vendredi 21 janvier 2011

La Lumière du Thabor n°30. Saint Syméon de Thessalonique. De la Prière.

SAINT SYMEON DE THESSALONIQUE



DE LA PRIERE SACREE



La Prière nous a été transmise par Dieu




La Prière est chose grande et importante, je dirai même qu'elle est une oeuvre vraiment donnée par Dieu, le commencement de toute oeuvre. La Prière est un entretien direct avec Dieu, et celui qui prie doit avoir, selon David, son âme collée à Dieu et son esprit uni à Lui, calme et sans tracas. «Mon âme est attachée à toi», dit-il (Ps.62,9) ; «Mon âme a soif de toi» (Ps.69,3) ; «Comme une biche soupire après les courants d'eau, ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu» (Ps.41,1) ; «Je t'aime, Seigneur, ma force» (Ps.17,2) ; «Mon âme est pour toujours entre tes mains» (Ps.118,109) ; et ailleurs, il dit encore : «Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sera toujours dans ma bouche» (Ps.33,2). David s'unit aux anges, devient un avec eux ; dans son désir et son amour pour Dieu, il s'écrie : «Louez le Seigneur du haut des cieux ; louez-le dans les hauteurs, louez-le tous ses anges, louez-le toutes ses vertus» (Ps.148,10). Il ne pousse pas les anges à la louange, comme s'ils ne louangeaient pas, mais il les félicite, d'une certaine manière, d'avoir pour oeuvre principale et continue la louange, il les stimule et s'unit à eux.
D'ailleurs, ce chantre merveilleux et angélique invite tout l'univers à la louange de Dieu, prophétisant par là, me semble-t-il, la manifestation dans la chair, de notre Seigneur, pour notre salut, la connaissance et la doxologie sans fin, que les nations chanteraient à la Sainte Trinité, pour cette incarnation. «Louez le Seigneur, vous toutes les nations, dit-il encore, louez-le vous tous les peuples !» (Ps. 116,1). Cette louange permanente de Dieu par les anges, Isaïe, de même qu'Ezéchiel, l'a révélée lorsqu'il vit la gloire de Dieu et les anges chanter, sans jamais se lasser, le triple sanctus.
Cette oeuvre est surtout celle des premiers ordres angéliques, c'est-à-dire des Séraphim et des Chérubim. Le nom de Séraphim signifie ardeur brûlante et enflammée, à cause de leur amour et de leur zèle à louanger. Les Chérubim sont ainsi appelés pour la masse, l'étendue de leur connaissance et de leur louange, et aussi pour leurs yeux innombrables, pour leur vision de Dieu profonde, subtile, pénétrante, continue et pour leurs doxologies sans fin.
C'est pourquoi nous appelons «embrasés» les hommes de Dieu saints et ardents pour leur amour et leur zèle divins et pour la prière de leur coeur. Ce nom s'accorde avec la parole : «Mon coeur brûlait au-dedans de moi ; dans ma méditation un feu s'embrasait» (Ps.38,4) ; et aussi : «Notre coeur ne brûlait-il pas en nous ?» (Lc 24,32) ; et Paul : «Qui nous séparera de l'amour du Christ ?» (Rom.8,35) ; «Soyez fervents dans l'Esprit. Servez le Seigneur. Persévérez dans les prières» (Rom.12,11). Beaucoup, chez nous, possèdent une connaissance de Dieu si abondante que leur désir du divin déborde en eux, semblables à de grandes eaux, selon la parole : «La grâce est répandue sur tes lèvres» (Ps.44,3) ; et «Tu as élargi mon coeur» (Ps.118,32) ; et «Répands ta bonté sur nous». Ces hommes, devenus tout oeil, voient Dieu : «Mes yeux sont constamment tournés vers Dieu» dit l'Ecriture (Ps.24,15) ; «J'ai constamment le Seigneur sous mes yeux» (Ps.15,18) ; oui, les coeurs purifiés voient le Seigneur.
Certains hommes imitent le troisième ordre angélique, celui des Trônes sur lesquels Dieu se repose, car le trône est un siège fait pour le repos. Ainsi Dieu se repose-t-il sur eux. Ils l'honorent par des pensées, des hymnes, des paroles ; ils vivent en lui et sont son repos : «Lève-toi, Seigneur, et viens à ton Lieu de repos», «Ton trône est pour tous les siècles». En ces trônes Dieu prend plaisir, «J'habiterai, dit-il, et je marcherai au milieu d'eux» (2 Cor.6,16) ; «Moi et le Père nous viendrons en lui et nous ferons notre demeure en lui» (Jn 14,23) ; «Ne savez-vous pas que le Christ habite en vous ? A moins peut-être que vous ne soyez réprouvés» (2 Cor.13,5).
Avoir le Christ en nous, habitant notre coeur et notre esprit, nous souvenir sans cesse de lui, méditer sa parole, être embrasés par l'amour comme les Séraphim, le voir comme les Chérubim, l'avoir reposant sur nos coeurs comme sur les Trônes, tout cela est l'oeuvre et le résultat de la prière. Aussi la prière doit-elle être, par excellence, l'oeuvre préférée à toute autre oeuvre des serviteurs du Christ. David le dit à tous les autres anges : «Bénissez le Seigneur, vous tous ses anges qui êtes puissants et forts, qui exécutez ses ordres et obéissez à sa voix» (Ps.102,20), bien que ceux-ci s'empressent avec un zèle embrasé d'exécuter les ordres de Dieu, vraie oeuvre de l'obéissance et de l'humilité. David invite les anges à bénir Dieu et à lui rendre gloire en tout temps. Il ne les exhorte pas, on l'a déjà dit, mais il les honore pour cette oeuvre perpétuelle, unis les uns aux autres et lui à eux, parce que la louange convient vraiment à Dieu seul. Les autres diaconies angéliques s'accomplissent seulement pour nous qui sommes tributaires des nécessités. Dieu est hors de toute nécessité, seule la louange lui convient, car il est notre bienfaiteur ; en tout temps nous recevons ses divines libéralités en retour de nos actions de grâces.
Les anges qui viennent après ces trois ordres portent des noms de liturges. Les uns sont et s'appellent Puissances, parce qu'elles reçoivent leur force de Dieu et des ordres supérieurs, et fortifient à leur tour les ordres inférieurs. D'autres s'appellent Pouvoirs, parce que, dépendants de Dieu et des premiers ordres, ils exercent, à leur tour, le pouvoir sur les ordres qui sont au-dessous d'eux. D'autres encore portent le nom de Dominations, parce que dominés par Dieu et par les premiers ordres -Dieu domine par nature et ces derniers par leur dignité et leur connaissance- à leur tour, ils dominent sur ceux qui sont au-dessous d'eux. Ce troisième ordre s'appelle aussi Moyen et il est supérieur au dernier ordre ; il se réfère à Dieu qui a établi les Puissances, les Autorités et les Dominations, qui comble de richesses leur désir et leurs louanges sans fin.
D'autres sont appelés Principautés, parce que commandés et mis en mouvement par la Sainte Trinité principielle et principe premier. Ils commandent et dominent les ordres qui leur sont inférieurs. D'autres portent le nom d'Archanges ; ils sont les hérauts et les messagers des volontés et des ordres divins, les chefs des ordres qui leur sont soumis. Le dernier ordre est formé des Anges qui sont envoyés pour notre salut et nous apportent les volontés divines. Tous ces ordres sont des liturges, des serviteurs de Dieu, au service de ceux qui doivent hériter du salut ; eux aussi ont la prière pour oeuvre principale et permanente. Aussi quand ils viennent nous révéler les volontés salutaires, ils n'apparaissent pas à nous sans la prière et sans la louange, mais ils nous annoncent Dieu la cause de notre être et nous exhortent à ne louer que lui seul. C'est pourquoi l'ange qui apparut à Moyse lui dit : «Ote les sandales de tes pieds» en l'honneur de Dieu (Ex.3,5). Isaïe, Ezéchiel et Daniel ont entendu les anges chanter ; les bergers, lors de la naissance du Christ, ont vu la multitude des armées angéliques louanger Dieu en disant : «Gloire à Dieu dans les hauteurs» (Lc 2,13). Et Jean, dans l'Apocalypse, a entendu d'autres anges, les vingt-quatre vieillards et les immolés pour l'Agneau, chanter l'Agneau de Dieu Jésus le Vivant. Il a également entendu l'ange qui lui révélait les mystères de l'Apocalypse lui dire : «Garde-toi de m'adorer, je suis ton compagnon de service. Adore Dieu» (Apoc.22,9).
Vois-tu, tous rendent l'honneur à Dieu et avec les anges le louangent sans cesse. Paul l'angélique, le séraphique, enlevé jusqu'au troisième ciel écrit : «Priez sans cesse» (I Thes.5,17), et ce n'est pas lui qui parle, mais le Dieu de l'Univers qui le lui ordonne. «Veillez, dit le Seigneur, car vous ne savez pas l'heure à laquelle votre Seigneur viendra» ; «Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation» (Mc 4,38) ; «Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées. Soyez semblables à des hommes qui attendent que leur maître revienne des noces, afin de lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera» (Lc 12,35).
Voici ce que dit le Seigneur sur la prière intérieure, la garde de l'intellect et la prière continue : «Heureux le serviteur que son maître, à son arrivée, trouvera faisant ainsi !» (Mat.24,46) ; puis il révèle les dons obtenus par la vigilance et la prière, et promet d'établir ses serviteurs sur tous ses biens, d'en faire des dieux, des rois célestes, plus brillants que le soleil et de les servir lui-même : «Il se ceindra, les fera mettre à table et s'approchera pour les servir» (Lc 12,37), autrement dit, il leur donnera tous ses biens. Vois-tu les richesses que Dieu donne à ceux qui prient et qui veillent avec contrition ? Puissions-nous, nous aussi, en être dignes, par la veille et la prière continue, selon l'enseignement que nous avons reçu.


Du Nom salutaire et de l'invocation
de Notre Seigneur Jésus-Christ le Fils de Dieu.
De la prière vraiment sacrée et déifiante.

Les prières sont nombreuses ; nous en parlerons ailleurs et selon nos forces. Au-dessus de toutes les prières, il y a celle donnée par Dieu dans les Evangiles, le «Notre Père...», qui contient, résumée, toute la connaissance évangélique et sa force. Il y a aussi celle de l'invocation salutaire de notre Seigneur Jésus-Christ, sur laquelle beaucoup de Pères saints ont écrit ; notre Père Chrysostome lui a consacré trois discours ; Jean le Climaque et théophore, Nicéphore l'ascète ; Diadoque l'évêque de Photicée, Syméon le Nouveau Théologien et bien d'autres encore, l'ont clairement enseignée par le Saint-Esprit qui était en eux. Cette prière est faite dans le Saint- Esprit, comme Paul nous le dit : «Nul ne peut dire Jésus est le Seigneur, si ce n'est par l'Esprit Saint» (1 Cor.12,3). Est de Dieu, celui qui dit que «Tout esprit qui confesse le Seigneur Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu» (1 Jn 4,2).


Ce que cette prière sacrée
contient de divin et d'exceptionnel

Cette prière divine ou invocation du Sauveur : «Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi», est prière, voeu, profession de foi, participation au Saint-Esprit, dispensatrice des dons divins, purification du coeur, expulsion des démons, inhabitation en nous de Jésus-Christ, source des pensées spirituelles et de concepts divins, délivrance des péchés, guérison de l'âme et du corps, dispensatrice de la lumière divine, fontaine de la miséricorde de Dieu, couronnement des divins mystères révélés aux humbles, en un mot elle est le seul salut, parce qu'elle contient le Nom salutaire de notre Dieu Jésus-Christ le Fils de Dieu, le seul Nom que nous puissions invoquer, car aucun autre Nom ne peut nous sauver, comme Paul l'a fort bien dit.
Elle est prière, parce que, par elle, nous demandons la miséricorde divine ; voeu, parce que nous remettons notre être au Christ en l'invoquant ; profession de foi, parce que, pour avoir confessé ce Nom, Pierre a été proclamé bienheureux ; participation au Saint-Esprit, parce que nul ne peut dire Seigneur Jésus que dans l'Esprit-Saint (1 Cor.12,3) ; dispensatrice des dons divins, parce que pour cette confession le Christ dit à Pierre : «Je te donnerai les clés du Royaume des cieux» (Mat.16,19) ; purification du coeur, parce qu'elle voit, nomme et purifie celui qui voit ; expulsion des démons, parce qu'au Nom de Jésus-Christ, les démons sont chassés (Lc 9,49) ; inhabitation du Christ, parce qu'en l'invoquant, le Christ est en nous et par elle il demeure en nous, nous remplit d'allégresse, «Je me suis souvenu de Dieu, et j'ai été dans la joie» (Ps.76,4).
Elle est source de pensées spirituelles et de réflexions divines, parce que le Christ est le trésor de toute sagesse et de toute connaissance qu'il donne à ceux en qui il habite. Elle est délivrance des péchés, parce que pour elle il a été dit «tout ce que tu délieras sera délié dans le ciel» (Mat.16,19) ; guérison des âmes et des corps, parce que «au Nom de Jésus-Christ, il a été dit, lève-toi et marche» et que «Jésus-Christ a guéri Enée» (Ac.9,34) ; dispensatrice de la lumière divine, parce que le Christ est la vraie lumière qui donne sa clarté et sa grâce à ceux qui l'invoquent, «Que la splendeur du Seigneur notre Dieu soit sur nous» (Ps.89,17) ; «celui qui me suit aura la lumière de la vie» (Jn 8,12) ; Jésus est la source de la bonté divine et fait miséricorde à tous ceux qui l'invoquent et venge, rapidement, ceux qui crient à lui ; il est Celui qui révèle aux humbles les mystères divins, parce qu'à Pierre qui était pêcheur, il a donné la grâce, en lui révélant le Père céleste, et que Paul a été ravi en Christ et des révélations lui ont été faites. Il est enfin le seul salut «parce que, en aucun autre, il n'y a de salut» (Ac.4,12) ; «celui-ci est le Christ, le Sauveur du monde» (Jn 4,42) ; «au dernier jour, toute langue confessera, volontairement ou non, que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père» (Phil.2,11) ; le signe de notre foi c'est d'être appelés chrétiens, de l'être et de confesser que nous sommes à Dieu. «Tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n'est pas de Dieu» (1 Jn 4,2), c'est-à-dire qu'il appartient à l'antichrist, au diable.
Aussi tout fidèle doit confesser ce Nom, sans jamais se lasser et proclamer sa foi et son amour pour notre Seigneur Jésus-Christ, car en son Nom nous avons la grâce, la rémission, la délivrance, la sanctification, l'illumination, en un mot notre salut. En ce Nom divin, les Apôtres ont fait des miracles et ont enseigné ; le divin évangéliste Jean a dit : «Ces choses ont été écrites afin que croyiez que Jésus est le Fils de Dieu» (voilà la foi), «et qu'en croyant vous ayez la vie en son Nom» (voilà la vie) (Jn 20,31).


Tous les chrétiens, prêtres, moines et laïcs,
doivent prier au nom de Jésus-Christ.

Tout homme pieux doit s'efforcer d'invoquer ce Nom et prier en tout temps, en esprit ou avec ses lèvres, assis ou en marche. Il trouvera grande joie et sérénité ; ceux qui s'y appliquent savent cela par l'expérience. C'est là une oeuvre sublime pour tous ceux qui sont en cette vie, qu'ils soient solitaires ou dans le tumulte du monde ; aussi doivent-ils à n'importe quelle heure pratiquer cette prière, selon leurs possibilités, qu'ils soient prêtres, moines, laïcs.
Que les moines préposés à cette oeuvre l'accomplissent avec rigueur, même en se faisant violence ; qu'ils prient Dieu sans cesse, quels que soient leurs tracas ou leurs occupations, même dans la confusion et le tumulte qu'on appelle captivité de l'intellect. Qu'ils ne négligent pas la prière, trompés par l'ennemi, mais qu'ils y reviennent, avec joie. Que les clercs la pratiquent comme oeuvre apostolique, prédication de Dieu, car elle donne du fruit divin et pousse à l'amour pour le Christ. Que les laïcs la pratiquent comme sceau et signe de la foi, sanctification, garde et protection contre les adversités.
Donc tous, clercs, laïcs et moines, nous devons dès notre réveil et avant toute chose, nous souvenir du Christ et penser à lui offrir cette prière, comme souvenance, prémices, sacrifice, car il nous a sauvés, nous a beaucoup aimés ; nous chrétiens nous l'avons reçu pour vêtement dans le baptême, nous avons reçu le sceau de la chrismation, nous avons communié et communions à sa sainte chair et son sang divin, nous sommes ses membres et son temple, car il habite en nous ; nous avons donc le devoir de l'aimer et d'invoquer son Nom divin dans notre coeur. Que chacun donc, selon sa force, dispose d'un certain temps pour cette prière, c'est un devoir impérieux.

Quelques mots maintenant, comme nous l'avons promis, sur les divines prières de l'Eglise et l'ordre de leur célébration.
Nous avons dit que la prière était l'oeuvre principale des anges et que l'Eglise mettait tout son zèle à l'accomplir. Toute autre oeuvre, que ce soit l'aumône, le service des frères, le soin des malades, la visite des prisonniers, la libération des captifs, tout ce qui est fait par amour des frères est fait par eux à Dieu ; de même la pauvreté, le jeûne, le coucher à terre, les prosternations, les veilles et le reste, sont certes des oeuvres bonnes, des sacrifices offerts à Dieu, pour l'ordre et l'ascèse du corps, pour nous purifier et nous approcher de Dieu, devenir ses amis, mais elles ne nous présentent pas immédiatement à Dieu ; tandis que la prière nous présente aussitôt à Dieu et nous unit à lui. Celui qui prie, devient ami de Dieu, il parle, converse, discute et par elle devient un avec notre créateur.
Notre prière devrait être permanente, continue comme celle des anges ; Dieu ne nous demande qu'une chose, sa souvenance en notre âme, être avec lui et ne chercher que lui, n'aimer que lui et ne voir que lui, pour jouir de lui purement et directement. Mais comme cette continuité est impossible à cause du voile de la chair et des nécessités du corps, et qu'elle n'est donnée que rarement, à certains devenus égaux aux anges, comme don de Dieu, l'Eglise a prescrit, par nécessité, des temps pour la prière, pour exhorter le fidèle à prier.




Les laudations quotidiennes sont au nombre de sept,
la Liturgie mise à part.

Les temps pour la prière et les prières sont au nombre de sept, comme les dons du Saint-Esprit, parce que c'est par le Saint-Esprit que se font les prières sacrées suivantes :

1) Minuit
2) Matines suivies de Prime
3) Tierce
4) Sexte
5) None
6) Vêpres
7) Complies.

«Sept fois le jour je te célèbre» a dit le Roi-Prophète (Ps.118,164), et il en fixe le temps : «au milieu de la nuit je me lève» (Ps.15,62) ; «le matin tu entends ma voix, le matin je me présente à toi et tu me vois» (Ps.5,4) ; de même pour Tierce et Sexte, Vêpres : «Le soir, le matin et au milieu du jour je raconterai et publierai la nouvelle et tu entendras ma voix» (Ps. 54,18) ; et pour les Complies (les grandes) : «Chaque nuit je baigne ma couche de mes larmes» (Ps.6,7).


Pourquoi ces sept laudations
ont-elles été instituées ?

Pour chaque temps de la prière, la raison est la suivante : celle de Minuit, à cause de la veille des anges et leur louange continue, du silence et de la paix de l'intellect, pour la doxologie divine et pour la résurrection, «le soir des sabbats, le Seigneur est ressuscité» ; pour son second avènement, attendu par tous les fidèles et pour lequel il nous réveillera du sommeil de la mort. C'est lui l'Epoux de nos âmes qui doit venir, selon sa parole, au milieu de la nuit, d'où notre veille et notre vigilance. Celle de Matines ou Aurore, parce que le jour point et qu'il faut rendre grâces à Dieu qui a créé la lumière, dissipé les ténèbres de l'erreur et dispensé la lumière de la vraie religion ; c'est pour la même raison que l'heure de Prime est liée aux Matines : elle aussi est le commencement du jour et offerte avec les Matines à Dieu comme offrande et sacrifice de louanges : toutes les créatures ayant été illuminées par la lumière de la vraie foi, nous les invitons avec les anges à la louange de Dieu.
Celle de Tierce ou troisième heure, pour le chant en l'honneur de la Sainte Trinité, parce que le premier quart du jour (qui a commencé à six heures du matin) s'est écoulé ; parce que le monde a été fait de quatre éléments, parce que le Saint-Esprit est descendu à la troisième heure. De même chantons-nous à Sexte (midi) la gloire de la Sainte Trinité qui a produit l'univers, le monde fait de quatre éléments, et pour le second quart du jour qui vient de s'écouler ; en ce milieu du jour le Sauveur fut crucifié.
A None (trois heures de l'après midi), nous célébrons à nouveau la Sainte Trinité, car trois heures se sont écoulées depuis Sexte. Trois heures s'étant à nouveau écoulées depuis None, nous célébrons alors la douzième heure du jour ou Vêpres.
Nous avons dit plus haut que Tierce était, en particulier, la doxologie de la Sainte Trinité, le Dieu de l'univers, notre seul Dieu ; en cette heure fut décidée la mort du Sauveur ; en cette heure l'Esprit Saint descendit sur les apôtres ; en cette heure tous les fidèles du monde entier furent illuminés.
L'action de grâces de Sexte partage le jour en deux ; en elle eut lieu la crucifixion du Seigneur ; les ténèbres couvrirent la terre et le Seigneur souffrit dans sa chair.
A None, alors que la fin du jour s'avance, nous chantons à nouveau la Sainte Trinité, parce que le trois multiplié par lui-même donne neuf. En cette heure, le Sauveur remit son âme divine au Père et acheva son sacrifice, âme et corps, offert pour tous, à Dieu et Père. En cette heure, la terre trembla, les rochers se fendirent, les sépulcres s'ouvrirent -prélude à la Résurrection universelle-, beaucoup de corps de saints morts ressuscitèrent, car la mort fut terrassée par la mort du Seigneur. Les captifs de l'enfer furent délivrés, parce que l'âme sainte du Sauveur fut offerte à Dieu et Père, et que sa chair fut livrée, volontairement, en sacrifice par la Croix. Nos âmes furent délivrées des mains du diable et nos corps devinrent immortels par sa Résurrection.
Nous rendons donc grâces à Celui qui est mort, dans sa chair pour nous, qui par sa sainte âme a remis nos âmes entre les mains du Père, par sa mort nous a rendus la vie.
L'Office de Vêpres exprime notre glorification du Créateur, car nous sommes arrivés au soir, c'est-à-dire à la fin du jour, et que nous avons consacré la plus grande partie de celui-ci à Dieu. Nous lui rendons grâces pour tout cela, pour notre vie, pour notre nourriture, pour nos pensées, nos paroles, nos actes, et lui demandons de passer la nuit en paix, sans péché, sans scandale ; la nuit étant, elle aussi, le prélude de la fin de notre vie, car la mort vient comme la nuit.

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