mercredi 12 janvier 2011
La Lumière du Thabor n°16. Vie du Saint Higoumène Stéphane.
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L’HIGOUMENE STEPHANE
Ou Comment on défend la vraie foi.
A peine sortie des luttes du Monothélisme, l’Eglise Orthodoxe eut à soutenir de nouvelles épreuves. En 726, l’Empereur de Constantinople, la Nouvelle Rome, Léon III l’Isaurien (717-741), publia un décret contre le culte des Saintes Icônes, qu’il confondait avec le culte des idoles. Ce décret fut Le commencement d’une lutte terrible qui devait durer plus de cent ans et se terminer par le Triomphe de l’Orthodoxie en 843, sous la régence de l’Impératrice Théodora, après la mort de son époux l’Empereur Théophile, dernier empereur ennemi des Icônes.
Léon légua, en mourant en 741, tous ses préjugés à son fils Constantin, surnommé Copronyme (qui veut dire fumier : il avait fait ses excréments dans son eau baptismale) qui avait régné 21 ans avec lui, et qui depuis, régna encore pendant trente quatre ans.
Constantin Copronyme était un homme grossier, immoral, sans foi ni loi, un de ces êtres qui font la honte de l’humanité, selon Théophane, le Chronographe.
Artabase, un des officiers de la cour, se révolta contre lui, en Asie. Copronyme marcha contre lui et fut battu. Le bruit courut que Copronyme avait été tué. Artabase fut reconnu empereur à Constantinople, et le Patriarche Anastase, avec tout le peuple se réjouirent de la mort de l’empereur. Anastase, tenant la Croix, jura devant le peuple, et par Celui qui avait été crucifié, que Copronyme lui avait dis : "Ne crois pas que le Fils de Marie, qu’on appelle Christ, soit le fils de Dieu ; c’est un homme que Marie, sa mère, a enfanté, comme Marie, ma mère, m’a enfanté".
A ces mots, le peuple s’écria qu’on devait déterrer le misérable, et le punir de ses impiétés, même après la mort.
Mais le monstre n’était pas mort. Il rentra à Constantinople à la tête de son armée, et fit crever les yeux d’Artabase et de ses enfants, ainsi que ceux du Patriarche Anastase. Il fit promener ce dernier, dans l’hippodrome, assis à reculons, sur un âne. Copronyme conserva cependant, la Patriarche Anastase, sur le siège patriarcal, parce que, comme lui, il était ennemi des Saintes Icônes.
En 754, Copronyme, pour consacrer sa doctrine hérétique contre les Saintes Icônes, convoqua un important concile, et 338 évêques se rendirent sur la côte asiatique, en face de Constantinople, non loin de Chalcédoine, pour y participer ; 338 faux témoins, qui pour plaire à leur maître, y renièrent leur engagement épiscopal qui est celui de dispenser FIDELEMENT la parole de la VERITE. Et ce n’est pas pour rien que ce concile reçut le surnom de Brigandage. Les Patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem, qui étaient orthodoxes, ne s’y firent pas représenter.
Ce brigandage, donc, prit le faux nom de VIIème Concile Œcuménique, et ses décisions furent résumées, plus tard, par le vrai VIIIème Concile Œcuménique tenu à Nicée en 787, et présidé par le Patriarche Saint Tarasios, de Constantinople.
Apres avoir interprété les Conciles Œcuméniques précédents et la Sainte Ecriture en faveur de ses opinions, ce brigandage essaya de prouver que les Pères lui étaient favorables. Lorsque ce faux concile eut terminé ses travaux, l’empereur Copronyme se rendit sur la place publique, avec son patriarche et d’autres évêques.
On lut publiquement le décret du conciliabule et on répéta les anathèmes.
Peu après, Copronyme fut pris d’un délire de persécution. Le nouveau Patriarche Constantin, successeur d’Anastase, et également iconoclaste, n’avait pas approuvé toutes les violences faites par l’empereur. Cela suffit pour qu’il fût condamné à mort, après avoir été exposé à toutes les insultes de la plus vile populace, et à tous les outrages.
Ceux qui étaient restés orthodoxes, étaient l’objet des plus atroces violences. Traqués de toutes parts, ils étaient livrés aux plus horribles supplices. On ne pouvait plus pratiquer la religion orthodoxe sans passer pour un suspect, et sans s’attirer des persécutions.
A Constantinople avaient lieu d1innombrables exécutions. Les martyrs étaient traînés vivants par les rues, d’autres étaient jetés à la mer, cousus dans des sacs, d’autres encore, étaient promenés, avec les yeux crevés et le nez coupé.
L’Eglise du Christ conserve pieusement la mémoire de ses martyrs, dont certains ont joué un rôle important, comme saint Théodore le Studite. Une Histoire de l’Eglise qui serait non illustrée par la vie de ses combattants et martyrs, et présentée seulement sous la forme d’une énumération de faits, ressemblerait à un squelette desséché.
L’histoire ci-après, de l’Higoumène Stéphane donne au lecteur une idée de l’ampleur de la persécution et de la résistance des Orthodoxes, qui après avoir gardé la Vraie Foi, ont reçu de Dieu la couronne incorruptible.
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L’Higoumène Stéphane était un moine qui habitait une caverne, en face de Constantinople. Les moines de cette ville et des environs s’y rendirent en grand nombre, pour le consulter, sur ce qu’ils avaient à faire, au sujet du décret du « brigandage ».
Le saint les engagea à ne pas exciter, par leur opposition, la brutalité de l’empereur, et à se disperser dans les divers pays où l’empereur ne pouvait pas donner des ordres en faveur de la nouvelle hérésie.
La plupart des moines suivirent son conseil.
Quelques uns, cependant, osèrent affronter la colère du tyran. On cite parmi eux, André, célèbre moine de Crète, qui ne craignait pas de dire en face à Copronyme qu’il était un nouveau Valens et un nouveau Julien (empereurs persécuteurs des chrétiens). II souffrit le martyre dans le cirque de saint Mamas, et l’empereur ordonna de jeter son cadavre à la mer.
Mais ses sœurs l’enlevèrent et l’inhumèrent dans un lieu nommé Chrysis. L’Eglise Orthodoxe l’honore le 17 octobre, dans le calendrier orthodoxe, julien, et le 30 octobre au calendrier civil, ou grégorien.
Copronyme aurait bien voulu obtenir l’adhésion de Stéphane. Il lui envoya donc des officiers de la cour pour le prier de signer les actes du conciliabule de 754.
"Seigneur Patrice, répondit Stéphane, je ne puis souscrire à la définition de ce faux concile dont la doctrine est hérétique. Je ne veux pas attirer sur moi la malédiction du prophète en appelant doux, ce qui est amer. Je suis prêt à mourir pour la vénération des Saintes Icônes, sans me soucier d’un empereur hérésiarque qui a osé les rejeter".
Puis, formant comme une petite cavité avec sa main :
"Quand je n’aurais de sang, dit-il, que pour remplir cela, je consens à le répandre pour l’Icône Jésus Christ". Il refusa les figues et les dattes que Copronyme lui avait envoyées. "Remportez, dit-il, la nourriture qu’il m’a envoyée ; l’huile du pécheur ne parfumera pas ma tète".
Copronyme, irrité de cette réponse, renvoya le même officier avec des soldats, pour tirer Stéphane de la grotte où il vivait reclus, et l’amener dans une église du voisinage, où il resterait, jusqu’à ce qu’il eût pris une décision à son sujet. Les soldats furent touchés de compassion en voyant le saint, chargé d’une g rosse chaîne de fer et qui ne pouvait plus marcher ; parce que la caverne où il habitait était si étroite et si basse, qu’il ne pouvait y demeurer, qu’en tenant ses jambes courbées. Cette attitude, et sa faiblesse, le tenaient dans l’impossibilité de faire un pas. Deux des soldats le soulevèrent en le priant de se tenir .appuyé sur leurs épaules ; ils le déposèrent parmi les moines, dans l’église du monastère de saint Auxence, et s’assirent à la porte en attendant les nouveaux ordres de l’empereur. Stéphane et les moines restèrent six jours sans manger. Le septième, on leur ouvrit la porte, et on reporta Stéphane à sa caverne, car l’empereur, qui partait pour faire la guerre aux Bulgares, n’avait pas le temps de s’occuper de lui.
Pendant son absence, de vils calomniateurs ourdirent un complot infâme contre Stéphane, l’accusant, non seulement d’insulter l’empereur, mais de vivre en concubinage avec une moniale qui habitait un monastère de femmes, au bas de la montagne, où était sa caverne.
Ils envoyèrent à l’empereur un mémoire contenant ces accusations. Copronyme répondit aussitôt : "Allez au Mont Auxence, emparez-vous de ces femmes qui, sous le masque de la piété, commettent des immoralités, et envoyez-moi Anna ici". Les soldats entrèrent dans l’église, au moment où les moniales chantaient l’office de la Troisième Heure. Elles furent effrayées et elles cherchèrent à se cacher dans le sanctuaire, et même sous l’autel.
La supérieure (mère abbesse), qui vivait en recluse près de l’église, entendant le bruit, se présenta aux soldats et leur dit : "Comment, chrétiens, vous conduisez-vous comme des barbares infidèles ?" Le courage de cette femme leur en imposa ; ils répondirent avec douceur :
"Remettez-nous Anna, l’amie de Stéphane, l’empereur demande qu’on la lui envoie ".
Alors, la supérieure appela Anna et une autre religieuse nommée Théophano, et leur dit : "Allez vers l’empereur mes enfants, et répondez avec sagesse à ses interrogations. Allez en paix ! Le Seigneur soit avec vous". Elles prirent Leurs manteaux, se mirent à genoux pour recevoir la bénédiction et partirent.
Quand elles furent arrivées au camp de l’empereur, celui-ci les sépara, et ayant fait venir Anna, lui dit : "Je suis convaincu de ce que l’on m’a dit de toi. Je connais La faiblesse des femmes. Dis-moi donc comment cet imposteur t’a fait renoncer à La splendeur de ta famille pour prendre cet habit de ténèbres ?" Il appelait ainsi L’habit monastique dont Anna était revêtue après avoir renoncé au monde et à tous les attraits qu’il lui offrait. Anna lui répondit : "Seigneur, me voici en votre présence ; tourmentez-moi, tuez-moi si vous voulez, vous n’entendrez de moi que la vérité. Je ne connais cet homme que comme un saint qui me conduit dans la voie du salut".
Ces simples paroles impressionnèrent Copronyme ; il se mordait Les ongles, et levait une main en l’air selon son habitude. Sans rien lui répondre, il ordonna de garder Anna et de renvoyer sa compagne au monastère, où elle raconta tout à l’higoumène et à Stéphane.
De retour à Constantinople, Copronyme fit enfermer Anna dans une prison obscure et ordonna de lui mettre les fers aux mains. Avant de l’interroger, il lui envoya un de ses eunuques pour la persuader d’avouer qu’elle était la concubine de Stéphane, comme sa propre servante l’attestait. Anna haussa les épaules en soupirant et dit à l’eunuque : "Retire-toi, mon ami, va-t-en ; que la volonté de Dieu s’accomplisse" ; elle comprenait bien que si elle ne faisait pas l’aveu que l’on exigeait d’elle, elle était condamnée à mort.
Le lendemain matin, Copronyme provoqua une assemblée populaire et fit venir Anna. Il lui montra des nerfs de bœuf et lui dit : "Tout cela sera usé sur ton corps, si tu ne fais pas l’aveu que je te demande". Anna ne répondit pas. Alors, huit hommes la soulevèrent, et deux la frappèrent, l’un sur Le ventre, l’autre sur le dos, avec les nerfs de bœuf. Anna se contentait de dire : "Ô Dieu ! aie pitié de moi. L’homme que vous voulez accuser n’est pas ce que vous dites". Bientôt la martyre perdit connaissance. Copronyme la fit porter dans un monastère des environs de Constantinople, où elle mourut. Personne n’osa parler d’elle, ni de son martyre.
Le lendemain, Copronyme fit venir un de ces êtres abjects, un eunuque qui servait à ses passions désordonnées. Il se nommait Georges ; il lui dit : "M’aimes-tu assez pour donner ta vie pour moi ?" La demande imposait une réponse affirmative. "Eh bien, lui dit Copronyme en L’embrassant, je ne te demande pas la vie ; seulement, tu iras au Mont Auxence, et tu te feras admettre parmi les moines, par Stéphane, l’higoumène de ce monastère". Georges partit. Il arriva la nuit, à la porte du monastère, et demanda l’hospitalité. On le fit entrer. Stéphane reconnut aussitôt qu’il appartenait à la cour, à cause de son costume et de son visage entièrement rasé. Copronyme avait décrété que tous ses compagnons de débauche devaient avoir le visage rasé. Georges, se jetant aux pieds de Stéphane, avoua qu’il appartenait à la cour, mais qu’il s’était enfui parce que l’empereur l’avait obligé de judaïser. "Mon père, ajouta-t-il, reçois-moi parmi les tiens, et change mon habit contre celui de novice, dans ton monastère".
Stéphane hésitait, car l’empereur avait défendu de ne recevoir personne dans un monastère, sans son autorisation personnelle. Il céda cependant aux instances de Georges et le reçut parmi les novices. Quelques jours après, l’eunuque avait si bien joué son rôle, que Stéphane le revêtait de l’habit monastique.
Tandis que cette comédie se jouait au monastère de Saint Auxence, l’empereur assemblait la populace, se plaignait des moines et annonçait qu’ils avaient osé lui enlever même, l’un de ses confidents. La populace criait contre Les moines.
Trois jours après, Georges s’échappait du monastère de Saint Auxence et arrivait à la cour en habit monastique. On annonça son exhibition à la populace, qui accourut et remplit le cirque. Georges fut amené à l’empereur qui lui arracha tous ses vêtements monastiques et les jeta à la populace, qui les foulait aux pieds. Quand Georges fut tout nu, on lui versa un seau d’eau sur le corps pour le purifier ; puis, on le revêtit d’un habit militaire, on lui mit une épée au côté, et Copronyme le nomma écuyer. Pendant cette honteuse comédie, la populace, flattée par l’empereur, criait contre les moines et demandait leur anéantissement. Elle se jeta sur le monastère de Saint Auxence et y mit Le feu. Le monastère et l’église furent réduits en cendres. Les moines se dispersèrent. Quant à Stéphane, qui ne pouvait plus marcher, on le transporta sur une barque qui le conduisit au monastère de Philippique, prés de Chrysopolis. La populace déchaîna contre lui toute sa fureur ; on lui cracha au visage, on lui donna des coups de bâton, et on lui fit souffrir tous les outrages.
Copronyme, averti que Stéphane était au monastère de Philippique, lui envoya cinq évêques iconoclastes : Théodose d’Ephèse, Constantin de Nicomédie, Constantin de Nacolie, Sisinnius Pastile et Basile Tricacabe. Ces évêques, accompagnés de plusieurs officiers de la cour, devaient se rendre chez le Patriarche Constantin et, tous ensemble, aller trouver Stéphane. Le Patriarche Constantin connaissait la vertu et l’énergie de Stéphane. Il refusa de se joindre aux délégués impériaux. Ceux-ci s’étant rendus à Chrysopolis, entrèrent dans L’église et se mirent à prier. Puis ils se placèrent sur les marches du baptistère et mandèrent Stéphane.
Deux hommes l’apportèrent et le mirent par terre à leurs pieds. Ils ne purent s’empêcher de pleurer en le voyant en cet état. Théodose d’Ephèse lui dit alors, avec douceur : "Homme de Dieu, comment peux-tu nous regarder comme hérétiques ? Crois-tu en savoir plus que les empereurs, les archevêques, les évêques et tous les chrétiens ? Voulons-nous tous perdre nos âmes ?"
"Je vous ferai, dit Stéphane, la réponse d’Elie à Achab : ce n’est pas moi qui ai causé le trouble qui existe, c’est vous et la maison de votre père. C’EST VOUS QUI INTRODUISEZ UNE INNOVATION DANS L‘EGLISE. On peut vous dire, avec le prophète David : les rois de la terre, les magistrats et les pasteurs ont conjuré contre l’Eglise de Jésus-Christ, et ont formé contre elle de vains complots".
a ces mots, l’évêque de Nicomédie se leva pour lui donner un coup de pied. Il fut précédé par un des gardiens qui donna au saint martyr un coup de pied dans le ventre de Stéphane, sous prétexte de le faire lever. Les deux sénateurs délégués calmèrent le zèle de l’évêque de Nicomédie et dirent à Stéphane : "Tu dois souscrire aux actes du concile, ou mourir".
"Ma vie est au Christ, répondit Stéphane ; ma gloire, mon bonheur, sera de mourir pour sa Sainte Icône. Lisez-moi la définition de votre concile, afin que je puisse juger si elle contient quelque chose de raisonnable pour les Saintes Icônes".
Constantin de Nacolie commença la lecture par ces mots : "Définition du saint concile septième œcuménique".
Stéphane lui fit signe de s’arrêter et dit : "Comment pouvez-vous nommer SAINT un concile qui a profané les choses saintes ? En effet, un des membres de votre concile a été accusé d’avoir foulé aux pieds la patène qui servait pour les Saints Mystères, sous prétexte qu’on y avait représenté le Christ, sa Mère et son Précurseur. N’avez-vous pas approuvé cet évêque, et n’avez-vous pas condamné ses accusateurs comme défenseurs des idoles ? C’est une impiété que vous avez commise. Vous prenez Le titre de SAINT ! Mais ne l’avez-vous pas ôté aux apôtres et aux Martyrs ?
"Comment votre concile pourrait-il être œcuménique, lorsqu’il n’a pas été approuvé, ni par le pape de Rome, ni par les patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem ? Montrez donc leurs Lettres d‘approbation. Comment nommez-vous septième concile, une assemblée qui ne s’accorde pas avec Les six premiers ?"
En quoi, dit Basile, avons-nous contrevenu aux six premiers conciles œcuméniques.
"Ces conciles, reprit Stéphane, n’ont-ils pas été réunis dans des églises ? Dans ces églises, n’y avait-il pas des Icônes qui furent vénérées par les Pères ? Dis-moi évêque, si cela n’est pas vrai". Basile en convint.
Alors Stéphane, élevant les yeux et les bras vers le ciel, et poussant un profond soupir s’écria : "Quiconque n’adore pas le Christ, représenté par son Icône, dans son humanité, qu’il soit anathème ! " Il allait continuer, mais les délégués impériaux se levèrent et ordonnèrent de l’enfermer. De retour à Constantinople, ils se présentèrent à l’empereur qui leur demanda ce qui s’était passé. Les évêques voulaient dissimuler la vérité, mais le sénateur Calliste dit ouvertement : "Seigneur, nous sommes vaincus ; cet homme raisonne bien et il ne craint pas La mort".
Copronyme, outré de colère, signa séance tenante l’ordre de transférer Stéphane à l’île de Proconèse près de l’Hellespont. La sainteté de Stéphane imposait à Copronyme lui-même. II n’osait pas le faire mourir, et même, il lui envoya des vivres pendant les dix-sept jours qu’il passa à Chrysopolis.
Mais Stéphane ne voulut pas toucher à des vivres qui venaient d’un excommunié. Débarqué à l’île de Proconèse, il se traîna jusqu’à une caverne située sur le bord de la mer, et se nourrit des herbes qui croissaient dans les environs. Ses disciples, obligés de se disperser après l’incendie du monastère de saint Auxence, se rendirent à l’île de Proconèse auprès de leur père vénéré, et y formèrent un nouveau monastère. La mère et la sœur de Stéphane quittèrent, elles aussi, le monastère de religieuses où elles vivaient, et se rendirent auprès de lui, à Proconèse.
Le saint homme était à Proconèse depuis deux ans, lorsque Copronyme apprit que sa réputation de sainteté lui attirait beaucoup de visiteurs auxquels il annonçait la vraie doctrine.
II le fit donc revenir à Constantinople et le fit enfermer dans une prison, les fers aux pieds et aux mains. Quelques jours après, Copronyme se rendit avec deux de ses officiers sur la terrasse du Phare, et se fit apporter Stéphane. Au moment où on l’enlevait de sa prison, le saint homme avait demandé une pièce de monnaie à l’effigie de l’empereur, et l’avait cachée dans ses vêtements. Sitôt qu’il l’aperçut, Copronyme dit avec mépris : "C’est un hornme de cette espèce qui me charge de calomnies". Stéphane tenait les yeux baissés vers la terre et ne disait rien. "Tu ne réponds pas, misérable", ajouta Copronyme, en jetant sur le saint un regard farouche : "Seigneur, répondit .Stéphane, si tu veux me condamner, envoie-moi au supplice. Si tu veux m’interroger, modère ta colère, car les lois veulent que les juges interrogent avec calme".
- Dis-moi, reprit Copronyme, quels sont les décrets ou les préceptes des Pères que nous avons violés, et ce qui peut t’autoriser à nous traiter d’hérétiques.
- Vous avez, répondit Stéphane, enlevé des églises, les Icônes que les Pères ont, de tout temps, respectées et vénérées.
- Impie, reprit Copronyme, ne nomme pas cela des Icônes, ce sont des idoles. Qu’y a-t-il de commun entre elles et les choses saintes ? La lumière a-t-elle quelque chose de commun avec les ténèbres ?
- Seigneur, les chrétiens ne vénèrent pas, dans les Icônes, la matière dont elles sont composées. Nous remontons aux personnages qui sont représentés sur les Icônes et ce sont eux que nous vénérons. La vue des Icônes élève notre âme jusqu’au ciel.
- Peut-on représenter, dit l’empereur, ce qui, de sa nature est spirituel ?
- Quel homme insensé, reprit Stéphane, fait la confusion entre l’image et ce qu’elle représente ? Nous ne vénérons ni l’or, ni l’argent, ni le bois d’une Icône, sous prétexte qu’elle représente une chose sainte. Vous agissez autrement, et vous confondez l’Icône, avec ce qu’elle représente ; vous appelez idole, l’image du Christ comme celle d’Apollon, L’Icône de Marie, la Mère de Dieu, comme celle de Diane, et vous les foulez aux pieds.
- Imbécile, dit Copronyme, est-ce qu’en foulant aux pieds l’image du Christ, nous foulons aux pieds le Christ Lui-Même ?
Alors, Stéphane tira de dessous son vêtement, la pièce de monnaie qu’il y avait cachée et qui portait l’effigie de Copronyme et de son fils qu’il avait associé à l’empire.
- De qui est, demanda-t-il, cette image et cette inscription ?
- Des empereurs, répondit Copronyme.
- Serai-je puni, dit Stéphane, si je jette cette image à terre, et si je la foule pieds ?
Les officiers se hâtèrent de répondre : "Certainement, tu seras puni, puisqu’elle est l’image des invincibles empereurs".
A ces mots, Stéphane leva les yeux au ciel et dit :
- Quel sera donc le supplice de celui qui foule aux pieds les Icônes du Christ et de sa sainte Mère ? Ne sera-t-il pas livré au feu eternel ?
Apres avoir prononcé ces paroles, il jeta à terre la pièce de monnaie et La foula aux pieds. Les officiers de Copronyme se jetèrent sur lui comme des bêtes féroces et voulurent le jeter en bas de la terrasse. Copronyme les en empêcha. Il fit lier le saint homme par le cou et par les mains et le fit porter à la prison du Prétoire avec ordre de le juger selon les lois, sous prétexte qu’il avait foulé aux pieds l’effigie des empereurs.
En attendant ce jugement, Copronyme étendit la persécution à tous les officiers de l’armée qu’on lui dénonça comme idolâtres parce qu’ils vénéraient les Icônes. Mais il en voulait surtout aux moines chez lesquels il rencontrait le plus d’opposition. Il inventa, contre ses ennemis, une comédie hideuse autant que ridicule. II convoqua à l’hippodrome, la vile populace qui Lui était vendue, et obligea tous les moines qu’il tenait en prison, à traverser la foule en tenant une fille publique par la main. La populace les huait et crachait sur eux. Après les moines, vinrent les officiers, qui furent également l’objet des insultes de la populace.
Plusieurs d’entre eux furent maltraités, puis exilés ; d’autres eurent les yeux crevés ; quelques uns furent mis à mort. Afin de s’assurer des autres, Copronyme prescrivit un serment solennel dans lequel il condamnait les Icônes. Le Patriarche Constantin II fut obligé de prêter serment, lors d’un grand dîner, où il assista, couronné de fleurs, et où il mangea de la viande, malgré les prescriptions et les obligations monastiques qu’il avait prises. Mais ce pauvre Patriarche n’avait pas perdu toute sa foi en Dieu, et toute sa conscience. Copronyme s’aperçut que son zèle iconoclaste n’était pas aussi vif qu’il l’eût désiré. Il lui suscita des adversaires parmi ses propres clercs qui l’accusèrent d’avoir mal parlé de l’empereur. Le Patriarche le niait ; les clercs firent serment qu’ils avaient dit la vérité. Alors, le pauvre Patriarche fut exilé et remplacé par un eunuque du nom de Nicétas.
Bientôt, l’empire tout entier fut livré aux fanatiques qui se répandirent partout et persécutèrent de toute manière, tous les orthodoxes. Il ne s’agissait plus seulement des Icônes, mais des reliques et du culte des saints. Tous ceux qui étaient soupçonnés de conserver, sur ces divers points, les coutumes de l’ancienne Eglise, étaient traités d’une manière barbare, et étaient même souvent livrés aux derniers supplices.
Lorsque Stéphane était entré à la prison du Prétoire, il y avait trouvé trois cent quarante-deux moines qui tous portaient les stigmates des violences qu’ils avaient subies. Tous connaissaient Stéphane et lui témoignèrent le plus grand respect, comme à leur supérieur. La prison devint un véritable monastère où les Offices succédaient aux pieux entretiens.
Bientôt, la nouvelle s’en répandit à Constantinople, et arriva jusqu’à Copronyme au moment où, avec ses intimes, il faisait une orgie en l‘honneur de Bacchus. Il ordonna aussitôt de conduire Stéphane au-delà du Bosphore, à l’endroit où l’on menait les condamnés à mort.
Mais il lui vint tout-à-coup l’idée qu’il serait trop doux pour Stéphane d’avoir la tête tranchée, et il donna ordre de le ramener à Constantinople. Dès qu’il fut réintégré dans la prison du Prétoire, Copronyme lui envoya deux de ses intimes, avec l’ordre de lui tendre un piège pour lui faire proférer quelque insulte contre l’empereur, et de saisir cette occasion pour le rouer de coups. Les deux intimes n’osèrent accomplir leur mission. Ils baisèrent les pieds du saint, qui les bénit ; mais ils allèrent dire à l’empereur qu’ils avaient tant battu Stéphane qu’ils l’avaient laissé pour mort. Copronyme poussa un grand éclat de rire et continua son orgie.
Mais bientôt, il apprit la vérité, et il se mit à crier comme un fou dans son palais : "A moi, je suis trahi ; je suis la victime des abominables". Les courtisans accoururent :
- Je ne suis plus votre empereur, leur criait-il, vous en avez un autre.
- Qui donc ? demandaient les courtisans.
- C’est Stéphane d’Auxence, criait-il, c’est le chef des abominables.
A ces mots, les courtisans poussèrent de grands cris et coururent à la prison du Prétoire. Ils se saisirent du saint, attachèrent des cordes à ses fers et se mirent à le traîner à travers la ville. II était déjà mort lorsqu’ils sortirent de la dernière porte de la prison ; mais la populace courait après le cadavre et le mettait en morceaux. Ils arrivèrent ainsi jusqu’à l’endroit où l’on jetait les cadavres des suppliciés. Ils allèrent raconter à Copronyme leur bel exploit. Les détails les plus horribles le faisaient rire, et il retint les bourreaux pour faire avec eux une orgie et célébrer leur grande victoire.
Ainsi mourut Stéphane l’Higoumène du Mont Auxence, pour la défense de la vraie foi, vécue non seulement dans les dogmes, mais aussi dans sa tradition. En touchant à l’Icône du Christ, les iconoclastes attaquaient le dogme de l’Incarnation du Seigneur, comme les modernistes qui, en changeant la tradition calendariste de l’Eglise ont attaqué, par là, le dogme de l’unité de l’Eglise.
La mémoire de saint Stéphane le Nouveau, Higoumène du Mont Auxence, est célébrée le 28 Novembre, soit le 11 décembre du calendrier civil.
Puissions-nous, par ses prières, rester fideles à la Vraie Foi !
L’HIGOUMENE STEPHANE
Ou Comment on défend la vraie foi.
A peine sortie des luttes du Monothélisme, l’Eglise Orthodoxe eut à soutenir de nouvelles épreuves. En 726, l’Empereur de Constantinople, la Nouvelle Rome, Léon III l’Isaurien (717-741), publia un décret contre le culte des Saintes Icônes, qu’il confondait avec le culte des idoles. Ce décret fut Le commencement d’une lutte terrible qui devait durer plus de cent ans et se terminer par le Triomphe de l’Orthodoxie en 843, sous la régence de l’Impératrice Théodora, après la mort de son époux l’Empereur Théophile, dernier empereur ennemi des Icônes.
Léon légua, en mourant en 741, tous ses préjugés à son fils Constantin, surnommé Copronyme (qui veut dire fumier : il avait fait ses excréments dans son eau baptismale) qui avait régné 21 ans avec lui, et qui depuis, régna encore pendant trente quatre ans.
Constantin Copronyme était un homme grossier, immoral, sans foi ni loi, un de ces êtres qui font la honte de l’humanité, selon Théophane, le Chronographe.
Artabase, un des officiers de la cour, se révolta contre lui, en Asie. Copronyme marcha contre lui et fut battu. Le bruit courut que Copronyme avait été tué. Artabase fut reconnu empereur à Constantinople, et le Patriarche Anastase, avec tout le peuple se réjouirent de la mort de l’empereur. Anastase, tenant la Croix, jura devant le peuple, et par Celui qui avait été crucifié, que Copronyme lui avait dis : "Ne crois pas que le Fils de Marie, qu’on appelle Christ, soit le fils de Dieu ; c’est un homme que Marie, sa mère, a enfanté, comme Marie, ma mère, m’a enfanté".
A ces mots, le peuple s’écria qu’on devait déterrer le misérable, et le punir de ses impiétés, même après la mort.
Mais le monstre n’était pas mort. Il rentra à Constantinople à la tête de son armée, et fit crever les yeux d’Artabase et de ses enfants, ainsi que ceux du Patriarche Anastase. Il fit promener ce dernier, dans l’hippodrome, assis à reculons, sur un âne. Copronyme conserva cependant, la Patriarche Anastase, sur le siège patriarcal, parce que, comme lui, il était ennemi des Saintes Icônes.
En 754, Copronyme, pour consacrer sa doctrine hérétique contre les Saintes Icônes, convoqua un important concile, et 338 évêques se rendirent sur la côte asiatique, en face de Constantinople, non loin de Chalcédoine, pour y participer ; 338 faux témoins, qui pour plaire à leur maître, y renièrent leur engagement épiscopal qui est celui de dispenser FIDELEMENT la parole de la VERITE. Et ce n’est pas pour rien que ce concile reçut le surnom de Brigandage. Les Patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem, qui étaient orthodoxes, ne s’y firent pas représenter.
Ce brigandage, donc, prit le faux nom de VIIème Concile Œcuménique, et ses décisions furent résumées, plus tard, par le vrai VIIIème Concile Œcuménique tenu à Nicée en 787, et présidé par le Patriarche Saint Tarasios, de Constantinople.
Apres avoir interprété les Conciles Œcuméniques précédents et la Sainte Ecriture en faveur de ses opinions, ce brigandage essaya de prouver que les Pères lui étaient favorables. Lorsque ce faux concile eut terminé ses travaux, l’empereur Copronyme se rendit sur la place publique, avec son patriarche et d’autres évêques.
On lut publiquement le décret du conciliabule et on répéta les anathèmes.
Peu après, Copronyme fut pris d’un délire de persécution. Le nouveau Patriarche Constantin, successeur d’Anastase, et également iconoclaste, n’avait pas approuvé toutes les violences faites par l’empereur. Cela suffit pour qu’il fût condamné à mort, après avoir été exposé à toutes les insultes de la plus vile populace, et à tous les outrages.
Ceux qui étaient restés orthodoxes, étaient l’objet des plus atroces violences. Traqués de toutes parts, ils étaient livrés aux plus horribles supplices. On ne pouvait plus pratiquer la religion orthodoxe sans passer pour un suspect, et sans s’attirer des persécutions.
A Constantinople avaient lieu d1innombrables exécutions. Les martyrs étaient traînés vivants par les rues, d’autres étaient jetés à la mer, cousus dans des sacs, d’autres encore, étaient promenés, avec les yeux crevés et le nez coupé.
L’Eglise du Christ conserve pieusement la mémoire de ses martyrs, dont certains ont joué un rôle important, comme saint Théodore le Studite. Une Histoire de l’Eglise qui serait non illustrée par la vie de ses combattants et martyrs, et présentée seulement sous la forme d’une énumération de faits, ressemblerait à un squelette desséché.
L’histoire ci-après, de l’Higoumène Stéphane donne au lecteur une idée de l’ampleur de la persécution et de la résistance des Orthodoxes, qui après avoir gardé la Vraie Foi, ont reçu de Dieu la couronne incorruptible.
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L’Higoumène Stéphane était un moine qui habitait une caverne, en face de Constantinople. Les moines de cette ville et des environs s’y rendirent en grand nombre, pour le consulter, sur ce qu’ils avaient à faire, au sujet du décret du « brigandage ».
Le saint les engagea à ne pas exciter, par leur opposition, la brutalité de l’empereur, et à se disperser dans les divers pays où l’empereur ne pouvait pas donner des ordres en faveur de la nouvelle hérésie.
La plupart des moines suivirent son conseil.
Quelques uns, cependant, osèrent affronter la colère du tyran. On cite parmi eux, André, célèbre moine de Crète, qui ne craignait pas de dire en face à Copronyme qu’il était un nouveau Valens et un nouveau Julien (empereurs persécuteurs des chrétiens). II souffrit le martyre dans le cirque de saint Mamas, et l’empereur ordonna de jeter son cadavre à la mer.
Mais ses sœurs l’enlevèrent et l’inhumèrent dans un lieu nommé Chrysis. L’Eglise Orthodoxe l’honore le 17 octobre, dans le calendrier orthodoxe, julien, et le 30 octobre au calendrier civil, ou grégorien.
Copronyme aurait bien voulu obtenir l’adhésion de Stéphane. Il lui envoya donc des officiers de la cour pour le prier de signer les actes du conciliabule de 754.
"Seigneur Patrice, répondit Stéphane, je ne puis souscrire à la définition de ce faux concile dont la doctrine est hérétique. Je ne veux pas attirer sur moi la malédiction du prophète en appelant doux, ce qui est amer. Je suis prêt à mourir pour la vénération des Saintes Icônes, sans me soucier d’un empereur hérésiarque qui a osé les rejeter".
Puis, formant comme une petite cavité avec sa main :
"Quand je n’aurais de sang, dit-il, que pour remplir cela, je consens à le répandre pour l’Icône Jésus Christ". Il refusa les figues et les dattes que Copronyme lui avait envoyées. "Remportez, dit-il, la nourriture qu’il m’a envoyée ; l’huile du pécheur ne parfumera pas ma tète".
Copronyme, irrité de cette réponse, renvoya le même officier avec des soldats, pour tirer Stéphane de la grotte où il vivait reclus, et l’amener dans une église du voisinage, où il resterait, jusqu’à ce qu’il eût pris une décision à son sujet. Les soldats furent touchés de compassion en voyant le saint, chargé d’une g rosse chaîne de fer et qui ne pouvait plus marcher ; parce que la caverne où il habitait était si étroite et si basse, qu’il ne pouvait y demeurer, qu’en tenant ses jambes courbées. Cette attitude, et sa faiblesse, le tenaient dans l’impossibilité de faire un pas. Deux des soldats le soulevèrent en le priant de se tenir .appuyé sur leurs épaules ; ils le déposèrent parmi les moines, dans l’église du monastère de saint Auxence, et s’assirent à la porte en attendant les nouveaux ordres de l’empereur. Stéphane et les moines restèrent six jours sans manger. Le septième, on leur ouvrit la porte, et on reporta Stéphane à sa caverne, car l’empereur, qui partait pour faire la guerre aux Bulgares, n’avait pas le temps de s’occuper de lui.
Pendant son absence, de vils calomniateurs ourdirent un complot infâme contre Stéphane, l’accusant, non seulement d’insulter l’empereur, mais de vivre en concubinage avec une moniale qui habitait un monastère de femmes, au bas de la montagne, où était sa caverne.
Ils envoyèrent à l’empereur un mémoire contenant ces accusations. Copronyme répondit aussitôt : "Allez au Mont Auxence, emparez-vous de ces femmes qui, sous le masque de la piété, commettent des immoralités, et envoyez-moi Anna ici". Les soldats entrèrent dans l’église, au moment où les moniales chantaient l’office de la Troisième Heure. Elles furent effrayées et elles cherchèrent à se cacher dans le sanctuaire, et même sous l’autel.
La supérieure (mère abbesse), qui vivait en recluse près de l’église, entendant le bruit, se présenta aux soldats et leur dit : "Comment, chrétiens, vous conduisez-vous comme des barbares infidèles ?" Le courage de cette femme leur en imposa ; ils répondirent avec douceur :
"Remettez-nous Anna, l’amie de Stéphane, l’empereur demande qu’on la lui envoie ".
Alors, la supérieure appela Anna et une autre religieuse nommée Théophano, et leur dit : "Allez vers l’empereur mes enfants, et répondez avec sagesse à ses interrogations. Allez en paix ! Le Seigneur soit avec vous". Elles prirent Leurs manteaux, se mirent à genoux pour recevoir la bénédiction et partirent.
Quand elles furent arrivées au camp de l’empereur, celui-ci les sépara, et ayant fait venir Anna, lui dit : "Je suis convaincu de ce que l’on m’a dit de toi. Je connais La faiblesse des femmes. Dis-moi donc comment cet imposteur t’a fait renoncer à La splendeur de ta famille pour prendre cet habit de ténèbres ?" Il appelait ainsi L’habit monastique dont Anna était revêtue après avoir renoncé au monde et à tous les attraits qu’il lui offrait. Anna lui répondit : "Seigneur, me voici en votre présence ; tourmentez-moi, tuez-moi si vous voulez, vous n’entendrez de moi que la vérité. Je ne connais cet homme que comme un saint qui me conduit dans la voie du salut".
Ces simples paroles impressionnèrent Copronyme ; il se mordait Les ongles, et levait une main en l’air selon son habitude. Sans rien lui répondre, il ordonna de garder Anna et de renvoyer sa compagne au monastère, où elle raconta tout à l’higoumène et à Stéphane.
De retour à Constantinople, Copronyme fit enfermer Anna dans une prison obscure et ordonna de lui mettre les fers aux mains. Avant de l’interroger, il lui envoya un de ses eunuques pour la persuader d’avouer qu’elle était la concubine de Stéphane, comme sa propre servante l’attestait. Anna haussa les épaules en soupirant et dit à l’eunuque : "Retire-toi, mon ami, va-t-en ; que la volonté de Dieu s’accomplisse" ; elle comprenait bien que si elle ne faisait pas l’aveu que l’on exigeait d’elle, elle était condamnée à mort.
Le lendemain matin, Copronyme provoqua une assemblée populaire et fit venir Anna. Il lui montra des nerfs de bœuf et lui dit : "Tout cela sera usé sur ton corps, si tu ne fais pas l’aveu que je te demande". Anna ne répondit pas. Alors, huit hommes la soulevèrent, et deux la frappèrent, l’un sur Le ventre, l’autre sur le dos, avec les nerfs de bœuf. Anna se contentait de dire : "Ô Dieu ! aie pitié de moi. L’homme que vous voulez accuser n’est pas ce que vous dites". Bientôt la martyre perdit connaissance. Copronyme la fit porter dans un monastère des environs de Constantinople, où elle mourut. Personne n’osa parler d’elle, ni de son martyre.
Le lendemain, Copronyme fit venir un de ces êtres abjects, un eunuque qui servait à ses passions désordonnées. Il se nommait Georges ; il lui dit : "M’aimes-tu assez pour donner ta vie pour moi ?" La demande imposait une réponse affirmative. "Eh bien, lui dit Copronyme en L’embrassant, je ne te demande pas la vie ; seulement, tu iras au Mont Auxence, et tu te feras admettre parmi les moines, par Stéphane, l’higoumène de ce monastère". Georges partit. Il arriva la nuit, à la porte du monastère, et demanda l’hospitalité. On le fit entrer. Stéphane reconnut aussitôt qu’il appartenait à la cour, à cause de son costume et de son visage entièrement rasé. Copronyme avait décrété que tous ses compagnons de débauche devaient avoir le visage rasé. Georges, se jetant aux pieds de Stéphane, avoua qu’il appartenait à la cour, mais qu’il s’était enfui parce que l’empereur l’avait obligé de judaïser. "Mon père, ajouta-t-il, reçois-moi parmi les tiens, et change mon habit contre celui de novice, dans ton monastère".
Stéphane hésitait, car l’empereur avait défendu de ne recevoir personne dans un monastère, sans son autorisation personnelle. Il céda cependant aux instances de Georges et le reçut parmi les novices. Quelques jours après, l’eunuque avait si bien joué son rôle, que Stéphane le revêtait de l’habit monastique.
Tandis que cette comédie se jouait au monastère de Saint Auxence, l’empereur assemblait la populace, se plaignait des moines et annonçait qu’ils avaient osé lui enlever même, l’un de ses confidents. La populace criait contre Les moines.
Trois jours après, Georges s’échappait du monastère de Saint Auxence et arrivait à la cour en habit monastique. On annonça son exhibition à la populace, qui accourut et remplit le cirque. Georges fut amené à l’empereur qui lui arracha tous ses vêtements monastiques et les jeta à la populace, qui les foulait aux pieds. Quand Georges fut tout nu, on lui versa un seau d’eau sur le corps pour le purifier ; puis, on le revêtit d’un habit militaire, on lui mit une épée au côté, et Copronyme le nomma écuyer. Pendant cette honteuse comédie, la populace, flattée par l’empereur, criait contre les moines et demandait leur anéantissement. Elle se jeta sur le monastère de Saint Auxence et y mit Le feu. Le monastère et l’église furent réduits en cendres. Les moines se dispersèrent. Quant à Stéphane, qui ne pouvait plus marcher, on le transporta sur une barque qui le conduisit au monastère de Philippique, prés de Chrysopolis. La populace déchaîna contre lui toute sa fureur ; on lui cracha au visage, on lui donna des coups de bâton, et on lui fit souffrir tous les outrages.
Copronyme, averti que Stéphane était au monastère de Philippique, lui envoya cinq évêques iconoclastes : Théodose d’Ephèse, Constantin de Nicomédie, Constantin de Nacolie, Sisinnius Pastile et Basile Tricacabe. Ces évêques, accompagnés de plusieurs officiers de la cour, devaient se rendre chez le Patriarche Constantin et, tous ensemble, aller trouver Stéphane. Le Patriarche Constantin connaissait la vertu et l’énergie de Stéphane. Il refusa de se joindre aux délégués impériaux. Ceux-ci s’étant rendus à Chrysopolis, entrèrent dans L’église et se mirent à prier. Puis ils se placèrent sur les marches du baptistère et mandèrent Stéphane.
Deux hommes l’apportèrent et le mirent par terre à leurs pieds. Ils ne purent s’empêcher de pleurer en le voyant en cet état. Théodose d’Ephèse lui dit alors, avec douceur : "Homme de Dieu, comment peux-tu nous regarder comme hérétiques ? Crois-tu en savoir plus que les empereurs, les archevêques, les évêques et tous les chrétiens ? Voulons-nous tous perdre nos âmes ?"
"Je vous ferai, dit Stéphane, la réponse d’Elie à Achab : ce n’est pas moi qui ai causé le trouble qui existe, c’est vous et la maison de votre père. C’EST VOUS QUI INTRODUISEZ UNE INNOVATION DANS L‘EGLISE. On peut vous dire, avec le prophète David : les rois de la terre, les magistrats et les pasteurs ont conjuré contre l’Eglise de Jésus-Christ, et ont formé contre elle de vains complots".
a ces mots, l’évêque de Nicomédie se leva pour lui donner un coup de pied. Il fut précédé par un des gardiens qui donna au saint martyr un coup de pied dans le ventre de Stéphane, sous prétexte de le faire lever. Les deux sénateurs délégués calmèrent le zèle de l’évêque de Nicomédie et dirent à Stéphane : "Tu dois souscrire aux actes du concile, ou mourir".
"Ma vie est au Christ, répondit Stéphane ; ma gloire, mon bonheur, sera de mourir pour sa Sainte Icône. Lisez-moi la définition de votre concile, afin que je puisse juger si elle contient quelque chose de raisonnable pour les Saintes Icônes".
Constantin de Nacolie commença la lecture par ces mots : "Définition du saint concile septième œcuménique".
Stéphane lui fit signe de s’arrêter et dit : "Comment pouvez-vous nommer SAINT un concile qui a profané les choses saintes ? En effet, un des membres de votre concile a été accusé d’avoir foulé aux pieds la patène qui servait pour les Saints Mystères, sous prétexte qu’on y avait représenté le Christ, sa Mère et son Précurseur. N’avez-vous pas approuvé cet évêque, et n’avez-vous pas condamné ses accusateurs comme défenseurs des idoles ? C’est une impiété que vous avez commise. Vous prenez Le titre de SAINT ! Mais ne l’avez-vous pas ôté aux apôtres et aux Martyrs ?
"Comment votre concile pourrait-il être œcuménique, lorsqu’il n’a pas été approuvé, ni par le pape de Rome, ni par les patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem ? Montrez donc leurs Lettres d‘approbation. Comment nommez-vous septième concile, une assemblée qui ne s’accorde pas avec Les six premiers ?"
En quoi, dit Basile, avons-nous contrevenu aux six premiers conciles œcuméniques.
"Ces conciles, reprit Stéphane, n’ont-ils pas été réunis dans des églises ? Dans ces églises, n’y avait-il pas des Icônes qui furent vénérées par les Pères ? Dis-moi évêque, si cela n’est pas vrai". Basile en convint.
Alors Stéphane, élevant les yeux et les bras vers le ciel, et poussant un profond soupir s’écria : "Quiconque n’adore pas le Christ, représenté par son Icône, dans son humanité, qu’il soit anathème ! " Il allait continuer, mais les délégués impériaux se levèrent et ordonnèrent de l’enfermer. De retour à Constantinople, ils se présentèrent à l’empereur qui leur demanda ce qui s’était passé. Les évêques voulaient dissimuler la vérité, mais le sénateur Calliste dit ouvertement : "Seigneur, nous sommes vaincus ; cet homme raisonne bien et il ne craint pas La mort".
Copronyme, outré de colère, signa séance tenante l’ordre de transférer Stéphane à l’île de Proconèse près de l’Hellespont. La sainteté de Stéphane imposait à Copronyme lui-même. II n’osait pas le faire mourir, et même, il lui envoya des vivres pendant les dix-sept jours qu’il passa à Chrysopolis.
Mais Stéphane ne voulut pas toucher à des vivres qui venaient d’un excommunié. Débarqué à l’île de Proconèse, il se traîna jusqu’à une caverne située sur le bord de la mer, et se nourrit des herbes qui croissaient dans les environs. Ses disciples, obligés de se disperser après l’incendie du monastère de saint Auxence, se rendirent à l’île de Proconèse auprès de leur père vénéré, et y formèrent un nouveau monastère. La mère et la sœur de Stéphane quittèrent, elles aussi, le monastère de religieuses où elles vivaient, et se rendirent auprès de lui, à Proconèse.
Le saint homme était à Proconèse depuis deux ans, lorsque Copronyme apprit que sa réputation de sainteté lui attirait beaucoup de visiteurs auxquels il annonçait la vraie doctrine.
II le fit donc revenir à Constantinople et le fit enfermer dans une prison, les fers aux pieds et aux mains. Quelques jours après, Copronyme se rendit avec deux de ses officiers sur la terrasse du Phare, et se fit apporter Stéphane. Au moment où on l’enlevait de sa prison, le saint homme avait demandé une pièce de monnaie à l’effigie de l’empereur, et l’avait cachée dans ses vêtements. Sitôt qu’il l’aperçut, Copronyme dit avec mépris : "C’est un hornme de cette espèce qui me charge de calomnies". Stéphane tenait les yeux baissés vers la terre et ne disait rien. "Tu ne réponds pas, misérable", ajouta Copronyme, en jetant sur le saint un regard farouche : "Seigneur, répondit .Stéphane, si tu veux me condamner, envoie-moi au supplice. Si tu veux m’interroger, modère ta colère, car les lois veulent que les juges interrogent avec calme".
- Dis-moi, reprit Copronyme, quels sont les décrets ou les préceptes des Pères que nous avons violés, et ce qui peut t’autoriser à nous traiter d’hérétiques.
- Vous avez, répondit Stéphane, enlevé des églises, les Icônes que les Pères ont, de tout temps, respectées et vénérées.
- Impie, reprit Copronyme, ne nomme pas cela des Icônes, ce sont des idoles. Qu’y a-t-il de commun entre elles et les choses saintes ? La lumière a-t-elle quelque chose de commun avec les ténèbres ?
- Seigneur, les chrétiens ne vénèrent pas, dans les Icônes, la matière dont elles sont composées. Nous remontons aux personnages qui sont représentés sur les Icônes et ce sont eux que nous vénérons. La vue des Icônes élève notre âme jusqu’au ciel.
- Peut-on représenter, dit l’empereur, ce qui, de sa nature est spirituel ?
- Quel homme insensé, reprit Stéphane, fait la confusion entre l’image et ce qu’elle représente ? Nous ne vénérons ni l’or, ni l’argent, ni le bois d’une Icône, sous prétexte qu’elle représente une chose sainte. Vous agissez autrement, et vous confondez l’Icône, avec ce qu’elle représente ; vous appelez idole, l’image du Christ comme celle d’Apollon, L’Icône de Marie, la Mère de Dieu, comme celle de Diane, et vous les foulez aux pieds.
- Imbécile, dit Copronyme, est-ce qu’en foulant aux pieds l’image du Christ, nous foulons aux pieds le Christ Lui-Même ?
Alors, Stéphane tira de dessous son vêtement, la pièce de monnaie qu’il y avait cachée et qui portait l’effigie de Copronyme et de son fils qu’il avait associé à l’empire.
- De qui est, demanda-t-il, cette image et cette inscription ?
- Des empereurs, répondit Copronyme.
- Serai-je puni, dit Stéphane, si je jette cette image à terre, et si je la foule pieds ?
Les officiers se hâtèrent de répondre : "Certainement, tu seras puni, puisqu’elle est l’image des invincibles empereurs".
A ces mots, Stéphane leva les yeux au ciel et dit :
- Quel sera donc le supplice de celui qui foule aux pieds les Icônes du Christ et de sa sainte Mère ? Ne sera-t-il pas livré au feu eternel ?
Apres avoir prononcé ces paroles, il jeta à terre la pièce de monnaie et La foula aux pieds. Les officiers de Copronyme se jetèrent sur lui comme des bêtes féroces et voulurent le jeter en bas de la terrasse. Copronyme les en empêcha. Il fit lier le saint homme par le cou et par les mains et le fit porter à la prison du Prétoire avec ordre de le juger selon les lois, sous prétexte qu’il avait foulé aux pieds l’effigie des empereurs.
En attendant ce jugement, Copronyme étendit la persécution à tous les officiers de l’armée qu’on lui dénonça comme idolâtres parce qu’ils vénéraient les Icônes. Mais il en voulait surtout aux moines chez lesquels il rencontrait le plus d’opposition. Il inventa, contre ses ennemis, une comédie hideuse autant que ridicule. II convoqua à l’hippodrome, la vile populace qui Lui était vendue, et obligea tous les moines qu’il tenait en prison, à traverser la foule en tenant une fille publique par la main. La populace les huait et crachait sur eux. Après les moines, vinrent les officiers, qui furent également l’objet des insultes de la populace.
Plusieurs d’entre eux furent maltraités, puis exilés ; d’autres eurent les yeux crevés ; quelques uns furent mis à mort. Afin de s’assurer des autres, Copronyme prescrivit un serment solennel dans lequel il condamnait les Icônes. Le Patriarche Constantin II fut obligé de prêter serment, lors d’un grand dîner, où il assista, couronné de fleurs, et où il mangea de la viande, malgré les prescriptions et les obligations monastiques qu’il avait prises. Mais ce pauvre Patriarche n’avait pas perdu toute sa foi en Dieu, et toute sa conscience. Copronyme s’aperçut que son zèle iconoclaste n’était pas aussi vif qu’il l’eût désiré. Il lui suscita des adversaires parmi ses propres clercs qui l’accusèrent d’avoir mal parlé de l’empereur. Le Patriarche le niait ; les clercs firent serment qu’ils avaient dit la vérité. Alors, le pauvre Patriarche fut exilé et remplacé par un eunuque du nom de Nicétas.
Bientôt, l’empire tout entier fut livré aux fanatiques qui se répandirent partout et persécutèrent de toute manière, tous les orthodoxes. Il ne s’agissait plus seulement des Icônes, mais des reliques et du culte des saints. Tous ceux qui étaient soupçonnés de conserver, sur ces divers points, les coutumes de l’ancienne Eglise, étaient traités d’une manière barbare, et étaient même souvent livrés aux derniers supplices.
Lorsque Stéphane était entré à la prison du Prétoire, il y avait trouvé trois cent quarante-deux moines qui tous portaient les stigmates des violences qu’ils avaient subies. Tous connaissaient Stéphane et lui témoignèrent le plus grand respect, comme à leur supérieur. La prison devint un véritable monastère où les Offices succédaient aux pieux entretiens.
Bientôt, la nouvelle s’en répandit à Constantinople, et arriva jusqu’à Copronyme au moment où, avec ses intimes, il faisait une orgie en l‘honneur de Bacchus. Il ordonna aussitôt de conduire Stéphane au-delà du Bosphore, à l’endroit où l’on menait les condamnés à mort.
Mais il lui vint tout-à-coup l’idée qu’il serait trop doux pour Stéphane d’avoir la tête tranchée, et il donna ordre de le ramener à Constantinople. Dès qu’il fut réintégré dans la prison du Prétoire, Copronyme lui envoya deux de ses intimes, avec l’ordre de lui tendre un piège pour lui faire proférer quelque insulte contre l’empereur, et de saisir cette occasion pour le rouer de coups. Les deux intimes n’osèrent accomplir leur mission. Ils baisèrent les pieds du saint, qui les bénit ; mais ils allèrent dire à l’empereur qu’ils avaient tant battu Stéphane qu’ils l’avaient laissé pour mort. Copronyme poussa un grand éclat de rire et continua son orgie.
Mais bientôt, il apprit la vérité, et il se mit à crier comme un fou dans son palais : "A moi, je suis trahi ; je suis la victime des abominables". Les courtisans accoururent :
- Je ne suis plus votre empereur, leur criait-il, vous en avez un autre.
- Qui donc ? demandaient les courtisans.
- C’est Stéphane d’Auxence, criait-il, c’est le chef des abominables.
A ces mots, les courtisans poussèrent de grands cris et coururent à la prison du Prétoire. Ils se saisirent du saint, attachèrent des cordes à ses fers et se mirent à le traîner à travers la ville. II était déjà mort lorsqu’ils sortirent de la dernière porte de la prison ; mais la populace courait après le cadavre et le mettait en morceaux. Ils arrivèrent ainsi jusqu’à l’endroit où l’on jetait les cadavres des suppliciés. Ils allèrent raconter à Copronyme leur bel exploit. Les détails les plus horribles le faisaient rire, et il retint les bourreaux pour faire avec eux une orgie et célébrer leur grande victoire.
Ainsi mourut Stéphane l’Higoumène du Mont Auxence, pour la défense de la vraie foi, vécue non seulement dans les dogmes, mais aussi dans sa tradition. En touchant à l’Icône du Christ, les iconoclastes attaquaient le dogme de l’Incarnation du Seigneur, comme les modernistes qui, en changeant la tradition calendariste de l’Eglise ont attaqué, par là, le dogme de l’unité de l’Eglise.
La mémoire de saint Stéphane le Nouveau, Higoumène du Mont Auxence, est célébrée le 28 Novembre, soit le 11 décembre du calendrier civil.
Puissions-nous, par ses prières, rester fideles à la Vraie Foi !
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