lundi 10 janvier 2011

La Lumière du Thabor °13. Editorial..

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EDITORIAL

QUELQUES MODESTES PENSEES
SUR L’UNION DES EGLISES

L’ANTICHRIST (1)

Petits enfants, c’est la dernière heure, et comme vous l’avez appris, l’Antichrist vient… 1 Jean 2, 18.

"Pour ce qui concerne l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ et notre réunion avec Lui, nous vous prions, frères, de ne pas vous laisser troubler, soit par quelque inspiration, soit par quelque parole ou quelque lettre qu’on dirait venir de nous, comme si le jour du Seigneur était déjà là. Que personne ne vous séduise d’aucune manière ; car il faut que l’apostasie soit arrivée auparavant, et qu’on ait vu paraître l’homme du péché, le fils de la perdition, l’adversaire qui s’élève au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu ou de ce qu’on adore, jusqu’ä s’asseoir dans le temple de Dieu, se proclamant lui-même Dieu. Ne vous souvenez-vous pas que je vous disais ces choses, lorsque j’’étais avec vous ? Et maintenant vous savez ce qui le retient, afin qu’il ne paraisse qu’en son temps. Car le mystère de l’iniquité agit déjà ; il faut seulement que celui qui le retient encore ait disparu. Et alors paraitra l’impie, que le Seigneur Jésus détruira par le souffle de sa bouche, et qu’il anéantira par l’éclat de son avènement. L’apparition de cet impie se fera par la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers, et avec toutes les séductions de l’iniquité pour ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la Vérité pour être sauvés. Aussi, Dieu leur envoie une puissance d’égarement, pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux qui n’ont pas cru à la Vérité, mais qui ont pris plaisir ä l’injustice, soient condamnés". (2 Thessaloniciens 2, 1-12).

L’Antichrist ne va pas entrer dans l’Histoire d’une manière terrifiante et bouleversante, et cela, pour ne pas être démasqué ; son apparence ne sera pas repoussante et il ne commettra aucun acte choquant. II fera en sorte que très peu d’hommes le reconnaîtront. La longue préparation de sa venue dure depuis des siècles ; commencée aux premiers jours de l’Eglise, elle s’est développée et continue à se développer jusqu’à nos jours. L’humanité verra en lui son plus grand bienfaiteur ; des siècles d’apostasie l’ont cultivée et l’ont préparée à le recevoir. Les hommes l‘attendent comme leur chef idéal. Toutes les évolutions de l’Histoire convergent vers lui...

LE MYSTERE DE L’INIQUITE

Le Catholicisme (le papisme) a laissé l’esprit séculier imprégner le christianisme occidental. II a greffé, sur la pensée des chrétiens, le rationalisme des anciens Hellènes et leur disposition à l’idolâtrie et, pour finir, il a introduit, avec l‘infaillibilité pontificale, un élément mécanique dans les relations entre Dieu et les hommes, enseignant que Dieu a promis de parler, par la bouche d’hommes pécheurs et orgueilleux, comme ce fut le cas de plusieurs Papes.
Le tournant pris par le monde chrétien occidental, en direction de l’idolâtrie, aboutit ä la Renaissance et à l‘Humanisrne qui furent l’expression du découragement d’un christianisme altéré. L’humanisme est devenu la religion de notre époque, hélas ! également prêchée par nos soi-disant chrétiens comme "civilisation helléno-chrétienne".

Le Protestantisrne qui ne trouvait plus dans l’Eglise d’Occident la sainteté et la vérité, poussant à l‘extrême le rationalisme papal, finit par nier la sainteté de l’Eglise et sa direction, par l‘Esprit Saint. Rejetant du même coup la Tradition, il a laissé ses fidèles sans critère pour savoir où était la verite et où était le mensonge, éloignant ainsi et pour toujours, de son enceinte, la Grâce de Dieu.

Du Protestantisme ä l’Athéisme et au Matérialisme, il n’y avait plus qu’un seul pas ä faire. Une foule de philosophies commencèrent alors à revendiquer, dans l’esprit des hommes, la place qu’occupait la foi chrétienne. La science, enfin, conquit le monde ; possédant, par ses exploits dans le domaine de la technique, le pouvoir de subjuguer les masses, elle se fit admirer par elles, et ces mêmes masses privées de tout critère spirituel, allaient facilement devenir la proie du matérialisme. La science a aussi donné à l’humanité la fausse sensation du savoir. Chrismée qu’elle est par la connaissance démontrée et appliquée, même quand elle change de vues et de théories, elle n’en influence pas moins les hommes d’une manière magique.

Quand l’humanité eut descendu, l’un après l’autre, tous ces degrés, jusqu’ä s’asservir à la passion pour la matière, le communisme surgit. Croyant que l’argent était le seul bien réel, les hommes exigèrent -cela était naturel- des gouvernements insensibles à la douleur du peuple pauvre, la juste répartition de l’argent. Cette exigence emplit les âmes de haine et d’envie, elle les rendit malheureuses, et creusa entre les hommes, des abîmes infranchissables, conduisant bon nombre d’entre eux jusqu’ä imiter Caïn. (Tout ce que nous écrivons ici ne veut pas dire que la juste répartition de l’argent ne soit pas un devoir du pouvoir politique, un devoir fondamental). Ainsi devait commencer la lutte entre le capitalisme et le communisme, deux systèmes frères, matérialistes et adorateurs de l’argent, qui se disputent pour son partage et sont séparés par l’intérêt. Le programme de ces deux systèmes, c’est de changer les pierres en pain, d’unir le monde sous leur influence, de l’étonner par des exploits que l’homme, jusqu’ici, n’avait pu imaginer. Ainsi, peu à peu, l’humanité devait approcher des propylées du Royaume de l’Antichrist, arriver non seulement ä vouloir, mais aussi à pouvoir répondre positivement aux trois tentations de Lucifer (2).

II ne restait plus qu’ä attendre l’Antichrist qui doit prendre en mains le gouvernement universel de l’Etat Mondial, combler les hommes de biens matériels, emplir leurs coeurs de plaisirs et de bien-être afin qu’il n’y ait plus de place pour Dieu.

L’UNION DES RELIGIONS

Quand on considère tout cela, on comprend que dans une humanité qui ne s’intéresse plus qu’à sa tranquillité, qui n’a de saint et de sacré que son intérêt matériel, dans un monde fait d’hommes pratiques qui pensent que toute discussion sur la Vérité est du superflu et des paroles en l’air, l’union des "Eglises" n’est nullement difficile, qu’elle est même inévitable.
J’oserai même dire, que non seulement l’union de toutes les Eglises chrétiennes est inévitable, mais aussi l’union de toutes les religions.

L’Antichrist, dans son royaume, ne tolèrera pas de dissonances, de religions ni de disputes sur des questions religieuses. II s’assoira dans le Temple de Dieu comme dieu, et tous les hommes de la terre l’adoreront, parce qu’il "lui aura été donné autorité sur toute tribu, tout peuple, toute langue et toute nation. Et tous les habitants de la terre l’adoreront, ceux dont le nom n’a pas été inscrit dans le Livre de la Vie" (Apocalypse 13, 7-8). Pour les hommes "dont le nom n’a pas été écrit dans le Livre de la Vie", il n’y aura plus qu’une seule religion, la religion de l’Antichrist...(3)

COUP D’OEIL SUR LE PASSE

Telle sera l’évolution dans un avenir proche. C’est pour cela que le Seigneur demande s’il trouvera des fidèles, quand il reviendra sur la terre. "Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?" (Luc 18, 8.)

Un coup d’œil sur le passé nous apprendra beaucoup de choses sur la marche qu’ont suivie et que suivront les affaires ecclésiastiques.

Les premières tentatives unionistes des chefs "byzantins" (4) avec l’Occident, ont été stoppées, fort heureusement, par le peuple et par la conquête turque. Mais dès que la Nation Hellène (5) fut libérée, la même tentation vint ä nouveau frapper à sa porte. Les vrais Hellènes, hommes du peuple et des traditions, s’opposèrent, dès le début, au courant de l’européanisation. Ils étaient certes illettrés, et bien qu’ils eussent, au prix de leur sang, libéré le pays, ils furent rapidement rnarginalisés par les "lettrés" venus de l’étranger, lesquels avec l’orgueil que donne le demi-savoir, disposaient de la force de la cour du roi Othon.

" ...Ils ont fait en sorte, écrit le Général Makryannis (6), que la patrie et la religion fussent bouleversées par les athées. Au temps de la domination turque, pas une seule de nos vieilles églises n’a été touchée, et eux, ces imposteurs, ont lié leurs intérêts avec les Phanariotes (7) souillés et avec bien d’autres, semblables à eux, souillures de l’Europe, qui ont détruit nos monastères et nos églises -ils y font leurs besoins ou les transforment en étables- ; c’est par de tels prêtres (8) que nos malheurs sont arrivés ; c’est aussi par de tels laïcs, militaires et politiciens, que nous risquons, après avoir versé des flots de sang, de perdre et la patrie et la religion". (Général Makryannis, Mémoires, p.398).

Ces intellectuels au demi-savoir ont méprisé, avec la passion d’une cinquième colonne, le peuple hellénique. Ils ont méprisé sa langue, ses mœurs, ses coutumes, sa mentalité. Ils se sont efforcés d’altérer la vérité de sa foi, de changer les traditions de son Eglise, de greffer l’esprit séculier et le rationalisme sur l’arbre sanctifié de l’Orthodoxie resté sans souillure (pourtant) pendant des siècles, sous le joug d’un barbare conquérant. Pour frapper l’Eglise en plein cœur, ils ont attaqué ses monastères, fermant les uns et confisquant les biens des autres. Et quand ils ne pouvaient faire autrement, ils plaçaient des higoumènes (Pères supérieurs) "progressistes" qui les démolissaient de l’intérieur, beaucoup mieux que ne l’aurait fait le glaive de l’état.

Privée de ses monastères et dirigée par des évêques asservis par l’état, l’Eglise devint une vigne sans clôture. L’éducation nationale passa aux mains de l’état humaniste, lequel, sous le masque de "la civilisation helléno-chrétienne" fut et reste, tout entier, païen. Tout allait être adapté aux gouts de la société bourgeoise et néo-riche d’Athènes.

Le culte de l’Eglise commença à glisser vers la sécularisation ; la musique ecclésiastique européanisée se transforma en opéra de curé. Les Icônes austères et laides aux yeux des femmelettes des classes "supérieures", furent remplacées par des "Doux Jésus", pleins de bienveillance pour les iniquités de ces classes et impuissants à susciter la crainte et le respect. La barbe et les cheveux longs des clercs gênèrent, et ceux-ci, par complaisance, se firent coquets. L’humble lampe ä huile sanctifiée qui répandait sa douce lumière, céda la place aux ampoules d’Edison qui font ressembler l’église à une salle impériale, digne des mariages et des manifestations officielles de la classe dominante.

Mais ce ne fut pas tout. L’enseignement primaire, le secondaire, de même que le supérieur devaient échapper à l’Eglise. Les théologiens, les futurs prêtres et les évêques n’étaient plus couvés dans le sein de l’Eglise, leur mère naturelle, mais dans le sein de l’université d’Etat, pleine de puanteur rationaliste et de platitude spirituelle, et incapables de goûter dans la pratique, à la vie mystique de la sainteté en Christ, qui seule forme les vrais théologiens. Ainsi, devaient pousser dans l’Eglise, comme de l’ivraie, des théologiens dont la tète était pleine de théories philosophiques d’origine protestante ou catholique (papiste), et le cœur vide de l’expérience orthodoxe.

Ces hommes-là étaient incapables de voir l’abîme qui sépare les "Eglises" d’Orient et d’Occident. Pour eux, tout n’était qu’une question de formulations dogmatiques et non une question de vie et de substance. Pour eux, la vie, la vie en Christ était une suite d’états sentimentaux, d’actions morales, comme pour les Occidentaux. La vision de Dieu, l’expérience de la présence du Christ et l’effusion de l’Esprit, c’est-à-dire de l’habitation de la Vérité dans le cœur de l’homme, leur étaient inconnues. Par Vérité ils entendaient le dogme tout court. Pour eux, comme pour les occidentaux, le dogme était un monde à part, ennuyeux, fait de formules cérébrales, -incapables qu’ils étaient d’en estimer la valeur, puisqu’ils l’avaient séparé de la vie et de la foi.

Les fondations sur lesquelles ils devaient édifier la défense de leur Orthodoxie étaient pourries, même pour nos théologiens sincères. II est terrible de penser que toute la dévotion hellénique contemporaine repose sur ces fondements pourris. Autrefois, la dévotion du peuple jaillissait du monastère. Le monastère était son appui et son guide. Aujourd’hui, dans le Royaume Hellénique, la dévotion est fondée sur le théologien, prêtre ou laïc, que nous venons de décrire. Imitant les modèles occidentaux, ce théologien a organisé des Confréries, des Unions Chrétiennes, et a pris en main la prédication et la catéchèse. Au temps où la dévotion de telle région avait pour centre le monastère des environs et les prêtres de l’Eglise, elle ne différait en rien des autres régions parce que toutes étaient la même réalité, les fidèles étaient tous enfants de l’Eglise Orthodoxe. A présent, chaque théologien a son parti. On trouve dans un même lieu, des chrétiens de tel et tel parti, opposés les uns aux autres, séparés, s’observant, sans comprendre quelles sont leurs différences.
Mais, malgré leurs haines et leurs séparations, ces partis sont d’accord entre eux, pour proclamer qu’avec les Occidentaux : "Il y a plus de points qui nous unissent que de points qui nous séparent", et aussi : "il faut tenir compte de ce qui nous unit et laisser de côté ce qui nous sépare". Pour eux, l’union dans l’amour avec les "frères" occidentaux qu’ils n’ont jamais vus, est plus facile à réaliser qu’avec leurs concitoyens et proches orthodoxes qu’ils connaissent et côtoient tous les jours. Nous l’avons déjà dit : aujourd’hui les hommes se mettent en quatre pour l’amour de l’homme, pour un amour abstrait de l’humanité, alors qu’ils sont incapables d’aimer leur prochain.

L’AFFAIRE DU CALENDRIER

Dans cette atmosphère de décomposition, s’est fait, soudainement, sous la pression de l’Etat, le premier pas officiel de l’Eglise hellénique vers le Pape : l’adoption du calendrier papal. Très peu de gens, malheureusement, ont compris l‘importance de la question de "l’ancien calendrier" comme on l’appelle (9). La plupart de ces gens, des lettrés "enflés", attribuent à l’étroitesse d’esprit du peuple illettré, la réaction des "Vieux Calendaristes", tant est profond leur mépris envers les illettrés. Cependant, ces illettrés, pour réagir comme ils l’ont fait, devaient avoir, à défaut d’autre chose, un zèle religieux et des intérêts spirituels que n’avaient pas la masse des indifférents, qui suivait, sans savoir comment se posait le problème, la majorité des évêques.

Aucun des théologiens "éclairés", aucun de leurs adeptes, n’a manifesté la moindre inquiétude devant ce problème de la division de l’Eglise hellénique, pas plus qu’il n’a cherché ä trouver une réponse au cri de douleur de tant de milliers de fidèles. Ces "théologiens" avaient pour eux la majorité, les chiffres les sécurisaient. Mais en réalité, le grand nombre n’était pas avec eux, car si les Vieux-Calendaristes n’étaient que quelques milliers, ils étaient des fidèles qui souffraient pour l’Eglise ; alors que dans les millions des indifférents, des matérialistes, des athées, qui suivaient le nouveau calendrier, difficilement on eût trouvé quelques milliers de vrais chrétiens. Ils ont voulu rendre ridicules ces simples nouveaux confesseurs de l’Orthodoxie, en disant que c’était par superstition qu’ils refusaient de régler leur montre déréglée qui ne marchait pas bien.

Mais là n’était pas le problème. Ils n’avaient pas raison en accusant les Vieux-Calendaristes de se disputer pour un calendrier. La question ne consistait pas ä savoir lequel des deux calendriers était juste -les deux sont inexacts-. Ce n’est donc pas pour des raisons d’exactitude astronomique que les Vieux-Calendaristes tenaient à l’ancien calendrier, pas plus que les Néo-Calendaristes n’avaient introduit le nouveau pour un tel motif. La raison de l’introduction du Nouveau-Calendrier n’a été ni astronomique ni théologique, mais tout simplement une des nombreuses concessions faites par une hiérarchie asservie ä l’Etat, son patron, qui la lui demandait pour faciliter les échanges commerciaux.

La raison du refus des Vieux Calendaristes était théologique et jaillissait des profondeurs de leur conscience ecclésiastique. En effet, l’unité Iiturgique de l’Eglise du Christ était en jeu pour des intérêts politiques. Par le changement du calendrier, le souffle Iiturgique commun entre l’Eglise Helladique et les autres Eglises qui gardaient encore l‘Ancien était brisé.
II ne s’agissait plus seulement de désordre dans la vie Iiturgique de l’Eglise militante, mais aussi de la continuité de la vie Iiturgique de l’Eglise militante, avec l’Eglise triomphante…

Que pouvait-on imaginer de pire pour l’Eglise que l’éclatement de son souffle Iiturgique commun, éclatement qui nous a non seulement éloignés des autres Eglises orthodoxes qui continuent de suivre le calendrier ecclésiastique, mais aussi de tous les orthodoxes qui nous ont précédés, de l’Eglise triomphante, de ceux qui dorment dans le Seigneur, des Saints qui ont célébré les fêtes selon le Calendrier Ancien, que nous avons rejeté !

Tant d’efforts de nos Pères, tant de Conciles ont été nécessaires pour construire le Calendrier qui devait instaurer une eurythmie Iiturgique entre les Eglises Chrétiennes ! Car cette eurythmie et ce souffle commun expriment l’unité Iiturgique interne de l’Eglise, unité qui rend palpable l’Eglise Une, malgré la multiplicité des Eglises locales. L’Eglise n’est pas unifiée, comme le croit le papisme, par une discipline rigide et une obéissance aveugle à une hiérarchie déterminée, au sommet de laquelle siège un seul et unique individu qui se dit être le représentant du Christ sur la terre, mais par la Communion mystique au Corps et au Sang du Christ. Toute église où est célébrée la Divine Eucharistie et où sont rassemblés les fidèles "dans un même lieu", est l’image totale de l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Ce qui fait qu’une paroisse forme un corps avec les autres paroisses, qu’un évêché forme un corps avec les autres évêchés, c’est la communion mystique de tous, au Corps et au Sang du Christ, dans l’Esprit et la Vérité.

L’unité de l’Eglise est un lien mystique forgé lors de la liturgie, quand les fidèles communient au Corps et au Sang du Christ. Les chrétiens forment un corps : ceux qui vivent aujourd’hui sur la terre avec tous ceux qui les ont précédés dans les siècles passées, et ceux qui vivront dans les années qui viennent, et cela parce qu’ils ont une racine commune : le Corps du Christ. "II n’y a qu’un seul pain ; de même, si nombreux que nous soyons, nous formons un seul corps ; car tous nous participons à un seul et même pain".

L’unité de l’Eglise n’est donc pas administrative, disciplinaire, organisée : elle est liturgique. D’où la grande importance du calendrier. L’Unité qui jaillit de la Divine Eucharistie, de la Foi Une, du Baptême Un, cesse d’être palpable, extérieurement, quand il y a anarchie liturgique. La forme et les paroles de la liturgie ont été ordonnancées, de manière que toutes les Eglises adorent Dieu de la même façon et les livres des mois ou sanctoraux contiennent ce qui doit être chanté lors de chaque fête. Aussi, aucune dissonance ne peut troubler l’harmonie liturgique, parce que la musique, l’iconographie, qui sont des arts liturgiques, ont été instituées pour que chaque iconographe ou chantre ne puisse peindre ou chanter selon sa fantaisie, mais adapter son art personnel et son talent aux modèles du réalisme spirituel le plus austère. C’est dans cet esprit qu’a été conçu le calendrier, pour éviter que chaque prêtre ne célèbre les fêtes comme bon lui semble, mais qu’il y ait totale communion de prière entre tous les fidèles de la terre.

Le peintre qui peint les icônes de l’Eglise selon son goût, au mépris de la Tradition, et le chantre qui chante théâtralement dans l’Eglise comme un chanteur, au lieu de psalmodier, brisent l’harmonie liturgique de l’Eglise Orthodoxe.
On ne s’est pas rendu compte, en Hellade, combien la concession faite au monde a été grave, et quel coup a été porté contre l’Eglise, par l’abolition du calendrier ecclésiastique et l’introduction du Nouveau. Et si certains ont compris cette gravité, ils n’ont pas eu la force de se dresser et de proclamer la vérité. Aucun sage, aucun puissant de ce monde n’a élevé la voix pour protester. Ainsi devait être démontré, une fois encore, que "Dieu a choisi les faibles selon ce monde pour confondre les forts" (l Cor.1, 27) et "qu’il a déclaré folle la sagesse des sages" (l Cor.1, 17-20). Les "sages" se sont tus et se sont soumis, et les fidèles illettrés se sont dressés. Ils ne se sont pas embarrassés de théories astronomiques et de calculs mathématiques, mais ils ont parlé au nom de la Tradition. Ils savaient que la Tradition était chose sacrée que l’on ne pouvait fouler aux pieds au nom d’une science en perpétuel devenir, ou encore au nom des intérêts politiques et économiques d’un pays.

Mais "les disciples des sages de ce siècle, appellent fous ceux que Dieu a enseignés". Ainsi donc, depuis le commencement jusqu’à ce jour, ils traitent les Vieux-Calendaristes de fous, de bigots, de fanatiques, de superstitieux, etc., et se glorifient de leur propre savoir qui les met au-dessus de tels "détails" et de ces problèmes inutiles.

L’EFFILOCHAGE

Quand on prend pour un détail, un élément de la Tradition, on prendra, également et dès la première occasion, pour un détail, un autre élément, et pour finir, tout ce qui nous déplaira, dans la Tradition de l’Eglise, sera pris pour un détail. Ainsi en a-t-il été avec l‘iconographie, avec la psalmodie, avec l’aspect des prêtres. Les soutanes sont devenues, tout ä coup, trop noires, les barbes et les cheveux des clercs trop longs, les stalles sont remplacées par des fauteuils, le monachisme et les moines calomniés, les biens des monastères confisqués, les canons qui interdisent de prier avec des hétérodoxes ignorés, on va même aux colloques de ces derniers, on ne tient pas compte de l‘opinion du peuple dans les élections des évêques et le choix des prêtres, la liturgie est abrégée, des parties de l’Office supprimées "pour ne pas fatiguer le monde". En d’autres termes, on change les coutumes orthodoxes selon les goûts d’une foule décadente adonnée au culte de la chair et de la matière.

C’est ainsi que le tricot de la Tradition a commencé à s’effilocher, et personne ne sait où l’effilochage s’arrêtera, si jamais il s’arrête. L’effilochage est d’autant plus facile, qu’aujourd’hui il a l’approbation du monde, des puissants, des hommes "cultivés". Ces derniers considèrent comme un honneur, non pas d’être en accord avec les Pères de l’Eglise, mais avec tel érudit professeur de théologie protestante ; ou encore tel professeur jésuite réputé en Europe, etc.

Comment ne seraient-elles pas altérées, la Tradition et la Foi orthodoxes ? Et pourquoi ne pas considérer, dans de telles conditions, l’union des Eglises comme facile à réaliser ? Une Eglise "orthodoxe" qui a acquis une telle mentalité et se trouve dans les mêmes dispositions que les "Eglises" d‘Occident, lui sera-t-elle difficile de s’unir à elles ? Le jour où, allant tranquillement à l’Eglise, nous entendrons le prêtre dire : "Pour notre saint père le pape, prions le Seigneur" est-il vraiment si loin ? Verra-t-on alors quelqu’un réagir, au cas où cela arriverait, ou si tout le monde trouvera cela normal, de voir, enfin, dépasser les divergences qui séparaient jusque-là, l’Orient de l’Occident ?
ON NE SE MOQUE PAS DE DIEU

Que ceux qui parlent avec beaucoup de légèreté de l’Union des Eglises, n’oublient pas que l’unité de l’Eglise est un don de la présence divine, qu’elle ne se décide pas dans les colloques, mais qu’elle est quelque chose qui existe ou qui n’existe pas. Aucune décision humaine ne peut contraindre Dieu.

Certes, l’union peut être faite formellement, et tous, protestants, catholiques (papistes) et orthodoxes déclarer désormais, nous formons tous une seule Eglise, nous mentionnons le Pape de Rome et le Patriarche de Constantinople. Si tous se trouvaient d’accord sur une "vérité minimale", sur un credo simplifié, si certaines autres questions étaient réglées, l‘union pourrait être faite, mais elle ne serait alors qu’un système juridique et formel qui entrerait en vigueur, un système sans rapport avec l’Eglise du Christ, même si toutes les apparences extérieures le faisaient ressembler à l’Eglise. On "ne se moque pas de Dieu" (Galates 6,7). Quand les présupposés de sa présence n’existent pas chez les hommes, Dieu ne vient pas chez eux.

L’Eglise du Christ n’a jamais été un système humain. L’Eglise est née, elle n’a pas été fabriquée. Les hommes, en discutant, peuvent inventer quelque chose et lui donner le nom "Eglise", mais ce sera un édifice sans vie. L’Eglise vivante n’aura aucun rapport avec un tel édifice. Elle sera à part, loin de ces fabrications, inaltérée, pleine de vérité, de lumière, non souillée par le mensonge des compromis. L’Esprit Saint éclairera ses pas, l’inondera de sa lumière et la conduira "dans toute la vérité".

Combien seront alors les vrais chrétiens ? Cela n’a aucune importance, même s’ils devaient être réduits au nombre des doigts d’une main. Ils seront, néanmoins, les continuateurs de la Tradition, qu’ils n’auront pas simplement apprise, mais qu’ils auront vécue, et qui sera devenue leur vie. Les chrétiens vivent dans la Tradition comme les poissons vivent dans l’eau.

Que ceux gui vraiment désirent Dieu, cessent de parler de l’Union des "Eglises". L’Eglise n’admet pas d1union, parce qu’elle n’a jamais été disloquée. Ce sont les hommes qui quittent l’Eglise, même quand ils gardent certains de ses signes extérieurs. Que tous ceux qui aiment Dieu reviennent à l’Eglise, qu’ils s’humilient pour y entrer, car la porte en est étroite, et pour la franchir on doit se baisser profondément.

LE CRITERE INFAILLIBLE

Dans le chaos et l‘hypocrisie du monde moderne, il est difficile de discerner l’Eglise du Christ et de s’en approcher. Car il ne suffit pas qu’une Eglise se dise orthodoxe pour l’être vraiment. L’apostasie se trouve, malheureusement, même sous le froc et l’aspect formel orthodoxe, même sous les coupoles orthodoxes, même dans le peuple pratiquant. Cela n’est d’ailleurs pas nouveau, l’Eglise l’a appris dès ses premiers pas ; mais aujourd’hui l’apostasie a pris des dimensions invraisemblables.

L’Eglise, il faut apprendre à la découvrir derrière les apparences. Dans l’Eglise Orthodoxe, règnent aujourd’hui la confusion et le chaos.
Chaque lettré ou illettré, fidèle ou incroyant, a sa propre conception de l’orthodoxie ou du christianisme et la soutient avec fanatisme. Dans cette tempête il est difficile de trouver sa route sans boussole. II existe, cependant, un critère infaillible : la continuité de la Tradition. Là où la Tradition est gardée inaltérée, ininterrompue, depuis les temps apostoliques, où tous les fideles - évêques, prêtres, laïcs - vivent et transmettent cette Tradition, là est l’Eglise Orthodoxe et ceux-là forment le Corps du Christ. Tous ceux qui veulent être appelés orthodoxes, sans suivre la Tradition vivante à travers les siècles, sont des intrus, de l’ivraie dans le champ du Christ.

Aujourd’hui l’ivraie est Importante et les épis de blé peu nombreux, mais le champ est le champ de Dieu ; malgré la variété de l’ivraie, le blé demeure le même, de génération en génération, de semence en semence, identique à celui qui tut semé à l’origine dans le même champ divin, par le Saint-Esprit le jour de la Pentecôte.

Ce blé et l’ivraie ont la même apparence, et de loin il est difficile de les distinguer, mais de près, quand on regarde le blé on sait que c’est du blé.

Cette Tradition vivante n’a jamais été interrompue, parce que la Bouche du Christ a promis à l’Eglise que "les portes de l’Enfer ne pourront rien contre elle", et la Bouche de Dieu ne peut mentir. Ceux donc qui cherchent la Tradition de l’Eglise chrétienne des premiers siècles ou des siècles d’avant le schisme pour la retrouver et la suivre, confessent qu’ils ont perdu la continuité de la Tradition ; jamais ils ne pourront la trouver, même en poussant très loin leurs recherches. La Tradition est quelque chose de vivant qui se transmet comme la vie, d’un être vivant à un autre être vivant. Elle n’est pas quelque chose que l’on découvre par des études savantes ou qui s’apprend intellectuellement.

L’ARCHE

Un jour, tôt ou tard, nul ne sait exactement quand, les "Eglises" et les religions s’uniront. Dans le chaos du mensonge, les élus eux-mêmes risqueront de perdre leur chemin. Ce sera l’époque de l’Antichrist.

Quand et comment l’Antichrist va venir, personne ne peut le dire pas plus qu’on ne peut dire combien seront ceux qui le reconnaitront quand il viendra, parce qu’il viendra comme le bienfaiteur de l’humanité. Pour l’instant, on ne sait qu’une chose avec certitude : tous ces mouvements pour l’union des Etats et des "Eglises", tous ces compromis, toute cette uniformisation de l’humanité qui se profile sous le rouleau compresseur de la civilisation technique, est l’ouverture de la voie pour la venue de l’Antichrist.

Cette évolution de l’humanité est en accord avec les critères du monde, car selon les critères chrétiens, elle mène ä la catastrophe.

Ceci n’étonne et n’effraie pas le chrétien ; le chrétien sait que le monde s’est lui-même condamné et que c’est pour cela que le Christ a refusé de prier pour le monde, "Je ne te prie pas pour le monde" (Jean 17, 9). Le prince de ce monde c’est le diable, et le diable "est homicide depuis le commencement" (Jean 8, 44).

La mort trouvera le monde à l’apogée de sa "gloire", à l’apogée de son "orgueil", au sommet de la tour de Babel ; la mort trouvera l’homme au zénith de sa tentation éternelle de devenir dieu par ses propres forces, loin de Dieu. Quand le Fils de l’homme viendra sur la terre, il trouvera l’homme dans toute la gloire de sa frénésie luciférienne.

Dieu ne demande pas au chrétien de sauver le monde. Toute tentative pour arrêter le monde sur la voie où il s’est engagé est ridicule et vouée à l’échec. Le monde est un navire en train de faire naufrage, il coule, parce que sa propre carcasse est pourrie. Dieu ne demande pas au chrétien de sauver le navire, mais de sauver du naufrage le plus d’êtres possible.

L’Eglise du Christ, nouvelle Arche de Noé, flotte près du lieu du naufrage. Ceux qui veulent être sauvés des eaux doivent se refugier en elle. Pour y entrer, il leur faut quitter le monde, non pas tant localement que spirituellement. C’est pourquoi le Seigneur dit "Sortez du milieu d’eux. Ne touchez pas à ce qui est impur, et moi je vous recevrai" (2 Cor.6,11.)

Ici commencent les difficultés. Comment abandonner le monde quand toute notre vie est tissée avec lui ? La réponse ne peut être donnée ici. On la trouve dans la Sainte Ecriture et chez les Pères. D’ailleurs, toute la vie en Christ est un combat pour sortir de ce monde, de cette Egypte des passions, pour nous réfugier dans l’Arche de l’Eglise.

A l’approche de la venue de l‘Antichrist, l‘Arche de l‘Eglise sera difficilement discernable. Beaucoup diront : "Voici, le Christ est ici", et "le Christ est là", mais ils seront de faux-prophètes. Tout ce qui sera reconnu, officiellement, comme Eglise, où tous les trésors de la foi auront été peu à peu trahis, ressemblera à une marmelade unioniste indescriptible, qui aura gardé, avec une intelligence toute luciférienne, la plupart des signes extérieurs de l’Eglise. Ici et là, de petits groupes de croyants avec un prêtre, garderont, encore vivante, la vraie Tradition.

Mais qui pourra reconnaitre, dans ces petits groupes de croyants méprisés, privés de l’éclat de ce monde, l’Eglise du Christ ? Et pourtant, à la fin des temps, l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique, sera justement faite de ces petits groupes oubliés et sans liens entre eux, qui peut-être s’ignoreront l’un l’autre, mais que le Corps et le Sang du Seigneur uniront par un lien mystique, dans l’Esprit Saint, dans la Foi commune et dans la Tradition qu’ils garderont inaltérées.

C’est alors que les élus risqueront de s’égarer. II faudra beaucoup de courage pour s’agréger au petit nombre et aller contre le courant du monde, être ridiculisés par les "intelligents"  et malmenés par les "puissants". II faudra une grande sagesse pour discerner la Vérité là où tout le monde voit de la naïveté et de la stupidité. En outre, les phalanges du mensonge auront pour elles le miracle, le miracle que le diable a demandé au Christ de faire dans le désert, les miracles et les prodiges des faux-christs et des faux-prophètes, "des faux-christs et des faux-prophètes feront des signes et des prodiges, afin de séduire, si possible, même les élus" (Matt .24 ,24). Combien d’hommes trouveront leur chemin quand tous les phares ne signaleront plus les parages dangereux ? Alors "celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé" (Matt. 24 ,13}.
LES MASQUES

Que ceux qui veulent vivre près du Christ se pressent d’acquérir le discernement, pour reconnaître, en temps utile, les faux-prophètes et les faux-christs, et revêtir la panoplie de la Foi, pour battre ces faux-christs, ces faux- prophètes et leurs disciples.

Notre époque est une époque mauvaise ; le mensonge est voilé, le poison est administré par des bonbons, les chemins sont pleins de pièges et d’embûches très variés. Quiconque se laissera égarer par les apparences sera perdu.

Nous devons apprendre à séparer l’Eglise et le monde, parce que les destinées de l’Eglise ne sont pas les destinées du monde. Notre foi en l’Eglise doit égaler notre incrédulité envers le monde, notre amour pour l’Eglise doit égaler notre haine du monde (non pas des hommes mais du monde), notre optimisme pour l’Eglise doit égaler notre pessimisme pour le monde.

Le monde c’est la parataxe, la mentalité, les dispositions de ceux qui ont refusé l’offrande de Dieu, qui lui ont tourné le dos quand Il a voulu leur parler, qui se sont séparés pour toujours de Lui, qui ont préféré la mort à la vie. Ils ne sont pas châtiés, comme ne sont pas châtiés les démons, parce que personne ne leur fait du mal. Seuls et libres, ils ont choisi d’être ennemis de Dieu, de se tenir loin de Lui.

Ce choix se fait en cette vie, indépendamment des instants et du temps, dans les profondeurs de notre cœur, et ce choix est irrévocable ; la liberté sépare les êtres spirituels en deux camps. Il y a deux sortes d’hommes, comme il y a deux sortes d’anges : les amis de Dieu et les ennemis de Dieu.

La liberté ne réside pas dans les actes de chacun, mais dans toute sa tendance, dans sa disposition, en général, dans sa réponse positive ou négative à l’appel de Dieu. La liberté réside dans la direction de la vie et non dans les détails de la vie.

Les détails trompent, et font passer les pharisiens et les scribes pour des amis de Dieu ; et le larron, la courtisane, le publicain et Saul pour ses ennemis.

II nous faut découvrir, sous les masques de l’hypocrisie, ou des faiblesses, les vrais ennemis et les vrais amis de Dieu.

Nous vivons à une époque où les masques de l’hypocrisie se sont multipliés et étonnamment perfectionnés. Nous risquons, d’heure en heure, de nous laisser égarer par ceux qui portent le masque des amis de Dieu et qui, en réalité, sont ses ennemis. Ils parlent de l’Union des Eglises, et sont les ennemis les plus dangereux de l’Eglise, les faux-prophètes dont parle l’Evangile.

Les ennemis qui ne portent pas de masques, comme les athées, les matérialistes, les communistes, ne peuvent tromper personne. Ils sont de ceux qui peuvent tuer les corps, mais ne peuvent toucher aux âmes. Les autres, patriarches, évêques, archevêques "orthodoxes", chefs d’organisations chrétiennes, théologiens, professeurs de théologie, qui parlent avec hypocrisie d’amour chrétien envers "nos frères" hétérodoxes, et donnent le mot d’ordre de l’union, sont des "masqués" ; s’ils ne tuent pas le corps, ils tuent sûrement l’âme. D’où, notre lutte…
NOTES

(1) Ces réflexions d’Alexandre Kalomiros ont été écrites il y a plusieurs lustres, pour les fidèles orthodoxes d’Hellade ; mais elles s’adressent, à part quelques détails locaux, ä tout orthodoxe. Nous avons ajouté quelques notes pour aider le lecteur occidental.

(2) La réunion d’Assise a préfiguré la future religion de l’Etat mondial, la pan-religion.

(3) Nous mettons byzantin entre guillemets, parce qu’il n’y a jamais eu d’Etat byzantin. Ce sont les historiens occidentaux, tributaires des Franks qui ont inventé ce nom pour étouffer le nom d’Empire Romain Chrétien. Les russes ont adopté cette théorie historique et l’ont transmise aux néo-grecs. Le dernier empereur de Constantinople - la Nouvelle Rome - Constantin XI, est mort comme Empereur des romains.

(4) Nous traduisons "hellène" et non grec. Le mot grec signifie fripon, aventurier…et il a été donné par le pape germanophile Nicolas 1er à l’Empereur de Constantinople. Le terme "hellène" que nous préférons à celui de grec, a signifié, pour les Pères de l’Eglise : idolâtrie, païen… Après la libération de l’hellade actuelle, Koraïs l’occidentalisant a imposé le nom "hellène" à la nouvelle nation, car c’est ainsi, disait-il que les "nations éclairées de l’Europe" appelaient les "grecs". II eut mieux valu garder les noms de "romain", "romaïque", "romanité", et avec eux, la conscience de l’Empire qui était supranational et orthodoxe.

(5) Le général Makryannis (1797-1864) a été, sinon le héros, en tout cas l’un des héros les plus célèbres de la guerre pour l’indépendance. II a lutté ensuite, de toutes ses forces, contre Othon de Bavière, roi d’hellade imposé par les allies, et contre son entourage, qui voulaient déraciner le peuple orthodoxe de ses traditions. Blessé plusieurs fois, mutilé, estropié, malade, épuisé, iI fut accusé de haute trahison, emprisonné et condamné à mort en 1854 par le tribunal militaire. La condamnation fut commuée en détention perpétuelle. II recouvra la liberté lors de la chute d’Othon préparée par lui. Le gouvernement provisoire lui rendit sa liberté le 20 Avril, et le 27 du même mois, il remit son âme ä Dieu. II est mort en odeur de sainteté.

(6) Les phanariotes étaient les hauts fonctionnaires chrétiens du gouvernement turc, à la merci du sultan qui les élevait, les abaissait à sa guise, et même leur tranchait la tête quand il le jugeait bon.

(7) Ces prêtres sont l’archimandrite Pharmakidès et ceux qui détachèrent l’Eglise du nouvel état, de l’Eglise mère de Constantinople, et créèrent ainsi un schisme phylétiste (nationaliste).

(8) En réalité, il n’y a pas d’"ancien calendrier", il ya seulement le calendrier ecclésiastique. Cette question du changement de calendrier avait déjà été posée au temps du roi Othon.

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