vendredi 21 janvier 2011

La Lumière du Thabor n°30. A. Kalomiros: Ecclésiologie.

ALEXANDRE KALOMIROS



ECCLESIOLOGIE


Le texte que nous publions ici est tiré d'un livre d'Alexandre Kalomiros, La Comparaison, qui parut d'abord en une série d'articles dans le journal paléocalendariste La voix de l'orthodoxie. Il s'agit d'une polémique avec un archimandrite de l'Eglise d'Etat, assez connu en Grèce, le P. Epiphanios Théodoropoulos. Un jeune homme parti se faire moine, disciple de ce Père Epiphanios, lui avait écrit une lettre privée pour lui faire part de son dessein de rompre avec Constantinople dont le syncrétisme religieux et l'oecuménisme troublaient sa conscience. Théodoropoulos répondit à cette lettre personnelle par une lettre très hostile aux «Paléo-Calendaristes», à laquelle il donna la plus grande diffusion, exposant ainsi son correspondant. A. Kalomiros répondit méthodiquement, dans la Voix de l'Orthodoxie, aux arguments du P. Epiphanios Théodoropoulos, en montrant que la question n'était pas seulement celle du respect des canons et du calendrier, mais essentiellement celle du syncrétisme du Patriarcat Oecuménique -et d'autres Eglises (par exemple, du Patriarcat d'Alexandrie, dont le Patriarche Parthenios a récemment déclaré Mahomet égal aux apôtres). Le livre s'appelle La Comparaison, parce que Kalomiros cite des passages d'Epiphanios, auxquels il oppose des textes patristiques, pour que le lecteur puisse voir, confrontées, la doctrine orthodoxe et celle des Oecuménistes néo-calendaristes.

Notre siècle est celui de l'apostasie dont l'apôtre a parlé dans la seconde Epître aux Thessaloniciens. Je sais que les «intelligents», «les sages», les «savants» vont sourire avec condescendance de coeur de mon affirmation. Les hommes «savants» n'admettent pas d'opinions aussi risquées, surtout quand il s'agit d'eschatologie. Moi qui ne suis pas «intelligent», j'entends le Seigneur nous dire : «Instruisez vous par une comparaison tirée du figuier. Dès que ses branches deviennent tendres et que les feuilles poussent, vous connaissez que l'été est proche. De même, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l'Homme est proche, à la porte».
Suivant le commandement du Seigneur, je tire donc ma conclusion, puisque je vois «toutes ces choses».

Avant l'arrivée de notre siècle digne d'admiration, les orthodoxes croyaient en l'Orthodoxie ; les hétérodoxes en leur hérésie ; les athées en leur athéisme, et chacun s'efforçait de convaincre l'autre que lui possédait la vérité ! Les hommes croyaient en la vérité et se battaient pour elle, même ceux qui ignoraient la Vérité. La terrible apostasie de notre époque n'est pas due au fait que notre monde se soit rempli d'hérétiques et d'athées qui ne peuvent, quel que soit leur nombre, que tonifier la foi des hommes pieux. L'apostasie réside dans le fait qu'aujourd'hui, on a cessé de croire à la Vérité, on a cessé de croire que la Vérité existe et qu'il vaut la peine de lutter pour elle. Un hérétique qui croit en son hérésie est devenu chose rare ; de même que des athées idéalistes convaincus de leur athéisme sont une bénédiction pour notre époque, bien que cela paraisse étrange. Les hommes d'aujourd'hui ont perdu toute conviction. Pour eux tout est relatif, mis en doute et vague. Rien ne vaut la peine d'une lutte, rien pour eux ne vaut la peine d'être défendu, hormis leur bien-être en cette vie éphémère. Dans un tel monde, un athée, un hérétique convaincu est comme un îlot de vie au milieu d'un océan de mort, parce que sa conviction témoigne d'un zèle pour la vérité, conviction qui bien qu'elle soit sans intelligence, obscure et passionnée, n'a pas, cependant, fait sauter tous les ponts qui relient une âme à Dieu et, soit qu'ils l'ignorent, soit qu'ils ne l'admettent pas, est la Vérité même.
Les hommes de notre siècle ne croient donc qu'en leur bien-être. Pour ce bien-être, une vie sociale pacifique est indispensable, de même qu'une coopération pour s'assurer les biens matériels. Pour que cela devienne réalité, toute frontière doit être abolie, toutes les religions doivent s'unir, de même que les idéologies et les nations. Toute cause de guerre, de lutte, d'opinions opposées doit disparaître. La politique de la «co-existence», l'idée d'une Europe unie, le syncrétisme maçonnique, l'oecuménisme, l'espérance d'un Etat mondial sont l'expression de la soif inextinguible de l'homme pour un bien-être que rien ne puisse troubler.
La doctrine de l'oecuménisme, c'est que la Vérité n'existe nulle part, c'est l'assassinat de l'espérance qui a vécu, depuis toujours, dans le coeur de l'homme, c'est la négation de la Vérité et son remplacement par des vérités humaines qui doivent se faire des concessions les unes aux autres, pour le bien commun.
L'oecuménisme c'est le piège ultime et le plus subtil dressé par le diable à l'humanité, et l'attaque la plus redoutable et la plus perfide contre l'Eglise du Christ. C'est le poison qui paralyse l'âme et qui la rend incapable de croire, incapable de voir la lumière, incapable même d'avoir soif de la Vérité ; il obscurcit l'esprit de l'Orthodoxie qui au lieu d'aimer le malade et tâcher de le guérir, lui fait aimer la maladie elle-même, qui au lieu d'aimer l'hérétique, aime son hérésie.


Si le sel s'affadit...

La cible du syncrétisme pan-religieux appelé oecuménisme, c'est l'Eglise Orthodoxe, parce qu'elle est l'Eglise du Christ, l'espoir et le sel du monde. Le diable sait très bien que si le sel s'affadit, toute l'humanité se décomposera, et c'est là le but de celui qui fut homicide depuis le commencement.
La «Kerkoporte1» de Constantinople s'est ouverte à l'oecuménisme en l'année 1919. Les «Eglises» anglicane et épiscopalienne qui avaient organisé le «Mouvement Oecuménique» avaient dépêché, cette année-là, une délégation aux Eglises Orientales, pour les inviter à envoyer des représentants à la conférence du mouvement oecuménique «Foi et Ordre» qui devait se réunir à Genève au mois d'août de l'année suivante. Le locum tenens du trône oecuménique était, à cette époque, Dorothée de Pruse. «Je crois, déclara-t-il, au cours de la réunion du synode du 10 janvier 1919, que le temps est venu, pour l'Eglise Orthodoxe, de penser sérieusement la question de l'union des Eglises chrétiennes locales». Le synode accueillit avec joie la proposition du locum tenens, et désigna des commissions pour étudier les moyens dont cette union devait se faire.
Une année après, en janvier 1920, L'Encyclique historique du Patriarcat Oecuménique adressée à toutes les Eglises du Christ était prête. Elle fut envoyée au monde entier. Elle devait susciter un enthousiasme universel. Les protestants de toutes les tendances applaudirent le Patriarcat oecuménique qui, depuis, se flatte de cette encyclique qui a fait de lui le précurseur du mouvement oecuménique.
L'union des Eglises devait donc se réaliser conformément à cette encyclique du Patriarcat Oecuménique, par la suppression progressive des divergences entre les «Eglises locales». Comme premier pas, l'encyclique proposait :

1) l'acceptation d'un calendrier unique, pour la célébration simultanée des grandes fêtes par toutes les Eglises.
2) L'échange de lettres fraternelles.
3) Des relations amicales entre les représentants de ces Eglises.
4) Des relations entre les écoles de théologie et l'échange de travaux, de livres et de périodiques.
5) L'échange d'étudiants.
6) La convocation de conférences pan-chrétiennes.
7) L'examen le plus historique possible et non passionné des divergences dogmatiques.
8) Le respect réciproque des us et des coutumes.
9) La mise à disposition réciproque d'églises et de cimetières.
10) La réglementation des mariages mixtes.
11) Le soutien réciproque pour la consolidation ou l'affermissement de la foi religieuse, de la philanthropie, etc...

Pendant des siècles, aucun évêque du trône de Constantinople n'avait visité l'Occident. Le dernier à avoir fait une telle visite fut le patriarche Joseph qui prit part au faux concile de Florence en 1439, au cours duquel seul saint Marc d'Ephèse Eugénicos refusa de signer l'union des Eglises d'Orient avec le Papisme. Ce patriarche eut une triste fin.
Malgré cela, après tant de siècles, Dorothée voulut l'imiter. Il fut reçu en Angleterre avec de grands honneurs : rois, lords et autres officiels. Mais à la grande cérémonie organisée en son honneur, il n'eut pas le temps d'assister. Il devait, lui aussi, mourir en Occident, loin de son trône. Mais la prise de Constantinople par l'oecuménisme était désormais un fait accompli.
Peu de temps après, le patriarche de Constantinople, Mélétios Métaxakis, reconnaissait les ordinations anglicanes. Nouvel enthousiasme du monde protestant. «Le premier pas vers la totale union extérieure a été fait, écrivit la presse anglicane. Désormais, les orthodoxes pourront recevoir la communion et d'autres services religieux, de la main des prêtres anglicans». A la même époque, commencèrent les prières en commun avec les hétérodoxes et la dispensation des sacrements anglicans aux orthodoxes.
Très vite, l'Eglise de Grèce devait rejoindre l'Oecuménisme et y soutenir le Patriarcat de Constantinople. L'Archevêque d'Athènes Chrysostome (Papadopoulos) prêcha le «dialogue de la charité» bien avant Athénagoras. Voici ce qu'il déclara lors de son accession au trône : «L'unité dogmatique, malheureusement difficile à atteindre, n'est pas un préalable indispensable, parce que l'union dans l'amour chrétien peut aplanir la voie qui mène à l'union».
En conséquence, l'hérésie de l'Oecuménisme, dans la forme que nous lui connaissons aujourd'hui, n'est pas apparue avec Athénagoras, comme certains veulent le faire croire ; elle a pénétré dans l'Eglise Orthodoxe à l'époque de Dorothée, de Mélétios Métaxakis, de Chrysostome Papadopoulos, pendant que la nation grecque agonisait en Asie Mineure. La première proclamation officielle de l'hérésie, dans le monde orthodoxe, s'est faite en 1920, avec l'Encyclique de l'Eglise de Constantinople, adressée «à toutes les Eglises du monde entier».

Cependant, le premier symptôme extérieur de la maladie devait apparaître en 1924. C'était l'application et la mise en oeuvre du premier point de l'Encyclique de 1920, c'est-à-dire l'acceptation, par toutes les Eglises, d'un calendrier unique, pour la célébration simultanée des grandes fêtes, par laquelle se fit l'union liturgique des «Eglises».


Le Néo-Calendarisme, forme d'oecuménisme

Les Néo-Calendaristes disent avoir corrigé le calendrier pour des raisons uniquement astronomiques, car il était honteux de suivre un calendrier erroné et désuet. Fort bien. Mais l'exactitude astronomique du calendrier n'intéresse nullement l'Eglise. Seule l'intéresse, l'unité liturgique et fériale et l'ordre dans les églises locales. En supposant même que ces hommes luttaient pour l'exactitude scientifique, pourquoi n'ont-ils pas alors corrigé, vraiment, le calendrier, en partant des données scientifiques du XXème siècle, au lieu d'appliquer un calendrier qui datait du XVIème siècle, le calendrier du Pape Grégoire ? Pourquoi n'ont-ils pas adopté le calendrier mis au point par Pierre Draggitz, proposé au synode pan-orthodoxe de Constantinople en 1923 ? Parce que l'objectif réel n'était pas la correction du calendrier, chose totalement inutile du point de vue ecclésiastique ; non, le but réel était l'union des «Eglises» dans la célébration des fêtes, union qui ne pouvait se faire que par l'acceptation par les orthodoxes du calendrier grégorien des papistes et des protestants ; tous devaient suivre le même calendrier afin de commencer la réalisation de la première étape de l'oecuménisme : l'union des Eglises dites chrétiennes.
Ce n'est donc pas par amour passionné des treize jours perdus que les Paléo-Calendaristes ont rompu la communion ecclésiastique avec l'Eglise innovatice, mais bien pour rester orthodoxes. Nouveau calendarisme égale oecuménisme, égale négation de la Vérité, négation de l'Eglise Une et Sainte, négation de la tradition sacrée, négation de la présence permanente du Saint-Esprit dans l'Eglise. Les Néo-Calendaristes ont déclaré erroné l'ordre des fêtes établi par les Pères de l'Eglise, ont bouleversé le rapport calendérique entre la pascalie et les fêtes fixes, ont supprimé des jeûnes, changé les fêtes fixes en fêtes mobiles -par exemple, celle de saint Georges ; ils ont brisé l'harmonie cérémonielle et l'unité de l'Eglise de Grèce et des autres Eglises qui n'ont pas changé le calendrier. Et tout cela pour fêter, simultanément, avec les hétérodoxes d'Occident. Ils ont préféré être en fête avec les papistes et les protestants, pendant que leurs frères orthodoxes jeûnaient. Et que sont devenues les décisions des conciles de 1583, 1587, 1593, qui réitérèrent l'excommunication de tous ceux qui accepteraient la réforme grégorienne ? Ils ont fait semblant de les ignorer ou les ont méprisées avec la plus grande impudence.
Nous, nous nous battons pour rester orthodoxes, malgré l'hérésie contemporaine de l'Oecuménisme qui a tout corrompu dans l'Eglise d'Etat. Ne croyez jamais ceux qui cherchent à vous corrompre avec leur mensonge habituel pour des naïfs. Ils vous diront : «Que t'importe si le patriarche est hérétique et si l'archevêque ou les métropolites le commémorent. Notre chef n'est pas le patriarche mais le Christ. Nous, nous connaissons notre coeur et notre foi, nous sommes orthodoxes. Que le patriarche prône l'hérésie qu'il veut, que l'archevêque commémore n'importe quel hérétique, ils auront à en répondre pour leur âme et nous pour la nôtre. D'ailleurs, nous sommes des brebis et n'avons pas droit au chapitre. Les pasteurs savent...» Le Christ a dit que personne ne peut aller au Père que par le Fils seulement. De même, personne ne peut être chrétien comme individu mais comme membre de l'Eglise. Et l'Eglise est là où la VERITE est confessée. Là où est confessé l'Oecuménisme, autrement dit le mensonge, il n'y a pas d'Eglise, il n'y a pas de Christ. Et n'allez pas croire qu'il faille monter en chaire pour y faire un prêche oecuméniste, bien que cela se fasse souvent. Dans l'Eglise, nous confessons notre foi avec le nom de l'évêque que nous commémorons. Les Orthodoxes commémorent un évêque orthodoxe, les Ariens un arien, les Monophysites un monophysite, les Iconoclastes un iconoclaste, les Uniates un uniate, et les Oecuménistes un oecuméniste. Tout peut paraître orthodoxe dans l'Eglise, mais l'évêque que le prêtre mentionne nous fait comprendre où nous nous trouvons. Dans une église uniate, tout paraît orthodoxe. La barbe et les cheveux du prêtre peuvent même être plus longs que ceux des orthodoxes, la psalmodie plus byzantine et les icônes plus austères, et le Crédo lui-même sans l'addition du Filioque, mais le prêtre y commémore l'évêque uniate et ce dernier commémore le Pape, et alors toute l'orthodoxie apparente tombe à l'eau. Pouvez-vous dire que vous vous moquez de l'évêque que le prêtre commémore puisque votre coeur est orthodoxe ? Iriez-vous communier dans une église uniate ? Mais vous irez communier dans une église néo-calendariste où tous est apparemment orthodoxe. Le prêtre de votre paroisse peut encore porter barbe et cheveux, le prédicateur n'être pas encore «progressiste», mais quel évêque le prêtre commémore-t-il ? Et cet évêque quel Patriarche, Archevêque ou Synode commémore-t-il à haute voix aux dyptiques ? Commémorent-ils Dimitri de Constantinople - si vous vous trouvez dans la Grèce du Nord, quand l'évêque célébre, vous l'entendrez commémorer à haute voix Dimitri. Et Dimitri qui a-t-il inscrit sur ses dyptiques et commémore-t-il à chaque liturgie ? «Son frère aîné», comme il appelle à tout propos le Pape de Rome Paul VI. Pourquoi alors éviter les uniates, puisque d'une manière ou de l'autre, vous commémorez le pape ?


Le petit troupeau

Nous sommes certes des brebis, mais des brebis raisonnables. En conséquence, nous avons droit au chapitre. Quant aux pasteurs, le Bon Pasteur nous a avertis que beaucoup d'entre eux seraient des voleurs et des brigands, qui n'entreraient pas par la porte. Les brebis raisonnables suivent le Bon Pasteur, «car elles connaissent sa voix. Elles ne suivent pas l'étranger, car elles ne connaissent pas la voix de l'étranger».
L'Oecuménisme, c'est la voix des étrangers. Les bergers oecuménistes, bien qu'ils s'évertuent à paraître orthodoxes, pour mieux tromper, sont, en réalité, des loups «qui oeuvrent sous la peau de brebis». Les brebis du Christ ont compris à qui elles avaient affaire et elles ont fui loin des loups-bergers, selon les commandements du Christ, des Apôtres et des Pères. Et le camp des loups-bergers les a appelés, par dérision, «Paléo-Calendaristes» comme autrefois on appelait les chrétiens, par dérision, des Nazaréens, «ce peuple qui ne connaît pas la loi». Mais ils oublient que ces faibles et ces méprisés du monde, Dieu les a choisis «pour confondre les sages». Les Orthodoxes, les vrais orthodoxes, ont toujours formé le «petit troupeau», toujours méprisés et persécutés. Mais le Seigneur a dit : «Ne crains pas, petit troupeau, car il a plu à mon Père de vous donner le Royaume». Qu'étaient les chrétiens, pour l'immense majorité des Juifs qui n'avaient pas cru ? Qu'étaient-ils aux yeux des païens qui tiraient vanité de la culture profane ? Interrogez votre conscience et elle vous répondra : «Ils étaient quelque chose comme les Paléo-Calendaristes d'aujourd'hui».

Membre du Conseil Mondial des Eglises

La chose est simple, très simple. L'Eglise d'Etat grecque est une partie du Conseil Mondial des Eglises. Naguère, une délégation officielle de ses évêques visitait la Sicile et concélébrait, à plusieurs reprises, avec les papistes à la grande joie de la foule latine présente. Dans les journaux religieux des Néo-Calendaristes, vous trouverez une foule d'actes oecuménistes de l'Eglise officielle de Grèce au cours de ces dernières années. Le périodique officiel de l'Eglise d'Etat de Grèce, Ecclésia, est un bulletin oecuméniste. Des évêques de l'Eglise de Grèce célébrant des offices avec des clercs uniates, y apparaissent photographiés en leur compagnie, avec ostentation... Même si ces choses et bien d'autres encore n'étaient pas, même si l'Eglise de Grèce n'appartenait pas, en tant que corps, à l'Oecuménisme, même si tous les évêques étaient orthodoxes de conviction, le seul fait d'être en communion avec le Patriarche Dimitri les constitue des négateurs de la foi, étant donné toutes ses déclarations syncrétistes. D'une voix forte, Chrysostome déclare ennemis de Dieu «non seulement les hérétiques, mais aussi tous ceux qui communient avec eux». «Les uns ont fait naufrage quant à la foi, les autres, sans avoir été submergés par les pensées ont, cependant, péri en communiant à leur hérésie». En conséquence, toutes ces choses sont parfaitement claires pour tous ceux qui veulent rester orthodoxes : il leur faut rompre toute communion avec les loups-bergers et accepter le sobriquet de «Paléo-Calendaristes». Ici est le noeud qui complique les choses. En effet, s'il nous est pénible de subir la dérision ou le mépris silencieux du monde, combien plus celui des «frères en Christ» !


L'appât du langage vertueux

De nos jours, jours des faux prophètes et des faux docteurs, la Grèce s'est remplie «d'hommes spirituels» qui savent dire des choses belles et vraies sur la vie, la prière, l'ascèse, mais quand on leur pose des questions de foi, ils répondent que ces questions n'édifient pas la vie spirituelle et que les chrétiens ne doivent pas s'y intéresser ; comme si la grâce de Dieu pouvait être sans lien avec la pensée orthodoxe. Ces hommes-là qui ne luttent pas pour leur foi, ne gênent personne et ils sont bien vus de tout le monde. On en dit du bien, on les appelle saints. Ces hommes-là font le plus grand mal aux âmes simples et bien disposées, les persuadant de fermer les yeux et de suivre, sans poser de questions, le «Patriarche» et «l'Eglise». Ces gens-là sont les alliés les plus efficaces de l'Oecuménisme ; sans eux, la terrible hérésie n'aurait jamais pris racine ; ils désarment ceux qui auraient pu être de vaillants combattants pour l'Orthodoxie. Saint Isidore de Péluse dit à leur propos : «Comme les pêcheurs qui cachent sous l'appât l'hameçon et prennent ainsi les poissons en les trompant, de même les méchants alliés des hérésies cachent, sous leur langage vertueux, leur cacodoxie et leur doctrine corrompue, et prennent à l'hameçon les âmes simples pour les faire mourir...»


Pour n'être pas chassés de la synagogue

Quand le Christ était sur la terre, beaucoup de chefs des Juifs avaient compris qui il était, mais ils ne le disaient pas, pour ne pas subir les conséquences de leur confession. Voici ce que nous lisons dans la Sainte Ecriture : «Même parmi les chefs, beaucoup croyaient en lui ; mais à cause des Pharisiens, ils n'en convenaient pas, pour ne pas être chassés de la synagogue, préférant en cela la gloire qui vient des hommes à la gloire de Dieu».
Aujourd'hui, nous voyons la même chose. Beaucoup de chefs de l'Orthodoxie, ce Nouvel Israël, savent très bien ce qui se passe autour de nous, ils savent très bien que l'Orthodoxie a été, officiellement, remplacée par le syncrétisme universel, mais ils refusent et se refusent de le reconnaître, pour ne pas perdre les biens de ce monde, la gloire des hommes, leurs adeptes, leur situation, leurs traitements qu'ils conservent en suivant la règle de la soumission, avec ou sans protestations.
Ces chefs du Nouvel Israël, les uns sont évêques, les autres prêtres, d'autres laïcs -professeurs d'université, maîtres de fraternités religieuses, etc...- qui n'ont qu'une crainte : être chassés de la synagogue. Aussi trahissent-ils, par leurs actes, le Christ, pour rester fidèles aux grands-prêtres qui l'ont crucifié et le crucifient encore.

Une pierre au lieu d'un pain

Deux sont les fondements particuliers de leur doctrine :
1 L'introduction d'une nouvelle forme d'ecclésiologie, inconnue de l'Orthodoxie, ecclésiologie selon laquelle il est possible au chrétien d'avoir une foi différente de celle de son évêque.
2 Combattre l'Eglise Paléo-Calendariste, par des moyens licites et illicites. Certains ont le pouvoir de faire passer la nuit pour le jour, et le jour pour la nuit. C'est là une caractéristique de la sagesse de ce monde. Mais les «faibles selon ce monde que Dieu a choisis» ont la capacité de discerner cette sagesse-là et de comprendre que «cette sagesse ne vient pas d'en-haut, et qu'elle est terrestre, psychique et démoniaque». C'est une sagesse froide, sèche, attachée à la lettre de la Loi, diabolique, orgueilleuse, cérébrale. C'est une sagesse qui ne peut affermir, qui ne peut apporter au coeur la paix du Christ, mais le trouble et la confusion. D'ailleurs, ce trouble et cette confusion sont leur seul objectif conscient. Ils n'écrivent que pour susciter des doutes, des troubles, de la confusion, dans les âmes ébranlées, instables qui manquent de bases dogmatiques et spirituelles.
Malheur à vous, aveugles qui donnez une «pierre» à ceux qui vous demandent du «pain» ; qui voyez venir le loup et jetez les brebis dans sa gueule. Vous avez «l'apparence de la piété», et cela personne ne le conteste ; cependant «ils n'ont que l'apparence de la piété seulement, mais leur esprit et leur pensée appartiennent au monde». Oui, vous pensez comme les hommes du monde : sauvegarder l'ordre et l'obéissance, et par-dessus tout la soumission aux chefs. La Vérité ? Qu'est-ce que la Vérité ? On l'accommode avec certaines protestations. Et l'obéissance ? Malheur à nous si nous perdons l'obéissance ! En vérité, qu'est-ce qui sépare cette mentalité de celle des jésuites ? Que peut envier une telle ecclésiologie à l'ecclésiologie des Latins ?


Se disant sages ils sont devenus fous

«Chose simple que la religion du Christ, disait Kontoglou de bienheureuse mémoire, c'est la simplicité même. Et pourtant, les hommes en ont fait un système compliqué, comme tous les systèmes malades». La lutte des Paléo-Calendaristes est limpide comme l'eau qui sourd de la montagne. Ils luttent pour sauvegarder l'Orthodoxie telle qu'ils l'ont reçue des Pères, des Apôtres. Voyez, pourtant, dans combien de linceuls, dans combien de pelotes, dans combien de lois, dans combien de règles ses ennemis savants ont entortillé l'Eglise du Christ, si bien qu'à la fin, sans s'en rendre compte, ils ont abouti à un agnosticisme absolu qui est la négation même de la foi, dans sa forme la plus pure. «On me demandera peut-être, écrit un de ceux-là : pour Dieu, le Patriarche Athénagoras est-il orthodoxe ? Dieu attend la décision d'un concile pour considérer Athénagoras comme déchu de la foi orthodoxe ?» Et voici la réponse à cette judicieuse question : «Nous ne sommes ni des Chérubim, ni des Séraphim, pour pouvoir compulser les archives du ciel, et voir quels hommes y sont inscrits et quels sont effacés... qui de nous peut dire, avec certitude absolue, ce que Dieu a décidé, pour tel ou tel prêtre ou évêque ?» Mais si nous n'avons pas la possibilité de discerner la Vérité et l'erreur, l'orthodoxie de l'hérésie, alors sur quoi notre foi est-elle fondée ? Pourquoi croyons-nous en Christ et ne croyons-nous pas en Bouddha ? Pourquoi croyons-nous en Athanase et pas dans les Ariens ? Pourquoi croyons-nous le Septième Concile Oecuménique, qui a condamné les iconoclastes, et ne croyons-nous pas l'autre «septième concile oecuménique» qui a condamné les orthodoxes ? Malheur à nous, si au temps des iconoclastes, les orthodoxes avaient attendu d'apprendre, par un concile, ce qui est écrit dans les archives du ciel. Le prétendu concile a condamné qui ? Les orthodoxes. Malheur à nous, si nos Pères avaient pensé alors, comme pensent les ennemis contemporains des Paléo-Calendaristes. Pour ces hommes-là, l'Apôtre Paul a écrit : «Ils se sont égarés dans leurs pensées, et leur coeur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres : se vantant d'être sages, ils sont devenus fous».


L'autorité

D'un côté, il y a les Néo-Calendaristes et «toute l'Orthodoxie du monde entier» avec eux, et de l'autre côté, il y a les quelques Paléo-Calendaristes. Ceux qui sauvegardent la Vérité sont présentés comme des individus et même en très petit nombre, contraints et forcés de s'attaquer, non pas à des individus, mais à des Eglises entières. Comment qualifier tout cela ?
Même si les Paléo-Calendaristes sont un petit nombre à «sauvegarder la Vérité», serait-ce là un argument contre eux ? «Mieux vaut un seul homme qui fait la volonté de Dieu que mille qui la violent». «Un homme seul en mettra en fuite mille, et deux hommes en feront fuir des myriades». «Même s'il en restent très peu dans l'Orthodoxie et dans la piété, ceux-là sont l'Eglise, l'autorité, la protection des institutions ecclésiastiques, et prêts à souffrir, s'il le fallait, pour la piété». Le Seigneur nous a dit : «Ne crains pas petit troupeau, car il a plu à mon Père de vous donner le Royaume».
Très répandue est la mentalité papiste de nos adversaires. Ils classent les chrétiens en officiers et en soldats. Les officiers ne sont pas les saints, ces demeures de l'Esprit Saint, non, ce sont les évêques. Selon cette mentalité, il est impensable qu'un laïc ou un moine ou un prêtre se lève contre un évêque qui foule aux pieds les traditions des Pères.
Tout ce qui s'est passé dans l'Histoire de l'Eglise est ainsi condamné par les ennemis des Paléo-Calendaristes. L'Eglise -et pour eux l'Eglise c'est les évêques- dira au saint qui osera la critiquer : «Qui es-tu Monsieur ? Es-tu une autorité supérieure à moi ? C'est moi qui juge, c'est moi qui décide. Je suis l'autorité et non pas toi». Ces conversations on les entend dans les milieux latins, mais jamais dans les Eglises d'Orient, si ce n'est dans la bouche des latinisants.
L'autorité dans l'Eglise, ce ne sont pas les évêques qui la possèdent, mais l'Esprit Saint. Celui qui possède l'Esprit Saint possède l'autorité, fût-il le dernier des boueux ; à lui seul, il peut remettre à leur place des milliers d'évêques ; personne ne peut le juger et tous sont jugés par lui. Si les évêques l'excommunient, l'excommunication retombe sur leurs têtes, parce que celui qui excommunie l'Esprit Saint, chasse loin de lui la Vie.
Dans l'Orthodoxie, ce qui est important, ce n'est pas d'être ou de n'être pas en accord avec les évêques, mais de s'accorder avec les instruments de l'Esprit Saint que sont les Pères de l'Eglise.



Le Fossé du papisme

«Voilà, frères, écrivent encore les Néo-Calendaristes, l'ecclésiologie orthodoxe -c'est-à-dire l'idée que les évêques possèdent l'autorité- quant au reste, que des individus, qu'ils soient clercs ou laïcs, se dressent pour rejeter des évêques que l'Eglise Orthodoxe reconnaît, c'est du pur protestantisme». Pour écrire de telles choses, il faut ignorer à la fois le Protestantisme et l'Orthodoxie. Le Protestantisme ne consiste pas dans la non-reconnaissance de l'autorité aux évêques, mais dans la non-reconnaissance de l'autorité de l'Eglise, dans la négation du fait que c'est le Saint Esprit qui éclaire et guide l'Eglise. Quand l'Orthodoxie parle de l'Eglise Catholique Orthodoxe, elle n'entend pas seulement les évêques ni l'Eglise Orthodoxe d'aujourd'hui à travers le monde. L'Eglise Orthodoxe ne se limite pas à l'Eglise militante, mais comprend aussi la triomphante. Quand l'Eglise Orthodoxe officielle d'aujourd'hui entre en opposition avec l'Eglise triomphante des Pères, alors les «individus» qui se dressent contre elle pour rester en communion de foi avec l'Eglise des Apôtres et des Pères, ces «individus», loin d'être des Protestants, sont tout au contraire les seuls membres de l'Eglise militante ; non seulement ils ne créent pas de schisme en refusant de suivre la hiérarchie actuelle qui marche dans ses propres voies, mais ils sont l'Eglise, parce que, depuis les Apôtres, eux seuls forment un seul corps avec l'Eglise Catholique du Christ.
Est-il vraiment besoin d'étudier la théologie pour oublier ces choses ? Quand, il y a des siècles, siégeait sur le trône de Constantinople un autre hérétique, Nestorius, n'est-ce pas de simples prêtres et des fidèles -c'est-à-dire des «individus»- qui rompirent la communion avec lui ? Combien de temps a-t-il fallu pour que le reste de l'Eglise, à travers le monde, apprenne ce qui se passait à Constantinople et excommunie Nestorius ? Durant cet intervalle de temps, les prêtres et les laïcs qui avaient rompu avec Nestorius restèrent excommuniés par lui, l'évêque légitime de Constantinople. Ont-ils bien fait ou non, ces «individus», en cessant de commémorer aux offices leur évêque ? Qui fit schisme alors ? Ces «individus» qui restèrent attachés à l'Eglise Catholique ou les prêtres et les laïcs qui, pour éviter un schisme, suivirent leur évêque hérétique ? O combien les apparences nous trompent ! C'est pour cela que le XVème Canon du Concile Premier-Second, ayant en vue ces «individus» souligne : «Ils n'ont pas divisé l'Eglise par un schisme, mais ils se sont empressés de préserver l'Eglise des schismes et des divisions».
Il y a des hommes qui, pour éviter le Protestantisme, tombent dans le fossé du Papisme.
Le Pape admet les uniates avec un Crédo différent de celui des Latins, et il ne leur demande qu'une chose : commémorer son nom aux offices. Que les uniates gardent leur foi mais qu'ils se soumettent à lui. Ces mêmes hommes disent aussi : «Ne rompons pas avec nos évêques, ne brisons pas notre dépendance canonique d'eux. Quant au reste, disons notre désaccord, protestons, opposons-nous».
La soumission est donc fondamentale, la foi est quelque chose de secondaire, c'est ce quant au reste. On se demande alors ce que les Papistes trouveraient à redire à une telle ecclésiologie ? Voilà le Filioque dans toute sa gloire. Le Saint Esprit occupe une place secondaire, inférieure à celle du Fils et dépendant de lui. L'économie mystique du Saint Esprit est inférieure à l'économie mystérielle du Fils ; étant inférieure, elle perd, peu à peu, toute raison d'être. C'est ainsi que dans le Papisme, la vie mystique a disparu, même comme idée. Un contact réel avec Dieu n'existe pas, même à titre de théorie. Tout est subordonné à la soumission ecclésiastique et rationnelle : la hiérarchie. Ainsi, pour la vie ecclésiastique, l'unité de foi n'est pas considérée comme indispensable, seule est indispensable la soumission aux évêques.
Et c'est ainsi que nous arrivons à l'étrange ecclésiologie des Néo-Calendaristes selon laquelle il est très naturel que l'évêque «se déclare adepte du syncrétisme le plus abject», et que le moine qui relève de sa juridiction et dont la foi est différente, soit obligé de le suivre et de le commémorer comme son évêque.

Deux crédos différents, deux confessions différentes, mais un seul évêque. Ce qui existe dans les pays où beaucoup de religions ont un seul chef, est transposé, maintenant, sur le terrain spirituel. Beaucoup de religions mais un seul chef. Peuvent-ils nous dire, ces mêmes hommes, en quoi leur ecclésiologie diffère du «syncrétisme le plus abject» ?


Quelle est l'hérésie ?

Ce qui provoque chez le lecteur une indignation selon Dieu, c'est de voir les écrivains néo-calendaristes, qui connaissent très bien la véritable hérésie qui désole aujourd'hui l'Eglise, qui reconnaissent que «le Patriarche A. et ceux qui le suivent sont devenus des cosmopolites et des adeptes du syncrétisme le plus abject», s'efforcer de présenter cela comme une simple transgression des canons. Ils s'évertuent, artificiellement, de faire croire que toute l'affaire n'est pas une question de foi, mais tout simplement de canons, canons transgressés d'ailleurs, au cours de toute l'Histoire Ecclésiastique. «Tu vois, aujourd'hui, des déclarations ou des actes anti-orthodoxes -prières en commun avec des hérétiques, etc., du Patriarche, de Jacob d'Amérique, et tu fais bien de t'en irriter ; moi aussi je m'irrite et me trouble pour la transgression impudente des saints canons ; mais ces choses-là, frère, ne se font pas d'aujourd'hui seulement...» Alors qu'ils savent très bien qu'il ne s'agit pas seulement de prières en commun avec les hérétiques, mais bien du syncrétisme qui dilue tout, ce poison mortel qui circule dans les veines de l'humanité et qui abreuve l'orthodoxie officielle.
«Je pense et je crois, écrit l'un d'eux, que le Patriarche A. et tous ceux qui le commémorent : Patriarches, Archevêques, Métropolites, Evêques, etc. sont gravement coupables devant l'Eglise pour leurs transgressions criantes des saints canons... et pour ses acrobaties sur la foi». Autrement dit : soyez sans crainte, chrétiens, toute cette affaire n'est qu'une violation de canons ; quant à la Foi, il n'y a pas de chute dans l'hérésie, il ne s'agit que de simples acrobaties...! «Si le Patriarche allait plus loin, écrit-il encore, jusqu'à l'union, alors tu verras...» Autrement dit, le Patriarche n'est pas encore allé trop loin, puisqu'aucune union officielle n'a été faite.
Voyez-vous la poudre aux yeux qu'ils jettent pour couvrir la Vérité ? Tout ceux qui n'ont pas encore compris ce qui se passe autour d'eux croient qu'il s'agit d'une union des Papistes avec les Orthodoxes, comme à Ferrare-Florence. Les ambitions des unionistes ne se limitent pas à l'union des deux Eglises. Les Unionistes sont des syncrétistes. La fusion ne les intéresse pas ; ce qui les intéresse, c'est la coexistence. Ils ne veulent pas une union comme les naïfs l'imaginent. Ils se contentent de voir, dans l'esprit des hommes, s'installer la pensée que tous nous sommes frères, que tous nous sommes la même chose, que nous n'avons pas de divergences substantielles. Tous, nous allons à Dieu, chacun par son propre chemin. Ce leitmotiv est la quintessence du syncrétisme. Cette idée est aujourd'hui cultivée chez ceux qui se disent chrétiens. Demain, elle sera prêchée dans les religions monothéistes, après-demain elle sera le «crédo» du monde entier, sans que des changements extérieurs importants surviennent, dans les diverses religions.
Dès que cette pensée pénètre dans l'esprit d'un homme, au même instant la foi en Christ quitte son âme. Pour tous les abreuvés du poison du syncrétisme, le Christ est «un grand initié», un grand philosophe, un grand maître de morale, même un dieu, mais absolument et surtout pas DIEU. Il est un chemin mais pas le CHEMIN. Il est une vérité mais pas la VERITE. Il est une lumière mais pas la LUMIERE. L'Orthodoxie est une voie mais pas la VOIE. Il y a d'autres voies également bonnes. Il ne s'agit pas d'absorption. Chacun doit suivre sa voie, il lui suffit de n'être pas fanatique, de ne pas croire que seule l'Orthodoxie existe dans le monde et rien d'autre. De ne pas croire que seuls les évêques orthodoxes sont évêques et que les hérétiques ne sont rien. Ne pas croire qu'en Christ seulement on connaît Dieu et que tant de millions d'Hébreux, de Musulmans, de Bouddhistes, etc. sont loin de Dieu.
Voilà l'hérésie contre laquelle nous nous battons et non pas contre une quelconque union qui ne s'est pas encore faite. Cette hérésie est la négation du Christ et de sa sainte Eglise. Cette hérésie a abreuvé le pays grec d'un bout à l'autre, elle est devenue un mode de pensée et de vie des Roumis. Bien qu'ils connaissent la situation, ces maîtres bercent leurs enfants spirituels en leur chantant : «Si le Patriarche va plus loin, jusqu'à une union, alors vous verrez...» Mais une telle «Union» ne se fera jamais, et leurs adeptes naïfs ne la verront jamais. Et cela, les Néo-Calendaristes intelligents le savent très bien.

La Tête et le Corps

Un évêque hérétique cesse d'être évêque. Il perd le sacerdoce, il se met hors de l'Eglise. Tous ceux qui le suivent et le commémorent ne suivent plus un évêque, mais un homme déchu de la grâce épiscopale. Quand l'évêque a perdu la grâce, comment son troupeau peut-il ne pas tomber ? Où les prêtres puisent-ils le principe du sacerdoce ? L'évêque déchu peut-il donner le Corps et le Sang du Christ à son troupeau ? Le XVème Canon du Concile Premier-Second dit clairement que l'évêque hérétique n'est plus un évêque, mais un pseudo-évêque et du même coup pseudo-prêtre. Ses liturgies sont de fausses liturgies, ses ordinations de fausses ordinations, son chrême n'est pas le Saint Chrême, ses sacrements sont privés de contenu sanctifiant. Or dans l'Eglise, qui est un corps, personne ne peut exister comme individu. Un prêtre est le prolongement de son évêque ; le prêtre concélèbre toujours avec son évêque, avec l'évêque qu'il commémore, même s'il célèbre, spatialement, loin de lui. Peuple, prêtres et évêque forment un corps. Quand la tête de ce corps est morte, tout le corps se meurt. Les athonites, par exemple, ont pour tête Dimitri qu'ils commémorent ; mais Dimitri, comme ils le savent bien, est l'adepte du syncrétisme le plus abject, autrement dit un héraut, un adepte de l'hérésie la plus perfide, la plus dangereuse qui ait jamais attaqué l'Eglise. En tant qu'hérétique -lisez négateur, parce que le syncrétisme est, par excellence, une négation-, Dimitri est, selon le Christ, un mort. Les athonites donc qui le commémorent ont une tête morte. Qui a jamais vu un corps vivre avec une tête morte ?


Le XVème Canon

La tactique du rideau de fumée est pratiquée avec art, quand ils voient que finalement ils ne pourront pas taire le XVème canon du Concile Premier-Second de Constantinople. Ils ne reproduisent pas le texte de ce canon, mais ils le citent avec des mots à eux, faisant semblant de ne pas voir et ne citant, nulle part, la phrase principale qui est la clé du canon : «Car ils n'ont point condamné des évêques, mais des pseudo-évêques». En omettant cette phrase, ils s'efforcent, comme des procéduriers, de soutenir que «ce canon est potentiel-facultatif et non impératif ; autrement dit, sans exiger des clercs qu'ils rompent la communion avec l'évêque qui prêche l'hérésie, avant qu'il ne soit condamné, ce canon leur en donne simplement la possibilité», c'est-à-dire que celui qui cessera de commémorer fera bien et que celui qui continuera de commémorer l'hérétique fera, lui aussi, bien. «Tu veux une pomme, prends ; tu veux une poire, reçois !»
Supposons donc que le canon dise en effet ceci : «Si un clerc rompt avec un tel évêque avant décision synodale, il ne commet pas d'infraction et ne peut être, de ce fait, sanctionné, mais au contraire, il est digne de louanges». Alors très bien. Puisqu'ils acceptent cela, pourquoi alors empêchent-ils les athonites de cesser de commémorer, afin d'être dignes de louanges ? En quoi pécheraient-ils ces athonites en supprimant des diptyques le nom de Dimitri et en commémorant à sa place «tout épiscopat ORTHODOXE». Seraient-ils ou ne seraient-ils pas dignes de louanges ? Ils admettent qu'ils le seraient. Alors pourquoi ne les laissent-ils pas cesser de le mentionner ? Pourquoi les épouvanter en leur disant qu'en rompant ils feraient un schisme ?
Mais voyons si vraiment le XVème canon est facultatif-potentiel. Voici le texte du canon : «...Ceux qui se séparent de la communion de leur proèdre2 pour cause d'hérésie, condamnée par les saints conciles ou les Pères, c'est-à-dire lorsque celui-ci prêche l'hérésie en public et l'enseigne tête-nue -ouvertement- dans l'Eglise, en agissant ainsi envers un tel évêque, avant jugement conciliaire, non seulement ils ne tombent pas sous la sanction prévue par le canon, mais ils sont dignes de la louange qui convient aux orthodoxes. Car ils n'ont point condamné des évêques, mais de pseudo-évêques et de pseudo-docteurs ; ils n'ont pas divisé l'Eglise par un schisme, mais ils se sont empressés de préserver l'Eglise des schismes et des divisions».
Qui, après la lecture de ce texte, peut affirmer que celui qui ne cessera pas de communier avec l'évêque hérétique, mais continuera de communier avec lui fera bien ? Qui osera jamais affirmer que celui qui suit un faux évêque fait bien ? Qui osera jamais affirmer que celui qui concélèbre avec un pseudo-évêque donne aux fidèles le Corps et le Sang du Christ ? Qui soutiendra que celui qui a été ordonné par un pseudo-évêque est vraiment prêtre ? Il faut être un syncrétiste, un oecuméniste, un négateur de la Foi Orthodoxe, pour soutenir de telles choses. Tu sais que ton évêque n'est pas évêque et tu continues de le commémorer, ne sera-ce pas là te moquer de Dieu ? Tu sais que ton évêque n'a pas la grâce du sacerdoce et ne peut célébrer les mystères, comment le commémoreras-tu lors de la célébration des mystères ? Le XVème canon est-il donc facultatif ou impératif ?


Qui font schisme ?

Les partisans du Néo-Calendarisme ont très bien compris l'importance obligatoire du XVème canon. C'est pourquoi ils escamotent la phrase : «Car ils n'ont pas jugé des évêques mais des pseudo-évêques». Tous leurs arguments sont, en leur essence, une opposition à ce XVème canon diamétralement opposé à leurs vues. Pour ces gens-là, un évêque n'est pseudo-évêque que lorsqu'il a été jugé par un concile. Pour eux, c'est le concile qui ôte la grâce et non pas Dieu. Mais pour le XVème canon, l'évêque hérétique a perdu la grâce dès qu'il a commencé à prêcher, publiquement, son hérésie. IL EST PSEUDO-EVEQUE AVANT JUGEMENT SYNODAL.
Ceux qui osent cesser de commémorer et rompent la communion avec l'évêque hérétique, ces Néo-Calendaristes les qualifient de protestantisants et de schismatiques. Mais le XVème canon souligne bien qu'ils «n'ont pas brisé l'unité de l'Eglise par un schisme, mais ils se sont empressés de préserver l'Eglise des schismes et des divisions». Comment ne serait-il pas permis au chrétien de préserver l'Eglise des schismes que provoquent les évêques en enseignant autre chose que l'Eglise enseigne ? Ces évêques -fussent-ils des milliers- par leurs doctrines hétérodoxes, se séparent de l'Eglise du Christ, de l'Eglise des Apôtres et des Pères. Ceux qui se séparent de tels évêques -ils sont habituellement un petit nombre- apparaissent comme faisant, eux, un schisme. Ayant en vue cette réalité, le XVème canon souligne, pour toutes les générations de chrétiens : ne vous laissez pas tromper par les apparences, ils ne font pas de schisme, le petit nombre de ceux qui restent fidèles à l'Eglise Apostolique. Font un schisme ceux qui suivent des évêques hérétiques et se séparent de l'Eglise des Apôtres et des Pères. Le petit nombre qui rompt avec de tels évêques, délivre, en réalité, l'Eglise des vrais schismes. Ce canon XV est-il ou n'est-il pas obligatoire ?
«Si un clerc agit différemment, autrement dit, ne cesse pas de commémorer l'évêque hérétique et ne rompt pas la communion avec lui ; si, sans partager les doctrines de cet évêque, il continue de le commémorer, attendant un jugement synodal et sa condamnation, il n'est nullement, disent les mêmes Néo-Calendaristes, condamné par ce canon». Mais puisque celui qui cesse de commémorer l'évêque hérétique et rompt avec lui délivre l'Eglise de schismes, comment alors celui qui reste attaché au diviseur ne sera-t-il pas condamné par ce XVème canon ?
Mais admirons un autre de leurs sophismes : «Jamais, disent-ils, un clerc n'a été puni ou simplement sanctionné pour n'avoir pas rompu, tout de suite, avec l'évêque hérétique, mais attendu la condamnation de celui-ci par un concile». Comment serait puni, par l'Eglise, un clerc qui se trouve hors de l'Eglise ? Si, après la condamnation de son évêque par le concile, il reste fidèle à son évêque, l'Eglise peut-elle le punir davantage qu'elle n'a fait ? Elle l'a condamné avec son évêque. S'il fait pénitence et se repent, après le jugement du concile, et qu'il veuille, même très tard, revenir à l'Eglise, comment celle-ci le recevra-t-elle par une punition ? L'Eglise a été enseignée par le Seigneur, d'accueillir les égarés comme dans la Parabole du Fils Prodigue. L'Eglise cherche à sauver des âmes et non pas à les chasser hors d'elle.


Conciles et faux conciles

Malheur au fidèle qui attend un jugement conciliaire. Quand la convocation d'un concile sera-t-elle possible ? Et quel concile sera-ce ? Un vrai ou un brigandage ? Quand les prêtres de Constantinople cessèrent de commémorer leur évêque Nestorius, ont-ils attendu un jugement conciliaire ? Heureusement non. Un concile, il est vrai, a eu lieu à Constantinople. Quelle fut sa décision ? La condamnation et l'anathème des orthodoxes... Il a fallu attendre la réunion du IIIème Concile Oecuménique, pour mettre les choses à leur place. En d'autres circonstances, les Orthodoxes ont dû attendre plus longtemps encore, sous l'anathème, la tenue de conciles. Fort heureusement, ils n'avaient pas, eux, la mentalité de ceux qui attribuent aux conciles d'évêques l'infaillibilité qui n'appartient qu'à l'Eglise.

Naïvetés

«Demain, le Patriarche Athénagoras quitteras ce monde et qui sait ? Peut-être un homme intelligent et conservateur le remplacera et alors... finies les hystéries unionistes, les frénésies philo-papistes... Si, dans l'intervalle, nous avons fait un schisme, comment en guérirons-nous les plaies de l'Eglise ?» Ils pensent et confessent sans honte que les pieux chrétiens forment une «foule» dont le fanatisme est difficile à maîtriser. «Le fanatisme de la foule, une fois déchaîné, pourrons-nous ensuite mettre de l'ordre ?» O hommes insolents ! La foule que vous méprisez ne sont pas des moutons privés de raison, mais des brebis raisonnables. Que vienne un jour à Constantinople un Patriarche orthodoxe, et cette foule, que vous appelez aujourd'hui schismatique, sera la première à tomber à ses pieds et à lui baiser la main droite. Puisse un tel miracle se faire. Si nous considérons les choses avec la raison humaine, il est parfaitement utopique d'attendre la venue d'un Patriarche Orthodoxe à Constantinople. Qui est orthodoxe parmi les évêques du Phanar ? Qui n'est pas oecuméniste ? Qui n'est pas moderniste et mondain ? Et parmi les prêtres du climat du Patriarcat, qui a jamais protesté contre l'oecuménisme et le protestantisme ? D'où pourrait bien venir un Patriarche orthodoxe, qui l'élira et qui l'intronisera ? Qui a choisi Athénagoras, est-ce les Orthodoxes ou la Maçonnerie internationale de Truman ? Qui a choisi et intronisé l'Archevêque Jacob d'Amérique, contre le gré de tous les évêques du Phanar ? Qui tire les ficelles du théâtre de marionnettes qui se joue entre le Bosphore, l'Europe et l'Amérique ? Certainement pas les chrétiens orthodoxes. Connaissant toutes ces choses, comment pouvons-nous attendre un Patriarche orthodoxe à Constantinople ? Ce serait tenter Dieu que d'attendre un tel miracle.


L'Eglise mercenaire

«C'est une très grave calomnie, frère, de certains, que de dire que l'Eglise de Grèce suit Athénagoras. Non. Elle n'est nullement d'accord avec ses coups d'audace». C'est ce que claironnait naguère un Néo-Calendariste, dans une diatribe contre les vrais orthodoxes. Voyons si cela est juste.
Après avoir achevé la trahison de l'Orthodoxie, après avoir proclamé officiellement l'Eglise égarée et levé un anathème de neuf siècles contre le Papisme, après avoir rencontré le Pape à Constantinople puis à Rome, Athénagoras, dès son retour à Constantinople, a envoyé au Synode de l'Eglise de Grèce tous les documents concernant la trahison.
Voici ce que le Synode de l'Eglise Grecque a répondu :
«A la réunion du Saint Synode ont été lus et examinés la chronique de la visite de Sa Toute Divine Sainteté le Patriarche Oecuménique à Sa Sainteté le Pape de Rome du 26 au 28 octobre, et les copies des allocutions et discours échangés entre eux et d'autres dignitaires de l'Eglise Romaine, que le Patriarcat Oecuménique nous a envoyés.
Après lecture et examen, le Saint Synode a constaté, avec une satisfaction toute particulière, qu'avec la bénédiction de Dieu, la visite et la nouvelle rencontre des Primats des deux Eglises Catholique et Orthodoxe s'est déroulée selon le voeu ardent et l'attente du Saint Synode et du pieux plérôme de l'Eglise.
Selon le communiqué officiel, publié après la rencontre, le Saint Synode a noté avec satisfaction que les deux Primats reconnaissaient que le vrai dialogue de la charité sur lequel doivent être fondées toutes les relations entre eux et leurs Eglises, devra se dérouler dans la totale confiance envers l'unique Seigneur Jésus-Christ et dans le respect réciproque de leurs traditions particulières, et que le dialogue de la charité entre les deux Eglises devait produire les fruits de l'action commune dans le champ pastoral, social et spirituel, dans le respect et la confiance mutuels des chrétiens de chaque parti et envers nos propres Eglises.
Pour tout cela, le Saint Synode a exprimé sa joie pour l'heureuse issue de la visite de Sa Toute Divine Sainteté le Patriarche Oecuménique Athénagoras et le désir ardent de son âme de voir le dialogue commencé dans la charité et le respect mutuel, sur pied d'égalité, entre les deux Eglises, mené jusqu'à sa fin heureuse, à la gloire de notre Sainte Eglise et de son divin Fondateur».
Ce texte a été publié par le journal Makédonia le 7 novembre 1967, auquel je l'ai emprunté.
Est-ce donc une calomnie de dire que l'Eglise de Grèce suit Athénagoras ? Est-ce qu'un des évêques appelés «rocs» a protesté après cette décision ? Est-ce que l'un d'eux a séparé ses responsabilités ? Non, pas un seul. L'Eglise d'Etat de Grèce, par son Synode, a assuré le peuple grec qu'elle était très satisfaite des trahisons d'Athénagoras et de sa prédication syncrétiste. D'ailleurs elle a scellé, officiellement, sa confession, d'une part, en recevant le saint Chrême des mains de l'hérésiarque Athénagoras, apporté à Athènes et en invitant le pauvre peuple grec à venir le vénérer, puis à en chrismer ses enfants ; d'autre part, par les diverses concélébrations de son Primat, la concélébration avec l'inénarrable Jacob d'Amérique, dans la Cathédrale d'Athènes, et les concélébrations qui ont eu lieu en divers endroits de Grèce avec le nouveau Patriarche d'Alexandrie, qui a fait une confession de foi syncrétiste et oecuméniste, à rendre jaloux Athénagoras lui-même.
L'Eglise de Grèce a donc proclamé qu'il fallait le respect réciproque des traditions particulières des Orthodoxes et des Papistes. Voilà le syncrétisme dans toute sa splendeur. Il faut que les Orthodoxes respectent les hérésies des Latins... Quelle distance y a-t-il entre ce respect et le respect des Orthodoxes envers les autres religions monothéistes, d'abord celle des Hébreux, des Musulmans et celles des Païens ? L'Eglise de Grèce ne proclame pas seulement son «fervent» accord avec Athénagoras, mais elle proclame aussi, d'une voix forte, son hérésie syncrétiste. Son accord avec Athénagoras n'est pas un accord passif, mais un accord actif, un cheminement parallèle, promis par son Primat lors de sa rencontre avec Athénagoras à Constantinople.
La presse quotidienne a très bien saisi le sens des diverses déclarations de l'Eglise de Grèce. Voici ce qu'écrivait le journal Le Monde Libre le 10 septembre 1969 : «Le Saint Synode de Grèce, par son communiqué d'hier, a exprimé sa profonde sympathie pour le monde islamique, à l'occasion de l'incendie de la Mosquée Al Aksa de Jérusalem. Par le même communiqué, le Saint Synode souhaite le rapide rétablissement de la paix dans le monde, la fraternisation des peuples de la terre. L'expression de la sympathie de l'Eglise Orthodoxe de Grèce pour les autres religions est un exemple caractéristique de l'effort constant pour le rapprochement et le dialogue entre chrétiens et non chrétiens, annoncé par le Patriarche Athénagoras, il y a deux ans. On dit qu'en Crète aura lieu, prochainement, une rencontre entre Musulmans et représentants des deux Eglises».
Le syncrétisme est donc cultivé par l'Eglise de Grèce, avec le même zèle, avec le même soin que le fait le Conseil Oecuménique des Eglises -dont elle est membre organique- et le Patriarcat de Constantinople. Il n'est pas seulement question d'une collaboration pour l'union des Eglises, l'Oecuménisme ne se limite pas aux chrétiens, il veut la coexistence de toutes les religions, l'accord, la pacification de tous les mensonges et l'égalité de l'Eglise avec eux.


Ils corrigent l'Eglise

Athénagoras n'est donc pas seul adepte du syncrétisme le plus abject comme voudrait nous en convaincre l'auteur néo-calendariste de la diatribe dont nous parlons. Toute l'Eglise de Grèce partage la pensée d'Athénagoras et la proclame ouvertement. Comment l'Eglise Grecque ne serait-elle pas d'accord et n'éprouverait-elle pas une satisfaction toute particulière dans les actes et les déclarations d'Athénagoras ? Pour ces «rasophores» au passeport turc ou grec, le christianisme n'est pas la VERITE, mais UNE vérité parmi beaucoup d'autres. L'Eglise du Christ n'est pas le Corps infaillible et saint du Seigneur, mais une communauté d'hommes qui faute et qui a besoin d'être corrigée. Aussi voyons-nous des corrections incessantes de l'Eglise sans que personne proteste. Athénagoras n'a pas été le seul à corriger l'Eglise par la levée des Anathèmes. Les évêques et les prêtres de l'Eglise d'Etat Grecque la corrigent tous les jours sur d'autres points. La strophe très théologique : «Que deviennent muettes les lèvres impies qui ne vénèrent pas ta sainte Icône...» est devenue, sous les coupoles de l'Eglise néo-calendariste : «Bénies soient les lèvres des hommes pieux qui vénèrent...» Pour ces messieurs, l'hymnologie des Pères est devenue barbare et grossière. Elle ne saurait convenir à une Eglise oecuméniste ; car que penseraient les frères en Christ protestants, en entendant de telles phrases dépourvues d'amour oecuméniste ?
Mais l'Eglise n'est pas seulement corrigée dans son hymnologie, elle l'est également dans l'usage du Nouveau Testament. Le passage où il est dit : «Que la femme craigne son mari» est, systématiquement, évité en beaucoup d'églises, comme incompatible avec les conceptions féministes de notre époque, lors de la célébration du mariage, et la péricope est lue mutilée.
Un personnage officiel de la théologie grecque a même suggéré la «révision et la correction de certains textes liturgiques, surtout de la Grande Semaine, qui portent atteinte à l'estime et à la dignité du peuple et de la nation israëlites» (cf le périodique La Pensée Orthodoxe du 15 janvier 1960, p.5-8). Il a également proposé l'abréviation de la liturgie, la mise élégante du clergé, l'introduction de la polyphonie, l'usage de l'harmonium et toute une foule d'autres «détails». Tout cela, n'est-ce pas correction de la Tradition sacrée de l'Eglise du Christ ? Le changement du calendrier a, lui aussi, été une «correction» de l'Eglise.


Les Confrères

Ce qui se cache derrière ces corrections apparemment insignifiantes est terrible. Ce qui se cache, c'est la totale négation du christianisme. Pour ces hommes-là, le christianisme n'est pas quelque chose de théandrique, de divino-humain. Il est tout simplement humain. Pour eux l'Eglise n'est pas le Corps du Christ Dieu-Homme. Dans le fond de leur coeur, ils ne croient pas que le Christ est Dieu-Homme. S'ils le croyaient vraiment, jamais ils n'auraient osé «corriger» son Corps. Ils ne croient pas, non plus, en vérité, en l'Esprit Saint et en sa présence illuminatrice qui gouverne l'Eglise. De cette double infidélité, consciente ou inconsciente, vient la négation de l'autorité des Pères, que l'on voit ces derniers temps dans le sein de l'Eglise «officielle».
On a commencé, il est vrai, à étudier les Pères plus qu'autrefois ; mais ce fait ne doit tromper personne. Nos grands pères, du temps de la Turcocratie, étaient illettrés et n'avaient pas la possibilité de lire les Pères dans le texte, mais ils avaient une confiance absolue en leur autorité ! Et ce qu'ils faisaient de travers, ils le faisaient croyant que les Pères avaient enseigné ainsi. Aujourd'hui, la plupart de ceux qui étudient les Pères, le font dans un esprit critique orgueilleux et sans rougir. Pour eux, les Pères ne sont rien d'autre que des confrères en théologie. Ils ne voient pas pour quelle raison il faut les respecter plus que n'importe quel autre confrère. Pour eux la sainteté n'a aucune signification.
Pour les «chrétiens» d'aujourd'hui, seule l'intégrité morale qui n'a pas d'objectif spirituel mais social a un sens. Dans ce domaine, l'Eglise Grecque est d'un grand rendement. Le pharisaïsme a été élevé au rang de science. Les plus grandes transgressions des canons sacrés ont eu pour prétexte la pureté morale. Alors que dans les questions de morale on constate une sensiblerie hypocrite, dans les questions de foi, on voit une tolérance sans borne. Et cela, parce que les questions de la foi concernent la vie éternelle : le futur, l'impalpable est, en son essence, indifférent à ces hommes-là qui ont perdu la foi. Pour eux, la morale concerne la «cité d'ici-bas» qui, bien que non «permanente», est souhaitée la plus «permanente» possible par ceux «qui n'ont pas d'espérance» et qui trouvent ainsi un certain faux antidote à la vanité de leur existence. La morale, c'est l'appui de la société. La sainteté, elle, c'est la sortie hors du monde et des systèmes du monde ; c'est pourquoi la société la voit d'un mauvais oeil. La sainteté dit non au monde qui gît dans le mal. Elle est différente de l'intégrité morale. L'intégrité morale regarde le siècle présent ; la sainteté est indifférente à ce siècle vain de la corruption, elle regarde au siècle futur qui est incorruptible.
De ce fait provient une antithèse abyssale entre la morale et la sainteté, antithèse totalement ignorée de la tactique moralisante et de la doctrine de l'Eglise officielle. L'Eglise officielle n'est, en son essence, qu'un instrument entre les mains du César ; tous la voient comme un moyen pour la garde du bon ordre, comme une force qui donne une plus grande autorité aux lois que ne pourrait le faire, à lui seul, le glaive. Et c'est ainsi que l'on voit, paradoxalement, les plus grands athées, les hommes les plus indifférents religieusement, soutenir l'Eglise, puisque par elle, ils ont la possibilité de susciter dans les masses, la disposition à la soumission.


Vers les royaumes terrestres

Celui qui étudie attentivement l'oeuvre des organisations religieuses, qui ont surgi ces dernières années, dans le sein de l'Eglise officielle, remarquera que leur objectif était «une Grèce chrétienne» et pas tant le Royaume des Cieux.
Derrière les objectifs apparemment chrétiens, se profilait un but terrestre dont la plupart des membres n'étaient pas très conscients. Leur recherche de la quantité, de la force et de la domination, le fait que l'on ait éloigné du monachisme les «consacrés» qui appartenaient à ces organisations, pour les lancer dans le monde, tout cela témoigne, avec éloquence, du changement d'orientation spirituelle du troupeau de l'Eglise officielle. Les fidèles, dans cette Eglise, ont commencé, peu à peu, à s'orienter vers un royaume terrestre, millénariste, du Christ, ou plus exactement de type judaïque. Ils ont commencé à soupirer et à lutter pour l'utopie qu'ils appelaient «Etat de Dieu», «Démocratie Chrétienne», «Civilisation Chrétienne». La «Civilisation Chrétienne» ou, plus couramment, «Civilisation Gréco-Chrétienne» est devenue le bonbon dans la bouche de ces hommes-là. Mais les vrais chrétiens «n'ont pas de cité permanente ici-bas, ils attendent la nouvelle».
Cette recherche de la «Cité d'ici-bas», par les fidèles de qualité de l'Eglise néo-calendariste, des laïcs des organisations religieuses, est le fruit d'un long empoisonnement des fidèles ; d'une intoxication qui, tout en laissant apparemment inchangés les signes extérieurs de l'Orthodoxie, en a sapé, en réalité, les fondations mêmes. Il est très difficile de trouver dans le sein de l'Eglise officielle quelqu'un qui n'ait pas subi, d'une manière ou d'une autre, cette sape. Tous ceux qui n'avaient pas les pieds sur terre et les inadaptés furent la cible des autres et traités de «Vieux Calendaristes». Cette dérision révèle, en vérité, la profonde différence de mentalité, de conception, de foi, entre ce qui, dans le passé fut l'orthodoxie et ce qu'elle est devenue dans l'Eglise officielle.
La question de savoir si l'Eglise officielle de Grèce suit Athénagoras est totalement dépassée. Athénagoras comme l'Eglise officielle de Grèce souffrent de la même maladie. Ils sont deux branches parallèles de la même plante, à la différence qu'Athénagoras était le fruit le plus mûr.


La confession «dans l'Eglise»

Mais les défenseurs du Néo-Calendarisme ne désarment pas : «Demande, par écrit, aux évêques de l'Eglise officielle s'ils partagent la pensée du Patriarche et tu apprendras... Nous ne devons pas ignorer que si les délicatesses et les politesses jouissent toujours de la publicité et sont rapidement connues, les efforts, les blâmes et les menaces demeurent cachés derrière une politesse mal entendue».
Il ne s'agit pas ici d'ignorance. Les Néo-Calendaristes savent très bien que dans l'Eglise, ce ne sont pas les opinions de chacun qui comptent mais la confession de sa foi. Ce qu'un évêque croit en son for intérieur est indifférent pour l'Eglise. L'important c'est ce qu'il prêche publiquement, «dans l'Eglise», «tête nue», de son propre chef. C'est alors, disent les canons, que l'on doit couper la communion avec l'évêque hérétique qui prêche, publiquement, son hérésie. S'il garde son hérésie, en son for intérieur, s'il ne l'enseigne pas et s'il ne communie pas, ouvertement, avec des hérétiques, l'Eglise le tient pour orthodoxe, son sacerdoce est valide de même que ses sacrements. Mais lorsqu'un évêque prêche publiquement son hérésie ou communie, ouvertement, avec des hérétiques, quand il renie publiquement le Christ et son Eglise, alors nonobstant tout ce qu'il peut avoir dans son coeur, tout ce qu'il peut dire en privé à l'un ou à l'autre, l'Eglise le tient pour apostat et négateur du Christ ; un tel homme se trouve hors de la bergerie de l'Eglise, son sacerdoce est perdu et ses «sacrements» privés de la grâce sanctifiante.
L'Eglise n'est pas une affaire personnelle. Le sacerdoce, l'épiscopat sont donnés et n'existent que dans l'Eglise, ils ne sont pas quelque chose d'individuel. Le renégat, en tant que personne, sera jugé par Dieu, mais il ne peut être prêtre ou évêque s'il renie l'Eglise qui lui a conféré le sacerdoce et passe officiellement et ouvertement dans le camp des renégats. L'Eglise a toujours considéré comme étrangers à elle ceux qui reniaient, publiquement, le Christ, pour échapper au châtiment des princes, bien qu'il fût connu de tous qu'ils n'avaient pas renié, en leur for intérieur, le Christ et son Eglise. Comment l'Eglise ne regarderait-elle pas comme étrangers à elle ceux qui, sans être menacés par le prince de mort martyrique, ont renié, publiquement, la foi et ont trahi le Christ ?
Nous n'avons donc besoin d'aucune lettre, d'aucune attestation d'évêques de l'Eglise officielle de Grèce qui suivent le Patriarche de Constantinople en le commémorant publiquement «dans l'Eglise», «Tête nue», au moment le plus sacré de la liturgie, se proclament adeptes du Patriarche syncrétiste. Quelle valeur peuvent bien avoir des attestations privées ? Quelle valeur peuvent bien avoir d'éventuels blâmes ou reproches qui restent secrets ? Officiellement, publiquement, tous les évêques de l'Eglise officielle «dans l'Eglise» sont d'accord avec le Phanar et le suivent. Tous ceux qui, parmi eux, dans les discussions privées, disent n'être pas d'accord avec Dimitri, ne font que prouver le manque de sérieux et de droiture qui les caractérise. Comment la sournoiserie et la diplomatie de ces évêques peuvent-elles être utilisées comme argument en faveur de leur orthodoxie et comment un père spirituel, avec tant de responsabilités envers la jeunesse qu'il guide, peut-il appeler «politesse» -même mal entendue- la duplicité et l'opportunisme ? Ces archimandrites érudits n'ont-ils jamais vu dans leurs études ce que Basile le Grand écrit à propos de ces évêques : «Ceux qui feignent de confesser la foi orthodoxe mais communient avec les hétérodoxes, si après admonestation ils ne s'en éloignent pas, nous les tenons pour excommuniés, et nous ne les appelons même plus frères».


Est-ce qu'un seul d'entre les chefs...

«Tous les docteurs de l'Eglise, tous les Conciles, toute la Sainte Ecriture nous exhortent à fuir les hétérodoxes et à nous tenir loin de leur communion», nous dit saint Marc d'Ephèse. «D'une voix forte, Chrysostome déclare ennemis de Dieu, non seulement les hérétiques, mais aussi ceux qui communient avec eux», écrit saint Théodore le Studite à l'Higoumène Théophile. Toute la tradition écrite et orale de l'Eglise, tous les saints et les apôtres dans la Sainte Ecriture condamnent les évêques de l'Eglise officielle de Grèce qui communient avec le Patriarche apostat et ceux qui pensent comme lui. Parmi les chrétiens orthodoxes d'aujourd'hui, combien ont le courage de fuir les hétérodoxes et de se séparer de leur communion ? Très peu. En vérité, le troupeau du Christ a toujours été petit ! Le petit troupeau. Vases de terre fragiles sont tous ceux qui sont restés fidèles témoins de la Vérité dans le monde. La foule illettrée qui ne connaît pas la Loi, avec ses passions, ses divisions, ses étroitesses d'esprit. Est-ce qu'un des chefs ou un des pharisiens a cru en Lui ? demandent les scribes des Néo-Calendaristes. Mais cette foule qui ne connaît pas la Loi est maudite. Quel théologien, dites-moi, est devenu Paléo-Calendariste ? Quel professeur d'université est devenu Paléo-Calendariste ? Lequel de ces évêques purs actuels est-il devenu Paléo-Calendariste ? Non, aucun sage, aucun puissant de ce siècle n'a suivi la foule illettrée des Paléo-Calendaristes, ce «petit nombre» de Galiléens qui crient que prétendûment -écoute, écoute- l'Eglise de Grèce est d'accord avec Athénagoras et Dimitri et font retentir la simandre comme jadis Noé, pour appeler les animaux à entrer dans l'Arche. Regardez, autour de vous, les hommes se tenir en paix, sagement se marier et se baptiser dans les grandes églises, et recueillis oindre leurs enfants du chrême d'Athénagoras le plus abject des syncrétistes, voyez quelle foule forment tous ceux-là, des hommes remarquables, des prêtres, des évêques savants, des chefs, des scribes, des pharisiens, des hommes de la Loi. Sont-ils tous dans l'ignorance et seuls les Paléo-Calendaristes savent ?
Les Paléo-Calendaristes ne savent peut-être rien, mais ils savent une chose : qu'ils sont d'accord avec les Nouveaux Martyrs, les Confesseurs, les Pères, les Anachorètes, les Martyrs anciens, les Apôtres. Peu leur chaut s'ils sont peu, parce que peu nombreux furent toujours les vrais chrétiens ; peu leur chaut d'être faibles, parce que faibles furent les Apôtres ; peu leur importe d'être illettrés, parce qu'illettré était aussi le Christ. Ils luttent pour une seule chose : comment rester fidèles à l'Orthodoxie ; comment rester dans l'Eglise ; comment aller à l'Arche.
Quant aux docteurs des Néo-Calendaristes qui impressionnent leurs disciples, avec les foules de l'Eglise répandue dans le monde entier, ils leur répondent avec saint Théodore le Studite : «Un seul qui sait se rendre agréable au divin est préférable à des milliers qui se vantent de leur suffisance. Si toi tu préfères la multitude qu'engloutit le déluge à Noé qui fut sauvé, souffre que moi j'aille rejoindre le petit nombre dans l'Arche».


Lutteurs de l'Orthodoxie

Ce qui montre l'insincérité des défenseurs du Néo-Calendarisme et leurs manoeuvres démagogiques, c'est la déformation grossière de la Vérité qu'ils utilisent en toute conscience.
Voici ce qu'ils disent : «Les Paléo-Calendaristes sont sortis de l'Eglise de Grèce et ont fondé l'Eglise des 'Vrais Chrétiens Orthodoxes' parce que, disent-ils, le changement de calendrier heurte les saints canons... Ils ont fondé l'Eglise des Vrais Chrétiens Orthodoxes, dans leur seul désir de protéger les saints canons... L'Eglise des Vrais Chrétiens Orthodoxes a été fondée comme moyen, un moyen pour l'observance rigoureuse des saints canons».
On ne pouvait inventer calomnie plus perfide contre les Paléo-Calendaristes en lutte. Perfide, parce qu'à première vue elle est présentée comme juste et rigoureuse. En effet, le changement du calendrier des fêtes violait les saints canons, et les Paléo-Calendaristes ne manquèrent pas de le signaler, ce qui était bien naturel. La perfidie réside dans le fait que les Paléo-Calendaristes sont présentés comme luttant en don Quichottes «ayant pour étendard la rigueur». Calomnie infernale en vérité, qui veut et qui peut, aux yeux du monde, ravaler au niveau de luttes naïves la lutte des Paléo-Calendaristes, «ces éléments fanatiques hors de toute réalité».
Mais les Paléo-Calendaristes ne se battaient pas pour soutenir l'aspect de la rigueur ecclésiastique au détriment de l'économie ecclésiastique. Il n'était nullement question de rigueur ni d'économie. La lutte des Paléo-Calendaristes était pour l'Orthodoxie. Le changement du calendrier des fêtes n'était pas seulement une violation des canons, il était aussi le commencement de la démolition des murailles de l'Orthodoxie, destruction déjà préparée à l'époque de Théoclète Pharmakidès. Si ceux qui se battirent furent appelés Paléo-Calendaristes, cela est dû au fait que les ennemis de l'Orthodoxie ont commencé sa démolition par l'introduction du Calendrier papal. S'ils avaient attaqué une autre face, la forme de la lutte serait maintenant différente et différent aussi le nom de ceux qui se battirent pour l'Orthodoxie, appelés aujourd'hui Paléo-Calendaristes.
Les ennemis de l'Orthodoxie font semblant de ne pas comprendre le sens de la lutte des Paléo-Calendaristes. «Chose immense, disent-ils, que le christianisme, qu'ils noient dans ces treize gouttes d'eau ! Différence terrible, question de salut, dogme de foi, que ces treize jours du calendrier !» Preuve classique de l'impuissance devant la Vérité : on la déforme. Les Paléo-Calendaristes ne se sont jamais battus ni pour treize jours ni pour des calendriers. L'exactitude astronomique a été le prétexte avancé par les Néo-Calendaristes. En 1924, les orthodoxes de Grèce ont vu que la symphonie cultuelle de l'Eglise du Christ, symphonie qui régnait depuis seize siècles, allait être bouleversée dans le monde entier. Ils ont vu que les traditions de l'Eglise allaient être méprisées ; ils ont vu le souci syncrétiste de plaire aux hérétiques d'Occident, vraie cause de l'introduction du calendrier occidental ; ils ont vu -c'est le pire de tout- la négation secrète de l'infaillibilité de l'Eglise, qui devait finalement apparaître, dans toute sa splendeur, dans la levée, en 1965, de l'anathème contre le papisme. En d'autres termes, ils ont compris que le navire de l'Eglise de Grèce avait heurté un récif et commençait à prendre l'eau. Le changement du calendrier a été le premier coup de hache sur le tronc de l'Eglise, dont l'abattage avait été envisagé depuis longtemps. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir et ne pas comprendre que ceux qui avaient donné le premier coup de hache n'allaient pas s'arrêter là mais continuer. Leur but n'était pas ce premier coup de hache, mais l'abattage de l'arbre. Ceux qui avaient de la piété l'ont très bien compris alors ; et maintenant, on voit qu'ils ont eu raison.


La désorthodoxisation

Les Paléo-Calendaristes n'ont pas quitté l'Eglise officielle par ignorance de l'Economie ecclésiastique, ils l'ont quittée pour rester orthodoxes. L'Eglise d'Etat de Grèce avait commencé à appliquer le programme de désorthodoxisation de l'Orthodoxie. Rester dans le sein de cette Eglise n'aurait pas été seulement un consentement silencieux au crime qui se perpétrait contre la foi, -c'était en vérité, une question de salut. Derrière tout cela, se cachait le mépris sous-marin pour les Pères de l'Eglise que nous avons vu se dévoiler d'une manière palpable, au sein des organisations religieuses.
Quand les Pères ont établi les fêtes et l'hymnologie de l'Eglise sur le calendrier des astronomes de Jules César, ils savaient très bien que ce calendrier, avec le temps, prendrait du retard. Mais l'exactitude astronomique n'intéressait pas les Pères ; leur mentalité était radicalement différente de celle des évêques de Grèce d'aujourd'hui, sécularisée et pleine de complaisance envers le monde. Cette différence de mentalité est le premier et grand danger pour l'âme des fidèles, un poison insidieux qui pénètre de plus en plus l'atmosphère de l'Eglise d'Etat ; sa force est telle, que non seulement il se répand dans le sang des fidèles, mais le rend aussi incapable de recevoir l'oxygène spirituel, si un jour il devait retrouver l'air pur de l'Orthodoxie. La prédication, la catéchèse, les organisations religieuses, les écoles de théologie, les périodiques, les confréries de consacrés sont marqués du sceau de la sécularisation, qui rappelle l'état de la religion en Occident. Les quelques exceptions apparaissent comme des fautes d'orthographe, des impuretés dans le lait, des corps étrangers qu'il faut ôter. Est-ce ou n'est-ce pas une question de salut, que de se tenir loin d'une telle Eglise ?
Pourquoi les livres patristiques sont-ils devenus rares ? Pourquoi les organisations religieuses n'ont-elle pas édité des oeuvres patristiques, malgré leurs immenses moyens ? Pourquoi l'Eglise ne demande-t-elle pas à l'Etat de faire étudier, dans les écoles, des textes patristiques ? Tout simplement, parce que les Pères ne sont plus aimés. Ils sont honorés du bout des lèvres et haïs des coeurs. Dans l'Eglise de Grèce, on ne veut plus croire ni vivre comme les Pères ont cru et vécu. Non, le changement du calendrier n'a pas été un fait simple et indépendant, il n'est pas le fruit de l'inspiration fortuite d'un Archevêque, il a été la première éruption d'un volcan depuis longtemps en effervescence, éruption qui annonçait les autres éruptions qui devaient suivre et dont nous sommes les témoins. C'est ainsi que les Paléo-Calendaristes ont vu l'affaire du Calendrier des fêtes, et le temps a prouvé qu'ils voyaient juste.


Le rationalisme procédurier

«Les autres Eglises Orthodoxes, disent les apologètes du Néo-Calendarisme, bien qu'elles suivent l'Ancien Calendrier, ont eu et ont toujours des relations canoniques avec l'Eglise de Grèce. Pourquoi les Paléo-Calendaristes ont-ils agi autrement ? En agissant ainsi, ne se sont-ils pas mis hors de l'Eglise Catholique Orthodoxe ? Quelle Eglise Orthodoxe locale qui suit l'Ancien Calendrier a-t-elle des relations avec le camp des Paléo-Calendaristes de Grèce ? Antioche ? Moscou ? Serbie ? Bulgarie ? Aucune ! Toutes ces Eglises sont toujours en relation avec la seule Eglise de Grèce... Si l'Eglise de Grèce, à cause du changement du calendrier est devenue, automatiquement -c'est-à-dire, sans être excommuniée par les autres Eglises- schismatique, alors schismatiques sont aussi toutes les Eglises orthodoxes locales, puisqu'elles communient avec une Eglise schismatique».
Avec quelques changements, nous pourrions transposer ce paragraphe en d'autres époques et écrire ceci : «Quand Nestorius prêchait l'hérésie à Constantinople, les autres Eglises, bien que gardant la foi orthodoxe, continuèrent à avoir des relations canoniques parfaites avec l'Eglise de Constantinople et Nestorius. Pourquoi alors, les quelques prêtres et laïcs orthodoxes de Constantinople, ont-ils agi autrement ? Pourquoi ont-ils rompu avec leur Archevêque et ont-ils cessé de le mentionner aux offices, et pourquoi l'ont-ils officiellement rejeté ? Par cet acte, ne se sont-ils pas mis hors de l'Eglise orthodoxe universelle ? Et sous le coup d'une terrible excommunication qui tomba sur leur tête, lancée par Nestorius leur Archevêque, avec lequel étaient en communion tous les Patriarches et les Evêques de l'univers ? Quelle Eglise locale de celles qui gardaient alors, intégrale, la foi Orthodoxe avait alors des relations canoniques avec le camp des Vrais Chrétiens Orthodoxes de Constantinople ? Celle de Jérusalem ? Celle d'Antioche ? Celle de Rome ? Celle d'Alexandrie ? Aucune ! Toutes ces Eglises n'avaient de relations qu'avec l'Eglise officielle de Constantinople et avec son Patriarche Nestorius... Si l'Eglise de Constantinople, à cause de l'hérésie de son archevêque, est devenue, automatiquement -c'est-à-dire sans être rejetée par les autres Eglises, rejet qui arriva plus tard- hérétique, alors hérétiques furent toutes les Eglises locales orthodoxes, puisqu'elles communiaient avec une Eglise hérétique...».
Voilà où mène le raisonnement desséché, anti-orthodoxe et légaliste. En réalité, ni les Vrais Chrétiens Orthodoxes de Constantinople excommuniés par Nestorius ne se sont trouvés hors de l'Eglise, ni les Eglises locales ne sont devenues hérétiques, parce que jamais elles ne furent d'accord avec Nestorius. Certes, selon la lettre de la loi, les Eglises communiaient avec Nestorius. Mais l'hérésie de celui-ci n'était pas encore connue. Des bruits circulaient, mais rien n'était encore sûr et clair, sauf pour les habitants de Constantinople, qui avaient une expérience personnelle de la prédication de Nestorius. Pour eux, être en communion avec Nestorius équivalait à une vraie hérésie. Quant aux autres, leur communion avec Nestorius était justifiée, parce qu'ils ne savaient pas, exactement, de quoi il s'agissait. En de pareils cas, la communion avec un hérétique est interrompue par les Eglises voisines, au fur et à mesure de leur prise de conscience de l'hérésie de leur voisin. En tout cas, la rupture de la communion commence dans l'Eglise où naît l'hérésie. Il faut toujours un certain temps pour que l'hérésie soit perçue par les autres Eglises, et plus de temps encore, pour la convocation d'un concile qui décide l'excommunication.
La même chose est arrivée chez les Paléo-Calendaristes de Grèce. L'innovation est née dans le sein de l'Eglise de Grèce, il était donc tout naturel que les Grecs fussent les premiers à rompre la communion avec les innovateurs. Si les autres Eglises ont tardé à réagir ou n'ont pas du tout réagi, cela est dû au fait que la plupart d'entre elles partageaient les idées syncrétistes de L'Eglise officielle de Grèce. Les autres, celles-là vraiment orthodoxes -comme celle des Catacombes de Russie- accablées par les épreuves, ne pouvaient savoir exactement ce qui se passait en Grèce, ni ne pouvaient réagir.


Attendre un jugement conciliaire

Les Orthodoxes n'attendent pas l'anathème de l'Eglise pour s'éloigner des hérétiques. Tous ceux qui découvrent une maladie la fuient sans attendre des instructions des services de santé, instructions qui peuvent n'être jamais données, à cause de circonstances particulières, ou être données très tard. Les cholériques sont cholériques, que les médecins le sachent ou non, qu'ils le disent ou non. Les proches qui s'en aperçoivent les premiers seront les premiers à s'éloigner, parce que plus exposés que tous les autres. Anathématisée ou non, l'hérésie est hérésie. Malheur à ceux qui communient avec elle en attendant un jugement conciliaire.
Le premier symptôme de l'hérésie oecuméniste est apparu en Grèce en 1924 avec le changement du calendrier des fêtes. Tous ceux qui avaient de l'expérience comprirent qu'il s'agissait d'un choléra et ils ont fui sans rien attendre. Maintenant on les calomnie, disant qu'ils auraient dû attendre que les voisins découvrent la maladie qui ravageait leur maison. Ceux qui parlent ainsi y restent encore, retenant avec eux tous ceux qui ont la naïveté de les écouter. Ils attendent, disent-ils, les médecins. Mais ne s'est-il trouvé personne pour leur dire que les médecins qu'ils attendent pour le diagnostic ont été eux-mêmes atteints par la maladie ?


Gestionnaire de la grâce ?

Un Néo-Calendariste écrit : «Supposons qu'aujourd'hui l'Eglise de Grèce qui communie avec le Patriarche Athénagoras soit devenue hérétique, qu'elle le soit devenue aujourd'hui, hier, voire depuis un, deux ou trois ans. Mais il y a cinq ou dix ans elle ne l'était pas. A bien plus forte raison ne l'était-elle pas il y a trente ans. Donc, il y a trente ans, l'Eglise de Grèce étant orthodoxe, a DEPOSE les deux Evêques en question (Chrysostome de Florina et Germain de Démétriade qui avaient rallié les Paléo-Calendaristes et condamné le changement du calendrier) et tous ceux qu'ils ordonnèrent. Donc cet acte, posé en un temps ancien, est pour nous valide et authentique. Si (par hypothèse) les actes actuels de l'Eglise de Grèce désormais hérétique ne seraient pas valides et ceux qu'elle dépose ne seraient pas déposés, ceux qu'elle a déposés il y a vingt et même trente ans, sont bel et bien déposés».
Ainsi donc, Chrysostome et Germain auraient été déposés ? Mais par qui ont-ils été déposés et pourquoi ? Ils ont été déposés par ceux qui avaient sapé la tradition cultuelle orthodoxe, par ceux qui avaient méprisé les Pères pour devenir les amis des hérétiques de l'Occident. Et pourquoi ont-ils été déposés ? Pour n'avoir pas voulu suivre, dans leur chute, les innovateurs méprisants.
Mais ces hommes-là croiraient-ils vraiment que Dieu est le serviteur des Evêques ? Qu'il est obligé de retirer sa grâce aux hommes justes et orthodoxes, quand ces Evêques le lui demandent ? Et ils proclament cela parce que leur ecclésiologie n'est pas orthodoxe mais papiste. Pour eux, l'épiscopat est le gestionnaire de la grâce de Dieu. Tant que cet épiscopat n'a pas ôté la grâce à Athénagoras, Dieu ne peut pas la lui retirer. Or les orthodoxes ne voient pas les choses juridiquement, mais ontologiquement. L'hérésie est ténèbres. Les ténèbres ne peuvent coexister avec la Lumière de la grâce de Dieu. Si l'hérétique est devenu hérétique, c'est pour avoir chassé loin de lui Dieu, c'est pour s'être, volontairement, enfermé dans la tour obscure de l'ignorance où aucun rayon de la Lumière divine ne peut pénétrer. L'hérésie, plus que tout autre péché, sépare les hommes d'avec Dieu. Par l'hérésie, l'homme se coupe seul de Dieu, que le concile l'excommunie ou non. Les hérétiques se coupent de l'Eglise ontologiquement et non juridiquement. Ils sont coupés d'elle parce que hérétiques et non parce que l'Eglise a décidé de les rejeter.
L'hérétique, c'est-à-dire, celui qui prêche une hérésie et ceux qui le suivent sachant bien qu'il prêche une hérésie, se trouvent, d'une manière ou d'une autre, en opposition avec l'Eglise. Celui qui est en opposition avec l'Eglise ne peut avoir le Sang du Christ qui purifie de tout péché. Il faut pour cela demeurer dans la Vérité. «Dieu est Lumière et il n'y a point en Lui de ténèbres, écrit le disciple bien-aimé du Seigneur. Si nous disons que nous sommes en communion avec Lui et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne pratiquons pas la Vérité. Mais si nous marchons dans la Lumière, comme Il est Lui-même dans la Lumière, nous sommes mutuellement en communion, et le Sang de Jésus-Christ son Fils nous purifie de tout péché». «Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine du Christ n'a point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils». La condition pour avoir la grâce de Dieu, c'est d'avoir la Vérité. «La Vérité n'est pas autre chose que la grâce du Christ» écrit saint Syméon le Nouveau Théologien (Discours 22). En conséquence, la séparation de l'hérétique d'avec l'Eglise n'a rien à voir avec des décisions d'un concile de l'épiscopat. Le concile orthodoxe c'est le chirurgien qui retranche le membre pourri du reste du corps de l'Eglise. Ce n'est pas le concile qui tue le membre retranché. Le membre était mort avant que le concile ne décide de le couper.
Certes, les évêques ont le pouvoir d'excommunier, mais ceux-là seuls qui sont déjà morts spirituellement. Un homme orthodoxe et juste reste vivant et inébranlable dans l'Eglise du Christ, jugeant sans être jugé par personne, quels que soient les exclusions, les anathèmes, les dépositions lancés contre lui, fût-ce par des évêques orthodoxes. «Si un évêque excommunie contre le dessein de Dieu, le jugement divin n'est pas engagé pour autant», dit saint Maxime le Confesseur qui savait de quoi il parlait. Et saint Denys l'Aréopagite écrit : «De la même façon, à titre de révélateur des jugements divins, le grand prêtre possède le pouvoir d'excommunier ; non certes que la toute sage Théarchie se plie, si l'on ose dire, servilement à tous ses caprices, mais parce qu'il obéit à l'Esprit qui est le principe de tout sacrement et qui s'exprime par sa bouche, parce que c'est en raison de leur démérite qu'il excommunie ceux que Dieu a déjà jugés».
Le n233 de juin 1961 de Christianiki Spitha fut publié avec, en première page, une éloquente image. Cette image représentait un évêque de la bouche duquel sortaient de noirs corbeaux. Les corbeaux s'en allaient faire un tour et ne trouvant où se poser, retournaient et se posaient sur la tête de l'évêque. A cette époque, le métropolite de Thessalonique Pantéléimon avait excommunié neuf membres de l'organisation de l'archimandrite Augustin Kandioti. Sous le titre du journal, on lisait : «Le passereau s'échappe, l'hirondelle s'envole, et la malédiction gratuite, non fondée, n'atteint pas son but» (Prov. 26, 2). En guise de légende, on lisait : «Les malédictions et les anathèmes injustes sont sans effet, comme on dit dans notre peuple ; même quand ils sont tissés, artificiellement, de citations scripturaires. Ils ressemblent, selon l'Ecriture, aux oiseaux noirs aux griffes recourbées, qui volent affamés dans les airs et qui finalement reviennent se poser sur la tête de l'insensé qui les a prononcés». Le texte de Spitha se terminait par des références à l'Histoire de l'Eglise où l'on peut trouver beaucoup d'exemples d'excommunications injustes et de dépositions de pieux orthodoxes, faites par des évêques passionnés ou désorientés.
Le très sage Néo-Calendariste n'ignore rien de tout cela. Il sait fort bien qu'aucune déposition injuste, même faite par des évêques orthodoxes, est sans consistance ; Dieu n'est pas le serviteur des évêques pour ôter la grâce du sacerdoce aux prêtres et aux évêques orthodoxes et justes en tout, parce que d'autres évêques l'ont voulu ainsi. Comment peut-on imaginer que Dieu punisse ses serviteurs qui obéissent à sa sainte volonté ? Et pourtant, les maîtres des Néo-Calendaristes utilisent cet argument, sachant bien qu'il est sans contenu, afin d'impressionner leurs lecteurs.


Des cacodoxes ont déposé des orthodoxes

«Il y a trente ans, l'Eglise de Grèce qui était orthodoxe, a déposé...» Voilà une affirmation que nous devons examiner. Si l'injuste excommunication et l'injuste déposition sont sans valeur, même prononcées par des évêques orthodoxes, que dire de celles qui sont faites par des évêques anti-orthodoxes, par des évêques innovateurs qui corrigent l'Eglise du Christ, par des évêques qui sont eux-mêmes sous le coup d'anathèmes de conciles pan-orthodoxes, par des évêques qui travaillent à la réalisation des buts de l'Oecuménisme abject, par des évêques qui prêchent l'hérésie des hérésies : le syncrétisme oecuméniste ?
«Mais voyons un peu, nous disent-ils, l'oecuménisme est une hérésie récente apparue depuis dix ans à peine. Elle n'existait pas il y a trente ans, quand les clercs et les laïcs paléo-calendaristes ont été excommuniés et anathématisés par l'Eglise innovatrice de Grèce». Ceux qui croient cela se trompent et commettent une grave erreur.
Quel but avait le changement du calendrier ? Le changement du calendrier, comme le changement de la Pâque qui est aujourd'hui à l'étude, avaient pour but fondamental l'unité liturgique avec les hérétiques d'Occident. C'était le premier pas vers la célèbre union des «Eglises». Le changement du calendrier a donc été le premier acte officiel du Syncrétisme dans notre pays.
Les Néo-Calendaristes s'efforcent de présenter l'attachement des Paléo-Calendaristes au calendrier ecclésiastique orthodoxe comme une singularité, un sympathique malentendu qui ne peut justifier la rupture de la communion des Paléo-Calendaristes avec l'Eglise prévaricatrice de l'Etat. En général, la tactique des Néo-Calendaristes était de présenter de la manière la plus ridicule possible, la plus insignifiante possible, l'affaire pour laquelle les Paléo-Calendaristes luttaient. Les champions du Néo-Calendarisme s'efforcent de présenter comme parfaitement sans rapport le bouleversement du calendrier liturgique orthodoxe avec l'hérésie de l'Oecuménisme. Mais les Paléo-Calendaristes crient, depuis le commencement, que ce qui était en danger c'était la FOI.
La lutte des Paléo-Calendaristes n'était pas une lutte d'esprits étroits, fanatiques, contre un calendrier plus exact et plus parfait, comme les Néo-Calendaristes ont voulu le faire croire. C'était la lutte de l'Orthodoxie contre une hérésie nouvelle ; contre une hérésie perfide et camouflée qui n'était pas encore connue sous son vrai nom. Le changement du calendrier orthodoxe des fêtes était la première attaque de l'Oecuménisme contre l'Eglise de Grèce.
Quand on étudie l'histoire et les décisions du conciliabule cacodoxe de Constantinople réuni sous la présidence du Patriarche maçon de Constantinople Mélétios Métaxakis, on découvre l'oecuménisme dans toute sa gloire, tel qu'on le connaît aujourd'hui. Dans ce conciliabule de mai 1923, il ne fut pas seulement décidé le changement du calendrier férial et pascal, il fut aussi décidé l'abandon de la soutane et son remplacement par le costume de clergyman, la taille des cheveux et de la barbe des clercs orthodoxes, pour qu'ils ressemblent en tout aux clercs occidentaux et protestants, anglicans et catholiques ; la suppression des jeûnes pour imiter l'Occident, l'abandon du monachisme ou sa transformation en ordres religieux sociaux ou actifs, toujours selon le modèle occidental. A cette époque avaient déjà commencé, sporadiques, des contacts oecuménistes, des dialogues, la propagande systématique pour la reconnaissance des ordinations anglicanes et du baptême de tous les hérétiques, et on avait soulevé la question de la révision de toute la législation ecclésiastique et celle d'une «nouvelle définition officielle de la confession de la foi orthodoxe».
Donc, l'Eglise de Grèce d'il y a trente ans, étant anti-orthodoxe et non orthodoxe, a déposé et excommunié les Paléo-Calendaristes, clercs et laïcs. Mais les Paléo-Calendaristes lui répondent par les paroles suivantes de saint Marc d'Ephèse :
«Les conciles condamnaient ceux qui n'obéissaient pas à l'Eglise et qui alléguaient une doctrine contraire à elle ; c'est pourquoi les conciles les appelaient hérétiques et condamnaient d'abord l'hérésie, et ensuite ceux qui l'alléguaient. Moi, je ne prêche pas une doctrine personnelle, je n'ai rien innové ni n'ai soutenu un dogme étranger et faux ; mais je me tiens dans la doctrine sans mélange que l'Eglise a reçue du Christ notre Sauveur et qu'elle garde... Comment serais-je jugé comme étaient jugés les hérétiques ? Il faut d'abord condamner la doctrine que je professe, et si elle est conforme à la piété et orthodoxe, comment serais-je digne de condamnation ?»

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