vendredi 21 janvier 2011

La Lumière du Thabor n°30. Père Justin Popovic.

PERE JUSTIN POPOVITCH
PRIVATE
DE L'EGLISE



Le Dieu-Homme Pan-évangile




Tout le Mystère de la foi chrétienne c'est l'Eglise. Tout le mystère de l'Eglise, c'est le Dieu-Homme. Tout le mystère du Dieu-Homme, c'est Dieu fait «chair», c'est la Divinité dans toute sa plénitude, avec toutes ses forces et ses perfections divines, qui a habité un corps humain, voilà tout le mystère de Dieu. L'Evangile du Christ Dieu-Homme se résume dans ce message plein de joie : «Grand est le mystère de la piété, Dieu est apparu dans la chair» (1 Tim. 3,16). Le faible corps humain a contenu Dieu dans sa totalité et dans sa Majesté indicible et infinie. Dieu s'est fait homme, homme total et parfait, tout en restant Dieu total et parfait. Il ne s'agit pas ici d'un simple mystère, mais de tous les mystères du ciel et de la terre, réunis en un seul mystère : celui de la Personne du Dieu-Homme, celui de l'Eglise. Tout ce qui est connu, tout ce qui est inconnu, tout ce qui est indicible et ineffable, se résument et s'unissent ensemble dans le Corps de Dieu le Verbe, dans l'Incarnation et dans l'inhumanisation de Dieu. Cette vérité de l'Incarnation contient en elle toute la Vie théandrique
du Corps de l'Eglise, et elle seule nous apprend «comment nous conduire dans la maison de Dieu, qui est l'Eglise du Dieu Vivant, l'appui et le fondement de la Vérité» (1 Tim. 3,15).
En «Dieu apparu dans la chair, dit le divin Chrysostome, se trouve toute l'Economie du Salut, révélée au monde et aux anges par l'Eglise. Vraiment ce Mystère est grand : Dieu s'est fait homme et l'homme a été fait Dieu. C'est pourquoi, nous les hommes, nous devons vivre selon la dignité de ce mystère
.


Le Dieu-Homme, seule nouveauté sous le soleil

Ce mystère si grand et si unique, vu pour la première fois, a fait dire à saint Jean Damascène, et fort judicieusement, que le Dieu-Homme était vraiment «ce qu'il y avait de nouveau sous le soleil
et j'ajouterai : toujours nouveau, un nouveau qui ne vieillira jamais, ni dans le temps, ni dans l'éternité. Dans le Dieu-Homme, et avec le Dieu-Homme, l'homme lui-même est devenu un «être nouveau» sous le soleil, un être divin, divino-humain en Dieu, un être important et précieux, divinement éternel et composé. Le mystère de Dieu et le mystère de l'Homme se sont inséparablement unis, pour devenir un double mystère ou plutôt le Pan-mystère, le mystère total de l'être et de tout ce qui existe.


Le Dieu-Homme, c'est l'Eglise et sa tête

C'est ainsi que l'Eglise est née, parce que le Dieu-Homme c'est l'Eglise. Par l'Incarnation de Dieu le Verbe, l'homme a été élevé si haut qu'il a eu pour Tête la Seconde Personne de la Sainte Trinité, Dieu le Verbe est devenu la Tête du Corps Théandrique de l'Eglise. Selon le sage et divin Apôtre, Dieu le Père «a donné, par le Saint Esprit, le Dieu-Homme, comme Tête Suprême à l'Eglise, qui est son Corps, la Plénitude de Celui qui remplit tout en tous» (Eph. 1,22-23).
Ayant donc pour Tête le Christ Dieu-Homme, l'Eglise est devenue l'existence la plus parfaite et la plus importante pour tous les mondes. Tout ce qui appartient au Dieu-Homme : ses forces divines qui transfigurent, déifient et théandrifient, sont devenues siennes pour l'éternité.


Hypostase éternelle de l'Eglise

Ce qu'il y a de plus extraordinaire, de plus admirable, c'est que la Personne même du Verbe Dieu est devenue, dans son amour pour les hommes, l'Hypostase éternelle de l'Eglise. La richesse incalculable de son amour pour les hommes et la grandeur de sa force, Dieu les a montrées, en particulier, dans la Résurrection du Christ, dans son Ascension corporelle dans les cieux et dans la fondation de l'Eglise, qui est son Corps. Ce miracle indicible et plus qu'admirable, Dieu «l'a fait en Christ, en Le ressuscitant des morts et en le faisant asseoir à Sa Droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute dignité, et de tout nom qui se peut nommer, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir. Il a tout soumis à ses pieds» (Eph. 1, 20-22).


L'Eglise, corps divino-humain

Ainsi donc, dans le Dieu-Homme ressuscité et monté au ciel, le dessein pré-éternel de la Divinité au Triple Soleil, «de récapituler toutes choses en Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre» (Eph. 1,10), a été réalisé. Cette récapitulation s'est faite dans le Corps Théandrique de l'Eglise. Par l'Eglise, qui est son Corps divino-humain, le Seigneur a uni tous les êtres angéliques et humains, toutes les créatures, en un seul organisme à jamais vivant. Voilà pourquoi l'Eglise est «la plénitude de Celui qui remplit tout en tous» (Eph. 1,23), du Christ le Dieu-Homme.


L'Eglise plénitude

L'Eglise est vraiment le plérôme de tout le divin et de tout l'humain, de tout ce qui a forme divine et créée par Dieu. Elle est la plénitude de la Vérité divine et de la Justice divine, de l'Amour divin et de la Vie divine, le plérôme de toutes les réalités divines et humaines. Et cela à juste titre, parce que le Christ est Dieu-Homme, c'est-à-dire un double plérôme, du divin et de l'humain. Il s'agit donc d'une union totale divino-humaine, d'une plénitude totale qui est et demeure éternelle, parce que le Dieu-Homme éternel, la Seconde Personne de la Trinité Toute-Sainte, en est la Tête. Ce plérôme du Corps Théandrique de l'Eglise est nourri et vivifié par les paroles et les forces, incréées et porteuses de vie, du Verbe Dieu incarné. Et cela, tous les vrais membres de l'Eglise le sentent, les saints et les anges plus que tous les autres. Ce plérôme des perfections théandriques du Christ, c'est «l'héritage» des saints, et «l'espérance» de notre «vocation» chrétienne (Eph. 1, 18).


L'Eglise, but et sens de l'univers

L'Eglise n'est pas simplement le sens et le but de tous les êtres et de toutes les créatures, depuis les anges jusqu'aux atomes, elle est aussi leur sens total et unique, leur but total et unique. En Elle, Dieu nous a vraiment bénis «de toutes sortes de bénédictions spirituelles» (Eph. 1,3). En elle, Il nous a donné tous les moyens pour vivre une vie sainte et irrépréhensible (Eph. 1,4). En Elle, Il nous a adoptés, par son Fils Unique (Eph. 1, 5-8). En Elle, Il nous a révélé le mystère éternel de sa volonté (Eph. 1, 9). En Elle, Il a uni le temps et l'éternité (Eph. 1,10). En Elle, Il nous a offert la possibilité d'être dans le Christ et de devenir christ, d'être dans l'Esprit et de devenir esprit, d'être dans la Trinité et de devenir trinité (Eph. 1,13-18). Pour tout cela, l'Eglise est, pour tous les mondes, le mystère de Dieu le plus grand et le plus sacré.

L'Eglise, mystère total

Comparée aux autres mystères de Dieu, l'Eglise est le mystère absolu. En Elle, tout mystère divin est message de joie, béatitude, paradis, parce que plein du Doux Seigneur Jésus. Oui, du Doux Seigneur ! C'est avec Lui seulement que le paradis est paradis et que la béatitude est béatitude, c'est avec Lui et par Lui que Dieu est Dieu et que l'homme est homme. C'est avec Lui et par Lui que la Vérité est Vérité et que la Justice est Justice, que l'Amour est Amour, la Bonté, Bonté, la Vie Vie, l'Eternité Eternité.
Voilà l'Evangile central et fondamental d'où jaillit, intarissable, la joie absolue de tous les êtres, de tous les mondes : le Dieu-Homme et en Lui son Eglise, c'est le tout pour l'univers. Et comment ne pas appeler PAN-EVANGILE la manifestation de la Vérité, de la Vie, selon laquelle le Dieu-Homme est la Tête de l'Eglise ! En effet, «Il est avant toute chose, et toutes choses subsistent en Lui» (Col. 1,17) car Il est Dieu, Démiurge, Prévoyance, Sauveur, Vie de la vie, Etre de l'être, Existence de l'existence, «toutes choses ont été créées en Lui» (Col. 1,6), Il est le but de tout ce qui existe. Toute la création a été créée comme Eglise et forme l'Eglise, et «Lui est la Tête du Corps de l'Eglise» (Col. 1,18). Il s'agit, ici, de la PAN-UNITE "logifiée" (logosnoj), de la création, de la PAN-TELEOLOGIE, c'est-à-dire la finalité logifiée de la création. Le péché a coupé de cette Pan-Unité logifiée, et de cette Pan-téléologie, une partie de la création, et l'a précipitée dans un malheur insensé : la mort, le châtiment, les tourments. Et le Verbe s'est fait homme, dans notre monde terrestre, et comme Dieu-Homme, Il a sauvé du péché le monde. Le but de son Economie théandrique et rédemptrice, c'est de purifier du péché tout l'univers, de le sanctifier, de l'incorporer à son Corps théandrique qui est l'Eglise, et de restaurer la Pan-Unité logifiée et la Pan-Téléologie logifiée.


L'Eglise, mystère absolu de l'homme

Devenu homme et après avoir fondé l'Eglise sur Lui-même, le Seigneur Jésus, en tant que Dieu-Homme, a élevé l'homme à un degré qu'on ne saurait mesurer, comme nul autre ne l'a fait avant Lui ne ne le fera après Lui. Par son oeuvre théandrique, Il n'a pas seulement sauvé l'homme du péché, de la mort et du diable, mais Il l'a aussi élevé au-dessus de tous les êtres et de toutes les créatures. Dieu le Verbe n'est pas devenu Dieu-Ange, ni Dieu-Chérubin, ni Dieu-Séraphin, mais Il s'est fait homme, élevant ainsi l'homme au-dessus des Anges et des Archanges, au-dessus des êtres supérieurs aux hommes. En outre, le Seigneur a tout soumis à Lui par l'Eglise : «Il a tout mis sous ses pieds» (Eph. 1,22). Par l'Eglise et dans l'Eglise, Corps Théandrique, l'homme grandit et s'élève sur les cimes au-dessus des anges et Chérubins. C'est pourquoi le chemin de sa montée et de sa perfection est plus long que celui des anges, des Chérubins et des Séraphins. Ici, il s'agit vraiment du mystère des mystères. Que toute langue se taise, car l'Amour insatiable et indicible de Dieu parle de l'insatiable amour pour les hommes de Celui qui aime vraiment les hommes, le Seigneur Jésus le Seul ami des hommes. Ici commencent les «visions et les révélations du Seigneur» (2 Cor. 12,1), que nulle langue, humaine ou angélique ne peut exprimer. Ici, tout dépasse l'intelligence, tout dépasse la parole, tout est au-dessus de la nature et de la création.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire