vendredi 31 décembre 2010

La Lumière du Thabor n°3. Archevêque Antoine : La vie de l'âme après la mort.

II

CE QUE NOUS POUVONS SAVOIR
SUR LA VIE DE L’ÂME,
DANS L’AU-DELA

Par l’Archevêque Antoine de Genève et d’Europe Occidentale

INTRODUCTION

La vie de l’humanité dans l’au-delà peut-être divisée en deux périodes :

1. De la mort des premiers hommes, Adam et Eve, à la venue dans le monde du Christ Sauveur, et
2. De la fondation de l’Eglise par le Christ jusqu’au jour de la résurrection universelle du genre humain.

L’homme a été créé IMMORTEL, non seulement d’âme mais aussi de corps. Le corps du premier homme, Adam, ne connut ni maladie, ni vieillesse, ni mort. Cependant, le Seigneur le prévint de ce qu’il deviendrait PASSIBLE DE MORT, le jour où il mangerait de l’ARBRE DE LA CONNAIS­SANCE DU BIEN ET DU MAL. (Genèse 2, 17). Par sa désobéissance au Créateur, Adam a porté atteinte à sa nature originelle et mourut spirituel­lement en son âme, étant également devenu MORTEL en son corps. « Tu (c’est à dire ton corps, étant donné que l’âme, bien que défunte spirituellement, est restée immortelle) retourneras à la terre, puisque tu en fus tiré », dit Dieu à Adam, « car tu es poussière et tu retourneras à la poussière ». (Genèse 3, 19).

C’est ainsi que prirent commencement la MORT dans le genre humain et l’existence outre-tombe des âmes humaines. Ainsi, la mort, comme consé­quence du péché, est un phénomène qui n’est ni naturel, ni normal, et, pour cette raison, TEMPORAIRE, de même que la vie de l’âme humaine hors du corps.

PREMIERE PERIODE

Le paradis perdu : « Dieu est Amour » (l Daniel 4, 8), et pour cette raison, seul notre amour réciproque envers Lui nous donne la joie et la plénitude de la vie avec Lui. Mais celui qui chuta, commença à ressentir de la crainte au lieu de l’amour qu’il éprouvait précédemment, et se mit à craindre le Créateur, à se cacher et à l’éloigner de Lui, (Genèse 3, 8). Dans une telle situation, Adam, s’il était resté au paradis, aurait inévitablement souffert, sans trouver d’issue à cette condition accablante. Il ne pouvait rester au paradis, privé, ainsi que ses descendants (par l’hérédité), de la communion immédiate dans l’amour avec le Créateur, ce qui constitue et s’appelle la MORT SPIRITUELLE de l’homme. « Et Dieu renvoya Adam du jardin de l’Eden » (Genèse 3, 23) pour son bien, afin que les difficultés de la vie hors du paradis, les afflictions, les souffrances et la mort même l’amènent à l’humilité et le contraignent à chercher les voies du retour à la Source de Vie.


La tragédie de l’humanité vétéro-testamentaire résidait en la perte du Père débordant d’amour, non seulement dans la vie terrestre, mais aussi dans l’au-delà. La mort spirituelle pesait même sur les âmes des justes, qui étaient privées de la communion directe avec Dieu.

L’Hadès vétéro-testamentaire : jusqu’à la venue dans le monde du Christ Sauveur, l’état général des âmes humaines dans l’au-delà, défuntes spirituellement et corporellement, est appelé dans la langue de l’Eglise HADES. Mais une telle désignation est conven­tionnelle, car le véritable Hadès, dans la pleine acception du terme, ne commencera qu’après la résurrection universelle du genre humain et du Jugement Dernier. Y entreront non les âmes privées de corps mais les HOMMES ressuscités par le Christ.

Dans le catéchisme du Métropolite Philarète de Moscou, nous lisons que « la pleine rétribution des œuvres est destinée à l’homme entier, après la résurrection du corps, lors du Dernier Jugement Divin ».

Cependant, l’état des âmes n’était pas identique pour tous dans l’Hadès vétéro-testamentaire. Les âmes des justes, même si elles souffraient, n’en étaient pas moins consolées par l’espoir de la venue du Sauveur promis, qu’elles atten­daient. Quand aux pécheurs, ils souffraient sans consolation.

Le Christ est le Sauveur de tous : Notre Seigneur Jésus-Christ est le SAUVEUR du genre humain entier, non seulement de ses contemporains et de leur postérité, mais aussi de millions d’hom­mes ayant vécu et étant décédés avant Lui. S’il les avait abandonnés dans LES TENEBRES ET L’OMBRE DE LA MORT, Il ne serait pas le Dieu de vérité, de vie et d’amour. (Dogmatique du Père Justin Popovic).

« LE SEIGNEUR EST DESCENDU JUSQUE DANS L’HADES, AFIN QUE, PRESENT PARTOUT, IL PUT SAUVER LA MULTITUDE EN TOUT LIEU », dit saint Isidore de Péluse. Quant à saint Grégoire Palamas, il nous enseigne que le sacrifi­ce du Sauveur était indispensable non seulement pour ses contemporains et leur postérité, mais aussi pour tous les hommes qui avaient vécu jusqu’à sa venue et dont les âmes se trouvaient dans l’Hadès.

L’Eglise Orthodoxe confesse que, une année et demie avant la descente du Christ dans l’Hadès, son Précurseur y fut, tout comme sur terre, saint Jean Baptiste, qui « annonça même aux captifs de l’Hadès l’apparition du Dieu fait chair, qui ôte le péché du monde et nous fait grande miséricorde » (tropaire du Précurseur).

Le dogme de la descente du Christ Sauveur dans l’Hadès : Le Christ Sauveur, comme DIEU-HOMME, rendit à ceux qui crurent en Lui, le Père Céleste plein d’amour qu’ils avaient perdu. Par sa résurrection, brisant les chaînes de la mort spirituelle, Il les régénéra pour une nouvelle vie dans l’Eglise créée par Lui, y prêchant l’Evangile du salut.

C’est avec la même prédication de l’Evangile et le même amour pour l’homme déchu que, laissant son Corps immaculé dans le Sépulcre, Il descendit en son âme, unie HYPOSTATIQUEMENT à sa DIVINITE, dans l’Hadès auprès des âmes des défunts, afin de les rendre à son Père céleste.
LE CORPS DU CHRIST REJOIGNIT LE SEPULCRE, TANDIS QUE L’AME DESCENDIT DANS L’HADES, dit saint Athanase d’Alexandrie. AU SEPULCRE AVEC LA CHAIR, DANS L’HADES AVEC L’AME, COMME DIEU… confesse l’Eglise.

L’Apôtre Pierre dit du Christ qu’il « FUT MIS A MORT SELON LA CHAIR ET VIVIFIE SELON L’ESPRIT. C’EST EN LUI QU’IL S’EN ALLA PRECHER AUX ESPRITS EN PRISON » c’est-à-dire dans l’Hadès. (I Pierre 3, 18-19). Et l’apôtre précise qu’il s’agit là non seulement des âmes des justes, mais aussi des pécheurs, c’est-à-dire de toutes les âmes, comme Sauveur de tous. Ainsi, le Christ prêcha même A CEUX QUI JADIS AVAIENT REFUSE DE CROIRE LORSQUE TEMPORISAIT LA LONGANIMITE DE DIEU, AUX JOURS DE NOE QUI CONSTRUISAIT L’ARCHE, DANS LAQUELLE UN PETIT NOMBRE… FUT SAUVE À TRAVERS L’EAU. I Pierre 3, 20). C’est ainsi que le Seigneur est descendu dans l’Hadès, pour sauver ceux qui jadis avaient refusé de croire et avaient péri lors du déluge, c’est-à-dire la PREMIERE HUMANITE.

Pour quelle raison précisément l’Apôtre les mentionne-t-il particulièrement ? De toute éviden­ce, en premier lieu, parce que, dans l’esprit des Juifs, qui étaient les premiers chrétiens, cette humanité anéantie par le déluge, était plus pécheresse que tous les pécheurs qui avaient suivi. En second lieu, pour montrer la miséricorde incommensurable de Dieu, qui, par l’horreur du déluge, la crainte indescriptible de la mort chez tout ce qui est vivant, a marqué le début du repentir de ces pécheurs alors impénitents. Il les prépara ainsi à la rencontre du Sauveur qui ne les avait pas oubliés et qui les aimait, descendant vers eux dans l’Hadès.

Par ceci, l’Apôtre veut dire que le Seigneur est venu sauver même les plus pécheurs, ceux qui jadis furent désobéissants mais qui, néanmoins, ne s’endurcirent pas à jamais.

La Prédication de l’Evangile dans l’Hadès : Si le Christ prêcha aux âmes des défunts, cela signifie que les âmes étaient APTES à l’écouter, à recevoir ce qui leur était dit, à réagir à la prédication, à la recevoir ou à la rejeter.

Continuant à vivre après la mort du corps, l’âme, dans son intégralité, dispose de la plénitude de la personnalité et de la conscience. Elle sent, elle est consciente, elle accepte, raisonne, ce que confirme la parole du Seigneur sur le RICHE ET LAZARE, (Luc 16, 19-31). Le riche voit dans l’au-delà Abraham et Lazare, ressent les tourments demande de l’aide, voit comment vivent ses frères sur terre, s’inquiète de leur sort et, cela est évident, les aime. Le patriarche Abraham vit dans la béatitude, explique au riche qu’il est impossible, dans l’Ancien Testament, de changer le sort d’une âme dans l’au-delà, et justifie l’existence des béatitudes et des tourments, indiquant en outre les moyens du salut.

Les limites de l’âme : il ne faut cependant pas oublier que l’âme hors du corps, ne constitue pas l’homme entier et que, pour cette raison, tout ce qui est possible aux hommes ne l’est pas à leurs âmes. Bien que les âmes, après la mort du corps, disposent de l’intégralité de la personnalité et accomplissent toutes les fonctions psychiques, LEURS POSSIBILITES SONT LIMITEES. C’est ainsi, par exemple, que l’homme vivant sur terre peut se repentir et, dans une plus ou moins grande mesure, changer lui-même sa vie, revenir du péché vers Dieu.
Quant à l’âme, elle ne peut, DE SON PROPRE FAIT, même si elle le souhaite, changer radicale­ment ou commencer une nouvelle vie, qui différe­rait absolument de sa vie sur la terre, ou acquérir ce qu’elle ne possédait pas alors qu’elle demeurait encore dans le corps.

C’est précisément dans ce sens qu’il convient de comprendre les paroles affirmant qu’il n’y a pas de pénitence dans l’au-delà. L’âme y vit et se développe dans la direction qu’elle avait prise sur terre et, pour changer, une aide extérieure lui est INDISPENSABLE.

Le paradis retrouvé : le Christ a prêché l’Evangile du salut sur terre durant trois ans et, dans l’Hadès seulement trois jours incomplets. Il est clair que cela était suffisant, car l’âme, libérée du corps et de son intermé­diaire, est apte à ressentir, prendre conscience et réagir bien plus rapidement que lors de sa vie dans le corps (Dogmatique du Père Justin Popovic).

Le Seigneur a prêché son Evangile dans le royaume de la mort avec le même but, manifestement, que sur la terre : afin qu’on l’assimilât par la foi et que l’on fût sauvé. Par la gloire de sa Divinité, la force de son amour envers celui qui était tombé, amour qui le fit descendre jusqu’au plus profond de l’Hadès, le Sauveur illumina, régénéra, changea en mieux, RESSUSCITA pour une VIE NOUVELLE, dans l’Eglise triomphante, en communion avec le Père Céleste plein d’amour, ceux qui reçurent son Evangile. L’amour réciproque envers Lui chassa la crainte et ouvrit la voie vers Dieu. Les chaînes de la mort spirituelle tombèrent et ceux que le Christ avait sauvés entendirent ses paroles : ENTREZ DE NOUVEAU DANS LE PARADIS.

Dans la nuit de la Résurrection, l’abîme qui séparait Hadès et le paradis, insurmontable dans l’Ancien Testament, tel qu’il est évoqué dans la parabole du riche et de Lazare, fut franchi par le Vainqueur de la mort et ceux qui avaient cru en Lui. C’est alors que commença une NOU­VELLE VIE des âmes dans l’Eglise TRIOMPHAN­TE, qui vainquit le péché et la mort, terrassant Hadès.

Toutefois, cette vie des âmes au paradis, dans l’attente de la résurrection des corps, n’est pas encore ce paradis définitif de la joie, de la béatitude éternelles et totales, dont hériteront les justes après le jugement dernier de Dieu.

C’est par la fondation de l’EGLlSE que s’est achevée la première période de la vie d’outre-tombe de l’humanité et que s’ouvre la seconde période.

SECONDE PERIODE

Le Nouveau Testament et la vie de l’Eglise : après la Résurrection du Christ également, les hommes continuent à vivre et à mourir, et leurs âmes partent pour le monde de l’au-delà, soit dans le paradis, soit dans l’Hadès.

Nous nous limiterons ici au sort outre-tombe des enfants de l’Eglise du Christ, qu’il créa pour le salut des hommes. Le destin de l’humanité qui n’appartient pas à l’Eglise est voilé pour nous d’un mystère définitif. Supposons que, de même que l’humanité vétéro-testamentaire ne pouvait prévoir que ses âmes seraient sauvées par l’Incarnation et la descente dans l’Hadès du Sauveur…
…nous ne pouvons non plus deviner par avance et prévoir les moyens et les possibilités dont dispose le Créateur pour le salut de sa création – indocile, mais non endurcie définitive­ment – pour sauver les hommes qui ne Le connais­sent pas, ceux qui sont dans l’erreur, qui appartien­nent à de fausses religions, ou encore à des sectes, des hérésies, etc.

Donc, le chrétien meurt. Son âme, se PURI­FIANT dans une certaine mesure, LORS DE LA SORTIE MEME DU CORPS, GRACE, SEULE­MENT, A LA CRAINTE DE LA MORT, comme le dit saint Marc d’Ephèse, quitte le corps inanimé. Elle est vivante, immortelle et continue de vivre de la plénitude de la vie qu’elle avait commencée sur terre : avec toutes ses pensées et tous ses sentiments, ses vertus et ses vices, ses qualités et ses défauts. La vie de l’âme dans l’au-delà est le prolongement et la conséquence naturelles de sa vie sur terre. Si la mort changeait radicale­ment l’état de l’âme, cela constituerait un acte de violence qui porterait atteinte à l’inviolabilité de la liberté humaine et ce serait en outre l’anéan­tissement de ce nous appelons la personnalité de l’homme (Dogmatique du Père Justin Popovic).

Si le chrétien défunt était pieux, priait Dieu, espérait en Lui, se soumettait à sa volonté, se repentait devant Lui, s’efforçait de vivre selon ses commandements, son âme, après la mort, ressentira la présence Divine, communiera immédiatement, dans une plus ou moins grande mesure, à la vie Divine qui lui a été révélée dans l’Eglise triomphante. Si, au contraire, le défunt a perdu, dans sa vie terrestre, la communion avec le Père Céleste plein d’amour, ne L’a pas recherché, ne L’a pas prié, a blasphémé, servant le péché, son âme, après la mort, ne trouvera pas Dieu, incapa­ble qu’elle sera de ressentir son amour. Privée de la vie Divine, en vue de laquelle fut créé l’homme à l’image de Dieu, l’âme insatisfaite commencera à éprouver de la tristesse, à se tourmenter, et ce, dans une plus ou moins grande mesure, se trouvant dans un état semblable à celui des âmes de l’humanité vétéro-testamentaire jusqu’à la descente du Christ dans l’Hadès.

L’attente de la résurrection du corps et du juge­ment redoutable augmentera la joie des pieux et l’affliction des impies.

La doctrine du jugement particulier est-elle ortho­doxe ? Les hypothèses relatives au JUGEMENT PARTICULIER, selon lesquelles l’âme, lors de sa sortie du corps, comparaîtrait aussitôt devant le tribunal Divin (il s’agirait donc d’un jugement particulier, temporaire, jusqu’au Jugement dernier), au cours duquel le Divin Juge lui accorderait la béatitude ou la condamnerait aux tourments, ne constitue pas une doctrine de l’Eglise faisant autorité pour tous les orthodoxes.

Cette hypothèse, visiblement, a été empruntée à la théologie catholique-romaine (papiste), par les théologiens de Kiev du XVIe siècle. Dans le catéchisme du métropolite Philarète de Moscou, le JUGEMENT PARTICULIER n’est pas mentionné.

Généralement, on fonde cette hypothèse sur les paroles de l’Apôtre Paul : ET COMME LES HOMMES NE MEURENT QU’UNE FOIS, APRES QUOI IL Y A UN JUGEMENT (Hébreux 9, 27). Il convient toutefois de mentionner que l’Apôtre n’a pas dit : APRES QUOI IL Y A AUSSITOT UN JUGEMENT.
C’est pourquoi ces paroles peuvent être comprises dans deux sens différents ou bien l’Apôtre parle ici du dernier et unique Jugement, ou du bien du jugement par l’homme de sa propre personne, dans le sens indiqué par le Christ, à savoir : QUI CROIT EN LUI N’EST PAS JUGE ; QUI NE CROIT PAS EST DEJA JUGE. (Jean. 3, 18).

La doctrine des PEAGES ne constitue pas un dogme de l’Eglise : les pieuses réflexions sur les PEAGES ne constituent ni des dogmes de l’Eglise, ni son enseignement officiel. Il est évident que l’âme, séparée du corps, sera tourmen­tée, dans une plus ou moins grande mesure, par le même esprit impur qui l’éprouvait de son vivant. Elle cherchera alors, en cette heure redoutable pour elle, un protecteur et un secours en la personne de son Ange gardien. C’est là tout ce que l’on peut dire à ce sujet.

Quant aux PEAGES, sous la forme de quelques DOUANES par lesquelles passeraient les âmes des défunts en s’élevant vers le Trône Divin, et auxquelles les retiendraient les esprits mauvais, les accusant de différents péchés, ils sont évoqués par saint Cyrille d’Alexandrie et en quelque sorte confirmés par la vision de la bienheureuse Théodora, narrée par celle-ci à Grégoire, disciple de saint Basile le Nouveau.

Mais l’Apôtre Paul témoigne de ce que RAVI JUSQU’AU PARADIS, IL ENTENDIT DES PAROLES INEFFABLES, QU’IL N’EST PAS PERMIS A UN HOMME DE REDIRE (2 Cor. 12, 4). De sur­croît, la vision de sainte Théodora, relative à la vie dans l’au-delà, ne peut véritablement décrire avec des paroles humaines ce que vécut et ressentit la Bienheureuse.

Les prières de l’Eglise pour les défunts : ainsi, l’âme du défunt ne peut changer d’elle-même dans l’autre monde, ni acquérir ce qu’elle n’avait pas dans la vie terrestre. Il lui faut une aide extérieure, qu’elle reçoit du Sauveur du genre humain, qui jadis descendit dans l’Hadès mais qui est toujours vivant dans l’Eglise. Il est le Chef de l’Eglise, qui constitue son Corps et dans lequel est rétablie l’UNITE de la nature humaine endommagée par le péché, et ce, dans l’UNION avec Dieu par l’Incarnation du Fils de Dieu. C’est pourquoi notre Sauveur a prié ainsi : QUE TOUS CEUX QUI CROIENT EN MOI, LES ENFANTS DE MON EGLISE, SOIENT UN, COMME TOI, PERE, TU ES EN MOI ET MOI EN TOI, QU’EUX AUSSI SOIENT UN EN NOUS. (Jean. 17, 21).

Dans cette UNITE ECCLESIALE, semblable à l’unité des Hypostases de la Sainte Trinité, s’accomplit le MYSTERE de l’enrichissement et du renouveau de l’âme du défunt, par le Christ Sauveur, par la richesse spirituelle de l’Eglise et de ses Saints.

Certains pensent naïvement que les prières pour les défunts ont pour but de rendre Dieu plus miséricordieux, de Le disposer au pardon des péchés, comme si le Seigneur avait besoin de nos supplications pour aimer sa création. VOTRE PERE SAIT BIEN CE QU’IL VOUS FAUT, AVANT QUE VOUS LE LUI DEMANDIEZ (Matthieu 6, 8), dit son Fils Divin.

N’oublions pas que Dieu est IMMUABLE et qu’il est de par sa nature AMOUR infini, illimité et universel. Il nous aime, bons et mauvais, bien plus que nous sommes capables de nous aimer nous-mêmes.
La force régénératrice de la prière : nos prières à l’Eglise pour les défunts ne rendent pas Dieu plus miséricordieux, mais CHANGENT POUR LE MIEUX les âmes de ceux pour qui l’on prie. Même la prière privée, en fonction de la foi et de la force spirituelle de celui qui prie, ainsi que son amour envers le défunt, constitue indubita­blement une force REGENERATRICE pour celui-ci, qui le rapproche de Dieu. Les âmes des défunts sont purifiées après la mort par la force des prières qu’on fait pour elles, dit saint. Marc d’Ephèse.

Mais il est également indubitable que la prière de l’Eglise (lorsque toute l’Eglise, au ciel et sur terre, prie), d’une manière incomparablement plus efficace et puissante enrichit l’âme du défunt de ce qu’elle ne possède pas en quantité suffisante et ne peut acquérir, comme, par exem­ple : l’espoir dans le Sauveur, l’amour envers Lui, la foi dans sa miséricorde, la conscience de ses péchés, la pénitence, etc. De tels sentiments, puisés dans les prières de l’Eglise, rappro­chent le défunt de Dieu et adoucissent son sort outre-tombe.

L’âme du défunt peut et doit prier avec nous : l’âme elle-même doit prendre part à son change­ment en mieux, ne serait-ce que dans une infime mesure. Cependant, toutes les âmes ne répondent pas unanimement aux prières de l’Eglise pour elles. Les plus justes commencent à prier plus rapide­ment et plus volontiers avec ceux qui prient pour elles. Les plus pécheresses se soumettent avec plus de difficulté à la force régénératrice de ces prières. Si l’âme reste entièrement insensible et ne peut ni ne veut prier avec l’Eglise, nos prières pour elles deviennent alors insensées. C’est la raison pour laquelle sont privés de la prière ecclésiale les athées notoires endurcis, les blasphémateurs impénitents, les débauchés éhontés et leurs semblables.

Nous répétons que lorsque nous prions pour le défunt, son âme peut et doit prier avec nous. C’EST EN CELA QUE RESIDE TOUT LE SENS DES PRIERES POUR LUI.

Il est indispensable que l’âme même souhaite devenir meilleure, qu’elle recherche le Père Céleste. La prière incitée par notre amour envers le défunt doit devenir sa prière, et le stimuler à prier le Créateur.

En priant pour les défunts, nous disons : FAIS REPOSER, SEIGNEUR, L’AME DE TON SERVI­TEUR, parce que nous voulons que cette supplica­tion devienne la prière du défunt qui, lui-même, prie mal. Nous croyons que l’âme peut prier dans l’Eglise par nous et avec notre aide. C’est pourquoi nous prononçons aussi d’autres paroles : FAIS REPOSER, SEIGNEUR, L’AME DE TON SERVITEUR DEFUNT, QUI TE PRIE PAR NOUS.

Tant sont indispensables et salvatrices les prières ecclésiales pour les défunts. Les chrétiens orthodo­xes doivent prier pour eux avec espoir et foi, sans se livrer à l’abattement et à un chagrin insensé.

Les prières des justes défunts pour nous : il est indubitable que les âmes des saints et des justes dans l’Eglise triomphante, ainsi que même les parents défunts qui nous aiment, prient pour nous (parabole du Riche et de Lazare) de la même façon que nous aussi nous prions pour eux. La communion de prière entre vivants et défunts ne cesse jamais.
La prière des justes prononcée avec amour pour nous, telles que celles de saint Nicolas, saint Séraphim et d’autres saints encore, nous enrichit dans le Christ et seulement EN LUI, de l’abondan­ce spirituelle du juste. Elle nous fait participer à sa sainteté, nous renforce dans le combat avec les tentations du malin, nous élève au-dessus du niveau de vie spirituelle et éthique que nous pouvons atteindre de nos propres moyens.

Quant aux prières de la Très Pure et Bénie Mère de Dieu, notre secours et notre aide, qui nous délivre des grands malheurs et des afflictions, elles nous enrichissent encore d’une plus forte puissance de pureté et de sainteté.
C’est dans le mystère de la Communion au Corps et au Sang du Christ que nous puisons la force maximale de la grâce : CELUI QUI MANGE MA CHAIR ET BOIT MON SANG, DEMEURE EN MOI ET MOI EN LUI, telle est la promesse du Sauveur. Et c’est dans cette UNITE très douce avec Lui que le Christ purifie, lave, orne, émonde, raisonne et illumine l’âme de celui qui L’aime, le faisant participer à sa Divinité.

La fin de l’existence outre-tombe des âmes : se soutenant les unes les autres dans la prière, dans l’unité ecclésiale avec le Christ, les hommes vivants et les âmes des défunts atteindront le jour de la RESURRECTION UNIVERSELLE. Les âmes retrouveront alors leur corps, ressuscité, transfiguré, REVETU DE LA SPLENDEUR DE L’INCORRUPTIBILITE.

Les morts ressusciteront pour FETER LA MISE A MORT DE LA MORT… le début d’une autre vie éternelle (canon pascal).

Ceux qui vivront encore sur terre CHANGERONT de par l’horreur de l’effondrement de l’univers, alors que LES PUISSANCES DES CIEUX SERONT EBRANLEES. IL Y AURA DES SIGNES DANS LE SOLEIL, LA LUNE ET LES ETOILES, LA MER ET LES FLOTS EMETTRONT UN FRACAS. (Luc 21, 25). De même que la première humanité fut anéantie par le déluge, dont l’horreur les a aidés à ne pas s’endurcir définitivement, ces derniers changeront à l’image des ressuscités et s’uniront à eux.

L’homme RETABLI non dans un corps pesant et pécheur, mais dans un corps léger, immortel, disposera, bien entendu, de la plénitude de toutes les propriétés et de toutes les capacités de l’HOM­ME. C’est pourquoi le Seigneur jugera non nos âmes limitées, mais les hommes ressuscités, pour leur donner l’entière possibilité de retourner volontairement et librement au Père Céleste. Ceux qui répondront à l’amour du Christ, lavés par la pénitence, entendront Sa voix : VENEZ LES BENIS DE MON PERE, RECEVOIR EN HERI­TAGE LE ROYAUME QUI VOUS A ETE PREPARE DEPUIS LA FONDATION DU MONDE. (Matthieu 25, 34).

Qui refusera en ce moment l’amour du SAUVEUR, son royaume éternel ? Il est clair que ce sont les pécheurs impénitents qui seront ENDURCIS DEFINITIVEMENT. De leurs semblables, le Christ a dit : ILS NOUS HAÏSSENT ET MOI ET MON PERE (Jean 15, 24). Avec un grincement de dents, comme expression d’une colère impuissante, ils se précipiteront loin de l’Amour Divin, car il les brûlera et les consumera comme le feu éternel préparé pour le diable et ses anges, Matthieu 25, 41, dont ils partageront le sort. Mais le Mystère de l’ETERNITE ne peut pas être plus sondé et pénétré pour ceux qui vivent dans le temps. + Archevêque Antoine de Genève.

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