mardi 1 février 2011

La Lumière du Thabor n°35. Lecture de la presse.

LECTURE DE LA PRESSE



INGERENCE ANTICANONIQUE
dans la diaspora orthodoxe


Les oecuménistes du Phanar ont tout fait pour s'emparer de la Diaspora orthodoxe, et maintenant, ils essayent d'affermir leur pouvoir par des agissements anticanoniques, signes de leur apostasie. En l'occurence, l'erreur dogmatique capitale des oecuménistes, est de croire que la Diaspora relève de l'autorité et de la juridiction du Patriarcat de Constantinople. Or, c'est le contraire qu'enseignent les saints canons de l'Eglise, qui définissent clairement les limites de la juridiction des divers Patriarcats, et donc aussi celles de Constantinople.
Selon le vingt-huitième canon du IVème Concile Oecuménique, les limites de la juridiction ecclésiastique du Patriarcat de Constantinople s'étendent aux régions «du diocèse du Pont, de l'Asie et de la Thrace», et, en outre, aux peuples étrangers rattachés à ces «diocèses». Ces peuples sont : «Les Alains et les Russes. Les premiers appartiennent au diocèse du Pont, les seconds à celui de la Thrace», selon le commentaire de Zonaras, l'interprète autorisé des canons1. Voilà pourquoi «les Alains dépendent du diocèse du Pont, les Russes du diocèse de Thrace2».
Plus précisément, les frontières canoniques de l'administration ecclésiastique du Patriarcat de Constantinople s'étendent de la Métropole de Durrachium à l'ouest jusqu'à l'Asie Mineure et la Russie à l'est, et vers le nord jusqu'aux régions côtières. Loin d'avoir été étendues par l'orthodoxie, ces frontières ont même été réduites vers le sud, et cela sur l'initiative même du Patriarcat de Constantinople ! En effet, elles ont reculé devant les frontières des nouveaux patriarcats du nord, ceux de Yougoslavie, de Bulgarie, de la Mer Noire et de Russie. Or, c'est bien au-delà des frontières du Patriarcat de Constantinople, mais aussi de celles des autres Patriarcats anciens ou récents, que s'étend la diaspora orthodoxe, sur laquelle, aux termes des saints canons, aucun patriarcat, pas même Constantinople, n'a l'exclusivité de juridiction et de compétence administrative.
C'est donc de manière anticanonique que les oecuménistes du Phanar se sont introduits dans la diaspora orthodoxe. C'est contre la loi qu'ils essayent de la conquérir, déplaçant les «bornes éternelles qu'ont posées les Pères» (Prov.22,28) de l'Eglise. Foulant ainsi les saints canons, ils abolissent «l'unité de la foi» (Eph. 4,13) de l'Eglise, qui se trouve dès lors divisée entre oecuménistes novateurs et chrétiens orthodoxes hostiles à l'innovation, et ils deviennent source de troubles et d'inquiétudes dans l'orthodoxie.
En effet, les affaires de l'Eglise, selon la loi canonique donnée par Dieu, «n'engendrent aucun trouble», non quand les saints canons sont violés, comme ici par les oecuménistes du Phanar, mais lorsqu'elles «s'alignent sur l'ordre canonique», c'est-à-dire se règlent sur l'observation des saints canons, y compris ceux qui délimitent les frontières des patriarcats3 !

Phoné tôn Patéron, juillet-septembre 1991.

LA CONQUETE OECUMENISTE
de la Diaspora orthodoxe

Deux sont les cibles de la lutte anti-église des oecuménistes : les patriarcats orthodoxes et la diaspora. Ils ont commencé à prendre possession des patriarcats principalement à partir de 1920, lorsqu'a été publiée la tristement célèbre encyclique oecuméniste au nom du Patriarcat de Constantinople. La conquête de la diaspora orthodoxe s'est manifestée officiellement deux ans plus tard : dès 1922, les oecuménistes ont établi des évêques prétendant à une juridiction exclusive sur la diaspora.
Plus précisément, quand le célèbre oecuméniste et franc-maçon Mélétios Métaxakis (1922-1923) occupa le trône patriarcal de Constantinople, il fonda la «Métropole» oecuméniste «de Thyatire» et «l'Exarcat d'Europe Centrale et Occidentale» du Patriarcat de Constantinople, qui ont leur siège à Londres. Cette opération -qui était anti-canonique, comme le souligne le Tome, écrit sans prévention, relatif à cette affaire- visait le but suivant : «Toutes les communautés orthodoxes déjà existantes et à venir qui vivent dans ces régions doivent être soumises désormais», c'est-à-dire à partir de 1922, à une seule autorité métropolitaine et patriarcale. Ainsi, la Métropole de Thyatire, qui a son siège à Londres, a été fondée dans le but oecuméniste de placer sous son autorité tous les chrétiens orthodoxes de la diaspora orthodoxe d'Europe, afin que ces derniers soient soumis à une autorité et à une juridiction unique et exclusive. Or, en ce qui concerne la diaspora, cet acte va contre les canons.
La Métropole oecuméniste de Thyatire, devenue ensuite Archevêché, s'est progressivement subdivisée selon le plan oecuméniste. Ainsi, le Patriarche oecuméniste de Constantinople Athénagoras (1948-1972) a fondé, en 1962, les métropoles oecuménistes de France, d'Allemagne et d'Autriche, puis, en 1969, les métropoles oecuménistes de Belgique et de Suède. En 1982, le Patriarche oecuméniste de Constantinople Démétrios a fondé la métropole oecuméniste de Suisse. Cette dernière est devenue le centre des oecuménistes -ou plutôt papo-oecuménistes- le plus important après le Phanar. Son activité dans leur panhérésie et leur lutte anti-ecclésiastique est très importante.
C'est aussi dans un but oecuméniste que furent fondés des métropoles et des archevêchés anti-canoniques, de même type, sur d'autres continents. En 1922, l'oecuméniste Mélétios Métaxakis fonda l'Archevêché oecuméniste d'Amérique du Nord et du Sud, qui siège à New York. Deux ans plus tard, en 1924, fut fondé l'Archevêché oecuméniste d'Australie et de Nouvelle Zélande, qui se divisa en 1970, cédant la place à l'«Archevêché d'Australie» et à la «Métropole de Nouvelle Zélande».
Voilà comment a été tissée la toile administrative des oecuménistes du Phanar sur la quasi-totalité de la diaspora orthodoxe. Son allure est ecclésiastique, son administration anti-canonique, son activité, oecuméniste. Après avoir occupé le Patriarcat de Constantinople en 1920, et l'avoir fait passer de l'orthodoxie à l'oecuménisme, les oecuménistes ont ensuite étendu sa juridiction et sa compétence exclusive au-delà des frontières fixées par les canons. Visant la conquête administrative de la diaspora orthodoxe, ils l'ont prise d'assaut. Aujourd'hui, après avoir construit à Constantinople un bâtiment équipé de l'arsenal électronique nécessaire, ils parlent de «vaticaniser» le Phanar, d'étendre la juridiction et l'autorité du Patriarcat de Constantinople et de son Patriarche sur les chrétiens orthodoxes de toute la terre ! Il s'agit là d'une autorité «papoïde» que la Sainte et Eternelle Orthodoxie non seulement n'a jamais donnée à personne, mais qu'elle a même condamnée comme contraire au Christ !
La conquête de la diaspora orthodoxe par les oecuménistes est donc une oeuvre anti-christique.

Phoné tôn Patéron, juillet-septembre 1991.

LE METROPOLITE AUGUSTIN DE FLORINA
prêt de cesser la commémoration
du soi-disant Patriarche Bartholomée

Du 25 au 27 août de cette année (selon le calendrier civil), s'est tenu, au siège de la Métropole de Florina, le vingt-troisième concile presbytéral général. Les prêtres assemblés se sont occupés du sujet de l'hellénicité de la Macédoine, stigmatisant les actes anti-hellènes, d'où qu'ils viennent. De même, ils ont exprimé leur inquiétude devant les initiatives oecuménistes hérétiques du «Patriarche» Bartholomée et des «évêques» de son synode et d'ailleurs, inféodés au Phanar.
Ils souhaitent que le Métropolite imite les champions de l'orthodoxie, tel saint Marc d'Ephèse, et ils lui donnent pouvoir et licence de rompre, de toute nécessité, les «relations spirituelles» avec le «Patriarche oecuménique» (Eleuthere Hora, 31 août 1992).
Nous prions que le secours d'en-haut les aide à réaliser leur promesse.

Agathange, n132, juillet-août 1992.

LE MONOPHYSISME ET L'EGLISE ORTHODOXE4

J'ai eu entre les mains deux brochures des anciens calendaristes qui parlaient de la «trahison de l'orthodoxie» que nous aurions commise, nous les Eglises Orthodoxes [du nouveau calendrier]. Les auteurs se réfèrent à la «Déclaration commune» de la «Commission mixte du Dialogue Théologique» entre l'Eglise orthodoxe et les Eglises orthodoxes orientales (Chambésy, Genève, 23-28 septembre 1990).
Curieux de voir ce qu'il en était, je consultai les Minutes de cette «Déclaration commune». J'ai été horrifié. Ceux qui s'y présentent comme les représentants de l'Eglise Catholique Orthodoxe ont, selon moi, dépassé les limites du tolérable. Ils osent proposer que les Eglises locales contresignent ce qu'ils ont eux-mêmes signé avec des gens qui sont des hétérodoxes déclarés et des monophysites. Je dis «hétérodoxes déclarés» parce que, dans le paragraphe 8 de leur commune déclaration, j'ai lu ceci :
«Les deux familles acceptent les trois premiers Conciles Oecuméniques, qui forment notre héritage commun. En ce qui concerne les quatre Conciles subséquents de l'Eglise Orthodoxe, les Orthodoxes affirment que pour eux les points 1 à 7 énoncés ci-dessus [dans la Deuxième Déclaration Commune] sont aussi l'enseignement des quatre Conciles ultérieurs de l'Eglise Orthodoxe, tandis que les Orthodoxes Orientaux considèrent cette affirmation des Orthodoxes comme leur interprétation. En comprenant les choses ainsi, les Orthodoxes Orientaux y répondent affirmativement5».
Que dit donc cette obscure et contournée «Déclaration Commune» ? Décodons-là, et nous verrons peut-être assez clairement que les vieux-calendaristes n'exagèrent pas quand ils parlent de trahison de l'orthodoxie, que cette trahison soit consciente ou non.
La vérité est que ce texte n'accepte pas les 4ème, 5ème, 6ème et 7ème Conciles Oecuméniques. En effet, qu'y lisons-nous ? «Les deux familles acceptent les trois premiers Conciles Oecuméniques». Les rédacteurs ne daignent même pas donner aux «quatre autres» leur nom d'«Oecuméniques», et ils en parlent avec condescendance comme des «quatre Conciles ultérieurs de l'Eglise Orthodoxe».
Or, même sans le mot d'Oecuménique, acceptent-ils, oui ou non, ces quatre Conciles ? Les monophysites acceptent-ils leurs décisions ? Les choses sont claires, ici, comme le cristal : non, ils ne les acceptent pas. Même les représentants des orthodoxes n'acceptent ces conciles que parce que, selon leur avis et leur estimation, les «quatre Conciles subséquents» sont en accord avec les paragraphes 1-7 de la Seconde Déclaration Commune que la «Commission mixte du Dialogue Théologique» a formulée, se donnant ainsi une autorité supra-oecuménique.
Que répondent les monophysites ou les monothélites à l'affirmation des orthodoxes que la première partie de leur Déclaration Commune est aussi l'enseignement des «quatre Conciles ultérieurs» ? Voici ce qu'ils répondent : «Ce que vous dites là est votre propre interprétation. Gardez-la. Nous vous y autorisons». Bien, nous la gardons, mais vous, l'acceptez-vous ? Pas de réponse. Ou plutôt, une réponse, mais formulée en termes entortillés : «En comprenant les choses ainsi, les orthodoxes orientaux y répondent affirmativement». Autrement dit : rien du tout.
Et nous en venons à la conclusion : qu'est-ce que le Conseil Mondial des Eglises, inspirateur de ce dialogue, ou la Franc-maçonnerie internationale, ou la «diplomatie» de ce monde, ou les orthodoxes naïfs qui marchent sans crainte dans ce champ de mines, qu'est-ce que toutes ces institutions et ces individus s'imaginent ? Croient-ils qu'il ne paraîtra pas de nouveau Marc d'Ephèse qui, d'une foi héroïque, renversera cette inacceptable défaite concoctée à Chambésy ? N'y a-t-il pas de jeunes champions de l'Orthodoxie qui défendront la foi juste des sept saints Conciles Oecuméniques inspirés par Dieu, intangibles et d'éternelle autorité ?
Je crois qu'il y en a. Qu'ils se lèvent et résistent !

S.Aspirtis

Note de la Rédaction du Orthodox Christian Witness : En dépit du souhait exprimé par l'auteur ci-dessus, le Sacré Synode d'Antioche présidé par le Patriarche Ignace IV d'Antioche a déjà fait passer ses directives en ce qui concerne les relations avec le Patriarcat Syriaque Monophysite (The World, avril 1992). Voici quelques repères :
«Le Sacré Synode d'Antioche a décidé ce qui suit :
1) Les deux églises se porteront un respect réciproque et total en ce qui concerne leurs rites, leur spiritualité, leur héritage et leurs saints Pères.
3) Chacune refusera de recevoir des membres de l'autre église, pour quelque motif que ce soit.
6) Si deux évêques appartenant aux deux Eglises se rencontrent pour un office spirituel, celui qui a le troupeau le plus grand présidera généralement. Mais si l'office est celui du sacré mariage, l'évêque de l'Eglise du marié présidera.
9) Si un prêtre de l'une ou l'autre des Eglises se trouve dans une région, il célébrera les divins mystères pour les membres des deux Eglises, y compris la divine liturgie...»
Le Patriarcat d'Antioche a souligné clairement que ces directives ne s'appliquent qu'avec le «Patriarcat Syriaque» dans le Proche Orient. Autant dire que nous sommes en communion avec les Catholiques Romains seulement dans la Province du Québec et pas ailleurs !
Et tout cela avec une secte qui n'accepte pas l'autorité des Sept Conciles Oecuméniques !

Orthodox Christian Witness, v.25, n45 (1199), 6/19 juillet 1992.

L'ANGE DU GRAND CONSEIL

Le grand Conseil du Père était l'incarnation du Verbe pour le salut des hommes. C'était un Conseil secret et pré-éternel, inconnu des créatures. C'est lui que le Fils de Dieu, le Conseiller du Père, vient manifester aux hommes.
«L'Ange du Seigneur apparut à Moïse dans une flamme de feu, du milieu d'un buisson, et il vit que le buisson était embrasé, mais que le buisson ne se consumait pas» (Exode 3,2). L'Ange parle avec Moïse, l'envoie en Egypte libérer son peuple et le conduire à la Terre Promise. Saint Cyrille dit : «A propos de celui qu'il vient d'appeler Ange, il déclare à présent qu'il est le Seigneur Dieu». Et saint Syméon de Thessalonique complète : «Celui qui apparut comme un homme à Moïse et qui est appelé Ange dans l'Ecriture, se nomme Lui-même Dieu et parle des trois Patriarches en disant : Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob (Saint Syméon de Thessalonique, p.10).
Mais qui est cet homme que l'Ecriture appelle Ange et qui est, en même temps, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob ? C'est Jésus Christ le Dieu-Homme, répondent les Pères, Lui que représentent les iconographes : «Et pour connaître que c'est Lui (le Christ) qui s'est montré à Moïse, accepte le témoignage de Paul qui dit : 'Ils buvaient d'un rocher spirituel et ce rocher était le Christ' et encore : 'ayant considéré l'opprobre du Christ comme une richesse supérieure à tous les trésors de l'Egypte'» (Cyrille de Jérusalem, 39, BEPEC 120).
Le Christ, l'Ange du grand Conseil, n'est pas apparu seulement à Moïse, mais aussi, déjà, aux patriarches de l'Ancien Testament. Il apparaît à Abraham près du chêne de Mambré accompagné de deux anges, et à Jacob qui lutte contre lui jusqu'au matin. «C'est donc Lui, le Fils du Très-Haut, qui était l'Ange du Grand Conseil. Il est Celui qui parla avec son père Abraham, qui lutta avec Jacob et qui se nomma Lui-même le Dieu des Patriarches», explique saint Syméon de Thessalonique, se référant à Isaac qui est le type du Christ (Saint Syméon de Thessalonique, p.11). Cette vérité était connue de toute l'Eglise et ne constituait pas une doctrine étrangère. Saint Cyrille disait à ses catéchumènes : «Le Seigneur qui a mangé avec Abraham a aussi mangé avec nous ; en quoi notre annonce serait-elle étrangère ?» (39, BEPEC).
Il est le quatrième homme apparu aux côtés des trois adolescents dans la fournaise de Babylone. Il remplit la fournaise de fraîcheur. Le roi cruel lui-même confesse avec frayeur : «Son aspect est pareil à celui d'un Fils de Dieu» (Daniel, 3).
Isaïe dit de Lui «que son nom est Ange du grand Conseil ; l'Ecriture l'appelle aussi Ange de Dieu, car c'est lui qui nous a annoncé, angélisé les mystères du Père. C'est lui qui descendit dans la fournaise avec Azarias et ses compagnons» (Saint Hippolyte 6, BEPEC 52,5).
L'Eglise chante : «Celui qui sauva les adolescents de la fournaise fut homme et souffrit comme mortel».
Le Dieu qui parlait aux Prophètes, c'était Lui : «Ne vous égarez pas, Juifs, c'est Lui qui vous sauvés dans la mer et qui vous a nourris dans le désert». «Il est le Dieu des Pères, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob».
«Tu vois que les prophètes aussi voyaient le Christ, enseigne saint Cyrille aux catéchumènes, mais autant que chacun d'eux pouvait Le recevoir. Moïse L'a vu, Isaïe L'a vu, Jérémie L'a vu, aucun prophète ne L'a ignoré» (39, BEPEC).

Epignosis, n42, été 1992.

PENTECÔTE,
la porte ultime du temps

Il existe un grand mystère derrière l'événement de la Pentecôte, tout comme derrière celui de l'Incarnation du Verbe. Le salut ne pouvait-il pas s'effectuer autrement ? Si, le salut pouvait s'effectuer autrement, mais le mystère, c'est que Dieu a choisi d'opérer dans les limites qu'Il a Lui-même imposées à sa création. Jamais Il ne la force. Et là où nous croyons qu'Il opère de manière surnaturelle, Il opère en réalité dans le cadre de la Nouvelle nature, qui pour le Christ est présente. Simplement, il supprime la corruption et manifeste les lois de la nature telle qu'Il l'a voulue.
Le temps est une des dimensions de la création. C'est pourquoi le salut s'accomplit dans le temps. Il est historique. Cependant, il s'infiltre dans toutes choses, car il a lieu dans le cadre du temps ecclésiastique, qui est un temps rénové : «Maintenant toutes choses sont nouvelles». Dans le cadre de ce renouveau, les absents sont rendus présents. Ils sortent de l'oubli et participent à la vérité du salut. Ce salut ne s'opère pas en dehors de l'espace et du temps, mais temporellement et spatialement -sous le règne d'Auguste César- pour supprimer la linéarité unidimensionnelle du temps corruptible et pour arriver à nous, comme à tous les justes qui ont vécu depuis la création du monde. C'est pourquoi le salut ne se fait pas individuellement, mais seulement dans l'Eglise, là où le temps a été délivré de ses chaînes.
Le salut est opéré par les trois Personnes de la Sainte Trinité. Le Christ manifeste le Père et envoie l'Esprit Saint dans le monde. De cette façon, les hommes participent à la vie des Trois Personnes, ils entrent dans leurs relations, ils deviennent eux aussi membres de la famille. Dans l'Eglise, le temps est racheté, il acquiert les qualités du temps nouveau, mais il n'est pas aboli. Pour cela, il faut qu'arrive la «plénitude des temps». La racine a été plantée. Par sa résurrection, le Christ a planté dans la nature la racine de l'incorruptibilité ; mais la création a besoin que les racines donnent des fruits «en leur temps». Lorsque ce temps viendra, alors, «il n'y aura plus de temps». Mais à présent, le temps existe, il n'a pas encore été supprimé. C'est pourquoi, du point de vue de la nature, tout passe. «Il est nécessaire que je m'en aille, dit le Christ à ses disciples, mais je vous enverrai un autre Paraclet». C'est-à-dire, je vous enverrai un autre Consolateur. «Il vous conduira à la vérité tout entière». Le Saint Esprit nous étreint pour nous consoler et nous montre la vérité au-delà des apparences de la corruption. Nous dépassons les limites infligées par la corruption et, dans l'Esprit Saint, nous parvenons à notre Prototype, le Christ, même s'Il n'est pas présent parmi nous comme Il l'était avec les Apôtres. Il se trouve avec nous comme Il se trouvait aussi chez ceux qui ont vécu avant Sa manifestation.
Le salut a débuté avec la création, au commencement du temps, par le Fils, dans l'Esprit Saint, et c'est ainsi qu'il se poursuit et s'accomplit jusqu'à aujourd'hui. Le salut, c'est que Dieu accepte d'entrer, de tenir dans les dimensions de la création. Il descend dans le temps et sa présence surnaturelle rénove le temps. «Princes, élevez vos portes». Et les portes éternelles sont arrachées. Les portes de la mort sont détruites. Ceux d'avant le Christ et ceux d'après Lui se tiennent la main dans un choeur éternel de saints. Telle est l'Eglise. «Et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle». Telle est la Pentecôte : la porte ultime du temps. Oui, le temps a été volé. C'est notre espérance et notre consolation.

Epignosis, n42, été 1992.

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