jeudi 13 janvier 2011

La Lumière du Thabor n°22. Lecture de la presse.

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Lecture de la presse

DANS LES MURS

N.d.l.R. Le texte ci-dessous du collaborateur à Orthodoxos Typos, Athanase Sakarellos, est un admirable témoignage, donné par un fidèle éminent de l’Eglise d’Etat grecque, sur la situation spirituelle et théologique de l’épiscopat grec qui, selon cet article, manque totalement à ses devoirs tant pastoraux que doctrinaux, abandonnant la confession de la foi orthodoxe. Au témoignage de M. Sakarellos nous devons ajouter ceci : ce qui est vrai de l’Eglise de Grèce l’est encore davantage de la diaspora, car ce sont les bienfaits et les cadeaux des hétérodoxes qui viennent remplacer ceux que l’Etat fait en Grèce ; les évêques du patriarcat de Constantinople qui sont dans la diaspora tremblent à l’idée de déplaire aux cardinaux et évêques hétérodoxes, auxquels, dès qu’ils le peuvent, ils s’associent.

M. Sakarellos a totalement raison cependant : l’apostasie est là, dans la maison du Seigneur, dirigée et organisée par les « grands prêtres » et leurs clercs, qui se servent de Dieu au lieu de le servir. Puisse Dieu donner à ceux qui ont le courage de protester lucidement, comme M. Sakarellos, la force de rompre avec une hiérarchie qui abandonne la foi patristique et orthodoxe qui a affermi l’univers.

L’Orthodoxie et, en particulier, l’orthodoxie grecque, connaît des jours difficiles. Les orthodoxes grecs de notre diaspora sont dans un état lamentable et glissent vers les communautés latines, protestantes ou autres organisations, et perdent, progressivement, leur conscience nationale, absorbés par leur environnement.

Malheureusement, les forces obscures ont étendu leurs tentacules et sucent le sang de nos frères à l’étranger. Dans certaines régions du monde, l’orthodoxie grecque donne l’impression d’être une simple annexe de la maçonnerie et rien d’autre.

En Grèce, également, le pays des saints et des héros, l’état de l’Eglise n’est pas rose. Certes, nos problèmes ne sont pas ceux des fidèles qui vivent à l’étranger, et nous ne les affrontons pas au même degré. L’état de l’orthodoxie est inquiétant et nous devons ouvrir les yeux.

Dès sa parution, Orthodoxos Typos a eu le douloureux privilège de signaler les dangers, de dénoncer les erreurs ecclésiastiques, les fautes de certains dignitaires et d’autres responsables de notre Eglise, et surtout de stigmatiser les trahisons de notre foi. Il s’est trouvé à la pointe du combat pour la défense de l’Orthodoxie, sans tenir compte qu’il fallait, la plupart du temps, attendre des années pour être justifié. En général, Orthodoxos Typos précède les événements. La façon dont notre foi est mise au rabais est telle qu’elle paraît incroyable, et notre journal n’en révèle qu’une partie !

Si, d’une manière générale, le devoir de la presse est de dire la vérité à ses lecteurs, ne l’est-il pas bien davantage pour un journal religieux comme le nôtre ? Et la vérité, nous ne voulons pas la cacher au peuple de notre Eglise, car nous aurons un compte redoutable à rendre à Dieu au Jour du Jugement : aujourd’hui notre Eglise court le risque le plus grand de son histoire pan-humaine. Si nous jugeons selon les critères humains et sans l’aide de Dieu, il ne sera pas alors excessif de dire que l’Orthodoxie est menacée de disparition totale et que les paroles du Seigneur, qui a demandé si, lors de son second avènement, il trouverait la foi sur la terre, deviennent actuelles.
Certes, beaucoup formuleront des réserves et des objections qu’il ne nous est pas possible de réfuter à l’avance, mais nous dirons seulement ceci : dans le passé, notre Eglise a fait face à d’énormes dangers, mais elle disposait, alors, non seulement d’évêques qui étaient des saints pères – même si parfois la majorité écrasante trahissait comme au temps d’Athanase le Grand – et d’un peuple orthodoxe conscient, surtout des prêtres vigilants et des moines combatifs ; l’Eglise avait une armée en mesure de s’opposer à l’ennemi quel qu’il fût. Aujourd’hui l’Orthodoxie tâche de livrer des batailles sans armée, sans officiers ! Ce n’est pas ainsi que l’on gagne des batailles.

Mais quelqu’un rétorquera sur ce point : aujourd’hui, l’Orthodoxie a des centaines d’évêques, des millions d’orthodoxes, qui forment l’armée de l’Eglise. Oui, l’Eglise a des évêques, mais elle n’a pas d’officiers et de combattants. Elle a des pasteurs, mais qui sont inaptes au combat !

Quand et combien de batailles notre Eglise a-t-elle gagnées sans luttes de ses pasteurs ? A-t-elle vaincu dans le récent affrontement avec l’Etat, dans l’affaire du patrimoine monastique, où tous les évêques avec l’archevêque Séraphim en tête (deux métropolites exceptés, Augustin et Dorothée) se sont empressés de livrer d’eux-mêmes ce que César voulait leur arracher par la force !

Nos évêques, qui devraient veiller sans faiblir sur « les créneaux » comme des officiers responsables du Camp du Seigneur, s’occupent et se soucient d’autres choses, comme par exemple, de pousser leur archimandrite favori à l’épiscopat, afin que lui aussi jouisse, pour le reste de sa vie, des biens qui découlent du pouvoir despotique insensé. Et s’il devenait nécessaire et pour éviter que leurs armes ne se rouillent, de jeter un coup de fusil, ils ont des cibles faciles : les témoins de Jéhova ou… les vieux calendaristes ! sur lesquels ils déversent, tout particulièrement, leur fureur guerrière !

Ces derniers temps, on voit se dessiner une persécution qui aboutit aux tribunaux. Les vieux calendaristes osent officier ou construire des églises ! Nos évêques ne comprennent-ils pas que les vieux calendaristes forment de facto quelque chose d’à part de nous, les néo-calendaristes, qu’ils ont, eux aussi, le droit d’avoir des clercs et des églises ? Et, phénomène tragi-comique : nos évêques laissent librement les hérétiques ravager notre pauvre pays, construire des temples, ébranler le peuple grec, et se déchaînent contre les vieux calendaristes – nous parlons des vrais vieux-calendaristes – leur niant le droit de servir Dieu selon leur conscience, et comme la Tradition ininterrompue de l’Orthodoxie le leur ordonne. Sur eux seuls nos évêques pointent leur artillerie !

Aujourd’hui notre Eglise n’a ni armée ni officiers. C’est pourquoi elle ne se bat plus. L’ennemi n’est plus devant les portes de l’Eglise, il est dans les murs.

L’ennemi de l’Eglise, c’est nous-mêmes, nous qui avons détruit la défense de notre Eglise. Les évêques et les clercs, bergers mercenaires et salariés, les heureux moines et les laïcs indifférents aux choses de la foi, quand ils entendent dans l’église prêcher l’hérésie, ne comprennent pas ; s’ils comprennent, ils ne s’y intéressent pas. En d’autres temps, cela ne se passait pas !
Nous ne savons pas si notre époque est celle de l’antichrist. Nous croyons, cependant, qu’elle en est le précurseur. L’Ecriture dit qu’il y aura une grande apostasie quand l’antichrist approchera, que l’abomination de la désolation sera dans le lieu saint. Saint Jean Chrysostome, commentant ce passage de l’Ecriture, dit que l’abomination de la désolation n’est rien d’autre que l’hérésie qui régnera dans le lieu de l’orthodoxie, et qui dominera sur l’orthodoxie ! Ce phénomène apparaît déjà. L’hérésie règne désormais dans les Patriarcats, chez les archevêques, évêques, clercs, moines, laïcs ! L’ennemi de l’orthodoxie se trouve dans l’Eglise, les chefs y prêchent, tête nue, l’hérésie. Aujourd’hui, c’est l’époque où les élus sont en péril. Que les vrais élus qui appartiennent au petit troupeau du Seigneur, que tous les fidèles, élèvent en cet instant extrême leurs voix. Que le Seigneur nous soit propice. Que chacun prenne ses responsabilités. Nous, depuis des années, souvent seuls, nous crions de toutes les forces de notre âme, sachant que nous dérangeons. Nous crierons encore, même si on ne nous entend pas.
A. Sakarellos
Orthodoxos Typos N° 834 du 14 avril 1989.

L’ÉGLISE DE GRÈCE.
Rupture du dialogue avec les anglicans.

« Cette décision a été prise par le Saint Synode, le 18 mai 1989, à la suite du rapport du professeur Scoutéris, membre de la délégation de l’Eglise Grecque au Dialogue Théologique avec les Anglicans.

L’Assemblée Générale des Anglicans, qui se réunit tous les dix ans au Palais de Lambeth, résidence officielle de l’Archevêque anglican de Canterbury, a décidé en juin de l’année dernière, d’ordonner des femmes à l’épiscopat, malgré la menace de schisme de beaucoup d’évêques. La première femme évêque, Barbara Harris, a été ordonnée à Boston des Etats-Unis, en février dernier. Beaucoup d’anglicans ont rompu avec la première femme évêque et ont déclaré qu’elle ne serait pas reçue dans leurs diocèses. La crise dans le clergé anglican est grave. Bon nombre de prêtres ont renoncé à leur sacerdoce. Une indemnité a été officiellement votée, en faveur de tout prêtre qui, en désaccord, scandalisé par l’ordination des femmes, renoncerait à son sacerdoce.

Le plus étonnant, comme l’a écrit le Times de Londres, c’est le début de négociations entre clercs et théologiens anglicans, pour entrer, en groupe, dans l’Eglise papale. Des sources papistes bien informées laissent clairement entendre qu’une sortie massive susciterait une réaction du Vatican, nullement disposé à reconnaître, en aucune manière, les ordinations anglicanes ! Certes, la diplomatie papale, pour des raisons compréhensibles, a fait savoir, ouvertement, le rejet du sacerdoce anglican – au moins dans la phase actuelle -, les positions du papisme étant bien connues, en ce qui regarde les ordinations de toute Eglise, quelle qu’elle soit, qui ordonne ses évêques sans l’autorisation du Pape…

Ainsi se justifie l’empressement du Vatican à ne pas reconnaître les prêtres anglicans. Rome ne veut pas être accusée d’exploiter la crise qui ébranle l’anglicanisme et paraître en profiter…
Les clercs anglicans qui ont fait des démarches individuelles auprès des autorités papistes ont éprouvé un grand découragement, en apprenant qu’il leur fallait, au préalable, s’entendre avec leurs propres évêques anglicans !

Dans de nombreux cas, l’évêque anglican et l’évêque papiste du même lieu ont essayé, ensemble, de convaincre les prêtres anglicans de ne pas quitter l’anglicanisme ! Un des prêtres anglicans s’est directement adressé à Rome qui a, immédiatement, informé le Palais de Lambeth !

Une complication supplémentaire est venue s’ajouter, plaidant contre leur admission. C’est leur mariage. A plusieurs d’entre eux, les papistes ont conseillé de ne pas susciter de crise dans leur mariage, ni imposer d’injustice à leur femme ! A plusieurs, il a été demandé s’ils avaient le consentement de leur femme, dans la décision qu’ils avaient prise… Il devient donc évident, que ceux qui, éventuellement, seraient reçus, n’auraient pas le droit de continuer leur vie conjugale, même s’ils acceptaient d’être réordonnés ! Le pire de tout, pour l’orgueil anglais, c’est qu’ils seraient reçus comme laïcs, quel qu’ait été le degré sacerdotal occupé auparavant, et considérés comme chômeurs, contraints de chercher un travail pour vivre…

Le côté papiste semble bien embarrassé ; il estime l’évolution des choses très préjudiciable à la bonne marche de l’œcuménisme et des relations entre les deux Eglises. Le Pape lui-même a récemment souligné, une fois de plus, que ni les anglicans, ni Rome, pas plus que les Eglises Orthodoxes n’avaient le droit de toucher aux principes fondamentaux des ordres et du sacerdoce, ce que malheureusement les anglicans ont fait. Ainsi a été créée la crise présente, dont le foyer est l’ordination de femmes et le changement de l’ordo des ordinations.

Beaucoup de théologiens anglicans se posent, pour la première fois, la question : dans quelle mesure l’anglicanisme peut-il revendiquer le titre « d’Eglise Catholique » qu’ils considéraient, jusqu’ici, comme incontestable ? Ce problème fait également trembler les observateurs papistes, qui se demandent ce qui va arriver, si les anglicans se mettent vraiment à rechercher les critères de la catholicité de l’antique Eglise indivise…

Pour les orthodoxes, il faut le reconnaître, les leçons de ces évolutions sont nombreuses. Et tout d’abord, elles permettent de découvrir que, même dans le cas d’un heureux accord entre catholiques et orthodoxes, qui porterait sur la Primauté, le filioque et d’autres divergences dogmatiques fondamentales, Rome ne serait pas disposée à reconnaître le sacerdoce des clercs orthodoxes, puisque pour elle, le critère unique du vrai sacerdoce, c’est celui qui vient, sans interruption, du Pape… »

PATRIARCAT DE JÉRUSALEM

« Le Patriarcat de Jérusalem a rompu, lui aussi, le dialogue avec les anglicans. Cette décision a été prise par le Saint Synode du Patriarcat présidé par le Patriarche Diodore. La raison de cette rupture est l’ordination de femmes évêques par les anglicans ».
Orthodoxos Typos N° 839 du 26 mai 1989.


TRAGIQUE FRANKOPLEXIE

« Est-il possible que nos évêques soient aussi naïfs ? Ils le sont toutes les fois qu’il s’agit de faire revivre le Moyen-âge ! Car comment expliquer la surprenante information, qu’après une disparition de dix-sept siècles, apparaissent à nouveau, à Vienne, les reliques de l’apôtre Paul ?

Commençons par le commencement. Selon l’ancienne tradition de l’Eglise, les coryphées des Apôtres, Pierre et Paul, ont été martyrisés à Rome à l’époque de Néron, entre les années 60-70, mais pas le même jour ni la même année. Jusqu’à la persécution de Dèce, les chrétiens de Rome célébraient, en l’honneur des deux apôtres, des fêtes sur leurs tombeaux. Quand éclata la persécution, le Pape transporta, à la hâte, les reliques des deux apôtres dans les catacombes de Saint-Calixte, pour qu’elles ne fussent pas profanées par les persécuteurs. C’était le 29 juin 250, jour consacré depuis à la célébration de leur mémoire, jusque-là fêtée séparément, et à des dates différentes.

Jamais depuis, ces reliques sacrées des apôtres ne furent signalées dans les catacombes de Saint-Calixte ou ailleurs dans Rome ou dans l’Italie en général.

Plus tard fut consacrée à Constantinople la fête de la vénération des chaînes de l’apôtre Pierre, seules reliques du grand apôtre. Au cours des Croisades, les croisés volèrent, en Anatolie, autant de reliques qu’ils purent emporter en Occident. Les chrétiens d’Orient, ayant une expérience amère de la conduite brutale des croisés envers tout ce qu’ils avaient de saint et de sacré, commencèrent à cacher les vraies reliques et à les remplacer par des ossements desséchés d’inconnus. Ainsi les croisés furent trompés et les vraies reliques préservées. L’Europe fut envahie de ces fausses reliques, au point que l’on comptait des dizaines de pieds et de mains pour le même saint. Mais très vite, à la piété maladive de collectionner des reliques succéda la froide indifférence envers les saints, à l’époque de Luther et même avant lui et qui dure jusqu’à présent.

Seule, la Métropole de Thessalonique persiste à ignorer l’histoire et à faire confiance aux franks comme à des théophores. En effet, les descendants actuels de ceux-ci ne savent pas comment se débarrasser des reliques amassées par leurs ancêtres. Depuis longtemps, ils doutent de leur authenticité. Ils ont donc trouvé la bonne solution en nous les offrant… étant donné qu’aucune branche du christianisme occidental, pas même les papistes et les uniates, ne croient à la déification des corps des saints. Fort heureusement le métropolite de Thessalonique a fourni aux franks l’occasion de se montrer magnanimes. Il y a à peine cinq ans, le Cardinal Koenig de Vienne remettait, au cours d’une liturgie oecuméniste en l’église des saints Cyrille et Méthode, un morceau de la prétendue relique de saint Cyrille l’illuminateur des Slaves. Rien ne prouve que cette relique ait quelque rapport avec saint Cyrille. Elle a, cependant, fourni une occasion unique pour dire des prières en commun avec les papistes, en pleine ville de Thessalonique, resserrer nos liens étroits et faire beaucoup de bruit dans la presse.

La relicomanie (?) a conduit l’évêque de Thessalonique Pantéléïmon à prendre un squelette masculin trouvé dans les fouilles archéologiques romaines de Thessalonique, pour la relique de sainte Anysie…
Il a, à son actif, des gaffes incroyables, sur la reconnaissance de saints qui n’ont jamais existé… le retour, à nouveau d’Italie, des reliques de saint Dimitri et – surtout – la reconnaissance comme saint de l’Eglise ! de Nicolas Cabasilas, anti-hésychaste et adversaire de Grégoire Palamas…malgré les avertissements de sérieux savants et de théologiens…

Et voici, maintenant, un autre bond incroyable du Métropolite de Thessalonique. Les reliques disparues de l’apôtre Paul redécouvertes et transportées, en grande vitesse, à Thessalonique.

Il faut être vraiment naïf, pour croire à de tels bruits de mauvais goût. Les « donateurs » de Vienne doivent rire, en secret, à nos dépens.

La superstition de certains de nos évêques est incurable… Le peuple fidèle de Dieu ne doit pas tolérer cette plaisanterie et doit se détourner, spectaculairement, de cette terrible mise en scène qui se moque des choses sacrées…

Moine Maxime de la Grande Lavra
Orthodoxos Typos N° 839 du 26 mai 1989.

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