mardi 8 février 2011
La Lumière du Thabor n°47-48 . Dossier.
DOSSIER
L’ORTHODOXIE ET LA CHINE
A. Introduction
u jour de la Pentecôte, le Saint Esprit a parlé toutes les langues. Comme l’écrit saint Grégoire de Nazianze dans son Homélie sur la Pentecôte : «Ils parlaient en langues étrangères, non dans celle de leurs pères ; miracle grandiose que celui d’hommes parlant des langues qu’ils n’ont pas apprises...» et «grâce au seul Esprit, la parole divine fut versée dans les oreilles d’un grand nombre et rétablit chez eux la bonne entente». Selon ce Père, comme pour saint Jean Chrysostome, le miracle des langues eut bien lieu chez les orateurs, et non chez les auditeurs : les Apôtres ont effectivement fait entendre la prédication de la foi dans toutes les langues de ceux qui étaient présents à Jérusalem.
Depuis lors l’Evangile a été prêché sur toute la terre. Le principe constant de l’Eglise fut d’utiliser les langues nationales, conformément à la tradition apostolique. Le fidèle, en effet, participe activement au culte commun. L’Apôtre Paul enseignait : «Si tu rends grâce par l’Esprit, comment celui qui est dans les rangs de l’homme du peuple répondra-t-il Amen ! à ton action de grâces, puisqu’il ne sait pas ce que tu dis ?» c’est-à-dire : si tu pries silencieusement dans ton coeur sous l’impulsion de l’Esprit Saint, ta prière, bonne en soi, n’édifie pas l’Eglise où se trouvent des fidèles moins avancés spirituellement et qui ont donc besoin du culte exprimé par le langage humain. «Chaque peuple, écrit l’historien de l’Eglise Wladimir Guettée, ayant sa langue propre, a... toujours possédé la liturgie dans cette langue. Primitivement, il y eut deux langues principales dans l’Eglise : la grecque et la latine. Les Latins célébraient en latin, et les Grecs en grec. Ainsi, dans les colonies grecques du midi de la Gaule, on célébrait encore la liturgie en grec au VIème siècle». Le bilinguisme de l’Empire Romain entraîna celui de l’Eglise : l’Orient parlait le grec, l’Occident surtout le latin.
Les missions orthodoxes ont traduit dans les langues des différents peuples les offices orthodoxes... créant ainsi, pour de nombreux peuples, le point de départ de leur littérature nationale. L’exemple même fut celui de Saint Cyrille et de saint Méthode. Ils introduisirent l’alphabet cyrillique pour traduire en slavon la liturgie, suivie de tous les textes de l’Eglise, alors que la papauté essayait d’imposer l’hérésie du trilinguisme. Selon cette conception les trois langues principales, celles de l’écriteau qui se trouvait sur la Croix du Seigneur, l’hébreu, le grec et le latin, seraient les seuls véhicules dignes de la parole de Dieu. Saint Méthode fut emprisonné par le prince Swatopulk qui lui reprochait, entre autres, de célébrer la liturgie dans la langue vernaculaire au lieu d’employer le latin. Jean VIII, pape orthodoxe de l’ancienne Rome, tira Méthode de prison en lui enjoignant de venir comparaître à Rome ; puis il le renvoya sur les lieux de sa mission, avec une lettre à Swatopulk, où il déclarait que Dieu avait créé toutes les langues afin que par elles l’homme lui rendît gloire. L’usage exclusif du latin en Occident, même longtemps après que cette langue fut sortie de l’usage et tout-à-fait incompréhensible aux fidèles, constitue l’une des erreurs anti-traditionnelles de l’Eglise catholique, comme le notait Guettée : «Le peuple est ainsi isolé du prêtre, et ne peut plus prendre au sacrifice la part qui lui revient. Chose étonnante ! Dans une chose antique que l’Eglise romaine veut absolument conserver sans la modifier, elle s’éloigne autant de l’esprit de l’Eglise primitive, par cette conservation, que par ses innovations». Les décisions de Vatican II représenteraient comme un tardif retour à la tradition, si elles n’étaient l’occasion d’introduire des innovations dans les textes liturgiques prétendument «traduits» et, de fait, modifiés, confirmant encore la conclusion de Guettée : «On ne peut que s’étonner de la rage d’innovations que possède l’Eglise romaine depuis sa séparation».
L’Eglise orthodoxe a toujours compris de manière spirituelle l’adjectif de «catholique», d’«universelle». L’Eglise universelle prêche à chacun dans sa langue, et chaque fidèle est appelé à participer à l’universalité du dépôt commun de la foi. Dès lors, il n’y a point de langue ni de nation qui vaille davantage que les autres. Au XIXème siècle, lors du schisme bulgare, le Patriarcat de Constantinople, encore orthodoxe, a condamné le nationalisme religieux comme une hérésie -le phylétisme- même s’il le pratique aujourd’hui plus encore que toutes les autres Eglises. Ce Patriarcat verse de plus en plus manifestement dans une forme de «centralisme» néo-papiste, directement opposé à l’esprit de la véritable mission orthodoxe.
Au XIXème siècle, chez les occidentalistes, dont certains, comme Soloviev, étaient favorables au centralisme et à l’ésotérisme en même temps, est apparue l’idée que l’orthodoxie n’était pas universelle, et qu’elle ne prêchait plus la foi chrétienne d’une façon apostolique et missionnaire.
L’histoire des missions russes en Alaska, dans les îles aléoutiennes, mais aussi en Japon et en Chine suffit à prouver le contraire. Grâce au journal américain The True Vine, qui lui a consacré un numéro très densevoir manuscrit, nous présentons ici un dossier consacré à l’histoire de la mission orthodoxe en Chine, en particulier aux Nouveaux Martyrs de la Chine.
L’historien pourra constater que l’établissement de la mission orthodoxe en Chine n’a pas pris la forme impérialiste, agressive et syncrétiste des missions catholiques et jésuites. Nous renvoyons notamment au second volume de l’excellente Histoire des Jésuites de Guettée (p. 80 et suiv.) qui décrit assez bien le syncrétisme des premiersvérif «évangélisateurs» catholiques de la Chine et les compromissions qu’ils n’hésitaient pas à faire. Ainsi, par exemple, le Père Matthieu Ricci (en Chine de 1583 à 1610), qui se fit passer pour mandarin en vue d’obtenir aux Jésuites l’autorisation d’entrer en Chine :
«Afin de ménager encore davantage les préjugés des Chinois, le P. Ricci échangea son costume de prêtre catholique pour celui des mandarins ; il ne parut plus qu’avec la longue robe et le bonnet pointu de ces lettrés et ne fit aucune difficulté de prendre part aux cérémonies religieuses par lesquelles ils honoraient leur grand maître Confucius. Ses confrères l’imitèrent, et cherchèrent à passer pour mandarins ; ils prirent même des noms chinois. En 1600, Ricci fut accueilli à la cour de l’empereur Vao Lié. Dès lors, les obstacles furent vaincus. Un grand nombre de Jésuites furent envoyés en Chine».
Les missions des Jésuites en Chine suscitèrent de grandes polémiques à l’intérieur du monde catholique lui-même. Dans tout l’Orient, les Jésuites prêchaient un christianisme qui, d’une part, s’adressait essentiellement aux grands, et d’autre part, ne comportait plus rien de ce qui pouvait déplaire : la Croix du Christ, l’humilité, la Passion. La fameuse querelle des rites témoigne avec éloquence de cette contradiction. Selon le P. Ricci et ses successeurs, les saluts, génuflexions, encensements, allumages de cierges et offrandes alimentaires qui se faisaient devant les tablettes portant le nom des défunts ou celui de Confucius, ne revêtaient pas de caractère religieux dans les idées des Chinois. Les Jésuites n’interdisaient pas à leurs convertis de prendre part aux cérémonies païennes considérées comme purement nationales, culturelles ou sociales. Par là même, disaient leurs adversaires, ils altéraient et paganisaient la foi au lieu de la prêcher. Pour les Jésuites, il s’agissait d’étendre, au prix de quelques concessions, leur emprise sur la société. Le résultat fut que, des peines, des sacrifices, du labeur et même des martyres des Jésuites, il ne sortit qu’un profond dégoût pour le christianisme. Les missionnaires occidentaux furent haïs comme des hommes de pouvoir et de domination.
Les missions russes en Chine ne vendirent pas la foi pour s’imposer et s’étendre et les martyrs orthodoxes de l’époque des Boxers ont été tués pour leur foi -et non pas seulement parce qu’ils exaspéraient la xénophobie de ces sectes chinoises.
A l’histoire de cette mission en Chine, nous avons ajouté la vie du saint archevêque Jean Maximovitch qui, avant de venir en France et aux Etats Unis, fut l’archevêque de Shangaï, et maintint oeuvra en missionnaire. Nombreux furent les russes qui, après la Révolution se réfugièrent à Harbin, notamment l’évêque Innocent voir le numéro de Orthodox Word ou Orthodox Life etcqui écrivit contre le changement de calendrier ecclésiastique.
Après la guerre, l’Archevêque Jean Maximovitch refusa de se soumettre au Patriarcat de Moscou, et un grand nombre de russes de Harbin furent envoyés en Australie, où ils ont établi à nouveau des Eglises.
L’histoire de la mission orthodoxe en Chine rend témoignage du caractère de toute mission orthodoxe authentique : «Vous êtes le sel de la terre... Vous êtes la lumière du monde», disait le Christ à ses apôtres, en ajoutant : «Ainsi votre lumière doit-elle briller aux yeux des hommes afin que, voyant vos bonnes oeuvres, ils en rendent gloire à votre Père qui est dans les cieux». Et saint Jean Chrysostome commente : «Ma parole vous est confiée non pour votre vie seule, mais dans l’intérêt du monde entier. Je ne vous envoie pas à deux villes, à dix ou même à vingt, votre mission n’est pas limitée comme celle des anciens prophètes ; elle embrasse la terre, la mer, tous les peuples de l’univers sans exception, en dépit de l’opposition que vous y rencontrerez... Vous n’avez pas à craindre les malédictions, c’est l’apparence de l’hypocrisie que vous avez à craindre : car la dissimulation vous affadit et vous jette sous les pieds des hommes. Si vous persistez à remplir envers eux votre devoir dans toute sa rigueur, et s’ils vous récompensent par des injures, c’est alors que vous devez vous réjouir ; il est dans la nature du sel de stimuler la mollesse et de la mordre au coeur». «Il ne les établit pas les docteurs de la Palestine, il leur confie toutes les contrées de l’univers ; et cette doctrine, ils doivent l’enseigner en inspirant une crainte salutaire. Chose admirable, ce n’est pas en flattant, ce n’est pas en ménageant qu’ils gagnent l’affection des hommes, c’est en agissant d’une manière vive et forte comme le sel... «Vous êtes la lumière du monde». D’abord le sel, puis la lumière, pour que vous compreniez quel bien résulte d’une parole vive et sévère, l’utilité d’un grave enseignement. En l’entendant, les âmes se raffermissent, résistent à la tentation, et, s’acheminant vers la vertu sous la conduite d’un tel guide, contractent la force de voir».
L’ORTHODOXIE ET LA CHINE
A. Introduction
u jour de la Pentecôte, le Saint Esprit a parlé toutes les langues. Comme l’écrit saint Grégoire de Nazianze dans son Homélie sur la Pentecôte : «Ils parlaient en langues étrangères, non dans celle de leurs pères ; miracle grandiose que celui d’hommes parlant des langues qu’ils n’ont pas apprises...» et «grâce au seul Esprit, la parole divine fut versée dans les oreilles d’un grand nombre et rétablit chez eux la bonne entente». Selon ce Père, comme pour saint Jean Chrysostome, le miracle des langues eut bien lieu chez les orateurs, et non chez les auditeurs : les Apôtres ont effectivement fait entendre la prédication de la foi dans toutes les langues de ceux qui étaient présents à Jérusalem.
Depuis lors l’Evangile a été prêché sur toute la terre. Le principe constant de l’Eglise fut d’utiliser les langues nationales, conformément à la tradition apostolique. Le fidèle, en effet, participe activement au culte commun. L’Apôtre Paul enseignait : «Si tu rends grâce par l’Esprit, comment celui qui est dans les rangs de l’homme du peuple répondra-t-il Amen ! à ton action de grâces, puisqu’il ne sait pas ce que tu dis ?» c’est-à-dire : si tu pries silencieusement dans ton coeur sous l’impulsion de l’Esprit Saint, ta prière, bonne en soi, n’édifie pas l’Eglise où se trouvent des fidèles moins avancés spirituellement et qui ont donc besoin du culte exprimé par le langage humain. «Chaque peuple, écrit l’historien de l’Eglise Wladimir Guettée, ayant sa langue propre, a... toujours possédé la liturgie dans cette langue. Primitivement, il y eut deux langues principales dans l’Eglise : la grecque et la latine. Les Latins célébraient en latin, et les Grecs en grec. Ainsi, dans les colonies grecques du midi de la Gaule, on célébrait encore la liturgie en grec au VIème siècle». Le bilinguisme de l’Empire Romain entraîna celui de l’Eglise : l’Orient parlait le grec, l’Occident surtout le latin.
Les missions orthodoxes ont traduit dans les langues des différents peuples les offices orthodoxes... créant ainsi, pour de nombreux peuples, le point de départ de leur littérature nationale. L’exemple même fut celui de Saint Cyrille et de saint Méthode. Ils introduisirent l’alphabet cyrillique pour traduire en slavon la liturgie, suivie de tous les textes de l’Eglise, alors que la papauté essayait d’imposer l’hérésie du trilinguisme. Selon cette conception les trois langues principales, celles de l’écriteau qui se trouvait sur la Croix du Seigneur, l’hébreu, le grec et le latin, seraient les seuls véhicules dignes de la parole de Dieu. Saint Méthode fut emprisonné par le prince Swatopulk qui lui reprochait, entre autres, de célébrer la liturgie dans la langue vernaculaire au lieu d’employer le latin. Jean VIII, pape orthodoxe de l’ancienne Rome, tira Méthode de prison en lui enjoignant de venir comparaître à Rome ; puis il le renvoya sur les lieux de sa mission, avec une lettre à Swatopulk, où il déclarait que Dieu avait créé toutes les langues afin que par elles l’homme lui rendît gloire. L’usage exclusif du latin en Occident, même longtemps après que cette langue fut sortie de l’usage et tout-à-fait incompréhensible aux fidèles, constitue l’une des erreurs anti-traditionnelles de l’Eglise catholique, comme le notait Guettée : «Le peuple est ainsi isolé du prêtre, et ne peut plus prendre au sacrifice la part qui lui revient. Chose étonnante ! Dans une chose antique que l’Eglise romaine veut absolument conserver sans la modifier, elle s’éloigne autant de l’esprit de l’Eglise primitive, par cette conservation, que par ses innovations». Les décisions de Vatican II représenteraient comme un tardif retour à la tradition, si elles n’étaient l’occasion d’introduire des innovations dans les textes liturgiques prétendument «traduits» et, de fait, modifiés, confirmant encore la conclusion de Guettée : «On ne peut que s’étonner de la rage d’innovations que possède l’Eglise romaine depuis sa séparation».
L’Eglise orthodoxe a toujours compris de manière spirituelle l’adjectif de «catholique», d’«universelle». L’Eglise universelle prêche à chacun dans sa langue, et chaque fidèle est appelé à participer à l’universalité du dépôt commun de la foi. Dès lors, il n’y a point de langue ni de nation qui vaille davantage que les autres. Au XIXème siècle, lors du schisme bulgare, le Patriarcat de Constantinople, encore orthodoxe, a condamné le nationalisme religieux comme une hérésie -le phylétisme- même s’il le pratique aujourd’hui plus encore que toutes les autres Eglises. Ce Patriarcat verse de plus en plus manifestement dans une forme de «centralisme» néo-papiste, directement opposé à l’esprit de la véritable mission orthodoxe.
Au XIXème siècle, chez les occidentalistes, dont certains, comme Soloviev, étaient favorables au centralisme et à l’ésotérisme en même temps, est apparue l’idée que l’orthodoxie n’était pas universelle, et qu’elle ne prêchait plus la foi chrétienne d’une façon apostolique et missionnaire.
L’histoire des missions russes en Alaska, dans les îles aléoutiennes, mais aussi en Japon et en Chine suffit à prouver le contraire. Grâce au journal américain The True Vine, qui lui a consacré un numéro très densevoir manuscrit, nous présentons ici un dossier consacré à l’histoire de la mission orthodoxe en Chine, en particulier aux Nouveaux Martyrs de la Chine.
L’historien pourra constater que l’établissement de la mission orthodoxe en Chine n’a pas pris la forme impérialiste, agressive et syncrétiste des missions catholiques et jésuites. Nous renvoyons notamment au second volume de l’excellente Histoire des Jésuites de Guettée (p. 80 et suiv.) qui décrit assez bien le syncrétisme des premiersvérif «évangélisateurs» catholiques de la Chine et les compromissions qu’ils n’hésitaient pas à faire. Ainsi, par exemple, le Père Matthieu Ricci (en Chine de 1583 à 1610), qui se fit passer pour mandarin en vue d’obtenir aux Jésuites l’autorisation d’entrer en Chine :
«Afin de ménager encore davantage les préjugés des Chinois, le P. Ricci échangea son costume de prêtre catholique pour celui des mandarins ; il ne parut plus qu’avec la longue robe et le bonnet pointu de ces lettrés et ne fit aucune difficulté de prendre part aux cérémonies religieuses par lesquelles ils honoraient leur grand maître Confucius. Ses confrères l’imitèrent, et cherchèrent à passer pour mandarins ; ils prirent même des noms chinois. En 1600, Ricci fut accueilli à la cour de l’empereur Vao Lié. Dès lors, les obstacles furent vaincus. Un grand nombre de Jésuites furent envoyés en Chine».
Les missions des Jésuites en Chine suscitèrent de grandes polémiques à l’intérieur du monde catholique lui-même. Dans tout l’Orient, les Jésuites prêchaient un christianisme qui, d’une part, s’adressait essentiellement aux grands, et d’autre part, ne comportait plus rien de ce qui pouvait déplaire : la Croix du Christ, l’humilité, la Passion. La fameuse querelle des rites témoigne avec éloquence de cette contradiction. Selon le P. Ricci et ses successeurs, les saluts, génuflexions, encensements, allumages de cierges et offrandes alimentaires qui se faisaient devant les tablettes portant le nom des défunts ou celui de Confucius, ne revêtaient pas de caractère religieux dans les idées des Chinois. Les Jésuites n’interdisaient pas à leurs convertis de prendre part aux cérémonies païennes considérées comme purement nationales, culturelles ou sociales. Par là même, disaient leurs adversaires, ils altéraient et paganisaient la foi au lieu de la prêcher. Pour les Jésuites, il s’agissait d’étendre, au prix de quelques concessions, leur emprise sur la société. Le résultat fut que, des peines, des sacrifices, du labeur et même des martyres des Jésuites, il ne sortit qu’un profond dégoût pour le christianisme. Les missionnaires occidentaux furent haïs comme des hommes de pouvoir et de domination.
Les missions russes en Chine ne vendirent pas la foi pour s’imposer et s’étendre et les martyrs orthodoxes de l’époque des Boxers ont été tués pour leur foi -et non pas seulement parce qu’ils exaspéraient la xénophobie de ces sectes chinoises.
A l’histoire de cette mission en Chine, nous avons ajouté la vie du saint archevêque Jean Maximovitch qui, avant de venir en France et aux Etats Unis, fut l’archevêque de Shangaï, et maintint oeuvra en missionnaire. Nombreux furent les russes qui, après la Révolution se réfugièrent à Harbin, notamment l’évêque Innocent voir le numéro de Orthodox Word ou Orthodox Life etcqui écrivit contre le changement de calendrier ecclésiastique.
Après la guerre, l’Archevêque Jean Maximovitch refusa de se soumettre au Patriarcat de Moscou, et un grand nombre de russes de Harbin furent envoyés en Australie, où ils ont établi à nouveau des Eglises.
L’histoire de la mission orthodoxe en Chine rend témoignage du caractère de toute mission orthodoxe authentique : «Vous êtes le sel de la terre... Vous êtes la lumière du monde», disait le Christ à ses apôtres, en ajoutant : «Ainsi votre lumière doit-elle briller aux yeux des hommes afin que, voyant vos bonnes oeuvres, ils en rendent gloire à votre Père qui est dans les cieux». Et saint Jean Chrysostome commente : «Ma parole vous est confiée non pour votre vie seule, mais dans l’intérêt du monde entier. Je ne vous envoie pas à deux villes, à dix ou même à vingt, votre mission n’est pas limitée comme celle des anciens prophètes ; elle embrasse la terre, la mer, tous les peuples de l’univers sans exception, en dépit de l’opposition que vous y rencontrerez... Vous n’avez pas à craindre les malédictions, c’est l’apparence de l’hypocrisie que vous avez à craindre : car la dissimulation vous affadit et vous jette sous les pieds des hommes. Si vous persistez à remplir envers eux votre devoir dans toute sa rigueur, et s’ils vous récompensent par des injures, c’est alors que vous devez vous réjouir ; il est dans la nature du sel de stimuler la mollesse et de la mordre au coeur». «Il ne les établit pas les docteurs de la Palestine, il leur confie toutes les contrées de l’univers ; et cette doctrine, ils doivent l’enseigner en inspirant une crainte salutaire. Chose admirable, ce n’est pas en flattant, ce n’est pas en ménageant qu’ils gagnent l’affection des hommes, c’est en agissant d’une manière vive et forte comme le sel... «Vous êtes la lumière du monde». D’abord le sel, puis la lumière, pour que vous compreniez quel bien résulte d’une parole vive et sévère, l’utilité d’un grave enseignement. En l’entendant, les âmes se raffermissent, résistent à la tentation, et, s’acheminant vers la vertu sous la conduite d’un tel guide, contractent la force de voir».
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