la Théophanie; tous les dimanches du Grand Carême, sauf le
dimanche des Rameaux; les Jeudi Saint et Samedi Saint. Saint Basile s'endormit en paix le 1er
janvier 379 et entra dans le Royaume du Christ.
ou
Notre Saint Père Basile le Grand vit le jour en 329, à Césarée de Cappadoce, au sein d'une
famille riche et distinguée dont le plus grand titre de gloire est d'avoir orné la robe de l'Eglise
d'une série de Saints comme d'autant de joyaux. Un de ses aïeux maternels avait gagné la
Palme du martyre, ses grands-parents paternels avaient confessé le Christ pendant la
persécution de Maximin (305) et s'étaient réfugiés dans les montagnes du Pont où ils vécurent
pendant sept ans, nourris miraculeusement par les bêtes sauvages.* Ses parents, Saint Basile
l'Ancien et Sainte Emmélie,** se rendirent célèbres par leurs vertus, leur sollicitude envers les
pauvres et pour avoir guidé leurs dix enfants sur le chemin de la Sainteté. Sa soeur, Sainte
Macrine la Philosophe et véritable Guide Spirituel de la famille, encouragea vers la vie
monastique sa mère et ses frères : Saint Naucrace, Saint Grégoire le futur Evêque de Nysse
(mémoire le 10 janvier) et Saint Pierre le futur Evêque de Sébaste.***
* Non mentionnés dans les Synaxaires byzantins, ils sont célébrés en Occident le 14 janvier (Martyrologe
Romain).
** De même, ils sont célébrés en Occident le 30 mai.
*** Commémoré en Occident le 6 mars, selon l'ancien Martyrologe hiéronymien ou le 9 janvier, selon le
Martyrologe romain, date qui a été adoptée par les Synaxaires slaves.
Saint Basile passa son enfance à Néocésarée dans le Pont, recevant les semences de la Foi
orthodoxe de sa mère et de sa grand-mère Sainte Macrine l'Ancienne, disciple de Saint
Grégoire le Thaumaturge. Sous la direction de son père, célèbre maître de rhétorique, il
progressa rapidement dans la connaissance des lettres profanes qu'il avait soin d'associer à
l'avancement dans la vertu. Après l'Endormissement de celui-ci, il poursuivit ses études, en
quête des meilleurs maîtres dans les plus grands centres de la culture d'alors : Césarée de
Palestine, Constantinople et finalement Athènes l'antique capitale de la science et de
l'éloquence où sa réputation l'avait précédé, par l'entremise de Grégoire le Théologien avec
lequel il avait fait connaissance en Cappadoce. Leur amitié d'abord commune et humaine,
devint toute Sainte et Spirituelle quand ils découvrirent qu'ils n'avaient tous deux pour but
unique que Dieu et l'acquisition des Biens Célestes. Etroitement unis par le lien de la charité,
toutes choses leurs étaient communes : le logis, la table frugale, la répugnance pour les
dissipations des jeunes gens de leur âge, la soif insatiable de science et de sagesse, l'audace
dans les hautes spéculations de l'intelligence, l'amour de l'éloquence et surtout une Sainte
Emulation dans la course vers la perfection de la vertu si bien qu'on eût cru qu'ils n'avaient
qu'une âme en deux corps, malgré leurs caractères très différents. Basile, le coeur ferme,
l'intelligence vigoureuse et décidée, s'intéressait à toutes les sciences, excellait en toutes :
aussi bien dans la philosophie, la grammaire, la logique, la rhétorique que dans les
mathématiques, l'astronomie et même dans les arts pratiques comme la médecine. Là où la
prédication de Saint Paul avait été dédaigneusement rejetée par les sophistes orgueilleux,
Basile et Grégoire faisaient triompher la Folie de la Croix, en employant les armes mêmes de
la sagesse profane. Basile acquit ainsi un tel prestige qu'une fois ses études achevées, ses
8
condisciples voulurent le garder comme maître mais avide de voler vers de nouveaux
horizons, il quitta la ville et avec elle la culture hellénique, en leur laissant pour quelque
temps Grégoire comme un otage.
De retour dans sa patrie (356), il découvrit que sa mère Emmélie et sa soeur Macrine avaient
transformé leur demeure familiale d'Annésis en couvent et que ses frères menaient eux aussi
la vie monastique à proximité avec des hommes. Les exhortations enflammées de Macrine,
l'exemple des Ascètes installés depuis peu en Cappadoce sous l'influence d'Eustathe de
Sébaste et surtout une méditation approfondie de l'Evangile lui firent réaliser combien vaine
avait été jusque là sa course après la sagesse de ce monde. Il abandonna sa carrière
prometteuse de rhéteur, se fit baptiser* et décida de chercher un Père Spirituel pour le
conduire dans la voie de l'Ascèse. N'en ayant pas trouvé dans son pays, il entreprit un grand
voyage vers les centres prestigieux de la Vraie Philosophie : l'Egypte, la Palestine, la Syrie et
jusqu'en Mésopotamie où il put admirer les exploits ascétiques et les Vertus Divines des
citoyens du Ciel qui s'y illustraient. Semblable à une abeille industrieuse, il récoltait chez les
uns et les autres le meilleur de ce qu'il pouvait trouver et acquit ainsi en peu de temps une
connaissance approfondie dans l'art de l'Ascèse. Il lui restait cependant à la mettre en
application dans un endroit propice et suffisamment retiré du monde et silencieux pour y
vaquer à l'Oeuvre de Dieu sans distraction. Ce lieu, il le trouva dans une vallée désertique
séparée du monastère familial d'Annsis par le cours de l'Iris, véritable paradis terrestre, selon
son jugement où il put attirer Grégoire et mener pendant quelque temps en sa compagnie la
vie d'Ascèse, de travail manuel, de méditation de l'Ecriture Sainte et de prière dont ils rêvaient
depuis Athènes. S'étant dépouillé de tous ses biens pour se faire pauvre comme Notre
Seigneur S'est dépouillé de Sa Gloire pour nous amener à de Sa Divinité, Basile ne gardait
que le strict nécessaire pour couvrir son corps et survivre jusqu'au lendemain; son seul trésor
était la Croix qu'il embrassait dans toute sa conduite : par l'Ascèse, en vivant comme déchargé
de la chair et par la patience dans la maladie qu'il aura comme compagne jusqu'à sa Naissance
Céleste. Resté seul au bout d'une année, Basile n'en rayonnait pas moins dans toute la région
par sa science et sa vertu et nombreux étaient ceux qui venaient lui rendre visite : Moines,
laïcs et même les enfants envers lesquels il montra toujours une tendre affection.** Comme
un nombre croissant de ses visiteurs décidaient d'embrasser eux aussi cette vie semblable aux
Anges, il commença pour eux la rédaction de ses fameuses Règles considérées comme la
véritable charte de fondation du monachisme tant en Orient qu'en Occident.*** Malgré son
jeune âge, il légiférait avec l'autorité d'un Vieillard blanchi par de longues années de travaux
ascétiques et montrait la connaissance approfondie de l'âme humaine que Dieu lui avait
accordée au cours des jours et des nuits qu'il consacrait à la Contemplation. Corrigeant les
excentricités ascétiques des disciples d'Eustathe de Sébaste, il insiste sur la vie
communautaire menée sous la direction d'un seul père, Image Vivante du Christ, sur
l'exigence du dépouillement complet de tous biens et de toute volonté propre, sur la charité et
le respect des uns envers les autres, sur l'application des Commandements de l'Evangile avec
Crainte de Dieu et Foi orthodoxe.
* L'usage était alors répandu d'attendre l'âge de trente ans au moins pour recevoir le Saint Baptême. Saint
Basile fut néanmoins un ardent partisan de ne pas différer ainsi inutilement l'entrée dans l'Eglise.
** Saint Basile est vénéré comme le Saint Protecteur des enfants.
*** Dans le prologue de sa Règle, Saint Benoît de Nursie reconnaît s'être grandement inspiré de "Notre Père"
Basile.
Rappelé à Césarée en 360, il est ordonné Diacre Dianos par son Evêque et assiste au Concile
de Constantinople au cours duquel il put mesurer avec douleur combien l'Eglise du Christ
était déchirée par les luttes interminables entre ariens, semi-ariens (omoioussiens) et
Orthodoxes. Le faible Dianos s'étant laissé entraîner à signer le formulaire favorable aux
9
hérétiques, Basile rompit quelque temps la communion avec lui et regagna sa solitude, rejoint
par Saint Grégoire en fuite après son Ordination forcée. En 363, il est ordonné Prêtre par le
nouvel Evêque Eusèbe de Césarée mais un différend ayant bientôt été suscité entre eux par
des envieux, Basile gagna derechef son ermitage afin de préserver la paix. Pendant ce séjour,
il poursuivit l'organisation des Moines de Cappadoce en communautés cénobitiques, régla
leur mode de vie, leurs Offices Liturgiques, leurs relations mutuelles et avec le monde.
Partisan résolu de la vie communautaire, Saint Basile n'en abandonnait pas pour autant son
Amour pour la vie érémitique. Non loin de chaque monastère, il avait soin de fonder des
cellules pour Ermites de sorte que les Anachorètes ne fussent pas privés de la sécurité que
donne la compagnie des hommes et que ceux qui étaient consacrés à la vie pratique reçoivent
exemple et émulation de ceux qui persévèrent dans le silence et la prière sans distraction.
Devant la menace provoquée par l'avènement du farouche empereur arien Valens (365),
Basile se résolut à quitter de nouveau sa famille monastique pour prendre cette fois une part
active au combat pour la Vérité. Après s'être réconcilié avec Eusèbe, il fut chargé de
l'instruction du peuple de Césarée. Avec une admirable éloquence il leur enseignait à admirer
la Sagesse de Dieu dans la Création (Homélies sur l'Hexaéméron) et leur inspirait l'Amour de
la Véritable Beauté que l'âme obtient par la pratique des vertus et la méditation de la Sainte
Ecriture (Homélies sur les Psaumes). Pendant la terrible famine qui accabla la ville en 367, il
fit preuve d'une admirable charité, distribuant les derniers biens qui lui restaient, faisant ouvrir
les greniers des riches et des accapareurs par la force irrésistible de son éloquence (Homélies
sur les richesses), se dépensant sans compter pour organiser les distributions de vivres et
mettant ses connaissances médicales au service des malades. Des milliers de personnes furent
ainsi sauvées de la mort et lui gardèrent une si grande reconnaissance que son élection sur le
siège de Césarée, difficilement acquise à cause des intrigants et des hérétiques, fut saluée avec
enthousiasme par les fidèles (370).
Dès son installation, le nouveau Métropolite se prépara au combat en affermissant la Foi et en
réglant la discipline de son Clergé et de ses Evêques suffragants. Voyant que la Métropole de
Césarée s'élevait seule avec celle d'Alexandrie comme une tour fortifiée contre ses
entreprises, Valens décida de s'y rendre en personne et envoya devant lui le préfet Modeste
pour soumettre l'intrépide Evêque. Après avoir vainement essayé d'attirer Basile par des
promesses et des paroles flatteuses, le préfet le menaça de confiscation de ses biens, d'exil, de
tortures de toutes sortes et de la mort. "Cherche d'autres menaces à me faire," répondit le Saint
d'un ton assuré "car il n'y a rien là qui m'atteigne. En vérité, un homme qui n'a rien ne craint
point la confiscation, à moins que tu ne tiennes à ces méchants haillons que voilà et à
quelques livres : ce sont là tous les biens que je possède. Quant à l'exil, je n'en connais point
puisque je ne suis attaché à aucun lieu; celui que j'habite n'est pas à moi et je me regarde
comme chez moi dans quelque lieu qu'on me relègue ou plutôt, je regarde toute la terre
comme étant à Dieu et je me considère comme étranger quelque part que je sois. Pour les
supplices où les appliqueras-tu? Je n'ai pas un corps capable d'en supporter …/… Quant à la
mort, je la recevrai comme une faveur car elle me conduira plutôt vers Dieu pour qui je vis et
agis et pour qui je suis plus qu'à demi-mort et vers qui je soupire depuis longtemps." Stupéfait
et désarmé, le préfet confessa qu'il n'avait jamais entendu de telles paroles; "c'est que tu n'as
jamais eu affaire à un Evêque," reprit Basile. Guéri ensuite d'une maladie par la prière du
Saint, Modeste devint son ami et son admirateur empressé.
Une autre fois comme les ariens menaçaient de s'emparer de l'Eglise de Nicée, Saint Basile,
tel un nouvel Elie (voir I Rois 18:20-40), suggéra que l'un et l'autre parti élèvent
successivement leurs prières devant les portes fermées de l'église. Les supplications des
10
hérétiques restèrent sans effet mais dès que le Saint éleva les mains pour s'adresser à Dieu,
toute l'église trembla sur ses bases et les portes s'ouvrirent d'elles-mêmes aux cris d'allégresse
des fidèles (ce Miracle est commémoré le 19 janvier). De tels Signes de Dieu se produisirent
directement envers la famille du souverain, sa fille ayant été frappée de mort subite après qu'il
avait signé une déclaration hérétique et même sur sa personne. Entrant un jour dans l'église de
Césarée lors de la célébration de la Théophanie, Valens fut tellement impressionné par la
beauté des chants, le bon ordre de la foule et surtout par l'allure majestueuse de Saint Basile
debout devant l'Autel, tel le Grand-Prêtre de Notre Salut Jésus-Christ qu'il vint malgré lui
porter son offrande avec les fidèles. Un peu après et comme on lui présentait l'ordre de
bannissement de l'Evêque, sa plume se brisa à trois reprises. Effrayé par tous ses signes de la
Faveur de Dieu, il cessa d'inquiéter le Saint mais ne renonçant pas pour autant à sa politique,
il fit diviser la Cappadoce en deux métropoles ecclésiastiques, pensant ainsi réduire
l'influence de l'Evêque de Césarée. Basile réagit aussitôt en créant de nouvelles éparchies sur
les sièges desquelles il plaça des hommes sûrs (son frère Grégoire à Nysse, Grégoire le
Théologien à Sasimes etc). Il fit aussi des appels répétés à la charité des Evêques d'Occident
alors encore solidement établis dans la paix et la Foi orthodoxes en leur demandant d'envoyer
une délégation en Orient en vue d'un grand Concile orthodoxe mais il ne trouva chez eux
qu'un froid soutien. Les Occidentaux soutenaient en effet Paulin, rival de Saint Mélèce sur le
siège d'Antioche, occasionnant ainsi de nouveaux déchirements à l'intérieur de l'Eglise déjà
assaillie de toutes parts à l'extérieur par les hérétiques.
Sur le plan doctrinal, ayant déjà réfuté les ariens extrémistes (Traité contre Eunome, en 364),
Saint Basile s'attaqua alors aux semi-ariens (omoioussiens) qui malgré leur apparente
proximité avec les Orthodoxes, n'en troublaient que davantage la situation par d'inextricables
querelles de personnes. Contre les adversaires de la Divinité du Saint-Esprit (macédoniens ou
pneumatomaques), il fut le premier des Pères orthodoxes à oser déclarer clairement que le
Saint-Esprit est pleinement Dieu de même nature que le Père et le Fils. Inspiré lui-même par
l'Esprit de Dieu, communiant par la Grâce au Mystère de l'Union Ineffable des Trois
Hypostases/Personnes de la Sainte Trinité, Saint Basile savait discerner le moment favorable
et la manière d'exposer avec une clarté et une précision incomparables les notions
fondamentales de la Théologie orthodoxe (essence, hypostase) sans jamais les isoler du
Mystère de notre Salut et de la déification de l'homme. Critère de Vérité, il exerçait son
autorité bien au-delà des limites de son éparchie. Tel un aigle qui s'élève vers les hauteurs, il
surveillait tout, protégeait toutes les églises en détresse en les couvrant de ses ailes. Il fit pour
cela de nombreux voyages et quand il en était empêché par ses fréquentes maladies, il
indiquait la voie à suivre dans une importante correspondance qui reste un des trésors de la
littérature patristique. Ce prestige sans cesse grandissant lui valut, à la Naissance au Ciel de
Saint Athanase d'Alexandrie (373), ce Défenseur Infatigable de la Foi de Nicée, d'être
considéré comme le phare de l'Orthodoxie et le porte-parole le plus autorisé de la Vérité.
En dépit de cette activité, Saint Basile n'en restait pas moins le pasteur attentif de son
troupeau spirituel et le Père Spirituel compatissant pour chacun de ses fidèles. Sa sollicitude à
l'égard des pauvres ne connaissait pas de bornes et poursuivant l'oeuvre entreprise quand il
était Prêtre, il fit construire un peu en dehors de Césarée un immense établissement de
bienfaisance : la "cité de la charité" appelée par la suite Basiliade qui regroupait autour d'une
église hospices, hôpitaux, léproserie, école etc. Chaque fois qu'il le pouvait, le Saint s'y
rendait, n'hésitant pas à soigner lui-même les malades les plus repoussants ou à embrasser les
lépreux.
11
D'après le témoignage de Saint Ephrem (voir au 28 janvier), une colombe blanche et
lumineuse murmurait à l'oreille de Saint Basile lors de ses prêches de sublimes paroles et
quand il offrait le Saint Sacrifice Non-Sanglant, il devenait semblable à une colonne de feu
montant de la terre au Ciel. L'Eglise orthodoxe continue jusqu'à nos jours de célébrer la
Divine Liturgie qu'il rédigea* et d'utiliser ses prières à la haute inspiration théologique. Il
encouragea également le développement des Fêtes des Martyrs et le Culte des Saintes
Reliques.
* La Liturgie de Saint-Basile est célébrée dix fois par an. Son noyau, la prière de l'Anaphore, est certainement le
plus dense et le plus parfait exposé théologique de l'Histoire de notre Salut.
Docteur universel, Lumière de la Foi Orthodoxe, Père des Moines, nourricier des pauvres,
Providence de tous ceux qui espèrent en Dieu, Saint Basile fut le modèle parfait de l'Evêque,
l'Image Vivante du Christ qui, par Lui, se faisait tout pour tous, parlant par ses paroles et
répandant par ses actions les trésors de Son amour pour les hommes. Pourtant, en tant
qu'homme, il ne connaissait qu'échecs, calomnies et afflictions de toutes sortes et malgré ses
efforts, les divisions persistaient à tel point que tout autre que lui aurait pu désespérer de voir
se rétablir un jour la paix. Ce n'est qu'une année avant sa Naissance au Ciel que, Valens ayant
succombé lors d'une campagne contre les Goths (378), le Pieux Théodose lui succéda sur le
trône et commença sans retard à chasser les ariens et à rétablir les Evêques orthodoxes sur
leurs sièges. Mais le corps épuisé par la maladie et les austérités, le Saint remit son âme à
Dieu avant de voir le couronnement de ses travaux lors du Second Concile Oecuménique à
Constantinople (38 1). Ses funérailles célébrées le ler janvier 379 furent son triomphe. On eut
dit qu'on s'y rassemblait pour le Second Avènement du Christ et plusieurs Miracles s'y
accomplirent. Conformément au nom qu'il avait reçu, Saint Basile occupe maintenant une
place "royale" dans la cour des Saints Pères, toute proche du Trône du Roi Céleste.
ou
Sainted Basil the Great, Archbishop of Caesarea Cappadocia,"belongs not to the Church of
Caesarea alone, nor merely to his own time, nor to his own kinsmen was he merely of benefit,
but rather to all lands and cities worldwide, and to all people he brought and yet brings
benefit, and for Christians he always was and will be a teacher most salvific," – thus spoke the
contemporary of Saint Basil, – Sainted Amphylokhios, Bishop of Iconium (+ 344, Comm. 23
November).
Saint Basil was born in about the year 330 at Caesarea, the administrative centre of
Cappadocia. He was of illustrious lineage, famed for its eminence and wealth, and giftedly
zealous for the Christian faith. The grandfather and grandmother of the Saint on his father's
side, during the time of persecution under Diocletian, had to hide themselves away in the
forests of Pontum for a space of seven years. The mother of Saint Basil – Saint Emilia
(Emily), was the daughter of a Martyr. The father of Saint Basil was also named Basil: he was
a lawyer and reknown rhetorician and lived constantly at Caesarea.
Into the family of this elder Basil ten children were born – five sons and five daughters. Of
these, five were later enumerated to the ranks of the Saints: Basil the Great; Macrina (Comm.
19 July) – was an exemplar of ascetic life, and exerted strong influence on the life and
character of Saint Basil the Great; Gregory, afterwards Bishop of Nyssa (Comm. 10 January);
Peter, Bishop of Sebasteia (Comm. 9 January); and Righteous Theozua – a deaconess (Comm.
10 January). Saint Basil spent the first years of his life on an estate belonging to his parents at
the River Irisa, where he was raised under the supervision of his mother Emilia and
grandmother Macrina. They were women of great refinement, preserving in memory the
12
tradition of an earlier sainted-hierarch of Cappadocia – Sainted Gregory Thaumatougos
(Wonderworker) (+ c. 266-270, Comm. 17 November). Basil received his initial education
under the supervision of his father, and then he studied under the finest teachers in Caesarea
Cappadocia, and it was here that he made the acquaintance of Sainted Gregory the Theologian
(Bogoslov, i.e. title of Saint Gregory Nazianzus; Comm. 25 January and 30 January). Later
on, Basil transferred to school at Constantinople, where he listened to eminent orators and
philosophers. For the finishing touches to his education Saint Basil set off to Athens – a centre
of classical enlightenment.
After a four or five year stay at Athens, Basil the Great had mastered all the available
disciplines: "He so thoroughly studied everything, more than others are wont to study a single
subject, each science he studied to its very totality, as though he would study naught else."
Philosopher, philologist, orator, jurist, naturalist, possessing profound knowledge in
astronomy, mathematics and medicine, –"this was a ship, loaded down full of learning, to the
extent allowed of by human nature." At Athens a close friendship developed between Basil
the Great and Gregory the Theologian (Nazianzus), which continued throughout all their life.
Later on, in an eulogy to Basil the Great, Saint Gregory the Theologian speaks with delight
about this period: "Various hopes guided us and in deed inevitably – in learning... Two paths
opened up before us: the one – to our sacred temples and the teachers therein; the other –
towards preceptors of disciplines beyond."
In about the year 357 Saint Basil returned to Caesarea, where for a certain while he devoted
himself to rhetoric. But soon, refusing offers from Caesarea citizens wanting to entrust him
with the education of their offspring, Saint Basil entered upon the path of ascetic life.
After the death of her husband, Basil's mother together with her eldest daughter Macrina and
several maid-servants withdrew to the family estate at Irisa and there began to lead an ascetic
life. Basil, however, having accepted Baptism from the bishop of Caesarea Dianios, was
ordained a reader. As an expounder of the Sacred Scriptures, he at first read them to the
people. Later on,"wanting to acquire a guide to the knowledge of truth," the Saint undertook a
journey into Egypt, Syria and Palestine, – to the great Christian ascetics dwelling there. Upon
returning to Cappadocia, he decided to do likewise. Having given his wealth to the needy,
Saint Basil settled on the opposite side of the river not far from his mother Emilia and sister
Macrina, gathering around him monks living in common community. Through his letters,
Basil the great attracted to the wilderness monastery his good friend Gregory the Theologian.
Saints Basil and Gregory asceticised amidst strict abstinence in their hovel, without roof and
without fireplace, and the food was very humble. They themselves heaved the stones, planted
and watered the trees, and carried heavy loads. Their hands were constantly calloused from
the hard work. For clothing Basil the great had only chiton-tunic and monastic mantle; the
hairshirt he wore only at night, so that it would not be obvious. In their solitude, Saints Basil
and Gregory occupied themselves in an intense study of Holy Scripture with manuscript
guidances from the most ancient commentators, and in parts Origen also, – from all whose
works they compiled an anthology – a Philokalia (Dobrotoliubie). And also at this time at the
request of the monks, Basil the Great wrote down a collection of rules for virtuous life. By his
preachings and by his example Saint Basil the Great assisted in the spiritual perfecting of
Christians in Cappadocia and Pontus; and many indeed turned to him. Monasteries were
organised for men and for women, in which places Basil sought to unite the coenobitic
(koine-bios or life in common) lifestyle with that of the solitary hermit.
13
During the reign of Constantius (337-361) the heretical false-teachings of Arius spread about,
and the Church summoned both its Saints into service. Saint Basil returned to Caesarea. In the
year 362 he was ordained deacon by the bishop of Antioch, Meletios; later on, in 364 he was
ordained to the dignity of priest by the bishop of Caesarea, Eusebios."But seeing, – as
Gregory the Theologian relates, – that everyone exceedingly praised and honoured Basil for
his wisdom and reverence, Eusebios, through human weakness, succumbed to jealousy of
him, and began to show dislike for him." The monks rose up in defense of Saint Basil. To
avoid causing Church discord, Basil withdrew to his own monastery and concerned himself
with the organisation of monasteries. With the coming to power of the emperor Valens (364-
378), who was a resolute adherent of Arianism, there began for Orthodoxy the onset of a time
of troubles –"the onset of the great struggle." Saint Basil then hastily returned to Caesarea at
the call of bishop Eusebios. In the words of Gregory the Theologian, he was for bishop
Eusebios"a good advisor, a righteous representative, an expounder of the Word of God, a staff
for the aged, a faithful support in matters internal, and an activist in matter external." From
this time church governance passed over to Basil, though he was subordinate to the hierarch.
He preached daily, and often twice so – in the morning and in the evening. And during this
time Saint Basil compiled the order of his Liturgy; he wrote a work"Discourse on the Six
Days" and another in 16 Chapters on the Prophet Isaiah, yet another on the Psalms, and also a
second compilation of monastic rules. Saint Basil wrote also Three Books"Against
Eunomios," an Arian teacher who with the help of Aristotelian concepts had presented the
Arian dogmatics in learnedly philosophic form, converting the Christian teaching into a
logical scheme of rationalist concepts.
Saint Gregory the Theologian, speaking about the activity of Basil the Great during this
period, points to"the caring for the destitute and the taking in of strangers, the supervision of
virgins, written and unwritten monastic rule for the monasticising, the arrangement of prayers
(Liturgy), the felicitous arrangement of altars and other things." Upon the death of the bishop
of Caesarea Eusebios, Saint Basil in the year 370 was elevated onto his cathedra-chair. As
Bishop of Caesarea, Saint Basil the Great was the newest in rank of 50 bishops in eleven
provinces. Sainted Athanasias the great (Comm. 2 May), with joy and with thanks to God
welcomed the bestowing of Cappadocia with such a bishop as Basil, famed for his reverence,
deep knowledge of Holy Scripture, great learning, and his efforts for the welfare of Church
peace and unity. In the empire of Valens the external government belonged to the Arians, who
held several various opinions on questions of the Divinity of the Son of God and hence were
divided into several factions. And to these dogmatic disputes were connected questions about
the Holy Spirit. In his books"Against Eunomios," Saint Basil the Great taught about the
Divinity of the Holy Spirit and Its Oneness together with the Father and the Son.
Subsequently, for a full explanation of the Orthodox teaching on this question, – at the request
of the Bishop of Iconium Saint Amphylokhios, Saint Basil wrote his book"About the Holy
Spirit."
The generally sorry state of affairs for the Caesarea bishop was made even worse by various
circumstances: Cappadocia was divided in two under the re-arrangement of governance of
provincial districts. Then too at Antioch a schism occurred, occasioned by the ordination of a
second bishop. There was the negative and haughty attitude of Western bishops to the
attempts to draw them into the struggle with the Arians. And there was also the departure over
to the Arian side by Eustathios of Sebasteia, with whom Basil had been connected by close
friendship. Amidst the constant perils Saint Basil gave encouragement to the Orthodox,
affirmed them in the faith, summoning them to bravery and endurance. The holy bishop wrote
numerous letters to the Churches, to bishops, to clergy and to individuals. Overcoming the
14
heretics"by the weapon of his mouth, and by the arrows of his letters," as an untiring
champion of Orthodoxy, Saint Basil all his life gave challenge to the hostility and the every
which way possible intrigues of the Arian heretics.
The emperor Valens, mercilessly dispatching into exile any bishops that displeased him, and
having implanted Arianism into other Asia Minor provinces, suddenly appeared in
Cappadocia for precisely this purpose. He sent off to Saint Basil the prefect Modestus, who
began to threaten the Saint with ruin, banishment, beatings and even death by execution."All
this, – replied Basil, – for me means nothing, since one cannot be deprived of possessions that
one does not have, beyond some old worn-out clothing and some books, which comprises the
entirety of my wealth. For me it would not be exile, since I am bound to no particular place,
and this place in which I now dwell is not mine, and indeed any place whither I be cast shalt
be mine. Better it is to say: everywhere is the place of God, whither be naught stranger nor
new-comer (Ps. 38 [39]: 13). And what tortures can ye do me? – I am so weak, that merely
but the very first blow will be felt. Death for me would be an act of kindness: it wilt bring me
all the sooner to God, for Whom I live and do labour, and to Whom moreover I do strive."
The official was bewildered by such an answer."Perhaps, – continued the Saint, – thou hast
never had encounter with a bishop; otherwise, without doubt, thou wouldst have heard
suchlike words. In all else we are meek, the most humble of all, and not only afront the
mighty, but also afront all, since such is prescribed for us by the law. But when it is a matter
concerning God and they make bold to rise up against Him, then we – being mindful of
naught else, think only of Him alone, and then fire, sword, wild beasts and chains, the rending
of the body, would sooner hold satisfaction for us, than to be afraid."
Reporting to Valens on the not to be intimidated Saint Basil, Modestus said: "Emperor, we
stand defeated by a leader of the Church." Basil the Great again showed firmness and in front
of the very person of the emperor himself and his retinue produced such a strong impression
on Valens, that the emperor dared not give in to the Arians demanding the exile of Basil."On
the day of Theophany, amidst an innumerable multitude of the people, Valens entered the
church and mixed in amidst the throng, in order to give the appearance of being in unity with
the Church. When began the singing of psalmody in the church, it was like thunder to his
hearing. The emperor beheld a sea of people, and in the altar and all around was splendour; in
front of all was Basil, acknowledging neither by gesture nor by glance, as though in church
was occurred aught else, than that everything was intent only on God and the altar-table, and
the clergy thereat in awe and reverence."
Saint Basil almost daily celebrated Divine-services. He was particularly concerned about the
strict fulfilling of the canons of the Church, and kept attentive watch, so that only worthy
individuals should enter into the clergy. He incessantly made the rounds of his own church,
lest anywhere there be an infraction of Church discipline, and setting aright any unseemliness.
At Caesarea Saint Basil built two monasteries, a men's and a women's, with a church in
honour of 40 Martyrs whose relics were buried there. On the example of monks, the
metropolitan clergy of the Saint , – even deacons and priests lived in remarkable poverty, to
toil and lead lives chaste and virtuous. For his clergy Saint Basil got an exemption from taxes.
All his personal wealth and the income-proceeds from his church he used for the benefit of
the destitute; in every centre of his diocese he built a poor-house; at Caesarea – an home for
wanderers and the homeless.
Sickly since youth, the toil of teaching, efforts at abstinence, the concerns and sorrows of
pastoral service early sapped the strength of the Saint. Saint Basil died on 1 January 379 at
15
age 49. Shortly before his death, the Saint gave blessing to Saint Gregory the Theologian to
enter upon the Constantinople cathedra-chair.
Upon the repose of Saint Basil, the Church immediately began to celebrate his memory. Saint
Amphylokhios, Bishop of Iconium (+ 394), in his eulogy to Sainted Basil the Great, said: "It
is neither without a reason nor by chance that holy Basil hath taken leave from the body and
had repose from the world unto God on the day of the Circumcision of Jesus, celebrated
betwixt the day of the Nativity and the day of the Baptism of Christ. Wherefore this most
blessed one, preaching and praising the Nativity and Baptism of Christ, extolling spiritual
circumcision, himself forsaking the flesh, doth ascend to Christ now especially on the sacred
day of remembrance of the Circumcision of Christ. Therefore also let be established on this
present day annually to honour the memory of Basil the Great festally and solemnly."
ou
http://pagesperso-orange.fr/stranitchka/VO20/Basile_le_Grand.html#femme
L'enfance de Saint Basile.
Basile, Grand Elu de Dieu et professeur divinement sage de l'Eglise, naquit de Parents Pieux,
nobles et Justes dans la ville de Césarée en Cappadoce vers l'an 330, sous le règne du Saint
Empereur Constantin le Grand. Son père s'appelait lui aussi Basile et sa mère Emmelie. Les
premières graines de la Piété furent semées dans son âme par sa grand-mère dévote Macrine
qui avait été jugée digne dans sa jeunesse de recevoir son instruction de la bouche même de
Saint Grégoire le Thaumaturge et par sa mère la Pieuse Emmelie. Le père de Basile l'instruisit
dans la Foi chrétienne mais il lui enseigna également les sciences séculaires qu'il connaissait
fort bien : il avait enseigné lui-même la rhétorique, c'est-à-dire la science de l'éloquence et la
philosophie. Son père s'endormit lorsque Basile eut environ quatorze ans et l'orphelin passa
deux ou trois années auprès de sa grand-mère Macrine près de Néocésarée, non loin du fleuve
Iris, sur des terres appartenant à sa grand-mère et qui furent plus tard converties en monastère.
De là Basile se rendait souvent à Césarée pour rendre visite à sa mère qui vivait avec tous ses
enfants dans la ville où elle était née.
L'éducation séculaire de Saint Basile.
Après l'Endormissement de Macrine, Basile qui avait dix-sept ans, revint s'installer à Césarée
pour étudier plusieurs disciplines dans les écoles de la ville. Grâce à la particulière vivacité de
son intelligence, Basile parvint rapidement à égaler ses professeurs en savoir et pour en
apprendre davantage, il se rendit à Constantinople où le jeune sophiste Libanios était réputé
pour son éloquence. Cependant Basile n'y demeura que peu de temps et de là il partit pour
Athènes, mère de toute la sagesse hellénique. A Athènes, il commença ses leçons avec un
professeur païen célèbre appelé Ebbulos; il fréquentait en même temps les écoles de deux
autres Athéniens de renom : Hymérius et Proeresius. Basile avait alors atteint l'âge de vingtsix
ans et démontré une diligence extraordinaire dans son étude des sciences. De plus, à la
même époque il avait gagné l'approbation universelle par sa pureté de vie. Il ne connaissait
que deux rues dans Athènes : celle qui menait à l'église et celle qui menait à l'école. A
Athènes, Basile se lia d'amitié avec un autre futur Glorieux Hiérarque, Grégoire le Théologien
qui étudiait lui aussi en ce temps-là dans les écoles d'Athènes. Basile et Grégoire qui se
valaient en conduite, en humilité et en chasteté en vinrent à autant s'aimer l'un l'autre que s'ils
n'avaient eu qu'une seule âme et ils conservèrent toujours cet Amour mutuel. Basile était
tellement absorbé par ses études que lorsqu'il était plongé dans ses livres, il en oubliait
souvent la nécessité de se nourrir. Il étudia la grammaire, la rhétorique, l'astronomie, la
16
philosophie, la physique, la médecine et les sciences naturelles mais toutes ces disciplines
séculaires, terrestres, ne satisfaisaient pas son âme qui recherchait une Illumination Céleste et
Exaltée. Après avoir séjourné environ cinq ans à Athènes, Basile comprit que les sciences
terrestres étaient incapables de lui apporter des fondations solides pour la perfection
chrétienne et pour cette raison, il décida d'aller dans les pays où vivaient les Ascètes chrétiens
et où il pourrait pleinement se familiariser avec la Véritable Science Chrétienne.
Saint Basile visite les monastères et s'entretient avec Ebbulos.
Ainsi, tandis que Grégoire le Théologien devenu professeur de rhétorique restait à Athènes,
Basile se rendit en Egypte où florissait la vie monastique. Là-bas il trouva en la possession
d'un Abbé du nom de Porphyrius une collection considérable d'écrits théologiques. Il passa
une année entière à les étudier, s'exerçant en même temps à des luttes de jeûne. En Egypte,
Basile observa la vie des Ascètes célèbres qui lui étaient contemporains : Pachome qui vivait
en Thébaïde, Macaire l'Ancien, Macaire d'Alexandrie, Paphnutius, Paul et d'autres. D'Egypte,
Basile se rendit en Mésopotamie afin de visiter les Lieux Saints et de s'y familiariser avec la
vie ascétique. Mais en route vers la Palestine, il s'arrêta à Athènes pour s'entretenir avec son
célèbre professeur Ebbulos ainsi qu'avec plusieurs autres philosophes grecs au sujet de la
Vraie Foi.
Désirant convertir son professeur à la Vraie Foi et lui rendre ainsi le bien qu'il avait reçu de
lui, Basile se mit à sa recherche à travers la ville. Il le chercha longtemps pour finalement le
rencontrer en dehors des enceintes dans un lieu où Ebbulos s'entretenait avec d'autres
philosophes sur quelque sujet complexe. Basile écouta leur discussion sans révéler son nom
puis il se joignit à eux et résolut rapidement cette question difficile puis de lui-même, il posa
une nouvelle question à son professeur. Ceux qui écoutaient s'étonnèrent, se demandant qui
pouvait répondre ainsi au célèbre Ebbulos. Mais ce dernier s'écria : "Il ne peut s'agir que d'un
"dieu" ou de Basile!"
Ayant reconnu Basile, Ebbulos renvoya ses amis et disciples puis il conduisit Basile vers sa
demeure où ils s'entretinrent pendant trois jours entiers, prenant à peine le temps de manger.
Entre autres choses, Ebbulos demanda à Basile quelle était, à son avis, la valeur essentielle de
la philosophie. "L'essence de la philosophie," répondit Basile, "réside dans le fait qu'elle
transmet à l'homme le souvenir de la mort."
De plus, il montra à Ebbulos l'insubstantialité du monde et de ses plaisirs qui au premier
abord semblent être le comble des douceurs mais se révèlent ensuite extrêmement amers à
celui qui s'y est étroitement attaché. "A côté de ces plaisirs," dit Basile, "il y a des réconforts
d’un autre genre, d’Origine Céleste. On ne peut profiter des deux en même temps : Nul ne
peut servir deux maîtres (Matt. 6:24). Néanmoins, nous-mêmes, autant qu’il est possible aux
gens liés aux choses terrestres, nous rompons le pain de la Vraie Connaissance et si quelqu'un,
même par sa propre faute, est dépouillé du vêtement de la vertu, nous le conduisons sous
l’abri des oeuvres charitables, le prenant en pitié comme nous prenons en pitié un homme nu
dans la rue."
Ensuite pendant toute une journée, Basile parla avec Ebbulos du pouvoir du repentir, lui
décrivant les images de vertu et de vice qu'il avait vues arrimer tour à tour l'Homme à eux. De
même il décrivit l'image du repentir autour duquel les différentes vertus se tenaient en filles
respectueuses. "Mais nous n'avons pas besoin de recourir à des moyens de persuasion aussi
artificiels, Ebbulos," ajouta Basile. "Nous possédons la Seule Vérité que peut atteindre celui
qui s'y efforce instamment. C'est-à-dire que nous croyons que chacun se relèvera des morts un
17
jour; certains pour la vie Eternelle, d'autres pour le tourment et la honte perpétuels. Les
Prophètes nous le disent clairement : Isaïe, Jérémie, Daniel, David et le Divin Apôtre Paul
ainsi que le Seigneur Qui nous attire Lui-même au repentir, a été chercher la brebis égarée et
qui, étreignant le fils prodigue qui revient repentant, l'embrasse et le pare de vêtements
splendides et d'un anneau et donne un banquet en son honneur (cf. Luc. ch.15). Il donne la
même récompense à ceux qui arrivent à la onzième heure et à ceux qui ont porté le fardeau de
la journée et sa chaleur (Matt. 20:12). Il nous accorde, à nous qui nous repentons et sommes
nés dans l'eau et de l'Esprit, ce que l'oeil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu, ce qui
n'est pas monté au coeur de l'Homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui L'aiment
(I Cor. 2:9).
Lorsque Basile raconta brièvement à Ebbulos l'histoire de l'économie de Notre Salut en
commençant par la chute d'Adam dans le péché et en terminant sur l'Enseignement du Christ
Rédempteur, Ebbulos s'exclama : "Basile, tu as été révélé par le Ciel! Grâce à toi je crois en
Un Seul Dieu, le Père Tout Puissant, Créateur de toutes choses et j'attends la Résurrection des
morts et la vie du siècle à venir! Amin. Et voici la preuve de ma Foi en Dieu : près de toi je
passerai le reste de ma vie; à présent je désire naître de l'eau et de l'Esprit."
Alors Basile dit : "Béni soit Dieu, maintenant et toujours Qui a illuminé ton esprit de la
Lumière de Vérité, Ebbulos et Qui t'a amené d'une erreur extrême à la Connaissance de Son
Amour! Si comme tu l'as dit souhaiter vivre avec moi, je vais t'expliquer de quelle manière
nous devons nous occuper de Notre Salut en évitant les pièges de la vie ici-bas : nous allons
vendre nos biens et en distribuer l'argent aux pauvres et nous-mêmes irons dans la Ville
Sainte afin de voir les choses merveilleuses qu'il y a là-bas; ainsi nous en serons d'autant
renforcés dans la Foi."
Après avoir distribué aux nécessiteux l'ensemble de leurs biens et acheté des robes blanches
pour eux, ainsi qu'il est demandé à ceux qui doivent recevoir le Saint Baptême, ils allèrent à
Jérusalem et convertirent en chemin nombre de gens à la Vraie Foi.
Rencontre avec le Sophiste Libanios.
En arrivant à Antioche, ils entrèrent dans une auberge. Philoxène, le fils de leur aubergiste,
était alors assis aux portes de l'établissement, en grand désarroi. En tant que disciple du
sophiste Libanios, il avait emprunté à ce dernier certaines strophes en vers d'Homère afin de
les transcrire en discours rhétorique mais il n'y parvenait pas et se trouvant en grande
difficulté, il en était infiniment affligé. Voyant sa tristesse, Basile demanda : "Pourquoi es-tu
abattu, jeune homme?" Philoxène lui répondit : "Si je te disais la cause de ma peine, quel
avantage m'apporterais-tu?" Lorsque Basile insista pour essayer de l'aider, promettant que le
garçon ne lui raconterait pas la cause de ses soucis en vain; le jeune homme lui parla du
sophiste et des strophes, en ajoutant que la raison de sa peine était qu'il était incapable de
retranscrire clairement le sens de ces strophes.
Prenant les strophes, Basile les expliqua en langage simple et le garçon, ébahi et rempli de
joie, lui demanda d'écrire cette version pour lui. Alors Basile écrivit la retranscription des
strophes en vers d'Homère de trois façons différentes. Le garçon prit joyeusement ces versions
et les apporta le lendemain à Libanios, son professeur. Les ayant lues, Libanios, stupéfait,
s'exclama : "Je jure par la Divine providence qu'il n'existe aucun philosophe aujourd'hui
capable de faire un tel exposé! Qui a écrit cela pour toi, Philoxène?" Et le garçon répondit : "Il
y a chez moi un étranger qui a écrit cette interprétation très vite et sans la moindre difficulté."
18
Aussitôt Libanios se hâta vers l'auberge pour rencontrer cet étranger et y trouvant Basile et
Ebbulos, il s'émerveilla et se réjouit de leur arrivée inattendue. Il leur offrit de séjourner chez
lui et en arrivant, leur servit un repas raffiné. Mais Basile et Ebbulos, se nourrissant de pain et
d'eau comme à leur habitude, rendirent Grâces à Dieu qui prodigue toute bénédiction. Ensuite
Libanios se mit à leur poser diverses questions sophistes et ils lui offrirent une conversation
sur la Foi Chrétienne. Libanios les écouta très attentivement puis dit que le temps n'était pas
encore venu pour accepter cette parole mais que si telle était la Volonté de la Divine
Providence, personne ne pourrait s'opposer à la doctrine du Christianisme.
"Tu me rendras un grand service, Basile," conclut-il, "en acceptant de prodiguer tes
enseignements aux disciples qui m'accompagnent."
Les disciples de Libanios furent rapidement assemblés et Basile se mit à leur enseigner qu'ils
devaient acquérir la pureté spirituelle, le mépris du corps, l'humilité du comportement qu'ils
devaient parler calmement et modestement, manger et boire avec modération, se taire en
présence des Anciens, être attentifs aux paroles des sages, se soumettre aux autorités, aimer
sincèrement leurs pairs et ceux qui leur étaient inférieurs, éviter les passions mauvaises qui
conduisaient aux plaisirs charnels, parler moins mais écouter et interroger davantage, ne pas
se hasarder en paroles imprudentes, ne pas se montrer bavards, ne pas se moquer d'autrui, se
vêtir modestement, ne pas discuter avec des femmes immorales, baisser les yeux mais élever
leurs âme, éviter les querelles, ne pas chercher le rang de professeur et ne pas accorder
d'importance aux biens de ce monde et que si quelqu'un se montrait charitable envers son
prochain, et bien qu'il attendît d'être récompensé Eternellement par Jésus Christ Notre
Seigneur. Ainsi parla Basile aux disciples de Libanios et ils l'écoutèrent avec stupeur; ensuite,
Ebbulos et lui reprirent la route.
Le Saint Baptême dans le Jourdain.
Lorsqu'ils atteignirent Jérusalem et eurent visité tous les lieux Saints avec Foi et Amour,
priant Dieu le Créateur de tout, ils se présentèrent à l'Evêque Maxime de cette ville et lui
demandèrent de les baptiser dans le Jourdain. L'Evêque, percevant leur grande Foi, accéda à
leur requête : emmenant son clergé, il se rendit au Jourdain avec Basile et Ebbulos. Une fois
arrivés sur la rive, Basile se jeta à terre et pria Dieu en larmes, L'implorant de montrer un
signe pour affermir sa Foi. Puis se relevant en tremblant, il ôta son vêtement, dépouillant le
vieil homme (Eph. 4:22) et entra dans l'eau en priant. Lorsque le Saint Hiérarque s'approcha
pour les baptiser, des éclairs étincelants descendirent sur eux et une colombe surgissant de
l'un de ces éclairs, plongea dans le Jourdain et remonta au Ciel après avoir remué l'eau. En
voyant cela, ceux qui se tenaient sur la rive se mirent à trembler et rendirent Grâces à Dieu.
Après avoir reçu le Sain Baptême, Basile sortit de l'eau et l'Evêque s'émerveillant de son
Amour pour Dieu, l'enveloppa de la robe de la Résurrection du Christ en récitant une prière. Il
baptisa aussi Ebbulos, les oignit tous les deux du Saint Chrême et les fit communier aux
Saints Dons.
Les Ordinations de Saint Basile.
Basile et Ebbulos retournèrent dans la Ville Sainte et y restèrent un an. Ensuite ils se rendirent
à Antioche où Basile fut ordonné Diacre par le Patriarche Mélèce et il s'occupa par la suite
d'interpréter les Ecritures. Puis un peu plus tard, il se rendit avec Ebbulos dans son pays natal,
la Cappadoce. Lorsqu'ils furent proches de la ville de Césarée, l'Archevêque Léonce de la
ville, fut informé de leur arrivée par un rêve et apprit qu'un jour Basile serait Archevêque de
la ville. Pour cette raison, l'Archevêque convoqua son Archidiacre et plusieurs membres
19
respectés du clergé et les envoya aux portes orientales de la ville, ordonnant qu'on lui amène
avec égards les deux voyageurs qu'ils y rencontreraient.
Ils partirent et rencontrant Basile et Ebbulos à leur entrée en ville, ils les conduisirent à
l'Archevêque. Le Prélat fut stupéfait à leur vue car ils étaient exactement ceux qu'il avait vus
en rêve et il glorifia Dieu. Il leur demanda d'où ils venaient et qui ils étaient puis lorsqu'il sut
ce qu'il voulait savoir, il ordonna qu'on les nourrisse et qu'on leur accorde l'hospitalité. Luimême
convoquant son clergé et les notables, raconta ce qu'on lui avait annoncé au sujet de
Basile dans le rêve inspiré par Dieu. Alors le clergé s'exclama d'une seule voix : "Puisque
Dieu t'a indiqué ton successeur en récompense de ta vie vertueuse, fais pour lui ce qui te
semble le mieux car cet homme que la Volonté de Dieu désigne directement est vraiment
digne de respect."
Après cela, l'Archevêque convoqua Basile et Ebbulos auprès de lui et il entreprit de discuter
des Ecritures avec eux afin d'évaluer ce qu'ils comprenaient. En écoutant leurs paroles, il fut
surpris par la profondeur de leur sagesse. Il les garda près de lui et les traita avec le plus grand
respect. Bien que vivant à Césarée, Basile menait le style de vie que lui avaient enseigné les
Ascètes lors de ses voyages en Egypte, en Palestine, en Syrie et en Mésopotamie ou qu'il avait
observé chez les Pères Ascètes de ces régions. Imitant ainsi leurs vies, il fut un bon Moine et
l'Archevêque Eusèbe de Césarée l'ordonna à la prêtrise puis le nomma instructeur des Moines
de Césarée. Ayant reçu le rang de Prêtre, Saint Basile consacra tout son temps au labeur de
son ministère au point qu'il en oublia même de correspondre avec ses amis d'autrefois. La
charge des Moines qu'il avait rassemblés, l'enseignement de la Parole de Dieu ainsi que
d'autres soucis pastoraux ne lui permettaient pas de se distraire par d'autres occupations. De
plus, il ne tarda pas à acquérir dans ce nouveau domaine une compétence dont l'Archevêque
lui-même ne bénéficiait pas car il ne possédait pas suffisamment d'expérience dans les
matières ecclésiastiques, ayant été élu à l'éparchie de Césarée alors qu'il était encore un
catéchumène. Moins d'une année s'écoula après l'Ordination de Basile à la prêtrise avant que
l'Archevêque Eusèbe, par faiblesse humaine, ne se mette à l'envier et à éprouver des
sentiments malveillants envers lui. Saint Basile l'apprit et ne souhaitant pas être une cause de
jalousie, il partit pour le Désert du Pont.
Les luttes de Saint Basile dans le Désert.
Dans le Désert du Pont, Basile se retira près de la rivière Iris à l'endroit où sa mère Emmélie
et sa soeur Macrine avaient vécu dans la solitude et qui leur appartenait. Macrine y avait érigé
un couvent. Basile construisit son habitation tout près de là, au pied d'une haute montagne
recouverte de forêt dense et arrosée de ruisseaux froids et limpides. La solitude sauvage du
Désert plaisait tant à Basile qu'il se proposa d'y finir ses jours. Il y copia les combats des
grands hommes qu'il avait rencontrés en Syrie et en Egypte.
Ascète, il travaillait dans une extrême pauvreté avec pour seuls vêtements une tunique et une
cape. Afin que cela ne se voie pas, il portait également un cilice durant la nuit. Il se nourrissait
de pain et d'eau, une maigre pitance que venaient améliorer du sel et des tubercules. C'était
une abstinence si sévère qu'il s'affaiblit, devint pâle et maigre. Il ne se rendait jamais aux
bains ni n'allumait de feu. Cependant Basile ne se contentait pas de vivre pour lui-même : il
avait réuni autour de lui une communauté de Moines et par ses lettres avait même attiré son
ami Grégoire dans le Désert.
Dans leur solitude, Basile et Grégoire accomplissaient tout ensemble : ils priaient ensemble;
tous deux renoncèrent à la littérature de ce siècle sur laquelle ils avaient passé tant de temps
20
auparavant et ils se mirent à étudier exclusivement les Saintes Ecritures. Souhaitant les mieux
connaître, ils lisaient les écrits des Pères et écrivains d'autrefois, notamment ceux d'Origène.
Ainsi instruits par le Saint Esprit, Basile et Grégoire rédigèrent les règles de la vie
communautaire monastique que les Moines de l'Eglise orthodoxe suivent encore en grande
partie.
En ce qui concernait la vie du corps, Basile et Grégoire trouvaient habituellement satisfaction
dans l'endurance : ils travaillaient de leurs mains, portant du bois ou soulevant de lourds
fardeaux à tel point qu'ils en conservèrent des cals aux mains bien après. Leur habitation
n'avait ni toit ni porte; on n'y trouvait jamais ni feu ni fumée. Le pain qu'ils mangeaient était si
sec et mal cuit que l'on parvenait à peine à le mâcher.
Saint Basile appelle à combattre les ariens.
Cependant vint le temps où Basile et Grégoire durent quitter le Désert car l'Eglise alors
confrontée aux hérétiques, avait besoin de leurs services. Le père de Grégoire, l'Evêque
Grégoire de Naziance qui était déjà d'un âge avancé qui l'empêchait de combattre les
hérétiques avec suffisamment de force, rappela son fils près de lui afin qu'il vienne en aide
aux Orthodoxes. Et l'Archevêque Eusèbe de Césarée persuada Basile de revenir à ses côtés
après s'être réconcilié avec lui dans une lettre lui demandant son aide pour l'Eglise que les
ariens se préparaient à combattre. Voyant l'Eglise dans un tel besoin et la préférant à la vie
dans le Désert, Saint Basile abandonna sa réclusion pour se rendre à Césarée où il combattit
avec ardeur pour la défense de la Foi Orthodoxe contre l'hérésie par ses discours et ses écrits.
Et lorsque l'Archevêque Eusèbe remit son âme à Dieu dans les bras de Basile, Basile fut élevé
à la cathèdre archiépiscopale par un conseil d'Evêques parmi lesquels se trouvait le vieux
Grégoire, le père de Grégoire le Théologien. Bien que faible et amoindri par les ans, il avait
ordonné qu'on le porte à Césarée afin de convaincre Basile d'accepter l'archiépiscopat et
d’empêcher l'arrivée d'un arien à la chaire.
Basile gouverna avec succès l'Eglise du Christ et ordonna son frère Pierre à la prêtrise afin
qu'il puisse l'aider dans ses travaux pour le bien de l'Eglise; plus tard il le consacra Evêque de
la ville de Sébaste. C'est alors que leur mère, la Bienheureuse Emmélie, alla rejoindre le
Seigneur après avoir vécu plus de quatre-vingts dix ans.
Saint Basile compose sa Liturgie.
Au bout de plusieurs années, Saint Basile demanda à Dieu d'éclairer son jugement afin qu'il
puisse célébrer l'offrande du Sacrifice Non-Sanglant à Dieu avec ses propres mots et que la
Grâce de l'Esprit Saint lui soit envoyée pour l'accomplissement de cette tâche. Au septième
jour après cela, tandis que Basile se tenait devant l'Autel de l'église et commençait à préparer
le pain et le calice, le Seigneur Lui-même lui apparut avec Ses Saints Apôtres et déclara :
"Qu'il soit fait selon ta demande; ta bouche s'emplira de Louanges et tu accompliras le
Sacrifice Non-Sanglant en prononçant tes propres paroles." Ensuite Basile se mit à dire et à
écrire ces mots : "Que ma bouche s'emplisse de Louanges afin que je puisse chanter Ta
Gloire," "Seigneur Notre Dieu Qui nous a créés et nous a amenés à cette vie" et les autres
prières de la Divine Liturgie. Lorsqu'il eut fini de prier, il leva le pain, priant avec ferveur en
ces mots : "Seigneur Jésus Christ Notre Dieu, écoute depuis Ta Sainte Demeure, depuis le
Trône de la Gloire de Ton Royaume et sanctifie-nous, Toi Qui sièges avec le Père au Plus
Haut des Cieux mais Qui demeure parmi nous invisiblement et par Ta Main, accorde-nous le
don de Ton Corps Très Pur et de Ton Sang Précieux et par nous à tout Ton Peuple." Lorsque
le Saint Hiérarque se fut ainsi exprimé, Ebbulos et le haut clergé aperçurent une Lumière
Céleste illuminant le Sanctuaire et l'Evêque et des hommes rayonnants, vêtus de blanc,
21
entouraient Saint Basile. A cette vue ils furent frappés d'une grande stupeur et ils se
prosternèrent en versant des larmes et en rendant Gloire à Dieu.
Alors Basile convoqua un maître-orfèvre et lui ordonna de confectionner une colombe d'or
pur à l'image de la Colombe apparue au-dessus du Seigneur au Jourdain. Il la suspendit audessus
du Saint Autel où elle servirait de réceptacle des Saints Mystères.
Le Juif qui se convertit.
Par des signes miraculeux, le Seigneur Dieu témoignait de la Sainteté de Basile de son vivant
même. Ainsi un jour alors qu'il célébrait la Divine liturgie, un Juif qui souhaitait apprendre en
quoi consistaient les Saints Mystères se joignit au reste des croyants en se faisant passer pour
un Chrétien. En entrant dans l'église, il vit Saint Basile tenant dans ses mains un enfant et le
partageant en plusieurs morceaux. Quand les fidèles vinrent communier près du Saint, le Juif
s'approcha aussi et le Saint Hiérarque lui donna une part des Saints Dons comme il l'avait fait
avec le reste des Chrétiens. En les prenant dans sa main, le Juif vit qu'il s'agissait
véritablement de chair et en s'approchant du calice il s'aperçut qu'il contenait réellement du
sang. Il cacha une partie de la Sainte Communion et de retour chez lui il la montra à sa femme
en racontant ce qu'il avait vu de ses propres yeux. Comprenant que les Mystères Chrétiens
sont véritablement terribles et glorieux, il se rendit auprès de Saint Basile le lendemain matin
pour le supplier de le juger digne du Saint Baptême. Alors Basile rendit Grâces à Dieu et
baptisa aussitôt le Juif et toute sa famille.
La femme dans le besoin.
Un jour alors que le Saint se promenait dans la rue, une pauvre femme victime d'un officier du
gouvernement, se jeta aux pieds de Basile et le supplia d'écrire en son nom à cet officier car
elle estimait que l'Evêque était une personne que son oppresseur respectait beaucoup. Le
Saint, prenant une feuille de parchemin, écrivit ceci à l'officier : "Cette pauvre femme est
venue me trouver en disant que ma lettre avait une grande importance pour toi. S'il en est
ainsi, prouve-le par des faits et montre-toi clément envers cette pauvre femme." Après avoir
écrit ces mots, le Saint Homme tendit le papier à la pauvre femme et elle le porta à l'officier.
L'homme lut la lettre puis rédigea une réponse au Saint : "En accord avec ta lettre, Saint Père,
je souhaiterais me montrer clément envers cette femme mais je ne puis l'être car elle est
redevable de l'impôt universel." A nouveau le Saint lui écrivit : "C’est bien si tu souhaitais
être clément sans le pouvoir mais si tu le pouvais et ne l’as pas voulu, Dieu te placera parmi
ceux qui sont dans le besoin de sorte que tu ne pourras pas accomplir ce que tu désires." Les
mots du Saint Hiérarque furent rapidement suivis d'effet : peu après, l'empereur se fâcha
contre cet officier car il apprit que celui-ci infligeait de grandes brimades à la population et il
le fit emprisonner jusqu'à ce qu'il eût remboursé ceux qu'il avait opprimés. L'officier envoya
de la prison une pétition à Saint Basile pour qu'il prenne pitié de lui et amène l'empereur à la
compassion par sa médiation. Basile se hâta d'aller implorer l'empereur en son nom et en six
jours intervint un décret délivrant l'officier de sa condamnation. L'officier, voyant combien le
Saint Homme avait été bon envers lui, s'empressa de lui exprimer sa gratitude et il rendit à la
pauvre femme en question le double de ce qu'il lui devait.
Mort de l'empereur apostat Julien.
Pendant que Basile le Grand, cet Elu de Dieu, luttait vaillamment à Césarée en Cappadoce
pour la Sainte Foi du Christ, l'empereur Julien l'Apostat, blasphémateur et grand persécuteur
des Chrétiens qui se vantait qu'il les détruirait, avançait avec son armée contre les Perses.
Saint Basile pria alors à l'église devant l'Icône de la Très Sainte Mère de Dieu au pied de
laquelle se trouvait également une Icône du Saint Mégalomartyr Mercure représenté en
22
guerrier portant une lance. Il pria pour que Dieu ne permette pas que Julien, ce tyran qui
persécutait les Chrétiens, revienne vivant de la guerre contre les Perses. Aussitôt il vit que
l'image de Saint Mercure qui se trouvait près de celle de la Très Sainte Mère de Dieu
changeait d'apparence et disparaissait. Un peu plus tard, le Martyr réapparut, sa lance
ensanglantée. Au même moment Julien fut transpercé au milieu de sa bataille contre les
Perses par le Saint Martyr Mercure que la Toute Pure Vierge Theotokos avait envoyé pour
fendre l'ennemi de Dieu.
Le Diacre qui chancela.
Le don de Grâce de Saint Basile le Grand était tel que lorsqu'il levait les Saints Dons pendant
la Liturgie, la colombe d'or suspendue au-dessus de l'Autel qui contenait les Saints Dons, mue
par la Puissance de Dieu, remuait trois fois. Un jour que Basile célébrait et élevait les Saints
Dons, le tremblement habituel de la colombe, annonciateur de la Descente du Saint Esprit,
n'eut pas lieu. Lorsque Basile se demanda pourquoi et il vit que l'un des Diacres qui portaient
les ripidia observait une femme de l'assemblée. Basile ordonna au Diacre de quitter le Saint
Sanctuaire et lui imposa pénitence : il devait jeûner et prier pendant sept jours, passer des
nuits entières à veiller dans la prière et distribuer ses biens en aumône pour les pauvres. Par la
suite, Basile ordonna qu'un rideau soit tiré et qu'une cloison soit construite devant le
Sanctuaire afin qu'aucune femme ne puisse regarder à l'intérieur pendant l’accomplissement
de l’Office Divin. Il commanda d’exclure de l’église ceux qui refuseraient d'obéir et de les
priver de la Sainte Communion.
Persécution de l'Empereur Valens.
Alors que Saint Basile était Evêque, l'Eglise du Christ fut troublée par l'empereur Valens qui
était aveuglé par l'hérésie d'Arius. Il retira de leur siège plusieurs Evêques orthodoxes pour
installer des ariens à leur place; quant aux autres, timorés et craintifs, ils furent forcés de le
joindre dans son hérésie. Il éprouva une grande colère et se tourmenta intérieurement de voir
que Basile demeurait sans crainte sur son trône, pilier inamovible de la Foi Orthodoxe et qu'il
en renforçait d'autres en les exhortant à rejeter cette doctrine fausse et détestable à Dieu
qu'était l'arianisme. Tandis qu'il voyageait dans son royaume, opprimant terriblement les
Orthodoxes sur son passage, l'empereur qui faisait route vers Antioche s'arrêta à Césarée. Il
tenta par tous les moyens possibles de faire pencher Basile du côté des ariens. Il encouragea
chefs militaires, nobles et conseillers à persuader Basile d'accéder au désir de l'empereur par
des prières, des promesses et même des menaces, si nécessaire. Et tous ceux qui soutenaient
l'Empereur tentèrent énergiquement de convaincre Saint Basile. De plus, certaines dames de
la noblesse en faveur auprès du souverain envoyèrent leurs eunuques au Saint en lui
conseillant instamment d'épouser les opinions de l'empereur. Mais personne ne fut capable
d'inciter le Hiérarque, inébranlable dans sa Foi, à s'éloigner de l'Orthodoxie. Finalement,
l'éparque Modeste convoqua Basile. Voyant que ce dernier se montrait peu enclin à se laisser
persuader par de fausses promesses d'abandonner l'Orthodoxie, il le menaça de la confiscation
de ses biens, du bannissement et de la mort. A ces menaces le Saint Homme répondit
fièrement : "Si tu t'empares de mes biens, tu n'en tireras aucune richesse toi-même ni ne feras
de moi un pauvre. Je doute que tu aies besoin de mes vieux vêtements et de mes quelques
livres qui sont mes seules richesses. L'exil ne représente rien pour moi car je ne suis attaché
nulle part; là où je suis ne m'appartient pas et quelque lieu où tu m'envoies sera toujours chez
moi. Pour être exact, tout lieu est Celui de Dieu. Où ne serai-je pas un étranger de passage
(Ps. 38:13)? Et qui pourra me torturer? Je suis si faible que le premier coup me rendra
insensible. La mort est pour moi une bénédiction car elle me conduira d'autant plutôt à Dieu
pour Qui je vis et peine et vers Qui depuis longtemps je me hâte!"
23
Stupéfait par ces paroles, le gouverneur dit à Basile : "Personne ne m'avait parlé avec autant
d'audace auparavant!"
"Bien sûr," répondit le Saint Hiérarque. "C'est parce que tu n'as jamais eu l'occasion de parler
avec un Evêque auparavant. En toute chose nous montrons douceur et humilité mais lorsqu'il
est question de Dieu et que l'on ose s'élever contre Lui alors, abandonnant tout, nous ne
regardons que Lui et le feu, l'épée, les bêtes féroces et les verges de fer propres à rompre le
corps, au lieu de nous effrayer, nous emplissent de joie."
En rapportant à Valens l'intransigeance et l'intrépidité de Saint Basile, Modeste s'exclama :
"Nous sommes vaincus par ce chef de l'Eglise. Cet hommes est au-dessus des menaces, plus
résolu que ses arguments, il est plus fort que la persuasion." Par la suite, l'empereur interdit
que l'on vînt déranger Basile. Sans entrer en communion avec lui car il avait honte de se
montrer indécis, il attendit une meilleure justification.
La Fête de la Théophanie de Notre Seigneur arriva. Avec son entourage, l'empereur pénétra
dans l'église où servait Basile. En se joignant ainsi au peuple, il espérait montrer une
apparence d'unité avec l'Eglise. Admirant sa magnificence et l'ordre qui y régnait, il participa
aux Litanies et aux prières des fidèles. Il était émerveillé car il n'avait jamais vu tant d'ordre et
de splendeur dans les églises ariennes. Saint Basile s'approcha de l'empereur et commença à
parler avec lui pour lui enseigner les Saintes Ecritures. Il se trouva que Saint Grégoire le
Théologien était présent et assista à la conversation et la relata. A partir de ce jour, l'empereur
eut de meilleures relations avec Basile mais lorsqu'il repartit pour Antioche, sa colère envers
Basile reprit. Incité par des hommes malveillants dont il écoutait les dénonciations, il
condamna Basile à l'exil. Mais lorsque l'empereur voulut signer la sentence, le trône sur lequel
il était assis trembla et la plume avec laquelle il s'apprêtait à signer se fendit en deux.
L'empereur prit une autre plume mais celle-ci se cassa aussi; la même chose se produisit avec
la troisième. Puis sa main se mit à trembler et il fut pris de peur. Y voyant un signe de la
Puissance de Dieu, l'empereur déchira la feuille en petits morceaux mais les ennemis de
l'Orthodoxie recommencèrent à harceler l'empereur afin qu'il ne laisse pas Basile en paix. Un
noble nommé Anastase fut dépêché par l'empereur pour ramener Basile à Antioche. Lorsque
cet homme arriva à Césarée et informa Basile de l'ordre de l'empereur, le Saint Homme
répondit : "Mon enfant, il y quelques temps j'ai appris que l'empereur, sur le conseil
d'hommes sots, a cassé trois plumes en essayant de signer le décret de mon emprisonnement
et ainsi recouvrir la Vérité d'obscurité. Des plumes inanimées ralentirent sa hâte importune et
préférèrent se rompre plutôt que de servir d'instrument à son injuste sentence."
Conduit à Antioche, Basile fut amené devant le tribunal du gouverneur et lorsqu'on lui
demanda pourquoi il confessait une Foi autre que celle de l'empereur, il répondit : "Il ne sera
jamais dit que j'ai abandonné la Véritable Foi chrétienne pour devenir un adepte des
enseignements impies d'Arius car j'ai hérité des Pères la Foi dans la consubstantialité des
Personnes de la Trinité Que je confesse et glorifie."
Le juge le menaça de mort mais Basile répondit : "A quoi bon? Laisse-moi souffrir pour la
Vérité et je serai libéré des liens du corps. Il y a longtemps que je le souhaite; seulement ne
rétracte pas ta promesse."
Le gouverneur informa l'empereur que Basile ne craignait pas les menaces que ses
exhortations ne le faisaient pas changer d'avis et que son coeur était ferme et inébranlable.
Ecumant de rage, l'empereur chercha un moyen de détruire Basile. Mais exactement au même
24
moment Galate, le fils de l'Empereur, tomba soudain malade et les médecins de la cour le
laissèrent pour mort. Sa mère, exaspérée, alla trouver l'empereur en disant : "C'est parce que
ta Foi est incorrecte et que tu persécutes un Hiérarque de Dieu que notre enfant se meurt!"
Entendant cela, Valens convoqua Basile et lui dit : "Si l'enseignement de ta Foi plait à Dieu,
alors sauve mon fils par tes prières."
Le Saint Homme répondit par ces mots : "Empereur, si tu te convertis à la Foi orthodoxe et
accorde le repos à l'Eglise, ton fils restera en vie." Une fois que l'empereur l'eut promis, Saint
Basile adressa une supplication à Dieu et le Seigneur envoya à l'enfant royal la délivrance de
sa maladie. Ensuite Basile retourna sur sa chaire avec tous les honneurs mais les ariens,
entendant et voyant cela, emportés par l'envie et la malice, dirent à l'empereur : "Nous aurions
pu en faire autant!"
Et ils aveuglèrent à nouveau l'empereur de sorte qu'il ne les empêcha pas de baptiser son fils.
Lorsque les ariens prirent l'enfant impérial pour le baptiser, il mourut subitement dans leurs
bras. Anastase dont il a été question plus haut, fut témoin de la scène et il raconta à l'empereur
Valentinien, Empereur d'Occident et frère de Valens, empereur d'Orient, ce qui s'était produit.
Valentinien fut émerveillé par un tel Miracle et il rendit Gloire à Dieu. Par l'intermédiaire
d'Anastase il envoya, à Saint Basile de grands cadeaux dont Basile se servit pour faire
construire des hôpitaux dans son diocèse, procurant ainsi un abri pour nombre de pauvres et
de nécessiteux.
Saint Grégoire ajoute que Saint Basile alla jusqu'à guérir l'éparque Modeste qui avait été si
sévère avec lui, d'une grave maladie lorsque celui-ci vint humblement dans son infirmité
chercher l'aide de ses Saintes Prières.
Saint Basile défend la veuve Vestiane.
Lorsqu'un certain temps se fut écoulé, Modeste fut remplacé au siège d'éparque par un proche
de l'empereur nommé Eusèbe. Or en ce temps-là vivait à Césarée une veuve nommée
Vestiane, fille de l'ancien sénateur Araxus qui était jeune, riche et fort belle. Eusèbe voulut
forcer cette veuve à épouser un personnage officiel mais celle-ci ne souhaitait pas se remarier
afin de rester chaste et de préserver la pureté de son veuvage pour la Gloire de Dieu.
Lorsqu'elle apprit qu'on avait entrepris de la marier contre son gré, elle se réfugia à l'église où
elle se jeta aux pieds du Hiérarque de Dieu qu'était Basile. Il la prit sous sa protection,
refusant de la rendre à ceux qui venaient la chercher dans l'église. Plus tard il l'envoya
secrètement dans le couvent de Vierges dirigé par sa soeur, la Vénérable Macrine. En proie à
une rage violente contre Basile, l'éparque envoya des soldats à l'église pour en arracher la
jeune femme par la force. Comme ils ne la trouvaient nulle part, Eusèbe ordonna qu'on aille la
chercher dans la propre chambre de Saint Basile. Etant lui-même un homme immoral,
l'éparque pensait que Basile dans des intentions pécheresses, la gardait pour lui-même et la
cachait dans sa chambre. Cependant comme on ne l'y trouva pas, il convoqua Basile, l'injuria
et le menaça de torture s'il ne rendait pas la veuve mais Saint Basile se montra prêt à souffrir
la torture. "En ordonnant qu'on me lacère le corps avec des crochets de fer," déclara-t-il, "tu
traiteras mon foie qui comme tu peux le voir, m'indispose beaucoup."
Apprenant alors ce qui commençait à s'ébruiter, la ville accourut au palais de l'éparque –non
seulement des hommes mais aussi des femmes– des armes et des gourdins à la main dans
l'intention de tuer le gouverneur par amour pour leur pasteur et Saint Père. Si Basile n'avait
pas apaisé la population, ils l'auraient véritablement tué. En voyant leur grande colère, terrifié,
l'éparque laissa le Saint Homme sain et sauf.
25
L'esclave qui renonça au Christ.
Hellade, Homme Saint et Vertueux qui fut témoin des Miracles de Basile et lui succéda sur la
cathèdre épiscopale, raconte ce qui suit : un sénateur orthodoxe du nom de Protère, en visite
sur les Lieux Saints, conçut l'intention de dédier sa fille au Service de Dieu dans un couvent.
Mais le Malin qui a toujours détesté ce qui est bon, incita à l'un des serviteurs de Proterius une
passion pour la fille de son maître. Lorsqu'il vit l'inflexibilité des intentions de son maître et
n'osant dire un mot de sa passion pour la jeune fille, l'esclave se rendit chez un sorcier de la
ville et lui raconta sa peine. Il promit beaucoup d'or au sorcier s'il lui permettait d'épouser la
fille de son maître grâce à sa magie. Le sorcier refusa d'abord puis il dit : "Si tu le souhaites, je
vais t'envoyer à mon maître, le diable; il t'aidera dans cette affaire si tu acceptes d'obéir à sa
volonté."
L'infortuné serviteur répondit : "Je promets d'accomplir tout ce qu'il m'ordonnera de faire."
"Renonceras-tu au Christ par écrit?"
Le serviteur dit : "Je suis prêt à le faire si je reçois ce que je souhaite."
"Si tu veux faire une telle promesse," dit le sorcier, "je vais t'aider."
Alors il s'empara d'une feuille de parchemin et écrivit à l'intention du diable : "Puisque,
Maître, mon devoir est de tenter de détourner les hommes de la Foi chrétienne et de les
amener sous ton autorité afin d'augmenter le nombre de tes sujets, je t'envoie aujourd'hui le
porteur de cette lettre, un homme passionnément épris d'une jeune fille. En son nom, je te
demande de ne pas lui refuser ton aide pour qu'il obtienne ce qu'il désire. Ainsi je serai moi
aussi glorifié et je t'apporterai davantage d'adorateurs."
Lorsqu'il eut fini sa lettre au diable, le sorcier la donna au jeune homme et le renvoya avec les
instructions suivantes : "A la nuit tombée, rends-toi au cimetière païen et montre cette feuille;
alors apparaîtront ceux qui te conduiront au diable."
L'infortuné serviteur partit rapidement et une fois dans le cimetière, il convoqua les démons.
Aussitôt les esprits malins apparurent devant lui et conduisirent le malheureux dupe jusqu'à
leur prince. Le serviteur l'aperçut installé sur un trône élevé et lui tendit la lettre du sorcier. Le
diable prit la lettre et demanda : "Crois-tu en moi?" Le serviteur répondit : "Je crois."
Puis le diable demanda encore : "Renonces-tu au Christ?" "Je renonce à Lui.", répondit
l'homme.
Alors satan lui dit : "Souvent vous me trompez, vous les Chrétiens. Lorsque vous avez besoin
de mon aide, vous venez me voir mais une fois que vous avez obtenu ce que vous vouliez,
vous renoncez encore à moi et retournez à Votre Christ Qui comme Il est Bon et aime
l'homme, vous accepte. Donne-moi la preuve écrite que tu renonces au Christ et à ton
Baptême de ton plein gré et que tu promets d'être à moi à jamais et qu'au jour du Jugement tu
souffriras les tourments Eternels avec moi. Ce n'est qu'à cette condition que je ferai ce que tu
demandes."
Le serviteur prit une feuille et y écrivit ce que demandait le diable. Alors, le destructeur des
âmes, ce vieux serpent, envoya les démons de la fornication éveiller chez la jeune fille un
amour pour le jeune homme si puissant que sous l'emprise de sa passion charnelle elle se jeta
aux pieds de son père en s'écriant : "Aie pitié de moi! Aie pitié de ta fille et accorde-moi
d'épouser notre serviteur dont je suis passionnément amoureuse. Si tu refuses de faire cela
pour moi, ta fille unique, tu me verras bientôt mourir dans d'affreux tourments dont tu devras
répondre au jour du jugement!"
26
Le père fut effrayé d'entendre cela et il se lamenta. "Pauvre de moi, pécheur! Qu'est-il arrivé à
ma fille? Je souhaitais unir ma fille à l'Epoux Divin afin qu'elle soit pareille aux Anges et
qu'elle rende Gloire à Dieu par des Psaumes et des Hymnes et par amour pour toi j'avais
espéré recevoir le Salut. Mais tu réclames effrontément le mariage! Ne me conduis pas aux
Enfers par la douleur, mon enfant, ne déshonore pas ton noble rang en épousant un esclave!"
Mais elle ne tint pas compte des paroles de son père et insista : "Si tu ne fais pas ce que je
souhaite, je mettrai fin à mes jours."
Sur les conseils de ses proches et amis, son père qui ne savait que faire, décida d'accéder à sa
requête plutôt que de la voir mourir d'une mort atroce. Il convoqua son serviteur pour lui
donner sa fille en mariage et lui accorda de grands biens. Il dit à sa fille : "Vas, marie-toi,
misérable! Mais je pense que tu te repentiras de ta conduite car elle ne t'apportera rien de
bon!"
Quelque temps après la célébration du mariage lorsque l'acte diabolique fut accompli, on
remarqua que le nouveau marié ne se rendait pas à l'église pour y recevoir les Saints Mystères
et sa malheureuse épouse en fut informée.
"Peut-être ignores-tu,"dirent-ils, "que le mari que tu as toi-même choisi n'est pas Chrétien et
qu'il n'appartient pas à la Foi du Christ?"
Elle fut extrêmement peinée d'entendre cela. Elle se jeta à terre et se mit à se griffer le visage,
à se frapper sans cesse la poitrine et elle s'écria à voix haute : "Quiconque a désobéi à ses
parents ne peut être sauvé! Qui annoncera ma disgrâce à mon père? Pauvre de moi, misérable
que je suis! Dans quelle perdition suis-je tombée? Pourquoi suis-je seulement née et pourquoi
n'ai-je pas péri à ma naissance?"
En l'entendant se lamenter ainsi, son mari accourut auprès d'elle et lui demanda la raison de
ses lamentations. Elle le lui expliqua et il la consola en lui disant qu'on lui avait menti à son
sujet. Il l'assura qu'il était Chrétien. En partie réconfortée par ces paroles, elle dit : "Si tu
souhaites que j'en sois certaine et que la peine quitte mon âme infortunée, accompagne-moi à
l'église demain matin et reçois les Mystères Très Purs en ma présence; alors je te croirai."
Son malheureux époux, voyant qu'il ne pouvait cacher la vérité, fut malgré lui forcé de lui
avouer qu'il s'était voué au diable. Alors oubliant sa faiblesse de femme, elle se rendit chez
Saint Basile et lui dit : "Prends pitié de moi, Disciple du Christ! Prends pitié de celle qui a
désobéi à la volonté de son père et qui a été vaincue par une tromperie diabolique!" Et elle lui
raconta en détail ce que son mari avait fait.
Le Saint Homme convoqua son mari et lui demanda si elle avait dit vrai à son sujet. En
pleurant il avoua : "Oui, Hiérarque de Dieu. C'est l'entière vérité! Et même si je devais me
taire, mes actes le proclameraient pour moi!" Il raconta alors tout ce qui lui était arrivé et
comment il s'était voué aux démons.
Le Saint Homme demanda : "Souhaites-tu rejoindre le Seigneur Jésus Christ à nouveau?"
"Oui, je le souhaite mais je ne le peux pas," répondit-il. "Pourquoi donc?" demanda Basile.
"Parce que," expliqua l'homme, "j'ai donné une preuve écrite de ce que je renonçais au Christ
et me vouais au diable."
27
Mais Basile dit : "Ne te désole pas pour cela car Dieu aime l'homme et accueille ceux qui se
repentent." Et sa femme se jeta aux pieds du Saint Homme, le suppliant en ces mots :
"Disciple du Christ, aide-nous comme tu le peux!" Alors le Saint dit au serviteur : "Crois-tu
que tu peux être sauvé?" Et il lui répondit : "Je le crois, Monseigneur; aide mon peu de Foi!"
Ensuite le Saint, le prenant par la main, fit le Signe de la Croix sur lui et l'enferma dans une
salle situé dans l'enceinte de l'église en lui ordonnant de prier Dieu sans discontinuer. Il passa
trois jours ainsi en prière puis vint visiter le pénitent et lui demanda : "Comment te sens-tu
mon enfant?" "Je suis dans le plus malheureux des états, maître," répondit l'homme. "Je ne
supporte pas les cris des démons, leurs flèches et leurs coups de lance ni la peur que j'ai d'eux.
Car les démons tiennent à la main ma déclaration et se moquent de moi en disant : "Tu es
venu à nous, maintenant nous venons à toi."
Après lui avoir donné un peu de nourriture, Basile fit le Signe de la Croix sur lui et l'enferma
à nouveau. Quelques jours plus tard il lui rendit à nouveau visite et dit : "Comment vas-tu,
mon enfant?"
L'homme répondit : "J'entends leurs cris et leurs menaces de loin et je ne les vois plus." Et
Basile après lui avoir donné un peu de nourriture et prié pour lui, l'enferma encore et partit.
Plus tard, au quarantième jour, il vint le voir et demanda : "Comment vas-tu, mon enfant? Et
le serviteur répondit : "Bien, Saint père car je t'ai vu en rêve. Tu livrais bataille pour moi et tu
as vaincu le diable."
Après avoir dit une prière, le Saint le délivra de sa réclusion et le conduisit dans sa cellule. Au
matin il convoqua le clergé de l'église, les Moines et tous ceux qui aimaient le Christ et dit :
"Rendons Gloire à Dieu Qui aime l'homme, mes frères car voyez! Le bon Pasteur souhaite
maintenant prendre sur Son Epaule une brebis égarée et la ramener dans l'Eglise! Cette nuit
nous devons absolument implorer Sa Bonté pour qu'Il vainque et fasse honte à l'ennemi de
nos âmes."
Les fidèles se rassemblèrent dans l'église et prièrent toute la nuit pour le pénitent en criant :
"Seigneur aie pitié de nous!" Lorsque l'aube se leva, Basile prit l'homme repentant par la main
et l'emmena rejoindre la foule dans l'église en chantant des Hymnes et des Psaumes. Par ses
pouvoirs pernicieux, le diable, sans vergogne, s'y introduisit invisiblement car il voulait
arracher le jeune homme des mains du Saint. L'homme se mit à crier : "Saint Hiérarque de
Dieu, aide-moi!" Mais le diable s'était armé de tant d'audace et d'effronterie contre le jeune
homme qu’afin de l’entraîner avec lui, il fit mal à Saint Basile lui-même. Alors le Saint
Homme s'adressa au Malin en ces termes : "Impudent destructeur des âmes, prince des
ténèbres et de perdition! Ta propre perdition, celle que tu as infligée à toi et aux tiens, ne te
suffit-elle donc pas? Ne cesseras-tu donc jamais de persécuter les Créatures de Dieu? Le
diable cria : "Tu m'offenses, Basile!" Beaucoup entendirent la voix diabolique. Le Saint
Hiérarque dit : "Le Seigneur te réprimande, diable!" A nouveau le malin lui dit : "Tu
m'offenses, Basile! Apprends que ce n'est pas moi qui suis venu à lui mais lui à moi. Il a
renoncé au Christ en faisant le serment par écrit, par cette feuille que j'ai à la main et que je
montrerai au Juge Suprême le Jour du Jugement!" Basile dit alors : "Béni soit le Seigneur
Mon Dieu! Ces gens ne cesseront de lever leurs mains au Ciel tant que tu n'auras pas rendu ce
papier!" Puis se tournant vers la foule, le Saint Homme s'écria : "Levez les mains au Ciel et
proclamez "Seigneur aie pitié!" Lorsque le peuple eut levé les mains au Ciel et longuement
proclamé "Seigneur aie pitié," la feuille signée par le jeune homme fut transportée, à la vue de
tous, droit dans les mains du Saint Hiérarque Basile. Ayant pris le document, il se réjouit
28
grandement et rendit Grâces à Dieu. Afin que tous puissent l'entendre, il dit au jeune homme :
"Reconnais-tu ce document, mon frère?" Le jeune homme dit : "Oui, Hiérarque de Dieu, ce
document est de moi; je l'ai rédigé de mes propres mains." Basile le déchira immédiatement
en deux en présence de tous puis conduisant le jeune homme dans l'église, il le fit communier
aux Divins Mystères et donna un banquet pour toute l'assistance. Ensuite après avoir fait des
recommandations au jeune homme et lui avoir fourni des règles de vie convenables, il le
rendit à sa femme et il glorifia et rendit longuement Grâces à Dieu.
Le Saint Prêtre Anastase.
Le même Helladius raconta ce qui suit sur Saint Basile. Un jour, notre Père Basile, éclairé par
la Grâce Divine, dit à son clergé : "Venez avec moi mes enfants, nous verrons la Gloire de
Dieu et dans le même temps nous glorifierons notre Maître!" Cela dit, nous avons quitté la
ville mais personne ne savait où il souhaitait aller. En ce temps-là, vivaient dans un village un
Prêtre nommé Anastase et sa femme Theognia. Pendant quarante ans ils avaient vécu
ensemble chastement et beaucoup pensaient que Theognia était stérile car ils ignoraient leur
pure chasteté, gardée secrète. Pour cette Sainte Vie, Anastase fut jugé digne de recevoir la
Grâce de l’Esprit de Dieu et devint clairvoyant. Apprenant par l’Esprit que Basile souhaitait
lui rendre visite, il dit à Theognia : "Je vais cultiver le champ. Toi, ma soeur, fais le ménage
dans la maison. Puis à la Neuvième Heure du jour lorsque tu auras allumé les lampes, vas audevant
du Saint Archevêque Basile car il vient rendre visite aux pécheurs que nous sommes."
Elle fut surprise des paroles de son maître mais accomplit ses ordres. Lorsque Saint Basile ne
fut plus qu’à une courte distance de la maison d’Anastase, Theognia vint l’accueillir et lui
rendit hommage. "Es-tu en bonne santé, dame Theognia?", demanda Basile. Elle s’effraya de
l’entendre l’appeler par son nom et dit : "Je suis en bonne santé, Saint Maître!" Et le Saint
Homme lui dit alors : "Où est le seigneur Anastase, ton frère?" Elle répondit : "Il n’est pas
mon frère mais mon mari; il est parti dans les champs." Basile dit : "Il en est revenu; ne sois
pas consternée!" Elle fut encore plus effrayée d’entendre cela car elle comprit que le Saint
avait pénétré leur secret. Elle se jeta aux pieds du Saint Homme en tremblant et dit : "Saint
Hiérarque de Dieu, prie pour moi, femme pécheresse car je vois que tu peux faire ce qui est
grand et merveilleux!" Et le Hiérarque pria pour elle et poursuivit son chemin.
Lorsqu’il entra dans la maison du Prêtre, Anastase lui-même l’accueillit et baisa ses
pieds." D’où vient-il que le Saint Hiérarque de Mon Seigneur vienne à moi?" Et le Hiérarque,
l’embrassant en Christ, dit : "Il est bon que je t’ai trouvé, Disciple du Christ; viens à l’église et
célébrons le Service de Dieu."
Le Prêtre avait l’habitude de jeûner tous les jours de la semaine, à l’exception des samedis et
dimanches et il ne touchait à rien d’autre que du pain et de l’eau. Lorsqu’ils arrivèrent à
l’église, Basile ordonna à Anastase de servir la Liturgie et ce dernier déclina en disant : "Tu
sais, Maître, ce qu’il est dit dans les Ecritures : Le moindre est béni par celui qui est plus
grand. [Heb. VII, 7]" Mais Basile lui dit : "A toutes tes autres bonnes oeuvres, ajoute aussi
l’obéissance."
Alors qu’Anastase servait la Liturgie, pendant l’Elévation des Saints Mystères, Saint Basile et
ceux qui en étaient dignes virent l’Esprit Très Saint descendre sous la forme d’un feu et
entourer Anastase et la Sainte Table. Lorsque le Service Divin fut conclu, tous se rendirent
dans la maison d’Anastase où il tint un banquet pour Basile et son clergé. Pendant le repas, le
Saint demanda au Prêtre : "Dis-moi quel trésor possèdes-tu? Quel est ta manière de vivre?" Le
Prêtre répondit : "Saint Hiérarque de Dieu, je suis pécheur et je supporte les impôts habituels.
29
Je possède deux jougs de boeufs; je travaille avec l’un et mon ouvrier se sert de l’autre. Ce
que je reçois grâce à une paire de boeufs, je le dépense au soulagement des étrangers et ce que
je reçois grâce à l’autre sert au paiement des impôts. Ma femme travaille elle aussi avec moi,
en nous servant les étrangers et moi." Alors Basile lui dit : "Appelle-la plutôt ta soeur car c’est
ce qu’elle est en réalité et parle-moi de tes vertus." Anastase dit : "Je n’ai rien fait de vertueux
sur la terre." Saint Basile dit : "Levons-nous et marchons ensemble." Une fois debout, ils se
rendirent dans l’une des pièces de la maison.
"Ouvre-moi ces portes.", dit Basile. "Non, Hiérarque de Dieu," dit Anastase, "n’entre pas car
il n’y a rien là-dedans sinon les outils de la maison." Mais Basile dit : "Mais je suis venu ici
spécialement pour ces outils." Comme le Prêtre refusait pourtant d’ouvrir les portes, le Saint
Homme les ouvrit par ses paroles et il trouva en entrant un homme souffrant d’un cas terrible
de lèpre. Plusieurs de ses membres étaient tombés après s’être putréfiés. Personne ne
connaissait sa présence hormis le Prêtre et sa femme. Alors Basile dit au Prêtre : "Pourquoi
souhaitais-tu me cacher ton trésor que voici?" "Cet homme est furieux et querelleur," répondit
le Prêtre "et à cause de cela je redoutais de te le montrer de peur qu’il n’offense ta Sainteté par
ses paroles." Alors Basile dit : "C’est un bel exploit que tu accompli mais permets-moi de lui
donner des soins cette nuit pour que je puisse recevoir une part de la récompense que tu
auras."
Et ainsi Saint Basile resta seul avec le lépreux. Après s’être enfermé avec lui, il passa la nuit
entière en prière. Au matin il le fit ressortir en bonne santé, ayant retrouvé tous ses membres.
A la vue de ce Miracle, le Prêtre, sa femme et ceux qui étaient présents glorifièrent Dieu.
Ensuite, Basile discuta amicalement avec le Prêtre, instruisit l’assemblée puis retourna chez
lui.
La rencontre de Saint Ephrem et de Saint Basile.
Lorsque le Vénérable Saint Ephrem le Syrien qui vivait dans le Désert entendit parler de Saint
Basile, il se mit à prier Dieu qu’Il lui montrât quelle sorte d’homme Basile était. Aussi, un
jour, ayant atteint l’état d’extase spirituelle, il aperçut un pilier de feu qui s’élevait jusqu’au
Ciel et il entendit une voix qui disait : "Ephrem! Ephrem! Tout comme ce pilier de feu, ainsi
est Basile!" Alors le Vénérable Ephrem se mit immédiatement en route pour Césarée,
accompagné d’un interprète car il n’entendait pas le grec et il y arriva pour la fête de la
Théophanie de Notre Seigneur. Il se tint à l’écart pour ne pas être remarqué et il entr’aperçut
Saint Basile qui se rendait à l’église solennellement et en grand apparat avec son clergé lui
aussi paré de vêtements aux couleurs chatoyantes. Se tournant vers l’interprète qui l’avait
accompagné, Ephrem dit : "Il semble, mon frère que nous ayons oeuvré en vain car cet
homme est de rang élevé; ce n’est pas ce que j’ai vu."
Ephrem entra dans l’église et s’installa dans un coin hors de vue. "Ayant porté le fardeau de
la journée et la chaleur [Mt. XX, 12], se dit-il, nous n’avons rien accompli alors que cet
homme qui jouit de tant de gloire et d’honneur auprès de ces gens, est également un pilier de
feu. J’ai peine à le croire!"
Pendant que Saint Ephrem songeait ainsi, Saint Basile fut averti de sa présence par le Saint
Esprit et il envoya son Archidiacre à lui en disant : "Va aux portes occidentales de l’église; tu
y trouveras un Moine installé à un coin de l’église avec un autre homme. Le Moine est
presque imberbe et de petite taille. Dis-lui de venir pénétrer dans le Sanctuaire car
l’Archevêque l’appelle." L’Archidiacre se frayant difficilement un chemin dans la foule,
atteignit l’endroit où se tenait le Vénérable Ephrem et dit : "Père, viens je t’en prie et entre
30
dans le Sanctuaire; l’Archevêque t’y convie." Mais Ephrem, apprenant par l’interprète ce que
l’Archidiacre avait dit, lui répondit : "Tu te trompes, mon frère! Nous venons à peine d’arriver
et sommes inconnus de l’Archevêque." L’Archidiacre alla rapporter cela à Basile qui
expliquait alors les Saintes Ecritures au peuple. C’est alors que le Vénérable Ephrem vit que
de la bouche de Saint Basile sortaient des flammes tandis qu’il parlait. Alors Basile dit à
l’Archidiacre : "Vas et dis au Moine récemment arrivé : Seigneur Ephrem, je t’en implore,
entre dans le Sanctuaire. L’Archevêque t’y convie." L’Archidiacre partit et dit ce qu’on lui
avait ordonné de dire. Ephrem en fut émerveillé et glorifia Dieu. Il se prosterna alors jusqu’à
terre et s’écria : "Basile est grand en vérité! En vérité il est un pilier de feu! Le Saint Esprit
parle réellement par sa bouche!"
Il demanda alors à l’Archidiacre d’informer l’Archevêque qu’une fois le Service Divin
terminé, il souhaitait le saluer et lui rendre ses hommages en privé. A la fin du Service Divin,
Saint Basile entra dans la pièce où l’on gardait les Saints Réceptacles et il appela le Vénérable
Ephrem à lui pour l’embrasser en Christ. "Je te salue, Père qui a accru le nombre des
Disciples du Seigneur dans le Désert et qui en a chassé les démons par la Force du Christ!
Pourquoi as-tu pris la peine de venir ici voir un pécheur, Mon Père? Puisse le Seigneur
récompenser ton oeuvre!"
Grâce à son interprète, Ephrem répondit à Basile en lui disant tout ce qu’il avait dans le coeur
et avec son compagnon il reçut les Mystères Très Purs des mains de Saint Basile. Ensuite, au
domicile de Basile, ils s’assirent pour manger et le Vénérable Ephrem dit à Saint Basile :
"Très Saint Père, je ne te demande qu’une seule faveur, aies la bonté de me l’accorder!"
Basile le Grand lui répondit : " Dis-moi ce dont tu as besoin. Je te suis très obligé d’avoir fait
un tel effort car c’est pour moi que tu as entrepris un aussi long trajet." "Je sais, Père," fit le
justement honoré Ephrem "que Dieu t’accorde tout ce que tu Lui demandes et j’aimerais que
tu L’implores afin qu’Il me permette de parler grec." Basile lui répondit : "Ta requête va audelà
de mes pouvoirs mais puisque tu le demandes avec confiance et loyauté, rendons-nous
dans le Temple du Seigneur, Père digne d’honneur et instructeur du Désert et prions le
Seigneur Qui peut accomplir ton souhait car il est écrit : Le désir de ceux qui Le craignent, Il
l’exécutera et Il entendra leur appel au secours et Il les sauvera. [Ps. 144, 19]." Choisissant
une heure propice ils se mirent à prier dans l’église et passèrent un temps considérable en
prières. Alors Basile le Grand dit : "Vénéré Père, pourquoi n’acceptes-tu pas l’Ordination à la
prêtrise car tu en es fort digne?" "Car je suis un pécheur, maître!", fit répondre Ephrem par
son interprète. "Si seulement je n’avais que tes péchés!" dit Basile, ajoutant : "Prosternonsnous
jusqu’à terre." Une fois qu’ils se furent abaissés, Saint Basile posa sa main sur la tête du
Vénérable Ephrem et prononça la prière consacrant l’Ordination d’un Diacre. Alors il dit au
Vénérable : "Maintenant donne l’ordre que nous nous relevions du sol." A cet instant Ephrem
se mit soudain à comprendre la langue grecque et il dit en grec : "Secours-nous, sauve-nous,
aie pitié de nous et garde-nous, Ô Dieu, par Ta Grâce!" Tous glorifièrent Dieu Qui avait
donné à Ephrem la faculté de comprendre et de parler le grec. Le Vénérable Ephrem resta près
de Basile pendant trois jours remplis de Joie Spirituelle. Basile l’ordonna au diaconat et son
interprète à la prêtrise et il les renvoya dans la paix.
Saint Basile aide l’Eglise à Nicée.
Un jour dans la ville de Nicée s’installa l’empereur impie Valens et les adeptes de l’hérésie
d’Arius vinrent lui demander qu’il expulse les orthodoxes de la cathédrale de la ville pour la
céder aux partisans ariens. Etant lui-même un hérétique, l’empereur se plia à leur requête : il
arracha par la force l’église aux orthodoxes et l’offrit aux ariens puis il se rendit dans la cité
impériale. La large communauté orthodoxe étant plongée dans l’affliction, Saint Basile le
31
Grand, Soutien et Protecteur Universel de toutes les Eglises locales, arriva à Nicée et la
population orthodoxe tout entière vint à lui, gémissant et sanglotant pour l’informer de
l’offense commise contre eux par l’empereur. Le Saint Homme, une fois qu’il les eut
réconfortés de ses paroles, se rendit aussitôt chez l’empereur à Constantinople et se présenta
devant lui en disant : "Le roi qui aime le jugement c’est toi! [Ps. 98, 4] Comment as-tu pu
prononcer une sentence injuste, toi l’empereur, en chassant les Orthodoxes de la Sainte Eglise
pour en confier l’administration à ceux dont le raisonnement est faux?" L’empereur lui dit :
"Aurais-tu commencé à m’insulter, Basile? Cela ne te ressemble pas de parler de la sorte!" Et
Basile répondit : "Il est pourtant de mon devoir de mourir pour la Vérité." Tandis qu’ils se
disputaient ainsi et s’opposaient l’un l’autre, il se trouva que le chef cuisinier de l’empereur,
un homme répondant au nom de Démosthène, les entendit. Souhaitant soutenir les ariens, il
eut une parole grossière à l’encontre du Saint. Le Saint Homme dit : "Regardez, voici
Démosthène l’illettré!" Piqué, le cuisinier lui répondit quelque chose mais le Saint dit : "Ton
travail consiste à t’occuper de nourriture et non des dogmes de l’Eglise!" Et Démosthène,
honteux, fut réduit au silence. L’empereur en proie à la colère, sentant l’humiliation, dit à
Basile : "Vas entendre leurs causes mais lorsque tu rendras ton jugement, évite d’aider ceux
dont tu partages les croyances." "Si je juge à tort," répondit le Saint "alors envoie-moi en
prison, expulse ceux qui partagent ma Foi et donne l’église aux ariens!"
Après avoir obtenu le décret impérial, le Saint Homme retourna à Nicée où il convoqua les
ariens et leur dit : "Voyez, l’empereur m’a donné autorité pour mener un procès entre vous et
les Orthodoxes au sujet de l’église que vous avez prise de force." Ils lui répondirent en disant :
"Juge donc mais en accord avec le jugement de l’empereur!" Alors le Saint leur dit : "Vous
les ariens et vous les Orthodoxes, venez et fermez l’église; une fois fermée, apposez-lui
chacun vos propres sceaux et faites-y chacun monter la garde par un homme de confiance.
Puis les ariens prieront les premiers, pendant trois jours et trois nuits et ils se rendront ensuite
à l’église. Si par leurs prières les portes de l’église s’ouvrent d’elles-mêmes alors l’église vous
appartiendra à jamais. Mais si cela ne se produit pas alors nous prierons pendant une seule
nuit et nous nous rendrons en procession à l’église, chantant des Hymnes Saints et si les
portes s’ouvrent pour nous alors nous en garderons le contrôle à jamais mais si elles ne
s’ouvrent pas à nous alors l’église sera encore à vous."
La proposition plut aux ariens mais les Orthodoxes, remplis d’amertume, reprochèrent au
Saint de ne pas avoir jugé équitablement et d’avoir été influencé par sa crainte de l’empereur.
Lorsque les deux parties eurent soigneusement fermé l’église et y eurent apposé leurs sceaux,
on fit monter la garde. Après avoir prié pendant trois jours et trois nuits lorsque les ariens se
présentèrent à l’église, rien de miraculeux ne se produisit. Ils restèrent là, en prière, depuis
l’aube jusqu’à la sixième heure, debout et criant "Seigneur aie pitié!," cependant les portes de
l’église ne s’ouvrirent pas pour eux et ils repartirent déçus. Alors Basile le Grand, ayant réuni
tous les Orthodoxes, y compris les femmes et les enfants quitta la ville pour l’église du Saint
Martyr Diomède; il y célébra des Vigiles qui durèrent toute la nuit puis à l’aube il se rendit
avec toute l’assemblée à la cathédrale scellée en chantant : "Saint Dieu, Saint Fort, Saint
Immortel, aie pitié de nous!" S’arrêtant devant les portes de l’église il dit au peuple : "Levez
vos mains et criez avec une ardeur sincère "‘Seigneur aie pitié de nous!" Puis le Saint Homme
ordonna que chacun se tût et s’approchant des portes, il fit trois fois le Signe de la Croix sur
elle, en disant : "Béni soit le Dieu des Chrétiens, maintenant et toujours et aux siècles des
siècles!" Lorsque la population cria "‘Amen!", la terre se mit soudain à trembler; les serrures
et les verrous se rompirent, les barres tombèrent, les sceaux se brisèrent et les portes
s’ouvrirent comme projetées par un vent puissant ou une tempête et allèrent heurter les murs.
Alors Saint Basile se mit à chanter : "Levez vos portes, princes! Et élevez-vous, portes
32
Eternelles et le Roi de Gloire entrera! [Ps. 23, 7]" Il pénétra alors dans l’église avec une
multitude d’Orthodoxes et après avoir célébré la Divine Liturgie il renvoya le peuple dans la
joie. Nombre d’ariens quittèrent l’erreur à la vue du Miracle et s’unirent aux Orthodoxes. Et
lorsque l’empereur apprit la judicieuse décision de Basile et le glorieux Miracle qui s’était
produit, il en fut grandement émerveillé et commença à dénigrer l’arianisme. Cependant,
aveuglé par l’impiété, il ne se tourna pas vers l’Orthodoxie et mourut misérablement par la
suite. Quand il fut touché et blessé lors d’une bataille à Thrace, il s’enfuit et se cacha dans une
grange où l’on entreposait du foin. Ses poursuivants encerclèrent la grange et y mirent le feu
de sorte que l’empereur périt dans les flammes pour aller brûler dans celles qui ne s’éteindront
jamais. La mort de l’empereur survint l’année du Départ de Notre Saint Père Basile.
Saint Pierre de Sébaste - Calomnie
Un jour le frère du Saint, l'Evêque Pierre de Sébaste, fut calomnié devant Saint Basile. Ses
accusateurs prétendaient qu’il continuait à vivre avec sa femme à laquelle il avait renoncé en
acceptant la consécration épiscopale. Il n’est pas considéré convenable, en effet qu'un Evêque
fût marié. Entendant cela, Basile dit : "Vous avez bien fait de me le dire. Je vous accompagne
pour le blâmer." Lorsque le Saint atteignit la ville de Sébaste, Pierre apprit l’arrivée de son
frère par l’intermédiaire du Saint Esprit car il était rempli de l’Esprit de Dieu et vivait avec sa
femme non comme une épouse mais comme avec une soeur dans la chasteté. Alors il se rendit
aux devants de Saint Basile pour l’accueillir à un mille environ de la ville et reconnaissant son
frère qui approchait avec un grand nombre de compagnons, il sourit et dit : "Mon frère
pourquoi viens-tu vers moi comme vers un voleur?" Ils s’embrassèrent dans le Christ puis
entrèrent dans la ville. Après avoir prié dans l’église des Quarante Saints Martyrs, ils
continuèrent jusqu’à la résidence épiscopale. Basile aperçut sa belle-soeur et dit : "Je te salue,
ma soeur ou ce qu’il serait plus approprié de dire, salut à toi, Epouse du Seigneur! Car c’est
pour toi que je suis venu jusqu’ici." Elle répondit : "Salut à toi, Honoré Père! Il y a longtemps
que je désire baiser tes précieux pieds!" Alors Basile dit à Pierre : "Mon frère, je te demande
de passer la nuit à l’église avec ta femme." "Je ferai tout ce que tu m’ordonneras de faire,"
répondit Pierre
Lorsque la nuit fut tombée et que Pierre se fut rendu à l’église avec sa femme, Saint Basile s’y
rendit également avec cinq hommes de vertu. Vers minuit il éveilla ces hommes et leur dit :
"Que voyez-vous au-dessus de mon frère et de ma belle-soeur?" Ils répondirent : "Nous
voyons les Anges de Dieu les éventer et répandre de doux parfums sur leur couche restée
pure." Alors Basile leur dit : "Taisez-vous et ne dites à personne ce que vous avez vu."
Le matin Basile ordonna au peuple de s’assembler dans l’église et d’y apporter un foyer de
charbons ardents. Alors il dit : "Etends ton vêtement, honorable belle-soeur." Lorsque ceci fut
fait, le Saint dit à ceux qui tenaient le brasero : "Répandez les charbons ardents sur ce
vêtement." Ils obéirent. Alors le Saint Homme dit à la soeur de son frère : "Garde ces
charbons dans ton vêtement jusqu’à ce que je te le dise." Il ordonna ensuite que de nouveaux
charbons ardents soient apportés et dit à son frère : "Mon frère, étends ton phelonion!" Et
lorsque ce fut fait, Basile dit aux serviteurs : "Versez les charbons du brasero sur le
phelonion." Et ils les versèrent. Lorsque Pierre et sa femme eurent porté les charbons sur eux
pendant longtemps sans souffrir le moins du monde, la population, émerveillée de ce qu’elle
voyait, dit : " Le Seigneur préserve Ses Saints et leur apporte Ses bienfaits sur terre!" Lorsque
Pierre et sa femme jetèrent les charbons à terre, aucune odeur de fumée ou de brûlé n’émana
d’eux et leurs vêtements n’avaient pas noirci. Alors Basile ordonna aux cinq hommes de vertu
mentionnés ci-dessus de raconter ce qu’ils avaient vu et ils dirent à la foule qu’ils avaient vu
les Anges de Dieu dans l’église, survolant le lit du Bienheureux Pierre et de sa femme et
33
répandant de doux parfums sur leur couche restée pure. Alors tous rendirent Gloire à Dieu
Qui innocentait Ses Saints des mensonges calomnieux des hommes.
Saint Basile pardonne la femme repentante.
Au temps de notre Vénérable Père Basile vivait à Césarée une veuve de lignée prestigieuse et
dotée d’une immense fortune; vivant dans la volupté et la satisfaction de son corps, elle était
entièrement l’esclave du péché et pendant de nombreuses années elle céda à l’impureté de la
fornication. Mais Dieu Qui souhaite le repentir de tous, toucha son coeur de Sa Grâce et la
femme commença à se repentir de sa vie dissolue. Un jour qu’elle était seule elle songea à la
multitude innombrable de ses péchés et se lamenta ainsi de son sort : "Pauvre de moi, femme
pécheresse et prodigue! Comment pourrai-je seulement répondre des péchés que j’ai commis
devant le Juge Impartial? J’ai souillé mon corps et pollué mon âme! Pauvre de moi, la plus
accablée des femmes pécheresses! A qui puis-je me comparer? A la courtisane ou au
publicain? Personne n’a autant péché que moi! Et ce qui est particulièrement grave, j’ai
commis la plupart de mes péchés après avoir reçu le Saint Baptême. Qui peut me dire si Dieu
acceptera mon repentir?"
Tandis qu’elle se lamentait ainsi, elle songea à tout ce qu’elle avait fait, depuis sa jeunesse
jusqu’à ses vieux jours et elle s’assit pour l’écrire sur une feuille de parchemin. Lorsqu’elle
eut fini, elle écrivit son péché le plus sérieux et scella le parchemin avec un sceau de plomb.
Puis choisissant une heure à laquelle Saint Basile se rendait à l’église, elle accourut à lui et se
jeta à ses pieds, son rouleau à la main, en disant : "Aie pitié de moi, Saint Hiérarque de Dieu!
Personne n’a péché autant que moi!" Le Saint s’arrêta et lui demanda ce qu’elle désirait de
lui; elle plaça le rouleau scellé dans ses mains et dit : "Voici, maître, j’ai écrit mes péchés et
mes iniquités sur ce parchemin et je l’ai scellé. Ne le lis pas, Elu de Dieu et n’en brise pas le
sceau mais efface-les par tes prières car je crois que Celui Qui m’a envoyé cette pensée
prêtera l’oreille lorsque tu prieras en mon nom." Basile prit le rouleau et leva les yeux au Ciel
en disant : "Seigneur pour Toi Seul toute chose est possible. Car si Tu as pris sur Toi les
péchés du monde entier alors Tu es capable d’effacer les transgressions d’une seule âme car
bien que Tu enregistres tous les péchés, Ta Miséricorde est infinie et impénétrable."
Après avoir dit cela, Saint Basile entra dans l’église en tenant le rouleau à la main; il
s’agenouilla devant la Sainte Table et passa la nuit à prier pour cette femme. Au matin après
la célébration du Service Divin, le Saint Hiérarque convoqua la femme et lui rendit le rouleau
scellé dans l’état dans lequel il l’avait reçu et il lui dit : "Tu as entendu, femme: Qui peut
pardonner les péchés sinon Dieu seul?’ [Mc. II, 7]." Elle répondit : "J’ai entendu, Honoré
Père et c’est pourquoi je suis venue te déranger en te demandant d’implorer Sa Bonté." Après
avoir dit cela, la femme ouvrit le rouleau et vit que tous les péchés qu’elle avait inscrits
avaient été effacés mais le plus grave, celui qu’elle avait écrit après tous les autres, était resté.
Voyant cela la femme fut frappée de crainte et se martelant la poitrine, elle tomba aux pieds
du Saint en s’écriant : "Aie pitié de moi, Serviteur du Dieu Très Haut; comme Tu as été
miséricordieux pour toutes mes iniquités et as imploré Dieu pour elles, invoque-Le pour que
ce dernier soit complètement effacé lui aussi!"
L’Archevêque versa des larmes de pitié pour elle et dit : " Lève-toi, femme! Je suis moimême
un pécheur et j’ai besoin de Miséricorde et de pardon. Celui qui a effacé tous tes
péchés peut également effacer celui qui est resté. Si à l’avenir tu te tiens éloignée du péché et
marches dans la Voie du Seigneur, tu seras non seulement pardonnée mais tu seras aussi jugée
digne de la Glorification Céleste. Voici ce que je te conseille : va dans le Désert. Tu y
34
trouveras un Saint Homme du nom d’Ephrem. Donne-lui ton parchemin et demande-lui de
supplier Dieu Qui aime l’homme d’avoir pitié de toi."
Suivant le conseil du Saint, la femme se rendit dans le Désert et après avoir voyagé très loin,
elle trouva enfin la cellule du Bienheureux Ephrem. Elle frappa à la porte en disant : "Père
Vénérable, aie pitié de moi, femme pécheresse!" Saint Ephrem, conscient par l’Esprit du but
de la femme qui était venue à lui, lui répondit en disant : "Eloigne-toi de moi, femme car je
suis un pécheur et j’ai besoin de l’aide des autres!" Alors elle posa le rouleau devant lui et
dit : "L’Archevêque Basile m’a envoyée à toi afin qu’en priant le Seigneur tu puisses effacer
le péché que j’ai écrit sur ce rouleau. Le reste de mes péchés a été effacé; ne refuse pas de
prier pour ce péché car on m’a envoyée à toi!" Le Vénérable Ephrem dit : "Non, mon enfant;
celui qui a su implorer Dieu pour tes nombreux péchés saura d’autant mieux L’implorer pour
un seul. Aussi hâte-toi, hâte-toi sans tarder afin de le trouver parmi les vivants avant qu’il
n’aille rejoindre le Seigneur!" Alors la femme, s’étant inclinée devant le Vénérable Ephrem,
retourna à Césarée mais elle y arriva alors qu’ils ensevelissaient Saint Basile car il s'était
endormi et ils portaient son corps Saint à l’endroit de l’ensevelissement. Rencontrant la
procession funèbre la femme se lamenta bruyamment et se jeta à terre. Elle s’adressa au Saint
comme s’il était encore vivant en disant : "Pauvre de moi, Saint Hiérarque de Dieu! Pauvre de
toi, malheureuse! Pourquoi m’as-tu envoyée dans le Désert? Afin que tu puisses quitter ton
corps sans être importunée par moi? Vois, je reviens les mains vides après avoir fait un
voyage pénible dans le Désert, en vain. Que Dieu voie cela et qu’Il juge entre nous car toi qui
avais la capacité de m’aider tu m’as envoyée à un autre!"
Pleurant ainsi elle déposa le rouleau sur le cercueil du Saint et raconta son malheur à la
population. L’un des membres du clergé, souhaitant voir ce qui était écrit sur le rouleau, le
prit, le déroula et n’y trouva pas le moindre mot écrit : le parchemin était entièrement vierge.
"Il n’y a rien d’écrit là-dessus," dit-il à la femme, "tu te lamentes en vain, ignorant l’Ineffable
Amour de Dieu pour l’homme Qui S’est manifesté pour toi!" Et toute la population voyant ce
Miracle, rendit Gloire à Dieu Qui avait conféré un tel pouvoir à Son Serviteur, même après
son Départ.
Conversion du docteur juif et Endormissement de Saint Basile.
A Césarée vivait un Juif du nom de Joseph. Il était si habile dans la science de la médecine
qu’il pouvait déterminer, en observant le flux du sang dans les veines, le jour du Départ
imminent du malade de trois à cinq jours à l’avance et il établissait même l’heure exacte de la
mort. A l’approche de son Départ pour le Christ, notre Père Basile qui craignait Dieu, invitait
souvent Joseph qu'il aimait beaucoup pour discuter; il essayait de le convaincre d’abandonner
la religion juive et d’accepter le Saint Baptême. Mais Joseph refusait en disant : "Je souhaite
mourir dans la foi qui m’a vu naître." Le Saint lui disait : "Crois-moi : ni toi ni moi ne
mourrons tant que tu ne seras pas né de l’eau et de l’Esprit [Jn. III, 5] car sans cette Grâce il
est impossible d’entrer dans le Royaume de Dieu. Tes pères ne furent-ils pas baptisés par la
nuée et la mer [cf. I Cor. X, 1]? N’ont-ils pas bu à la pierre qui préfigura la Pierre Spirituelle,
le Christ Qui naquit d’une Vierge pour Notre Salut? Ce Christ Que tes ancêtres ont crucifié
mais Qui après avoir été enseveli S’est relevé des morts au troisième jour et Qui est monté
aux Cieux où Il siège à la Droite du Père et d’où Il viendra juger les vivants et les morts?" Le
Saint Homme lui raconta tout cela et bien d’autres choses utiles à l’âme mais le Juif resta
néanmoins dans son incroyance. Lorsque vint l’heure du Départ du Saint, il tomba malade et
convoqua près de lui le Juif comme s’il avait eu besoin d’assistance médicale et lui dit : "Que
peux-tu dire de moi, Joseph?" Après avoir examiné le Saint Homme, le physicien dit à ses
serviteurs : "Préparez ses funérailles car sa mort est imminente." Mais Basile dit : "Tu ne sais
35
pas ce que tu dis!" Le Juif répondit : "Crois-moi, maître, tu ne verras pas le coucher du
soleil!" Alors Basile lui dit : "Mais si je reste en vie jusqu’au matin jusqu'à la sixième heure
que feras-tu?" Joseph répondit : "Alors c’est moi qui mourrai!" "Oui, fit le Saint, meurs mais
meurs au péché que tu puisses vivre pour Dieu!" "Je sais de quoi tu parles, maître," dit le Juif
"et écoute : je te promets que si tu vis jusqu’au matin, je ferai ce que tu souhaites." Alors Saint
Basile pria Dieu d’allonger sa vie jusqu’au matin pour le Salut de l’âme du Juif et il reçut ce
qu’il demandait. Au matin il l’envoya chercher mais le Juif ne put en croire ses oreilles
lorsqu’il apprit que Basile était toujours vivant; il vint le voir persuadé qu’il était déjà mort.
Lorsqu’il vit qu’il était réellement en vie, il entra en extase et se jetant aux pieds du Saint, il
dit avec une émotion sincère : "Grand est le Dieu des Chrétiens; il n’y a pas d’autre Dieu que
Lui! Je renonce au judaïsme qui est haïssable à Dieu et me convertis à la Vraie Foi chrétienne!
Ordonne, Saint Père que je sois baptisé sur-le-champ, moi et toute ma maison!"
Saint Basile lui dit alors : "Je te baptiserai moi-même de mes propres mains." Le Juif
s’approcha de lui, toucha la main droite du Saint et dit : "Tes forces déclinent, maître et tu es
très faible; tu ne peux pas me baptiser toi-même!" "Nous avons un Créateur pour nous
apporter la Force," répondit Basile. Il se leva et entra dans l’église où en présence de tous, il
baptisa le Juif et sa maison entière; il le nomma Jean et célébrant lui-même la Liturgie ce jourlà,
il le fit communier aux Divins Mystères. Après avoir instruit le nouveau baptisé sur la Vie
Eternelle et adressé un message d’adieu à ses brebis dotées de raison, le Saint Hiérarque
demeura dans l’église jusqu’à la neuvième heure. Alors, ayant accordé un dernier baiser et
son pardon à tous, il rendit Grâces à Dieu pour tous Ses Ineffables Bienfaits et ses paroles
d’Actions de Grâces encore aux lèvres, il rendit son âme au Seigneur. Le Hiérarque et Grand
et Ardent Défenseur alla rejoindre les autres Hiérarques et propagateurs de l’Evangile le 1er
Janvier de l’an 379 sous le règne de Gratien qui avait succédé à son père Valentinien.
Saint Basile avait dirigé l’Eglise de Dieu pendant huit ans, six mois et seize jours et vécu
jusqu’à l’âge de quarante-neuf ans.
L’ancien Juif nouvellement baptisé voyant le Saint Homme sans vie, tomba face contre terre
en pleurant et dit : "Vraiment Basile, Serviteur de Dieu, tu ne serais pas mort maintenant si tu
ne l’avais pas souhaité toi-même!"
Les funérailles de Saint Basile furent un grand événement qui montra l’immense respect dont
il jouissait. Les Chrétiens mais aussi les Juifs et les païens, se ruèrent en foule dans les rues et
tentèrent de se frayer un chemin jusqu’à la dépouille du Hiérarque. Saint Grégoire le
Théologien arriva pour les funérailles de Saint Basile et pleura longuement le Saint Homme.
Les Hiérarques rassemblés à Césarée chantèrent les Hymnes funéraires et ensevelirent les
Précieuses Reliques de Basile, le Grand Elu de Dieu dans l’Eglise du Saint Martyr Eupsyque,
louant Dieu qui est Un dans la Trinité, à Qui revient la Gloire à jamais. Amin.
SAINT EVEQUE OYEND (OU EUGEND, EUGENDUS) DE CONDAT (JURA) (+510)
Originaire de Franche-Comté, Oyend naquit vers 450. A sept ans, il fut placé sous la conduite
des deux fondateurs de l'Abbaye de Condat, Romain et Lupicin et depuis ce moment il ne
sortit plus du monastère. En peu de temps, il s'y perfectionna dans la piété, l'étude et la
pratique de la mortification. Sa vie fut des plus austères : il ne prenait qu'un seul repas par
jour après le coucher du soleil; il endurait avec courage tes rigueurs du froid, n'ayant pour se
protéger qu'une tunique, grossière, la même en toute saison, portant aux pieds de rustiques
chaussures. Complètement mort à lui-même, il ne laissait paraître au dehors aucune trace
d'une émotion pénible, se montrait toujours joyeux et plein de douceur.
36
Rien ne put le déterminer à recevoir la prêtrise dont il s'estimait indigne dans sa profonde
humilité. Il dut accepter la charge d'Abbé (Higoumène) lorsque Minase dont il avait été le
coadjuteur, vint à mourir. Quelques moines ennemis de la discipline l'accusèrent alors
d'incapacité : il laissa à Dieu le soin de sa défense et en reçut le don des Miracles, en
particulier le pouvoir de chasser les démons; une simple formule écrite et signée de la main
d'Oyend suffisait pour délivrer les possédés. Ce Saint Abbé rebâtit son monastère qui avait été
la proie d'un incendie, il construisit une belle église en l'honneur des Saints Apôtres Pierre,
Paul et André dont on lui avait rapporté de Très Précieuses Reliques de Rome.
Il était continuellement en prière; sa dévotion était telle qu'un simple mot de piété suffisait
pour le faire entrer en extase, ce qui lui arrivait même en public et quand il était à table. Avec
une fermeté mêlée de douceur, il maintint parmi ses Moines la plus exacte discipline, donna à
tous l'exemple de l'humilité, du renoncement, de la fidélité aux règles, de la charité pour les
malades, de l'affabilité dans la réception des hôtes.
Durant l'année 509, il fut atteint de la maladie qui devait lui ouvrir le Ciel : ni l'âge ni la
souffrance ne lui firent relâcher ses austérités et sa fidélité à l'Office canonique. Après six
mois de maladie, il se plaignit tendrement à ses Moines de ce que, par leurs prières, ils le
retenaient dans les liens de son corps mortel et les exhorta à observer toujours fidèlement leur
règle. Son Endormissement arriva le 1er janvier 510.
Son culte fut publiquement reçu dans l'Église dès le huitième siècle, particulièrement en
Franche-Comté. Ce qui fit que l'Abbaye de Condat, bâtie sur le Mont Jou prit le nom d'Oyend,
c'est qu'il fut le premier des Abbés dont le corps fut inhumé dans l'église. Ce nom d'Oyend fit
place à celui de Saint-Claude au treizième siècle parce que l'évêque papiste de Besançon qui
portait ce nom quitta son Evêché pour se retirer dans l'abbaye qu'il gouverna pendant sept ans.
SAINTS HIÉROMARTYRS PLATON L'EVEQUE DE TALLINN ET AVEC LUI LES
PRETRES MICHEL ET NICOLAS (+ 1919)
37
L'Evêque Platon dans le monde Paul Petrovich Kuldbush, naquit le 13 juillet 1869 dans la
province de Riga dans la famille d'un Lecteur de l'Eglise. En 1893, il obtint son diplôme de
maîtrise de l'Académie Théologique de Saint-Pétersbourg et devint Prêtre. En 1894 ou en
1904 selon d'autres sources, il fut nommé Recteur de l'église orthodoxe estonienne Saint-
Isidore à Saint-Pétersbourg. En 1917-1918, il participa au Concile de l'Eglise de Russie. Le 31
décembre 1917, à la demande du clergé et des paroissiens de Riga, il fut consacré Evêque de
Revel (Tallinn), un vicariat de l'éparchie de Riga, par le Métropolite Benjamin de Petrograd et
l'Evêque Artemius de Luga après avoir été tonsuré et élevé au rang d'Archimandrite sept
jours auparavant. Puis le 10 janvier 1918, il fut fait Evêque de Riga.
L'Evêque Platon commença avec zèle à rétablir l'ordre dans son éparchie qui avait été
perturbéé durant les soulèvements révolutionnaires de 1917. C'était une époque terrible :
cambriolages, violences et meurtres abondaient. Nul n'était assuré de ce que le lendemain lui
apporterait et tout le monde était en grand besoin d'un encouragement et d'un réconfort
spirituel. Durant la courte période de son épiscopat, l'Evêque Platon visita soixante et onze
paroisses, réinstallant la vie ecclésiale et apaisant les âmes inquiètes de son troupeau avec des
paroles pleines d'Amour et de Foi.
Mais cela ne dura pas longtemps. Le 19 décembre 1918, les troupes allemandes qui avaient
occupé l'Estonie quittèrent la ville de Tartu (Yuriev). Trois jours plus tard, les bolcheviks
reprirent la ville et alors y commença leur second règne de terreur.
En vingt-quatre jours, plus de cinq cents personnes furent arrêtées et plus de trois cents d'entre
elles furent fusillées. Le 2 janvier 1919 lorsque l'Evêque Platon se remit d'une grave maladie,
il fut arrêté dans les rues de Tartu par les bolcheviks et jeté en prison avec d'autres dans la
Credit Bank qui avait été transformée en prison. Le 14 janvier 1919, à 10h30, on en retira
vingt prisonniers et ils furent emmenés au sous-sol et fusillés.
Après que les bolcheviks avaient dû battre en retraite, on trouva vingt corps dans le sous-sol
de la banque, certains avaient été mutilés jusqu'à être méconnaissables. Le corps de l'Evêque
Platon révéla les traces de sept coups de baïonnette et quatre impacts de balle, un ayant été
l'oeuvre d'une balle dum-dum tirée dans l'oeil droit. Les doigts de sa main droite formaient
encore le Signe de Croix...
Deux Prêtres avaient été abattus avec l'Evêque Platon : l'Archiprêtre Nicolas Bezhanitsky et le
Père Michael Bleive. Le Père Nicolas était né le 14 décembre 1859 et avait obtenu son
diplôme du Séminaire Théologique de Riga. Le 16 janvier 1883, il épousa la fille du Prêtre
Jean Kazarinov, Maria Ivanovna Kazarinova et ils eurent deux filles. Il servit à Pernovsky
Uyezd puis à Vyra, Vilyandi et à Tartu comme Recteur de l'église orthodoxe estonienne
Saint-Georges. En raison d'une blessure qu'il avait subie durant sa jeunesse, il ne savait pas
s'agenouiller. Cependant, à l'Autel, il était tellement pris par le service que souvent il tombait
à genoux et ne parvenait plus à se relever de sorte que les desservants de l'église avaient
toujours à être près de lui et à l'aider à se relever.
Pendant qu'il servait à Vilyandi, le Père Nicolas sauva huit prisonniers innocents de la mort,
prenant de grands risques pour lui-même. Sa popularité grandit parmi le peuple car il était prêt
à sauver n'importe qui, luthériens ou Orthodoxes, Estoniens ou Russes. Pendant qu'il servait à
Tartu, il devint en particulier populaire parmi les étudiants qu'il mariait sans demander
d'argen. Il aidait aussi les familles dans le besoin, étant tout simplement un modèle d'Amour
chrétien. Durant ses dernières heures en prison à Tartu, le Père Nicolas se comporta avec
beaucoup de calme et de dignité et les autres prisonniers le surnommèrent leur patriarche.
38
Le 9 février 1919, le corps de l'Evêque Platon fut porté en triomphe à travers Tallinn et
enseveli dans le kliros gauche de la cathédrale de la Transfiguration. Le jour de la Naissance
au Ciel de l'Evêque Platon et de ses compagnons fut proclamé jour de deuil général dans
l'Estonie libre. Les corps des deux Prêtres abattus avec lui furent ensevelis dans la cathédrale
de l'Assomption à Tartu et le 14 janvier de chaque année dans les années qui suivirent, une
pannikhida fut célébré pour les deux Prêtres en présence de tous les Prêtres orthodoxes de la
ville et de tous les "pasteurs" luthériens.
(Sources: Akty Svyateishego Patriarkha Tikhona, St. Tikhon Theological Institute, 1994, pp. 886-87, 988;
Protopresbyter Michael Polsky, Noviye Mucheniki Rossijskiye, Jordanville, 1949-57, part 1, pp. 82-83;
Russkiye Pravoslavnye Ierarkhi, Paris: YMCA Press, 1986; T. Milyuntina,"Protoierej Nikolai Bezhanitsky,"
Vestnik Russkogo Khristianskogo Dvizheniya, N 168, II-III 1993, pp. 181-196)
http://www.orthodox.net/russiannm/plato-bishop-and-hieromartyr-of-revel-tallinn-and-those-with-him.html
SAINT ABBÉ GUILLAUME DE SAINT-BÉNIGNE (+ 1031)
Guillaume naquit en 961 au château d'Orta près de Novare en Italie alors que son père le
Comte Robert de Volpiano défendait son domaine contre l'Empereur Othon. La place dut se
rendre et pour montrer qu'il n'avait aucun ressentiment, Othon avec son épouse Adélaïde,
consentit à tenir sur les fonts baptismaux l'enfant qui fut nommé Guillaume. Celui-ci, destiné
à la vie monastique, fut présenté par ses parents au Monastère de Locedia près Verceil mais
en 987, attristé de voir que l'observance n'était pas fidèlement gardée, il obtint d'être emmené
à Cluny par l'Abbé Mayeul de passage à Locedia. Guillaume ne tarda pas à être associé à
l'oeuvre de la réforme des Monastères que Cluny avait entreprise; avec douze Moines, on
l'envoya relever l'ancienne Abbaye de Saint-Bénigne de Dijon (990). Jusqu'à ce moment,
l'humilité avait tenu Guillaume éloigné du sacerdoce mais témoin des succès obtenus en peu
d'années, l'Evêque de Langres qui avait sollicité la réforme, ordonna Prêtre Guillaume et lui
donna la bénédiction abbatiale.
Bientôt, l'Abbaye de Saint-Bénigne transformée par ses soins au temporel comme au spirituel,
devint un véritable centre autour duquel se groupèrent les monastères réformés de Bourgogne,
de Lorraine et d'Italie. Dans l'accomplissement de sa mission, Guillaume sut allier à une
fermeté que Rome put juger parfois excessive, une prudence consommée et une tendre
affection pour ses Moines. Lorsque la justice était en cause, il n'hésitait pas à tenir tête aux
puissants de la terre; le Roi Robert de France et l'Empereur Henri en firent l'expérience.
L'Abbaye de Fécamp en Normandie dut à ce zélé réformateur l'influence qu'elle exerça dans
la suite jusqu'en Angleterre.
C'est à Fécamp que Guillaume s'endormit le 1er janvier 1031. Au dix-septième siècle, les
moines papistes de cette abbaye tentèrent d'obtenir sa "canonisation" par l'intermédiaire de la
duchesse Christine de Savoie mais soit que la requête eût été négligée, soit qu'on eût jugé à
Rome le caractère sévère de Guillaume contraire à la perfection chrétienne, soit que les
Miracles eussent paru peu authentiques ou peu nombreux, la demande n'eut pas de résultat.
Cependant, le nom de Guillaume est inscrit dans certains martyrologes papistes avec le titre
de Bienheureux ou de Vénérable.
SAINTE CONNAT (OU COMNATAN), VIERGE (+VERS 590)
Abbesse du Couvent de Sainte-Brigitte à Kildare.
SAINT MOCHUA DE TIMAHOE (+657) 24 décembre – 1 janvier
La région de Mochua était le district d'Achonry dans le Connaught. Son père était Lonan.
Mochua devint un bon soldat puis se convertit et devint Moine, étant encore jeune homme. Il
fonda un monastère à Derenish dans le Comoté de Laois en Irlande où il s'endormit et un
autre dans le Comté Cavan qui est à présent nommé d'après lui, Timahoe ou Teach
39
Mochua,"la Maison de Mochua." Il y a en Ecosse quelques monastères qui se disent fondés
par Mochua.
SAINT MARTYR ALMAQUE (OU TELEMAQUE) DE ROME (+ 391 OU 394 OU 404)
Ermite en Orient, il vint à Rome. Descendant dans l'arène où se déroulait alors un combat de
gladiateurs qui faisaient partie des jeux du cirque, il tenta de séparer les combattants. Ce fut
un"tollé" général de la foule, privée du plaisir de voir le sang couler. Il fut martyrisé dans
l'arène où il avait tenté d'empêcher ces jeux païens meurtriers. L'empereur Honorius les abolit
en 405.
SAINT EVEQUE FULGENCE DE RUSPE (EN TUNISIE) ET CONFESSEUR (+ 532)
A la lecture des oeuvres de Saint Augustin, il renonça à une brillante carrière pour embrasser
la vie monastique. Devenu plus tard l'Evêque de Ruspe, aujourd'hui Henchir-Sbia en Tunisie,
à l'époque de l'arianisme, il fut exilé en Sardaigne pour sa Foi en la Divinité du Christ; il y
fonda un monastère à Cagliari. Il composa alors de nombreux ouvrages que nous avons
encore dans la "Patrologie" éditée par l'abbé papiste Migne. Il y combat les hérétiques ariens,
monophysites et pélagiens. Il put revenir à Ruspe quelques années avant sa Naissance au Ciel.
ou
L’an 532 à Ruspe, en Byzacène, Saint Fulgence qui de procurateur de cette province devint
Moine, fut plus tard sacré Evêque. Il eut beaucoup à souffrir de la part des ariens au temps de
la persécution des Vandales et fut deux fois exilé en Sardaigne par le roi Thrasamond. Rendu
enfin à son peuple, il le nourrit fidèlement de la Parole de Vérité durant les dernières années
de sa vie.
SAINT ABBÉ CLAIR DU DAUPHINE, CONFESSEUR (+ VERS 660)
Originaire de Vienne en Dauphiné, il fut Abbé du Monastère de Saint-Marcel dans cette ville.
Sa Sainteté lui fit opérer de nombreux Miracles durant sa vie et après sa Naissance au Ciel.
SAINT EVÊQUE THOMAS DE MAR'ASH (SYRIE)
En ce jour aussi, le Père combattant et Saint Evêque Thomas de Mar'ash, s'endormit. Il fut un
fidèle Ascète qui jeûnait et priait continuellement, accomplissant nombre d'oeuvres de
Miséricorde. Il fut dès lors ordonné Evêque de la ville de Mar'ash. Il veilla sur le Troupeau du
Christ avec les meilleurs soins.
Quand l'infidèle empereur Dioclétien régna, il envoya un de ses représentants à la ville de
Mar'ash pour torturer les Chrétiens. Il commença par Saint Thomas. Il lui ordonna d'adorer les
idoles. Le Saint ne fit pas que lui désobéir : il le réprimanda pour son idolâtrie. Alors il fit
torturer sévèrement le Saint par flagellation puis lui fit briser les membres et le fit enfermer
dans une prison abandonnée.
De temps à autres, il ordonnait de lui arracher un de ses organes. D'abord ce furent les oreilles
puis le nez, les lèvres, les jambes puis ils lui brisèrent les dents. Il fut laissé vingt-deux ans en
prison. Sa congrégation le pensait mort et ils célébraient une commémoration annuelle pour
lui. Une femme pleine de Foi vint le voir une nuit et lui fit passer des provisions à travers une
petite ouverture.
Le Saint demeura ainsi jusqu'à ce que le Juste Empereur Constantin régna et déclara la Gloire
de la Foi chrétienne et ordonna de relâcher les fidèles hors des prisons. La femme informa
40
quelques Prêtres concernant le Saint. Les Prêtres vinrent le voir et l'amenèrent à l'église avec
des Chants et des Hymnes. Le peuple vint près de lui pour recevoir sa bénédiction et
embrassèrent les endroits où il avait été mutilé.
Quand l'Empereur convoqua le Concile de Nicée en 325, Saint Thomas en fit partie. Quand
l'Empereur arriva au Concile, il fléchit les genoux devant les Pères et baisa leurs mains. Et
lorsqu'il apprit ce qui était arrivé à Saint Thomas, il lui demanda sa bénédiction. Lorsque le
Concile fut ajourné, Thomas et les autres Pères rentrèrent dans leurs éparchies. Il rassembla
ses Prêtres, leur lu le Credo qui avait été institué par le Concile et aussi expliqua ce qui était
difficile à comprendre pour eux. Par la suite, le Saint vécut encore une courte période puis il
partit en paix, son épiscopat ayant duré près de quarante ans.
SAINT ABBE FRODOBERT (OU FROBERT) DE MOUTIER-LA-CELLE (+ 673)
1 – 2 – 8 (translation) janvier
Né à Troyes, il fut élevé dans l'école ecclésiastique de cette ville et admis dans le clergé. Il
alla passer quelques années au monastère de Luxueil où sa Sainteté le mit en grande
Vénération; il revint ensuite dans son pays et y fonda le Monastère de Moutier-la-Celle dont il
fut le premier Abbé. Il s'endormit le 31 décembre 673. La Translation de ses Précieuses
Reliques, le 8 janvier 873, amena à cette date la célébration de sa fête. Cependant dans le
nouveau"propre" de Troyes, cette fête est au 2 janvier, jour plus rapproché du "dies natalis."
Circoncision selon la chair de notre Seigneur-St Basile le Grand l'Archevêque de Césarée de
Cappadoce (379). -Sainte Emilie, mère de Saint Basile le Grand (IVeme siècle).-St Théodote-
St Grégoire l'Evêque de Naziance, père de St Grégoire le Théologien(374). -St Théodose,
Higoumène de Triglia en Bithynie-St Pierre du Péloponnèse-St Fulgence l'Evêque de Ruspe-
St Oyen l'Evêque de Condat-Plusieurs Martyrs immolés à Syracuse en Sicile sous Néron (67).
-Saint Concorde Prêtre, Martyr à Spolète en Ombrie (vers 175). -Saint Elvan l'Evêque de
Londres (vers 198). -Saint Meduin, missionnaire en Grande-Bretagne (vers 198). -Saints
Caïus, Jactus et Heraclus, Martyrs à Bologne en Emilie-Romagne. -Saints Victor, Felix,
Narcisse, argyre et leurs compagnons, Martyrs en Afrique. -Saints Primien, Saturnien, Victor,
Honore, Saturnien, Leucius et Hermes, Martyrs à Pavie en Lombardie. - trente soldats Martyrs
à Rome sous Dioclétien (vers 303). -Saint severe, Martyr à Ravenne (304). -Saint Almaque ou
Telemaque, Moine, Martyr à Rome par la main de païens à qui il reprochait leurs pratiques
superstitieuses (vers 391, 394 ou 404). -Saint Basile l'Evêque d'Aix-en-Provence (521). -
Saint Fulgence l'Evêque de Ruspe en Tunisie (532). -Saint Agrippin l'Evêque d'Autun en
Bourgogne qui conféra la prêtrise à Saint Germain de Paris (541). -Sainte Faine vierge en
Irlande (vers 585?). -Sainte Comnatan, abbesse de Kildare en Irlande (vers 590). -Saint
néomartyr Pierre du Péloponnèse, pendu par les Musulmans à Témissis, en Asie mineure
après avoir refusé de baiser le Coran (1776). -Saint Platon l'Evêque de Tallin (Reval) en
Estonie et les Prêtres Michel et Nicolas avec lui, Martyrs (1919). -Saint Alexandre
l'Archevêque de Samara et avec lui les Prêtres Jean, Alexandre, Jean, Alexandre, Trophyme,
Viatcheslav, Basile et jacques, Martyrs (1938).
Lecture de l’Epître
Pour la Circoncision de Notre Seigneur Jésus-Christ
Col II : 8-12
2.8 Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine
tromperie, s'appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur
Christ. 2.9 Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. 2.10 Vous avez tout
pleinement en lui, qui est le chef de toute domination et de toute autorité. 2.11 Et c'est en lui que
41
vous avez été circoncis d'une circoncision que la main n'a pas faite, mais de la circoncision de
Christ, qui consiste dans le dépouillement du corps de la chair: 2.12 ayant été ensevelis avec lui
par le baptême, vous êtes aussi ressuscités en lui et avec lui, par la foi en la puissance de Dieu,
qui l'a ressuscité des morts.
Pour notre Hiérarque Saint Basile le Grand
Heb VII : 26-VIII : 2
7.26 Il nous convenait, en effet, d'avoir un souverain sacrificateur comme lui, saint, innocent,
sans tache, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux, 7.27 qui n'a pas besoin, comme les
souverains sacrificateurs, d'offrir chaque jour des sacrifices, d'abord pour ses propres péchés,
ensuite pour ceux du peuple, -car ceci, il l'a fait une fois pour toutes en s'offrant lui-même. 7.28
En effet, la loi établit souverains sacrificateurs des hommes sujets à la faiblesse; mais la
parole du serment qui a été fait après la loi établit le Fils, qui est parfait pour l'éternité.
8.1 Le point capital de ce qui vient d'être dit, c'est que nous avons un tel souverain sacrificateur,
qui s'est assis à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux, 8.2 comme ministre du
sanctuaire et du véritable tabernacle, qui a été dressé par le Seigneur et non par un homme.
Lecture de l’Evangile
Pour la Circoncision de Notre Seigneur Jésus-Christ
Luc II : 20, 21
2.20 Et les bergers s'en retournèrent, glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu
et vu, et qui était conforme à ce qui leur avait été annoncé.
2.21 Le huitième jour, auquel l'enfant devait être circoncis, étant arrivé, on lui donna le
nom de Jésus, nom qu'avait indiqué l'ange avant qu'il fût conçu dans le sein de sa mère.
Luc II : 40-52
2.40 Or, l'enfant croissait et se fortifiait. Il était rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur
lui.
2.41 Les parents de Jésus allaient chaque année à Jérusalem, à la fête de Pâque. 2.42 Lorsqu'il
fut âgé de douze ans, ils y montèrent, selon la coutume de la fête. 2.43 Puis, quand les jours
furent écoulés, et qu'ils s'en retournèrent, l'enfant Jésus resta à Jérusalem. Son père et sa mère
ne s'en aperçurent pas. 2.44 Croyant qu'il était avec leurs compagnons de voyage, ils firent une
journée de chemin, et le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances. 2.45 Mais, ne
l'ayant pas trouvé, ils retournèrent à Jérusalem pour le chercher. 2.46 Au bout de trois jours, ils
le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. 2.47
Tous ceux qui l'entendaient étaient frappés de son intelligence et de ses réponses. 2.48 Quand
ses parents le virent, ils furent saisis d'étonnement, et sa mère lui dit: Mon enfant, pourquoi
as-tu agi de la sorte avec nous? Voici, ton père et moi, nous te cherchions avec angoisse. 2.49 Il
leur dit: Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu'il faut que je m'occupe des
affaires de mon Père? 2.50 Mais ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait. 2.51 Puis il descendit
avec eux pour aller à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait toutes ces choses dans
son coeur. 2.52 Et Jésus croissait en sagesse, en stature, et en grâce, devant Dieu et devant les
hommes.
Pour notre Hiérarque Saint Basile le Grand
Luc VI : 17-23
6.17 Il descendit avec eux, et s'arrêta sur un plateau, où se trouvaient une foule de ses disciples
et une multitude de peuple de toute la Judée, de Jérusalem, et de la contrée maritime de Tyr et
de Sidon. Ils étaient venus pour l'entendre, et pour être guéris de leurs maladies. 6.18 Ceux qui
étaient tourmentés par des esprits impurs étaient guéris. 6.19 Et toute la foule cherchait à le
42
toucher, parce qu'une force sortait de lui et les guérissait tous.
6.20 Alors Jésus, levant les yeux sur ses disciples, dit: Heureux vous qui êtes pauvres, car le
royaume de Dieu est à vous! 6.21 Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez
rassasiés! Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous serez dans la joie! 6.22 Heureux
serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu'on vous chassera, vous outragera, et
qu'on rejettera votre nom comme infâme, à cause du Fils de l'homme! 6.23 Réjouissez-vous en
ce jour-là et tressaillez d'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans le ciel; car
c'est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.
RÉFLEXION - Pourquoi est-il nécessaire d'écouter l'Eglise et non pas d'écouter celui qui
pense contre l'Eglise, même s'il pouvait être appelé le plus grand des penseurs? Parce que
l'Eglise a été fondée par le Seigneur Jésus-Christ et parce que l'Eglise est guidée sous
l'Inspiration de l'Esprit de Dieu. Parce que l'Eglise représente le Royaume du Saint, un verger
d'arbres fruitiers bien cultivés. Si quelqu'un se dresse contre le Royaume du Saint, cela
signifie qu'il n'est pas Saint alors pourquoi l'écouter? "L'Eglise est un enclos," disait le très
sage Jean Chrysostome. "Si vous êtes à l'intérieur, le loup n'y entre pas mais si vous la quittez,
les bêtes vous saisiront. Ne vous éloignez pas de l'Eglise; il n'y a rien de plus puissant que
l'Eglise. Elle est votre espoir. L'Eglise est votre Salut. L'Eglise est plus haute que le Ciel.
L'Eglise est plus solide que la pierre. L'Eglise est plus grande que le monde. L'Eglise ne
vieillit jamais mais se renouvelle toujours."
Saint Nicolas Velimirovitch l'Evêque d'Ochrid, Serbie (+ 05 mars 1958), rescapé de Dachau puis des
persécutions communistes, auteur du Synaxaire "Prologue d'Ochrid."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire