jeudi 26 avril 2012
Vie de Sainte Matrona et autres Vies de Saints.
27 mars – 9 avril 2012
Cycle Mobile (Pascalion) : Saint et Grand Lundi
LE SAINT ET GRAND LUNDI,
NOUS FAISONS MEMOIRE DU BIENHEUREUX JOSEPH AU-BEAU-VISAGE,
AINSI QUE DU FIGUIER MAUDIT ET DESSECHE
PAR LE CHRIST.
Joseph, chaste et prudent, fut prince de justice,
pourvoyeur de froment et trésor de délices.
Au stérile figuier, sans fruits spirituels,
Le Christ a comparé les hommes infidèles:
fuyons donc les passions car nous pourrions un jour
être maudits et desséchés à notre tour.
Comme les Saintes Souffrances de Notre Seigneur Jésus Christ ont ici leur début, c'est Joseph
qui, le premier, en présente l'image. Car il était le dernier fils du Patriarche Jacob, né de
Rachel et envié par ses frères pour quelques visions qu'il avait eues en songe. Tout d'abord, il
est caché dans le creux d'une fosse et son père est trompé par sa tunique ensanglantée comme
s'il avait été dévoré par une bête fauve. Puis pour trente pièces d'argent il est livré aux
ismaélites qui le vendent à leur tour à Putiphar, le chef des eunuques de Pharaon, le roi
d'Egypte. Or sa maîtresse s'étant fâchée contre lui à cause de la chasteté du jeune homme
parce qu'il n'avait pas voulu commettre l'iniquité avec elle, il s'enfuit en laissant son
vêtement : elle le calomnia auprès de son maître et il connut l'amertume des chaînes et de la
prison. Il en fut tiré par son don d'interpréter les songes : on le mena devant le roi et il fut
établi seigneur sur toute la terre d'Egypte. Plus tard il devint le fournisseur de froment de ses
frères et ayant bien administré toute chose de sa vie, il s'endormit en Egypte et en plus de ses
autres vertus, il se fit une grande réputation pour sa chasteté. On peut dire qu'il est l'Image du
Christ car le Christ fut envié par les Juifs, ses frères de race, vendu par un disciple pour trente
pièces d'argent, enfermé dans une fosse obscure et ténébreuse, le tombeau dont il sortit par Sa
Propre Puissance pour régner sur l'Egypte, c'est-à-dire sur toute sorte de péché et Il en
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triomphe jusqu'à la fin. Il est établi Seigneur sur le monde entier et dans son amour pour les
hommes, Il nous rachète par le Mystère où Il nous distribue le froment parce que Lui-même
Se donne pour nous et qu'Il nous livre en nourriture le Pain Céleste, Sa Chair Vivifiante. C'est
donc pour cette raison que le beau Joseph fut introduit ici.
Mais nous faisans aussi mémoire du figuier desséché parce que les Divins Evangélistes, à
savoir Matthieu et Marc, en parlent après le récit des Rameaux : "Au matin comme Il sortait
de Béthanie, Il eut faim" et l'autre dit : "Comme Il retournait à la ville, de bon matin, Il eut
faim. Apercevant un figuier près du chemin, Il s'en approcha mais n'y trouvant que des
feuilles et non des fruits (car ce n'était pas la saison des figues), Il lui dit- Jamais plus tu ne
porteras de fruit! Et à l'instant même le figuier sécha." Le figuier, c'est la synagogue des Juifs,
en laquelle le Sauveur n'a pas trouvé le fruit qu'Il attendait mais seulement le feuillage
ombreux de la Loi et le Créateur de l'univers leur ôte cette chose vaine. Mais quelqu'un
pourrait dire : "Pourquoi l'arbre insensible devient-il sec, recevant la malédiction sans avoir
péché?" Pour qu'on sache que les Juifs, ayant vu le Christ toujours bienfaisant envers tous et
ne faisant aucun mal à personne, ont jugé qu'il avait seulement le pouvoir de faire du bien et
non celui de fin du mal. Mais ce n'est pas ce que le Maître Qui nous aime voulait montrer aux
hommes et Il fit cela pour que les ingrats sachent avec certitude qu'Il a suffisamment de
pouvoir pour les châtier, même si Celui Qui est bon ne désire pas exercer le châtiment sur une
nature inerte et insensible. En même temps, il y a quelque parole ineffable qui nous vient de
Très Sages Pères Spirituels. Comme dit Isidore de Péluse, l'arbre de la transgression fut celui
dont les transgresseurs utilisèrent les feuilles pour se couvrir. C'est pourquoi il est maudit par
le Christ dans Son Amour pour l'humanité car Il n'aurait pas souffert cela si le figuier n'avait
pas donné un fruit responsable de la transgression. Et que la transgression peut être comparée
à cet arbre, c'est bien évident car on trouve en lui la douceur du plaisir, la glu du péché puis la
rugosité et l'amertume de la conscience Ensuite, l'histoire du figuier fut mise ici par les Pères
pour susciter la componction, de même que celle de Joseph pour sa ressemblance avec le
Christ. Le figuier, c'est l'âme étrangère à tout fruit de l'Esprit : lorsqu'au matin, c'est-à-dire
après la présente vie, le Seigneur n'y trouve pas de conversion, Il la dessèche par la
malédiction et elle devient une colonne sèche, terrifiant ceux qui n'ont pas produit le digne
fruit des vertus.
Lecture de l’Epître
Pas de Lecture ce jour
Lecture de l’Evangile
Dans l’Orthros
Matthieu XXI : 18-43
21.18 Le matin, en retournant à la ville, il eut faim. 21.19 Voyant un figuier sur le chemin, il s'en
approcha; mais il n'y trouva que des feuilles, et il lui dit: Que jamais fruit ne naisse de toi! Et
à l'instant le figuier sécha. 21.20 Les disciples, qui virent cela, furent étonnés, et dirent:
Comment ce figuier est-il devenu sec en un instant? 21.21 Jésus leur répondit: Je vous le dis en
vérité, si vous aviez de la foi et que vous ne doutiez point, non seulement vous feriez ce qui a
été fait à ce figuier, mais quand vous diriez à cette montagne: Ote-toi de là et jette-toi dans la
mer, cela se ferait. 21.22 Tout ce que vous demanderez avec foi par la prière, vous le recevrez.
21.23 Jésus se rendit dans le temple, et, pendant qu'il enseignait, les principaux
sacrificateurs et les anciens du peuple vinrent lui dire: Par quelle autorité fais-tu ces choses, et
qui t'a donné cette autorité? 21.24 Jésus leur répondit: Je vous adresserai aussi une question; et,
si vous m'y répondez, je vous dirai par quelle autorité je fais ces choses. 21.25 Le baptême de
Jean, d'où venait-il? du ciel, ou des hommes? Mais ils raisonnèrent ainsi entre eux; Si nous
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répondons: Du ciel, il nous dira: Pourquoi donc n'avez-vous pas cru en lui? 21.26 Et si nous
répondons: Des hommes, nous avons à craindre la foule, car tous tiennent Jean pour un
prophète. 21.27 Alors ils répondirent à Jésus: Nous ne savons. Et il leur dit à son tour: Moi non
plus, je ne vous dirai pas par quelle autorité je fais ces choses.
21.28 Que vous en semble? Un homme avait deux fils; et, s'adressant au premier, il dit: Mon
enfant, va travailler aujourd'hui dans ma vigne. 21.29 Il répondit: Je ne veux pas. Ensuite, il se
repentit, et il alla. 21.30 S'adressant à l'autre, il dit la même chose. Et ce fils répondit: Je veux
bien, seigneur. Et il n'alla pas. 21.31 Lequel des deux a fait la volonté du père? Ils répondirent:
Le premier. Et Jésus leur dit: Je vous le dis en vérité, les publicains et les prostituées vous
devanceront dans le royaume de Dieu. 21.32 Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice,
et vous n'avez pas cru en lui. Mais les publicains et les prostituées ont cru en lui; et vous, qui
avez vu cela, vous ne vous êtes pas ensuite repentis pour croire en lui.
21.33 Écoutez une autre parabole. Il y avait un homme, maître de maison, qui planta une
vigne. Il l'entoura d'une haie, y creusa un pressoir, et bâtit une tour; puis il l'afferma à des
vignerons, et quitta le pays. 21.34 Lorsque le temps de la récolte fut arrivé, il envoya ses
serviteurs vers les vignerons, pour recevoir le produit de sa vigne. 21.35 Les vignerons, s'étant
saisis de ses serviteurs, battirent l'un, tuèrent l'autre, et lapidèrent le troisième. 21.36 Il envoya
encore d'autres serviteurs, en plus grand nombre que les premiers; et les vignerons les
traitèrent de la même manière. 21.37 Enfin, il envoya vers eux son fils, en disant: Ils auront du
respect pour mon fils. 21.38 Mais, quand les vignerons virent le fils, ils dirent entre eux: Voici
l'héritier; venez, tuons-le, et emparons-nous de son héritage. 21.39 Et ils se saisirent de lui, le
jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent. 21.40 Maintenant, lorsque le maître de la vigne viendra,
que fera-t-il à ces vignerons? 21.41 Ils lui répondirent: Il fera périr misérablement ces
misérables, et il affermera la vigne à d'autres vignerons, qui lui en donneront le produit au
temps de la récolte. 21.42 Jésus leur dit: N'avez-vous jamais lu dans les Écritures: La pierre
qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient Est devenue la principale de l'angle; C'est du Seigneur que
cela est venu, Et c'est un prodige à nos yeux? 21.43 C'est pourquoi, je vous le dis, le royaume de
Dieu vous sera enlevé, et sera donné à une nation qui en rendra les fruits.
Dans la Liturgie des Dons Présanctifiés
Matthieu XXIV : 3-35
24.3 Il s'assit sur la montagne des oliviers. Et les disciples vinrent en particulier lui faire cette
question: Dis-nous, quand cela arrivera-t-il, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin
du monde?
24.4 Jésus leur répondit: Prenez garde que personne ne vous séduise. 24.5 Car plusieurs
viendront sous mon nom, disant: C'est moi qui suis le Christ. Et ils séduiront beaucoup de
gens. 24.6 Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres: gardez-vous d'être troublés,
car il faut que ces choses arrivent. Mais ce ne sera pas encore la fin. 24.7 Une nation s'élèvera
contre une nation, et un royaume contre un royaume, et il y aura, en divers lieux, des famines
et des tremblements de terre. 24.8 Tout cela ne sera que le commencement des douleurs. 24.9
Alors on vous livrera aux tourments, et l'on vous fera mourir; et vous serez haïs de toutes les
nations, à cause de mon nom. 24.10 Alors aussi plusieurs succomberont, et ils se trahiront, se
haïront les uns les autres. 24.11 Plusieurs faux prophètes s'élèveront, et ils séduiront beaucoup
de gens. 24.12 Et, parce que l'iniquité se sera accrue, la charité du plus grand nombre se
refroidira. 24.13 Mais celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé. 24.14 Cette bonne nouvelle du
royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations.
Alors viendra la fin. 24.15 C'est pourquoi, lorsque vous verrez l'abomination de la désolation,
dont a parlé le prophète Daniel, établie en lieu saint, -que celui qui lit fasse attention! - 24.16
alors, que ceux qui seront en Judée fuient dans les montagnes; 24.17 que celui qui sera sur le toit
ne descende pas pour prendre ce qui est dans sa maison; 24.18 et que celui qui sera dans les
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champs ne retourne pas en arrière pour prendre son manteau. 24.19 Malheur aux femmes qui
seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là! 24.20 Priez pour que votre fuite
n'arrive pas en hiver, ni un jour de sabbat. 24.21 Car alors, la détresse sera si grande qu'il n'y en
a point eu de pareille depuis le commencement du monde jusqu'à présent, et qu'il n'y en aura
jamais. 24.22 Et, si ces jours n'étaient abrégés, personne ne serait sauvé; mais, à cause des élus,
ces jours seront abrégés. 24.23 Si quelqu'un vous dit alors: Le Christ est ici, ou: Il est là, ne le
croyez pas. 24.24 Car il s'élèvera de faux Christs et de faux prophètes; ils feront de grands
prodiges et des miracles, au point de séduire, s'il était possible, même les élus. 24.25 Voici, je
vous l'ai annoncé d'avance. 24.26 Si donc on vous dit: Voici, il est dans le désert, n'y allez pas;
voici, il est dans les chambres, ne le croyez pas. 24.27 Car, comme l'éclair part de l'orient et se
montre jusqu'en occident, ainsi sera l'avènement du Fils de l'homme. 24.28 En quelque lieu que
soit le cadavre, là s'assembleront les aigles. 24.29 Aussitôt après ces jours de détresse, le soleil
s'obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances
des cieux seront ébranlées. 24.30 Alors le signe du Fils de l'homme paraîtra dans le ciel, toutes
les tribus de la terre se lamenteront, et elles verront le Fils de l'homme venant sur les nuées du
ciel avec puissance et une grande gloire. 24.31 Il enverra ses anges avec la trompette
retentissante, et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis une extrémité des cieux
jusqu'à l'autre.
24.32 Instruisez-vous par une comparaison tirée du figuier. Dès que ses branches deviennent
tendres, et que les feuilles poussent, vous connaissez que l'été est proche. 24.33 De même, quand
vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l'homme est proche, à la porte. 24.34 Je vous
le dis en vérité, cette génération ne passera point, que tout cela n'arrive. 24.35 Le ciel et la terre
passeront, mais mes paroles ne passeront point.
Cycle fixe : Commémorations
SAINTE MARTYRE MATRONE (OU MATRONA) DE THESSALONIQUE
(+3°.S. OU 4°.S.)
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En ce jour, Sainte Matruna qui était servante d'une femme juive, fut martyrisée. Elle était de
parents chrétiens et sa maîtresse tentait de lui faire adopter la religion hébraïque mais elle
refusa. Dès lors sa maîtresse commença à l'humilier, à la maltraiter et à la surcharger de
servitudes.
Un jour elle accompagna sa maîtresse au temple juif puis elle partit à l'église chrétienne. Et
quand sa maîtresse lui demanda où elle avait été et pourquoi elle n'était pas entrée dans leur
assemblée, la Sainte répondit : "Dieu est parti loin de cette synagogue qui est vôtre; comment
y entrerais-je? A présent l'endroit où il faut entrer c'est l'Eglise que le Seigneur Christ a
acquise avec Son Sang." Sa maîtresse devint furieuse et la battit violemment puis
l'emprisonna dans une pièce noire où elle la laissa quatre jours sans manger ni boire. Puis elle
l'en sortit et la battit encore plus fortement puis la remit dans sa geôle où elle rendit son âme
au Seigneur.
Après sa Naissance au Ciel, sa maîtresse, craignant que les autorités la tiennent pour
responsable de son sang, prit Sainte Matruna sur le toit de la maison et la jeta en bas afin de
pouvoir dire qu'elle était tombée par accident. Elle fut maudite par Dieu, son pied glissa, elle
chuta en bas, mourut et partit en enfer. Quand à la Sainte, elle rejoignit la Béatitude Eternelle.
ou
Orpheline, Matrona était servante dans la famille d'un Juif à Thessalonique. Son épouse se
moquait sans cesse de Matrona à cause de sa Foi en Christ et tentait de la persuader de renier
le Christ et de venir à la synagogue. Mais la Douce Matrona continuait son travail
consciencieusement et ne répliquait rien à sa maîtresse. Et en secret elle priait le Christ Dieu.
Un jour, la Juive découvrit que Matrona avait été en cachette à l'église et en colère, elle lui
demanda pourquoi elle n'était pas venue plutôt à la synagogue qu'à l'église. A cela, Matrona
répondit : "Parce que Dieu est vivant dans les églises chrétiennes, tandis qu'Il S'est retiré des
synagogues juives." Furieuse de cette réponse ferme, la Juive battit Matrona, lui lia les mains
et l'enferma dans une pièce noire. Le lendemain alors qu'elle s'était agenouillée en prière et
glorifiant Dieu, ses liens tombèrent par la Puissance de Dieu. Suite à cela, elle fut enfermée
encore à deux reprises et finit par rendre son âme au Seigneur par la faim. Cette maléfique
femme juive prit alors le corps de cette Vierge Sainte et le jeta sur le sol du haut de sa maison.
Les Chrétiens emportèrent le corps de cette Martyre et l'ensevelirent avec honneurs. L'Evêque
Alexandre, apprenant les nombreux Miracles qui avaient lieu par cette Sainte Martyre, érigea
une église par-dessus sa tombe. La maléfique Juive reçut sa juste punition lorsqu'elle glissa,
chuta sur le pavé et se tua à l'endroit même de sa maison d'où elle avait jeté le corps de
Matrona.
ou
Sainte Matrone était servante d'une noble juive nommée Pautilla et mariée au général de la
garnison impériale de la ville de Thessalonique.
Elle adorait Jésus-Christ comme le Vrai Dieu et Le priait en secret pour ne pas éveiller
l'attention de sa maîtresse. Lorsque, chaque jour, celle-ci se rendait à la synagogue, Matrone
l'accompagnait jusqu'à la porte puis elle se dérobait aussitôt pour se rendre à l'église et offrir
ses prières au Seigneur, s'arrangeant pour être présente à la sortie de Pautilla.
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Or quand vint la pâque juive, Matrone qui désirait assister aux Offices préparant la Fête de la
Résurrection du Seigneur, la Vraie Pâque qui nous a fait passer de la mort à la vie, se rendit à
l'église mais elle tarda à rejoindre la synagogue et un des domestiques la dénonça à sa
maîtresse. Pautilla entra alors dans une grande colère, déclara que si Matrone l'avait trompée
sur ce point elle devait bien être aussi fautive dans son service et elle ordonna à ses autres
serviteurs de l'attacher sur un banc et de la frapper de verges.
Aux accusations de Pautilla, Matrone répondit : "Oui, je suis Chrétienne mais j'ai toujours
obéi à tes ordres, sauf en ce concerne ma Foi. En quoi ai-je manqué à ton service pour que tu
déchires ainsi mon corps? Si toutefois tu veux me donner la mort parce que j'adore Jésus-
Christ, tu as tout pouvoir sur vie mais tu n'as pas de puissance sur mon âme qui appartient à
Dieu seul. Je ne redoute aucun de tes tourments car Jésus-Christ, Mon Sauveur et Mon
Maître, me vient en aide!"
On l'enferma ensuite pendant trois jours et quand on ouvrit la cellule,
Pautilla eut la surprise de la trouver sans aucune trace de blessures, dégagée
de ses liens, debout, le visage radieux et chantant les Louanges de Dieu. Sa
haine n'en devint que plus furieuse et elle ordonna de la flageller de nouveau
avec plus de cruauté. A trois reprises la même guérison miraculeuse se
produisit mais les coups de verges eurent finalement raison de la résistance
que Matrone avait montrée. Au moment de rendre son âme à Dieu, elle dit :
"Seigneur Jésus, Sauveur Immaculé pour Qui j'endure tous ces tourments, je
remets maintenant mon âme entre Tes Mains, daigne me recevoir dans la
compagnie de Tes Martyrs!"
Afin de n'être pas accusée d'assassinat, Pautilla fit précipiter le corps de
Matrone du haut d'un rocher et fit croire qu'elle avait été victime d'un accident. Par la suite
l'Evêque Alexandre fit porter la Précieuse Relique à l'intérieur de la cité dans un endroit où
l’on construisit une église dédiée à Sainte Matrone.
SAINTE ALKELD (OU ATHILDA), VIERGE (+VERS 800?)
Deux églises, l'une à Middleham dans le Yorkshire et l'autre à Giggleswick dans le West
Riding, sont dédiées à Sainte Alkeld. La tradition locale dit qu'elle était Princesse des Saxons
(et probablement Moniale). Apparemment elle a été étranglée par des pirates danois (ou leurs
femmes) parce que c'est ainsi qu'elle est dépeinte sur un ancien tableau.
Elle a été ensevelie dans une église à Middleham. On possède encore un décret d'Edouard IV
par lequel il autorise son frère Richard (le futur Richard III) à fonder l'université de
Middleham en l'honneur du Christ, de Sa Mère et de Sainte Alkeld.
SAINT EVEQUE SUAIRLECH DE FORE (+ VERS 750)
Le premier Evêque de Fore dans le Westmeath en Irlande, de +/- 735 jusqu'à son
endormissement.
SAINT PAPHNUCE DE KEPHALA 25 février
Ce grand Saint fut un contemporain de Saint Antoine le Grand. On dit aussi qu'il porta la
soutane durant quatre-vingt ans. Saint Antoine le respectait grandement et disait
habituellement que Paphnuce était un vrai Ascète qui était capable de venir sauver les âmes.
ou (idem?)
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SAINT PAPHNUCE 27 mars
Paphnuce fut disciple de Saint Antoine le Grand. Par sa Sainteté de vie, Paphnuce convertit
nombre de pécheurs, les menant sur le chemin de la repentance comme Sainte Thaïs qui est
commémorée le 8 octobre. Paphnuce ressemblait à un ange incorporel plus qu'à un homme
corporel. Il s’endormit dans le Christ vers la fin du quatrième siècle.
SAINTS MARTYRS MANUEL ET THEODOSE (+304)
Les Saints Martyrs Manuel et Théodose souffrirent pour le Foi en Christ en 304 à Sirmium.
Voyant comment les païens mettaient chaque jour des Chrétiens à mort, ils crurent en Christ
et décidèrent de souffrirent pour leur Foi. Ils se confessèrent bravement Chrétiens devant le
gouverneur. Ce dernier et son entourage furent épatés par leur bravoure. Par ordre du
gouverneur, les Saints Manuel et Théodose furent jetés en prison, sous garde rapprochée.
Après plusieurs jours, le gouverneur ordonna d'extraire les Saints de prison et il les enjoignit à
renoncer au Christ et à offrir un sacrifice aux idoles. Cependant, les Saints Martyrs restèrent
fermes dans leur confession. Le gouverneur ordonna de suspendre à un arbre Saints Manuel et
Théodose et les fit déchirer avec des crochets acérés en acier. Les Martyrs furent percés d'un
trident puis décapités.
SAINTS EVEQUE DOMINIQUE (+545) ET VEDULPHE (+580) DE CAMBRAI ET
ARRAS
Dominique, d'après Gallia christiana, remplissait auprès de Vaast les fonctions de vicaire. Il
fut choisi pour lui succéder et rendit son âme à Dieu vers 545. Védulphe qui vint après lui,
transféra le siège épiscopal d'Arras à Cambrai; il s’endormit dans le Seigneur vers 580.
Par ailleurs on ignore ce que fut la vie de ces deux Evêques; la tradition les a présentés
comme étant l'objet de la vénération des peuples et la date du 27 mars a été assignée à tout
hasard pour rappeler leur mémoire.
ou
Saint Dominique succéda à Saint Vaast auprès duquel il remplissait les fonctions de vicaires.
Son épiscopat dura douze ou treize ans. Saint Védulphe qui le remplaça vers l'an 545,
transféra son siège d'Arras à Cambrai, peut-être parce que cette ville, depuis le passage des
barbares, avait perdu de son importance et de sa population ou bien parce que Cambrai était
un peu plus rapproché du centre de ces deux vastes diocèses. On ne peut faire que des
conjectures sur ce point. Saint Védulphe rendit son âme au Seigneur vers l'an 580 et eut pour
successeur Saint Géri.
SAINTE MARTYRE AUGUSTA (OU AUGUSTINE) DE CENEDA, VIERGE, A
SERRAVALLE DANS LA PROVINCE DE TREVISE, EN ITALIE (+5°.S.)
Augusta, fille d'un duc du Frioul, se convertit au Christianisme et son père furieux tenta par
divers tourments de la faire apostasier et n'y pouvant réussir, il la fit décapiter.
ou
Son père, Madruch, lui-même fit couper la tête pour la punir d'avoir embrassé le
Christianisme contre son gré à lui.
Ce père dénaturé était un de ces seigneurs allemands qui, au moment des invasions barbares
(du cinquième siècle sans doute, bien qu'on ne connaisse pas l'époque précise), s'était bâti sur
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une montagne un nid de brigands d'où il sortait pour infester le pays d'alentour et où il se
retirait ensuite comme un vautour dans son repaire pour y jouir du fruit de ses déprédations.
Dieu qui fait naître partout Ses Elus, avait donné la plus candide des filles à un monstre dont
la haine du Christianisme égalait la férocité naturelle. Des serviteurs apprirent à Madruch que
sa fille fréquentait l'église voisine et il l'envoya chercher un jour qu'elle était en prières.
La Pieuse Fille, pressentant l'avenir, acheva paisiblement sa prière, offrit à Dieu son sacrifice
et alla s'offrir à son bourreau. Augusta eut à passer par de nombreux tourments avant de voir
son dernier soleil. D'abord jetée dans un cachot, elle en fut arrachée pour être suspendue entre
deux arbres sur un feu allumé au-dessous d'elle qui la rôtit petit à petit. Sa constance étant
supérieure à toutes ces épreuves, elle fut enfin décapitée un 27 mars.
SAINT ERMITE JEAN LE CLAIRVOYANT DE LYCOPOLIS, EGYPTE, CONFESSEUR
(+ 394)
Jean d'Egypte ou de Lycopolis, acquit une réputation de Solitaire, presque égale à celle de
Saint Antoine. Il naquit vers l'an 305, de parents peu connus dans le monde; il apprit dans son
enfance le métier de charpentier et eut un frère teinturier. Parvenu à l'âge de vingt-cinq ans, il
quitta le monde, se mit sous la conduite d'un Ancien Solitaire et jusqu'à la maturité de l'âge, il
s'appliqua à lui rendre toutes sortes de services avec une humilité extraordinaire dont le bon
vieillard lui-même était émerveillé. Ce maître voulut éprouver son disciple et s'assurer que
l'obéissance provenait en lui d'une Foi véritable et d'une profonde simplicité. Un jour, il
ramassa dans son bûcher, une branche d'arbre coupée depuis longtemps; il l'enfonça en terre
et dit à Jean de l'arroser deux fois le jour pour lui faire reprendre vie. Le jeune homme reçut
cet ordre avec respect et soumission puis se mit en devoir de l'exécuter; tous les jours, il allait
chercher de l'eau à une distance de deux milles, sans que rien ne pût le distraire de ce travail.
Au bout d'un an, le vieillard eut compassion de la peine qu'il se donnait. "Jean," lui dit-il,
"cette branche a-t-elle pris racine?" Le disciple répondit qu'il n'en savait rien. Le maître tira la
branche comme pour voir si elle tenait au sol; il l'arracha sans aucun effort, la rejeta et dit au
disciple de ne plus l'arroser.
Quelques visiteurs solitaires du voisinage étaient venus s'édifier auprès du Vieillard : celui-ci
appela son disciple Jean et lui ordonna d'aller jeter par la fenêtre une fiole d'huile, la seule qui
pût pourvoir aux nécessités des Anachorètes et de leurs hôtes. Jean exécuta l'ordre aussitôt,
sans se préoccuper du besoin que l'on pouvait avoir de cette huile. Dans une autre
circonstance, le maître lui dit : "Jean, va vite et roule promptement cette pierre que tu vois."
Or il s'agissait d'un véritable rocher que plusieurs personnes n'auraient même pas pu ébranler.
Le disciple courut aussitôt, poussa la pierre, fit de grands efforts pour la remuer à tel point que
la sueur coulait sur ses habits et jusque sur la pierre elle-même. Ce furent là, dit Cassien, des
traits d'obéissance qui valurent plus tard à Jean le don de prophétie.
Lorsque le Vieillard vint à naître au Ciel, Jean qui pouvait avoir trente-sept ans, passa environ
cinq ans encore dans divers monastères. Il se retira ensuite sur une montagne à quelques
milles de Lycopolis; il y construisit lui-même trois pièces voûtées, la première pour la toilette
et les nécessités du corps, la seconde pour le travail et les repas, la troisième pour la prière. Il
ferma l'entrée avec soin; personne ne pouvait pénétrer dans le lieu de sa retraite et lui-même
n'en sortait jamais; il avait seulement une fenêtre par laquelle on lui passait ce qui lui était
nécessaire et par laquelle aussi il s'entretenait avec ceux qui venaient le consulter. Il vécut
ainsi durant quarante-huit ans, sans sortir de sa cellule, sans voir une seule femme, sans
toucher une seule pièce de monnaie, sans que personne ne l'eût jamais vu ni manger ni boire.
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Toujours seul avec Dieu dans cette solitude, l'Ermite s'entretenait avec le Seigneur, la nuit et
le jour, lui adressait ses prières et ses supplications. Lorsque quelques personnes lui rendaient
visite, il voulait qu'on s'acquittât à leur égard de tous les devoirs de l'hospitalité. Lui-même ne
mangeait que le soir et se contentait de quelques fruits. Le démon le tourmenta de diverses
façons; une fois, il lui suggéra l'idée de jeûner deux jours de suite pour occasionner
l'affaiblissement de son corps et un surcroît de fatigue nullement nécessaire; il troublait sa
prière et son repos, remplissait son imagination de divers fantômes.
Vers l'an 375 se manifesta en Jean d'Égypte le don de prophétie dont Cassien nous a parlé aux
personnes qui venaient du voisinage ou des pays éloignés, Jean faisait connaître ce qu'elles
avaient de plus caché au fond du coeur. Quand elles avaient commis quelque péché en secret,
il les en reprenait sévèrement en particulier, les exhortait à s'en corriger et à en faire
pénitence. Il annonçait par avance ce que seraient les débordements du Nil, grands ou
médiocres. Il prédit en particulier la défaite des Ethiopiens qui étaient entrés sur les terres de
l'empire dans la Haute-Thébaïde. Le général qui commandait les troupes romaines était venu
le trouver pour lui exprimer ses craintes : "Va en toute confiance," répondit l'Anachorète, "tu
seras victorieux des ennemis, tu t'enrichiras de leurs dépouilles et reprendras sur eux tout ce
qu'ils ont emporté." Et il ajouta : "Tu seras comblé d'affections par l'Empereur." L'effet réalisa
toutes ces promesses.
Une Servante de Dieu, du nom de Poemenia, s'était approchée pour le voir. Il ne voulut pas
l'entretenir mais se contenta de lui faire connaître un certain nombre de choses secrètes. Il
l'engagea à ne pas faire un détour pour passer dans Alexandrie quand elle descendrait de la
Thébaïde car des épreuves l'attendaient dans cette ville. Soit oubli, soit calcul, Poemenia se
dirigea vers la cité : en chemin elle fit arrêter son bateau à Niciopolis sur le Nil. Les serviteurs
descendus à terre, se prirent de querelle avec les gens de l'endroit; les indigènes tuèrent l'un de
ses eunuques, coupèrent le doigt à un autre, jetèrent dans le fleuve un Saint Evêque nommé
Denis qui se trouvait sans doute sur le bateau, blessèrent les autres serviteurs et accablèrent
d'injures et de menaces Poeménie elle-même.
Ces diverses prédictions réalisées firent connaître Jean jusqu'à la cour de l'Empereur
Théodose. Le Prince se voyant attaqué par Maxime qui disposait de forces supérieures aux
siennes, envoya consulter le Serviteur de Dieu aux extrémités de la solitude. Jean fit répondre
à Théodose qu'il remporterait la victoire sans répandre beaucoup de sang et qu'il retournerait
triomphant dans les Gaules; il lui donnait en même temps de bonnes nouvelles concernant le
tyran Eugène. Le Saint Anachorète reçut aussi le don de guérir les maladies mais pour éviter
dans ces oeuvres extraordinaires toute apparence de vanité, il ne permettait pas qu'on lui
amenât les malades, il se contentait de leur envoyer de l'huile qu'il avait bénite
Aussitôt que les patients se servaient de cette huile, ils étaient guéris de leurs infirmités. La
femme d'un sénateur devenue aveugle, elle conjura son mari de la conduire à l'Homme de
Dieu. Quand elle fut arrivée, Jean lui fit savoir qu'il ne voyait jamais de femmes. Elle le pria
du moins de lui faire connaître quelle était la cause de son mal et de demander à Dieu sa
guérison. Le sénateur se présenta avec cette requête, l'Ermite se mit aussitôt en prière, bénit de
l'huile qu'il fit porter à la dame. Pendant trois jours, celle-ci mit de l'huile sur ses yeux et alors
elle recouvra la vue et rendit Grâces à Dieu.
Un maître de camp, chargé de conduire des soldats à Syène, menait sa femme avec lui et vint
trouver l'Ermite sur sa montagne, le conjura d'exaucer le désir de sa femme qui désirait
extrêmement recevoir sa bénédiction. "C'est impossible," répondit Jean, "depuis quarante ans
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que je me suis enfermé sous ce rocher, je n'ai pont vu visage de femme." Attristé de cette
réponse, le maître de camp va trouver son épouse et lui rend compte de l'insuccès de sa
démarche. La femme insiste, proteste avec serment qu'elle ne partira pas sans avoir vu le
prophète. Le mari revient vers Jean, lui affirme que son épouse mourra sans doute de chagrin
et que cette mort lui sera imputable; il renouvelle ses instances et ses prières si bien que
l'Ermite finit par lui dire : "Va, ta femme me verra cette nuit pendant son sommeil sans venir
ici et sans sortir de sa maison." L'officier se retira, repassa dans son esprit cette réponse
ambiguë; il la rapporta à son épouse qui en conçut une peine très vive. La nuit suivante,
l'Homme de Dieu lui apparut en songe et lui dit : "Ô femme, ta Foi est grande, elle m'oblige à
venir ici pour satisfaire ta demande. Je t'avertis néanmoins que tu ne dois pas désirer voir le
visage mortel et terrestre des Serviteurs de Dieu mais plutôt contempler des yeux de l'Esprit
leur vie et leurs actions. Car la chair ne profite à rien, c'est l'Esprit qui vivifie. Et après tout
pourquoi, as-tu tant désiré de me voir? Suis-je un Prophète plus Juste et plus Saint que les
autres? Je suis un homme sujet comme toi au péché et aux autres infirmités humaines. Ainsi
ce n'est point en qualité de Prophète ni de Juste mais seulement à cause de ta Foi que j'ai eu
recours à l'Assistance de Notre Seigneur; Il t'accorde la guérison de toutes les maladies que tu
endures dans ton corps. A dater de ce jour, tu jouiras donc, toi et ton mari, d'une parfaite
santé, ta maison sera toute remplie des Bénédictions du Ciel. Mais n'oubliez jamais tous deux
ces Bienfaits que vous recevrez de Dieu; vivez toujours dans Sa Crainte et ne demandez rien
au-delà des appointements qui sont dus à votre fonction. Contente-toi aussi de m'avoir vu en
songe et n'exige pas davantage." A quoi il ajouta tous les avis utiles à une femme chrétienne et
il disparut.
A son réveil, la femme rapporta à son mari ce qu'elle avait vu; par la description qu'elle fit du
Saint homme, il ne douta point de la réalité du fait, retourna à la grotte pour remercier Jean et
continua son voyage. Saint Augustin qui rapporte cette histoire (Procura de mortuis, c.17),
ajoute qu'il la tenait d'une personne digne de confiance.
Dans son "histoire lausiaque," Palladius a raconté ainsi la visite qu'il rendit au Solitaire avec
plusieurs autres et il a retracé les admirables instructions qu'ils reçurent de sa bouche.
"Avec ceux qui entouraient le Bienheureux Evagre, nous cherchions à apprendre avec
précision quelle était la vertu de cet homme. Alors Évagre dit : "J'apprendrais volontiers de
celui qui sait apprécier intelligence et discours, de quelle catégorie est l'homme. Car s'il arrive
que je ne puisse le voir moi-même mais que je puisse entendre exactement un autre s'exprimer
sur sa manière de vivre, je n'irai pas jusqu'à sa montagne." Pour moi, continue Pallade, ayant
entendu et n'ayant rien dit à personne, je demeurai un jour en repos; le lendemain je fermai ma
cellule, je la confiai elle et moi-même à Dieu et je partis pour la Thébaïde. [Il était alors au
Désert de Nitrie.] J'arrivai au bout de huit jours après avoir voyagé tantôt à pied, tantôt en
bateau sur le fleuve. C'était le temps de la crue, à une époque où beaucoup tombent malades,
j'eus moi-même à souffrir. Étant donc arrivé, je trouvai le vestibule fermé. Ce vestibule où
tiennent environ cent personnes, les frères le fermaient à clef et l'ouvraient seulement le
samedi et le dimanche. Je restai tranquille jusqu'au samedi à la deuxième heure, je me
présentai pour l'entrevue, Jean était assis à la fenêtre par laquelle il adressait ses consolations
à ceux qui s'approchaient. Il me salua et me dit par un interprète : "D'où es-tu et pourquoi estu
venu? Je conjecture que tu es du Couvent d'Évagre." A quoi je dis : "Je suis étranger, issu
de Galatie mais je suis dans l'intimité d'Evagre." Pendant que nous parlions, survint le
gouverneur de la contrée nommé Alypius. Jean se tourna vers lui et interrompit son entretien
avec moi. Alors je me retirai en arrière pour faire place au gouverneur. Ils conversèrent
longtemps, je me décourageai et murmurai contre le beau Vieillard qui m'avait dédaigné. Je
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songeais à me retirer quand appelant son interprète nommé Théodore, Jean lui dit : "Va dire à
ce frère : "N'aie pas d'étroitesse d'âme; dans un moment je vais congédier le gouverneur et
t'entretenir." - Alors, je vis en lui un homme inspiré et je m'appliquai à patienter encore.
Lorsque le gouverneur fut parti, Jean me rappela et me dit : "Pourquoi as-tu été froissé à mon
sujet? Qu'as-tu trouvé qui fût digne de blâme? Tu as eu des pensées qui ne s'appliquent pas à
moi et qui ne te conviennent pas. Ne sais-tu pas qu'il est écrit "N'ont pas besoin de médecin
ceux qui sont en santé mais bien ceux qui éprouvent des malaises (Luc., 5, 31). Je te trouve
quand je veux et il en est de même pour toi. Et s'il arrive que je ne te console pas moi-même,
d'autres frères et d'autres pères sont là pour te consoler. Mais celui-ci est comme livré au
diable par ses affaires mondaines; il est venu ici pour recevoir de l'aide et pour respirer un
moment comme un esclave qui se dérobe à son maître. C'eût été bien étrange de le laisser
pour s'occuper de toi qui as du loisir pour traiter de ton Salut."
Je lui demandai de prier pour moi et je fus convaincu qu'il était inspiré de Dieu, il me caressa
de la main et me dit : "Beaucoup d'afflictions t'attendent et tu as été en butte à bien des
hostilités pour sortir du Désert. Tu t'es montré timide et tu as différé. Le démon sous de pieux
prétextes te relance. Il t'a suggéré en effet de regretter ton père puis d'instruire ton père et ta
soeur en vue de la vie monastique. Eh bien! Voici que je t'annonce une bonne nouvelle : tous
deux sont sauvés car ils ont renoncé au monde. Quant à ton père, en ce moment même, il a
d'autres années à vivre. Par conséquent, demeure fermement dans le Désert, ne cherche pas à
retourner dans ton pays à cause d'eux. Car il est écrit "Personne ayant mis la main à la charrue
et retournant en arrière, n'est apte au Royaume des Cieux" (Luc, 9, 62)."
Suffisamment raffermi par ces paroles, je rendis Grâces à Dieu en apprenant que mes
inquiétudes allaient prendre fin.
Jean me dit encore : "Veux-tu devenir Evêque?" - "Mais je le suis," répondis-je. "Et où donc?"
"Aux cuisines, aux caves, aux tables, à la vaisselle. J'exerce la surveillance tel est mon
épiscopat, c'est la gourmandise qui m'a préposé." Il me dit avec un sourire : "Trêve de
plaisanterie, il te faut être ordonné Evêque, tu auras à peiner, à souffrir. Par conséquent si tu
fuis les afflictions, ne sors pas du Désert, là personne ne peut t'ordonner Evêque."
Je me séparai de lui et m'en allai dans mon Désert habituel; je racontai les détails de cet
entretien aux Pères qui deux mois plus tard allèrent le trouver. Pour moi, j'oubliai ses paroles;
au bout de trois ans, je tombai malade d'une infirmité d'estomac. Je fus envoyé par les frères à
Alexandrie et j'y soignai une hydropisie. Ssur le conseil des médecins, je passai d'Alexandrie
en Palestine où l'air est plus léger. De Palestine, je gagnai la Bithynie et là je ne sais pour
quelle cause, je fus jugé digne de l'Ordination."
Ce qu'Évagre et Pétrone rapportèrent de leur visite au Bienheureux Jean, Pallade ne l'a pas
inséré dans son Histoire lausiaque. Rufin dans son "Histoire des Moines" (P. L., t. 21, col.
391) a suppléé à ce silence : il a raconté comment Jean entretint pendant trois jours Pétrone et
ceux qui l'accompagnaient. A la fin, le Solitaire leur donna sa bénédiction : "Allez en paix,
mes enfants, sachez que les nouvelles de la victoire remportée par Théodose sur le tyran
Eugène sont arrivées aujourd'hui à Alexandrie mais cet Excellent Empereur terminera bientôt
sa vie par une mort naturelle."
Quand nous eûmes quitté Jean, dit Pétrone, nous sûmes que les événements, prédits par lui,
étaient arrivés. Quelques jours plus tard, des frères vinrent nous apprendre que le grand
Serviteur de Dieu s'était reposé en paix (fin 394). On rapporte qu'il ne permit à personne de lui
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parler pendant trois jours; ce court intervalle écoulé, il se mit à genoux, commença à prier et
s'en alla jouir de la Présence de Dieu.
L’endormissement de Jean est placé par les uns au 20 septembre, par les autres au 17 octobre
394. Il paraît d'ailleurs certain qu'elle arriva avant celle de Théodose survenue à Milan le 17
janvier 395. Par conséquent, le 27 mars marqué dans les martyrologes latins depuis le
neuvième siècle, ne peut avoir été le "dies natalis." Les Grecs ne font pas mention de lui dans
leurs ménologes. Jean avait cependant une réputation de Sainteté répandue par tout l'empire :
on l'appelait le Prophète d'Egypte, le Prophète particulier de l'Empereur Théodose.
ou
Nul Anachorète après Saint Antoine n'eut un plus grand renom de Sainteté et ne fut plus
vénéré que Saint Jean d'Egypte, Prophète et Reclus en Basse Thébaïde. Lyque ou Lycopolis
(aujourd'hui Siout ou Siouah ou Sïwa, dite l'Oasis d'Amon des Anciens) près de la rive gauche
du Nil, fut la patrie de Saint Jean. Il apprit dans sa jeunesse le métier de charpentier et l'exerça
jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans. Après quoi, touché du désir de ne travailler qu'à son Salut, il
renonça entièrement au siècle pour se retirer dans la solitude. Quoique les biens qu'il
abandonna fussent peu de chose, on peut dire de lui ce que Saint Jérôme dit de Saint Pierre
qu'il quitta beaucoup parce qu'il ne resta dans son coeur aucune affection pour les biens de la
terre.
Ce premier sacrifice fut suivi de celui de sa propre volonté. Il se rangea sous la conduite d'un
Ancien Anachorète pour s'exercer dans l'obéissance et le servit avec tant d'humilité, de zèle et
même d'adresse que le Bon Vieillard craignit qu'il n'agît ou par contrainte ou par quelque
affection naturelle, ce qui le porta à s'assurer de la pureté de ses intentions en lui commandant
des choses probablement impossibles ou qui paraissaient choquer le sens humain.
La première qu'il lui ordonna fut d'arroser deux fois le jour un bâton sec et à demi pourri
jusqu'à ce qu'il eût pris racine et poussé des feuilles et des branches. Cette épreuve dura un an,
pendant lequel Jean ne se démentit jamais de son obéissance, quoiqu'il fût obligé d'aller
chercher l'eau à deux milles de là.
Sa soumission aveugle fut connue des Moines des monastères voisins où l'on ne faisait cas
que de la pratique des vertus et plusieurs d'entre eux vinrent voir son supérieur pour s'en
assurer par eux-mêmes et s'édifier par l'exemple d'un si excellent disciple. Comme ils lui en
parlaient avec admiration, le Vieillard appela Jean et lui dit en leur présence d'aller jeter par la
fenêtre une fiole d'huile qui faisait toute leur provision, ce qu'il exécuta sur-le-champ, sans
raisonner sur le besoin qu'ils en avaient.
Cassien qui rapporte ces exemples de son obéissance, dit que Dieu l'en récompensa par le don
de prophétie. Jean s'exerça ainsi onze à douze ans dans le renoncement à sa propre volonté.
Après que son Père Spirituel naquît au Ciel, il demeura environ cinq ans dans différents
monastères pour s'y perfectionner toujours de plus en plus dans les vertus monastiques et se
retira enfin dans le Désert pour y vivre en parfait Anachorète.
Le lieu qu'il choisit pour sa retraite fut une montagne déserte à deux lieues de Lycopolis. Il s'y
creusa une grotte dans une roche d'un accès difficile et en boucha l'entrée afin d'être moins
détourné des exercices de la vie intérieure et contemplative. Il avait quarante ou quarantedeux
ans lorsqu'il s'y retira et il y demeura enfermé jusqu'à l'âge de quatre-vingt-dix ans, sans
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l'ouvrir à personne, excepté la dernière année de sa vie qu'il y introduisit Pallade, de qui nous
avons apprenons son histoire.
Quelque désir qu'il eût de n'y vivre qu'avec Dieu, il ne put empêcher qu'on ne recourût à lui de
toute part de telle sorte qu'il fut obligé de permettre qu'on bâtit un logement à quelque
distance de sa cellule afin que ceux qui le venaient voir y fussent à couvert des injures du
temps et qu'on y exerçât envers eux l'hospitalité évangélique. Mais il ne parlait que le samedi
et le dimanche par la fenêtre qui lui servait à recevoir ce qui lui était nécessaire et il ne voulut
jamais souffrir qu'aucune femme ne s'approchât de sa cellule.
La vie qu'il menait en ce lieu était toute Céleste. Il vaquait sans cesse à la prière et à la
Contemplation; son coeur détaché de la terre et affranchi des sollicitudes du monde s'élevait
vers Dieu avec une liberté entière. C'est à cette pureté de coeur qu'on lui attribue le don de
prophétie qu'il reçut comme Cassien l'attribue à son obéissance; elle peut lui avoir été
accordée en faveur de l'une et de l'autre puisqu'elles concourent toutes les deux à disposer
merveilleusement une âme au plus intime commerce avec Dieu.
Dieu qui le favorisa de dons extraordinaires comme nous le verrons bientôt, ne le dispensa pas
de passer par la tentation puisqu'il la fait servir à éprouver les plus grands Saints. Les démons
s'efforcèrent souvent de le troubler pendant la nuit pour l'empêcher de prier ou de prendre
quelque repas et ajoutant l'insulte à la peine qu'ils lui causaient, ils lui apparaissaient le matin
sous des figures sensibles et feignaient de lui demander pardon du mal qu'ils lui avaient fait
pendant la nuit. Ces esprits de malice toujours attentifs à profiter auprès des Serviteurs de
Dieu des moindres occasions de les séduire, eurent en une rencontre un petit avantage sur lui.
Ils lui persuadèrent de prolonger son jeûne jusqu'à deux jours de suite afin d'abattre plus
aisément son esprit en abattant tout à fait son corps, déjà usé de vieillesse et épuisé par son
abstinence ordinaire.
Le Saint que l'amour de la pénitence eût porté à tout souffrir, donna dans l'illusion et lorsque à
la fin du second jour il voulut se mettre à table, le démon se fit voir à lui sous la figure d'un
Ethiopien hideux et se jetant à ses genoux, lui dit, par une raillerie insultante : "Pardonne-moi,
s'il-te-plait, c'est moi qui t'ai porté à ce long jeûne." A cet aveu, le Saint revint à lui et quoique
très habile dans le discernement des esprits, il comprit à ce coup qu'il avait été séduit. C'est de
Cassien que nous tenons ceci; il l'apprit de l'Abbé Joseph dans la conférence qu'il eut avec lui
sur la nécessité d'user de discrétion. Mais cela ne servit qu'à conserver ce Grand Serviteur de
Dieu dans une plus grande vigilance et cette faible victoire de l'artifice du démon ne fut rien
auprès de celles qu'il remporta toujours sur lui à son tour.
Il y avait trente ans qu'il vivait ainsi renfermé dans sa cellule lorsqu'il reçut de Dieu le don de
prophétie avec tant d'abondance de lumière que rien n'échappait à sa connaissance. Plusieurs
venant à lui, tant des pays éloignés que du voisinage, il leur déclarait quand il était nécessaire,
ce qu'ils croyaient bien caché dans le fond de leur coeur et lorsqu'ils avaient commis quelque
grand péché en secret il leur en faisait la correction en particulier avec zèle et avec douceur
pour les exciter à se repentir et à se corriger. Il annonçait aussi par avance si les débordements
du Nil seraient grands ou médiocres d'où dépendait la bonne ou la mauvaise récolte et il
avertissait les hommes lorsqu'ils étaient menacés pour leurs péchés de la Colère de Dieu,
faisant connaître les crimes qui l'irritaient contre eux et exhortant les pécheurs à prévenir sa
juste vengeance parle repentir et le changement de vie.
Ce n'étaient là que les moindres de ses prédictions. Entre les autres qui firent plus de bruit, on
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peut compter celle de la défaite des Ethiopiens lorsqu'ils entrèrent sur les terres de l'empire du
côté de Sienne, la première ville qu'on rencontrait dans la hante Thébaïde en sortant de leur
pays. Ils avaient d'abord taillé en pièces les troupes qu'on leur avait opposées, fait beaucoup
de dégâts et emporté un riche butin. Il était à craindre qu'ils ne poussassent plus loin leurs
conquêtes parce qu'ils étaient de beaucoup supérieurs en nombre aux troupes romaines; de
sorte que le général qui commandait celles-ci, ne trouva de meilleure ressource que dans les
avis et dans les prières de Saint Jean.
Il vint donc le consulter sur ce qu'il avait à faire et le Serviteur de Dieu lui répondit, en
désignant le jour auquel sa prédiction devait s'accomplir qu'il pouvait marcher sans crainte
contre les ennemis et qu'il remporterait ce jour-là sur eux une victoire complète, s'enrichirait
de leurs dépouilles et recouvrerait ce qu'ils avaient enlevé. L'effet suivit la prédiction et
comme cet officier, au retour de son expédition, vint le remercier, il lui prédit encore qu'il
serait en grand crédit auprès de l'Empereur, ce que l'événement vérifia.
Un autre officier l'étant venu voir, sa femme qu'il avait laissée enceinte accoucha le même
jour qu'il était arrivé à sa cellule mais elle était en danger de mourir. Sur quoi le Saint lui dit :
"Tu rendras Grâces sans doute au Seigneur si tu savais qu'Il t'a donné aujourd'hui un fils, sa
mère est en péril mais Dieu l'assistera et tu la trouveras guérie. Retourne-toi-s-en chez toi en
diligence; tu arriveras le septième jour de la naissance de l'enfant. Faits-le nommer Jean.
Nourris-le chez toi jusqu'à l'âge de sept ans sans permettre qu'il ait aucune communication
avec les païens et après ce temps, confie son éducation à quelques Solitaires pour l'élever dans
une Sainte et Céleste Discipline."
Ses prédictions les plus fameuses furent celles qu'il fit à l'Empereur Théodose le Grand qu'il
informa par avance, en diverses rencontres, des irruptions des barbares dans les provinces, du
soulèvement des tyrans, des moyens de les dompter et de bien d'autres événements de son
règne. Ce Prince le fit principalement consulter sur deux ennemis qu'il eut à combattre. L'un
fut le tyran Maxime, déjà victorieux des deux empereurs Gratien et Valentinien dont il avait
tué le premier en 383 et chassé l'autre de ses Etats en 387. Jean le fit assurer de la victoire.
Théodose marcha sur sa parole, quoique avec des troupes inférieures, défit Maxime en deux
combats dans la Pannonie, passa les Alpes sans obstacle, le poursuivit et le surprit enfin dans
Aquilée où ses soldats lui coupèrent la tète.
Quatre ans après, Eugène s'étant emparé de l'empire d'Occident par le crédit du comte
Arbogaste qui avait fait étrangler le jeune Valentinien, Théodose résolut de marcher contre lui
pour venger la mort de ce Prince. Eugène qui s'y attendait, s'y prépara en païen par les
superstitions de l'idolâtrie et de la magie. Il fit consulter un homme qui se mêlait de prédire
l'avenir par des sortilèges. Les idolâtres de Rome faisaient aussi pour lui de grands sacrifices,
fouillaient curieusement dans les entrailles des victimes et croyaient trouver d'heureux
présages. Mais Théodose, guidé par la Véritable Foi, chercha la Vérité dans des sources plus
pures. Il envoya en Thébaïde l'eunuque Eutrope pour tâcher de déterminer Saint Jean à le
venir voir ou de savoir de lui si c'était la Volonté de Dieu qu'il prévînt le tyran ou s'il devait
attendre que le tyran vînt l'attaquer.
Eutrope exécuta sa commission en serviteur zélé. Il fit au Saint de fortes instances pour le
porter à se rendre auprès de l'Empereur mais ne pouvant le persuader de quitter sa solitude, il
apprit de lui que l'Empereur remporterait la victoire et qu'elle serait plus sanglante que celle
qu'il avait remportée sur Maxime, aussi qu'il ferait périr le tyran mais qu'il ne lui survivrait
pas de beaucoup : qu'il mourrait eu halle et laisserait à son fils l'empire d'Occident. Tout ceci
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s'accomplit à ta lettre. Théodose marcha contre Eugène et pensa d'abord être défait car il
perdit dix mille soldats à la première journée mais le lendemain, la victoire se déclara
entièrement pour lui et il parut évidemment qu'il ne la devait qu'aux prières du Saint puisqu'il
avait été en si grand danger de la perdre. La bataille se donna dans la plaine d'Aquilée le 6
septembre de l'an 394. Théodose n'y survécut que jusqu'au 17 janvier de l'année suivante et
laissa par son Départ l'empire d'Orient à Arcade et celui d'Occident à Honorius ses fils.
Le don de prophétie que Saint Jean avait reçu de Dieu fut accompagné de celui des Miracles.
qu'il opéra même en son absence, surtout en faveur de quelques femmes parce qu'il ne voulut
jamais souffrir qu'aucune abordât sa cellule. Celle d'un sénateur étant devenue aveugle, ne
cessait de presser son mari de la mener au Saint. Le mari qui savait que le Saint ne le
souffrirait jamais ne trouva pas de meilleur expédient que de venir le conjurer de prier au
moins pour elle. Il le fit et lui envoya outre cela de l'huile qu'il avait bénite; la malade en ayant
frotté ses yeux, recouvra la vue.
Outre qu'il opérait des merveilles sans cette huile bénite, il s'en servait ordinairement afin
qu'on lui attribuât moins la guérison des malades qu'à la vertu de la bénédiction. C'est ainsi
qu'il cachait par humilité la Grâce qu'il avait reçue. Il en attribuait aussi les effets à la Foi de
ceux qui s'adressaient à lui, assurant qu'il n'était pas exaucé pour aucun mérite mais seulement
parce que Dieu voulait accorder de telles faveurs à ces personnes.
La ferme résolution qu'il avait prise de ne parler à aucune femme donna lieu à une merveille
singulière et dont Augustin d'Hippone a fait grand cas. Un maître de camp qui conduisait des
troupes à Sienne où sa femme le suivait, se rendit à la sollicitation de celle-ci à la cellule du
Saint pour obtenir de lui qu'il souffrit qu'elle y vînt aussi recevoir sa bénédiction; l'extrême
désir qu'elle en avait, lui ayant fait courir de grands dangers. Saint Jean lui répondit qu'il
n'avait jamais vu de femmes depuis qu'il s'était enfermé dans sa cellule et que ce qu'il
demandait était tout à fait impossible. L'officier ne se rendit point; il continua à le presser
avec instance, assurant que s'il lui refusait cette faveur, sa femme en mourrait d'affliction au
lieu qu'en la lui accordant elle recevrait un merveilleux avantage du bonheur de l'avoir vu.
Le Saint, admirant sa Foi et sa persévérance et ne voulant pas lui causer ni à son épouse, le
chagrin d'un refus entier ni manquer d'ailleurs à sa résolution, lui dit : "Va, ta femme me verra
sans venir ici et même sans sortir de sa maison." L'officier se retira sur cette réponse, roulant
dans son esprit quel en pouvait être le sens, ce qui ne donna pas maints matières de réflexion à
sa femme lorsqu'il la lui rapporta mais la nuit quand elle fut endormie, le Saint lui apparut en
songe et lui tint ce discours : "Ô femme, ta Foi est grande et m'oblige à venir ici pour
satisfaire à ta prière. Je t'avertis néanmoins de ne pas désirer de voir le visage matériel des
Serviteurs de Dieu mais de contempler plutôt des yeux de l'Esprit leur vie et leurs actions. Car
la chair ne sert de rien et c'est l'Esprit qui vivifie. Quant à moi, ce n'est point en qualité de
Juste et de Prophète, ainsi que tu le penses mais seulement en vertu de ta Foi qu'ayant prié
pour toi, Dieu t'a accordé la guérison de tous les maux que tu souffrais en ton corps. Tu
jouiras donc, toi et ton mari, à commencer d'aujourd'hui, d'une santé parfaite et toute ta
maison sera comblée de bénédictions mais n'oubliez jamais tous les deux les bienfaits que
vous avez reçus de Lui. Vivez toujours dans Sa Crainte, ne désirez rien au-delà des
appointements qui sont dus à votre charge et enfin contente-toi de m'avoir vu en songe, sans
en demander davantage."
A son réveil, cette femme raconta à son mari ce qu'elle avait vu et entendu et lui détailla si
bien les traits du visage du Saint, la couleur et la forme de son habit et toutes les autres
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marques par lesquelles il pouvait être reconnu qu'il ne put pas douter que le Saint ne lui eût
apparu durant le sommeil. Ainsi, plein d'étonnement, il retourna à la grotte de Saint Jean, lui
raconta tout ce qui était arrivé à son épouse, lui rendit des Actions de Grâces et après avoir
reçu sa bénédiction, il poursuivit son voyage dans un contentement parfait.
Il faut parler à présent de la visite que lui firent Pallade et d'autres Anachorètes et des
admirables instructions qu'ils en reçurent. Pallade était dans le Désert de Nitrie avec Evagre
son maître, Albin, Ammon et trois autres. Comme ils s'entretenaient un jour du bruit que
faisait la réputation de Saint Jean, Evagre témoigna qu'il eut eu une grande joie de savoir au
vrai quelle était l'éminence de sa vertu par quelqu'un qui fût capable de discerner son esprit et
sa manière d'être en prière.
Pallade se sentant assez de force pour faire le voyage et s'en aller assurément par lui-même
car il n'avait alors que vingt-six ans, partit sans en rien dire à personne et arriva enfin avec
beaucoup de peine à la montagne du Saint. Outre qu'il y avait dix-huit journées de chemin
qu'il fit partie à pied et partie par eau, nomme c'était le temps de l'accroissement du Nil,
durant lequel les maladies étaient fréquentes, il tomba malade comme bien d'autres.
Il trouva en arrivant que le vestibule de la cellule du Saint était fermé et apprit qu'on ne
l'ouvrait que le samedi et le dimanche. Il attendit jusqu'à ce temps-là qu'il lui fût permis
d'entrer et il vit le Saint assis à sa fenêtre, au travers de laquelle il parlait à ceux qui
s'approchaient. Aussitôt que le Saint le vit, il le salua et lui demanda par un interprète de quel
pays il était et quel sujet l'amenait, ajoutant qu'il lui paraissait de la compagnie d'Evagre.
Pallade satisfit à toutes ces demandes mais tandis qu'ils s'entretenaient ainsi, le gouverneur de
la province, nommé Alype, entra et s'approcha de Saint Jean en grande hâte. Le Saint quitta
alors Pallade qui se retira à l'écart pour les laisser parler en liberté. Comme leur conversation
était longue, Pallade commença à s'ennuyer d'attendre et il s'éleva dans son coeur des
sentiments de murmure comme si le Saint avait fait trop peu de cas de lui et qu'il y avait dans
son procédé acception de personnes de sorte qu'il songeait à se retirer tout à fait.
Le Saint connut à ce moment ce qui se passait dans son âme et lui envoya son interprète
appelé Théodare pour lui dire de ne point entrer en impatience qu'il allait bientôt renvoyer le
gouverneur. Cette parole fit rentrer Pallade en lui-même. Il reconnut combien le Saint était
éclairé du Ciel puisqu'il avait pénétré dans ses pensées et attendit sans peine que le
gouverneur sa fût retiré.
Alors Saint Jean l'appela et lui fit une douce correction sur le jugement qu'il avait porté et le
murmure intérieur auquel il s'était laissé aller après quoi pour le consoler, il lui dit : "Ne saistu
pas qu'il est écrit que ce ne sont pas les hommes en bonne santé mais les malades qui ont
besoin de médecin; je puis te parler quand je veux et toi à moi et quand je ne pourrai pas te
consoler, il y a d'autres Pères et d'autres frères qui la peuvent faire. Mais ce gouverneur étant
engagé sous la puissance du démon dans les affaires temporelles dont il s'occupe et étant venu
à moi pour recevoir quelques avis salutaires dans ce peu de temps qu'il eut pour respirer, ainsi
qu'un esclave qui fuit la domination d'un maître fâcheux et insupportable, quelle raison y
avait-il que je le quittasse pour te parler à te qui t'occupe continuellement de ce qui regarde
ton Salut?"
Pallade le supplia alors de prier pour lui mais le Saint Vieillard lui donnant un petit soufflet
comme à son enfant avec une gaieté douce et agréable, continua de lui parler en ces termes :
"Tu ne seras pas exempt de peines et tu as déjà soutenu de grands combats dans la pensée de
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quitter ta solitude mais la crainte d'offenser Dieu t'a fait différer ta sortie. Le démon te
tourmente sur cela et ne manque pas d'alléguer des raisons apparentes et des prétextes de
piété. Il t'a représenté le regret qu'a ton père de ton absence et que ton retour porterait ton frère
et ta soeur à embrasser la solitude. Mais je t'annonce une bonne nouvelle, en t'assurant que
l'un et l'autre sont en sûreté puisqu'ils ont renoncé au monde et que ton père vivra bien encore
sept ans. Demeure donc avec un coeur ferme et constant dans la solitude et ne pense plus à
retourner pour l'amour d'eux à votre pays puisqu'il est écrit : "Celui qui après avoir mis la
main à la charrue, tourne la tête en arrière, n'est pas propre ou Royaume de Dieu."
Ces paroles consolèrent et fortifièrent beaucoup Pallade et le Saint lui ayant ensuite demandé
avec la même gaieté s'il ne désirait pas d'être Evêque, il répondit que non parce qu'il l'était
déjà puisque selon l'étymologie grecque, ce mot signifie un intendant et un surveillant. De
quelle ville es-tu donc Evêque? lui dit le Saint. Je le suis, répondit Pallade en riant, de la
cuisine, de la dépense et de la table car je veille avec soin sur toutes ces choses; voilà mon
épiscopat et l'intendance que ma délicatesse m'a fait choisir. Cessez de railler, lui dit le Saint
en souriant car tu seras un jour Evêque et supportas beaucoup de travaux et d'afflictions.
Mais si tu veux les éviter, ne sors pas de ta solitude puisque tandis que tu y demeureras,
personne ne peut te consacrer Evêque."
Il éprouva peu d'années plus tard la véracité de cette prophétie car au bout de trois ans, étant
menacé d'hydroisie, il consentit qu'on l'envoyât à Alexandrie. Par les avis des médecins, il
passa en Palestine et ensuite en Bithynie où il fut fait Evêque d'Hélénopolis. Il se trouva
ensuite enveloppé dans la persécution que Saint Jean Chrysostome souffrit et fut onze mois
caché dans une chambre fort obscure. Il se ressouvint alors que ce grand Prophète lui avait
prédit les peines qu'il endurait.
Cependant le Saint voulut l'encourager à souffrir patiemment sa solitude et il lui dit qu'il y
avait quarante ans qu'il vivait renfermé dans la sienne sans avoir jamais vu aucune femme ni
une seule pièce de monnaie ni même vu manger personne. Pallade retourna ensuite à Nitrie où
il raconta à Evagre et aux cinq autres ce qu'il avait vu de cet homme admirable et leur inspira
par son récit un désir plus ardent de l'aller voir eux-mêmes, ce qu'ils firent deux mois plus
tard. Ils rapportèrent à leur retour à Pallade ce qui s'était passé dans leur visite mais il ne l'a
pas inséré dans son histoire.
Saint Jean rendit son esprit à Dieu étant à genoux et en prière après avoir passé trois jours de
suite sans se laisser voir à personne.
SAINT EVEQUE RUPERT (OU HRODBERT, ROBERT, RUPPRECHT) DE
SALZBOURG ET CONFESSEUR (+VERS 718) 24 septembre (translation) – 27 mars
Sa biographie présente bien des difficultés et des points obscurs. A part son oeuvre
d'évangélisation, presque tous les détails de sa vie ont été contestés. Une vieille tradition en
fait un descendant des rois mérovingiens mais des auteurs ont prétendu qu'il était né en
Irlande ou du moins d'ancêtres irlandais.
On lui a donné comme soeur ou comme nièce Firentrude l'Abbesse de Nonnberg et comme
frère Trudbert, un Ermite des bords du Rhin. La date de sa naissance n'est pas connue;
l'opinion qui tend à prévaloir en fait un contemporain de Childebert III mais il faut regarder
comme légendaire celle qui place la naissance en 660.
Rupert se dévoua au Service de Dieu dès sa jeunesse; il se fit remarquer par sa simplicité, sa
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douceur, sa docilité d'esprit, sa profonde sagesse, son amour pour la justice : il était humble,
chaste, abstinent, plein de Foi et de piété, charitable, ami de la Vérité. Il renonça à tous les
avantages temporels dont il aurait pu jouir, fit le pèlerinage de Rome; à son retour, il s'arrêta à
Worms où sa Foi et son zèle le firent choisir comme Evêque.
La renommée de sa science et de sa piété parvint bientôt aux oreilles du duc de Bavière,
Théodon II qui se préoccupait de donner un nouvel essor à la Vraie Foi dans son duché. La
Bavière avait déjà reçu des prédicateurs de l'Evangile mais cette évangélisation n'avait produit
que de bien superficiels résultats. Deux cents ans auparavant, Saint Séverin du Norique avait
commencé à y implanter la Foi; les ariens y avaient altéré la pureté de la doctrine et des
pratiques païennes s'étaient mêlées aux observances extérieures qui avaient survécu.
Par des messagers envoyés à cet effet Rupert s'assura de l'état du pays et des dispositions de la
population; il accéda ensuite à la requête du duc. Il fut reçu à Ratisbonne par Théodon et les
seigneurs de la cour, se mit immédiatement à l'oeuvre, prêcha en Bavière, en Carinthie, en
Autriche, opéra de nombreuses conversions dans Lorch (l'ancienne Lauriacum) pour lors
capitale de la Bavière orientale ou Autriche. Parvenu à l'ancienne ville romaine de Juvavum
alors à peu près ruinée, Rupert demanda au duc Théodon, la concession de ce territoire pour y
établir un monastère et son siège épiscopal. Le duc accorda ce qu'on lui demandait et au pied
du Mönchberg où l'un des disciples de Séverin, Saint Maxime, avait souffert le martyre en l'an
476, Rupert fit construire une église et un monastère en l'honneur du Saint Apôtre Pierre.
C'est là que devait se former plus tard la ville de Salzbourg. Au Sud-Est, il établit un
Monastère de Moniales, Nonnberg qu'il plaça comme ses Moines sous la Règle de Saint
Benoît de Nursie.
Pour donner à ces établissements une base solide, l'Evêque Missionnaire alla prendre dans le
Haut-Rhin, douze Missionnaires avec quelques Moniales et il plaça celles-ci sous la conduite
de sa soeur ou nièce Erentrude. Les douze Missionnaires formèrent le noyau de la
Congrégation de Saint-Pierre de Salzbourg. Rupert fonda encore d'autres églises et d'autres
monastères. Sa vie fut d'une activité extraordinaire et le succès couronna ses efforts. Il
s'endormit dans Notre Seigneur le 27 mars 718 (date qui est considérée comme la plus
probable).
Le corps de Rupert fut inhumé dans l'église qu'il avait fait construire à Salzbourg. Son culte
devenu public s'étendit principalement en Bavière et en Autriche. Le siège épiscopal de
Salzbourg fut réuni pour un temps à celui de Passau puis rétabli dans l'état où Rupert l'avait
fondé. Saint Virgile, l'un des successeurs de Rupert, fit la Translation solennelle de ses
Précieux Restes le 24 septembre 773. En 846, l'église ayant été incendiée, on fit une nouvelle
Translation le 24 septembre 882. Cette date du 24 septembre fut choisie pour la fête
solennelle car l'anniversaire de son Endormissement tombait soit pendant le Grand Carême,
soit durant la quinzaine de Pâque, ce qui portait préjudice à la solennité.
ou
Les sources plus fiables en font un aristocrate franc, d'autres, y compris Colgan, insistent sur
le fait qu'il aurait été Irlandais et portant le nom gaélique de Robertach. Dès sa jeunesse, il
était renommé pour son érudition, ses vertus extraordinaires, son austérité et sa charité,
cherchant à s'appauvrir en enrichissant les pauvres. Les gens venaient de provinces éloignées
pour recevoir son conseil. Il levait tous leurs doutes et leurs scrupules, réconfortait l'affligé et
guérissait le malade, de corps et d'âme. Sa vie vertueuse l'amena à se retrouver sacré Evêque
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de Worms en Allemagne d'où il entama son travail de Missionnaire en Bavière et en Autriche
méridionale. (Une autre tradition le dit avoir été expulsé par les païens de Worms, d'autres
qu'il était simplement un Chrétien zélé et évangélique.)
Rupert voyagea à Regensburg (Ratisbon) avec une petite compagnie vers 697, peut-être avec
l'accréditation du Roi franc Childebert III ou parce que le Duc Théodore de Bavière avait
entendu parler de sa réputation de Thaumaturge et l'avait invité. Ils sont donc allés voir le Duc
Théodore dont ils avaient besoin de la permission pour continuer. Bien que Théodore n'était
pas Chrétien, sa soeur Bagintrude l'était. Il consentit à écouter leur prédication et se convertit
et reçut le Saint Baptême. Beaucoup d'hommes et de femmes influents de ses terres suivirent
l'exemple du Duc et embrassèrent le Christianisme qui avait été prêché là-bas deux ans plus
tôt par Saint Severin de Noricum.
Au lieu de renverser les temples païens comme tant de Missionnaires l'ont fait, Rupert préféra
les consacrer comme églises chrétiennes. Par exemple, ceux de Regensburg et d'Altoetting ont
été bientôt transformés pour les Offices chrétiens. Où il n'y avait pas de temple convenable à
adapter, des églises ont été construites et Regensburg est devenu essentiellement chrétien.
Dieu confirma les prédications de Rupert par beaucoup de Miracles. Bientôt son travail de
Missionnaire rencontra un tel succès que de nombreux aides de Franconie furent nécessaires
pour répondre aux besoins spirituels des convertis de Rupert.
Le groupe continua vers le bas du Danube, convertissant toujours plus. Après Ratisbonne, la
capitale, le prochain lieu de ses oeuvres était "Laureacum," l'actuelle Lorch où il guérit
plusieurs malades par la prière et gagna beaucoup d'autres âmes au Christ. Mais Ruppert
n'établit son évêché dans aucune ces villes florissantes. Il fit son siège de la vieille ville
désaffectée de Juvavum, donné à lui par le Duc de Bavière. La ville fut restaurée et il la
nomma Salzburg (la Forteresse de Sel). Là-bas à l'aide de ses compagnons Saints Virgile,
Chuniald et Gislar, Rupert fonda l'église et le Monastère de Saint Pierre avec une école sur le
modèle des monastères irlandais.
Il fit un voyage à la maison pour rassembler douze recrues de plus. Sa soeur Sainte
Ermentrude entra au couvent qu'il avait fondé à Nonnberg et en devint sa première Abbesse. Il
fit beaucoup pour encourager les travaux des mines de sel. Rupert, premier Archevêque de
Salzburg, est considéré comme l'Apôtre de Bavière et d'Autriche. Il s’endormit dans le
Seigneur le Jour de Pâque. Par la suite, il est devenu si renommé que des pays tels qu'Irlande
l'ont réclamé comme un fils natal et célèbrent sa mémoire liturgiquement. Le duché de
Salzburg représente son portrait avec celui de Saint Virgile sur une pièce du royaume appelée
un rubentaler.
L'emblème de Rupert dans l'iconographie est un baril de sel à cause de son association avec le
réouverture des mines de sel. Il peut être montré tenant un panier d'oeufs, baptisant le Duc
Théodore de Bavière ou avec Saint Virgile de Salzburg.
SAINT ABBÉ ROMULE (OU ROMULUS) DE SAISSY-LES-BOIS (+VERS 720)
Abbé de Saint-Baudèle près de Nîmes, c'est vers 720 qu'il voulut se soustraire aux incursions
des Sarrasins qui alors dévastaient le Midi de la France. Il prit alors la résolution de se retirer
dans un pays moins exposé aux attaques des Barbares. Avant de partir, il fit placer dans un
cercueil de plomb le corps de Saint Baudèle.
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Il partit ensuite à la Garde de Dieu avec ses quatre-vingts Moines. Ils firent plusieurs haltes,
notamment à Beaune en Bourgogne. Ils arrivèrent enfin à Saissy-les-Bois en Nivernais où ils
trouvèrent un ancien monastère abandonné qu'ils reconstruisirent.
On ignore l'année de l’Endormissement de Saint Romule.
SAINT GUILLAUME TEMPIER, À POITIERS
Après avoir exercé la charge de Prieur du Monastère des Chanoines réguliers de Saint-Hilaire
de la Celle, il devint Evêque de la même ville, brilla par la défense des droits de l'Eglise et
s'endormit dans le Seigneur.
SAINT MOINE MARTYR ISAAC (+ 383)
Pendant que l'empereur Valens se faisait le bourreau de ses sujets et versait par son arianisme
le sang des Chrétiens, un Saint Moine pleurait dans la solitude près de Constantinople pour
désarmer la colère du Ciel car il la voyait prête à fondre sur le persécuteur et ses Etats.
L'Esprit Saint lui inspira ce courageux dessein. Ayant appris que déjà les instruments de la
Vengeance Divine, les Goths, ravageaient la Thrace et que Valens s'apprêtait à les combattre,
il vint à son camp et un jour qu'il marchait à la tête de ses troupes, il l'aborda et lui dit :
"Empereur, ouvre les églises des Chrétiens que tu as fermées et Dieu te bénira." L'empereur
crut que c'était un fou et ne daigna pas lui répondre et passa son chemin sans s'arrêter à lui.
Isaac le joignit encore une autre fois et lui tint le même discours : "Empereur, ouvre les
églises des Chrétiens et tu auras un heureux succès dans la guerre et retourner chez toi
victorieux." Valens fit alors réflexion sur ces paroles qu'il lui répétait pour la seconde fois et
mû par un désir de remporter la victoire plus que par la moindre affection pour les
Orthodoxes, il voulut suivre son avis et il en communiqua avec les membres de son conseil
mais ceux-ci étant tous hérétiques, lui dirent qu'il ne devait pas prêter l'oreille au discours de
ce babillard et qu'il fallait plutôt le faire châtier; il se laissa aller à leur mauvais conseil et
méprisa l'Oracle de Dieu qui lui parlait par la bouche de Son Serviteur.
Isaac ne se découragea point; quelques jours après, il retourna vers l'empereur qui continuait
son voyage et prenant avec une Sainte Liberté la bride du cheval sur lequel il était monté, il le
blâma et le pressa de lui accorder sa requête, s'il ne voulait pas se perdre tout à fait. Valens ne
put souffrir davantage ses instances qu'il croyait trop importunes et comme l'endroit où le
Saint lui parlait était couvert de chardons et de gros halliers, il commanda qu'on le jetât
dedans dans la pensée qu'il y serait étouffé puis il continua son chemin. Mais Isaac fut retiré
de ce lieu par trois hommes inconnus et vêtus de blanc qui vinrent à lui et parce que ses
bienfaiteurs disparurent après lui avoir rendu ce service, il reconnut que c'était des Anges et
leur rendit Grâces.
Délivré de ce péril et se sentant d'ailleurs de plus en plus fortifié par l'Esprit Divin, il courut
après de l'empereur, le devança par un sentier qu'il trouva plus court que n'était le grand
chemin tenu par l'armée et se présenta à lui pour la quatrième fois et lui dit : "Empereur, tu
pensais que je mourrais dans ces épines et au milieu des chardons mais Dieu m'en a garanti
pour te dire encore que c'est Lui Qui a excité ces barbares à te faire la guerre à cause de celle
que tu mènes à la Foi chrétienne; commande que Ses églises soient ouvertes et tu vaincras tes
ennemis et tu reviendras victorieux du combat."
Cependant ces paroles tant de fois répétées ne firent aucune impression sur le coeur de ce
prince déjà endurci et délaissé de Dieu. Au contraire, se tenant offensé de la liberté d'Isaac, il
le fit mettre entre les mains de deux sénateurs nommés Victor et Saturnin pour le garder
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jusqu'à ce qu'il fût de retour, remettant à ce temps-là son châtiment. Alors le Saint se servant
des paroles que le Prophète Michée dit au roi Aehab, ajouta :
"Si tu retournes en paix, crois que Dieu n'a point parlé par ma bouche mais tu perdras la
bataille et ne pourras résister à tes ennemis; ils te mettront en fuite et te feront brûler tout vif."
La chose arriva comme le Saint l'avait prédite. Valens livra combat, son armée fut défaite, il
s'enfuit et se cacha dans une chaumière où les barbares qui le poursuivaient mirent le feu et le
réduisirent en cendres. Voilà quelle fut la fin misérable de cet empereur obstiné. Théophane
ajoute que Saint Isaac connut dans sa prison, par une Permission particulière de Dieu, le
moment auquel arriva cette funeste mort et qu'il la divulgua sur-le-champ; depuis ce temps il
continua toujours son genre de vie admirable près de la ville de Constantinople où il fut
regardé comme un autre Eue [???] en raison non seulement de la généreuse liberté avec
laquelle il avait parlé à l'empereur mais encore de ses austérités extraordinaires. Il fut, dit-on,
en très grande considération près de l'Empereur Théodose le Grand et assista en 381 au
Concile Oecuménique de Constantinople avec quelques autres Abbés.
Lorsqu'il vit la Foi orthodoxe réhabilitée, il résolut de finir ses jours dans la solitude mais il
fut retenu par Saturnin et Victor, ses geôliers devenus ses amis. Ils lui bâtirent hors de la ville
une cellule où Isaac se retira avec ses disciples. Il y renouvela les exercices de la Vie
Angélique dont il avait été détourné pour le bien de l'empire. Il conserva toujours, en toutes
sortes d'événements, une admirable égalité d'esprit. Sa charité envers les pauvres était
excellente jusqu'à leur donner ses habits lorsqu'il en rencontrait quelqu'un qui fut dans le
besoin.
Se sentant proche du Départ pour la Vraie Vie, il appela les Moines et les ayant exhortés à
pratiquer la vertu, à travailler à leur perfection et à ne rien l'aire d'indigne de leur profession, il
leur nomma un Père pour les instruire et les gouverner, priant la Sainte Trinité de donner aux
subalternes l'esprit d'obéissance et à l'Higoumène le don de bien commander.
SAINT ALEXANDRE DE VOCHA (PRES DE GALICH, SUR LA VOLGA) (+16°.S.)
Le Moine Alexandre fut un Ascète des quinzième et seizième siècle. Il fonda un monastère en
honneur de la Transfiguration (Preobrashenie) du Seigneur sur les rivages du fleuve Vocha, à
cinquante vesdres de Galich. Le Moine Alexandre se reposa dans le Seigneur au début du
seizième siècle et fut enseveli dans l'église de la Transfiguration du monastère qu'il avait
fondé. Sa vénération commença peu après l’Endormissement du Saint Ascète, son Icône fut
écrite et placée au-dessus de ses Précieux Reliques ensevelies dans la crypte.
SAINT ARCHEVEQUE EPHREM DE ROSTOV (+ 1454) 27 mars – 23 mai
Il fut ordonné et installé sur le siège épiscopal de Rostov le 13 avril 1427 par le Saint
Métropolite Photius de Moscou . En 1449, il fut élevé à la dignité d'Archevêque par le Saint
Métropolite Jonas de Moscou Il guida son troupeau de Rostov durant vingt-sept ans et se
reposa dans le Seigneur le 27 mars 1454. On ensevelit le corps du Saint Archipasteur dans la
cathédrale Ouspensky de Rostov. On commémore aussi Saint Ephrem le 23 mai dans la
Synaxe des Saints de Rostov et Yaroslav.
St Hanani,Prophète-St Philet le sénateur, Lydie sa femme et ses compagnons-St Eutyche
l'Evêque-St Cyrique d'Apros-St Paul l'Evêque de Corinthe-St Jean de Lycopolis-St Matthieu
de Beauvais.-St Ananie, prophète (IXème siècle avant JC). -Sts Jean et Barouchios, morts par
le glaive. -Ste Matrone, esclave chrétienne martyre par la main de sa maîtresse juive, Plantilla,
à Thessalonique (IIIème-IVème siècles). -St Alexandre, soldat, Martyr à Drisipare en
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Pannonie sous Maximien (entre 286 et 305). -St Irénée l'Evêque de Sirmium en Pannonie
(aujourd'hui Sremski Mitrovica en Serbie), Martyr sous Dioclétien (vers 304).-St Jean de
Lycopolis, Ascète, thaumaturge et visionnaire en Egypte (394).-St Amator, Ermite en
Portugal.-Ste Augusta de Ceneda, vierge, assassinée par son père, un seigneur germanique
établi dans le Frioul parce qu'elle s'était convertie au christianisme orthodoxe et vénérée à
Serravalle dans la province de Trévise en Vénétie (Vème siècle). -St Languy, Ermite à
Plougastel-Daoulas en Finistère de Bretagne (VIème siècle).-St Dominique l'Evêque des
diocèses réunis de Cambrai et d'Arras en Artois (vers 545). -St Vedulphe, successeur de St
Dominique comme Evêque des diocèses réunis de Cambrai et d'Arras (vers 580).-St Rupert
l'Evêque de Worms puis de Salzbourg, apôtre de la Bavière (718). -Ste Athilda, martyre en
Angleterre par la main des Vikings païens (Xème siècle).-St Ephrem de Rostov (Russie
1454). -
ICÔNE DE LA MÈRE DE DIEU AU MONT ATHOS "DOUX BAISER"
23
ICÔNE DE LA MÈRE DE DIEU "DE L'ACATHISTE"
There are other icons of this name which are commemorated on January 12 (Hilandar Icon
"Of the Akathist"), and October 10 (Zographou Icon "Of the Akathist").
Lecture de l’Epître
Pas de Lecture ce jour
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Lecture de l’Evangile
Pas de Lecture ce jour
REFLEXION- "Il n'y a pas de pureté en celui qui pense au mal," disait Saint Siméon le
Nouveau Théologien et il rajoutait ensuite : "Comment pourrait-il y avoir un coeur pur en
celui qui le souille avec des pensées impures comme sur un miroir qui serait noirci par la
poussière?" Vous voyez dès lors les cimes inaccessibles où se situe la Religion du Christ, loin
au-dessus de toutes les croyances et sophistiques de ce monde? Celui qui ne fut-ce que pensée
au mal quand bien même il n'a pas commis du tout ce mal, est en faute devant Dieu et devant
sa propre âme. Car il offense Dieu et perd son âme. Etre Chrétien, de manière réelle, cela
signifie investir d'énormes efforts pour se purifier des pensées mauvaises dans son coeur et
dans son esprit. Quelle sorte d'effort est-ce? Il existe une étude complète à ce sujet qui est
devenue complètement méconnue de nos jours, même pour nos Chrétiens et qui contient
l'immense et actuelle expérience des Saints Hommes et des Saintes Femmes qui ont justifié
cette étude. Se nettoyer de ces pensées mauvaises et impures, la source de tout mal, était le
but de tous ces Grands Ascètes, Ermites et Silencieux.
HOMELIE - Au sujet des Chrétiens comme Rois et Prêtres.
"Tu as fait d'eux pour notre Dieu une Royauté de Prêtres" (Apocalypse 5,10)
Le Seigneur Jésus-Christ veut rendre tous les hommes semblables à Lui. Comme Fils de Dieu,
Il veut que tous les hommes deviennent fils adoptifs de Dieu. Comme Roi, Il veut qu'ils soient
co-rois avec Lui. Comme Prêtre, être co-Prêtres avec Lui. Comme Tout Puissant, partager Sa
Puissance. Comme Eternel, partager Son Immortalité. Comme Saint, partager Sa Sainteté.
Comme Ressuscité, d'être tous enfants de la Résurrection. C'est cela que le Seigneur a désiré
et c'est pour cela qu'Il est descendu sur terre : pour nous séparer des animaux et nous élever
au-dessus de la vie des animaux et nous donner la dignité sur Sa Création visible, une dignité
qu'Adam avait dans le Paradis avant la Chute. Pour cette raison, Son Amour pour l'humanité
et Son Plan Salvateur pour tout le monde, le Seigneur fut crucifié sur la Croix par les Anciens
des Juifs. Et même de nous, Chrétiens, aujourd'hui, Il récolte les épines de l'ingratitude et de
l'incompréhension d'innombrables fois. Nous nous montrons si peu reconnaissants et si
déraisonnables à chaque fois que nous sapons et méprisons Ses Commandements. Par ses
péchés, chaque pécheur tresse une nouvelle couronne d'épines et la place sur Sa Sainte Tête.
Quand nous a-t-Il jamais offensés que nous Lui fassions cela? Quand a-t-Il jamais pensé le
moindre mal contre nous que nous Lui rendions le mal? Il S'est abaissé jusque dans notre
fétide fosse où nous nous étions accoutumés de vivre avec les serpents et les scorpions et nous
retira vers le Haut vers la Lumière et la Pureté dans le Royaume.
Il veut faire de nous des rois et des Prêtres et nous repoussons Sa Main Secourable et
retournons dans la fosse avec les serpents et les scorpions.
Ô frères, assez! Assez de toutes ces humiliations de Lui et de destructions de nous-mêmes!
Agrippons fermement la Main de Notre Sauveur et suivons-Le. Il veut le meilleur pour nous.
Il nous fait le bien. Pour notre bien, Il a souffert. Il est Notre Seul et Unique Ami Qui jamais
ne change.
A Toi soit la Gloire et la reconnaissance, à jamais. Amin.
Saint Nicolas Velimirovitch l'Evêque d'Ochrid, Serbie (+ 05 mars 1958), rescapé de Dachau puis des
persécutions communistes, auteur du Synaxaire "Prologue d'Ochrid."
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