jeudi 27 janvier 2011

La Lumière du Thabor n°32. Lectures de la presse.

LECTURE DE LA PRESSE



LES NÉO-ATHONITES
condamnent l'Eglise Russe Hors Frontières

Les Néo-Athonites condamnent l'ERHF parce qu'elle a reçu dans sa juridiction le père Ephrem de la Sainte Montagne.
Après avoir quitté sa charge d'higoumène du saint monastère de Philothéou et reçu de son monastère la lettre démissoriale canonique, le Père Ephrem est parti pour l'Amérique, où il allait y confesser les fidèles. Mais voilà qu'au lieu de se présenter à l'Archevêque Jacob et à celui du Canada Soterios, il est allé droit chez les Synodaux Hors-Frontières.
La démarche du Père Ephrem devait déchaîner la colère des néo-athonites, qui réagirent sur-le-champ avec violence et, de leur plume pleine de «sérénité hésychaste», écrivirent au Patriarche Dimitri, la lettre que le lecteur va lire ci-après, où ils condamnent sans détour l'Eglise Russe Hors Frontières, la traitant de «schismatique», de «para-ecclésiastique», d'organisation «qu'aucune Eglise orthodoxe ne reconnaît» etc...
Dès la réception de cette épître, le Phanar dépêcha à la Sainte Montagne une commission qui arriva le samedi 2 juin 1991.
Les 4, 5 et 6 juin eurent lieu des réunions d'une commission mixte formée de phanariotes, d'higoumènes et de représentants des monastères. Des feuilles de papier furent noircies d'encre délétère contre le Père Ephrem et une rencontre fut organisée entre ce dernier et les higoumènes oecuménistes : il fut décidé que le Père Ephrem irait s'expliquer au Phanar. Carte blanche fut donnée au Patriarcat pour le déposer. Au Phanar, le Père Ephrem, saisi de crainte et de tremblement, regretta son acte et revint à l'Eglise oecuméniste en marche vers l'ordre nouveau.
L'ecclésiologie néo-athonite est tendancieuse comme pourra le remarquer le lecteur de l'épître en question. De mentalité papiste, elle veut faire passer l'Eglise de Constantinople pour une vice-papauté : «L'Eglise de Constantinople, écrit le rédacteur de l'épître, forme, avec les Eglises locales, l'Orthodoxie». Mais ni l'Ecriture, ni les Conciles, ni les Pères n'ont tracé les lignes d'une telle ecclésiologie. Là où est l'évêque qui dispense fidèlement la parole de la Vérité, qui marche sur les traces des saints Pères, au milieu de son troupeau, là est l'Eglise du Christ. Malheur à nous si, au lieu de voir l'Eglise dans l'évêque qui prêche et confesse la Vérité, nous regardons vers tel ou tel évêque parce qu'il est patriarche d'une grande ville, fût-ce même de la Ville Souveraine, mais en restant indifférents à ce qu'il prêche ! Nous allons avec lui à la perte de notre âme. Combien de fois le Patriarcat de Constantinople, la «cime de l'orthodoxie» comme on dit aujourd'hui, n'est-il pas tombé dans l'hérésie ? Combien souvent il transgresse les règles pourtant dictées du haut de son trône ! L'office du «Synodicon» qui est comme la charte de l'orthodoxie, jette un redoutable anathème :
«A tous les actes et innovations qui ont été ou seront perpétrés à l'encontre de la tradition de l'Eglise et de l'enseignement de nos Pères saints et vénérables ou de l'exemple qu'ils ont donné : anathème !»
Or, le calendrier, l'Eglise l'a reçu par tradition, comme par tradition elle a reçu le culte des saintes icônes. En changeant, arbitrairement, le calendrier au début de notre siècle, afin de célébrer les fêtes chrétiennes avec toutes les «Eglises» et confessions chrétiennes, l'Eglise de Constantinople a injecté dans le corps de l'Eglise une maladie incurable. Elle a brisé l'unité liturgique de l'Eglise orthodoxe et a ouvert ainsi la voie à l'oecuménisme syncrétique qu'elle prêche et pratique aujourd'hui. Le Patriarche Athénagoras l'a clairement dit il y a plusieurs lustres : «Nous nous trompons et nous péchons, si nous croyons que la foi orthodoxe est descendue du ciel, et que les autres religions sont sans valeur. Trois cent millions d'hommes ont choisi l'Islam pour atteindre leur Dieu, et d'autres centaines de millions sont protestants, catholiques, bouddhistes. Le but de toute religion c'est l'amélioration de l'homme». Or, le Patriarche Dimitri et le Patriarche Bartholomée sont les fidèles disciples d'Athénagoras qui ont le mérite d'avoir clairement proclamé, dans leur discours d'intronisation, qu'ils allaient marcher sur les traces de leur célèbre prédécesseur.
Nous donnons ci-après deux documents :
1 la lettre des Néo-Athonites au défunt Patriarche Dimitri.
2 la réponse d'un chrétien de Thessalonique qui est une mise au point, par le rappel de certains faits et gestes du Phanar, lesquels constituent une trahison de l'orthodoxie.


I
Sacrée Communauté
de la Sainte Montagne de l'Athos


Karyès, le 8 mai 1991
A sa toute divine sainteté le Patriarche Oecuménique Seigneur Seigneur Dimitri, notre tout vénéré Père et Maître du Phanar


Très saint Père et Maître,
Douloureuse et stupéfaite, notre sacrée communauté a pris connaissance, officiellement maintenant, de l'entrée de l'ex-higoumène du saint monastère de Philothéou, l'archimandrite Ephrem, dans le «groupe» schismatique et para-ecclésiastique appelé Russes de la Diaspora, qu'aucune Eglise orthodoxe locale ne reconnaît. Et on se demande, avec juste raison, comment l'ex-higoumène a permis à sa conscience -lui qui, pendant des années, avec la permission et la tolérance du sacré Archevêché d'Amérique, a oeuvré comme père spirituel, au sein du troupeau de l'Eglise locale du Révérendissime Archevêque le Seigneur Jacob, dépendante de la juridiction du trône oecuménique, acquérant ainsi une foule d'enfants spirituels dans les paroisses et les Eglises canoniquement dépendantes de l'Archevêque le Seigneur Jacob, avec lequel il était en communion spirituelle depuis dix ans et plus -comment ces mêmes enfants auxquels il conseillait alors d'obéir à l'Eglise et qui recevaient les saints sacrements de cette dernière, comment leur conseille-t-il maintenant de se séparer, tels des rebelles, de l'Archevêché, pour rejoindre cette para-synagogue para-ecclésiastique ?
Votre Sainteté sait, certainement, que ces gens de la Diaspora Russe, en sécurité sur la terre étrangère, jouaient jusqu'à hier aux confesseurs, et qu'aujourd'hui encore, ils continuent d'accuser l'Eglise soeur Russe de s'être compromise avec le régime athée, alors qu'elle s'efforçait de conforter les croyants en Russie et de garder ouvertes les Saintes Eglises, au péril de la vie même de ses membres, dont des dizaines de milliers ont affronté le martyre, pendant qu'eux le fuyaient en émigrant à l'étranger. Aujourd'hui où, en Russie, souffle la brise de la liberté, ils pénètrent sur le sol de la juridiction du Patriarcat de Moscou, «ordonnant des clercs» et menaçant d'un nouveau schisme l'Eglise Russe. Et c'est eux que l'ex-higoumène Ephrem a, malheureusement, rejoints.
Notre sacrée communauté, suivant scrupuleusement les décisions de la sacrée synaxe double extraordinaire d'avril dernier, condamne sans détour et à l'unanimité l'adhésion de l'ex-higoumène archimandrite Ephrem à ladite para-synagogue para-ecclésiastique.
De même, elle invite tous les enfants du saint Archevêque d'Amérique à rester fidèles à cet archevêché et au patriarcat oecuménique, étant donné que l'Eglise de Constantinople avec toutes les Eglises locales orthodoxes en communion avec elle ou dépendant administrativement et spirituellement d'elle, s'identifient à l'Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique du Credo de la foi. Hors d'elle, il n'y a que des schismes et des hérésies. Hors d'elle, il n'y a pas de sacrements valides ni grâce de Dieu, selon l'ecclésiologie orthodoxe. «Hors de l'Eglise catholique, c'est-à-dire l'orthodoxe, il n'y a ni baptême, ni eucharistie, ni évêques, ni 'chaires', ni vrai enseignement...» selon saint Cyprien de Carthage.
Il reste donc, ô Maître Tout-Saint, à vous et à votre saint et sacré Synode, de prendre toutes les mesures qui s'imposent pour la sauvegarde de l'unité du troupeau de l'archevêché d'Amérique et de le mettre à l'abri de la chute mortelle dudit higoumène, qui s'est mis hors de l'Eglise, tout simplement et uniquement, pour réaliser en toute liberté, ses desseins personnels erronés, sans le joug de l'obéissance à l'Eglise qui l'a tonsuré moine et ordonné prêtre, à laquelle il a promis d'obéir jusqu'à la mort, lors de ses voeux monastiques faits à la Sainte Montagne qu'il a abandonnée.
Qui lui a confié le salut des Nations ? L'Eglise d'Amérique serait-elle privée de pasteurs canoniques, d'évêques et de prêtres ? De qui a-t-il reçu la bénédiction ? Qu'il donne les noms des notables athonites qu'il a consultés. Nous les avons tous interrogés et tous ont eu un langage dur pour stigmatiser son comportement et ils le considèrent comme 'égaré'.
A quoi est due sa chute et l'abandon de ses fils spirituels de la Sainte Montagne qu'il a menés jusqu'au redoutable autel de la Grande Eglise du Christ, dont le patriarche oecuménique est l'évêque ? Qui pourra nous affirmer que son 'information intérieure' n'était pas un 'égarement' des démons puisque 'Satan se transforme en ange de Lumière' ?
Avec tous les saints Pères non égarés qui vivent d'une manière agréable à Dieu sur la Sainte Montagne, nous réitérons la condamnation de ses actes et demandant vos prières paternelles et patriarcales, dans un profond respect et consécration filiale, nous baisons votre droite vénérable, fontaine pleine de grâce.

Tous les délégués et supérieurs de la Synaxe commune des vingt sacrés monastères de la Sainte Montagne de l'Athos.

Ecclesia, 1/15 juillet 1991, n11, 391.





II

Lettre de protestation
à la Sacrée Communauté de la Sainte Montagne
pour tout ce qu'elle a écrit contre le Père Ephrem


Révérends Pères,
Le motif qui me fait vous adresser la présente, c'est la publication, dans le journal Ekklesiastiki Aletheia (La Vérité Ecclésiastique) du 1/7/91, de la lettre de la Sacrée Communauté concernant le passage de l'ex-higoumène du saint monastère de Philothéou, le Père Ephrem, à l'Eglise Russe Hors Frontières.
C'est avec quelque retard que j'ai eu connaissance de sa publication, aussi je prie votre révérence de me pardonner tout ce que je vais écrire ci-après.
Sincèrement, j'ai été étonné par le contenu de la lettre de la Sacrée Communauté. Les expressions employées par son rédacteur sont de poids, les qualificatifs à l'égard du Père Ephrem inadmissibles. Vous dites qu'il "s'est mis hors de l'Eglise, en rejoignant les Russes de la Diaspora, tout simplement et uniquement pour pouvoir, en toute liberté, réaliser ses desseins personnels égarés, hors du joug de l'obéissance à l'Eglise ; qu'il s'est égaré ; que sa chute, manifestée par cette démarche, est mortelle", etc...
Pourquoi, mes pères, pourquoi tant de haine pour le Père Ephrem ? Quel mal a-t-il fait ? Cet homme a cherché une couverture ecclésiastique et rien d'autre, pour créer en Amérique des monastères sur le modèle athonite, chose que ne lui permettraient ni le Patriarcat Oecuménique ni Jacob d'Amérique.
Pour cette démarche, vous l'appelez égaré ! Pouvez-vous me dire en quoi consiste l'égarement et quels en sont les signes ?
Comment pouvez-vous juger de la sorte un homme qui a été le réformateur du monachisme athonite contemporain, quand le Mont Athos était en péril par manque d'hommes, et qu'il a repeuplé, par son rayonnement spirituel et sa sainteté, des monastères d'hommes sur la Sainte Montagne, et un bon nombre de monastères de femmes sur le sol grec ?
Pourquoi, mes pères, pourquoi mentez-vous, quand vous dites que la démarche du Père Ephrem «a été condamnée à l'unanimité par tous les saints pères non égarés qui vivent d'une manière agréable à Dieu». Mais des informations affirment que l'higoumène du monastère de Constamonitou a quitté la Double Sacrée Synaxe pour protester contre toutes les accusations portées contre le Père Ephrem.
Le représentant du monastère de Philothéou, le Père Ephrem (ne pas confondre avec le Père Ephrem ci-dessus) a protesté avec véhémence contre les terribles et redoutables accusations portées contre son Ancien.
Les saints monastères de Xéropotamou et Caracalou, avec beaucoup de bon sens, n'ont pas été d'accord.
Le saint monastère d'Esphigménou n'a pas participé.
Comment pouvez-vous donc affirmer qu'il y a eu unanimité ?
Les skites ont-elles été interrogées ? Ont-elles été représentées par quelqu'un ?
Les simples moines des monastères cénobites ont-ils été consultés ?
Pourquoi tant de fiel, mes Pères ?
Comment se fait-il que le jour même, pendant que se déroulait la réunion de la Double Sacrée Synaxe, des journaux politiques publiaient, à l'avance, la décision de condamner le Père Ephrem et que l'Agence d'information athénienne en était avertie par son correspondant de Constantinople ?
En supposant même que le Père Ephrem se soit égaré, où donc est l'amour pour votre frère égaré ? Où sont vos larmes ? Où sont vos supplications à Dieu pour son retour ?
Il semble, hélas, que tout cela ne soit pour vous que bulles de savon éclatées. Par votre conduite, vous avez montré un visage très différent de celui que vous exposez en vitrine. Malgré vos calomnies, le soleil continuera de briller, de rayonner, de réchauffer les coeurs purs et sincères et de consumer, complètement, tous les autres coeurs pleins de passions.
Pourquoi, mes Pères, n'avez-vous pas montré la même diligence contre tous les faits et gestes qui ont eu lieu dans l'espace de l'Eglise ?
J'en citerai quelques exemples pour rafraîchir votre mémoire, au cas où vous auriez oublié.
Le 10/12/87, le défunt Patriarche Dimitri, passant à Genève, déclarait que sa visite au Conseil Mondial des Eglises était le sommet de son pèlerinage. Le C.M.E. est notre maison ! Etes-vous d'accord avec tout cela ?
Etes-vous d'accord avec la visite que le défunt Patriarche fit à Rome en décembre 1987 ; avec ses prières en commun avec le Pape Jean-Paul et avec l'office des défunts qu'il célébra sur les tombes des Papes Jean XXIII et Paul VI, et en particulier avec tout ce qu'il a entendu, sans protester, de la bouche même du Pape, à savoir qu'à l'Eglise Catholique et à l'Eglise Orthodoxe, avait été donné la grâce de se reconnaître, à nouveau, l'une l'autre, comme Eglises soeurs et de marcher vers la totale communion ?
Etes-vous d'accord avec le refus des orthodoxes de confesser, dans le communiqué commun de l'assemblée plénière de la Commission mixte théologique des Dialogues entre Eglise orthodoxe et catholico-romaine, à Freising de Munich, en juin 1990, de confesser, dis-je, l'exclusivité de l'Eglise orthodoxe -sa confession, sa sotériologie, son ecclésiologie ? Ce communiqué déclare que nos Eglises se rencontrent sur la base ecclésiologique de la communion entre Eglises soeurs.
Etes-vous d'accord avec le communiqué de la Commission de coordination du Dialogue Théologique entre Eglises catholique et orthodoxe, où il est question d'une vision ecclésiologique nouvelle, parce qu'il y aurait eu passage de l'état où chaque Eglise se disait être la seule détentrice du salut, à la conviction que les deux Eglises, catholique et orthodoxe, étaient des Eglises-soeurs ?
Etes-vous d'accord avec tous les blasphèmes proférés et pratiqués à Canberra d'Australie en février 1991 ?
Etes-vous d'accord avec Stylianos d'Australie, ce nouveau Kazantzaki et avec tous les blasphèmes qu'il a vociférés contre la Personne Théandrique du Seigneur ?
Etes-vous d'accord avec la doxologie célébrée par Jacob d'Amérique avec trois représentants du Patriarcat Oecuménique lors de la visite du Patriarche Dimitri en Amérique, à laquelle participèrent l'Iman, un délégué papiste, un rabbin, des anglicans et bien d'autres hétérodoxes ?
Etes-vous d'accord avec la prière commune pan-religieuse d'Assise en Italie, d'octobre 1986 ?
Etes-vous d'accord avec le pèlerinage à la Fraternité hérétique de Taizé, de trois évêques du trône oecuménique, et avec l'adresse d'un message spécial de félicitations du Patriarche ?
Le célèbre théologien M.Nicolas Soteropoulos, dans un article publié par Orthodoxos Typos, écrit que Stylianos d'Australie, pas plus que ses opinions hérétiques n'ont choqué les monastères de la Sainte Montagne qui ont pris position contre le Patriarche de Jérusalem et soutenu Stylianos et le Patriarcat de Constantinople son complice.
N.Y. de Thessalonique

Orthodoxos Typos du 15/11/91, n152.


LE CONFLIT ENTRE JÉRUSALEM ET CONSTANTINOPLE

Depuis qu'il a eu le courage de rompre avec les dialogues théologiques pour protéger son troupeau de la propagande uniate, le Patriarche Diodore de Jérusalem est devenu l'objet de l'unique ressentiment des oecuménistes qui lancent contre lui, perfidement, leurs traits enflammés, caressant, du fond de leur coeur, l'espoir de le voir s'en aller et de mettre à sa place un homme de leur choix. Tout récemment, ils ont monté en épingle une affaire banale. Un prêtre d'Australie a fait don de ses biens au Patriarcat de Jérusalem ; le Patriarcat Oecuménique s'en est ému et, avec l'archevêque Stylianos d'Australie, il a déclaré la guerre au Patriarche Diodore de Jérusalem, sans doute pour essayer d'arrêter la fuite des fidèles d'Australie, qui souffrent de la tyrannie de Stylianos, vers le Patriarcat de Jérusalem. Les néo-athonites, appelés à la rescousse par le Phanar, ont dépêché à Jérusalem une délégation pour exhorter le Patriarche Diodore à la pénitence et à l'obéissance au Patriarche Dimitri et à Stylianos d'Australie !... Ils sont repartis les mains vides, le Patriarche Diodore les ayant évités. Ils ont également publié une lettre au Patriarche Diodore, que celui-ci a réfutée par un communiqué donné à la presse. Ci-après, le lecteur lira le communiqué fait à la presse, à la suite de la lettre de Jérusalem à Constantinople, où le Patriarche Diodore menace de rompre définitivement avec le Phanar, si justice ne lui est pas rendue. Depuis, le Patriarche Dimitri est mort et son successeur est le protecteur de Stylianos, car nul n'a pu toucher ce dernier, malgré les accusations qui pèsent sur lui. Stylianos est, en effet, coupable d'hérésie et de blasphème contre la Personne du Seigneur Jésus le Dieu-Homme, comme celui-ci : «Quiconque croit que la nature humaine du Christ est tombée du ciel parfaite et sans péché comme un météore, par surprise magique -le deus ex machina des anciens-celui-ci ne comprendra jamais le degré de la kénose (anéantissement) que Dieu le Verbe a accepté 'né de la femme, né sous la loi'». «L'impeccabilité du Seigneur devrait être vécue de la façon la plus existentielle par les fidèles, comme victoire morale du Dieu-Homme, pas à pas, dans la lutte et le combat des deux natures et des deux volontés. C'est ainsi seulement que les deux natures pouvaient s'harmoniser comme une seule et unique 'volonté gnomique' de la personne une du Fils dans l'obéissance au Père». Stylianos d'Australie prêche clairement que la nature humaine du Christ n'est pas tombée du ciel parfaite et sans péché, mais que le Christ est arrivé à l'impeccabilité peu à peu, à la suite d'une lutte entre Ses deux natures ; donc à l'origine le Seigneur était peccable-pécheur. En conséquence l'Archevêque Stylianos contredit les décisions des Vème et VIème conciles oecuméniques.
Le Métropolite Augustin de Florina vient de rappeler au nouveau Patriarche de Constantinople Bartholomée, la déposition d'une plainte pour hérésie contre Stylianos d'Australie, plainte qu'il avait déjà déposée il y a deux ans et demi et qui est restée jusqu'à ce jour sans suite.

I

Lettre de S.B. le Patriarche de Jérusalem Diodore
à sa toute divine Sainteté le Patriarche Dimitri de Constantinople

C'est avec des sentiments de douleur d'âme et de gêne que nous dirigeons notre plume vers votre chère Toute Sainteté, pour lui faire connaître ci-après les paroles et les publications impensables, inconvenantes, injurieuses, inacceptables, calomnieuses, qui ont stupéfait et nous-mêmes et notre entourage, et que nous aurions aimé ne jamais avoir reçues de la part du révérendissime Archevêque Stylianos d'Australie.
Il y a un an, l'archimandrite Hiérothée Kourtésès, en accord avec son conseil, proposa de faire une donation à notre Patriarcat, conforme aux règles ecclésiastiques et à la tradition de notre très sainte Eglise. Lors de la réunion de notre Saint Synode du 19/1/1991, nous avons examiné et accepté son offre, selon l'antique coutume de notre Patriarcat. Les démarches pour le transfert de cette donation étaient juridiquement légales et enregistrées par acte notarié.
Ensuite, l'archimandrite H.K. nous demanda, par une autre lettre, d'être admis au sein de notre Patriarcat et de prendre place dans les rangs de notre Confrérie du Saint Sépulcre. Il nous demanda, également, l'envoi d'une délégation de notre Patriarcat, pour la réception et le transfert de la donation en question à notre Patriarcat.
Le Saint Synode examina avec soin toute cette affaire et décida l'envoi, en Australie, d'une commission pour procéder aux démarches juridiques et au transfert de ladite donation. Le Saint Synode demanda à l'archimandrite H.K. une lettre démissoriale émanant de ses autorités ecclésiastiques. Cette lettre démissoriale portant le N 256 et la date du 3/16 novembre 1990, fut délivrée par le saint monastère de Philothéou de la Sainte Montagne ; dans ce document, le Père H.K. est mentionné comme hiéromoine et non pas comme moine. Notre Saint Synode décida lors de sa réunion du 29/1/1991, de le recevoir dans les rangs de notre Confrérie du Saint Sépulcre, comme membre et, sur la foi de la lettre démissoriale, comme archimandrite, sans aucune restriction. En outre, il nous a présenté une lettre du saint Archevêché d'Australie, d'après laquelle ni lui-même, ni ses biens ne relevaient dudit Archevêché.
Après tout cela, nous avons appris stupéfait que le Sacré Synode du Patriarcat de Constantinople avait déposé l'archimandrite H.K. pour avoir consacré ses biens à notre Patriarcat. Nous nous demandons de quel droit et sous quel prétexte, le Sacré Synode du Patriarcat de Constantinople s'est saisi de cette affaire et a déposé, en mars, l'archimandrite H.K., alors qu'il était, depuis le mois de janvier, membre à part entière de notre Confrérie du Saint Sépulcre et, en conséquence, clerc d'une autre Eglise autocéphale, indépendante du Patriarcat de Constantinople. Nous prions donc votre Toute Sainteté de prendre une décision juste et canonique à ce sujet.
Notre commission est partie d'ici munie de strictes instructions, de ne s'occuper que du seul transfert canonique de la donation, et de ne pas se mêler, en aucune manière, d'une autre affaire ecclésiastique, quelle qu'elle soit, ni du conflit qui oppose l'Archevêque à la communauté gréco-orthodoxe de ce pays, conflit que votre Sainteté connaît fort bien.
Nous avons envoyé à celui qui devait se révéler, par sa conduite générale et, en particulier, jusqu'à ce jour, indigne de porter le titre d'Archevêque d'Australie, le révérendissime Stylianos, nos lettres Patriarcales du 10 juillet, pleines d'amour, selon la coutume et les formes de notre Sainte Eglise Orthodoxe, pour lui annoncer l'arrivée, en Australie, de notre délégation, et nous en joignons à la présente une photocopie, pour votre information.
Les procédures de cet individu intolérant et tout ce qu'il a tramé à notre préjudice, comme si nous étions des ennemis publics dangereux, nous ont absolument déconcertés et fort embarrassés. Le comble de tout, ce fut ses déclarations à la presse, par le truchement de son vicaire, l'évêque d'Apolloniade Joseph. Elles sont vulgaires, et non seulement elles choquent la bienséance ecclésiastique et chrétienne, mais elles sont aussi pleines de haine, de méchanceté, de honte, de perversité, d'ambition, qui sont le propre de ce qu'on appelle le monde de la pègre, et non de chrétiens, surtout porteurs de la soutane sacrée et de l'épiscopat.
Cette conduite nous a plongés, nous et notre entourage, dans la plus grande affliction, dans un étonnement et dans une indignation bien justifiés ; ces marques d'inimitié émoussent la confiance entre les Eglises, changent et déforment l'esprit et l'ordre ecclésiastique, troublent la sérénité de la charité et brisent l'unité dans le Seigneur, car ces actes et ces menées, jamais vus jusqu'ici, vont à l'encontre de Son enseignement sur l'amour entre frères, la concorde, la bonne entente et la solidarité.
Il pouvait, s'il l'avait bien voulu, communiquer avec nous par lettre, selon la coutume de notre Eglise orthodoxe, exposer ses vues, voire ses objections, et non agir par des publications inutiles contre un Patriarcat et son Primat, chose que nous aurions pu nous aussi faire si, bien entendu, nous n'avions pas eu de respect d'abord envers nous-même, ensuite envers notre tradition ecclésiastique.
Son porte-voix, l'évêque d'Apolloniade, est allé jusqu'à déclarer qu'il n'y avait pas de Saint Sépulcre et qu'ici c'était la terre de Sodome et de Gomorrhe, cherchant par là à détacher les fidèles de leur amour des Lieux Saints qui sont la fierté, l'orgueil, le privilège de notre nation et dont la conservation a coûté tant d'efforts, tant de sang grec, tant de luttes livrées par tous les Patriarcats orthodoxes. Un évêque qui insulte le Saint Sépulcre et la Mère des Eglises qui a transmis la Lumière de la Résurrection, est non seulement chose inouïe, mais aussi inadmissible et condamnable.
Frère saint, la guerre que fait de toute son âme et de tout son coeur l'Archevêque Stylianos d'Australie contre notre Patriarcat, s'il l'avait faite contre les hordes des Témoins de Jéhova, contre l'activité désastreuse de Scopie et de bien d'autres ennemis de notre foi et de notre nation, l'Hellénisme d'Australie ne connaîtrait pas le désarroi qui est aujourd'hui le sien.
Toujours est-il que nous n'arrivons pas à comprendre la conduite de l'Archevêque d'Australie, le révérendissime Stylianos et les directives et ordres dictés par le Patriarcat frère de Constantinople. Nous dénonçons tout cela avec indignation à votre Toute Sainteté bien aimée, attendant d'elle l'examen de toute cette affaire et le désaveu, par la même voie de presse utilisée par eux, de toutes leurs méchantes publications, et leur punition exemplaire, afin de rendre l'honneur et le respect dus à notre antique Patriarcat de Jérusalem, la Mère de toutes les Eglises, pour que nul ne puisse penser que toute cette affaire s'est faite avec votre consentement et votre bénédiction. Dans le cas contraire, nous exprimerons notre plus grande inquiétude et serons amenés à remettre en question l'avenir des relations entre nos deux Eglises et, si la nécessité l'exigeait, à envisager leur rupture définitive.
D'ailleurs, nous allons dénoncer ces faits affligeants auprès de toutes les Eglises autocéphales orthodoxes soeurs, pour qu'elles en aient connaissance et soient, correctement, informées de la situation actuelle.
Nous ne voulons pas croire, bien que nous le soupçonnions, que derrière tout cela se cache la maudite 'Primauté', qui depuis mille ans divise et fait souffrir tout le monde chrétien. Nous, restant fidèles à ce que 'nous avons appris et reçu', nous respectons l'ordre et nous gardons les canons et les traditions de notre Eglise, luttant pour conserver intacte et pure notre foi et la doctrine orthodoxe.
Nous avons rapporté avec beaucoup de tristesse toutes ces choses à votre très aimée Toute Sainteté, et dans l'attente de vos décisions, nous voulons espérer, en toute confiance, que le lien de l'union dans l'esprit de l'amour du Christ restera indissoluble entre nous, mais seulement lorsque la justice de Dieu et le respect dû à la Mère des Eglises auront été satisfaits. Nous vous souhaitons la force d'En-Haut et l'affermissement, et vous embrassons du saint baiser.
En la sainte cité de Jérusalem, le 23 juillet 1991.
De votre très vénérable Toute Sainteté, votre frère en Christ, Diodore Ier, Patriarche de Jérusalem.

II

Communiqué à la presse

«Comme cela est connu, certains milieux du Patriarcat de Constantinople ont couvert d'une manière totalement inconvenante, l'archevêque égaré Stylianos d'Australie, qui a calomnié et insulté de la façon la plus vulgaire le Patriarcat de Jérusalem. Ces milieux aggravent la division de l'orthodoxie. Il y a quelques jours, ils ont lancé un appel public, pour trouver du soutien dans leur lutte impie contre le Saint Sépulcre. A cet appel, ont malheureusement répondu certains moines de la Sainte Montagne, qui veulent faire passer la Sacrée Communauté pour dépendante de ces "milieux", du moins en apparence.
«Nous passons outre aux inconvenances de leur communiqué, ne désirant pas venir à la rescousse des desseins ténébreux venus d'ailleurs, que divers tiers servent ou se servent pour diviser l'orthodoxie et la nation. Nous nous contenterons seulement de recommander aux rédacteurs de l'appel, qu'au lieu de vouloir, et surtout avec tant d'impudence, donner des leçons de bonne conduite ecclésiastique et d'ecclésiologie à l'antique Patriarcat de Jérusalem, la Mère de toutes les Eglises, ils feraient mieux de montrer comme il se doivent, fût-ce tardivement, leur sensibilité orthodoxe en désavouant les misérables imitations du Patriarche latinisant et apostat de Constantinople Jean Veccos (1275-1282) et ceux qui prient et communient de toutes les manières avec les hérétiques de toute nature et, en particulier, avec leur arrière-garde, c'est-à-dire les Phanariotes, Jacob d'Amérique et Stylianos d'Australie.
«Nous passons également outre, comme nous l'avons dit plus haut, à l'impiété, à l'ignorance, au bagou de cet appel d'hagiorites, nous contentant d'indiquer seulement certaines contre-vérités monumentales qu'il contient. Primo, tous les représentants légaux des vingt monastères de la Sainte Montagne n'ont pas signé cet appel, comme nous l'a affirmé l'higoumène du saint monastère d'Esphigménou.
«Secundo, selon les saints Conciles oecuméniques, les pays de la diaspora orthodoxe, comme l'Australie, ne relèvent de la juridiction ecclésiastique d'aucun Patriarcat (canon 28 du IVème Oecuménique, canon 2 du IIème et du VIème). La preuve de ce fait, c'est qu'après la fondation de la première Eglise orthodoxe en Australie par le Patriarcat de Jérusalem, au siècle dernier, sont venues s'installer des Eglises particulières locales et d'autres patriarcats, comme Constantinople, Antioche, Moscou, Belgrade.
«Tertio, ce qui caractérise le manque de sérieux de l'Appel, c'est le fait que la lettre démissoriale du révérend Archimandrite Hiérothée K., a été délivrée canoniquement et confirmée par la Sacrée Epistasie de la Sainte Montagne, et que l'affirmation anti-Dieu des rédacteurs de l'Appel est absolument fausse».

Estia du 17 août 1991.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire