lundi 10 janvier 2011
La Lumière du Thabor n°12. Editorial.
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Editorial
L’optimisme de l’Orthodoxie
Alexandre Kalomiros
Ne soyez pas pessimistes, nous disent les faux-pasteurs. « L’Orthodoxie est caractérisée par l’optimisme. Dieu n’abandonnera jamais son Eglise et les portes de l’enfer ne pourront rien contre elle ».
En effet, L’ORTHODOXIE est optimiste, mais seulement en ce qui regarde Dieu et en tout ce qui vient de Lui. Dieu est amour tout-puissant. Jamais Il ne nous abandonnera. C’est nous qui risquons de l’abandonner et c’est cela que nous devons craindre. C’est de la crainte de voir les hommes s’éloigner de leur Créateur, que vient le pessimisme chez tous ceux qui ne ferment pas, volontairement les yeux devant la réalité. L’Eglise du Christ n’aura jamais rien à craindre, même si elle devait être réduite à deux ou trois membres sur la terre.
Ce n’est pas l’Eglise qui est en danger, c’est nous qui sommes en danger. La question est de savoir combien d’entre nous resteront, à la fin, dans l’Eglise éternelle et immortelle du Christ, qui comme Lui-Même, s’identifie à la Vérité.
Les perspectives terrestres n’ont jamais été optimistes. Jamais les chrétiens n’ont mis leur espérance en une amélioration de leurs conditions de vie tant spirituelle que matérielle, dans ce monde périssable. Le cheminement de l’Histoire, vers la fin, a été décrit par le Seigneur et par ses disciples avec les couleurs les plus sombres. Les chrétiens prévoyaient et attendaient la progression du péché et de la corruption qui devaient atteindre leur sommet avant le glorieux et lumineux Second Avènement du Seigneur. Les attentes millénaristes optimistes, d’un royaume terrestre, en ce monde de la corruption, ont été condamnées, dès leur apparition, dans les premiers siècles chrétiens. Le Royaume de Dieu que tout chrétien vit dans les profondeurs de son cœur, comme arrhes de l’Esprit, ne saurait dominer et briller dans sa gloire sur cette terre périssable. « On ne met pas le vin nouveau dans de vieilles outres ». « Nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera » (2 Pierre 3, 13).
Sans la résurrection des morts et le renouvellement de toute chose, que le Seigneur accomplira lors de son Second Avènement, nous ne pouvons parler de perspectives optimistes, bien au contraire, « quand le Fils de l’Homme viendra sur la terre, trouvera-t-il encore la foi ? » (Luc 44, 8).
LE SOUS-PRODUIT DU PARADIS
L’attente d’un paradis terrestre caractérise les tendances religieuses et les tendances politiques, qui en substance, se confondent. Nous, les chrétiens, « nous n’avons pas ici de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir » (Hébreux 13, 14).
Le diable n’aime pas que l’on désire la cité future et que l’on œuvre pour elle, mais que l’on s’installe sur cette terre périssable, comme si nous devions y vivre éternellement, et qu’on l’améliore, et qu’on la rende le plus possible, permanente et confortable. Il nous trompe en nous faisant croire qu’un paradis est possible sans la résurrection, sans le renouvellement de toute chose, sans l’incorruptibilité, en d’autres termes, sans le Christ Ressuscité. Le Paradis que nous avons perdu, nous nous efforçons de le remplacer par la civilisation. Nous avons abandonné Dieu et sa création pour servir les œuvres de nos mains auxquelles nous nous sommes asservis pour notre perte. Toute l’activité humaine, tout le sang et toute la sueur répandus par les hommes ne visent qu’un but : Comment bien s’installer dans notre prison obscure et sans soleil.
Les hommes n’ont pas cru au Christ, parce qu’il ne leur a pas apporté des biens terrestres mais célestes, et qu’il leur a même demandé de renoncer aux biens terrestres et tangibles, afin d’atteindre les biens célestes et impalpables. Et même ceux qui ont cru attendent qu’il leur donne, en échange de leur foi et de leur obéissance, des biens terrestres. Ils veulent que tout aille bien dans leur vie. Ils veulent la Loi de Dieu observée par tous, afin que le bonheur temporel règne sur toute la terre. Ils veulent un sous-produit du Royaume de Dieu et non le Royaume lui-même. Tout sous-produit contraint l’homme à la perte de sa capacité de recevoir et de vivre la chose vraie elle-même. Quand le diable tentait le Christ au désert, il lui demandait, justement, de donner aux hommes ce bonheur terrestre, sachant très bien que ce bonheur leur apporterait la mort éternelle. Les hommes utilisent le christianisme comme un moyen en vue d’un monde meilleur ; ils se croient chrétiens et se trompent eux-mêmes.
LA NECESSITE DE LA TYRANNIE
« Qu’est-ce que la Vérité ? »
Cette question ennuyeuse et agnostique du Gouverneur Romain, les tyrans spirituels et politiques de toutes les époques l’ont répétée « Elle ne m’intéresse pas, disent-ils, la Vérité est impalpable. L’important, c’est un gouvernement monolithique. Tout ce que vous dites sur l’unité intérieure qu’apporte, soi-disant, la Vérité, là où elle existe, nous, nous l’écoutons par politesse. Ce qui nous intéresse, c’est l’unité extérieure et tangible, que tous voient, respectent et craignent. Et cette unité ne peut exister sans discipline, sans contrainte, l’obéissance libre et volontaire dans l’amour que vous prônez, voilà quelque chose de ridicule pour hommes ridicules. Ce que nous voulons, c’est l’efficacité. L’âme de tel ou tel ne nous intéresse pas ; ce que nous voulons, c’est la domination des foules, des masses, du monde entier. Nous ne tolérons pas de schismes. Vous, vous dites qu’il faut séparer les brebis d’avec les boucs. Nous, nous répondons que les brebis sont nécessaires et, à défaut de loups, du moins des chiens de bergers et des bergers pour les faire paître, pour les égorger et pour les manger. Non, messieurs ! La Vérité, même si elle existe, doit toujours être mêlée au mensonge pour n’être pas dangereuse. La Vérité pure est chose très dangereuse. Et nous, nous ne sommes pas pour le risque. Le temps des actes de courage est périmé ! Nous sommes des pacifistes ! Bas la guerre ! Laissez-nous tranquilles pour vivre notre petite vie sur cette terre, et le plus confortablement possible, le plus glorieusement possible. S’il vous plaît, pas de zèle naïf… »
Là où est le Christ, aucune nécessité d’unité administrative ne s’impose. Le Christ est « UN » en « NOUS ». « Qu’ils soient UN comme nous sommes UN ». C’est lorsque nous abandonnons le Christ que nous sentons la nécessité d’une administration monolithique et même la nécessité d’une tyrannie. Le Papisme est un exemple. L’Orthodoxie n’a jamais connu d’administration monolithique, mais des relations fraternelles et familiales. Le Grand Pontife et Roi des Rois n’était pas de ce monde périssable, bien que partout présent. Le Royaume de Dieu n’est pas de ce monde. Ce monde appartient au prince de ce monde, qui est le premier tyran, le chef de tous les tyrans de la terre, tant religieux que politiques. Seul le Christ unit les hommes entre eux, Lui seul les unit ontologiquement avec Dieu en sa Personne. Le Christ n’oblige personne à le recevoir. C’est quand il fait défaut que se pose alors, automatiquement, la nécessité d’une cohésion extérieure, de l’obéissance obligatoire, de la tyrannie étatique ou spirituelle, démocratique ou oligarchique, peu importe.
L’octroi d’un roi à Israël a été une condescendance de Dieu, pour un peuple au cou raide et de peu de foi, qui voulait un roi visible et palpable et non pas du Christ habitant son cœur. Dieu leur a donné un roi pour éviter que le diable ne leur en donne un à lui ; Dieu a agi ainsi à cause de la dureté de leur cœur et de leur peu de foi.
Il en va de même pour le Nouvel Israël. S’il y a une marge pour une économie, une discipline extérieure étatique, il ne peut y avoir de marge quand la discipline est spirituelle et ecclésiastique ; car, en ce cas, le Christ est remplacé, relégué exclusivement, dans les limites du Royaume des cieux. Le papisme, comme les autres tyrannies, ont chassé le Christ de la vie des hommes, ont usurpé sa place, l’ont « condamné » à se confiner au ciel pour nous laisser libre la terre. L’œcuménisme se caractérise par son indifférence envers la Vérité (le Christ) ; ce qui l’intéresse, c’est la cohésion administrative et monolithique qu’il appelle « UNION DES EGLISES », une union administrative, dans la vague confusion des confessions, une union aux perspectives universelles, aux dimensions politico-religieuses.
Sous nos yeux se construit l’Etat Mondial. Il va unir toutes les religions et tous les états de la terre sous son pouvoir absolu. Son infrastructure intégrale est déjà mise en place. Ce sera un état dans le sens absolu, la soumission qu’il exigera ne sera pas seulement physique, elle sera aussi et surtout spirituelle. Le monde entier l’attend et le désire avec nostalgie, comme le seul espoir de réalisation de ses rêves millénaristes de toutes les époques, d’un paradis terrestre au sein de la corruption et de la mort !
L’ETAT ELECTRONIQUE
Cet Etat moderne mécanographique, provisoirement impersonnel sera le tyran incomparablement le plus et efficace que l’humanité ait connu jusqu’ici. Sa puissance sera dans sa capacité de connaître le citoyen en profondeur et de s’imposer à lui, de l’intérieur et non pas seulement de l’extérieur, comme hier encore. Tous les Etats locaux, tout-puissants, s’unissent, coordonnent et augmentent leur force, et leur pouvoir de pénétration atteint son sommet. Ils disposent de moyens considérables pour dominer les hommes, que les tyrans du passé n’ont jamais osé rêver.
Derrière une apparence démocratique, parfaite et irréprochable, les citoyens sont liés par des fils subtils et invisibles, mais ô combien puissants. Nous sommes à l’époque des cerveaux électroniques et des moyens électroniques d’information des masses.
Très peu d’hommes comprennent ce genre de tyrannie, tant leur asservissement par l’Etat moderne est moral, Une exploitation systématique de la pensée les a préparés, depuis des siècles, à désirer cette soumission. Le futur Etat sera l’expression des désirs pan-humains. Nous attendons, aujourd’hui, de l’Etat, tout ce que les païens demandaient à leurs dieux. On veut que l’Etat soit notre nourrice, notre protecteur, notre dieu. On lui demande la nourriture, le vêtement, le logement, les vacances, la protection de notre santé. Et l’Etat accepte, avec malice, ce défi même et il l’entretient. Il demande seulement, en échange, que les hommes renoncent à leur indépendance d’esprit et de cœur.
Nous lui cédons nos droits d’aînesse pour un plat de lentilles. Nous avons permis à l’Etat de pénétrer dans nos foyers, dans nos relations familiales, d’influencer notre pensée, de multiplier ou non nos enfants. Nous lui avons cédé notre patience, la possibilité de connaître à notre place ce qu’il nous faut pour nous aliéner. Il dirige nos contestations vers des antithèses fausses et artificielles, de manière à nous donner l’impression d’êtres libres dans le fait de choisir entre tant de choses contradictoires, comme entre Marxisme et Capitalisme, deux aspects de l’antique culte de Mammon.
La mentalité des hommes est devenue, désormais, uniforme, de même que leur vie, leurs habitudes, leurs désirs, leur attente, uniformité qui arrive jusqu’à la langue universelle, colonne vertébrale de notre soumission au mécanisme unique et universel qui nous entoure, tels des poissons dans le filet que nous ne percevons pas. On nous conditionne avec des méthodes psychologiques subtiles pour nous amener à vouloir, à accepter, à croire, ce qui nous convient, ce que nous aurons à accepter d’une manière ou d’une autre. Les uniformes rayés, que nous porterons dans la galère mondiale, sont déjà cousus. La « groupification », la « troupification », la « massification » de l’humanité, est déjà substantiellement là. Le « mystère de l’iniquité » touche à son terme final, parce que les hommes « n’ont pas voulu accepter et aimer la Vérité qui les eût sauvés. » (2 Timothée 2, 10).
Editorial
L’optimisme de l’Orthodoxie
Alexandre Kalomiros
Ne soyez pas pessimistes, nous disent les faux-pasteurs. « L’Orthodoxie est caractérisée par l’optimisme. Dieu n’abandonnera jamais son Eglise et les portes de l’enfer ne pourront rien contre elle ».
En effet, L’ORTHODOXIE est optimiste, mais seulement en ce qui regarde Dieu et en tout ce qui vient de Lui. Dieu est amour tout-puissant. Jamais Il ne nous abandonnera. C’est nous qui risquons de l’abandonner et c’est cela que nous devons craindre. C’est de la crainte de voir les hommes s’éloigner de leur Créateur, que vient le pessimisme chez tous ceux qui ne ferment pas, volontairement les yeux devant la réalité. L’Eglise du Christ n’aura jamais rien à craindre, même si elle devait être réduite à deux ou trois membres sur la terre.
Ce n’est pas l’Eglise qui est en danger, c’est nous qui sommes en danger. La question est de savoir combien d’entre nous resteront, à la fin, dans l’Eglise éternelle et immortelle du Christ, qui comme Lui-Même, s’identifie à la Vérité.
Les perspectives terrestres n’ont jamais été optimistes. Jamais les chrétiens n’ont mis leur espérance en une amélioration de leurs conditions de vie tant spirituelle que matérielle, dans ce monde périssable. Le cheminement de l’Histoire, vers la fin, a été décrit par le Seigneur et par ses disciples avec les couleurs les plus sombres. Les chrétiens prévoyaient et attendaient la progression du péché et de la corruption qui devaient atteindre leur sommet avant le glorieux et lumineux Second Avènement du Seigneur. Les attentes millénaristes optimistes, d’un royaume terrestre, en ce monde de la corruption, ont été condamnées, dès leur apparition, dans les premiers siècles chrétiens. Le Royaume de Dieu que tout chrétien vit dans les profondeurs de son cœur, comme arrhes de l’Esprit, ne saurait dominer et briller dans sa gloire sur cette terre périssable. « On ne met pas le vin nouveau dans de vieilles outres ». « Nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera » (2 Pierre 3, 13).
Sans la résurrection des morts et le renouvellement de toute chose, que le Seigneur accomplira lors de son Second Avènement, nous ne pouvons parler de perspectives optimistes, bien au contraire, « quand le Fils de l’Homme viendra sur la terre, trouvera-t-il encore la foi ? » (Luc 44, 8).
LE SOUS-PRODUIT DU PARADIS
L’attente d’un paradis terrestre caractérise les tendances religieuses et les tendances politiques, qui en substance, se confondent. Nous, les chrétiens, « nous n’avons pas ici de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir » (Hébreux 13, 14).
Le diable n’aime pas que l’on désire la cité future et que l’on œuvre pour elle, mais que l’on s’installe sur cette terre périssable, comme si nous devions y vivre éternellement, et qu’on l’améliore, et qu’on la rende le plus possible, permanente et confortable. Il nous trompe en nous faisant croire qu’un paradis est possible sans la résurrection, sans le renouvellement de toute chose, sans l’incorruptibilité, en d’autres termes, sans le Christ Ressuscité. Le Paradis que nous avons perdu, nous nous efforçons de le remplacer par la civilisation. Nous avons abandonné Dieu et sa création pour servir les œuvres de nos mains auxquelles nous nous sommes asservis pour notre perte. Toute l’activité humaine, tout le sang et toute la sueur répandus par les hommes ne visent qu’un but : Comment bien s’installer dans notre prison obscure et sans soleil.
Les hommes n’ont pas cru au Christ, parce qu’il ne leur a pas apporté des biens terrestres mais célestes, et qu’il leur a même demandé de renoncer aux biens terrestres et tangibles, afin d’atteindre les biens célestes et impalpables. Et même ceux qui ont cru attendent qu’il leur donne, en échange de leur foi et de leur obéissance, des biens terrestres. Ils veulent que tout aille bien dans leur vie. Ils veulent la Loi de Dieu observée par tous, afin que le bonheur temporel règne sur toute la terre. Ils veulent un sous-produit du Royaume de Dieu et non le Royaume lui-même. Tout sous-produit contraint l’homme à la perte de sa capacité de recevoir et de vivre la chose vraie elle-même. Quand le diable tentait le Christ au désert, il lui demandait, justement, de donner aux hommes ce bonheur terrestre, sachant très bien que ce bonheur leur apporterait la mort éternelle. Les hommes utilisent le christianisme comme un moyen en vue d’un monde meilleur ; ils se croient chrétiens et se trompent eux-mêmes.
LA NECESSITE DE LA TYRANNIE
« Qu’est-ce que la Vérité ? »
Cette question ennuyeuse et agnostique du Gouverneur Romain, les tyrans spirituels et politiques de toutes les époques l’ont répétée « Elle ne m’intéresse pas, disent-ils, la Vérité est impalpable. L’important, c’est un gouvernement monolithique. Tout ce que vous dites sur l’unité intérieure qu’apporte, soi-disant, la Vérité, là où elle existe, nous, nous l’écoutons par politesse. Ce qui nous intéresse, c’est l’unité extérieure et tangible, que tous voient, respectent et craignent. Et cette unité ne peut exister sans discipline, sans contrainte, l’obéissance libre et volontaire dans l’amour que vous prônez, voilà quelque chose de ridicule pour hommes ridicules. Ce que nous voulons, c’est l’efficacité. L’âme de tel ou tel ne nous intéresse pas ; ce que nous voulons, c’est la domination des foules, des masses, du monde entier. Nous ne tolérons pas de schismes. Vous, vous dites qu’il faut séparer les brebis d’avec les boucs. Nous, nous répondons que les brebis sont nécessaires et, à défaut de loups, du moins des chiens de bergers et des bergers pour les faire paître, pour les égorger et pour les manger. Non, messieurs ! La Vérité, même si elle existe, doit toujours être mêlée au mensonge pour n’être pas dangereuse. La Vérité pure est chose très dangereuse. Et nous, nous ne sommes pas pour le risque. Le temps des actes de courage est périmé ! Nous sommes des pacifistes ! Bas la guerre ! Laissez-nous tranquilles pour vivre notre petite vie sur cette terre, et le plus confortablement possible, le plus glorieusement possible. S’il vous plaît, pas de zèle naïf… »
Là où est le Christ, aucune nécessité d’unité administrative ne s’impose. Le Christ est « UN » en « NOUS ». « Qu’ils soient UN comme nous sommes UN ». C’est lorsque nous abandonnons le Christ que nous sentons la nécessité d’une administration monolithique et même la nécessité d’une tyrannie. Le Papisme est un exemple. L’Orthodoxie n’a jamais connu d’administration monolithique, mais des relations fraternelles et familiales. Le Grand Pontife et Roi des Rois n’était pas de ce monde périssable, bien que partout présent. Le Royaume de Dieu n’est pas de ce monde. Ce monde appartient au prince de ce monde, qui est le premier tyran, le chef de tous les tyrans de la terre, tant religieux que politiques. Seul le Christ unit les hommes entre eux, Lui seul les unit ontologiquement avec Dieu en sa Personne. Le Christ n’oblige personne à le recevoir. C’est quand il fait défaut que se pose alors, automatiquement, la nécessité d’une cohésion extérieure, de l’obéissance obligatoire, de la tyrannie étatique ou spirituelle, démocratique ou oligarchique, peu importe.
L’octroi d’un roi à Israël a été une condescendance de Dieu, pour un peuple au cou raide et de peu de foi, qui voulait un roi visible et palpable et non pas du Christ habitant son cœur. Dieu leur a donné un roi pour éviter que le diable ne leur en donne un à lui ; Dieu a agi ainsi à cause de la dureté de leur cœur et de leur peu de foi.
Il en va de même pour le Nouvel Israël. S’il y a une marge pour une économie, une discipline extérieure étatique, il ne peut y avoir de marge quand la discipline est spirituelle et ecclésiastique ; car, en ce cas, le Christ est remplacé, relégué exclusivement, dans les limites du Royaume des cieux. Le papisme, comme les autres tyrannies, ont chassé le Christ de la vie des hommes, ont usurpé sa place, l’ont « condamné » à se confiner au ciel pour nous laisser libre la terre. L’œcuménisme se caractérise par son indifférence envers la Vérité (le Christ) ; ce qui l’intéresse, c’est la cohésion administrative et monolithique qu’il appelle « UNION DES EGLISES », une union administrative, dans la vague confusion des confessions, une union aux perspectives universelles, aux dimensions politico-religieuses.
Sous nos yeux se construit l’Etat Mondial. Il va unir toutes les religions et tous les états de la terre sous son pouvoir absolu. Son infrastructure intégrale est déjà mise en place. Ce sera un état dans le sens absolu, la soumission qu’il exigera ne sera pas seulement physique, elle sera aussi et surtout spirituelle. Le monde entier l’attend et le désire avec nostalgie, comme le seul espoir de réalisation de ses rêves millénaristes de toutes les époques, d’un paradis terrestre au sein de la corruption et de la mort !
L’ETAT ELECTRONIQUE
Cet Etat moderne mécanographique, provisoirement impersonnel sera le tyran incomparablement le plus et efficace que l’humanité ait connu jusqu’ici. Sa puissance sera dans sa capacité de connaître le citoyen en profondeur et de s’imposer à lui, de l’intérieur et non pas seulement de l’extérieur, comme hier encore. Tous les Etats locaux, tout-puissants, s’unissent, coordonnent et augmentent leur force, et leur pouvoir de pénétration atteint son sommet. Ils disposent de moyens considérables pour dominer les hommes, que les tyrans du passé n’ont jamais osé rêver.
Derrière une apparence démocratique, parfaite et irréprochable, les citoyens sont liés par des fils subtils et invisibles, mais ô combien puissants. Nous sommes à l’époque des cerveaux électroniques et des moyens électroniques d’information des masses.
Très peu d’hommes comprennent ce genre de tyrannie, tant leur asservissement par l’Etat moderne est moral, Une exploitation systématique de la pensée les a préparés, depuis des siècles, à désirer cette soumission. Le futur Etat sera l’expression des désirs pan-humains. Nous attendons, aujourd’hui, de l’Etat, tout ce que les païens demandaient à leurs dieux. On veut que l’Etat soit notre nourrice, notre protecteur, notre dieu. On lui demande la nourriture, le vêtement, le logement, les vacances, la protection de notre santé. Et l’Etat accepte, avec malice, ce défi même et il l’entretient. Il demande seulement, en échange, que les hommes renoncent à leur indépendance d’esprit et de cœur.
Nous lui cédons nos droits d’aînesse pour un plat de lentilles. Nous avons permis à l’Etat de pénétrer dans nos foyers, dans nos relations familiales, d’influencer notre pensée, de multiplier ou non nos enfants. Nous lui avons cédé notre patience, la possibilité de connaître à notre place ce qu’il nous faut pour nous aliéner. Il dirige nos contestations vers des antithèses fausses et artificielles, de manière à nous donner l’impression d’êtres libres dans le fait de choisir entre tant de choses contradictoires, comme entre Marxisme et Capitalisme, deux aspects de l’antique culte de Mammon.
La mentalité des hommes est devenue, désormais, uniforme, de même que leur vie, leurs habitudes, leurs désirs, leur attente, uniformité qui arrive jusqu’à la langue universelle, colonne vertébrale de notre soumission au mécanisme unique et universel qui nous entoure, tels des poissons dans le filet que nous ne percevons pas. On nous conditionne avec des méthodes psychologiques subtiles pour nous amener à vouloir, à accepter, à croire, ce qui nous convient, ce que nous aurons à accepter d’une manière ou d’une autre. Les uniformes rayés, que nous porterons dans la galère mondiale, sont déjà cousus. La « groupification », la « troupification », la « massification » de l’humanité, est déjà substantiellement là. Le « mystère de l’iniquité » touche à son terme final, parce que les hommes « n’ont pas voulu accepter et aimer la Vérité qui les eût sauvés. » (2 Timothée 2, 10).
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