dimanche 16 janvier 2011

La Lumière du Thabor n°29. L'Evangile de Pâque, par Saint Nicodème Haghiorite.

SAINT NICODEME HAGIORITE



L'EVANGILE DE PAQUE





ourquoi le jour de la Résurrection du Seigneur est lu l'Evangile où il n'est pas question de la Résurrection.
Comment l'intellect, écrit saint Nicodème Hagiorite1, pourrait-il n'être pas dans la joie et dans l'allégresse, en pensant au Verbe impassible et immortel, à cette Idée enhypostasiée, personnifiée, à cette Intelligence suprême de l'Intellect suprême et premier qui l'engendra avant tous les siècles, qui a daigné, non seulement devenir homme, mais encore subir la fatigue, la faim, la soif, l'insulte, la souffrance, pour enfin mourir de la mort sur la croix par amour ? «La preuve que Dieu nous aime, c'est que le Christ, alors que nous étions pécheurs, est mort pour nous2». Je crois donc, sincèrement, que l'intellect sera, non seulement dans la joie, mais aussi versera des larmes abondantes et douces, parce que le Fils Bien-Aimé de Dieu, dans son amour extrême pour l'homme, pour l'homme pécheur, fut hors de soi (si j'ose parler ainsi), bien qu'il ne se déplace pas, qu'il a souffert, qu'il est mort, qu'il a été enseveli et que par la résurrection il est revenu en Lui. Cette pensée n'est pas mienne, elle est de Grégoire de Nysse, dans sa première homélie sur la Pâque. L'Eglise du Christ l'a adoptée et elle chante à haute voix le jour du Grand Samedi :
«Voici le jour où le Fils Unique de Dieu s'est reposé de toutes ses oeuvres. Par l'économie de la mort, il a célébré le sabbat dans sa chair puis, par sa résurrection, il est revenu à ce qu'il était...»

Voilà, en vérité, pourquoi le Grand Dimanche de la Pâque, c'est-à-dire de la Résurrection, est lu l'Evangile de Jean qui contient la très haute théologie et la dignité de la divinité du Verbe Dieu, et pour démontrer que le Fils de Dieu, au cours de sa vie (terrestre), et en particulier lors de sa passion, de sa mort et de son ensevelissement, s'est grandement abaissé jusqu'à se dépouiller de sa propre gloire, comme l'a fort bien dit Grégoire le Théologien dans son homélie sur la Nativité. Par amour pour les hommes, le Christ s'est humilié, jusqu'à paraître comme hors de soi, hors de la dignité de sa propre divinité. Ressuscité, il retourna à nouveau à soi, restauré dans la dignité originelle de sa divinité. Sa résurrection d'entre les morts fut l'oeuvre de la force toute puissante de la divinité. Cela, Paul le révélait quand il disait : «Selon la force de sa puissance, qu'il (le Père) a déployée en Christ, le ressuscitant d'entre les morts, et le faisant asseoir à sa droite dans les cieux3». Et ailleurs : «Car s'il a été crucifié à cause de sa faiblesse, il vit cependant par la puissance de Dieu4». Car, par la résurrection, le Corps du Seigneur de passible devint impassible, de corruptible incorruptible, et ce qui dans la souffrance et la mort fut sans gloire et défiguré, resplendit de beauté, glorifié par la gloire de la divinité unie à lui selon l'hypostase. «Glorifie-moi (comme homme) dit Jésus le Dieu-Homme, avant sa résurrection, glorifie-moi Père, auprès de toi-même, de la gloire que je tenais de toi (comme Dieu) avant que le monde fût5».
Voulant montrer cette gloire reçue après sa résurrection, le Seigneur ressuscité dit à ses disciples : «Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre6». Ce pouvoir qu'il avait sur toutes choses comme Dieu et Créateur, il le reçut aussi en héritage comme Homme, non pas avant mais après sa résurrection. Voilà pourquoi Paul veut que Jésus ait reçu l'exaltation de son Nom divin qui est au-dessus de tout nom, non pas avant la passion et la résurrection, mais après celles-ci. Il dit d'abord de Jésus : «Ayant paru par son aspect comme un simple homme, il s'est humilié Lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix». Puis il ajoute : «C'est pourquoi aussi Dieu l'a souverainement exalté, et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom7». Et ailleurs : «Mais celui qui a été abaissé, pour un peu de temps, au-dessous des anges, Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d'honneur8». O Paul, quand le voyons-nous couronné de gloire ? -Après la passion et la résurrection. Jésus lui-même devait le confirmer, quand il dit à Cléopas et à l'autre disciple : «Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses et qu'il entrât dans sa gloire9 ?». Cela fut également révélé par la voix des anges, des quatre animaux, des vieillards, que le théologien entendit lors de l'Apocalypse crier : «Il est digne que l'Agneau immolé reçoive la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l'honneur, la gloire et la bénédiction» (Apoc. 5, 12). Quand fut-il digne de recevoir ces choses, si ce n'est après son immolation et sa résurrection ? En d'autres termes, le Corps du Seigneur devint tel, après la résurrection, qu'il put révéler en lui et par lui les splendeurs qui conviennent à Dieu, la dignité de la divinité et la gloire, qui ne pouvaient être révélées avant la résurrection du Corps qui avait été passible et corruptible à cause de l'économie10, bien qu'il fût déifié par la conception elle-même dans l'union selon l'hypostase. Le même divin Grégoire de Nysse affirme ailleurs : «Puisque la chair qui reçut Dieu était prise dans notre pâte et non tirée d'ailleurs, elle fut, par la résurrection exaltée avec la divinité».
Pour être bref, je dirai que l'intellect de l'homme ne peut pas ne pas admirer, être ravi de joie et d'allégresse...

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