mardi 8 février 2011

La Lumière du Thabor n°45. Editorial.

EDITORIAL



AUJOURD’HUI

L’ORTHODOXIE EST PENDUE SUR LE BOIS





Aujourd’hui l’Orthodoxie est pendue par les nouveaux Scribes et Pharisiens. L’Epouse du Christ est couronnée d’épines. Celle qui revêt sa sainte Foi de ses mains martyres et ensanglantées est revêtue de la pourpre de dérision.
La mère vénérable des Chrétiens reçoit des soufflets. L’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique est perforée de clous. La Mère des Eglises est percée de la lance par le bourreau de Rome.
Nous adorons Tes souffrances, Orthodoxie. Nous adorons Tes souffrances, Orthodoxie. Nous adorons Tes souffrances, Orthodoxie. Montre-nous aussi Ta glorieuse Résurrection.
Oui, l’Orthodoxie est ressuscitée ! «La montagne crie et elle accouche d’une souris». Qui plus est, d’une souris crevée. Je veux parler de la Conférence de Rhodes. Quoique les porteurs de rasso amis du Pape se soient montrés d’une docilité parfaite aux ordres d’Athénagoras, ils n’ont abouti à rien, malgré toute leur agitation hypocrite et insensée, dans cette station balnéaire des Crésus et des touristes, des hôtels et restaurants de luxe, qu’avaient élue, pour lieu de réunion, ces disciples du Christ, sans se soucier qu’Il vivait, Lui, sans souliers, jeûnant, privé de tout. Les ambassadeurs serviles envoyés pour «préparer le chemin qui mène au Vatican» sont rentrés bredouille chez leur maître. Que d’argent gaspillé en pure perte ! La soudure n’a pas pris !
Et «où est à présent l’effort de ces nouveaux Scribes et Pharisiens acharnés ? Où est l’illusion des choses éphémères ? Où sont les creuses déclamations et «les salutations sur les places publiques» ? Où sont le tumulte et le flux des serviteurs ? Tout n’est que poussière, tout n’est que cendres, tout n’est qu’ombre ! Les vains discours se sont tus. La clameur jaillie de leur bouche s’est dissipée. Les lévriers de la théologie ont couru après la vérité perdue du Christ, mais leur chasse a trouvé une fin lamentable. Plus lamentable encore sera le terme ultime de cette fête perverse, lorsque ces esclaves du Pape se verront traités avec le dernier mépris par les Latins pleins d’arrogance et qu’ils seront forcés de rentrer dans leur coquille comme des escargots. Ainsi l’orthodoxie sera sauvée du piège qu’on lui tend. Elle devra son salut à l’intransigeance de Rome, en sorte qu’une nouvelle fois paraîtra la vérité de ce mot d’un Père de l’Eglise : «Le diable collabore souvent, malgré lui, à l’oeuvre de Dieu».
Les choses sont des plus claires, pour ce qui concerne l’étoffe et la qualité de ceux qui vont se ranger dans chacun des deux camps : celui des Orthodoxes et celui des papophiles.
Du côté des partisans du Pape s’assembleront en premier lieu ceux qui n’ont pas le moindre rapport avec l’Eglise Orthodoxe, et qui sont donc indifférents à son sort. En effet, qu’ont-ils à perdre, si l’Orthodoxie cesse d’exister ? Au contraire, il sentent qu’il ont tout à gagner à la soumission de l’Orthodoxie au papisme, dans la mesure où ce dernier est le symbole même du Christianisme ploutocrate. Par suite, se rangeront du côté des papophiles les incroyants, les opportunistes, les sots ambitieux, les modernistes, et ceux que manoeuvrent des ressorts souterrains. Dans l’autre parataxe s’uniront les croyants -ceux qu’on appellent fanatiques et rétrogrades-, les désintéressés, ceux qui sont indifférents aux honneurs du monde, et tous ceux dont la foi ne chancellera pas.
Saint Jean Chrysostome, commentant la parabole du bon grain et de l’ivraie, soulignait la nécessaire vigilance qui s’impose à tout fidèle du Christ : «Tout à l’heure le Sauveur parlait de ceux qui ne l’écoutaient pas et qui, s’éloignant de lui, rejetaient le bon grain ; maintenant il parle des hérésies et de leurs succès. Il en prévient ses disciples pour qu’ils n’en soient pas troublés... nous apprenons que les apôtres d’une doctrine corruptrice devaient être accueillis favorablement. Du reste, c’est la marche du diable de mêler toujours à la vérité l’erreur revêtue des apparences et des couleurs de la vérité, de façon à pouvoir séduire aisément les simples d’esprit. Voilà pourquoi le divin Maître ne parle que de l’ivraie, parce que cette herbe ressemble au froment à s’y méprendre. Il indique ensuite le genre de piège mis en oeuvre : "Tandis que les serviteurs dormaient". Par où l’on jugera des graves dangers auxquels sont exposées les personnes constituées en dignité, et principalement celles auxquelles la garde du champ a été confiée ; dangers qui ne concernent pas seulement ces dernières, mais encore leurs inférieurs... La leçon que le Christ veut nous donner en ceci, c’est une leçon de continuelle vigilance1».
Ce devoir de vigilance, le chrétien orthodoxe doit l’appliquer dans toute sa vie, et particulièrement ce qui concerne le dépôt de la foi : «O Timothée, garde le dépôt qui t’a été confiée» (1 Tim. 6, 20), «Garde le bon dépôt par le Saint Esprit qui habite en nous». Saint Jean Chrysostome commente : «Il n’appartient pas à l’homme, ni à la vertu purement naturelle de conserver fidèlement un si riche trésor. Pourquoi ? Parce qu’il ne manque pas de voleurs et qu’à la faveur d’épaisses ténèbres le démon prépare ses coups, sans que nous puissions prévoir ni le temps ni l’heure de son action. Comment dès lors suffirons-nous à le garder ? Par le Saint Esprit ; c’est-à-dire, si nous avons le Saint Esprit en nous ; et nous l’aurons si nous ne repoussons pas la grâce. "Si le Seigneur ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain ; et s’il ne garde la ville, ceux qui la gardent veillent en vain" (Ps 126, 1). Voilà notre rempart, notre secours, notre refuge. - Mais, si ce trésor est gardé, pourquoi ce précepte de l’Apôtre ? - Afin que nous retenions l’Esprit Saint dans nos âmes et que nous ne le chassions pas par le péché2».
Dès les premiers temps du christianisme, nous voyons les Apôtres mettre en garde contre les «loups ravisseurs» (Actes 20, 29), contre ceux qui tordaient le sens des Ecritures (1 Pi. 3, 16) ou qui introduisaient de nouveaux préceptes (Gal.) et, en un mot, changeaient, fût-ce sur des points d’apparence mineurs ou secondaires, l’Evangile de Notre Seigneur. Et tout le développement historique de l’Eglise, depuis la Didachè mettant en garde contre les faux prophètes, jusqu’aux vies des saints et aux canons des Conciles, témoigne de cette vérité : que la tradition de la foi est un combat perpétuel pour le croyant. Pour la garder pure, celui-ci doit se garder pur, comme le dit saint Jean Chrysostome ; et réciproquement, il n’est pas de guérison ni de purification en dehors de la foi immaculée. «Avant tout, gardons inflexiblement la foi sainte et orthodoxe ; c’est elle en effet qui est la base et le fondement de toute notre vie dans le Seigneur» disait sainte Mélanie3.
La vie de la même sainte nous offre un exemple frappant de cette vigilance demandée à tous les chrétiens. Voici comment son biographe, le prêtre Gérontios, rapporte l’événement : «Une femme de haut rang avait achevé le cours de sa vie loin de chez elle, aux Lieux Saints, et je fis l’offrande de son nom au cours de la sainte anaphore avec ceux des saints déjà décédés -c’est là en effet notre coutume, pour qu’à l’heure redoutable ils intercèdent pour nous-, et, comme cette dame qui était en communion avec nous, les orthodoxes, passait, selon certains, pour hérétique, la bienheureuse (Mélanie) s’indigna si fort que, sur-le-champ, et, à brûle-pourpoint, elle me dit avec franchise : «Vive le Seigneur ! Si tu la nommes, je ne communie plus à ton offrande». Comme je lui donnais ma parole sur le saint autel que je ne la nommerais plus, elle me rétorqua : «C’est une fois de trop, puisque tu l’as nommée, je ne communie pas». Tant elle considérait que c’était transgresser la foi orthodoxe que de nommer des hérétiques à la sainte anaphore4».


Au mois de juin dernier, a eu lieu à Zürich l’inauguration d’une nouvelle église du Patriarcat de Constantinople, sous l’invocation du saint grand-martyr Dimitri. La cérémonie de consécration, le dimanche 18 juin, était placée sous le signe de l’oecuménisme. Etaient présents, outre les hiérarques du Patriarcat de Constantinople, des représentants des Eglises catholique romaine, catholique chrétienne ou vieille-catholique, évangélique. Le Métropolite Damaskinos a déclaré : «Nous les orthodoxes sommes liés à l’Eglise catholique chrétienne par une longue expérience de dialogue, au cours duquel nous avons constaté que nous confessons la même foi apostolique, exprimée par une série de légitimes formulations théologiques».
Le Patriarche Bartholomée de Constantinople a évoqué à la fois la joie d’avoir vu triompher la foi sur l’athéisme et le danger du «fanatisme religieux» : «c’est par une grande victoire de la foi chrétienne que se termine notre vingtième siècle... L’humanité assista donc avec surprise, lors des bouleversements récemment survenus, à l’effondrement des idoles que l’athéisme avait érigés à la place de la croix du Christ... Un nouveau spectre menace le monde au nom des religions. C’est celui du fanatisme religieux, déjà dominant dans l’espace de certaines religions orientales, puissant aussi dans celui de la chrétienté».
Saint Dimitri était-il politiquement correct ?
Ecoutons saint Grégoire Palamas parler du Grand Martyr : «Voulez-vous savoir ce que signifie la recommandation que le Seigneur donne, dans l’évangile que nous avons lu aujourd’hui, à ceux qu’il envoie au milieu des loups ? «Soyez prudents comme les serpents et candides comme les colombes». Le serpent se protège lui-même, mais détruit les autres, ayant la tendance et la force pour se défendre et pour nuire. La colombe est inoffensive et sans protection. Le Seigneur conseille aux siens de n’être ni méchants comme les serpents, ni vulnérables comme les colombes, mais de joindre intelligemment, à une innocence sage et réfléchie, l’aptitude à se protéger, de manière qu’ils sachent résister pour conserver la vraie piété et la vertu, et se montrer d’une telle douceur à l’égard de nos adversaires, qu’ils aillent jusqu’à prier pour eux. C’est ainsi qu’ils deviendront, pour ceux même que le serpent spirituel a mis à mort, guérison pour la vie. De même, en effet, que les médecins prennent la chair du serpent, la purgent de son venin et la mêlent à certains aromates, la transformant en remède contre les morsures de serpents, ainsi celui qui, dans le temps de l’épreuve, aura mêlé la prudence et l’auto-conservation du serpent à l’innocence de la colombe, se mettre non seulement lui-même à couvert du mal provenant du serpent, je veux dire de la tromperie du diable, mais il soignera ceux qui ont été mordus par le serpent, entendez, les égarés, en détruisant le venin de malice du serpent, qui est le péché et l’impiété. J’en prends pour témoin le Grand Martyr Dimitri, que voici. Il a achevé la course, il a gardé la foi, il a résisté jusqu’au sang pour la garde de la piété, et, en même temps, il était si loin de se défendre contre ses adversaires, qu’il priait le Seigneur pour eux, si bien qu’il parvint à faire cesser la méchanceté des uns, et à transformer les autres, si bien qu’il ne resta pas même une relique de cette antique impiété dans cette ville, et qu’elle-même, cette ville dont il était natif et dans laquelle il souffrit sa mort violente, se maintint et perdura, grâce aux soins multiples qu’il déploya pour elle, grâce à ses mille sortes de bienfaits, grâce enfin à ses prières incessantes à Dieu».

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