vendredi 4 février 2011
La Lumière du Thabor n°38. Témoignages sur des hommes de Dieu.
TEMOIGNAGES SUR DES HOMMES DE DIEU
Continuant la publication des témoignages sur Père Ambroise, Père Patric, Michel et Photinie, nous sommes heureux d’offrir ci-après au lecteur des textes écrits par des fidèles proches de nos pères et frères défunts, ainsi que celui de notre ami roumain Costion qui fit la connaissance de Père Patric quelques jours seulement avant que ce dernier ne s’endorme dans le Seigneur.
Père Ambroise, Père Patric
Deux figures apostoliques
Je fis connaissance, il y a de nombreuses années, avec l’Eglise des vrais chrétiens orthodoxes dont le fondateur en France fut Père Ambroise.
Bien que n’appartenant pas à leur juridiction, je fus chaleureusement accueilli par Père Ambroise et Père Patric.
Au fil des ans, notre amitié, fondée sur le roc de la foi, connut une confiance réciproque sans bornes, dépouillée qu’elle était de toute hypocrisie, marquée d’une affection qui jamais ne se démentit.
Toute sa vie, Père Ambroise fut tourmenté par une nuée d’envieux, jaloux de l’intégrité de sa foi. Cet homme plein de bonté éprouva la flétrissure de la calomnie, celle qui s’attaque aux témoins véridiques. Jamais, cependant, Père Ambroise ne répondit à ses détracteurs.
D’une manière mystérieuse, par choix divin, Père Ambroise fut l’homme-lige de saint Nectaire d’Egine, le thaumaturge et la colonne de l’orthodoxie, qu’il fit connaître avec talent.
Pendant plus de quarante ans, cet homme de Dieu mena, avec une admirable constance, la lutte contre la panhérésie de l’oecuménisme.
J’affirme, pour l’avoir bien connu au cours de longues conversations, qu’il a aimé la foi orthodoxe sans compromis, ni compromission aucune. On pourrait -tant son témoignage de foi fut incorruptible- lui appliquer cette parole du très saint Photios, grand-prêtre du Seigneur, gloire des Patriarches, premier flambeau de l’Eglise du Christ : «Dire la vérité est le plus grand acte de charité».
Père Patric fut une intelligence extrêmement brillante. Je n’hésite pas à écrire, sans crainte d’être démenti, qu’il fut un théologien de génie.
Humble et bienveillant, il avait tout sacrifié pour la Vérité.
Il lutta de ce fait sans trêve contre les diverses innovations modernistes ; résumée dans une lettre du Père Pantéléimon de Boston -à commencer par la réforme du calendrier, en continuant par la levée des anathèmes de 1054, la participation comme membre organique au Conseil Mondial des Eglises, l’acceptation synodale de la confession blasphématoire de Thyatire, la prédication en paroles et en actes de l’hérésie de l’oecuménisme.
Il lutta -et cette position ecclésiologique des vrais chrétiens orthodoxes est résumée dans la suite de la lettre du Père Pantéléimon- contre «nos nouveaux uniates, pseudo-évêques et faux-docteurs, qui se sont à ce point fourvoyés hors de la sainte doctrine, prisonniers qu’ils sont des latins et des protestants, qu’ils foulent aux pieds tous les canons et tous les enseignements relatifs à l’unité et à l’unicité de l’Eglise et de Saints Mystères».
Je fus également le témoin privilégié de l’amour que ces deux prêtres portaient à leurs fidèles dans l’Eglise, amour fait d’abnégation et de dévouement.
Et puisque je dois conclure ce trop bref hommage à Père Ambroise et Père Patric, ces deux ouvriers d’exception dans la Vigne du Seigneur, je crois, d’un coeur sincère, qu’on pourrait leur appliquer le qualificatif rare et élogieux «d’Atlas de l’Orthodoxie», qui fut décerné par l’Eglise orthodoxe à saint Marc d’Ephèse, confesseur de la foi orthodoxe au pseudo-concile unioniste de Ferrare-Florence (1439).
Mon coeur s’émeut en vérité au souvenir lumineux de ces amis incomparables, Père Ambroise et Père Patric, confesseurs de la foi, l’enfant Photinie, vive et intelligente, l’humble et charitable Michel, lecteur d’offices.
Que leur mémoire soit éternelle.
Alain Chataignier
Heureux ceux qui ont un parent dans Jérusalem...
Père Ambroise aimait à rappeler ces paroles du Psalmiste. Il pensait alors à Saint-Nectaire d’Egine, le Saint thaumaturge qu’il vénérait tant, qu’il aimait tant devrais-je dire, et qu’il avait découvert en 1960/61.
Saint Nectaire lui a toujours envoyé ses bénédictions, et lui a donné sa sainte protection. Il le lui a plusieurs fois prouvé.
J’en fus le témoin un été, au cours d’un pèlerinage à Egine, il y a bien longtemps de cela.
Nous gravissions la petite côte qui menait au couvent des moniales, quand un parfum subtil et prenant nous entoura. Il ne s’agissait pas de quelque fumée d’encens provenant du monastère ni de senteur de fleurs...
Nous nous sommes regardés très émus car il était clair que «Nectaire d’Egine», comme il aimait à se faire appeler, donnait sa bénédiction de bienvenue ! Ce nous fut d’ailleurs confirmé par les moniales.
«Le Parent dans Jérusalem» de notre Père Ambroise fut, sans aucun doute, Saint Nectaire d’Egine. J’ai toujours été frappé par la similitude de leurs existences : origine modeste, consécration à la vie religieuse, hommes de grande foi et de prière perpétuelle, vies de dévouement et de service travaillant jusqu’à l’épuisement, repoussés et persécutés par les leurs et par la Société, grande modestie dans les apparences. Il y a certainement bien d’autres points communs.
L’Amour Divin consumait leurs coeurs et leur donnait la force de continuer d’avancer sur un chemin tellement rempli d’embûches... dont la solitude, épreuve parmi les épreuves !
Rapporter des souvenirs ou des expériences vécues avec Père Ambroise n’est pas chose aisée. Les anecdotes n’ont pas leur place ici. C’est l’Homme de Dieu qui m’intéresse, car c’est lui qui m’a reçu dans l’Orthodoxie et qui m’a accompagné pendant ces longues années. Je n’oublierai pas la chaleur de son amitié, la discrétion de cette amitié. Je n’oublierai pas non plus la force de ses convictions, allant jusqu’à me dire un jour qu’il était prêt au martyre pour confesser sa Foi !
Il fallait bien le connaître pour savoir que son regard malicieux et son comportement, parfois enfantin, étaient une façon de se protéger, ne laissant pas paraître à son interlocuteur, la grandeur de son âme.
Lorsqu’il ne se sentait pas observé, ou lorsqu’il était en confiance, Père Ambroise avait la faculté d’entrer en lui-même -dans sa Chambre Haute-, et alors son visage se transformait, s’illuminait. Je savais que son âme priait avec les Séraphins.
Je l’ai vu ainsi sur le pont d’un bateau qui nous menait d’une île grecque à une autre. La nuit tombait, il s’est éloigné et a sorti son chapelet. Il est resté ainsi longtemps dans la paix et dans la prière... Pour moi c’était un ravissement et un enseignement silencieux.
Dans ces moments bénis, Père Ambroise était lui-même, il était pleinement le moine qu’il avait choisi d’être.
Sa charge pastorale le préoccupait beaucoup. Il se sentait responsable devant le Seigneur, et craignait d’être un mauvais ouvrier dans le champ de son Maître. Mais son Maître l’aimait et appréciait son oeuvre. Dans sa grande Bonté, Il lui a permis de semer mais aussi de récolter. Je me suis permis de le lui faire remarquer avant la célébration du Noël qui précédait de peu sa dormition.
Après tant d’années de dur labeur, Père Ambroise, entouré de jeunes prêtres et d’un évêque, a vu pousser le blé et mûrir les épis...
Je voudrais, pour conclure, citer les mots qui sont gravés sur le tombeau de saint Nectaire d’Egine, et les appliquer à notre Père Ambroise :
«... Sa vie s’est écoulée tout entière dans la piété et la vertu, à dispenser les paroles célestes. Il laisse une grande douleur et de la tristesse dans les âmes des hommes pieux...»
Christ est ressuscité !
Nectaire S.
Témoignage de Costion
Le Père Patric, lorsqu’il apparaissait, était un colosse avec un coeur d’une rare bonté, enthousiaste, pathétique, éloquent et une grande âme. Un bonnet d’après le modèle de ceux des Russes ou des Serbes lui descend jusqu’aux sourcils, tout en lui donnant un air plutôt terrible, accentue l’étincellement des yeux et vous donne l’impression que vous vous trouvez devant une force déchaînée et incontrôlable. Sans bonnet, il paraît beaucoup plus jeune et moins débordant.
Il m’a rempli les bras d’un exemplaire de chacun des livres et des revues édités, m’a questionné sur notre association Saint-Grégoire-Palamas, m’a parlé de la leur. Ensuite, nous avons interrompu notre entretien pour l’office des Vêpres.
Le Père Patric Ranson, théologien de la Fraternité Saint Grégoire Palamas, est bien documenté, quoiqu’il n’ait pas les diplômes d’une école spéciale, sur les dogmes et les canons de l’Eglise, sur son histoire, sur l’oeuvre des Saints Pères, mais aussi sur l’oeuvre des grands théologiens contemporains. Il a le rare don de découvrir les déviations dogmatiques et canoniques, même lorsqu’elles se cachent sous des formes d’expression ou sous des gestes apparemment inoffensifs -le don de les découvrir et de les combattre.
Alpha et Oméga, n2, le 24 décembre 1992
Quand nous avons publié, le 24 décembre, notre interview avec le Père Patric Ranson, il vivait encore. Le lendemain il allait mourir à la suite d’un grave accident de voiture, avec sa fille aînée Photinie, en Grèce, ayant, peu de temps avant, célébré la liturgie pour la Saint-Spyridon de Trimithonte.
Père Patric est l’un des esprits brillants, vifs et à l’affût de la théologie orthodoxe contemporaine. Toute sa vie était dédiée, sans réserve, à la vérité de la foi orthodoxe. Le mettre de côté en disant qu’il était ancien-calendariste serait non seulement une faute, mais aussi une impiété. Sa préoccupation n’était pas le style du calendrier, mais le problème de la vérité dogmatique dans un monde orthodoxe qui, peut-être, commence à trop traiter relativement de tout.
Il a bien compris et il a expliqué à tous ceux qui voulaient bien l’écouter qu’un amour véritable ne peut exister sans confession intégrale de la vérité de la foi.
Alpha et Oméga, n4, le 16 avril 1993.
Costion
Continuant la publication des témoignages sur Père Ambroise, Père Patric, Michel et Photinie, nous sommes heureux d’offrir ci-après au lecteur des textes écrits par des fidèles proches de nos pères et frères défunts, ainsi que celui de notre ami roumain Costion qui fit la connaissance de Père Patric quelques jours seulement avant que ce dernier ne s’endorme dans le Seigneur.
Père Ambroise, Père Patric
Deux figures apostoliques
Je fis connaissance, il y a de nombreuses années, avec l’Eglise des vrais chrétiens orthodoxes dont le fondateur en France fut Père Ambroise.
Bien que n’appartenant pas à leur juridiction, je fus chaleureusement accueilli par Père Ambroise et Père Patric.
Au fil des ans, notre amitié, fondée sur le roc de la foi, connut une confiance réciproque sans bornes, dépouillée qu’elle était de toute hypocrisie, marquée d’une affection qui jamais ne se démentit.
Toute sa vie, Père Ambroise fut tourmenté par une nuée d’envieux, jaloux de l’intégrité de sa foi. Cet homme plein de bonté éprouva la flétrissure de la calomnie, celle qui s’attaque aux témoins véridiques. Jamais, cependant, Père Ambroise ne répondit à ses détracteurs.
D’une manière mystérieuse, par choix divin, Père Ambroise fut l’homme-lige de saint Nectaire d’Egine, le thaumaturge et la colonne de l’orthodoxie, qu’il fit connaître avec talent.
Pendant plus de quarante ans, cet homme de Dieu mena, avec une admirable constance, la lutte contre la panhérésie de l’oecuménisme.
J’affirme, pour l’avoir bien connu au cours de longues conversations, qu’il a aimé la foi orthodoxe sans compromis, ni compromission aucune. On pourrait -tant son témoignage de foi fut incorruptible- lui appliquer cette parole du très saint Photios, grand-prêtre du Seigneur, gloire des Patriarches, premier flambeau de l’Eglise du Christ : «Dire la vérité est le plus grand acte de charité».
Père Patric fut une intelligence extrêmement brillante. Je n’hésite pas à écrire, sans crainte d’être démenti, qu’il fut un théologien de génie.
Humble et bienveillant, il avait tout sacrifié pour la Vérité.
Il lutta de ce fait sans trêve contre les diverses innovations modernistes ; résumée dans une lettre du Père Pantéléimon de Boston -à commencer par la réforme du calendrier, en continuant par la levée des anathèmes de 1054, la participation comme membre organique au Conseil Mondial des Eglises, l’acceptation synodale de la confession blasphématoire de Thyatire, la prédication en paroles et en actes de l’hérésie de l’oecuménisme.
Il lutta -et cette position ecclésiologique des vrais chrétiens orthodoxes est résumée dans la suite de la lettre du Père Pantéléimon- contre «nos nouveaux uniates, pseudo-évêques et faux-docteurs, qui se sont à ce point fourvoyés hors de la sainte doctrine, prisonniers qu’ils sont des latins et des protestants, qu’ils foulent aux pieds tous les canons et tous les enseignements relatifs à l’unité et à l’unicité de l’Eglise et de Saints Mystères».
Je fus également le témoin privilégié de l’amour que ces deux prêtres portaient à leurs fidèles dans l’Eglise, amour fait d’abnégation et de dévouement.
Et puisque je dois conclure ce trop bref hommage à Père Ambroise et Père Patric, ces deux ouvriers d’exception dans la Vigne du Seigneur, je crois, d’un coeur sincère, qu’on pourrait leur appliquer le qualificatif rare et élogieux «d’Atlas de l’Orthodoxie», qui fut décerné par l’Eglise orthodoxe à saint Marc d’Ephèse, confesseur de la foi orthodoxe au pseudo-concile unioniste de Ferrare-Florence (1439).
Mon coeur s’émeut en vérité au souvenir lumineux de ces amis incomparables, Père Ambroise et Père Patric, confesseurs de la foi, l’enfant Photinie, vive et intelligente, l’humble et charitable Michel, lecteur d’offices.
Que leur mémoire soit éternelle.
Alain Chataignier
Heureux ceux qui ont un parent dans Jérusalem...
Père Ambroise aimait à rappeler ces paroles du Psalmiste. Il pensait alors à Saint-Nectaire d’Egine, le Saint thaumaturge qu’il vénérait tant, qu’il aimait tant devrais-je dire, et qu’il avait découvert en 1960/61.
Saint Nectaire lui a toujours envoyé ses bénédictions, et lui a donné sa sainte protection. Il le lui a plusieurs fois prouvé.
J’en fus le témoin un été, au cours d’un pèlerinage à Egine, il y a bien longtemps de cela.
Nous gravissions la petite côte qui menait au couvent des moniales, quand un parfum subtil et prenant nous entoura. Il ne s’agissait pas de quelque fumée d’encens provenant du monastère ni de senteur de fleurs...
Nous nous sommes regardés très émus car il était clair que «Nectaire d’Egine», comme il aimait à se faire appeler, donnait sa bénédiction de bienvenue ! Ce nous fut d’ailleurs confirmé par les moniales.
«Le Parent dans Jérusalem» de notre Père Ambroise fut, sans aucun doute, Saint Nectaire d’Egine. J’ai toujours été frappé par la similitude de leurs existences : origine modeste, consécration à la vie religieuse, hommes de grande foi et de prière perpétuelle, vies de dévouement et de service travaillant jusqu’à l’épuisement, repoussés et persécutés par les leurs et par la Société, grande modestie dans les apparences. Il y a certainement bien d’autres points communs.
L’Amour Divin consumait leurs coeurs et leur donnait la force de continuer d’avancer sur un chemin tellement rempli d’embûches... dont la solitude, épreuve parmi les épreuves !
Rapporter des souvenirs ou des expériences vécues avec Père Ambroise n’est pas chose aisée. Les anecdotes n’ont pas leur place ici. C’est l’Homme de Dieu qui m’intéresse, car c’est lui qui m’a reçu dans l’Orthodoxie et qui m’a accompagné pendant ces longues années. Je n’oublierai pas la chaleur de son amitié, la discrétion de cette amitié. Je n’oublierai pas non plus la force de ses convictions, allant jusqu’à me dire un jour qu’il était prêt au martyre pour confesser sa Foi !
Il fallait bien le connaître pour savoir que son regard malicieux et son comportement, parfois enfantin, étaient une façon de se protéger, ne laissant pas paraître à son interlocuteur, la grandeur de son âme.
Lorsqu’il ne se sentait pas observé, ou lorsqu’il était en confiance, Père Ambroise avait la faculté d’entrer en lui-même -dans sa Chambre Haute-, et alors son visage se transformait, s’illuminait. Je savais que son âme priait avec les Séraphins.
Je l’ai vu ainsi sur le pont d’un bateau qui nous menait d’une île grecque à une autre. La nuit tombait, il s’est éloigné et a sorti son chapelet. Il est resté ainsi longtemps dans la paix et dans la prière... Pour moi c’était un ravissement et un enseignement silencieux.
Dans ces moments bénis, Père Ambroise était lui-même, il était pleinement le moine qu’il avait choisi d’être.
Sa charge pastorale le préoccupait beaucoup. Il se sentait responsable devant le Seigneur, et craignait d’être un mauvais ouvrier dans le champ de son Maître. Mais son Maître l’aimait et appréciait son oeuvre. Dans sa grande Bonté, Il lui a permis de semer mais aussi de récolter. Je me suis permis de le lui faire remarquer avant la célébration du Noël qui précédait de peu sa dormition.
Après tant d’années de dur labeur, Père Ambroise, entouré de jeunes prêtres et d’un évêque, a vu pousser le blé et mûrir les épis...
Je voudrais, pour conclure, citer les mots qui sont gravés sur le tombeau de saint Nectaire d’Egine, et les appliquer à notre Père Ambroise :
«... Sa vie s’est écoulée tout entière dans la piété et la vertu, à dispenser les paroles célestes. Il laisse une grande douleur et de la tristesse dans les âmes des hommes pieux...»
Christ est ressuscité !
Nectaire S.
Témoignage de Costion
Le Père Patric, lorsqu’il apparaissait, était un colosse avec un coeur d’une rare bonté, enthousiaste, pathétique, éloquent et une grande âme. Un bonnet d’après le modèle de ceux des Russes ou des Serbes lui descend jusqu’aux sourcils, tout en lui donnant un air plutôt terrible, accentue l’étincellement des yeux et vous donne l’impression que vous vous trouvez devant une force déchaînée et incontrôlable. Sans bonnet, il paraît beaucoup plus jeune et moins débordant.
Il m’a rempli les bras d’un exemplaire de chacun des livres et des revues édités, m’a questionné sur notre association Saint-Grégoire-Palamas, m’a parlé de la leur. Ensuite, nous avons interrompu notre entretien pour l’office des Vêpres.
Le Père Patric Ranson, théologien de la Fraternité Saint Grégoire Palamas, est bien documenté, quoiqu’il n’ait pas les diplômes d’une école spéciale, sur les dogmes et les canons de l’Eglise, sur son histoire, sur l’oeuvre des Saints Pères, mais aussi sur l’oeuvre des grands théologiens contemporains. Il a le rare don de découvrir les déviations dogmatiques et canoniques, même lorsqu’elles se cachent sous des formes d’expression ou sous des gestes apparemment inoffensifs -le don de les découvrir et de les combattre.
Alpha et Oméga, n2, le 24 décembre 1992
Quand nous avons publié, le 24 décembre, notre interview avec le Père Patric Ranson, il vivait encore. Le lendemain il allait mourir à la suite d’un grave accident de voiture, avec sa fille aînée Photinie, en Grèce, ayant, peu de temps avant, célébré la liturgie pour la Saint-Spyridon de Trimithonte.
Père Patric est l’un des esprits brillants, vifs et à l’affût de la théologie orthodoxe contemporaine. Toute sa vie était dédiée, sans réserve, à la vérité de la foi orthodoxe. Le mettre de côté en disant qu’il était ancien-calendariste serait non seulement une faute, mais aussi une impiété. Sa préoccupation n’était pas le style du calendrier, mais le problème de la vérité dogmatique dans un monde orthodoxe qui, peut-être, commence à trop traiter relativement de tout.
Il a bien compris et il a expliqué à tous ceux qui voulaient bien l’écouter qu’un amour véritable ne peut exister sans confession intégrale de la vérité de la foi.
Alpha et Oméga, n4, le 16 avril 1993.
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