vendredi 14 janvier 2011

La Lumière du Thabor n°28. Message de Noël de Mgr Photios.

MESSAGE DE NOËL




Si Jean tressaillit d'allégresse lorsque Marie vint chez Elisabeth, serrant Dieu dans son sein, plus encore nous devons nous réjouir en ce jour de la nativité du Sauveur selon la chair. Car aujourd'hui s'accomplit le mystère que «beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir» (Matthieu 13, 17). «Le Verbe a été fait chair, et Il a habité parmi nous, plein de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père» (Jean 1, 14). Celui qui habitait dans les cieux est descendu sur la terre pour sauver les hommes qui deviennent habitants des cieux. Comment cela s'est-il fait ? Dieu l'a voulu, Il l'a pu, nous ne pouvons en dire davantage. Les lois divines ne sont pas celles des hommes et cela qui est incompréhensible à la raison est le fondement de notre foi : Dieu s'est fait homme tout entier sans rien perdre de sa divinité, devenant, pour notre salut, ce qu'Il n'était pas. Celui qui est engendré du Père avant les siècles, Qui est éternel et sans commencement, Qui est Dieu né de Dieu, naît aujourd'hui d'une Vierge. Inexplicable est son engendrement sans commencement du sein du Père, inexplicable sa naissance d'une Vierge. Tout est contraire aux lois de la nature créée, et, par cette contradiction, l'Enfant nouveau-né montre qu'Il n'est pas une créature, mais le Créateur Lui-même. Fils unique d'un Père unique, Il se manifeste également Fils unique d'une Vierge unique. Ainsi pas plus que sa génération céleste ne vient d'une mère, sa naissance selon la chair ne vient d'un père. Cela nous le voyons par les yeux de la foi, même si notre raison est confondue : «Qu'une Vierge ait enfanté, je le vois aujourd'hui ; que Dieu ait engendré de toute éternité, je le crois ; quant au mode de ces générations, j'ai appris à l'honorer par un respectueux silence et à ne pas en faire le sujet de paroles et de recherches indiscrètes. Lorsqu'il s'agit de Dieu, il ne faut plus tenir compte de l'ordre accoutumé de la nature, il faut s'en rapporter uniquement à la puissance de Celui qui agit» (saint Jean Chrysostome).

Le Christ qui est couché dans les langes est Homme parfait et Dieu parfait : «En se faisant homme, dit saint Jean Chrysostome, il n'a rien perdu de divin ; de même, ce n'est pas non plus par une série d'accroissements successifs, que d'homme il est devenu Dieu. Verbe par nature, il s'est fait chair tout en restant inaccessible à n'importe quelle altération, et sans que le moindre changement ait atteint sa divine nature». «Ces langes, dit encore la Bouche d'Or, voilà mon espérance, voilà mes flûtes, voilà ma cithare». Le Verbe incarné n'avait pas qu'une apparence d'humanité, un corps humain et une âme divine, mais Il a assumé toute notre humanité, sauf le péché, et a partagé avec nous les passions non coupables, la faim, la soif, la tristesse, l'angoisse, afin qu'à notre tour nous devenions participants de Sa divinité impassible. La naissance surnaturelle et incompréhensible du Sauveur n'est pas commandée par une loi de nécessité à laquelle Il aurait dû se soumettre ; elle est le libre mouvement de l'amour de Dieu pour l'homme : «Si l'amour pour l'humanité est le signe particulier de la nature divine, vous tenez la raison, vous qui la cherchiez, vous tenez la cause de la présence de Dieu dans l'humanité», écrit saint Grégoire de Nysse. Les liens du péché, du diable et de la mort sont dénoués : Dieu est venu librement sur la terre, pour que l'homme monte librement au ciel et retrouve la vocation qu'il avait perdue. L'Incorruptible se fait chair corruptible pour nous ramener à l'incorruptibilité. En naissant et en mourant, le Seigneur ne se soumet pas aux lois de l'humanité déchue, car les deux termes de Son existence humaine montrent qu'Il n'est pas un homme ordinaire : «L'homme doit le début de son existence à une faiblesse et il l'achève dans l'infirmité. Mais quand il s'agit du Christ, la naissance ne doit pas son origine à une faiblesse et la mort n'a pas abouti à un état d'infirmité. Car ce n'est pas la volupté qui a provoqué la naissance, pas plus que la corruption n'a succédé à la mort», dit saint Grégoire de Nysse.
Qu'on ne se laisse pas abuser par les apparences ! Le Christ est l'Oint de Dieu, selon son nom, Celui qui était annoncé par le prophète, «Dieu, Ton Dieu T'a oint d'une huile d'allégresse, par privilège sur Tes participants» (Psaume 44, 8), mais «c'est en tant qu'homme qu'est oint le Verbe issu de Dieu le Père, et Il est oint par l'Esprit qui Lui est connaturel» dit saint Grégoire Palamas, car, en tant que Dieu, Il est la source de l'onction. Tous ceux qui participent à Lui sont des oints de Dieu, des hommes christifiés. Ainsi le Seigneur se présente aujourd'hui à nous pour que nous participions à Sa grâce, Lui qui est imparticipable dans Sa nature. Et par l'humilité de Sa naissance, Il nous montre que c'est par l'humilité que nous pouvons recevoir les célestes trésors qu'Il nous promet.

Gloire à Dieu dans les hauteurs, paix sur la terre, bienveillance parmi les hommes. Le Sauveur nous est né ! A Lui soit tout honneur, gloire et adoration, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.




+ Mgr Photios, Evêque de Lyon
Exarque pour la France de l'Eglise des Vrais Chrétiens Orthodoxes de Grèce.

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