La Lumière du Thabor n°14. Chronique.

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Chronique

LA SITUATION EN AMERIQUE DANS L’E.R.H.F.

Une importante documentation continue de parvenir en Europe sur le départ "pour des raisons de foi", de plus de quarante clercs, prêtres et diacres, hors de l’Eglise Russe Hors-Frontières.

Nous reproduisons ici, tout d’abord, la lettre du père Rodian LASKOWSKI, la première qui nous parvienne d’un des prêtres russe associé à ce mouvement ; elle est adressée au Métropolite Vitaly :

"C’est avec la plus grande tristesse et une profonde douleur pour mon âme de pécheur, que je dois vous déclarer que je me sépare à compter de ce jour, avec ma famille et mon troupeau, du Synode des évêques de l’E.R.H.F, et, suivant l’exemple du Monastère de la Sainte Transfiguration, et d’autres clercs, je me joins aux Vrais Chrétiens Orthodoxes de Grèce, dans la personne de son Eminence l’Archevêque Akakios d’Attique et Diavleia.

"Je prends cette décision à la fois pour des raisons de foi, et aussi parce que je me rends compte d’une singulière disparition de l’amour pastoral envers une partie de votre troupeau qui vous a aimé d’un grand amour et qui a sacrifié son bien-être terrestre et l’affection de sa famille et de ses amis pour vous. Je n’ai pas cessé de vous aimer et je prierai pour vous tous ; et si mon service de prêtre, accompli pendant trente années dans le Synode a quelque valeur à vos yeux, j’espère que vous prierez pour moi et pour l’unité de la Sainte Eglise du Christ. Je suis désolé de ne pouvoir endurer cette situation plus longtemps, mais ma patience est absolument épuisée, et mon esprit se sent désormais trop profondément blessé pour continuer d’une façon hypocrite à mentionner vos noms comme ceux d’archipasteurs aimant et dispensant fidèlement la vérité.

"Je pleure l’évolution malheureuse d’une Eglise rendue glorieuse par la confession de foi et la charité de ces trois lumineux Archipasteurs, les Métropolites Antoine, Anastase et Philarète d’éternelle mémoire. Pardonnez-moi si je vous cause de la peine. J’écrirai plus longuement quand mon coeur, si Dieu le veut, sera guéri par sa Miséricorde. Dans l’amour du Christ, je suis, l’archiprêtre indigne Rodian LASKOWSKI et son Troupeau..."

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Une autre lettre particulièrement émouvante nous est parvenue, celle des prêtres de la paroisse grecque de Toronto, les pères Panagiotés, Alexandre et Georges, qui ont été, pendant des années, de très proches amis et collaborateurs du Métropolite Vitaly ; après avoir expliqué que l’évolution ecclésiologique du Synode les obligeait en conscience à rompre la communion, ces prêtres ajoutent :


"Cher Vladika, les anciens évêques du Synode sont tous morts ; ils étaient des hommes de feu et d’esprit par leur prière ; d’eux tous, vous seul restez. Les autres évêques n’aiment pas la foi comme vous, mais souhaitent être en harmonie avec l’esprit de ce monde. Cela, nous ne pouvons l’accepter. Nous seuls, du clergé qui quitte le Synode, nous savons que votre cœur est tourmenté par la capitulation de vos frères évêques devant cet esprit. Si vous voyez que vous ne pouvez pas plus longtemps lutter contre cet esprit du monde dans le Synode, sachez que nous vous aimons toujours et que nous nous réjouirions si nous pouvions servir ensemble de nouveau devant "le Saint Autel, comme nous l’avons fait par le passé".

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Depuis le mois de janvier, d’autres prêtres ont quitte l’E.R.H.F, et parmi eux il faut mentionner le hiéromoine Nikifor, qui a été longtemps l’un des rédacteurs de la revue du monastère de Jordanville "Orthodox Life".

Une partie du clergé qui a rompu avec l’E.R.H.F. a tenu sa première réunion à Roslindale fin février, sous la présidence du père Panagiotés Carras, du père Georges Kochergin et du père Georges Macris. II a été notamment décidé que les conférences annuelles seraient maintenues, et que la prochaine (juillet 1987) serait préparé par le père Victor Melehov et consacré au Millénaire de la Russie.

DEPART DU PERE IRENEE ROCHON POUR LA METROPOLIA.

Nous apprenons aussi qu’un second mouvement de prêtres hors de l’E.R.H.F., mais vers des juridictions œcuménistes, est commencé en Amérique. Ainsi le hiéromoine Irénée Rochon, de la paroisse francophone de Montréal ainsi que le diacre de cette paroisse et une partie seulement des fideles, ont rejoint la Metropolia américaine. D’autres prêtres semblent l’avoir imité en Amérique.

EVOLUTION DE L’E.R.H.F A L’EGARD DE L’EGLISE SOVIETIQUE ?

La question de l’évolution de l’E.R.H.F. à l’égard du Patriarcat de Moscou a été posée en décembre 1987 par le prêtre roumain John Fleser, qui ecrivait alors au Métropolite Vitaly :

"Lorsque j’ai été reçu dans le Synode par le Métropolite Philarète, j’ai compris votre position, c’est-à-dire celle du Synode des évêques, pour tout ce qui concerne les relations avec le clergé soviétique. Cette position était bien expliquée et défendue par les évêques du Synode, depuis le Métropolite Antoine Khrapovitzky. Vladika, après votre élection comme Métropolite, nous avons tous rendu grâce au Seigneur parce que vous sembliez être d’un même esprit avec vos prédécesseurs. Ce qui vous est arrivé après votre élection, je ne le sais pas, mais vous n’êtes plus la même personne que nous connaissions auparavant.

"Vladika, vous avez changé votre compréhension de la foi de notre Eglise, prenant maintenant la voie qui conduit à l’œcuménisme et aux relations avec l’Eglise soviétique -que vous appelez maintenant l’Eglise Mère".

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Suite à cette prise de position du Père John Fleser, plusieurs prêtres du Synode ont publié des articles, inhabituellement favorables à l’Eglise soviétique pour des membres de l’E.R.H.F. Ce fut d’abord le Père Victor Potapov, dans une lettre fleuve ; ce fut ensuite le Journal "Orthodox America", qui est dirigé par le Père Alexis Young.

Une ferme réaction à la lettre du Père Victor Potapov a été celle du Père Michel Henning qui, dans une lettre publique a rappelé la raison d’être du Synode -qui est la non-reconnaissance du Patriarcat de Moscou.

Une telle reconnaissance serait en effet paradoxale et absurde puisque le Métropolite SERGE de Moscou niait tout Sacrement, tout Mystère à l’Eglise Russe Hors Frontières (sauf le baptême). Le Patriarche Serge écrivait, en effet, en 1931 à propos des « Karloviens » -c’est-à-dire l’Eglise Russe Hors Frontières établie alors ä Karlovic en Yougoslavie- : ..."Nous considérons ces hiérarchies comme privées de la grâce et ne reconnaissons pas la validité des sacrements conférés par elles (à l’exception du Baptême)". Voir : Journal du Patriarcat de Moscou, 1931, L’Eglise du Christ et les communautés dissidentes.

II est certain, d’un autre côté qu’une évolution officielle de l’E.R.H.F. sur ce point serait une véritable tragédie pour l’Eglise des Catacombes qui, jusqu’ä aujourd’hui, ne reconnaît aucunement le Patriarcat de Moscou. Souhaitons que la voix du Père Michel Henning soit entendue.