jeudi 26 avril 2012
Vie de Saint Tykhone de Moscou et autres Vies de Saints.
25 mars – 7 avril 2012
Cycle mobile (Pascalion): Samedi de la Sixième Semaine du Grand Carême, Samedi du
Saint et Juste Lazare
CE SAMEDI AVANT LES RAMEAUX, NOUS CELEBRONS LA RESURRECTION,
LE QUATRIEME JOUR, DU SAINT ET JUSTE LAZARE, L'AMI DU CHRIST.
Comme tout être humain,
Jésus, Tu pleures et Tu frémis ;
en Ton Pouvoir Divin,
Tu ressuscites Ton Ami.
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Lazare était de race juive et il appartenait à la secte des Pharisiens, étant, à ce qu'il paraît, le
fils du Pharisien Simon originaire du village de Béthanie. Alors que Notre Seigneur
Jésus-Christ séjournait sur terre pour le Salut du genre humain, Il S'unit d'amitié avec lui.
Comme le Christ S'entretenait fréquemment avec Simon parce que ce dernier avait en haute
estime la doctrine de la Résurrection des morts et qu'Il entrait souvent dans sa maison, Lazare
devint Son Ami intime et non seulement lui mais également ses deux soeurs, Marthe et Marie.
Alors qu'approchait la Passion salvatrice afin de rendre opérant le Mystère de la Résurrection,
Jésus-Christ séjournait au-delà du Jourdain où Il ressuscita d'abord la fille de Jaïre puis le fils
de la Veuve. Son Ami Lazare, atteint d'une grave maladie, s'endormit. Jésus-Christ était loin
mais Il dit à Ses Disciples : "Lazare repose" et après un léger intervalle, Il ajouta : "Lazare est
mort." Quittant le Jourdain, Il vint donc à Béthanie comme ses soeurs L'en avaient prié.
Béthanie se trouve à cinq stades de Jérusalem. Venant à Sa Rencontre, les soeurs de Lazare
Lui dirent : "Seigneur, si Tu avais été là, notre frère ne serait pas mort. Maintenant, si Tu le
veux, ressuscite-le car Tu le peux." Jésus demanda à la foule : "Où l'avez-vous mis?" Et
aussitôt on Le conduisit au sépulcre. Comme on ôtait la pierre, Marthe lui dit : "Seigneur, il
sent déjà; c'est le quatrième jour."*
* Les Juifs pensaient que ce n'était qu'au quatrième jour que le défunt était vraiment mort
Alors Jésus-Christ pria, versa des larmes sur lui puis dit d'une voix forte : "Lazare, viens ici!"
Et aussitôt le mort sortit : on le délia et il se retira dans sa maison.
Ce merveilleux prodige provoqua de l'envie chez ceux des Juifs qui enrageaient contre le
Christ. Et de nouveau Jésus-Christ dut prendre la fuite. Les grands-prêtres songèrent même à
tuer Lazare parce que beaucoup, en le voyant, se joignaient au Christ. Ayant eu vent de leurs
projets, Lazare se hâta de gagner l'Île de Chypre pour y séjourner. Plus tard il fut institué par
les Saints Apôtres Evêque de Citium. Il y passa trente ans de sa nouvelle vie dans le Bonheur
et l'Amitié Divine puis il s'endormit à nouveau. Il y fut enseveli, accomplissant de nombreux
Miracles.
On dit qu'après son retour à la vie il ne mangea que des douceurs et que la Toute Sainte Mère
de Dieu lui fit cadeau de son omophore qu'elle lui remit de Ses Propres Mains. Ses Saintes et
Vénérables Reliques retrouvées là-bas grâce à une Vision Divine, furent translatées par le très
sage Empereur Léon dans l'église qu'il avait fait édifier en son nom à Constantinople; elles y
furent déposées de façon solennelle et somptueuse à droite de l'église, en entrant le long des
murs qui font face au sanctuaire. Ses Saintes Reliques y demeurent jusqu'à présent, exhalant
un merveilleux parfum.
Si l'on décida que sa Résurrection devait être fêtée en ce jour, c'est que nos Pères Saints et
Théophores ou plutôt les Saints Apôtres eux-mêmes, considérant qu'il fallait placer les Saintes
Souffrances de Notre Seigneur Jésus Christ après l'abstinence du Carême puisqu'il nous
purifie; en outre, estimant que ce Miracle fut la cause et l'origine de la fureur des Juifs contre
le Christ, ils ont placé ici ce prodige surnaturel. L'Evangéliste Jean est le seul qui ait écrit à ce
sujet, les autres Evangélistes s'en étant abstenus peut-être parce que Lazare était encore vivant
et visible.
On dit que c'est à cause de lui que ce dernier Evangile fut écrit et que les autres Evangélistes
n'ont rien dit de l'Eternelle Génération du Christ car ce que l'on cherchait à certifier, c'est que
le Christ est Fils de Dieu et Dieu Lui-même, qu'Il est ressuscité et qu'Il y aura une
Résurrection des morts, ce qui, à cause de Lazare, est plus facile à croire. Cependant il n'a rien
dit au sujet de l'Hadès, soit qu'il ne lui ait pas été donné de voir exactement les choses de l'audelà,
soit que les ayant vues il ait reçu l'ordre de ne pas en parler. Depuis lors, tout homme qui
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vient de partir est appelé "Lazare" et le linceul a reçu à son tour le nom de "lazaroma," un mot
allusif en mémoire du premier Lazare car s'il ressuscita à la Parole du Christ et se remit à
vivre, de même celui qui meurt à présent mais pour ressusciter au son de la dernière
trompette, vivra éternellement.
Par les prières de ton ami Lazare, Christ Notre Dieu, aie pitié de nous. Amen.
Lecture de l’Epître
Heb XII : 28-XIII : 8
12.28 C'est pourquoi, recevant un royaume inébranlable, montrons notre reconnaissance en
rendant à Dieu un culte qui lui soit agréable, 12.29 avec piété et avec crainte, car notre Dieu est
aussi un feu dévorant. 13.1 Persévérez dans l'amour fraternel. 13.2 N'oubliez pas l'hospitalité; car,
en l'exerçant, quelques-uns ont logé des anges, sans le savoir. 13.3 Souvenez-vous des
prisonniers, comme si vous étiez aussi prisonniers; de ceux qui sont maltraités, comme étant
aussi vous-mêmes dans un corps. 13.4 Que le mariage soit honoré de tous, et le lit conjugal
exempt de souillure, car Dieu jugera les impudiques et les adultères. 13.5 Ne vous livrez pas à
l'amour de l'argent; contentez-vous de ce que vous avez; car Dieu lui-même a dit: Je ne te
délaisserai point, et je ne t'abandonnerai point. 13.6 C'est donc avec assurance que nous
pouvons dire: Le Seigneur est mon aide, je ne craindrai rien; Que peut me faire un homme? 13.7
Souvenez-vous de vos conducteurs qui vous ont annoncé la parole de Dieu; considérez quelle
a été la fin de leur vie, et imitez leur foi. 13.8 Jésus Christ est le même hier, aujourd'hui, et
éternellement.
Lecture de l’Evangile
Jean XI : 1-45
11.1 Il y avait un homme malade, Lazare, de Béthanie, village de Marie et de Marthe, sa soeur.
11.2 C'était cette Marie qui oignit de parfum le Seigneur et qui lui essuya les pieds avec ses
cheveux, et c'était son frère Lazare qui était malade. 11.3 Les soeurs envoyèrent dire à Jésus:
Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade. 11.4 Après avoir entendu cela, Jésus dit: Cette
maladie n'est point à la mort; mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit
glorifié par elle. 11.5 Or, Jésus aimait Marthe, et sa soeur, et Lazare. 11.6 Lors donc qu'il eut
appris que Lazare était malade, il resta deux jours encore dans le lieu où il était, 11.7 et il dit
ensuite aux disciples: Retournons en Judée. 11.8 Les disciples lui dirent: Rabbi, les Juifs tout
récemment cherchaient à te lapider, et tu retournes en Judée! 11.9 Jésus répondit: N'y a-t-il pas
douze heures au jour? Si quelqu'un marche pendant le jour, il ne bronche point, parce qu'il
voit la lumière de ce monde; 11.10 mais, si quelqu'un marche pendant la nuit, il bronche, parce
que la lumière n'est pas en lui. 11.11 Après ces paroles, il leur dit: Lazare, notre ami, dort; mais
je vais le réveiller. 11.12 Les disciples lui dirent: Seigneur, s'il dort, il sera guéri. 11.13 Jésus
avait parlé de sa mort, mais ils crurent qu'il parlait de l'assoupissement du sommeil. 11.14 Alors
Jésus leur dit ouvertement: Lazare est mort. 11.15 Et, à cause de vous, afin que vous croyiez, je
me réjouis de ce que je n'étais pas là. Mais allons vers lui. 11.16 Sur quoi Thomas, appelé
Didyme, dit aux autres disciples: Allons aussi, afin de mourir avec lui.
11.17 Jésus, étant arrivé, trouva que Lazare était déjà depuis quatre jours dans le sépulcre.
11.18 Et, comme Béthanie était près de Jérusalem, à quinze stades environ, 11.19 beaucoup de
Juifs étaient venus vers Marthe et Marie, pour les consoler de la mort de leur frère. 11.20
Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie se tenait
assise à la maison. 11.21 Marthe dit à Jésus: Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait
pas mort. 11.22 Mais, maintenant même, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te
l'accordera. 11.23 Jésus lui dit: Ton frère ressuscitera. 11.24 Je sais, lui répondit Marthe, qu'il
ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. 11.25 Jésus lui dit: Je suis la résurrection et la vie.
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Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort; 11.26 et quiconque vit et croit en moi
ne mourra jamais. Crois-tu cela? 11.27 Elle lui dit: Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le
Fils de Dieu, qui devait venir dans le monde. 11.28 Ayant ainsi parlé, elle s'en alla. Puis elle
appela secrètement Marie, sa soeur, et lui dit: Le maître est ici, et il te demande. 11.29 Dès que
Marie eut entendu, elle se leva promptement, et alla vers lui. 11.30 Car Jésus n'était pas encore
entré dans le village, mais il était dans le lieu où Marthe l'avait rencontré. 11.31 Les Juifs qui
étaient avec Marie dans la maison et qui la consolaient, l'ayant vue se lever promptement et
sortir, la suivirent, disant: Elle va au sépulcre, pour y pleurer. 11.32 Lorsque Marie fut arrivée là
où était Jésus, et qu'elle le vit, elle tomba à ses pieds, et lui dit: Seigneur, si tu eusses été ici,
mon frère ne serait pas mort.
11.33 Jésus, la voyant pleurer, elle et les Juifs qui étaient venus avec elle, frémit en son
esprit, et fut tout ému. 11.34 Et il dit: Où l'avez-vous mis? Seigneur, lui répondirent-ils, viens et
vois. 11.35 Jésus pleura. 11.36 Sur quoi les Juifs dirent: Voyez comme il l'aimait. 11.37 Et
quelques-uns d'entre eux dirent: Lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, ne pouvait-il pas faire
aussi que cet homme ne mourût point? 11.38 Jésus frémissant de nouveau en lui-même, se
rendit au sépulcre. C'était une grotte, et une pierre était placée devant. 11.39 Jésus dit: Otez la
pierre. Marthe, la soeur du mort, lui dit: Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu'il est
là. 11.40 Jésus lui dit: Ne t'ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu? 11.41 Ils
ôtèrent donc la pierre. Et Jésus leva les yeux en haut, et dit: Père, je te rends grâces de ce que
tu m'as exaucé. 11.42 Pour moi, je savais que tu m'exauces toujours; mais j'ai parlé à cause de la
foule qui m'entoure, afin qu'ils croient que c'est toi qui m'as envoyé. 11.43 Ayant dit cela, il cria
d'une voix forte: Lazare, sors! 11.44 Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandes, et le
visage enveloppé d'un linge. Jésus leur dit: Déliez-le, et laissez-le aller.
11.45 Plusieurs des Juifs qui étaient venus vers Marie, et qui virent ce que fit Jésus, crurent
en lui.
Cycle fixe : Commémorations
SAINTES MARTYRES PELAGIE, THEODOSIE ET DULA DE NICOMEDIE
(+4°.SAINT)
Ces trois Saintes femmes souffrirent pour le Seigneur. Après avoir été emprisonnées et
souffert, Pélagie et Théodosie furent décapitées. Sainte Dula qui était servante, souffrit seule
dans la ville de Nicomédie. Ces trois roses blanches, abreuvées du sang des Martyrs, furent
transplantées par Dieu dans Son Jardin Céleste.
SAINTE KENNOCKA (OU KENNOCHA, KYLE-ENOCH), VIERGE EN ECOSSE
(+ 1007) 13 et 25 mars
Moniale d'une noble famille d'Ecosse qui eut beaucoup à souffrir des siens quand elle voulut
devenir Moniale. Elle se sanctifia dans un grand monastère du Fife. Elle fut en grande
vénération spécialement dans la région de Glasgow où plusieurs églises lui furent dédiées.
ou
Moniale écossaise d'un couvent dans le Fife, elle était fort vénérée en Ecosse, surtout dans le
district des alentours de Glasgow. Elle aurait été la fille unique d'une famille riche, repoussant
l'attraction des biens de ce monde et tous ses prétendants afin de poursuivre une vie de prière.
Elle pratiquait l'amour extraordinaire de la pauvreté et de la mortification. Elle usait d'un
merveilleux don de prière et la pureté de son coeur la conduisit vers la Sainteté qui lui permit
d'être Thaumaturge.
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ANNONCIATION DE NOTRE
TRES SAINTE SOUVERAINE ET TOUJOURS VIERGE MARIE
Le Vénérable Moïse a déclaré ce mois le principe et le premier de tous les mois. Nous savons
qu'en ce mois Dieu a fait passer toutes les choses du non-être à l'être qu'il a donné à la terre le
commandement de produire des herbes et des semences, à la mer d'aplanir ses ondes pour
recevoir le navigateur, au Ciel de se vêtir de lumière, aux tempêtes de s'enfuir dans leurs
antres, aux ténèbres de se dissiper. C'est le 25 de ce mois que la main du Tout Puissant a pétri
le corps de l'homme. C'est dans ce mois que le peuple d'Israël a été délivré de la servitude de
Pharaon et qu'il a passé la Mer Rouge, a célébré la Pâque et qu'enfin il est entré dans la terre
de promission. En ce mois, le Fils de Dieu est descendu du Ciel dans le Sein de la
Bienheureuse Vierge Marie et Lui a emprunté l'enveloppe mortelle de notre chair. En ce mois,
Il a souffert la mort sur la Croix et nous a donné, par Sa Résurrection, un gage de la nôtre.
Nous croyons que c'est en mars qu'auront lieu la Résurrection Générale, le Jugement
Universel et l'Eternelle Réparation de toutes choses : ainsi a-t-il été appelé avec raison le mois
"artion" c'est-à-dire le mois parfait, toutes choses y ayant été ou devant y être amenées à leur
fin. Les Hébreux ont appelé ce mois "Nisan" (il était le premier de l'année sacrée) et les
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Italiens "Primus" ou premier jusqu'à Romulus qui l'appela mars pour rappeler la dédicace d'un
temple qu'il avait élevé au "dieu" de la guerre. Mais ne pourrait-il pas se faire aussi que ce
mot ait été nommé "martius" par altération "d'artius" qui veut dire complet et parfait, en
opposition avec le mois de février qui est écourté et tronqué? C'est du mois de février, me
semble-t-il que Notre Seigneur a dit dans l'Evangile : "si ces jours n'étaient point abrégés,
toute chair ne serait point sauvée" - l'oeuvre de la Rédemption devant être accomplie toute
entière dans le mois de mars.
D'après une Pieuse Croyance, c'est encore le 25 mars que Saint Michel aurait triomphé de
satan et de ses anges et qu'Adam aurait été enseveli sur la montagne du Calvaire; en mars
encore qu'Abel le Juste-Vierge, Prêtre et Martyr aurait été sacrifié à la haine de son frère et
que Melchisédech aurait offert au Très Haut le pain et le vin; en mars aussi qu'Abraham aurait
conduit Isaac sur le Mont Maria pour l'immoler et que Sainte Véronique serait née au Ciel;
toujours en mars que Saint Jean-Baptiste aurait été mis à mort et que le Saint Apôtre Jacques
aurait été martyrisé, tout comme Saint Pierre aurait été délivré de sa prison etc.
ou
En ce jour qui suit de peu l'équinoxe de printemps alors que l'obscurité de la nuit, ayant atteint
le terme de son extension commence à céder la place à la Lumière, l'Eglise célèbre la
conception de Notre Seigneur Jésus-Christ et la Descente en ce monde obscurci par les
ténèbres, du Soleil de Justice qui a retourné le mouvement du temps et de l'histoire et d'une
descente vers la mort, en a fait une remontée vers le printemps définitif de l'Eternité.
Racine et principe de toutes les autres fêtes du Seigneur par lesquelles nous commémorons
chaque année notre Rédemption, cette fête de l'Annonciation doit toujours être célébrée
rigoureusement à la même date car selon une ancienne tradition, c'est au mois de mars que le
monde fut créé par Dieu et c'est le 25 mars précisément qu'Adam, trompé par la promesse du
serpent et voulant se faire dieu, transgressa le Commandement Divin et fut exilé du Paradis.*
Il convenait donc que la guérison de notre nature s'accomplisse, telle une seconde création,
par les mêmes moyens et en ces mêmes jours qui ont été ceux de notre chute. Et de même
qu'au printemps du monde le genre humain avait été assujetti à la mort par la désobéissance
d'Eve, il convenait qu'il en fût délivré au mois de mars par l'Obéissance de la Vierge.
Développant magnifiquement cette doctrine des correspondances dans l'Economie de la
Rédemption, Saint Irénée de Lyon écrit à ce propos : "De même que celle-là (Eve) avait été
séduite par le discours d'un ange de manière à se soustraire à Dieu en transgressant Sa Parole,
de même celle-ci (Marie) fut instruite de la Bonne Nouvelle par le discours d'un Ange, de
manière à porter Dieu en obéissant à Sa Parole et de même que celle-là avait été séduite de
manière à désobéir à Dieu, de même Celle-ci Se laissa persuader d'obéir à Dieu afin que de la
vierge Eve, la Vierge Marie devienne l'avocate et de même que le genre humain avait été
assujetti à la mort par une vierge, il en fut libéré par une Vierge, la désobéissance d'une vierge
ayant été contrebalancée par l'Obéissance d'une Vierge."**
* On rapporte également que c'est en ce mois que le peuple juif sortit d'Egypte et traversa la Mer Rouge à pied
et que Notre Seigneur Jésus-Christ ressuscita des morts le 25 mars et que la Résurrection Générale et le
Jugement dernier auront lieu aussi le même jour. Ce mois qui était le premier de l'année chez les Juifs et qui
évoque par son nom la perfection, récapitule donc tous les mystères de l'Economie Divine, depuis la Création
jusqu'à la restauration de toutes choses.
** Contre les hérésies V, 19, 1 (SC 153, 255).
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Après notre chute, Dieu prenant patience dans Sa Miséricorde Infinie, avait peu à peu préparé
l'humanité, de génération en génération, par des événements heureux et malheureux, à la
réalisation du Grand Mystère qu'Il tenait caché avant tous les siècles dans Son Conseil
Trinitaire : l'Incarnation du Verbe. Alors qu'Il savait bien à l'avance qu'elle allait être la faute
de l'homme et ses tragiques conséquences, c'est en ayant en vue le terme de ce Mystère qu'Il
avait pourtant créé la nature humaine afin de s'y préparer une Mère* Qui par la beauté de son
âme relevée de l'ornement de toutes les vertus, attira sur Elle les regards du Tout Puissant et
devint la chambre nuptiale du Verbe, le Réceptacle de Celui Qui contient tout, le Palais du
Roi du Ciel et le terme du Dessein Divin.
* C'est l'enseignement de Saint Nicolas Cabasilas dans son discours sur l'Annonciation. 8 (Patrologia
Orientalis, 19).
Six mois après la conception miraculeuse de celui qui devait être en toutes choses le
Précurseur du Sauveur (Luc 1:17), Gabriel, l'Ange de la Miséricorde, fut envoyé par le
Seigneur à Nazareth en Galilée auprès de la Vierge Marie Qui au sortir du Temple avait été
fiancée au Juste et Chaste Joseph pour qu'il soit le gardien de sa Virginité.* Surgissant
soudain dans la maison sous une apparence humaine, un bâton à la main, l'Ange salua Celle
Qui devait devenir la consolation des larmes d'Eve** en disant : "Réjouis-Toi, Pleine de
Grâce, le Seigneur est avec Toi!" (Luc 1:8). Devant cette étrange apparition, la Vierge laissa
tomber son fuseau*** et toute troublée par ces paroles de l'incorporel, Elle Se demandait si
cette annonce de joie n'était pas comme pour Eve, une nouvelle tromperie de celui qui sait se
transformer en Ange de Lumière (cfr. IICor. 11, 14). Mais l'Ange La rassura et Lui dit : "Sois
sans crainte, Marie car Tu as trouvé Grâce auprès de Dieu. Ne T'étonne pas de mon étrange
aspect et de ces paroles de joie alors que, trompée jadis par le serpent, ta nature a été
condamnée à la douleur et aux gémissements car moi, c'est la vraie joie que je suis venu
T'annoncer et la délivrance de la malédiction de la première mère (cfr. Gen. 3:16). Voici que
Tu concevras et enfanteras un fils, en accomplissement de la prédiction du Prophète Isaïe qui
disait : "Voici que la vierge concevra et enfantera un fils!" Et Tu l'appelleras du Nom de
Jésus, ce qui signifie Sauveur. Il sera grand et sera appelé Fils du Très Haut."
* Cfr. la notice du 21 novembre.
** Cfr. L'Hymne Acathiste qui fut primitivement un Hymne pour la Fête de l'Annonciations et qui est chanté
solennellement le samedi de la Cinquième semaine du Carême. Dans la tradition grecque, il est en outre chanté
partiellement chaque soir des quatre premiers vendredis de Carême. Dans les Monastères on le récite tous les
jours aux Complies et nombre de fidèles orthodoxes le connaissent par coeur et aiment à le réciter plusieurs fois
pendant la journée car la salutation de l'Ange est devenue l'expression de la joie et de la gratitude de tous les
Chrétiens envers la Mère de Dieu.
*** D'après l'évangile apocryphe de Saint Jacques elle avait été chargée par les Prêtres de filer la pourpre
écarlate pour le voile du Temple. Ce détail a été conservé dans l'iconographie orthodoxe.
A ces paroles inouïes, la Toute Pure s'exclama : "Comment cela serait-il possible puisque je
ne connais point d'homme?" Elle ne mettait pas en doute la Parole Divine par manque de Foi
comme Zacharie qui avait été pour cela puni de mutisme (Luc 1:20) mais Elle Se demandait
comment ce Mystère pourrait bien se réaliser en Elle, sans l'union nuptiale, devenue la loi de
la reproduction du genre humain soumis à la corruption. Comprenant ses doutes, l'Ange ne La
blâma pas mais il Lui expliqua le mode nouveau de cette naissance : "L'Esprit Saint viendra
sur Toi Qui a été comblée de Grâce en préparation de Sa Venue et la Puissance du Très Haut
Te couvrira de Son Ombre." Puis rappelant qu'Elisabeth, celle qu'on appelait "la stérile,"
venait de concevoir un fils dans sa vieillesse, il lui montra ainsi que là où Dieu le veut l'ordre
de la nature est vaincu* et il Lui confirma que par Sa Venue en Elle le Saint-Esprit allait
accomplir un Miracle plus grand encore que la Création du monde et qu'abaissant les Cieux,
le Roi de l'univers, Celui qui contient tout, allait S'anéantir Lui-même (Philippiens 2:7) par
une ineffable condescendance afin de demeurer en son sein, de s'y mêler en une union sans
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confusion à la nature humaine et de se revêtir de sa chair, teinte en son sang virginal comme
une pourpre royale.
* Saint Grégoire le Théologien. Sur tout ceci voir aussi la notice du 26 décembre (tome Il pp. 227-229).
Inclinant alors humblement son regard à terre et adhérant de toute Sa Volonté au Dessein
Divin, la Vierge répondit : "Je suis la Servante du Seigneur. Qu'il m'advienne selon Ta
parole!"
Par ces paroles Elle acceptait et avec Elle la nature humaine tout entière, la venue en Elle de
la Puissance Divine transmise par les paroles de l'Ange. Et c'est à cet instant même que
s'accomplit la Conception du Sauveur. Le Fils de Dieu devient Fils de l'Homme, une seule
Personne en deux natures. Dieu se revêt de l'humanité et la Vierge devint en toute Vérité
Mère de Dieu (Théotokos) afin que par cet échange des propriétés naturelles, les hommes,
délivrés de l'enfer puissent devenir fils de Dieu par la Grâce.
L'accomplissement de ce Mystère de l'Incarnation, caché même à la connaissance des Anges,
ne fut donc pas seulement l'Oeuvre du Père dans Sa Complaisance, du Fils qui descendit des
Cieux et de l'Esprit qui recouvrit la Vierge de Son ombre mais le Seigneur attendait que Celle
Qu'Il avait choisie entre toutes les femmes y prenne aussi une part active par Son
Acquiescement libre et volontaire, de sorte que la Rédemption du genre humain fût l'oeuvre
commune de la Volonté de Dieu et de la Foi de l'homme. Ce fut donc par une libre
coopération (synergie) de l'humanité au Dessein Divin que s'est accompli ce Grand Mystère
préparé depuis l'origine du monde que Dieu devient homme pour que l'homme devienne dieu*
et que la Vierge, Epouse Inépousée, est devenue pour notre nature renouvelée la source et la
cause de tous les biens.
* Saint Irénée. Saint Athanase
Autrefois entrevue en figures par les Prophètes comme le Buisson non-consumé (Gen. 3:14),
la Montagne non-entaillée (Dan.:2), la Porte scellée par laquelle Dieu Seul devait passer
(Ezéch. 44:2), la Mère de Dieu est l'Echelle Vivante (cfr. Gen. 28:10- 17) par laquelle Dieu
est descendu et Qui permet aux hommes de monter au Ciel. Elle a ouvert au genre humain un
nouveau mode d'existence : la Virginité, grâce à laquelle le corps de tout homme, à Sa Suite,
est appelé à devenir le Temple de Dieu (cfr. 1 Cor. 3:16; 6:19). Et la création entière soumise
jadis à la corruption par la faute de l'homme était elle aussi dans l'attente de ce "Oui!"' de la
Vierge Qui annonçait le début de sa délivrance. C'est pourquoi le Ciel et la terre réunis
forment aujourd'hui un coeur de fête avec les fils d'Adam pour rendre Gloire à Dieu en
honorant la conception de Sa Mère inépousée.
HOMELIE SUR L'ANNONCIATION A LA TRES SAINTE MERE DE DIEU ET TOUJOURS VIERGE MARIE
(EXTRAITS), SAINT NICOLAS CABASILAS
S’il fallut jamais que l’homme se réjouît et dansât et chantât de joie, s’il y eut un instant que
l’on doive célébrer avec grandeur et éclat, s’il faut pour cela demander la hauteur de l’esprit,
la beauté du discours et l’élan des paroles, je n’en connais pas d’autre que ce jour où un Ange
vint du Ciel annoncer tout bien à la terre. Maintenant le Ciel est en fête, maintenant resplendit
la terre, maintenant la création tout entière se réjouit et Celui-là même Qui tient les Cieux en
Sa Main n’est pas absent de la fête – car ce qui a lieu aujourd’hui est bien une panégyrie, une
célébration universelle. Tous s’y rassemblent en une figure unique, en une même joie dans ce
même bonheur qui survient pour tous : et pour le Créateur et pour toutes Ses créatures et pour
la Mère Elle-même du Créateur, Celle Qui a fait de Lui un participant de notre nature, de nos
assemblées et de nos fêtes. […]
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La Vierge S’offrit d’Elle-même et fut l’ouvrière de ce qui attira l’artisan vers la terre et mit en
mouvement Sa Main créatrice. Qu’est-ce donc? Ce furent Sa Vie toute pure, le renoncement à
tout péché, l’exercice de toute vertu, l’âme plus pure que la lumière, le corps en tout spirituel,
plus lumineux que le soleil, plus pur que le Ciel, plus Saint que le trône des Chérubins; un
envol de l’esprit ne craignant aucune hauteur, surpassant même les ailes des Anges; un désir
de Dieu anéantissant tout emportement de l’âme; une prise de possession par Dieu, une
intimité avec Dieu excluant toute pensée créée. Ayant orné son âme et son corps de tant de
beauté, Elle attira le Regard de Dieu et révéla la beauté de notre commune nature par Sa
Propre Beauté; Elle a ainsi attiré l’Impassible et Celui que l’homme avait rebuté par le péché
est devenu Homme par la Vierge. […]
Lorsque vint le moment où parut celui qui apportait l’annonce, Elle crut, fit confiance et
accepta le service. Car c’est cela qui était nécessaire et il le fallait en tout cas pour Notre
Salut. Si en effet Elle n’en avait pas été capable, la Bienheureuse n’aurait pu voir la
Bienveillance de Dieu pour l’homme car Il n’aurait pas désiré descendre sans qu’il y eût
quelqu’un pour Le recevoir et qui fût capable de servir l’économie du Salut – et la Volonté de
Dieu sur nous n’aurait pas pu passer en acte si la Vierge n’avait pas cru et acquiescé. Et la
preuve en est que Gabriel s’est réjoui lorsque, s’adressant à Elle et L’appelant pleine de
Grâce, il Lui expliqua tout le Mystère (Lc 1,26-33). Mais Dieu ne descendit pas sans que la
Vierge eût demandé à savoir de quelle manière Elle enfanterait. Dès qu’il L’eut persuadée,
dès qu’Elle eut accepté la requête, toute l’oeuvre se réalisa aussitôt : Dieu revêtit l’homme et
la Vierge devint Mère de Son Créateur.
Si la Toute-Pure a observé devant Dieu tout ce qu’il faut observer, si Elle S’est montrée aussi
Sainte comme homme sans rien omettre de ce qui se doit, comment n’eût-Elle pas convenu à
Dieu? Et si rien n’a échappé à la Vierge de ce qui pouvait la désigner comme Mère de Dieu, si
Elle en a conçu un ardent Amour pour Lui, encore plus Dieu devait-Il observer le Juste Retour
et devenir Son Fils, Lui Qui donne aux princes méchants selon leur coeur comment n’aurait-Il
pas pris comme Mère Celle Qui S’était montrée en tout selon Son Désir ? C’est ainsi que ce
don fut approprié et convenable en tout pour la Bienheureuse. C’est pourquoi pour Lui
annoncer clairement qu’Elle allait enfanter Dieu, Gabriel Lui dit : Il régnera pour les siècles
sur la maison de Jacob et Son Règne n’aura pas de fin (Lc 1,33). Comme si ce qu’Elle venait
d’apprendre n’était ni étrange ni inhabituel, Elle reçut cette annonce avec joie. Et d’une voix
bienheureuse, l’âme exempte de trouble et dans le calme des pensées, Elle répond : Voici la
Servante du Seigneur qu'il M’advienne selon ta parole! (Lc 1,38).
Tels furent ses mots et la réalité suivit : Et le Verbe est devenu chair et Il a fait Son Habitation
en nous (Jn 1,14). Ayant donné Sa Réponse à Dieu, Elle en reçut l’Esprit, artisan de cette
chair consubstantielle à Dieu. Sa Voix fut une voix puissante comme le dit David (cfr. Ps
67,34) et le Verbe du Père fut formé par le verbe d’une mère, le Créateur par la voix d’une
créature. Et de même que Dieu dit : Que la lumière soit! et aussitôt la lumière fut (Gn 1,3), de
même la Vraie Lumière Se leva à la voix de la Vierge et Il S’unit à la chair et fut enfanté,
Celui Qui illumine tout homme venant en ce monde (Jn 1, 9).
Ô Voix Sainte! Ô Majesté de Tes Paroles Puissantes! Ô Bouche Bienheureuse rassemblant de
l’exil l’univers entier! Ô Trésor de ce coeur qui déverse en quelques mots sur nous
l’abondance de ses biens! Ces mots ont transformé la terre en Ciel et vidé l’enfer de ses
prisonniers, ils ont fait du Ciel l’habitation des hommes, des Anges leurs compagnons, ils ont
fondu en un seul choeur la race des Cieux et celle de la terre.
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Quelle Action de Grâces T’adresserons-nous pour ces paroles? Oh que peut-on Te dire, Toi
dont rien n’est digne parmi les hommes? Nos paroles viennent de ce qui est mais Toi Tu
excèdes tout ce qui surpasse le monde. S’il faut Te présenter des mots, ce doit être oeuvre des
Anges, oeuvre de l’intellect chérubique, oeuvre de langues de feu. Aussi pour parler
dignement de Ta Puissance, ayant commémoré par la bénédiction ce qui est de Toi, T’ayant
chanté comme notre Salut autant qu’il nous est possible, nous voudrions encore emprunter la
voix des Anges et nous terminerons notre discours en T’honorant par ces mots de la salutation
de Gabriel : Réjouis-Toi, Pleine de Grâces, le Seigneur est avec Toi!
Nicolas Cabasilas, La Mère de Dieu :
Homélies sur la Nativité, sur l'Annonciation
et sur la Dormition de la Très-Sainte Mère de Dieu,
trad. Jean-Louis Palierne, Éd. L'Âge d'homme, 1992.
ou
SERMON DE SAINT ELEUTHERE DE TOURNAI SUR L'ANNONCIATION A LA TRES PURE ET
TOUJOURS VIERGE MARIE
Nous parlerons aujourd'hui, nos très chers Frères, de cette solennité de la Bienheureuse
Vierge Marie qui rappelle à notre souvenir trois sujets si intéressants : un Ange qui annonce,
une Vierge qui conçoit, le Fils unique qu'engendre un Père non engendré qui se revêt d'une
chair mortelle. Nous n'en dirons qu'un mot, quoique celui qui annonce soit digne de toutes
sortes de Louanges et que Celle qui conçoit en l'entendant en soit plus digne encore et que
Celui surtout Qui est conçu les mérite infiniment.
Oui, ce jour et nous devons le célébrer avec tout le respect qui lui est dû, ce jour est un jour de
Salut qui unit la terre au Ciel; un jour où la Divinité du Rédempteur descend parmi nous afin
que notre humanité puisse s'élever jusque dans le Ciel. C'est ce jour solennel, marqué d'abord
par la présence de l'Ange; jour où il fut annoncé qu'un enfant sans tache naîtrait d'une Vierge;
jour où la vertu du Très Haut couvrit de Son Ombre une Vierge; jour où un Dieu qu'on ne
peut atteindre Se laissa toucher par des mortels, Lui la Lumière Eternelle Qui éclaire tout
homme venant en ce monde. C'est ce jour solennel qui nous détache de la terre, nous élève
vers le Ciel et comme vous le montrera ce discours, nous place, par le plus insigne honneur,
au-dessus de tous les Cieux.
Le premier homme ayant été chassé du paradis terrestre après avoir, contre la défense du
Seigneur, goûté imprudemment du fruit de l'arbre de la science, le démon, par ses artifices,
trompa les hommes en les engageant dans les sentiers riants du vice; trompés, il en fit ses
esclaves et les plongea dans les ténèbres extérieures, ces ténèbres où Notre Seigneur assure
qu'il n'y a que pleurs et que grincements de dents. Car le désir de la gloire ayant excité
l'ambition de cet esprit infernal, l'ambition provoqua sa jalousie et il voyait avec douleur que
l'homme dût habiter les Cieux. Tombé misérablement lui-même, l'abaissement du genre
humain consolait son malheur.
Cependant le Père Céleste, considérant la perte des hommes amenée par la malice du serpent,
résolut dans Sa Bonté de sauver le monde par l'Incarnation de Son Fils Unique. L'instigation
du démon avait chassé la femme du paradis; il voulut que la salutation de l'Ange lui procurât
la gloire de l'immortalité. L'instigation de l'ennemi séduisit Eve, la salutation de Gabriel
remplit Marie de force. Un Ange annonce afin que la malice du diable soit détruite; une
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Vierge, à la nouvelle qui lui en est portée par l'Ange, est couverte de la vertu du Très Haut
afin que la femme soit réhabilitée. Un Dieu Incorruptible se revêt d'une chair corrompue dans
le premier homme par l'insidieuse proposition de satan et descend sur la terre afin que par ce
second homme qui est Jésus-Christ, le premier homme pût s'élever jusque dans les Cieux,
plongé qu'il était dans un abîme de misère et réduit par sa prévarication à habiter cette vallée
de douleurs… Car nous lisons que lorsque la femme eut séduit son époux, il lui fut dit par le
Seigneur : tu seras mère au prix de tes larmes, tu seras la compagne de l'homme mais l'homme
dominera sur toi. Toute femme qui n'imite pas la Virginité de Marie est sous le poids de cette
triple condamnation; c'est comme si le Seigneur disait : Quand tu t'uniras à l'homme, tu seras
assujettie à sa domination et tu ne seras mère que dans les angoisses de la douleur et de la
tristesse. Mais ces trois choses si fâcheuses ne troublent pas la félicité de Marie et non
seulement cette Divine Vierge en est exempte mais avec Elle toutes celles qui ont voué leur
Virginité à Jésus-Christ. Venez donc, Vierges chrétiennes, vous dont la Virginité est
consacrée à la Vierge par excellence; vouez une pureté que rien n'altère à Celle Qui offrit aux
Yeux du Seigneur une chasteté sans tache. Et quel fut donc le Mérite de Marie? Ecoutez, non
seulement Elle mérita d'être honorée de la visite et du discours de l'Ange mais il Lui fut
encore donné de porter en Elle Celui que rien ne peut contenir.
Trois maux pèsent sur Eve, notre mère; Marie n'en est pas seulement exempte mais Elle jouit
encore d'un triple bonheur : Elle est fortifiée par la salutation de l'Ange; fortifiée, Elle est
bénie; Pleine de Grâce, il Lui est annoncé qu'Elle sera mère car il est écrit : un Ange a été
envoyé à une Vierge. Cette Vierge, nous confessons qu'Elle est Celle-là de laquelle Isaïe a
dit : Il sortira de la racine de Jessé une tige, c'est-à-dire la Vierge Marie et de cette tige
s'élèvera une fleur, c'est-à-dire Jésus-Christ car c'est ainsi qu'au Cantique des Cantiques Il
s'appelle Lui-même : Je suis, dit-il, la fleur des champs. Et l'Ange étant entré, dit à Marie : Je
Te salue, Ô Pleine de Grâce, le Seigneur est avec Toi, tu es bénie entre toutes les femmes. Ô
voix pleine de suavité et de joie! Car en disant : Je Te salue, Marie, l'Ange Lui présenta la
Salutation Céleste; en la nommant Pleine de Grâce, il révéla et la révocation de la sentence
qui avait éloigné nos premiers parents de Dieu et le recouvrement de la Grâce et de la
bénédiction des Cieux, de cette Grâce qui, en les délivrant de la servitude (du démon), les
introduisit dans le Paradis. Et lorsqu'il ajouta : Tu es bénie entre toutes les femmes, il exprima
que non seulement le fruit de Ses Entrailles était béni mais que celles-là encore avaient part à
cette bénédiction qui, marchant sur les Traces de Marie, ont conservé le trésor de leur
Virginité. Ô Vierge Bénie! Ô Vierge choisie entre toutes les femmes par le Créateur du
monde! Tu concevras Celui Qui avant tous les siècles et sans avoir eu de mère, a été engendré
par le Père Eternel, tu deviendras mère tout en demeurant Vierge... Le Fils de Dieu descendra
en Toi afin que Celui Qui devait s'élever vers l'Orient avec la Puissance de Sa Grandeur et la
Gloire de Sa Splendeur, tourne vers l'Occident la Grâce et l'éclat de Sa Majesté. Que les
paroles qui frappent Ton Oreille n'alarment pas Ta Vertu; que cette conception ne Te trouble
point : la moindre souillure est étrangère à ce qui est le fruit de la Puissance Ineffable de Dieu.
Le Verbe Divin Se revêtira de chair en venant habiter en Toi et le Fils de Dieu commencera
d'être le fils de l'Homme, sans cesser jamais d'être Ce qu'Il était car nous Le croyons
immuable mais en devenant par un effet de Sa Miséricorde ce qu'Il n'était pas afin qu'en Toi
puisse être contenu Celui Que l'univers entier ne peut contenir. Loin de diminuer Ta Pureté
Virginale, cette conception ne fera qu'y ajouter un nouveau lustre. Tu es devenue la Mère de
Ton Créateur en même temps qu'Il était auprès de Son Père et Il est resté auprès de Son Père
en même temps qu'Il naissait de Toi car Il est toujours avec Son Père parce que n'ayant point
de principe, Il n'a point non plus de commencement dans le temps car Il est toujours avec Son
Père qui demeure sans commencement et sans fin. Tu es devenue l'Echelle du Ciel; verge
d'Aaron, Tu as fleuri plus que toutes les autres, c'est-à-dire Tu as, par le mérite de Ta
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Virginité, surpassé en splendeur toutes les filles d'Adam. Tu es devenue l'Echelle par laquelle
la Gloire du Ciel est descendue sur la terre afin de faire monter dans le Ciel la bassesse de la
terre. Ô union nouvelle et inouïe! Ô mélange inestimable et non moins étonnant! Celui Qui de
rien avait créé toutes choses est créé; Celui Qui ne pouvait être borné est contenu; Celui Qui
seul fait abonder de richesses tous ceux qui en jouissent est pauvre. Celui Qui est parfait
daigne S'anéantir. Car il est dit qu'Il Se dépouilla de la forme de la Divinité dans le temps afin
que nous fussions enrichis de Sa Divine Perfection.
Ainsi donc, nos très chers frères, invoquons la Vierge afin qu'Elle réconcilie les hommes avec
Dieu et pour qu'Elle rétablisse une heureuse harmonie entre le Ciel et la terre et afin qu'Elle
intercède en notre faveur pour le passé et qu'Elle prie son Fils de nous accorder des Bienfaits
de choix qui assurent notre persévérance dans l'avenir. Ô Vierge! Donne-nous non seulement
la nourriture corporelle mais encore le pain des Anges qui est descendu aujourd'hui en Toi.
Faits que nous craignions le Fils de Dieu car la Crainte du Seigneur est le commencement de
la sagesse et en effet si quelqu'un craint le Seigneur, il gardera Ses Commandements. Notre
chair alors sera lavée de ses souillures afin que nous puissions contempler les Rayons de la
Divine Lumière car notre coeur ne sera éclairé qu'après que notre chair aura été purifiée.
Ecoute donc nos prières, prête une oreille propice à nos supplications, Ô Vierge Que nous
louons à tant de titres et Que nous vénérons avec bonheur, Toi Qui es restée Vierge en
devenant Notre Mère. Prie le Seigneur qu'Il nous donne la constance et qu'Il nous accorde la
patience mais aussi qu'Il affermisse la concorde parmi nous et qu'Il augmente en nous le
support fraternel afin que lorsque arrivera l'heure fatale du chagrin et de la misère, de la
calamité et de la tristesse, Tu daignes nous présenter à Ton Fils Unique, Lequel est Un Seul
Dieu en Qui nous confessons l'Unité de substance et la Trinité de Personnes Qui étant avec
Toi, au-dessus de tout et dans nous tous, est trop peu recherché et trop peu connu; Qui ne veut
pas la mort du pécheur mais Qui veut qu'Il Se convertisse en abandonnant la voie de l'iniquité.
Prie afin que nous devenions une lumière parfaite afin que nous Te louions dans la Gloire de
Ton Fils à Qui appartient Honneur et Puissance. Par tous les siècles des siècles. Amen.
ou
L'ANNONCIATION DE LA BONNE NOUVELLE A LA MERE DE DIEU.
Aujourd'hui l'Archange Gabriel est envoyé pour proclamer l'Annonciation à la Toute Pure et
Vierge Marie. Arrivant à Nazareth, il méditait plein d'étonnement au sujet du Miracle :
comment Celui Que rien ne peut contenir, le Très Haut, naîtrait d'une Vierge? Lui Qui a les
Cieux pour trône et la terre pour marche-pied, entre dans le sein d'une femme. Lui vers Qui
les Séraphins aux six ailes n'osent lever les yeux, veut d'un seul mot prendre chair d'Elle! Le
Verbe de Dieu Lui-même est présent. C'est pourquoi je suis ici et je dis à la Toute Pure :
Réjouis-Toi, Ô Toute Bénie, le Seigneur est avec Toi! Réjouis-Toi, Vierge Immaculée,
réjouis-Toi, Epouse Inépousée. Réjouis-Toi, Mère des vivants parce que bénit est le fruit de
Ton Sein. (Vêpres de l'Annonciation, de Saint Jean Damascène)
Nous qui gisons sur le lit de la paralysie et à cause de nos péchés, ne parvenons pas à nous en
relever pour aller vers Notre Père, nous avons besoin du secourable Verbe du Maître. Nous
avons besoin de la Puissante Parole du Christ : Je te le dis, lève-toi! Pour nous relever du lit
de malade de notre égoïsme. Pour aller aujourd'hui vers Notre Mère, nous avons besoin du
Médecin de nos âmes pour recevoir le courage pour nous relever. Parce qu'aujourd'hui, nous
voulons nous abriter sous le Voile de Celle Qui a dit "oui qu'il en soit ainsi" à la question de
Dieu : Homme où es-tu? La Toute Pure a répondu librement et sans hésitation : Voici la
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Servante du Seigneur!
Aujourd'hui, survient quelque chose de nouveau dans le monde! Et ce n'est pas une
"mauvaise" nouvelle que l'on nous apprend aujourd'hui; ce n'est pas une nouvelle d'une guerre
ou d'une révolte. C'est une nouvelle d'un genre nouveau. Du jamais entendu! Dieu veut Se
faire homme et vient supplier auprès d'une femme, Lui demandant s'Il peut faire en Elle Sa
Demeure. Et la Jeune Vierge accepte de prendre en Elle Son Créateur!
Ô surprise qui dépasse tous les Miracles! Aujourd'hui le Fils de Dieu devient aussi Fils
d'Homme! Aujourd'hui, Celui Qu'aucun espace ne pourrait contenir, Se retrouve porté par des
entrailles humaines. Aujourd'hui, l'Esprit de Dieu descend et couvre de Son Ombre la Vierge
Qui se nomme Marie afin que grandisse en Son Sein Celui Qui sera appelé Saint : le Fils du
Dieu Très Haut.
Ce qui arrive aujourd'hui est si neuf et jamais entendu que Gabriel, envoyé pour faire cette
annoncer, en reste lui-même ébahi. Le guide des Anges, un des Archanges, un des chefs des
Armées Célestes, reste époustouflé par la nouvelle qu'il doit apporter. Comment pourrait-Il,
Celui Que Gabriel n'ose pas même regarder, S'abaisser à ce point qu'Il veuille être limité au
sein étroit d'une femme? Comment le Tout Puissant pourrait-Il Se faire dépendant de mains
d'une mère humaine?
Etonné et même époustouflé, il s'adresse à la Fille Elue : Réjouis-Toi, Toute Bénie! Le
Seigneur est avec Toi!
Parce que cette parole est si mystérieusement neuve, l'Eglise n'a jamais cessé de répéter les
mots de l'Archange : Réjouis-Toi, Mère de Dieu. Saint Romanos le Mélode que la Mère de
Dieu gratifia du talent des poètes, a exprimé Son Amour, Sa Joie et Son Etonnement dans la
célèbre "Acathiste" que nous chantons depuis lors :
Le chef des Anges a été envoyé du Ciel à la Mère de Dieu pour Lui crier : Réjouis-Toi. Alors
il contempla comment Toi, Seigneur, Tu pris corps du Sien et plein d'étonnement il Lui cria
de sa voix incorporelle :
Réjouis-Toi, par qui la joie rayonne à nouveau,
Réjouis-Toi, par qui surgit la fin à la malédiction,
Réjouis-Toi, réparation du péché d'Adam,
Réjouis-Toi qui sèches les larmes d'Eve.
En Vérité oui, réjouis-Toi car par Toi la désolation est terminée. Nous, les hommes, ne
devrons plus pleurer et soupirer pour la perte du Paradis car par Ton Fruit nous pouvons à
nouveau y rentrer. Et y récolter la joie de la Vraie Vigne dont est pressé pour nous le Vin de la
Réjouissance, par la souffrance que le Maître a endurée pour nous.
En Vérité oui, réjouis-Toi, réjouis-Toi parce que par Toi notre sol n'est plus maudit et le voile
qui assombrit la Création est levé et que nous pouvons ainsi entendre à nouveau les Bontés du
Seigneur proclamées par les Cieux et le firmament proclame à nouveau l'oeuvre de Ses
Mains. Nous ne devons plus peiner en vain, la sueur au front et nous pouvons même nous
réjouir d'années où nous avons vu des catastrophes.
En Vérité oui, réjouis-Toi, réjouis-Toi parce que par Toi est venu le commencement de la
14
réparation du péché d'Adam. Tu ne T'es pas cachée comme autrefois Adam dans le Paradis
mais Tu T'es entièrement ouverte à Dieu. Ta Douce et Ferme Réponse résonna à l'Appel du
Seigneur : Voici la Servante du Seigneur. En-dessous des épines de nos péchés, Elle poussa
comme un lys qui rafraîchit l'univers de son délicat parfum.
Par son "oui qu'il en soit ainsi," Elle est devenue la Source de la Vie, par Laquelle est arrosé le
désert de l'impuissance. A présent, le long hiver est terminé; maintenant, ç'en est fini du froid
de la solitude. Maintenant, l'homme ressort de ses cavernes de pierre pour se promener dans le
Paradis avec Dieu dans la brise du soir. Oui, en Vérité, réjouis-Toi parce que Tu as séché les
douloureuses larmes d'Eve, notre première mère parce que Tu as mis au monde l'Enfant sans
douleur, Toi Vierge sans péché. Il est la Bannière des peuples, Il est le Donateur de Vie, Celui
Qui apaise le chagrin d'Eve au sujet de Caïn. Il est le Vrai Témoin, le Martyr de Dieu qui
donne la Réponse Lumineuse de Dieu au sang d'Abel qui crie du sol. Oui, en Vérité, réjouis-
Toi parce que par Toi, Sa Main gauche soutien notre tête et Sa Main droite nous enlace, Dieu
est avec nous, la peur ne remplacera plus notre angoisse, nous ne nous craindrons plus nousmêmes
parce qu'un Enfant nous est né, le Fils de Dieu Lui-même désormais incarné nous est
donné et la domination est sur Ses Epaules.
Cet appel ne sonne pas seulement pour la Mère de Dieu pour qu'Elle Seule se réjouisse mais
aussi pour nous. Déposez toute affliction, déposez tout souci parce qu'aujourd'hui, le Salut
entre dans le monde. Aujourd'hui Dieu Se fait homme, aujourd'hui le Sur-Essentiel descend
jusqu'à nous, pauvres paralytiques. Et parce que nous ne parvenons pas à nous relever de
nous-mêmes, le Seigneur vient à nous. Il vient même dans l'humble état d'un esclave pour que
nous, esclaves, nous puissions à nouveau être appelés à la liberté des Enfants de Dieu. Il vient
pour nous adresser la Douce Parole : Lèves-toi, tes péchés sont pardonnés.
Cette joie a commencé aujourd'hui et c'est pourquoi nous sommes toujours reconnaissants
envers l'Instrument de cette Miséricorde pour le Véhicule de l'Esprit-Saint, la Mère de Dieu et
Toujours Vierge Marie. Et nous nous réfugions sous Son Voile et La supplions pour que, par
Son Intercession, Elle prie Son Fils pour notre guérison à tous. Allons vers Elle en toute
confiance parce qu'Elle est la Vraie Mère. Elle est en effet la Mère du Dieu-Homme Jésus-
Christ. Elle est la Mère du Nouvel Adam en Qui l'ancien Adam est entièrement renouvelé. Et
parce qu'Elle aime le Dieu-Homme, Elle aime le tout genre humain; Elle se soucie de tous.
Allons nous réfugier sous Son Voile. Déposez-y toute tristesse, déposez vos afflictions aux
pieds de la Mère de Dieu. Elle déchirera votre habit de deuil, Elle changera votre tristesse en
joie et Elle vous revêtira du vêtement pour la fête de la joie parce que Son Coeur est le jardin
clos du Paradis dans lequel les bourgeons de la joie fleurissent; Elle est la fontaine scellée
d'où s'écoulent les eaux de la vie qui apaise la soif de nos âmes et nous donne soif de la Vérité
parce qu'Elle a porté pour nous le Seigneur qui a dit : "Celui qui a soif qu'il vienne à Moi et
qu'il boive. Celui qui croit en Moi, de son sein couleront des fleuves d'eau vive."
Adapté de "Het Woord des Heren houdt eeuwig stand" (La Parole de Dieu ne passera pas),
Archimandrite Thomas, Tabor, Brugge, 1987, isbn 90-6597-293-5 (aussi en vente au
Monastère de la Mère de Dieu Consolatrice des affligés, à Perwijze, Belgique)
ou
ANNONCIATION A LA SAINTE MERE DE DIEU ET CONCEPTION DE NOTRE SEIGNEUR JESUSCHRIST
15
Nous verrons demain en la Synaxe du Saint Archange Gabriel dans quelles circonstances,
d'après le Saint Evangéliste Luc, s'est accompli le Mystère de l'Incarnation, à la suite du
message de l'Archange et du Consentement de Marie. Les Saints Pères n'ont pas manqué de
relever tout ce qu'il y avait eu d'extraordinaire dans le Message Divin : l'ambassade venant du
Très Haut, le messager choisi parmi les hautes hiérarchies des Anges, une Jeune Fille de
Galilée, de race royale il est vrai mais réduite à la condition d'une Vierge pauvre, inconnue,
cachée aux yeux du monde. Aussi cette Jeune Fille s'étonne-t-Elle de la visite qu'Elle reçoit,
des louanges qu'Elle entend, des communications qui Lui sont faites; Elle ne doute point des
promesses énoncées comme avait fait Zacharie mais il est des points qui lui paraissent
incompatibles; Elle a pris la résolution de demeurer toujours Vierge; Elle veut savoir si les
promesses avantageuses de l'Ange ne nuiront point à cette résolution. Elle est déterminée à
demeurer l'Epouse de Dieu selon l'Esprit, plutôt que de devenir Sa Mère selon la chair.
L'Ange La rassure; il convient que c'est un Miracle mais rien n'est impossible à Dieu.
L'incomparable dignité qui va résulter du consentement de Marie, ne la fera pas sortir de ses
dispositions humbles et dociles. Sans doute, croit-Elle qu'Elle va devenir Mère de Dieu et
qu'Elle va demeurer Vierge dans la conception et dans la naissance de Son Fils : cela ne
l'empêche pas de rester dans sa condition de Servante de Dieu : "Voici la Servante du
Seigneur. Qu'il Me soit fait selon ta parole." Telle est la formule de Son Consentement et de
Son Assujettissement à la Volonté de Dieu. Quand Elle exprima Son Obéissance, le Fils de
Dieu, le Verbe Eternel, S'incarna dans Son Sein de Vierge. Dieu communiqua à Marie la
fécondité sans faire tort à Sa Virginité. La Foi seule de Marie et l'Opération du Saint Esprit
furent la Conception du Fils de Dieu fait homme. L'ouvrage se fit par l'union immédiate et
substantielle de la Divinité Incréée avec la nature humaine créée.
Les conséquence du Mystère de l'Incarnation sont nombreuses :
1° l'Enfant ainsi conçu est véritablement le Fils de Dieu, le Verbe Eternel, la Seconde
Hypostase de la Sainte Trinité;
2° l'Enfant ainsi conçu est Notre Vrai Dieu, un seul Dieu avec le Père et le Saint-Esprit, Fils
Unique de Dieu, Consubstantiel au Père et au Saint-Esprit;
3° l'Enfant ainsi conçu a deux natures parfaites : la Nature Divine et la nature humaine mais
sans péché, réunies en Son Unique Personne;
4° en Jésus-Christ, tout ce qui appartient à Sa Personne est unique et tout ce qui appartient à
Sa Nature Divino-humaine est double : en Lui deux entendements, deux volontés, deux
opérations; comme le dit Saint Maxime le Confesseur, Il réalise Divinement ce qui est humain
et humainement ce qui est Divin;
5° la Toute Pure et Sainte Vierge Marie est véritablement Mère de Dieu, de Dieu le Verbe
incarné; aussi Marie a-t-elle pu dire dans Son Cantique du Magnificat : "Le Tout Puissant a
fait de moi de grandes choses," ce que nous commémorons aussi en cette Fête.
L'Annonciation est donc une Fête Liturgique qui revêt un double caractère : elle est à la fois
une fête en l'honneur de Marie, d'où le titre qui lui est communément donné : Annonciation de
la Toute Pure et Sainte Vierge Marie Mère de Dieu puis une Fête de Notre Seigneur en ce
qu'elle commémore le jour de Sa Conception.
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Il y a eut des variantes pour la fixation du jour. Une ancienne tradition reçue au temps de
Saint Augustin d'Hippone (De Trinitate, L. 4. c. 5) indiquait que Jésus-Christ avait été conçu
le 25 mars. Il ne faut pas y voir d'argument pour établir la date de cette Fête.* Lorsque après
le cinquième siècle il fut question de fixer la date de cette fête, tant en Orient qu'en en
Occident, il faut se rappeler que la plupart des Pères de l'Eglise antérieurs au cinquième siècle
ne distinguaient pas dans leurs sermons ou homélies, l'Incarnation du Verbe ou Conception de
Jésus-Christ, de Sa Nativité : ainsi c'est plutôt l'Incarnation que la Nativité qu'ils exposent
dans leurs discours sur la Nativité et sur la Théophanie.
Mais la piété des peuples vit dans la Conception de Jésus-Christ, le principe même de la Fête
de sa naissance. Sans décret de Conciles, il se forma un culte religieux pour le jour de la
Conception de Jésus-Christ qui fut universellement observé vers la fin du cinquième siècle
dans l'Église orthodoxe tant en Orient qu'en Occident.
En Orient, la mention la plus ancienne d'une telle fête est de 692 au Concile "in Trullo" à
Constantinople. Il n'y était pas question de l'Annonciation mais une Fête en son honneur
pourrait bien être imbriquée dans celle qui se célébrait à Bethléem dans la grotte même de la
Nativité. On ne peut tirer de là que des conjectures.
En Occident, la plus ancienne mention de la Fête de l'Annonciation à Rome remonte
seulement au Pape Sergius Ier (+ 701). Quoique ce fût proprement la Fête de la Conception de
Jésus-Christ, on s'accoutuma à la regarder comme particulièrement consacrée à la Mère de
Dieu. A cette époque, la Fête de la Nativité était définitivement fixée au 25 décembre : la
croyance selon laquelle Jésus-Christ avait été conçu et qu'Il souffrit Sa Passion dans une
même saison indique qu'on était amené à placer l'Annonciation au printemps.
A dire vrai, l'Église n'a pas fait difficulté de transférer la fête de l'Annonciation à d'autres
temps, à cause des occurrences. De fait, il n'était pas aisé d'accorder la joie de cette Fête avec
la douce nostalgie du Royaume Céleste née dans les privations et l'Ascèse du Grand Carême.
D'autre part on ne pouvait guère commémorer l'Incarnation de Notre Seigneur avec Sa
Résurrection. Ces inconvénients portèrent certains Evêques, surtout en Espagne, à transférer
la Fête de l'Annonciation au mois de décembre pendant les huit jours qui précèdent la
Nativité. C'est ainsi qu'au Dixième Concile de Tolède en 656 on fixa au 18 décembre la fête
que l'on qualifia simplement "Fête de la Vierge" ou de la "Glorieuse Mère" parce que c'était
alors en cette région l'unique Fête en l'honneur de la Mère de Dieu.
C'est vers la fin du dixième siècle que la France suivit partiellement cette pratique. Cependant,
on s'en tint à la tradition locale et la date du 25 mars fut généralement conservée. Quelques
calendriers du temps de Louis le Débonnaire désignèrent la fête du 23 mars sous le double
titre : "Conception de Jésus-Christ et Passion du Seigneur." Les martyrologes du temps de
Charles le Chauve comme ceux de Wandelbert, Adon, Usuard eurent au 25 mars le titre :
Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie et ainsi le martyrologe romain.
* Bibl. - Voir Dom Cabrol, Dictionn. d'archéol. chrét. et de liturgie, t. 1, col. 2241 avec les références
bibliographiques.
ou
http://fr.orthodoxwiki.org/Annonciation
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SAINT EVEQUE CESSATEUR (OU CEZADRE) DE LIMOGES (+732)
Au temps de Charles-Martel lorsque d'innombrables Maures, Sarrasins et autres barbares
infidèles débouchant de l'Espagne envahissaient la France, inondaient l'Aquitaine et portaient
partout le fer et la flamme, les églises avaient besoin de pasteurs doués non seulement d'une
grands piété mais aussi d'une singulière fermeté et d'un courage invincible.
Notre Seigneur destina à l'Eglise de Limoges Saint Cessateur, homme intrépide et généreux
pour la délivrer de ses périls imminents. Lorsqu'il eut visité son diocèse et qu'avec sa
sollicitude épiscopale, il pourvut à ce que les Prêtres et les autres pasteurs immédiats
veillassent avec un soin tout particulier à la garde de leur troupeau respectif en ces
malheureuses circonstances, lui-même pour mieux écarter les loups qui menaçaient toutes ses
brebis, leva des soldats, marcha au-devant de l'ennemi et exposa vaillamment sa vie aux
dangers pour la conservation de la Foi et pour le Salut, tant des âmes que des corps de ses
chers diocésains. Il joignit ses troupes à l'invincible armée des Francs et dans la mémorable
bataille de Poitiers, contribua beaucoup à la déroute des barbares.
SAINT MARTYR QUIRIN A ROME (+269)
Sous l'empereur Claude, il fut tué avec le glaive et jeté dans le Tibre après la perte de tous ses
biens, les horreurs du cachot et les déchirements du fouet. Les Chrétiens trouvèrent son corps
dans l'Île Saint-Barthelemy et l'ensevelirent dans le cimetière de Pontius.
26 septembre – 5 novembre - 25 mars
SAINT PATRIARCHE TIKHON DE MOSCOU ET ILLUMINATEUR DE L'AMERIQUE
DU NORD, MOSCOU (+1925)
Vasily Ivanovich Belavin, le futur Saint Tikhon, est né le 19 janvier 1865 dans la famille de
Ioann Belavin, Prêtre du district rural de Toropetz dans l'éparchie de Pskov. Son enfance et
adolescence se sont déroulées au village au contact direct des paysans et de leur travail. Dès
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ses premières années, il afficha une disposition religieuse particulière, un amour pour l'Eglise
de même qu'une douceur et une humilité rares. Quand Vasily était encore jeune garçon, son
père a eut une révélation au sujet de chacun de ses enfants. Une nuit alors que lui et ses trois
fils dormaient dans le grenier à foin, il se réveilla brusquement et les réveilla. Il avait vu dans
un rêve sa mère défunte qui lui prédisait sa mort imminente et le sort de ses trois fils. Le
premier serait malheureux sa vie entière, le second mourrait jeune pendant que le troisième,
Vasily, deviendrait un grand homme. La prophétie de la défunte s'est révélée entièrement
précise à l'égard des trois frères.
De 1878 à 1883, Vasily fit ses études au Séminaire Théologique de Pskov. Le modeste
séminariste était tendre et affectueux par nature. Il était blond et de grande stature. Ses
collègues étudiants l'ont aimé et respecté pour sa piété, ses brillants progrès dans les études et
l'empressement constant pour aider ses camarades qui se tournaient souvent vers lui pour des
explications de leçons, surtout pour aider au dessin et à la correction des nombreuses
compositions. Vasily était appelé "l'Evêque" et le "Patriarche" par ses camarades.
En 1888, à l'âge de vingt-trois ans, Vasily Belavin obtint son diplôme de l'Académie de
Théologie de Saint-Pétersbourg comme laïc et retourna au Séminaire de Pskov comme
professeur de Morale et de Théologie Dogmatique. Le séminaire entier et la ville de Pskov
l'ont vite fort apprécié. Il menait une vie austère et chaste et en 1891 quand il eut vingt-six
ans, il prononça ses voeux monastiques.
Presque toute la ville s'était rassemblée pour la cérémonie. Il se lança avec entrain dans cette
nouvelle vie, désirant se consciemment se consacrer entièrement au Service de l'Eglise. Le
doux et humble jeune homme reçut le nom de Tikhon en l'honneur de Saint Tikhon de
Zadonsk. Transféré du Séminaire de Pskov au Séminaire Théologique de Kholm en 1892, il
fut élevé à la dignité d'Archimandrite. L'Archimandrite Tikhon fut consacré Evêque de Lublin
le 19 octobre 1897 et il retourna à Kholm pour une année comme vicaire-Evêque de l'éparchie
de Kholm. C'est avec zèle que l'Evêque Tikhon consacra toute son énergie à l'établissement
du nouveau vicariat. Sa vie morale attrayante lui gagna l'affection générale, non seulement de
la population russe mais aussi des Lituaniens et des Polonais. Le 14 septembre 1898, il est
nommé Evêque des Aléoutiennes et d'Alaska. Comme Prélat de l'Eglise orthodoxe en
Amérique, l'Evêque Tikhon était un ouvrier zélé dans le Vignoble du Seigneur. Il fit beaucoup
pour promouvoir la diffusion de l'Orthodoxie et améliorer son vaste diocèse. Il réorganisa la
structure diocésaine et changea son nom en 1900 de "Diocèse des Aléoutiennes et d'Alaska"
en "Diocèse des Aléoutiennes et d'Amérique du Nord." Tant le clergé que les laïques aimèrent
leur Archipasteur et le tinrent dans une telle estime que les Américains ont fait de
l'Archevêque Tikhon un citoyen honoraire des Etats-Unis d'Amérique.
Le 22 mai 1901, il bénit la pierre de fondation de la Cathédrale Saint-Nicolas à New York et
participa à l'édification d'autres églises. Le 9 novembre 1902, il consacra l'église de Saint-
Nicolas à Brooklyn pour les immigrants orthodoxes syriens. Deux semaines plus tard, il
consacra la cathédrale de Saint-Nicolas à New-York.
En 1905, la Mission Américaine fut élevée en archidiocèse et Saint Tikhon au rang
d'Archevêque. Il avait deux Evêques vicaires : l'Evêque Innocent (Pustynsky) en Alaska et
Saint Raphaël (Hawaweeny) dans Brooklyn pour l'aider à administrer son vaste diocèse et
ethniquement très diversifié. En juin 1905, Saint Tikhon accorda sa bénédiction pour
l'établissement du Monastère Saint-Tikhon.
En 1907, il retourne en Russie et est nommé à Yaroslavl où il gagne rapidement l'affection de
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ses ouailles qui le chérirent comme un Archipasteur amical, communicatif et sage. Il parlait à
ses subordonnés avec simplicité, ne recourant jamais à un ton péremptoire ou dominateur.
Quand il avait à réprimander quelqu'un, il le faisait avec une telle délicatesse, parfois sur le
ton de la plaisanterie que cela encourageait la personne à corriger ses défauts. Quand Saint
Tikhon fut transféré en Lituanie le 22 décembre 1913, les gens de Yaroslavl l'élirent citoyen
honoraire de leur ville. Après son transfert à Vilnius, il fit énormément pour soutenir
matériellement diverses institutions charitables. Là-bas aussi son âme généreuse et son Amour
pour son prochain se manifestèrent de façon éloquente. La Première Guerre Mondiale éclata
quand Vladyka était à Vilnius. Il ne ménagea pas ses efforts pour aider les pauvres habitants
de la région de Vilnius laissés sans toit ou sans moyens de subsistance à la suite de la guerre
avec les Allemands et qui affluèrent en masse vers leur Archipasteur.
Après la révolution de février et la formation d'un nouveau Synode, Saint Tikhon en devint
membre. Le 21 juin 1917, l'assemblée diocésaine du clergé et des laïcs de Moscou le désigna
comme Evêque. Archipasteur zélé et instruit, il était renommé au-delà même des frontières de
Russie.
Le 15 août 1917, un Concile local tenu à Moscou l'élève à la dignité de Métropolite et l'élit
président du Concile. Le Concile avait pour dessein de restaurer la vie de l'Eglise orthodoxe
russe en lui faisant recouvrer sa stricte légitimité canonique mise à mal par et depuis Pierre le
Grand : sa préoccupation fondamentale était la restauration du Patriarcat de Moscou
administrativement indépendant du pouvoir. Tous les membres du Concile avaient à choisir
trois candidats et c'est par tirage au sort que se révélerait le Choix de Dieu. Ces candidats
furent l'Archevêque Antoine de Kharkov (Khrapovitsky, le plus sage et futur premier Primat
de l'Eglise Orthodoxe Russe Hors-Frontières), l'Archevêque Arsène de Novgorod le plus strict
et le Métropolite Tikhon de Moscou le plus doux des Hiérarques russes. Le 5 novembre après
la Divine Liturgie et un Moleben célébrés dans la cathédrale du Christ Saint-Sauveur, un
Moine retira un des trois bulletins de vote qu'il tint devant l'Icône de la Mère de Dieu de
Vladimir. Le Métropolite Vladimir de Kiev proclama le Métropolite Tikhon Patriarche du
Patriarcat de Moscou nouvellement restauré.
Saint Tikhon ne modifia en rien son comportement après son élection. En acceptant la volonté
du Concile, le Patriarche Tikhon se référa au rouleau que le Prophète Ezéchiel avait dû
manger et sur lequel était écrit : "Lamentations, deuil et malheur." Il annonça que son
ministère serait rempli d'affliction et de déchirures mais qu'à travers toutes ses souffrances, il
resterait une personne toujours aussi accessible, modeste et aimable.
Quiconque rencontrait Saint Tikhon était étonné par sa disponibilité, sa simplicité et sa
modestie. Sa douceur ne l'empêchait pas de faire la démonstration de sa fermeté dans les
questions d'Eglise, particulièrement quand il devait défendre le rôle et les positions de l'Eglise
contre ses ennemis. Il porta une Croix très lourde : il devait administrer et diriger l'Eglise
parmi la désorganisation des paroisses et des éparchies sans l'aide d'auxiliaires administratifs
et dans des conditions internes de schismes et de bouleversements fomentés par les membres
rénovateurs et autocéphalistes de la dite "Eglise Vivante."
La situation était compliquée par le coup d'état bolchevik, par l'accession au pouvoir d'un
régime impie, athée et qui affichait diaboliquement son combat anti-Dieu, par la faim et la
guerre civile. C'était un temps où la propriété de l'Eglise était confisquée et clergé traîné en
"justice" et subissait d'abominables persécutions. L'Eglise du Christ, à travers Ses Membres et
Son Clergé, souffrait la pire persécution connue depuis l'Incarnation de Notre Seigneur Dieu
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et Sauveur Jésus-Christ : il y eut en Russie plus de Martyrs que durant tous les siècles
précédents réunis!
Les terribles nouvelles de la persécution généralisée parvinrent de toute la Russie au
Patriarche Tikhon. Sa renommée exceptionnelle lui permit de réunir son troupeau dispersé et
affaibli. En ces temps de malheur et d'afflictions pour l'Eglise, son nom devint une balise
lumineuse sans déclin indiquant la Voie de la Vérité, l'Orthodoxie, la Vérité de Dieu : Son
Amour incorruptible selon Ses Commandements imprescriptibles. Dans ses épîtres et
adresses, il appelait le peuple à accomplir les Commandements du Christ et à atteindre la
renaissance spirituelle par le repentir. Sa vie irréprochable comme sa confession de la Foi était
un exemple pour tous.
Afin d'épargner la vie de milliers de fidèles et d'ecclésiastiques et pour préserver ce qui
pouvait l'être encore de la situation générale de l'Eglise, le Patriarche prit des mesures visant à
empêcher le clergé de faire des déclarations dont les bolcheviks auraient pu tirer prétexte et
avantage pour intensifier les persécutions : le 25 septembre 1919 quand la guerre civile était à
son paroxysme, il s'adressa au clergé pour l'exhorter à ne pas se mêler de l'impitoyable lutte
politique.
L'été 1921 amena une famine sévère dans la région de la Volga et en août, le Patriarche
Tikhon adressa un message au peuple russe et au monde entier, les appelant à aider les
victimes de cette famine. Il donna sa bénédiction pour les donations volontaires de biens
d'église qui n'étaient pas directement utilisés dans les services liturgiques. Mais le 23 février
1922, le "Comité Central Exécutif de Toute la Russie" publia un décret autorisant la
confiscation de tous les objets de valeur. Selon le Canon Apostolique 73, de telles actions sont
considérées comme sacrilèges et le Patriarche ne put que réprouver une telle confiscation
aussi illégale qu'immorale, d'autant que beaucoup doutaient déjà à cette époque que les objets
de valeur ainsi subtilisés soient utilisés pour éradiquer la famine. Cette confiscation de force,
ce vol caractérisé fit jaillir partout dans la population une grande indignation. Plus de deux
mille simulacres de procès furent montés en Russie et plus de dix mille croyants abattus. Le
message du Patriarche fut considéré par les anti-Dieu acharnés comme un sabotage pour
lequel il fut emprisonné d'avril 1922 à juin 1923.
Sa Sainteté le Patriarche Tikhon se dévoua particulièrement pour
que l'Eglise orthodoxe en Russie puisse continuer à être ce qu'elle
ne doit jamais cesser d'être : le libre accès à la planche de Salut
pour ceux qui décident librement d'être dans le Christ, notamment
face à la fabrication bolchevik que fut le montage infiltré en son
sein des dits "rénovateurs" et du schisme qu'ils représentèrent. Il
demeura un Juste Confesseur serviteur et gardien fidèle des
préceptes de la Vraie Eglise, l'Eglise orthodoxe. Il incarnait
l'Orthodoxie, ce qui était involontairement reconnu même par les
ennemis de l'Eglise qui appelaient ses membres les "Tikhonites,"
autrement dits (et dans l'esprit des bourreaux bolcheviks) pas "les
nôtres," "pas l'Eglise vivante," "pas nos partisans," "pas notre
créature de toute pièce."
Quand des prêtres et hiérarques "rénovateurs" se repentirent pour revenir dans l'Eglise, ils
furent reçus avec douceur et Amour par Saint Tikhon qui n'avait aucunement dévié de sa ligne
de conduite archipastorale strictement orthodoxe : "Je vous demande de me croire que je ne
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ferai pas de concessions ou d'accord qui pourrait mener à la perte de la pureté et de la force de
l'Orthodoxie," disait-il en 1924.
En bon pasteur qui se consacrait entièrement à l'Eglise, il fit appel au clergé pour faire de
même : "Consacrez toute votre énergie à prêcher la Parole de Dieu et la Vérité du Christ,
surtout aujourd'hui quand l'incrédulité et l'athéisme attaquent audacieusement l'Eglise du
Christ. Puisse le Dieu de Paix et d'Amour être avec vous tous!"
Les bouleversements au sein comme hors de l'Eglise, le schisme des "rénovateurs," son
inquiétude pour la vie de l'Eglise, les nuits sans sommeil et les pensées pénibles, les
abominables et innombrables persécutions, sa réclusion de plus d'une année, la malveillance
et méchanceté de ses ennemis et les critiques impitoyables parfois même d'Orthodoxes se sont
combinées pour miner sa vigueur et sa santé. Tout ceci fut extrêmement pénible pour le coeur
sensible et aimant du Patriarche.
En 1924, le Patriarche Tikhon commença à sentir sa santé décliner. Admis dans un hôpital, il
en partait néanmoins le dimanche et les jours de Fête célébrer la Divine Liturgie. Le
Dimanche 5 avril 1925, il célébra sa dernière Liturgie et il s'endormit deux mois plus tard. Le
25 mars / 7 avril 1925 le Patriarche reçut le Métropolite Pierre et tint avec lui une longue
conversation. Le soir, le Patriarche se reposa un peu puis se réveilla; il demanda quelle heure
était-il et lorsqu'on lui dit qu'il était 11h45 de l'après-midi, il fit le Signe de Croix deux fois et
dit : "Gloire à Toi, Ô Seigneur, Gloire à Toi." Il n'eut pas le temps de se signer une troisième
fois.
Près d'un million de personnes vinrent lui faire leurs adieux. La grande cathédrale du
Monastère de Donskoy à Moscou ne pouvait pas contenir la foule qui débordait de la
propriété du monastère dans le quartier et les rues adjacentes. Saint Tikhon, le onzième
Patriarche de Moscou a été le Primat de l'Eglise orthodoxe russe sept ans et demi.
Pendant presque soixante-dix ans, on crut perdues les Précieuses Reliques de Saint Tikhon
mais en février 1992, on fit leur Invention dans un endroit dissimulé du Monastère de
Donskoy.
Il est impossible d'imaginer l'Eglise orthodoxe russe des ces funestes années sans le Patriarche
Tikhon. Il fit tant pour l'Eglise et pour fortifier le clergé et les fidèles dans la Foi durant ces
terribles épreuves.
ou
Ce Bienheureux Confesseur de la Foi à Qui Dieu confia la tâche du gouvernement de l'Eglise
russe au moment de sa plus grande épreuve, naquit en 1865 dans une petite ville de la
province de Pskov. A l'issue de ses études théologiques, il devint Moine et Prêtre et fut
nommé Recteur du Séminaire de Kholm, en Pologne russe. Son caractère affable, son
humilité et sa grande piété le faisaient aimer de tous, y compris des hétérodoxes dont il amena
un certain nombre dans le Sein de l'Eglise.
Consacré Evêque à l'âge de trente-deux ans, il fut envoyé en Amérique du Nord où il déploya
une vaste activité missionnaire, fondant plus de cinquante-cinq paroisses, un Monastère et un
Séminaire et faisant construire la Cathédrale Saint-Nicolas de New-York. En 1907, il fut
rappelé en Russie et devint Evêque de Yaroslav où il se fit aimer du peuple à cause de sa
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tendresse paternelle. Lorsque fut déclarée la Première Guerre Mondiale, il participa
activement au secours des victimes et à l'assistance spirituelle des combattants. En 1917
quand éclata la révolution, le peuple de Moscou décida d'élire lui-même son Métropolite et
contre toute attente, ce fut Vladyka Tikhon qui fut élu. Alors qu'en ce temps de tourmente et
de massacres, on mettait à bas l'édifice séculaire des institutions et des traditions du peuple
russe, la Providence permit que l'Eglise russe se rassembla en un grand Concile qui décida la
restauration du Patriarcat aboli depuis deux siècles par les mesures autoritaires de Pierre le
Grand. Trois candidats ayant été désignés, on procéda au tirage au sort devant la célèbre Icône
de la Mère de Dieu de Vladimir et c'est le Métropolite Tikhon qui fut élu premier Patriarche
de l'Eglise russe depuis le dix-huitième siècle.
Plein de douceur et de tact, le Pieux et Humble Hiérarque savait toutefois préserver avec
énergie les principes évangéliques en ces temps apocalyptiques. Au milieu des horreurs de la
guerre et des persécutions qui commençaient à se déchaîner méthodiquement contre l'Eglise,
il exhortait le peuple à la pénitence et attribuait ces calamités aux péchés des Chrétiens : "Le
péché a corrompu notre pierre, a paralysé la force spirituelle et corporelle des Russes... Le
péché a obscurci l'esprit de notre peuple et voici qu'il nous fait errer dans des Déserts sans
chemins... Le péché a allumé partout la flamme des passions, la haine et la méchanceté et le
frère s'est dressé contre son frère; les prisons se sont remplies de détenus, la terre est abreuvée
du sang innocent répandu par la main du frère... De cette source empoisonnée du péché a jailli
la grande tentation des biens terrestres et matériels par lesquels notre peuple a été égaré
oubliant 'La seule chose utile' Nous n'avons pas repoussé cette tentation comme l'a fait le
Christ au Désert. Nous voulions bâtir le paradis sur la terre mais sans Dieu et Ses Saints
Commandements. On ne se moque pas de Dieu. Et voici que nous sommes affamés, assoiffés
et réduits à la misère sur une terre qui est bénie par les dons abondants de la nature... Le péché
grave, sans pénitence, a fait remonter satan de l'abîme et il provoque maintenant le blasphème
contre le Seigneur et une persécution contre l'Eglise."
En janvier 1918, devant les massacres de milliers de victimes innocentes et les profanations
sans nombre de tout ce qu'il y avait de plus sacré, le Patriarche prononça l'excommunication
des révolutionnaires mais il continuait néanmoins d'exhorter le peuple chrétien à ne pas se
venger des persécuteurs et à suivre l'exemple des premiers Martyrs. En juillet 1919, il disait :
"Le Seigneur n'arrête pas de manifester Sa Miséricorde à l'Eglise orthodoxe russe. Il lui a
donné d'être éprouvée et de vérifier son dévouement au Christ et à Ses Commandements, non
seulement aux jours de prospérité mais aussi en ces jours de persécution. De jour en jour, sa
couronne est plus brillante. Elle acquiert de nouveaux Martyrs et trouve consolation dans la
bénédiction de l'Epoux Céleste. Peu importe qu'apparaisse "inopportune" et "violente" à
l'opinion sécularisée, la joie qui trouve sa source dans les souffrances endurées pour le Christ
mais nous vous en prions, nous prions tous nos enfants orthodoxes de ne pas se départir de
cette unique attitude salvatrice du Christ, de ne pas sortir du chemin de Croix qui nous est
envoyé par Dieu. Suivez le Christ! Ne Le trahissez pas! Ne tombez pas dans la tentation. Ne
perdez pas votre âme dans le sang de la vengeance. "Ne vous laissez pas vaincre par le mal
mais soyez vainqueurs du mal par le bien (Rom. 12:2 1)."
Après l'exécution de la Sainte Famille Impériale, il prononça une solennelle protestation au
nom de la conscience chrétienne mais il restait toujours strictement sur le plan de la Foi, sans
s'ingérer dans les affaires politiques. S'adressant aux révolutionnaires, il écrivait : "Il ne nous
appartient pas d'émettre un jugement sur le pouvoir terrestre et tout pouvoir permis par Dieu
attirerait notre bénédiction pour autant qu'il soit réellement le Serviteur de Dieu pour le bien
de ceux qui y sont soumis." Ces prises de positions lui attirèrent cependant la haine
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implacable des sans-Dieu et en juin 1919, il échappa de peu à une tentative d'assassinat. Il
n'en continua pas moins de prêcher le pardon et la réconciliation.
En 1921, de manière plus perverse que la persécution sanglante, le diable insinua au sein
même de l'Eglise : un groupe d'ecclésiastiques dénommé l' "Eglise Vivante," qui sous prétexte
de réformes "démocratiques" visait la sécularisation progressive du Clergé et nombre
d'innovations liturgiques qui sapaient les fondements mêmes de la Tradition Orthodoxe.
Prenant avec force la défense de la Sainte Tradition, le Saint Evêque écrivait : "En célébrant
l'Office Divin selon les prescriptions du Typikon qui tire son origine des temps anciens et qui
est observé dans toute l'Eglise orthodoxe, nous sommes unis à l'Eglise de tous les temps et
nous vivons la vie de toute l'Eglise. La Beauté Divine de notre Office (..) doit être maintenue
sans atteinte dans l'Eglise orthodoxe russe comme son héritage le plus grand et le plus Saint."
A toutes ces épreuves s'ajouta en 1922 une terrible famine qui toucha des millions de
personnes. Le Patriarche organisa autant qu'il le put les secours et fit vendre tous les objets
précieux qui n'avaient pas d'usage liturgique mais il se refusa, malgré les pressions, à
commettre un sacrilège en vendant les objets du Culte. La même année, on commença à
intenter un procès contre les Prêtres réfractaires aux réformes de l'"Eglise Vivante." Le
Patriarche Tikhon se présenta lui-même au procès, invoquant l'innocence des accusés et se
déclarant seul responsable des charges qu'on leur incriminait. Il fut arrêté le 6 mai 1922, fut
déposé par l'"Eglise Vivante" et resta emprisonné jusqu'au mois de juin de l'année suivante.
Séquestré et coupé de tout autre avec l'extérieur contact que les journaux bolcheviks qui
proclamaient les succès de l'"Eglise Vivante," le Patriarche en vint à croire que l'Eglise avait
été complètement anéantie et que son devoir était de retrouver la liberté pour sauver ce qui
pouvait l'être encore.
Reconnaissant mensongers les chefs d'accusation à son égard, il dit : "Que mon nom périsse
dans l'histoire pour que l'Eglise puisse vivre!"
Libéré en juin 1923, il continua de lutter de toutes ses forces contre l'imposture de l'"Eglise
Vivante," excommuniant tous ses ministres et ceux qui participaient à leurs prières et à leurs
sacrements. En décembre 1924, il échappa à un nouvel attentat et dès lors constamment
harcelé par les intrigues et les pressions extérieures, il parvint jusqu'à l'épuisement de ses
forces physiques et nerveuses. Hospitalisé en janvier 1925, il trouva le repos de ses combats
en entrant dans l'Assemblée Céleste des Saints Confesseurs le jour de l'Annonciation après
avoir prononcé ces paroles : "Maintenant je vais m'endormir... profondément et pour
longtemps. La nuit sera longue, obscure, obscure..."
Tropaire ton 1
Louons Tikhon, le Patriarche de toute la Russie,
Et Illuminateur de l'Amérique du Nord
Ardent partisan de la Tradition Apostolique,
Et Bon Pasteur de l'Eglise du Christ.
Qui a été élu par la Providence Divine,
Et a donné sa vie pour ses brebis.
Chantons-le avec Foi et Espoir,
Et demandons son intercession patriarcale:
Préserver l'Eglise de Russie dans la tranquillité,
Et l'Eglise d'Amérique du Nord dans la paix.
Rassembler ses enfants dispersés un seul troupeau,
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Amener au repentir ceux-là qui ont renoncé à la Vraie Foi,
Préserver nos terres de la guerre civile,
Et implorer la Paix de Dieu pour tous les peuples!
Tropaire ton 8
Dès ta jeunesse tu as aimé le Christ, Ô toi qui es béni.
Tu as été un exemple pour tous par les paroles, la vie, l'Amour, l'esprit, la Foi, la pureté et
l'humilité.
C'est pourquoi, tu demeureras maintenant dans les Demeures Célestes où tu te tiens avant le
Trône de la Toute Sainte Trinité.
Saint Hiérarque Tikhon, prie pour le Salut de nos âmes.
Kondakion ton 8
Successeur des Apôtres, ornement de la hiérarchie, enseignant de l'Eglise orthodoxe.
Prie le Maître de toute chose que la Paix soit accordée à tout le monde,
Et une Grande Miséricorde pour nos âmes!
Kondakion ton 2
Paré de douces manières,
Tu as montré bienveillance et compassion envers ceux qui se repentaient,
Tu étais ferme et inflexible pour confesser la Foi orthodoxe,
Et zélé pour aimer le Seigneur.
Ô Saint Hiérarque du Christ et Confesseur Tikhon,
Prie pour nous que nous ne puissions pas être séparés de l'Amour de Dieu,
Qui est dans le Christ Jésus Notre Seigneur!
SAINT ABBÉ HERMELAND (OU ERMELAND, HERBLAIN, HERBLAND, ERBLON),
CONFESSEUR (+718) 18 octobre – 26 novembre – 25 mars
Hermeland naquit en 639 d'une noble famille de Noyon. Aux avantages de la naissance et de
la fortune, il préféra ceux que procurent la vertu et la piété des Vrais Serviteurs de Dieu. Ses
parents après son éducation, l'envoyèrent à la cour du Roi Clotaire III où il exerça la charge de
grand échanson. Bientôt on parla de l'engager dans les liens du mariage et malgré sa
répugnance, on lui trouva une fiancée et le jour des noces fut fixé. Mais fortement sollicité par
la Grâce, Hermeland prit le parti de tout abandonner pour se retirer dans un cloître. Il eut
beaucoup de peine pour faire agréer sa résolution au Roi. Pour le retenir, Clotaire lui donnait
chaque jour quelque marque nouvelle de sa bienveillance. A la fin cependant, ayant obtenu le
consentement royal, Hermeland alla frapper à la porte du Monastère de Fontenelle, désigné
pour lors sous le nom de Saint-Wandrille. Le futur Evêque Lambert de Lyon était Abbé de ce
monastère : il y forma Hermeland à la vie monastique, reçut sa profession et bien que celui-ci
cherchât dans son humilité à se tenir au dernier rang il fut ordonné Prêtre par Saint Ouen. La
Grâce de l'Ordination ajouta une nouvelle force aux exemples de piété, d'abstinence, de
détachement qu'Hermeland donnait à ses frères.
Peu après, l'Evêque de Nantes conçut le dessein de fonder une abbaye dans son diocèse. Dans
ce but, il fit construire une maison à trois lieues de la ville dans une Île de la Loire appelée
l'Antre et plus tard "Aindre" : il envoya une députation pour demander à Lambert de Saint-
Wandrille quelques-uns de ses Moines, en grande réputation de régularité. Lambert
commença par s'assurer que le nouvel établissement était assuré de survivre à l'Evêque
fondateur; il envoya ensuite douze Moines sous la conduite d'Hermeland. L'Evêque Pascaire
les reçut comme des Anges venus du Ciel; il les conduisit lui-même dans l'Île d'Aindre, leur
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assura à perpétuité la possession des biens donnés au monastère et la facilité d'observer
paisiblement leur Règle. La nouvelle abbaye fut placée sous la protection du Roi; deux églises
furent bâties à Aindre avec l'assistance de l'Evêque et celui-ci les dédia l'une au Saint Apôtre
Pierre, l'autre au Saint Apôtre Paul.
Dieu bénit les travaux d'Hermeland; la nouvelle abbaye devint bientôt l'une des plus célèbres
du royaume par le nombre et la vertu de ses Moines. Le Saint Abbé faisait chaque année une
retraite dans l'Île d'Aindrette, voisine d'Aindre, pratique qu'il observa jusqu'en son extrême
vieillesse, persuadé qu'elle était indispensable pour le progrès dans la perfection. Il fut
favorisé du don des Miracles et de prophétie jusqu'à sa Naissance au Ciel; le don des Miracles
le suivit au-delà du tombeau parce qu'il devait servir à glorifier Dieu. Sa Naissance Céleste
paraît devoir être placée vers 710.
Le corps enseveli dans l'église de Saint-Paul, fut transféré dans celle de Saint-Pierre seize ans
plus tard. Le martyrologe romain marque sa fête au 25 mars que l'on croit avoir été le "dies
natalis." Le nouveau propre de Rouen a sa mémoire le 25 mars. Cependant en Bretagne où le
culte est beaucoup plus répandu, la fête est au 26 novembre, peut-être à cause d'une
Translation. A Paris, Saint Hermeland est mentionné le 18 octobre.
SAINT HIEROMOINE HUMBERT DE MAROILLES (+ 682)
6 septembre (translation) – 25 mars
Humbert naquit à Mézières, sur la rivière d'Oise dans la province qu'on a depuis appelée
Haute-Picardie, vers les confins du Vermandois et de la Thiérache, à deux lieues de Saint-
Quentin. Il avait pour père et pour mère Evrard et Popite, tous deux issus de l'aristocratie et la
vertu d'Evrard fut d'un si grand exemple dans le monde qu'il en reçut le titre de Bienheureux.
Humbert parut dès son enfance, prévenu d'une Grâce singulière qui le porta au bien avant
qu'il put avoir la connaissance du mal.
Ses parents, voyant qu'il ne respirait que la piété et qu'il se dévouait à Dieu de lui-même,
n'eurent pas de scrupule de le destiner au service des Autels. Ce fut dans cette vue qu'ils le
menèrent ensuite dans un monastère à Laon où il reçut la tonsure cléricale et ils le mirent dans
un Monastère de la ville afin de le faire instruire dans la piété et dans les lettres. Il acheva le
cours de ses études et fut élevé au sacerdoce dans la même maison. Il ne laissa pas de
demeurer encore quelque temps dans le Monastère de son ordination et il continua d'y donner
aux Moines de grands exemples d'humilité, d'Ascèse, de détachement jusqu'à ce que
l'endormissement de ses parents l'obligea d'aller disposer de la succession qu'ils lui avaient
laissée.
Il quitta la ville de Laon avec la bénédiction de l'Evêque et la permission des supérieurs du
monastère et retourna à Mézières où il mena une vie fort retirée. Plus tard, il reçut chez lui
Saint Amand qui venait de se démettre de son évêché de Liège-Maastricht et qui passait pour
faire le voyage de Rome avec Nicaise, Moine de son Abbaye d'Elnon et qui porta depuis son
nom. Il les suivit en Italie et sa piété parut si satisfaite de ce premier pèlerinage qu'il fit aux
tombeaux des Saints Apôtres et des Martyrs qu'on prétend qu'il en entreprit encore un second
depuis à Rome.
Au retour de ce second voyage, il alla voir Saint Amand dans son Monastère d'Elnon sur la
Scarpe et après avoir mûrement délibéré avec lui sur le lieu qu'il devait choisir pour servir
Dieu dans la retraite, il se retira dans le Monastère de Maroilles ou Maroilles, situé en
Hainaut, au diocèse papiste actuel de Cambrai sur la petite rivière de Helpres qui va se
26
décharger de là dans la Sambre. C'était une maison bâtie depuis peu par le Comte Rodobert ou
Chonebert dans le pays dont il était seigneur et qu'on appelait le canton de Famart ou Famars
en raison sans doute de quelque ancien temple dressé dans ces lieux au "dieu" Mars.
Humbert se proposa de finir ses jours dans ce Monastère de Maroilles, y donna à perpétuité la
plus grande partie de la terre de Mézières-sur-Oise par un titre de l'an 671 daté de la deuxième
année de Roi Childéric II. Une donation si considérable procura un tel accroissement au
monastère que plusieurs oubliant sa première fondation faite seize ou dix-sept ans auparavant,
se sont persuadés que Saint Humbert en était le fondateur. Ce fut là que notre Saint acheva de
se sanctifier dans le silence, la retraite, la pénitence et la prière n'en sortir que pour se donner
quelquefois la consolation d'aller voir la Sainte Abbesse Aldegonde de Maubeuge avec
laquelle il était dans une union très étroite de charité et de prières. On croit qu'il fut Abbé de
Maroilles : il eut au moins des disciples entre les bras desquels il s'endormit vers l'an 682 le
25 mars.
Ils embaumèrent son corps de riches parfums et l'ensevelirent dans une chapelle qu'il avait
bâtie. Le culte de Saint Humbert était publiquement établi dès le temps du Roi de France
Louis le Débonnaire qui l'a qualifié Saint dans une patente. Les martyrologes des Pays-Bas,
de Belgique, de France et de Germanie marquent sa fête principale au 25 mars, jour de sa
Naissance Céleste et celle de sa Translation au 6 septembre.
SAINTS ERMITES BARONCE (+725) ET DIZIER
Du temps du Roi Thierry III vivait un gentilhomme du Berry nommé Baronce qui après
quelques années de mariage et après avoir eu entre autres enfants un fils nommé Agload, fut
touché de Dieu dont la Lumière lui découvrit la vanité du monde et la solidité des Biens
Eternels et lui fit prendre la résolution de ne plus penser qu'à son Salut. Il se retira avec son
fils Agload dans l'Abbaye de Lonrey ou Saint-Cyran, au diocèse de Bourges, aujourd'hui
diocèse papiste de Nevers.
S'étant consacré à Dieu sous la discipline de cette maison, il y donna bientôt toutes les
marques d'une conversion sincère, par la ferveur avec laquelle il s'acquittait de tous les
exercices de la vie religieuse et pénitente. Un jour, au sortir des Matines, il tomba dans un
évanouissement ou une apoplexie qui le tourmenta d'abord par de grandes douleurs et qui, lui
ayant ôté ensuite le sentiment et intercepté la respiration, donna lieu de croire aux Moines
qu'il était parti ou qu'il allait s'endormir pour la Vraie Vie. Ils se divisèrent par bandes et se
succédant les uns aux autres, ils récitèrent des prières dans sa chambre comme on a coutume
d'en user devant les agonisants ou les corps morts. Baronce demeura en cet état d'immobilité
jusqu'au lendemain matin.
Vers le point du jour il revint à lui et dit trois fois : "Gloire à Toi, Seigneur." Ce retour surprit
et réjouit en même temps ceux qui étaient présents et après qu'on eut rendu Grâces à Dieu
pour sa guérison, il raconta à la communauté ce qui s'était passé durant son extase. Selon ce
qu'il avait cru voir, deux démons l'avaient pris à la gorge et l'avaient tourmenté jusqu'à l'Heure
de Tierce. Ensuite il lui avait semblé que l'Ange Raphaël étant venu à son secours, lui avait
détaché l'âme du corps pour la mener vers le Ciel où il lui avait fait voir quelques
Bienheureux qu'il avait connus sur la terre; qu'ayant paru devant le Saint Apôtre Pierre,
Protecteur de Lonrey, les démons l'avaient accusé de plusieurs péchés qu'il avait
effectivement commis dans le siècle mais que l'Apôtre, pressant sa défense, avait déclaré
qu'ils étaient expiés par ses aumônes, par sa confession au Prêtre, par sa pénitence et par sa
profession monastique; que Saint Pierre ayant chassé les démons, ordonna à deux enfants
27
vêtus de blanc de lui faire voir les supplices de l'Enfer et de le ramener ensuite à son
monastère et qu'il lui recommanda de ne plus tomber dans les fautes qu'il avait commises
avant sa conversion, de distribuer aux pauvres le reste des bien qu'il avait réservé dans le
monde et de demeurer fidèle à sa vocation.
Baronce accompagna ce récit de beaucoup de circonstances fort extraordinaires, ce qui porta
l'un des Moines qui l'entendirent à prendre la plume aussitôt pour en dresser une relation
historique qui subsiste encore aujourd'hui. Cette vision fit néanmoins tant d'impression sur
l'esprit de Baronce que, pressé du désir de tendre à une plus grande perfection, il demanda
permission à son Abbé de quitter le pays et d'aller chercher un Désert hors du royaume. On
eut peine à la lui accorder mais l'ayant obtenue enfin après de longues instances, il alla à
Rome visiter le tombeau du Saint Apôtre Pierre en reconnaissance de la Grâce qu'il avait
reçue de Dieu par son entremise et il se retira ensuite dans le territoire de Pistoie en Toscane
où il bâtit une cellule entre deux montagnes.
Il y vécut comme une personne qui n'aurait point été de ce monde qui n'aurait nulle attache à
la terre, nulle liaison avec les hommes. Sa prière était continuelle et il jouissait par avance de
la Présence de Dieu et des Biens Célestes par la Contemplation. Le soin qu'il prit de se cacher
n'empêcha pas qu'il ne fût bientôt connu. Sa réputation attira près de lui un Saint Ermite du
voisinage du nom de Dizier qui voulut profiter de ses exemples.
Peu après, quatre jeunes hommes touchés fortement du désir de se sauver, se joignirent à eux
et se soumirent à la discipline de Saint Baronces. Ayant bâti une église, ils servirent Dieu
ensemble dans les exercices de la prière et de la pénitence et joignant tous les avantages de la
vie cénobitique à ceux de l'institut des Anachorètes les plus retirés, ils parvinrent en peu de
temps à un degré éminent de vertu. Saint Baronce s'endormit le premier et fut enseveli dans
leur église. Dizier le suivit quelques années après et Dieu appela ensuite les quatre qui
restaient, à quelque distance les uns des autres. Ils furent tous ensevelis dans le même lieu
avec beaucoup d'honneur. Les Miracles qui se firent à leur tombeau servirent beaucoup à
confirmer la persuasion que l'on avait de leur Sainteté.
260 SAINTS MARTYRS A ROME
SAINTE MARTYRE DULA (OU THEODULA), SERVANTE D'UN SOLDAT, A
NICOMEDIE (+4°.S.)
Elle était l'esclave d'un soldat païen à Nicomédie en Asie Mineure. Il jugeait qu'il avait tous
les droits sur elle. Il voulut la violer. Défendant sa chasteté, elle fut tuée par son maître, ce qui
lui valut la Couronne du martyre.
SAINT EVEQUE PELAGE DE LAODICEE (+389)
Evêque de Laodicée, il combattit l'arianisme au temps de l'empereur arien Valens. Il souffrit
l'exil en Arabie décrété par l'empereur ainsi que d'autres mauvais traitements pour la
Confession de la Foi orthodoxe. Rappelé par Gratien, il participa au Concile de
Constantinople en 381 aux côtés de Saint Basile le Grand.
SAINT ABBE CARMMIN EN IRLANDE (+503)
L'église de l'endroit où il bâtit un monastère s'appelle encore aujourd'hui Temple-Cammin.
SAINT ABBE CAIMIN (OU CAMIN, CAMMIN) DE LOUGH DERG (DE
INNISKELTRA) (+653) 24 – 25 mars
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Le Saint irlandais Caimin était le demi-frère du roi Guaire de Connaught et Cumian Fada et
un lettré distingué. Mais il se retira des vanités du monde pour habiter en Ermite sur Inish-
Keltra (Caltra) dans le Lough Derg près du Galway. Bien que Saint Columba de Terryglass
eût fondé un monastère sur l'île un siècle auparavant, Saint Caimin est celui en raison duquel
les gens appellent cet endroit l'Île Sainte car Saint Caimin y attira de nombreux disciples. Plus
tard dans sa vie, il fonda un monastère et une église appelée Tempul-Cammin sur l'Île des
Sept Eglises.
Le Monastère sur l'Inish-Keltra prospéra jusqu'en 1010 (quand son dernier Abbé connu
s'endormit) malgré son exposition directe aux envahisseurs danois. L'abbaye fut pillée vers
836 et encore en 922. Brian Boru restaura l'église vers 1009. De nos jours, seules des ruines
rappellent la grandeur passée d'Inish-Keltra : la grande tour circulaire de quatre-vingt pieds,
les antiques gravures de pierres tombales et les ruines de l'église couvertes de lierre.
Saint Caimin collabora avec Saint Senan. Un fragment du "Psautier de Saint Caimin" que
certains disent avoir été copié de sa propre main, existe toujours à la bibliothèque franciscaine
(papiste) à Killiney au Comté de Dublin. Il est aussi crédité de la paternité d'un "Commentaire
sur le texte hébraïque des Psaumes."
SAINT DISME (OU DYSMAS) LE BON LARRON (+30) 12 octobre (Orient)- 25 mars (Occident)
Les Evangélistes disent que deux voleurs furent crucifiés avec Jésus-Christ sur le Calvaire,
l'un à sa droite, l'autre à sa gauche. Saint Marc (15, 28) remarque à ce sujet que ce fut en
accomplissement de ce qu'avait écrit le Prophète : "Il sera mis au nombre des méchants."
(Isaïe, 53, 12.) Le spectacle inouï que le Sauveur donna de Sa mort à tout l'univers toucha
différemment les spectateurs : les passants lui adressèrent des blasphèmes, les princes des
prêtres et les docteurs de la Loi se moquèrent de lui; le criminel souffrant à Ses Côtés
l'outragèrent en lui reprochant de ne pouvoir Se sauver et les sauver avec Lui. Saint Luc (23,
29
39-43) qui donne à cet épisode un peu plus de développement, a écrit qu'à un moment donné,
l'un d'entre eux (la Tradition lui a donné le nom de Dysmas) se trouva changé subitement par
l'effet soudain de la Grâce. Se tournant vers son compagnon, il l'exhorta à la Crainte du
Jugement de Dieu : "Pour nous," dit-il, "c'est justement que nous souffrons; nos crimes nous
ont valu le supplice que nous subissons. Mais Celui-ci (Jésus-Christ) n'a fait aucun mal." Puis
il adressa à Jésus-Christ cette requête : "Seigneur, souviens-Toi de moi lorsque Tu seras dans
Ton Royaume." Et Jésus-Christ lui dit : "Aujourd'hui même, tu seras avec Moi en paradis."
Nous n'ajouterons point à ce récit touchant ce qu'on lit dans les évangiles apocryphes : "Trente
ans plus tôt, au moment de la fuite en Égypte, la Sainte Famille aurait été assaillie par deux
voleurs dont l'un nommé Dysmas se serait fait son protecteur. L'Enfant-Dieu lui aurait prédit
alors le drame du Calvaire."
Quoiqu'il en soit des traditions à ce sujet, il faut noter que les Eglises grecque et latine ont
honoré publiquement celui que Notre Seigneur a pour ainsi dire glorifié du haut de Sa Croix.
Dans l'Eglise latine, le martyrologe romain a mentionné le Bon Larron au 25 mars dans la
période où sont groupés divers souvenirs ou symboles de la Passion de Jésus-Christ.
ou
Lorsque le Christ fut crucifié le Vendredi Saint sur le Golgotha, on prit deux brigands pour les
exécuter avec Lui afin d'accomplir la Prophétie annonçant que le Messie devait "être compté
parmi les malfaiteurs" (Isaïe LIII : 11). On les crucifia avec Lui : l'un à Sa Droite, l'autre à Sa
Gauche. Or pendant leur agonie l'un des malfaiteurs, le coeur endurci par le péché, insultait le
Seigneur en disant : "N'est-ce pas Toi Qui es le Messie? Sauve-Toi Toi-même et nous aussi!"
Mais l'autre, pris de repentir et de compassion à la vue du Juste Condamné, le reprit
sévèrement : " Tu n'as même pas la Crainte de Dieu, toi qui subis la même peine! Pour nous
c'est justice car nous recevons ce que nous ont valu nos actes mais Lui Il n'a rien fait de
répréhensible." Et il ajouta : "Jésus, Souviens-Toi de moi, lorsque Tu viendras dans Ton
Royaume!" Le Seigneur Se tourna alors vers lui et lui dit : "En vérité, Je te le dis : aujourd'hui
tu seras avec Moi dans le Paradis." (Luc XXIII : 39-43). Le Larron fut ainsi le premier
homme à obtenir le Salut et la Rédemption par la Passion du Christ. Il n'eut pas besoin de
longues années d'Ascèse, de larmes et de prière mais son seul mouvement de repentir sincère
ainsi que sa Confession de la Divinité du Christ au moment de son extrême abaissement,
suffirent à lui obtenir la jouissance des Biens de la Vie Eternelle.
Stes Pélagie et Théodosie-St Senouphios le Sémiophore-St Parthène hiéromoine de la Laure
des Grottes de Kiev (1855). -St Quirinus, Martyr à Rome sous Claude II le Gothique (269). -
Mémoire du vénérable Senouphios le Sémiophore, thaumaturge, Ascète au Désert de Nitrie en
Egypte (IVème-Vème siècles). -St Mordien, fondateur de paroisse en Bretagne (VIème
siècle). -St Baronce, seigneur en Berry devenu Ermite en Toscane et son disciple St Dizier
(vers 700). -St Hermeland, fondateur de monastère sur l'Île d'Aindre (aujourd'hui submergée
par les eaux de la Loire) près de Nantes (718 ou 720). -Ste Kennocha, Moniale en Ecosse
(vers 1007). -St Nicandre de Pskov (1581). -St Tikhon l'Evêque d'Amérique du Nord (1898-
1907) puis de Iaroslav (1907-1917), patriarche de Moscou (1917-1925), confesseur de la foi
orthodoxe face au communisme (1925). -St Justin (Popovitch), Archimandrite, théologien
(Serbie 1979).
Lecture de l’Epître
Heb II : 11-18
30
2.11 Car celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous issus d'un seul. C'est pourquoi il
n'a pas honte de les appeler frères, 2.12 lorsqu'il dit: J'annoncerai ton nom à mes frères, Je te
célébrerai au milieu de l'assemblée. 2.13 Et encore: Je me confierai en toi. Et encore: Me voici,
moi et les enfants que Dieu m'a donnés.
2.14 Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair, il y a également
participé lui-même, afin que, par la mort, il anéantît celui qui a la puissance de la mort, c'est à
dire le diable, 2.15 et qu'il délivrât tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie
retenus dans la servitude. 2.16 Car assurément ce n'est pas à des anges qu'il vient en aide, mais
c'est à la postérité d'Abraham. 2.17 En conséquence, il a dû être rendu semblable en toutes
choses à ses frères, afin qu'il fût un souverain sacrificateur miséricordieux et fidèle dans le
service de Dieu, pour faire l'expiation des péchés du peuple; 2.18 car, ayant été tenté lui-même
dans ce qu'il a souffert, il peut secourir ceux qui sont tentés.
Lecture de l’Evangile
Dans l'Orthros [Matines]
Luc I : 39- 49, 56
1.39 Dans ce même temps, Marie se leva, et s'en alla en hâte vers les montagnes, dans une ville
de Juda. 1.40 Elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Élisabeth. 1.41 Dès qu'Élisabeth
entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint
Esprit. 1.42 Elle s'écria d'une voix forte: Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de ton sein est
béni. 1.43 Comment m'est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne auprès de moi? 1.44
Car voici, aussitôt que la voix de ta salutation a frappé mon oreille, l'enfant a tressailli
d'allégresse dans mon sein. 1.45 Heureuse celle qui a cru, parce que les choses qui lui ont été
dites de la part du Seigneur auront leur accomplissement. 1.46 Et Marie dit: Mon âme exalte le
Seigneur, 1.47 Et mon esprit se réjouit en Dieu, mon Sauveur, 1.48 Parce qu'il a jeté les yeux sur
la bassesse de sa servante. Car voici, désormais toutes les générations me diront bienheureuse,
1.49 Parce que le Tout Puissant a fait pour moi de grandes choses. Son nom est saint,
…/…
1.56 Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois. Puis elle retourna chez elle.
Dans la Liturgie
Luc I : 24-38
1.24 Quelque temps après, Élisabeth, sa femme, devint enceinte. Elle se cacha pendant cinq
mois, disant: 1.25 C'est la grâce que le Seigneur m'a faite, quand il a jeté les yeux sur moi pour
ôter mon opprobre parmi les hommes.
1.26 Au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée,
appelée Nazareth, 1.27 auprès d'une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé
Joseph. Le nom de la vierge était Marie. 1.28 L'ange entra chez elle, et dit: Je te salue, toi à qui
une grâce a été faite; le Seigneur est avec toi. 1.29 Troublée par cette parole, Marie se
demandait ce que pouvait signifier une telle salutation. 1.30 L'ange lui dit: Ne crains point,
Marie; car tu as trouvé grâce devant Dieu. 1.31 Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras
un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. 1.32 Il sera grand et sera appelé Fils du Très Haut, et
le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. 1.33 Il règnera sur la maison de Jacob
éternellement, et son règne n'aura point de fin. 1.34 Marie dit à l'ange: Comment cela se fera-til,
puisque je ne connais point d'homme? 1.35 L'ange lui répondit: Le Saint Esprit viendra sur
toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui
naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. 1.36 Voici, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un
fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois. 1.37 Car rien
n'est impossible à Dieu. 1.38 Marie dit: Je suis la servante du Seigneur; qu'il me soit fait selon
ta parole! Et l'ange la quitta.
31
REFLEXION - Abba Athanasius se vit demander : "En quoi est-ce que le Fils est égal au
Père?" Il répondit : "De même qu'il y a deux yeux mais une seule vue." Cette réponse est
admirable. Nous pourrions y ajouter : de même qu'il y a deux oreilles mais une seule ouïe. Il
en est de même avec les trois Hypostases Divines : de même qu'il y a trois cierges, il n'y a
qu'une seule et même Lumière.
CONTEMPLATION - Pour contempler la Toute Pure et Toujours Vierge Marie Mère
de Dieu :
1. Comment Elle servit humblement Dieu onze ans durant dans le Temple, Obéissante et
Dévouée;
2. Comment Elle servit humblement Dieu dans Sa Chambre à Nazareth, Obéissante et
Dévouée;
3. Comment Elle reçut, humblement, obéissante et dévouée, la Divine Annonciation de
l'Archange Gabriel.
HOMELIE - A propos de l'Omnipotente Parole de Dieu.
"Car rien n'est impossible à Dieu" (Saint Luc 1,37).
"Alors Dieu dit que lumière soit et lumière fut" (Genèse 1,3).
Jusqu'à ce que Dieu parle, il n'y avait pas de lumière. Pas plus qu'il n'y avait qui que ce soit
qui aurait pu savoir ce qu'est la lumière jusqu'à ce que Dieu parle et la lumière fut. De la
même manière lorsque Dieu parla, l'eau et la terre ferme vinrent à l'existence, le firmament
dans les Cieux, la végétation, les animaux et pour finir, l'homme. Jusqu'à ce que Dieu ait
parlé, rien de tout ceci n'existait ni personne, si ce n'est Dieu qui puisse savoir que tout ceci
pourrait exister. Par la Puissance de Sa parole, Dieu créa tout ce qui est créé sur terre et dans
les Cieux. Tout ce que Dieu a voulu qui soit et qu'Il a dit d'être, doit être et ne peut pas ne pas
être car la Parole de Dieu est irrésistible et créatrice. La Création du monde est un grand
Miracle de la Parole de Dieu. Ayant créé toutes choses, Dieu à nouveau, par Sa Parole, établit
un ordre dans la Création et la manière de se comporter et les relations entre les créatures. Cet
ordre et cette manière que Dieu a établie sont un Grand Miracle de la Parole de Dieu. Il existe
un ordre et une manière d'être parmi les choses créées, visible et compréhensible pour nous
les hommes et il existe aussi un ordre et une manière d'être, invisible et incompréhensible.
Selon cet ordre et manière invisible et incompréhensible qui est un Mystère dans la Sainte
Trinité, ont eu lieu et ont encore lieu ces manifestations que les gens appellent les Miracles.
Une telle manifestation est la Conception du Seigneur Jésus-Christ dans le sein de la Toute
Pure et Toujours Vierge Marie sans époux (naissance virginale). Cela apparaît comme une
interruption de l'ordre et de la manière visible et compréhensible mais ce n'est en rien une
interruption de l'ordre et de la manière invisible et incompréhensible. Cette naissance, en
Vérité, est un Grand Miracle; peut-être le plus Grand Miracle qui nous a jamais été révélé à
nous les mortels. Mais la Création toute entière est un Miracle et l'ordre visible et
compréhensible est un Miracle et ensemble ces Miracles eurent lieu par la Parole de Dieu;
c'est pourquoi, de la même manière, le Seigneur fut conçut dans le Sein de la Vierge. Tous
furent accomplis par la Puissance et la Parole de Dieu. C'est pourquoi le merveilleux Gabriel
répondit à la Toute Pure à ce qui est la question de toutes les générations : "Comment cela estil
possible?" (Saint Luc 1,34) et il lui répondit : "Car rien n'est impossible à Dieu" (Saint Luc
1,37).
Ô Seigneur Dieu, Notre Créateur, Immortel, Toi Qui réalises tous les Miracles, éclaire nos
esprits afin que nous ne doutions plus mais croyons et éclaire nos langues afin qu'elles ne Te
questionnent pas mais Te louent.
A Toi soit la Gloire et la reconnaissance, à jamais. Amin.
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Saint Nicolas Velimirovitch l'Evêque d'Ochrid, Serbie (+ 05 mars 1958), rescapé de Dachau puis des
persécutions communistes, auteur du Synaxaire "Prologue d'Ochrid."
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