samedi 8 janvier 2011

La Lumière du Thabor n°10. Notes de lectures.

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Notes de lecture

R. Simon et l’Orthodoxie. (2ème Partie)
Simon Lecteur de Scholarios.

Aujourd’hui, nombreux sont les critiques qui veulent faire croire que l’Eglise Orthodoxe n’a porté aucun jugement sur certaines grandes doctrines occidentales issues de l’augustinisme et de la scolastique. Au contraire, un certain nombres de Pères déifiés, de saints de l’Eglise Orthodoxe et de grands théologiens ont connu et réfuté ces doctrines à partir des présupposés de la théologie patristique : ainsi des saints Photios, Grégoire Palamas, Marc d’Ephèse, Gennade Scholarios ou Maxime le Grec. Leurs œuvres sont une confrontation vivante avec la théologie franque ou occidentale de leur époque.

S’ils n’avaient lutté que contre quelques personnes privées ou contre des idées non représentatives de la papauté, l’Eglise Orthodoxe n’aurait pas reconnu conciliairement et universel­lement leurs luttes dogmatiques comme celles de Pères de l’Eglise ou de Confesseurs. Ainsi, à travers la doctrine de Barlaam, Saint Grégoire Palamas a condamné la conception augustinienne et scolas­tique de la transmission de la Révélation (de la Tradition) et de la Grâce.

En rejetant les thèses de Barlaam, en vrai théologien saint Grégoire Palamas a montré qu’il les comprenait mieux que les occidentaux eux-mêmes, parce qu’il en discernait les conséquen­ces théologiques et spirituelles. De même, la vie de G. Scholarios est une théologie vivante. D’abord philosophe et partisan de la scholastique par amour de l’antiquité grecque, Georges Scholarios prit part au Concile de Florence – sans doute comme représentant d’un des grands centres universitaires de l’Empire – où il fut favora­ble à l’union.

Après l’échec du Concile et le retour pitoyable à Constantinople des hiérarques signataires de l’union, Scholarios fit pénitence, fut un disciple de saint Marc d’Ephèse et devint moine sous le nom de Gennade. Après la mort de saint Marc, il devint le symbole de ceux qui ne voulaient pas sauver Constanti­nople au prix de la trahison de la foi. En 1448, il conseilla de différer le sacre de Constantin Dragazès qu’il savait favorable à l’union. Au moment de la chute de la Nouvelle Rome, Gennade était moine au Monastère du Pantocrator et il protesta contre les offices d’union célébrés par Isidore, le futur cardinal, à Sainte Sophie. Après la prise de la ville, Mahomet II laissa subsister le Patriarcat et en fit l’ethnarque du peuple orthodoxe asservi. Gennade fut alors le premier patriarche sous la domination turque. Gennade qui avait été latinisant, possédait et connaissait parfaitement la théologie occidentale ; mais pour l’Eglise Orthodoxe, il fut un vrai théologien, lorsqu’abandonnant la méthode philosophique du thomisme, déliant comme Moyse ses chaussures devant le Buisson Ardent, il fit pénitence et confessa la méthode théologique des Pères fondée sur la révélation des mystères aux Prophètes, aux Apôtres et aux Saints.

Ne suivant pas l’exemple de Gennade Scholarios, l’occident, surtout à partir de la Renaissance, ne revint pas à l’Orthodoxie, alors que les textes des Pères de l’Eglise lui étaient désormais plus accessibles.
Malheureusement, l’occident qui commençait à lire les textes non falsifiés des Pères, dans leur authenticité, ne revint pas à l’expérience des Pères. Au contraire, tous ceux qui osèrent préférer les Pères à Augustin en matière de théologie furent systé­matiquement persécutés. C’est le cas en particulier de Richard Simon au XVIIème siècle, qui fondait sa critique de l’herméneutique et de la théologie occidentale sur une critique d’Augustin. La lucidité de Simon était chose si rare à son époque qu’il nous a paru intéressant d’étudier sa lecture de Scholarios. Simon l’appelle « l’illustre Gennade » et affirme « qu’il y a peu de docteurs latins qui puissent lui être comparés pour ce qui est de la théologie. » Il ajoute que « tous les ouvrages de Scholarios méritent d’être lus à cause de sa grande érudition ; il était non seulement versé dans la lecture des Pères grecs mais aussi dans celle des Pères latins et des théologiens scolastiques ».

Pour Simon, « Gennade Scholarios a toujours été un grand défenseur de la religion chrétienne ». Il réfute la thèse uniate qui utilisait les premiers écrits (latinisants) de Scholarios contre les Orthodoxes et distinguait l’auteur de ces écrits et le patriarche Gennade comme deux personnes différentes. Pour Simon, c’est là une fable inventée par Allatius. Sur la Rédemption, Simon constate que Scholarios soutenait une théologie proche de la sienne : Augustin d’Hippone avait enseigné une doctrine nouvelle détruisant la coopération des deux énergies : divine et humaine, dans l’œuvre du salut ; et il note : « le principal dessein de Gennade est de concilier la liberté de l’homme avec la prédestination de Dieu ».

Mais c’est sur une question que lui-même ne traite guère dans ses œuvres que Simon va s’attarder : la Procession du Saint Esprit. Ce que Scholarios écrit sur ce thème intéresse vivement Simon qui consacre plusieurs pages au traité sur le Saint-Esprit. Le contemporain de Bossuet note d’abord la remarquable culture de Gennade : « Comme Scholarios n’était pas seulement versé dans la lecture des Pères grecs mais aussi dans celle des Pères latins, il examine dans son second chapitre quel était alors le sentiment de ceux-ci, et principalement de saint Augustin, sur le Saint Esprit et il explique en particulier la doctrine de ce père ».

Scholarios, loin d’ignorer les Pères occidentaux comprend que, du rôle que l’on accorde à Augustin, dépend le problème du Filioque. Aussi Simon cite-t-il le titre de la seconde section : « De saint Augustin, et en général de la manière dont nous devons nous servir de chaque père, lorsqu’on nous oppose leur témoignage » ; et il commente : « comme les latins opposent aux grecs principalement l’autorité de saint Augustin, Scholarios tâche de répondre aux preuves que les latins tirent de quelques passages de ce père, qu’il ne croit pas infaillible, non plus que les autres docteurs de l’Eglise en particulier. Il leur oppose la tradition : « Nous autres, dit-il, nous sommes persuadés qu’on ne peut rien avoir de plus sacré et de plus sage que la tradition des Pères ». Sur ce principe Scholarios prétend que la tradition est pour ceux de son Eglise qui n’ont rien ajouté au Symbole.

Il reconnaît que plusieurs anciens Pères latins ont dit que le Saint-Esprit procédait du Fils et que saint Augustin que l’on oppose avec raison plus qu’aucun autre à l’Eglise grecque a combattu plus fortement que qui que ce soit pour cette doctrine. Mais il prétend que saint Hilaire et saint Ambroise se sont contentés de dire simplement que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils sans être si décisifs que saint Augustin qu’il traite de dialecticien ».
Selon Scholarios, rapporté par Simon, il est clair que la pensée d’Augustin n’a pas été reçue par l’Eglise. Certes, dira-t-on, il ne s’agit là, de la part de Simon, que d’un résumé de la doctrine du patriarche de Constantinople et lui-même ne prend pas position. En réalité, ce résumé doit être mis en relation avec la critique faite par Simon de la théologie augustinienne de la rédemption. En effet, Simon assigne à Augustin, dans la question de la prédestination, le même rôle que Scholarios lui attribue dans celle du Saint-Esprit. Pour R. Simon, Augustin est l’inventeur d’une nouvelle théologie de la prédestination et de la rédemption qui s’oppose à celle des Pères tant latins que grecs. Nous analyserons dans le prochain N° de « La Lumière du Thabor » cette critique d’Augustin mais, s’il est vrai que Simon s’avance masqué, n’y a-t-il pas, dans l’étrange « solidarité » de l’analyse qu’il établit avec Scholarios, comme un début de consentement, comme une secrète condamnation de la doctrine du Filioque.

Simon SZYSZMAN,
LE KARAÏSME, Edit. L’Age d’Homme.

Le Karaïsme était connu en Europe au 13ème siècle par l’intérêt qu’il suscita chez certains érudits, en particulier R. Simon et l’anglican Buddeus. Mais les origines de ce que l’on présentait comme une secte juive tardive étaient mal connues. Le livre de S. Szyszman en apporte une interprétation originale : après la destruction du Temple, la diaspora non ouverte au christianisme aurait été principa­lement issue du pharisaïsrne ; les Sadducéens auraient complètement disparus ; mais les Sadocites, plus connus sous le nom d’Esséniens, n’auraient pas complètement été assimilés – malgré les persécutions des Synagogues officielles contre eux. Le Karaïsme, ce judaïsme hostile au talmudisme, en serait issu de façon éparse jusqu’à ce qu’Anan au 8ème siècle lui donne une forme plus organisée.

Leur rôle fut important en Crimée, en Asie-Mineure, en Egypte et en Palestine où se trouvaient les principales communautés Karaïtes. En Russie, les Karaïtes étaient plutôt protégés par les Orthodoxes. Curieusement, selon l’auteur, c’est le Judaïsme officiel – et même l’Etat d’Is­raël – qui a le plus fait pour en détruire les derniers vestiges. Il est probable que la conception spirituelle du Temple dans le Karaïsme y soit pour beaucoup, alors que le courant officiel considère généralement que la reconstruction du Temple doit être prise à la lettre. En tout cas, l’extrême fidélité du Karaïsme aux doctrines esséniennes rend ce mouvement très intéressant pour les Orthodoxes – et on peut imaginer que les nombreuses conversions de Juifs à l’Orthodoxie, à notre époque, ont un fondement « historique » dans un Judaïsme traditionnel qui pourrait être d’inspiration karaïte.

Saint AMBROISE de Milan.
Les Devoirs. Tom. 1. Trad. M. Testard. Col. Universités de France. Paris.

La publication du traité des Devoirs des Prêtres – réduit au titre cicéronien et peu clair de TRAITE des DEVOIRS est une bonne chose. Malheureusement, la préface est bien symptomatique d’un lourd héritage médiéval tendant à dévaloriser l’œuvre de saint Ambroise par rapport à Augustin. M. Testard écrit en effet : « Saint Ambroise fit donc d’excellentes études dans les meilleures conditions et il sut en tirer parti tout au long de sa vie...
…Il convient d’ajouter, pour lui épargner une comparaison trop souvent faite à son désavan­tage et de façon partiellement injuste, qu’on ne saurait mettre en parallèle la formation qu’il reçut et celle de saint Augustin : le premier fut un très bon étudiant et le second un excellent professeur. Ce qui fut la spécialité du second, poursuivie pour elle-même en vue d’une carrière intellectuelle, n’avait été pour le premier qu’un moyen, ordonné aux nécessités de l’action, en vue d’une carrière administrative. D’où ce qu’il y a dans la culture d’Ambroise, de général, d’approximatif, de sommaire et en même temps cette tendance à utiliser la culture, à l’asservir à ses fins, sans scrupule, mais non sans talent ».

Ce ton est d’autant plus surprenant, que l’on reconnaît généralement aujourd’hui les immenses lacunes d’Augustin et en particulier son ignorance presque totale de la théologie patristique. Ainsi l’historien anglais Peter Brown, pourtant si favorable à Augustin, écrit d’Ambroise de Milan : « Con­trairement à Augustin, il savait lire couramment le grec. Il pouvait donc glaner à travers les ouvrages d’une nouvelle et brillante génération de théologiens grecs et à travers toute une tradition d’érudition chrétienne grecque de quoi donner à sa communauté certains sermons les plus savants du monde latin. » A côté, Augustin est un « amateur » et « aux yeux d’un auditoire de grecs cultivés cet étudiant de Carthage qui ne savait s’exprimer qu’en latin serait apparu comme ignorant et borné ».

En lisant l’introduction de M. Testard, s’il a peu de goût à faire la psychanalyse de cette étrange tendance de l’augustinisme à produire des gendarmes veillant à la supériorité du maître, le lecteur orthodoxe pourra comparer la piété apostolique du Traité des Devoirs à la sèche et obscure dialectique des Dialogues Philosophiques d’Augustin.

LECTURE DE LA PRESSE

PROTESTATION CONTRE UNE MANIFESTATION ANTIHELLENIQUE DU VATICAN. L’EGLISE D’HELLADE NE PARTICIPERA PAS AU DIALOGUE.

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LE PAPE A ORGANISE UNE EXPOSITION D’ART SLAVO-MACEDONIEN.

Sous ces gros titres, en caractères gras, Orthodoxos Typos, N° 699 du 30 Mai 1986, écrit :

L’Eglise d’Hellade ne participera pas au Dialogue avec le « Papisme », qui aura lieu à Bari d’Italie, pour protester contre l’organisation, par le Vatican, d’une exposition qui sert la propagande anti-hellé­nique de Skoplje, en faveur de l’affaire macédonienne. S. B. Mgr. Séraphin président du Saint Synode a fait connaître, par télégramme aux Primats des Patriarcats Orthodoxes et des Eglises Autocéphales, sa décision. Voici le texte de ce télégramme : « Par devoir, nous informons VV. SS. que l’Eglise d’Hellade proteste énergiquement contre l’Exposition « d’Art Slavo-Macédonien », organisé au Musée du Vatican par le Vatican et le Pape de Rome lui-même et qui est, une fois de plus, un acte de reconnaissance et de soutien non déguisé, par l’Eglise Catholico-Romaine, de l’Eglise Schismatique de Skoplje, qui sert le chauvinisme et non le christianisme …
…et qui trouble la vie intérieure de l’Eglise Orthodoxe, au grand scandale du plérôme chrétien, a décidé de ne pas participer aux travaux de la Commission Mixte du Dialogue Théologique entre Orthodoxes et Catholiques-Romains. De tels actes nuisent à la bonne foi du Dialogue, quelle que soit son importance et jettent le doute sur les dispositions réelles de l’Eglise Catholico-Romaine… »

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L’Assemblée Plénière de la Commission Mixte du Dialogue Théologi­que entre Orthodoxie et Papauté, a eu lieu du 29 Mai au 7 Juin à Bari. Soixante membres devaient la former sous !a présidence de Mgr. Stylianos d’Australie et du Cardinal Willebrandt. La décision de l’Eglise Helladique a été exemplaire. Le peuple hellène fidèle, espère que la direction de l’Eglise sera ferme dans la voie de l’Orthodoxie.

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Selon le journal d’Athènes ACROPOLIS, l’ex-ministre de l’Hellade du Nord, M. N. Manès, a déclaré que l’ EXPOSITION SLAVO-MACE­DONIENNE organisée par le Vatican en collaboration avec la MACE­DOINE de Skoplje, doit être placée dans le cadre de la propagande anti-hellénique déployée sur une échelle mondiale… Nous avons appris, avec étonnement, souligne M. Manès, que le Dimanche de la Pâque des Catholiques, le Pape Jean-Paul II, lors de l’annonce « CHRIST EST RESSUCITE » en diverses langues, inclut le dialecte « MACEDONIEN », chose jamais vue jusqu’ici. »

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Orthodoxos Typos N° 700 du 6 Juin 1986 :

COLERE CONTRE L’ATTITUDE ANTI-HELLENIQUE DU PAPE.
SOULEVEMENT GENERAL CONTRE LE VATICAN.
D’AUTRES EGLISES NE PARTICIPENT PAS AU DIALOGUE.

Sous ces gros titres en caractères gras on lit :
La courageuse attitude de l’Eglise Autocéphale d’Hellade contre le Vatican, a été accueillie avec enthousiasme, non seulement par le plérôme pieux, mais aussi par la conscience générale de l’Eglise Orthodoxe, comme cela apparaît dans les déclarations simultanées du Patriarcat de Jérusalem et de l’Eglise Autocéphale de Chypre. Par leurs communiqués et leurs télégrammes, ces Eglises approuvent la rupture avec le Dialogue Théologique, à la suite du soutien inadmissible du Vatican aux rebelles de Skoplje et félici­tent l’Archevêque d’Athènes et de toute l’Hellade Mgr. Séraphim, pour sa décision historique. Ainsi sont justifiés tous ceux qui dès le début, se sont montrés réservés et prudents au sujet épineux du dialogue avec les hétérodoxes. Ces questions et celles qui leur sont concomitantes, il convient de les aborder avec beaucoup de prière et de circonspection, sans se laisser aller à l’enthousiasme, à la suite de déclarations retentissantes sur des progrès et des réussites apparents…
Nous nous réjouissons, en particulier, parce que grâce à cet événe­ment est donnée l’occasion, une fois encore, de rappeler la pratique de l’Eglise Ancienne, selon laquelle les décisions, même celles des Conciles Œcuméniques prenaient forme et s’imposaient une fois définitivement reçues par l’ensemble du plérôme ecclésiastique.
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KATHEMERINI, un autre journal d’Athènes écrit qu’à l’Assemblée de la Commission Mixte du Dialogue, les Eglises Autocéphales d’Hellade, de Chypre, de Jérusalem, le Patriarcat de Moscou pour des « raisons techniques », l’Eglise de Géorgie, le Patriarcat de Serbie, les Eglises de Pologne et de Tchécoslovaquie n’ont pas participé au Dialogue.

Malgré l’ouverture solennelle du Dialogue, l’Archevêque d’Australie Mgr. Stylianos, président de la délégation orthodoxe, les délégués des autres Eglises Orthodoxes, en particulier le Patriarcat de Serbie qui a qualifié de SCHISMATIQUE la prétendue EGLISE MACEDONIEN­NE, la question des relations entre le Vatican et Skoplje a été posée.

Le Cardinal Willebrandt a répondu que le Vatican n’a pas procédé à la reconnaissance de l’Eglise Macédonienne, chose qui n’est pas de son ressort et que l’Exposition des Icônes Orthodoxes du sud de la Serbie avait pour titre LA SLAVIE DU SUD EN L’HONNEUR DE ST. CYRILLE. Cette mise au point du chef de la délégation vaticane n’a pas convaincu les orthodoxes, et la question sera remise sur le tapis lors de la prochaine assemblée plénière. Entre-temps, les protestations de LL. BB. l’Archevêque d’Athènes Séraphim et du Patriarche de Jérusalem Diodore ont été remises à la Présidence de la Commission.

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Lors de la réunion du Synode d’Athènes, les Evêques ont approuvé les décisions de SB. l’Archevêque Séraphim et l’ont félicité pour la ligne résolument tracée dans sa protestation contre les actes offensant du Saint-Siège. Au cours des discussions, il a été souligné qu’il n’était pas possible de continuer le dialogue sous de telles conditions.

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Orthodoxos Typos N° 702 du 20.06.1986

L’INAUGURATION DE LA CHAPELLE VATICANE A ATHENES A ETE UN PRETEXTE.
LA VISITE A ATHENES DE CASAROLI SUSCITE BEAUCOUP DE QUESTIONS.
ON IGNORE CE QUI A ETE DIT AVEC LES AUTORITES.

La visite à Athènes du Cardinal Casaroli, Ministre des Affaires Etrangères du Vatican, a été très importante pour les papistes. Le secret le plus absolu a été gardé sur la nature des discussions avec les autorités ecclésiastiques et gouvernementales et les déci­sions prises posent beaucoup de questions.

Le Cardinal Casaroli a déclaré à son retour d’Athènes à l’Aéroport de Rome, que les rapports du Vatican avec l’Eglise Orthodoxe d’Hellade demeuraient difficiles après « l’incident » de l’Exposition des 53 Icônes Macédoniennes au Vatican, organisée avec le con­cours de l’Ambassade de la Slavie du Sud.

L’Archevêque de l’Eglise d’Hellade, Séraphim, a protesté, considérant que le Vatican avait, en agissant ainsi, soutenu l’Eglise Orthodoxe Autonome de Macédoine…
…séparée de l’Eglise d’Hellade en 1959 et a décidé de ne pas envoyer de délégation à la rencontre annuelle entre Orthodoxes et Catholiques-Romains (papistes), du début de mois de Juin à Bari.

Le Cardinal Casaroli a dit que sa visite en Grèce avait été program­mée depuis longtemps et nullement décidée après l’affaire des Icônes : « Certes, cet incident a quelque peu compliqué les choses », a-t-il ajouté. « Cette visite est, je n’oserai dire dramatique, mais grave ». Le fait que la rencontre Casaroli-Séraphim n’ait pas eu lieu à l’Archevêché mais à la résidence privée de Mgr. Séraphim, n’a pas donné un caractère officiel à la rencontre. L’Archevêque grec, a dit le Cardinal Casaroli, « considère que l’affaire des Icônes a été révélatrice et qu’elle posait des problèmes sans solution du point de vue orthodoxe ».

Se référant à certains de ces problèmes, le Cardinal a dit à l’Aéro­drome de Rome : « Avant tout, l’existence même de groupes catholi­ques de rite oriental est, au-delà de l’affaire des Icônes, l’ombre du schisme de Skoplje, comme l’appellent les grecs ». Ensuite le Ministre des Affaires Etrangères du Vatican a qualifié son entretien avec l’Archevêque Séraphim de « cordial, sincère, ouvert et amical ». « Les difficultés des Orthodoxes nous attristent ; nous tâchons de garder cependant une attitude amicale et bienfaisante avec tout le monde, sans nous laisser impliquer dans leurs affaires » a-t-il ajouté.

Le Ministre des Affaires Etrangères du Vatican, le Cardinal Casaroli, était arrivé à Athènes le Dimanche 8 Juin, pour participer à l’inau­guration de la chapelle de la Nonciature. Le Lundi, accompagné du Nonce Papal en Grèce, Giovanni Mariani, il a visité le Primat de l’Eglise d’Hellade, S. B. l’Archevêque Séraphim, dans sa résidence privée. S. B. a exprimé sa tristesse, pour le climat créé, malgré lui, dans les relations entre les deux Eglises et le Cardinal Casaroli l’a assuré des sentiments chaleureux du Pontife Romain et du Vatican pour l’Eglise Helladique. S. B. Mgr Séraphim a également parlé du prosély­tisme pratiqué par le Vatican dans les pays où les Orthodoxes sont minoritaires, comme en Pologne, en Tchécoslovaquie, en Jorda­nie et à Jérusalem.

Le représentant du Vatican a promis d’étudier ces problèmes pour clarifier la situation actuelle. Il s’est justifié en affirmant que l’Exposition des œuvres d’Art Macédonien au Vatican a été une simple manifestation culturelle et rien de plus.

L’Archevêque a déclaré que PERSONNELLEMENT IL ETAIT POUR LE DIALOGUE, MAIS QU’IL SERAIT BON DE METTRE FIN AUX DIS­CUSSIONS THEOLOGIQUES INTERMINABLES ET DE SE DECIDER, AVEC COURAGE, A REVENIR A LA SITUATION QUI A PRECEDE LE SCHISME.

Le Cardinal a remercié pour l’accueil qui lui avait été fait et assuré qu’il garderait les meilleures impressions de sa rencontre et de son entretien avec lui. L’après-midi, il a rendu visite au Premier Ministre M. Papandréou et s’est entretenu avec lui d’affaires internationales, des rapports Est-Ouest et des dangers des armes nucléaires. Selon le communiqué publié, le Cardinal Casaroli aurait répété au Premier Ministre le soutien du Pape aux initiatives des SIX pour la paix et le désarmement, et M. Papandréou l’a prié de transmettre au Pontife ses remerciements pour ce soutien…

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L’ARCHEVEQUE DE SKOPLJE, ANGELARIOS TUE DANS UN ACCIDENT D’AUTO.

Selon l’Agence Ass. Press., qui se fonde sur des informations de l’Agence Tanyougk de la Slavie du Sud, l’Arche­vêque Angelarios, de la soi-disant Eglise Macédonienne, aurait trouvé la mort dans un accident de voiture. Agé de 75 ans, il était né le 25 Mars 1911 à Domeni de Prespa et ordonné prêtre en 1932. En 1968, par un coup d’état, il a proclamé l’autocéphalie de l’Eglise Macédonienne, qu’aucune Eglise Orthodoxe, pas même celle de Serbie n’a voulu reconnaître. D’après l’Agence Tanyougk, qui partage les vues de Skoplje, la soi-disant Eglise Macédonienne compterait un million de fidèles qui se trouvent en Slavie du Sud, en Amérique du Nord et en Australie.

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Notes de la Rédaction : L’affaire de l’« EGLISE DE LA MACEDOINE » a commencé en 1945, quand pour la première fois, la Serbie du Sud, fut appelée MACEDOINE avec pour capitale Skoplje, ville serbe depuis des siècles.

Le général Tito, pour des raisons d’équilibre interne et pour affaiblir l’opposition des Serbes qui ne voulaient pas de lui, décida de diviser la Serbie en deux états, dont l’un reçut le nom de « MACEDOINE ». Pour donner de la consistance à ce nouvel état factice, l’archevêché qui dépendait du Patriarcat de Serbie fut proclamé arbitrairement Eglise Macédonienne Autocéphale. Il ne faut pas oublier que la MACEDOINE c’est surtout le Nord de la Grèce actuelle et que le nationalisme macédonien, inventé de toute pièce, pourrait s’éten­dre… d’où la réaction grecque.

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