mercredi 12 janvier 2011

La Lumière du Thabor n°14. La Vie Orthodoxe En Christ.

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La vie orthodoxe en Christ

LES DEUX FRERES, "DONNEZ" ET "RECEVREZ"


Dans son Homélie sur les Saints Athonites, saint Nicodème raconte l’histoire suivante :

L’higoumène d’un monastère était très charitable et hospitalier ; plus il donnait des aumônes aux pauvres, plus Dieu bénissait son monastère. Apres sa mort, son remplaçant supprima l’hospitalité des étrangers, et les aumônes aux pauvres. Et Dieu, à son tour, cessa de bénir son monastère ; les moines éprouvèrent la disette et avaient, à peine, de quoi se nourrir. Un jour, un vieillard vénérable se présenta au monastère et pria le portier de l’héberger, ce qu’il fit en secret. En toute confidence, le portier lui dit : "Homme bon, ne t’afflige pas de n’être pas bien reçu. Jadis, le monastère était prospère ; tous étaient richement reçus, comme l’évêque lui-même. Maintenant nous sommes devenus si pauvres que nous ne pouvons aider les plus nécessiteux des hommes".

Le vieillard répondit : "Deux frères ont été chassés de ce monastère ; s’ils n’y reviennent pas, ce monastère ne connaîtra plus la prospérité. L’un de ces frères s’appelait "DONNEZ" et l’autre "RECEVREZ". Et le vieillard disparut. Sur le champ, le portier alla raconter à l’higoumène et aux frères, la vision qu’il venait d’avoir ; et tous se mirent à nouveau à la pratique de l’hospitalité, et le monastère retrouva son ancienne prospérité.

LA VERTU NE DOIT PAS SE DONNER EN SPECTACLE

Euloge le hiéromoine était un grand ascète. II restait à jeun deux jours et ne mangeait que le troisième ; quelquefois il restait sans manger toute une semaine. Pain et sel était sa nourriture. Et tout le monde le glorifiait pour son ascèse. Un jour, cet ascète célèbre visita Abba Joseph de Panephe, dans l’espoir de trouver un plus grand ascète que lui. Le saint Ancien reçut Euloge avec joie et ordonna à son disciple de préparer un repas, "à la fortune du pot".

A table, les disciples d’Euloge dirent : "Notre ancien ne se nourrit que de pain et de sel". Abba Joseph mangea en silence. Euloge et ses disciples passèrent trois jours chez Joseph, où ils n’entendirent ni psalmodies ni prières, et partirent sans être spirituellement édifiés.

Etant, cependant, des hommes bien disposés, la Divine Providence fit en sorte qu’ils fussent édifiés. Et voici comment : un épais brouillard les enveloppa sur leur route, au point qu’ils durent, après s’être égarés, revenir chez Joseph qui les revit avec joie. Avant de frapper à la porte, ils entendirent la psalmodie qui dura très longtemps. Lassés d’attendre, ils frappèrent et on vint leur ouvrir.

Euloge eut soif, à cause de la grande chaleur ; un moine lui apporta de l’eau qu’il refusa après l’avoir goûtée : l’eau de mer avait été mêlée à l’eau douce.
Euloge, le grand ascète, comprit, tomba aux genoux de Joseph et lui dit : "Qu’est-ce que cela, Abba ? Tant que nous étions la, vous n’avez pas chanté. Dès notre départ, votre psalmodie a été continue. Devant nous, vous avez bu du vin, et maintenant votre eau est mêlée à celle de la mer, elle est salée et je ne puis la boire".

Joseph, qui possédait le don du discernement, répondit :
-Le frère qui t’a apporté l’eau est un fou ; il a mêlé l’eau du puits à celle de la mer.

Euloge insista et pria Joseph de lui dire toute la vérité.
-Le petit verre de vin, lui dit Joseph, était celui de la charité et cette eau est celle que nous buvons tous les jours. Quant à la psalmodie, pour éviter les éloges et les compliments, nous l’avons cachée, et faite en silence.

C’est ainsi que Joseph enseigna à Euloge le discernement, lui apprenant à fuir le péril de la vanité, les compliments du monde, à travailler la vertu dans la plus grande discrétion.
Edifié, Euloge répondit : -Vraiment, votre œuvre s’accomplit dans la Vérité !

OOOOO

Un frère interrogea un jour un saint père :

- Abba, qu’est-ce qui m’arrive ? Avant de me coucher, je prie intensément, je me signe et, dans la nuit, je fais des rêves honteux. Quand je ne prie pas, ni ne me signe, je ne fais aucun rêve.

- C’est là un piège des démons, répondit l’Ancien, pour te faire négliger la prière et le signe de la Croix, car ils savent très bien que la prière et le signe de la Croix sont la protection des hommes. S’il t’arrive de prendre conseil des Pères et que les démons te troublent, ne t’inquiète pas. Les conseils des Pères ne sont ni nuisibles ni pesants.

OOOOO

Celui qui pense faire quelque chose sans prendre conseil des Pères, ne se gouverne pas bien et ne fait rien de bon.

Celui qui agit après avoir consulté, celui-là accomplit la Loi et les Prophètes. Demander conseil est un signe d’humilité. Celui qui agit ainsi imite le Christ qui s’est humilié jusqu’à assumer la condition du serviteur. L’homme qui ne prend pas conseil est son propre ennemi.

Jean le Colovos disait : "Si tu vois un jeune monter au ciel, par sa propre volonté, saisis-le par les pieds et précipite-le à terre". Dans notre intérêt, il faut interroger avec humilité, et ne pas suivre notre volonté propre. C’est Dieu qui, voyant l’humilité de cœur et la droiture de celui qui consulte, met dans la bouche de celui qu’on consulte, la réponse.

OOOOO

Ne discute jamais de la foi avec l’hérétique. Dieu ne te demande pas cela, mais seulement de croire, droitement, ce que tu as reçu de l’Eglise Sainte lors du baptême et d’accomplir les commandements divins ; observe-les et tu seras sauvé. Ne t’occupe pas des dogmes, cela dépasse tes forces ; prie plutôt Dieu pour tes péchés. Prends garde à ne pas condamner, dans ton coeur, ceux qui discutent les dogmes, car tu ignores s’ils parlent droitement ou non, et comment Dieu voit la chose. Si on t’interroge, réponds : "Tout cela dépasse mes forces. Pères saints, pardonnez-moi.

LES MIRACLES DE LA MERE DE DIEU

Dans Héliopole, ville de Phénicie, habitait un acteur du nom de Gaïen qui se moquait, sur scène, de la Mère de Dieu, blasphémait contre elle. La Toute-Sainte lui apparut et lui dit :

- Quel mal t’ai-je fait pour que tu me maltraites et m’outrages devant la foule des spectateurs ?

Au lieu de se corriger, Gaïen continua ses blasphèmes. Par trois fois, la Mère de Dieu lui apparut à nouveau et lui répéta la même chose. Lui, refusant de s’amender, elle apparut alors, en plein jour, pendant l’heure de la sieste, et sans rien lui dire, elle incisa avec un de ses doigts, les mains et les pieds de Gaïen, qui se trouva, au réveil, mutilé. Il confessa aussitôt sa faute et montra à tous, le salaire de son péché. Et Dieu dans sa bonté...

OOOOO

Anastase le presbytre, gardien du Trésor du Saint-Sépulcre a raconté l’histoire de Cosmiane, la femme du Patrice Germain. Cosmiane voulut, une nuit de Dimanche, visiter seule le saint tombeau vivifiant de Notre Seigneur Jésus-Christ le Vrai Dieu. Alors qu’elle s’en approchait, elle rencontra la Mère de Dieu et ses compagnes, qui lui dit : - Tu n’es pas des nôtres et tu ne peux entrer ici.

Cosmiane, en effet, était adepte de l’hérésie de Sévère l’Acéphale (une des branches du Monophysitisme). Devant l’insistance de Cosmiane, la Mère de Dieu lui dit : - Je te répète que tu ne peux pénétrer en ce lieu, tant que tu ne seras pas en communion mystérielle avec nous.

Cosmiane comprit que son hérésie en était l’obstacle, et que tant qu’elle serait hors de l’Eglise Catholique et Apostolique du Christ notre Dieu, elle ne pourrait vénérer le lieu saint. Elle abjura son hérésie, communia au saint calice du Sauveur et elle put enfin, sans obstacle, vénérer le tombeau du Seigneur.

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