samedi 28 avril 2012
Vie de Sainte Marie l'Egyptienne et autres Vies de Saints.
1 – 14 avril 2012
Cycle mobile (Pascalion): Saint et Grand Samedi
LE SAINT ET GRAND SAMEDI,
NOUS CÉLÉBRONS LA DIVINE SÉPULTURE ET LE SEJOUR AUX ENFERS
DE NOTRE SEIGNEUR ET SAUVEUR JESUS-CHRIST,
QUI A FAIT PASSER LE GENRE HUMAIN DE LA MORT A LA VIE ÉTERNELLE.
C'est en vain que les gardes sur la tombe veillent :
la mort ne peut garder la Vie qui y sommeille!
Le Saint Carême arrive au terme de ses jours et surtout de cette Grande et Sainte Semaine
dont voici le plus grand jour : le Samedi Saint. Lorsqu'on parle de Grande Semaine, ce n'est
pas que ses jours ou ses heures soient plus grands mais à cause de la grandeur et de
l'excellence des merveilles et des oeuvres extraordinaires accomplies par le Sauveur, en
particulier en ce jour. De même que Dieu ayant lors de la première Création du monde
accompli toute Son Oeuvre, en particulier après avoir créé l'homme le sixième jour, Se reposa
de toutes Ses Oeuvres le septième jour et le sanctifia en lui donnant le nom de sabbat, ce qui
signifie repos, de même ici en l'élaboration d'un monde spirituel, ayant de façon excellente
accomplie toute chose après avoir le sixième jour recréé l'humanité déchue et l'avoir
renouvelée par la Vivifiante Croix et par Sa mort, Il se reposa de nouveau en ce septième jour
et après les oeuvres accomplies, Il dormit d'un sommeil revivifiant et salutaire,
Le Verbe de Dieu descend donc au tombeau avec Sa Chair mais Il descend aussi dans l'Hadès
avec Son Âme Divine et Toute Pure que la mort a séparée de Son Corps et qu'Il a remise entre
les mains du Père Auquel Il offrit également Son Sang qui fut notre Rédemption, sans qu'Il ait
eu besoin de la demander. Car dans l'Hadès, l'Âme du Seigneur ne fut pas retenue comme les
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âmes des autres Saints. Comment donc? Parce qu'Il n'était pas sujet comme eux à la
malédiction portée contre nos premiers parents. Notre ennemi le diable, même s'il nous
retenait, ne put prendre le sang au prix duquel nous fûmes rachetés. Et comment le diable, ce
voleur, aurait-il pu L'engloutir puisque le Christ n'était pas seulement de Dieu mais Dieu Luimême?
En outre, Notre Seigneur Jésus-Christ demeura au tombeau avec Son Corps et avec Sa
Divinité étroitement unie à Sa Chair. Etant donc au Paradis avec le Larron et en même temps,
Se trouvant aux Enfers comme on dit avec Son âme divinisée, Il siégeait aussi en Sa Nature
Divine avec le Père et l'Esprit; il était partout présent, étant le Dieu incirconscrit sans que la
Divinité ait eu à souffrir, pas plus au tombeau que sur la Croix. Certes le Corps du Seigneur
eut à souffrir la mortalité, c'est-à-dire la séparation du corps et de l'âme mais en aucune
manière la corruption, c'est-à-dire la dissolution, la complète destruction de la chair et des
membres.
Mais revenons à Joseph : ayant descendu le Saint Corps du Seigneur, il L'ensevelit dans un
tombeau neuf qui se trouvait tout près dans le jardin et il plaça une très grande pierre à l'entrée
du tombeau. Car les Juifs après le vendredi, allèrent trouver Pilate pour lui dire : "Seigneur,
nous nous sommes souvenus que cet imposteur a dit de son vivant : "Après trois jours, je
ressusciterai!" En conséquence, il nous semble bon que ton pouvoir donne l'ordre à l'armée de
garder le tombeau." Pilate aurait dû leur répondre : "Si c'est un imposteur pourquoi tenir
compte de Ses Paroles? Etait-Il vivant lorsque vous avez reconnu qu'Il était mort? Et quand at-
Il dit qu'Il ressusciterait?" Mais certains l'avait déduit du signe de Jonas. "De toute manière,
s'il y a une garde au tombeau, on ne pourra pas Le dérober!" Insensés, ils n'avaient pas
compris que ce qu'ils faisaient allait se retourner contre eux! Pilate l'ayant ordonné, ils firent
donc garder le tombeau par des soldats après y avoir mis soigneusement des scellés, de sorte
qu'on ne pût pas dire de façon calomnieuse que la Résurrection du Seigneur était advenue
sans garde ni scellés.
Mais l'Hadès fut surpris et bouleversé de rencontrer une force plus puissante et il rejeta peu
après Celui Qu'il avait avalé indûment, le Christ, pierre angulaire et trop ferme rocher et avec
Lui ceux qu'il avait mis depuis les siècles en son sein pour en faire sa pâture.
Lecture de l’Epître
Dans l’Orthros [Matines]
1Cor V : 6-8
5.6 C'est bien à tort que vous vous glorifiez. Ne savez-vous pas qu'un peu de levain fait lever
toute la pâte?
5.7 Faites disparaître le vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, puisque vous
êtes sans levain, car Christ, notre Pâque, a été immolé. 5.8 Célébrons donc la fête, non avec du
vieux levain, non avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec les pains sans levain
de la pureté et de la vérité.
Suivi par
Gal III : 13, 14
3.13 Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous-car il
est écrit: Maudit est quiconque est pendu au bois, - 3.14 afin que la bénédiction d'Abraham eût
pour les païens son accomplissement en Jésus Christ, et que nous reçussions par la foi l'Esprit
qui avait été promis.
Dans la Divine Liturgie
Rom VI : 3-11
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6.3 Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus Christ, c'est en sa mort que nous
avons été baptisés? 6.4 Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin
que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous
marchions en nouveauté de vie. 6.5 En effet, si nous sommes devenus une même plante avec
lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection, 6.6
sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit,
pour que nous ne soyons plus esclaves du péché; 6.7 car celui qui est mort est libre du péché. 6.8
Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui, 6.9
sachant que Christ ressuscité des morts ne meurt plus; la mort n'a plus de pouvoir sur lui. 6.10
Car il est mort, et c'est pour le péché qu'il est mort une fois pour toutes; il est revenu à la vie,
et c'est pour Dieu qu'il vit. 6.11 Ainsi vous-mêmes, regardez-vous comme morts au péché, et
comme vivants pour Dieu en Jésus Christ. 6.12 Que le péché ne règne donc point dans votre
corps mortel, et n'obéissez pas à ses convoitises.
Lecture de l’Evangile
Dans l’Orthros [Matines]
Matthieu XXII : 62-66
27.62 Le lendemain, qui était le jour après la préparation, les principaux sacrificateurs et les
pharisiens allèrent ensemble auprès de Pilate, 27.63 et dirent: Seigneur, nous nous souvenons
que cet imposteur a dit, quand il vivait encore: Après trois jours je ressusciterai. 27.64 Ordonne
donc que le sépulcre soit gardé jusqu'au troisième jour, afin que ses disciples ne viennent pas
dérober le corps, et dire au peuple: Il est ressuscité des morts. Cette dernière imposture serait
pire que la première. 27.65 Pilate leur dit: Vous avez une garde; allez, gardez-le comme vous
l'entendrez. 27.66 Ils s'en allèrent, et s'assurèrent du sépulcre au moyen de la garde, après avoir
scellé la pierre.
Dans la Liturgie
Matthieu XXVIII : 1-20
28.1 Après le sabbat, à l'aube du premier jour de la semaine, Marie de Magdala et l'autre Marie
allèrent voir le sépulcre. 28.2 Et voici, il y eut un grand tremblement de terre; car un ange du
Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre, et s'assit dessus. 28.3 Son aspect était comme
l'éclair, et son vêtement blanc comme la neige. 28.4 Les gardes tremblèrent de peur, et devinrent
comme morts. 28.5 Mais l'ange prit la parole, et dit aux femmes: Pour vous, ne craignez pas; car
je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié. 28.6 Il n'est point ici; il est ressuscité, comme
il l'avait dit. Venez, voyez le lieu où il était couché, 28.7 et allez promptement dire à ses
disciples qu'il est ressuscité des morts. Et voici, il vous précède en Galilée: c'est là que vous le
verrez. Voici, je vous l'ai dit. 28.8 Elles s'éloignèrent promptement du sépulcre, avec crainte et
avec une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle aux disciples. 28.9 Et voici, Jésus vint
à leur rencontre, et dit: Je vous salue. Elles s'approchèrent pour saisir ses pieds, et elles se
prosternèrent devant lui. 28.10 Alors Jésus leur dit: Ne craignez pas; allez dire à mes frères de se
rendre en Galilée: c'est là qu'ils me verront.
28.11 Pendant qu'elles étaient en chemin, quelques hommes de la garde entrèrent dans la
ville, et annoncèrent aux principaux sacrificateurs tout ce qui était arrivé. 28.12 Ceux-ci, après
s'être assemblés avec les anciens et avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une forte somme
d'argent, 28.13 en disant: Dites: Ses disciples sont venus de nuit le dérober, pendant que nous
dormions. 28.14 Et si le gouverneur l'apprend, nous l'apaiserons, et nous vous tirerons de peine.
28.15 Les soldats prirent l'argent, et suivirent les instructions qui leur furent données. Et ce bruit
s'est répandu parmi les Juifs, jusqu'à ce jour.
28.16 Les onze disciples allèrent en Galilée, sur la montagne que Jésus leur avait désignée.
28.17 Quand ils le virent, ils se prosternèrent devant lui. Mais quelques-uns eurent des doutes.
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28.18 Jésus, s'étant approché, leur parla ainsi: Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la
terre. 28.19 Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils
et du Saint Esprit, 28.20 et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je
suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde.
Cycle fixe : Commémorations
SAINT EVEQUE CELLACH (OU CEILACH, KEILACH, KELLY) DU COMTE
D'ARMAGH (+9°.S.)
Il semble que Saint Cellach ait pu être Abbé d'Iona. Il semble aussi avoir fondé l'Abbaye de
Kells avant son sacre comme Archevêque du Comté d'Armagh en Irlande
SAINT PRINCE ERMITE TEWDRIC (THEODORIC) DE GLAMORGAN (+5°.- 6°.S°)
Tout ce qui est connu à son sujet provient du Livre de Llan Dav.* Selon cette source, il remit
sa charge princière à un âge avancé au bénéfice de son fils Meurig et se retira pour vivre en
Ermite à Tintern. Lors d'une invasion des Saxons, il se plaça à nouveau à la tête de son
peuple. Les envahisseurs furent dispersés mais Tewdrig fut mortellement blessé par une lance.
Il s'endormit alors et fut enseveli à Mathern près de Chepstow où l'église lui est encore
dédicacée. Il est aussi dit qu'il aurait fondé les églises de Bedwas Llandow et de Merthyr
Tydfil. L'évêque hérétique Francis Godwin de Llandaff (de 1601 à 1617) découvrit dans
l'église de Mathern un cercueil de pierre contenant les ossements du Saint avec un crâne
fracturé.
* Manuscrit médiéval de la paroisse de Llan Dav (Pays-de-Galles) écrit vers 1150 et donnant les vies de Saints.
SAINT CAIDOC (OU CAIDOS) ET SAINT FRICOR (OU ADRIAN) (+7°.S.)
24 janvier – 31 mars - 1 avril – 30 mai
Ils avaient quatre jours de fête à Centula : le 24 janvier, le 31 mars, le 1 avril et le 30 mai. Les
Irlandais Caidoc et Fricor ont évangélisé le Pays des Morins en Picardie vers 622. Parmi les
âmes qu'ils ont gagnées pour le Christ, il y avait le noble Riquier (Saint Ricarius) qui est
intervenu quand quelques gens du coin ont brutalement interrompu leur prédication et les
invita chez lui. Riquier devint un Chrétien fervent et un grand Ascète; il sera finalement
ordonné. En 625 Riquier fondra Centula sous la Règle de Columban, un autre Irlandais. Leurs
Saintes Reliques sont toujours vénérées à l'église de la paroisse papiste de Saint-Riquier dans
le diocèse d'Amiens bien qu'elles se soient trouvées à Centula jusqu'au dix-septième siècle.
Saints Caidoc et Fricor ont rejoint la communauté de Riquier et restèrent là-bas jusqu'à ce
qu'ils soient ensevelis dans l'église de Saint Riquier
ou
Ils étaient originaires d'Irlande. Venus on ne sait par quelle inspiration vers 590 jusqu'en
Picardie, ils subirent d'abord des vexations de toutes sortes de la part des habitants. Un certain
Riquier les reçut par bonté dans sa maison et fut bientôt converti par leurs paroles; devenu
plus tard Saint Riquier, il fonda le Monastère de Centule appelé ensuite de son nom où les
corps de Saint Caïdos et de Saint Fricor furent ensevelis. C'était sous le règne de Clotaire II ou
de Dagobert.
SAINT MOINE MACAIRE DE PÉLÉCÈTE (+840) 18 août – 1 avril
The Monk Makarios, Hegumen of the Pelikiteia Monastery, was born at Tsar'grad
(Constantinople). While still a lad he lost his parents. The Saint fervently read the Word of
God and became so absorbed with it, that he decided to devote his life entirely to God. He
entered the Pelikiteia monastery in Bithynia, where at the time the hegumen was the reknown
ascetic, the Monk Ilarion (+ c. 754, Comm. 28 March). After the death of this monastic head,
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the Monk Makarios was unanimously chosen by the brethren as hegumen. During the reign of
the Byzantine emperors Leo V the Armenian (813-820) and Michael II the Stammerer (820-
829), the Monk Makarios suffered as a confessor for the veneration of holy icons. He was
dispatched to the island of Aphusia, where he died in about the year 830.
SAINT EVEQUE MELETION (OU MELITON) DE SARDES EN ASIE MINEURE
(+ 177 OU 190)
Evêque de Sardes en Lydie (Asie Mineure), il s'était volontairement fait eunuque pour gagner
le Royaume des Cieux. Il composa de nombreux ouvrages à l'intention de ses fidèles. De lui
nous reste un très beau discours sur Pâque qui inspira par la suite la poésie liturgique
byzantine et qui est proposée aux "Livres des Heures" de la Liturgie latine.
ou
Meletion était un célèbre berger de l'Eglise du deuxième siècle. Gouvernant avec grande
habileté, il entreprit de rassembler tous les livres de la Sainte Ecriture en un seul Codex. Par
sa douceur et sa piété, Meletion oeuvra pour restaurer à nouveau la Paix dans l'Eglise de
Laodicée qui était née suite à la controverse au sujet de la célébration de Pâque, Fête de la
Résurrection. En outre, il défendit la Chrétienté contre les païens. Il fit le voyage de Rome
vers 170 et remit à l'empereur Marc-Aurèle un écrit, une Apologie (playdoyer) de la Foi et de
l'Eglise chrétienne. Pieux, érudit et zélé, Saint Meletion s'endormit en paix dans le Seigneur
en 177.
ou
Saint Méliton, l'un des principaux Confesseurs de la Foi chrétienne au deuxième siècle de
l'Eglise, était Evêque de Sardes, ville de Lydie en l'Asie Mineure à l'époque de l'empereur
Marc-Aurèle. Il était reconnu publiquement pour un Prophète parmi les Chrétiens comme l'a
déclaré Tertullien qui, écrivant alors contre l'Eglise, faisait connaître que telle était l'opinion
des Orthodoxes et se contentait de louer la beauté de son talent, l'élévation de son esprit, sans
parler de la Sainteté de ses moeurs, de la pureté de sa doctrine.
Les principaux ouvrages de Saint Méliton sont :
1. un catalogue des Ecritures canoniques;
2. deux livres sur la question de la Pâque :
http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/fichelivre.asp?N_LIV_CERF=781;
3. son apologie en faveur des Chrétiens qu'il adressa vers l'an 170 à Marc-Aurèle. Ces écrits et
un grand nombre d'autres dont on peut voir la liste dans Saint Jérôme dans Eusèbe etc sont
perdus. Nous ne parlons pas du livre intitulé "le trépas de la Vierge Marie" qu'on lui a
faussement attribué et que le Pape Gélase a sagement rangé parmi les apocryphes.
SAINT ÉVÊQUE JEAN IV LE SCRIBE DE NAPLES (+850)
Jean est né à la campagne et dans la plus extrême pauvreté. Dieu aller l'y chercher pour
l'élever bien haut et d'une manière assez singulière pour qu'elle mérite d'être rapportée.
Devenu savant par charité, il embrassa pour subsister la profession d'écrivain public; il était
un véritable calligraphe. Aussi la besogne abonda-t-elle bientôt dans son échoppe mais
comme il était aussi Saint que savant, sa vertu fit bientôt plus de bruit que son talent et
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l'Eglise voulut enrôler Jean parmi ses ministres. Il était devenu Diacre lorsque le gouverneur
de Naples, homme querelleur s'il en fut, vint à se brouiller avec Tibère l'Evêque de la ville.
Ce gouverneur qui se nommait Bon, nom qui jurait avec son caractère, fit jeter dans un cachot
l'Evêque qui avait eu le malheur de lui déplaire et l'accabla de multe afflictions. Il ne s'en tint
pas là : il voulut le faire remplacer, convoqua les électeurs et leur présenta son candidat
officiel. Ce candidat qui se trouva être Jean, réunit tous les votes. Mais aux yeux de notre
Saint, cette élection était on ne peut plus anti-canonique, aussi alla-t-il se cacher.
Le gouverneur le fit rechercher et amener devant lui : "Pourquoi ne souscris-tu pas au choix
qu'on a fait de toi pour le siège de Naples?" - "Parce que celui qui l'occupait vit encore." -
"Qu'à cela ne tienne. Je vais le faire égorger."
Jean se trouvait donc placé entre l'alternative d'occasionner, par son refus, la mort de son
pasteur qu'il aimait et vénérait ou de transgresser une loi de la discipline : de part et d'autre,
c'était un précipice. Dans lequel tomber? La loi naturelle lui commandait de tout faire pour
sauver la vie à un Enfant de Dieu. Il demanda la permission d'en aller conférer avec Tibère
dans sa prison, ce qui lui fut accordé. Tibère qui savait combien Jean était dépourvu de toute
ambition, lui conseilla d'accepter en attendant.
Dix-huit mois après, le gouverneur Bon mourut mais son successeur immédiat ne voulut pas
encore accorder l'élargissement de Tibère aux prières de Jean. Dieu permit qu'il sortît de ce
monde six mois après son installation et le nouveau gouverneur n'eut rien de plus pressé que
de rendre le père à son fils mais une longue et dure captivité avait épuisé les forces de
Tibère. L'avant-veille de son Endormissement, il convoqua le clergé et le peuple, se fit asseoir
sur le trône épiscopal pour faire l'éloge de Jean qui avait été la consolation de sa captivité.
Il recommanda de le reconnaître pour Evêque et pria tout le monde d'attester au Patriarche de
Rome qu'il n'était point un usurpateur. Et effet le Pape Grégoire IV à qui l'affaire fut déférée,
n'y trouva rien à redire et fit même venir Jean à Rome où il le consacra de ses propres mains
(842).
Dix ans après, la veille de Pâque de l'an 853, il naquit au Ciel et pendant que son âme prenait
la Voie Céleste, son corps fut porté en grande pompe dans l'église de Saint-Janvier, escorté
par les néophytes baptisés de la veille et encore vêtus de leur robe blanche.
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SAINT ARCHIMANDRITE EUTHYME LE THAUMATURGE DE SUZDAL (+1404)
1 avril – 4 juillet (invention des Précieuses Reliques)
Saint Euthyme de Suzdal naquit en 1316 à Nizhni-Novgorod. Dès sa plus tendre enfance, on
lui apprit les lettres et on lui donna une éducation spirituelle. Il reçut la tonsure monastique au
Monastère de la Laure de Nizhegorod par son fondateur Saint Denys qui deviendra par la
suite Archevêque de Suzdal.
Saint Euthyme menait un tel combat ascétique que Saint Denys lui conseilla la modération.
En 1352, le Prince Boris de Suzdal voulut que s'établisse en sa ville un monastère d'hommes.
Il demanda à la Laure de Nizhegorod de lui envoyer un Moine pour fonder le monastère. Le
choix du Saint Higoumène tomba sur Saint Euthyme.
Après l'arrivée de Saint Euthyme dans la partie Nord de la ville au-delà du fleuve Kamenka,
Saint Jean de Suzdal établi une Croix sur le site de la future cathédrale du monastère en
présence d'une foule enthousiaste. Le Prince en personne commença à creuser pour les
fondations. Et Saint Euthyme se confectionna trois pierres tombales pour lui-même, faisant le
voeu de rester dans ce nouveau monastère pour le restant de ses jours.
C'est ainsi que le Monastère du Sauveur fut fondé par Saint Euthyme et bientôt on y trouva
jusque trois cent Moines sous la guidance du Saint. Le monastère adopta la Règle de vie
cénobitique. Le Saint insistait pour que chaque Moine soit préparé à obéir à n'importe quel
ordre qu'on lui donnerait. Saint Euthyme rendit régulièrement visite au Monastère de la
Trinité-Saint-Serge, à Saint-Serge de Radonège. Saint Euthyme était un Ascète très strict et un
grand homme de prière. Il oeuvra sans cesse pour le bénéfice de tous les frères.
Saint Euthyme naquit au Ciel le 1er avril 1404. Le 4 juillet 1507 lors de l'excavation d'une
tranchée pour la nouvelle cathédrale, on trouva ses Précieuses Reliques incorrompues. Le
Saint fut glorifié par le Concile de Moscou en 1549.
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INVENTION DES PRÉCIEUSES RELIQUES DE SAINT ARCHIMANDRITE EUTHYME DE SUZDAL (+
1507)
The Uncovering of the Relics of the Monk Evphymii of Suzdal' the Wonderworker, – who
died on 1 April 1405, occurred in the year 1507 during the construction of a new stone church
when the monastery was headed by the hegumen Kirill (later bishop of Rostov). The incorrupt
relics were the source of numerous Miracles, and they were placed in the Transfiguration
cathedral of the monastery. In 1511 after its restorations, the church (a rare memorial of XIV
Century architecture) was consecrated in the name of the Monk Evphymii.
SAINT EVEQUE LEUÇON (OU LEUÇOIN, LEUCONIUS) DE TROYES (+656)
On n'a que peu de détails sur la vie de Saint Leuçon. Elu Evêque de Troyes vers 651, il fut
durant cinq ans le Pasteur zélé et vigilant du troupeau qu'il avait en garde. Saint Leuçon peut
être considéré comme le restaurateur de l'Abbaye de la Mère de Dieu aux Nonnains.* Sans
toucher aux privilèges de ce monastère, il y introduisit une régularité plus parfaite et plus
conforme au véritable esprit de la religion. Plusieurs femmes perdues de moeurs ayant été
converties dans le cours de ses prédications par la force de sa parole et la vertu de ses
exemples, il leur ouvrit les portes de cette Maison Sainte où elles purent, à l'abri des
séductions du monde, se livrer entièrement au Service de Dieu.
Saint Leuçon rendit son âme à Dieu 1er avril 656 et fut inhumé dans l'église de la Mère de
Dieu aux Nonnains qu'il avait dédiée lui-même et dans laquelle il fut depuis honoré du culte
dû au Saint Protecteur du lieu.
* Ce monastère occupait l'emplacement de la préfecture actuelle de l'Aube. La date de l'origine de l'Abbaye de
la Mère de Dieu aux Nonnaines se perd dans la nuit des temps. Dès le principe, il existait sur son emplacement
une réunion de vestales chargées d'entretenir le feu "sacré" d'un temple païen. Nombreuses, elles avaient à leur
tête une princesse de sang royal qui possédait de grands biens dans la ville de Tricasses. De vieilles chroniques
racontent qu'elles furent les premières à embrasser l'Evangile lorsque Saint Savinien vint prêcher la Foi dans
notre pays et que, depuis ce moment, elles se livrèrent ensemble aux exercices de la vie monastique.
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St. Gerontios
SAINTS MARTYRS GERONTIOS ET BASILIDES
The Martyrs Gerontios and Basilides suffered a Martyr's death for Christ in the III Century, –
they were beheaded by the sword.
SAINT EVEQUE BEREHOND (OU BERCHOUD, BERCHOND) D'AMIENS (+7°.S.)
Le Saint Evêque Berehond d'Amiens succéda vers l'an 611 à Saint Salve selon les uns, à
Déodat selon les autres. On ne sait rien de sa naissance ni de sa famille. L'histoire de son
épiscopat se borne aux relations qu'il entretint avec Saint Valéry, Moine de Luxueil et
fondateur de l'Abbaye de Leuconaüs en Picardie. Il favorisa la donation que Clotaire II fit à
Valéry de la terre de Leuconaüs et prêta plus tard son concours à Saint Blitmond pour relever
de ses ruines l'oratoire primitif et en faire un monastère régulier.
Saint Bérehond évangélisa le Vimeu qui restait obstinément attaché à certaines coutumes
païennes et spécialement celles des arbres. Un de ces arbres "sacrés" s'élevait près de
l'ermitage de Saint Valéry et attirait les hommages superstitieux des visiteurs. Berehond
suspendit à cet arbre de Précieuses Reliques qu'il avait coutume de porter sur lui et put ainsi,
sans brusquer les habitudes invétérées, leur donner une consécration chrétienne.
C'est au pied de cet arbre que Saint Valéry fut enseveli en l'an 622. Trois ans plus tard, les
Moines de Leuconaüs dispersés par la guerre, Berehond voulut transférer à sa cathédrale les
Précieux Restes de Saint Valéry mais tous les efforts restèrent impuissants car on ne put
exhumer le corps ni même le soulever. Il était réservé à Saint Blitmond d'en faire la pierre
angulaire du monastère qu'il devait reconstruire. On ne connaît pas l'époque précise de sa
Naissance au Ciel. L'auteur anonyme de la "Vie de Saint Valéry" l'a fixée à l'an 627, Lamotte
à 640 et de Court à l'an 644.
On suppose que Saint Berehond est l'un des six Evêques qui sont sculptés au portail Saint-
Firmin de la cathédrale d'Amiens. On voyait son portrait imaginaire à la chapelle de l'évêché.
SAINT ERMITE VALÉRY À LEUCONAY (+619 OU 622)
Né en Auvergne, il tente la vie monastique à Issoire puis à Auxerre et rejoint Saint Colomban
à Luxeuil, estimant que sa Règle monastique lui convient mieux par ses austérités. Il quittera
Luxeuil pour fonder un monastère à Leuconay qui deviendra Saint Valéry-sur-Somme-80230.
D'autres localités conservent aussi sa mémoire comme Saint Valéry en Caux-76460.
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ou
Originaire d'Auvergne, il devint Moine au Monastère d'Automnon puis entra dans celui de
Saint-Germain-d'Auxerre où son austérité lui acquit une réputation de grande Sainteté. Après
s'être mis à l'école de Saint Colomban au Monastère de Luxeuil en Franche-Comté, il se rendit
avec Waldolen (Saint Waldalene, cf. le 15 mai) à la cour du Roi Clotaire de Neustrie qui lui
fit don de la terre de Leuconay (Leucone) sur la baie de Somme où il construisit une chapelle
et quelques cellules avant d'entreprendre de convertir les habitants de la région. Sur
l'emplacement de sa cellule, on construisit ensuite le monastère qui devait porter son nom et
autour duquel allait s'élever bientôt la ville de Saint-Valéry; on donna plus tard son nom à
deux villes de la région
ou
Né en Auvergne, Valéry découvrit la vie monastique à Issoire, la développa à Auxerre, la
fructifia à Luxeuil sous Saint Columban et la multiplia par son travail missionnaire à
Leuconnais (Leuconay) dans la région de la Somme.
Né dans une famille paysanne en Auvergne, Valéry garda les moutons de son père durant son
enfance, ce qui lui donna suffisamment de temps pour développer sa vie de prière. D'un désir
ardent de grandir dans la connaissance spirituelle, il apprit à lire très jeune et apprit par coeur
le Psautier. Peu satisfait de sa vie de berger, il prit l'Habit Angélique dans le Monastère
avoisinant de Saint-Antoine à Autun.
Sa ferveur des premiers jours de vie monastique l'amenèrent à vivre la Règle parfaitement.
L'humilité sincère lui permettait de se soumettre humblement à tout le monde. Cherchant une
Règle plus stricte, il partit pour le Monastère plus austère de Saint-Germain où le Saint
Evêque Anachaire d'Auxerre le reçut. Il se sentit attiré à Luxeuil par la réputation de la vie
pénitente de ses Moines et la sagesse spirituelle de Saint Columban. Il y passa de longues
années, s'estimant toujours un médiocre serviteur et un Moine paresseux en perpétuel besoin
de Règle stricte et d'Higoumènes sévères. En dehors du péché, il ne redoutait rien tant que les
félicitations et louanges des hommes ou une réputation de Sainteté. A Luxeuil il se distingua
aussi comme horticulteur; la préservation de ses fruits et ses légumes contre les ravages
d'insectes qui avaient détruit la plupart des autres récoltes fut considérée comme miraculeuse.
Quand Saint Columban fut banni de Luxeuil par le Roi Theodoric, Valéry reçut la conduite du
monastère jusqu'à ce qu'il soit envoyé par Saint Eustace avec son collègue le Moine
Waldolanus pour prêcher l'Evangile en Neustrie. Là-bas le Roi Clotaire II leur donna le
territoire de Leucone en Picardie à l'embouchure de la Somme. En 611, avec la permission
l'Evêque Bertard d'Amiens, ils y construisirent une chapelle et deux cellules. Saint Valéry, par
sa prédication et l'exemple de sa vertu, convertit beaucoup et attira des disciples fervents avec
lesquels il posa la fondation d'un monastère.
Il prolongeait parfois ses jeûnes jusque six jours, ne mangeant que le dimanche et il n'utilisa
pas d'autre lit que des branchages jetés au sol. Son temps était entièrement partagé entre la
prédication, la prière, les Saintes Lectures et le travail manuel. Par ce dernier, il gagnait de
quoi soulager les pauvres et il répétait souvent aux autres : "Plus joyeusement nous donnons à
ceux-là qui sont dans la détresse, plus facilement Dieu nous donnera ce que nous Lui
demandons."
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A sa Naissance au Ciel, des Miracles eurent lieu sur son tombeau et la vénération grandit qui
s'étendit finalement en Angleterre pendant la conquête normande. Guillaume le Conquérant fît
exposer les Précieuses Reliques de Saint Valéry pour la vénération publique. Il l'invoqua pour
un vent favorable pour l'expédition de 1066 qui partit de Saint-Valéry.
Valéry est honoré à l'Abbaye de Chester en Angleterre et en France où un monastère célèbre
fut construit sur ses cellules. Sa "Vita" fut soigneusement écrite en 660 par Raimbert qui fut le
deuxième Abbé de Leucone après lui.
Le roi Richard-coeur-de-Lion fit transférer ses Vénérables Reliques à Saint-Valéry-en-Caux;
cependant, son abbaye originelle les retrouva plus tard. Deux villes dans le district de la
Somme sont appelées Saint-Valéry d'après lui et on lui trouve aussi plusieurs dédicaces en
Angleterre.
ou
Saint Valery naquit en Auvergne d'une famille pauvre et obscure. On ignore le lieu précis de
son origine mais on sait qu'il passa sa jeunesse à garder les troupeaux. Il avait un grand désir
de s'instruire et les moyens lui manquaient. Un jour, alors à la garde des brebis de son père, il
entendit parler d'écoles du voisinage où les enfants d'aristocrates étaient élevés dans l'étude; il
soupira dès lors après le bonheur de participer au même bienfait. Il alla prier un de ces maîtres
de la jeunesse de vouloir bien lui tracer les figures des lettres et de lui apprendre à les
connaître, ce à quoi celui-ci se prêta volontiers. Valery, revenu à la garde de son troupeau,
repassa dans sa mémoire ce qu'un venait de lui enseigner et à l'insu de ses parents, développa
avec tant d'assiduité ces premières notions qu'il parvint en peu de temps à savoir lire et écrire.
Le premier usage qu'il fit de ces connaissances fut de transcrire le Psautier qu'il apprit en
entier par coeur. Il commença dès lors à fréquenter plus assidûment l'église et à suivre les
chants du choeur. Peu à peu, par la Grâce de Dieu, il sentit son âme s'enflammer des Choses
Célestes. C'était sans doute dans quelque église de monastère qu'il se rendait ainsi; on en peut
présumer que l'aspect de Moines édifiants éveilla en lui ce goût de recueillement et de
solitude qui le domina toute sa vie.
Un de ses oncles se rendant un jour au Monastère d'Autumon (ou d'Autoin), Valery l'y
accompagna. Il y passa quelque temps; son désir d'entrer dans la vie monastique devint alors
tellement vif qu'il ne fut plus possible de le décider à en sortir. Son père vint inutilement le
prier de rentrer chez lui mais Valery répondit qu'il ne reverrait plus jamais la maison
paternelle. L'Abbé et tous les Moines réunirent leurs instances à celles du père : ils ne purent
triompher de sa résolution. Ni la douceur ni la sévérité ni les jeûnes rigoureux qu'on lui
imposa ni même la menace de châtiments corporels ne le firent fléchir; il se souvenait, dit
l'historien, de ces Paroles de Jésus-Christ : "Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi,
n'est pas digne de moi." A la fin, l'Abbé, reconnaissant qu'une vocation aussi ferme ne pouvait
venir que du Ciel, dit à ses frères : "Ne rejetons pas le Don de Dieu." Selon toute apparence,
le père lui-même se rendit à ces signes manifestes de la Volonté Divine et consentit à se
séparer de son fils car peu de jours après, il était présent au monastère quand l'Abbé d'Antoin,
donnant la tonsure cléricale à Valery, l'engageait irrévocablement au Service du Seigneur.
Le jeune novice fit de rapides progrès dans la vertu au point de devenir bientôt le modèle de
ses frères. On ne se lassait pas d'admirer sa patience, son amour de l'Ascèse, sa prudence, sa
douceur ou son angélique piété. On le trouvait toujours prêt pour les oeuvres de charité; aussi
était-il universellement aimé. Du reste, la Grâce de Dieu semblait chez lui répandre sur ses
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traits une aimable affabilité qui charmait tous les regards. Par ces vertus et la maturité bien
supérieure à son âge, il devenait patent que Dieu avait vu en lui un précieux Serviteur et
bientôt en effet, Valery écouta sa conscience et poussé par le besoin il sentit que le
détachement ne peut être parfait tant que l'on vit au sein de sa patrie ou trop près de ses
parents.
Il partit donc pour Auxerre. La renommée lui avait appris que l'Evêque Aunachaire (ou
Aunaire, ev. 571-605) avait établi, sous l'invocation de Saint Germain, un monastère dans le
faubourg de cette ville et qu'il y habitait lui-même, y donnait l'exemple de toutes les vertus.
Valery s'y rendit et fut accueilli avec bonté par le Prélat. Dans cette nouvelle retraite plus libre
et plus dégagé de tout lien terrestre, il se livra avec un zèle nouveau à la pénitence, aux
veilles, aux jeûnes et à la prière.
Sa réputation s'étendit bientôt au loin. Un seigneur nommé Bobon, aussi riche qu'illustre,
entendit parler de notre jeune Moine et voulut le voir. A peine l'eut-il abordé qu'il se sentit
gagné par la douceur de sa parole et la bonne odeur de ses vertus. Les instructions du jeune
Moine pénétrèrent si avant dans son âme qu'il se sentit pressé de renoncer au monde pour se
donner tout à Dieu. Il ne retourna pas même chez lui, se dépouilla entièrement de sa fortune et
embrassa la Pauvreté Evangélique.
La célébrité qui s'attache aujourd'hui aux savants était alors aux Saints. Un personnage illustre
par ses vertus devenait comme le point de mire vers lequel tous les yeux se portaient; par
exemple Saint Colomban était un de ces hommes que le Ciel donne en spectacle à la terre. Ses
prédications dans les Gaules, ses grandes vertus, les Miracles qu'il opérait, le nombre de ses
disciples comme la régularité qui régnait parmi eux, tout était propre à exciter le désir de le
voir, de l'entendre, de servir Dieu sous ses ordres. Valery espérait surtout trouver en lui de
nouvelles lumières ou de plus puissants exemples; il résolut de partir pour Luxeuil. Bobon
voulut le suivre. Leur attente ne fut pas trompée, Colomban était l'homme qu'ils cherchaient.
Le spectacle des communautés qu'il dirigeait les édifia au plus haut degré. Ils virent une
société d'hommes étrangers au monde, morts à la vie des sens, n'ayant rien en propre, unis par
la plus étroite charité et se succédant perpétuellement pour chanter les Louanges de Dieu.
Valery et Bobon, au comble de leurs voeux, demandèrent et obtinrent place dans cette
brillante communauté. C'était vers l'an 594.
D'après la Règle de Saint Colomban, le travail de la terre faisait partie de l'occupation des
Moines; les novices en particulier devaient soigner le jardin. Valery fut appliqué à cet emploi
destiné surtout à inspirer la vertu d'humilité mais comme rien n'est petit pour un Serviteur de
Dieu, il sut relever cet office par l'esprit de piété dont il l'animait et Dieu Lui-même Se plut à
manifester par un prodige combien cet esprit lui était agréable. Cette année-là, quantité
d'insectes dévoraient les herbes et les fruits. Or il arriva que la portion de jardin cultivée par
l'Humble Moine fût entièrement épargnée par le fléau. Saint Colomban fut surpris d'y voir
partout la fraîcheur et la verdure, les légumes sains et intacts et il attribua ce bienfait à
l'humilité et à l'obéissance de son fervent disciple. Celui-ci, au contraire, attribuait tout au
mérite de ses frères car ce qu'il redoutait le plus après le péché, c'était la louange. Bien qu'il ne
fût novice que depuis peu, Colomban l'admit parmi les Moines, estimant qu'il n'y avait pas
lieu de soumettre à de plus longues épreuves celui que le Ciel même honorait ainsi de Ses
Faveurs.
Un jour que le Saint Abbé expliquait à ses Moines le sujet de la lecture, il sentit tout à coup
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comme une Odeur Céleste remplir l'appartement. Il demanda quel était le Moine qui venait
d'entrer et comme on lui répondit que c'était Valery, il s'écria : "Ô mon bien-aimé, c'est toi qui
es le véritable seigneur et Abbé de ce monastère."
Il serait difficile de préciser le temps que Valery passa sous la direction de Saint Colomban.
On peut cependant présumer que ce fut environ quinze ou seize ans (594-610). Il était encore
à Luxeuil quand le roi Thierry contraignit le Saint Abbé de quitter son monastère. Témoin de
la désolation que le départ de l'illustre fondateur causait à ses enfants, il sentit son coeur se
déchirer en adressant à son maître vénéré un dernier adieu. Nul doute qu'il n'eut volontiers
accompagné le glorieux exilé mais les ordres de Thierry étaient formels : les Irlandais et les
Bretons pouvaient seuls suivre Colomban.
Cependant un Moine nommé Waldolène avait demandé la permission d'aller au loin prêcher
l'Evangile. Tel était le zèle qui consumait alors les Moines dans leur solitude : les monastères
n'étaient guère que des ruches fécondes où se formaient des Ouvriers Evangéliques.
Colomban consentit à cette demande et Waldolène sollicita la faveur d'emmener Valery à qui
une vive affection l'unissait. Colomban qui aimait aussi ce fidèle disciple, répondit à
Waldolène : "Le but que tu te proposes est bon mais sache que le compagnon que tu
demandes est un Grand Serviteur de Dieu. Garde-toi donc de lui causer la moindre peine, de
peur de t'exposer à des regrets." Pour des raisons que nous ne connaissons pas, le départ des
deux Missionnaires n'eut pas lieu et le monastère y gagna un secours utile dans les
circonstances difficiles où il se trouvait.
En effet à peine Colomban était-il parti que l'Abbaye devint la proie de ses ennemis. Par les
ordres ou au moins du consentement de Thierry, des séculiers envahirent ses possessions
jusqu'à ses bâtiments où des bergers n'avaient pas craint d'établir leur domicile. Saint Eustaise,
élu Abbé, s'efforça de repousser ces injustes agressions et fut puissamment secondé par
Valery. Une partie des Moines voulaient recourir aux moyens violents mais Eustaise et Valery
s'y opposèrent. Ce dernier rentrant un jour d'une excursion au Désert où il aimait à se retirer, à
l'exemple de Saint Colomban, trouva le Lieu Saint même occupé par les étrangers. Il implore
le Secours de Dieu et réussit à faire cesser le scandale. Sa douceur et son éloquence
persuasive ainsi que celle d'Eustaise, décidèrent peu à peu les usurpateurs à se retirer et le
monastère recouvra ses possessions et sa tranquillité. Seulement un des Moines, emporté par
un faux zèle, voulut employer la violence, malgré la défense d'Eustaise. S'étant fait suivre de
quelques frères, il engagea un combat où il reçut une blessure dont il garda la trace toute sa
vie en signe de sa désobéissance.
Il semble que le départ de Saint Colomban aurait dû déterminer Waldolène et Valery à
exécuter leur projet. Cependant, si l'on en croit un auteur, Eustaise l'aurait retardé encore en
confiant à Valery le gouvernement de l'abbaye durant le voyage qu'il fit à Bobbio pour tenter
d'en ramener Saint Colomban. Mais une fois la paix rétablie dans le monastère, les deux
Saints résolurent de donner carrière à leur zèle apostolique. Ils prêchèrent dans différentes
provinces environ deux années, opérant partout de nombreuses conversions. Arrivés en
Neustrie, ils demandèrent au Roi Clotaire la permission de se fixer dans ses Etats. Ce Prince
qui aimait et favorisait Luxeuil, les accueillit avec bienveillance et leur permit de s'établir où
ils voudraient. Ils se dirigèrent du côté d'Amiens.
Comme ils arrivaient à Gamaches (Walimago), un seigneur appelé Sigobard tenait, suivant
l'usage du temps, des assises où il jugeait les gens de ses domaines. Il venait de condamner un
homme à mort et déjà la sentence s'exécutait. En voyant de loin le patient suspendu à la
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potence, Valery sent ses entrailles émues; il court de toutes ses forces vers le lieu du supplice
mais il arrive trop tard : le condamné venait d'expirer. Les bourreaux mêmes défendent au
Saint d'approcher et de toucher le cadavre. Lui, sans les écouter, coupe la corde, reçoit le mort
dans ses bras, le dépose à terre puis se couchant sur lui face contre face, il prie avec ferveur et
répand d'abondantes larmes et à la grande stupéfaction de tous ceux qui étaient là, la vie rentre
dans les membres du supplicié qui bientôt se relève plein de force et de santé. Le Miracle était
obvie : Valery supplie Sigobard de laisser libre celui qu'il vient de rendre à la vie. Mais le
cruel seigneur refuse et ordonne qu'on pende de nouveau le criminel. Alors Valery s'écrie :
"Tu as déjà exécuté ta sentence et si cet homme vit encore, c'est par un Miracle de la
Miséricorde Divine. Tu ne me l'arracheras pas ou tu me feras mourir avec lui. Que si tu
daignes prêter l'oreille à un Humble Serviteur du Christ, souviens-toi que le Dieu Créateur ne
méprise pas ceux qui l'invoquent, il nous exaucera parce que nous combattons pour Ses Lois."
Sigobard se laissa fléchir par ces prières et fit grâce au coupable qui vécut encore de longues
années après. On montrait jusque dans ces derniers temps, une chapelle élevée à Amiens sur
le lieu même où d'après la tradition ce Miracle s'était opéré.
Une Pieuse Dame du nom de Bertille, offrit un asile aux deux Saints. Elle reconnut bientôt
dans Valery un homme privilégié du Ciel. Dès lors elle ne le considérait plus qu'avec une
sorte de vénération. Un jour, elle le pria de lui permettre de l'ensevelir, s'il venait à s'endormir
avant elle. Confus et étonné qu'on le jugeât digne du moindre honneur, le Saint éluda la
demande en répondant : "C'est à Dieu d'agir en cela : qu'il fasse selon Son Bon Plaisir!" Il
s'estimait au-dessous de toutes les créatures.
Cependant les deux Anachorètes cherchaient le coin de terre où ils pourraient se fixer pour
vaquer à la contemplation. L'Evêque Berehond d'Amiens avait coutume de se retirer dans un
lieu désert pour se soustraire aux bruits du monde; ce lieu, d'un sol riche et fertile, entouré de
forêts, baigné d'un côté par la mer, de l'autre par la Somme et couronné au fond par des
rochers à pie s'appelait Leuconaüs (Leuconay). Il conseilla à Valery d'aller s'y établir. Valery
céda au conseil de l'Evêque. Retrouvant Dieu dans la solitude, il s'adonna avec plus d'ardeur
encore à la prière, au jeûne et à tous les exercices de la pénitence. Son unique désir était
d'échapper à tous les regards pour se perdre en Dieu. Mais déjà le bruit de sa Sainteté s'était
répandu au loin et le Miracle qu'il avait opéré devant tant de témoins avait révélé en lui ce
qu'il eut tant désiré cacher. Bientôt une foule de disciples vinrent se mettre sous sa direction.
Le Désert de Leuconaüs changea tout à coup d'aspect : là où régnait naguère une profonde
solitude connue seulement d'un Saint Evêque, s'élevaient de nombreuses cellules et une église.
Là où les hurlements des bêtes fauves avaient été les seuls à avoir trouvé un écho,
retentissaient jour et nuit les Louanges du Seigneur. Tel fut le commencement de l'Abbaye de
Leuconaüs ou Saint-Valery si célèbre dans l'Eglise. Fondée vers 613, c'est-à-dire deux ans
après l'expulsion de Saint Colomban, elle fut établie sous la Règle de ce Grand Serviteur de
Dieu.
Valery n'avait pu se refuser à recevoir les fidèles qui venaient se ranger autour de lui mais
prévoyant les distractions que lui occasionnerait inévitablement le soin d'une communauté, il
songea à se créer une nouvelle retraite, une solitude au milieu de la solitude. Il se construisit
donc une cellule à part où il se tenait isolé pendant que ses Moines vivaient en commun. Il
n'en était pas moins le Père Spirituel de son monastère. Le Roi Clotaire dont la bienveillance
avait suivi nos Saints, apprit avec joie la nouvelle de cette fondation et se chargea de pourvoir
à la subsistance des Moines en leur envoyant des vivres.
Valery ayant ainsi trouvé l'objet de ses voeux, s'appliqua avec un soin particulier à sa propre
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édification. Il pouvait enfin se livrer sans obstacle à la Contemplation dont il était tant épris.
Mais plus il s'efforçait de se cacher des hommes, plus Dieu Se plaisait à faire éclater sa
Sainteté. Il fut aussi favorisé du don des Miracles. De là lui vint une célébrité importune à
son humilité mais à laquelle il ne lui était plus donné de se soustraire.
Un habitant des bords de l'Oise nommé Blitmond était affligé d'une faiblesse de membres si
grande qu'il ne pouvait se tenir debout. Il vint trouver Valery, sur le bruit de sa Sainteté et se
recommanda à ses prières. Touché de son triste état, le Pieux Anachorète se mit en prière puis
lui imposa les mains en levant les yeux au Ciel. Il toucha ensuite les membres malades et
partout où sa main passait, les plus vives douleurs se faisaient sentir. Mais en même temps la
vie y renaissait avec la force. Bientôt Blitmond fut rendu à une parfaite santé. Les nombreux
témoins de ce Miracle en rendirent hautement Grâces à Dieu et Blitmond lui-même ne crut
pouvoir mieux en témoigner sa reconnaissance qu'en se rangeant parmi les disciples du Saint.
Il se fixa à Leuconaüs où Valery prit de lui un soin particulier et profita si bien des leçons et
des exemples de son maître qu'il mérita de lui succéder dans la direction du monastère.
L'Eglise l'a glorifié.
Valery délivra un grand nombre de possédés du démon. Pour cette sorte de guérison, il avait,
selon le Conseil du Divin Maître, recours au jeûne et à la prière, aussi était-il la terreur des
esprits impurs qui s'écriaient en sa présence : "Cet homme nous tourmente! Valery est notre
ennemi." Il fut aussi honoré du don de prophétie. Plus d'une fois, il réprimanda en public des
fautes qui avaient été commises dans le secret; il en résulta que pour éviter cette humiliation,
ses Moines s'empressaient de lui avouer ce qu'ils avaient de plus caché, convaincus que rien
n'échappait à l'oeil Divinement éclairé de leur maître. C'est ainsi encore qu'un jour de Saint-
Martin il reprit deux frères pour avoir bu avant la Divine Liturgie et une autre fois, un autre
homme qui avait commis la même faute avant d'assister au Sacrifice Non-Sanglant du
Dimanche car depuis les premiers siècles de l'Eglise on se doit de participer à la Divine
Liturgie à jeun. Les coupables se jetèrent à ses genoux, demandèrent pardon et promirent de
se corriger. Une Dame Pieuse lui avait envoyé des vivres par son fils mais celui-ci succomba
à une tentation de gourmandise et cacha une partie de ce qu'il portait pour le reprendre au
retour. Le Saint lui dit : "Nous rendons Grâces à Dieu des biens qu'il nous envoie par tes
mains. Quant à toi, mon fils, prends garde de manger du pain et de boire du flacon que tu as
caché en venant car un serpent est caché dans ce vase et ce pain est empoisonné." L'enfant,
épouvanté, retourna vers le lieu où ses provisions étaient enfouies et reconnut la Vérité de ce
que le Serviteur de Dieu lui avait dit. Il revint tremblant se jeter à ses pieds et lui demander
pardon de sa faute.
Si une Foi ardente était nécessaire à notre Saint pour opérer ces prodiges, elle ne l'était pas
moins dans ceux qui en étaient les objets. Un jour, un homme atteint à l'oeil d'une pustule fort
dangereuse vint trouver Valery. Celui-ci se contenta de faire sur lui le Signe de la Croix et lui
ordonna de s'en retourner à l'ouvrage. Le malade hésitait à obéir, ne pouvant sans doute se
persuader qu'une guérison miraculeuse se fît à si peu de frais. Valery, le voyant balancer, lui
dit : "Tu doutes! Eh bien! Retourne chez toi et refuse tout remède, même celui que ta femme
te présentera. Sinon, tu guériras de cette infirmité mais tu en porteras la marque toute ta vie."
Ce qui était prédit arriva. Cet homme à la Foi chancelante reçut de la main de sa femme la
potion qu'elle lui présentait et s'appliqua encore d'autres remèdes dans l'espoir de guérir son
mal. Il échappa en effet à la mort mais il resta borgne toute sa vie. "On ne finirait pas," ajoute
l'historien, "si on voulait raconter combien il guérit de malades en faisant sur eux le Signe de
la Croix ou en les frottant de sa salive."
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Le goût de la solitude n'éteignait point chez Valéry le zèle apostolique. L'idolâtrie régnait
encore dans quelques contrées des bords de l’océan. Saint Valéry voyait avec une extrême
douleur des populations entières adonnées à de grossières erreurs; il s'appliqua à les en
délivrer. A mi-chemin entre le monastère et la ville d'Eu, à Ouste-Marais, dépendance de
Meneslies (canton d'Ault) non loin de la Bresle, se trouvait près de cette rivière un énorme
chêne sur lequel on avait tracé une foule d'images païennes devenues un objet de culte pour
les peuples circonvoisins. Passant un jour par-là, Valery se sent enflammé d'un Saint Zèle et
ordonne à un jeune Moine qui l'accompagnait de renverser cet arbre. Le disciple qui était
chaque jour témoin des prodiges opérés par son maître, n'hésite pas un seul instant : il touche
l'arbre du doigt et aussitôt celui-ci tombe avec fracas comme s'il eut été frappé de la foudre.
Cet événement jette dans la stupeur les païens qui sont présents mais bientôt ils passent de la
surprise à la fureur et se précipitent, armés de haches et de bâtons, sur le Saint à qui ils
s'apprêtent à venger l'outrage fait à leurs "divinités." Valery, sans s'émouvoir, dit : "Si c'est la
Volonté de Dieu que je meure, rien ne pourra leur résister." Mais tout à coup une force
invisible retient les bras de ces furieux, l'épouvante les saisit et le Saint est sauvé. Profitant
alors de la circonstance, il leur parle avec force de leur aveuglement et les exhorte à quitter
leurs idoles pour le Vrai Dieu. Sa parole pénétra ces coeurs aveugles; tous se convertirent et
plus tard, sur ces lieux mêmes, c'est-à-dire à Ponts qui touche à Oust-Marais, une basilique
s'éleva sous l'invocation de Saint Valery au-dessus de la fontaine où la tradition rapporte que
le Saint s'était lavé. Beaucoup de Miracles s'y opérèrent par la suite.
Un jeune enfant nommé Ursin, proche parent de Mauronte, l'un des premiers dignitaires du
palais, avait à la cuisse une blessure qui mettait sa vie en danger. Le père de cet enfant avait
peu de Foi à la Vertu Divine mais ses parents l'apportèrent à l'Abbé de Lauconaüs qui le
délivra aussitôt de son infirmité. Un autre seigneur lui présenta également son fils tourmenté
d'un mal affreux et rebelle à tous les remèdes, le priant, s'il ne voulait le guérir, d'avoir au
moins la bonté de l'ensevelir. Le Saint répondit : "Celui Qui a tiré du tombeau Lazare mort
depuis quatre jours, peut certainement rendre la santé à cet enfant." Aussitôt il le touche et le
mourant reprend vie et force et demande à manger. Audebert, c'était son nom, vécut
longtemps et servit Dieu fidèlement.
Valery, du sein de sa solitude, répandait ainsi au loin la Bonne Odeur de Jésus-Christ. Apôtre
zélé, il se portait tour à tour sur les différents points de la contrée, évangélisant les pauvres,
tonnant contre les vices, semant partout la bonne doctrine : il se faisait ordinairement suivre
d'un ou plusieurs disciples qu'il exerçait ainsi au ministère de la parole. C'était le genre
d'apostolat le plus usité alors et toujours le plus opportun aux besoins de la société. Il fallait
pour convertir les populations grossières adonnées aux plus stupides erreurs, des spectacles
frappants et quoi de plus frappant que ces Moines austères, enfoncés dans la solitude, ne
vivant que d'herbes sauvages, priant jour et nuit, ne sortant de leurs retraites que pour
annoncer les Oracles du Ciel? A travers leurs instincts grossiers, les barbares de cette époque
sentaient qu'une puissance surhumaine agissait dans ces hommes extraordinaires. Ajoutons
que presque toujours les Missionnaires étaient favorisés du don de Miracles qui venaient
confirmer la parole proclamée comme l'avait promis le Sauveur (Saint Marc 16,17-18).
Convenons cependant qu'il y avait encore des endurcis comme Valery l'éprouva dans une
circonstance que son biographe raconte en ces termes :
"Il revenait un jour de Caldis* au monastère en compagnie de quelques-uns de ses disciples.
La rigueur du froid l'obligea à demander asile à un prêtre qui logeait sur la route. Par hasard,
le juge du lieu se trouvait là mais au lieu d'accueillir avec les égards convenables le Saint
Missionnaire qui leur demandait l'hospitalité, ces indignes personnages se laissèrent aller à
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des propos malhonnêtes et à d'obscènes plaisanteries. Valery leur fit de sages remontrances
sur l'inconvenance de ce procédé et leur rappela le compte sévère que nous devons rendre un
jour de toute parole oiseuse, à plus forte raison de tout discours licencieux. Cet avertissement
ne toucha point ces libertins qui n'en donnèrent que plus libre cours à la malice de leurs
coeurs. Alors le Saint s'écria : "Je vous demandais un abri d'un moment contre les rigueurs du
froid mais vos affreux discours m'obligent à me passer de ce soulagement." Et on sortit en
secouant la poudre de ses pieds. Aussitôt la Justice Divine prit soin de venger l'injure faite à
Son Serviteur. De ces deux misérables, l'un, le prêtre, perdit la vue et l'autre fut affligé d'une
horrible maladie. Ils reconnurent la main qui les frappait et supplièrent le Saint de revenir sur
ses pas et de rentrer pour se réchauffer mais il ne le voulut point. Le prêtre resta aveugle toute
sa vie et le juge périt misérablement du mal honteux qui l'avait atteint. Les Saints n'ont dû
qu'à leur Sainteté l'empire dont ils jouissaient sur la nature.
* Aujourd'hui Cayeux, village à quelque distance à l'ouest de Saint-Valery (Mab. note, p.86)
Sa chasteté était si parfaite que jamais une pensée impure ne le souilla. Chaque fois qu'il se
mettait en prière ou qu'il assistait au choeur ou même qu'il prêchait à ses disciples, des larmes
abondantes inondaient ses joues, tant sa dévotion était tendre! Souvent, il passait la nuit
entière à prier; souvent aussi, il se retirait dans l'épaisseur des bois ou dans le creux des
rochers ou s'enfermait dans sa cellule pour vaquer à la Contemplation des Choses Saintes et
dérober aux regards des hommes les Saintes Extases dont le Ciel l'honorait. Son Ascèse était
extraordinaire : il n'avait pour couche qu'une claie d'osier et pour vêtement qu'une grossière
tunique surmontée d'une capuche; il s'interdisait l'usage du lin. Il ne prenait de nourriture
qu'une fois la semaine, le dimanche, il n'usait ni de vin ni de bière ni d'aucune liqueur
enivrante; seulement lorsque quelque étranger venait au monastère, il en buvait un peu par
complaisance pour ses hôtes. Chaque jour il récitait deux Offices complets : celui du
monastère et celui de l'Eglise de Neustrie. Le reste de son temps il l'employait à la
prédication, à la lecture, à la prière ou au travail des mains. Ses journées ainsi remplies, il ne
lui restait que peu d'instants pour le sommeil. Sa charité envers les pauvres n'était égalée que
par Sa Confiance en Dieu. Plus d'une fois il se dépouilla de son propre vêtement pour en
revêtir quelque Membre Souffrant de Jésus-Christ et tant qu'il restait quelque chose au
monastère, il le donnait aux mendiants sans s'inquiéter du lendemain. Et quand il s'élevait làdessus
quelque murmure parmi les Moines, il répondait doucement : "Mes enfants, tenez pour
certain que celui qui donne de bon coeur son nécessaire à ceux qui le lui demandent, ne sera
jamais abandonné de Dieu." Ces paroles ne furent pas démenties : une main inconnue venait
toujours à point réparer les vides faits par la charité.
Les animaux eux-mêmes étaient l'objet de ses soins. Il aimait comme Saint Columba et tant
d'autres Saints celtes ou comme plus tard Saint Seraphim de Sarov, à nourrir les petits oiseaux
qui venaient familièrement voltiger autour de lui, se poser sur ses épaules et manger dans sa
main. Si par hasard un des frères approchait et épouvantait ces petites bêtes, il le faisait retirer
en disant : "Laisse ces innocentes créatures manger en paix leur petit graine."
La douceur semble avoir plus particulièrement caractérisé ce grand Saint. Toute sa vie est
comme empreinte de cette admirable vertu : il n'a rien de cette sorte d'âpreté que le séjour de
la solitude imprimait quelquefois aux Moines de cette époque. Formé à une école où la
rigidité formait le fondement de la Règle, Valery n'en avait pris que l'huile de l'Onction, la
Miséricorde Divine. Il demandait avec la douceur ce que d'autres auraient cru devoir obtenir
par fermeté. Son historien atteste qu'il s'efforçait sans cesse d'atténuer la rigueur de la
discipline mais dans la mesure prescrite pour ne rien lui ôter de son nerf. Sa bonté à l'égard
des jeunes gens surtout était extrême : bien que vivant sous la Règle de Saint Colomban, il
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n'appliquait que rarement les sévères punitions proposées par le Pénitentiel. Quand un Moine
avait encouru quelque peine corporelle, il le faisait venir et lui disait avec douceur : "Vois,
mon fils quel est le châtiment que tu viens de mériter. Rentre en toi-même, rougis de ta faute
et que pour cette fois ta honte soit ton unique punition." Par ce moyen, ajoute le biographe, il
ramenait les délinquants plus facilement et plus sûrement que par la sévérité.
Son aspect physique concordait, du reste, avec ce caractère de douceur et de bienveillance qui
lui était propre. Une aimable sérénité brillait toujours sur son visage; sa parole était grave et
mesurée; sa taille élevée mais grêle; il avait, ajoute l'historien, les yeux d'une beauté
remarquable et la physionomie gracieuse malgré la pâleur et l'extrême maigreur de sa figure
causées par son Ascèse excessive. L'Amour Divin et l'énergie de sa volonté soutenaient si
bien ses forces que jamais il ne manqua à aucun des devoirs de sa charge. Quand il devait
opérer la guérison de quelque maladie ou révéler l'avenir ou quelque chose d'inconnu, ses
joues s'enflammaient et son visage resplendissait d'un éclat particulier, signe évident de
l'esprit surnaturel qui agissait en lui. Du reste, sa pureté était si grande qu'il resta sans tache
jusqu'à sa Naissance au Ciel.
C'est dans l'exercice de ces vertus que s'écoulait cette précieuse existence. Il y avait six ans
selon les uns, neuf ans selon les autres qu'il habitait Leuconaüs quand le Seigneur jugea à
propos de l'appeler à Lui. Une révélation particulière l'avertit que son Endormissement était
proche. Un jour de dimanche comme il rentrait au monastère, en passant sur la hauteur de la
butte du Cap Hornu où il se retirait souvent pour prier, il s'arrêta au pied d'un arbre, prit deux
branches qu'il fixa en terre et dit aux Moines qui l'accompagnaient : "C'est ici que vous
m'ensevelirez quand il aura plu au Seigneur de terminer ma carrière mortelle." Une Révélation
Divine lui avait sans doute appris que le Saint Evêque Berehond avait coutume de suspendre à
cet arbre les Précieuses Reliques des Saints lorsqu'il venait y prier. Dès ce moment, ses frères
comprirent qu'il ne tarderait pas à les quitter. En effet peu de temps après, un jour de
dimanche encore, il rendit paisiblement son âme à Dieu, le 1er avril 619. On l'ensevelit au lieu
qu'il avait désigné et où l'on érigea depuis une chapelle. Bientôt son tombeau devint célèbre
par de nombreux Miracles. On éleva plus tard une basilique en son honneur sur l'emplacement
même de l'arbre consacré aux idoles qu'il avait miraculeusement renversé.
Après sa Naissance au Ciel, la communauté qu'il dirigeait, obligée de fuir devant d'injustes
oppresseurs, se dispersa et Leuconaüs redevint un aride Désert. Alors Berehond, affligé que le
corps du Saint ne fût plus entouré des honneurs qui lui étaient dus, forma le projet de le
transporter dans sa cathédrale d'Amiens. Mais alors qu'on essaya de l'enlever de son tombeau,
une Puissance Irrésistible paralysa tous les efforts : on ne put venir à bout de le soulever de
terre, le Bienheureux Valery témoignant par là qu'il voulait encore habiter après sa Naissance
au Ciel les lieux qu'il avait honorés par ses vertus.
Cependant et quelques années plus tard, l'orage passé, Blitmond autrefois miraculeusement
guéri par le Saint et retiré à Bobbio depuis l’Endormissement de son maître, demanda à
l'Abbé Attale la permission de revenir à Leuconaüs. Celui-ci résista longtemps. Finalement,
averti par une vision que telle était la Volonté du Ciel, il permit à son disciple d'exécuter son
projet. Blitmond revint donc à Leuconaüs vers l'an 627 et y vécut une année en simple Ermite.
Puis il obtint du Roi Clotaire et de l'Evêque d'Amiens la permission d'y construire un vaste
monastère et une magnifique église qui devint bientôt le but de nombreux pèlerinages.
Héritier du zèle de son maître, il combattit et détruisit les restes du paganisme dans ces
contrées et mérita d'être le second Abbé de Leuconaüs. On ignore combien de temps il dirigea
ce monastère mais sa Sainteté fut glorifiée et une localité voisine à perpétué son nom. Ainsi,
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l'oeuvre du notre Bienheureux ne périt point. Pendant bien des siècles, son intercession et son
souvenir enfantèrent des Saints à l'Eglise.
Le nom de Valery devint bientôt populaire. On a recueilli le souvenir de quelques-uns des
nombreux Miracles opérés à son tombeau. Une ville se forma même autour qui prit le nom du
Saint : Saint-Valery-sur-Somme, Picardie. Vers 980, le Comte Arno le Vieux de Flandre,
désireux d'avoir des Corps Saints, fit enlever violemment celui de Saint Valery que l'on
déposa d'abord à Montreuil puis à Sithiü. Mais le Duc Hugues, futur Roi de France, le fit
rendre aux Moines de Leuconaüs. C'est même depuis ce temps-là que le Monastère de
Lesconaüs prit le nom de Saint-Valery. Peu après, l'Abbé Ingelramme de Saint-Riquier
composa des chants en l'honneur de notre Saint et de l'Archevêque Ulframme. Un autre
monastère du nom de Saint-Valery existait aussi en Auvergne. Un chroniqueur antérieur au
douzième siècle, en écrivait : "Là repose le corps du Saint Confesseur et les habitants du pays
attribuent à sa présence d'être souvent délivrés des dangers." Mais il est probable que ce
monastère est celui où Valery entra dans la vie monastique ou simplement un monument
élevé à sa mémoire car il est certain que ses Précieuses Reliques n'y ont jamais été transférées.
En 1197, le roi papiste Richard, instruit que des vaisseaux sortis d'Angleterre portaient des
vivres à ses ennemis et les déposaient à Saint-valery-sur-Somme, s'en vengea en mettant le
feu à la ville, dispersant les moines papistes et faisant transporter les Insignes Reliques du
Saint en Normandie, probablement dans la Bourgade qui depuis prit le nom de Saint-Valeryen-
Caux, entre Dieppe et Fécamp. Mais plus tard elles furent rapportées au Monastère de
Saint-Valery-sur-Somme dévolu dans la suite à la congrégation papiste de Saint-Maur et s'y
sont conservées jusque dans ces derniers temps.
Il paraît probable que Saint Valery évangélisa le pays de Caux et tout le littoral de la Manche,
telle est du moins la tradition (cfr Eglises d'Yvetot, par le savant abbé papiste Cochet).
Avant la révolution, le corps de Saint Valery était renfermé dans une châsse magnifique de la
forme et de la grandeur d'un tombeau. Cette châsse était entièrement recouverte d'une lame
d'argent. C'était plus qu'il n'en fallait pour provoquer la cupidité et l'impiété des sacrilèges
révolutionnaires de cette lamentable époque. Aussi cette châsse fut-elle enlevée et les Saintes
Reliques du Saint brûlées et réduites en cendres au milieu même du choeur de l'église. Le
pavé sur lequel s'est accompli cet acte de sauvage impiété en garde encore les traces et fut
soigneusement conservé jusqu'à ce jour. Toutefois, un ossement assez considérable, grâce à la
piété courageuse d'une femme, a échappé à la destruction. Cette Vénérable Relique, la seule
qui reste, avait été distraite du reste du corps et placée dans le soc du buste du corps de Saint
Valery, recouvert d'argent comme était autrefois sa châsse pour être honorée et vénérée dans
la chapelle dédiée au Saint où il avait été inhumé. La place du tombeau est soigneusement
marquée dans ladite chapelle.
La dévotion à Saint Valery est toujours bien vive dans le pays. La chapelle qui est hors des
murs de la ville, reste ouverte tous les jours depuis le matin jusqu'au soir et il est rare de n'y
pas rencontrer des personnes en prière. On y vient en pèlerinage des pays voisins et autres
plus éloignés. On aime à faire célébrer le Sacrifice Non Sanglant de l’Eucharistie sur le
tombeau de notre Saint et à y faire brûler un grand nombre de cierges. Saint Valery est le
Saint Protecteur de toute la ville.
SAINT VINEBAULT, BERGER EN CHAMPAGNE (+7°.S.)
Vinebault habitait sur le territoire de Villeneuve-la-lionne et gardait les boeufs. Comme il
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désirait beaucoup s'instruire, il allait à l'école de la Pesté-Gaucher qui est à une distance de
deux lieues. Un jour, pendant son absence, ses boeufs commirent quelques dégâts dans les
champs du Vézier. Les habitants appelèrent à grands cris Vinebault pour qu'il vînt surveiller
ses boeufs. Vinebault entend leur voix et dit à son maître : "Les gens du Vésier m'appellent;
laisse-moi partir."
Son maître lui répond : "Mais je n'entends rien. Au surplus il y a une trop grande distance d'ici
à Vézier pour pouvoir entendre la voix des habitants." Vinebault ajoute : "Tu vas voir que je
ne me trompe pas." En même temps il posa son pied sur le sien; le maître alors entend comme
lui et le laisse aller. Mais quand Vinebault arrive sur le territoire du Vézier, les habitants,
furieux contre lui, le saisissent et le fouettent rudement avec du genièvre. Il supporte ce
mauvais traitement sans se plaindre et seulement déclare qu'il ne croîtrait jamais du genièvre
sur le territoire des Grands-Bayeur, du Vézier et de Villeneuve-la-Lionne. En effet depuis
cette époque, on ne peut en trouver un seul pied tandis qu'il y en a en abondance dans tous les
pays circonvoisins.
On raconte encore un autre trait remarquable de Vinebault. Il descendait la côte de
Villeneuve-la-Lionne pour mener ses boeufs boire à la rivière. Il rencontre une femme qui
rapportait de l'eau de la rivière et voulant l'éprouver, il lui demande d'en donner à ses boeufs
mais elle lui répond qu'elle n'était pas allée la chercher si loin pour la donner à ses bestiaux et
qu'il pouvait bien les conduire lui-même jusqu'à la rivière où ils en auraient tant qu'ils
voudraient. Vinebault ne dit rien et continue son chemin. Il rencontre à mi-côte une autre
femme et lui fait la même demande; plus complaisante que la première, elle donne de l'eau
aux boeufs. Alors Vinebault pique sa baguette dans la terre et dit à cette femme : "Tu n'iras
plus chercher de l'eau plus loin car voici une source ici." Effectivement il jaillit à l'instant une
eau abondante et saine qui a encore la vertu de guérir la fièvre.
Mais Saint Vinebault veut qu'on respecte cette fontaine. Dans la grande révolution protobolchevik
de 1793 où l'on profanait tout, on voulut y laver des linges d'enfants et aussitôt la
fontaine tarit. Elle reparut plus tard quand on ne se permit plus de la souiller. Ultérieurement,
on se hasarda d'y faire la lessive et elle tarit de nouveau. Alors on fit défendre d'y laver des
linges et l'eau revint. On fit alors construire un lavoir plus bas et l'eau y est toujours très
abondante.
Vinebault termina une vie de bonnes oeuvres et de pénitence par une Naissance au Ciel
Précieuse devant Dieu. Il fut enseveli à Villeneuve-la-Lionne. Son tombeau devint célèbre par
les Miracles qui s'y opéraient. On construisit une chapelle sur sa tombe et on y mit la statue du
Saint : on n'en ferme jamais la porte pour y laisser entrer tous ceux qui le désirent. Quand on
veut la fermer, le lendemain elle se trouve ouverte. On essaya plusieurs fois de transférer la
statue de Saint dans l'église mais après quelques jours, elle était dans le bas de la vallée de
sorte qu'on fut obligé la laisser dans la chapelle qui est dans le cimetière.
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Saint Jean Shavteli et Saint Prophète et Fol-en-Christ Euloge
SAINT JEAN DE SHAVTA L'EVEQUE DE GAENATI EN GEORGIE ET
SAINT EULOGE LE PROPHETE ET FOL-EN-CHRIST (+13°.S.) 1 avril – 9 juin
Saint Jean Shavteli fut un distingué Géorgien du douzième siècle, poète, philosophe et
rhétoricien. Durant sa jeunesse, il reçut une excellente éducation à l'académie Gelata (Géorgie
occidentale) où il étudia les oeuvres des Saints Pères, l'histoire ancienne et arabe, la
philosophie et la littérature. Le Saint devint Moine par la suite et des années durant il lutta
dans le célèbre Monastère des Cavernes de Bardzia (dans le Sud de la Géorgie) dans une
cellule solitaire. Ajoutant oeuvre après oeuvre, Saint Jean y mena une vie stricte d'Ascète, se
consacrant constamment prier la Sainte Tri-Unité, à méditer sur la Création du monde, la
destinée de l'homme. Il acquit une profonde compréhension de la signification des Saintes
Ecritures.
Par ses efforts constants, il atteint un haut degré de perfection spirituelle et il reçut un
admirable don de la parole qui se révèle dans sa créativité poétique.
Au Monastère de Bardzia, durant les années 1210-1214, Saint Jean rédigea une remarquable
Ode "Abdul-Messiya" ("Serviteur du Christ") dans laquelle il met en valeur l'image du
Chrétien, fidèle aux Canons de la Sainte Eglise orthodoxe. Dans l'Ode, le Moine se présente
comme un "vagabond" et un "Serviteur du Christ" Nombre de lignes sont en l'honneur du
Saint Empereur David III de Géorgie le Restaurateur et de la Sainte Impératrice Tamara la
Grande de Géorgie.
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Shota Rustaveli, de qui Saint Jean ShAuteli fut le prédécesseur littéraire, s'exclama : "Pour l'
'Abdul-Messiya', Shauteli composa des lignes de poésie vibrantes. Il était un maître dans
l'art!" La signification théologique du "Abdul-Messiya" est particulièrement évidente dans ces
versets où le poète offre des prières au Nom de la Très Sainte Trinité pour rendre Grâces à la
Trinité Toute-Puissante et Divine Providence pour avoir offert à l'humanité le Salut en Christ
Parlant à propos du déploiement de la création du monde par Dieu, Saint Jean écrit, à la suite
des oeuvres de Saint Denys l'Aréopagite, au sujet des Hiérarchies Célestes et ecclésiales.
Dans une autre de ses oeuvres, "Le Chant à la Mère de Dieu de Bardzian," Saint Jean Shauteli
glorifie la bataille historique de Basian (1204) dans laquelle les forces armées nationales de
Géorgie, partant du Monastère de Bardzian, mirent en déroute une armée de quatre cent mille
musulmans dirigée par le sultan Rukn-ed-din. Grâce à cette victoire, la Géorgie préserva son
indépendance et resta un avant-poste de l'Orthodoxie en Orient et contribua indubitablement
au renforcement du Byzantium.
Saint Jean Shauteli se reposa étant fort âgé. Il est vénéré depuis longtemps par l'Eglise de
Géorgie.
SAINTE MARCELLE À CHAURAT EN AUVERGNE, VIERGE (+10°.S.)
1 avril – Lundi du Renouveau
On ignore l'époque précise de la naissance terrestre et celle au Ciel de Sainte Marcelle mais
on sait qu'elle naquit à Chauriat dans l'ancien archi-prieuré de Billom à la fin du neuvième
siècle. Ses parents étaient cultivateurs et c'est à elle qu'ils confiaient la garde de leurs
troupeaux. Un jour que filant sa quenouille elle faisait paître ses chèvres sur le versant d'une
colline située prés du lieu qu'habitaient ses parents, elle s'endormit en murmurant les dernières
paroles d'une prière qu'elle avait adressée à la Mère de Dieu pour la conjurer d'éloigner de
tous ceux qui lui étaient chers les atteintes d'une fièvre pernicieuse qui désolait alors la
contrée.
Pendant son sommeil, le fuseau qu'elle tenait à la main lui échappa et s'arrêta dans une des
fissures du rocher sur lequel elle reposait; l'ayant repris à son réveil, elle vit avec étonnement
jaillir, à l'instant même, de cette fissure une source d'eau vive qui eut par la suite la vertu de
guérir de la fièvre ceux qui en étaient atteints. Ce Miracle opéré par sa prière inspira à la jeune
Vierge l'idée de se consacrer entièrement au Service de Dieu; elle se sépara donc
complètement du monde pour vivre dans la solitude où elle s'occupa de prier et s'imposa
toutes sortes de privations, voulant faire de son corps un reliquaire de Virginité; c'est pour
cela que l'Eglise l'honore comme Vierge et quoique l'histoire ne nous apprenne rien de certain
à cet égard, on pense que ce fut la raison de son martyre.
Dans l'acte de fondation du Monastère bénédictin de Chauriat dressé au mois de décembre
976, il est fait mention de la donation de trois églises dédiées au Saint Apôtre Pierre, à la
Mère de Dieu et à Sainte Marcelle et l'on conserve dans l'église papiste actuelle de cette
commune la châsse où sont renfermés les ossements de Sainte Marcelle dont on célèbre la fête
le lundi de Pâque.
SAINTE MARTYRE THÉODORA À ROME (+ 117 OU 120)
Soeur du très illustre Saint Martyr Hermès, elle fut martyrisée sous l'empereur Adrien par le
juge Aurélien et fut ensevelie auprès de son frère sur la voie Salaria, non loin de la ville en
117. Voir 3 mai dans les Actes des Martyrs du Saint Presbytre Alexandre I de Rome, de Saint
Hermès, de Sainte Ralbine, de Saint Quirin etc.
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SAINT HIEROMARTYR VENANCE L'EVEQUE EN DALMATIE (+225 OU 257)
Le Saint Evêque Venance est nommé ce même jour par Bède, Adon, Usuard et d'autres mais
aucun ne dit de quelle ville il fut Evêque ni en quel temps il souffrit le martyre. Son corps se
conserve dans l'oratoire dit de Saint-Venance auprès du baptistère de Constantin avec ceux de
Saint Domnion et d'autres Saints Martyrs dont la mémoire est honorée le 11 de ce mois.
Comme les corps ont été apportés de la Dalmatie et de l'Istrie par le Pape Jean IV de Rome, il
est naturel de penser que Saint Venance fut Evêque dans quelque cité de ces contrées. On
remarque dans l'abside du même édifice l'image de Saint Venance représentée en mosaïque
parmi plusieurs autres. Toutes ces choses sont dans l'église de Latran. L'Afrique a vu briller
un autre Venance : l'Evêque de Thynise, illustre Confesseur qui assista au Concile de
Carthage sous Saint Cyprien comme il est prouvé par les actes de ce Concile.
SAINT MARTYR ABRAHAM LE BULGARE, THAUMATURGE DE VLADIMIR
(+1229) 6 mars (translation) – 1 avril - 4ème Dim de Pâque (2ème translation)
Il vécut au troisième siècle et descendait des Bulgares Kamska et fut élevé comme musulman.
Il était doux et bon envers les pauvres et lorsque le Seigneur l'illumina avec la lumière de la
raison, il accepta le Christianisme. Dans la ville de Bolgara, sur les basses étendues de la
Volga, Saint Abraham commença à prêcher à ses compatriotes au sujet du Vrai Dieu. Ils le
saisirent et tentèrent de le forcer à renoncer au Christ mais le Saint demeura ferme dans sa
confession. Ils torturèrent le Martyr terriblement et pour un long moment mais il endura tout
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avec une patience invincible. Le 1er avril 1229, ils écartelèrent le Saint Martyr Abraham puis
décapitèrent son Vénérable Chef. Les Chrétiens russes vivant dans la ville ensevelirent le
corps du Saint dans le cimetière chrétien. Le 6 mars 1230, les Vénérables Reliques de Saint
Abraham furent transférées par le Grand Prince Saint Georges Vsevolodovich de Vladimir
vers la cathédrale de la Dormition du Monastère de Knyaginin (Princesse). On commença dès
lors à célébrer sa mémoire.
SAINTS MARTYRS EN EGYPTE VICTOR ET STEPHANE
SAINTS MARTYRS QUINTIEN ET IRENEE EN ARMENIE.
SAINTE SOTHÉE, VIERGE HONORÉE À AUTUN.
SAINTS DODOLIN ET LANDELENE L'EVEQUES DE VIENNE EN DAUPHINE ET
CONFESSEURS (+7°.S.)
SAINT EVEQUE CTESIPHONT DE VERGIUM EN ESPAGNE (+1°.S.)
On croit qu'il s'agit de la ville de Beria. Il est honoré à Grenade.
SAINTS MARTYRS VICTOR, CHIONIE, AGAPE, IRENE, CASTE A HERACLEE
SAINT PRUDENCE L'EVEQUE ET MARTYR A ATINA, EN ITALIE. VERS L'AN 300.
SAINT GÉRONTIOS DES LOINTAINES CAVERNE DE KIEV (+14°.S.) 1 avril – 28 août
Il vécut au quatorzième siècle. Il fut Moine au Monastère de la Laure de Kiev ("Cavernes
[Lointaines] de Kiev") où il accomplit le ministère de Chantre. Il passa toute sa vie au
monastère dans l'Ascèse de l'obéissance, l'abstinence et la prière. Saint Gérontios fut enseveli
dans la Laure.
SAINT MOINE PROCOPE DE SAZAVA (+1053) 16 septembre – 1 avril
Il fut un des derniers témoins de l'Orthodoxie en terre tchèque. Procope naquit à Hotish,
aujourd'hui en Bohème-Moravie [=nom authentique de la dite "République Tchèque"]. Il fut
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ordonné Prêtre et se retira sur une montagne pour vivre selon le modèle des Ermites
orientaux. Le Duc (Herceg) Ulrich le découvrit par hasard et aida Procope à fonder le
Monastère de Saint Jean le Précurseur sur la rivière Sazava. Le Saint Homme s’endormit dans
le Seigneur en 1053.
ou
He was born in Bohemia, in the village of Hotun. In his dignity of priest he toiled much for
the propagating of the Christian faith in Czechia. By the River Zasava he founded a
monastery in the name of Saint John the Precursor, at which he died in the year 1053.
SAINTE MERE MARIE L'EGYPTIENNE (+378 OU 430) Cinqu. Dim. Du Gd. Carême – 1 avril
A l'âge de douze ans, elle s'échappa de chez ses parents et partit pour Alexandrie où elle vécut
dix-sept ans dans la débauche. Ensuite, mue par la curiosité, elle s'embarqua avec de
nombreux pèlerins pour Jérusalem afin d'assister à l'Exaltation de la Vénérable Croix. Mais là,
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elle s'adonna à toute sorte de licence et entraîna beaucoup d'hommes dans le gouffre de
perdition. Voulant entrer à l'église, le jour où l'on exaltait la Croix, elle éprouva trois ou
quatre fois une Puissance Invisible qui l'empêchait d'entrer alors que la foule pouvait pénétrer
sans obstacle. Elle en eut le coeur meurtri et décida de changer de vie afin de trouver Grâce
auprès de Dieu par la pénitence. Alors, retournant vers l'église, elle y put entrer sans
difficulté. S'étant prosternée devant la Vénérable Croix, le jour même elle quitta Jérusalem,
traversa le Jourdain et pénétra au coeur du Désert. Pendant quarante-sept ans, elle y mena une
vie très austère, une existence surhumaine, seule à seule avec Dieu dans la prière. Vers la fin
de sa vie, elle rencontra un Ermite du nom de Zosime et lui ayant raconté sa vie depuis le
début, elle le pria de lui porter les Saints Mystères pour y communier, ce qu'il fit l'année
suivante, le Jeudi Saint. Revenu l'année d'après, Zosime la trouva endormie, étendue sur la
terre; près d'elle une inscription disait : "Abba Zosime, ensevelis ici le corps de la pauvre
Marie. Je suis morte le jour où j'ai communié aux Saints Mystères. Prie pour moi." Sa
Naissance Céleste advint en 378 [vers 430 selon d'autres].
La mémoire de la Sainte Anachorète qui est célébrée le 1er avril, a trouvé place également le
cinquième dimanche à l'approche de la fin du Carême pour inciter à la pénitence les
négligents et les pécheurs, grâce à l'exemple de la Sainte fêtée.
ou
Notre Sainte Mère Marie était native d'Egypte. Dès l'âge de douze ans elle quitta ses parents
pour se rendre à Alexandrie où elle vécut pendant dix-sept ans dans la débauche et le plus
grand dérèglement. Subsistant au moyen d'aumônes et du tissage du lin, elle livrait néanmoins
son corps à tout homme sans y être poussée par la misère comme tant d'autres pauvres
femmes mais comme si elle était brûlée par le feu d'un désir que rien ne pouvait assouvir. Un
jour, voyant une foule de Libyens et d'Egyptiens se diriger vers le port, elle les suivit et
s'embarqua avec eux pour Jérusalem, offrant son corps pour payer le prix de la traversée.
Quand ils parvinrent à la Ville Sainte, elle suivit la foule qui se pressait vers la basilique de la
Résurrection, le jour de l'Exaltation de la Croix. Mais lorsqu'elle parvint sur le seuil de
l'église, une force invisible l'empêcha d'y entrer malgré ses efforts réitérés, alors que les autres
pèlerins franchissaient aisément la porte. Restée seule dans un coin du narthex, elle
commença à réaliser que c'était l'impureté de sa vie qui l'empêchait d'approcher le Saint Bois.
Elle répandit des larmes abondantes et se frappa la poitrine et voyant une Icône de la Mère de
Dieu,* elle lui adressa cette prière : "Vierge Souveraine qui as enfanté Dieu dans la chair, je
sais que je ne devrais pas regarder Ton Icône, Toi Qui es pure d'âme et de corps car
débauchée comme je suis, je dois T'inspirer le dégoût. Mais puisque le Dieu né de Toi est
devenu homme pour appeler les pécheurs au repentir, viens à mon aide; permets-moi l'entrée
de l'église pour me prosterner devant Sa Croix. Et dès que j'aurai vu la Croix, je Te promets
de renoncer au monde et aux plaisirs et de suivre le chemin de Salut que Tu me montreras."
* Cette Icône est actuellement vénérée au Mont Athos dans la grotte de Saint Athanase, perchée sur un rocher à
pic au-dessus de la mer, à quelque distance de la Grande-Lavra.
Elle se sentit soudain délivrée de cette Puissance qui la retenait et put entrer dans l'église où
elle vénéra avec ferveur la Sainte Croix puis revenue vers l'Icône de la Mère de Dieu, elle se
déclara prête désormais à suivre le chemin qu'Elle lui indiquerait. Une voix lui répondit
d'En-Haut : "Si tu passes le Jourdain, tu y trouveras le repos."
En sortant de l'église elle acheta trois pains avec l'aumône reçue d'un pèlerin, se fit indiquer la
route qui menait au Jourdain et elle arriva le soir à l'église de Saint-Jean-le-Baptiste. Après
s'être lavée dans les eaux du fleuve, elle communia aux Saints Mystères, mangea la moitié de
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l'un des pains et s'endormit sur le rivage. Le lendemain matin, elle passa le fleuve et vécut dès
lors dans le Désert pendant quarante-sept ans sans y rencontrer personne ni homme ni animal.
Pendant les dix-sept premières années de son séjour, ses vêtements étant bientôt tombés en
lambeaux, brûlant de chaleur le jour et grelottant de froid la nuit, elle se nourrissait d'herbes et
de racines sauvages. Mais plus que les épreuves physiques, elle devait affronter les violents
assauts des passions et le souvenir de ses péchés et c'est en se jetant à terre qu'elle suppliait la
Mère de Dieu de lui venir en aide. Protégée par Dieu Qui ne désire rien de plus que le pécheur
revienne à Lui et vive, elle déracina de son coeur toutes les passions par cette Ascèse
extraordinaire et put convertir le feu du désir charnel en une flamme d'Amour Divin qui lui
faisait endurer avec joie, tel un être incorporel, l'implacable Désert.
Après tant d'années, un Saint Vieillard, nommé Zosime qui, selon la tradition instaurée par
Saint Euthyme, s'était engagé dans le Désert au-delà du Jourdain pour y passer le Grand
Carême, aperçut un jour un être humain, le corps noirci par le soleil et les cheveux blancs
comme de la laine tombant jusqu'aux épaules. Il courut derrière cette apparition qui s'enfuyait
à son approche, en la suppliant de lui accorder sa bénédiction et quelque parole de Salut.
Quand il parvint à portée de voix, Marie, appelant par son nom celui qu'elle n'avait jamais vu,
lui révéla qu'elle était une femme et elle lui demanda de lui jeter son manteau afin de couvrir
sa nudité.
Sur les instances du Moine ravi d'avoir enfin rencontré un Être Théophore qui avait atteint la
perfection de la vie monastique, la Sainte lui raconta avec larmes sa vie et sa conversion. Puis
ayant achevé son récit, elle le pria de se rendre l'année suivante, le Grand Jeudi, avec la Sainte
Communion sur les bords du Jourdain.
Le jour venu, Zosime vit Marie apparaître sur l'autre rive du fleuve. Elle fit un Signe de Croix
et traversa le Jourdain en marchant sur les eaux. Ayant communié avec larmes, elle dit :
"Maintenant, Ô Maître, Tu peux laisser aller en paix Ta Servante, selon Ta Parole car mes
yeux ont vu Ton Salut." (cf. Luc 2:29). Puis elle congédia Zosime, lui donnant rendez-vous
l'année suivante à l'endroit de leur première rencontre.
Lorsque l'année fut écoulée, Zosime trouva à l'endroit convenu le corps de la Sainte étendu à
terre, les bras croisés et le visage tourné vers l'Orient. Son émotion et ses larmes ne lui
permirent pas de découvrir tout de suite une inscription tracée sur le sol des mains de la Sainte
qui disait : "Abba Zosime, ensevelis à cet endroit le corps de l'humble Marie, rends à la
poussière ce qui est à la poussière après avoir prié pour moi. Je suis partie le premier du mois
d'avril, la nuit même de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ après avoir participé à
l'Eucharistie."
Consolé de son chagrin en apprenant le nom de la Sainte, Zosime fut étonné de constater
quelle avait franchi en quelques heures une distance de plus de vingt jours de marche. Après
avoir vainement essayé de creuser le sol avec un morceau de bois, il vit tout à coup un lion
s'approcher du corps de Marie et lui lécher les pieds. Sur l'ordre du Vieillard, la bête creusa de
ses griffes une fosse où Zosime déposa avec dévotion le corps de la Sainte.
De retour au monastère, il raconta les merveilles que Dieu accomplit en faveur de ceux qui se
détournent du péché pour revenir vers Lui de tout leur coeur. De pécheresse invétérée qu'elle
était, Sainte Marie est devenue pour quantité d'âmes accablées sous le poids du péché, une
source d'espérance et un modèle de conversion. C'est pourquoi les Saints Pères ont placé la
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célébration de sa mémoire à la fin du Carême comme un encouragement adressé à tous ceux
qui ont négligé leur Salut, proclamant que jusqu'à la dernière heure le repentir peut les
ramener vers Dieu.
LE PECHE
La racine du péché
"Du vivant de mes parents, à douze ans accomplis, je rejetai toute tendresse à leur égard et me
rendis à Alexandrie..." Cette affirmation initiale n'est simple qu'en apparence. La confession
de Sainte Marie l'Egyptienne nous introduit en fait au coeur de cette énigme qu'est le péché en
l'homme. La mention des "douze ans accomplis" n'est pas fortuite. Cet âge est celui d'un
changement de statut social. L'enfant n'est plus considéré comme tel sans pour autant jouir de
la totalité des prérogatives de l'adulte. Comme tous les changements, tous les passages de la
vie sociale, l'acquisition d'une liberté neuve mais limitée est l'occasion d'une crise qui affecte
non seulement l'adolescent mais aussi son milieu. Celui-ci doit désormais le reconnaître à la
fois comme identique et différent.
La mention de l'âge de douze ans renvoie aussi le lecteur au passage évangélique ou
Jésus-Christ, à douze ans précisément, laisse s'éloigner ses parents sur le chemin de Nazareth,
tandis qu'il demeure dans le temple de Jérusalem assis au milieu des docteurs, les écoutant et
les interrogeant : il doit être aux affaires de son Père ( Lc 2, 41-52).
Cette affirmation d'autonomie de la part d'un adolescent qui assume sa vocation est
uniquement l'expression de sa volonté d'acquiescement au Vouloir Divin. Ce n'est en rien une
rupture violente par rapport au milieu familial. Jésus-Christ accomplit toute la Loi, bien plus,
en sa personne, Il est la Loi. Il ne peut y avoir en Lui d'opposition entre le premier
Commandement du Décalogue et le cinquième : "Honore ton père et ta mère" (Dt 5, 6-22; Ex
20, 1-17). Il est inséparablement la Gloire du Père Qui L'a engendré avant les siècles et la
Gloire et la fierté de tout Israël. Plus il est aux affaires de Son Père et plus Il est l'honneur de
Sa Mère et de toute la lignée de David : "bienheureuses les entrailles qui t'ont porté et les
seins que tu as sucés" (Lc 11, 27).
La péricope évangélique à laquelle nous nous référons montre que la prise de distance de
Jésus-Christ n'est pas une rupture haineuse. C'est bien plutôt une conséquence de la mission
confiée par le Père : la soumission qu'il doit à ses parents se situe à l'intérieur du cadre plus
vaste de son acquiescement à la Volonté Divine. Elle en est l'Icône. Marie, ainsi éclairée sur
la profondeur de la relation qui l'unissait à Son Fils dans la vie ordinaire de chaque jour,
gardait tout cela et le méditait dans son coeur. Dès lors, Il leur était soumis et cette soumission
était la plus haute expression de sa liberté.
Marie l'Egyptienne a pris un parti bien différent : "A douze ans accomplis, je rejetai toute
tendresse à l'égard de mes parents." A la lumière du passage évangélique que nous venons de
citer, il est aisé de comprendre la nature réelle de cette révolte. La racine de son péché est une
rébellion profonde, non dite. Entrant dans l'âge adulte, elle ne remet pas sa jeune liberté à
l'Auteur de la liberté pour acquérir une liberté plus grande. Elle ne veut pas comprendre qu'on
ne possède réellement que ce que l'on a offert et que le mystère de l'obéissance oblative régit
la vie trinitaire tout entière. Elle s'empare du privilège qui lui a été accordé, s'en fait la
propriétaire. Elle use contre le Créateur Lui-même de cette liberté qu'Il lui a concédée et qui
la constitue comme Image de Dieu. Par cet acte intérieur (il s'agit de la convoitise ["Nos pères
ont tous été sous la nuée... cependant ce n'est pas le plus grand nombre qui plut à Dieu... ces
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faits se sont produits pour nous servir d'exemples pour que nous n'ayons pas de convoitises
mauvaises comme ils en eurent eux-mêmes" (1Cor. 10, 10)] au sens biblique et patristique),
elle s'interdit l'Action de Grâces et rejette de fait le premier et le plus grand des
Commandements.
Elle se rend ainsi incapable d'accomplir celui qui le suit immédiatement et qui commande
d'honorer son père et sa mère. Elle renie toute Paternité Divine, toute Confession de la Divine
Providence, elle apostasie et renonce à entendre l'appel à la Sainteté. Séparée de Dieu, elle
perd logiquement toute tendresse pour ses parents : elle se coupe de la communauté humaine
en laquelle sa vie prend son sens. Elle veut être l'unique artisan de sa propre aventure. Coupée
de son histoire et de toute solidarité, elle est désormais seule. Elle n'est plus une personne
mais un individu séparé. Elle a voulu ravir la liberté mais dans cet effort illusoire et ruineux,
elle n'a acquis qu'une pernicieuse autonomie.
On comprend ainsi que le péché de Marie l'Egyptienne n'est pas d'abord la violation de l'ordre
moral ou social mais bien une rupture de la communion avec Dieu qui la livre à elle-même,
abandonnée à ses propres forces.
La révolte
Le péché en sa racine, cet état pécheur intérieur, donne naissance au multiples rejetons que
sont les actes peccamineux. Ayant renoncé à rendre un culte au vrai Dieu, Marie l'Egyptienne
n'en reste pas moins une créature spirituelle destinée à l'adoration, même si elle le refuse. La
perversité de son intention l'amène donc à s'adorer elle-même. Désormais elle rend un culte à
sa chair ou plutôt, par elle, recherche l'ivresse du plaisir, pauvre substitut à la béatitude
promise aux Serviteurs de Dieu. Renonçant à la dépossession de l'Amour, elle s'abandonne à
la possession du plaisir. "Satisfaire en tout temps le mouvement passionné de la nature, voilà
ce qui faisait ma vie et en réglait la conduite."
Marie l'Egyptienne menait donc une lutte incessante. Car le plaisir voulu pour lui-même est,
au moins dans les commencements, à la fois violent et fugitif. Mais au fil du temps, il perd de
son intensité. La passion devient frustrante, elle requiert pour satisfaire une sensualité toujours
plus exigeante, la réitération des actes et une perversité croissante. C'est ainsi que Marie
l'Egyptienne dans son expérience de l'athéisme, subit l'esclavage des sens et de la passion.
Sous prétexte de l'exercice de sa liberté, elle est dépossédée d'elle-même. Elle perd toute
pudeur, donne libre cours aux dépravations et recherche un nombre toujours croissant de
partenaires.
On le voit, Marie l'Egyptienne expérimente l'enfer. Elle s'épuise dans une course effrénée
contre la frustration que cette course même engendre. C'est ainsi que refusant le culte en esprit
et en vérité qu'elle devait à Dieu, elle s'est de fait éloignée d'elle-même et est descendue par le
péché au-dessous de sa nature. Dans son idolâtrie du plaisir sensuel elle est retournée à
l'animalité. "L'envie insatiable, l'irrépressible amour de me rouler dans la fange me possédait."
Sans s'en rendre compte, à ce jeu, Marie l'Egyptienne s'est désagrégée. Son corps n'est plus
elle-même mais seulement l'instrument de son désir. Elle en fait ce qu'elle veut. Elle le
possède comme un objet : "J'ai un corps, ils le prendront pour prix de la traversée."
Haine et envie
Mais les dommages qu'elle subit sont plus graves encore. Saint Sophrone nous montre Marie
l'Egyptienne non seulement comme un animal mais aussi comme un démon. Elle est devenue
"le vase d'élection du diable" et comme son maître, elle "rôde cherchant qui dévorer" (1Pierre
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5, 8). Elle fait entrer en tentation et ses procédés sont rigoureusement identiques à ceux du
Mauvais qui l'inspire.
Tout commence par une sorte de liaison, Marie l'Egyptienne fait irruption puis prononce des
propos indécents et enfin, pousse à rire. Après avoir obtenu ce premier accord non explicite, il
est aisé de passer à l'acte. Cependant cette première victoire ne saurait la satisfaire. Ayant
acquis par elle quelque emprise, la voici qui enseigne de nouvelles perversions, faisant
expérimenter d'autres plaisirs. Ceux qui ont été attirés sont désormais subjugués et c'est ainsi
que ces malheureux en viennent à se laisser contraindre à faire même ce qu'ils ne veulent pas.
Ils sont réduits à un véritable esclavage. La servante du démon leur apparaît désormais
comme un maître tyrannique.
Toute cette stratégie de Marie l'Egyptienne est au service d'une haine et d'une envie dont les
raisons sont multiples mais dont la première est sans doute, paradoxalement, son impuissance.
Les hommes lui sont nécessaires pour assouvir sa passion mais quel n'est pas son dépit de se
voir dépendante du vouloir d'autrui, elle qui revendique sa totale libération. La nécessité où
elle est de devoir séduire est le signe de sa faiblesse. Elle ne peut rien contre ceux qui ne lui
cèdent pas ou même qui ne lui prêtent pas attention. Elle en vient seulement à être "offerte au
peuple comme un combustible disponible à tous pour le feu de la débauche." Mais sa haine
des hommes s'accroît aussi et peut-être surtout parce qu'il subsiste en elle et sans qu'elle se
l'avoue, la nostalgie de la beauté spirituelle à laquelle elle a volontairement renoncé : elle veut
"piéger l'âme des jeunes gens," comme si cette capture lui fournissait un aliment nécessaire.
Elle mène l'existence misérable et pathétique d'un être déchiré entre l'attrait de la Beauté et
l'incapacité d'y consentir. Marie l'Egyptienne fait l'oeuvre du diable, lui qui "est homicide dès
le commencement …/… , menteur et père du mensonge" (Jn 8,44).
LA VIE DE PENITENCE
La conversion
"A ce qu'il me semble, Dieu voulait mon repentir, il ne veut pas la mort du pécheur, il attend
patiemment et accueille de grand coeur la conversion." La conversion de Sainte Marie
l'Egyptienne a pour cause première la Volonté Divine. Dieu agit avec elle comme il a agi à
l'égard de son peuple. Il a pour elle une patience qui est à la fois pitié, fidélité, tendresse. Sa
pitié à l'égard de Marie l'Egyptienne est une bienveillance gratuite : il s'incline, consent,
attend, se fait discret. Mais cette pitié s'accompagne de son irrévocable fidélité : jamais Dieu
Notre Père ne renonce à Son Dessein de Salut. De cette manière se déploie une mystérieuse
tendresse que la Bible n'hésite pas à qualifier de maternelle. Nul ne peut désespérer car son
être même est inscrit dans la Mémoire de Dieu : "Une femme oublie-t-elle son petit enfant,
est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles? Même si les femmes oubliaient, moi je ne
t'oublierai pas" (Is 49, 15).
Mais il ne faudrait pas se laisser leurrer par le terme de tendresse que nous venons
d'employer. Il ne s'agit en aucun cas d'un sentiment doucereux. La Tendresse Divine ne
s'exerce qu'en vue du repentir (Sag 11, 24). La Sagesse utilise au profit de l'homme jusqu'à
son péché. Dieu guérit du péché en le laissant agir (cette tactique est mise en oeuvre dans la
Passion du Fils. Les circonstances de sa mort furent toutes déterminées par le péché des
hommes. Jésus-Christ S'est librement livré aux mains des pécheurs et des impies et ceux-ci
ont fait de Lui ce qu'ils ont voulu. C'est ainsi que la mort a été prise au piège, que l'enfer a
englouti Celui Qu'il ne pouvait retenir captif et a été contraint par la Sagesse Divine de libérer
ceux qu'il tenait enchaînés. Dieu a utilisé le péché qu'Il n'a certes pas voulu pour que Son Fils
31
Bien-Aimé aime comme personne n'a jamais aimé car il conduit inéluctablement le pécheur à
la ruine. L'homme découvre ainsi le tort qu'il se fait en ne suivant que son désir (toute
l'histoire du peuple d'Israël suit cette logique, elle est rythmée par la célébration de l'Alliance
à laquelle succède l'infidélité du Peuple de Dieu et l'effondrement historique lié à ce péché. Le
Retour au Dieu Sauveur est l'inéluctable conséquence du désastre. La célébration du
renouvellement de l'Alliance inaugure une période de restauration).
C'est ainsi que Marie l'Egyptienne par l'impossibilité où elle est d'entrer dans le temple pour
vénérer la Divine et Vivifiante Croix, instrument du Salut Universel, est mise en face de son
excommunication de fait. Elle seule est empêchée et repoussée dans le parvis de l'église où
elle ne peut que se réfugier dans un coin, symbole de l'impasse où elle s'est fourvoyée. Il faut
du temps à notre héroïne pour comprendre que cette impossibilité ne vient pas de quelque
faiblesse physique qui l'affecterait. Elle ne saurait en dire plus, incapable de connaître la cause
de l'enfer qu'elle expérimente. Elle est une énigme pour elle-même, accablée par son
effondrement : "J'en étais découragée, je n'avais plus de force, mon corps était brisé." C'est
par Pure Grâce que lui seront accordés les prémices du Salut. "Le Verbe Sauveur toucha les
yeux de mon coeur me montrant que c'était la fange de mes actions qui me fermait l'entrée."
Le Christ vient briser les verrous qui la tenaient captive en les exposant en Pleine Lumière. La
voilà désormais libre.
La Lumière de l'Esprit Saint inaugure en elle un Saint Deuil. "Je commençais à pleurer, à me
lamenter, à me frapper la poitrine en gémissant du fond du coeur." Cette manière de parler
n'est pas un artifice littéraire. C'est bien plutôt la description d'un enchaînement spirituel
logique dans le processus d'une pénitence authentique. L'irruption de l'Esprit a provoqué le
brisement du coeur dont les larmes sont le signe. Les lamentations sont celles-là même
d'Adam qui se voit désormais soumis à une condition mortelle mais bien plus encore celles
que l'on fait sur le cadavre que l'on est devenu.
Mais dans le même temps, ces larmes de componction se mêlent aux eaux vives de l'Esprit
qui jaillissent en Vie Eternelle. C'est pourquoi lorsque Marie l'Egyptienne se frappe la
poitrine, elle confesse qu'elle est pleinement responsable.
Elle désigne son coeur, non seulement comme la source véritable de ses iniquités mais aussi
comme le lieu où s'accomplit l'oeuvre de l'Esprit. Le gémissement qu'elle ne peut s'empêcher
de pousser est l'expression de son espérance contre toute espérance, appel inarticulé à la
Miséricorde Divine.
L'Action bouleversante du Sauveur Qui envoie l'Esprit, l'Illuminateur, donne à Marie
l'Egyptienne dans l'impasse de sa solitude, les larmes du repentir. Mais ce n'est qu'un don
préparatoire. A travers ces larmes qui lavent son regard, elle peut désormais discerner dans
l'Icône de la Mère de Dieu le signe de Sa Présence compatissante. Dès lors (et c'est là le
véritable bien spirituel), celle qui est maintenant une pénitente peut confesser explicitement sa
faute à la Toute Pure. Retrouvant la parole, elle peut conclure avec Elle un pacte, une alliance
où elle offre son propos de conversion contre l'assurance d'être secourue.
Et la montée vers la Lumière se poursuit. Tout lui est désormais montré puisqu'elle accueille
"le feu de la Foi comme quelque chose de certain." Les portes de l'Eglise, lieu du Salut, lui
sont ouvertes. Guidée par l'Esprit, elle peut voir le Bois Vivifiant, la Croix du Fils et
comprendre comment le Père attend le repentir des pécheurs : "Celui qui n'avait pas connu le
péché, Dieu l'a fait péché pour nous afin que nous devenions par Lui Justice de Dieu" (2Cor 5,
21). Elle contemple Jésus-Christ Qu'elle persécute et comprend le Mystère de la Divine
32
Economie. On aurait tort de croire qu'il s'agit là seulement d'une saisie purement
intellectuelle. Les verbes grecs employés désignent tous une connaissance impliquant une
participation. Marie l'Egyptienne communie de tout son être de pécheresse pardonnée à
l'Amour qui la sauve. Dans le mouvement même de la charité retrouvée, elle s'incline devant
tous. Son péché n'a pas seulement été un refus du Ciel. Il fut tout autant une injure à la terre.
De là provient son étonnement : "Comment la terre n'a-t-elle pas ouvert la bouche et fait
descendre en enfer toute vivante celle qui prenait tant d'âmes dans ses pièges?" Elle comprend
que tout a été créé pour elle et que, se détournant de sa vocation, elle a privé la création de son
sens. Elle est coupable de tout devant tous. C'est pourquoi en signe de repentir, elle s'abaisse
et vénère cette terre sanctifiée par les Pas du Sauveur qu'elle a offensée.
Dès lors, remplie d'Actions de Grâces, elle retourne en hâte vers l'Icône de la Mère de Dieu
pour apprendre d'Elle ce qu'il lui convient désormais de faire. La Vérité de la conversion de
Sainte Marie l'Egyptienne se reconnaît à son obéissance exemplaire. L'obéissance de Sainte
Marie l'Egyptienne est un sacrifice (dont le prototype est celui qu'accomplit naguère Abraham
[offrant à Dieu pour l'holocauste l'objet même de la Promesse : Isaac, son fils] et dont la
source et l'accomplissement parfait se trouvent dans le sacrifice rédempteur du Fils unique :
Lui Qui "de Condition Divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu mais
s'anéantit Lui-même... obéissant jusqu'à la mort et la mort de la Croix" (Phil. 2, 68) résolu de
sa volonté propre sur l'Autel de la Foi. Elle consiste d'abord en une attitude intérieure d'écoute
attentive de la Volonté Divine, accompagnée d'une imploration sincère pour avoir la force de
la mettre en pratique. L'action en découle naturellement. L'obéissance s'accomplit dans la Foi,
sans tergiversation inutile et de façon décidée.
Le sacrifice de Sainte Marie l'Egyptienne est accepté par Dieu. Réconciliée, elle est réintégrée
dans la solidarité humaine : quelqu'un ayant vu son dénuement lui fit l'aumône de trois pièces
de monnaie. Elle fait partie désormais de ces pauvres que Dieu aime et qui reçoivent tout de
Lui. Elle comprend que ce qui est donné par charité est Icône du don permanent que Dieu fait
de Lui-même. "J'emportai l'offrande qui m'était faite et j'achetai grâce à elle trois pains que je
considérais comme un viatique de bénédiction."
Une vie de pénitence
Parvenue au bord du Jourdain, Marie l'Egyptienne inaugure son existence nouvelle par un acte
liturgique, une célébration de l'Alliance. Priant dans le sanctuaire de Saint Jean le Précurseur
et Baptiste, elle communie à la Parole du Prophète : "Préparez le chemin du Seigneur... toute
chair verra le Salut de Dieu... produisez donc de dignes fruits du repentir..." (Lc 3, 4-5 et 7).
Puis elle accomplit la Parole : baignant ses mains dans l'eau du fleuve, elle reconnaît que son
péché n'est pas une simple faute morale que l'on pourrait oublier mais bien une blessure qui
doit être purifiée et guérie.
Mais elle ne baigne pas seulement ses mains, elle plonge aussi son visage dans l'eau sanctifiée
par Celui Qui, pur de tout péché, daigna y être baptisé. Elle laisse ainsi s'exprimer son désir de
recouvrer sa beauté spirituelle. Dès lors, elle peut communier au Corps Très Pur et au Sang
Précieux du Seigneur Jésus-Christ. Elle S'expose à l'Action Salvatrice du Fils de Dieu et
redevient Temple du Saint-Esprit. Ainsi s'accomplit la prophétie que le Prophète Malachie
adressait au Peuple d'Israël : "Il entrera dans son sanctuaire le Seigneur que vous cherchez et
l'Ange de l'Alliance que vous désirez, le voici qui vient! dit le Seigneur Sabaot. Il est comme
le feu du fondeur et la lessive des blanchisseurs. Il siégera comme fondeur et nettoyeur Il
purifiera les fils de Lévi et les affinera comme or et argent. Alors l'offrande de Judas et de
Jérusalem sera agréée de Yahvé comme aux jours anciens" (Mal 3, 1-4).
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Ayant fait de Dieu son abri, elle demeure dans le monde comme n'en étant pas. Elle
communie au Christ Sauveur et l'Esprit la pousse au Désert, lieu de l'union transformante. Elle
s'abandonne à l'action de Celui Qui est Seul à connaître et la profondeur de son coeur et
l'étendue de son mal. Elle comprend et accepte que l'oeuvre de sa régénération, déjà acquise en
Dieu, ne s'accomplisse que progressivement puisqu'elle est encore dans le temps. Dans son
obéissant désir, franchissant le Jourdain, elle fera l'expérience de la vie pénitente. Elle
s'avance donc hardiment dans le feu du Désert.
Dépouillée de tout appui humain, Solitaire dans un milieu hostile, Marie l'Egyptienne voit
inexorablement diminuer le peu d'autosuffisance qu'elle possède encore : les pains qu'on lui a
offerts s'épuisent et le vêtement qu'elle porte s'use. La voici réduite à ne devoir sa subsistance
qu'aux herbes du Désert et à vivre nue. Sans abri, elle fait l'expérience de la vie de pauvre qui
lui rappelle sans cesse et sa fragilité et sa dépendance. Elle n'a d'espérance qu'en Dieu Seul.
Elle comprend qu'Il élève les humbles. Elle grandit dans la Foi. Elle accepte de demeurer
volontairement immobile sous l'Action Divine. Faisant taire tout raisonnement humain, elle a
confiance. Sa vie présente en la chair, elle la vit dans la Foi au Fils de Dieu ( cf. Gal 2, 20).
Son existence dans ce lieu de mort et de désolation qu'est le Désert est un Miracle par lequel
lui est donnée la Crainte de Dieu. Il n'est pas ici question de peur mais plutôt du sentiment
paradoxal de celui qui, tout en reconnaissant son néant, se sait aimé et garde fidèlement
l'espérance d'être sauvé. L'authenticité de cette Sainte Crainte est vérifiée par l'obéissance
(Dieu dit à Abraham : "je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m'as pas refusé ton fils
unique" (Gen. 22,12)). Ainsi, Espérance, Foi, Crainte de Dieu et obéissance sont les multiples
aspects d'une attitude unique qui ne dit pas encore son nom et qui n'est rien d'autre que la
charité.
Dans cette synergie avec Celui Qui la conduit et la sauve, Marie l'Egyptienne est semblable à
Israël au Désert. La purification de son coeur a pour condition les contraintes de la vie risquée
mais elle ne s'accomplit que dans le combat contre les suggestions diaboliques. C'est pour
cette lutte qu'elle a été conduite au-delà du Jourdain en ces contrées hostiles. Il faut que se
révèlent au grand jour les puissances ténébreuses qui, bien que terrées depuis sa conversion,
l'habitent encore après avoir régi sa vie. Elle les terrassera non par sa vigueur mais bien plutôt
par sa faiblesse. Elle vaincra par l'appui qu'elle prendra sur le Roc du Salut grâce à
l'Intercession de la Mère de Dieu. Prosternée à terre, elle obtient d'échapper au filet de
l'oiseleur. Bien plus, par cette victoire qu'un Autre remporte pour elle, elle est transformée.
Quand l'assaut des tentations met en demeure Marie l'Egyptienne de se jeter à terre, elle
confesse par son attitude sa condition de créature égarée. Telle est son humilité. Elle s'offre
ainsi dans l'immobilité à une Mystérieuse Lumière qui vient d'En-Haut par Grâce et qui est
tout autant la Réponse du Père à sa détresse que l'Action du Christ Sauveur, Lumière du
monde ou le Don de l'Esprit, l'Illuminateur Qui purifie de toute souillure. Cette Epiclèse
accomplit le renouvellement de son être.
C'est ainsi que d'alliance en alliance, de hauteur en hauteur, Marie l'Egyptienne est guérie,
purifiée, installée dans des dispositions stables pour la vie de charité, d'union à Dieu.
Communiant au Seul Qui est Saint, elle n'a plus de vie, de repos qu'en Lui. Il est l'objet unique
de son attention. Rien n'a d'intérêt qu'en Lui. Marie l'Egyptienne, pauvre de tout, riche de
Dieu, recouvre sa Virginité spirituelle et redevient elle-même, telle que Dieu l'a désirée avant
la création du monde.
Le temps passé au Désert dans cette lutte spirituelle se compte en années; dix-sept ans. Une
durée égale à celle où elle vécut dans la débauche.
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La Vie en Dieu
Marie l'Egyptienne entre dans ce que l'on peut considérer comme la troisième étape de sa vie
spirituelle (si l'on peut employer ce langage). Purifiée par la solitude, la nudité, les dangers
encourus, elle accepte de ne devoir son existence qu'à la Grâce Divine Dont elle se sait
indigne. Accoutumée à devoir supplier pour tout, elle vit pour Dieu et demeure en Lui. On
n'insistera jamais trop sur le caractère concret de cette communion à Dieu dans laquelle
progressivement elle se détourne de la préoccupation de soi et en vient à aimer Dieu pour Luimême.
Elle Lui parle dans la chasteté d'une charité véritable. Objet de la Grâce Divine, initiée
à la communion avec Dieu, elle est le Trésor que Dieu a caché au Désert.
Dans cet acte apparemment insensé qui consiste à se renier soi-même aussi totalement (et qui
devrait la conduire à une mort certaine), Marie l'Egyptienne trouve la Vraie Vie. Elle fait
l'expérience de la Foi et par la Foi est introduite dans le mystère d'une existence eucharistique.
Elle voit et comprend de quelle façon mystérieuse seule la Bénédiction Divine lui permet de
subsister dans un monde si hostile. Elle habite un permanent Miracle. Elle est tout entière
revêtue de l'Esprit. Le Père Qui la protège Le lui confère. L'Esprit l'inspire et la conduit à la
Vérité tout entière. Par Lui, elle est initiée à la Parole de Salut. Elle est introduite dans la
connaissance des Ecritures sans qu'elle n'ait jamais appris les lettres. Elle est Théodidacte,
enseignée par Dieu. Communiant à la Parole, Marie l'Egyptienne devient Compagne de vie du
Verbe de Vérité. Dans cette union mystique elle trouve désormais nourriture et protection.
Dans la Présence du Père, elle est conduite par l'Esprit au Sauveur crucifié et glorifié et reçoit
de Lui, en retour, une participation accrue à la Grâce de ce même Esprit-Saint. Prise ainsi
entre les deux mains du Père, elle est le lieu docile où peut s'accomplir le Désir Divin exprimé
dans le secret trinitaire : "Faisons l'homme à notre image comme notre ressemblance" (Gen 1,
26). C'est ainsi que Marie l'Egyptienne vit dans la communion trinitaire dès ici-bas. En cette
existence eucharistique, elle devient ce qu'elle contemple. Encore sur terre, elle ne vit que du
Ciel. Elle confesse que la Grâce de l'Esprit Saint suffit à conserver dans son intégrité l'être de
sa personne. Cependant comme son passage sur l'autre rive n'est pas encore accompli, elle
reste affamée et assoiffée de la communion au Corps même et au Sang même de Son Seigneur
et Sauveur.
Cet élan spirituel qui conduit Marie l'Egyptienne de commencements en commencements ne
lui confère en rien l'assurance d'avoir gagné un havre de Salut. Bien plutôt, malgré la
permanence des Prévenances Divines, Marie l'Egyptienne demeure consciente de sa faiblesse.
Elle sait que tout se joue dans le mouvement oblatif de sa liberté. Elle confesse sa condition
de créature, poussière et cendre, pécheresse protégée par le rempart du Saint Baptême. Son
identité profonde, même dans cet état spirituel élevé n'est jamais que celle d'une pécheresse
pardonnée. C'est pourquoi elle se confie en tout à sa Sainte Protectrice, à Celle Qui Se porte
garant de la Vérité de sa conversion devant le Christ Sauveur. La Très Pure et Toute Bénie
Mère de Dieu ne cesse de l'accompagner de sa sollicitude maternelle et de la conduire par la
main sur le chemin étroit de l'obéissance aimante.
Non contente d'implorer encore le Secours du Ciel, elle supplie aussi Abba Zossima qu'elle a
rencontré par la Volonté Divine d'intercéder pour elle afin de trouver Grâce au Jour du
Jugement. Même ornée des charismes les plus étonnants, elle ne se considère pas comme
spirituelle. Elle se tient devant Dieu et devant toute créature dans une Pieuse Crainte. Amenée
par Dieu à confesser ses errements passés, elle redoute que cette évocation ne fasse resurgir
malgré elle des tentations dont elle n'a sûrement pas l'orgueil de croire qu'elle peut les vaincre
à nouveau. Elle craint parce qu'elle sait la puissance du Malin, aussi habile à duper
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l'intelligence qu'à utiliser la mémoire : le récit de sa confession pourrait comporter des
dangers tant pour elle que pour d'autres. Et sa délicatesse est telle qu'elle craint même, en
faisant le récit de ses turpitudes, de salir l'air. Elle sait quel drame le péché des hommes
constitue pour eux et quelle catastrophe il entraîne pour le cosmos.
Qu'on n'aille pas cependant croire que Marie l'Egyptienne, vivant en Dieu, est en proie à une
perpétuelle terreur. La crainte que nous venons d'évoquer s'exerce toujours dans le cadre de la
communion aimante. Car si Marie l'Egyptienne comme les trois jeunes gens dans la fournaise,
vit consciemment au milieu des dangers, elle sait aussi quelles sont ses armes de Salut. Outre
la Protection de sa Garante, elle est munie du Signe de la Divine et Vivifiante Croix qu'elle a
vénérée à Jérusalem. Par le Signe de la Croix, elle foule les flots du Jourdain pour aller
communier à Son Seigneur. Par le Signe de la Croix, elle scelle son front, sa bouche et sa
poitrine pour les fermer à l'Adversaire. Par le Signe de la Croix elle connaît l'humble
assurance de ceux qui sont sauvés par la Grâce.
Ainsi donc, communiant à Dieu, elle a part à l'Amour de l'Esprit vers le Père. Sa synergie aux
gémissements ineffables de l'Esprit est telle qu'elle est soulevée de terre lorsqu'elle s'adresse à
Dieu. L'Ascèse du Désert et la Grâce Divine ont rendu à son corps sa légèreté spirituelle, c'est
pourquoi elle peut traverser le Jourdain en marchant sur les eaux. Sa douceur aux motions de
l'Esprit, son ardente obéissance lui font parcourir en une heure la distance qu'Abba Zossima
mettra vingt jours à franchir.
Mais le Don de l'Esprit ne consiste pas seulement en cet accomplissement de sa personne.
Cette perfection ne serait rien si elle n'était mise au service de la vocation de tout homme à
entrer dans l'Intimité Divine. Tout ce travail solitaire de régénération trouve sa perfection dans
le mouvement apostolique de son coeur. Marie l'Egyptienne mène une Vie Angélique, unissant
étroitement le service de la Liturgie Céleste et celui de la Divine Philanthropie. L'Amour de
Dieu ne saurait se diviser, opposer le premier Commandement au deuxième. De fait, Marie
l'Egyptienne a fait siennes les Pensées et Volontés Divines. C'est pourquoi, rencontrant Abba
Zossima, elle commence d'abord par s'inquiéter des affaires de l'Eglise, de l'empire, de la vie
des Chrétiens. Il ne s'agit pas là d'une vaine curiosité mondaine mais du désir aimant de voir
la Paix Divine s'étendre à toute créature.
Habitée par l'Esprit Saint, elle a le coeur pur. Elle sonde les coeurs et les reins. Elle connaît les
pensées cachées et perçoit chacun dans la Lumière de Dieu. Sans l'avoir jamais rencontré,
Marie l'Egyptienne connaît le nom et la dignité sacerdotale d'Abba Zossima. C'est dire qu'elle
a une juste perception du Mystère de sa vocation personnelle. Elle peut contempler en lui le
nom prononcé de Toute Eternité par le Père dans le sein de la Sainte Trinité et qui le
constitue. Elle voit la place assignée par Dieu à Abba Zossima dans le Corps Mystique du
Christ qu'est l'Eglise et lui transmet avec autorité, de la part de Dieu, des recommandations et
des directives. Cela ne l'empêche pas d'accepter de lui les services voulus par Dieu et de
donner tous les signes de la soumission à son autorité sacerdotale.
Mais ce qui constitue son oeuvre apostolique est bien moins ce qu'elle transmet de la part de
Dieu que son être même transfiguré par le Don de Dieu et le récit des merveilles accomplies
en sa faveur. Elle montre à Abba Zossima qu'il est encore bien éloigné de la perfection mais
surtout avive en lui le désir d'avoir part à l'Esprit Qui confère un tel accomplissement et une
telle beauté spirituelle.
Après la Naissance au Ciel de Sainte Marie l'Egyptienne et jusqu'à nos jours, beaucoup
trouveront dans cette confession, mieux qu'un exemple, une assistance. Et cette aide, ce
renouvellement de leur courage dans l'élan vers Dieu, les remplit d'étonnement et d'émotion
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de sorte qu'ils gardent toutes ces choses et les méditent dans leur coeur. Tel est le stade qui
nous est ouvert maintenant.
Extrait de l'introduction écrite par le Hiéromoine Nicolas Molinier
pour sa traduction de la "Vie de Sainte Marie l'Egyptienne
composée par Saint Sophrone Archevêque de Jérusalem"
et éditée par le Monastère Saint Antoine-le-Grand
(Font-de-Laval 26190 St Laurent-en-Royans France), métochion de Simonos Petra.
ou
Vers 1292, Ruteboeuf rédigea aussi une "Vita" de Saint Marie l'Egyptienne :
http://www.biblisem.net/narratio/rutevdsm.htm
SAINT BARSANUPHE L'ANCIEN (PLIHANKOV) D'OPTINA (+1913)
Преподобный Варсонофий, в миру Павел Иванович Плиханков, родился 5 июля 1845
года. Его путь в монастырь был долог и нелегок, в миру прошло 46 лет — большая
часть его жизни. Кадетский корпус, военная служба, блестящая карьера. Прямая
возможность к стяжанию всех мирских благ. И... отказ от всего. Сослуживцы и
знакомые никак не могли понять: что же за "изъян" в стройном, красивом полковнике,
весь облик которого так дышал каким-то удивительным внутренним благородством?
Жениться не женится, балов и званых обедов, равно как и прочих светских
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развлечений, избегает. В театр, бывало, ходил, да и тот бросил. За спиной у Павла
Ивановича даже поговаривали порой: "С ума сошел, а какой был человек!.."
А между тем то были лишь вехи на пути Павла Ивановича к оставлению дольнего и
восхождению горняя, Как-то ноги сами собой привели его в небольшой бедный
монастырь, посвященный святому Иоанну Предтече. Там полюбилось ему молиться у
мощей святителя Варсонофия Казанского, долгие часы простаивал он в монастырском
храме у раки святого. Мысль о монашестве поначалу страшила, уход в монастырь
казался делом невозможным, постепенно созревала решимость оставить мир.
Оставалось лишь сделать выбор: в какой обители положить начало иноческому
подвигу? В период этих раздумий попался в руки Павлу Ивановичу один духовный
журнал, а в нем — статья об Оптиной пустыни и преподобном старце Амвросии.
...Когда он только подходил к Оптинскому скиту, находившаяся в "хибарке" старца
Амвросия одна блаженная неожиданно с радостью произнесла: — Павел Иванович
приехали.
— Вот и слава Богу, — спокойно отозвался преподобный Амвросий...
Здесь же, в "хибарке", и услышал Павел Иванович поразившие его слова преподобного:
"Через два года приезжайте, я вас приму". По прошествии двух лет полковник
Плиханков подал прошение об отставке. В Оптину он прибыл в последний день
отпущенного ему преподобным срока, но старца в живых уже не застал.
10 февраля 1892 года Павел Иванович был зачислен в число братства Иоанно-
Предтеченского скита и одет в подрясник. Каждый вечер в течение трех лет ходил он
для бесед к старцам: сначала к преподобному Анатолию, а затем к преподобному
Иосифу.
Через год, 26 марта 1893 года, Великим постом послушник Павел был пострижен в
рясофор, в декабре 1900 года по болезни пострижен в мантию с именем Варсонофий,
29 декабря 1902 года рукоположен в иеродиакона, а 1 января 1903 года был
рукоположен в сан иеромонаха...
В 1903 году преподобный Варсонофий был назначен помощником старца и
одновременно духовникомШамординской женской пустыни и оставался им до начала
войны с Японией.
Вскоре начинается Русско-японская война, и преподобный Варсонофий за послушание
отправляется на фронт: исповедует, соборует и причащает раненых и умирающих, сам
неоднократно подвергается смертельной опасности. После окончания войны
преподобный Варсонофий возвращается к духовничеству. В 1907 году он возводится в
сан игумена и назначается скитоначальником.
К этому времени слава о нем разносится уже по всей России. Ушли в вечные обители
святой праведный отец Иоанн Кронштадтский, преподобный старец Варнава
Гефсиманский. Страна приближалась к страшной войне и неизмеримо более страшной
революции, житейское море, волнуемое вихрями безумных идей, уже "воздвизалось
напастей бурею", люди утопали в его волнах...
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Как в спасительную гавань, стремились они в благословенный Оптинский скит к
преподобному Варсонофию за исцелением не только телес, но и истерзанных,
истомленных грехом душ, стремились за ответом на вопрос: как жить, чтобы спастись?
Он видел человеческую душу, и по молитвам ему открывалось в человеке самое
сокровенное, а это давало ему возможность воздвигать падших, направлять с ложного
пути на истинный, исцелять болезни, душевные и телесные, изгонять бесов. Его дар
прозорливости особенно проявлялся при совершении им Таинства исповеди. С.М.
Лопухина рассказывала, как, приехав 16-летней девушкой в Оптину, она попала в
"хибарку", в которой принимал старец. Преподобный Варсонофий увидел ее и позвал в
исповедальню и там пересказал всю жизнь, год за годом, проступок за проступком, не
только указывая точно даты, когда они были совершены, но также называя и имена
людей, с которыми они были связаны. А завершив этот страшный пересказ, велел:
"Завтра ты придешь ко мне и повторишь мне все, что я тебе сказал. Я хотел тебя
научить, как надо исповедоваться"...
Оптину за все время своей монашеской жизни преподобный Варсонофий покидал лишь
несколько раз — только по послушанию. В 1910 году, также "за послушание", ездил на
станцию Астапово для напутствия умиравшего Л.Н. Толстого. Впоследствии он с
глубокой грустью вспоминал: "Не допустили меня к Толстому... Молил врачей,
родных, ничего не помогло... Хотя он и Лев был, но не смог разорвать кольцо той цепи,
которою сковал его сатана".
В 1912 году преподобного Варсонофия назначают настоятелем Старо-Голутвина
Богоявленского монастыря. Несмотря на великие духовные дарования старца, нашлись
недовольные его деятельностью: путем жалоб и доносов он был удален из Оптиной.
Смиренно просил он оставить его в скиту для жительства на покое, просил позволить
ему остаться хотя бы и в качестве простого послушника.
Мужественно перенося скорбь от разлуки с любимой Оптиной, старец принимается за
благоустройство вверенной ему обители, крайне расстроенной и запущенной. И как
прежде, стекается к преподобному Варсонофию народ за помощью и утешением. И как
прежде, он, сам уже изнемогавший от многочисленных мучительных недугов,
принимает всех без отказа, врачует телесные и душевные недуги, наставляет,
направляет на тесный и скорбный, но единственно спасительный путь. Здесь, в Старо-
Голутвине, совершается по его молитвам чудо исцеления глухонемого юноши.
"Страшная болезнь — следствие тяжкого греха, совершенного юношей в детстве", —
поясняет старец его несчастной матери и что-то тихо шепчет на ухо глухонемому.
"Батюшка, он же вас не слышит, — растерянно восклицает мать, — он же глухой..." —
"Это он тебя не слышит, — отвечает старец — а меня слышит", — и снова произносит
что-то шепотом на самое ухо молодому человеку. Глаза того расширяются от ужаса и
он покорно кивает головой... После исповеди преподобный Варсонофий причащает его,
и болезнь оставляет страдальца.
Меньше года управлял старец обителью. Страдания его во время предсмертной болезни
были поистине мученическими. Отказавшийся от помощи врача и какой бы то ни было
пищи, он лишь повторял: "Оставьте меня, я уже на кресте..." Причащался старец
ежедневно.
1/14 апреля 1913 года предал он свою чистую душу Господу. Похоронен был
преподобный Варсонофий в Оптиной, рядом со своим духовным отцом и учителем
преподобным Анатолием "Старшим".
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St Macaire, Higoumène du Monastère du Pélécète à l'Olympe de Bithynie, confesseur des
Stes Icônes (840). -St Meliton l'Evêques de Sardes-St Juste Achaz-Sts Gérontios et Basilide-
St. Euthyme de Souzdal, fondateur du monastère de la Transfiguration du Seigneur et ami de
St Serge de Radonège (1404). -St Gérontios canonarque de la Laure des Grottes de Kiev
(XIVe siècle). -Ste Theodora, soeur de St Hermès, martyre à Rome sous Adrien (vers 120). -
St Meliton l'Evêque de Sardes en Lydie, apologète et auteur du premier canon de l'Ecriture
Ste (vers 190). -St Venance l'Evêque en Dalmatie, Martyr (vers 255). -St Prudence l'Evêque
d'Atina en Italie, Martyr (vers 300). -St Innocent, métropolitain de Rouen en Normandie
(417). -St Galonnek "Grand Coeur," Irlandais de nation, Ermite à Plouzevel puis évêque de
Quimper en Bretagne (VIème siècle). -St Valery, originaire d'Auvergne, Moine de Luxeuil en
Franche-Comté puis fondateur de l'abbaye de Leucone (622).-St Cellach l'Archevêque
d'Armagh en Irlande (IXème siècle). -St Jean IV le Scribe l'Evêque de Naples en Campanie
(850).-St Euloge, fol-en-Christ et prophète en Géorgie.-St Jean de la Montagne Noire et de
Vardzia (Géorgie, XIIe-XIIIe siècles). -St Barsanuphe du monastère d'Optina (Russie 1913). -
St Michel, fol-en-Christ, Martyr par la main des Communistes (Russie 1931). -St Serge,
prêtre, Martyr par la main des Communistes (Russie 1938). -St Macaire l'Evêque devenu
Moine du Grand-Habit au monastère St-Macaire-le-Romain près de Lesna, Martyr (1944).
Lecture de l’Epître
Gal III : 23-29
3.23 Avant que la foi vînt, nous étions enfermés sous la garde de la loi, en vue de la foi qui
devait être révélée. 3.24 Ainsi la loi a été comme un pédagogue pour nous conduire à Christ,
afin que nous fussions justifiés par la foi. 3.25 La foi étant venue, nous ne sommes plus sous ce
pédagogue. 3.26 Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus Christ; 3.27 vous tous, qui
avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. 3.28 Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a
plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus Christ.
3.29 Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d'Abraham, héritiers selon la promesse.
Gal IV : 1-5
4.1 Or, aussi longtemps que l'héritier est enfant, je dis qu'il ne diffère en rien d'un esclave,
quoiqu'il soit le maître de tout; 4.2 mais il est sous des tuteurs et des administrateurs jusqu'au
temps marqué par le père. 4.3 Nous aussi, de la même manière, lorsque nous étions enfants,
nous étions sous l'esclavage des rudiments du monde; 4.4 mais, lorsque les temps ont été
accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme, né sous la loi, 4.5 afin qu'il rachetât ceux
qui étaient sous la loi, afin que nous reçussions l'adoption.
Lecture de l'Evangile
Jean VIII : 3-11
8.3 Alors les scribes et les pharisiens amenèrent une femme surprise en adultère; 8.4 et, la
plaçant au milieu du peuple, ils dirent à Jésus: Maître, cette femme a été surprise en flagrant
délit d'adultère. 8.5 Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes: toi donc,
que dis-tu? 8.6 Ils disaient cela pour l'éprouver, afin de pouvoir l'accuser. Mais Jésus, s'étant
baissé, écrivait avec le doigt sur la terre. 8.7 Comme ils continuaient à l'interroger, il se releva
et leur dit: Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. 8.8 Et
s'étant de nouveau baissé, il écrivait sur la terre. 8.9 Quand ils entendirent cela, accusés par
leur conscience, ils se retirèrent un à un, depuis les plus âgés jusqu'aux derniers; et Jésus resta
seul avec la femme qui était là au milieu. 8.10 Alors s'étant relevé, et ne voyant plus que la
femme, Jésus lui dit: Femme, où sont ceux qui t'accusaient? Personne ne t'a-t-il condamnée?
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8.11 Elle répondit: Non, Seigneur. Et Jésus lui dit: Je ne te condamne pas non plus: va, et ne
pèche plus.
REFLEXION - Pourquoi donc raconte-t-on et écrit-on tant sur les souffrances des Saintes
Femmes et Saints Hommes? Parce que les Saints, seuls, sont considérés comme victorieux.
Est-ce que quelqu'un pourrait être victorieux sans conflit, douleur et souffrance? Dans un
combat terrestre ordinaire, personne ne sait être considéré comme victorieux ni héroïque s'il
ne fut au combat ou fut beaucoup torturé et souffrit beaucoup, d'autant plus alors dans le
combat spirituel où la Vérité est connue et où la vantardise n'est d'aucun secours mais au
contraire un empêchement. Celui qui n'engage pas le combat pour l'Amour du Christ que ce
soit dans le monde avec le diable ou contre lui-même, comment pourrait-il être compté parmi
les Soldats du Christ? Comment pourrait-il se retrouver parmi les Co-Victorieux du Christ?
Sainte Marie parla à l'Ancien Zosime de son sauvage combat spirituel : "Durant mes dix-sept
premières années dans ce Désert, je luttai contre mes appétits sexuels déréglés comme contre
des bêtes terribles. Je désirais manger de la viande et du poisson comme ceux que j'avais en
abondance en Egypte. J'aurais voulu boire du vin et ici je n'avais pas même de l'eau à boire. Je
désirais entendre des chansons lascives. Je criais et me battais la poitrine. Je priais la Toute
Pure Mère de Dieu de bannir de moi toutes pensées pareilles. Lorsque j'eus suffisamment crié
et battu ma poitrine, ce fut alors que je vis une Lumière m'englobant de toutes parts et qu'une
sorte de Paix miraculeuse m'emplit."
HOMELIE - A propos de l'accomplissement de la grande prophétie.
"Comme un agneau mené au boucher." (Isaïe 53,7).
A des siècles de distance de là, le Visionnaire Prophète Isaïe entrevit le terrible sacrifice du
Golgotha.
D'aussi loin il vit le Seigneur Jésus-Christ amené aux bourreaux comme un agneau est mené
au boucher. L'agneau se laisse sans défense conduire au boucher comme si on le menait au
pâturage : sans défense, sans crainte et sans méchanceté. Ainsi Notre Seigneur Christ fut
mené au bourreau sans défense, sans crainte et sans méchanceté. A aucun moment n'a-t-Il dit :
"Hommes, ne faites pas cela!" Ni n'a-t-Il questionné : "Pourquoi Me faites-vous ceci?" Ni n'at-
Il condamné qui que ce soit. Ni n'a-t-Il protesté. Ni ne S'est-Il mis en colère. Ni n'a-t-Il pensé
du mal de Ses juges. Lorsque le sang s'écoula sur Lui à cause de la couronne d'épines, Il
demeura silencieux. Lorsque Sa Face fut souillée par les crachats, Il demeura silencieux.
Lorsque Sa Croix devint pesante au long du chemin, Il supporta. Lorsque Sa douleur devint
insupportable sur la Croix, Il ne Se plaignit pas auprès des hommes mais auprès du Père.
Lorsqu'Il eut Sa dernière Respiration, Il dirigea Son Regard vers le Ciel et non vers la terre.
Car la source de Sa Force est aux Cieux et non sur la terre. La source de Sa Consolation est en
Dieu et non dans les hommes. Sa Vraie Patrie est le Royaume Céleste, pas un royaume
terrestre.
"Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde" (Saint Jean 1,29). Ce fut le premier
cri de Saint Jean le Baptiste lorsqu'il vit le Seigneur. Et voyez, à présent, sur le Golgotha,
cette prophétie fut accomplie. Voyez, sous le poids des péchés du monde entier, l'Agneau de
Dieu gît massacré, sans vie.
Ô frères, c'est un coûteux sacrifice même pour nos péchés. Le Sang de cet Agneau doux et
sans péché fut destiné pour tous les temps et toutes les générations, depuis la première jusqu'à
la dernière personne sur terre. Le Christ a aussi ressenti sur la Croix les douleurs pour nos
péchés, même ceux actuels. Il a aussi pleuré pour nos méfaits dans le Jardin de Gethsémani
pour nos faiblesses et tous nos péchés. Il a aussi destiné Son Sang pour nous. Frères, ne
méprisons dès lors pas ce prix indescriptiblement élevé qui fut payé pour que nous soyons
sauvés. C'est par ces Sacrifices du Christ que nous avons quelque valeur comme personnes.
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Sans ces sacrifices ou si nous les renions, notre valeur est égale à rien. Elle est égale à une
fumée sans feu ou un nuage sans lumière.
Ô Seigneur, inégalé en Miséricorde, aie pitié aussi de nous!
Saint Nicolas Velimirovitch l'Evêque d'Ochrid, Serbie (+ 05 mars 1958), rescapé de Dachau puis des
persécutions communistes, auteur du Synaxaire "Prologue d'Ochrid
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