samedi 29 janvier 2011
La Lumière du Thabor n°34. Lecture de la presse.
LECTURE DE LA PRESSE
Introduction
La lecture de la presse que nous publions ci-dessous est extraite de différents journaux grecs difficilement accessibles au lecteur français. Elle ne tient pas lieu de chronique générale de l'orthodoxie, mais elle a pour but de souligner les événements que la plupart des milieux «orthodoxes» en France se gardent bien d'évoquer. A ce titre, l'expulsion manu militari des moines de la skite du Prophète Elie au Mont Athos, sur ordre du Patriarcat Oecuménique, nous semble un cas exemplaire de fanatisme, un acte d'intolérance gratuite accompli par ceux qui usent le papier des communiqués de presse par leurs déclarations hypocrites d'amour oecuménique du prochain.
Depuis longtemps, dans La Lumière du Thabor, nous protestons contre l'action des néo-athonites, ces moines issus de «fraternités» étrangères à la Sainte Montagne, qui se sont emparés, à l'époque de la Dictature des Colonels, de plusieurs monastères et qui, maintenant, contrôlent la Sacrée Communauté1. Ces néo-athonites chassent, violentent, pillent, quand ils le peuvent, les moines zélotes. Nous avions, jadis, publié des articles de la presse grecque sur cette persécution des moines zélotes. Certains milieux liés à l'Eglise Russe Hors Frontières avaient alors fait une campagne privée et publique contre notre revue, jugeant ces informations sur les néo-athonites erronées. Maintenant, avec la skite du Prophète Elie, c'est l'Eglise Russe Hors Frontières qui est frappée par l'intolérance des néo-athonites, laquelle a, entre temps, été dénoncée aussi dans le livre du Père Maxime Lavriotis, Human Rights on Mount Athos, dont nous avions rendu compte dans le numéro 27 de La Lumière du Thabor. C'est là encore notre devoir d'informer nos lecteurs sur ce qu'un prêtre grec avait jadis appelé «l'oecuménisme sans masque».
Que s'est-il passé, à la Mi-Pentecôte, le 20 mai 1992 ?
Vers midi, le secrétaire du gouverneur civil de l'Athos, M.Omiros Photiadis, est arrivé à l'impromptu en jeep à la skite, accompagné de quelques policiers en civil. Dès son arrivée, il informe les Pères de la skite qu'une commission du Patriarcat est en train de visiter le monastère dont dépend la skite, celui du Pantocrator, et qu'elle viendra ensuite chez eux. Il leur demande de répondre avec diplomatie aux demandes que cette commission va leur adresser, afin d'éviter les ennuis. Il leur fait savoir que le gouverneur civil de l'Athos, M.Constantin Papoulidis, est absent, à Thessalonique et que l'assistant du gouverneur, M.Nicolas Papadimitriou, se trouve à Athènes.
Au milieu de l'après-midi, plusieurs jeeps et camions apportent le Métropolite Athanase d'Héliopolis, président de la Commission patriarcale, un archidiacre secrétaire de la commission, des membres de la Sacrée Epistasie -c'est-à-dire du comité exécutif de la Sacrée Communauté du Mont Athos- avec leur secrétaire, le P.Damaskinos et un grand nombre de moines et de policiers, tous en civil. Alors le Métropolite est reçu avec respect à l'église, avant la cérémonie habituelle des rafraîchissements.
Quand tous sont assis et servis, le Métropolite annonce qu'une nouvelle communauté vient d'être installée au monastère du Pantocrator, dont dépend la skite. Il a fait entrer le nouvel higoumène, l'Archimandrite Bessarion, qui vient de la communauté du monastère de Xénophon, et certains des moines présents, dans le nouveau conseil dirigeant du monastère.
Le Métropolite demande alors combien de personnes vivent à la skite. P.Séraphim répond qu'il s'y trouve deux moines inscrits sur la liste officielle (Monachologion) et deux autres non encore inscrits. On rectifie alors les différences qui existent entre la liste officielle des moines dépendants du Pantocrator et la liste générale détenue par la Sacrée Communauté.
Puis, le Métropolite demande quel évêque les Pères de la skite commémorent dans les offices. P.Séraphim répond : «Tous les Evêques Orthodoxes», c'est-à-dire l'une des formules utilisées par ceux qui ne commémorent pas le nom du Patriarche2. Le Métropolite demande alors au secrétaire de l'Epistasie de lire l'article 5 de la Constitution de l'Athos. La lecture achevée, il proclame que les moines de la skite sont schismatiques et ordonne qu'on les expulse immédiatement.
Père Joannice demande si le gouverneur civil a pris un décret quelconque à ce sujet. M.Photiadis bondit et, brandissant un exemplaire de la Constitution sous le nez de Père Joannice, il lui montre un article en criant : «La voilà, la loi !»
Aucun document écrit n'a été montré aux Pères de la skite. On ne leur a pas dit quel était leur schisme, on ne leur pas donné la faculté de se défendre, et quand Père Joannice l'a demandée, le Métropolite a glapi : «Nous ne sommes pas venus ici pour discuter ; nous sommes venus mettre les choses en ordre».
Voyant que toute résistance est inutile, et que les policiers sont prêts d'utiliser la force, les Pères acceptent de partir. Accompagnés chacun par un policier qui les presse de faire vite, ils prennent quelques affaires dans leurs cellules, vont vénérer une dernière fois les saintes icônes et les saintes reliques de la grande église de leur skite, chantent le tropaire du Prophète Elie devant la porte du monastère, montent dans une jeep, et s'en vont vers Daphni. Ils croisent une jeep dans laquelle M.Papadimitriou, vice-gouverneur, conduit le Protos de l'Athos (chef du gouvernement), l'Archimandrite Athanase, du monastère de Vatopédi, vers leur skite. Du port de Daphni, un navire rapide les emporte en Grèce et les laisse à quai à Ouranopolis, peu après le coucher du soleil.
Tels sont les faits. La procédure suivie est un scandale pour le monde civilisé. A supposer que les moines expulsés fussent schismatiques, ils avaient, de par la Charte Constitutionnelle de l'Athos, et en vertu des canons de l'Eglise, droit à un procès régulier. «Notre loi condamne-t-elle quelqu'un sans l'entendre ?» (Jn 7,51). Les droits de l'homme sont bafoués. Ces actes honteux -les Eglises qui s'appellent elles-mêmes «officielles» le sont comme des képis de Police- ont suscité les réactions suivantes que nous publions ci-dessous.
DES MOINES DE L'ATHOS
expulsés sans sommation
Par une décision du Patriarche Oecuménique, qui a été transmise à la Sacrée Epistasie, instance suprême du gouvernement ecclésiastique de l'Athos, par une commission de trois membres de l'Exarchat du Trône Oecuménique, ayant à sa tête le Révérendissime Métropolite de Philadelphie, Monseigneur Méliton, ordre a été donné et presque aussitôt exécuté, de procéder à l'expulsion de six moines d'obédience américaine, qui vivaient dans l'ascèse à la sainte skite du Prophète Elie. Parmi eux, l'higoumène de cette skite, le Père Séraphim, qui vit depuis vingt ans, sans interruption, sur la Sainte Montagne.
Les moines ont été chassés pour cause de schisme, parce qu'ils ne reconnaissent pas l'autorité spirituelle du Patriarcat Oecuménique et que, dans leur pays d'origine, ils étaient membres de l'Eglise Russe de la Diaspora qui n'est pas reconnue par le Patriarcat Oecuménique ni par l'Eglise russe de Moscou.
Cette affaire a trouvé un large écho dans la presse, qui a donné différents «scénarios» de l'expulsion.
Orthodoxos Typos, N982 du 26 juin 1992.
EXPULSION SANS PRECEDENT :
Les Moines de la Skite du Prophète Elie
chassés de l'Athos
A une heure de Caryès, capitale de la Sainte Montagne, se trouve la skite du Prophète Elie, rattachée au saint monastère du Pantocrator. Depuis 1973, elle était dirigée, de façon légale et canonique, par un higoumène venu d'Amérique, le hiéromoine Séraphim Babich.
Le Père Séraphim, qui se trouve depuis 1970 sur la Sainte Montagne, est parvenu, avec sa synodie, à restaurer et à embellir cette skite imposante, aux prix de grands efforts et de grandes dépenses.
La skite a cessé, depuis 1957, de commémorer le patriarche oecuménique, parce qu'elle n'était pas d'accord avec la ligne philo-papiste suivie par le Patriarcat de Constantinople dans le cadre du «Mouvement Oecuménique».
Ce mouvement est considéré par tous les orthodoxes comme hérétique, ainsi que la Sainte Montagne l'a fréquemment déclaré sans ambiguïté dans le passé, et que vient de le rappeler Sa Béatitude le Patriarche Diodore de Jérusalem dans la toute récente Assemblée du Phanar (15 mars).
A partir de 1985 la skite du Prophète Elie a commencé de subir des pressions, qui avaient pour but de lui faire reprendre la commémoration du Patriarche Oecuménique, mais elle n'a pas cédé.
Le 20 mai de cette année-ci, le Mercredi de la Mi-Pentecôte, la skite du Prophète Elie a été soudain investie par une horde de policiers, de moines et de hiéromoines, avec, en tête, le légat patriarcal Athanase, évêque d'Héliopolis.
Sans ménagement, Père Séraphim et les autres Pères de la skite, sont alors placés, d'une manière intolérable, au milieu du tumulte et de la confusion, devant l'alternative suivante : ou bien ils acceptent de commémorer le Patriarche ou bien ils quittent la Sainte Montagne sur-le-champ !
Les Pères refusent la commémoration demandée et demandent s'il existe un décret du gouvenement imposant leur expulsion. Un tel décret n'a jamais existé. Les Pères demandent alors un délai de trois jours pour rassembler leurs affaires. Ce délai même leur est refusé !
Avec la synodie et sous le regard sévère des policiers, les Pères de la skite prennent à la hâte quelques affaires dans leurs cellules. Ensuite, on les fait monter en jeep ; le convoi passe Caryès et atteint le port de Daphni où l'on embarque les Pères sur un hors-bord qui les transportent à Ouranopolis, où leurs persécuteurs les abandonnent sans miséricorde.
Pendant ce temps, la skite est pillée par les moines du monastère du Pantocrator et mise sous la garde d'un fort contingent de policier en armes !
Les Pères de la skite, déjà victimes de cet incroyable abus de pouvoir de la part des autorités ecclésiastiques et politiques, qui constitue une persécution indiscutable de la foi, continuent d'être poursuivis, parce qu'on leur refuse leurs passeports -ils sont citoyens américains.
Le gouvernement refuse également de donner un texte officiel émané de l'Etat, exposant les raisons de leur expulsion. Les moines de la skite du Prophète Elie protestent énergiquement contre leur expulsion illégale hors du Jardin de la Toute Sainte ; ils dénoncent le comportement anti-chrétien, anti-fraternel et barbare de leurs persécuteurs, moines, hiéromoines et policiers ; ils indiquent qu'une persécution se trouve programmée, qui couvrira l'ensemble de la Sainte Montagne, visant tous les Pères qui s'opposent à la ligne oecuméniste et anti-orthodoxe du Patriarche Oecuménique ; enfin ils déclarent qu'ils vont lutter par tous les moyens légaux pour rentrer dans leur skite.
Le 31 mai 1992, dimanche de l'Aveugle-Né.
Archimandrite Séraphim, higoumène de la Skite.
Hagios Kyprianos, N247, mars-avril 1992.
LETTRE OUVERTE
à son Excellence le Premier Ministre de Grèce
Monsieur Constantin Mitsotakis,
à tous les partis de Grèce, au clergé et au peuple grec orthodoxe.
Excellence,
Le 6/19 mai 1992 a été perpétré sur la Sainte Montagne un acte qui s'apparente aux violences religieuses du Moyen Age hérétique. Deux évêques du Patriarcat Oecuménique, avec l'assistance de la Sacrée Communauté et l'aide des forces de police, ont commis les abus que voici :
Pour commencer, par une transgression audacieuse de la Charte Constitutionnelle de la Sainte Montagne, qui garantit l'autonomie du gouvernement des saints monastères, ils ont forcé l'Administration du saint monastère du Pantocrator -sous menace de déposition et d'expulsion- d'accueillir douze moines venus du saint monastère de Xénophon de la Sainte Montagne. Ils ont placé la plupart de ces jeunes moines de Xénophon parmi les Administrateurs du saint monastère du Pantocrator, leur donnant ainsi la majorité dans l'organe de décision. Ils ont ainsi bel et bien balayé l'Administration légale et canonique qui était jusqu'ici celle du Pantocrator.
Ils ont exigé des Pères du Pantocrator un texte signé approuvant leur intrusion comme une chose juste et admissible ! Puis, ils ont chassé du monastère deux hiéromoines et quatre moines... sans la moindre raison !...
Cela fait, ils se sont rendus à la skite russe du Prophète Elie et, manu militari, avec le commandement policier de l'Athos... ils ont jetés dans une auto les quatre moines qui se trouvaient présents, sur les huit Pères que compte la skite, et ils les ont déportés hors des frontières de la Sainte Montagne ! Et le plus scandaleux est qu'ils les ont chassés de chez eux par la force, sans le moindre arrêt d'expulsion, sans leur signifier aucune décision prise à leur encontre ! Et sans leur permettre même de prendre...leurs affaires personnelles ! En même temps, à leur place, ils ont logé immédiatement d'autres moines à la skite, comme maîtres des lieux. Quant aux quatre autres pères vivant à la skite qui se trouvaient absents, quelque part sur la Sainte Montagne, au moment de cette inqualifiable incursion, on ne les a pas autorisés à rentrer dans leur skite !...
L'expulsion des moines de la sainte skite du Prophète Elie était restée ignorée de la plus haute instance dirigeante de la Sainte Montagne, la Sacrée Communauté, bien que cette dernière ait été parti prenante dans la commune et sacrée Commission, laquelle n'avait reçu d'ordre que pour s'immiscer au sein du monastère du Pantocrator, et non pour expulser les moines de la skite du Prophète Elie. Assurément, par la suite, la Communauté a reconnu le fait, et a entériné l'expulsion des moines et l'installation illégale d'autres moines, venus de la skite de Xénophon !
Et pourquoi cette persécution ? Parce que les moines chassés de la skite ne mentionnaient pas dans leur église le nom du Patriarche Oecuménique. Tel étant le cas, pourquoi n'ont-ils pas établi un tribunal pour les juger, comme le prévoit la Charte Constitutionnelle de la Sainte Montagne ? Sans aucun doute, parce qu'ils n'ont pas envie d'entendre, dans l'Assemblée plénière de la Sacrée Communauté, les vraies accusations qu'ils portent contre le Phanar, qui, depuis 1965, accepte le papisme comme «conforme et égal en honneur» à l'orthodoxie, comme possédant la même succession apostolique et les mêmes mystères ! Comme Episkepsis l'écrivait dernièrement, tout cela «ne peut être considéré comme propriété exclusive de l'une des nos Eglises» (Epsikepsis, 1er juillet 1991, p.9).
Toutefois, il n'est pas possible que la conscience orthodoxe hagiorite accepte cela, elle qui se souvient des Pères de la Sainte Montagne martyrisés par les papistes sous Jean Beccos. La foi dans les Traditions de l'orthodoxie réveille la mémoire de ces jours anciens où des hommes de sagesse et de vertu illustraient le trône oecuménique, tel le Patriarche de bienheureuse mémoire Joseph le Confesseur, au XIIIème siècle, qui, parlant de l'hérésie papiste, donnait ce conseil aux chefs de l'Eglise et au peuple fidèle : Voici que je vous dis, avec Paul : si vous cédez aux Latins, le Christ ne vous servira de rien ! Et deux siècles plus tard, Rome ayant persisté à ne pas faire pénitence, le célèbre Gennade Scholarios dit à ses concitoyens de Constantinople : Celui qui le confessera (le pape) comme dispensant fidèlement la parole de vérité, confessera du même coup que ses propres ancêtres étaient des hérétiques ! Et le pasteur aimé du peuple, le pédagogue de la Nation, saint Cosmas d'Etolie : «Maudissez le pape, car c'est lui qui sera la cause». En 1839, l'Encyclique des Patriarches Orientaux proclamait :
«Nous avons fait cet exposé...afin que vous connaissiez quelle immense différence nous sépare, nous orthodoxes, des «catolyques» et afin que vous ne vous laissiez pas tromper désormais par les sophismes et les vaines paroles de ces hérétiques meurtriers des âmes, qui, en suivant leurs arguties sophistiques et leurs enseignements outrés...ont fait naufrage quant à la foi, pour parler avec Paul, et luttent de toutes leurs forces pour en attirer d'autres dans le même gouffre et faire de nous des prosélytes de leur propre hérésie présomptueuse et satanique...»
Aujourd'hui encore, le papisme lutte contre la Grèce et contre l'orthodoxie : les prières et les messages prononcés dans la pseudo-langue macédonienne, la reconnaissance, depuis des années, de la soi-disant Eglise pseudo-macédonienne et le soutien apporté aux positions anti-helléniques des Scopiens prouvent abondamment ce que nous avançons !
Comme si ne suffisaient pas les huit cent mille orthodoxes serbes, victimes pacifiques et innocentes, qui périrent, dans des conditions atroces et épouvantables, sous la main des Croates papistes, par l'ordre du pape sanguinaire, voici qu'aujourd'hui, du fait de l'uniatisme et des guerres de religion, le papisme combat ouvertement les Patriarcats orthodoxes d'Orient.
Les gens du Patriarcat et leurs alliés de l'Athos menacent de chasser, également, les cent soixante autres Pères hagiorites zélotes, qui refusent de commémorer le nom du Patriarche oecuménique à l'Eglise, à cause de la foi orthodoxe qu'ils ont reçue de leurs Pères, et qui est diamétralement opposée à la panhérésie de l'oecuménisme !
A elle seule, cette menace qu'ils font d'user de violence montre que ces hommes sont coupables, et étrangers à l'idéal monastique.
De nos jours, on entend mille éloges de la liberté de conscience : pourquoi en priver la Sainte Montagne ? Vous-même, Excellence, vous l'avez admise à présent jusque dans l'armée, en dispensant les millénaristes anti-patriotes de porter les armes. Serons-nous les seuls à être privés de ce bienfait ?
La Protectrice de la Sainte Montagne, Notre Souveraine la Mère de Dieu, ne veut y voir, comme moines, que des orthodoxes. Au contraire, aujourd'hui, nous voyons que les moines orthodoxes en sont chassés par les alliés des «ennemis de Son Fils», de l'aveu même de la Mère de Dieu.
L'Exarchat du Patriarcat3, par les actions qu'on vient de rapporter, a montré à l'évidence les buts du Phanar et de ses alliés hagiorites : «Lutte sans merci contre les Pères qui s'opposent à l'uniatisme, en vue de l'union avec toutes les hérésies et avec toutes les religions». A présent, cependant, grâce aux déclarations, faites à la presse et ailleurs, de ceux qui ont été chassés, la Grèce et l'étranger sont informés de ce qui s'est passé sur la Sainte Montagne. Et comme quelqu'un l'a remarqué judicieusement : «Les persécutions religieuses ont pris fin en Russie et voici qu'elles commencent en Grèce !»
Excellence,
Il faut que vous sachiez que depuis les années 70, sur la Montagne de l'Athos, se déroule, dans le secret et dans le silence, une persécution religieuse contre les moines qui sont restés fidèles aux traditions de l'orthodoxie ! Leurs persécuteurs sont les gens du patriarcats et des Sacrées Communautés qui se succèdent à la tête de l'Athos. Ces hommes, agissant de concert : a) ne permettent à aucun des moines anti-uniates, quelque âgé qu'il soit, de prendre un disciple pour l'aider ; 2) ils ne permettent pas non plus à aucun de ces moines d'acheter une cellule pour y vivre en moine.
Leur intention vise à l'élimination progressive des Hagiorites zélotes, afin de donner aux fidèles l'impression que personne, sur la Sainte Montagne, ne s'oppose à la célébration de l'union qui trahira la foi.
Comme il est probable que ceci ne soit pas venu à votre connaissance, nous vous faisons savoir, Monsieur le Premier Ministre, que depuis 1990 circule un livre rédigé en anglais par le savant moine Maxime de la Grande Laure et consacré à la violation des Droits de l'Homme sur la Sainte Montagne ! Son titre : Human Rights on Mount Athos. An appeal to the civilized world. Cet ouvrage a été envoyé aux responsables de Grèce et de l'étranger, et il aborde, à côté d'autres sujets, celui des persécutions subies par les moines zélotes (p.13-14). Maintenant que la dernière de ces persécutions a été connue, que doivent dire les amis de la Communauté Européenne et quelle exploitation ne vont pas en faire les Turcs, toujours à l'affût d'un prétexte, eux qui accusent, comme on sait, la Grèce d'être un pays anti-démocratique ?...
Oui, comment ne prêterions-nous pas nous-mêmes le flanc à cette critique, du moment que le «clergé» des confessions étrangères est reçu comme tel dans les monastères, tandis que les clercs de l'Ancien Calendrier ne le sont pas ! Hélas, les événements qui eurent lieu avant la prise de la Reine des Villes se reproduisent. L'Histoire aurait dû nous apprendre à tous, Monsieur le Premier Ministre, que Dieu nous bénit, nous les Grecs, seulement lorsque nous gardons intacte la Foi Orthodoxe sans jamais en altérer le vin pur, que ce soit sous le prétexte d'un amour mensonger et d'une économie anti-canonique, ou, pire encore, dans l'espoir d'un gain matériel !...
Enfin, nous souhaitons, nous tous les Pères victimes des persécutions, que vous désiriez l'alliance de Dieu et non l'amitié des puissants de la terre. Nous, cependant, d'une seule bouche, avec le Patriarche de Constantinople Gennade Scholarios le Confesseur, nous disons : «Je ne te renierai pas, chère Orthodoxie ; je ne te trahirai pas, piété de mes aïeux... Et je refuserai toujours la communion avec le Pape et avec ceux qui communient avec lui, tout comme l'ont refusée nos Pères».
En conséquence nous vous supplions ardemment :
1. De révoquer les expulsions illégales des moines orthodoxes chassés pour la seule raison qu'ils ont gardé la foi orthodoxe.
2. De faire cesser les pressions de toute sorte exercées depuis une vingtaine d'années contre le monastère orthodoxe d'Esphigménou, pressions qui se sont intensifiées tout dernièrement, sous votre gouvernement. Et l'on entend bon nombre de rumeurs annonçant qu'une persécution totale est sur le point d'éclater.
3. De ne pas faire passer de loi considérant comme un délit le fait, pour les Moines chassés de la Sainte Montagne à cause de leur foi orthodoxe, de rentrer dans le lieu de leur pénitence et de retourner à l'Athos.
4. De permettre que les Père zélotes de la Sainte Montagne puissent tonsurer quelqu'un et lui céder leurs biens, ce que leur refusent actuellement les monastères de la Sainte Montagne !
5. En ce qui nous concerne, nous ceux d'Esphigménou, nous n'accepterons pas la violence, quelle qu'elle soit et d'où qu'elle vienne, et que nous n'abandonnerons pas notre Pénitence4, comme le firent les Saints Martyrs de l'époque de Beccos, préférant la mort à la trahison, la plus minime soit-elle, de la Foi Orthodoxe.
Avec tout le respect qui vous est dû.
Signé : L'higoumène du saint monastère d'Esphigménou, l'Archimandrite Euthyme, et la Fraternité du saint monastère d'Esphigménou. Suivent les signatures de 49 moines et de 5 novices d'Esphigménou, puis des moines de Kérasia, de la skite de saint Basile, de la skite de Sainte Anne et d'autres monastères (des Ibères, de Saint Nil, des Karoulia, de Saint Constantin, de la Nouvelle Skite, de Katounakia, de Karyès, de Kapsala, des Saints Archanges, de Simonos-Petra, de Kavsokalyvie, de Saint Georges, de Saint Pierre l'Athonite, des Saints Anargyres, de la Vénérable Croix, de Tous les Saints, des Saints Apôtres, de Saint Nicolas, de Saint Georges des Brebis, de Saint Dimitri, du Vénérable Précurseur, de Saint Nicodème, de l'Entrée de la Mère de Dieu, de Saint Charalambos, de Koutloumousiou, etc). En tout, cent soixante quatre signataires ont approuvé cette lettre publiée dans un numéro spécial du périodique athonite Hagios Agathangelos ou Agathange qu'édite le monastère zélote d'Esphigménou.
Agathange, numéro spécial, N130 A, du 23 mai 1992.
LA VOIX ORTHODOXE
du Patriarche Diodore
au synode d'Istanbul
Le Patriarche de Jérusalem Diodore a brisé les projets des oecuménistes, en refusant de souscrire à la trahison de l'orthodoxie, perpétrée par les autres proèdres de l'Eglise. Voici quelques citations de son important mémoire, qui a été lu au synode d'Istanbul (13-15 mars 1992).
Condamnation de l'uniatisme
«Il est naturel que notre présente réunion ne se contente pas simplement de descriptions et de constatations, mais qu'elle exprime en toute franchise ses sentiments -des sentiments d'amertume, en l'occurence, devant la conduite de certains chrétiens qui, lorsqu'ils en ont eu l'occasion, "se sont glissés parmi nous, pour épier la liberté que nous avons en Jésus Christ, avec l'intention de nous asservir". L'expression outrageante dont s'est servi le Pape, chef des catholiques romains, lorsqu'il a parlé d'une "re-évangélisation de l'Europe", comme si les peuples orthodoxes de l'Europe orientale ne connaissaient plus le Christ, doit nous inciter tous à examiner sérieusement, et avec inquiétude, les projets anti-orthodoxes du Catholicisme. Il ne faut pas dormir, en rassurant et soi-même et les autres sur le prétendu changement des intentions de Rome et son désir louable de poursuivre le dialogue d'amour avec l'Eglise orthodoxe. Les événements tragiques qui viennent de se dérouler, montrent malheureusement qu'il n'en est rien, mais que la haine les anime. Notre peuple fidèle, notre peuple orthodoxe n'accepte pas de solutions diplomatiques et ne veut pas de marchandages sur les questions de foi. Voilà pourquoi il attend anxieusement de nous que nous fassions entendre la voix de l'orthodoxie, la voix de la vérité, laquelle ose appeler le mal par son nom, dénonce le mensonge, et condamne sans phrases toute entreprise antichrétienne et antiorthodoxe, d'où qu'elle vienne. Le peuple attend la condamnation des chefs et des partisans de l'uniatisme, il attend la condamnation des actes des catholiques romains en général, et en particulier de ceux du Pape, qui suscite ou encourage la violence et les actions brutales de l'uniatisme à l'endroit des orthodoxes.
Nécessité de rompre le dialogue avec les latins
«Pour toutes ces raisons, la poursuite des dialogues théologiques avec les catholiques romains n'est plus désormais d'aucune utilité. Notre très sainte Eglise de Jérusalem, a demandé, à maintes reprises, qu'il soit mis fin au prosélytisme des catholiques romains à l'égard des fidèles orthodoxes et qu'on arrête l'uniatisme, lequel recourt depuis toujours à toutes sortes de manoeuvres et de ruses pour atteindre son but, dans tout le Moyen Orient et notamment sur les Lieux Saints. Ensuite, par ses représentants et dans des protestations écrites, elle s'est plaint, dans le cadre du dialogue théologique biparti, des agissements qui lui font du tort. Enfin, jugeant qu'elle perdait sa peine à dialoguer avec eux et que la poursuite des relations avec des gens qui ne font jamais pénitence ne mène à rien, elle a, d'accord avec le commandement de l'Apôtre des Gentils : "Pour l'hérétique, après un premier et un second avertissement, éloigne-toi de lui", rompu le dialogue théologique et séparé sa position, jugeant que c'était la seule réponse valable, face à la saignée de notre troupeau, et en signe de protestation.
«Cependant, au delà de la propagande religieuse et du prosélytisme des catholiques romains, notre Patriarcat a également en vue leurs menées sournoises pour supplanter les orthodoxes aux Lieux Saints, et y accroître leur influence, par les manoeuvres de la diplomatie vaticane et ses interventions dans le choeur international des puissances européennes catholiques.
«C'est pourquoi nous estimons digne d'éloges la résolution de la Très Sainte Eglise de Grèce qui, lors de la première réunion ordinaire du Sacré Synode Permanent du mois de février, a dénoncé "la ruse habituelle de Rome" et a demandé à l'Etat grec "la rupture des relations diplomatiques entre le Vatican et l'Hellade" et a signalé que le dialogue avec Rome "s'est révélé dénué de sincérité et d'amour fraternel à l'égard de l'ensemble des orthodoxes". Nous félicitons donc le Révérendissime Archevêque d'Athènes et de l'Hellade, Mgr Séraphim, pour sa courageuse condamnation télévisée des actes du Vatican. Tant l'interruption du dialogue théologique par notre Eglise de Jérusalem, que la résolution de l'Eglise de Grèce, acclamées par les fidèles orthodoxes, apparaissent comme l'attitude qui s'impose à nous, appelés que nous sommes à répondre au questionnement de tous les Orthodoxes qui veulent savoir comment faire face aux agressions des uniates et des catholiques romains.
«Dans le même esprit, nous pensons que les dialogues théologiques avec les hétérodoxes en général, n'ont aucun résultat positif. On a vu des hétérodoxes abandonner leur thèse fondamentale, mais pour adopter de nouvelles théories, étrangères à l'esprit de l'Eglise. C'est avec de tels hommes que certains évêques orthodoxes discutent et, pis que cela, prient en commun, au grand scandale des fidèles et au préjudice de leur propre âme.
Le retour des monophysites
et des autres hérétiques
doit se faire selon les canons
Il ne suffit pas d'accepter une partie de la Vérité
«L'optimisme règne aussi relativement à l'issue prétendue "positive" du dialogue noué avec les anti-chalcédoniens, qui ont été condamnés à plusieurs reprises pour leur persistance dans l'hérésie et dans la cacodoxie. Notre Très Sainte Eglise de Jérusalem, qui reste immuablement attachée aux décisions du saint Concile Oecuménique de Chalcédoine et aux Conciles saints et oecuméniques suivants, sans rejeter aucun de leurs décrets ni les soumettre à nouvel examen, a également rompu le dialogue théologique avec les monophysites.
«Elle n'exclut cependant pas la possibilité de leur retour et de leur réception dans le sein de notre Très Sainte Eglise Orthodoxe. Le mode de réception des hétérodoxes est bien connu : il leur faut accepter pleinement l'Eglise, laquelle s'exprime dans la totalité des décrets et des décisions des Conciles oecuméniques, sans la moindre exception.
«L'acceptation d'une partie seulement de l'enseignement de l'Eglise orthodoxe, autrement dit le choix de certains décrets des Conciles oecuméniques, adoptés par les hétérodoxes selon leur bon plaisir et l'utilité qu'ils en tirent, comme le choix que font, dans le cas présent, les anti-chalcédoniens, ne saurait constituer la preuve de leur réunion à notre très Sainte Eglise orthodoxe mais, tout au contraire, va l'embarrasser elle-même dans toutes sortes de vicissitudes et de divisions, qui épuiseront la santé de Son corps. Pour cette raison il est nécessaire que, dans cette fraternelle Synaxe, nous vous fassions connaître, à vous, Nos Révérendissimes Frères, la décision de notre Sainte Eglise, de se retirer aussi de ce dialogue, qui, en dehors de l'estimation positive qu'on fait de son progrès et même s'il doit se développer ultérieurement de meilleure façon, ne servira rigoureusement à rien si l'on n'y met comme condition préalable la pleine acceptation de l'enseignement orthodoxe.
Lamentations sur la participation
des Eglises orthodoxes au pandémonium
des prières en commun
«Mais, si telle est la progression des dialogues théologiques avec les hétérodoxes, que dire de la participation active des Eglises orthodoxes au Conseil Oecuménique des Eglises ? La composition de ce pot-pourri formé d'une multitude d'«Eglises» d'origines diverses, de groupes protestants, de congrégations et de leurs ramifications, n'en fait pas le lieu idéal pour l'exposition de la richesse spirituelle de notre Très Sainte Eglise Orthodoxe.
«Sans aucun doute, l'orthodoxie est le diamant de la foi en Christ, et, comme une pierre de grand prix, elle conserve sa valeur, où qu'elle soit, pourvu qu'on la trouve !
«Dans ce pot pourri de confessions chrétiennes, la voix orthodoxe s'élève certes, mais elle se perd dans l'océan des votes du C.O.E., dont le style comme le contenu sont très loin de la confession droite. Si l'on se reporte à l'image, douloureuse du point de vue orthodoxe, que suscitent les assemblées inaugurales, les fêtes de clôture des travaux et, d'une manière générale, les déclarations du C.O.E., on voit qu'elles possèdent un caractère liturgique propre, et qu'elles réunissent un pandémonium de prières et de cultes communs, d'un syncrétisme anti-orthodoxe, comme il y en a eu récemment à Camberra d'Australie, non sans le chagrin, nous en sommes certains, des hiérarques orthodoxes qui y ont participé tragiquement, comme s'ils applaudissaient et bénissaient ce qui se passait.
Dénonciation internationale du pape et des uniates
Le Patriarche désapprouve la condamnation des Eglises Orthodoxes : Catacombes de Russie, Eglise Russe Hors Frontières,
Paléocalendaristes de Grèce et d'ailleurs
«A la suite des constatations ci-dessus que chacun de nous a pu faire, il convient de dénoncer au niveau international le rôle essentiel du Pape de Rome dans les événements tragiques qui atteignent les fidèles orthodoxes, et il faut condamner les violences et les actes de prosélytisme des catholiques romains et des uniates qu'ils commandent et qu'ils renforcent. De même, il convient que nous arrêtions notre décision sur la rupture des dialogues théologiques avec les catholiques romains et avec les hétérodoxes en général, faute de quoi le peuple orthodoxe mettra en doute les principes et les buts du présent synode. Avec justesse, les fidèles orthodoxes vont demander pourquoi nous condamnons sans discussion certains groupes orthodoxes, sans parler d'ouvrir avec eux un dialogue d'amour, au moment même où l'Eglise orthodoxe engage un dialogue avec les hérétiques ! Comment justifier l'affirmation qu'il faut s'abstenir de toute communion avec ce type de groupements, si nous nous trouvons, à temps et à contretemps, dans les embrassades avec les hétérodoxes ?
La position du Patriarche
sur les thèmes du Synode d'Istanbul
«Devant cette sacrée Synaxe, profondément conscients de notre vocation et de nos responsabilités, ainsi que de la promesse que nous avons faite de «dispenser fidèlement la parole de vérité», nous résumons comme suit la position de notre Très Sainte Eglise de Jérusalem sur les thèmes qui nous sont aujourd'hui proposés :
«Notre Très Sainte Eglise de Jérusalem :
1) Reçoit et garde toutes les décisions et les décrets des saints conciles oecuméniques et locaux, tous ceux que notre sainte Eglise orthodoxe, la Tradition sacrée et la pratique de l'Eglise nous commande de vénérer.
2) Pour lever tout malentendu, elle reconnaît les privilèges et les droits du Patriarche de Constantinople et des autres anciens patriarcats, tels que les saints conciles oecuméniques les leur ont attribués, ainsi que tout ce que la pratique de notre sainte Eglise orthodoxe a ajouté en la matière, et elle s'oppose à toute velléité d'introduire un nouvel ordre dans l'Eglise.
3) Croit que notre toute sainte Eglise orthodoxe est le sûr trésor de la Vérité, l'Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique, de sorte que le dialogue théologique avec les hétérodoxes se révèle préjudiciable à elle, dans la mesure où, dans l'effort pour trouver des signes de l'entente réciproque, l'Eglise orthodoxe remet en question la vérité qu'elle possède. C'est pourquoi :
4) Elle persiste dans les décisions, exprimées dans les réunions de notre Sacré Synode du 9/22 mai 1989 et du 23 février/7mars, pour la rupture des dialogues théologiques en général avec tous les hétérodoxes : catholiques romains, anglicans, pré-chalcédoniens, vieux-catholiques etc.
5) Elle condamne sans détour les actes de prosélytisme du Vatican, qui a suscité et encouragé le prosélytisme et les récentes agressions qu'ont subies les fidèles orthodoxes dans les pays d'Europe orientale et au Moyen Orient, et elle dénonce devant la communauté internationale ces actes et cette conduite qui sont anti-chrétiens.
6) Elle reste fermement attachée à son refus de prendre part aux réunions théologiques du C.O.E.
Pour nous personnellement :
7) Nous en restons à notre première proposition : que se rassemblent les primats des Très Saintes Eglises orthodoxes pour examiner, étudier et résoudre divers autres problèmes encore en suspens.
Agathange, N130, mars-avril 1992.
CONFESSEURS DE LA FOI
ou complices de l'apostasie ?
Ces derniers temps, une foule de publications présentent sous les plus sombres couleurs l'entente signée par les oecuménistes avec les hérétiques monophysites à Chambézy (Suisse) en septembre 1990.
Il paraît superflu d'analyser le texte de l'accord final pour montrer l'ampleur de l'apostasie qu'il représente, étant donné que les publications dont nous parlons ont tout examiné avec détail et clarté.
Nous nous arrêterons sur l'attitude de tous ceux qui se sont prononcés par écrit et qui ont dénoncé publiquement la trahison de la foi et stigmatisé comme hérétique l'accord d'union qui a été passé. Oui, répétons-le, dans les choses qui ont été publiées, l'arsenal complet des réprobations solennelles et des protestations sans fin a été épuisé.
Assurément, ce combat est bon et prouve le désarroi de beaucoup d'âmes devant tout ce qui s'est produit ; mais si le combat s'arrête là, il reste superficiel, sans consistance. Saint Marc d'Ephèse dit : «Il ne faut pas lutter seulement en paroles, mais en actes : il n'est plus temps de discourir et de démontrer. Ceux qui aiment Dieu doivent, par leurs actes mêmes, s'enrôler et montrer qu'ils sont prêts à tout affronter pour garder la piété et pour ne pas être en communion avec les impies».
La trahison de Chambézy s'inscrit dans un projet qui a démarré avec l'Encyclique de 1920, qui s'est poursuivi par le changement de calendrier, la levée des anathèmes pris contre les catholiques, la création de Conseil Oecuménique mondial des Eglises (C.O.E.), l'instauration des faux-dialogues d'amour avec les hétérodoxes, les baisers échangés avec le pseudo-prophète de Rome, les assemblées de Vancouver et d'Assise, la concélébration de Dimitri avec le Pape, -et qui continuera jusqu'à l'acceptation finale de l'antichrist.
Tous ceux qui, se réclamant des Pères, appellent hérétiques et cacodoxes les audacieux promoteurs de ces nouveautés, devraient suivre les Pères jusqu'au bout. Ces derniers, après un premier et un second avertissement, séparaient leur responsabilité, se coupaient de ceux qui trahissaient la foi et rompaient toute communion avec les hérétiques, -ils restaient dans l'Eglise du Christ. Ainsi, par leur exemple et non simplement par des paroles, ils montraient au peuple fidèle ce qu'il fallait faire.
Ils resserraient les rangs des fidèles restés dans la tradition, sans se soucier de l'Eglise officielle des empereurs, ni chercher à connaître le nombre ou l'identité des archevêques ou des Eglises locales qui communiaient avec les cacodoxes. Ils ne tenaient pas compte des éventuels châtiments ou excommunications «canoniques», quels qu'ils fussent, et restaient toujours le petit nombre, mais fidèles aux saints Pères, persuadés, avec saint Nicéphore, que «quand bien même un tout petit nombre demeure dans l'orthodoxie et la vraie pitié, ils sont l'Eglise ; et la plénitude de l'autorité, comme la protection des canons ecclésiastiques, se trouvent de leur côté». Saint Théodose confesse de même ceci : «L'Eglise de Dieu peut même, selon les saints, se réduire à trois personnes».
Seules de telles prises de position contribueraient au salut des âmes bien disposées. Ceux qui, jusqu'à maintenant, s'en tiennent à des dénonciations verbales, refroidissent, goutte à goutte, le zèle dans les âmes, jusqu'à la désillusion finale. Il faudrait rappeler ici le cas tragique de ce hiéromoine qui, après avoir dénoncé l'apostasie et rompu avec l'oecuménisme, est retourné à son vomi dès la première menace, dès le premier coup de semonce !
Dans ce climat d'indolence, l'oecuménisme avance la tête haute, et les apostats déploient leur insolence devant les fidèles.
L'UNIATISME ET L'EGLISE OFFICIELLE
Un sujet a été particulièrement débattu par les quotidiens et la presse ecclésiastique : il s'agit des déclarations de l'archevêque Séraphim sur l'attitude du Vatican, relativement à l'uniatisme.
L'archevêque s'en est pris, avec des expressions graves, aux agissements des papistes dans les pays d'Orient, où ils ne se contentent pas simplement d'un prosélytisme intense, mais recourent à des actes de la dernière violence contre les orthodoxes. Monseigneur Séraphim a exalté le rôle de l'orthodoxie. Pour la défendre, il a demandé au ministère des Affaires étrangères la rupture des relations diplomatiques avec le Vatican. Les ailes conservatrices ont uni leur voix à celle de l'archevêque, et l'ont loué de son initiative «nationale» «en faveur des intérêts du peuple». Le ministère des affaires étrangères a décliné l'idée sans daigner, naturellement, faire de commentaire. Toute l'affaire s'inscrit dans la suite de toutes les déclarations faites dans le cadre du «Concile» récemment réuni au Phanar.
Il est clair, pour nous, que de telles rodomontades sans substance, venant de l'Eglise officielle, ne conduisent absolument nulle part et ne visent pas la sauvegarde de la foi.
En premier lieu, l'Eglise n'est pas là pour apporter son concours à des causes nationales et pour défendre les «intérêts du peuple». La démagogie avec laquelle on crie sur les toits ce genre d'initiatives nationales, de la part de hiérarques, de clercs ou de théologiens laïcs, constitue un blasphème contre la vraie Eglise et contre le salut en Christ.
Deuxièmement, la facilité avec laquelle on demande à César d'intervenir dans les affaires ecclésiastiques montre qu'au sein de l'Eglise officielle se sont perdues la vraie force et la puissance que le Christ a données à ceux qui lui appartiennent vraiment : la force de «fouler aux pieds toute puissance de l'ennemi».
Comment qualifier cet appel à César -au Ministère des Affaires Etrangères- à qui l'on demande de rompre les relations diplomatiques avec le Vatican, dans le temps même que l'Eglise officielle conserve pleinement ses relations avec les papistes au sein du Conseil Oecuménique des Eglises ? N'est-elle pas plongée, contre les canons, dans une pleine communion ecclésiastique avec le Vatican, par le biais de sa communion avec le Patriarcat oecuménique ? Ces déclarations, que sont-elles donc : une preuve manifeste de frivolité ou de mauvaise humeur hypocrite ? Ne sont-ils pas en train de manier le nom du Christ pour en retirer des avantages personnels ou pour réussir des manoeuvres diplomatiques ?
La réponse qui convenait, Mgr Séraphim l'a reçue, aussi bien du gouvernement grec, qui n'a absolument pas bougé, que du nonce du Pape. Ils ont retenu que l'Archevêque avait simplement déclaré que les relations se poursuivraient sur le terrain diplomatique et ecclésiastique. Cependant, il a également trouvé une réponse dans l'attitude d'immobilité du Patriarche oecuménique lequel, surpris par l'énormité de cette maladresse diplomatique, a de nouveau signalé ses intentions de continuer sa communion sur tous les plans avec le Vatican.
Epignosis N41, Printemps 1992.
LE MOUVEMENT OECUMÉNIQUE
et l'Encyclique de 1920
En 1920, lorsque le Patriarcat de Constantinople prêcha publiquement pour la première fois, dans son Encyclique «A toutes les Eglises du Christ», l'hérésie de l'oecuménisme, il jalonnait en même temps le chemin qu'allaient suivre tous les événements ecclésiaux qui se produisirent par la suite dans le champ de l'Eglise. Telle une charte fondatrice, cette Encyclique exprimait les buts de tous les chefs d'Eglise qui ont présidé au mouvement oecuménique.
Nous en reproduisons ci-dessous les points les plus importants, souhaitant que les lecteurs puissent faire le lien avec tous les événements qui, depuis soixante-dix ans, ont consommé la trahison de la foi.
«Notre Eglise, estimant que le rapprochement mutuel des diverses Eglises chrétiennes et l'intercommunion ne sont pas empêchés par les différences dogmatiques qui existent entre elles, et pensant qu'un tel rapprochement est tout-à-fait souhaitable, nécessaire et utile à de multiples titres, à la fois pour l'intérêt bien compris de chacune des Eglises particulières et pour tout le corps chrétien, ainsi que pour préparer et faciliter l'union totale et bénie qui, Dieu voulant, se fera un jour, a jugé que l'époque actuelle est tout-à-fait favorable pour soulever et traiter en commun cette question essentielle...
«C'est pourquoi, estimant que pour cet acte juste et droit, le moment favorable est maintenant venu, avec l'union heureusement réalisée de toutes les nations dans une Société des Nations, nous prenons hardiment l'initiative de proposer ici en quelques points nos réflexions et notre opinion sur la manière dont nous envisageons ce rapprochement et cette union des Eglises et dont nous les jugeons possibles, demandant instamment et attendant le jugement et l'opinion, aussi bien des autres chrétiens d'Orient nos frères que des vénérables Eglises chrétiennes d'Occident et de partout ailleurs.
«Nous pensons donc, pour notre part, que deux choses majeures peuvent contribuer à ce rapprochement si désiré et si utile, le réaliser et le manifester.
«Et en premier lieu nous considérons qu'il est indispensable et nécessaire d'enlever et d'éloigner toute suspicion des uns à l'égard des autres et toute mésentente entre les différentes Eglises, provoquées par la propension qu'ont encore certaines d'entre elles à faire du prosélytisme et à prendre au piège les brebis des autres confessions.
«Une fois rétablies, avant toute autre chose, la sincérité et la confiance entre les Eglises, nous estimons qu'il convient en second lieu de renflammer et de renforcer avant tout l'amour entre les Eglises, chacune devant considérer les autres non comme étrangères ou différentes mais comme membres de la même famille et de la maison du Christ, «cohéritiers et formant un même corps participant de la promesse de Dieu en Christ» (Eph.3,6).
«Cette amitié et ces bons sentiments mutuels peuvent se manifester et prouver plus particulièrement, selon nous, par les moyens suivants :
1. l'adoption d'un calendrier unique pour la célébration simultanée des grandes fêtes chrétiennes par toutes les Eglises ;
2. l'échange de lettres fraternelles lors des grandes fêtes ecclésiastiques annuelles, selon la coutume, et dans d'autres occasions importantes.
3. des relations plus fraternelles nouées entre les représentants des diverses Eglises, partout où ils pourront se trouver.
4. l'établissement de relations entre les écoles théologiques et entre les représentants de la science théologique et l'échange des livres et revues théologiques et ecclésiastiques publiés dans chaque Eglise.
5. l'envoi des étudiants d'une Eglise dans les écoles d'une autre.
6. la convocation d'assemblées pan-chrétiennes pour l'examen de questions d'intérêt général pour toutes les Eglises.
7. l'examen dépassionné et à visée purement historique des différences dogmatiques, en chaire et dans des écrits...»
Suivant fidèlement cette lettre, proclamée dès 1920, le Patriarche Mélétios Métaxakis a introduit en 1924 le calendrier papiste. En 1965, le Patriarche Athénagoras a levé les anathèmes du schisme Orient/Occident. Marchant sur les mêmes traces, le Patriarche Dimitri est même allé jusqu'à la prière commune, les dialogues et les concélébrations avec les hérétiques. Les objectifs du Patriarche nouvellement élu Bartholomée vont aussi dans ce sens, à en croire les proclamations oecuménistes qu'il a faites lors de son intronisation.
Epignosis, N41, 5ème année, printemps 1992.
Introduction
La lecture de la presse que nous publions ci-dessous est extraite de différents journaux grecs difficilement accessibles au lecteur français. Elle ne tient pas lieu de chronique générale de l'orthodoxie, mais elle a pour but de souligner les événements que la plupart des milieux «orthodoxes» en France se gardent bien d'évoquer. A ce titre, l'expulsion manu militari des moines de la skite du Prophète Elie au Mont Athos, sur ordre du Patriarcat Oecuménique, nous semble un cas exemplaire de fanatisme, un acte d'intolérance gratuite accompli par ceux qui usent le papier des communiqués de presse par leurs déclarations hypocrites d'amour oecuménique du prochain.
Depuis longtemps, dans La Lumière du Thabor, nous protestons contre l'action des néo-athonites, ces moines issus de «fraternités» étrangères à la Sainte Montagne, qui se sont emparés, à l'époque de la Dictature des Colonels, de plusieurs monastères et qui, maintenant, contrôlent la Sacrée Communauté1. Ces néo-athonites chassent, violentent, pillent, quand ils le peuvent, les moines zélotes. Nous avions, jadis, publié des articles de la presse grecque sur cette persécution des moines zélotes. Certains milieux liés à l'Eglise Russe Hors Frontières avaient alors fait une campagne privée et publique contre notre revue, jugeant ces informations sur les néo-athonites erronées. Maintenant, avec la skite du Prophète Elie, c'est l'Eglise Russe Hors Frontières qui est frappée par l'intolérance des néo-athonites, laquelle a, entre temps, été dénoncée aussi dans le livre du Père Maxime Lavriotis, Human Rights on Mount Athos, dont nous avions rendu compte dans le numéro 27 de La Lumière du Thabor. C'est là encore notre devoir d'informer nos lecteurs sur ce qu'un prêtre grec avait jadis appelé «l'oecuménisme sans masque».
Que s'est-il passé, à la Mi-Pentecôte, le 20 mai 1992 ?
Vers midi, le secrétaire du gouverneur civil de l'Athos, M.Omiros Photiadis, est arrivé à l'impromptu en jeep à la skite, accompagné de quelques policiers en civil. Dès son arrivée, il informe les Pères de la skite qu'une commission du Patriarcat est en train de visiter le monastère dont dépend la skite, celui du Pantocrator, et qu'elle viendra ensuite chez eux. Il leur demande de répondre avec diplomatie aux demandes que cette commission va leur adresser, afin d'éviter les ennuis. Il leur fait savoir que le gouverneur civil de l'Athos, M.Constantin Papoulidis, est absent, à Thessalonique et que l'assistant du gouverneur, M.Nicolas Papadimitriou, se trouve à Athènes.
Au milieu de l'après-midi, plusieurs jeeps et camions apportent le Métropolite Athanase d'Héliopolis, président de la Commission patriarcale, un archidiacre secrétaire de la commission, des membres de la Sacrée Epistasie -c'est-à-dire du comité exécutif de la Sacrée Communauté du Mont Athos- avec leur secrétaire, le P.Damaskinos et un grand nombre de moines et de policiers, tous en civil. Alors le Métropolite est reçu avec respect à l'église, avant la cérémonie habituelle des rafraîchissements.
Quand tous sont assis et servis, le Métropolite annonce qu'une nouvelle communauté vient d'être installée au monastère du Pantocrator, dont dépend la skite. Il a fait entrer le nouvel higoumène, l'Archimandrite Bessarion, qui vient de la communauté du monastère de Xénophon, et certains des moines présents, dans le nouveau conseil dirigeant du monastère.
Le Métropolite demande alors combien de personnes vivent à la skite. P.Séraphim répond qu'il s'y trouve deux moines inscrits sur la liste officielle (Monachologion) et deux autres non encore inscrits. On rectifie alors les différences qui existent entre la liste officielle des moines dépendants du Pantocrator et la liste générale détenue par la Sacrée Communauté.
Puis, le Métropolite demande quel évêque les Pères de la skite commémorent dans les offices. P.Séraphim répond : «Tous les Evêques Orthodoxes», c'est-à-dire l'une des formules utilisées par ceux qui ne commémorent pas le nom du Patriarche2. Le Métropolite demande alors au secrétaire de l'Epistasie de lire l'article 5 de la Constitution de l'Athos. La lecture achevée, il proclame que les moines de la skite sont schismatiques et ordonne qu'on les expulse immédiatement.
Père Joannice demande si le gouverneur civil a pris un décret quelconque à ce sujet. M.Photiadis bondit et, brandissant un exemplaire de la Constitution sous le nez de Père Joannice, il lui montre un article en criant : «La voilà, la loi !»
Aucun document écrit n'a été montré aux Pères de la skite. On ne leur a pas dit quel était leur schisme, on ne leur pas donné la faculté de se défendre, et quand Père Joannice l'a demandée, le Métropolite a glapi : «Nous ne sommes pas venus ici pour discuter ; nous sommes venus mettre les choses en ordre».
Voyant que toute résistance est inutile, et que les policiers sont prêts d'utiliser la force, les Pères acceptent de partir. Accompagnés chacun par un policier qui les presse de faire vite, ils prennent quelques affaires dans leurs cellules, vont vénérer une dernière fois les saintes icônes et les saintes reliques de la grande église de leur skite, chantent le tropaire du Prophète Elie devant la porte du monastère, montent dans une jeep, et s'en vont vers Daphni. Ils croisent une jeep dans laquelle M.Papadimitriou, vice-gouverneur, conduit le Protos de l'Athos (chef du gouvernement), l'Archimandrite Athanase, du monastère de Vatopédi, vers leur skite. Du port de Daphni, un navire rapide les emporte en Grèce et les laisse à quai à Ouranopolis, peu après le coucher du soleil.
Tels sont les faits. La procédure suivie est un scandale pour le monde civilisé. A supposer que les moines expulsés fussent schismatiques, ils avaient, de par la Charte Constitutionnelle de l'Athos, et en vertu des canons de l'Eglise, droit à un procès régulier. «Notre loi condamne-t-elle quelqu'un sans l'entendre ?» (Jn 7,51). Les droits de l'homme sont bafoués. Ces actes honteux -les Eglises qui s'appellent elles-mêmes «officielles» le sont comme des képis de Police- ont suscité les réactions suivantes que nous publions ci-dessous.
DES MOINES DE L'ATHOS
expulsés sans sommation
Par une décision du Patriarche Oecuménique, qui a été transmise à la Sacrée Epistasie, instance suprême du gouvernement ecclésiastique de l'Athos, par une commission de trois membres de l'Exarchat du Trône Oecuménique, ayant à sa tête le Révérendissime Métropolite de Philadelphie, Monseigneur Méliton, ordre a été donné et presque aussitôt exécuté, de procéder à l'expulsion de six moines d'obédience américaine, qui vivaient dans l'ascèse à la sainte skite du Prophète Elie. Parmi eux, l'higoumène de cette skite, le Père Séraphim, qui vit depuis vingt ans, sans interruption, sur la Sainte Montagne.
Les moines ont été chassés pour cause de schisme, parce qu'ils ne reconnaissent pas l'autorité spirituelle du Patriarcat Oecuménique et que, dans leur pays d'origine, ils étaient membres de l'Eglise Russe de la Diaspora qui n'est pas reconnue par le Patriarcat Oecuménique ni par l'Eglise russe de Moscou.
Cette affaire a trouvé un large écho dans la presse, qui a donné différents «scénarios» de l'expulsion.
Orthodoxos Typos, N982 du 26 juin 1992.
EXPULSION SANS PRECEDENT :
Les Moines de la Skite du Prophète Elie
chassés de l'Athos
A une heure de Caryès, capitale de la Sainte Montagne, se trouve la skite du Prophète Elie, rattachée au saint monastère du Pantocrator. Depuis 1973, elle était dirigée, de façon légale et canonique, par un higoumène venu d'Amérique, le hiéromoine Séraphim Babich.
Le Père Séraphim, qui se trouve depuis 1970 sur la Sainte Montagne, est parvenu, avec sa synodie, à restaurer et à embellir cette skite imposante, aux prix de grands efforts et de grandes dépenses.
La skite a cessé, depuis 1957, de commémorer le patriarche oecuménique, parce qu'elle n'était pas d'accord avec la ligne philo-papiste suivie par le Patriarcat de Constantinople dans le cadre du «Mouvement Oecuménique».
Ce mouvement est considéré par tous les orthodoxes comme hérétique, ainsi que la Sainte Montagne l'a fréquemment déclaré sans ambiguïté dans le passé, et que vient de le rappeler Sa Béatitude le Patriarche Diodore de Jérusalem dans la toute récente Assemblée du Phanar (15 mars).
A partir de 1985 la skite du Prophète Elie a commencé de subir des pressions, qui avaient pour but de lui faire reprendre la commémoration du Patriarche Oecuménique, mais elle n'a pas cédé.
Le 20 mai de cette année-ci, le Mercredi de la Mi-Pentecôte, la skite du Prophète Elie a été soudain investie par une horde de policiers, de moines et de hiéromoines, avec, en tête, le légat patriarcal Athanase, évêque d'Héliopolis.
Sans ménagement, Père Séraphim et les autres Pères de la skite, sont alors placés, d'une manière intolérable, au milieu du tumulte et de la confusion, devant l'alternative suivante : ou bien ils acceptent de commémorer le Patriarche ou bien ils quittent la Sainte Montagne sur-le-champ !
Les Pères refusent la commémoration demandée et demandent s'il existe un décret du gouvenement imposant leur expulsion. Un tel décret n'a jamais existé. Les Pères demandent alors un délai de trois jours pour rassembler leurs affaires. Ce délai même leur est refusé !
Avec la synodie et sous le regard sévère des policiers, les Pères de la skite prennent à la hâte quelques affaires dans leurs cellules. Ensuite, on les fait monter en jeep ; le convoi passe Caryès et atteint le port de Daphni où l'on embarque les Pères sur un hors-bord qui les transportent à Ouranopolis, où leurs persécuteurs les abandonnent sans miséricorde.
Pendant ce temps, la skite est pillée par les moines du monastère du Pantocrator et mise sous la garde d'un fort contingent de policier en armes !
Les Pères de la skite, déjà victimes de cet incroyable abus de pouvoir de la part des autorités ecclésiastiques et politiques, qui constitue une persécution indiscutable de la foi, continuent d'être poursuivis, parce qu'on leur refuse leurs passeports -ils sont citoyens américains.
Le gouvernement refuse également de donner un texte officiel émané de l'Etat, exposant les raisons de leur expulsion. Les moines de la skite du Prophète Elie protestent énergiquement contre leur expulsion illégale hors du Jardin de la Toute Sainte ; ils dénoncent le comportement anti-chrétien, anti-fraternel et barbare de leurs persécuteurs, moines, hiéromoines et policiers ; ils indiquent qu'une persécution se trouve programmée, qui couvrira l'ensemble de la Sainte Montagne, visant tous les Pères qui s'opposent à la ligne oecuméniste et anti-orthodoxe du Patriarche Oecuménique ; enfin ils déclarent qu'ils vont lutter par tous les moyens légaux pour rentrer dans leur skite.
Le 31 mai 1992, dimanche de l'Aveugle-Né.
Archimandrite Séraphim, higoumène de la Skite.
Hagios Kyprianos, N247, mars-avril 1992.
LETTRE OUVERTE
à son Excellence le Premier Ministre de Grèce
Monsieur Constantin Mitsotakis,
à tous les partis de Grèce, au clergé et au peuple grec orthodoxe.
Excellence,
Le 6/19 mai 1992 a été perpétré sur la Sainte Montagne un acte qui s'apparente aux violences religieuses du Moyen Age hérétique. Deux évêques du Patriarcat Oecuménique, avec l'assistance de la Sacrée Communauté et l'aide des forces de police, ont commis les abus que voici :
Pour commencer, par une transgression audacieuse de la Charte Constitutionnelle de la Sainte Montagne, qui garantit l'autonomie du gouvernement des saints monastères, ils ont forcé l'Administration du saint monastère du Pantocrator -sous menace de déposition et d'expulsion- d'accueillir douze moines venus du saint monastère de Xénophon de la Sainte Montagne. Ils ont placé la plupart de ces jeunes moines de Xénophon parmi les Administrateurs du saint monastère du Pantocrator, leur donnant ainsi la majorité dans l'organe de décision. Ils ont ainsi bel et bien balayé l'Administration légale et canonique qui était jusqu'ici celle du Pantocrator.
Ils ont exigé des Pères du Pantocrator un texte signé approuvant leur intrusion comme une chose juste et admissible ! Puis, ils ont chassé du monastère deux hiéromoines et quatre moines... sans la moindre raison !...
Cela fait, ils se sont rendus à la skite russe du Prophète Elie et, manu militari, avec le commandement policier de l'Athos... ils ont jetés dans une auto les quatre moines qui se trouvaient présents, sur les huit Pères que compte la skite, et ils les ont déportés hors des frontières de la Sainte Montagne ! Et le plus scandaleux est qu'ils les ont chassés de chez eux par la force, sans le moindre arrêt d'expulsion, sans leur signifier aucune décision prise à leur encontre ! Et sans leur permettre même de prendre...leurs affaires personnelles ! En même temps, à leur place, ils ont logé immédiatement d'autres moines à la skite, comme maîtres des lieux. Quant aux quatre autres pères vivant à la skite qui se trouvaient absents, quelque part sur la Sainte Montagne, au moment de cette inqualifiable incursion, on ne les a pas autorisés à rentrer dans leur skite !...
L'expulsion des moines de la sainte skite du Prophète Elie était restée ignorée de la plus haute instance dirigeante de la Sainte Montagne, la Sacrée Communauté, bien que cette dernière ait été parti prenante dans la commune et sacrée Commission, laquelle n'avait reçu d'ordre que pour s'immiscer au sein du monastère du Pantocrator, et non pour expulser les moines de la skite du Prophète Elie. Assurément, par la suite, la Communauté a reconnu le fait, et a entériné l'expulsion des moines et l'installation illégale d'autres moines, venus de la skite de Xénophon !
Et pourquoi cette persécution ? Parce que les moines chassés de la skite ne mentionnaient pas dans leur église le nom du Patriarche Oecuménique. Tel étant le cas, pourquoi n'ont-ils pas établi un tribunal pour les juger, comme le prévoit la Charte Constitutionnelle de la Sainte Montagne ? Sans aucun doute, parce qu'ils n'ont pas envie d'entendre, dans l'Assemblée plénière de la Sacrée Communauté, les vraies accusations qu'ils portent contre le Phanar, qui, depuis 1965, accepte le papisme comme «conforme et égal en honneur» à l'orthodoxie, comme possédant la même succession apostolique et les mêmes mystères ! Comme Episkepsis l'écrivait dernièrement, tout cela «ne peut être considéré comme propriété exclusive de l'une des nos Eglises» (Epsikepsis, 1er juillet 1991, p.9).
Toutefois, il n'est pas possible que la conscience orthodoxe hagiorite accepte cela, elle qui se souvient des Pères de la Sainte Montagne martyrisés par les papistes sous Jean Beccos. La foi dans les Traditions de l'orthodoxie réveille la mémoire de ces jours anciens où des hommes de sagesse et de vertu illustraient le trône oecuménique, tel le Patriarche de bienheureuse mémoire Joseph le Confesseur, au XIIIème siècle, qui, parlant de l'hérésie papiste, donnait ce conseil aux chefs de l'Eglise et au peuple fidèle : Voici que je vous dis, avec Paul : si vous cédez aux Latins, le Christ ne vous servira de rien ! Et deux siècles plus tard, Rome ayant persisté à ne pas faire pénitence, le célèbre Gennade Scholarios dit à ses concitoyens de Constantinople : Celui qui le confessera (le pape) comme dispensant fidèlement la parole de vérité, confessera du même coup que ses propres ancêtres étaient des hérétiques ! Et le pasteur aimé du peuple, le pédagogue de la Nation, saint Cosmas d'Etolie : «Maudissez le pape, car c'est lui qui sera la cause». En 1839, l'Encyclique des Patriarches Orientaux proclamait :
«Nous avons fait cet exposé...afin que vous connaissiez quelle immense différence nous sépare, nous orthodoxes, des «catolyques» et afin que vous ne vous laissiez pas tromper désormais par les sophismes et les vaines paroles de ces hérétiques meurtriers des âmes, qui, en suivant leurs arguties sophistiques et leurs enseignements outrés...ont fait naufrage quant à la foi, pour parler avec Paul, et luttent de toutes leurs forces pour en attirer d'autres dans le même gouffre et faire de nous des prosélytes de leur propre hérésie présomptueuse et satanique...»
Aujourd'hui encore, le papisme lutte contre la Grèce et contre l'orthodoxie : les prières et les messages prononcés dans la pseudo-langue macédonienne, la reconnaissance, depuis des années, de la soi-disant Eglise pseudo-macédonienne et le soutien apporté aux positions anti-helléniques des Scopiens prouvent abondamment ce que nous avançons !
Comme si ne suffisaient pas les huit cent mille orthodoxes serbes, victimes pacifiques et innocentes, qui périrent, dans des conditions atroces et épouvantables, sous la main des Croates papistes, par l'ordre du pape sanguinaire, voici qu'aujourd'hui, du fait de l'uniatisme et des guerres de religion, le papisme combat ouvertement les Patriarcats orthodoxes d'Orient.
Les gens du Patriarcat et leurs alliés de l'Athos menacent de chasser, également, les cent soixante autres Pères hagiorites zélotes, qui refusent de commémorer le nom du Patriarche oecuménique à l'Eglise, à cause de la foi orthodoxe qu'ils ont reçue de leurs Pères, et qui est diamétralement opposée à la panhérésie de l'oecuménisme !
A elle seule, cette menace qu'ils font d'user de violence montre que ces hommes sont coupables, et étrangers à l'idéal monastique.
De nos jours, on entend mille éloges de la liberté de conscience : pourquoi en priver la Sainte Montagne ? Vous-même, Excellence, vous l'avez admise à présent jusque dans l'armée, en dispensant les millénaristes anti-patriotes de porter les armes. Serons-nous les seuls à être privés de ce bienfait ?
La Protectrice de la Sainte Montagne, Notre Souveraine la Mère de Dieu, ne veut y voir, comme moines, que des orthodoxes. Au contraire, aujourd'hui, nous voyons que les moines orthodoxes en sont chassés par les alliés des «ennemis de Son Fils», de l'aveu même de la Mère de Dieu.
L'Exarchat du Patriarcat3, par les actions qu'on vient de rapporter, a montré à l'évidence les buts du Phanar et de ses alliés hagiorites : «Lutte sans merci contre les Pères qui s'opposent à l'uniatisme, en vue de l'union avec toutes les hérésies et avec toutes les religions». A présent, cependant, grâce aux déclarations, faites à la presse et ailleurs, de ceux qui ont été chassés, la Grèce et l'étranger sont informés de ce qui s'est passé sur la Sainte Montagne. Et comme quelqu'un l'a remarqué judicieusement : «Les persécutions religieuses ont pris fin en Russie et voici qu'elles commencent en Grèce !»
Excellence,
Il faut que vous sachiez que depuis les années 70, sur la Montagne de l'Athos, se déroule, dans le secret et dans le silence, une persécution religieuse contre les moines qui sont restés fidèles aux traditions de l'orthodoxie ! Leurs persécuteurs sont les gens du patriarcats et des Sacrées Communautés qui se succèdent à la tête de l'Athos. Ces hommes, agissant de concert : a) ne permettent à aucun des moines anti-uniates, quelque âgé qu'il soit, de prendre un disciple pour l'aider ; 2) ils ne permettent pas non plus à aucun de ces moines d'acheter une cellule pour y vivre en moine.
Leur intention vise à l'élimination progressive des Hagiorites zélotes, afin de donner aux fidèles l'impression que personne, sur la Sainte Montagne, ne s'oppose à la célébration de l'union qui trahira la foi.
Comme il est probable que ceci ne soit pas venu à votre connaissance, nous vous faisons savoir, Monsieur le Premier Ministre, que depuis 1990 circule un livre rédigé en anglais par le savant moine Maxime de la Grande Laure et consacré à la violation des Droits de l'Homme sur la Sainte Montagne ! Son titre : Human Rights on Mount Athos. An appeal to the civilized world. Cet ouvrage a été envoyé aux responsables de Grèce et de l'étranger, et il aborde, à côté d'autres sujets, celui des persécutions subies par les moines zélotes (p.13-14). Maintenant que la dernière de ces persécutions a été connue, que doivent dire les amis de la Communauté Européenne et quelle exploitation ne vont pas en faire les Turcs, toujours à l'affût d'un prétexte, eux qui accusent, comme on sait, la Grèce d'être un pays anti-démocratique ?...
Oui, comment ne prêterions-nous pas nous-mêmes le flanc à cette critique, du moment que le «clergé» des confessions étrangères est reçu comme tel dans les monastères, tandis que les clercs de l'Ancien Calendrier ne le sont pas ! Hélas, les événements qui eurent lieu avant la prise de la Reine des Villes se reproduisent. L'Histoire aurait dû nous apprendre à tous, Monsieur le Premier Ministre, que Dieu nous bénit, nous les Grecs, seulement lorsque nous gardons intacte la Foi Orthodoxe sans jamais en altérer le vin pur, que ce soit sous le prétexte d'un amour mensonger et d'une économie anti-canonique, ou, pire encore, dans l'espoir d'un gain matériel !...
Enfin, nous souhaitons, nous tous les Pères victimes des persécutions, que vous désiriez l'alliance de Dieu et non l'amitié des puissants de la terre. Nous, cependant, d'une seule bouche, avec le Patriarche de Constantinople Gennade Scholarios le Confesseur, nous disons : «Je ne te renierai pas, chère Orthodoxie ; je ne te trahirai pas, piété de mes aïeux... Et je refuserai toujours la communion avec le Pape et avec ceux qui communient avec lui, tout comme l'ont refusée nos Pères».
En conséquence nous vous supplions ardemment :
1. De révoquer les expulsions illégales des moines orthodoxes chassés pour la seule raison qu'ils ont gardé la foi orthodoxe.
2. De faire cesser les pressions de toute sorte exercées depuis une vingtaine d'années contre le monastère orthodoxe d'Esphigménou, pressions qui se sont intensifiées tout dernièrement, sous votre gouvernement. Et l'on entend bon nombre de rumeurs annonçant qu'une persécution totale est sur le point d'éclater.
3. De ne pas faire passer de loi considérant comme un délit le fait, pour les Moines chassés de la Sainte Montagne à cause de leur foi orthodoxe, de rentrer dans le lieu de leur pénitence et de retourner à l'Athos.
4. De permettre que les Père zélotes de la Sainte Montagne puissent tonsurer quelqu'un et lui céder leurs biens, ce que leur refusent actuellement les monastères de la Sainte Montagne !
5. En ce qui nous concerne, nous ceux d'Esphigménou, nous n'accepterons pas la violence, quelle qu'elle soit et d'où qu'elle vienne, et que nous n'abandonnerons pas notre Pénitence4, comme le firent les Saints Martyrs de l'époque de Beccos, préférant la mort à la trahison, la plus minime soit-elle, de la Foi Orthodoxe.
Avec tout le respect qui vous est dû.
Signé : L'higoumène du saint monastère d'Esphigménou, l'Archimandrite Euthyme, et la Fraternité du saint monastère d'Esphigménou. Suivent les signatures de 49 moines et de 5 novices d'Esphigménou, puis des moines de Kérasia, de la skite de saint Basile, de la skite de Sainte Anne et d'autres monastères (des Ibères, de Saint Nil, des Karoulia, de Saint Constantin, de la Nouvelle Skite, de Katounakia, de Karyès, de Kapsala, des Saints Archanges, de Simonos-Petra, de Kavsokalyvie, de Saint Georges, de Saint Pierre l'Athonite, des Saints Anargyres, de la Vénérable Croix, de Tous les Saints, des Saints Apôtres, de Saint Nicolas, de Saint Georges des Brebis, de Saint Dimitri, du Vénérable Précurseur, de Saint Nicodème, de l'Entrée de la Mère de Dieu, de Saint Charalambos, de Koutloumousiou, etc). En tout, cent soixante quatre signataires ont approuvé cette lettre publiée dans un numéro spécial du périodique athonite Hagios Agathangelos ou Agathange qu'édite le monastère zélote d'Esphigménou.
Agathange, numéro spécial, N130 A, du 23 mai 1992.
LA VOIX ORTHODOXE
du Patriarche Diodore
au synode d'Istanbul
Le Patriarche de Jérusalem Diodore a brisé les projets des oecuménistes, en refusant de souscrire à la trahison de l'orthodoxie, perpétrée par les autres proèdres de l'Eglise. Voici quelques citations de son important mémoire, qui a été lu au synode d'Istanbul (13-15 mars 1992).
Condamnation de l'uniatisme
«Il est naturel que notre présente réunion ne se contente pas simplement de descriptions et de constatations, mais qu'elle exprime en toute franchise ses sentiments -des sentiments d'amertume, en l'occurence, devant la conduite de certains chrétiens qui, lorsqu'ils en ont eu l'occasion, "se sont glissés parmi nous, pour épier la liberté que nous avons en Jésus Christ, avec l'intention de nous asservir". L'expression outrageante dont s'est servi le Pape, chef des catholiques romains, lorsqu'il a parlé d'une "re-évangélisation de l'Europe", comme si les peuples orthodoxes de l'Europe orientale ne connaissaient plus le Christ, doit nous inciter tous à examiner sérieusement, et avec inquiétude, les projets anti-orthodoxes du Catholicisme. Il ne faut pas dormir, en rassurant et soi-même et les autres sur le prétendu changement des intentions de Rome et son désir louable de poursuivre le dialogue d'amour avec l'Eglise orthodoxe. Les événements tragiques qui viennent de se dérouler, montrent malheureusement qu'il n'en est rien, mais que la haine les anime. Notre peuple fidèle, notre peuple orthodoxe n'accepte pas de solutions diplomatiques et ne veut pas de marchandages sur les questions de foi. Voilà pourquoi il attend anxieusement de nous que nous fassions entendre la voix de l'orthodoxie, la voix de la vérité, laquelle ose appeler le mal par son nom, dénonce le mensonge, et condamne sans phrases toute entreprise antichrétienne et antiorthodoxe, d'où qu'elle vienne. Le peuple attend la condamnation des chefs et des partisans de l'uniatisme, il attend la condamnation des actes des catholiques romains en général, et en particulier de ceux du Pape, qui suscite ou encourage la violence et les actions brutales de l'uniatisme à l'endroit des orthodoxes.
Nécessité de rompre le dialogue avec les latins
«Pour toutes ces raisons, la poursuite des dialogues théologiques avec les catholiques romains n'est plus désormais d'aucune utilité. Notre très sainte Eglise de Jérusalem, a demandé, à maintes reprises, qu'il soit mis fin au prosélytisme des catholiques romains à l'égard des fidèles orthodoxes et qu'on arrête l'uniatisme, lequel recourt depuis toujours à toutes sortes de manoeuvres et de ruses pour atteindre son but, dans tout le Moyen Orient et notamment sur les Lieux Saints. Ensuite, par ses représentants et dans des protestations écrites, elle s'est plaint, dans le cadre du dialogue théologique biparti, des agissements qui lui font du tort. Enfin, jugeant qu'elle perdait sa peine à dialoguer avec eux et que la poursuite des relations avec des gens qui ne font jamais pénitence ne mène à rien, elle a, d'accord avec le commandement de l'Apôtre des Gentils : "Pour l'hérétique, après un premier et un second avertissement, éloigne-toi de lui", rompu le dialogue théologique et séparé sa position, jugeant que c'était la seule réponse valable, face à la saignée de notre troupeau, et en signe de protestation.
«Cependant, au delà de la propagande religieuse et du prosélytisme des catholiques romains, notre Patriarcat a également en vue leurs menées sournoises pour supplanter les orthodoxes aux Lieux Saints, et y accroître leur influence, par les manoeuvres de la diplomatie vaticane et ses interventions dans le choeur international des puissances européennes catholiques.
«C'est pourquoi nous estimons digne d'éloges la résolution de la Très Sainte Eglise de Grèce qui, lors de la première réunion ordinaire du Sacré Synode Permanent du mois de février, a dénoncé "la ruse habituelle de Rome" et a demandé à l'Etat grec "la rupture des relations diplomatiques entre le Vatican et l'Hellade" et a signalé que le dialogue avec Rome "s'est révélé dénué de sincérité et d'amour fraternel à l'égard de l'ensemble des orthodoxes". Nous félicitons donc le Révérendissime Archevêque d'Athènes et de l'Hellade, Mgr Séraphim, pour sa courageuse condamnation télévisée des actes du Vatican. Tant l'interruption du dialogue théologique par notre Eglise de Jérusalem, que la résolution de l'Eglise de Grèce, acclamées par les fidèles orthodoxes, apparaissent comme l'attitude qui s'impose à nous, appelés que nous sommes à répondre au questionnement de tous les Orthodoxes qui veulent savoir comment faire face aux agressions des uniates et des catholiques romains.
«Dans le même esprit, nous pensons que les dialogues théologiques avec les hétérodoxes en général, n'ont aucun résultat positif. On a vu des hétérodoxes abandonner leur thèse fondamentale, mais pour adopter de nouvelles théories, étrangères à l'esprit de l'Eglise. C'est avec de tels hommes que certains évêques orthodoxes discutent et, pis que cela, prient en commun, au grand scandale des fidèles et au préjudice de leur propre âme.
Le retour des monophysites
et des autres hérétiques
doit se faire selon les canons
Il ne suffit pas d'accepter une partie de la Vérité
«L'optimisme règne aussi relativement à l'issue prétendue "positive" du dialogue noué avec les anti-chalcédoniens, qui ont été condamnés à plusieurs reprises pour leur persistance dans l'hérésie et dans la cacodoxie. Notre Très Sainte Eglise de Jérusalem, qui reste immuablement attachée aux décisions du saint Concile Oecuménique de Chalcédoine et aux Conciles saints et oecuméniques suivants, sans rejeter aucun de leurs décrets ni les soumettre à nouvel examen, a également rompu le dialogue théologique avec les monophysites.
«Elle n'exclut cependant pas la possibilité de leur retour et de leur réception dans le sein de notre Très Sainte Eglise Orthodoxe. Le mode de réception des hétérodoxes est bien connu : il leur faut accepter pleinement l'Eglise, laquelle s'exprime dans la totalité des décrets et des décisions des Conciles oecuméniques, sans la moindre exception.
«L'acceptation d'une partie seulement de l'enseignement de l'Eglise orthodoxe, autrement dit le choix de certains décrets des Conciles oecuméniques, adoptés par les hétérodoxes selon leur bon plaisir et l'utilité qu'ils en tirent, comme le choix que font, dans le cas présent, les anti-chalcédoniens, ne saurait constituer la preuve de leur réunion à notre très Sainte Eglise orthodoxe mais, tout au contraire, va l'embarrasser elle-même dans toutes sortes de vicissitudes et de divisions, qui épuiseront la santé de Son corps. Pour cette raison il est nécessaire que, dans cette fraternelle Synaxe, nous vous fassions connaître, à vous, Nos Révérendissimes Frères, la décision de notre Sainte Eglise, de se retirer aussi de ce dialogue, qui, en dehors de l'estimation positive qu'on fait de son progrès et même s'il doit se développer ultérieurement de meilleure façon, ne servira rigoureusement à rien si l'on n'y met comme condition préalable la pleine acceptation de l'enseignement orthodoxe.
Lamentations sur la participation
des Eglises orthodoxes au pandémonium
des prières en commun
«Mais, si telle est la progression des dialogues théologiques avec les hétérodoxes, que dire de la participation active des Eglises orthodoxes au Conseil Oecuménique des Eglises ? La composition de ce pot-pourri formé d'une multitude d'«Eglises» d'origines diverses, de groupes protestants, de congrégations et de leurs ramifications, n'en fait pas le lieu idéal pour l'exposition de la richesse spirituelle de notre Très Sainte Eglise Orthodoxe.
«Sans aucun doute, l'orthodoxie est le diamant de la foi en Christ, et, comme une pierre de grand prix, elle conserve sa valeur, où qu'elle soit, pourvu qu'on la trouve !
«Dans ce pot pourri de confessions chrétiennes, la voix orthodoxe s'élève certes, mais elle se perd dans l'océan des votes du C.O.E., dont le style comme le contenu sont très loin de la confession droite. Si l'on se reporte à l'image, douloureuse du point de vue orthodoxe, que suscitent les assemblées inaugurales, les fêtes de clôture des travaux et, d'une manière générale, les déclarations du C.O.E., on voit qu'elles possèdent un caractère liturgique propre, et qu'elles réunissent un pandémonium de prières et de cultes communs, d'un syncrétisme anti-orthodoxe, comme il y en a eu récemment à Camberra d'Australie, non sans le chagrin, nous en sommes certains, des hiérarques orthodoxes qui y ont participé tragiquement, comme s'ils applaudissaient et bénissaient ce qui se passait.
Dénonciation internationale du pape et des uniates
Le Patriarche désapprouve la condamnation des Eglises Orthodoxes : Catacombes de Russie, Eglise Russe Hors Frontières,
Paléocalendaristes de Grèce et d'ailleurs
«A la suite des constatations ci-dessus que chacun de nous a pu faire, il convient de dénoncer au niveau international le rôle essentiel du Pape de Rome dans les événements tragiques qui atteignent les fidèles orthodoxes, et il faut condamner les violences et les actes de prosélytisme des catholiques romains et des uniates qu'ils commandent et qu'ils renforcent. De même, il convient que nous arrêtions notre décision sur la rupture des dialogues théologiques avec les catholiques romains et avec les hétérodoxes en général, faute de quoi le peuple orthodoxe mettra en doute les principes et les buts du présent synode. Avec justesse, les fidèles orthodoxes vont demander pourquoi nous condamnons sans discussion certains groupes orthodoxes, sans parler d'ouvrir avec eux un dialogue d'amour, au moment même où l'Eglise orthodoxe engage un dialogue avec les hérétiques ! Comment justifier l'affirmation qu'il faut s'abstenir de toute communion avec ce type de groupements, si nous nous trouvons, à temps et à contretemps, dans les embrassades avec les hétérodoxes ?
La position du Patriarche
sur les thèmes du Synode d'Istanbul
«Devant cette sacrée Synaxe, profondément conscients de notre vocation et de nos responsabilités, ainsi que de la promesse que nous avons faite de «dispenser fidèlement la parole de vérité», nous résumons comme suit la position de notre Très Sainte Eglise de Jérusalem sur les thèmes qui nous sont aujourd'hui proposés :
«Notre Très Sainte Eglise de Jérusalem :
1) Reçoit et garde toutes les décisions et les décrets des saints conciles oecuméniques et locaux, tous ceux que notre sainte Eglise orthodoxe, la Tradition sacrée et la pratique de l'Eglise nous commande de vénérer.
2) Pour lever tout malentendu, elle reconnaît les privilèges et les droits du Patriarche de Constantinople et des autres anciens patriarcats, tels que les saints conciles oecuméniques les leur ont attribués, ainsi que tout ce que la pratique de notre sainte Eglise orthodoxe a ajouté en la matière, et elle s'oppose à toute velléité d'introduire un nouvel ordre dans l'Eglise.
3) Croit que notre toute sainte Eglise orthodoxe est le sûr trésor de la Vérité, l'Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique, de sorte que le dialogue théologique avec les hétérodoxes se révèle préjudiciable à elle, dans la mesure où, dans l'effort pour trouver des signes de l'entente réciproque, l'Eglise orthodoxe remet en question la vérité qu'elle possède. C'est pourquoi :
4) Elle persiste dans les décisions, exprimées dans les réunions de notre Sacré Synode du 9/22 mai 1989 et du 23 février/7mars, pour la rupture des dialogues théologiques en général avec tous les hétérodoxes : catholiques romains, anglicans, pré-chalcédoniens, vieux-catholiques etc.
5) Elle condamne sans détour les actes de prosélytisme du Vatican, qui a suscité et encouragé le prosélytisme et les récentes agressions qu'ont subies les fidèles orthodoxes dans les pays d'Europe orientale et au Moyen Orient, et elle dénonce devant la communauté internationale ces actes et cette conduite qui sont anti-chrétiens.
6) Elle reste fermement attachée à son refus de prendre part aux réunions théologiques du C.O.E.
Pour nous personnellement :
7) Nous en restons à notre première proposition : que se rassemblent les primats des Très Saintes Eglises orthodoxes pour examiner, étudier et résoudre divers autres problèmes encore en suspens.
Agathange, N130, mars-avril 1992.
CONFESSEURS DE LA FOI
ou complices de l'apostasie ?
Ces derniers temps, une foule de publications présentent sous les plus sombres couleurs l'entente signée par les oecuménistes avec les hérétiques monophysites à Chambézy (Suisse) en septembre 1990.
Il paraît superflu d'analyser le texte de l'accord final pour montrer l'ampleur de l'apostasie qu'il représente, étant donné que les publications dont nous parlons ont tout examiné avec détail et clarté.
Nous nous arrêterons sur l'attitude de tous ceux qui se sont prononcés par écrit et qui ont dénoncé publiquement la trahison de la foi et stigmatisé comme hérétique l'accord d'union qui a été passé. Oui, répétons-le, dans les choses qui ont été publiées, l'arsenal complet des réprobations solennelles et des protestations sans fin a été épuisé.
Assurément, ce combat est bon et prouve le désarroi de beaucoup d'âmes devant tout ce qui s'est produit ; mais si le combat s'arrête là, il reste superficiel, sans consistance. Saint Marc d'Ephèse dit : «Il ne faut pas lutter seulement en paroles, mais en actes : il n'est plus temps de discourir et de démontrer. Ceux qui aiment Dieu doivent, par leurs actes mêmes, s'enrôler et montrer qu'ils sont prêts à tout affronter pour garder la piété et pour ne pas être en communion avec les impies».
La trahison de Chambézy s'inscrit dans un projet qui a démarré avec l'Encyclique de 1920, qui s'est poursuivi par le changement de calendrier, la levée des anathèmes pris contre les catholiques, la création de Conseil Oecuménique mondial des Eglises (C.O.E.), l'instauration des faux-dialogues d'amour avec les hétérodoxes, les baisers échangés avec le pseudo-prophète de Rome, les assemblées de Vancouver et d'Assise, la concélébration de Dimitri avec le Pape, -et qui continuera jusqu'à l'acceptation finale de l'antichrist.
Tous ceux qui, se réclamant des Pères, appellent hérétiques et cacodoxes les audacieux promoteurs de ces nouveautés, devraient suivre les Pères jusqu'au bout. Ces derniers, après un premier et un second avertissement, séparaient leur responsabilité, se coupaient de ceux qui trahissaient la foi et rompaient toute communion avec les hérétiques, -ils restaient dans l'Eglise du Christ. Ainsi, par leur exemple et non simplement par des paroles, ils montraient au peuple fidèle ce qu'il fallait faire.
Ils resserraient les rangs des fidèles restés dans la tradition, sans se soucier de l'Eglise officielle des empereurs, ni chercher à connaître le nombre ou l'identité des archevêques ou des Eglises locales qui communiaient avec les cacodoxes. Ils ne tenaient pas compte des éventuels châtiments ou excommunications «canoniques», quels qu'ils fussent, et restaient toujours le petit nombre, mais fidèles aux saints Pères, persuadés, avec saint Nicéphore, que «quand bien même un tout petit nombre demeure dans l'orthodoxie et la vraie pitié, ils sont l'Eglise ; et la plénitude de l'autorité, comme la protection des canons ecclésiastiques, se trouvent de leur côté». Saint Théodose confesse de même ceci : «L'Eglise de Dieu peut même, selon les saints, se réduire à trois personnes».
Seules de telles prises de position contribueraient au salut des âmes bien disposées. Ceux qui, jusqu'à maintenant, s'en tiennent à des dénonciations verbales, refroidissent, goutte à goutte, le zèle dans les âmes, jusqu'à la désillusion finale. Il faudrait rappeler ici le cas tragique de ce hiéromoine qui, après avoir dénoncé l'apostasie et rompu avec l'oecuménisme, est retourné à son vomi dès la première menace, dès le premier coup de semonce !
Dans ce climat d'indolence, l'oecuménisme avance la tête haute, et les apostats déploient leur insolence devant les fidèles.
L'UNIATISME ET L'EGLISE OFFICIELLE
Un sujet a été particulièrement débattu par les quotidiens et la presse ecclésiastique : il s'agit des déclarations de l'archevêque Séraphim sur l'attitude du Vatican, relativement à l'uniatisme.
L'archevêque s'en est pris, avec des expressions graves, aux agissements des papistes dans les pays d'Orient, où ils ne se contentent pas simplement d'un prosélytisme intense, mais recourent à des actes de la dernière violence contre les orthodoxes. Monseigneur Séraphim a exalté le rôle de l'orthodoxie. Pour la défendre, il a demandé au ministère des Affaires étrangères la rupture des relations diplomatiques avec le Vatican. Les ailes conservatrices ont uni leur voix à celle de l'archevêque, et l'ont loué de son initiative «nationale» «en faveur des intérêts du peuple». Le ministère des affaires étrangères a décliné l'idée sans daigner, naturellement, faire de commentaire. Toute l'affaire s'inscrit dans la suite de toutes les déclarations faites dans le cadre du «Concile» récemment réuni au Phanar.
Il est clair, pour nous, que de telles rodomontades sans substance, venant de l'Eglise officielle, ne conduisent absolument nulle part et ne visent pas la sauvegarde de la foi.
En premier lieu, l'Eglise n'est pas là pour apporter son concours à des causes nationales et pour défendre les «intérêts du peuple». La démagogie avec laquelle on crie sur les toits ce genre d'initiatives nationales, de la part de hiérarques, de clercs ou de théologiens laïcs, constitue un blasphème contre la vraie Eglise et contre le salut en Christ.
Deuxièmement, la facilité avec laquelle on demande à César d'intervenir dans les affaires ecclésiastiques montre qu'au sein de l'Eglise officielle se sont perdues la vraie force et la puissance que le Christ a données à ceux qui lui appartiennent vraiment : la force de «fouler aux pieds toute puissance de l'ennemi».
Comment qualifier cet appel à César -au Ministère des Affaires Etrangères- à qui l'on demande de rompre les relations diplomatiques avec le Vatican, dans le temps même que l'Eglise officielle conserve pleinement ses relations avec les papistes au sein du Conseil Oecuménique des Eglises ? N'est-elle pas plongée, contre les canons, dans une pleine communion ecclésiastique avec le Vatican, par le biais de sa communion avec le Patriarcat oecuménique ? Ces déclarations, que sont-elles donc : une preuve manifeste de frivolité ou de mauvaise humeur hypocrite ? Ne sont-ils pas en train de manier le nom du Christ pour en retirer des avantages personnels ou pour réussir des manoeuvres diplomatiques ?
La réponse qui convenait, Mgr Séraphim l'a reçue, aussi bien du gouvernement grec, qui n'a absolument pas bougé, que du nonce du Pape. Ils ont retenu que l'Archevêque avait simplement déclaré que les relations se poursuivraient sur le terrain diplomatique et ecclésiastique. Cependant, il a également trouvé une réponse dans l'attitude d'immobilité du Patriarche oecuménique lequel, surpris par l'énormité de cette maladresse diplomatique, a de nouveau signalé ses intentions de continuer sa communion sur tous les plans avec le Vatican.
Epignosis N41, Printemps 1992.
LE MOUVEMENT OECUMÉNIQUE
et l'Encyclique de 1920
En 1920, lorsque le Patriarcat de Constantinople prêcha publiquement pour la première fois, dans son Encyclique «A toutes les Eglises du Christ», l'hérésie de l'oecuménisme, il jalonnait en même temps le chemin qu'allaient suivre tous les événements ecclésiaux qui se produisirent par la suite dans le champ de l'Eglise. Telle une charte fondatrice, cette Encyclique exprimait les buts de tous les chefs d'Eglise qui ont présidé au mouvement oecuménique.
Nous en reproduisons ci-dessous les points les plus importants, souhaitant que les lecteurs puissent faire le lien avec tous les événements qui, depuis soixante-dix ans, ont consommé la trahison de la foi.
«Notre Eglise, estimant que le rapprochement mutuel des diverses Eglises chrétiennes et l'intercommunion ne sont pas empêchés par les différences dogmatiques qui existent entre elles, et pensant qu'un tel rapprochement est tout-à-fait souhaitable, nécessaire et utile à de multiples titres, à la fois pour l'intérêt bien compris de chacune des Eglises particulières et pour tout le corps chrétien, ainsi que pour préparer et faciliter l'union totale et bénie qui, Dieu voulant, se fera un jour, a jugé que l'époque actuelle est tout-à-fait favorable pour soulever et traiter en commun cette question essentielle...
«C'est pourquoi, estimant que pour cet acte juste et droit, le moment favorable est maintenant venu, avec l'union heureusement réalisée de toutes les nations dans une Société des Nations, nous prenons hardiment l'initiative de proposer ici en quelques points nos réflexions et notre opinion sur la manière dont nous envisageons ce rapprochement et cette union des Eglises et dont nous les jugeons possibles, demandant instamment et attendant le jugement et l'opinion, aussi bien des autres chrétiens d'Orient nos frères que des vénérables Eglises chrétiennes d'Occident et de partout ailleurs.
«Nous pensons donc, pour notre part, que deux choses majeures peuvent contribuer à ce rapprochement si désiré et si utile, le réaliser et le manifester.
«Et en premier lieu nous considérons qu'il est indispensable et nécessaire d'enlever et d'éloigner toute suspicion des uns à l'égard des autres et toute mésentente entre les différentes Eglises, provoquées par la propension qu'ont encore certaines d'entre elles à faire du prosélytisme et à prendre au piège les brebis des autres confessions.
«Une fois rétablies, avant toute autre chose, la sincérité et la confiance entre les Eglises, nous estimons qu'il convient en second lieu de renflammer et de renforcer avant tout l'amour entre les Eglises, chacune devant considérer les autres non comme étrangères ou différentes mais comme membres de la même famille et de la maison du Christ, «cohéritiers et formant un même corps participant de la promesse de Dieu en Christ» (Eph.3,6).
«Cette amitié et ces bons sentiments mutuels peuvent se manifester et prouver plus particulièrement, selon nous, par les moyens suivants :
1. l'adoption d'un calendrier unique pour la célébration simultanée des grandes fêtes chrétiennes par toutes les Eglises ;
2. l'échange de lettres fraternelles lors des grandes fêtes ecclésiastiques annuelles, selon la coutume, et dans d'autres occasions importantes.
3. des relations plus fraternelles nouées entre les représentants des diverses Eglises, partout où ils pourront se trouver.
4. l'établissement de relations entre les écoles théologiques et entre les représentants de la science théologique et l'échange des livres et revues théologiques et ecclésiastiques publiés dans chaque Eglise.
5. l'envoi des étudiants d'une Eglise dans les écoles d'une autre.
6. la convocation d'assemblées pan-chrétiennes pour l'examen de questions d'intérêt général pour toutes les Eglises.
7. l'examen dépassionné et à visée purement historique des différences dogmatiques, en chaire et dans des écrits...»
Suivant fidèlement cette lettre, proclamée dès 1920, le Patriarche Mélétios Métaxakis a introduit en 1924 le calendrier papiste. En 1965, le Patriarche Athénagoras a levé les anathèmes du schisme Orient/Occident. Marchant sur les mêmes traces, le Patriarche Dimitri est même allé jusqu'à la prière commune, les dialogues et les concélébrations avec les hérétiques. Les objectifs du Patriarche nouvellement élu Bartholomée vont aussi dans ce sens, à en croire les proclamations oecuménistes qu'il a faites lors de son intronisation.
Epignosis, N41, 5ème année, printemps 1992.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire