lundi 9 janvier 2012

Vie de Sainte Fabiola et autres Vies de Saints.

27 décembre 2011– 9 janvier 2012
Cycle mobile (Pascalion): Lundi de la Trentième et Unième Semaine
Lecture de l’Epître
Heb XI : 17-31
11.17 C'est par la foi qu'Abraham offrit Isaac, lorsqu'il fut mis à l'épreuve, et qu'il offrit son fils
unique, lui qui avait reçu les promesses, 11.18 et à qui il avait été dit: En Isaac sera nommée
pour toi une postérité. 11.19 Il pensait que Dieu est puissant, même pour ressusciter les morts;
aussi le recouvra-t-il par une sorte de résurrection. 11.20 C'est par la foi qu'Isaac bénit Jacob et
Ésaü, en vue des choses à venir. 11.21 C'est par la foi que Jacob mourant bénit chacun des fils
de Joseph, et qu'il adora, appuyé sur l'extrémité de son bâton. 11.22 C'est par la foi que Joseph
mourant fit mention de la sortie des fils d'Israël, et qu'il donna des ordres au sujet de ses os.
11.23 C'est par la foi que Moïse, à sa naissance, fut caché pendant trois mois par ses parents,
parce qu'ils virent que l'enfant était beau, et qu'ils ne craignirent pas l'ordre du roi. 11.24 C'est
par la foi que Moïse, devenu grand, refusa d'être appelé fils de la fille de Pharaon, 11.25 aimant
mieux être maltraité avec le peuple de Dieu que d'avoir pour un temps la jouissance du péché,
11.26 regardant l'opprobre de Christ comme une richesse plus grande que les trésors de
l'Égypte, car il avait les yeux fixés sur la rémunération. 11.27 C'est par la foi qu'il quitta
l'Égypte, sans être effrayé de la colère du roi; car il se montra ferme, comme voyant celui qui
est invisible. 11.28 C'est par la foi qu'il fit la Pâque et l'aspersion du sang, afin que
l'exterminateur ne touchât pas aux premiers-nés des Israélites. 11.29 C'est par la foi qu'ils
traversèrent la mer Rouge comme un lieu sec, tandis que les Égyptiens qui en firent la
tentative furent engloutis. 11.30 C'est par la foi que les murailles de Jéricho tombèrent, après
qu'on en eut fait le tour pendant sept jours. 11.31 C'est par la foi que Rahab la prostituée ne périt
pas avec les rebelles, parce qu'elle avait reçu les espions avec bienveillance.
Lecture de l’Evangile
Marc X : 46-52
10.46 Ils arrivèrent à Jéricho. Et, lorsque Jésus en sortit, avec ses disciples et une assez grande
foule, le fils de Timée, Bartimée, mendiant aveugle, était assis au bord du chemin. 10.47 Il
entendit que c'était Jésus de Nazareth, et il se mit à crier; Fils de David, Jésus aie pitié de
moi! 10.48 Plusieurs le reprenaient, pour le faire taire; mais il criait beaucoup plus fort; Fils de
David, aie pitié de moi! 10.49 Jésus s'arrêta, et dit: Appelez-le. Ils appelèrent l'aveugle, en lui
disant: Prends courage, lève-toi, il t'appelle. 10.50 L'aveugle jeta son manteau, et, se levant d'un
bond, vint vers Jésus.10.51 Jésus, prenant la parole, lui dit: Que veux-tu que je te
fasse? Rabbouni, lui répondit l'aveugle, que je recouvre la vue. 10.52 Et Jésus lui dit: Va, ta foi
t'a sauvé.(10:53) Aussitôt il recouvra la vue, et suivit Jésus dans le chemin.
Cycle fixe : Commémorations
SAINT PATRIARCHE THEODORE DE CONSTANTINOPLE (+686)
Le Saint Théodore de Constantinople était natif de Constantinople. Il mena une Vie Pieuse,
fut élevé à la dignité presbytérale; il servit à la Cathédrale Sainte-Sophie Sophie et fut préposé
à la garde du Calice et de la Patène, ce devait être une fonction honorifique (en principe cette
fonction échoit au Diacre). En 676, il fut élu Patriarche de Constantinople bien qu'après deux
ans il fût déposé par scandale. Mais la Vérité triompha et Saint Théodore fut à nouveau élevé
au trône patriarcal en 683. Dès lors, il guida l'Eglise de Constantinople tout au long et jusqu'au
terme de sa vie ici-bas. Il s'endormit dans Notre Seigneur Jésus-Christ en 686.
2
15 septembre (invention) - 27 décembre – 2 août (translation)
SAINT PROTOMARTYR STEPHANE/ETIENNE, DIACRE (+34)
Après la Pentecôte et l'effusion du Saint-Esprit sur les Saints Apôtres, nombreux furent ceux
qui commencèrent à se convertirent, saisis par les paroles de feu des Saints Apôtres et par
leurs Miracles. Une fois devenus membres du Corps du Christ par le Saint Baptême, les
croyants abandonnaient tous leurs biens pour en déposer le prix aux pieds des Saints Apôtres
et se détachant de tout lien et de toute affection, ils menaient vie commune, n'ayant qu'un
coeur et qu'une âme. Après s'être acquittés assidûment de leurs devoirs religieux au Temple,
ils se réunissaient en particulier pour suivre l'enseignement des Saints Apôtres, louer le
Seigneur Jésus-Christ et participer avec allégresse au festin de la Vie Eternelle, la Sainte
Eucharistie, sceau de leur communion avec Dieu et de leur mutuelle charité (cfr. Actes 2:42-
47; 5:32-34).
Comme les disciples augmentaient sans cesse, les Douze décidèrent de désigner sept frères
appréciés de tous pour leur sagesse et remplis de l'Esprit Saint pour les soulager dans le soin
matériel de la communauté, notamment dans le service* des frères pendant les repas
communs et dans l'assistance des veuves et des déshérités de sorte que les Saints Apôtres
pussent se consacrer sans autre souci à la prière et à l'enseignement. Ces sept Diacres
auxquels les Saints Apôtres imposèrent les mains, étaient : Stéphane/Etienne, Philippe,
Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas (Actes 6:1-6). L'activité d'Etienne/Stéphane
qui était à leur tête, s'étendait bien au-delà de la seule subsistance matérielle de la
communauté. Rempli de la Grâce de l'Esprit Saint pour accomplir des Miracles et parler avec
l'autorité des Envoyés de Dieu, Il faisait l'admiration de tous à tel point qu'un jour des Juifs
furieux de ne pouvoir répondre à ses arguments, l'accusèrent faussement de blasphème et de
complot contre les institutions de la Loi et le traduisirent devant le Sanhédrin, le tribunal du
grand-prêtre.
3
* Diacre vient du verbe diakonein = "servir" non au sens de la soumission à une autorité mais en tant
qu'Imitation du Christ Qui S'est fait Lui-même le Serviteur de tous par Son Incarnation (cfr. Luc 22:27; Jean
13:14). Le "service" chrétien est une expression de la charité fraternelle, "lien de la perfection" (Col. 3:14).
Le jeune homme s'avança sans crainte devant les juges et l'Esprit Que le Christ a promis de
donner à Ses Disciples en de telles circonstances (Mat. 10:19), lui inspira un discours
enflammé dans lequel il rappelait aux Juifs durs de coeur quelle Bienveillance et quelle
Patience Dieu n'a cessé de montrer pour Son Peuple, promettant Son Alliance aux Patriarches
et venant sans cesse au secours de ses Elus. Merveilles, prodiges, actions d'éclat, promesses,
révélations terrifiantes par l'entremise de Moïse au Sinaï dans le Désert et dans toute l'histoire
d'Israël, Dieu fit tout sans se lasser pour élever Son Peuple Elu au-dessus de l'attachement aux
créatures et pour le délivrer de l'idolâtrie mais ils résistèrent sans cesse et lorsque vint sur la
terre le Juste, le Sauveur et Rédempteur, la promesse des Patriarches et l'accomplissement des
prophéties, ils montrèrent le même coeur incirconcis, la même résistance obstinée aux Voies
de l'Esprit Saint : "Tels furent vos Pères, tels vous êtes! Lequel des Prophètes vos pères n'ontils
pas persécutés? Ils ont tué ceux qui prédisaient la venue du Juste celui-là même que
maintenant vous venez de trahir et d'assassiner" (Actes 7:51-52).
La Grâce de Dieu qui remplissait le coeur de Stéphane/Etienne et le rendait semblable au Ciel,
faisait jaillir de sa bouche ces paroles inspirées et se répandait aussi sur son corps, irradiant
son visage d'une Lumière Divine comme le Seigneur le jour de Sa Transfiguration (cfr. Mat.
17:6; Luc 9:29). En le voyant ainsi revêtu de Gloire Etincelante tel un Ange de Dieu (Actes
6:15), les Juifs siégeant au tribunal grinçaient les dents de haine et leur rage éclata quand
levant les yeux au Ciel et contemplant la Gloire de Dieu et Jésus-Christ debout à la Droite du
Père aussi clairement que lorsque Il reviendra à la fin des temps, le Saint s'écria : "Je vois les
Cieux ouverts et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu" (Act. 7:56). Incapables de
supporter cette Révélation de l'Exaltation au Ciel de Jésus-Christ, les Juifs se bouchèrent les
oreilles et se ruant sur Stéphane/Etienne, ils le menèrent hors de la ville où ils le lapidèrent.
Tandis qu'on le mettait à mort, Stéphane/Etienne calme et radieux exultait de joie de suivre
ainsi l'exemple de son Maître et les pierres qu'on lui jetait devenaient pour lui autant de degrés
qui l'élevaient jusqu'à la Vision Glorieuse du Christ qu'il avait entrevue. En invoquant le Nom
du Seigneur, il laissa échapper dans son dernier souffle comme Jésus-Christ sur la Croix, ce
cri de suprême Amour pour ses ennemis : "Seigneur ne leur impute pas ce péché!" (Actes
7:60. Cfr. Lc. 23:34).
Ornant l'Eglise des perles précieuses de son sang, Stéphane/Etienne fut le premier à emprunter
la Voie que le Christ a ouverte vers le Ciel par Sa Passion. Sa mort volontaire pour la Vérité
lui a ouvert les Cieux et lui a fait voir la Gloire de Dieu. Sa parfaite charité envers Dieu et
pour son prochain, allant jusqu'au pardon de ses bourreaux, l'a fait siéger au premier rang des
Amis de Dieu; c'est pourquoi les fervents émules des Martyrs qui contemplent en ce jour la
Lumière resplendissante de son visage mêlée à celle de l'astre de Bethléem, se fient avec
confiance en son intercession.
Le corps de Saint Stéphane/Etienne, enseveli par des Hommes Pieux, fut retrouvé en 415 à
Caphargamala par le Prêtre Lucien à la suite d'une apparition et transféré à Jérusalem dans
l'église bâtie en son honneur par l'Impératrice Eudocie, épouse de Théodose le Jeune. Par la
suite, on les transféra de nouveau à Constantinople.*
* On célèbre l'Invention des Précieuses Reliques de Saint Stéphane/ Etienne (en 415) le 15 septembre et leur
Translation à Jérusalem puis à Constantinople le 2 août
4
Une méditation du Père Lev Gillet sur Saint Stéphane/Etienne
La lapidation de Saint Stéphane/Etienne (Fresque carolingienne de la crypte de l'Abbaye Saint Germain à Auxerre)
"Hier, le Roi est né dans la chair et aujourd'hui Son Serviteur est lapidé et meurt par Amour
pour Lui..."Ainsi chante l'Eglise le 27 décembre dans le Kondakion en l'honneur du premier
Diacre et premier Martyr Stéphane/Etienne.
Celui-ci ouvre l'histoire si émouvante et si riche des Martyrs chrétiens. Nous relirons dans les
Actes des Saints Apôtres, le récit du choix des sept premiers Diacres et de la mort de
Stéphane/Etienne. Le sublime et la simplicité s'unissent dans les derniers mots de ce récit : "Et
tandis qu'on le lapidait, Stéphane/Etienne faisait cette prière : Seigneur Jésus-Christ, reçois
5
mon esprit. Puis il s'agenouilla et dit dans un grand cri : Seigneur ne leur impute pas ce péché.
Et en disant cela, il s'endormit."
Un autre aspect de la Passion de Stéphane/Etienne retiendra aussi notre attention. Au cours de
la dispute entre Stéphane/Etienne et ses accusateurs, "tous ceux qui siégeaient au Sanhédrin
avaient les yeux fixés sur lui et son visage leur apparut semblable à celui d'un Ange. Et tandis
que ses adversaires grinçaient des dents, tout rempli de l'Esprit-Saint, il fixa son regard vers le
Ciel et vit alors la Gloire de Dieu et Jésus-Christ debout à la Droite de Dieu." Nous ne
sommes pas Stéphane/Etienne mais toutes proportions gardées, l'attitude du premier Martyr
au milieu des injures et des contradictions montre ce que devrait être notre propre attitude au
milieu des conflits où nous pouvons être mêlés. Le Chrétien dans une discussion ne doit pas
cesser de regarder le Ciel et la Gloire de Dieu et Jésus-Christ et son maintien et ses paroles
doivent être tels que ses contradicteurs puissent voir son visage "semblable à celui d'un
Ange." Le martyre de Stéphane/Etienne impliquait déjà une grande victoire de la Grâce : ceux
qui lapidaient Stéphane/Etienne "avaient déposé leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme
appelé Saul... et... Saul approuvait ce crime." Mais déjà Saul était choisi pour devenir Paul et
l'heure n'était pas loin où il rencontrerait Jésus-Christ sur le chemin de Damas.
(Extraits du livre "L'an de Grâce du Seigneur"du Père Lev Gillet)
Voici deux Homélies du Saint Evêque Augustin d'Hippone pour la fête de Saint
Etienne/Stéphane.
Sermon 314. Fête de Saint Stéphane/Etienne, Martyr
1. Imiter ses vertus
http://www.abbaye-Saint-benoit.ch/Saints/augustin/sermons/sermons2/solpan/314.htm
1. Nous célébrions hier la Naissance du Seigneur; nous célébrons aujourd'hui la naissance de
Son serviteur. Mais cette Naissance du Seigneur était son avènement miséricordieux et celle
du Serviteur Son Couronnement. Celle du Seigneur a consisté pour Lui à se revêtir de notre
chair; celle du serviteur à se dépouiller de la sienne; celle du Seigneur à Se rendre semblable à
nous, celle du Serviteur à se rapprocher du Christ car si le Christ en naissant S'est uni à
Stéphane/Etienne, Stéphane/Etienne en mourant s'est réuni au Christ. Pourquoi dans l'Eglise
une double fête? Pourquoi solenniser tout à la fois la Naissance et la mort de Notre Seigneur
Jésus-Christ? C'est que l'une et l'autre sont pour nous un remède. Car s'Il est né, c'est pour
nous faire renaître et s'Il est mort, c'est pour nous faire vivre éternellement. Quant aux Martyrs
comme ils avaient contracté la faute des origines, leur naissance les destinait à lutter contre le
mal mais en mettant en eux un terme à tout péché, la mort les a mis en possession des biens
les plus solides.
D'ailleurs, s'ils n'eussent été soutenus au milieu des persécutions par l'espoir de la félicité
future comment auraient-ils pu endurer tant de supplices divers? Comment le Bienheureux
Stéphane/Etienne aurait-il pu souffrir la grêle de pierres qui l'accablait s'il n'eût pensé à la
récompense à venir? Ah! il avait à coeur d'obéir à Celui Qu'il voyait présent au Ciel et
embrasé pour Lui d'un Ardent Amour, il brûlait de laisser au plus tôt sa chair et de prendre
vers Lui son essor. Il ne craignait plus la mort parce qu'il voyait plein de vie le Christ Qu'il
savait être mort pour lui; aussi pour vivre avec Lui, s'empressait-il de mourir pour Lui. Vous
savez effectivement ce que voyait ce Bienheureux Martyr au moment de ce terrible combat
puisque vous vous rappelez sans aucun doute ces paroles que relatent de lui les Actes des
Saints Apôtres : "Voici, je vois les Cieux ouverts et le Christ debout à la droite de Dieu" (Act.
7, 5). Il voyait donc Jésus-Christ debout et si lui-même demeurait ferme, ferme sans
6
chanceler, c'est qu'en se tenant debout au Ciel et en voyant sur la terre son soldat combattre, le
Christ lui communiquait une force invincible pour l'empêcher de succomber. "Voici, disait-il,
je vois les Cieux ouverts" : heureux mortel dont le regard plongeait dans le Ciel! Mais qui lui
avait ouvert ce Ciel? Celui dont il est dit dans l'Apocalypse : "Il ouvre et nul ne ferme; Il
ferme et personne n'ouvre" (Apoc. 3, 7). Quand après avoir commis le premier péché, son
horrible péché, Adam fut chassé du Paradis, le Ciel fut fermé au genre humain : le bon larron
fut le premier qui y entra après la Passion du Christ; Stéphane/Etienne ensuite le vit ouvert.
Pourquoi nous en étonner alors? Il l'indiquait fidèlement comme le lui montrait sa Foi et il y
pénétra avec énergie.
2. Allons, mes frères, suivons-le car si nous marchons à la suite de Stéphane/Etienne, nous
serons couronnés. C'est surtout en aimant nos ennemis que nous devons le suivre et l'imiter. Il
vous en souvient lorsque entouré de la foule serrée de ses ennemis, il était frappé par les
coups précipités des pierres qui pleuvaient sur lui, il demeurait à la fois calme et intrépide,
doux et tranquille sous les chocs qui lui arrachaient la vie et l'oeil fixé sur Celui pour Qui il
recevait la mort, il ne dit pas : "Seigneur, sois juge du meurtre dont je suis victime" mais :
"Reçois mon esprit." Il ne dit pas : "Seigneur Jésus-Christ; venge Ton Serviteur que Tu vois
en proie à ce supplice mortel;" mais : "Ne leur impute pas ce péché"(Act. 7, 58-59).
C'est ainsi qu'en rendant constamment témoignage à la Vérité et en respirant comme vous le
savez bien les ardeurs de la charité, ce Bienheureux Martyr parvint à la fin la plus glorieuse;
pour avoir persévéré jusqu'au terme dans sa vocation, il obtint enfin ce que désignait son nom
même, Stéphane/Etienne (Stephanos : le couronné), il reçut la Couronne Céleste. Aussi quand
le premier de tous les Martyrs, le Bienheureux Stéphane/Etienne versa son sang pour le
Christ, la Couronne sembla descendre du Ciel; elle s'offrait comme récompense à quiconque
marcherait sur les traces de ce Généreux Combattant. De fréquentes immolations de Martyrs
ont depuis couvert la terre et ceux qui pour confesser le Christ ont répandu leur sang, ont
placé sur leur tête cette Couronne, tout en la laissant intacte à ceux qui devaient les suivre.
Maintenant encore, mes frères, elle est accrochée au Ciel; quiconque la convoite prendra vers
elle un rapide essor. D'ailleurs pour y exciter brièvement et clairement votre Sainteté, il n'est
pas besoin d'insister : qu'il suive Stéphane/Etienne, celui qui souhaite cette Couronne!
Amen!
Vingt et Unième Sermon. Pour la Fête de Saint Stéphane/Etienne
http://www.abbaye-Saint-benoit.ch/Saints/augustin/inedits/suppl3b.htm#_Toc11732471
1. Vénérons tous Saint Stéphane/Etienne, frères bien-aimés puisque aujourd'hui nous
allumons des flambeaux en son honneur et qu'en mémoire de lui nous nous réunissons ici
dans les sentiments de la plus vive allégresse. Depuis la Crucifixion de Jésus-Christ, il n'y
avait encore eu aucun Martyr; personne n'avait encore suivi le Christ jusqu'à la mort. Le
monde possédait encore les Saints Apôtres; c'était encore le temps où Saul pareil à un loup,
sévissait contre les Chrétiens et déjà le Sauveur déposait sur le front de Stéphane/Etienne la
Couronne de la Gloire. Jusqu'à ce moment dans les champs et les prés du siècle ne s'était point
épanouie la fleur des Confesseurs; le Sang du Christ, répandu en terre, n'avait pas enfanté de
Martyrs. Saint Stéphane/Etienne fut donc le premier germe sorti de cette semence; ce fut la
première fleur qui se montra aussitôt après que la Judée eut fait couler le sang du Rédempteur.
Ivre encore du crime qu'elle venait de commettre, les mains teintes de sang, la bouche encore
pleine des cris de mort qu'elle avait proférés dans sa rage au tribunal de Pilate, la synagogue
ne supporta pas que Stéphane/Etienne fût un Témoin du Christ; elle ne voulut voir en lui
qu'une sorte de satellite gagé d'un crucifié mis au tombeau; aussi fit-elle pleuvoir sur lui une
grêle de pierres et ainsi Saint Stéphane/Etienne suivit-il Celui Qu'il aimait. Pendant que les
7
lapidateurs le tenaient sous leurs mains et lui infligeaient le plus cruel supplice, le Ciel s'ouvrit
devant lui et il vit le Fils de l'homme assis à la Droite de Dieu. La récompense s'étalait aux
regards du Soldat; le Céleste Athlète apercevait le prix que Dieu lui avait préparé; la
Couronne réservée aux Martyrs apparaissait à ses yeux; à cette vue et tout disposé à mourir,
Stéphane/Etienne expose aux coups de ses ennemis furieux un coeur brûlant d'Amour pour
Dieu car la palme du triomphe est là devant lui dans le Ciel; il touche au port du Salut! Nous
ne saurions en douter, mes frères, il contemplait le Ciel des yeux de son corps; la Présence du
Christ, assis sur un trône à la Droite du Père, le comblait de joie; en face de pareils témoins, la
lutte pour lui ne pouvait être timide, elle fut celle d'un héros. Si d'un côté les Juifs accablaient
de pierres le Martyr, d'autre part le Christ lui envoyait du haut du Ciel, des couronnes sur
lesquelles son sang avait empreint une teinte d'un blanc rosé. A quoi te sert, ô impie
synagogue, cet acte de cruauté? Tu jettes des pierres à Stéphane/Etienne et tu travailles encore
davantage à l'honorer; tu lui ôtes la vie et tu contribues encore plus à l'exalter; tu le persécutes
sur la terre et sans le savoir, tu l'envoies par tes mauvais traitements plus vite au Ciel. Déjà
l'âme du Martyr, arrivée à ses lèvres, va s'envoler au Ciel; elle y tient déjà par toutes ses
puissances; aussi est-elle devenue insensible à tes coups et ne prendra-t-elle plus souci de ta
force car elle partage déjà la joie des Anges et comme il se trouve déjà dans les rangs de
l'armée des Archanges, le Confesseur du Christ ne saurait plus redouter les souffrances de ce
monde.
2. Le Père lui adresse la parole, le Fils le console, le Saint-Esprit ranime ses sens affaiblis; le
Ciel avec ses mystérieuses beautés, lui sourit et le rassasie d'avance comme un de ses
habitants, de ses Divines Richesses; ainsi devient insensible pour notre Martyr le supplice de
la lapidation. Pour toi, impie Judée, tu parfais ton crime, tu accomplis jusqu'au bout ton
homicide; à peine as-tu fini de faire mourir le Christ que déjà Son Serviteur tombe sous tes
coups comme si en ajoutant un meurtre à un autre, tu pouvais effacer la souillure du premier.
"Voilà," s'écrie Stéphane/Etienne, "voilà que je vois les Cieux ouverts et le Fils de l'homme
debout à la droite de Dieu" (Act. 7, 55.). Le vois-tu, cruelle Judée, le Christ dans le Sang
Duquel tu as trempé tes mains est Vivant dans le Ciel. Tu frémis de rage, je le sais bien; tu ne
veux pas entendre dire que Jésus-Christ que tu croyais mort, vit toujours. Car si tu lapides
aujourd'hui Stéphane/Etienne, c'est afin qu'il ne continue pas de rendre témoignage de la Vie
du Christ. Mais à quoi bon te raidir et vouloir t'opposer à de si nombreuses légions de
Martyrs? Parviendras-tu jamais à leur imposer silence? Evidemment, non. "Après cela, je
vis," dit Jean, "une grande multitude que personne ne pouvait compter, de toute nation, de
toute tribu, de tout peuple et de toute langue qui se tenaient debout en la présence de Dieu,
revêtus de robes blanches avec des palmes en leurs mains" (Apoc. 7, 9). Ils portent des palmes
dans leurs mains et de ta bouche s'échappe le feu qui consume ton coeur; ils tressaillent de
joie au sein de la Gloire et tu martyrises ta conscience; ils règnent avec le Christ Que tu as fait
mourir et sur toi demeure éternellement la souillure du sacrilège que tu as commis!
3. Enfin, mes frères, écoutez notre Pieux Martyr; écoutez cet homme qui s'était rassasié à une
table sacrée et Divine et dont l'âme, en présence des Cieux ouverts devant lui, pénétrait déjà
les secrets consolants de ce Divin Séjour. Au moment où les Juifs emportés jusqu'à la cruauté
par leur impiété habituelle brisaient le corps du Martyr sous une grêle de pierres, celui-ci,
s'étant mis à genoux, adorait le Seigneur-Roi et disait : "Ô Dieu, ne leur impute pas ce péché!
"(Act. 7, 59). Le patient prie et son bourreau est inaccessible au sentiment du repentir; le
Martyr prie pour les péchés d'autrui et le Juif ne rougit point du sien propre; Stéphane/Etienne
ne veut pas qu'on leur impose ce qu'ils font et ses ennemis ne s'arrêtent qu'après lui avoir
donné le coup de la mort. Quelle rage! Quelle fureur inouïe! Travailler avec d'autant plus
d'ardeur à le tuer qu'ils le voyaient prier pour eux! Ce spectacle n'aurait-il pas dû plutôt
8
amollir leurs coeurs? Notre Martyr a donc retracé en lui-même les caractères de la mort de
son Maître. Attaché à la Croix, sur le point de rendre le dernier soupir, Jésus-Christ priait Son
Père de pardonner aux Juifs leur déicide; engagé comme le Christ dans les tortueux sentiers
du trépas, Stéphane/Etienne a imité Son Sauveur, a offert à Dieu le sacrifice de sa vie; c'est
pourquoi il a suivi jusqu'au Ciel le Seigneur Tout Puissant. Aussi, mes frères, devons-nous
nous recommander à ses Saintes Prières afin qu'à son exemple nous méritions de parvenir à la
Vie Eternelle.
INVENTION DES PRECIEUSES
RELIQUES DU SAINT
PROTOMARTYR
STEPHANE/ETIENNE
The Holy Disciple (from the
Seventy) First-Martyr and
ArchDeacon Stephen was the
eldest among the Seven Deacons,
established by the Apostles
themselves, and therefore he is
called "archdeacon." He was the
Christian First-Martyr, and he
suffered for Christ at about age
30. In the words of Asterias, he
was "the starting-point of the
Martyrs, the instructor of
suffering for Christ, the
foundation of righteous
confession, in that Stephen was
first to shed his blood for the
Gospel."
Being filled of the Holy Spirit,
Saint Stephen with daring
persuasively preached the
Christian teaching and defeated Jewish teachers of the Law in disputation. For this the Jews
maligned Saint Stephen, saying that he had uttered blasphemy against God and against Moses.
Under such charges, Saint Stephen came before the Sanhedrin and the high-priest. He spoke a
fiery speech, in which he expounded the history of the Jewish nation, and he boldly
denounced the Jews for persecuting the prophets and also the execution by them of the
awaited Messiah, Jesus Christ. During the time of his speaking, Saint Stephen suddenly saw
the heavens opened and Jesus Christ in glory, standing at the right side of God. He exclaimed
loudly about this. Then the Jews, covering over their ears, rushed upon him, dragged him out
of the city and stoned him, but the holy Martyr prayed for his murderers. Afar off on the
heights stood the Mother of God with the holy Apostle John the Theologian, and She prayed
fervently for the Martyr. Before death Saint Stephen uttered: "Lord Jesus, receive my spirit,
wherein O Lord, impute this not to them in sin," – and then with joy he gave up his pure soul
to Christ. The body of the holy First-Martyr Stephen, left for devouring by beasts, was
secretly taken up by the illustrious Jewish teacher Gamaliel and his son Habib, and given
burial on his estate. And afterwards these both believed in Christ and accepted holy Baptism.
9
TRANSLATION DES PRÉCIEUSES RELIQUES DU SAINT PROTOMARTYR ET DIACRE
STÉPHANE/ÉTIENNE* (428)
Après la lapidation de Saint Stéphane/Étienne par les Juifs, Gamaliel, le maître de Saint Paul
dans l'étude de la Loi mais qui convaincu par les Miracles du Seigneur s'était fait baptiser par
les Saints Saints Apôtres, encouragea certains autres Chrétiens à l'accompagner pour
s'emparer du corps du Premier-Martyr qui avait été abandonné sur la voirie et l'ensevelir à
Caphargamala, propriété qui lui appartenait, à quelques vingt milles de la Ville Sainte.
* Nous résumons le récit de l'Invention des Précieuses Reliques attribué au Prêtre Lucien qui fut transmis dans
la tradition hagiographique en ajoutant la narration de leur Translation à Constantinople. En fait comme le
rapportent par ailleurs les chronographes byzantins (Théophane le Confesseur), la main droite de Saint
Stéphane/Etienne fut envoyée par l'Archevêque de Jérusalem à Constantinople en remerciement des dons
accordés par l'Empereur (429). Quand la Vénérable Relique apportée par Saint Passarion, arriva à
Chalcédoine, le Saint apparut à l'Impératrice Pulchérie qui vint avec son frère l'Empereur Théodose le Jeune
accueillir ces Précieux Trophées qui furent ensuite déposés au palais avant d'être transférés dans la première
église de la capitale dédiée au Saint. En 439, l'Impératrice Eudocie (cfr. 13 août) retirée aux Lieux Saints,
envoya de Jérusalem d'autres parties du corps. Et au quatrième siècle, Julia Anicia transféra le reste des
Précieuses Reliques dont la plus grande partie fut emportée en Occident par les Croisés lors du pillage de
Constantinople en 1204.
Une fois le deuil de quarante jours achevé? Nicodème, le Disciple nocturne du Seigneur (cfr.
Jn 3) qui avait échappé de peu à la persécution déclenchée à Jérusalem, parvint au village de
Gamaliel qui était son oncle et lui demanda refuge. Il remit son âme au Seigneur des suites de
ses blessures quelques jours après et fut enseveli aux côtés de Saint Stéphane/Étienne. Et
Gamaliel et son fils de vingt ans, Habib qui avait été lui aussi baptisé par les Saints Apôtres,
ne tardèrent pas à le rejoindre dans la mort.
De longues années plus tard alors que ces sépultures étaient tombées dans l'oubli, Lucien, un
Prêtre Pieux et Vénérable du village de Caphargamala, vit Saint Stéphane/Étienne lui
apparaître à trois reprises.* Le Saint était vêtu du sticharion** de lin des Diacres sur lequel
était brodé son nom en lettres rouges et or. La tête couverte d'une longue chevelure blanche, il
était chaussé de sandales d'or et tenait en main un bâton doré avec lequel il frappa légèrement
Lucien en l'appelant par son nom. Il lui ordonna d'avertir l'Evêque Jean de Jérusalem et de
procéder à l'Invention de ses Précieuses Reliques pour que Dieu accomplisse par leur
intermédiaire quantité de Miracles. Lucien alla aussitôt avertir l'Evêque Jean qui lui
commanda de creuser à l'endroit indiqué par le Saint, là où se trouvait un amoncellement de
pierres. Cette même nuit, Saint Stéphane/Étienne apparut de nouveau à Lucien pour lui
révéler que cet amas n'était qu'un mémorial élevé lors de ses funérailles et qu'il devait
chercher sa sépulture un peu plus au Nord. Après avoir creusé en grande hâte, on découvrit
une plaque de pierre sur laquelle étaient inscrits en lettres hébraïques les noms de
Stéphane/Étienne, de Nicodème et d'Habib. Aussitôt la terre trembla et un suave parfum se
répandit alentour, accomplissant soixante-treize guérisons. Et l'on put entendre des Voix
Angéliques chanter : "Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la terre, aux hommes la
bienveillance. "L'Evêque Jean qui présidait alors un Synode à Lydda (Diospolis) se rendit sur
les lieux, assisté de deux autres Evêques pour reconnaître le corps du Premier-Martyr et il le
translata dans l'église de la Sainte-Sion à Jérusalem, le 26 décembre 415.*** Une pluie
abondante vint alors mettre fin à la sécheresse qui affligeait depuis longtemps la Palestine.
* Dans d'autres versions, c'est Gamaliel qui apparaît au Prêtre Lucien.
** L'aube que revêtent les Diacres et les Prêtres pour célébrer.
*** C'est sous l'épiscopat de Saint Juvénal, le 15 mai 439 que les Précieuses Reliques de Saint Stéphane/Étienne
furent transférées dans la basilique élevée sur le lieu de sa lapidation, lors d'une grandiose cérémonie présidée
par Saint Cyrille d'Alexandrie. Par la suite l'Impératrice Eudocie qui désirait être ensevelie auprès du corps du
Premier-Martyr, fit agrandir la basilique et y adjoignit un grand Monastère. Mais tous ces bâtiments furent
ravagés lors de l'invasion perse de 614.
10
On raconte que peu après,* la veuve du fondateur de l'église dans laquelle avait été déposée la
Précieuse Relique de Saint Stéphane/Étienne voulut transporter à Constantinople la dépouille
de son mari. Mais à cause de la ressemblance des deux sarcophages, ce fut la Précieuse
Relique du Saint qu'elle emporta. Tout le long du chemin les Miracles se multiplièrent à son
passage et quand le navire parvint au port de Chalcédoine, les démons qui étaient cachés dans
les flots crièrent qu'un feu insupportable les tourmentait. Quand le navire eut abordé, on posa
le sarcophage sur un chariot traîné par des mules. Mais les bêtes s'arrêtèrent soudainement en
un lieu nommé Constantianes et l'une d'elles prit même une voix humaine pour déclarer qu'il
fallait déposer là le corps du Saint. On eut beau atteler douze autres mules, il fut impossible de
déplacer le chariot. On déposa donc les Précieux Restes le 2 août en cet endroit où une église
en l'honneur du Saint Premier-Martyr fut ensuite édifiée.
* Nous accordons ici, arbitrairement, la chronologie de ce récit qui est placé par la tradition hagiographique au
temps de Saint Constantin et du Saint Archevêque Métrophane de Constantinople.
ou
The Transfer from Jerusalem to Constantinople of the Relics of the Holy FirstMartyr Stephen
occurred in about the year 428.
After the holy FirstMartyr Archdeacon Stephen was pelted with stones by the Jews, they
threw his holy body without burial for devouring by the beasts and birds. The reknown Jewish
law-teacher Gamaliel, having begun to be inclined towards faith in Jesus Christ as the
Messiah and also defending the Apostles at the Sanhedrin (Acts 5: 34-40), on the second night
sent people devoted to him to take up the body of the Firstmartyr. Gamaliel gave him burial
on his own grounds, in a cave, not far from Jerusalem. When in turn there died the secret
disciple of the Lord nicodemus, who had come to Christ at night (Jn. 3: 1-21; 7: 50-52; 19:
38-42), Gamaliel likewise buried him nearby the grave of Archdeacon Stephen. Afterwards
Gamaliel himself, having accepted holy Baptism together with his son Habib, was buried near
the grave of the FirstMartyr Stephen and Saint Nicodemus. In the year 415 the relics of the
Saint were uncovered in a miraculous manner and solemnly transferred to Jerusalem by the
archbishop John together with the bishops Eleutherios of Sebasteia and Eleutherios of Jericho.
From that time began healings from the relics.
Afterwards, during the reign of holy nobleborn emperor Theodosius the Younger (408-450),
the relics of the holy FirstMartyr Stephen were transferred from Jerusalem to Constantinople
and placed in a church in honour of the holy Deacon Laurentius, and after the construction of
a temple in honour of the FirstMartyr Stephen the relics were transferred there on 2 August.
The right hand of the FirstMartyr is preserved in the Serapionov chamber of the Troitsky-
Sergiev Lavra.
SAINTE VEUVE FABIOLA (+ 399)
Elle naquit dans une des plus illustres familles de Rome, les "Fabia." La lettre produite cidessous
(voir plus loin) est un éloge funèbre rédigé par Saint Jérôme en 400 à son ami
Océanus. Saint Jérôme avait adressé une lettre à Fabiola en 397, "Explication des Cérémonies
de l'Ancienne Loi et de l'Habillement des Prêtres"
Vie de Sainte Fabiola, Veuve, à Océanus par Saint Jérôme.
Il y a plusieurs années que j'écrivis à Paula, cette femme si illustre par sa vertu entre toutes
celles de son sexe pour la consoler de l'extrême déplaisir qu'elle venait de recevoir de la perte
de Blesilla; il y a quatre ans que j'employai tous les efforts de mon esprit pour faire l'épitaphe
de Népotien que j'envoyai à l'Evêque Héliodore et il y a environ deux ans que j'écrivis une
11
petite lettre à mon cher ami Pammaque sur la mort si soudaine de Pauline, ayant honte de
faire un plus long discours à un homme très éloquent et de lui représenter des choses qu'il
pouvait trouver en lui-même, ce qui n'aurait pas tant été consoler mon ami que, par une sotte
vanité, vouloir instruire un homme accompli en toutes sortes de perfections.
Maintenant, mon fils Océanus, vous m'engagez dans un ouvrage à quoi mon devoir
m'engageait déjà et auquel je suis assez porté de moi-même qui est de donner un jour tout
nouveau à une matière qui n'est plus nouvelle, en représentant dans leur éclat et dans leur
lustre tant de vertus qui peuvent passer pour nouvelles en ce qu'elles sont extraordinaires car
dans ces autres consolations je n'avais qu'à soulager l'affliction d'une mère, la tristesse d'un
oncle et la douleur d'un mari et selon la diversité des personnes, chercher divers remèdes dans
l'Ecriture Sainte mais aujourd'hui vous me donnez pour sujet Fabiola, la gloire des Chrétiens,
l'étonnement des idolâtres, le regret des pauvres et la consolation des solitaires. Quoi que je
veuille louer d'abord, ce semblera peu de chose en comparaison de ce que je dirai ensuite,
puisque si je parle de ses jeûnes, ses aumônes sont plus considérables; si j'exalte son humilité,
l'ardeur de sa Foi la surpasse et si je dis qu'elle a aimé la bassesse et que pour condamner la
vanité des robes de soie, elle a voulu être vêtue comme les moindres d'entre le peuple et
comme les esclaves, c'est beaucoup plus d'avoir renoncé à l'affection des ornements qu'aux
ornements mêmes parce qu'il est plus difficile de nous dépouiller de notre orgueil que de nous
passer d'or et de pierreries. Après les avoir quittées nous sommes quelquefois enflammés de
présomption en portant des habits sales et déchirés qui nous sont fort honorables et nous
faisons parade d'une pauvreté que nous vendons pour le prix des applaudissements populaires;
au lieu qu'une vertu cachée et qui n'a pour consolation que le secret de notre propre
conscience, ne regarde que Dieu seul comme son juge.
Il faut donc que j'élève la vertu de Fabiola par des louanges tout extraordinaires et que,
laissant l'ordre dont les orateurs se servent, je prenne le sujet de mon discours des
commencements de sa confession et de sa pénitence. Quelque autre, se souvenant de ce qu'il a
vu dans le poète, représenterait ici ce Fabius Maximus :
Qui par les grands succès d'une valeur prudente
Soutint, seul des Romains la gloire chancelante,
et toute cette illustre race des Fabiens;
il dirait quels ont été leurs combats, il raconterait leurs batailles et vanterait la grandeur de
Fabiola en montrant qu'elle a tiré sa naissance d'une si longue suite d'aïeux et d'une tige si
noble et si éclatante afin défaire voir dans le tronc des preuves de la grandeur qu'il ne pourrait
trouver dans les branches mais quant à moi qui ai tant d'Amour pour l'étable de Bethléem et
pour la Crèche de Notre Sauveur où la Vierge-Mère donna aux hommes un Dieu-enfant, je
chercherai toute la gloire d'une Servante de Jésus-Christ, non dans les ornements et les
avantages que les histoires anciennes lui peuvent donner mais dans l'humilité qu'elle a apprise
et pratiquée dans l'Eglise.
CHAPITRE 1. De la faute que Sainte Fabiola avait faite de se remarier du vivant de son
premier mari, bien qu'elle l'eût répudié pour des causes très légitimes.
Or parce que dès l'entrée de mon discours il se rencontre comme un écueil et une tempête
formée par la médisance de ses ennemis qui lui reprochent d'avoir quitté son premier mari
pour en épouser un autre, je commencerai par faire voir de quelle sorte elle a obtenu le pardon
de cette faute avant de la louer depuis la pénitence qu'elle en a faite.
12
On dit que son premier mari était sujet à de si grands vices que la plus perdue femme du
monde et la plus vile de toutes les esclaves n'aurait pu même les souffrir mais je n'ose les
rapporter, de crainte de diminuer le mérite de la vertu de Fabiola qui aima mieux être accusée
d'avoir été la cause de leur divorce que de perdre de réputation une partie d'elle-même en
découvrant les défauts de son mari : je dirai simplement ce qui suffit pour une femme pleine
de pudeur et pour une Chrétienne. Notre Seigneur défend au mari de quitter sa femme, si ce
n'est pour adultère et en cas qu'il la quitte pour ce sujet il ne veut pas qu'elle puisse se marier.
Or tout ce qui est commandé aux hommes ayant nécessairement lieu pour les femmes, il n'est
pas moins permis à une femme de quitter son mari s'il est adultère qu'à un mari de répudier sa
femme pour le même crime et si celui qui commet un péché avec une prostituée n'est qu'un
même corps avec elle, selon le langage de l'Apôtre, la femme qui a pour mari un homme
impudique et vicieux ne fait qu'un même corps avec lui. Les lois des empereurs et celles de
Jésus-Christ ne sont pas semblables et Papinien et Saint Paul ne nous enseignent pas les
mêmes choses : ceux-là lâchent la bride à l'impudicité des hommes et ne condamnant que
l'adultère, leur permettent de s'abandonner en toutes sortes de débordements dans les lieux
infâmes et avec des créatures de vile condition comme si c'était la dignité des personnes et
non pas la corruption de la volonté qui fût la cause du crime mais parmi nous ce qui n'est pas
permis aux femmes n'est non plus permis aux hommes et dans des conditions égales
l'obligation est égale.
Fabiola, à ce que l'on dit quitta donc son mari à cause qu'il était vicieux; elle le quitta parce
qu'il était coupable de divers crimes; elle le quitta, je l'ai quasi dit pour des causes dont son
voisinage témoignant d'être scandalisé, elle seule ne voulut pas le publier. Que si on la blâme
de ce que, s'étant séparée d'avec lui, elle ne demeura pas sans se marier, j'avouerai volontiers
sa faute pourvu que je dise aussi quelle fut la nécessité qui l'obligea de la commettre. Saint
Paul nous apprend "qu'il vaut mieux se marier que brûler" : elle était fort jeune et ne pouvait
demeurer dans le veuvage; "elle éprouvait un combat dans elle-même entre ses sens et sa
volonté, entre la loi du corps et celle de l'esprit" et se sentait traîner comme captive et malgré
qu'elle en eût, au mariage ainsi, elle crut qu'il valait mieux confesser publiquement sa
faiblesse et se couvrir en quelque façon de l'ombre d'un misérable mariage que pour conserver
la gloire d'avoir été femme d'un seul mari, tomber dans les péchés des courtisanes. Le même
Apôtre veut que les jeunes veuves se remarient pour avoir des enfants et afin de ne donner
aucun sujet de médisance à leurs ennemis dont il rend aussitôt la raison en ajoutant : "Car il y
en a déjà quelques-unes qui ont lâché le pied et tourné la tête en arrière poursuivre le
démon" : ainsi Fabiola étant persuadée qu'elle avait eu raison de quitter son mari et ne
connaissant pas dans toute son étendue la pureté de l'Evangile qui retranche aux femmes,
durant la vie de leurs maris, la liberté de se remarier sous quelque prétexte que ce soit, elle
reçut sans y penser une blessure, en commettant une action par laquelle elle croyait pouvoir
éviter que le démon ne lui en fit plusieurs autres.
CHAPITRE 2. Merveilleuse pénitence que Sainte Fabiola fit de cette faute.
Mais pourquoi m'arrêter à des choses passées et abolies il y a si longtemps, en cherchant à
excuser une faute dont elle a témoigné tant de regret? Et qui pourrait croire qu'étant rentrée en
elle-même après la mort de son second mari, en ce temps où les veuves qui n'ont pas le soin
qu'elles devraient avoir de leur conduite ont coutume après avoir secoué le joug de la
servitude, de vivre avec plus de liberté, d'aller aux bains, de se promener dans les places
publiques et de paraître comme des courtisanes, elle ait voulu pour confesser publiquement sa
faute se couvrir d'un sac et à la vue de toute la ville de Rome avant le jour de Pâque, se mettre
au rang des pénitents devant la basilique de Latran? Et qu'elle ait voulu, ayant les cheveux
épars, le visage plombé et les mains sales, baisser humblement sa tête couverte de poudre et
13
de cendre sous la discipline de l'Eglise, le Pape, les Prêtres et tout le peuple fondant en larmes
avec elle?
Quel péché ne serait point remis par une telle douleur et quelle tache ne serait point effacée
par tant de pleurs? Saint Pierre par une triple confession obtint le pardon d'avoir renoncé trois
fois son maître; les prières de Moïse firent remettre à Aaron le sacrilège qu'il avait commis en
souffrant qu'on fit le veau d'or; Dieu, ensuite d'un jeûne de sept jours, oublia le double crime
où David qui était si juste et l'un des plus doux hommes du monde, était tombé en joignant
l'homicide à l'adultère car il le vit couché par terre, couvert de cendre, oubliant sa dignité
royale, fuyant la lumière pour demeurer dans les ténèbres et tournant seulement les yeux vers
Celui qu'il avait offensé et Lui disant d'une voix lamentable et tout trempé de ses larmes :
"C'est contre Toi seul que j'ai péché, c'est en Ta présence que j'ai commis tous ces crimes
mais Mon Dieu, redonne-moi la joie d'être dans les voies du Salut et fortifie-moi par Ton
Esprit Souverain." Il est arrivé que ce Saint Roi qui nous apprend par ses vertus comment
lorsque nous sommes debout nous devons nous empêcher de tomber, nous a montré par sa
pénitence de quelle sorte quand nous sommes tombés nous devons nous relever. Vit-on jamais
un roi plus impie qu'Achab dont l'Ecriture dit : "Il n'y en a point eu d'égal en méchanceté à
Achab qui semble s'être rendu esclave du péché pour le commettre en la présence du Seigneur
avec des excès incroyables?" Ce prince ayant répandu le sang de Nabot et le Prophète lui
faisant connaître quelle était la Colère de Dieu contre lui par ces paroles qu'il lui porta de sa
part : "Tu as tué cet homme et outre cela tu possèdes encore son bien mais Je te châtierai
comme tu le mérites, Je détruirai ta postérité etc.," il déchira ses vêtements, se couvrit d'un
cilice, se revêtit d'un sac, il jeûna et marcha la tête baissée contre terre. Alors Dieu dit à Elie :
"Ne vois-tu pas qu'Achab s'est humilié en Ma Présence? Et parce qu'il est entré dans cette
humiliation par le respect qu'il Me doit, Je suspendrai durant sa vie les effets de Ma colère."
Ô heureuse pénitence qui fait que Dieu regarde le pécheur d'un oeil favorable et qui en
confessant ses fautes oblige ce Souverain Juge, à révoquer l'arrêt qu'Il avait prononcé en Sa
fureur! Nous voyons dans les Paralipomènes [Chroniques] que la même chose arriva au roi
Manassès dans le Prophète Jonas au roi de Ninive et dans l'Evangile au publicain dont le
premier se rendit digne non seulement de pardon mais aussi de sauver son royaume, le second
arrêta la Colère de Dieu prête à lui tomber sur la tête et le troisième, en meurtrissant de coups
son estomac et n'osant lever les yeux vers le Ciel, s'en retourna beaucoup plus justifié par
l'humble confession de ses péchés que le pharisien par la vaine ostentation de ses vertus.
Mais ce n'est pas ici le lieu de louer la pénitence et de dire comme si j'écrivais contre Montan
ou contre Novat que "c'est un don qui apaise Dieu; que nul sacrifice ne Lui est plus agréable
qu'un esprit touché du regret de ses offenses; qu'Il aime mieux la pénitence du pécheur que
non pas sa mort; lève-toi, lève-toi, Jérusalem" et plusieurs autres paroles semblables qu'Il
nous fait entendre par la bouche de Ses Prophètes; je dirai seulement pour l'utilité de ceux qui
liront ceci et à cause qu'il convient particulièrement à mon discours que Fabiola n'eut point de
honte de se confesser pécheresse en la présence de Dieu sur la terre et qu'Il ne la rendra point
confuse dans le Ciel en la présence de tous les hommes et de tous les Anges. Elle découvrit sa
blessure à tout le monde et Rome ne put voir sans répandre des larmes les marques de sa
douleur imprimées sur son corps si pâle et si exténué de jeûnes. Elle parut avec des habits
déchirés, la tête nue et la bouche fermée. Elle n'entra point dans l'église du Seigneur mais
demeura hors du camp, séparée des autres comme Myriam, soeur de Moïse, en attendant que
le prêtre qui l'avait mise dehors la fit revenir. Elle descendit du trône de ses délices; elle
tourna la meule pour moudre le blé, selon le langage figuré de l'Ecriture; elle passa
courageusement et les pieds nus le torrent de larmes; elle s'assit sur les charbons de feu dont
14
le Prophète parle et ils lui servirent à constituer son péché. Elle se meurtrissait le visage à
cause qu'il avait plu à son second mari; elle haïssait ses diamants et ses perles; elle ne pouvait
voir ce beau linge dont elle avait été si curieuse; elle avait du dégoût pour toutes sortes
d'ornements. Elle n'était pas moins affligée que si elle eût commis un adultère et elle se servait
de plusieurs remèdes pour guérir une seule plaie.
CHAPITRE 3. Sainte Fabiola vend tout son bien pour l'employer à assister les pauvres. Ses
incroyables charités.
Je me suis longtemps arrêté à sa pénitence comme en un lieu fâcheux et difficile afin de ne
rencontrer plus rien qui m'arrête lorsque j'entrerai dans un champ aussi grand qu'est celui des
louanges qu'elle mérite. Etant reçue dans la communion des fidèles à la vue de toute l'Eglise,
son bonheur présent ne lui fit point oublier ses afflictions passées et après avoir l'ait une fois
naufrage elle ne voulut plus se mettre au hasard de tomber dans les périls d'une nouvelle
navigation mais elle vendit tout son patrimoine qui était très grand et proportionné à sa
naissance et en destina tout l'argent à assister les pauvres dans leurs besoins, ayant été la
première qui établit un hôpital pour y rassembler les malades abandonnés et soulager tant de
malheureux consumés de langueur et accablés de nécessité.
Représenterai-je ici sur ce sujet les divers maux qu'on voit arriver aux hommes? Des nez
coupés, des yeux crevés, des pieds à demi brûlés, des mains livides, des ventres enflés, des
cuisses desséchées, des jambes bouffies et des fourmilières de vers sortir d'une chair à demi
mangée et toute pourrie. Combien a-t-elle elle-même porté sur ses épaules de personnes toutes
couvertes de crasse et languissantes de jaunisse! Combien de fois a-t-elle lavé des plaies qui
jetaient une humeur si puante que nul autre n'eût pu seulement les regarder! Elle donnait de
ses propres mains à manger aux pauvres et faisait prendre de petites cuillerées de nourriture
aux malades.
Je sais qu'il y a plusieurs personnes riches et fort dévotes qui, ne pouvant voir de tels objets
sans soulèvement de coeur, se contentent d'exercer par le ministère d'autrui semblables
actions de miséricorde et qui font ainsi avec leur argent des charités qu'elles ne peuvent faire
avec leurs mains : certes je ne les blâme pas et serais bien fâché d'interpréter à infidélité cette
délicatesse de leur naturel mais comme je pardonne à leur infirmité, je puis bien aussi par mes
louanges élever jusque dans le Ciel cette ardeur et ce zèle d'une âme parfaite, puisque c'est
l'effet d'une grande Foi de surmonter toutes ces peines. Je sais de quelle sorte, par un juste
châtiment, l'âme superbe de ce riche vêtu de pourpre fut condamnée pour n'avoir pas traité le
Lazare comme il devait. Ce pauvre que nous méprisons que nous ne daignons pas regarder et
dont la vue nous fait mal au coeur est semblable à nous, est formé du même limon, est
composé des mêmes éléments et nous pouvons souffrir tout de qu'il souffre: considérons donc
ses maux comme si c'étaient les nôtres propres et alors toute cette dureté que nous avons pour
lui sera amollie par ces sentiments si favorables que nous avons toujours pour nous-mêmes;
Quand Dieu m'aurait donné cent bouches et cent voix,
Quand je ferais mouvoir cent langues à la fois,
Je ne pourrais nommer tous les maux déplorables
Qui tourmentaient les corps de tant de misérables,
maux que Fabiola changea en de si grands soulagements que plusieurs pauvres qui étaient
sains enviaient la condition de ces malades mais elle n'usa pas d'une moindre charité envers
les ecclésiastiques, les solitaires et les Vierges. Quel monastère n'a point été secouru par ses
bienfaits? Quels pauvres nus ou retenus continuellement dans le lit par leurs maladies n'ont
15
point été revêtus et couverts par les largesses de Fabiola? Et à quel besoin ne s'est pas porté
avec une promptitude incroyable le plaisir qu'elle prenait à bien faire qui était tel que Rome se
trouva trop petite pour recevoir tous les effets de sa charité?
CHAPITRE 4. Sainte Fabiola va en diverses provinces pour y faire des charités et passe
jusqu'en Jérusalem où elle demeura quelque temps avec Saint Jérôme.
Elle courait par toutes les îles et par toute la mer de Toscane; elle visitait toute la province des
Volsques et faisait ressentir les effets de sa libéralité aux monastères bâtis sur les rivages les
plus reculés qu'elle visitait tous elle-même ou envoyait des Personnes Saintes et Fidèles et elle
craignait si peu le travail qu'elle passa en fort peu de temps et contre l'opinion de tout le
monde, jusqu'en Jérusalem où plusieurs personnes ayant été au-devant d'elle, elle voulut bien
demeurer un peu chez nous et quand je me souviens des entretiens que nous eûmes, il me
semble que je l'y vois encore. Bon Dieu! Quelle était sa ferveur et son attention pour l'Ecriture
Sainte! Elle courait les Prophètes, les Evangiles et les Psaumes comme si elle avait voulu
rassasier une faim violente; elle me proposait des difficultés et conservait dans son coeur les
réponses que j'y faisais; elle n'était jamais lasse d'apprendre et la douleur de ses péchés
s'augmentait à proportion de ce qu'elle augmentait en connaissance car comme si l'on avait
jeté de l'huile dans un feu, elle ressentait des mouvements d'une ferveur encore plus grande.
Un jour, lisant le Livre des Nombres, elle me demanda avec modestie et humilité que voulait
dire cette grande multitude de noms ramassés ensemble; pourquoi chaque tribu était jointe
diversement à d'autres en divers lieux et comment il se pouvait faire que Balaam qui n'était
qu'un devin, eût prophétisé de telle sorte les Mystères qui regardent Jésus-Christ que presque
nul des Prophètes n'en a parlé si clairement. Je lui répondis comme je pus et il me sembla
qu'elle en demeura satisfaite. Reprenant le livre et étant arrivés en l'endroit où est fait le
dénombrement de tous les campements du peuple d'Israël depuis sa sortie d'Egypte jusqu'au
fleuve du Jourdain comme elle me demandait les raisons de chaque chose, je lui répondis surle-
champ à quelques-unes, j'hésitai en d'autres et il y en eut où j'avouai tout simplement mon
ignorance mais elle me pressa alors encore plus de l'éclaircir sur ses doutes et comme s'il ne
m'était pas permis d'ignorer ce que j'ignore, elle m'en priait avec instance, disant toutefois
qu'elle était indigne de comprendre de si grands mystères. Enfin elle me contraignit d'avoir
honte de la refuser et m'engagea à lui promettre un traité particulier sur cette petite dispute; ce
que je reconnais n'avoir différé jusqu'ici, par la volonté de Dieu que pour rendre ce devoir à sa
mémoire afin que, maintenant qu'elle est revêtue de ces habits sacerdotaux dont il a parlé au
Lévitique, elle ressente la joie d'être arrivée à la Terre Promise après avoir traversé avec tant
de peines la solitude de ce monde qui n'est rempli que de misères.
CHAPITRE 5. Une irruption des Huns dans les provinces de l'Orient oblige Sainte Fabiola
de retourner à Rome.
Mais il faut revenir à mon discours. Lorsque nous cherchions quelque demeure propre pour
une personne de si éminente vertu et qui désirait d'être dans une solitude qui ne l'empêchât pas
de jouir du bonheur de voir souvent le lieu qui servit de retraite à la Sainte Vierge Mère de
Dieu, divers courriers qui arrivaient de tous côtés firent trembler tout l'Orient en rapportant
qu'un nombre infini de Huns qui venaient de l'extrémité des Palus Méotides (entre les glaces
du Tanaïs et la cruelle nation des Massagètes), s'étaient débordés dans les provinces de
l'empire et que, courant de toutes parts avec des chevaux très vites, ils remplissaient de
meurtres et de terreur tous les lieux par où ils passaient. L'armée romaine se trouvait alors
absente à cause quelle était occupée aux guerres civiles d'Italie.
Hérodote rapporte que, sous le règne de Darius, roi des Mèdes. Cette nation assujettit durant
vingt années tout l'Orient et se faisait payer tribut par les Egyptiens et les Ethiopiens. Dieu
16
veuille éloigner pour jamais de l'empire romain ces bêtes farouches! On les voyait arriver de
toutes parts à l'heure qu'on y pensait le moins et allant plus vite que le bruit de leur venue, ils
ne pardonnaient ni à la piété, ni à la qualité, ni à l'âge; ils n'avaient pas même pitié des enfants
qui ne savaient pas encore parler : ces innocents recevaient la mort avant que d'avoir
commencé de vivre et ne connaissant pas leur malheur, riaient au milieu des épées et entre les
mains cruelles de ces meurtriers. La croyance générale était qu'ils allaient droit en Jérusalem,
leur passion violente de s'enrichir les faisant courir vers cette ville dont on réparait les
murailles qui étaient en mauvais état par la négligence dont on use dans la paix. Antioche était
assiégée et Tyr pour se séparer de la terre, travaillait à retourner en son ancienne île. Dans ce
trouble général nous nous trouvâmes obligés de préparer des vaisseaux, de nous tenir sur le
rivage, de prendre garde à n'être pas surpris par l'arrivée des ennemis et quoique les vents
fussent fort contraires, d'appréhender moins le naufrage que ces barbares, non pas tant par le
désir de conserver notre vie que par celui de sauver l'honneur des Vierges. Il y avait alors
quelque contestation entre ce que nous étions de Chrétiens et cette guerre domestique
surpassait encore la guerre étrangère. Comme j'avais établi ma demeure dans l'Orient,
l'Amour que j'avais eu de tout temps pour les Lieux Saints m'y arrêta mais Fabiola qui n'avait
pour tout équipage que quelques méchantes hardes et qui était étrangère partout, retourna en
son pays pour vivre dans la pauvreté au même lieu où elle avait vécu dans les richesses pour
demeurer chez autrui après avoir logé tant de gens chez elle et afin de n'en dire pas davantage
pour donner aux pauvres, à la vue de toute la ville de Rome, ce que toute la ville de Rome lui
avait vu vendre; en quoi mon affliction fut que nous perdîmes dans les Lieux Saints le plus
grand trésor que nous eussions. Rome au contraire recouvra sa perte et l'insolence et
l'effronterie de tant de langues médisantes de ses citoyens qui avaient déclamé contre Fabiola
fut confondue par les yeux d'un si grand nombre de témoins.
CHAPITRE 6. Des admirables vertus de Sainte Fabiola qui avec Pammaque bâtit un grand
hôpital à Ostie et meurt incontinent après.
Que d'autres admirent sa compassion pour les pauvres, son humilité et sa Foi mais quant à
moi, j'admire encore davantage la ferveur de son esprit. Elle savait par coeur le discours que
j'avais, étant encore jeune, écrit à Héliodore pour l'exhorter à la solitude. En regardant les
murailles de Rome, elle se plaignait d'y être retenue captive, oubliant son sexe, ne considérant
point sa faiblesse et n'ayant passion que pour la solitude. Il se pouvait dire qu'elle y était
puisqu'elle y était en esprit. Les conseils de ses amis n'étaient pas capables de la retenir dans
Rome, d'où elle ne désirait pas avec moins d'ardeur de sortir que d'une prison. Elle disait que
c'était une espèce d'infidélité que de distribuer son argent avec trop de précaution et elle
souhaitait, non pas de mettre une partie de son bien entre les mains des autres pour l'employer
en des charités mais après l'avoir tout donné et n'ayant plus rien en propre, de recevoir ellemême
l'aumône en l'honneur de Jésus-Christ. Elle avait donc tant de hâte de partir et tant de
peine à souffrir ce qui retardait l'exécution de son dessein qu'il y avait sujet de croire qu'elle
l'exécuterait bientôt. Ainsi la mort ne la put surprendre, puisqu'elle s'y préparait toujours.
Mais je ne saurais louer une femme si illustre sans que mon intime ami Pammaque me vienne
aussitôt en l'esprit. Sa chère Pauline dort dans le tombeau afin qu'il veille; elle a prévenu par
sa mort celle de son mari afin de laisser un fidèle serviteur à Jésus-Christ et lui, ayant hérité
de tout le bien de sa femme, en mit les pauvres en possession. Ils contestaient saintement,
Fabiola et lui, à qui planterait le plus tôt son tabernacle sur le port de Rome pour y recevoir
les étrangers à l'imitation d'Abraham et disputaient à qui se surmonterait l'un l'autre en charité.
Chacun fut victorieux et vaincu dans ce combat et l'un et l'autre l'avouèrent parce que tous
deux accomplirent ce que chacun avait désiré : ils mirent leurs biens ensemble et s'unirent de
volonté afin d'augmenter par cette bonne intelligence ce que la division aurait dissipé.
17
A peine leur résolution fut prise qu'elle fut exécutée: ils achetèrent un lieu pour recevoir les
étrangers et soudain l'on y vint en foule car "la charité doit veiller à ce qu'il n'y ait point
d'affliction en Jacob ni de douleur en Israël," comme dit l'Écriture. La mer amenait là à la
terre des personnes qu'elle recevait en son sein et Rome y en envoyait pour se fortifier sur le
rivage contre les incommodités de la navigation. La charité dont Publius usa une fois en fils
de Malte et envers un seul Apôtre ou (pour ne donner point sujet de dispute) envers tous ceux
qui étaient dans le même vaisseau, ceux-ci l'exerçaient d'ordinaire et envers plusieurs et ils ne
soulageaient pas seulement la nécessité des pauvres mais par une libéralité favorable à tous,
ils pourvoyaient aussi au besoin de ceux qui pouvaient avoir quelque chose. Toute la terre
apprit en même temps qu'il avait été établi un hôpital dans le port de Rome et les Égyptiens et
les Parthes l'avant su au printemps, l'Angleterre le sut l'été.
On éprouva dans la Naissance au Ciel d'une femme si admirable la vérité de ce que dit Saint
Paul : "toutes choses coopèrent en bien à ceux qui aiment et qui craignent Dieu." Elle avait
comme par un présage de ce qui lui devait arriver, écrit à plusieurs solitaires de la venir voir
pour la décharger d'un fardeau qui lui était fort pénible et afin d'employer ce qui lui restait
d'argent à s'acquérir des amis qui la reçussent dans les tabernacles éternels : ils vinrent, ils
furent faits ses amis et elle après s'être mise en l'état qu'elle avait désiré, s'endormit du
sommeil des justes et déchargée de ces richesses terrestres qui ne lui servaient que
d'empêchement, s'envola avec plus de légèreté dans le Ciel.
CHAPITRE 7. Extrêmes honneurs que toute la ville de Rome rendit à la mémoire de Sainte
Fabiola et conclusion de ce discours.
Rome fit voir à la mort de Fabiola jusqu'à quel point elle l'avait admirée durant sa vie car
comme elle respirait encore et n'avait pas encore rendu son âme à Jésus-Christ et rassemblé
tout le peuple pour se trouver à ses funérailles. On entend partout chanter des Psaumes; le mot
d'alleluia résonne sous toutes les voûtes des temples.
Déjà la Renommée en déployant ses ailes
Avait tout mis en deuil par ces tristes nouvelles,
Les triomphes que Camille a remportés sur les Gaulois, Papirius sur les Samnites, Scipion sur
Numance et Pompée sur Mithridate, roi du Pont, n'égalent pas ceux de cette femme héroïque,
puisqu'ils n'ont vaincu que les corps et qu'elle a dompté la malice des esprits. Il me semble
que je vois le peuple qui court en foule de tous côtés pour se trouver à ses obsèques : les
places publiques, les galeries et les toits même des maisons ne pouvaient suffire pour donner
place à tant de spectateurs. Ce fut alors que Rome vit tous ses citoyens ramassés ensemble et
chacun croyait avoir part à la gloire de cette Sainte pénitente mais il ne faut pas s'étonner si
les hommes se réjouissaient en la terre du Salut de celle qui avait par sa conversion réjoui les
Anges dans le Ciel.
Reçois, Bienheureuse Fabiola, ce présent de mon esprit que je t’offre en ma vieillesse et ce
devoir que je rends à ta mémoire. J'ai souvent loué des Vierges, des veuves et des femmes
mariées qui ayant conservé la pureté de cette robe blanche qu'elles avaient reçue au Baptême,
avaient toujours suivi l'Agneau en quelque lieu qu'Il allât et certes c'est un grand sujet de
louange que de ne s'être souillé d'une seule tâche durant tout le cours de sa vie mais que
l'envie et la médisance ne prétendent pas néanmoins en tirer de l'avantage : "Si le Père de
famille est bon pourquoi notre oeil sera-t-il mauvais?" Jésus-Christ a rapporté sur les épaules
la brebis qui était tombée entre les mains des voleurs; il y a plusieurs demeures dans la
18
Maison du Père Céleste; la Grâce surabonde où abondait le péché et celui-là aime davantage à
qui il a été plus remis.
Lettre de Saint Jérôme à Fabiola :
A FABIOLA,
Moïse était revêtu d'une telle Gloire en parlant que le peuple ne pouvait le regarder à cause de
la splendeur et de la lumière qui éclataient en lui. Mais quand nous nous convertissons
véritablement à Dieu, le voile qui couvrait le visage de Moïse est levé; la lettre qui tue meurt
elle-même et l'Esprit qui donne la vie est renouvelé car Dieu est l'Esprit et la Loi spirituelle.
De là vient que David demande à Dieu dans un de ses Psaumes qu'il lui ouvre et lui illumine
les yeux pour contempler les merveilles de Sa Loi.
En effet est-ce que Dieu se met en peine de ce qui regarde les boeufs? Est-ce qu'il se soucie de
leur foie et de celui des boucs et des béliers ou de leur épaule droite, de leur poitrine et des
intestins qui étaient donnés aux prêtres, aux enfants de Phinées pour les nourrir? A l'égard des
victimes qu'on appelait "salutaires," la graisse qui était à l'entour de la poitrine et la noix du
foie étaient présentées sur l'autel mais la poitrine et le côté droit devenaient le partage d'Aaron
et celui de ses enfants dont ils ne pouvaient jamais être privés.
Toutes ces cérémonies étaient des instructions mystérieuses pour nous. Le principe du
sentiment est dans le coeur et le coeur est dans la poitrine. Les naturalistes demandent où
réside particulièrement l'âme. Platon prétend que c'est dans le cerveau mais Jésus-Christ nous
apprend que c'est dans le coeur : " Bienheureux ceux qui ont le coeur pur parce qu'ils verront
Dieu! " et ailleurs : "Les méchantes pensées partent du coeur;" et parlant aux pharisiens, il
leur demande : "pourquoi ils donnent entrée en leurs coeurs à de mauvaises pensées." C'est
l'opinion des physiciens que la volupté et la concupiscence viennent du foie et les prêtres
l'offrent à Dieu afin qu'ayant dit : "Que votre holocauste soit parfait" et qu'ayant consumé par
le feu ce qui est la source de la concupiscence et de l'amour des plaisirs, ils reçoivent pour
récompense la poitrine et le côté de la victime, c'est-à-dire : les pensées pures, l’intelligence
de la Loi, la Vérité de Ses Préceptes qui résident dans le coeur, la puissance de faire de
bonnes oeuvres et la force pour combattre contre le démon qui dépendent du bras qui est
attaché au côté. Car ils doivent montrer par leurs actions quelles sont leurs pensées, à
l’exemple de Jésus-Christ qui commença à enseigner par des faits. Tout cela et ces paroles de
Malachie : "Les lèvres du prêtre gardent la science et on attend de sa bouche l'explication de
la Loi," montrent que le soin principal d'un prêtre doit être de se rendre savant dans la Loi de
Dieu pour résister à ceux qui s'y opposeront et qu'il ne doit commettre aucunes mauvaises
actions qui le conduisent en enfer mais se servir du bras droit, c'est-à-dire faire en sorte par sa
vertu que ses actions soient distinguées de celles des autres.
Voilà ce que j'ai cru être obligé de vous dire des victimes "salutaires," des parties qui en
étaient consumées sur l'autel et de celles que Dieu a commandé qu'on donnât aux prêtres.
Quant aux autres, excepté l'offrande des prémices où l'on songeait plutôt à leur subsistance
qu'à quelque instruction mystérieuse, ils avaient trois parties de l’animal qui était immolé; le
côté, la mâchoire et le ventre. J'ai expliqué ce qui regarde le côté. La mâchoire est la figure de
la science et de l'éloquence qu'un prêtre doit avoir et le ventre par où Phinées perça la
Madianite de son épée, nous enseigne que tous les travaux des hommes et l'attache qu'ils ont
aux plaisirs sensuels et particulièrement à ceux de la table, sont méprisables par la
considération de ce qu'ils deviennent. Cela apprend à ceux qui servent véritablement Dieu que
19
tout ce qui entre dans la bouche descend de là dans le ventre et est jeté ensuite au lieu secret.
De là vient que l'Apôtre dit : "Les viandes sont pour le ventre et le ventre pour les viandes
mais Dieu détruira un jour l'un et l'autre." En parlant de ceux qui sont adonnés à leurs plaisirs,
il dit encore : "qu'ils font leur Dieu de leur ventre et qu'ils mettent leur gloire dans leur propre
honte." Moïse fit mettre en poudre le veau d'or que le peuple d'Israël avait adoré et ensuite le
lui donna à boire par dérision de sa superstition et pour lui faire concevoir du mépris pour une
chose qui se tournait en excréments. L'usage du vin et de tout ce qui peut enivrer est défendu
à ceux qui sont consacrés au service des autels, de peur que leurs coeurs ne s'appesantissent
par l'excès des viandes et du vin et par les inquiétudes de cette vie et afin qu'ils ne s'attachent
sur la terre qu'à Dieu seul. La Loi veut aussi qu'ils n'aient aucun défaut en leurs corps qu'ils
aient les oreilles entières et les yeux bons qu'ils ne soient ni boiteux ni défigurés et tout cela
est une instruction pour quelques vices particuliers de l'âme. En effet Dieu ne rejette pas dans
un homme les défauts de la nature mais les dérèglements de la volonté.
Si un prêtre se souille par quelque impureté involontaire, il lui est défendu de s'approcher de
l’autel et au contraire une veuve arrivée à l’âge de Sara est reçue à cause de sa continence et
on la fait subsister des deniers du temple pourvu qu’elle n’ait pas d'enfants mais si elle en a,
on la leur met entre les mains afin que, suivant ce que dit l'Apôtre, celles qui sont vraiment
veuves ne manquent pas d'assistance et que celle qui est entretenue du bien de l’autel n'ait de
l'affection pour aucune chose. Les voisins et les mercenaires ne mangeaient pas avec les
lévites mais ce qu'on desservait de leur table était donné à leurs serviteurs : c'est-à-dire que
dès ce temps-là on condamnait Phigèle et Hermogène et qu'on recevait Onésime. On offrait
aux grands-prêtres les prémices de toutes sortes de viandes, de grains et de fruits afin qu’étant
assurés de leur nourriture et de leur vêtement, ils pussent servir Dieu sans obstacle et sans
soucis. On leur donnait les premiers-nés des animaux regardés comme "purs" et l’on vendait
ceux des "immondes" et ils en recevaient l’argent. On rachetait aussi les premiers-nés des
hommes et parce que dans toutes les conditions la manière de naître est la même, le prix de
rachat était égal pour tous afin que les riches ne devinssent pas orgueilleux pour avoir payé
beaucoup et qu'une somme excessive n'incommodât pas les pauvres. Les dîmes étaient le
partage des portiers et de ceux qui avaient soin de la sacristie mais ils payaient ensuite la dîme
de ces mêmes dîmes aux prêtres auxquels ils étaient inférieurs comme ils étaient eux-mêmes
supérieurs au reste du peuple. Il y avait quarante-huit villes choisies pour la demeure des
prêtres et des lévites et six, tant en deçà qu'au-delà du Jourdain pour celle des exilés dont le
bannissement durait jusqu'à la mort du grand-prêtre. Tout ce que je vous ai dit jusqu'ici et
dont je vous ai plutôt indiqué que découvert les mystères, regarde seulement les simples
prêtres et je vais en peu de mots vous expliquer le nombre et la grandeur des prérogatives du
pontife.
Il lui était défendu de se découvrir la tête. Il portait un bonnet où sur la partie qui descendait
sur le front, le Nom de "Dieu" était écrit. Il avait le diadème. Il fallait qu'il eût trente-trois ans
accomplis, c’est-à-dire qu’il fût de l'âge de Jésus-Christ quand il est mort et il devait être
toujours revêtu de Sa Gloire. Il ne lui était pas permis de déchirer ses habits parce qu'ils
étaient blancs et sans tache et on les faisait avec de la laine d'une brebis tondue pour la
première fois. Aussi Thamar, ayant perdu sa Virginité, mit sa robe en pièces et Caïphe, étant
destitué du sacerdoce, déchira en public ses vêtements. Et le grand-prêtre n'allait pas où il y
avait un corps mort car il n'entrait pas où il y avait du péché qui est accompagné de la mort.
"L’âme," dit l'Ecriture, "qui aura péché, mourra." Quelque riche que fût une personne, quelle
que fût son autorité et quelque quantité de victimes qu'elle pût offrir, le grand-prêtre n'en
approchait pas et ne la voyait pas si elle était morte, c'est-à-dire : si elle avait péché. Au
contraire, si elle ressuscitait qu'elle sortît du tombeau à la Voix du Seigneur qui l’appelait et
20
qu'étant délivrée des bandelettes du péché, elle marchât libre, le grand-prêtre demeurait chez
elle et mangeait avec elle après sa résurrection. Il lui était défendu d'offenser Dieu à cause de
son père et de sa mère car l'affection que l’on a pour eux nous porte sans doute à beaucoup de
choses et souvent une parenté fondée sur la chair et le sang est cause de la perte de l'âme et de
celle du corps. "Celui," dit l'Evangile, "qui aime son père ou sa mère plus que Jésus-Christ
n'est pas digne de Jésus-Christ;" et un disciple voulant aller ensevelir son père, le Sauveur le
lui défendit. Combien y a-t-il de solitaires que le désir de secourir leur père et leur mère a
perdus! Si notre père ou notre mère ne doit pas noms être une occasion de souillure, à plus
forte raison nos frères, nos soeurs, notre famille et nos serviteurs. Nous sommes de la race
choisie et de l’ordre des prêtres-rois. Ne considérons que ce père qui ne meurt jamais ou qui
ne meurt que pour nous et qui, étant en vie, c'est-à-dire exempt de péché, a voulu endurer la
mort afin de nous rendre la vie. S'il nous reste quelque chose de l'Egypte que le prince du
siècle puisse reconnaître comme étant à lui, laissons-le où il est : entre les mains de la femme
égyptienne, Celui qui se sauva nu en chemise n'eût pu éviter de tomber sous la puissance de
ceux qui le poursuivaient s'il eût porté quelque chose et qu'il n'eût pas été dépouillé de tout.
Acquittons-nous envers nos parents de ce qui leur est dû pourvu toutefois qu'ils soient vivants,
c'est-à-dire qu'ils ne soient pas morts par le péché et qu'ils s'estiment glorieux de ce que leurs
enfants leur préfèrent Jésus-Christ. Ainsi, le grand-prêtre ne sera pas obligé de s'éloigner de
nous et nous ne serons pas cause qu'il profane ce que Dieu a sanctifié en lui, puisque trous ne
pécherons pas.
Nous rendrons aussi compte, au jour du Jugement, de toutes les paroles inutiles que nous
aurons dites car "tout ce qui n'édifie pas celui qui écoute met en danger celui qui parle." Si, en
disant ou en faisant quelque chose qui mérite de m'être reproché, je cesse d'être du nombre
des Saints et profane le Nom du Seigneur en Qui je mets ma confiance; le grand-prêtre (et
l'Evêque) ont beaucoup plus de sujet d'appréhender, eux qui doivent être exempts de souillure
et d'une vertu si éminente qu'ils soient toujours du nombre des Saints et toujours prêts d'offrir
à Dieu des victimes pour les péchés des hommes, eux qui sont médiateurs entre Dieu et les
hommes qui font avec leur bouche sacrée la chair de l'agneau et sur qui l'huile Sainte du
Sauveur a été répandue.
Le grand-prêtre ne sortait pas du sanctuaire, de peur de souiller les vêtements dont il était
revêtu. Nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été revêtus de Jésus-
Christ : conservons la robe qui nous a été donnée, conservons-la toute Sainte en un Lieu Saint.
Cet homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho fut dépouillé avant que d'être blessé. On
versa premièrement dans ses plaies de l'huile qui est un remède doux et pour ainsi dire le
remède d'un médecin touché de compassion pour le malade et ensuite comme il devait être
châtié de sa négligence, on y versa du vin afin que par son âpreté sentant quelque douleur
dans ses plaies, l'huile le portât à faire pénitence et que le vin lui fit éprouver la sévérité de
celui par qui il devait être jugé.
Le grand-prêtre épousait une Vierge et n'épousait pas une veuve ni une prostituée ni une
répudiée mais une Vierge de sa tribu de peur qu'il ne souillât son sang en le mêlant avec celui
du peuple car "c'est moi," dit le Sauveur, "Qui le sanctifie." Je sais que la plupart expliquent
toutes ces lois qui sont ici données au grand-prêtre de Jésus-Christ et qu'ils entendent de Sa
Mère Qui demeura Vierge après Son Enfantement, ces paroles : "Dieu ne sera pas offensé à
cause de son père et de sa mère" et j'avoue qu'il est plus convenable de faire cette
interprétation de celui à qui il est dit dans le Psaume : "Tu es le Prêtre Eternel selon l'ordre de
Melchisedec" et par Zacharie : "Écoute, Ô Grand-Prêtre Jésus, à Qui les sales vêtements de
nos péchés ont été ôtés afin qu'il obtienne la Gloire qu'il avait reçue auprès de Ton Père avant
21
que le monde fut créé" mais de peur qu'on ne croie que je veuille faire violence à l'Écriture et
que l'Amour que j'ai pour Mon Sauveur m'oblige à ôter à l'histoire son véritable sens,
l'interprétation que j'en ferai tournera à Ta Gloire de Chef : ce que j'expliquerai des serviteurs
s'accomplira devant le maître, quoique la gloire des serviteurs soit celle du maître et même à
chaque occasion qui s'en présentera, je parlerai de telle sorte de la Véritable Lumière que je
ferai voir qu'elle est descendue sur ceux que Jésus-Christ a choisis pour être la Lumière du
monde.
Il n'était pas permis à ce grand-prêtre dont parle Moïse d'épouser une veuve, une répudiée ni
une prostituée. Celle-ci est une veuve dont le mari est mort; celle-là est une répudiée qui est
abandonnée par son mari vivant et celle dernière enfin est une prostituée qui a vécu avec
plusieurs hommes. Mais il fallait qu'il épousât, suivant ce que Moïse lui ordonne, une Vierge
de sa tribu et non pas d'une tribu étrangère, de peur que la semence du bon grain ne dégénérât
dans une mauvaise terre. Il lui était défendu d'épouser une prostituée parce qu'elle s'était
abandonnée à plusieurs hommes, une répudiée parce qu'elle s'était rendue indigné de son
premier mari et une veuve de peur qu'elle ne rappelât en sa mémoire les plaisirs de ses
premières noces; c'est-à-dire que son âme devait être sans tache et renaissant en Dieu,
augmenter tellement en vertu que d'un jour à autre elle parût une âme nouvelle afin qu'il fût
du nombre de ceux dont parle l'Apôtre : "Je vous ai fiancés à un unique époux qui est Jésus-
Christ pour vous présenter à Lui comme une Vierge toute pure et qu'il ne restât rien en lui du
vieil homme." Si donc nous sommes ressuscités avec Jésus-Christ, recherchons ce qui est
dans le Ciel; à l'exemple du grand-prêtre, oublions le passé et ne désirons que les biens à
venir. Le misérable Simon fut trouvé indigne de la compassion de Saint Pierre parce qu'après
avoir été baptisé il songea aux plaisirs de l'ancien mariage et n'eut pas une pureté de Vierge.
Vous m'avez prié avec instance dans vos lettres que je vous entretinsse d'Aaron et des
habillements du grand-prêtre. J'ai fait plus que vous n'avez demandé, ayant mis à la tête de ce
discours une petite préface où j'ai traité des prémices des fruits, des parties de la victime qui
étaient données aux prêtres pour leur nourriture et des lois que le grand-prêtre était obligé de
garder. Mais sortant de Sodome et vous hâtant de monter sur le sommet de la montagne, vous
laissez derrière vous les Israélites et les lévites; vous allez même aussi vite que si vous voliez,
plus loin que les prêtres et vous venez enfin jusqu'au grand-prêtre. Cependant, quoique vous
vous informiez soigneusement de ses habillements auprès de moi, je crois que notre
compagnie ne vous est pas agréable. Ce n'est pas que vous ne jouissiez, peut-être d'un repos
très doux et qu'auprès de Babylone où vous êtes, vous ne soupiriez après Bethléem mais pour
nous, à la fin, nous y avons trouvé la paix; nous y entendons dans la crèche, les cris de
l'Enfant et je souhaiterais que le bruit de ses pleurs et de ses petites plaintes pût aller jusqu'à
vos oreilles.
Il est fait mention dans l'Exode du tabernacle, d'une table, d'un chandelier, d'un autel, de
colonnes, de tentes de lin, de pourpre, d'écarlate, de différents vases d'or, d'argent et d'airain,
de la division du tabernacle en trois, de douze pains qui se mettaient sur la table toutes les
semaines, de sept lampes attachées au chandelier, d'un autel pour les victimes et les
holocaustes, de tasses, d'encensoirs, de fioles, de mortiers, de poteaux, de peaux teintes en
écarlate, de poils de chèvre et de bois incorruptible. Toutes ces choses différentes servaient au
tabernacle de Dieu pour nous apprendre que personne ne doit désespérer de son salut. En effet
les uns peuvent offrir l'or de leur sens, les autres l'argent de leurs paroles et les autres le
bronze de leur voix.
22
Le monde entier nous est représenté par le tabernacle dont le premier et le second vestibule
étaient ouverts à toutes sortes de personnes car l'eau et la terre ont été créés pour tous les
hommes mais l'entrée du sanctuaire qu'on appelait autrement : le Lieu Saint des Lieux Saints,
n'était libre qu'à peu de gens comme s'il y en avait peu qui pussent entrer dans le Ciel. Les
douze pains sont la figure des douze mois de l'année et les sept lampes attachées au
chandelier, celle des sept planètes.
Mais pour ne pas m'étendre davantage sur ce sujet ne m'étant pas proposé de faire ici la
description du tabernacle entier, je commencerai à parler des habillements des prêtres, vous
apprenant comment ils étaient faits et les propres noms qu'ils avaient parmi les Juifs avant de
vous expliquer les mystères qui y étaient renfermés afin que vous en ayant fait la peinture et
vous ayant pour ainsi dire, placé devant les yeux les prêtres revêtus de leurs ornements, je
puisse ensuite vous expliquer plus facilement la raison de chacun en particulier. Commençons
d'abord par les habillements communs aux prêtres et au grand-prêtre.
Le premier qui était de lin, leur descendait jusqu'aux genoux, cachant ce que la pudeur et la
bienséance défendent de découvrir. La partie du haut en était liée très serré sous le nombril
afin que si, tombant en immolant les victimes, en portant des taureaux et des béliers ou en
s'acquittant de quelque autre fonction de leur ministère, on voyait par hasard leurs cuisses, ce
qui devait être caché le soit toujours. C'était aussi pour cette raison qu'il était défendu d'élever
l'autel, de peur que lorsque les prêtres monteraient sur les marches le peuple ne vit quelque
chose qui choquât l’honnêteté. Les Hébreux appellent cette sorte d'habillement michenese, les
Grecs périsquele et nous autres caleçon. Joseph qui était de la tribu des prêtres et qui a vu le
temple qui n'était pas démoli de son temps, Vespasien et Tite n'ayant pas encore saccagé
Jérusalem, rapporte (et l'on tonnait toujours mieux ce que l'on voit que ce que l'on apprend par
le récit des autres) que cet habillement étant taillé, on le cousait à l'aiguille avec du fil de lin
afin que les parties en tinssent mieux les unes aux autres parce qu'on ne pouvait pas le faire au
métier de tisserand.
Ils avaient après cela une sorte de tunique de lin de deux pièces appelée par les Grecs juderes,
c'est-à-dire qui va jusqu'aux talons; par le même Joseph : robe de lin, simplement; par les
Hébreux : chetouet qui peut être traduit par robe qui est de lin. Elle descendait jusqu'au bas
des jambes et était si étroite et particulièrement par les manches qu'elle ne faisait pas
seulement un seul pli. Je me servirai de l'exemple d'une chose ordinaire pour faire comprendre
plus facilement ce que c'était à ceux qui me liront. Les gens de guerre portent d'ordinaire un
certain habillement de lin appelé chemise qui est comme collé sur leur corps, de sorte qu'il ne
les empêche pas de courir, de combattre, de lancer un javelot, de tenir un bouclier, ni de faire
tous les exercices de soldat. La tunique que portait le prêtre à l'autel était à peu près pareille à
cette chemise; ainsi par la forme de cet habillement, il pouvait encore être aussi dispos que s'il
eût été nu.
Ils nommaient leur troisième sorte d'habillement abnet que nous pouvons traduire par ceinture
ou baudrier et les Babyloniens l'appellent hemejamin qui est un mot nouveau car j'en rapporte
tous les noms différents afin que personne n'y soit trompé. Cette ceinture était semblable à la
peau qu'un serpent quitte en se renouvelant au printemps et tissée en rond, de telle sorte qu'on
l'aurait prise pour une longue bourse. Afin qu'elle fût belle et de durée en même temps, la
trame en était d'écarlate, de pourpre, de hyacinthe et de fin lin, étant bigarrée de diverses
couleurs si vives et si naturelles qu'on eût cru que les fleurs et les boutons de fleurs dont elle
était enrichie n'étaient pas l'ouvrage de la main de l’ouvrier mais une véritable production de
la nature. Ils ceignaient, entre la poitrine et le nombril, la tunique de lin dont je viens de parler
23
avec cette ceinture qui était large de quatre doigts et comme elle pendait par un bout jusqu'au
bas des cuisses, ils la relevaient et la jetaient sur l'épaule gauche lorsque dans le sacrifice, il
fallait courir ou s'occuper de quelque chose de grossier.
Leur quatrième sorte d'habillement était une espèce de bonnet rond semblable à une moitié de
globe coupé en deux qu'on mettait sur la tête. Les Grecs et nous le nommons puran, quelquesuns
petit chapeau et les Hébreux mirnepheht. Il n'y avait pas de pointe au-dessus et il ne
cachait pas la tête entière avec tous les cheveux mais en laissait par-devant environ la
troisième partie découverte et était lié sur le cou avec un ruban de peur qu'il ne tombât. Il était
de lin et couvert d'un linge très fin avec tant d'artifice qu'il ne paraissait pas au dehors un seul
point d'aiguille.
Les simples prêtres portaient aussi bien que le grand-prêtre ces quatre sortes d'habillement,
c'est-à-dire le caleçon, la tunique de lin, la ceinture qui était tissée des couleurs que j'ai
marquées et le bonnet dont nous venons de parler.
Les quatre suivants étaient seulement à l'usage du grand-prêtre. Le premier qu'ils appelaient
meil ou tunique qui va jusqu'aux talons, était tout entier de couleur d'hyacinthe et il y avait
aux côtés deux manches cousues de la même couleur. Il était ouvert par en haut afin que l'on
pût y passer le cou les bords étant en cet endroit très forts de peur qu'il ne se rompît. Il y avait
au bas, c'est-à-dire vers les pieds, soixante-douze sonnettes et autant de grenades tissées des
mêmes couleurs que la ceinture, une sonnette étant entre deux grenades et une grenade entre
deux sonnettes et ces sonnettes étaient attachées à cet habillement afin que le grand-prêtre fit
beaucoup de bruit en entrant dans le sanctuaire car s'il n'eût pas fait de bruit, il serait mort sur
la place.
La sixième sorte d'habillement est nommée éphod par les Hébreux, épomis par les Septante
qui veut dire chasuble ou manteau ou habit qui se porte sur les épaules et épiramma par
Aquila. Mais je l'appellerai éphod qui est son nom véritable car il est constant que ce qui est
exprimé dans le Lévitique par chasuble ou habit qui se porte sur les épaules, est toujours pris
par les Hébreux pour éphod. Je me souviens d'avoir dit dans une de mes lettres qu'il était un
des habits particuliers aux grands-prêtres et toute l'Ecriture Sainte assure qu'il était quelque
chose de sacré et destiné seulement à l'usage des souverains pontifes.
Ne m'objectez pas cette difficulté qui se présentera d'abord à votre esprit qu'il est rapporté au
second livre des Rois que Samuel, étant enfant et n'étant que simple lévite, avait un éphod de
lin, puisqu'il est dit aussi que David en portait un devant l'arche du Seigneur. Il y a beaucoup
de différence entre en avoir un tissu d'or et bigarré des différentes couleurs dont j'ai parlé cidevant
et en porter un de lin tout simple et semblable à celui des prêtres. On réduisait l'or en
feuillets très déliés que l'on coupait ensuite par filets, à quoi ajoutant pour trame les quatre
couleurs que j'ai déjà remarquées, il s'en faisait une espèce de manteau, si beau et si éclatant
qu'il éblouissait les yeux de ceux qui le regardaient, étant presque pareil à celui qu'on porte
aujourd'hui en Orient, appelé caracalla, excepté qu'il n'avait pas de capuchon. Il n'y avait rien
au-devant sur la poitrine car on laissait ce lieu vide comme étant la place du rational. Il y avait
sur chaque épaule une pierre précieuse appelée par les Hébreux soom, par Aquila, Symmaque
et Théodotien sardonix, par les Septante émeraude et par Joseph sardonique ou sardoine,
s'accordant en cela avec les Hébreux et avec Aquila. Pour marquer la couleur de cette pierre et
le pays d'où elle venait, six noms des Douze Apôtres, d'où descendaient les douze tribus,
étaient écrits sur chacune de ces pierres, les six fils aînés de Jacob étant sur l'épaule droite et
24
les six autres sur la gauche afin que le grand-prêtre entrant dans le sanctuaire portât les noms
du peuple pour lequel il allait prier le Seigneur.
Le septième habillement, quoique plus petit si l'on en considère l’étendue, était le plus Saint et
le plus auguste de tous. Soyez, je vous prie, attentive en cet endroit afin de comprendre ce que
je dirai. Les Hébreux l'appellent hosen, les Grecs logion et nous le nommerons rational afin de
faire voir par son nom même qu'il était plein de mystère. C'était un morceau d'étoffe tissée des
mêmes couleurs que celles qui étaient au manteau ou chasuble dont nous avons parlé, grand
d'un pied en carré et double afin qu'il ne rompît pas aisément. Douze pierres d'une grandeur et
d'un prix extraordinaires y étaient enchâssées en quatre rangs. Une sardoine, une topase et une
émeraude composaient le premier rang. Il est vrai qu'à l'égard de la dernière, Aquila est d'un
autre sentiment, mettant une crysopase pour une émeraude. Une escarboucle, un saphir, un
jaspe faisaient le second, une lisoire, une agate et une améthysthe le troisième et une
chrysolite, une sardoine et un beril le quatrième. Et je m'étonne que celle que nous nommons
hyacinthe et qui est très précieuse, ne soit pas du nombre des douze, à moins qu'elle n'y soit au
troisième rang sous le nom de lisoire car quelque peine que j'aie prise à feuilleter les auteurs
qui ont écrit sur les pierres précieuses, je n'en ai trouvé aucun qui en parlât. Les noms des
douze tribus étaient gravés dans chacune de ces pierres suivant leur ancienneté. Il y avait de
ces pierres au diadème du roi de Tyr et nous lisons dans l'Apocalypse que la Céleste
Jérusalem en était bâtie. La diversité de leurs noms et de leurs espèces nous marque la
différence et le rang de chaque vertu. Outre cela, il y avait aux quatre coins du rational quatre
anneaux d'or, auxquels répondaient quatre autres pareils gui étaient attachés aux chasubles ou
manteaux afin que lorsqu'on mettait le rational en la place vide qui lui était réservée dans le
manteau comme nous l'avons dit, ces anneaux se rencontrassent les uns les autres et qu'on les
liât ensemble avec des bandes de couleur d'hyacinthe. Au reste ces pierres étaient arrêtées
avec de l'or, de peur que si elles eussent été attachées avec autre chose elles ne se rompissent.
Outre cela afin que tout tînt avec plus de fermeté, il y avait encore des chaînons d'or couverts
pour l’embellissement de l'ouvrage, de tuyaux de même métal, des chaînons qui partant de
deux autres grands anneaux attachés au haut du rational, se venaient accrocher à deux agrafes
d'or qui étaient au manteau. Outre ces deux grands anneaux attachés au haut du rational, on en
voyait deux autres pareils en bas où il y avait des chaînons tels que ceux que je viens de
marquer, venant se joindre à deux autres anneaux d'or qui tenaient chacun de leur côté au
derrière du manteau, à l'endroit qui répondait à l'estomac; de sorte que le rational était si bien
attaché au manteau et le manteau au rational qu'il semblait qu'ils ne fussent que d'une pièce
l'un et l'autre.
Le huitième enfin, nommé sis zaub, était une lame d'or sur quoi le nom de "Dieu" était écrit
en quatre lettres : jod, he, van, he qui composent le nom que les Hébreux appelaient ineffable.
Cette lame d'or que les simples prêtres ne portaient pas, était posée sur le bonnet de lin qu'ils
avaient comme le grand-prêtre et elle était attachée sur son front avec un ruban d'hyacinthe
afin que le Nom de Dieu lui servît de Protecteur et couronnât pour ainsi dire la beauté de tous
ses ornements.
Jusqu'ici nous avons vu les habillements qui étaient communs au souverain pontife et aux
simples prêtres et ceux qui n'étaient que pour l’usage particulier du premier. Mais si de
simples vaisseaux de terre nous font naître tant de difficultés quelle sera la grandeur du trésor
et des mystères qui y sont renfermés! Commençons donc, selon notre coutume, par dire ce
que nous avons appris des Hébreux et ensuite nous en découvrirons le sens mystique.
Les quatre couleurs sont la figure des quatre éléments qui entrent dans la composition de tous
25
les êtres, le lin représentant la terre qui le produit, la pourpre la mer parce qu'elle se fait de
coquilles qui s'y pêchent; l'azur l'air, à cause de la ressemblance qu'il y a de la couleur de l'un
à celle de l'autre et l'écarlate enfin le feu pour la même raison. Le feu est appelé en hébreu sin
qu'Aquila traduit par diaphorume et Symmaque par dibaphon, quoique au lieu de cocus dont
les Latins se servent pour signifier écarlate, les Hébreux disent tolouath qui signifie
vermisseau, ajoutant qu'il était juste que le souverain pontife priât non seulement pour les
Israélites mais aussi pour le monde entier qui est composé de la terre, de l'eau, du feu et de
l'air qui appartiennent à tous les hommes. C’est pourquoi ils assurent que son premier
habillement qui était de lin représentait la terre, le second d'hyacinthe l'air qui s'élève
insensiblement de bas en haut et qui s'étendant depuis le Ciel jusqu'à la terre, était
particulièrement marqué par cette robe d'hyacinthe qui couvrait le grand-prêtre depuis la tète
jusqu'aux talons. Pour les sonnettes et les grenades attachées au bas de cet habillement et
entremêlées comme nous avons dit, ils les rapportent au tonnerre et à la foudre qui se forment
dans la moyenne région de l'air ou à la terre, à l’eau et à tous les éléments dont les rapports
sont si grands qu'ils se trouvent partout mêlés les uns avec les autres. A l'égard de l'or dans
lequel les quatre couleurs étaient tissées, il était, selon leur opinion, l'image de la chaleur qui
entretient la vie ou de la Providence Eternelle qui pénètre tout. Ils croyaient que la chasuble
ou manteau et les deux émeraudes ou sardoines qui y étaient attachées sur les épaules,
représentaient les deux hémisphères dont l'un est découvert et l'autre caché à nos yeux ou le
soleil et la lune qui luisent dessus; que la ceinture dont la tunique de lin était ceinte se devait
entendre de l'Océan qui est autour de la terre comme cette ceinture autour de cette tunique. Ils
interprétaient par le rational qui était au milieu la terre qui comme un point est soutenue par
tous les éléments quoiqu'elle les renferme tous en elle-même et par les douze pierres
précieuses le zodiaque ou les douze mois de l'année, rapportant une saison à chaque rang de
ces pierres et à chaque saison trois mois.
Au reste, il ne faut pas se persuader qu'il y ait de l'idolâtrie dans cette explication car quoique
les païens aient profané les choses du Ciel et l'Economie que Dieu y avait établie en leur
donnant des noms d'idoles, il ne faut pas pour cela nier Sa Providence Qui agissant toujours
avec une conduite certaine et réglée, gouverne tout. Il est même fait mention dans les livres de
Job de l'Ourse, d'Orion, du zodiaque qui y est appelé mazolothe et des autres constellations. Il
est vrai qu'elles ne sont pas appelées en hébreu des noms que je rapporte ici mais on ne peut
faire concevoir sa pensée qu'en se servant des termes qui sont connus à celui à celui qui nous
écoute.
Pour ce qui regarde l'ornement en carré qui était au-devant du manteau, c'est avec beaucoup
de raison qu'il est nommé rational. Il n'y a rien au monde dont il n’y ait une raison; une raison
est cause de l'union qui est entre les choses du Ciel et celles de la terre; même le cours du Ciel
est la raison qui règle le chaud et le froid et le tempérament qui se trouve entre l'un et l’autre
et qui gouverne tout ce qui est sur la terre et de là vient que le rational était si bien attaché au
manteau qui est la figure de la terre. Or, les deux mots grecs delocis et aleteia dont le premier
veut dire éclaircissement ou doctrine et l'autre vérité qui selon quelques-uns étaient écrits sur
le rational, ces deux mots nous apprennent qu'il n'y a jamais d'erreur dans la raison sur
laquelle est appuyée la conduite que Dieu tient et que la "vérité" de cette raison vient jusqu'à
la connaissance des hommes par plusieurs preuves et divers "éclaircissements."
C'est pourquoi nous savons la raison du mouvement du soleil et de la lune, de la durée des
années, des mois, des heures et du temps, de la température des saisons et des vents et enfin
de l’économie établie parmi tous les êtres du monde, recevant naturellement cette
connaissance de Dieu Qui nous enseigne Lui-même la raison de la structure d'un édifice qu'Il
26
a bâti et où Il demeure. Le bonnet avec son ruban d'hyacinthe marque particulièrement le Ciel
et la lame d'or sur laquelle était gravé le Nom de Dieu et qui était attachée au front du grandprêtre,
nous montre que tout ce qui est ici-bas se gouverne par la Volonté de Dieu.
Je pense aussi que les mêmes choses nous sont représentées sous d'autres noms par les quatre
Chérubins et par les quatre animaux d'Ezéchiel qui sont mêlés les uns parmi les autres, de
telle sorte qu'en voyant la situation de l'un et la manière dont il est disposé, on voit la
disposition et la situation de l'autre. Ils courent avec vitesse vers ce qui est devant eux et ne
reviennent jamais sur leurs pas car le temps coule promptement et laissant ce qui est passé, ils
s'avancent vers ce qui est à passer. A l'égard du mouvement continuel où ils sont, il est la
figure de ce dont il semble que les philosophes aient quelque légère connaissance que le cours
du monde est réglé et qu'il roule sans cesse comme une roue sur son essieu. C'est ce qui a fait
parler ce Prophète d'une roue qui est dans une roue, c'est-à-dire du temps qui est dans le temps
et de l'année qui roule en elle-même. Ces roues montent jusqu'au Ciel où il y a un trône de
saphir élevé sur du cristal et dans ce trône la figure d'un homme assis dont la partie de bas est
de feu et celle de haut d'ambre pour démontrer que ce qui est sur la terre a besoin d'être purifié
par le feu et que ce qui est au Ciel subsiste dans sa condition par sa propre pureté. Or comme
la lame d'or du grand-prêtre était en haut élevée sur son front, Ezéchiel met l’ambre à la tête et
à la poitrine de l'homme dont il fait mention.
Il était donc juste comme nous l’avons déjà dit en partie que le souverain pontife portant dans
ses habillements un tableau de toutes les créatures lût entendre qu'elles avaient toutes besoin
de l'Assistance de Dieu et que les lui présentant de la sorte, il expiât ce que chacune avait
d'impur en sa condition, ne priant pas de la voix et par l'habillement seulement pour ses
parents et sa famille mais encore pour tous les êtres du monde.
Nous ne nous sommes pas étendus davantage sur l'explication que donnent les Hébreux à ces
habits, nous contentant d'avoir comme jeté les fondements d'un discours que nous vous allons
faire, réservant pour un autre temps une infinité d'autres interprétations.
Pour les caleçons de lin, ils disent communément que la cause des générations et de la
production des semences regardant la chair est attribuée à la terre par cette sorte d'habillement
que les prêtres portaient sur les cuisses, suivant ce que Dieu dit à Adam : "Tu es de terre et tu
retourneras en terre." Mais ils ajoutent que cette cause nous est inconnue et que nous ne
pouvons découvrir de quelle manière de si petits commencements peuvent produire tant
d'hommes et tant d'autres créatures si belles.
Nous lisons dans le Lévitique que Dieu commanda à Moïse de laver Aaron et ses enfants car
dès ce temps-là les Mystères du Saint Baptême étaient les signes de la purification du monde
et de la sanctification de toutes choses. Ils ne furent vêtus qu'après avoir été nettoyés de toutes
les souillures et ne reçurent les habits sacerdotaux pour servir dans le sacrifice que
lorsqu'étant régénérés, ils eurent pris une nouvelle naissance en Jésus-Christ car on ne met pas
du vin nouveau dans de vieux vaisseaux. Moïse qui les faisait laver représente la Loi. "Ils
ont," dit l’Evangile, "Moïse et les Prophètes : qu'ils les écoutent;" et ailleurs : "Tous les
hommes, depuis Adam jusqu'à Moïse, ont péché." Il faut à leur exemple que nous soyons
lavés et purifiés par l'observation des Commandements de Dieu afin que nous étant dépouillés
des habits du vieil homme, nous soyons revêtus d'une robe de lin où il n'y a rien de la mort
mais qui est toute blanche et que sortant ainsi du Saint Baptême, nous nous mettions sur les
reins la ceinture de la Vérité et cachions la laideur de nos vieux péchés. C'est ce qui a fait dire
27
à David : "Bienheureux sont ceux à qui les iniquités ont été pardonnées et de qui les péchés
sont cachés!"
Après les caleçons et la tunique de lin nous prenons la robe d'hyacinthe, c'est-à-dire que nous
commençons à quitter la terre pour nous avancer vers le Ciel. Cette robe que les Septante
appellent chemisette, était seulement à l'usage du grand-prêtre, ce qui marque que la
connaissance des choses relevées n'est pas accordée à tout le monde mais seulement aux plus
avancés dans la vertu et à ceux qui sont parfaits. Elle a été portée par Moïse, Aaron, les
Prophètes et tous ceux à qui ces paroles ont été adressées. "Montez sur la montagne, vous tous
qui enseignez la Parole de Dieu en Sion." Il ne nous suffit pas d'avoir effacé par le Saint
Baptême nos vieux péchés et d'avoir conservé la Grâce et les Lumières Intérieures que nous y
avons réelles, si nous n'y ajoutons pas les bonnes oeuvres. C'est pourquoi on prend encore
l'éphod ou le manteau que l'on attache au rational afin qu'il soit ferme et qu'étant joints l'un à
l'autre, ils se servent mutuellement à se soutenir car la raison a besoin de bonnes oeuvres et les
bonnes oeuvres de la raison afin que celles-là exécutent ce que l'autre a conçu.
Les deux pierres précieuses attachées sur les épaules du manteau sont ou la ligure de Jésus-
Christ et de l'Église, les douze Prophètes qui y étaient gravés représentant les douze Apôtres
qui ont prêché l'Evangile ou la figure de la "lettre" et de "l'esprit" qui renferme tous les
Mystères de la Loi, l’esprit étant sur l'épaule droite et la lettre sur la gauche. En effet des
lettres nous venons aux paroles et des paroles nous arrivons au sens.
Certes, l'ordre et la disposition de ces habillements étaient admirables et ils formaient un
tableau achevé de nos Mystères. Les bonnes oeuvres étaient sur les épaules qui tiennent aux
bras et la raison sur la poitrine et de là vient encore que dans les sacrifices on donnait la
poitrine des victimes aux prêtres pour leur nourriture. Le rational peut être considéré en deux
manières : à son endroit et à son envers, c'est-à-dire par ce qui paraît à nos yeux et par les
mystères qui y sont contenus. Il y a douze pierres en quatre rangs que je crois être l'image des
quatre premières vertus : la prudence, la force, la justice et la tempérance qui sont comme
enchaînées l'une avec l'autre de sorte qu'étant multipliées par trois ou par quatre, elles font le
nombre de douze. Ces quatre rangs de pierre peuvent encore être exquis par les quatre
animaux de l'Apocalypse, pleins d'yeux devant et derrière et lui éclairent le monde de la
Lumière de Jésus-Christ dont ils sont resplendissants, tous les quatre se rencontrant dans un
seul et chacun dans tous les quatre. C'est ce qui a donné lieu à quelques-uns de croire que ces
deux mots grecs delocis et aleteia dont l'un signifie éclaircissement ou doctrine et l'autre
Vérité étaient écrits sur le rational. En effet quand on est revêtu des habillements que j'ai
indiqués, c'est une conséquence qu'il faut que les vérités dont notre coeur est plein sortent par
notre bouche pour l'instruction des autres. Ainsi le mot de Vérité, c'est-à-dire science, était
écrit sur le rational afin que le souverain pontife se souvînt qu'il devait être savant pour
pouvoir parler et celui d'éclaircissement afin qu'il éclairât le peuple et qu'il lui enseignât ce
qu'il avait appris. Que répondront à cela ceux qui soutiennent que l'innocence de la vie peut
suffire à un prêtre? L'Ancienne Loi est conforme sur ce sujet à la Nouvelle et Moïse dit la
même chose que l'Apôtre : l'un fait servir le mot de science à l'embellissement des habits de
ses prêtres et l'autre instruit Timothée et Tite de ce qu'ils doivent apprendre au peuple.
Mais l'ordre qui s'observait en mettant les habits des prêtres de Moïse étant remarquable entre
autres choses, examinons ce qu’en dit le Lévitique. On ne prenait pas le rational et ensuite le
manteau mais le manteau le premier et ensuite le rational. "Je suis devenu intelligent," dit
David, "en exécutant Tes Commandements." Appliquons-nous d'abord à instruire les autres
par nos propres actions de peur que l'autorité de la Vérité n'étant pas soutenue des bonnes
28
oeuvres, elle ne fasse aucune impression sur leurs esprits. "Semez des actions de Justice," dit
le Prophète Osée, "moissonnez les fruits de vie et éclairez des lumières de votre science"
comme s'il disait : Que vos bonnes actions d'abord vous soient comme les semences de la Vie
Eternelle dont vous puissiez moissonner les fruits et puis enseignez les autres. Ce n'est pas
être arrivé au souverain degré de la perfection que d'avoir mis le manteau et le rational : il faut
les unir et les attacher étroitement l'un à l’autre de sorte que les actions répondent à la science
et la science aux actions et qu'elles soient suivies de la Vérité et de l'éclaircissement que nous
devons donner aux autres.
Si j'avais le temps de vous entretenir des quatre éléments dont je ne vous ai parlé ci-dessus
qu'en passant, des deux émeraudes ou sardoines et des douze pierres précieuses du rational, je
vous expliquerais la nature et les qualités de tout cela en particulier et vous apprendrais pour
quelles raisons les habits des prêtres en étaient enrichis, vous faisant voir plus au long
comment et à quelle vertu chacune de ces choses répond mais il suffit que le Saint Evêque
Épiphane ait composé sur ce sujet un livre admirable car si vous prenez la peine de le lire,
vous y trouverez de quoi vous instruire à fond sur cette matières Pour moi, je m'aperçois que
je passe les bornes ordinaires d'une lettre, toutes mes tablettes étant déjà remplies. C'est
pourquoi je viens à ce qui reste et dont je n'ai rien dit afin de finir ce discours.
Une lame d'or sur laquelle est gravé le Nom de Dieu brille au front du grand-prêtre car il
nous est inutile de connaître toutes choses si toutes nos connaissances ne sont comme
couronnées de la Connaissance de Dieu. Nous prenons des habillements de lin et de couleur
d'hyacinthe; nous nous ceignons d'une ceinture, les bonnes couvres nous sont marquées par le
manteau sur les épaules, nous couvrons notre poitrine du rational, nous sommes éclairés par la
Vérité et nous enseignons aux autres ce que nous savons mais tout cela ne peut nous rendre
parfaits si nous n'avons un guide capable de nous gouverner et si celui qui nous a créés ne
veille lui-même sur notre conduite. Ce qui était autrefois figuré par la lame d'or nous est
aujourd'hui représenté par le Signe de la Croix et le sang de l’Evangile est beaucoup plus
précieux que l’or de l’Ancienne Loi. Les Elus même d'autrefois, selon ce que dit Ezéchiel,
n'étaient marqués au front qu'avec douleur et nous chantons aujourd’hui avec le Prophète :
"Seigneur, la Lumière de Ton visage luit sur nous."
Au reste, nous lisons dans l'Exode en deux endroits que Dieu commanda à Moïse de faire huit
sortes d'habillements aux grands-prêtres, ce qui fut exécuté et cependant le Lévitique ne fait
mention que de sept qui servirent à Aaron. Il n'y est pas parlé des caleçons car je crois que la
foi n'a pas de rapport avec ce que nous devons cacher et il faut que nous mettions nousmêmes
un voile sur ce qui doit rester secret ne le découvrant qu'à Dieu qui est le Seul Juge de
notre pureté. En effet les autres peuvent connaître notre sagesse, notre force, notre justice,
notre tempérance, notre humilité, notre douceur et nos autres vertus mais la connaissance de
notre chasteté est réservée à notre seule conscience dans laquelle les yeux des hommes ne
pénètrent point, à moins qu'à l'exemple des animaux nous nous abandonnions publiquement
aux plaisirs et aux crimes. De là vient que Saint Paul a dit : "Quant aux Vierges, je n'ai pas
reçu de Commandement du Seigneur qui oblige à la Virginité" et il semble que n'ayant rien
dit des caleçons dans le Lévitique, Moïse ait voulu parler de la sorte : "Je n’ordonne pas de
prendre les caleçons et ne contrains personne de le faire que celui qui désire d'être prêtre les
prenne lui-même." Combien y en aura-t-il de ceux qui passent pour Vierges dans le monde
dont la chasteté sera condamnée au jour du Jugement! Et combien y aura-t-il de ceux dont on
déchire aujourd'hui la réputation qui recevront de celui qui connaît leur innocence la couronne
due à leur pureté! Il faut donc que nous pressions nous-mêmes les caleçons; que, sans y
appeler l’attention des autres, nous cachions nous-mêmes ce qui ne doit pas être découvert.
29
C'est pourquoi tenons nos défauts secrets de telle sorte qu'ils ne soient aperçus de qui que et
soit, de peur que nous ne mourions de la mort éternelle s'il en paraît quelqu'un quand nous
entrerons dans le sanctuaire.
Mais il est temps que je finisse et pour répéter ici ce que j'ai déjà dit, les Lumières et la
Science d'un Prêtre de Dieu doivent être d'autant plus grandes qu'il faut que tout parle en lui,
jusqu'à sa démarche et aux moindres mouvements de son corps; qu'il apprenne la Vérité et
qu'elle fasse du bruit dans ses habits et dans ses ornements afin que tout ce qu'il dira et tout ce
qu'il fera soit pour l'instruction des peuples car sans les sonnettes, sans les pierreries, sans les
diverses couleurs et les fleurs des vertus il ne peut entrer dans le sanctuaire ni porter
dignement le nom d'Evêque.
J'ai dicté ce discours à la hâte et tout d'une suite lorsque le vaisseau mettait à la voile et que
les cris des matelots appelaient les voyageurs, y rapportant ce que ma mémoire a pu me
fournir et ce que j'ai pu ramasser dans le rational de mon coeur par mes longues lectures et je
m'aperçois bien que j'ai plutôt suivi l'impétuosité de mon naturel que la conduite que doivent
tenir ceux qui écrivent, m'étant laissé aller comme un torrent sans garder aucune liaison ni
aucun ordre. On dit qu'il paraît sous le nom de Tertullien un livre sur les habillements d'Aaron
que je n'ai pas encore vu, s’il tombait entre vos mains comme vous êtes à Rome où toutes
choses se rencontrent, je vous prie de ne pas comparer la petite goutte d'eau que je vous
envoie à cette grande rivière car on doit me juger d'après la médiocrité de mon esprit et non
pas d'après la beauté de celui des grands hommes.
SAINT PATRIARCHE MAXIME D'ALEXANDRIE (+ 282)
Les anciens historiens des Patriarches d'Alexandrie présentent Maxime comme originaire
d'Alexandrie, né de parents chrétiens et Grecs probablement puisqu'il reçut une éducation
exclusivement grecque. Il fut promu au diaconat par Héraclas, Evêque de 231 à 247 ou 248,
au sacerdoce par son successeur Denys.
Au début de la persécution de Valérien, le gouverneur Emilien exila les principaux membres
du clergé alexandrin à Képhro. Maxime y accompagna Denys mais moins connu que d'autres,
il put rentrer secrètement dans la ville et y visiter les Chrétiens pendant la persécution. A la
Naissance au Ciel de Denys, en 264 ou 265, il fut choisi pour lui succéder; son épiscopat fut
plus calme que ne l'avait été celui de son prédécesseur.
Vieux et malade, Denys n'avait pu se rendre au Concile qui déposa l'Evêque d'Antioche, Paul
de Samosate. Les décisions du Concile furent envoyées à l'Evêque Denys qui s'endormit
probablement avant leur arrivée à Rome et à Maxime d'Alexandrie qui les communiqua aux
Eglises d'Egypte. Il est possible que Maxime ait reçu sur ce sujet une lettre de l'Evêque Félix
de Rome mais celle dont des extraits nous sont parvenus est apocryphe.
Durant l'épiscopat de Maxime, l'Église d'Alexandrie prospéra dans la paix. La célèbre école
théologique était dirigée par Théognoste et c'est alors que Saint Antoine commença son
apprentissage de la vie parfaite.
30
27 décembre (translation) – 27 mai (repos)
SAINT MOINE THERAPONT DU LAC BLANC, THAUMATURGE DE LUZHETSK
(+1426)
The Monk Pherapont (Therapont) of Mozhaisk (Belozersk), Wonderworker of Luzhetsk, in
the world Theodore (Feodor), was born in the year 1337 at Volokolamsk into a family of the
nobility, the Poskochini. From his childhood years he was raised in deep faith and piety,
which in graced form was reflected throughout all his subsequent years of life as an holy
ascetic. At age forty without preliminaries he was tonsured a monk by the hegumen of the
Moscow Simonov monastery, the Monk Theodore (Feodor), a nephew of the Monk Sergei
(afterwards Archbishop of Rostov, Comm. 28 November). As a monk in this monastery
Pherapont became close with the Monk Kirill (Cyril) of Belozersk (Comm. 9 June). Together
they passed through their ascetic deeds of salvation in fasting and prayers, and they hearkened
to the spiritual guidances of the Monk Sergei of Radonezh (Comm. 25 September and 5 July),
who visited the monastery to instruct the brethren. In fulfilling an obedience, the Monk
Pherapont set off to the North, to the Belozersk frontier, on monastery matters. The harsh
northern land caught the attention of the ascetic, and he decided to remain there for his ascetic
efforts. After his return with the Monk Kirill – to whom the Mother of God had appeared also
ordering him to go to the North, the Monk Pherapont received the blessing of the hegumen
and set off to Beloozero (WhiteLake). For a certain while the ascetics lived together in a cell
that they had built, but later and by mutual consent, the Monk Pherapont transferred over to a
new place for his ascetic deeds, 15 versts distant from Kirill, betwixt two lakes: Borodava and
Pava. Having cleared a not overly large plot for a garden and building a cell in the deep forest
at a water channel, the Monk Pherapont continued his ascetic efforts as an hermit and in
silence. At first he endured much deprivation and tribulation in his solitude, and more than
once he was set upon by robbers, attempting to chase away or even kill the ascetic. But with
time monks began to gather to the Saint, and the wilderness place was gradually transformed
into a monastery, afterwards called the Pherapontov. In the year 1398 the Monk Pherapont
31
built a wooden church in honour of the Nativity of the MostHoly Mother of God, and the
monastery was gradually set in order: the monks toiled together with their saintly guide over
the construction of cells, the copying of books, and the adornment of the church.* (* At the
end of the XV Century on the place of the former wooden church there was built a stone
cathedral, in honour of the Nativity of the MostHoly Mother of God, painted in the years
1500-1501 by the reknown Russian iconographer Dionysii and his sons, Vladimir and
Theodosii. The frescoes are devoted to the Praise of the MostHoly Mother of God. The unique
frescoes (wall-paintings) of the Pherapontov monastery have been preserved up to the present
time and are an outstanding memorial of Russian churchly art and painting, of world
significance).
At the monastery was introduced a common-life monastic rule, strictly observed by the
monks. The Monk Pherapont out of humility declined to head the monastery, and instead
entrusted the position of hegumen to one of his disciples. The holy ascetic, endowed himself
with the gift of counsel, resorted for spiritual guidance just as before to his friend, the Monk
Kirill of Belozersk. News about the ascetic deeds of the Saint of God spread far beyond the
bounds of the Belozersk frontier.
At the beginning of the XV Century, the lands, on which were situated the Kirillov and
Pherapontov monasteries, were part of the appanage-holdings of the Mozhaisk prince Andrei
Dimitrievich (1382-1432), son of GreatPrince Dimitrii Ioannovich Donskoy (1363-1389).
And in the year 1408 prince Andrei Dimitrievich, having learned of the high level of spiritual
life of the Belozersk ascetic, turned then to the monastic starets-elder Pherapont with a request
to establish a monastery in the city of Mozhaisk. It was difficult for the monk to leave his own
monastery, at which he had asceticised for more than ten years. The Monk Pherapont was met
at Mozhaisk with great honour. Soon, not far from Mozhaisk, in the locality of Lushko on an
hilly part of the right bank of the Moscow River, the Monk Pherapont founded his second
monastery. Its chief temple was in honour of the Nativity of the MostHoly Mother of God, in
memory of the Belozersk monastery. Prince Andrei Dimitrievich, deeply esteeming the Saint
for his true humility, provided generous help in the construction and establishing of the
monastery. With the blessing of Sainted Photii, Metropolitan of Moscow (+ 1431, Comm. 2
July and 27 May), – the monastery was to be headed by an archimandrite, and the Monk
Pherapont was elevated to the dignity of archimandrite.
At this new monastery Saint Pherapont dwelt for 18 years, reposing to God at an advanced
age, on 27 May 1426. His body was buried at the north wall of the cathedral of the Nativity of
the MostHoly Mother of God. At the place of burial was afterwards built a church in honour
of the Monk John of the Ladder (Comm. 30 March), and renamed in 1730 for the Monk
Pherapont. Veneration of the Saint began soon after his death. In 1514 the incorrupt relics of
the holy ascetic were uncovered, and glorified by numerous miracles. After the Moscow
Sobor-Council of 1547 there occurred the canonisation of the Monk Pherapont of Mozhaisk,
Luzhetsk Wonderworker – resulting from the hegumen of the Pherapontov monastery having
brought to metropolitan Makarii (1543-1564) a Life and Account of the sanctity of the Saint
of God. Set amidst the numerous disciples and conversers of the Monk Sergei of Radonezh,
the Russian Church venerates the memory of the Monk Pherapont, who in following the
counsel of his great teacher and guide, combined the ascetic feats of silence and solitude with
that of active service to neighbour and the spiritual enlightening of his Fatherland.
The memory of the Monk Pherapont is celebrated twice: 27 May (Repose 1426), and 27
December (Uncovering of Relics 1514).
32
Saint Théophane (à gauche) et Saint Théodore (à droite)
SAINT MARTYR THÉODORE LE MARQUÉ (+833)
Théodore et Théophane* étaient frères de sang, nés en Palestine et bien formé dans les
sagesses séculière et spirituelle. Ils étaient Moines de la communauté de Saint Sava le
Sanctifié et furent par la suite ordonnés Prêtres. Ils souffrirent terriblement pour leur Défense
des Icônes durant le règne de trois empereurs : Léon l'Arménien, Michel Balbus et Théophile.
Le dément Théophile les battit de ses propres mains et ordonna qu'on leur marque le visage au
fer rougit à blanc avec des paroles moqueuses, raison de leur surnom "les Marqués." Ils furent
jetés en prison à Apamée en Bithynie. Théodore rendit son âme suite à ses douleurs et
blessures. Théophane, libéré du temps des empereurs Théodore et Michel, fut consacré
Métropolite de Nicée par le Patriarche Méthode. Saint Théodore s'endormit en 833. Ces deux
merveilleux frères souffrirent pour le Christ et reçurent la merveilleuse récompense de Lui
dans le Royaume Eternel de Lumière.
* Saint Théophane est commémoré le 11 octobre
ou
The Monk Theodore the Confessor, and his brother the Confessor Theophanes the Lettered-
Upon, were born in Jerusalem of Christian parents. The elder was Theodore. From early
childhood he shunned childish amusements and loved to visit church services. Together with
his younger brother Theophanes (Comm. 11 October), he was sent for education to the
presbyter at the Laura-monastery of Saint Sava. Both brothers accepted monasticism. Saint
Theodore was raised to the dignity of presbyter.
When the iconoclast emperor, Leo V the Armenian (813-820), expelled and replaced the
pious ruler Michael I Rangabes (811-813), he began to patronise the Iconoclast heresy. The
Patriarch of Jerusalem sent both brothers to Constantinople for the defense of Orthodoxy.
33
Arriving in the Byzantine capital, the holy confessors boldly entered into the defense of Icon-
Veneration. In a contest of words Leo was humiliated. He gave orders to beat both brothers
mercilessly, and then had them sent off into exile, strictly forbidding anyone to help them in
any way.
Under the subsequent emperors, Michael II (820-829), and particularly under the harsh
iconoclast Theophilos (829-842), both brothers returned from exile, and again they were
urged to concur with the Iconoclast heresy, but they firmly and bravely endured all the
tortures, and again they were sent off into exile. But later they again returned. This time they
were subject to fierce torture, and finally, there was done upon them an unprecedented
torment. With red-hot needles they marked branding upon their faces the writing as it were of
their disgrace – 12 poetic lines, in which it described the holy confessors as "vessels of
superstitious errors." Hence the title ascribed to the holy brothers: "the Lettered-Upon"
("Nachertanni," "Graptoi"). Before torture the city official asked Saint Theodore to take
communion with iconoclasts, – for which they promised him freedom. But the holy martyr
replied: "It is all the same, as they say: 'We shall only cut off thy head, and then go whither
thou willest'." After torture the holy brothers were imprisoned in the locality of Apameia,
where Saint Theodore died in about the year 840. Saint Theophanes survived the ending of
the Iconoclast heresy, and died in the dignity of Bishop of Nicea. The Monk Theophanes was
author of many compositions in defense of Orthodoxy. The relics of the MonkMartyr
Theodore were transferred to Chalcedon, where healings were done by them.
Saint Etienne, Protomartyre et Archidiacre, martyr à Jérusalem (vers 34)-Saint Théodore le
Marqué-Saint Théodore, patriarche de Constantinople (677-679, 686-687), mort en paix
(687). -Saint Luc de Triglia, en Bithynie-Sts Maurice et ses 70 compagnons-Maurice et ses
soixante-dix compagnons, martyrs à Agaune (aujourd'hui Saint-Maurice en Valais) sous
Dioclétien (vers 288 ou 302). -Sainte Fabiola, veuve, fondatrice d'hospices à Rome (399). -
Saint Alain, ermite à Corlay, puis évêque de Quimper en Bretagne (VIème siècle). -Sainte
Ode, moniale à Mons en Hainaut belge (713). -Saint Theodore le Marqué (Graptos),
confesseur des Saintes Icônes, frère de Saint Théophane l'Hymnographe (840)-Saint Tikhon,
archevêque de Voronège et cent-soixante prêtres avec lui, martyrs (Russie 1919).
34
L'ICONE DE LA MERE DE DIEU "MISERICORDIEUSE" ("ELEOUSSA,"
("KYKKIOTISA," "MILOSTIVAÏA") 12 novembre – 27 décembre
The All-Merciful Kykko Icon of the Mother of God: This icon was painted, according to
Tradition, by the holy Evangelist Luke. It received its name "Kykkiotisa" from Mount
Kykkos, on the island of Cyprus. Here it was placed in an imperial monastery (so designated
because it was built with donations from the Emperor), in a church named for it. Before
coming to the island of Cyprus, the wonderworking icon of the Mother of God was brought
throughout the region by the will of God. At first, it was in one the earliest Christian
communities in Egypt, and then it was taken to Constantinople in 980, where it remained in
the time of Emperor Alexius Comnenos (end of the eleventh to early twelfth century).
During these years it was revealed to the Elder Isaiah through a miraculous sign, that by his
efforts the wonderworking image painted by the Evangelist Luke would be transferred to
Cyprus. The Elder exerted much effort to fulfill the divine revelation.
When the icon of the Mother of God arrived on the island, many miracles were performed.
The Elder Isaiah was instrumental in building a church dedicated to the Theotokos, and
placing the Kykko Icon in it. From ancient times up to the present day, those afflicted by
every sort of infirmity flock to the monastery of the Mother of God the Merciful, and they
receive healing according to their faith. The Orthodox are not the only ones who believe in the
miraculous power of the holy icon, but those of other faiths also pray before it in misfortune
and illness.
Inexhaustible is the mercy of the Most Holy Theotokos, Mediatrix for all the suffering, and
Her icon fittingly bears the name, the "Merciful." The wonderworking "Kykkiotisa" Icon of
the Mother of God possesses a remarkable peculiarity: from what time period is unknown, but
it is covered by a half shroud from the upper left corner to the lower right, so that no one is
able to see the faces of the Mother of God and the Divine Infant. The depiction of the Mother
of God appears to be of the Hodigitria ("Directress") type, as is also the Smolensk Icon of the
Mother of God. The head of the Mother of God is adorned with a crown.
A copy of this icon is particularly venerated at the women's Nikolsk monastery in the city of
Mukachev.
Lecture de l’Epître
Actes VI : 8-VII : 5, 47-60
6.8 Étienne, plein de grâce et de puissance, faisait des prodiges et de grands miracles parmi le
peuple. 6.9 Quelques membres de la synagogue dite des Affranchis, de celle des Cyrénéens et
de celle des Alexandrins, avec des Juifs de Cilicie et d'Asie, se mirent à discuter avec lui; 6.10
mais ils ne pouvaient résister à sa sagesse et à l'Esprit par lequel il parlait. 6.11 Alors ils
subornèrent des hommes qui dirent: Nous l'avons entendu proférer des paroles
blasphématoires contre Moïse et contre Dieu. 6.12 Ils émurent le peuple, les anciens et les
scribes, et, se jetant sur lui, ils le saisirent, et l'emmenèrent au sanhédrin. 6.13 Ils produisirent de
faux témoins, qui dirent: Cet homme ne cesse de proférer des paroles contre le lieu saint et
contre la loi; 6.14 car nous l'avons entendu dire que Jésus, ce Nazaréen, détruira ce lieu, et
changera les coutumes que Moïse nous a données. 6.15 Tous ceux qui siégeaient au sanhédrin
ayant fixé les regards sur Étienne, son visage leur parut comme celui d'un ange.
7.1 Le souverain sacrificateur dit: Les choses sont-elles ainsi? 7.2 Étienne répondit: Hommes
frères et pères, écoutez! Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham, lorsqu'il était en
Mésopotamie, avant qu'il s'établît à Charran; et il lui dit: 7.3 Quitte ton pays et ta famille, et va
35
dans le pays que je te montrerai. 7.4 Il sortit alors du pays des Chaldéens, et s'établit à Charran.
De là, après la mort de son père, Dieu le fit passer dans ce pays que vous habitez maintenant;
7.5 il ne lui donna aucune propriété en ce pays, pas même de quoi poser le pied, mais il promit
de lui en donner la possession, et à sa postérité après lui, quoiqu'il n'eût point d'enfant.
…/…
7.47 et ce fut Salomon qui lui bâtit une maison. 7.48 Mais le Très Haut n'habite pas dans ce qui
est fait de main d'homme, comme dit le prophète: 7.49 Le ciel est mon trône, Et la terre mon
marchepied. Quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur, Ou quel sera le lieu de mon
repos? 7.50 N'est-ce pas ma main qui a fait toutes ces choses?...
7.51 Hommes au cou raide, incirconcis de coeur et d'oreilles! vous vous opposez toujours
au Saint Esprit. Ce que vos pères ont été, vous l'êtes aussi. 7.52 Lequel des prophètes vos pères
n'ont-ils pas persécuté? Ils ont tué ceux qui annonçaient d'avance la venue du Juste, que vous
avez livré maintenant, et dont vous avez été les meurtriers, 7.53 vous qui avez reçu la loi d'après
des commandements d'anges, et qui ne l'avez point gardée!...
7.54 En entendant ces paroles, ils étaient furieux dans leur coeur, et ils grinçaient des dents
contre lui. 7.55 Mais Étienne, rempli du Saint Esprit, et fixant les regards vers le ciel, vit la
gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. 7.56 Et il dit: Voici, je vois les cieux ouverts,
et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu. 7.57 Ils poussèrent alors de grands cris, en se
bouchant les oreilles, et ils se précipitèrent tous ensemble sur lui, 7.58 le traînèrent hors de la
ville, et le lapidèrent. Les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme
nommé Saul. 7.59 Et ils lapidaient Étienne, qui priait et disait: Seigneur Jésus, reçois mon
esprit! 7.60 Puis, s'étant mis à genoux, il s'écria d'une voix forte: Seigneur, ne leur impute pas ce
péché! Et, après ces paroles, il s'endormit.
Lecture de l’Evangile
Matthieu XXI : 33-42
21.33 Écoutez une autre parabole. Il y avait un homme, maître de maison, qui planta une vigne.
Il l'entoura d'une haie, y creusa un pressoir, et bâtit une tour; puis il l'afferma à des vignerons,
et quitta le pays. 21.34 Lorsque le temps de la récolte fut arrivé, il envoya ses serviteurs vers les
vignerons, pour recevoir le produit de sa vigne. 21.35 Les vignerons, s'étant saisis de ses
serviteurs, battirent l'un, tuèrent l'autre, et lapidèrent le troisième. 21.36 Il envoya encore d'autres
serviteurs, en plus grand nombre que les premiers; et les vignerons les traitèrent de la même
manière. 21.37 Enfin, il envoya vers eux son fils, en disant: Ils auront du respect pour mon fils.
21.38 Mais, quand les vignerons virent le fils, ils dirent entre eux: Voici l'héritier; venez, tuonsle,
et emparons-nous de son héritage. 21.39 Et ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne,
et le tuèrent. 21.40 Maintenant, lorsque le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces
vignerons? 21.41 Ils lui répondirent: Il fera périr misérablement ces misérables, et il affermera la
vigne à d'autres vignerons, qui lui en donneront le produit au temps de la récolte. 21.42 Jésus
leur dit: N'avez-vous jamais lu dans les Écritures: La pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient
Est devenue la principale de l'angle; C'est du Seigneur que cela est venu, Et c'est un prodige à
nos yeux?
CONTEMPLATION - Contempler la Sagesse de la Très Sainte Vierge Marie :
1. Comment Elle répondit avec sagesse à l'Ange de Dieu (Luc 1, 28-38);
2. Comment Elle médita en Son Coeur tout ce qui s'était passé à la Naissance du Seigneur
Jésus-Christ et tout ce qui était dit de Lui;
3. Comment, à Cana, Elle conseilla avec sagesse aux serviteurs de faire tout ce qu'Il leur
dirait.
Saint Nicolas Velimirovitch, Evêque d'Ochrid, Serbie (+ 05 mars 1958), rescapé de Dachau puis des
persécutions communistes, auteur de ce Sanctoral "Prologue d'Ochrid."
36

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire